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Titre : Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin

Auteur : Ducourtieux, Paul (1846-1925). Auteur du texte

Auteur : Société archéologique et historique du Limousin. Auteur du texte

Éditeur : (Limoges)

Date d'édition : 1907

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343569906

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343569906/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : Français

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Description : 1907

Description : 1907 (T56).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Limousin

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5471884n

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-97021

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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BULLETIN

OE LA SOCIÉTÉ

ARjpfiôjpiQUE & HISTORIQUE

Y DTj/ LIMOUSIN

TOME LVI

DEUXIÈME LIVRAISON

LIMOGES

IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE LIMOUSINES

DUGOURTIEUX & GOUT

Libraires de la Société archéologique et historique du Lii'iousiD 7, RUE DES ARÈNES, 7

1907


AVIS

à MM. les Membres de la Société

La Société archéologique et historique cln Limousin rappelle à tous ses Membres qu'elle reçoit avec reconnaissance et examine avec le plus grand soin et le plus grand intérêt toute communication relative à l'histoire de la province, aux moeurs, aux monuments, aux traces de toute nature qu'ont laissés les divers âges sur le sol de notre Limousin.

Elle recommande à l'attention de ses Memhres non seulement les vieux registres des paroisses, les minutes des éludes de notaires, les archives des mairies, des bureaux d'enregistrement, des confréries religieuses, des châteaux, les charlriers, les collections particulière" 5, mais tous les ancien-, papiers, livres de comptes, procédures, inventaires, actes quelconques, etc. Il s'y trouve soumit des indications dignes d'intérêt.

La Société prie tout spécialement ses Membres de rechercher et de lui communiquer les procès-verbaux ou mentions d'assemblées de communautés paroissiales antérieures au xvur siècle, et tout document se rapportant au commerce et à l'industrie du pays avant 1790.

Les réunions de la Société ont lieu à 8 h. 1/2 du soir, le dernier mardi de chaque mois, dans la salle particulière qui lui est affectée, au Musée national Adrien JJuhoucbé. •—L'ordre du jour de la réunion est publié dans les journaux de Limoges, mais il n'est pas envoxé de lettres de convocation.

Nous ne saurions trop engager ceux de nos confrères qui changeraient de domicile ou dont l'adresse n'est pas exactement indiquée à la Liste des Membres de la Société, à faire connaître leur adresse actuelle au Trésorier (M. Georges Guiberl, rue Jeanty-Sarrc, 8), de façon à éviter toute erreur dans la présentation des reçus de cotisation et tout retard dans l'envoi du Bulletin.

MM. les Membres de la Société sont instamment invités à adresser ou à faire verser au Trésorier chaque année, avant le 20 janvier, le montant de la cotisation de l'année en cours (15 fr. pour les Membres titulaires et 10 1V. pour les correspondants). —Passé ce délai, le Trésorier fera encaisser par la poste les cotisations non payées, en ajoutant au montant de la cotisation 50 centimes pour frais.

A moins qu'ils n'en témoignent le désir, il ne sera pas envoyé de quittance aux Sociétaires qui auront adressé leur cotisation par mandai ou lettre chargée au Trésorier, le reçu de la poste pouvant en tenir lieu.

Les démissions doivent être adressées par écrit au Président avant le 1" janvier.

La Société n'entend nullement accepter la responsabilité des opinions cl appréciations émises par ses Membres, sous leur signature respective, dans les articles insérés au Bulletin.


LES VOIES ROMAINES

/^t—^t LIMOUSIN

X ^//m^v/ DEUXIÈME PARTIE

Voies principales ou stratégiques

SOMMAIRE. — Idées directrices des ingénieurs romains. — Variations dans le mode de construction des voies du Limousin. — Milliaires. —' Camps. — Mansiones et Mutation.es.

1. Voie de Lyon à Saintes, ses stations, leur position, leurs distances. — Direction de la voie, altitudes, cours d'eau traversés, limites de paroisses, milliaires, camps. — Découvertes faites sur le parcours. — Noms de lieux. — Témoignages anciens. — Noms traditionnels désignant la voie. — Anciens itinéraires. — Epoque probable de l'abandon partiel ou total de la voie.

2. Voie de Bordeaux à Bourges, ses stations, leur position, leurs distances. — Direction de la voie, altitudes, cours d'eau traversés, limites de paroisses; milliaires; camps. — Découvertes faites sur le parcours. — Noms de lieux. — Témoignages anciens. — Noms traditionnels désignant la voie. — Anciens itinéraires. — Epoque probable de l'abandon partiel ou total de la voie.

Le territoire des Lémovices était traversé par deux voies indiquées par l'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peulinger, c'est-àdire par deux documents presque contemporains de leur construction. Elles ont donc leur histoire, que nous allons essayer d'écrire. Ce sont : 1° la voie de Lyon à Saintes; 2° la voie de Bordeaux à Bourges.

Avant de parler de ces voies, il convient de rechercher les motifs qui ont guidé les ingénieurs romains dans leur tracé.

Les voies étaient généralement rectilignes, suivaient les plateaux et s'adaptaient au relief du sol, sans tranchées ni remblais. La construction des voies sur les plateaux procurait aux Romains plusieurs avantages : elle leur permettait de mieux surveiller le pays et de se tenir en communication constante avec les signaux à feu placés sur

T. LVI 16


236 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

les plus hauts sommets (1) ; elle assurait leur solidité et leur étanchéité; enfin, elle leur évitait les travaux d'art.

Pour se maintenir sur la ligne de faîte, à un niveau presque égal, les voies faisaient parfois de grands détours.

Si on jette les yeux sur une carte, on se demande tout de suite pourquoi, par exemple, la voie de Lyon à Saintes, dans la partie entre Clermont et Saintes, affecte un tracé si indirect. La distance à vol d'oiseau entre ces deux villes est de 300 kilomètres environ ; or, par ses détours, la voie mesure 400 kilomètres, c'est-à-dire un tiers en plus. C'est évidemment pour garder la ligne de faîte et éviter les accidents de terrain.

De Limoges à Saintes, la voie affecte huit directions différentes :

1° De l'Est à l'Ouest, de Clermont à Monteil-Guillaume, près Crocq (Creuse), afin de traverser la Sioule à un endroit favorable et d'éviter le Sioulet, dont elle affleure la source;

2° Vers le Nord-Ouest, de Monteil-Guillaume à Ahun, en suivant le plateau qui sépare la Rauseille de la Tardes, puis celui qui domine le cours de la Creuse jusqu'au Moutier-d'Ahun, où elle traverse cette rivière sur un pont;

3° De l'Est à l'Ouest, d'Ahun à Proetorium (près Saint-Goussaud), où elle ne rencontre que des ruisseaux;

4° Vers le Sud-Ouest, de Proetorium à Limoges, en suivant la ligne séparative des bassins de la Gartempe et du Taurion, puis le plateau qui domine le cours de la Vienne jusqu'à Limoges ;

5° Vers le Nord-Est, de Limoges à Chassenon, toujours en suivant le plateau dominant la Vienne, qu'elle traverse au-dessous de Verneuil, sur un pont, pour passer sur la rive gauche de celte rivière ;

6° Toujours vers le Nord-Ouest, de Chassenon à Charmé, la voie continue à dominer la Vienne d'un côté, la Charente de l'autre, puis elle traverse celte rivière au Pont-Sigoulant pour atteindre Saint-Laurent-de-Céris, point de rencontre de la voie d'Argenton à Bordeaux ;

7° De l'Est à l'Ouest, de Charmé à Aunay, après avoir traversé une seconde fois la Charente à Chenon ;

8° Enfin du Nord au Sud, d'Aunay à Saintes.

Sur la voie dé Bordeaux à Bourges, on observe les mômes sinuosités dans le tracé, commandées par la direction des plateaux et le cours des rivières. Cette voie a quatre directions bien tranchées :

1° De l'Ouest à l'Est, de Bordeaux à Périgueux, après avoir traversé la Dordogne à Vayres, elle domine le cours de la Dronne, rive gauche, puis celui de l'Isle, rive droile ;

(1) Voyez CÉSAR, Commentaires de la guerre des Gaules, II, 33.


LES VOIES HUMAINES EN LIMOUSIN 237

2° De l'Est au Nord-Est, de Périgueux à Limoges, en suivant les plateaux entre l'Isle et la Dronne;

3° Du Sud au Nord, de Limoges à Argenton, dominanl le cours de la Vienne, et après avoir traversé l'Ardour et la Gartempe, dominant la Sédelle et la Creuse;

4° Vers le Nord-Est, d'Àrgenton à Bourges, dominant le cours de îa Bouzanne el évitant la source de la Théols.

Lorsque la voie remonle un cours d'eau dont les rives sont escarpées, elle suit parallèlement le cours d'eau pour reprendre ensuile sa direclion. Ainsi la voie longe la Creuse pendanl quelques kilomètres avant de la traverser au Moutier-d'Ahun (voie de Lyon à Saintes), elle longe quelques instants la Vienne avant de la traverser en arrivant à Limoges (voie de Bordeaux à Bourges).

Le même fait se produisait pour éviter une montagne. Ainsi, au sortir de Clermont, la voie contourne la base du Puy-de-Dôme. Sur la voie de Bordeaux à Bourges, la voie décrit une large courbe pour traverser, par un point plus accessible, la chaîne séparative des bassins de la Garonne et de la Loire, au-dessous de Courbefy.

Il convient d'indiquer de quelle façon les voies de notre province étaient construites.

On possède sur ce point plusieurs observations que nous reproduisons ci-dessous :

L'abbé Nadaud, lors qu'il était curé de Teyjac, près de Nontron, en 1754, eut l'occasion d'observer la voie de Périgueux à Poitiers, par Nontron, Chassenon et Charroux (1). D'après lui, la voie était en chaussée, plus élevée que le sol d'alentour, et on observait sur son parcours des trous faits pour en arracher la pierre destinée à la paver, car la pierre était rare dans le pays. La même observation est faite par M. de Beaufort (voir plus loin).

M. Delmas a observé, en 1769, la voie qui allait de Périgueux à Clermont, par Brive, Ussel, Eygurande (2). Ses remarques portent sur la portion de la voie enlre Ussel et Eygurande. La voie avait vingt pieds, soit environ sept mètres; elle était composée de deux pavés posés presque l'un sur l'autre, séparés seulement par une légère couche sablonneuse, posés sur un terrain rapporté de même nature que le terrain avoisinant; la pierre de ces pavés est un caillou grisâtre, ordinairement assez menu, les plus gros ne

(1) L'Indicateur du diocèse de la Généralité de Limoges (1788), p. 138 et ss.

(2) ESPÉRANDIEU, Inscription de la Cité des Lémovices, p. 206 et ss.


238 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

dépassant pas la grosseur du poing; il règne de chaque côté de .cette voie un fossé de plus de deux pieds de profondeur; la voie est élevée partout, de manière à être aperçue de loin ; elle est couverte de bruyères, en sorte qu'on a peine à apercevoir le pavé; elle se perd en certains endroits parce qu'elle a été détruite de main d'homme; elle est évitée par les voyageurs, bien que partout praticable, parce qu'ils trouvent le chemin plus doux sur la pelouse et qu'ils font des détours aux environs; en certains endroits elle est si bien conservée que le voyageur ne l'évite pas et qu'elle sert journellement.

M. de Beaufort décrit ainsi la voie d'Argenlon à Bordeaux, par Sainl-Benoit-du-Sault, Confolens, Saint-Laurent-de-Céris, Charmé, Aunay et Saintes (1) :

« L'empierrement était formé de quartz roulés; sa chaussée s'élevait au-dessus des champs environnants ; elle était bombée et ses pierres avaient l'apparence rougeâtre. Elle décrivait plusieurs courbes. A peu de distance de la voie et près de Mailhac se trouvaient de grands trous, d'où on avait extrait la pierre nécessaire à sa confection. Dans les plaines aux environs de Mailhac, les fougères qui recouvrentle pavage jaunissent rapidement et contrastent avec la vigueur de celles qui poussent à côté, indiquant ainsi le passage de la voie. On sait que la fougère n'aime pas la chaux ».

M. Thuot (2) indique dans quel état il a vu la voie de Clermont à Saintes, près d'Aubusson :

« Nous avons eu occasion d'observer, non loin de Néoux, un espace d'environ cent mètres de la chaussée romaine entamée parallèlement à son axe par le tracé d'un chemin vicinal. Comme le chemin, nouveau à cet endroit, se trouvait en déblai, il avait d'un côté pour revers extérieur l'épaisseur entière de la voie romaine. Cette épaisseur se constituait de trois cojches égales, haute de 0m30, formées d'un mélange de gros sable et de terre très serré et même dur. Au-dessus était le pavé... »

Nous avons parcouru pendant 6 kilomètres, de la Triquerie au

Pont Bompu sur la Briance, la voie de Bordeaux à Bourges. Voici

les observations que nous avons recueillies et qui sont conformes à

celles de M. l'abbé Lecler (3) et de M. Winkler (4).

La voie a 10 mètres de largeur, dont 3 mètres de pavé au milieu

(1) Bull, de la Soc. des antiquaires de l'Ouest, 1851.

(2) Aubusson considéré comme h lieu ou campèrent deux légions de Ces ir, p. 33.

(3) Assises scient, du Limousin (1867), p. 78.

(4) Bull. Soc, arch. du Lim., XLVI, 438.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 239

et 3OE50 de pelouse, de chaque côté; la chaussée pavée {agger) d'apparence noirâtre, est composé d'une première couche de terre de même nature que celle des terres avoisinantes, d'une couche de pierres de grosseur irrégulière, de cinq à dix centimètres, puis d'une couche de ciment peu épaisse formant liant, et enfin d'une autre couche de pierres, semblable à la première. Ces différentes couches sont maintenues de chaque côté par des pierres un peu plus grosses plantées de champ et formant bordure (umbones). Les pierres sont plus grosses dans la partie se rapprochant du Pont Rompu à partir du village de Jauvie, peut-êlre à cause de la pente du sol, de ce point jusqu'à la Briance. Les pierres employées sont des leptiniles, des gneiss et des quartsites que l'on trouve sur place. La voie est littéralement usée par le-passage des véhicules ; en certains poinls les roues ont creusé des sillons dans le pavé, en d'autres le milieu du pavage seul fait saillie, les côtés ont disparu (1).

Ce qui frappe surtout dans la partie que nous avons parcourue c'est la largeur uniforme et la rectitude de la voie. La seule courbe rencontrée existe près du village de Boissac; elle est à grand rayon et elle suit le mouvement du plateau qui bientôt s'abaisse pour descendre à la Briance.

La même voie de Bordeaux à Bourges, aux points où elle est encore conservée, plus au nord, à La Galenne et aux Pradelles, commune d'Arrênes (Creuse), est dallée par des pierres de larges dimensions, prises dans les carrières avoisinantes.

Voici maintenant les renseignements recueillis dans les provinces limitrophes au sujet du prolongement des voies du Limousin.

M. J.-H. Michon (2) donne les délails suivants sur la construction des voies de la Charente :

[Sur la voie directe de Chassenon à Sainles, par Sainte-Sévère] «... Au-dessus du terrain naturel, était une couche de gros graviers mêlés de petits cailloux roulés d'environ 20 centimètres d'épaisseur. Le pavé, composé de moellons mis de champ, reposait sur cette couche à une hauteur moyenne de 45 centimètres ; enfin ce pavé

(1) Plusieurs de nos voies romaines ont été détruites par le passage des charriots sur la pelouse qui bordait le pavage à droite et à gauche. Le milieu de la voie, subsistant encore, semble une murette séparative entre les deux chemins creusés sur ses côtés. D'autrefois, les pavés ont été arrachés et rejetés sur l'accotement, où ils forment un bourrelet recouvert par la verdure.

(2) Statistique monumentale de la Charente. — Paris. Derache, 1844, in-4°, p. 139.


240 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

était recouvert d'une couche de gros gravier dont l'épaisseur n'était plus appréciable et qui avait dû disparaître dans beaucoup d'endroits... »

«... J'ai remarqué que le pavé n'était pas exécuté partout de la même manière. Près du village de Puymie (même voie) dans des terres argileuses et grasses, où les gros pavés ont manqué, elle est formée de petits pavés en silex présentant une surface unie, assez semblable à celui des rues de beaucoup de nos villes de provinces ».

« [Sur la voie de Périgueux à Poitiers, par Chassenon et Charroux] entre les villages de Villemier et des Repaires, un fragment encore entier de la voie paraît très bien dans une étendue de cinquante mètres. Les pavés sont renfermés dans un encaissement bordé d'un rang de plus grosses pierres et disposés en dos d'âne... » (1).

« [Sur la voie de Lyon à Saintes par Aunay] « Au Grand Mas-Dieu qu'elle laisse sur la droite; entre le Mas-Broussard et Saint-Laurent-de-Céris, la voie est reconnaissable à son petit pavé de cailloux irréguliers très rapprochés ».

M. Gaillard, dans ses Voies romaines de l'arrondissement d'Issoudun (2) parle de la voie de Limoges à Bourges (partie traversant l'arrondissement d'Issoudun); il s'est attaché surtout à la construction des voies de l'Indre. Nous lui empruntons les observations générales suivantes :

« Le mode de construction que nous avons étudié diffère peu l'un de l'autre ; le principe général est le même. Des pierres plates de diverses natures en forment la plate-forme inférieure ou stratumen; des pierres concassées de différentes grosseurs en forment la seconde couche; au-dessus est la terre végétale. Ce système n'est pas invariable : en plusieurs points le stratumen théorique manque, et tout l'empierrement est formé d'un mélange de petits matériaux. Une largeur régulière ne semble pas avoir été une règle fixe. Néanmoins elle peut avoir été de 8 mètres pour la voie de Tours à Bourges et de 6 mètres pour les autres; au moins ces dimensions existent dans les endroits oùles'pierres de bordures

(1) Statistique monumentale de la Charente. — Paris, Derache, 1844. In-4°, p. 165.

(2) Congrès archéologique de France, XLC session. — Châteauroux, p. 304 et ss.

(3) Congrès archéologique de France, XLC session. — Châteauroux, p. 267 et ss.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 241

limitent la chaussée. La moyenne donne exactement 20 pieds romains.

«Tous ces grands chemins suivent l'inflexion du terrain sur lequel ils reposent, les parties qui en restent sont, à de rares exceptions, couvertes de 0m15 à 0m20 de terre. II n'y a point de tranchées faites sur le sommet du coteau, ni de remblais élevés dans les vallées pour en adoucir les pentes.

» La voie d'Argenton à Bourges paraît la plus ancienne, la mieux construite et la plus solide. Elle est, sauf de rares exceptions, en relief au-dessus du sol. »

D'autre part, M. Lenseigne, dans son Rapport sur les voies romaines dans les environs d'Argenton (3), dit en parlant de la voie d'Argenton à Bordeaux.

« La chaussée a six mètres de largeur; elle se compose de deux rangs de bordure en pierre, un sur chaque bord, formant l'encaissement; d'une couche de fondation faite en petits moellons calcaires et en mâchefer, rangés en forme d'un pavage bombé et quelquefois d'une simple couche en pierre, en mâchefer et en silex. Son épaisseur totale, y compris la couche de fondation, est de soixantes centimètres. »

Au sujet de la voie d'Argenton à Clermont (p. 290); il dit que « sa chaussée a une largeur de trois mètres et se compose de deux rangées de bordures formant l'encaissement et d'une couche unique de mâchefer, de cailloux et de grès. »

Prosper Mérimée, dans ses Notes d'un voyage en Auvergne (1) décrit ainsi la voie de Clermont à Argenlon :

« Au-dessus de Néris, à gauche de la route de Clermont, j'ai observé une voie antique qui se dirige à Test, et je l'ai suivie pendant plus d'une demi-lieue, sans qu'elle changeât sensiblement de de direction ; elle est très bombée, large de vingt pieds environ, profondément empierrée, mais de matériaux confus, si ce n'est aux débords que soutiennent des pierres grosses et rangées avec quelque régularité... »

Nous n'avons pas parlé d'une observation de M. P. de Cessac faite en 1868 à La Jonchère (2), parce qu'elle nous paraît s'appliquer à une voie du moyen âge qui, s'embranchant sur la grande voie de Bordeaux à Bourges, mettait La Jonchère et Ambazac en communication avec Bénévent, chef-lieu de l'archiprêtré dont dépendait ces paroisses. La prolongation de la voie pavée en ques(1)

ques(1) H. Fournier, 1838. In-8, p. 73.

(2) Bull, de la Soc. arch. et hist. du Limousin, XIX, 37.


242 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

tion se retrouve à l'ouest du bourg de La Jonchère, et on suit sa trace pendant une centaine de mètres dans une prairie.

Des observations qui précèdent montrent que les voies traversant le territoire des Lémovices avaient une largeur variable. Elles étaient construites avec les matériaux trouvés sur place, et leur structure était différente suivant la nature du sous-sol traversé.

Les bornes milliaires découvertes sur le territoire des Lémovices sont peu nombreuses, comme on l'a vu précédemment (1).

Sur les deux voies des itinéraires qui nous occupent, M. Espérandieu (2) ne signale que celle d'Ahun, qui est de Gordien III

(238-244).

En ce qui concerne les camps que l'on observe dans le voisinage des voies, beaucoup ne sont pas de l'époque romaine. On sait que ces camps se présentent généralement sous la lorme d'un rectangle entouré d'un talus et d'un fossé. Quelquefois on a pris pour des camps d'anciennes exploitations minières. Les dimensions restreintes de ces camps montrent que ceux qui les occupaient étaient peu nombreux.

« C'était les castra oestiva, ou simplement oestiva, que l'on établissait chaque jour dans le courant d'une campagne, c'est-à-dire pendant la belle saison, seule époque de l'année pendant laquelle on faisait habituellement la guerre. On peut donc les appeler camps de marche ou de passage. Us étaient plus ou moins bien fortifiés suivant les circonstances et les conditions dans lesquelles se trouvait l'armée. Ainsi, quand on croyait n'avoir à craindre aucun dan. ger imminent ou lorsqu'on ne pouvait consacrer à ce travail qu'un temps restreint, on se contentait de faire un retranchement de peu d'importance (castris levi munimento positis, castra temere munita) (3) ».

M. Bélisaire Ledain, qui a fait une étude particulière des camps romains de notre région (4), conclut en ces termes :

(1) Bull, de la Soc. du Lim., t. LV, p. 722.

(2) Inscriptions de la Cité des Lémovices, p. 43 et ss.

(3) DAREMBERG et SAGLIO, Dict. des anl. grecques et romaines, II, 937.

(4) De l'origine et de la destination des camps romains dits chatelliers en Gaule, principalement dans l'ouest, lu au congrès de la Sorbonne le 15 avril 1884. — Poitiers, imp. Guillois, 1885, in-8° de 120 p. (Ext. des Mém. de la Soc; des ant. de l'Ouest).


Les Voies "Romaines en Limousin par'Paul DUCOURTIEUX



LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 243

« 1° Tous les camps dits châtelliers, chatelets, castelliers, castels, caslellets, chaînions, châtre, château, châtelard, castera, castre, camps de César ou simplement camp, château sarrazin, motte, fort, sont des camps romains du IVe siècle.

» 2° Us ont été créés principalemeut par Constance Chlore et Constantin pour résister aux pirates sur les côtes maritimes et pour faire face aux Bagaudes dans l'intérieur.

» 3° Us ont eu pour garnison des colons militaires et surtout des Lètes barbares qui y ont résidé à ce titre, même après la chute de l'empire. ».

Les camps signalés sur le parcours des voies des itinéraires des Lémovices sont peu nombreux et peu étendus, ce qui prouve que le pays se soumettait au vainqueur sans trop de résistance.

« Les stationes ou mansiones étaient dispersées sur les roules principales et placées à peu près à la distance d'un jour de marche. Les mutationes ou relais se trouvaient, dans les contrées habitées, à environ cinq mille romains, dans les autres à huit ou neuf milles environ (de 12 à 22 kilomètres). Il y avait entre deux mansiones de six à huit relais.

» Les mansiones furent établis dans les localités considérables (civitas, urbs, oppidum ou même vicus), de préférence dans les villes ou places de commerce, aux embranchements des routes, etc., au centre de réunion d'un district plus ou moins étendu, aux postes fortifiés ou lieu de garnison. Chaque mansio comptait au moins quarante chevaux et quelquefois davantage, suivant les circonstances dans ses stabula. Les inspecteurs des postes, curiosi, s'arrêtaient de préférence aux mansiones, comme aussi les voyageurs considérables (legati, etc.), autorisés à user d'une evectio.

» Les simples relais, mutationes, différaient surtout des gîtes par leur moindre étendue, par leur nombre, puisqu'il y en avaitjsix ou huit pour une mansio et par le chiffre des animaux, vingt chevaux au moins à l'usage de la poste. Il y avait des écuries, des voitures et des greniers à fourrages pour les chevaux, et un muletier par trois chevaux. » (1).

Ces généralités peuvent s'appliquer peut-être à des paysjpeuplés, à l'Italie ou à la Provence, mais non au territoire des Lémovices. Dans les limites de ce territoire, sur la voie de Lyon à Saintes, les itinéraires n'indique que cinq stations, et sur la voie dejBordeaux à Bourges trois stations, très éloignées les unes des autres. Il faut donc penser que les itinéraires ont omis plusieurs][statious ; car s'il

(1) DAREMBERG et SAGLIO, Dict. des ant. grecques et lomaines.


244 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

était facile d'accomplir en un jour le trajet entre deux mansiones, c'est-à-dire la distance entre Limoges à Argenton ou à Périgueux, 100 kilomètres environ, il n'en était pas de même de Limoges à Clermont ou de Limoges à Saintes, qui sont beaucoup plus éloignées. Il y a donc une omission d'un lieu de gîte sur chacune de ces voies.

Les stations ont entre elles des distances qui varient entre 20 et 40 kilomètres. (Voir les tableaux de Desjardins, t. LV, p. 620.)

L'Itinéraire et la Table donnant les noms des stations qui jalonnaient ces voies et leur distance, il semble au premier abord que l'on puisse facilement identifier les stations et retrouver la direction de ces voies. Il n'en est rien cependant.

Certaines stations n'ont pu être identifiées, soit que les noms actuels ne rappellent pas les noms anciens, soit que les localités aient disparu. Les distances, inexactement indiquées, n'ont pu fournir le point précis où se trouvaient les stations. Il en est résulté une grande divergence parmi les auteurs qui n'ont pas voulu démordre de leurs préférences.

Dans une « étude sur les emplacements des stations galloromaines (1) », Mgr Rougerie prétendait que « grâce au tracé » presque rectiligne des voies romaines, grâce à la précision des » cartes de l'état-major et du génie, un simple calcul de topogra» phie convertissant en mètres les lieues gauloises ou les milles » romains indiqués sur les itinéraires permettait d'identifier une » station. » 11 en concluait que les distances des anciens sont presque égales aux distances prises à vol d'oiseau sur les cartes modernes.

Cette méthode suppose la connaissance parfaite de la direction d'une voie et de la distance entre les stalions. Or, les archéologues sont loin d'être d'accord sur ces deux points.

Malgré des constatations faites sur le terrain par les chercheurs locaux, les auteurs des ouvrages généraux ont propagé quelques erreurs ou laissé dans le doute des identifications bien constatées par des sociétés historiques des départements.

Sans avoir la prétention de concilier toutes les opinions, on nous permettra d'insister sur le témoignage de personnes qui ont suivi les anciennes voies et qui en ont relevé le parcours. C'est du reste la méthode préconisée par M. Desjardins.

(1) Bull, de la Soc. arch. du Lim., XXVI, 30.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 245

I. — De Lugdunum (Lyon) à Mediolanum Santonum (Saintes), par Augustoritum (Limoges) et Aunedonnacum (Aunay)

Avant de donner le tracé de la voie, il importe d'identifier les stations placées sur cette voie pour les raccorder ensuite les unes aux autres.

C'est ce qu'a fait Desjardin dans sa Table de Peutinger. Il a cherché à identifier toutes les stations indiquées par la carte de la voirie romaine, laissant aux savants locaux le soin de raccorder ces stations entre elles en recherchant la direction des voies.

Ainsi, pour la voie de Lyon à Saintes qu'il a scindée en deux parties (Lyon à Limoges-Limoges à Saintes), il a relevé pour chacune des stations toutes les opinions émises sur leur identification. On voit défiler dans son remarquable travail les opinions émises par tous les savants qui ont écrit sur les voies romaines : d'Anville, Belley, Pasumot, Ukert, Forbiger, Lapie, Walkenaert, Kalancsick et enfin la Commission de la Topographie des Gaules.

C'est par exception qu'il cite le nom des archéologues locaux.

Nous renvoyons à son ouvrage pour l'énumération savante de toutes ces sources (1) et nous allons voir si elles concordent avec les observations faites par les chercheurs locaux.

Les stations énumérées par la Table de Peutinger, de Clermont à Saintes dont on a lu le tableau plus haut sont Ubium (Olby), Fines (Monteil-Guillaume), Acitodunum (Âhun), Proetorium (Puy de Jouer, près Saint-Goussaud), Ausritum (Limoges), Cassinomagus (Chassenon), Sermanicomagus (Charmé), Aunedonnacum (Aunay).

Ubium (Olby) au passage de la Sioule. VIIII lieues gauloises, 20 k. A'Augusto Nemeto (Clermont), distance exacte. Celte identification a pour elle d'Anville. Belley, Ukert, Forbiger, qui se sont visiblement copiés les uns les autres, hésitent entre Olby etPontgibaud.

Olby, d'après Mathieu (2), Winkler (3), savants locaux qui ont étudié la voie sur le terrain. A cette station venait s'embrancher la voie de Périgueux à Clermont par Brive, Tintignac, Ussel.

(1) DESJARDIN, La Table de Peutinger (Paris, 1869), p. 40.

(2) MATHIEU, Disserl. sur la position d'un ancien lieu appelé Ubi-i-um (Ann. des Voyages de Malte Brun, t. XI, cah. XXXIII) ; — Colonies et voies romaines en Auvergne, p. 205.

(3) WINKLER, Voies romaines en Limousin, Bull, de la soc. arch. du Lim., t. XLVI, p. 438.


246 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Fines (Monleil-Guillaume), la distance, X lieues gauloises 22 k. 222 est trop faible, nous pensons qu'il faut lire XV lieues gauloises, 33 k. 330. Tous les auteurs cités par Desjardins ont donné une identification contraire à celle des chercheurs locaux, parce qu'ils n'ont pas étudié sur place la direction de la voie et qu'ils ont été trompés par l'erreur de distance. Nadaud, le premier (1), a émis l'idée que cette station était située à Monleil-Guillaume. Nous nous sommes rangés à cette opinion pour les raisons énumérées plus haut {Bull. soc. arch. Lim., LV, 733).

Acitodunum (Ahun) (2). La distance XX lieues gauloises, 44 k. 445 est exacte. Tous les auteurs sont tombés d'accord pour placer cette station à Ahun, sauf Kalancsick qui la place à Aubusson. Valentin (3) et Espérandieu (4) ont décrit les inscriptions trouvées dans cette localité et ont donné plus d'autorité à cette opinion. Ajoutons que la découverte d'un milliaire en cet endroit devait lever tous les doutes (5).

M. Grellet Dumazeau {Bull, de Guéret, II, 389) place la station d'Acitodunum à Fellelin et à Aubusson, mais sans preuves. Ces villes ne se trouvaient pas dans la direction de la voie et n'existaient probablement pas à l'époque romaine.

Proetorium (Puy de Jouer, près Saint-Goussaud). La distance XVIII lieues gauloises, 40 kil. est exacte. Un seul auteur étranger, Lapie s'est prononcé pour le Puy-de-Jouer. Plusieurs savants locaux ont identifié différemment celle station. Maldamnat et Barailon (6) la placent à Pontarion; Bosvieux (7) et la Commission de la topographie des Gaules, à Sauviat; Grellet du Mazeau (8), au Chalard, près Peyrat-le-Château ; de Beaufort, à Bridiers (9). Lièvre (10). Etant donné la direction de la voie, nous pensons avec Nadaud, Cornuau,

(1) NADAUD, Pouillé du diocèse au Bull, de la Soc. du Lim., LUI, 443.

(2) NADAUD, Pouillé du diocèse de Limoges, Bull, de la Soc. arch. du Lim., LUI, 317.

(3) VALENTIN, in Mém. de la Soc. des se. nalur. et arch. de la Creuse, V, 132.

(4) ESPÉRANDIEU, op. cit.

(5) NADAUD, Pouillé, ihid., 313, 316.

(6) BARAILON, Becherches, p. 157. — Indicateur du diocèse, 1788, p. 111.

(7) BOSVIEUX, Congrès de Guéret (1866), p. 32.

(8) GRELLET DU MAZEAU, Bull, de Guéret, II, 384 et ss.

(9) DE BEAUFORT, Bull, de la Soc. des ant. de l'Ouest, 1851. (10) LIÈVRE, Les chemins gaulois et romains, p. 67.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 247

Buisson de Masvergnier (1), Mayaud (2), Winkler (3), Dercier (4), qui ont étudié la voie sur place, qu'il n'est pas permis d'hésiter sur l'identification de cette station avec le Puy de Jouer, près Saint-Goussaud.

L'opinion de l'abbé Nadaud et de l'ingénieur Cornuau, auteur d'une carte des voies romaines du Limousin, a été affirmée de nos jours par des découvertes qui mettent hors de doute cette identification.

MM. Buisson de Masvergnier en 1864, Winkler en 1901, l'abbé Dercier de 1902 à 1905, ont fait des fouilles qui ont été couronnées de succès.

C'est grâce à la persévérance de M. Buisson de Masvergnier et aux ressources mises à sa disposition par notre Société, que les vestiges de l'ancienne station de Proetorium ont pu être retrouvés au Puy-de-Jouer en 1864 (5). Dans son livre, M. Espérandieu lui a rendu justice et a reproduit une partie de son rapport (6).

M. Winkler est venu apporter de nouvelles observations qui confirment absolument les premières.

« A environ 600 mètres à l'est du signal du Mont-de-Jouer, dit-il, à la côte 691, point où l'eau est en quantité, nous avons découvert sous bois, dit M. Winkler, une ruine assez étendue, dont les fondations accusent la bonne époque romaine. Du haut de la montagne, la vue s'étend jusqu'au Puy-de-Dôme et au Puy-de-Sancy dans la direction Est, et jusqu'aux Monédières dans celle du Sud-Est.

Les chiffres de distance donnés par la Table de Peutinger, entre Ahun et le Puy-de-Jouer, et de ce point à Limoges, sont exacts.

» La voie d'Augusloritum arrivait à l'entrée Est du village de Saint-Goussaud, où M. Quétaud, ancien entrepreneur de routes, aujourd'hui propriétaire à Pontarion, a retrouvé, en 1873, des chaussées romaines pavées de six mètres de largeur. La branche de l'Est se dirigeait sur Ahun, celle du Nord sur Bourges, par'' Bridiers, celle de l'Ouest sur Poitiers, par Châteauponsac, et celle du Sud sur Limoges ».

(1) BUISSON DE MASVERGNIER, Bull, de la Soc. arch. du Lim., XIII, 98, 219; XIV, 5.

(2) S.-P. MAYAUD, Becherches faites pour retrouver l'emplacement de la station de Proetorium, située entre Limoges et Ahun. — Paris, Didier; Guéret, Ve Betoulle, 1881, in-8° de 24 p.

(3) WINKLER, Bull, de la Soc, arch. du Lim., XLVI, 438.

(4) DERCIER (l'abbé), Bull, de Guéret, XIII, 450; XIV, 193; XV, 371.

(5) bull. de la soc. arch. du Lim., XIII, 98, 219.

(6) Inscriptions de la Cité des Lémovices, p. 310.


248 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

D'après M. Winkler, les Romains pouvaient communiquer par des feux, du Puy-de-Jouer avec :Mont-Jovis (Limoges), Montpigeaud (Sainl-Eloi); Ahun; leMont-Ceix (Sûssac).

Enfin, M. l'abbé Dercier a fait des découvertes si importantes, qu'il n'est plus possible de douter de la position de Proetorium. Dans un premier travail publié dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques, M. Dercier expose qu'il a découvert, en bordure de la voie romaine, un ensemble de constructions assez importantes.

Contrairement à leurs habitudes, les Romains ont construit leur voie sur le flanc du Puy-de-Jouer du côté ouest. La voie, en arrivant à Proetorium est soutenue par un remblai, afin, probablement, de lui donner une assise plus solide. Les constructions sont échelonnées sur la montagne du côté sud, afin d'être abritées des vents du Nord. Elles dominent de loin la profonde vallée du Taurion.

Ces conslructions consistent d'abord dans une enceinte formant un parallélogramme de 110 mètres de longueur sur 100 mètres de largeur. Le mur en bordure de la voie n'a que 60 centimètres d'épaisseur, les trois autres côtés ont lm,50 d'épaisseur. Cette enceinte est divisée en trois parties, nord, centre et sud. On a découvert peu de chose dans la partie du nord. Dans celle du centre, se trouve d'abord la construction fouillée en 1864 par M. Buisson-Masvergnier. Elle se compose d'un mur de clôture de 20 mètres carrés renferment une autre construction de 12 mètres carrés, dont les murs n'ont que 50 centimètres d'épaisseur. En arrière de celle-ci, M. Dercier a mis au jour une autre construction de forme rectangulaire, mesurant 9m,35de longueur sur 4m,85 de largeur et divisée en trois compartiments. Accolée à la partie centrale, côté nord, se trouve une pièce de 4 mètres de côté. Entre . ces deux constructions, s'en trouve une autre de 3 mètres de côté.

Dans la partie sud se trouvent quelques constructions incomplètement fouillées encore.

De l'autre côté de la voie, en montant vers le point culminant de la montagne, se trouve : 1° une construction de forme semi-circulaire, ayant un diamètre de 9 mètres à laquelle sont accolées de petites constructions carrées incomplètement déterminées,peut-être un théâtre ; 2° un ensemble de constructions carrées, divisées en compartiments, plus rapprochées de la voie.

M. Dercier a trouvé des fragments de diverses statues : 1° la

(1) Mém. de la Soc. des sciences nat. et arch., XIII, p. 450 et ss. (Guéret, P. Amiault, 1902, XIV, 193 et ss. (1903); XV, 371 et ss. (1905).


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 249

partie inférieure d'un bas-relief; 2° des fragments d'une statue plus grande que nature ; 3° une statue du dieu au marteau.

lia trouvé en outre, des monnaies du haut empire, des poteries, des tuiles de différentes natures, des débris de verre antique et une fibule en émail champlevé qui présente le plus grand intérêt.

Il a eu aussi l'idée de diriger ses fouilles aux environs. C'est ainsi qu'il a découvert une construction à un kilomètre au sudouest sur le chemin des Cars, et une autre à 3 kil. 500 au sud, au village de Redondesagne tout près de la voie venant de Limoges.

Sur son plan, il donne l'amorce de deux voies secondaires se dirigeant sur Chàtelus-le-Marcheix, l'une par Séjoux, au-dessous de la station, et l'autre parlant de l'embranchement des routes de Clermont et de Poitiers par Villechabrolle. Nous ne contestons pas l'existence de chemins dans cette direction, mais leur peu d'importance ne doit pas les faire classer parmi les voies romaines construites. Ils rentrent dans la catégorie des nombreux petits chemins qui, à cette époque comme aujourd'hui, sillonnaient le pays.

Nous pensons, avec M. Winkler, que Proetorium était le point de rencontre des voies sur Bourges au N., Limoges au S., Clermont à l'E. et Poitiers à l'O. (cette dernière est une voie secondaire sur laquelle nous revenons plus loin).

Après les visites que nous avons faites au Puy-de-Jouer, gracieusement guidé par M. l'abbé Dercier, nous pensons qu'il y avait sur ce point une mutatio et un de ces camps de position appelés castra stativa ou simplement stativa et môme stativoe (camp stationnaire).

« On les établissait, nous disent Daremberg et Saglio (1), sur les frontières, sur les points stratégiques les plus importants et sur les lignes de communication. Dans ce dernier cas, ils devenaient des gîtes d'étapes. Comme ils étaient tous occupés d'une façon permanente ou tout au moins pendant longtemps, un certain nombre d'habitants des régions environnantes venaient établir leur demeure autour d'eux, soit dans un but commercial, soit pour jouir de leur protection... »

« Comme ils n'avaient pas le caractère des camps de marche, leurs retranchements étaient plus considérables et exécutés avec plus de soin. En outre, les troupes s'abritaient dans des constructions (hibernacula ou hibernorum oedificiaj, qui mieux que les lentes les garantissaient de la pluie et du froid.

» ... Un camp légionnaire contenait, outre les casernes mêmes, des bains spécialement affectés à l'usage des soldats, des salles de

(1) Dict. des antiquités grecques et romaines, II, 958.


230 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

réunion pour les sous-officiers (scola), des chapelles pour le culte, des bureaux pour les services administratifs {tabularium), un hôpital {valttudinarium), une prison, un arsenal {armamentarium), un marché, des magasins {horrea). On doit mentionner un monument qui paraît avoir été comme annexe du camp, bien qu'il fut situé en dehors de l'enceinte, l'amphilhéâlre. Des quatre portes de la forteresse partaient des voies, prolongement des voies intérieures, bordées à droite et à gauche de cimetières militaires.

» ... Il n'est pas de garnison légionnaire où l'on n'ait point trouvé des bases de statues ou même des statues impériales en grand nombre. Puis venaient certains des grands dieux de l'Olympe : Jupiter, Junon et Minerve, soit seuls, soit associés; Mars, la Victoire, sa compagne, et au III 8 siècle, dans certaine partie de l'Empire, Hercule ; quelques-unes de ces entités auxquelles les Romains de l'Empire accordaient tant de place dans leur religion : Fortuna, Honos, Virtus, Pietas, Bonus Eventus, et enfin Disciplina militaris, sans laquelle il n'y a pas d'armée digne de ce nom. Ces divinités diverses avaient aussi dans les camps permanents leurs chapelles et leurs autels, devant ou dans le Proetorium.

» On ne s'étonnera pas de voir figurer parmi les divinités adorées dans les camps, les dieux protecteurs des lieux où ils étaient établis, des corps qui y étaient fixés, des édifices qui s'y élevaient et des divinités qui réunissaient toutes les précédentes sous un seul vocable, les lares militares. »

Ces observations sont corroborées par les découvertes de statues faites par M. l'abbé Dercier.

La première est la partie inférieure d'un bas-relief représentant un personnage dont on ne voit que les jambes jusqu'au mollet. Les pieds sont chaussés du calceus patricius, chaussure portée par les sénateurs romains; elle était attachée par des courroies qui se croisaient sur le coup-de-pied et montait ainsi sur la jambe aussi haut que le bas du mollet, comme on le voit fréquemment sur des statues drapées dans la toge (1).

La seconde se compose de débris d'une statue plus grande que nature, une portion de la tête et une main. Peut-être une statue de Jupiter ?

La troisième, bien mutilée il est vrai et bien frustre, est le dieu au marteau taillé dans un gros bloc de granit. Elle est sans tête, mais on voit très bien le marteau qu'elle tient de la main gauche.

La quatrième enfin est un petit autel élevé à la déesse Epona et aux trois déesses-maires, qui se trouve actuellement à Jabreilles,

(1) RICH, Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, en fournit plusieurs exemples.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 231

petite commune de la Haute-Vienne située à cinq kilomètres S.-O. de Saint-Goussaud. Elle est désignée dans le pays sous le nom de Pierre de Saint-Martin et elle est placée sur une table en granit qui sert de reposoir les jours de procession. Celte pierre a été décrite par M. Louis Guibert (1). Cet autel, pensons-nous, a été apporté du Puy-de-Jouer à une époque très éloignée. D'autant plus que l'on n'a pas trouvé à Jabreilles d'autres vestiges de l'époque gallo-romaine.

La présence au relais du Puy-de-Jouer d'un autel à la déesse Epona, « arbitre de la prospérité des écuries », s'explique tout naturellement.

Ces statues et cet autel nous fortifient dans l'idée que le Puy-deJouer était à la fois un relai et un camp de position, de peu d'importance sans doute, vu sa situation sur un coteau élevé et dans un pays peu fertile.

Augustoritum (Limoges). La distance, XIIII lieues gauloises, 31 k. 111, est exacte. Cette mansio était le point de réunion de plusieurs voies qui devaient partir de la colline où s'élevait un vaste amphithéâtre (place d'Orsay actuelle). Nous ne répéterons pas ce qui a été dit avant nous sur Limoges à l'époque gallo-romaine. De notre ville partaient des voies sur Clermont, Bourges, Saintes, Bordeaux et Poitiers.

Cassinomagus (Chassenon). La distance, XVII lieues gauloises, 37 k. 778, est exacte. L'identification de cette station n'a soulevé aucune objection. Elle a été longuement décrite par J.-H. Michon, dans la Statistique monumentale de la Charente (2). L'auteur a pu d'autant mieux décrire les ruines gallo-romaines qu'à la date où il écrivait, 1844, on en voyait des traces plus considérables qu'aujourd'hui. Il a parlé du palais de Longea, du temple de Montélu, de l'amphithéâtre, des bains et du cimetière. Son texte est accompagné de plans et de nombreuses gravures.

Le Bulletin de la Société les Amis des sciences deRochechouart et celui de la Société archéologique du Limousin contiennent plusieurs articles sur Chassenon et sur les découvertes qu'on y a faites (3).

Plusieurs autres voies, sur lesquelles nous reviendrons, traversaient Chassenon. Indépendamment de celle de Lyon à Saintes par Aunay, on trouvait celle de Limoges à Saintes par Sainte-Sévère,

(1) Louis GUIBERT, La pierre de Saint-Martin à Jabreilles, au Bull, de la Société archéologique du Limousin, XLV, 65.

(2) Statistique monumentale de la Charente, p. 175 et ss.

(3) Bull, de la Soc. les Amis des sciences et arts de Bochechouarl, Mémoire de M. Alphonse Précigou, I, 18, 38,60, 123. — Bull, de la Soc. arch. du Lim., X, 252; XXI, 310; XXXV, 641, 645.

LVI 17


252 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

traversant à Saint-Quentin (1) celle de Périgueux à Poitiers par Charroux, celle de Poitiers par l'Isle-Jourdain, après la traversée de la Vienne sur le pont de Pilas, et celle sur Confolens.

Sermanicomagus (Charmé). La distance, XVII lieues gauloises, est fautive. La distance réelle est de XXIV lieues gauloises, 53 k. 328. Desjardins cite Irois auteurs ayant identifié cette station avec Charmé : d'Anville (2), Belley (3), Latapie (4).

Parmi les auteurs locaux qui ont partagé la même opinion, citons Michon (5), qui a décrit la villa romaine de Bellicou, située dans le voisinage, sur le bord même de la voie. Pour lui, Sermanicomagus veut dire simplement la Mansion de Chermez, nom que portait la localité au XVIIIe siècle.

M. Chauvet (6) a pensé que cette station pourrait être identifiée avec la ville des Bouchauds, près de Saint-Cyhardeau, placée sur la voie secondaire de Chassenon à Saintes directement et dans laquelle on a découvert un théâtre, ainsi qu'une foule d'objets de l'époque gallo-romaine. Nous avons combattu celte idée (7) parce que le nom de Sermanicomagus, donné à la slalion qui nous occupe, a précédé de beaucoup la construction de la voie directe de Chassenon à Saintes par Saint-Cybardeaux, et qu'on ne pouvait donner le nom d'une slalion située sur une ancienne voie, à vingt kilomètres au nord, à une station d'une voie secondaire construite postérieurement.

Nous faisons valoir un argument dont personne ne s'est servi pour affirmer l'identification de Charmé avec Germanicomagus. La \oie d'Argenton à Bordeaux par Confolens, Saint-Laurent-de-Cérès, Charmé et Aunay, Saintes est attestée par la découverte de deux milliaires (Saint-Léger-Magnazeix et Ambernac). Or, à l'origine, cette voie ne pouvait s'embrancher que sur la voie stratégique, la voie d'Agrippa, de Lyon à Saintes par Aunay. Il est possible que, par la suite, cette voie se soil prolongée jusqu'à la voie directe de Chassenon à Saintes, qu'elle aurait atteint à Montignac-surCharente, peut-être).

(1) Saint-Quentin, par F. Fouraud, voy. Bull. Soc. des amis des sciences et arts de Bochechouarl. III, 225 et ss.

(2) D'ANVILLE, Notice des Gaules, p. 601.

(3) Acad. des lnscript., XIX, 715.

(4) LATAPIE, p. 23 î.

(ii MICHON, Statistique monumentale de la Charente, p. 160.

^<i) G. Cn -a \ I:I , Une ville gallo-romaine près de Sainl-Cybardeau [Charente), Sermanicomagus, Germanicomagus ? (Buffec, 13 mars 1902, in-8°). — LIÈVRE, Les chemins gaulois et romains, p. 70.

(7) Bévue scientifique du Limousin, n° 139, 15 juillet 1904, p. 307.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 253

Aunedonnacum (Aunay). Cette station, située sur la voie de Saintes à Poitiers, étant en dehors des limites que nous nous sommes tracées, nous ne nous en occuperons pas.

Examinons maintenant la direction de la voie, nous passerons ensuite en revue les opinions divergentes (1) :

D'Olby {Ubium) à Monteil Guillaume {Fines). — La voie traverse les communes de Gellcs, Sauvagnal, Voingt (2), Giat, Fernoël.

De Monleil-Guillaume {Fines) à Ahun (Acitodunum), la voie passe près ou par les villages suivants : Monteil-Guillaume et Arfeuille, commune de Crocq; Mannat, Villevaleix, commune de Saint-Maurice, Ville-Déserte, Longevialle, La Chaussade (3), Pardannaud, Londeix, commune de Saint-Pardoux-d'Arnet; La Prade, limite de Sainl-Avil-de-Tardes et de Néoux, Vervialle, Vialleix, Quioude7J«':B(3), limite de Néoux et de Sainl-Alpinien ; La Védrenne (3), Chez-Ruehoux, La Champ, commune de Saint-Alpipinien; Le Monteil, La Chaussade, Juche faux, limite de La Chaussade et de SaintMaixant, commune de La Chaussade, limite de Saint-Maixanl et du Puy-Malsignal, commune de Sainl-Maixant; — Plagne, Chadiras, Perpirolles, Courbariou, VilIeméjou{3), commune deSaint-Médard; — limite de Saint-Martial-le-Mont et d'Issoudun, commune d'Issoudun; Gouchezolte, Chanteau (4), limite de Lavaveix et de SaintMartial, commune de Saint-Marlial-le-Mont, Lavaveix-les-Mines et le Moulier-d'Ahun, où elle traverse la Creuse pour atteindre Ahun/

D'Ahun {Acitodunum) à Sainl-Goussaua {Proetorium). — Mastribul, Puy-Trabaillon, Lavaud,commune d'Ahun,Chaumeix,Pierregrosse, commune de Saint-Yrieix-les-Bois; Bois-de-Montbas, commune de Lépinas ; — Chez-Penoux, commune de Maisonnisses ; — La Chassoule, La Chaumette, commune de Sardenl; — Puy-Rougier, Laville, Mont-Pigeaud (5), La Drouille, commune de Saint-Eloi ; — Peyrat, Pierrefilte, Les Ages, commune de Janailhal; — Telier, Bourdaleix, Cornas, commune de Saint-Dizier; — Saint-Chartier, commune de Ceyroux; — Forges-des-Bois, Les-Trois-Piles, com(1)

com(1) noms en italiques indiquent les points où l'on a observé la voie.

(2) A. TARDIEU, Bull, monumental, t. X. 1862.

(3) NADAUD, Observations sur les anciennes voies romaines du Limousin. Indicateur du diocèse de 4188, p. 138 et ss.

(4) Mém. de la Soc. des scienc. nal. et arch. de la Creuse, I, 44; III, 463; IV, 219; V, 23, 150.

(5) Ibid., I, 46, 114, 217; V, 72, 352.


254 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

mune de Mourioux; — Reix et Champegaud (1), commune de Saint-Goussaud.

De Saint-Goussaud {Proetorium) à Limoges {Augustoritum). — La Faite, La Ribière, Redondesagne, Mille-Millange, commune de Saint-Goussaud; — Bois des Egaux, commune des Billanges; — Petits-Marmiers, commune de La Jonchère; — Sirieix (aujourd'hui Valmat), La Croix-du-Cadet, commune de Saint-Laurent-les-Eglises; — Anria, Le Clos, La Tuilerie, La Boissarde, Les Loges, Le Mas-Maynard, traverse le Parleur, Bois-de-Tourniol, limite deSaintPriest-Taurion, commune d'Ambazac; — Le Bournazeau, Le PuyNeige, Moulin-Garat, traverse le ruisseau du Palais, commune du Palais; — Juillac, Les Audouines, Le Puy-Imbert, commune de Limoges (2).

De Limoges {Augustoritum) à Chassenon {Cassinomagus). — Le Masjambost, commune de Limoges, traverse l'Aurence, Les Vaseix, Le Bas-Félix, La Merlie, La Boilerie, commune de Verneuil, traverse la Vienne, Les Richards, Trein, commune de Sainl-Priestsous-Aixe (3); — Queyroix, Roussi, Guillaumets, Château-desAlouettes, commune de Cognac ; — Lascaux, limites de Saint-Auvenl et de Saint-Cyr, commune de Saint-Cyr; — Le Planchai, traverse la Gorre, commune de Saint-Auvent; — Roumagnat, La Pouge, Labrousse, Les Chausseilles, commune de Rochechouart; — La Gâne, Brethenoux, Le Maine, commune de Chassenon.

De Chassenon {Cassinomagus) à Charmé {Sermanicomagus). — La voie traverse les communes de Saint-Quentin, Suris, Lapéruse, Roumazières, traverse la*Charente au Ponl-Sigoulant, Loubert, Chantrezac, Saint-Laurent-de-Céris, Grand-Mas-Dieu, Chassiecq, Chenon, traverse une seconde fois la Charente.

De Charmé {Sermanicomagus) à Aunay {Aunedonnacum). — La

(1) Mém. de la Soc. des scienc. nat. et arch. de la Creuse, XV, 371.

(2) C'est par erreur que Grignard (Répertoire archéologique de la Haute-Vienne, ms. aux Arch. dép.) dit que l'on trouve des traces apparentes de la voie à Ambazac et à La Jonchère. Les chemins pavés de ces deux localités sont des restes d'un route du moyen âge qui, de Limoges, allait à Bénévent, reliant ainsi ces deux paroisses au chef-lieu de l'archiprêtré.

M. de Cessac (Bull, de la Soc. arch. du Lim., XIX, 34) a décrit la construction d'un chemin pavé à La Jonchère. C'est à tort qu'il en fait une voie romaine.

(3) Pour la traversée de la voie dans les communes de Verneuil et Saint-Priest-sous-Aixe. Voy. Lecler, Monographie du canton d'Aixe au Bull.de la Soc. du Lim., XXXIV. 85 etss.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 255

voie traverse les communes de Bessé, Saint-Fraigne, Les Gourds (Charente) (1).

On pourra nous objecter que les traces de la voie ont disparu de Chassenon à Charmé, et que notre tracé n'est pas appuyé par des preuves. Nous avons en notre faveur le passage de très anciens chemins sur lesquels des établissements des Templiers (Le GrandMas-Dieu, Le Petit-Mas-Dieu) se sont fixés, la présence de camps près de Saint-Laurent-de-Céris et de Chassiecq, camps décrits par Michon, et surtout les embranchements qui sont venus se greffer plus tard sur cette partie de la voie primitive, embranchements dont nous parlerons plus loin (2).

Sur ce parcours, plusieurs voies secondaires empruntent la voie principale, pour une partie, la coupent ou s'embranchent sur elle; telles sont celles de : Périgueux à Clermont, Limoges à Néris, Limoges à Chàleaumeillant, Bordeaux à Bourges par Limoges, Périgueux à Poitiers, Limoges à Saintes par Sainte-Sévère, Limoges à Angoulême, Bordeaux à Argenton, Limoges à Nantes, Angoulême à Poitiers.

Le tracé que nous venons d'indiquer a eu plusieurs contradicteurs, notamment ceux qui n'identifient pas Proetorium avec le Puyde-Jouer. D'autres, sans tenir compte des distances de la Table de Peutinger, ont placé Proetorium à Sauviat, sur la voie secondaire construite plus tard, qui reliait plus directement Ahun à Limoges par Sauviat, Bourganeuf, Pontarion.

C'est probablement vers la même époque qu'un autre tronçon de la même voie, celui entre Chassenon et Charmé, fut remplacé

(1) NADAUD, Indicateur du diocèse pour 1788, p. 142, 143, 144; Pouillé du diocèse, au Bull, de la Soc. arch. du Lim., LUI, p. 192, 197, 313, 352, 443.

(2) Dans sa Statistique monumentale de la Charente (p. 160), M. Michon insiste sur le passage de la voie romaine à Charmé de la façon suivante : « L'abbé Belley cite, d'après le Gallia christiana (II, instrum., col. 380), une charte de Bernard, abbé de Nanteuil-en-Vallée, de Fan 1172, dans laquelle sont décrites les bornes d'une terre : <c Usque ad Defens et deu » Defens usque ad viam que nominatur LA CHAUCADA ». La charte nomme ensuite Sallas, Salles; Juliacum, Juillé. Or, les Deffends, Juillé, Salles sont des lieux qui environnent Charmé, et la voie romaine est clairement indiquée par la dénomination de Chaucada. Ce qui tranche la question, c'est qu'on a trouvé, dans les fouilles faites à Bellicou, qui touche Charmé, les fondations d'une ancienne villa sur le bord de la chaussée romaine aujourd'hui détruite, mais cependant visible encore au milieu des champs cultivés, où elle présente une légère élévation de terrain. »


256 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

par le tracé direct de Chassenon à Saintes par Saint-Cybardeau, Les Bouchauds et Sainte-Sévère (1).

Comme le premier tracé fut abandonné de bonne heure, il a laissé moins de trace que le second ; si bien que certains auteurs ont mis en doute le tracé primitif et ont placé des stations de la première voie construite sur la seconde.

C'est ce qui explique comment Desjardins et Longnon, dans leur carte d'ensemble des voies romaines au VI 0 siècle, font figurer seulement les dernières parties construites : d'Ahun à Limoges, par Ponlarion, Bourganeuf et Sauviat; de Chassenon à Saintes, par Saint-Cybardeau, Les Bouchauds, Sainte-Sévère, en plaçant Proetorium à Sauviat, et Sermanicomagus à Sainte-Sévère.

M. Buisson-Mavergnier (2) raccorde Proetorium à la voie secondaire passant par Bourganeuf en lui donnant un parcours que rien n'est venu confirmer et qui va à rencontre de tout ce que l'on sait sur la construction des voies. Il lui fait descendre le Puy-de-Jouer jusqu'au village de Séjoux, puis elle passe au Masmilier (commune de Châtelus-le-Marcheix) à Lestrade (commune de Saint-PierreChérignat). De là, elle atteignait à La Chaussade la voie de Limoges à Ahun par Bourganeuf. M. Dercier a suivi son exemple.

Non seulement ce trajet ne s'accorderait plus avec les dislances indiquées par la Table de Peutinger, mais il ne pourrait s'expliquer. Les Romains, on le sait, se mainlenaienl sur les plateaux, et c'est seulement lorsqu'ils y étaient forcé qu'ils traversaient les vallées. On se demande pourquoi ils seraient descendus dans une vallée profonde de quatre kilomètres, comme celle du Taurion, pour gagner une voie secondaire qui n'existait pas encore. Car il ressort clairement des Itinéraires que le premier tracé de Lyon à Saintes allait d'Ahun à Proetorium directement, sans passer par Bourganeuf. Et d'ailleurs, les voyageurs qui, partant d'un point quelconque de la voie secondaire, voulaient aller dans la direction de Bourges suivaient les nombreux pelits chemins qui existaient alors pour gagner la grande voie.

M. Buisson-Masvergnier prétend qu'il existait deux routes d'Ahun à Fines, l'une suivant les plateaux jusqu'à La Chaussade

(1) M. Michon, qui a décrit les voies romaines de la Charente et qui a fait la comparaison entre les deux tracés, ajoute : « Je ne dissimule pas cependant que la voie de Limoges à Saintes par l'embranchement d'Aunay, telle que la donne la Table Théodosienne, a pu être la voie primitive, abandonnée plus tard pour un tracé plus direct. » Statistique de la Charente, p. 161.

(2) Bull. Lim., XIII, 10b.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 257

(commune de Saint-Alpinien) et se dirigeant vers Montel-de-Gelat, l'autre suivant le tracé indiqué par l'abbé Nadaud. C'est encore une grosse erreur qu'il a empruntée à l'abbé Belley (celui qui place Proetorium à Grandmont). Il n'a jamais existé qu'une seule voie, celle signalée par l'abbé Nadaud.

Michon pour la partie entre Chassenon et Charmé, a donné une direction qui ne nous paraît pas exacte. 11 lui fait suivre la vallée de la Bonnieure pour remonter ensuite vers le nord-ouest et atteindre Charmé. Nous pensons qu'après avoir passé Saint-Quentin la voie suivait le plateau entre la Vienne et la Charente, jusqu'au Pont-Sigoulant, où elle traversait la Charente pour atteindre SaintLaurent-de-Céris (1). C'est sur ce dernier point que venait s'embrancher la voie venant d'Argenton à Bordeaux par Sainl-Benoit-duSaull et Confolens.

Pour suivre la direction de la voie, il faut s'aider de vieux chemins, suivre des limites de propriétés. Quelquefois, lorsque les routes modernes ont pris la place de l'ancienne voie, on retrouve celle-ci tantôt à droite tantôt à gauche, suivant que le nouveau tracé en a modifié la direction; elle élargit la route par endroits; mais on voit qu'elle suivait le mouvement du terrain, sans tranchée ni remblai. Les progrès de la culture l'ont fait disparaître pour ainsi dire partout.

La voie de Lyon à Saintes se retrouve encore dans les endroits suivants :

Dans le Puy-de-Dôme :

Au départ de Clermonl et à Beauclair, commune de Voingt.

Dans la Creuse :

Entre Néoux et la Chaussade, où elle est indiquée par la carte d'Elat-Major; près du Moutier-d'Ahun; à Champegaud, au Puyde-Jouer, au-dessus du village de La Ribière, à Redondesagne, commune de Saint-Goussaud.

Dans la Haute-Vienne :

Près du Palais au moulin Garât; près de Saint-Priesl-sous-Aixe aux Richards; près du château des Alouettes, commune de Cognac. Dans ce dernier endroit, on la suit jusqu'à la Gorre au Planchât (2).

(1) C'est l'opinion de Walkenaer, contredite il est \rai par M. Michon {Statistique monumentale de la Charente, p. 161).

(2) Elle a une dizaine de mètres de largeur. Le pavage a été enlevé et rejeté à droite et à gauche de la voie, où il forme un renflement recouvert par la verdure.


258 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Dans la Charente :

Entre Chassenon et la Péruse; à Saint-Laurent-de-Céris ; au Grand Mas-Dieu; près de Charmé à Bellicou (1).

Dès son entrée sur le territoire des Lémovices jusqu'au territoire des Santons la voie suit des plateaux dont l'altitude varie peu. Ainsi de la station de Fines (Monteil Guillaume) à celle d'Ahun les hauteurs se maintiennent entre 557 et 782 mètres, soit une moyenne de 680 mètres sur un parcours de 44 kilomètres.

D'Ahun à Proetorium, entre 455 et 672 mètres, soit une moyenne de 555 mètres sur un parcours de 40 kilomètres.

De Proetorium à Limoges entre 326 et 692 mètres, soit une moyenne de 455 mètres sur un parcours de 31 kilomètres.

De Limoges à Chassenon entre 241 et 396 mètres, soit une moyenne de 298 mètres sur un parcours de 37 kilomètres.

De Chassenon à Charmé, c'est-à-dire dans la traversée du déparlement de la Charente actuel, ses hauteurs varient de 170 à 200 mètres, moyenne 185 mètres.

La situation élevée de ces routes permettait d'admirer de très beaux panoramas.

Les principaux cours d'eau qu'elle traversait sont, dans le département de la Creuse : la Creuse, au Moutier d'Ahun, sur un pont remplacé au XIIIe siècle par le pont actuel.

Dans le département de la Haute-Vienne : l'Aurence près de Limoges, la Vienne au-dessous de Verneuil, la Gorre, près de Saint-Auvent.

Dans le département de la Charente : la Graine, près de Chassenon, la Charente, au Pont-Sigoulant et à Chenon.

Nous pensons que la traversée des plus grands cours d'eau se faisait sur des ponts et que celle des cours d'eau de moindre importance se faisait sur des gués pavés. Les ruines du pont sur la Vienne au-dessous de Verneuil, se voyaient encore au XVIIIe siècle d'après Nadaud. Elles se trouvaient à environ 200 mètres en aval du pont de la Gabie actuel. Dans les basses eaux, on voit très bien les amas de pierre qui proviennent des piles,. La position du pont peut-être déterminée par la direction de l'ancienne voie que l'on retrouve dans un chemin encore pavé montant au village des Richards, commune de Saint-Priestsous-Aixe.

L'idée des ingénieurs romains de suivre constamment les plateaux et d'éviter le cours d'eau se manifeste très clairement dans la construction de celte voie comme dans toutes les autres.

(1) MICHON, Statistique monumentale de la Charente, p. 160, 161, 166,


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 259

Desjardins fait remarquer que souvent les voies antiques ont servi de limites paroissiales.

Nous avons eu l'occasion de vérifier le fait plusieurs fois. Ainsi sur la voie qui nous occupe, celle-ci sert de limite entre SaintAlpinien et Saint-Silvain-Bellegarde, entre Saint-Maixant et La Chaussade, entre Saint-Marlial-le-Mont et Issoudun, Saint-Marlial et Lavaveix, Ambazac et Saint-Martin-Terressus, Saint-Cyr et Cognac, Saint-Cyr et Saint-Auvent, etc.

Plusieurs milliaires ont été découverts sur cette voie, la plupart mutilés ou anépigraphes.

Le mieux conservé est celui du Moutier-d'Ahun, qui a été décrit plusieurs fois et en dernier lieu par M. Espérandieu (1), auquel nous renvoyons. C'est un milliaire de Gordien III, vers 243, qui indique la distance d'Ahun à Proetorium, 20 lieues gauloises — 44k 440m, et celle de Limoges, 34 lieues gauloises = 75k 448m. Il paraît que ce milliaire est actuellement au domaine de Valaize, où il sert à supporter la toiture d'un hangar.

Un second milliaire existait autrefois à Limoges, rue de la Règle, en face du portail du Grand Séminaire. Il a été détruit en 1894. M. Valentin (2) avait cru y lire : CÂES... NINO... M. Espérandieu pense que ce serait peut-être un milliaire de Gordien?

Un troisième milliaire, mutilé, aurait été trouvé au lieu dit Le Petit-Vidis, près du moulin Ballot, commune de Cognac, d'après Nadaud (3).

Le nom de Mille-Millanges, que porle un village près de SaintGoussaud, paraît rappeler une borne milliaire.

Sur le passage de celle voie, on a signalé des camps dans les communes suivantes :

Dans la Creuse : Saint-Eloi (Le Mont-Pijeau) (4), Ahun (5).

Dans la Haute-Vienne : Viallebost près Verneuil (6).

Dans la Charente : Le Petit-Mas-Dieu et Chez-Godard près Chassiecq (7).

(1) ESPÉRANDIEU, Inscription de la. Cité des Lémovices, p. 44.

(2) VALENTIN, Bull, épigr. de la Gaule, t. II, 1882, p. 15.

(3) NADAUD, Indicateur du diocèse, de 1788, p. 145.

(4) Bull, de Guéret, V, 72. — Assises scient, de Limoges, 1867. — LECLER, Dict. de la Creuse, p. 609.

(3) Bull, de Guéret, I, 30, 42, 71, 222; IV, 231.

(6) Bull, de la Soc. de Limoges, XXX, 323; XXXIV, 85 et ss.

(7) MICHON, Statistique monumentale de la Charente, p. 180 et ss.


260' SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DIT LIMOUSIN

Nous avons déjà observé que les camps n'étaienl pas toujours sur le bord des voies, mais à une petite distance. On se demande aussi si tous les camps signalés remontent à l'époque gallo-romaine.

Si l'on parcourt la liste des communes traversées par cette voie et que l'on se reporte aux tableaux des découvertes que nous avons donné précédemment (t. LV, p. 740 et ss.), on verra que sur tout son parcours on a mis à jour des souvenirs de l'époque galloromaine. Nous rappelons les noms de ces communes pour faciliter les recherches.

De Fines à Ahun : Crocq, Sainl-Maurice, Saint-Pardoux-d'Arnet, Néoux, Saint-Alpinien, La Chaussade, Saint-Maixànt, Saint-Médard, Issoudun, Saint-Pardoux-les-Cars, Sainl-Martial-le-Mont, Lavaveixles-Mines, Moutier-d'Ahun.

D'Ahun à Saint-Goussaud : Ahun, Lépinas, Maisonnisses, Sardenl, Saint-Eloi, Janailhat, Saint-Dizier, Ceyroux, Mourioux.

De Saint-Goussaud à Limoges : Saint-Goussaud, Les Billanges, La Jonchère, Ambazac, Rilhac-Rancon, Le Palais.

De Limoges à Chassenon : Limoges, Verneuil, Saint-Priest-sousAixe, Cognac, Saint-Cyr, Saint-Auvent, Rochechouart, Chassenon.

De Chassenon à Charmé : Saint-Quentin, Lapéruse, Loubert, Chantrezac, Sainl-Laurent-de-Géris, Grand-Mas-Dieu, Chassiecq, Chenon.

Parmi les noms de lieux empruntés à diverses circonstances du parcours des voies romaines, nous ne trouvons guère que celui de Voingt en latin viginli, qui rappelerait la vingtième borne milliaire en partant de Clermont.

De nombreux noms, dérivés du bas-latin strata ou chaucada, rappellent le passage de notre voie : Létrade, La Chaussade, La Chaussée, La Chassoule, Chaussidoux, Les Chausseilles, Chadiras, Chaumcix, Lascau.

D'autres dérivés du mol petra se renconlrenL dans les noms de plusieurs lieux-dits traversés par la voie : Peyrat, Pierrcffille, Pierregrosse.

Les Trois-Piles rappellent un monument bordant la voie.

De nombreux noms formés du mol villas rappellent des maisons de campagne : Villevaleix, Ville-Déserte,- Vervialle, Vialleix, Villeméjoux, Vaveix, Longevialle, Lavaveix, Lavialle, Lavaud.

Des anciennes exploitations minières se retrouvent dans les noms de : Forge, Forge-du-Bois.

L'ancien qnadrivium, carrefour, a donné le nom de Queyroix, qui est assez commun dans le pays.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 261

Les voies romaines ont servi pendant tout le moyen âge. On peut, pour appuyer ce fait, s'aider des écrits hagiographiques, des récits de translations de reliques, etc. Les vies de saints, celles de Collin et de Labiche de Reignefort, fournissent quelques indications intéressantes; mais comme elles ne s'appuient sur aucun document, on doit faire sur elles les plus grandes réserves.

Saint Martial, l'apôtre d'Aquitaine, est parti de l'Italie pour venir dans notre contrée. D'après la légende aurélienne, que l'on croit antérieure au IX" siècle, il serait venu de Château-Meillant {Mediolanum) (voie de Clermont à Argenlon) à Toulx-Sainle-Croix {Tullum), en suivant la voie de Clermont à Argenton. Il existait une voie secondaire de Château-Meillant à Ahun qui passait par Toulx, l'ancien oppidum gaulois. De cette ville, le saint se rendit à Ahun, et ensuite à Limoges. Tout porte à croire qu'il suivit la voie romaine qui nous occupe.

Saint Ouradoux, qui avait été baptisé à Saintes, vint de l'Auvergne, au IVe siècle, pour se fixer à Lupersac, non loin de la voie de Lyon à Saintes (1).

Saint Rorice, évêque de Limoges au V° siècle, venait lui aussi de l'Auvergne vers Limoges (2).

Saint Martin des Arades, qui vivait au VIIIe siècle, est mort pendant l'un de ses voyages sur la route même de Lyon à Saintes, à Saint-Jean de Trein, dans la paroisse de Saint-Priest-sous-Àixe, où il fut enseveli (3).

•En 994, lors de la peste des Ardents, l'évêque de Limoges fit transporter dans sa ville épiscopale les reliques des saints que possédaient différentes paroisses. « Les habitants de Salagnac, dit Labiche de Reignefort, transportèrent les reliques de saint Léobon le 1er août; pendant leur voyage, ils s'arrêtèrent sur une colline couverte de bois, près d'Àmbazac, et là, un pestiféré fut apporté de La Jonchère pour vénérer les reliques du saint (4) ». Cette colline couverte de bois, voisine d'Ambazac, ne peul être que le bois de Tourniol, que la voie traversait de part en part, comme nous l'avons constaté.

(1) LABICHE DE REIGNEFORT, Six mois de la vie des saints. — Limoges, 1826, 3 vol. in-8° (t. III, p. 60).

(2) Ibid., t. I, 86.

13) Ibid., I. III, p. 109. (1) Ibid., t. II, p. 201.


262 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Desjardins, dans sa Géographie de la Gaule, fait remarquer que les noms par lesquels on désigne traditionnellement les voies antiques sont nombreux et n'impliquent point toujours l'origine romaine de ces voies.

Dans notre pays, les dénominations de chaussée de César, chemin de Jules César, chaussée ou chemin de Brunehaut, chemin des Sarrasins, chemin roumieu, sont peu employées. Au sujet de ce dernier nom, le patois limousin a pourtant les mots roumi, pèlerin, et roumivage, pèlerinage. Nous avons vu qu'un hameau de la Creuse traversé par la voie se nomme Romiou.

Les gens de la campagne désignent les anciennes voies sous le nom de chomi fora (1), chemin ferré, pera, chemin pavé. On trouve dans le canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles le nom de Ferrade, désignant l'ancien chemin ferré (2). Michon (3) constate qu'il y a une rue Ferrade à Brillac, par laquelle passait la voie romaine d'Argenton à Bordeaux.

On sait peu de choses sur les routes suivies par les pèlerins du moyen âge. Il est à croire qu'ils suivaient les voies antiques.

Limoges servait de lieu de repos aux pèlerins qui, venant de l'Est et du Nord, se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle ou à Rocamadour (4). Plusieurs aussi, appartenant aux provinces voisines, venaient vénérer les reliques de saint Martial. Nous aurons l'occasion de signaler, pour la voie de Bordeaux à Bourges, des

(1) NADAUD, Indicateur de 1788, p. 143 et ss. ; Pouillé du diocèse, au Bull, de la Soc. arch. du Limousin, LUI, p. 294, 316, 352, 479.

(2) DROUAULT, Monographie du canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles, au Bull, de la Soc. arch. du Limousin, LIV, p. 96.

(3) MICHON, Statistique monumentale de la Charente, p. 166.

(4) it Trois routes étaient indiquées pour aller des Pays-Bas à Rocamadour. Pour la deuxième, on suivait le chemin ordinaire, celui que parcouraient presque toujours les commerçants avec l'Espagne et le Portugal par la voie de terre; on passait par Tournay, Douai, Arras, Amiens, Beauvais, Evreux, Mortagne, Le Mans, Tours, Poitiers, Limoges, Périgueux et Bordeaux.

» La troisième, désignée sous le nom de grand chemin, était la plus longue, la plus périlleuse et la plus coûteuse aussi. Son itinéraire comprenait Paris, Montargis, Bourges, Montluçon, Limoges et Périgueux ».

Pour le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, on connaît un guide des pèlerins français, rédigé au XIIe siècle par Aymeric Picaud, prêtre du Poitou. L'auteur indique quatre chemins conduisant de France à Saint-Jacques. Le troisième passe par Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et Périgueux (Ernest RUPIN, Bocamadour. Paris, 1904).


LÉS VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 263

passages de pèlerins qui nous sont révélés par les Miracles de saint Martial, écrits au XIVe siècle (1). Il y est question de pèlerins d'Ahun (p. 10, 29). Peut-être ces pèlerins suivaient-ils la voie de Lyon à Saintes.

Sur le parcours de la voie qui nous occupe, on rencontre quelques hôpitaux antérieurs au XIIIe siècle qui semblent indiquer la fréquentation de la voie jusqu'à cette époque : ceux d'Ahun (1164), du Palais et de Limoges. On sait que la léproserie de Saint-Jacques et celle de Notre-Dame des Arènes, à Limoges (1212), étaient situées sur le bord même de la voie.

Nous avons dit au sujet de la station de Fines que les établissements dès chevaliers du Temple ou ceux de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui leur ont succédé, étaient placés sur les anciennes •routes et pouvaient fournir une indication sur leur direction. Sur la partie de la voie de Lyon à Saintes qui traverse le territoire des Lémovices, on trouve les établissements suivants : Monleil-Guillaume, Naberon el Salesses, dépendant de la commanderie de Sainte-Anne, tous trois au sud de Crocq, à proximité de la voie; Paulhac, Le Palais, près de Limoges; Saint-Jean de Trein, situé au nord de la Forêt d'Aixe, paroisse de Saint-Priest-sous-Aixe, dépendait, avec le Petit-Mas-Dieu et Chambon, de la commanderie du Grand-Mas-Dieu (Charente). Ces établissements se trouvaient sur le bord ou à proximité de la voie.

A quelle époque les différentes parties de celte voie ont-elles cessé d'être suivies? Il est bien difficile, faute de documents, de répondre d'une manière précise à cette question.

Deux tronçons cessèrent d'être suivi de très bonne heure, peutêtre dès le III 6 siècle : 1° celui d'Ahun à Proetorium directement, remplacé par la route plus directe et plus courte de Limoges à Ahun par Sauviat, Bourganeuf et Ponlarion ; 2° celui de Chassenon à Saintes par Aunay, remplacé par la voie directe de Chassenon à Saintes par Saint-Cybardeau, Les Bouchauds, Sainte-Sévère. Sans abandonner totalement l'ancienne voie des Itinéraires, qui subsista comme chemin, les voyageurs préférèrent la voie la plus directe, reliée du reste à la première voie par de nombreux chemins.

Nous avons constaté plus haut que Desjardins et Longnon en faisaient pas passer la route de Limoges à Clermont par Proetorium, mais bien par Sauviat et Bourganeuf; de même qu'ils ne font

(1) Bull. Soc. arch. du Lim., XXX, 84.


264 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

pas passer la voie de Limoges à Saintes par Charmé et Aunay, mais plutôt directement par Sainle-Sévère.

L'un des itinéraires des pèlerins, qui se rendaient à Saint-Jacquesde-Composlelle au XIIe siècle, mentionne Saint-Léonard et Périgueux. La voie romaine était donc remplacée dès cette époque par la route de Bourganeuf, Sauviat, Saint-Léonard, Limoges (1).

La plus ancienne mention d'un" voyage de grand personnage dans la direction de Limoges à Clermont se rapporte au XVe siècle. Les Chroniques de Saint-Martial (2) disent que lorsque Charles VII et le Dauphin traversèrent Limoges en 1439, ils se retirèrent par SainlLéonard et Bourganeuf. Par la suite, nous voyons tous les grands personnages arriver ou partir de Limoges en suivanl la même route.

Le tronçon entre Bourganeuf, Ahun el Monteil-Guillaume, est remplacé bien avant le XVIe siècle par le tracé Bourganeuf, Pontarion, Aubusson, Saint-Avit d'Auyergne, où aboutissait une aulre roule venant de Limoges, passant' par Sauviat, Saint-Junien-laBregère, Le Compeix, Châtain, Vallières et Fellelin. A partir de Saint-Avit d'Auvergne, les deux roules se confondaienl pour se continuer sur Clermont par Pontgibaud el Pontaumur.

Le Guide des chemins de France, de Charles Eslienne (1552), ne donne pas la roule de Limoges à Clermont, qui a toujours existé; mais on voit figurer l'ancienne voie romaine sur les cartes du XVIIIe siècle avec celte désignation : « Ancien chemin de Limoges à Clermont ».

Quant à la partie de la voie de Limoges à Saintes, elle n'a dû subsister que jusqu'au VIIe siècle. A ce moment, la formation de la ville de Saint-Junien autour du tombeau de ce saint et le développement de plusieurs villes importantes firent créer une nouvelle voie qui, de Limoges à Saintes, correspondait à peu près à la route de poste du XVI" siècle, remplacée plus tard par la route nationale n° 141, de Clermont à Saintes, par Limoges, La Barre, SaintJunien, Le Pont-Sigoulant, Chabanais, Chasseneuil, La Boehefoucauld, Le Razat, Angoulême, Cognac el Saintes.

Le seul point de l'ancienne voie romaine touché par la nouvelle roule est Le Pont-Sigoulant, commune de Lapéruse, à la traversée de la Charente.

(1) Voyez la note de la pag'e 262.

(2) Chroniques de Saint-Martial, éditées par Duplès-Agier, p. 202etsuiv.


LES VOIES ROMAINES E\ LIMOUSIN 263

2. — De Burdigala (Bordeaux) à Avaricum (Bourges), par Vesunna (Périgueux), et Augustoritum (Limoges)

Les stations de celte voie sur le territoire des Lémovices sont peu nombreuses. On ne trouve que Fines, entre Périgueux et Limoges, puis Argentomago (Argenlon). La station de Proetorium (Sainl-Goussaud) n'est pas mentionnée parce qu'elle apparlienl à la première voie de Lyon à Saintes. On sait, d'après une remarque Je la Commission de la topographie des Gaules (v. t. LV, p. 726), que lorsque deux voies se rencontraient avant une station, la dernière distance n'était comptée que jusqu'à l'embranchement, le tronçon commun étant considéré comme n'appartenant qu'à une seule des deux directions.

Desjardins, dans sa Table de Peutinger, fait remarquer qu'il doit y avoir une station omise, parce que les distances ne concordent pas. La table indique, en effet, XIIII1. (31 k.) de Périgueux à Fines et Xllll 1. (31 k.) de ce point à Limoges, ce qui fait 02 k. au lieu de 100. Il manque donc une station intermédiaire, située elle aussi à31 k., pour faire à peu près la distance.

La station de .Fines, d'après l'ouvrage de Desjardins (1), a été identifiée différemment par les auteurs. Walkenaer et la Commission de la topographie des Gaules sont dans le vrai en proposant Thiviers comme limite des Pétrocores et des Lémovices, pour les raisons invoquées par M. Deloche, comme on l'a vu plus haut (LV, 732.)

Reste à trouver l'emplacement el le nom de la station intermédiaire oubliée entre Thiviers et Limoges.

M. Winkler a très bien fait ressortir qu'il y a en une omission de la part du copiste de la Table de Peutinger, qui ne donne que deux distances de XIIII lieues gauloises entre Limoges et Périgueux au lieu de trois existant en réalité, soit, une distance totale de XLII lieues gauloises ou 93 kilomètres 333 enlre ces deux villes, ce qui se rapproche beaucoup de la distance à vol d'oiseau.

D'après ['Itinéraire d'Antonin, Fines se trouve à XXI lieues ou 46 k. de Périgueux, el la distance de ce dernier point à Limoges est de XXVIII lieues ou 62 k., ce qui donne un total de 108 kilomètres 878, distance Irop grande.

Or, le tiers de la distance se rencontre non loin de l'oppidum de Courbefy, à peu près sur l'emplacement occupé aujourd'hui par la station de Bussière-Galanl, sur la ligne ferrée de Limoges à Périgueux, c'est-à-dire à XIIII lieues gauloises ou 31 k. 111 de Limoges.


266 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

On sait que plusieurs auteurs limousins avaient placé à Courbefy la station de Fines, dont le nom Curvifines pouvait donner plus de créance à cette identification. S'ils se trompaient pour le nom de la station, ils se rapprochaient beaucoup de l'emplacement réel, qui se trouve à quatre kilomètres environ au pied de la montagne que couronne l'ancien oppidum.

La Table indique une encoche avant d'arriver à Limoges comme celui qui précède les noms des stations, et c'est à l'endroit où ce nom devait se trouver qu'on lit Ausrito, lorsque ce dernier nom aurait dû être écrit au-dessus des deux pavillons indiquant la mansio, comme cela a été fait pour Périgueux, Argenton, Bourges, Clermont, etc.

Pour nous, le nom de la stalion oubliée doit être très court, de manière à ne pas dépasser beaucoup, sur la Table, avec la mention XIIII, la place qu'occupe par erreur, croyons-nous, le mot Ausrito. Ce nom devait être Luci, qui désignait au VIe siècle l'oppidum de Courbefi, comme on le voit dans la Vie de saint Wast, écrite au VI» siècle (1).

Le nom de Luci se retrouve trois siècles plus tard dans la^ Cosmographie du Ravennate, et M. Desjardins (qui renvoie à la Vie de saint Wast), ajoute : « ... peut-être une station de la carte routière antérieure à 667 de l'Empire romain. »

Nous sommes là, du reste, au centre du pays des Leuei, qui, à l'époque frânque, formait un des cinq pagi indiqués par Gérard (2), le pagus Leucorum.

Nous renvoyons à ce que nous avons dit plus haut sur les stations à'Auguitoriiim et de Proetorium.

Voici maintenant la direction de la voie (3) :

De Thiviers {Fines) à Courbefy {Luci). — A son entrée dans le territoire des Lémovices, un peu plus au nord de Thiviers, la voie suit à peu près le tracé de la route nationale jusqu'à La Coquille, Les Peyrières, Bonlur, Les Monts, commune de La Coquille; — Verdenilles, La Grange, Bussin, commune de Saint-Pierre-deFrugie, dans le département de la Dordogne.

De Courbefy {Luci) à Limoges {Augustoritum). — La voie passe, au pied de la montagne de Courbefy, un peu au-dessus de l'empla(1)

l'empla(1) Soc. arch. du Lim., XIII, 83. Note sur l'oppidum gaulois de Courbefy, par M. Félix de Verneilh.

(2) GÉRARD, Essai sur le syst. des div. terril, de la Gaule, p. 152 et 153. Voy. ci-dessus, t. LV, p. 721 et 738.

(3) Les aoms en italique indiquent les points où la voie est visible.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 267

cernent de la station de Bussière-Galant. Elle passe près des villages de Fournial, Château-Renon, Lagrange, Dronne, La Lande, commune de Bussière-Galant ; — Chez-Belle, commune de RilhacLastours; — La Drouille, Les Places, commune de Saint-HilaireLaslours, Masmondet, Lajaye, Planladis, La Plaine, commune de Nexon(l); — Aupuy, Viallejolle, La Triquerie, 1M Maison-Rouge, commune de Saint-Maurice-les-Brousses; — Les Vergues, Boissac, La Reynie, La Jauvie, Envaud, Le Pont-Rompu, traverse La Briance, et VanUau, commune de Solignac, suit la limite des communes de Condat et de Solignac, Fontjaudran, Croix-du-Crible, Romanet, Champtour, La Font-Péchiade, commune de Limoges.

De Limoges (Augustoritum) à Saint-Goussaud {Proetorium). — La voie est commune avec celle de Clermont. (Voir plus haut, p. 254.)

De Saint-Goussaud {Proetorium) à Argenton {Argentomagus). — La voie passe près de Bossabut, commune de Saint-Goussaud ; — Aussagne, La Pradelle, Le Monthuaud, traverse l'Ardour, La FayeAuzareix, commune d'Arrènes; —La Cheirade, Paulhac, traverse La Gartempe, commune de Saint-Elienne-de-Fursac; — Chabannes-Judaud, Le Chiron, commune de Sainl-Pierre-de-Fursac; — Les Vérines, Saint-Priest, Le Coud, Le Drut, Mazeirat, commune de Saint-Priest-la-Feuille; — Bridiers, commune de La Souterraine; — Le Chaudron, L'Aumône, Lascoux, Lieu, Les Maisons, Peubrot, Le Peux, commune de Saint-Agnant-de-Versillat; — Forgevieille, Proge, commune de Saint-Germain-Beaupré, suit la limite des communes de Bazelat et La Chapelle-Baloue, Vaussujean, commune de Saint-Sébaslien.

En sortant du territoire des Lémovices, la voie monte presque en ligne droite vers Argenton en passant par Chanlôme, dont les anciennes foires étaient suivies au moyen-âge, laissant à droite Eguzon, Baraize, Le Pin, Ceaulmont, et suivant le plateau qui domine le cours de la Creuse.

Près de Limoges, en face de Romanet, à l'endroit où la ligne fer(1)

fer(1) déterminer le tracé entre La Plaine et Courbefy, nous avons dû faire plusieurs voyages. La construction des deux lignes ferrées de Limoges à.Périgueux et de Limoges à Brive par Saint-Yrieix a modifié tous les anciens chemins indiqués par le cadastre. C'est ainsi que le chemin de la Plaine aux Places (cadastre : Nexon, section G 2), qui était l'ancienne voie, n'existe plus. L'ancien chemin de Las Tours à La Drouille (cadastre : Rilhac-Lastours, section C, 2e feuille) n'existe plus, mais on voit près du village de Jean-Belle (aujourd'hui Chez-Belle), l'indication d'un (c ancien retranchement »; c'était le passage de la voie romaine venant de La Drouille et se dirigeant vers Châteauroux.

T. LVI 18


268 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

rée de Paris-Toulouse par Uzerche touche à la route de Solignac, la voie rencontrait l'ancien chemin gaulois qui, de ce point, allait en droite ligne vers le gué de la Roche, en traversant le pré vicomlal où elle fait saillie au-dessus de la prairie. On sait que, d'après la tradition, la peuplade gauloise occupait le promontoire dominant ce gué sur la Vienne, auquel la ville de Limoges dut son premier nom, Rita.

De la Font-Péchiade, la voie tournait à droite parallèlement à la Vienne pour contourner le coteau abrupt des Portes-Ferrées et atteindre le pont Sainl-Martîal. Elle traversait ensuite la ville romaine par les rues actuelles du Pont-Saint-Marlial, de l'Hôpital, les terrains des Filles de Notre-Dame, la rue des Argentiers el atteignait l'Amphithéâtre d'où rayonnaient toutes les autres voies aboutissant à Limoges.

Pour aller dans la direction de Bourges, la voie descendait le faubourg des Arènes acluel vers l'ancien cimetière gallo-romain (place de la République acluelle), puis elle tournait à droite dans la direction de l'emplacement occupé plus tard par l'église SainlMaurice et atteignait la rue du Masgoulet et le faubourg des Casseaux actuels. La voie suivait, en la dominant, la route du Palais acluelle, désignée sous le nom de route de Lyon jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

Il est impossible, depuis l'ouverture de la ligne ferrée de Limoges à Paris, de retrouver l'ancien emplacement de la voie romaine. Mais sur deux plans du XVIIe siècle conservés aux Archives départementales (1) qui donnent les villages des Audouines, de Fougeras et de Juilhac, on indique un chemin allant au Palais en passant par ces villages. Nous pensons que ce chemin occupait l'emplacement de l'ancienne voie romaine.

Sur son parcours, plusieurs voies secondaires empruntent la voie principale pour une partie, la coupent ou s'embranchent sur elle; telles sont celles de : Chassenon à Luci, Limoges à Poitiers, Limoges à Brive, Praetorium à Poitiers, Breith à Châteaumeillant, Limoges à Tours par Argenton.

Comme pour la précédente voie, nous n'avons fait que suivre le tracé indiqué par Nadaud en le complétant (2).

(1) Archives de la Haute-Vienne, fonds de Saint-Augustin, H 1373 et 3406.

(2) NADAUD, Indicateur du diocèse de 1788 et Pouillé, au Bull, de la Soc. arch. du Lim., LUI, 382, 624, 654.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN £69

Allou (1) prétend qu'il existe des traces d'un embranchement, qui, parlant de l'ancien pont de Verneuil, s'étendaient jusqu'à la forêt de Rochefort, commune de Séreilhac, vers Châlus. C'est une erreur ; il n'exislait pas d'embranchement du pont de Verneuil sur Châlus, comme nous avons pu nous en assurer sur place. C'est du reste l'opinion de M. l'abbé Lecler, opinion qu'il a exprimée lors des Assises scientifiques tenues à Limoges en 1867 (2). Nous en extrayons quelques passages.

« ...Faire passer la voie romaine de Limoges à Périgueux par Aixe, Séreilhac, etc., comme le fait la carte de la Commission de la topographie des Gaules est une erreur.

» M. Cornuau n'a pas étudié cette partie ; M. Bonnal est un des premiers qui en aient signalé quelques tronçons, mais il en fait une voie romaine unissant Limoges à Solignac. J'en ai souvent vu diverses parties et une fois, ayant voulu la suivre de Limoges jusqu'à Nexon, je l'ai parfaitement reconnue sur tout le parcours.

» Elle sortait de Limoges en traversant la Vienne, de là elle allait en ligne droite jusqu'à la Briance qu'elle passait au pont Rompu. C'est dans cet espace que M. Bonnat l'a suivie pendant près de dix kilomètres : c'est je crois lui qui dirigeait les travaux lorsque, vers 1850, les ouvriers ont changé celle voie romaine en route communale, destinée à relier Solignac à Limoges. C'est pour cela probablement que M. Bonnat y a vu une voie romaine de Limoges à Solignac. Mais en la suivant plus loin, comme je l'ai fait, on en trouve de magnifiques morceaux. J'ai vu pendant un assez long espace de chemin, le pavé de celte voie à plus d'un mèlre au-dessus du terrain environnant. Arrivé à Nexon, elle se dirige vers Thiviers qui doit être le Fines des Itinéraires. Je n'ai pas vu cette seconde partie, mais je suis persuadé qu'elle existe, et quiconque voudra se donner la peine d'en rechercher les traces sur le terrain, comme je l'ai fait, en retrouvera infailliblement des tronçons jusqu'à Thiviers et au-delà. »

La Commission de la topographie des Gaules el M. Deloche ont pensé qu'il y avait deux voies distinctes se dirigeant de Limoges vers Argenton, l'une suivant le tracé de l'ancienne roule royale et l'autre le tracé que nous venons de présenter.

« L'une, dit M. Deloche (3), suivait jusqu'à Proetorium un tracé

(1) ALLOU, Description des monuments, p. 277.

(2) Institut des provinces de France. Assises scientifiques de Limoges, p. 78 et ss. — Limoges, Chapoulaud frères, 1867, in-8°.

(3) M. DELOCHE, Etudes sur la Géographie historique de la Gaule et spécialement sur les divisions territoriales du Limousin au moyen âge. — Paris, imp. nat., 1861, 1 vol. in-4°, p. 51.


270 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

commun avec la ligne de Clermont à Limoges. A partir de Proetorium elle s'élevait vers le Nord jusqu'à Argenlon et de là aboutissait à Bourges.

» L'autre qui n'était qu'une section de la voie de Bordeaux à Argenlon au lieu de se diriger vers le Nord-Est, comme la précédente^ la sortie de Limoges, mon lait droit au Nord vers Argenlon, qui n'en est séparé, sur l'Itinéraire d'Antonin, par aucune station, et elle venait s'y raccorder à la roule précédemment décrite ».

M. Desjardins n'a pas commis cette erreur.

M. Espérandieu dit, en parlant des deux routes de M. Deloche (1) :

« Je ne suis pas de cet avis, et je ne crois pas que l'absence de la station de Proetorium sur l'Itinéraire soit un argument suffisant pour établir l'existence d'une route directe entre Limoges et Argenton, route qui d'ailleurs se fut presque constamment confondue, à partir de La Souterraine, avec celle qui se détachait, à Proetorium, de la voie de Limoges à Clermont-Ferrand. Il ne doit y avoir là, de la part de l'Itinéraire, que le résultat d'une omission dont on connaît d'autres exemples et que paraît d'ailleurs indiquer la dislance beaucoup trop courte, XXI lieues ».

L'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger ne sont pas d'accord pour l'indication de la distance qui sépare Limoges d'Argenton. On sait que la distance réelle est de 100 kilomètres.

L'Itinéraire donne XXI lieues gauloises soit 46 k. 667, distance beaucoup trop faible et fautive. La Table donne XX1III lieues gauloise 53 k. 334; mais il convient d'y ajouter les XIIII lieues gauloises 31 k. 111 de l'embranchement de Proetorium à Limoges, soit au lotal 84 k. 445, ce qui fait un écart de 16 kilomètres environ. On a vu plus haut que la Commission de la topographie des Gaules, a constaté que « presque toujours, quand deux voies se rencontraient avant une station, la dernière distance n'était, sur l'une de ces voies, comptée que jusqu'à l'embranchement, le tronçon commun étant considéré comme n'appartenant qu'à une seule des deux directions. Dans l'espèce, le tronçon commun était relui de Proetorium à Limoges, dont la distance est énoncée dans la voie de Clermont à Saintes, XIIII lieues gauloises.

Il était donc inutile pour la Commission de la topographie des Gaules de faire un redressement de chiffres et d'indiquer 41 lieues gauloises au lieu de 21, soit 91 k. 102 qui, ajoutés au 31 k. 111 de Limoges à Proetorium, donneraient 122 k. 213, dislance trop grande.

(1) Inscriptions de la Cité des Lé/novices, p. 319.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 271

On aurait pu croire que la Commission de topographie des Gaules aurait tenu compte des travaux de M. Buisson-Mavergnier, et que, dans la carte qu'elle a publiée, elle aurait indiqué le véritable tracé de la voie.

Au lieu décela, elle donne deux voies : l'une qui suit le parcours de la route royale de Limoges à Paris, l'autre, parlant de Limoges se dirige directement vers Ahun, Sauviat, Bourganeuf, Pontarion, sans passer par Pratorium. Il est vrai que la première voie est donnée comme douteuse.

Il suffisait à la Commission d'étudier le tracé sur le terrain ou tout au moins de consulter les notes laissées par l'abbé Nadaud (1) pour suivre, de village en village, les tracés de la voie stratégique de Limoges à Prsetorium.

Les traces de celte voie, qui traversaient le territoire des Lémovices du Nord au Sud, se retrouvent dans la traversée des communes de Saint-Maurice-les-Brousses et de Solignac, entre le Pont Rompu et Limoges, au Puy-de-Jouer, à Bossabut, près Saint-Goussaud, à La Pradelle, commune d'Arrènes, à La Cheirade, commune de Saint-Elienne-de-Fursac, et à Bridicrs, près de La Souterraine.

On a fait sur le parcours de cette voie de nombreuses découvertes de l'époque gallo-romaine; pour les retrouver nous renvoyons aux tableaux publiés plus haut (LV, 740 et ss.) et nous donnons la liste des communes traversées par la voie.

De Fines (Thiviers) à Luci (station de Bussière-Galant) : La Coquille et Saint-Pierre-de-Frugie (Dordogne).

De Luci à Limoges, Bussière-Galant, Rilhac-Laslours, SaintHilaire-Lastours, Nexon, Saint-Maurice-les-Brousses, Solignac.

De Limoges à Proetorium (voy. la description de la voie précédente).

