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Titre : Journal d'histoire naturelle de Bordeaux et du Sud-Ouest : paraissant à la fin de chaque mois : physique du globe, géologie, botanique, zoologie, anthropologie

Éditeur : (Bordeaux)

Date d'édition : 1886-04-30

Contributeur : Lasserre, Gilbert (Dr). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32797013r

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32797013r/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : Nombre total de vues : 1370

Description : 30 avril 1886

Description : 1886/04/30 (A5,N4).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5513554p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 4-S-607

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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CINQUIÈME ANNEE.

N° 4.

30 AVRIL 1886.

JOURNAL D'HISTOIRE NATURELLE

REVUE DU MOIS

Après avoir établi, dans un travail récent, les caractères et le degré de toxicité des urines de l'homme sain, M. Bouchard a constaté que leur toxicité variait suivant l'état de veille et suivant l'état de sommeil. A temps égal, l'homme élimine, pendant le sommeil, moins d'urine que pendant la veille, et ses urines sont à la fois plus denses et moins toxiques. A la fin de la période de veille, à l'instant précis où l'homme s'endort, la toxicité urinaire est au minimum. A partir de ce moment, elle augmente incessamment et régulièrement pendant seize heures. Au moment du réveil, l'intensité de la sécrétion toxique est cinq fois plus considérable qu'au début du sommeil; huit heures après le réveil, elle est neuf fois plus considérable et se trouve alors à son maximum. Au point de vue de leur toxicité, les urines de la veille et celles du sommeil diffèrent aussi en qualité. Les urines du sommeil sont franchement convulsivantes ; celles de la veille sont narcotiques. Enfin les poisons de la veille et ceux du sommeil sont antagonistes et l'un est le contrepoison de l'autre. Pour déterminer le coefficient urotoxique d'un individu, on doit additionner, la toxicité totale des urines du sommeil et ne pas opérer sur le mélange des urines de vingtquatre heures.

Les recherches de M. Phisnlix sur les sepia et sur les (ilcodones l'ont amené à considérer les chromatopliores des céphalopodes comme des vacuoles remplies de cellules ayant subi la dégénérescence pigmentaire. Les mouvements d'expansion de ces vacuoles dépendent exclusivement des muscles de la peau.

Sur dix espèces de cytises étudiées par M. Cornevin, six se sont, rencontrées extrêmement vénéneuses pour l'homme et pour les animaux. La cause de l'immunité dont jouissent les rongeurs par rapport

aux cytises réside dans l'activité de la sécrétion urinaire qui soustrait le poison au fur et à mesure de son absorption et l'accumule dans la vessie. D'où la nécessité d'agir rigoureusement dès que des convulsions apparaissent à la suite d'ingestion de cytise par les émétiques et les diurétiques puissants. M. Gross vient de compléter ses travaux sur les habitations lacustres de la Suisse occidentale par la publication de deux ouvrages très importants : les Proto-Helvètes et la Tène. L'histoire des races primitives et des progrès de leur industrie à travers les âges, depuis l'époque de la pierre polie jusqu'à celle du fer inclusivement, est largement exposée et analysée par cet auteur: les résultats obtenus appuyés par la reproduction en phototypie de 900 à 1000 pièces intéressantes, mises à jour dans les fouilles des stations de Bienne et de Neuchâtel, démontrent la valeur des documents nouveaux que M. Gross vient d'offrir à l'attention des archéologues et des anthropologistes.

M. de Lesseps a rendu compte à l'Académie du dernier voyage qu'il vient d'effectuer à Panama et de l'état d'avancement des travaux du canal interocéanique. Là où jadis il était impossible de passer sans le secours d'un bataillon de nègres frayant la roule à la hache dans les fourrés impénétrables de la forêt vierge, le changement, est aujourd'hui complet et une large percée est pratiquée d'un océan à l'autre. Les chantiers ont remplacé les arbres et l'on voit sur toute la ligne du canal une succession ininterrompue de cases, d'ateliers, d'usines, etc. L'étal sanitaire de l'isthme est satisfaisant et les divers hôpitaux de la Compagnie ne renferment que de rares malades. En résumé, sur toute la ligne de Colon à Panama les travaux marchent parfaitement, et à l'aide des moyens dont l'entreprise dispose, nul doute que l'achèvement du canal, à la date fixée en 1889, ne soit tout à fait assuré.

Dr LAGIIOLET.


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JOURNAL D'HISTOIRE NATURELLE.

BIOGRAPHIE DE JEAN PREVOST

SA FAMILLE, SA VIE ET SES IDÉES '(').

Maistre Jean Prévost est né en Béa ni, cela n'est pas douteux. Où? Nous l'ignorons encore; peut-être à Pau, mais plus probablement à Lescar. En quelle année? Nous l'ignorons, également. C'est au commencement du xvne siècle qu'il convient de faire remonter sa naissance, car nous savons qu'il prit ses grades en médecine à Montpellier, en 1634, et qu'il mourut à Pau vers 1660.

Quelle était sa famille? C'est encore là une question non entièrement résolue. Nous avons tout lieu d'admettre qu'il était le fils, le neveu ou le parent très proche de Gaspard Prévost, apothicaire et jurât de Lescar, mort dans cette ville le 47 février 1639, et enterré dans la cathédrale, où sa pierre tombale existait encore en 1882 (2). Gaspard Prévost exerçait sa profession à Lescar depuis fort longtemps, puisque déjà, en 1609, il demandait au Conseil souverain du Béarn d'être rétabli dans la charge et les gages d'apothicaire de l'hôpital (3). Or, Jean Prévost se qualifie lui-même de Lascariensis, c'est-à-dire originaire de Lescar, sur un registre d'examen qui existe à Montpellier. C'est ce rapprochement qui nous permet de croire à l'existence d'un lien de parenté très' intime entre Jean Prévost notre médecin, et Gaspard, l'apothicaire.

La famille Prévost était alors parmi les plus notables et les plus répandues en Béarn. Ses membres occupent de grandes fonctions publiques et appartiennent à la cour de Navarre. Ils s'allient à la noblesse et sont nobles eux-mêmes. En 1576, une Marie Prévost, veuve de Nicolas Ribier, seigneur de Chupin, perçoit une pension due à son mari. De 1581 à 1588, Etienne Prévost, maître de danse des pages du roi de Navarre, reçoit des appointements et en donne quittance. Une ordonnance royale, qui fixe ses fonctions et son traitement, est donnée à Nérac

(') Voir le dernier numéro du Journal. (s) Communication de M. Harthély.

(») Archives départementales des Basses-Pyrénées, F, F, J, n° 134. Note communiquée par M. lîarthéty.

à son sujet. En 1583, Jean Prévost est messager de Paris pour le. compte de la cour. De 1584 à 1613, un François Prévost est capitaine d'armes et commande le château de Montgaillard, qu'il fait réparer en 1600. De 1600 à 1605, Simon Prévost est secrétaire ordinaire de Navarre ('). Tous ces Prévost sont certainement • des parents très proches de Gaspard, l'apothicaire, et de Jean Prévost, notre médecin botaniste, bien que nous n'ayons pas en main les preuves matérielles de leur filiation.

Cette famille n'était pas originaire de nôtre pays. Son nom patronymique est étranger à la région. On ne trouve nulle part en Béarn, en Navarre, ni en Gascogne, de Prévost, sinon des immigrés de quelque autre point de la France. La forme la plus méridionale du nom est dureste Prost ou Probst; en Auvergne et Limousin, ce nom devient Proust et Proux; en Saintonge et Poitou, c'est Prevaud ou Prévenu. À partir des bords de la Loire, le nom est constamment Prévost, Prévost ou Prévôt. Il y a donc lieu de penser que la famille qui nous occupe était venue du centre ou du nord de la France s'établir en Béarn vers le milieu du xvie siècle. Elle s'était sans doute attachée à la fortune des rois de Navarre.

Jean Prévost que, sous toutes réserves, nous supposons être le fils de Gaspard Prévost, apo' thicaire et jurât de Lescar, se fit médecin, soit pour répondre aux désirs de sa famille, soit pour obéir à une inclination personnelle. Son goût pour l'étude de la médecine aurait pu naître dans l'officine paternelle. Nous nous figuronsfacilement l'apothicaire de ce temps, moitié, botaniste et moitié alchimiste, allant lui-même à la recherche des simples- dont il compose ses drogues, et nous aimons à voir par la pensée Gaspard Prévost entraînant son jeune fils dans ses courses vers les montagnes pour l'initier aux secrets et aux vertus des plantes.

Où Jean Prévost, initié ou non par son père, alla-t-il étudier la médecine? Nous ne le savons pas au juste. Ce fut peut-être à Montpellier, qui jouissait alors d'une réputation européenne et où chacun tenait à honneur de prendre ses

(') Archives départementales des Basses-Pyrénées.


JOURNAL D'HISTOIRE NATURELLE.

