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Titre : Bulletin de la Société philomatique vosgienne

Auteur : Société philomatique vosgienne. Auteur du texte

Éditeur : Typ. et lithogr. L. Humbert (Saint-Dié)

Date d'édition : 1935

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34454426d

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34454426d/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1935

Description : 1935 (A61)-1936.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Lorraine

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5487363w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/01/2011

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BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE

VOSGIENNE

61ME ANNÉE - 1935-1936

Saint-Die — Imp. Etabl. C. CUNY 1936 \



BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE

VOSGIENNE

61ME ANNEE - 1935-1936

Saint-Dié — Imp. Etabl. C. CUNY 1936


AVIS

La Société laisse aux auteurs des Mémoires qu'elle publie toute la responsabilité des opinions qui y sont émises.

Les Sociétaires reçoivent gratuitement le Bulletin à partir de l'année de leur admission.

Les Sociétaires qui changent de résidence sont instamment priés de bien vouloir indiquer leur nouvelle adresse.

Le prix élevé du Bulletin ne permet malheureusement pas à la Société d'en offrir plusieurs exemplaires à ses collaborateurs. Ceux qui désireraient des tirages à part peuvent s'adresser à M. CUNY, imprimeur.

Pour toute communication concernant la Société, la rédactionou l'administration du Bulletin, les adhésions, etc., prière de s'adresser au Président, M. PIERROT, bibliothèque municipale, 13, rue d'Hellieule, St-Dié ; pour toutes questions concernant l'encaissement des cotisations, à M. le Capitaine CONTAL, 4, quai du Torrent à Saint-Dié. C C. P. : 323,30 Nancy.

Il reste à la bibliothèque de la Société un certain nombre d'exemplaires des numéros anciens du Bulletin. Ceux qui désireraient s'en procurer sont priés de s'adresser à M. PlERROT qui leur indiquera le prix du volume désiré, celui-ci variant naturellement suivant le nombre d'exemplaires disponibles.


Quelques notes

SUR LA

Jeunesse de Mgr de la GALAIZIÈRE

Premier Evêque de Saint-Dié

Des premières années de Monseigneur Barthelémy-LouisMartin de Chaumont de la Galaizière, évêque de Saint-Dié, peu de détails sont arrivés jusqu'à nous.

Nous avons consigné ceux que nous avons pu trouver dans notre étude : « L'érection de l'évêché de Saint-Dié, au XVIIIe siècle », parue en 1932, dans le Bulletin de la Société Philomatique Vosgienne.

Les quelques notes qui vont suivre, pourront peut-être les compléter avantageusement. Nous souhaitons qu'elles intéressent les amis de notre histoire locale.

Après avoir remis, le 28 novembre 1801, entre les mains du Pape Pie VII, la démission de son siège épiscopal de Saint-Dié, c'est au château de Mareil (1), que Mgr de la Galaizière vint chercher le calme et la paix de ses derniers jours. II y mourut, âgé de 71 ans, le 30 juin 1808. Son corps repose au milieu des siens, dans la chapelle castrale annexée à l'église de Mareil-les-Guyon.

Il y a quelques années, le château fut aliéné par les descendants de cette noble famille ; ses archives vendues au dépôt départemental des Archives de Seine-et-Oise. Dans les 9 cartons qui les renferment, nous avions espéré pouvoir retrouver quelques documents concernant notre premier évêque. Mais, presque tous ces papiers ne se rapportent qu'aux affaires des Intendances de Lorraine et d'Alsace, gérées successivement par son père Antoine-Martin

(i) Mareil-les-Guyon, canton de Monfort l'Amaury, Seine-et-Oise.


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de Chaumont (1697-1785), par son frère Antoine de Chaumont, et par le fils de ce dernier, Antoine-Pierre de Chaumont.

Dans une liasse d'actes divers, se trouve cependant une expédition de l'acte de baptême, de Barthélémy-Louis-Martin de la Galaizière. Nous le reproduisons ici r

24 Aoust 1737. Extrait des Registres de Baptêmes de l'église Royale et Paroissiale de St-Paul à Paris.

L'an mil sept cent trente sept, le samedi vingt quatre Aoust a été baptisé Barthelemi-Louis-Martin né la veille, fils de Mr AntoineMartin de Chaumont, Marquis de la Galaisière, Con[seill]er du Roi en ses conseils, M[aîtr]e des Requêtes ord[inai]re de son hôtel, chancelier et garde des sceaux de S. M. Polonoise et de Dame Louise-Elisabeth Orry son épouse, d[e]m[euran]t rue St-Antoine de cette Pjaroijsse. Le Parein Louis Carbonnier, valet de chambre de Mr De la Galaisière d[e]m[euran]t en les d[ites] rue et P[aroi]sse, la Mareine Marie Anne Gaston Loy fille d[e]m[euran]t même rue et P[aroi]sse, lesquels ont signé, le Père absent. / /.

Collationé à la minute et délivré par nous soussigné Vicaire de

St-Paul à Paris le 1er Décembre 1789.

Benoist Vi[caire].

* * *

Nous pensons que l'enfant passa ses premières années à Nancy, au milieu de ses parents qui habitaient sur la paroisse Saint-Roch.

C'était l'usage, alors, dans la noblesse française, que les fils aînés étaient voués à la garde des biens patrimoniaux ; les cadets à l'Eglise ; les derniers enfants à la carrière des armes. Les plus jeunes devaient trouver dans le service de l'Etat ou de l'Eglise cette part de fortune que leur refusait le droit d'aînesse.

C'est pourquoi, chez les de la Galaizière, l'aîné des fils, Antoine de Chaumont, fut destiné à suivre la carrière paternelle, et se prépara à devenir Maître des Requêtes. Le second, moins âgé de 10 ans, fut dirigé vers l'état ecclésiastique.

Dès l'âge de 7 ans, il reçut la tonsure cléricale, et grâce à l'influence de son père auprès du roi Stanislas, duc de Lorraine, il fut pourvu de la coadjutorerie du prieuré de Neuvillers-surMoselle (1) dont son oncle Dieudonné Chaumont de Mareil, était

(i) Canton de Bayon, Meurthe-et-Moselle/


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titulaire. L'année suivante, il était nommé abbé commendataire de la riche abbaye bénédictine de Saint-Mihiel.

Grâce à Dieu, ce fléau de la commende, et ces nominations d'enfants si jeunes, et parfois sans la moindre vocation, à des bénéfices ecclésiastiques, ne sont plus, dans l'Eglise qu'un douloureux souvenir. Le droit canonique aujourd'hui, interdit de conférer la tonsure, à un jeune homme qui n'aurait pas encore commencé ses études théologiques.

Quand notre jeune abbé eut atteint l'âge de 15 ans, ses parents songèrent à lui donner un précepteur, chargé de suivre ses études, pendant sa philosophie, sa théologie, la préparation de sa licence.

Ce précepteur fut l'abbé Morellet.

Né à Lyon en 1727, et mort à Paris en 1819, André Morellet a raconté sa vie dans de curieux « Mémoires sur le dix-huitième Siècle et sur la Révolution» (])■ Au cours de brillantes études au séminaire des Trente-trois, à Paris, puis à la Sorbonne, Morellet avait reçu la tonsure. Ce fut ce seul titre qui lui valut ce nom d'abbé qu'il a gardé dans le monde des lettres et de la politique. Très heureusement pour la religion, il n'alla pas plus loin dans la hiérarchie ecclésiastique, et ne devint jamais prêtre. A diverses reprises, Chateaubriand parle de lui dans ses Mémoires d'Outre-Tombe. Il ne lui témoigne qu'une estime très relative. A propos d'Atala, (2e volume, pages 248-249, de l'édition Biré), il cite en note ce mot de Norvins qui en dit long sur Morellet : «qui n'appartenait à l'Eglise que par la moitié de la foi, la moitié du costume, et un prieuré tout entier ».

Comment une famille aussi chrétienne que celle des de Chaumont peut-elle confier un jeune homme de 15 ans, futur évêque, à un tel précepteur ?

Morellet le raconte lui-même dans ses Mémoires. En 1752, après avoir pris sa licence théologique en Sorbonne, il ne savait trop que devenir. « Me faire prêtre de paroisse, écrit-il (1er volume page 22), était un parti auquel il m'était impossible de me résoudre ». C'est alors que l'abbé Sarcey, l'ancien Supérieur du Séminaire des Trente-trois, vint à son secours. Malgré l'opinion peu favorable qu'il avait de la piété de Morellet son ancien élève, ■— celui-ci le

(i) 2 volumes, édités à Paris 1821, Librairie française de Ladvocat. Palais-RoyalGalerie de Bois n° 195.


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reconnaît lui-même —, il le recommanda, avec beaucoup d'intérêt, à une vieille dame dont il dirigeait la conscience : Mme Catherine Barré, épouse d'Antoine Martin de Chaumont, secrétaire du roi, et seigneur d'Ivry-sur-Seine. C'étaient les grands parents de notre futur évêque. Par eux, Morellet fut présenté au chancelier de Lorraine, comme précepteur de son fils. La recommandation de 1 abbé Sarcey fut toute puissante pour décider son consentement.

Aussitôt Morellet quitta la Sorbonne, et vint se fixer avec son élève, au Collège du Plessis, ayant 1.000 livres d'honoraires, logé, nourri et désormais à l'abri du besoin.

« Mon élève, dit-il, (Mémoires page 25) sans avoir un esprit brillant, l'avait juste et droit. Ajoutez une probité parfaite, une douceur, une égalité, une bonté de caractère qu'il a gardées dans tout le cours de sa vie : dispositions que je me flatte de ne pas avoir altérées en lui, si même je ne les ai cultivées. Nous fûmes bientôt accoutumés l'un à l'autre, et il m'a toujours témoigné une bienveillance et un intérêt que j'ai toujours conservés pour lui. Ce que je rapporte à mon éloge comme au sien ».

Au collège du Plessis, se trouvaient alors nombre de jeunes étudiants, appartenant aux plus grandes familles de France, et destinés eux aussi aux plus hautes fonctions du sacerdoce : 1 abbé de Broglie, depuis évêque de Noyon ; le prince Louis de Rohan, depuis cardinal et évêque de Strasbourg, et son frère Ferdinand, depuis archevêque de Bordeaux et ensuite de Cambrai ; l'abbé de Ci ce, depuis archevêque de Bordeaux et garde-des-sceaux ; enfin, l'abbé de Marboeuf, qui devint archevêque de Lyon et ministre de la feuille, c'est-à-dire des bénéfices ecclésiastiques vacants, qui dépendaient de la nomination du roi :

« Je passai, dit Morellet, ces deux années de la philosophie de mon élève, à l'instruire de mon mieux... Lorsqu'il eut achevé sa philosophie en 1754, je l'accompagnai au séminaire Saint-Magloire, pour qu'il fît sa théologie. Nous nous y retrouvâmes avec l'abbé de Rohan, fidèle à ses grands airs, à sa dissipation, à sa légèreté, qui aurait pu nuire à mon abbé de la Galaizière, sans le fonds excellent de réserve et de raison qui le défendait contre lui ».

« Ma vie continua d'être fort douce. Un joli logement sur le jardin du séminaire ; des livres qui déjà formaient une petite collection ; la liberté dont je n'abusais pas, de sortir dans les ins-


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tants où mon élève assistait aux conférences, aux offices, et allait aux écoles de la Sorbonne ; tout cela me convenait beaucoup ».

C'est à cette époque de sa vie que Morellet, sur l'invitation de Diderot et d'Alembert, se mit à composer des articles pour Y Encyclopédie. Singulière occupation, il faut l'avouer, pour un homme habitant un séminaire, et chargé de collaborer à l'instruction d'un futur évêque. Nous voudrions savoir ce que dut en penser la famille de la Galaizière....

En 1758, continue Morellet, « la mort du Pape Benoit XIV, allant donner ouverture à un conclave, je pressai les parents de mon élève, de nous y envoyer. Un oncle de mon pupille, abbé comme lui, — c'était Dieudonné de Chaumont de Mareil, alors Grand Prévôt de l'insigne Chapitre de Saint-Dié, et qui devait devenir sept ans plus tard, évêque titulaire de Sion, — avait fait ce voyage dans sa jeunesse. Il favorisa notre projet auprès du Chancelier de Lorraine, qui n'y était pas trop porté. Nous eûmes enfin la permission de partir, mais un peu tard ; et nous voulûmes, par une extrême diligence, réparer le temps perdu : car nous allâmes, de Paris à Rome, en onze jours, après nous être reposés un seul jour à Lyon. Nous n'arrivâmes, cependant, qu'après l'ouverture du conclave, commencé le 15 mai 1758 ».

« Je me rappelle encore l'impression que j'éprouvai au passage du mont Cenis. J'étais porté sur une espèce de brancard ou civière par des hommes qui se relevaient. Nous faisions routé en silence : c'était la fin de mai, et le temps était admirable. L'aspect des montagnes, nouveau pour moi, les neiges couvrant encore les sommets des plus éloignées, les chutes d'eau et les torrents dans toute leur abondance et toute leur beauté, l'air vif et pur que je respirais à cette hauteur, le spectacle ravissant qui se présente, sitôt que 1 on commence à descendre vers la belle Italie, tout cela me jeta dans une sorte de rêverie si douce, que j'en étais hors de moi, et que le souvenir m'en affecte encore profondément, après plus de quarante ans écoulés ».

« Arrivés au delà de Parme, nous suivions les côtes de l'Adriatique ; puis nous prîmes les Apennins, allant jour et nuit ».

« Je ne puis oublier de conter ici le risque que nous courûmes, en traversant ces montagnes. Nous avions passé la nuit dans notre chaise gravissant par des chemins bordés de précipices, au fond


-8desquels

-8desquels entendions rouler des torrents. Les chevaux faisaient feu des quatre pieds sur ces rochers. S'ils se fussent rebutés, rien n'était plus aisé que de reculer dans un abîme. Nous étions, l'abbé de la Galaizière et moi, enveloppés dans nos redingotes, ne soufflant mot, et nous résignant à la destinée dont on nous avait fait peur en nous voyant partir ainsi de nuit, contre l'usage des voyageurs qui prennent cette route ».

« Cependant, le jour paraît, et nos inquiétudes diminuent. Il était neuf heures du matin, lorsque entamant une haute montagne, je propose à mon compagnon de descendre pour nous dégourdir les jambes, et soulager les chevaux. Nous montons en suivant la voiture. Tout à coup, nous voyons les chevaux se rebuter, le postillon fouettant de toutes ses forces, et la chaise reculant toujours. Nous voulons mettre des pierres sous la roue ; l'impulsion de la voiture en arrière était déjà trop forte pour être arrêtée, et nous la voyons se diriger vers le précipice. Enfin le postillon se jette à bas, précisément sur le bord du chemin, et la voiture et les chevaux font le saut ».

« La chute était d'environ vingt pieds. Dans cet espace, les traits se rompirent, et les chevaux, après être restés quelques moments étourdis, se relevèrent et se mirent à brouter sur une petite lisière de terre faisant terrasse, tandis que la chaise continua de rouler. Très heureusement, en descendant ainsi, le derrière de la voiture rencontra un arbre assez gros, qu'il déracina en partie, et plia, et sur lequel la voiture demeura comme à cheval. Elle ne fut pas brisée »...

« L abbé de la Galaizière, arrivant à Rome des derniers, trouva prises toutes les places de conclavistes, c'est-à-dire d'ecclésiastiques admis au service des cardinaux pendant le conclave. La plupart de nos camarades de voyage n'en eurent point non plus. Mais comme ce n est pas là le seul but d'un voyage à Rome, ils s'en passèrent. Nous courions les églises, et les palais, et les monuments »...

« Nous restâmes trois mois à Rome, et nous partîmes pour Naples, quelques jours après le couronnement du nouveau pape Rezzonico, qui prit le nom de Clément XIII (16 juillet 1758). J'avais fait à Rome peu de connaissances, et je m'y amusais médiocrement : cette foule d'abbés, gens de condition et destinés à l'épiscopat, éclipsait un pauvre homme de lettres, dans un pays où l'espèce de


- 9littérature

9littérature à laquelle me portait mon goût, n'était pas en grand honneur ».

« De Naples, je laissai mon élève repartir pour Rome avec l'abbé Loménie de Brienne (1), alors grand vicaire de Rouen, qui devint plus tard évêque de Condom, puis archevêque de Toulouse, puis de Sens, cardinal et ministre d'Etat, et l'abbé de Saint-Simon, depuis évêque d'Agde. »

Après un séjour d'étude et d'agrément à Florence, Sienne, Pise, Lucques, Livourne, Venise, Padoue et Milan, nos voyageurs rentrèrent en France à la fin de mars 1759. Ils allèrent se fixer au Collège de Bourgogne, où l'abbé de la Galaizière soutint sa première thèse, et songea à conquérir son doctorat en théologie.

Vers les derniers mois de l'année, Morellet se sépara de lui et le laissa à sa préparation au sacerdoce qu'il reçut à Paris en septembre 1762.

Son nom, dès lors ne revient plus dans les Mémoires de Morellet. Le dernier souvenir qu'il lui donne, c'est pour rappeler que le marquis de la Galaizière, chancelier de Lorraine, voulut récompenser ces dix années de soins donnés à son filsj en lui faisant attribuer cent pistoles de pension annuelle, sur l'abbaye de Tholey (2).

Tel était parfois, au XVIIIe siècle, grâce au fléau de la commende, l'usage que l'on faisait des biens de l'Eglise et de ses fondations pieuses !...

Abbé ROUSSEL, Chanoine titulaire de Saint-Dié.

(r) Est-ce à cette rencontre de l'abbé de la Galaizière avec Loménie de Brienne Qu'il faut attribuer l'origine des relations qui les unirent dans la suite ?

Toujours est-il qu'après son ordination sacerdotale, M. de la Galaizière fut nommé, par Loménie, vicaire général de son archevêché de Toulouse.

Plus tard, quand le choix du Pape Pie VI désigna l'abbé de la Galaizière comme premier évêque de Saint-Dié, l'archevêque de Toulouse tint à lui conférer la consécration épiscopale, en la chapelle de son château de Brienne (Aube), le 21 septembre 1777.

D'autre part, le Pape avait nommé Loménie de Brienne, sans doute sur la demande du nouvel évêque, commissaire apostolique pour régler les points d'organisation de son évêché. Les chanoines de Saint-Dié recoururent à lui dans leurs difficultés avec leur Prélat. C'est pour les résoudre que l'archevêque de Toulouse vint exprès à Saint-Dié, le 23 juin 1778. (Voir notre étude publiée dans le Bulletin de la Société Philomatique vosgienne, 1932, sur VErection de VEvêché de Saint-Dié).

(2) L'abbaye bénédictine de Tholey, appelée aussi Theologium, fut fondée en l'année 623 aux frais du roi Dagobert. Elle était située aux confins de PElectorat de Trêves et de la Lorraine. En 1769, elle cessa d'avoir des abbés réguliers, et fut mise en commende par le roi Louis XV. C'est ce qui explique la pension accordée à Morellet, vers cette époque.

Plus tard, en 1788, par la protection de Turgot, et toujours grâce à sa tonsure cléricale, Morellet devint titulaire d'un autre bénéfice plus considérable : celui du Prieuré de Thimer, au pays chartrain. Il lui rapportait de 15 à 16.000 livres de rentes. Dans ses Mémoires, il ne sait comment, pages 325 et suivantes, exprimer sa joie de pareille aubaine, et la tristesse qu'il éprouva, plus tard, quand la Révolution vint la lui ravir.



Un Crime à Raon-l'Etape

En 1826, le juge de Paix de Raon-1 'Etape s'appelait Charles Chrysostome Drouet. C'était un digne et excellent homme. Vieux garçon, de goûts simples, de manières aisées, riche comme on l'était alors, c'est-à-dire avec trois ou quatre mille francs de revenus, il vivait dans sa maison de la Grande Rue, près de la mairie, avec une soeur, restée veuve très jeune et ses petits enfants.

Ce juge avait horreur des chicanes et des procès ; il pensait, et il n'avait pas tort, que plutôt que plaider, il vaut mieux s'arranger et, plus tard, quand il mourut, l'on grava sur sa tombe, au cimetière de Rapn, les mots qui avaient été la règle de sa vie : Il aimait à concilier.

M. Drouet avait une belle âme, il ne voyait le mal nulle part et c'est pourquoi, le huit juin 1826, vers le soir, il était fort préoccupé. Ne vient-on pas de lui raconter qu'une fille des Maisons-Rouges, Marie-Anne Moineau, a dû avoir un enfant et que, d'après les bruits qui courent, elle l'aurait fait disparaître.

Quelle histoire, M. Drouet en est tout bouleversé. Un crime dans son canton et quel crime ! Ces gens des Maisons-Rouges lui donnent souvent bien du souci. Ils ne sont pas mauvais au fond, mais ils ont bien mauvais caractère ; ils sont tous bûcherons ou bien flotteurs, ils gagnent peu et boivent beaucoup et alors ils crient, ils se chamaillent et ils se battent. Ils ne sont pas malhonnêtes, mais ils croient que la forêt leur appartient, ils coupent les arbres à leur profit et mettent les gardes sur les dents.

Tel était le tableau fidèle des Maisons-Rouges et de ses habitants en 1826. Depuis, il s'est très heureusement amélioré.

Les Moineau, il les connaît bien. Le père est un vieux brave homme ; en ce moment, il travaille sur le chemin du Bambois des Chênes qui va au village de Neufmaisons et il gagne vingt sous par jour ; la femme porte les culottes, et aux Maisons-Rouges, en bas de la côte du Château, au bord de la route de la Trouche, on n'entend qu'elle tout le long des jours. Elle a eu de nombreux enfants, tout


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comme ses voisines d'ailleurs, dix, douze, plus peut-être, M. Drouet ne sait plus trop ; plusieurs de ses enfants sont morts, d'autres sont déjà mariés, elle doit encore avoir avec elle un fils et une fille, le fils travaille en forêt, la fille ne fait pas grand'chose, un peu de broderie ; à Raon, il n'y a guère d'autre besogne pour les femmes.

Cette fille, Marie-Anne Moineau a 23 ou 24 ans, elle a déjà eu un enfant il y a deux ans et elle l'élève à peu près bien ; elle aurait bien pu se tenir tranquille.

Que faire, M. Drouet reste perplexe. Engager une pareille affaire sans être sûr, c'est grave et pourtant, si c'était vrai, il ne peut fermer les yeux. Et dans son cabinet, les yeux perdus, M. Drouet regarde sans trop les voir, les vieux tableaux qui lui viennent de son oncle, M. Bretzner, ces vieux tableaux qui sont aujourd'hui dans le grand salon de la mairie de Raon (1), la vieille rue de Raon au XVIIIe siècle et le grand banquet d'apparat chez le prince de Salm. A la longue, à force de réfléchir, une idée lui vient, il va aller à SaintDié raconter l'histoire au Procureur du Roi et lui demander ce qu'il faut faire. Le lendemain, Charles Chrysostome Drouet se leva avec le jour et fit préparer sa voiture. Avant de partir, il veut encore s'informer. Le garde-champêtre Picard et François Chapelier lui confirment qu'il paraît bien que la fille Moineau était enceinte. Il y a trois semaines environ, elle s'est mise au lit, en disant qu'elle s'était foulé un nerf de la cuisse, et depuis qu'elle est relevée, elle est certainement plus légère. Le juge fait venir Mme Nicolas Perrin, la sage-femme qui a accouché la fille Moineau, voilà deux ans ; elle doit savoir quelque chose. Mme Perrin est une femme prudente, elle ne veut pas se compromettre. Pour elle, tous ces soupçons sont très peu fondés, ceux qui les débitent ont été en querelle avec la femme Moineau, d'ailleurs, on peut s'y tromper, des femmes paraissent en état de grossesse sans être enceintes, cette fille aurait pu avoir une perte ou une fausse couche et puis, au bout de quinze jours, il n'est pas facile de reconnaître si une femme a accouché ou non.

Mme Perrin, tout comme M. Drouet, n'aime pas les complications, elle ne tient pas du tout à sç lancer dans ces histoires.

(i) Voir le pays Lorrain : Ier janvier 1932, La Vie à Raon au 18e siècle et la reproduction des tableaux et aussi: Une Petite ville vosgienne. — Louis Sadoul. Edition du Syndicat d'initiative de Raon-1'Etape 1934..


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Le Juge de paix n'en sait pas beaucoup plus, et il est toujours perplexe ; il ne lui reste plus qu'à aller voir au plus vite le Procureur du roi et le voilà en route pour Saint-Dié.

M. Drouet parti, les choses se précipitent. Le juge a eu des scrupules, les gendarmes seront plus énergiques.

A peine la voiture de M. Drouet a-t-elle disparu sur la route de Saint-Dié que le brigadier Nicolas Balandier appelle ses cinq gendarmes ; il faut et tout de suite savoir la vérité. Sur le champ, toute la brigade s'en va aux Maisons-Rouges. La fille Moineau est chez elle, sa mère aussi ! La maison est bien chétive, bien misérable. Il y a tout juste une petite cuisine et un poêle, le plancher est de terre battue ; c'est là que s entassent tous les Moineau et encore ils ont recueilli par charité la fille Marie-Anne Parisot qui est sans logis et qui est venue accoucher chez eux.