De Proetorium à Argenton, Saint-Goussaud, Arrènes, SaintEtienne-de-Fursac, Saint-Pierre-de-Fursac, Saint-Priest-la-Feuille, La Souterraine, Saint-Agnant-de-Versillat, Saint-Germain-Beaupré et Saint-Sébastien.

En 1769, on a retrouvé les traces d'une villa importante à Condat, près de Limoges. Turgot avait fait mettre de côté des fragments de mosaïque découverts dans cette villa (1) et plus tard, en

(1) ALLOU, Description des monuments des différents âges, p. 282; — DUROU, Essai historique sur la Sénalorerie de Limoges,^. 47; —[Statistique de la Haute-Vienne,[f. 135. g


272 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

1873, M. Sengensse a décrit les nouvelles découvertes faites en cet endroit (1). Une autre villa existait à La Villatte, commune de Saint-Priesl-la-Feuille et non loin de là celle de Bridiers, commune de La Souterraine (2).

Parmi les noms de lieux qui peuvent rappeler le passage de la voie antique, nous signalerons les suivants :

Les Peyrières, commune de La Coquille ; La Chérade, commune de Saint-Êtienne-de-Fursac; Le Cbiron, commune de Saint-Pierrede-Fursac; Lieu, commune de Saint-Aignant-de-Versillat; Vaussujean, commune de Saint-Sébastien.

Comme pour la première voie, c'est sous toutes réserves que nous puisons dans les vies de saints les indications sutvantes :

Au IVe siècle, Saint-Just et Sainl-Hilaire de Poitiers suivirent la|voie romaine en allant de Limoges à Périgueux, J. Collin (3) nous les montre passant à Nexon, où ils s'arrêtèrent encore en revenant à Limoges (Saint-Hilaire mourut en 367).

Au VIe siècle, Saint-Yrieix fit un voyage à Paris. Son biographe raconte qu'à son retour, après avoir traversé Argenton, il passa la nuit près de Menoux, paroisse située au bord de la Creuse. Il suivait donc la voie de Bordeaux à Bourges (4).

Saint Goussaud, venant de Bourges, s'est fixé dans le voisinage de Proetorium et il a donné son nom à la paroisse qui s'est groupée autour de son ermitage au VIIe siècle,(5).

Au XIe siècle, la voie romaine était fréquentée par les voyageurs. On lit dans la Vie du bienheureux Geoffroy, fondateur du Chalard, écrite par un contemporain, que celui-ci revenant de Limoges sur Périgueux en 1086, traversa la forêt de Courbefi (6).

On voit dans les Miracles de Saint Martial, accomplis avant 1388, publiés par M. l'abbé Arbellot (7), la partie de la vole romaine entre Périgueux et Limoges, était toujours fréquentée. Des pèlerinsi venant de La Rochelle, furent pris par les hommes de Gha(1)

Gha(1) de la Soc. arch. et hist. du lim., XXII, 153; p. v. 279.

(2) LKCLER, Diet. de la Creuse, p. 693, 753.

(3) COLLIN, Vie des Saints du Limousin, p. 594.

(4) Bull. Soc. arch. du Lim., XLIX, 129. — Vie de Saint Yrieix, par M. Arbellot.

(5) LABICHE DE REIGNEFORT, Six mois de la vie des saints, III, 54.

(6) « Lemovicas Pelragoris rediens ego habui iransitum per silvam quoe vulgo Curvifinium nuncupatur. » {Bulletin de Guéret, III, p. 89.)

(7) ARBELLOT, Miracles de Saint Martial, ap. Bull. Soc. arch. du Lim., XXX, 84 et ss.


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 273

lucet (1), emprisonnés puis délivrés par l'intercession de Saint Martial. D'autres pèlerins de la Saintonge, venant assister aux fêles des Ostensions, à Limoges, furent attaqués par huit pillards anglais de Courbefy (2).

Il existait d'anciens hôpitaux à Rilhac-Lastours, Lastours, Solignac. Cetle'dernière localité, située à proximité de la voie, près du Pont-Rompu sur-la Briance, possédait une léproserie.

Paulhac, près de Saint-Etienne-de-Fursac, qui était le chef-lieu d'une commanderie de l'ordre du Temple, était situé sur le bord de cette voie.

Nous avons recherché à quelle époque l'ancienne voie romaine, de Bordeaux à Bourges, a cessé d'être suivie.

On sait peu de choses sur la portion de Limoges à Argenton; mais en revanche, pour la parlie entre Limoges à Périgueux, on a constaté qu'elle était encore suivie à la fin du XVIIe siècle. C'est, du reste, dans celte partie que l'on a retrouvé le plus de traces.

De Thiviers à Limoges la voie suit des plateaux dont l'altitude varie de 253 mètres à 489 mètres, soit une moyenne de 360 mètres sur une longueur de 62 kilomètres. Le point culminant de cette partie se trouve à Lavaux, au-dessous de la montagne de Courbefy, où il atteint 489 mètres.

Dans la portion entre Limoges et la limite des Bituriges. La voie s'élève progressivement de 219 mèlres à Limoges à 697 à SaintGoussaud {Proetorium), pour redescendre ensuite jusqu'à Saint-Sébastien, 332 mètres. La moyenne d'altitude est de 400 mètres sur une longueur de 65 kilomètres.

Les principaux cours d'eau qu'elle traverse sont : Dans la Haute-Vienne, la Briance au Pont Rompu, la Valoine, près de Limoges, la Vienne à Limoges même, sur le pont SaintMartial; — l'Ardour au-dessus d'Arrènes; — la Gartempe à SaintEtienne-de-Fursac; — la Sédelle près de La Souterraine, c'est-à-dire près de sa source.

De l'avis de M. de Caumont (3), le pont Saint-Martial à Limoges a été reconstruit à la fin du XIIe siècle sur les piles du pont romain. On remarque, en effet, au niveau de l'eau des pierres de

(1) Le château de Chalucet était à peu de distance de la voie antique.

(2) Le château de Courbefy dominait la voie antique dont il était voisin.

(3) Congrès archéologique de France, session Limoges; 1859,2 v. in-8°.


274 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

grand appareil, qui, autrefois étaient reliés entre elles par des barres de fer. Le trou de scellement de ces barres se remarque encore au centre de chacune des pierres.

La voie de Bordeaux à Bourges a servi plusieurs fois de limites enlre les communes. Citons les points suivants :

Dans la Dordogne, entre les communes de Thiviers et de Nantheuil ; de Saint-Jory et de Saint-Paul-Laroche.

Dans la Haute-Vienne, entre les communes de Rilhac-Lastours et de Saint-Hilaire-Lastours; de Nexon et de Janailhac; de Solignac et de Condat.

Dans la Creuse, entre les communes d'Arrênes et de Laurière; de Saint-Agnant-de-Versillal et de Saint-Germain-Beaupré; de Bazelat et de la Chapelle-Baloue.

On a trouvé sur celle voie le milliaire que l'on voyait autrefois rue de la Règle à Limoges et qui avait dû être déplacé. Nous en avons parlé plus haut.

Parmi les ouvrages militaires sur cette voie il convient de citer :

L'oppidum de Courbefy qui a été décrit par MM. F. de Verneilh, l'abbé A. Lecler, Marbouty, el plusieurs membres de la Société archéologique du Limousin (1).

On cite aussi des camps à Saint-Priest-Ies-Fougères et à Laslours.

Dans celle portion de là voie nous relevons les camps suivants : Ambazac (aux Cars) (2), Saint-Goussaud, auPuy-de Jouer (3) décrit par M. Buisson-Mavergnier et M. l'abbé Dercier, La Souterraine (à la Malouze) (4), Bridiers el Lafat (à La Ligne)(5).

En 1529, Henri de Navarre, venant de Grandmont à Limoges, suivit la voie romaine. Les consuls allèrent l'attendre à une lieue « à l'issue de la forêt de Beaubreuil ». Il partait pour le château de Las Tours, les consuls l'accompagnèrent, toujours par la voie

(1) Bull, de la Soc. arch. du limousin, XII, p. v. 320; XIII, 83, p. v. 241; XXXIII, p. v. 346.

(2) Ibid., II, III, VII.

(3) Ibid., XIII, 98, 219; — XIV, 5, 178; — XIX, 37; Bulle'in de Guéret, XIII, 450; — XIV, 193; — XV, 371.

(4) Bull, de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 1851. — B. LEDAIN, les camps romains; LECLER, Dict. de la Creuse, p. 754.

(5) Congrès de Guéret, p. 26 el 27,


LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 2/0

romaine, « jusqu'au pont du fleuve de Valogne (lisez le ruisseau de la Valoine) » à deux kilomètres de Limoges (1).

C'est le même chemin que suivit, en 1544, la bande de Gascons conduite, par de Bèze (2).

En 1579, le duc et la duchesse de Montpensier, venant d'Agen, furent reçus par les consuls de Limoges à Foujaudran (3), à trois kilomètres de Limoges.

La voie semble avoir servi encore longtemps comme route entre Limoges et Périgueux, car, en 1659, Courbefy était toujours un gîte d'étape pour les troupes. Nous lisons, dans le Journal du consul Lafosse (4) que le régiment du sieur La Motte Sainl-Cyr, se rendant en Catalogne, arriva à Limoges le 25 et 26 mai 1659, et alla loger le lendemain à Courbefy.

Toutes ces citations montrent que jusques et y compris le XVIIe siècle, l'ancienne voie romaine, de Limoges à Périgueux, élait suivie. Ce n'est qu'au milieu du XVIe siècle que les voyageurs se dirigeant sur Périgueux commencent à passer par Aixe, Séreilhac el Châlus.

{A suivre.) Paul DUCOURTIEUX.

(1) Begislres consulaires de Limoges, I, 185.

(2) Ibid., I, 387.

(3) Ibid., II, 437.

(4) Publié par M. Louis Guibert dans les Begistres consulaires de Limoges, NI, appendice, p. 53, 54, 84.


Louis-Jean-Ange POISSON de LA GHABEAUSSIÈRE

(1710-1795)

GOUVERNEUR DE MIRABEAU 1753-1763

DIRECTEUR DES MINES DE GLANGES (HAUTE-VIENNE) 1763-1781

PRÉSIDENT DES TRIBUNAUX DE CONCILIATION DE LA BAR0NNIE DE PIERRE-BUFFIÊRE CRÉÉS PAR LE MARQUIS DE MIRABEAU

Louis-Jean-Ange Poisson de La Chabeaussière étail né en Flandre, le 25 février 1710, de François-Ange Ve du nom, avocat au parlement de Paris, et de Marie-Catherine de Loys ou Loys, fille de messire François-Antoine Loys, commandant de la ville de Calais.

La famille Poisson était originaire de l'Anjou, elle portait pour armoiries : d'azur à un cor de chasse d'argent, traversé d'un poisson d'or, de dexlre à senestre, enlacé dans le cordon en sautoir, qui attache le dit cor. Leur devise : Ridet maris irae dépeint bien le caractère du grand-père, sur le compte duquel j'ai réuni les quelques pages suivantes. Gentilhomme, gueux, sceptique, il chantait toujours et sur tout, même aux heures les plus lugubres de la terreur. François, écuyer, avocat au présidial d'Angers, fut élu échevin de celte ville le 1er mai 1661 et Charles Poisson, sieur de Neuville, écuyer, fut maire d'Angers, élu le 1er mai 1673 et continué le 1" mai 1675. François accepta la noblesse tant pour lui que pour ses descendants.

Mme de Pompadour, Jeanne-Antoinette Poisson, avait cherché fort inutilement (racontait mon arrière grand'mère) à se rattacher à la famille, mais M. Poisson de La Chabeaussière, quelque gueux qu'il fut, préféra rester un pauvre hère gentilhomme (1).

(1) Renseignement trouvé dans les notes de mon père, le comte Eugène de Fontaine de Resbecq.


LOUIS-JEAN-ANGE POISSON DE LA CHABEAUSSIÈRE 277

Louis-Ange Poisson de La Chabeaussière fit de fortes études au collège des Quatre Nations (1) et le 16 septembre 1743, à l'âge de 33 ans, il épousa noble demoiselle de Malabion de la Fargue, d'une très ancienne famille du Languedoc : W[t de la Fargue avait un frère capitaine au régiment de Guienne, et une de ses soeurs épousa M. de Mauroy. Si je puis juger la valeur intellectuelle de mon ancêtre Poisson de La Chabeaussière par le manuscrit (2) que je possède, je dois dire qu'il était un humaniste distingué et par dessus tout un homme d'esprit; ses traductions des poêles latins ne manquent pas d'une réelle valeur. On retrouve chez lui tous les défauts et toutes les qualités de l'époque : C'est un sceptique qui ne craint pas de mettre en vers de réelles polissonneries, mais c'est un galant homme et ce dût être un joyeux personnage.

Je le trouve fort modeste lorsque je lis en lêle de ses cahiers une paraphrase du De profundis à laquelle il ajoute :

» Ce n'est pas sans raison, qu'à la première page du recueil de vers, que tu lis, j'ai placé le Do profundis, la prière des morts convenait à l'ouvrage. »

Ce cahier de près de 300 pages in-4° contient des odes au marquis de Mirabeau, au peintre Aved (3), à Fragonnard, commensal

(1) Où l'on exigeait les mêmes preuves de noblesse que pour être admis à Saint-Cyr. Le collège des Quatre Nations avait été créé par Mazarin à côté de la Bibliothèque Mazarine et aujourd'hui il est devenu le Palais de l'Institut.

(2) Un volume de vers intitulé : Mes moments perdus, ayant pour épigraphe ces vers de Martial :

Sunt bona, sunt quoedam mediocria

Sunt mala plura

Quae legis hic, aliter non fit avit.ejliber. qu'il traduit : « Du bon, du médiocre et du mauvais ensemble. » Lecteur voici mon livre et plus d'un lui ressemble'». Et il ajoute d'après Boileau : • .-',' „,'<;

r-r. -L- *<i»^,i'-jlli ^

Chacun a ce métier .|s..y, U.-

Peut perdre impunément de l'encre et du papier. Ce document inédit a toujours été dans ma famille et on verra par la généalogie ci-après comment j'en suis possesseur. • • (3) Né à Douai en 1702, mort à Paris en 1766, auteur des portraits de Mirabeau, J.-B. Rousseau, Louis XVI, etc.

Pour faire son portrait, quand un grand roi t'appelle,

Aved, de ta gloire nouvelle

Nos yeux ne sont pas éblouis.

Aux plus brillants honneurs, le talent peut prétendre

Appelle peignit Alexandre

L'Appelle de nos jours devait peindre Louis.

LA CHABEAUSSIÈRE..


278 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

de M. de Bergeret, son gendre, à M. de Sartines, à la comtesse de Maleyssie, que son fils devait plus tard épouser en secondes noces. On y trouve encore des stances imitées d'Horace, des odes anacréontiques, des pièces de vers latins, des descriptions en vers, notamment celle de la chartreuse de M. de Bergeret. D'ailleurs l'habitude de faire des vers faisait partie intégrante de l'époque, tout était prétexte à quatrain, chanson, épitaphe, etc.. Trop souvent la gêne elle-même est un prétexte à versilication, c'est ainsi qu'il implore Turgot et lui demande de lui

«

fournir de quoi soutenir deux garçons, deux filles, que ma femme dit être de moi. »

II ne cache pas sa détresse, il voudrait en sortir et « réparer le désarroi » de sa « fortune en guenilles ». Mais les gueux ont toujours l'espérance au coeur et les regards fixés vers l'avenir consolant des maux présents.

Le ménage avait quatre enfants et M. de La Chabeaussière pensait sans doute à l'un d'eux dans la fable « le Fleuve et le Ruisselet » dédiée « au premier Iieulenant-gènéral de sa famille ». Si quelquesuns de ses arrière petits enfants sont arrivés à des situations importantes, la fable est devenue une réalité pour l'un d'eux : le général de division de cavalerie comte Lyonnard de La Girennerie. M. de La Chabeaussière versifia toute sa vie et très peu de jours avant sa mort, en avril 1795, il écrit à son médecin de Beaumontsur-Oise :

Depuis dix-wns Vie, mon Hypocrate

Et de nos jours superbe aristocrate,

Envoie ma moitié chez Pluton avant moi.

Il me fait aujourd'hui la loi

De partir à mon tour, je n'attends que la date ;

Mais si de l'amitié le souvenir flatte,

Tu sauras qu'en mourant, je pense encore à toi (1).

Bien que dans une situation frisant de temps à autre la gêne, M. de La Chabeaussière se conformait aux manies de l'époque et fréquentait la cour et la ville ; il est vrai que chez le richissime de Bergeret, son gendre, il voyait tout ce qu'il y avait de plus considérable dans les arts, les lettres et la politique. « Ce serait d'ailleurs, a écrit le duc de Broglie, toute une histoire à faire que

(1) Il est mort au château de Cassan près de Beaumont, propriété de M. de Bergeret, son gendre, et c'est le médecin de Beaumont-sur-Oise, Vie, qui le soigna.


LOUIS-JEAN-ANGE POISSON DE LA CHABEAUSSlÙltK 279

celle de ces salons de fermiers généraux qui, dans toute la seconde partie du siècle, devaient devenir le terrain commun à la finance

et aux lettres »

Je ne sais rien de mon grand-père de La Chabeaussière avant 1753; à cette époque il habitait Boulogne-sur-Seine, où il invitait à dîner le marquis de Mirabeau. « Billet à M. le marquis de Mirabeau pour le prier à dîner.

On a vu chez Beaucis Jupiter autrefois

Accepter un repas champêtre.

Mécène de vin grec enluminait son maître

Et le plus grand de tous les rois,

Le plus aimé, le plus digne de l'être,

Henri, s'en allait chaque mois

Chez son ami Sully bourgeoisement repaître.

Ce que fit l'héritier des Valois,

Auguste, qui soumit l'univers à ses lois,

Marquis, en ma faveur, vous le feriez peut-être !

« En ce cas ma petite maison de Boulogne, serait le lieu de la scène; nous y admettrions ce gros et jovial hollandais, Epicure de Grege, vous mangeriez peu, vous vous promèneriez beaucoup. »

Et puis le soir le long du bois

Nous mêlerions un peu de machiavélisme

Au docte pantagruélisme

De notre vieux maître François (1),

Et puis vous auriez fait bien aise, votre très humble.

Le repas devait être bien maigre, car peu de temps après, M. de La Chabeaussière dut accepter d'entrer chez le marquis de Mirabeau, pour y faire l'éducation du grand orateur, Honoré Gabriel et ensuite celle de son frère. Le marquis dont « l'idée dominante fut toujours de transformer sa maison puissante » (2), éprouva sans doute quelque satisfaction à mettre la main sur un gentilhomme, pour gouverner son fils. « Je trouvai, écrit le marquis dans un mémoire au ministre Malesherbes en 1776, l'occasion d'un homme de mérile, qu'un revers de fortune oblige à se placer. Je le pris lui, sa femme et deux domestiques, lui donnai douze cents livres d'appointements, élal bien au-dessus de ce que je pouvais faire el le chargeai de mon (ils aîné qui n'avait encore que quatre ans et demi. »

C'est ainsi que M. Poisson devenait gouverneur de Mirabeau en 1753; « ses deux fils élevés avec le jeune comte devaient se faire connaître sous le nom de La Chabeaussière. L'aîné surtout eût

(1) Rabelais.

(2) Les Mirabeau, par de Loménie, T. II.


280 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

quelque réputation comme auteur dramatique, il fut un des innombrables collaborateurs de Mirabeau, et revendiqua la traduction de Tibulle, publiée sous le nom de celui-ci après sa mort » (1).

J'examinerai, en étudiant la vie d'Ange Poisson de La Chabeaussière, l'exactitude de celle revendication, qui fut un sujet de longue controverse et peut-être de brouille entre les deux amis.

Le marquis de Mirabeau eut toujours beaucoup d'égards pour le gouverneur de ses enfants ; dans sa correspondance avec son frère le Bailli, alors à La Guadeloupe, il se loue beaucoup de l'êducalion que donne M. Poisson, et, le 11 août 1754, le Bailli répondait : « Remercie fort M. Poisson de l'éducation qu'il donne à notre marmot (2) ».

Le marquis et M. Poisson se traitaient réciproquement de « cher maître », et en 1757, écrivant à M. de Rochefort au sujet des inquiétudes qu'il avait sur la santé de M. de La Chabeaussière, le marquis ne craignait pas de dire : « Imaginez-vous un homme vraiment supérieur par le maintien, l'esprit et surtout par le coeur, également propre aux grandes choses et aux moindres, maître dans tous les arts libéraux, né même avec cette sorte de talent qui comprend l'intelligence et l'exécution de tous les arts mécaniques ; un homme enfin que de cinq ans d'habitude je n'ai pu trouver faible et inlercadent sur rien, et dont le coeur excellent s'est pris d'un attachement sans bornes pour moi. » L'année précédente, il écrivait aussi à son frère le Bailli de Mirabeau : « Poisson me voit venir d'une lieue et je le lui rends bien, car je l'aperçois de quatre et nos deux coeurs, faits pour s'entendre, vivent et s'embrassent en présence de nos esprits (3). »

Quel est donc l'enfant dont M. Poisson dé La Chabeaussière allait entreprendre l'éducation? C'était le cinquième des onze enfants issus du mariage du marquis de Mirabeau et de M 11" de Vassan, fille du marquis de Vassan, baron de Pierrebuffière, en Limousin.

Gabriel de Riquetti de Mirabeau était né le 9 mai 1749 au château du Bignon (4) que le marquis appelait « un joli petit panier d'herbes ». C'est tour à tour au Bignon et à Paris que le nouveau gouverneur devait vivre avec ses élèves et leur famille. Dans l'esprit du marquis, Gabriel de Mirabeau ressemblait à la famille de sa mère : « Cet enfant, disait-il avec amerture, est la pourtraicture

(1) Les Mirabeau, par de Loménie, T. III, p. 14.

(2) LUCAS DE MONTIGNY, t. II, p. 246.

(3) Les Mirabeau, par de Loménie, t. III, p. 14.

(4) Le Bignon, situé près de Nemours (Loiret). Le marquis y avait dépensé plus 300.000 francs. (LUCAS DE MONTIGNY, t. II, p. 323, note.)


LOÛIS-JEAN-ANGE POISSON DE LA CHABEAUSSIÈRE 281

de son odieux grand-père, M. de Vassan ». Il répétait souvent qu'avant même de connaître le sexe du nouveau né, les premiers mots qu'il entendit furent ceux-ci : « Ne vous effrayez pas. » Destiné à être le plus turbulent et le plus ingambe des jeunes gens, Gabriel naquit avec un pied tordu, et lui, qui devait être l'orateur le plus éloquent de son siècle naquit avec la langue enchaînée par le filet; l'histoire rapporte encore qu'il avait deux dents en naissant. Dès 1750, son père disait de lui au Bailli : « Je n'ai rien à le dire de mon énorme fils, sinon qu'il bat sa nourrice, qui le lui rend bien, et ils se gourment à qui mieux mieux ; ce sont deux bonnes têtes ensemble (1). »

C'est à l'âge de trois ans que Gabriel de Mirabeau eut une petite vérole très maligne, et son père, peu de temps après, pouvait écrire au Bailli : « Ton neveu est laid comme celui de Satan (2). » Le 24 mai 1754, il écrivait encore : « Ton neveu est tout à coup devenu espiègle, fort questionneur et fort agissant ; il donne de l'occupation, mais DOUS le guettons : il est dans des mains excellentes (3). »

M. de La Chabeaussière, le nouveau maître de Mirabeau, était tout à fait contemporain du roi Louis XV, et dans ses oeuvres manuscrites, que je possède et qui me permettent seules de reconstituer son existence, je trouve ce placet au Roi :

.Même année et même mois (4), Nous naissons deux à la fois : Louis, le plus grand des rois ; Moi, petit bourgeois, Soumis à ses lois. Il a tout et je n'ai rien, C'est un partage de chien.

Si pourtant le Roi voulait,

A son cher frère de lait,

De sa grâce tous les ans

Compter mille francs

En beaux écus blancs,

Il n'en serait pas plus gueux

Et j'en serais plus heureux.

En mars 1758, M. de La Chabeaussière, fort mal en point, ainsi que le marquis de Mirabeau, adressa sur un ton badin une requête

(1) LUCAS DE MONTIGNY, t. I, p. 238.

(2) Ibid., p. 241.

(3) Les Mirabeau, par de Loménie.

(4) Février 1710.


282 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

à M. le baron de Breleuil, ministre des affaires étrangères, « au plus grand minisire de France », pour lui demander une ambassade pour le marquis, son parent, son allié. Comme on va le voir, M. de La Chabeaussière, implorant pour le marquis, avait soin de ne pas s'oublier :

Mes chers aïeux, doux, casaniers, Si j'en crois une charte antique, Entretenaient dans nos foyers La paix et concorde harmonique. Ils faisaient dans la République L'office de bons justiciers, Par quoi de noblesse civique Furent guerdonnés (1) des premiers.

Le désir de laisser lignage,

Des gueux commune ambition,

A fille de condition (2),

M'a réuni par le mariage.

Le ciel à la conjonction

Donna sa bénédiction

Et quatre enfants en sont le gage.

Mais dans la répartition

Des biens qu'il fit à notre usage,

Soit dessein, soit distraction,

Il régla fort mal, dont j'enrage,

Le point capital... le fourrage.

Comme on le voit, La Chabeaussière se fail connaître; il donne un aperçu généalogique de sa famille et sa situation actuelle, et, s'il ne craint pas d'entrer dans le détail, il en donne la raison : c'est

Afin que vous connaissiez mieux L'homme qui vous parle d'affaires, Suivant le saint, suivant son rang, On chante office différent. »

Puis il devient plus modeste et plus désintéressé :

Pour moi, je ne demande rien Et lorsque je vous sollicite, C'est pour un homme de mérite.

El il avoue que le marquis est, à « proportion gardée, presque aussi mal en point que lui ». 11 a compté sa bourse et il assure qu'il n'a plus qu'une ressource, « celle d'aller garder les dindons ».

(1) Récompensés.

(2) M 11' Malabion de La Fargue.


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284 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Mais cela ne fait pas l'affaire du gouverneur des enfants et il propose à M. de Breteuil de donner au marquis une ambassade. Ainsi tout s'arrangera, le marquis sera heureux et La Chabeaussière aussi, car il y glanera sa part.

Toutefois, l'éducation de Mirabeau devenait de plus en plus difficile. Poisson, toujours au Bignon, cumulait les fonctions de gouverneur des enfants et de régisseur de la propriété ; il venait de tomber malade et les lettres du marquis montrent son anxiélé. <; Poisson mourra (il ne mourut pas) et je m'acheminerai, dit-il, traînant mon fils à la ceinlure, sans savoir dans quelle rivière je le jetterai » (1). C'est vers cette époque que Mirabeau fut retiré des mains de son gouverneur « qui l'avait manqué et en était dépassé (2). » Il fut alors confié à un ancien officier, parenl et ami de la famille, Segrais, qui ne fut pas plus heureux, car on dut mettre Mirabeau en pension chez l'abbé Choquard. Le marquis était même si découragé qu'il fil inscrire son fils sous le nom.de Pierre Buffière (3) el qu'il écrivait au Bailli : « Je lui ai dit de gagner mon nom, que je ne le lui rendrai qu'à bon escient (4) ».

Au dire du marquis, Poisson aurait «manqué » l'enfant; son frère le Bailli, qui paraît avoir le gouverneur en haute estime, semble plus dans la note quand il dit que ce qui a fait défaut à Poisson, c'est l'entrain. Mirabeau était d'une nature fougueuse et le Bailli craint que M. de La Chabeaussière, « en le contenant trop, n'ait pour ainsi dire encombré le fourneau (5). »

L'observation s'appliquerait aussi bien au père qu'à l'éducateur, telle est du moins l'opinion de M. de Loménie, qui cite celte phrase d'un ami de la famille au marquis à propos de son fils : « Vous en ferez un scélérat, pouvant en faire un grand homme ». Ce qui est certain, c'est que Poisson employa tous les moyens; il organisait des représentations dramatiques « où lui-même, auteur et acteur infatigable pour ces sortes d'occasions, jouait un rôle avec son élève (6) ». Mais l'enfant était-il éducable? Quoiqu'il en soit, il faut rendre hommage à la valeur de l'homme qui, pendant plus de dix ans, fut le gouverneur du grand orateur : Mirabeau a reçu une instruction très supérieure à celle des gentilshommes de son épo(1)

épo(1) DE MONTIGNY, t. 1, p. 250.

(2) Le marquis de Mirabeau au Bailli, 14 juin 1764.

(3) Pierrebuffière, en Limousin, appartenait à M. de Vassan, « l'odieux grand-père », dont Mirabeau était « la pourtraicture ».

(4) LUCAS DE MONTIGNY, t. I. (!i) LUCAS DE MONTIGNY, t, I. (6) DE LOMÉNIE, Les Mirabeau.


LOUIS-JËAN-ANGË POISSON DÉ LA- CHABEAUSSIERE -285

que. Si le père et le maître n'ont pu maîtriser les passions de leur élève, s'ils n'ont pu lui inculquer un sens moral, qui lui fit toujours défaut, ils surent néanmoins développer les riches dispositions naturelles de son intelligence. « Les leçons de son précepteur Poisson, bon humaniste, et la lecture des auteurs anciens, avaient laissé dans son esprit des traces profondes (1) ». Et puis quels exemples n'a-l-il pas eus dans sa famille! « Il a vu son père vivre avec une concubine, sa mère publier ses adultères et les attester par écrit. Quelle discipline morale, quel frein lui a-lon imposé? (2) ».

En*somme, Mirabeau a reçu ce qu'on appelle aujourd'hui les enseignements de la morale'laïque; il lui a manqué les bienfaits de l'éducation chrétienne et j'avoue que notre grand aïeul n'était pas fait pour les lui donner, si j'en juge par la légèreté de ses poésies. Il n'était que trop de son époque, hélasl

Ne possédant de M. de La Chabeaussière qu'un recueil de vers, j'ignore quel jugement il put porter sur son élève, dont il fut à même de suivre toute la jeunesse el toute la carrière, puisqu'il lui survécut près de quatre ans. II resta d'ailleurs de longues années dans l'intimité de la famille de Mirabeau, comme on le verra par la suile, et son fils resta lié avec Mirabeau jusqu'en 1782.

En 1763, on offrit à M. de La Chabeaussière de rester.au château 1 du Bignon et de se charger de la régie de celte terre. Il lui faut trois cent-un vers pour protester conlre celte proposition, et la description du château et de ses propriétaires n'est rien moins que flatteuse. Tout est en ruines : maîtres, maison, mobilier :

C'est dans cet agréable hospice Que mes deux hôtes sans pudeur, Pour près de dix ans de service Employés comme gouverneur, A former l'esprit et le coeur De certain embryon novice Désigné pour leur successeur, Me proposent le noble office D'intendant et de régisseur.

Et il refuse :

Merci, vous dis, de cet emploi ; Quand le diable se fit hermite, Il était plus âgé que moi.

(1) Articles de M. Mézières, Bévue des Deux Mondes, 15 mai et 15 juin 1891.

(2) Id., ibid..


286 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

El ici le porlrait des seigneurs du Bignon ;

D'abord la dame du logis Est uue douairière étique Qui peut compter soixante et dix ans.

Voici le portrait du maître de maison :

Un vieux squelette en soutanelle (1) Huche sur deux grêles fuseaux Tremblant de froid sous deux manteaux Pendant la saison la plus belle Et d'une pituite éternelle Inondant parquets et carreaux.

Les porlrails sentent beaucoup la charge, car les seigneurs du Bignon n'étaient pas encore des vieillards; il est plus que probable que M. de La Chabeaussière exhalait sa bile de se voir dans la nécessité d'accepter la proposition qui lui était faite. Toujours estil qu'il accepta et qu'à partir de ce moment il s'occupa de la gestion des terres de la famille en Limousin et aussi de la direction des mines de Glanges (2), à trente kilomètres de Saint-Yrieix (Haute-Vienne). C'est dans ce pays que M. de La Chabeaussière va habiter jusqu'en 1781. La nostalgie de Paris ne semble pas avoir étouffé sa muse et tout lui est prétexte à rimes; quelques pièces de vers furent publiées dans la Feuille hebdomadaire de Limoges, et il lient une correspondance poétique avec M. du Chambon, rédacteur en chef de cette feuille (3). Celui-ci, que M. de La Chabeaussière qualifie de « meilleur poète de Limoges », « avait provoqué par une épitre charmante ses concitoyens à cultiver les muses », et M. de La Chabeaussière passe la revue

De ces rimeurs qui par douzaine Avaient formé le beau dessein D'enrichir des fruits de leur veine

(1) Né en 1715, le marquis n'avait que quarante-huit ans; Poisson en avait cinquante-trois ans I !

(2) Mines de plomb argentifère exploitées pour le compte du marquis de Mirabeau et d'une compagnie d'actionnaires dont les principaux se nommaient : les ducs de Nivernais, d'Aumont, de Duras, marquis du Saillant, Turgot, etc.

(3) Du Chambon, directeur de la Feuille hebdomadaire de Limoges, fut aidé dans sa tâche par Turgot. En 1774, du Chambon demeurait rue Beanlégier, proche de la Comédie {Bibliophile limousin, avril et juillet 1905). D'après le Bibliophile, du Chambon n'était pas de Limoges, mais y fut attiré par Turgot. — La concession des mines de Glanges fut donnée le 18 juin 1728 à Charles de Vassan et à Thérèse de Ferrières de Sauvebceuf, son épouse (Archives départementales de-Limoges).


LOUIS-flEAN-ANGE POISSON DE LA CHABEAUSSIÈRE 287

La feuille que chaque semaine Chapoulaud dans son magazin Présente au lecteur limousin.

La Feuille hebdomadaire était imprimée chez Chapoulaud, place des Bancs, à Limoges. M. de La Chabaussière était donc à la fois intendant des terres du marquis et directeur des mines de Glanges. Ces mines de Glanges provenaient de la famille de Vassan et c'est en 1763 que le marquis s'engagea dans cette affaire industrielle. Peu à peu il la trouva trop lourde, la mit en actions et y plaça en qualité de secrétaire caissier M. Garçon, « qui fut son compagnon pendant quarante ans » et dont M. de Loménie Irace le portrait suivant : « Cet homme unique, ce type aujourd'hui disparu du secrétaire dévoué, scrupuleux, respectueux, discret, très supérieur pour la culture intellectuelle et sociale à la demi domesticité, qu'il accepte néanmoins sans répugnance ». Ces deux amis inséparables moururent à quinze jours de distance, en 1789.

Le marquis de Mirabeau, « surnommé l'ami des hommes », du nom d'un de ses ouvrages les plus connus, où il exposait ses idées politiques et sociales (1), « appartenait au groupe des philosophes et des sociologues que l'on appelait les physiocrales et qui reconnaissaient Quesnay pour chef (2) ». Il voulut expérimenter ses projets sociaux en Limousin, entre autres un tribunal de conciliation, « organe de judicalure tenant à la fois de nos modernes justices de paix et de nos conseils de prud'hommes (3) ». Devant ce tribunal, appelé aussi cour des prud'hommes conciliateurs et composé de huit juges arbitres, élus par les huit paroisses de la baronnie de Pierrebuffière, les habitants de la terre d'Aigueperse venaient exposer leurs différends, qui étaient jugés sans relard et sans frais. M. Poisson de La Chabeaussière s'occupa beaucoup de l'organisalion de ces tribunaux et il en fut élu président « comme Sganarelle fut médecin malgré lui », dit-il. Poisson fit un discours d'inauguration et rendit compte à son maître, qui ne fit pas attendre la réponse à « M. le Président malgré lui »... « Vous voyez bien qu'il n'y a pas moyen, dans ces circonstances, de vous soulager du fardeau de la présidence. Vous avez, au contraire, des qualités uniques pour celte place : 1° vous parlez (4) français d'en deçà de la Loire et cela en impose beaucoup dans nos pays, c'est comme la perruque dans les villages; 2° on vous croit honnête homme et

(1) Mirabeau limousin, par Joannès Plantadis.

(2) Id.

(3) Id.

(4) De nos jours encore, en Limoasin, le patois est la langue usuelle.


288 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

cela ne se trouve pas sous le pas d'une mule (1); oh, mon cher

maître permettez que je mette vos vertus en oeuvre, vos facultés en évidence et vos talents en usage (2) ».

Les honoraires payés à M. de La Chabeaussière ne devaient point suffire au ménage, car, en 1780, il recevait une pension de trois cents livres de Mme la princesse de Marsan, à laquelle il avait jadis adressé un épithalame à l'occasion de son mariage avec le prince de Turenne.

En 1781, M. de La Chabeaussière quitta le Limousin et se rendit à Bayeux, où il avait été nommé directeur de l'hôpital. « J'ai fait, écrivait Mirabeau (3), nommer Poisson, père de La Chabeaussière (4), directeur de l'hôpital de Bayeux Vous ne sauriez

croire quel plaisir j'ai eu à réparer ainsi les coups du sort envers un galant homme, qui n'a pas toujours été traité comme il le méritait (5) ». Ainsi, l'illustre orateur ne garde pas rancune à son ancien gouverneur; il lui rend pleinement hommage et peu de jours après il manifeste son intérêt pour la famille Poisson en écrivant : « On a dû donner les Maris corrigés; pourriez-vous me dire quel succès ils onl eu? (6) » Or, la pièce était du fils aîné de M. de La Chabeaussière, de Ange-Etienne-Xavier, le compagnon d'enfance et l'ami de Mirabeau.

Nous avons vu brièvement quel avait élé le rôle d'éducateur de Poisson, et il nous est presque impossible de porter un jugement sur son administration. D'après les documents que j'ai de mon ancêtre, il devait mener à Glanges la vie de famille modesle, sa fille, Mme Lyonnard de la Girennerie, l'y avait suivie, puisque deux de ses enfants sont nés à Glanges, el, dans ses vers, notre grandpère parle peu d'affaires, ce qui se comprend, et puis, était-il bien l'homme à mettre à la tête d'une administration? lui, le poète d'abord et le Parisien ensuite? Lui qui, à cinquante-trois ans, s'ennuyait auprès des vieux de quarante-huit ans ! car il y a parmi les sceptiques une catégorie d'hommes qui ne vieillissent jamais, parce qu'ils rient toujours.' Dans tous les cas, les relations qu'il se créa à Limoges, en fait d'affaires, furent plutôt littéraires, et je ne

(1) LUCAS DE MONTIGNY.

(2) Id. . , .

(3) Il est à remarquer que c'est Mirabeau l'orateur qui fait l'éloge de son ancien maître.

(4) Fils aîné de M. Po'sson de La Chabeaussière, qui fut condisciple - de Mirabeau.

(5) Lettres inédiles de Mirabeau à Vitry, p. 11. ■ (6) ld.- ' • ■ . >■'


LOUIS-JEAN-ANGE POISSON DE LA CHABEAUSSIÈRE 289

crois pas faire un jugement téméraire en disant qu'au point de vue administration de Glanges, le fidèle Garçon en fit plus et beaucoup plus que mon arrière grand-père. Je ne possède pas de mine, mais

si j'en possédais une, je n'en confierais pas la direction à un

poète !

Nous voici arrivé en 1781, M. de La Chabeaussière a soixanteonze ans et vient d'êlre nommé, grâce à Mirabeau, directeur de l'hôpital de Bayeux, on pourrait supposer que l'âge d'une part et l'air ambiant de l'autre, vont assagir Poisson, mais il n'en est rien, et malgré tout le respect que je lui dois, il faut que j'avoue que la grande préoccupation de ses vieux ans est de rire, à un âge où l'on a tant de peine à sourire. En 1782, il chante, au nom de ses malades, la victoire « remportée par Sa Majesté sur les Anglais, lant par terre que sur mer, sous le commandement de MM. de Grasse, la Fayette, Rochambeau ». Le 31 décembre 1783, il s'adresse toujours en vers à M. de Charrin, premier commis du bureau des hôpitaux militaires, pour lui rappeler :

Un vieillard septuagénaire Par vous député dans Bayeux.

11 faut croire qu'en 1783 la gêne fut assez grande, car il demande à M. de La Bordère, conseiller d'Etat, de le recommander à M. de Sainl-Paul, premier commis de la guerre, et comme la réponse de M. de La Bordère se faisait attendre, il lui envoie ces vers :

Si vers le ciel avez pris votre vol, Au nom de Dieu, M. de La Bordère, Parlez en ma faveur au bienheureux saint Pierre. Si vous vivez encore, au bienfaisant Saint-Paul. En 1783, Poisson de La Chabeaussière adressait à son fils une longue épilre (1) pour le dissuader du théâtre :

Vous voulez donc, mon fils, poursuivre une carrière Où se sont illustrés et Térence et Molière, Où Regnard quelquefois se montra leur rival.

Mais avez-vous songé combien est dangereux Le désir d'être inscrit parmi les noms heureux ?

Par moments, le poète était pratique puisqu'il ajoute :

Et si la pièce tombe, avec quoi vivrez-vous ?

Ah n'oubliez jamais que par un sort fatal Le théâtre souvent a peuplé l'hôpital.

(1) Elle a plus de 200 vers.


290 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

L'envoi était ainsi formulé :

Malgré le poids de ma vieillesse,

A parcourir encor les routes du Parnasse

Votre intérêt m'a contraint ;

Recevez, dans les vers qu'ici je vous adresse,

Le gage paternel de toute ma tendresse

Et les derniers accents d'une voix qui s'éteint.

L'intérêt du fils de M. de La Chabeaussière n'était qu'un prétexte, car douze ans plus tard, en 1795, deux jours avant de mourir, il rimait encore ; de plus, l'avertissement à son fils était un peu tardif car Ange-Etienne-Xavier avait déjà fait représenter plusieurs pièces au théâtre Italien, entre aulres Les maris corrigés, qui obtinrent un grand succès et il avait fait plusieurs livrets d'opéra dont Dalayrac avait écrit la musique. L'une de ces pièces, le Corsaire, fut même représentée à Versailles en 1783 (7 mars) devant Leurs Majestés.

En 1784, mon ancêtre Poisson de La Chabeaussière n'était plus à Bayeux, el on célébrait au châleau de Mont-Garni (1) la fête de la comtesse de Maleyssie (2) qui allait devenir la belle-fille de M. de La Chabeaussière, en épousant son fils Ange-Elienne-Xavier. On jouait la comédie à Monlgarni el chacun devait y chanter son couplet car voici celui des domestiques :

Vive, vive Mongarni

Et la dame qui l'habite,

Vive, vive Mongarni :

C'est le château sans souci.

On y voit des gens de mérite

Qui font tous le même cri :

Vive, vive Mongarni.

On voudrait s'y faire hermite.

Vive, vive Mongarni :

Nous sommes bien, tenons-nous y.

Celle fête se passait sans doute aux approches du mariage de la comtesse de Maleyssie avec Ange-Etienne-Xavier; il semble que de nos jours les veuves se remarient moins bruyamment. Mais il fallait rire et nous verrons qu'on rira jusqu'à la fin.

En 1786, je trouve dans le manuscril nombre de pages en vers sur certain procès de bigamie : « Deux demoiselles avaient succes» sivement donné le nom d'époux à l'auteur âgé de soixante-dix(1)

soixante-dix(1) de Montmorency.

(2) Claire de Sylva, fille d'un maître de requêtes, veuve de messire comte de Maleyssie, capitaine au régiment des gardes françaises, chevalier de Saint-Louis.


LOUIS-JEAN-ANGE POISSON DE LA CHABEAUSSIÈRE 291

» sept ans; il fut accusé de bigamie par la première. Il se défendit » conlre celle accusation et soutint la validité de son prétendu » second mariage, parce que le premier était nul, attendu que » l'accusatrice avait déjà donné le nom d'époux à M. de B..., lieu» tenant général, âgé de quatre-vingt-sept ans. M. de B... (1), » receveur des finances ayant eu commission pour juger l'instance, » l'accusé fait un mémoire en régie; le père de la seconde demoi» selle se déclara partie intervenante ; bref il y eut arrêt ». Le tout se passait à la Folie-Beaujon, chez M. de Bergeret, mais je renonce à faire revivre des polissonneries, qui ne sont plus de notre époque et qui ne font que confirmer la légèreté de langage de l'époque. Et l'auteur avait soixanle-dix-sept ans !

A partir de cette époque, si j'en juge par les oeuvres de notre grand-père, M. de La Chabeaussière va vivre beaucoup avec son gendre, M. de Bergeret, receveur général de la Généralité de Monlauban.

« M. de Bergeret était de bonne souche. Sa famille, d'origine parisienne, descendait du chancelier Boucherat (2) et avait occupé dans les diverses fondions de l'Etal, des places importantes. Son grand-père avait été avocat général au parlement de Melz (3) », premier commis des affaires étrangères sous Colbert de Croissy, secrétaire du cabinet du roi, charge donl il traitait le 10 avril 1684 avec Talon (4). Il fut élu de lA'cadémie française, le 16 décembre 1684, le même jour que Thomas Corneille, succédant à Géraud de Cordemoy (5). Il avait, paraît-il, écrit une histoire de Louis XIV du vivant même du grand roi et c'est ainsi qu'il battit Ménage (6) et eut l'honneur d'être reçu par Racine, le 2 janvier 1683.

Le père du gendre de M. de La Chabeaussière, Pierre-François de Bergeret, fut fermier général; quant à celui qui nous intéresse, celui qui épousa Mme de La Girennerie, il possédait à Paris, rue du Temple, un très bel hôtel, et il acheta dans la suile, la Folie(1)

Folie(1) de Bergeret, gendre de M. de La Chabeaussière, avait épousé Mme Lyonnard de La Girennerie, née Poisson de La Chabeaussière.

(2) Boucherat, chancelier, après la mort de Le Tellier, exécuta rigoureusement la révocation de l'Edit de Nantes.

(3) Bergeret et Fragonard, par A. Tornézi.

(4) Talon remplit les fonctions de procureur général aux grands jours d'Auvergne en 1665.

(5) Géraud de Cordemoy, disciple de Descartes, fut d'e l'Académie en 1775.

(6) Ménage, ami du cardinal de Retz et de Mazarin.


292 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Beaujon, de son collègue Beaujon (1). Bergeret fut un collectionneur émérite, il commanda des tableaux à Naloire (2), se passionna de Boucher (3) et de Fragonard (4), qui va devenir le commensal de la famille. A cette époque, il était de mode de se faire suivre dans ses voyages d'un artiste et Bergeret demanda à Fragonard de l'accompagner en Italie.

C'est donc dans cet intérieur opulent du financier de Bergeret, que M. de La Chabeaussière allait finir ses jours, côtoyant les plus éminentes personnalités de la finance, de l'art et de la politique. Il avait passé la plus grande partie de son existence à rimer sur la gêne, el ses derniers vers auront pour sujet : la richesse, la FolieBeaujon, Cassan, etc.. Cassan était, sinon un beau château, du moins une magnifique résidence, près de Beaumont-sur-Oise et qui avait élé achetée par les Bergeret; « mais de (ant de merveilles, il ne reste plus rien, Cassan abandonné à l'Etal par Bergeret, qui pour sauver sa tête se dépouilla de son immense forlune, à l'époque la Révolution et se réduisit, pour vivre, à une rente viagère de 1,500 francs, Cassan, dis-je, tomba vile en ruines » (5).

En jetant un coup d'oeil sur le passé, M. de La Chabeaussière n'avait pas à regretter le Bignon, qui avait été vendu le 24 seplembre 1789,: le marquis de Mirabeau était mort la même année et la marquise allait, jusqu'en 1794, achever de dilapider sa forlune en se retirant au château de Brie, à Champagnac Haute-Vienne, à Chéronnac, à Saint-Junien, jusqu'en brumaire 1796, et elle mourut misérablement à Paris. L'avenir, ou du moins le lendemain du vieillard qu'était M. de La Chabeaussière, s'annonçait heureux, il allait jouir des succès deson illustre élève, Mirabeau, et, son fils AngeElienne-Xavier était déjà connu dans les lettres; malheureusement la Révolution approchait. C'est en 1787 que M. de Bergeret quitta la rue du Temple, pour aller habiter la chartreuse Beaujon, puis il passait une partie de son temps à Cassan, où tour à tour le visitaient Poisson son beau-père, Mm 8 de Cotillon de Torcy sa belle-soeur (6), Fragonard et d'autres.

(1) Beaujon, receveur général des finances de la généralité de Rouen, fonda, à Paris, l'hôpital qui porte son nom.

(2; Natoire, peintre, fut directeur de l'Académie de France à Rome en 1761.

(3) Boucher, peintre du roi en 1765.

(4) Fragonard, peintre et sculpteur.

(5) L'art au XVIII' siècle, par MM. de Goncourt, t. II, p. 361.

(6) Notre arrière grand'mère.


LOUIS-JEAN-ANGE POISSON DE LA CHABEAUSSIÈRE 293

Notre ancêtre nous a laissé une description de la Charlreuse Beaujon.

Hôte charmant, aimable hôtesse ; Palais où l'art et la richesse Peuvent se disputer le prix :

Ce qui mieux vaut, cercle d'amis Que le coeur, la délicatesse Et l'amour des arts ont unis

Vous croyez voir dans ce croquis Temple de Fée ou de Déesse; Non, mais je peins le paradis Dont Bergeret avec largesse Dans sa chartreuse de Lutèce Fait jouir ses menins (1) chéris

Monsieur de La Chabeaussière a maintenanl qualre-vingt-lrois ans et il se plaît à célébrer ses anniversaires; la Terreur elle-même ne l'a pas empêché pour cette occasion de rimer encore et gaiement :

Eh quoi ! déjà sur mes talons

J'entends encore la triste Parque

Me répéter : Allons, allons,

Il est temps d'entrer dans la barque.

Mais il ne semble pas se résoudre à la mort, car s'adressanl à la Parque, il lui dit :

Accorde moi pour le départ Quelques moments de surséance.

Pendant la Terreur, les Bergeret et les La Chabeaussière vivaient en reclus à Cassan, et malgré les événements on s'y amusait encore bien qu'Ange-Xavier et sa femme soient internés et menacés de l'échafaud : toutefois, je dois ajouter queMme de_La Chabeaussière, la belle-fille, jouait la comédie dans son cachot. En 1795, mon arrière grand-père célèbre encore son anniversaire :

L'an sept cent quatre-vingt-quinzième Et de ventôse jour septième, , .-'t-'

J'aurai dans ce bas univers ' - '

Passé quatre-vingt-cinq hivers. C'est bien loin prolonger sa vie ! Et pourtant je n'ai pas envie D'en terminer encore le cours

(1) Gentils hommes attachés à la personne du Dauphin.


294 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

C'est toujours trop tôt qu'on s'embarque Dans le noir esquif de Caron ! Sus, laquais, si tu vois la Parque Rôder autour de ma maison Avec Vie (1) son compagnon, Son remouleur et son escorte (2) Au nez va leur fermer la porte.

Le laquais fit-il mal sa besogne, ou ful-il intimidé? Bref, la Parque entra en 1795 chez M. de La Chabeaussière, à Cassan. Il laissait quatre enfanls : Mme de Bergeret, M" 10 de Cotillon de Torcy, le chevalier Ange-Elienne-Xavier de La Chabeaussière, homme de lettres, cl Ange-Jacques-Marie, qui fut inspecteur des mines.

Comte de FONTAINE de RESBECQ.

(1) Vie, son médecin de Beaumont-sur-Oise.

(2) Allusion aux ciseaux de la Parque.


MONOGRAPHIE

DU CANTON DE

SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES

(HAUTE-VIENNE) {Suite),

LUSSAC-LES-ÉGLISES

La com. de Lussac-les-Eglises occupe l'extrémité N.-O. du canton; elle est bornée au N. par Coulonges (Vienne) et Tilly (Indre); à l'E. par Saint-Martin-et Jouac; au S. par Saint-Léger-Magnazeix, Magnac-Laval el Tersannes ; à l'O. par Verneuil-Moutiers et Brigueil-le-Chantre (Vienne).

Elle est baignée par deux rivières, la Benaise et l'Asse. La première, qui a dans la com. un cours de 4.250m, y reçoit le ruisseau du Cros; la seconde y a pour affluents le ruisseau de la Roche, audessous du village du Mont, et celui des Frétilles ou des Pradelles, long de 6.250m. L'Asse arrose le territoire de Lussac pendant environ 9 kilomètres.

La com., qui a 4.101 h. 95, est la seconde du canton comme étendue; sa circonférence mesure environ 40 kilomètres. Sa plus grande longueur est de 8.300m, sa largeur moyenne de 5.600™.

C'est dans cette com. que nous trouvons les plus basses altitudes du canton; les caries donnent des cotes comprises entre 247 et 184m. Son aspect est différent de celui des autres com. ; du reste, une partie de son territoire est constituée par des terrains de sédimentation.

Sous l'ancien régime, la p" de Lussac était, avoas nous dit, séparée en deux parties par l'Asse : la rive gauche, qui constituait le Fief Lussaçois, relevait judiciairement du Dorai (Basse-Marche) et administralivement de Limoges; la rive droite, qui formait partie de la chàtellenie de Lussac, était dans la juridiction de Montmorillon et dans la généralité de Bourges; on la disait en Poilou.

Comme pour la partie marchoise d'Arnac-la-Poste, les habitants du Fief décidèrent, le 26 oct. 1749, de procéder à la confection du terrier de leur territoire. Ce travail, confié à Pierre Goursaud de La Roche, arpenteur du Dorai, fut commencé le 10 avril 1752 et clos le 15 mai suivant; il forme un volumineux registre conservé à


296 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

la mairie de Lussac. On y voit que cette partie de la p" était divisée en 4.805 parcelles; actuellement, elle figure au cadastre, seclions D et E, pour 1.327 h., en 4.224 parcelles; en un siècle, le morcellement de la propriété s'esl fort peu augmenté.

L'état des paroisses pour 1680 donne à cette partie 452 feux : « c'est un païs plan, dans les bois; il s'y recueille du blé, s'y nourrit peu de bestiaux ».

D'après le terrier, les dîmes de grains, levées à la douzième gerbe, sonl estimées communément 240 1., ce qui donnerait 2.880 1. pour la valeur totale de la récolte en grains.

De la fin du XVIIe s. à ce jour, la population delà pse n'a point beaucoup varié; un recensement précis, document bien rare sous l'ancien régime, nous permet de l'établir. Nous le devons à la rivalité bien connue des clergés régulier et séculier.

Les Auguslins de Montmorillon, à cause de leur commanderie d'Hérut, étaient les principaux décimaleurs de la p"e. En cette qualité, ils étaient tenus de servir au curé une portion congrue; vers 1691, celui-ci prétendant que son service était très chargé, la pse étant fort étendue, demanda aux Augustins de lui subventionner deux vicaires. Bien entendu, les religieux refusèrent, et, sur la plainte du curé, l'évêque fit procéder à une enquête par Pierre Materne, curé de Bancon, et Pierre Nicault, sr des Gorces, directeur du séminaire de Magnac. La pièce principale de cette enquête est un dénombrement de la population, auquel ces deux ecclésiastiques procédèrent, village par village, les 8, 9 et 10 août 1691. Ils obtinrent un chiffre total de 1.692 h., dont 480 enfants, et encore comprirent-ils dans leur recensement Le Paumet et Montbon; à l'appui de sa réclamation, le curé avait prétendu qu'il avait 1.800 communiants. En réalité, la population de la pse était de 1.502 h. (Arch. Vienne, MD, 298).

Ces données précises nous ont permis de dégager la natalité et la nuptialité à Lussac pour la période 1692-1700; la première est de 3.37, la seconde 0.69. Ces chiffres sont à comparer avec ceux que nous avons donnés plus haut pour notre époque ; on constatera notamment que la natalité était alors deux fois plus forte que maintenant. La mortalité n'a pu être établie, les registres manquant.

Mentionnons, comme précédemment, que le Pouillé de Nadaud accuse 1.480 communiants et les visites 850 seulement.

Un état de 1793 donne à la com. 1.298 h. Le recensement du 20 frim. an IV porle 1.235; les opérations postérieures nous fournissent les chiffres suivants :1806, 1.498; 1836, 1.552; 1837, 1.640; 1856, 1.772; 1866, 1.763; 1872, 1.685; 1876, 1.850;


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LËS-FEUILLËS 297

1881, 1.652; 1886, 1.763; 1896, 1.668; 1901, 1.647; 1906, 1.674(1).

La région autour de Lussac élail appelée autrefois Lussazeis (1335), Lussasois (1389-1409), Lussazois (1468-1496); ce nom ne se retrouve plus dans la suite. C'était bien probablement la circonscription de la châlellenie, indiquée plus loin, que l'on désignait ainsi; nous avons émis précédemment l'opinion que le Lussazois avait pu former, aux lemps mérovingiens, un pagus distinct.

Le nom de Lussac procède de Luciacum, qui dérive de Lucius, nom propre latin; pour le distinguer de sa plus importante voisine, on lui adjoignit le qualificatif les Eglises ou des Eglises, car il possédait deux églises. Chose singulière, on n'a jamais rencontré dans le bourg de vestiges gallo-romains.

La plus ancienne forme donnée par les textes est Lussacum ecclesiarum (XIe s.).

La Révolution le nomma Lussac-la-Patrie et même Lussac-lesLadres (L, 550).

Le bourg est- appelé ville dans les titres de 1392,1406,1452, 1597; il ne paraît pas avoir été clos.

Sa population était de 345 h., dont 100 enfants, y compris le château, en 1691, de 300 h. en l'an II, 406 en 1856, 433 en 1866, 401 en 1876, 484 en 1886, 486 en 1896, 523 en 1906.

Il n'y a jamais eu à Lussac, dit un précompte de 1481, une forteresse à proprement parler, mais une église fortifiée aux temps

(1) Le tableau ci-dessous, que nous devons à l'obligeance de M. Quériaud, secrétaire de la mairie, complète ces renseignements sur le mouvement de la population au XIXe s.

Années Naissances Mariages Décès

1801-1810 514 116 537

1811-1820 487 150 316

1821-1830 466 132 372

1831-1840 446 ' 135 400

1841-1850 422 122 226

1851-1860 317 122 208

1861-1870 327 137 232

1871-1880 383 174 308

1881-1890 • 371 131 289

1892-1900 322 140 315

MOYENNNES ANNUELLES.. . 40.55 13.59 32.03

La chute progressive de la natalité est remarquable. La diminution des actes des trois catégories de 1851 à 1870 correspond à une recrudescence de l'émigration due aux nombreux travaux entrepris à Paris pendant cette période.


298 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

des guerres; l'église d'Arnac nous offre encore le type de ces sortes de fortifications. La même pièce nous fait connaître, qu'à l'intérieur des murailles qui ceinturaient l'église, se trouvaient des maisons appartenant à des particuliers. Certaines tours étaient aussi propriétés privées ; le 16 mai 1523, le sr de L'Age-Bernard déclare posséder « une tour estant au fort dud. Lussac pour la raison de laquelle et pour ce qu'elle a élé advancée sur les foussez de la forteresse, il doit 3 d. au sr de Lussac ».

Cet ensemble était désigné sous le nom de fort; il était protégé par des fossés.

Non loin de là, des documents anciens montrent qu'il existait un terroir appelé de La Motte; c'est sans doute le seul souvenir qu'a laissé la motte sur laquelle fut élevé le primitif château féodal. '

Les archives de Lussac conservent des terriers de 1523, 1543, 1636 et 1784, qui, avec le plan du bourg dressé le lor juil. 1809 par J.-B. Dépouges, géomètre à Magnac, nous permettent de reconstituer en partie la topographie de l'ancien Lussac : la tour des prisons tenait du N. à la place et de l'O. au chemin de la Trigale; le four à ban se trouvait sur la place, en face la grande porte de l'église; il joignait la roule de La Souterraine.

Sur le plan une rue est appelée rue du Four, une autre, rue des Fossés. Sur ce plan figure également l'église de Saint-Etienne, détruite depuis; on peut ainsi constater que celte église, qui se trouvait sur la place, avait la forme d'un rectangle orienté de l'E. à l'O. d'environ 23 m. sur 7 et qu'un petit bâtiment, chapelle ou sacristie, était appliqué sur le mur N. du côté du chevet; celui-ci était butté par 4 contreforls.

Comme à Saint-Sulpice, nous trouvons un vegen cité en 1543.

Le terrier de 1636 mentionne la place du pilori et le marché.

Les annales de Lussac sont un peu plus riches que celles des autres com. du canton.

Vers la fin de juin 1356, le Prince Noir, parti de Bordeaux avec son armée, traversa le Limousin et s'avança vers la Loire en suivant les frontières du Poitou; une pièce du temps monlre qu'il passa à Lussac le 19 août de cette année {Arch. hist. du Poitou, t. XVII, p. xxxix).

Des lettres de rémission de mai 1447 nous révèle que le pays fut traversé par la fameuse bande de routiers commandée par Jean de La Boche; un de ses suivants, Pierre Quissarme, homme de guerre, obtient ainsi le pardon d'un vol qu'il avait commis près de Lussac, parce que, dit le roi, il « nous a bien et loyaument servy à rencontre de nos anciens ennemis les Anglois » (Arch. Nat., JJ, 178, n. 178).


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLËS 299

En janvier 1588, le roi ayant ordonné l'établissement au Dorât d'un magasin de vivres pour la troupe, la chàlellenie de Lussac dut y envoyer 200 b. avoine, 50 b. de blé, moitié seigle, moilié froment, 1 boeuf gras, 12 moutons et 2 porcs gras (D. Font, t. 24).

Le pays ne fut pas à l'abri des troubles de la Ligue : le 18 nov. 1593, Paul Thomas, sénéchal de Montmorillon, qui siégeait à Bellac, « pour l'injure des guerres », étant requis de se transporter à Lussac afin de dresser un inventaire, ne se met en roule qu'accompagné, pour l'assurance de sa personne, du prévôt des maréchaux et de ses hommes.

En 1597, une épidémie, qui sévit un peu partout, n'épargna pas Lussac : « Tous les officiers de justice sont décédés de contagion, laquelle dure encore », porte une pièce du 12 nov.

Rappelons le tremblement de terre du 20 déc. 1604, qui, au dire du curé, dura un quart d'heure.

Les lettres patentes de 1609, que nous publions plus loin, montrent qu'à la suite des guerres, et sans doute de cette épidémie et du tremblement de terre, Lussac fut ruiné et abandonné de la plupart de ses habitants; il commence seulement, disent-elles, à se remettre el peupler. Il est à croire qu'à ces fléaux vinren l aussi s'ajouter des luîtes intestines entre catholiques et protestants; ces derniers devaient être en nombre, car, en avril 1608, nous les voyons enterrer de force, dans l'église, le fils du sr de Lussac, qui appartenait à cette religion.

Au mois de déc. 1631, une nouvelle pesle, donl les effets se firent senlir par toute la France, décima tout particulièrement Montmorillon : les officiers de la sénéchaussée abandonnèrent leur poste et se réfugièrent au point le plus éloigné de leur juridiction, c'est-àdire à Lussac : ils tinrent les grandes assises d'après Noël dans l'église Sainl-Etienne. Le sénéchal, Jean Chastenet, fut logé au château de L'Age el les autres officiers dans les tavernes et chez les particuliers (D. Font., t. XXI, p. 603).

En 1651, des soldats de passage se livrèrent dans le bourg à de nombreux excès auxquels participèrent des habitants du bourg; sur les plaintes des volés, des informations judiciaires furent ouvertes, en juillet, contre ceux-là, qui, pour s'excuser, prétendirent avoir été contraints de servir d'indicateurs aux soldais; l'un d'eux assure qu'il a été battu, lié et garolté l'espace de deux jours par les soldais, pour l'obliger à aller avec eux quérir du foin. L'année suivante, en février, pareils faits se renouvelèrent à l'occasion du passage des troupes de Mazàrin; il y eut même des morts (Dom Font, t. XXI).

Plusieurs registres révolutionnaires fournissent des détails nombreux sur les événements du temps à Lussac.

T. LVI 20


300 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Nous n'avons rien trouvé toutefois sur les préliminaires de 1789 et le cahier des doléances; le procès-verbal de rédaction de celui-ci existe seul aux archives (B. 443); il est daté du mois de mars.

En 1790, 1'imporlance de ce bourg le fit ériger en chef-lieu de canton, avec, dans son ressort, Jouac, Sainl-Marlin, Azat, Verneuil et Moutiers.

En avril 1791, la municipalité au pouvoir a pour chef François Pillaud; elle met toute •son énergie à maintenir l'ordre dans la com. en faisant procéder par la garde nationale à de nombreuses patrouilles dans les cabarets.

Le 14 juil. de celte année est célébré en grande pompe par la garde nationale, le maire et les habitants ; le feu de joie est allumé par Mad. de Lussac.

Aux élections du mois de nov. une nouvelle municipalité arrive aux affaires el met à sa tête Jean Gaillard ; elle débute par l'installation d'un atelier de charité. Le 20 déc. le maire et les officiers faisant leur visile ordinaire des cabarets et bouchons, trouvent l'un d'eux ouvert à 9 heures el demie du soir et représentent aux consommateurs qu'il esl une heure indue : ils sont accablés d'injures et assaillis à coups de pierres; un garde est blessé.

En mai 1792 le bourg fut 1res mouvementé par la réorganisation de la garde nationale dont nous avons parié plus haut.

Vers cette époque le numéraire étant devenu fort rare et les nouvelles pièces de billon, épaisses et massives, élanl d'un maniement incommode, il en résultait que l'échange des assignats était fort difficile : à Lussac, ils perdaient au change de 8 à 10 "/„. Pour remédier à cet inconvénient, Pillaud, Rougier et Ducoudray, demandèrent l'autorisation de faire fabriquer des billets de confiance de 5, 10 et 20 s. à échanger contre des assignais de 5 1. jusqu'à concurrence de 3,000 1. Celte autorisation fut accordée et ces billets circulèrent jusqu'au 18 janv. 1793, qu'un arrêté du département supprima toutes les caisses ainsi créées. Le 3 févr., la municipalité nommait 3 commissaires pour procéder à ce retrait.

L'Assemblée Nationale ayant déclaré la patrie en danger le 12 juil. 1792, la municipalité se déclare en permanence le 16 suivant, mobilise la garde nationale et place des sentinelles aux entrées du bourg avec ordre d'arrêter toute personne non munie de passeport ou d'une cocarde aux trois couleurs. Le 19, pour éviter « du dégoût » chez les gardes nationaux, il est arrêté que le service sera interrompu le jour, mais continuera de 8 heures du soir à 4 heures du matin.

Le même jour on ouvre un registre pour l'inscription des volontaires : trois seulement se présentent : Pierre Mathieu-Ducoudray, Antoine Marcoul et François Rodier.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPlCË-LES-FÈUILLES 301

Vers la fin de l'année, les vivres devenant rares, on décide de procéder à des visites domiciliaires pour établir les ressources; le 25 oct. les commissaires déclarent qu'il n'y a dans la commune que 6,000 b. quanlilé insuffisante pour la consommation; la municipalité interdit alors de vendre les grains à domicile; ils doivent être portés au marché le mardi, à peine de 100 1. d'amende.

Ces mesures ne sont pas suffisantes et bientôt courent des bruits sinistres : famine, accaparement parles bourgeois. Dans le district, ces bruits propagés par les contre-révolutionnaires, sont généraux; bientôt l'émeute, qui couvait, éclate : le 9 déc. au Dorai, le district est assiégé par la foule qui exige la taxe des grains; sur un refus, des troubles graves éclatent et continuent les jours suivants gagnant les environs. Le 14, les habitants de Magnac viennent se joindre à ceux du Dorât; on sonne le tocsin, des coups de fusil sont tirés, la salle des séances est envahie, des menaces sont proférées. L'ordre ne fut rétabli que le lendemain par l'arrivée d'une troupe de 400 hommes (L. 546). Chassés du Dorât, les perturbateurs vont s'exercer ailleurs : le 16 déc. les habitants de Lussac se présentent à la municipalité el, comme au Dorai, demandent la taxe des grains; pareil refus leur ayant été opposé, ils décident de l'établir euxmêmes; à celte fin, ils partagent la com. en 5 sections et procèdent au recensement des grains ; puis ils viennent sommer le maire de se joindre à eux; celui-ci n'ajant pas de force armée à sa disposition, la garde nationale s'étant bien probablement réunie aux émeuliers, est contraint de les laisser agir et se contente de demander des secours au Dorât; ce secours arrive le lendemain sous la forme de 25 gendarmes accompagnant un détachement de la garde nationale de Bellac.

Le maire, fort de cet appui, enjoint alors au commandant de la garde de Lussac d'avoir à réunir sa troupe, mais il est impossible à celui-ci de trouver un homme el le maire doit pour se protéger, requérir 2 gendarmes et 2 volontaires.

L'arrivée de cette force ne calma pas les esprits et le 18 au matin la place était à nouveau garnie de manifestants; quelques-uns disaient tout haut « qu'ils voulaient jouer à la boule avec les têtes de plusieurs citoyens et notamment de Pillaud » que la rumeur publique désignait comme principal accapareur des grains.

Enfin les meneurs pris de peur s'éclipsèrenl et le soir à 6 heures, Brac, envoyé du district, déclare à la municipalité qu'il n'y a plus d'insurrection.

Lors de l'enquête qui suivit, il fut établi que les plus compromis étaient partis pour la Beauce et que Pierre Gallet, maçon, du village de Lavaud, qu'on représentait comme le chef des agitateurs s'était enfui à Pans (L. 549.)


302 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

En mai 1793 commencèrent les réquisitions de soldats pour la Vendée; comme aux Chézeaux, les volontaires font à peu près défaut : le 10 mars, on demande 10 volontaires, personne ne se présente. Pareil insuccès le 17 pour 10 hommes demandés par le district; Pillaud, officier municipal délégué, forme alors une liste d'office, mais 4 de ceux qu'il désigne menacent de l'assassiner; on doit sur le champ les conduire en prison.

Les nouvelles des Deux-Sèvres devenant de plus en plus alarmantes, le district ordonne, le 18 mars, le départ de tous les gardes nationaux disponibles. Lussac devait fournir 30 hommes; le maire constate le lendemain qu'il a fait tout son possible, mais il n'a pu décider personne à partir.

Ce refus était presque général el presque toutes les municipalités du pays encourageaient ces défections : le 20, le district du Dorât constate que sur 205 hommes, il ne s'en est présenté que 105; à Magnac notamment la municipalité avait désigné 38 absents sur 40, son contingent. Le 27 mars, Bordas el Borie, commissaires de la Convention, se rendirent au Dorât pour enquêter sur ces faits. Leur rapport constate que le procédé de nommer des absents a été employé dans la majorité des communes, souvent à l'instigation des maires. Ils déplorent le très petit nombre d'engagements volontaires et l'explique : « la crainte nonchalante des campagnes, le peu de jeunesse des villes, le dépari de plus de mille jeunes gens qui vont chercher ailleurs les ressources que le climat leur refuse, contribuent un peu au découragement » (L. 549). Différents motifs mettent aussi obstacle au départ des recrues : défaut d'équipement, réclamations des hommes désignés, absence d'un certain nombre.etc.

La Vienne élant à son tour menacée par les Vendéens, le département prit, au commencement de mai, des mesures énergiques pour recruter des défenseurs : il enjoignit à tous les officiers des gardes nationales d'avoir à parlir sur le champ pour Poitiers, à cheval et armés; son arrêté fut communiqué à Lussac le 9 mai avec ordre de se rendre à Limoges le 13. La plupart des officiers du canton, après avoir joui en paix des honneurs attachés à leurs grades, acceptèrent d'aller au danger : trois seulement se récusèrent : Jean Lavaud, capitaine, et Jean Saulnier, lieutenant, prétendirent n'avoir jamais accepté leurs charges et, de plus, ne pas savoir monter à cheval; ils offrirent de se rendre à pied; un autre lieutenant, François Pillaud, qui élail en même temps officier municipal, crut devoir demander à la municipalité à quelle charge il devait plutôt se consacrer : on lui répondit de se rendre à Limoges et de s'en rapporter à la prudence du département.

Le 18 mai, Lavaud et Saulnier n'étant pas encore partis, ordre est donné au maire de les faire conduire sous escorte. Il fallut bien


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 303

s'exécuter, mais nos deux guerriers malgré eux se vengèrent de leurs«concitoyens, qui n'en pouvaient mais, d'une façon plaisante : en arrivant au Dorât, Saulnier n'avait qu'une mauvaise jument et était sans manteau, Lavaud n'était vêtu que de loques et n'avait ni pistolets, ni bottes. Sur les observalions qui leur furent faites, ils répondirent que c'était tout ce qu'ils possédaient, mais que si on voulait les voir en meilleur équipage, le district n'avait qu'à réquisitionner la jument de Ducouret, le manteau de Michelet, les bottes, les pistolets, une veste et une culotte du maire; le 21 mai le district faisait droit à leur demande : le maire dul livrer sa garde-robe et ses pistolets, Ducouret, sa jument, et Michelet, son manteau !

Le 23 mai, deux envoyés de la Société Républicaine de Limoges, Scevola Sauger et Barret, viennent visiter Lussac et s'enquérir de l'esprit public : ils constatent qu'il n'y a pas de plaintes contre la municipalité, que les impôts rentrent bien, que ceux qui vont à la messe ne parlent pas contre la constitution.

Le 14 juillet 1793 la nouvelle constitution est acceptée par l'unanimité des 248 volants de l'assemblée primaire. Le 27 du même mois la municipalité taxe le pain à 8 s., 7 s. et 6 s., suivant la qualité, et édicté des peines sévères contre les boulangers qui s'abstiendront de faire du pain.

La Convention, par décret du 7 août, avait commis Brival, commissaire à Tulle, pour se rendre dans la Haute-Vienne et y prendre vis-à-vis des fonctionnaires toutes les mesures qu'il jugerait convenable. Ce commissaire, investi de ces redoutables pouvoirs, arriva à Lussac le 22 suivant; sur le champ, il suspendit la municipalité : Gaillard, maire, Pillaud et Bouchalais, officiers municipaux, Rougier-Labergerie, procureur de la com., Rougier-Lageboutaud, Cailleaudeau, Gigaud et Guillemin-Montplanet, notables. A leur place il nomma une commission sous la présidence de Brac, de la Trigalle. Il ordonna en même temps la vente de l'église SaintEtienne.

A la suite de celle suspension, le comilé de Salut Public du département, prit un arrêté enjoignant à tous les membres suspendus de rester en état d'arrestation chez eux. Gaillard, Pillaud et Montplanet devaient être tout particulièrement gardés à vue, chacun par un garde national.

Le 20 oct., passent à Lussac Biron et Faugeras, commissaires envoyés dans le déparlement pour propager et entretenir l'enthousiasme de la liberté et de l'égalité.

Sans doute sous l'influence de cette visite, un comité de surveillance se forma dans notre bourg qui prit vers ce temps le nom de Lussac-la-Patrie.

Ce comité, qui tint sa première séance le 26 ventôse an II, en


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présence de Brulus Périeaud, délégué du district, comprenait 12 membres; son premier président fut Rougier-Labergerie.

Il s'occupa de surveiller les suspects et l'esprit de la population, dé passer les fonctionnaires au scrutin épuratoire, de viser les certificats de civisme délivrés par la municipalité; on ne trouve pas traces de son ingérence directe dans les affaires municipales.

Ce comité fut supprimé par la loi du 7 frucl. an II; il cessa ses fonctions le 30.

Durant ses six mois de fonclionnement, il ne déclara suspects que 3 habitants, en dehors des 3 membres de l'ancienne municipalité. Deux autres habitants, un marchand et un ouvrier, que l'opinion publique considérait comme tièdes, demeurèrent en état d'arrestation à leur domicile.

Il y a dans nos registres une lacune qui va du 30 frucl. an II au 19 brum. an IV. A celte époque nous trouvons en fonctions les municipalités de canton créées par la constitution de l'an III.

Celle de Lussac ouvre ses séances le 19 brum. an IV el nomme pour président Gaillard, déjà maire : les affaires traitées étaient nombreuses, car elles nécessitaient un secrétaire en chef et deux employés. Ses attributions était fort diverses.

Les délibérations purement politiques sont en fort pelit nombre : le 5 pluv. an IV, ordre de faire disparaître tous les signes extérieurs du culle; le 6 prairial suivant : « la cocarde tricolore, signe de ralliement de tous les bons citoyens et la seule marque distinctive dont ils doivent êlre décorés, sera portée par tous les habitants ». Le 30 frim. an VI on décide que tout citoyen qui dans la salle des séances prononcera le mot odieux monsieur en sera honteusement chassé, do même que ceux q ui ne porteront pas la cocarde. Au point de vue économique, citons les arrêtés du 7 frim. an IV qui enjoint aux bouchers d'exposer sur la place publique les bêtes qu'ils veulent tuer, à peine de confiscation; du 20 pluv. an IV, qui impose à l'agent national le soin de faire un rapport hebdomadaire sur la propreté des rues; du 30 germ. qui défend de langueyer les cochons sur le marché; du 10 fruct. an V qui prescrit des poursuites contre un bourgeois qui avait mis en vente de la très mauvaise viande à 1 s. la livre, sans l'avoir présentée au contrôle municipal; du 10 niv. an V, contre des habitants des Bouiges et la Jallebosse qui ont laissé pacager des brebis atteinles de la gale, etc. D'autres très nombreuses délibérations concernent les nouvelles fêtes du calendrier républicain; chacune d'elles fait l'objet d'un procès-verbal détaillé ; assez suivies au début, ces réjouissances furent bientôt entièrement délaissées. Le 5 germinal an V,.personne ne se présente ■ pour célébrer la fête de la jeunesse :


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l'administration, « affeclée de douleur, bravant les ridicules sourires de mépris des royalistes et leur insultant silence, va faire une promenade civique aulour de l'arbre de la liberté et lui donue le baiser fraternel ».

La fête du 23 therra. an fV (10 août) eut plus de succès; mais elle donna lieu à des troubles : la garde nationale en grande tenue se rendit à l'arbre de la liberté avec la municipalité où l'on entonna « le couplet divin : Amour sacré de la Patrie ». 11 y eut ensuite une farandole aulour de l'arbre et on renouvela les serments de vivre

libre ou mourir. Trois femmes qui avaient crié : vive m ! furent

incarcérées; ces arrestations soulevèrent une partie de la population et certains tentèrent, à coups de mâche, d'enfoncer la porte de la maison d'arrêt. Le président du canton, menacé el se voyant sans force au milieu du peuple rassemblé, fut obligé de faire élargir les 3 femmes.

En l'an V, le premier vendémiaire, l'anniversaire de la fondation de la République donna lieu à une fête terminée par une farandole, un banquet fraternel et un repas frugal.

Ce registre de délibérations est clos le 9 pluv. an VI et sur la fin, il n'y est plus question que de matières fiscales.

En pluviôse an X le canton de Lussac fut supprimé et incorporé à Sainl-Sulpice, sauf Azat, Verneuil et MoUliers réunis au Dorât.

Dès le XIe s., comme son nom l'indique, Lussac possédait deux églises : l'une paroissiale placée sous le vocable de saint Martial, l'autre dédiée à saint Etienne.

La première avait pour patron l'abbé de Saint-Martial de Limoges ou le prévôt de La Souterraine, qui dépendait de celui-ci. Elle était administrée, comme à Arnac, par une communauté de prêtres, mentionnée en 1550, mais n'existant plus au XVIII 0 s.

Presque toutes les dîmes appartenant aux s" ou à des religieux, le curé était à porlion congrue.

D'après un compte de 1550, les religieux d'Hérul devaient 10 s. seigle à la communauté des prêtres et 9 s. 2 b. au curé. Le 14 sept. 1654, pour se libérer de cette charge, ils lui abandonnèrent les dîmes de blé sur Le Plan, Le Couret et La Jallebosse. Le 21 juin 1692, nouvelle convention entre les deux parties : le curé renonce à toutes ses dîmes, mais les religieux s'engagent à lui payer une pension de 300 1. et de 150 1. au vicaire (MD. 300).

Le 16 août 1697, les Augustins de Limoges reconnaissent qu'ils doivent contribuer pour 8 l. à la pension du curé.

La présentation à la cure appartenait aux s" de Lussac.

L'église, qui s'élève sur la place, a la forme d'une croix latine; elle est précédée d'un narthex originairement ouvert sur trois côtés; les baies latérales — l'une d'elles était appelée porte des


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lépreux — ont été murées anciennement. Au-dessus se trouve le clocher.

Le portail de l'église est ogival ; il est orné de simples lores ; les chapiteaux n'existent plus. La nef est divisée en trois travées voûtées par des croisées d'ogive. Elle est éclairée par des fenêtres agrandies récemment.

Cette église renferme encore d'anciennes statues; nous citerons tout particulièrement une superbe Piéta en pierre blanche polychromée où la Vierge, les mains jointes, est velue en religieuse : robe rouge, voile bleu et guimpe blanche. L'artiste a su traduire avec justesse l'expression douloureuse du visage de la mère; le corps du Christ, rigide, est placé en travers sur ses genoux; ce monument paraît être du XVII" s.

Mentionnons encore quelques autres statues en bois : d'abord celle de saint Etienne, très vénérée et dont les bras sont chargés de faveurs multicolores placées par les pèlerins; une sainte Philomène; un saint Martial; un grand Christ dont la couronne, en forme de tortil, était hérissée de clous; un Père éternel, à la figure joyeuse, émergeant du milieu des nuages, etc.

L'abbé Texier a signalé dans son Dict. d'orfèvrerie, v° Oslensions, un reliquaire émaillé du XIIIe s. possédé par celle église; il n'existe plus depuis longtemps (1).

En oct. 1605, le clocher fut réparé par Léonard Desgranges.

Le 16 fév. 1645, pendant la nuit, raconte Robert du Dorât, un violent ouragan gâta les couvertures des églises de Saint-Martial et de Saint-Etienne de Lussac et enleva les clochers de plusieurs églises.'.(D. Font., t. XXI, p. 603.)

L'église a subi en 1875 d'importantes réparations qui ont coûté 29.000 fr.

Les sr* de Champeron et de l'Age-Bernard possédaient droits de sépulture et de bancs dans l'église; ces droits donnèrent lieu à maintes contestations entre eux. Les tombeaux du s'de Champeron étaient sous les cloches.

Les registres de l'état civil constatent la fonte de plusieurs cloches, mais nous laissent ignorer les noms des fondeurs : le 3 avril

(1) Le 10 flor. an II, on envoie au district six grands chandeliers, un bénitier, une petite fontaine, un encensoir, deux croix, la châsse d'un reliquaire en plusieurs morceaux, le tout de cuivre et provenant de cette église. Plus trois cloches, pesant 1.700, 300 et 160 1., et une petite cloche venant de Saint-Etienne du poids de 60 1.

Le 30 messidor, on adresse au même les vases sacrés, pesant ensemble ~i marcs d'argent.


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1605, bénédiction de la grosse cloche dédiée à sainte Barbe; parrain, François Prévost; marraine, Souveraine de Bourdelles.

Le 24 avril 1731, deux cloches furent fondues pour l'église : l'une de 1.750 1., sous le nom de Saint-Martial, eut pour parrain le marquis Foucault de Saint-Germain, brigadier des armées du roi, gouverneur de la Haute et Basse-Marche, et pour marraine la marquise de Lussac; la seconde de 3001. recul le nom de Saint-Etienne parle marquis de Lussac et la marquise de Saint-Germain-Beaupré. Ces cloches furent refondues en 1789. Le 21 juil. de cette même année, le curé bénit trois cloches : la première, pesant 1.527 1. et dédiée à Saint-Martial, eut pour parrain et marraine le comte et la marquise de Lussac, représentés par Pierre Guillemin de Monlplanet et Magdeleine-Geneviève Goudon ; la deuxième, sous l'invocation de la Vierge, tenue par Mesmin de Bouex, marquis de Vilmort, et la comtesse de Lussac; la troisième, consacrée à Saint-Etienne, pesant 272 1. Ses parrain et marraine furent le chr Louis-Alexandre de Lussac et Henriette-Marie-Louise de Bouex de Vilmort.

La première existe encore et son inscription a été publiée par M. l'abbé Lecler.

On se rendait autrefois à Sainl-Marlial « pour tous maux d'estomac et douleurs de reins ». (Dom Font., p. 941.)

M. l'abbé Nadaud, doyen de Lussac, possède un curieux registre contenant les délibérations, de 1597 à 1744, d'une confrérie ou agrégation du Saint-Sacrement établie dans l'église de Lussac. Malheureusement la première page, qui portait les statuts, a été déchirée en grande partie.

Elle comprenait surtout des prêtres et quelques laïcs; elle ne fut jamais très nombreuse : en 1741 elle atteint son maximum avec 27 membres dont 19 ecclésiastiques. En 1609 elle avait décidé de n'admettre que deux laïcs comme porte-croix et porte-bannière, mais cette délibération ne fut pas maintenue dans la suite.

Les confrères se réunissaient une fois par an, tantôt à Lussac, tantôt dans les p80s voisines; le baile, élu par eux et pour un an, devait offrir un banquet qui élait précédé d'une messe; les membres qui n'y assistaient pas et qui ne fournissaient pas d'excuses valables (1) étaient impitoyablement rayés.

Les confrères étaient tenus de dire ou faire dire 4 messes par mois, de porter au cimetière les corps des confrères décédés

(1) Voici quelques excuses alléguées : en 1666 Léonard Perrin est à Saint-Jacques de Compostel; le 23 juil. 1619 la frairie se tient à Lussac « à l'occasion de la guerre et autres occurences »; le 5 mai 1621, Martin de Mascloux est à Rome; le 28 juin 1639, le même, qui était alors curé de Jouac, ne peut venir « à cause des gens d'armes qui sont au pays »,


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et d'assister aux anniversaires avec un cierge ; la cotisation était d'une demi-livre de cire.

Une délibération d'habitants du 1er nov. 1733 nous apprend qu'il y avait deux sacristains, l'un nommé par le curé, l'autre par les paroissiens. Pour leur rétribution, ils prélevaient sur chaque métayer un boisseau de seigle, sur chaque laboureur à 2 boeufs ou vaches 1/2 b., autant sur chaque meunier; sur les principaux habitants du bourg, 5 sols, sur les autres 3 s.; sur les habitants de la campagne une écuellée de seigle ou 3 s. Ils étaient chargés de l'entretien de l'horloge. (M. N.)

L'église ou chapelle Sainl-Etienne, annexe de la précédente, avait les mêmes palrons; elle était placée sous l'invocation de saint Etienne, pape. En 1719, quelques murs déjà très anciens s'écroulèrent; ils furent reconstruits la même année par les soins du curé qui procéda à une nouvelle bénédiction, le 30 juil., en présence de nombreux prêlres; la statue de saint Etienne y fut rapportée processionnellement au milieu d'nn grand concours d'étrangers. (E. C.)

Nous avons dit que cette église jouissait d'un grand renom dans la contrée : « L'église de Saint-Elienne, rapporte Robert du Dorât, esl recommandée pour tous maux de leste; l'on y va en dévolion le jour de Saint-Etienne et le lendemain de Noël, mais particulièculièrement l'on y va en plus grande abondance de peuple le 2J jour du mois d'aoust, qui est la feste de saint Elienne, pape et martyre, elle 3e jourdud. mois, qui est l'invention de saint Elienne, comme aussi les laboureurs y vont pour les maladies du grand bétail. » Plus loin, il dit qu'on s'y rend aussi en « voyage pour toutes les maladies d'esprit el douleurs de teste ». (DomFonleneau, l. XXXI, p. 939 et 941.)

La Révolution n'interrompit pas cette dévotion et les registres municipaux montrent que, le 14 juil. 1791, le Conseil, considérant que les offrandes faites à saint Etienne ne doivent être employées « qu'à l'entretien majestueux du culle divin et non tourner au profit des curés », décide : 1° d'acheter un registre pour inscrire les messes el les offrandes; 2° d'acquérir 24 I. de cire jaune destinée à faire des cierges pour les voyageurs; 3° de nommer3 prêlres pour faire les offices; 4° de désigner 3 commissaires pour les surveiller. Le 20 août, ces derniers font connaître que les offrandes faites se sont élevées à 270 1. el 32 1. de cire. L'année suivante, pareille organisation fut maintenue.

En 1793, les commissaires encaissèrent 92 1. 10 s., frais déduits, provenant de 596 offrandes; mais, quelques jours après, le représentant Brival blâma cette perception el fit remettre celte somme au curé.

Le 12 thermidor an V, un membre de la municipalité requiert le


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maire de prendre des dispositions pour assurer l'ordre le jour de Saint-Etienne, une multitude d'hommes et de femmes, filles et garçons, de tout âge et de toute sorte d'opinions, ayant l'habitude de se rassembler à Lussac, d'autant plus qu'en ce moment les partis s'agitent.

En 1793, cependant, l'église Saint-Etienne avait été vendue avec la chapelle de N.-D. de Pitié à Joseph Deguercy, qui céda le tout, le 17 messidor an VII, à François Verdellet moyennant 300 L; les tuiles et le plomb avaient été déjà aliénés par lui. Ce dernier la démolit et, actuellement, ses traces n'existent plus.

Une cloche de 33 1. est bénite pour cette chapelle le 20 déc. 1722; elle est nommée par le sr el la dame de Lussac.

Le culte de Saint-Etienne est toujours fort en honneur el le pèlerinage de Lussac est encore très suivi, surtout pour les enfants en bas âge; ce jour-là se réunissent à Lussac, pour exploiter la pitié des fidèles, tous les mendiants de 20 lieues à la ronde, une vraie Cour des Miracles!

Lussac possédait aussi un prieuré dépendant de Saint-Martial de Limoges ou du prévôt de La Souterraine; il y avait un moine en 1216. Le prieur devait tous les ans au prévôt un dîner composé « d'un chief de pollailhe (1), boulhy à la poréc (2) blanche et un dour (3) de plesse sal pris à la sausse des espices, d'un meylz de viande boulhy, c'est assavoir beuf et porc et de chacune longe ne se doit faire que trois pièces et entre deux et deux en doivent avoir 11 pesses ; deux doivent estre servis d'une pièce de beuf et de porc et se doivent manger au poyvre chaud ; et oullre plus doit ung setier de vin, plus XII deniers au cuisinier ». (M. Valadeau, Notice sur La Souterraine, p. 27.)

Le cimelière était au milieu du bourg et tenait aux deux églises. Le 19 déc. 1652, Léonard Sorroreau, qui y avait à moilic lue un pauvre mendiant, est condamné à y faire amende honorable en chemise, la lorche au poing, tête et pieds nus, et à demander pardon à Dieu et à Mr Saint-Elienne.

Au cour d'une visite à Lussac, le 18 juin 1777, l'évêque déclara ce cimelière insalubre el ordonna sa fermeture. Un nouvel emplacement fut choisi le 25 fév. 1780 par une commission composée de Félix Leulier, sr du Ché, docleur en médecine, L. Malhieu-Ducoudray, J.-B. Rougier de Lageboutot et Jean Baugé, chirurgiens; le

(1) Tête de poulaillc, dans le sens de pièce de volaille.

(2) Poireau, anciennement porreau, de porrum ; en Poitou, on dit encore pourrée.

(3) Dour, dor, dom, mesure contenant quatre doigts qu'on représente par le poing fermé; mensura manus clausai. (Godefroy.)


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1" mars suivant, les habitants ratifièrent ce choix. Ce terrain faisait partie de la métairie du Piquet et fut payé 240 1. Les ouvrages de clôture furent reçus le 22 août 1788. Ce cimetière coûta, tous frais compris, 2.052 1. supportés 874 1. par le Fief et 1.178 1. par le surplus de la p"B. (C. 636).

Dans le cimelière existait une chapelle de N.-D. de Pilié, mentionnée en 1664; c'est là sans doute que se trouvait la curieuse Pieta que possède l'église de Lussac.

On rencontre aussi une chapelle Saint-Jiloi.

Le terrier de 1523 mentionne une maison tenant au verger de la Maison-Dieu de Lussac. Est-ce un établissement hospitalier disparu dans la tourmente des guerres de religion? Est-ce tout simplement une dépendance de la Maison-Dieu de Montmorillon qui élait possessionnée à Lussac? Les documents ne nous permettent pas de nous prononcer.

Par son testament du 1" sept. 1677, déjà cité, François de Bourdelle donna sa maison du Lalier-Lussazois « pour en faire un hostel-Dieu pour tous les pauvres qui y voudront aller ». Il dole celui-ci de sa métairie de Lessard-aux-Bourdelle, du bien qu'il possède à Lavaull el des renies qu'il a au pays.

Le revenu, dit-il, servira à l'entretien et nourriture des pauvres, entretien des bâtiments et construction d'une chapelle. Dans celleci, un chapelain nommé par ses neveux ou leurs descendants dira la messe tous les jours « et mesme apprendra à lire, escrire les pauvres enfants dud. bourg de Lussac par charité et gratis ». Il sera logé et recevra une pension de 2001.

Il fonde aussi 4 saluts dans l'église de Lussac et désire qu'on distribue aux pauvres et aux petits écoliers, qui y assisteront, un gâteau d'un sol à chacun.

Son neveu, Maximilien de Bourdelle, sera administrateur et touchera 30 1. Il sera assisté du sr, du curé, du prieur, du sénéchal, greffier et procureur fiscal. Ses descendants lui succéderont.

Les habitants acceptèrent ce legs le 15 janv. 1679, mais il leur fallut 22 ans pour mettre le projet du fondateur à exécution.

Tout d'abord, on songea à édifier la chapelle, et le curé présenta à l'évêque une supplique pour autoriser cette construction ; dans cette pièce, il évalue à 8 ou 900 1. le revenu des bien légués. L'autorisation ayant été accordée, la chapelle fut construite, et le 27 nov. 1682 l'évêque déléguait pour la visiter François Jamet, curé de Saint-Priest-le-Betoux, qui, par son son procès-verbal, constate qu'elle est parfaitement aménagée et qu'un tableau de saint François, tout neuf, est placé au-dessus de l'autel; quelques jours après, on procéda à la bénédiction. (G. 629.)

Sans doute, à celte époque, les revenus des domaines étaient


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distribués aux pauvres sous forme d'aumônes, puisqu'on trouve alors des administrateurs en fonction, mais il n'existait pas encore d'hôpital organisé. Les choses sans doule seraient restées longtemps en cet état provisoire devenu définitif si l'Hôtel-Dieu de Paris n'était intervenu. Une clause du testament portait, en effel, que si l'on ne pouvait établir un hôpilal à Lussac, les biens destinés à sa fondation seraient dévolus à l'Hôtel-Dieu. Informés de l'inexécution des volontés du testateur, les administrateurs de cet établissement revendiquèrent ces biens et un procès s'engagea. Les habitants ayant prouvé que jusqu'alors ils n'avaient pas eu assez de fonds pour terminer la construction de l'hôpital et que, suivant les désirs du fondateur, ils avaient plutôt considéré cette fondation « comme un hospice que comme un hôtel-Dieu », un arrêt du Parlement de juin 1701 maintint à Lussac sa fondation, mais à charge d'obtenir du roi des lettres patentes.

Les habitants, la dame du lieu, les ecclésiastiques, consultés, décidèrent, le 13 nov., de faire toutes les démarches nécessaires .pour obtenir ces lettres : ils demandèrent d'abord l'avis de l'évêque qui donna son consentement le 7 déc. ; l'intendant ayant aussi émis un avis favorable, des lettres patentes furent accordées en avril 1702. En conséquence, l'hôpital fut organisé.

On conserve à Lussac un unique registre des délibérations qui va de 1748 à 1889; il contient d'intéressants renseignements. En 1748, le revenu était de 1.406 1. et les dépenses de 1.384 1.

Un procès-verbal de visite du 8 juin 1763 nous donne une description de l'hôpital : dans la chambre des hommes, il y a 3 lits et le tableau de M. le fondateur; dans celle des femmes, 3 lits et une ' petite couche sans rideaux, 2 chaises, 1 coffret et 1 petite table ; la chambre de l'hospitalière renferme lit, table, maie, buffet, vaisselle, fauteuil servant de salière, armoire contenant les litres et 8 chaises.

Dans une autre pièce, qui sert de vestibule, se trouve l'armoire au linge, un petit lit, un fauteuil à transporter les malades, une petite armoire suspendue. Suit l'énuméralion du linge et autres objets : 33 draps gros et fins, 10 courles-pointes, 6 couvertures de laine, 47 chemises, 43 servietles, 3 nappes; 5 pots de chambre, 1 portedîner, 6 pois à l'eau, 7 écuelles, 6 roquilles, 16 assiettes, 1 lampe, 4 gobelets, 1 seringue, le tout d'étain ; 1 chauffe-lil et 3 chandeliers de cuivre. Dans la chapelle, 1 calice et 1 patène dorés en dedans.

Le tableau mentionné dans cet inventaire existe encore au presbytère de Lussac; il est d'assez grandes'dimensions : M. de Boufr délie y est représenté à mi-corps, sa figure est sympatique, sa tête est couverte d'une longue perruque bouclée, il est vêtu de rouge


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avec rabat bleu el porle en sautoir une écharpe de même couleur. De la main gauche, il lient une pancarte sur laquelle on lit : Francisais Bourdel, Prius chirurgus régis anno D'u 1677 hanc doinunt pindavit.

Nous n'avons rien irouvé sur le mouvement de la population de l'hospice, mais les registres d'étal civil montrent qu'il y mourait en moyenne 5 pauvres par an.

Les fonds de l'hospice étaient placés en rentes sur les s" du pays et sur le clergé; à la Révolution, ces rentes ne furent plus acquittées : le 7 avril 1793, le receveur représente à la municipalité que l'hôpital est dépourvu de lous secours el qu'il est presque impossible de pourvoir aux besoins des plus nécessiteux des pauvres qui s'y trouvent, les fonds ne rentrant plus; celle-ci reconnaît l'exactitude de cet exposé et décide de prendre des mesures : on sait ce que celle formule signifie ! Quelques jours après, l'hôpital fermait ses portes, son budget étant en déficit de 723 1.

En frimaire an V, on tenta de le réorganiser el Madeleine Pillaud, fut chargée de le diriger; on réclama à la nation, comme propriétaire des biens de la noblesse et du clergé, les sommes prêtées ; mais cette réclamation n'ayant pas abouti, l'existence de l'hospice fut définitivement close.

Plus lard, on y tint les écoles et, en 1827, on se contentait d'y loger les pauvres.

Les revenus des bois, mis en coupe réglée depuis 1841, joints aux revenus du domaine de l'Essard donné par le fondateur, n'ont pas permis depuis de rouvrir un hospice à Lussac, mais ils onl été . suffisants pour doter largement le bureau de bienfaisance qui est un des plus riches du déparlement. Les intentions de M. de Bourdelle, qui étaient, en définitive, de secourir les pauvres de Lussac, se trouvent ainsi respectées.

La seigneurie de Lnssac, qualifiée de chàlellenie dès 1406, paraît être un démembrement de l'immense fief possédé dans le pays par l'importante maison des La Trémoille : elle élail en leur possession dès le XIe s

Cette famille ayant fait l'objet de nombreux Iravaux généalogiques, nous ne relaierons que très sommairement la suite des s" de Lussac lui ayant appartenu.

