Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 16 sur 16

Nombre de pages: 16

Notice complète:

Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1905-07-30

Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication

Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 19764

Description : 30 juillet 1905

Description : 1905/07/30 (A45,N31).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54598338

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 09/12/2008

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


MONDE ARTISTE

illustré

MUSIQUE — THÉÂTRE — BEAUX-ARTS

DIPLOME D'HONNEUR Innsbruck, 1896

MÉDAILLES D'ARGENT

Paris, 1896 — Bruxelles, 1897

MÉDAILLE DE BRONZE

Paris 1900

DIRECTEUR : PAUL MILLIET BUREAUX : 24, Rue des Capucines

PARIS

Les abonnements sont reçus en outre à la Librairie Nouvelle, 11, boulevard des Italiens.

PUBLICATION HEBDOMADAIRE

45e Année N° 31

Dimanche 30 Juillet 1905

Sommaire

Au Conservatoire par EDMOND STOULLIG

Lettres et Beaux-Arts

Les Fêtes d'Orange par RENÉ MAUGARS

Province et Etranger

NOTES ET INFORMATIONS

Nouvelles Judiciaires par INTÉRIM

Bulletin bibliographique par MEMENTO

Courrier de la semaine par PAUL MILCOUR

Nécrologie Courrier de la Mode BERTHE DE PRÉSILLY

Abonnements

UN AN SIX MOIS

Paris 20 fr. 12 fr.

Départements . 24 " 14 " Étranger.... 27 " 17 »

Les Abonnements d'un an sont intégralement remboursés en Morceaux de Musique (piano ou chant) à choisir dans le Catalogue adressé franco à toute personne qui en fera la de mande.

Le Numéro 50 Centimes


482

LE MONDE ARTISTE

MOUVEMENT ARTISTIQUE

Mme THÉNARD, de la Comédie-Française, dont l'enseignement de la diction est si remarquable, va donner cet hiver six Causeries suivies de saynètes et monologues, au Théâtre des Capucines (Abonnement aux six séances : 15 fr. Chaque séance séparée : 3fr. la place.)

S'adresser au théâtre des Capucines ou chez Mme Thénard, 11 bis, rue d'Orléans, à Neuilly-sur-Seine.

HENRIOT, 1er ténor, 21, rue St-Ferdinand, Paris (Disponible.

COURS ET LEÇONS

Chant.

Mlle BLANCHE DELILIA, 45 rue Chazelles (parc Monceau). Cours de chant et de diction lyrique.—Physiologie vocale.

Mme DELAQUERRIERE DE MIRAMONT, 64, rue de la Rochefoucauld.

Mlle DUCASSE, 13 bis, rue d'Aumale.

Mme COLONNE, 10, rue Montchanin.

DUCHESNE, 80, boulevard Bineau, à Neuilly.

A. BEER, 28, rue Duperré.

Déclamation.

A. CÉALIS, 3, rue Corneille.

EUGÈNE LARCHER, 26, rue d'Aumale

Mme VICTOR ROGER, cours de déclamation et diction. Leçons

particulières, 6, rue Richepanse. J.-A. DAVRIGNY, 76, rue de Passy. ALBERT LAMBERT, 48, rue Monsieur-le-Prince.

Piano. — Harpe.

Mme FERRARI (COLOMBARI DE MONTÈGRE), 63, avenue

Kléber. PIFFARETTI, 133, boulevard Pereire. ANDRÉ WORMSER, 83, rue Demours. BREITNER, 5, rue Daubigny. DE CRISTOFARO, 3, rue de Valenciennes. Mme C. TARDIEU-LUIGINI, professeur de harpe, 46, rue de

La Bruyère. Mlle ALICE VOIS , 35, rue de Saint-Pétersbourg, professeur de

piano et accompagnement.

Langues étrangères.

M. LÉVI, 27, rue Le Peletier.

Mme TREBITSCH, 8, rue Taylor (anglais et allemand).

Mme MARIE ROZE, de l'Opéra de Paris et des Théâtres de Sa Majesty et Covent-Garden de Londres, 37, rue Joubert.

Mlle GERFAUT, de l'Odéon. Diction, déclamation lyrique, préparation au Conservatoire, Comédie de salon, Conversation française à l'usage des étrangers. — 22, rue Montaigne.

Mme PIERRE PETIT, professeur de chant par l'exemple 14, rue Laferrière.

Cours de croquis et d'académie sous la direction de Mme Edmée Leclerc avec le concours de MM. William Barbottin et Lucien Robert. Lundi et jeudi de 2 à 5 heures, 6, rue Chaptal.

Mme COGNAULT SANGOUARD, 44, rue Condorcet. — Cours de chant et leçons particulières.

M. A. HERLÉ, 6, rue Louis-Philippe, Paris-Neuilly. Leçons d'harmonie par correspondance. Orchestrations.

Mme PIERRON ET M. BOURGEOIS. — Cours d'opéra-comique et de déclamation lyrique au Théâtre des Mathurins

Mlle MARIE BERNADOU, 35, rue de Passy. Leçons et soirées. Piano, harpe et mandoline.

Mme L. PLANES, 100, boulevard Sébastopol.

MAISONS RECOMMANDÉES

J. TISSIER, costumier des théâtres, 16, boulevard Montmartre.

J. BACQUE, chirurgien-dentiste, 38, rue de l'Annonciation.

NADAR, photographe, 61, rue d'Anjou.

PIERRE PETIT, photographie artistique, 122, rue Lafayette

Mme GARIN, fleurs, abats-jour, 8, rue de Provence.

Mme veuve COSTALLAT, éditeur de musique.

CAUTIN et BERGER, photographes, rue Caumartin.

RANC, tailleur, 21, rue Pétrarque (16e.)


LE MONDE ARTISTE

45e ANNÉE N° 31

DIRECTEUR : PAUL MILLIET

Dimanche 30 Juillet 1905

Au Conservatoire

L'enseignement du violon est, encore et toujours, une de nos incontestables gloires nationales, et, comme celui des années précédentes, le concours de cette année est en mesure de fournir une ample moisson de brillants virtuoses d'estrade et de parfaits musiciens d'orchestre. La classe de M. Lefort, remarquable entre toutes, a obtenu sept nominations, dont deux premiers prix, sur sept élèves que présentait l'excellent professeur. C'est à lui que nous de vons M. Saury qui fut le héros de cette belle journée. La vigueur et l'ampleur de son jeu, la pureté de son style, la correction de sa tenue en font un artiste accompli, et c'est avec une admirable aisance qu'il se joua des difficultés accumulées par M. Saint-Saëns en son 3me concerto. M. Bastide, un d'Artagnan du violon, est doué d'une fougue chaleureuse qui l'emporte parfois au delà du but, et, bien qu'il ait accroché le trait final, c'est, quand même, un superbe tempérament. Deux autres premiers prix : M. Cantrelle (classe Rémy), qui a du charme et de l'expression, un admirable mécanisme et une impeccable netteté : il ne lui reste plus qu'à se corriger d'un inutile et insupportable balancement; M. Bittar (classe Berthelier),qui a su donner du premier coup d'oeil à la poétique leçon de lecture de M. Pierné la couleur qu'elle comportait.

Quatre seconds prix : Mlle Billard (classe Lefort), qui a tout à la fois de la délicatesse et de l'énergie ; M. Matignon (classe Nadaud), dont le jeu, correct et fin, est plus efféminé que celui de sa précédente camarade du beau sexe ; Mlle Hélène Morhange (classe Nadaud), qui a de l'élégance et de la souplesse, et qui, de plus, lit en bonne musicienne ; M. Nauwine (classe Rémy) un zouave plein de politesse et de roublardise.

Trois premiers accessits : Mlle Sauvaistre (classe Lefort), si émue à l'idée de jouer la première des vingt-six concurrents qu'elle en pleurait à chaudes larmes ; elle a pourtant un fort beau son et une justesse irréprochable; Mlle Augiéras (classe Rémy) et M. Etchecopar (classe Lefort).

Six seconds accessits — n'en jetez plus, la cour est pleine ! — ont récompensé les efforts pleins de vaillance de Mlle Hélène Wolff — une sincère artiste qui, déjà, sait se faire écouter — et de MM. Devaux, Caries, Soudant, Michelon et Sufise.

Souhaitons à Mlles Julien et Lapié, les deux « espoirs » de MM. Nadaud et Rémy, de ne pas être, l'an prochain comme cette année, victimes de malencontreux accrocs qui leur ont fait manquer le premier prix attendu... de la bienveillance de MM. Théodore Dubois, Gabriel Pierné, Edouard Colonne, Jacques Thibaud, Sechiari, Geloso, Henri Marteau, Parent, Tracol, Firmin Touche et Fernand Bourgeat.

Nous avons énuméré, l'an dernier, ici même, les sérieux avantages de la harpe chromatique, si ingénieusement imaginée par M. Gustave Lyon. Cette « demoiselle » marche désormais toute seule et tout porte à croire qu'elle ira loin... Elle a, d'ailleurs, d'illustres parrains : tel M. Félix Mottl, le célèbre cappelmeister, qui se charge de la préconiser de sa prose toute persuasive et de la propager dans les orchestres que si savamment il dirige. Au Conservatoire, le nombre de ses adeptes est en passe d'augmenter de jour en jour, et c'est sept élèves que nous présentait Mme Tassus-Spencer, le dévoué professeur, dont le nom restera attaché à l'enseignement de ce nouvel instrument. Mlle Lénars s'est chargée d'en faire ressortir toutes les qualités, et, sous les doigts agiles de cette jeune harpiste, doublée d'une musicienne innée, ce fut un vrai régal que l'audition du distingué morceau de concours de M. Reynaldo Hahn, dont notamment le prélude, avec sa descente en demi-tons, impraticable sur l'ancienne harpe, est un bijou de sonorités délicieuses. Le premier prix de Mlle Lénars a été justement acclamé. Il en fut de même du second, à l'unanimité, mérité par Mlles Blot et Jeanne Joffroy — cette dernière, au véritable tempérament d'artiste, qui rythma avec tant de charme le rigaudon de M. Reynaldo Hahn.

Pas de premier accessit; mais deux seconds alloués à Mlles Chalot et Goudeket, deux fillettes de quatorze et douze ans, qui grandiront en grâce et en talent.

Une ancienne lauréate de la harpe à pédales, Mlle Henriette Renié, avait écrit pour l'excellente classe de M.Hasselmans — dont la boutonnière s'est récemment fleurie de rouge — un concerto, bourré de glissando, qui n'est pas d'une excessive originalité, mais qui du moins a porté bonheur aux six élèves. Quatre premiers prix ; M. Grandjany, Mlles Mauger, Inghelbrecht et Mollica. Retenez le nom de M. Grandjany (treize ans), qui est incontestablement doué, et nous a semblé très supérieur à ses camarades.

A neuf ans, Mlle Laskine avait déjà conquis sa première médaille de solfège. Et comme on demandait alors à cette mignonne poupée ce qu'elle allait faire: « J'attends, dit-elle, que mes mains grandissent pour jouer de la harpe ! » Ses mains n'ont pas encore beaucoup grandi, elle n'a que onze ans, mais elle a si musicalement interprété le morceau de concours, qu'elle enlevait le second prix. Et non contente de travailler le mécanisme de son instrument, elle potasse déjà les problèmes d'harmonie ; décidément il n'y a plus d'enfants.

Le palmarès de la harpe a dû se clore avec un premier accessit décerné à Mlle Janet. Donc, autant de récompenses que d'élèves...

Le jury était le même que celui du piano hommes, et se composait de MM. Théodore Dubois, Widor,


484

LE MONDE ARTISTE

Xavier Leroux, Pugno, Georges Pfeiffer, Alfred Cortot, Franck, Jean Risler, Riéra, Fernand Lemaire, Delafosse et Bourgeat, secrétaire. Dix-huit concurrents interprétaient la 2e ballade de Chopin et la Toccata de M. Saint-Saëns : double appel à la pure virtuosité. Sauf la courte phrase de début où l'artiste peut montrer qu'il a une âme, la ballade de Chopin (entre parenthèses une des moindres oeuvres du maître) n'exige que des doigts. La Toccata ne comporte, elle, aucune phrase mélodique : c'est un amas de notes qui, tantôt partent en fusées, tantôt tombent en cascades et vous emportent en un torrent impétueux. Pour exécuter une aussi vertigineuse composition, il fallait de la force, de la dextérité, une sûreté de mécanisme que ces jeunes pianistes possèdent déjà presque tous â un très haut degré.

