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Titre : Les Jacques, sculpteurs rémois des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles : notice et documents sur leur famille, leur vie et leurs travaux... / par Henri Jadart,...

Auteur : Jadart, Henri (1847-1921). Auteur du texte

Éditeur : Impr. de E. Plon, Nourrit et Cie (Paris)

Date d'édition : 1890

Sujet : Jacques

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34210932k

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 31 p. ; in-8

Format : Nombre total de vues : 37

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54627368

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LM3-2113

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 28/09/2009

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LES JACQUES

SCULPTEURS RÉMOIS niCS SEIZIEME, DIX-SEPTIÈME ET DIX-HUITIEME SIÈCLES

NOTICE ET DOCUMENTS

Sl'H l.KUll KAMII.l.K, I.KUH \l\. I.T I.KUHS TRAVAl\ AVKG I.A VUK l)K THOIS I)K LEURS OKUVIIKS

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HENRI JADART

i.oiiRKsroMnvr tu- amri: DES somim M:S DRUA-HITS

UiXSKIlV.UKtll 1DJOIVT UU MLSKK 1)1% I1KIUS, SKf.IlhT.JIIIK GtAMIU. 1IK L'.IC.UIKUIK

PARIS

TYPOGRAPHIE DE E. PLOX, NOURRIT ET C 1'

RUK GARA.VCIKRE, S

1890




LES JACQUES

SCULPTEURS RÉMOIS DES SEIZIÈME, DIX-SEPTIÈME ET DIX-HUITIÈME SIÈCLES

NOTICE ET DOCUMENTS

srn LEUR FAMILLE, LEUR VIE ET LEURS TRAVAUX

AVEC LA VUE DE TROIS DE LEURS OEUVRES

1MR

HENRI JADART

conRKsrovnuT nr CMIITK OKS SOCIKTKS I>':S RHUX-ARTS covsF.n\ m:ui ADJOINT DC WISKR IIR RKIUS, SECRÉTAIRE r.KViîmr. DK I.'ACWKUIK

PARIS

TYPOGRAPHIE DE E. PLOM, NOURRIT ET C««

RUK GARAXCIERB, K

1890


Ce mémoire a été lu à la réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, à l'Ecole des Beaux-Arts, dans la séance du 28 mai 1890.


LES JACQUES

S U L l'T K U II S II É MOIS I) K S S K I 7.1 È M K, I) 1 X - S K V T I K M K

i:r Dix-iiurnÈMK SIÈCLES

Les rouvres des artistes sont celles qui frappent le plus vivement l'imagination populaire : le souvenir qu'elle en garde se perpétue longtemps après la mort de leurs auteurs et survit à la destruction des rouvres elles-mêmes. Mais la légende s'empare bientôt des uns et des autres, une confusion s'établit entre les époques, entre les oeuvres et entre les maîtres : le seul moyen de débrouiller le cliaos en reconstituant l'histoire, c'est de recourir aux sources, de remettre en lumière les documents contemporains.

Telle est la lâche qu'ont entreprise de nos jours, au sujet do la famille des Jacques, célèbres sculpteurs et statuaires rémois, plusieurs amateurs et érudits distingués, notamment MM. Louis Paris, Max. Sutainc et Cli. Loriquct. Ce dernier surtout, ancien bibliothécaire de Reims, interrogea les archives des greffes, les minutes do notaires, le" registics de l'état civil, et forma un dossier qui figure dans une étude d'ensemble sur les Artistes rémois '. C'est une série de documents puisés aux mêmes endroits, dus aux mêmes recherches, que nous mettons au jour de notre côté pour répondre à la curiosité du public, non moins qu'aux investigations qui ont lieu, en France et en Italie, au sujet de la vie et des travaux des Jacques*. Celte notice sera loin de salisfuire

1 L'introduction de celle étude a élé seule publiée dans les Travaux de f Académie de Reims, t. XXXVII clXLlIL Les pièces inédites sont restées entre les mains de la famille de M. Ch. Lorii|tict, décédé en 18S9, et pourront, dans l'avenir, faire l'objet d'une très utile publication.

9 En 1889, demandes de renseignements de la part de M. L. Courajod, l'un des conservateurs de h Sculpture françaiscau Louvre, et de la part de M. Gcffroy, membre de l'Institut, directeur de l'Ecole française de Rome.


à toutes les questions et de combler toutes les lacunes; du inoins elle servira de nouveau jalon, de point de repère en vue d'un complet éclaircissement. Sans aborder les faits déjà connus, à propos desquels nous renvoyons à une bibliographie placée à la fin de l'Appendice, sans entamer non plus de dissertations approfondies, ni d'hypothèses encore hasardées, nous produisons des textes relatifs, les uns à l'existence, de quatre sculpteurs du nom de Jacques, les antres a l'exécution de plusieurs de leurs oeuvres, principalement au sein de leur ville natale.

I

lUOGRAPHIK DKS JACQUES.

Los Jacques ne sont point des frères, comme on l'a répété tant de fois sans preuves, ce sont des enfants qui succédèrent chacun à leur père, tour à tour héritiers, sinon d'un égal talent, au moins d'un même amour pour une profession qui n'était ni sans gloire, ni sans profil. Le premier que nous connaissions fut le plus illustre : c'est Pierre Jacques, ai liste de la Renaissance, sous les règnes des derniers Valois, décédé en 1590. Le second fut Nicolas Jacques I", artiste des époques de Henri IV et de Louis XIII, mort en 1G49. Le troisième fut François Jacques, qui aurait pu être un artiste du grand style Louis XIV s'il n'avait péri en 1GG4, victime d'un accident dans l'exercice de son travail, en pleine maturité de talent. Le quatrième, Nicolas Jacques II, reçu maître en IG78, reste pour nous le moins connu, quoiqu'il soit le plus récent, ayant terminé sa carrière en 1726 sans laisser d'eeuvres saillantes.

A défaut d'une biographie véritable de ces quatre personnages, précisons les dates de leur vie et les renseignements découverts sur chacun d'eux.

§ 1". — Pierre Jacques (f 159G).

En ce qui concerne Pierre Jacques, il importerait d'abord de le dégager d'un rapprochement, aussi singulier que douteux, résultant d'un passage de lllaise de Vigenèrc. Il s'agit dans ce passage, fort peu intelligible d'ailleurs, d'un maître Jacques, natif d'An-


gouléme, dont les oeuvres curent une haute réputation en Italie. Il peut y avoir dans cette appréciation, malgré l'invraisemblance d'un concours avec Michel-Ange, certains traits authentiques du Jacques rémois; mais, dans l'impossibilité où nous sommes de fairo la part de la vérité, nous rapportons le texte entier, sans en discuter plus avant la portée.

Voici le jugement sur Jacques, iiiitif d'Angoulème, écrit par Biaise de Vigcnèrc :

u Iean donjon csloit plus versé en l'imagerie (que les deux du Cerceau)... Mais le plus excellent imagier François, tant en marbre qu'en fonte : i'excepleray tousiours un maistre Iacqucs natif d'Angoulesme, qui, l'an 1550, s'osa bien parangonner à .Michel l'Ange pour le modclle de l'image de S. Pierre à Rome, et de faict l'emporta lors par-dessus luy au ingénient de tous les maislres, mesme italiens. VA de luy encore sont ces trois grandes figures do cire noire au naturel, gardées pour un très excellent ioyau en la librairie du Vatican, dont l'une monstre l'homme vif, l'autre comme s'il estoit escorché, les muscles, nerfs, veines et artères cl libres, et la Iroisiesme est un Skcletos, qui n'a que les ossements avec les tendons qui le lient et accouplent ensemble. Plus un Automne de marbre qu'on peult veoir en la grotte de Meudon, si au moins il y est encore, car ie l'y ay veii aulresfois, ayant esté faict à Rome, autant prisé que nulle autre statue moderne, le plus excellent doneques sculpteur François, ny autre deçà les inouïs, a esté maistre Germain Pillon, décédé Fan 1580 '. »

La seule mention authentique d'un contemporain sur Pierre Jacques est celle que nous devons au célèbre antiquaire rémois Nicolas Ucrgier, l'auteur des Grands chemins de l'Empire, juste appréciateur du mérite de son compatriote : « M. Pierre Jacques, écrivait-il en 1G11, natif de nostre ville, y décéda l'an 1596; ses oeuvres qui se voyent et en Italie et en France, seront à jamais en admiration à la postérité pour eslre des plus parfaites en leur

1 La suite de Philoslrate, par Dlaise DE VIGEXERE, Bourbonnois. Paris, Abc\ Langcllicr, 1597, in-V», f° 120. — Le même passage dans Les images ou tableaux de platte peinture des deux Philostrates, sophistes grecs, et ses statues de Callistrate... Paris, S. Cramoisy, 1C37, p. 855. — Sur Jacques d'Angoulème et sa réputation légendaire, voir une notice lue à la réunion des Sociétés des Beaux-Arts en 1890, par M. Emile Biais, correspondant du Comité à Angouléme : Les artistes angoumoisins, depuis la Renaissance jusqu'à la fin du dix-huitième siècle.