Le plus ancien connu est Audebert de La Trémoille, qui fit don à l'abbaye deFontgombaud, en 1089, de la moitié du lieu de Villesalem et de quelques héritages à Lussae-les-Eglises ; son fils, Gui Ier, prit part à la première croisade en 1096; il est père de Guillaume ; viennent ensuite : Guillebaud, Audebert, Humbert, mort avanl 1240, laissant : Audebert qui suit ; Amiel, sr de Lussac en partie,


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mort en 1257, dont nous parlerons à propos du Fief; Guillebaud el Gui, tous co-s" de Lussac.

Audebert de La Trémoille, sénéchal de la Marche, légua, par son testament de fév. 1247, 12 d. à l'église de Lussac; il avait épousé Aliénor de Chateauguillaume, qui fait pareil don le 1er janv. 1262

C'est à leur fils, Gui II, que se rapporte l'intéressante charte d'affranchissement que nous publierons à la notice sur Montbon.

Gui III, Gui IV et Gui V, grand pannelier de France, furent enterrés dans l'église delà Colombe; Gui VI, chambellan du roi, garde de l'oriflamme de France, surnommé le vaillant chevalier, accense le 6 sept. 1392, à Guillaume Alanyecte et à sa femme, « noslre homme et feme de Lussac, une place assise en nostre ville de Lussac-les-Eglises, joute et touchant au grant chemin par lequel l'on vait de la grant église au Dorât, el joute et devant le vivyer de Lussac, led. chemin entre deulx, el joute nostre four, et joute les fousséz ». Il mourut en 1398.

Son fils, Georges de La Trémoille, fut premier ministre d'état el chambellan de Charles VII ; il mourut en 1446, laissant Louis, vicomte de Thouars, époux de Marguerite d'Amboise.

Celui-ci, après les guerres anglaises, s'occupa de repeupler le pays où de nombreux héritages et domaines élaient en « guast, ruines et non valeur ». Le 15 janv. 1469, il donnait tous pouvoirs à son receveur, Guillaume Touzeau, pour les bailler à rente à de nouveaux tenanciers. Le 5 août 1473, il mandait au même de percevoir sur ses sujets de Lussac les aides que ceux-ci lui devaient à l'occasion du mariage de sa fille avec le comte de Tonnerre (1).

Louis, peu de mois avant sa mort, se remaria à Annette Maincet du Breul; par son contrat du 14 sept. 1482, il fit don à sa femme des s1'" de Veraix près Tours el de Lussac-les-Eglises valant ensemble 300 1. de rente; elle les rétrocéda aux héritiers de Louis par acte du 22 avril 1484 moyennant 2,250 écus d'or (2).

Après son décès, des commissaires furent nommés pour régler sa succession el se transporter dans tous ses domaines. Le 2 juin 1484, ils étaient à Lussac, où ils convoquèrent le juge et divers personnages du pays; sur leurs indications, ils dressèrent un élat de la srle de Lussac, auquel nous avons fait de nombreux emprunts.

A la suite de ces opérations, un partage fut dressé et Lussac attribué à son fils cadet, Georges, sr de Jonvelle, qui fut chambellan du roi et lieulenanl-général en Bourgogne.

De ce dernier Madeleine d'Àzay ne laissa qu'une fille, Jacque(1)

Jacque(1) La Trémoille pendant cinq siècles, t. II, p. VII.

(2) Id., p. 21.


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Une, mariée le 13 janv. 1529 à Claude Gouffier, duc de Roannès, grand écuyer de France, capitaine de cent gentilshommes de la maison du roi, à qui elle apporta Lussac. Elle mourut à Chinon, où elle avait été transportée, par ordre du roi, le 4 oct. 1544. Sa fille unique, Claude, épousa, le 15 fév. 1549, Léonor Chabol, comte de Charny, grand écuyer de France, lieutenant-général en Bourgogne, d'où Charlotte Chabot, femme, en 1578, de Jacques le Veneur, comte de Tillières, bailli et gouverneur de Rouen, lieutenant-général en Normandie.

Le 6 avril 1595, Jacques le Veneur et sa femme vendirent la terre et châtellenie de Lussac à Marie Mauclerc, baronne du Ris-Chauveron, veuve de Jacques de Saint-Savin et d'Anloine Lignaud, moyennant 6,666 écus 40 s.

Celte somme avait été stipulée payable à Paris le 1" nov. suivant devant les notaires du Châtelet, mais le 2, ceux-ci constatent que Marie Mauclerc « faisant acheminer son argent, auroit esté rencontrée et volée par les gens de guerre estans à Nantes, son fils et autres de sa suite, emmenez prisonnier et jugez de prise avec tout l'argent trouvé avec elle ».

Lussac était en vente depuis déjà quelque temps, car par lettres du 19 avril 1593, données à Nantes, le roi avail gratifié Jean de La Chaise, secrétaire ordinaire de sa chambre, président en l'élection d'Abbeville, des deniers qui pourraient lui être dûs pour droits de lods et ventes lors de l'aliénation de Lussac. La chambre des Comptes trouva ce don exagéré et ne le ratifia que pour les deux tiers par son arrêt du 29 nov. 1595.

Marie Maucler, qui rendit aveu pour Lussac le 14 mars 1598, mourut le 5 mars 1604. Elle avait fait son lestament le22 mars 1596 à Tours, où elle était tombée malade à l'hôtellerie de la Réaile. Elle veut que son corps soit apporlê à son châleau de l'Age-Bernard d'où le curé de Lussac, son vicaire, les prêlres habitués au nombre de 13 et 6 cordeliers le conduiront à l'église d'Azat où elle désire être enterrée. Son corps sera accompagné par 60 pauvres de Lussac, chacun portant une torche ardente d'une livre et demie de cire, à chacun desquels il sera donné une aune de drap noir du prix de 100 s. qu'ils porteront sur leurs épaules et à chacune des torches sera attaché un écusson portant les armoiries de lad. dame; chaque pauvre recevra 2 s. Il sera également acheté un seau ou ampoule du poids de 6 1. de cire qui sera porté devant le corps. Chaque prêtre touchera 15 s. et chaque cordelier 30 s. Un de ces derniers prononcera l'oraison funèbre et touchera 2 écus. Elle veut en outre qu'à sa sépulture y « assiste 5 filles des plus pauvres de ses châtellenies de Lussac et d'Azat, lesquelles seront choisies par ses


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 315

exéculeurs, à chacune desquelles elle donne 20 écus pour ayder à les marier ».

Elle donne une rente de 15 écus pour fonder 3 messes par semaine dans la chapelle de l'Age-Bernard. Elle lègue à ses enfants du second lit ses meubles et ses acquêts, parmi ces derniers se trouvait la terre de Lussac, et elle les charge de faire mettre une ceinture timbrée des armes de lad. dame à toutes les églises de ses châtelleniesetà ses chapelles du Ris et de l'Age, pour lesd. timbres y demeurer perpétuellement.

Son fils aîné, René Lignaud, baron du Ris-Chauveron, sr de Lussac, l'Age-Bernard, le Fief Lussaçois, fut successivement chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, lieutenant de la compagnie de M. de Sully, puis capitaine de 100 hommes d'armes des ordonnances (1). Il fut tenu en grande eslime par Henri IV el Louis XIII et nous avons dit plus haut que c'est à sa prière que le premier octroya des foires à Lussac. Le 6 août 1620 le roi lui écrivait, de La Flèche, une lettre par laquelle, après avoir fait l'éloge de son mérile, il l'exhorte à le servir avec le même zèlp et la même atïeclion qu'il avait accoutumé de le servir dans toutes les affaires qui s'étaient présentées. Au siège de Montauban, Sully l'envoya aux protestants qui défendaient cette place pour les ramener au roi.

Son panégyrique, dû à Robert du Dorât, se trouve dans dom Fonteneau, t. XLV, p. 476.

René Lignaud, avait épousé, le l8rsept. 1605, Esther de Rabaine, el laissa trois fils et deux filles : Maximilien, suit; Georges; Olivier, sr d'Orville, capitaine de gens de pied, mort le 6 sept. 1652 ; Jeanne, religieuse à La Règle de Limoges; Esther, mariée par contrat du 9 juillet 1628 à François Estourneau, elle avait abjuré le 16 nov. 1625 devant un récollet du Dorât.

Maximilien Lignaud, qui était le filleul du fameux ministre Sully, prit d'abord le litre de baron de Lussac (1654), puis celui de marquis (1661).

Il servit à l'armée de Picardie et reçut une blessure à la jambe au siège de Lille. Il fut maintenu dans sa noblesse par ordonnance de l'intendanl du 18 sept. 1669 (2). Il décéda le 12oct. 1674, ayant

(1) De Jeanne de Saint-Savin, il eut un fils naturel, Jean, baptisé à Lussac, le 15 nov. 1602.

(2) Il rendit aveu pour Lussac le 12 déc. 1665 ; cet acte est scellé d'un cachet de cire rouge, portant 2 écussons : l'un écartelé au 1, 3 merlettes (Lignaud), au 2, 3 coquilles (de Rabaine), au 3, une croix (Mauclerc ou Couraud); au 4, semé de fleur de lis ?; l'autre écusson porte les 3 tètes de léopard des de Barbançois.

T. LVI 21


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eu d'Anne de Barbançois : Robert, suit; Antoine-François, né en 1652 et baptisé le 12 fôv. 1647 ; il eut pour parrain le marquis de Magnac; Louise, mariée à Antoine de la Couture-Rcnon, et MarieEsther, épouse de François de Gain.

Robert Lignaud, marquis de Lussac, naquit à L'Age-Bernard le 19 juin 1639 II porta les armes d'abord en Picardie, puis rejoignit l'armée de Flandre et se comporta vaillamment le 11 août 1674 au combat de Senef. Le 26 fév. 1680 il fut nommé lieutenant des maréchaux de France et juge sur le point d'honneur pour les provinces du Poitou et Basse-Marche. Il fut enseveli le 15 janv. 1693 dans le choeur de l'église de Lussac. Il avait épousé, le 21 août 1680, Françoise le Roux.

A l'occasion du décès de son fils, Louis-Léon, chevalier de Malte, il voulul faire reconnaître ses droits de sépulture dans l'abbaye de la Colombe, dans les tombeaux qui sont à droite en entrant devant la chapelle Saint-Jean. Le 2 sept. 1691, il charge ses officiers de justice d'aller trouver les religieux et de les informer qu'il veut y transporter son fils, décédé de la veille. Ceux-là se rendent à la Colombe et font sommation à l'abbé Pierre de la Salle qui répond que depuis 350 ans que les tombeaux sont dans l'église on n'y a enterré que les descendants des la Trémoille et ce, par grâce spéciale accordée par les abbés, et qu'il n'ouvrira ses tombeaux que si le marquis de Lussac lui présente un titre; il conteste aussi que l'abbaye soil dans la châlellenie de Lussac.

Le procureur d'office du sr réplique que l'antiquité des tombeaux sert de preuves, et que si depuis Georges-Louis de la Trémoille, personne n'y a été enterré, c'est que les s" de Lussac n'habitaient pas le pays. On ne connait pas la suite de celle contestation.

Il eut encore Elienne (v. ci-après), Antoine, baptisé le 22 août 1688, vicomte de Comblizy, prieur-curé de Gremonville; Claude, capitaine de cavalerie, décédé le 27 janv. 1726; Madeleine, antiprieure au couvent de Lapuye, morte à l'Age le 16 mars 1748, à 67 ans; Françoise, religieuse au même couvent, inhumée le 21 oct. 1740 dans le caveau sépulcral de la chapelle de N.-D. de Pitié; Marie, religieuse à Blessac; Geneviève, née le 26 oct. 1692, mariée à M. du Breuil.

Etienne Lignaud, marquis de Lussac, naquit au château de Bouges en Berri, et fut baptisé le 23 sept. 1683; il servit dans la marine de Malle sur les galères de la religion et mourut, peu de temps après son retour, des blessures qu'il avait reçues au service et qui s'étaient rouverles. De sa femme, Anne de Villelume, il avait eu Jean-Louis, qui suit; Catherine (7 mai 1721); AnLoine (16 juil. 1722); Charles-Gabriel (20 août 1724); Constant-Silvain-Robert


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-1-XUILLES 317

(23 sept. 1725); Catherine-Henriette (3 oct. 1726), prieure des hospitalières de Magnac; Armand-Louis-François (28 avril 1728).

Le 31 déc. 1742, la marquise de Lussac, au nom de ses enfanls mineurs, donne à bail à Jean Laborye, sergent, et à Jean Blot, tailleur, 20 bes de brande dans la tenue des Fonlriviers, moyennant un denier de cens et 20 paires de poulels & et en outre seront obligés de venir au châleau de l'Age-Bernard, le jour des Rois de chaque année, danser des danses du pays et crier trois fois : Vive le seigneur de Lussac! » Ce lènemenl s'appellera la tenue des poulets.

Jean-Louis Lignaud, marquis de Lussac, né à l'Age le 25 août 1723, eut pour parrain Jean de Montmorency, marquis de Châteaubrun, brigadier des armées du roi; il fit dans la cavalerie, comme cornette, les campagnes dé Bohême, d'Allemagne et de Flandre; il acheta, en 1761, lesjchâtellenies de Fiez, Mareuil el Brigueil-leChantre et, par lettre d'avril 1785, obtint du roi l'incorporation de cette dernière à son marquisat de Lussac pour ne faire qu'une seule justice.

Marié en 1751 à Anne-Nicole Fumée de la Boulelaie. Enfants : Antoine, suit; François-Maximilien, né le 17 juil. 1758, mort le 9 janv. 1782, lieutenant de cavalerie; Sylvie, née le 6 mars 1754, mariée le 20 déc. 1773 à Joseph-Louis des Marais; Anne, née le 15 juil. 1752, décédée le 17 août 1773; Marie-Ànne-Rosalie, née le 1" sept. 1759, épouse, le 3 avr. 1779, Joseph, comle deMonlbel; Barbe-Louise, mariée à Joseph, comte de Vérines ; Marie-Anne, mariée le 15 mai 1786 à Julien-René-Amable, comte de la Bourdonnaye, maréchal de camp.

Jean-Louis Lignaud, chr, marquis de Lussac, Champeron, Tilly, Coulonges, Saint-Martin-le-Mault, Fleez, Mareuil, Brigueil, baron de la Boutelaye, Buxeuil, vicomte de Comblezis et autres places, mourut à l'Age le 1er mai 1785 (1).

Antoine Lignaud, marquis de Lussac, né le 7 mars 1755, entra au, service dans les chevau-légers de la garde du roi ; nommé capitaine, il fut chargé du commandement des écoles de cavalerie de Bélhune et Hesdin en 1787 et 1788. A la Révolution, il émigra et prit part à diverses campagnes. A la Restauration, il fut maréchal de camp, puis devint commandant en chef de la succursale des invalides d'Avignon; le 16 mars 1821 il fut appelé au commandement de l'Hôtel royal des Invalides de Paris dont il a été gouverneur par intérim du 19 mai 1821 au 1er janv. 1822. Il était grandcroix de Saint-Louis et officier de la Légion d'honneur; il mourut

(1) En 1784, il fit dresser un terrier de la terre de Lussac qui était accompagné d'un atlas contenant 7 caries, celui-ci a disparu.


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du choléra, à Orléans, le 20 août 1832, ayant été marié deux fois, à Adélaïde-Jeanne-Charlotte de Carvoisin et à Constance-JoséphineHyacinthe Thérèse du Parc. Du premier lit, il laissa : AlexandreLouis, suit; Pauline, née le 9 avril 1778, mariée au chevalier de Gibot; Aline-Àngadrème, épouse du vicomte de Monlbas, et une autre fille.

Alexandre-Louis Lignaud, marquis de Lussac, né à l'Age le 1" juillet 1780, servit en Vendée sous les ordres de d'Autichamp. A la Restauration, il ne revint pas à Lussac, mais se fixa en Indreel-Loire; il a été membre du conseil général de ce département de 1818 à 1830. Marié à Aglaé-Marie-Félicité du Bois des Cours de Saint-Cosme, il eut une fille, mariée au marquis de Bridieu el le suivant :

Maximilien-Louis-Charles Lignaud, marquis de Lussac, né à La Flèche le 6 février 1810, morl le 13 juillet 1878, laissant de MarieAmable-Antoine de Rouen de Bermonville, qu'il avait épousée en janv. 1845 : Antonin-Marie-Maximilien-Àuguste-Àlexandre Lignaud, marquis de Lussac, né à Tours le 9 oct. 1847, marié le 30 aoûl 1876 à Marie-Sophie-Joseph de Tailfumyr de Sainl-Maixent ; de ce mariage sonl issus deux filles et deux fils : Maximilien-Marie-MichelAntonin, né au château de Comacre le 10 mai 1879, el René-MarieMaximilien, né le 26 nov. 1893.

C'est à l'obligeance de M. le marquis de Lussac que nous devons presque tous les renseignements que nous donnons dans cette notice sur Lussac, grâce à la communication de ses archives de famille (1).

(1) Le chartrier de Lussac a, ces derniers temps, été classé par M. de la Ville du Bost.

Tous les faits cités sans indication de source, au cours de cette notice sur Lussac, proviennent de ce chartrier.

Il est curieux de constater qu'il existe dans les registres révolutionnaires de Lussac un procès-verbal relatant que toutes les archives du château ont été saisies et brûlées sur la place publique.

Jean-Claude Bonnet, curé du Dorai, avait été chargé de trier ces papiers; le 28 sept. 1793, il demande à la municipalité l'autorisation de les faire transporter dans une chambre de la cure de Lussac. Le lendemain les habitants se présentent au bureau municipal el demandent avec instance à faire brûler les titres des Lignaud; on leur objecte que le triage n'est pas terminé et on leur demande une huitaine; ils refusent tout délai, se transportent en masse à la maison curiale où ils se font livrer les papiers qu'ils entassent sur la place, proche l'arbre de la liberté, et y mettent le feu.

Tous les papiers ne furent pas remis, de connivence, assure-t-on, avec le maire, la plus grande partie fut sauvée et transportée à Poitiers par Mad. de Lussac qui les cacha dans des poutres.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 319

Les commissaires chargés en 1484 de dresser l'état de la seigneurie constatent qu'il n'y a au dit Lussac « aucun manoir, maison ne demourance appartenant au sr; estangs, pescheries, garennes, collombiers, vignes, prés, ne rivières deffensables et n'y a seullement que les cens, rentes, dîxmes, lerraiges et fermes muables ».

« El n'y a que une esglise fortiffiée du temps des guerres; et n'y a aucun cappilaines (1); et ne paient aucun d roi t de guet; ne pareillement ne paient aucun droit de guet les habitants de ladite chaslellenie. »

Le sr y possède seulement un lour à ban et 3 moulins. Il n'y a pas de bois ou forêt, fors un bois appelé le Bois-Franc, contenant de 40 à 50 arpents. Il y a des lieux frousts appelés Les Decens et Les Petits-Decens, dont les possesseurs se sont absentés du pays par pouvreté. Il dépend aussi une métairie à Roussines (2).

Getle seigneurie, qui relevait de Monlmorillon, comportait en outre de nombreux droits ou privilèges que nous allons énumérer d'après les dénombrements.

La justice s'exerçait par un sénéchal, un lieutenant, un procureur fiscal et un greffier que le sr nommait, ainsi que les notaires el sergents; du XVP s. à la Révolution, le bourg posséda 4 ou 5 notaires (3).

Le ressort de celte justice était fort élendu et embrassait 4 p"es. Un aveu de 1598 nous fournit ses limites :

L'estendue de laquelle justice commence au pont appelé de Lasse, au-dessous dud. Lussac, montant le long de la rivière de Lasse jusques à l'estang de Murât, traversant led. estang- composé de lad. rivière jusques au lieu des guerennes d'Héru ; desd. guereniies montant entre les terres des Agriers de Bouchiron et les terres dud. village d'Herut jusques au grand chemin tendant dud. Lussac en la ville de La Souterraine, traversant led. chemin jusques aux brandes de Bernardent et le

(1) Il n'en fut pas toujours ainsi car, en 1487, Charles de Laage est capitaine de Lussac (V. Les La Trémoille pendant cinq siècles, t. II, p. 109).

(2) Chartrier de Thouars à M. le duc de La Trémoille, de l'Académie des Inscriptions, qui a bien voulu nous envoyer copie de cette curieuse pièce.

(3) Au XVe s., cette justice était indivise avec le s 1' du Cluzeau ; on trouve, en effet, aux arch. de la Vienne (C. 383) un dénombrement rendu à Montmorillon le 25 déc. 1496 par Jean de Maignac, écr, sr du Cluzeau, pour la cinquième partie de la justice de Lussazoys, le tiers de la commande de Lussac, la vigerie du Pin-Trémouilhois, la moitié des foires, marchés et assemblées du Pin, les villages des Houlmes et des Bouchaux, avec les hommes et femmes serfs desd. lieux.


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long desd. brandes jusques aux héritages du village de Redaud ; desd. héritages montant le long d'un sentier entre les héritages de la Tourde-Jouac et les héritages des Rouilhes, et desd. héritages descendant à la rivière de Benèze et tout le long de lad. rivière jusques au moulin de la srie de Saint-Marlin-le-Mau ; dud. moulin, encore le long de la rivière, jusques aux héritages du Peux-d'Asseau, et encore descendant le long de lad. rivière jusques à l'endroit des héritages de la Braudière, montant le long des héritages au-dessus de La Boycelle; dud. lieu montant au-dessus du lieu de La Vault, et le long des héritages dud. lieu montant aussi au chaisne Pendiloche, près les grosses pierres de la poulge dud. chaisne, traversant jusques au chemin ou sentier tendant à La Fourest-Morte jusques au Gua-Martin; dud. lieu du Gua-Martin montant au bourg de Thillis jusques aux segonds fossés de la maison noble dud. lieu et le long de plusieurs bornes qui sont plantées à travers le bourg de Thillis, descendant d'icelles aux villages des Hosmeaux, La Boycelle et La Vault inclus en lad. justice de Lussac, et dud. village des Hosmeaux descendant à ung estang de la snc de Thillis sur le chemin de Chabannes et montant le long de la garenne de lad. srie aux terres tenues d'icelle jusques au chemin tendant dud. Thillis à Chabannes, led. village de Chabannes inclus, et dud. Chabannes descendant de la maison des Boutetz au chemin tendant au bois de Thillis, le long dud. chemin jusques au ruisseau qui est au-dessous dud. Chabannes et le long dud. ruisseau jusques au village des Meusniers, près La Coulombe, icelluy village inclus, et dud. village descendant le grand ruisseau duquel est composé l'estang qui est près La Coulombe, et en allant à Vouhet et le long dud. ruisseau jusques à la grande bonde dud. estang et de lad. bonde le long du ruisseau qui sort dud. estang jusques au gué qui est entre La Perrière el le village des Hommes, et encore le long dud. ruisseau jusques aux héritages de la Clavelière, ced. village comprins, et dud. village descendant aux héritages des Hérolles et à une borne plantée sur le grand chemin tendant du Pin à la Bordelaise, entre le Pin et les Hérolles; de lad. borue traversant au-dessous dud. village des Hérolles jusques aux brandes dud. village et aux brandes du prieuré du Cluzeau de Thollel; d'illec revenant aux brandes du Pin et le long des héritages de la sri 0 du Courry jusques aux héritages de Gournas à ung ruisseau qui est sur le chemin de Coullonges à Goumas et le long dud. ruisseau jusques à la rivière de Benèze, montant le long de lad. rivière envers le lieu de Lussac jusques aux héritages des villages du Crouz et du Chastenet, led. village du Crouz comprins, et dud. village montant le long des prés et des lailhes du Crouz ; desd. tailhes revenant à l'estang de Charginier, icelui non comprins et comprins toutefois le village de Charginier; dud. village montant aux brandes dud. lieu jusques au chemin tendant du Pont-Bertin à l'Espardelliôre et le long du chemin jusques aux brandes de Raballière el de La Vault, icelles comprinses, et desd. brandes descendant à la Croix au Commandeur plantée sur le chemin de Lussac à Montbon, au delà de l'estang de la sric de l'Age ; de lad. croix tendant aux héritages du village de Montcougnioux, icellui comprins, et dud. village le long du chemin qui


MONOGRAPHIE DU CANTON DU SAIN 1-SULl'ICE-LEh-FEUILLES 321

descend vers Verneuil près les héritages du village de La Lande, et lout le long du chemin desd. héritages jusques à la rivière de Lasse au lieu appelé le Gué-du-Fam, el du gué montant tout le long de la rivière jusques au pont de Lasse.

Ces limites furent contestées en 1685 par Anne-Marie-Louise d'Orléans, Mademoiselle, comme vicomtesse de Brosse; le procès alors engagé ne fut clos qu'en 1702. Mademoiselle reprochait au sr d'avoir fait tenir ses assises sur le pont de l'abbaye de la Colombe et d'y avoir planté un poteau à ses armes; elle prétendait que ce pont était dans la vicomte de Brosse, de même que l'église de la , Colombe que les Lignaud réclamaient. Les arbitres, trois avocats en Parlement, donnèrent raison à ces derniers.

AuXVIIP s., le crédit des s" de Lussac fit annexer à leur justice celle de Brigueil-le-Chantre par lettres patentes d'avril 1785; ces lettres nous apprennent notamment qu'à cette époque le siège de Lussac était composé à l'entière satisfaction du public; que 12 procureurs et 8 sergents, dont 4 royaux et 4 seigneuriaux, y étaient attachés ; que la cbâtellenie comprenait quatre paroisses el 4.500 hab.(l).

La commande et péage de la chdtellenie se levait à raison de 4 d. payés une fois l'an sur chacune charrette et sur chacun cheval chargé de marchandises traversant la chàlellenie; affermé 6 s. en 1484 et 5 s. en 1488, ce qui représentait 15 à 18 passages.

La bannée ou estanche était le droit de vendre dans la cbâtellenie 3 tonneaux de vin en détail en quelque saison que ce fut, à l'exclusion de tous autres; ce droit est affermé 15 s. en 1484; en 1674, il s'exerce du dimanche de la Pentecôte, à vêpres, au dimanche suivant.

Les droits de ventes et honneurs étaient de véritables droits d'enregistrement dus au sr pour les mutations survenues dans son fief.

(1) Dans les comptes de Lussac pour la fin du XVe siècle, on trouve quelques détails sur les amendes infligées par le juge.

En 1484, Jean Jourdanne est condamné à payer 20 s. pour avoir coupé un chêne dans le bois du seigneur. En 1485, Pierre Mcrequart, pour avoir pris lard el jambon de nuit, 30 s.; Vincent Bellot et sa femme, pour avoir frappé Malhclin Laurent d'un Cousteau pragerie en la cuisse, 35 s. par pauvreté ; Antoine de La Geneviève, écuyer, pour avoir mis main en Jeanne Tatain et fait passer son cheval par dessus elle., 50 s.; en i486, Pierre Maillard, pour avoir emblé certains moutons, 2 écus d'or vallant 70 s.; Pierre Alestienne, pour avoir emblé un Cousteau sur Testai d'un mercier et arraché un adjournement baillé par cédulle, 40 s.; Mathurine Alis et Iluguette Pascaude, pour avoir mis la main au prévost en prenant bestes en ag'asts et en avoir recoursé et osté lesd. bestes, 4 1.


322 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Droits de vigerie et mesure. — Nous avons vu précédemment que la châtellenie de Lussac avait un système de mesures spéciales; pour s'en servir, les marchands payaient au sr certaines redevances.

Droits de foire de Lussac et du Pin-Trémouillois. — A la fin du XVe s., il n'est fait mention que de celle dernière; elle se tenait le jour de la Décollation de saint Jean-Baptiste. Le sr ne possédait que la moitié de ces droits qui étaient perçus sur les marchands étalant à cette foire; l'autre moitié appartenait aux s" du Cluzeau et de Baignaud. En 1481, la totalité de ces droits était affermée à Jean Chaud, moyennant 55 s. ■

Au XVI° s., Lussac possédait 4 foires et un marché que les guerres protestantes abolirent. En 1609, à la supplication du sr de Lussac, Henri IV créa 6 foires et un marché par les curieuses lettres patentes ci-après, dont l'original, signé du roi, existe au chartrier de Lussac :

Henry, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présons et à venir, salut. Nous avons reçu l'humble supplication de nostre amé et féal René Lignaud, chevallier, s 1' du bourg de Lussac-lesEglises, contenant que led. lieu de Lussac est assis et scitué en un beau et fertile païs et que de temps immémorial on avoit de coutume de tenir aud. lieu quatre foires l'an et ung marché, savoir : la première, le jour des Innocens; la deuxiesme, le mardi après Quasimodo ; la troiziesme, le mardy d'après la Pentecoste, et la quatriesme le jour de Saint-Estienne d'aousl el le marché le jour de lundy ; lesquelles foires el marchés auroient puis quelques années esté discontinuées à l'occasion des troubles au moyen desquelz led. lieu a esté ruiné et habandonné de la plupart de ses habilans et rendu presque inhabitable et commence maintenant à se remettre et peupler, c'est pourquoy il nous a supplié et requis luy conQrmer lesd. foires et marchés aud. lieu de Lussac pour la commodité de ses subjecls et autres circonvoisins et icelles augmenter de deux autres foires. A quoy inclinant libérallement, désirant le gratiffier en tout ce qui nous est possible, avons aud. lieu de Lussac confirmé lesd. foires et marché, lesquelles foires nous augmentons par ces présentes jusques au nombre de six et icelles, de nouveau, en tant que besoin est ou seroit, créons et érigeons par ces présentes pour estre tenues et exercées doresnavant, savoir : la première, le jour des Innocens; la deuxiesme, le mardy d'après Quasimodo; la troisiesme, le mardy d'après la Pentecoste, et la quatriesme le jour de la SaintEstienne d'aoust et les deux autres les jours Saint-Mathieu et SaintMartin, et led. marché aud. jour de lundy par chacune sepmaine, pourvu qu'à quatre lieues à la ronde n'y ait aud. jours aucune foire et marché. Sy donnons mandement au sénéchal de Montmorillon ou à son lieutenant et à tous noz justiciers qu'il apartiendra que de noz présentes confirmations et contenu cy-dessus ilz facent, souffrent et laissent jouir et user led, sr de Lussac et ses successeurs plainement, paisiblement


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 323

et perpétuellement, ensemble des droictz qui ont accoustumé estre paiez, sans leur faire ny souffrir leur estre faict, ny aux marchans fréquentant lesd. foires et marché, aucun trouble ou empeschement; au contraire, faisant publier, proclamer et signifier en lieux où besoin sera lad. confirmation et establissement de foires et marché, permettant aud. s 1' de faire construire, baslir el ediffier aux lieux plus commodes que faire se pourra halles, bancz, estaux, pousteaux, billettes et autres choses nécessaires tant pour l'entretien desd. foires et marché que conservation et perception des droictz qui, pour raison de ce, appartiennent aud. sr de Lussac.

Car tel est nostre plaisir et affin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, nous avons faict mettre nostre scel à cesd. présentes, sauf en autres choses nostre droit et l'autruy en touttes.

Données à Paris au moys de febvrier l'an de grâce mil six cens neuf et de nostre règne le vingtiesme.

HENRY. Par le Boy : POTIER.

(Parchemin scellé de cire brune sur lais de soie rouge et verte.)

Dans la suite, ces foires se perdirent, et en 1763 le s1 dut obtenir de nouvelles lettres à l'enregistrement desquelles les habitants de Magnac s'opposèrent (1).

Un tableau de l'an II dil que les foires de Lussac se tiennent le mercredi des Cendres, le mardi après la Mi-Caresme, le samedi après N.-D., les 15 mai, 15 juin, 15 juillet et 1er août; le marché, les mardi et vendredi. Il ajoute qu'il y a quelques bonnes foires grasses et de bons marchés de cochons; deux ans après, les foires sont le 2 de chaque mois et le marché le septidi. (L 589.)

L'annuaire de 1806 indique une seule foire le 10 déc.

La prévôté élait affermée en 1484 18 I. el 18 1. de cire; les s" du Baignaud et du Cluzeau prélevaient sur celle somme 4 s. par livre et la cire à l'équipollent.

Le four à ban, auquel tous les habitants de Lussac étaient tenus, était loué 81. 10 s. en 1484 et le fermier devait donner une charité de 2 d. de pain blanc tous les dimanches; en 1615, il est estimé 401. de revenu; 100 1. en 1654; 90 1. et 4 1. de sucre en 1694.

Droit de chasse. — On rencontre dans les registres de justice plusieurs ordonnances concernant ce droit; le 20 avril 1654, le juge, informé que plusieurs personnes chassent d'ordinaire aux fusils el arquebuses les lièvres, perdrix et autres gibiers, fait défense de ne plus chasser aux bastons à feu ou autrement à peine de 20 1. d'amende.

Le sr prétendait la fondation et la dotation des églises de Lussac, Saint-Martin el Coulonges et de l'abbaye de la Colombe ; l'aveu de 1674 ajoute Tilly et Verneuil.

(1) M. A, Leroux, Doc. hist. sur le Lim., t. VI, p, 198,


324 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE El HISTORIQUE DU LIMOUSIN

11 possédait les dîmes de Mons, de Montquedioux, de la Prugne, de Tersannes, du Decens, de Champeron.

La grande dîme dite de l'Eschange se levait sur Monibon, Le Paulmet, Geluf, La Lombertière, Les Landes, La Maisonncuve, La Boisselle; la dîme de La Vanll sur La Vault, La Saille, La Greminière el Rabalière; la dîme du Descens et La Prugne sur Les Essards, Champeron, Mons et Bourdelle.

Les moulins banniers étaient les moulins de Lasse* affermés, en 1484, 25 s. seigle, et celui du Pont-Berlhin, affermé 5 s. froment et 21 s. seigle.

De nombreux fiefs relevaient de la châlellenie du Lussac; nous allons les énumérer, mais nous ne donnerons ici que quelques détails sur ceux situés en dehors de notre canton ; les autres auront leur place plus loin.

A. —Le fief et sri 0 de L'Age-Bernard (psc de Brigueil), relevant à foi et hommage lige au devoir d'un baiser, comprenait, d'après un aveu de 1469, hôtel, garenne, étang et prés; une autre déclaralion rendue le 13 mars 1539 constate que cette maison noble est entourée de fossés. La part active prise par les Lignaud, qui le possédaient, aux guerres protestantes, fut sans doute la cause de sa destruction; ils la reconstruisirent près de Lussac. Le 22 mai 1688, le marquis de Lussac vend à Léonard Naude, sr de La Giraudière, un bois appelé de L'Age-Bernard, chemin de Lussac à Brigueil à gauche, réservé l'emplacement de l'ancien châleau borné par les vestiges des fossés; il interdit à l'acquéreur le droit de prendre le litre de sr de L'Age-Bernard. Les fossés sont encore reconnaissablés.

B — Le fief du Pin-Trémouillois possédé en 1598-1615 par Jean de Lauzon, trésorier de France à Poitiers.

C. — Le fief de Vieilleville lenu en 1484 par Jean de Mareuil.

D. — Le fief et sne de Baignaud aud. de Lauzon.

E. — Le fief et srie des Hommes tenu au devoir d'une paire de d'esperons ; 1674 : Catherine Chardon.

F. — La maison noble de La Pachottérie : 1615, N. de La Gelie, sr de La Coste ; Françoise de La Gelie et Jeanne de La Gelie, femme de Guillaume de Liège, sr de Malicorne, la vendent, le 18 février 1631, à Jean Fortin, sr du Vignau, qui la cède, en 1631, à JacquesFrançois Maignan, sr de Larlière, décédé en 1638. La Pachotlrie fut alors acquise par le sr de Lussac.

G. — La sri 0 de La Jarrige relevant à foi el hommage lige au devoir « d'ungs gans blancs de 10 deniers » ; srs : Bertrand Legeis, 1451; George Guyonnet.'à cause de sa femme, 1484; 1508, Guillaume de Saint-Martin. Suivant aveu rendu le 13 juin 1597 par Melchior de La Leuf, sr de La Perrière, elle comprenait maison


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAIN l-SULPICE-LES-FELILLLS 325

noble, métairie, fuie, étang, garenne, etc., le tout contenant 250 setérées. Vendue le 31 mai 1778 par François de Ponnard, époux Marie-Anne de Guinemont, à François Debonnesset qui rend un dénombrement en mai 1789.

H. —Le fief Grenard ou de Chez-Grenard à Tersannes; hommage lige au devoir de 5 s. à mutation de sr et d'homme : tenu par Franc Grenard, 1406, et, depuis 1484, par les Estourneau de Tersannes.

I. — Le fief de La Clavelière tenu en 1598 par les hoirs de Jean Rochier, de Lignac, à hommage lige à une paire de gants blancs ; 1647, André Rocher.

L. — La vigerie ou placage de Coulonges possédé en 1484 par Jean de La Brousse; 1598, par les héritiers du sr de La Coste-sansChemin.

M. —Le moulin de Benaize tenu à une paire d'éperons : le sr des Hérolles, 1598-1665; le s' de Belfont, 1674.

JV. — Le Bois-Franc tenu à une paire d'éperons par led. de La Leuf.

0. — Le fief du sr de La Tour-aux-Paulmel consistant en dîmes.

P. — Le fief du Moulin de la Coste sur la Benèze ; en masure, 1671.

Q.—Le fief des brandes de L'Age-Bernard, entre le bois de Tilly el Bonneuil, possédé par le sr de Saint-Martin.

R. — Le fief Serpentin possédé en 1674 par Jean de La Coste au devoir de 5 d.

S. — Partie de la dîme de l'Eschange au sr de Riadoux.

T. — Enfin, les sries situées dans notre canton • Saint-Martin, Champeron, La Saille, La Font, Le Cros, dîme de La Vault.

La pse de Lussac dépendant de deux généralités, nous y trouvons la même organisation qu'à Arnac pour la perception des impôts, c'est-à-dire double service de collecteurs, les uns, ceux du Fief, versant la taille à Limoges, les autres au Blanc.

En 1747, celte dernière partie de la pBe était elle-même subdivisée en deux, l'une comprenant le bourg, l'autre les villages, avec chacune un syndic particulier.

Pour l'année 1738, le rôle de la taille pour le bourg s'élève à 733 L, la capilalion à 318, le fourrage à 145, au total 1.196 1. réparties en 63 cotes; seuls, le curé, le vicaire et la marquise sont exempts.

En dehors des officiers de justice, des notaires et des sergents, qui y étaient nombreux, Lussac ne possédait pas d'autres fonctionnaires sous l'ancien régime- qu'un contrôleur des actes et des employés des traites; on n'y trouvait ni maîtres de poste ni gens de gabelles.


"326 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

À la Révolution, on y établit un juge de paix et un percepteur; celui-là disparut en l'an X, celui-ci vers 1850.

Un bureau de poste y existe depuis 1850 environ. On lui a adjoint plus lard un bureau télégraphique et téléphonique.

Lussac est le chef-lieu du doyenné de Sainl-Sulpice.

Depuis un demi siècle, le bourg possède une brigade de gendarmerie.

Le groupe scolaire et la mairie ont été adjugés en 1894; ils ont coûté 57.498 fr., dont 23.220 fr. donnés par i'Etat.

Nous avons parlé plus haut des foires de Lussac, qui sont encore assez actives; cependant, les droits de péage n'ont pas suivi la progression que nous avons indiquée pour Saint-Sulpice : nous trouvons qu'ils ont été affermés 158 fr. en 1841 ; 116 fr. en 1863; 152 fr. en 1883; 205 fr. en 1905.

Sous l'ancien régime, Lussac possédait un grand nombre de familles importantes qui délenaienl les charges locales, exerçaient des offices, la chirurgie ou Yapothicairerie.

Les Aubugeois, représentés aujourd'hui parl'érudil historien du Dorât, paraissent originaires de ce bourg : n. h. Jean Aubugeyz dit Séneschal figure fréquemment comme témoin dans le terrier de 1439; d'autres Aubugeois se rencontrent dans les terriers suivants. François Aubugeois, époux de Marguerite Rampion, eut notamment Pierre cl Joseph qui acquièrent en 16141a châlellenie du Fief et qui formèrent les branches du Dorât et de Magnac.

A la branche de Lussac, disparue à la lin du XVIIe s., appartenaient Jacques Aubugeois, marié le 15 janv. 1602 à Anne Mazeroux, d'où Marguerite, Catherine et Léonard ; d'un second mariage ave-, Martine Legaull, Jeanne, Léonard et Hillerel; Jean Aubugeois, époux de Jeanne de La Leuf dont Jacques (1603), Léonard (1605); Marguerite, mariée le 15 janv. 1602 à Léonard de Bourdelle; Jacquelle Aubugeois, morte en 1607, épouse de Pierre Audresson.

Les Berneron sont notaires dès 1539: Pierre, greffier de Lussac, a Pierre, aussi greffier, marié en 1642 à Marguerite Guillemin, d'où Joseph (1656t 1694), sr du Bouchais, juge de Lussac, qui laissa d'Anne de La Coste, Léonard, prieur de Lussac, et Joseph, aussi juge de Lussac; leurs descendants passèrent au Dorât.

Martial Benoist, sr du Chiron, 1652-1719, est père d'Etienne,. sr de La Bazinière, et de Jean, sr de Yillefranche, d'où Louis Benoit de Villefranche, marié en 1764 à Marie Chavignac. Des .de Bourdelle, nous avons parlé à propos du chirurgien. Les Brac étaient plus récents à Lussac, Michel (1702 -f-1784) y vint comme notaire vers 1720.


MONOGRAPHIE DU CANTON Dr. SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 327

Jean Chavignat, sr du Latier (1655 f 1745), greffier puis juge, appartenait à une ancienne famille de Lussac. . Les Gaillard étaient originaires de La Souterraine ; ils se titraient s" du Couret; le premier fut contrôleur des actes.

Les Gigaud ne paraissent pas non plus originaires de Lussac : J.-B., sr de Lacaure, f 1781, vint se fixer dans le bourg comme chirurgien vers 1745; il acheta d'abord une charge de greffier, puis une étude de nolaire. Il laissa de Marguerite Donnet : Léonard-Gabriel, sr de Lafond (1739 f an V), notaire, d'où Jean percepteur de Lussac (1781 -f 1856), marié en l'an IV à Marie Rougier de L'Agebouiot, décédée en 1886, à 99 ans, laissant : L.-J.-B.¬ Adrien (an Vf 1876), d'où Ludovic et Louis, qui représentent la famille dans le bourg.

Les Malhieu-Ducoudray, qui sorlent de Brigueil-le-Chantre, vinrent comme chirurgien en 1764; l'un d'eux fut pendant de longues années maire de Lussac.

Les Mazeroux sont notaires au XVIe s.

Le minime Pierre Node ou Naude appartenait à une famille de Lussac, qui tenait le greffe dès le XVI" s.

Les Pillaud étaient notaires et portaient le litre de sr de La Perrière.

Les Prévost sont mentionnés dès leXV° s.; ils fournirent à Lussac des avocats, curés, procureurs, notaires, elc.

Dès 1543, on trouve des Rabussier, notaires; d'autres ont été chirurgiens.

En 1672, les Pentecouteau viennent du Blanc se fixer à Lussac : les uns furent chirurgiens, d'autres notaires.

Le baron Rougier de La Bergerie, dont nous avons déjà parlé, appartenait à une famille de Lussac qui comprenait de nombreuses branches; chacune d'elle, pour se distinguer, portait le nom d'une propriété.

Les Rougier de La Bergerie remontent à Léonard, notaire et procureur, qui acquiert en 1689 le domaine de La Bergerie; il laissa J.-B. et Jean, sr de L'Age-Boutot; J.-B. (1697 f 1767), épousa Anne Junien en 1718, dont le fils, Antoine Rougier de La Bergerie, •j-1771, se maria à Ursule-Jeanne Milraud. Antoine laissa : JeanBaptiste, né à La Forlilesse (Bonneuil) le 4 sept. 1757, baron de l'empire; Simon, né à Lussac en 1759, vicaire de Lussac; Léonard, né à Lussac le 27 juillet 1762, chirurgien de marine, fait prisonnier par les Anglais en 1782, mort à La Bergerie en 1845, ayant eu J.-B.-Auguste, juge de paix de Maillezais, et Joseph-Célestin, nolaire à Lussac-les-Châieaux, d'où M. Céleslin Rougier, père de M. JulesRougier-Labergerie, ancien conseiller général de la Vienne,


328 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

agronome distingué et l'introducteur bien connu du fameux Solanum Commersoni.

Jean Rougier, sr de L'Ageboulol (1682 f 1742), laissa de Marguerite Milraud, Jean, srdu même lieu (171 lf an VIII), époux de Marie Benoit de Villefranche, d'où Joseph, chirurgien, et Marie, femme de Jean Gigaud.

A cette famille, se rattachait Jean Rougier (1711 f 1786), chirurgien et procureur, qui eut de Sylvine Lucquet, Jacques, procureur, Léonard, chirurgien, el J.-B. (1758 f 1828), notaire, époux de Marie-Françoise Rabussier; ce dernier laissa notamment FrançoisAlexandre, docteur en médecine (1813 f 1896), père de M. Alexandre-Octave Rougier, ingénieur à Alger, et M. Auguste Rougier, docteur en médecine à Mézières.

D'autres Rougier se titraient srs de La Garnie, du Taillis, etc.

Lieux habités

L'AGE-BARDON, fief appartenant aux Touzeau, clients des La Trémoille; en 1462, Pierre Touzeau est nolaire à La Trémouille, en même temps que Thomas Touzeau est receveur dud. lieu.

Le 6 nov. 1476, n. h. Pierre Touzeau, bachelier es lois, sr du Bois, acquiert « un droit de gorsayge el bois es gorses du bois des Couslz » et des maisons au village de Lagebardon; il vivait en 1472-1484.

Guillaume Touzeau, écr, sr de Lage-Bardou, époux de Magdeleine de Saint-Yriers, vend le 29 janv. 4502 (v. s.) à Guillaume Lignaud, moyennant 625 1., le lieu, tenue et héritage de L'AgeBardon, comprenant maisons franches, courtillages, vergiers, étangs, etc., joignant au grand chemin de Lussac à Verneuil et le grand chemin de Monlmorillon. Guillaume avait pour frères Louis et Jean.

Antoine Touzeau, écr, sr de La Font, époux de Catherine de La Rye, vivait en 1523-1528.

Appelé L'Age en 1784; c'était alors une métairie dépendant de la sr,e de Lussac.

L'AGE-BERNARD. ancien château appelé, depuis la Révolution, La Borderie, possédé jusqu'alors par la famille Lignaud ; il paraît avoir été construit dans la seconde moitié du XVIe s., après l'abandon par les Lignaud du château de L'Age-Bernard, p5e de Brigueille-Chanlre, berceau de leur famille; jusqu'à cette époque, ils s'étaient contentés d'un hôtel au bourg de Lussac et, en cas de danger, d'une tour dans le fort.

La généalogie de celle maison, qui a joué un rôle important dans


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 320

noire pays, a été donnée par Laine; nous la suivrons en l'abrégeant sur certains points et en la complétant sur d'autres.

Robert du Dorai la fail remonter à Pierre Lignaud, s* de L'AgeBernard et de Lussac-les-Eglises, vivant en 1350, fils d'autre Pierre, sr de Lussac en 1320. De ce que nous avons dit à propos de la châlellenie de Lussac, découle que celte qualification de sr de Lussac attribuée à ces personnages est inexacte.

I. — Le premier degré certain est Jean Lignaud, damoiseau, mentionné dans des litres de 1397-1405; de sa femme, Catherine, il eut :

II — Pierre Lignaud. sr de L'Age-Bernard, vivant en 1437-1444.

III. — Perrot Lignaud, sr dud. lieu, cité en 1449-1466, est son fils; de sa femme, Marie Jouberl, il laissa Perrol, Guillaume el Vincent. Perrol rendit, le 8 sept. 1469, au sr de La Trémoille un dénombrement pour son « hoslel, herbergement el vergier et une petite maison devant, le tout au bourg de Lussac, joignant aux fouxéz et forlifficalions el au fouxé du semenlière; plus son hoslel en la p8e de Brigueil, appelé l'Age Bernard, guerennes, étangs; la tierce partie des Agriers de Bouchiron contenant 300 septerées, la tierce partie des Agriers de La Chaulme contenant 400 seplerées ; la guerenne du Plans tenant au gueffroy du moulin ; les 3/4 de la dixme de la Jallebosse ; le quart de la dixme de ebarnage de Lussac, Mons, Roussines et la Jallebosse vallant 4 ou 5 aigneaulx ; le quart de la petile dime de Lussac qui peut valloir 2 ou 3 setiers de blé, la douxièsme partie des laines du dixme que lient le prieur et le chapelain de Lussac par loule la paroisse; autre maison dite maison Jehan Dubois avec fouxés, courlillages el vergiers joignant le chemin de Lussac au Dorât et à la grant voye », elc, le tout valant 80 1. de reniés el tenu du sr de Lussac à foi et hommage lige « au devoir d'uns espérons dorez de la valeur de 10 s. ».

IV. — Perrot étant mort sans enfants, son frère Guillaume hérita de L'Age-Bernard et continua la postérité en épousant Guionne de Pressac. Il fournil, en 1472, au sr de Lussac un nouveau dénombrement, copie textuelle du précédent; il le renouvela aussi en 1483.

Le 28 avril 1501, il acquiert de Georges Mathieu, sr des Hommes, le 1/8 de la petite dime de Lussac, 1/16 de la dîme de la Jallebosse, le 1/8 des charnages de Lussac.

Il élait gentilhomme de la suite de M. de La Trémouille et nous le trouvons, en 1487, gouverneur de l'île de Noirmoutiers pour ce sr. En cette qualité, Charles VII l'exempta du ban et de l'arrière-ban par lettres du 13 mai.

Le 22 aoûl 1505, La Trémoille mande à son receveur, Jean Motays, de payer à Guillaume Lignaud 45 1. de pension « ceste année, oultre ses gages ordinayres, pour luy ayder à soy entretenir


330 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE Jîr HISTORIQUE DU LIMOUSIN

en nostre service » ; d'après l'état des dépenses de 1492, sa pension était de 60 1. (1).

Il laissa François dont on va parler; Antoine, prieur de SaintExupéry, et une fille mariée à Anloine de Lage-Hélie.

V. — François Lignaud, sr de L'Age-Bernard, épousa, par contrai du 8 janv. 1505 (v. s.), Jeanne Couraud, fille du s' de SainlMarlin-le-Mault.

Le 10 mars 1510, il accensait à Mathurin Lounay, moyennant 2 s. de rente, « ung vergier ou jardin du pré Bastant, sellon que tient le palLez dud. jardin, à charge de construire une maison et eschauffecteur dedans ung an ».

Le 8 janv. 1522 (v. s.), il obtenait du roi des lettres patentes à terrier pour L'Age-Bernard. Ce terrier fut commencé le 1er avril suivant par Rabalière el Foreslier, notaires.

Le 24 sept. 1510, le sénéchal de Lussac recevait son hommage pour son hébergement et vergier sis au bourg de Lussac.

En 1530, il transigeait avec le sr de Champeron au sujet de son ban dans l'église de Lussac.

Pour répondre au désir des lettres du roi du 15 oct. 1538, il bailla, le 13 mars 1539 (v. s.), au sénéchal du Poitou une déclaration de tout ce qu'il possédait : sa maison noble du lieu de Lussac avec jardin et préclôture valant 80 1. de rente; sa maison noble de L'Age-Bernard, pse de Brigueil, avec les fossés, étangs, garennes, valant 10 1. de rente; le fief Serpentin; la dîme de l'Eschange sur Lussac et Saint-Martin valant 100 s.

Il laissa Guillaume et Isabelle, femme du sr des Bastides.

VI. — Guillaume Lignaud, sr de L'Age-Bernard, servit dans les guerres d'Italie comme homme d'armes du duc de Guise; il fut tué à la bataille de Sainl-Quentin le 10 août 1557.

Il eut, lui aussi, des difficultés avec le sr de Champeron au sujet de son banc dans l'église de Lussac et se porta même à certains excès sur sa personne : le 1er avril 1540, François Pot, sr de Chassingrimont; Jullien Ballou, chr; Charles du Breilh, sr des Veyries; Antoine'de Blond, sr de Beaupuy; Pierre Eslournéau, sr de Tersannes; François du Genest, écr, assemblés à Lussac en tribunal, condamne Lignaud à payer 100 I. à Champeron qui se désiste de toutes poursuites.

De Marguerite de Couhé qu'il avait épousée le 7 fév. 1540, il eul :

VII. — Anloine Lignaud porla toul d'abord les armes en qualité d'archer, puis d'homme d'armes, dans la compagnie du comte de Charny, s1 de Lussac, du 3 juin 1567 au 10 juin 1574. Par acte du

(1) Les La Trémoille pendant cinq siècles, p. 35 et 109.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 331

16 mars 1568, ce dernier, en considération des bons el agréables services qu'il a reçus de lui, lui fait don du droit de prélalion et retenue féodale qu'il possède sur ses sujets de Châleau-Guillaume, Vasois, Saint-Cyvrant, Les Corrys, Thollet el Lussac, depuis 12 ans et pour l'avenir autant qu'il lui plaira.

Il fut le premier de celte maison à embrasser le protestantisme et les chroniques du temps nous donne quelques détails sur le rôle qu'il joua dans le pays : vers fév. 1575, elles nous le montrent en compagnie de divers s" du pays reprenant le château du BourgArchambault, qui avait été surpris par Jean de La Haye, lieutenant général du Poitou ; en oct. 1577, il est indiqué comme faisant partie du complot ourdi par des gentilhommes poitevins pour s'emparer de Limoges (D. Fonleneau, t. XLV, p. 143).

Henri III, par lettres du 11 août 1588, le nomma gentilhomme de sa chambre, « en considération, portent-elles, des bons el continuels services que notre cher et bien aimé le sieur baron du Rys et Je Lâge-Bernard, nous a cy-devants faits et fait encore, en certains voyages et affaires où nous l'employons pour notre service ».

On a pu remarquer que jusqu'ici toutes les pièces que nous avons citées, la dernière est de 1539, ne mentionnent, parmi les possessions des Lignaud, qu'un hôtel au bourg de Lussac et un autre hôtel appelé de L'Age-Bernard, pse de Brigueil, mais il n'y est pas question d'un château du même nom, p»e de Lussac : le premier acte qui le cite est de 1565, il faut donc en conclure que le château a été construit entre 1539 et 1565, et plus près, croyonsnous, <ie cette dernière date. Il fut édifié dans des terres dépendant soit de L'Age-Bardon, soit de l'hôtel de Lussac, et on lui donna le nom L'Age-Bernard en souvenir du château de la pse de Brigueil qui fut abandonné. Le fief tenu par les Lignaud à Lussac était du reste déjà connu sous ce nom, le terrier de 1523 le prouve. Le siège de la srIe fut seul changé.

Nous attribuons plus volontiers celte construction à Anloine, car c'est à lui que commence l'éclat de cette maison. Son mariage avec Marie Mauclerc, veuve de Jacques de Saint-Savin, en 1575, le fit baron du Ris-Chauveron, un des plus intéressants châteaux de notre région. Dans les pages que nous avons consacrées aux s" de Lussac, nous avons dit ce que devint sa descendance ; depuis cette époque jusqu'à la Révolution, L'Age-Bernard resta en leur possession et fut considéré comme le siège de la châtellenie de Lussac.

Un inventaire, dressé après la mort de Maximilien Lignaud, donne de curieux détails sur la distribution et l'ameublement de ce château en nov. 1674, nous allons l'analyser brièvement.

La chambre basse où est mort le sr est tendue de tapisserie de Bergame noire; dans la chambre à côté, se trouve une tente de tapisserie

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de haute lisse, contenant l'histoire du mariage d'Alexandre en 7 pièces, estimée 50 1. ; une autre chambre à côté, appelée chambre des Demoiselles, est tendue d'une vieille tapisserie en paysage fort usée, 30 1.

La grande salle basse garnie de tapisserie de Bergame renferme un jeu de billard; ensuite la cuisine, puis une pièce dans la tour de l'abreuvoir.

La chambre du marquis est au premier étage au-dessus de celle où il est décédé ; elle est meublée de 2 lits garnis de tapisserie de Bergame; plus loin la chambre bleufve et la chambre de l'alcosve; dans celle-ci, un beau lit garni de drap de Hollande, couleur olive doublé de taffetas jaune estimé 400 1. ; une belle table de bois de noyer fort façonnée fermant à clef; 3 carreaux de satin jaune et une tente de tapisserie contenant l'histoire de Diane, 400 1.

Dans la grande salle haute : 2 tables, 1 lit de repos, 2 chaises, 6 fauteuils, une belle tente de tapisserie contenant l'histoire romaine lorsque Tite prit Jérusalem, de 10 pièces, 1.400 1.

Dans la belle chambre au bas de la grande salle : 8 fauteuils et 9 chaises se pliant garni de drap de Hollande, avec frange or et argent; 4 grands carreaux de damas vert, 195 1. Un beau lit garni de drap de Hollande couleur de feu avec frange or et argent ; un grand miroir garni d'ébène; une belle tente de tapisserie de verdure de haute lisse, 500 1. ; dans la chapelle, bien garnie de toutes sortes d'ornements, un calice d'argent estimé 100 1. ; dans un cabinet, un beau lit de réserve en broderie de soie, de drap amarante doublé d'un gros de Naples à fleurs, le tout bien garni de frange et crespine de soie. L'argenterie est estimée en bloc 7.620 1. ; deux étuis garnis de couteaux, cuillers et fourchettes, l'un de vermeil doré, l'autre d'argent, 50 1.

Un autre inventaire de 1788 nous montre que le château comprenait 32 pièces : chambre de la comtesse : lit à droguet de soie couleur de chair avec des rideaux de ras citron ; chambre à l'aigle : 2 anciens lits à la duchesse de vieille étoffe à fleurs; chambre violette; chambre du balcon : lit de damas broché citron avec rideaux de serge de même couleur; autre chambre sur la cuisine : lit à l'impérial de satin blanc brodé de cerise, courtepointe et soubassement de même qualité, rideaux de serge d'Aumale blanche ; chambre du Pont ; chambre de l'alcôve : lit d'alcôve satin citron moucheté avec rideaux de droguet de même couleur; chambre de la tour; chambre du comte.

Le terrier de 1784 décrit ainsi l'extérieur du château :

« Il est basti sur 4 ailes en carré parfait, décoré de 4 grosses tours, une à chaque angle, et d'un pavillon quadrangulaire fort élevé sur l'aile du jardin ; il est entouré de larges douves ou fossés en carré bordés du côté de l'avenue de marronniers, de terrasses et palissades, fortifié de ce même côté d'un pont-levis sur les douves et de 2 tourelles sur le mur du grand portail que fermait led. pont-levis; led. château renforcé d'un second mur et portail par lequel on entre dans la cour. Lequel château consiste en outre en plusieurs bâtiments, parterres, jardins, avenues, charmilles, caneaux d'eau, berceaux, bosquets, le tout compris dans l'enceinte des fossés et contenant une septerée 45 perches, la


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septerée de 100 perches carrées et la perche de 22 pieds de roi. Plus le grand jardin situé à côté de l'aile occidentale où l'on entre par un pont de bois qui est sur les douves ; 2 terrasses à côté du pont où l'on monte par des escaliers ; un bosquet nouvellement planté et dessiné au bout de l'avenue de marronniers, le chemin de Lussac à Montmorillon entre deux ; l'étang du pâturai ; les maisons et bâtiments de la métairie noble appelée La Borderie du château, etc. »

Les Lignaud ayant émigré, le château et ses dépendances furent confisqués : le 26 janv. 1793, la municipalité ordonne des perquisitions à L'Age-Bernard pour y chercher le s* Milet qu'on dit de retour de l'étranger.

En l'an III, François Pillaud, cultivateur, est dit habiter La Borderie du ci-devant château; La Borderie L'Age-Bernard, an VI.

Le château fut alors abandonné et ne larda pas à tomber en ruines. M. Ernoul, ancien minisire de la Justice, devenu propriétaire, l'a fait restaurer vers 1880 par M. Rocques, architecte à Angers.

LES AGRIERS. — 1691, 11 h.; 1901, 1 m., 9 h.

Les Agriers de Bouchiron, qui contenaienl 300 s., dépendaient de l'Age-Bernard en 1469.

ARBALIÈRE. — 12 m., 36 h. Ce nom nous offre une permutation de lettre; on écrivait autrefois Rabalière, la forme moderne se rencontre depuis 1785. On appelle raballe, en patois, une charrue primitive.

Le 1" déc. 1383, Jean Calelh, commandeur de l'Espardelière, donne à bail à Jean Chabido, de Valades, p" de Bessines, l'héritage de Jean Donsert à Ribaliéra, qui était retourné en friche, et lui fait remise des cens et rentes dus jusqu'à la N.-D. de 1385; les héritiers d'Aubert Loubes, damoiseau, donnent également quittance des redevances qu'ils possédaient sur cet héritage.

Le village de Rabalière relève du Paulmet (Terrier de 1519) ; la forge de Rabalière est mentionnée en 1469.

LA BERGERIE. — 1 m., 6 h. Le moulin seul est de la com. de Lussac; le surplus du village, qui se trouve sur la rive droite de La Benaize, dépend de Coulonges. Le tout était compris dans la châtellenie de Lussac.

La Bergerye, 1543; La Pilaudière, alias La Bergerie, 1608. ■

Le moulin fut emporté par la grande inondation de juil. 1792.

Le 26 juin 1689, Pierre do La Gelie, écr, sr de La Coste, vend le lieu de La Bergerie à Léonard Rougier, notaire; nous avons mentionné plus haut le baron Rougier de La Bergerie.

LA BORDERIE. — 2 m., 14 h. Nom moderne du château de l'Age-Bernard.

LES BOUIGES. - 55 h. en 1691, 37 m., 126 h.

LA BOURDAILLE. — 1 m., 7 h.


334 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

BOURDELLE. — 1691 : 65 h.; 10 m., 48 h., compris dans la châlellenie du Fief qui avait la moitié de la dîme.

Bourdelles, 1412; Bordelles, 1440.

CHAMPERON. — 1 m., 10 h. Fief noble relevant de Lussac à foi et hommage lige au serment de fidélité, au devoir d'une paire de ganls de 20 deniers, el comprenant, d'après l'aveu du 23 nov. 1598, « une maison noble haulle, basse-cour, écuries, colombier à norrir pigeons, vignes, étangs et pescherie et une métairie ».

Possédé en 1527 par Jean de Montbel, capitaine de Fleix, qui, en 1530, faisait un accord au sujet de son banc dans l'église de Lussac. En sept. 1536, celui-ci était à l'armée, au camp du pays de Provence, en qualilé d'homme d'arme des ordonnances du roi, compagnie de M. de Poinclièvre.

Son fils, Guillaume, fut sr de Champeron et épousa Gillone Pot, d'où entre autres enfants Robert, qui fut attributaire de ce fief et prit une part active aux guerres de la fin du XVIe s.

En 1593, faisant partie de la suite du baron de La Chastre et se trouvant à Tours, il obtint du prince de Conli un passeport, lui sixiesme, chevaux et armes. Une pièce de la même année nous montre le maréchal de La Chaslre l'envoyant le 30 sept, en mission à Orléans vers le duc de Mayenne. Deux ans après, il est sergent-major de la ville de Rouen et le 22 mars le roi le gratifie d'une pension de 800 écus pour l'engager à lui continuer la fidélité de ses services ; le 12 avril 1596, il lui donna un passeport pour se rendre à Calais.

Le 31 oct. suivant, Robert de Montbel, étant alors gentilhomme de la chambre du roi et l'un des 20 gentilshommes de la suite de S. M., lieutenant du duc de Vendôme, fils naturel du roi, au gouvernement de Seurre, épouse Anne de l'Age, soeur du fameux duc de Puylaurent.

En 1599, il louchait 33 écus par mois comme gouverneur de celle ville de Seurre, sise en Bourgogne. Le 1er déc. 1608, le roi le créa chevalier de Saint-Michel el en 1629 lui donna une pension de 2.000 1.

Une enquête de 1631 porle « qu'il avoit esté des braves de son temps et aimé du feu roy et que c'esloit un homme aussi recommandable par sa naissance que par son mérite ». .

Son fils, Bené de Montbel, sr de Champeron et d'Yzeure, vendit, le 27 mai 1632, le lieu, maison et fief noble de Champeron à Christophe de Bersac, moyennant 3.150 1. Le sr de Lussac, ayant voulu exercer le reirait féodal, dut attaquer l'acquéreur en justice; un jugement du 23 janvier 1651 lui donna gain de cause et condamna Laurent de Bersac, éc', s1 de Champeron, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, fils et héritier de Christophe, à délaisser


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 335

Champeron, qui resta jusqu'à la Révolution en possesssion des Lignaud. (P. M.).

Malgré la vente ci-dessus, une branche des de Montbel, issus de René, continua à porter le nom de Champeron.

LES CLOTURES. — 1691, 125 h.; 17 m., 62 h. En 1412, Les Cloudures dépendent du Fief qui lève la dîme.

Le fief de LA COSTE ou Gatemont consistait en une rente au Mont relevant de Lussac à foi et hommage lige au devoir d'une paire d'éperons à muance de sr et d'homme, suivant dénombrement rendu le 7 mai 1597 par Jean Mérigol, sénéchal; tenu en 1787 par Jean-Joseph Pentecousteau.

LA COUFAUDIÈRE. — 29 h. en 1691; 7 m., 26 h. En 1412, La Foucaudière est comprise dans le Fief qui percevait la dîme avec Hérut. Au XVIIe s., par une sorte d'interversion assez fréquente dans le langage populaire, ce nom est devenu La Coufaudière; un acte de 1669 porte les deux formes, la dernière a prévalu au siècle suivant.

LE COURET. — 1691, 22 h.; 1 m., 10 h. Louis Berneron, s'du Courel, 1668; Léonard Gaillard, sr du Couret, 1758-1767.

D'après la déclaration du 8 janv. 1468 (v. s.), les habitants du Corret doivent à Hérut 15 quartes d'avoine, plus une geline par feu pour la dîme des rabes; toutes les autres dîmes du village appartiennent à la commanderie. (M. D., 391.)

LE CROS. — 1691 : 15 h.; 18 m., 37 h. Le Crox, 1475; Le Croc, 1691.

L'EXPàRDELIÈRE. — 41 h. en 1691 ; 14 m., 60 h.

Il y avait dans ce village une commanderie de l'ordre de SainlJean de Jérusalem dépendant de Villejésus.

Au XVIIe s. les bâtiments de la commanderie formaient un vaste carré avec cour au milieu ; l'un des angles était flanqué d'une grosse tour ronde; à un autre coin, se trouvait une tourelle en encorbellement sans doute destinée à recevoir un guetteur. (Arch. du Rhône, H. 137).

Un des côtés était formé par la chapelle qui élait dédiée à SaintJean Porle-Laline et Saint Léobon; autour, il y avait un cimetière ou étaient enterrés les habitants du village. Dans cette chapelle, on trouvait, en 1615, un grand reliquaire de cuivre émaillé en forme de bahut avec les images de Saint Jean et Saint Léobon ; un autre reliquaire en forme de ciboire; une vieille croix du temps des Templiers (1 ) avec son crucifix où il y a deux clous aux deux pieds ;

(1) Malgré cette indication, on peut affirmer que cette commanderie n'a jamais appartenu aux Templiers : elle ne figure pas en effet dans le dexte du fameux procès et elle n'est pas mentionnée dans l'accord inter-


336 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

une petite paix de cuivre avec son crucifix en champ entresemé de fleurs de lis et d'étoiles. A celte époque, le commandeur ne résidai t plus à la commanderie et un vicaire élait chargé d'assurer le service religieux ; il recevait pour cela une pension de 6 set. de blé.

Les autres côtés du carré étaient formé par la maison du commandeur et la demeure du métayer qui availune mélairie à 3 paires de boeufs.

Celle commanderie comprenait encore des rentes importantes :

11 s. froment, 35 s. de seigle, 50 s. d'avoine, 13 L, 12 bians,

12 vinades; des dîmes donnant 20 s. de grains, enfin un moulin banal. En 1614, ce moulin avait « eslé désolé et démoly par gens non cognu ». (H. 215).

Le commandeur possédait en outre la justice haute et basse, sans doute dans la partie de la p,e non comprise dans la châlellenie de Lussac, et un droit de « péage ou plassaige au lieu de L'Esperdillière, le jour de la Saint-Jean-Porte-Latine el Saint-Léobon, où il y a deux belles assemblées en forme de petites foires et prend de chaque place de mercier ou autre marchand, de quelque denrée ou marchandise que ce soit, la somme de 4 deniers de droit de layde (1) ». Il avait en outre droit de chasse dans sa juridiction et de pêche sur l'Asse depuis le gau de La Charbonnière jusqu'au bas de Villeneuve, de long en long du bois de l'Hospital et des 2 côtés de la rivière (2).

De l'acte de 1383 cité à l'article Arbalière, il résulte qu'à ce moment la commanderie de Leparselere, Lesparseleria était occupée par un commandeur et des frères.

Les archives du Rhône possèdent les comptes de L'Espardeler pour 1374-1375. (H. 244).

De la commanderie dépendait un grand mas de brandes appelé du Bois Bardon, sis entre le chemin de Lussac à Coulonges, et le chemin de la Bergerie au Dorât; d'après une déclaration du 4 mars 1631, si ce mas venait à être mis en culture, le commandeur devait prendre comme droit de dîme de 24 gerbes, une.

Commandeurs : Jean Calelh, 1383; Guillaume de La Grollée, 1530; Jean de Meaux, 1634; César Bonnier, 1691; Pierre de SaintLaurent, 1696-1699; Michel Auleroche, 1720; chevalier de Modon, 1736; Gilbert Josel, 1757; Charles Joset, 1780.

venu en 1282 eatre l'évêque de Limoges el les chevaliers du Temple pour leurs chapelles sises dans le diocèse. (Cf. M. Lecler, Bullet, t. LIV, p. 493.)

(1) Les laiders ou laeders sont les collecteurs d'un certain droit appelé laide. V. La Thomassière, Coût, du Berry (Dict. de Trévoux).

(2) Cf. M. A. VAYSSIÈRE, L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte en Limousin, p. 152.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 337

D'après le terrier de la châtellenie de Fliec (Fleix) du 3 avril 1437, le sr de ce lieu prend sur « ung chacun demorant au village de YEspardellière tenant boeufz arables, à chacune feste de SaintMichel, et tenant feu et lieu, ung septier d'avoine et iceulx qui ne tiennent point de boeufz doivent à la dite feste 3 bx avoine combles et les femme vefves demorant aud. village, tenant feu et lieu doivent à lad. feste 3 bx ras et chacun tenant feu et lieu aud. village, à lad. feste, une géline ».

En 1779, Jean Rougier est juge de L'Espardelière, et Michel Brac, procureur fiscal.

LE FIEF. — 2 m., 7 h. C'était le chef-lieu d'une petite châtellenie qui comprenait la partie de la p" de Lussac située sur la rive gauche de l'Asse.

Il y a lout lieu de croire qu'elle n'était qu'un démembrement de la stle de Lussac constitué au profit d'un puîné ; volontiers nous le ferions remonter à Amiel de La Trémoille, mort en 1257; nous savons que sa fille Agathe épousa Guillaume de Lezay, sr d'Angles, qui, en 1245, paye 15 l. de rachat à Alphonse de Poitiers pour le fief de Lussac-les-Eglises {de feodo Lucac Ecclesiarum) appartenant à sa femme (1).

Nous voyons ensuite, le 8 juillet 1333, Hugues de Lezai donner à l'abbaye de La Colombe une rente de 10 s. qu'il assigne sur sa terre de Lussazcis : il ne peut s'agir ici de la srie de Lussac qui ' appartient alors aux La Trémoille et il est fort probable que celte terre esl le Fief Lussazois que nous trouvons au commencement du XV 8 s. enlre les mains de la famille de Magnac.

Les archives de Lussac conliennent un curieux terrier de cette sri° rédigé en 1413, d'après un grand registre antique; on y trouve énuméré tous les droits de cette châtellenie :

« Ce sont les cens, rentes et revenues qui appartiennent et sont dehues, lant en blé comme en deniers, à noble et puissant sr messire Jehan de Maignac, chr, sr du Soulier, du Fiefz, de Malcornay, de Saint-Prier et de Chanteloube, à cause desd. terres, faites et ordonnées toutes par nottes reçuez par moy Philippot Cauderouer, clerc et notlaire juré de la Basse-Marche, et escriptes l'an mil CCCC et trèze.

» Premièrement s'ensuit les cens, rantes et revenues de la terre du Fief : le 5° jour de février de 1412 (v. s.), Jehan de la Chassaigne, pour le lieu Boutet au village des Cloudures, avec la fundauseignourie dud. lieu; il doit conduire le blé du sr en son hôlel du Soulier; il confesse estre homme dud. clr parla forme et manière que les autres hommes du Fiefz ont accoustumé à estre. » Des

(1) Arch. hist. du Poitou, t. IV, p. 100.


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droits sont dûs pour fouage (1), d'autres pour chinage (2). Suivent les autres déclarations des hommes du Fief.

« Sur tous les habitants dud. Fié tenant feu et lieu, sur chacun ung boisseau d'avoyne, à la mesure du Fié, à cause du feure (3) Machigon.

» Item si en la dile terre du Fié avoit cent feulx ou plus chacun seroil tenus de paier par raison du feu, tous les ans à chacune fesle de N.-D. d'aoust, une émine de froment et 14 quartes d'avoine, mesure dud. Fié, et une géline et 2 deniers de chinage chacun an en chacune feste de Nouel el les autres cens, ranles, charges et devoirs antiens qui sont dûs sur les tenues de lad. terre.

» Item tous les manans et habitans de lad. terre tenant feu el lieu doyvent chacun tous les ans aud. chr une journée pour faucher ou pour mesliver ou pour fouire ou pour cloire les vergiers ou pour faire quelque chose que l'on leur vouldra commender.

» Ilem tous les dessusdils habitans doyvent chacun an, chacun ung bian pour aler quérir le vin dud. sr soit en Berri ou en Poylou ou là led. sr aura son vin pour son hostel et lou amener en l'ostel dud. sr.

» Ilem la tierce partie à mond. sr de la disme de tous les blés croyssans en et partout les villages des Cloudures, de la Vouzelle, de la Foucaudière et de la Villate el la tierce partie de la disme des gélines et les agriers.

» Ilem à mond. sr les deux parties de la disme de lous blés et de tous vins croyssans en et partout les villages des Cloudures et de la Foucaudière que souloil tenir et estre au sires de Mailhous et les deux parties de la disme de gélines, des aigneaulx et des lanez.

» Item à mond. sr la moylié de la disme de tous les blez croissans en et partout les villages de Bourdelles et de Mons et la moitié de la disme des gélines.

» Item à mond. sr la tierce partie des lanes des aigneaulx et des prémisses en et partout les villages dessus nommés.

» Item la justice haulte, basse et moyenne en el partout lad.

(1) Foùage, droit dû à raison du feu, de la maison.

(2) Dans l'aveu de 1561, on dil que le sr peut prendre sur chacun tenant feu en sa terre, 2 d. pour le droit de chinage. Le chinage ou chômage était un droit qui se payait à raison des charrettes qui passaient dans un bois; d'une façon plus générale, c'était une redevance pour un chemin, un passage.

(3) Foarre, fouerre, feurre, paille de seigle ou de froment; le feurre était anciennement une levée qui se faisait pour une expédition militaire; fourre signifie aussi le manger des chevaux, fodrum ou foderum. {Dict. de Du Cange et Trévoux.)


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 339

terre du Fié et le boys appelé le. Boys du Brueilh-Boffi assis en lad. terre avecques la justice durant partout led. boys.

» Item à mond. sr la disme des vins croissans en et par lout lad. lerre si les vignes y estoyenl.

» Item à mond. sr les vandes de toutes et chascunes les bestes vendues en lad. terre et de toutes autres choses de quoy vendez se doyvent payer.

» Item à mond. sr les feures de seigle cinq quartes et d'avoyne cinq quartes.

» Ilem à mond. sr le moulin du Fié assis en lad. terre avec les mosnans, c'est assavoir tous les habitans de lad. terre aussi avecques la justice comme dessus. »

(Parchemin, 15 feuillets; à la suite, rentes de la terre du Soulier; la fin manque.)

Guillaume de Magnac laissa Marguerite, mariée à Guillaume de Vouhet. Par lettres du l6r sept. 1417, « Guy de Besançon, lieutenant général de très haut et puissant prince M' Loys, conte palatin du Rin, duc en Bavière et comte de Mortaing, aiant le bail, gouvernement el administration de Loys de Bavière, monsr son filz, s1 de la Basse-Marche et de Belac, Rançon et Champaignac, met en souffrance messire Guillaume de Voyec pour la foi el hommage de son lieu du Soulier et de sa terre des Fiefs, tenus dud. sr à cause de son chàlel du Dorât », pour une durée d'uu an et mande à ses officiers de ne pas le molester pendant ce temps.

En l'an 1439, Marguerite de Magnac fit procéder â un nouveau terrier par Pierre Desperelles, bachelier en droit canon et civil, et Jean de Fonlbuffeau le jeune, clercs jurés et notaires du bailliage de Limoges.

Le 25 juin 1444, Rernard d'Armagnac, comte de la Marche, reçoit l'hommage du lieu du Fieu Lusayzes, fait par Georges de Voet, au nom de Marguerite de Magnac, sa mère.

En 1451-1452, Georges de Vouhet procède à plusieurs arrentements dans le mas du bois du Breuilh, joignant le ruisseau de Bordebonne.

Pierre de Vouhet, sr du Fief et de Boubon, sans doute son fils, rend aveu, le 24 mai 1488, à Pierre, duc de Bourbon, comte de la Marche, pair et chambellan de France pour le Fief.

Le 31 août 1506, le même bailla un dénombrement à Anne de France, duchesse de Bourbonnoys, pour sa terre et sri° du Fyé avec tout droit de justice, relevant à foi et hommage lige au service de féaulté. Elle comprend un moulin auquel sont mosnant tous les habitants de la srie, une métairie à 4 boeufs, des renies, 16 bians et 16 vinades avec 4 boeufs et charrette.


340 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Pierre avait épousé Marie de Razect, qui, veuve, avouait, pour ses enfants mineurs, le 17 avril 1517.

Son fils, René de Vouhet, sr du Fief el Boubon, réunit en terrier, en 1526, les déclarations rendues par ses tenanciers; le 28 mars 1539, il donne un dénombrement pour le Fief Lusausoys; de sa femme, Jeanne de Bersolles, il laissa Claude de Vouhel. On trouve un aveu au nom de celui-ci le 18 nov. 1561. A sa mort, cette s''" devint indivise entre Antoine de Vouhet, sr de Boubon; Charlotte, sa soeur, femme de Georges de La Trémoille, sr de La Bruière, et Antoine de Vouhet, sr de La Galhardière, leur oncle. De 1575 à 1604, ceux-ci cédèrent leurs parts au sr de L'AgeBernard, qui devint seul possesseur du Fief.

Le 30 sept. 1614, René Lignaud, sr de Lussac et de l'Age-Bernard, vend à Pierre et Joseph Aubugeois, bourgeois de Magnac, le fief, srie et châtellenie du Fief Lussasois, moyennant 15.000 1. Le 8 fév. 1633, Joseph Aubugeois, sr châtelain du Fief, fait arpenter le village des Cloutures.

Le Fief fut ensuile rétrocédé aux Lignaud le 25 fév. 1640 par Joseph Aubugeois, sr des Pellauderies, Isaac Aubugeois, notaire, et François Aubugeois, moyennant 17.300 1. Préalablement, Lignaud avait obtenu du roi, par lettres patentes du 13 nov. 1639, en considération de ses bons services, donation et remise de tous les droits dûs à cause de cette acquisition. Jusqu'à la Révolution, le Fief resta annexé à la sIie de Lussac.

La srie du Fief nommait juge, procureur et greffier; en 1688, les assises se tenaient à La Trigalle; mais au XVIIIe s., comme nous l'avons dit plus haut, la justice se rendait au bourg de Lussac dans un lieu dit des Vallentins, faisant partie de la châtellenie du Fief.

Le moulin du Fief était en ruines en 1610; à celle époque, Lignaud y fil mettre « une meule et ung chail neufs ».

LA FONT, fief relevant du Fief Lussazois, suivant aveu rendu le 18 avril 1523 par Anloine Touzeau, sr de La Font, époux de Catherine de La Rye; il est tenu « à foi et hommage lige, au devoir d'une père de gans à l'estimation d'un grant blanc »; il comprend un chazeau joignant le chemin de Bourdelle à Lussac. Louis Touzeau, sr de La Font, 1545; Anne Touzeau, 1598. Il fut acquis le 1er juin 1615 par le sr de Lussac.

Marie-Esther Lignaud, épouse de François de Gain, sr d'Anville, vend à Robert Lignaud, le 9 sept. 1690, la maison noble de La Font avec une tour par devant, acquise par décret sur Martial Naude, s' du Fretet.

Le 8 oct. 1765, J.-B. Gigaud, sr de La Caure, notaire, cède au


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 341

m 1' de Lussac le lieu et métairie de La Fonl, chemin de Lussac à Saint-Léger, à main droite, moyennant 5.000 1.

C'était au lieu de La Fonl qu'au XVIII' s. se rendait la justice de la commanderie d'Herut.

LES FRÉTILLES. — 1 m., 10 h.; contraction de Forestilles.

Le 21 déc. 1445, le s' du Fief donne à mestayerie à Jean des Cloutures, dit de La Court, les coux des Fouresthiles assises enlre le boys de l'église du Puy-Saint-Jean et le boys Vigier de M. de Maignac, le ruisseau qui vient de l'étang du Pinaleau, le boys des Ricoulx et le boys de Tersannes ; à charge d'y construire «ung eschauffetour (1) bon et compétent dedans deux ans et une grange quant il pourra et y tiendra feu et lieu ». 11 donnera au sr le tiers du froment, du seigle et de l'avoine, la moitié du bétail et il gardera la totalité des autres menus grains. 11 sera garanti de tous fouages, guet et garde, comme font les autres nobles avec leurs métayers, et il devra tenir 4 boeufs dans la métairie.

Cette métairie est mentionnée depuis dans tous les aveux du Fief, comme dépendant de celle sri 0. François Aubugeois, sr des Foreslilles, 1673.

Une tuilerie y est indiquée en 1774.

GÉLIF. — 29 h. en 1691 ; 6 m., 22 h. Geluffes, 1519; Gelluffes, 1636; Geluffe, 1691; GWt'/^, 1741.

LES GALLECTS, village près de Roussines. Les Gallects, 1655; Les Gallois, 1779.

LA GRIMINIÈRE. — 1691 : 45 h., 5 h., 20 h. La Greminière, 1519.

LA JALLEBOSSE. — 1691 : 38 h. Le 2 avril 1405, Jehan Lignaud, damoiseau, déclare tenir à hommage lige à cause de Catherine, sa femme, de Charles, sr de Lebret (Albrel), ayant le bail des enfants de M. de La Trémoille, « la desme à blé appelé la desme de Lage Alabousse, qui peut valoir chacun an 12 bx de blés; ung chézeau contenant 3 boisselées de terre assis joule le rys de Douailh, soubs la maizon Fradonnet ». On trouve d'autres aveux rendus pour celte dîme par les Lignaud ; elle est appelée La Jallebosse dès 1466.

Chaque feu de ce village devait à Hérut une poule par feu et une autre poule pour la dîme des rabbes. (Déclaration du 28 fév. 1458.)

LE LATIER. — 45 h. en 1691 ; 16 m., 49 h. En 1669, un élang est signalé comme tenant à ce village et à celui des Landes.

Jean Chavignat, sr du Lalier, 1698-1731.

LE LATTIER LUSSAZOIS était le nom, en 1677, de la maison transformée plus tard en hospice.

(1) Habitation chauffée.


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LAVAUD. — 1691 : 51 h.; 22 m., 60 h.

LESSABD. — 1 m., 6 h. La métairie de Lessard aux Bourdelles fut donnée en 1677 par François de Bourdelles à l'hospice qu'il désirait fonder; elle était affermée 70 I. en 1748. Elle apparlient encore à cet établissement qui la loue 1.435 fr.

LA LOMBERTYÈRE, lieu habité en 1643.

LA MALADRERIE. — 1691 : 74 h., dont33enfants; 15 m. 56 h. C'était jadis le siège d'une colonie de lépreux qui subsista jusqu'au XIX 6 s., transformée en colonie de mendiants connus plus particulièrement sous le nom de Billons.

Tous les habitants de la Maladrerie, dit un acte du 30 sept. 1614, doivent porter sur eux une marque de drap bleu et y mellre les armes du sr du Fief, sous peine d'amende.

Nous avons étudié dans une brochure diverses colonies semblables à celle de Lussac (1).

Il semble bien que, dès le XVIP s., ceux qui les habitaient n'étaienl plus des malades, mais des simulateurs; ils avaient, en effet, un in lérêt primordial à conserver celte qualification de lépreux : c'était elle, en effet, qui légitimait leur vie erranle et mendiante, leur droit à la paresse; ils profilaient de la répulsion que la maladie de leurs ancêtres avait inspirée aux villageois pour vivre à leurs dépens, bien plus par la cr-ainte que leur nom faisait naître — ils passaient pour sorciers — que par la commisération. Il leur importait donc de ne pas laisser tomber dans l'oubli le souvenir de leur origine el de. revendiquer leur qualité de lépreux qui, pour leurs contemporains, imbus de traditions, avait une signification mystérieuse, évocalrice d'un vague effroi.

Ils avaient donc érigé leur misère en profession et, à partir de 1680, nous les voyons prendre dans tous les actes publics la qualité de mendiants; ceux même qui avaient un métier joignaient son énonciation à cette qualité : ainsi, nous trouvons des mendiants et joueurs de violon, des mendiants et journaliers, des mendiants et et tailleurs d'habits, des mendiants el tisserands. Ils voulaient indiquer que l'été ils traînaient la besace sur la grande route et que l'hiver ils travaillaient quand leur butin était épuisé.

A Lussac, ils avaient obtenu du roi Henri IV des lettres patentes qui leur conféraient certains privilèges ; nous n'avons pu les retrouver (2). Ce métier de mendiant, les billons de Lussac l'exerçaienl il n'y a

(1) Comment finirent les Lépreux, Imp. Nationale, 1903.

(2) Des copies collationnées de ces lettres sont plusieurs fois enregistrées sur les registres du contrôle.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 343

pas 50 ans et on conle encore dans le pays les exploits des billons qui menaient la région en coupe réglée.

Ils parlaient deux par deux à la belle saison, traînant derrière eux une somme pour rapporter leur récolte, car en dehors de l'argent, tout leur était bon : blé, laine, chanvre, oeufs. Ils allaient ainsi de village en village, l'un jouant du violon, l'autre dansant et chantant une chanson dont nous avons retrouvé un fragment :

Ion ! Ion ! dounez-moi un p'tit brouillon de laine {bis)

Ion ! Ion ! dounez-m'en pt'ion {bis)

Si vous voulez pas m'en douna (bis)

Fera creva touta votr' avoueilla {bis)

Si vous voulez pas m'en douna,

Les fera touta creva !

La chanson variait suivant la saison et l'objet de la quêle et ils avaient des couplets pour le blé, le chanvre, etc. (1).

Devant eux, les portes se fermaient, car ils avaient la réputation de faire main basse sur tout ce qui était à leur portée et, en échange, de laisser de la vermine! Mais que refuser à des gens qui jettent des sorts elpeuvenl faire crever les moutons! Devant ce chant... âge, les porles se rouvraient et les bissacs s'emplissaient. Le métier était excellent el ils admettaient comme proverbe que « besace bien Irainade vaut mieux que quatre boeufs à la rave ».

De fait, ils étaient tous propriétaires et les minutes de nolaire renferment quantité d'actes les concernant : contrats de mariage, inventaires, testaments, donations, partages, marchés de construction, ventes et échanges, etc. Dans les registres de contrôle, nous avons relevé, de 1750 à 1793, plus de 150 actes où ils sont parties.

Les contrais les plus fréquents sonl les obligations pour fourniture de blé : elles se rencontrent surtout à la fin de l'hiver, alors que leurs récoltes étaient épuisées et que la rigueur de la saison ne permettait pas d'aller les renouveler sur les grandes routes. Elles étaient scrupuleusement remboursées à l'échéance.

Les aliénations de terrain élaienl aussi nombreuses : nous voyons les lépreux considérer les fonds de la maladrerie comme leur propre patrimoine, les parlager et les vendre. En général cependant dans les maladreries, les fonds sur lesquels elles s'çlevaient n'apparlenaient pas aux lépreux qui ne possédaient qu'un simple droit

(1) Ils chantaient aussi :

Laissez-lou passa, Lou ladres, lou ladres, Laissez-lou passa, Lou ladres de Lussa.


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de jouissance. Celle de Lussac avait-elle une origine différente ou bien à une époque lointaine les lépreux s'élaient-ils emparés de ces biens que personne dans la suite ne songea à leur disputer, ou encore leur avaient-ils été concédés à litre précaire. Nous inclinons pour cette dernière hypothèse et nous pensons qu'il faut attribuer cette fondation aux s" du Fief. Il n'est point question de la maladrerie dans le terrier de 1412 pourtant si précis, tandis que dans celui de 1439 nous trouvons des déclarations rendues par les tenanciers de la Maladrerie, notamment par Marcialot le malade. Sans doute à cette époque on ne considérait plus les lépreux tout à fait comme des parias et on acceplait quelques relations avec eux, puisque le sr du Fief touche d'eux des redevances en blé, en poules et en argent : il est à croire que c'est entre ces deux dates que les fonds de la Maladrerie ont été accensés aux lépreux. Une énonéiation d'un inventaire .vient aussi à l'appui de noire hypothèse en conslalant « une signification de pièces concernant la Maladrerie faite par le sr du Fief à MM. de Saint-Lazare et de Jérusalem en l'année 1681 ». Ces pièces, que nous n'avons pas retrouvées dans le chartrier de Lussac, prouvaient, sans doute, que les fonds de la Maladrerie ne dépendaient pas d'une fondation charitable, car on sait qu'à la fin du XVIIe s., l'ordre de Saint-Lazare procéda, par toute la France, à la recherche des anciennes fondations charitables et se fit mellre en possession des biens en dépendant : or, cet ordre ne posséda jamais rien à Lussac, pas plus que les hôpitaux voisins, qui plus lard, poursuivirent le même but.

Chaque chef de famille était donc propriélaire : un arpentage de 1633 constate que la Maladrerie était occupée par 13 familles de mendiants : certains possèdent jusqu'à 5 seterées de terre.

Chose piquante, au XVIIIe s., nous voyons ces mendiants être désignés par leur compatriotes pour lever les impôts et remplir les fondions de collecteurs.

Ce n'est que fort tard que ces mendiants s'allièrent au resle de la population : le premier mariage ainsi rencontré à Lussac est de 1743; jusque-là, ils ne se marient qu'avec des habitants de la Maladrerie ou des Maladreries environnantes : Limoges, Cluis, Milhae en Périgord, Esdons en Angoumois, etc. De même pour éviter la parenté spirituelle, leurs enfants ne sont tenus sur les fonts baptismaux que par des parents.

Il serait intéressant de savoir à quelle époque disparurent les derniers malades, mais sur ce sujet, nous n'avons rien trouvé de précis : les acles du commencement du XVII" s. les qualifient de blanquets, mais on ne peut dire si celle qualification est due à l'aspect que présentait alors leur peau ou si c'est le nom générique sous lequel on continuait à les désigner. Gabriel, Silvain et Made-


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leine Guillebaud sont appelés ladres dans un partage du 3 fév. 1749. Silvain mourut le 31 août 1756 à 56 ans, Madeleine le 12 oct. 1767, à 70 ans, et Gabriel le 16 sept. 1781, à 55 ans; ce serait le dernier ladre de Lussac.

A en juger par leurs acles de décès, leur lèpre, si toutefois ils l'avaient encore et si cette qualification de lépreux n'est pas prise dans le but de profiter des lettres patentes de Henri IV, leur lèpre, disons-nous, était des plus bénignes et ne les empêchait pas de parvenir à un âge avancé : sur 23 décès d'adultes survenus à la Maladrerie de 1751 à 1786, 5 se produisent entre 50 et 60 ans, 5 entre 60 et 70 ans, 8 entre 70 el 80: l'un deux meurt centenaire le 8 sept. 1756.

LES MARNES, maison sise à la Font, au bourg de Lussac et relevant d'Hérut; vendue le 27 oct. 1619 par Jean Provost, avocat au Dorât, et ses frères à Léonard Luquet.

Gaspard Luquet, sr des Marnes, 1667-1687.

LA MAISON-NEUVE, 5 m. 16 h. La Maison-Neuve dessus la Trigalle est mentionnée en 1683.

LE MONT. — 1691 : 127 h.; 1901 : 30 m. 110 h. Mons, 1413 (voir le Fief); moitié de la dîme appartient au Fief, moilié à Lussac. Pierre Berneron, sr du Mont, 1633-1686.

MONTCOUDIOUX. - 42 h. en 1691 ; 8 m. 25 h. 1901. Ce nom a subi de nombreuses mélamorphoses : les habitants de Montquognioux doivent des rentes à Fleix en 1437; en 1484 la moilié de la dîme de Montquognyou esl perçue par Jean de Herenc et le surplus par le sr de Lussac. Monquegnioux, 1691.

Jean Mazeroux, sr de Monquedioux, 1686.

MOULIN DE L'AGE-BERNARD cité en 1665, enlre le pont et le moulin du Fief; en 1784 il est à 2 roues à froment et à seigle et a droit d'astreinte sur le bourg, le Piquet, Lessard, Champeron, le Plan et l'Age. Il dépend de la sr,e.

MOULIN A PARAIRE tant à blé qu'à drap sur la Benaise, 1543; en 1636, il est appelé Moulin Auparaire ou de Brunet, puis en 1784 Moulin du Paulmet; il a droit sur le Paulmet, Gelufe, la Saille et Monlbon.

MOULTN DES BOUIGES. — Le 23 déc. 1474 Georges de la Trémoille, sr de Lussac, baille à Guillaume des Bouyges, le droit de recueillir l'eau de la rivière appelée Lasse et en icelle faire chaussée qui ne puisse préjudicier à ses moulins dud. Lussac situés près le village du Plant et le pont du Plant et icelle faire venir à ung sien moulin par luy naguères conslruict près le village de la Jalleboce, moyennant une rente de 4 boisseaux froment, 12 boisseaux.


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seigle et une poule. Il n'aura aucune chasse (1) de mosnans au préjudice de sesd. moulins.

Il est appelé en 1543 le moulin des Rivailles et appartient à Jean des Bouiges, clerc; c'est sans doute le même que le suivant.

MOULIN DU GOULET. — 1 m. 4 h. « moulin rebasly de nouveau appelé le moulin vieux des Bouiges autrement <fa Goulet, » 1636.

Le moulin des Bouiges autrement des Goullesls, 1671. Le moulin du Goulet, près la Jalleboce et les Rivailles, a droit sur les Forestilles, les Clôtures el le Laitier (1784).

MOULIN DE LAVAU. — L'écluse et cours d'eau du moulin de la Vault, joignant au chemin de Lussac à Tilly, appartient en 1636 à Gabrielle de Malesset, dame d'Hosmes.

MOULIN DU ME1LHAUD. - 1 m. 4 h. est à une roue en 1784 et dépend de la srie de Lussac; il a droil de moulange sur les Bouiges, Roussines, les Gallels, le Courret, la Coufaudière et le Vauzelle, 1646.

LE MOULIN NEUF, au Mont, dépend en 1677 de la s"e de Lussac.

MOULIN DU PILAUDON anciennement appelé le moulin des Gorces, 1753; une roue à blé en 1786. Inhabité.

MOULIN DU PLAN. — C'était un des deux moulins banaux de la s'!e de Lussac dès 1491. Une assemblée d'habitants du 10 août 1755 constate qu'il a été détruit par une inondation il y a trois ans; n'était pas reconstruit en 1784.

MOULIN RODET. — Le moulin de Rabalière appelé le Rodet, 1500, n'existait plus en 1523; mais avait été reconstruit en 1606, démoli en 1636.

MOULIN AU TAN. — Le moulin aux Grands Boutets appelé à présent moulin au Tan, 1543, entre Laigebaulde el le Gué de Bourdelles ; existait encore en 1637.

LE MOULIN VALLENTIN sur le ruisseau qui descend du Cros à la Benaise; en masure en 1636.

LE PLAN. — 28 h. 1691 ; 1 m. 12 h. Le 26 nov. 1406 Jeannot de Saint- reconnaît tenir de Charles, sr de Lebret (Albret), connétable de France, ayant le bail des enfants du sr de la Trémoille, des terres au territoire du Plans.

La dîme appartenait à Hérut.

LES QUERRES, lieu habile en 1523-1543, situé sur le chemin de Lussac à Saint-Martin et sur celui de l'étang des Forges à la Mazère; n'existait plus dès 1636.

(1) « Chasser, se dit des meuniers qui n'ont pas un moulin banal el qui vont chercher deçà et delà leurs mounées ». Dicl. de Trévoux.


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LA RIVAILLE, 10 h. 1691; 5 m. 15 h. 1901. Le lieu de la Rivaille est aliéné le 27 sept. 1716 par le marquis de Lussac à Joseph Berneron, s1 du Bouchais; Jacques-Martin Aubugeois, maire du Dorât, le revendit en 1779 au s' de Lussac.

ROUSSINES. —1691 : 39 h. avec les Gallets; 19 m. 66 h. Rossinez, 1406. Le 16 juil. 1460 Louis de la Trémoille, sr de Lussac, confirme le bail fait par son père à Perrot, Vincent et Jean de Roucines, de sa métairie de Roucines, au tiers des fruits prisés par quatre preud'hommes, plus 5 s. pour droit de charnage, 1 s. seigle pour droit de dîme et 100 s. de cens.

Le précompte de 1484 signale que les métayers de Roussines ont planté, sans la permission du sr, 3 ou 4 pièces de vigne contenant de 11 à 15 journées d'hommes.

D'après l'aveu de 16151e s1 possède à Roussines deux métairies valant de 45 à 50 set. de seigle.

LA SAILLE. —8 h. 1691 : 1 m. 8 h. 1901. Domaine inféodé le 26 fév. 1575 par le sr de Lussac à Jean Mérigot, son sénéchal, à foi et hommage au devoir d'une paire d'éperons valant 15 d. à mutation de sr et de vassal; La Salhe, 1580; d'après le dénombrement rendu le 28 déc. 1787 par Jean-Charles Pentecousteau, il comprend un petit château avec préclôtures ; plus « près du château les vestiges d'un ancien colombier à pied et d'un ancien oratoire ou chapelle domeslique. »

LA TRIGALLE. — 41 h. 1691 ; 15 m. 64 h. Localité comprise dans la srio du Fief, mais qui ne figure dans ses terriers que depuis 1637; peut-être auparavant était-elle considérée comme une dépendance de la Maladrerie; elle est mentionnée en 1615. Les registres d'état-civil mentionnent en oct. 1680 le décès de Pierre Renty, tuilier catholique, tué à la Trigalle.

