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Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1911-12-16

Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication

Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 19764

Description : 16 décembre 1911

Description : 1911/12/16 (A51,N50).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54558064

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 03/12/2008

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LE

MONDE ARTISTE

ILLUSTRÊ

SOMMAIRE

LES GRANDS TONDUS : MAURICE

LEFEVRE.HS^i liliJDIlStËliilSHIlIi MUSIQUE : La Roussalka ; " A propos des Airs italiens " : RAMEAU. LA SEMAINE THEATRALE : EDMOND STOUILIG- llIllsKIlISlIBBUSIia CONCERTS : E. S. SU 11 d El B Smm Lettres de la Province et de l'Etran- • ger. @D®illlli@ililiS'@@@S(l NOTES ET INFORMATIONS : BENOISI DE MAILLET SiiBIiBiilli COURRIER DE LA SEMAINE : P. DUCRÉ. LA VIE FINANCIÈRE, s m m D mm m

ILLUSTRATIONS

PARIS : Gymnase : M. Pierre Wolf, l'auteur applaudi de l'Amour défendu et des Marionnettes, croquis de Renefer.—

Renefer.— : Décor de l'Amour en cage, comédie de MM. André de Lorde, Funck Brentano, Jean Marsèle, musique de scène de M. Emile Bonnamy, dessin de Renefer. mm m

MVSIQVE THEATRE

BEAVX-ARTS

LE NUMERO : 50 CENTIMES

Directeur ; Paul MILLIET



LE MONDE ARTISTE 1

LE CARNET DE MADAME

DE L'AMOUR (Suite.)

Werther et don Juan. — Parmi les jeunes gens, lorsque l'on s'est bien moqué d'un pauvre amoureux et qu'il a quitté le salon, ordinairement la conversation finit par agiter la question de savoir s'il vaut mieux prendre les femmes comme le don Juan de Mozart, ou comme Werther. Le contraste serait plus exact si j'eusse cité Saint-Preux, mais c'est un si plat personnage, que je ferais tort aux âmes tendres en le leur donnant pour représentant.

Le caractère de don Juan requiert un plus grand nombre de ces vertus utiles et estimées dans le monde : l'admirable intrépidité, l'esprit de ressource, la vivacité, le sang-froid, l'esprit amusant, etc.

Les don Juan ont de grands moments de sécheresse, et une vieillesse fort triste ; mais la plupart des hommes n'arrivent pas à la vieillesse.

Les amoureux jouent un pauvre rôle le soir dans le salon, car l'on n'a de talent et de force auprès des femmes qu'autant qu'on met à les avoir exactement le même intérêt qu'à une partie de billard. Comme la société connaît aux amoureux un grand intérêt dans la vie, quelque esprit qu'ils aient, ils prêtent le flanc à la plaisanterie ; mais le matin en s'éveillant, au lieu d'avoir de l'humeur jusqu'à ce que quelque chose de piquant et de malin les soit venu ranimer, ils songent à ce qu'ils aiment et font des châteaux, en Espagne habités par le bonheur.

L'amour à la Werther ouvre âme à tous les arts, à toutes les impressions douces et romantiques, au clair de lune, à la beauté des bois, à celle de la peinture, en un mot au sentiment et à la jouissance du beau, sous quelque forme qu'il se présente, fût-ce sous un habit de bure. Il fait trouver le bonheur même sans les richesses. Ces âmes-là, au lieu d'être sujettes à se blaser comme Mielhan, Bezenval, etc., deviennent folles par excès de sensibilité comme Rousseau. Les femmes douées d'une certaine élévation d'âme qui, après la première jeunesse, savent voir l'amour où il est, et quel est cet amour, échappent en général aux don Juan qui ont pour eux plutôt le nombre que la qualité des conquêtes. Remarquez, au désavantage de la considération des âmes tendres, que la publicité est nécessaire au triomphe des don Juan, comme le secret à ceux-des Werther. La plupart des gens qui s'occupent de femmes par état sont nés au sein d'une grande aisance, c'est-à-dire sont, par le fait de leur éducation et par l'imitation de ce qui les entourait dans leur jeunesse, égoïstes et secs.

Les vrais don Juan finissent même par regarder les femmes comme le parti ennemi, et par se réjouir de leurs malheurs de tous genres.

Au contraire, l'aimable duc delle Pignatelle nous montrait à Munich la vraie manière d'être heureux par la volupté, même sans l'amour-passion. « Je vois qu'une femme me plaît, me disait-il un soir, quand je me trouve tout interdit auprès d'elle et

que je ne sais que lui dire. » Bien loin de mettre son amour-propre à rougir et à se venger de ce moment d'embarras, il le cultivait précieusement comme la source du bonheur. Chez cet aimable jeune homme, l'amour-goût était tout à fait exempt de la vanité qui corrode; c'était une nuance affaiblie, mais pure et sans mélange, de l'amour (véritable ; et il respectait toutes les femmes comme des êtres charmants envers qui nous sommes bien injustes (20 février 1820).

(A suivre.) STENDHAL.

(Henry Beyle.)

LE CONSEIL D'ÉLÉGANCE.

La mode actuelle, si riche de trouvailles élégantes, doit être surtout bien comprise. Elle sied à, merveille aux personnes fines et élancées.

Le triomphateur de la rue, c'est encore et toujours le tailleur. Mais il faut noter, tout de suite, que l'immense jabot de lingerie, recouvrant tout un côté du buste, est complètement tombé dans le domaine public. On le remplace par une étroite et souple fantaisie, de préférence en irlande.

Les draps lisses seront dédaignés cet hiver. Le drap pelucheux, dit zibeline, sera presque seul employé. On fera beaucoup la jaquette-blouse, à taille haute naturellement. La jupe restera étroite et courte ; mais, pour faciliter la marche, si agréable par les jours secs d'hiver, elle se fendra légèrement dans le bas, sur un soufflet intérieur simulant une jupe de dessous.

En blanc pelucheux se font les costumes dernier cri, pour les mondaines très heureuses, qui vont rejoindre le soleil sur la côte d'Azur. Pour les tailleurs très habillés, on peut se permettre la même variété d'étoffe que pour les robes. Une jupe de velours noir accompagnera une jaquette de satin également noir. Pour une jupe même, on peut employer de la soie dans le haut, du velours dans le bas ; et ces combinaisons de tons profonds et brillants sont d'une harmonie charmante.

Comme garnitures, il faut encore compter avec les boutons placés sur des pattes. Pour la ville on est moins à la broderie et beaucoup à la fourrure.

RECETTE DE LA CUISINIÈRE

Confitures de mirabelles. —Prendre des mirabelles bien mûres; retirer les noyaux avec soin, afin de ne pas trop les ouvrir, les fruits devant rester aussi entiers que possible. Peser une demi-livre de sucre par livre de fruits. Faire cuire le sucre au cassé ; jeter les fruits dedans et laisser cuire une demi-heure environ. On s'assurera de la cuisson en mettant un peu de jus sur une assiette ; quand il se ride en refroidissant, les confitures sont cuites. Au moment de retirer la bassine du feu, ajouter un peu de vanille en poudre.


2 LE MONDE ARTISTE


LE

MONDE ARTISTE

51e ANNEE N° 50

ILLUSTRE

PAUL MILLIET DIRECTEUR

SAMEDI

16 DÉCEMBRE 1911

FONDÉ EN 1860

(Dessin inedit de Reneler.)

M. Pierre Wolff, l'auteur délicat de l'Amour défendu, pièce en trois actes,

si appréciée par le public du Gymnase,

et des Marionnettes qui soulèvent, en ce moment, un gros incident avec les traducteurs argentins


LE MONDE ARTISTE

LES AFFICHES DE LA SEMAINE

PARIS

OPÉRA. — Lundi, la Walkyrie ; mercredi et vendredi, Déjanire et la Roussalka ; samedi, Faust.' OPÉRACOMIQUE. — Lundi, Manon ; mardi, le Vaisseau Fantôme ; mercredi, les Contes d'Hoffmann ; jeudi (matinée), la Vie de Bohème et le Maître de Chapelle ; jeudi (soirée), Carmen ; vendredi-, Bérénice ; samedi, Madame Butterfly.

COMÉDIE-FRANÇAISE. — Lundi, mercredi, vendredi, Primerose ; mardi et jeudi (soirée), Un Jour de fête, la Brebis perdue ; jeudi (matinée), l'Ecole des Maris, OEdiperoi ; samedi, Neiges d'Antan, la Brebis perdue.

GAIETÉ-LYRIQUE. — Lundi, le Chalet, Paillasse, le Coeur de Floria ; mardi, Robert le Diable ; mercredi Ivan le Terrible ; jeudi (matinée), Hérodiade ; le soir, Don Quichotte ; vendredi, Hérodiade ; samedi, le Chalet, Paillasse, le Coeur de Floria ; dimanche (matinée), Ivan le Terrible ; le soir, Robert le Diable. TRIANON-LYRIQUE.—

Lundi, Proserpine; mardi, les Cent Vierges ; mercredi, Rip ; jeudi (matinée), tes Mousquetaires de la Reine ; le soir, Joséphine vendue par ses soeurs ; samedi, le Domino noir; dimanche (matinée), Proserpine ; le soir, Joséphine

vendue par ses soeurs. APOLLO. — Lundi, mardi,

mercredi, vendredi, samedi et dimanche (matinée), Madame Favart ; jeudi et dimanche (soirée), la Veuve joyeuse.

ODÉON. — Lundi, le Bourgeois gentilhomme ; mardi

et mercredi, David Copperfield ; jeudi (matinée), le Barbier de Séville, le soir, Aux Jardins de Murcie ; vendredi et samedi (soirée), David Copperfield ; samedi (matinée), les Frères Lambertier (1re représ.).

AMBIGU-COMIQUE : la Revue de l'Ambigu. — ATHÉNÉE : Journal joué, l'Amour en cage. — BOUFFES-PARISIENS : la Revue des X. — CAPUCINES : Entre deux feux, Une heure après, je le jure, Et voilà. — CHATELET : la Course aux Dollars. — CLUNY : le Canard jaune. — FOLIES-DRAMATIQUES : la Reine de Golconde. — GRAND GUIGNOL: Atelier d'aveugles, Sous la lumière rouge, le Devoir, la Fée déçue, Après vous, capitaine. — GYMNASE : Une lecture, l'Amour défendu. —NOUVEAU THÉÂTRE DU CHATEAU-D'EAU : Cousin Cousine. — PALAIS-ROYAL : le Petit Café. — PORTE SAINT-MARTIN : la Flambée. — RENAISSANCE : Un Beau mariage. — THÉÂTRE ANTOINE : l'Eternel mari, Moïse. — THÉÂTRE DES ARTS : le Chagrin dans le palais de Han. — THÈATRE MICHEL : le Piège, Julien n'est pas un ingrat, les Berceuses. — THÉÂTRE RÉJANE : la Revue Sans-Gêne.

— THÉÂTRE SARAH-BERNHARDT : Lucrèce Borgia. —THÉÂTRE DE LA SCALA : Princesse Dollar. — VAUDEVILLE : Sa Fille.

— VARIÉTÉS : les Favorites. — THÉATRE FEMINA : la Grasse matinée, l'Accord parfait, Mais n'le promène donc pas tout'nue. — DÉJAZET : Tire au flanc.

BELLEVILLE, DÉJAZET, THÉÂTRE GRÉVIN, THÉÂTRE MONCEY,

MONTMARTRE, MONTROUGE, MOLIÈRE, TERNES, THÉATRE MONDAIN,

MONDAIN, POPULAIRE, THÉÂTRE MONTPARNASSE, THÉÂTRE DE GRENELLE, BA-TA-CLAN, CASINO DE PARIS, CONCERTS ROUGE, CONCERT MAYOL, CONCERTS TOUCHE.

ÉTRANGER

Berlin. — OPÉRA : 10, les Maîtres Chanteurs; 11, Concert; 12, le Chevalier à la Rose; 13, le Prophète; 14, le Barbier de Séville ; 15, le Chevalier à la Rose ; 16, Fidelio

17, le Chevalier à la Rose ; 18, Concert. COMÉDIE :

10, le Mendiant de Syracuse ; 11, Robert Guiscard la Cruche cassée; 12 (matinée), Marie Stuart ; le soir, le Monde où l'on s'ennuie ; 13, Docteur Klaus ; 14, Der Schlagbaiun ; 15, Docteur Klauss ; 16, la Mort de Sieyfried ; 17, Kriemfids Rache, Docteur Flans; 18, Robert Guiscard, la Cruche cassée.

Bruxelles. —MONNAIE : 10 (matinée), Carmen ; le soir, Mignon; 11, Faust; .12, Déjanire : 13, Obéron ; 14, Car-- men ; 15, Mignon ; 16 (matinée), Festival Beethoven ; le soir, Déjanire; 17 (matinée), Obéron; le soir, Manon.

Diisseldorf. — COMÉDIE: 10 (matinée), Lord Byron, Samson ; le soir et 11, Allweibersommer ; 12, Der Spielende Eros; 14, Antigone ; 15, l'Anniversaire de Charlotte ; 16, Hansel et Gretel ; 17 (matinée), Jean Sébastien Blach ; le soir), Der Liebhaber.

Leipzig. — NOUVEAU THÉÂTRE: 10, la Walkyrie ; 11, Tiefland ; 12, Siegfried ; 13, Die Hermannsschacht ; 14, les Journalistes ; 15, Le Crépuscule des dieux ; 16, Die bezalunle Widerspenflige ; 17, Obéron ; 18, le Mariage de Figaro.

VIEUX THÉÂTRE : 10, 11, Mademoiselle le Diable; 12,

la Robe flottante ; 13, 16, 17, Das Tapfere Schneiderlein ; 14, le Baron Tzigane ; 15, Foi et Patrie ; 19, le Troubadour, le Vieil Heidelberg.

Stüttgart. —HOFTHEATER : 10, la Walkyrie ; 11, Simson ; 12, Pagliacci ; 13, Orphée aux Enfers ; 14, Nora ; la, Siegfried ; 16, la Piccolomini, ; 17, le Crépuscule des Dieux ; 18, Don Carlos.

Vienne. — OPÉRA : 10, Tristan et Iseult ; 11, le Mariage de Figaro: 12, Madame Butterfly; 13, Der Wildchulz ; 14, le Barbier de Séville; 15, la Reine de Sabat ; 16, Pelléas et Mélisande ; 17, le Chevalier à la Rose.