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grades. D'abord c'était une école peu éloignée de son pays. Puis la botanique y était fort cultivée, et Jean Prévost aurait pu puiser là, où l'enseignement des Rondelet et des Richer de Belleval avait jeté tant d'éclat, à la suite des Clusius, des Lobel, des Pena et avant les Magnol et les Tournefort, la science dont il fit preuve par la suite. En outre, il parle dans son avantpropos de Ranchin, un des maîtres de Montpellier, et, dans son catalogue, d'une plante appelée Giroflade de Rondelet, expression méridionale au premier chef. Enfin, nous trouvons à Montpellier des preuves de son passage, puisqu'il y prit ses grades en médecine en septembre 1634. Mais ce sont, justement les circonstances de cette prise de grades qui nous laissent des doutes sur son séjour prolongé dans cette ville.

Les registres d'immatriculation et d'examens qui existent à la Faculté de Montpellier ne nous offrent rien de lui. Mais un autre manuscrit (l), ayant appartenu à Pradel, évêque de cette ville, mentionne les réceptions des docteurs en médecine qui ont eu lieu de 1613 à 1648. Au folio 68 et au verso, on trouve la date du baccalauréat en médecine, de la licence et du doctorat de Jean Prévost, de Lescar, sous la forme suivante : Ego Jouîmes Prévost Lascariensis accepi litteras baccalaureatus a domino Delort Docane ipso proesido. Actum in conclavi collegii regii die 48 septembris 4634. Jouîmes Prévost; et au-dessous : Ego Joannes Prévost doctor medicus accepi litteras licentioe et doctoratus ab amplisshno domino Ranchino Cancellario die %6 mensis septembris 4634. Joannes Prévost (2).

Ce sont là les seuls documents qui ont été trouvés à Montpellier jusqu'à présent. Bien des registres de l'époque ont été perdus et il ne serait pas étonnant que les traces de la scolarité de Jean Prévost aient en même temps disparu. Mais ce qui a lieu de nous surprendre, c'est qu'il ait été admis à subir, dans l'espace de huit jours, les épreuves du baccalauréat en médecine, de la licence et du doctorat. De si grandes dispenses ou faveurs font supposer que Jean Prévost, en arrivant à Montpellier, devait être déjà docteur d'une autre Université, ou bien avoir longuement

(*) Archives départementales de l'IIérauU. (s) Pièce communiquée par M. Duliouchct.

étudié sans avoir pris régulièrement ses grades. Ce sont ces suppositions diverses qui ne nous permettent pas d'établir pour le moment le lieu de ses études et la manière dont il les fit. Quelques mots sur le régime scolaire suivi à Montpellier aux xvi° et xvne siècles feront mieux saisir la portée de nos réserves.

L'élève qui allait à Montpellier étudier la médecine, devait se faire immatriculer quelques jours après son arrivée. Le registre d'immatriculation de l'époque où Prévost aurait pu arriver à Montpellier est égaré. Au bout de trois années de scolarité, l'étudiant était admis à passer son baccalauréat en médecine. Une fois reçu, le bachelier devait faire des leçons publiques pendant trois mois. Après ces cours, venaient les examens per intentionem, ainsi appelés parce qu'on les passait per intentionem adipiscendi licentiam. Il y en avait quatre dans l'espace d'un mois, et quatre professeurs qui percevaient chacun des droits d'examen, interrogeaient à tour de rôle. Les examens rigoureux, pro punctis rigorosis, suivaient dans l'ordre et consistaient dans la soutenance d'une ou plusieurs thèses à l'église de Notre-Dame-des-Tables, ou à l'école même, selon l'époque; ils duraient de huit heures à midi et de midi à cinq heures du soir. La licence suivait de près et était conférée par l'évêque en personne ou par son grand vicaire au candidat que deux professeurs lui présentaient. Cette cérémonie se passait au conclave du Collège royal de médecine, dans la salle dite salle lÉvoque. Ces épreuves ne suffisaient point encore pour être admis au doctorat. Il fallait subir, en outre., les examens appelés Triduanes, ainsi appelés parce qu'ils duraient trois jours, deux heures le matin et deux heures le soir.

Souvent, avant ou après les Triduanes, les candidats, soit pour obéir aux règlements, soit dans un intérêt privé, s'absentaient pendant un temps plus ou moins long pour aller faire de la clientèle. Enfin, arrivait le moment du doctorat, qui n'était plus qu'une simple formalité, et qui consistait surtout en cérémonies à l'église, en discours, en cavalcades, festins, etc., etc. (1). Molière n'a peut-être eu qu'à copier et non à

(*) ((enseignements communiqués par MM. Lanncgrace cl Dubou clict. Voir Astruc, Uist. de la Faculté de médecine de Montpellier:


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JOURNAL D'HISTOIRE NATURELLE.

inventer le côté comique et amusant de ces réceptions.

: On voit .donc que Jean Prévost, en passant coup sur.coup ses examens, a tout à fait l'air de n'être venu à Montpellier qu'après avoir étudié là médecine ailleurs et uniquement pour y prendre le bonnet de docteur.

Dans quelle Université serait-il alors allé? Nous n'avons rien trouvé à Toulouse, qui était plus à sa portée, bien que le registre des réceptions aux différents grades de médecine soit complet de 1611 à 1639 ('). Nous n'avons rien trouvé non plus à Paris, où le registre des bacheliers en médecine, reçus depuis l'année 1539 jusqu'à l'année 1671, existe également au complet (2). Serait-il venu à l'Université de Bordeaux, où existait dès cette époque un collège médical, où les sieurs de Maures et de Lopès, docteurs en médecine, faisaient des leçons publiques sur les simples (3)? Serait-il allé dans une Université étrangère, notamment, à l'exemple de son compatriote et contemporain Nicolas Marchant, à l'Université de Padoue, célèbre par son jardin botanique, et où enseignait son homonyme et peut-être son parent Joannes Prevotius, qui était originaire des environs de Bâle? Nous le saurons peut-être un jour.

Quoi qu'il en soit, une fois coiffé du fameux bonnet de Montpellier, il vint s'établir comme médecin à Navarrenx (Basses-Pyrénées), ville importante et forteresse célèbre du Béarn. Il était sûrement à Navarrenx en 1642, puisque, à cette époque, il y a fait baptiser deux enfants. En décembre 1645, il en fait baptiser trois autres (,i). En 1644, à propos de ses pourparlers avec les états de Béarn pour l'établissement d'un jardin botanique, dont nous allons nous occuper dans un instant, il est désigné comme médecin de cette ville. Il n'y était plus en 1654, époque à laquelle il hérite des gages en retard de son

(') Archives de la Faculté de droit d» Toulouse. Uenseignemcnts fournis par M. Lamio, professeur d'histoire naturelle à l'École de médecine et de pharmacie de cette ville.

(*) Bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris. Ouvrage imprimé, publié en 1752.

(*) Chronique bordelaise, d'après les extraits des registres du Conseil d'État, année 1629.

(«) Archives de Navarrenx:

frère, conseiller du roi et membre de la Chambre des comptes de Navarre. L'année suivante, il s'intitule lui-même, en publiant son catalogue, médecin de la ville de Pau. C'est par conséquent entre les années 1644 et 1654, qu'il obtint cette charge et qu'il laissa Navarrenx pour venir se fixer à Pau.

Il a donc passé à Navarrenx la première partie de sa carrière médicale, c'est-à-dire celle qui est comprise entre sa réception au grade de docteur et sa nomination au poste de médecin de la ville de Pau. Placé ainsi à l'âge où les forces physiques permettent de se livrer avec toute l'ardeur possible à des goûts de botaniste, au débouché des vallées d'Aspe et d'Ossau, qui conduisent en Aragon et des vallées de Baïgorry et de Val-Carlos, qui conduisent à Pampelune, dans la Navarre espagnole; à portée des routes de plaine qui pouvaient le mener, d'un côté à Bayonne et à Saint-Sébastien pour la recherche des plantes littorales, de l'autre à Tarbes et à Bagnères pour l'exploration des hautes montagnes de Bigorre, Jean Prévost a pu employer pendant d'assez longues années tous ses loisirs et peut-être ceux qu'il n'avait pas à herboriser et à étudier les plantes qui croissent dans toutes ces régions. Nous ne connaissons rien de bien spécial concernant le séjour de Prévost à Navarrenx. Tout ce que nous savons, c'est qu'il est marié à Catherine de Porteau, qu'il est père de nombreux enfants qu'il fait baptiser par groupes et qu'il a des relations avec la noblesse du pays. Mais il est certain qu'en fouillant avee soin les archives municipales et les minutes des notaires, on trouverait sur place d'autres documents.

C'est pendant son séjour à Navarrenx que se place un des actes les plus importants de la vie scientifique de Prévost, je veux parler de son projet d'établir un jardin botanique à Pau, et de la proposition qu'il en fit aux États de Béarn en 1644 (1).

Cette proposition, comme nous le verrons plus tard, répondait d'une façon merveilleuse aux idées qui régnaient en botanique, science tout à fait à l'ordre du jour, et devait être prise

C 1) Archives départementales des Basses-Pyrénées, C. 716, p. 116 et suivantes.