Le 4 déc. 1706, sur transaction entre le prieur de Lussac el le sr du Fief, le droit de mosnage sur les habitants de la Trigalle reste à celui-ci.

Au XVIIIe s., deux notaires habitaient La Trigalle.

LA VILATTE. — 138 h. 1691 ; 26 m. 77 h. La Vilatte en 1412; la dîme était payée au Fief.

LA VAUZELLE. — 98 h. 1691 ; 14 m. 53 h. La Vauzelle, 1412, dépendait du Fief, mais Hérut percevait une poule par feu pour la dîme des rabbes et les 2/3 de la dime de tous blés et charnages, suivant déclaralion du 20 avril 1459 (M D. 391).

M. Maublant, maire de Lussac, y a fait construire en 1883 un élégant château sur les plans de M. Rocques, architecte à Angers, qui a restauré le Riz-Chauveron et le Bourg Archambault.

T. LVI 23


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Maires. — S.-P. Guillemin de Montplanet, 1790; Fr. Pillaud, 17901791; J. Gaillard, 1791-1793 et an Ill-an VIII; Jh. Brac, notaire, 1793an III; Philippe Brac, an VIII-1815 et 1830-1840; Ursin-Victor Patou, 1815-1823; Narcisse Mathieu-Ducoudray, 1823-1829; Gustave MathieuDucoudray, 1841-1890; Louis Gigaud, 1891-1892; P. Ferrant, 1892-1896; L. Maublant, 1896-1906.

Président du canton. — Jean Gaillard, an IV-an VII.

Curés. — Simon de Bourdelles, 1462; Jean Deprez, 1524 ; Pierre du Cluzeau, postulant, 1555; Jean Langoisseux, 1557; Martin Boygon, 1557 ; Etienne des Bouiges permute en 1561 avec Pierre Rampion, licencié, curé de Bonneuil ; J. Cailleton, 1597; Pierre Prévost, 160111648; Maurice Berneron, 1653-1668; R. Deringère, i670-1688; François Rivaille, 1689-1717 (f 1727); Fr.-Laurent Rivaille de La Clôtre, 1717-1734; Silv.- Barthélemy de Lafont, 1734-1767 (f 1787) ; Léonard-Barthélémy de Lafont de Bournazeau, 1767-1786; Fr. Moreau, 1786-1790; Mathurin Alaboissette, 1790-1791; J.-B. Plaignaud, 1791 ; Jacques Rougier, 1792.

Vicaires. — Ld. Perrin, 1619; Chazaud, 1645-1649; Ld. Richard, 1669; J. Genevois, 1685-1687; Cujas, 1696; L8 Pineau, 1697-1700; Ld. Berneron, 1704-1716; Guineau, 1717-1719; Lamothe, 1721-1723; Mitraud, 1723; Reys, 1724; Ld. Guillemin, 1726-1727; Mondelet, 17271728; P. Delalégerie. 1728-1734; Raymond Donnet, 1729-<733; Honoré Pillaud, 1734-1736; Jh. Guillemin, 1736-1741; Pentecouteau, 1741-1744; Alexis Barthélémy, 1744-1748; Fr. Berneron du Bouchais, 1755-1762; Fr.-Israël Sandemoy de l'Age, 1762-1764; J.-B. Boutinon, 1764-1766; Naude, 1766-1768; Boineau, 1769; Fr. Moreau, 1769-1786; Simon Rougier de La Bergerie, 1786-1793; Fr. Chénieux, 1792.

Prieurs. — François Gigaud, 1691 ; Léonard Berneron, 1706-1709.

a) JUSTICE DE LA CHÂTELLENIE. — Juges : Guillaume Lenay, 1390; Hélion de Salignac, lieutenant de juge, 1389-1390; Geoffroy Charrasson, licencié, lieutenant du bailli de La Trômouille, 1445-1484; Thomas Touzeau, lieutenant, 1455; Louis Bardin, lie, 1508; Jacques Dausserre, lie, 1510; Claude Rochier, lie, 1558; Jean Mérigot, lie, 15741598; Jean Chardeboeuf, ée lie, 1543; Martial Mérigot, 1604; Jean de Plassat, sr de La Font, 1613; Marc Boyer, sr de La Ménardière, lie, 1634-1648 ; Jean Berneron, sr de La Ville, lie, 1651 f 1688 ; Martial Naude, sr du Fretet, lie, 1670; Fr. Aubugeois, sr des Forestilles, 1672-1673; Jos. Berneron, sr du Bouchais, lie, 1680 f 1694; Jean Guineau, lie, 1695-1711; Jean Chavignat, sr du Latier, 1712 f 1745; Florent Qoudon de Belleplaine, 1745-1759; J.-B. Decressac, 1759-1762; Sylvain-Pierre Guillemin de Montplanet, 1762-1789.

Procureurs fiscaux. — Guillaume Bardin, 1474; Pierre Touzeau, 1484; Jean Rochier, 1543; Jean Provost, 1549; Claude de La Coste, 1598; Pierre Berneron, 1636 f 1662; Léonard Laurentière, 1664-1666; Jean Guineau, 1680-1691 ; Jean Rougier f 1698; Antoine Guillemin, 1699; Léonard Donnet, 1701 ; Jean Chavignat, 1704-1711 ; Léonard Donnet, 17191723; André Guillemin de Montplanet, 1728-1735; Jos. Berneron, sr du Bouchais, 1740 f 1753; Michel Brac, 1756 f 1784; Léonard Gaillard, sr du Couret, 1789.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 349

Greffiers. — Pierre Jugletlon, 1474; Dupoux, 1558; Mallet, 1562; Prévost, 1586; P. Naude, 1594; P. Berneron, 1598-1608; de Bourdelle, 1619; Berneron, 1622-1647; Pierre Berneron, 1651-1676; Jean Rougier, 16801691 ; L. Chavignat, 1691 ; Jean Chavignat, sr du Latier, 1698-1701 ; Guillemin, 1710-1712; Jean Rabussier, sr de Fonpérine, 1720-1739; L. Filhoux, 1739-1745; J. Laborie, 1746-1747; J.-B. Gigaud, 1748-1781.

Beceveurs. —Thomas Touzeau, 1459-1462; Jean de Puygaillart, 14661475; Guillaume Cardinal, 1484-1486.

b) JUSTICE DU FIEF. — Juges : Maximin Chaud, lie 1503-1506; Antoine Chaud, 1526; Martial Naude, sr du Fretet. 1637-1670; Fr. Aubugeois, 1672-1673; Jh Berneron, -J- 1694; ensuite, cette charge est tenue par le juge de la châtellenie.

Procureurs. — Pierre Perrin, 1668; les procureurs de la châtellenie.

Greffiers. — Fr. Forestier, 1526; Debourdelles, 1586-1591; Pierre Genevois, 1657-1667; Fr. Genevois, 1673; ensuite, les greffiers de la châtellenie.

c) JUSTICE DE PAIX. — Juges : Fr. Rabussier, 1793 ; Mathieu-Ducoudray, 1793-an III; Jean-Claude Bonnet, an IV-an X.

Greffiers. — Gab. Gigaud, 1793; Louis Benoist, 1793-an X.

Notaires. — Guillaume de Rabalière, juré et nol. en cour layc, 1453-1470; Guillaume Sororeau, prêtre, clerc juré, 1453; Jamet Forestier, 1462; Bardin, 1473; Ducouret, juré,-1484-1501 ; Cardinal, 1500; Derabalière, juré, 1500-1523; Jean Provost, juré, 1502-1549; F. Forestier, 1506-1549; Seigneuret, 1510; Berneron, 1539-1591; Denis Rabussien, 1543; Michau Rochier, 1543; Jean Rullaud, 1543; Troncheaud, 1545-1584; G. Fourestier, 1546-1586; Mérigot, 1563; Fr. Prévost, 15721605; Breuilhaud, 1574-1621; Jh Debourdelles, 1574-1613; G. Mazeroux, 1579-1614; Raballière, 1588; Léonard Depeuriz, 1584-1628; Naude, 1596-1597; Léonard Berneron, 1605-1615; Sororeau, 1603-1615; G. Mazeroux, 1622-1654; P. Berneron, 1623-1657; L. Pillaud, à La Trigalle, 1636; Fr. Duplant, 1641-1682; Joseph Prévost, 1644 f 1662; Léonard Pillaud, au Fief, 1644 f 1668; Léonard Lucquet, 1644-1647; Martial Sororeau, 1649 + 1677; Laurentière, 1661-1670; Pierre Berneron, 16611675; J.-B. Perrin, 1667 f 1677; Léonard Rougier, 1674; Jean Rougier, 1680-1703; Léonard de La Rivaille, au Fief, 1683; Gaspard Lucquet, 1685-1688; J. Guineau, 1685-1694; Léonard Chavignat, apothicaire, 16861719; P. Rougier, 1686-1697; Pierre Pillaud, au Fief, 1688; Georges Charraudeau, -{-1693; Gabriel Dumas, 1694-1703; Georges Charraudeau, 1694-1702; Ls Chavignat, 1694-1742; J.-B. Rougier, 1695-1713; Gaspard de Belleix, 1699-1706; Léonard Donnet, 1699 + 1728; Jean Bordes, 1721 f 1723 ; Ls Rabussier, sr de Fonpérine, 1723 f 1732; Michel Brac, à l'Expardelière, 1727-1779 ; Léonard Filhoux, 1731-1761 ; L5 Chavignat, 1733-1745; J.-B. Gigaud, sr de Lacaure, 1742 + 1781 ; J.-Jh. Pentecouteau, sr de La Borderie, 1743 + 1760; Joseph Berneron, 1745 + 1753; Fleurant Desbouiges, 1745-1778; J. Rougier, chirurgien, 1749-1789; J.-Ch. Pentecouteau, 1760-an III; J. Laborie, 1764-1788; Fr. Rabussier, à La Trigalle, 1767+ an V; Jh. Brac, à La Trigalle. 1779 + 1810; Léonard-Gabriel Gigaud, 178o-an V; Philippe Brac, an V1840; J.-B. Rougier, an VIII-1828; Lucien Lavaud, 1840-1858; P. Thibault, 1858-1892; Jupin, 1892-1896; A. Ladégaillerie, 1896-1906.


350 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Sergents. — Léonard de Bourdelles, 1602-1613; Léonard Delavaud, 1608: Antoine de Bourdelles, 1610; Antoine Mazeroux, 1623; Gerbaud, 162"'; Fr. Prévost, 1643-1660; Martial Delavaud, 1683-1688; Martial Delavergne, 1685; Jh. Junien, 1687; Jh. Brac, 1712-1731; Michel Brac, 1727-1770; Jean David, 1719-1729; Léonard Filloux, 1733; P. Naude, 1735-1737; Jean Laborie, 1749-1784; Gaspard Auclerc, à La Trigalle, 1757-1760; Jh.-Jacques Rougier, 1773-1776; Léonard-Gabriel Gigaud, 1776-1781 ; Jb. Millet, sergent à garder, 1786.

L'étude d'huissier de Lussac a été supprimée en 1841.

Contrôleurs. — Pentecouteau, 1694; J. Guineau, 1694-1705; Guillemin, 1706-1712; Pentecouteau, 1715-1720; Guillemin, 1720-1740; Rougier, 1740-1742; Jh. Pentecouteau, sr de La Borderie, 1742-1752; Jean Gaillard, 1761-1791.

Traites foraines. — Fr. Pillaud, employé, 1782 ; Et. Collet, employé, 1784-1787; Fleurent Delavergne, employé, 1784-1786; Jacques Tureau capitaine, 1786.

HÔPITAL. — Chapelains : L8 Pineau, 1700; Ld. Guillemin, 1753-1782; Sim. Rougier de La Bergerie, 1784. — Administrateurs : Maximilien de Bourdelle, 1677-1685; J. Chavignat, 1697-1699; Gaspard de Belleix, inhumé dans la chap. en 1710; Et. Guinot, 1719-1723; J. Borde; Jh. Berneron, 1728-1747; J. Pillaud, sr de La Perrière, 1724-1748; Fr. Rougier, sr de La Ganne, 1748-1784; Gaillard, 1777-1784. — Beceveurs : J.-J. Pentecouteau, 1748; Fr. Pillaud, 1751-1793.

Madrés d'école. — Jean Borde, notaire, 1708-1723; Fr. Lespaignol, 1729; Jean Dumas, 1731; Nicolas Giraudet, 1756-1763; J. Beaugay, 1758-1759; L* Benoit, 1767; Fr. Rouzier, 1787.

Chirurgiens. - Antoine de Peurrys, 1611 ; Jean Chavignat, 1656 + 1693; Martial Belliot, 1654-1667; Léonard de Bourdelles, 1663-1674; Claude Prieur, 1666; P. Chavignat, 1674; Jean Pentecousteau, 16741726; Fr. de Bourdelle, + 1675; L8 Clément, 1661, opérateur; Jh. Delacoste, 1705; Léonard Pentecousteau, 1688-1710; Jh. Lucquet, 17231732; L8 Rabussier, 1730 + 1739; Léonard de Rabenne, + 1731; Jh. Guillemin, sr de La Chaume, 1732-1741 ; Gaspard Rougier, 1734-1747; Jh. Guillemet, 1737; Jean Rougier de La Gasne, 1744 + 1786; Ch. Pentecouteau, cabaretier, 1746-1756; J.-B. Rougier de l'Ageboutot, ane chir. de marine, 1757; P. Rougier, sr de La Caillauderie, + 1757; LouisMathieu du Coudray, ane chir.-major des armées, 1764-1774; Jean Chavignat, chir. de la reine, 1765; Jacques Marcoul, 1767 + 1788; L8 Rougier, 1771-1780; André Guillemin, sr du Peux, 1773; Antoine Rabussier, + 1787; Léonard Rougier de La Bergerie, ane chir. des armées d'Amérique, 1790-1793.

Apothicaires. — Jh. Rabilhac, 1654; Antoine Berneron, 1659-1662; L. Chavignat, notaire, 1683-1686; Léonard de Rabenne 1709-1719; Jos. Lucquet, 1714.

L'impôt du sang. — Guillaume Lignaud, sr de l'Age-Bernard, tué le 10 août 1557 à la bataille de Saint-Quentin ; Maximilien Lignaud, blessé au siège de Lille ; Etienne Lignaud, mort en 1683 de blessures reçues en combattant les Turcs; Bapt. Guillemin, mort au siège de Namur; Fr. Laurent, mort au siège de Maëstricht; Simon Décaire, fusilier au 3" de ligne, tué le 21 juin 1813 à la bataille de Vittoria.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 351

MAILHAC

Cette commune occupe la partie centrale du canton : Cromac et Saint-Georges au N., Saint-Sulpice et Arnac à l'E., Saint-Hilaire au S., Saint-Léger et Jouac à l'O. la circonscrivent. Sa superficie est de 2.119 b. 93 a. Ses contours sont de 24 k. 950, sa plus grande longueur est de 6 k. 650; sa largeur moyenne, 4 k. 400.

La rivière la Benaize la traverse pendant 6 k. 100 et y forme l'étang de Mondon. Elle a pour affluents dans la commune le ruisseau de Lavaupot et Le Glévert; celui-ci, qui porte sur la carte de l'Etat-Major le nom de Benaise, est appelé rivière de La Grêle en 1597, il y a encore une planche qui porte ce nom, La Benèze en 1603 et Le Glavat au XVIII" s.

Le premier arrose la commune pendant 1.500 m. et se jette dans la Benaise, à l'E. du bourg; le second débouche de la commune d'Arnac, se développe sur Mailhac pendant 7.500 m. et s'unit à la Benaise au-dessous de Mondon, après avoir donné le mouvement au moulin de La Tache, sis au-dessous de l'étang de ce nom. La Planche Arnaise ou ruisseau de la Salesse, qui est un affluent de ce petit cours d'eau, baigne la commune sur 1.300 m. L'Asse, souvent désignée dans cette partie de son cours sous le nom de ruisseau de Bouéry, arrose l'extrémité S. O. de la commune pendant 5.300 m.

Le territoire de cette com. était autrefois couvert en grande partie par les bois et les terrains incultes; les forêts de Mondon et de Bouéry avaient une étendue considérable; au XVe s., elles se rejoignaient par les bois de Lavaupot, occupant le terrain compris entre Grand-Fa, Le Bost et Montbrugnaud. Vers 1480 et vers 1650, les s" de Mondon en concédèrent une certaine partie à charge d'y édifier des maisons; c'est à ces concessions qu'on doit l'existence de divers villages que nous citerons plus loin.

Ces s", qui furent presque tous de familles illustres et opulentes, tels les de Nailhac, vicomtes de Brosse, ducs de Savoie, Médicis, Montmorency, Pot de Bhodes, Rochechouard, etc., prirent une part importante au développement économique de cette p"", où ils établirent une forge importante qui, durant près de trois siècles, fut une source de richesse pour le pays, et une verrerie qui, pour des motifs inconnus, n'eut point pareil succès. Les possesseurs


352 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

modernes de Mondon n'ont point manqué à la tradition léguée par leurs prédécesseurs et leur bienfaisance a continué à s'étendre sur la commune qui a vivement souffert de la crise provoquée par l'introduction des fers anglais qui, du coup, tua l'industrie locale et chassa ceux qui en vivaient : les recensements postérieurs à 1866 en font foi.

Le recensement de 1906 a donné à la commune 739 h.; les dénombrements antérieurs accusent : 1793, 770 h.; 1806, 508; 1836, 845; 1841, 800; 1846, 844; 1851, 829; 1856, 769; 1866, 769; 1872, 684; 1876, 727; 1886, 749; 1891, 764: 1896, 762; 1901, 722; 1906, 739.

Il faut attribuer les écarts que présentent ces chiffres antérieurement à 1872 aux variations de l'activité de la forge.

Le Pouillé de Nadaud donne 600 communiants à la p'*°; les visiles de 1762-1765 portent 430 communiants.

Le chef-lieu ne comprend qu'une seule rue qui descend en pente rapide vers la rivière pour la franchir sur un pont construit vers 1848 (1). Les anciennes maisons du bourg, placées en conlre-bas de plusieurs mètres par rapport à la route actuelle, indiquent que l'ancien chemin passait à gué la Benaise en amont du pont actuel ; en ce point, la rivière esl encore fort large. La délibération de l'an XII, que nous avons donnée pour Jouac, montre que le passage n'était pas toujours possible.

Vues de la rive gauche, ces maisons noyées dans la verdure el étagées sur le flanc du coteau, forment avec l'aiguille élancée du clocher un ensemble coquet et frais que complète heureusement la jolie rivière qui les reflète.

Voici la population du bourg à diverses époques : / 793,100 h.; 1836, 128; 1846, 130; 1851, 188; 1866, 106; 1876, 130; 1886, 151; 1901, 144; 1906, 161.

Nous n'avons rien trouvé de précis sur les origines de Mailhac. M. de Couronnel cite, d'après M. Normand, la donation faite au XI" s. par un s-- de Magnac, à l'abbaye de Bénévent, de l'église de Maillacum, distante de trois milles du château de Clozilles, château dont M. Normand prétendait avoir retrouvé les traces sur le territoire de Mailhac. Nous avouons que ces traces nous sont restées inconnues ; ce nom de Clozille, nous ne l'avons jamais rencontré, ni dans les documents anciens, ni parmi les lieux-dits du cadastre.

M. Hubert, l'érudit archiviste de l'Indre, dans son Dictionnaire historique de l'Indre, identifie celte localité de Maillacum avec

(1) Un pont existait cependant à Mailhac en 1621 ; à la même époque un autre pont est mentioané à Rochefoulet.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 353

Maillet, canton de Neuvy, dont l'église dépendait justement de Bénévent; cette dernière attribution parait donc exacte.

D'autre part, on lit dans l'Histoire religieuse d'Issoudun, par le P. Chevalier, que le droit de nommer les titulaires de l'église de Mailhac appartenait au chapitre de Saint-Cyr d'Issoudun : « Cette paroisse, dit-il p. 149, qui se trouve sur le territoire de Limoges, fut donnée au chapitre de Saint-Cyr, en 1117, par saint Léger, archevêque de Bourges. » Or, tous les documents que nous avons trouvés montrent que l'église de Mailhac a toujours été une dépendance de la prévôté de Saint-Benoît-du-Sault. Il ne s'agit donc pas du bourg qui nous occupe.

Son nom est écrit Mailhacum en 1439 ; la terminaison ac révèle une origine gallo-romaine elle radical semble se rapprocher de Mallias, nom propre d'homme que l'on trouve dans plusieurs auteurs latins; on pourrait en conclure que Mailhac doit son origine à une villa fondée par quelque personnage du peuple conquérant dont le nom fut accommodé par la population aborigène. C'est, du reste, ce qu'on admet pour les Mailly, Maillai, Maillé, communs en France, qui correspondent à la même forme latine.

Faisons remarquer cependant qu'on n'y a pas rencontré de vestiges de cette époque. Ils font également défaut dans le reste de la commune.

L'église de Mailhac était sous le vocable de saint Gervais et saint Protais; le curé était présenté par le vicomle de Brosse et nommé par le prévôt de Saint-Benoît-du-Sault. D'après l'aveu de Brosse de 1552, cette cure valait 301. de rente.

Dans une déclaration du 24 mars 1751, le curé fait connaître qu'il est à portion congrue, c'est-à-dire qu'il ne possède pas les dîmes de la psse. La pension que lui payent les décimateurs est de 300 1. et il jouit des dîmes novales qui donnent communément 25 b. de seigle. Le fond de son bénéfice comprend le domaine de La Prade et une petite maison à Mailhac; la moyenne de son casuel est de 4 enterrements, 4 mariages, soit 20 1. Il y a 12 messes de fondation non acquittées. Les charges sont 36 1. de décimes, 40 I. pour un domestique, 10 1. pour la cuisson du pain, 10 1. de blanchissage et 10 1. de luminaire. Il doit en outre 12 messes dans la chapelle de La Tache et 12 messes pour le domaine de La Prade.

En 1772, le curé établit ainsi son budget : casuel, 143 L; messes, 1001.; portion congrue, 500 L; fermage du pré, 40 L; loyer de la maison, 36 1. Au lolal, 819 I.

Cette église est un édifice à peu près sans style : le porche a été refait en 1863; la nef est simplement lambrissée; à droite on remarque une sorte d'enfeu qui a pu abriter le tombeau d'un prince de la maison de Savoie dont nous parlons plus loin. Le choeur est


354 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

beaucoup plus étroit que la nef, ce qui a permis d'établir des autels secondaires sur les murs perpendiculaires à l'axe; il est voûté par un berceau roman; une des fenêtres qui l'éclairé est gothique. On y a trouvé vers 1860 des fresques du XI1P s. A l'extérieur les modillons appliqués sur le choeur sont romans.

Le grand autel en bois, du XVIIe s. est garni de 4 statues anciennes parmi lesquelles une sainte appuyée sur une épée et une roue déniée. Signalons encore dans l'église deux grands anges en bois, de la même époque, qui étaient destinés à supporter quelque objet; la statue de N.-D. des Miracles placée sur l'autel de gauche; celle de Saint-Biaise; enfin remarquons que cette église est la seule du canton à posséder des tableaux anciens et dignes d'intérêt : l'un représente saint Dominique et la Vierge, l'autre le baptême du Christ; ce dernier est placé dans un joli cadre Louis XVI.

Dans la sacristie se trouve un reliquaire-bras en bois recouvert d'une feuille d'argent repoussée et guillochée donné à l'église, en 1790, lors de la dispersion des richesses de Grandmont; il contient un os de saint Appollinaire.

Ce reliquaire, qui a figuré à diverses expositions et qui a été plusieurs fois reproduit, porte les armes de l'abbé Georges Barny (1636-1654) (1).

Il est classé monument historique, de même qu'un exceptionnel fer à hosties du XIIIe ou XIVe s. où ne sont gravées que les petites hosties destinées aux fidèles; elles y sont au nombre de 18 (2).

Signalons également dans la sacristie un vase cylindrique en plomb destiné à mettre l'eau bénite, qui paraît fort ancien.

Dans le clocher existent trois cloches : deux grosses fondues en 1876 par Bollée du Mans, dont les inscriptions ont été publiées par M. Lecler; une petite, fêlée, la plus ancienne datée du canton; elle porte en gothique longue :

>& Sancti Gervazi et Protazi orate pro nobis lan mil vc i m

c'est-à-dire l'an 1504 ; sur la robe : un calvaire orné de rinceaux et dont la branche verticale porte en petite gothique : ave Maria; sur la gorge : Vierge sous un dais gothique; le Christ avec les Saintes Femmes placés sous le même dais; Ecce Homo.

Un arrêt du conseil du 12 mars 1774 ordonne qu'il sera imposé une somme de 2,072 1. sur les habitants pour la réfection de la

(1) Bibliographie : M. Rupin, YOEuvre de Limoges, p. 484 ; M. Guibert, YOrfèvrerie à l'Exposition de Limoges, p. 225 ; Calai, de l'Expos. n. 105, Album de Mieusemenl, pi. XXVI).

(2) Bibliographie : Barbier de Montault, Bullet. t. XXXV, p. 268; Catal. n° 67; Mieusement, pi. XXVII.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 355

maison curiale, les réparations de la nef, du clocher et du cimetière.

Il y avait autrefois dans cette église d'importantes confréries qui organisaient, à l'occasion de la fête de leurs patrons, des processions costumées généralement terminées par un grand festin. Cet usage était assez commun en Limousin où il était connu sous le nom de reinage ou de royauté, parce que les personnages qui présidaient à la cérémonie portaient le titre de roi et de reine et que leurs compagnons se distribuaient les autres dignités d'une cour. Ces dignités se donnaient aux enchères, soit contre de l'argent, soit contre de la cire, des denrées.

A Mailhac, le succès de la royauté de N.-D. des Miracles que l'on rencontre dès 1624, fit éclore, en 1636, une royauté rivale dile de Sainl-Gervais et Saint-Protais, organisée par les membres d'une confrérie placée sous le patronage des saints de la paroisse. Elle parvint, semble-t-il, à supplanter sa concurrente, puis à la faire disparaître.

Les registres d'élat-civil contiennent de 1625 à 1647 quelques renseignements sur ces royautés.

En 1624, les offices de grand prévost de l'autel, de porte espée, du noumé faict à sa guise sont adjugés chacun moyennant 1 1. 1/2 de cire; ceux de premier danseur, chamberland conseiller du roi, grand maùtre des cérémonies, escuier tranchant, le second page, le taste-vin, 1 1. cire; le premier tireur de guain, le porte-panache, le cuisinier, 1/2 1. Il est à remarquer que le proeès-verval de l'adjudication ne mentionne ni le roi, ni la reine, ces dignilés étaient sans doute réservées aux président et présidente de la confrérie. L'année suivante, il n'en est plus ainsi, le roi est porté à 4 1. cire et la reine à 11. ; la mignonne de la reine à pareille quantité.

En 1628, les concurrents sont plus nombreux : le roi est poussé à 7 L et la reine à 5 1. A celte époque 48 filles font partie de la confrérie; un an après, un revirement se produit, le roi tombe à 1 1.1/2, tandis que la reine monte à 5 1. 1/2; à l'annonce de l'adjudication des dignités, 13 filles étaient venues se faire inscrire dans la confrérie en payant un droit d'entrée variant entre une livre el demi-livre de cire. On pouvait être roi ou reine plusieurs années de suite; la reine de 1630 est la même que celle de 1629, mais celte fois cette satisfaction ne lui coûte que 2 1. En 1646, le roi et la reine sont adjugés 4 1.

La royauté de Saint-Gervais et Saint-Protais eut, à son apparition, en 1636, une vogue beaucoup plus grande : le roi est levé par Philippe Guillerot moyennant 8 1. cire, un bussard de vin et 4 boisseaux froment; le lieutenant du roi par Jacques Guillerot, moyennant 2 1. cire, « mais il boira le premier » ; le porte enseigne,


356 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

2 I. ; le porte cornette, le porte espée, 1 1. 1/2; le mignon du roi, la folie, i 1. la reine, 7 1.

Ces dignités n'étaient pas toujours toutes remplies; la procession la plus complète fut celle de 1637 ; en dehors des personnages qui figurent l'année précédente, nous trouvons le taste vin du roi, le premier danseur, le premier tireur d'espée, le premier tireur de gan, le conseiller du roi, le premier page, le chambellan, le sommelier, l'écuyer tranchant.

En 1647 le roi est tombé à 3 1. 1/2 et la reine à 3 1. Au siècle dernier, un curé de Mailhac tenta de ressusciter cet antique usage; la cloche de 1876 porte le nom de la reine de l'année.

Le pèlerinage de N.-D. des Miracles de Mailhac est encore assez suivi pour les enfants; il a lieu le 31 mai.

Le prieuré de Mailhac, mentionné dès 1318, dépendait aussi de la prévôté deSaint-Benoit-du-Sault; il avait pour patrons les mêmes saints que l'église ; il vaut 60 1. de rente en 1552.

De faible importance, ses titulaires ne l'habitaient pas, tout au moins auXVII«s.,etchargaient un prêtre d'assurer le service :1e 12 nov. 1673, François Marcoul, prêtre d'Arnac, s'oblige envers le prieur à faire ce service dans l'église de Mailhac, qui est de dire tous les dimanches la première messe, ainsi qu'aux quatre fêtes annuelles, qui sont : Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël; aux fêtes commandées de la Vierge ; au jours des patrons du prieuré et des apôtres saint Jacques, saint Philippe et saint André, moyennant 78 1. par an.

Les dîmes de la pMe appartenaient en majeure partie au prieuré et c'était lui qui payait au curé sa portion congrue; le 11 juill. 1753, elles sont affermées 534 b. de seigle, dont seulement 100 b. pour les décimateurs laïcs.

Parmi ces derniers, nous trouvons Gabriel de Ricoux, s' de Soulignac, qui, le 1er déc. 1543, vend à réméré à Jean Bastide, md, de Sainl-Benoil, le quart de la dîme de Mailhac avec 14 s. de devoir féodal et foncier appelé queste. Jacques de Vérine fit le retrait le 2 mai 1565.

En 1630, le presbytère était désigné sous le nom de maison de la Trapy; il dépendait de Mondon. Reconstruit en 1774, il fut aliéné à la Révolution. La cure actuelle a été acquise en 1889, moyennant 3.487 fr.

L'ancien cimetière de Mailhac se trouvait autour de l'église; le cimetière actuel a été acheté vers 1853.

Sous l'ancien régime, Mailhac possédait une brigade de traites avec un receveur, à cause de sa situation sur les frontières du Poitou et de la Basse-Marche. Il possédait aussi deux notaires et des huissiers. Il avait également un maître d'école.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 357

Le groupe scolaire, qui comprend aussi la mairie, a été édifié en 1876; il a coûté 17.742 fr.

Un bureau de poste y a été établi en 1893.

Le bourg compte 6 marchands de vins en gros ou en détail, soit 1 pour 27 habitants.

Anciennement, le vt 0 de Brosse percevait sur chaque cabaretier, le jour de saint Gervais, 5 s. et un pot de vin.

Nous n'avons rien rencontré concernant l'histoire proprement dite du bourg; ici, encore, les registres révolutionnaires font défaut. On voit seulement dans ceux du district que le25nov,1792, il y eut quelques troubles à Mailhac, causés par le secrétaire de la municipalité, J.-F. Lalégcrie, qui annonça au peuple assemblé « que l'imposition mobilière était donnée et qu'il défendait de la •payer, ajoutant qu'il s'était emparé du rôle pour qu'il ne fut pas remis au percepteur. » (L. 549).

Le 14 prairial an II, le district signale également que de nombreux vols sont commis dans la région par une bande de dix brigands, qui se réfugient dans les bois de Bouéry; il engage les communes à faire une battue (L. 547).

La forge et les bureaux des aides fixèrent à Mailhac un certain nombre de familles étrangères; d'autres, au contraire, s'y rencontrent de tout temps.

Parmi ces dernières, nous citerons :

Les Alloncle, qui donnèrent toute une dynastie de notaires depuis Mathurin, vivant en 1588, jusqu'à Silvain, 1771. Ils se titraient s" du Taillis.

Les Guillerot, très ancienne famille : Michel était notaire en 1591; André Guillerot, qui testa le 4 déc. 1627, laissa Philippe (1618^-1681), sr de la Brosse, qui eut : 1° André, sr de l'Epeau, marié à La Souterraine, en 1663, à Françoise de Gartampe; 2° Georges (1653 f 1713), sr de l'Eslang, chirurgien, d'où François, sr de l'Eslang (1694 f 1770), père de J.-B. Guillerot de l'Eslang, marié à Madeleine-Elisabelh Vézien, tous chirurgiens.

Cette famille, qui compte 43 années de mairie à Mailhac, a pour représentants actuels M. Ernest Guillerot, notaire à Arnac, et M. Alfr. Guillerot, ancien maire.

La famille Descombes a fourni un curé au XVIIe s. et des huissiers au XVIIIe.

Les Nicaud étaient s" des Bastides et du Bois de Lavau. André Nicaud fait un accord en 1581 avec le s' de Monbel au sujet de l'étang de la Tâche, accord ratifié en 1610 par son fils Pierre.

Pierre Nicaud, sr des Bastides, époux de Marguerite Dubrac, a Jean, sr des Bussières et des Bastides, marié à Anne Pertat, d'où : 1° Marie (1663), trouvée étranglée dans son lit, à La Bastide, le


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6 août 1731; 2° Charles, sr des Bussières (1665), marié en 1691 à Françoise Loisellier.

D'eux descendait Sulpice Nicaud, grenadier à cheval, qui, le 14 oct. 1768, baptise un fils sous les prénoms de J.-B.-Silvain-Gervais-et-Protais.

Lieux habités

L'AGE-MAILLASSON. — 1 m., 4 h. appelé l'Aige Cacard, 1648, l'Age Cascard, 1664-1690, du nom d'une famille Cacard qui habitait la p"c aux derniers siècles.

LA BASTIDE. — 3 m., 20 h. sur la grand' roule de Poitiers à Guéret; « passage périlleux », dit le Guide des chemins de France de 1553; ancien fief relevant de Puylaurenl; la Bastide, 1461 ; la Bastide-Cormary, 1526; la BastideCormarin, 1574-1726. Sieurs : Georges Nicaud, 1648; Jean Nicaud, 1682-1726.

Les habitants devaient des corvées au sr de Lascroux pour aller chercher du vin en Berry.

BETOULET. — 4 m., 22 h. En 1597, ce même sr possède pareils droits sur Bethoulet. Sur une maison de ce village, inscription portant I.D. M.

LE BOST. — Lieu disparu; on y voyait encore des murailles il y a une dizaine d'années. Le 22 avril 1504, Philippe Vergnault, époux d'Yvonne de Magnac, vend à François de Ricoux, tous ses droits sur le lieu du Bost (Arch. Vienne, EM535); le Bosc, 1649; le Bost, 1664.

LE COUDEBT. — 7 m., 31 h. Ses habitants devaient des corvées à Lascroux en 1597, comme ci-dessus.

LES COURTIÈRES. - Nom disparu récemment. Le H fév. 1421 Raoul Pot, sr du Puy Agut, accense à Jean deu Mas dit de Franco, fils de feu Pierre de Bantard et à Petit Pierre deu Montz, l'héritage appelé las Courtières, p"" de Mailhac, sis entre le mas Grimaux et le mas de. la Garde, comprenant murailles, jardins, terres cultivées el incultes, prés, pacages, bois, landes, champs, ruisseaux, bruyères et autres fonds, moyennant une rente annuelle de 24 b. avoine, 32 s., 2 gellines et 2 journées à bras; il se réserve le saisir et le vêtir (absare et vestire). Il est convenu que si les accensataires ou leurs hoirs venaient à tenir feu et lieu {focum et locum) en cet endroit, ils devraient des bians, des journées et autres servitudes comme les autres hommes serfs et de servile condition du sr. En cas de décès sans enfants, ces biens feront retour au s* qui les charge en outre de payer une rente de 3 quartes seigle au prieur de Mailhac (9403). Les Mas d'en bas ou les Courtières, 1806.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 359

LA CROCHEPALIÈRE. — Autre lieu disparu : en 1439 le s' de La Tâche comprend dans son dénombrement le lieu de la Crochepaliéra avec ses appartenances, ladime des prémices, les hommes taillables et corvéables du lieu.

LE FOUR A CHAUX. — 3 m., 12 h. Four à chaux et tuilerie dépendant de la terre de Mondon et établis en 1866. On y cuit du calcaire provenant de la Vienne.

LES GRANDS FATS. — 4 m., 16 h. C'était jadis un fief relevant de Puylaurent; la forêt de Grand Fa est citée en 1486.

Philippe Vergnaud, sr de ce lieu, est en 1496 propriétaire de la « tousche (bois) de Bouyris ».

Dans la notice sur Lavaupot nous avons conté la fin tragique d'Antoine Vergnaud, tué d'un coup d'épée par Mathurin Pot.

Au XVIe s. Renée Vergnaud rend aveu à Puylaurent pour Grand Fa qui comprend une maison haute avec un admis au milieu. (Arch. Vienne, EM535).

Françoise de Rousiers, dame de Grand Fa, épousa Jacques d'Estuert, puis Jean Busson; du premier mariage vint Pierre d'Estuert, sr de Grand Fa, qui trompait les ennuis de son isolement au milieu des bois par des amours ancillaires : les registres de Mailhac, en relatant les enfants qu'il eut de différentes servantes, nous disent son coeur volage.

A sa mort, Grand Fa passa à son neveu Léon Bléreau, fils de Charles et de Gabrieile d'Estuert. Le 30 avril 1641 celui-ci vendait à Jean de Montbel, son voisin, le château, fief et lieu noble de Grand Fa, moyennant 3,800 I. (id.). Le 24 déc. 1665 la veuve de celui-ci faisait procéder à une visite du logis « qui s'en va en ruines » ; on y voit que la tour est en partie tombée et que le pignon du logis surplombe de 2 pieds. (Arch. Indre, E. 625).

LA GRANGEVIEILLE. — 8 m., 42 h. Les habitants étaient astreignabtes au moulin de la Salesse. Le 20 juil. 1748 Pierre Bastide, sr de Grandchamp, vend à Louis Delavaud, ancien premier chirurgien sur les vaisseaux du roi et notaire à Arnac, une rente féodale d'une poule sur chaque feu de ce village.

LA GRIMIÈRE. — 4 m., 11 h. Le lieu de la Greminiera avec ses dépendances,ladîme des prémices, elles hommes taillables et corvéables, dépendent de La Tâche en 1439; La Gryminière était, en 1597, sujette à des corvées envers Lascroux; La Griminière, 1626; la Grimmière, 1666.

LATV1AISONNEUVE. — Localité citée en 1644-1663; un notaire y habitait alors.

LA MARGHERE. — 5 m., 19 h. Le lundi avant la fête delà


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Chaire Saint-Pierre 1317, Jean Merechiers, de las Merechieras, tuteur de Pierre, son (ils, et Agnès, sa fille, vendent à Doucet Arzent, de Saint-Sulpice-Terre-aux-Feuilles, moyennant 10 1. unum lectum minutum culturoe. (Bibl. de Lim. n. 50). La Malechère, 1623; la Malachère, 1652 ; la Mareschère, 1667.

LES MAS. — 3 m. 22 h. Comme pour les Bras et les Rebras, l'usage moderne a adopté la forme plurielle : Jean deu Mas, 1421; Le Mas, 1524; en 1657 la tenue du Mas dépendait de Puylaurent.

LES MASGRIMAUX. — 10 m., 49 h. Même remarque que pour la localité précédente; on trouve Mansum Grimaux, 1421; le Masgrimault, 1529; le Masgrimaulx, 1531; le Masgrimauld, 1588.

MONDON. —59 h., 12 m.

Après avoir arrosé de ses nombreux méandres les prés de SaintSulpice et d'une partie de Mailhac, la Benaise s'étale subitement, à l'un de ses détours, en une belle nappe qui est l'étang de Mondon, ceinturée de vert par les châtaigniers et les chênes qui l'entourent et dont les rives sableuses servent, à la belle saison, de plage à Saint-Sulpice et à Arnac. Dans une échancrure surgit, d'un blanc éblouissant, le château de Mondon, simple construction en forme de H placée au milieu de parterres aux vives couleurs, avec, comme fond, des arbres centenaires : ce paysage donne une impression de tranquillité pénétrante qui va faire ressortir le contraste des sites d'aval.

Dans cette masse liquide, une énergie latente se cache; elle se manifeste à l'issue de l'étang par une superbe chute d'environ 7m de haut : l'eau se précipite, bondit dans un étroit couloir, puis, quelques mètres plus loin, se mêle, sous les arbres touffus du parc, aux ondes plus rares du Glevert.

Subitement, comme par enchantement, le paysage se transforme : une vallée sombre, étroite, encaissée, aux flancs hérissés de blocs de granit arrondis, enveloppés par les fougères, surgissant d'une végétation intense, aux arbres pointants vers la lumière, succède. L'onde, comme si elle voulait se dédommager de la contrainte subie dans l'élang, bondit, se précipite, se rue impuissante, dans une galopade furieuse, contre les blocs de rochers descendus dans son lit aux temps des glaciers. Dans un tapage assourdissant, accru encore par le rapprochement des rives, elle les recouvre d'écume, tandis qu'au-dessus, impassibles, rendant l'eau plus noire, les ramures puissantes des chênes s'étendent et assombrissent ce paysage sauvage et farouche. Il en est ainsi jusqu'à Lascroux, jusqu'à Jouac : les blocs de schiste se mêlent aux blocs de granit et bientôt les remplacent; c'est une succession de coins pittoresques, coupés de loin en loin par un prp verdoyant, aux abords difficiles,


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 361

conquis sur l'épanouissement accidentel du torrent et plaqué de touffes de fougère royale.

En un point, entre Mondon et Lascroux, la rivière roule dans un bouleversement de rochers entassés : sous l'effort patient des ans, les ondes ont creusé dans le roc un large trou où elles se précipitent et ressortent en bouillonnant; c'est ce que, dans le pays, on appelle le Pot Bouillant.

Toute celle vallée, aux aspects divers, mérite d'attirer l'attention des artistes et des touristes, surtout à l'automne, quand les arbres, en partie dénudés, laissent apercevoir, à travers leurs frondaisons polychromes, le chaos capricieux dea rochers grisâtres.

Le château de Mondon est moderne, mais anciennement, au confluent des deux rivières, s'élevait « un bel et grand chastel et forteresse », dont M. de Beaufort a reconnu quelques restes. De son temps, on voyait encore les ruines d'une tour carrée de 11 m. sur chaque face, aux murs épais de 2m50 avec une augmentation de 0m25 dans les fondations. Dans le mur S. s'ouvrait une petite porte de 0m45 aboutissant à 0m75 à une cavité transversale de 0m75 sur 0m33, remplie de terre noirâtre; c'était sans doute l'issue des privés. Le mamelon sur lequel se trouvait ce donjon était séparé du terrain environnant par une coupure de 8 m. de large sur 5 m. de profondeur; il présentait une forme circulaire et était entouré d'une muraille. A l'intérieur, on remarquait des vestiges de bâtiments; le mortier de ces constructions était tellement dur que M. de Beaufort en reportait l'origine aux Romains.

L'entrée de cette forteresse se trouvait nécessairement au S. par un pont jeté sur la coupure; vers 1860, en procédant au nivellement de ce mamelon, on trouva une large pièce d'argenl au nom de Willelmus Aux com, des pièces du prince de Galles et de Philippe VI. Ce mamelon est désigné en 1697 « la montagne du vieux château de Mondon ».

Actuellement, il esl envahi par la végétation et toute trace de construction a disparu ; on y remarque seulement le couvercle en pierre d'un cercueil d'enfant orné d'une croix pattée.

Cette forteresse était importante et au XVI" siècle, elle était encore pourvue d'un gouverneur; des divers documents que nous avons rencontrés, il semble résulter qu'elle fut détruite au cours des guerres de religion; peul-être même auparavant avait-elle eu à souffrir de l'éloignernent de ses possesseurs.

Le fief de Mondon était le plus considérable de la Terre-aux-Feuilles et quelques documents du XVe s. lui donnent même le titre de châtellenie ; nous avons vu qu'il possédait alors une mesure spéciale.

Il jouissait indivisément avec les autres seigneurs de la Terre-aux-


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Feuilles de la haute justice et divisément de la moyenne et basse justice. En 1552, il valait 300 I. de rente.

Il s'étendait sur la majeure partie de la p" de Mailhac, la portion poitevine d'Arnac ; il comprenait en outre, dans la p" de Cromac : Reculais, Les Nordières, Pré-Barat, La Vergnade; dans celle de Jouac : Les Bastides ; dans celle de Saint-Sulpice : La MaisonRouge et Bantard ; partie de la p" de Saint-Georges ; dans Azerables : Le Bouchais, Fonlvieille, Le Genest; Les Fougiéres dans celle de Dompierre; Les Grandes Lignes dans celle'de Saint-Léger ; le village de Foulventour, p"a de Saint-Hilaire, devait une obole par feu. Le fief du Bois Jeansaulme, p*° de Beaulieu, tenu « au devoir d'un couple de tourtourelles blanches » et celui du Moulin de. Chavignac, p"' de Chaillac, relevaient aussi de Mondon qui possédait encore « une belle, forest de haute futaie » déjà mentionnée et l'importante forge dont nous parlons plus loin.

Au début du XIVe s., Mondon est entre les mains d'une grande famille de chevalerie : les de Nailhac. Le mardi après Pâques 1309, Philippe, dame de Mondo, veuve d'Elie de Nailhac, confirme un arrenlemenl fait par son mari à Boson de Johanceys, de la'terre de La Meychabesse, qui était alors tenue à rente de Boson par Leduc et Jean de Saint-Georges, moyennant 3 s. seigle, mesure des Feuilles. (9390).

Le vendredi avant l'Avent 1361, Jean de Jenceys, damoiseau, reconnaît tenir à foi et hommage lige, de Pierre de Nailhat, chev., sa grande maison des Chézeaux. (9399).

Guillaume de Nailhac, surnommé le Preux, fut gouverneur de La Rochelle; en 1386, il commanda l'armée envoyée en Espagne au secours du roi de Castille; il mourut en 1406, ayant épousé en secondes noces Jeanne Turpin, que les généalogistes disent dame de. Mondon ; il eut cinq enfants dont Jeanne, mariée le 29 août 1419 à Jean de Brosse et Jean, conseiller et chambellan du roi, sénéchal du Limousin en 1423. Le 27 juillet 1428, Jean de Brosse promet « léaument et sur son honneur » de donner trêve à Georges de la Trémoille, sr de Lussac, à Raoul de Gaucourt, grand maître de France, et à Jean de Naillac (1); ce dernier étant allé au siège d'Orléans, fut tué, le 12 fév. 1429, à la fameuse journée des Harengs ; il ne laissa pas d'enfant d'Isabelle de Gaucourt ; Mondon fut alors attribué à sa soeur Jeanne dont le mari, Jean de Brosse, appartenait à la grande famille féodale des vicomtes de ce nom, sorlie au X° s. des vicomtes de Limoges. Ce personnage fut maréchal de France et joua un grand rôle dans les guerres de son temps.

Son fils, Jean de Brosse, s* de Sainte-Sévère, fut fait chevalier

(1) Les la Trémoille pendant cinq siècles, t. I, p. 175.


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 363

par Dunois et suivit le parti du dauphin lors de la ligue du Bien Public; en 1467, Louis XI lui donna le commandement du ban du Poitou. Il avait épousé, en 1437, Nicole de Blois dite de Bretagne à la condition que sa postérité porterait le nom et les armes de Bretagne. Nous avons de lui plusieurs arrentements de domaines dépendant de Mondon; en 1446, il faisait une donation à son bien aimé serviteur Perroton Deoulx, écr. (V. Les Nordières.)

Après sa mort, Mondon échut à sa fille, Claude, mariée en 1485 à Philippe, duc de Savoie; celle-ci rendait hommage, en 1498, pour Mondon, à André de Chauvigny, vicomte de Brosse.

C'est vers ce temps qu'une tradition, conservée au XVIIe s. dans la famille de Montbel, place l'internement dans le donjon de Mondon d'un prince de la maison de Savoie ; il y serait mort et aurait élé inhumé à Mailhac. Ce fait est contestable ; M. Giovanni Sforza, directeur des Archives de la Maison de Savoie, à Turin, nous écrit, en effet, que tous les historiens de celte Maison qu'il a pu consulter, ne font aucune mention de cet internement. André de-Montbel indique cependant, dans une note datée de 1674, « que le tombeau dud. prince se voit encore aujourd'hui dans l'église de Mailhac ».

La question de l'existence de ce tombeau fut posée il y a quarante ans à M. Fournet, ancien curé de Mailhac, qui avait fait, de 1854 à 1860, des travaux importants dans l'église. Il répondit qu'il avait trouvé, entre l'autel de la Vierge et la chaire, deux dalles en calcaire sans inscription et qu'il y avait autrefois à la porte une tombe de forme triangulaire, en calcaire avec des rognons de silex; elle portait d'un côté une épée au pommeau arrondi avec croisillon; de l'autre, un écil triangulaire, mais pas d'inscription (1).

Charles III, duc de Savoie, fils de Philippe, fil donation, le 22 juill. 1516, à sa soeur, Philiberle de Savoie-Nemours, des terres et srI«" de Mondon, Bridiers, Maleval, Flets et Thors (2).

Celle-ci, qui avait épousé Julien de Médicis dit le Magnifique, frère du pape Léon X, n'ayant pas laissé de postérité (décédée le 4 avril 1524), Mondon revint au duc de Savoie.

(1) Lettre du 18 oct. 1866 à la cure de Mailhac. Il ajoute que les débris de cette tombe ont été employés à faire deux bénitiers.

En 1854, dans le choeur, on trouva le tombeau d'un prêtre contenant des débris de soie jaune et une houppe de bonnet.

(2) Donazione faila dal duca di Savoia, Carlo III, a sua sorella, Filiberta di Savoia-Nemours, délie terre, signorie e giuridizioni di Bridiers, Maleval, Flets, Mondon, Thors nel Poitou inFrancia, 22 luglio 1516.

Documenti vari relativi ad affari ed interessi trattatisi Ira la principessa Filiberta di Savoia-Nemours ed il duca Carlo III di Savoia, suo fralello, per il feudo di Mondon, anni 1516-1524. (Arch. de Turin, mazzo 4, n. 10-31.)

T. LVI 24


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En 1529, son procureur poursuivait Maurice et Jean de Montbel, « eulx disant capitaines et gardes des chasleaux, boys et fouresls de Flest et Mondon », sous prétexte qu'ils avaient « grandement gasté, desmoly et despopulé lesd. chasleaux et forests et aussi fait certaines plusieurs forces, excèz, rapines et exactions sur les subgectz desd. seigneuries, abusant de leurs offices ». Le 31 oct. 1529, le procureur avait conclu contre eux à l'assise de Mondon, à une amende de mille livres. (P. M.)

Les défendeurs prétendaient au contraire avoir gardé les sujets du duc de plusieurs oppressions et, à l'assise tenue le 29 déc, ils présentèrent un appointement intervenu le 12 nov. avec Rubat et Acquevée, commissaires du duc, qui approuvaient leur conduite; en conséquence, ils furent relaxés (P. M.).

Vers ce temps, le duc soutint un procès avec Louise de Bourbon, vicomtesse de Brosse, qui prétendait que Montdonn'avait pas droit de justice et voulait empocher les officiers nommés par le duc de siéger. Celui-ci et Antoine de Brosse, son oncle, co-seigneur de Mondon (1), produisirent à ce sujet un curieux mémoire, dont nous avons déjà parlé à propos de La Terre-aux-Feuilles. Il y avait eu précédemment de nombreuses difficultés avec les vicomtes qui, chaque fois, avaient vu leurs prétentions rejetées. En 1439, y diton, il y eut un arrêt pour la dame de Mondon qui lui donna le droit de saisir les bêtes épaves trouvées en sa terre « et d'icelles en prendre le prouffict et cognoissance jusques à 60 s. et au dessous »; mais si les bestiaux étaient trouvés par les officiers de Brosse dans la terre de Mondon, la connaissance leur appartenait. (9400).

En ces temps de politique instable, il était imprudent pour un prince étranger d'être possessionné en France; le duc, demeuré seul sr après la mort de son oncle, en fit bientôt l'expérience (2). Tout d'abord considéré comme ami de la France, il se brouilla " en 1535 avec François I" pour lui avoir refusé de laisser passer sur ses états les troupes envoyées en Milanais. Le résultat de cette brouille ne se fit pas attendre : en un mois la Savoie fut conquise et les propriétés sises en France furent saisies. François Pot, sr de

(1) Testamenlo di Antonio di Brosse, visconte di Bridiers, baronne di Mallevai, Thors e Mondon, A oct. 1522 (Arch. de Turin).

(2) Le duc prévoyait une confiscation et songeait à aliéner ses terres sises en France, car les Archives de Turin mentionnent : « Istruzioni di Carlo III, duca di Savoia, al signor Pugnet in ordine alla vendita dei suoi feudi di Flets e Mondon, in Francia (23 nov. 1534). Istruzioni del medesimo al signor la Rive, circa le trattative per la vendita dei feudi di Flets, Mondon e Maleval, che egli possiede in Francia (23 nov. 1534) (Feudi del duca di Savoia in Francia).


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Chassingrimont, fut établi par le roi commissaire pour administrer Mondon, Fleix et Malleval (1536).

fos srl(" importantes furent convoitées par Anne de Monlmorencj, qui était alors tout puissant, et le roi les lui attribua vers 1539. Le 29 nov. 1552, le fameux connétable obtenait du roi des lettres patentes pour poursuivre ses débiteurs de Mondon.

Curieux rapprochement : quelques années après, en août 1557, Montmorency, blessé à la bataille de Saint-Quentin, fut fait prisonnier par Philippe de Savoie, fils et héritier du duc Charles. Le ressentiment que celui-ci dut éprouver en face de celui qui détenait les biens de sa famille fut peut-être pour quelque chose dans la fixation de l'énorme rançon, 200.000 écus, que le connétable dut payer pour recouvrer sa liberté. Celle mésaventure calma ses ardeurs belliqueuses et, en 1559, il devint un des champions de la paix qui fut signée ensuite; le duc rentra en possession de son duché et de ses s" 8" de France.

Le 31 mai 1562, R. P. en Dieu messire Jérôme de la Rovère (f), évêque de Toulon, conseiller et ambassadeur en France de très haut et très excellent prince Mgr le duc de Savoie, prince de Piémont, sr de Fleix et Mondon, donne à bail, à Jean de Chavignat, la terre de Mondon, moyennant 320 1.

Instruit par l'expérience, et quoique marié à la fille du roi de France, Emmanuel-Philibert de Savoie jugea prudent de se débarasser de ses terres et, en 1563, il vendit Mondon à Jean Pot, sr de Chemau, Rhodes, ambassadeur de Charles IX à Rome, à Vienne et en Angleterre.

La veuve de celui-ci, Georgette de Balzac, cède, le 10 sept. 1579, à Guillaume de Montbel, le reste de la coupe du bois de la Ligne, p"e de Mailhac, moyennant 6.000 1. Il lui est accordé huit ans pour sortir les bois et cinq ans pour payer. Il aura en outre la faculté de laisser sur pied 6 arpents, du côté de Saint-Léger, qu'il tiendra en fief, à foi et hommage avec le fond.

Jean Pot était mort en 1571, laissant Mondon à son fils François, alors âgé de quinze ans; celui-ci, qui fut page d'Henri III, fut tué au siège de Montagut, en Poitou, en 1579, et Mondon passa à Guillaume, son frère.

Guillaume Pot, sr de Rhodes et Mondon, grand maître des cérémonies de France, laissa de Jacqueline de la Chaslre : Henri, tué en 1590 à la bataille dTvry; Guillaume, sr de Rhodes et de Mondon, à qui le pays est redevable de l'établissement de la forge de

(1) Jérôme de la Rovère, évêque de Toulon en 1559, archevêque de Turin en 1564, fut fait cardinal en 1586; il a laissé des poésies fort goûtées de ses contemporains.


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Mondon, grand maître des cérémonies, décédé sans enfants vers 1615; François, qui hérita des biens et des titres de son frère.

François Pot fut lue au siège de Montpellier en 1622 et Mondon fut attribué à son second fils, Henri; c'est celui-ci qui, en 16531658, fit défricher une partie de la forêt de Mondon et donna les terres à bail.

Son fils, Charles Pot, le dernier grand maître des cérémonies de cette maison, mort le 1er juill. 1705, ne laissa qu'une fille, MarieLouise-Charlotle Pot, mariée en 1713 à Louis de Gand de Mérode de Montmorency, prince d'Isenghien, maréchal de France, et décédée le 8 janv. 1715 sans postérité. En elle s'éteignit la branche des Pot de Rhodes, qui avait donné tant de personnages fameux.

Mondon fut alors attribué à Charles-Hubert de Mesgrigny, son parent, mort vers 1733, laissant pour héritier son neveu, LouisLéon le Boulhilier, comte de Beaujeu, qui, le 27 oct. 1756, vendit à Marguerite-Henriette de la Roche, veuve de J.-B.-Jacques Boucher, trésorier général des colonies françaises de l'Amérique, au nom de ses enfants mineurs, les terres et s"" de Rhodes, Mondon, Lavaupot, La Salle de Jançai et Loissière, moyennant 195.000 1.

En 1767, ces terres furent atlribuées à Marie-Victoire Boucher, épouse de Louis-François-Marie-Honorine, vicomte de Rochechouard-Pontville, cornette des mousquetaires de la garde du roi.

A la Révolution, cette dame ayant été condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire le 3 floréal an II et exécutée, ses biens passèrent à ses deux enfants, Armand-Constant et Michelle-MarieConslance, mariée au comte de Montagu-Laumagne ; le premier ayant émigré, sa part fut saisie par la nation et vendue en l'an À à sa soeur.

En 1820, cette dame abandonna Rhodes, Mondon, etc., à son fils, Armand-Jean-Flottard, comte de Montagu-Lomagne, colonel de cuirassiers, qui aliéna tous les biens possédés par sa famille ; Mondon fut vendue en 1851 à M. Garnier, entrepreneur à Paris, puis appartint à son fils, M. Henri Garnier, député de l'Yonne, préfet de la Haute-Vienne, et actuellement il est au gendre de ce dernier, M. Delafosse, député du Calvados.

Forge de Mondon. —- L'établissement industriel du pays le plus important remonte aux premières années du XVIIe s.; tous les documents antérieurs n'en font pas mention. C'est donc bien probablement à Guillaume Pot que revient l'honneur d'avoir doté notre contrée de cette industrie qui dura plus de deux siècles et demi.

Le premier acte conservé dans les archives est un bail du 2 avril 1607, consenti à Philippe Favier, marchand, de Saint-


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 367

Benoit, et Michel Subtil, écr, sr du Sauvage, m» des grosses forges, « de la forge et fourneau à faire fer située au village de Mondon », moyennant 40 milliers de fer, prix de forge, pour trois ans. Le s' donnera 10 arpents de bois à Mondon ou à Grand-Fa ; il est convenu que les mines de minières et castille pourront s'exploiter partout où elles se trouveront. Subtil promet de travailler à la forge s'en départir. Cette dernière clause et le mode de payement fixé pour faciliter les exploitants nous donneraient à penser que ce bail était le premier ; d'autant plus qu'il n'y est pas question d'une visite des outils (9404).

A l'expiration du bail, Favier se chargea seul de l'exploitation pour un an, moyennant 2.400 1.

Privé de l'expérience d'un homme du métier, sa gestion ne fut heureuse et, l'année suivante, il dut abandonner au profit de deux maîtres de forge de la p8Ie de Marval, Jean et Guillaume Pécon, sr* de Basleran (1). A leur entrée, lé 2 déc. 1611, ils firent constater par notaire que la forge était en mauvais état : « la bouche du fourneau à fer n'est pas assez large pour en tirer les guyses d'environ deux pieds. Les appareils du fourneau sont abbatus et on ne sauroit fondre en icelui; il doit être refait en entier. L'écluse proche du fourneau est en mauvais état. La roue du fourneau est rompue et les tables des soufflets sont en mauvais état. Les halles du fourneau et la grande halle à charbon onf besoin d'être recouvertes. Les deux roues de la chaufferye et de la baplerye sont mauvaises; la roue du marteau n'a que quatre bras et il en faut huit; l'arbre n'a que deux oreilhons et il en faut quatre; les chandeliers devant l'arbre sont trop petits; les jambes du marteau sont miusées; les clefs des jambes sont rompues; la pompe est mi-usée; les soufflets de raffinerie ne vallent rien. »

Ils l'avaient prise pour huit ans, moyennant 3,100 1. par an, mais en 1615 ils étaient débiteurs de 10,850 1. envers le sr qui consentit à résilier : il les accusait d'avoir, par leur négligence, laisser tomber en ruines lesd. forge et fourneau; eux invoquaient les inondations.

Favier revint alors à la tête de la forge et le 24 nov. 1615 les Pécon lui délivrent les outils : deux cuirs de grands soufflets, 2 bassetonets, 4 chesnevottes, ung grand crochet, 2 petits, 4 ringards, une faulge, 4 clouards, un estocard, etc. Il l'a conserva jusqu'en 1622 pour un prix de 2,400 1. par an. Jean Clerc, m" affi(1)

affi(1) située sur la com. de La Chapelle-Montbrandeix ; dans la chapelle, inscription de 1624 concernant G. Pecon (Cf. l'abbé Lecler, Monographie du canton de Saint-Mathieu, p. 54).


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neur, lui succéda à cette époque pour le même prix ; son bail comprend aussi le pont proche du fourneau (9404).

Pour les 30 années qui suivent, la forge est affermée avec la s'Ie par des bourgeois du pays qui la font gérer par des hommes du métier. Plus tard nous trouvons des baux distincts; nous donnerons leur prix comme indication du degré d'activité de la forge : 1654 : 800 1. ; 1728 : 2,000 1. ; 1729 : 3,000 1. ; 1752 : 2,000 1. Celui qui la prit à cette époque, Alexandre Vezien du Cluzeau, sr de Montgarnault, s'y ruina. Le bilan qu'il présenta le 1" avril 1768 à ses créanciers et qui comportait un actif de 54,484 1. et un passif de 58,819 1., nous fournit des détails sur ses malheurs : dans le cours de son bail, nous dit-il, il entreprit la fourniture des boulets de canon pour le port de Rochefort et en fournit pour 12,000 1. dont il n'a été payé que six ans après. En janv. 1755 la bouche du fourneau fut emportée par les grandes eaux el comme il n'y avait que 10 jours que le fourneau était en feu, il n'avait pu fournir de fonte et l'on dut chômer 6 mois, d'où une perte de 6,000 1.

Le 30 juin 1757 la bouche de la fonderie, du côté delà forge, creva par la force des eaux et par sa chute démolit la chaufferie et la halle de la forge; on ne put travailler de 5 mois, ce retard, y compris l'indemnité payée aux meuniers, causa un préjudice de 4,000 1. En mai 1760 les grands bourbiers crevèrent, le fourneau étant en feu; on dut le mettre bas ainsi que la forge, d'où six mois de chômage et perte de 8,000 1. Enfin pendant la durée de sa ferme, les bourbiers étant mal placés, il dut mettre bas les fourneaux plus de dix fois, ce qui lui a occasionné 20,000 1. de perte; il invoque aussi les maladies et arrive à un chiffre de 48,000 1. de pertes (M. N.).

Quand il cessa son exploitation, le sr de Mondon fit procéder à une visite par Pierre Dumême, sr de la Chapelle, ancien commis de la forge, Pierre Pichaud, marteleur, et Pierre Marzet, dit la Coulisse, m° charpentier.

Au Pelil-Mondon, on trouve 2,030 pipes de mine, estimées 7,105 1.; 200 pipes de castine, 720 1.; 1150 pipes de charbon, 2,0121.10 s. Les experts examinent ensuite les soufflets du fourneau, de la chaufferie, de raffinerie; l'arbre et la roue du fourneau; les boires, chevalet, chevecie et bec de corbin; la chambre des soufflets du fourneau; la halle du fourneau; celle des menus charbons; le pont derrière celle-ci; raffinerie d'en haut et celle d'en bas; la noé et raffinerie du marteau; les fonderies; la boutique du fondeur ; 9 chambres pour les ouvriers; la chambre des journaliers; celles des charpentiers; celle du petit valet; la boutique du maréchal, etc. (Communication de M. Valladeau.)

Un registre de comptes ,de la forge pour 1770 montre que celte


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 369

année on vendit à Mondon 132,950 1. de fer pour 21,424 1. Ce fer était acheté par les marchands des environs, de Saint-Benoit, La Souterraine, Montmorillon et Poitiers; le fer marchand se vendait de 18 à 22 1. le quintal (9437.)

Le 14 juil. 1792 une inondation emporta la plus grande partie de la forge qui fut abandonnée pendant plusieurs années.

Les pouvoirs publics se préoccupèrent de son rétablissement; les registres du district du Dorât contiennent à ce sujet une correspondance nombreuse. Une lettre écrite le 21 ventôse an II au Comité des travaux publics dit que depuis 3 ans le fer est tellement rare qu'on n'en trouve plus pour l'agriculture.

Un inventaire de la forge en 1820 montre qu'elle comprend 3 feux d'affinerie, un équipage de soufflets à pislon cylindriques percés pour 3 feux; la fonderie pourvue de son four, table, montants, roues, rouets et lanternes, montés; un tennement de maisons pour les forgerons, la marechanderie et la clouterie; une tuilerie; -le haut fourneau avec sa roue et son équipage de soufflets cylindriques à piston, son grapoy, sa moulaire; ce fourneau faisant partie d'un grand corps de bâtiments contenant les magasins et au deuxième étage les chambres des ouvriers ; l'étang dont la chaussée est percée de voûtes et ses huches pour conduire les eaux sur les roues; la halle du grand charbon; la maison du maître de forge formant 4corps de bâtiments réunis en carré avec cour au milieu; un bocard à eau avec ses pilons pour bocarder les laitiers, piler du ciment et couteaux à piler l'écorce; le grand pacage des landes des Renardières pour les mules de la forge depuis Jappeloup et la brande de Montlambert jusqu'à la rivière de la Tache et au chemin de Saint-Léger à Mailhac contenant 50 h.

Dans l'inventaire des objets qui garnissent la forge, nous relevons 2 modèles de rouets de pistons ; 6 modèles de plaques de cheminées; 2 garnitures de modèles de poids; 7 modèles de fourneaux de cuisine; 8 patrons en cuivre de marmites et chaudières; 20 matrices de clous à cheval.

Les magasins contiennent : 566 1. de plaques de cheminées ou fourneaux potagers; 2,597 1. de fers marchands; 13,561 1. de fers fondus; 7,265 1. de fers à fondre ; 6301. de clous à cheval.

La Statistique générale de la France pour 1852, fournit t. IV, p. 104 des renseignements contradictoires sur Mondon; une première notice assigne aux matières premières employées une valeur de 52,710 fr. et aux produits fabriqués, celle de 74,250 fr. ; tandis qu'une seconde notice donne respectivement 62,520 et 100,000 fr.; l'une indique 25 ouvriers; l'autre 30; payés 1 fr. 50.

On y trouve .'100 chevaux et mulets et 16 boeufs; la forge comprend un fourneau, 2 forges, 1 four et 3 autres machines. L'intro-


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duction des fers anglais porta un coup mortel à la forge et sa ruine fut consommée par june inondation qui, le 16 août 1868, par suite de la rupture de la digue, emporta les bâtiments.

Les quelques rares plaques de cheminées qu'on trouve encore dans le pays proviennent presque toutes de la forge de Mondon : l'une d'elle conservée à Saint-Sulpice porte un écusson surmonté d'une couronne fermée et soutenu par deux rameaux d'olivier; au milieu de l'écusson, sorte de médaillon renfermant un objet indéterminé, peut-être un buste. Au-dessus de la couronne on lit : Forge de Mondon; on y a aussi fondu au XIX" s. un buste d'Henri IV en demi-bosse; ces deux objets appartiennent au Dr Mondelet.

Gouverneurs. — Jacques de Montbel, 1515-1527; Maurice de Montbel, 1529; Jean de Montbel, 1529; Mathurin Pot, sr de Lavaupot, 1536-1547.

Sénéchaux. — Jean Regnaud, bach. ès-lois, 1529; Pierre Guillot, lie. 1547-1604; Jean Guillot, 1610; Jean-Joseph Butaud, sr du Peux, 1767; Antoine Alabonne de l'Enclave, 1774-1776 ; Jean Guillemet, 1776-1782.

Procureurs fiscaux. — Jean Petitpied, 1517; Pierre Guillot, 1529; Jean Collin, 1604; Mathurin Delaforest", 1622; Jeau Guillemet, 17741776.

Greffiers. — Jean Delafont, 1574-1584; Philippe Mathieu, 1529; Jean de la Forest, 1611; Jean de la Forest, sr de Blot, 1665; Dubrac, 1762-1776; Mathias Aufort, 1767; J.-B. Bernut, sr des Gouges, 1788.

Receveurs. — Léonard Silvain, 1498-1502; Antoine Mathé, 1517; Berthommier Mathé, 1522; Gervais Chavignat, 1525; Guichard de Chavignac, 1571.

Luc Deguercy, garde de Mondon, 1781.

Maîtres de forge. — Philippe Favier, 1607-1610, 1615-1622; Michel Subtil, ec. sr du Sauvage, 1607-1610, Jean et Guillaume Pecon, sr du Sauvage, 1611-1615; Jean Clerc, 1622-1626; André Guillerot, 1633-1646; Philippe Guillerot, 1649-1654; Alexandre Pousset, 1703-1704; René Joubert dit Dubois, 1713; Silvain Delacoux, bailly d'Eguson, 1728; Jean Guignier, 1729. François Nivert, 1729-1740; Ch. Alexandre Vézien, sr de Montgarnaud et du Cluzeau, 1752-1767; Jean Boyer, 1769; Jacques Goursaud, 1772; Louis Sellier, administ. du district, 1790.

MONDUGUÉ. — Le 8 juil. 1461, Jean de Brosse, sr de Mondon, baille à rente à la tierce gerbe, à Pierre Malhieu, le lieu de Mondouhe, sis entre Cromac, la Bastide et la Chicardière. dans la p'e de Mailhac, à charge de défricher les terres ; il payera en outre une livre de cire par an.

Le s'lui donne le droit de prendre du bois pour édifier un moulin à blé et à drap pour lequel il payera 12 d. de cens. (9375).

Un acte de 1588 cite les côtes de Mondugne comme « inhabitables fors aux bestes sauvages ». . Mondeugne, 1673; Julien Belenfant, m" tizeur de verrerie, prend


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 371

à bail en 1677 le petit moulin de Monduigne. Mondeugne, 1704, lieu disparu sis au-dessous de Mondon.

MONTBRUGNAUD. — 14 m. 56 h. On n'est pas plus d'accord aujourd'hui qu'autrefois sur te forme de ce nom qu'on écrit par bru, bré ou bri; l'acte le plus ancien connu donne la première orthographe qui paraît la plus conforme à l'étymologie présumée : le Mont de Brunehau.

Par lettres au nom de Charles, comte de la Marche, données à Montmorillon, devant Pinelli, clerc juré du Dorât, Hier de Barret, damoiseau, sr de Saint-Maxime, vend à Michel de Johanceys, clerc, au nom de Boson de Johanceys, son village de Monte Brunhau, le bois de Lag.... et le village de la Lande, moyennant 4 s., un s. froment et une paire d'éperons blancs (9379). Cet acte est mutilé et la date manque, mais du préambule, on peut conclure qu'il est des premières années du XIVe s. Charles, fils de Philippe-le-Bel, ayant porté le litre de comte de la Marche de 1314 à 1328; de plus un Ilier Barret est indiqué comme homme d'armes en 1341 (M. Beauchet-Filleau).

Depuis cette époque Montbrugnaud a toujours dépendu de Jançay. Le 4 mai 1454 Raoulin de la Celle, sr de ce lieu, baille à rente à Michaud de Monlbrignaud, une place dans le pâturai de la Brignardière à Montbrignaud, pour bâtir deux moulins, l'un à blé, l'autre à drap, moyennant une rente de 4 b. seigle (9379); d'après le dénombrement de Jançay de 1569, le village de Montbrignaud comprend 20 corps de logis.

En 1439 le sr de la Tâche perçoit des redevances sur les hommes de Mont Bringnau pour leur tenue de la Palinyera. Autres formes : Monlbregnaud, 1657; Montbraignaud, 1684.

LE MOULIN DE LA TACHE. — 2 m., 11 h. est mentionné dès 1439. Il esta blé en 1603; à drap en 1693; le notaire Alloncle y dresse un inventaire le 16 janv. 1742; nous y voyons un métier à faire les étoffes estimé 18 1.; une paire de forces à tondre les draps 10 1.; dans le moulin à foulerie, un métier à fouler les draps, 8 1., des outils à faire des sabots.

LE PETIT-BOIS DE MONDON. — 4 m., 19 h. Village construit au XVIIe s. dans la forêt de Mondon. Dans une transaction du 25 fév. 1651 entre le sr, le curé et le prieur de Mailhac, il est exposé que le sr de Mondon ayant fait couper une partie de ses forêts de Mondon et de Boiry, des gens du pays seraient venus le prier de leur arrenter des terres pour les défricher; ce qu'il aurait accepté. Par cet acte, le prieur et le curé, qui possèdent les dîmes novales, déclarent qu'en cas de défrichement, ils se contenteront pour tous droits, afin de favoriser les habitants, de 12 b. de seigle


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seulement sur les 150 s. que le srse propose de concéder, à prendre depuis le moulin de Mondugué, suivant le chemin de Lussac, le long des communes de Montlambert, joignant les landes des Loges et de la Chicardière, les terres de la métairie deBaubusson, suivant ensuite Lasse jusqu'à Grand Fa, puis le long des terres de Monlbrugnaud jusqu'au chemin de la Bastide Cormarin à Lussac, remontant ensuite le long du fossé et chemin qui sépare les terres de Mondon de celles des Renardières et revenant à Mondugué.

Par un autre acte du 3 déc. 1654, le curé reconnaît que c'est lui qui a excité le s' à défricher sa forêt et il consent en conséquence à ne prendre que la moitié des dîmes sur les métairies que le s* fait construire.

Le 16 sept. 1658, ce dernier baille à rente à Léger Simon, 30 s. dans la forêt à charge d'édifier une maison ; pour le faciliter, il lui permet de prendre sa part dans les 4 halles de la forge et les loges des charbonniers. Cette maison est appelée la Prise du Bois de Mondon, 1694. (9406).

Le PEU-DE-LA-TACHE. — 9 m., 40 h. Dans l'aveu de 1439, le sr de La Tâche déclare posséder le lieu de Podio de la Tâche avec ses droits et ses appartenances, les hommes taillables et corvéables, la dîme et le droit féodal.

C'est près de ce vill., sur la lisière des Bois de Bouéry, qu'au milieu d'une clairière, s'élève le plus beau dolmen de la région; la lable, cordiforme, mesure 4m sur 3m50 ; elle est soutenue par 5 supports hauts d'environ lm40; un sixième support, arraché, git sur le sol; la table, qui est fort convexe, porte 11 petites fossettes disposées assez régulièrement.

Des fouilles entreprises en 1845, sous ce dolmen, n'ont pas donné de résultats. (M. de Beaufort, p. 84.)

LES RENARDIÈRES. — 2 m., 23 h. Le 24 janv. 1473 (v. s.), Jean de Brosse, sr de Mondon, arrente à la tierce gerbe, à Marsault des Roffyères, le lieu des Benardyères, sis entre le village de Varennes, le lactier de Mailhac, et le grand chemin de Lussac à La Bastide; il payera, en outre, à Noël, « un lard jusques à la valleur d'ung escu » (9375).

LES ROUFFIÈRES — Lieu disparu cité en 1473; d'après un plan du XVIIIe s., les masures du village des Ruffièves se trouvent à côté de la croix de Larrat, au croisement des chemins de Mondon à La Bastide et de Mailhac au pont de Gléval (9376).

LA SALESSE. — Le moulin se trouvait sur la p,e de Mailhac en 1668, le surplus du village dans Arnac.

LE SOULIER. — 3 m., 15 h. Etait dans la mouvance de Mondon.


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LA TACHE. — 11 m., 44 h. Il y avait autrefois dans ce village un château détruit vers 1820, qui relevait de Mondon à hommage lige à mutation d'homme et de sr, au serment de fidélité, et qui possédait un fief important; le dénombrement rendu le 1" mars 1439 par Guiard de Brilhac en fait foi : ce s* dit posséder son hébergement de La Tâche avec ses dépendances, vergers, garenne, prés et bois; le moulin du dit lieu avec les mousnans et l'écluse; les hommes taillables et corvéables de ce village; les villages de La Lédatière, L'Age-du-Lac, Le Peu-de-la-Tâche, La Grochepalière, La Gréminière, La Lande; des rentes sur Montbrugnaud, Margot, le lieu et tenue Jean Gilet, ps" de Saint-Sulpice ; le lieu et tenue de Guilhot de La Salesse, psse d'Arhac; la dîme du Reclou, même p*8e, sur les hommes de La Lédatière; le bois de La Fa contenan 150 s. ou arpents ; le lieu Aufier tenu par Ponche de La Lédatière; 40 s. de terres en friche, etc.

Guiard, qui avait épousé Marthe de Pompadour, laissa La Tâche à sa fille Marguerite, mariée à Georges Imbault, sr de Villemexanl ; celui-ci vendit cette terre le 24 mars 1517 à Antoine Benoist, curé de Saint-Benoit-du-Sault, moyennant 500 1. Il rendait aveu le 18 août 1518 (9400).

Quelques années après, cette srie est entre les mains de la famille de Montbel, originaire de Savoie; la communication de ses archives nous permet de lui consacrer une notice détaillée.

Le premier fixé dans noire contrée est François de Montbel, qui, d'après un mémoire du XVII' s., vint accompagner en France le prince de la maison de Savoie dont nous avons indiqué l'internement à Mondon. Le duc de Savoie, pour le récompenser de ses services, le nomma gouverneur de ses château de Fleix, Marval et Mondon.

Le 20 juillet 1500, il baillait à rente une maison sise à Bort, p"e de Saint-Hilaire; de Françoise Vergnaud, sans doute de la famille des s" de Grand Fa, il laissa Jean, qui suit ; Maurice, capitaine de Fleix et Mondon, qui testait le 15 sept. 1532; Jacques, aussi capitaine de Mondon, époux de Jeanne de Vérines.

Jean de Montbel, sr de La Tâche et Champeron, capitaine des mêmes terres, obtenait, le 12 fév. 1527, des lettres royaux lui permettant de poursuivre les habitants de Fleix qui refusaient de lui payer le droit de guet. En 1529, lui et son frère Maurice, traduits en justice par le procureur du duc de Savoie pour mauvaise gestion, furent relaxés à l'assise de Mondon tenue le 29 déc.

En 1536, se trouvant en qualité d'homme d'armes des ordonnances du roi au camp et pays de Prouvence, il obtenait des lettres de répit. Le 10 janvier 1538, lui et sa femme, Françoise de Bridiers, ont donation à leur fils Nicolas, étudiant à Poitiers, en faveur de


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ses études, du lieu noble de La Tâche et de la métairie de Bonnevault, dépendant de Fleix; ils eurent encore le suivant et deux filles.

Guillaume de Montbel, sr de La Tâche, épousa par contrat du 21 avril 1558 Gillon Pot, fille du s' de Lavaupot. Il rendit aveu à Mondon le 15 sept. 1597 pour le fief de La Tâche comprenant maison noble, fuye, garenne, moulin bannier, et tenant au chemin qui va de Pierre Levée à la rivière de la Grêle, aux bois de Lavaupot, au chemin de Piégut, au moulin de La Tâche et au chemin qui va des gorces de Chez-Nicaud à la rivière de la Roche.

Le 8 mars 1609, il dicte son testament au vicaire de Mailhac : il veut être inhumé dans-l'église de Mailhac, aux tombeaux de ses prédécesseurs ; il ordonne une charité à tous les dimanches, pendant un an, comme pour un gentilhomme, et un dîner à tous ceux qui accompagneront son corps. II fonde une messe tous les 15 jours dans sa chapelle de La Tâche et donne, à celte fin, le pré de La Prade. Il distribue ensuite à son fils Jean, La Tâche, à Guillaume, son autre fils, Champeron, à sa fille Jeanne, dame de Noboys, 4001., une vache et son veau. Il les charge de donner à l'église « une chappe belle et honeste ». Il eut aussi, croyons-nous, Jean de Montbel, religieux de l'abbaye du Bourg-Dieu, prieur de Mouhet et Mailhac, aumônier du prince de Condé.

Jacques de Montbel, sT de La Tâche, fut exempt des gardes du roi et écuyer de sa grande écurie ; il se maria trois fois : par contrat du 15 sept. 1585 à Jeanne L'Huillier; par contrat du 30 juill. 1595 à Avoye de L'Age; enfin par contrat du 21 avril 1599 à Anne d'Eaux, fille du sr de La Counilière.

11 avait embrassé le parti de la Ligue, et nous le trouvons en 1591-1593 à la fameuse défense de Poitiers, sous le commandement du vicomte de La Guerche; celui-ci et le conseil de la ville lui firent allouer, dans la suite, une somme de 200 écus pour ses services; cette somme ayant été rayée sur les rôles de l'élection du Blanc, le roi ordonna son rétablissement par lettres du 6 janv. 1600, attendu que l'art. 21 de l'édit sur la réduction de la ville de Poitiers porte que les deniers dus aux gens de guerre étant dans cette ville seront payés par le trésor royal ; au besoin, le roi déclare lui faire à nouveau don de cette somme en considération de ses services.

Il obtint en fêv. 1614 et juin 1627 des lettres de sauvegarde pour lui et sa famille.

De son dernier mariage, -il laissa Jean, Bonaventure, femme du s' de Masmeau, et Anne, mariée à Jacques Robert, s* du Chaslard, frère de l'historien du Dorât.

Jean de Montbel, s' de La Tâche et Grand-Fa, gouverneur de la vicomte de Bridiers, fut dispensé, le 4 août 1635, par le comte


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de Parabère, gouverneur du Poitou, de se rendre au ban de la noblesse convoqué en Champagne, « à cause de l'incommodité qu'il a au bras gauche dont il est estropié, d'autant que le sr des Fontaines-Montlebeau lui a promis, moyennant qu'il lui aide à son équipage, de servir pour deux ».

Il épousa : 1° à Arnac, le 16 fév. 1632, Isabelle Guillot, fille de Jean, s'du Bois, et de Claude Philippes ; 2° le 22 déc. 1637, Catherine Pignonneau. De son premier mariage, il eut André, qui suit; Marie, femme de François Igonin, sr de La Gorce; du second, Henri, blessé au combat de Senef, puis brigadier des gardes du corps; Jean, qui accompagna le duc de la Feuillade, allant secourir Candie, assiégée par les Turcs, et qui, le 9 mars 1677, se trouvant au siège de Valenciennes, dans les gardes du corps, eut le bras gauche emporté par un boulet de canon; il mourut des suites de cette blessure trente jours après.

André de Montbel, sr de La Tâche et Aureis, fut maintenu noble le 19 juill. 1669; le 2 juin précédent, il avait épousé Louise de la Chaslre (1); celle-ci fut inhumée dans l'église de Mailhac, près de l'autel de la Vierge, le 21 juill. 1702, laissant : Jean-Gabriel; Balthazar, capitaine au régiment de Bretagne, mort célibataire en 1707; Marie, pensionnaire à Saint-Joseph de Montmorillon.

Jean-Gabriel de Montbel, sr de La Tâche, né au dit lieu le 6 juill. 1670, capitaine au régiment de Limoges, s'allia par contrat du 15 mars 1698 à Marie-Thérèse de Nollet ; il fut inhumé dans l'église de Mailhac le 30 juin 1733 ayant eu : Louis-Jacques-Joseph (1er mars 1699), baron de La Tâche, mort le 22 mars 1785, sans enfant de Marie-Anne d'Angleberl; François-Balthazard, lieutenant au régiment d'Archiac, mort dans les guerres d'Allemagne ; Pierre (23 juill. 1702), sr des Cicardières, brigadier des gardes du corps, garde de la manche de S. M., chevalier de Saint-Louis, mort pensionné du roi en 1766; Louis (1704f 1753), garde de la manche; François-Xavier, qui suit; Marthe (1707), admise à SaintCyr en 1729, etc.

François-Xavier de Montbel, né le 30 juill. 1706, garde de la manche, capitaine de cavalerie, épousa la fille du sr de Lascroux, dont il eut : Joseph, ci-après; François-Sébastien, sr des Cicardières, lieutenant au régiment d'Auvergne; Marguerite-Scholastique, admise à Saint-Cyr en 1762; Marie-Justine, admise en 1767, mariée

(1) Les généalogistes font remarquer qne cette dame était la cousine germaine de Jean Sobieski, roi de Pologne ; celui-ci, en effet, avait épousé Marie-Casimire de la Grange, fille de Henri et de Françoise de la Chastre; cette dernière, soeur de René de la Chastre, père de Mme de Montbel.


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le 9 janv. 1787, dans la chapelle du château de La Tâche, à JeanJacques de Pons; François-Esprit-Marie, sr de Lascroux.

Joseph, marquis de Montbel, sr de La Tâche, comme héritier de son oncle, Louis-Jacques-Joseph, épousa par contrat du 2 nov. 1779 Marie-Rosalie Lignaud de Lussac, fille du marquis de Lussac. Né au Dorât le "20 janv. 1755, il fut admis en 1765 à l'Ecole militaire et servit ensuite comme lieutenant au régiment d'Artois. Le 19 av. 1774 il reçut la croix de chevalier de Saint-Lazare. A la Révolution il émigra et ses biens furent vendus nationalement. Il eut au moins trois enfants : Charlcs-Adolphe-Zéphirin (20 déc. 1787); MarieJeanne-Eulalie (11 fév. 1782), nommée le 28 mars 1821 chanoinesse de Sainte-Anne de Munich, et Marie-Justine-Antoinette (13 janv. 1784). En ces derniers s'éteignit celte branche; ajoutons que les deux ministres de ce nom n'appartenaient pas à cette famille.

VARENNES. — Village disparu sis proche Les Brosses; appartenait en 1570 à Fiacre de Solignac, sr de Rochegodon. Varaines, 16691673.

LA VAUDELLE. — 9 m., 36 h., citée en 1578, En 1644-1675, Sébastienne Pelitpied, veuve de Mathurin de la Forest, et son fils, André, lieutenant particulier à Montmorillon, y possèdent une métairie. La Vaudelle alias Les Grandeaux, 1579.

En 1701,1707,1710, le sr de Mondon achète des terres à La Vaudelle, qui se trouvaient inondées par son étang de Mondon.

VERRERIE DE BOUÉRY. — « J'ai vu autrefois en mon jeune âge, dit Robert du Dorât, qu'il y avoit grand nombre de gentilshommes verriers dans le pays de Basse-Marche; de présent, en cette année 1654, il n'y en a pas tant, voire sont fort peu en nombre, siot qu'ils soient allés dans les guerres ou que l'on aye défait le grand nombre de bois et forests qui estoient dedans le pays. Us font des verres de toute espèce, ajoute-t-il, et des bouteilles en soufflant dans des outils en forme de sarbacanne ; leur verre est fait avec des cailloux blancs pris dans les ruisseaux et le salicar vient de La Rochelle ».

Deux verreries ont existé dans notre canton : l'une dans la forêt de Bouéry, l'autre à Puylaurent. Leur existence nous est révélée par de nombreux actes d'élat civil dans les registres de Mailhac, Saint-Georges, Arnac et Jouac, à partir de 1691.

A cette époque, ils avaient installé la première dans un coin retiré de la forêt de Bouéry, qui appartenait aux Pot de Rhodes ; l'endroit, bien choisi au point de vue du sable et du bois, était fort malsain et aux débuts on y constate de nombreux décès; c'est sans doute pour ce motif que, vers 1710, tout le personnel de la verrerie émigra à Puylaurent. Dans celle partie du bois de Bouéry,


MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT SULPICE-LES-FEUILLES 377

qui porte encore le nom de coupe de la Verrerie, on rencontre quelques pierres taillées et une fontaine pavée.

Pour l'histoire de cette branche de l'art industriel, il nous a paru intéressant de relater ici les nons des gentilshommes verriers rencontrés :

Claude Barbiget, sr de La Grange, 1716-1719; François de Brethon, sr de La Combe, me de verrerie, époux de Rose du Peyrou, 1695-1713; Henri de Brethou, sr du Mas, 1705-1720; Gabriel de Brethon, sr du Bouchet, 1721, originaires du Quercy; Guillaume de Brossard, 1708-1719, et Marc de Brossard, 1719-1720, originaires du Poitou ; Antoine Colon, sr de La Rose, et Jean Colon, 1691, sortaient du Quercy; Georges Desnoyers, sr de Boisfort, 1702-1711; Henri Desnoyers, sr du Piessis, 1703-1716. Jean de Grandval, sr de La Ceville, 1705; Georges de Ponard, sr de La Charmette, du Nivernais, 1693-1702, est père de François, 1704, et de Georges, 1697-1704, sr de La Charmette, qui ne sait signer, époux de Léonarde de Peynot.

Maires. — Louis Seiller, 1790; J.-F. Lalégerie, 1793; Fr. Resnier, an IX-an X; Fr.-J. Delalégerie, notaire, an X-1806; L. Gabiat, 18061816; Resnier fils, 1815; J. Malonge, 1816-1834 ; Fr. Guillerot, 18351840; P. Marsaud, 1841-1844; Honoré Guillerot, 1835-1840; 1844-1852; P.-Et. Fouché, 1852-1869; Aug. Guillerot, 1870-1873 et 1890-1892; Fr.- Ant.- Bognaud, 1873-1881; Alfred Guillerot, 1881-1890 et 1892-1902; Pierre Moreau, 1902-1906.

Curés. — Pierre Martin, 1557; Mathurin Alloncle, 1561-1581; Fr. Gayot, 1581; Antoine Ballaire, 1609-1649; André Descombes, 1652-1673; Pierre Thomas, 1680-1712; Paillier, 1712-1743; Jean PentecouteauBeaugé, 1744-1768; J.-B. Plaignaud, anc. vie. d'Arnac, ensuite curé d'Arnac, 1768-1770; Jean-Fr. Delalégerie, 1770-1782; Jacques Besge, 1782-1792.

Prieurs. — Jean de Montbel, religieux du Bourg-Dieu, 1600; Jacques d'Escollard, 1603-1652; N. Cusson, 1673; Mathurin Bérat, 1689.

Notaires. — Mathurin Alloncle, 1588-1592; Michel Guillerot, 1591; Jean Alloncle, 1619-1639; Silvain Alloncle, 1642; Jean de Maillasson, à La Maisonneuve, 1648; Jean Alloncle, 1658-1661; Jacques Guillerot, 1650-1661; Pierre Alloncle, 1682-1724; Jean Poujaud, 1724; Mathurin Salesse, à La Bastide, 1747-1762; J.-Fr. Delalégerie, 1792-1816 (1).

Huissiers. — Jean Descombes, 1755-1768; Mathurin Descombes, 17671770; Pierre Descombes, 1779-1792.

Traites foraines. — I. Capitaines des traites : Joseph Cailleau, 17551756; Nie. Pasquier; Gilles-Germain Grandin, 1759-1760; Jean Moryond, 1770; Léonard Desbouiges, 1789.

II. Receveurs : François Corrade, 1663; Pierre Senne, sr des Fourneaux, 1664-1666; Pierre Goulier de la Verdrie, 1774-1789.

(1) Les minutes des Alloncle sont conservées aux archives de l'Indre; celles de Delalégerie, dans l'étude des Chézeaux.


378 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

III. Contrôleurs : Paul le Boiteux, 1647; Pierre Chastel, 1661-1664.

IV. Employés : Mirât, 1756; P. Gouillé, 1756-1770; Théobald Desbrousses, 1770; Léonard Desbouiges, 1780-1787; Joachim de Jullien, ecr, bas-officier d'invalides, 1780; Pierre Chaignaud, 1772-1773; Martial Forgemol, 1772-1773; Et. Collet, 1783 ; Florent Lavergne, 1789-1790.

Maîtres d'école. — Phil. Chaudron, 1751.

Chirurgiens. — Fr. Pholias, 1663; Silvain Dubrac, 1675; Georges Guillerot, 1713; Fr. Guillerot, sr de l'Estang, 1719-1776; J.-B. Guillerot de l'Estang, 1775-1776; J.-B. Gabiat, 1785-1793 à La Bastide.

(A suivre) Roger DROUAULT.


GÉNÉALOGIE

DE LA

MAISON DE FAYE ou DE LA FAYE

(SUITE ET FIN)

§ 3. te Masfaure

LA JUSTICE

Le fief noble du Masfaure, paroisse de Saint-Martin-Chàteau, relevait originairement de la justice du baron de Peyrat.

Vers 1556, de la baronnie de Peyrat fut démembrée la baronnie de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud, dans laquelle était comprise le fief du Masfaure. François de Pierrebuffière, vicomte de Comborn, baron de Châleauneuf et de Peyrat de 1556 à 1579, resta néanmoins en possession de la baronnie de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud. Il comparut le 16 octobre 1559, pour cette dernière baronnie, à la réformation de la coutume du Poitou.

Après lui, Charles Ier de Pierrebuffière, vicomte de Comborn, baron de Châleauneuf, Peyrat, Treignac, Chabannes, Beaumonl, Chamberet, seigneur de Chasteau, Saint-Yrieix, Soubrebost et La Croizille de 1579 à 1606, fit dresser le 10 janvier 1602, par-devant Biaise Chappellon et Antoine Demalleret, notaires à Peyrat, l'acte de reconnaissance des dîmes, cens et rentes féodales que les tenanciers de la baronnie de Saint-Martin-Château et Saint-PardouxLavaud étaient tenus de lui payer en sa qualité de seigneur haut justicier.

Après la mort de ce dernier, Marthe de Pierrebuiïière de Châleauneuf obtint, aux termes d'un acte passé en 1606 devant le lieulenant-général de Tulle, commissaire en cette partie, les baronnies

T. LVI 25


380 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

de Peyrat et de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud pour son droit de légitime dans les biens de la maison de Châteauneuf. Cet acte fut confirmé par arrêté de la Chambre de l'Edit de Languedoc du 30 octobre 1627.

Le 21 décembre 1646, dans le château de la baronnie d'Auros ou Arros, sénéchaussée de Bazadois, par-devant Dubourg, noro roy., haut et puissant seigneur messire Jean de Fabas, conseiller du roy en ses conseils d'Etat et privés, vicomte de Gastet, baron d'Auros, Chastelus, Saint-Martin-Chasleau, seigneur de Barie, Lados et autres places, et dame Marthe de Chasteauneuf, son épouse, faisant tant pour eux que pour Jeanne de Fabas, leur fille, veuve de messire Pierre de Caumont ou Chaumont, marquis d'Amure, baron de Peyral et autres places, vendirent à M8 Léonard Masfaure, sieur de Pont, advocat en la cour du parlement de Paris et juge sénéchal de Peyrat, habitant de la baronnie de Saint-Martin-Château, en Poitou, faisant tant pour lui que pour André d'Aubusson, escuyer, sieur de Sainl-Priest, et Biaise Rieublanc, sieur du Bost, les renies féodales à eux dues par le village et tènement du Maisonneau, possédé par les tenanciers de Bort, par le tènement du Monteil-Mousseau possédé par les tenanciers de la Cour de Rozet, par le village du Chassin, par le village du Massadour, par le village du Mazeau et tènement de Larfeuille, par le village de La Vaupeline, par le village des Farges, par le tènement de Phelix Sallon, possédé par les tenanciers du bourg de Saint-Martin-Château, par le village de l'Age, par le village de Fusinas, par le village de Pommier, par le village de La Ribière-au-Gué, la dîme inféodée consistant en la huitième partie de la dîme de la paroisse de SainlPardoux-Lavaud, une métairie roturière située au village du Massadour, et la justice haute, moyenne et basse, mère, mixte, impère, guet et péage sur les villages et tènements ci-dessus désignés et sur le bourg de Saint-Pardoux, le village de Buze, le village de La Faye, le village de Lavaud, le village de Villemesne, le village de La Cour-de-Rozet, le village d'Augerolles, le bourg de Saint-Marlin-Château, le village de Massoubrot et Villouteix, le village de La Clavelle, le village de Teillet, le village du Monteil et le moulin dudit lieu, le village du Masfaure, consistant en deux feux, le village du Chassaigneau, le village de Lansade, le village du Pont, le village de Grandrieux, le village de La Sauve, le village de La Chassaigne, le village de La Gathe, le tènement de Leytrelure, possédé par les habitants de Langladure, le village de Meyconniou, le village de Montingout, le village de Lachaud, le village de Mallevialle, le tout paroisses de Saint-Pardoux-Lavaud, Saint-MartinChâteau et Saint-Moreil ; enfin, les droits et devoirs seigneuriaux,


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYÊ OU DÉ LA PAVE 38l

préséances, droits honorifiques d'église à eux appartenant à cause de la baronnie de Sainl-Martin-Châleau et Saint-Pardoux-Lavaud, avec les hommages de lous les fiefs et arrière-fiefs dépendant de ladite baronnie éclipsée de la baronnie de Peyrat. Cette vente fut consentie moyennant la somme de seize mille neuf cent soixantetrois livres tournois, que Léonard Masfaure, ès-noms, s'obligea de payer dans un mois entre les mains du receveur général des consignations de la cour de parlement et Chambre de l'Edit à Paris, en l'acquit de la marquise d'Amure, et en déduction du prix que ladite dame devait verser audit receveur général pour le retrait féodal de la terre et marquisat de Châleauneuf à elle adjugée par arrêt de la Chambre de l'Edit de Paris du 7 mars 1646 (1). Celle vente fut ratifiée par Jeanne de Fabas, suivant acle du 29 janvier 1647, Cbappellon, no".

Léonard Masfaure, sieur du Pont, garda pour lui seul l'acquisition qu'il venait de faire. Il était sieur du Pont, de La Faye et du Monteil et fils aîné de Martial Masfaure, sieur du Monteil, de L'Age et de Pont (2). Il mourut en 1659, laissant d'Isabeau de Sainte-' Marie, sa femme, cinq filles mineures :

1° Anne-Marie; 2° Anne-Marguerite; 3° Marie-Luce; 4° autre Anne, 5° Léonarde, depuis religieuse, baptisée à Peyrat le 22 octobre 1654 (parrain, Antoine Chappellon, sieur du Breilh). La quatrième fille, Anne du Masfaure, était en 1694 et 1695 femme de Jacques Cadalion, bourgeois de Peyrat.