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espèce. « On trouvera plus loin la page de Rergier, entièrement consacrée a l'éloge des Jacques; elle est surtout précieuse parce qu'elle nous atteste les travaux de Pierre Jacques en Italie, ce qui concorde pleinement avec l'existence de dessins nouvellement découverts, qui rendent évident et indubitable son séjour à Rome, en 1570 et en 1577. Ce point sera prochainement éclairci el avantageusement démontré pour la gloire de nos artistes français de la Renaissance '.

La lacune véritablement fâcheuse, c'est l'absence totale de renseignements sur la date de la naissance de Pierre Jacques'. Il en résulte une impossibilité absolue de se prononcer en sa faveur au sujet de .l'attribution qui lui est généralement faite d'une oeuvre capitale : les Statues des Pairs de France et le groupe de Saint Bemi catéchisant Clovis, superbes ornements de l'ancien tombeau de saint Rcmi détruit en 1793, qui furent replaces en 1847 autour du tombeau réédifié sur les dessins de M. Brunctle 3. Comme nous l'établirons plus loin, la construction de l'ancien tombeau avait eu lieu de 1533 à 1537, par les soins de Robert de Lenonconrt, abbé de Saint-Remi 4. Or Pierre Jacques, décédé en 159G, ne pouvait être âgé au moment de ce grand travail que de treize à dix-huit ans au plus, étant vraisemblablement né de 151G à 1520. 11 était trop jeune en 1533 pour être choisi comme le statuaire du célèbre mausolée, et même pour y avoir travaillé avant son achèvement,

1 Ce travail vient de paraîlrc, et offre le plus grand intérêt pour l'Art français en général, et en particulier pour la biographie des Jacques. Il est intitulé : A. GKFKROV, L'album de Pierre Jacques de Reims. Dessins inédits d'après les marbres antiques conservés à Home an seizième siècle. Extrait de» Mélanges d'archéologie et d'histoire, publiés par l'Ecole française de Home, t. X. Home, impr. de la Paix, Philippe Cugginnî, 1890, in-8° de 08 pages, avec trois dessins dans le texte et trois planches liéliogrophiques a la suite. Ce très précieux album inédit appartient à M. Hippolytc Dérailleur, l'architecte bibliophile bien connu des amateurs d'Art.

- Lcféron ne la précise pas plus que Brrgirr. » Jacques, dit-il, natif de Itcims, qui vivoil sous le règne de Henri III, auroit fait fortune a la cour, s'il rut eu moins de zèle et d'affection pour sa pairie. i Introduction à l'histoire de Reims, p. 2V0, ins. de la Bibliothèque de Hcims.

3 On a conservé aussi du mausolée primitif deux chapiteaux en albâtre, déposes au Musée. (Cila/ogtie du Musée de Reims, 1881, p. 320.)

4 Le Tombeau du grand saint Remij, par D. (iuill. M.IRI.OT. Hcims, 1617, p. 1-iU- — Anciens el nouveaux Tombeaux de suint Rcmi, par J.-J. Maquarl, k pi. in-f". Hcims, 1817.


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en 1537. Autrement, il faudrait dire que ces statues sont l'oeuvre de son enfance.

On peut admettre que notre artiste soit mort dans un âge avancé, vers quatre-vingts ans, je suppose, mais il ne faut pas lui supposer une longévité supérieure, car il séjourna en Italie en 1570 et en 1577, il eut un fils en 1573 de sa femme Didiôre, un autre fils encore après, et nous le retrouvons, en 1590, marié à une seconde femme, Antoinette La Caille. En outre, il fit à Sainl-Pierrele-Vieil, en 1583, treize ans avant sa mort, un autel trop important pour qu'on puisse le supposer à cette date âgé de plus de soixantedix ans. En 1590, six ans avant sa mort, il taillait les bois des armoiries qui devaient être moulées sur les pièces d'artillerie de la ville. Tout indique donc que la période d'activité de PierreJacques s'étend de 1540 au plus tôt à 1590. Il aurait pu à la rigueur travailler comme débutant, en 1541, aux figures du retable des Apôtres encore existant à la cathédrale de Reims, et qui lui sont généralement attribuées. Malheureusement aucun traité n'existe pour attester et fixer sa part dans ce travail d'un bel ensemble. U figure pour la dernière fois, en 1595, sous le titre de maître imagier, comme exécuteur du testament de la veuve de Jean Le Gendre, maître maçon, probablement son ancien associé, mais on ne voit nulle part son nom cité au delà. Il finissait à celle époque sa carrière déjà longue, plein de jours et en possession d'une renommée dont ses descendants jouirent plus d'un siècle après lui,

U y avait aussi à Reims, en môme temps que le sculpteur Pierre Jacques, un menuisier et imagier du nom de Jacquet, mais nous pensons qu'il n'y avait entre eux aucune parenté '.

11560, 8 juillet. • Jehan Jacquet, menuisier et ymaigicr, dem' a, Reims, vend à Nicolas Tuillicr, tailleur de pierre, dem 1 à Heims es faubourgs de porte Chacre, les meubles cy après (meubles, linges, ustensiles...) : 5 establiers de bois de l'hcsiic et noyer, servant au mcslier de menuisiprs, deux formes de bois de chesne servant audit mestier, 120 pièces de ulilz, tant haches, martcaulx, liermincttes, que autres scrtansaudilmestierde menuisier et ymagicr. . • moy'80liv. lourn. » — 8 juillet. • Ledit iV'Thuillier, tailleur de pierres, baille & louage audit Jehan Jacquet, menuisier et ymagier... tous les meubles cy après déclarés... pour 3 ans nioy' 60 sols tourn. par an. » (Minutes de Jean Rogicr, notaire à Reims.) — Sur cet artiste, auquel M. Ch. Loriquel attribue les superbes portes du préau de Notre-Dame, en présumant qu'il est un frère de Pierre Jacques, nommé Jehan Jacques, voir le Catalogue du Mutée de Reims, 1881, p. ;H'»-y'*5.


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§ 2. — Nicolas Jacques /" (y J G49).

Le second des sculpteurs Jacques naquit vers 1578 probablement, puisque nous le voyons tailler la figure de Louis XIII en 1G10, épouser Jeanne Massy vers 1015, et mourir en IGiO-. En 161 i, il séjournait à Notre-Dame de Liesse; il se fixa à Reims dès son mariage, et demeurait à sa mort sur la Couture, dans une maison qui avait pour enseigne : A VAlbanois. 11 eut trois filles qui lui survécurent, Claude, Jacquette et Jeanne, qui avaient épousé les trois frères, Pierre, Louis et Sam Rourlette. Son \\h et successeur, François Jacques, était encore mineur,' âgé de vingt ans environ au moment de son décès, et il eut pour curateur Nicolas Chaslelain lors de la vente de la maison paternelle.

Les traités passés pour l'exécution d'oeuvres d'art par Nicolas Jacques Ier sont très nombreux : parmi ceux que nous avons retrouvés, signalons en I62G le tabernacle des Carmes de Reims, on 1G28 le devant d'au Ici de l'abbaye de Notre-Dame du Trésor en Normandie, en 1034 la figure équestre de Louis XIII au fronton de l'Hôtel de ville de Reims, en 1636 les statues des Apôtres du choeur de Saint-Mautioe, en 1G37 l'aulel des Augustins, et en • 164-4 l'épilaphe de Gérard Siga, chapelain de Notre-Dame. En outre, des travaux considérables avaient été entrepris par lui dans l'église Saint-Remi, le jubé en 1648, puis les portiques et les clôtures du choeur vraisemblablement, car les religieux curent à verser 246 livres aux héritiers de l'artiste '.

Rien des points nous échappent dans ces créations successives, et les autres travaux nous resteront inconnus, soit à Reims, soit au dehors'. Voici du moins la description, que nous a laissée N. Hergicr, d'un projet conçu et réalisé au début de la carrière du maître et dans la plus solennelle des circonstances.

Parmi les décorations qui avaient été disposées, en 1610, autour d'un arc de triomphe à l'entrée du bourg de Vcslc, lors de l'arrivée du roi Louis XIII se rendant à Reims pour la cérémonie de son sacre, on remarquait « une statue de pierre solide, faite en buste à la façon des antiques, et représentant, au plus près que l'art de

1 Tous ces traités sont donnés a l'Appendice avec les éléments essentiels. 1 « Biard, le célèbre sculpteur du temps de Henri IV, a été en rapport avec Pierre ou Xicolus Jacques. » (Lettre de M. Geffroy, du 21 mars 1880.)


