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Notice complète:

Titre : Revue de thérapeutique médico-chirurgicale : journal des connaissances médico-chirurgicales

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1906-01-15

Contributeur : Blondel, Raoul (1864-1944). Rédacteur

Contributeur : Martin-Lauzer, Auguste-Germain-Marie (1812-18..?). Éditeur scientifique

Contributeur : Hamon, Louis (18..-19.. ; médecin). Éditeur scientifique

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328580736

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328580736/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 9023

Description : 15 janvier 1906

Description : 1906/01/15 (A73,N2).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54872854

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-T33-159

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/01/2011

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73e Année. N° 2 15 Janvier 1906

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

MÉDICO-CHIRURGICALE

SOMMAIRE

PAGES

TRAVAUX ORIGINAUX : Le cancer : augmentation de fréquence.—La question de nature. — Gomment il faut le traiter actuellement. — Toute néoplasie, même bénigne, doit être extirpée, par le Pr AUGUSTE BENOIT, ancien interne et chirurgien consultant des hôpitaux 37

COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE : Séance du 10 janvier 190G. o{

REVUE DES PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES :

Maladies infectieuses : Nouveaux résultats obtenus par la séréthorapie de la scarlatine. — Destructions azotées et antipyrèse clans la fièvre typhoïde. — Sur les crises dans les maladies aiguës..... 52

Maladies générales non infectieuses : Régime des diabétiques. — Le traitement' salicylé du rhumatisme articulaire aigu. —■ Traitement du rhumatisme chronique 53

Chirurgie générale : Blessures vasculaires dans la guerre russo-japonaise. —Traitement opératoire des fractures de la rotule. — Hémothorax traumatique. Evolution clinique et indications chirurgicales. — Les hémorroïdes internes, traitement dans les premières périodes. — Sur le traitement du cancer de l'oesophage par les rayons X. — Importance des rayons de Roentgen dans le traitement des sarcomes lymphatiques. — Traitement des inflammations aiguës par l'hypérémie par stase '. ; ! .' 54

Maladies de l'estomac et des voies digestives : Des masticatoires comme traitement deThyperchorhydrie stomacale. — Le traitement de la constipation habituelle 58

Appareil pulmonaire. Coeur et vaisseaux : Traitement des cas avancés de tuberculose pulmonaire. — Traitemement des névroses cardiaques. — Tachycardie paroxystique, traitement. — Les effets cardiovasculaires du chloral, du dormiol, de l'hédonal et de l'isopral. ' 59

Maladies du système nerveux : Traitement de l'ataxie locomotrice. — Traitement de l'incontinence d'urine d'origine neurasthénique par !e courant d'induction. — Contribution au traitement de la migraine .". 61

Maladies du larynx, du nez et des oreilles : Traitement de la laryngite tuberculeuse. — Thyrotomie ou laryngectomie : notes sur la fréquence de la nature maligne de l'enrouement chronique. •— Des pareslhésies de l'arrière-gorge, traitement.— Emploi de la.pyoctanine dans l'otito moyenne • ... .. . purulente chronique .... ..63.

Maladies vénériennes. Maladies de la peau : Traitement du psoriasis. •— Le sous-carbonate de fer comme topique des ulcères atones. — Sur le traitement mercuriel précoce de la syphilis 64

Maladies des voies urinaires : L'urétrite slaphylococcique par coit ab ore. — Urétrite non gonococcique. — Traitement des étals consécutifs à l'urétrite chronique antérieure. — Les ulcéralions blennorragiques. — Traitement de l'hypospadias. — Uretéro-héléro-plaslié. — Libération externe do l'uretère. — Contribution à l'étude de l'implantation vésicale de l'uretère. — Traitement du rhumatisme blennorragique par la vésiculectomie. 66

Gynécologie et Obstétrique : Traitement des salpingites. — Cancer du col de l'utérus traité avec succès par la radiothérapie 68

Pharmacologie : Les lécilhines et le lait. — Action du thé en infusion. — Que devient la paraffine dans le corps humain 69

VARIETES ET NOUVELLES : XV" Congrès international de médecine. — Chronique des hôpitaux.— Infirmerie spéciale de Saint-Lazare.— L'élection de M .Lannelonguc.—• Distinction honorifique. — Nécrologie 71

BIBLIOGRAPHIE : Physiologie delà lecture et de l'écriture.—Interprétation nouvelle du mécanisme

de l'hémoptysie tuberculeuse. — Thérapeutique préventive de l'hémoptysie 72



REVUE DE THERAPEUTIQUE MEDICO-CHIRURGICALE 37

TRAVAUX ORIGINAUX

LE CANCER

Augmentation de fréquence. — La question de nature. — Comment il faut le traiter actuellement. — Toute néoplasie, même bénigne, doit être extirpés.

' Par le Dr AUGUSTE BENOIT,

Ancien interne et chirurgien consultant des hôpitaux.

En l'état actuel de nos recherches sur le cancer, il peut paraître téméraire de chercherà mettre un peu d'ordre parmi les opinions théoriques en présence, de faire jaillir quelque lumière de tant d'obscurité. Pareille entreprise exige un véritable effort; aussi aurais-je reculé si je n'avais aperçu, au cours de mes recherches documentaires et de mes propres observations poursuivies depuis plusieurs années, quelques points solides sur lesquels étayer mon raisonnement. J'estime que pareil travail pourra ne pas être inutile à ceux d'entre nous exclusivement voués à la recherche des causes nosologiques et dont le labeur ardu et méritoire est parfois longtemps stérilisé par des idées préconçues, ainsi que par l'esprit d'école qui pèse sur eux. J'y vois ensuite l'avantage de soumettre au jugement de tous ceux qu'intéresse ce sujet capital, les réflexions que m'a suggérées l'étude des documents que j'ai réunis et d'offrir à leur contrôle mes propres résultats, obtenus en employant la thérapeutique que je crois la plus rationnelle.

J'ai publié dans cette Revue (numéros des 15 novembre et 1er décembre 1901) une première monographie, dont le titre : De la curalilitè du cancer, témoignait de l'impression profonde, trop enthousiaste peut-être,-que m'avait causée la cure radicale persistante d'une tumeur maligne,après exérèse chirurgicale, ainsi que révolution clinique toute particulière du cancer chez d'autres malades soumis avec persévérance à l'action de certains agents thérapeutiques. Fort d'une plus ancienne expérience, je puis dire que si j'ai vu ma foi diminuer devant l'impuissance de guérir par un traitement médical qui semblait promettre beaucoup, je l'ai vue au contraire se fortifier dans la croyance à la réalité de la cure définitive par la suppression du foyer cancéreux, lorsqu'on a la chance, en agissant tôt, de la réaliser intégralement. Quant aux moyens médicaux, on verra, par la suite, à. défaut d'une action curatrice certaine, les services qu'ils sont appelés à rendre et quels sont ceux qui méritent d'être conservés. Il est fort important de les connaître, car ils demeureront longtemps notre seule ressource, la découverte d'un médicament spécifique n'apparaissant pas devoir être prochaine. Telle est du moins la conclusion qui se dégage des considérations que je vais exposer.

Et tout d'abord, disons que nous sommes seuls, en France, à ne pas accorder à cette question l'intérêt qu'elle réclame. En effet, bien qu'elle soit assez inférieure à celle qui est


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notée dans certains pays (Angleterre, Amérique), la proportion de décès par cancer a augmenté dans ces vingt dernières années dans le pourcentage de la mortalité générale. Peut-être apparaît-elle davantage depuis que le nombre des décès par les maladies infectieuses s'est abaissé sous les progrès de l'hygiène. Les affections cancéreuses n'en demeurent pas moins un fléau redoutable qui cause la mort d'un sujet sur dix, au minimum. Or, comment leur élude se poursuivrait-elle avec fruit parmi nous, la clinique et la bactériologie se trouvant en des mains différentes, sans aucune corrélation sérieuse? On ne peut tenir pour suffisant le travail de laboratoire de nos hôpitaux généraux, où quelques élèves font leur apprentissage. En Angleterre, en Russie, en Amérique, des Sociétés se sont fondées, des cliniques et des hôpitaux spéciaux ont été institués exclusivement dans le but de recevoir et de traiter les cancéreux. Nous sommes donc forcés d'avoir recours au travail de ces fondations étrangères pour vous renseigner sur la pathogénie, l'anatomie pathologie et le traitement des tumeurs malignes. C'est ce que j'ai fait pour ma part et je commencerai par donner, d'après les auteurs anglais, l'exposé suivant, dont la portée pratique est considérable.

■ I

Il existe une communauté d'origine absolue entre les tumeurs bénignes

et les tumeurs malignes.

Les arguments qui le prouvent ont été rassemblés par Charles W. Cathcart, qui en sa qualité de chirurgien et de conservateur du Muséum du Collège Royal de chirurgiens d'Edimbourg, a pu classer après examen un nombre considérable de pièces qui lui ont servi à faire sa démonstration devant cette Société, avec projections à l'appui. Cet auteur ne se dissimule pas qu'il n'est pas le premier à avoir formulé cette proposition. Mais constatant qu'il y a encore de nombreux opposants, d'autres simplement hésitants, il a entrepris d'établir qu'il n'y a pas une ligne de démarcation absolue entre les tumeurs bénignes et malignes. Les différences sont des différences de degré, et non d'espèce. M. Bland-Sutton's, dans un livre récent sur les tumeurs, écrit que « l'effet nuisible des tumeurs bénignes dépend entièrement de leurs rapports avec les tissus ou organes qui leur sontcontigus, tandis que les tumeurs malignes entraînent la mort, quel que soit leur siège».

11 y a plus, et W. Cathcart, s'autorisant de nombreux pathologistes des plus connus qu'il cite, réunit ses arguments sous trois chefs principaux :

1° Malignité des néoplasmes d'une même espèce suivant une gradation facile à démontrer, en examinant des tumeurs provenant de sujets différents ;

2° Changement de caractère d'une tumeur, qui, de bénigne devient maligne, chez le même individu ;

3° Apparition de certains caractères paraissant appartenir aux seules tumeurs malignes, au cours de l'évolution de néoplasmes, d'ailleurs bénins.

Gradation dans la malignité :

C'est dans la classe des tumeurs des os que l'on en trouve le plus d'exemples. Ce sont

d'abord les tumeurs cartilagineuses, dont beaucoup offrent des caractères microscopiques

exclusivement bénins, tandis que d'autres atteignent localement un accroissement de

volume qui semble sans limite, et sont suivies elles-mêmes par des tumeurs qui se pro.

pro. par la voie sanguine. Les fumeurs osseuses elles-mêmes peuvent être suivies depuis


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les productions bénignes et circonscrites, jusqu'à celles qui s'accroissent sans limite et récidivent après l'ablation, jusqu'à en arriver à celles qui sont décrites soris la dénomination de sarcomes, avec leurs caractères malins si tranchés. Les tumeurs centrales ou médullaires viennent ensuite, ayant toutes le caractère propre aux cellules myéloïdes (myeloid cells), dans les formes les plus simples, comme dans les plus malignes^ la série suivant la même gradation que dans les classes précédentes. Il est aisé, en parcourant ces séries, de reconnaître les différents stages de la malignité, ainsi que les caractères transitoires (halfwaycharacters) par lesquels elle passe, tels que l'accroissement local et la dissémination sur place, avec ou sans encapsulation. Ce qui est encore plus caractéristique, c'est de constater, dans une même tumeur dont certaines parties paraissent inoffensives et d'autres ■malignes, la transition graduelle de l'une à l'autre, et nullement un mélange de deux espèces distinctes. En un mot, il y a similitude de structure entre les tumeurs qui composent chaque série.

Tumeurs fibreuses. — Cette classe présente un type de pseudo-malignité dans les fibromes ■récidivants. Quelques-uns présentant une capsule apparente, n'en récidivent pas moins après l'ablation. Au microscope, comme à l'oeil nu, leur structure indique déjà cette gradation,car ils ont par endroits la structuredes fibromes types,et dans d'autres celle du sarcome. Virchow a lui-même appelé l'attention sur l'absence de limite entre le fibrome tubéreux et le sarcome, en donnant à certains types la dénomination de « formes de transition ».

Tumeurs rénales. — Les séries graduelles se trouvent indiquées dans un ouvrage du Dr Kelynack's. Les « kyste's trabéculaires » avec tumeurs papillaires sont particulièrement enclins à s'accroître indéfiniment et à manifester des caractères malins. Ce fait a été reconnu de beaucoup de pathologistes. Les différentes formes d'adénomes se confondent aussi les unes avec les autres. Ricker, Delafield, Willet ont noté leur tendance maligne fréquente, bien que leurs caractères microscopiques doivent les faire considérer comme des kystes simples.

Adénomes sébacés. — Le Royal Collège des chirurgiens possède des exemples des degrés variés de malignité de ces tumeurs, qui, tout en ayant les mêmes caractères microscopiques, peuvent aller des formes pédiculées les plus simples aux formes disséminées, et infiltrées dans les tissus voisins.

Tumeurs du sein. — Le P 1' Halsted a décrit sous le nom à'adéno-carcinomes du sein des tumeurs qu'il suppose à mi-chemin (half-way) entre l'adénome et le carcinome. Mêmes exemples fournis par M. Thorburn. {Illust. Med. Netvs, 14 sept. 1899.)

Tumeurs kystiques du testicule. — D'après l'opinion de M. Eve, qui en a examiné un grand nombre, « il n'y a pas de différence originelle entre les tumeurs kystiques bénignes et malignes du testicule; ce sont purement des variétés de la même forme de tumeur ».

Kystes multiloculaires de la mâchoire. — Le même auteur, dans un travail soigné, arrive aux ■mêmes conclusions pour ce genre de tumeurs : « L'opinion générale, suivant laquelle les tumeurs kystiques multilooulaires sont inoffensives, n'est pas fondée. La récidive suit fréquemment leur ablation, soit incomplète, soit même complète avec résection d'une partie -du maxillaire. Et il cite un cas démonstratif que lui a communiqué M. R.-W. Parker. »

Ghorio-èpitMliomes. — On ne peut, en se rapportant à l'autorité de M. Teacher, établir de distinction tranchée entre les simples môles et les môles malins ou chorio-épilhéliomes, que l'on considère leur histoire clinique ou leur apparence histologique.


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Tumeurs de la vessie. — La classe intermédiaire semble constituée, dans cette région, par les tumeurs malignes à surface végétante. En effet, comme le remarque M.Hurry Fenwick (tumeurs de la vessie), elles ont l'indolence de papillomes simples au début, tandis qu'elles sont malignes par leur mode d'implantation.

Transformation de tumeurs bénignes en tumeurs malignes :

M. Cathcart a recherché des cas de cette espèce, en même temps que la présence simultanée des deux genres de néoplasies chez le même sujet. Sa démonstration porte sur des tumeurs de diverse sorte : fibrome du cuir chevelu, devenu malin parmi plusieurs grosseurs du même genre que portait un patient depuis l'enfance. L'ulcération se manifesta à l'âge de quarante-sept ans seulement, et on constate, après l'ablation, que le tissu fibreux, bien développé par places, était dans un .stade beaucoup plus précoce sur d'autres points. De même, un Icyste sébacé de la même région, porté par une femme depuis trente années, prit à l'âge de soixante ans une allure maligne rapide, avec engorgement ganglionnaire. La patiente étant inopérable ne tarda pas à mourir dans un asile. Plusieurs verrues de la main se convertirent en épithéliomas (Oliver Pemberlon). Un cancer mélanique, plusieurs fois récidivant et finissant par entraîner la mort, fut observé chez une femme ; l'origine était une simple tache pigmentaire du dos. Les tumeurs de la parotide fournissent plusieurs exemples de transformation, après être restées slationnaires de longues années. Les fibromes utérins ont été reconnus susceptibles de subir un tel changement. Le P'' Sénn's en cite un cas dans son livre des tumeurs ; ceci doit être d'autant plus mentionné, que cet auteur niait qu'il pût y avoir un état transitoire entre ces diverses formes. Les récentes discussions de notre Société de Chirurgie à ce propos nous dispenseront de nous étendre plus longuement sur ce point. Ce qui a lieu à l'utérus peut s'observer sur d'autres organes. Mentionnons pour terminer un cas d'adénome bénin de l'intestin transformé en carcinome rectal, cité par le Dr Bail (Deutsch. med. Joum., vol. Ier, 1903), un goitre devenu malin, rapporté par M. Hutchinson, etc. La plupart des pièces auxquelles se rapportent les citations ci-dessus proviennent du Muséum d'Edimbourg.

La présence simultanée de tumeurs bénignes et malignes de même espèce se trouve démontrée dans les observations de tumeurs polypoïdes multiples du rectum et du côlon. SHeur histoire clinique était bien connue, peut-être faudrait-il les considérer comme des exemples de transformation, analogues auxderniers. Il est assez difficile, vu que l'examen a été fait post mortem, de dire si le caractère malin de certaines d'entre elles fut primitif ou secondaire. Toujours est-il que l'on en trouvera des cas dans les Annals of Surgery (vol. XXVI) et dans VEpitome in the Bristish Med. Journal (avril 1899).

Combinaison de caractères.

Nous avons déjà vu des exemples d'accroissement indéfini des tumeurs bénignes, ainsi que des cas de récidive locale, dans la première classe que nous avons passée en revue. Je vais ajouter, comme exemple remarquable de récidive locale, des exemples qui font défaut à la collection de M. Cathcart. Ce sont les lipomes ostêo-périostiques, dont MM. Sebileau et Walther ont cité des cas récents. Ces tumeurs, le plus souvent d'origine congénitale, affectionnent la région de la ligne âpre du fémur et l'on a vu l'une d'elles récidivée après l'ablation.

Il nous reste à montrer des faits d'infection locale ou générale ayant pour origine des néoplasmes bénins. Or, M. Bland-Sutton (p. 418 du Livredes Tumeurs) ci te plusieurs hystes der-


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moïdes rompus engendrant des kystes dermoïdes secondaires dans la cavité péritonéale.On a vu (Gaird) pendant l'ablation d'un kyste parovarien, que tout le péritoine pelvien avait été semé de végétations. Il n'en résulta aucun trouble pour la patiente, qui vit encore huit ans après. ...

Les végétations syphilitiques ou simples sont en réalité une forme contagieuse de tumeurs bénignes, que l'on voit tranférées de l'anUs au pénis par. voie de grattage. Les tumeurs contagieuses du chien, étudiées par MM. Washbour-n et "White sont des exemples du même phénomène. Certaines productions néoplasiques, inoffensives dans leur essence, ont donc un pouvoir contagieux local indéniable.

Comme exemple d'infection générale causée par une tumeur bénigne, on a cité le goitre, qui s'associe parfois avec des tumeurs thyroïdes multiples siégeant dans les os. Mais la malignité de la tumeur primitive peut être ici mise sérieusement en question.

On peut également citer la lipomatose cervicale, dont Debove citait récemment un exemple, avec prolongement rétro-sternal ayant causé des troubles dyspnéiques. graves, et surtout ce curieux phénomène de constatation assez rare, la lipomatose généralisée, où les tumeurs, quoique essentiellement bénignes, n'en montrent pas moins, par leur multiplication indéfinie, un caractère anormal.

On peut donc adopter cette conclusion que chaque type de tumeurs, sans aucune exception, est susceptible de montrer les caractères de la malignité. En thèse générale, plus son organisation est élevée, plus il se rapproche de. la classe simple et vice versa. Selon Cathcart, toutes les tumeurs formées de tissu conjonctif semblent converger vers la cellule ronde du type sarcome, et toutes les formes de tumeur épilhéliale tendent vers le cancer encéphaloïde. Mais, et ceci est capital à noter selon moi, l'évolution clinique présente de sérieuses différences avec ce que nous apprend la structure, et nous ne pouvons nous baser uniquement sur l'examen hislologique pour fixer le pronostic.

On peut, je crois, considérer comme hors de discussion cette filiation étroite de tous les types de néoplasmes. La conséquence, c'est que toute théorie, parasitaire ou autre qui ne s'appliquera pas à la fois aux tumeurs.bénignes et malignes ne saurait nous satisfaire. Il est curieux de noter que, bien que les transformations de caractères, en fait de tumeurs, soient un fait déjà anciennement connu et journellement constaté, beaucoup d'entre nous se refusent encore à envisager les choses sous leur vrai jour. On craint, en adoptant ce nouveau point de vue, de voir bouleverser un classement établi par nos devanciers avec tant de peine, pour retomber dans le chaos primitif. Cette crainte doit aujourd'hui disparaître ; mais à côté du chapitre qui rassemble dans une même description les types bien définis de chaque espèce, les plus fréquents en somme, il est indispensable, pour chaque organe et chaque région, d'établir de nouvelles divisions selon le tissu où elles prennent naissance et leur degré de malignité. Pareil travail ne pourra être mené à bien qu'en tenant compte de leur évolution clinique, à laquelle ces nouveaux documents fournissent un sérieux appoint.