Trois premiers prix furent attribués à MM. de Francmesnil et Dupré, élèves de M. Diemer, et Dumesnil, élève de M. Philipp. Parmi ces brillants lauréats, notre sympathie va surtout à M. Marcel Dupré, qui a si allègrement sauté du second accessit à la suprême récompense. Nous aimons son jeu moelleux, sa netteté d'articulation, sa chaleur et son beau style. Nous nous garderons bien de protester contre le second prix accordé à l'unanimité à M. Dorival (Philipp), qui a su mettre de la personnalité dans son exécution : mais nous nous demandons comment il se fait que M. Gayraud (Philipp) ait été gratifié d'un simple premier accessit, alors que toute la salle l'eût volontiers associé à ses camarades du premier prix. C'est un artiste dans toute l'acception du mot; il a divinement joué le Saint-Saëns et le Chopin, et sa lecture fut impeccable.

Deux autres premiers accessits ont été mérités par MM. Lattès et Verd, tous deux élèves de M. Diemer. MM. Théroine et Polleri, élèves de M. Diemer, recevaient un second accessit. Toutes nos condoléances à M. Boscoff, second prix en 1904, à qui, cette fois, la force a manqué, et tous nos regrets de voir sévèrement écarté de la liste des récompenses, et par conséquent exclu de la maison, un artiste aussi vibrant que M. Toulmouche, qu'a sans doute, perdu une trop mauvaise lecture de la page accidentée de. M. Xavier Leroux — véritable flèche du Parthe lancée aux concurrents, à la fin de cette séance déjà si rude.

Le programme du concours de piano des femmes ne nous a pas semblé beaucoup meilleur que celui des hommes. Passe encore pour le prélude en ré de Bach, qui, joué par des élèves ordinaires, a juste la valeur d'un exercice de Czerny; mais quelle idée d'avoir choisi l'une des plus banales et des plus plates compositions de Chopin, cet Allegro de concert, dans lequel on a fort heureusement fait une coupe sombre ! Déjà si insupportable à entendre vingt-six fois, « zuze un peu, mon bon », de ce qu'il eût été dans son entier!

Comme tous les ans, MM. Alphonse Duvernoy et Marmontel ont été les héros de la journée : ce sont eux qui au détriment de leur collègue M. Delaborde, se sont partagé les premières récompenses. Sur vingt-six concurrentes : dix-huit lauréates, toutes absolument méritantes. On voit que, si nos classes

de violon sont appréciées à leur juste valeur, nos classes de piano ne leur cèdent en rien et sont dignes d'admiration.

Cinq premiers prix : MIIe Caffaret, élève de M. Duvernoy, est une délicieuse petite enfant de onze ans, extraordinairement douée, étonnante d'aisance et de sûreté, et donnant à la phrase musicale son expression juste et sa valeur réelle. Peutêtre aurions-nous pourtant donné la première place à Mlle Arnaud (autre élève de M. Duvernoy), qui a de si jolies sonorités et qui donne tant de vie et de couleur à son interprétation ; de plus, elle a lu de façon absolument remarquable la très charmante leçon de M. Georges Marty. Viennent ensuite : Mlle Antoinette Lamy (toujours de la classe Duvernoy), au jeu tendre, à la nature poétique, à laquelle convenaient si peu les morceaux de cette année ; MIIe Veluard (classe Marmontel), qui comprend bien ce qu'elle joue et a si bien fait ressortir un chant de la main gauche que jusque-là n'avait fait valoir aucune de ses camarades; Mlle Kastler (classe Marmontel), que sa nervosité eût infailliblement perdue si, sans doute, ses notes de classe n'avaient pas été là pour la relever.

Second prix: Mlles Vizentini (décidément, ce nom oblige, et le lauréat d'aujourd'hui le porte avec honneur) et Debrie (la cadette d'une pianiste déjà fort distinguée) appartiennent à la classe Marmontel. Mlles Morillon, très bien dans le prélude de Bach, et Aussenac, au jeu délicat et perlé, mais un peu froid, sont des élèves de M. Duvernoy.

Quatre superbes premiers accessits : Mlles Weil (Duvernoy), Léa Lefebvre et Portéhaut (Marmontel), Willemin (Delaborde).

Cinq seconds accessits, autant de talents qui mûriront et qui nous promettent de la joie pour l'an prochain: Mlles Pennequin, Clapisson (Duvernoy), Jacquard, Fagelet Thévenet (Delaborde).

Maintenant, pourquoi Mlle Hélène Léon (second prix en 1904), si adroite et si gracieuse et si vraie nature d'artiste, a-t-elle été privée du premier prix qu'elle attendait, après son second de l'an dernier ? Demandez-en la raison à MM. Théodore Dubois, Gabriel Fauré, Marty, Wurmser, Marc de la Nux, Moszkowski, Braud, Galeotli, Quévremont, Stojowsky. Pour moi, je ne l'ai pas trouvée, et me permets de taxer d'injustice (lâchons le grand mot!) la décision de ce jury aussi sévère que compétent.

Le concours d'opéra-comique s'est terminé dans

le tumulte. Le public a conspué le jury écartant

de la liste des récompenses un élève qu'il avait

remarqué et applaudi. Et quand M. Théodore Dubois

Dubois annoncé qu'il n'y avait pas de premier

prix pour les femmes, les « hou ! hou ! » ont été tels

que la séance dut être levée, tout comme à la

Chambre des députés; les meilleures places n'étaientelles

n'étaientelles d'ailleurs occupées par les « dames » de

nos honorables, très heureuses d'assister à ce genre de spectacle gratuit ?

Un pareil scandale était-il donc absolument justifié

justifié Il est vrai qu'on eût pu, sans injustice,

donner un second prix à M. Georges Petit, qui, dans

le Rêve de M. Bruneau, avait magistralement interprêté

interprêté rôle de Jean d'Hautecoeur... Mais à laquelle

de ces demoiselles eussiez-vous décerné le premier


LE MONDE ARTISTE

485

prix ? A Mlle Lamare (second prix de l'an dernier), qui s'est contentée de nous dire assez froidement l'air d'Agathe du Freyschutz ? A Mlle Mathieu-Lutz, très mignonne, et même très spirituelle en Rosine du Barbier de Séville comme dans sa réplique de Don Pasquale, mais dont la petite voix agile dépasse à peine la rampe ? A Mlle Lassalle, qui a fort intelligemment secondé plusieurs de ses camarades, et nous a campé une Carmen assez intéressante ? A Mlle Tasso, qui, sous les traits de Manon, fut séduisante et naturelle ? A Mlle Miral, une Jacqueline du Médecin malgré lui dont la verve est encore très jeunette ? Il nous semble que les seconds prix alloués à ces quatre dernières récompensent amplement leur talent naissant.

Premier accessit : Mme Ennerie, une Manon jolie, mais un peu lourde, qui devra commencer par apprendre à marcher. Un second accessit a ravi Mlle Alice Comès, une Simonne des Saisons toute pleine d'ardeur, et a encouragé les bonnes intentions de Mlle Delinoges, qui nous est apparue sous le travesti de Zanetto du Passant. Pourquoi le costume n'a-t-il pas été généralisé ? Voilà certes une innovation qui devait logiquement — mais la logique ! — accompagner le transfert des concours en un vrai théâtre...

MM. Théodore Dubois, Adrien Bernheim, d'Estournelles de Constant, Albert Carré, Bourgault-Ducoudray, Xavier Leroux, Georges Marty, Maréchal, Henri Cain, Capoul, Fugère et Fernand Bourgeat, ont rendu, en ce qui concerne les femmes, les décisions que voici.

Premier prix : M. Lucazeau, un Don José de voix sonnante et de jeu si plein d'ardeur mal réglée qu'il en parut grotesque ; nous avons eu l'mpression d'un apache poursuivant sa victime.

Trois premiers accessits : M. Francelle, qui phrase bien et joue avec quelque intelligence ; M. Domnier, que son physique destine aux grimes ; il fut un Don Pasquale de comique traditionuel ; M. Nansen, un Lorédan des plus ternes, mais que voulez-vous qu'il tirât de la désuète partition d'Haydée ? ... Second accessit : M. Sarraillé, qui enleva assez gaiement une scène de Maître Pathelin, mise en musique par l'illustre François Bazin.

Le jury d'opéra-comique s'était montré forcément sévère; le jury d'opéra fut au contraire d'une rare mansuétude. Nommons vite ces anges de bonté : MM. Théodore Dubois, Gabriel Fauré, Adrien Bernheim, d'Estournelles de Constant, Widor, Bourgault-Ducoudray, Xavier Leroux, Gailhard, Renaud, Delmas et Fernand Bourgeat. Quatorze scènes; quatorze nominations. Jamais, croyonsnous, MM. Melchissédec et Lhérie ne se sont vus à pareille fête... Et le public a encore fait un bruit infernal, mais c'était, cette fois, pour témoigner sa joie immense.

Si Mlle Chenal était heureuse, vous pouvez le penser. A son premier prix de chant, elle ajoutait un premier prix d'opéra : la voilà du coup engagée par M. Gailhard. Mlle Chenal est la noble et digne interprète de Gluck. Elle avait triomphé, nous avons dit, dans l'air d'Alceste, et c'est avec la même pureté de style, la même aisance et la même

autorité que, tenant à elle seule toute la scène, elle a déclamé le cinquième acte d'Armide, véritable tour de force, puisque ce rôle si tendu n'est pas écrit dans la tessiture de sa voix. Et comme avec plaisir nous l'avons ensuite retrouvée faisant sonner ses belles notes de mezzo dans l'Odette de Charles VI, où elle montrait toute l'adresse et toute la souplesse de son talent de comédienne !

Sans qu'on puisse lui assurer le même avenir théâtral, Mlle Mancini (autre premier prix) est loin d'être indifférente. Elle a du tempérament, et les qualités émotives de son jeu chaleureux réussissent à faire oublier un physique plutôt ingrat. Elle fut pour son propre compte la Dolorès si cruellement châtiée de Patrie, et donna dans Alice de Robert le Diable, et Gemmy de Guillaume Tell, de très louables répliques.

Deux seconds prix : Mlle Lapeyrette, expressive Fidès du Prophète, et Mlle Lamare, jolie chanteuse toujours un peu guindée. Premier accessit : Mlle Bailac. Deuxième accessit : Mlle Delalozière.

Passons à ces messieurs : M. Georges Petit a obtenu l'éclatante revanche qui lui était bien due après son amère déception du concours d'opéracomique. Sa belle déclamation d'OEdipe à Colone lui a valu un premier prix approuvé par tout le monde. Il l'a partagé avec M. Corpait, un comédien qui sait son métier — il l'a prouvé dans le Charles VI d'Halévy — mais un chanteur de voix défaillante. Combien nous lui préférons M. Carbelly (second prix), qui fut un puissant et émouvant Guillaume Tell ! Premier accessit : M. Meurisse, au timbre de basse franc et sonore, qui nous donna un Bertram et un Gessler pleins de conviction; M. Lucazeau, dont la scène du Trouvère était, à elle seule, une trouvaille de ridicule : nos compliments à qui l'a choisie... Deuxième accessit d'encouragement : MM. Pérol, Ziégler et Dupouy. A revoir tous trois l'an prochain.

Le lendemain mercredi, le jury s'était presque entièrement renouvelé. Il s'agissait du concours de déclamation, pour lequel le directeur président avait donné la place d'honneur à M. Victorien Sardou. L'illustre dramaturge était entouré de ses collègues de l'Académie : MM. Ludovic, Halévy, Paul Hervieu, Henri Lavedan, Jules Claretie, qui siégeait également en qualité d'administrateur de la ComédieFrançaise, ayant à côté de lui M. Paul Ginisty, directeur de l'Odéon. M. Alfred Capus y représentait l'esprit parisien, M. Mounet-Sully, le grand art, et MM. Adrien Bernheim et D'Estournelles de Constant l'administration des Beaux-Arts. M. Fernand Bourgeat y remplissait, comme à chacune de ces onze journées, les délicates fonctions de secrétaire.

Et la séance du matin, traditionnellement consacrée à la tragédie se déroula, combien triste et monotone!... M. Boyer, digne reflet de son maître Silvain, nous donna un Néron correct et froid. M. Denis, présenté par M. Le Bargy, nous y montra un Marat catarrheux qui vint voir — sans doute pour le narguer — l'étonnant Eugène Damoye, donc la renommée fut à tout jamais perpétuée par un inoubliable feuilleton de Jules Lemaître. Mlle Ludger, élève de M. Berr, nous permettra, « l'aveu dépouillé d'artifice » qu'elle n'eut rien de la vindicative Hermione.