Les gendarmes n'y vont pas par quatre chemins. L'un, Martin Maimbourg, est particulièrement énergique ; avec le brigadier, il mène l'enquête. Ils savent, disent-ils, que Marie-Anne était enceinte et que maintenant elle ne l'est plus. Qu'a-t-elle fait de son enfant ? II faut répondre. La mère et la fille protestent avec indignation, avec force cris et force larmes. Que les gens sont donc méchants ; Marie-Anne a déjà un enfant ; si elle en avait attendu un second, elle l'aurait élevé comme le premier.

Les gendarmes ne se laissent pas intimider ; ils font venir M. Queuche, docteur en médecine à Raon, et Mme Etienne Colin, la sage-femme. Le médecin et la sage-femme examinent, chacun de leur côté, la fille Moineau ; leurs conclusions sont identiques ; cette femme a accouché voilà quinze jours, trois semaines au plus. Les gendarmes se font plus pressants. Comment mer, quand le médecin et la sage-femme ont parlé. La fille Moineau ne dit plus rien, elle baisse les yeux, ses larmes redoublent, et tout d'un coup, elle murmure dans un sanglot : « Eh bien, ma mère, allez le chercher, vous savez bien où vous l'avez mis ».

Et alors, la mère Moineau va dans un coin du poêle, elle gratte la terre, elle retire un petit cadavre, putréfié, horrible, et elle le jette devant les gendarmes. Le docteur Queuche procède immédiatement à l'autopsie ; la sage-femme Colin et le pharmacien Voirin l'assistent. L'enfant, un petit garçon, était né vivant et bien constitué, il pesait 4 livres, 14 onces. Le crâne est brisé, enfoncé, un


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épanchement sanguin considérable s'est produit dans le cerveau ; sur le cou, on constate des traces de strangulation, le corps est comme vide de sang. Nul doute, l'enfant a été tué aussitôt après sa naissance.

Et cependant la mère et la fille nient toujours. Avec l'obstination naturelle aux femmes, elles soutiennent que l'enfant est né sans vie et que, s'il a le crâne brisé, c'est qu'il est tombé sur le plancher. Contre toute évidence, elles ne veulent pas en dire plus.

Les deux femmes sont aussitôt conduites à la prison de Raon, on les y enferme ensemble et, peu après, un passant entendit la fille qui disait à la mère : « Malheureuse mère, vous êtes la cause de mon malheur ». L'affaire maintenant devenait claire ; seule, la mère Moineau avait tué.

Pendant que ces événements se passaient à Raon, le juge de paix Drouet parlementait à Saint-Dié avec le Procureur du roi Thomas. Le magistrat lui donnait de sages conseils, faits à la fois d'énergie et de prudence, ne pas négliger cette importante affaire, ne pas s'engager à la légère, attendre que les soupçons se précisent et, alors, faire visiter la fille Moineau par un médecin.

Quand le juge de paix rentra à Raon sur le soir, tout était à peu près fini, le crime était certain, le cadavre découvert et les deux femmes à la prison. Drouet envoya aussitôt à Saint-Dié un homme à cheval prévenir les magistrats, le même soir, à huit heures, il commença à entendre les témoins, à dix heures, après une journée si bien remplie et après tant d'émotions, il se coucha, mais il dormit mal, sa nuit fut courte et dès cinq heures du matin, il continua son enquête.

A Saint-Dié, le procureur du roi saisissait aussitôt le juge d'instruction Louis Melchior Febvrel ; dans son réquisitoire introductif, il exposait les faits et il ajoutait un peu pompeusement : « Un crime aussi horrible exige votre transport sur les lieux, il est bien important que la procédure prenne un caractère aussi grand que le crime ; ce n'est que sur les lieux que la procédure peut recevoir son développement ».

Le Juge d'Instruction Febvrel se transporta donc à Raon ; il visita la maison du crime, il la décrivit ; pendant deux jours, il entendit vingt et un témoins chez Crovisier, aubergiste et maître de poste. Ces vingt et un témoins n'apprirent en somme pas grand


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chose de bien nouveau au magistrat, ils répétèrent ce qu'ils avaient déjà dit aux gendarmes et au juge de paix, que les voisins avaient remarqué qu'Anne-Marie Moineau était enceinte, qu'un beau jour elle s'était mise au lit, sous prétexte d'accident et que, quand elle avait reparu, elle était délivrée ; les gendarmes exposèrent les résultats de leur enquête, le docteur Queuche précisa les résultats de l'autopsie ; la fracture du crâne, 1 epanchement sanguin, suites certaines de violences volontaires, les deux inculpées persistèrent à soutenir qu'elles étaient innocentes, que l'enfant était mortné et que le crâne s'était brisé dans une chute sur le pavé. Ce système de défense était invraisemblable et la mère Moineau n'y croyait qu'à moitié. Dans le couloir, n'avait-elle pas répondu à un témoin qui lui reprochait son crime : « Que voulez-vous ? c'est le malin esprit qui m'a poussée ».

Le 13 juin au soir, le procureur du roi Thomas et le juge d'instruction Febvrel regagnèrent Saint-Dié, le brigadier Balandier et le gendarme Maimbourg transférèrent au chef-lieu les deux femmes dans une voiture qu'avait fournie le maître de poste Crovisier.

Malgré cette mise en scène, cette abondance de témoins, ce long transport, l'affaire était en somme fort banale. Elle était en tout cas très simple et elle fut vite réglée. Le 13 juillet, sur les réquisitions du substitut Gérardin, la Chambre du Conseil du tribunal de Saint-Dié envoya le dossier à la Chambre des Mises en accusation de la Cour royale de Nancy ; le 29 juillet, celle-ci, sous la présidence du président de Metz, renvoya les deux femmes devant la Cour d'assises des Vosges, séant à Epinal, la mère sous l'accusation d'infanticide et Marie-Anne Moineau, de complicité.

Le huit septembre, les deux accusées comparurent devant la Cour d'assises. Le Président est le conseiller à la Cour royale de Nancy, Cardi de Sansonetti, magistrat de valeur, connu par sa fermeté et même sa rigueur ; il a comme assesseurs quatre magistrats d'Epinal ; le substitut Joseph Adolphe Bouchon occupe le siège du ministère public.

La mère Moineau a choisi comme défenseur Me Lehec, et sa fille Me Pellet.Si le nom de l'avocat Lehec est aujourd'hui tombé dans un oubli profond, il n'en est pas de même pour son confrère Pellet. En 1826, Me Pellet a 44 ans, il est dans toute la force de son talent ; c'est un spécialiste des affaires criminelles. Les sessions


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d'assises étaient alors lourdement chargées, les affaires, étaient très nombreuses et cependant il arrivait souvent que Me Pellet les plaidât toutes. Les procès civils l'intéressaient peu et dans l'intervalle des sessions d'assises il employait ses loisirs, suivant l'expression du temps, à cultiver les Muses. Ses poésies ne manquaient pas de mérite et on le surnommait : le Barde des Vosges. En 1830, son poème, les Classiques et les Romantiques, donna lieu à un curieux procès devant le tribunal de la Seine contre un impudent plagiaire, Massey de Tyrone. L'affaire fut plaidée par le beau-frère de Pellet, Me Léopold Bresson, avocat célèbre de Nancy dans les premières années de la Restauration, devenu conseiller à la Cour royale de Nancy et qui, à cette occasion, abandonna ses fonctions judiciaires pour reprendre sa robe d'avocat et défendre les droits de son beaufrère. La plaidoirie de Me Bresson eut à l'époque un énorme retentissement et le nom de Pellet devint presque célèbre à travers toute la France.

Le 8 septembre 1826, devant la Cour d'Assises des Vosges, les débats n'apportèrent aucun élément nouveau. A l'interrogatoire pressant du président Cardi de Sansonetti, les deux femmes continuèrent à soutenir qu'elles n'avaient pas tué l'enfant, que celui-ci était venu sans vie. Vingt témoins furent ensuite entendus, ils répétèrent ce qu'ils avaient dit à l'instruction. Le substitut Bouchon prononça un réquisitoire sévère. En termes enflammés, il rappela l'horreur du crime, la mort donnée froidement à ce petit être innocent, le cou serré, la tête broyée sur le pavé. Il fut sans pitié ; à ce crime, il ne vit aucune excuse et il demanda aux jurés une double condamnation.

Me Lehec s'éleva contre ces réquisitions impitoyables. II montra la mère Moineau, une vieille femme de 66 ans, accablée sous les épreuves de la vie, ayant traîné une existence misérable, vivant de peu, presque de rien, chargée de famille, voyant venir avec effroi une bouche de plus à nourrir. Non, s'écria Me Lehec, MarieJeanne Moineau, cette vieille femme arrivée au terme de la vie, n'est pas la grande criminelle qui doit monter sur l'échafaud. Ayez pitié. La tâche de Me Pellet était infiniment plus facile. La fille n'a pas tué ; elle a subi la volonté de sa mère ; seule, celle-ci a donné la mort. Marie-Anne est jeune, elle élève convenablement son premier enfant ; elle continuera. Messieurs les Jurés, ne faites


- 17pas

17pas cet enfant un orphelin ; il vous demande sa mère, rendez-la lui, acquittez cette malheureuse inconsciente.

Ensuite, le président résuma l'affaire et le jury se retira pour délibérer. Quand il rentra, le chef du jury Tisserand donna lecture du verdict, il condamnait la mère, il acquittait la fille, celle-ci fut immédiatement mise en liberté.

Le substitut Bouchon reprit alors ses arguments, il répéta que ce crime était sans excuse, il demanda à la Cour de prononcer contre la mère la peine de mort, il requit que l'exécution eût lieu à Raonl'Etape pour que le châtiment vint expier ce grand crime aux lieux mêmes bù il avait été commis.

Me Lehec, en termes émus, la voix tremblante demanda à la Cour sa pitié. Vraiment peut-elle la refuser à la vieille femme Moineau ; si elle a cédé à un moment d'aberration, doit-elle pour cela monter à l'échafaud ?

Le sort de l'accusée dépendait maintenant des magistrats. Deux mots d'explications juridiques sont ici nécessaires. Le système des peines en matière criminelle a énormément varié à travers les âges. En 1810, pour les divers crimes, le Code Pénal avait établi soit des peines fixes, la peine de mort et celle des travaux forcés à perpétuité, par exemple, soit des peines à temps avec un maximum et un minimum (cinq à vingt ans de travaux forcés ou cinq à dix ans de réclusion). Mais il n'était point possible d'abaisser les peines fixes ou de descendre au-dessous du minimum légal des peines à temps ; le Code en effet n'avait pas prévu les circonstances atténuantes. A la pratique, ce système apparut trop rigide et une loi de 1824 créa les circonstances atténuantes qui permettaient de diminuer la peine ; mais en matière criminelle, c'était la Cour seule qui pouvait les déclarer. Le rôle du jury était seulement de dire si 1 accusé était coupable du fait qui lui était reproché ; il ne pouvait accorder des circonstances atténuantes ; il n'aura ce droit qu'en 1832.

Marie-Jeanne Moineau vient d'être reconnue coupable du crime d infanticide. La peine que prévoit le Code, c'est la mort. La Cour va-t-elle user du pouvoir que lui donne la loi récente ? va-t-elle accorder les circonstances atténuantes ? Angoissante question que lui pose Me Lehec.

La Cour fut sans pitié, elle pensa que le crime de la vieille Moi2

Moi2


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neau n'avait pas d'excuse, elle refusa les circonstances atténuantes ; elle prononça la peine de mort, elle ordonna que l'exécution aurait lieu à Raon-1'Etape.

La condamnée se pourvut en cassation, son pourvoi fut rejeté le 7 octobre, elle adressa au roi Charles X un recours en grâce, c'était son dernier espoir. Le monarque, lui aussi, pensa qu'il ne pouvait pardonner ; il refusa de faire grâce et le 10 novembre, le procureur général prescrivit au parquet d'Epinal de faire exécuter immédiatement l'arrêt de mort.

Le 12 novembre 1826, l'on vit passer sur le chemin d'Epinal à Raon une charrette qu'escortaient des gendarmes. Une vieille femme aux cheveux gris, maigre et pâle, tenait sa tête dans les mains et elle pleurait. Par la forêt de la Chipotte, la charrette arriva à Raon quand le soir tombait. La femme Moineau passa la nuit à la prison de Raon ; au matin, on la conduisit dans une remise servant de magasin à bois, appartenant à MM. Dépéronne et Noël, sur la place du Marché au bétail, aujourd'hui la place de la République. Là, à onze heures du matin, le juge de paix Drouet lui demanda, conformément à la loi, si elle avait des révélations à faire. La condamnée répondit : « Si l'enfant a eu du mal en venant au monde, ce n'est pas moi qui le lui ai fait, je ne lui ai point donné de coups », puis elle ajouta : « M. Drouet, je voudrais bien vous embrasser ». Et celle qui allait mourir étreignit longuement le juge de paix.

Aussitôt après, le curé Bonnabé reçut sa confession dernière, il l'exhorta à la résignation.

L'échafaud était dressé au milieu de la grande place, la foule encombrait les rues, la cloche de la vieille église, près de la mairie, sonnait le glas funèbre. Soudain, la tête de la femme Moineau tomba ; il était alors onze heures et demie.

M. Drouet n'avait pu demeurer là, il s'était enfui, mais dans sa course, il entendit un bruit sec, c'était le couteau de la guillotine qui s'abattait ; il rentra chez lui tout bouleversé.

Jean-Joseph Mansuy, le greffier de la justice de paix, dressa le procès verbal d'exécution ; il certifia qu en exécution de l'arrêt du 8 septembre il avait vu décapiter la condamnée Moineau par les oeuvres de l'exécuteur des arrêts criminels. Son procès-verbal fut transcrit au pied de l'arrêt de condamnation, le 14 novembre 1826.


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Depuis la veille le cadavre de la femme Moineau était inhumé au vieux cimetière Notre-Dame.

J'ai tenu entre les mains la feuille de papier sur laquelle est transcrit l'arrêt impitoyable de mort. On y voit encore les traces de la poudre dorée que le 8 septembre 1826 la main du président de Sansonetti répandit sur l'encre encore humide. Sur ce vieux papier, perdu dans un recoin des Archives des Vosges, on pourrait faire bien des réflexions d'ordre philosophique ou juridique ; elles ne seraient point ici à leur place.

A propos des personnages qui ont joué un rôle dans cette affaire, je veux seulement rappeler quelques vieux souvenirs. Je l'ai dit, le juge de paix Drouet, vieux garçon, vivait avec sa soeur, Mme Duparge, veuve depuis longtemps déjà d'un receveur de l'enregistrement et il l'aidait à élever ses enfants. Le fils de Mme Duparge fut médecin principal de l'armée, il eut lui-même un fils qui devint un brillant officier de cavalerie et général de division. Le général Duparge, retraité dans les premiers mois de 1914, fut pendant la grande guerre secrétaire général de l'Elysée, près du président de la République, M. Raymond Poincaré.

La sage-femme Colin avait assisté à l'autopsie du cadavre de l'enfant Moineau. Née Véronique Savoy, elle avait épousé Etienne Colin, un petit officier retraité, qui avait fait les guerres de la Révolution et de l'Empire. D'un premier mariage avec une italienne, Marie Montesanti, il avait eu un fils Philippe, Auguste, Fortuné Colin, qui lui était né à Naples en 1813. Ce fils était très modestement apprenti sellier à Raon quand il s'engagea à 18 ans en 1831. Il fit toutes les campagnes d'Afrique, de Crimée, d'Italie, il fut colonel des voltigeurs de la garde impériale, il commanda la fameuse défense de Sainte-Marie-aux-Chênes, le 18 août 1870, au matin de Saint-Privat, il devint général de division. Cet apprenti sellier qui commanda un régiment de la garde, ce corps d'élite fort recherché, je l'ai encore bien connu. C'était un homme d'une rare distinction ; il repose aujourd'hui au cimetière de Raon, son souvenir valait d'être rappelé.

Louis SADOUL.



OUVRAGES CONSULTÉS

A. — Ouvrages généraux

OEuvres de Théocrite, Virgile, Ovide, Apulée. Articles sur la sorcellerie, la magie, l'occultisme, dans la Grande Encyclopédie.

MlCHELET : La Sorcière, Paris. Lacroix 1867.

SPRENGER et INSTITORIS : Malleus maleficarum, Cologne i486 (I).

N. REMY, procureur général du Duché de Lorraine : Daemonolatreia. Lyon 1595.

Léon LoRIN : Le Département des Vosges. Epinal 1887. Tome IV.

Dr CABANES : Le Sabbat a-t-il existé ? Paris 1935.

M. GARÇON : La Renaissance et le merveilleux, Conférence du 21 janvier 1935 à l'Université des Annales.

DUMONT : Justice criminelle des Duchés de Lorraine et de Bar, du Bassigny et des Trois Evêchés. 2 vol. Nancy 1848.

F. DE CHANTEAU : Notes pour servir à l'histoire du Chapitre de SaintDié : les sorciers à Saint-Dié et dans le val de Galilée. (Nancy 1877).

Dr FOURNIER : Note sur la sorcellerie dans les Vosges. (Saint-Dié 1885). A. DENIS: La sorcellerie à Toul aux XVIe et XVIIe siècles (Toull888). SÉBILLOT: Le folk-lore de France. 4 vol. (Paris 1906). Dr A. MASSON : La sorcellerie et la science des poisons au XVIIe siècle, Paris 1904. R. THIMMY : La Magie à Paris. Paris 1935. R. THIMMY : La Magie aux colonies. Paris 1935.

B. — Articles de Revues.

Jeanne d'Arc et la Mandragore (Pays lorrain III, p. 493). Gothon la Sorcière : Légende de Retournemer (îbid. p. 565). Ch. SADOUL : A. Grévillon, sorcier et devin au val de Ramonchamp, brûlé à Arches en 1625 (ibid. I P. 145, 170, 193).

Deux sorciers du bailliage des Vosges au XVIe siècle (ibid. XV,p. 567). Eug. MARTIN : Folklore de Saint-Remy (ibid. IV, p. 305, 366, 436). La sorcellerie au pays messin (ibid. IV 1907, p. 33).

G. SAVE : La sorcellerie à Saint-Dié (Bull, de la Société Philomatique XIII).

(i) Aimablement communiqué à la Bibliothèque de Saint-Dié par la Bibliothèque Mazarine.


-22Diverses

-22Diverses locales, concernant la sorcellerie : à Fraize (Bulletin de la Société Philomatique XII, p. 284 et XXVIII P. 44). à Vittel (ibid. XVII, p. 162). à Gérardmer (ibid. XIX, p. 49). à Nompatelize (ibid. XXII, p. 48). à Moyenmoutier (ibid. XXVII, p. 72, 79, 88, 135). à Senones (Hors série, p. 217).

Max JACOB : Astrologie et magie (Visages du monde, 15 janvier 1935). Stéph. RAYK : (Histoires de sorcellerie recueillies par) ibid. A. L. BiTTARD: Les bonnes fontaines en Limousin (Aesculape juin 1913).


La Sorcellerie en Lorraine et particulièrement dans les Vosges

Du XIIIe au XVIIe siècle (')

Dès la plus haute antiquité l'homme a cru pouvoir, en vue de satisfaire ses désirs, exercer une action sur ses semblables, sur les forces naturelles et surnaturelles, sur les esprits des morts.

La magie est d'autant plus développée que l'homme est plus ignorant des réalités scientifiques, et qu'il relègue dans le domaine du mystère et du surnaturel tout ce qu'il ne comprend pas. On sait l'importance du sorcier chez les peuplades nègres, dont les chefs n'entreprennent rien sans l'avoir consulté.

La magie primitive est donc inséparable de la religion ; tout phénomène dont la cause n'est pas connue est attribué à un dieu.

Les mille divinités gracieuses ou terribles qui peuplent et animent la nature dans la mythologie gréco-romaine furent détrônées et rejetées dans la troupe des démons par le christianisme vainqueur.

Les prêtres égyptiens étaient des magiciens qui arrivaient à produire des phénomènes impressionnants, et prétendaient soumettre à leurs désirs toutes les divinités, surtout au moyen de formules.

La Chaldée est en quelque sorte la terre de prédilection de la magie, de la divination — codifiée à Babylone —, de l'astrologie.

Les mages de la Perse (les noms grecs de magos et mageia sont empruntés à la langue de ce pays) essayaient leur pouvoir contre les mauvais esprits et employaient les prières pour s'adresser aux bons.

Les Hébreux furent aussi des grands magiciens. Ils ont classifié les anges et les démons, sous l'influence iranienne. Leurs grands

(i) Conférence faite à l'Assemblée Générale de la Société Philomatique (193s).


-24démons

-24démons Asmodée et Astaroth viennent l'un de Perse, l'autre de Syrie.

On sait la place importante que la magie, bien que restant en dehors de la religion et de la théogonie officielles — à l'exception du culte reconnu d'Hécate, la déesse des carrefours, l'Artémis des ombres — tient dans légende grecque : la Toison d'or, la sombre Médée, Circe qui transforma en pourceaux les compagnons d'Ulysse, la scène de nécromancie du XIe chant de l'Odyssée, où Ulysse évoque au moyen de rites magiques les ombres des défunts, sont présents à toutes les mémoires.

Toute une idylle de Théocrite est consacrée à diverses opérations de magie amoureuse, auxquelles se livre une jeune délaissée pour enchaîner et ramener l'amant volage. On y rencontre surtout des procédés d'envoûtement par symboles représentatifs. De la farine répandue dans le feu représente les os de l'infidèle ; une branche de laurier livrée aux flammes figure sa chair ; de la cire fondue doit le faire fondre d'amour. Pour s'emparer de la volonté de l'infidèle, elle émiette dans le feu une frange de son manteau. L'auteur mentionne aussi l'emploi d'un philtre et au besoin d'un poison enseigné par un Assyrien.

Virgile a imité d'assez près cette idylle dans la 8e bucolique. Il s'agit toujours pour la bergère de ramener le volage par des moyens magiques, avant tout des formules. L'image qui le représente est entourée de 9 fils de trois couleurs, liés de trois noeuds (numéro Deus impare gaudei). La farine est répandue, la branche de laurier brûlée ; les objets ayant appartenu à Daphnis sont confiés à la terre du seuil, pour qu'il le franchisse à nouveau. Il est question dans cette églogue d'un berger sorcier qui a donné à l'amoureuse des herbes empoisonnées, recueillies dans le Pont (souvenir de Médée ou de Mithridate), et qui se change en loup (la lycanthropie est de tous les temps), se cache dans les forêts, fait sortir les ombres du tombeau, fait passer les moissons d'un champ dans un autre (crime prévu par la loi des XII tables). On portera les mêmes accusations contre les sorciers de France.

Les Musulmans, qui ont transmis.ou retransmis à l'occident barbare les secrets de la magie et de la démonologie orientales, emploient les fumigations, les incantations, les talismans, les horoscopes. On le voit dans les Mille et Une Nuits. Ils distinguent


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la magie divine, qui n'a en vue que le bien, et la magie diabolique, qui s'adresse aux êtres surnaturels. Ils attribuent de terribles résultats au mauvais oeil et pratiquent la divination. Ils connaissent même une sorte de magie scientifique, origine de l'alchimie, utilisant les phénomènes naturels, obtenant par fraude des illusions, visions, hallucinations, pour lesquelles ils usent surtout des parfums et de certains stupéfiants ou excitants du système nerveux, tels que le haschisch.

En somme il y a magie partout où une volonté forte agit sur une volonté plus faible, où une connaissance approfondie de la nature permet d'en utiliser les forces au profit de l'homme ; ou, si l'on veut une définition plus scientifique, c'est l'application de la volonté humaine dynamisée à l'évolution rapide des forces de la nature : magie blanche, lorsqu'elle poursuit un but désintéressé ou salutaire, magie noire, goétie ou sorcellerie, quand elle a en vue un but de haine et se livre à des pratiques destinées à l'amoindrissement physique, au dommage matériel ou à la mort de quelqu'un.

Nos sorcières du moyen-âge et du XVIe siècle font de la magie noire avec l'aide du diable, influant sur la destinée des êtres vivants par les sorts — de là leur nom — qu'elles jettent et qu'elles arrêtent. Pourquoi cette sorcellerie s'est-elle ainsi développée dans l'occident chrétien ? Diverses explications en ont été données : Fruit de la misère et de l'oppression, dit Michelet. Les misérables se réunissent la nuit, se livrent à des conciliabules où ils exhalent leur révolte, à des danses qui sont comme la « reprise de l'orgie païenne par un peuple de serfs », rêvent un adoucissement de leur sort, s'adressent à la redoutable puissance qui est réputée donner les biens de ce monde, satisfaire les désirs qu'on lui exprime, révéler l'avenir lorsqu'on se donne à elle. Des malades et des demifous, diront d'autres ; ces épidémies nerveuses (flagellants, danseurs de Saint-Guy) ne sont pas rares au moyen-âge ; leur imagination leur facilite des visions dépourvues de réalité. La très forte proportion de femmes sorcières — il y en a toujours eu beaucoup plus que d'hommes — donne de la vraisemblance à cette opinion. Le sexe féminin est, en effet, beaucoup plus impressionnable que l'autre, et beaucoup plus sensible aux radiations magnétiques ; aujourd'hui, comme autrefois, on compte bien plus de voyantes que de voyants ; la femme lit plus aisément dans la pensée


— 26d'autrui

26d'autrui sa faculté d'intuition est souvent bien plus développée que celle de l'homme.