Weimar. — OPÉRA: 10, Lohengrin ; 12, la Cruche cassée ; 13, Roi pour un jour ; 14, Egmont ; 16, Wie Klein Elfe das Chrislkind Suchengiug (1re représ.); 17, Freyschütz.

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LES GRANDS TONDUS

Ce sont les auteurs dramatiques et musicaux que je veux dire, les parfaits nigauds... dont j'ai l'honneur d'être, qui s'acharnent à vouloir rester des producteurs

à une époque où les seuls bénéficiaires du progrès et des satisfactions matérielles et morales qu'il comporte sont, chacun sait ça, les intermédiaires ; les fichues bêtes (amis, je suis des vôtres) qui s'obstinent à se ranger parmi les exploités alors que, hormis eux, tout le monde aujourd'hui se fait exploiteur. Que parmi nous, quelques malins — ou plutôt quelques sages — sachent faire leurs affaires, discuter et. défendre leurs intérêts, je n'en disconviens pas. Mais ceux-là sont l'exception et tout le reste, race moutonnière, troupeau bêlant, se laisse, sans protester, tondre jusqu'au derme, heureux, dirait-on, de s'en tirer à bon compte et de n'y pas laisser la peau avec la toison.

Mes chers camarades, avouez avec moi que nous sommes vraiment trop « poires ». Tout ce qui nous arrive, n'arrive que par notre faute, que par notre paresse à réfléchir, que par notre veulerie a agir qui n'est qu'une forme atténuée de la lâcheté. Nous déguisons, sous le vocable plus élégant d'insouciance, une « tremblote » intense, qui nous saisit sitôt que nous nous trouvons devant un des maîtres de l'heure. L'idée que cet homme d'affaires peut discuter nos dires et faire prévaloir ses bénéfices sur nos droits légitimes nous glace d'épouvante, et nous sommes, dès ce moment, prédisposés à nous agenouiller devant lui et à tendre le cou pour la toilette suprême.

Et cependant, si nous voulions nous donner la peine de réfléchir un instant, nous reconnaîtrions que, sans nous, les intermédiaires n'existeraient pas. C'est une vérité que M. de La Palisse ne désavouerait point. Sans ce que nous produisons, l'intermédiaire n'aurait rien à vendre. Que l'entente s'établisse entre auteurs (chimère irréalisable), et que la grève des producteurs soit déclarée ! Quel cataclysme et quelle épouvante dans les usines directoriales, cinématographiques, phonographiques et autres ! Ce serait la faillite et la misère pour des milliers de pauvres diables qui vivent, par ricochet, de ce que notre cerveau enfante et produit. Nous sommes la base fondamentale qui soutient tout un édifice industriel et commercial. C'est nous qui fournissons la matière première. Nous avons donc une valeur industrielle et commerciale qui nous est propre, et qu'il n'est au pouvoir d'aucun exploiteur, d'aucun intermédiaire de nous enlever. Rappelons-nous le mot de Figaro : « Les grands ne sont grands que parce que nous les portons sur nos épaules. » Pourquoi nous obstinons-nous à jouer ce rôle sans compensation, pourquoi consentons-nous à nous laisser

faire, alors que nous sommes en droit et en posture d'exiger? Nous ne sommes plus des isolés comme jadis. Nous avons des sociétés, des syndicats, nous possédons l'union qui fait la force. Pourquoi nous obstinons-nous à la faiblesse, si ce n'est, je le répète, par couardise et égoïsme? Puisque nous sommes réunis, restons unis et exigeons notre droit légitime, c'est-à-dire nos droits d'auteurs, la juste et modique rétribution de notre valeur personnelle. Nous produisons des oeuvres qui rapportent des millions — le mot n'est pas trop fort — aux intermédiaires; nous ne serions pas indiscrets en prétendant prélever une simple dîme sur cette somme. Déjà, grâce à la Société des Auteurs, ce prélèvement s'opère automatiquement dans les théâtres. Oh! ça n'est pas sans protestation de la part des directeurs. Il semble qu'on leur arrache les entrailles quand 10 0/0 de leur recette passe de leur caisse dans la nôtre. Ces auteurs, quelles sangsues ! ! Mais ils s'inclinent, devant les exigences de l'Assistance Publique. Et cependant, ces exigences sont abominables, odieuses, injustifiées, autant qu'injustes ; elles créent une situation anormale à une catégorie de commerçants (ce sont les directeurs de théâtre) qui sont ainsi grevés, sans la moindre raison, d'un impôt contre lequel se révolteraient à bon droit les pâtissiers, épiciers, cordonniers, tailleurs, boulangers, etc. Mais l'Assistance Publique est une Administration d'Etat ! Il est entendu que devant l'Administration tout le monde courbe l'échiné.

Depuis un an, les choses ont un peu changé et on est arrivé à reconnaître que, puisque le « plaisir » devait secourir la « misère », c'est celui qui prend ce plaisir, c'est-à-dire le public qui, en toute équité, devait payer rançon et non pas le vendeur qui écoule sa marchandise et n'y prend, lui, aucune joie personnelle. Mais cet allègement légitime aux charges qui pesaient sur eux n'a pas modifié sensiblement la mentalité des directeurs à notre égard, et c'est toujours pour eux un crève-coeur lorsqu'il leur faut déduire de leur recette la part qui nous revient. Aussi, par tous les moyens, avouables ou non, s'efforcent-ils de la rogner de leur mieux. Mais la question dont il s'agit est autre. Ils paient — en rechignant — mais ils paient. Nous n'avons rien à dire. Mais alors, du moment que le principe est établi, reconnu, appliqué à certains intermédiaires, pourquoi ne l'est-il pas à tous, sans exception, et sur le même pied.

Voyez ce qui se passe pour les cinématographes. Ici nous entrons dans l'abomination.

J'admets, si l'on veut, que le cinématographe ne soit pas « l'ennemi du théâtre » (quoique la question soit loin d'être résolue et qu'on puisse un jour ou l'autre la reprendre) je veux bien consentir à le

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LE MONDE ARTISTE

considérer comme une « forme nouvelle du théâtre ». Mais alors, puisque c'est du théâtre, il est de toute justice qu'il soit traité comme le théâtre. Il y va de nos intérêts personnels, il y va aussi de l'intérêt des directeurs qui jouent nos pièces, qui ont des frais énormes, des risques considérables et auxquels le cinématographe crée une concurrence redoutable, concurrence que nous encourageons, pauvres bestioles sans cervelle que nous sommes, en lui accordant sottement et injustement un traitement de faveur.

Pourquoi, à chaque séance de cinématographe, la Société des Auteurs, notre Société, ne perçoit-elle pas un tant pour cent dont le taux est à établir dans des proportions équitables ? Pourquoi la Société des Auteurs, notre Société, autorise-t-elle ses membres à traiter directement à forfait avec les fabriques de films, alors qu'elle leur défend impitoyablement de traiter avec un directeur de théâtre ? Pourquoi cette différence de régime et quelle est la raison qui fait appeler ici délit, ce qui n'en est pas un dans la boutique voisine.

J'ai sous les yeux un rapport succinct, mais d'une éloquence singulière dans sa concision, que notre confrère, M. André Heuzé, a présenté au Syndicat professionnel des Auteurs et Compositeurs dramatiques. Je ne résiste pas au désir de le publier. Il contient des vérités qu'il est bon de répandre, ne fut-ce que pour apprendre aux Grands Tondus à quel point — par leur propre faute — ils se laissent raser de près.

Voici ce rapport :

La question des droits d'auteurs dans les théâtres de cinématographe.

Rapport présenté par M. André Heuzé au Syndicat professionnel des Auteurs et Compositeurs dramatiques.

« Le cinématographe est le théâtre de demain » ; ainsi s'exprimait, il y a quelques années, l'Ingénieur conseil d'une de nos plus importantes Compagnies de cinématographe,

Cette prophétie, tant elle exprimait bien l'idéal à atteindre pour les spectacles cinématographiques, figura longtemps, comme en exergue, sous le titre d'un important journal professionnel : le Phono-Ciné-Gazelle. Elle était parfaitement juste, ainsi que nous le prouve surabondamment une simple promenade le long des boulevards. Si, aujourd'hui, le cinématographe n'est pas encore tout le théâtre, il en est, du moins, une très importante partie,

On ne se contente plus, en effet, comme au début de l'invention, de projeter sur l'écran : « l'arrivée d'un train en gare », ou » la Revue du 14 juillet ».

Le cinématographe offre maintenant à son public de véritables pièces jouées par des acteurs, écrites par des auteurs dramatiques, dont quelques-uns comptent parmi les plus notoires. L'Académie française et la Comédie française, elles-mêmes, ne dédaignent pas de collaborer pour la plus grande gloire du cinématographe. Les romans les plus connus, les pièces les plus célères sont chaque jour, représentés sous forme de projections animées dans des milliers de théâtres. Molière, Corneille, Racine, Shakespeare, Musset, Victor Hugo, Sardou, Lavedan, Rostand, Hennique, etc., etc., ont eu leurs oeuvres exploitées sous l'orme de films. De puissantes Sociétés, armées de capitaux formidables, se sont constituées en vue d'archeter des théâtres, des cirques, et de construire

des salles pour y donner des représentations de pièces cinématographiques.

Dans ces conditions, et en présence de ce mouvement énorme, on peut se demander, non sans étonnement, pourquoi le cinématographe ne paye pas de droits aux auteurs dramatiques, comme tous les autres théâtres.

Comment peut-il se faire qu'une industrie qui, chaque jour, empiète davantage sur le domaine du théâtre, qui enlève à nos grandes scènes une clientèle de plus en plus considérable, ne paye aux auteurs aucun droit proportionnel sur les recettes qu'ils lui procurent.

Si l'on ajoute que les cinématographes n'ont presque pas de frais, qu'ils ne payent ni troupe, ni décors, qu'ils n'ont presque pas de personnel, qu'ils ne dépensent presque pas d'éclairage, on reste stupéfait devant la constatation que les auteurs dramatiques consentent à céder leurs oeuvres à des conditions infiniment inférieures à celles que, fort légitimement, ils imposent aux directeurs de théâtres.

Les recettes des théâtres et music-halls se sont élevées, l'an dernier, pour Paris, à la somme de 30 millions en chiffres ronds, sur lesquels les auteurs et compositeurs ont touché environ 3 millions 500.000 francs de droits.

Les théâtres de cinématographe ont fait, pendant la même année, à Paris, des recettes se montant à 8 millions 500.000 francs. Qu'ont-ils payé de droits d'auteurs? — Rien, presque rien !

Et Paris, qu'on le note bien, n'entre que pour une petite part dans les recettes obtenues par le cinématographe dans toute la France.

Nous savons bien ce qu'on peut répondre : « Vous faites erreur. Il existe des Sociétés protectrices de films cinématographiques qui payent des droits d'auteurs. »

Cette réponse contient une grave inexactitude, et il est de la plus grande importance pour les auteurs dramatiques de se rendre compte qu'il n'y a là qu'une apparence, qu'un véritable trompe-l'oeil.

Comment, en effet, l'auteur du film est-il rémunéré ? Il est payé à tant par mètre de film vendu.

Or, et c'est là l'essentiel à retenir, ce qui importe pour l'auteur dramatique, ce n'est pas la quantité de mètres de films vendus, mais bien et seulement la quantité de représentations que chaque film fournit. Un film peut servir à des centaines de représentations.

Il est certain qu'au début de l'évolution qui a amené

le cinématographe à s'adjoindre la collaboration d'auteurs dramatiques, le mode de rémunération proposé à ces derniers pouvait parfaitement être défendu. Mais il s'est opéré dans ces dernières années une transformation complète du marché cinématographique, qui a eu pour effet de diminuer énormément le bénéfice des auteurs dramatiques, et cela à mesure que le succès de leurs oeuvres au cinématographe augmentait.

Comment ce résultat paradoxal a-t-il pu être atteint?

Tout simplement parce que les éditeurs de films continuent, comme jadis, à payer l'auteur au mètre vendu et qu'ils n'en vendent plus, ou presque plus!

Qu'en font-ils alors?

Ils se contentent de les louer.

Autrefois, chaque théâtre de cinématographe achetait ses films pour son spectacle, tandis qu'aujourd'hui il se contente de les emprunter à des loueurs.

Les grands éditeurs de bandes ont tellement compris le danger que leur faisait courir le loueur de films, intermédiaire qui se glissait entre le fabricant et le directeur de théâtre, qu'ils se sont fait loueurs eux-mêmes et que cette évolution s'accentue de jour en jour.

Il est facile de comprendre maintenant par quel mécanisme l'auteur dramatique est actuellement lésé, au plus grand profit du loueur.

Là où il fallait jadis 50 films pour 50 théâtres, il ne faut plus aujourd'hui que 10 films, qui feront la tournée

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LE MONDE ARTISTE

de tous les établissements. Pour un même nombre de représentations, l'auteur dramatique touchera donc cinq fois moins. Ces constatations faites, la conclusion s'impose. Tant que l'auteur dramatique consentira â être payé au mètre de films vendus ou édilés, il sera une victime certaine. Il n'y a pour lui qu'un seul mode de rémunération pratique, juste, équitable, c'est celui qui est établi depuis tant d'années dans tous les théâtres. Il n'y a absolument aucune raison pour que l'auteur dramatique ne touche pas un droit proportionnel sur les recettes du cinématographe chaque fois qu'un de ses films passe sur l'écran.

Si l'on y réfléchit bien, d'ailleurs, l'intérêt des éditeurs de films est lié tout à fait à celui de l'auteur dramatique; il suffirait d'une entente pour un partage légitime des droits.

Je ne voudrais pas abuser de la patience de mes lecteurs en réfutant tous les petits arguments que certains intéressés pourraient opposer à notre projet. Il est clair que, surtout au début, il y aura quelques difficultés à vaincre, mais en se contentant de commencer par établir le droit proportionnel à la recette pour la France, où cela est facile, avec le concours de la Société des Auteurs, nous aurons déjà fait un pas immense en avant.

Je crois avoir prouvé qu'il est indispensable désormais pour les auteurs dramatiques, dont l'imagination fournit l'essentiel de la matière première nécessaire aux théâtres de cinématographe, de toucher des droits d'auteurs comme dans tous les autres théâtres. .

S'il était utile d'ajouter quelques raisons autres que celles qui importent à l'intérêt immédiat des auteurs dramatiques, je pourrais faire remarquer que l'Assistance Publique, beaucoup plus vigilante qu'eux, a, depuis longtemps, assimilé les cinématographes aux théâtres.