486

LE MONDE ARTISTE

Notons le zèle déployé par M. Hervé, un Othello joufflu qui a du cheveu, certes, et même du feu ; la belle voix de Mlle Bogros, qui nous a rappelé celle de Mlle Roch, l'un des espoirs de la Comédie-Française les bras superbes de Mlle Barjac, dont l'interprétation du rôle d'Andromagne fut " de bon ouvrage bien propre » ; les attitudes curieuses et la mimique intelligente de M. Grétillat, un Orestès des Erinnyes, auquel il ne manque que la voix ; l'insuffisance de Mlle Myriel, qui personnifia Bérengère de Charles VII chez ses grands vassaux, et la bonne volonté de M. Bacqué qui, avant de représenter de façon un peu trop quelconque le Glocester de Richard III, s'était prodigué dans les répliques.

Que resterait-il de cette dizaine de scènes plutôt insipides si nous n'avions eu cette gentille Ventura, meilleure dans Richard III que dans Phèdre, mais toute ardente et toute vibrante — une Polaire tragique, a-t-on dit — et vraiment intéressante, malgré ses défauts, qui sautent aux yeux de ses amis comme de ses ennemis, car elle a les uns et les autres : ceux qui ne lui trouvent aucune espèce de de talent et ceux qui prédisent en elle une future Sarah. Qui vivra verra : elle n'a pas encore dix-neuf ans.

L'entr'acte nous fut une joie exquise. Pendant que les membres du jury piqueniquaient bourgeoisement dans un restaurant du passage des Princes, la critique avait été galamment priée à déjeuner chez M. et Mme Félix Duquesnel. Table somptueuse et grand régal d'esprit puisque notre aimable amphitryon menait le jeu de la conversation et que ses convives étaient Emmanuel Arène, Adolphe Brisson, Léon Kerst, Camille Le Senne, Adolphe Aderer, François de Nion, Louis Schneider et André Barde.

Puis la séance recommence plus chaude et presque aussi ennuyeuse ; elle se prolongea pendant près de quatre heures. Vingt scènes de comédie, dont six appartienent à Molière, et dix à Dumas fils. Trois Princesse Georges, c'est beaucoup. Mlle Ventura avait cru devoir échanger son élégant fourreau de crêpe de Chine " Art nouveau » du matin contre une jolie robe de linon garnie de volants de dentelles... Et bien qu'elle ait manqué le fameux « Cherchez » d'Aimée Desclées, elle fut une très émouvante Séverine. Mlle Bergé (engagée d'avance à la ComédieFrançaise) nous donna une Simone du Mariage blanc de Jules Lemaître un peu articielle. Combien je lui préfère Mlle Corlys, si gentiment naturelle, si joliment sincère dans l'Ingénue de Meilhac, et aussi Mlle Barjac, la très sobre Clara Vignot du Fils naturel !

Mais suivons l'ordre du programme. Voici, dans la très amusante scène de Mercadet — tout le succès est pour Balzac — M. Lluis, bon élève de Leloir et véritable sosie de Féraudy, qui, nous conte-t-on, a renoncé à une situation des plus lucratives, entraîné par le démon du théâtre : fatal démon !... Voilà M. Denis, un des meilleurs élèves de M. Le Bargy, un des « espoirs » de l'année : c'est, avec un physique qui rappelle M. Barral, un Arnolphe plus intelligent que personnel. Quelle idée de choisir cette très mauvaise scène des Fossiles, où échoue piteusement le zèle de M. Bacqué ! Mais quel succès que celui de M. Brou, si puisssanl et de colère si vraie dans le rôle de Jacques Rantzau, qui lui valut,

aux acclamations du public, un premier prix justement prometteur. Attendez beaucoup de M. Brou, retenez le nom de Mlle Corlys, et oubliez les autres... Tel est, en une phrase télégraphique, le clair résultat d'un concours de comédie, qui nous parut d'autant plus faible qu'il avait lieu, non plus à l'école, mais sur une véritable scène de théâtre. Qu'en pense notre grand inaugurateur, M. DujardinBeaumetz ?

EDMOND STOULLIG.

Spectacles de la semaine :

Opéra. — Lundi, Aïda ; mercredi, le Trouvère, Coppelia ; vendredi, Faust.

Comédie-Française. — Dimanche, Tartuffe, le Malade imaginaire ; lundi, la Vraie farce de Maître Pathelin, les Phéniciennes ; mardi, En Visite, le Duel ; mercredi, le Père Lebonnard ; jeudi, Chez l'Avocat, l'Autographe, les Phéniciennes ; vendredi, Sans lui, Mademoiselle de la Seiglière ; samedi, le Coeur a des raisons, le Gendre de M. Poirier.

Porte-Saint-Martin : le Bossu. — Gymnase : Second Ménage. — Athénée : Coeur de moineau. — Nouveautés : l'Ange du foyer. — Ambigu : la Bande à Fifi. — Déjazet : Tire au flanc. — Cluny : le Pacha du bataillon.

Théâtres de quartiers. — MONTMARTRE : Un remède contre l'amour. — MONTPARNASSE : Jeanne la Maudite. — GRENELLE : les Oubliettes du Vieux Louvre. — LES GOBELINS : Boubouroche, la Retraite.

LETTRES ET BEAUX-ARTS

— Parmi les nouveaux promus ou nommés dans la Légion d'honneur, à l'occasion du 14 juillet, nous citerons :

Au grade d'officier : MM. Adolphe Aderer, J.H. Rosny, Michel, sculpteur;

Au grade de chevalier : MM. Fernand Gregh, homme de lettres ; Michel Corday, homme de lettres ; André Rivoire, homme de lettres ; Renaud, compositeur de musique ; Hasselmans, professeur de harpe au Conservatoire national de musique ; Alex. Boucher, peintre ; Mme Bartet, sociétaire de la Comédie-Française; MM. Ripault, publiciste à Paris ; Desachy, publiciste à Paris ; Israël, publiciste à Paris ; Massé, publiciste à Carcassonne ; Santi, publiciste à Bastia.

— Les membres de l'Académie des Beaux-Arts ont, en dernière séance, discuté les titres de classement aux deux fauteuils disponibles. Pour le siége du baron de Rothschild, le résultat fut celui-ci : en première ligne, M. Bellaigue ; en seconde ligne (ex aequo) et par ordre alphabétique : MM. Jules Comte et Mounet-Sully ; en troisième ligne, M. Louis Gonse ; en quatrième ligne, M. le docteur Paul Richer. Ajoutés par l'Académie MM. Charles Normand et Soubies.

Constatons que ce classement paraît assurer le succès de M. Camille Bellaigue.

Puis, le classement des candidats au fauteuil de membre titulaire dans la section de sculpture, vacant par suite du décès de M. Paul Dubois, a donné ce résultat : en première ligne, M. Tony Noël ; en seconde ligne, M. de Saint-Marceaux ; en troisième ligne,


LE MONDE ARTISTE

487

M. Gardet ; en quatrième ligne, M. Peynot ; en cinquième ligne, M. Hugues. A ces nome ont été ajoutés ceux de MM. Carlès, Lombard, Michel et Verlet.

Puis encore, l'Académie a décerné le Prix Houllevigne et en a attribué les 5,000 francs à M. Georges Marty, pour son drame lyrique Daria, écrit sur un livret d'Adolphe Aderer et Armand Ephraïm, et joué l'hiver dernier avec un vif succès à l'Opéra.

Enfin l'Académie a proclamé les résultats du concours pour le grand prix de Rome (gravure en médailles et pierres fines) : 1er grand prix, M. Mérot, élève de MM. Barrias, Chaplain et Coutan ; 1er second grand prix, M. Verez, élève de MM. Barrias, Coutan et Dubois ; 2e second grand prix, M. Dammann, élève de M. Chaplain.

LES FETES D'ORANGE

Trois Représentations de Gala au Théâtre Antique.

Les 5, 6 et 7 août auront lieu à Orange trois représentations d'un éclat unique où seront interprétés : les Troyens de Berlioz, le Mephistophélès de Boïto, OEdipe-Roi de Sophocle et Jules César de Shakespeare.

C'est à la Société des Grandes Auditions Musicales de France qu'est due cette réalisation héroïque; on ne pouvait guère l'attendre que d'elle, l'énorme labeur qu'elle a réalisé pour l'art en ce pays lui enjoignant de faire toujours plus et mieux. L'initiative, toujours inquiète du beau, dont témoigne à l'envi sa présidente Mme la Comtesse Greffulhe se reconnaît dans ces solennités qui, si l'on se souvient du décor de pierres et d'âpres végétations où elles s'accompliront, vont présenter ce caractère de fêtes civiques et religieuses que les poètes antiques assignaient au Théâtre. Il n'est pas de cadre plus merveilleux et en même temps plus rationnel. L'auguste amoncellement de la pierre et une nature chaleureuse en constituent tout le faste, un ciel clément en caresse les aspects immuables.

Un tel théâtre ne saurait servir de cadre à de petites oeuvres. Seul le geste des héros n'y est point déplacé. C'est pourquoi l'on trouve l'empreinte de l'héroïsme et de la fatalité sur tous les chefsd'oeuvre qui vont y être représentés les 5, 6 et 7 août par les soins de la Société des Grandes Auditions Musicales de France, à laquelle s'ajoute un Comité d'honneur composé de MM. Rouvier, président du Conseil des Ministres ; Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts ; Guérin, viceprésident du Sénat ; Maurice Faure, sénateur; Jules Roche, député; Dr Loque, député; Lacour, maire d'Orange ; A. Réal, délégué de la Municipalité ; Paul Mariéton, chancelier du Félibrige, etc., etc. La direction générale de toutes ces représentations a été confiée à M. Raoul Gunsbourg.

Pour la partie vocale, les artistes les plus célèbres de la troupe incomparable du théâtre de Monte-Carlo ont été engagés, et un véritable esprit de magnificence marquera les représentations d'Orange et en assurera l'éclat. Au pupitre de chef d'orchestre est M. Edouard Colonne, et quand on voit au programme un chef-d'oeuvre de Berlioz, on convient qu'il appartenait à M. Edouard Colonne plus qu'à tout autre de diriger ces trois représentations de gala. C'est maintenant, en effet, comme

une tradition nationale que le nom d'Edouard Colonne soit accouplé à celui d'Hector Berlioz, ce compositeur si longtemps méconnu n'ayant jamais eu de prêtre plus fidèle. L'orchestre et les choeurs que M. Colonne a si excellemment formés prêteront bien entendu leur concours aux trois représentations.

La première fête, qui aura lieu le samedi 15 août, à 8 heures 1/2 du soir, est consacrée aux Troyens à Carthage de Berlioz, qu'on ignore généralement ou que l'on connaît mal, malgré les représentations qu'en donna en 1892, à l'Opéra-Comique, la Société des Grandes Auditions Musicales. Les interprètes principaux en seront l'admirable Félia Litvinne dans le rôle de Didon, et M. Rousselière, le ténor sur lequel l'Opéra fonde le plus d'espoir et qui sera un Enée éclatant et chaleureux. On remarque à leur côté Mmes Chassang et Girerd, MM. R. Plamondon, Ananian et Darcilly.

La deuxième représentation, dimanche 6 août, à 8 heures 1/2 du soir, sera remplie par Mephistophélès, opéra en quatre actes d'Arrigo Boïto, d'après Goethe, et qui sera chanté en langue italienne. C'est à coup sûr l'oeuvre la plus significative de l'Ecole italienne moderne. La belle cantatrice Lina Cavalieri y fera la double interprétation si séduisante de Marguerite et d'Hélène, auprès d'un Faust dont l'apparition sera une surprise pour les spectateurs. Et enfin, la célèbre basse de l'Opéra Impérial de Saint-Pétersbourg et de Moscou, l'admirable Chaliapine, qui est le plus nouveau, le plus vrai et à la fois le plus fantastique Mephistopheles qu'on ait jamais vu, obtiendra à Orange, comme il l'a obtenu à Monte-Carlo l'an dernier, un succès dans lequel on ne discerne pas si c'est l'admiration ou la terreur qui vous émeut. Ce sera une impression d'art unique au monde que de voir Chaliapine dessiner, sur le « mur vénérable », vestige éminemment classique, la silhouette romantique de sa face exaspérée et de ses attitudes naturellement diaboliques.

Puis il y aura Shakespeare !