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o.i

par cela même en grande considération par tous ceux qui désiraient le progrès des études et le bien du pays. A ce moment, il y avait un terrain disponible qu'on pouvait utiliser pour cette création : c'était le jardin de Haout ou de la Haute-Plante, dépendance du château. Pouvait-on douter que le roi, petit-fils d'Henri IV, ne s'empressât de l'accorder, si on lui en faisait la demande, dans le but de favoriser une ville qui était le berceau de sa famille? En outre, la place de médecin, du pays était vacante par la mort récente du sieur de Noguez, titulaire de cet emploi, et on pouvait très bien imposer au successeur, en dehors de ses occupations ordinaires, l'obligation de s'occuper aussi des plantes du jardin. Quant aux frais d'installation et d'entretien, Sa Majesté y contribuerait sans doute pour une large part et les États de Béarn feraient le reste. Telle était l'économie du projet de Jean Prévost.

Pour entraîner les États, notre botaniste avait pris soin de faire imprimer le catalogue des plantes recueillies par lui dans le pays et de le faire distribuer aux députés. Il ne se proposait pas pour la charge de médecin du pays, mais on pouvait deviner que, le cas échéant, il ne refuserait pas de donner ses services. D'ailleurs, nul n'était plus apte que lui à visiter les boutiques des apothicaires et à apprécier leurs drogues, ce qui constituait l'une des principales attributions de cet emploi. Nous ne connaissons pas les raisons énoncées par Prévost lui-même à l'appui de sa proposition. Les pièces qui la concernent nous font absolument défaut, et dans la longue délibération des Étals où son projet fut discuté, nous ne trouvons qu'indiquée d'une façon générale l'utilité de cette création. 11 est probable que ce jardin devait servir de Heu d'étude pour les médecins et les apothicaires et de moyen d'approvisionnement pour les hôpitaux, et peutêtre aussi pour les boutiques des simples marchands de plantes.

L'idée mise en avant par Jean Prévost était juste et pouvait être réalisée. Mais le pays était pauvre. Les révoltes religieuses étaient à peine étouffées et la guerre avec l'Espagne durait encore, situation difficile pour un pays de frontière. Le jeune roi, âgé de six ans, laissa le

royaume soumis à tous les hasards des régences. Le moment n'était donc pas favorable à la réussite de ce projet.

Il y eut parmi les députés des partisans et des adversaires. La noblesse et le clergé qui délibéraient en commun, émirent à la majorité des voix, suivant l'opinion de Mgr de Lescar, leur président, l'avis que la proposition de Jean Prévost était «très utile et recevable». Les États devaient faire tout leur possible auprès de Sa Majesté pour avoir lé terrain de la HautePlante, afin de le transformer en jardin des «herbes», et pour obtenir en même temps'des subsides pour son entretien. Mais le tiers:état, moins éclairé, se montra hostile à cette idée. Les députés de Morlaas notamment ne voulurent entendre parler en rien de jardin botanique. Ils s'opposèrent même à ce qu'on fit au roi une demande quelconque. Ceuxd'Oloron, au contraire, prirent en bonne considération la proposition de Prévost. Est-ce que le voisinage du médecin de Navarrenx n'aurait pas eu quelque influence sur leurs déterminations? Quoi qu'il en soit, la majorité du tiers-état suivit l'avis de Morlaas, et la question fut enterrée.

En réalité, comme il ressort de leur délibération, les États de Béarn étaient partisans de la création d'un jardin botanique à Pau, mais les charges du pays étaient déjà très lourdes et ils furent effrayés des dépenses que cette création ' entraînerait encore. La pauvreté du pays, tel était le mot de l'Assemblée. S'ils repoussèrent la proposition de Jean Prévost, les États furent mieux disposés en faveur de sa personne et de ses travaux. Ils le comblèrent de remerciements pour «sa bonne affection au bien du pays». Ils lui octroyèrent, en outre, malgré l'avis des députés de Morlaas, qui se montraient toujours intraitables, une somme de 100 livres destinée à la fois à le dédommager des frais de l'impression du livre qu'il avait présenté à l'Assemblée et à acheter les exemplaires qui lui restaient pour les distribuer dans la contrée.

Les députés de Morlaas, qui manifestaient si peu de goût pour la botanique et qui lésinaient pour quelques pistoles de plus ou de moins en faveur de Jean Prévost, ne pouvaient se douter qu'un siècle et demi plus tard un des leurs, le


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JOURNAL D'HISTOIRE NATURELLE.

docteur Jean-Pierre Bergeret, réveillerait chez nous le culte d'une science qu'ils contribuèrent à étouffer.

Cette délibération des États de Béarn, en juin 1644, nous apprend que Jean Prévost avait fait imprimer une première fois un catalogue de plantes, résultat d'excursions et de voyages déjà nombreux. Ce livre avait été mis en vente depuis quelque temps, puisqu'à ce moment on décida d'acheter à l'auteur les exemplaires restants. Cette première édition de 1640 environ ou de 1643 au plus tard n'existe plus et n'a été retrouvée nulle part. La seule que les biographes connaissent, et dont il ne nous reste même qu'un exemplaire unique, est celle qui a été publiée dix ans plus tard, sans doute considérablement augmentée, et qui parut à la fois à Pau et à Paris.

Après l'année 1645, mais nous ne savons pas au juste la date précise, maistre Jean Prévost quitta Navarrenx et fut nommé médecin de la ville de Pau. C'était une charge municipale qui, en dehors de l'inspection des boutiques des apothicaires, obligeait les titulaires à un service régulier à l'hôpital et à donner leurs soins aux malades indigents. Il y avait deux de ces médecins, paraît-il, dans la ville de Pau, et le collègue de Jean Prévost s'appelait Dufour. Il est probable que la réputation que Jean Prévost s'était acquise à la suite de ses travaux botaniques, tout autant que par ses relations de famille, le firent choisir par le corps de ville, lorsqu'une des places devint vacante.

Jean Prévost avait à Pau un frère, le sieur de Prévost, conseiller du roi et membre de la Chambre des comptes. C'était peut-être le même que ce Pierre de Prévost, frère du dit médecin qui figure au baptême d'un de ses enfants en 1642. En 1655, ce frère mourut et Jean Prévost hérita de lui de la somme de 124 livres cinq sols, montant des arrérages et droits qui lui étaient dus à sa mort. Prévost, à cette occasion, a laissé de sa main une quittance qui nous a permis, en en comparant l'écriture avec celle relevée dans le manuscrit de Montpellier, d'établir d'une façon péremptoire l'identité du médecin béarnais et du docteurmontpellierain.il y a notamment une forme

particulière de J et de P, majuscules de ses nom et prénom, qui ne laissent aucun doute à cet égard.

Jean Prévost dut occuper douze ou quinze ans ses fonctions de médecin de la ville de Pau. Durant tout ce temps, nous ne retrouvons plus sa trace. Faut-il lui rapporter le renseignement suivant qui provient d'une des pierres tombales de la cathédrale de Lescar : «: En septembre 1657, mourut Françoise Soulenx, femme du sieur Prévost, médecin avec lequel elle avait vécu peu de temps » (')? Dans ce cas, Jean Prévost aurait été marié deux fois, la première avec Catherine de Portau et la seconde avec Françoise Soulenx. Mais il faut penser qu'il pouvait y avoir dans la famille d'autres médecins. Il y a justement un Prévost qui fit d'une façon régulière ses études en médecine à Montpellier de 1616 à 1620 (*).

Quoi qu'il en soit des dernières années de son existence, il mourut vers l'année 1660. Nous trouvons, en effet, à la date du 17 mars 1664, une délibération des jurats de Pau au sujet de son remplacement, laquelle indique que le corps de ville différait depuis longtemps de remplir la place vacante par le décès de feu M. de Prévost. Le sieur de Lostalot, docteur médecin, fut incontinent et de l'assentiment général nommé pour servir aux gages de son prédécesseur.

Nous avons dit au début que la famille de Jean Prévost appartenait à la noblesse et qu'elle était alliée à celle du pays. Ce détail, de moindre importance à l'époque actuelle, en avait beaucoup plus à l'époque où il vivait. C'était une garantie de sélection avantageuse, d'influence et de notoriété. Hélas ! cette garantie ne l'a pas sauvé du plus profond oubli. Néanmoins la plupart des documents réunis donnent des preuves de cette qualité sociale. Son frère, le conseiller du roi, est qualifié de sieur de Prévost. Lui-même l'est ainsi dans les registres de la paroisse de Navarrenx et dans la délibération du corps de ville de Pau, qui a trait à son remplacement. Sa première femme s'appelait Catherine de Portau, et les personnes de ses relations intimes qui figuraient aux divers baptêmes de ses enfants sont toutes de la noblesse. Enfin, sa

(') Communication de M. llarlhély.

(') Communication de MM. Lanncgrace et Duboucliel.


JOURNAL D'HISTOIRE NATURELLE.

seconde femme présumée, Françoise Soulenx, appartenait, nous écrit M. Bârthéty, à une famille noble bien connue du pays. Sur son épitaphe trouvée dans la cathédrale de Lescar, elle est dite «considérable par sa naissance». Nul doute du reste que l'inhumation régulière des membres de la famille de Prévost dans la cathédrale de Lescar ne constituât un privilège que le clergé n'accordait guère qu'aux grands et aux puissants par la naissance. D'autre part, M. Bârthéty a trouvé des mentions de baptême et de décès de branches collatérales de cette famille qui sont conformes à ce point de vue ('). De nos jours, il n'existe plus aucun Prévost, ni à Lescar, ni à.Pau, ni même aux environs. La dernière trace que M. Bârthéty ait trouvée, est le décès d'un sieur Prévost,, avocat, arrivé à Lescar le 6 février 1705. Cette famille a donc disparu du Béarn au bout d'un siècle et demi d'existence, non sans avoir fourni de nombreux fonctionnaires a la cour de Navarre et au gouvernement de Pau, et, paraît-il, un certain nombre d'apothicaires et de médecins dont Jean Prévost restera certainement le plus remarquable.