De même, la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de musique ne néglige pas de percevoir des droits pour la musique qui accompagne les pièces cinématographiques. Cette association a, d'ailleurs, adopté déjà un rapport écrit par M. Joubert, son président, concluant en faveur des droits d'auteurs dans les cinématographes.

La nécessité de prélever un droit proportionnel sur les recettes pour les auteurs dramatiques paraît donc de plus en plus évidente.

L'intervention de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques pour la perception de ces droits s'impose désormais. Son abstention pourrait être considérée comme une négligence regrettable dont seraient victimes tous les auteurs.

Elle s'impose d'autant plus que les directeurs de théâtres, talonnés par la concurrence énorme des cinématographes, se demanderont un jour, non sans raison, pourquoi ils payent des droits proportionnels à des auteurs qui avantagent d'une façon si énorme leurs concurrents les plus dangereux.

Que les auteurs dramatiques n'oublient pas cet argument, eux qui ne cessent, et fort légitimement, de poursuivre les directeurs de théâtre qui refusent de signer un traité avec la Société des auteurs : il ne faut pas qu'ils permettent aux cinématographes de continuer à donner ce désastreux exemple.

ANDRÉ HEUZÉ,

Secrétaire délégué aux Commissions

du Syndicat professionnel des Auteurs

ot Compositeurs dramatiques.

N'est-ce pas que cela est suggestif et que le passage relatif à l'Assistance publique qui, elle, ne fait pas de sentiment et traite toutes choses administrativement, pour le plus grand profit de sa saisse, doit donner à réfléchir.

Je voudrais en terminant ajouter un simple mot.

Ce qui se passe — ou plutôt ce qui ne se passe pas — aux cinématographes ne se passe pas non plus dans les établissements de phonographe, gramophone ou autres analogues.

Prenons un exemple, qui nous est ici plus cher que tout autre.

Vous entrez dans un établissement phonographique, attiré par cette annonce alléchante : «Venez entendre Delna et Vaguet dans Werther, Calvé dans Cavalleria Rusticanal » C'est un régal de haut goût. Vous n'hésitez pas à mettre la main à la poche et à payer le prix d'entrée et, pendant l'audition de ces morceaux célèbres, vous jouissez délicieusement, grâce aux voix admirables des artistes, fidèlement reproduites sur les disques, j'en demeure d'accord, mais aussi, avouez-le, grâce à la musique que Massenet a écrite sur les vers de Paul Milliet, grâce à la traduction que ce dernier a faite de l'ouvrage de Mascagni. Je ne vous vois pas payant une somme, quelque minime qu'elle puisse être, pour aller entendre les voix de Delna, de Vaguet, de Calvé, chantant une page de solfège. Massenet, Mascagni, Paul Milliet sont donc, eux aussi, pour quelque chose, il me semble, dans l'audition. Vous avez payé pour entendre leur oeuvre autant que pour entendre leurs interprètes. Il est donc juste que, puisque grâce à eux il y a eu recelte, ils en aient leur part. Eh! bien, pas du tout. C'est incroyable, mais cela est : ils ne touchent rien, rien, rien! Ce ne sont que des auteurs, après tout. La gloire doit leur suffire. Les Grands Tondus, vous dis-je!

MAURICE LEFEVRE.

MUSIQUES

La Ronssalka (1).

Les airs de la Musique Italienne.

Le ballet que MM. Hugues Le Roux, G. de Dubor et Lucien Lambert viennent de faire représenter à l'Opéra, est tiré d'une légende russe qui a été mise plusieurs

plusieurs à la scène dans son pays d'origine. Les Roussalki sont les âmes des femmes mortes d'amour, qui, devenues nymphes des eaux et des bois, quittent leurs retraites la nuit, pour épier, invisibles, les amants qui ont causé leur mort.

Les auteurs du ballet ont divisé l'action en deux actes. Le premier se passe sur les rives du Volga, à l'époque de la moisson, non loin d'une forêt verdoyante. Un moulin laisse tourner sa roue au cours du fleuve. C'est là que le comte Serge cache ses amours avec la jeune Alena. Après une scène de passion dont la pantomime nous montre qu'Alena répond à la flamme de Serge, les deux amoureux disparaissent dans la ferme. Alors survient la comtesse Nadège, accompagnée d'une suite brillante : elle cherche son fils, elle l'aperçoit avec Alena, elle lui ordonne de la suivre. Il la suit. Et Alena désespérée se jette dans le Volga.

Le second acte se passe dans le même décor, mais

(1) La Roussalka, ballet en deux actes de MM. Hugues Le Roux et G. Dubor pour le livret, et de M. Lucien Lambert pour la Musique.

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la ferme est abandonnée et la roue du moulin ne tourne plus au cours du fleuve. La lumière est crépusculaire : c'est l'heure où les Roussalki viennent errer dans ces ruines. Alena, qui est devenue Roussalka, se désole et songe aux amours d'antan. Et comme les nymphes, ses soeurs en tristesse, se répandent dans la forêt ou rentrent dans les eaux perfides du Volga, le comte Serge promène sa rêverie vers l'ancienne demeure d'Alena, et il s'endort au pied d'un arbre. Alena en profite pour implorer la reine des ondines et la prier de lui rendre son amoureux. La reine exauce ce voeu et Alena et Serge sont entraînés dans le fleuve.

Ce ballet a une apothéose : les premiers feux du jour éclairent la scène, et l'on voit les deux amants, enlacés et radieux, qui se témoignent leur félicité. De curieux airs de danse, des rythmes russes, et aussi des mouvements de valse qui n'ont point paru très nouveaux, mais qui témoignent, de recherches harmoniques, soulignent les principaux passages du ballet. M. Lucien Lambert, qui n'a rien donné au théâtre depuis la Sapho — il y a quelque quatorze ans — est un bon musicien et il a écrit le commentaire musical de la Roussalka en artiste expérimenté. Le maître de ballet, M. Clustine, dont nous avons eu l'occasion d'apprécier l'effort consciencieux dans le divertissement de Déjanire, a obtenu de nos danseuses une régularité, une précision et aussi une variété dignes d'éloge; il a donné plus de vie, plus de souplesse aux ensembles. Les questions de discipline ont trouvé, nous dit-on, M. Clustine inflexible, et il n'est pas jusqu'aux plus infimes détails qui l'aient trouvé indifférent. On a surtout applaudi, au premier acte, la danse en costumes russes, et, au second, les évolutions pittoresques des Roussalki en longues jupes blanches.

Enfin, toute la troupe a dansé avec entrain, depuis MM. Aveline et Raymond jusqu'à Mlles Conat, Johnson, Urban, Barbier, Meunier, sans oublier la délicieuse et légère Zambelli.

L'orchestre a été excellent sous la direction ferme et nuancée à la fois de M. Paul Vidal.

Le Théâtre Femina a consacré une matinée à la Musique Italienne, et c'est M. Paul Milliet qui a traité ce sujet avec autant de compétence que d'autorité. Sa causerie pleine de très intéressantes remarques, et émaillée d'anecdotes curieuses, a intéressé vivement son public. M. Paul Milliet, dont nous n'avons pas à faire l'éloge ici, a adapté pour la scène française de nombreuses oeuvres italiennes; il a donc parlé en fin lettré qu'il est, et il a su aussi être tour à tour érudit, spirituel et émouvant, car il est l'ami et le collaborateur de presque tous les compositeurs de la jeune Ecole Italienne.

D'excellents artistes ont prêté leur concours à cette remarquable séance, entre autres, Mme Félia Litvinne « l'admirable artiste dont l'âme et l'intelligence sont toujours fidèles aux formes du Beau le plus pur et dont la voix, d'une richesse sans pareille rend louchante la plus simple parole », ainsi que l'a dit le conférencier lui-même, et « Mme Cain-Guiraudon qui nous a rendu le charme élégiaque et le sentiment douloureux de Mimi (de la Vie de Bohème), avec la simplicité la plus vraie et la plus suave, avec son âme d'artiste et sa voix de lumière ; M. Robert

Lassalle, un des plus jeunes et un des plus brillants pensionnaires de notre Opéra, un ténor à la voix puissante, douce et nuancée ; M. Maguenat, baryton à la voix généreuse, qui chante avec une intensité d'expression absolument merveilleuse », et aussi Mlle Marignan, Mme Jackson, et Christine Kerf et Mlle Negri qui ont dansé une tarentelle avec beaucoup d'esprit et de vivacité.

RAMEAU.

La Semaine Théâtrale

Porte-Saint-Martïn. — La Flambée, pièce en trois actes de M. Henry Kistemaeckers. (Première représentation le jeudi 7 décembre.)

Théâtre Antoine. — L'Eternel Mari, pièce en quatre actes de MM. Nozière et Alfred Savoir, d'après Dostoïeski ; Moïse, pièce en un acte de M. Edmond Guiraud. (Premières représentations le vendredi 8 décembre.)

Vaudeville. — Les Sauterelles, pièce eu quatre actes et cinq tableaux de M. Emile Fabre. (Première représentation le mercredi 13 décembre.)

« La Flambée, nous a dit M. Henry Kis« temaeckers, est une pièce essentielle« ment française, au sens fervent du mot... « Je l'ai écrite dans cette angoisse qui,

« depuis quelques mois — je pourrais dire depuis « quelques années — provoque chez nous le frémis« sèment d'une grave et fière attente... Si mouve« mentée qu'elle soit, sa péripétie, à mes yeux, « n'est rien : une vibration profonde l'anime, et « j'espère, l'élève, qui doit retentir au delà des faits, « et qui apporte à mon modeste effort une certaine « noblesse commune à tous nos coeurs... »

Et voici « l'argument » de la pièce, si chaleureusemenl applaudie au théâtre de la Porte-Saint-Martin. Dans un château du Jura sont venus villégiaturer, entre autres hôtes, le lieutenant-colonel du génie Felt et Monique, sa femme. Le lieutenant-colonel est chargé par le gouvernement de surveiller et de diriger la construction d'un fort que l'on édifie dans une position stratégique importante, aux environs du château. Il y a là également un certain Julius Glogau, espion à la solde d'un gouvernement étranger, et Marcel Beaucourt, député radical-socialiste, ancien ministre de la Justice et sur le point de le redevenir.

Le lieutenant-colonel Felt n'a pas rendu sa femme très heureuse. Il a fait des dettes, a pris une maîtresse, et depuis des mois, il n'est plus que de nom le mari de la pauvre femme. Celle-ci, ulcérée et désespérée, s'est laissé aimer, mais sans devenir sa maîtresse, par Marcel Beaucourt. Un divorce va libérer Mme Felt, qui deviendra Mme Beaucourt. Le colonel s'est mis imprudemment à la disposition de l'espion Glogau, qui lui a prêté de l'argent dans un but facile à deviner. Il démasque ses batteries à la fin du premier acte; le colonel a fini par devoir près de 200.000 francs à Glogau qui les lui réclame énergiquement. Felt est dans l'impossibilité de payer; ses billets vont être protestes, c'est le déshonneur! Le rideau tombe au moment où Glogau propose au

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colonel d'aller terminer dans sa chambre la conversation commenée...

Au second acte, nous sommes dans la chambre à coucher de Mme Felt, qui y a donné rendez-vous, à une heure du matin, à Marcel Beaucourt. Ce sera entre eux l'explication suprême et décisive... Au lieu de Beaucourt, c'est le mari qui frappe à la porte de sa femme. Il se fait ouvrir. Il est pâle, il est abattu. Il se confesse enfin! Cette scène poignante entre le mari et la femme nous conduit, sobrement et directement, en plein drame; elle a des rebondissements, comme on dit en argot de théâtre, vigoureux et imprévus, et l'intérêt va grandissant de phase en phase; à elle seule, elle assurerait le succès de la pièce. Felt parle d'une voix étranglée, se maîtrisant avec peine. Tout d'abord, il n'est question que de la situation respective des deux époux, du divorce auquel s'est résolue Monique. Alors le colonel révèle à sa femme ce qui s'est passé. Après avoir dévoilé ses embarras d'argent, il lui découvre la proposition que lui a faite Glogau : la livraison des secrets de la défense nationale, des plans de la citadelle dont il dirigeait la construction. — « Qu'as-tu fait? » murmure la femme épouvantée. — « Je l'ai tué! » répond le mari. Il n'a pu se contenir : il a étranglé Glogau. Quelle que soit l'infamie de la victime, le colonel est maintenant un assassin : il a commis un meurtre qui brisera sa carrière. En proie à l'émotion la plus grande, haletante, Monique a écouté le récit de son mari. Peu à peu, dans celte âme généreuse, un revirement se produit. Elle a senti que, malgré ses torts, son mari l'aimait toujours; elle se rappelle qu'il est le père de son fils, sur qui retombera le déshonneur paternel ; elle comprend, elle sent qu'elle a dans ses mains le sort de ce soldat, que la seule pensée d'une trahison envers la patrie a transformé en meurtrier. Elle n'hésite plus. Elle dit à son mari : « Retourne dans ta chambre, j'y vais avec toi. »

Au dernier acte, c'est l'émoi, c'est la descente de justice. Le colonel veut se livrer. Marcel Beaucourt, qui a deviné le drame, flagelle le meurtrier de son mépris. De nouveau, les deux hommes se trouvent face à face. — « C'est vous, dit Beaucourt, qui avez tué Glogau! » — « Oui, c'est moi! » Beaucourt tient donc le secret de Felt entre ses mains. Mais Felt a prononcé le mot sacré : La Patrie ; c'est lorsque son image sainte s'est dressée devant lui qu'il est devenu criminel. Beaucourt est ému à son tour : il pense qu'il ne peut pas priver son pays d'un brave soldat qui, dans un moment de fureur, a tué un traître. Aussi lorsque les magistrats, venus pour commencer l'enquête, déclarent qu'ils portent leurs soupçons sur un jeune domestique, d'un geste, Beaucourt arrête Felt, qui, loyalement, va se dénoncer, et il dit aux magistrats : « Vous vous trompez. Moi aussi, j'ai fait une enquête. Glogau avait été autrefois un agent provocateur dans un pays étranger : c'est l'un de ses compatriotes qui l'a puni. » Les magistrats s'inclinent devant l'opinion d'un député qui était hier ministre de la Justice et qui le sera demain. Beaucourt part pour Paris, afin d'en référer lui-même au garde des sceaux. Il salue respectueusement Monique ; il serre la main du

colonel. Felt et sa femme pourront sans doute être heureux encore...