Shakespeare à Orange : On rêvait cette réalisation sans trop l'espérer, et voilà que, grâce à Mme la comtesse Greffulhe et à la Société des Grandes Auditions, cet idéal d'art sera réalisé. Et dans quelle oeuvre allons-nous voir Shakespeare ? Dans celle qui est peut-être la plus vaste et la plus profonde de toutes : Jules César. Avec la deuxième partie d'OEdipe-Roi, ce chef-d'oeuvre constitue le programme de la troisième et dernière représentation qui a lieu le lundi 7 août, à 8 heures 1/2 du soir. Qu'on veuille bien noter que ce n'est pas une adaptation de Jules César qui sera donnée, mais bien la remarquable traduction de Fr.-Victor Hugo. Et cela réalise un grand progrès, car Shakespeare n'a besoin de la collaboration de personne. L'élite de la Comédie-Française jouera Jules César, et l'on entendra également une musique de scène de Gabriel Fauré, l'éminent compositeur qui vient d'être appelé à la direction du Conservatoire de Paris. Les principaux interprètes seront Paul Mounet dans César, Silvain dans Antoine, Albert Lambert fils dans Brutus, Mme Louise Silvain dans Calphurnia, et Mlle Maille dans Portia. A ces artistes qui appartiennent tous à la Comédie-Française, se joindront M. Philippe Garnier et nombre d'autres comédiens dont les noms sont choisis parmi les meilleurs.

Enfin, après un intermède musical par l'orchestre Colonne, sera donnée la seconde partie d'OEdipe-Roi. Le personnage d'OEdipe ne peut plus être incarné que par Mounet-Sully ; Sophocle et Praxitèle l'y eussent également admiré. C'est donc l'éminent doyen de la Comédie-Française qui jouera le rôle du monarque aveugle et maudit, rôle dans lequel


488

LE MONDE ARTISTE

personne ne peut l'égaler. MM. Silvain, Albert Lambert fils et Mme Louise Silvain, de la Comédie-Française, joueront également les rôles dans lesquels leur succès a été consacré par le public.

Ainsi se termineront ces splendides représentations d'Orange. De telles initiatives doivent être hautement admirées et vaillamment soutenues, car elles sont propres à vivifier l'art dramatique, en lui rendant le double caractère de civisme ou de foi que le Théâtre n'aurait jamais dû perdre.

RENÉ MAUGARS.

(Pour tous les renseignements relatifs aux représentations d'Orange, on peut s'adresser dès aujourd'hui à M. Gabriel Astruc, éditeur de la Société des Grandes Auditions musicales, 32, rue Louis-le-Grand (pavillon de Hanovre), Paris, et au Secrétariat des Fêtes, 17, avenue de la Gare, à Orange.

PROVINCE

Cabourg. — Le deuxième début de notre troupe s'est fait dans les Cloches de Corneville. Notre baryton, M. Martiny, chanteur d'avenir qui nous vient de Nancy, a remporté un succès très grand et il dut bisser la célèbre valse « J'ai fait trois fois le tour du monde ».

C'est une ravissante Germaine que Mlle Flor Albine, et une accorte Serpolette que Mlle Mary Girard.

Succès aussi pour M. Dumontier, dans le rôle de Grenicheux. Dans les petits rôles à citer Mlle Kisberta, une excellente deuxième chanteuse.

Dans la Fille de Mme. Angot, le rôle de Clairette était tenu médiocrement par Mlle Flor Albine, qui manque de voix. Notre duègne, Mme Fleury-Pillard, coupa la monotonie de la soirée, et notre trial et régisseur M. Harlin fut excellent dans le rôle de Pomponnet.

A mentionner un beau concert classique sous la direction de M. Frigara. C. G.

Dieppe. — Casino. — Les derniers concerts ont été des plus intéressants et nous ont procuré la bonne fortune d'applaudir des artistes de réel talent et des solistes comme M. Maurice Hayot, l'un des premiers violons de Paris, professeur au Conservatoire, M. René Destombes, violoncelliste remarquable, M. de Lausnay, pianiste, Mme Marie Samuel, fine interprète de Schumann, Mlle Jeanne Bricard, Mme Bruguière-Hardel, excelleute harpiste.

Les ouvertures de Guillaume Tell, d'Obéron, de l'Arlésienne, la marche de Tannhauser, Sylvia, le ballet du Cid, Peer Gynt, de Grieg, pour ne citer que quelques morceaux de genres très différents, ont provoqué de véritables ovations par l'admirable exécution de l'orchestre dirigé par M. Gabriel Marie.

Mlle Lucy Vauthrin chante avec goût l'air de Louise et celui des Noces de Figaro. et Mme Louise Myriel fait preuve de beaucoup de sentiment et fait apprécier une voix d'un beau timbre, pure, souple et étendue. Elle a été justement applaudie et rappelée. Théâtre. — La réouverture dn théâtre a eu lieu avec Giroflé-Girofla, la jolie opérette de Lecocq. On a applaudi particulièrement Mlles Jeanne Petit et Lebergy. Leurs camarades MM. Monteux, Bourgeois, Ranté, Lefèvre et Mme Markel se partagèrent également les bravos du publie.

Les choeurs et l'orchestre, sous la direction de M. Perpignan, se firent remarquer.

Les P'tites Michu avec les mêmes interprètes et M. Rigaud reçurent également un accueil favorable.

D. E.

Luchon. — Belle représentation de la Veine, qui servait de début à l'excellente troupe de comédie. Tous les artistes ont admirablement interprété l'oeuvre de M. Capus. Mme Detroix a finement fait ressortir les qualités du rôle de Charlotte et MIle Bareille a donné un grand relief à celui de Geneviève.

Dans le rôle de Joséphine, Mlle Grandjean a fourni tout le brio désirable. Mlle Dasprémont a été une Simonne Baudrin excellemment coquette.

M. Laurel, digne partenaire de Mlle Detroix, a montré beaucoup de talent dans le rôle de Julien, et M. Bareille a été très naturel dans celui de Chautereau.

Loute, donné pour la deuxième représentation d'ouverture, nous a permis d'apprécier le talent de M. et Mme Renot, M. Deroudilhe, Calvin, etc. L. N.

Nancy. — Douze tableaux d'une grande richesse de costumes ont été intercalés dans la pièce de la Passion, entre les choeurs.

Ces tableaux vivants sont la reproduction des toiles des plus grands maîtres de toutes les écoles de peinture.

A la représentation du 23 juillet assistaient près de 2,500 spectateurs, parmi lesquels de nombreux ecclésiastiques du nord et de l'ouest de la France, des notabilités parisiennes et bruxelloises, la princesse Henri de la Tour d'Auvergne, Mme de Rochebrelle, etc. L'Alsace et la Suisse avaient aussi fourni un très fort contingent.

Vendredi 28 juillet aura lieu une représentation extraordinaire, de quatre heures du soir à minuit ; la seconde partie, avec des effets de lumière électrique.

Puis les séances continueront tous les dimanches, sans aucune interruption, jusqu'en octobre. N. Y.

Néris. — Les concerts donnés au kiosque du parc obtiennent un succès sans précèdent et qui s'affirme de jour en jour.

L'excellent chef d'orchestre, M. Dupuis, et ses vaillants collaborateurs reçoivent des approbations unanimes.

Après le triomphe artistique de notre troupe, pour ses débuts dans le délicieux opéra-comique de Suppé : Boccace, nous avons eu l'immortelle opérette de Planquette, les Cloches de Corneville.

Mlle H. Stemma a été une Serpolette gracieuse, à la voix claire et agréable. Par son talent de comédienne, par son jeu impeccable et le ban goût de ses costumes, cette artiste se fait vivement remarquer.

C'est avec grand plaisir que nous avons retrouvé M. Torca, le baryton déjà connu et apprécié des habitués du Casino. N. S.

Royat-les-Bains. — Les concerts classiques du vendredi soir, donnés en plein air, attirent toujours un nombreux auditoire, heureux d'entendre de la bonne musique. M. Marius Baggers, le très habile chef d'orchestre du Casino de Royat, dirige toujours ces intéressantes séances avec un art accompli. Il a remporté, avec son orchestre, un succès triomphal, en interprétant superbement la symphonie en ré de Beethoven. Vendredi dernier, M. Baggers nous a fait entendre une jeune cantatrice de beaucoup de talent, Mlle Mathilde Arly, élève de l'éminent professeur de chant, Mme Edouard Colonne. Grand succès aussi pour Mlle Alice Bitsch, la violoncelliste si appréciée de Royat. M. Paulet, violoniste, a été également très applaudi. En somme, soirée délicieuse, dont les baigneurs garderont un exquis souvenir. M. R.

Vittel. — Dans les Vingt-huit Jours de Clairette, tous les artistes étant en parfaite possession de leurs rôles, ont montré beaucoup de verve.

M. Dubressy (Michonnet) est un excellent artiste que nous aimons toujours revoir.


LE MONDE ARTISTE

489

M. Chadal (Gibard) nous est revenu avec son timbre agréable, sa voix puissante et sa diction parfaite.

M. Chopin est un parfait Vivarel ; il chante avec douceur et sait ménager ses effets.

L'orchestre, sous l'habile direction de M. Julien Focheux, a accompagné avec sûreté et discrétion cette amusante opérette.

La troupe de comédie poursuit de son côté vaillamment sa tâche. Mlle Assilva s'est fait remarquer particulièrement dans le rôle de Mathilde de laFamille PontBiquet, où elle a été adorable de naturel et de grâce.

V. L.

ÉTRANGER

Bruxelles. — La célébration fastueuse du 75e anniversaire de notre indépendance n'a pas distrait la colonie-française — qui s'associe toujours, du reste, à nos joies comme à nos douleurs — de la célébration traditionnelle de la « Fête nationale s.

La « Chambre de commerce libre », entre autres, avait, cette année, tenu à relever d'un éclat tout particulier la commémoration pacifique de la prise de la Bastille.

Sous l'impulsion active de son président, M. Roland, et grâce à l'extraordinaire esprit d'organisation de M. Blazy, l'affable et spirituel directeur de la Compagnie des Indes à Bruxelles — un permanent musée de la dentelle d'art — la représentation donnée, à l'exemple des années précédentes, dans l'élégante salle du Palais d'été, a été mieux qu'un succès : un triomphe.

Le programme, très varié, très curieux comme éléments, et auquel le concours de la charmante et pétillante Mlle Pouget prêtait une particulière saveur, comportait— nécessairement — l'exécution patriotique de la Marseillaise... L'hymne de Rouget a, comme de coutume, produit sur le public une enthousiaste impression.

Un raont terminait la soirée. On y a bu à l'union de tous les Français de France — et de Belgique.

Cependant, une nation soeur — Ohé ! ou plutôt Evohé ! les races latines ! — la belle Italie expédiait sur l'Alhambra, théâtre d'ordinaire plus vivant que maure, une troupe destinée à chanter le répertoire de Verdi, de Buïto, de Mascagni et d'autres. J'ignore ce que furent les représentations, ce qui me dispense d'en parler.

On dit aussi que Mme Duse — la Duse, comme affectent de l'appeler les gens qui jamais ne l'entendirent — a donné, à la Monnaie, une représentation unique d'un ouvrage de M. Maurice Maeterlinck. C'est possible.

Le Molière a joué les Dragons de Villars comme il joua la Fille du Régiment. On y a applaudi, moins pour son inexpérience que pour sa jolie voix, Mlle A. Ducamp... Il y a là, peut-être, une étoile pour le futur ciel de l'opérette.

Un ténor bigle de l'oeil droit et un baryton louchant de l'oeil gauche ne font pas tort à la troupe, qui ne rassemble ni plus ni moins de talents ni de beautés discutables qu'une autre.

Le Waux-Hall, à défaut de théâtres — tous sont fermés ou ne s'entr'ouvent qu'à peine — fait entendre, le soir, de la jeune musique sous les vieux arbres du Pare.

A l'occasion des réjouissances publiques qui, actuellement, paralysent jusqu'à la vie intellectuelle dans notre pays, l'élégant rendez-vous du Bruxelles qui flâne le soir, s'est fait l'hôte de choeurs « acapella », exécutés par le Choral mixte que dirige M. Bauvais.

Trois cents chanteurs ont, trois heures durant, travaillé pour plus de trois mille personnes. Il faisait beau, le Parc est admirable dans la splendeur de sa végétation

touffue... On a donc fort applaudi ce qui méritait, du reste, de l'être. TVBALT.

Berlin. — M. Frédéric von Oppeln-Bronikowski, qui a déjà traduit en allemand plusieurs oeuvres de M. Maurice Maeterlink, vient de terminer une traduction de la Princesse Lointaine, de M. Edmond Rostand. La Princesse Lointaine, qui s'appelle en allemand Die Prinzessin im Morgenland, est dédiée au poète Louis Fulda, l'auteur d'une excellente traduction de Cyrano de Bergerac.

