Presse et revues
54 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-12-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 01 décembre 1912 01 décembre 1912
Description : 1912/12/01 (A34,N12)-1912/12/31. 1912/12/01 (A34,N12)-1912/12/31.
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5500604x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
184
LA FEMME
che, une vigueur nouvelle ; le bon génie qui fera i
refleurir sur notre terre la vie noble, la vie pure.
Et je me disais que ce serait là pour les femmes
une magnifique, une sublime revanche à tout ce
qu'elles ont subi, à tout ce qu'elles ont souf-
fert.
Pendant des siècles les femmes ont été es-
claves ; bêtes de somme ou poupées de luxe sou-
mises au bon plaisir de l'homme, elles n'avaient
qu'à se taire et à obéir. Toutes nos soeurs d'hier,
aussi bien celles d'Occident, dont l'indépendance
n'était qu'illusoire, que celles d'Orient, murées
dans les harems, ont subi un sort douloureux.
Excédée, n'en pouvant plus, la femme s'est
enfin révoltée. Elle a demandé le droit de vivre,
de respirer, d'agir. D'un geste héroïque, elle a
arraché les bandelettes qui la ligotaient. Elle a
fait l'éducation de son intelligence et de sa vo-
lonté. La plus belle partie de sa tâche est encore
à accomplir. Il lui reste à discipliner son coeur,
à en extraire tout égoïsme,à faire jaillir la source
profonde de bonté et de dévouement qui est en
elle.
Grisées par une indépendance jusqu'alors in-
connue, étourdies par un air trop pur succédant
à l'atmosphère raréfiée qui avait été la leur, les
femmes, il faut bien le reconnaître, sont allées
trop loin dans leurs revendications, ont disputé
avec trop d'âpreté les places détenues par les
hommes, se sont trop montrées leurs concur-
rentes et leurs antagonistes.
Mais elles se ressaisissent. Elles comprennent
que leur lot sublime est avant tout d'aimer, de se
donner. Sans doute elles voudront conserver
leur dignité entière, aussi le droit de choisir la
carrière qui leur convient, prendre part aux
destinées de leur pays, élever leurs enfants à
leur guise. Cela admis, elles laisseront parler le
meilleur d'elles-mêmes. Elles marcheront sur la
route royale du renoncement et du pardon que
leur a montrée le Christ. Toutes les larmes que
l'homme a fait monter à leurs paupières lasses,
elles les laisseront retomber sur lui en rosée de
bénédiction. Elles lutteront pour toutes les nobles
causes. Elles travailleront au bonheur de tous.
Elles vaincront le mal par le bien.
On dira : voilà un noble idéal, mais ces fem-
mes-là, qui comprennent la grandeur du sacri-
fice, seront toujours l'exception I II y aura peu
de Florence Nigthingale et de Joséphine Butler,
ot beaucoup de femmes égoïstes, futiles et mau-
vaises. Raison de plus pour aller vers elles t
Courage donc, vous qui méditez, les yeux fixés
vers un rêve de paix, de lumière, d'amour. Sans
vous lasser, répandez la bonne semence. Cueillez
dans le coeur de vos soeurs le sentiment du de-
voir. Faites-leur comprendre leur responsabilité.
Bravez tous les mépris. Ne plaignez pas vos
peines. Songez au jour où se lèvera toute une
armée de femmes au coeur haut placé. Eves nou-
velles qui, au lieu de perdre l'homme, le relè-
veront. Alors la terre se couvrira d'une verte et
fraîche frondaison et deviendra le péristyle du
Ciel.
M™ 0 A. PHILIP DK BARJEAU.
La Route Bleue
par JEAN RAMEAU
L'aviateur et le poète poursuivent tous deux
un idéal bien au-dessus de ce que le commun des
mortels peut concevoir ; tous deux se perdent,
l'un dans l'éther azuré du ciel, l'autre dans ses
rêves illuminés. Quand un poète écrit, il donne
à la terre un reflet de ses méditations étincelan-
tes ; c'est la raison, sans nul doute, pour laquelle
le livre de M. Jean Rameau que nous ouvrons
aujourd'hui est plein de soleil ! Cette route,
joyeuse de ton, qu'il déroule devant nous, tente
notre imagination et la fascine. Est-ce vers
l'Orient aux deux implacablement sans nuages
qu'elle nous mènera ou bien nouveaux Tytil et
Mytil, trouverons-nous l'Oiseau Bleu dans ces
contrées lointaines ; lointaines peut-être mais
pas inconnues. Suivre la route bleue, c'est aller
toujours plus haut vers la Lumière qui ne s'éteint
pas, qui devrait éclairer la terre et que l'huma-
nité inaccessibles place sous un boisseau ; vers la
Cité de cet amour infini, essence même de notre
âme, pour lesquels les saints ont vécu et les
martyrs sont morts, qui se manifeste sur terre
dans la Charité. La thèse de M. Jean Rameau
est un peu pessimiste ; pour lui, la bonté est
foulée aux pieds, les bons ce sont les faibles
martyrisés par les méchants, mais cpendant il
veut montrer vers quel bonheur ignoré et rare
la Route Bleue nous mène. Et de ce bleu idéal
il remplit son livre. Le bleu ! la piété depuis de
longues années déjà l'a voué à celle qui fut
« bénie entre toutes les femmes » I Couleur des
Saints, couleur des Rois, couleur de France ; la
plus aimée, la plus recherchée, la plus répandue
dans la nature, la plus rare parmi les fleurs.