La Flambée a été accueillie avec enthousiasme; elle est plus qu'admirablement jouée. La longue scène du second acte — personne ne l'a trouvée longue — a été l'occasion pour Mlle Marthe Brandès et pour M. Dumény, d'un de leurs plus beaux triomphes, magnifiquement mérité. M. Pierre Magnier est chaleureux et sincère en Marcel Beaucourt. Et dans les rôles épisodiques, M. Jean Coquelin est parfait de bonne humeur, M. Kemm, en évêque — encore un ! — plein de tact et d'onction.

MM. Nozière et Alfred Savoir, qui, déjà, nous donnèrent une si curieuse adaptation de la Sonate à Kuntzer, de Tolstoï, ont tiré, cette fois, de l'Eternel Mari, de Dostoïeski, une pièce un peu sombre, sans doute, mais si intéressante, et qui se recommande autant par l'intensité de l'émotion que par la profonde psychologie des caractères.

En voici la brève, la très brève analyse. Vélaninoff, diplomate ou haut fonctionnaire, qui porte le litre d' « Excellence », reçoit la visite d'un provincial, employé d'administration, nommé Troussocki, et de la fille de celui-ci, la petite Lise, qui a huit ans. Les deux hommes évoquent leurs souvenirs communs. Troussocki est veuf : on nous fait comprendre que Vélaninoff a été jadis l'amant de sa femme et qu'il est le père de la petite Lise. Il obtient qu'on la confie à son amie, la princesse Belski. Troussocki, n'ignorant rien de la conduite de la défunte, qui l'avait trahi, non seulement avec Vélaninoff, mais avec beaucoup d'autres, veut refaire sa vie, être aimé à son tour. Mais il est laid, gauche, ridicule, piteux : il est de ceux qu'aucune femme n'aimera. II se fiance à une jeune fille pauvre, Nadia Silvers ; mais elle l'a en horreur, elle veut rompre à tout prix. Elle en aime un autre. L'éternelle histoire va recommencer. Au troisième acte, il raconte ses souffrances à Vélaninoff, lui crie sa vengeance et tente même de l'assassiner. Au quatrième acte, la petite Lise est morte. Troussocki avait refusé de la revoir, même malade et mourante, depuis qu'il avait découvert qu'elle était la fille de Vélaninoff. Maintenant, il la pleure ; il est inconsolable ; il est atteint de jalousie posthume et s'oppose à ce que Vélaninoff mette des fleurs sur la tombe de l'enfant. Troussocki nous inspire une grande pitié... M. Gémier a composé, comme il sait le faire, ce rôle de sensibilité et d'humanité. M. Capellani a une belle allure dans Vélaninoff.

En dépit des grimaces de Chocolat, la pochade qui terminait le spectacle, Moïse, de M. Edmond Guiraud, ne nous a pas paru très drôle. Il est vrai que nous venions de voir, sur ce même sujet, ce petit chef-d'oeuvre qui s'appelle l' Accord parfait...

Il y aurait mauvaise grâce à liquider ici en quelques lignes — nous y reviendrons prochainement — la pièce où M. Emile Fabre dénonce avec énergie les tares de notre administration coloniale, et jamais réquisitoire aussi ardent ne fut lancé contre notre fonctionnarisme exotique. Il y a sans doute des traits heureux en ces quatre actes sans action, qui s'intitulent les Sauterelles, et l'expression désigne la nuée dévastatrice de fonctionnnaires qui, suivant

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M. Fabre, s'abat au delà des mers sur nos possessions neuves, et en dévore la substance. Mais ces vérités sont-elles bonnes à dire, précisément à une époque où les problèmes coloniaux se posent avec une menaçante insistance?

A l'exception d'une jeune et étrange Annamite, que joue pittoresquement Mlle Polaire, les Sauterelles ne comportent guère que des rôles d'hommes. MM. Lérand et Louis Gauthier sont revenus reprendre leur rang dans la troupe du Vaudeville, qui donne au grand complet, mais sans grand éclat. La mise en scène fait, comme toujours, honneur à M. Porel, et les deux derniers tableaux, qui nous montrent la révolte, la panique du gouverneur et de ses invités surpris au milieu d'une fête, nous a rappelé Chez les Boers, applaudis au Grand Guignol...

EDMOND STOULLIG.

P.-S. — Il a plu à Mme Sarah Bernhardt, au lenmain de Lucrèce Borgia — le contraste n'est-il pas piquant? — de nous jouer jeudi, en matinée, Dorme de Tartuffe. Et comme la géniale artiste peut « tout ce qu'elle veut », elle a été, cette fois encore, incomparable... Depuis ses débuts au ThéâtreFrançais, où, sur la demande de l'auteur, et malgré M. Perrin, qui voulait imposer Mlle Reichenberg comme « ayant plus d'autorité », elle créait, avec Coquelin comme partenaire, Chez l'Avocat, de M. Paul Ferrier—jusqu'à ces dernières années, où, elle fut, encore avec Coquelin dans Mascarille, Madelon des Précieuses ridicules, la grande tragédienne n'avait, croyons-nous, encore jamais abordé de rôle comique.

L' « épreuve » a réussi au delà de tout espoir. — « Ça m'amuse de faire ça! » nous disait-elle gaiement. — « Et nous donc, ce que cela nous amuse de vous le voir faire! » lui répondions-nous. Le fait est que, merveilleusement jeune sous le bonnet de l'époque et délicieusement accoutrée (n'a-t-elle pas tous les dons ?) en son costume de si jolie couleur, elle a été absolument étonnante d'aisance, étourdissante de verve et de belle humeur, toujours naturelle, toujours juste, toujours infiniment amusante et admirablement personnelle. Ah! l'inoubliable leçon pour les « Dorine » actuelles ou futures!... Et ce lut un pur ravissement que d'entendre pareillement interprétées la scène avec Orgon, puis celle de la réconciliation de Marianne et de Valère. Il faut remercier Mme Sarah Bernhardt de la nouvelle joie qu'elle nous a ainsi procurée...

E. S.

CONCERTS

L'autre dimanche, pendant que les abonnés du Conservatoire réservaient un chaleureux accueil à la belle symphonie de M. Paul Dukas, et qu'à la salle Gaveau.

M. Richard Strauss dirigeait lui-même deux de ses oeuvres les plus justement célèbres Zarathustra, et Mort et Transfiguration, au Châtelet, entre une superbe exécution de la symphonie en ut mineur et des Danses polovtsiennes, de Borodine, au coloris si puissant,

puissant, Gabriel Pierné nous donnait la primeur d'un poème instrumental et vocal de M. Max d'Ollone, intitulé Libération, page mystique de très vif intérêt dont, avec le ténor Sayetta, Mmes Anna Vila et Georges Marty ont su faire valoir la délicate musicalité. L'adorable concerto pour deux pianos, de Mozart, merveilleusement interprété par le maître Diemer et l'un de ses plus brillants élèves, M. Batalla, et l'émouvante symphonie de M. Guy Ropartz, que nous révéla, il y a quelques années, la Société des Concerts, étaient le complément du programme savamment varié de M. Gabriel Pierné...

Dimanche dernier, César Franck fut rendu par l'orchestre de M. Gabriel Pierné comme il mérite de l'être... Puis, après la délicieuse scène des FillesFleurs, Mme Félia Litvinne et M. Van Dick étaient, dans Parsifal, les interprètes de haute valeur qui eussent ravi Wagner...

A peine avions-nous pris connaissance d'un Emmanuel Chabrier, finement étudié par M. Georges Servières (librairie Félix Alcan) que, coup sur coup, nous recevions deux Bizet, tous deux joliment illustrés, l'un, — très justement estimé déjà — de M. Charles Pigot, qu'édite Delagrave et que présente notre distingué confrère Adolphe Boschot ; l'autre — très vivant, très «prenant », dirons-nous — que publie H. Laurens en sa précieuse collection des Musiciens célèbres, est signé de notre excellent ami Henry Gauthier-Villars. Et je vous engage à relire celui-là, à lire celui-ci : ils sont également dignes du sujet qui les inspira... E. S.

NOS GRAVURES

M. Renefer, notre habile collaborateur, continue la série de ses dessins. Il nous montre aujourd'hui M. Pierre Wolff, l'auteur de l'Amour défendu, et un décor de l' Amour en cage, la charmante comédie de MM. André de Lorde, Funck Brentano et Jean Marsèle, qu'accompagne une musique de scène de M. Emile Bonnamy.

PROVINCE

Bayonne. — La saison théâtrale se poursuit en de bonnes conditions; la troupe de M. Charbonnel prend de la cohésion et remplace ses éléments médiocres. De jour en jour, le public apprécie davantage le baryton Reymond que la crainte avait probablement paralysé dans ses débuts. Seuls les choeurs laissent encore à désirer. Il semble qu'il s'y soit déjà produit quelques vides. E. B.

Bourg. — A l'occasion de son 3e concert annuel, la Société symphonique nous a donné une véritable soirée de gala. La qualité des artistes et la belle composition du programme avait attiré, à la Salle des Fêtes, une assistance nombreuse.

Dans une sonate en sol mineur de J.-S. Bach, M. Louis Capet, ce maître incontesté du violon a produit une impression émouvante. L'auditoire attentif suivait religieusement ses gestes ; émus par l'ampleur des sons, stupéfiés par la succession vertigineuse des

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notes émises avec une tûreté et une pureté irréprochables, tous semblaient figés comme dans une extase, et lorsque mouraient les phrases de l'admirable discours musical crépitaient les applaudissements, témoignages bruyants mais sincères de l'immense plaisir éprouvé.

Ce fut ensuite au tour du quatuor Capet (MM. Louis Capet, Maurice Hervitt, Henri et Marcel Casadessus) qui rendit avec la plus grande finesse d'expression, le 7e quatuor de Beethoven, le fameux thème russe fut particulièrement applaudi ; on reste confondu devant une si grande précision, devant une telle identité d'accents de la part de quatre archets.

La gracieuse cantatrice : Mme Buisson, délicieusement costumée, a donné, à des mélodies de Haendel et de Bach, un cachet spécial ; Mme Buisson chante avec une grâce exquise et une très grande justesse. L'accompagnement de ses chante, par le quatuor des violes, ajoutait à ces pages de musique ancienne un éclat et un pittoresque absolument charmants.

Ces étoiles ont d'ailleurs brillé, sans empêcher à la Société symphonique de Bourg d'affirmer de nouveaux progrès ; avec deux belles pages, de Glück, elle a su donner au concert un cadre très homogène et très apprécié.

Mes félicitations iront également à M. Frédéric Blesset, son directeur, qui avait organisé cette soirée inoubliable. On peut dire que rarement la province avait eu pareil régal artistique.

Théâtre. — La tournée Edmond Souché, troupe de valeur moyenne, a donné, jeudi soir, sur notre scène, Napoléon, pièce historique en cinq actes, de M. Gaston Marguery. L'interprétation générale était assez bonne. Signalons MM. Meillet, Souche et Mlles Reynald et Laure Maury qui jouaient les principaux rôles.

PIERRE BAVOUX.

Lyon. — Grand-Théâtre. — M. Valcourt nous a donné une intéressante reprise de Guillaume Tell : depuis fort longtemps, il ne nous avait pas été permis d'entendre un trio aussi vibrant. MM. Mérina, Lestelly et Sylvain, les trois interprètes ont été l'objet de véritables ovations de la part du public venu fort nombreux à l'oeuvre de Rossini. M. Mérina a enlevé la salle entière, au quatrième acte, avec sa voix incomparable et sa belle vaillance dans le fameux « Asile héréditaire », écueil de la plupart des forts ténors. La réputation d'un artiste qui possède une aussi belle voix s'établit facilement, surtout quand il est intelligent, ceci dit sans vouloir en rien diminuer celle de mon excellent ami Mérina.

L'annonce d'une seule représentation de Werther, avec M. Campagnola, a suffi à faire refuser du monde au Grand-Théâtre. M. Campagnola se fit connaître il y a trois ans au publia lyonnais ; il revint l'an dernier au gala de la presse, et chanta Roméo. Cette année, sa présence dans une représentation de Werther a suffi à assurer le maximum de la recette.

La voix de l'artiste est jolie, le timbre de l'aigu éclatant, la respiration excellente permet au chanteur de soutenir sans respirer les phrases les plus longues. Et puis quel comédien accompli ! Le succès de M. Campagnola fut très grand. M. Raynal à cette occasion a donné au personnage ingrat d'Albert, tout son relief, par son autorité et son art impeccable du chant et Mlle Mancini fut une Charlotte remarquable comme chanteuse, surtout dans la scène des lettres dite avec passion et tempérament.

Nouvelle théâtrale. — M. Gaston Beyle notre compatriote prend, à partir de la saison prochaine, la Direction du Grand-Théâtre de Lyon. Artiste de valeur, professeur érudit, le nouveau directeur a un passé qui fait bien augurer du goût avec lequel il saura maintenir le niveau de notre première scène. M. Beyle ne possède d'ailleurs que des sympathies à Lyon, et tout

le monde a encore présenter à la mémoire ses créations d'Hans Sachs dans les Maîtres Chanteurs et du Père de Louise. C. C.

Pau. — C'est avec Manon que notre troupe lyrique a fait ses débuts. Disons vite qu'elle est à hauteur de sa tâche. Mlle Marchal (Manon) est une ravissante chanteuse légère, d'un talent souple et distingué. Sa voix d'une qualité exceptionnelle, sa science du chant et des vocalises, nous rappellent les belles soirées du temps jadis avec Mmes Merey et Landousy. La comédienne est experte, et la femme est jolie. Saldou (des Grieux) arrive précédé d'une solide réputation, elle n'est pas usurpée. L'organe est extraordinaire de facilité surtout dans l'aigu. L'artiste est intelligent et a de l'aisance, le physique est parfait. M. Arthus (des Grieux père) aura sûrement des succès, M. Clergne, un baryton d'opérette, a chanté, non sans brio, le rôle de Lescaut. Mlles Vialas, Cédez, Simon ; MM. Gabyelle, Deligny, Watel, ont été consciencieux ; même compliment pour les choeurs et le metteur en scène.

L'orchestre avait à sa tête le chef hautement réputé F. liesse, il exécuta la partition irréprochablement.

GÉOVA.

Rouen. — Théâtre des Arts. — Une belle représentation de Sigurd a été donnée avec le concours de M.M. Fontaine et Boulogne de l'Opéra. M. Fontaine (Sigurd) a de suite étonné par la puissance de sa voix et a dû recommencer son air d'entrée ; son succès s'est continué toute la soirée, ainsi que celui de M. Boulogne, très remarquable baryton, chanteur et comédien parfait. Mme Magne incarnait la Walkyrie, faisant preuve d'une connaissance profonde de son art. M. Aumonier s'est acquitté du rôle d'Hagen en artiste consommé. Mmes Soyer et Dilson complétaient cette interprétation de tout premier ordre. Dans les Huguenots, M. Fontaine a de nouveau émerveillé son public.