Il

Après cet exposé, auquel je ne pouvais donner un moindre développement, nous examinerons la question de nature et nous aurons à rechercher si les recherches récentes ont pu jeter quelque lumière sur nos vues pathogéniques. Un grand nombre de travaux,

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comme on sait, ont été récemment publiés sur la matière. J'ai pris connaissance de la plupart d'entre eux. On a dressé hypothèse contre hypothèse ; les unes ingénieuses et logiques, d'autres supposant démontrés les faits utiles à la cause. Certaines étonnent par l'incohérence ou la puérilité. Telle cette théorie qui fait de la formation des tumeurs une réaction de défense de l'économie et confond ce processus envahissant avec le processus de défense péri-infiammatoire. Pour la plupart, il est rare que ces longs plaidoyers vous laissent une conviction quelque peu ferme. Mais de l'ensemble se dégage la notion de quelques faits acquis, sur lesquels je reviendrai tout à l'heure.

Deux grands courants d'opinion sont en présence : le cancer est une maladie parasitaire. — Il n'est au contraire qu'un accident de la vie des cellules normales.

La théorie parasitaire est séduisante par certains côtés et elle est dans le goût du jour. Cette théorie repose sur la description de micro-organismes assez semblables les uns aux autres, mais dont la fortune fut précaire, en temps qu'agents pathogènes vraiment spécifiques. Quelques uns méritent pourtant d'être considérés ; il me souvient qu'au temps de mes études, le microbe de Lceffler et le bacille d'Eberth furent longtemps tenus pour douteux, avant de recevoir leur consécration définitive. Nous mentionnerons donc les raisons que l'on donne a priori de l'existence d'un agent pathogène introduit dans l'économie soit par le dehors, soit par le dedans. Le cancer naît le plus souvent dans le voisinage delà surface externe ou interne, celle qui est en contact avec les conduits, avec les canaux glandulaires. Ainsi que le remarquent les auteurs de l'Impérial Cancer Research, sans en tirer d'ailleurs argument dans ce sens, il affecte, non l'individu, mais l'organe sènile. Aussi, l'utérus et les glandes mammaires, qui se sénilisent plus tôt, sontils atteints d'une façon plus précoce, le testicule, plus tard, et la peau en dernier lieu. Ce qui n'empêche pas d'ailleurs le facteur âge d'être toujours au premier plan, ainsi qu'on peut le vérifier chez les animaux. Contre l'opinion généralement admise, M. Bashford soutient que le sarcome n'a pas de prédilection pour le jeune âge ; sa fréquence augmente avec les années, tout comme celle du carcinome. Enfin, et c'est là le fait capital, on est parvenu à l'inoculer chez la souris. Les expériences ont porté sur un nombre considérable de ces animaux (8.000) ; au total, on compte 30 p. 100 de résultats positifs, sans doute suivant les variations de la virulence. Il s'agit bien de greffes cancéreuses ayant donné lieu à la généralisation de tumeurs identiquement constituées. D'autre part, les essais portant sur d'autres espèces animales ont toujours échoué entre les mains de M. Murray. Il s'agit donc là d'un fait limité, dont il convient seulement de prendre acte, bien que les auteurs croient pouvoir conclure de ce vertébré à l'homme.

Examinons donc les résultats obtenus par divers expérimentateurs dans la recherche du parasite supposé. Je parlerai tout d'abord de l'hypothèse développée tout récemment par Henry T. Butlin devant le Royal Collège des chirurgiens. Pour lui, c'est la cellule cancéreuse elle-même qui personnifie l'agent pathogène. La ressemblance est frappante selon lui avec les masses que forment les tumeurs spécifiques de nature infectieuse, telle la luberculose.il existe chez le brochet et le barbillon des tumeurs causées parles myxosporidies qui offrent avec les tumeurs malignes de telles ressemblances, qu'il est presque impossible qu'elles relèvent d'autre chose que du cancer. M. Butlin montre que la cellule carcinomateuse est un organisme indépendant. Celle croyance est aussi celle de MM. Murray et Bashford. Mais Butlin la compare à un protozoaire, vivant en parasite


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dans les tissus de l'animal qu'il a choisi pour hôte, lui enlevant, sans réciprocité, les-éléments nécessaires à sa vie. Elle est en somme souvent une simple masse protoplasmique entourée d'une membrane et contenant un noyau ; ce sont là les éléments primitifs dont se compose un protozoaire, quelques-unes ont, comme lui des prolongements en pseudopodes. Le protoplasma de la cellule contient souvent des granulations et présente quelques vacuoles. Sa dimension et sa forme sont sous la dépendance des conditions extérieures au milieu desquelles elle vit. Sa physiologie est peu connue, vu qu'on n'a pas pu l'étudier en dehors du corps qui la loge. Mais on a tout lieu de croire que sa vitalité est très grande, car les inoculations ont pu être suivies de succès chez les souris, plusieurs jours après l'envoi à distance par la poste.Telles les masses de matière, ellesne meurent jamais complètement, étant renouvelées sans cesse. Chaque unité vivante cellulaire ingère, digère et excrète^La reproduction se fait par segmentation, ainsi qu'on peut le voir en examinant des cellules cancéreuses humaines. Sous l'influence de la chaleur, elles sont animées de mouvements amiboïdes et peuvent changer de forme,manifestant ainsi une vie propre. Ces éléments se transportent à distance et sont partout égaux à eux-mêmes, les tumeurs secondaires servant à fixer le genre de la tumeur primitive. Tel est selon l'auteur, le rôle qu'il faut assigner à cet élément ; seules, dit-il, des idées préconçues sur son origine et sa nature ont empêché d'apercevoir jusqu'ici ce point de vue. Hauser est le seul qui ait soutenu avec cet auteur que les cellules carcinomaleuses sont une nouvelle espèce de cellules. On le voit, le carcinome ainsi considéré n'est pas l'odieuse bête tentaculaire que se représentaient les anciens ; mais ce concept ne diffère guère de l'ancien que par la dimension du parasite. Est-ce de la candeur, est-ce du génie ? Il ne m'appartient pas d'en décider. Je remarque seulement que l'auteur a choisi le carcinome comme type, laissant de côté l'épithélioma et le sarcome qui le gênent. Or, à moins d'admettre que ce dernier soit le produit de la germination d'un micro-organisme spécial, (ce que contredit l'histologie en montrant la similitude absolue des formes élimentaires), on s'explique difficilement la pénétration de ce parasite dans des organes tels que le périoste et les os.

A son tour, Wlaëff, s'autorisant des travaux de Leyden et de Buss, qui ont, l'un, signalé la présence de corpuscules ou blas/omycèles dans les exsudats cancéreux, organismes ana. logues aux levures ; l'autre, isolé ces mêmes corpuscules en cultures pures, a réalisé des inoculations, qu'il dit avoir provoqué l'apparition de tumeurs avec gonflement ganglionnaire. Comme la plupart de celles qui ont été obtenues par des procédés analogues, il s'agit de tumeurs inflammatoires. Cela n'empêche pas cet auteur de conclure qu'il considère les blastomycètes ou levures virulentes comme les agents provocateurs des néoplasmes malins, pénétrant dans l'économie par l'intermédiaire des fruits pourris, fromages avariés, etc. Parlant de ces données et d'études ultérieures sur la réaction d'agglutination du sérum des cancéreux traités ou non traités, vis-à-vis de ces agents, il préconisa un sérum dont l'efficacité ne put être démontrée. Cet auteur, dans un exposé qui manque principalement de clarté (Joum. deMèd. de Paris,1$ juin 1904), fait des rapprochements entre la syphilis et le cancer, que contredisent la clinique et l'observation journalière. Jàboulay trouve suffisantes les preuves d'infecliosité pour qu'on puisse affirmer que toutes les tumeurs sont de nature infectieuse. Différentes en cela des protozoaires (grégarines et coccidies) qui engendrent des tumeurs chez les animaux, les myxosporidies


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qu'il décrit avec figures à l'appui ne demeurent pas régionales,mais envahissent peu à peu ■tous les tissus et viscères. Toute la difficulté consiste à déceler leur présence dans les cancers humains. Il croit y avoir réussi et plaide l'identification des spores sur les préparations qu'il a confrontées. Ces recherches sont trop récentes pour que je puisse citer sur leur valeur une opinion autorisée.

Bien qu'il y ait quelque hardiesse à remonter un pareil courant, je dirai qu'il s'en faut que le caractère infectieux des tumeurs malignes soit évident! L'hypothèse parasitaire, écrit le Directeur de l'Impérial Cancer Research (rapport 1905), a été soumise à de sérieuses critiques de la part de nombreux pathologistes. Il ne possède aucun des caractères des agents infectieux, ne produisant dans l'organisme qui l'héberge aucune réaction générale; il ne semble agir que par sa masse et, chez la souris, sauf le cas de suppuration, il ne détermine même pas de cachexie. M. Murray ajoute que d'après ses expériences, l'élé■

l'élé■ cancéreux donne l'impression d'un organisme indépendant de celui qui le porte, -capable de croître et de se reproduire d'un sujet à l'autre d'une façon indéfinie. Ces deux ..opinions, venant de la même source, sont assez contradictoires. Elles accusent cependant

des différences entre l'agent pathogène du cancer et les agents infectieux.

De sérieux arguments se dressent en effet contre la théorie parasitaire; j'indiquerai les principaux.. L'invasion de l'organisme par un parasite se traduit par des manifestations

■ toujours lesmêmes,pour un agent donné,sauf la question de degré. J'entends par là que le nodule tuberculeux par exemple est toujours identique à lui-même, en quelque tissu qu'on l'observe. Il est la manifestation de l'infection tuberculeuse, et si le tuberculome affecte une forme quelque peu spéciale dans certaines localisations,telles que la tuberculose iléocaecale, ce n'est que par suite de la réaction particulière des parois du A'iscère envahi. La maladie n'en est pas moins une, l'élément destructif affecte les mêmes dehors et tend uniformément à la caséificatioii ou à lacrétification, ou arrêt d'évolution. Pareille uniformité existe pour les lésions de la syphilis, de Vactinomycose, de l'intoxication palustre, etc., pour borner nos citations à des maladies à évolution longue, à l'exclusion des maladies aiguës, auxquelles le cancer ne saurait être comparé. En est-il de même du cancer? Nullement et l'on me permettra ici de tirer argument des travaux précédemment cités qui nous montrent toutes les néoplasies, depuis les plus bénignes jusqu'aux plus malignes, étroitement reliées entre elles. Cette conception s'appuie principalement sur des faits cliniques, faits connus de tous, celui de la transformation fréquente des tumeurs bénignes en néoplasmes malins. Etje partage l'opinion de M. Cathcart, quand il dit que la plupart,

, admettant ces faits parce qu'ils sont indéniables, n'osent pas accepter les déductions qui en découlent et n'ont pas le courage de leurs opinions, parce que ces déductions choquent les idées actuellement en faveur. De fait, c'est cet argument qui gêne le plus les partisans de l'idée parasitaire.

En second lieu, étant donné la fréquence du cancer à la surface externe, si nous songeons que cette affection parait remonter fort loin, la découverte du parasite qui l'engendre aurait dû précéder bien d'autres découvertes, ses qualités contagieuses auraient pu être anciennement connues. Or, nous venons de voir que les microorganismes que l'on a pu cultiver sont communs à des lésions différentes. C'est là tout le résultat atteint jusqu'à nous, malgré les admirables progrès de la technique bactériologique. La preuve par l'inoculation ? Ceux-là même qui l'on faite sur une seule espèce animale déterminée


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font les plus expresses réserves sur la légitimité de son application à la pathologie-, humaine. Ces. résultats appellent donc de nouvelles recherches. ■. ... >v - r>

Il nous reste à examiner de près la contagiosité des tumeurs malignes. Je ne crainspas .r. de dire qu'il n'en existe pas un seul fait bien démontré d'homme à homme. C'est qu'en. effet, bien différente en cela de la syphilis, si facilement transmissible à tous, la carcinose.. ne se développe que sur un terrain spécial, l'affection étant à un haut degré,"sinon fatalement, héréditaire. Les récits pouvant servir l'idée de contagion fréquente, sont bien peu dignes de foi. La croyance « aux maisons de cancer » provient de la même source que les récits fabuleux « des mouvements des objets sans contact», qui remplirent autrefois les revues de l'hypnotisme. Bien que notre, attention soit depuis longtemps éveillée sur la réalité de la contagion qui est de notre compétence, nous n'avons noté jusqu'à ce jour que des cancers atteignant successivement les membres d'une même famille, et cela dans des conditions telles parfois, que l'idée de contagion directe ne pouvait venir à l'esprit. Tel le cas de deux frères, séparés depuis l'adolescence, dont l'un meurt d'un cancer de la langue, l'autre d'un canoer de l'intestin, aux deux antipodes du globe. Du même ordre sont les observations fréquentes de cancer à deux générations de distance dans la même famille et hors des atteintes de la contagion directe. Je sais bien que des observateurs ont signalé des cas qui paraissent formels: une femme (famille Katz) citée par M. Wlaëff, soignant son mari atteint d'un cancer de l'estomac, contracte la maladie au contact des matières rejetées, etsuccombe, un an après, à urt.cancerdu péritoine. Or l'histoire d'une maladie ne saurait être complète, si elle omet de.nous renseigner sur la prédisposition héréditaire. En dehors; de ces éléments indispensables, nous sommes fondés à ne voir là qu'une coïncidence. Le cancer, viscéral, surtout, ne l'oublions pas, figure dans la mortalité générale, pour une proportion assez forte pour que ce genre d'observation.soit fréquent, si les deux sujets, qui ont été en contact appartenaient, chacun pour son propre compte, à une souche cancéreuse? D'ailleurs, à ces faits discutables, j'en opposerai d'autres, ceux-là beaucoup plus probants. On n'a pas cité, que je sache, un seul cas de cancer de la verge chez; l'homme, transmis dans les rapports entre époux, malgré la fréquence connue de l'épithélioma utérin et son début insidieux, longtemps ignoré et souvent dissimulé au mari. La conclusion qui s'impose, c'est que le cancer n'est pas contagieux, ou qu'il l'est fort peu. Il est assez de choses obscures dans son étude, pour qu'il soit nécessaire de proclamer ce qui est hors de discussion. A cet égard, la découverte d'un parasite n'infirmerait, en rien cette constatation rassurante pour la pauvre humanité. Telle la tuberculose dont la Contagiosité fut longtemps mise en doute {Pidoux, avec sa grande expérience, n'affirmait-il pas sur la fin de sa carrière, qu'il n'avait pas vu un seul cas de contagion ?), parce que rare et subordonnée à une question de réceptivité toute particulière ; tel et plus encore, le cancer.

S'il est donc permis déconsidérer en face le cancer sans parasite, d'où nous viendra la vérité sur sa nature réelle? Il n'est souvent pas vérité si difficile à apercevoir que celle qui nous crève les yeux. Peut-être le. dernier mot restera-t-il à ceux qui émirent les idées les plus simplistes, telles que l'hypothèse de M. Butlin; peut-être aussi faudra-t-il revenir à une théorie démodée, celle de Babès et quelques autres, qui accordent aux cellules normales une prédisposition congénitale ou acquise qui les porte à proliférer dans-des sens divers, sous l'influence d'excitations chimiques ou mécaniques, ce qui est parfaitement d'accord avec l'intervention fréquente des irritations et du traumatisme, parmi les


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causes occasionnelles? La cellule cancéreuse, issue des cellules normales de l'économie, portant en elle-même sa force de reproduction et son influence nocive, processus de néoformation comparable au processus de sclérose qui s'empare d'une région ou détruit tout un organe, tel est le point de vue auquel je me rallie volontiers, en me basant sur les considérations qui précèdent.

III De la thérapeutique actuelle.

Nous plaçant maintenant à un point de vue pratique, deux points sortent éclairés du. débat : à savoir que :

Les divers genres de tumeurs sont reliés par des liens étroits, attestant leur communauté d'origine. Le mal est primitivement local.

Je me plais à trouver que c'est là un résultat considérable et dont on peut se contenter, en attendant que de nouvelles acquisitions viennent nous enrichir. Je vais en effet m'en servir pour montrer à quelles règles précises oh doit aujourd'hui se rapporter, dans la thérapeutique du cancer'au point de vue général. D'après les propositions sur lesquelles je m'appuie et qui ne peuvent être mises en doute par des observateurs de bonne foi (sur le terrain scientifique, il ne saurait y en avoir d'autres), on voit que de nouvelles indications surgissent qui nous montrent, d'une part, la possibilité d'éviter une transformation maligne de beaucoup de néoplasmes, en apparence indifférents; d'autre part, que la guérison réelle du cancer confirmé est subordonnée à sa destruction entière et précoce.

Sans doute, on nous a bien appris que plus on met de hâte à opérer, dans les cas de tumeur maligne, plus on a de chances de guérir son malade. Mais la plupart d'entre nous, et des meilleurs esprits, entendent encore par là qu'il ne s'agit que d'un sursis et que la récidive fatale surviendra tôt ou tard, sans tenir aucun compte des statistiques publiées annuellement dans les congrès, où l'on voitdes cures opératoires d'une durée remarquable. C'est à eux que je dédie le contrôle de mes affirmations. Prenons une des interventions les plus controversées, l'extirpation partielle de l'estomac : le rapport du Kocher (de Berne) au XVIIe Congrès français de chirurgie indique tout d'abord que la mortalité est tombée de M % à 17 % et plus bas encore, si l'on tient compte des complications intercurrentes, telles que les affections pulmonaires. La survie pour ses gastrectomies ont été pour quatre malades de trois à cinq ans, pour un de six ans, pour les plus anciens 7, 11 et 16 ans. Plusieurs vivent encore avec un estomac qui fonctionne bien. Combien supérieurs ne seront point les résultats dans les cancers accessibles, où le mal pourra être extirpé dès le début. Cette limitation de la lésion à son début est d'ailleurs admise par des représentants de théories les plus diverses. Que le parasite, en admettant son existence, vienne du dehors ou du dedans, il se fixe et s'établit au sein des tissus qu'il affectionne. Ecoutons Henry T. Butlin à ce propos : « Nous pouvons nous rendre compte pourquoi nos opérations échouent et pourquoi elles réussissent. Les tissus avoisinants ayant été envahis parleparasite,nousn'avonspas porté le couteau assez loin ; or il a déjà gagné quelque glandé ou orgànè voisin. Dans d'autres cas, il est moins vigoureux et actif, et n'ayant trouvé dans les tissus de son hôte qu'une vie précaire, il a pu être effectivement enlevé. L'action d.<îî agents destructifs est ainsi intelligible : c'est une question de complète destruction. »


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D'autres auteurs anglais sont également convaincus que, dans les cas où la marche est lente, le parasite faisant carême dans les tissus qui l'hébergent, il est aisé d'obtenir une extirpation complète et définitive. Dans l'autre camp, on admet, et je suis du nombre, que sous une influence qui ne nous est pas connue, les cellules d'origine normale se mettent à proliférer de manière à former une masse envahissante qui refoule et comprime, ou au contraire infiltre tout ce qui l'entoure. Aussi la rapidité d'extension, et par suite le pronostic opératoire, sont-lls en corrélation étroite avec le siège même du cancer.

Cette limitation originelle m'a surtout frappé depuis quelques années où l'on s'efforce de faire bénéficier cette affection des avantages des nouvelles méthodes, sans autre espoir d'en obtenir autre chose que le soulagement de certains symptômes particulièrement pénibles. En effet, des topiques imprégnés d'antiseptiques puissants ont remplacé les charpies et pommades végétales et autres autrefois en honneur; des lavages fréquents emportent les sécrétions fétides, si bien que le cancéreux résiste longtemps à l'empoisonnement du sang par les poisons sécrétés au niveau de la tumeur. Les abcès, plus rares, sont ouverts ou ponctionnés, lavés et injectés, les ulcérations cautérisées. La'vie est rendue plus supportable à l'infortuné patient, qni ne présente plus qu'exceptionnellement les altérations du teint qui ont longtemps passé pour caractéristiques. J'en ai vu dont l'état général ne différait pas sensiblement de celui des malades porteurs d'une plaie d'une nature quelconque. L'un d'eux, atteint d'un pire cancer, siégeant à la gorge et qui fut examiné par plusieurs de mes confrères, n'a jamais présenté d'ulcération extérieure, malgré des abcès qui se produisirent à la dernière période dans la masse des ganglions du cou. Ce malade, dont l'appétit s'était toujours maintenu, a conservé, jusque dans la période ultime, un teint frais formant un contraste absolu avec sa triste situation.