Sans nul doute que la Princesse Lointaine obtiendra en Allemagne le gros succès avec lequel on y a accueilli son devancier, le célèbre Cyrano.

INTÉRIM.

Londres. — Nous avons eu à Covent Garden Madame Butterfly de Puccini, tragédie japonaise dont le livret dû, à la collaboration de MM. Illica et Giacosa, comporte des longueurs fatigantes.

Au point de vue musical cet ouvrage est fort remarquable. Les mélodies sont pleines de séduction, l'orchestration est colorée, le leitmotiv de l'opéra est dramatique. Au premier acte, la cérémonie du mariage est d'un plaisant pittoresque; au second acte le rôle tenu par M. Scotti est une des meilleures créations de la pièce, et le duo de soprani très bien chanté par Mme Destinn (Butterfly) et Mme Lejeune (Suzaky) a produit grand effet. A citer encore, dans cet acte, le choeur à bouche fermée si poétique au clair de lune.

Au troisième acte, l'orchestre décrit avec un rare bonheur les clartés de l'aube et la pleine lumière du jour, et la mort de Butterfly produit une impression intense.

L'interprétation est excellente.

Mme Destinn a remporté une revanche éclatante depuis sa défaite dans Carmen. Elle a joué et chanté le rôle de Mme Butterfly avec un sentiment des nuances, qui consacrent définitivement son talent.

A côté de Mme Destinn, Mme Lejeune a créé de la façon la plus heureuse le rôle de Suzuki.

Caruso a été admirable dans le personnage peu sympathique de Pinkerton. Enfin Scotti, excellent acteur et baryton à voix chaude et bien timbrée, a dit à ravir' les phrases du rôle de Sharpless, le meilleur rôle d'homme de cet opéra.

A noter la mise en sène faite par M. Almanz.

Le soir de la première, on a fait une ovation inoubliable aux interprètes de Madama Butterfly et au maëstro Campanini, qui a conduit superbement l'orchestre du Covent Garden.

Le Roi vient de conférer l'ordre de Victoria au président du Syndicat de l'Opéra de Covent Garden, M. H. V. Higgins, et au secrétaire général de l'Opéra, M. Neil Forsyth ; il a manifesté l'intention de leur remettre lui-même cette décoration, la semaine prochaine, au palais de Buckingham.

Nous joignons nos félicitations les plus sincères à celles des amis innombrables des deux managers si sympathiques de Covent Garden.

Le Guildhall School of Music (Conservatoire de la Cité) a donné deux représentations consécutives de deux actes de Roméo, un acte de Faust et une opérette de A. Sullivan, Trial by jury, joués par les élèves de la classe d'opéra que dirige M. Georges Jacob. Le lordmaire et les shérifs assistaient à la première représentation. Plusieurs élèves se sont distingués, entre autres miss Holbrook, Marguerite dans Faust, miss Willby, en Juliette, et M. S. Stern, excellente basse, — tour à tour Frère Laurent, Méphisto et le Juge, de l'opérette.

Le Guildhall School of Music est dirigé par le docteur W. H, Cummings que l'on ne peut que féliciter de ce joli succès.

L'orchestre, sous le bâton du maître Jacobi, a été admirable comme toujours. INTÉRIM.


490

LE MONDE ARTISTE

Ostende. — Théâtre-Royal. — Nous avons eu enfin l'inauguration du nouveau théâtre tant désiré depuis plusieurs années. La soirée du 15 juillet était attendue avec impatience; ce soir-là, la foule a fort admiré les alentours du vaste bâtiment éclairé a giorno ; tandis que dans la salle de spectacle, toutes les places étaient occupées par un public de choix. M. Alban Chambon, l'éminent architecte bruxellois, qui a construit le nouveau théâtre, a été de toutes parts félicité. Chacun voulait faire sa connaissance, et pour un peu les spectateurs auraient réclamé " l'auteur » pour l'applaudir.

On avait cru à la présence de Sa Majesté pour cette grande solennité ; mais le roi était retenu à Bruxelles par les fêtes du 75e anniverraire de l'Indépendance Belge.

Dans la nouvelle salle de spectacle le coup d'oeil était ravissant; on se serait cru à une grande première de l'Opéra, ou du Covent Garden.

Pour premier spectacle on a donné Lakmé, lé délicieux opéra de Delibes ; écoutée avec attention, cette oeuvre fut interprétée de la manière la plus satisfaisante, par M. Dufranne, de l'Opéra-Comique, qui chantait Nilakantha, à côté de Mme Symiane, du Grand Théâtre de Tunis, une Lakmé supérieure, et de M. Compagnola, des théâtres de Gand et de Genève ; un ténor à la voix souple. UN MONDAIN.

Vienne. — Mme du Dion, l'amie de Jacques Lebaudy, et par conséquent impératrice du Sahara, paraîtra pendant environ deux semaines, à l'établissement des « Variétés » Weigl, au Dreher Park, à côté du château de Schoenbrunn ; mais auparavant elle a eu à Vienne une petite aventure qui va avoir son épilogue en correctionnelle. Un agent de théâtre du nom de Guy Tambornino avait déjà, avant le départ de M. Jacques Lebaudy, écrit à Mme du Dion, à Trieste, pour lui proposer un brillant engagement. Elle devait paraître dans une pièce à spectacle et figurer dans un cortège montée sur un éléphant, et non sur un chameau, au grand désespoir de Jacques Lebaudy, qui alors avait encore ses chameaux. Mme du Dion entra en correspondance avec l'impresario en question. Arrivée à Vienne, elle reçut la visite de M. Tambornino qui, informations prises, n'avait ni engagement à offrir, ni argent pour monter la pièce en question. Au cours de l'explication, on s'échauffa de part et d'autre ; il s'ensuivit même une scène de voies de fait : coups de canne donnés par l'homme, coups de poing donnés par la dame ; contusions et bleus sur le corps de la dame, une joue enflée pour le monsieur. Ce vif incident se dénouera ces jours-ci devant le juge correctionnel.

Tambornino prétend qu'il y a erreur dans la personne. Il croyait négocier avec Mme de Dion, artiste célèbre qu'il a vue en Egypte et qui a eu, il y a quelques années, des relations avec Jacques Lebaudy, tandis qu'il n'a plus devant lui, dit-il, que Mme de Dion, qui a passé en effet trois ans en compagnie de l'empereur du Sahara, mais qui ne peut être comparée comme chanteuse à celle dont elle est la quasi-homonyme..

Le Lustspieltheater vient de remporter un nouveau grand succès avec les Dragées d'Hercule qui, malgré une température excessive, font courir tout Vienne à la petite bonbonnière du Prater. Le vaudeville de MM. Paul Bilhaud et Hennequin a (suivant l'habitude de la maison) une interprétation excellente. Il faut citer d'abord M. Jarno lui-même, très amusant dans le rôle de Frontignan. MM. Nerz (Lavirette), Strauss (Brackson), Guttmann (Leverdier) secondent fort bien leur directeur. Citons d'un autre côté Mlles Henrici-Weidt, Krenn et Mme Joseffy. La traduction est de M. Schoenau.

KUNSTLER,

NOTES ET INFORMATIONS

— LES THÉATRES DE PARIS.

Tandis que nos salles régulières de spectacles demeurent portes closes, les « théâtres de la Nature " sévissent un peu partout.

Voilà une mode nouvelle qui, sous prétexte de décentralisation d'art, menace de ne servir que le snobisme le plus effréné et des appétits de réclamé personnelle.

Si Orange et Béziers s'expliquent jusqu'à un certain point, le théâtre en plein air de Champigny ne s'explique pas du tout.

A quoi rime un telle entreprise ? Ces représentations éphémères ne vaudront jamais rien parce qu'elles ne sont point destinées, comme on lé prétend, à la récréation du populaire. Elles demeureront un but de promenade pour une foule de désoeuvrés et d'amateurs de déjeuners champêtres.

Aller voir jouer la tragédie à Champigny équivaut à sabler le Champagne dans un coin de banlieue, à faire montre de toilettes luxueuses, à flirter au bord de la Marne.

Le talent d'une Segond-Weber ou d'un Paul Mounet ne prévaut pas contre les petites ententes préalables et qui tendent à l'excursion et non à l'instruction.

C'est pourquoi nous trouvons peu intéressants ces essais qui relèvent plus du pique-nique que de l'art proprement dit. Cela sert avant tout la gloriole des instaurateurs et la caisse des restaurateurs. Le résultat est insuffisant et ne saurait déchaîner l'enthousiasme des foules.

Les Concours du Conservatoire viennent de donner lieu à la création d'une nouvelle branche commerciale : la vente des billets, que seules devraient détenir les personnes appelées par leurs fonctions à juger les Espoirs lyriques et dramatiques.

Tandis que des journalistes, des professeurs, des critiques de métier se voyaient refuser l'entrée de l'Opéra-Comique, quantité de snobs s'offraient le luxe d'établir leurs parlottes dans les loges de notre second théâtre lyrique. Tout scandaleux qu'il soit, le précédent est bel et bien créé. L'an prochain, nous verrons probablement une agence spéciale, filiale de Cook et C°, vendre aux étrangers amateurs de nos curiosités parisiennes, un bon fauteuil « moins cher qu'au bureau », selon la formule consacrée et faire ainsi, pendant la durée des Concours de toutes nos divas futures et de nos tragédiens en herbe, des phénomènes confondus plus tard, au milieu des notes de voyage, avec les spécimens les plus rares du Jardin des Plantes.

Tout progrès comporte des énormités.

* * *

— A la Comédie-Française.

Voici les recettes encaissées parla Comédie-Française pendant le mois de juin 1905 :

1. (Matinée), Notre Jeunesse 3.077.

1. Le Duel.. 1.890

2. (Gala), l'Etincelle, les Romanesques

Romanesques

3. Le Duel 9.180

4. (Matinée), le Monde où l'on s'ennuie 3.386

4. Tartuff 2.197

5. Le Duel 8.595

6. Polyeucle 3.535


LE MONDE ARTISTE

491

7. Le Duel 9.022

8. Le Demi-Monde 4.128

9. Le Duel. 8.881

10. Le Duel 8.879

11. (Matinée), le Fils de Giboyer... 4.003

11. Le Père Lebonnard 3.684

12. (Matinée), Polyeucte 6.699

12. Le Duel 8.910

13. Le Paun 2.891

14. Le Duel 8.866

15. Les Affaires sont les Affaires... 4.270

16. Le Duel 8.110

17. Le Duel 8.089

18. (Matinée), le Père Lebonnard... 2.526

18. Polyeucte 3.555

19. Le Duel 6.785

20. Le Duel 5.960

21. Les Affaires sont les Affaires... 2.976

22. Le Duel 6.683

23. Le Fils de Giboyer 2.824

24. Le Duel 6.953

25. (Matinée), l'Aventurière 2.411

25. Notre Jeunesse 2.018

26. Le Duel 5.418

27. Le Duel : 5.673

28. Le Père Lebonnard 1.260

29. Le Duel 5.658

30. Les Affaires sont les Affaires... 2.206

La Comédie-Française a donc joué 36 fois dans le

courant de juin 1905 et encaissé la somme de

188,765 francs, ce qui donne une moyenne de 5,243 francs par représentation.

Pendant le mois correspondant de l'année 1904, la Comédie-Française avait joué 34 fois et encaissé la somme de 119,903 francs, ce qui donnait une moyenne de 3.526 francs par représentation.

— Une amie de Goethe.

A la chanteuse Corona Schroeter dont le seul nom évoque l'idée d'un diadème, on a érigé un modeste monument commémoratif à Gubten, petite ville distante d'une cinquantaine de kilomètres de Francfort-sur-1'Oder, où elle était née le 14 janvier 1751. Corona fut l'amie de Goethe pendant de longues année?.

Comme tragédienne lyrique, elle créa le rôle d'Artémis dans Iphigénie en Tauride ; comme comique, elle incarna de nombreux personnages que le poète de Weimar imagina selon ses intentions ; comme chanteuse, elle obtint de grands succès dans les oeuvres de Haendel et elle interpréta un opéra sur la musique qu'elle avait composée. Comme peintre elle a laissé deux ou trois portraits; comme professeur elle put être fière d'avoir formé cette délicieuse élève qui mourut à 18 ans, Christine Neumann, et qui semblait devoir être la première artiste de son temps. Corona demeure une des plus attrayantes figures du VXIIIe siècle. Malgré les nombreuses charités qu'elle avait répandues autour d'elle, ses dernières années se passèrent dans l'isolement. Elle s'était rendue à Kmenau pour essayer de rétablir sa santé. Elle y mourut et n'eut même pas une tombe convenable. Une princesse de 16 ans, Caroline Louise, fille du duc de Weimar lui fit ériger eu secret une pierre tombale et la décora de petits emblèmes aujourd'hui détruits : une harpe, une couronne de laurier, un papillon et une urne funéraire.