Nous avons eu le rare bonheur de voir M. Xavier Leroux conduire l'orchestre à la reprise de sa belle oeuvre, le Chemineau. Le public a salué le compositeur par des bravos enthousiastes, lorsqu'il vint sur la scène entouré de ses interprètes. M. Boulogne (le Chemineau) fut parfait de chant et de puissance dramatique. M. Baer reprenait son rôle de François, la scène finale du deuxième acte lui valut une triple ovation. M. Geyre a fait regretter que le rôle de Toinet ne soit pas plus important, car les mérites exceptionnels de cet artiste en font un brillant interprète. M. Aumonier est un Maître Pierre de robuste physionomie, chanteur adroit et consciencieux. Mme Magne personnifiait Toinette avec une étonnante souplesse et une voix de grande étendue.

Théâtre-Français. — Une matinée de gala s'est donnée à ce théâtre ; on jouait le Malade imaginaire avec le concours de M. Bernard, de la Comédie-Française, dans le rôle d'Argan ; le succès fut complet. Mme Stréliski, MM. Stréliski, Auber et Pons ont assuré une interprétation parfaite. Le spectacle se complétait par les Précieuses ridicules, où M. Stréliski déploya sa finesse spirituelle. Pendant une semaine, on s'est intéressé à la Mioche, un drame populaire, en attendant l'Etrangère de A. Dumas fils. C. S.

Toulouse. — Théâtre du Capitale. — Depuis ma dernière chronique, ce théâtre (fit deux reprises : d'abord celle de Sigurd, dans laquelle M. Nucelly chanta fort bien le rôle de Gunther, et cette interprétation dissipa la fâcheuse impression qu'il avait produite dans Hamlet et l'Africaine. Les autres artistes, M. Goldimer (Hagen), Mmes Colbrant (Helda) et Soïni (Uta), complétèrent brillamment une distribution parfaite; ensuite, vint celle de Sapho, qui valut un joli succès à MM. Jolbert,

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charmant ténor léger très apprécié ; Demay, excellent dans son type réussi de Caoudal et aussi à Mme ClouzetClaverie, très émouvante dans la mère Divonne.

Au Théâtre des Variétés. — Mme Tariol-Baugé va de succès en succès. Après une très heureuse interprétation de la Mascotte, l'excellente artiste chanta la Belle Hélène, la Grande Duchesse et la Périchole d'Offenbach, elle fut à la fois espiègle et touchante, notamment dans « la Lettre », morceau si populaire du premier acte, que Mme Tariol-Baugé dut bisser. A signaler encore une résurrection des plus heureuses, celle du Mariage aux Lanternes, ce bijou de fraîcheur mélodique qui a obtenu un très gros succès de charme.

OMER GUIRAUD.

ÉTRANGER

Anvers. — Variétés. —Ce théâtre donna l'Aventurier, d'Alfred Capus, et les Forces, pièce de M. Gustave Abel ; le public ne fut pas sans regretter le départ d'une interprète, Mlle Jane Lion ; la tournée du Vaudeville jouera lundi le Tribun, de Paul Bourget, et au LyriqueFlamand on a repris Orphée, de Glück, et Amour Tzigane, de Franz Lehar, ces deux ouvrages attirent la foule qui chaque soir augmente; elle apprécie la morgue entraînante, mordante, si caractéristique du compositeur viennois, et manifeste sa joie à l'audition de la belle partition de Gluck.

Des éloges sont à adresser à la troupe, à l'orchestre it aux choeurs. Le Cercle artistique donna une belle sorée de l'Ami des Femmes, d'A. Dumas, avec MM. Le Bargy et Mlle Jane Lion, qui furent très applaudis. Le Théâtre Royal fît d'excellentes reprises de la Tosca, interprétée par MM. Ovido, Villette et Mme Doriane, de Manon et d'Hèrodiade. La matinée de la Saint-Nicolas fut consacrée à la Poupée. Enfin, le Kerkmanstrienden donna un gala de Carmen, avec campagnola ; l'oeuvre de Bizet et ses interprètes furent également applaudis.

A la Société des Nouveaux Concerts, sous la direction de Peter Baabe, chef d'orchestre à la Cour de Weimar, on donna plusieurs concerts au programme desquels figuraient Brahms, Wagner, Weber, Richard Strauss, et deux lieds chantés par Mlle Edith Walker. Ce programme eut la faveur du public, qui fit une ovation aux artistes et à M. Peter Raabe. A la Société d'Harmonie, deux concerts de musique sacrée attirèrent beaucoup d'étrangers. Les oeuvres de Bach, Beethoven, Haendel, Brahms et d'autres grandes oeuvres classiques furent tour à tour exécutées par les choeurs, sous l'habile direction de M. Louis Outrop.

MM. Stellfeld, Outrop et Boelaerte peuvent se féliciter de leur fondation.

Pour terminer, disons qu'un concert de musique Tchèque, avec le concours de Mlle Béatrice Kacérovaka, de Prague, sous la direction de M. Ed. Keurvels, eut lieu au Jardin zoologique, et disons aussi que le programme ne manquait pas d'intérêt. G. F.

Berlin. — Hoffmannsthal vient de remporter un gros succès avec Jedermann, que Reinhardt a représenté au cirque Schumann. Quoique Jedermann ne soit qu'un mystère symbolique du Moyen-Age, habilement remanié, le mérite d'Hoffmannsthal n'en est pas moins grand d'avoir su justement rendre intéressante l'histoire d'un mauvais riche, sauvé de la damnation éternelle par son repentir. Hans Sachs avait déjà lui-même utilisé cette vieille légende pour sa comédie du Mauvais Riche. Hoffmannsthal n'a rien enlevé au sujet de sa simplicité, mais nous l'a présenté sous une forme très poétique, où je ne trouve de défaut que dans l'épisode un peu grotesque du diable qui vient réclamer Jedermann.

Tout l'art de mise en scène, que Reinhardt possède au plus haut degré, n'était pas de trop pour bien mettre en valeur cette oeuvre dans un cirque où, d'ailleurs, elle produisit le meilleur effet. M. Moissi, un peu jeune dans le rôle de Jedermann, fut ovationné ainsi que Reinhardt, Hoffmannsthal et divers autres interprêtes.

L'événement de la saison musicale, en ce qui concerne les concerts, est l'entreprise de Marix Loevenshon, le réputé violoncelliste qui, excellemment secondé par la parfaite pianiste Flora Joutard-Loevensohn, MM. van Laar, Kutochka et Koessler, vont nous révéler, en vingt-quatre concerts, les oeuvres de musique de chambre peu connues. Je reviendrai longuement, plus tard, sur cette intéressante entreprise ; mais avant, je tiens également à signaler le récital de musique française, donné par le pianiste Ricardo Vines, qui commence a acquérir ici le renom dont il jouit depuis longtemps en France.

EMILE HEINTZ.

Bruxelles. — Si Déjanire, comme il l'a formellement annoncé, doit être la dernière oeuvre du maître Saint-Saëne, on conviendra que c'est là un merveilleux chant du cygne. Trop fier de son art pour sacrifier aux écarts d'une école qui, sous prétexte d'expression dramatique, traite l'idée mélodique avec un dédain qu substitue les sons à la musique, l'auteur de Samson et Dalila semble s'être ressouvenu qu'il était d'auteur de Phryné,

Non que la partition très pure de ligne — et d'écriture, comme on dit à présent — que le théâtre de la Monnaie nous révélait, ces jours derniers, d'apparence un délicieux opéra-comique dont l'illustre ccmpositeur récréa, sans doute, sa fantaisie. Mais la souplesse attachante des thèmes, la caresse qu'ils multiplient pour l'oreille ont un charme que des opéras plus graves ne peuvent répandre avec une telle prodigalité.

Il faut dire que l'interprétation, à la Monnaie, concourt à parfaire cette impression; Mme Claire Friché y contribue par la nature même, si expressive, si diverse si chantante et si dramatique, à la fois, de son beau

talent.

Puis il y a Mlle Heldy, que sa grâce faite de fraîcheu et de jeunesse, et je parle ici autant de la chanteus que de la femme, prédestinait, semble-t-il, au rôl entre tous joli d'Iole.

Quant à Mlle Degeorges, elle dépense tout son rich tempérament d'artiste dans le personnage sybillin de l

sorcière

sorcière.

Du côté des chanteurs, la distribution n'est pas moir heureuse ; et M. Darmel, dont la voix vaillante ne jamais mise à plus redoutable épreuve ; et M. Ghasm dont rarement on put apprécier mieux la noble ten vocale, ont été, certes, pour quelque chose dans le su ces chaleureux qui, dès le premier soir, fit des fins d'act de Déjanire une suite ininterrompue de bravos.

L'orchestre — et l'on sait l'importance de la par instrumentale dans les oeuvres complexes de M. Cami Saint-Saëns — contribua, lui aussi, sous l'éclectio impulsion de M. Otto Lohse, à faire plus chaude, mosphère d'une triomphale soirée.

Au Parc, où le Scandale, de M.Henry Bataille, a téralement « emballé » le public — nous reviendron huitaine sur la pièce et ses interprètes — au Parc venaient de passer, fêtés, acclamés, comme ils ont c tume de l'être, MM. Le Bargy et de Féraudy, et la to élégante Mlle Cécile Sorel, qui, dans Poliche, fit tour toutes les têtes ; Mlle Piérat a paru dans le Goût du V pour le ravissement de salles par deux fois combles

Nous ne connaissions pas encore cette adorable médienne, à la personnalité si fine et si séduisa L' accueil qui lui fut réservé l'incitera, espérons-' reprendre bientôt le rapide pour Bruxelles.

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LE MONDE ARTISTE

Le Théâtre des Galeries joue le Feu de la Saint-Jean, une pièce inédite de MM. Fonson et Wicheler, les fortunés auteurs du Mariage de Mademoiselle Beulemans.

Le succès de cette comédie ne pouvait être douteux, les qualités d'observation de deux hommes de théâtre s'y greffant d'une interprétation parfaite, que rehaussent l'originalité savoureuse de M, Jacques et l'intelligence scénique de Mlle Delmar.

TOUR DU MONDE THEATRAL

Athènes. — La Rampe et la Sacrifiée viennent d'être données à Athènes par Mme Suzanne Desprès, C'est la

première fois que la charmante artiste jouait dans notre ville, elle y fut très applaudie dans la Rampe et triompha dans la Sacrifiée.

Boston. —La première représentation de Chantecler, traduit en anglais par M. Louis N. Parker, a eu lieu au Schubert-Theatre. Mme Maude Adams faisait le coq ; singulière idée pour une femme de jouer un rôle essentiellement masculin. M. Georges-Henri Trader fut très applaudi dans le rôle du chien.

Bruxelles. — On va ouvrir dans notre ville, au Palais des Arts, un Théâtre-National. On y donnera des oeuvres de nos auteurs nationaux, et aussi les plus renommées

renommées France et de l'étranger. Le mot national est peut-être modeste? — La représentation d' Hérodiade, donnée mardi pour la Société du progrès de Saint-Gilles, fait salle comble. Très belle interprétation. M. Zocchi (Jean), M. Bouillez (Hérode), M. Grommen (Phanuël), et Mlle Béral (Salomé) furent excellents. Mme Friche fut une Hérodiade vaillante et magnifique. —M. Richard Strauss est venu rendre visite aux directeurs de la Monnaie, à qui il a renouvelé ses remerciements pour la façon dont ils ont monté ses ouvrages. Il a été question, au cours de l'entrevue, d'un festival Strauss à organiser l'an prochain sous la direction du compositeur.

Budapesth. — On annonce l'inauguration du nouvel Opéra populaire, pour prochainement. Il entrera en

lutte avec l'Opéra-Royal. Son directeur est M. Désiré Marcus. La salle peut abriter 3.200 personnes. Le pris des places est beaucoup moindre qu'à l'Opéra-Royal. L'orchestre comprendra 70 musiciens et aura pour chefs MM. Grosskopf, Fezler et Berner. L'ensemble des artistes et des choeurs s'élèvent à 200 personnes. On y jouera d'abord Quo Vadis ? Mignon, la Flûte enchantée, etc.

Erfurt. — On vient de représenter les Castillans, opéra nouveau, dont le livret est de M. William Schirmer, d'après le Juge de Zamalea, de Calderou, et la musique de M. Théodore Erler. Cette oeuvre a été très bien accueillie par le public.

THEATRE DE L'ATHENEE

Décor de l'Amour en cage, comédie en trois actes, de M.M. André de Lorde, Funck Bren'ano, Jean Marsèle

et dont la charmante musique de scène est de M. Emile Bonnamy.

Cette jolie pièce avance allègrement vers la centième, au théâtre de l'Athénée.

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LE MONDE ARTISTE

Genève. — A l'encontre de Tiefland, la Divorcée a remporté un très beau succès, grâce à sa bonne interprétation. Mlles Damour et Richard sont d'excellentes chanteuses.

Leipzig. — Les autorités ont défendu l'usage des lustres recouverts d'une housse, que le public de notre ville était habitué à voir employer souvent durant ces spectacles d'opéras, se développant dans l'obscurité comme il est d'usage.

Lisbonne. — C'est mardi qu'a eu lieu, au théâtre de la République, la première représentation de Postes et Télégraphes, avec MM. Edouard Brazao, Auguste Rosa, etc.; Mme Adelina Abranchas et les artistes de la troupe.

Londres. — Beaucoup d'artistes demandent l'institution d'un musée où l'on recueillerait tout ce qui peut servir à l'histoire du théâtre anglais. Il existe déjà de très belles et importantes collections de ce genre, mais elles sont dispersées dans les grands musées.

Mirandole. — On donnait la Wally de Catalani. Le spectacle se développait devant les banquettes vides. Le directeur, se voyant en mauvaise posture, s'en prit' à la fin à une clause du contrat des artistes, en invoquant la rupture en cas de guerre. Il déclara que l'Italie, précisément, était en guerre et ferma son théâtre sans payer tous les gages de ses interprètes.

Milan. — Le Haschisch, dont le public a eu la primeur au théâtre Fossati, est une opérette qui reçoit de grands éloges. M. Alberto Oalantuoni est l'auteur du livret et la musique est due à la collaboration de M. Delli-Ponti et de Mme Gregori.