Sculpteur se peut cstcndre, la figure et le visage du Roy, et à ceste fin a voit esté rapporté de Paris un pourtrait au naturel do sa Majesté, des mieux choisis, qui servit de modèle à M. Nicolas Iacqucs, qui en fut l'ouvrier, fils de ce grand sculpteur, M. Pierre Iacqucs, natif de nostre ville, qui y décéda en l'an 1596, dont les oeuvres qui sevoyent et en Italie et en France seront à jamais en admiration à la postérité, pour eslre des plus parfaites en leur espèce. Ce que je dis sans crainte de recevoir un démentir de ceux qui sont du mesticr, qui sçavcnt mieux ses mérites que pas un autre. Cette statue (celle de Louis XIII par N. Jacques), à cause de la hauteur du lieu où elle devoit eslre mise, fut faite en forme de Colosse, beaucoup plus grande que le naturel, tenant la place du Génie, auquel tout ce grand corps d'architecture estoit voué et dédié par le Sénat el le Peuple de Reims. Elle estoit bronzée par tout, sinon que sa couronne de laurier estoit dorée, et que son manteau Impérial qui luypcndoit par un noeud de l'espaulc, et faisoit plusieurs plis gentiment rangez et agencez sur la poitrine, estoit parsemé de Fleurs de Lis d'or. L'autel, l'assiette et la statue avoient environ douze pieds de hauteur '. «

Voilà tous les renseignements que nous avons pu grouper sur le fils de l'illustre Pierre Jacques. La famille, arrivée à son apogée, va descendre comme célébrité artistique.

§ 3. — François Jacques (1628-1664).

Cet héritier d'un nom et d'un talent hors de pair à Reims eut une carrière malheureusement trop incomplète pour avoir pu donner la mesure de sa valeur. Il vécut trente-sept ans, alors que son père et son aïeul avaient vécu plus du double. Cependant it mit à profit sa période de maturité, car nous le voyons en 1652, à peine majeur, trois ans après la mort de son père qui fut sans doute son seul maître, déjà choisi comme arbitre pour apprécier un ouvrage de sculpture. Nous supposons que dans la suite il s'appliqua surtout à continuer les travaux inaugurés par ses ancêtres : c'est ainsi qu'en (659 il entreprit, de concert avec Gentillastrc, le

1 Le Rouquet royal ou Parterre des riches Inventions qui ont scrvij à l'Entrée du Roy Louis le lusle en sa ville de Reims, ouvrage posthume de i\. BKHGIER, publié par P. de La Salle. Ilciiiis, Simon de l''oiguy, 10-37, 50.


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portique du choeur de l'église Saint-Remi du côté nord, tandis que Nicolas avait précédemment fourni un admirable modèle dans le portique du côté sud.

11 prêta le secours de son art à la décoration extérieure des édifices, et succomba le 20 juillet 1664, des suites d'une chute qu'il fit en plaçant une figure sur le portail delà chapelle des Carmélites. H s'était sans doute engagé à livrer son oeuvre eu place, et il périt victime de son zèle à l'y installer lui-même. Sa veuve, Nicolic Lcqueux, issue d'une famille de peintres rémois, ne resta pas dans la misère pour élever ses filles et son fils Nicolas. On voit, en effet, ses enfants vendre, en 1679 et en 1684, les biens de l'héritage paternel qui indiquent une certaine aisance : des vignes à Villedommange et à Janvry, des terres à Poilly, etc. Détail intéressant, l'une des filles de Nicolas Jacques, Marie, épousa Nicolas Legay, peintre estimé à Reims dans la seconde moitié du dix-septième siècle. Les familles d'artistes aimaient, on le voit, à s'unir entre elles.

§ 4. — Nicolas Jacques H (1653-1726).

Le fils de François Jacques eut une existence double, comme durée, de celle de son père, mais rien n'indique qu'il ait maintenu au même degré le renom de ses ancêtres. Il avait bien été admis au Vidarué comme maître sculpteur, le 5 mars 1678, à l'âge de vingt-cinq ans, sans que nous puissions signaler une suite brillante à ce début assez précoce. On le voit s'intituler maître sculpteur dans le testament qu'il fit en 1694, de concert avec sa soeur, Henriette Jacques, qui fut probablement la compagne dssa vie entière. S'il ne se maria pas, il ne nous parait pas avoir laissé davantage de preuves de son talent que d'héritiers de son nom. U habitait la rue de la Poissonnerie (aujourd'hui rue Tronsson-Ducoudray), où il mourut, au parvis Notre-Dame, dans le mois de janvier 1726, et il fut inhumé au cimetière de Saint-Symphorien, sa paroisse 1.

Ainsi disparut un nom de sculpteur rémois que trois généra(ions au moins portèrent avec honneur dans le domaine des arts.

1 Leféron, écrivain du dix-huitième siècle, curé de Saint-Léonard, en fait mention en ces termes : « La postérité de Pierre Jacques, dit-il, vient de s'éteindre en la personne d'un vieux garçon cxlraordiuaircmciit sourd, qui est mort a la Poissonnerie, i (Ms. cité plus haut, p. 246.)


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II

SCULPTURES COXSERVÉES A REIMS ET ATTRIBUÉES AUX JACQUES.

Il faut apporter la plus grande réserve dans l'attribution, si légèrement faite, d'oeuvres diverses de sculpture aux quatre artistes du nom de Jacques que nous venons de passer en revue *. Nous ne connaissons, en effet, qu'un seul traité donnant à l'un d'eux la paternité certaine, avec date, d'un morceau sculpté : c'est le portique latéral nord du choeur de l'église Sainl-Remi, exécuté par François Jacques en 1659. En dehors de là, nous ne pourrons qu'offrir une rapide récapitulation, sans affirmer l'authenticité d'aucune oeuvre, laissant toutefois à la tradition sa légitime importance lorsque rien ne la contredit.

§ 1". — Statues du tombeau de saint Bemi.

Ces magnifiques figures sont les débris d'un mausolée d'un travail exquis de la Renaissance. D'après leur date (1536), il serait bien difficile, pour ne pas dire impossible, comme nous avons essayé de le démontrer plus haut, de voir en elles des oeuvres de Pierre Jacques, mort en 1596. On ne les lui a d'ailleurs attribuées que récemment, malgré la régalion de dom Chaslclain, l'historien le plus compétent de la basilique de Sainl-Remi '.

Pas plus que D. Chaslclain, ni D. Marlot, ni le P. deCcriziers, ni le P. Dorigny, ni Bergier, n'ont parlé de Pierre Jacques à pro1

pro1 déjà la plainte qu'exprimait M. Sutaine : i II n'existe pas à Reims ou aux environs un morceau de sculpture bon ou mauvais, datant des seizième, dixseptième et même dix-huitième siècles, qui ne soit attribué à Pierre Jacques ou a quelqu'un des siens. • (Pierre et Xicolas Jacques, 1859, p. h.)

i Dans l'Histoire abrégée de l'église deSaint-Remi, écrite par dom CIIASTKLAI.V en 1771 (ms. iu-V> de la Bibliothèque de Heims, p. 31, cli. iv, Tombeau et châsse de saint Rémi), on tronvi la Description du tombeau sous la date de 1536, aux frais du cardinal Robert de Lcnoncourt, evéque de Châlons et abbé commendataire de Saint-Rémi.

A cette page est attachée une note annexe de l'écriture de I). Chaslclain, et ainsi conçue : « On n'a pu découvrir jusqu'ici le nom de l'habile sculpteur qui a fait ces figures; il paroit seulement par un mémoire datte de l'an 1536, que Michel La Chaussée, tailleur de pierre, n reçu pour ouvrages faits par lui ami. tombeau en cette année, cl pour 317 pieds de pierre pris sur la carrière, et a six livres le cent qui y ont été employés, la somme de 900 livres. »


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pos du tombeau de saint Rémi. C'est à la fin du dix-huitième siècle que l'affirmation s'est hasardée, puis est devenue monnaie courante : l'abbé Rergcat s'y associe, ainsi que Geruzcz '; M. Cli. Loriquet y voit un chef-d'oeuvre de la jeunesse de l'artiste 4; M. Suiainc ne discute pas l'attribution 3; M. l'abbé Poussin s'est montré plus réservé et ne cite aucun nom*. Les autres biographes, auteurs de guides ou de monographies, ont suivi l'opinion générale sans la contrôler, nous aussi sans y prendre garde \

A tous égards, il semble maintenant qu'il faille réfléchir et ne plus risquer ce rapprochement trop douteux entre un beau monument et le nom d'un grand artiste. On ne prête qu'aux riches, dit-on, mais à quoi bon leur prèler? A quoi bon vouloir à tout prix une signature pour cette oeuvre quand les archives sont muettes et quand une date certaine y contredit?

§ 2. — Bctable de la Nativité, au Musée de Bcims.

Ces précieux débris en marbre blanc, seuls restes d'un ensemble dont la disposition nous échappe, pourraient être l'oeuvre de Pierre Jacques, eu égard à leur style, à leur caractère et à la présence d'oeuvres authentiques du mémeartiste dans l'église Saint-Pierre leVicil, d'où ils proviennent vraisemblablement °. Ici nous laissons le champ ouvert aux traditions et à l'appréciation des connaisseurs 7.

§ 3. — Bctable des Apôtres, à la cathédrale de Bcims.