Quelle renommée n'a pas eu à son heure la petite
fleur bleue I Et quoi de plus ravissant que le
bleu de ces yeux d'enfant si purs qu'on croirait
LA FEMME
che, une vigueur nouvelle ; le bon génie qui fera i
refleurir sur notre terre la vie noble, la vie pure.
Et je me disais que ce serait là pour les femmes
une magnifique, une sublime revanche à tout ce
qu'elles ont subi, à tout ce qu'elles ont souf-
fert.
Pendant des siècles les femmes ont été es-
claves ; bêtes de somme ou poupées de luxe sou-
mises au bon plaisir de l'homme, elles n'avaient
qu'à se taire et à obéir. Toutes nos soeurs d'hier,
aussi bien celles d'Occident, dont l'indépendance
n'était qu'illusoire, que celles d'Orient, murées
dans les harems, ont subi un sort douloureux.
Excédée, n'en pouvant plus, la femme s'est
enfin révoltée. Elle a demandé le droit de vivre,
de respirer, d'agir. D'un geste héroïque, elle a
arraché les bandelettes qui la ligotaient. Elle a
fait l'éducation de son intelligence et de sa vo-
lonté. La plus belle partie de sa tâche est encore
à accomplir. Il lui reste à discipliner son coeur,
à en extraire tout égoïsme,à faire jaillir la source
profonde de bonté et de dévouement qui est en
elle.
Grisées par une indépendance jusqu'alors in-
connue, étourdies par un air trop pur succédant
à l'atmosphère raréfiée qui avait été la leur, les
femmes, il faut bien le reconnaître, sont allées
trop loin dans leurs revendications, ont disputé
avec trop d'âpreté les places détenues par les
hommes, se sont trop montrées leurs concur-
rentes et leurs antagonistes.
Mais elles se ressaisissent. Elles comprennent
que leur lot sublime est avant tout d'aimer, de se
donner. Sans doute elles voudront conserver
leur dignité entière, aussi le droit de choisir la
carrière qui leur convient, prendre part aux
destinées de leur pays, élever leurs enfants à
leur guise. Cela admis, elles laisseront parler le
meilleur d'elles-mêmes. Elles marcheront sur la
route royale du renoncement et du pardon que
leur a montrée le Christ. Toutes les larmes que
l'homme a fait monter à leurs paupières lasses,
elles les laisseront retomber sur lui en rosée de
bénédiction. Elles lutteront pour toutes les nobles
causes. Elles travailleront au bonheur de tous.
Elles vaincront le mal par le bien.
On dira : voilà un noble idéal, mais ces fem-
mes-là, qui comprennent la grandeur du sacri-
fice, seront toujours l'exception I II y aura peu
de Florence Nigthingale et de Joséphine Butler,
ot beaucoup de femmes égoïstes, futiles et mau-
vaises. Raison de plus pour aller vers elles t
Courage donc, vous qui méditez, les yeux fixés
vers un rêve de paix, de lumière, d'amour. Sans
vous lasser, répandez la bonne semence. Cueillez
dans le coeur de vos soeurs le sentiment du de-
voir. Faites-leur comprendre leur responsabilité.
Bravez tous les mépris. Ne plaignez pas vos
peines. Songez au jour où se lèvera toute une
armée de femmes au coeur haut placé. Eves nou-
velles qui, au lieu de perdre l'homme, le relè-
veront. Alors la terre se couvrira d'une verte et
fraîche frondaison et deviendra le péristyle du
Ciel.
M™ 0 A. PHILIP DK BARJEAU.
La Route Bleue
par JEAN RAMEAU
L'aviateur et le poète poursuivent tous deux
un idéal bien au-dessus de ce que le commun des
mortels peut concevoir ; tous deux se perdent,
l'un dans l'éther azuré du ciel, l'autre dans ses
rêves illuminés. Quand un poète écrit, il donne
à la terre un reflet de ses méditations étincelan-
tes ; c'est la raison, sans nul doute, pour laquelle
le livre de M. Jean Rameau que nous ouvrons
aujourd'hui est plein de soleil ! Cette route,
joyeuse de ton, qu'il déroule devant nous, tente
notre imagination et la fascine. Est-ce vers
l'Orient aux deux implacablement sans nuages
qu'elle nous mènera ou bien nouveaux Tytil et
Mytil, trouverons-nous l'Oiseau Bleu dans ces
contrées lointaines ; lointaines peut-être mais
pas inconnues. Suivre la route bleue, c'est aller
toujours plus haut vers la Lumière qui ne s'éteint
pas, qui devrait éclairer la terre et que l'huma-
nité inaccessibles place sous un boisseau ; vers la
Cité de cet amour infini, essence même de notre
âme, pour lesquels les saints ont vécu et les
martyrs sont morts, qui se manifeste sur terre
dans la Charité. La thèse de M. Jean Rameau
est un peu pessimiste ; pour lui, la bonté est
foulée aux pieds, les bons ce sont les faibles
martyrisés par les méchants, mais cpendant il
veut montrer vers quel bonheur ignoré et rare
la Route Bleue nous mène. Et de ce bleu idéal
il remplit son livre. Le bleu ! la piété depuis de
longues années déjà l'a voué à celle qui fut
« bénie entre toutes les femmes » I Couleur des
Saints, couleur des Rois, couleur de France ; la
plus aimée, la plus recherchée, la plus répandue
dans la nature, la plus rare parmi les fleurs.
Quelle renommée n'a pas eu à son heure la petite
fleur bleue I Et quoi de plus ravissant que le
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