Dr B. m NABIAS.

DES GROTTES ET DES CAVERNES EN GÉNÉRAL

ET EH PARTICULIER DE CELLES DU DÉPARTEMENT DU LOT.

(Suite cl /in.)

Gahors (deux cantons : Cahors sud et Cahors nord). Neuf grottes naturelles, trois gouffres et un souterrain artificiel, dans le jurassique supérieur, à 227 mètres d'altitude. — Les grottes du territoire de Cahors sont : 1° la grotte des Chartreux; 2° la grotte de la folle (de la Fade); 3° et 4° les deux grottes du château de la Rochette, à la nouvelle gare du chemin de fer ; 5° grotte de Saint-Ambroise ; 6°grottedePaintou ; 7° grotte de Causside; 8° grotte de M. Calmon, à Cabessut; 9° en 1884, M. Pouzergues, conducteur des ponts et chaussées et secrétaire général de la société des Études du Lot, annonça à la Société la découverte faite par lui d'une grotte dans le talus nord de la tranchée du chemin de

(') Archives municipales de Lescar.

fer de Cahors à Capdenac, au-dessus du faubourg Saint-Georges, entre le viaduc de la route de Toulouse et celui de la route deLalbenque. Dans cette grotte, on a trouvé quelques ossements de cochons et de moutons. La grotte n'est pas longue; elle est éboulée. — Gouffres : 1° gouffre des Templiers; 2° gouffre de Bégout; 3° gouffre de Saint-Cirice et encore un 4°, sur la côte de Villefranche, souterrain artificiel creusé au pied de la côté des Anes. (G. Lacoste, p. 259.)

Capdenac (canton de Figeac ouest). Une grotte naturelle, dans le supra-lias, à 285 mètres d'altitude, située sur la rive droite du Lot. — Les renseignements relatifs à cette grotte nous ont été fournis par M. l'abbé Massabie, curé de NotreDame-de-Puy, à Figeac.

Catus (canton de Catus). Une grotte naturelle, dite grotte de Graffiol ; deux gouffres, celui de la Gâta et celui de Graffiol, dans le jurassique supérieur, à 259 mètres d'altitude.

Cénevières (canton de Limogne). Trois grottes naturelles, dans le jurassique moyen, à 277 mètres d'altitude. — 1° Une grotte d'où sort le ruisseau de Géron; elle ressemble à celle des Chartreux de Cahors; 2° celle qui s'appelle grotte des Anglais; 3° grotte du rocher de Cornus, plus spacieuse que la précédente.

Corn (canton de Livernon). Trois grottes naturelles, dans les jurassiques inférieur et moyen, à 300 mètres d'altitude.-—1°Celle de la citadelle; 2° celle du Consulat; 3° encore une inférieure à la grotte de la citadelle et peut-être plusieurs autres encore.

Couzon (canton de Gramat). Un gouffre, dans le jurassique moyen, à 298 mètres d'altitude. — Ce gouffre s'appelle l'Igue-de-Biau. (VIgue, en patois, signifie gouffre.)

Craissac ou Creyssac (canton de Catus). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur, à 276 mètres d'altitude. — Cette caverne, mentionnée par M. Lucante dans son catalogue des grottes du Sud-Ouest de la France, doit se trouver non loin du village de Garnac.

Cras (canton de Lauzès). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur, à 317 mètres d'altitude. — Cette caverne de la commune de Cras s'appelle le roc d'Aucor, éloignée de 2 kilomètres du village de Cras. Elle n'a pas encore été bien


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explorée; mais on saitque l'on y trouve beaucoup de guano qui provient de la fiente des corbeaux qui s'y nichent par milliers. — Cette grotte n'est pas mentionnée dans le catalogue de M. Lucante.

G. Lacoste cite aussi une caverne à Guillot, indépendamment de celle qu'il assigne au village de Cras.

Cremps (canton de Lalbenque), dans le jurassique moyen, à 259 mètres d'altitude.

Creysse (canton de Martel). Une grotte naturelle et un gouffre, dans le jurassique inférieur, à 189 mètres d'altitude. — La grotte de Creysse s'appelle lo Crosau d'Anglo; elle est submersible par les eaux de la Dordogne, lorsqu'elles.sont un peu hautes. — Cette grotte m'a été signalée par M. Cyprien Lacarrière, curé de Creysse. — Le gouffre de cette même commune s'appelle lou Cacrey.

Dégagnac (canton de Salviac). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur, à 251 mètres d'altitude, signalée par M. Lucante, mais sans aucun détail.

Duravel (canton dePuy-i'Évêque). Deux grottes naturelles, dans les terrains jurassique, crétacé (mines de fer) et tertiaire, à 181 mètres d'altitude. — Ces grottes sont encore très peu connues.

Esclauzels (canton de Lalbenque). Une grotte naturelle, dans le jurassique moyen, à 308 mètres d'altitude. —Cette caverne n'a pas été encore bien explorée; mais l'on sait positivement qu'elle coritient une grande quantité d'ossements. Elle a été découverte par les Anglais qui faisaient les recherches des phosphates.

Espédaillac (canton de Livernon). Un gouffre, dans le jurassique moyen, à 322 mètres d'altitude, situé sur la route d'Espédaillac à LabastideMurat. Ce gouffre est très profond. — Delpon.

Fargues (canton de Montcuq). Une grotte naturelle, dans le terrain tertiaire, à 261 mètres d'altitude, située dans la forêt de Sudra; elle n'est pas profonde.

Felzins (canton de Figeac est). Un souterrain artificiel, dans le terrain primitif, à 308 mètres d'altitude. — C'est une immense excavation faite par la main de l'homme, probablement pour l'extraction de la mine de fer.

Flaujac (canton de Livernon). Une grotte naturelle, dans le lias, à 328 mètres d'altitude.—

C'est la grande grotte de Friadou, située près d'une maison isolée portant ce nom.

Fontanes (canton de Lalbenque). Un souterrain artificiel, dans le terrain tertiaire, à 255 mètres d'altitude. — (Guillaume Lacoste, p. 259.)

Frontenac (canton de Cajarc). Une grotte naturelle, dans les marnes oxfordiennes, à 183 mètres d'altitude. — D'après M. Delpon (Statist. du Lot, t. I, p. 408), on a trouvé, à Frontenac, dans une grotte, une petite statuette en bronze de 25 centimètres de hauteur, représentant un homme d'une figure très joufflue, coiffé d'un bonnet phrygien et dont le corps était recourbé, de manière que les mains s'appuyaient sur les genoux.

Gindou (canton de Cazals). Une grotte naturelle (?), dans le terrain tertiaire, à 271 mètres d'altitude. — C'est la grotte du hameau de Jordy, de la commune de Gindou. — (Dict. des comm. du Lot, de M. Louis Combarieu.)

Ginouillac (canton de Labastide-Murat). Un gouffre, dans le jurassique moyen, à 270 mètres d'altitude. — Ce gouffre est mentionné dans la vieille Chronique Quercynoise de sire Guyon de Maleville, sous le nom de YAbisme de Mouet. — Est-il le même que celui qu'on appelle actuellement le gouffre de Bar?

Goujounac (canton de Cazals). Une grotte naturelle, dans les terrains crétacé et tertiaire, à 254 mètres d'altitude, découverte en 1874. Elle se trouve à 300 mètres du bourg, sur le versant d'une colline. — (Article de M. Arthur Del m as de Poucaty : Réformateur du Lot, 5 mars 1874.)

Graraat (canton de Gramat). Une grotte naturelle et un gouffre dans le supra-lias et le jurassique inférieur, à 345 mètres d'altitude. — La grotte de Gramat se trouve près de la cascade dite le Saut de la Pucelle; et le gouffre de cette localité porte le nom de gouffre de Bède.

Grézels (canton de Puy-1'Évêque). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur, à 201 mètres d'altitude. — Grotte peu connue, est citée cependant par M. Lucante.

L'Hospitalet (canton de Castelnau-Montratier), Un souterrain artificiel, dans le jurassique supérieur et le tertiaire d'eau douce, à 210 mètres d'altitude. — Cette grotte artificielle doit se trouver entre Salgues et l'Hospitalet. (G. Lacoste, t. I, p. 265.)


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Issendolus (canton de Lacapelle-Marival). Un gouffre, dans le supra-lias, à 338 mètres d'altitude. — C'est le gouffre où se perd le ruisseau d'Issendolus.

Lacave (canton de Souillac). Une grotte naturelle et un gouffre dans le supra-lias, à 236 mètres d'altitude. — C'est la grotte de Me/agay et le gouffre da/lwimon.