Celte oeuvre importante, datant de 1541, vient d'être décrite dans tous ses détails par M. l'abbé Cerf, et nous ne pouvons que renvoyer à sa description très fidèle, et à l'attribution qu'il fait de ce

1 Description de Reims, par GKRIZKZ, 1817, p. 373; — Xicolas Rcrgeat... Paris, Pion, 1889, p. 28.

* Voici ses propres expressions : « Ce tombeau merveilleux, chef-d'oeuvre de la jeunesse de P. Jacques... « (Travaux de l'Académie de Reims, t. XXXVIII, p. 170, 171.)

3 Pierre el Nicolas Jacques, 1859, p. 10-12.

1 Monographie de Saint-Rémi de Reims, 1857, p. 182.

5 Reims-Guide, 1885, p. 29; — Les Statues de Reims en 1888, p. IV.

0 Répertoire archéologique de l'arrondissitnent de Reims, 2e fascicule, 1889, p. 136 à 143, avec la planche donnant la vue de ces fragments, placée ci-contre.

7 Travaux de l'Académie de Reims, t. Vil, p. 287 Ù299; — Catalogue du Musée de Reims, 1881, p. 321.


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travail au ciseau de Pierre Jacques, sans l'établir par aucun document contemporain '. Il juge de l'auteur par analogie avec d'autres oeuvres qui ne sont pas sûrement authentiques. La différence nous semble grande au surplus entre les statues du tombeau de saint Rémi et celles de l'autel des Apôtres *. II y a dans ces dernières bien plus de lourdeur dans l'exécution, et aussi moins d'art et de finesse dans l'expression. C'est le jugement qu'en portait M. Louis Courajod, en visitant successivement ces deux monuments en 1888, et il n'hésitait pas à les attribuera deux mains différentes.

Quant à la date de 1541, elle concorde avec la période d'activité de Pierre Jacques : elle ne permettrait néanmoins devoir dans ce retable qu'une oeuvre de la jeunesse de cet artiste, si toutefois il est véritablement de luis.

§ 4. — Christ en croix de l'église Saint-Jacques.

Voici la description que donnait de ce remarquable morceau de sculpture un historien rémois du dernier siècle, alors qu'il était placé à rentrée du choeur de Saint-Picrrc-lc-Vicil :

« Il y a particulièrement à remarquer dans cette église le grand Crucifix que toiis les étrangers qui abordent à Reims ne manquent pas do considérer avec admiration, comme la pièce de sculpture en bois la plus achevée en ce genre qui soit en Franco et peut-être partout ailleurs; non seulement pour la grandeur et hauteur, mais

1 Travaux de l'Académie de Reims, t. LXXXI, p. 143 à 155.

* Une mention est relative à ce travail, sans indication d'auteur, dans la volumineuse compilation de l'annaliste du Chapitre : « 1.541. La chappellc des cliappclains de la nouvelle congrégation de l'église de Bcims, appelée la chappellc de Saint-Barlhélemy, fut construite et ornée, comme elle se voit maintenant, d'une claulurc très belle et artislemcnt faicle aux despens de la fabrique de Reims, ou plustôl de deux Grand Roux, chanoines de Reims. » (Mémoires de Pierre Coquault, t. IV, f" 241, ms. Bibl. de Reims.)

3 Ce retable, placé dans la chapelle, jadis sous les vocables de Saint-Barthélémy et de Sainte-Anne, serait bien réellement l'oeuvre de Pierre Jacques, si l'on en croit une note manuscrite, mise postérieurement sur un feuillet de garde de son Album et dent voici le texte : « Ledit Pierre Jacques a fait le beau crucifix de la paroisse de Saint-Pierre, le maître-autel, la balustrade de séparation du choeur avec la nef, la telle épilaphc de la résurrection, l'autel de la chapelle Saint-Anne à NotreDame, un christ eu croix à une épitaphe de l'église de Saint-Simphoricn en visa-vis le grand autel de la paroisse, et quantité d'autres beaux ouvrages dans les églises et paroisses de Reims. i L'Album de Pierre Jacques, par A. Gmnov. Rome, 1890, p. 8.


- li

encore pour les traits et l'air mourant du visage, pour les côtes, les bras, les piez, et pour l'altitude de tout le corps, si bien conçue et si bien exécutée qu'un peintre ne sauroit jamais mieux l'exprimer sur la toile, si savant et si délicat que soit son pinceau. Ce Christ est l'ouvrage de Jacques, natif de Reims, qui vivoit sous le règne d'Henri III, et qui auroit fait fortune à la Cour, s'il eût eu moins de zèle et d'affection pour sa patrie.

« Les petites images de pierre qu'on voit au maître-autel (de la môme église Saint-Pierre), en forme de croisée, et qui représentent les figures de la Passion, qui semblent parler, et aussi celles qu'on voit à plusieurs des chapelles, tant en pierre qu'en bois, sont de la postérité do ce Jacques, laquelle vient de s'éteindre en la personne d'un vieux garçon cxlraordinaircmcnt sourd, qui est mort à la Poissonnerie en (en blanc), ouvrages fort exquis et fort estimez au tems passé, mais qui ne sont plus du goût d'aujourd'hui '. »

Transporté dans l'église Saint-Jacques, au moment de la démolition de l'église Saint-Picrre-lc-Vicil, ce Crucifix, après avoir été suspendu au sommet de l'arc triomphal, son emplacement le plus favorable et le plus naturel, est aujourd'hui reporté en face de la chaire. Il mesure 1'",85 de hauteur, sur une largcurproportionnclle aux bras, qui sont tendus presque horizontalement. Sa description a déjà été donnée bien des fois, et nous n'y insistons pas '.

§ 5. — Statue de saint André, dans Véglise Saint-André.

Celle statue en pierre, placée au sommet de l'autel principal dans l'ancienne église, se trouve sur l'autel de la chapelle voisine du grand portail, sur la gauche en entrant dans la nouvelle église. Haute d'un mètre, elle offre l'image du saint debout, appuyé sur une croix en sautoir, tenant de la main gaucho un livre où se lit un texte sacré. Sur le socle sont gravés le nom du personnage, le nom du donateur (Jean Muiron) et la date de 1586. Il est donc vraisemblable d'attribuer celte oeuvre à P. Jacques, et de suivre ici la tradition fautive en d'autres lieux. L'oeuvre est d'ailleurs digno d'un maître, elle est intacte et a été récemment repcinlo avec goût '.

1 Introduction à l'histoire de Reims, par LKI-KROX, curé de Saint-Léonard, ms. petit in-V" de la Bibliothèque de Reims, p. 2V0. ' Répertoire archéologique, 2e fasc.,1889, p. 54. Voir la planche ci-contre. 3 Répertoire archèologiqiif, 2e fasc, 1889, p. 115.


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§ 6. — Statue de saint Pierre, au Musée.

Cette petite statue en albâtre a certainement de l'analogie comme pose avec les statues du retable des Apôtres à la cathédrale, mais son faire est assez grossier, et elle nous parait pour cela avoir pu servir de pièce décorative dans une clôture, soit à Notre-Dame, soit à Sainl-Picrrc-le-Vieil. C'est à ce titre seulement qu'on devrait l'atlribuer a Pierre Jacques '.

§ 7. — Le Nil, au Musée.

Celle statuette couchée, en terre cuite, semble n'être qu'une petite réduction, modelée d'après l'antique; elle est malheureusement recouverte d'une teinte de bronze qui lui donne un aspect moderne. La figure est assez délicate, plusieurs accessoires sont mutilés. Sur le socle, à gauche, on lit la signature, en lettres capitales : PETRL'S JAQH (sic), qui est loin d'offrir les caractères d'une absolue authenticité.

D'abord le nom est incomplet; ensuite la lettre U revêt une forme inusitée au seizième siècle, car elle se confondait alors avec le V. Il no faut donc pas y voir sans hésitation la preuve d'une oeuvre originale du grand sculpteur rémois 1.

§ 8. — Buste présumé du maréchal de Saint-Paul, au Musée.

Ici tout est douteux, le personnage et l'auteur. Ce buste, de grandeur naturelle, en marbre blanc, parait bien dater de la fin du seizième siècle ou du commencement du dix-septième, mais nous n'affirmerons pas qu'il justifie d'ailleurs l'attribution officielle à P. Jacques, ni qu'il soit le portrait du maréchal de la Ligue 3.

§ 9. — Portique nord du choeur de l'église Saint-Bemi *.

Nous arrivons enfin à une oeuvre authentique, sculptée avec date certaine par l'un des Jacques, mais ce n'est pas à une oeuvro de statuaire qu'échoit cette bonne fortune. Il s'agit d'un travail d'une fort belle richesse décorative, de nature à faire le plus grand

1 Catalogue du Musée, 1881, p. 321.

tibia., p. 321,322.

3 Ibid., p. 222.

* Voir planche ci-conlrc.