Anne-Marie du Masfaure épousa, par contrat du 4 septembre 1666 du Leyris et Rounat, notea roy., honorable Jean de Loménie, écuyer, conseiller du roi, lieutenant en la grande prévôté de Limoges, receveur des tailles en l'élection de Bourganeuf, fils de Jean de Loménie, écuyer, seigneur de La Tour, près Eymouliers, conseiller du roi, trésorier provincial particulier des ponts et chaussées, trésorier des régiments de la prévôté de Limoges, et de Marie Pradillon.

Le 25 mars 1669, Jean de Loménie, tant pour Marie du Masfaure, sa femme, que comme curateur des filles mineures de feu Léonard du Masfaure, sieur de Pont, rendit au roi aveu et dénombrement de la baronnie, terre et seigneurie de Saint-Marlin-Château et paroisse de Sainl-Pardoux, mouvant de la Tour de Maubergeon (3). Dans ce dénombrement est compris le fief noble du Masfaure.

(1) Voyez à l'appendice, n° XVIII.

(2) Pour plus de détails sur Léonard Masfaure et sa famille, voy. <c La baronnie de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud. »

(3) Noms féodaux (archives de la Vienne).


382 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Anne-Marguerite du Masfaure épousa Léonard Rieublanc, sieur du Bost et de Saint-Junien, fils de Biaise Rieublanc, sénéchal de Laron.

Marie-Luce de Masfaure épousa, par contrat du 5 janvier 1670 du Leyris et Rounat, norcl roy., François de Châteauneuf, écuyer, sieur de Lachaud, de Villegouleix, d'Auchaise et du Châtaignoux, demeurant au bourg de Beaulieu, justice de Peyrat, fils de François de Châteauneuf, sieur du Châlard, et de Claudie de La Faye (1). Par le contrat de mariage susdaté, Isabeau de Sainte-Marie, mère de la future, lui fit donation, sous réserve d'usufruit, de la sixième partie des droits qu'elle avait à prétendre dans l'hérédité de son mari.

Suivant acle du 14 février 1674, Rounat, noro roy., et Panet, n", passé au repaire et maison noble de La Faye, proche, paroisse et justice de Peyrat, Jean de Loménie, comme époux de Marie Masfaure et comme tuteur de Anne et Léonarde Masfaure, ses belles-soeurs, Léonard Rieublanc, sieur du Bost et de Saint-Junien, et Anne Masfaure, sa femme, et François de Châteauneuf, sieur de Lachaud, et Luce Masfaure, son épouse, procédèrent au partage entre eux des biens dépendant de la succession de Léonard Masfaure, après les avoir au préalable fait expertiser. Les droits de justice sur le Masfaure furent compris dans le second lot obvenu à Anne Masfaure, épouse de Léonard Rieublanc (2). Le 14juin 1674, devant Mathieu de Faye, juge sénéchal, les tenanciers du Masfaure reconnurent le sieur du Bost pour leur seigneur haut, moyen el bas justicier (3).

Jusqu'à la Révolution, le fief du Masfaure releva pour la justice de la famille Rieublanc du Bost. Aux derniers temps, celte justice comprenait Le Masfaure, Le Bost, Boussac, Buze el Le Mazeau.

LE FIEF

Comme possesseurs de l'arrière-fief du Masfaure, nous connaissons :

Antoine du Cloupt, sieur de La Couhe, châtelain de Peyrat. Il vivait au commencement du XVI' siècle.

Nicolas du Cloup, sieur de La Couhe, son Gis et principal héritier. Le 22 juin 1522, il rend aveu à Loys de Pierrebuffière, baron de Châleauneuf et de Peyrat, du lieu noble du Masfaure, dont il

(1) Voy. à l'appendice n° XIX.

(2) Voy. à l'appendice n° XX.

(3) Voy. à l'appendice n° XXI.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 383

est seigneur direct et foncier et propriétaire, les tenanciers à moitié fruits devant vinade à une paire de boeufs (1).

Noble homme Anthoine de Faye, escuyer, seigneur de Villechenyne, de La Cour, de La Grillière, de Fayfrey et du repaire noble de Freussengou. Il fait l'acquisition du Masfaure, seigneurie et propriété.

Noble homme Gabriel de Faye, escuyer, seigneur de La Faye, de La Cour et de La Grillère. Vers 1553, il rend aveu du lieu noble du Masfaure, dont il est seigneur et propriétaire (2).

Noble François de Faye ou de La Faye, écuyer, seigneur de La Faye et de La Villalte. Par décret rendu en la cour de parlement de Paris le 26 juillet 1429, la rente féodale du Masfaure futvendue, avec d'autres biens, el adjugée à Pierre Esmoing de Lavaublanche, prieur-curé de Saint-Martin-Château.

Noble Pierre Esmoing, écuyer, seigneur de La Faye, de La Grillière et de La Villatte. Il était fils de Loys Esmoing, escuyer, seigneur de La Vault-Blanche, et de Jeanne de Faye. Par transaction du 5 janvier 1636, Ruben, nore roy., il céda la rente féodale du Masfaure à Joseph Richard, seigneur de l'Eglise-au-Bois, el à Jeanne de La Faye, dame de La Cour, veuve de Gaspard de Trigounanl, sieur de La Roche.

Jehanne de Faye ou de La Faye, dame de La Cour, veuve de Gaspard de Trigounant, sieur de La Roche. Par suite de partage du 14 décembre 1650 avec Joseph Pichard, elle eut-dans son lot, entre autres terres et seigneuries, la rente féodale de Masfaure.

Catherine du Puy de Trigounant, dame de La Cour, épouse de Jean de Beaufort, écuyer, sieur de Bussière.

Noble messire François de Beaufort, écuyer, chevalier, seigneur de La Porte, de La Cour et du Monteil, et par sa femme d'Enval.

François de Pichard, écuyer, sieur de La Chassagne et de La Geneste, seigneur de l'Eglise-au-Bois et de La Cour, et par sa femme comte de Villemonteix, seigneur de Montsergue, Lavaublanche, Châtelus en partie, La Villalte.

François de Pichard, écuyer, chevalier de l'Eglise-au-Bois, seigneur de La Cour.

Jean de Pichard de l'Eglise-au-Bois, chevalier, seigneur de Villemonteix, Montsergue, Châtelus, La Cour, lieutenant-colonel du régiment de Toulouse, infanterie.

Charles de Pichard de l'Eglise-au-Bois, chevalier, seigneui>de

(1) Voy. à l'appendice n° XVII.

(2) Voy. à l'appendice n° III.


384 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Villemonteix, Védrénas, Boissioux, Châtelus en partie, La Cour, et par sa femme du Bost-Bey, du Chassagneau et de Villouteix.

Julien de Pichard de l'Eglise-au-Bois, seigneur de Montsergue, et Jeanne de Pichard, de l'Eglise-au-Bois, demoiselle de Châtelus, seigneurs en commun de La Cour. Par contrat du 5 juin 1741, Champeaux, Ronchon etDumasneuf, no"" roy., Catherine du Saillant, veuve de Jean de Pichard, Charles et Jeanne de Pichard vendirent à Pierre Dumasfaure de Saintraud, bourgeois du lieu de Neufvialle, la rente noble à eux due annuellement et payable à chaque Notre-Dame d'août sur tout le village du Masfaure, consistant en trente setiers seigle, mesure de Peyrat, une livre quatre sols argent, un boeuf de vinade et deux gélines (1).

Pierre Dumasfaure de Saintraud. Par acte du 28 novembre 1746, Tixier, n", les tenanciers du village de Masfaure lui consentirent reconnaissance de la rente noble par lui acquise (2). Il était fils de Léonard du Masfaure, sieur de Prasines, et d'Elisabeth Dubayle (3). Pour garantir l'emprunt par lui fait suivant contrat du 19 juin 1760, de Champeaux, nore, et Tramonteil, no" roy., de Pierre Esmoingt, seigneur de La Grillère, il hypothéqua et engagea la rente noble du Masfaure; mais, par acte sous-seing privé du 5 août suivant, il remboursa la somme de mille livres, montant de cet emprunt. Il mourut le 8 messidor an VIII et fut, par conséquent, le dernier possesseur du fief de Masfaure.

§ 4. L'Age

La rente féodale du village de L'Age et tènement de Chaumeil, paroisse de Saint-Marlin-Château, appartenait vers 1553 à Gabriel de Faye, seigneur de La Faye, de La Cour et de La Grillière, qui y avait tout droit de fondalité et directe seigneurie. Elle consistait en soixante-un sols argent, vingt setiers seigle, un setier froment, quatre setiers avoine el quelques gélines. Ces lieux et tènements sont compris dans le terrier que Gabriel de Faye fit dresser le 6 novembre 1553 de ses diverses seigneuries. Il en rendit vers 1557 aveu et dénombrement à François de Pierrebuffière, cheva(1)

cheva(1) du Monteil-Chàteau.

(2) Idem.

(3) Pour Pierre Dumasfaure de Saintraud et sa famille, voy. l'article Neufvialle dans la notice « La baronnie de Leyris ». Orbservons que, dans cette notice, le titre de sieur du Masfaure leur a été donné par erreur.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 385

lier, vicomte de Comborn, baron de Châteauneuf et de Peyrat, à cause de sa baronnie de Peyrat (1).

Léonard Joubert de Noblac du Masfaure, sieur du Monteil, mort en 1605, en fit l'acquisition.

On trouve après lui comme possesseurs successifs de ce fief :

Martial Masfaure, son fils, sieur du Monteil, de L'Age et de Pont, de 1605 à 1643 ;

Léonard Masfaure, écuyer, sieur de L'Age et de Saint-Pardoux, qui vivait encore en 1681 ;

François de Loménie, sieur de L'Age, depuis seigneur baron de Sainl-Martin-Château, qui recueillit ce fief dans la succession du précédent, son grand-oncle.

C'est ainsi que doit être rectifiée la liste des possesseurs du fief de L'Age, contenue dans notre notice de la baronnie de Saint-Martin-Châleau et Saint-Pardoux-Lavaud.

Mais une seconde rente féodale sur le village de L'Age appartenait aux barons de Peyrat. Elle consistait en trente-cinq sols argent, deux setiers seigle, deux setiers avoine et deux gélines. Elle fut vendue le 21 décembre 1646, avec la baronnie de SaintMartin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud, par Jean de Fabas et Marthe de Châleauneuf, sa femme, à Léonard Masfaure, sieur de Pont (3).

De Léonard Masfaure, sieur de Pont, cette rente féodale passa à ses enfants. Elle est comprise dans l'aveu et dénombrement de la baronnie de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux fait à Bourganeuf le 25 mars 1669 par Jean de Loménie, tant comme mari de Marie de Masfaure que comme curateur de ses belles-soeurs mineures (3).

Il n'est plus question de celte rente féodale dans le partage du 14 février 1674 entre les enfants de Léonard Masfaure, sieur de Pont. Il est à croire qu'elle avait été cédée par Léonard Masfaure, sieur de Pont, à Léonard Masfaure, son frère cadet, déjà possesseur de l'autre rente.

Après François de Loménie, ce fief fut possédé conformément aux énonciations delà notice sur la baronnie de Saint-Martin-Châleau et Saint-Pardoux.

Quant à la justice des barons de Peyrat, elle passa aux nouveaux barons de Saint-Martin-Château, en vertu de la vente du 21 décem(1)

décem(1) à l'appendice n° III.

(2) Voy. à l'appendice n° XVIII.

(3) Archives de la Vienne.


386 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

bre 1646. Le village comprenait alors huit feux. Jusqu'à la Révolution, il dépendit de la justice de Saint-Martin-Château.

g 5. Pont

La rente féodale du village de Pont, paroisse de Saint-MartinChâteau, appartenait vers 1553 à Gabriel Faye, seigneur de La F'aye, de La Cour et de La Grillière, qui y avait tout droit de fonfadité et directe seigneurie. Originairement, Pont et Le Monteil devaient une rente féodale commune. Gabriel de Faye percevait sur Pont quarante sols argent, treize setiers émine seigle, deux setiers émine froment, six setiers deux éminaux avoine et le tiers de deux émines seigle, d'une émine froment, de deux éminaux avoine, de deux paires de boeufs de vinade, de deux présents et des arbans serves. Il en rendit vers 1557 aveu et dénombrement à François de Pierrebuffière, chevalier, vicomte de Comborn, baron de Châteauneuf et de Peyrat (1).

Léonard Joubert de Noblac du Masfaure, sieur du Monteil, mort en 1605, déjà possesseur du surplus de la rente de Pont, fit l'acquisition de la partie de la même rente dont avait joui Gabriel de Faye, ce qui réunit sur sa tête tout le fief de Pont.

On trouve après lui comme possesseurs de ce fief :

Martial Masfaure, son fils, sieur du Monteil, de L'Age et de Pont de 1605 à 1643. Une partie du territoire du village de Pont, quoique dépendant du fief de Pont, était jouie par les habitants du Chassagnoux. Par acte du 4 avril 1631, Léonard Laborne, no" roy., et Antoine Dechampeaulx, no' 9, les habitants du village du Chassagnoux se reconnurent pour cet objet débiteurs envers M" Martial Masfaure, sieur du Monleil, conseiller élu pour le Roi en l'élection • de Bourganeuf, demeurant au lieu noble du Monteil, seigneur féodal du village de Pont, d'une rente directe annuelle de quatre sols en deniers, seigle une quarte une coupe tiers coupe, payable à la mi-aoust. D'autres héritages étaient tenus par les habitants du Masfaure (2).

Léonard Masfaure ou du Masfaure, sieur de Pont et du Monteil de 1643 à 1659, seigneur, baron de Saint-Marlin-Château et SaintPardoux-Lavaud en 1647, porta toujours le nom de sieur de Pont.

Le village de Pont, qui dépendait de la justice du baron de Peyrat, fut compris pour la justice dans la vente de la baronnie de

(1) Voy. à l'appendice n° III.

(2) Voy. à l'appendice n» XVIII.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE èv DE LA FAYE 387

Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud du 21 décembre 1646. Ce village comprenait alors dix feux (1).

En 1649, le sieur de Pont percevait en rentes féodales :

Sur Le Monteil : argent, quatre livres dix sols; froment, dix setiers; seigle, vingt setiers; avoine, quatre setiers; gélines, quatre, moitié de la dîme inféodée.

Sur les moulins du Monteil : argent, six livres vingt sols ; bourre fine, six livres; seigle, trente-un setiers trois émines; gélines, deux, avec droit de moulure gratuite;

Sur le tènement de Phelix-Sallon : argent, sept sols six deniers; froment, une émine;

Sur le Mas-de-Château : argent, quarante-quatre sols douze deniers ; froment, deux émines; seigle, quatorze setiers deux émines; avoine, huit éminaux; gélines, quatre; en deux rentes semblables ;

Sur la Seauve : argent, deux livres sept sols six deniers; froment, un setier; seigle, seize setiers; avoine, six éminaux; gélines, trois ;

Sur le Chassaignoux : argent, vingt-qualre sols; seigle, trente setiers; gélines, deux ; un boeuf de vinade;

Sur Pont ; argent, six livres; froment, huit setiers; seigle, quarante-neuf setiers; avoine, vingt setiers; gélines, quatre, deux paires de boeufs de vinade ;

Sur le tènement de Villouteix : argent, six livres huit sols; seigle, dix-huit setiers émine; avoine, huit setiers; gélines, trois;

Sur le Massoubrot : argent dix-huit deniers, avoine quatre setiers ;

Sur Teillet : argent trois livres cinq sols; froment un selier, seigle seize setiers, avoine quatre setiers, gélines deux;

Sur le tènement de la Salisse de Teillet : argent treize sols, seigle quatre setiers, avoine six éminaux, géline une;

Sur Tourtouloux : argent vingt sols, gélines qualre ;

Sur le moulin de Tourtouloux : argent dix sols, seigle quinze setiers émine, gélines deux ;

Sur le Chassin : argent trois livres cinq sols, seigle sept setiers, avoine onze setiers, gélines deux;

Sur le tènement de la Salisse-Bat : argent vingt-deux sols, seigle trois setiers, une quarte une coupe,avoine deux éminaux;

Sur le Massadour : argent trente sols, seigle six setiers, avoine trois setiers, gélines deux ;

Sur Roudaressas : argent trois livres six sols, seigle douze setiers,

(1) Voy. à l'appendice n° XXVI.


388 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

avoine quatre setiers, gélines trois, une paire de boeufs de vinade, arbans, taille aux quatre cas;

Sur le tènement de la Coste à Roudaressas : argent quarantedeux sols huit deniers, seigle seize seliers, avoine quatre setiers, gélines deux ;

Sur Fusinas : argent douze sols, seigle douze setiers, gélines deux;

Sur Las Fargeas, argent trois livres quinze sols, seigle vingt-deux setiers, avoine onze setiers, gélines deux.

Après la mort du sieur de Pont, ses enfants firent procéder par experts à l'estimation des biens dépendant de sa succession. Estimations des experts : La Gathe, huit mille livres; Le Chassagnoux, cinq mille livres; les rentes de la Seauve, seize cents livres; les vignes du Bas-Limousin, dix-huit cents livres; Teillet, six mille livres; Le Chassin et ses dépendances, trois mille six cents livres; Le Massadour, moulin el étang, deux mille six cents livres ; Langladure, deux mille livres; les rentes des Farges, deux mille livres; la rente des Savy, quatre cents livres ; le Monteil et ses dépendances, non compris le droit de Mademoiselle de Château, douze mille livres; les moulins et rentes de Château,dix-huit cents livres; la rente de Lansade, dix-huit cents livres; la rente de Fusinas, six cents livres; Pont et ses dépendances, onze mille livres ; Grandrieux, deux mille trois cents livres; le Masfaure, seize cents livres; Prasinas, seize cents livres; Tourtouloux, maison et moulin, dix mille livres; Buze, quinze cents livres; les Bordes, trois mille cinq cents livres ; les rentes^du Massoubrot, seize cents livres.

Le partage des biens eut lieu suivant acte du 14 février 1674, Rounat, no" roy., et Panet, no". La justice et la rente féodale du village de Pont, telle que la percevait en 1649 le sieur de Pont, et trois métairies, situées audit village, fuient comprises dans le second lot obvenu à Anne Masfaure, épouse de Léonard Rieublanc, sieur du Bost (1). Le partage des dettes grevant la succession du sieur de Pont eut lieu le 17 février suivant. Le 14 juin 1674 les tenanciers de Pont reconnurent le sieur du Bost pour leur seigneur haut, moyen et bas justicier (2).

Pour ce qui concerne le sort postérieur de ce fief, il n'y a qu'à se reporteràla notice, «La baronnie de Saint-Martin-Château et SaintPardoux-Lavaud >>.

Au moment de la Révolution, Joseph-Guillaume des Maisons du Palant, baron de Peyrat,*possédait tout le village en fief et propriété.

(1) Voy. à l'appendice, n° XX.

(2) Voy. à l'appendice n° XXI.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 389

§ 6. — Lansade

Le fief de Lansade, paroisse de Saint-Martin-Château, appartenait, vers 1553, à Gabriel de Faye, écuyer, seigneur de La Faye, de La Cour et de La Grillière, qui y avait tout droit de fondalité et directe seigneurie. La rente féodale qu'il y percevait consistait en soixante-quinze sols argent, dix-sept setiers seigle, trois setiers froment, deux setiers avoine et deux gélines. Il en rendit vers 1557 aveu et dénombrement à François de Pierrebuffière, chevalier, vicomte de Comborn, baron de Châteauneuf et de Peyrat (1).

François de Faye ou de La Faye, son fils, écuyer, seigneur de La Faye et de La Villalte, eut dans son lot, lors du partage de la succession dudit Gabriel de Faye, les rentes dues par les tenanciers de Lansade. Il les possédait encore en 1629, mais à celte époque, par décret rendu en la cour du parlement de Paris le 26 juillet 1629, les rentes dues sur le village de Lansade furent vendues, avec d'autres biens, et adjugées à Pierre Esmoing de Lavaublanche, prieur-curé de Sainl-Martin-Château.

Pierre Esmoing de Lavaublanche, écuyer, seigneur de La Faye, de La Grillière el de La Villalte, céda, par transaction du 5 janvier 1636, les rentes sur Lansade à Joseph Pichard, seigneur de L'Eglise-aux-Bois, et à Jehanne de La Faye, dame de La Cour, veuve de Gaspard de Trigounant, sieur de La Boche.

Suivant partage du 14 décembre 1650, entre Joseph Pichard et Jehanne de La Faye, la rente féodale sur le village de Lansade échut à Joseph Pichard, mais, par contrat d'échange du même jour, Gambillon, n" roy., ledit Joseph Pichard céda celte rente féodale à Balthazar de La Faye de La Porte, seigneur du Breilh el de Mansat (2).

Balthazar de La Faye de La Porte, écuyer, seigneur du Breilh et de Mansat, ne resta pas longtemps seigneur de Lansade, car, par acte du 29 décembre 1650, Clouzaud, no" roy., il vendit à Léonard Masfaure, sieur de Pont, la rente féodale à lui due sur ledit village et consistant en trois setiers froment, dix-sept setiers seigle, deux seliers avoine, mesure de Peyrat, trois livres quinze sols en deniers et deux poules (3).

Léonard Masfaure, sieur de Pont, était déjà seigneur haut justicier de Lansade, pour avoir acquis la justice de ce village, alors

(1) Voy. à l'appendice n° III.

(2) Voy. à l'appendice n° XII.

(3) Voy. à l'appendice n° XV.


390 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

composé de dix feux, avec le surplus de la baronnie de Saint-MartinChâteau et Sainl-Pardoux-Lavaud, de Jean de Fabas et Marthe de Châteauneuf, sa femme, barons de Peyrat, suivant acte du 21 décembre 1646 (1).

Après la mort de Léonard Masfaure, sieur de Pont, dans le partage des biens composant sa succession, qui eut lieu le 14 février 1674, la justice de Lansade et la rente féodale sur ce village, toujours de même consistance, furent comprises dans le premier lot échu à Marie Masfaure, épouse de Jean de Loménie. (2).

A partir de cette époque et jusquà la Révolution, le fief de Lansade appartint aux seigneurs barons de Saint-Martin-Château.

En furent donc successivement seigneurs :

Jean de Loménie et Anne-Marie-Masfaure, sa femme, seigneur et dame de la baronnie de Saint-Martin-Château et Saint-PardouxLavaud, jusqu'en 1709;

François de Loménie, sieur du Monteil et de l'Age, seigneur baron de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud, de 1709 à 1740 ;

Joseph-François de Loménie,. sieur du Monteil, seigneur baron de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud, de 1740 à 1749;

Guillaume de Loménie, chevalier, sieur du Monteil, seigneur baron de Saint-Marlin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud, de 1749 à 1782 ;

Guillaume-Louis-Marian-Hercule de Loménie, sieur du Monteil et de l'Age, seigneur baron de Saint-Marlin-Château, de 1782 à la Révolution.

En dernier lieu la rente féodale de Lansade consistait dans les prestations suivantes : seigle et froment réduit vingt-un setiers deux quartes, avoine huit éminaux, argent sept livres sept sols, y compris les poules.

La notice « La baronnie de Sainl-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud » donne les détails nécessaires sur la famille de Loménie, mais tout ce qui dans cette notice concerne le fief de Lansade est ù rectifier.

La famille du Leyris ne posséda qu'un moment le fief de Lansade, si elle le posséda jamais en totalité. Il était tout en lier en la possession de François de Faye, seigneur de La Faye et de La Villatte, en 1629. Quant à MM. d'Alesme et de Lbermite ils ne possédèrent jamais la directe seigneurie deLansade, mais seulement le domaine utile.

(1) Voy. à l'appendice n° XVIII.

(2) Voy. à l'appendice n° XX.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 391

§ 7. — Villouteix et le Massoubrot

Les villages du Massoubrot et de Villouteix, paroisse de SaintMarlin-Château, étaient voisins. Villouteix a disparu depuis longtemps ; il était situé entre le Massoubrot et Fusinas.

En 1500, Antoine du Cloupt, sieur de La Couche, châtelain de Peyrat, était seigneur direct et foncier d'une partie du village du Massoubrot et y percevait une rente annuelle de dix-huit deniers en argent et quatre setiers avoine, mesure de Peyrat. Le 22 juin 1522, Nicolas du Cloupt, sieur de La Couhe, fils et principal héritiers d'Antoine du Cloupt, en rendit aveu à Loys de Pierrebuffière, baron de Châteauneuf et de Peyrat, à cause de sa baronnie de Peyrat (1).

La rente féodale due sur le lieu, mas et tènement du Massoubrot était établie par une reconnaissance du 20 février 1558 de Ghampeaulx, no" roy., et consistait en vingt-deux setiers seigle, huit éminaux avoine, deux émines froment, mesure de Peyrat, quarantequatre sols douze deniers tournois et quatre poulailles (2).

Vers 1553, Gabriel de Faye, seigneur de La Faye, de La Cour et de La Grillière, possédait la moitié de cette rente féodale. En 1571, l'autre moitié de cette rente était la propriété de noble Loys du Cloupt, escuyer, sieur de La Couhe, y demeurant près, paroisse et justice de Peyrat. Ce dernier élail devenu seul seigneur direct el foncier du lieu et tènement du Massoubrot, et était en même temps seigneur féodal du village deVilloutays, quand le 8 décembre 1571, pardevant Pierre de Champeaulx, no" roy. et P. Demaleret, noro, il vendit à Joseph Rougier, habitant de Peyrat, la quatrième partie de la rente féodale à lui due par le village de Villoutays et la moitié de celle à lui due par le village du Massoubrot. Mais par contrat du 11 août 1575 passé à Peyrat devant B. Chappellon et Léonard Laborne, no" 8 roy., il fit le rachat des dites rentes féodales de Marie Romanet, veuve dudit Joseph Rougier, comme tutrice de ses enfants, demeurant aussi à Peyrat, moyennant soixante-dix livres tournois, qui furent payées « en une impérialle d'or, deux escuz pistoles, ung double escu pistoles, ung escu au soleilh, troys philippus d'argent, deux jocondalles, neuf testons et aultre monoye blanche ».

Le 27 mars 1586, Loys du Cloupt, qualifié archer de la première et ancienne compagnie française des gardes du corps du roy sous

(1) Voy. à l'appendice n° XVII.

(2) Papiers de la famille Dechampeaux.


392 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

la charge du seigneur de Clermont d'Antragues, assigna devant la justice de la baronnie de Peyrat Antoine Rougier, fils de feu Joseph Rougier et habitant de Peyrat, pour le faire condamner à lui bailler déclaration pour tous les biens immeubles par lui tenus tant au lieu et village du Massoubrot qu'en celui de Villoulays et à le reconnaître pour seigneur foncier,.féodal et direct desdits lieux de Massoubrot et Villoulays. A cette demande, Antoine Rougier répondit qu'il ne devait aucune déclaration pour les biens situés au lieu et village du Massoubrot, étant lui-même seigneur direct et foncier de ce village, mais il offrit de bailler déclaration pour les biens situés au lieu et village de Villoulays. La prétention de Loys du Cloupt, quoique nous ne connaissions pas la sentence qui intervint, ne dut pas être admise, car ses successeurs dans le fief de Villouteix n'élevèrent plus de prétentions sur celui du Massoubrot (1). Quoique dans les derniers temps, lorsque le village de Villoulays ou Villouteix eut disparu, les seigneurs de Villouleix aient pris quelquefois le litre de seigneur du Massoubrot, ils n'étaient pas possesseurs de ce fief. Les villages du Massoubrot el de Villouteix ont toujours eu des seigneurs distincts.

Le 16 décembre 1633, Léonard Rougier, sieur du Massoubrot, comparut devant le juge sénéchal de la baronnie de La Villeneuveau-Comte pour la tutelle des enfants mineurs d'Antoine Dandallès, sieur du Cloup, notaire royal, et de Marguerite du Leyris,sa veuve. En 1646, Antoine Rougier, seigneur de Trarieux, élait seigneur de la moitié du Massoubrot, Mathieu Romanet élait alors seigneur de l'autre moitié du même village, provenant de Loys du Cloupt.

La moitié de seigneurie, qui en 1646 appartenait à Mathieu Romanet, avait pour titulaire, en 1686, Pierre de Lhermite, écuyer, seigneur de Fleix. Par contrat du 23 décembre 1686, ce dernier seigneur et Marie Biénal, sa femme, vendirent à Jean Mercier, prêtre, bachelier en théologie, curé de Nedde, la moitié de la rente féodale qui était en totalité de vingl-deux setiers seigle, deux setiers avoine, un selier froment, mesure de Peyrat, quarante-cinq sols argent el quatre gélines, avec la fondalité et directe seigneurie qui leur élait due sur le village et tènement du Massoubrot, « confrontant de l'orient le village d'Auphelle, du midi le village des Bordes, du couchant celui de Brudieux, et du septentrion à Villouteix et Villegouleix ». François Mercier, sieur de Fumoux, succéda à Jean Mercier. Il était propriétaire du tènementde Villouteix. Celte moitié de seigneurie passa ensuite au seigneur de Saint-Martin-Château et enfin au seigneur de Farsac.

(1) Archives du château de Villemonteix.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 393

Etienne de Brugière, écuyer, seigneur de Farsac, par exploit du 26 juillet 1746, fil assigner devant le sénéchal de Montmorillon les tenanciers du Massoubrot pour les faire condamner à lui payer onze setiers seigle, un setier avoine, demi-selier froment, vingt-deux sols six deniers argent et deux gélines, moitié à lui due de la rente établie sur le corps du village du Massoubrot, dans lequel il englobait partie du tènement de Villouteix. Les tenanciers appelèrent en cause Pierre d'Oiron, chevalier, seigneur de Chérignac, tuteur des enfants mineurs de feu Charles de Pichard et de feue Catherine de Châteauneuf, seigneurs de Villouteix, par exploit du 17 juin 1750, pour prendre leur fait el cause, car ils ne pouvaient payer à deux seigneurs une rente féodale pour le même tènement. Antoine de Châteauneuf, chevalier, seigneur du Chalard et du Massoubrot, el Jeanne de Lhermite, veuve de Gabriel Tramonleil, furent aussi mis en cause. M. de Farsac répliqua qu'il n'avait aucune prétention sur le tènement et ancien village de Villouteix, mais qu'il élait coseigneur du village du Massoubrot, parfaitement distinct de celui de Villouteix. La rente totale du Massoubrot appartenait alors par moitié au seigneur de Farsac et à Antoine de Châteauneuf, seigneur du Chalard, qui représentait Antoine Rougier, seigneur de Trarieux, seigneur d'une moitié du Massoubrot en 1646.

En 1767, messire Jean-Emmanuel Esmoingl de La Grillière, écuyer, seigneur du Bostgiraud, paroisse de Neuvic, élait seigneur direct et foncier du lieu, mas et tènement du Massoubrot, à la suite d'Antoine de Châleauneuf.

Voyons maintenant quels furent les possesseurs du fief de Villouteix :

Le 20 juin 1495, Martial Dayneys, fils de feu Jean Dayneys, bourgeois et marchand de Saint-Léonard de Noblac, vendit à Léonard de Favareillas (de Favarellis), de la paroisse de SaintMartin-Château, agissant au nom de Me Jean de Favarellis, maîtreès-arts, son frère, moyennant cent dix livres tournois certain cens et renie d'avoine et d'argent sur le lieu de Villoulays, paroisse de Saint-Marlin-Châleau. Il est probable que ce n'était qu'une vente partielle, car le 11 mars 1498 (n. st. 1499) et 2 avril 1499 (n. st. 1500) le même Martial Dayneys vendit le village de Villousleix au même Jean de Favarolis ou Favarailhas et à Me Antoine Duclo'ux, châtelain de Peyral-le-Ghâteau (1).

Nicolas du Cloupt, sieur de la Couhe, fils et principal héritier d'Antoine du Cloup, élait seigneur direct et foncier du lieu, mas et village de Villoleys, où il avait droit de lever et percevoir une renie

(1) Titres latins déposés aux archives de la Haute-Vienne.


394 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

annuelle de : argent dix-huit sols tournois, dix-huit setiers émine seigle, huit setiers avoine, mesure de Peyrat, et deux paires de boeufs de vinade. Il en rendit aveu le 22 juin 1522 à Loys de Pierrebuffière, baron de Châleauneuf et de Peyrat, à cause de sa baronnie de Peyrat (1). L'abbé Nadaud, dans son Nobiliaire, I, 391, le nomme Gabriel et dit qu'il avait épousé le 6 avril 1548 Gilberle de Chaussecourle et le 8 juin 1561 donna une quittance comme père de Louis.

Noble Loys du Cloupt, escuyer, sieur de la Couhe, y demeurant près, paroisse et justice de Peyrat, fils de Nicolas Durloupt, qui précède, était en 1581 seigneur direct et foncier du village de Villoulays, qui lui payait de rente féodale dix-huit setiers esmine seigle, huit setiers avoine, mesure de Peyrat, six livres huit sols tournois ou deux escus d'or sol argent, trois gélines et le droit de guet. Le 12 janvier 1578 à Peyrat devant B. Ghappellon, no" roy., el P. Demaleret, no", le môme Loys du Cloupt, seigneur foncier et direct du" lieu el village de Villoulays, justice de Peyrat, reconnu avoir reçu des tenanciers et propriétaires dudit village de Villoulays la rente féodale ci-dessus détaillée. Le 15 juin 1580, en la ville ancienne de Peyrat, devant Fr. Dechampeaulx et P. Demaleret, nore», les tenanciers de Villoutays consentirent reconnaissance pour les arrérages de cette renie à Loys du Cloupt, demeurant alors à Peyrat. En 1586, ainsi que nous l'avons dit plus haut, Loys du Cloupt élait archer de la première et ancienne compagnie française des gardes du corps du roy sous la charge du seigneur de Clermonl d'Antragues.

Il fit le 3 juin 1603 son testament en faveur d'Annet, son fils. Il avait épousé par contrat sans filiation du 21 décembre 1571 Marguerite de Mérisy ou de Merchy, fille de François de Merchy, sr de l'Etang, en Combraille, dont il eut : 1° Annel, qui suit; 2° Gabrielle, mariée à N..., le tuteur des enfants de ladite Gabrielle fit, avec Annet, frère de Gabrielle, un partage noble de la succession de Louis, leur père (2); 3° peut-être Marguerile, veuve en 1633 de Pierre de Poux, écuyer, sieur de Peireaubrun.

Vers 1605, Annet du Cloux, escuyer, sieur de l'Estang et de La Couhe, demeurant en son château de l'Eslang, paroisse des Mars, pays de Combraille, fils de Loys, afferma el assença pour cinq années, moyennant la somme de deux cent dix écus pour chaque année, à Biaise Ghappellon, notaire royal, habitant de Peyrat : 1° son lieu, domaine de La Couhe, situé en la franchise dud. Pey(1)

Pey(1) à l'appendice n° XVII.

(2) Nobiliaire du limousin, I, 391.


GÉNÉALOGIE DE LÀ MAISON bE FÀYE 00 DE LÀ PAYE 398

rat, consistant en maisons, granges, étables, prés, pâturaux, terres, bois; 2° les fiefs, cens, renies, métairies, lieux, domaines, héritages lui appartenant au village de La Faye Subrane, paroisse de Saint-Junien, justice de Peyrat; 3° autre métairie lui appartenant au village de Béchadergue, paroisse de Saint-Julien; 4° les cens, rentes féodales et autres, qui suivent, avec le droit de fief : sur le village de Vilotays, seigle dix-huit setiers esmine, avoine huit setiers, mesure de Peyrat, argent deux écus huit sols, gélines trois; sur le village du Massoubrot, avoine seize éminaux, argent dix-huit deniers; sur le tènement du Teil, possédé par les tenanciers du Mazel, paroisse de Peyrat, seigle dix setiers émine, avoine un setier, vingt sols en deniers, une paire de boeufs de vinade et deux gélines ; sur le tènement du Mas-Planchat, tenu par les tenanciers du Pelit-Grandmonl, seigle un selier émine, argent cinquante sols et une géline ; sur le village du Massadour, seigle six setiers, avoine trois setiers, argent trente sols, gélines deux; sur le lieu bourg de Royère et tènement des Malhioux, argent un écu vingt-deux sols, seigle trois setiers ; sur le village d'Erpeys, seigle dix setiers émine, avoine quatre setiers deux éminaux, trente sols en deniers, une géline; sur le village du Mazeau, seigle dix setiers, froment un selier, avoine deux setiers, argent un écu sept sols six deniers, gélines deux; sur le village de Broussas de Mandinaux, seigle quinze setiers, avoine cinq setiers, quarante-deux sols en deniers et deux gélines ; sur le village de La Subartange, dix-sept sols six deniers; sur le village de Rubenne, paroisse de Royère, deux livres quinze sols; les susdits grains, mesure de Peyrat, partis et conduits en ladite commune de la Couhe, avec les droits de fief, lots et ventes et honneurs dus et appartenant audit sieur de La Couhe, à cause des susdites fondalités. Le 25 mars 1619 devant Laborne, no" roy. héréd. et Laborne, nore, Annet du Cloux afferma pour quatre années à Pierre Brenac, sieur de Trasrieux, demeurant à Peyrat, la rente féodale de Villoutays et les autres biens détaillés dans la ferme précédente.

Le 18 septembre 1622 le même Annet du Cloux reconnut avoir reçu de Germain Darfeuilhe, habitant du village du Mazeau, paroisse de Royère, le montant de la rente féodale due par ledit village du Mazeau et détaillée ci-dessus. Il fil le 16 avril 1627 son testament en faveur de Léonard, son fils aîné, portanl légat à Gilbert, son fils puîné. Il avait épousé le 23 juin 1613 Claude du Fayet, dont il eut les deux fils susnommés (1). Léonard, écuyer, sieur de

(1) Nobiliaire du Limousin, I, 391. T. LVI 26


396 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

l'Estang, épousa Marie do Lauzanne et testa en 1659 (1). Gilbert épousa le 24 juillet 1654 Jeanne de Laage.

Le 12 juin 1633, tous les immeubles et toutes les renies féodales, détaillés au bail à ferme consenti à Biaise Ghappellon, furent saisis et mis en criées par forme de criée et péremptoire vente et interposition de décret suivant l'ordonnance, avec leurs fruits, profits, revenus et émoluments, à la requête de damoiselle Marguerite du Cloux, veuve de Pierre du Poux, écuyer, sieur de Peire-au-Brun, par défaut de paiement à elle fait par Claude de Faye, veuve d'Annet du Cloux, sieur de La Couhe et de l'Estang, prise tant en son nom comme commune avec feu Annet du Cloux, son mari, que comme tutrice de leurs enfants mineurs, de la somme de deux mille cent soixante-treize livres tournois et des intérêls, due à la requérante en vertu du contrat el transaction du 17 janvier 1628 De Souslebault, no"; dans celte saisie le village de Villoulays est dit confrontant les villages du Massoubrot, de Fusinas el de Brudieux.

La vente en justice n'eut pas lieu, mais suivant transaction damoiselle Claude de Faye, veuve d'Annet du Cloux, écuyer, sieur de l'Estang, céda la seigneurie de La Couhe et les terres et rentes féodales en dépendant à Louis de Signât, écuyer, sieur de Verdalle et de Louroux, son neveu, demeurant au château de Louroux, paroisse du Tronc, en Combraille. Ce dernier, après avoir traité avec damoiselles Charlotte de Signât, femme de Gilbert du Grain, écuyer, sieur de Laigne, Gabrielle de Signât, femme de Maximilien de Launay, écuyer, sieur de La Chaussée, Marguerite de Signal el Magdeleine de Signât, ses soeurs, vendit par acte du 29 juin 1639 Laborne et A. Dechampeaulx, nores roy,, passé à Peyrat, à Me Martial Masfaure, sieur du Monteil-Château, conseiller élu pour le roy en l'élection de Bourganeuf, demeurant au lieu du Monteil, paroisse de Saint-Martin-Châleau, moyennant la somme de quatorze cent vingt livres, payée comptant, les rentes féodales, droits de fief, et autres droits seigneuriaux qui appartenaient audit Louis de Signât sur Villoulays, le Massoubrot, Rubeyne et Royère (2).

Martial Masfaure, sieur du Monleil, de l'Age et de Pont, posséda le fief de Villouteix jusqu'en 1643.

Léonard Masfaure, sieur de Pont, fils aîné du précédent, qui l'avait eu à la suite de son père, afferma par contrat du 1er juillet 1653 Rognes, no" roy. à Limoges, la rente féodale de Villouteix au sieur Veyrier, habitant de Limoges, qui en jouil jusqu'en 1661.

Léonard Masfaure, sieur de Pont et seigneur de Saint-Marlin->

(1) A. TARDIEU et A. BOYER, Histoire des villesd'Auzanceset de Crocq, 152.

(2) Voy. à l'appendice n» XXII.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DÉ FAYÉ OU DE LA FAYE 39Î

Château et Saint-Pardoux-Lavaud, mourut en 1659. Après sa mort, ses enfants procédèrent au partage de sa succession suivant acte du 14 février 1674 Rounat, no,e roy. et Panet, no" (1). La rente féodale et foncière de Villouteys, consistant en dix-huit setiers seigle, huit setiers avoine, argent six livres huit sols et trois gélines, échut à Marie-Luce du Masfaure, épouse de François de Châteauneuf, écuyer, sieur de Lachaud, mais le seigneur baron de Saint-Martin-Château en resta seigneur suzerain et chemier.

Les villages et tènements du Massoubrot et de Villouteix dépendaient originairement de la justice du baron de Peyrat.

Lors de la venle de la baronnie de Saict-Martin-Chàteau, consentie à Léonard Masfaure, sieur de Pont, le 21 décembre 1646, Villouteix n'existait plus, mais son tènemenl était joui par les habitants du Massoubrot. Le Massoubrot, consistant alors en neuf feux, et.Villouleix furent compris dans cette venle pour la justice (2).

Le 14 juin 1674 les habitants du Massoubrot reconnurent François de Châteauneuf, sieur de Lachaud, pour seigneur haut, moyen et bas justicier du village du Massoubrot et Villoleys, et à cause du tènement de Villeauleis avoir coutume de payer annuellement à feu sieur de Pont, beau-père de sieur de Lachaud, de rente foncière et directe dix-huit setiers émine seigle, huit setiers avoine, mesure de Peyrat, six livres huit sols argent, trois gélines et cinq sols pour le guet (3).

François de Châteauneuf descendait de Martial de Châteauneuf, écuyer, sieur du Chalard, paroisse de Peyrat, époux d'Adriennc Billon, qui le 20 août 1553 testa en faveur de son fils François. Ce dernier François Ier, sieur du Chalard, épousa, par contrat sans filiation du 15 janvier 1559, Catherine de Vars. Il avait rendu deux hommages : le 18 octobre el le 2 novembre 1558.

François II de Châteauneuf, sieur du Chalard, maréchal des logis d'une compagnie de 150 hommes d'armes des ordonnances, écuyer, gentilhomme servant le roi en 1611, 1614; le 2 juin 1614 rendit foi et hommage-lige pour ses seigneuries du Chastaignoulx et d'Ouchiôze, paroisse de Bouyère, à Gabriel de Pierrebuffière de Lostanges, baron de La Villeneuve-au-Gomte (4); le même jour il donna aveu et dénombrement (5). Il lui devait vinglcinq livres de rente pour ces villages et celui du Mazeau-Bourbon

(1) Voy. à l'appendice n° XX.

(2) Voy. à l'appendice n° XVIII.

(3) Voy. à l'appendice n» XXI.

(4) Voy. à l'appendice n° XXIX.

(5) Voy. à l'appendice n" XXX.


398 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

par de Nedde. Il vivait encore en 1624, épousa Marie Doumy, dont il eût François III de Châteauneuf, écuyer, chevalier, sieur du Chalard (1). Ce dernier épousa Claude ou Claudie de La Faye de La Porte, fille noble de François de Faye ou de La Faye, escuyer, chevalier, sieur de Villechenyne et de Villegouleix, et de Marie de La Porte. Aux termes de leur contrat de mariage du 28 avril 1632 Laborne et Dechampeaux, nore", Claudie de La Faye fut dotée et apanée du village de Villegouleix et d'une somme de cinq mille livres. Ils habitaient le lieu et maison noble du Chalard, en Limousin, paroisse de Peyrat, en Poitou. En 1642, François de Châteauneuf élait gentilhomme servant le roi (2). Il rendit avant 1639 foi et hommage-lige pour ses seigneuries du Chastaignoulx et d'Ouchièze, à Gabriel de Pierrebuffière de Lostanges, baron de La Villeneuve-au-Comte (3). François de Châleauneuf fit ses preuves de noblesse en 1666. Ils étaient morts tous deux en 1669. De leur mariage naquirent :

1° Jehan de Châteauneuf, écuyer, sieur de Longpré ; en 1667 lui et son père comparurent par procureur devant Henri d'Aguesseau, commissaire départi par le roi pour la vérification des titres de noblesse dans la généralité de Limoges : des pièces qu'ils produisirent il résulta que Martial de Chasleauneuf, escuyer, sieur du Chalard, avait pris le tilre d'écuyer en 1553 et que depuis cette époque lui el ses descendants avaient joui paisiblement de ce titre et des privilèges^de la noblesse; le sieur de Longpré était mort en 1679; il avait eu pour fils, Louis de Châteauneuf de Longpré, baptisé à Peyrat le 6 février 1654 (parrain Benoit Ghappellon, fils de M« Benjamin, procureur fiscal), et pour fille, Marie de Châleauneuf, damoiselle de Longpré, mariée à Peyrat le 29 janvier 1704 à Guillaume du Masvalier ou Marcellier, écuyer, sieur du Mas-Combeix ou Vaucombeix, paroisse de Chamberet ;

2° François IV, qui suit;

3° Jeanne de Châteauneuf, mariée à Léonard Esmoing, sieur du Chézeau et de La Faye; ils vivaient encore le mari en 1680, la femme en 1690;

4" Gabrielle de Châteauneuf, mariée le 18 avril 1672, dans l'annexe de ûrouilles, paroisse de Saint-Eloy, à Pierre de Vergnias ou des Vergnes, écuyer, sieur de Saint-Géry, demeurant à Sainl-Géry, paroisse de Nantiat, en Limousin ; elle demeurait alors au Chézaud, paroisse de Saint-Eloy, chez sa soeur Jeanne; le 10 janvier 1683,

(1) Nobiliaire du Limousin, I, 374.

(2) Notes recueillies par feu M. Etienne Berger.

(3) Voy. à l'appendice n° XXVIII. .


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 399

ils donnèrent quittance finale au sieur de Lachaud de la somme de trois cents livres, prix de la vente de leur part des rentes et dîmes de Villegouleix en date du 4 novembre 1660 Bounat, no"> roy. ;

5" Honorable ou noble Emmanuel de Châteauneuf, écuyer, sieur de La Combe, puis du Chalard en 1671, marié 1° à Marie de Lhermite, morte, âgée de vingt-sept ans, le 23 juin 1677, et ensevelie dans l'église de Peyrat; 2° à Catherine des Flottes, veuve de Léon de La Saigne, écuyer, sieur de Belabre; jusqu'à la mort de son père, dont il était l'héritier testamentaire, il prit le tilre de sieur du Chalard; il habitait la maison noble du Chalard, où il mourut à 80 ans, le 26 juillet 1719; de lui descendirent les derniers seigneurs du Chalard, près Peyrat;

6° Marie de Châteauneuf, née le 18 septembre 1645, mariée à Jean Bonnin, bourgeois et marchand de Limoges; par contrat du 1er février 1676 Rounat et Panet, no" 5, elle vendit au sieur de Lachaud, son frère, moyennant deux cent cinquante livres, sa part et portion sur la haute, moyenne et basse justice du village de Villegouleix, paroisse de Saint-Martin-Châleau, et sur les rentes et dîmes inféodées dues sur ledit village et membres en dépendant; elle mourut la même année, avant le 30 octobre.

Noble François IV de Châteauneuf, sieur de Lachaud/prétendant que le don et légat à lui fait par le testament de son père était loin de représenter les droits qu'il avait sur les biens de son père, tant à cause de son droit d'aînesse sur les biens nobles, portion contingente sur les ruraux situés dans la province de Poitou que légitime dans le pays de droit écrit, était sur le point d'intenter une action en lésion à Emmanuel de Châleauneuf, sieur de La Combe et du Chalard, son frère, lorsque par acte du 12 septembre 4669 Sallon, no" et Rounat, no" roy., en présence de Jacques Vercien, prêtre, curé de Peyrat, les parties transigèrent : le sieur de La Combe et du Chalard céda au sieur de Lachaud ses droits sur les rentes féodales d'Ouchièze et du Chastaignoux et ses droits sur la rente féodale et dîme inféodée du Villegouleix; en contre échange le sieur de Lachaud céda au sieur du Chalard tous ses droits sur la rente féodale et droit de fief du village de La Subartange et sur les moulin et étang dudit lieu.

En 1670 François de Châteauneuf demeurait à Beaulieu. Il avait eu en partage les fiefs du Chataignoux et d'Auchaise, paroisse de Royère. Par acte du 8 mai 1673 Rounat. no" roy. les tenanciers d'Auchaise lui consentirent reconnaissance de la rente féodale, qui n'avait pas varié depuis 1614.

Par son testament du 14 mars 1684 Rivergnal, nre, Isabeau de Sainte-Marie, veuve de Léonard Masfaure, sieur de Pont, légua à


400 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Luce Masfaure, sa fille, cinq cents livres, qui furont payées par honorable Jean de Loménie, seigneur de Saint-Marlin-Château, conseiller du roy, receveur des tailles en l'élection de Bourganeuf, suivant acte du 25 octobre 1686 Limousin et Rounat, no"" roy.

Par acte du 3 avril 1685, François de Châteauneuf acquit de Léonard Chapellon, maître-chirurgien, le fief et maison noble du Bost-Beguy ou Bosl-Béhy, proche et paroisse de Peyrat, couvert en bardeaux et ses dépendances, et une métairie sise au Bost-Béhy, au labourage de deux paires de boeufs, ensemble la renie directe et féodale dudit fief, moyennant le prix de six mille livres, qui devait être payé six mois après (1). Aussitôt après cette acquisition, François de Châteauneuf transporta sa résidence en la maison noble du Bost-Béhy. Mais ne pouvant payer le prix du Bost-Béhy, il donna à antichrèse, par acte du 1er juin suivant, Gay, no", et Rounat, no" roy., à Léonard Chappellon, tous ses biens de Beaulieu.

Luce Masfaure étant morte à Peyrat le 13 avril 1688, âgée de trente-sept ans, François de Châteauneuf épousa en secondes noces Jeanne de Josselin. Il mourut au Bost-Béhy le 4 septembre 1701, âgé de soixante ans. 11 était affligé d'une très mauvaise vue; aussi, dans tous les actes déclare-t-il ne pouvoir signer « à cause de la faiblesse et'incommodité de sa veue ».

Du premier mariage naquirent :

1° Emmanuel, qui suit;

2° Léonard de Châteauneuf, né à Beaulieu le 23 avril 1673, baptisé à Peyrat le 1er mai suivant (parrain, honorable Léonard de Rieublanc, baron de Saint Junien La Bregère, marraine, noble dame Jeanne d'Arfeuille, dame de Mansat);

3° Marie de Châteauneuf, dam"c de Saint-Pardoux, née au lieu du Bosbéy, baptisée à Peyrat le 24 novembre 1685, mariée le 18 janvier 1702 à Théophile Merciel, sieur de Theillet, habitant du bourg de Tarnac.

Du second mariage :

4° Emmanuel-Jacques de Châteauneuf, né le 3 novembre 1689, baptisé à Peyrat le 6 (parrain, noble Emmanuel de Châteauneuf, sièur du Chalard ; marraine, noble Jaequette de La Tour, demoiselle de Josselin);

5° Marc-Antoine de Châteauneuf, né et baptisé à Peyrat le 15 novembre 1690 (parrain, Marc-Anloine de La Bermondie, chevalier, seigneur comte d'Àuberoche, marquis de Vicq et baron de Laron ; marraine, Jeanne de Châteauneuf, damoiselle de La Faye);

6° Emmanuel-Joseph de Châteauneuf, sieur de Longpré, né le

(1) Voy. à l'appendice, n° XXXII.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DÉ LA FAYE 401

14 avril 1694 au château du Bosbéy, baptisé à Peyrat le 24, qui étailau service du roi en 1707.

Emmanuel de Châteauneuf, écuyer, seigneur de Saint-Pardoux, de Villouteix, du Chassagnoux, de La Gathe et du Bost-Béhy, eut aussi en partage les fiefs du Châtaignoux et d'Auchaise, dont avait également joui le sieur de Lachaud. Par acte du 19 juin 1704, Lad rat, no" roy., et Miau, no" roy. héréd., les habitanls du Châlaignoux lui consentirent reconnaissance de la rente féodale qui n'avait pas varié depuis 1614 (1). Il poursuivit, pour le paiement de la rente de Villouteix, en 1710 et 1711, François Mercier, sieur de Fumouse, principal tenancier, et le fit condamner par le sénéchal de Montmorillon le 3 juin 1711.

Le 8 mai 1709, Mouceau, curé de Peyrat, reconnaissait avoir reçu de M. de Saint-Pardoux « l'habit de damas noir de feue madame de Lachaud », qu'elle lui avait donné pour lui faire ses services et prier Dieu pour elle.

Par acte du 27 décembre 1716, Dumont, no 10 roy., M. de SaintPardoux et Jean Chappellon, sieur d'Arteins, demeurant au MasHiverneix, paroisse de Peyrat, curateur à la succession de Jean de Loménie, se tinrent réciproquement quittes.

En 1716, François de Loménie, seigneur de Saint-Martin-Châleau, fut obligé de se rendre à Poitiers pour rendre foi et hommage de la terre de Saint-Martin-Château. Il tint note de toutes ses* dépenses personnelles, jusques et y compris ses frais de barbe et le coût du licol et des clous de son cheval. Cette note, s'élevant à quatre-vingt-sept livres sept sous deux deniers, fui présentée aux quatre autres seigneurs, qui détenaient ladite terre et baronnie par suile du partage de 1674 et qui devaient en payer chacun leur part. M. de Sainl-Pardoux eut à payer pour son cinquième, à M. de Loménie, la somme dix-sept livres neuf sols (2).

Par acte sous seings privés fait au Bost-Béhy le 16 juin 1727, François de Loménie, seigneur de Saint-Martin-Château et chemier de la terre dudit Saint-Martin-Château, céda à titre d'échange à Emmanuel de Châleauneuf, seigneur de Saint-Pardoux el parageur d'icelle, le droit de justice et tous autres échus à feue Marie Masfaure, sa mère, sur le village de La Cour-Rouzet, paroisse de SaintPardoux, par le partage de ladite terre du 14 février 1674. En contr'échange, M. deSaint-Pardoux céda à M. de Châteauneuf le droit de justice el tous autres échus à feu Luce Masfaure, sa mère, sur le bourg de Sainl-Pardoux, par le susdit partage. Il fut stipulé que

(1) Archives du château de Villemonteix.

(2) Voy. à l'appendice, n° XXIII.


402 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Emmanuel de Châleauneuf tiendrait à parage les choses à lui délaissées et François de Loménie en chemerage les choses à lui délaissées (1).

Nonobstant ces accords entre le suzerain et le vassal, la mésintelligence régna entre eux un certain temps. Emmanuel de Châteauneuf refusa de rendre son dénombrement comme parageur au seigneur de Saint-Marlin-Château, sonchemier. François de Loménie, par exploit du 23 mars 1733, l'assigna pour le faire condamner à lui rendre son dénombrement comme parageur (2). Le seigneur de Sainl-Pardoux succomba dans cette instance devant la sénéchaussée de Montmorillon. Il fut condamné à rendre le dénombrement et aux dépens, qui furent réglés à cinquantes livres par MM. Esmoingt, seigneur de Lort, et Bourdicaud, seigneur de SainlPriest, arbitres. Le dénombrement fut rendu par Charles de Pichard de L'Eglise-au-Bois et Catherine de Châleauneuf, gendre et fille de M. de Saint-Pardoux, suivant acte passé le 8 septembre 1733 devant Méau, no" roy. en Poitou, Marche et Limousin, et il en fut délivré copie en parchemin au seigneur de Saint-MarlinChàtean.

En 1738, M. de Saint-Pardoux était propriétaire du village de Villegouleix, composé de deux domaines. Il faisait sa résidence au château du Bost-Béhy, paroisse de Peyral-le-Châleau; il y mourut le 12 février 1737, à l'âge de soixante-cinq ans, el fut enterré le lendemain à Peyrat, dans l'église de Saint-Martin (présents au convoi : Ignace de Châteauneuf, écuyer, sieur du Chalard, et Joachim Thiveau, seigneur de Rempnat). Il avait fait un testament par lequel il léguait aux Récollets de Saint-Léonard deux cent-quarante livres pour dire des messes.

Il avait épousé Jeanne Thiveau de Rempnat, à laquelle il survécut.

De leur mariage naquirent :

1° Jeanne Châteauneuf, baptisée à Peyrat le 1er février 1703 (parrain, Martial Thiveau, seigneur de Rempnat; marraine, Jeanne de Josselin);

2° Emmanuel de Châteauneuf, né le 13 janvier 1704, baptisé à Peyrat le 15 janvier suivant; mort au Bost-Béhy le 23 juillet 1729 ;

3° Marie de Châteauneuf, née au château du Bost-Béhy le 17 juillet 1706, baptisée à Peyrat le 21 juillet suivant (parrain, noble François-Joachim Thiveau, sieur de La Villatle, demeurant à

(1) Voy. à l'appendice, n» XXIV.

(2) Voy. à l'appendice la consultation donnée à ce sujet par un avocat de Montmorillon, n° XXV.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 403

Rempnat; marraine, Marie de Châteauneuf, damoiselle de Théillel); morte le 14 novembre 1706;

4° Suzanne de Châteauneuf, né le 18 octobre 1707, baptisée à Peyrat le 20 octobre suivant;

5° Catherine de Châteauneuf, qui suit.

Catherine de Châteauneuf, damoiselle de Sainl-Pardoux, dame de Villouteix, du Chassagnoux, de La Gathe et du Bost-Béhy, fut baptisée à Pejrat le 22 septembre 1709 (marraine, Calherine de Pichard). Elle épousa dans l'église de Peyrat, le 15 août 1730, Charles de Pichard de L'Eglise-au-Bois, chevalier, seigneur comte de Villemonteix, seigneur de La Cour, Védrénas, Boissioux, Châtelus en partie, né le 5 septembre 1707, fils de Jean de Pichard de L'Eglise-au-Bois, chevalier, seigneur comte de Villemonteix, seigneur de Montsergue, Châtelus, La Cour, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, lieutenant-colonel du régiment de Toulouse infanterie, et de Catherine de Lasteyrie du Saillant. Par leur contrat de mariage du 21 août 1730, Leblanc et Méau, no"s roy., M. de Saint-Pardoux fit donation à sa fille de tous ses biens, sous réserve de l'usufruit sa vie durant.

Charles de Pichard, devenu par son mariage seigneur de Villouteix, afferma ce fief à Léonard Coutisson, sieur d'Auphelle, suivant acte du 16 avril 1732, Méau, no" roy.

Catherine de Châleauneuf mourut à trente-trois ans, au château de Villemonteix, le 25 avril 1743 (1). Charles de Pichard épousa en secondes noces Louise Green ou Grain de Saint-Marsaut, damoiselle d'Eyburie, fille de feu Jean-Jacques Grain de Saint-Marsaut, vicomte du Verdier, et d'Anne Duprat. 11 mourut en 1748.

Du mariage de Charles de Pichard avec Catherine de Châteauneuf survivaient, à la mort de leur père, huit enfants, six filles et deux garçons, savoir :

1° Germain, qui suit;

2° Marie de Pichard de L'Eglise-au-Bois, née en 1734, mariée : 1° le 23 janvier 1753, à Gabriel de Rieublanc, ehevalier, seigneur du Bost, Boussae, Saint-Junien-la-Bregère, fils de Jean de Rieublanc, sieur du Bost, procureur fiscal de la baronnie de Peyrat, et de Catherine Daniel de Monfayon ; 2° le 28 novembre 1755, à Joseph de Lhermite, chevalier, seigneur de La Rivière, Chassât, etc., fils de Joseph de Lhermite, écuyer, seigneur de La Rivière, et de Gabrielle du Garreau; elle vivait encore en 1787, mais elle élait morte le 14 nivôse an XII ;

(1) Nobiliaire du Limousin, I, 680.


404 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN v

. 3° Rose de Pichard de L'Eglise-au-Bois, née en 1735, morte célibataire en 1767, sans avoir fait de testament;

4° Jeanne de Pichard de L'Eglise-au-Bois, né le 23 octobre 1736, morte célibataire ab intestat avanl l'année 1767;

5° Marie de Pichard de L'Eglise-au-Bois, né le 31 décembre 1737, en 1787 religieuse ,du choeur du monastère de Sainte-Ursule d'Eymouliers sous le nom de soeur Saint-Charles;

6" Julien de Pichard de L'Eglise-au-Bois, chevalier de Villemonteix, baptisé le 4 octobre 1739, qui était encore vivant le 28 novembre 1755, mais dut mourir peu après;

7° Anne-Françoise de Pichard de L'Eglise-au-Bois, née le 17 janvier 1741, marié le 7 novembre 1766 à Jean-Marie d'Alesme de Salvanet, chevalier, seigneur baron de Châtelus, Salvanet, Courbeyrac et autres lieux, fils d'Yrieix d'Alesme, sieur de Salvanet, baron de Châtelus, trésorier de Fracce à Poitiers; encore vivante en l'an XII;

8° Catherine de Pichard de L'Eglise-au-Bois, née en 1743, mariée le 3 frimaire an V à Léonard-Joseph Dubois de Meyrignac, fils d'Etienne Dubois, sieur de Meyrignac, el de Marie de Pichard de L'Eglise-au-Bois.

Tous ces enfants étaient mineurs à la mort de leur père et furent, parade de la sénéchaussée de Guéret du 2 septembre 1748, mis sous la tutelle de Pierre d'Oyron, chevalier, seigneur de Chérignac, el sous la curatelle de François de David, chevalier, seigneur de La Cour de Rozet.

Germain de Pichard de L'Eglise-au-Bois, chevalier, seigneur comte de Villemonteix, seigneur de La Cour, de Villouteix, du Chassagnoux, de La Gathe et du Bost-Béhy, était âgé de seize ans lors de la mort de son père. A la suite de ses auteurs, il possédait le fief du Chassagnoux, paroisse de St-Marlin-Château. A cause des renies qu'il percevait sur ce village, il fui taxé à la somme de dix-huit livres, pour être distribuée aux pauvres honteux, dans une assemblée de charité tenue à Royère le 26 mars 1770. La misère étant très grande cette année-là dans la paroisse de Royère, une ordonnance fut rendue par l'intendant de Limoges, en exécution de laquelle fut tenue celte assemblée de charité, où il fui arrêté « un rôle de distribution des pauvres de la paroisse pour être, à la diligence du syndic de charité à nommer, présenté au subdélégué à Bourganeuf pour être par lui rendu exécutoire ». Il vendit successivement le domaine du Petit-Grammont, celui du Bost-Béhy, les deux domaines et le moulin de La Villatte, le domaine des Granges, les deux domaines de Labassat et les trois domaines de La Cour de Rozet, lejout dépendant de la succession de Catherine de Châ-


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LÀ FAYE 405

neuf. Le 19 avril 1782, Germain de Pichard oblinl sentence de la justice du Chassagnoux condamnant Julien Larmaraud, principal tenancier du tènement de Villouteix, à lui payer, ès-qualités, les arrérages alors dûs de la rente noble, directe et foncière assise sur ce tènement, qui élait chaque année de treize setiers trois quartes deux coupes blé seigle, quarante-huit quartes combles avoine, mesure de Peyrat, cinq livres argent et deux gélines. Germain de Pichard, dernier seigneur de Villouteix, était resté célibataire. Il mourut à Villemonteix le 7 prairial an X, âgé d'environ soixante-dix ans(l).

§ 8. — Le Chassagnoux

Le fief du Chassagnoux, paroisse de Saint-Marlin-Château, relevait originairement de la justice du baron de Peyrat. La justice de ce village, consistant alors à un seul feu, fut comprise dans la vente de la, baronnie de Saint-Martin-Château et Saint-Pardoux-Lavaud du 21 décembre 1646 (2). Dès lors, cette justice suivit le sort du fief.

En 1531, les tenanciers du Chassagnoux consentirent reconnaissance de la rente féodale (3).

Gabriel de Faye, seigneur de La Faye, de La Cour et de La Grillière, et en même temps seigneur du Chassagnoux, rendit, vers 1557, aveu et dénombrement de ce fief à François de Pierrebuffière, chevalier, vicomte de Comborn, baron de Châteauneuf et de Peyrat (4). Il percevait sur le village du Chassagnoux de rente féodale annuelle trente setiers seigle, vingt-quatre sols en deniers, deux gélines et un boeuf de vinade.

Par contrat du 29 juillet 1620, de Champeaulx, no" roy., et Chapellon, no' 8, François de Faye, seigneur de La Faye, Jehan de Faye, sieur de La Voye et de La Cour, et Jehan de Faye, sieur de La Grillière, frères, enfants de feu Gabriel de Faye, vendirent à Me Martial Masfaure, « esleu pour le Roy en l'élection de Bourganeuf», moyennant la somme de mille livres, la renie féodale et foncière que leur père possédait sur le village du Chassagnoux. Quelque temps après, le même Martial Masfaure fit, de Joseph Romanet, sieur de Farsac, et de Marguerite Chaslard, l'acquisition de sept sols et demi de rente foncière sur le même village. Par acte

(1) Archives du château de Villemonteix.

(2) Voy. à l'appendice, n° XVIII.

(3) Titre latin déposé aux Archives de la Haute-Vienne.

(4) Voy. à l'appendice, n" III.


406 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

du 16 avril 1631, Léonard Laborne, no" roy., et Antoine Dechampeaulx, no", les tenanciers du Chassagnoux, qui en étaient en même temps les propriétaires, reconnurent cette dernière rente à Martial Masfaure.

Nous ne savons si la propriété foncière ou domaine utile du Chassagnoux fut acquise par Marlial Masfaure ou par Léonard Masfaure, sieur de Pont, son fils aîné. Mais à la mort de ce dernier, en 1659, sa succession comprenait la rente féodale sur Le Chassagnoux, de même consistance que du temps de Gabriel de Faye, et la propriété de tout le village du Chassagnoux, formant un seul corps de métairie.

Le partage du 14 février 1674, entre les enfants de Léonard Masfaure, sieur de Pont, attribua aux époux François de Châteauneuf, sieur de Lachaud, el Luce Masfaure, le village du Chassagnoux en son entier, consistant en une métairie meublée de bestiaux, la justice haute, moyenne et basse, et la rente féodale sur ledit village (1). Reconnaissance de la justice el de la rente féodale fut faite au sieur de Lachaud par ses métayers le 14 juin 1674 (2).

Le 12 juin 1674, le sieur de Lachaud fit faire par Jacques Chenaud, sieur de Connouille, bourgeois de Peyrat, l'estimation des bestiaux garnissant les métairies du Chassagnoux, de La Gathe et de Langladure, qui lui avaient été attribuées par le partage. Procès-verbal en fut dressé le même jour par François Chenaud no" roy. héréditaire réservé en Poitou, Limousin et Marche.

Le fief de Chassagnoux, à partir de ce moment, suivit le sort de celui de Villouteix. Il eut donc successivement pour seigneurs François de Châteauneuf, Emmanuel de Châleauneuf, Catherine de Châleauneuf et Charles de Pichard, son mari, et enfin Germain de Pichard. Ce dernier et ses soeurs, à l'époque de la Révolution, possédaient tout le village en fief et propriété. En l'an IX, le domaine de Chassagnoux appartenait encore à la famille de Pichard de l'Eglise-aux-Bois. Mais, par acte du 23 nivôse an XII, J.-B. Berger et son collègue, no"! à Bourganeuf, les époux Léonard-Joseph Dubois de Meyrignac et Catherine de Pichard et les époux Joseph Dubois de Meyrignac et Catherine de Lhermilte, demeurant tous à Villemonteix et représentant alors la maison de Villemonteix, vendirent, moyennant 9.000 francs de principal et 216 francs de pot de vin, à Etienne Leblanc, Biaise Thibaud, Guillaume, autre Guillaume et Jean Bargaud, le lieu et domaine du Chassagnoux, au labourage de quatre boeufs, garni de bestiaux.

(1) Voy. à l'appendice, n° XX.

(2) Voy. à l'appendice, n» XXI.


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 407

§ 9. — La Gathe

Le fief de La Galhe, paroisse de SaintMartin-Chàteau, relevait originairement de la baronnie de Peyrat. Ce village, alors composé de cinq feux, fut compris, pour la justice, guet et péage, dans la vente de la baronnie de Saint-Martin-Château et Saint-PardouxLavaud du 21 décembre 1646. Dans cet acte, il est désigné sous le nom de La Gouatte (1).

Du village de La Gathe dépendait le tènement de Fressingeas ou Freussingan. Noble homme Anthoine de Faye, écuyer, seigneur de Villechenyne, de La Cour, de La Grillière et de Fayfrey élait en même temps seigneur du repaire noble de Freussingan el seigneur propriétaire de trois quartes portions et de la moitié de l'autre quarte du village de La Gathe, dont il consentit la bailletle le 12 septembre 1530.

Noble homme Gabriel de Faye, escuyer, seigneur de La Faye, de La Cour et de La Grillière rendit vers 1553 l'aveu et dénombrement de ses diverses seigneuries, dans lequel étaient compris le lieu de La Gathe et tènement de Freissengeas, en toute fondalité et directe seigneurie et en toute propriété. Il y percevait de rente féodale annuelle soixante sols tournois argent, lrente*deux setiers seigle, onze setiers avoine, quatre gélines et une paire de boeufs de vinade (2).

Noble François de Faye ou de La Faye, écuyer, seigneur de La Faye et de La Villatte, fut aussi seigneur et propriétaire du village de La Gathe.

Par suite de la transaction intervenue après la mort de François de La Faye, le 5 janvier 1636, entre Pierre Esmoing de Lavaublanche, prieur-curé de Saint-Martin-Château, d'une part, et Joseph Pichard, sieur de l'Eglise-au-Bois, et Jeanne de La Faye, veuve de Gaspard de Trigounant, d'autre part, le village de La Gathe et tènement de Freissengeas, composé de qualre métairies, fut attribué en toute propriété et fondalité à Joseph Pichard, comme père et légitime administrateur des biens de ses enfants issus de son mariage avec feue Marguerite de La Faye, et à Jeanne de La Faye, veuve de Gaspard de Trigounant, sieur de La Roche, sa belle-soeur. Par suite d'échange ou partage entre Joseph Pichard et Jeanne de La Faye, les quatre métairies de La Gathe, tenus noblement et en fief, devinrent la propriété de Joseph Pichard, es noms.

(1) Voy. l'appendice n» XVIII.

(2) Voy. l'appendice n° III.


408 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Par contrat du 14 décembre 1650, Joseph Pichard céda à titre d'échange, avec d'autres biens, à Balthazar de La Faye de La Porte, seigneur du Breilh et de Mansat, le fief et les métairies de La Gathe (1).

Noble Balthazar de La Faye de La Porte, escuyer, sieur du Breilh, seigneur de Mansat, vendit, par acte du 29 décembre 1650, à Léonard Masfaure, escuyer, sieur de Pont, le village de La Galbe en son enlier, avec le tènement de Fressenjas, composé de quatre métairies el tenu noblement en fief (2).

Après la mort de Léonard Masfaure, sieur de Pont, le partage qui intervint le 14 février 1674 entre ses enfants attribua à Luce Masfaure, épouse de François de Châleauneuf, sieur de Lachaud, le village de La Gathe, composé alors de irois métairies, meublées de bestiaux, en toute propriété et seigneurie, avec la haute justice, moyenne et basse, mère, mixte, impere, guel et péage (3). Le 14 juin 1674, les métayers perpétuels abonnés, qui occupaient ledit village, consentirent reconnaissance de la justice, mais soutinrent qu'ils ne devaient d'autres devoirs. Cependant, ils n'avaient d'autre seigneur féodal, et l'on peut croire que les précédents seigneurs, qui étaient en même temps propriétaires, avaient fait abandon à leurs métayers de la rente féodale (4).

Le fief de La Gathe suivit, dès lors, le sort de ceux de Villouteix el du Chassagnoux. Il eut donc successivement pour seigneurs François de Châleauneuf, Emmanuel de Châteauneuf, Catherine de Châteauneuf et Charles de Pichard, son mari, et enfin Germain de Pichard. Ce dernier et ses soeurs, à l'époque de la Révolution, possédaient tout le village en fief el propriété. En l'an IX, la famille de Pichard de l'Eglise-au-Bois était propriétaire de deux domaines à La Gathe; mais, par acte du 21 nivôse an XII, J.-B. Berger et son collègue, nor°" à Bourganeuf, les époux Léonard-Joseph Dubois de Meyrignat et Catherine de Pichard, et les époux Joseph Dubois de Meyrignat et Catherine de Lhermitte, demeurant tous à Villemonteix et représentant alors la maison de Villemonteix, vendirent, moyennant 17.360 fr., à Jean Paille, de la ville de Peyrat, le lieu et village de La Gathe, composé de deux domaines à quatre boeufs, garnis de bestiaux.

(1) Voy. à l'appendice n» XII.

(2) Voy. à l'appendice n° XV.

(3) Voy. à l'appendice n» XX.

(4) Voy. à l'appendice n° XXL


GÉNÉALOGIE DÉ LA MAISON DE PAVE OÙ DÉ LA FAYE 409

§ 10. — Neufvialle

Nous complétons ainsi qu'il suit ce que nous avons dit du fief de Neufvialle, paroisse de Sainl-Martin-Châleau, dans la notice sur la baronnie de Leyris :

Ce village, en 1553, était dans la fondalité et directe seigneurie de Gabriel de Faye, seigneur de La Faye, de La Cour et de La Grillière. il rendit aven et dénombrement du lieu noble de Neufvialle à François de Pierrebuffière, chevalier, vicomte de Comborn, baron de Châteauneuf et de Peyrat, qui en était alors le seigneur suzerain el haut justicier (1). La rente féodale annuelle consistait en cinquante sols argent, onze setiers seigle, un setier froment, deux seliers avoine et trois gélines.

Marguerite de La Voye, veuve de Gabriel de Faye, et François de Faye, son fils aîné, vendirent, sans faculté de rachat, celte rente féodale à Me Pierre Doumy, sieur de Mansat, et à Me Jehan Chastenel, sieur de Quinsat, suivant acte du 24 février 1589, Bl. Chappelon, no" roy., et Beneylon, no". Mais, par acte du 19 octobre 1599, Borde et Foucaud, no" 5 roy., et 9 juin 1609, Delachassaigne, no" roy., et P. Doumy, nr°, François de Faye effectua le rachat de ladite rente et rentra ainsi en possession de ce fief.

Celte rente féodale grevait le tènemenl des Aveix, possédé par les habitants de Neufvialle; une seconde rente féodale, dite de Neufvialle, était établie sur le village; nous nous en occuperons plus loin.

La rente féodale sur le tènemenl des Aveix, après la mort de François Faye, sieur de La Faye el de La Villatte, échut à Joseph Pichard, sieur de l'Eglise-au-Bois, et à Jehanne de La Faye, damoiselle de La Roche, sa belle-soeur, en vertu de la transaction intervenue entre eux el Pierre Esmoingt de Lavaublanche, prieur-curé de Saint-Martin-Château, suivant acte du 5 janvier 1636, Ruben, nor° roy. Restée dans le lot des enfants de Joseph Pichard, cette rente féodale eut successivement pour possesseurs François de Pichard, seigneur de La Chassagne, comte de Villemonteix, et Jean de Pichard, de l'Eglise-au-Bois, seigneur de Villemonteix et de La Cour., Ce dernier et Catherine de Lasteyrie du Saillant, son épouse, vendirent cette rente féodale, consistant toujours en onze seliers seigle, un setier froment, deux setiers avoine, mesure de Peyrat, cinquante sols argent et trois poules, à Léonard du Masfaure, sieur de Prasinas et de Neufvialle, déjà titulaire de la rente dite de Neuvfialle.

(1) Voy. à l'ajapendice n° III.


410 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN'

Cette rente de Neufvialle, dont la consistance ne nous est pas parfaitement connue, mais qui était au moins de douze setiers seigle, quatre setiers avoine et deux poules, appartenait vers 1580 à noble Léonard de Faye, écuyer, sieur de Villechenyne.

En 1633, cette rente élait due à Françoise de Faye, épouse de Baltazard de Bressolles de Vareynes, escuyer, sieur d'Arthon el de Boussay, laquelle en avait hérité dudit Léonard de Faye, sieur de Villechenyne, son père.

Vers celte époque, probablement à la suite d'achat, on (rouve comme sieur de Neufvialle, Martial Joubert du Masfaure, et après lui, comme sieurs de Neufvialle, successivement Pierre du Masfaure, Jacques Masfaure ou du Masfaure, Léonard du Masfaure, autre Léonard du Masfaure, sieur de Prasinas, et enfin Pierre Dumasfaure, sieur de Saintraud (1).

Indépendamment de ces deux rentes féodales, Léonard Rieublanc, sieur du Bost, percevait en 1674 sur Neufvialle, et en vertu d'acte du 9 juillet 1670, une rente annuelle de vingt seliers seigle, quarante livres argent el une paire de boeufs de vinade.

A la Révolution, de toutes ces rentes féodales, il n'en existait plus que deux : l'une, due à Léonard Jagot de La Planehe, notaire royal de Villemoneix, paroisse de Gentioux, consistant en seigle douze setiers, avoine seize éminaux combles, argent trois livres, poules trois; l'autre au chapelain de Sainte-Marie-Madeleine, consistant en seigle quatre setiers, avoine huit éminaux combles, argent une livre, poules trois.

Quant à la justice, nous voyons qu'en 1553 Neufvialle relevait de la baronnie de Peyrat. Vers 1574, ce village fut englobé dans la baronnie du Leyris, lorsque Léonard de Faye, sieur de Villechenyne, fit l'acquisition de cette baronnie de Henri de Noailles, seigneur de Noailles et d'Ayen, baron de Chambres, Montclar, Carbonnières et Mallemort. Neufvialle relevait encore de la baronnie du Leyris en 1707. Vers cette épo.que, les héritiers de Jacques de La Faye de La Porte, baron de Leyris, vendirent la justice des villages de Neufvialle et Prasinas à Léonard Esmoing de Lavaublanche, écuyer et chevalier, seigneur de La Faye, de La Grillière et du Chezaud, neveu de Pierre Esmoing de Lavaublanche, prieur-curé de Saint-Martin-Château, et fils de Claude Esmoing de Lavaublanche, écuyer, seigneur de L'Age, de La Faye, de La Grillière et du Chezaud, et d'Anne-Marguèrite Masfaure. Ses descendants réunirent Neufvialle et Prasinas â la justice de La Grillière, qui leur

(1) Voir la notice intitulée : « La baronnie du Leyris ».


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 411 »

appartenait, el furent seigneurs hauts justiciers de ces villages jusqu'à la Révolution.

Armoriai

D'Alesme, Haut-Limousin : de gueules, alias d'azur, au chevron d'or, accompagné en pointe d'un croissant du même; au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d'or.

Barton de Montbas, Marche : d'azur, au cerf gisant d'or, ongle et ramé de même; au chef échiqueté d'or et de gueules de trois traits.

De Beaufort, Bas-Limousin : d'or, au lion rampant de gueules, écartelé d'azur à deux rocs d'échiquier d'argent, au troisième à une étoile d'or.

De Beaumont, Haut-Limousin : d'argent au lion rampant do gueules, armé, couronné el lampassé d'or, à la bordure d'azur.

Bonnin, Basse-Marche : de sable, à la croix ancrée d'argent.

Bourdicaud, Haut-Limousin : d'argent au chevron de gueules, accompagné en chef de deux trèfles de sable et en pointe d'une quintefeuille de gueules.

De Bressolles, Berry : de sable, au lion d'argent, chargé sur l'estomac de trois billettes de gueules.

De Bridiers, Marche : d'or, à la bande de gueules.

De Brugières, Languedoc : d'azur, à trois abeilles d'argent posées 2 et 1.

De Chaslus de Cordés, Auvergne : échiqueté de gueules et d'or.

De Chastenet de Quinsat, élection de Bourganeuf : d'argent,'au châtaignier de sinople, accosté de quatre hermines, 2 et 2; au chef d'azur, chargé d'un soleil d'or ;

De Châteauneuf, Haut-Limousin : de sable, au lion rampant d'or, lampassé de même, armé d'argent.

De Chaussecourte, Combraille : parti, emmanché d'azur el d'argent.

Du Cloupt ou Cloux de Soumaignac, Peyrat-le-Château : de gueules, au lion rampant d'or, couronné de môme ; trois étoiles aussi d'or en chef.

De Comborn d'Enval, Bas-Limousin : d'or, à deux lions passant de gueules, l'un sur l'aulre.

De David, Limousin : d'or, à trois coquilles de sinople.

Doumy de Mansat, Election de Bourganeuf : de... au chevron de... au croissant de... en chef.

Dubois de Meyrignac, Election de Bourganeuf :

Esmoingt, Haute-Marche : d'argent, à trois chevrons de gueules, alias d'azur.

D'Eychisadour, Limousin : écartelé d'argent et de gueules.

T. LVI 27


412 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

De Fabas, Languedoc : d'or, à trois pals de gueules.

De Faye ou de La Faye, Peyrat-le-Château : d'argent, à une quin tefeuille de gueules.

Des Flottes, Limousin : d'azur au navire d'or, équipé d'argent, sur une mer de même, accompagné en chef de deux étoiles d'or.

De Fricou, Berry : d'azur, à la bande engrêlée de sable.

De Grammont, Limousin : d'argent, à la croix ancrée de gueules.

Green de SaintMarsault, Limousin : parti, au 1er de gueules, à trois demi-vols d'argent, 2 et 1 ; au 2e aussi de gueules, à onze clochettes d'argent, balaillées de sable, 4, 4 et 3.

De Josselin : d'azur, à trois fasces d'or.

De Laage de Brudieu, Bourbonnais : d'argent, au chevron de gueules, à la bordure de sable.

De La Faye la Porte, Peyrat-le-Châleau : d'azur, à trois chevrons d'or, surmontés d'une feuille de houx d'or.

De La Gastine : parti au 1er d'azur à un lion rampant d'or lampassé de gueules, chargé d'une fasce de même ; au 2° coupé le 1er d'azur à une tête de cerf armée de cors sans nombre de même; au 2e d'argent à une fleur de lis de gueules.

De La Porte, Bas-Limousin : d'azur, à trois chevrons d'or, surmontés d'une feuille de houx d'or.

De La Boche du Bonzet, Auvergne : d'azur, à trois bandes d'or.

De Lasteyrie du Saillant, Bas-Limousin : de sable, à l'aigle éployée d'or, écartelé d'argent au lambel de trois pendants de gueules.

De Launay,

De La Voye,

Le Bel,

Le Groing, Berry : d'argent, à trois têtes de lion arrachées de gueules, couronnées d'or; au croissant d'azur en abîme.

De Lhermitte, Marche : parli, au l°r de sinople, au patenôtre d'or, enfilé et houpé de même, mis en chevron, accompagné de trois quatre feuilles d'argent, 2 en chef, 1 en pointe; au 2" d'argent, à trois chevrons de gueules ; au chef de Jérusalem brochant sur le tout, qui d'argent pâtée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même.

De Loménie, Limousin : d'or, à l'arbre de sinople, brisé sur la racine d'un tourteau de sable au chef d'azur, chargé de trois losanges d'argent.

Des Maisons du Palant, Limousin : de gueules, à trois tours d'argent, 2 et 1; au chef d'argent, chargé de deux molettes d'éperon de sable.

Du Masfaure, Peyrat-le-Château : d'azur, à trois molettes d'or

De Mérisy,


GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYB OU DE LA FAYE 413

De Mescleieu ou Mesclaieu, Limousin :

De Monceaux ou Molceaud, Limousin : d'azur, à trois fasces d'or.

De Montai, Haute-Auvergne : de gueules frelté d'or et semé de coquilles de même dans les claires-voies.

De Montrognon ou Monrongnon, Auvergne : d'azur, à la croix ancrée d'argent.

Mourin d'Arfeuille, Haute-Marche : d'azur, à la fleur de lis d'or, accompagnée de trois étoiles de même, deux en chef et une en pointe.

De Noailks, Bas-Limousin : de gueules, à la bande d'or.

D'Oyron, Poitou : d'argent, à trois roses de gueules, figées el fouillées de sinople, 2 et 1.

De Pichard de l'Eglise-au-Bois, Eymoutiers : d'azur, à trois bourdons d'or, 2 en chef et 1 en pointe, celui-ci surmonté d'une étoile d'argent.

De Pierrebuffière, Limousin : de sable au lion d'or, armé et lampassé de gueules.

De Poux,

Du Puy de Trigounant : d'or au chêne de sinople au chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or.

De Rieublanc du Bost, Peyrat-le-Château :

De Rochedragon, Auvergne et Combraille : d'azur, au lion dragonne d'or, lampassé, armé et couronné de gueules.

De Romanet, Haut-Limousin : d'argent, au chevron d'azur, chargé d'une étoile d'argent, surmonté d'une lambel de gueules et accompagné de trois branches de romarin de sinople.

De Rosiers, Auvergne : d'azur, au chevron d'or, accompagaé de trois roses d'argent.

De Sainte-Marie, Haut-Limousin : d'argent, à cinq merlettes de sable, ni pattées ni becquées, 2 à dextre, 1 à senestre, au franc quartier de gueules.

De Seiglière, Haute-Marche : d'azur, à trois épis de seigle d'or, 2 et 1.

De Signât, Combraille : de gueules à une maisonnette d'argent.

De Thianges, Auvergne : d'or, à trois tierce feuilles de gueules.

Tiveau, Haut-Limousin :

Tournyol, Haute-Marche : d'azur, à la tour d'argent, maçonnée de sable; au chef cousu de gueules, chargé d'un croissant d'argent, accosté de deux étoiles de même.

Du Tronchay, de Vayres :

De Vars, Limousin : d'azur, à trois coeurs d'argent, 2 et 1.

De Vergnias ou La Vergue,- Haut-Limousin : de gueules, à trois pals d'or, chargés chacun d'une molette d'éperon en chef.

Zenon TOUMIEUX.


MONUMENTS HISTORIQUES

DE LA HAUTE-VIENNE

Supplément au rapport de Louis Guibert (1)

I

En 1888, Louis Guibert, secrétaire de la Commission chargée d'examiner à nouveau la liste des monuments historiques de la Haute-Vienne, présenta à noire Société archéologique un rapport qui restera la base de tout travail du même genre. L'enquête qui avait eu lieu préalablement avait été menée très méthodiquement, et il n'a point tenu à la Commission qu'elle n'aboutit à des résultats complets.

Les lacunes que présente ce rapport se réduisent d'ailleurs à fort peu de choses. Elles nous ont été révélées à la suite d'une nouvellr enquête qu'a instituée récemment la Commission départementale des objets mobiliers des églises, en vertu de la circulaire ministérielle du 8 juillet 1905, pour préparer la dévolution des biens existants aux futures associations cultuelles.

Cette Commission (2) a tenu quatre séances (3). Elle a adressé à tous les maires du département un exemplaire du rapport précité,

(1) Impr. dans notre Bulletin, t. XXXVI (1888), p. 458-483.

(2) Composée de MM. Codet, Gabiat, Goujaud, Dr Marquet, Roux, conseillers généraux ; A. Bonafous, ingénieur-architecte du département ; A. Leroux, archiviste du département ; Jules Tixier, inspecteur des monuments historiques; Emile Wottling, architecte diocésain; P.-L. Courtot et P. Ducourtieux, membres de la Société archéologique du Limousin. Elle a été présidée chaque fois par M. le Secrétaire général de la Préfecture, à ce délégué par M. le Préfet. Ses propositions de classement viennent d'être transmises au ministère compétent.

(3) Les 18 juillet et 18 novembre 1905, 29 janvier et 17 août 1906.


MONUMENTS HISTORIQUES DE LA HAUTE-VIENNE 415

en les priant de vérifier, chacun en ce qui le concerne, l'exactilude de ses données. Des réponses obtenues et des renseignements subsidiaires fournis par MM. J. Tixier, R. Drouault, P.-L. Courtot et Bouteilloux, il appert qu'il convient d'ajouter à la liste de 1888 les mentions suivantes (1) :

ARNAC-LA-POSTE (arr. de Bellac). Une cloche du XIIIe s. (2).

BEAUNE (arr. de Limoges).

Une statue de saint Chrislophe, en pierre, dans l'église, XVe s.

— Un panneau en bois sculpté, représentant l'Assomption, XVII s., donné par la famille Dupont-Carnot.

BIENNAC (arr. de Rochechouart).

Plaque mortuaire du cardinal Cramaud, portant la date de 1406, avec une inscription reproduite par M. l'abbé Texier, Inscript, du Limousin (1851, p. 250).

LE CHALARD (arr. de Saint-Yrieix).

Pierre tombale dite quelquefois du Bon mariage, XVe s. — Deux peintures sur cuivre, représentant sainte Catherine et un docteur de l'Eglise, XVIIe s.

GOMPREIGNAC (arr. de Bellac).

Un tableau figurant la Présentation au Temple, XVIII s. (3).

DOMPS (arr. de Limoges).

Troix vitraux et trois statuettes, de date incertaine.

EYMOUTIERS (arr. de Limoges).

Un reliquaire sphérique en cuivre doré, fin du XVIe s., restauré au XVIII 8. — Un tableau représentant sainte Thérèse en prière, et mesurant environ lm sur ln,25, XVIII" s. — Une Mater dolorosa, statue de bois sculpté et peint mesurant 0m40 de hauteur, XVIIIe s.

— Un lutrin de choeur en forme d'aigle monté sur un superbe

(1) Cf. l'Annexe au rapport sur les beaux-arts de la Commission du budget, rédigé par M. Couyba, député de la Haute-Saône, fin décembre 1906.

(2) Les dates de quelques-uns des objets mentionnés ci-après nous ont été fournies par M. Jules Tixier, inspecteur des monuments historiques de la Haute-Vienne.

(3) D'après M. le chanoine A. Lecler, .ancien curé de Compreignac, ce tableau serait une copie d'une toile existant au Grand Séminaire de Limoges.


416 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

pied, le tout en bois sculpté, XVIII» s. — Vitraux en grisaille, XV» siècle.

GORRE (arr. de Rochechouart). Une croix-reliquaire du XIII 0 s.

LES GRANDS-CHÉZEAUX (arr. de Bellac). Une pieta en bois, XVIIe s.

LADIGNAC (arr. de Saint-Yrieix).

Deux tableaux de date incertaine : l'un représentant saint Aignan, évêque; l'autre l'Annonciation de la Sainte-Vierge.

LIMOGES : cathédrale Saint-Etienne.

Une Mise au tombeau, tableau de l'école espagnole, fin du XVI" s. ou commencement du XVIIe.

LIMOGES : église Saint-Pierre-du-Queyroix. Stalles du choeur, en bois, 1513 (1).

LUSSAC-LES-EGLISES (arr. de Bellac).

Une pieta en pierre, XVIe s. — Portrait de Bourdel, premier chirurgien du roi, XVIIe s. (à la cure).

PANAZOL (arr. de Limoges). Vitraux anciens, XVIe s.

— Bas-relief, avec inscription gothique, mutilée et illisible, XVe s.

SAINT-GENCE (arr. de Limoges).

Six statuettes en calcaire, provenant d'une Mise au tombeau, XVe s.

SAINT-GEORGES-LES-LANDES (arr. de Bellac).

Un fer à hosties, fin du XVe s. — Une pierre tumulaire, XVe s.

— Un bénitier ancien.

SAINT-JULIEN-LE-PETIT (arr. de Limoges). Reliquaire en cuivre, XIIIe s. (?).

SAINT-JUNIEN (arr. de Rochechouart). Onze statuettes en bois, 1402.

SAINT-LÉONARD (arr. de Limoges).

Un reliquaire sphérique, XVIIIe s. — Un bras-reliquaire argenté et doré, XVIIe s. — Un christ en cuivre ciselé sur croix de bois,

(1) Voy. dans le Bull. arch. du Ministère, 1901, p. cxxv, une communication de M. A. Leroux.


MONUMENTS HISTORIQUES DE LA HAUTE-VIENNE 417

XVe s. — Un tableau signé Murat(l), représentant les Lamentations de Urémie, milieu du XIXe s.

SAINT-SYLVESTRE (arr. de Limoges).

Deux têtes d'anges en granit, encastrées de chaque côté de la porte de la chapelle de Grandmont, fin du XVIIe s.

SAINT-MARTIN-LE-VIEUX (arr. de Limoges).

Un tableau donné par l'Etat, sous le second Empire, représentant Y Assomption de la Sainte-Vierge, d'après Murillo.

SAUVIAT (arr. de Limoges).

Un tableau représentant le Portement de croix, par Perron, donné par l'Etat en 1844.

SOLIGNAC (arr. de Limoges).

Un tableau représentant saint Eloi qui offre à saint Martial la maquette de la basilique de Solignac, 1663. Attribué à l'un des Beulaigue (Pierre ou Psalmet), de Limoges; mesure lm21 sur 0m91. — Un autre tableau, antérieur à la Révolution, représentant saint Pierre debout, tenant sa toge d'une main et ses clefs de l'autre.

VERNEUIL-SUR-VIENNE (arr. de Limoges).

Un tableau offert par la famille Adrien Dubouché, représentant sainte Madeleine, par Henry de Palange, 1844.

VEYRAC (arr. de Limoges). Une pierre tombale, XVe s.

II

Mais il convient aussi de supprimer de la liste de Louis Guibert les mentions suivantes :

1° Un prétendu vitrail de l'Annonciation, en l'église d'Augne, que le maire affirme n'avoir jamais existé.

2° La châsse (ou la custode) de l'église de Laurière, classée en 1891, dérobée en 1905 (2).

3° La châsse de l'église de Solignac, classée en 1891, dérobée en 1905 (3).

4° Le fer à hosties de l'église de Cussac, classé en 1891, dérobé en 1906.

Ont également disparu, tout récemment, deux oeuvres d'art non signalées par M. Guibert :

(1) Peintre originaire de Felletin (Creuse).

(2, 3) Voy. le procès-verbal de notre Société, 26 déc. 1905 (t. LV).


418 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

5° Un reliquaire de l'église de Razès, dérobé en 1905 (1).

6° Un tableau représentant une tête de moine, en l'église d'Eymouliers, XVIIe s.

Par contre, la châsse de Laguenne, dont Louis Guibert signalait l'enlèvement, a été retrouvée dernièrement dans la collection du musée Dobrée à Nantes (2).

111

Louis Guibert avait compris dans son rapport autre chose encore que les objets mobiliers,ou immobiliers par destination, des églises. Il avait étendu son enquête à tout Limoges et à quelques établissements publics ou semi-publics. Nous le suivrons dans ces directions en ajoutant aux indications qu'il fournit celles que voici :

VILLE DE LIMOGES.

Pont Saint-Martial, fin du XIIe s. (3).

Pont Saint-Etienne, commencement du XIIIe s. (4).

Statues anciennes de saints à divers carrefours de la ville. Jadis nombreuses, beaucoup ont été détruites en ces dernières années. Voy. le relevé méthodique qu'en a donné M. Ducourtieux dans Limoges illustré, n° du 15 mai 1906.

Le calice en vermeil-de l'Hôpital général; mentionné par L. Guibert, et six autres pièces provenant du trésor de la chapelle ont'élé déposés en 1902 au Musée Dubouché, tout en restant la propriété de l'Hôpital (5).

En ce qui touche le Musée Dubouché, les indications fournies par L. Guibert doivent être complétées par les récents catalogues qu'a publiés M. de Lajolais et par les notices qu'il a données annuellement dans VAlmanach limousin.

Pour la Bibliothèque communale de Limoges il faut tenir compte du Catal. des mss. de cet établissement publié par MM. Leymarie et Guiberl dans le Catal. général des mss. des bibliothèques de France, t. IX et XLI, et du complément ajouté par M. B. Mayéras dans le Bull. Soc. arch. du Limousin, LV, 649-695.

En ce qui concerne les Archives départementales, la notice de M. L. Guibert se contente d'en faire mémoire. Il convient de se

(1) Bulletin, 27 oct. 1905.

(2) Ibid., 26 déc. 1905.

(3 et 4) Voy. un art. de L. Guibert dans le Bull, de la Soc. arch, du Lim., LTV, p. 217 et ss. (5) Voy. le Bull. Soc. arch. du Limousin, LV, 704.


MONUMENTS HISTORIQUES DE LA HAUTE-VIENNÉ 419

reporter aux relevés publiés par A. Leroux dans le Catal. des manuscrits conservés dans les dépôts d'Archives départementales, communales et départementales (Paris, 1886, p. 292-305),— et dans Y Etat général par fonds des archives départementales (Paris, 1903, p. 772-786).

À ces indications générales nous ajouterons les indications particulières qui suivent : Un manuscrit de statuls synodaux, XVe s. (1); Quatre registres d'ordinations ecclésiastiques, 1751-89 (2); Deux registres de comptes de l'ancien évêché, XVIIIe s. ('A Vévêché de Limoges.)

Pour les incunables, livres rares, reliures de luxe, estampes, etc. de la Bibliothèque communale et des Archives départementales, consulter :

1° les Manuscrits et imprimés à l'Exposition de Limoges de 1886, par M. Ducourtieux (dans le Bull. Soc. arch. du Limousin, XXXV, p. 65137);

2e Catalogue de l'Exposition du Livre limousin, par M. Ducourlieux (dans le Bull. Soc. arch. du Limousin, XLIV, p. excv à CCLVIII) ;

3° Mais avec précaution, YExposition rétrospective de l'art typographique à Limoges en 1898, par C. Leymarie.

Tableau représentant le Christ (d'après Philippe de Champaigne), par Amèdée Baumet, 1855. Larg. 2 mètres. (En la salle des audiences solennelles de la Cour d'appel).

Autre copie de la même toile par Poilpot, 1878. Larg. lm50. (En la chambre des appels correctionnels au Palais de justice).

Porlrait du chancelier d'Aguesseau, assis dans un fauteuil, s. signature, lm10 X lm50. (En la salle des délibérations du Palais de justice).

(1) Signalé par M. L. Guibert dans le Bull. hist. et phil. du Ministère, 1888, p. 263. Publ. intégral, par M. l'abbé Lecler dans le Bull. Soc. arch. du Lim., XL (1893), p. 122 et ss.

(2) Cités par M. l'abbé A. Lecler, Martyrs et confesseurs de la foi, t. II, notes, passim.


420 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Portrait du chancelier Le Tellier, en buste, s. signature, 0m58 X 0m70. (A la bibliothèque de la Cour d'appel ).

Portraits de François de Lafayette, -f 1676; Louis de Lascaris d'Urfé, f 1695; François Carbonel de Canisy, -f 1728; Pierre Mercier, officiai du diocèse, f 1690; Duplessis d'Argenlré, f 1808 (1); neuf portraits des bienfaiteurs.

La Cène, cadre de bois sculpté; — Saint Pierre ; — deux Scènes d'intérieur; — quatorze tableaux du Chemin de la Croix; — Christ;

— Christ demandant de laisser venir à lui les petits enfants; — Saint Alexis agenouillé à la porte d'une église aux pieds d'une Mater dolorosa; — Invasion des Huns sous la conduite d'Attila (copie de Raphaël), encadrement de bois sculpté; — quatre Episodes de la vie de saint Alexis (oeuvre d'un peintre espagnol anonyme prisonnier à l'Hôpital après la guerre d'Espagne, 1809); — Le massacre des Innocents, copie de valeur; — un tableau à la chapelle de la morgue; — Christ datant de 1661, encadrement de bois ouvragé; — Saint Alexis; — Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés; — L'adoration des Mages: — L'agonie de Notre-Seigneur; — Adam et Eve chassés du paradis terrestre;

— Le Purgatoire; — La Toussaint; — Noire-Seigneur et la Samaritaine, oeuvre ancienne et de valeur; — Saint Roch; — La Présentation de la Sainte-Vierge; — Saint Martial et sainte Valérie;

— Sainte Madeleine; — Saint Jean-Baptiste; — La Sainte-Vierge donnant le rosaire à saint Dominique ; — L'empereur d'Allemagne saint Henri en extase devant une vision de la Sainte-Vierge ; — un pastel signé Ve Touyéras; — une gravure, Noces de Cana.

(Dans les salles de l'Hôpital général).

Portrait de Grégoire Martin, -j- 1659, el d'Anloine Sage, vicaire général du diocèse, f 1659, tous deux donateurs de la bibliothèque de l'ancien Collège (2).

(Au Lycée Gay-Lussac).

Huit panneaux peints représentant saint Martial el les sept premiers évêques de Limoges au XIXe siècle. (Dans l'une des salles de l'évêché).

Quatre tableaux peints : La rencontre de saint Jean avec la Sainte Vierge, la Présentation, saint Jean, la Sainte-Vierge. (Dans l'une des salles du grand Séminaire).

(1) Voy. le Bull. Soc. arch. du Limousin, XXXI, p. 101.

(2) Voy. le Bull. Soc. arch. du Limousin, XXXI, p. 101.


MONUMENTS HISTORIQUES DE LA HAUTE-VIENNE 421

Dix peintures à l'huile : portraits d'ecclésiastiques. (Dans l'un des corridors du grand Séminaire.)

Fresque représentant Léonard Limosin travaillant dans son atelier, par M. Moth.

Fresque représentant Henri IV signant la réunion de la vicomte de Limoges à la France, par M. Moth.

Plafond de la salle du Conseil municipal, par M. Weerth.

Plafond de la salle des mariages, YHymen, par M. Bourgeois.

(A l'intérieur de l'Hôtel-de-Ville.)

Un émail aux armes de 4a ville, par M. G. Blancher, dans la salle du Conseil municipal. Un émail par M. Louis Bourdery, dans la salle des mariages (A l'intérieur de l'Hôtel-de-Ville.)

*

Quatre médaillons en mosaïque, décorant l'acrotère et représentant Léonard Limosin, d'Aguesseau, Vergniaud et Jourdan. (Sur la façade extérieure de l'Hôtel-de-Ville.)

*

Douze médaillons représentant les personnages marquants nés dans la Haute-Vienne. En cours d'exécution. Décoration du plafond de la salle des fêtes. En projet. (A la nouvelle Préfecture.)

*

Statue de Gay-Lussac, par Aimé Millet (installée en 1890) (1);

Statue de Denis-Dussoubs, par Roussel Bardelle (installée en 1892);

Statue de Sadi-Garnot, par Glausade (installée en 1897);

Slatue d'Adrien Dubouché, par Verlet (installée au Musée national en 1899);

Outre celle du maréchal Jourdan, par Elias Robert (1860), qu'a mentionnée le rapport de L. Guibert.

*

Bustes de Napoléon Ier et Napoléon III. (Dans une des salles de la Cour d'appel.)

(1) Par une négligence fâcheuse on a omis d'indiquer pour la plupart de ces statues la date d'inauguration. Elles se dressent, comme on sait, sur diverses places publiques de Limoges.


422 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Bustes de Vergniaud, par ; — de Martignac, par

; — de d'Aguesseau, par Taluet; —de Turgot, par

Ghervet;

(Au Palais de Justice, donnés par l'Etat en 1881-82.)

Buste de Fournier, par Thabard;

(A l'Hôtel-de-Ville, installé en 1885.)

Bustes de d'Aguesseau, par Guillaume Couslou (1727); — de Turgot, par Guichard ;

(Au musée national Adrien Dubouché, donnés par le Conseil municipal en 1900.)

Buste de Gay Lussac, par Steiner, 1888;

Buste de Dupuylren, par Paul Bacquet, 1890;

(A l'Ecole de médecine, dons de l'Etat aux dates indiquées.)

Buste du Dr Boulland, par Coutheillas;

(A l'Ecole de médecine, par souscription, 1902.)

Buste du Dr J.-B. Chastaing, par Coutheillas;

(A l'Asile des vieillards, 1898.)

Statues ou groupes allégoriques :

— Au Champ-de-Juillet :

Les Belles vendanges, par Vital Cornu (dépôt de l'Etat, 1889); Le Père nourricier, par Steiner (dépôt (le l'Etat, 1890).

— Au square d'Orsay :

La Céramique, par Eug. Guillaume (don de l'Etat, 1882-83) ; Le Chêne et le Roseau, par Coutheillas (acquis par l'Etat et la Ville, 1900); Deux statues lampadaires achetées au Val d'Osne, 1879.

— Au square de l'Hôtel-de-Ville :

Le Chasseur, par Boulay (dépôt de l'Etal, 1890).

— A l'Hôtel de ville :

La Géographie (1), par Lançon (don de l'Etat, 1890); Le Vainqueur (enfant à l'aigle) (2), par Thabard (acquis par la Ville el l'Etat, 1891).

— Au jardin du Musée Dubouché :

Le jeune Braconnier, bronze par Charles Gautier (don de l'Etat, 1884);

(1) Cette statue de pierre qui orne présentement la salle des pasperdus, avait été placée primitivement dans le square d'Orsay.

(2) Placé au premier étage de l'Hôtel-de-Ville.


MONUMENTS HISTORIQUES DE LA HAUTE-YIENNE 423

Le Bûcheron, grès de Richer, et le Terrassier, grès de Dalou (dons de l'Etat, 1905).

* *

Statue de la République, au pied de la statue du président Carnot (1897) ;

Buste de la Bépublique, dans la salle du Conseil général, 1901 ;

Buste de la République, dans la salle du Conseil municipal, par Gautherin.

* *

Monument des enfants de la Haute-Vienne, par Thabard, comportant cinq statues symboliques en bronze (inaug. 1899).

Fontaine de la place Fontaine-des-Barres, XVII» s.

Fontaine du square d'Orsay (donnée par les Ecoles d'art décoratif de Paris et de Limoges, 1884) ;

Fontaine du Champ de Juillet, dressée vers 1893 ;

Fontaine du square de l'Hôtel-de-Ville, en granit, bronze et porcelaine, inaug. en 1893;

Fontaine de la place Fournier : l'Enfant au cygne, par Caminadc(don de M. Louvrier de Lajolais, 1902; travaux d'installation payés par Mme veuve Adrien Dubouché).

*

Vase en grès cérame de Sèvres, d'après Salvetat. au square de l'Hôtel-de-Ville (don de l'Etat, 1895);

Vase en grès de Sèvres, d'après Dalou : l'Age d'or, au square d'Orsay (don de l'Etat, 1902);

Vase en pierre sculptée dans la salle des pas-perdus de l'Hôtel de Ville (don des Ecoles nationales d'art décoratif de Paris el de Limoges, 1894);

Deux lévriers de grès (1), par Gardet, dans le jardin du Musée Dubouché (don de l'Etat, 1902).

*

Plaque commémorative de la dédicace de la chapelle du Lycée actuel, 1629. Renouvelée en 1828 (2);

Plaque de la naissance de Jourdan, sur la maison n° 13 de la rue des Petits-Carmes (inaug. 1851);

Plaque de la naissance de Bugeaud, sur la maison n° 5 de la rue du Consulat (inaug. 1851);

(1) Moulés sur les originaux en marbre du château de Chantilly.

(2) Publ. par A. Leroux. L'ancien Collège de Limoges (1882), p. XV.


424 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Plaque de la naissance de d'Aguesseau, sur la maison n° 15 de la rue du Consulat (inaug. 1851) ;

Plaque de la naissance de Vergniaud (1), sur la maison n° 10 de la rue du Clocher (inaug. 1886) ;

Plaque de la naissance de Sadi-Garnot, sur la maison n° 14 du boulevard Carnot (inaug. 1888).

Plaque de la naissance de Gruveilhier, sur la maison n° 6 de la place Sainl-Marlial (2), (inaug. 1892) (3);

Plaque commémoralive des élèves morts pendant la guerre franco-allemande (dans le vestibule du Lycée Gay-Lussac, 1877.)

Plaque commémoralive de l'assassinat du président Carnot, oeuvre de M. Lexcellent (dans la salle des pas-perdus de l'Hôtel de ville, 1897) (?);

Plaque commémorative des mobiles de la Haute-Vienne, dans la salle des pas-perdus de l'Hôtel de Ville (don des Ecoles d'art décoratif de Paris et de Limoges, 1898).

AIXE (arr. de Limoges).

Plaque commémorative en l'honneur de François-Joseph-Beaupoil de Sainte-Aulaire, né à Aixe en 1648, mort en 1742. — Gravée par M. Gardien, sculpteur à Limoges; inaug. en août 1904, sous les auspices de la société l'Aubépine.

BELLAC (ch.-l. d'arr.).

Fontaine monumentale anépigraphe, construite vers 1880, surmontée en 1901 d'une Nymphe en bronze, donnée en 1881 par M. Guy Dardanne (de Magnac-Laval) (4).

GUSSAC (arr. de Rochechouart).

Registre des visiteurs de l'ordre de Fontevrault à Boubon, XVIIe s. (à la cure) (5).

CHAVAIGNAC (com. de Nieul, arr. de Limoges). Buste de M. Adolphe de Bruchard, par M. Charles (inst. en 1882 à la Ferme-école).

(1) Cette plaque est si haut placée qu'elle est illisible.

(2) La date d'inauguration n'a pas été indiquée.

(3) Cf. VAlmanach-Annuaire limousin de 1893, p. 149.

(4) Voy. le Courrier du Centre, 9 nov. 1901, rectifié par une obligeante communication de M. Calcat, président du Dolmen-Club de Bellac.

(5) Cf. la monographie SUT Boubon, publiée en 1903 par MM. E. Rayet et abbé Lecler. Elle contient de nombreux extraits de ce registre.


MONUMENTS HISTORIQUES DE LA HAUTE-VIENNE 425

LE DORÂT (arr. de Bellac).

Fontaine monumentale en pierre de taille, érigée sur la place du Marché en déc. 1872. Elle est surmontée d'une statue en bronze symbolisant la ville. Sur l'une de ses trois faces latérales sont sculptées, de grandeur naturelle, deux personnages représentant les enfants de M. et Mme Robert-Lapayrière qui, au commencement de 1872, firent don d'une grosse somme d'argent pour l'installation de cette fontaine et la distribution de l'eau dans la ville.

LAURIÈRE (arr. de Limoges).

Calvaire breton du XVe s. sur la place publique.

PIERREBUFFIÈRE (arr. de Limoges).

Fontaine Dupuytren, sur la place Adeline. Signatures : Ja Feuchère, 1852. VT Paillard et fils,fond" à Paris.

Statue de Dupuytren, sur la place du Marché, avec celte inscription : A Dupuytren, monument érigé le 17 octobre 1869. Souscription nationale. R. A. V. K. Hôtel-Dieu. Faculté de médecine. Institut. Fondu par V 01 Thiébaut.

Plaque commémorative sur la maison natale de Dupuytren, dans la rue de ce nom : Ici est né le 5 octobre 1778 le baron Guillaume Dupuytren, membre de l'Institut, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, officier de la Légion d'honneur. Souvenir érigé en 1868 sous l'administration de MM. Démanche, préfet; L. Depéret, maire.

ROCHECHOUART (ch.-l. d'arr.

Fontaine monumentale de 1539 (sur une place publique). Un lableau représentant la Crucifixion, attribué à Frank Frcnz, XVIe s. (dans la chapelle de l'hôpital).

SAINT-JUNIEN (arr. de Rochechouart).

Plaque commémorative avec médaillon par Couleilhas, en souvenir de Corot. Inaug. en 1904.

SAINT-LÉONARD (arr. de Limoges).

Buste de Denis-Dussoubs par Cappellaro, transféré de Limoges à Saint-Léonard en 1891, accosté d'une plaque en bronze représentant une scène des barricades de 1851.

Plaque commémorative sur la maison où naquit Gay-Lussac (place de l'Eglise). Erigée vers 1865.

Fontaine monumentale (sur la place de l'Eglise), surmontée d'un buste de Gay-Lussac d'après la statue d'Aimé Millet. Inaug. en 1896.

SAINT-PRIEST-TAURION (arr. de Limoges).

Fontaine publique, surmontée d'une naïade de bronze, tenant une harpe et un roseau. Donnée par M. Teisserenc de Bort, ancien ministre, et érigée en 1890 près de la mairie.


426 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

SAINT-YRIEIX (1) (ch.-l. d'arr.)

Fontaine de la Roussie (sur la place du Foirail), donnée par le comte de La Seynie, XVIIe s.

La Font-Tanche (sur la place des Horts), donnée par Bordas en 1834.

Borne-fontaine, érigée près du viaduc du chemin de fer en 1886, avec cette inscription : Source de la fontaine Tanche, due à la libéralité de Pardoux-Bordas, ancien membre de la Convention nationale.

IV

Parmi les monuments de grandes proportions (mégalithes, églises ou châteaux), L. Guibert n'a signalé que ceux qu'il jugeait dignes d'être classés comme « monuments historiques ». Ses propositions subsistent puisque, sauf quelques-unes, elles n'ont pas reçu salisfaction. Mais l'oeuvre de la Société archéologique est plus large que celle de la Commission de 1887. Il serait donc grandement désirable qu'elle instituai une enquête générale, destinée, à préparer sur nouveaux frais l'inventaire de tous les monuments anciens et modernes du déparlement. Et ce ne sont pas seulement les églises et les châteaux qui méritent d'appeler son attention. J'ai rencontré dans beaucoup de localités (2) des lanternes mortuaires (3), des calvaires anciens, des ponts (4), des chapelles conventuelles et des tours féodales en ruines qu'il faudrait enregistrer et photographier. Il y a surtout, dans la plupart de nos petites villes(5), des maisons du moyen-âge, de la renaissance et des temps modernes qu'il importe de reproduire pendant qu'il en est temps encore. Ces sortes d'édicules et d'édifices disparaissent aujourd'hui avec une rapidité singulière. N'avons-nous pas vu, à Limoges même, lomber, en moins d'un demi-siècle, la porte Tourny et le prieuré Sainl-Gérald, la maison de force, l'hôtel de Neuvic et la maison Nivet (ces deux derniers au bas de la rue des Combes), les masures du quartier Viraclaud et une partie de celles de l'Abbessaille? Tout récemment encore, n'avons-nous pas assisté à l'effondrement de la chapelle de la Mission, à la démolition de l'église

(1) Renseignements fournis par M. le Dr Escorne.

(2) Au cours de mes inspections d'archives.

(3) Une ou deux tout au plus ont échappé aux recherches de M. l'abbé Lecler. Etudes sur les lanternes des morts (1882).

(4) Par exemple, un pont du XIIIe s., dit de Malassert, à Aixe. L'arche qui subsiste est, à tort, considérée comme romaine par les gens du pays.

(5) Notamment : Aixe, Bellac, Le Dorât, Eymoutiers, Magnac-Laval, Rochechouart, Saint-Junien, Saint-Léonard, Saint-Yrieix.


MONUMENTS HISTORIQUES DE LA HAUTE-VIENNE 427

Sainte-Félicité (1) et du portail Imbert(2)? Le pont Saint-Etienne et la maison Marmignon (place des Bancs) étaient, il y a quelques mois,, menacés dans leur existence même. L'ancien Présidial et l'ancienne Intendance n'échappent à une ruines immédiate que par des « conforlations » provisoires. Le large pan de muraille qui confinait à l'ancienne porte Montmailler (3) est déjà condamné à faire place à une construction moderne. Quant aux statuettes des carrefours, dont nous avons parlé précédemment, elles tombent peu à peu sous les coups des iconoclastes modernes.

Il est donc urgent que notre Société donne corps au projet qu'elle a si souvent émis de conserver par la photographie la représentation de tout ce que nous a laissé en ce genre le zèle artistique ou simplement conslruclif de nos ancêtres. Il est urgent surtout que la Commission du Vieux Limoges, nommée il y a quelques mois, s'occupe sans retard de la tâche plus limitée qui lui est dévolue.

Certes, la valeur artistique de beaucoup de ces monuments est très faible ; mais leur valeur historique est considérable. Avec eux disparaissent les seuls moyens que nous ayons de nous représenter objectivement l'aspect du vieux Limoges, le lent progrès de ses transformations matérielles, la manière dont se logeaient les riches bourgeois du temps passé. C'est à ce point de vue seul que nous nous plaçons, sans songer le moins du monde à protester contre des transformations que nécessitent l'embellissement et la salubrité de notre ville.

Alfred LEROUX.

(1) Voy. dans Limoges-Illustré, n° du 1er juillet 1905, un article de M. Ducourtieux.

(2) Voy. dans VAlmanach limousin de 1907 un article de M. Ducourtieux.

(3) Voy. dans le Bulletin, LU, p. 54 et ss., un article de M. Ducourtieux.

T. LVI 28


COMMUNICATIONS DIVERSES

Identification du prieuré de Mansat

Dans la deuxième livraison du tome LV du Bulletin de la Société archéologique du Limousin, paru récemment (1906), M. Charles de Lasteyrie a publié une charte de Guillaume, abbé de saint Martial, concédant à des moines de l'abbaye le domaine d'Aigueperse, avril 1223. Dans cette charte figure P. de Pralmi, prieur de « Mansac ». A cette occasion M. de Lasteyrie répèle ce qu'il avait déjà avancé dans son Histoire de l'abbaye de Saint-Martial, à savoir que le prieuré de « Mansac » était situé dans le village dit encore aujourd'hui Mansac, chef-lieu de commune de l'arrondissement de Brive (Corrèze) (1). Cette identification remonte à l'édition déplorable des Chroniques de Saint-Martial, par Duplès-Agier, et, comme tant d'autres, elle est radicalement fausse. Il est d'autant plus nécessaire de la corriger que M. Champeval, qui a tant fait pour redresser les erreurs topographiques de Duplès-Agier, s'est laissé lui-même gagner par la contagion (2). Le prieuré en question était situé à Mansat, commune du canton de Bourganeuf (Creuse). Il suffit de consulter le Pouillé de Nadaud, récemment publié (3), pour s'en convaincre. J'ajoute que le prieuré fui réuni à la chambrerie de Saint-Martial au XIV» siècle et que le terrier de la chambrerie, qui existe aux Archives de la Haute-Vienne (4), ne laisse subsister aucun doute à ce sujet.

(Communication de M.\Antoine Thomas, de l'Institut).

(1) Bulletin, t. LV, p. 814, n° .*..

(2) Bulletin cité, t. XLII, p. 385.

(3) Bulletin cité, t. LUI, p. 325.

(4) N° provisoire 466.


COMMUNICATIONS DIVERSES 429

L'élection de Durand à l'évêché de Limoges, 1238

Le neuvième fascicule des Registres de Grégoire IX, publiés par M. Lucien Auvray dans la Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome (série in-4°), a paru récemment (juin 1906). Il contient des actes cotés de 4021 à 4406, tous de l'année 1238, parmi lesquels les n°s 4030 et 4038 sont relatifs à l'élection contestée de Durand, prévôt de Saint-Junien, à l'évêché de Limoges. Sous le n° 4038 sont imprimés in extenso les articulations des deux compétiteurs en présence, dont chacun accuse les partisans de l'autre des crimes les plus atroces : irrégularité, assassinat, incontinence, sodomie, etc. C'est très édifiant. Il reste à identifier les noms propres que l'éditeur s'est contenté de reproduire tels que les donne le manuscrit du Vatican. J'y relève seulement quelques détails. Le prévôt de Sainl-Junien est dit avoir cumulé avec sa prévôté l'archidiaconé de Limoges et l'église de « Labrentan ». Serait-ce La Brionne, canton de Saint-Vaury (Creuse), dont la forme romane est La Breuna? Guillaume de Maumont, archidiacre de Combraille et « G. de Aureliaco », archidiacre de la Marche, cumulaient chacun une église paroissiale avec leur archidiaconé, mais ces églises ne sont pas nommées. Le nom de la concubine (vraie ou supposée) de l'archidiacre Jean de Barmont, énoncé par le manuscrit Maria de Siau, doit être lu : Maria d'Esjau : cetle femme lirait son nom d'une commune dont la graphie officielle est Eyjeaux, canton de Pierrebuffière (Haute-Vienne). La veuve soupçonnée d'accointànce avec le pénitencier de la cathédrale était du bourg d'Afieu, ou selon la graphie officielle Affxeux, canton de Treignac (Corrèze) ; il faut lire en effet : « vidua de burgo d'Afio » au lieu de : « vidua de Burgo Dafio ». — La bulle 4332 autorise l'abbé d'Uzerche, Hélie, à porter l'anneau, comme il était déjà autorisé à porter la mitre et le bâton pastoral (31 mars).

(Communication de M. Antoine Thomas, de l'Institut).

Une statue de saint Jean au village de Sainte-Claire

On a écrit plusieurs fois quelques pages intéressantes sur les statues de la Sainte-Vierge dont les habitants d,e Limoges aimaient à décorer l'extérieur de leurs maisons. Il n'en reste actuellement qu'un petit npmbre, et les niches gothiques qui les abritaient dis-


430 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

paraissent aussi de plus en plus au cours des transformations qui ont lieu dans presque tous les quartiers]de l'ancienne ville.

Ces statues de la Sainte-Vierge qui étaient nombreuses, et celles plus rares de quelques saints, sont en pierre, en bois ou en faïence. Je viens aujourd'hui en signaler une qui est en plomb, et dont on n'a jamais parlé : c'est une statue de saint Jean-Bapliste, qui se trouve dans un faubourg de Limoges, au village de Sainte-Claire. Elle a une hauteur totale de 0,n41. Le saint est debout, porté par un socle carré de 0m15 de hauteur. Il est simplement vêtu d'une peau de mouton, qu'un manteau recouvre en partie. De la main droite il tient une grande croix dont le pied touche terre ; le bras et la main gauche supportent un livre d'assez grande dimension. Sauf le livre, c'est bien le type connu et aimé du saint précurseur.

Le socle sur lequel est posée celte statue a aussi son intérêt, car il nous fait connaître l'époque de son exécution. Il est formé par la réunion de quatre plaques semblables, que le fondeur a soudées ensemble et ornées d'une corniche. Sur chacune d'elles se détache, en beau relief, un grand écusson de forme ovale, tel qu'on en trouve au XVIIe siècle. Les armes qu'il porte sont d'azur au chevron d'or, accompagné en chef d'un croissant d'argent accosté de deux étoiles d'or, et en pointe d'une rose de même. Il est surmonté d'un casque taré de face et orné de lambrequins. Ce sont les armes de la famille de Villoutreix, dont une branche habitait La Judie, commune de Saint-Marlin-le-Vieux, canton d'Aixe; et l'autre Faye, commune de Flavignac, canton de Châlus.

On connaît plusieurs sceaux dont se servaient les membres de cette famille; sur des lettres de 1661 on en trouve un qui est absolument semblable à celui que le fondeur a reproduit ici, et ce qui le distingue des autres moins anciens, c'est qu'il a le casque taré de face. On peut en conclure que cette statue est un peu antérieure à 1661. Les autres sceaux de la famille de Villoutreix qui sont postérieurs à cette date, portent le casque taré de profil, remplacé en 1726 par une couronne de comte, et en 1769 par une couronne de marquis.

Celte statue de saint Jean-Baptiste est conservée dans une niche, au-dessus de la porte d'une maison qui fut le presbytère de l'ancienne paroisse de Notre-Dame de Soubrevas, mais dans la façade du jardin qui regarde Limoges, et non du côté de la place publique.

Cette localité, qui est aujourd'hui sur la belle avenue de Naugeat, ouverte en 1860, a été le chef-lieu d'une paroisse et même d'une commune. Son surnom Soubrevas ou Soubrenas, lui vient de la position élevée qu'elle occupe. Soubro et Soubrane, dans le langage du pays signifie supérieur, d'en-haut. On disait Notre-Dame-d'en-


COMMUNICATIONS DIVERSES 431

Haut, pour la distinguer de Notre-Dame de La Règle qui était au bas de la ville. Sainte Claire était honorée d'un culte particulier dans cette église, comme patronne secondaire, et c'est sous le nom de Sainte-Claire qu'on désigne généralement aujourd'hui cette localité.

Les titres les plus anciens nous font connaître qu'il existait en ce lieu un prieuré de filles, appelé Notre-Dame de Soubrevas, appartenant à l'abbaye de La Règle. Les Archives de la Haute-Vienne conservent une transaction du 22 mai 1331, entre les consuls de Limoges et la dame abbesse de La Règle, touchant la justice de cette paroisse. Il y « est dit et accordé que la dite dame aura la moyenne et basse justice, et la mixte, et les consuls la haute justice ».

Le 21 mai 1483, les collecteurs du château de Limoges remboursent aux collecteurs de la paroisse de Soubrevas treize livres indûment perçues (Bull. Soc. arch. du Lim., LI, p. 355).

Un arrêté du Parlement de Bordeaux confirme une sentence de la Cour consulaire de Limoges, condamnant Simon Reyx, de Soubrevas, à être pendu. L'exéculion eut lieu le 4 juin 1528, au creux des Arènes, en présence des consuls, de leur prévôt, de leurs officiers, « et d'une grande multitude de peuple » (Archives hist. du Limousin, VIII, p. 284).

L'église paroissiale de Notre-Dame de Soubrevas, qui succéda à celle du prieuré, semble avoir été construite au XIVe siècle; c'est du moins l'époque qu'indiquent quelques chapiteaux portant jadis la retombée des voûtes, que l'on voit aujourd'hui à une maison du village. L'abbesse de La Règle a toujours eu le droit de nommer les titulaires de la cure. Voici le nom de ceux qui me sont connus : „. Pierre des Monts était curé de Notre-Dame de Soubrevas avant 1372. Jean Ollier en 1614. Pierre Ducouderl à partir de 1614. N... Cibot, 1674-1681. .1. Duprat, 1681-1699. Jean Moulinier, 1700. N... Nicolas, 1744-1763. Jean-Baptiste Sénemaud, 1763-1809.

Dans l'état des paroisses dressé en 1686, on lit que celle de Notre-Dame de Soubrevas « est composée de 81 feux. L'abbesse de La Règle en est dame. Elle est située sur le penchant de la Vienne. Il y a beaucoup de prés et de vignes, peu de blé et de bestiaux ». A la même époque on constate, au moyen des registres paroissiaux, que la plupart des habitants sont vignerons.

En 1769 les paroissiens de Notre-Dame de Soubrevas construisirent dans une agréable position le presbytère qui existe aujourd'hui comme maison particulière; et c'est laque se trouve la statue de saint Jean-Baptiste décrite plus haut.

Par ordonnance du 30 juillet 1771, Turgot, intendant de la gêné-


432 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

ralité, chargea Jean-Baptiste Vacherie, notaire el arpenteur royal demeurant au Dorât, de faire le cadastre de cette paroisse. Ce travail se trouve encore aux Archives de la ville de Limoges (GG. 5), Sous le titre de : « Etat des fonds de la paroisse de Sainte-Claire ».

La commission chargée de former le département de la HauteVienne publia, le ,25 mars 1790, un premier tableau donnant la division de ce département en six districts et quarante-cinq cantons. On y remarque le canton d'Isle, composé des communes d'Isle, de Verneuil, de Sainte-Claire et de Condat. Mais cette répartition ne fut pas maintenue. Dès l'année 1791, la commune deSoubrevas-Sainte-Claire fit partie du canton de Limoges.

Lorsque les lois révolutionnaires eurent fermé les églises, on vit la municipalité de Soubrevas-Sainte-Claire présenter une requête à l'administration départementale pour obtenir « la réouverture de son église paroissiale ». (Archives de la Haute-Vienne, L. 484). Je ne sais quelle suite fut donnée à cette demande.

Au rétablissement du culte, l'église reprit son ancien titre de paroisse, avec son ancien curé, M. Jean-Baptiste Sénemaud, qui avait été condamné à la déportation pour refus de serment. Mais en 1809, la paroisse et la commune furent supprimées. La commune de Limoges prit tout le territoire de celle de Soubrevas, et la paroisse fut réunie à celle de Saint-Michel-des-Lions.

Dès lors l'église mal entretenue était vouée à une ruine certaine, qui se fit attendre quelques années. Plus lard, en 1869, une croix fut érigée sur son emplacement, el solennellement bénite, le 12 août, par M. le curé de Saint-Michel-des-Lions. Aujourd'hui, ce village fait partie de la paroisse du Sacré-Coeur, érigée en succursale par décret du Président de la République du 26 février 1873.

(Communication de M. le chanoine A. Lecler.)

Découverte de monnaies à Linards (Haute-Vienne) (1)

Dans les premiers jours de janvier 1906, un cultivateur du hameau de Salas, commune de Linards, canton de Châteauneuf (Haute-Vienne), à la suite de travaux qu'il avait exécutés dans la cour de sa ferme, découvrit sous une dalle un vase en terre contenant, dans un sac de toile grossière, un millier de pièces de monnaies anciennes en billon et cuivre.

'V Voir le procès-verbal du 27 mars 1906.


COMMUNICATIONS DIVERSES 433

M. F.-L. Royer et moi fîmes des démarches pour nous faire livrer la trouvaille à examen; mais comme il arrive très fréquemment en pareil cas, le détenteur avait cru se trouver en possession d'un véritable trésor et nous opposa nombre de difficultés ; il consentit tout récemment seulement à nous remettre le lot, ce qui nous a permis d'en étudier et déterminer le contenu, et d'en acquérir une partie.

Bien qu'il n'y ait là ni or ni argent, rien que des pièces de cuivre et de billon, cette trouvaille n'en est pas moins très digne d'attirer l'attention, tant par la variété et la diversité des types que par la présence de plusieurs pièces inédites et de celles assez nombreuses appartenant aux ateliers de Limoges.

Trois règnes sont particulièrement représentés :

Charles VIII, Louis XII, François Ier (en majorité).

En outre cinq pièces de Louis XI, puis quatre pièces de Henri II, permettent de dater le dépôt de ce pelil pécule dans sa cachette aux premières années du règne de ce prince.

Enfin, quelques pièces provinciales, el une étrangère.

A signaler la très grande proportion des pièces frappées pour le Dauphiné.

Voici, rapportés à l'ouvrage de Hoffmann (sur les monnaies royales capétiennes), les différents types que nous avons délerminés, ainsi que les principaux ateliers et le nombre approximatif des exemplaires.

Louis XI, 1461-1483

Double tournois H 29, fr. à Rouen, 1; — liard au dauphin H 36, 4.

Charles VIII, 1483-1498

Douzain H 11, fr. à Rouen, 1; — petit blanc H 12, 4; — Carolus H 19, fr. à Saint-Lô, Mont-Saint-Michel, Rouen, etc., 16; — Carolus Dauphiné H 22 (dauphin à droite du K), 1; — Carolus Dauphiné H. 22 (dauphin à gauche du K), \; — Carolus pour la Bretagne H 23, 1; — double tournois H. 29, fr. à Lyon, 1; - Hardi pour la Bretagne H 37, 2 ; — Hardi H 38, 3; — liard au dauphin H 40, fr. à Lyon, etc., 16; — liard au dauphin H 41, fr. MontSainl-Michel, etc., 8.

Louis XII, 1498-1515

Douzain H. 15, fr. à Sainte-Menehould, etc., 10; —douzain de Provence H 29, fr. à Marseille, 1; — douzain Dauphiné H 32,


434 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

fr. à Romans, 2; — dizain à l'L pour le Dauphiné. Inédit (voir la description plus loin), 2; — double tournois H 41, fr. à Lyon, 1; — double tournois Dauphiné H 42, fr. à Grenoble, 2; — denier tournois H 45,1; - Hardi H. 49, 2.

Description du dizain à l'L, inédit

* LVDOVICVS : DEI : GRA : FRANCO : R : E :

Grand L feuillu, passé dans une couronne et accosté des chiffres X et II.

R/. * SIT : NOMEN : DNI : BENEDICTVM.

Croix feuillue, cantonnée de deux L, d'un dauphin et d'une fleur de lis.

(L'autre exemplaire varie un peu par la fin de la légende de l'avers.)

Cette pièce ressemble au n* 40 de Hoffmann, mais diffère par la légende de l'avers et par le champ du revers : dauphin et fleur de lis aux cantons de la croix, au lieu de deux dauphins.

Il faut remarquer, en outre, que Hoffmann n'a décrit et représenté ce numéro 40 lui-même que d'après un dessin de Fougères.

François l". 1515-1547

Douzain H 92, fr. à Poitiers, Villeneuve-les-Avignon, Limoges, etc., 12; — douzain de Bretagne H 97, 2; — douzain Dauphiné, H 98, fr. à Grenoble (Etienne Nachon), 1 ; — douzain dit Francisco H 101, fr. à Toulouse (Hugues Lemyer), Limoges, Poitiers, Angers, Tours, Bordeaux, Montpellier, Villefranche-en-Rouergue, Saint-Pourçain, Sainte-Menehould, etc., 47 ; — douzain à la salamandre H 106, Rouen et Limoges, 4; — douzain à la croisette H 108, Lyon Rouen, etc., 6; double tournois H 110 (3 variétés), Bordeaux, Lyon, Limoges, etc., 68; — double tournois Dauphiné Hlll (4variétés), Crémieu, Grenoble,Romans, 168; —doubletournois H 112(4 variétés), Bordeaux, Villefranche-en-Rouergue, Montpellier, Toulouse, Saint-André-de-Villeneuve, etc., 107; — double tournois Dauphiné H 114, Crémieu, 4; — palard de Provence H 113, fr. à Marseille, 1 ; — denier tournois à la croisette H 115, Marseille, Toulouse, etc., 4; — denier tournois H 117, Lyon, 8; — denier tournois H 121 (2 variétés) dans les légendes, dont une inédite (soit au revers : SIT NOMEN, etc.), fr. à La Rochelle, Limoges, etc., 28; — denier tournois Dauphiné H 123, Grenoble, 3; — liard au dauphin H 124, Crémieu, Grenoble, 24; — liard à l'F., H 125, fr. à Chambéry, Turin (Gabriel Tat), Limoges, Saint-Andréde-Villeneuve, Toulouse, Montpellier, Bordeaux, 22; — Hardi,


COMMUNICATIONS DIVERSES 435

H 129, 3; — double tournois Dauphiné : croisette. Inconnu à H. (inédit), Grenoble, 9; — denier tournois, Dauphiné : croisette. Inconnu à H. (inédit), 3.

Description du double tournoi inédit

* FRAN. D. G. FRANCOR. R": I. Deux lis et un dauphin dans un trilobé. R/. * SIT. NOMEN. D. BENEDICT.

Croisette dans un quadrilobe. (Fr. à Grenoble), 9 exemplaires. (Analogue au n* H 111, mais en diffère par la légende et la croisette.)

Description du denier tournois inédit

# FRACVS. G. FRANCO. R.

Un lis et un dauphin dans un trilobé.

R/. SIT, etc.

Croisette dans un quadrilobe fleuronné (3 exemplaires).

(Analogue au n° H 115, mais pour le Dauphiné, ou au n° 123, mais avec la croisette, et la légende du revers différente.)

A noter aussi certaines variétés de dizains Franciscus :

Un exemplaire avec : FRANSISCVS, fr. à Angers.

Deux exemplaires avec : la légende revers : XPS REGNAT, etc.; fr. à Villefranche-en-Rouergue par Pierre'Coulon : o V o.

Plusieurs exemplaires avec des étoiles, au lieu dé points ou annelels secrets.

Plusieurs exemplaires avec : BENEDICTOM, fin légende revers ; fr. à Poitiers.

Henri II. 1547-1559

Denier tournois, fr. en Provence OE ; type inconnu à H., 1 ; — double tournois, fr. à Villefranche-en-Rouergue (X.); type inconnu à H., 1 ; — liard à l'F. H 42, fr. à Toulouse, 2.

Ce double tournois est du type de H 112 pour François I", et le denier tournois du type de H 115 pour François I" également.)

Monnaies provinciales

Palard delphinal fr. à Romans. Charles VII, dauphin, H 71, 1 ; — Navarre. Blanc de Jean et Catherine, 1484-151-2 (Poey d'Avent, n" 3379) : fr. à Perpignan, 3 ; — Navarre. Liard à l'H de Henri d'Albret, 1516-1555 (Poey d'Avent, n« 3411), 1 ; — Hardi de Charles de France pour l'Aquitaine, 1468-1474 (Poey d'Avent, n° 3158), 1 ; —


436 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

denier de Jean II, prince de Dombes, 1459-1488 (Poey d'Avent, n°5070), 1.

Pièce étrangère

Evêché de Lausanne. Trésel de Sébastien de Montfaucon, 15171536 (Morel Fatio, pi, III, n» 5), 1.

Pièces frappées à l'atelier de Limoges (Description par F.-L. Royer)

1° Douzain à la couronne, deux exemplaires.

Avers * FRANCISCVS * FRANCORVM * REX.

Revers * SIT : NOMEN : DNI : BENEDICTVM.

Maître Jacques Coustures (1519-1538).

2° Dizain Franciscus, quatre exemplaires. Grand F couronné entre deux lys. Avers * FRANCISCUS.GRA.DEI.FRANCORV.REX.I.

Maîtres : Mérigot Guibert, François Dauvergne (1540 à 1544).

3° Douzain à la croisette 1540, un exemplaire.

Avers : écu couronné, renfermé dans sept arceaux.

* FRANCISCVS : D : GRA : FRANCOR : REX M.

Revers : croix dans quatre arceaux.

* SIT : NOMEN : DOMINI : BENEDICTUM M.

Maître Mérigot Guibert (1541-1544).

4° Douzain à la salamandre 1539.

Avers * FRANCISCVS FRANCORVM REX M.

Ecu accosté de deux salamandres dans un double cercle à trois lobes.

Revers * SIT NOMEN : DNI : BENEDICTV M.

Maître Mérigot Guibert.

Trois exemplaires : deux avec 2 flammes sous les salamandres; un avec 3 flammes sous les salamandres.

5° Double tournois, 1" émission à partir de 1515, deux exemplaires.

Avers : FRANCISCVS : FRANCORVM : REX.

Trois fleurs de lis dans trois arceaux. Revers * SIT NOMEN DNI BENEDICTVM.

Maître Mathieu Audier (l'm%iSi9).


COMMUNICATIONS DIVERSES 437

6° Double tournois à la croisette 1540,- deux exemplaires. Avers : trois fleurs dans le champ. Revers : croisette dans quatre arceaux. Maître Mérigot Guibert.

7° Denier tournois à la croisette 1540, un exemplaire.

Avers : deux fleurs de lis dans trois arceaux, dessous les fleurs de lis I.

* FRANCISCVS.D.G.FRANCO.REX.M.

Revers : croix dans quatre arceaux.

* TVRONVS : CIVIS : FRANCORV.

Maître Mérigol Guibert.

8° Liard dit de Provence, 1541, deux exemplaires. Avers : grand F couronné.

* FRAN : D : G : FRANC : REX : D.

Revers : croisette dessous I.

* SIT : NOMEN : DNI : BENEDIC : D. Maître François Dauvergne.

(Communication de MM. de Kessling et Royer).

Découverte de monnaie aux Billanges (Haute-Vienne) (1)

M. Royère, habitant du bourg des Billanges, ayant remarqué à plusieurs reprises que le soc de sa charrue accrochait régulièrement dans l'un de ses champs situé très près de sa maison, a eu l'idée de fouiller le sol à cet endroit. Ne soupçonnant que du rocher, voici qu'il se trouve en face d'une, ou plutôt de quatre sépultures gallo-romaines, dont trois pierres malheureusement ont été autrefois violées et dévalisées. Leurs couvercles seuls sont restés là, bousculés au milieu d'une véritable profusion de terres brûlées, cendres, débris de poteries en terre et verrerie.

La quatrième, bien entière avec son réceptacle, était]encore enfouie, respectée jusqu'à ce jour.

En tout semblable aux pierres sépulcrales bien connues dejl'époque romaine, ce tombeau offre les dimensions suivantes :

Diamètre du cône destiné à recevoir l'urne funéraire, 0m36 ; hauteur, 0m40; rebord, 0m06; largeur du creux, 0m16; couvercle, hauteur, 0m23.

(1) Voir le procès-verbal du mois d'octobre 1906,


438 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

La pierre, qui est micacée, est du même grain que celle de Grandvau, situé au bord de la grande voie romaine.

L'ouvrier chargé du déblai brisa très malheureusement en mille morceaux l'urne, qui était pleine de cendres. C'était une poterie à rebord, en pâte grisâtre, avec son vernis, aussi dure que le grès.

A l'intérieur se trouvaient quelques ossements et quatre morceaux de fer bien oxydés, dont deux, parleur conformation, donnent l'idée d'un couteau et d'un poignard pouvant être le (*«x«v«, rappelant sans doute que le défunt avait été soldat romain.

Au centre de l'urne et mêlée aux cendres, s'est enfin rencontrée une monnaie, moyen bronze, très fruste, sur laquelle on lit néanmoins : [AV] GVSTVS. L'inscription, dans son entier, étail certainement DIVVS AVGVSTVS PATÏR. Tête radiée tournée à gauche. Cette monnaie est en tout semblable à celle qu'il m'était donné de découvrir il y a deux ans au Mont-de-Jouer. Au revers, exergue illisible ; j'ai cru cependant y voir figuré un temple rond (Frappée sous Tibère en souvenir de son beau-père (14-37).

Le tout est conservé chez M. l'abbé Delort, curé des Billanges.

Détail : les quatre pierres sépulcrales étaient disposées sur une même ligne et me portent invinciblement à croire qu'il s'agit, dans notre cas, de sépultures appartenant à une même famille dont la villa existait à ces endroits.

Chantegros, où il y eut découverte identique, est distant de cinq cents mètres à vol d'oiseau.

(Communication de M. P. Dercier, curé de Saint-Goussand).

Histoire de la porcelaine de Limoges (Complément)

Deux légères erreurs se sont introduites dans le fascicule I de YHistoire de la porcelaine de Limoges, que nous avons publié en 1904 (1). Nous jugeons indispensable de les rectifier ici.

Contrairement à ce que nous avons dit (p. 116, ligne 9), il n'y a jamais eu de vente de la manufacture de Limoges en 1788, à ce que nous affirme M. Fray.

Charles Denuelle est mort à Périgueux le 21 déc. 1903 (et non en janv. 1904, comme nous l'avons prétendu p. 48, ligne 15).

(1) Le fasc. III, qui devait paraître par les soins de MM. Ch. Jouhanneaud, Georges Pouyat, Dr Bardinet et comprendre les notices scientifiques, n'a pas vu le jour. L'entreprise paraît abandonnée.


C&MMUNICHTIONS DIVERSES 439

Outre ces deux erreurs, il y a dans ce même fascicule plusieurs omissions que nous allons réparer.

JUGE (J.-J.). Changements survenus dans les moeurs des habitants de Limoges depuis une cinquantaine d'années. 1" édit. 1808; 2° édit. 1817. — Limoges, Bargeas.

Signale, p. 65-67, les fabriques de porcelaine existant à Limoges au commencement du XIX 8 siècle et fournit d'utiles indications.

*** Limoges et le Limousin. — Limoges, 1865.

On trouve dans la deuxième partie (p. 141) une notice sur la manufacture de D. Haviland, et (p. 143) une notice sur celle de Fr. Alluaud.

E. FUSADE. La porcelaine à l'Exposition [de Limoges, 1903] : la maison Batiot. Dans Limoges Illustré, 1" juillet 1903.

*** La cuisson de la porcelaine.

Dans le Courrier du Centre, 24 janv. 1886. Réponse à un article du 18 janv., que nous avons signalé p. 25.

DROUAULT (Roger). Note sur les meules d'Arnac-la-Poste fournies à la maison Alluaud pour broyer le kaolin.

Dans Monographie du canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles, que publie le Bull. Soc. arch. du Limousin, LV, p. 611.

Bien que cette note se réfère aux années 1784-87, qui sont en dehors de notre cadre, il nous paraît indipensable d'en faire mention ici, pour fixer un précédent qui a pu se perpétuer longtemps après.

LAUTH (Ch.) et VOGT (G.). Mesures pyrométriques à hautes températures [pour la cuisson de la porcelaine].

Dans le Génie civil, 21 juillet 1888.

Ce savant mémoire eut dû prendre place dans notre Chronologie, car il a contribué puissamment à perfectionner les procédés employés jusque là.

Voici maintenant quelques notes biographiques sur nos fabricants limousins. MONNERIE (Laurent) était né le 28 mars 1781. THARAUD (Pierre) était né le 4 juillet 1783. MEYZE (Pierre-Alexis) était né le 12 juillet 1783.


440 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

BARBE (Henri-Joseph) élait né le 6 mai 1790. LATRUXE (Jean-Daniel) était né le 27 mai 1802. Us figurent tous cinq comme électeurs à Limoges sur les listes de 1830.

BAIGNOL (Etienne), f 1814, ex-tourneur à Sèvres, artisan de S. M. Louis XVI, avait droit au port de l'épée. Vint fabriquer à La Seynie, près Saint-Yrieix, puis à Limoges. Eut une fille et deux garçons, dont :

BAIGNOL (François) dit Cadet, marié trois fois. Il fabriqua d'abord à Limoges, dans la maison de son père (route de Paris), puis installa à Saint-Brice (Haute-Vienne), dans les landes incultes qui avoisinent la forêl de Brigueil (Charente), une fabrique (1). Perdit sa fortune en ne voulant pas arrêter le travail pendant la période qui suivit la Révolution de 48 et alla fabriquer à Passage (Guipuzcoa).

BAIGNOL (Camille et Evariste) frères, fils du précédent, continuèrent à Passage la fabrication de leur père.

POUYAT (François), né le 31 décembre 1752, mourut en 1838. Avait pris à son compte, vers 1801, la fabrique de porcelaine dite de La Courlille, près Paris. Avait deux frères : Léonard-Georges, né le 15 mars 1756, et Jean, né le 16 mars 1776.

POUYAT (Jean-Louis), fils cadet de François, 1808-1849, fonda vers 1843 la fabrique de Limoges, que dirigea plus lard M. Alfred Dubreuil.

POUYAT (Emile), fils aîné du précédent, 1805-1892, fonda avec ses frères une fabrique de porcelaine à Saint-Léonard en 1849. Fut décoré en 1855.

JOUHANNEAUD (Achille), quatrième fils de Jouhanneaud (David), f vers 1872, a fabriqué à Passage avec les Baignol.

ANDRIEUX (Paul), f 1902, a fabriqué des incrustations de porcelaine sur bois près Paris, puis pendant quinze ans environ à Champroux (Allier); revint ensuite à Limoges et fut associé vers 1868 avec MM. Albert el Paul Jouhanneaud, ses neveux.

Le riche fonds Alluaud donné aux Archives départementales de la Haute-Vienne par M. Eug. Vandermarcq en 1904 (voy. p. 5 de notre Bfbliographie), vient d'être inventorié en trois parties, cor(1)

cor(1) registres et papiers de toute sorte qui concernaient la fabrique de Saint-Brice (dite aussi de Brjgueil) furent brûlés sur l'ordre de Baignol dix mois avant sa mort, survenue en 1875.


COMMUNICATIONS DIVERSES 441

respondant aux trois phases de l'histoire de la première manufacture de Limoges.

— Ancien régime, de 1782 jusqu'à 1790 (et par exception pour un registre, jusqu'en l'an VI), série G des Arch. dép., n" 2989 à 3010, dans l'un des prochains numéros du Bibliophile limousin.

— Période de la Révolutionne 1791 à l'an VIII (et par exception pour quelques registres jusqu'à l'an X), série L des Arch. dép., n° 1199 à 1209, dans le Bibliophile limousin de juillet 1906, p. 83.

Complément de 10 articles, L. 1239 à 1248, à paraître prochainement dans ce même Bibliophile.

— Période duXIXes.,del'an VII (pour un seul regislre)jusqu'en 1834. Série Z des Arch. dép., n° 1 à 27, dans l'un des prochains numéros du Bibliophile limousin.

Le supplément qu'a donné M. B. Mayéras au Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque communale de Limoges (Bull. Soc. arch. du Limousin, t. LV) fait mention :

Sous le n° 105 (p. 685), d'une liasse de 77 lettres concernant d'une façon générale le Musée céramique, l'Ecole des Beaux-Arts et la Société des Amis des arts de Limoges. Ces lettres émanent de MM. A. Dubouché, A. Guillemot, G. Tunis, H. Ardant, etc., et se rapportent aux années 1864-96;

Sous les n08107-118 (p. 686), de la collection des épures, dessins, esquisses et projets de J. S. Baylac, modeleur à Limoges, que nous avions indiquée sommairement à la page56de noire Bibliographie.

En ce qui concerne l'exportation de la porcelaine de Limoges, nous n'avons enregistré dans notre Bibliographie (p. 82) qu'une courte notice de C. Marbouty, qui fixe au commencement du second Empire les plus anciens efforts tentés par notre industrie locale pour se produire sur les marchés étrangers. Or cette assertion est loin d'être exacte. En compulsant dernièrement d'anciens registres de passeports délivrés par la Préfecture de la Haute-Vienne (série M des Arch. départ.), nous avons rencontré à partir de 1818 un grand nombre de mentions qui se réfèrent à des ouvriers, fabricants ou marchands de porcelaine de Limoges et des villes voisines. En voici le relevé indicatif :

23 juin 1818, Thomassin (Martial), artiste en porcelaine, allant à New-York pour y travailler de son état; —28 mars 1820, Alluaud (J.-B.), fabricant de porcelaine, demeurant à Limoges, allant à Namur (Pays-Bas) ; — 1er septembre 1826, Degot (Jean), tourneur en porcelainei allant à Turin (Italie), pour travailler de son état chez MM. Dorlier, Richard et Prelaz, (fabricants de porcelaine; —


442 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISf ORÏQÛE DU LÏMOUSll»

13 septembre 1826, Grand (J.-B.), tourneur en porcelaine, allant à Turin; — 13 septembre 1826, Maisonneuve (Maurice), tourneur en porcelaine, allant à Turin; — 14 mars 1829, Cloosterman (Pierre), directeur d'une fabrique de porcelaine à Limoges, allant à Milan (Italie), pour affaires de commerce; — 6 juillet 1829, Rémond (Claude-François), tourneur en porcelaine à Saint-Léonard, allant à Turin, employé à la manufacture de MM. Dortier? et Cle ; — 19 septembre 1829, Miquel (Nicolas-Emile), marchand de porcelaine à Limoges, allant à Genève, pour affaires de commerce; — 23 septembre 1829, Constant (Martial), marchand de porcelaine à SaintLéonard, allant à Bologne (Italie), auprès de son oncle qui y réside.

Après la Révolution de juillet, les passeports demandés par des porcelainiers deviennent plus nombreux :

25 juillet 1832, Baignol (François), fabricant de porcelaine à Limoges, allant à Genève pour affaires de commerce; — 8 janvier 1833, Gouyon-Cherveix (Antoine), marchand de porcelaine à Limoges, allant à Saint-Sébastien (Espagne) pour affaires de commerce;

— 15 mars 1834, le même allant à Nice pour affaires de commerce;

— 29 septembre 1834, Ruaud (J.-B.), fabricant de porcelaine à Limoges, allant à Bruxelles pour affaires de commerce ; — 21 juillet 1835, Gouyon-Cherveix (Antoine), allant à Bruges (Belgique); — 25 août 1836, Ruaud (J.-B.), fabricant de porcelaine, allant à Londres; — 30 décembre 1837, Maisonneuve (Maurice), tourneur en porcelaine à Limoges, allant à Chambéry (Piémont) pour affaires de commerce; — 16 janvier 1839, Baignol (François), fabricant de porcelaine, allant à Genève; — 4 juin 1839, Musnier? (J.-B.), marchand de porcelaine à Saint-Junien, allant à Genève pour affaires de commerce; — 3 avril 1840, Gorsas (Léon), fabricant de porcelaine à Limoges, allant à Turin et Venise pour affaires de commerce; — 18 septembre 1840, Ruaud (J.-B.), fabricant de porcelaine, allant à Bruxelles pour affaires de commerce; — 4 mars 1841, Desgoutieras (Pierre), directeur d'une fabrique de porcelaine à Limoges, allant à Bruxelles pour affaires de commerce ; — 6 octobre 1841, Bubby? (Achille), modeleur en porcelaine, allant à Vienne (Autriche), pour recueillir une succession; —20 octobre 1841, Ruaud (J.-B.), producteur de terres à porcelaine à Limoges, allant à Londres pour affaires de commerce; — 4 juin 1842, Baignol (François), fabricant de porcelaine à Limoges, allant à Genève pour affaires de commerce; — 17 juillet 1843, David (J.-B.), marchand de porcelaine à Limoges, allant à Genève pour affaires de commerce; —16 juillet 1846, Debort (Dominique?), ouvrier en porcelaine à Limoges, allant à Barcelone pour affaires de commerce;

— 6 octobre 1846, Mercier (Pierre-Marie), peintre en porcelaine à


COMMUNICATIONS DIVËH5ES 443

Limoges, allant à Barcelone pour affaires de commerce; — 4 novembre 1846, Olivier (Pierre-Adrien), artiste modeleur, âgé de 46 ans, demeurant à Limoges, allant à Deutz, près Cologne (Prusse), pour l'établissement d'une fabrique de porcelaine; — 21 novembre 1846, Fouquet (Gabriel), mouleur en porcelaine à Limoges, allant à Barcelone pour affaires de commerce; — 3 décembre 1846, Adelson (Philippe), peintre sur porcelaine à Limoges, allant à Barcelone pour affaires de commerce ; —5 février 1847, Boudet (Gustave), employé dans la fabrication des pâtes à porcelaine à Limoges, allant à Nice (Piémont), pour affaires de commerce; — 2 avril 1847, Rocher (Antoine), mouleur en porcelaine à Limoges, allant à Deutz (Prusse), pour affaires de commerce; — 28 mai 1847, Colany (Anloine), marchand de porcelaine à Limoges, allant à BadenBaden pour affaires de commerce ; — 1er juin 1847, Dubel (J.-B.), ouvrier en porcelaine à Limoges, allant à Barcelone (Espagne) pour exercer sa profession; — 24 juillet 1847, Dorangeon (Sébastien), fabricant de veilleuses en porcelaine à Limoges, allant à Londres pour affaires de commerce.

Après la Révolution de février 1848, le nombre des passeports demandés diminue sensiblement, pour se relever bientôt d'une manière continue :

18 juillet 1848, Danlreygas (Charles), lourneur en porcelaine à Limoges, allant à Milan pour affaires de commerce; — 21 juin 1849, Duvivier (Jean), lourneur en porcelaine à Limoges, allant à Turin pour affaires de commerce; — 21 août 1849, Nicolas (Léonard), tourneur en porcelaine à Limoges, allant à Turin pour affaires de commerce; — 23 mars 1850, Robert (Henry), tourneur en porcelaine à Limoges, allant à Milan pour affaires de commerce; — 24 mars 1851, Boudy (Alphonse-Philippe), ouvrier en porcelaine à Limoges, allant à Turin pour affaires de commerce; — 8 juin 1851, Kalot (Jules-Eugène), employé chez MM. Jouhanneaud el Dubois [fabricants de porcelaine à Limoges], allant à Londres pour affaires de commerce; — 25 août 1851, Gauthier (Léonard), porcelainier, allant à Barcelone pour affaires de commerce ; — 26 août, Ridan

(Paul), porcelainier à Limoges, allant à Barcelone ; — 27 août,

Fusade (Pierre), porcelainier, allant à Sainl-Sébastien ; —

1er septembre, Baignol (Etienne-Camille), fabricant de porcelaine à

Limoges, allant à Saint-Sébastien ; —10 septembre 1851, Ghaleix

Ghaleix ouvrier en porcelaine à Saint-Brice, allant à Passage (Espagne); — 12 novembre 1851, Berger (Charles), tourneur

en porcelaine à Limoges, allant à Milan ; — 10 décembre 1851,

Toussaint (Nicolas) et Bertrand (Junien), tourneurs en porcelaine à Saint-Junien, allant à Saint-Sébastien ; —10 décembre 1851,

T. LVI 29


444 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Bardet (Joseph) el Demarchadier (François), tourneurs en porcelaine à Saint-Junien, allant à Saint-Sébaslien ; — 19 novembre

1851, Dupuis (François), tourneur en porcelaine à Saint-Brice,

allant à Passage

N.-B. — A partir de 1852 (3e cahier), les mentions de ce genre deviennent si nombreuses que nous renonçons provisoirement à les relever.

(Communication de M. Alfred Leroux).


DOCUMENTS DIVERS

Donation faite par un nommé Robert à l'abbaye de Saint-Martial de Limoges des mas d'Espeluche et Roumagnac. — Août 1028. Orig. parch. sans trace de sceau (1).

f Ego igitur in Dei nomine Botbertus, pro redemptione animae meae et omnium parentum meorum lam vivorum quam etiam defunctorum, ut nos pius et misericors Dominus in die judicii de inferno liberare dignetur, concedo et Irado Domino Deo Salvatori (2) ac sanctissimo Martiali (3) duos mansos de proprio meo alodo in perpeluam hereditalem. Quorum unus est situs in pago Petrogorico et vocatur rustice Adspeluka (4) ; aller vero, qui nuncupalur vulgo Adromaniaco (5) in lerrilorio est Lemovic[ensi].

H[o]s itaque mansos, sicut jam dixi, lotos ab integroque, quantum ad eos peNinere videtur, dono abbali et monachis Deo et sancto Marciali jugiter (6) vigilantibus in coenobio Lemovicensi.

Si autem aliquis ex parentibus meis aut propinquis vel aliqua submissa persona hanc donalionem Deo et sancto Marciali abstuîerit, omni tempore maledictus et excommunicatus atque dampnatus in inferno inferiori sit. Amen sic fiât.

S. Rotberli qui hanc carlam fieri rogavit.

(1) Pour les chartes du Limousin antérieures au XIIIe siècle, voy. les indications et les reproductions que nous avons données dans le Bull, de la Soc. des lettres de Tulle, 1900 el 1902.

(2) La basilique de l'abbaye Saint-Martial de Limoges était dédiée au Sauveur.

(3) Plus loin, à deux reprises, on trouve Marcialis.

(4) Auj. Espeluche, comm. de Combeyranche, cant. et arr. de Ribérac (Dordogne) ; — La plus ancienne forme latine, Speluca, donnée par M. de Gourgues (Dict. topogr. de la Dordogne) est tirée d'un acte de 1109.

(5) Roumagnac, vill. de la comm. de Rochechouart (Haute-Vienne).

(6) Du Cange n'enregistre pas cet adverbe ; d'où l'on pourrait peutêtre conclure qu'il n'a laissé dans la basse latinité que de très rares exemples.


446 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOBIQUE DU LIMOUSIN

S. Widonis (1) fratris ejus.

S. Guigonis, fratris ejus.

S. Aimerici.

S. Giraldi Valentiae.

S. Jozfredi de Pairac.

S. Ainardi Baddamors (2).

S. Jozfredi Peirere.

Facta anno Domini millësimo XXVIII, mense augusti, Rotberlo rege féliciter régnante.

(Au dos) (3) : Isla (4) est carta donationis Rotberli [. . . . (5)| ndrici de Rochachavardo (6) de duobus mansis.

Testes sunt de suo génère.

(Fonds de La Bastide (section des Du Peyrat) aux Archives départementales de la Haute-Vienne.)

(Communication de M. Alfred Leroux.)

Lettres de sauvegarde (1588)

« De par le roy de Navarre, premier prince du sang et premier pair de France, à tous gouverneurs, capitaines, chefs et conducteurs de gens de guerre, tant de cheval que de pied, maires et échevins de villes, mes et gardes de ports, ponts, passages, etaullres qu'il appartiendra, Nous vous mandons et expressément enjouegnons que par chacun de vos pouvoirs vous laissiez librement et seurement passer el repasser le sieur de Monlostre, luy quatrième, et quatre chevaux allant et venant en Berry, la Marche et Limousin, pour ses affaires l'espace de trois mois, sans qu'il lui soit fait, mis ou donné aucun arrest, déplaisir ou empêchement, ains lui prester toute la faveur et assistance dont il aura besoing et vous requerra, à la charge que pendant le dit temps il ne commettra aucun acte d'hostilité préjudiciable à mon party. Donné à La Bochelle le quatrae jour de joullet mil cinq cent quatre-ving-huit.

» Signé : HENRY. »

(1) Un espace blanc, qui n'a pas été rempli.

(2) Ce surnom est en interligne.

(3) D'une écriture du temps, en lettres majuscules.

(4) Le mot est à demi-effacé. Peut-être y avait-il Hoec.

(5) Il y a à cet endroit, sur une longueur de quatre centimètres, un trou qui a emporté un ou deux mots essentiels.

(6) Rochechouart, ch.-l. d'arrondissement (Haute-Vienne).


DOCUMENTS DIVERS 447

Par le roy de Navarre (signature illisible).

Armes et sceau de Navarre.

NOTA. — M. de Monloslre avait pour nom patronymique Mondin ou Mondain. La famille Mondin, qui était noble dès le XVe siècle, a possédé jusqu'au XVIIIe siècle des biens dans le voisinage de La Souterraine : les fiefs de Montoslre, paroisse de Fromental; de la Maison-Rouge, paroisse de Saint-Maurice; de Château-Renaud, paroisse de La Souterraine. Montostre avait un château qui, d'après la tradition, aurait été assiégé par les Anglais. Il en reste quelques traces. Les Mondin avaient succédé aux de Savignac. Xavier Mondin de la Maison-Rouge, abbé général de Grandmont, élait de cette famille. Us sont aujourd'hui représentés par M. Georges Dufour, propriétaire à Montostre, et ses soeurs, Mm° de la Biche et MUe Dufour,- leurs descendants. Le document dont nous donnons copie nous a été communiqué par M. Georges Dufour.

(Communication de M. J. Bellet, de La Souterraine).

Délibération du Consulat de Limoges réglant l'ordre des préséances. 1664.

Aujourd'hui Cinquième jour du mois de Décembre Mil Six cent soixante quatre, à Limoges dans la Grande salle de l'Hostel de ville où étaient assemblés Messieurs Maîtres Estiennes Croysier, Seigneur d'Aubias, Greffier en chef de la maréchaussée de Limousin, Jean Vidaud, Seigneur du Gareau, Conseiller du Roy et son Lieutenant particulier au Siège Présidial et Sénéchal de la dite Ville, Martial Martin, Seigneur de la Bastide, Conseiller du Roy es dits sièges, Jean le Peyroché, avocat en la Cour, et Pierre de Péliot, Seigneur de Chavaniat, Tous Consuls,

Comme pareillement Messieurs Maîtres Marc Antoine de Peliot, Seigneur de Gain, Conseiller du Roy et son assesseur es dits sièges, François Paignon, Baron de Brie, Seigneur de Beauséjour et autres places, Conseiller du Roy, et son procureur es dits sièges, el grand nombre des plus notables bourgeois et habitants de la dite ville, convoqués en la manière accoutumée,

Sur ce qui a été représenté par le dit Sieur Croysier, Prévôt des dits sieurs Consuls, qu'ayant été remarqué que, dans la nomination qui se fait annuellement des nouveaux Consuls, il se forme plusieurs difficultés sur le rang et séance entre les Consuls nommés de nouveau et ceux qui restent des anciens, ce qui fait que plusieurs personnes d'honneur et de mérite qui pourraient entrer


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dans les dites charges et rendre de notables services au public s'en éloignent,

On a jugé à propos devoir régler à l'avenir les dites séances, en sorte que l'union si nécessaire entre collègues ne soit point troublée par telle rencontre, et que le public retire de leur concorde le fruit et l'avantage qu'il en doit espérer, et que pour cet effet il en soit fait un règlement qui soit observé irrévocablement à l'avenir, à commencer dès la prochaine nomination.

Sur quoi, et après que la susdite proposition a été mise en délibération, et que le dit Sieur Procureur du Roy a dit que, pour obvier aux inconvénients qui peuvent naître de telles rencontres dont la conséquence ne peul être que d'un préjudice notable au bien du public, il importe qu'il soit fait un règlement qui reste ferme et stable à l'avenir, sans qu'il y puisse être rien échangé ni innové pour quelque occasion et prétexte que ce puisse être,

Et qu'étant juste que les anciens Consuls qui ont déjà mérité du public par les services qu'ils ont rendu pendant le cours d'une année, aient quelque prérogative sur les nouveaux nommés,

Il requiert qu'en la personne du premier des anciens, l'avantage du rang leur soit conservé, aussi bien que celui de la charge et fonction de Prévôt, après lequel suivra le premier des nouveaux, et ainsi consécutivement un ancien et un nouveau.

Il a été conclu et résolu, d'un commun accord et par les suffrages de toute la dite assemblée, que à l'avenir le premier des anciens Consuls qui restent aura la préséance du pas sur celui qui sera le premier des nouveaux nommés, quoique plus élevé en dignité, lequel suivra après et tiendra le second rang, et ensuite le second des anciens qui occupera le troisième rang, après lequel viendra le second des nouveaux nommés qui sera au quatrième rang, subséquammenl le troisième des anciens qui demeurera le cinquième dans l'ordre des rangs, el finallement le troisième des nouveaux qui restera le dernier.

Les quels tous feront chacun leur mois de prévôté en leur rang, suivant l'ordre cy dessus établi, pendant lequel celui qui se trouvera prévôt prendra le pas et la préséance sur tous les autres en toutes rencontres dans les fonctions de leur charge ; et le temps de la dite prévôté expiré, il se remettra au rang et place qui lui a été ci dessus assigné, ce qui sera observé invariablement à l'avenir, sans pouvoir être altéré ni échangé en façon que ce soit, sous quelque prétexte el occasion que ce puisse être, et dès la première nomination.

A la réserve néanmoins du jour de la nomination, pour aller prêter le serment à Saint-Martial, et le lendemain pendant toute


DOCUMENTS DIVERS 449

la journée, où par un ordre contraire el renversé à celui cy dessus marqué, les Consuls nouveaux nommés auront la prérogative du pas sur les anciens, en sorte que le premier des nouveaux passera le premier, el ensuite le premier des anciens, et ainsi consécutivement des autres.

De la quelle susdite délibération il a été concédé acte par le dit Sieur assesseur pour servir et avoir force de règlement par cy emprès.

Fait le jour, mois et an que dessus.

Signé : Croysier, Prévôt Consul; Vidaud, Consul; Martin, Consul; Peyroche, Consul; de Péliot, Consul; Paignon, Procureur du Roy, el de Petiot, Assesseur du Roy.

DESCORDES, Greffier de l'Hôtel de ville de Limoges. (Communication de M. le capitaine Louis de la Bastide).


BIBLIOGRAPHIE

La réforme catholique du XVIIe siècle dans le diocèse de Limoges (1)

Le XVIIe siècle, que l'on appelle encore le grand siècle, ne doit pas seulement son renom à la gloire des armes, au prestige d'un règne qui, malgré des erreurs et des fautes, apparaîl toujours revêtu d'une singulière grandeur, ni même à l'essor extraordinaire des lettres et des arts el à l'affluence non moins rare des talents ; à d'autres litres encore il excite l'étonnement et mérite l'attenlion. Au point de vue religieux, le siècle caractérisé par l'éloquence d'un Bossuet ou d'un Bourdaloue, les vertus d'un Fénelon ou la charité d'un saint Vincent de Paul, a été dans son ensemble el avant tout une remarquable époque de réforme et de renaissance catholiques. Ce mot de réforme éveille nécessairement l'idée de celle qu'avait vu s'accomplir le siècle précédent et qui, dans l'histoire, en conserve encore le nom. Mais celle-ci fut plus qu'une réforme : elle fut une séparation entre les éléments chrétiens, un déchirement au sein de l'ancienne Eglise. Dans la réforme catholique, c'est l'Eglise elle-même qui, sous le poids des abus et des maux dont elle est atteinte et en discernant les causes, trouve en elle les forces el les ressources nécessaires pour y remédier el rendre à sa doclrine et à sa morale la pureté et la vitalité premières.

Que le mal fût profond et la décadence à peu près générale, les faits et les documents ne permettent pas d'en douter; les esprits sages et clairvoyants l'avaient depuis longtemps reconnu et dénoncé, avant même qu'il fut possible d'apercevoir le remède ou du moins de l'appliquer. Cet état de choses datait, du reste, de loin et paraissait invétéré.

(1) Un siècle de vie ecclésiastique en province. La réforme catholique du XVIIe siècle dans le diocèse de Limoges, par M. l'abbé Aulagne, docteur en droit, vicaire à Saint-Etienne-du-Mont. Ouvrage grand in-8° de 650 pages, avec avant-propos de M. A. Bandrillart, préface de M. G. Clément-Simon, introduction et divers appendices et index. — Paris, II. Champion ; Limoges, Ducourtieux et Goût, 1906.


BIBLIOGRAPHIE 451

Les causes en étaient diverses et multiples. Les malheurs et les ruines accumulés dès le XV 6 siècle, les guerres lointaines, les transformations d'ordre économique et les changements survenus dans la constitution de l'Eglise gallicane, auxquels étaient venus se joindre l'influence corruptrice du gouvernement des Valois, puis les guerres civiles et religieuses, les luttes fratricides et les violences de toutes sortes, avaient produit comme conséquences le désordre, l'anarchie et la démoralisation à tous les degrés. Dans les hautes sphères ecclésiastiques sévissait l'abus de la commende, avec ses corollaires, la fiducie et parfois la simonie, les bénéfices donnés à la faveur, détournés de leur but et confiés souvent à des mains profanes ou indignes. Le mauvais exemple est d'autant plus pernicieux qu'il vient de plus haut. Tandis que les monastères, les couvenls de réguliers, les chapitres eux-mêmes élaient en proie à l'indiscipline, aux divisions el aux querelles intestines, le clergé des paroisses trop nombreux, délaissé par ses chefs naturels, mal rétribué par les hauts bénéficiaires qui lui abandonnaient les charges en gardant le plus clair des revenus, élait tombé dans l'ignorance et l'oubli de ses devoirs les plus essentiels. Qui pourrait s'étonner qu'à un lel étal de choses correspondît l'affaissement des consciences et même le dérèglement des moeurs, dont l'histoire du temps fournit de trop nombreuses preuves?

De l'excès même de ces maux devait cependant surgir à son heure un grand mouvement de réaction ou plutôt de régénération; la Foi n'était point morte, comme l'avaient fait voir les guerres de religion et les ardeurs de la Ligue ; dans les âmes saines, le dépôt des traditions évangéliques s'élait fidèlement conservé. Au milieu des désordres el des luîtes à main armée, le concile de Trente avait, dans ses canons, fixé les bases et promulgué les lois de la doctrine catholique, de sa discipline et de sa morale; et des conciles provinciaux, comme celui de Bourges en 1584, s'étaient inspirés de ses préceptes pour formuler les règles de vie et de conduite des prêtres et des religieux dans les diocèses. Les passions étaient encore trop vives pour que leurs voix fussent entendues; mais lorsque le germe est bon et vigoureux, ne doit-il pas^ faire son chemin el triompher de tous les obstacles et de toutes les intempéries?

A peine la France est-elle sortie, toute mutilée, de ces déchirements et de ces convulsions et trouve-t-elle dans l'avènement el la conversion d'Henri IV les garanties nécessaires de paix et de stabilité, que le mouvement de rénovation dont nous parlons, apparaît fermement accusé et plein de promesses; et depuis, il ira toujours en se développant, en s'accentuant, sous l'égide même du pouvoir


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central, par l'effet des initiatives et des efforts persévérants de personnalités ou de collectivités éminentes par le savoir, la piété et le zèle, d'évêques, de prêtres, de religieux, de simples laïques, ou d'ordres elde confréries, tous dévoués à l'accomplissement de leur tâche et impatients de la réussite.

Ce grand mouvement de régénération, de réveil des consciences catholiques, s'élendit à toute la France; non moins qu'à Paris, où les annales et les mémoires en ont conservé les faits les plus notables et qui dut être être assez naturellement un centre de propagande et de diffusion, les provinces en ressentirent l'influence et les résultats bienfaisants. Ce fut, en parliculier, le cas du Limousin, qui peut même être envisagé comme un exemple type de la réforme alors accomplie.

Sans avoir à rechercher si ce diocèse important, qui comprenait environ mille paroisses et un grand nombre de monastères et d'associations religieuses, élait alors plus que d'autres atteint par le mal régnant — fait qui a été souvent affirmé — on ne saurait dissimuler qu'il en souffrait dans une mesure grave el alarmante; le tableau qui a été tracé de son étal de décadence, et dont les traits ne semblent pas exagérés, est des plus attristants; mais il révèle en même temps combien dut être énergique, patienle, et par cela même digne d'éloge, l'action de ceux qui se proposèrent de le relever et de le régénérer.

Pendant un laps de plus d'un siècle, le diocèse de Limoges a présenté le spectacle vraiment remarquable d'une succession de prélats éminenls, tous animés de l'esprit de Dieu el d'amour pour leur peuple, ainsi que d'un ensemble d'hommes d'élite, prêtres ou religieux distingués el de moeurs pures, de laïques dont la ferveur et le prosélytisme n'étaient égalés que par leur désintéressement et leur charité.

Cette physionomie du XVIIe siècle en Limousin était bien de nature à attirer l'attention de nos érudils et de nos historiens locaux ; aussi avait-elle déjà, vers 1862, fixé celle d'un estimable écrivain, M. Pierre Laforest, qui d'un tel sujet avait lire un intéressant ouvrage sous le titre : Limoges au XVIIe siècle. C'était un bon livre, d'un travail consciencieux, d'une lecture facile et attachante, qui, dans son temps, eut un succès mérité. De nos jours, où la science et la critique ont des exigences qu'on ne saurait discuter, l'ouvrage apparaît insuffisant dans sa conception et sa documentation, parfois inex*act, et semble aussi revêtir les allures d'une oeuvre d'édification ou d'un panégyrique plutôt que les caractères d'une oeuvre historique. A quarante ans et plus d'intervalle, le même sujet a séduit l'es-


BIBLIOGRAPHIE 453

prit d'un autre écrivain el l'a conduit à publier un nouvel ouvrage, d'un cadre plus vaste, plus complet, plus important par sa composition et qui provoque dès l'abord un parallèle avec celui de son devancier. Là où ce dernier avait fait le simple exposé des faits, tracé la biographie des personnages el le tableau des institutions dans leurs lignes générales, M. l'abbé Aulagne remonle aux origines mêmes des faits et les rapporte en suivant la succession des temps, dans toutes leurs circonstances et leurs détails, les empruntant directement aux sources et aux documents les plus divers et les plus sûrs, qu'il a compulsés avec une patience minutieuse el une ampleur dont on ne saurait assez le féliciter. Dans cette longue élude, fruit d'un travail opiniâtre et de nature à faire reculer plus d'un laborieux, l'auteur s'est soumis aux règles de la critique et aux nécessités de l'érudition contemporaine, cherchant la vérité à la lumière des textes, faisant preuve de la conscience de l'érudit et de l'impartialité de l'historien, se gardant avec soin des entraînements que les croyances ou les sentiments personnels rendent si faciles aux écrivains même de bonne foi. C'est là, sans nul doute, pour un auteur la meilleure manière, disons même la seule, d'assurer à son travail l'autorité nécessaire et d'offrir à ceux qui le lisenl les garanties de véracité qu'ils sont en droif d'exiger. ' Accueilli avec faveur dans les milieux divers où l'on s'intéresse aux questions d'un ordre élevé, comme à l'histoire elle-même, l'ouvrage a déjà fait l'objet de commentaires très sympathiques delà part d'hommes bien autorisés par leur science et leur expérience. Si nous venons, après eux, essayer d'en donner une sorte d'esquisse, celle-ci n'a d'autre raison d'être que le désir de faire ressortir une fois de plus l'importance et l'intérêt que cet ouvrage présente pour l'histoire du Limousin.

I

L'auteur a, comme nous l'avons déjà dit, dans le plan de son élude, adopté l'ordre chronologique, qui est le plus naturel et présente, à ce qu'il semble, plus d'avantages que d'inconvénients. Après avoir, dans une assez courte introduction, indiqué sommairement la situation antérieure du diocèse, rappelé les décisions du concile provincial de Bourges de 1584, auquel avait participé Jean de l'Aubespine, alors évêque de ce diocèse, l'auteur enlre dans le vif du sujet et étudie le mouvement de rénovation, en relatant les faits accomplis sous les épiscopats des cinq évoques qui se succédèrent sur le siège de Limoges de la fin du XVIe siècle aux premières années du XVIIIe. Ces évoques étaient : Henry de La Marlonie,


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nommé en 1587,- décédé en 1618; — Raymond de La Martonie (1618-1627); — François de La Fayette (1627-1676) ; — Louis de Lascaris d'Urfé (1676-1695] et François de Carbonel de Canisy (1695-1706).

L'histoire de ces cinq épiscopals forme ainsi la division principale du livre; aux actes de chacun d'eux viennent se rallacher les événements et les phases successives du mouvement réformiste auquel ils ont été appelés à présider. Cette division paraît normale et se justifie, selon nous, par les mérites incontestables de ces prélats et la part souvent prépondérante qu'ils ont pris à la réforme, non moins que par l'importance qu'avait sous l'ancien régime le rôle d'un évêque dans son diocèse.

Ce rôle, dès l'origine, aux temps mérovingien el carlovingien el aussi pendant le moyen âge, avait toujours été considérable, non seulement par le caractère religieux, mais encore au point de vue social et politique. En pleine barbarie comme au milieu du chaos féodal, les évoques s'étaient constitués les défenseurs de la cité, les guides naturels et les protecteurs des peuples. On sait par les annales, si rares ou si brèves qu'elles soient, que les évoques de Limoges n'avaient point failli à cette grande mission ; les Gérald du Cher, les Sébran Chabot, les Jean de Veyrac, pour n'en citer que quelques-uns, n'avaient pas hésité à se mettre eux-mêmes à la tête de leurs administrés pour repousser les brigandages et les agressions armées; on avait vu les évêques imposer des entraves et des répits aux abus et aux violences des seigneurs qu'ils ne pouvaient entièrement empêcher; la plupart s'étaient montrés favorables aux franchises communales en même temps que fidèles à la royauté naissante et patriotes, en des temps où germait à peine l'idée de la patrie commune (1).

Si plus tard le rôle de nos évêques est moins prépondérant et moins actif, si leurs rapports avec le clergé et le peuple sonl moins intimes, si même il leur arrive trop souvent d'oublier la grande mission remplie par leurs devanciers, il faut en chercher l'explication dans les causes générales de décadence dont il a été plus haut parlé. Sous le régime de la commende surlout, les hauts dignitaires de l'église durent fréquemment leurs nominations à la faveur plutôt qu'à leurs talents ou à leurs vertus. Attirés volontiers dans le rayonnement des cours, mêlés aux affaires, à la politique ou môme aux intrigues, et cumulant parfois leurs fonctions sacer(1)

sacer(1) P. MEYNIEUX, Le clergé du diocèse de Limoges. L'oeuvre de réforme morale des évêques d'après les statuts synodaux. — Limoges, Ducourlieux el Goût, 1901, in-8°.


BIBLIOGRAPHIE 455

dotales avec d'autres peu compatibles, ils n'avaient certainement pas tous une conscience suffisante de leurs devoirs de pasteurs on se sentaient impuissants à les remplir. Au XVIe siècle, les évêques de Limoges ne résident même pas dans le diocèse ou n'y font que des séjours très éphémères; c'est le cas de Jean de Langheac, de Jean du Bellay, d'Antoine Sanguin, de César de Bourguignonibus, de Sébastien et de Jean de l'Aubespine, c'est-à-dire de tous pendant une durée de près de cent ans. Combien leur action sur leurs subordonnés et sur les fidèles devait être nulle ou insuffisante! Ce fait de la non-résidence des chefs de l'Eglise, qui déjà à celte époque troublée soulevait de vives protestations, n'était-il pas de tous les abus le premier el l'un des plus graves?

Le jour où nos évêques devaient reprendre leur place naturelle au milieu de leurs administrés el se consacrer entièrement à leur tâche de pasteurs, un grand pas était déjà fait; leur situation redevenait ce qu'elle devait être, ce qu'elle était dans l'esprit des institutions du temps el les conditions d'organisation sociale du pays, non seulement celle de gardiens de la Foi et de la discipline, de guides des consciences, mais encore une plus vaste, plus importante à certains égards, quand on sait que la plupart des organismes sociaux, comme l'instruction publique, les institutions de bienfaisance et de charité dépendaient de leur initiative, de leur direction ou de leur contrôle.

Comment nos évêques réformateurs se sont-ils acquittés de leur lâche et ont-ils contribué, chacun pour sa part, à l'oeuvre de la réforme catholique en Limousin? M. l'abbé Aulagne l'a recherché el nous le fait savoir en des pages abondantes, bien documentées et nourries de faits, avec méthode et précision. Convaincu que la carrière d'un homme, sa valeur et ses mérites ne peuvent être bien jugés qu'autant que l'on sait qui il est, d'où il sort et comment il s'est comporté dans les diverses phases de son existence, il s'est attaché tout d'abord, avant de montrer les personnages à l'oeuvre, à en tracer les biographies, s'élendant assez longuement sur les origines, les familles, les caractères et les antécédents, non moins que sur leurs relations avec les éléments divers parmi lesquels ils ont vécu.

Ces évêques du XVIIe siècle en Limousin représentent vraiment une élite; et ce fut pour cette province une heureuse fortune, pour les croyants comme un fait providentiel, que cette succession, non interrompue pendant plus de cent années, d'hommes recommandâmes par tant de qualités et de services.

Entre eux, ils offrent des traits communs et essentiels à l'accomplissement de l'oeuvre : la conscience entière de leur mission et


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de leurs devoirs, le sentiment profond des abus et des maux qui rongeaient la société, et la volonté non moins grande d'y mettre un terme, le dévouement et le zèle, avec, en plus, l'esprit de piété et de charité. Tous, en outre, étaient issus de races très nobles, où la distinction de l'esprit, la dignité des manières, comme la foi, faisaient partie des traditions de famille. A leur éducation de grands seigneurs, ils joignaient aussi l'instruction canonique nécessaire à leurs hautes fonctions.

El cependant la personnalité de chacun d'eux ressort dans l'ensemble avec un relief particulier, avec ses caractères propres el dislinctifs, dérivant du tempérament, des origines et aussi de la différence des temps.

Juel contraste, par exemple, entre les ardeurs premières d'Henry de La Martonie, qui pactise avec la Ligue, en provoque même les violences à Limoges (1589), et la sage administration de son neveu et successeur Raymond, ou encore plus la piété fervente d'un Lascaris d'Urfé el la mansuétude d'un Carbonel de Ganisy ?

L'opposilion n'est-elle pas aussi 1res saisissante entre François de Lafayette, à qui son attachement au sacerdoce et son prosélytisme n'ont pu faire oublier tout à fait l'éducation et les relations brillantes de sa jeunesse, qui fait de son palais épiscopal le rendez-vous de tout ce qu'il y a de distingué dans la ville ou dans la province, et ce même Louis de Lascaris d'Urfé, lequel, autant par humilité que pour être plus entier à sa mission, refuse d'habiter à l'évêché et vit de la vie des plus simples de ses prêtres dans son petit appartement du séminaire des Ordinands ?

Tous cependant sont de la môme famille, cela se reconnaît à leurs actes.

Henry de La Marlonie, le fougueux ligueur de 1589, revenu quelques années après sur son siège qu'il avait dû abandonner, devient, après la conversion d'Henri IV, un sujet fidèle et constant du roi; il n'a plus qu'une pensée, celle d'évangéliser son diocèse et de l'améliorer; il s'y emploie avec fruit; secondé par d'actifs collaborateurs, il commence à introduire la réforme dans les ordres réguliers el prépare celle du clergé paroissial; en 1614, il assiste aux Etals généraux, comme délégué de la province ecclésiastique de Bourges, et y porte les instructions et les doléances de son diocèse, doléances contre les abus et les désordres qui désolent la catholicité, contre la commende, le trafic des bénéfices, la confidence, l'inlrusion des laïques dans la collation de ces bénéfices, contre la violation des privilèges du clergé et aussi contre l'inégalité des tailles, les charges oppressives qui pèsent sur le peuple.

Raymond de La Martonie, son neveu, lui succéda, après avoir été


BIBLIOGRAPHIE 457

quelque temps son coadjuleur; tous les deux appartenaient à la très noble famille de ce nom, originaire de la partie du Périgord qui confine au Limousin, assez limousine d'ailleurs par ses possessions et ses alliances et qui avait donné à l'église d'autres membres distingués, notamment Geoffroy, frère d'Henry, élevé au siège d'Amiens où il laissa un grand renom. Prélat éclairé, d'un esprit judicieux et prudent, Baymond poursuit avec succès l'oeuvre ébauchée par son prédécesseur; avec lui la réforme s'établit complètement dans les principaux établissements monastiques de la ville et de la province, tandis que de nouvelles et nombreuses fondations religieuses, viennent raviver la foi el les traditions d'austérité et de propagande. Dans le clergé séculier la tache était plus rude, plus complexe; que d'obstacles, de résistances, de conflits et de luttes de toutes sortes Raymond de La Martonie et son successeur'eurent à surmonter, dans les paroisses, avec les communautés de prêtres, et même avec les chapitres devenus de vrais foyers d'opposilion ? Le prélat y pourvut par tous les moyens d'action auxquels il pouvait recourir, par les visites paroissiales fréquentes et minutieuses, la tenue régulière des synodes, les prescriptions et les avis; les ordonnances synodales de Raymond de La Martonie, dit l'auteur, sont très remarquables; elles constituent le meilleur code de législation ecclésiastique qui puisse êlre recommandé.

A sa mort, la rénovation élait partout très sensible; il appartenait à son successeur de la compléter et de l'affermir; François de La Fayette avait pour cela les facultés et les vertus requises, et la Providence sans doute y joignit la longévité d'un épiscopat dont les annales locales n'offrent peut-être pas d'autre exemple. Issu de la grande famille de son nom où la dignité du rang, les mérites du coeur et de l'esprit étaienl comme autant d'apanages, admis à la cour où il était devenu premier aumônier, protégé par la reine Anne d'Autriche et en rapport avec les ministres et les grands personnages du temps, ils eut pu apparemment rester sur cette scène plus élevée et y jouer un rôle plus éclatant; mais le dégoût de l'intrigue et une réelle vocation sacerdotale lui firent accepter le siège de Limoges.. De venu évêque, il en assuma toutes les obligations, y compris le devoir de résidence auquel il ne dérogea qu'en des circonstances assez rares, pour raisons de famille ou d'affaires pressantes, ou pour prendre part, en 1635,1655 et 1657, aux assemblées générales du clergé de France, dont il fut l'un des membres les plus en vue el les plus influents.

Elle est intéressante, sous tous les aspects, cette figure de Mgr de La Fayette, soit qu'on envisage en lui l'homme de qualité, le grand seigneur hospitalier réunissant autour de lui l'élite de la société


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de la contrée, ou l'administraleur sage et bienveillant entretenant des relations cordiales avec les représentants du pouvoir, les corps constitués ou les consuls de la ville dont il soutint les libertés fort amoindries; soit que l'on recherche surtout en lui l'évêque même, à qui les affaires du monde ne paraissent jamais avoir fait oublier sa mission de pasteur, qui la remplit toujours avec autorité et modération, avec un zèle constant, et des sentiments de piété et de charité qui parurent croître avec l'âge et dont il donna une dernière preuve, en disposant par testament d'une notable partie de ses biens au profit des oeuvres locales.

L'auteur a consacré de longues pages à relater les faits et les actes si nombreux de cette belle et féconde carrière, d'une durée de plus de 50 ans, el qui a laissé en Limousin de profonds souvenirs. Si François de La Fayette eut encore des épreuves à subir, des luttes à soutenir et des conflits à apaiser, il eut aussi la salisfaction de voir son clergé en général amélioré et pacifié, les anciennes institutions refleurir et de nouvelles oeuvres pieuses, charitables, ou d'enseignement se fonder; continuant les errements de ses devanciers, il institua de plus les conférences ecclésiastiques et donna beaucoup d'impulsion aux missions diocésaines qui, par la voix du célèbre Père Lejeune et celles plus tard des frères Ruben, donnèrent de grands fruits. Mais de toutes les institutions de cet épiscopat, la plus importante peut-être fut celle du Séminaire des Ordinands, qui devait assurer pour l'avenir le recrutement el la bonne instruction des prêtres du diocèse; sa création, qui fut laborieuse et difficile, suivit de près celle du Séminaire dit de la Mission et une autre fondation non moins importante à d'autres titres, celle de l'Hôpital général; pour ces trois oeuvres d'ailleurs, les annales nous présentent unis à la mémoire de l'évêque, les noms de pieux et charitables habitants de Limoges, et surtout celui de Martial MaledenldeSavignac qui, par sa générosité sans bornes, en rendit la réalisation possible.

Après une vie ainsi bien remplie, on ne saurait s'étonner que la mort de François de La Fayette ait été considérée comme un deuil public.

Il laissait une succession difficile, et cependant il s'est rencontré que son successeur ne lui fut inférieur ni par ses vertus ni par ses services. Louis de Lascaris d'Urfé, également né d'une grande famille de l'Auvergne, possédait tous les dons que la naissance et l'éducation peuvent réunir dans une nature d'élite ; mais les traits distinctifs de son caractère étaient une modestie peut-être excessive, et un zèle extrême d'évangélisation. On sait déjà qu'il voulut faire sa résidence au Séminaire des Ordinands, où il retrouvait les


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prêtres de la congrégation de Saint-Sulpice, appelés par François de La Fayette à diriger la maison, et qui avaient été ses éducateurs à Paris; l'un de ses anciens maîtres, pour lesquels il professait un rare attachement, M. Tronson, demeura son guide spirituel el son conseil toute sa vie. Fait significatif à noter, c'est que pendant toute la durée de son épiscopat, il ne fit qu'une seule absence hors du diocèse, absence de courte durée et motivée par un rigorisme de piété et des aspirations à la vie monastique que M. Tronson'et l'abbé de Rancé se virent obligés de combattre.

Vivant parmi ses prêtres, assidu dans ses visites paroissiales, dans la tenue des synodes, son action sur son clergé élait active et constante; il l'accrut encore, en multipliant les missions de toutes sortes; il donnait lui-même l'exemple, car il fut un prédicateur infatigable, dont l'éloquence simple, mais pratique, persuasive et pénétrante se produisait sous toutes les formes, par des discours et des sermons, par des instructions etdes allocutions familières. Plein de prosélytisme, c'est par ces voies surtout et celle de la controverse qu'il chercha à ramener les protestants; sa bienfaisance n'était pas moins grande, et il en donna plus d'une preuve, notamment lors de la famine de 1693.

L'administration de Louis Lascaris d'Urfé fut enfin marquée par des publications importantes pour le diocèse et fort recommandâmes, le Catéchisme et le Rituel, le Propre des saints du diocèse et le Pastoral de Limoges, auxquels un de ses plus actifs collaborateurs, Michel Bourdon, a attaché son nom.

La fin du prélat fut édifiante comme sa vie; elle avait été hâtée par les labeurs et les austérités; il laissa, dit-on, dans le diocèse et même au-delà, la réputation d'un saint; mais il laissait aussi l'oeuvre de la réforme accomplie, on pourrait même dire, à son apogée.

En 1696 François de Carbonel de Canisy, prenant possession du siège de Limoges, trouvait un clergé bien différent de ce qu'il était cinquante ou soixante ans auparavant ; aussi son rôle doit-il paraître un peu terne à côté de celui rempli par ses prédécesseurs; mais il avait cependant les vertus de son état, et ses ordonnances, ses mandements montrent sa sollicitude pour maintenir son diocèse dans des voies prospères. Le temps n'était-il pas venu du reste où de nouveaux éléments de troubles el de discordes commençaient à agiter les âmes et l'église de France?...

La biographie que trace l'auteur du dernier de nos cinq évêques fait surtout ressortir le grand esprit de charité dont il eut à faire preuve dans les années de disette qui atteignirent malheureusement les populations au cours de sa carrière épiscopale ; à de fréquentes

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reprises, il pourvut à leurs misères, grâce à sa générosité personnelle et à l'aide des secours qu'il obtint du roi ou qu'il alla luimôme solliciter à Paris. Mais l'intensité des besoins dépassa celle de ses efforts.

La retraite prématurée qu'il sollicita peut être attribuée au chagrin causé par son impuissance en face de ces épreuves, non moins qu'au mauvais état de sa santé; elle ne paraît pas avoir été envisagée comme une désertion de la part du prélat qui avait donné des témoignages non équivoques de la bonté de son coeur et qui mérite d'avoir sa place à côté des autres évêques remarquables de celte période.

II

Si les évêques dont il vient d'être parlé doivent être considérés comme les principaux initiateurs ou artisans de la réforme du clergé, il est de toute justice de constater qu'ils trouvèrent dans le pays même, au sein des populations, des appuis et des concours sans lesquels leurs efforts eussent été, non pas inutiles, mais peutêtre insuffisants et certainement moins efficaces; nombreux, pleins de mérite, de zèle cl souvent de spontanéité, furent ces auxiliaires, ces collaborateurs qui contribuèrent largement à l'oeuvre commune, en facilitèrent et en assurèrent la réussite. Dans le nombre, à la vérité, quelques-uns n'étaient pas originaires du diocèse, mais la plupart, prêtres, religieux ou laïques étaient nés à Limoges ou dans la région ; et ce fut à ce titre pour le Limousin un réel honneur que d'avoir sa grande part, directe et pour ainsi dire personnelle, dans le mouvement de régénération dont il était l'objet.

Il convient d'ailleurs de reconnaître que les chefs du diocèse tinrent à s'entourer de personnages capables et dévoués, les plus distingués dans le pays par leurs vertus et leurs connaissances, el qu'ils furent généralement très heureux dans ces choix.

Henry de La Martonie prit pour vicaires généraux deux Limousins de grande valeur, d'abord Joseph de Julien, prêtre remarquable par sa sagesse et sa modération, auquel peut être attribuée la pacification des esprits après les troubles de la Ligue et pendant l'absence du prélat ; puis Pierre Benoist, qui fut un des cathéchistes d'Henri IV el jouissait d'une grande réputation; tous les deux appartenaient à des familles notables de la bourgeoisie de la ville.

Le même prélat rencontra, d'autre part, dans les Récollets et surtout dans les Pères de la compagnie de Jésus les plus actifs coopérateurs ; ces derniers, sous la direction d'un de leurs membres, le Père Solier de Brive, et avec le concours des consuls et des


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autres autorités, venaient, vers 1600, d'organiser le Collège de Limoges sur les bases solides qui devaient en assurer pour longtemps la prospérité; l'abbé Aulagne a fait de cette fondation un récit circonslancié, à tous égards intéressant; mais les Jésuites ne bornèrent pas leur activité à l'éducation de la jeunesse; ils prirent, dès le début, par leurs oeuvres annexes, leurs congrégations, leurs conférences et leurs calhéchismes, une grande influence sur le peuple; ils accompagnaient aussi l'évêque dans ses visites pastorales el le suppléaient parfois comme ses délégués.

L'établissement de la Société à Limoges élait lui-même dû à l'instigation et à la persévérance d'un habitant de celle ville qui s'est fait un nom dans l'histoire de ce temps par ses oeuvres, et par les ardeurs de son zèle et de sa charité; Bernard Bardon de Brun, avocat de profession, entra plus tard dans les ordres; on l'appelait l'avocat des pauvres, car il s'était dépouillé de ses biens à leur profit; à sa mort, la voix populaire le qualifia de vénérable. Son souvenir est resté attaché à d'autres et multiples institutions, à celles des Pères Récollets et de l'hospice Saint-François, de la première confrérie des Pénitents, de l'association des prêtres de saint Martial et à la restauration de la grande confrérie qui porte le même nom.

Parmi les autres individualités on peut citer Pierre Talois, le théologal Gayou, le chanoine Marchandon et le doyen du chapitre, Mathieu de Verthamon, qui rivalisèrent de zèle pour l'amendement et la transformation du clergé régulier ou séculier.

La plupart de ces noms se retrouvent sous l'épiscopat de Raymond de La Martonie, el il faut y joindre ceux de ses vicaires généraux, de Pierre Boyol, issu d'une des familles les plus connues de la ville, de Jean Talois, savant théologien, prédicateur habile, qui de son initiative privée, ouvrit des cours de philosophie et de théologie à l'usage des candidats au sacerdoce, premier essai dans la voie de l'enseignement ecclésiastique qui devait devenir celui des grands séminaires.

La longue administration de François de La Fayette fut signalée par une coopération peul-êlre encore plus nombreuse de ces utiles auxiliaires, appartenant à toutes les conditions sociales et mêlés à toutes les oeuvres pieuses ou charitables de leur époque; ses vicaires généraux furent Pierre Talois, déjà cité, Jean Bandel, né à Saint-Sylvestre, d'une famille de paysans, homme fort docte, écrivain assurément discutable, mais très estimé et aimé de la population; Antoine Saige ou Sage, originaire de Tulle.