J'en arrive aux.conclusions thérapeutiques qui me paraissent s'imposer : \& prophylaxie du cancer comporte l'ablation de toutes les tumeurs bénignes, non plus simplement suspectes, mais suffisamment développées pour craindre des accidents futurs. Je ne voudrais pas ici être taxé d'exagération. Il ne saurait être, question de sacrifier toutes les excroissances, telles que de simples verrues qui caractérisèrent jusque dans l'âge avancé d'illustres visages. Mais on fera bien de supprimer, quelle que soit leur innocuité apparente, tous lespapillomesqui, par leur siège, sontexposés àdesfrottements irritants, nommément ceux qui sedéveloppentà la région cervicale,à la main, etc.. Ontraitera de même les loupes, les kystes sébacés, les lipomes placés dans les mêmes conditions défavorables, avant même d'attendre qu'ils soient devenus gênants, les adénomes, si simples qu'ils puissent paraître. On peut espérer ne pas rencontrer trop de résistance chez leurs porteurs, quand on trouve aujourd'hui la décision nécessaire pour se faire extirper l'appendice, dans un but préventif, ce qui confine à la démence.

En ce qui concerne l'èpitlièlioma véritable, ou le carcinome, il faut évidemment distinguer entre ceux qui sont accessibles et ceux qui sont inaccessibles.

Pour les premiers, on peut s'en rapporter à la formule connue, à savoir que : plus le mal est limité, au début, plus large doit être le sacrifice. Le corps du délit sera donc supprimé, et avec lui, sans aucune exception, les ganglions lymphatiques qui commandent la région. Ceci est particulièrement imporlantpour les épithéliomes des lèvres et delà langue. Lejars, Moreslin, Poirier l'ont dès à présent érigé en règle. Il faut vider les creux sousmaxillaires des glandes et en outre de tout leur tissu cellulaire, traversé par les lympha-


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tiques, et il faut agir ainsi dans les cas où la lésion semble même le plus limitée. Aucune sécurité w'est permise sans celte précaution. ..'"..;-.-■■-

La question est autrement ardue en ce qui touche les cancers viscéraux. Si les résultats de la thérapeutique chirurgicale, en ce qui les concerne, laissent tant à désirer, c'est que leur extension a passé toute limite répressible, au moment où nous les révèlent nos moyens d'investigation ordinaires.; On doit donc porter plus d'attention à ce stage précancéreuxdéjà signalé par des auteurs, surtoulenAmerique.il faut noter avec soin les troubles digestifs significatifs par exemple, chez lessujets à hérédité cancéreuse ; faire pratiquer chez eux l'examen du sang, au point de vue de sa richesse en globules, faire doser l'urée ; tous moyensqui, insuffisants isolément, peuvent former, par leur réunion,un faisceau de probabilités profitable au diagnostic. On doit enfin chercher à utiliser dans le même but une réaction spécifique analogue à celle de la tuberculine. En existe-t-il ? Je puis au moins en signaler un, le Sérum d'Adamkievicz. Ce sérum (dénommé fâcheusement cancroïn, ce qui obligea le dissimuler) donne lieu à une réaction locale telle, que je le crois capable de faire apparaître des tumeurs insensibles auparavant àla palpation. Je n'ai pas observé le même effet avec les levures, mais M. Wlaëff réclame la mêmepropriété pour son sérum, et je suis persuadé que plusieurs d'entre ces liquides doivent être utilisables dans ce sens, avant d'être employés comme adjuvants du traitement. Sitôt le diagnostic assuré, on agit sans retard.. Si l'on nous oppose, en le retournant contre nous, l'argument du terrain, nous conviendrons que l'opéré qui a des organes vulnérables au cancer demeurera exposé à de nouvelles atteintes, soitlocales, soit plus ou moins distantes. Du moins, il connaîtra ses points faibles, suivra une hygiène plus appropriée et évitera peut-être une invasion nouvellequi, se produisît-elle, n'infirmerait en rien les avantages qu'il aurait pu retirer d'une première intervention, et pourrait être d'ailleurs traitée avec la même opportunité !

Tout est donc subordonné à l'exérèse précoce et aussi radicale que possible. Dans ma première élude sur la matière (loc. citât.), je disais qu'il est indiqué de préparer le. succèsopératoire en introduisant dans l'économie, par un traitement de quelques jours, des substances dont la présence s'est montrée défavorable à la germination des éléments cancéreux ; ainsi qu'exprimait M. Doyen quatre années plus tard. Je citais alors l'arsenic et la quinine. Je pense aujourd'hui que toute perte de temps serait funeste et que la conduite la plus conforme aux idées que je viens d'exprimer consiste à opérer sans délai. Le traitement médical actuel sera réservé pour la période ultérieure et là, je juge qu'il peut jouer un rôle des plus importants pour assurer le résultat de l'opération et, dans les mauvais cas, éloigner la récidive. Ce traitement demeure notre seule ressource dans les cas inopérables. A ce propos, il convient de faire remarquer combien les limites de la nonopérabilité ont été reculées, puisqu'on a pu, dans ces derniers temps, enlever les deux. carotides infiltrées par les fongosités cancéreuses et voir les malades survivre dans des conditions acceptables. Je dirai maintenant quelques mots des meilleurs moyens à meltreen oeuvre, en attendant la découverte espérée d'un médicament spécifique, analogue au mercure dans le syphilis, qui pourra bien précéder celle du parasite supposé. L'arsenic, hormis le cas d'applications locales sur des cancers superficiels, me paraît avoir usurpé sa vieille réputation. En l'employant même sous forme de cacodylate, je n'ai observé aucun effet spécial sur les cas que j'ai pu suivre de près. Il n'en est pas de même-, de trois autres classes de médicaments : la quinine, les levures, les sérums, principalement.:


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les toxines cancéreuses. J'ai publié en 1901 (l 01' déc, Rev. de thérapeutique) un cas de guérison opératoire durable d'une tumeur fongueuse et végétante du col utérin, dont l'examen histologique fut fait par M. Hallion. Celte opérée se porte à merveille cinq ans après et je suis fondé à croire que la saturation du sang par les injections de quinine n'a pas été sans jouer un rôle dans le rétablissement complet de la malade. C'est aussi l'impression du D 1' Georges Barré qui la soignait et m'a donné récemment d'elle les meilleures nouvelles, Mon confrère et ami, le D''Papillon, attribue également à l'action de la quinine la longue durée de l'évolution d'un cancer qu'il a eu à traiter. Je rappelle que M. Jaboulay, qui préconisa cette méthode, commence par administrer la quinine par la bouche. La dose est de 1 gramme par jour en cachets, avec quelques suspensions. Si le sujet manifeste de l'intolérance gastrique, pp recourt à la voie hypodermique; La formule générale est : sel de quinine 1 gramme., eau distillée & grammes, de sorte que chaque centimètre cube contient 0 gr. 2b de sel. J'ai conseillé, (après expérience, de donner la préférence au çhlprhydrosulfate qui, moins que les autres, donne des indurations douloureuses. Ces injections, suivant la méthode généralement adoptée, doivent être poussées dans les interstices des masses musculaires.

Les levures m'ont paru a,gir dans le même sens. Le néoplasme durcit, se rétracte .et semble entrer quelque temps en régression, pour reprendre .ensuite sa marche envahissante, dès qu'on interrompt. Cet effet a atteint son maximum dans les deux cas où je me suis servi du sérum d'Adamkiéyiez. Ce sérum, à base de toxines cancéreuses humaines, exhale une odeur d'acide phénique, On l'emploie en injectant de 1 à 2 centimètres cnbes à la fois, et j'ai pu aller jusqu'à 10 centimètres cubes, Dans un cas de cancer de l'ajnygr dale, j'ai observé les effets suivants .: une demi-heure après l'injection, le malade est pris de frissons, avec transpirations profuses. La tumeur et les. ganglions se gonflent jusqu'à augmenter d'un tiers le périmètre ducpu. Cet effet dure une demU-heure, après quoi 1P sensation de bien-être succède à cet état pénible, et dès le lendemain, on note une régression notable du paquet ganglionnaire, appréciable à la mensuration et qui persiste si le traite.^ ment est prolongé. Malheureusement, le traitement syphilitique me fut imposé dans ce cas, pour flatter l'espoir du malade, et l'interruption de la sérothérapie /ut marquée, à deux ou trois reprises, par une aggravation immédiate de tous les symptômes.. M. Doyen avait donc raison, dans sa tentative avortée, de penser qu'il faudra considérer la sérothérapie à un double point de vue:.arrêter les accidents en cours, vacciner ensuite le malade contre le retour offensif du mal. A cet égard, il n'y a pas lieu de refuser à son sérum, préparé avec les cultures d'un microorganisme qui habite réellement les tumeurs malignes, les mêmes avantages palliatifs que ceux que je viens de signaler et que M. Petit, si je ne me trompe, a consignés déjà dans la Qmelti des Hôpitaux pour la cancrpj'ne, Ce que l'on ne saurait admettre, c'est qu'un sérum, dont la preuve l'efficacité çuratiye est encore à faire, possède «ae vertu préventive .et puisse être employé comme yacein, ainsi que le prétend M. Doyen. Quant aux effets prétendus curateurs par le traitement médical seul, on peut s'étonner que les auteurs s'appuient sur des cas datant de moins de quatre ans, quand on sait que les tumeurs malignes peuvent évoluer assez lentement. 11 n'est pas rare de voir cette évolution spontanée atteindre trois .et quatre années. Or, dans sa plus récente communication, M. Doyen parle des résultats obtenus chez des malades, dont les plus anciens sont traités depuis quatre ans au plus !


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Pour me résumer, le traitement médical ainsi compris n'eûl-il pour effet que d'enrayer l'intoxication cancéreuse et d'améliorer le. côté répugnant de celte triste affection, qu'il serait cent fois indiqué. Or, on rencontre souvent à l'emploi des sérums actuellement connus une opposition systématique de la part de confrères qui refusent de prêter la main à celte thérapeutique, sans avoir d'ailleurs rien de mieux à proposer. Nous vivons en France sous un régime scientifique qui paraît peu favorable à l'éclosion des grandes découvertes et la régularité avec laquelle elles nous arrivent de l'étranger, aurait dû nous apprendre depuis longtemps la modestie. Si notre rôle doit se borner à contrôler et à mettre en valeur, d'une façon parfois heureuse il est vrai, les travaux de nos voisins, du moins fautil le remplir avec conscience et ne pas condamner avant d'avoir jugé.

Jusqu'à ce jour, le malade à qui nous avons déclaré qu'il a « quelque chose de mauvais dont il faut le débarrasser », comprend à demi-mot. Il se résigne sans trop d'hésitation à se faire opérer, désireux surtout d'être délivré d'un hôte qui en veut à sa vie. Mais c'est le désespoir dans l'âme, car il redoute l'avenir et n'espère rien de mieux du couteau du chirurgien, que la prolongation d'une existence condamnée. 11 y a peu d'années, ces craintes étaient amplement justifiées, le médecin se faisant Complice de l'entourage pour tromper le patient sur la véritable nature de sa maladie et laissait ainsi le mal dépasser les limites de la curabililé. De grands progrès, il faut le reconnaître, mais surtout à l'étranger, ont été accomplis depuis. Les cancers viscéraux sont maintenant opérés relativement de bonne heure ; aussi les résultats sont-ils meilleurs. Notre devoir exige que celui dont la vie est en jeu soit informé de la situation aussi exactement que les ménagements nécessaires le permettent, qu'il sache qu'il peut guérir et à quelles conditions. La tuber. culose a passé parles mêmes phases ; les malades acceptent aujourd'hui ce diagnostic, qui équivalait pour eux autrefois à un arrêt de mort, depuis qu'ils savent qu'elle est curable dans certaines conditions. Cessant d'être un épouvantait, le cancer pourra être traité ouvertement et sans dissimulation, de même que pourraient être fondés des établissements spéciaux en tête desquels les malades ne liraient plus en imagination: « lasciate ogni speranza ». Là seraient poursuivis des travaux et recherches parallèles sur le terrain clinique et expérimental, sous la direction d'hommes compétents, qualifiés par leurs travaux, au lieu d'être choisis au hasard des concours.

Je concluerai en disant que, devant l'inefficacité de toute thérapeutique médicale curative, c'est au médecin qu'il appartient de fournir au chirurgien les moyens d'accomplir la cure radicale du cancer, qui est en son pouvoir exclusif et le demeurera longtemps encore, sinon toujours.

Là ne se borne pas son rôle : il instituera à la suite un traitement médical anti-cancéreux périodique, analogue au traitement anlisyphilitique. Dans les cas réellement inopérables, il possède dès à présent des armes suffisantes pour changer du tout au tout la condition misérable des cancéreux et serait hautement blâmable de n'y pas recourir.

BIBLIOGRAPHIE f

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COMPTE RENDU

DES

SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE

Séance du 10 janvier 1906. Présidence de M. LE GENDRE

M. LAUMONIER, à propos de Vhémoplase, fait remarquer que les' résultats obtenus avec ce produit dans la tuberculose sont à peu près les mêmes que ceux enregistrés par divers auteurs ayant expérimenté d'autres médicaments. Cette constance clans les statistiques semble indiquer qu'une règle générale préside à la réussite des divers agents thérapeutiques : il faut admettre que sur 100 tuberculeux, il en est 70 environ qui doivent guérir ou du moins s'améliorer notablement, et 30 qui succomberont, quel que soit le médicament neurotrophique employé. ' M. GALLOIS, à propos deYévaporationdu chloroforme enfermé dans un flacon bouché à l'émeri, estime qu'il est facile d'éviter cet inconvénient. II en est de même pour les incrustations qui se font entre le flacon et le bouchon quand on se trouve en présence de solutions salines. Le procédé le plus simple est d'enduire de vaseline la partie rodée. Le bouchon tient par son propre poids, et les évaporations ou incrutations ne sont pas à craindre.

M. CHEVALIER, à propos de Yiodomaïsine, croit que ce dernier corps doit plutôt rentrer dans la catégorie des albumines iodées comparables à la thyroîdine; elle a sur cette dernière l'avantagé d'être plus stable. L'orateur ne croit pas que l'iodomaïsine soit un véritable succédané de l'iode et des iodures.

M. LAUFEU lit un travail concernant l'administration nocturne des médicaments : il rappelle que certaines manifestations morbides augmentent la nuit (syphilis, épilepsie, etc.). Or, la thérapeutique n'a pas l'air d'en tenir compte, car on continue en général à donner les médicaments pendant la journée dans les cas de ce genre : s'il s'agit d'un rhumatisme aigu, par exemple, l'évolution de la maladie s'effectue pendant la nuit, sans entraves.

L'orateur cite plusieurs cas dans lesquels des malades, présentant une exaspération nocturne de leur affection, avaient résisté à la médication usuelle et furent guéris dès que l'on fit porter l'effort thérapeutique sur les heures nocturnes : il s'agissait de médicaments à élimination rapide, tels que des iodures et des bromures, le salicylate. de soude, etc.

Il faut admettre que, pendant la. nuit, l'organisme, en état de jeûne relatif, absorbe plus énergiquement les remèdes. L'élimination en revanche, est retardée.

M. LINOSSIER constate que la continuité d'action médicamenteuse présente souvent une grande importance, : il y a longtemps que Hucbard a dit que pendant que le malade dort, lé rhumatisme veille. Mais pour les médicaments à élimination, lente, tels que la digitale, par exemple, il n'est pas nécessaire de les administrer la nuit.

M. LE GENDRE croit que la pathologie nocturne n'est pas la même que la pathologie diurne : tel est le cas surtout dans les affections où l'on observe de l'auto-intoxication. En outre, dans les affections douloureuses, on trouve une sorte d'auto-intoxication nerveuse, de terreur latente qui provoque une exacerbation manifeste des douleurs : l'administration nocturne des médicaments sera alors tout indiquée.

M. LINOSSIER rappelle que, pour obtenir la continuité de l'action du salicylate, il suffit de faire au malade au moment où il s'endort, une application de salicylate do métliyle, dont l'action est lente à se manifester.

M. BUIILUREAUX lit un travail sur le cacodylatede gaïacol : coproduit n'est soluble dans'l'eau que dans la proportion de 5 p. 100 : il contient 50 p. 100 dé gaïacol. L'orateur l'administre on solution aqueuse; il obtient ainsi une action dynamogénique indubitable. L'injection est presque indolore, ce qui tient sans doute à des portions non dissoutes, en suspension dans le liquide injecté. Dans la grippe, l'action antitbermique est remarquable.


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REVUE DES PURIFICATIONS SCIENTIFIQUES

Maladies infectieuses

Dr LESAGE Médecin des hôpitaux.

Nouveaux résultats obtenus, par la sérothérapie de la scarlatine,' par BÊLA SCHICK (Deutsche med. Wochonschrift, 28 décembre 1905). — L'auteur fait remarquer que cette méthode a surtout attiré l'attention des médecins russes, qui se trouvent fréquemment en présence d'épidémies très meurtrières: l'impuissance de la thérapeutique usuelleles a engagés dans cettevoie. Schick a injecté du sérum provenant de l'institut sérothérapique I. R. de Vienne à 60 malades de la clinique du Pr Escherkm. Ces cas ont été choisis parmi les plus graves et ont donné 16,0 % de mortalité. Tous les enfants injectés au cours des 2 premiers jours delà maladie ont été sauvés :un seul enfant injecté le 3° jour est mort. Le nombre total de ces sujets est de 35. Pour le 4e jour, on compte 13 cas avec 4 morts : pour les 7e, 8°etllejour, la mortalité atteint 100 % .

.11 faut conclure de ces faits que l'on doit injecter aussitôt la maladie reconnue ; les effets seront d'autant plus remarquables que le cas paraît plus grave. On ne peut expliquer que par une action antitoxique intense les phénomènes observés : le sensorium revient à la normale, la cyanose disparaît, l'exanthème pâlit, et dans beaucoup de cas la température revient à la normale, sans collapsus, 4 à 6 heures après l'injection.

Les cas les moins favorables sont ceux où le nasopharynx et les lymphatiques de la région sont fortement atteints.

Dans 26 cas sur 60, la chute thermique a atteint plus de 2° en 24 heures, dans 4 cas elle fut de plus de 3°.

L'injection ne semble pas empêcher l'apparition de troubles néphritiques : on les a décelés 2 fois sur 49 cas guéris, 4 fois sur 11 autopsies.

Dans 15 % des cas, l'injection fut suivie de troubles attribuables au sérum : dans 5 cas seulement ces troubles présentèrent une certaine intensité. On n'observa jamais d'abcès au point d'injection.

Dans les cas graves, il faut toujours injecter au moins 200 ce. à la fois ; dans 2 cas, avec terminaison exceptionnellement favorable, la quantité injectée en une fois a été de 400 ce.

E. VOGT.

Destructions azotées et antipyrèse dans la fièvre typhoïde, par P. DEUCHER (Zeitschr. f. kl. Med. 5, 1905). — Les recherches de l'auteur ont porté sur douze cas de fièvre typhoïde. L'alimentation des malades était principalement composée de lait auquel on ajoutait de l'eau ou du thé avec du sucre, du cognac ou du vin, parfois aussi du bouillon avec un oeuf. On a déterminé l'azote des aliments, de l'urine et des selles. La première période fébrile de la recherche, pendant laquelle on s'abstint de toute intervention thérapeutique, a duré de un à trois jours ; à cette période a succédé une autre d'antipyrèse. On a supprimé la fièvre pendant deux jours, une fois durant quatre à cinq jours par des antipyrétiques médicamenteux, pyramidon, quinine, euquinine, parfois lactophônine, phénacétine, thalline. Ces médicaments ont été employés à des doses qui ne provoquaient pas de frissons. Enfin une autre période d'observation a suivi pendant laquelle on ne faisait pas de traitement. Ces recherches ont montré que l'antipyrèse artificielle par les médicaments diminue l'élimination de l'azote, que celle-ci atteint cependant ensuite des valeurs plus élevées qu'avant la médication. En renouvelant l'emploi du médicament l'action de ce dernier devient de plus en plus faible. La quinine et l'euquinine ont donné les actions les plus intenses.