Il ne faut pas non plus perdre de vue, dans l'explication des faits de sorcellerie, que bien des gens avaient reçu par tradition ou autrement certaines recettes ou formules — tels les « guérisseurs du secret » qu'on rencontre encore parfois dans nos villages —, possédaient la connaissance des plantes et de leurs vertus, notamment celle des solanées (belladone, jusquiame, staphysaigre, stramonium ou herbe aux Sorciers), qui peuvent être salutaires, mais aussi fort dangereuses —■ cela dépend de la dose — et produisent des effets que ne connaissait pas la médecine officielle de jadis, mais que connaissaient très bien les spécialistes en matière de poisons. Certains aussi usaient de leur puissance magnétique pour influencer les sujets sensibles, soulager leurs maux, ou au contraire les troubler, les terroriser, leur faire voir ce qui n'existait pas. Les médecins d'autrefois ignoraient aussi ces forces mystérieuses. Aussi attribuait-on au diable tous les faits qu'il n'était pas possible d'expliquer scientifiquement.

Le Diable ! c'est l'épouvantail de nos ancêtres, dont l'Eglise a fait un article de foi. Le nier serait une hérésie, mais lui vouer un culte en est une autre, et à partir du XVe siècle, la sorcellerie prend surtout aux yeux des prêtres, des magistrats et du peuple, la figure d'un culte démoniaque avec ses dogmes et ses rites, ses magiciens et ses devins. L'importance que donnait l'Eglise au prince de l'air, tel était le domaine qu'on lui attribuait, la puissance terrifiante qu'elle lui reconnaissait, allant jusqu'à enseigner que Dieu lui permettait de répandre le mal dans le monde, d'attaquer les fidèles jusque dans le sanctuaire, pendant la prière, de contrebalancer en quelque sorte sa toute puissance, en lui donnant une véritable délégation divine (c'est le mot de N. Remy), n'était pas faite pour diminuer son prestige dans les masses ignorantes.

Et puis, en se plaçant à un autre point de vue, qui est celui de Michelet, le diable est plus près de la grande nature, de cette nature reléguée hors de toute réalité par la philosophie scolastique ; refoulée, réprimée, honnie par les mystiques, qui tiennent pour négligeable tout ce qui est matière et corps. Le paysan a conservé un culte secret pour le chêne des fées, la source bienfaisante : on connaît la vogue dont jouissent encore les bonnes fontaines


-27du

-27du que l'Eglise, ne pouvant résister au courant, a placées depuis sous le vocable de certains saints. Il a peuplé cette nature d'un monde d'esprits bienveillants ou taquins : lutins, sotrets, follets, culas, korrigans (en Bretagne), qui rendent des services à la ferme, en taquinent parfois les habitants, bêtes et gens, ou tendent des pièges à l'homme attardé. On a très peur des démons ; on craint à chaque pas de les rencontrer, surtout la nuit. Mais certains des noms qu'ils portent en Lorraine ne sont point ces noms mystérieux et terribles qui figurent dans les catalogues hébraïques. Ils s'appellent : Maître Persil (le vert bleu) au pays de Metz, Persin dans les Vosges. D'autres noms, plus rares et plus sporadiques, évoquent encore les couleurs de la nature : Verdelet, Saute-Buisson, JoliBois, Zum Wald fliegen en Lorraine Allemande, Gruenlaeubel en Alsace. Dans les miniatures les diables sont souvent colorés en vert. Les Vosges connaissent encore Napnel, démon secondaire, inférieur à Persin, dont le nom est plus mystérieux.

Quoi qu'il en soit, avant la fin du XVe siècle, les procès de sorcellerie sont assez rares dans notre région.

On trouve bien au XIIIe siècle un décret du Duc de Lorraine Raoul « Que celui qui fera magie, sortilège, billet de sort, (les sortes antiques), pronostic d'oiseau (les augures) ou se vantera d'avoir chevauché la nuit avec Diane ou telle autre vieille qui se dit magicienne, sera honni et paiera 10 (sols) tournois ».

Les quelques exemples de procès recueillis par G. Save montrent que la sorcellerie au Moyen-Age est encore très loin de la forme et de l'importance qu'elle a prise plus tard.

Les Juifs étaient souvent accusés de sorcellerie. Un de ceux-ci, résidant à Saint-Dié dans le quartier qui avait été assigné à ceux de sa race par les Ducs Mathieu II et Ferry III, fut accusé d'avoir endormi une fille chrétienne, sa servante, et d'en avoir profité pour lui tirer dehors la matrice. Il avoue, mais refuse d'indiquer le but de cette sauvage opération. Il fut condamné à mort et traîné au supplice attaché à la queue d'un cheval.

En 1408 autre histoire, plus galante que démoniaque: On lit dans les mémoires de Florentin le Thierriat, qu'en 1408 « fut grande déconfiture de femmes que disait-on avoir privautés et blandities avec certain gentilhomme qu'avait Chatel en Vosges et qu'avait nom Romaric Bertrand ». Accusé « d'avoir science de négromancie


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et sorcellerie », il avoua que « par malengin et sorcellerie du diable avait mis à mal maintes filles et femmes ». Ce malengin devait être en effet d'une réelle puissance, si on en juge par le nombre des victimes, 18 dans une même journée, qui d'ailleurs ne gardaient pas trop mauvais souvenir de leur aventure, mais au contraire « confessaient avoir enduré tel saoulement de plaisir que n'avaient eu onc en leur vie un tel pourchas ».

Le dit Bertrand, qui avait « grande repentance, fut, par la grâce de Mgr le Duc, gratifié d'un prêtre qui l'entendit à confesse et résipiscence ». Ce n'était pas l'usage du temps, mais, depuis 7 ans, celui « de nos voisins de France ».

Dès 1372 les Chroniques de Metz signalent l'exécution de quatre personnes brûlées pour « user de certains charmes défendus par l'Eglise ». Le cadavre d'un complice, qui s'était étranglé en prison, fut brûlé avec eux.

En 1437, un bombardier de la ville de Metz fut suspecté de sortilège à cause de son adresse au tir. Il fut envoyé à Rome, pour demander l'absolution.

En 1448, une femme ne fut que marquée en trois places au visage avec un fer chaud. Un homme fut banni à 10 lieues. Jusqu alors la justice savait parfois montrer quelque indulgence.

En avril 1456, une gelée qui abîma les vignes fut imputée aux sorciers. Sur dénonciation d'un jeune homme de Pont-à-Mousson, on saisit quatre hommes à Pont-à-Mousson,un hommeettrois femmes à Nomeny, trois femmes à Toul, un homme à Vie, qui furent tous brûlés. L'un des accusés avoua avoir provoqué la gelée par une mixture diabolique jetée dans une fontaine près du village de Delme.

La même année Jehannette, dite la Béguine d'Arches, femme de Jean Camus, fut incarcérée à Epinal à la requête du Procureur du Roi, comme sorcière et vaudoise. Le procès fut instruit par un inquisiteur de la foi et autres clercs et gens notables. Après avoir enduré toutes les tortures, elle meurt en prison. L'inquisiteur la fit néanmoins brûler. Mais ses biens, déclarés acquis au roi, durent, en vertu de la coutume, faire retour au mari « maître et seigneur de tous les biens meubles de la femme ».

En 1456 la servante d'un notaire fut battue par des sorciers à Metz ; trois femmes et un homme furent reconnus coupables et brûlés.


- 29En

29En on rejette sur les sorciers la responsabilité d'une année particulièrement pluvieuse : 25 femmes et 3 hommes de la région de Metz la payèrent de leur vie.

Le 26 août 1482, Idate, femme de Colin Paternotre du Mesnil, « convaincue de tnaige et genocherie —- on donnait dans nos régions le nom de genots aux sorciers — et matière contre la saint foi... fut arse, brûlée et fulminée » à Senones, ses biens étant confisqués au profit de l'abbé et du monastère ; suivant la coutume, les officiers de l'abbé la livrèrent pour exécution au bras séculier, dans l'espèce Jean du Puy, prévôt des comtes de Salm.

Mais l'Eglise s'apprête à la guerre à outrance contre la sorcellerie, assimilée à une hérésie. En 1484, Innocent VIII lance une bulle terrible contre l'hérésie des sorcières.

Voici un aperçu du contenu de cette bulle :

On lui a signalé que dans certaines parties de l'Allemagne, en particulier dans les régions de Mayence, Cologne, Trêves, Salzbourg et Brème, beaucoup de personnes des deux sexes, oublieuses de leur salut et tournant le dos à la foi catholique, commettent des abus avec des démons incubes et succubes, et par leurs incantations, charmes, conjurations, superstitions et sortilèges impies, excès, crimes et délits, font périr, étouffer, mourir enfants nouveaunés, petits d'animaux, produits du sol, raisins, fruits des arbres, aussi des hommes, femmes, troupeaux et autres animaux divers ; les vignes, vergers, pâturages, blés et autres plantes comestibles ; qu'ils frappent et tourmentent de tortures et douleurs redoutables, tant intérieurement qu'extérieurement, hommes, femmes, bestiaux et autres êtres vivants ; empêchent les hommes d'engendrer et les femmes de concevoir : renient d'une bouche sacrilège la foi reçue à leur baptême ; ne craignent pas de commettre et de perpétrer, à l'instigation de l'ennemi du genre humain, un grand nombre d'autres actes impies, excessifs, criminels, au péril de leur âme, à 1 offense de la majesté divine, donnant un exemple pernicieux et scandaleux pour le plus grand nombre.

Aussi délègue-t-il comme inquisiteurs de l'hérésie en Allemagne supérieure deux savants professeurs en théologie, appartenant à I ordre des Frères prêcheurs, son cher fils Henri Institoris et Jacques Sprenger, à qui il assigne certaines parties du cours du Rhin. Il leur recommande de n'avoir aucune considération pour


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la condition sociale des coupables et les privilèges dont ils peuvent jouir ; mande à 1 évêque de Strasbourg de leur prêter son concours le plus actif, de ne pas les laisser gêner dans leur mission par l'autorité de quiconque ; de recourir à toutes les peines spirituelles dont il dispose, d'aggraver et de réaggraver les sentences, faisant appel, si besoin est, au bras séculier.

Il promet l'indignation de Dieu et des Saints Pierre et Paul à tous ceux qui tenteront d'enfreindre son édit ou de s'y opposer par téméraire audace.

Cependant, malgré le zèle de Sprenger et ses émules laïcs, dans la région lorraine le mal ne se développe pas encore notablement avant 1550. En 1520 le Duc Antoine recommandait « de ne procéder contre les sorciers qu avec circonspection et lorsque il y aurait partie formelle ».

Ce -n'est que dans la deuxième moitié du siècle que s'étend l'épidémie, en relation indirecte avec l'apparition de la religion réformée. En effet, l'introduction en France de cette religion, dont les germes furent apportés en Lorraine par les troupes allemandes allant au siège de Metz en 1552, aggrava les rigueurs dont étaient l'objet les hérétiques, et par suite les sorciers, la sorcellerie étant considérée comme une hérésie.

Comme il arrive toujours, la violence des persécutions, sans oublier la connaissance plus approfondie des poisons, multiplia le nombre des sorciers.

C'est pour toutes ces raisons que la sorcellerie prit alors son plein développement : La période comprise entre 1550 et 1650 en constitue, si l'on peut s exprimer ainsi, l'âge classique.

D'ailleurs, ce siècle de haute culture, de renaissance philosophique, artistique, littéraire, scientifique, baignait néanmoins dans le merveilleux, comme l'a montré Me M. Garçon dans sa conférence du 21 janvier 1935 à l'Université des Annales. C'est l'âge d'or des astrologues, dont s'entourent tous les grands de ce monde, y compris les papes, bien que la divination ait été officiellement proscrite par l'Eglise et les princes chrétiens.

C'est l'époque des prophéties obscures, mais parfois étonnantes de vérité, du médecin astrologue Nostradamus, qui montra à Catherine de Médicis, dans le miroir magique, la destinée de ses fils et l'avènement du Béarnais, après la mort du dernier. Savants, sor-


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cières, Egyptiens nomades (bohémiens actuels) se mêlent de divination sous toutes les formes, à l'aide des moyens les plus divers.

Les dépositions des sorciers arrêtés se ressemblent toutes. Ils retracent les mêmes scènes, indiquent les mêmes moyens d'arriver à leur but, disent les mêmes choses sur les attitudes et les actes du démon, s'attribuent les mêmes pouvoirs. En réalité, par peur de la torture ou par l'effet de celle-ci, ils répondent affirmativement aux questions, toujours les mêmes, que leur pose le juge, muni sans doute d'un formulaire ad hoc, visiblement conforme au contenu de la bulle papale citée plus haut.

Essayons de tracer un tableau d'ensemble, en nous inspirant de la Démonolatrie du célèbre procureur général de Lorraine, N. Remy.

Tout d'abord la rencontre du démon et du futur sorcier. Persin s entend à attirer et à corrompre les hommes, et surtout les femmes, puisqu'il y a toujours eu beaucoup plus de sorcières que de sorciers. Il séduit les passionnés et les amoureux en leur donnant l'espoir de posséder l'objet de leurs désirs, parfois en se transformant en succube pour s'emparer de leur coeur et les amener à renier Dieu, la grande affaire qu'il poursuit toujours ; les malheureux, par l'appât des richesses ; mais les bourses qu'il donne, au lieu de contenir de l'argent, ne montrent, quand on les ouvre, que poussière ou feuilles desséchées. Une seule femme reconnaît avoir reçu trois écus réels ; les trésors qu'il promet se révèlent inaccessibles, à moins que le chercheur ne meure victime de ses avides recherches : précaution de la bonté et de la providence divine, dit Remy, qui ajoute philosophiquement : « s'il pouvait donner de vraies richesses, l'honnêteté de personne ne serait garantie contre de tels attraits ». Il attire les assoiffés de vengeance par la promesse de satisfaire leur rancune et l'offre de substances pouvant tuer l'ennemi, le rendre malade ou le guérir, ce qui est plus rare et plus difficile, car le lion furieux, comme dit l'Ecriture, se laisse malaisément arracher sa proie.

II se montre sous forme matérielle, le plus souvent sous l'aspect d un homme d'apparence honorable, vêtu de noir comme les notables : le noir est la couleur des démons et de leurs desseins. Mais il porte une ample et longue houppelande, sans doute pour cacher la difformité de ses pieds fourchus. Il témoigne le désir d'aider


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-32son mais il faut d'abord que celui-ci rompe le lien baptismal et le reconnaisse pour maître.

Si les appâts qu'il présente à l'humaine faiblesse sont inopérants, il se fait pressant, menaçant. Claude Morel (1586) déclare qu'ayant résisté aux prières et aux belles paroles, il céda à la menace que lui fit Persin de faire mourir sa femme et ses enfants. Il menace aussi une femme de faire tomber le mur de sa maison. Il provoque des phénomènes redoutables : perte des moissons, tremblements de terre, chaleurs excessives, violentes tempêtes, pour enchaîner les volontés des hommes, les pousser à se livrer à lui, et ainsi étendre de plus en plus son pouvoir. Très habile à tromper, il se présente parfois sous la forme d'un homme ou d'une femme de bien, ne donnant que de bons conseils, exhortant à la piété. Il enseigne ainsi à ses adeptes l'hypocrisie nécessaire pour voiler leurs méfaits sous une apparence respectable.

Le néophyte embrigadé dans l'armée infernale doit maintenant se rendre aux réunions du sabbat. Voici la scène, telle qu'elle est racontée dans les interrogatoires des sorciers :

Tout le monde est couché, il fait nuit noire, l'heure approche. Les sorciers s'apprêtent à se rendre à l'assemblée, soit le grand sabbat, quatre fois par an, soit le petit sabbat, beaucoup plus souvent. Les nuits du mercredi au jeudi, du samedi au dimanche sont préférées en pays lorrain, car le diable ne peut être partout à la fois ; le sabbat a lieu dans un endroit écarté, sauvage, rocheux ; dans les bois l'été. On en signale dans I'Ormont, à la Roche des Fées, (celle-ci porte encore une inscription constatant qu'elle a été exorcisée en 1555) ; plus loin encore à la Planchette près d'Entredeux-Eaux ; à la cascade de Combrimont, au pré de Raves, au sommet du Bressoir ou du Hohneck pour les sorciers de la région montagneuse. Il réunit une nombreuse assistance, au moins 500, dit un sorcier interrogé.

Après s'être enduites d'un certain onguent, les sorcières mettent un pied sur la crémaillère de la grande cheminée et s élèvent en l'air, puis sont transportées au lieu de la réunion. Elles chevauchent des montures aussi diverses qu'étranges : manche à balai, passoire, roseau, bâton à deux fourches dont on se sert pour atteler les chevaux ; ou bien elles trouvent à leur porte une monture complaisante, un cheval, un taureau, un chien noir. Quand il y avait un


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fleuve à passer, le démon s'en chargeait lui-même. Quand le trajet n'est pas long, elles le font à pied.

La présence des sorciers au sabbat était-elle réelle ?

La question était controversée. N. Remy, que son orthodoxie oblige à croire tout ce qu'enseigne l'Eglise, mais qui est tout de même un homme cultivé et éclairé, admet la présence réelle, mais concède néanmoins que cette présence est souvent imaginaire. Bodin, juriste angevin, cite des femmes qui n'ont pas quitté leur lit, et qui, au réveil, racontent en confidence ce qu'elles ont vu ; d'autres s'agitaient violemment pendant leur sommeil, comme saisies de fortes douleurs.

Le mathématicien et philosophe épicurien Gassendi rencontra dans les Basses-Alpes un berger réputé sorcier, entraîné par une troupe furieuse qui voulait lui faire un mauvais parti, car, en bien des endroits, la population, crédule et apeurée, se montrait au moins aussi féroce que les juges envers les gens soupçonnés de sorcellerie. Gassendi entreprit donc de démontrer aux poursuivants que les scènes sabbatiques racontées par le pseudo coupable étaient purement imaginaires. Il feint de vouloir participer à l'expérience. Le berger avale la pilule qui lui permettait, disait-il, de se rendre au sabbat. Bien entendu il ne quitte pas son lit, mais débite mille extravagances, rêve tout haut, comme on fait dans le cauchemar. Au réveil, il donne force détails sur le sabbat auquel il a assisté. Pour convaincre ceux qui doutaient encore, Gassendi recommence sur certains d'entre eux. Ceux qui n'ont pas pris la drogue, se rendent compte que les autres n'ont pas quitté leur lit. Une femme de Florence affirmait à son réveil qu'elle avait très bien senti la piqûre et la brûlure du diable.

Il n'était pas difficile alors de se procurer toutes les drogues qu'on voulait. La vente des toxiques et des stupéfiants n'était pas réglementée, et les apothicaires. ou parfumeurs vendaient librement « le diable en bouteilles », ou, plus prosaïquement, les moyens de provoquer la maladie ou la mort ; car bien souvent la sorcellerie et ses pratiques servaient de paravent au crime : on l'a bien vu chez la Voisin et ses pareilles.

Les plantes produisant de pareils effets ne sont pas rares, par exemple certaines solanées : belladone, jusquiame, stramoine ou haschisch, mandragore, népenthès, agissant sur l'intelligence et provoquant


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une sorte d'ivresse. R. Thimmy, dans son reportage sur la magie aux colonies, expose les curieux effets de deux plantes exotiques : le Peyotl, petite cactée de l'Amérique du Nord, dont la récolte est chez certaines tribus indiennes un acte religieux, et dont l'extrait chloroformique transporte dans le monde invisible, provoque des visions fantastiques, — et le Yagé, herbe du bassin de l'Amazone, qui permet de voir à distance et de prédire l'avenir ; l'alcaloïde qui en est tiré a reçu de son inventeur le nom de télépathine.

Mais poursuivons la description du sabbat.

On est arrivé ; beaucoup sont masqués : il s'agit de ne pas être reconnu, et Maître Persin défend avec rigueur de dénoncer ses complices quand on est arrêté.

Puis c'est l'hommage rendu au démon qui préside, assis sur un tertre élevé, ou à celui qui en joue le rôle, si la réunion est réelle, et il a dû y en avoir comme dans toutes les confréries ou sociétés secrètes. Ainsi que cela se passe dans la société civile , on lui rend l'hommage de vassalité en l'embrassant ; mais on l'adore à l'envers, tête en bas, pieds en l'air, en lui tournant le dos.

Tous ceux qui sont là ont signé avec lui un pacte, de leur sang ; ils ont reçu la marque du diable (stigma diaboli). La région touchée ou pincée par lui est comme mortifiée, insensible, ne saignant pas lorsqu'on y enfonce profondément des aiguilles. Cette marque est la première chose que recherchenrfles enquêteurs pour s'assurer que l'accusée est sorcière : on voit couramment aujourd'hui des sujets hypnotiques, des fakirs se transpercer certaines parties du corps ou de la face sans douleur ni émission de sang. Les médecins de la Salpêtnère connaissent ces états d'insensibilité locale ; mais les juges de cette époque là en ignoraient la cause et les attribuaient au contact de la griffe démoniaque.

Il y a un grand repas magnifiquement servi, mais souvent sans table ; les mets n'étaient pas en rapport avec les apprêts apparents. Les réponses des sorciers les déclarent mauvais, fades, répugnants, incapables d'apaiser la faim ni la soif. Ils parlent de chair humaine, voire de cadavre, disent avoir mangé du chat, du chien, du chevreau noir, du crapaud, etc. Jean Michel d'Etival (1590) dit « que les assistants n'ont pas la vue claire ; tout leur apparaît trouble, confus,


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incertain, comme à ceux qui ont le regard hésitant et obscurci par l'ivresse; la crainte, le sommeil ».

Le sel et le pain sont rigoureusement proscrits de ces agapes, car ces substances ont un caractère divin. Dans l'ancienne loi, Dieu n'agréait pas de victime sans sel. On l'emploie dans le baptême, on le mêle à l'eau bénite destinée aux exorcismes. De même pour le pain : chez les Hébreux on offrait à Dieu les pains de proposition, et dans la nouvelle loi, on lui offre le pain eucharistique.

Après le repas viennent les danses. Elles ont toujours été l'un des éléments importants des cultes secrets. Mais ici tout se fait d'étrange sorte. C'est une ronde à laquelle tout le monde prend part : jeunes, vieux, hommes, femmes, estropiés, valides. On tourne de droite à gauche, en se tournant le dos. Des musiciens se servant de n'importe quoi en guise d'instrument, accompagnent ces ébats de déments d'airs désagréables et ridicules. Ce ne sont que bruits rauques, voix sèches, sifflements, hurlements. Cependant, bien qu'on sorte de là brisé, au point de garder le lit deux jours, que le plaisir éprouvé ait été fort problématique, il faut remercier le président infernal, comme si on avait goûté des joies réelles. Il ne fait pas bon s'y soustraire, car il pleuvrait des coups : le diable n'est pas un maître indulgent.

Mais l'aube approche. Le coq va chanter, et son chant est particulièrement pénible à maître Persin et à ses adeptes, dont il contrarie l'action ; les cloches aussi, d'ailleurs : le diable, entendant l'Angelus, laissa tomber, comme à bout de forces, une sorcière qu'il ramenait chez elle. Avant la séparation, un dernier baiser doit lui être donné. Mais il a souvent le mauvais goût de se changer en un bouc horrible et très malodorant, et de présenter à ses fidèles vassaux l'envers de son visage.

II a fallu au cours de la cérémonie rendre compte de tous les maléfices qu'on a opérés. Celui (ou celle) qui est resté depuis le dernier sabbat sans faire de mal à personne est durement battu. C'est au point que si, par crainte de se faire prendre, par pitié, ou pour toute autre raison, elle n'a pas fait périr la personne ou l'animal qui lui était désigné, elle était parfois obligée de sacrifier son mari ou son propre enfant, ou son veau, par peur d'horribles représailles. N. Remy rapporte plusieurs dépositions dans ce sens.

Le démon se chargeait de leur fournir de quoi accomplir leurs


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maléfices. Il donne des poudres : une noire pour faire mourir, une grise (parfois rouge) pour détruire la santé, une blanche pour guérir. Les « parfumeurs » italiens avaient fait de bons élèves. Ces poudres agissent par ingestion ou par simple aspersion. En 1587 une femme, par jalousie amoureuse contre une jeune fille, 1 asperge de poudre à l'aide d'un goupillon, pendant qu'elle prie à l'église : elle tombe malade et meurt. Une autre à Blainville, 1587, furieuse de n'avoir pas, elle seule, été invitée à un repas de fête, asperge un enfant fraîchement baptisé, sans que ceux qui le portaient s'en aperçoivent, et le fait ainsi mourir. Cette conception d'une permission donnée par Dieu au diable de frapper même ceux qui le prient ou viennent de recevoir un sacrement, apparaît comme bien dangereuse, car elle n'était pas peu faite pour détourner de lui les craintifs et les donner à son rival.