Lachapelle-Auzac (canton de Souillac). Une grotte naturelle, dans le jurassique moyen, à ' 236 mètres d'altitude. — C'est au fond de cette caverne, appelée caverne de Puy-Martin, que se trouvent deux ouvertures par lesquelles jaillit la fontaine du Boulay.

Lanzac (canton de Souillac). Deux grottes naturelles, dans le jurassique moyen, à 226 mètres d'altitude. —/L'une est très connue, c'est ;, celle qui contient la célèbre fontaine intermit\tente nommée le Gourg.j— L'autre est celle de l'Ermite, qui a été explora? par M. Lalande. (Voyez les Matériaux pour l'étude de l'homme primitif de M. E. Carthaillac, année 1872, p. 125 à 127.)

Laramière (canton de Limogne). Un gouffre, dans le jurassique moyen, à 372 mètres d'altitude.— Le gouffre de Laramière contient une grotte au fond de laquelle prend naissance un cours d'eau qui se dirige vers le Lot.

Laroque-Floirac (canton deGajarc). Une grotte naturelle^ dans le supra-lias et le jurassique inférieur* à 308 mètres d'altitude. — La grotte de la Flèche, se trouve à 100 mètres de la route de Floirac à Montbrun.

Lauresses (canton de la Tronquière). Un souterrain artificiel, dans le jurassique inférieur et le granité, à 249 mètres d'altitude. — Delpon, dans sa Statistique: Introduction, p. xv.

Limogne (canton de Limogne). Deux grottes naturelles, dans le jurassique moyen, à 321 mètres d'altitude. — On ,a découvert sur le territoire de la commune de Limogne, en cherchant des phosphates, de 1872 à 1874, deux cavernes contenant des ossements d'animaux brisés parmi lesquels M. Henri Filhol a pu déterminer des dents d'ours et autres parties du squelette de ces animaux recouverts d'une couche de stalagmites.

Livernon (canton de Livernon). Trois grottes naturelles, dans le supra-lias et le jurassique

inférieur, à 326 mètres d'altitude. — La plus grande de ces grottes s'appelle grotte de Finan ou de Finace. Delpon en cite encore deux autres, mais sans en donner la description.

Lugagnac (canton de Limogne). Deux grottes naturelles, dans le jurassique moyen, à 293 mètres d'altitude. — Ces deux grottes portent les noms de Miralas et de Tony de Flottes. Leur existence m'a été signalée en 1882 par M. l'abbé Gary, curé de Cénevièros, mais sans aucun détail.

Luzech (canton de Luzech). Une ou trois grottes naturelles, dans le jurassique supérieur* à 193 mètres d'altitude. — Le proviseur G. La^ coste cite cette grotte dans son ouvrage de YHistoire du Quercy, t. I, p. 268. Deux grottes à la Cévenne de Luzech m'ont été signalées.

Marcillac (canton de Cajarc). Cinq grottes naturelles, dans le jurassique moyen, à 282 mètres d'altitude. — Les grottes connues de la commune de Marcillac sont : 1° grotte du Celé; 2° grotte des Anglais; 3° grotte de Jalat; 4° grotte du rocher de la Science; 5° grotte de Paillés (découverte en 1881).

Martel (canton de Martel). Une grotte naturelle et un gouffre, dans le jurassique moyen, à 253 mètres d'altitude. — Grotte de Taillefer, près du village de Gluges, jadis fortifiée. — Gouffre de Briance. — A proprement parler, la grotte de Gluges n'est qu'un abri sous roche.

Meyronne ou Mayronne (canton de Souillac). Un gouffre, dans le supra-lias et le jurassique inférieur, à 182 mètres d'altitude. — Gouffre d'où sort le ruisseau de Linon. Il doit y avoir dans cette commune une grotte véritable puisqu'elle est citée dans YHistoire du Quercy du proviseur G. Lacoste, t. I, p. 268.

Miers (canton de Gramat). Un gouffre dans le supra-lias, à 316 mètres d'altitude. — Cegouffreabîme de la commune de Miers s'appelle la Boque de Corn.

Molières (canton de Lacàpelle-Marival). Un souterrain artificiel, dans le terrain primitif, à 489 mètres d'altitude. — Vaste souterrain, ouvrage de la main de l'homme, composé de plusieurs corridors.

Montât (le) (canton de Cahors sud). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur, à


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271 mètres d'altitude. — Cette grotte, très vaste et contenant beaucoup de stalactites, a été découverte en novembre 1879, au moment du percement du tunnel de Pouzergues, sur la ligne du chemin de fer de Cahors à Toulouse.

Mpntcabrier (canton de Puy-1'Évêque). Traces d'une grotte naturelle, dans le crétacé inférieur, à 241. mètres d'altitude. — Ce souterrain est taillé dans le tuf à une profondeur d'environ 7 mètres. Il consiste dans une infinité de cellules ou petites chambres qu'un corridor met en communication (G.Lacoste, p. 259). Ce sont des traces d'anciennes grottes effondrées et démolies (M. J. Ludovic Combes).

Montdoumerc (canton de Lalbenque). Un souterrain artificiel dans le terrain tertiaire, à 235 mètres d'altitude. — Vaste souterrain visiblement creusé par la main de l'homme. Les caveaux de Saint-Doumerc (sic), placés les uns à côté des autres, au nombre de plus de 50, communiquant entre eux, sont aujourd'hui encombrés de terre ou d'un tuf décomposé par les eaux. (Note des éditeurs de Guillaume okLacoste, p. 85.)

fllontel et Bouxal (canton de la Tronquière). Un souterrain artificiel, dans le terrain primitif, à 603 mètres d'altitude. — Il paraît même qu'il y a dans cette commune plusieurs souterrains également creusés par la main de l'homme.

Montvalent (canton de Martel). Une grotte naturelle et un gouffre, dans le jurassique inférieur, à 219 mètres d'altitude. — L'issue de la grotte de Montvalent est au bord de la Dordogne, et l'autre ouverture était jadis ouverte au milieu d'un ancien retranchement. (Delpon, Statistique du Lot, t. I, p. 423.)

Orniac ou Ornhac (canton de Lauzès). Deux ou trois grottes naturelles, dans le jurassique inférieur, à 293 mètres d'altitude. — Plusieurs grottes fortifiées près du hameau.de Liauzu. — Delpon.

Padirac (canton de Gramat). Un gouffre dans le jurassique inférieur, à 380 mètres d'altitude. — Grand gouffre, profond de 54 mètres, ayant 35 mètres de diamètre dans son ouverture superficielle. Il est creusé dans le calcaire du jurassique intérieur.

Pechpeyrou, commune de Cézac (canton de

Lalbenque). Un souterrain artificiel dans l'éocène, à 238 mètres d'altitude. — Grotte artificielle en forme de labyrinthe, dont M. le Dr Autefage a parlé à la Société des Études en 1876.

Pinsac (canton de Souillac). Une grotte naturelle, dans le jurassique moyen, à 206 mètres d'altitude. — Mentionnée par G- Lacoste.

Pradines (canton de Cahors nord). Trois grottes naturelles et un gouffre, dans le jurassique supérieur, 196 mètres d'altitude. — 1° Grotte de Flaynac; 2° grotte dans les causses dePradin.es; 3° grotte de Salopisson. Le gouffre se trouve dans le causse de Pradines.

Quissac (canton de Livernon). Une grotte naturelle, dans le jurassique moyen, à 353 mètres d'altitude. — D'après la tradition, cette petite grotte servait d'asile à saint Namphaise, dont elle porte le nom.

Reilhac ou Rilhac (canton de Livernon). Un souterrain artificiel, dans le granit et le calcaire, à 352 mètres d'altitude. — C'est une caverne profonde, avec une galerie latérale formée par les constructions visiblement faites par la main de l'homme.

Rocamadour (canton deGramat). Trois grottes naturelles, dans le supra-lias et le jurassique inférieur, à 267 mètres d'altitude. — 1° Grotte de Belveiré; 2° grotte Delnaud; 3° grotte de Malbec.

Salviac (canton de Salviac). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur, à 221 mètres d'altitude. — C'est la grotte de Pechahu, à 2 kilomètres de Salviac; elle est grande comme une église (150 mètres de longueur sur moitié en largeur).

Sauliac (canton de Lauzès). Deux grottes naturelles, dans le jurassique moyen, à 288 mètres d'altitude. — 1° Grotte de Fraou ; 2° grotte de la rive gauche du Celé. Dans cette dernière, un courant d'air glacial s'échappe en été, ce qui fait croire qu'elle pourrait servir pour la fabrication du fromage de Roquefort.

Sauzet (canton de Luzech). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur, à 293 mètres d'altitude, signalée en 1882. Elle se trouve entre Sauzet et Saint-Vincent-de-Rive-d'Olt.

S enaillac (canton de laTronquière). Souterrains artificiels, dans le terrain primitif, à 638 mètres d'altitude. — Plusieurs souterrains creusés par


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la main de l'homme. — Cuvettes dans le granité, sur le côté oriental du Puy-de-Moulin, sur le bord du ruisseau de Tolenne.

Sérignac (canton de Puy-1'Évêque). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur et le terrain tertiaire, à 247 mètres d'altitude. — Grotte de la Bouysse, explorée par M. Lucante, au point de vue entomologique.