Petits croquis.

M. ADOLPHE ADERER

Notre éminent confrère, promu récemment officier de la Légion d'honneur n'est pas seulement un journaliste accompli ou un critique dramatique de premier ordre, mais encore un romancier personnel, au style impeccable, et un dramaturge de la plus haute valeur.

Agrégé de l'Université, M. Adolphe Aderer est un lettré au sens exact du mot. Son dernier ouvrage, Inévitable amour, lui a valu un brillant succès ; il compte au théâtre deux oeuvres remarquables : 1817 et Daria, qu'il écrivit en collaboration avec M. Ephraïm. Chevalier depuis 1886, M. Aderer a mérité sa nouvelle distinction autant par ses oeuvres que par son caractère, et nous y applaudissons de tout notre coeur.

M. J.-H. ROSNY

Des deux littérateurs qui ont associé leur talent et se sont distingués dans les lettres, c'est l'aîné qui vient de recevoir la rosette de la Légion d'honneur. Depuis vingt ans, cet artiste de très grand mérite s'est appliqué â écrire des romans sociaux tels que le Bilatéral, Nell Horn, Marc Fane. Il compte à son actif quinze autres ouvrages parmi lesquels les Corneilles et Xipéhus s'imposèrent par une forme bien personnelle, par une imagination vive, un esprit de saine et puissante logique.

M. J. H. Rosny appartient à l'Académie des frères de Goncourt. La récompense qu'il reçoit s'étend moralement à son frère devenu pour lui un fidèle collaborateur plein de brillantes qualités.

— Le Conservatoire de jadis.

Au moment où la phalange des jeunes virtuoses, élèves de notre Conservatoire, manifeste ses talents, il est curieux de rappeler que, dans cette maison centenaire, l'enseignement fut quelquefois joyeux.

Sous le Consulat, pour échapper à la réquisition, Boïeldieu s'était fait nommer par Sarrette professeur d'une classe de piano au Conservatotre. Il ne prit jamais cette classe au sérieux. Il la considérait comme une sorte de pied à terre, où il venait de temps à autre passer deux heures. Quand il avait un opéra en tête, il ne permettait pas aux élèves de se mettre au piano. Il s'y installait lui-même et, tranquillement, composait. Ainsi fut écrit d'un bout à l'autre le Calife de Bagdad. Lorsqu'il ne composait pas, il faisait des armes ou causait avec ses élèves favoris. Dans cette classe, le jeune Zimmermann, âgé de treize ans, eut l'insigne honneur d'être admis. Il eut d'ailleurs rarement l'occasion de manifester son précoce talent devant son maître, parce qu'en ce temps-là Boïeldieu occupait ses heures de professorat à composer la musique de Ma tante Aurore L'année suivante, Zimmermann concourut et remporta le premier prix d'une manière d'autant plus brillante que son rival était Kalhebrenner. Sarrette conduisit les lauréats chez le ministre de l'intérieur Lucien Bonaparte, et le Premier Consul, qui était là, prit sur ses genoux l'enfant prodige et l'embrassa. Cette accolade de Napoléon et de Zimmermann n'eut aucune influence sur leurs destinées réciproques. Quelques jours après, l'un gagnait la bataille de Marengo, tandis que l'autre continuait a faire des gammes.


492 LE MONDE ARTISTE

— Un auteur dramatique comme on en voit peu.

Ce sont des villégiaturistes viennois qui viennent de le découvrir dans un petit bourg autrichien, à Goisern. Il s'appelle Lamprecht et est, de sa profession, facteur rural ; dans ses moments de loisirs, il fabrique des parapluies et écrit des pièces.

Lamprecht est un autodidacte. Il y a un an, il ne Connaissait pas l'orthographe allemande; un professeur de lycée viennois, qui passait ses vacances à Goisern, la lui enseigna. Aussi, toutes ses pièces, dont tous les sujets sont empruntés à la vie populaire, sont écrites en dialecte haut-autrichien. On peut leur reprocher beaucoup de naïveté et de défauts de technique, mais les personnages sont bien observés, nettement dessinés, et les dialogues très habiles.

Jusqu'à présent, ce singulier poète populaire n'avait écrit que des pièces en un acte; seule, sa dernière oeuvre est un drame en trois actes. Il s'appele Der Feichtenhof et a été frénétiquement applaudi à la première représentation, qui vient d'avoir lieu et dans laquelle Lamprecht s'est montré habile comédien dans un des principaux rôles.

Auteur, acteur, facteur, fabricant de parapluies, voilà un homme qui cumule.

— Ministres dramaturges.

M. José Echegaray, le nouveau ministre des finances espagnol, n'est pas le premier dramaturge auquel on ait offert un portefeuille ministériel. Les précédents ne sont pas nombreux, mais il y en a quelques-uns.

L'ancien minisire de la Guerre allemand, le général de Verdy du Vernois, âgé aujourd'hui de soixantetreize ans, est l'auteur d'une tragédie, intitulée Alaric, qui a connu, en Allemagne, de nombreuses représentations très applaudies.

L'Angleterre aussi a eu son ministre — auteur dramatique. — Il ne s'agit pas de lord Beaconsfield, qui a écrit de nombreux romans, mais de lord Lytton, dont plusieurs drames, tels que Richelieu, l'Argent, le Capitaine de navire, se trouvent encore aujourd'hui au répertoire des théâtres anglais. Il est juste de dire que lord Lytton avait écrit toutes ses pièces avant de détenir un portefeuille. Une fois ministre des Colonies, il n'écrivit plus pour le théâtre.

Espérons que M. Echegaray n'agira pas de même. L'art dramatique y perdrait trop.

— Un musicien amateur de peinture.

Puisque les concours du Conservatoire occupent la Ville et la chronique, apprenons comment l'un des plus vieux maîtres de cette maison se signala jadis au titre de fin amateur de peinture. Il s'agit de M. de Bériot, professeur honoraire, qui dirigea longtemps une classe de piano remarquable.

Boudin vécut pauvre et mourut misérable. Ses marines, maintenant si chères, ne se vendaient pas, et il lui arriva certain jour de ne pouvoir aller prendre une commande chez un Mécène, parce qu'il n'avait plus de culotte décente. Or, une fois, Eugène Boudin devait quarante francs à sa blanchisseuse. Celle-ci les lui réclama. Le malheureux n'avait pas le sou : « Voulez-vous une toile en échange? » offrit-il avec timidité. La blanchisseuse accepta, ne pouvant faire d'autre sorte.

Quelque temps après, livrant son linge chez un. autre client, elle lui narre l'aventure. « Apportezmoi votre tableau », dit-il. Il l'achète deux louis, demande l'adresse de l'artiste, y court et emporte toutes les études de l'atelier. Boudin ne s'était jamais vu à pareille fête. Il vendait! Or, celui des deux qui conclut la bonne affaire fut l'astucieux amateur; car il revendit fructueusement, plus tard, sa collection de marines : le Boudin, acheté 40 francs, monta à 8.500 francs.

M. de Bériot, cet amateur-là, ne s'y connaissait pas qu'en triples croches.

— Candidats à l'intendance.

Parmi les candidats qui auraient le plus de chances de succéder à M. Ernest von Possart comme intendant des théâtres de la cour de Bavière, on cite en première ligne le colonel baron von Speidel, chef de division au ministère de la guerre. Si étrange que soit cette nouvelle, elle paraît être considérée comme certaine par les organes les mieux informés de la presse allemande.

Il semble en effet qu'on veuille faire de l'intendance une des dignirés honorifiques de la cour. Le baron de Speidel, simple amateur de musique, semble tout désigné pour occuper à merveille cette situation nouvelle. Il est d'ailleurs fort bien en cour, son père avant été l'un des compagnons d'armes du prince régent depuis leurs études à l'école militaire.

Il n'est pas sans intérêt de rappeler qu'en Allemagne, les intendants de théâtre sont souvent d'anciens officiers. Le journal la Poste en cite douze : à Berlin, M. Georges von Hülsen, un cuirassier de la garde; à Wiesbaden, M. Kurt von Mutzenbecher, un hussard ; à Cassel, le baron de Gilsa, un artilleur; à Dresde, le comte Nicolas von Seebach, de la cavalerie de la garde; à Stuttgart, M. Joachim Gans, noble seigneur de Putlitz, un grenadier; à Schwerin, le lieutenant baron Charles de Ledebur ; à Strelitz, M. Paul von Baerenfels-Warnow, un grenadier de la garde; à Weimar, le major Hyppolyte von Vignau, un grenadier; à Brunswick, le baron Jules von Wangenheim, un fantassin; à Gotha, M. Fritz von Rüxleben, un marin; à Oldenbourg, M. von Radetzky-Mikulicz, un grenadier; à Altenbourg, le baron von Kageneck, un chasseur badois.

NOUVELLES JUDICIAIRES

Mlle YAHNE ET M. DEVAL

Mlle Yahne, l'artiste dramatique, et M. Deval, le directeur de l'Athénée, sont en procès.

Pour rupture de contrat, Mlle Yahne réclame 20,000 francs de dommages-intérêts à M. Deval, qui donne la réplique à l'artiste en lui demandant 10,000 francs d'indemnité.

— J'ai été, dit en substance Mlle Yahne, engagée par M. Deval à raison de 200 francs par soirée, pour jouer, dans le courant de l'année théâtrale 19031904, le rôle de Betsy, dans la Pitite Milliardaire. J'ai vainement attendu que le directeur de l'Athénée me fît signe d'aller « répéter ». De ce fait, ma sai-


LE MONDE ARTISTE

493

son théâtrale a été perdue. Aussi je réclame 20,000 francs de dommages-intérêts à M. Deval. Le directeur de l'Athénée motive ainsi sa demande en 10,000 francs d'indemnité :

— MIle Yahne, dit-il, n'ignorait pas dans quelles conditions je l'avais engagée à l'Athénée. J'avais offert l'hospitalité à l'Athénée à la Petite Milliardaire que, par suite de son conflit avec la Société des auteurs, M. Roy ne pouvait faire jouer aux Bouffes. Mais la Petite Milliardaire ne devait passer à l'Athénée qu'après que le Prince Consort aurait épuisé son succès. Or, le succès du Prince Consort s'est prolongé. Ce n'est qu'en septembre 1904 que la Petite Milliardaire put être mise en répétition. A ce moment j'invitai Mlle Yahne à venir « répéter ». C'est sur ces entrefaites que Mlle Yahne m'assigna en rupture de contract. Je lui réclame, moi, l0.000fr. pour le dommage qu'elle m'a causé en se refusant à prendre part aux répétitions de la Petite Milliardaire.

L'affaire est venue mardi à la troisième chambre du tribunal, présidée par M. Moré.

Me Dacraignae, assisté de Me Denizot, avoué, s'est présenté pour Mlle Yahne ; Me Mathist pour M. Deval.

Mlle Yahne, assise auprès de son avoué, Me Denizot, a suivi fort curieusement les débats du procès.

A huitaine pour jugement.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

D'autres ont dit quelle avait été la géniale valeur, la grandeur d'âme, et la vie du savant écrivain qui vient de mourir. Nous ne parlerons aujourd'hui que de sa dernière oeuvre : l'Homme et la Terre, qui était complètement achevée et à laquelle Elisée Reclus avait mis la dernière main quelques jours à peine avant d'être emporté soudainement. Malgré son grand âge, l'auteur de tant de travaux célèbres se trouvait en pleine force spéculative et intellectuelle. On a dit que l'Homme et la Terre était son chef-d'oeuvre et le couronnement de toute sa vie d'écrivain, de penseur et de savant. Ce jugement est des plus justes. Déjà les intellectuels de tout l'univers louent hautement cet ouvrage, dont la Librairie Universelle a commencé la publication. Mais que ne dira-t-on pas quand, continuée sans interruption, cette publication sera terminée, et que l'on se trouvera devant cinq gros volumes, où seront concentrées toute la science, les idées, les observations du plus illustre et du plus grand savant de notre époque!

Saluons avec émotion et reconnaissance cet homme qui vient de partir, que l'univers entier regrettera, mais qui a su nous laisser, pour nous le faire admirer davantage, cette oeuvre : l'Homme et la Terre, qui est la plus fulgurante et la plus forte manifestation de son génie.