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honneur à François Jacques, le petit-fils do Pierre Jacques, qui en passa le marché en 1659 avec le grand prieur de l'abbaye dcSaintRemi. Ce portique, très élégant, était le complément nécessaire du jubé, du trésor, de l'autre portique et des clôtures en pierre et en marbre, à l'édification desquelles Nicolas Jacques collabora certainement. C'est peut-être la participation de Nicolas et de François Jacques dans cet ensemble qui fit attribuer plus tard à leur aïeul, Pierre Jacques, lcsplcndidcmausolée dontccsclôturcsrehaussaient le mérite. La famille entière des Jacques parut inséparable dans l'oeuvre d'embellissement que reçut, depuis la Renaissance jusqu'au dix-huitième siècle, le vénéré sanctuaire de l'Apôtre des Francs '.

§ 10. — Jeune garçon et jeune Jîlle dansant, au Musée.

Ce groupe en terre cuite, de 22 centimètres de hauteur, a tous les caractères de la fin du dix-septième siècle ou du commencement du dix-huitième. Aussi, s'il faut reconnaître une part de vérité dans la mention apposée sous le socle par l'abbé Rergcat, conservateur du Musée après la Révolution, c'est au dernier des Jacques, à Nicolas U, mort en 1726, qu'il faut l'attribuer, et nullement à Pierre Jacques, comme le voudrait le texte : Modelé par le nommé Jaques de Bcims, qui a été trois ans à Borne et s'y est distingué par des modèles du grand genre. Ces deux jeunes gens jouant et dansant ne manquent pas do grdee, mais le choix du sujet et son exécution offrent un indice des changements qui s'étaient opérés dans le goût public et dans les tendances de l'art*.

III

SCULPTURES CONSERVÉES HORS DE REIMS ET ATTRIUUÉES AUX JACQUES.

Nous en avons fini avec les productions, vraies ou supposées, que l'on considère à Reims comme des oeuvres ducs au ciseau des Jacques. Nous pouvons y joindre l'indication de quelques autres

1 Sur la construction successive des portiques et des clôtures du choeur de l'église Saint-Rcmi, dans le cours du dix-septième siècle, voir In Livre des choses mémorables arrivées en l'abbaye de Saint-Rony, ms. petit iu.f»dc la Bibliothèque do Reims, f<" 20, 29, 3V et 41.

* Catalogue du Musée, 1881, p. 325.


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fragments recueillis à Paris et à Chàlons-sur-Mariic, dans la même supposition, mais sans plus de certitude. Quant au petit portail de l'église d'Epcrn.f., charmante et délicate création portant la date de 1540, on l'attribue à Pierre Jacques, probablement aussi sans preuves de l'époque.

Une oeuvre du même artiste se trouverait au Louvre : « II y a, rapporte Lacatle-Jollrois, au Musée de sculpture du Louvre une tête d'Hercule, sculptée en relief par Pierre Jacques '. >• Les savants conservateurs de nos collections nationales sauront à quoi s'en tenir sur la valeur de ce morceau dont nous ignorons la provenance.

Dans le chef-lieu du département de la Marne, ce sont les débris du mausolée d'un évèque de Clialons, Jérôme Hourgcois, mort en 1572, qui avaient été recueillis par un artiste du pays, AL Liénard, lui-même biographe de P. Jacques. Ce tombeau, qui décorait avant la Révolution la nef de l'église de l'abbaye de SaintPierrc-aux-AIonls, passait pour le chef-d'oeuvre de noire statuaire rémois. D'autres fragments d'oeuvres moins importantes auraient été en la possession de AL de Jcssaint et de AI. Jules Garinct*. Les détails descriptifs donnés par AI. Liénard en 18i7 sont 1res vraisemblables, mais il ne nous a pas été possible de les contrôler, par suite de la mort de ces collectionneurs. Nous n'avons pu davantage recueillir de données précises sur le monument de la mère de Marie Stnart, élevé en 1561 dans l'abbaye de SaintPierre-lcs-Dames à Reims, détruit à la Révolution avec l'église qui le contenait \ Ta ni d'autres oeuvres de sculpture ont disparu à celle, époque des paroisses et des couvents de Reims, qu'il faut renoncer à dresser le catalogue approximatif de l'oeuvre des Jacques.

En résumé, avouons-le, ces maîtres si renommés, qui se succédèrent à Reims de père en fils durant deux siècles pleins (1520 à 1726), ces sculpteurs si féconds, si recherchés dans leur patrie et à l'étranger, n'ont plus aujourd'hui parmi nous qu'un nombre très restreint de productions authentiques. Les bouleversements

1 Mémoire sur la ville de Reims, t. III, IMugraphie, p. 270. (Ms. in-V" de la Bibliothèque de Reims.)

* Travaux de l'Académie de Reims, t. VII, p. 293-95.

:i Histoire gènéaloyiqu.: et chronologique de la maison de France, par le. P. A.VSKUIK, 1726, description sommaire de ce m.iusolce, t. III, p. 485.


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sociaux, les changements de la mode en sont la cause. Leurs descendants n'ont pas su conserver leurs oeuvres, et nous, ne leur en attribuons aucune par caprice ou par fausse tradition. Si les statues du tombeau de saint Rémi, « le fleuron le plus admiré et le plus populaire de leur couronne artistique », ne doivent plus être portées à leur avoir, consolons-nous en pensant qu'il nous reviendra bientôt d'Italie un écho de leur gloire, et que leur nom seul est un patrimoine historique, magni nominis timbra, souvenir de bon augure pour les sculpteurs rémois du présent et de l'avenir.

LES JACQUES APPIÎ.YDICK

I

TABLEAU GÉNÉALOGIQUE de la famille des JACQUES, sculpteurs rémois, du seizième au dix-huitième siècle.


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DOGIMKXTS U'KTAT CIVIL A L'APPUI DK l\ UK.VK.U.OOIK '.

§ 1er. — Paroisse Saint-Jacques.

1590, Il janvier. Hapt. de Pierre, fils de Jean Plumet et de Marie La Cail. — Parrain, Pierre Jacques et Anlhoînelle La Cail, sa femme.

1591, Hapt. de Pierre, fils de Gille Gravier. —Parrain, Maistre Pierre Jacques et Anlhoincltc La Caille, sa femme.

1G1G, 18 may. Bapt. de Elisabeth Nivart. — Parrain, Nicolas Jacques cl Elisabeth Drouet, sa femme.

1619, 1" juillet. Rapt, de Xicolle, fille de Nicolas Jacques cl de Jeanne Massy.

1620, li janvier. Bapt. de Glande, fils de Xicolas Jacques et de Jeanne Massy. — Parrain, Claude Lccoinlic et Foise Jacqiiesson.

1023, 19 septembre. Hapt. de Xicolle, fille des mêmes.

1625, 25 février. Hapt. de Pierre, fils des mêmes.

1025, 24 septembre. Hapt. de Pierre, fils de Jean llermnn et de Jacquelle

Jacquelle — Parrain, X" Jacques et Jeanne Massy, sa femme. 1027, 2!) octobre. Mort de Thibault Ilogelcl, homme de Marie Jacques. 1628, 27 novembre. Hapt. de François, fils de Xirolns Jacques et de

Jeanne Massy. — Parrain, François Xoblel cl Elisabeth Lefriquc,

sa femme. IG33, 31 janvier. Hapt. de Jeanne, fille de Thomas Maireau el de Jeanne.

Jacques. — Parrain, Xicolas Jacques et Jeanne Massy, sa femme. 1G3S, 9 septembre. Hapt. de Jeanne, tille de Jean Hourleltc et de Jeanne

Jacques. — Parrain, X" Jacques el J. Massy, sa femme. 1639, 27 septembre. Hapt. de Xicolas, fils des mômes. — Parrain,

N" Jacques. lGil, 1" octobre. Hapt. de Marguerite, fille de Pierre Honrletle et de

Claude Jacques. 1650, 23 juin. Hapt. de Elisabeth, fille do Xicolas Jacques cl de Jeanne

bouclier. IG62, 2 avril. Hapt. de Hicrosnie, fils de Pierre Hourleltc et de Claude

Jacques.

§ 2. — Paroisse Sainl-Symphoricn.

1573, 29 juin. Hapt. de Jacques, fils de Pierre Jacques cl de Diilierc, sa femme. — Parrain, Jacques Garot et Aynelz Uoulet, sa femme.

1 Tous les documents donnés en appendice ont clé recueillis par M. A. DICIIKNOV, dans les différents dépôts d'archives de Reims, jjreffes, minutes de notaires, etc., et nous le remercions de nouveau de l'inépuisable obligeance qu'il a mise à nous \cs procurer.


~ 20 —

1020, 15 décembre. Hapt. de Jacquelte, fille do Xicolas Jacques et de Jeanne Massy. — Parrain, M" Xicolas Le Gendre el Jacquelte Vanin.

Ki'iO, 23 mai. Hapt. de Estienne, fils de Pierre Ilodomac et de Françoise Jacques.

1050, 28 août. Mariage entre François Jacques, de la paroisse SainlJaeques, — et Xicolle Le Queux, de celle paroisse.

1657, 30 mai. Hapt. de François, fils de Antoine Loillet de la paroisse de TrépaH. — Parrain, François Jacques et Xicolle Lequcux (signature de cet artiste avec sa marque, qui semble être une main cl un outil de sculpteur).