Sonac (canton de Livernon). Une grotte naturelle, dans le supra-lias, à 337 mètres d'altitude.

Souillac (canton de Souillac). Plusieurs grottes encore peu connues, dans le jurassique inférieur, à 209 mètres d'altitude. — Entre autres : 1° celle de la Croix-Saint-Jean, dans le clos de M. Brugié, professeur du Lycée de Cahors, près de la ville; 2° celle de Condulo, près de la vieille route de Souillac à Brive, non loin du village de Blazy.

Souceyrac (canton de la Tronquière). Un souterrain artificiel, dans le terrain primitif, à 607 mètres d'altitude. — Souterrain fait visiblement de la main de l'homme.

Sainte-Alauzie (canton de Castelnau). Un souterrain artificiel (?) dans le terrain tertiaire, à 250 mètres .d'altitude.

Saint-Chels (canton de Cajarc). Grottes encore peu connues, dans le jurassique moyen, à 342 mètres d'altitude.

Saint-Cirq-Madelon (canton de Gourdon). Une grotte naturelle, dans le jurassique moyen, à 132 mètres d'altitude. — Grotte considérable renfermant des stalactites nombreuses.

Saint-Denis (canton de Martel). Un gouffre, dans le lias et le jurassique inférieur, à 224 mètres d'altitude. — On y voit une cascade et un abîme d'une grande profondeur.

Saint-Géry (canton de Saint-Géry). Quatre grottes naturelles, dans le jurassique moyen, à 213 mètres d'altitude. — Les principales grottes de la commune de Saint-Géry sont : 1° la grotte de Couzouls; 2° la grotte des Genettes.

Saint-Je an-de-Laur (canton de Cajarc). Une grotte naturelle et deux gouffres, dans le jurassique moyen, à 330 mètres d'altitude. — Ce sont : la grotte de Waiffre et les gouffres de Lantouy et de Loulé.

Saint-Jean-de-Lespinasse (canton de SaintGéré). Deux grottes naturelles, dans le trias et

le lias, à 295 mètres d'altitude. — Ces deux grottes mentionnées par Delpon se trouvent au milieu des Césarines.

Saint-Laurent (canton de Montcuq). Un souterrain artificiel (?) dans le terrain tertiaire, à 214 mètres d'altitude. — Grotte mentionnée par M. Lucante. Ce sont les caveaux du village de Lolmie, creusés dans le grès, formant 4 chambres présentant une espèce de labyrinthe. (Note des éditeurs de la chronique de G. Lacoste, p. 85.)

Saint-Martin-de-Vers (canton de Lauzès). Une grotte naturelle, dans le jurassique moyen, à 345 mètres d'altitude. — Mentionnée par G. Lacoste.

Saint-Martin-Labouval (canton de Limogne). Deux grottes naturelles, dans lejurassique moyen, à 278 mètres d'altitude. — Ces grottes se trouvent dans la vallée de Burnac, en amont de SaintMartin.— La première est à l'extrémité orientale du rocher de Rouhan. Elle est très vaste; on y a trouvé beaucoup d'ossements et surtout des dents d'ours de cavernes. — M. Georges Pradines y a trouvé un couteau en silex très bien travaillé.

Saint-Matré(canton deMontcuq). Un souterrain artificiel,.dans le terrain tertiaire, à 237 mètres d'altitude. — Grotte de Mirvel, mentionnée par M. Lucante.

Saint-Maurice (canton de Lacapelle-Marival). Un souterrain artificiel, dans le terrain primitif, à 567 mètres d'altitude. — A Saint-Maurice, comme à Molières, on trouve des galeries souterraines qui semblent être creusées de main d'homme. (Annuaire du Lot de 1830, 2e partie, p. 82.) — La deuxième grotte est d'un accès tellement difficile, que probablement elle n'a jamais été fouillée.

Saint-Médard-de-Presques (canton de SaintCéré). Une grotte naturelle, dans le lias, à 387 mètres d'altitude. — Caverne spacieuse, longue de plus de 200 mètres et riche en stalactites.

Saint-Pantaléon (canton de Montcuq). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur et le terrain tertiaire, à 269 mètres d'altitude. — Grotte du hameau de Lartigue, décrite en 1881, par M. Arnal, ancien instituteur de Sainte-Croix. Saint-Simon (canton de Livernon). Une grotte


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naturelle, dans le lias, à 345 mètres d'altitude. — Vaste caverne, dite de Loygue, qui sert de rendez-vous à la population du village, lorsque l'hiver est rigoureux, parce qu'on s'y trouve chaudement.

Saint-Sulpice (canton de Cajarc). Plusieurs grottes encore peu connues, dans le jurassique moyen, à 282 mètres d'altitude.

Saint-Vincent-Rive-d'Oit (canton de Luzech).. Un gouffre, dans le jurassique supérieur, à 264 mètres d'altitude. — C'est le gouffre de Cournon ou d'Andorre. Il se trouve dans le plateau qui domine le village de Douelle.

Thédirac (canton de Salviac). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur et le terrain tertiaire, à 273 mètres d'altitude. — Grotte mentionnée par M. Lucante, mais sans aucun détail.

Thémines (canton de Lacapelle-Marival). Une grotte naturelle et un gouffre, dans le lias, à 346 mètres d'altitude.— 1° Grotte de Roucadou, très spacieuse; 2° gouffre où se perd la petite rivière de l'Ouysse.

Théminettes (canton de Lacapelle-Marival). Une grotte naturelle et un gouffre, dans le lias, à 355 mètres d'altitude. — Grotte de Marut. Gouffre dit de laperte de la Theminelte.

Touzac (canton de Puy-l'Évêque). Une grotte naturelle, dans le jurassique supérieur, à 103 mètres d'altitude. — C'est une grotte du fond de laquelle sort une fontaine très abondante qui a beaucoup d'analogie avec la fontaine des Chartreux de Cahors.

Vers (canton de Saint-Géry). Une grotte naturelle, dans le jurassique moyen, à 261 mètres d'altitude. — Cette grotte est signalée par M. Lucante dans son catalogue des grottes du Sud-Ouest de la France, mais sans aucun détail. C'est peut-être celle qui se trouve dans les hauts rochers à travers lesquels passe l'aqueduc gallo-romain qui conduisait les eaux dans l'antique Divona.

Eug. PEYRISSAC, J. MALINOWSKI,

étudiant en médecine, membre eorresf professeur en retraite,

de la Société des Études du Lot.

Nota. — M. Malinowski nous a fait savoir, depuis l'impression de son important travail, qu'il n'était pas le seul à avoir travaillé à l'histoire détaillée des curiosités naturelles géologiques du Lot, dont la première

partie a paru dans le numéro du Journal d'Histoire naturelle du mois de mars dernier. Ce travail aurait été mis en ordre, d'après les notes de M. Malinowski. par M. Eug. Peyrissac, étudiant en médecine, membre correspondant de la Société des Études du Lot. Nous nous empressons de donner satisfaction aux deux intéressés.

LA RÉDACTION.

COMPTE-RENDU DES SOCIÉTÉS SAVANTES

Société d'Anthropologie de Bordeaux et du Sud-Ouest.

La séance est ouverte à huit heures et demie, sous la présidence de M. BAYSSELLANCE, président.

M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL dépose les ouvrages et publications reçus par la Société et communique une lettre de M. G. DE MORTILLET, qui avait exprimé le désir et l'espoir d'assister à la séance. Dans cette lettre, M. de Mortillet annonce qu'il est chargé d'organiser une exposition d'anthropologie, à Paris, en 1889. Il désire demander le concours de la Société d'anthropologie de Bordeaux.

Il résulte des renseignements pris que la majorité des membres est d'avis de ne faire, à Pâques, qu'une excursion d'un jour. Le Bureau est chargé de l'organisation.

M. MILLET est élu délégué de la Société au Congrès des Sociétés savantes organisé par la Société Gay-Lussac, de Limoges.

M. CABANNE fait une communication intitulée : Matériaux pour servir à l'histoire de l'époque quaternaire dans la Gironde. Il montre en même temps une série d'outils en silex recueillis par lui.

M. DALEAIJ présente des pierres qu'il appelle palets, provenant de la propriété de M. du Repaire, au château de Lansac(Bourg-sur-Gironde). Ces pierres sont toutes de même dimension et de forme hémisphérique. M. Daleau qui ignore leur âge et leur emploi ne pense pas, comme M. de Mortillet, qu'elles aient dû servir de crapaudines.

La séance est levée à dix heures.

Société de Borda, a Dax.

Séance du 4'r avril. — M. le Président donne lecture d'un mémoire de M. THORE sur des poussières d'origine cosmique tombées à. Dax dans la nuit du 27-28 novembre 1885.