Le Séminaire des Ordinands avait été confié dès la création aux nains des prêtres de Saint-Sulpice ; l'an d'eux, Jean Bourdon, en


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fut le premier supérieur et le dirigea pendant quarante ans; c'était un prêtre éminent, étranger au diocèse comme son frère Michel Bourdon, qui fut quelque temps supérieur de la Mission et rendit aussi de grands services. Mais à côté d'eux et même avant eux, il faut placer Martial Maledent de Savignac, qui consacra sa fortune aux fondations pieuses et charitables, notamment à celles du Séminaire deet l'Hôpital général; celui qu'on a nommé le Vincent de Paul de Limoges, el dont le souvenir est encore vivant dans cette ville, fut lui-même secondé par un saint prêtre, Pierre Mercier et par deux femmes, Hélène Mercier et Marie de Petiot, celle-ci paralytique, qui instituèrent la communauté des Soeurs hospitalières de Saint-Alexis, dont le sort est toujours resté lié depuis à celui de l'Hôpital lui-même.

La vertu et la charité semblent quelquefois faire partie de l'apanage de certaines familles; c'est ainsi qu'on rencontre si souvent dans le mouvement religieux de l'époque les Benoist, les Verthamon, et bien d'autres; Marie de Peliot, fondatrice des soeurs, de l'Hôpital, élait proche parente de Maledent de Savignac et ce fut une nièce de celui-ci, Anne-Marie de Meilhac, qui établit le couvent de la stricte observance des Filles de Sainte-Claire, où elle prit le voile avec deux de ses soeurs; elle acquit une sorte de célébrité sous le nom de mère du Calvaire.

. Vers le même temps encore une humble femme de la ville, Marcelle Chambon, veuve de l'imprimeur Germain, après bien des épreuves et des déboires, jetait les bases de la maison des Filles de la Providence destinée au service el à l'instruction des pauvres orphelines.

, L'Oratoire, installé à Limoges dès 1624, étail alors illustré par les prédications du Père Lejeune, dit le Père aveugle, qui évangélisa le diocèse pendant vingt-cinq ans avec un succès extraordinaire, mourut dans la ville et y fut inhumé ; il eut de dignes continuateurs dans les frères Jacques el Gabriel Ruben, originaires d'Eymouliers, orateurs de talent, le dernier surtout, et missionnaires de grand mérite.

L'épiscopal de Louis Lascaris d'Urfé met en lumière les noms d'Etienne de Champflour, de Raymond Gaye de Bosredon, de Pierre de Sabatier, en même temps qu'il rappelle ceux des deux frères Bourdon et surtout celui de Michel Bourdon, auteur des principales publications ecclésiastiques de l'époque, entr'autres du Pastoral de Limoges, excellent guide de conduite pour le clergé, qui fut apprécié non seulement dans le pays, mais encore dans les autres diocèses et à l'étranger.

Dans les abbayes, dans les couvents, des religieux donnaient


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l'exemple de la correction et de la piété ; c'estainsi qu'à La Règle, Elisabeth d'Aubusson de La Feuillade, succédant à peu d'intervalle, à Jeanne de Verlhamon, réformatrice de l'ordre, achevait d'en faire une maison modèle et y laissait les souvenirs de sa remarquable administration, de son zèle et aussi de sa munificence.

Auprès de François Carbonnel de Canisy on pourrait citer ses vicaires généraux : Claude Lemerre, Rigobert Morlot, et Gilles-leDuc, officiai de Limoges, plus tard curé de Saint-Maurice en la Cité, son compatriote et son familier, qui "sous le titre : Estât du clergé de Limoges, a écrit un mémoire d'un réel intérêt pour la connaissance des institutions et du nombreux personnel ecclésiastique de son temps, que les érudits ont mis souvent à contribution.

A cette énumération très incomplète, il conviendrait sans doute d'ajouter d'autres noms d'hommes distingues par leurs mérites ou leurs services, par exemple ceux de Pierre de Besse, prédicateur du roi Henri IV, de Jean de Pêrière, chanoine de Saint-Martial de Limoges, qui prononça l'oraison funèbre de François de La Fayette et de l'abbé du Carrier qui fit celle de Louis Lascaris d'Urfé, tous orateurs réputés de leur temps et Limousins de naissance.

Ne serait-il pas équitable aussi de rappeler que les auteurs de la réforme furent largement aidés dans leur entreprise par les collectivités, par les associations de clercs et de fidèles que leXVIIesiècle vil naître ou renaître et se développer en si grand nombre? Signalons avec l'auteur, mais sommairement, l'association des prêtres de Saint-Martial, les communautés de prêtres, naguères si défectueuses et qui devinrent peu à peu sur tant de points du diocèse des centres de piété el de bonnes moeurs, les confréries de toutes sortes et surtout ces confréries de Pénitents se recrutant dans tous les rangs de la population, mais dont la bourgeoisie de Limoges surloul regardait comme un honneur de faire partie; et enfin celte fameuse compagnie du Saint-Sacrement, instituée à Paris vers 1630, qui compta parmi ses fondateurs plusieurs personnages tenant d'assez près à la région, par exemple, Henri de Levis, duc de Ventadour, son principal promoteur. Celle société, qui fut appelée l'oeuvre des oeuvres, car elle se proposait de les susciter, de les encourager ou de les contrôler toutes, revêlait les caractères d'une société secrète dont elle tira d'abord sa force, mais dont elle subit ensuite tous les inconvénients qui s'attachent à une puissance occulte, celui d'abord de porter ombrage aux pouvoirs officiels et d'autres encore sans doute. Ce fut la raison de sa dislocation quelque trente ans après. Parmi les succursales qu'elle organisa en province, celle de Limoges paraît avoir été une des plus actives et des plus prospères; c'est du reste la seule dont on possède


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encore les registres et les statuts. Composée mi-partie à peu près d'ecclésiastiques et de laïques, tous hommes de distinction et de valeur, patronnée par François de La Fayette, elle eut des filiales dans beaucoup de petites villes du diocèse et étendit son action à toutes les oeuvres de moralisalion et de bienfaisance, aussi bien qu'à celles de réforme et de prosélytisme religieux. M. l'abbé Aulagne lui a destiné quelques pages qui complètent utilement les notions que l'on avait déjà sur son existence et ses agissements.

III

Nous venons de voir les réformateurs à l'oeuvre; il nous reste à examiner de plus près ce que fut cette oeuvre, quels furent ses moyens d'action et surtout ses résultats pratiques ; peut-être l'ordre logique eut-il demandé que cette notice débutât par cet exposé; mais le plan méthodique suivi par l'auteur nous eut alors contraint de faire de son livre une analyse plus complète, qui ne pouvait entrer dans notre pensée et 'qui du reste eut fait double emploi avec celles auxquelles il a déjà donné lieu (1).

A la fin du XVI' siècle, on le sait, la décadence élait générale dans tous les milieux ecclésiastiques et religieux; l'esprit évangélique défaillant ou détourné de son but, l'autorité et l'exemple d'en haut manquant, il semblait que le sacerdoce, les titres et les fonctions fussent devenus affaire de routine, question d'intérêt matériel ou même de simples sinécures.

Dans la plupart des ordres de réguliers, cet état de choses se manifestait par l'abandon de la règle et de la discipline, ou leur relâchement; les divisions, l'oisiveté et parfois l'incorrection de la vie avaient remplacé les prières, les exercices pieux et les pratiques austères ; il y avait des religieux qui vivaient hors de leurs couvents, d'importance du reste très diminuée.

Ce fut cependant ce clergé régulier qui se montra le plus accessible à la réforme ou du moins le plus prompt à l'accepter et à s'y soumettre; le fait s'explique par les caractères même de sa constitution, éléments plus simples et plus autonomes.

Aux temps d'Henry et de Raymond de La Martonnie, il était déjà très avancé dans les voies du relèvement. On vit alors tour à tour et assez rapidement les monastères et les couvents limousins

(1) M. l'abbé Helot, curé de Jalesches, a notamment publié dans la Semaine religieuse de Limoges, une série d'articles où l'ouvrage de M. l'abbé Aulagne est longuement commenté et analysé.


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revenir à l'esprit de leur institution ou se régénérer par des modifications salutaires.

Ce fut, par exemple, dès le début du siècle, la vieille abbaye des Auguslins de Limoges, qui, sous l'impulsion d'un nouvel abbé, Jean Regnault de La Souterraine, se releva de sa ruine matérielleet morale, en s'affiliant d'abord à la congrégation de Saint-Vannes, puis en devenant elle-même le premier noyau de la célèbre congrégation de Saint-Maur.

Puis celle de Saint-Pierre de Solignac, non moins déchue et dont les revenus étaient tombés entre des mains laïques qui y tenaient des custodinos; malgré la résistance de certains moines qui provoquèrent une scission, Jean Jouberl de Bassant, archevêque d'Arles, parvint à y introduire la règle de Saint-Augustin, à la pacifier et à la restaurer.

L'abbaye de Saint-Martin de Limoges, dont on faisait remonter les origines à un frère de Saint-Eloi, élait encore plus atteinte ; son dernier abbé, Louis Marchandon, après de vains efforts pour rétablir le temporel et la discipline, se démit de son bénéfice avec un vrai désintéressement et obtint l'union de l'abbaye avec la congrégation des Pères Feuillants; ce fut pour elle le salul.

L'abbaye de La Règle, aussi très ancienne et fort considérée, n'avait pu échapper à la contagion; dans les premières années du XVIIe siècle même, elle eut le malheur d'avoir deux abbesses indignes de leur mission; l'une d'elle, Virgile de Pont-Jarno, âgée de vingt-quatre ans, fut accusée d'entretenir des relations avec un gentilhomme des environs; sa mort suivit de près le scandale et mit fin aux poursuites dirigées contre elle. Une femme de grand mérite, Jeanne de Verlhamon lui succéda et rendit à la maison l'ordre, la discipline et la prospérité.

Le couvent des Jacobins de Limoges, fondé par un disciple de saint Dominique en 1220, et qui avait tout un passé de services et d'illustrations, donna encore plus de sollicitude à Henry et Raymond de La Martonnie ; il fallut des efforts réitérés et d'énergiques interventions, même un instant le recours à la force, pour venir à bout de la résistance de quelques religieux ou pseudo-religieux révoltés. Mais à la suite de ces mesures de rigueur, la paix fut rétablie, la réforme acceptée, les bâtiments restaurés; l'ordre reconquit son ancien prestige, tant au point de vue de la prédication que de l'enseignement de la philosophie et de la théologie.

Ce n'était pas seulement dans la ville épiscopale, mais dans tout le diocèse, que ce retour à la véritable vie monastique se produisait; dans la Haute-Marche, par exemple, le moutier d'Ahun reprenait une nouvelle vitalité en s'agrégeant à l'Ordre de Cluny.


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Seul peut-être des grands ordres religieux, celui qui paraissait avoir le plus de racines dans la région, puisqu'il y possédait sa maison mère, l'Ordre de Grandmont ne parvint pas à se relever de la lente décadence dans laquelle il était tombé, malgré la bonne volonté de quelques abbés et les essais de réforme de Charles Frémont qui ne purent se réaliser, en se localisant, que dans certains membres dépendants. On sait toutefois que l'ordre subsista encore longtemps, très affaibli, jusqu'à la bulle de sa suppression, vers la fin de l'ancien régime. Le passé, même dans ce qu'il a légué de bon, ne peut toujours évidemment se perpétuer sous les mêmes formes.

Mais ce qui caractérise le mieux peut-être l'esprit du temps dont nous parlons, c'est, à côté du relèvement de beaucoup d'anciens réguliers, la naissance de nouveaux ordres, de nouvelles communautés d'hommes ou de femmes, plus assortis aux idées et aux besoins de ce temps. Par le nombre et la variété de ces institutions, ce siècle peut être comparé avec le XIIIe siècle, à cet égard si riche, si fécond; et sous ce rapport aussi le diocèse de Limoges paraît avoir été un des plus favorisés tant par la multiplicité des institutions nouvelles que par le zèle et les vertus de leurs initiateurs.

A l'installation des Récollels el des Pères Jésuites, datant de la fin du siècle précédent et dont il a déjà été parlé, succède celle des Carmes déchaussés, appelés souvent les Petits Carmes, due à l'initiative de deux habitants de Limoges, les frères Vidaud.

En 1624, la congrégation de l'Oratoire fonde sa maison de Limoges, appelée plus tard, on le sait, à jeter un assez vif éclat.

Plus nombreux encore s'établissent les monastères et les commu-- nautés de femmes; tout d'abord le Carmel, fondé par une Espagnole d'un certain renom, la mère Isabelle des Anges, avec le concours pécuniaire et moral de familles de la bourgeoisie de la ville; parmi les premiers membres se trouvaient une Benoisl, une Verthamon et une Traslage. Un peu plus tard les Ursulines, déjà installées à Brive, organisent à Limoges, puis à Eymouliers, de nouvelles maisons où à la pratique des devoirs monastiques doivent s'unir l'instruction el l'éducation des jeunes filles.

L'épiscopatde Mgr de La Fayette nous fait assister successivement à la création du couvent des Filles de la stricte observance de sainte Claire, dont Marie de Meilhac fut l'inspiratrice el la première prieure sous le nom de Mère du Calvaire; à l'établissement des Bénédictines, au Dorât; des Filles de Notre-Dame, à Limoges, à Saint-Junien et à Saint-Léonard; des Dames de la Visitation, à Limoges et à Guéret.


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Sous celui de Louis Lascaris d'Urfé, on voit les Soeurs de charité de Saint-Vincent de Paul s'établir à Bénévent; puis à Magnac, à Limoges, à La Souterraine, les Soeurs de la Croix, qui essaimèrent rapidement dans le diocèse.

Les oeuvres charitables et hospitalières étaient représentées surtout par les Soeurs de Saint-Alexis, destinées au service de l'Hôpital général, et les Soeurs de la Providence, qui se consacraient à celui dés orphelines.

La renaissance du sentiment religieux se manifestait ainsi sous toutes ses formes; il ne demeurait pas d'ailleurs enfermé, concentré entre les murailles des couvents, il se répandait partout, dans tous les rangs et dans tous les milieux delà société laïque, qui, dans ses confréries et ses associations, semblait une imitalion de l'autre.

Le clergé séculier ne pouvait rester étranger à un tel mouvement et à de telles influences. On sait déjà combien de causes diverses, d'obstacles, rendaient sa réforme difficile, plus complexe, plus lente que celle des réguliers, mais aussi combien sa nécessité se faisait encore plus vivement sentir et qu'elle devait être l'objectif principal des efforts des évêques et de leurs auxiliaires.

L'auteur du livre a dépeint sous des traits particulièrement fâcheux l'état antérieur que présentait le clergé, des paroisses : victime de la commende et des abus qui en étaient la suite, mal rétribué, abandonné à lui-même, il inclinait à se désintéresser de sa mission évangéliquc et à tomber dans l'ignorance et l'oisiveté; il y avait, dit-il, des prêtres qui ne connaissaient plus les principes élémentaires de la doctrine chrétienne et les devoirs du sacerdoce ; certains même, — on pourrait hésiter à le croire, — ne savaient pas lire distinctement; dans beaucoup d'églises, le service divin se faisait sans dignité; les vases sacrés étaient mal tenus. Fait encore plus regrettable, l'administration des sacrements était souvpnt négligée ou essentiellement viciée; il y avait des prêtres qui omettaient de donner l'exlrême-onclion, qui abusaient des ondoiements ou se prêtaient aux mariages clandestins. Les infractions à la morale et les exemples de scandale n'étaient pas moins fréquents : on voyait des ecclésiastiques mener une vie désordonnée, se montrer dans les cabarets, les marchés et les lieux les plus suspects ; on en trouvait qui se conduisaient comme des vagabonds ou de vrais ruffians.'

Pour remédier à ces désordres et à ces maux, il fallait à la fois relever la situation matérielle et le niveau intellectuel et moral des prêtres des paroisses, curés, vicaires ou communalistes, sans négliger lès-chapitres; on y pourvut avec le temps, mais avec activité et


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persévérance, par tous les moyens d'action que pouvaient suggérer la saine intelligence de cet état de décadence et la ferme volonté d'y mettre fin.

Ces moyens d'aclion consistèrent dans le contrôle continuel el assidu exercé par les chefs du diocèse, les visites épiscopales fréquentes et minutieuses qu'ils faisaient dans les paroisses soit en personne, soit par leurs vicaires généraux el d'autres délégués; les retraites, les synodes régulièrement tenus, auxquels, du temps de Mgr d'Urfé, tous les ecclésiastiques, même les religieux, furent tenus d'assister, et qui donnèrent lieu à des ordonnances parfois remarquables, comme celles de Baymond de La Martonie; puis les conférences ecclésiastiques, destinées à servir de traits d'union entre les curés d'une même région, à développer et entretenir leur instruction et leur ferveur mutuelles; et aussi les instructions de toutes sortes, les missions répétées et les prédications périodiques, auxquelles François de La Fayette et Lascaris d'Urfé donnèrent une si grande extension, ce dernier surtout, qui fut un missionnaire émérite, un apôtre dont les conseils spirituels étaient obligés de modérer l'ardeur. Pendant ce temps la situation matérielle et pécuniaire des prêtres de paroisse s'améliorait d'une manière 1res sensible par l'augmentation de la portion congrue, portée pour les curés inamovibles à trois cents livres, à laquelle venaient s'ajouter le casuel, les revenus curiaux et quelques dîmes spéciales, ressources très variables à la vérité, mais permettant aux intéressés de vivre d'une façon.honorable.

De telles mesures et de tels efforts, l'autorité de l'exemple et de la verlu devaient à la longue produire les résultats les plus salutaires et les plus efficaces sur les membres du clergé, aussi bien du reste que sur les populations au milieu desquelles ils exerçaient leur ministère.

Il fallait toutefois à ce clergé de nouveau discipliné et régénéré assurer pour l'avenir un recrutement et un enseignement réguliers; ce fut la raison d'être du Séminaire des Ordinands, que nous avons déjà signalée en parlant de l'épiscopat de François de La Fayette; avant cette création, les aspirants au sacerdoce, après les études préparatoires faites chez les Pères Jésuites ou chez les Dominicains, et qu'un petit nombre seulement pouvaient aller compléter à Paris, étaient obligés de faire leur noviciat dans des maisons particulières, d'une manière très inégale et incomplète. Il y avait donc une lacune importante à combler. Et l'évêque y parvint après beaucoup d'efforts, après quelques essais infructueux, seconde par le concours moral et pécuniaire de Maledent de Savignac et d'autres habitants de la ville. L'oeuvre qui s'inspirait de celle de M. Olier, à


BIBLIOGRAPHIE 469

Paris, fut confiée dès la première heure à la congrégation même instituée pour la direction du Grand Séminaire de Saint-Sulpice; on ne pouvait faire choix de maîtres plus capables et déjà plus expérimentés.

Il resterait à dire quelques mots des chapitres, auxquels l'auteur a consacré des pages intéressantes. Représentant la classe plus élevée et plus instruite du clergé, ceux-ci se montrèrent le plus longtemps rebelles à l'action des évêques et donnèrent souvent l'exemple de l'indiscipline et même du désordre; sans doule parmi leurs dignitaires les écarts de conduite, les occasions de scandale étaient plus rares, mais l'absentéisme, la négligence et l'irrégularité dans les fonctions étaient choses communes. Assez fiers de leurs origines et pénétrés de leur ancienne importance, ils étaient animés d'un esprit d'indépendance qui dégénérait volontiers en celui d'opposition ou en amour de la chicane. Pendant la plus grande partie du siècle, ils furent en lutte pour la défense ou la revendication de leurs privilèges plus ou moins authentiques; de là des procès interminables, procès dont les causes apparaissent de nos jours assez puériles, et quelquefois des violences. Le chapitre de la cathédrale de Limoges, qui nous intéresse plus particulièrement, malgré la piété et la correction de la plupart de ses membres, en fournit malheureusement quelques témoignages. À Saint-Junien, le conflit qui surgit entre les chanoines et le prévôt Pierre Villebois revêtit un caractère grave et même scandaleux, parle fait dece dernier, homme intraitable, qui fut apparemment un des plus acharnés plaideurs de son époque.

Ces résistances et ces hostilités allèrent toujours en s'atténuant; avant la fin du XVIIe siècle, à de rares exceptions près, l'apaisement était fait el les rapports des autorités ecclésiastiques avec les corps constitués étaienl généralement empreints de cordialité et de bienveillance.

Vers la fin de la période, l'épiscopal de François de Garbonel de Canisy présente l'image d'un clergé revenu à tous les degrés de la hiérarchie aux voies droites et saines de l'apostolat catholique, correct et sage, suffisamment instruit, ayant la conscience de sa mission et de ses devoirs; clergé nombreux, comme le révèle le mémoire de l'official Gilles le Duc. Ce clergé nous apparaît tel qu'il doit être pour entretenir et perpétuer les doctrines et la morale religieuses au sein des populations. La réforme du XVIIe siècle laissa en lui une forte empreinte el des traditions durables dont l'influence se fil spntir au siècle suivant, malgré les troubles que le jansénisme, le philosophisme et d'autres causes apportèrent dans les esprits. Et peut-être, lorsqu'à la fin de ce siècle, en face de ter-


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ribles épreuves, il témoigna d'un courage et d'une constance manifestes, est-il permis de penser que le clergé limousin en avait puisé les germes dans les traditions dont nous venons de parler?

IV

Tel est, reproduil en quelques traits rapides el bien insuffisants, le tableau que M. l'abbé Aulagne a tracé du mouvement de la réforme catholique dans le diocèse de Limoges au XVIIe siècle, tableau très vaste, extrêmement abondant en faits, en détails sur les hommes et sur les choses; à ceux qui seraient tentés d'y trouver quelque surabondance et jugeraient que la multiplicité des renseignements peut nuire parfois à l'unité de l'ensemble, il convient de rappeler que l'auteur a tenu à faire consciencieusement une oeuvre d'érudit, sans perdre de vue le but de l'historien. Le livre a un double intérêt, très manifeste et saisissant, d'abord un intérêt général au point de vue de l'étude de la réforme elle-même dans l'Eglise de France, car le Limousin n'a pas été une exception ; il a participé, comme les autres provinces, à l'action rénovatrice qui 's'est étendue partout ; mais pour beaucoup de ces provinces le mouvement ne parait pas avoir encore été étudié et approfondi avec un soin aussi laborieux et un tel effort d'investigations. Aussi, peuton joindre ses voeux à ceux de bons appréciateurs qui, dans leurs comptes rendus de l'ouvrage, ont exprimé le souhait qu'il trouvât des imitateurs pour tous les diocèses de France, ce qui faciliterait singulièrement une oeuvre de généralisation offrant les caractères de cerlitude désirables, avec les remarques et les conclusions qu'il est permis d'en tirer (1).

A ce point de vue d'ailleurs, une telle élude ne s'adresse pas seulement aux érudits, aux curieux de notre histoire, mais aussi à tous les hommes un peu soucieux des destinées de leur pays et de la religion des ancêtres. Il en ressort déjà, semble-t-il, un enseignement dont on ne peut méconnaître la valeur, car elle permet de constater la force de vitalité d'une croyance séculaire et les ressources souvent ignorées qu'elle contient en elle-même pour la régénération des âmes et des moeurs ; quand tout paraît s'effondrer et que tout s'annonce comme perdu, c'est peut-être le moment où le salut est sur le point d'apparaître, par l'effet même des épreuves,

(1) V. notamment l'avant-propos de M. A. Baudrillart et la préface de M. Clément-Simon, placés en tête du livre; et la notice de M. Th. Rouziès, Revue des questions historiques, 40e année, 1er avril 1906.


BIBLIOGRAPHIE 471

de la conscience du mal, et de leur influence sur les hommes d'initiative et de bonne volonté.

Sans-nous désintéresser de cet aspect élevé de la question,, nous nous sommes surtout proposé de faire ressortir l'intérêt, l'importance que le livre présente pour l'histoire du Limousin. La connaissance de la réforme catholique dans la province, esquissée dans ses grandes lignes par P. Laforest, en découle plus ample, plus complète, avec tous les caractères de certitude que les documents puisés aux meilleures sources, réunis et analysés par un labeur de beaucoup d'années et la patience la plus louable, peuvent offrir.

Aussi, la critique a-t-elle accueilli avec une faveur marquée l'ou: vrage de M. Aulagne. Cependant un de ses représentants, dont l'opinion a une grande autorité, a fait quelques réserves; il a signalé diverses lacunes et il a surtout exprimé le regret que dans cette 'oeuvre, pour laquelle du reste il n'a pas caché sa sincère estime, l'auteur n'ait pas fait connaître suffisamment le diocèse de Limoges dans son étendue et ses divisions territoriales, ses orgar nismes, les conditions d'existence du clergé inférieur, prêtres, moines des prieurés ou simples laïques, et celles des chapitres ou des confréries, corps si nombreux dans ce diocèse et dont quelquesuns seulement ont fait l'objet de 1 son examen ; de telles notions préalables à l'étude de la réforme elle-même,eussent été dénature à la rendre plus claire et plus sensible (1).

La remarque ne manque pas de justesse ; et M. Aulagne avait bien senti lui-même l'utilité d'un travail de cette nalure, car il a ajouté à son livre une deuxième partie, une série de chapitres où il traite successivement de l'organisation du chapitre de la cathédrale,, de celle du clergé paroissial et de son ministère, de l'adminislration des sacrements, du temporel el du budget des cultes, du personnel des églises et des communautés de prêtres ; d'autres chapitres ont trait au prosélytisme catholique vis-à-vis des protestants, aux confréries de Pénitents, à la Compagnie du Saint-Sacrement, etc.

Cette seconde partie de l'ouvrage est elle-même suivie d'appendices assez copieux où l'auteur initie ses lecteurs à diverses questions du temps qui peuvent paraître de nos jours assez obscures, par exemple au débat séculaire entre les évêques et le chapitre de la Cathédrale au sujet du privilège d'exemption ou de l'archidiaconé de Malemort; et aussi à l'état de l'instruction publique à ses divers degrés dans la province.

(1) Notice de M. Alfred Leroux, Annales du Midi, 17e année, n° 67, juillet 1905.


472 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Cet exposé de la vie ecclésiastique, qui touche par tant de côtés à la vie sociale, a sans doute été traité en termes généraux et un peu sommaires. C'est un aperçu d'ensemble, sans caractère vraiment documentaire ; l'auteur qui avait conçu le plan de son ouvrage sur les bases que l'on sait, a craint d'allonger d'une façon démesurée un ouvrage qui compte déjà 650 pages. Un nouveau volume serait sans doute nécessaire pour donner satisfaction au desideratum ainsi exprimé. Ce volume, cette étude complémentaire et dans une certaine mesure explicative, il est permis de la souhaiter dans un avenir assez prochain et de l'attendre de M. l'abbé Aulagne, qui est mieux désigné que personne pour l'écrire.

Mais ne serait-il pas un peu excessif qu'une préoccupation de ce genre fit oublier même un seul instant les mérites très remarquables du livre lui-même? Celui-ci, par l'ampleur de son cadre, son abondanle documentation, la richesse des informations et sa lecture facile du reste, apporte à l'histoire du Limousin une des plus fortes contributions qu'elle ait reçues; grâce à lui, cette province qui passait pour une des plus déshéritées en ce XVIIe siècle, qui même sous d'autres rapports garde encore une physionomie assez effacée et assez terne, cette province a sa page, une belle page, des plus honorables au point de vue religieux et de celles que d'autres contrées pourraient peut-être lui envier. C'est assurément pour l'auteur un titre indiscutable à notre reconnaissance que de l'avoir ainsi mise en lumière, et celte reconnaissance ne saurait lui être refusée ni par les amis de l'érudition, ni par les bons catholiques, ni par tous ceux qui ont un souci quelconque de l'histoire du pays et de ses destinées.

Camille JOUHANNEAUD.


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

SÉANCE DU 30 JANVIER 1906

Présidence de M. le Dr Fournie» président

Présents : MM. le Dr Fournie, d'Abzac, Anberl Berger, Boulaud, Courtot, F. Delage, Ducourtieux, Gérard, Camille Jouhanneaud, Laguérenne, Leroux, B. Mayéras, S. Mazeaud, commandant de Kessling, abbé Pénicaud, Touyéras et Wottling.

Il esl donné lecture du procès-verbal de la dernière séance, adopté après quelques observations.

Sont présentés comme membres de la Société :

M. le marquis d'Ussel, ancien officier de cavalerie, par M. Courtot et capitaine de L'Hermite.

M. Samuel Lacotle, étudiant en droil, rue des Halles, 2, par MM. Courlot et Henri Charles-Lavauzelle.

Il sera procédé, conformément aux statuts, au scrutin sur leur élection à la prochaine réunion.

Sur l'observation que la date habituelle de la prochaine séance concorderait avec le mardi gras, il est décidé qu'elle aura lieu le samedi 24 février, à l'heure habituelle.

Le Président informe la Société qu'il a reçu une communication du ministère de 1'Instruclion publique et des Beaux-Arts annonçant le 44" Congrès des Sociétés savantes qui s'ouvrira à Paris, le mardi 17 avril, à deux heures. Des billets de chemin de fer à prix réduils seront délivrés aux congressistes. La Société est invitée à faire connaître les noms de ses délégués.

Le ministre des Beaux-Arts a accueilli favorablement une demande de la Société tendant à obtenir l'autorisation pour M. Courtot, l'un de ses membres, de prendre copie des fresques de la crypte de la cathédrale.

M. Ducourtieux présente un christ en ivoire, trouvé il y a cinq ou six ans par M. Mathieu Dubois, propriétaire à Saint-Lazare, en creusant les fondations d'une maison. Ce christ mesure 15 centimètres de hauteur; il est sans bras et porte, malheureusement, plusieurs traces de mutilations.


474 SOCIÉTÉ AUCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIItfOUSIN

La couronne d'épines a été enlevée au moyen d'un instrument tranchant; le nez et les orteils ont élé endommagés. L'expression du visage est admirable el l'analomie très étudiée. Les cheveux sont parfaitement traités ainsi que la draperie qui entoure la ceinture, retenue sur le devant par une corde finement tressée. L'attitude et les détails font songer aux sculptures de la Renaissance. On voit du reste par la teinte de l'ivoire que cette pièce est très ancienne. Signalons que ce christ est à vendre.

M. le chanoine Lecler fait présenter une thèse de philosophie soutenue au Collège de Limoges, en juillet 1690, par Léonard Mounier, de Limoges, et Pierre de La Farge de Siiieix, de Treignac. Elle est imprimée sur une étoffe de soie par Pierre Barbou, imprimeur du Collège. Dans sa partie supérieure, un cadre de forme ovale renferme le buste d'une Vierge en extase; au bas on voit la signature : Stephanus Gantiel excudit. Le texte latin est imprimé au milieu d'un cadre de 0m41 sur 0m53. Elle est dédiée à M. Antoine Goudin, écuyer, conseiller du roi, président trésorier général de France à Limoges. Ses armes, que l'on voit plus bas, sont : d'argent au chevron de gueules, accompagné en chef de deux corneilles affrontées de sable, et en pointe d'une nef équipée de même, voguant sur une mer d'azur.

Ce sont les mêmes qu'il fit enregistrer en 1696.

Antoine Goudin avait été élu juge à la Bourse de Limoges en 1666 et 1673. Son fils, Pierre-Joseph Goudin de Laborderie, lui succéda clans la charge de président trésorier général, el son petitfils, Martial Goudin de Laborderie, l'occupait encore en 1772.

Léonard Mosnier ou Mounier appartient à une famille de bourgeois et marchands de Limoges. Il est peut-être (ils de Léonard Mosnier, marchand drapier, ou d'un autre Mosnier, sieur de La Chassagne, qui vivaient en 1690.

M. Mayéras a reçu d'un caporal des bureaux arabes une série de pointes de lances et de couteaux en silex taillé. Les objets formant cette colleclion ont été trouvés au Soudan, sur les routes des caravanes. M. d'Abzac fait remarquer que des découvertes de ce genre ont élé faites dans l'arrondissement de Rochechouart.

M. Mayéras présente également des photographies représentant des vues prises aux ruines de Cedrata.

Le Secrétaire général mentionne le don, parMmede Roffignac, de papiers du XVe siècle concernant le lieu deQuinsac, près Balledent.

Publications offertes à la Société (1) depuis la dernière séance :

(1) Dans cette revue mensuelle des publications nouvelles, il est tenu compte non seulement de celles qui sont adressées à notre Société, mais encore de toutes celles dont le secrétaire a pu avoir connaissance par une voie ou par une autre.


PROCES-VERBAUX DES SEANCES 47&

Histoire d'une frontière. Aigutatlde depuis l'époque gauloise jusqu'à nos jours, par Gabriel Martin, correspondant de la Société nationale des antiquaires de France. — Guéret, imp. Amiault, 1905.

Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques, congrès des Sociétés savantes de 1904, tenu à Paris, contenant notamment un mémoire de M. Turquan sur l'immigration des provinciaux à Paris et leur répartition par quartiers, avec une carte de l'immigration des Creusois à Paris.

Almanach limousin, publié par Paul Ducourtieux, pour l'année 1906, contenant les articles ci-après : L. Guibert : Les communes en Limousin ; A. Lecler : Dictionnaire historique et géographique de la Haute-Vienne ; C. Jouhanneaud : Le pont Saint-Etienne; C. Leymarie: L'ancienne vie limousine; L. Dessales : Changements à Limoges depuis cent ans; O. d'Abzac : Le Palais, près Limoges; Tixier : Les porcheries en Limousin ; G. Garrigou-Lagrange : l'année météorologique; Revue de l'année limousine.

M. F. Delage signale trois volumes récemment parus et qui intéressent le Limousin; leur auteur, M. Alexandre Bonnin de Fraysseix, bien que né et mort à Fontenay-le-Gomte, élait Limousin par son père. M. Bonnin de Fraysseix avait déjà publié deux pièces de théâtre en prose : Un drame pendant la guerre et A la fin d'une partie. Selon le désir qu'il avait exprimé avant sa mort, des soins pieux viennent de faire imprimer deux oeuvres posthumes, une comédie en un acle : Fragilité, aimable bluelte de salon, et deux volumes de vers : Les Rimes. L'inspiration de cette dernière oeuvre est assez variée. Le style ne manque pas de souplesse ni même d'harmonie. C'est la note amoureuse, surtout dans les méditations mélancoliques, à l'automne de la vie, qui paraît avoir le mieux inspiré le poète. On y sent parfois un accent de sincérité et d'émotion qui rachète la banalité de maintes pièces.

M. Touyéras, trésorier, présente ensuite le compte rendu de la situation financière de la Société.

M. d'Abzac fait une série de propositions relatives à des questions d'ordre intérieur et d'administration de la Société.

Le Président en prend bonne note et pour procéder à leur examen détaillé il réunira, avant la prochaine séance, le conseil d'administration, de la compétence duquel elles dépendent.

LECTURES. — M. Delage donne lecture de la communication faite à la Société par le comte de Fontaine de Resbecq, ancien officier de cavalerie, habitant actuellement Cussac, sur Louis-Jean-Ange PoisT.

PoisT. 31


476 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

son de la Chabeaussière (1710-1795), gouverneur de Mirabeau (1753-1763), directeur des mines de Glanges (1763-1781) et présidenldes tribunaux de conciliation de la baronnie de Pierrebuffière, créés par le marquis de Mirabeau.

La famille Poisson était originaire de l'Anjou et portait pour armoiries : d'azur à un cor de chasse d'argent traversé d'un poisson d'or avec la devise : Ridet maris iroe. Louis-Ange Poisson lit ses éludes au Collège des Quatre-Nalions; e.n 1743 il épousa Mlle Malabiau de la Fargue. Il fut un h umaniste distingué, avec les défauts el les qualités de son époque : sceptique, mais galant homme. Il entra chez le marquis de Mirabeau pour y faire l'éducation du grand orateur Henri-Gabriel, et ensuite celle de son frère. Après avoir exercé la charge de président des tribunaux de conciliation de Pierrebuffière, il fut nommé directeur de l'hôpital de Bayeux. Il mourut en 1795, au château de Cassou, près de Beaumont.

A l'aide de chroniques connues et de textes inédits, M. A.Leroux a entrepris d'examiner à nouveau la question du sac de la Cité de Limoges par le Prince Noir, en 1370. De cet examen est résulté un long mémoire; l'auteur nous en lit la partie qui a trait à la légende dont l'événement en question est devenu le centre. Il ramène cette légende a trois sources : les exagérations populaires dont Froissart s'est fait plus d'une fois l'écho, les confusions de personnes et de lieux commises par les chroniqueurs du temps ; enfin, les interprétations arbitraires que les lettrés du XVIe el du XVIIe siècle ont souvent données aux documents. Il n'y aurait peut-être point lieu, dit M. Leroux, de s'arrêter à ces mulliples erreurs, si beauccp n'avaient trouvé accueil auprès des historiens modernes les plus réputés : Michelel, Henri Martin, Guizot, etc. Les signaler pour les combattre, c'est donc faire oeuvre utile.

Après la lecture de M. Leroux, sur l'héroïque défense de la cité de Limoges, M. Courlot présente une de ses oeuvres rappelant également ce qu'on est convenu d'appeler dans l'histoire « les grandes journées d'une ville ».

Ce tableau nous place en pleine histoire contemporaine et, comaiu le poète, il nous faut dire :

France, dans ton histoire, ils tiennent trop de place ; France, gloire aux nouveaux !

Cette page de notre histoire vécue, celle peinture nous rappelle les tristes journées de troubles de l'an dernier. Nous sommes sur l'ancienne route d'Aixe, le 15 avril 1905.

A l'aide de croquis pris sur le vif, le 16 au malin, l'artiste a pu reconstituer une de ces barricades, dont il a pris la semaine suivante le paysage d'après nature.


PROCES-VERBAUX DÉS SEANCES 477

C'est la première, en venant du faubourg, celle si habilement construite par des professionnels à l'aide d'échelles, grandes et petites, futailles, poutres, perches, fagots et fascines, le tout relié par des harts et des fils de fer.

Les constructeurs, comme nous le montre le tableau, avaient pris soin de couronner leur oeuvre d'un magnifique bouquet et de deux écrileaux : Terrains à iwndre; s'adresser ici. — Touze à pendre.

Relevé sincère et tableau consciencieusement exécuté, cette oeuvre restera comme document, aussi frappant que tout autre monument écrit.

La séance est levée à dix heures et demie.

Le Secrétaire adjoint, René LAGUÉRENNE.

SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1906

Présidence de M. le DT Fournie, président

Présents : MM. d'Abzac, Courtot, Ducourtieux, Duvoisin-Mazorie, Dr Fournie, C. Jouhanneaud, Laguérenne, A. Leroux, Mariaux, Mayéras, S. Mazeaud, Moufle, Royer, Touyéras et Wollling.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Il est aussitôt procédé à l'élection de M. le marquis d'Ussel, présenté par MM. deL'Hermitte et P.-L. Courtot,— et à celle de M. S. Lacolle, étudiant, présenté par MM. P.-L. Courtot et Henri CharlesLavauzelle. Ces deux candidats sonl élus à l'unanimité.

Sur la proposition de M. A. Leroux, M. Camille Chabaneau, correspondant de l'Institut, ancien professeur de philologie romane à la Faculté des lettres de l'Université de Montpellier, est nommé à l'unanimité membre honoraire de la Société, en reconnaissance des services qu'il a rendus à nos études provinciales par sa Grammaire limousine (1876) et son édilion du Cartulaire du consulat de Limoges (1895).

Sont délégués au prochain Congrès des Sociétés savantes à Paris : MM. A. Berger, Courtot, F. Delage, Duvoisin-Mazorie, A. Leroux el l'abbé Pénicaul.

M. le Président donne lecture du programme du Congrès inter-


478 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

national d'anthropologie et d'archéologie préhistoriques, qui doit se tenir à Monaco du 16 au 22 avril prochain.

Il a été décidé, après un rapport de M. C. Jouhanneaud, que, par des motifs de prudence, les dépenses de publication des futurs Bulletins seraient restreintes désormais dans les limites des ressources annuelles; et que, en outre, au début de chaque année, il serait présenté, en même temps que le compte de l'exercice écoulé, un projet de budget pour l'exercice nouveau.

A la suite de cet exposé, les comptes du trésorier, présentés à la précédente séance, son approuvés.

M. Leroux informe la Société que, sur sa demande, M. Rouveroux, entrepreneur, a fait transporter au Musée Adrien Dubouché trois des quatre corbeaux ornés de figurines qui avaient été placés, à une époque récente, sur le portail principal de l'immeuble Lemaistre, faubourg Saint-Antoine, actuellement en démolition. Le quatrième a été conservé par le propriélaire.

Il y aura lieu de prendre une mesure analogue en faveur de l'immeuble Marmignon, de la place des Bancs, qui semble destiné à disparaître d'ici quelque temps.

M. Franck Delage signale (d'après l'édition française du NewYork Herald, du 13 février dernier) la venle faite par l'hôtel Drouot à un M. Jouradeau, pour le prix de 27,000 francs, d'un grand plat ovale, en émail peint de Limoges, atlribué à notre Pierre Reymond, et décoré en grisaille de compositions allégoriques empruntées à l'ancien et au nouveau Testament.

M. J. Bellet, notre confrère de La Souterraine, envoie la copie d'une courte relation, trouvée dans les registres paroissiaux de la localité et se rapportant au passage de Henri IV le 24 octobre 1605. La Société remercie son correspondant, qai a si souvent enrichi le Bulletin de communications de ce genre.

M. Ducourtieux présente un traité d'agriculture imprimé à Fontenay en 1773 el qui offre cette particularité d'être recouvert d'un papier de tenture, style Louis XVI, fabriqué à Limoges. On lit en effet sur la bande celte inscription : « A la porte Manigne, à Limoges. » Le nom du fabricant manque. Nous avons là un échantillon du papier que fabriquaient les cartiers de Limoges par un procédé primitif et économique appelé le frotton.

Invité à rendre compte des publications nouvelles qui intéressent le Limousin, le Secrétaire général énumère les suivantes :

l°Le Bulletin de la Société des lettres de Tulle (1905, 4e livr.), qui, celte fois, ne contient que des suites;

2° Le Bulletin de la Société archéologique de Br'ive (1905, 4e livr.), contenant un important article de M. E. Rupin, sur le château el


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 479

la seigneurie de Cazillac; et une étude de M. le Dr G. Hervé, sur un transformiste oublié, Cabanis, originaire du Bas-Limousin ;

3° Le Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque communale de Limoges, par M. B. Mayéras. C'est un supplément, qui ne compte pas moins de 118 numéros, à celui qu'a donné M. C. Leymarie, dans le t. XLI du Catalogue général des manuscrits de France, pour faire suite au catalogue principal publié par M. Guibert (ibid., t. IX);

4° La Corporation de MM. les Bouchers de Limoges, par M. Joseph Petit, avocat à Saint-Yrieix. Après MM. Henri Ducourtieux, Adrien Delor, de Moussac, Paul Verdier et H. Bernadou, l'auteur a su renouveler quelques parties de ce sujet en étudiant les causes de la survivance de cette corporation à la loi de 1791, et ses transformations modernes;

5° L'Annuaire Dumont pour 1906, oùl'on trouve la liste des sénateurs et députés de la Haute-Vienne depuis 1852; celle des préfets, généraux, évêques, premiers présidents, procureurs généraux et chefs de service du département depuis 1800, et enfin un grand nombre de notice historiques sur les institutions et établissements publics qui ont leur siège à Limoges.

Le Secrétaire général signale encore :

6° L'Annuaire de l'Ecole des hautes études pour 1906, où il est fait mention (p. 67) du cours professé par M. Jules Roy sur les institutions communales du centre de la France, particulièrement celles de Limoges, Tulle, Brive, Saint-Yrieix, etc., d'après les documents publiés par nos Sociétés locales;

7° Le Bulletin monumental (dernière livraison de 1905), où M. R. de Lasteyrie examine la question de savoir si la déviation d'axe, observée dans tant d'églises du moyen âge, est symbolique, et conclut à la négative par de solides arguments.

M. Woltling, qui est d'un avis contraire, regrette que M. de Lasteyrie n'ait pas pris en considération la petite église de Saint-Just (Haute-Vienne).

L'ordre du jour appelle la lecture du mémoire de M. René Fage sur un terroriste du XVIIe siècle, l'intendanl Etienne Foullé, que MM. Fray-Fournier et A. Leroux avaient déjà signalé à l'attention de leurs confrères. C'est, en effet, une curieuse figure que celle de ce représentant du pouvoir central au temps de la Fronde. Envoyé en Limousin pour s'enquérir des malversations, violences, fraudes et abus de tout genre qu'y commettaient les agenls du roi et les gens de guerre, Foullé fait preuve d'abord d'une dureté excessive, d'une injustice el d'une avarice extrêmes, qui ne répondent en rien aux intentions du pouvoir central, el il se comporte partout en véritable oppresseur des populations.


480 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Cette tyrannie dura près de deux ans (1649-50), enrichit son auteur et lui permit d'aller finir tranquillement ses jours en Bretagne.

M. Fage nous raconte cette histoire par le menu, à l'aide de documents contemporains puisés pour la plupart à la Bibliothèque nationale et mis en oeuvre d'une manière agréable autant que judicieuse.

M. Leroux donne ensuite communication, au nom de M. Roger Drouault, de la suite de sa longue monographie du canton de SaintSulpice-les-Feuilles. Il s'agit aujourd'hui de la commune des Grands-Chézeaux, que l'auteur a éludiée sous tous ses aspects, principalement à l'aide des registres paroissiaux, des minutes notariales et de quelques papiers particuliers.

Il en explique le nom, en scrute les origines, en décrit les plus vieux logis, el rappelle quelques événements intéressants.

La séance est levée à dix heures et demie.

Le Secrétaire général, Alfred LEROUX.

SÉANCE DU 27 MARS 1906

Présidence de M. le Dr Fournie, président

Présents : MM. d'Abzac, Aubert Berger, Boulaud, Collet, Courtot, F. Delage, Ducourlieux, Dr Fournie, Fusade, C. Jouhanneaud, de Kessling, R. Laguérenne, A. Leroux, Maurat-Ballange, Royer, Ruchaud, Vandières de Vitrac.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté après quelques rectifications.

Le Secrétaire général rend compte des publications nouvelles adressées à la Société.

1° Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, tome LV, 2e livraison, conlenant une communication de M. Antoine Thomas sur Gouffier de Lermite, capitaine de Chalucet au XV* siècle ; une étude de M. le chanoine Lecler sur Château-Chervix ; une autre sur la confrérie de N.-D.-la-Joyeuse, par M. Franck Delage; monographie de Saint-Sulpice-les-Feuilles, par M. Drouault; catalogue des manuscrits de la Bibliothèque communale de Limoges, par M. Mayéras; la chapelle de l'hôpital de Limoges (notice descrip-


PROCÈS-VEBBAUX DES SÉANCES 481

tive par M. Wotiing el notice historique par M. Leroux); notaires artistes (notice et dessins par M. Courtot); les voies romaines en Limousin, par M. Ducourtieux; généalogie de la maison de La Faye, par M. Toumieux; excursion à Crozant, par M. René Laguérenne, et diverses communications faites au cours des séances;

2° Les lépreux et les léproseries de Limoges, par feu Louis Guibert;

3° Recueil d'armoiries limousines, de Philippe Poncet, peintre et émailleur, publié par MM. le chanoine Lecler et Louis Guibert;

3° Bulletin historique et philologique (année 1905, noa 1 et 2), contenant une communication de M. Alfred Leroux : « Processions demandées par le roi Louis XI aux religieux de Saint-Léonard en 1479 »;

Lemouzi, n° de mars 1906, organe de la Fédération provinciale du Limousin, avec un article de M. Fray-Fournier : « Une académie de province ». Il s'agit de l'académie d'Ambazac, simple plaisanterie ;

The Crockery and Class Jovrnal, journal américain du 14 décembre 1905, contenant deux vues de Limoges : l'une de la Cathédrale et de l'ensemble de la Cité; l'autre de la place Tourny.

Dans ce numéro, un article est consacré à Limoges. L'auteur, sans s'appuyer sur aucun document, donne à la vieille cité un acte de naissance respectable, mais non moins contestable. Limoges, dit-il, existe depuis 3345 ans (?). Comme centre de poterie, la ville a toujours joui d'une réputation brillante, même dans le temps des vieux Romains, avant que la Grande-Bretagne ait été découverte.

Dans le numéro du 11 janvier 1906, on lit : « Quand saint Eloi fut premier ministre du roi Dagobert, Limoges devint le centre de la France pour la fabrication de la bijouterie. A cette époque, la fabrication en poterie atteint une extension importante. On rencontre encore souvent des pots de ce temps-là, mais le vernis ne s'y trouve plus. »

COMMUNICATIONS. — M. le Président donne connaissance d'une lettre de M. Chabaneau, correspondant de l'Institut, ancien professeur à la Faculté des lettres de Montpellier, qui remercie la Société de l'avoir mis au nombre de ses membres honoraires.

M. Leroux signale un ouvrage intéressant pour nous en ce qu'il concerne la Haute-Marche : c'est le Mémoire de la généralité de Moulins, par l'intendant J. Le Vayer (1698), que vient de publier M. Flament, archiviste de l'Allier. On y trouve d'utiles indications sur Guèret, Aubusson, Felletin, Evaux, Chénérailles, La Com-


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braille, etc. Ce mémoire est plus copieux que celui de M. d'Argouges (1686), qui fut publié par M. Vayssière en 1892.

M. F. Delage signale deux petits faits intéressant l'art limousin à la vacation de la vente Hakki-bey, qui a eu lieu à l'hôtel Drouot, le 8 mars dernier. M. Bacri a payé 4.920 francs une réserve eucharistique en forme de colombe, en cuivre champlevé et émaillé de Limoges, du XIIIe siècle, annoncée avec des parties modernes et des restaurations. Une figure de Christ de môme travail a atteint 1.560 francs dans la môme vacation.

M. Collet présente deux fragments de poterie représentant des épisodes de la parabole de l'enfant prodigue. Il est à remarquer que les personnages de ces scènes bibliques portent des costumes du temps de Louis XIV. Ces anachronismes ne sont pas rares en Allemagne et en Suisse, et il y a lieu de supposer que ces poteries, datant du XVIIe siècle, proviennent de poêles faits en Allemagne et sont une exportation de ce pays.

M. le commandant de Kessling signale une découverte faite à Salas, commune de Linards, par un fermier du pays qui a trouvé sous une dalle environ 1.600 pièces debillon et cuivre, enveloppées dans une toile.

Ces monnaies ont été examinées par MM. de Kessling et Royer. Ellesoffrentunegrande variétéd'originesetuneintéressante diversité de types. On y trouve des pièces inédites sortant des ateliers de Limoges et remontant aux règnes de Charles VIII, Louis XII, François I" et Henri II. M. de Kessling en fait une description détaillée. M. Ducourtieux présente une pièce d'argent de Vespasien, avec une Cérès assise au revers. Celte monnaie a été trouvée dans la forêt de Rochechouart, ce qui s'explique aisément, puisque la voie romaine de Limoges à Saintes traversait cette forôt.

M. d'Abzac demande qu'à l'avenir les tirages à part de travaux extraits du Bulletin portent la mention : « Extrait du Bulletin de la Société archéologique du Limousin >>. La proposition, mise aux voix, n'est pas acceptée.

M. Boulaud fait une lecture sur les origines du cimetière de Louyat. La création de cette nécropole avait pour objet de parer aux dangers que créaient à la santé publique les inhumations dans les églises. Le cimetière fut inauguré au printemps de l'année 1806. Dès l'année 1776, une énergique campagne de presse avait été menée contre les inhumations dans l'enceinte des églises. Une réunion de l'épiscopat eut lieu, et une déclaration de Louis XVI, du 19 novembre 1776, proscrivit cette coutume. La défense s'étendit aux chapelles des cloîtres. Quelques infractions très rares se produisirent, mais on n'en trouve plus de répétition après l'année 1780.


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 483

Le terrain actuel appartenait aux sieurs deLouyat et il y avait un manoir qui portait ce nom. La chapelle du cimetière a été édifiée vers 1821. En 1853, l'aumônerie des dernières prières fut confiée aux religieux franciscains, qui prirent possession de leur couvent le 20 avril 1854. En 1867, leur traitement fut supprimé, et, en 1880, ils furent expulsés à la suite des décrets. Aujourd'hui, le service de l'aumônerie du cimetière est confié à des prêtres libres du diocèse.

M. Boulaud, dans rénumération des quinze paroisses de Limoges, ayant fait figurer celle de La Bregère. M. Leroux demande s'il est légitime de la comprendre parmi les paroisses de la ville avant la Révolution. Il fait remarquer que La Bregère est toujours dite « près Limoges » dans les registres d'inhumations ecclésiastiques et figure à part dans le Pouillé du diocèse de 1773.

M. Leroux donne lecture d'un curieux document duXVIIP siècle, dont M. Hubert Texier vient de faire don aux Archives départementales. C'est un mémoire pour la confrérie des Pénitents blancs d'Eymoutiers contre le sieur Brunerie, curé de la ville, mémoire qui nous initie aux petites querelles ecclésiastiques du temps. M. Texier y a joint la transcription d'une satire en vers dirigée contre le môme curé, appelé le « bon doyen ». Ces deux pièces se ressentent grandement des passions du temps.

M. Camille Jouhanneaud, continuant la lecture de ses notes pour servir à l'histoire de la musique et du théâtre à Limoges au XIXe siècle, étudie d'abord le rôle de ce dernier pendant la période de 1815 à 1830. Dans son travail, d'un caractère surtout documentaire, il constate que la ville avait chaque année sa saison dramatique et presque toujours une saison lyrique, celle-ci commençant d'ordinaire au mois de mai pour se terminer en septembre et quelquefois à la fin de l'automne. Malheureusement, la chronique est très inégale dans ses comptes rendus, tantôt laconique,ou même muette pour les premières années notamment, tantôt très abondante de détails et de renseignements. Les années 1824,1826,1828, en particulier, présentent beaucoup de faits à relever; elles nous révèlent aussi certains conflits et les exigences de la critique vis-à-vis des acteurs. La formation d'une bonne troupe lyrique a été de tout temps une entreprise difficile en province. D'après les critiques, il est permis d'admettre que celles du théâtre de Limoges, à cette époque, étaient assez complètes, mais n'étaient pas toujours satisfaisantes. Souvent, à côté de quelques bons sujets, il y en avait de médiocres et même de mauvais. L'ensemble, les choeurs, l'orchestre lui-même étaient défectueux. Cependant, les censeurs, même sévères, relèvent de temps à autre quelques bonnes représentations. D'ailleurs les imperfections ou les défaillances de la


484 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

troupe sédentaire étaient compensées assez fréquemment par des passages d'artistes parisiens, dont quelques-uns comptaient parmi les célébrités du temps. La séance est levée à dix heures et demie.

Le Secrétaire adjoint, René LAGUÉRENNE.

SÉANCE DU 24 AVRIL 1906

Présidence de M. C Jouhanneand, vice-président

Présents : MM. Boulaud, Gérard, G. Jouhanneaud, A. Leroux, Louis-Martin delà Bastide, Mayéras,Royer et Victor Vandermarcq.

Excusé : M. le Dr Fournie.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après quelques rectifications.

Le Président fait part à ses confrères de la mort de M. Rogues de Fursac, notaire à Aixe-sur-Vienne, décédé le 14 avril dernier. Il rappelle que le défunt était des nôtres depuis quarante-huit ans et avait toujours porté un sincère intérêt à nos travaux. La Société adresse à la famille l'expression de ses vives condoléances.

M. de Fontaine de Resbecq, ancien officier de cavalerie, domicilié à Gussac (Haute-Vienne), est présenté comme membre titulaire par MM. le Dr Fournie et Ducourtieux.

Il sera voté sur son admission à la prochaine réunion.

Il est donné communication d'une circulaire de la Société française d'archéologie annonçant que sa 73e session aura lieu les 22-30 mai prochain, à Carcassonne et Perpignan. Le programme de ses réunions et excursions est à la disposition des membres de notre Société.

Le Journal Officiel du 19 avril dernier rend compte de la lecture faite au Congrès des Sociétés savantes de Paris d'un mémoire de M. A. Leroux sur la légende relative au sac de la cité de Limoges par le Prince Noir. Un auditeur ayant demandé si l'on ne devrait pas chercher un moyen terme entre le massacre général dont a parlé Froissard et le simple pillage dont parle l'auteur du mémoire, M. Leroux répond que ce moyen terme est fourni par une de nos chroniques locales, qui fixe à 300 (et non à 3.000) le nombre des .victimes.


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 48S

M. C. Jouhanneaud signale, d'après l'Echo de Paris du 8 avril, quelques-uns des résultats de la vente Schévitch, dont le produit s'est élevé à 595.398 fr. Une décoration de rétable composée de neuf plaques d'émaux peints, attribuées à notre Pierre Reymond,a été vendue 30.000 fr. Deux volets d'un triptyque représentant, l'un l'archange Gabriel, l'autre la vierge Marie, oeuvre de Nardon Pénicaud, ont été adjugés au prix de 12.000 fr. Enfin, deux grandes plaques de Pierre Reymond, représentant une Descente de Croix et une Mise au tombeau, ont été vendues 14.000 fr. chacune. Il est possible que, parmi les pièces d'orfèvrerie décorées d'émaux champlevés, nos artistes limousins puissent revendiquer quelques produits de leurs ateliers.

Dans la séance du 24 avril 1904 (voir Bulletin t. XLIX, p. 610), M. Leroux avait présenté un curieux parchemin de nos Archives départementales (fonds du chapitre cathédral) mesurant 0m75 sur 0m49.11 fait circuler une autre pièce du même genre provenant du fonds de l'évêché (G. 142) et dont les dimensions inusitées atteignent 0™92 sur 0mS8. C'est un accord relatif à la prévôté de La Jonchère, conclu en 1490 entre Jean Ier et Jean II Barton de Montbas, évêques successifs de Limoges, et qui vient d'être publié intégralement dans le tome X des Archives historiques du Limousin.

M. Hemma Prosbert (que les notaires de l'arrondissement de Saint-Yrieix connaissent mieux sous le nom de Halary) a publié jadis, chez Flammarion, plusieurs ouvrages parmi lesquels deux romans limousins : Almodis, Toinon et Marguy. Les critiques n'en ont point dit de mal et les compatriotes de l'auteur lui ont été reconnaissants d'avoir montré que le cadre limousin peut se prêter à tous les tableaux. Aujourd'hui, M. Hemma Prosbert nous apporte un volume de Scènes et croquis limousins, où d'une plume facile il marie les souvenirs historiques aux impressions subjectives, les fantaisies de son imagination aux textes juridiques, les chansons gracieuses aux détails réalistes.

A la demande de Tun des membres présents, une discussion s'engage sur le sens que peuvent avoir les mots radoux et caboge qui se rencontrent dans une afferme des droits de courtage établis en 1669 dans la cité de Limoges (Archives historiques, t. X, p. 369) et semblent désigner, l'un des victuailles, l'autre des enduits. Aucune des explications proposées ne paraissant satisfaisante, la question reste en suspens.

Invité à faire connaître ce que les publications nouvelles contiennent d'intéressant pour l'histoire de notre province, le Secrétaire général signale :

Dans la Romania (janvier 1906, p. 106), un court article de


486 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

M. Antoine Thomas, de l'Institut, démontrant que le véritable nom du troubadour limousin que nous appelons Guiraut de Bornelh était Giraut de Borneil (Dordogne) ;

Dans la Revue internationale de l'enseignement (avril 1906), l'annonce de la publication des Mélanges Chabaneau, accompagnée d'une notice sur les ouvrages de M. Chabaneau ;

Dans le Congrès archéologique de France (t. 71, session du Puy» p. 332), la représentation de l'église de Prunières (arr. de Marvejols, Lozère), sur la façade de laquelle on reconnaît un clocher limousin à Iroies baies, dont deux sont géminées et la troisième est située sur le sommet du tympan. Dans ce même recueil, M. Noël Thiollier étudie (p. 506 et ss.) les OEuvres des orfèvres du Puy depuis le XIIIe siècle. Bien qu'il signale (p. 513) un François Guibert venu de Limoges et qui fut le chef d'une nombreuse lignée d'orfèvres du XVIe siècle, l'auteur n'établit point de relations historiques bien probantes entre les artistes du Puy et ceux de Limoges. La question mériterait d'être creusée ;

Dans la Revue des Questions historiques (avril 1906), un article de M. E. Welvert intitulé : « Un soldat d'autrefois : Bugeaud en 1815 ». Le Secrétaire signale encore :

Le Catalogue des émaux du Musée Adrien Dubouché, rédigé par M. Louvrier de Lajolais et précédé d'une instructive préface, que l'on pourrait compléter par un article de notre Bulletin sur la Renaissance de l'émaillerie peinte à Limoges (t. LU, p. 114);

Le tome III des Rôles gascons, dû au zèle de M. Ch. Bémont, professeur à l'école des hautes études. Il y est souvent question du Limousin, de 1290 à 1307;

Les trois beaux volumes consacrés par M. Armand Bretle aux préliminaires delà Révolution, sous ce litre : Recueil de documents relatifs à la convocation des Etats généraux de 1789: La Marche et le Limousin y sont amplement représentés par une foule de documents et de notices qui nous font connaître l'état dernier de ces deux provinces de l'ancienne monarchie aux points de vue ecclésiastique, militaire, financier, judiciaire, etc. L'auteur reconnaît à maintes reprises, le profit qu'il a tiré des publications locales; Un Recueil d'actes notariés relatifs à l'histoire de Paris au XVIe siècle, publié par M. E. Coyecque. C'est un énorme volume de plus de 900 pages, où l'on relève, entre autres choses, la mention, dans un ac'c de 1521, de « ung esluy doré garny d'un peigne d'yvoire, avec ung petit cadran et ung ymaige de Lymoges » (p. 50). M. Royer demande la parole pour signaler quelques erreurs qui se sont introduites dans la description que donne notre dernier


PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES 487

Bulletin des monnaies trouvées en Limousin. M. Royer est prié de vouloir bien présenter une rectification écrite, qui pourra être insérée dans un Bulletin ultérieur.

L'ordre du jour appelle la lecture que M. le capitaine Louis de La Bastide sur le fonds d'archives donné par sa famille à notre Société. M. de La Bastide expose qu'il est en mesure de dresser au profit de notre Bulletin un inventaire général de ces papiers et de ceux qui sont conservés par d'autres membres de sa famille. En ce qui touche les premiers, il fait connaître l'ordre de classement qu'il compte adopter, et qui est à la fois territorial et généalogique. Il signale dans ce même fonds l'existence de documents du XVIIe siècle, relatifs aux comptes du consulat de Limoges, et aux questions de préséance entre les consuls sortants et les consuls entrants ; un registre donnant le relevé des rentes inféodées de la généralité de Limoges, un dossier provenant du présidial de Limoges, des comptes de l'hôtel des monnaies pour les années 1690-93, et enfin une série de liasses concernant diverses familles de la région.

Le Président remercie M. de La Bastide de cette communication. Il estime que l'histoire économique trouvera, plus encore que l'histoire généalogique, profit au travail en préparation. La condition des personnes, l'état des biens, le prix des choses, les salaires des ouvriers, les modes de culture ne se peuvent connaître que par l'étude des chartriers de ce genre.

Poursuivant la lecture du mémoire présenté à la dernière séance, où il avait tracé une sorte d'esquisse de ce qu'était le théâtre à Limoges entre 1815 et 1830, M. C. Jouhanneaud ajoute à ces premiers détails quelques traits plus généraux, relatifs à la valeur des troupes lyriques de cette époque et au goût du public q,ui, sans exclure la bonne comédie, était surtout porté vers l'opéra comique. Il n'admettait guère alors que la musique de l'ancienne école française; le romantisme était encore chose ignorée ou honnie des amateurs, au même titre que le mélodrame qui leur paraissait issu de la même source étrangère. Cependant, quelques pièces nouvelles, le Barbier de Séville, Robin des bois, la Dame blanche, obtinrent dès l'abord un entier et légitime succès.

La critique prenait souvent son rôle au sérieux et disait son fait à tout le monde, au public comme au directeur, à l'orchestre, mais surtout aux acteurs qu'elle malmenait parfois assez vivement. Elle avait aussi des polémiques avec des journaux étrangers, et M. Jouhanneaud en cite deux cas : l'un avec une feuille de Paris, le Corsaire, et l'autre avec un journal de Bordeaux au sujet d'un ballet d'enfants qui fut joué à Limoges en juillet-août 1827.

La situation faite aux artistes était du reste assez précaire, car la


488 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

subvention ou plutôt le secours donné par la municipalité était plus que modique et même nul dans les premiers temps.

M. Jouhanneaud fait ensuite une description de l'ancienne salle de spectacle. Malgré quelques réparations faites en 1824, elle était insuffisante, incommode et malsaine; depuis longtemps, la construction d'un nouveau théâtre était en projet; des résolutions étaient prises, mais ne furent réalisées que quelques années plus lard ; la question d'argent était évidemment la principale pierre d'achoppement. Sur ce point et sur d'autres, la chronique des journaux et les archives locales fournissent quelques détails instructifs.

La suite du travail de l'auteur, dont il donne divers extraits, est consacrée à l'histoire de la musique dans ses autres manifestations : concerts publics et privés, réunions de sociétés, fêtes civiles et religieuses, ainsi qu'à son enseignement, aux institutions et personnalités musicales pendant la même période.

La séance est levée à dix heures et demie.

Le Secrétaire général, Alfred LEROUX.

SÉANCE DU 29 MAI 1906

Présidence de M. le Dr Fournie, président

Sont présents : MM. d'Abzac, Aubert Berger, J. Boulaud, P. Charreyron, Collet, Courlot, Franck Delage, Joseph Dubois, Ducourtieux, G. Guibert, C. Jouhanneaud, Laguérenne, A. Leroux, S. Mazeaud, Puyraud, Royer, Touyéras, Vandières de Vilrac et Wollling.

M. le Président fait part à ses confrères du récent décès de M. Emile Molinier, membre honoraire de notre Société depuis 1901. Le défunt a publié, en collaboration avec M. Leroux, un certain nombre de documents limousins. Il est, en outre, l'auteur d'un Dictionnaire des émailleurs, qui sert de base à toutes les recherches sur l'ancienne émaillerie. Ancien conservateur au Musée du Louvre, M. Molinier était connu surtout comme organisateur du Petit Palais, à l'Exposition de 1900, et comme auteur d'une magistrale Histoire de l'art industriel, dont les quatre premiers volumes ont seuls paru.


PROCÈS-VËRfiAUX DÉS SEANCES 489

M. deFontaine de Resbecq, ancien officier de cavalerie, demeurant àGussac, présenté par MM. le Dr Fournie et Ducourtieux, est admis comme membre titulaire de la Société.

Sur la proposition du Président, il est décidé, après une courte discussion, que l'excursion annuelle de la Société aura lieu le dimanche 17 juin prochain, à Confolens et à Sainl-Germain-surVienne.

M. C. Jouhanneaud informe ses confrères que, après renseignements pris, il n'y a aucun crédit à donner à l'annonce d'une très riche et très artistique découverte archéologique qui aurait été faite récemment dans les ruines du vieux château féodal de Voutezac (Corrèze).

MM. Collet et A. Berger confirment cette appréciation. La bonne foi de la République de Brive et du Courrier du Centre a été surprise par des nouvellistes peu scrupuleux.

Au nom de M. Buisson des Lèzes, conseiller général et maire de Nantiat, M. Leroux annonce qu'on vient de découvrir dans cette commune un souterrain-refuge qui ne figure pas dans la nomenclature dressée par M. Lecler pour la Haute-Vienne. Il serait désirable que M. Buisson des Lèzes voulût bien adresser à la Société un relevé lopographique de ce souterrain.

M. Royer parle de la découverte qui vient d'être faite à Cassepierres (commune de Rilhac-Rancon) de vingt écus d'or de la fin du XVe siècle et du commencement du XVIe. Il présente, en outre, différentes observations au sujet des monnaies d'Azérables décrites par M. Drouault. Cette double communication de M. Royer prendra place dans le corps du Bulletin.

M. Courtot, qui a assisté au dernier Congrès des Sociétés savantes, signale ce fait que M. Demaison, archiviste de la ville de Reims, a entretenu le Congrès d'un joyau fort ancien qui serait l'oeuvre de notre saint Eloi. Il s'agit vraisemblablement, comme l'a fait remarquer M. René Fage, d'une pièce d'orfèvrerie en émail champlevé, comme on en connaît plusieurs de ce temps.

A l'occasion du projet de démolition du Portail-lmbert, M. Leroux demande que la Société s'occupe d'en faire prendre une ou deux photographies. Il constate que, dans son état actuel, ce portail date du XVIIe siècle, et que la terrasse qui le soutient, du côté de la rue Turgot, porte, dans un cartouche rectangulaire faisant face à la porte des Soeurs de la Croix, la date de 1760.

M. Puyraud, avocat à Limoges, fait circuler une plaque de baudrier provenant de l'armée de Gondé et recueillie en Limousin. Cette plaque ovale est de fabrication anglaise, aux armes réunies d'Angleterre, d'Irlande et de France, avec devises et le nom du régiment : Le Royal-Emigrant.


490 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

M. Puyraud donne ensuite lecture d'une lettre de Bugeaud sur la mort de son fils. Cette lettre, adressée au comte de Magnac, à Excideuil, date de 1831. Elle montre les sentiments intimes du vieux soldat, qui avait alors rang de colonel.

M. Pierre Gharreyron communique une autre lettre du même, datée du 14 avril 1841. Bugeaud, alors gouverneur général de l'Algérie, s'adresse à Lamoricière, gouverneur d'Oran, et lui rappelle comment il convient de diriger et de commander l'infanterie placée sous ses ordres pour que, en toutes circonstances, elle ait raison de la fougue des cavaliers arabes. Cette lettre, fort curieuse au point de vue militaire, a été mentionnée par Camille Roussel dans sa Conquête de l'Algérie.

Au nom de M. l'abbé A. Lecler, M. A. Berger fait passer sous les yeux de ses confrères un singulier manuscritde 588 pages, doré sur tranches, reliure in-8° du XVIIe siècle, qui porte au dos : OEuvres du P. Barge, et sur la feuille de tête ce titre détaillé : Sonnets sur les mystères de N.-S. et sur les fêles de la Sainte-Vierge, des anges, apôtres, martyrs, docteurs, confesseur s,vierges,veuves, et autres pièces de poésies de piété par le Père Charles-François Barge, religieux de Grandmont, docteur en théologie. — /•* avril MDCXCIIl. Ce recueil révèle un prêtre pieux et lettré, mais un poète fort médiocre.

M. J. Bellet, membre correspondant à La Souterraine, envoie la copie d'un marché conclu en janvier 1687 entre Jacques Dalesme, seigneur du Breuil, et le sieur Jean David, marchand de Limoges, pour faire flotter sur la Vienne, jusqu'au Naveix, une certaine quantité de bois réunie aux environs dû Dognon. La Société remercie M. Bellet de cette nouvelle communication, qui sera insérée au Bulletin.

M. Ducourtieux résume l'article qu'il vient de consacrer, dans la Revue scientifique du Limousin, à la collection archéologique du Musée Adrien Dubouchê, et rappelle qu'elle doit sa naissance à notre Société. Mais depuis 1869, date à laquelle elle fut cédée à la ville, elle ne s'est pour ainsi dire pas augmentée. Notre confrère appelle l'attention sur deux numéros de cette collection : un monument funéraire d'assez grandes dimensions, découvert à l'angle de la rue de l'Amphithéâtre et du Champ-de-foire, et quatre panneaux décoratifs en calcaire, de la Renaissance, provenant de l'ancien couvent des Carmélites, près la place des Jacobins. La Société voit dans cette double communication la promesse d'un prochain catalogue descriptif de la collection en question et fait appel à la bonne volonté de ses membres pour en faciliter la préparation.

Dans le même ordre de recherches, M. Ducourtieux décrit une


PROCÈS-VËRBAUX DES SÉANCES 49l

statue de sainte Marie-Madeleine qui vient d'être reproduite dans Limoges Illustré (15 mai). Elle provient de l'ancienne chapelle des lépreux de la Maison-Dieu et semble dater du XVe siècle. En pierre calcaire, elle mesure 0°'95 de hauteur sur 0m50 de largeur et porte des traces de peinture polychrome. Cette statue, qui depuis plus d'un siècle était encastrée dans la façade d'une maison du GrandTreuil, est aujourd'hui en la possession de M. Jouvy, mécanicien à la Compagnie du P. 0.

Invité à faire connaître ce que les publications nouvelles contiennent d'intéressant pour l'histoire de notre province, le Secrétaire général signale :

Le Bulletin de la Société des lettres de Tulle (janv. 1906). Outre les suites d'articles commencés précédemment, on y trouve une description des armes d'Ussel, par le baron d'Ussel; — une étude approfondie sur la révolte des Crocquants en 1594, par M. J. Nouaillac, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, — et un fragment de l'histoire municipale de Tulle sous la Révolution, par M. V. Forot, d'après les registres de la mairie;

Le Bibliophile limousin (oct 1905 et janv. 1906), où se lit une étude de M. Précigou sur Rabelais et les Limousins, et une notice de M. de Nussac sur le chanoine Joseph Roux. Dans un article sur les fresques de la chapelle Saint-Martial au Palais des Papes, à Avignon^. R. Fage relève les erreurs de M. H. Frantz et rappelle que l'ouvrage capital sur ce sujet, c'est toujours et uniquement celui de M. Mûntz;

La Revue scientifique du Limousin (mai 1906), où M. Ducourtieux expose les origines de la collection archéologique du Musée Adrien Dubouché;

Un extrait des Mélanges Chabaneau (qui s'impriment à Erlangen, Bavière), dans lequel M. Antoine Thomas établit longuement l'origine limousine de ce Martial d'Auvergne, poète et prosateur de la fin du quinzième siècle, sur le compte duquel on a déjà passablement écrit ;

Le tome X des Archives historiques du Limousin, où sous ce titre, Dernier choix de documents, M. A. Leroux publie soixante-dix-huit lettres et un fort grand nombre de pièces diverses tirées du fonds de l'évêché de Limoges : comptes, chroniques, statuts, chartes, etc., des XIle-XVIII° siècles. Une centaine de pages contiennent des documents empruntés au Archives nationales et relatifs aux réformés des vicomtes de Rochechouart et de Turenne ;

Le Bulletin monumental (t. 70), dans lequel M. R. Fage donne une bonne description, avec quatre planches à l'appui, de l'église collégiale de Saint-Junien ;

T. LVI 32


492 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Limoges Illustré (15 mai 1906;, où M. Ducourtieux s'occupe assez longuement des statues de la Vierge aux carrefours du vieux Limoges. C'est un utile relevé qui ne serait pas déplacé dans notre Bulletin.

Avec une pointe de malice qui pouvait paraître à sa place, un courageux anonyme annonce aux lecteurs de ce même Limoges Illustré que le secrétaire général de la Société archéologique a délivré à l'Académie d'Ambazac un certificat d'existence historique. Mais l'auteur de ce lapsus se confesse lui-même très loyalement en la personne du secrétaire adjoint, qui a signé le procès-verbal. Du coup, voilà l'Académie d'Ambazac plus illustre que jamais.

L'ordre du jour appelle la suite de la lecture de M. Joseph Boulaud sur le cimetière de Louyat, établi en 1805-1806. Noire confrère communique trois documents nouveaux : 1° un acte du 10 juin 1804, aux termes duquel M. Ruaud, propriétaire du domaine de Louyat, cède à la ville de Limoges le terrain nécessaire aux inhumations moyennant l'abandon de l'ancien cimetière desPénilenls-Bleus, joignant l'allée deTourny, et le paiement d'une somme de 3.000 francs. Ces conventions, non agréées par le ministre compétent, furent changées en un prix ferme de 4.000 francs; 2° un décret impérial du 5 juillet 1805, autorisant la ville de Limoges à faire l'acquisition projetée; 3° une ordonnance de Louis XVIII, du 17 janvier 1821, concédant à M. Theurey, directeur de l'enregistrement à Limoges, le droit de faire construire à ses frais, au cimetière de Louyat, une chapelle destinée à l'inhumation de cinq personnes désignées, à condition que le public en jouirait comme lieu de repos et de recueillement, et qu'après le décès de ces ciuq personnes la chapelle appartiendrait à la ville. Cette chapelle de 'Louyat, que tout le monde connaît, a été construite dans le courant de l'année 1821 et ornée de trois peintures sur toile qui ne manquent pas d'intérêt.

M. Camille Jouhanneaud complète les indications par lui données aux précédentes séances sur le théâtre et le rôle de la musique à Limoges pendant la période de 1815 à 1830, par quelques notes concernant l'enseignement (artistes, professeurs ou amateurs) et les institutions musicales de cette époque. L'enseignement avait lieu dans les familles et dans la plupart des maisons d'instruction et d'éducation, notamment au Collège royal, mais d'une manière accessoire aux études ordinaires. Il est permis du reste de constater que les établissements de ce genre et les cours spéciaux étaient alors assez nombreux dans la ville; en 1830, le nombre des institutions ou pensions déjeunes filles s'élevait à quatorze, y compris cinq maisons dirigées par des religieuses.


PROCÈS-VERBAUX DÉS SÉANCES 493

Plusieurs essais furent en outre tentés, mais sans grand succès, pour organiser un enseignement spécial et des écoles de musique. L'un de ces essais fut dû à un musicien fort distingué, M. Maleden, qui renouvela sa tentative quelques années après 1830, mais ne larda pas à quitter Limoges pour se fixer à Paris.

La ville comptait, vers 1824-1826, quinze ou seize professeurs de musique, dont les plus réputés étaient MM. Crémont et Fabre, qui enseignaient le violon. A leurs noms, il faut joindre celui d'un amateur très méritant, Léonard Trompillon, boulanger de profession, qui donnait des leçons de violoncelle et de basse, et avait un certain talent de composition.

En 1827, mourut à Limoges Bonnet-Beauval, qui avait dirigé le théâtre de cette ville depuis vingt-quatre ans ; c'était aussi un bon acteur, instruit et d'un caractère estimable.

Notre confrère termine en donnant quelques renseignements au sujet de la musique de la garde nationale; elle avait remplacé celles de la garde d'honneur et de la cohorte, et avait pour chef et souschef deux amateurs de la ville; elle concourut activement à toutes les fêtes et manifestations musicales, surtout pendant les premières années de la Restauration.

La séance est levée à dix heures et demie.

Le Secrétaire général, Alfred LEKOUX.

SÉANCE DU 26 JUIN 1906

Présidence de M. le Dr Fournie, président

Présents : MM. Aubert Berger, Boulaud, Courlot, Ducourtieux, Dr Fournie, C. Jouhanneaud, Laguérenne, Leroux.

Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la précédente séance, qui est adopté sans observations.

Est présenté comme candidat : M. Othon Péconnel du Chastenet, licencié en droit, demeurant au Theilhol, commune de Chaplelat, par MM. Boulaud et Aubert Berger.

Conformément aux règlements, il sera voté sur son admission à la prochaine séance.


494 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

COMMUNICATIONS. — M. Leroux présente la suite de son inventaire des archives de l'ancien évêché de Limoges (feuilles 17 à 27 in-4°). Cette suite comporte l'analyse des registres d'insinuations ecclésiastiques des XVIe et XVIIe siècles. L'un des mérites de celle collection c'est qu'elle s'applique à la totalité de l'étendue du diocèse. Le Haut et le Bas-Limousin, la Marche et la Gombraille y sont, par suite, amplement représentés.

M. Bonnaud, émailleur, membre de la Société, a fait une expolion des émaux qu'il destine aux expositions de Marseille, Milan et Paris.

Le Secrétaire général rend compte des publications offertes à la Société depuis la dernière séance, en signalant les travaux se rattachant au Limousin et pouvant avoir un intérêt pour l'histoire locale :

Académie des inscriptions et belles-lettres, comptes rendus des séances de l'année 1906. A la séance du 18 mai 1906, M. Thomas adonné lecture d'un mémoire de M. Alfred Leroux intitulé : « Le sac de la cité de Limoges et son relèvement (1370-1464). » L'auteur s'efforce de ramener les événements à leurs justes proportions; il a trouvé dans les archives confiées à sa garde des documents nouveaux qu'il a patiemment et habilement mis en oeuvre ;

Recueil de l'Académie des Jeux floraux pour l'année 1906. On y remarque une délicate poésie de Mlle Suzanne Vergniaud, de Limoges, sous ce titre : La Dordogne ;

Bulletin de la Société les Amis des sciences et arts de Rochechouart (tome XV, n° 1), contenant, entres autres articles, la continuation de l'étude de M. le Dr Marquel sur Rochechouart, les diverses municipalités, les foires et marchés, l'église réformée, les fortifications, le château et même le canon. Les tumulus, par M. À. Masfrand. Etudes et documents sur les fiefs des paroisses formant actuellement l'arrondissement de Rochechouart, par M. Gaumy. Le Puy, par M. Et. Rayet, et Voie antique traversant la ville de Rochechouart, par M. A. Précigou ;

Limoges illustré, numéro du vendredi 1er juin 1906, avec un article sur notre compatriote, M. le docteur Jacquet, et une étude sur la comédie de M. de Pourceaugnac, reproduisant deux compositions du peintre Boucher : M. de Pourceaugnac fuyant devant les clystères et M. de Pourceaugnac et les médecins italiens;

La Revue scientifique du Limousin, numéro du 15 juin 1906, où se trouve la continuation d'une intéressante étude de M. Ducourtieux : La collection archéologique du Musée national Adrien nubouché de Limoges ;

Lemouzi, numéro de mai 1906. Un article de M. Sernin Santy y


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 495

est consacré à la mémoire de M. Marcel Roche (de Brive), l'un des fondateurs de l'école félibréenne limousine, récemment décédé ;

Fragments de Cartulaire du monastère de Paunat fDordogneJ, par MM. R. Poupardin et A. Thomas. Ce monastère était le siège de l'un des prieurés de l'abbaye Saint-Martial de Limoges ;

Les courants aériens dans le bassin de l'Atlantique et les courants marins, par Mgr Rougerie, évoque de Pamiers, notre compatriote. M. le Président, qui présente lui-même cet ouvrage, en fait ressortir la valeur scientifique. Pour la plupart des météorologistes, tous les courants aériens ont pour origine une différence de température; la chaleur solaire serait donc le moteur des courants. En réalité, les grands mouvements sont produits par une cause dynamique, c'est-à-dire par la rotation du globe terrestre. Grâce à un appareil nommé anémogène et imaginé par lui, le savant auteur de la brochure a démontré, avec une précision toute scientique, le bien-fondé de sa théorie. Son ouvrage est d'une lecture agréable et instructive.

M. le Président donne connaissance d'une lettre de M. le Maire de la ville de Limoges l'informant que le Conseil municipal, dans sa séance du 2 juin, a accordé à la Société une subvention de 200 francs. Le Président a déjà adressé à la municipalité des remerciements, auxquels s'associent les sociétaires.

Le Président rappelle que, le 17 juin, la Société a fait une intéressante excursion à Confolens, aux ruines du château de SaintGermain-sur-Vienne, dans la commune d'Esse, et au château de Villevert. L'organisation de la journée, fort agréablement remplie, appartient à M. Aubert Berger, et il y a lieu d'adresser les remerciements de tous à ce dévoué sociétaire.

M. A. Berger présente des fragments de poleries gallo-romaines découvertes dans des démolitions, rue de la Groix-Verle.

Il communique également les photographies de deux plaques de cheminées, dont l'une, aux armes des Fougères, date de 1626; elle mesure 87 centimètres dans sa plus grande hauteur et 62 centimètres dans sa largeur; son poids est de 83 kilogrammes.

L'autre plaque est aux armes des Benoit du Buis; elle provient d'une maison autrefois occupée par les Clairettes, place d'Aine, achetée par l'école Saint-Martial, aujourd'hui collège de jeunes filles; elle mesure 86 centimètres de hauteur sur 61 de largeur; son poids est de 99 kilogrammes.

M. Camille Jouhanneaud donne connaissance d'une lettre qu'un des maîtres les plus illustres de la musique contemporaine, M. SaintSaëns, a bien voulu lui adresser, en réponse à une demande de renseignements, et fort élogieuse à divers titres pour la mémoire


496 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

d'un musicien originaire de Limoges, M. Maleden, décédé à Paris, en 1871, et dont notre confrère a retracé les débuts dans la carrière, à Limoges, au cours de sa lecture sur la musique, dans cette ville, de 1815 à 1830.

L'ordre du jour appelle la lecture de M. A. Leroux sur le relèvement de la Cité de Limoges, après le grand désastre de septembre 1370. S'appuyant uniquement sur les documents du temps, l'auteur examine quelle fut la part des chanoines, des évoques, des consuls et autres pouvoirs publics dans ce relèvement. Il essaie de préciser la date des faits les plus importants et tient pour assuré que le service divin fut interrompu pendant plusieurs mois, non seulement dans les églises paroissiales, mais encore dans la Cathédrale. Il admet comme vraisemblable que les gens de métier furent les premiers à réintégrer leurs demeures, et que, par contre, beaucoup de bourgeois, réfugiés dans Limoges-Château, s'y établirent d'une manière définitive.

La séance est levée à dix heures et demie.

Le Secrétaire adjoint, René LAGUÉRENNE.

SEANCE DU 31 JUILLET 1906

Présidence de M. le Dr Fournie, président

Sont présents : MM. le Dr Fournie, d'Abzac, Martin de La Bastide, Aubert Berger, J. Boulaud, Courtot, Ducourtieux, C. Jouhanneaud, Laguérenne, A. Leroux, l'abbé Pénicaud, Wottling.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Président fait part à ses collègues du décès récent de MM. Emile Fage (de Tulle), Philippe de Bosredon (de Paris) et de Couronnel. Il exprime les regrets qu'éprouve notre Société du départ de ces trois membres et donne la parole à M. Camille Jouhanneaud pour rappeler les titres qu'ils ont à notre souvenir.

M. Emile Fage avait beaucoup écrit, et ses productions littéraires autant qu'historiques concernent toujours par quelque côté le Limousin. Qu'il suffise de citer ses Causeries limousines, ses Portraits du vieux temps, ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, ses Mélanges, portraits et paysages, parus en 190S, à un âge où la plupart des hommes ne songent qu'à se reposer.


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 497

M. Ph. de Bosrêdon était, avec M. E. Rupin, l'auteur de ce bel ouvrage sur la Sigillographie du Bas-Limousin, que connaissent tous les amateurs, et de Notes, rédigées en collaboration avec L. Guibert, sur la sigillographie de la Haute-Vienne.

M. de Couronnel avait, par ses notices sur Magnac-Laval, montré l'intérêt qu'il portait à l'étude du passé.

M. Othon Péconnel du Chastenet, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société.

M. Maurice de Dainvillé, étudiant en droit, domicilié à Cnssac, est présenté comme membre résidant par MM. de Fontaine de Resbecq-et d'Abzac.

Le Président rappelle que douze membres de la Société historique du Périgord sont venus passer quelques heures a Limoges, le 23 juillet dernier. Sous la conduite de M. Ducourtieux, ils ont visité rapidement les principaux monuments de notre ville, puis sont repartis pour Saint-Junien, Chassenon et Rochechouart. Ils se sont montrés satisfaits de leur excursion. (Voir un compte rendu de cette visite dans Limoges Illustré, 1er août 1906.)

Le Président annonce que la municipalité de Limoges vient d'accorder, à titre gracieux, un supplément de terrain pour l'érection du monument Guibert. La cérémonie d'inauguration se trouve donc forcément ajournée de quelque temps encore.

Des remerciements sont adressés à M. Ducourtieux pour le don qu'il vient de faire à la Société d'un certain nombre de journaux modernes des trois départements limousins.

Invité à signaler les ouvrages nouveaux qui, à des litres divers, concernent le Limousin, M. le Secrétaire général signale les suivants :

Le Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t, LVL liv. 1, contenant les articles suivants : Un terroriste au XVIIe siècle : l'intendant Etienne Foullê, par René Fage ; Lettres inédites de Marc-Antoine de Muret, par Franck Delage ; Notes pour servir à l'histoire de la musique et du théâtre au XIX" siècle, par C. Jouhanneaud; Monographie du canton de Saint-Sulpice-lesFeuilles, par R. Drouault; Le sac de la Cité de Limoges et son relèvement, par Alfred Leroux ;

Le Bulletin de la Société archéologique de Brive (1906, lre livr.), contenant un article de M. Louis de Saint-Germain sur le vieux Brive ;

Le Bulletin archéologique du Ministère (1906, lre livr.), où se trouve reproduite une communication de M. A. Leroux sur le Don fait par Charles VII d'un reliquaire au prieuré de Saint-Léonard de NoUdten 1449;


498 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Le Bibliophile limousin, d'avril et juillet 1906, où il faut signaler la fin des recherches de M. Précigou sur Rabelais et les Limousins; le Répertoire, dressé par M. Leroux, des documents de la période révolutionnaire conservés aux archives de la Haute- Vienne (art. 1123 à 1238); un compte rendu par M. Ducourtieux de la brochure de M. Petit sur la Corporation des bouchers, et divers articles nécrologiques (MM. Emile Fage, Marcel Roche et Clochard) ;

Le Limoges Illustré (15 juillet 1906), où Septime l'Ancien nous remémore le projet, vieux de soixante ans, d'une rue centrale à travers le vieux Limoges;

Le Lemouzi (juillet 1906), où le lecteur curieux pourra glaner plus d'un fait intéressant sur les hommes et les choses du pays limousin;

Un tirage à part de l'article publié par M. René Fage dans le Bulletin monumental sur l'Eglise de Saint-Junien ;

Un grand album généalogique de la famille de Gontaut-Biron, donné par l'auteur aux Archives départementales.

M. Antoine Thomas (de l'Institut) envoie deux courtes notices : l'une, parue dans le Journal des Débats du 1er juillet 1906, sous ce titre: Gargantua en Limousin avant Rabelais(l), montre l'intérêt que présente la découverte de ce nom faite par M. A. Leroux dans un registre des Archives de la Haute-Vienne (G. 170) et publiée par lui dans le t. X des Archives historiques du Limousin, p. 291. La mention est de 1471, antérieure par conséquent de plus de vingt ans à la naissance de Rabelais et de plus de cinquante ans à la publication de son oeuvre. Il reste à déterminer quels rapports il peut y avoir entre le Gargantua du Limousin et celui de Rabelais.

L'autre notice est destinée à montrer que certain prieuré a été identifié à tort avec la commune de Mansac, canton de Larche (Corrèze), par MM. Duplès-Agier et Champeval. Ce prieuré, dont le nom s'orthographie Mansat, était situé dans la commune de Bourganeuf (Creuse), et fut réuni, au XIVe siècle, à la chambrerie de Saint-Martial.

M. Thomas rectifie également une autre erreur qui s'est encore affirmée dernièrement, que la commanderie de Paulhac était située dans la Haute-Marche; elle apparlenait au Haut-Limousin, comme toute la paroisse de Saint-Etienne-de-Fursac.

M. Ernest Lyon fait connaître par lettre qu'il mqt la dernière main à son étude sur les corporations de métiers à Limoges et particulièrement celle des boulangers. L'examen des règlements et procès-verbaux de tout genre, rencontrés tant aux Archives de la Haute-Vienne qu'aux Archives nationales, lui permet déjà d'affirmer que les édits de Turgot n'ont eu aucune influence sur notre

(1) A été reproduite dans la Revue des traditions populaires, 1906, p. 338 et ss.


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 499

région et que nos corporations ont continué de vivre jusqu'à la Révolution. Celle des bouchers a même survécu à la loi d'abolition de 1791.

M. Bellet (de La Souterraine) envoie copie d'une lettre de sauvegarde accordée par le roi de Navarre, premier prince du sang (le futur Henri IV), à M. de Montostre et quatre cavaliers de sa suite, « allant et venant en Berry, Marche et Limousin pour ses affaires, l'espace de trois mois ». Cette lettre, datée de La Rochelle,

4 juillet 1588, appartient à M. Georges Dufour.

Membre de la commission que notre Société a chargée récemment de s'occuper du vieux Limoges, M. Aubert Berger fait circuler les photographies qu'il a prises du portail du lycée Gay-Lussac, sis rue du Collège, dans un bâtiment qui porte la date de 1621, et du portail de l'ancien couvent des Filles-Notre-Dame, près la place Fontaine-des-Barres.

Il présente en même temps la photographie d'une plaque de cheminée d'Aixe, datée de 1686, que communique M. Prince. Il signale aussi ce fait assez rare de deux plaques identiques, retrouvées l'une à Limoges, rue Manigne, et l'autre à Uzerche.

Une trouvaille de monnaies romaines a été faite récemment à Bujaleuf, à une profondeur de 50 centimètres. M. Ducourtieux expose que ces monnaies, au nombre de 250 environ, pèsent de

5 à 6 kilogrammes. Ce sont de grands bronzes, recouverts de leur patine, qui reproduisent pour la plupart les types bien connus de Trajan, Adrien, Antonin et des deux Faustine.

L'ordre du jour appelle la lecture du travail de M. Paul-Louis Grenier sur la Cité de Limoges, son évéque, son chapitre, son consulat.

C'est une thèse présentée récemment à l'Ecole des Chartes et pour laquelle l'auteur a fouillé pendant plusieurs mois les fonds des Archives de la Haute-Vienne. Le chapitre dont il est donné lecture a trait au consulat. L'auteur essaie de fixer ses origines; il esquisse son histoire et montre ses attributions. La Cité de Limoges, toujours un peu sacrifiée dans les publications de Louis Guibert, nous sera désormais aussi connue que le Château.

Il est ensuite donné lecture d'une étude de M. Franck Delage sur la confrérie du Psautier ou du Chapelet-Notre-Dame, fondée en l'abbaye de La Règle en 1501. Cette curieuse association, qui avait échappé aux investigations de Louis Guibert, se rattache au culte de la Vierge et à la pratique du rosaire. Les statuts présentent cette particularité qu'ils sont rédigés en français, ne parlent ni de processions, ni d'aumônes, ni d'obsèques, ni même des banquets qui tenaient une si grande place dans d'autres corporations. C'est,


500 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

semble-t-il, un type nouveau de confrérie' de dévotion où hommes et femmes sont admis.

Un court mémoire de M. l'abbé Lecler sur une statue de saint Jean-Baptiste, conservée au village de Soubrevas-Sainte-Claire, près Limoges, est ensuite communiqué à la Société. Cette statue, de facture assez grossière, est en plomb et mesure 0m41 de hauteur. Le personnage est debout sur un socle carré de 0m15 de hauteur et tient de la main droite une croix, de la main gauche un livre. Ce ilernier attribut est anormal et mériterait d'être expliqué. Peutêtre l'artiste a-t-il confondu le Baptiste avec l'Evangélisle. Sur le socle sont reproduites les armoiries de la famille de Villoutreix, dans le syle du XVIIe siècle. Cette statue se trouve aujourd'hui dans l'ancienne maison p'resbytérale de Sainte-Claire.

La séance est levée à dix heures.

Le Secrétaire général, Alfred LEROUX.

SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1906

Présidence de M. le Dr Fournie, président

Sont présents : MM. Aubert Berger, Boulaud, Courtot, Franck Delage, Ducourtieux, D1 Fournie, P.-L. Grenier, C. Jouhanneaud, Laguérenne, A. Leroux, Mariaux, Martin de La Bastide, MauratBallange.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans modifications.

Il est fait distribution du programme des questions proposées par le Ministère pour le prochain congrès des Sociétés savantes qui se tiendra à Montpellier, le 2 avril 1907 et jours suivants.

Le Président fait part à la Société du récent décès de M. Joseph Brunot, notre confrère, qui assista quelquefois à nos séances, et de M. Camille Leymarie, ancien bibliothécaire de la ville, qui avait commencé dans notre Bulletin une longue étude sur les premières fabriques de porcelaine de Saint-Yrieix et Limoges.

Le Président fait connaître que MUe Meilhac deFougeolles, demeurant à Eymoutiers, a fait don à notre' bibliothèque de l'Histoire ecclésiastique de l'abbé Fleury et de son* continuateur; le P.' Fabre'


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 501'

(25 vol. in-4"). Des remerciements sont adressés àMlle deFougeolles et lui seront transmis par écrit.

Sur la demande de M. Touyôras, trésorier de la Société, et sur la proposition conforme du bureau, M. Georges Guibert est nommé, à l'unanimité des membres présents, trésorier-adjoint pour la tenue des comptes du prochain exercice.

M. Maurice de Dainville, étudiant en droit, demeurant à Cussac, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société.

M. le D* Bouchart est présenté par M. le D' Fournie et M. G. Jouhanneaud. II sera statué sur cette candidature lors de la prochaine séance.

M. Leroux informe ses confrères qu'il s'occupe d'inventorier et d'étudier les archives des établissements hospitaliers de la HauteVienne pendant la période révolutionnaire.

Malheureusement, ces archives sont déjà réduites à très peu de choses. Sur les neuf hôpitaux du département, il n'y a que ceux de Limoges, Magnac-Laval et Saint-Yrieix qui aient sauvé quelques registres et documents de ce temps. Celui d'Eymoutiers ne possède plus qu'un mince cahier de comptes. Le résultat de l'étude entreprise pourra être communiqué à la Société dans l'une de ses prochaines séances.

Il annonce également qu'il a terminé le répertoire des cent registres ou dossiers du fonds Alluaud, donnés au département par M. Vandermarcq. Il y a là des^matériaux de premier choix pour l'histoire de notre industrie porcelainière et de notre atelier monétaire depuis la fin de l'ancien régime jusque sous le Premier Empire.

A propos de l'histoire de la porcelaine, notre confrère remarque que les premiers efforts de nos industriels limousins pour répandre leur produits au-delà des frontières, sont bien antérieurs à celte date de 1855 que leur assignait feu Camille Marbouty. D'un registre des passeports délivrés par la préfecture de la Haute-Vienne, il résulte qu'à partir de 1818 il ne s'est guère écoulé d'années sans que l'un ou l'autre de nos concitoyens n'ait essayé de nouer des relations commerciales en Angleterre, en Italie, en Allemagne, etc.

M. Leroux expose ensuite qu'en visitant le musée Ferdinand, à Inspruck, au mois de septembre dernier, il a rencontré un superbe triptyque limousin de la fin du XVIe siècle ou du commencement du XVIIe, qui mérite d'être connu. Il mesure environ 1 mètre de haut surs lm50 de large et représente la Petite Passion d'Albert Durer, répartie en trente-six petits tableaux différents. Cette pièce n'est ni signée ni datée, mais l'opinion des conservateurs du musée et des connaisseurs est qu'elle sort de l'atelier de l'un de nos pein-


502 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

1res émailleurs. Louis Bourdery en avait le signalement, mais non la description, dans les fiches de son catalogue. Il serait désirable qu'elle pût être reproduite dans notre Bulletin.

Un curieux texte, publié récemment par Ludwig Pastor, le célèbre professeur de l'Université d'ïnspruck, offre pour nous un intérêt particulier. C'est un rapport, en latin, de l'évêque Nicolas de Vilerbe, sur l'élection d'Urbain VI, daté du 1er novembre 1379. Invidia nostra hoc fecit quia Lemovicensis volebat omnino esse papa (Ungédruckte Akten zur Geschichte der Poepste, vornehmlich in XV', XVI und XVII Jahrh. Fribourg en Brisgau, I (1904), p. 6). Or, le Limousin dont il est question, c'est, d'après le contexte, notre Jean de Cros, qui fut évêque de Limoges jusqu'à la ruine de la Cité par le Prince Noir en 1370. Aucun document n'avait encore signalé cette candidature.

Un plan manuscrit colorié de la route de Limoges à Toulouse, sous forme de cahier in-4° de vingt-six feuillets, est présenté aux membres de la Société comme l'un des meilleurs spécimens de ces sortes de travaux que semblent avoir exécuté avec prédilection les ingénieurs de la Généralité de Limoges dès 1760. Au dernier feuillet se voit un plan minuscule, mais très soigné, de la ville de Limoges. Ce curieux document appartient aux Archives du département, où il est coté C. 752.

Résumant les résullats obtenus par l'enquête qu'a instituée récemment la commission départementale nour l'inventaire des objets mobiliers des églises, M. Leroux montre que le relevé dressé en 1887 par Louis Guibert et publié par notre Bulletin peut être complété et rectifié sur quelques points. L'énumération des objets dont les maires demandent le classement donne lieu à un échange d'observations entre les sociétaires présents.

M. le capitaine de La Bastide signale l'existence en Limousin d'un certain nombre de constructions civiles, de la fin du moyen âge, présentant un caractère parfaitement défini, qui se retrouve d'ailleurs dans beaucoup de vieilles maisons d'Uzerche : un corps de logis flanqué de deux tours et augmenté d'une ou deux ailes, dont chacune est flanquée d'une autre tour. Il semble qu'il y ait, en matière d'habitations civiles, un type, sinon un style limousin. M. de La Bastide demande si quelque membre de la Société ne serait pas disposé à étudier avec méthode ces sortes de constructions, à les comparer entre elles, à déterminer leur date et leur aire de dispersion. Cette demande sera transmise à M. Tixier, architecte.

M. P.-L. Courlot donne lecture d'un rapport sur les grands prix de Rome, publié en 1843 par l'Illustration (II, n° 33, 14 oct. 1843), où il est fait un vif éloge, non exempt de critiques, du Jérémie de


PROCÈS-VËRBAUX DES SÉANCES 503

M. Murât, originaire de Felletin, pensionnaire de cinquième année. On sait que ce tableau appartient depuis longtemps, par don de l'Etat, à l'église de Saint-Léonard de Noblat.

Le Président donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée par M. l'abbé Dercier, curé de Saint-Goussaud. Il résulte de cette communication que quatre sépultures gallo-romaines ont été découvertes aux Rillanges, dans la propriété de M. Royère. Une seule est entière; les trois autres ont été depuis longtemps violées, mais leurs couvercles subsistent encore. Les proportions de la première sont les suivantes : diamètre du cône destiné à recevoir l'urne funéraire, 0m36; hauteur, 0m40; rebord, 0,'"06; largeur du creux, 0m16; hauteur du couvercle, 0m23. La description envoyée par M. Dercier sera reproduite intégralement dans le Bulletin.

Il y a quelques années, un laboureur de Ladignac mit au jour un vase contenant cent quarante-huit pièces de monnaie en cuivre des XII'-XIII" siècles. M. Ducourtieux les a acquises pour son compte et en donne une description détaillée, qui sera publiée dans le Bulletin. Qu'il suffise de dire aujourd'hui que ces cent quarantehuit pièces se répartissent ainsi : soixante-six anonymes des vicomtes de Limoges, quarante-deux d'Hugues X, comte de la Marche, vingt-trois des évoques du Puy, quinze des comtes de Vendôme et deux de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges.

Il y a peu d'incunables offrant autant de charme artistique que celui que présente M. Aubert Berger. C'est un Livre d'heures imprimé à Paris en 1498, sur vélin, en lettres gothiques, parPhilippe Pigouchet, pour Simon Voslre. De format in-8°, tiré en quaternions, il est doré sur tranches et pourvu d'une reliure du XVIe siècle agrémentée de fers également dorés. Les initiales eL la rubrique sont à la main, les caractères fermes et nets; les encadrements historiés elles gravures sur bois qui ornent presque toutes les pages sont d'une délicatesse rare. Ce mélange de la xylographie et de la typographie sont, comme l'on sait, chose fréquente au XVe siècle. On trouve dans le calendrier trois saints limousins : Eloi, Léonard et Martial. Celui-ci y est dénommé apôtre dans les litanies. Ce beau spécimen des impressions du XVe siècle appartient aujourd'hui à Mme X... Il a été vendu depuis lors 1,400 fr. à un libraire de Paris.

Invité à signaler les ouvrages nouveaux qui intéressent le Limousin, le Secrétaire général passe en revue les suivants :

Le Bulletin de la Société des lettres de Tulle (1906, 2e livr.), contenant la suite de divers articles commencés par MM. R. Fage, Clément-Simon, J. Nouaillac, etc;

Le Bulletin de la Société de Rochechouart (XV, 2e livr.), contenant une étude de M. Rayet sur le lieu dit Le Puy; — de M. le


504 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DO LIMOUSIN

Dr Marquet sur Rochechouart (suite); — de M. Gaumy sur divers fiefs de l'arrondissement de Rochechouart; — de M. Masfrand sur la poterie avant l'histoire; — de M. de Fontaine de Resbecq sur le plateau de Châlus. Cette dernière étude représente un genre trop peu cultivé parmi nous. L'auteur étudie en effet le petit massif montagneux de Châlus au double point de vue géographique et militaire. La compétence particulière qu'il possède en ces matières se devine à chaque page;

La Revue de l'Agenais (août 1906j, qui rappelle un aete de juillet 1771 par lequel un certain Vernajouls, curé d'Argentens, passe contrat avec le sieur Vennat, marchand d'Aubusson, pour fourniture d'une tapisserie au prix de 500 11;

Le Lemouzi d'octobre 1906, contenant la nécrologie de MM. Sernin Santy (de Brignac, Hérault) et C. Leymarie (de Saint-Yrieix);

La Romania (juillet 1906), qui relève l'importance philologique des statuts de la confrérie de Notre-Dame des Pastoureaux, publiés dans notre dernier Bulletin par M. Franck Delage;

Une brochure de M. Adrien Delor : Frédéric Le Play à Ligoure (extraite de la Réforme sociale), où l'auteur a mis en lumière d'une manière fort instructive les sentiments et les idées de son éminent ami, à l'aide de la correspondance qu'ils échangèrent entre 1867 et 1881. Il y a dans ces quarante pages beaucoup de faits intéressants à recueillir pour la connaissance des mouvements de l'opinion publique en Limousin.

M. Antoine Thomas envoie le tirage à part de son élude sur Gargantua en Limousin avant Rabelais (4e année de la Revue des études rabelaisiennes). C'esl la mise en forme définitive de l'article publié par notre confrère, il y a quelques mois, dans le Journal des Débats (voir ci-dessus, séance du 31 juillet 1906). L'hypothèse émise par quelques personnes que le nom de Gargantua viendrait du mont Gargan (com. de La Croisille) est combattue par M. Thomas pour des raisons d'ordre philologique dont tous ses lecteurs ne saisiront sans doute pas la valeur. Comme il le remarque, Gargan ne saurait être un nom d'origine limousine, emprunté au langage populaire. El en effet, informations prises, ce mont est appelé Jargeau par les indigènes, par le cadastre de 1751 et par la statistique de la Haute-Vienne de 1808. C'est au XIXe siècle seulement, à une date relativement rapprochée, que des non-Limousins l'ont baptisé Gargan, d'après le type latin mons Garganus ou Gargantus.

L'ordre du jour appelle la lecture de la préface que M. l'abbé Lecler compte placer en tête d'une édition de la Vie de R. P. Charles Frémon, réformateur de l'Ordre de Grandmonl au XVIIe siècle et premier vicaire général des religieux réformés du même ordre. Sur


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 505

le manuscrit de celte Vie, qui appartient à ]a Bibliothèque communale de Limoges, M. Lecler donne quelques détails indispensables et rappelle qu'il a pour auteur dom J.-B. Rochias, religieux grandmonlain, mort en 1704, qui fut témoin oculaire de la .plupart des événements qu'il racpnle. Pour le reste, dom Rochias a eu recours soit aux témoignages des contemporains, soit aux archives des maisons d'Epoisses el de Thiers, où le P. Frémon passa la seconde partie de son existence et composa la plupart de ses écrils. C'est une oeuvre d'une réelle valeur historique, d'où le merveilleux est absent. Il est désirable de lavoir mettre au jour. L'analyse qu'en donne M. Lecler nous montre dom Frémon mêlé à toutes les grandes affaires de son ordre, en un temps où la vie ecclésiastique tenait une très grande place dans les préoccupations de la société. La parole est donnée à M. Camille Jouhanneaud pour lire son étude sur le livre que M. l'abbé Aulagne vient de consacrer à la Réforme ecclésiastique dans le diocèse de Limoges au XVII" siècle. Ce sujet avait été déjà traité il y a un peu plus de quarante ans par M. Pierre Laforest, dans son livre, Limoges au XVIIe siècle. Mais M. Aulagne l'a repris sur des bases plus amples, avec une méthode et sous des formes plus scientifiques, et un esprit plus critique, remontant aux origines des choses et des hommes el relatant les faits et les actes d'après les sources el les documents euxmêmes. Son oeuvre esl donc vraiment une oeuvre historique, en même temps que d'érudilion, et l'une des plus importantes contributions qui aient été apporlées à l'histoire du Limousin ; à ces titres, elle mérite l'accueil favorable qu'elle a reçu de la part de savants et de critiques compétents.

Cinq évoques, Henry et Raymond de La Martonie, François de La Fayette, Louis de Lascaris d'Urfé et François de Carbonel de Canisy, ont occupé le siège de Limoges de 1589 à 1707 ; tous élaienl des prélats distingués, recommandables à des litres divers el qui, par leur initiative et leur zèle, contribuèrent puissamment à la réforme du clergé régulier ou séculier. Leurs épiscopats successifs forment les divisions principales du livre: à chacun d'eux, l'auteur a rattaché tous les événements, tous les faits qui signalèrent les phases de la réforme, en même temps que les personnalités diverses et très nombreuses, limousines pour la plupart, qui y participèrent d'une manière plus ou moins étroite.

Dans une seconde partie, assez sommaire, l'auteur a tracé le tableau de la vie ecclésiastique en Limousin à cette époque, mais dans les grandes lignes seulement. L'ouvrage, qui compte 650 pages, esl aussi accompagné d'appendices, de notes qui le complètent el en forment un tout substantiel et très abondant.


506 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

M. Camille Jouhanneaud, après avoir indiqué, -d'après l'auteur, les caractères généraux de l'oeuvre, fait ressortir d'abord la personnalité des évoques considérés comme les chefs de la réforme dans le diocèse. Le surplus de sa notice est consacré aux coopérateurs et auxiliaires des évoques, aux moyens d'action, aux réformes et aux oeuvres de toutes sortes qui distinguent cette période.

La séance esl levée à dix heures et demie.

Le Secrétaire général, Alfred LEROUX.

SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1906

Présidence de M. le Dr Fournie» président

Présents : MM. le Dr Fournie, d'Abzac, Aubert Berger, Boulaud, Charreyron, Courtot, Delage, Grenier, Jouhanneaud, de La Bastide, Laguérenne, Leroux, Maurat-Ballange, S. Mazeaud, Ruchaud, Wollling.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans observations.

Il est passé au vole pour l'admission en qualité de membre de la Société, de M. le Dr Boucharl, dont la candidature a élé présentée à la dernière séance. M. Bouchart est élu sociétaire.

Sonl présentés comme candidats :

1° M. Antoine Barny, négociant, par MM. Camille Jouhanneaud et Aubert Berger;

2° M. Frébault, dessinateur, par MM. Camille Jouhanneaud et Aubert Berger.

Par suite du départ de M. de Sailly, membre du conseil d'administration, il y a lieu de pourvoir à son remplacement.

M. Gaston Lavergnolle, membre du comité de publication, passe dans le conseil d'administration, et M. P.-L. Grenier devient à sa place membre du comité de publication.

M. le Président informe les sociétaires du décès de M. Z. Toumieux, de Royère (Creuse), ancien notaire, qui a donné à notre Bulletin des études approfondies sur Quelques seigneuries de la Marche, du Limousin et des enclaves poitevines, études qui ont le mérite d'être


PB-OCÈS-VERBAUX DES SÉANCES B07

faites d'après des documents de première main. Il a publié chez M. Ducourtieux : Notices généalogiques sur quelques familles de Royère (1883), et Roy ère jadis et aujourd'hui (1886).

M. Antoine Thomas envoie une courte note sur les Registres de Grégoire IX, récemment publiés. II a relevé (au fascicule 9) de curieux documents relatifs à l'élection contestée de Durand, prévôt de Sainl-Junien, à l'évêché de Limoges en 1238. Celte note sera insérée au Bulletin.

M. le Secrétaire général rend compte des publications périodiques et ouvrages adressés à la Société depuis la dernière séance, et mentionne entre autres :

1° h'Almanach-Annuaire limousin de la Creuse pour 1907, publié par Paul Ducourtieux, contenant dans sa 'partie historique un intéressant article de M. Antoine Thomas : « Guéret décapitalisé. » En 1590, pendant la Ligue le parti ligueur s'empara de la ville avec la complicité du receveur des tailles et mit la main sur les deniers royaux. Ëenri IV en apprenant cet événement, pour que l'administration de la justice ne subit pas d'interruption, transféra tous les services à Dun-le-Palleleau, qui succéda ainsi, durant quelque temps, à Guéret comme capitale de la Haute-Marche, probablement jusqu'au moment ou Guéret rentra dans l'obéissance d'Henri IV;

2" Le, Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de Brive (tome XXVIII, 2e livraison). Entre autres articles concernant la région, on remarque une notice de M. Louis de Nussac, sur les débuts du savant naturaliste Pierre-André Latreille, de Brive (1762-1798) ; et Titres et documents concernant le Limousin et le Quercy publiés par M. l'abbé Albe;

3° Les Annales du Midi, numéro d'octobre 1906. On trouve dans ce numéro une savante communication de M. Antoine Thomas sur un manuscrit en deux volumes du XIIe siècle : La Bible de Fressac. Une mauvaise lecture avait fait croire que cette localité aurait appartenu au diocèse de Limoges ; or il est établi qu'il s'agit de Fressac, arrondissement du Vigan (Gard), au diocèse de Nîmes;

4° Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre (XXIXe vol., année 1905), avec une médiocre élude de M. Raoul Mortier, sous le titre de « Documents pour servir à l'histoire de Jean de Berry dans la Basse-Marche » ;

5° Collection de documents inédits sur l'histoire économique de la Révolution française, publiée par le ministère de l'Instruction publique, portant sur les procès-verbaux des comités de l'agriculture et du commerce de la Constituante, par MM. Fernand Gerbot, souschef aux Archives nationales, et Charles Schmidt, archiviste aux Archives nationales. Ces procès-verbaux comprennent une période

T. LVI 33


508 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

qui s'étend du 2 septembre 1789 au 21 janvier 1791. Parmi ceux qui intéressent notre région, on remarque notamment :

Mémoires des tanneurs de la Haute-Vienne, représentant que le décret pour l'abolition des droits sur les cuirs n'a pas été encore publié et que la régie continue ses poursuites (p. 257, n° 11);

Observations du sieur Raujon, maire et curé de Peyrat, ville cheflieu de canton du district de Saint-Léonard. Il demande, au nom des habitants, qu'un étang, autrefois en pacage, appartenant au seigneur, soit remis en son premier état, les brouillards perdant les récoltes (p. 396, n° 32) ;

Mémoire des ouvriers des paroisses de la Haute-Marche se trouvanl à Paris, qui se plaignent de l'affreuse misère qu'ils éprouvent dans leur province peu favorisée de la nature (p. 399, n° 43) ;

Requête des garçons perruquiers de Lùnoges qui se plaignent de ce que les maîtres veulent les empêcher de travailler el menacent de les emprisonner et de les expulser de la ville.

6° Lenuméro du 23novembrel906dujournal le Courrier du Centre contenant un article sur les puits funéraires de Saint-Jean-Ligoure, emprunté à une relation de M. Philibert Lalande, vice-président de la Société archéologique de la Corrèze. Cette communication donne lieu à quelques observations de M. d'Abzac, qui à la prochaine séance apportera des documents complémentaires et rectificatifs sur la question.

LECTURES. — M. Charreyron a eu entre mains des documents inédits et authentiques qui lui ont permis une intéressante étude sur la création de la place Dauphine, entre 1778 et 1782.

Avant 1775, la place Dauphine, aujourd'hui place Denis-Dussoubs, était comme maintenant le passage de la grande roule royale se dirigeant vers Paris. Cette route bifurquait vers Poitiers vraisemblablement au faubourg Montmailler, et la place, qui n'avait pas à celte époque sa forme circulaire d'aujourd'hui, s'appelait place Montmailler. Sur la gauche se trouvait la grande auberge du Cygne, qui avait servi autrefois de poste aux chevaux. La Poste aux chevaux avait été transportée à un autre point de la place (maison Pénicaud), où elle était encore il y a une trentaine d'années. En avant de l'auberge du Grand-Cygne, on trouvait les terrains de contreescarpe des anciennes fortifications. En 1771, une dame Delauze vend à M. Buret, pour 5,000 livres, le grand emplacement de l'auberge du Cygne, alors en ruines, et M. Buret, en 1782, le revend moyennant même prix à M. Montaudon-Dumont.

Ces terrains de l'auberge du Cygne relevaient de l'hôpital général Saint-Alexis, puisque les droils des ventes dont nous venons do parler sont payés à cet;hôpital. Ces droits de lods et ventes,,


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 80Ô

répondant à notre droit actuel d'enregistrement, étaient de8331ivres 5 sols pour 5,000 livres. M. Montaudon-Dumont, pour édifier les bâtiments sur le terrain du Grand-Cygne, avait dû demander l'alignement au bureau des trésoriers de France. Ceux-ci déléguèrent un des leurs pour visiter les lieux, accompagné du procureur du roi et de M. Broussaud, entrepreneur des ouvrages ordinaires de la ville. C'est dans leurs opérations qu'est l'origine de la forme circulaire actuelle de l'ancienne place Dauphine. Le plan fut arrêté en 1775 et l'alignement imposé à tous les constructeurs riverains de la nouvelle place. Celle-ci, définitivement créée en 1782, n'a pas subi depuis de changements essentiels. A son nom de place Dauphine, on substitua, pendant la Révolution, celui de place de la Liberté; elle reprit son ancien nom à la Restauration, et depuis quelques années seulement elle est devenue laplace Denis-Dussoubs.

— Etude de M. de Fontaine de Resbecq sur le plateau de Châlus. La partie de ce travail dont il est donné lecture se rapporte aux époques gauloise et gallo-romaine et aux premiers temps du moyen âge. L'auteur s'occupe en particulier de l'aspect général de cette région aux temps préhistoriques. Il donne des détails sur la station fortifiée de Courbefy, signale les voies romaines et recherche l'origine et l'établissement des premières églises chrétiennes.

— M. Pérathon, d'Aubusson, continuant la série d'articles déjà publiés par noire Bulletin, communique un travail documenté sur les tapisseries d'Aubusson.

Le XVIII 6 siècle voit se généraliser l'emploi des tapisseries dans la décoration des châteaux et des églises. Jusqu'en 1740, on s'élait borné, dans les ateliers d'Aubusson, à exécuter des tapisseries pour tentures el ameublements. A partir de 1740, on y fabriqua des tapis grande moquette, introduits à Felletin en 1761. L'exécution de ces ouvrages était réservée aux femmes; le travail sur le métier de basse lisse leur était interdit par les règlements. Il n'est pas étonnant qu'il existe encore, dispersées sur tous les points du territoire, de nombreuses tapisseries de cette époque. On en signale même à l'étranger. Elles reproduisent des scènes champêtres d'après les compositions de Boucher, de Leprince el autres artistes de l'époque Louis XV, les fables de La Fontaine et l'éternelle histoire d'Eslher et d'Assuérus.

Après la discussion de questions se rattachant à l'administration, la séance est levée à dix heures et demie.

Le Secrétaire adjoint, René LAGUÉSENNB.


510 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1906

Présidence de M. le Dr Fournie, président

Sont présents : MM. le capitaine de La Bastide, A. Berger, Boulaud, Franck Delage, Ducourtieux, Dr Fournie, Garrigou-Lagrange, P.-L. Grenier, Laguérenne et A. Leroux.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après quelques rectifications.

Il esl procédé au vole sur l'admission de deux nouveaux sociétaires. Sont élus :

M. Henry Frébault, architecte, présenté par MM. C. Jouhanneaud et A. Berger ;

M. Antoine Barny, négociant, présenté par les mêmes.

Sont présentés comme candidats :

M. A. Spitz, employé au Crédit lyonnais de Paris, présenté par MM. Collet et Leroux;

M. Prêcigou, conducteur principal des Ponts et Chaussées en retraite à Rochechouart, présenté par MM. Fournie et Ducourtieux.

Prenant en considération la proposition de l'un des membres présents, le Président signale l'intérêt qu'il y aurait pour la Société à faire figurer parmi ses membres d'honneur tous les auteurs qui, soit dans l'ordre des lettres, soit dans l'ordre des études historiques et juridiques, contribuent au bon renom du Limousin.

A ces fins, les membres de la Société sont priés de faire parvenir, le plus tôt possible, leurs propositions écrites au Secrétaire général, qui les soumellra à l'examen de l'assemblée générale en janvier prochain.

Invilé à faire connaître les publications intéressant le-Limousin, qui ont paru depuis la dernière séance, le Secrétaire général signale :

1° La Revue Mabillon (nov. 1906), contenant une copieuse notice de M. Maurice Lecomie sur dom Rivet, originaire de Confolens, l'un des principaux collaborateurs del'Histoire littéraire de la France;

2° \2Almanach-Annuaire limousin pour 1907 de la librairie Ducourtieux, à la partie historique duquel ont coopéré MM. L. Guibert : Les communes en Limousin ; abbé Lecler : Dictionnaire historique et géographique de la Haute-Vienne; 0. d'Abzac : la banlieue <'e Limoges, Feytiat; Jules Tixier : La basilique de Solignac au XVIIe


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 511

siècle; P. Ducourtieux : Le portail Imbert; P. Limogeau : Revue de l'année limousine. — Les procès-verbaux du conseil municipal, un article anonyme sur le Musée Adrien Dubouché, une étude de M. Judicis sur la rue Centrale et le futur pont Saint-Etienne, le tableau météorologique de 1906 par M. Garrigou-Lagrange et diverses nécrologies complètent cet appendice, aussi varié qu'instructif;

3° L'Almanach-Annuaire de la Corrèze, de la même librairie pour 1907, où nous retrouvons comme collaborateurs les noms connus de MM. René Fage : l'Entrée de Mascaron à Tulle; A. Petit : L'église des Pénitents blancs de Tulle; V. Forot : La Corrèze pittoresque, monumentale et artistique; et des notices nécrologiques;

4° Les Annales de la Société historique de Château-Thierry, 1905, qui nous apportent une intéressante notice (avec portrait) de M. Frédéric Henriel sur le colonel Bégougne de Juniac, né à Limoges en 1762, retraité à Château-Thierry à partir de 1810, décédé à Versailles en 1841.

M. le Dr Fournie présente une médaille de dévotion qui peut intéresser la Société, puisque l'une de ses faces représente saint Léonard. Cette médaille à bélière, qui paraît dater du commencement du XIXe siècle, porte à l'avers un saint Jean-Baptiste et au revers le saint limousin, sur un piédestal accosté d'un infirme présentant sa béquille et d'une mère présentant son enfant. En exergue : « S. Léonard patron d'infirmes et de femmes en douleurs ». Au bas : « Huissinghen », qui est une paroisse voisine de Bruxelles. M. Fournie rappelle à cette occasion quelle est l'origine du recours à saint Léonard pour l'heureuse issue des couches et signale les dévolions de Marie de Médicis, Anne d'Autriche el Marie Leczinska, lors de la naissance de Louis XIII, de Louis XIV et du dauphin père de Louis XVI.

M. le Dr Vouzelle communique à la Société par l'entremise de M. A. Berger une liasse de lettres adressées à un sieur Duchéron (d'Eymouliers) par son fils Nicolas, parti en 1792 dans le 2° Dalaillon des volontaires de la Haute-Vienne, commandé par Jourdan et Dalesme. Il devint aide de camp du premier, fut nommé chef de brigade du 9e régiment de hussards en 1798, et tué d'un boulet de canon le 14 décembre 1800.

Ces lettres, dont M. l'abbé Lecler "a tiré les passages les plus intéressants, ont d'abord trait à des demandes d'argent; mais bientôt ses économies permettent à Duchéron d'en envoyer pour acheter des propriétés à Eymoutiers. L'auteur apporte en outre à notre curiosité quelques détails sur Jourdan et sur divers bourT geois -d'Eymoutiers. , , . .,_ ..

L'ordre du jour appelle la lecture de M. P.-L. Grenier, bibliothé-


512 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

caire de la ville, sur un inventaire de la prévôté de Ghambon au XVIIIe siècle.

Il s'agit de Chambon Sainte-Valérie en la baronnie de Combraille (aujourd'hui Chambon-sur-Voueize en l'arrondissement de Boussac), dont le prieuré fut fondé, sous le titre de prévôté, par les moines de Saint-Martial de Limoges vers 985. En 1788, peu après la dissolution de l'ordre de Cluny, les délégués du pouvoir royal se présentèrent pour procéder à l'inventaire des biens de l'établissemenl. M. Grenier signale quelques-uns des objets rencontrés dans la cuisine, le réfectoire, les cellules et surtout dans la sacristie et la chambre du trésor où se trouvaient des objets cultuels, des tapisseries et le busle de sainte Valérie que nous avons revu à l'exposition rétrospective de 1886. A noter que le syndic de la ville fil valoii,à rencontre du représentant royal, les droits de la ville et de la paroisse, pendant que le sieur Grozieux de Laguérenne présenlail les droils du prévôt.

La parole est donnée à M. F. Delage pour lire l'introduction de l'étude que M. Ernest Lyon vient de consacrer aux corporations de métiers des XVIIe el XVIIIe siècles et notamment à celle des boulangers de Limoges. Cette étude, faite tout entière d'après les papiers corporatifs conservés actuellement aux Archives départementales de la Haute-Vienne (série C), s'annonce comme devant former un gros volume de 300 pages, tant l'auteur a consciencieusement fouillé tous les recoins de son sujet. Aux indications qu'il a recueillies sur place s'ajoutent celles qu'il a su trouver aux Archives nationales. Elles lui ont permis d'affirmer, entre autres choses, que les statuts donnés à la corporation des boulangers en 1733 ne faisaient que développer ou réformer des statuts plus anciens, qui portent la dale de 1677. — La Société, heureuse d'avoir obtenu la primeur de cet important travail, charge son Secrélaire général d'en demander à l'auteur un résumé qui sera publié dans le prochain Bulletin.

M. Leroux lit deux courts mémoires : l'un, destiné au Congrès des Sociétés savantes, a trait à trois manuscrits que des témoignages des XVIIe et XVIIIe siècles nous signalent comme existant au château de Las Tours, près Saint-Yrieix : le premier contenant les Gestes de Charlemagne; le second, la Chronique de Geoffroi de Vigeois suivie de divers écrits hagiographiques; le troisième, la Chanson d'Antioche, en vers provençaux, du Limousin Grégoire Béchade. Ces manuscrits semblent perdus, et cette perle est chose particulièrement regrettable en ce qui concerne le poème de Béchade dont le texte original ne nous est pas parvenu.

L'autre mémoire a pour objet une ordonnance de 1718 par


PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 513

laquelle l'évêque de Limoges nomme vicaire général de son diocèse l'évêque de Tulle. M. Leroux voit dans cette nomination une dérogation exceptionnelle à la constitution hiérarchique du clergé catholique et fait la critique des diverses parties de cet acte qui nous est connu par une copie des registres d'insinuations du diocèse de. Limoges (G. 636, f° 13), conservés aux Archives du département. La séance est levée àiiîlQi&ureSxt demie.

/ $y " ^jXLe Secrétaire général,

(■=*' T> 171 V£» Alfred LEROUX.



TABLE MÉTHODIQUE

Société archéologique et historique du Limousin

Procès-verbaux des séances, par MM. A. Leroux et R. Laguérenne, p.-v. 473 et ss.

Nomination de M. Camille Chabaneau comme membre honoraire, p.-v. 477.

Nomination de M. Georges Guibert comme irésorier-adjoint, p.-v. 501.

Nomination de M. Lavergnolle comme membre du conseil d'administration, el de M. Grenier comme membre du comité de publication, p.-v. 506.

Situation financière de l'année 1905, par M. Touyéras, p.-v. 475, 478.

Subvention de 200 francs accordée par le Conseil municipal de Limoges, p.-v. 495.

Indication de la mention extrait du Bulletin sur les tirages à part, proposition de M. O. d'Abzac, p.-v. 482.

Monument Guibert, supplément de terrain accordé par la municipalité, p.-v. 497.

Autorisation accordée par le ministre des Beaux-Arts à M. Courlot, de prendre copie des fresques de la crypte de la cathédrale, p.-v. 473.

Don de l'Histoire ecclésiastique, de l'abbé Fleury, par'Mu,e Meilhac de

Fougeolles, d'Eymoutiers, p.-v. S00.

Don de papiers du XVe siècle concernant Quinsac, près Balledent, par Mme de Roffignac, p.-v. 474.

Fonds d'archives donné à la Société par la famille de La Bastide : projet de classement, par M. L. de La Bastide, p.-v. 487.

Congrès des Sociétés savantes : désignation des délégués, p.-v. 473, 477.

Congrès des Sociétés savantes à Montpellier : distribulion du programme des questions, p.-v. 500.

Congrès international d'anthropologie et d'archéologie préhistorique de Monaco, p.-v. 477.

Excursion à Confolens et à SainlGermain-sur-Vienne, p.-v. 489, 495.

Excursion de la Société du Périgord à Limoges, Solignac, Chalucet, Saint-Junien, Cbassenon, Rochechouart, p.-v. 497.

Sciences auxiliaires de l'histoire

Archivesdéparlemenlales.Inventaire des archives de l'ancien évêché de Limoges, état de l'impression de cette série, par M. A. Leroux, p.- v. 494.

— Inventaire des archives des établissements hospitaliers pendant


516

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

la période révolutionnaire, par M. À. Leroux, p.-v. 501.

— Répertoire des registres et dossiers du fonds Alluaud (La porcelaine et l'atelier monétaire de Limoges), par M. A. Leroux, p.-v. 501.

Manuscrits du château de Lastours : Gestes de Gharlemagne, Chroni'

Chroni' de Geoffroi de Vigeois, Chanson d'Antioche en langue limousine, par M. A. Leroux, p.-v. 512.

La Réforme catholique dans le diocèse de Limoges au XVII 6 siècle, par M. C. Jouhanneaud. 450; p.-v. 505.

Barge (Le P. Charles-François), religieux de Grandmonl. Sonnets sur les mystères de N.-S. et sur les fêtes de la Sain le-Vierge, des anges, apôtres, martyrs, docteurs, confesseurs, vierges, veuves, et autres pièces de poésie de piété, 1693, par M. l'abbé Lecler, p.-v. 490.

Flament, archiviste. Mémoire de la Généralité de Moulins, par l'intendant J. Le Vayer, 1698, par M. A. Leroux, p.-v. 481.

Livre d'heures imprimé à Paris, en 1498, par Philippe Pigouchet, pour Simon Vostre, par M. A. Rerger, p.-v. 503.

Prosbert (Hemma). Scènes et croquis limousins, par M. A. Leroux, p.- v. 485.

Rougerie (Mgr). Les courants aériens dans le bassin de l'Atlantique el les courants marins, par M. le Dr Fournie, p -v. 495.

Thomas (Antoine). Gargantua en Limousin avant Rabelais, par M. A. Leroux, p.-v. 498, 504Monnaies

504Monnaies en bronze trouvées à Bujaleuf, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 499.

Monnaie de Vespasien, en argent, trouvée dans la forêt de Rochechouart, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 482.

Monnaies des XIIc-XIIIe siècles trouvées à Ladignac, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 503.

Monnaies des XVe et XVIe siècles découvertes à Linards, village de Salas, par MM. de Kessling et Royer, 432; p.-v. 482.

Monnaies des XVe et XVIe siècles découvertes à Rilhac-Rancon, village de Cassepierre, par M. Royer, p.-v. 489.

Médaille de dévotion représentant saint Léonard, par M. le Dr Fournie, p.-v. 511.

Histoire proprement dite

Châlus (Le plateau de) aux époques gauloise et gallo-romaine, par M. de Fontaine de Resbecq, p.-v. 509.

Voies romaines (Les) en Limousin. Deuxième partie, voies principales ou stratégiques, par M. V. Ducourtieux, 235.

Roule de Limoges à Toulouse, plan ms. colorié (1760) aux archives de la Haute-Vienne, par M. A. Leroux, p.-v. 502.

Intendant (L') Etienne Foullé. (Un terroriste au XVIIe siècle), par M. R. Fage, 5; p;-v. 479.

Limoges. Le sac de la Cité et son relèvement, 1370-1464, par M. A. Leroux, 155; p.-v. 476,496.

— La Cité, son évoque, son chapitre, son consulat, par M. P,-L. Grenier, p^v.499*


TABLE MÉTHODIQUE

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— Délibération du consulat réglant l'ordre des préséances, 1664. Doc. comm. par M. L. de La Baslide, 447.

— Cimetière de Louyat, par M. J. Boulaud, p.-v. 482, 492.

— Création de la place Dauphine, 1778-1782, par M. Charrevron, p.- v. 508.

— Le portail Imbert, sa date, sa démolition, par M. A. Leroux, p.-v. 489.

Grand-Chézeaux (Les). Voy. SaintSulpice-les-Feuilles (Monographie du canton de), 109; p.-v. 480.

Jouac (Voy. Saint-Sulpice-les-Feuilles (Monographie du canton de), 139.

Lussac-Les-Eglises (Voy. Saint-SulSulpice-les-Feuilles (Monographie du canton de), 295.

Mailhac(Voy.Saint-Sulpice-les-Feuilles) (Monographie du canton de), 351.

Saint-Bonnet-Elvert (Voy. l'Intendant Etienne Foullé), 13.

Saint-Sulpice-les-Feuilles (Monographie du canton de) (suite), par M. 11. Drouault, 109, 295.

La Souterraine. Relation du passage d'Henri IV dans cette ville en 1605, par M. J. Bellet, p.-v. 478.

Histoire religieuse

Jean de Cros, ancien évoque de Limoges. Rapport de l'évêque Nicolas de Viterbe, sur sa candidature à la papauté, publié par Ludwig Pastor, par M. A. Leroux, p.-v. 502.

Durand (Election de) à l'évêché de Limoges, 1238, par M. A. Thomas, 429; p.-v. 507.

Ordonnance de l'évêque de Limoges nommant l'évêque de Tulle comme vicaire général de son diocèse (1718), par M. A. Leroux, p.-v. 513,

Abbaye de Saint-Martial de Limoges, donation faile par un nommé Robert, des mas d'Espeluche et Roumagnac, août 1028. Doc. comm. par M. A. Leroux, 445.

Prévôté de Chambon-Sainte-Valérie, inventaire de ses biens (1788), par M. Grenier, p.-v. 512.

Prévôté de La Jonchère, accord conclu en 1490 en lre Jean Ier et Jean II Barthon de Montbas, évêque de Limoges, par M. A. Leroux, p.-v. 485.

Prieuré de Mansat (Creuse) (Identification du), par M. A. Thomas, 428, p.-v. 498.

Confrérie du Psautier ou du Chapelet Notre-Dame fondée en 1501 à l'abbaye de La Règle, par M. F. Delage, p.-v. 499.

Pénitents blancs d'Eymoutiers, documents du XVIIIe siècle, donnés à la Société parM. HubertTexier,par M. A. Leroux, p.-v. 483.

Histoire de l'Instruction publique

Collège de Limoges. Thèse de philosophie soutenue en 1690, par Léonard Mounier et Pierre de La Farge de Sirieix, par M. l'abbé Lecler, p.-v. 474.

Industrie, Commerce

Porcelaine de Limoges (Histoire de la), complément, par M. A. Leroux, 438.

Papier de tenture style Louis XVI, fabriqué à Limoges, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 478.


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SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Corporations (Les) de métiers à Limoges, par M. Ernest Lyon, p.-v. 498, 512.

Flottage des bois sur la Vienne, marché conclu en 1687 entre Jacques Dalesme, seigneur du Breuil et Jean David, marchand de Limoges, par M. J. Bellet, p.-v. 490.

Moeurs, usages

Lettres de sauvegarde données au sieur de Montostre, 1588. Doc. comm. par M. J. Bellet, 446; p.-v. 498.

Radoux et caboge, discussion sur le sens de ces mots qui se trouvent dans une ferme des droits de courtage delà Cité de Limoges en 1669, p.-v. 485.

Archéologie et Beaux-Arts

Monuments, historiques de la HauteVienne, par A. Leroux, 414, p.-v. 502.

Archéologie préhistorique et gallo-romaine

Pointes de lances et couteaux en silex taillé provenant du Soudan, par M. B. Mayéras, p.-v. 474.

Nantial, découverte d'un souterrainrefuge, par M. A. Leroux, p.-v. 489.

Sépultures gallo-romaines et monnaies découvertes aux Billanges, par M. l'abbé P. Dercier, 437 ; p.-v. 503.

Poteries gallo-romaines découvertes rue de la Croix-Verte, à Limoges, par M. A. Berger, p.-v. 495.

Architecture

Constructions,fciviles en Limousin, par M. Louis de La Bastide, p.-v. 502,

Peinture, sculpture, gravure

Peinture de la barricade de l'ancienne route d'Aixe, à Limoges, par M. P.-L. Courtot, p.-v. 476.

Statue de saint Jean au village de Sainte-Glaire, par M. A. Lecler, 429; p.-v. 500

Statue de sainte Marie-Madeleine, provenant de l'ancienne église des lépreux de la Maison-Dieu à Limoges, par M. Paul Ducourtieux, p.-v. 491.

Corbeaux sculptés, en granit, provenant de l'immeubleLemaistre, faubourg Saint-Antoine, à Limoges, donnés au Musée Adrien Dubouché, par M. A. Leroux, p.-v. 478.

Orfèvrerie, métaux, émaillerie

Orfèvrerie, pièce attribuée à SaintEloi, par M. Demaison, archiviste de Reims, lors du dernier Congrès des Sociétés savantes, par M. Courtot, p.-v. 489.

Orfèvrerie limousine, colombe eucharistique et croix vendues à l'hôtel Drouot,parM. F. Delage,p.-v.482.

Plaques de cheminée aux armes des Fougères (1626) et des Benoit du Buis, par M. A. Berger, p.-v. 495.

Plaque de cheminée datée de 1686, trouvée à Aixe, par M. A. Berger, p.-v. 499.

Plaque de baudrier provenant de l'armée de Condé et recueillie en Limousin, par M. Puyraud, p.-v. 489.

Emaux peints et orfèvrerie limousine, vendusàlaventeSchévitch (Emaux de Nardon Pénicaul et de Pierre Reymond), par M. C. Jouhanneaud, p.-v. 485.


TABLE MÉTHODIQUE

819

Email peint, plat ovale de Pierre Reymond, vendu à l'hôtel Drouot, par M. Delage, p.-v. 478.

Email peint. Triptyque représentant la Petite Passion d'Albert Durer, sans signature, au Musée Ferdinand à Inspruck, par M. A. Leroux, p.-v. 501.

Poterie, tapisserie, ivoire

Poteries représentant des épisodes de la parabole de l'Enfant prodigue, fabriquée en Allemagne au XVIIe s., par M. Collet, p.-v. 482.

Tapisseries d'Aubusson, leur dispersion, par M. Cyprien Pérathon, p.-v. 509.

Christ en ivoire découvert à SaintLazare, près Limoges, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 473.

L Musée

Musée national Adrien Dubouché. Collection archéologique, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 490.

Musique

Musique el théâtre à Limoges (Notes pour servir à l'histoire (suite). II. De 1815 à 1830, par M. C. Jouhanneaud, 48; p.-v. 482, 487, 492.

Biographies

Faye ou de La Faye (Généalogie de la maison de), par M. Zenon Toumieux, 379.

Bosredon (Philippe de), nécrologie, p.-v. 496.

Brunol (Joseph), nécrologie, p.-v. 500.

Bugeaud, Lettre de 1831, par M. Puyraud, p.-v. 490.

Bugeaud, Lettre de 1841, par M. Charreyron, p.-v. 490.

Couronnel (Marquis de), nécrologie, p.-v. 496.

Duchéron, chef de brigade des armées de la République, lettres à ses parents d'Eymouliers, par M. l'abbé Lecler, p.-v. 511.

Fage (Emile), nécrologie, p.-v. 496.

Frémon (Vie du R. P. Charles), réformateur de l'Ordre de Grandmont au XVIIe siècle, par dom J.-R. Rochias, grandmontain, par M. l'abbé Lecler, p.-v. 504.

Leymarie (Camille), nécrologie, p.-v. 500.

Maleden, musicien, originaire de Limoges, apprécié par Saint-Saëns, par M. G. Jouhanneaud, p.-v. 495.

Molinier (Emile), membre honoraire, nécrologie, p.-v. 488.

Mural, peintre, originaire de Fellelin, d'après le rapport sur les grands prix de Rome de 1843, par M. P.-L. Courtot, p.-v. 502.

Muret (Marc-Antoine de). Lettres inédites (lable spéciale), par M. Franck Delage, 28.

Poisson de La Ghabeaussière (LouisJean-Ange), 1710-1795, par M. de Fontaine Rcsbecq, 276, p.-v. 475.

llogues de Fursac, nécrologie, p.-v. 484.

Toumieux (Zenon), nécrologie, p.-v. 506.


Publications analysées dans les procès-verbaux des Séances

Académie des inscriptions et Belles lettres, comptes rendus des séances de

1906, p. 494.

Aigurande depuis l'époque gauloise jusqu'à nos jours, par Gabriel Martin, p. 475.

Almanach-annuaire limousin de la Creuse pour 1907, publié par P. Ducourtieux, p. 507.

Almanach-annuaire limousin de la Corrèze pour 1907, publié par P Ducourtieux, p. 511.

Almanach-annuaire limousin pour 1906, publié par P. Ducourtieux, p 475; pour

1907, p. 510.

Annales do la Société historique de Chûteau-Thierry,

Chûteau-Thierry, p. 511. Annales du Midi, octobre 1906, p. 507. Annuaire de l'Ecole des Hautes études

pour 1906, p. 479. Annuaire Dumont pour 1906, p. 479. Archives historiques du Limousin, t X,

p. 491. Bibliophile limousin, octobre 1905 et janvier 1906, p. 491; avril et juillet 1906,

p 498. Bulletin archéologique du ministère, 1906, t

1" liv., p. 497. Bulletin du Comité des travaux historiques

et scientifiques, Congrès des sociétés

savantes de 1904, p. 475. Bulletin de la Société archéologique de

Brive, 1905, 4» liv , p 475; 1906, 1er liv.,

p. 497; 1906, 2° liv , p 507. Bulletin de la Société des lettres de Tulle,

1905, 4° liv., p. 475; janv. 1906, p. 491;

1906, 2° liv., p. 503.

Bulletin de la Société archéologique du limousin, t. LV, 2° liv., p. 480; t. LVI, 1er liv., p. 497.

Bulletin de la Société les amis des sciences et arts de Rochechouart, t. XV, n° 1, p. 494; t. XV, n° 2, p. 503.

Bulletin historique et philologique, 1905, n°" 1 et 2, p. 481.

Bulletin monumental de 1905 (dernier liv.), p. 479; t. 70, p. 491.

.Catalogue des émaux du Musée Adrien Dubouché, p. 486.

Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque communale de Limoges, par B. Mayéras, p. 479.

Collection de documents inédits sur l'histoire économique de la Révolution française, publié par le Ministère de l'Instruction publique, p. 507.

Corporation de MM. les bouchers de Limoges, par Joseph Petit, p. 479

Courrier du Centre du 23 novembre 1906, p. 508.

Crockery (The) and Class Journal, 14 décembre 1905 et 11 janvier 1906, p. 481.

Echo de Paris, du 8 avril 1906, p. 485.

Eglise de Saint-Junien, par René Fage, p. 498.

Fragilité, par Bonnin de Fraysseix, p. 475.

Fragments de cartulaire du monastère de Paunat (Dordogne), publié par Poupardin et A. Thomas, p. 495.

Frédéric Le Play à Ligoure, par Adrien Delor, p. 504.

Gargantua en Limousin avant Rabelais, par Antoine Thomas, p. 504.

Journal des Débats, 1" juillet 1906, p. 498.

Journal officiel, 19 avril 1906, p. 484.

Lemouzi, mars 1906, p. 481; mai 1906, p. 494; juillet 1906, p 498; octobre 1906, p. 504.

Lépreux (Les) et les léproseries de Limoges, par Louis Guibert, p 481.

Limoges Illustré, 15 mai 1906, p. 492; 1" juin 1906, p. 494 ; 15 juillet 1906, p. 498.

Mélanges Chabaneau, p. 486, 491.

Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre, 1905, p. 507.

Recueil d'actes notariés relatifs à l'histoire de Paris au XVI" siècle, publié par E. Coyecque, p. 486.

Recued d'armoiries limousines de Philippe Poucet, par le chanoine Lecler et Louis Guibert, p. 481.

Recueil de documents relatifs à la convocation des Etats généraux de 1789, par M. Armand Brette, p. 486

Recueil de l'Académie des Jeux floraux, 1906, p. 494.

Revue de l'Agenais, août 1906, p. 504.

Revue des questions historiques, avril 1906, p. 486.

Revue internationale de l'enseignement, avril 1906, p. 486.

Revue Mabillon, novembre 1906, p. 510. Revue scientifique du limousin, mai 1906,

p. 491; juin 1906, p. 494. Rimes (Les), par Bonnin de Fraysseix,

p 475. Rôles gascons, publiés par Ch. Bémont,

t. III, p. 486. Romania, janvier 1906, p. 485; juillet 1906,

p. 504. Scènes et croquis limousins, par Hemma

Prosbert, p. 485.


TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DE MATIÈRES

Abbaye de Saint-Martial de Limoges, donation faile par un nommé Robert, des mas d'Espeluche et Roumagnac, août 1028. Doc. comm. par M. A. Leroux, 445.

Archives départementales. Inventaire des Archives de l'ancien évêché de Limoges, état de l'impression de cette série, par M. A. Leroux, p.-v. 494.

Archives départementales. Inventaire des Archives des établissemenls hospitaliers pendant la période révolutionnaire, par M. A. Leroux, p.-v. 501.

Archives départementales. Répertoire des registres et dossiers du fonds Alluaud (la porcelaine el l'atelier monétaire de Limoges), par M. A. Leroux, p.-v. 501.

Rarge (Le P. Charles-François), religieux de Grandmont. Sonnets suites mystères de N. S. etsur les fêtes de la Sainte-Vierge, des anges, apôtres, martyrs, docteurs, confesseurs, vierges, veuves, et autres pièces de poésie de piété (1693), par M. l'abbé Lecler, p.-v. 490.

Bibliographie. Aulagne (l'abbé). La réforme catholique dans le diocèse de Limoges au XVIIe siècle, par M. Camille Jouhanneaud, 450; p.-v. 505.

Bosredon (Philippe de), nécrologie, p.-v. 496.

Brunot(Joseph), nécrologie, p.-v.500.

Bugeaud. Lettre de 1841, par M. Charreyron, p.-v. 490.

Bugeaud. Lettredel831,parM. Puyraud, p.-v. 490.

Châlus (Le plateau de) aux époques gauloise et gallo-romaine, par M. de Fontaine de Resbecq, p.-v. 509.

Christ en ivoire découvert à SaintLazare près Limoges, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 473.

Collège de Limoges. Thèse de philosophie soulenue en 1690, par Léonard Mounier et Pierre de La Farge de Sirieix, par M. l'abbé Lecler, p.-v. 474.

Confrérie de Psautier ou du Chapelet Notre-Dame fondée en 1501 à l'abbaye de La Règle, par M. F. Delage, p.-v. 499.

Construction civiles en Limousin, par M. Louis de La Bastide, p.-v. 502.

Corbeaux scupllés, en granit, provenant de l'immeuble Lemaistre faubourg Saint-Antoine, à Limoges, donnés au Musée Adrien Dubouché, par M. A. Leroux, p.-v. 478. Corporations (Les) de métiers à Limoges, par M. Ernest Lyon, p.-v. 498, 512.


522

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Couronne! (Marquis de), nécrologie, p.-v. 496.

Cros (Jean de), ancien évêque de Limoges. (Rapport de l'évêque Nicolas de Vilerbe sur la candidaà la papauté de), publié par Lud•wig Pastor, M. A. Leroux, p.-v. 502.

Duchéron, chef de brigade des armées de la République. Lettres à ses parents Id'Eymouliers, par M. l'abbé A. Lecler, p.-v. 511.

Durand (Election de) à l'évêché de Limoges, 1238, par M. A. Thomas, 429; p.-v. 507.

Email peint, plat ovale de Pierre Reymond, vendu è l'hôtel Drouot, par M. F. Delage, p.-v. 478.

Emauxpeints et orfèvrerie limousine, vendus à la vente Schévilch (Emaux de Nardon Pénicaut el de Pierre Reymond), parM. C. Jouhanneaud, p.-v. 485.

Email peint. Triplique représentant la Petite Passion d'Albert Durer, sans signature, au Musée Ferdinand, à Inspruck, par M. A. Leroux, p.-v. 501.

Fage (Emile), nécrologie, p.-v. 496.

Faye ou de La Faye (Généalogie de maison de), par M. Zenon Toumieux, 379.

Flamenl, archiviste. Mémoire de la Généralité de Moulins, par l'intendant J. Le Vayer (1698), par M. A. Leroux, p.-v. 481.

Flottage des bois sur la Vienne, marché conclu en 1687 entre Jacques Dalesme, seigneur du Breuil et Jean David, marchand de Limoges, par M. J. -Bellet, p.-v. 490.

Frémon (Vie du R. P. Charles), réformateur de l'Ordre de Grandmont

Grandmont XVIIe siècle, par dom J.-B. Rochias, grandmonlain, par M. l'abbé Lecler, p.-v. 504.

Grands Chézeaux (Les). Voy. SaintSulpice-les-Feuilles (Monographie du canlon de), 109; p.-v. 480.

Intendant (L'). Etienne Foullé (Un terroriste au XVII 0 siècle), par M. René Fage, 5 ; p.-v. 479.

Jouac. (Voy. Saint-Sulpice-les-Feuilles (Monographie du canton de), 139.

La Souterraine. Relation du passage d'Henri IV dans celte ville en 1605, par M. J. Bellet, p.-v. 478.

Lettres de sauvegarde données au sieur de Montoslre, 1588. Doc com. par M. J. Bellet, 446; p.-v. 498.

Neymarie (Camille), nécrologie, p.- v. 500.

Limoges. Le sac de la Cité et son relèvement, 1370-1464, par M. A. Leroux, 155; p.-v. 476, 496.

— La Cité, son évêque, son chapitre, son consulat, par P.-L. Grenier, p.-v. 499.

— Délibération du consulat réglant l'ordre des préséances, 1664. Doc. com. par M. L. de La Bastide, 447.

— Cimetière de Louyat, par M. J. Boulaud, p.-v. 482, 492.

— Création de la place Dauphine, 1778-1782, par M. Charreyron, p.- v. 508.

— LeporlailImbert,sadate,sadémolition, par M. A. Leroux, p.-v. 489.

Livre d'heures imprimé à Paris, en 1498, par Philippe Pigouchet, pour Simon Vostre, par M. A. Berger, p.-v. 504.

l/.issac-les-Eglises. (Voy. Saint-Sulpice-les-Feuilles (Monographie du canton de), 295.


TABLE l'Ait OHDRË ALPHABÉTIQUE DE MATIÈRES

523

Mailhac. (Voy.. Saint-Sulpice-les-. Feuilles (Monographie du canton de), 351.

Maleden, musicien, originaire de Limoges, apprécié par Saint-Saëns, par M. G. Jouhanneaud, p.-v. 495. . Manuscrits du château de Lastours : Gestes de Charlemagne, Chronique de Geoffroi de Vigeois, Chanson d'Antioche en langue limousine, par M. A. Leroux, p.-v. 512.

Médaille de dévotion représentant saint Léonard, par M. le Dr Fournie, p.-v. 511.

Molinier (Emile), membre honoraire, nécrologie, p.-v. 488.

Monnaies romaines en bronze trouvées à Bujaleuf, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 499.

Monnaie de Vespasien., en argent, trouvée dans la forêt de Rochechouart, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 482.

Monnaies des XII6-XIII° siècles trouvées à Ladignac, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 503.

Monnaies des XVe et XVIe siècles découvertes à Linards, village de Salas, par MM. de Kessling et Royer, 432; p.-v. 482.

Monnaies des XVe et XVIe siècles découvertes à Rilhac-Rancon, village de Cassepierre, par M. Royer, p.-v. 489.

Monuments historiques de la HauteVienne, par A. Leroux, 414; P--v. 502.

Murât, peintre, originaire de Felletin, d'après le rapport sur les grands prix de Rome de 1843, par P.-L. Courtot, p.-v. 502.

T. LVI

Muret (Marc-Antoine de). Lettres inédites (t&ble spéciale), par M. Franck Delage, 28.

Musée national Adrien Dubouché. Collection archéologique, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 490.

Musique et théâtre à Limoges (Notes pour servir à l'histoire) (suite) ; II. De 1815 à 1830, par M. G. Jouhanneaud, 48 ; p.-v. 482, 487, 492.

Nanliat. Découverte d'un souterrainrefuge, par M. A. Leroux, p.-v. 489.

Ordonnance de l'évêque de Limoges nommant l'évêque de Tulle comme vicaire général de son diocèse, 1718, par M. A. Leroux, p.-v. 513.

Orfèvrerie, pièce attribuée à saint Eloi, par M. Demaison, archiviste de Reims, lors du dernier congrès des Sociétés savantes, par M. P.- L. Courtot, p.-v. 489.

Orfèvrerie de Limoges (colombe eucharistique et croix), vendue à l'Hôtel Drouot, par M. Delage, p.-v. 482.

Papier de tenture style Louis XVI, fabriqué à Limoges, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 478

Peinture de la barricade de l'ancienne route d'Aixe, à Limoges, par M. P.-L. Courlot, p.-v. 476.

Pénitents blancs d'Eymoutiers (documents du XVIIIe siècle do,nnés à la Société par M. Hubert Texier), par M. A. Leroux, p.-v. 483.

Plaque de baudrier provenant de l'armée de Condé et recueillie en Limousin, par M. Puyraud, p.-v. 489.

Plaques de cheminée aux armes des Fougères (1626) et des Renoit-du Buis, par M. A. Berger, p.-v. 495.

34


S24

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE Et HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Plaque de cheminée datée de 1686,

■ trouvée à Aixe par M. A. Berger,

' p.-v. 499.

Pointes de lances el couteaux en silex taillé provenant du Soudan, par M. B. Mayéras, p.-v. 474.

Poisson de La Chabeaussière (LouisJean-Ange), 1710-1795, par de Fontaine-de-Resbecq, 276 p.-v. 475.

Porcelaine de Limoges (Histoire de la), complément, par M. Alfred Leroux, 438.

Poteries gallo-romaines découvertes rue de la Croix-Verte, à Limoges, par M. A. Berger, p.-v. 495.

Poteries représentant des épisodes de la parabole de l'Enfant prodigué, fabriquées en Allemagne au XVII» s., par M. Collet, p.-v. 482.

Prévôté de Chambon-Sainte-Valérie, inventaire de ses biens, par M. P. Grenier, p.-v. 512.

Prévôté de La Jonchère, accord conclu en 1490 entre Jean I" et Jean II Barthon de Mon tbas, évêque de Limoges, par M. A. Leroux, p.-v. 485.

Prieuré de Mansat (Creuse) (Identification du), par M. Antoine Thomas, 428, p.-v. 498.

Prosberl(Hemma), Scènes et croquis limousins, par M. A. Leroux, p.-v. 485.

Radoux el caboge, discussion sur le sens de ces mots qui se trouvent dans une ferme des droits de courtage delà Cité de Limoges en 1669, p.-v. 485.

Rogues de Fursac, notaire à Aixe, nécrologie, p.-v. 484.

Rougerie (Mgr), Les courants aériens dans le bassin de l'Atlantique et les courants marins, par M. le Dr Fournie, p.-v. 495.

Route de Limoges à Toulouse, plan ms. colorié (1760), aux Archives de la Haute-Vienne, par A.Leroux, p.-v. 502.

Saint-Bonnet-Elvert. (Voy. l'Intendant Etienne Foullé), 13.

Saint-Sulpice-les-Feuilles (Monographie du canton de) (suite), par M. Roger Drault, 109, 295.

Sépultures gallo-romaines et monnaies découvertes aux Billanges, par M. l'abbé P. Dercier, 437, p.-v. 503.

Statue de saint Jean au village de Sainte-Claire, par A. Lecler, 429, p.-v. 500.

Statue de sainte Marie-Madeleine, provenant de l'ancienne église des lépreux de la Maison-Dieu à Limoges, par M. P. Ducourtieux, p.-v. 509.

Tapisseries d'Aubusson, leur dispersion, par M. Cyprien Peyraton, p.-v. 509.

Thomas (Antoine), Gargantua en Limousin avant Rabelais, par A. Leroux, p.-v. 498, 504.

Toumieux(Zénon),nécroIogie,p v.506

Voies romaines (Les) en Limousin. Deuxième partie : voies principales ou stratégiques, par M. P. Ducourtieux, 235.


TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS

Bellet (J.).

Flottage des bois sur la Vienne, marché conclu en 1687 entre Jacques Dalesme. seigneur du Breuil et Jean David, machand de Limoges, p.-v. 490.

La Souterraine. Relation du passage d'Henri IV dans cette ville en 1605, p.-v. 478.

Lettres de sauvegarde données au sieur de Montostre (1588), doc, 446; p.-v. 498.

Berjçer (Aubert). Livre d'heures imprimé à Paris en

1498, par Philippe Pigouchet, pour

Simon Vostre, p.-v. 503. Plaque de cheminée datée de 1686,

trouvée à Aixe, p.-v. 499. Plaques de cheminée aux armes des

Fougères (1626) et des Benoît du

Buis, p.-v. 495. Poteries gallo-romaines découvertes

rue de la Croix-Verte, à Limoges,

p.-v. 495.

Boulaud (Joseph).

Limoges, cimetière de Louyat, p.-v. 482, 492.

Charreyron.

Bugeaud. Lettre de 1841, p.-v. 490. Limoges. Création de la place Dauphine (1778-1782), p.-v. 508.

Collet.

Poterie représentant des épisodes de la parabole de l'Enfant prodigue, fabriquée en Allemagne au XVIIe s., p.-v. 482. Courtot (Paul-Laurent).

Murât, peintre, de Felletin, d'après le rapport sur les grands prix de Rome de 1843, p.-v. 502.

Orfèvrerie, pièce attribuée à saint Eloi, par M. Demaison, archiviste de Reims, lors du dernier Congrès des Sociétés savantes, p.-v. 489.

Peinture delà barricade de l'ancienne route d'Aixe à Limoges, p.-v. 476. Delage (Franck).

Confrérie du Psautier ou du Chapelet Notre-Dame, fondée en 1501 à l'abbaye de La Règle, p.-v. 499.

Email peint, plat ovale, de Pierre Reymond, vendu à l'hôtel Drouot, p.-v. 478.

Muret (Marc-Antoine de). Lettres inédites (table spéciale), 28.

Orfèvrerie limousine, colombe eucharistique et croix, vendue à l'Hôtel Drouot, p.-v. 482. Dercier (l'abbé P.).

Sépultures gallo-romaines et monnaies découvertes aux Billanges, 437; p.-v. 503. Drouault (Roger).

Saint-Sulpice-les-Feuilles (Monographie du canton de)(suite),109, 295.


526

SOCIETE ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Ducourtieux (Paul).

Christ en ivoire découvert à SaintLazare, près Limoges, p.-v.473.

Monnaies de Vespasien en argent, trouvée dans la forêt de Rochechouart, p.-v. 482.

Monnaies des XIIe el XIIIe siècles trouvées à Ladignac, p.-v. 503.

Monnaies romaines en bronze trouvées à Bujaleuf, p.-v. 499.

Musée national Adrien Dubouché. Collection archéologique, p.-v. 490.

Papier de tenture style Louis XVI, fabriqué à Limoges, p.-v. 478.

Slatue de sainte Marie-Madeleine, provenant de l'ancienne église des lépreux de la Maison-Dieu à Limoges, p.-v. 491.

Voies romaines (Les) en Limousin. Deuxième partie, voies principales ou stratégiques, 235.

Fage (René).

Intendant (L') Etienne Foullé (Un terroriste au XVIIe siècle), 5; p.-v. 479.

Fontaine de Resbeeq (De).

Châlus (Le plalean de) aux époques gauloise et gallo-romaine, p.-v. 509.

Poisson de La Chabeaussière (LouisJean Ange), 1710-1795, 276; p.-v. 475.

Fournie (Dr).

Médaille de dévotion représentant saint Léonard, p.-v. 511.

Rougerie (Mgr). Les courants aériens dans le bassin de l'Atlantique et les courants marins, p.-v. 495.

Grenier (P.-L.). Limoges. La Cité, son évêque, son chapitre, son consulat, p.-v. 499.

Prévôté de Chambon-Sainte-Valérie, inventaire de ses biens (1788), p.-v. 512.

Jouhanneaud (Camille).

Bibliographie. Aulagne (l'abbé). La réforme catholique dans le diocèse de Limoges au XVII 0 siècle, 450 ; p.-v. 505.

Emaux peints et orfèvrerie limousine, vendusà la vente Schevilch (Emaux de Nardou Pénicault et de Pierre Reymond, p.-v. 485.

Maleden, musicien, originaire de Limoges, apprécié par Saint-Saens, p.-v. 495.

Musique et théâtre à Limoges (Notes pour servir à l'histoire) (suite) ; II. De 1815 à 1830, 48 ; p.-v. 482, 487, 492.

Keasllng (De) et Royer (F.-L.) Monnaies des XVe et XVIe siècles découvertes à Linards, village de Salas, 432; p.-v. 482.

Laguérenne (René).

Procès-verbaux des séances, 473 et suiv.

Lecler (L'abbé A.).

Barge (Le P. Charles-François), religieux de Grandmont. Sonnels sur les mystères de N.-S. et sur les fêtes de la Sainte-Vierge, des anges, apôtres, martyrs, docteurs, confesseurs, vierges, veuves, et autres pièces de poésie de piété, 1693, p.-v. 490.

Collège de Limoges. Thèse de philosophie soutenue en 1690 par Léonard Mounier et Pierre de La Farge de Sirieix, p.-v. 474.

Duchéron, chef de brigade des armées de la République. Lettres à


TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTÉURS

527

ses parents d'Eymoutiers, p.-v. 511.

Frémon (Vie du R. P. Charles), réformateur de l'Ordre de Grandmont au XVIIe siècle, par J.-B. Rochias, grandmontain, p.-v. 504.

Statue de saint Jean au village de Sainte-Claire, 429, p.-v. 500.

Leroux (Alfred).

Abbaye de Saint-Martial de Limoges. Donation faite par un nommé Ro bert, des mas d'Espeluche et Roumagnac, août 1028, doc, 445.

Archives départementales. Inventaire des archives de l'ancien évêché de Limoges, état de l'impression de cette série, p.-v. 494.

— Inventaire des archives des établissements hospitaliers pendant la période révolutionnaire, p.-v. 501.

— Répertoire des registres et dossiers du fonds Alluaud (La porcelaine et l'atelier monétaire de Limoges), p.-v. 501.

Corbeaux sculptés, en granit, provenant de l'immeuble Lemaistre, faubourg Saint-Antoine, à Limoges, donnés au Musée Adrien Dubouché, p.-v. 478.

Cros (Jean de), ancien évêque de Limoges. (Rapport de l'évêque Nicolas de Viterbe sur sa candidature à la papauté), publié par Ludwig Pastor, p.-v. 502.

Email peint. Triptyque représentant la Petite Passion d'Albert Durer, sans signature, au Musée Ferdinand, à Insprnck, p.-v. 501.

Flament, archiviste. Mémoire de la Généralité de Moulins, par l'intendant J. Le Vayer, 1698, p.-v. 481.

Limoges. Le sac de la Cité et son relèvement,

relèvement, 115; p.-v. 476,496.

— Le portail Imbert, sa date, sa démolition, p.v. 489.

Manuscrits du château de Lastours : Gestes de Charlemagne, Chronique de Geoffroi de Vigeois, Chanson d'Anlioche en langue limousine, p.-v. 512.

Monuments historiques de la HauteVienne, 414, p.-v. 502.

Nantiat, découverte d'un souterrainrefuge, p.-v. 489.

Ordonnance de l'évêque de Limoges nommant l'évêque de Tulle comme vicaire général de son diocèse, 1718, p.v. 513.

Pénitents blancs d'Eymoutiers, documents du XVIIIe siècle, donnés à la Société par M. Hubert Texier, p.-v. 483.

Porcelaine de Limoges (Histoire de la), complément, 438.

Prévôté de La Jonchère, accord conclu en 1490 entre Jean I" et Jean II Rarton de Montbas, évêque de Limoges, parchemin de grande dimension, p.-v. 485.

Procès-verbaux des séances, 473 et ss.

Prosbert (Hemma). Scènes et croquis Limousins, p.-v. 485.

Route de Limoges à Toulouse, plan ms. colorié (1760) aux Archives de la Haute-Vienne, p.-v. 502.

Thomas (Antoine). Gargantua en Limousin avant Rabelais, p.-v. 498, 504.

Martin de La Bastide (L.).

Constructions civiles en Limousin,

p.-v. 502. Limoges, délibération du Consulat

réglant l'ordre des préséances,

1664, doc, 447.


828

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Mayéras (Barthélémy).

Pointes de lances et couteaux en silex taillé provenant du Soudan, p.-v. 474.,

Pérathon (Cyprien).

Tapisseries d'Aubusson, leur dispersion, p.-v. 509.

Puyraud.

Bugeaud. Lettre de 1831, p.-v. 490. Plaque de baudrier provenant de

l'armée de Condé et recueillie en

Limousin, p.-v. 489.

Royer (F.-L.).

Monnaies des XVe et XVIe siècles découvertes à Linards, village de Salas, 432; p.-v. 482.

Monnaies des XVe et XVIe siècles, découverte à Rilhac-Rancon, village de Cassepierre, p.-v. 489.

Thomas (Antoine).

Durand (Election de) à l'évêché de Limoges, 1238, 429; p.-v. 507.

Prieuré de Mansat (Creuse) (Identification du), 428; p.-v. 498.

Toumleux (Zenon).

Faye ou de La Faye (Généalogie de la maison de), 379.


LISTE

DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

AU 31 nÉCEMBRE 1906

BUREAU

Président-né. — M. le PRÉFET de la Haute-Vienne (1).

Présidents honoraires. — MM. FAGE (René) I. P. et l'abbé A. LECLBR.

Président. — M. le Dr FOURNIE (H.J 0 *, I. P. Q.

Vice-présidents. MM. HERVY (Emile) et JOUHANNEAUD (Camille).

Secrétaire général. — M. LEROUX (Alfred), I. P. %jt.

Secrétaire-adjoint. — M. LAGUÉRENNE (René).

Trésorier. — M. TOUYÈRAS (Gabriel).

Bibliothécaires-adjoints. — MM. MOUFLE (Léonard) et DUBOIS (Joseph).

CONSEIL D'ADMINISTRATION

MM. LES MEMBRES DU BUREAU.

M. TIXIER (Jules), A. Q, $.

M. GARRIGOU-LAGRANGE (Paul), A %}.

M. MALEVERGNE DE LAFAYE(E.).

M. LAVERGNOLLE (Gaston).

COMITÉ DE PUBLICATION

MM. LES MEMBRES DU BUREAU.

M. DUCOURTIEUX (Paul), I. P. <^.

M. MARIA us (Paul).

M. COURTOT, A. <[|.

M. DELAGE (Franck).

M. MAURAT-BALLANGE (Albert).

M. l'abbé PÉNICAUT (G.).

M. GRENIER (P.-L.).

(1) La Société a été fondée le 26 décembre 1845 : elle s'est constituée à la suite de la nomination, le 3 du même mois, par M. Morisot, préfet de la Haute-Vienne, d'une commission pour la recherche, l'étude et la conservation des monuments historiques.


530 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

MEMBRES HONORAIRES (1)

MM. 1859-1876

ROUGERIE (Mgr), évêque de Pamiers.

1874-1888

CLARETIE (Jules), 0 &, de l'Académie française, administrateur de la Comédie Française, 153, boulevard Haussmann, Paris.

1875-1888

LASTEYRIE (comte Robert DE), efr, membre de l'Académie des Inscriptions, professeur d'archéologie à l'Ecole des Chartes, 10 bis, rue du Pré-auxClercs, Paris.

1879

DELISLE (Léopold), GO*, membre de l'Académie des Inscriptions, ancien administrateur général de la Bibliothèque nationale, Paris.

1899

LOUVHIER DE LAJOLAIS, *, directeur des Ecoles nationales d'arts décoratifs de Paris, Limoges et Aubusson, 19, quai Bourbon, Paris.

1879-1901

THOMAS (Antoine-André) #, membre de l'Académie des Inscriptions, professeur à l'Université de Paris, 32, avenue Victor Hugo, Bourg-laReinc (Seine).

1906

CHABANEAU (Camille), correspondant de l'Institut, ancien professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, à Nontron (Dordogne).

MEMBRES TITULAIRES

MM. 1851

GRAVE (le marquis DE), propriétaire, à Verneuil-sur-Vienne.

1859

LECLER (l'abbé A.), chanoine honoraire, rue des Charseix, 13.

1862

HERVY (Emile), notaire honoraire, 33, boulevard Gambetta

1865

LE SAGE (Charles), •&, A. {|, ingénieur civil, ancien maire de Limoges, 18, rue Péliniaud-Beaupeyrat.

(1) Quand il y a deux dates, c'est la dernière qui indique l'année de la promotion au titre de membre honoraire.


LISTE DES MEMBRES 531

MM. 1870

DUCOURTIEUX (Paul), I. P. ty, imprimeur-libraire, membre correspondant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 1, rue des Arènes.

1872

ARDANT (Georges), imprimeur, 14, rue Pont-Hérisson.

JOUHANNEAUD (Camille), avoué près le tribunal civil, 26, boul. Victor Hugo.

ROMANET DU CAILLAUD (Frédéric), 9, au château du Caillaud, prèslsle.

1873

" CRESSAC-BACHKLLEME (DE), ancien percepteur, au Dorât.

FAGE (René), I. P. ^, avocat, 88 bis, avenue Kléber, Paris (XVI«).

VANDERMARCQ (Eugène), efc, propriétaire, 7, rue du Général Cérez.

1874

BOUDET (Gabriel), I. P. %Jf, docteur en médecine, 1, rue du Général Cérez. * Madame veuve Louis BOURDKRY, au château d'Oche, par La Coquille

(Dordogne). RAYMONDAUD (E.), &, I. P. Q, directeur honoraire de l'Ecole de médecine,

28, rue Delescluze.

1875

CONSTANTIN (Jérémie), avocat, i2, avenue de Juillet.

LÉOBON-LÉTANG, ancien notaire, à Saint-Jean-Ligoure (Haute-Vienne).

1876

GUÉRIN-LÉZÉ (Guillaume dit William), efe, fabricant de porcelaine, H, rue

du Petit-Tour. ** MONSTIERS-MÊRINVILLE (le marquis Jean DES), au château du Fraisse, par

Mézières (Haute-Vienne). VIGIER (l'abbé), curé-archiprêtre de Bellac.

1877

'* CERCLE DE L'UNION, à Limoges.

DELOR (Adrien), propriétaire, au château du Puy-Malhieu, par Solignac,

et à Limoges, boulevard Louis Blanc, 21. DE LURET DE FEIX, propriétaire au Pleinard, par Pierrebuffière. LAPORTE (l'abbé), curé-doyen à Evaux (Creuse). POMÉUE (le baron Melchior DE LA), &, propriétaire, au château du Montjofire,

Montjofire, Saint-Denis-des-Murs.

1878

BERGER (Elle), *, I. P. Q, professeur au Lycée, 18, avenue Sajnt-Eloi. * DUCHASTEAU (Georges), notaire à Bessines (Haute-Vienne).


532 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

MM.

** LEROUX (Alfred), I. P. 4£, archiviste de la Haute-Vienne, membre non résidant du Comité des travaux historiques près le ministère de l'instruction publique, 48, rue de Paris.

MALEPLANE (Paul Veyrier DE), receveur des finances en retraite, à SaintLéonard.

1879

BELLABRE (Jules DE), propriétaire, au château de Puyjoubert, commune de

La Geneytouse, par Saint-Léonard. LACHENAUD (Emile), entrepreneur, 2, place du Poids-Public. LEPINAY (Gaston DE), maire de Lissac, au château de Moriolles, par Larche

(Corrèze). MALEVERGNE DE LA FAYE, ancien magistrat, 32, boulevard Victor Hugo.

1880

BOULLAFD (Henri), A. t£, docteur en médecine, 36, boulevard Victor Hugo.

1881

GILBERT (Monseigneur), ancien évêque du Mans, évêque d'Arsinoë,

27, avenue Baudin. MARIAUX (Paul), avocat, 18, boulevard Victor Hugo. MERLIN-LEMAS (Abel), avoué près la Cour d'appel, 29, boulevard Gambctta.

1882

BRISSET-DESISLES, ancien magistrat, directeur particulier de la compagnie d'Assurances générales sur la Vie, il, avenue de Juillet.

BOURDEAU DE LA JUDIE (André), 9, rueCruchedor, et au château de La Judie, par Aixe.

CATHEU (Théodore DE), S, propriétaire, au château de Juillac, près Limoges.

NENERT (André), 4, avenue Garibaldi.

SAVODIN (Jules), 50, avenue de Juillet.

TIXIER (Jules) A 41, $, architecte des monuments historiques, 38, rue Pétiniaud-Beaupeyrat.

1883

DEGROND, (Gustave), #, ancien préfet^ 9, place Denis Dussoubs. FOUGERAS-LAVERGNOLLE (Gaston), avocat, 22, boulevard Carnot. LOUVET (André), avoué près la Cour, 8, cours Bugeaud. MOUFLE (Léonard), directeur d'assurances, 16, rue d'Aguesseau. WOTTLING.A.^I, architecte diocésain, ancien directeur des travaux de la ville, 8, cours Gay-Lussac.

1884

BOURDKAU-D'ANTONY, docteur en médecine, 35, avenue Garibaldi. M" 10 BRIGUEIL, 13, avenue du Midi.


LISTE DES MEMBRES 533

MM.

MAURAT-BALLANGE (Albert), avocat, 16, place du Champ-de-Foire. MAZAUBRUN (Antoine DU), avocat, 5, rue Adrien Dubouché. MOYNAT (l'abbé), curé de Saint-Pierre-du-Queyroix, 9, avenue Garibaldi. SAZKRAT (René), 2, rue Dalesme.

1885

GARRIGOU-LAGRANGE (Paul), A. 4$, secrétaire général de la Société GayLussac,

GayLussac, l'Observatoire météorologique, 23, avenue Foucaud. PARADIS (Léon), entrepreneur de serrurerie, 6, rue des Charseix.

1886

FRAY-FOURNIER (J-B.), I. P. 4>, chef de division à la Préfecture de la Haute-Vienne, chemin des Basses-Palisses, 17.

1887

DEMARTIAL (André), directeur d'assurances, boulevard Louis-Blanc, 21.

DUBOIS (Joseph), avoué, 7, rue Arbonneau.

HERSANT (Edouard), A 4#, directeur particulier de la Compagnie d'assurances

La Providence, 17, place Manigne. JUDICIS (Antoine), architecte, 34, rue Elie-Berthet.

1888

DESBORDES (Charles), propriétaire, à Salesse, par Ambazac (Haute-Vienne). ** Ecole nationale d'Arts décoratifs de Limoges. GANT, percepteur à La Chapelle d'Angillon (Cher).

TEXIER (Hubert), avocat, à Paris, rue Clapeyron, 16, et au Queyraud, par Saint-Paul d'Eyjeaux.

1889

CHARREYRON (Pierre), avocat, docteur en droit, 4, rue des Feuillants TOUTÉRAS (Gabriel), ancien percepteur, rue d'Aguesseau, 16.

1891

GUIMBAUD (l'abbé Hubert), professeur à l'Ecole Montalembert.

LAUHOND (Jules), avocat, à Beauvais, commune de Saint-Amand-Jartoudeix.

près Bourganeuf (Creuse). TENANT DE LATOUR (Albert), a l'abbaye du Chalard, par Ladignac.

1892

CHAPTES (Henry DE FAYOLLES DE CORUS DE), &, chef d'escadrons de cavalerie territoriale, au château du Couret, commune de Saint-Laurent-lesEglises, près La Jonchère (Haute-Vienne).

LAPORTE (Maurice), $t, négociant, ancien sénateur, maire de Jarnac.

MARQUET, &, I. P. 41. docteur en médecine, membre du Conseil général, maire de Rochechouart,


534 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

MM. 1893

FAISSAT(J.),A4£, constructeur d'appareils photographiques, rue du Clocher,19. GENTIL DE ROSIER (Alexandre DE), propriétaire, au château de Rosier, par

le Châtenet-en-Dognon (Haute-Vienne). MOUNIER (l'abbé), chanoine, rue Neuve-Saint-Etienne, 4.

1895

BILLARD (Georges), notaire, 7, rue Pétiniaud-Beaupeyrat.

BROUSSE (Gilbert), propriétaire, 35, chemin des Basses-Palisses.

FRÉDY (DE), propriétaire, au château de Saint-Auvent, par Saint-Auvent

(Haute-Vienne). GABIAT (Camille), docteur en droit, ancien député, membre du Conseil

général, à St-Sulpice-les-Feuilles, et à Paris, 172, rue de Grenelle. LACAUX (Charles), iji, négociant,vice-consul d'Espagne, 32, cours Gay-Lussac. MALINVAUD-BERGER, négociant, 19, rue Lansecot. MARTIN DE LA BASTIDE (Louis), capitaine au 20° dragons, avenue Ernest

Ruben, 53. MOREL (Etienne), directeur d'assurances, 16, boulevard Carnot. VANDIÈRES DE VITRAC (Antoine-Marc DE), ■$!, ancien capitaine de cavalerie,

27, boulevard de la Corderie.

1896

PBNICAUD (Gustave), curé à Cognac (Haute-Vienne). ROCHE (Edouard), négociant, à Champagnac près Nexon. RUCHAUD (Lucien), négociant, 17 bis, rue Manigne.

1897

COURTOT, A. 4£, professeur de dessin au Lycée Gay-Lussac, 14, avenue

de Toulouse. L'HERMITE (vicomte DE), &, capitaine au 21e régiment de chasseurs achevai,

place Boucherie, 3.

1898

BERGER (Aubert), entrepreneur, 13, rue des Charseix. MARANDAT (l'abbé J.), curé doyen de Saint-Yrieix. SAILLY, notaire, l,rue Léonard-Limosin. TRÉZEOUET (Albert), négociant, 15, rue des Taules, ZIBELIN, 0 ijjf, ancien officier supérieur, 2, place Haute-Cité.

1899

JOUHANNEAUB (Charles), chimiste, licencié ès-sciences, rueElie Berthet, 15.

1,90,0

ARBELLOT (Emile), négociant, 4, cours Jourdan. ARDANT (Maurice), propriétaire, rue du Collège, 3. BKAUREd'AuGÈRES (Louis), l5, rueGondinet. DUPUY (Firmin), avocat-agréé, 8, rue Pont-Hérisson.


LISTE' DBS MEMBRES 535

MM. 1901

BLANCHER (Ernest), A.0'1 peintré;émailleur, rue Pétiniaud-Beaupeyrat, 53. BONNAUU (Paul), A 41, peinire-émailleur, boulevard de Fleurus, 3. FOURNIE (Dr H.), médecin-principal de l'armée, 0 #, I P 41, av. de Juillet, 2.

1902

ABZAC (0. D'), A 4#, percepteur des contributions directes, rue PétiniaudBeaupeyrat, 40.

COLLET (Paul), directeur de l'agence du Crédit Lyonnais, boul. du Collège.

DkQ;ET(Pâul),aucHatëaii du Mas, par St-Yrieix, et 34', rue de Chaillot-, Paris.

DROIIAULT (Roger), A 4li receveur de l'enregistrement, correspondant du Ministère de l'Instruction publique, à Saint-Sulpice-les-Feuilles.

HERVY (Pierre), docteur en médecine, 33, boulevard Gambetta.

JOUHAUD DEVERDIER (Etienne), architecte, 32, avenue de Juillet.

LAGUÉRENNE (René), avocat, avenue Fuucaud, 12.

1903

BOUILLON (Marc), ingénieur civil, boulevard Louis Blanc, 17. CHARLES-LAVAUZELLE(Henri), Ô $«, I 4£, éditeur militaire, avenue Baudin, 62. GUILLEMOT (René), rédacteur en chef du Courrier du Centre, rueTurgot, 18. MAZEAUD (S.), juge au tribunal civil de première instance de Limoges, avenue

du Midi, 30. NAVIÈRES DU TREUIL (Adolphe), au Grand-Treuil, Limoges. ROYER (Frédéric-Louis), pharmacien,, rue Montmailler, 49.

1904

BOULAUD (Joseph), négociant, 3, boulevard Louis-Blanc.

CHABROL (Paul), avocat, 29, avenue du Midi.

CHARLES-LAVAUZELLE (Alfred), 62,. avenue Baudin.

DELAGE (Franck), professeur au Lycée, 5, avenue du Champ-de-Juillet.

DUVOISIN-MAZORIE, avocat, 134, avenue Ernest Ruben.

FOUGERA» (Auguste), manufacturier, 29, avenue Baudin.

GÉRARD (Raymond), avocat, 2, boulevard Montmailler.

GRENIER (Paul-Louis), conservateur de l'a Bibliothèque communale de

Limoges, Hôtel de la Paix. GUIBERT (Georges), directeur d'assurances, 5, rue de l'Observatoire. MAYÉRAS (Barthélémy), rue de la Grange-Garat. PUYRAUD (Ludovic), avocat, 12, place du Champ-de-Foire.

1905

KOESSLING (DE), chef d'escad. au 21e chasseurs, rue Pétiniaud-Beaupeyrat, 18. ROGUES DE FURSAC fils, notaire, à Aixe-sur-Vienne.

1906

BÀRNY (Antoine), négociant, place Saint-Martial, 1.

BOUCHART, docteur en médecine, avenue de la Gare, 1.

DAINVILLE (Maurice DE), à Cussac.-

DE FONTAINE DE RESBECQ, ancien officier de cavalerie, à Cussac.

FRÉBAULT (Henri), rue des Combes, 9.

LACOTTE (André), riïe des Halles.

PECONNET DU CHATENET (Othon), au Theillol, commune de Chaptelat.

USSEL (Marquis D'), avenue Ernest Ruben, 130.


636 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

MEMBRES CORRESPONDANTS

MM. 1857

CLÉMENT-SIMON, *, ancien procureur général, château de Bach, par Naves, (Corrèze).

1865

COUSTIN DU MASNADAUD (la marquise DE), au château de Sazeyrat, par Marsac (Creuse).

1871-1875

AUBÉPIN, ancien archiviste du département du Cantal, au Dorât.

1872

DECOUX-LAGOUTTE,A4I, ancien magistrat, ruedeBourdeilles, 11, àPérigueux. ** POULBRIÈRK (l'abbé), supérieur du Petit-Séminaire de Servières (Corrèze).

1874 1885

DEMARTIAL (Henri), $t, conseiller à la Cour de Cassation, 16, rue Vavin, à Paris.

1875

MASBARET DU BASTY (Edouard), ancien conservateur des hypothèques, à Saint-Léonard.

1875 1884

BONHOMME DE MONTÉGUT (Henri), ancien magistrat, aux Ombrais, près La

Rochefoucauld (Charente). BOSVIEUX (Paul), conservateur des hypothèques, cité Vaudoit, 26, à Clermont-Ferrand

Clermont-Ferrand

1877

AUBUSSON DE SOUBRKBOST (Edouard), 98, rue de Varennes, Paris. MONTCHEUIL (Paul DE), château de Montcheuil, près Nontron (Dordogne). MONTVAILLER (Paul DE), avocat, Confolens (Charente).

1878

DUJARRIC-DESCOMBES, I. P. i£, licencié en droit, ancien notaire, vice-président de la Société historique du Périgord, 9, rue de Paris, à Périgueux.

1879

CIALIS (l'abbé), curé de La Souterraine (Creuse).

RANCOGNE (DE), chez M. Verdeau, rue des Bezines, à Angoulême (Charente).


LISTE DES MEMBRES 83?

MM. 1882

BERTHOMIER (Georges), avocat, au château de St-Germain-Beaupré (Creuse),

et à Neuilly-sur-Seine, 38, avenue du Roule. SENNEVILLE (DE), conseiller référendaire à la Cour des Comptes, 82, rue de

Grenelle, à Paris.

1883

BRUCHARD (Jean DE), avocat, villa Saint-Germain, par Brive (Corrèze).

1884

RUBEN (Emile), imprimeur-libraire, Charleville (Ardennes).

1885-1894

GUIONNBT (Paul-André), Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne).

1886

** CHAMPEVAL DE VYERS (Jean-Baptiste), avocat, à Bourganeuf (Creuse).

1888

BELLET, agent d'assurances, à La Souterraine (Creuse).

MAZET (Albert), A 41, architecte, boulevard des Balignolles, 26, à Paris.

** RUPIN (Ernest) ^, I P. 41, président honoraire de la Société scientifique,

historique et archéologique de la Corrèze, à Brive. TtRMES (Emile DES), inspecteur général de la Compagnie d'Assurances

générales, à Bordeaux, 16, rue Ducau, et à Bellac, rue du Coq. THOMAS-DURIS (Dr René), à Bugeat (Corrèze).

1889

GONDINET (Michel) #, avocat, docteur en droit, 12, rue Matignon, Paris. DULAU et C", libraires, 37, Soho-Square, à Londres (2).

1890

" ALEXEÏEFF (Son Excellence le comte Georges D'), G. C. >&, maître de la Cour de S. M. l'Empereur de Russie, tuteur honoraire, rue Serguievskaya, 40-12, Saint-Pétersbourg.

CARS (le duc DES), 80, rue de Lille, Paris.

** PÉRATHON (Cyprien), membre correspondant du comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, à Aubusson.

1891

BEAUCHESNE (marquis DE), vice-président de la Société historique et archéologique du Maine, maire de Souvïgné, au château de la Roche-Talbot, par Sablé (Sarthe), et 8, avenue Marceau, Paris.


538 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMO< SIN

MM. 1893

ASHER et Cle, libraires, 13, Unter den Linden, Berlin. LENORMAND (Louis), architecte, 2, impasse de Conti, Paris.

1896

ALBERT (Dr Prosper), médecin principal de l'armée en retraite, 37, chemin

du Vivier, à Chublac, par Amplepuis, près Lyon. LESPINAS (Edmond), avocat, ancien magistrat, 13, rue de Bourdeilles, à

Périguoux.

1898

ARBELLOT (Albert), receveur des Finances, à Saint-Nazaire. ARBELLOT DU REPAIRE (Emile), receveur des Finances, à Marennes(CharenteInférieure). FOUCAUD(François), comte DU DAUGNON, château d'Offanengo (LombardieJ. MAUMY (Fr.), avocat, 76, rue N.-D. des Champs, Paris.

1899

STECBERT, libraire, 76, rue de Rennes, à Paris.

1900

LOPEZ PELAEZ (D. ANTOLIN), évêque de Jacca (Espagne).

1901

LANGLADE (A.), rue de la Mairie, 29, Boulogne-sur-Seine.

MEYNIEUX (P.), licencié ès-letlres, Palais de Justice, à Saint-Etienne.

1902

VALADBAU (P.), instituteur, à Saint-Priest-la-Feuille (Creuse).

1903

FAGE (André), architecte, avenue Kléber, 71, Paris.

LABROUHE DE LA BORDERIE (Fernand DE), avocat à la Cour d'appel, 29 bis, rue

Solférino, Bordeaux. POUQUET, docteur en médecine, 8, rue du Pré-aux-Clercs, Paris.

1904

DE SAZILLY (René), au château de Curzac, par Saint-Germain-les-Belles, (Haute-Vienne).

1905 LYON (Ernest), avocat, square Maubeuge, 3, Paris. VANDERMARCQ (V.-L.), avocat, rue Radziwill, Paris.

Etablissements auxquels la Société envoie ses publications :

Ministère de l'Instruction publique, à Paris.

Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, à Paris.

Bibliothèque communale de Limoges.

Archives départementales de la Haute-Vienne.

Grand-Séminaire de Limoges.

Ecole normale d'instituteurs, à Bellevue, près Limoges.


LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES

Aisne : Société Historique et Archéologique, à Château-Thierry. Société Archéologique, Historique et Scientifique, à Soissons.

Algérie :

Société Historique algérienne, à Alger. Société Archéologique, à Constantine. Académie d'Hippone, à Bône.

Aller: Société d'Emulation de l'Allier, à Moulins.

Aube :

Société Académique de l'Aube, à Troyes.

Aveyron : Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron, à Rodez.

Bouches-du-Rhône :

Académie des Sciences de Marseille.

Société de Statistique de Marseille.

Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres, à Aix-en-Provence.

Bibliothèque de l'Université, à Aix-en-Provence.

Calvados : Société française d'Archéologie pour la conservation et la description des monuments, (siège à Caen).

Charente : Société Archéologique et Historique de la Charente, à Angoulême.

Charente-Inférieure : Société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, à Saintes.

Cher: Société des Antiquaires du Centre, à Bourges.

Corrèze : ,

Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, à Tulle.

Société Scientifique, Historique el Archéologique de la Corrèze, à Brive.

CAte-d'Or :

Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres, à Dijon.

Creuse : Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, a Guéret.

Dordogne: Société Historique el Archéologique du Péngord, à Périgueux.

T. LVI 35


540 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Donna :

Société d'Emulation du Doubs, à Besançon.

Eure-et-Loir : Société Dunoise, à Chàteaudun.

Finistère :

Société Académique, a Brest.

Gard: Académie du Gard, à Nîmes.

Garonne (Haute-) : Académie des Jeux Floraux, a Toulouse. Société Archéologique du Midi de la France, à Toulouse

Gironde :

Société Archéologique de Bordeaux.

Hérault Académie des Sciences et Lettres, à Montpellier Revue des Langues Romanes, à Montpellier. Société archéologique, à Montpellier.

nie-et-VUaine : Société Archéologique, à Rennes.

Indre : Société Académique du Centre, HO, rue Grande, à Cbâteauroux.

Indre-et-Loire : Société Archéologique de Touraine, à Tours.

Isère :

Académie Delphinale, à Grenoble.

Landes : Société de Borda, à Dax.

Loir-et-Cher :

Société Archéologique, Scientifique et Littéraire du Vendômois, à Vendôme.

Loire :

Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles-Lettres, àSt-Etienne.

Loire (Haute-).

Société Agricole et Scientifique de la Haute-Loire, au Puy.

Loire-Inférieure : Société Archéologique, à Nantes.

Loiret : Société Archéologique de l'Orléanais, à Orléans.

Lot : Société des Etudes Littéraires, Scientifiques et Artistiques du Lot, à Cahors.

Lot-et-Garonne :

Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Agen.


SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. 541

Maine-et-Loire : Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Maine-et-Loire, à Angers.

Marne : Société Archéologique, à Chàlons-sur-Marne. Académie des Lettres, Sciences et Arts, à Reims.

Meurthe-et-MoseUe :

Académie de Stanislas, à Nancy.

Morbihan :

Société Polymathique du Morbihan, à Vannes. Nord :

Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts, à Lille.

Oise :

Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts, à Beauvais. Comité Archéologique, à Senlis.

Orne :

Société Archéologique et Historique, à Alençon.

Pas-de-Calais : Académie des Sciences, Lettres et Arts, à Arras. Société Académique, à Boulogne-sur-Mer. Société des Antiquaires de la Morinie, à Saint-Omer.

Puy-de-Dôme : Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts (à la Bibliothèque de Clermont-Ferrand).

Clermont-Ferrand). des Amis de l'Université d'Auvergne, à Clermont-Ferrand.

Pyrénées (Basses-) : Société des Sciences, Lettres et Arts, à Pau.

Rhône : Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Lyon. Bulletin historique du diocèse de Lyon.

Saône-et-Lolre : Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres, à Mâcon. Société Eduenne, à Aulun.

Sarthe : Société Historique et Archéologique du Maine, au Mans.

Savoie : Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, à Chambéry. Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie, à Chambéry.

Savoie (Hante-) Société Florimontane, à Annecy.

Seine : Société des Antiquaires de France, à Paris. Société Française de Numismatique et d'Archéologie, à Paris Société Indo-Chinoise, à Paris. Lemotm,revuefraneo-limousine,organedesassociationslimousinesde Paris

Seine-et-Marne : Société Historique et Archéologique du Gâtinais, à Fontainebleau.

Seine-et-Oise : Société Archéologique, à Rambouillet.


542 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

Seine-Inférieure : Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Rouen.

Sèvres (Déni-) : Société de Statistique, Sciences et Arts des Deux-Sèvres, à Niort. Revue épigraphique (direction à Saint-Maixent).

Somme :

Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.

Académie des Sciences, Belles-Lettres, Arts et Agriculture, à Amiens.

Société d'Emulation, a Abbeville.

Tarn-et-Garonne : Société Archéologique de Tarn-et-Garonne, à Montauban.

Var : Société d'Etudes Scientifiques et Archéologiques, à Draguignan. Académie des Arts du département du Var, à Toulon.

Vienne : Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers.

Vienne (Haute-) : Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Limoges. Société Gay-Lussac, à Limoges. Société botanique et Revue scientifique, à Limoges. Société des Amis des Sciences et des Arts, à Rochechouart.

Yonne :

Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne, à Auxerre. Société Archéologique, à Sens.

Allemagne : Société historique d'Aix-la-Chapelle (Aachener Geschichtsoerem). Neue Heidelberger Jahrbuecher (Bibliothèque de l'Université, Heidelberg). Belgique :

Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,

à Bruxelles. Académie royale d'Archéologie, à Anvers. Société des Bollandistes, 775, boulevard Militaire, Bruxelles. Les RR. PP. Bénédictins, à Maredsous. Cercle Archéologique de Mons. Revue Mabillon, a Chevelogne, par Leignon.

Russie :

Commission impériale d'Archéologie de Saint-Pétersbourg. Académie impériale de Saint-Pétersbourg. Suède :

Académie royale d'Histoire et des Antiquités, el Musée National (liongl. vitterhets Historié och Antiquitets Akademien) de Stockholm.

Suisse : Société neufchâteloise de géographie, à Neufchâlel.

Société historique et archéologique de Bâle (Historisrhe und antiquarisclie Gesellschaft). ^-—-—-^

Etats-Unis de l'Amérique du Nord : /\'\V** **tyr\

Société Smilhsoniennc, à Washington. /-^' \'^»\


TABLE DES MATIÈRES

TRAVAUX

Pages

Un terroriste au XVIIe siècle : l'intendant Etienne Foullé, par

M. René Fage 5

Lettres inédites de Marc-Antoine de Muret, par M. Franck Delage. 28

Notes pour servir à l'histoire de la musique et du théâtre à Limoges, au XIXe siècle (suite); II, de 1815 à 1830, par M. Camille Jouhanneaud 48

Monographie du canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles (HauteVienne [suite) : Les Grands-Chézeaux, Jouac, Lussac-les- — Eglises, Mailhac, par M. Roger Drouault 109, 295

Le sac de la Cité de Limoges et son relèvement (1370-1464), par M. Alfred Leroux 155

Les voies romaines en Limousin, 2e partie, voies principales ou stratégiques, par M. Paul Ducourtieux 235

Louis-Jean-Ange Poisson de la Chabeaussière (1710-1795), par

M. de Fontaine de Resbecq 276

Généalogie de la Maison de Faye ou de La Faye, par M. Zenon Toumieux 379

Monuments historiques de la Haute-Vienne. Supplément au

rapport de Louis Guibert, par M. Alfred Leroux 414

COMMUNICATIONS DIVERSES

Identification du prieuré de Mansat, par M. Antoine Thomas.... 428 L'élection de Durand à l'évêché de Limoges, 1238, par M. Antoine

Thomas 429

Une statue de saint Jean au village de Sainte-Claire, par M. le

chanoine A. Lecler 429

Découverte de monnaies à Linards (Haute-Vienne), par MM. de

Koessling et Royer 432

Découverte de monnaies aux Billanges, par M. l'abbé P. Dercier 437 Histoire de la porcelaine de Limoges (complément), par M. Alfred

Leroux... , 438

i


544 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN

DOCUMENTS DIVERS

Donation faite par un nommé Robert à l'abbaye de Saint-Martial de Limoges, des mas d'Espeluche et Roumagnac (août 1028),

par M. Alfred Leroux 445

Lettres de sauvegarde (1588), par M. J. Bellet 446

Délibération du Consulat de Limoges, réglant l'ordre des préséances (1664), par M. Louis de La Bastide 447

BIBLIOGRAPHIE

La Réforme catholique du XVIIe siècle dans le diocèse de Limoges, de M. l'abbé Aulagne, par M. Camille Jouhanneaud 450

GRAVURES

Château de la Goutte-Bernard 125

Croix processionnelle de Ménussac, XIIIe siècle 149

Plan de Limoges, par Jouvin de Rochefort, vers 1680 181

Les voies romaines en Limousin, voies principales ou stratégiques. 245

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Séance du 30 janvier 1906 473

— du 24 février — 477

— du 27 mars - 480

— du 24 avril — 484

— du 29 mai — 488

— du 26 juin „ - 493

— du 31 juillet - .... 496

— du 30 octobre — 500

— du 27 novembre — 506

— du 27 décembre — 510

TABLES

Table méthodique, par M. P. Ducourtieux 515

— par ordre alphabétique de matières, par M. P. Ducourtieux. 521

— par ordre alphabétique d'auteurs, par M. P. Ducourtieux. 525

Liste des membres de la Société ^^-rTTTr-^, 529

Liste des sociétés correspondantes vC»>À. >* • ^il%s\. ■ .. . 539

Limoges, imprimerie-librairie Ducourtieux e^^»uV7, rue des^rèneB.