L.JUMON.


MEDICO-CHIRURGICALE

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Sur les crises dans les maladies aiguës, par

0. ROSENBACH (Fortschritte cler Med., nos 18, 19, 1905). —- La notion de crise dans le sens employé par Galien subita morbi ad sanitalem conversio n'est guère admise des jeunes générations médicales que dans la pneumonie. Cela est dû à ce qu'on ne tient compte que d'un seul critérium, fourni par la courbe de la température. Dans la thermométrie, comme on la pratique aujourd'hui, on enregistre de petites oscillations thermiques;qui étaient ignorées autrefois des médecins, de sorte que le tableau classique de la crise ne se montrait pas. D'un autre côté l'abaissement subit de la température succédant aux phénomènes d'excitation, de la perturbation critique et associé à des symptômes de dépression de l'activité réflexe, sueurs, pouls petit, peu tendu, peau froide, somnolence, a souvent la signification d'un collapsus ; les excitants sont alors souvent inutiles et parfois nuisibles pour provoquer des réactions. II ne faut pas y avoir recours, si des phénomènes menaçants, comme une violente douleur abdominale, la pâleur, des signes d'hémorrhagie interne, des vomissements, l'oedème pulmonaire, la disparition d'un bruit cardiaque,- le rythme de galop, le pouls faible, ne sont pas associés à l'abaissement de la température. Comme dans les maladies fébriles aiguës, l'acmé de la fièvre est la résultante entre l'excitation, c'est-à-dire l'intensité de la maladie et la réaction, on pourra donner une petite dose d'antipyrétique, phénacôtine ou antipyrine, 0,25 et 0,50, quatre à six.heures environ avant le début de l'élévation attendue de la température. Parmi les autres médicaments l'auteur recommande dans la fièvre typhoïde de petites doses de quinine, 0,20 à 0,40 par jour, l'alcool et les excitants seulement dans le collapsus, la digitale avec l'acide chlorhydrique dans tous les cas d'hyperthermie, où le tonus vasculaire est insuffisant.

L. JVJMON.

Maladies générales non infectieuses

T>r CHASSEVANT Professeur agrégé a la Faculté de Médecine.

Régime des diabétiques. (Société vandoisc de médecine, 7 octobre 1905). — Au cours de cette discussion, TAILLENS fait remarquer que la pomme de terre -bouillie ne lui a donné que des résultats incertains ; JAUNIN, s'appuyant sur deux cas mortels, fait, ressortir les dangers do l'ingestion immodérée de raisins, au moment des vendanges, par des sujets atteints de diabète

non soupçonné ; BERDEZ, GONIN préconisent l'interdiction du tabac; DUFOTJR appuie les conclusions des deux derniers orateurs à cause de l'atrophie du nerf optique, fréquente chez les diabétiques; l'usage du tabac ne peut qu'augmenter la prédisposition à cette affection.

E. VOGT.

Le traitement salicylé du rhumatisme articulaire aigu, par LINOSSIER et LANNOIS (Journ. des praticiens, 23 décembre 1904). — Lés auteurs, contrairement à l'avis du Pr Sehmîtt, de Nancy, estiment que les applications externes de salicylate de méthyle agissent aussi bien sur les phénomènes généraux que sur les douleurs articulaires, à condition d'employer des doses suffisantes, c'est-à-dire 10 à 12 grammes par jour en cas de rhumatisme articulaire aigu; ces doses correspondent- à 8 grammes de salicylate pris à Tïntérieur.. L'indication de préférer l'application externe de salicylate de méthyle à l'ingestion de salicylate de soude se trouve dans l'état des voies digestives.

B. VoST.

Traitement du rhumatisme chronique, par

PAINTER (Med. Neivs, 23 décembre 1905). — L'auteur distingue trois grands groupes de rhumatisme chronique : celui d'origine infectieuse, la forme atrophique et la forme hypertrophique. Dans le premier cas il n'y a pas. grand'chose à obtenir de l'emploi des applications salicylôesetde la chaleur. Dans la période aiguë, le repos de la jointure et les moyens propres à calmer l'inflammation et la douleur sont indiqués. Dans l'arthrite blennorrhagique, il est mieux clans certains cas d'ouvrir l'articulation par deux incisions latérales et de la laver avec une solution saline chaude. Mais l'intervention chirurgicale n'est autorisée que si les phénomènes d'acuité s'aggravent rapidement. Les résultats donnés par le traitement de Bier dans les arthrites suppuréos ou non ont été très satisfaisants surtout pour combattre la douleur, mais il est difficile de savoir si l'on obtient encore une meilleure mobilité de la jointure. Le massage, la congestion passive, les douches chaudes locales favorisent la résorption des. infiltrations. Le massage mécanique et les exercices avec les appareils de Zander sont très précieux dans le traitement consécutif des cas infectieux, surtout lorsque la sensibilité est assez tombée pour permettre quelques mouvements. L'emploi de ces appareils offre certains avantages dans le type atrophique de l'arthrite où il n'y a pas d'éresions des cartilages. Dans


54- REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

la forme .hypertrophique il peut causer une : aggravation des symptômes. D'autres arthrites dues à des infections plus légères peuvent être efficacement traitées par des injections phoniques ou par l'ablation des villosilés suivie du lavage de l'articulation avec une solution antiseptique ou une solution saline.

Contre les affections polyarlhritiques générales, on pourrait opposer l'action des sérum s aïitistreptococciques, mais il est impossible de dire aujourd'hui à quel point le résultat de ce traitement qui semble rationnel se maintient.

Dans tous les cas il faut instituer un traitement tonique général, car la nutrition a toujours souffert.

Le traitement des formes-atrophiques d'arthrite peut être divisé en constitutionnel, mécanique et opératoire. Le régime doit être substantiel pour relever l'état général. Les iodures et les salicylates dont on a fait abus, n'ontpas grande action et peuvent causer de la dyspepsie. Le traitement mécanique est indiqué dans les difformités qui succèdent aux contractures. Il importe beaucoup de corriger la difformité parce qu'on permet ainsi au patient de se mouvoir et de faire de l'exercice, et parce qu'une difformité qui date de longtemps est plus difficile à corriger.

Le massage et les mouvements passifs sont avantageux à toutes les périodes de la maladie. Quant au traitement opératoire, l'excision des grandes articulations ne donne pas de résultats très satisfaisants. Le plus souvent il seraprélerable de pratiquer l'arthrotomie et d'enlever tous les épaississements de la capsule qui causent de la douleur et limitent les mouvements.

Dans l'arthrite hypertrophique on peut négliger le traitement constitutionnel. Il faut seulement, combattre la constipation, puis stimuler de toute manière les fonctions ôliminatrices de la peau. Dans la période aiguë on peut permettre tout mouvement qui ne cause pas de douleur. Les manipulations sont contre-indiquées à toutes les périodes de cette forme d'arthrite. Lorsque la période aigué est passée et qu'il subsiste des déformations, on los corrige, si c'est nécessaire, par l'ostéotomie. On peut, arrêter le développemeut des lésions des doigts en faisant porter de petites attelles pendant la période de développement de la maladie, mais la plupart des malades préféreront les difformités à la privation de la fonction des mains pendant le traitement. Pour les genoux il n'y a aucun avantage à enlever los nodosités d'Heberden. La hanche doit être protégée par Mil spica pendant un temps indéfini.

L. JUMON.

Chirurgie g-énérale

D 1' BENOIT Ancien interne des hôpitaux.

Blessures vasculaires dans la guerre russojaponaise, par M. L. BORNHAUPT(Arch. f. Klin C/i.,LXXVII,3).—Observations du plus haut intérêt, car elles bouleversent toutes nos idées sur le traitement des plaies vasculaires par balles. Ce changement, observé par l'auteur à l'hôpital d'arrière de Kharbine, est entièrement dû à la balle moderne. Le caractère et l'évolution de ces plaies se présentent sous un jour entièrement nouveau. La ligature immédiate, autrefois de règle pour une grosse artère, est exceptionnelle. Ce qui paraît devoir être établi en règle, c'est de favoriser par le pansement aseptique et l'immobilisation le développement de l'anévrysme traumatique, qui est susceptible de guérison spontanée ou de cure opératoire. 22 faits observés se répartissent ainsi : 3 hémorrhagies (carotide primitive, carotide interne, fémorale profonde). Les plaies étaient infectées, ce qui eût pu s'éviter par des pansements immédiats mieux compris, l'hémorragie n'eût pas eu lieu. Les deux blessés atteints au cou, après ligature des gros vaisseaux, guérirent. Le troisième, atteint à la cuisse, transporté onze jours sans attelle, avait de le gangrène gazeuse et succomba. Chez 8 autres blessés, la blessure avait occasioné des anévrysmes artériels, si l'on peuidire, dans des conditions idéales : la balle, tirée à distance moyenne, fait un trajet étroit, sans dilacération des tissus voisins; il se bouche facilement par uu caillot cl, a tendance à se rétrécir. Le sang se collecte donc autour du vaisseau, lésé à l'emporte-pièce et latéralement. On a donc un anévrysme circonscrit, facile à opérer par l'extirpation. Trois d'entre eux ont même manifesté une telle tendance à la guérison spontanée (fémorale, iliaque externe) qu'on ne les a pas opérés avant l'évacuation. La meilleure date pour opérer ces anévrysmes paraît être de quatre à six semaines, la plaie étant alors tout à fait cicatrisée. Enfin, 11 cas i'anévrysmes artério-veincux complètent cette liste : 9 cas, traités par l'extirpation, donnèrent la guérison opératoire, dont les suites éloignées ne furent pas connues, les blessés ayant, été hâtivement évacués. Un blessé fut renvoyé sans opération. Un seul cas, où il fallut pratiquer la ligature de l'artère et de la veine poplitées, fut suivi de gangrène du membre et, obligea à faire l'amputation suivie de guérison.

A. BENOIT.


MEDICO-CHIRURGICALE

55

Traitement opératoire des fractures de la rotule, par JOHN GIBBON (Med. News, 16 décembre 1905). — La rétraction du fragment supérieur dans les fractures de la rotule par un groupe puissant de muscles et l'interposition de tissus ligamenteux entre les fragments, rendent très difficile le traitement non opératoire de ces fractures. L'opération est justifiée si elle est faite d'une façon absolument aseptique •;. elle consiste à mettre complètement à nu les fragments et les ligaments déchirés. Toutes les méthodes intermédiaires n'ont pas les avantatages de la méthode ouverte et exposent à l'infection. Stimson sur 40 cas de sutures souscutanées a eu deux infections graves avec ankylose du genou, tandis que sur 200 cas traités à ciel ouvert il n'y a eu qu'une infection légère sans ankylose. La suture des os seuls a été. abandonnée, l'opération consistant soit dans une simple suture des ligaments latéraux et des tissus fibreux au-dessus de l'os ou en y ajoutan une ou deux sutures à travers la rotule même.

Si l'opération n'est pas faite immédiatement, on applique un bandage serré avec de la glace pour prévenir l'épanchement sanguin. L'auteur recommande l'incision courbe transversale, permettant un accès facile des ligaments déchirés. On emploie des sutures de catgut que l'on ne doit pas serrer. La jambe est posée sur une gouttière postérieure et bien élevée, le pansement est changé à la fin de la semaine et on enlève les sutures. Dans la suite on pratique des massages fréquents. Au bout de trois ou quatre semaines on enlève la gouttière et on masse régulièrement, on commence la flexion passive après quatre semaines. La période de convalescence est moitié moindre que lorsqu'on emploie simplement la gouttière. Cependant ce dernier traitement est préférable si l'opération en raison du milieu, de l'opérateur et des aides ne peut se. faire d'une façon aseptique, car s'il survient de là suppuration il faut s'attendre à de l'ankylose, parfois même à la perte du membre. Rodman croit aussi que l'opération sous-cutanée est plus dangereuse par la méthode ouverte aseptique, mais il réserve cette dernière pour les individus jeunes menant une vie active. Enfin pour opérer il attend que les symptômes inflammatoires aigus aient disparu.

L. JUJUON.

Hémothorax traumatique. Evolution clinique et indications chirurgicales par le D' E. RIDAS Y RIBAS (Revista de Cicncias medicas de Barcelona, août et septembre 1905). — Conclusions :

1° L'hémothorax, sans être constant, est assez

fréquent dans les blessures pénétrantes pleuropulmonaires.

2° L'hémothorax est dû à la blessure des vaisseaux qui sont en contact intime avec la plèvre pariétale; il faut donc qu'il n'existe pas d'adhérences entre la plèvre pariétale et la viscérale. Les hémothorax par blessure delà plèvre seulement sont rares, et bien qu'ils puissent exister, surtout dans les blessures du sinus costo-diaphragmatique, ils sont insignifiants.

3° Le volume etlavariété de l'hémothorax dépendent du calibre du vaisseau blessé, du caillot obturateur, de la résorption du liquidé, delà réaction de la plèvre, de î'asepticité ou infection delà blessure, de l'état du poumon et de l'état général du malade.

4° Tout hémothorax grand ou petit a tendance à disparaître spontanément s'il reste aseptique: il ne-provoque parfois qu'une réaction pleurale mais la provoque toujours s'il est moyen ou grand.

5° L'irritation pleurale déterminée par l'hémothorax se traduit cliniquement par l'augmentation des limites plessimétriques de l'épanchement du 4 au 14e jour, pour diminuer ensuite du 20 au 30° et par l'augmentation de température qui arrive à son maximum parallèlement avec l'épanchement.

6° L'existence de ce phénomène ne prouve pas qu'il y ait infection. L'examen bactériologiquedu liquide extrait par ponction démontre sa non septicité dans certainscas, malgré latempérature. Celle-ci est dueà larésorplion globulaire qui marche parallèlement avec l'épanchement.

L'hémothorax peut s'infecter : l'examen delà température et l'examen bactériologique et cytologique du liquide le prouvent. On ne doit pas attendre que macroscopiquement le liquide soit purulent pour diagnostiquer la suppuration: la persistance ou l'augmentation des globules blancs polynucléaires faciliteront le diagnostic.

8° Les indications chirurgicales de l'hémothorax traumatique dépendent de son volume, de son évolution, de l'étatgénéral du blessé et du bon fonctionnement du poumon opposé.

9° Nous devons favoriser l'hémostase spontanée dans les bémothoraxpetitsoumoyenspar le repos absolu général et local et les agents hémostatiques.

10° L'intervention chirurgicale est indiquée dans les hémothorax d'origine pariétalepar blessure de l'intercostale ou mammaire interne : on dilatera la blessure et liera les vaisseaux.

11° Dans les hémothorax volumineux avec état général grave, nous devons intervenir, eu recherchant, par la résection costale, la zone pulmonaire blessée : ceci fait, on pratiquera la ligature directement par transfixion, ou bien, si


56 REVUE DE THERAPEUTIQUE

cela n'était pas possible, on appliquera un tampon de gaze.

12° L'intervention chirurgicale est indiquée dans les hémorragies secondaires survenues pendant l'évolution de l'hémothorax. . 13° La ponction aspiratrice est indiquée dans les hémothorax petits ou moyens qui restent stationnaires pendant vingt ou vingt-cinq jours. La ponction ne doit pas être faite avant pour éviter de détacher le caillot obturateur.

14° Quand la réaction pleurale est très intense (la dyspnée par compression met en danger la vie du malade), on doit, pratiquer la ponction aspiratrice. jamais la résection costale.

15e Dans les hémothorax infectés avec suppuration pleurale, on doit intervenir, comme dans les pleurésies purulentes, par la résection costale pratiquée dans la partie la plus déclive pour assurer le drainage.

10° On doit toujours, avant d'intervenir dans un pneumothorax, examiner le poumon opposé.

17° A part les moyens locaux employés, on doit surveiller l'état général, et le relever par les injections de sérum, des stimulants diffusibles, etc.

F. BERINI.

Les hémorroïdes internes, traitement dans les premières périodes, par FEDDE FEDDEN (Treatment, décembre 1905). —Les symptômes des hémorroïdes internes non compliquées no sont pas nombreux. Le premier symptôme accusé parle malade est le plus souvent une hémorragie de gravité variable, légère les premières fois et survenant à l'occasion des selles. Dans les premières périodes delà maladie le patient doit donc éviter la formation de matières trop consistantes par l'emploi de laxatifs et notamment de petites doses de jalap prises le soir. Si l'hémorragie est abondante, le malade prendra de petites doses de sulfate de fer associées à -1 ou 2 grammes de sel d'Epsom trois fois par jour. L'opération est indiquée dans les cas d'hémorragies graves, mais si elle est refusée on peut essayer le chlorure de calcium avec de petites doses de perchlorure de fer. S'il y a tendance à la constipation, le malade s'injectera le soir clans le rectum 30 grammes d'huile d'olive qu'il gardera pendant la nuit. Si le saignement provient d'un vaisseau unique, le mieux est d'appliquer une ligature.

La procidènee est un autre symptôme qui survient d'abord pendant la défécation, puis peu à peu elle devient permanente. Le patient doit alors apprendre à pratiquer des soins do propreté et à réduire lui-même ses hémorroïdes. L'écoulement plus ou moins abondant de

mucus est un symptôme des hémorroïdes non compliquées, qui survient, lorsque la procidènee est devenue plus ou moins permanente. A celte période l'épilhélium prend les caractères de l'épiderme et la sécrétion muqueuse cesse rapidement lorsqu'on pratique l'opération.

Les hémorroïdaires doivent être soumis à un régime propre à éviter toute constipation. L'auteur enfin rappelle que l'examen local doit être complet en ce qui concerne la possibilité d'un cancer du rectum et de diverses lésions pelviennes.

L. JUMON. •

Sur le traitement du cancer de l'oesophage par les rayons X, par AVENDEL (Munch. med. Woeh. 19 décembre -1905). —Convaincudes bons effets du traitement radiothérapique du cancer, l'auteur a essayé ce mode de traitementdans un cas de cancer de l'oesophage. Le traitement était pratiqué;aumoyen de l'oesophagoscope introduit préalablement et de miroirs métalliques. Il s'agit d'un homme de cinquante-deux ans qui éprouvait depuis quelques mois des troubles de la déglutition et ne pouvait absorber qu'une nourriture liquide. Il était devenu très cachectique; le rétrécissement de l'oesophage se trouvait à 37 centimètres en arrière de. l'arcade dentaire supérieure. La déglutition s'améliora après le passage de la sonde. Le malade refusa toute opération. La tumeur fut directement soumise aux rayons X en se servant de l'oesophagoscope durant huit séances de cinq à dix minutes de durée. L'introduction de l'instrument fut facilitée par l'anesthôsielocale et quelques gouttes de surprarénine. Les rayons étaient donnés par un tube assez mou (tube d'Ehrhardt). Le patient reçut en outre tous les jours une injection intra-musculaire de

Bichlorhydrate de quinine.... 0,40

Arséniate de soude 0,01

Eau distillée 1

Ce traitement combiné a été introduit par Morlon et a l'avantage d'amener une régression plus rapide des tumeurs malignes épithélialcs. Dans ce cas le traitement a eu pour résultat l'amélioration du patient qui put déglutir des aliments solides bien mâchés ; en quelques jours il avait gagné trois livres et se sentait beaucoup mieux. On pouvait introduire l'oesophagoscope 3 centimètres plus loin qu'auparavant. A la fin du traitement il n'y avait pas

d'ulcération.

L.JUMON.

Importance des rayons de Roentgen dans le traitement des sarcomes lymphatiques, par

COHN (Berlin. Klin. Wochenschrift, lor ian-


MÉDICO-CHIRURGICALE

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vier 1906). — L'auteur revient sur une communication antérieure faite le 29 novembre 1905 à la Société médicale de Berlin, dans le but d'éclaircir quelques points. On sait que le lymphosarcome constitue une affection rebelle, et que divers chirurgiens ont renoncé à intervenir lorsqu'ils se trouvent en présence de tumeurs de ce genre. Or, l'auteur dispose de' 5 cas traités par les rayons de Roentgen; deux sont guéris depuis 5 et 7 mois, un autre n'a pas continué et deux sont encore en traitement.

Pour éviter la dermatite, il faut ne soumettre aux rayons qu'une surface cutanée minime (ce qu'on obtient au moyen de dispositifs assez simples), et passer d'un point à un autre successivement. Comme le traitement doit, être appliqué à toutes les tumeurs, il est inexécutable dans les cas où l'affection a dépassé les limites de la région cervicale ; on sait que cette généralisation est heureusement tardive.

L'auteur estime que l'infection qui donne naissance au lymphosarcome doit se faire dans la région buccale, et rester cantonnée fort longtemps dans le système lymphatique ; quand cette limite est franchie, la pseudoleucémie est constituée. Les rayons de Roentgen, en provoquant la dégénérescence des ganglions lymphatiques, détruisent le milieu de culture du germe infectieux.

Au cours du traitement, sauf dans un cas, la rate a présenté une augmentation manifeste de volume, qui a disparu plus tard; cette hypertrophie se développe au bout d'un certain temps de traitement. L'auteur admet qu'il s'agit d'une hypertrophie vicariante, destinée à subvenir aux fonctions des ganglions lymphatiques détruits par les rayons de Roentgen.

L'interprétation donnée par l'auteur de l'action des rayons X (destruction des milieux de culture) lui fait admettre qu'il y aurait lieu, en cas de carcinome du sein, de traiter les ganglions lymphatiques de l'aisselle systématiquement par les rayons de Roentgen, pour éviter la récidive, contre laquelle le chirurgien cherche à se garer en enlevant tous les ganglions de cette région.

E. VOGT.

Traitement des inflammations aiguës par l'hyperémie par stase (Berliner Ktin., Wochenschrift, nos 49 et 50, 1905). — STICH, assistant de la clinique chirurgicale de Koenigsherg, relate les résultats obtenus avec la méthode de Bier. Pour lui, il est indispensable de suivre exactement les indications de ce dernier, et d'opérer avec la plus grande minutie, si l'on veut éviter les mécomptes. En général, on a la tendance à pratiquer la stase avec trop d'énergie,

d'énergie, qui peut devenir dangereuse : en outre, les pansements doivent être lâches, car l'augmentation de volume due à la stase est parfois énorme.

Le nombre des cas traités est de cent cinquante environ. On peut les diviser en :

Panaris et phlegmons. — Il faut se garder de supprimer trop tôt la stase, qui agit en général favorablement, car l'inflammation peut reparaître ; dans ce cas, on continue pendant un jour environ,après guérison,l'application de la stase. On s'est toujours contenté, en cas de plaie, de recouvrir celle-ci d'une simple gaze stérilisée, sans autre topique.

A l'exception d'un seul cas, la stase n'a jamais présenté d'inconvénient : les inflammations au début ont toujours été rapidement enrayées et dans les cas où une nécrose tendineuse était à prévoir, celle-ci fit défaut, et l'on obtint une guérison avec conservation des fonctions. Dans les cas où le traitement ne commença qu'à un moment où la perte d'une phalange ou d'un tendon était devenue irrémédiable, l'hyperémie veineuse sembla favoriser l'élimination des tissus gangreneux.

Furoncles, anthrax. — Les résultats ont toujours été excellents : la guérison fut obtenue après deux à dix séances : on compta trois insuccès. Il faut prendre garde de bien placer les bords de la ventouse sur le tissu sain qui entoure la lésion. C'est surtout dans les furoncles du visage que la méthode présente sur les autres de très grands avantages, car on évite ainsi les cicatrices trop apparentes.

Abcès circonscrits, adénites suppurées. —On employa dans presque tous ces cas des ventouses : il est facile d'en faire fabriquer qui aient une forme appropriée. Si l'on fait une ponction, en cas d'adénite ou de mastite, avant d'appliquer la ventouse, il ne faut pas oublier que des granulations exubérantes peuvent obstruer la plaie et empêcher les sécrétions d'envahir l'ampoule de verre : on pourra dans ces cas placer un drain. On évitera toujours les cicatrices vicieuses, car la ponction, même en cas d'abcès volumineux, n'a pas besoin d'être largement pratiquée : il suffit d'une incision de quelques millimètres. La sécrétion passe rapidement de l'état purulent à l'état séreux.

L'auteur ne pense pas que la méthode puisse rendre de grands services pour éviter ou enrayer l'infection d'une plaie : d'un autre côté, la longueur du traitement et les difficultés techniques empêcheront, dans la grande majorité des cas, les praticiens d'abandonner pour elle la large incision classique.

Ostéomyélite. — Dans les cas graves, les résultats sont peu encourageants. Dans les autres,


58 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

on obtient rapidement une grande atténuation des douleurs.

Arthrites aiguës. —Le nombre des cas (deux) est trop insignifiant pour qu'on puisse donner dès conclusions.

Mastite. — La douleur disparaît dès la première séance et, l'on évite les cicatrices vicieuses: on observe parfois des récidives, aussi estil bon de continuer le traitement après guérison.

En résumé, la méthode n'est jamais nuisible, et elle évitera dans bien des Cas des interventions graves; l'auteur n'a jamais observé d'apparition d'érysipèle dans les cas aigus traités.- En tout cas, ce traitement exige une surveillance étroite de la part du chirurgien, car les erreurs de technique offrent de graves inconvénients (oedème chronique, ankyloses, etc.). On fera donc bien de s'initier au procédé de Bier en commençant par des cas légers.

E. VOGT.

Maladies de l'estomac et des voies digestives

Dr CHASSEVANT Professeur agrégé à la Faculté de Médecine.

Des masticatoires comme traitement de l'hypérchlorhydrie stomacale, par MEUNIER (La Presse médicale, 20 décembre 1905). — Il s'agit de masses résineuses insolubles, aromatiséeSj que l'on peut mastiquer longtemps, et qui sont d'usage courant aux Etats-Unis dans le but de faciliter la digestion, ou plutôt la phase amylotique de cette dernière. Cette phase est compromise par l'excès d'acidité du suc gastrique, et chez l'hyperchlorhydrique, la mauvaise digestion de l'amidon entraîne des modifications dans la sécrétion stomacale : l'estomac irrité sécrète de l'acide chlorhydrique en excès.

L'auteur estime que l'usage des masticatoires favorise la digestion de l'amidon : il a en conséquence fait des essais avec des sortes de chiques formées d'une résine complètement insoluble alcalinisée (dans le genre du bétel Usité en Orient, qui contient de la chaux); la salive légèrement alcaline ainsi obtenue aura ainsi dans l'estomac son maximum d'action saccharifiante. Des expériences ont démontré que grâce à ces masticatoires, le malade déverse dans son estomac 5 ou 6 fois le volume de salive qu'il déverse sans masticatoire.

L'épreuve du repas d'Ewald démontre, en second lieu, que dans tous les cas examinés la quantité d'amidon digéré est plus élevée quand le sujet a usé du masticatoire.

Les résultats thérapeutiques obtenus par l'auteur chez les hypêrchlorhydriques ont concordé avec les résultats de laboratoire.

E. VOGT.

Le traitement de là constipation habituelle,

par le Dr DE LA CAMP (Berliner Klin. Wochenschrift',ier janvier 1906). — L'auteur fait remarquer que le régime ne parvient pas en général à guérir un Constipé, parce que ce dernier ne consulte le médecin, le plus souvent, qu'après avoir essayé de nombreux traitements. Il arrive aussi fréquemment que des malades, sous prétexte de dyspepsie, ont diminué la quantité des aliments et amélioré leur qualité, d'où résulte une insuffisance de déchets. Dans les cas de ce genre, le pain complet, les légumes soumis à une préparation culinaire peu raffinée rendront des services.

Le froid favorise la défécation : on arrivera donc souvent à provoquer une selle en faisant boire un verre d'eau froide le matin à jeun.

La constipation provient souvent aussi de la paresse (domestiques se levant le plus tard possible et n'ayant pas le temps d'aller à la selle), d'un sentiment de fausse pudeur (jeunes filles dans les pensionnats), etc. On la provoque souvent par des prescriptions médicales, par exemple en défendant, à un artérioscléreux de fumer le matin.

L'auteur cite en passant les agents physiques, auxquels il accorde des effets thérapeutiques, mais il rappelle que l'exercice musculaire, si souvent prescrit aux constipés sédentaires, n'a pas l'influence qu'on lui attribue, car on rencontre très souvent, par exemple, des hommes de cheval constipés.

Les lavements d'huile sont indiqués dans la constipation spasmodique : l'entéroclyse en revanche ne doit pas être conseillée. Chez les vieillards, il faut vider mécaniquement, l'ampoule rectale, au besoin avec l'index.

On se gardera de prescrire aux constipés des doses déterminées quotidiennes d'un purgatif quelconque. Les séjours aux eaux ne rendront des services que dans des cas déterminés, lorsqu'il s'agit de troubles hépatiques, de pléthore abdominale, par exemple.

La constipation spasmodique avec douleurs dans la région du colon représente en général un épiphénomène au cours d'une constipation atonique chronique. Si le spasmeest sous la dépendance d'un état neurasthénique il disparaîtra quand l'affection sera guérie. Comme traitement, on prescrira des suppositoires belladones, l'application de la chaleur sous diverses formes.

E. VOGT.


MÉDICO-CHIRURGICALE

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Appareil pulmonaire Coeur et vaisseaux

m G. LYON Ex-Chef de clinique à la Faculté do Médecine.

Traitement des cas avancés de tuberculose pulmonaire, par KNOPF (Med. Record, 18 novembre 1905). — Par cas avancés de tuberculose l'auteur entend ceux qui ne sont pas au début, il les divise en cas ambulants et en cas alités. Les premiers sont généralement apyrétiques et sont aussi moins avancés que les seconds. Dans les deux cas l'auteur recommande le massage quotidien, et dans les cas ambulants l'hydrothérapie comme tonique et stimulant. Le régime doit être substantiel, composé de lait, d'oeuf, de viandes, de légumes et de fruits. Le traitement hygiénique et diététique doit être le môme que dans les cas au début et la cure de repos doit alterner avec les exercices respiratoires gradués. Chez quelques malades on aura recours au traitement médicamenteux lorsque l'aéro et l'hydrothérapie ne suffisent pas à calmer la toux, les troubles digestifs, les douleurs locales, etc. Le phtisique ambulant est le client du dispensaire antituberculeux qui doit le guider dans le traitement hygiénique et diététique à la maison. Des recommandations particulières doivent être faites à ces malades qui sont, les agents actifs de la dissémination tuberculeuse, tandis que le malade alité ne diffuse son mal que dans les limites très restreintes. L'auteur entre ensuite dans la description des diverses installations qui permettent au malade de faire sa cure d'air soit à la campagne soit à la ville, avec des dispositions parfois très ingénieuses pour amener l'air extérieur au malade sans qu'il ait à souffrir du ■ froid ou des intempéries. Si le malade est obligé de rester au lit tout le temps, le mieux est d'avoir pour lui deux lits, l'un pour le jour l'autre pour la nuit, un petit oreiller bas placé à la chute des reins ajoute beaucoup au bien-être du malade, qui peut facilement changer de position. Le malade doit être exposé autant que possible au soleil, au lit ou sur la chaise longue, mais la tête toujours à l'ombre. La fièvre est une contre-indication au traitement au soleil.

Le massage pratiqué pendant l'apyrexie relève l'appétit et combat l'amaigrissement. Le régime dans les cas avancés doit s'adapter à l'état du malade qui doit manger autant qu'il peut sans être incommodé. Le régime doit être mixte et varié. Quelques toniques amers, l'arsenic et la strychnine, sont indiqués dans

l'anorexie persistante. Les soins de la bouche sont très importants, au lieu de brosse, le malade peut se servir d'ouate antiseptique poulie nettoyage des dents.

Une diarrhée causée par une suralimentation intempestive doit être traitée par des doses fractionnées de calomel, le repos absolu et un régime léger. Si la diarrhée est due à des lésions tuberculeuses de l'intestin, il est indiqué de recourir au riz, aux oeufs, au chocolat, aux soupes mucilagineuses, au tannin, au bismuth et à l'opium. Contre les sueurs nocturnes rebelles l'auteur recommande la compresse humide trempée dans l'eau à 12° et appliquée sur les sommets et autour du thorax, par-dessus la compresse, on applique une épaisse flanelle, le tout reste en place toute la nuit et on l'enlève le matin. Le second procédé pour arrêter les sueurs est le bain diaphorélique qui ne doit cependant être prescrit qu'aux patients relativement forts, sa durée doit être réglée.

Des exercices respiratoires bien dirigés combattront la dyspnée et faciliteront l'expectoration ; on doit s'en abstenir en cas de fièvre et de fatigue, on ne doit pas les faire dans une chambre chauffée ou clans une atmosphère viciée.

La fièvre doit être combattue par des lotions et le moins possible par les antipyrétiques. Si la température est subnormale, il fautappliquer des bouteilles d'eau chaude, faire prendre du lait, du thé léger chaud. Contre l'insomnie on emploiera les lotions tièdes ou un bain tiède avant le coucher. L'enveloppement mouillé suffira souvent pour combattre les douleurs pleurétiques ou intercostales. Lorsque tout espoir d'amélioration s'est dissipé, il ne faut pas trop économiser la morphine qui soulage le patient. Enfin l'auteur fait une part importante au traitement psychique.

L. JUMON.

Traitement des névroses cardiaques, par

RUMPF (Deutsche med. Wochensehrift, 28 décembre 1905). — Pour l'auteur, les recherches concernant les variations imprimées par l'effort musculaire à la pression sanguine, au nombre des pulsations, ne permettent pas de distinguer nettement la névrose cardiaque d'une lésion organique latente ou reconnaissable à l'examen direct ; l'anamnèse donne des renseignements bien plus précis (névrose nicotinique par exemple). La goutte est un des facteurs les plus importants de névrose cardiaque: celle-ci se manifeste par une pression précordiale, de la tachycardie : contrairement à ce qui s'observe en cas de lésion organique, l'exercice s'accompagnant de transpiration légère soulage les


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malades. Ces états sont iusticiables du résimeréalité. la tachvcarrfie déoend de lésions fort.

lacto-végétarien, sans qu'il soit nécessaire de supprimer entièrement la viande. La quantité quotidienne de liquide sera fixée à 2 litres environ. Les bains carbogazeux à 31°, abaissés lentement à 25°, de trois à cinq minutes de durée, la gymnastique systématique seront indiqués.

Les troubles digestifs agissent sur l'innervation du coeur soit par le météorisme, soit par des troubles réflexes. Le météorisme stomacal produit des crises de fausse angine de poitrine, que l'on combattra en provoquant des éructations, en faisant boire un verre d'eau chaude, en introduisant le tube Faucher dans l'estomac, A titre prophylactique on recommandera au malade de bienmâçher ses aliments, de faire par jour cinq petits repas, desquels seront exclus le fromage, la bière, les aliments froids, la salade, les acides, ainsi que les mets que le sujet ne supporté pas d'habitude ; parmi ceux-ci figure souvent le pain. Le café trouble souvent la digestion, ainsi que les eaux gazeuses.

Le météorisme intestinal sera combattu par la gymnastique de chambre. Pour les troubles réflexes on s'efforcera de faire disparaître la cause qui les fait naître (ulcère pylorique, lithiase biliaire, etc.). L'ingestion d'huile trouve ici des indications fréquentes.

Une mobilité anormale du coeur peut provoquer la névrose : on l'observe souvent chez des obèses ayant maigri d'unefaçon marquée.: il faut alors chercher, par une alimentation plus substantielle, à faire gagner du poids au malade.

Les névroses traumatiques sont très tenaces: elles se montrent surtout après des fractures ou contusions de côtes et aussi après des traumatisai es de la boîte crânienne.

Les névroses de la puberté et de la ménopause seront de préférence combattues par l'application d'une vessie de glace sur la, région précordiale..

Comme séjour de vacances, on recommandera en général de préférence, quelle que soit la variété de névrose cardiaque, les stations d'altitude moyenne : les bains de mer doivent être évités.

E. VOGT.

Tachycardie paroxystique, traitement, par

MORRISSEY (Med. Rcc, 2 décembre 1905). — Ce travail relate deux cas très différents de tachycardie, l'un est probablement produit par la dégénérescence du myocarde, l'autre dépend d'un shock profond du système nerveux dû à une chute remontant à plusieurs années. En

diverses dont la plus commune paraît être la dégénérescence du myocarde, celle-ci n'étant du reste qu'un facteur. Le traitement de la tachycardie n'a pas été satisfaisant ainsi qu'on peut s'y attendre là où tant de conditions diverses peuvent produire les mêmes symptômes. C'est la digitale qui a été administrée, on peut en attendre quelque action efficace dans les cas de dilatation lorsque le myocarde peut encore répondre à la stimulation, ce qui n'est guère le cas lorsque la tachycardie est associée à la myocardite.

Dans un cas où il y a eu lieu d'administrer un traitement continu et où la digitale ne donne guère de résultat, l'auteur a donné cinq gouttes quatre fois par jour d'extrait fluide de çonvallaria majalis. Le patient a constaté que ses attaques étaient plus courtes, que les rémissions étaient plus longues et que le médicament ne produisait pas la sensation de constrietion qui suivait l'administration de la digitale.

Dans un troisième cas de tachycardie moins intense où la tension artérielle était élevée avep tendance neurasthénique, l'auteur a retiré de bons effets de l'emploi simultané du bromure et de l'iodure de potassium, le premier agissant comme sédatif, le second dilatant les artérioles périphériques, diminuant la tension et réduisant le travail du coeur. Au total le traitement de la tachycardie est celui de l'état qui l'a produit ou avec lequel elle s'associe. Il faut se rappeler que la tachycardie essentielle ne s'accompagne pas de dyspepsie, que la tachycardie paroxystique et les formes accompagnées de signes, si légers soient-ils, de la maladie de Basedow, sont fréquemment associées à des troubles dyspeptiques. L'arythmie cardiaque extrême survient fréquemment d'autre part sans symptômes du côté de l'estomac, enfin souvent la tachycardie dans ses degrés variés n'est qu'un symptôme d'un état neuropathique exigeant aussi un traitement.

L. JUMOK.

Les effets çârdiovâsculaires du colorai, du dormiol, del'hédonal et de l'isopral,parMAYOR et NUTRITZIANO (Rev. méd. de la Suisse Romande, 20 décembre 1905). r-n- Nous retenons de cet important travail les déductions thérapeutiques. La nocivité à l'égard du coeur et des vaisseaux est décroissante, pour les corps ci-dessus, dans l'ordre de leur énumération, l'hédonal étant à peu près identique sous ce rapport à l'isopral, peut-être même moins nocif encore. Mais le chloral a pour lui sa facilité d'administration, son activité très régulière chez un sujet donné, son action facile à


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surveiller. On se gardera toutefois de le prescrire à un cardiaque avéré, dès qu'il y a lieu de soupçonner une altération du myocarde, chronique (surcharge graisseuse, myrocardite insterstitielle) ou aiguë (myocardite d'origine infectieuse ou toxique). Dans les cas de ce genre,, c'est aux somnifères sulfônés, de préférence, au .trional, qu'il : faut s'adresser. Si l'on recherche des analgésiques capables d'imposer le sommeil, tout en atténuant la réflectivité, il sera logique de s'adresser à l'hédonal ou à l'isoprdl. Entré ces deux-corps, les auteurs préfèrent le premier, parce qu'il est moins soluble-: de cette façon, l'offense cardiovaseulaire .sera atténuée et l'on évitera toute action nocive.

E. VOGT.

Maladies du système nerveux

'•■ Dr. P. SAINTON . Chef de Clinique à la Faculté de Médecine.

Traitement de l'ataxie locomotrice, par

SHAW BOND (The Practitioner, janvier 1906). f— Le tabétique doit être tempérant dans le . sens le plus large, se passer d'alcool ;ou ne.se. permettre que des vins très légers. Il doit particulièrement se garder d'excès sexuels- Le repos au lit est nécessaire dans les cas aigus et lorsqu'il existe des . signes, de congestion spinale, mais en général l'exercice léger au grand air est utile.. Le malade: doit éviter tout traumatisme articulaire et éviter de se blesser les pieds par crainte de mal perforant. Il évitera le surmenage intellectuel, l'exposition au froid, le régime doit être abondant. Bien qu'on rencontre la syphilis dans les antécédents de beaucoup de malades, le traitement arttisyphi- ; litique n'a pas donné beaucoup de résultats, quelques-uns le croient dangereux. Il est contreindiqué dans les cas très avancés, chez les sujets cachectiques et dyspeptiques, chez ceux qui ont déjà suivi des. traitements rigoureux sans succès. Il est cependant très à recommander dans les cas récents lorsque la syphilis n'est pas très ancienne, dans tous les cas présentant des symptômes actifs de syphilis. La meilleure méthode de traitement consiste dans los frictions. L'alimentation doit être en même temps substantielle, et après le traitement on donne des toniques, soit des pilules contenant du fer, de la noix vomique et de la quinine.