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Après avoir décrit l'état physique de ces corpuscules qui ne dépassent g'uère un millimètre en longueur, M. Thore. y constate la présence de fer attirable à l'aimant dans la proportion d'environ 1/4, le reste étant composé de silicates en grains qui, vus au microscope, sont tantôt amorphes, globuleux, tantôt à an-' gles vifs, incolores ou nuancés de jaune ou de brun. Quelques-uns de ces silicates sont attaquables par'l'acide chlorhydrique, les autres ne le sont pas. L'analyse spectrale de ces poussières a montré à l'auteur les raies du nickel et du chrome, les bandes de la chaux et de la magnésie, peut-être même celles de la strontiane, mais il lui reste des doutes sur ce dernier point. M. Thore se croit donc en droit d'attribuer à ces poussières une origine cosmique, c'est-à-dire extra-terrestre, et il croit trouver à leur chute sur notre globe une explication toute naturelle qui tient à ce fait qu'au mois de novembre dernier la terre traversait justement un amas cosmique provenant de la désagrégation le long de son orbite de la fameuse comète Biéla, aujourd'hui brisée, dédoublée, perdue et dont les astronomes ne retrouvent plus de traces.

La lecture du mémoire de M. Hector Serres relatif à l'étude de Y Altos est renvoyée à. la prochaine séance qui aura lieu le samedi 1er mai prochain. ,

Société d'Histoire naturelle de Toulouse.

Séance du 3 mars 4886. — Présidence de M. MEYSSONNIER, doyen d'âge.

Correspondance. — M. le Ministre de l'Instruction publique invite la Société à lui faire connaître avant le 15 courant le nom de ses délégués au congrès des Sociétés savantes.

Communication. — M. BOULE se propose de montrer que le glaciaire du plateau central est mieux connu dans son ensemble que ne paraît le croire le Dr Penck dont le travail sur le glacier des Pyrénées vient d'être traduit et publié dans le bulletin de la Société.

M. JULIEN, professeur à la Faculté de Clermont-Ferrand a étudié cette période dans le Puy-de-Dôme. Il a décrit les différents glaciers qui ont couvert la région à cette époque et indiqué leurs limites. Des coupes devenues classiques accompagnent ses descriptions et donnent à son travail une importance exceptionnelle.

M. Julien n'est pas le seul géologue qui se soit occupé du glaciaire de cette région. M. Collomb avait déjà décrit le glacier de l'Aragon et M. Lecoq avait dressé la carte des glaciers du mont Dore.

Dans son livre sur la Géogénie du Cantal, M. Rames a décrit le glaciaire de ce massif et mieux que personne il était en mesure de le faire connaître. On sait en effet qu'il a dressé du Cantal un plan en relief, et que sur ce plan, qui a figuré avec honneur à notre exposition de géographie, il a marqué les glaciers de l'époque quaternaire.

M. Rames, il est vrai, n'a consacré à cette étude qu'un petit nombre de pages, mais elles contiennent tous les faits essentiels à la connaissance du glaciaire de la région, et de longues descriptions de moraines ou de blocs erratiques ne sauraient y ajouter rien do bien important.

M. Boule expose ensuite les résultats généraux des travaux qu'il vient de rappeler. Il fait remarquer que le Velay est la seule région du Plateau Central dont le glaciaire n'ait pas encore été l'objet de recherches sérieuses, et il conclut en disant que, malgré cette lacune et contrairement à l'opinion du Dr Penck, la période glaciaire lui paraît être mieux connue en Auvergne que dans lès Pyrénées.

M. CARTAILHAO exprime le regret de ne pas voir citer dans le mémoire, du reste fort important, du Dr Penck, M. le Dr Jeanbernat. qui cependant a fait une étude sérieuse des glaciers de la vallée de la Garonne, et l'eu M. Magnan, qui, en 1870, recueillit un os de renne dans les débris du glacier de Val Cabrère.

VARIETES

La thérapeutique des Arabes de Kairouan.

Pendant notre séjour à Kairouan (de juin 1883 à octobre 1884), il nous a été loisible d'étudier les moeurs et coutumes des Arabes de la Ville-Sainte. Cependant, comme il est très difficile de pénétrer dans leurs maisons et de visiter leurs familles, nos renseignements ne peuvent être qu'incomplets. D'autre part,- ignorant l'idiome arabe, nous ne connaissions que le « sabir », mauvais patois mélangé de français, d'italien et d'arabe, avec lequel nous arrivions cependant à nous faire comprendre des musulmans. Il faut d'ailleurs


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rendre cette justice aux indigènes, qu'ils devinent ce qu'on leur demande, aussitôt, qu'on a eu soin d'accompagner la voix de quelques gestes appropriés. Enfin nous avons été aidé dans nos recherches par l'interprète du gouverneur arabe de-Kairouan, Mohamed-ben-Hassen, ancien tirailleur algérien : c'est lui qui eut l'honneur de recevoir à l'une des portes de l'enceinte fortifiée le peloton' de cavaliers français qui venait demander la reddition de la ville.

Dans une note antérieure encore inédite, nous avons étudié les différents procédés de teintures employées par les Arabes. Aujourd'hui nous offrons au lecteur un aperçu de la thérapeutique indigène. L'Arabe que le Coran a rendu fataliste, et qui méprise absolument la mort, a cependant recours volontiers à la médication quand il est gravement malade. Il consulte alors soit des médecins arabes qui ont appris leur art dans des livres encombrés de recettes plus ou moins grotesques ou qui tiennent leur science de leurs parents médecins eux-mêmes, soit des empiriques, la plupart anciens tirailleurs algériens qui s'installent sur les places publiques avec quelques médicaments achetés dans lès villes françaises. Le fond de cette pharmacie ambulante se compose d'iodure de potassium dont les Arabes connaissent fort bien les propriétés curatives dans la syphilis, de sulfate de zinc, de sulfate de magnésie, d'alun... Au contraire, les Arabes intelligents savaient fort bien venir demander dans les bureaux de renseignements les secours de nos médecins militaires : ils ont pour le toubib français le plus grand respect, ils lui accordent toute leur confiance : sa personne est pour ainsi dire sacrée. Malheureusement les crédits pour les achats de médicaments à délivrer gratuitement étaient limités et le médecin devait souvent se borner à recommander aux malades une hygiène en rapport avec le genre de leur maladie. ^

Ce qui frappe le plus quand on circule au milieu de cette population, c'est le nombre considérable d'aveugles ou de gens affectés de maux d'yeux. Cela tient à plusieurs causes : teinte uniforme et éclatante des murs et des maisons chaulés, rareté de la verdure, sécheresse de l'air, poussière fine et pénétrante que soulève souvent un vent violent, habitations humides et malsaines, encombrement, dans les maisons; scrofule, syphilis et variole, trois maladies

maladies répandues; enfin saleté proverbiale des Arabes en général. De plus ces derniers ne songent à soigner leurs yeux que lorsqu'ils se voient menacés de perdre la vue.

Dans la thérapeutique oculaire, pour toutes les lésions en général, l'Arabe emploie le suc du Memordica Elaterium (Cucurbitacée) plante assez commune dans les champs cultivés. Il met une goutte de ce suc acre dans la narine correspondante à l'oeil malade. Il se produit bientôt une inflammation de la muqueuse nasale, suivie d'un écoulement abondant ; peut-être se produit-il de cette façon une dérivation du mal? Ou encore il est ordonné de prendre le fiel d'un hérisson et de l'appliquer sur l'oeil malade; et quand le remède procure par son application une douleur trop grande, de faire sécher ce fiel et de le pulvériser. Cette poudre est ensuite appliquée sur l'oeil, soit seule, soit mélangée à la poudre dont se servent les femmes arabes pour peindre leurs yeux (sorte de tannate de fer). Ce dernier médicament est surtout employé pour les taies de la cornée. Il est un troisième remède très estimé aussi, c'est le fiel du corbeau (rhorab), animal de plus petite taille que notre corbeau de France, et qui nous a paru assez rare dans cette partie dé la Tunisie. On le traite comme le fiel du hérisson^ et l'on a alors le meilleur remède contre les maladies d'yeux.

Pour être complet dans la description delà thérapeutique oculaire, nous ajouterons que l'Arabe se met souvent des cautères aux environs de l'oeil malade; il a aussi recours au barbier indigène qui, joignant à sa profession celle de chirurgien, pratique des saignées et applique des ventouses scarifiées. La saignée est un moyen curatif très employé par les Arabes dans la plupart de leurs maladies.

Ils connaissent tous les vertus merveilleuses de la quinine employée pour combattre la fièvre. Les empiriques algériens leur en vendent quelquefois à un prix très élevé; elle est probablement plus ou moins falsifiée. Quand ils n'ont pas ce médicament à leur disposition, ils ont l'habitude de se purger avec une graine de croton qu'ils mettent dans une datte. D'autres, et c'est probablement le plus grand nombre, ont recours dans la fièvre à des procédés plus ou moins éprouvés: on peut les juger par le fait suivant qui nous a été raconté par un Kérouanais de bonne famille, décoré de la médaille militaire qu'il avait gagnée en Crimée dans les


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rangs des tirailleurs. Avant l'arrivée des Français en Tunisie, Si-Maraboth, le gouverneur actuel de la ville de Kairouan et général de division, dont nous avons fait la connaissance pendant notre séjour en Tunisie, avait souvent des accès de fièvre. Il avait essayé en vain beaucoup de remèdes. Il fit mander dans son palais une vieille femme, sorte de matrone qui passait parmi les Arabes pour un grand médecin ; il lui confia son cas. Voici ce qui lui fut prescrit : prendre des escargots frais, en piler trois avec leurs coquilles et les avaler coup sur coup ; signer, avec forces prières à Mohamed, un écrit dans lequel le gouverneur demandait instamment d'être débarrassé de la fièvre. Le tout fut ponctuellement exécuté. La vieille femme enveloppa le manuscrit avec de nouveaux escargots dans un linge qu'elle alla enterrer dans l'un des nombreux cimetières qui entourent la ville. Vingt-quatre heures après le général Maraboth était débarrassé de sa fièvre à tout jamais! Nous pouvons assurer que pendant notre séjour à Kairouan, cet homme avec qui les relations étaient très cordiales et très ag-réables, jouissait d'une excellente santé. Nous possédons bien le remède en France, mais nous ignorons les salameclcs de la vieille matrone : aussi la quinine sera-t-elle encore en honneur pendant longtemps. Dans les simples embarras gastriques, les indigènes absorbent du miel auquel ils ont mélangé des semences de carvi (croya) et d'anis. Dans leur pain ordinaire, ou mieux dans leurs galettes sans levain, on retrouve souvent ces semences.