Nota. — L'Homme et la, Terre, dont la publication est commencée depuis trois mois à la Librairie Universelle, 33, rue de Provence, continuera à paraître régulièrement, le manuscrit ayant été complètement terminé par Elisée Reclus lui-même.

La Librairie Universelle met en vente trois nouveautés sensationnelles : Les Mémoires d'un Don Juan, par Jean de La Hire ; Ungrand méconnu, Napoléon III, par Jean Guétary ; Soeur Violette, par Xavier Bayr ; Konovalov, de Gorki. MEMENTO.

COURRIER DE LA SEMAINE

— M. Dujardin-Baumetz, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts, se fera représenter officiellement au contrès international d'auteurs et compositeurs organisé par l'association l' « Art dramatique ».

Ce congrès, ainsi que nous l'avons annoncé, tiendra ses assises à Gérardmer les 29 et 30 courant, sous la présidence de M. Alfred Capus et la vice-présidence de M. Maurice Donnay.

Voici le programme des travaux du congrès :

a) Etudes des divers moyens pouvant faciliter et aider à obtenir l'interprétation :

1° La Fédération régionaliste et les Unions locales, par Charles Brun, secrétaire général de la F. R. F. de Paris ; 2e l'Association d'auteurs et compositeurs « l'Art dramatique ", par Ed. Silvercruys, de Nancy ; 3° la Prusse, les revues, les conférences, par Léon Berthaut, de Rennes ; 4° les Editeurs, par Ed. Loisel, de Paris ; 5° les Municipalités et les subventions, par Carolus d'Harrans, de Fécamp ; 6° le Théâtre populaire à Paris, par Berny, directeur des Théâtres populaires à Paris ; 7° le Théâtre populaire en province, par Maurice Pottecher, directeur du théâtre du Peuple à Bussang ; 8° le Théâtre « à côté », par Mme de Boret de Courpon, de Paris ; 9° le Théâtre de Paris, par A. Fourtier, de Paris ; 10° le Théâtre de concert, par H. Tinant, de Paris ; 11° le Théâtre de province, par Mme E. Joubert, directrice des théâtres de Cambrai et Saint-Quentin ; 12° les Tournées, par Claude Ruchol, de Béziers ; 13° les Sociétés d'amateurs, par A. Brunet, directeur de la Fauvette de Longlaville ; 14° le Théâtre étranger, par Havard de Rechain, de Bruxelles ; 15° les Artistes, par Lucenay, de Paris ; 16° les Concours, par Jacques Hebertot, d'Enghien-les-Bains.

b) La perception des droits :

La Société des auteurs et compositeurs dramatiques, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, la réglementation des droits, les fraudes et les abus, par Ed. Silvercruys. c) Le théâtre à l'étranger :

1° Le Théâtre en Belgique : Théâtre flamand et

Théâtre wallon, par Havard de Rechain, de Bruxelles ; Théâtre français, par Ed. Silvercruys ; 2° le Théâtre en Suisse, par Marcel Guinand, de Genève ; 3° le Théâtre en Italie, par Ugo Falena, délégué du ministre de l'Instruction publique d'Italie ; les Femmes auteurs en Italie, par Mme Ugo Falena, de Rome ; 4° le Théâtre en Espagne, par Julio Villeneau de Barcelone ; 5° le Théâtre alsacien, par Félix Blumstein, de Strasbourg ; 6° le Théâtre en Russie, par G. Politow, de Saint-Petersbourg ; la Question des droits d'auteurs en Russie, par Fr. Deville ; 7° le Théâtre en Amérique : au Canada et aux Etats-Unis, par M. Barrois, de Montréal.

d) Les traductions : Conditions et exigences des auteurs, par Julio Villeneau.

Villeneau.

— Les agences et la préfecture de police.

Par ordre de M. Lépine, cinquante-trois directeurs

d'agences dramatiques et lyriques ont été convoqués, à la préfecture.

Ces messieurs furent avisés qu'ils devaient : 1° faire 7 à la préfecture une demande sur papier timbré, afin d'obtenir l'autorisation nécessaire à l'exercice de leur

industrie ; 2° qu'une enquête serait faite ensuite sur la

gestion de leus agences. Hâtons-nous de dire que cette mesure ne vise pas les

agences sérieuses; elle s'adresse surtout à quelques

agences où l'on pratique moins l'art dramatique et

lyrique que la traite des blanches.


494 LE MONDE ARTISTE

— Les journaux du Palais publient les statuts de la Société qui vient de se former sous la présidence de M. Henri-Léon-Justin Roy, rentier, chevalier de la Légion d'honneur, demeurant à Paris, boulevard Poissonnière, n° 20, pour l'exploitation du théâtre des Bouffes-Parisiens, à Paris, et de toute industrie similaire.

M. Roy apporte à la Société la promesse verbale du bail du théâtre des Bouffes-Parisiens et de ses dépendances, qu'il a obtenu pour quinze ans, du 1er juillet 1906, moyennant un loyer annuel de 65,000 francs, sur les bases du bail actuellement en cours de Mme de Chastenet-Offenbach et de MM. René et Jacques ComteOffenbach, propriétaires indivis dudit théâtre, moyennant la somme de 10,000 francs, représentant le remboursement des différentes dépenses faites en vue d'obtenir ladite promesse.

Le fonda social est fixé à cent cinquante mille francs, divisé en cent cinquante actions de mille francs chacune, nominatives, et une délibération de la deuxième assemblée générale constitutive de la Société des Bouffes-Parisiens, a nommé comme premiers administrateurs : 1° M. le docteur Achille Couvreur, de meurant à Paris, rue de la Pompe, 10 ; 2° M. le docteur Abel-Benjamin-Paul-Marie Boularan, dit Deval, demeurant à Paris, rue Saint-Lazare, 103 ; 3° M. Alfred Duquesne, rentier, demeurant à Paris, boulevard de la Madeleine, 9 ; 4° M. Pierre-Marie-Auguste Langoit, demeurant à Paris, rue d'Offémont, 1 bis ; 5° M. Lucien Richement, demeurant à Paris, avenue Carnot, 3 ; 6° M. Etienne Siry, propriétaire, demeurant à Paris, rue Claude-Vellefaux, 27. Pour une durée de six ans.

— Les cigaliers et les félibres de Paris accompliront leur voyage annuel en Provence dans les premiers jour du mois prochain.

Après avoir assisté, les 5, 6 et 7 août, aux représentations du Théâtre antique d'Orange, ils inaugureront, le 8, en Avignon, le monument de Félix Gras et le buste de Pétrarque.

Ces cérémonies seront présidées par M. DujardinBeaumetz, qui représentera le gouvernement aux fêtes cigalières et félibréennes.

Les manifestations officielles terminées, les pèlerins littéraires se rendront en Arles, où ils inaugureront un bas-relief à la mémoire de la douce félibresse Brémonde. Et la tournée se terminera par une visite à Frédéric Mistral, dans son village de Maillane, et par l'excursion traditionnelle à la fontaien de Vaucluse.

PROVINCE ET ÉTRANGER

— De Genève :

A la fête annuelle des Promotions qui a eu lieu le mercredi 12 juillet, au Victoria Hall, les élèves de l'école secondaire et supérieure des jeunes filles, en présence des autorités et d'un nombreux public, ont donné une superbe audition d'un Choeur patriotique de M. J.-D. Sihnell, compositeur genevois, ainsi que de quatre choeurs tirés du joli opéra-comique Fra Diavolo, d'Auber, qui ont obtenu le plus vif succès. Les diverses productions étaient accompagnées par un excellent orchestre dirigé par M. le professeur H Kling.

— De Québec.

On extraordinaire « lanceur " impose d'ineptes oeuvres théâtrales, considérablement ennuyeuses : musicalité absente, niaiserie générale et obsédants tapages.

— Le jury chargé, à Liège, de l'examen des compositions envoyées au concours pour la cantate d'inauguration du monument commémoratif du 75° anniversaire

de l'indépendance de la Belgique, vient de faire connaître sa décision. Ce jury était composé de MM, Théodore Radoux, directeur du Conservatoire dé Liège, Emile Mathieu, directeur de celui de Gand, Jan Blockx, directeur de celui d'Anvers, Edgar Tinel, directeur de l'Ecole de musique religieuse de Malines, Delsemme et Jongen, professeurs au Conservatoire de Liège. Il a décerné le premier prix à M. Mawet, de Liège, pour la cantate intitulée Pro Patria, écrites sur des paroles de M. Raoul de Warsage, de Liège, et il a attribué un second prix, à l'unanimité, à la composition intitulée Omnium, dont l'auteur est M. Carl Smulders, professeur au Conservatoire de Liège.

— Une troupe lyrique italienne, la compagnie Rotoli, qui depuis plusieurs mois parcourait le Brésil, est arrivée à Para, à une épidémie de fièvre jaune. En peu de jours la femme du ténor Castellano et plusieurs choristes sont tombés victimes du fléau. Ce que voyant, les artistes, justement épeurés, et qui étaient attendus à Manaos, préférèrent renoncer à la suite de leur voyage. La troupe se licencia, et tous s'embarquèrent pour revenir en Europe.

— Les journaux italiens annoncent que M. Umberto Giordano, l'auteur applaudi d'André Chénier et de Siberia, de prépare à écrire un opéra français en quatre actes, dont le livret lui serait fourni par MM. Victorien Sardou et Moreau. Cet ouvrage, dont l'action se passerait en Egypte, à l'époque de l'expédition de Bonaparte, serait joué à l'Opéra.

— A propos du centenaire de la mort de Boccherini récemment célébré à Lucques, sa ville natale, des nouvelles de Madrid parvenues en Italie font savoir que la tombe du grand artiste en cette ville est dans un état de délabrement lamentable. En apprenant ce fait, le comité qui s'était constitué à Lucques pour le centenaire a adressé une requête au gouvernement espagnol, à l'effet d'obtenir que les restes mortels de l'illustre compositeur soient transportés dans sa patrie.

— Les Japonais ont à Tokio un Conservatoire de musique, dans lequel l'enseignement est dirigé exclusivement par des professeurs allemands. Or, il paraît que la guerre n'a troublé en aucune façon les travaux et les études de cette institution, dont l'existence dans les circonstances actuelles prouve une fois de plus que la musique adoucit les moeurs. Toujours est-il que tout récemment les élèves du Conservatoire de Tokio ont donné deux grands concerts dans lesquels ils ont exécuté, entre autres oeuvres, diverses compositions de Palestrina et la musique de l'Arlésienne de Bizet.

PAUL MILCOUR.

NÉCROLOGIE

— Notre excellent confrère et ami M. Charles Joly vient d'être emporté subitement, et nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici le dernier adieuadressé au critique éminent par notre ami M. Gabriel Fauré :

« Nous avons le grand chagrin d'apprendre la mort de l'un de nos amis les meilleurs et de nos collaborateurs les plus dévoués. Charles Joly a succombé hier, après de cruelles souffrances, aux suites d'une impitoyable maladie Il n'était âgé que de quarante-cinq ans et il était la gaieté même, l'entrain, l'enthousiasme incarnés.

« Nos lecteurs savent avec quel zèle, avec quelle ferveur il s'intéressait aux questions musicales, avec quel art il les exposait, avec quelle chaleur persuasive il signalait les beaux talents et les innovations ingénieuses.

« Il était originaire des Ardennes, Très jenne encore,


LE MONDE ARTISTE

495

il témoigna de .ce goûttrès vif, qui devait occuper toute sa vie et la charmer. Pianiste habile, nous l'avons entendu jouer de souvenir des mélodies, des fragments d'opéras, qu'il interprétait avec beaucoup d'exactitude et de sentiment. Une phrase musicale en appelait une autre. Sa mémoire, fidèle et riche, obéissait à son désir du moment et lui prodiguait le trésor des maîtres anciens et modernes.

: « Il fut un wagnérien passionné. Il ne manquait pas souvent les représentations de Bayreuth. Il comptait assister, le mois prochain, aux auditions de Munich. Il connaissait à fond l'oeuvre de Wagner, l'oeuvre didactique et théorique autant que l'oeuvre musicale, et il possédait une claire intelligence de ce génie complexe et divers. « Mais il était, de nature et de doctrine, éclectique. Sa prédilection pour la musique allemande ne l'empêchait pas d'être infiniment sensible à d'autres formes de l'art, à tous les genres musicaux. Il avait beaucoup voyagé; il s'était, en tons pays, informé des plus différentes esthétiques. Son oreille complaisante aimait toutes les sortes d'harmonies. Bref, il eut le goût de toute la musique ; et, si son jugement très sûr lui permettait de discerner les oeuvres les plus belles parmi celles qu'il appréciait, en même temps on peut dire qu'il ne fut jamais négligent de nulle inspiration méritoire.