L'iodure de potassium ne parait pas avoir

autant d'action que le mercure, mais il est utile dans quelques cas et peut être combiné au traitement mercuriel. Il est surtout indiqué dans les cas de.manifestations tertiaires de la. syphilis, dans les cas de progression rapide avec douleurs intenses ou névrite périphérique. Au .début Leredde a préconisé le - traitement mercuriel intensif.. •

L'arsenic peut être utile et sera essayé dans, les. cas où le traitement antisyphilitique est contre-indiqué ou a échoué.

Le nitrate d'argent a été certainement utile à un grand nombre de malades. Osier lui reconnaît une influence sur les douleurs. Pour éviter les inconvénients qui résultent de la coloration de la peau, et de la dyspepsie, on a préconisé de hautes doses d'oxyde d'argent et d'orthophosphate d'argent.. - ■-..-.-•

On a, attribué au chlorure d'or le pouvoir d'amener la résorption des néo-formations conjonctives. Taylor mentionne un. cas très heureusement traité par ce médicament.

La strychnine oubliée pendant un certain temps est reprise aujourd'hui ; on peut l'associer utilement à de petites doses de nitro-glycérine (0 gr. 0003).

L'ergot a été recommandé surtout par Charcot qui l'administrait quatre jours par semaine ; il est indiqué surtout lorsque les symptômes font penser„à uiv processus inflammatoire secondaire. Le -phosphore, le bromure, la fève de Calabar et les extraits organiques (spermine) ont été essayés avec des résultats variables.

Si l'on a recours au. traitement thermal, la température des bains ; doit- rester entre 21 ,et 32°. Les bains carbo-gazeux sont ceux qui conviennent le mieux, ainsi que les bains ferrugineux. Les bains sulfureux ont été recommandés associés avec le traitement mercuriel. On évitera tous les procédés hydrothérapiques qui causent une action violente.

Les opinions sont très partagées en ce qui concerne l'utilité de l'électrothérapie, on peut obtenir de bons résultats avec les courants galvaniques descendants appliqués sur le rachis.

La suspension n'a pas d'action réelle sur la maladie et est tombée en discrédit. Au contraire, on peut obtenir beaucoup par le traitement rôôducateur.

Un grand nombre de médicaments ont été préconisés contre les douleurs fulgurantes, l'auteur recommanderait volontiers le nitrite de sodium. Les crises laryngées demandent des inhalations de chloroforme ou d'éther, le nitrite d'amyle, des applications locales de cocaïne.

L. JUMON.


02 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

Sur lanévrite et son traitement, par ELY JE- '

LIFFE (Merek's Archives, décembre 1905). — Dans le diagnostic de la névralgie il est nécessaire d'exclure toutes les affections organiques en dehors du système nerveux ; mais ce sont surtout les troubles nerveux sensitifs qui doivent être différenciés du tabès.L'auteur appelle l'attention sur certaines névrites légères qui affectent les nerfs du membre supérieur, particulièrement ceux du deltoïde. Dans le traitementdes névrites relevant de ce qu'on appelle d'une façon un peu vague une auto-intoxication, l'auteur a trouvé que l'alimentation Substantielle, le fer et le massage vibratoire ont donné les meilleurs résultats. La plupart de ces malades attribuent leur affection au rhumatisme ou à la diathèse urique, en conséquence ils restreignent leur régime et boivent des eaux lithinées. Le résultat de cette manière de faire est d'amener un état neurasthénique par suite d'une alimentation insuffisante. Au contraire ces malades doivent. manger des viandes rouges et blanches, des légumes variés et s'abstenir de toute préparation artificielle d'extrait concentré. Le fer est indiqué dans ses formes compatibles avec l'état de l'estomac ; on a le choix entre les préparations organiques et minérales, mais les premières entraînent moins de troubles et de constipation. L'arsenic rend des services, mais il doit être pris à petites doses pendant une semaine, puis arrêté durant deux semaines et repris ensuite.

Au point de vue purement symptomatique, on peut employer différents analgésiques pour combattre la douleur, mais aucun ne s'adapte à tous les cas. Chez ceux qui sont anémiques il est bon d'éviter le groupe de la phénétidine. On essayera d'abord l'antipyrine et les salicylates qui sont de légers analgésiques et d'excellents synergiques de l'antipyrine. Celle-ci peut être associée encore avec la cannabis et même la codéine, mais on évitera avec soin la morphine. Dans tous les cas les analgésiques seront employés avec intermittence.

L. JUMON.

Traitement de l'incontinence d'urine d'origine neurasthénique par le courant d'induction, par ROCKWELL (Med. News, 9 décembre 1905). — L'incontinence d'urine chez les adultes est parfois associée à cette forme de neurasthénie où dominent les toubles généraux, et dans ces cas il importe de remarquer que la guérison de l'incontinence a été suivie de l'amélioration des symptômes nerveux. Malheureusement les diverses médications et même les méthodes physiques et l'électricité n'ont pas toujours donné des résultats satisfaisants. Ces |

cas d'incontinence relèvent de l'atonie musculaire, avec insuffisance fonctionnelle du sphincter externe. Après avoir employé le courant galvanique pendant un certain temps, l'auteur déclare avoir obtenu de meilleurs résultats des courants de haute tension avec intermittences rares. La technique est très simple. Chez les très jeunes enfants, le traitement peut être entièrement externe, mais on obtient de meilleurs résultats en introduisant dans l'urètre une électrode terminée par une olive en connexion avec le pôle négatif. L'électrode indifférente est appliquée sur l'abdomen ou sur la région sacrée. Ce qu'il faut surtout employer ce à'est pas le courant faradique à interruptions lentes, mais le choc d'induction isolé. Dansla suite du traitement on augmente l'intensité du choc qui doit Se produire d'un à cinq par seconde. Les applications sont d'abord faites tous les jours, puis moins souvent. Le courant sera fourni par une bobine à fils gros, de façon à provoquer de fortes contractions musculaires sans exciter les nerfs de la sensibilité.

L. JUMON.

Contribution au traitement de la migraine,

parV. KLIMEK (Med. Blxller,%{ décembre 1905). — Le traitement de la migraine est le plus souvent médicamenteux, cependant on ne doit pas oublier le traitement général. Le régime, la suppression du surmenage et des excès, l'hydrothérapie,les bains de mer, le séjour àla montagne, sont souvent très utiles aux migraineux. Le traitement électrique et le massage a également donné quelques résultats. Dans la migraine grave, Strumpell recommande vivement l'eau de Carlsbad qui a été très efficace dans [certains cas. Cependant on s'adresse généralement aux agents médicamenteux pour couper l'accès. Un fait généralement reconnu est que dans la migraine l'emploi des narcotiques et de la morphine est presque toujours mal supporté. On a donné, d'autre part, avec succès de hautes doses de bromure de potassium dans l'hémicranie ophtalmique, mais ce sont surtout les antipyrétiques que l'on a prescrits et l'on s'est adressé à l'antipyrine, l'antifébrine, le salicylate de soude. Certains autres méritent à ce point de vue d'être rappelés, ce sont l'acétopyrine, la salipyrine, la trigémine, l'exalgine, la lactophénine, la phanacétique et la migrainine. L'auteur cite encore comme très utiles le guarana et la caféine. Mais tous ces médicaments échouent à un moment donné, lorsqu'on cherche celui qui est approprié dans chaque cas particulier, c'est ce qui a conduit à associer plusieurs de ces médicaments dans une seule


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préparation, fixée uniquement par l'empirisme. On sait que tous les nervins ont une action cumulative, qui se traduit par des phénomènes toxiques. Cette circonstance oblige à cesser la médication ou à recourir à une nouvelle forme d'association supprimant ou diminuant beaucoup l'action toxique. Partant de ces considérations, Fuchs a proposé la formule suivante :

Phénacétine 0,50

Caféine 0,06

Codéine 0,02

Guarana 0,20

pour un paquet à prendre au moment de l'accès.

Le seul inconvénient à reprocher à cette préparation est un goût amer dû à la codéine, ce qui a amené l'auteur à la recommander sous forme de tablettes.

L.JUMON.

Maladies du larynx, du nez et dès oreilles

Dr COURTADE Ancien interne des hôpitaux.

Traitement delà laryngite tuberculeuse, par

G. CLINE (The Med. Age, 10 décembre 1905). — Ce traitement peut être divisé en hygiénique, médicamenteux, chirurgical et climatique. Au point de vue hygiénique, il faut supprimer tout ce qui agit comme irritant. Le repos fonctionnel est de rigueur, et le malade doit s'abstenir autant que possible de parler, même à voix basse. La propreté la plus grande est nécessaire dans le traitement des ulcérations tuberculeuses du larynx.

Le traitement local varie avec la période de l'affection. Au début, quand il n'y a que de la rougeur ou un léger gonflement, on emploiera des pulvérisations émollientes et des inhalations chaudes, suivies d'astringents légers. On peut ajouter de l'adrénaline aux pulvérisations lorsqu'il y a de la congestion. Si le gonflement est marqué, l'auteur recommande des injections sous-muqueuses d'acide lactique ou de créosote faites dans lesfpèriodes d'accalmie. En même temps, on multiplie les pulvérisations émollientes et détersives, et on fait des applications locales d'acide tartrique, de gaïacol ou de créosote à des titres variant de 10 à 50 p. 100. Pour stimuler le tissu de granulations, on emploiera une solution faible de nitrate d'argent. Pour combattre la douleur de la déglutition,

des inhalations chaudes, de menthol et iodoforme suffisent habituellement dans les cas légers, mais l'orthoforme, l'anesthésine ou la cocaïne sont nécessaires dans les cas intenses. L'orthoforme est peut-être, le médicament le plus efficace et le moins nuisible. pour cet usage. Si la douleur est très intense, on pourra appliquer localement et à l'extérieur un mélange par parties égales, de menthol camphré et hydrate de' chloral. Dans quelques cas, des injections trachéales d'huile médicamenteuse chaude apportent un grand soulagement. Lorsqu'on a adopté un plan de traitement, il faut l'appliquer d'une façon persévérante et systématique.

A part certains cas où les lésions sont accessibles et bien localisées, on à [renoncé au traitement chirurgical. Le malade doit alors être dans un bon état général, apyrétique et sans idiosyncrasie à l'égard de la cocaïne. L'instrument tranchant doit être; préféré dans les cas où l'on peut faire l'ablation complète. La curette est préférée dans le stade d'ulcération pour enlever tout le tissu nécrosé avant d'appliquer la médication locale. Enfin, on ne doit pas oublier le traitement nasal.

Le traitement climatique doit s'attacher à garantir le malade contre les vents et l'humidité; les conditions du climat doivent d'ailleurs être les mêmes que pour la tuberculose avancée.

L. JUMON.

Thyrotomie ou laryngectomie : notes sur l'a fréquence de la nature maligne de l'enrouement chronique, par JACKSON (Med. Reivs, 9 décembre 1905). —L'auteur insiste sur la fréquence de la nature maligne de l'enrouement chronique et la nécessité d'un diagnostic précoce tandis que ces cas sont encore opérables par la thyrotomie qui sauvegarde non seulement la vie, mais la voix et la santé du malade. Si le diagnostic est tardif, la laryngectomie totale est souvent le seul espoir de prolonger l'existence. Quant aux opérations endolaryngées dans les tumeurs malignes, elles ne peuvent les extirper entièrement et favorisent •l'extension locale du mal et les dépôts roétastatiques. L'auteur conclut de ses observations que le malade atteint de cancer du larynx doit être l'objet d'un examen et d'un diagnostie précoce. Si l'affection est reconnue de bonne heure, la thyrotomie qui est une opération relativement légère procurera la guérison. Sinon, la laryngectomie totale ou partielle prolongera probablement l'existence pour un temps variable, mais la récidive plus ou moins rapide est certaine. Les périodes de début de cancer du larynx encore curable ne sont caractérisées


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que par la raucité de la voix qui peut disparaître et revenir. Après cette période de cura- I bilité surviennent la toux, l'odeur, la douleur, la dysphagie, l'engorgement ganglionnaire, la tuméfaction externe, l'amaigrissement, la cachexie, etc. Les cas curables peuvent se présenter sous les traits d'un simple refroidissement. Dans les cas qui ont été opérés de bonne heure par la thyrotomie, le pronostic est bien meilleur que dans la laryngite chronique. Il ne faut donc pas perdre de vue la nature maligne fréquente de l'enrouement.

. L. JUMON.

Des paresthésies de l'arrière-gorge, traitement par ANDRÉ BOUYER [Journ: de méd. deBordeaux, 7 décembre 1905). — Sous cette dénomination, l'auteur désigne une catégorie de sujets qui accusent dans cette région des sensations de douleur ou de gêne que ne peut expliquer son état, en apparence normal. Au' point de vue clinique, les -sujets se présentent sous deux aspects, suivant qu'il y a hyperesthésie ou hypoesthésie. Dans le premier cas, les patients accusent dans l'arrière-gorge des sensations douloureusesaiguës, de piqûre, de brûlure, et on ne trouve qu'une hyperesthésie delà muqueuse. Dans le second, le patient éprouve une constrictioii' de la gorge ou une sensation de corps étranger, qui le force à faire de fréquents mouvements de déglutition ; la muqueuse est hypoesthésique au toucher. Ces troubles sensitifs se développent soit sur un terrain neuroarthritique, soit sur un terrain psychopathique. L'auteur fait remarquer que. ces malades ne doivent pas être abandonnés- des médecins sous prétexte qu'on ne trouve pas la lésion. Il ne faut pas les suivre non plus avec trop de sollicitude,'ce qui les pousserait à croire à la gravité de leur affection. Un traitement local en général s'impose.

Aux hyperesthésiques on opposera les topiques calmants (cocaïne, bromure) par voie nasale. On s'abstiendra soigneusement de collutoires mentholés, de chlorure de zinc ou de nitrate d'argent. La cure de ces malades dans les stations thermales où ils se présentent comme gra-- nuleux, doit être prudente, surtout en ce qui concerne l'usage des gargarismes et des pulvérisations. Le humage des vapeurs bien réglé, réussit parfaitement.

Leshypoesthésiques ont besoin, au contraire, de topiques capables de réveiller la sensibilité de leur muqueuse (menthol, glycérine iodée, etc.); l'électrisation locale ou la douche pharyngée avec des appareils à pression variable donne de bons résultats.

Le traitement général médicamenteux varie.

Il peut être tonique (arsenic,-strychnine),-anti spasmodique chez les hyperesthésiques seuls (valérianate d'ammoniaque, bromures) mais il sera surtout dynamogène de lanutrition : exercices physiques, massage,'hydrothérapie. Le praticien se guidera dans le Choix des stations thermales.sur le tempérament et la diathôse. Il ne faut pas oublier le traitement moral dont font partie de légères cautérisations sur les points granuleux.

■ L. JUMON.

Emploi de la pyoctanine dans l'otite moyenne purulente chronique, par GEORGES RICHARD (Mcrck's Archives, décembre 1905). —L'auteur a employé en insufflation dans l'otorrhée chronique un mélange de pyoctanine et d'acide borique dans la proportion do 1 :10. Les résultats obtenus sont bien dus à la première de ces substances et non à l'acide borique qui, seul, ne donne pas les résultats de l'association des deux médicaments. Lapoudre peut être insufflée ou bien portée en solution sur un petit tampon de coton. II est facile d'atteindre la surface malade, pourvu que la perforation soit un peu grande.

Les avantages particuliers de la pyoctanine sont d'abord son emploi facile sous différentes formes, permettant de bien atteindre les surfaces malades. La poudre est appliquée en couche épaisse, puis laissée deux jours en place. Pour éviter la coloration, on place un tampon de coton qu'on enlève lorsqu'il est taché. L'action de la pyoctanine est persistante et la coloration bleue se maintient pendant parfois plusieurs semaines. Enfin la substance n'a pas d'action nuisible. Son désagrément est sa coloration intense qui persiste plus ou moins longtemps. Toutefois on peut l'enlever avec de l'alcool. Sur 36 cas graves dans lesquels l'auteur a employé ce médicament, il a eu 14 améliorations, 16 guérisons, 2 guérisons apparentes subsistant durant quelques mois, 4 cas restèrent stationnaires et durent être opérés.

L.JUMON.

Maladies vénériennes. — Maladies de la peau.

Dr MOREL-LAVALLÉE Médecin des hôpitaux.

Traitement du psoriasis, par DURING (Deutschemed. Wochenschrift, 21 décembre 1905). — L'auteur constate en premier lieu que le traitement par les agents physiques est trop


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négligé dans celte affection : parmi eux, la sudation doit jouer un rôle considérable. La douche de 35 à 40°, de 1 à 2 minutes de durée, se terminant par un jet froid, les :bains à 33°, surtout alcalins, sont d'utiles adjuvants aux traitements locaux. En général, on se tiendra au-dessous des doses d'alcalin ordinairement employées, et on les additionnera avec avantage de 200 grammes de glycérine. Pour un bain de 200 litres, les doses convenables seront, pour la soude, de 40 grammes, pour le bicarbonate de soude, de 70 grammes, pour le borax, de 100 grammes.

Les rayons .de Roentgen rendent parfois des services en cas de psoriasis ancien, avec plaques tenaces, mais ils n'empêchent aucunement les récidives; ils semblent même les favoriser. ...-.-.

Comme traitement local, l'auteur estime qu'on néglige trop, surtout en cas de psoriasis peu étendu et de peau irritable, l'onguent au précipité blanc, à condition d'en surveiller l'emploi. La chrysarobine, au contraire, semble à l'auteur fort peu recommandable, à cause de. ses dangers et de ses nombreux inconvénients. Le pyrogallol et le lénigallol sont très efficaces en pommades de b à 10 %, mais demandent une surveillance active. Le goudron, d'action plus lente, est en revanche beaucoup plus maniable.

On ne saurait trop, en thèse générale, recommander d'étudier dans chaque cas l'irritabilité cutanée, si l'on veut éviter de transformer par la médication un psoriasis banal en psoriasis aigu généralisé.

Comme régime, il faut préconiser toute espèce de changement radical dans l'alimentation ; dans les cas aigus, le régime lacté aura la préférence. Dans tous les autres cas, les régimes les plus bizarres pourront exercer une action, mais celle-ci sera toujours momentanée. L'arsenic n'a donné à l'auteur que des mécomptes : les doses élevées d'iodure de potassium (Haslund) semblent dans quelques cas favoriser l'action des topiques, mais leur effet est incertain et variable. La thyroïdine est inefficace et dangereuse.

E. VOGT.

Lesous-carb onate de fer comme topique des ulcères atones, par SABOURAUD (La£linique, 5 janvier 1906). — Cette poudre, très fine, peut s'employer en nature ou incorporée à des pommades. C'est un admirable cicatrisant des plaies, c'est le topique par excellence des ulcères de jambe de vieille date, dos cratères d'ecthyma ou de chancrelles de guérison lente, etc..

Mode d'emploi : on remplit de poudre le creux tout entier de l'ulcération, on recouvre d'une couche d'ouate et d'une bande Velpeau. On .nettoie tous les jours à sec avec un pinceau d'aquarelle, et s'il se produit des grumeaux qu'on ne peut déplacer et sous lesquels on soupçonne que la suppuration continue, on les détache, au pinceau toujours, mais avec de l'huile d'amandes douces fraîche. L'ulcère nettoyé est rempli d'une nouvelle couche de poudre; ainsi de suite.

Ce mode de pansement fera merveille dans' les ulcérations simples, atones. Si le malade redoute les pansements, il faut laisser de côté l'usage de la poudre en nature et préférer les pommades, 1 : 40 de vaseline par exemple.

On panse en. remplissant avec celte pommade le creux de i l'ulcération; on nettoiera avec de l'ouate hydrophile imbibée d'huile d'amandes douces.

E. VOGT.

Sur le traitement mercuriel précoce de la syphilis, par LÉOPOLD GLUCK (Wien. med. Presse, 24-31 déc. 1905). — On a élevé un certain nombre d'objections au traitement précoce de la syphilis, entre autres d'agir plus lentement que lorsqu'il est institué plus tard, d'avoir besoin d'être prolongé et plus souvent renouvelé. Tel n'est pas l'avis de l'auteur qui a obtenu des résultats très rapides et très complets dans cent onze cas où il a institué ce traitement précoce. Celui-ci a pour but non seulement de favoriser la cicatrisation, mais encore la résolution du chancre induré et la diminution de volume des ganglions engorgés;. Il faudra ici proportionner la quantité de mercure employée à l'intensité et au volume des lésions. Le traitement précoce empêche mieux les récidives que le traitement plus tardivement suivi. De ses observations l'auteur tire les conclusions suivantes :

Le traitement précoce accélère la cicatrisation et la disparition de l'induration chancreuse et amène la diminution des ganglions lymphatiques engorgés. Il répond donc non seulement au principe d'instituer dans toute maladie une thérapeutique précoce effective, mais aux indications hygiéniques et prophylactiques de faire disparaître le plus rapidement possible les foyers infectieux.

L'action préventive ou abortivedu traitement mercuriel précoce soutenue par quelques partisans n'est pas démontrée, cependant il n'est pas douteux que le traitement institué à temps peut reculer jusqu'à une durée de dix mois l'apparition des symptômes généraux de la syphilis. Dans le dernier cas les premiers


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REVUE DE THERAPEUTIQUE

phénomènes généraux peuvent avoir les caractères connus des récidives, ce qui indique une accélération dans l'évolution delà maladie.

La pratique n'a pas confirmé l'assertion des adversaires du traitement mercuriel précoce qui lui attribuentdes inconvénients, en particulier l'augmentation et la-gravité des récidives, l'affaiblissement de l'action du mercure dans les traitements à suivre plus tard, ainsi que l'apparition précoce et plus grave des actions accessoires nuisibles de l'emploi du mercure.

L'observation apprend plutôt que la méthode de traitement diminue en général beaucoup le nombre et l'intensité des récidives, que l'action du mercure dans tous les cas est aussi rapide, énergique et durable que chez les malades qui ont été soumis au traitement mercuriel général seulement après l'apparition des symptômes secondaires, et qu'enfin la stomatite mercurielle, la diarrhée, l'anémie sont aussi fréquentes avec le traitement précoce qu'avec le traitement tardif. Aussi l'auteur croit-il que le traitement précoce est non seulement permis, mais doit être recommandé.

L. JUMON.

Maladies des Voies urinaires.

Dr DESCHAMPS Ancien interne des hôpitaux de Paris.

L'urétrite staphylococcique par coït « ab

ore « (Semaine Médicale, 25 janvier 1905). — Outre les urétrites blennorragiques réveillées par un coït buccal chez les urètres antérieurement infectés, il existe des cas d'urétrite à staphylocoque pur aiguë ou suraiguë, d'origine buccale. Les signes peuvent être aussi aigus que dans la blennorragie, et le diagnostic ne peut se faire que par l'examen microscopique et l'ensemencement. Les observations publiées par A. Malherbe, H. Malherbe et Ollive, ont montré que la plupart du temps la contagion avait pour origine une stomatite aphteuse ; dans une de ces observations les phénomènes aigus étaient très intenses, les mictions très douloureuses, l'écoulement sanguinolent, l'état général hyperthermique.

Le traitement consiste dans le repos, les grands bains, les lavages au permanganate, et les pansements avec les bougies à l'ichtyol. D'après les observations d'Audistère, les urétrites non gonouocciques seraient dans certains cas contagieuses pour la femme et pourraient infecter l'utérus et les trompes.

M. DESCHAMPS.

Urétrite non gonococcique, par SPOONER (Med. Rec., il novembre 1905).— Les causes d'urétrite sont si nombreuses que l'auteur préfère classer les cas suivant les conditions cliniques. Il distingue ainsi les urétrites causées par une irritation interne : coït, cathétérisme, érections, masturbation, injections médicamenteuses; les urétbrites causées par une irritation interne mécanique, chimique et toxique, d'origine constitutionnelle: aliments, boissons, médicaments, goutte, rhumatisme, diathèse arthritique, herpès, oreillons, syphilis, tuberculose, fièvre typhoïde, diabète. Les dires des malades ne doivent être acceptés qu'avec circonspection. Au point de vue clinique le diagnostic différentiel est impossible; on peut seulement dire qu'en général dans les cas d'uréthrite non blennorragique les périodes d'incubation et l'évolution sont plus courtes et moins douloureuses que dans l'urôthrite blennorragique.

Les cas d'urétrite non blennorragique d'origine constitutionnelle doivent être traités en supprimant la cause excitante. Lorsque l'urétrite est due à une bactérie pyogène le traitement est le même que pour l'urétrite blennorrhagique. Quelques cas d'urétrite aseptique d'origine inconnue ne sont influencés par aucun traitement.

L.JUMON.

Traitement des états consécutifs à l'urétrite chronique antérieure, par TRENTWITH (Med. Neivs, 9 décembre 1905). — Il est très important d'arriver à une guérison complète de l'urétrite blennorragique, afin de prévenir l'extension de la maladie. Dans les cas visés par l'auteur, les malades ont les lèvres du méat collées le matin, avec léger écoulement de muco-pus, ils ont la sensation d'une goutte d'urine qui passe longtemps après la miction ou d'une brûlure située le long de la verge. Cet état chronique aboutit plus tard à des rétrécissements, parfois à des érosions en arrière du rétrécissement. Le diagnostic doit s'appuyer encore sur l'examen local de l'urètre, de la prostate et des vésicules séminales.

En commençant le traitement on stérilisera le méat par un lavage au savon vert, puis au sublimé. On passera ensuite des bougies de numéros de plus en plus forts une fois tous les 5 à 7 jours, en les laissant en place de 5 à -10 minutes. Après chaque cathétérisme on fera un lavage de l'urèthre avec une solution de nitrate d'argent à 1/8000 ou on instillera une solution à 1/125 de nitrate d'argent à l'endroit du rétrécissement. Comme préventif contre l'infection on donnera de l'urotropine. L'urô-


MEDICO-CHIRURGICALE

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trotomie est indiquée lorsque le rétrécissement ne se laisse pas distendre.

S'il n'existe pas de rétrécissement, mais seulement des symptômes de catarrhe, l'auteur fait un lavage avec une solution de nitrate d'argent dont le titre varie de 1 à 2/16.000 et qu'il pousse jusque dans la vessie. Lorsque les symptômes s'amendent il fait alors une instillation de petite quantité de solution dé nitrate d'argent de 1/2000 à 1/125. L'instillation est répétée tous les 2 ou 3 jours et on en surveille la réaction. Chez lui le malade fait matin et soir une injection de solution saline normale chaude qu'il garde dans l'urètre pendant une demi-minute.

Deux ou trois fois par jour il peut faire des injections de sulfate de zinc et d'alun, à raison de 0,12 à 1 gramme pour 30 grammes d'eau; ces injections sont faites après avoir uriné et sont gardées pendant 1 à 2 minutes.

Si l'endoscope montre des plaques d'épaississement ou d'érosion très petites, il vaut mieux les traiter par l'application directe d'une solution de nitrate d'argent de 5 à 20 % au moyen de l'endoscope. Dans les cas où la muqueuse est simplement épaissie l'auteur recommande deux injections d'une solution de 1 à 10 ou 20 % d'ichtyol. Les follicules infectés sont détruits par le galvanocautère à travers l'endoscope.

Si l'examen répété ne révèle rien autre qu'une sécrétion muqueuse plus ou moins abondante, l'auteur cesse tout traitement local et applique un traitement général reconstituant.

Enfin le régime doit toujours être assez sévère pendant toute la durée du traitement.

L. JUMON.

Les ulcérations blennorragiques, par JULLIEN (Revue internationale de med. et de chir., 10 nov. 1905). — Les ulcérations de la muqueuse urétrale au cours de la blennorragie ont été étudiées avec l'urétroscope, elles ont été vues sous forme d'ulcérations vraies ou d'érosions granuleuses.

Le gonocoque peut provoquer par son contact des ulcérations sur les plaies, sur les muqueuses et sur la peau.

Les ulcérations des muqueuses sont observées généralement sur les lèvres du méat, dans le sillon balano-préputial, sur la couronne du gland, sur la vulve. Au méat, elles se présentent sous l'aspect d'érosions planes rouge vif ou jaunâtre, quelquefois avec une base indurée, et qui peut amener la confusion avec le chancre syphilitique ; assez souvent aussi sous la forme d'une fissure à la commissure inférieure du

méat. Le sillon balano-préputial est surtout affecté dans les cas de phymosis. A la couronne du gland, on observe des érosions ulcéreuses développées sur des nodosités dues à des infiltrations glandulaires. Les ulcérations vulvaires sont à contours irréguliers, oedématiées, et siègent sur les petites lèvres, à la fourchette, au niveau de la glande de Bartholin, au méat, et même au voisinage de l'anus et sur la muqueuse rectale. Sur la peau, le gonocoque peut s'inoculer et provoquer des lésions de folliculite, ou des ulcérations. On peut même le trouver dans des foyers de suppuration à distance, surtout dans les bubons suppures de l'aine où il provoque-des plaies ulcéreuses interminables.

Les ulcérations blennorragiques s'accompagnent souvent d'infiltration oedémateuse; quelquefois elles prennent l'aspect phagédénique ou serpigineux ; sur elles peuvent, se greffer un chancre syphilitique ou un chancre mou. Elles sont tenaces et se compliquent souvent de fièvre-et de lymphangite.

Le diagnostic avec le chancre induré est parfois délicat quand il y a une base indurée ; on s'appuiera sur la période d'incubation, sur le ' gros ganglions unique et sur l'absence d'écoulement urétral. Le chancre mou sera reconnu par la recherche du bacille de Ducrey et l'autoinoculation. Le diagnostic avec l'herpès est très difficile, et il est probable que l'on est porté à confondre beaucoup d'ulcérations blennorragiques avec des érosions herpétiques.

Le traitement s'adressera d'abord à l'écoulement urétral ; l'ulcération sera traitée par les bains locaux, les pommades, les lavages aux solutions argentiques, au chlorure de zinc, au permanganate. Dans les cas rebelles,on emploiera le curettage ou le thermo-cautère. Les bubons blennorragiques ulcérés seront curettes, et les culs-de-sac excisés.

M. DESCHAMPS.

Traitement de l'hypospadias, par CARRIER (L'Echo méd. du Nord, 24 décembre 1905). — L'auteur a opéré un jeune enfant de quatre ans pour un hypospadias balanique, par le procédé de von Hacker, modifié par Villemin. Avec la vieille méthode de Duplay, on voulait reconstituer la portion manquante de l'urètre, en utilisant les tissus voisins, mais, outre que l'opération exigeait en général deux séances, elle laissait un méat cicatriciel à tendance constamment rétractile. Le procédé actuel est à l'abri des ennuis des anciennes méthodes. Il consiste à disséquer l'urètre sur une certaine étendue, en laissant autour de l'orifice hypospadique une petite collerette de muqueuse; l'urètre,


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REVUE DE THERAPEUTIQUE

ninsi libéré, est ensuite attiré à travers un tunnel creusé dans le gland et son orifice est suturé à l'orifice de ponction du gland au moyen de catgut fin, et la sonde à demeure est ordinairement inutile, car il n'existe aucune solution de continuité du canal si l'opération a -été bien exécutée. L'auteur insiste sur l'extrême minceur de la portion de l'urètre voisine de l'orifice hypospadique, minceur qui rend ce canal, à ce niveau véritablement transparent; «on avis, eu conséquence, est de ne pas opérer avant l'âge de quatre ans.

L. JUMON.

Uretéro-hétéro-plastie, par FIORI (Il Policlinico, février 1905). — Cette opération fut pratiquée pour rétablir le cours de l'urine dans un uretère qui présentait cinq rétrécissements et contenait onze calculs.

Par la taille lombo-iliaque on fit l'uretérotomie, et on reconstitua l'uretère sur une bougie en gomme n° 30 ; la bougie n'étant entourée par la paroi uretérale que sur le tiers seulement de sa circonférence, on compléta le nouveau canal eu suturant aux deux bords de cette paroi une lame celluleuse qui doublait ' le péritoine et le muscle psoas. On mit une sonde uretérale à demeure pendant quatre jours : guérison.

M. DESCHAMPS.

Libération externe de l'uretère, par ALRARRAN (Assoc. française d'urologie, 1905). — Dans deux cas de rétrécissement de la portion pelvienne de l'uretère consécutifs à de la péri-' urétérife, l'auteur a pratiqué le cathétérisme descendant de l'uretère dans un cas par l'incision du rein déjà fistulisé à la suite d'une néphrotomie ancienne, dans l'autre cas en incisant l'uretère à son émergence du bassinet. La sonde introduite dans l'uretère par en haut était arrêtée au niveau du rétrécissement : elle le franchitaisémentaprès libération de l'uretère du tissu fibreux qui l'entourait à ce niveau ;

■ on la saisit alors dans la vessie avec un lithotriteur et on l'attira au dehors ; elle fut laissée à demeuré 1-1 jours dans le premier cas, 2 jours dans le second. Les deux malades guérirent : elles étaient venues consulter, l'une pour des

■ crises d'hydronéphrose, l'autre pour des crises de pyonéphrose avec débâcles purulentes. La libération de l'uretère se fit aisément par une longue incision lombo-iliaquo.

M. DESCHAMPS.

Contribution à l'étude de l'implantation vésicale de l'uretère, par RISSMANN (Monatssch. f. Gcburlsh. u. Gynàkol., sept. 1905). — Ce procédé

assurerait d'une façon très satisfaisante la fixité de l'uretère et la perméabilité de son nouvel abouchement. L'uretère est sectionné en bec de flûte très allongé; à l'extrémité du biseau on passe un fil à l'aide d'une aiguille courbe assez forte, puis on incise la vessie et oii passe l'aiguille par cette ouverture et on la fait saillir sous la paroi vésicale à 3 centimètres en dedans de l'incision.

A ce niveau on fait une seconde incision et on sort l'aiguille et le fil de la vessie : ce fil est noué après avoir été passé dans les deux lèvres de l'incision, ce qui assure en même temps la fermeture de l'incision et la fixité de l'extrémité de l'uretère. La première incision est fermée par une collerette de points non perforants placés autour de l'uretère.

Pour réaliser ce procédé, il est indispensable que l'uretère ait conservé une longueur suffisante : il ne convient pas dans les cas où celuici a subi une longue perte de substance.

M. DESCHAMPS.

Traitement, du rhumatisme blennorragique par la vésiculectomie, par FULLER (Ann. of Surgery, juin 1905). — Le rhumatisme blennorragique serait surtout entretenu par l'infection latente des vésicules séminales. Sur 15 rhumatisants, l'auteur trouva 12 fois comme seule source d'infection les vésicules ; il en fit l'ablation chez 4 malades qui guérirent de leur intervention sans complications au bout de 15 jours, et qui virent disparaître à la suite leurs raideurs articulaires. Depuis, ils ont recouvré l'usage de leurs membres d'une façon parfaite et définitive ; d'eux d'entre eux étaient immobilisés au lit depuis trois ou quatre mois.

M. DESCHAMPS.

Gynécologie et Obstétrique.

Dr n. RLONDEL

Chef de laboratoire à la Maternité de la Charité. f

Traitement des salpingites, par M. J.-L.

FAURE (Presse médicale). — Nous reproduisons le traitement des inflammations annexielles qui tiennent une si grande place dans la pathologie de la femme, tel qu'il est envisagé par un chirurgien, dont il convient de louer, en cette circonstance, la tendance conservatrice. Toute tuméfaction para-utérine saillant quelque peu dans les culs-de-sac vaginaux, avec douleurs et fièvre plus ou moins accentuées, est, à n'en pas douter,une salpingite.il n'en faut môme pas tant


MEDICO-CHIRURGICALE

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parfois pour diagnostiquer une salpingite : « Un certain degré d'immobilisation de l'utérus, qui semble fixé vers l'une ou l'autre de ses cornes et répond mal aux mouvements qu'on lui imprime, suffit pour témoigner du retentissement inflammatoire qui se produit vers les annexes. «Voilà qui est tout à fait juste ; je passe sur la description des cas plus graves, aujourd'hui connus de tous et j'en arrive aux indications thérapeutiques suivantes, dont chacun peut apprécier la justesse. « Etant donné la tendance naturelle des cas simples à la guérison spontanée, on doit favoriser la résolution progressive des foyers inflammatoires : le repos absolu au lit, la glace sur le ventre, les irrigations vaginales et surtout rectales, sorte de bain prolongé intra-pelvien, agissent puissamment sur l'élément douleur et inflammation. Se garder de toute manoeuvre, quelle qu'elle soit, sur l'utérus et les annexes. Dans un très grand nombre de cas, ce traitement amène la guérison qui peut être intégrale et définitive, et assez rapide. La surveillance néanmoins continuera, car, si ce bon résultat n'est pas obtenu dans les limites ordinaires, c'est que l'infection gagne de proche en proche, le péritoine pelvien se prend et les foyers augmentent d'étendue. Mais dans ces cas, l'élément fièvre vient nous renseigner, et, suivant M. Faure, l'augmentation des douleurs est un signe encore plus inquiétant. Dès lors, il faut agir. Que ferat-on? La colpotomie suffit parfois, î'hystérectomie vaginale, dans les cas virulents, est une opération « admirable ». Il faut l'employer sans délai, car ici, l'hésitation, c'est la mort. C'est ainsi qu'avec la période de réaction, nous en revenons sous la plume d'un chirurgien de la jeune école, à la méthode de Péan, pour qui l'hystérectomie vaginale trouvait dans les suppurations pelviennes des trompes sa plus brillante indication ! L'auteur décrit ensuite brièvementles accidents de la salpingite chronique,qui peuvent aussi disparaître après un temps plus ou moins long. Quand ils s'aggravent comme dans le cas précédent, mais avec une indication moins urgente, c'est au chirurgien d'agir. Peutêtre l'auteur aurait-il pu ajouter que le traitement chirurgical trouve, dans tous les cas, menaçants, aigus ou chroniques, une indication exceptionnelle dans la classe laborieuse, une femme ne pouvant bénéficier du traitement conservateur que lorsque sa condition sociale le lui permet.

A. BENOIT.

Cancer du col de l'utérus traité avec succès par la radiothérapie, par HARET (Arch. d'électr. médicale, 25 décembre 1905). — Malade âgée

de 75 ans, présentant une ulcération cancéreuse, siégeant sur le côté gauche du col.

Un chirurgien déconseille l'opération pour deux raisons : d'abord, étant donné l'âge dé la malade, et, en second lieu, à cause de l'envahissement de la paroi vaginale : il adresse la malade au laboratoire de radiothérapie de M. le Dr Béclère, à l'hôpital Saint-Antoine, où l'on commence la radiothérapie le 7 décembre 1904; on fait une séance par semaine ; à chaque séance la surface traitée absorbe une moyenne de 4 II au chromoradiomètre de Holzknecht; la partie malade est à 20 centimètres de î'anticathode.

Après la deuxième séance, la malade sent déjà un mieux appréciable, les douleurs sont moins violentes. Elles cessent complètement après la quatrième séance. A ce moment, la petite ulcération est cicatrisée.

Enfin, après la sixième séance, on ne trouve plus d'induration : le traitement a duré six semaines.

Les cas semblables sont assez peu nombreux. Il arrive rarement, en effet, qu'on ait à traiter un cancer du col en début, le chirurgien consulté préférant une intervention chirurgicale plutôt que de tenter le traitement par les rayons X. En second lieu, des faits de ce genre montrent qu'il n'est pas du tout contraire à l'intérêt des malades de les soumettre à. cette épreuve avant de se décider aune grande intervention, quitte à faire opérer la malade sans tarder si la radiothérapie ne semble pas amener rapidement,une amélioration.

Comme, d'autre part, les malades se soumettront plus vite à ce traitement qu'à une intervention chirurgicale, les chances de guérison seront encore plus grandes.

E. VOGT.

Pharmacologie.

Dr E. VOGT Ex-assistant à la Faculté de Médecine de Genève.

Les lécithines et le lait, par FOURNIER (La Presse médicale, 27 décembre, 1905). — L'auteur constate que le lait de femme contient environ deux fois autant de lécithine que le lait de vache : d'un autre côté, la stérilisation détruit un tiers environ des lécithines du lait. Ces considérations ont conduit à la recherche des moyens d'incorporer au lait les lécithines du jaune d'oeuf. Celles-ci sont insolubles dans l'eau et altérées par ce liquide, mais associées aux corps gras, elles sont protégées par eux, ce


;o

REVUE DE THERAPEUTIQUE

qui explique leur conservation dans le lait.

Se basant sur ces données, l'auteur a préparé des laits contenant jusqu'à 40 à 50 grammes de lécithine par litre : ils Constituent des solutions mères qu'on peut ensuite mélanger au lait cru, bouilli ou stérilisé, en proportions convenables, p. ex. à raison de 1 gramme de lécithine par litre.

Le lait lécithine conserve l'aspect, la couleur, le parfum du lait avec lequel il a été préparé; seule sa saveur est légèrement plus crémeuse. La solution mère demeure indéfiniment homogène, quand elle est close aseptiquement.

E. VOGT.

Action du thé en infusion, par SIR LAUDER BRUNTON (The Practitioner, janvier 1906). — Le thé exerce son action sur la circulation, la moelle et l'encéphale. La circulation sanguine est plus active et l'irrigation cérébrale est meilleure. Il est probable que le cerveau est directement stimulé et un effet de cette stimulation est d'empêcher le sommeil de se produire. Bennet et Me Kendrick prétendent que le thé diminue ou abolit la transmission des impressions sensitives dans les nerfs périphériques et la moelle, il semble ainsi diminuer la sensation de fatigue et donne une sensation de bien-être permettant d'endurer la fatigue. A côté de ces avantages, le thé offre des.inconvénients résultant de l'abus. En {diminuant les sensations désagréables il diminue l'appétit et oppose un certain obstacle à l'alimentation. Certains thés ont en outre une action fâcheuse sur l'estomac par suite du tannin qu'ils renferment. Le tannin pris avec de la viande rend celle-ci moins digestible, de sorte que l'usage du thé avec la viande peut conduire à la dyspepsie. Mais le tannin contenu dans le thé affecte encore la muqueuse gastrique et affaiblit son pouvoir digestif. Dans la préparation de l'infusion il faut donc éviter de porter celle-ci à l'ébullition pour ne pas la charger de tannin.

Par suite de la diminution delà sensation de fatigue et d'une alimentation restreinte, les personnes qui font abus du thé dépensent physiquement plus Qu'elles né se réparent, elles deviennent nerveuses, émotives, souffrent plus facilement des névralgies et ont du tremblement. Ce dernier est plus facilement provoqué par le thé vert que par le thé noir. Le thé est un stimulant puissant de la circulation et, si on en fait abus, l'appareil circulatoire s'affaiblira, d'où la fréquence des palpitations et la faiblesse du pouls.

Tous les thés ne sont pas également nocifs. Beaucoup préfèrent le thé de Ceylan et de l'Inde

au thé de Chine en raison de son arôme et de son action stimulante, mais ce dernier contenant moins de tannin est moins sujet à causer la dyspepsie. L'auteur rappelle que le thé vert et le thé noir ne sont pas deux variétés différentes, mais que leur différence dépend du mode de préparation, le thé noir ayant subi une sorte de fermentation avant la torréfaction. Au total le thé infusé seulement deux ou trois minutes et pris avec modération est utile et agréable, mais pris en excès ou avec de la viande de boucherie, il peut produire des troubles digestifs ; son excès détermine des troubles nerveux très sérieux.

L.JUMON.

Que devient la paraffine dans le corps humain? par KIRSCHNER (Société médicale .de Berlin. 29 novembre 1905). — L'orateur cite un cas dans lequel un nez ensellé fut traité il y a quatre ans par une injection de vaseline ; il est porté comme guéri dans l'ouvrage (de Stein. Peu à peu, il s'est développé une véritable tumeur à la base de l'orbite à droite, et on a dû enlever cette masse qui gênait la vision : la peau était violacée et distendue.

Les injections de paraffine solide ne donnent pas, souvent, de meilleurs résultats, car les deux substances sont à la longue résorbées et remplacées par du tissu conjonctif : les tissus ne supportent pas dans une égale mesure ces injections ; elles peuvent provoquer des troubles graves. On aurait grand tort de croire que ces substances restent à l'état de corps étranger, ne provoquant aucune réaction, dans les tissus : il ne se forme pas de capsule autour de la masse injectée, ainsi que le démontrent les nombreuses préparations que l'orateur fait passer sous les yeux de la [Société.

Dans la discussion qui a suivi cette présentation, ECKSTEIN estime que pour la paraffine fondant à 55°C. environ, la résorption est à peine sensible ; il a revu des opérés après 7 ans et n'a observé aucune déformation appréciable. Les insuccès sont dus sans doute à un défaut dans l'asepsie. Il base son opinion sur environ 2.000 injections.

JOSEPH au contraire a constaté, surtout en cas d'opérations dans la région nasale, des déformations, destélangiectasies ; on doit limiter l'intervention aux cas très marqués d'ensellure.

KIRSCHNER termine la discussion en maintenant son opinion, qui est basée sur des examens histologiques minutieux : il estime aussi que, pour beaucoup de raisons, les opérateurs ne publient pas les insuccès ou ne revoient pas leurs malades quand les déformations se manifestent.

E. VOGT.


MEDICO-CHIRURGICALE

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VARIETES ET NOUVELLES

XVe Congrès international de Médecine (Lisbonne, 19-26 avril 1906). — A l'occasion du Congrès international de Médecine, qui se tiendra à Lisbonne du 19 au 26 avril 1906, la Compagnie Orient-Pacific Linc organise une croisière sur le bateau « Ophir », à laquelle pourront participer les médecins français qui se rendront à Lisbonne.

Le bateau quittera Londres le 12 avril et s'arrêtera le vendredi 13 avril à 7 heures du matin à Cherbourg, où pourront s'embarquer les médecins français qui prendront part à la croisière. De Cherbourg, VOphir fera escale à Vigo, Tanger, Gibraltar et.arrivera à Lisbonne le mercredi 18. Pendant la durée du Congrès, le bateau stationnera à quai à Lisbonne et les passagers continueront à y logeretà y prendre leurs repas.

Le Congrès fini, Y Ophir quittera Lisbonne le 24 avril au soir et, après un arrêt à Oporto, débarquera les médecins français à Cherbourg le samedi 28 à midi.

Le prix delà croisière, comprenant la nourriture à bord pendant le voyage et pendant les escales et le séjour à Lisbonne est de 370 à 900 francs, suivant la • position de la cabine occupée..

On peut retenir des cabines : à l'Agence Cook (I, Place de l'Opéra, à Paris); à Marseille, chez MM. Worms, 16, Place Beauvais ; à Bordeaux, chez M. Henry Danis, 6, quai Louis XVIII.

Une autre Compagnie anglaise, « TravelBureau », organise une autre croisière, avec départ de Liverpool et arrêt au Havre, pour embarquer les Congressistes français. Prix du billet Liverpool-Lisbonne et retour : 290 frs.

Pour retenir les cabines, s'adresser à The Travel-Bureau, 9, B. Banks. Cookspen Street, 26, Londres.

Chronique des hôpitaux. — Fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild, 29, rue Manin et rue Priestley, 56-58 (Buttes Chaumont). — Médecin en chef : Dr A. Trousseau. — Cette fondation reçoit les malades atteints d'affections oculaires curables. — Opérations : Le mercredi à 9 h. du matin : D 1' A. Trousseau. — Consultations : Tous les jours de 9 à 11 h. le malin : Dr Sulzer. — Tous

les jours de 1 à 3 h. le soir : D 1' Millée. — Les mardi, jeudi et samedi de 7 à 8 h. du soir : Dr Hourmouziadès et Dr Vigier. — Services auxiliaires : Réfraction et examens fonctionnels : D 1' Polak. — Electrothérapie : D 1' Bissérié. — Bactériologie et histologie : Dr Duclos. — Oto-rhino-laryngologie : Dr F. Landolt.

Infirmerie spéciale de Saint-Lazare.—Courélémentaires de syphiligraphte, vénéréologie. — Professeurs : MM. Julien, Verchère, Ozenne, Le Pileur et Wickham. Ie 1' semestre, janvier, février; 2e semestre, mai, juin. Ces cours auront lieu les mardi, jeudi et samedi de chaque semaine, à 10 heures 1/2, à la maison d'arrêt et de correction de Saint-Lazare, 107, faubourg Saint-Denis. Ils sont destinés aux docteurs en médecine et aux étudiants munis de 16 inscriptions. On peut se faire inscrire à la maison même, en se rendant aux cours. Des affiches annonceront le]début des cours.

L'élection de M. Lannelongue au Sénat. —■

M. le prof. Lannelongue vient d'être élu sénateur du Gers, en tête de liste, et avec une très grosse majorité.

Tout ce qui regarde la profession médicale trouvera certainement ^au Sénat, chez M. Lannelongue, aide et protection. Il ne peut que représenter une augmentation notable de force morale et d'autorité scientifique pour le groupe médical du Parlement. Ce qu'il fit à la Chambre des députés est un sûr garant de ce qu'il voudra faire au Sénat. Le moment est on ne peut plus propice, en raison de l'actualité de la question des réformes à introduire dans l'enseignement médical.

Distinction honorifique. — A été promu dans l'ordre de la Légion d'honneur : Au grade d'officier, M. Ruault, de Paris.

Nécrologie. — Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. le Dr Delarue, député radical de l'Allier. M. Delarue a légué toute sa fortune (800.000 fr. environ) à la ville de Gannat, et sa maison de Gannat destinée à devenir un Musée local; — de M. Mégnin, vétérinaire, membre de l'Académie de médecine;— de M. le Dr Piéchaud, professeur de Clinique infantile à la Faculté de médecine de Bordeaux.


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BIBLIOGRAPHIE

Physiologie de la lecture et de l'écriture, suivie de déductions pratiques relatives à l'hygiène, aux expertises en écriture et aux progrès de la typographie, de la cartographie, de l'écriture en relief pour les aveugles,etc., par M. le Docteur E. JAVAL, membre de l'Académie de médecine, directeur honoraire du laboratoire d'ophtalmologie à la Sorbonne, 1 vol in-8 de

■ la Bibliothèque scientifique internationale, avec 96.figures dans le texte, cartonné à l'anglaise, 6 fr. (Félix Alcan, éditeur).

Ce livre étant destiné au grand public, le savant physiologiste a dû s'efforcer de. rendre abordables les recherches historiques et les notions théoriques sur lesquelles il fonde ses démonstrations, et il y .a pleinement réussi. Les chapitres où il expose l'évolution de la typographie, de la sténographie et de l'écriture musicale; ceux qu'il consacre à l'optique de l'oeil et au mécanisme soit de la lecture, soit de l'écriture, sont d'une lecture facile et même attrayante.

Parmi les applications pratiques exposées dans ce livre, nous relevons tout d'abord l'argumentation magistrale en faveur de remploi de l'écriture droite dans les écoles primaires. Dès 1878, M. Javal a entrepris en faveur de l'écriture droite une campagne qu'il a continuée pendant 25 ans à la tribune de plusieurs sociétés savantes, et notamment de l'Académie de médecine.

Le chapitre le plus curieux du livre est celui où il est traité de la forme du caractère typographique ; l'auteur trouve le moyen de produire des impressions lisibles à l'aide de caractères de très petite dimension : la planche où sont réunis des caractères de un, deux et trois points est un vrai tour de force.

L'infirmité de l'auteur, devenu complètement aveugle avant d'entreprendre la rédaction du volume que nous analysons, n'a pas nui à la correction' typographique de l'ouvrage; par contre, elle nous a valu deux très curieux chapitres relatifs à l'écriture des aveugles.

Tout comme le précédent ouvrage du Dr Javal, Entre Aveugles, ce livre que nous présentons au public est animé d'un souffle phisiologique remarquable, qui dérive de l'application du principe de moindre effort. Ce principe se manifeste particulièrement dans le chapitre si original consacré à l'enseignement de l'écriture et dans quelques passages relatifs à la réforme

de l'orthographe et à la langue auxiliaire Espéranto dont M. Javal est un des plus fervents adeptes.

Son livre est à la fois un beau livre et une bonne action.

Interprétation nouvelle du mécanisme de l'hémoptysie tuberculeuse. Thérapeutique préventive de l'hémoptysie, par Dr Fernand BARBARY (de Nice), Délégué de la Société de préservation contre la tuberculose, Membre du Bureau International pour la lutte contre la tuberculose, Membre correspondant de la Société de Thérapeutique.Un volume in-8 de 116 pages, relié édition de bibliothèque, tracés, planches, etc. Prix, 3 fr. 50. (De Rudeval, éditeur, 4, rue Antoine-Dubois, Paris.)

Le mécanisme proprement dit des hémoptysies tuberculeuses est encore très obscur. Le Dr Barbary vient de lui donner une interprétation scientifique basée sur des recherches poursuivies plusieurs années.

L'hémoptysie tuberculeuse serait presque toujours fonction de l'hypertension artérielle et, conséquence thérapeutique des plus importante, il serait possible de supprimer dans bien des cas les hémoptysies, en surveillant leur cause, l'hypertension artérielle.

On croit généralement que l'hypotension est liée naturellement à la tuberculose. Ce qu'il faut dire, répond l'auteur, c'est qu'à des phases d'hypotension, parfois longues, succèdent des phases d'hypertension, parfois courtes et méconnues.

L'ouvrage se divise en deux parties. Dans l'une, l'auteur décrit les causes multiples chez les tuberculeux, de l'hypertension transitoire, instable ou permanente ; dans la seconde, il indique une thérapeutique préventive de cette hypertension.

L'ouvrage contient de nombreuses observations avec analyses chimiques, bactériologiques tracés de tensions pris au sphygmographe de Marrey ; planchés des instruments, sphygmographes, sphygmomètres, etc.

La conclusion de l'auteur résume l'importance de l'ouvrage : « L'hémoptysie tuberculeuse est toujours fonction de l'hypertension artérielle. — La thérapeutique préventive des hémoptysies consiste dans le traitement préventif de l'hypertension. »

PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, BUE CASSETTE, 17.

Le Propriétaire-Gérant : R. BLONDEL.


MÉDICO-CHIRURGICALE 72 bis

RENSEIGNEMENTS DIVERS

Enquête sur la qualité du lait vendu à Paris en mai 1905, par le Dr HENBY de ROTHSCHILD. — On doit poser en principe qu'en cette saison surtout, le lait d'une vache laitière saine (les hollandaises exclues) "ne doit pas titrer moins de 32 grammes de matière grasse par litre. Dés essais nombreux, répétés tous les jours depuis longtemps sur des laits d'origine bien connue, nous ont confirmé dans cette opinion, que d'autres auteurs, avant nous, avaient déjà formulée. Les laitiers . peuvent et ont donc le devoir de fournir à leurclientèle des laits atteignant ce taux oul'approchant, pour le moins, à 1 ou 2 grammes près. L'expérience de plusieurs années me permet de proposer la classification suivante :

Très mauvais laits : ceux dont lé titre en beurre ne dépasse pas 30 grammes par litre. Mauvais laits : ceux dont le titre en beurre varie de 30 à 35 grammes par litre. Laits passables: ceux qui titrent de 36 à 37 grammes de. beurre par litre. Bons laits : ceux qui titrent de 38 à 39 grammes de beurre par litre. Très bons laits : ceux dont le titre en beurre atteint ou dépasse 40 grammes par litre.

Nous étant proposé de voir comment se répartiraient dans les catégories ci-dessus des laits recueillis chez des débitants parisiens, nous avons procédé de la façon suivante : des échantillons à différents prix ont été prélevés dans tous les arrondissements tant chez des crémiers que chez des fruitiers ou épiciers. Pour donner à notre recherche toute sa valeur, les échantillons ont été recueillis, dans chaque arrondissement, en des points assez éloignés les uns des autres, chez des boutiquiers dont le commerce semblait assez actif. Nous avons prélevé dans chaque arrondissement un nombre d'échantillons proportionné, autant que possible, au nombre d'habitants, en sorte que, par exemple, nous avons opéré plus de prélèvements dans le XIII" arrondissement, qui est très populeux, que dans le I01',. où la densité de la population est moins élevée. Suivant ces indications, nous avons recueilli au total 87 laits dont on a déterminé, au laboratoire de notre Polyclinique, la richesse en beurre. On s'est servi pour cela de la méthode de Gerber. Celle-ci, qui est couramment employée dans l'industrie laitière, offre le précieux avantage d'être très rapide. En outre, quand la centrifugation est complète, elle donne des résultats très constants. Nous l'avons comparée, à plusieurs reprises, avec la méthode d'Adam et nous avons obtenu des résultats toujours concordants.

Ce qui frappe dès l'abord, c'est que les laits pauvres en matière grasse l'emportent de beaucoup, en nombre, sur les laits bons ou seulement passables. Ainsi, si nous adoptons la classification proposée plus haut, nous voyons que sur ces 87 échantillons, il y en a :

29 soit 33 % environ à désigner comme très mauvais 39 » 45 % » » » mauvais

7 » 8 % ■ » » » passables 4 » 5 % » » » bons

8 » 9 % » » » très bons

Au total, 19 échantillons seulement (soit 22,%) se présentent avec une richesse en matière grasse, tandis que 63 autres (soit 78 %) n'ont pas la qualité exigible pour figurer parmi les laits acceptables.

Si nous entrons dans le détail, nous voyons que les mauvais échantillons ne figurent pas seulement parmi les laits vendus bon marché, 20 ou 25 centimes, mais qu'il y en a, en proportion presque égale, parmi les laits vendus 30 et 40 centimes le litre. Bien mieux, tandis que les moins riches des laits vendus 20 et 25 centimes titrent respectivement 24 et 29 grammes de beurre par litre, nous en trouvons 2 à 19, 1 à 21, 1 à 23, 1 à 25 grammes parmi les laits à 30 centimes ; puis 1 à 24 et 1 à 27 parmi leslaits à 40 centimes. Cette bizarrerie apparente trouve son explication dans le fait que le Laboratoire municpal exerce surtout sa surveillance sur les laits à bas prix. On voit cependant, par l'ensemble, que cette surveillance est bien insuffisante encore.

Cela ne signifie pas, du reste, que lès laits vendus le meilleur marché soit les meilleurs, mais tout au plus que cen'estpas parmi eux que l'on rencontre les plus mauvais. Voici d'ailleurs, en ordonnant les laits d'après leur prix, ce qu'indique notre enquête :

Leslaits vendus 20 centimes(22 échantillons) sont:

Très mauvais dans la proportion de 50p. lOO.Mawwts :41 p. 100 (soit9l p. 100). Passables: 9p. 100.

Les laits vendus à 25 centimes le litre (16 échantillons) sont :

Très mauvais dans la proportion de 56 p. 100. Mauvais : 19 p. 100 (soit 75 p. 100). Passables: 6 p. 100.lions: 6 p. 100. Très bons : 13 p. 100.

Les laits vendus 30 centimes le litre (23 échantillons) sont :


72 1er REVUE DE THERAPEUTIQUE MEDICO-CHIRURGICALE

Très mauvais dans la proportion de 39 p. 100. Mauvais : 36 p. 100 (soit 75 p. 100). Passables : 7 p. 100. Bons: 7p. 100. Très bons: 11 p. 100.

Les laits vendus 40 centimes le litre (21 échantillons) sont :

Très mauvais dans la proportion de 19 p. 100. Mauvais : 52 p. 100 (soit 71 p. 100). Passables : 10 p. 100. Bons : 5 p. 100. Très bons : 11 p. 100.

La proportion des laits non acceptables est assez élevée comme on le voit, dans chaque catégorie.

Le dosage du beurre dans le lait ne précise pas, toutefois, le nature du procédé frauduleux mis en oeuvre, mouillage ou écrémage. M. Winter a montré, en 1895, que la cryoscopie appliquée au lait peut très exactement indiquer si un lait a été mouillé etdans quelles proportions il l'a. été. Le lait pur,'en. effet, tel qu'il sort de l'organisme animal, se congèle à0°55; additionné d'eau, le lait présente un point de congélation d'autant plus rapproché de 0°, point de congélation de l'eau, que la proportion d'eau ajoutée a été plus considérable. L'écrémage, au contraire, ne relève ni n'abaisse-le point dé congélation du lait.

Nous avons soumis à la cryoscopie laplupartdes échantillons de lait dont l'analyse vient d'être rapportée. A part deux ou trois exceptions, le point de congélation a toujours été très voisin de 0°05 On peut donc en conclure que le mouillage est exceptionnel et que c'est plutôt à l'écrémage qu'ont recours les fraudeurs. Il n'est pas indifférent d'être renseigné sur ce point. Le mouillage est une opération bien plus redoutable pour la santé publique que l'écrémage. S'il est vrai que l'écrémage supprime un des principes les plus importants du lait, il n'est pas moins vrai que les autres constituants, caséine, lactose, sels, etc.. restent dans le liquide en proportion à peu près normale. Avec le mouillage, au contraire, outre que l'eau employée pour cette opération, étant prise au ruisseau ou à une borne-fontaine, risque d'apporter avec elle des germes de maladies infectieuses, la dilution de la caséine, du lactose et des sels fait du liquide un aliment de médiocre valeur (Progrès médical).