Naples. — On a inauguré un nouveau Théâtre à l'entrée de la voie Pietro Colleta dans la nouvelle zone du Risansenta, où on a découvert autrefois un mur grec antique. A la compagnie Scarpetta d'agir !...

Rostock. — Il vient de sa représenter la Rose Noire pour la première fois. C'est une légende en deux tableaux avec musique de M. Eugène Volbroth.

NOTES ET INFORMATIONS

LES SPECTACLES DE PARIS.

Rien n'est plus difficile à détruire que les légendes, surtout lorsque les intérêts particuliers s'évertuent à les maintenir et à les propager.Celle des « théâtres mal placés » est du nombre. Quand une salle de spectacle n'est

pas située sur la ligne des boulevards, il est entendu que si ses recettes sont faibles, c'est le mauvais emplacement du théâtre qui en est seul la cause. Essayer de déraciner cette croyance est inutile. Jamais auteurs ni directeurs ne consentiront à reconnaître que leur pièce n'attire pas le public. Et cependant, que de preuves abondent pour démontrer le contraire. Mal placés, les Bouffes font des salles combles avec l'Enfant Prodigue, Miss Helyelt, la Mascotte, Xantho, la Revue des X ; le Palais-Royal, avec Divorçons, le Fil à la Patte, le Petit Café ; les Menus-Plaisirs, quand ils deviennent « Théâtre libre », quand ils se transforment en « Théâtre Antoine », ou quand on y joue Sherlock Holmes ;

l'Athénée, quand on y donne Madame Flirt, Coeur de Moineau, l'Enfant du Miracle, le Chant du Cygne, l'Amour en cage ; la Gaîté-Lyrique, avec « Isadora Duncan », Quo Vadis ? Robert le Diable, Hérodiade, Don Quichotte ; Trianon- Lyrique, qui connaît les mauvais jours sous le titre de « Théâtre Victor-Hugo », et qui prospère en changeant de genre et de direction ; le Théâtre des Arts, qui attire tout Paris avec le Grand Soir ; le Théâtre Molière, qui connaît les joies du maximum avec l'Instinct, les Plumes du Geai, etc., etc.

Non! il n'y a pas de théâtres mal placés. Quand on donne n'importe où une pièce « public », le public y court, où que cela soit. Mais on peut dire qu'il y a des théâtres mieux placés, ce sont ceux qui bénéficient du passage des flâneurs. Mais jamais, auteurs, ni directeurs, ne voudront admettre, ni même comprendre, la subtilité du « distinguo».

UNE SAISON ITALIENNE A PARIS. Complétons et mettons au point l'information que nous donnions, il y a quelque

temps, d'une saison italienne à Paris. Le maëstro Seraflni s'est rencontré à Paris avec M. Raoul Gunsbourg pour s'entendre avec lui au sujet de représentions d'opéra italien qui se donneraient au mois de mai prochain. Entre autres nouveautés, on jouerait Mefistofele de Boïto qui n'a jamais été exécuté à Paris, et la Jeune fille de l'Ouest de Puccini. On donnerait également quelques soirées de Rigoletlo.

LE TORCHON BRULE.

Il y a du bruit dans le Landerneau des concerts symphoniques. Un de nos plus

talentueux musiciens, un jeune chef d'orchestre remarquable, se serait — paraît-il — fâché tout rouge, la semaine dernière, au cours de la répétition d'un grand ouvrage du répertoire wagnérien. Désespérant d'obtenir les nuances qu'il exigeait de sa phalange orchestrale, il aurait jeté là son bâton et laissé échapper des mots, sinon définitifs, du moins sévères. Les choses se seraient apaisées ensuite et des excuses auraient été... échangées. Mais le calme pourrait bien n'être que de surface et chacun tient sa poudre sèche.

POÈTE ET DÉPUTÉ.

Jean Richepin pose sa candidature aux prochaines élections législatives. Voilà une

nouvelle qui ne laissera personne indifférent et qui va susciter, à bon droit, l'enthousiasme d'un grand nombre. Poète et député! A première vue, cependant, ces deux mots jurent de se trouver assemblés. La politique n'évoque guère, chez nous, des images poétiques. El pourlant! Pourquoi pas? après tout. Lamartine et Hugo ont bien été, l'un, sénateur, l'autre, représentant du peuple. Pourquoi notre cher Jean Richepin ne serait-il pas député? Sa voix, sa belle voix sonore fera retentir la tribune de nobles accents. Les sujets de discours ne lui feront pas défaut, non plus que l'expression imagée

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LE MONDE ARTISTE

des idées nobles et généreuses, et du moins se trouvera-t-il quelqu'un pour prendre, avec compétence, la défense de nos trésors artistiques et littéraires qui font, eux aussi, partie du patrimoine social. Et puis, si, comme disait Marignan dans la Cigale, « il est bon de mettre un peu d'esprit dans la peinture », il sera bon également de remettre un peu de syntaxe dans l'éloquence parlementaire. Le comte Albert de Mun a fait sa rentrée hier à la tribune. Jean Richepin y montera demain. On va donc recommencer à parler français au PalaisBourbon.

Mais qu'est-ce que vont dire de cela les sténographes. Ils n'ont plus l'habitude! Il faudra leur adjoindre un interprète.

BILLET DE LA SEMAINE

A M. FORMIGÉ. Vos amis, Monsieur, professent pour votre personne des sentiments sincèrement

affectueux, ceux qui connaissent vos oeuvres architecturales les admirent. Vous êtes donc tout à la fois un brave homme et un artiste. Et, pourtant, vous vous préparez à faire une chose vilaine et une vilaine chose. Vous allez, nous racontent les feuilles publiques, construire, dans les jardins du Champ; de-Mars que la Ville de Paris vous a confié la mission d'« embellir », un Guignol modèle pour les enfants, un petit théâtre machiné comme les grands, avec dessus, dessous, coulisses, trappes, jeu d'orgue, gril, etc., etc. Et tout le monde de s'extasier et de chanter vos louanges ! Tout le monde, hormis moi, cependant, car je songe au mal que vous allez faire. Ce que vous projetez là est simpement monstrueux. Vous allez détruire, ou du du moins déflorer, ce qu'il y a de plus pur chez les tout petits : la naïveté, la simplicité de coeur et de pensées. Vous allez contribuer à en faire des blasés, avant même qu'ils aient goûté aux plaisirs. Si leurs yeux s'accoutument, dès qu'ils sont ouverts, aux émerveillements de la mise en scène, qu'exigeront-ils donc, ces pauvres petits goussepins, quand ils auront quarante ans, et quelles tortures préparez-vous ainsi aux dramaturges de 1950. C'est de l'excès de la mise en scène, de la surabondance de luxe criard, du cabotinage, en un mot, que languit notre théâtre contemporain. On ne sait plus écouter : on regarde. Un seul théâtre demeurait intact, primitif, hiératique, théâtre de pensées abstraites et simples, sans vains ornements, sans fla-flas, sans chichis : Guignol ! Guignol qui rossait le commissaire, s'enivrait comme un portefaix et battait sa femme, dur comme plâtre, jusqu'au moment où la justice immanente le saisissait et le suspendait au bout d'une bonne corde « jusqu'à ce que mort s'en suive ». Et voilà que vous allez, avec vos décors et votre machinerie, détruire tout cela ! Il va falloir des pièces, de vraies pièces, entre vos. portants, avec des scènes habilement « filées » et des répliques spirituelles !

C'est la fin de tout. Pauvres bébés ! Ils avaient déjà le jouet, l'affreux jouet scientifique; voilà que vous allez compléter leur déformation intellectuelle par le Guignol modern style. Oh ! Monsieur, s'il en est temps encore, grâce pour eux ! Rendez-leur le bon Guignol de toujours, avec ses marionnettes grossièrement équarries, ses décors brutalement enluminés. L'âme des enfants renferme assez de poésie pour embellir les spectacles les plus naïfs. N'en faites pas d' horribles petits esthètes. Ils ont bien le temps de le devenir. Rendez-leur le vieux et charmant théâtre, avec son rebord de scène sur lequel, paresseusement pelotonné comme une boule de velours noir, le chat fait semblant de dormir en entr'ouvrant à demi ses yeux d'émeraude, semblable à quelque gardien d'enfer chargé de veiller sur d'énigmatiques trésors.

M. L.

UNDESTRABLES !

On ne plaisante pas aux Etals-Unis avec le « Matrimonium ». Le grand Gorki en a

fait l'expérience personnelle. Se rendant en Amérique avec une jeune femme de ses amies, l'éditeur Alphonse Hearing avait fait inscrire les deux passagers sous le nom de M. et Mme Gorki. Mais l'inspecteur d'émigration eut des soupçons sur la légitimité de leur union et les fit débarquer à l'île Ellis, dit « le Purgatoire des gens suspects », où ils furent mis en observation. Gorki confessa que la jeune femme n'était pas son épouse, et qu'elle s'appelait Amalia Apanzo. On leur posa aussitôt ce dilemne : ou s'épouser sur l'heure, ou reprendre le chemin de l'Europe. Gorki et sa compagne choisirent la première solution et, moyennant deux dollars, un prêtre vint bénir leur union. Une heure plus tard, ils faisaient leur entrée à New-York. Et comme on demandait à l'inspecteur de l'émigration sur quoi il avait étayé ses soupçons, cet homme rusé et profond psychologue répondit : « un mari n'est jamais aussi galant que l'était cet individu avec sa prétendue femme. »

Sans commentaires.

LA REVUOMANIE.

La première fois qu'en Italie on parla d'une revue, les dilettantes haussèrent les

épaules et repondirent que « cela était bon pour les Parisiens ». Aujourd'hui, tout est changé. Non seulement on joue des revues au delà des Alpes, mais elles partent en tournée à travers les théâtres de la péninsule. A Naples, on donne avec un succès colossal une revue d'actualité de MM. Gentili et Bizzo. Titre : La Tripolineide. A Rome, M. Renato Simoni va en faire représenter une. L'auteur a pris pour « tête de Turc », c'est le cas de le dire, M. Giolitti. Il a formé une troupe importante, à la tête de laquelle brille comme étoile, Mme Aurelia Soarez, Cette compagnie se compose de trois prima dona, quatre bouffes, trois ténors, quatre barytons; sans compter les choeurs et le ballet. La musique est construite sur les thèmes des chansons populaires. La revue, après avoir été donnée à Rome, ira toute montée à Venise, à Turin, à Gênes et à Milan. Décidément, c'est une maladie universelle.

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LE MONDE ARTISTE

ON DEMANDE UN INDEX.

Mme Reginald Waldorf, de Philadelphie, jeune veuve, excellente pianiste, s'est blessée

à l'index de la main droite, et ne peut plus exercer son art. Elle publie dans le New-York Herald une annonce pour demander un index à vendre, afin de remplacer, grâce au procédé chirurgical de la greffe animale, celui qu'elle est entrain de perdre.Voici les indications précises : longueur 7 cent. 1/2, circonférence à la première articulation 5 centimètres, à la dernière 4 centimètres. Avis aux amateurs. Mesdames, faites-vous inscrire.

QUELQUES RÉPONSES

On a interrogé plusieurs artistes italiennes pour connaître leurs sensations

en présence de la Mer. voici leurs réponses :

Mme Emma Grammatica : « — J'adore la Mer. Elle exerce sur moi la fascination la plus grande; profonde, mystérieuse, gigantesque, elle me donne toutes les sensations, de l'émerveillement à l'assoupissement de l'âme. J'adore la Mer et ne sais dire autre chose. »

Mme Olga Novelli-Giannini : « — Devant cette immense étendue, l'infini de cette eau sans bornes, l'âme devient meilleure, plus sensible au bien ; l'esprit s'élève au-dessus des choses humaines et se tourne avec plus de ferveur vers Dieu. »

Mme Emma Vecla : « — Dans la Mer, mon âme se reflète toute ; en présence de la Mer, elle vibre davantage; tous mes sentiments tour à tour joyeux ou tristes s'identifient avec toutes mes émotions! »

Mme Elodia Maresca : « — J'aime la Mer autant que la vie humaine, et son langage mystérieux me donne la suggestion de l'infini. Quand elle vous a entouré du charme de son oncle, son souvenir ne vous quitte plus. »

A rapprocher de ces appréciations éperdument lyriques celle infiniment plus concise et non moins éloquentede notre vaillant guerrier : — « Que d'eau! que d'eau !.»

Et il ne s'agissait pourtant que d'une simple inondation !

POURQUOI PAS?

Un de nos confrères expliquant la construction du Nouveau Guignol que M. Formige,

Formige, savant architecte de la Ville de Paris, érige dans les nouveaux jardins du Champ-de-Mars, s'extasie sur la machinerie perfectionnée de ce théâtre minuscule qui en remontrera, paraît-il, à l'Opéra et au Châtelet. L'auteur de l'article expose cette idée que les drames qui seront représentés sur ce " plateau « ne changeront guère, «à moins dit-il que nos auteurs ne soient un jour tentés, comme le fut à Nohant George Sand, de travailler eux aussi pour les marionnettes et les enfants. »

Pourquoi pas, après tout ? Ne nous souvenonsnous plus du délicieux théâtre de Marionnettes de Signoret, galerie Vivienne? Les pièces étaient de Maurice Bouchor, et les acteurs en bois récitaient des vers magnifiques et d'une pureté d'art exquise par les voix alternées de Jean Richepin et de Raoul Ponchon.

L'exemple vient de haut. On peut le suivre sans déchoir. Seulement, voilà, il faut beaucoup de talent!

- UN FIASCO DE GOLDONI. Le célèbre auteur Goldoni jouissait, en Italie, d'une célébrité extraordinaire.

Quand il arrivait de voyage, les douaniers le reconnaissant, mettaient un genou en terre devant lui et lui délivraient ses bagages sans examen. A Rome, où il était l'hôte du père Poloni, le bon abbé professait à son égard un tel enthousiasme, qu'il lui préparait, de ses propres mains, des plats particuliers qu'il tenait à honneur de lui servir lui-même. Parmi les amis que fréquentaient la Dateria dont le père Poloni était haut fonctionnaire, se trouvait un couple d'amoureux constamment en dispute jalouse. Goldoni s'en servit comme modèle pour sa comédie Gli innamorati (Les deux Amants). Le père Goldoni figurait aussi dans la pièce, sous l'aspect d'un fou glorieux, couvert de dettes, au coeur excellent mais plein de défiance bourgeoise.

Malgré cette popularité, il arriva cependant à l'illustre dramaturge une aventure assez piquante.