1064, 20 juillet. ■> Le dimanche vinlicme jullicl, environ niidy, mil six cent soixante et quatre, est décédé François Jacques, scupleur, par une cheutc, plaçant une figure sur le portail de la chapcle des Carmeliles; il est inhumé au cimetière de Saint-Jacques, proche le lieu où est inhume son père ; il estoit Agé de trente sept ans. »

1065, 27 septembre. H.ipt. de Xicolle, fille de Xicolas Varan ne et d'Elisabeth Herlholet. — Parrain, Pierre Jacques et Xicolle Hertbolel.

1085, 2 avril. Hapt. de Xicolas-François, fils de Xicolas Legay, m,fe peintre, el de Marie Jacques. — Parrain, Xicolas Jacques, m'" graveur, et Marguerite Jacques, sa soeur.

172G, janvier. Mort de Mr Xicolas Jacques, m'" sculpteur au Parvis Xolrc-Dame, Agé de soixanle-el-onze ans, inhumé au cimetière de la paroisse. Témoins : Hirhard Le Gay, J.-H. Bernard.

§ 3. — Paroisse Saint-Uilaire.

1(518, 30 janvier. Hapt. de Marie, fille de Nicolas Jacques et de Jehanne Massy.

§ i. — Paroisse Saint-Pierrc-lc-Vicil.

1615, 10 août. Hapt. de Magdelainc, fille de Xicolas Jacques el de Jeanne Massy. — Parrain, Mre Jean Hourguelet Magd. Josseleau, sa femme.

1G22, 21 mars. Hapt. de Claude, fille de Xicolas Jacques et de Jehanne Massy.

§ 5. — Paroisse Saint-Michel.

1653, l*r février. Hapt. de Xicolas, fils de François Jacques et de X'icolle

Lequcux. 1061, 25 décembre. Hapt. de Xicolle, fille des mômes. 1076, 28 janvier. Hapt. de Xicolas, fils de Xicolas Legay et de Marie

Jacques.


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§ (i. — Paroisse Suint-Etienne.

1056, 27 juin. Hapt. de Antoine, fils de Xicolas Jacques el de Jeanne Thomelle.

(Archives roromunalci de Hcimj, LUI civil.Aiirimiies paroisiei de la tille.)

Il

TKSTAMKXTS, CONTRATS, PIKCES ÎMVKRSKS IlK FAMII.I.K.

1552.

13 dérembre. Maison A la \' (Jillos Faciot, rue du Coing S' Jehan, tenant A Guillaume Jacques iVmw pail, et au jardin appartenant aux religieux de la Vahoy. (Minuits de Jean Rogier.)

1575.

Maison sise A Heims, rue de Molin, boutissunl par derrière A Pierre Jacques.

(Minutes de Savetel, notaire, étude Goda )

1578.

27 octobre. Pierre Jacques, boulengier, et Ful" Michel, sa femme, demeurant à Reims, disent que pour parvenir A la vesture do rcligieulxau prieuré du Val des Escoliers de Heims, de la personne de Adrian Jacques, leur lils, de présent âgé de quinze ans... ils promettent de entretenir audit couvent ledit Adrian Jacques de toutes choses, tant de ses habilz de religieulx, lict, linges, que autres ses nécessites jusques au temps que Icurdil lils soit prehlre, aussy de l'entretenir aux esludes le temps et espace de trois ans continuels.

(Minutes de llogier, notaire.)

1595.

18 février. Testament de Marie Motlez, v' de Jehan le Gendre, vivant mre mnsson A Reims, paroisse S. Eslienne.

Exécuteurs : X" de Paris, son gendre, tonnelier, et Pierre Jacques M" ymagier dem' A Reims.

(Minutes de llogier, notaire, 1595.1


_ 22

1611.

Lettre de N. Jacques à son oncle.

Mons' mon oncle, j'ay receu un grand contentement de voir ma tante A Lipssc el par son moyen d'entendre voslre bon portement, Dieu mercy, je vous envoyé procuration de ma part suyvanl votre advis pour pouvoir recevoir par ma feme ce quy m'est deub de Xicolas Prez et sa feme, tant pour le principal que les arréraiges el autres frais de contrat A nantissement dont il apparoistra par lettres dudit contrael de constitution de renie qui sont A nostre buffet. Je vous prie nussy que sy Monsr. Boursier vient A ceste S,e Rcmy de faire en sorte que nous puissions poursuivre maistre Jehan Rniussmit pour sortir de ce que savez. J'espère de me rendre A Reims dans la Toussaint, là où je vous rcmercieray de tint de faveurs dont usez en mon endroit et vous lesmoigneray que je demeure

Vostre bien humble el affectionnez nepven.

Sijnë : Xicolas JAQVKS.

De Liesse, ce premier octobre 1GI-i. (Archives de Hcinis, l'alais de justice.)

1635.

Mars. Pierre Coquebert, marchand à Reims, adjudicataire d'une maison, rue de la Cousinre, en laquelle pend pour enseigne S. Jacques le Grand, avec cour el jardin, tenante A .1. Maireau et A Xicolas Jacques.

(Registre des vêtures, Palais de justice.)

1037.

Le 9 avril 1637, contrai de mariage entre Pierre Hourleltc, marchand A Reims, et Claude Jacques, fille de M' Nicolas Jacques, sculpteur A Reims. Led. Hourleltc promet 200 I. pour bagues et joyaux, et Xicolas Jacques 600 1. pour babils et meubles.

(Minutes de Monnoury, uolaire.)

1648.

Du 11 décembre. Entre Jean Foureur, feronnier dem 1 A Reims, tuteur d'Elizabelh Hourlelle, fille de P'« Bourlette, demand'. Et ledit Prj Hourleltc, défend', Xicolas Jacques, M" sculpteur deux' A Reims, et Rcmy Loizon.

(Pour contraindre Hourlelle A restituer l'apport de sa femme, et sur


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led. apport payer 500 rt, saisie a été faite sur led. Hourlelle entre les mains dud. Jacques cl Loizon, de tous les meubles qu'ils ont en leur possession apparP audit Hourleltc.) (Archive* de Reims, cartons des artistes.)

1650.

L'an 1650, le 11 février :

— Entre Pierre, Jehan, Louis les Hourlelz el leurs femmes, Claude Jacques femme de Pierre, Jehanne femme de Jehan, Jacquelle femme de Louys, A cause d'elles, filles et héritières de feu Xicolas Jacques, leurpère, chacuncs pour un qtiait, demanda.

— François Jacques, fils et héritiers dud. feu Xicolas Jacques pour l'autre tiers, procédant de l'autorité de X»' Chaslclain, son oncle el curateur, défend'.

— Et Perelle Lalbalestricr, vefve de Claude Gehellier, adjudicataire do. la maison de la Cousturc en laquelle pend pour enseigne YAlbanois, provenant de la succession diulit Xicolas Jacques, moiennant la somme de 3,120 livres tournois.

Led. François Jacques dit qu'il a esté procédé par devant nous, A la requête des demandeurs, A la vente et licilation de ladite maison avec luy, pour le quart A lui afférant, et iccllc esté adjugée A lad. Lalbalestricr A lad. somme de 3,120 livres, dont ledit defeud' n'a touché auicunc chose dudit quart, ny mesme des rapporlz des mariages desd. demandeurs, ny des advances A culv faicles, ny du pris des meubles par culx acheplcz en la vente publicque faille de cculx dudit deffunl Jacques, ny mesme du rembourcement des deniers clairs cl dehles par eulx touchez de lad. succession après le deces dudit deffunl, exprimez par nostre procès verbal du vin de ce mois, pour ce que les trois quartz dud. pris de maison qui aparlenoienl and. demand' ont esté entièrement absorbez et n'ont esté suffizans pour le paiement des deblcs d'iceulx demand", esquelles ils auroient fait entrer ledit deffunct Jacques avec eulx solidairement comme leur caution, sçavoir : A Philippes Dorigni pour la somme de 1,157 livres, et Jeanne Dubois, vefve de Esmc Morcau, tant en son nom que comme gardienne bourgeoise des enfans dud. défuncl et d'elle, pour la somme de deux mil tant de livres et inlcrest d'icelle somme, qui sont paiez de leur deub sur le pris des meubles cl de lad. maison dud. Jacques, c'est pourquoy led. défend' conclud A l'cnconlrc desditz Hourlelz el leurs femmes A ce qu'ilz soient condamnez A luy rapporter 302 livres tournois qui lui restent A paier pour son mariage, suivant le Iraiclé faict entre les parties, le 13 mai dernier, avec interest d'icelle somme & compter du neuf mai dernier, jour du décès dudit Jacques.