Les sorcières ont des baguettes enduites de poudre ou d'onguent, qu'elles emportent comme pour mener un troupeau. Elles en frappent comme par plaisanterie ceux qu'elles veulent perdre, ainsi que leur bétail, à moins que la victime ne soit protégée spécialement par la divinité.

II leur suffit même d'en toucher le bord du vêtement pour que mort s'en suive. Mais le contact est sans effet pour ceux ou celles à qui elles n'ont pas 1 intention de nuire. Il en est de même des . brins d'herbes, poussières, brins de paille ou autres menus objets qu'elles répandent sur. le sol : ils ne nuisent qu'à ceux qu'elles veulent maléficier et ne causent aucun dommage aux autres. Toutes les substances employées par elles n'ont aucune efficacité propre et n'acquièrent de pouvoir que de la puissance démoniaque : c'est du moins ce qu'on croyait alors.

Rose Gérardin (Etival 1586) avoue avoir donné une maladie mortelle à Etienne Aubert en répandant une poudre sur son seuil avant le jour. Barbeline Rayel empoisonne ainsi une porte d'étable : 3 chevaux meurent. Une autre à Arracourt (1587) tarit le lait d'une femme en répandant de l'herbe sur le seuil, et fait mourir son enfant.

Parfois le démon permet à la sorcière de guérir ceux qu'elle a frappés, mais le plus souvent il lui faut une compensation sous forme d'un malheur plus grave, ou d'une aggravation momentanée de la maladie et des souffrances et d'un retard apporté à la guérison.


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La médecine est impuissante contre les maladies provenant d'un maléfice. Seul son auteur peut en détruire l'effet, et l'on est souvent obligé de le battre pour l'y décider. Se faire guérir ainsi ne paraît pas exempt de péché à N. Remy.

Mais les sorcières ne peuvent rien contre leurs juges, malgré toute la haine qu'elles et leur maître éprouvent pour les persécuteurs des sorciers. Elles ont beau lui demander de les venger de leurs bourreaux, il se reconnaît impuissant.

Elles ont leurs officines pleines d'insectes, de plantes, de métaux que la nature a pourvus de poisons, mais N. Remy se garde de les indiquer, afin de ne renseigner personne. Il a même recommandé aux greffiers de passer ces renseignements dans la lecture publique de l'interrogatoire.

Elles usent fréquemment de cadavres d'enfants morts sans baptême, qu'elles vont déterrer la nuit, se servent de leurs viscères pour la composition de leurs drogues infernales : les empoisonneurs professionnels de l'époque connaissaient bien le redoutable pouvoir des venins de putréfaction.

D'autre part les sorcières continuent les pratiques de la magie ancienne : philtres et envoûtements.

La vente des philtres, substances destinées à faire naître l'amour, a toujours été un commerce très lucratif. Comme dans l'antiquité, comme chez les nègres contemporains, il entre le plus souvent dans leur composition des substances tout à fait étranges. Voici, à titre d'exemple, une vieille recette découverte dans un vieux grimoire : « un coeur de colombe, un foie de passereau, la matrice d'une hirondelle, un rognon de lièvre ; réduire en poudre impalpable, et la personne qui composera le philtre ajoutera partie égale de son sang séché et pulvérisé de même ». Le sang a toujours eu en magie une très grande importance, dès les temps primitifs. Le sang de deux hommes, mélangé dans une coupe, scelle leur amitié éternelle ; le sang de la jeune fille, mélangé aux alcools, est encore le philtre le plus répandu dans les Balkans et l'Amérique latine.

Chez les nègres on fait entrer dans les philtres des choses beaucoup plus répugnantes, allant jusqu'aux excréments. La Voisin se révéla plus pratique. Le charme qu'elle vendit à Mme de Montespan pour raviver la flamme du roi Soleil, contenait bien de la


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poussière de taupes desséchées, du sang de chauve-souris et autres ingrédients fort peu ragoûtants, mais elle avait eu soin d'y ajouter de la poudre de cantharide.

Les sorciers se livraient aussi, pour faire naître l'amour, aux procédés de l'envoûtement. Cette opération repose sur le principe suivant : toute parcelle du corps humain a toujours été considérée comme participante des forces vitales de l'ensemble. Ainsi les cheveux, les ongles, le sang détachés du corps, son image même gardent avec lui une dépendance réciproque. En agissant sur une partie on croyait atteindre l'ensemble. Ainsi Didon au 4e chant de l'Enéide, simulant une opération magique destinée à faire revenir Enée, place sur le bûcher une image du fugitif et des objets lui ayant appartenu ou l'ayant touché.

Les expériences du colonel de Rochas démontrent la possibilité scientifique de l'envoûtement par extériorisation de la sensibilité de quelqu'un dans un objet quelconque.

Les envoûteurs d'autrefois incorporaient au volt (de Vultus, poupée représentant la personne visée), des ongles, des cheveux ou un morceau de vêtement appartenant à l'homme désiré ou détesté, car l'envoûtement se pratique aussi dans un but de haine. Ils lui brûlent le coeur ou le lardent d'épingles : l'homme devait ou se consumer d'amour ou dépérir et mourir. En plein XIXe siècle, une bonne femme prescrivait à une consultante d'enfoncer des épingles dans la photographie du bien-aimé. A chaque coup d'épingle donné à la place du coeur, la cliente devait réciter l'oraison d'un saint, avec quelques additions individuelles. Ce manège devait durer 9 jours : étrange neuvaine et étrange rôle à faire jouer à un saint ! Avec la dernière épingle elle devait se piquer au doigt, puis quand elle rencontrerait l'aimé, lui enfoncer cette épingle dans le pouce et le lier ainsi pour toujours.

Au Moyen-Age et au XVIe siècle d'illustres personnages pratiquèrent l'envoûtement contre ceux qui leur portaient ombrage. Les ligueurs fabriquèrent, dit-on, de nombreux volts contre Henri III, les déposèrent dans l'église le 26 janvier 1589, et, après la messe, les piquèrent d'aiguilles .On ne manqua pas d'y voir la cause indirecte de l'assassinat du roi. Mais tous les magiciens sont d'accord pour reconnaître que l'envoûtement maléfique est beaucoup plus difficile à réaliser que l'envoûtement amoureux.


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Les sorcières passaient aussi pour pouvoir empêcher les rapports entre époux. Il suffisait de cacher dans le lit conjugal une aiguille ayant cousu le suaire d'un mort. En Allemagne on jetait dans le puits des jeunes mariés un cadenas fermé à clef. Certaines plantes, telles que des grains de mil dans les souliers de la mariée ou dans la poche de l'époux étaient réputées efficaces contre les entreprises très redoutées des < noueurs d'aiguillette ». Les maléfices portaient parfois sur les enfants. Le fait de mettre au monde des monstres était attribué à des pratiques ou à des influences démoniaques.

Les sorcières ne s'en prennent pas seulement aux êtres vivants, mais aux biens de la terre. A la campagne leur haine s'exerce surtout sur les récoltes et le bétail, encore plus précieux à beaucoup que la vie humaine. A certains jours la sorcière était censée s emparer du lait des vaches qu'elle détournait dans un manche à balai ou une hache lui appartenant, ou, sous la forme d'un animal, allait les téter dans l'étable. Elle jetait des sorts au blé, empêchait le beurre de se faire, mettait des vers dans la farine, ramassait la rosée dans un drap et avec elle la fertilité de la terre. Elles opéraient en lançant des poudres sur les champs ensemencés, jetaient le mauvais oeil aux plantes, même quand elles étaient déjà levées. Encore en 1850, aux environs de Dinan, on considéra comme la cause première d'une maladie qui frappa les pommes de terre, la malédiction de domestiques de ferme fatigués d'en trop manger.

Ou bien encore la sorcière apprenait de son maître infernal à lancer sur les récoltes et terres ensemencées des insectes ou rongeurs divers qui les ravagent et les dévorent en un instant. Alix Viole, de Taintrux (1583), après avoir beaucoup couru avec ses compagnes, à la manière des Bacchantes, lançait en l'air une poussière menue donnée par le démon, d'où naissaient des nuées d'insectes, qui aussitôt ravageaient tout.

D'autres ont fait naître dans les champs une multitude de mulots qui s'élançaient en terre pour couper les racines. Une autre avoue avoir lancé sur les bêtes de ceux à qui elle voulait du mal un taon qui les piquait jusqu'à la mort. Elle y arrivait chaque fois qu'elle le voulait, en arrachant la première plante venue et en la lançant sur le sol après avoir prononcé certaines paroles. Encore en 1735 une invasion de chenilles arpenteuses fut attribuée à la sorcellerie.

On croyait si bien au pouvoir maléfique des insectes à la dispo-


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-40sition sorciers, que l'on trouve au IXe siècle une formule d'ex-' orcisme contre eux ; ils étaient excommuniés comme agents du diable.

D'autres animaux encore passent pour jouer un rôle important en sorcellerie ; ils sont en général de couleur noire : en premier lieu les chats, considérés en bien des endroits comme des êtres diaboliques. On disait que, devenus vieux, ils fréquentaient le sabbat. De nos jours encore, en maintes régions de la France, la vue d'un chat noir est considérée comme un mauvais présage.

Les poules noires jouent un rôle de premier plan, notamment dans les pactes avec le démon. Dans le Berry, le diable en donne parfois une en échange de l'âme. Dans la Creuse elles sont considérées comme l'incarnation du démon au service des personnes qui lui sont vendues. Au Berry, en Béarn, on lui présente une poule noire dans un carrefour.

Les reptiles, batraciens et sauriens ont tenu en sorcellerie une grande place, dont il reste encore des traces. La possession de certains reptiles passait, à l'époque de la répression à outrance, pour une présomption de culpabilité. Il ne faut pas hésiter, dit Bodin, à poursuivre celles qui ont des crapauds ou des lézards. En Béarn, c'est un gage donné par le démon. En Armagnac, on croyait que les crapauds assistaient au sabbat, amenés par leur possesseur. Ces animaux entrent dans les breuvages magiques ou servent à faire des talismans.

Les sorcières elles-mêmes passaient pour pouvoir prendre des apparences de reptiles. Les mentions de métamorphoses d'êtres humains en animaux ne sont pas rares. Le démon lui-même en donne l'exemple. II prend toutes les formes animales qu'il veut, notamment celle d un chien, qui n'inspire pas de méfiance à ceux qui le voient.

Didier Finance, de Saint-Dié, quand il était couché au milieu de ses compatriotes, avait à ses pieds un chien, duquel, en abaissant la main, il recevait du poison, et le donnait ensuite à qui il voulait. Le démon prend aussi la forme d'un cheval pour transporter ses fidèles au sabbat ; d'une mouche, pour se glisser dans l'oreille du sorcier et lui transmettre ses messages, notamment lorsqu'il est en prison, pour l'inviter à ne pas avouer dans les tortures ; d'un chat, pour s'introduire la nuit, dans les maisons. Un berger,


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jaloux d'un confrère mieux vu que lui, fait venir le démon sous la forme d'un loup, qui massacre le troupeau du bon berger, pour le faire accuser d'incurie. Il lui a suffi pour cela d'arracher une herbe poussée sur un tronc d'arbre, en prononçant quelques paroles : Aussitôt le loup était là.

D'autres fois, il se fait ours, pour inspirer plus de frayeur. Mais il a une prédilection pour le bouc, animal cornu, agressif, remarquable par sa mauvaise odeur, car le démon est essentiellement malpropre et défend les soins de propreté ; l'eau a, en effet, un pouvoir purificateur reconnu par toutes les religions. De plus, l'animal a un aspect difforme et hideux, convenant tout à fait aux incarnations démoniaques (cf les anciennes divinités chèvrepieds : Aegipans, Satires, Faunes). En somme il aime à faire peur (comme l'antique Dieu Pan) et se mêle constamment à la vie des hommes, pour leur plus grand mal.

Les sorcières disposent encore d autres moyens pour nuire et causer aux hommes des dommages matériels, souvent irréparables. Elles reconnaissent que le démon leur donne le pouvoir de provoquer des orages en faisant bouillir une pierre dans la marmite, — (dès que, par l'effet de l'ébullition, la pierre commence à s'agiter, 1 orage arrive), — de faire naître des nuages, de s'élever avec eux, de les diriger et de les faire crever en grêle où elles veulent.

Pour obtenir ce résultat, on bat l'eau avec une baguette reçue du démon, jusqu'à ce que vapeurs et brouillard se forment. Dominique Zahel, de Rougiville, et une autre ajoutent qu'avant de battre l'eau, le démon y lançait une fiole de terre où il avait mis quelque chose d'inconnu des assistants, ou même des pierres de la taille des grêlons qu'il s'agissait de faire tomber. Nous reconnaissons là les procédés de la magie imitative. D'autres fois on fait couler du suif de chandelle dans l'eau et on y répand une poudre préparée, puis on la frappe avec des verges noires données par le démon, en répétant des paroles de malédiction.

Quand le sorcier ou la sorcière vogue dans les nuages (ces transports sont reconnus réels par les plus grands pères de l'Eglise : Saint Ambroise, Saint Augustin, Saint Thomas, le Christ luimême ayant été transporté dans les airs par le démon), il en descend très commodément et sans heurt, « comme un oiseau se pose ».

Pourtant, quelquefois, ils restent accrochés aux arbres ou sur


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les toits. Certains ont été surpris après l'orage dans cette situation incommode.

■- Un certain Cunin, de Moncey (1586), travaillant à son foin et chassé par l'orage, se hâte de rentrer. Il aperçoit au sommet d'un chêne une vieille voisine, que vraisemblablement le nuage avait laissé tomber. Il l'apostrophe sans douceur. La femme demande pardon, lui recommande le secret, lui promet qu'il ne lui sera jamais fait de mal. Inutile d'ajouter qu'elle fit connaissance avec les bûchers de N. Remy.

Celui-ci, faisant appel à ses souvenirs personnels, rapporte que des bergers d'Houécourt (Vosges), surpris par un violent orage, se réfugient dans la forêt. Ils voient au sommet d'un arbre deux paysans accrochés aux branches, et si ahuris — n'est-ce pas naturel quand on tombe des nues ? — que visiblement leur présence en ce lieu n'était pas naturelle ni spontanée. Leurs vêtements étaient sales, comme s'ils avaient rampé dans la boue. Leur sort fut le même que celui de la vieille.

D'après M. Sebillot (Hist. du Folk-lore français), il n'est pas rare, encore aujourd'hui, de rencontrer des survivances de cette croyance.

Parmi les malheurs provoqués, il faut aussi mentionner les incendies, causés soit par des pierres lancées contre la maison, soit par des poudres qu'on y place, soit en y renversant une marmite du haut d'une cheminée.

Presque toujours l'accusation de sorcellerie était doublée de celle de vénéfice, c'est-à-dire d'empoisonnement, la seule qui méritât vraiment d'être retenue, et qui était souvent justifiée.

En effet, les Italiens apportèrent en France au XVIe siècle leur science consommée — il est certains de leurs savants mélanges que nous ignorons encore — des divers poisons d'origine minérale, végétale ou animale, capables de faire passer les gêneurs, progressivement ou brusquement, de vie à trépas, sans laisser dans les viscères de traces reconnaissables aux médecins légistes de l'époque, les symptômes de ces empoisonnements présentant de réelles analogies avec ceux de maladies classées. Beaucoup de ces docteurs en morts lentes ou subites suivirent chez nous les reines florentines, et — coïncidence troublante ! — c'est précisément de 1550 à 1650 que se multiplient les maladies et décès


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étranges, les épidémies extraordinaires, ,dont la voix publique rendait les sorciers responsables. La vente des produits pharmaceutiques et chimiques n'étant pas contrôlée comme aujourd'hui, trop de gens connaissaient de redoutables recettes et en trafiquaient.

Les juges, comme le clergé et le peuple, ne se trompaient que sur un point, en attribuant au diable la révélation ou la remise des dangereuses substances qui devaient provoquer la maladie, la déchéance et la mort.

Aussi les sorciers inspiraient-ils à tous une grande terreur. La haine furieuse que leur témoignait le peuple, jointe au redoublement de sévérité de l'Eglise, amena le duc de Lorraine, Charles III, à intensifier de son côté la répression.

En 1580 il intima à son nouveau procureur général, N. Remy, l'ordre « de ne donner aux sorciers un instant de rejDOs ».

Remy s'acquitta de sa mission avec le plus grand zèle.

« Je compte que depuis 16 ans (1580-96) que je juge à mort en Lorraine, il n'y a pas eu moins de 800 sorciers convaincus, envoyés au supplice par notre tribunal, outre un nombre à peu près égal de ceux qui ont échappé par la fuite ou par leur constance à ne rien avouer dans les tortures ».

Cela ferait donc une moyenne de 100 accusés par année. Pour l'ensemble des XVIe et XVIIe siècles, dit M. G. Save, si on avait tous les documents, on arriverait à un total effrayant. Il évalue, d'après ce qui reste des archives du Chapitre, vendues au poids sous la Restauration, le total des sorciers exécutés entre 1550 et 1650, la grande majorité entre 1600 et 1629, dans l'arrondissement de Saint-Dié et les domaines extérieurs du Chapitre, à 230, dont 73 hommes et 157 femmes. Il y en a eu certainement bien davantage, et cette liste ne doit pas même représenter 1/3 du total véritable. Pour se rapprocher de la réalité, il convient d'estimer à plus de 600 le nombre des sorciers brûlés dans l'arrondissement, plus environ 400 qui échappèrent au supplice. On peut compter que 1 arrondissement de Saint-Dié entre pour environ 1/6 dans le total des procès de sorcellerie du duché de Lorraine, y compris le Bassigny et les Trois Evêchés. — De 1611 à 1616, il fournit plus de la moitié du total ; en 1629, il en atteint les 7/8.

La liste des 230 victimes dont on possède les noms se répartit comme suit : Saint-Dié ville, 27 entre 1530 et 1670, dont 10 hom-


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-44mes 17 femmes ; Raon-1'Etape, de 1608 à 1629, 28 (5 hommes, 23 femmes), avec des années massives comme 1616 (6 cas), 1619 (4 cas), 1629 (7 cas) ; la Neuveville-les-Raon, de 1614 à 1629, 45 (8 hommes, 37 femmes), dont 6 en 1616 ; dans la région de Senones, qui comprenait Marzelay et Robache, 16, dont 2 hommes et 14 femmes ; Etival, de 1584 à 1627, fournit 9 cas, dont 4 dans la seule année 1614; le ban d'Etival complet donne 25 cas (7 hommes, 18 femmes); le ban de Fraize qui comprenait Sainte-Marguerite,, la Bolle et Taintrux, donne un total de 72 (28 hommes, 44 femmes), dont 6 dans la seule localité de Fraize en 1589 ; on voit que N. Remy y séjourna cette année-là ; d'autres maxima y apparaissent en 1611, où l'on relève trois cas à la Bolle, 2 à Taintrux ; la vallée de la Fave (25 cas, dont 11 hommes et 14 femmes) paraît atteindre le maximum en 1617 et 18 ; — enfin le domaine du Chapitre extérieur à l'arrondissement présente 22 cas, presque tous échelonnés de 1602 à 1629. D'après les graphiques établis par M. G. Save, la contagion semble avoir suivi l'itinéraire Raon (recrudescence à partir de 1609), Etival (1610) ; ban de Fraize (1611), Saint-Dié (1612), vallée de la Fave (1613). A Saint-Dié ville, la sorcellerie semble plutôt à l'état latent, et ne présente que 3 faibles maxima en 1605, 1612, 1630.

En tous cas N. Remy est, lui aussi, frappé du grand nombre des sorciers.

« Avec tant d'ennemis du genre humain, écrit-il, il est étonnant qu'il n'arrive pas plus de malheurs ».

Aussi estime-t-il déplacée toute pitié envers cette espèce de criminels. Il s'appuie sur de doctes citations. « C'est une impiété pour les juges, dit Cassiodore, d'être indulgents pour ceux dont la bonté de Dieu ne souffre pas l'impunité »... « Quand on supprime l'impie, on amène le Christ »... « Ceux qui ne châtient pas les méchants font tort aux bons » (Pythagore).

Aussi « malheur à ceux qui cherchent à écarter l'odieux d'un crime horrible et exécrable et diminuent le châtiment par les excuses de crainte, d'âge, de sexe, d'ignorance et de séduction. Personne de sensé ne saurait invoquer de tels prétextes, même dans des affaires moins graves... Qu'est-ce autre chose que de provoquer et attaquer Dieu ouvertement ? a dit Saint Paul... La vie des sorciers est ouvertement souillée par tant d'impiétés, de vénéfices, de mons-


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trueuses débauches, de crimes odieux ; je ne doute pas qu'il soit légitime de leur faire subir toutes sortes de tortures avant de les brûler, et pour qu'ils expient leurs crimes par des châtiments mérités, et pour qu'ils servent d'exemple aux autres, et les détournent du mal par la gravité du supplice ».

Et il est fortifié dans sa résolution par la certitude que les sorciers, une fois voués aux démons, fût-ce par leurs parents dès leur jeune âge, sont inguérissables. En admettant même qu'ils aient été trop faibles pour résister à la chute, les épargner, c'est laisser la vie à des chiens enragés, sous prétexte que ce n'est pas de leur faute s'ils en sont arrivés là.

Le traitement le plus doux réservé aux enfants des sorciers était d'être fustigés par trois fois autour du bûcher de leurs parents. Souvent les juges se sont demandé s'il ne fallait pas faire périr aussi fillettes et garçonnets.

On conçoit qu'avec de pareilles dispositions chez les juges, les accusés n'avaient à attendre aucune indulgence. Les procédures r.étaient à peu près invariables, et souvent expéditives.

N. Remy, aussitôt sa mission reçue, se rend à Epinal, pour examiner les femmes « qui ont été accusées et décelées par Victorine Voiriat, fille possédée du malin esprit, que l'on exorcise à Epinal », et les mener dans cette ville en vue d'une confrontation, car les dénonciations des sorciers condamnés ont joué un rôle important dans l'extension du fléau. Ces désespérés, déprimés par la prison, corps et âme brisés par d'effroyables tortures, n'attendant qu'une mort affreuse, étaient, on le conçoit, pleins de rage contre leurs semblables, et dénonçaient ceux à qui ils en voulaient, souvent ceux-là même qui les avaient dénoncés, ceux dont ils avaient eu à se plaindre, fussent-ils de leur parenté proche.

II s'en trouva parfois de plus malins, qui dénonçaient leur curé. En 1608, dans la prévôté de Lamarche, Thomas Gaudel déclara avoir rencontré au Sabbat tous les membres du tribunal, depuis . le procureur général du Bassigny jusqu'au greffier. Ceux-ci, bien embarrassés, se rendirent à Langres pour consulter les plus fameux avocats sur ce cas peu banal. A Besançon deux sorciers dénoncèrent l'inquisiteur lui-même. Mais en général cela n'arrangeait guère leurs propres affaires.


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N. Remy se déplaçait assez souvent ; il fit de fréquentes visites dans les Vosges, car les cantons montagneux en particulier étaient des nids de sorciers. A Marzelay, en décembre 1584, il fit brûler toute une famille ; à Fraize, en septembre 1589, six jeunes femmes sont victimes de son zèle ; à Bertrimoutier, il campe six jours, décimant le village. Il revient trois fois à Etival, en .1586, 89 et 90.

Le sorcier, aussitôt dénoncé, est 1 objet d'une information ouverte à la requête du procureur d office ; les voisins sont appelés, rapportant des commérages, racontant des choses futiles ou énormes, que le greffier transcrit fidèlement. Le procureur conclut à prise de corps.

L'accusé, arrêté, est soumis à Vinterrogat, ou audition de bouche, suivi du récolement. Les témoins sont de nouveau appelés, confrontés avec l'accusé. Celui-ci discute les témoignages et a droit de « reprocher » les témoins, s'ils ont jadis commis quelque indignité.

Si l'accusé avouait, les justices locales pouvaient statuer après examen de la procédure par le maître échevin et les échevins de Nancy, qui formaient le « tribunal du Change ». Inutile d'ajouter que les sentences étaient toujours confirmées par lui, sinon aggravées.

S'il n'avouait pas, une sentence préparatoire le condamnait à être complètement rasé par la « vile personne » du lieu, tondeur de chiens ou cureur d'égoûts, de crainte que le diable ne fît retraite en un point quelconque de son système pileux et ne déjouât la sagacité des enquêteurs, et mis ensuite entre les mains de l'exécuteur des hautes oeuvres pour subir la question ordinaire ou extraordinaire.