Dans les Etats pontificaux, il était interdit aux femmes de paraître en scène. Aussi Goldoni fut-il obligé de faire jouer pas des hommes sa comédie, la Veuve d'esprit. Donna Placida et Donna Luigia étaient, l'une un perruquier, l'autre un garçon menuisier. Celui-ci fut si détestable dans son rôle, que le public de la Tordinona, composé de bateliers et de charbonniers, fit baisser le rideau et demanda impérieusement qu'on lui donnât en échange Polichinelle.

COURRIER DE LA SEMAINE

I. LA SEMAINE PASSÉE.

A l'Opéra, lundi dernier, Mlle Bréval chanta la Walkyrie, qui lui valut son accoutumé succès.

M. Massenet, en compagnie de MM. Messager

Messager Boussan, a, mercredi dernier, examine les maquettes des décors de Roma, signés Rochette et Landrin, Bailly et Simas.

Ces projets de décors ont été approuvés par le Maître.

Mlle Hemmler, lauréate d'opéra aux derniers concours du Conservatoire, débute ce soir dans le rôle de Marguerite de Faust.

A la Comédie-Française, la commission de lecture s'est réunie pour entendre d'abord les Ailes closes, pièce en trois actes de M. Robert d'Humières qui ne fut pas reçue, et ensuite, l'Heure du Mari, comédie en deux actes de M. Georges Beer, sociétaire de la Maison, pièce que les membres de l'aéropage désirèrent entendre une seconde fois ; l'auteur accepta la décision de la commission, que composent, on le sait, ses camarades sociétaires, comme lui. A la matinée de jeudi, on donna l' Ecole des Maris ; pour la première fois, dans cet ouvrage, Mme Piérat interpréta Isabelle, Mlle Dussane parut dans le rôle de Lisette ; pour la première fois également, dans cet ouvrage, M. Truffier personnifia Sganarelle, et M. Delaunay, Oreste.

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LE MONDE ARTISTE

— Promenades au Parc.

Cetre semaine fat véritablement, au Théâtre du Parc de Bruxelles, la semaine officieuse de la comédie française et, tour à tour, les Bruxellois applaudirent Mmes Cécile Sorel, Piérat, MM. Le Bargy, de Féraudy et même M. Dessonnes... déjà !

Mlle Géniat, faisant partie du menuet que dansèrent les artistes de la Comédie-Française à la soirée de Massenet à l'Opéra, Mlle Yvonne Ducos joua dans la Brebis perdue, pour la première fois, le rôle de Denise Taskin, créé par Mlle Géniat ; sans faire oublier sa devancière, Mlle Yvonne Ducos montra de réelles qualités toutes personnelles.

A l'Opéra-Comique, la première de Bérénice, tragédie en musique et en trois actes, de M. Albéric Magnard, eut lieu hier vendredi ; notre distingué collaborateur, Edmond Stonllig, vous dira, la semaine prochaine, ce qu'il pense de cet ouvrage ; mais, avant, donnons quelques notes sur M. Albéric Magnard, fils du regretté Francis Magnard qui, au Figaro, succéda à Villemessant.

M. Albérie Magnard, à la fois librettiste et compositeur de Bérénice, a pris soin de dissiper lui-même toute équivoque. Sa Bérénice n'a rien de commun avec le chef-d'oeuvre de Racine, si ce n'est le fond historique du sujer. L'auteur a prévenu ainsi toute accusation d'irrespect à la mémoire du grand poète.

L'oeuvre nouvelle de M. Albérie Magnard est inspirée de la légende égyptienne.

Quand le compositeur apprit qu'il avait existé une autre Bérénice, non moins célèbre que la reine de Judée, une Bérénice égyptienne qui, pour hâter le retour de son mari, parti à la guerre, coupa sa chevelure et l'offrit à Vénus Aphrodite, il attribua sans tarder ce sacrifice à, l'amante de Titus.

M. Albérie Magnard admire beaucoup Wagner, et ne cache pas qu'il s'en est inspiré ; toutefois, il se défend d'être l'esclave d'aucune école.

Bérénice ne comporte que deux grands rôles, Bérénice et Titus, qui seront interprétés par Mlle Mérentié et M. Iwolff.

La tâche de Mlle Mérentié est très lourde, car l'artiste, presque constamment en scène, aura à exprimer les sentiments les plus opposés.

Aux côtés de Mlle Mérentié et de M.Iwolff, Mlle Charbonnel et M. Vieuille créeront deux rôles de moindre importance.

L'oeuvre comporte trois décors très réussie : les jardins de Bérénice, l'intérieur de sa villa et le pont d'un bateau.

La mise en scène est l'oeuvre de M. Albert Carré.

Mme Marguerite Carré fait, ce soir samedi, sa rentrée dans Madame Butterfly.

A l'Odéon, pour les abonnés du samedi, M. Antoine donne aujourd'hui la première représentation des Frères Lambertier. Ajoutons que, cette semaine, eut lieu la 23e et dernière représentation du Bourgeois gentilhomme, avec M. Vilbert en tête de la distribution et la musique de scène de Lulli.

Au Trianon-Lyrique, très activement, on répète toujours l'Auberge rouge, de MM. Jean Nouguès pour la musique et Serge Basset pour le livret, tiré de Balzac. Cet ouvrage accompagnera sur l'affiche le Roi l'a dit, de Léo Delibes.

Au Théâtre Sarah-Bernhardt, notre infatigable grande artiste, Sarah Bernhardt, interprétait jeudi dernier en matinée, pour la première fois, le rôle de Dorine de Tartuffe. Elle y fut très spirituellement amusante, et le public lui fit une très longue ovation, du reste, très méritée.

Au Vaudeville, Sa fille, de MM. Félix Duquesnel et André Barde, a fuit place aux Sauterelles d'Emile Fabre.

Au Gymnase, Mlle Madeleine Lély, par suite d'un engagement antérieur, oblige M. Alphonse Franck à remplacer la pièce de M. Pierre Wolff par Un Bon petit Diable, de Mme Rosemonde Rostand et M. Maurice Rostand, qui, tous les soirs, sera donné la semaine prochaine au Théâtre de Madame.

Le Théâtre Cluny a joyeusement fêté la centième représentation du Canard jaune, de M. Claude Roland.

II. LA SEMAINE PROCHAINE.

A l'Opéra, mardi, aura lieu la soirée de gala en l'honneur de l'Aviation française, au profit de la Caisse de secours de l'aéronautique.

— M. Tita Ruffo, venant de Londres, chantera lundi prochain Rigoletto.

A l'Opéra-Comique, M. Vezzani débute demain, en matinée, dans Robert le Diable. En même temps que se poursuivent dans le foyer les études de la Lépreuse de M. Sylvio Lazzari, qui doit passer après Bérénice, les interprètes désignés travaillent Don Juan, de Mozart, sous la direction de M. Reynaldo Hahn ; pour cette reprise, M. Albert Carré a demandé à M. Paul Ferrier une adaptation nouvelle du livret.

Voici la distribution complète et probablement définitive de l'ouvrage de Mozart :

Mmes Chenal, dona Anna ; G. Vix, Elvire ; Marguerite Carré, Zerline.

MM. J. Périer, don Juan ; Francell, Ottavio ; Vieuille, Leporello; Delvoye, Mazetto ; Paysan, le Commandeur.

Mme Marguerite Carré reprendra Manon la semaine prochaine.

III. DIVERSES NOUVELLES

A l'Opéra, Mlle Jeanne Hatto créera le Cobzar, l'opéra de Mme Ferrari, poème de Mlle Vacaresco et de M. Paul Milliet, avec M. Muratore comme partenaire.

MM. Messager et Broussan feront débuter, en mai, à l'Opéra, un nouveau ténor, dit-on, d'une admirable puissance vocale, M. Mayerski.

Un concours pour une place d'alto vacante à l'orchestre de l'Opéra aura lieu vers la fin du mois de décembre. Les candidats sont priés de se faire inscrire à la régie.

Morceau imposé : Solo de concert de M. Honoré.

Les examens de la danse auront lieu jeudi ; il y a trois places vacantes.

— Aux mardis de Musica.

M. Paul Milliet, auteur si souvent applaudi, a fait à Femina une conférence pleine de charme et d'érudition, sur les airs célèbres de la Musique Italienne.

Spirituelle et anecdotique, la causerie de notre sympathique directeur fut parmi les plus réussies. On applaudit chaleureusement le conférencier qui céda la place aux remarquables artistes ayant bien voulu prêter leur précieux concours à ce beau « mardi ».

Mlle Gabrielle Jaksonn chanta avec une voix mélodieuse un air de la Tosca, de Puccini, et Aubade matinale, de Léoncavallo; Mlle Henriette Marignan, la jeune et charmante cantatrice de la Gaîté-Lyrique, se fit applaudir dans Je pleure et le Mal d'aimer, de Paola Tosti ; M. Robert Lassalle, de l'Opéra, fit apprécier l'étendue et la puissance de sa belle voix dans la Jolie Fille de l'Ouest, le plus récent opéra de Puccini, et Féodora, de Giordano ; M. Maguenaet, de la GaîtéLyrique, chanta avec une ardeur et une sincérité impressionnante le prologue de Paillasse, de Léoncavallo.

Mme Félia Litvinne souleva des applaudissements enthousiastes avec Cavalleria Rasticana, de Mascagni, qu'elle chanta en italien. L'admirable cantatrice donna toute l'ampleur de sa voix sonore et harmonieuse.

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LE MONDE ARTISTE

Mme Guiraudon-Cain obtint un très vif succès dans deux airs de la Vie de Bohème, de Puccini, qu'elle détailla avec une délicatesse et une grâce exquises. _

Enfin, les charmantes danseuse?, Christine Kerf et Térésina Negri, vêtues de pittoresques costumes napolitains, dansèrent avec verve et entrain une très agréable tarentelle.

— Au Théâtre Antoine : Chocolat, qui lui aussi, dans Moïse voulut être... comédien a dû réfléchir à ses débuts et sa rentrée au cirque sera probablement plus sensationnelle que ses essais dans l'art dramatique.

— Les auteurs se défendent.

A la suite de plusieurs interventions de M. Ossov. tsky, représentant, pour l'Argentine, de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques français, auprès de ceux des impresarii de la capitale qui représentent des oeuvres pour lesquelles ils refusent d'acquitter le montant des droits fixés par ladite société, une instance a été introduite contre M. Sierra, directeur du Théâtre-Avenida, qui donnait, depuis vendredi, sans autorisation préalable, les Marionnettes, de Pierre Wolff, ouvrage traduit en espagnol et intitulé les Fantoches.

Le juge fédéral Dr. Claros, secrétariat du Dr. Nazar Anchorena, a rendu hier une ordonnance aux termes de laquelle le chef de police a enjoint, à 7 h. 1/4 du soir, à la direction du Théâtre-Avenida, de cesser lesdites représentations, nonobstant tout recours que de droit de la part de la Société des auteurs et compositeurs français, dont les intérêts sont entre bonnes mains.

Cet arrêt, le premier du genre, inaugure une jurisprudence nouvelle, qui fait honneur au juge rédacteur de l'ordonnance d'interdiction, signifiée au moment où, hier soir, nombre de personnes emplissaient déjà la salle pour applaudir l'ouvrage de M. Pierre Wolff.

Il est bon d'ajouter que le même soir, avaient lieu à Londres la centième et, à New-York, la première des Marionnettes.

— Smyrne. — M. Apostolo Contarato vient d'être nommé concessionnaire du Théâtre Municipal d'Athènes

— Deux morts. — M. Gérault-Richard, député de la Guadeloupe, dont l'état de santé inspirait les plus vives inquiétudes depuis les opérations chirurgicales qu'il'avait subies, vient de s'éteindre à Boulouris, où il avait été transporté. Journalière habile, fin et mordant, il fonda le Chambard en 1893. Puis, après avoir été rédacteur en chef de la Petite République, il avait fondé le journal Messidor et repris, il y a quelques années, Paris-Journal. Il a été incinéré dimanche dernier à Paris.

Le peintre Tony Robert-Fleury est mort la semaine dernière. Né en 1837, il était élève de son père JosephNicolas Robert-Fleury, de Paul Delaroche et de Léon Cogniet. Depuis la mort de Maignan, il avait été nommé président de l'Association des artistes. C'est un peintre d'un esprit délicat et courtois, d'une nature essentiellement distinguée qui s'en va.

L'inhumation a eu lieu au cimetière du Père-Lachaise.

— L'Union syndicale des artistes lyriques, adhérente à la Fédération générale du spectale, a tenu cette semaine un meeting à la Bourse du travail, sous la présidence de M. Dranem. Des orateurs ont demandé : le paiement des matinées qui n'est, paraît-il, effectué qu'à certaines vedettes, et l'établissement d'un contrat légal de travail.

IL ont affirmé que si ces revendications n'étaient pus obtenues, ils provoqueraient une action générale contre les directeurs do concerts, cirques et music-halls.

PIERRE DUCRÉ.

LA VIE LITTERAIRE

Au Fil de la Vie, par la comtesse DE AVILA. Un volume in-16. (Société française d'imprimerie et de librairie (ancienne librairie Lecène, Oudin et Cie), 15, rue de Cluny, Paris.)

Sous une forme concrète, dans un style sobre, avec une précision pleine d'élégance, l'auteur de ce livre a présenté des idées personnelles appuyées sur de larges connaissances philosophiques et des observations journalières aiguës.

Nouvelle venue dans les lettres, S. A. R. l'Infante Eulalia d'Espagne, dont la modestie s'est parée du pseudonyme de comtesse de Avila, ne débute point par des bergeries, des contes à la mode ou des récits passionnés. Douée d'une haute intelligence et d'un esprit ouvert à toutes les manifeslations sociales, elle s'est attachée, en de courts chapitres, à formuler de sérieuses considérations sur les sujets les plus divers relevant des moeurs modernes.

Lisez les pages sur l'éducation de la volonté, l'amitié, le divorce, le socialisme, sur la presse, le jugement et la critique, et vous conviendrez que, parmi les femmes écrivains de ce temps, l'Infante Eulalia, fille de Reine, a, du premier coup, pris une place enviable.

Nous transcrivons quelques lignes de la préface de cet intéressant volume :

«... Spectatrice placée assez près des questions actuelles, pour en connaître tous les points en discussion, et assez loin, toutefois, pour les analyser froidement et les juger sans parti pris, j'apporte un témoignage affranchi de toutes les conventions... »

Il nous faut citer un très intéressant ouvrage : les traductions françaises de M. L. Pennequin : Musique et musiciens, Mme de Streatfeils, et la Musique dans ses rapports avec l'intelligence et les émotions de Sir John Ghainer. Ces deux volumes sont indispensables aux musiciens, et facilitent dans bien des cas la compréhension de l'art musical.