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Plus la somme de 61 livres dix solz toiini. faisans le quart de 210 livres que lesd. dem" ont receu des relligieuv de S'Remy qu'ilzdebvoicnt audict deffiuicl

Est intervenue Jeanne Massi, vefve do Xicolas Jacques, laquelle nous a remonstré que par notre procès verbal du 8 de ce mois faict louchant le pris de la maison dud. deffunct Xicolas Jacques adjugé a lad. Perello Lalbalestricr, nous aurions ordonné que l'intervenante loiichcroit la somme de 780 livres pour en jouir sa vie durant A cause du douaire qu'elle a sur le quart d'icelle maison... Ordonné celle somme être touchée parlad. veuve, pour en jouir en usufruit..., attendu que la moitié du total de lad. maison procède du propre et naissant dud. dclïunl. (Arrliitrs de Reims, cartons des arlislos.)

1079.

3 mars. Cédulc des biens A vendre, suivant la sentence rendue par le bailly du v'damé de l'église Xolr'c-Dame de Reims, le 29 juillet 1678, en la cause d'entre Xiro'as Legay, Mre peintre dem 1 A Reims, et Marie Jacques, sa femme, héritier de feu François Jacques, demandeurs; et Xicolas, François, Margtierillc et llenriellc Jacques, aussi onfans el héritiers dudit François Jacques, procédant de l'autorité de Jean Lequeux, ma A Reims, leur curateur (vignes à l'illedommanqc et Janvry, terres au terroir de Poilly, etc.).

(Archives de Reims, parlons des artistes.)

1684.

Le 20 mars, vente d'une pièce de vigne A Villedommange par Xicolas Jacques, sculpteur, Marguerite Jacques, fille majeure, Henriette Jacques, émancipée, el Henriette Lequeux au nom de François Jacques, son neveu, tous quatre enfants el héritiers de François Jacques, m,,e sculpteur décédé A Reims.

(Archives de Reims, cartoni des artiste*.)

1694.

Le 11 décembre. Testament fait en commun, par Xicolas Jacques, m"e sculpteur, et sa soeur Henriette Jacques, tous deux dem" paroisse S' Symphorien, devant les notaires Maillet el Copillon. A la suite des formules d'un usage courant sur l'incertitude de la moit, le paiement des dettes, elc... on remarque une clause stipulant le droit du survivant de faire enterrer le défunt où bon lui semblera, de disposer de ses biens mobiliers, de jouir en usufruit de leurs héritages, et cela « pour la bonne et


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sincère amitié qu'ils se portent réciproquement el en considération des bons et agréables services et assistanco qu'ils se sont mutuellement rendus l'un A l'autre et qu'ils espèrent se rendre, moyennant la grâce de Dieu, jusqu'A leur décès » ; en outre, ils se constituent réciproquement exécuteurs testamentaires l'un de l'autre.

(Signé :) X. JACQUES S. IIKXRIET JACQUES, MAILLET, COPILLOX.

(Irchlvcs de Reims, carions des arlisles.)

III

COXVEXTIOXS, EXPERTISES, TRAITAS u'oEUVRES n'ART.

1583.

Devis el marché passé, le 29 août 1583, entre les paroissiens de SaintPierre-le-Vieil el Pierre Jacques, imagier et sculpteur demeurant à Reims, paroisse Saint-Etienne, pour la construction de l'autel principal de l'église Sainl-Pierre-le-Vieil, moyennant la somme de deux cens quatre vingt unze escus deux tiers '.

(Minute de Ponce Angicr, notaire à Reims, publidc in extenso dans le Répertoire archéologique de l'arrondissement de Iteims, tie fascicule, 1889, p. 141-143, et dans les Travaux de l'Académie de Heims, t. LXXXII, p. 140-143.)

1590.

A Pierre Jacques, m" sculpteur demeurant a Reims, 2 escus 30 sols tournois, par mandement du 28 septembre 1590, pour avoir taillé en bois les armoiries de la ville de Reims, pour appliquer sur les pièces d'artillerie qui se font en ladite ville.

(Archives communales de Reims, deniers patrimoniaux, registre 19, fol. 2G0.)

1026.

Pardevant nous notaires du roy,... dem* A Reims, fut présent en sa personne honnor. homme Xicolas Jacques, m" sculpteur dem' & Reims, paroisse S'-Jacques, lequel a recongnu avoir convenu et marchandé avec

1 Ce marché contient un certain nombre de termes tirés de l'italien (legases, de legaccia, lien; borches, de borchia, bossette, etc.), qui prouveraient l'usage et la pratique que Pierre Jacques acquit de son art pendant ses séjours en Italie. H y a lieu de se reporter utilement au texte de l'artiste à cet égard.


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vénérable el religieuse personne, m" Ambroise Thomassu, prostré religieux et prieur du couvent de Xoslrc-Damo des Carmes de Reims, présent, de faire el façonner de bon boys de chesne loyal et marchand ung tabernacle, loi et semblable au dessein et pourlraict par luy faict qu'il a mis es mains dudit s' prieur, et quy est signé d'eulx pour éviter A variation, et en oultrc de faire et tailler les armoiries dedans les quatres ovalles quy sont au bas dudict dessein ainsy quilz luy seront représentez par ledict s' prieur, et le rendre faict et parfaict dedans le jour de bonne Pasque prochain venant en peine de tous despens dommaiges et intcreslz, el ce moyennant h somme de sept vingtz livres tournois que led. sr prieur sera tenu et a promis payer audit m" Xicolas Jacques, sur laquelle somme il a confessé avoir eu et receii comptant dud. sr prieur la somme de (renie livres tournois... et le pardessus luy sera payé moiclié au jour S' Rcmy el S1 llilaire prochain cl l'autre moiclié lorsque ledit tabernacle sera faict parfaict et dellivré... Ce fut faict el passé audit Reims avant midy es csliides desdiclz notaires le 14° jour de novembre 1626 et ont signé.

(Signé :) A. THOMASSU, prieur que dessus.

X. JACQUES. (avec parafe). LELKU. TAILI.ET.

XOTA. — La couvent des Carmes de Heims était situé A l'angle de la rue des Carmes et de la rue du Harbàlrc. H n'en reste aucun veslige, et le tabernacle, dont il est question dans cette pièce, n'a probablement pas survécu a la démolilion de l'église. Signalons toutefois dans l'église voisine de Saint-Maurice un beau tabernacle de la même époque, que l'on croit provenir de l'abbaye de Siinle Claire de Reims.

(Archives de Reims, cartons des artistes rémois.)

1028.

Xicolas Jacques, sculpteur, convient avec Xicolas Tbirct, escuyer, de construire pour luy en l'abbaye Notre-Dame du Trésor en Normandie, un devant d'autel, moyenn' 600 livres tournois.

(Minutes de Rogier, notaire. 1628, e*ludc de M* Goda.)

1634.

Figure en relief offrant la statue équestre de Louis XIII au fronton'de l'Hôtel de ville de Reims, sculptée par Xicolas Jacques en 1635.

28 mars 1634. « Effigie du Roy A faire et tailler dans la pierre nu devant du dosmcdccesl hoslel. »


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8 juillet 1634. •< Sera convenu avec Xicolas Jacques, m" sculpteur, do tailler l'effigie du Roy. »

24 juillet 1634. Sur les conseils do M. de Sourdis, Xicolas Jacques est envoyé A Paris pour prendre modèle de rcllo effigie.

25 an lit 1635 et 27 février 1636. « Les deux captifs qui sont aux pieds de l'effigie du Roy seront bronzés, ainsi qu'est ladite effigio. »

(Conclusions du Conseil de ville de Reims, au» dates indiquées ci-desiui.)

1636.

Traité passé le 15 avril 1636, entre Pierre Ccllol, reeleur des Jésuites, el Nicolas Jacques, m'1* sculpteur A Reims, par lequel ce dernier s'engage A exécuter six statues d'npotres en pierre de Lagery, de grandeur naturelle, pour être placées sur les consoles (encore existantes) aux piliers du choeur de l'église Saint-Maurice.

(Cf. Procès-verbal de la séance de l'Académie de Reims, du 9 mai 18G2, où la découverte de la minute de ce documenta été signalée par M. Ch. l.oriquet.)

1637.

22juin. Xicolas Jacques, mc sculpteur A Reims, convient cl marchande A Révérend père Jehan Le Vergcur, relig* de l'ordre de S' Auguslin dem' au couvent dud. ordre établi en cette ville, de faire et construire ung autel en une chappellc de l'église dud. couvent, suivant et conform' au dessin qui a eslé fait et diessé par ledit Jacques... lequel autel sera fait de pierre blanche, sçavoir le bas cl jusques au dessoubz des colonnes de pierre d'Unchair et le surplus de pierre de Lagery, A l'excepiion de deux figures de la Vierge, sçavoir celles de l'Assomption et Glorification, qui seront faiclcs de pierre de Verdun s'il s'en peult facilement tirer cl faire venir dudit lieu, sinon et la difficulté du ebaroi ne le pouvant permettre, soit A cause de la misère du temps ou aultrement, lesd. figures seront faiclcs de la susd. pierre de Lageri en leur donnant ung blanc poli pour les rendre belles et luysantes ainsy que pouroit faire lad. pierre de Verdun. De plus les colonnes en nombre de six, sçavoir quatre nu premier eslage et deux pour le second, qui seront faiclcs et fournies de marbre noir, au moyen de quoi led. entrepreneur ne sera tenu des deux colonnes torses représentées sur le dessein, comme aussy de livrer deux pointes de diamant et six tables de marbre noir pour meclre aux lieux désignez par led. dessein, sera en oultre tenu led. entrepreneur de faire enrichir de filletz d'er led. autel es endroiclz convenables comme sur h bord des vestemens des figures el aullres ornemens où il en sera besoing, peindre les mains el visages de carnation cl le tout rendre bien cl deuement fait


— 28 —

el parfait A dicl de gens A ce congnoissans, nu lieu qui luy sera monstre el désigné par led. père Le Vergeur... led. entrepreneur sera tenu faire el livrer tous les rhaffaulx, boys et aullros uslancilz nécessaires pour la perfection dud. ouvraige, pour lequel il commencera A faire provision de matériaux présentement pour commencer A travailler au jour S* Rcmy d'octobre.