A Saint-Dié, dans la sinistre chambre basse de la tour Mathiate, on employait trois sortes de supplices : d'abord les grésillons, deux lames de fer parallèles formant étau, pouvant se serrer par des vis, entre lesquelles on serrait progressivement les ongles des mains et des pieds. Ceux qui se prennent le doigt dans une porte peuvent se rendre compte de la douleur que provoquait cette opération ; puis l'échelle, sur laquelle le patient est étendu, pieds liés à l'échelle, mains liées à un tourniquet, ce qui permet des tractions extensives dans le sens vertical, qu'on peut graduer à volonté, et on ne se


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faisait pas faute d'imprimer au tourniquet un mouvement de rotation de plus en plus ample. Quand le malheureux avait le corps tendu à se rompre, arqué au point de ne plus toucher l'échelle que par les extrémités, on lui glissait sous les reins une pièce de bois prismatique dont l'arête vive lui entrait dans les chairs. Si ces horreurs ne suffisaient pas, on en arrivait aux tortillons. Les bras étaient ficelés au corps'par des cordes ; les jambes ficelées de leur côté. On introduisait un bâton dans les cordes et on le tournait de manière que celles-ci pénétrassent de plus en plus dans la chair. Il fallait que le patient eût une extraordinaire résistance à la douleur, une force de volonté presque invraisemblable, pour ne pas avouer tout ce que lui demandait le juge et ne pas en inventer au besoin. C'est presque toujours ce qui arrivait. Quelques accusés pourtant, surtout des femmes, montrèrent un courage extraordinaire. La veuve de Nicolas Paticier, de Saint-Dié (1630) subit tous les degrés de la torture et déclara qu'elle n'avouerait rien, dût-on la mettre en pièces.

Certains se suicidaient en prison quand ils en avaient le moyen, afin d'échapper à toutes les horreurs qui les attendaient. Le diable était censé les y pousser, pour éviter leurs aveux. N. Remy pouvait dire avec raison : « Ma justice est si bonne, que 16 qui furent arrêtés l'autre jour n'attendirent pas et s'étranglèrent tout d'abord ». D'autres appelaient de tous leurs voeux le supplice final, qui, selon Remy, leur permettait d'expier leurs fautes et de se concilier ainsi la miséricorde divine, ou, selon les déclarations de certains d'entre eux, de se soustraire plus vite à la dure tyrannie du démon. En réalité, ils avaient sans doute hâte d'abréger leurs terribles épreuves.

Au cours des séances de torture, on mettait parfois l'accusé à délivre, et on l'étendait près du feu, car il était nu ; on ne manquait pas alors de l'inciter de nouveau aux aveux.

Ceux qui, par extraordinaire, sortaient victorieux de ces atroces interrogatoires, n'y gagnaient pas grand'chose, car le tribunal du Change ordonnait souvent une nouvelle application de la question.

Le procès-verbal de la question, écrit par un tabellion soys la dictée du maire, assisté de deux témoins, était soumis au procureur d'office avec les autres actes de procédure ; il donnait ses conclusions; les maires et gens de justice demandaient de nouveau l'avis du maître


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échevin et des échevins de Nancy, et la sentence définitive était alors prononcée.

Si l'accusé était absous, ce qui, on le conçoit vu les moyens employés, était fort rare, il n'était pas quitte pour cela avec la justice. Il était mis en liberté jusqu'à rappel. La sentence ne mentionnait pas 1 acquittement, mais déclarait seulement que, pour cette fois, « il ne serait passé plus outre », et que le procès demeurait « en l'état ». Il n'en fallait guère pour se faire reprendre (I).

S'il était condamné, il n'avait plus qu'à attendre l'exécution, la condamnation étant sans appel.

Il appartenait au seigneur suzerain d'en assurer l'exécution. On lui délivrait alors le prisonnier. Voici comment les choses se passaient à Saint-Dié, d'après F. de Chanteau (Notes pour servir à l'histoire du Chapitre de Saint-Dié) :

« Le maire, accompagné du procureur d'office et des bourgeois et sujets du chapitre en armes, conduisait le condamné sur une pierre carrée qui séparait la seigneurie du duc de celle du chapitre. Là, « après avoir appelé hautement et intelligemment le prévôt par trois diverses fois », le maire prononçait la sentence définitive en ces termes :

« Monsieur le Prévôt, je vous délivre ce patient tout nud et chargé de son procès pour en faire l'exécution suivant l'avis du maître échevin et des échevins de Nancy, que je confirme à sentence ».

Les justiciers n'étaient tenus, en effet, de délivrer le criminel au seigneur suzerain que « tout nud et chargé de son procès ». En fait, après le prononcé de la sentence, le criminel demandait au maire de conserver ses vêtements « pour l'honneur de Dieu », ce que celui-ci accordait toujours, en faisant toutefois, dans un procès-verbal, une réserve de non préjudice aux droits du Chapitre ».

Quelques exemples concrets permettront de mieux se rendre compte de ce qu'étaient ces procès, de l'inanité de beaucoup de témoignages, de la fausseté de certaines dénonciations.

Voici quelques cas cités par M. Dumont :

(i) Marguerite Picard, veuve de P. Bourlier, bourgeois de La Côte-les-Fontenoy, subit toutes les tortures sans rien dire. Condamnée au bannissement, elle fut forcée de s'arrêter à peu de distance de la ville pour panser ses blessures. Elle fut reprise et emprisonnée.

Une autre femme, relâchée en IS99, jusqu'à rappel, fut dénoncée deux ans après par un condamné, et succomba.


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En 1629, la femme d'un pâtre de Coencourt est accusée devant la justice de Saint-Dié. Un témoin a réclamé son dû à la prévenue, qui l'a payé en colère : huit jours après, son cheval devient enragé. Un autre a manqué de se noyer « dans une mare si petite que chacun s'en étonnait ». Un troisième déclare qu'un de ses poulains.ayant renversé du linge de la prévenue, a enflé trois jours après ; il « la menaça longtemps pour la forcer à le guérir ». Sa mère a eu une dispute avec la prévenue ; elle est morte deux ans après. Un quatrième affirme qu'une de ses vaches a crevé peu après un procès qu'il avait eu avec un parent de la prévenue. A un autre elle a escamoté ses chevaux, puis les a fait réapparaître. Ou bien ce sont ses chevaux qui ne veulent plus avancer, parce que leur propriétaire a refusé de charroyer du foin de la prévenue, et se remettent en marche dès qu'il a accepté. C'est une femme qui tombe malade à la suite d'une dispute avec la prévenue, laquelle a toujours chez elle plusieurs chats noirs et gris, qui crient et font un bruit épouvantable. Le chat était un animal diabolique.

A Epinal, en 1564, c'est un homme qui tombe malade cinq mois après que sa femme eut une querelle avec le prévenu Borel. Celui-ci en a fait passer un autre sous son bras (c'est une manière de jeter un sort, comme de toucher à quelqu'un l'épaule, si le touché n'a pas la précaution d'en faire autant aussitôt, un peu plus bas, à son toucheur) qui est tombé malade et est mort 8 jours après. Un troisième a vu Borel battant l'eau avec un homme de grande stature ; un signe de croix du témoin a fait disparaître le géant.

Un jeune marié de Vomécourt a été touché à l'épaule par Pierron Humbert.qui lui disait quelques plaisanteries. Aussitôt il tombe en langueur, se croît victime d'un sort et accuse Humbert.

Jehennon, veuve d'Hidoulf le Regnard, de Robache (1602), au cours d'un 2e interrogatoire demandé par les échevins de Nancy, confirme ses réponses et aveux, sauf ses dénonciations contre de prétendus complices rencontrés au sabbat ; elle dit ne les avoir accusés « qu'en haine et dédain de leurs dépositions comme témoins ». A quoi tenaient alors l'honneur et la vie des gens !

François Lhermite (Saint-Dié 1630) a tout nié jusqu'aux tortillons. A bout de force, il déclare avoir rencontré un ours noir, qui lui a conseillé d'être toujours homme de bien. C'est là une des ruses familières au démon, comme le déclare N. Remy. Puis il reconnaît


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toutes les sottises imaginables, même que le diable 1 assistait pendant la torture et le regardait par la toiture de la tour.

En 1603 une octogénaire de Bayon a fait en soignant une vache un signe de croix et quelques grimaces, la vache ne guérit pas. Son fils, qui voulait lui faire abandonner une pièce de terre (ô Zola !) menace de la faire brûler comme sorcière. Peut-être eût-elle échappé, mais elle fut dénoncée par une autre sorcière condamnée.

Voici encore quatre procès particulièrement intéressants, sur lesquels nous possédons toutes les précisions désirables.

Le premier a pour théâtre la région de Mirecourt.

Jean Aubri, né à Saint-Prancher vers 1522, après avoir appris à Metz le métier de tisserand, revient au pays et se marie. Son frère Claudin passe sa jeunesse au pays, apprend à Mirecourt le métier de retondeur, se marie, puis se fait tisserand comme son frère et, par surcroît, garde les troupeaux de la commune.

Des voisins imputent aux deux frères des faits de sorcellerie. Leur père avait été « genot » et passait pour avoir empoisonné la mère d'un villageois, qui n'avait pu être guérie que « par le moyen d'un devin ».

Le boulanger Claudin Husson avait refusé de louer une partie de sa maison à Claudin Aubri : Or le même jour « vint un tourbillon de vent qui se mit en sa cheminée en telle impétuosité qu'il emporta le feu parmi sa chambre ». C'était évidemment un tour du diable suscité par Aubri.

Dès qu il y avait eu une discussion entre des gens du pays et le berger, les bêtes mouraient par sortilèges consistant en attouchements, malins regards.

Mengin Variot, laboureur, était allé voir supplicier un genot à Dolaincourt. Il s'en vanta auprès de Jean Aubri et ajouta qu'il voudrait qu'on en fît autant à tous les sorciers. Aubri le regarda d'un oeil mauvais, il tomba malade aussitôt. Quelques jours plus tard, il fut guéri par Claudin Aubri.

Jean Aubri devait 15 fr. à Claudotte, fille de feu Claudin Didelot. Elle va le trouver ; insultée par lui, elle eut l'imprudence de dire « que c'était trop la faire aller dans la maison d'un genot ». Jean la rappelle, et finit par lui faire accepter un morceau de pain. « Aussitôt elle perdit ses esprits » et fut « tellement perturbée », qu'elle abandonna le logis, erra à travers champs plusieurs semaines,


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échoua à Gemmelaincourt, près Vittel, chez un oncle, « fort ébahi de la voir en si piteux état », qui la reconduit à Saint-Prancher. Elle rencontre Jean Aubri, qui lui fixe une date pour acquitter sa dette, et « cependant monta sur le pied dextre » de l'ensorcelée, qui guérit au bout de deux jours, et redevint « gaillarde ». Mais, pendant ces deux jours elle fut très malade, « pensa mourir, mettant dehors par le nez grande effusion de sang, qui coulait si fort, que tous ceux qui la voyaient disaient que c'était la sorcene et poison que ledit Jehan lui avait donné, qui sortait de son cerveau ». Après quoi, elle « retrouva son bon esprit ».

Les deux frères furent accusés par « communs bruits ». Le prévôt de' Châtenois informa. Arrêtés, ils sont enfermés au domicile d'André Jacquinot, où, à minuit, se produit un fait diabolique. Des coups sont frappés à la porte ; un garde dit avoir senti passer quelqu'un près de lui ». Mais on ne trouve rien dans la maison.

Interrogé, Claudin proteste de son innocence, nie tout. Jean confirme. Mais les témoins accusent. Par peur du supplice et de la question, Jean se tue. Le procureur général Remy — il était au début de sa carrière — ordonne la question contre Claudin. L'échelle, le supplice de l'eau (c'en est à peu près le seul exemple en Lorraine), les tortillons, restent sans effet. On recommence l'eau : il continue d'affirmer son innocence. Trois fois les cordeaux sont resserrés, aucun aveu n'est obtenu. Il est détaché, puis réconforté. Il fut condamné le 26 juillet 1586 « à être banni et exilé et à être relégué du pays, sous peine de la hart ».

Le deuxième cas est celui de Bastien Jean Viney, raconté par G. Save, en 1611. C'est l'année où on brûla le plus de sorciers dans l'arrondissement de Saint-Dié, la dernière année de la vie de Nicolas Remy, où les bans d'Etival et de Fraize fournissent les trois quarts des exécutions de Lorraine. Le ban de Saint-Dié (Plainfaing) eut cinq exécutés cette année là, dont précisément Viney. C'était un cultivateur de 50 ans, dont la soeur était mariée au lieutenant de mairie du ban de Saint-Dié. Riche et un peu original, surtout après boire, il achetait des terres, prêtait facilement de l'argent, parfois à gros intérêts, en offrait même à des connaissances de rencontre, mais le refusait brutalement aux quémandeurs. D'où rancune, et des obligés et des évincés. Quand il avait bu, il faisait de grands gestes et diva-


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guait tout haut ; quand il discutait, il disait souvent : que le diable m'emporte ! Il devait donc être sorcier.

Il fut désigné comme complice par Cath. Bartremeix, sa voisine, torturée quelques mois plus tôt, qui prétendait être allée avec lui au sabbat sur le Brézouard. Les témoins ne manquèrent pas de charger Viney, créancier gênant pour certains. Voici quelques échantillons des témoignages recueillis :

Une femme déclare que son fils Claudel se disputait avec Adam, le fils de Viney ; celui-ci gronde l'enfant et le menace du diable. L'été ou l'automne suivant, Claudel tombe du toit, où il se trouvait avec Adam : vengeance par vénéfice du prévenu. Le même Claudel, qui devait être assez maladroit, tombe sur un couteau ouvert, il perd l'oeil : vénéfice de Viney ! Explication : Viney avait prêté de l'argent à son mari et convoitait un de ses champs, disant même au laboureur, qui y avait semé de l'orge, « qu'il serait empêché d'y beaucoup moissonner ou recueillir ». En effet, rien ne leva : Vénéfice encore !

Claudon Jean-Claude, ayant reçu une aide du prévenu, lui avait promis de lui-même « un voilon laitant » (veau de lait). La promesse n'ayant pas été tenue, la femme de Viney vint réclamer un petit tourélat (jeune taureau). Discussion : c'est un veau qui a été promis, non un taureau. Dès lors, il n'a pu élever aucun taureau : sortilège de Viney !

Un autre raconte des histoires de morts d animaux, dont certaines ont été prédites par Viney. Après boire il disait parfois qu'il avait de l'argent quand il voulait, que le diable lui en donnait. Quelle imprudence !

Il passait pour manier un diabolique, communément appelé mariotte ou diable familier. Un voisin lui demande de le lui prêter. Viney refuse en disant à l'autre « qu'il ne le sçaurait nourrir ». Redoutable plaisanterie !

Un chapelier nouveau marié avait emprunté 7 francs à Viney pour son commerce, moyennant 2 blancs d'intérêt par semaine. Ils sont restés deux semaines sans payer. Un chapeau envoyé comme compensation a été refusé. Ils ont constaté que les 7 francs ne leur ont fait aucun profit, « ains s'en allaient comme rosée et toute la marchandise qui en provenait ». Ils ont eux-mêmes failli périr dans la neige. Vénéfice, évidemment !


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-53Puis sont des histoires d'animaux tombés malades ou morts à la suite de disputes avec le prévenu, ou d'intérêts irrégulièrement payés.

A un autre, Viney a offert de l'accompagner à la fougir la veille de la Saint-Jean, au pré de Raves ou sur le Brézouard ; là, il fallait se prosterner devant le diable, ne sonner mot quoi qu'on vît ou entendît, laisser sur place un chapeau ou autre chose, pour que le diable y dépose graine ou branche de fougère, afin d'avoir du bien. On pouvait rester homme de bien, pourvu qu'on se signât. Sots et dangereux propos !

Viney reconnaît les marchés passés, les prêts d'argent, mais nie avec les plus vigoureux serments tous les maléfices qu'on lui prête.

Au cours de la confrontation, les témoins répètent leurs déclarations. Viney accepte les faits vrais, mais continue à repousser toutes les accusations de maléfice. Il y avait parmi les témoins douze débiteurs de l'accusé. Beau sujet d'étude pour un romancier naturaliste, que l'état d'esprit des villageois d'alors : rancunes mesquines, haines secrètes, inimitiés héréditaires entre familles, paroles de menace dites dans des moments de colère, âpreté au gain, ingratitude pour les services rendus. Combien les magistrats de Strasbourg étaient avisés, qui, terrifiés par le nombre des dénonciateurs de sorciers, les faisaient coudre dans un sac et jeter dans F111 du haut du pont du Corbeau, quand leur témoignage était reconnu faux !

Mais, en Lorraine, il était très difficile à un accusé de sorcellerie de se défendre. II ne pouvait citer de témoin contradictoire, ni prendre de défenseur. II n'avait plus ni parents, ni amis, ni soutien. Les magistrats pensaient que tout témoignage, tout plaidoyer en faveur d'un sorcier était payé par Satan ; le témoin favorable ou l'avocat devenaient eux-mêmes suspects de sorcellerie. La procédure contre Viney suivit donc le cours habituel. Les échevins de Nancy approuvèrent naturellement l'application de la question demandée par le procureur du Chapitre de Saint-Dié. Ils approuvaient presque toujours, et le Chapitre était si content d'eux, que dès 1559, il leur fit une pension «pro meritis praesentibus et futuris » outre 4 francs qu'ils recevaient pour la révision de chaque procès.

Viney subit donc les trois degrés de la torture en la salle basse de la tour Mathiate. Après les premières épreuves, il avoue tout ce qu'on veut : la rencontre avec Napnel, sous la forme d'un petit


-54homme

-54homme de noir, la marque qu'il lui imprime, la poudre qu'il reçoit de lui, et avec laquelle il déclare avoir empoisonné sa première femme, les animaux maléficiés, le sabbat ; s'il n'a pas avoué librement, c'est que Napnel « était en son corps, qui l'empêchait de dire la vérité, lequel lui est sorti par la bouche comme une fumée ». Toutes ces réponses étaient certainement suggérées par le juge. Il continue ses aveux les jours suivants : il fallait bien que toutes les questions du formulaire fussent passées en revue. II reconnaît les maléfices de tous ordres énumérés par Remy dans sa Démonolatrie.

Dans le dernier interrogatoire, il espère que ses aveux lui seront comptés et lui vaudront des adoucissements dans la mort et peutêtre le pardon. Les juges avaient le droit de le faire espérer aux accusés, à l'aide d'une restriction mentale, qui mettait leur conscience en repos : «Avouez, et vous serez sauvé », sous-entendu : de la damnation éternelle.

Viney a désigné douze complices qui, torturés, en dénonceront d autres. Les juges insistaient beaucoup sur ce point. Cela fait bien comprendre le développement exagéré de la sorcellerie, la contagion du fléau et son mouvement de translation.

L'exécution eut lieu dans les formes ordinaires ; on faisait à l'accusé la charité de l'étrangler subrepticement avant d'être grillé. Le feu éteint, le bourreau recherchait les os et les dispersait aux quatre points de l'horizon.

Les biens de Viney furent confisqués au profit du Chapitre, même ceux appartenant à la veuve et aux fils majeurs. Mais le Chapitre, menacé de procès, les rendit aux héritiers naturels, contre une somme de 300 francs.

Le procès d'Antoine Grévillon, sorcier et devin du val de Ramonchamp, brûlé à Arches en 1625, raconté par M. Ch. Sadoul, offre des points assez particuliers, par lesquels il diffère de la masse des autres.

Ancien soldat, il avait été quelque temps valet d'un médecin allemand et se mêlait de médecine. Son cerveau, un peu fêlé à la suite d'un coup de sabre, était meublé d'histoires merveilleuses, il vendait aux paysans des articles de ménage, des remèdes, de la poudre contre les vers, du mithridat de Venise et autres drogues. Il eut surtout pour maîtres les Sarrazins ou Egyptiens nomades, qui passaient


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55pour la science des mages et les secrets des anciens. On les craignait pour leurs vols et escroqueries, mais on les consultait de préférence aux médecins, qui prescrivaient des remèdes à peu près aussi bizarres que les leurs.

Le substitut du prévôt d'Arches requiert contre lui, pour avoir « es quartiers du val de Ramonchamp... vendu à plusieurs receptes et superstitions, tant pour la guérison du bétail qu'autrement, au moyen d'un diable familier, qu'il portait ».

Il avoue en avoir eu sept « qu'il a achetés, vendus et revendus ». Ils sont de la grosseur d'une mouche noire, « se grossissants et périssants ». Il les portait dans une boîte pareille à celles saisies sur lui. Il leur demandait des secrets pour guérir ses consultants, et obtenait toujours des réponses satisfaisantes. La graine trouvée sur lui était de la graine de fougère cueillie la veille de la Saint-Jean, vers la minuit.

Sur le conseil de son familier, il se servit de cette graine, mélangée à du mithridat de Venise, pour guérir la femme Godel et la fille Raguel.

Les herbes cueillies à la Saint-Jean passaient pour posséder des vertus talismaniques très efficaces. Le proverbe bien connu l'atteste.

Les plantes sont d'ailleurs très employées en sorcellerie. Les unes ont un pouvoir maléfique, d'autres au contraire sont une sauvegarde contre les entreprises des sorciers, tel le fenouil, que saint Joseph, disait-on, avaitprisé. Au XVIe siècleon employait la feuille d'angélique. En Normandie, deux fétus de paille posés en croix empêchent le diable d'entrer. Dans le Mentonnais, de l'ail répandu sur les berceaux préserve les enfants des maléfices. Dans la Gironde, il faut avoir un pied de fougère mâle dans la maison, un paquet de germandrée aquatique dans le magasin, une croix de verveine sauvage au-dessus de la porte, mais de façon que les étrangers ne puissent la voir. On porte dans des sachets des plantes bénies notamment de l'armoise, du millepertuis et du mille-feuilles, ou encore 3 feuilles de sauge, 3 feuilles de romarin et 3 de laurier. La sauge et la verveine ont toujours passé pour des plantes très bienfaisantes et très salutaires contre les entreprises des sorciers. « J'apporte la verveine et la sauge pourprée, qui brisent les enchantements » (opéra de Sigurd). En Suisse Romande, de la verveine dans les souliers évite les mauvaises rencontres. Dans le Mentonnais, on désensorcelle


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-56les en leur faisant manger des légumes volés à la sorcière. De même les humains qui se croyaient ensorcelés pensaient se guérir en mangeant des aliments provenant de la maison de la sorcière. Il est même certaines plantes qui passaient pour sensibles à la présence des sorciers, servaient à les dévoiler, car elles se flétrissaient et mouraient à leur contact.

Voici une curieuse recette que je recommande aux chasseurs pour attirer le gibier : mélanger du jus de jusquiame avec de la graisse et du sang provenant de l'espèce animale qu'on veut chasser. On partage cet onguent en autant de parties que l'on veut et on enfouit chacune d'elles peu profondément à diverses places ».

La recette n'est pas de GréviIIon, mais il devait en posséder d'au moins aussi curieuses, si l'on en juge par la méthode de diagnostic qu'il appliqua à la femme Godel.

« Elle avait une pauvreté dans elle, comme un sort, ce qu'il reconnut par son urine en la mettant sur un tire-braise tout rouge du feu ; lorsque la maladie est naturelle, l'urine devient rouge et se perd par chaleur ; si c'est un mal donné ou un sort, l'urine devient blanche et demeure sur le tire-braise sans se perdre ». Il tenait ce procédé du docteur de Spire qu'il avait servi.

GréviIIon, comme les guérisseurs du secret, qu'on voit encore parfois dans nos campagnes, employait aussi des formules ou des oraisons, qu il disait efficaces pour certains cas déterminés (1). Quelquefois ces oraisons, si employées à la campagne, sont de vieilles formules païennes transformées par le Christianisme en prières adressées à certains saints, et qui, déformées de bouche en bouche, ont fini par être totalement incompréhensibles, ce qui ne nuit pas à leur prestige auprès des ignorants superstitieux.

Après cette digression, revenons aux diables familiers.

GréviIIon s'en servait à plusieurs fins, « entre autres, pour acheter de la marchandise à bon prix... il en aurait acheté pour savoir combien il paierait sa mercerie, et que ledit familier lui disait combien les marchands qui lui vendaient ladite marchandise en avaient

(i) En voici une pour guérir les femmes en travail d'enfant et les faire heureusement accoucher :

Madame de vierge sein, prêtez-moi vos dignes clés ; Quand j'en aurai fait, je vous les rendrai, Si Dieu plaît.


-57eux-mêmes

-57eux-mêmes premièrement ». Il avait convenu avec celui qu'il avait acheté à Lyon « de le nourrir des mêmes viandes que lui » ; quand il oubliait par hasard la pâture, il recevait des coups.

La croyance aux diables familiers était peu répandue en France. GréviIIon l'avait sans doute rapportée d'Allemagne. Grimm, dans les « Veillées allemandes », rapporte ce qu'on disait jadis dans son pays de ces esprits familiers, ressemblant à une araignée ou à un scorpion.qui portaient chance à leur possesseur, le faisaient aimer de tous, lui indiquaient des trésors cachés. Comme il doit entraîner son possesseur aux enfers, on ne le quittte pas. On ne peut se débarrasser de lui qu en le vendant moins cher qu'on ne l'a acheté.

Le magistrat fait venir de Faucogney un diable que GréviIIon aurait vendu à un nommé N. Lamboley, mais GréviIIon ne le reconnaît pas et dit que c'est une mouche cantharide. II nie la vente.

Il reconnaît avoir conseillé à la femme Godel de suspendre une pièce d'argent à son cou et de la porter neuf jours, ainsi que de faire chauffer des pierres. Il nie avoir le pouvoir de divination. Une séance de divination faite avec trois chandelles dans une chambre à part, fut accompagnée, paraît-il, de bruits qui épouvantèrent ceux du logis. GréviIIon ne reconnaît pas ce fait.

Le prévôt d'Arches était bien embarrassé : le cas de GréviIIon ne ressemblait pas à celui des sorciers déjà vus. Pas de rencontre avec le démon, pas de pacte, pas de sabbat, pas de poudres diaboliques ; les relations avec l'enfer n étaient pas sûres, les diables familiers pouvant être des esprits non maudits. Il a bien contre lui la divination, mais les devins étaient traités avec une certaine indulgence : certains religieux étaient devins et guérisseurs.

Le prévôt d'Arches consulte donc le procureur général de bailliage des Vosges. Celui-ci croit que la consultation de diables familiers est impossible sans pacte. Il faut donc lui faire son procès comme à un sorcier et magicien, et lui poser les questions rituelles, lui demander notamment s'il n'a pas été incommodé, « battu et travaillé du malin » le jour et à l'heure où lui procureur a fait « brûler et exorciser les broulleries desquelles il fut trouvé saisi ». Il attend des nouvelles sur la suite de l'enquête. GréviIIon répond qu'il ne s'est servi de son diable familier que pour son commer-


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-58ce, n'a nullement été incommodé au moment indiqué par le Procureur général.

Devant l'insuccès de ses exorcismes, le prévôt en avise le Procureur général. Celui-ci répond par un rapport pédantesque et baroque, où il requiert la question ordinaire et extraordinaire, appliquée médiocrement, dans les formes habituelles, le corps préalablement rasé, les ongles rognés, le corps visité par un chirurgien expert « pour reconnaître s'il a marque insensible et non naturelle ». Ces conclusions ayant été approuvées par le tribunal du Change, la torture devait s'ensuivre.

GréviIIon ne subit que les grésillons et l'échelle. On ne lui avait trouvé sur le corps que des coups de sabre. II crie sous la torture, sans répondre aux questions et continue à nier. Sur l'échelle, il nie avoir dit à la femme Godel « qu'il ferait venir celui ou celle qui lui avait donné son sort » et lui transférerait sa maladie ; il nie avoir consulté le démon dans la chambre aux trois chandelles. Il confirme ses précédentes déclarations sur les remèdes donnés aux deux malades, sur l'indication de son familier. Il reconnaît avoir, sur son conseil, retardé la communion de la fille Raguel, « jusqu'à ce qu'il lui aurait donné le breuvage », et nie tout autre pacte avec le démon, en dehors de la nourriture à lui fournir ; il nie qu'il l'ait induit à renoncer à Dieu. II reconnaît avoir eu tort d'acheter des diables familiers et d'en avoir usé ; il y renonce, criant à Dieu merci.

Le Procureur général trouve ces aveux suffisants pour le faire brûler, mais il voudrait qu'on réitérât la question. Pour cette fois le tribunal du Change émit un avis différent. Le Procureur général requiert donc l'exécution dans les formes habituelles. Il ne restait plus qu'à prononcer la sentence. Les jugeants du ban d'Arches, assemblés « comme d'ancienneté » sous la halle, s'inclinent devant l'opinion du Procureur général et des échevins de Nancy. GréviIIon fut exécuté le 28 avril 1625 au pont d'Arches, après être resté 70 jours en prison.

Quant à Dominique Gordet, curé de Vomécourt, exécuté en 1632, c était un prêtre très humain qui, comme l'avaient fait des légistes (Alciat), des médecins (Jean Wier), des sceptiques (Montaigne), avait protesté contre la rigueur des condamnations, et prouvé que les sorciers ne méritaient pas la peine du feu. Il se contentait


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59d'exorciser de sa paroisse, et de les en expulser, s'ils persistaient.

Il avait été accusé du crime de sortilège par deux femmes, qui se montraient disposées à soutenir leur accusation jusqu'à la mort, et plusieurs autres jeunes prévenus qui disaient l'avoir vu « es assemblées diaboliques par plusieurs fois et y commettre plusieurs impiétés » ; il fut interrogé aussi « sur les abus par lui commis es exorcismes ». Le « vicaire général de Mgr le Cardinal de Lorraine en son évêché de Toul » requit contre lui la question ordinaire et extraordinaire par les grésillons, échelle et tortillons. Cette décision fut signifiée à l'accusé « en la tour dite la Joliette en l'hôtel épiscopal de Toul » le 26 avril 1631.

L'infortuné eut beau nier avant et pendant la torture, on ne lui épargna aucune douleur. Sous les grésillons il ne faisait que dire : « Jesu, Maria ! ou Bone Jesu ! ou Saint-Nicolas ! » nia tout pacte et toute assistance au sabbat.

Sur l'échelle, il crie : « Jesu, Maria ! Je meure ! » Il continue à nier tout maléfice, tout pacte, tout sabbat, criant : « Jesu, Maria ! mère de Dieu, aide-moi ! »

Tiré une seconde fois il profère les mêmes cris et les mêmes dénégations. On le tire plus fort, mêmes dénégations et mêmes cris ; même souhait de mort. On lui répète cinq ou six fois la question sur sa présence au sabbat, sans plus pouvoir lui arracher d'aveu. Criait seulement : « Saint-Nicolas ! Bone Jesu ! Mon Dieu, ayez pitié de moi ! vous rompez un innocent ». Il fut tiré une troisième fois, sans plus de résultat : « Je suis tué ! Ne me laissez, mater misericordiae » !

On lui demande comment il a guéri une personne laquelle avait un oeil « hors du lieu» ; a dit que ce fut par l'invocation du nom de Dieu et par l'huile d'olive,répétant toujours : « Jesu, Maria, mère de Dieu, Saint-Nicolas, ne me laissez pas ! Je remets mon âme entre les mains de Dieu. Je n'ai point vu de sabbat ni image de cire, ni distribué poudre... Libéra me a calumniis hominum, Maria, mater gratiae, mater misericordiae ! Saint Dominic, mon patron, aidez-moi ! Maria, mater gratiae, mater misericordiae, tu nos ab hoste protège et hora mortis suscipe ! Miséricorde ! Miséricorde ! Je meure ! Je meure ! ». Que pouvait en effet souhaiter d'autre que la mort cet honnête homme si injustement et si cruellement


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supplicié ? Et il ne cessait de protester de son innocence : « Sainte Marie, aidez-moi ! Je dis la vérité. Je n'ai jamais vu sabbat, ne sais que c est. Je n ai point piqué d'image de cire, ni vu, et n'ai aucun pacte avec le diable, ni tacite ni exprès »... Malgré tout, le juge persiste à croire à sa culpabilité, disant qu'il était impossible qu'il ne fût sorcier, étant chargé de tant d'accusations et qu'il prît pitié de soi-même ; qu il avait abusé des exorcismes et que cela ne peut être sans être coupable de sortilège ou d'hérésie. Il maintient avec la même énergie qu'il n'est pas sorcier.

On lui applique néanmoins les tortillons au bras gauche, cuisse, jambe gauche. Il proteste toujours qu'il n'a pas été au sabbat, disant : « Je meure ! Je suis rompu ! Jésus Marie ! Je renonce au diable ! ». Serré davantage, il crie toujours la vérité. On eut beau intensifier le supplice... « Je me donne à tous les bons anges. Miséricorde ! je demande à Dieu miséricorde ! » Cela dura environ un quart d'heure.

Ce martyr, contre lequel s'était si sauvagement acharnée la cruauté des tortionnaires, fut, malgré ses protestations réitérées d'innocence, lui aussi livré aux flammes. Peut-être expiait-il la faute d'avoir montré trop d'indulgence envers les sorciers.

Tirons le voile sur ces horreurs d'un temps heureusement révolu. L heure n'était pas loin où les moeurs allaient devenir plus douces.

Avec la guerre de Trente ans et l'entrée des troupes suédoises dans l'Est, le nombre des sorciers diminue beaucoup. Les magistrats ont autre chose à faire, et le peuple des campagnes n'a plus le loisir de penser au sabbat.

Le Parlement de Paris, sous l'influence de Séguier, adopte bientôt pour jurisprudence qu'à l'avenir ceux qui se disent sorciers ne seront punis que s'ils ont réellement commis des crimes (1). En 1660 un maréchal ferrant, arrêté comme sorcier, est relâché. En 1670 le Parlement de Rouen, plus arriéré que celui de Paris, veut faire brûler quatorze sorciers. Mais Colbert empêche leur supplice et leur fait donner... de l'ellébore.

L edit de 1682 est plus dur que la doctrine de Séguier ; il bannit

(i) « Les paroles magiques n'ont aucun pouvoir, écrivait Cyrano de Bergerac : elles couvrent sous des mots barbares les malignes vertus des simples dont tous les enchanteurs empoisonnent le bétail. Eh bien 1 pourquoi donc ne les faites-vous pas mourir en qualité d'empoisonneurs et non de sorciers >- ?


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du royaume les devins et devineresses, et applique la peine de mort à l'impiété compliquée de sortilège. II est vrai que dans le procès de la Brinvilliers, on avait vu la magie servir de paravent à de simples empoisonnements. La poudre de succession n'avait en réalité rien à voir avec la sorcellerie.

En 1736 trois hommes, un de Saint-Marc, deux de Bayon, furent poursuivis pour avoir consulté un devin. La procédure établit qu'ils s'étaient donnés au diable. Ils furent seulement blâmés. Celui qui avait joué le rôle du diable ne fut qu'admonesté, quoiqu'il leur eût soutiré deux écus. Le progrès des idées philosophiques faisait reléguer dans l'histoire les procès de sorcellerie.

Mais la croyance au merveilleux, la poursuite du mystère, le désir de connaître l'avenir, d'agir sur ses semblables et sur la destinée par l'utilisation des forces cachées sont loin d'être morts, et, de même qu'ils sont aussi anciens que l'homme, ils dureront autant que lui. Le XVIIIe siècle a vu Caghostro, le Comte de Saint-Germain; la Révolution, Mademoiselle Lenormand. La page d'annonces de certains quotidiens et périodiques actuels est remplie de noms de devineresses, cartomanciennes, astrologues, magiciens divers. On prétend lire dans l'avenir, diriger la chance aux loteries. On promet toujours l'amour et le succès dans les entreprises. Certains hommes politiques, et non des moindres, passent pour avoir recours aux voyantes, afin de connaître les secrets qui leur importent. On voit à Paris et ailleurs des mages de toutes sortes ; quelques détraquées essaient encore de susciter des incubes parmi les fumées de l'opium. Certains piqueurs du métro ont eu pour but des envoûtements d'amour.

R. Thimmy, dans son livre sur la magie à Paris, cite le cas d'un monsieur qui employait pour ce genre d'envoûtement des poupées semblables à celles des magiciens chinois, remplies d'un liquide qui imite le sang, les jambes formées de racines dont la forme vaguement humaine rappelle celle des racines de mandragore, si recherchées au XVe siècle.

Certains magiciens noirs pratiquent encore des envoûtements à but de mort ou de déchéance, mais ils sont heureusement beaucoup plus difficiles à réaliser que les précédents. L'auteur en cite un qui, pour satisfaire la haine jalouse d'une femme du monde (à qui il en coûta plus d'un million) contre la danseuse Jenny


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Dolly, alors à l'apogée de sa beauté et de son talent, provoqua un accident d'automobile, qui défigura l'artiste et amena pour elle la ruine totale et la misère.

II signale aussi une messe magique dite la nuit dans la crypte d'une église de banlieue en vue d'assurer un succès de tribune à un parlementaire fort connu, qui ne siège pas à la droite de l'assemblée.

On célèbre encore des messes lucifériennes, avec profanation d'hosties consacrées, usage d'hosties lucifériennes spéciales, de couleur noire, combustion d'acres parfums stupéfiants ou hallucinants, et, pour terminer, le déchaînement de l'orgie passionnelle, de préférence stérile. Dans telles cérémonies Vaudoo, qui ont eu pour théâtre la forêt de Saint-Germain, on égorgeait une poule noire, on aspergeait du sang d'un oiseau la victime humaine désignée, en vue de lui prendre son âme, on se livrait à des danses désordonnées, puis à l'orgie charnelle. Tout cela rappelle nos sabbats.

On utilise de plus en plus scientifiquement les fluides humains et les fluides astraux. Certains médiums acquièrent une puissance extraordinaire. R. Thimmy cite une femme très douée qui a pu, étant endormie par un maître très sérieux, répéter mot pour mot, dans un salon parisien, un discours prononcé en turc au Parlement d'Ankara, où l'expérimentateur l'avait envoyée. La sténographie révéla qu'elle ne s'était pas trompée d'une ligne.

Dans les pays nègres, la magie est pratiquée couramment avec succès, les primitifs étant plus accessibles que les peuples évolués au maniement et à l'influence des forces occultes. Il y a encore de beaux jours pour la magie blanche et noire. La grande différence avec la France d'autrefois est qu'on ne poursuit plus les magiciens que s'ils ajoutent à leurs pratiques occultes des délits de droit commun, tels qu'escroquerie ou exercice illégal de la médecine.

« Il ne semble vraiment pas, dit R. Thimmy dans sa conclusion, que l'on puisse, sans parti pris, nier le mystère... Sans doute convient-il d'éviter une crédulité excessive : ce serait faire, superstitieusement, le jeu des charlatans », et il va sans dire que, dans ce domaine surtout, les charlatans pullulent. Il n'en est pas moins persuadé « qu'il y a à Paris un nombre impossible à fixer de gens qui


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ont le pouvoir d'agir sur la volonté des autres, et surtout sur celle des femmes, qui est faible ».

Les méthodes, en dehors de certains perfectionnements dus à des découvertes scientifiques, ne diffèrent pas très sensiblement de celles de l'antiquité et du M.-A. et le voile du mystère n'est pas encore près d'être soulevé.

Et puis les magiciens vraiment puissants sont peu nombreux ; pour acquérir un réel pouvoir, il faut une longue initiation et un pénible entraînement, et ce pouvoir, quand il existe, ne peut s exercer que dans un champ très restreint, car ces hommes ne peuvent agir efficacement que si leurs méthodes ne sont pas divulguées.

Que cette causerie vous laisse donc tous dormir bien tranquilles ! Nul mage noir, nulle sorcière ne viendra troubler votre sommeil.

E. REY, Agrégé de l'Université Professeur honoraire au Lycée Buffon.


14 novembre 1572. — Sentence d'expulsion du territoire de Moyenmoutier portée contre « Barbon, femme à Claudon Barret », accusée de sorcellerie (original donné par M. le Dr Fournier à la Société philomatique vosgienne de Saint-Dié et publié dans le Bulletin de cette Société, 1884,85, p. 96). (Bulletin de la Société Philomatique vosgienne, 27e année, 1901-1902. L'Abbaye de Moyenmoutier : Etude historique par l'abbé Jérôme, suite, p. 79 en note.).

Reproduction de l'original sur parchemin qui se trouve à la Bibliothèque municipale de Saint-Dié).

A. C.




Le Quartier de la Porte de Raon

EN 1781

Notes de topographie déodatienne (')

On a exposé ici même les démêlés qu eurent entre eux, à la fin du XVIIIe siècle, le Chapitre de la Cathédrale et la municipalité de Saint-Dié, au sujet de la création d'un nouveau cimetière (2). En exécution de l'arrêt du 10 mai 1781, qui mettait par provision les travaux au compte de la ville, le Conseil municipal avait chargé l'architecte Bareth d'établir un devis et l'arpenteur Rattaire de dresser un plan. Ni l'un ni l'autre ne furent utilisés. Une ordonnance du 5 mai 1782, signée de Jean-Baptiste-François Moulin de la Porte, chevalier, conseiller du Roi en tous ses conseils, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, intendant de justice, police et finances, troupes, fortifications et frontières de Lorraine et Barrois, les déclara nuls et non avenus et approuva un nouveau projet présenté par le sieur Montigny (3). Le plan de Bareth est demeuré aux archives municipales de Saint-Dié. II avait sa place marquée dans les publications de la Société philomatique.

A le considérer, on constate que, dans l'ensemble, le coin de la ville qu'il représente, n'a guère changé d'aspect. On reconnaît facilement, au bas des jardins de Vomécourt, sur la côte Calot, le ruisseau de Robache, le quai du Torrent, la rue Haute et la rue Cachée. Celle-ci était alors bordée de deux rigoles à ciel ouvert servant d'égouts, qui se réunissaient pour se jeter dans le ruisseau. Le projet de 1782 prévoyait leur remplacement par un aqueduc.

(i) Ces notes ont été rédigées par un de mes bons amis; je les reproduis intégralement.

(2) G. Baumont, Un plan ancien de la Cathédrale et de la Petite Eglise de SaintDié, dans Bull, de la Soc. philomatique 1926.

(3) Arch. municip. de Saint-Dié. D.D. 6, 2° liasse. Le plan de Bareth se trouve dans le même dossier. Long., o m. 52 ; larg. o m. 43. Les chemins, rues, sentiers, maisons sont représentés en rouge, le ruisseau en vert, le jardin de Vomécourt en jaune. Au dos : « Plan du nouveau cimetière à faire pour la paroisse Sainte-Croix de Saint-Dié, dans le jardin des héritiers de Vomécourt, au sortir de la ville, près la porte de Raon, du mois de may 178Ï ».


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La porte sous laquelle débouchait la rue Cachée était la vieille Porte Vian (1). Elle avait dû être bâtie à la fin du XIIIe siècle quand, grâce aux ducs Mathieu II et Ferry II, la ville, ravagée en 1155 par un affreux incendie, avait pu à nouveau s'enclore de « bonnes et fortes murailles » (2). En tout cas, elle existait dès 1380 (3). Avec l'ensemble des fortifications, elle appartenait au Chapitre qui en détenait les clefs (4). C'était un privilège dont il se montrait jaloux et, quand le duc de Lorraine s avisait de le lui disputer, il élevait d'âpres protestations. En 1574, le capitaine de Spitzemberg, qui commandait à Saint-Dié pour le duc, dut rendre aux chanoines la garde des murailles pour avoir laissé entrer par la porte Vian, à six heures du soir, Madame de Haracourt qui venait de Hadonviller avec une petite suite (5). Le Chapitre avait également, sous les portes, une franchise qu'il ne laissait pas prescrire. En 1579, 1589, 1592, on voit des délinquants qui avaient « rompu la franchise » de la Porte Vian y faire amende honorable, en présentant au maire du Chapitre une bûche de bois (6).

La Porte Vian fut, pendant des siècles, un des lieux les plus passants de Saint-Dié. La route de Nancy empruntait cet étroit et malaisé pertuis et, avant que l'incendie de 1757 eût déblayé le terrain pour une voie plus directe, notre rue Stanislas, on ne pouvait, vers l'ouest, entrer dans la ville ni en sortir que par la rue Cachée (7). Elle vit bien des voyageurs illustres :1e 26 août 1673, Louis XIV, la reine Marie-Thérèse, Mlle de Lavallière, Mme de Montespan, la Grande-Mademoiselle, l'académicien Pellisson qui traversèrent de nouveau Saint-Dié le 3 septembre ; le 20 février 1680, la fiancée du Dauphin qu'accompagnait Bossuet;le 12 octobre de l'année suivante le Roi et une cour nombreuse (8), — et le 9

(i) Chevreux, Notes four servir à l'histoire du Chapitre de Saint-Dié, aux XVIIe et XVIIIe siècles, dans Annales de la Société d'Emulation des Vosges, 1874. Le plan de 1739 publié par Chevreux situe très exactement cette porte.

D'autre part, il est question dans le testament de Garin Prudens (1478) d'une maison « en la rue allant de l'église à la porte Vian » et, dans un document de 1457, d'une maison sise en « la Coinchiée rue près de la porte Vian ». Arch. départ, des Vosges, G. 406 et 717. L'identification est donc sûre. Cf. G. Baumont, Coup d'oeil sur l'Histoire de Saint-Dié des origines à 1789, Saint-Dié, 1935.

(2) Ruyr, Recherches des sainctes antiquités de la Vosge, 1634, p. 443-444.

(3) Arch. départ, des Vosges, G. 715.

(4) Id., G. 233.

(5) Id., G. 673. Voir Table alphabétique de la série G. par A. Philippe, s. v. Vian.

(6) Arch. départ, des Vosges, G. 700.

(7) F. Baldensperger, La reconstruction de Saint-Dié en 1757, dans Bull, de la Soc, philom. t. 43.

(8) Pfister, Tableau de Saint-Dié au XVIIe siècle, dans Les Marches de l'Est, 1913-1914. P. 143 et sqq.


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juin 1754, un sec et vif sexagénaire fort occupé à corriger des épreuves, qui se hâtait vers l'abbaye de Senones, et qui se nommait Voltaire (1). Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les fortifications de Saint-Dié étaient à peu près ruinées. La démolition de la Porte Vian fut décidée en 1771. Pourtant, elle était toujours debout dix ans plus tard. On ignore à quelle époque elle disparut (2). Une délibération du conseil municipal du 21 novembre 1836 mentionne « l'ancienne porte de Raon » trop étroite, est-il dit, pour le passage des voitures (3). Peut-être n'était-elle pas encore démolie alors.

Notre plan la montre flanquée de deux maisons, dont l'une, celle de Georges de la Porte (nom prédestiné ou surnom ?) fut démolie en 1855 (4). Celle de M. Raulin, marquée M, se dresse encore à l'angle de la rue Cachée et du quai du Torrent (café Holard) (5). C'était une dépendance d'un immeuble vaste et mal bâti que le chanoine Raulin possédait rue du Purgatoire (6) et qui fut vendue le 1 Ie jour du 5e mois de l'an II (30 janvier 1794) à Dominique Girard, de Marzelay pour la somme de 13.400 livres (7). La route de Nancy et le chemin de Robache, comme aujourd'hui la rue Haute et le quai du Torrent, suivaient un moment la rive gauche du ruisseau. Mais alors un parapet couronnait l'une et l'autre rive : juste en face de la Porte, il s'ornait d'une croix qui fut démolie avec les autres « signes extérieurs du culte » dans l'hiver de 1793-1794 (8).

Ce parapet ne devait pas se prolonger beaucoup en amont, ou peut-être s ecroula-t-il plus tard. Toujours est-il qu'en 1836 le «chemin » suivait le lit même du ruisseau, d'où il remontait par une pente raide et souvent dégradée par les eaux jusqu'au niveau de la route de Nancy : on imagine comme il devait être commode

(i) F. Baldensperger, Voltaire et la Lorraine, dans Le Pays lorrain, I93S, p. 404.

(2) G. Baumont, Coup d'oeil... p. 24.

(3) Arch. municip de Saint-Dié. Extrait dans le dossier M2 : Bâtiments communaux ; presbytère de la ville.

(4) Plan cadastral de Saint-Dié, section G., feuille 1, parcelle 226, et matrice cadastrale.

(s) Plan cadastral, G., ire feuille, parcelle 773.

(6) Rue du Nord. Save, Promenade à travers les rues de la ville, se trompe en disant que l'ancienne rue du Purgatoire est l'actuelle rue de la Cathédrale. Vingt documents le prouvent.

(7) Arch, départ, des Vosges, 5 q 127. Vente de biens nationaux provenant d'émigrés. Quelques renseignements, sur Raulin dans Antoine-François Raulin, Lettres écrites de l'Emigration p. p. G. Baumont, dans {'Annuaire de VAssociation des Anciens Elèves du Collège de Saint-Dié, 1920.

(8) G. Baumont. L'enlèvement des signes extérieurs du culte à Saint-Dié (décembre 1793 fév. 1794J dans La Révol. dans les Vosges, 14 avril 1935.


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d'amener par là les voitures de tronces descendues de l'Ormont et de la Bure ! Le Conseil municipal s'en plaignait, et on le comprend ! (1).

Les autres indications du plan de Bareth ne semblent pas appeler de commentaires particuliers. Il suffira d'indiquer que l'on ne sait rien de George de la Porte, ni de la veuve Mougenot. Quant à M. d'Huart (Jean-Claude-Anne) il était né à Metz le 15 mai 1727. Chanoine de Saint-Dié, il refusa à la Révolution de prêter serment. Le 25 juin 1793 il obtint un certificat de non émigration. En 1795, il exerçait le culte de concert avec le pro-vicaire de Thumery. Il était encore à Saint-Dié en 1797. Eugène-Hyacinthe de Mitry était chanoine de Saint-Dié avant 1767. Bien que le 12 novembre 1792 ses biens aient été considérés comme biens d'émigré, il semble qu'il ne quitta pas la ville. Il y était assurément en 1793 puisque, malade, il fut maltraité lors des troubles des 1, 2 et 3 septembre (2).

A. CONTAL.

LÉGENDE

Renvois explicatifs de la présente carte

Jardins des héritiers de Vaumécourt, heu dit à la Cotte Calot, contenant en tout cinq cent nonante quatre toises cinq pieds, qui font deux jours trois ommées et dix-neuf tois[es] cinq pied. Ce jardin est enfermé d'une haye vive tout autour, le sentier allant à Saint-Roch d'une pointe au couchant, un autre chemin d'une longe au nord et d'une pointe au levant ; ce chemin rejoint le sentier allant à Saint-Roch, et va aussi rejoindre le chemin allant à Robache appelle le chemin de la thuillerie ; le jardin de Monsieur de Mitry, et celuy de Monsieur du Hard, les deux chanoines de l'insigne cathédrale de Saint-Diez de longe ; au midy, le passage de Monsieur de Mitry depuis le sentier allant à Saint-Roch jusqu à son jardin ; sur la longe au midy, un autre passage pour le même

(i) Arch. municip. de Saint-Dié délibération du 21 novembre 1836.

(2) D'après les notes manuscrites du chanoine Chapelier, conservées au Grand Séminaire de Saint-Dié. V. G. Baumont, Les journées de septembre 1793 à SaintDié, d'après des documents nouveaux, dans La Révol. dans les Vosges, 1932.


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sur le chemin au levant servant à engraisser tous les jardins du canton. Dans le millieu du jardin est bâtie une loge de dix-sept pieds de Lorraine sur toutes face et sur neuf pieds six pouce de hauteur, le tout en murs de chaux et moilon avec un fourd à côté ; ce jardin n'est éloigné de la porte de la ville que vingt-quatre toises de Lorraine, mais il faut observer que depuis le dessus du parapet à côté du petit pont, il faut monter à vingt-cinq pieds de France pour y aller ; depuis la porte de la ville au petit pont, il s'y trouve douze toises de longueur, et depuis le pont au jardin encore douze toises de Lorraine. Mais il faut observer que depuis la hauteur du parapet au jardin, il s'y trouve vmgt-cinq pieds de France d'élévation à monter.

Autres renvois

A. Jardins de Vaumecour.

B. Porte de la ville.

C. Routte de Nancy.

D. Chemin allant à Robache.

E. Ruisseau de Robache.

F. Parapet de chaque côté du ruisseau.

G. Pont sur le ruisseau et sentier allant à Saint-Roch.

H. Chemin venant de la thuillerie pour engraisser les jardins. I. Entrée du jardin et passage pour Monsieur de Mitry.

J. Autre passage et jardins de Mitry.

K. Jardin à Monsieur Duhard. L. Maison de George de la Porte. M. Maison à Monsieur Raulin. N. Maison à la veuve Mougenot. O. Rigolle de la ville. P. Croix sur le parapet.

Le présent toisé fait par le soussigné

Jean-Joseph Rattaire,

arpenteur

à St-Diez le 23 may 1781 (1).

(T) Rappelons que la toise de Lorraine vaut 2 m. S59 et la toise carrée ou verge 8 m2 175. Schwab, Monnaies et mesures en usage dans les Vosges en 1789, dans La Révol. dans <,es Vosges, I.


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Note sur la Croix de la Porte de Raon (')

L'emplacement de la croix que nous reproduisons est nettement indiqué sur le plan de 1781 conservé aux archives municipales de Saint-Dié (ci-inclus). Elle se dressait sur le parapet qui bordait

alors le ruisseau de Robache à son entrée dans la ville, dans l'axe de la rue Cachée, approximativement à l'angle gauche du grand escalier qui monte au cimetière.

Cette croix fut abattue vers décembre 1793 par le Citoyen Jacquot, entrepreneur de bâtiments à Saint-Dié, qui toucha pour cette destruction 1 livre 10 sols, ainsi qu'en fait foi un mémoire de la commune de Saint-Dié du 6 ventôse de l'an 2 de la République.

C est grâce à l'obligeance de M. Paul Evrat, à qui nous exprimons

(i) G. Baumont. L'enlèvement des signes, extérieur s du Culte à Saint-Dié (Décembre 1793-Février I794J. La Révolution dans les Vosges, 23e année ("1934-35.) t>. 97, passitn.






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notre vive gratitude, que nous pouvons donner ici la reproduction de ce document. Notre confrère ne s'est pas borné à faire photographier la croix, il nous donne, à l'intention du Bulletin, les renseignements ci-après : La croix fut recueillie par Jean-Baptiste Evrat, fondeur de cloches de Saint-Dié. (Une cloche fondue par lui en 1784 se trouve au Musée Lorrain à Nancy). II la fit encastrer dans le mur de la cour de sa maison, 39, rue Haute, maison cédée plus tard à la famille Perrin-Flukiger qui l'occupe actuellement. La famille Flukiger a pris à coeur de toujours fleurir cette croix, souvenir de nos ancêtres.

A. C.



M. Marc FRANÇOIS

Président de la Société Philomatique Vosgienne

Le samedi 23 février 1935, avaient lieu à Saint-Dié les obsèques de M. Marc François, Avocat, Chevalier de la Légion d'Honneur, décoré de la Médaille de la Reconnaissance française, Conseiller municipal, Ancien Adjoint au Maire de la Ville de Saint-Dié, ancien Président de la Croix Rouge, Président de la Société Philomatique vosgienne.

Les cordons du poêle étaient tenus par M. LouL Burlin, Maire de Saint-Dié, M. le Général Tanant, M. L. Feltz, remplaçant M. le Capitaine de Vaisseau Gerspach, empêché, et M. A. Pierrot, Secrétaire de la Société Philomatique.

L estime générale dont jouissait le défunt avait groupé, pour l'ultime devoir, une foule imposante, au premier rang de laquelle se plaçaient les religieuses et les enfants de l'orphelinat, celles-ci portant des gerbes de fleurs naturelles ; suivaient de nombreuses couronnes de la municipalité et de diverses organisations, et les bannières des Sociétés locales.

Aucun discours ne devait être prononcé ; toutefois, M. Louis Burlin, Maire, en de très brèves paroles, fit un magnifique éloge de son collaborateur.

(D'après les journaux locaux).

A son tour, la Société Philomatique voudrait apporter l'hommage de sa gratitude à celui qui, durant plus de quarante ans, fut son conseiller le plus averti et le meilleur artisan de sa prospérité, et fixer, en ses Annales, les traits d'une grande et noble figure déodatienne.

Il fallait pénétrer dans l'intimité de M. Marc François, ce qui était un privilège, pour apprécier à leur juste valeur les plus rares


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mérites, un savoir étendu, une grande bonté, une serviabilité sans cesse en éveil.

Ces belles qualités, la dignité d'une existence remplie par le travail et la bienfaisance, les admirables vertus qu'il dissimulait jalousement sous des apparences rigides, ces trésors de l'élite, n en plongeait-il pas les racines dans le précieux terroir familial ? Son père, Joseph François, était originaire de la Meuse. Après de fortes études au Lycée de Metz, il passa par l'Ecole forestière d'où il sortit en I85Ôavec le N° 1.

Garde général à Saâles, il y épousa Mademoiselle Barthélémy, issue d'une vieille famille du pays.

Lors du décès de M. Joseph François, en 1903, on put dire de lui : « D'un caractère très modeste, M. François parlait plus « volontiers des autres que de lui-même, aimant à les louer et « s'oubliant volontairement. C'était dans la vie privée un homme K de la plus haute honorabilité. Dans chacune de ses résidences, « la dignité de sa vie lui avait assuré l'estime et la sympathie uni(( verselles. Nature droite, il aimait par-dessus tout le bien et la « justice. Sous l'apparence de froideur que lui donnait sa tenue « grave se cachait une vive sensibilité. Il était empressé à soulager « l'infortune ; son assistance était toujours généreuse et délicate ; « il avait grand coeur ; par ses vertus d'époux et de père, il a honoré « son foyer ».

Si nous avons tenu à relater ces traits, c'est qu'ils caractérisent à la fois le père et le fils.

Marc François vit le jour à Saint-Dié, le 12 mars 1865, dans la maison canoniale dite de Jean Basin. Son père, devenu alors Inspecteur des Forêts, y demeura peu ; il fut nommé, en juin 1871, à Saint-Gaudens, puis en 1880, à Niort, où il devenait Conservateur des Forêts. L'enfant commença ses études au Collège de la seconde ville et les continua brillamment au Lycée Niortais.

Licencié ès-Iettres en 1885 (Poitiers), licencié en droit en 1888 (Paris), admis au barreau de Paris en janvier 1889, il commença ses études de Doctorat qu'il interrompit bientôt pour épouser sa cousine germaine, Mademoiselle Barthélémy, (décembre 1890)

Revenu à Saint-Dié, inscrit au barreau de cette ville, il plaida peu ; il se contenta de mettre ses connaissances à la disposition


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des humbles qui étaient toujours sûrs de recevoir de lui les conseils les plus éclairés, mais son existence n'en devint pas moins, dès lors, extrêmement laborieuse.

La vie intellectuelle de cet homme, qui négligea délibérément les hautes destinées, fut intense. Lecteur acharné, il se tenait au courant de toutes les questions juridiques, philosophiques, littéraires, historiques. Ayant, à un moment donné, acquis des propriétés en Tunisie, il voulut, en vue de leur gestion, apprendre l'arabe et parvint à le parler. Séjournant au Dépôt de son régiment pendant la grande guerre, il apprit seul, comme il avait fait pour l'arabe, la langue anglaise dans laquelle il lut, jusqu'à la fin de sa vie, livres et journaux.

Est-il besoin de dire que ces jouissances de l'esprit, vivifiées par celles du coeur, ne portèrent jamais préjudice à d'utiles activités?

Ses confrères savent quels éminents services il rendit, pendant près d'un demi-siècle, à la Société Philomatique, assidu aux réunions, pourvoyeur du Musée, membre du Comité de Lecture, conseiller très averti, guide aimable et sûr. M. François donna au Bulletin de la Société Philomatique de 1925 une note « Sur quelques monnaies gauloises trouvées à Robache (Saint-Dié). Nous sommes persuadé que sa modestie confina dans leurs cartons plusieurs autres études dont il possédait les éléments.

Il avait déjà, avant 1914, mis ses facultés au service de la Ville en remplissant les fonctions d'Adjoint au Maire. Après l'armistice, il fut, seize ans durant, Conseiller municipal et Membre de la Commission administrative des Hospices. Il avait rangé parmi ses louables soucis municipaux la prospérité de la Bibliothèque Municipale ; il fut nommé par le Ministre, en 1912, Membre de la Commission d'Inspection et d'achats de livres de l'Etablissement.

Au moment de la grande guerre, M. François était Président de la Croix Rouge de Saint-Dié. En villégiature au mois de juillet 1914, il était revenu dès les premiers signes avant-coureurs du conflit, et il allait assurer, pendant de longs mois, le fonctionnement de l'Hôpital et du Service de la Croix Rouge, fort bien préparé en temps de paix.

Pendant l'occupation de la ville, il se tint constamment aux côtés de M. Louis Burlin, premier Adjoint faisant fonctions de Maire, pour faire face aux exigences du commandement allemand.


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Une palme d'argent lui fut décernée en 1917 à ce titre, puis, après la Guerre, la Médaille de la Reconnaissance française.

Cependant l'autorité militaire ayant repris la direction de toutes les organisations sanitaires, M. François veut continuer à être utile, et bien qu'ayant 51 ans, père de 7 enfants, dégagé de toutes obligations militaires, il reprend du service comme Lieutenant d'artillerie; promu capitaine, il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur en 1918.

D'une grande vigueur physique qu'il entretenait par une vie active de chasseur et de propriétaire forestier, il aimait son domaine sylvestre qu'il soignait attentivement ; il fit l'admiration de chacun à ce point de vue jusqu au moment où, à 65 ans, un malheureux accident porta un coup funeste à sa belle activité. Les souffrances qu'il endura alors, les privations qui furent les conséquences de la diminution de ses forces furent supportées avec une admirable résignation, comme sa dernière maladie. Mais la mort fut plus forte que la tendresse et le dévouement de l'épouse, plus forte que l'amitié et la science lui disputant une vie précieuse.

La Société Philomatique a perdu en M, Marc François un de ceux qui lui firent le plus honneur ; elle conservera le souvenir de ce confrère affable et bienveillant, savant modeste, homme simple et bon.

A. PIERROT.


ANNALES

DE LA

Société Philomatique Vosgienne

ANNÉE 1934-1935 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Retardée en raison de l'état de santé de M. FRANÇOIS, Président, elle n'eut lieu que le 10 février 1935, sous la présidence de M. André GAIN, Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Nancy, Président de la Fédération historique lorraine.

Après avoir salué la mémoire des confrères disparus, M. A. PIERROT, Secrétaire, donne la parole à M. A. CONTAL pour le compte rendu financier.

Situation financière (Année 1934)

RECETTES

Avoir au 1er janvier 1934. En caisse 218.25

En banque 0.68

Caisse d'Epargne 3.815.67

Compte chèque postal 1.25

Subvention du département 100. »

Subvention de la ville 1.125. »

Cotisations (357) 7.140. »

Intérêts Caisse d'Epargne (1934) 147.31

Rente 4 V2 1932 148.50

Intérêts en banque 49.48

Vente de bulletins anciens 639.25

Conférence de M. Pierrot (tous frais payés) 179.60

13.564.99


— 80 -

DEPENSES

Facture Freisz 94.40

Frais de conférences 86. »

Assurance des collections de la Philomatique 29.40

Frais d'affichage 7.50

Clichés photographiques pour le bulletin 1934 100. »

Timbres de quittance à 0.25 (400) 100. »

Frais d'encaissement, quittances et retour quittances

impayées 320.45

Frais de correspondance, etc 64.45

Impôts et frais en banque 13.17

Cotisation Fédération historique (1933 et 1934) 100.50

Frais d'Enquête sur le Folk-Lore 50. »

965.87

Avoir au 1er janvier 1935. En caisse 780.34

En banque 6.565.05

Caisse d'épargne 4.887.98

Compte chèque postal 365.75

Somme égale 13.564.99

Des félicitations unanimes approuvent l'excellente gestion de M. CONTAL.

Le Comité sortant est réélu.

M. PlERROT présente ensuite l'éminent Conférencier et lui donne la parole. M. GAIN a choisi un sujet particulièrement émouvant : La Lorraine pendant la Guerre de Trente ans. Cette époque héroïque est l'une des plus malheureuses de l'histoire de la Lorraine. Notre pays, à ce moment, sert de champ clos aux armées de l'Europe. Tous les fléaux sont subis : la guerre, dont le burin de Callot a immortalisé le souvenir, la famine, la peste, que les armées traînent après elles. Le résultat est une épouvantable dépopulation. De nombreux villages disparaissent et ne seront jamais rebâtis. C'est aussi une totale démoralisation. La charité des Lazaristes, la sollicitude de saint Vincent de Paul, jettent seules quelque consolation sur cette époque maudite.


- 81 -

CONFÉRENCES HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES

3 octobre 1934. M. Louis MADELIN, de l'Académie française: Les batailles de l'Est en 1914. La trouée de Charmes.

13 janvier 1935. M. Fernand RousSELOT, Homme de Lettres, Président de l'Union de la Presse nancéienne : Nos gens d'autrefois et nos gens d'aujourd'hui.

ANNÉE 1935-1936

ELECTION D'UN PRÉSIDENT D'UN SECRÉTAIRE ET D'UN MEMBRE DU COMITÉ

Le 12 novembre 1935, le Comité a élu à la Présidence M. A. PlERROT, en remplacement de M. Marc FRANÇOIS, décédé.

M. E. BESSON a accepté les fonctions de Secrétaire, et M. REY sera proposé comme Membre du Comité.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

C'est le 17 novembre 1935 qu'elle se tint sous la présidence de M. REY, Professeur honoraire au Lycée Buffon, Membre du Comité.

M. A. PlERROT, Président, après avoir rendu hommage à la mémoire de son prédécesseur, M. Marc FRANÇOIS, évoque avec émotion le souvenir de tous ceux qui, à divers titres, ont contribué, depuis soixante ans, à la marche ascendante et au renom de la Société philomatique, et ont fait de son Bulletin, un monument autorisé de documentation.

M. CoNTAL donne ensuite le compte rendu de la situation financière de l'année 1935, et il est félicité pour sa gestion.


-82 - Situation financière (Année 1935)

RECETTES

Avoir au 1er janvier 1935. En caisse 780.34

En banque 6.565.05

Caisse d'Epargne 4.887.98

Compte chèque postal 365.75

Total 12.599.12

Subvention du département 95. >»

Subvention de la ville 1.125. »

Cotisations (330) 6.600. »

Don de Mme Marc François 500. »

Intérêts Caisse d'Epargne (1935) 211.53

Rente 4 % % 1932 141.07

Intérêts en banque 55.23

Vente de bulletins anciens 114.60

21.441.55 DEPENSES

Facture des Etablissements Cuny (Bulletin de 1934).. 9.869.25 Déficit conférence Rousselot (ticket 500 fr., recettes,

243 fr. Différence en moins 257. »

Frais de conférences 71.15

Timbres de quittance à 0.25 (300) 75. »

Frais d'encaissement, quittances et retour quittances

impayées 333.55

Frais de correspondance, etc 42. »

Impôts et frais en banque 18.55

Cotisation Fédération historique (1935) 50.50

Frais d'enquête sur le Folk-Lore 50. »

Distribution du bulletin en ville 60.50

Souscription à 1 Iconographie de Saint-Dié (Ouvrage

destiné au fonds lorrain de la bibliothèque) 100. »

Quote-part pour frais de réception du 3e Tirailleurs Marocains 50. »

10.977.50


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Report : 10.977.50

Avoir au 1er janvier 1936. En caisse 174.29

En banque 2.500. »

Caisse d'Epargne 7.324.51

Compte chèque postal 465.25

Somme égale 21.441.55

L Assemblée approuve les décisions prises par le Comité dans sa séance du 12 novembre et réélit, à l'unanimité, le Comité sortant, en y adjoignant M. REY.

M. PIERROT présente le Conférencier, M. REY, Membre du Comité de la Société Philomatique, Membre du Comité du Foyer des Ferry où ses causeries sont si appréciées, Vice-Président de la Société de l'Enfance moralement abandonnée de l'arrondissement de Saint-Dié.

Nos lecteurs seront heureux de retrouver dans le présent Bulletin le texte intégral de cette magistrale conférence sur la Sorcellerie en Lorraine et particulièrement dans les Vosges, du XIIIe au XVIIe siècles.

CONFÉRENCES LITTÉRAIRES

16 février 1936. M. A. LEFÈVRE : Les Vosges dans la littérature jusqu'en 1900.

15 mars 1936. M. A. PlERROT : Le Merveilleux dans la Chanson populaire.

NÉCROLOGIE

M. Victor HEITZMANN, Avoué près le Tribunal de Saint-Dié, Membre de la Société Philomatique depuis 1906, Membre de notre Comité depuis 1925, est décédé à Strasbourg le 17 septembre 1935.

Le défunt était également suppléant du Juge de paix et Président de l'Association amicale des Anciens Elèves du Collège de SaintDié. Sa brillante conduite pendant la guerre — il était officier de chasseurs à pied — lui avait valu la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur.

Notre compagnie déplore également la perte de Mme CARTIERBRESSON et de MM. Hubert DE BAZELAIRE DE LESSEUX, HUGUENY Emile, Fabricant de tissus ; LORRAIN, Notaire honoraire ; l'abbé MATHIEU, Aumônier ; D'OLIER, Pharmacien ; PlERRAT, Notaire honoraire ; le chanoine THOMAS ; TISSERAND Ferdinand, Industriel.



LISTE DES MEMBRES

DE LA

Société Philomatique Vosgienne

Comité

Président d'Honneur :

M. "_£ MAIRE DE SAINT-DIÉ

Président honoraire: M. RENÉ JACQUET ;

Président : M. A. PIERROT ;

Vice-Président : M. CHARLES PECCATTE ;

Secrétaire : M. E. BESSON ;

Trésorier : M. ADRIEN CONTAL (1) ;

Membres : MM. ALFRED BOURCIER ; CH. COMIOT ; FRANÇOIS GÉRARD IN ; AUGUSTE GRELOT ; EMILE JEANPIERRE ; ALBERT OHL ; E. REY ; Chanoine ROUSSEL.

Membres d'Honneur

MM. BALDENSPERGER Fernand, professeur à l'Université Harvard, à

Cambridge (Etats-Unis) et 14, rue de l'Abbé de l'Epée, à

Paris (5). BRUNEAU Charles, Maître de conférences à la Sorbonne. BRUNOT Ferdinand, professeur à la Sorbonne, doyen de la Faculté

des lettres, à Paris.

(1) Pour tout ce qui concerne les encaissements, cotisations, changement? d'adresse, prière de s'adresser à M. Adrien CONTAI, Capitaine en retraite 4, Quai du Torrent, Saint-Dié. (Compte chèques postaux : 323,30 Nancy).


-86 - Membres Titulaires (*)

MM. ACKERMANN Michel, chirurgien-dentiste, 19, rue Stanislas. ADENOT Yvonne (Mlle) employée à la Mairie. ALISON Adrien, industriel, à Raon-1'Ëtape. ANDLAUER Louis, colonel, 11, rue du Parc. ANTOINE, directeur d'école, à Moyenmoutier. ARNOUX Valentine (Mme), directrice Ecole Maternelle, 5, rue du Parc. Association des anciennes élèves du Collège de Jeunes Filles,

Mlle FRANOUX, institutrice, rue du Breuil. AuBRY L., vétérinaire, rue d'Alsace. AuBERT Pierre, Ingénieur (A. M.), 171, avenue de la République

Homécourt (M.-et-M.).

BADIER Adolphe, rue du Point-du-Jour.

BALDENSPERGER Théophile, 1, impasse des Capucins.

BALDENSPERGER Emma (Mlle), place Stanislas.

BALOUZAT R., 4, place Saint-Martin.

BALTHAZARD (Mme), institutrice, 13, place Jules Ferry.

BAQUUET, rentier, rue Saint-Charles.

BARJONET (l'abbé), curé-doyen de Bruyères.

BARLIER (Mme), rue Jacques Delille.

BARLIER Paul, maire de Saint-Jean-d'Ormont.

BARLIER Robert, rue des Trois-Villes.

BARTHÉLÉMY Jean, photographe, 12, rue Thiers.

BAUDOUIN, Docteur en médecine, quai Carnot.

BAUER Raoul, négociant, 16, rue Thiers.

BAUMONT G., professeur au Collège, 12, rue du Nord.

BAZE, ancien maire de Moyenmoutier.

BENOIT Victor, rue Saint-Eloi.

BERNARD Pierre, instituteur, LaHaute-Neuveville, par Raon-1'Etape.

BERRET Auguste, 41, rue de Foucharupt.

BERTHIER Maurice, Papeteries de Clairefontaine, Etival-Clairefontaine.

Etival-Clairefontaine. P., professeur honoraire, 33, rue des Trois-Villes.

(1) Les personnes dont le nom n'est suivi d'aucune désignation de lieu ont leur résidence à Saint-Dié.


- 87 - MM.

BESSON, principal honoraire du Collège de Saint-Dié, 44, rue

d'HellieuIe. Bibliothèque Municipale d'Epinal, rue de Nancy, Epinal. Bibliothèque scolaire de Gemaingoutte.

Bibliothèque de Provenchères (M. Claude, ancien dr d'école, bibl.). Bibliothèque du Collège de Saint-Dié.

Bibliothèque scolaire de la Bourgonce (M. Gaxotte, Instituteur). Bibliothèque scolaire, Le Ménil-Thillot. Bibliothèque municipale de Remiremont. BlÈGLE (l'abbé), Curé de Ville-sur-IHon. BLAIRE A., pharmacien, 17, place Saint-Martin. BLECH Emile, (Mme), rue Thurin. BLECH Georges, industriel, 9, rue des Jardins. BLECH Paul, industriel, 27, rue de l'Orient. BLOCH, docteur, rue Gambetta.

BODENREIDER (l'abbé), 3, Boulevard de la Gare, Epinal. BcESPFLUG Charles « Nouvel hôtel », rue Gambetta. BOMBARDE Albert, rue des Jardins.

BOURCIER Alfred, principal honoraire du Collège, rue Stanislas. BOUSREZ, docteur en médecine, à Beulay-Provenchères. BRION, petite rue Concorde. BRUCKER Georges, rue d'Alsace.

BUHR, Inspecteur des Chemins de fer, rue de la Gare. BURLIN Louis, fondeur, ancien maire de Saint-Dié. BuRRUS Jules, manufacturier de tabacs, à Ste-Croix-aux-Mines. BuRRUS Fernand, quai Jeanne d'Arc. BURTSCHELL Jean (l'abbé), curé de Bayecourt, par Thaon-IesVosges.

Thaon-IesVosges. André, industriel, 43, rue de la Bolle.

CARL J., chocolatier, rue Thiers.

CARTIER-BRESSON Charles (Mme), 16, rue de la Ravinelle, à Nancy.

CHANAL Léa (Mme), directrice de l'Ecole des Filles, rue du 10e

Bataillon. CHARLES A., publiciste, avenue du Stade. CHARLES (l'abbé), secrétaire particulier de Monseigneur l'Evêque

de Saint-Dié.


- 88 -

MM. CHARTON (Mlle), avenue de Robache.

CHATELAIN Emile, intendant militaire, 16, route de Gênas, à Lyon. CHENAL Paul, avocat-conseil, 8, rue de l'Amérique. CHOLE Camille (Mme), rue des Trois-Villes. CHRISMENT Gabriel (l'abbé), curé de la Petite-Raon. CLAUDEL Camille (Vve), rue de la Bolle. CLAUDEL-SARTORÉ (Mme), Château de Rouge-Pierre. CLAVELIN Charles, place Clemenceau, Senones. CLÉMENCET Clément, inspecteur de l'Enseignement primaire

honoraire, rue du Maréchal-Foch. CLEMENDOT Pierre, 34 bis, rue Charles Nodier, Besançon. CLERC Ernest, professeur honoraire, chez M. Giry, 7, rue Marsla-Tour,

Marsla-Tour, CLÉVENOT Charles, instituteur à Frapelle. COLIN (Mme), receveuse-buraliste, à La Bresse. COLIN (Mlle), institutrice, à Zainvillers, par Vagney, COLIN Ernest, représentant, 80, rue d'Alsace. CoLNAT, instituteur au Ban-de-Sapt, par Senones. COLNEL Jeanne (Mlle), institutrice à Pajailles (Etival). COMIOT Charles, Boulevard Gouvion-St-Cyr, 87, à Paris. CoNROY Henri, industriel, à Lépanges. CONTAL Adrien, capitaine en retraite, 4, quai du Torrent. Coopérative scolaire, rue Cachée. Coopérative scolaire, rue du 10e Bataillon. CORDIER Jean, directeur d'école honoraire, 1, rue du Point du jour,

à Remiremont. COTTIN, Principal du Collège de Saint-Dié. CRÉTIN Marcelle (Mlle), professeur au Collège Jules Ferry. CROUZIER Paul, 29, rue Carnot, à Raon-1'Etape. CuNIN Albert,, négociant, à Provenchères-sur-Fave. CUNY Célestin, imprimeur, quai Carnot.

DARIDAN Léon, Papeteries de Clairefontaine, Etival-Clairefontaine.

Etival-Clairefontaine. Henri, à Mirecourt. DELAETER Alfred, industriel, 116, rue d'Alsace. DELAGOUTTE, chapelier, rue Saint-Dizier, à Nancy.


-89MM.

-89MM. Charles, avoué près le Tribunal civil des Vosges, 7, place

du Parc. DEYBACH Robert, 34, rue Concorde. DEYBER, chef de Bataillon en retraite, rue du Breuil. DRION (Mme) chez Mme Capus, Provenchères-sur-Fave. DUCEUX Camille, fabricant de bonneterie, 26, rue de la Bolle. DUFAYS Camille, ancien imprimeur, 52, rue Thiers. DUMÉNIL Pierre, Pharmacien, Place Jules Ferry. DURAND Henri, agent d'assurances, avenue de Robache. DUVAL Paul, fabricant de bonneterie, 14, rue des Jardins.

ELBEL Paul, Député des Vosges, 69, avenue de Ségur, Paris (7e).

EMMANUEL, photographe, rue Thiers.

ESCHENLOHR André, 56, rue du Cardinal Mathieu, Nancy.

ETIENNE François, s. p., avenue de Robache.

ETIENNE Henri, à Rambervillers.

EVRARD Pierre-Fourier, (Monseigneur), curé de Notre-Dame

d'Epinal, 6, rue Pasteur, Epinal. EvRAT Paul, rue Haute.

FEIVET (l'abbé) Curé de Saint-Martin.

FERRY Abel (Mme), 1, rue Bayard, Paris (8e).

FERRY J.-B., rue Saint-Charles.

FERRY Robert, instituteur, à Sainte-Barbe, par Ménil-s-Belvitte.

FERZELLE Pauline (Mlle), institutrice, à Clefcy.

FOURIER-MAGNIÉ, 25, rue Germini, à Mirecourt.

FRANCK Victor, président du Tribunal, 26, rue Thiers, Epinal.

FRANCK Camille, colonel du Génie en retraite, 56, rue Vaneau,

à Paris (7e). FRANÇOIS Adrien, 10, chemin de Dijon. FRANÇOIS Marc, (Mme) 9, avenue de Robache. FRANÇOIS-BRAJON Maurice, 30, rue Carnot, à Raon-1'Etape. FRANOUX Jeanne (Mlle), institutrice, rue du Breuil. FRESSE (l'abbé Adrien), curé de Saulcy-sur-Meurthe. FREISZ Gustave, Gazette Vosgienne, rue Thiers. FREISZ Georges, Gazette Vosgienne, rue Thiers. FRIENTZ (Mlle), Avenue de Robache. FROMENT, professeur honoraire, 13, rue du Parc.


-90 —

MM. GALLAND, Conservateur des Eaux et Forêts, rue de la Préfecture, à Epinal. GAMP Henri, entrepreneur de menuiserie, 68, rue de la Prairie. GAUDRON H., professeur au lycée de Douai (Nord), 8, rue des Glacis. GAXOTTE Alfred, 26, rue des Trois-Villes. GAXOTTE Alfred, instituteur, à La Bourgonce. GAZIN, inspecteur des Eaux et Forêts, rue Haute. GÉHIN Pierre, imprimeur, avenue du Maréchal Foch, à Mirecourt. GENAY Léon, professeur honoraire, à Deycimont. GENTILHOMME, étudiant, 9, rue de la Menantille. GEORGE, pharmacien, place Saint-Martin.

GEORGE, Gérant de la suce, des Chaussures Mathis, rue Thiers. GEORGE Pierre, inspecteur des Contributions Directes et du

cadastre, 9, rue du Président Doumer, à Epinal. GÉRARD Aimé, (le chanoine), curé-doyen de Provenchères-surFave.

Provenchères-surFave. Albert (Mme Vve), villa d'Ormont. GÉRARD Henri, avoué, rue des Trois-Villes. GÉRARDIN François, rue Thiers. GÉRARDIN Jean, docteur en droit, They-sous-Vaudémont par

Diarville (M.-et-M.). GÉRARDIN Jean (fils), rue Thiers. GÉRARDIN Georges, agent général d'assurances, rue du Maréchal

Foch. GERLACH Emile, Artiste-peintre, Luvigny.

GÉROME Henri, conseiller d'arrondissement, Saulcy-sur-Meurthe. GERSPACH, capitaine de vaisseau, 57, rue d'Alsace. GILBERT (l'abbé), curé-doyen de Gérardmer. GlRARDET Fernand, professeur de Chimie et Toxicologie, 6, rue

de la Côte, Nancy. GlRARDET (Mme), directrice d'Ecole Maternelle, à Senones. GLEZ (le chanoine Gaston), professeur au Grand Séminaire. GoDCHOT, colonel, 71, Boul. de . Versailles, à St-Cloud (Seineet-Oise).

(Seineet-Oise). F. (Mme), 19, Rue de l'Orient. GORET Léon, professeur au collège, 7, place du Parc. GRANDADAM Emile, greffier de Paix, à Gérardmer.


-91 -

MM.

GRANDADAM Lucien, rentier, 25, rue Thiers.

GRANDCLAUDON Marcel (l'abbé), curé de Racécourt.

GRANDCOLAS Albert, industriel à Lépanges.

GRANDJEAN Gaston, ingénieur chimiste, 65, rue des Trois-Villes.

GRANDJEAN Léon, greffier du Tribunal de Commerce, rue du Breuil.

GRÉLOT Auguste, rue des Jardins.

GRIMAUD (Aimé), Agent de Change, 10, rue des Bégonias, Nancy.

GuÉBlNG Camille (l'abbé), curé de La Chapelle-devant-Bruyères.

GuÉROLDl Maurice, industriel, 79, rue des Trois-Villes.

GuiGNET, (Mme) 63, rue de la Bolle.

HAB Roger, 84, boulevard de Port Royal, Paris (5e).

HANS Maurice, industriel, Le Ménil-Thillot.

HANUS André, Docteur en droit, à Charmes.

HAOUY Ch., usine à gaz, 46, quai de Dogneville, Epinal.

HECK François, architecte, rue d'Alsace.

HEITZMANN Victor (Mme), 31, rue Thiers.

HELLÉ Camille, 9, passage Central, à Bois-Colombes (Seine).

HENRY Renée (Mlle), rue Stanislas.

HENRY R.-T., « Ma Chaumière », 141, rue des Soupirs, Epinal.

HEYMONET Michel, place Stanislas.

HlRSiNGER Pierre, 21, rue d'Hellieule.

HlRTZ Eugène, professeur au collège, 9, rue du Parc.

HûDAPP Marcel, imprimeur, 3, rue de la Croix.

HOUBRE H., menuisier, 25, rue de la Prairie.

HouiLLON Jules (chanoine), Professeur, Institut Fénelon, Grasse

(A.-M.).

HouiLLON (Mme), rue de l'Orient. HouTMANN Lucien, 27, rue Saint-Charles. HuGUENY Auguste, directeur de Filature, 32, rue de l'Orient. HUGUENY Emile, (Mme), 45, rue Saint-Charles. HuGUENY Xavier, directeur honoraire de l'Ecole Supérieure de Filature et de Tissage de l'Est, 38, rue de Remiremont, à ' Epinal.

HuLOT Ernest, avoué, rue Stanislas. HuMBERT Léopold, ancien maire, Provenchères-sur-Fave. HuMBERT Paul (l'abbé), curé archiprêtre de Remiremont.


- 92 -

MM. Huss Georges, à Parcey (Jura).

IUNG Jacques, 14, rue du 10e Bataillon.

JACQUET Robert, docteur en médecine, Quai Jeanne d'Arc. JACQUET René, 43, rue Thiers.

JANOT Jean-Marie, 13, rue Stanislas, à Plombières. JEANNETTE Georges, percepteur, rue Carnot, à Rambervillers. JEANPERRIN (Mme), 4, rue du 10e Bataillon. JEANPIERRE Emile, avocat, 36, rue Thiers.

JULIEN Emile, directeur de la Banque de France, à Charleville (Ardennes).

KASTENER Jean, sous-archiviste des Vosges, Préfecture, Epinal. KlENÈR Georges (Mme), 28, rue de la Bolle. KlRSTETTER Albert, instituteur, à Saint-Blaise-les-Moyenmoutier. KoHLER Robert, industriel, Le Ménil-Thillot.

LACOUR Jules (Mme), à Sainte-Marie-aux-Mines.

LAFOSSE Gaston, expert-comptable, 36, rue du Téméraire, Nancy.

LAHAYE Femand, horticulteur, 2, rue Richardville.

LALEVÉE Victor, instituteur honoraire, Les Aulnes, Fraize.

LALEVÉE, instituteur, à Fraize.

LARGER Louis, industriel, rue Saint-Charles.

LARUE André, industriel, à Senones.

LAUGEL Marcel, dessinateur, chez M. de Mirbeck, 14, rue du Nord.

LAURENT Ernest (le chanoine), supérieur des Missionnaires diocésains, 3, Impasse de la rue du Nord.

LAURENT (Mme), Gendarmerie, Valence (Drôme).

LEBOIME Paul, huissier, 7, rue Claude-Gelée, à Epinal.

LECLERC, dentiste, place de la Gare.

LECOANET P. (Mlle), directrice d'Ecole Maternelle, à Raon-1'Etape.

LESSEUX (DE) Florent (Mme), Provenchères-sur-Fave.

LESTRAC (DE) René, industriel, 24, rue des Trois-Villes.

LÉVÊQUE (l'abbé), Curé-Doyen de Vittel.


-93 -

MM. LlTAiZE (l'abbé), directeur du Foyer Vosgien, 14, rue des Forts.

à Epinal. LORRAIN Henri (Mme), 28, rue Thiers. LoUTZ Charles (père), papeteries de Clairefontaine, EtivalClairefontaine.

EtivalClairefontaine. Charles (fils), papeteries de Clairefontaine, Etival-Clairefontaine.

Etival-Clairefontaine.

MAGNIER André, Professeur au Collège, 20, rue du Maréchal Foch.

MANDRA Paul, capitaine d'artillerie, en retraite, 8, rue du KembergMARCHAL

KembergMARCHAL industriel, rue du 10e Bataillon.

MARCOT André, Instituteur à Wisembach.

MARMOTTIN (Mgr), Evêque de Saint-Dié.

MARTIN René, Inspecteur d'Académie, Niort (Deux-Sèvres).

MARTIN Gaston, professeur au Collège, 82, rue d'Alsace.

MASSON, industriel, rue d'Alsace.

MATHIEU Albert, ferronnier-électricien, 9, rue de la Bolle.

MATHIEU Alphonse (l'abbé), aumônier de couvent, 7, rue de la

Mouline, Remiremont. MATAIS Paul, notaire à Senones. MATT Marie (Mlle), 3, rue des Tanneries. MAUGENRE (l'abbé), curé d'Aydoilles. MECKERT Paul, 86, rue d'Ormont. MECKERT (Mme), institutrice, rue de l'Amérique. MEHL Adolphe, notaire, place Saint-Martin. MEHL Julien, ancien notaire, 11, place Saint-Martin. MELCHIOR, Trésorier de la Caisse d'Epargne. MELCHIOR Robert, Hurbache, par Moyenmoutier. MÈNGIN, instituteur, Les Cours de Saulcy. MEYER Louis, receveur des Hospices, 5, rue du Kemberg. MEYER (Mme), Route de la Justice, Villa Alice, à Toul. MICHEL Denis, secrétaire de mairie, à La Grande-Fosse. MlGNOT Berthe (Mme), directrice d'école, à Epinal. MlNOD (Monseigneur) Archiprêtre de la Cathédrale. MlRBECK (DE) Edouard, architecte, 14, rue du Nord. MOREL C, 21, rue Violet, Paris (15e). MoUGIN Stéphane, avocat, rédacteur en chef de l'Indépendance

Vosgienne, à Remiremont.


- 94 -

MM. MoUROT Albin, avoué, 21, rue Stanislas. MULLÉR Charles, entrepreneur de serrurerie, rue Thiers. MUNDVILLER Louis, comptable, 41, rue Haute.

OHL Albert, artiste-graveur, 11, place Saint-Martin.

OLLONE (le Vicomte Henri d') Général, 46, rue Hamelin, Paris.

OSTER, docteur en médecine, rue de la Gare.

PAVOZ, (Mme) quai Pastourelle.

PAYEUR, instituteur, à Remémont (Entre-deux-Eaux).

PECCATTE Charles, artiste-peintre, 27, rue Thurin.

PETITCOLIN Paul, rue d'HellieuIe.

PETITJEAN Edouard, Etablissements Géliot, à Plainfaing.

PETITJEAN Léon (le chanoine), curé-doyen de Fraize.

PET1TNIC0LAS Edouard, négociant, 34, rue Stanislas.

PHULPIN (Mme), avenue de Robache.

PlERRAT, notaire honoraire, à Fraize.

PlERRAT R. (Mme Veuve), 51, rue Haute.

PlERRE, directeur du Cours Complémentaire de Raon.

PlERRON Charles, négociant, à Moyenmoutier.

PlERROT Roger, Surveillant général au Lycée de Besançon.

PIERROT André, docteur en médecine, à Ban-de-Laveline

PlERROT, Conservateur de la Bibliothèque municipale, 24, rue du

Maréchal Foch. PlERROT Emile (le chanoine), directeur des OEuvres diocésaines à

Epinal, 11, rue Jean Viriot. PoiGNON Marcelle (Mlle), institutrice au collège de garçons, 18, rue

Concorde. PoiROT (l'abbé Théophile), prêtre habitué, Le Thillot. PoNCET (Mlle), directrice du Collège Jules-Ferry. PouLNOT René, avoué à Charleville (Ardennes). PRÊCHEUR Bernard, le Senneçon, Senones. PRÉVOST A., professeur honoraire 11, rue du Maréchal Foch. PRÉVOST Pierre, vérificateur des poids et mesures à Clichy,

20, Avenue Anatole France (Seine). PRÉVÔT (Mme), 33, rue des Trois-Villes. PUTON Bernard, à Remiremont.


— 95 -

MM.

FY, Conseiller Général, maire de Moussey.

RAMSPACHER Xavier, chalet Marie-Thérèse, à Foucharupt. REIMBOLD, instituteur, rue du 10e Bataillon. RENARD Georges, industriel, rue d'Alsace.

REY, Professeur honoraire du Lycée Buffon, 27, rue de la Bolle. RlCH Joseph, professeur au Collège, 14, rue des Trois-Villes. RlEDINGER Robert, 1, rue Dauphine.

RlELLE Hubert, entrepreneur de menuiserie, 49, rue de la Bolle. RlHN Emile (l'abbé), curé de Taintrux.

ROBERT Paul (l'abbé), curé de Saint-Michel-sur-Meurthe, Conseiller général. ROGER François, ancien avoué, 7, rue Stanislas. ROSE Eugène, instituteur honoraire, à La Bolle. ROUSSEL (le chanoine), 4, rue de la Cathédrale, RUYER Léon, docteur en droit, 3, rue de la Gare.

SABY Marcel, avocat, rue Thiers.

SADOUL Louis, président de chambre à la Cour d'appel, 25, rue de Boudonville, Nancy.

SAINSON, ébéniste, rue de la Croix de Mission, Saint-Roch.

SALÈS Paul, ancien négociant, rue Cachée.

SAMSON A., 41, rue Charles-Claudel, à Senones.

SAUVAGE (l'abbé), Missionnaire diocésain, 3, Impasse de la rue du Nord.

SAYER Léon, Directeur d'Ecole de la rue d'HellieuIe.

SCHAMBER-DORRER, rue Thiers.

ScHAUDEL Louis, receveur principal des Douanes, en retraite, 19, avenue de la Chapelotte, à Badonviller (M.-et-M).

SCHERER Francis, 57, rue d'Alsace, ou Retournemer, par Gérardmer.

ScHOENDORFF A., industriel, Le Ménil, par Le Thillot.

ScHMIDT Georges, rue d'Alsace.

ScHMIDT Henri, ancien député des Vosges, Boulevard Raspail, 67, à Paris.

ScHMIDT (le Général), rue Maurice André.

ScHNEPP Paul, 28, rue de la Bolle.


-96 - MM.

ScHEIDECKER Louis (l'abbé), curé d'Uxegney, par Darnieulles.

SEM Camille, rue d'Alsace.

SouiLLARD Paul (l'abbé), curé de Sauville, par Vrécourt.

SPITZ Robert, industriel, rue de Périchamp.

SPITZ Henri, avenue de la Fontenelle.

STRARBACH, notaire, à Valey (Haute-Saône).

SURMELY Emile, Sculpteur-Décorateur, 14, rue du 10e Bataillon.

TANANT (le Général A.), ancien commandant du 10e Corps d'Armée,

Saint-Roch. TERDIEU (Mme), place du Parc.

THIRION G., docteur en médecine, 15 ter, rue d'Alsace. THOMAS Paul, rue Richardville.

THOMASSIN Paul, docteur en médecine à Moyenmoutier. THOUVENIN Antoine, impasse du Beau-Jardin. THRO Emile, (le chanoine), curé de Nomexy. TlNCHANT Louis, industriel, Pont de Bois, par Vauvillers

(Haute-Saône). TISSERAND Ferdinand, industriel, 71, rue de la Bolle. ToURMANN, route de Raon. ToURNADE J., chirurgien-dentiste, 29, rue Thiers. TRESSE (l'abbé), curé-doyen de Châtenois. TRIMBACH Emile, industriel, rue d'Alsace.

VALET (Ruben) Pasteur, 30, rue de la Bolle.

VANÉY A., docteur en médecine, rue de la Bolle.

VARENNE Charles (l'abbé), curé-doyen de Vagney.

VlLMlNOT L., instituteur, à Sauville par Vrécourt.

VINCENT Lucien, instituteur, à Neuvillers-sur-Fave.

VINCENT Maurice, ingénieur des Arts et Manufactures, 9, rue LouisBailly,

LouisBailly, VINCENT (Mlle Marie-Thérèse), quai Jeanne d'Arc. VlON Paul, instituteur, 7, rue des Grands Jardins, à Remiremont. VlRlOT, notaire, rue Thiers. VoiRIN Maurice, 11, rue des Frères-Simon.

WATRIN-FISCHER, (Mme), rue d'Hellieule.


- 97

MM.

WEICK Adolphe, libraire, 27, rue Thiers. WE1LLER Pierre, négociant, rue Thiers. WÉISS Lucien, fabricant de limes, avenue de Robache. WENGER Louis, Capitaine, Etat-Major du Secteur fortifié du Bas-Rhin, 21, rue Philippe Grass, Strasbourg (Bas-Rhin).


SOCIETES CORRESPONDANTES

FRANCE

Bouches - du- Rhône. Bibliothèque de l'Université d'Aix-en-Provence.

Calvados. Société linnéenne de Normandie (Caen).

Charente- Inférieure.

Société des Archives historiques de l'Aunis et de la Saintonge

(Saintes).

Côte-d'Or.

Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon.

Creuse.

Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse (Guéret).

Doubs.

Société d Emulation de Montbéliard. Société d'Emulation du Doubs (Besançon).

Gard.

Société d'Etudes des Sciences naturelles de Nîmes.

Gironde.

Société archéologique de Bordeaux.

Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.


— 99 -

Haute-Marne.

Société historique et archéologique de Langres. Société des Sciences, Lettres et Arts de Saint-Dizier.

Haute-Saône.

Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Haute-Saône (Vesoul). Société grayloise d'Emulation (Gray).

Ille-et-Vilaine.

Société historique et archéologique de Saint-Malo.

Isère.

Académie delphinale (Grenoble).

Société de Statistique des Sciences naturelles et Arts industriels

de l'Isère (Grenoble).

Jura.

Société d'Emulation du Jura (Lons-le-Saulnier).

Loiret.

Société archéologique et historique de l'Orléanais (Orléans).

Marne.

Académie nationale de Reims.

Meurthe-et-Moselle.

Société d'Archéologie Lorraine (Nancy).

Société des Sciences de Nancy.

Académie de Stanislas (Nancy).

« Annales de l'Est » (Nancy).

Archives du département de Meurthe-et-Moselle.

Meuse.

Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc. Société philomathique de Verdun.

Moselle. Académie nationale de Metz. Société d'Histoire et d'Archéologie de la Lorraine (Metz).


— 100 -

Nord.

Société d'Emulation de Cambrai.

Orne.

Société historique et archéologique de l'Orne (Alençon).

Pas-de-Calais. Société des Antiquaires de la Morinie (Saint-Omer).

Rhin (Bas-).

Société Académique du Bas-Rhin pour le progrès des Sciences, des Lettres, des Arts et de la Vie économique, sous couvert Bibliothèque nationale et universitaire à Strasbourg (Bas-Rhin), 6, place de la République.

Club Vosgien (Strasbourg).

Rhin (Haut-).

Société belfortaine d'Emulation (Belfort).

Société d'Histoire naturelle de Colmar.

Musée historique de Mulhouse.

Société d'Histoire du Val et de la ville de Munster.

Sarthe.

Société d'agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, 2, rue de

Tessé, Le Mans.

Savoie.

Société savoisienne d'Histoire et d'Archéologie de Chambéry.

Seine.

Ministère de l'Instruction publique (cinq exemplaires). (1). Société nationale des Antiquaires de France (Paris). Bibliothèque de l'Université de Paris à la Sorbonne.

Somme,

Société des Antiquaires de Picardie (Amiens).

(1) « Les Sociétés savantes devront envoyer au ministère cinq exemplaires de toutes leurs publications. Ces documents sont destinés à la Bibliothèque des Sociétés savantes, et aux commissions de publication du Comité des travaux historiques et scientifiques » (Circul. minist. du 31 Janvier 1881 ).


- 101 -

Vienne. Société des Antiquaires de l'Ouest (Poitiers).

Vosges.

Société d'Horticulture des Vosges (Epinal). Société d'Emulation des Vosges (Epinal).

Algérie.

Société archéologique du département de Constantine. Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran.

ETRANGER

Amérique.

Smithsonian Institution (Washington). Sociedad cientifica « Antonio Alzate » (Mexico).

Belgique.

Société des Recherches historiques et folkloriques du Brabant,

12, Vieille Halle au Blé, Bruxelles. Société Royale d'Archéologie, Musée de la Porte de Hal, Bruxelles. Société des Bollandistes (Bruxelles), 24, boulevard Saint-Michel. Archives de la France monastique « Revue Mabillon », abbaye

Saint-Martin, à Chevetogne (Belgique).

Luxembourg. Institut Royal-Grand-Ducal de Luxembourg (Section historique).

Suède. Institut géologique de l'Université d'Upsal.

Suisse.

Société Jurassienne d'Emulation (Porrentruy). Société des Sciences naturelles de Neuchâtel. Société Vaudoise des Sciences (Lausanne). Naturforschende Gesellschaft (Bâle).



TABLE

Chanoine ROUSSEL. — Quelques notes sur la Jeunesse de

Mgr de la Galaizière, premier évêque de Saint-Dié.. 3

Louis SADOUL. — Un crime à Raon-1'Etape 11

E. REY. — La Sorcellerie en Lorraine et particulièrement

dans les Vosges du XIIIe au XVIIe siècle 21

A. CONTAL. — Le Quartier de la Porte de Raon en 1781 :

Notes de topographie déodatienne 67

A. PIERROT. — M. Marc FRANÇOIS, Président de la Société

Philomatique Vosgienne 75

A. PlERROT. — Annales de la Société Philomatique (AssemGénérale 1934-35. — Conférences historiques et littéraires. — Election d'un Président, d'un Secrétaire, et d'un Membre du Comité. — Assemblée Générale 193536. — Conférences littéraires. — Nécrologie) 79

Liste des Membres de la Société 85

Sociétés correspondantes 98