BENOIST DE MAILLET.

Le gérant : A. MARETHEUX.

Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette.

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LE MONDE ARTISTE

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LA VIE FINANCIÈRE

Le marché a continué à faire preuve d'excellentes dispositions, et il a assez bien résisté aux influences quelquefois déprimantes de la plupart des grands marchés étrangers, ceux-ci n'ayant pas constamment envoyé des indications absolument satisfaisantes.

C'est ainsi que, d'Amérique, on a connu ici un article pessimiste du président de la National City Bank dans lequel il déplore la situation actuelle des Etats-Unis, rendue assez grave par l'application rigoureuse de la loi Sherman. De même, à Londres, à l'approche et au lendemain de la liquidation, la cote a fait preuve de quelque lourdeur.

En ce qui touche la politique extérieure, les négociations avec l'Espagne au sujet du Maroc vont à peine commencer. On sait déjà que nous montrons, dans les propositions que nous faisons à l'Espagne, le même esprit de conciliation que nous avions apporté dans les négociations avec l'Allemagne.

Les inquiétudes qu'avait fait naître la question persane ont paru en voie de se dissiper. On a dit que la Perse serait disposée à entrer en négociations amicales avec la Russie, mais elle se montre peu disposée à accepter de soumettre à l'agrément de la Grande-Bretagne et de la Russie la nomination de ses conseillers étrangers.

Quant à la guerre italo-turque, et à la révolution en Chine, il n'y a rien à dire de nouveau, sinon que le gouvernement turc avait engagé des pourparlers en vue d'un emprunt de Bons du Trésor de 30 millions, qui n'ont pas abouti, d'une part, et que, d'autre part, les délégués du gouvernement chinois et ceux des révolutionnaires se réuniraient incessamment.

Ce qui caractérise la Bourse dans la période que nous traversons, c'est tout à la fois le peu d'animation des transactions et la fermeté de la cote. Il y a évidemment moins d'entrain qu'au lendemain de la signature de l'accord et la hausse qui a suivi, sur un certain nombre de valeurs, a suffi pour raréfier les acheteurs.

Par suite, la spéculation, qui recherche toujours des occasions favorables de prendre position, les

trouve plus difficilement : on a assez monté pour que l'on n'achète qu'avec quelque hésitation et pas assez pour que l'on puisse se porter hardiment vendeur à découvert.

D'ailleurs, si l'on spécule, c'est actuellement beaucoup encore entre professionnels, et le comptant n'enregistre que quelques demandes assez languissantes. On ne doit point s'en étonner outre mesure : est-ce qu'il ne se produit, pas toujours, à cette époque de l'année, un certain resserrement monétaire, en même temps que la clientèle s'abstient, désirant laisser passer la fin de l'année avant de conclure de nouvelles affaires ?

Il ne faut pas toutefois se dissimuler qu'il y a au peu d'activité des transactions une autre raison, c'est la situation générale extérieure où tant de questions restent encore à régler, dont le règlement nous touche de plus ou moins près. Il y a là une sorte de malaise qui peut peser assez lourdement sur le marché pendant des semaines encore.

Mais il y a aussi des capitaux très abondants à employer depuis six mois que capitalistes et épargnants sont restés les bras croisés. Déjà, si quelques affaires ont bien fait leur apparition sur le marché, l'on ne peut pas dire qu'elles aient été assez importantes pour diminuer beaucoup ces disponibilités, et c'est sur elles et leur grande abondance qu'il est permis de fonder l'espoir que l'année prochaine pourra être marquée, durant ses premiers mois tout au moins, par une grande activité et des cours soutenus, et sans doute mieux que soutenus.

Il va naturellement de soi que cette activité et cette fermeté du marché sont subordonnées à la solution, d'ici là, des divers problèmes internationaux qui émeuvent encore actuellement l'opinion et retardent l'entrée en scène décisive aussi bien des épargnants que des spéculateurs.

Pour tout ce qui concerne la publicité financière, s'adresser à M. A. SIMONI. directeur de » Finance Gazette », 43, rue Saint-Georges (IX ), qui en assume la responsabilité.


4 LE MONDE ARTISTE

COURRIER DE LA MODE

Les voilages de robes sont des plus pratiques. Ils permettent, à peu de trais, de varier une toilette, et d'utiliser ainsi des robes anciennes un peu démodées ou défraîchies.

Les blouses se portent toujours. Mais il est mieux lorsqu'on commande un costume de faire faire le corsage, pareil à la jupe, ou tout au moins, de la même

nuance, sinon exactement de la même étoffe, ceci poulie cas. surtout où le tissu choisi serait un peu épais comme corsage. Il est bon, en tout cas, d'avoir une chemisette spéciale pour les jours de courses où l'on ne quitté pas son vêtement. Rien ne fane plus un corsage que de le porter souvent sous une jaquette.

Sous les grands chapeaux, toujours si seyants et dont la mode n'est pas près de finir, il est bon d'avoir un regard séduisant. On atteindra ce charme des belles Orientales, grâce a l'emploi de la Sève sourcilière de la

ParfumerieNinon, 31, rue du Quatre-Septembre. Elle brunit les cils et les sourcils, tout en les faisant pousser, allonger et épaissir, et donne par ce fait même aux yeux, une expression vive et accentuée tout à fait séduisante. Prix 5 francs ou 5 fr. 50 franco contre mandatposte."

BERTHE DE PRÉSILLY.

Conseil. — Rien, pour effacer les rides, taches derousseur, ou trace de boutons, ne vaut l'Eau Brise-Exotique qui adoucit la face, et éclaircit le teint en enlevant à l'épiderme toute sécheresse. C'est vraiment l'eau de toilette par excellence. Le flacon de 6 francs revient à 6 fr. 85 pour le recevoir franco contre mandat adressé à la Parfumerie Exotique, 35, rue du Quatre-Septembre.

B. DE P.

Le rayon de FARDS pour la ville et le théâtre le plus grand et le mieux assorti se trouve à la PARFUMERIE DES GALERIES SAINT-MARTIN, 11 et 13, boulevard Saint-Martin, maison unique en son genre à Paris. (Tél. 212-11). Cata. logue franco.

MOUVEMENT ARTISTIQUE

Le compositeur CAMILLE SAINT-SAENS, depuis quelques jours à Marseille, est parti dernièrement par le Maréchal-Bugeaud, se rendant à Alger. M. SaintSaëns sera de retour à Marseille vers le mois d'avril ; il viendra dans notre ville diriger les répétitions de Déjanire, qui sera créée à l'Opéra municipal,

Le célèbre BASSI, si désiré, fit une rentrée triomphale à Chicago avec Lucie, renouvelant l'enthousiasme que le public lui a manifesté dès son apparition en scène. Comme toujours il impressionna vivement tout l'Opéra. Les spectateurs, toujours ravis, sont heureux de revoir leur chanteur de prédilection.

M. VERDIER a chanté Lohengrin au Grand Théâtre de Lyon ; l'excellent artiste a apporté dans la composition du rôle du Chevalier du Cygne toute l'autorité de son grand talent, et en a fait une interprétation remarquable. Son entrée et son air du Graal furent vivement applaudis.

Avec M. CHEREAU, la représentation de Lohengrin fut parfaite, surtout au point de vue de la mise en scène. M. Chereau a étudié tout particulièrement les oeuvres wagnériennes et il applique avec tin sens très artistique la documentation qu'il possède.

Grâce à cet artiste les choeurs, qui sont vocalement excellents, vivent leurs rôles.

Mme MARIETTE MAZARIN fut une excellente Elsa, de voix jolie et possédant un sentiment dramatique intense, une méthode de chant sans défaut. Elle fut longuement applaudie. M. Cossira a quelque peu perdu de son bel organe d'autrefois, mais il est resté chanteur exquis et comédien de haute allure.

M. Rouard (Frédéric), Mlle Juliette Valombré (Ortrude), MM. Imbert (le héraut), M. Paty (le roi Henri) tinrent excellemment leurs rôles.

Quatre artistes figuraient les pages d'Elsa ; ce furent Mlle Dao, une jeune débutante de vois superbe, Mlle David, Mme Causse et Mlle Croufer.

Librairie Henri FALQUE, Éditeur

86, RUE BONAPARTE, PARIS Bibliothèque du Temps Présent

Musique et Musiciens modernes, par R. A. STREAT FIELD. 1 vol. in-8° carré, broché .... 3 fr. 5

La Musique dans ses rapports avec l'intelligenc et les émotions, par John STAINER, de l'Universit d Oxford. 1 brochure in-16 2 fr

PIANOS Steinway et Sons, de New-York.


LE MONDE ARTISTE

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préparé par A. COLUCCI, et avec l'approbation des professeurs de la Faculté de médecine de Rome pour combattre l'anémie et ses conséquences, la chlorose, le nervosisme, l'affaiblissement, et pouvant être administré à des adultes et à des enfants. Le flacon : 3 francs: les quatre flacons : 10 francs.

KNABE-ANGELUS

Ce titre « Le meilleur piano du Monde » n'aurait pas pu être pris par le Knabe si cet instrument n'avait pas possédé toutes les qualités qu'un piano doit posséder pour être apprécié par les artistes et les critiques. Inventé, en 1895, il est universellement reconnu comme un instrument merveilleux. Les claviers comprennent 88 notes.

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AUTOMOBILISME

Une bonne nouvelle pour les automobilistes : la Haynes Automobile Company America s Pioneer Automobile Manufacturers, dont les châssis à moteur sans soupapes sont remarquables au point de vue de la perfection et de la simplicité, au point de vue aussi de la souplesse, du silence et de la régularité, va installer un dépôt à Paris dans le quartier de l'Arc-de-Triomphe.

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Les Huileries de Levallois. depuis leur nouvelle installation dans cet important centre industriel, ont su faire apprécier et primer leur marque ROYAL OIL, huile spécialement préparée pour automobiles et moteurs de toutes marques.

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LA VOIX PARLÉE ET CHANTÉE

Hygiène et maladies du chanteur et de l'orateur,

avec 82 figures dans le texte,

par le Dr GARNAULT.

Paris, A. Maloine et E. Flammarion, éditeurs.

AUTOMOBILES

Machines agricoles industrielles, — Locomobiles Clayton.

Rome. — Foggia. — Milan.


LE MONDE ARTISTE

Ces billets sont valables 20 jours (dimanches et fêtes compris) ; leur validité peut être prolongée une ou deux fois de 10 jours (dimanches et fêtes compris) moyennant le payement pour chaque prolongation, d'un supplément de 10 0/0.

Ils donnent droit à deux arrêts en cours de route, tant à l'aller qu'au retour.

De Paris à Nice : (via. Dijon, Lyon, Marseille, 1re classe : 182 fr. 60. — 2e classe : 131 fr. 50.

A. partir du 4 novembre, la compagnie mettra en marche, aux jours indiqués ci-après, le train Côted'Azur rapide, de jour, desservant le Littoral de la Méditerranée.

Trajet de Paris â Nice en 14 heures.

Ce trains, composé de 1res classes à couloir (sans supplément) de voitures à lits-salon et d'un restaurant, aura l'horaire suivant :

Aller : Départ de Paris : 9 h. matin. Arrivée à Nice : 10 h. 58 soir, à Monte-Carlo : 11 h. 47, à Menton : minuit 01 et à Vintimille : minuit 25.

Du 2 au 30 décembre, tous les jours sauf le dimanche.

Du 1er janvier au 30 avril, tous les jours.

Du 1er au 16 mai, les tandis, mercredis, jeudis et samedis.

Retour : Départ de Vintimille, 6 h, 40 matin, de Menton : 7 h. 05, de Monte-Carlo : 7 h. 24, de Nice ; 8 h. 05 matin. Arrivée à Paris : 10h. 15 soir.

Du 1er janvier au 30 avril, tous les jours.

Du 1er au 18 mai, les lundis, mardis, jeudis et samedis.

Nota — A l'aller, ce train ne prendra à Paris que les voyageurs pour Marseille et au-delà ; au retour, jusqu'à Marseille inclus, et exceptionnellement, aux autres points d'arrêt, que les voyageurs pour Paris. Nombre de places limité ; on pourra les retenir d'avance moyennant une taxe de 2 fr. par places.

CHEMINS DE FER DE L'ÉTAT

COUPÉS ET OMNIBUS AUTOMOBILES

L'Administration des Chemins de fer de l'Etat met à la disposition des voyageurs des Coupés et Omnibus automobiles très confortables (coupés

à 2 ou 4 places, omnibus à 6 places) pour les prendre ou les conduire à domicile dans Paris et la Banlieue.

Ces voitures automobiles circulent dans Paris et la Banlieue, de jour comme de nuit, au tarif ciaprès (bagage compris) :

Coupés à 2 ou 4 places.

3 fr. pour la prise en charge et le premier kilomètre; 0 fr. 10 par fraction de 200 mètres en sus. Poids maximun des bagages : 200 kilos.

Omnibus à 6 places.

5 fr. pour la prise en charge et le premier kilomètre; 0 fr. 19 par fraction de 100 mètres en sus. Poids maximum des bagages : 300 kilos. MM. les voyageurs remarqueront que, pour les

courses effectuées en Banlieue, il n'est perçu aucun supplément pour passage des fortifications et aucune indemnité de retour.

Les commandes sont reçues : 86, rue de Rome et dans les gares de Paris (Saint-Lazare, Montparnasse et Invalides). Elles doivent être faites au minimum 48 heures à l'avance.

Chemins de fer de l'Est et du Nord. SPORTS D'HIVER EN SUISSE

Pendant la saison d'hiver du 9 décembre 1911 au 9 mars 1912, le train de luxe « Engadine Express » circulera tous les jours entre Calais (Londres), Paris et Coire, avec correspondances immédiates sur les stations de sport et de cure d'altitude de la Haute-Engadine,

Départ de Londres à 11 h. matin, de Calais à 3 h. soir, de Paris à 7 h. 47 soir: arrivée à Coire le lendemain à 9 h. 25 matin, à Thusis à 10 h. 28, à Pontresina à midi 30 et à Saint-Moritz à midi 25.

Départ de Saint-Moritz à 4 h. 30, de Pontresina à 4 h. 23, de Thusis à 6 h. 31, de Coire à 7 h. 30 soir; arrivée le lendemain à Paris à 8 h. 36 matin, à Calais à 1 h. 16 soir et à Londres à 3 h. 10 soir.