Lad. convention faite moyen 1 1,500 livres tournois pour tous lesd. ouvrages et livraison de matières.

(Signé:) JACQUES.

(arec parafe).

NOTA. — Les carrières d'Unchair et de Ligery, dont il est question dans celle pièee, sont situées dans l'arrondissement de Heims, et ont fourni depuis le moyen age d'excellents matériaux pour les monuments de celte ville.

(Minules de Monunury, notaire, 1G37.)

1644.

(Projet d'êpilaphe.) « Cy gist ni" Gérard Siga, natif de Donchery, en son vivant preblre chappelain en l'église X.-D. de Reins et vicaire en la paroisse deS' Hillairc, lequel par son lestant ni passé par devant C.Viscot el G. Rogicr, notaires royaux demeurant A Reins, a fondé A perpétuité en l'église de céans, le 22 septembre, ung obit de vigilles, messe el rccommandissrs, el esl déceddé le 22' jour du mois de septembre. 1643. Itcquicscat in pare. Amen. >-

20 février. Nicolas Jacques, ni" sculpteur, convient avec mre André Simon, chanoine de S' Syinphoricn, de graver un marbre qui servira d'espilafe suivant l'escrilure cy dessus cl ensuite entourer icelluy de pierre de Lagery conformément au dessin fait par ledit Jacques. Les lettres, nom de Jésus el les fillets de dessous dudit nom de Jésus et rayons seront dorez d'or de duca fasson de Paris... lequel fera charrier ladite pierre de marbre en l'église des pères Carmes et la poser en la chapelle XoslreDame... moyennant 45 livres.

(Minutes de Rogicr, notaire, élude de Me Lemoine.)

1652.

t Ce jourdhuy vingt cjnquiesmc avril 1652, je François Jacques, sculpteur A Reims, ay eslé dénommé pour arbitre d'ouvrage de sculpture, et ce pour la façon d'une botte de bois pour servir d'enseigne en cesle ville


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de Reims, avec l'escrileaii au dessous de I idile botte, le tout veu et conservé,' certifié cl affermé (sic) que cela vaut huit livres.

(liillel autographe signé :) François JACQUES. (D'une autre écriture :) Taxe xxxu s.

Ce Jourdhuy ni* mai 1652, de relevé, en l'audience de la Pierre au Change de Reims, par devant nous Jean HaptUto lt..., licencié 5s lois, lieutenant au bailliage de Reims, est comparu François Jacques en personne, qui a affirmé le présent...

(Signé :) François JACQUES.

(Archives de Reims, fonds du Palais de justice, cartons des artistes.)

1659.

Marché passé entre D. Vuillequin, grand prieur, D. Vincent Marsolle, prieur de l'abbaye de Saint-Reiui de Reims, et François Jacques, maître sculpteur, el Henry Gontilastre, maître tailleur de pierres et maçon, demeurants en celte ville, pour la maçonnerie et la sculpture de l'arcade de l'entrée du choeur, du côté nord do l'église de l'abbaye, moyennant la somme de 1,400 livres tournois et quatre anneaux de bois, le 13 août 1659.

Voici le détail de la construction : u Une balustrade A deux faces de sculpture et massonnerie de pierres de taille de la carrière de Crugny, enrichie de jaspes cl marbres, A la croisée de l'église de l'abbaye du costé du dortoir d'icelle, pour fermer le coeur dud. costé; laquelle sera d'une pareille structure el hauteur que celle construite dans icclle église au costé senestre du tombeau de S* Rcmy, où sont les armes de la ville de Reims, à l'exception de la porte, laquelle sera de six pieds de large, et du fronton au dessus d'icelle quy sera conforme au costé droict du

dessin quy a eslé pour ce fait les colonnes seront toutes de marbre

et jaspe, quy seront au nombre de dix, avec leurs chapiteaux de l'ordre composite, et avec l'imposte au dessus, sur lesquelles impostes seront quatre arceaux..., frize, corniche et architrave... »

(Expédition des notaires AngierelTauxier, aux Archives de Reims, fonds de Sainl-Remi, liasse 389, n° 19.)

1678.

Sculpteurs reçus au vidamé de Reims depuis 1678 jusqu'en 1686 : Nicolas Jacques, reçu le 5* mars 1678; Claude Lequeux, le 10e mars 1678; Claude La Faux, le 23e janvier 1683; Jean Lccomle, le 19e septembre 1681;


— 30 —

Jean Meloyer, le 23* févriei 1686.

(Archives de Reims, fonds du Palais de justice, cartons des artiste*. 1S90.)

IV

mitl.lOGRAPlIlK.

HAICIIAL (Cit.), Nouveau Dictionnaire des architectes français, 1887, notices, p. 30i.

RRI.XETTE (X.), Monument construit A Epcrnay (Marne), en 1540, attribué aux frères Jacques, célèbres sculpteurs et architectes rémois, dessiné et mesuré... 1839, Reims, 6 planches in—fol., sans texte.

CERF (l'abbé), Autel de Saint-Rarlliélemy, dit ensuite des Apôtres, en la cathédrale de Reims, el le célèbre sculpteur Pierre Jacques, dans les Travaux de l'Académie de Heims, i. LXXXl (1886-1887), p. 143-155.

CoinuEAUx (Eug.),Les sculptures des Jacques au Musée de Reims, dans les Travaux de l'Académie de Reims, t. VII (1847-1848), p. 296-299.

DAXTOX (Henri), Biographie rémoise, 1855, p. 54.

GEFEROV (A.), L'Album de Pierre Jacques de Reims, dessins inédits d'après les marbres antiques conservés A Rome au seizième siècle, dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés par l'Ecole française de Rome, t. X, 1890. Tirage A part do 68 pages avec 3 pi.

Giii.iiERMV (DE), Rapport au Comité des travaux historiques sur la biographie des Jacques, dans la Revue des Sociétés savantes, année 1860, 2« semestre, p. 309.

JAUAUT (H.), L'Album de Pierre Jacques, sculpteur rémois, dessiné A Rome de 1572 A 1577, communication A l'Académie de Reims, le 13 mai 1890. Travaux, t. LXXXV. Tirage A part de 6 pages.

LIÉXARD, Les Jacques, dans les Travaux de l'Académie de Reims, t. VII (1847-184S), p. 287-296. — Article dans le journal l'Écho de la Marne, 1848.

LORIQUET (Cit.), Notices sur les oeuvres attribuées aux Jacques, dans le Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims, 1881, p. 320322, 325, 344.

PARIS (Louis), Les Jacques, dans le Remensiana, Reims, 1845, p.280286.

SITAIXE (Max.), Pierre et Nicolas Jacques, dans les Travaux de l'Académie de Reims, t. XXVII (1857-1858), p. 290-306.


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LES JACQUES, SCL'I.PTKUIIS REMOIS

TABLE

XOTICK.

P*3ei.

I. — Biographie des Jacques 4

§ 1".—Pierre Jacques, f 1596 4

§ 2. — Nicolas Jacques I, f 1649 8

§ 3. — François Jacques, f 1664 9

§ 4. — Nicolas Jacques II, f 1726 10

II.—Sculptures à Reims attribuées aux Jacques. ... 11

§ 1er.—Statues du tombeau de saint Rémi 11

§2. — Retable de la Nativité, au Musée (avec vue) 12

§ 3. — Retable des Apôtres, à la cathédrale 12

§4. — Christ de l'église Saint-Jacques (avec vue) 13

§ 5. — Statue de saint André, église Saint-André 14

§ 6. — Statue de saint Pierre, au Musée 15

§ 7. — Le Nil, au Musée 15

§ 8. — Buste en marbre, au Musée 15

§9. — Portique du choeur de l'église Saint-Remi (avec vue). ... 15

§ 10. — Groupe d'enfants, au Musée 16

III. — Sculptures hors de Reims attribuées aux Jacques. . 16

APPENDICE.

I. — Généalogie, avec pièces d'état civil 18

II. — Testaments, contrats, pièces do famille 21

III. — Conventions, expertises, traités d'oeuvres d'art 25

IV. — Bibliographie , 30

PARIS. TVPOGRAPHIK DS B. PLOX, NOURRIT ET C1'*, RUE GARANCIKHB, 8.