Les Arabes de cette contrée ont aussi leur remède contre la rage. Disons en passant que nous n'avons cependant jamais rencontré de chiens hydrophobes parmi la gent canine indigène, et qu'au contraire nos chiens français nous en ont donné des exemples fréquents. Cependant le chien arabe ne rencontre pas toujours de l'eau, il inange ce qu'il trouve, car son maître, pauvre et très sobre, n'a pas l'habitude de le nourrir régulièrement. Il y a là dans la cause étiologique de la rage quelque tchose d'intéressant, et qui mériterait d'être élucidé. Si l'Arabe vient h être mordu, il applique sur la plaie du piment rouge, par dessus il met un morceau de cuir et il serre le tout fortement avec une ficelle. Au bout de quelques jours la plaie se dessèche, paraît-il. Le traitement est le même s'il s'agit de morsures de serpents. On

comprend l'action vésicante du piment. Du reste n'a-t-on pas essayé en France l'extrait de piment, comme rubéfiant (papier Lardy)? Ce médicament doit être impuissant contre le venin de la vipère à cornes, qui tue en moins d'une heure; nos médecins militaires ont constaté, des décès consécutifs h des morsures faites par la vipère à cornes; l'injection seule de permanganate de potasse, pratiquée presque aussitôt, a donné entre les mains de quelquesuns d'entre eux d'excellents résultats tout à fait inespérés. Ce reptile est le seul qui soit réellement redoutable dans cette partie de -la Tunisie, encore n'attaque-t-il jamais l'homme et fuit-il à son approche, c'est du moins ce que nous avons constaté nous-même dans nos promenades dans la campag-ne de ce pays; il faut sans doute le contrarier dans sa marche ou le fouler aux pieds pour s'exposer à être mordu. On a exagéré beaucoup les^dangers de la piqûre du scorpion : cet animal, très répandu, se rencontre partout, sous les pierres, dans les murs, sous les vieux bois... Le jaune est plus commun que le noir, généralement de plus petite taille; la piqûre de ce dernier expose à des accidents un peu plus graves et de plus longue durée. Ce sont des inflammations locales plus ou moins vives avec tuméfaction considérable, fièvre; généralement au bout de quelques jours le malade est rétabli. Nous avons vu quelques soldats français et des Arabes qui avaient été piqués, aucun d'eux n'a succombé. Ces indigènes nous ont cependant affirmé qu'on pouvait mourir de la piqûre du scorpion, mais la vue seule des reptiles en général leur procure une terreur telle, que l'on comprend qu'ils soient portés à exagérer les accidents produits par ces animaux.

La feuille de séné et la semence de croton sont à peu près les seuls purgatifs employés par les indigènes. La feuille de romarin, desséchée et pulvérisée, est un remède contre la toux : dans ce cas, ils l'avalent en la mettant dans un oeuf cru. Ils se servent encore des infusions de romarin dans la" syphilis; sur les ulcères spécifiques ils appliquent la poudre incorporée dans du beurre.

Le cataplasme tient une grande place dans la médication externe : ainsi, dans le cas d'entorse avec extravasion de sang, après avoir fait des incisions à cet endroit avec le rasoir, ils appliquent un cataplasme de feuilles de mauve (Malva rotundifolia), très commune à Kairouan.


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Pour faire mûrir un abcès, on applique sur le siège de l'inflammation des escargots privés de leurs coquilles. Ces mollusques, très nombreux en ce pays, envahissent les bois d'opuntia, les touffes de lentisques, et jonchent- de leurs débris calcaires des plaines immenses.—On comprend à la rigueur que la grande quantité de matières mucilagineuses qu'ils contiennent puisse produire quelque heureux résultat. —En mangeant sept ou huit limaçons crus pendant trois ou quatre jours, les Arabes prétendent arrêter les flux hémorrhoïdaux.

. Les vésicants sont aussi très employés : ainsi, dans le cas de douleurs survenant dans.les pieds ;Ou dans les jambes, les. indigènes ont recours à .la racine de thapsia (deriès en Tunisie, bonafa ,en Algérie). On met cette racine dans une marmite avec de l'eau et du beurre, et on chauffe doucement le tout pendant vingt-quatre heures. On recueille ensuite le beurre, et on a une pommade vésicante. — La jusquiame blanche (secrin), plante assez commune, dans ce pays, serait aussi un vésicant, moins actif cependant que le précédent. Les femmes qui veulent engraisser rapidement en mangent à petites doses. Disons aussi que cette plante est très employée dans les empoisonnements. La jusquiame du Sahara (HBethina), bien décrite par M. Boussoh, pharmacien-major de l'armée, a servi aux Touareg-s à empoisonner les membres de la malheureuse mission Flatters.

L'antidote employé par les Arabes, dans tous f les cas, est le beurre fondu absorbé en grande quantité.

Nous terminerons ce court exposé de la thérapeutique des indigènes de Kairouan en parlant de l'emploi des tubercules d'une espèce d'Orchidée dont nous n'avons pu nous procurer la tige. Au moment où on récolte la plante, on trouve deux tubercules, l'un flétri, celui de l'année précédente, un autre frais et gorgé de suc, celui de la* deuxième année. Quand, pour un motif quelconque, une femme arabe veut rendre son mari impuissant, elle lui fait manger à son insu le tubercule flétri; veut-elle lui donner au contraire un surcroît de virilité, elle lui fait absorber l'autre. C'est surtout au Kef et dans le nord de la Tunisie qu'on a recours à ce médicament.

Beaucoup de médecins militaires ont déjà écrit avec plus d'autorité et plus de détails l'histoire des médications employées par les

indigènes, dans les districts algériens ou tunisiens qu'ils ont habités. La thérapeutique des habitants de Kairouan, la ville sainte de Tunisie, n'avait pas encore été exposée. Nous garantissons l'exactitude des détails que nous avons donnés; nous souhaitons qu'ils puissent aussi servir plus tard à l'auteur qui aurait l'intention de rassembler en un travail tout ce qui a été écrit sur les médications diverses employées par les indigènes de nos deux belles colonies africaines : l'Algérie et la Tunisie.

Dr BARTHE.

CBRONIQUEJIEGIONALE

Faculté de médecine et de pharmacie dé Bordeaux. — Par arrêté ministériel, en date du 6 avril dernier, M. Gilbert Lasserre, pharmacien de lro classe, remplace M. le Dr Nabias comme chef des travaux pratiques d'histoire naturelle, pendant la durée du congé accordé à ce dernier.

Subventions. — L'Association française pour l'avancement des sciences vient d'accorder les encouragements suivants : 250 francs à M. Daleau, de Bourgsur-Gironde, pour l'aider à continuer ses fouilles anthropologiques ; 500 francs à MM. Testut etDufourcet, pour leurs fouilles dans les tumul us. sous-pyrénéens ; 500 francs à chacun des laboratoires marins de Cette et de Wimereux (Nord).

Naturalisation de plante. — Le Solanum bonariense, L., plante ligneuse de la Plata, qui s'est absolument naturalisée en Espagne et en Portugal depuis longtemps, croît, fleurit et fructifie en dehors de toute culture aux environs de la Sauve (Gironde), à l'abri d'un mur. L'introduction de cette espèce est due à M. le Dr Armaignac, dans la propriété duquel elle se trouve, et d'où elle a grande chance de s'étendre.

Club Alpin français. — La section du S.-O., avec le concours de la section^ de Perpignan, organise une course dans les Pyrénées orientales avec ascension du Canigou, du 12 au 17 juin. Un programme détaillé sera dressé dans le courant de mai. Ceux qui pensent pouvoir prendre part à cette excursion sont priés d'en aviser le plus tôt possible le président de la section du S.-O., rue Saint-Genès, 84, à Bordeaux.

Société botanique de France. — La réunion extraordinaire de 1886 aura lieu à Millau (Aveyron) le 12 juin prochain.

Le Secrétaire général delà Société pour l'élude et l'avancement des sciences naturelles dans le S.-O., gérant :

D--GU1LLA01).

Ilordenux.Imp. G. GoimouiLlloiJ,' rue (iuiraude, 11.