« Le Figaro perd en Charles Joly un critique de premier ordre et, disons-le, un camarade charmant, obligeant, désireux de communiquer ses impressions, curieux de discuter avec courtoisie, un ami véritable et dont le souvenir sera fidèlement conservé dans ce journal qu'il a si bien servi. »

— Après une longue et douloureuse agonie, Henner a succombé à l'âge de soixante-seize ans. Il est mort à Paris, loin de cette Alsace qui le vit naître, à laquelle son coeur était resté fidèle et qu'il allait tous les ans revoir. Prix de Rome, membre de l'Institut, grand officier de la Légion d'honneur, il mettait, aurait-on pu croire, une sorte de coquetterie à ne point quitter l'allure, la tournure d'esprit, le parler et l'accent du paysan d'Alsace.

Il était né à Bernwiller dans le Haut-Rhin, au pied des Vosges ; son enfance a parcouru les forêts et les clairières et connu les crépuscules silencieux et verdissants, où rêve une eau muette, qu'il devait plus tard retrouver pour ses églogues et ses idylles et peupler de nymphes et de naïades. Tout jeune, il vint à Paris recevoir l'enseignement de l'école des Beaux-Arts. Il y reçut, en passant, les conseils d'Ingres, et y retrouva surtout M. Drolling, qu'il affectionnait, — son maître.

En 1858, il décrochait le prix de Rome avec une Mort d'Abel, à trois personnages, où le corps mort étendu fait déjà penser aux Saint Sébastien et aux Christ que nous connaissons.

De Rome, il envoyait un portrait de M. Schnetz, l'académique directeur de l'Ecole ; un Jeune Baigneur, étendu comme l'Abel, et cette Suzanne au bain, qui est au Luxembourg.

A son retour, il était déjà pleinement en possession de sa « manière » si caractéristique, et la Bitlis changée en source, du musée de Dijon, qui parut au Salon de 1867, est le prototype de ces belles nudités pâles, savoureuses, étendues sur le tapis dru des prairies, au bord d'une flaque bleue et que l'on retrouve dans la Madeleine, la Naïade, etc. Dans la Femme au divan noir, du musée de Mulhouse, l'une des plus belles de ses ligures, le thème est modifié à peine; mais les Nymphes, l'Eglogue, l'Andromède, l'Idylle, du musée de Fontainebleau, sont les proches parentes, les soeurs de cette Billis.

M. Henner donna deux autres notes différentes, l'une avec les Christ, les Pieta, le Lévite dEphraïm (qui lui valut sa médaille d'honneur au Salon de 1898), l'autre avec les Rêveuses, la Pensierosa, la Religieuse, même, du

musée de, Nancy et la Fabiola, qui fut acquise par M. Chauchard, pour nommer, enfin, la plus célèbre.

Henner a été le peintre de la femme et l'un des plus beaux, des plus purs artistes depuis cinquante ans.

— On annonce la mort du dessinateur et caricaturiste Gilbert Martin, dont les charges dans le journal le Don Quichotte eurent souvent du succès. Cette feuille satirique parut d'abord à Bordeaux, puis à Paris. Il avait fait de l'opposition sous l'Empire et il continua sous la République, à l'époque où l'Ordre moral avait encore le pouvoir. On n'a pas oublié la mystification dont le préfet d'alors fut la victime : Gilbert Martin avait imaginé de former un colis avec des paquets du Don Quichotte qu'on supposa destinés à être distribués dans les campagnes; la police l'ayant ouvert, trouva au milieu un clysopompe.

COURRIER DE LA MODE

Sur la plage, à la Manche comme à l'Océan, le blanc domine, mais toutes les robes, sauf celles de casino, sont courtes. A citer un ravissant costume de taffetas blanc. Jupe plissée garnie seulement de nombreuses piqûres au-dessus de l'ourlet, et grande casaque posée sur une biouse en linon et dentelle. Comme chapeau, petit canotier avec long turban de gaze blanche formant brides. Ombrelles, bas, chaussures et gants, le tout d'un blanc immaculé.

Moins riche, mais très comme il faut aussi, est l'alpaga, le cachemire et le piqué.

Les jours de grand vent, rien ne vaut la casquette avec voile blanc posé en marmotte et noué au milieu de la visière, devant; mais surtout la petite capeline tréportaise qui se fait en toile, en coutil et en piqué de toutes les nuances. Elle est coquette, gracieuse, sied à tout âge, et garantit les oreilles contre le froid et les névralgies.

N'oubliez pas, avant de boucler vos malles pour une villégiature quelconque, de vous munir d'un ou de plusieurs flacons d'Anti-Bolbos, ce destructeur infaillible des tannes, affreux petits points noirs qui détruisent l'harmonie du plus joli visage, et poussent hardiment sur le frout, le nez et le menton de tant de jolies femmes. Cette spécialité de la Parfumerie Exotique, 35, rue du Quatre-Septembre, se vend 5 et 10 francs le flacon, suivant la taille; 5 fr. 50 et 10 fr. 50 pour le recevoir franco, contre mandat-postal. Le Savon à l'Anti-Bolbos, de la même maison, est également très recommandé aux personnes qui ont la peau grasse, 3 fr. 50 le pain, et 10 francs la boîte de trois pains (soit franco 4 fr. et 10 fr. 85).

BERTHE DE PRÉSILLY.

CONSEIL. — L'Extrait capillaire des Bénédictins du Mont-Majella empêche et arrête la chute des cheveux, les fait repousser et en retarde la décoloration, tout en détruisant les pellicules. Avec 6 francs ou 6 fr. 85 pour le recevoir franco contre mandat-poste, on en peut avoir un flacon, chez l'administrateur, M. ,E. Senet, 31, rue du Quatre-Septembre. B. DE P.

Le gérant : A. MARETHEUX.


496

LE MONDE ARTISTE

Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée

A l'occasion des Vacances de 1905, la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée mettra en marche sur l'AUVERGNE, quatre trains spéciaux à prix réduits (3e classes seulement) aux dates ci-après :

Départ de Paris, les 1er, 4 et 8 Août, à 6 h. 10 soir.

Prix, aller et retour, de Paris à :

Clermont-Ferrand 25 fr.

Brioude 28 fr. 50

Neussargues 33 fr.

Saint-Fiour 35 fr.

Ruines 36 fr.

Saint-Chély 38 fr. 50

Aumont-Aubrac 40 fr.

Franchise de 30 kilogs de bagages.

Nombre de places limité dans chaque train.

Les billets sont nominatifs ; ils seront délivrés au bureau Paris-Lyon-Méditerranée, de la rue Tiquetonne ; la vente commencera 15 jours avant chaque départ et sera, close la veille du départ des trains.

Pour chaque train, les bagages seront reçus à l'enregistremeut dès la veille du départ du train, et le jour du départ jusqu'à midi au plus tard.

Le retour s'effectuera, au gré des voyageurs, jusqu'au 1er Novembre 1905, par tous les trains ordinaires, y compris les express, dans les mêmes conditions que pour-les voyageurs en général.

Pour tous autres renseignements, voiries affiches publiées par la Compagnie ou s'adresser au bureau Paris-Lyon-Méditerranée de la rue Tiquetonne.

Voyages circulaires

à coupons combinables sur le réseau

Paris-Lyon-Méditerranée.

Il est délivré,toute: farinée, dans toutes les gares: du réseau P.-L.-M.. des carnets, individuels ou de famille pour effectuer sur ce réseau en 1re 2e et 3e classe, des voyages circulaires à l'itinéraire tracé parles voyageurs eux-mêmes, avec parcours totaux d'au moins 300 kilomètres. Les prix de ces carnets comportent des réductions très importantes qui atteignent rapidement,pour les billets de famille, 50 0/0 du tarif général. .

La validité de ces carnets est de 30 jours jusqu'à 1,500 kilomètres; 45 jours, de 1,501 à 3,000 kilomètres; 60 jours pour plus de 3,000 kilomètres. — Faculté de prolongation, à deux reprises, de 15, 23 où 30 jours suivant le cas, moyennant le paiement d'un supplément égal au 10 0/0 du prix total du carnet, pour chaque prolongation. — Arrêts facultatifs à toutes les gares situées sur l'itinéraire. — Pour se procurer un carnet individuel onde famille, il suffit de tracer sur,une carte, qui est délivrée gratuitement, dans,toutes les gares P.-L.-M.; bureaux de ville et agences de la Compagnie, le voyage à effectuer, et d'envoyer cette carte 5 jours avant le départ, à la gare où le voyage doit être commencé, en joignant à cet envoi une provision de 10 fr. — Le délai de demande est réduit à 2 jours pour certaines grandes gares.

BAINS DE MER DE L'OCÉAN

On sait que le Réseau de l'Etat dessert toute la partie du littoral comprise entre l'embouchure de la Loire et celle de la Gironde. C'est dans cette région que se trouvent les plages si fréquentées de Royan et des Sables-d'Olonne et beaucoup d'autres également attrayantes (La Rochelle, Pornic, SaintGilles, Châtelaillon, Fouras, etc.).

Soucieuse d'en faciliter l'accès au public, l'Administration des Chemins de fer de l'Etat délivre au

départ de Paris, pendant la belle saison, des billets d'aller et retour à prix réduits dits " billets de bains de mer ". Ces billets ont, au gré du voyageur, une validité de 33 jours ou de 5 jours seulement.

Les prix des billets de 33 jours correspondent sensiblement à ceux des billets d'aller et retour ordinaires, et moyennant une légère augmentation, on obtient la faculté de s'arrêter à toutes les gares du parcours. La validité primitive de ces billets peut être prolongée de une ou deux fois trente jours contre paiement d'un supplément de 10 ou 20 0/0.

Les billets de 5 jours sont valables du vendredi de chaque semaine au mardi suivant, ou de l'avantveille au surlendemain d'un jour férié. Leur prix est celui des billets simples augmenté d'un dixième.

Chemins de fer de l'Est.

SAISON D'ÉTÉ DE 1905

EXCURSIONS ET PROMENADES DANS LA VALLÉE DE LA MEUSE

La Compagnie des chemins de fer de l'Est rappelle au public qu'elle délivre des billets spéciaux à prix très réduits pour faciliter les excursions et les promenades dans la vallée de la Meuse, savoir :

a) Billets d'aller et retour de lre et 2e classes valables pendant 30 jours, délivrés jusqu'au 15 septembre' inclus dans toutes les gares du réseau de l'Est, pour. Givet, aux familles d'au moins trois personnes payant place entière et voyageant ensemble sous condition d'effectuer un parcours minimum de 300 kilomètres (aller et retour compris).

La durée de validité de ces billets peut être prolongée une ou plusieurs fois de 15 jours, moyennant paiement d'un supplément.

Les voyageurs ont la faculté de s'arrêter à toutes les gares desservies par les trains et situées sur l'itinéraire prévu.

Les billets donnent droit au transport gratuit de 30 kilogrammes de bagages par personne adulte et de. 20 kilogrammes par enfants de trois à sept ans.

b) Billets d'aller et retour individuels au départ de Châlons-sur-Marne, Epernay, Verdun, SainteMenehould, Bar-le-Duc, Revigny, Reims, Vouziers, Rethel, Amagne-Lucquy, Mézières-Charleville, Longuyon, Montmédy, Stenay, Sedan et Hirson pour Givet. — Les voyageurs peuvent descendre à l'une des stations comprises entre Mézières-Charleville et Givet et reprendre le chemin de fer soit à cette même station, soit à une autre station dudit parcours.

La délivrance de ces billets a lieu le samedi ou la veille des jours de fête, jusqu'au 15 octobre inclus, à la gare de Mézières-Charleville à partir de midi et à. chacune des autres gares désignées à partir du train qui donne à Mézières-Charleville la correspondance avec le premier train de l'aprèsmidi se dirigeant vers Givet.

La délivrance cesse dans toutes les gares désignées le dimanche ou le jour de fête à midi.

Les billets sont valables au retour jusqu'au lundi ou jusqu'au lendemain des jours de fête dans les trains partant dans la matinée, jusqu'à midi

Les bagages que les voyageurs peuvent prendre avec eux dans les voitures sont seuls admis.

Nota. — Pour les prix et conditions, consulter le livret des voyages circulaires et excursions que la Compagnie de l'Est envoie gratuitement aux personnes qui en font la demande.

Paris.— L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette.