Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 16 sur 16

Nombre de pages: 16

Notice complète:

Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1904-07-24

Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication

Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 19764

Description : 24 juillet 1904

Description : 1904/07/24 (A44,N30).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5454416t

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 03/12/2008

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


MONDE ARTISTE

illustré

MUSIQUE — THÉATRE — BEAUX-ARTS

DIPLOME D'HONNEUR Innsbruck, 1896

MÉDAILLES D'ARGENT

Paris, 1896 — Bruxelles, 1897

MÉDAILLE DE BRONZE

Paris 1900

DIRECTEUR : PAUL MILLIET BUREAUX : I, Rue Rossini, I, Paris.

Les abonnements sont reçus en outre à la Librairie Nouvelle, 11, boulevard des Italiens.

PUBLICATION HEBDOMADAIRE

44e Année N° 30

Dimanche 24 Juillet 1904

Sommaire

Salomé par PAUL MILLIET Conservatoire par EDMOND STOULLIG

Échos mondains par NELLY ROZIER

Lettres et Beaux-Arts

Province et Étranger

NOTES ET INFORMATIONS

Bulletin bibliographique par MEMENTO

Courrier de la semaine par PAUL MILCOUR

Nécrologie

Courrier de la Mode BERTHE DE PRÉSILLY

Abonnements

UN AN SIX MOIS

Paris 20 fr. 12 fr.

Départements 24 » 14 » Étranger.... 27 » 17 »

Les Abonnements d'un an sont intégralement remboursés en Morceaux de Musique (piano ou chant) à choisir dans le Catalogue adressé franco à toute personne qui en fera la demande.

Le Numéro 50 Centimes


466

LE MONDE ARTISTE

MOUVEMENT ARTISTIQUE

M. LÉON BEYLE, le remarquable ténor de l'Opéra-Cornique, vient encore de remporter un nouveau succès dans la reprise d'Alceste. Cet excellent artiste engagé au Casino de Trouville, ira également au Cercle d'Aix-les-Bains créer La fille de Roland, qui lui a valu cette saison un immense triomphe.

M. DANGÈS, le très distingué baryton, est engagé pour la saison estivale au Cercle d'Aix-les-Bains. Il s'y fera applaudir dans le grand répertoire.

M. PIERRE RIVIÈRE, l'exquis ténor, vient de chanter avec un très beau succès le rôle de Des Grieux, dans une représentation exceptionnelle donnée au théâtre de Troyes. Dans la scène de Saint-Sulpice notamment, il s'est fait acclamer.

HENRIOT, 1er ténor, 21, rue St-Ferdinand, Paris (Disponible)

Mme L. PLANÈS, 100, boulevard Sébastopol.

COURS ET LEÇONS Chant.

M. COSSIRA ET JAHN, de l'Opéra-Comique, cours de chant pour la pose de la voix, déclamation et mise en scène, 17, rue Pigalle, à la salle Lemoine.

Mlle BLANCHE DELILIA, 45 rue Chazelles (parc Monceau). Cours de chant et de diction lyrique.— Physiologie vocale.

Mme DELAQUERRIÈRE DE MIRAMONT, 64, rue de la Rochefoucauld.

Mlle DUCASSE, 13 bis, rue d'Aumale.

Mme COLONNE, 10, rue Montchanin.

DUCHESNE, 80, boulevard Bineau, à Neuilly.

A. BEER, 28, rue Duperré.

Mme MARIE ROZE, de l'Opéra de Paris et des Théâtres de Sa Majesty et Covent-Garden de Londres, 37, rue Joubert.

Mlle GERFAUT, de l'Odéon. Diction, déclamation lyrique, préparation au Conservatoire, Comédie de salon, Conversation française à l'usage des étrangers. — 22, rue Montaigne.

Mme PIERRE PETIT, professeur de chant par l'exemple, 14, rue Laferrière.

Cours de croquis et d'académie sous la direction de Mme Edmée Leclerc avec le concours de MM. William Barbottin et Lucien Robert. Lundi et jeudi de 2 à 5 heures, 5, rue Chaptal.

Mme COGNAULT SANGOUARD, 44, rue Condorcet. — Cours de chant et leçons particulières.

Mme PIERRON ET M. BOURGEOIS. — Cours d'opéra-comique et de déclamation lyrique au Théâtre des Mathurins

Mlle MARIE BERNADOU, 35, rue de Passy. Leçons et soirées. Piano, harpe et mandoline.

Déclamation.

Mmc VICTOR ROGER, cours de déclamation et diction. Leçons

particulières, 5, rue Richepanse. J.-A. DAVRIGNY, 76, rue de Passy. ALBERT LAMBERT, 48, rue Monsieur-le-Prince. A. CÉALIS, 3, rue Corneille. EUGÈNE LARCHER, 26, rue d'Aumale. MARIE LAURENT, 17, rue Charles-Laffitte, à Neuilly. Piano. — Harpe.

Mme FERRARI (COLOMBARI DE MONTÈGRE), 63, avenue

Kléber. PIFFARETTI, 133, boulevard Pereire. ANDRÉ WORMSER, 83, rue Demours. BREITNER, 5, rue Daubigny. DE CRISTOFARO, 3, rue de Valenciennes. Mme C. TARDIEU-LUIGINI, professeur de harpe, 46, rue de

La Bruyère.

Mlle ALICE VOIS, 35, rue de Saint-Pétersbourg, professeur de piano et accompagnement.

Langues étrangères.

M. LEVI, 40, rue Saint-Georges (Italien).

Mme TREBITSCH, 8, rue Taylor (anglais et allemand),

MAISONS RECOMMANDÉES

J. BACQUE, chirurgien-dentiste, 38, rue de l'Annonciation NADAR, photographe, 51, rue d'Anjou.

PIERRE PETIT, photographie artistique, 122, rue Lafayette, Mme GARIN, fleurs, abats-jour, 8, rue de Provence. Mme veuve COSTALLAT, éditeur de musique. CAUTIN et BERGER, photographes, rue Oaumartin. CESARE TRIONFO, Agence théâtrale, Tunis. RANC, tailleur, 21, rue Pétrarque (16e.)


LE MONDE ARTISTE

44e ANNÉE N° 30

DIRECTEUR : PAUL MILLIET

Dimanche 24 Juillet 1904

SALOMÉ

[La Salomé qui triomphe au Covent-Garden de Londres actuellement, n'est autre que l'Hérodiade, musique de Massenet, poème de Paul Milliet. Afin de pouvoir être présentée au public anglais, la belle oeuvre frappée jusqu'ici d'ostracisme au-delà de la Manche, sous prétexte que nul personnage biblique ne saurait paraître en scène, a subi d'importants remaniements. Hérodiade est devenue Salomé ; le lieu de l'action a été transporté en Ethiopie où, selon l'histoire, trois siècles après JésusChrist, vivait une reine du nom d'Esato, semblable en tous points par les moeurs et le caractère à la femme d'Hérode. La légende éthiopienne de la même époque nous montre un prophète qui prêche « le baptême de la foi nouvelle », tout comme Jean le Précurseur. De cette similitude de faits M. Paul Milliet tira un admirable parti et sans modifier la partition, il rendit l'ouvrage possible sur un théâtre anglais. Nous profitons de cette circonstance heureuse pour reproduire ici le bel article que notre rédacteur en chef publia l'an dernier dans le Théâtre, à l'occasion du succès inoubliable que remporta Hérodiade sur la scène de la Gaîté].

Hérodiade, dans la vie de Massenet, date de celte époque bienheureuse, où les artistes dépensent, sans compter, les trésors de leur inspiration. C'est le bel âge, celui où le musicien et le poète, jeunes, indociles du joug, n'obéissant qu'à leur fantaisie, stimulés par les rivalités, mais non désabusés par les jalousies mesquines, font un rêve de gloire dont rien ne rompt le charme et l'harmonie.

Massenet avait trente-cinq ans lorsqu'il conçut le plan de cette oeuvre. Il était déjà l'auteur applaudi des Suites d'Orchestre, de Don César de Bazan, des Erynnies, de Marie-Magdeleine et d'Eve ; et le Roi de Lahore avait consacré sa renommée au théâtre. L'Institut lui avait ouvert ses portes, et la presse s'occupait des moindres détails de sa vie. On peut juger de ma joie quand Massenet me choisit pour collaborateur. Un acte en vers, une étude sur les origines du théâtre, voilà quel était tout mon bagage littéraire : il me sembla que, dès lors, mon avenir était assuré, et que tous les manuscrits entassés sur ma table allaient trouver un directeur et un éditeur enthousiastes. C'est que Massenet ne m'apparaissait pas seulement comme un compositeur d'une irrésistible séduction, admirablement doué, « savant, laborieux, d'une organisation sensitive unique, d'une imagination et d'un tempérament personnels, ayant la pleine maîtrise de son métier », mais aussi comme un combatif, un volontaire, un brave ; et, pour preuve de ces qualités enviables, je me rappelais cette jolie lettre qu'il avait

adressée au sévère critique du Figaro, à propos d'un de ses comptes rendus :

« Monsieur,

« Vous consacrez à l'exécution de ma Symphonie (qui est une Suite d'Orchestre), un article extrêmement drôle et dont j'ai beaucoup ri. Si vous me trouvez quelque valeur, Monsieur, moi je vous trouve infiniment d'esprit, et il n'est pas un lecteur du Figaro qui ne soit du même avis que moi. Seulement, comme tous les gens d'esprit, — lesquels, du reste, ont cela de commun avec les imbéciles, — vous êtes sujet à l'erreur, et c'est précisément pour rectifier celle qui vous a échappé dans votre compte rendu d'hier, que je me permets de vous écrire aujourd'hui. Ma Suite d'Orchestre (qui n'est pas une Symphonie) a été exécutée dimanche, non pour la première fois, mais pour la seconde; et, il y a deux ans, j'étais encore à Rome, où les jeunes compositeurs vivent dans l'admiration des belles choses du passé et dans la profonde ignorance d'une foule de petits agréments qui les attendent à leur retour à Paris ».

Massenet avait donc toute mon admiration, et c'est plein d'espérance et de foi que je me mis au travail.

La légende d'Hérodias évoquait une époque fertile en passions dramatiques. Jérusalem, agitée par de continuelles séditions; la dynastie des Hérodes avec ses souvenirs impérissables ; Hérode le Grand, ambitieux profane, égaré dans un dédale de luttes religieuses, revivant dans son fils Antipas, dénué de moralité, Iduméen astucieux, lieutenant des Romains, analogue aux radjahs de l'Inde sous la domination anglaise. Et les fanatiques passionnés, recherchant la mort avec avidité, rêvant de renverser les aigles, de détruire les ouvrages d'art élevés au mépris des règlements mosaïques, de s'insurger contre les écussons votifs dressés par les procurateurs ; les Samaritains exaltés ; les « zélotes ou sicaires, assassins pieux qui s'imposaient pour tâche de tuer quiconque manquait à la loi ; les thaumaturges considérés comme des personnes divines, et trouvant créance par suite du besoin impérieux que le siècle éprouvait de surnaturel et de divin. Et, dans la Galilée, — cercle enchanté, idyllique et charmant, que, selon les expressions de Renan, l'attente du Messie changeait en véritable fournaise, les deux Baptiseurs, les deux Prophètes, Jean et Jésus, capables de toutes les abnégations, pleins des mêmes espérances et des mêmes haines, faisant cause commune, unissant leurs disciples et préparant « l'événement capital de l'histoire du monde ».

Quel cadre merveilleux ! Ce pays où tout respirait la douceur, la tendresse, le bien-être et la gaieté ; la campagne abondant en eaux fraîches et en fruits ; les jardins formant des massifs de pommiers, de noyers et de grenadiers. La vie contente et facilement satisfaite « se spiritualisait en rêves éthérés, en


468

LE MONDE ARTISTE

une sorte de mysticisme poétique, confondant le ciel et la terre », c'est encore Renan qui parle. Toute l'histoire du christianisme naissait dans une délicieuse pastorale. Un Messie aux repas de noces, la courtisane et le bon Zachée appelés à ses festins, les fondateurs du royaume du ciel comme un cortège de paranymphes ; la Galilée créant à l'état d'imagination populaire le plus sublime idéal, car, derrière son idylle, s'agitait le sort de l'humanité, et « la lumière qui éclairait ce tableau était le soleil du royaume de Dieu ».

Et, par-dessus les docteurs solennels, lès vainqueurs insolents, les rois vicieux et conspirateurs, les dévots hypocrites et atrabilaires ; par-dessus la naïve Sulamite, l'humble Chananéenne, la passionnée Madeleine, le bon nourricier Joseph et Marie, par-dessus tout cela, le Temple, le Temple de Salomon, qui était à la fois un Sanctuaire, un Forum, une Université et un Tribunal ; le Temple de Sion, dont les Cours et Portiques étaient envahis par les foules; où tout se concentrait, les discussions religieuses des écoles juives, l'enseignement canonique, les procès même et les causes civiles, en un mot toute l'activité de la nation.

Quant à la Légende, elle fut traitée par nous en légende, c'est-à-dire en « histoire fabuleuse ou mêlée de fables ». Fleury parlant de la légende des Saints (légendes, quia legendoe erant), a dit naïvement : « Or, quand on n'avait pas les actes d'un saint pour les lire au jour de sa fête, on en composait les plus vraisemblables ou les plus merveilleux qu'on pouvait. » Nous fîmes ainsi, nous souvenant que l'art n'est pas à lui-même sa propre fin, qu'il est fait pour notre vie réelle, individuelle et générale. L'art vrai, selon Ernst, doit offrir aux hommes de synthétiques initiations, issues de la sympathie humaine et d'un grand désir d'amour : il peut s'accorder aux pensées les plus saintes et à la religion chrétienne la plus profondément humaine de toutes, celle qui suppose avant tout la connaissance de l'homme, de son esprit, de sa chair.

Pendant notre collaboration, fidèle à ces règles, Massenet n'exigea qu'une chose, c'est que l'action « fût le développement des passions humaines en contact avec le monde intérieur ; qu'elle fût une évolution d'âmes à travers des milieux ». Il savait déjà, et le premier il m'apprit « que c'est l'âme individuelle, que c'est le sentiment, le désir, la volonté, les facultés de plaisir et de douleur qui sont les principes véritables de l'action dramatique ».

On peut certainement dire de Massenet ce que l'on a dit de Wagner, qu'il est un poète dramatique. Il l'est par la direction générale de son esprit, par sa parfaite compréhension de ce qui constitue l'intérêt scénique, et c'est cette qualité qui rend si agréables et si fécondes les relations qui s'établissent entre les collaborateurs et lui. Massenet, et c'est là encore un point de ressemblance avec Wagner, se soucie peu de la pièce que l'on qualifie de « mal faite » ; ce qu'il recherche, c'est la pièce remplie d'humanité; et c'est pour cela que son oeuvre est vivante et qu'elle est partout acclamée, Sans s'arrêter aux formules et aux recettes que proposent et qu'imposent les impuissants de l'ordre intellectuel, il crée, parce que sa nature est de créer ; il crée dans la pleine sincérité de son coeur.

Quelques-uns de ces impuissants, auteurs ou critiques, jaloux des succès de Massenet, enragés de ne point détenir comme lui la faveur populaire, s'épuisent en paroles, quelquefois violentes, toujours vaines, pour lui rappeler les lois du Théâtre selon eux, et pour lui dénier tout effort personnel. L'originalité du compositeur n'en existe pas moins, et on peut leur retourner l'apostrophe connue :

« A eux tous, ils n'ont pas l'esprit de Voltaire ; et que reste-t-il des remarques de Voltaire sur Corneille ? »

Hérodiade, a peine terminée, fut montée sur la scène de la Monnaie de Bruxelles. Dès le premier soir, elle suscita un enthousiasme extraordinaire. Les stalles atteignirent des prix invraisemblables, 100, 300 et 500 francs. Bruxelles en éprouva une légitime fierté. Ne s'agissait-il pas d'un ouvrage que le directeur de l'Académie Nationale de Musique avait catégoriquement refusé ? On se montrait les « Parisiens qui avaient fait le voyage » pour entendre Hérodiade. On les citait : M. Halanzier, directeur de l'Opéra ; M. Saint-Saëns ; Reyer ; Duquesnel ; Albert Wolff ; Vitu ; Jouvin ; Weber ; Joncières ; Stoullig ; Fourcaud ; cent autres ; un exode. Et la renommée porta si bien et si loin le titre de la « triomphante » Hérodiade, que tous les théâtres voulurent la représenter, sauf les théâtres de Paris.

MM. Isola viennent de la venger du dédain que lui témoignèrent les directeurs de la Capitale.

PAUL MILLIET.

AU CONSERVATOIRE

C'est par une chaleur sénégalienne qu'ont commencé, cette semaine, les concours publics du Conservatoire. Et l'on a répété la phrase traditionnelle : « Pourquoi ne sont-ils pas donnés dans une salle plus vaste et plus aérée ? » Un de nos confrères avait proposé d'aller à l'Odéon... Le Gaulois fait une belle campagne en faveur de l'Opéra-Comique, toujours libre au mois de juillet. Au lieu de la fournaise du Conservatoire, où l'on meurt à petit feu, le rêve, dit-on, serait d'aller faire ces concours de fin d'année dans la salle de l'Opéra-Comique, claire, coquette et fraîche... Fraîche, à condition de ne pas la remplir de tous les prétendus ayantsdroit...

Il ne faisait pas encore trop chaud dans la petite salle de la rue Bergère à moitié remplie, quand eut lieu, lundi matin, le concours de la classe de contrebasse, professée par M. Charpentier exécutant un ingénieux concerto de M. Dallier, très intelligemment écrit pour ce grave instrument. Les difficultés en ont été enlevées par M. Limonot avec une vigueur et une netteté qui lui ont légitimement valu le premier prix. Un second prix a été fort bien mérité par M. Subtil, au joli nom duquel le jury associait M. Gibier, de moindre acquis pourtant que son camarade. Deux premiers accessits furent octroyés à MM. Jou et Darrieux ; deux seconds à


LE MONDE ARTISTE

469

MM, Hardy et Boussagol. Soit : sur neuf concurrents, sept récompenses généreusement accordées par le jury, composé de MM. Théodore Dubois, de Bailly, Van Woefelghem, Hollmann, Dallier, Giannini Baretti, Feuillard, Gurt, — assisté, comme pour tous les concours, de l'excellent secrétaire général, notre confrère et ami, M. Fernan Bougeat. C'est ce même jury qui avait dans cette première journée à juger les coucours d'alto et de violoncelle.

Dix altistes nous étaient présentés par M. Laforge, interprétant un mélodique morceau de concert de M. Honnoré et déchiffrant une élégante barcarolle de M. Charles Lefebvre. La classe de l'éminent professeur est toujours absolument remarquable. M. Roelens (premier prix) est un artiste accompli, dont le jeu, délicieusement nuancé, nous a ravi. M, Pollain (premier prix également) est aussi très fort, sans cependant avoir la même sûreté et le même charme. Second prix : M. Macon, de son très pur, avec un coup d'archet de belle ampleur ; excellente lecture. Premier accessit : M. Lucien Rousseau. Deuxième accessit, très prometteur, décerné à l'unanimité à M. Jurgensen.

L'événement de la journée fut le premier prix de violoncelle, enlevé d'emblée avec une rare maëstria par Mlle Caponsacchi, élève de M. Loëb, mettant son âme d'artiste et sa virtuosité musicale à l'interprétation d'un superbe concerto de Dvorak, et lisant merveilleusement une difficultueuse page de M. Gabriel Pierné. Mlle Caponsacchi eut l'exceptionnelle faveur d'être placée à l'unanimité en tête d'une longue liste de récompenses, qui comprenait en outre les noms de M. Droëgmans (autre premier prix), de MM. Rosoor, Séau et Jamin (seconds prix); de MM, Doucet et Ringeisen (premiers accessits), de M, Verguet (second accessit) — trois élèves de M. Loëb, — et enfin de MM. Pelet et Delgrange (seconds accessits), élèves de M. Cros Saint-Ange. Le triomphe de M. Loëb est éclatant : il semblait dû à un maître qui a certainement le feu sacré de l'enseignement, et sait communiquer à ses disciples la chaleur et la vie qui sont en lui.

Seize chanteurs se présentaient le lendemain devant un jury composé de MM. Théodore Dubois, président, Henry Marcel — notez ce fait que le directeur des Beaux-Arts y avait réclamé sa place — Adrien Bernheim, D'Estournelles de Constant, Charles Lenepveu, Georges Marty, Xavier Leroux, Delmas, Gibert, Cazeneuve et Mauguière. Le chiffre de neuf récompenses indique-t-il que ce concours fut très brillant ? Non certes, et la vérité nous oblige à déclarer que cette première journée (chant hommes), fut plutôt terne : aucune révélation.

M. Simard, élève de M. Dubulle, a été élevé du

second prix de l'an passé au premier prix, justement

justement par une très correcte interprétation de

l'air de Sévère de Polyeucte, chanté avec beaucoup

de goût, voix de baryton homogène et bien posée.

Second prix : M. Morati, élève de M. Edmond Duvernoy, a toujours sa belle voix de vrai ténor et aussi une prononciation méridionale (il est Corse), qu'avec un peu d'effort il pourrait corriger. Il a dit

avec conviction, de façon très vibrante, l'air de Jean d'Hérodiade.

Trois premiers accessits : M, Georges Petit, élève de M. Dubulle, a mis, joints à une solide voix de baryton, de l'ampleur et même quelque style dans l'interprétation de l'Hymne au Soleil des Indes galantes de Rameau — Rameau, l'exhumé à la mode. Mais chanter en ce moment un Hymne à ce Soleil qui nous joue les joyeux tours que vous savez, cela ne semble-t-il pas une pure ironie ! M. Pérol (classe Masson) s'attaquait à un morceau difficile pour un jeune élève, Elie, de Mendelssohn ; il a pris, en s'assimilant son rôle de prophète, des airs inspirés qui ne nous ont point déplu. M. Milhau (classe Lassalle) naguère simple laboureur dans l'Hérault, pourra, de par sa tonitruante voix de fort ténor, se faire bientôt acclamer à l'Opéra de Paris... ou de Toulouse ; il ne lui manqué plus que d'apprendre à chanter. Le public lui a fait, après l'air de Po - lyeucte, de Gounod, un succès tel qu'il a cru de son devoir de venir trois fois saluer. Le jury ne lui a pas tenu rigueur de cette naïve dérogation aux usages de la maison...

Quatre seconds accessits : M. François, élève de Mme Rose Caron, est doué d'une voix de ténor léger, assez fragile dans le haut. Il a fort agréablement phrasé, en roulant un peu exagérément ses R, l'air d'Iphigénie en Tauride. M. Corpait, élève de M. Warot, a fort généreusement détonné dans l'air du Bal masqué. M. Dupouy (le Siège de Corinthe, cette vieillerie de Rossini), devra travailler, avec Mme Caron, une voix timbrée dans le haut, mais faible dans le bas. M. Thirel (classe Lassalle) a chanté intelligemment, en dépit d'un organe un peu voilé, l'air du Bal masqué, déjà cité.

Relevons quelques blackboulés : M. Poumayrac (classe Manoury) qui s'est tant dépensé au début de son air de l'Africaine, que la fatigue a rapidement envahi son agréable voix de ténor de demi-caractère ; M. Domnier (re-classe Manoury) qui a mis de la chaleur et du sentiment à l'air d'Iphigénie en Aulide, et dont la diction atteste un artiste consciencieux ; M. Chevalier, un très agréable interprète de Lakmé, dont la facile voix de ténor s'est embarrassée d'un chat malencontreux ; il aura sa revanche au concours d'opéra comique.

Chambrée très élégante — mais, Dieu, qu'il faisait chaud ! — au concours de chant des élèves femmes, vingt-trois concurrentes jugées par MM. Théodore Dubois, Henry Marcel, d'Estournelles de Constant, Charles Lenepveu, Gabriel Fauré, Alfred Bruneau, Samuel Rousseau, Gabriel Pierné, Escalaïs et Badiali. Epreuve très supérieure, en son ensemble, à celle du sexe fort, et faisant généralement honneur à l'enseignement du chant de notre grande école de musique.

Tout d'abord un superbe premier prix, amplement mérité par la belle Mlle Mérentié, qui dans l'air admirable Perfide ! Parjure ! de Beethoven, déniché il y a quelques années par son professeur M. Edmond Duvernoy, a fait apprécier une voix puissante et veloutée tout ensemble, au médium heureusement sonore, une intelligence ouverte et déjà théâtrale. Il est à présumer que l'Opéra ne


470

LE MONDE ARTISTE

laissera pas échapper cette brillante nature d'artiste...

Maintenant, trois seconds prix. C'est Mlle Mathieu (Dubulle), une gentille petite chanteuse à la mine futée, au joli sourire, à la voix bien placée, légère et facile, à la vocalise naturelle, ainsi qu'elle l'a prouvé, pour le plaisir de tous, dans l'air du Billet de loterie de Nicolo. C'est ensuite Mlle Mancini (Masson), interprète convaincue du Fidelio de Beethoven, à l'organe généreux, mais à la prononciation quelque peu défectueuse. C'est enfin Mme Vallandri (Duvernoy), délicieuse poupée blonde qui répète une leçon bien apprise ; elle fut une si charmante, mais si froide comtesse des Noces de Figaro !...

Quatre premiers accessits : Mlle Lamare (Warot) nous a dit, de voix solidement posée et avec un style pur, l'air, assez ignoré, du Roi pasteur de Mozart. Mlle Royer (Manoury) nous a paru quelque peu lourde dans l'air (si vieilli !) du Prophète. Mlle Lapeyrette (Masson) est douée d'une belle voix, bien franche, et la façon très juste dont elle a interprété l'air d'Héraclès d'Haendel, nous fait favorablement augurer de son avenir. Mlle Ennerie (Lassalle) a joliment vocalisé, en prenant, bien ses sons, l'air si désuet de la Reine des Huguenots.

Deuxième accessit : Mlle Bourgeois est le digne reflet de son professeur Mme Rose Caron ; elle a fait preuve d'expression dans l'air d'Iphigénie en Tauride, mais elle manque encore d'éclat. Mme Hébert (Martini) sait chanter, mais a eu le tort de s'attaquer à l'air de la Folie d'Hamlet, trop fort pour son petit talent provincial. Nous lui préférons de beaucoup Mme Dangès, qui a dit d'une voix étendue et souple, avec un sentiment très juste et très vrai, ce même air d'Hamlet, où, voulant trop bien faire, elle s'est malheureusement emballée et a lancé un trait qui a dépassé le but.

Et parmi les autres concurrentes, forcément oubliées, nous citerons Mlle Duchêne, manquant de force et d'articulation, « tombée » par Mlle Mérentié, dans l'air de Beethoven ; Mlle Thiesset, qui ne sait encore ni mener, ni retenir sa voix partant en fusées ; Mlle Vix, un très beau marbre qu'on voudrait pouvoir animer... Vous ai-je dit que ces concurrentes étaient toutes, ou presque toutes, extrêmement jolies ? Voilà, ce me semble, qui ne gâte rien... Nous les retrouverons d'ailleurs, pour la plu plart, aux concours d'opéra comique et d'opéra, dont nous vous parlerons la semaine prochaine, en même temps que des deux importantes journées du piano et de celle, non moins intéressante, du violon...

EDMOND STOULLIG.

Spectacles de la semaine :

Opéra. — Lundi, le Trouvère ; mercredi, Tannhäuser; vendredi, Salammbô.

Comédie-Française — Dimanche, Jean-Marie, Molière et Scaramouche, l'Avare ; lundi, la Fille de Roland ; mardi, On n'oublie pas, le Paon ; mercredi, Claude, 1807 ; jeudi, Hamlet ; vendredi, l'Etincelle, le Gendre de M. Poirier ; samedi, Claudie, On n'oublie pas.

Porte-Saint-Martin : Electra. — Ambigu : les Cambrioleurs de Paris. — Palais-Royal : le Train de plaisir.

— Nouveautés : la Main passe ! — Athénée : le Prince Consort.

Théâtres de quartiers. — MONTMARTRE : le P'tit Gas. — MONTPARNASSE : Cartouche. — LES GOBELINS : la Dame blanche. — GRENELLE : le Juif polonais, les Surprises du divorce. — BELLEVILLE : les Deux Faubouriens.

ÉCHOS MONDAINS

— La soirée artistique donnée par Mme Bongrain, le réputé, professeur, réunissait une pléiade d'artistes auxquels une élégante assistance n'a pas ménagé ses bravos ; citons au hasard : un solo de violon exécuté par M. Santa-Vicca avec une maîtrise au-dessus de tout éloge, de charmantes poésies dites par M. le baron de Beaulieu et M. le comte de Pagan ; mention spéciale à L. Filliaux-Tïger, le compositeur si goûté, particulièrement fêté en interptétant ses oeuvres : Impromptu, Rengaine, Source Capricieuse, etc. ; enfin dans le quatuor de Rigoletto, conduit en perfection par Mme Bongrain, Mlles Durand, Nys, Dumartray, Obrecht, ont mis en lumière leurs belles qualités de virtuoses accomplies.

— C'est dans la plus stricte intimité qu'a eu lieu, vendredi, la matinée donnée par la marquise de Polignac, née Pommery, à l'occasion du contrat de mariage de sa fille, Mlle Diane de Polignac, fiancée au prince Henri de Polignac, lieutenant au 103e d'infanterie, fils du duc de Polignac. Par suite de la mort récente de la duchesse de Polignac, les parents et les amis intimes étaient seuls conviés. On a admiré la corbeille et les cadeaux exposés dans un des salons de l'avenue Montaigne.

Parmi les principaux donateurs, citons : la duchesse de Luynes, douairière ; duc et duchesse de Luynes, prince de Polignac, marquis et marquise de Polignac, comte et comtesse de Bagneux, comte de Bourbon-Châlus, comte et comtesse de Murard, duc et duchesse de Lesparre, etc., etc.

— Une matinée littéraire, à la mémoire d'Emile Trolliet, a été donnée à la Sorbonne, sous la présidence de M. Faguet. M. René Doumic étudia l'oeuvre toute de bonté et d'idéalisme du chantre des Tendresses et des cultes, de la Vie silencieuse et de la Route paternelle. M. Paul Rameau, de l'Odéon ; Mlles Delvair et Leconte, de la Comédie-Française, récitèrent ensuite quelquesunes des plus fortes ou des plus touchantes poésies d'Emile Trolliet.

NELLY ROZIER.

LETTRES ET BEAUX-ARTS

— Voici les résultats du concours Chenavard pour l'année 1904 :

Peinture — MM. Placé, Fidrit, Boudet, Boissart, Debrock, Rondoux, Aillet, Carrera, Laleure, Thomassin, Tourue, Prat, Ponchon, Leroy, Lynarie, Solge, Cadre, Chochod ; Mlles Mayeur, Evrard et Jeanson.

Sculpture. — MM. Raybaud, Broquet, Bardery, Lejeune, Ponsard, Saïn, Malacau, Carvallo, Polacchi, Charles, Corio, Hallain, Caumart, Dropsy, Ferré, Gauvenet, Quilliveer, Boyer, Beuneteau, Bernadou, Crenier, Roussillon, Viard, Gaudet, Forestier, Pourquet,


LE MONDE ARTISTE

471

Bailleul, Chalopin, Diosi, Elstein, Quef, Martial, Caby, Perroud, Prost, Molineau.

Architecture. — MM. Boissart, Prevot, Ferdinand, Mertello, Boyer, Arnal, Hebrard, Tauzin, Gard, Betty, Ebrard, Gaugé, Hubaine, Alaux, Loprince et Frandling.

Gravure. — MM. Lenoir, Bénard et Bouchery.

Les envois de Rome. — L'exposition des oeuvres des pensionnaires de la Villa Médicis de Rome vient de s'ouvrir à l'annexe de l'Ecole des Beaux-Arts.

PROVINCE

Bussang. — Le premier spectacle du Théâtre du Peuple a attiré, le 14 juillet, une affluence énorme de spectateurs, et la représentation de Liberté, drame en trois parties, de M. Maurice Pottecher, avec musique et choeurs de M. Lucien Marcelot, favorisée par le beau temps et remarquablement interprétée par la troupe populaire, à laquelle s'étaient joints deux artistes parisiens en villégiature à Bussang, Mme du Bos et M. Guinet, a remporté un grand succès. C'est le 7 août que sera donnée la pièce nouvelle : La Passion de Jeanne d'Arc, drame en cinq actes de M. M. Pottecher.

B. G.

Dieppe. — Notre théâtre a fait une très brillante ouverture. Salle comble et d'une rare élégance. On donnait le Barbier. Le succès a été grand pour M. A Delmas, Michel Dufour, Iavid ; pour Mmes Pierron et Bourgeois ; Mme Landouzy, exquise Rosine, a été l'objet de nombreux rappels. On va donner Werther, avec Mlle Marié de l'Isle. D. E.

Enghien. — Le succès des représentations du Casino se double, ces temps-ci, de l'agrément le plus recherché pour le moment parce qu'il est le plus difficile à trouver, nous voulons parler de la fraîcheur qu'on ne saurait rencontrer plus sûrement qu'au théâtre de l'exquise station thermale. Les entr'actes dans le Jardin des Roses sont purement délicieux. Grand succès pour les Vingt-huit jours de Clairette. E. N.

Luchon. — De même que l'orchestre, si vigoureusement dirigé par le maestro Laporte, et qui se compose d'éléments de premier choix, la troupe lyrique du Casino comporte les unités les plus distinguées qui se puissent souhaiter. Des interprètes tels que MM. Albert Noël, Duvernet, René Gamy, Watel, Lacombes, Mmes Réjani-Pelletier, Léo Gailhard, Gilles-Raimbault, Elza Vogel, etc., constituent un de ces rares ensembles tout à fait propres à l'interprétation la meilleure de notre actuel répertoire d'opérette et d'opéra comique.

L. N.

Nevers. — Intéressante l'audition des élèves de M. et Mme Marquet. On a fort applaudi le choeur des pages de Françoise de Rimini (A. Thomas), puis une page du Jongleur de Notre-Dame (Massenet). En chemin (Holmès), le Temps des Roses (de Fontenailles), l'air de Sigurd, Mai (de Reynaldo Hahn), le duo de Grisélidis et l'air de Manon (Massenet), la Chanson des joujoux (Dauphin), Pensée d'automne (Massenet), la Belle du Roi (Holmès), l'air du Roi de Lahore, la polonaise de Mignon, etc., etc. Au résumé, un grand succès pour les excellents professeurs. N. S.

Rennes. — Le concert donné à l'occasion de la distribution des prix du Conservatoire, présidée par

M. Bodin, membre de la commission de surveillance, a été des plus brillants. Parmi les oeuvres exécutées citons : les danses de Brahms pour piano à 4 mains, merveilleusement jouées par Mlles Audouard et Lelièvre, élèves de Mlle Kryzanowska ; l'air de Marie-Magdeleine de Massenet, délicieusement chanté par Mlle Legendre, élève de M. Urbain Boussagol ; un ensemble vocal et instrumental de Gabriel Fauré et Paul Vidal, d'une exécution parfaite, sous la direction de Emile Boussagol, directeur du Conservatoire. R. S.

Soissons. — Un Concours festival, réservé aux harmonies et fanfares des 2e et 3e divisions et aux sociétés de trompettes et de trompes de chasse, aura lieu à Soissons le 31 juillet 1904. Il consistera en une seule épreuve d'exécution avec deux morceaux au choix. Des primes en espèces seront tirées au sort entre toutes les sociétés participantes. Pour les adhésions, que le Comité se réserve de limiter, s'adresser à M. Monneroux, secrétaire-général, rue de Meneau, 48. S. S.

Toulon. — Grand succès à bord du magnifique cuirassé Iéna, pour les charmantes divettes Irma Perrot, Francine Lorée et les bons poètes-chansonniers Xavier Privas, prince des chansonniers, Gaston Perducet, Emile Defrance, qui, invités par les officiers de ce bateau-amiral à visiter leur bâtiment, ont remercié leurs hôtes en interprétant pour eux leurs oeuvres les plus célèbres. T. N.

ETRANGER

Anvers. — A l'Harmonie, nous avons eu le 6 juillet un concert consacré aux oeuvres de Beethoven et de Wagner. Outre la Pastorale, que l'orchestre interpréta médiocrement, nous avons entendu l'ouverture de Fidélio. Trois ouvertures de Wagner figuraient au programme : les Maîtres Chanteurs, Tannhäuser et le Vaisseau fantôme.

Le 13 juillet, nous avons eu, un concert symphonique avec le concours de Mlle Corinne Coryn, violoniste, premier prix du Conservatoire de Bruxelles, élève de Joachim à Berlin.

Le jeu de Mlle Coryn est d'une technique très remarquable. Le son a de l'ampleur, et si le sentiment faisait moins défaut, ce serait parfait. La charmante artiste avait choisi le quatrième concerto de Vieuxtemps et la polonaise en la de Wieniawski.

L'orchestre, consciencieusement conduit par M. Lenaerts, exécuta la septième symphonie de Beethoven, la Leonore-Ouverture n° 2, un menuet pour instruments à vent de Dvorak et un scherzo de Goldmarck.

Mercredi 20 juillet, concert avec le concours de Mlle Pia Carozzi, harpiste.

Au Cercle artistique a eu lieu dernièrement la première audition de la section « Conservatoire ». Parmi les artistes entendus, il faut citer : Mlle Vander Voort, violoniste ; M. Thomas, flûtiste ; Mlle Allaerts, chanteuse ; M. De Blaer, violoncelliste ; M. Van Hal, violoniste, et des choeurs, bien stylés par M. Fontaine.

A. S.

Berlin. — Il n'est bruit à Mulhouse, en ce moment, que de la permission qui a été accordée par l'empereur lui-même, à la Société chorale l'Harmonie, de prendre part au concours international de chant qui aura lieu, le 14 août, à Epinal, et d'y déployer le drapeau de la Société, — drapeau aux trois couleurs, — octroyé à l'Harmonie en 1850. Notre Société de chant est une des plus anciennes et des plus renommées de la Haute-


472

LE MONDE ARTISTE

Alsace. Au récent concours de Genève, elle remporta un premier prix. Le concoure d'Epinal était fait pour la tenter. Seulement, on ne va pas in corpore, de Mulhouse à Epinal, sans être muni du viatique voulu, c'est-à-dire de la permission formelle des autorités. Les divers bureaux auxquels on s'adressa refusèrent l'autorisation. C'est alors que la Société eut l'idée de porter sa requête à l'empereur lui-même, et Guillaume II accorda la permission sollicitée. Dans la population, on considère la décision de l'empereur comme très adroite. Partout on s'en montre enchanté.

KARL ERICH.

Berne. — Des fêtes viennent d'être données par l'association des artistes musiciens suisses, sous la direction de M. Charles Munziger. Parmi les grands ouvrages qui ont été entendus, il faut citer : la troisième symphonie (ut mineur) pour orchestre, orgue et soprano solo, de Hans Huber, une fantaisie symphonique pour orchestre, solo de ténor et choeur d'hommes, par Volkmar Andreae, une oeuvre nouvelle, le Réveil d'Ahasverus, pour soli, choeur mixte et orchestre, par Fr. Hegar, des fragments d'une messe de Fr. Klose, une rapsodie de Lauber, un concerto pour piano de Alb. Meyer, un chant pour baryton, la Muse, par Courvoisier, enfin deux quatuors pour instruments à cordes, l'un de Fassbander (la majeur), l'autre de Henri Marteau. B. E.

Blankenberghe-sur-Mer. — Sous la pluie d'or d'un soleil radieux, qui enchante toute la nature en embrasant tout le ciel, toute la mer, tout l'espace, il semble que vivre ici, dans une atmosphère constamment rafraîchie par la brise du large, soit vraiment un bienfait digne d'être souhaité à tous ceux que l'on aime : aussi des milliers de colons étrangers sont-ils venus renforcer notre population saisonnière, fuyant les villes poussiéreuses où l'on étouffe pour envahir cette petite Capoue balnéaire, qui disputera peut-être un jour l'hégémonie du littoral belge à sa puissante voisine et rivale, Ostende.

Notre cité est donc présentement en fête en l'honneur de ses hôtes : elle bourdonne et s'agite en un tumulte de ruche, dont les folâtres essaims prennent leur volée vers la côte pour animer la plage fauve de groupes bruyants et de taches mouvantes, et former, dans le décor tintamarant des cabines et des tentes multicolores, un tableau suggestif où contrastent les petites joies et les petites mises en scène de l'homme avec les grandeurs prestigieuses du solennel et majestueux Océan.

Pour concilier toutes les exigences de goûts éminemment divers — car il est beaucoup d'esprits mobiles et changeants qui ne se plaisent dans la contemplation des flots qu'à des intervalles réguliers, séparés par des concerts, des spectacles, des bals, des réunions mondaines — il y a le Casino, d'abord, où le directeur, M. Henry Fontaine, veille avec un soin avisé à la réussite de la saison : nous lui devons de la reconnaissance de nous avoir procuré l'agrément de réentendre, aux auditions extraordinaires de la dernière quinzaine, les excellentes cantatrices que sont Mmes Bastien, de la Monnaie, et De Nys-Kutcherra, de l'Opéra royal de Prague, ainsi que le célèbre baryton allemand Anton Sistermans ; non moins vif a été le plaisir éprouvé à écouter le violoniste Georges Sadler, dont le talent s'exprime avec un sentiment d'art très élevé.

Succès habituel, dans l'entretemps, pour l'orchestre de symphonie.

D'autre part, les deux principaux concurrents du Casino, le théâtre et le Pier, nous procurent l'un et l'autre dans des genres différents quelques heures de bon gros rire qui complètent admirablement une iournée de plein air et de flânerie hygiénique : l'opérette

l'opérette la comédie régnent en souveraines sur notre petite scène dramatique, et Mme veuve Borès vient d'y inaugurer, successivement par le Grand Mogol et Monsieur le Directeur, sa dix-septième campagne d'été ; quant au Pier, il fait défiler chaque soir, dans son coquet café-concert perché sur pilotis et sous la direction du joyeux bruxellois Ambreville, des chanteurs de genre, des maîtres ès-bouffonneries et excentricités : musique et acrobatie mêlées! GÉBÉ.

Bruxelles. — De mémoire de glacier, le WauxHall — l'artiste jardin à musique où se réfugie, les soirs d'été, l'orchestre de la Monnaie — ne fit saison pareille. Le temps se maintenant au beau avec une obstination qui ravit musiciens et comptables, les stoïques instrumentistes qui luttèrent si vaillamment parfois contre les averses voient se grouper, chaque jour — à la nuit — dans la zone lumineuse de leur kiosque, une foule clair vêtue.

M. Sylvain Dupuis est au pupitre : c'est dire qu'on ne fait pas exclusivement, au Waux-Hall, de la musique d'été.

Professionnels de l'archet ou de l'anche sont actuellement fort demandés.

Sur trois théâtres ouverts, deux cultivent passionnément la double croche.

Au Molière, après la Mascotte, après le Grand Mogol, après les Mousquetaires au couvent, un succès qui dépasse tous ceux obtenus depuis l'ouverture de la campagne — en juin — a accueilli un essai d'incursion dans le répertoire d'opéra-comique.

Les Dragons de Villars — du haut des cieux, ta demeure dernière, mon vieux Maillart, tu dois être content ! — ont porté jusqu'à l'extase les transports du public... C'est une révélation!

Est-ce à dire que l'interprétation éclipse chanteuses et chanteurs dont le souvenir demeure lié à l'oeuvre un tantinet démodée, mais de mélodie si discrète?... Tout ce que l'on peut affirmer, c'est que Mlle Jane Barre est une Rose Friquet fort joliment dégourdie et de voix et de jeu.

Le ténor, M. Coumont, apporte aux Dragons une mélancolie qui, apparemment, leur manquait ; et le baryton, M. Ceuppens, a de la voix, sinon davantage.

Les choeurs ne détonnent pas : ce qui n'est pas déjà si commun.

Ailleurs — au Palais d'été — une revue estivale (naturellement) rassemble tout ce que la morte-saison des théâtres met sur le bitume de comiques en disponibilité.

Il y a là Jacque — vraiment peu banal dans un pastiche du « casseur d'assiettes » — Crommelynck, Léopold, Mérin, le gros Ambreville — en lutteur japonais ! — et la grosse Delteure, cette parodie de Rosine Bloch.

Des tableaux vivants, des ensembles décoratifs, des ballets — dont un ballet d'hommes, avec le danseur Engel dans des variations de première danseuse ! — une commère aguichante comme pas une : Mlle Lucette de Verly et un compère de bon ton : M. Gibert, ont assuré la fortune de la « Revue du Palais d'été » et de ses heureux auteurs : MM. Luc Malpertuis et Fernand Wicheler. TYBALT.

Dresde. — La saison d'opéra s'est clôturée le 26 juin, par le Freischütz. Les deux théâtre royaux vont rester fermés pendant trois semaines pour cause de vacances et de réparations, fort nécessaires dans celui de la Neustadt, spécialement consacré au drame et à la comédie. Selon l'usage, la Tétralogie a été donnée dans le courant de juin. Beaucoup de monde et grand succès. Il ne saurait en être autrement avec des artistes tels que Mme Wittich, l'imposante Brünnhilde, MM. von Bary, Burrian, Soheidemantel, Perron, et


LE MONDE ARTISTE

473

avec un orchestre comme la Kapelle royale, dont on ne peut trop faire l'éloge.

Les étrangers viennent surtout entendre à notre Opéra les oeuvres de Richard Wagner ; aussi joue-t-on souvent Tannhaüser et Lohengrin. M. von Bary est un superbe. Lohengrin : belle voix, nobles attitudes, poétique incarnation du héros. On ne se lasse pas de l'applaudir.

M. Burrian possède une voix très sympathique, qu'il conduit en artiste. Tannhaüser, Siegfried, mettent en valeur ses qualités solides, mais il brille spécialement dans les Maîtres Chanteurs, où il n'a pas à représenter un personnage héroïque. De MM. Scheidemantel et Perron, on n'a qu'à répéter ce qui a été dit tant de fois. Il est rare de rencontrer sur une même scène deux barytons d'un talent aussi transcendant. D. E.

Londres. — La glorieuse Salomé (Hérodiade), de MM. Paul Milliet et Massenet, peut être considérée comme l'oeuvre la plus marquante de la saison.

Toute l'aristocratie anglaise a voulu acclamer la grande tragédienne lyrique, Mme Calvé, et les autres interprètes qui la secondent de tout leur talent.

La chaleur, qui rivalise ici avec celle de Paris, a seule empêché la reine d'assister au magnifique concert organisé, avant-hier, à Saint-James-Hall, par M. Bainbow.

L'heureux impresario du jeune Floritzel von Reuter, — un virtuose de douze ans, pour lequel les difficultés du violon sont des jeux d'enfant, — avait eu l'excellente idée d'engager, pour la partie vocale, Mme Kalliwoda, une des meilleures et plus gracieuses élèves de Mme Mathilde Marchesi. La belle Bohémienne, accompagnée par un piano et le « Stradivarius » du petit prodige, a chanté l'Ave Maria avec tant d'âme que la salle entière l'a rappelée à plusieurs reprises.

Une cantatrice suédoise, Mlle Emma Holmstrand, vient d'obtenir un vif succès dans les concerts et les soirées où elle s'est fait entendre pendant la saison. C'était la première fois que cette artiste faisait son apparition à Londres et son début a été des plus heureux. Les divers organes de la presse, notamment The Daily Telegraph, The Daily Chronicle, The Daily Mail, ont relaté l'excellente impression que Mlle Holmstrand a faite au concert donné, AEolian Hall, par M. Wiihelm Ganz, où elle était entourée d'artistes éminents, MM. Joh. Wolff, Hollmann, etc.. Mlle Holmstrand a dit merveilleusement des Lieder suédois, la Chanson d'amour, avec accompagnement de violoncelle de M. G. Hollmann, etc.

Mlle Emma Holmstrand est engagée, en septembre prochain, au Queen's Hall pour deux concerts, sous la direction de M. Wood.

La fête organisée récemment au Jardin botanique pour l'Orphelinat des arts anglais a été un énorme succès à tous points de vue.

Le prince et la princesse de Galles se sont fort amusés de voir les plus grands acteurs de Londres, les Terry, les Bouschier, etc., dans des rôles burlesques écrits pour la circonstance.

De charmantes actrices, comme miss Nellie Seymour. miss Lydia West, miss Marion Terry, Mme Cecil Raleigh, miss Broughton, etc., dirigeaient des jeux de massacres, vendaient des fleurs et programmes, présidaient à d'amusants concours de chapeaux fleuris, et de trois heures à sept heures le jardin n'a pas désempli d'une foule élégante et nombreuse. INTÉRIM.

Ostende.— Kursaal. — Les concerts vocaux ont heu chaque jour devant un public nombreux. Les artistes de chant qui se font entendre sont acclamés par les vrais amateurs de ce genre de concert.

M. Féodorow, ténor de l'Opéra, a remporté un grand succès ; après l'air de l' Africaine qu'il a chanté délicieusement, il a charmé l'auditoire en interprétant La Nuit, de Rubinstein, en langue russe. Il a été salué par un tonnerre d'applaudissements et rappelé plusieurs fois.

Espérons que cet artiste se fera entendre une seconde fois pendant la saison balnéaire.

Mme Paternoster, cantatrice, a joliment interprété la valse de Mireille et la Polonaise de Mignon ; elle a fait admirer la souplesse de sa voix.

Grand triomphe remporté par Mme Marié de l'Isle, de l'Opéra-Comique ; les airs de Lalla Rookh de David, et de Sapho de Gounod, de même la berceuse de Jocelyn, ont permis à l'auditoire d'admirer son beau talent de chanteuse : à plusieurs reprises le public l'a rappelée et acclamée.

Mme Ceuppens a chanté Billet de Loterie de Nicolo ; la Berceuse de Chaminade, et Vieille Chanson de Bizet, à la perfection.

Mme Pironnet dans l'air de la Flûte enchantée a fait valoir son joli organe, et M. David, le ténor soliste de la Scola Cantorum de Paris, fort renommé partout, a détaillé le morceau de l' Euryanthe de Weber avec beaucoup de sincérité, de chaleur et de justesse. Toute l'assistance l'a acclamé.

Théâtre Royal. — Brillante réouverture, foule nombreuse pour la première représentation de l' Etrangère, la belle comédie de M.Alexandre Dumas fils.

Honneur à la nouvelle direction ; et à M. Van Missiel, notre nouveau directeur, qui a su composer une troupe d'artistes hors ligne et digne de la colonie étrangère. La saison promet d'être fort suivie.

Parmi les excellents interprètes qui ont recueilli de vifs applaudissements, citons : M. Garat, premier rôle, qui a représenté le personnage du duc de Septmont ; il a été superbe dans les principales scènes de cette pièce. MM. Hazé (Moriceau), rôle de composition, et Rosny (Gérard), jeune premier, ont tous deux rempli leurs rôles ingrats à la satisfaction générale.

M. Valot (Rémonin), une ancienne connaissance, et grand premier comique en tous genres ; sera bientôt l'enfant gâté du public.

Dans le rôle de Clarkson, M. Fassioz, premier rôle marqué, est parfait.

Du côté des dames : Mme Magda, jeune premier rôle, a su tenir le difficile rôle de Catherine de Septmont avec une belle aisance qui, pour ses débuts, lui a valu des applaudissements à chaque acte.

Mme Detroix, en mistress Clarkson, a droit aux mêmes éloges que Mme Magda : toutes deux rivalisent par le talent et les toilettes, et elles sont toutes deux jolies.

Quant aux autres artistes, il est difficile de les apprécier ; ils ont fait de bien courtes apparitions durant cette première soirée : attendons de les avoir entendus dans des rôles plus importants.

Les prochains spectacles annoncés sont : Jalouse, le Maître de Forges, le Sursis, etc. UN MONDAIN.

Saint-Louis. — Le Conseil d'administration de l'Exposition Universelle de Saint-Louis (Etats-Unis d'Amérique), a chargé une commission spéciale d'organiser un concours pour musiques d'harmonie qui aura lieu du 12 au 17 septembre 1904.

A plus d'un point de vue, le réglement de ce concours, que le Journal Officiel de la Fédération de musiciens d'Amérique (l'International Musician) vient de publier, intéressera nos lecteurs.

Le concours est divisé en trois classes :

Classe (A) Musiques de 20 exécutants :

1er Prix : 3.250 dollars (16.250 francs).


474

LE MONDE ARTISTE

2e Prix : 2.500 dollars (12.500 francs). 3e Prix : 1.500 dollars (7.500 francs). Classe (B) Musiques de 28 exécutants : 1er prix : 22.500 fr. ; 2e prix : 17.500 fr. ; 3e prix : 10.000 fr.

Classe (C) Musiques de 35 exécutants : 1er prix : 30.000 fr. ; 2e prix : 20.000 fr. ; 3e prix : 10.000 fr.

Soit en tout 30.000 dollars (150.000 fr. chiffres ronds).

Les concours auront lieu de 10 heures du matin à 4 heures de l'après-midi :

Les 12 et 13 septembre pour la classe A. Les 14 et 15 septembre pour la classe B. Et les 16 et 17 septembre pour la classe C.

S.L.

NOTES ET INFORMATIONS

— LES THÉATRES DE PARIS.

Le Gymnase et la Gaité ont fermé leurs portes cette semaine ; les Nouveautés, l'Ambigu et l'Athénée continuent leur effort avec des chances diverses ; seule la Porte-Saint-Martin s'achemine vers la centième d'Electra. Dimanche dernier, cette belle oeuvre a été représentée devant un nombreux auditoire d'enfants dont les parents sont membres des groupes républicains, démocratiques, et la direction à annoncé qu'en présence de très honorables recettes, elle voulait qu'Electra pût continuer sa belle carrière, en dépit de la chaleur exagérée que nous Subissons.

— A l'Opéra-Comique.

Voici les recettes encaissées par l'Opéra-Comique pendant le mois qui vient de s'écouler :

1. Carmen.. 9.712

2. Lakmé. 2.575

3. Le Jongleur de Notre-Dame, le

Toréador 9.117

4. Alcesle 9.734

5. (Matinée), le Jongleur de NotreDame,

NotreDame, Toréador. 6.508

5. Manon 4.470

6. Le Caïd, Philémon et Baucis

(rep. pop.) ' 3.355

7. Alcesle , 8.855

8. Le Jongleur de Notre-Dame, le

Toréador 8.448

9. Alcesle 9 828

10. Carmen 9.660

11. Alcesle 9.800

12. La Reine Fiammelle 4.257

13. Mireille .. 4.437

14. Alcesle 9.442

15. Carmen 9.220

16. Le Jongleur de Notre-Dame, le

Toréador 8.894

17. A lcesle 9.844

18. Carmen 9.712

19. (Matinée), le Jongleur de NotreDame,

NotreDame, Toréador 5.858

19. Lakmé, le Chalet 3.726

20. Fra Diavolo, le Farfadet (repr.

pop.) 3.321

21. Le Jongleur de Notre-Dame, le

Toréador.. 7.034

22. Alcesle 9.667

23. La Vie de Bohème, les Noces de

Jeannette 5.956

24. Alcesle..... 9.546

25. Le Jongleur de Notre-Dame, le

Toréador 6.928

26. Mignon, le Farfadet 3.743

27. Le Barbier de Séville, les Noces

de Jeannette (rep. pop.) 4.575

28. Alcesle . 9.556

29. Le Jongleur de Notre-Dame, le

Toréador 6.553

30. Carmen 3.851

L'Opéra-Comique a donc joué 32 fois dans le courant de juin 1904 et encaissé la somme de 228,183 francs, ce qui donne une moyenne de 7,130 francs par représentation.

Pendant le mois correspondant de l'année 1903, l'Opéra-Comique avait joué 34 fois et encaissé la somme de 148,569 francs, ce qui donnait une moyenne de 4,369 francs par représentation.

— Une lettre inédite de Wagner.

Lors d'un projet de représentation de Lohengrin à la Salle Ventadour en 1876, Richard Wagner écrivait la lettre suivante à un de ses correspondants de Paris, M. Ch. Uhlmann. On y verra combien le Maître avait été blessé, sans trop vouloir le paraître, par un article alors récent publié dans le Figaro.

Monsieur,

Je ne lis aucun journal, ni français ni allemand, pas même le Figaro parisien. Si je suis puni pour cela par les injures des journaux il serait à ceux, qui s'en trouvent blessés en mon nom, de punir les insulteurs, et si ce n'était que pour sauver l'honneur de la même presse publique, qu'ils honorent de leur attention.

Quant à la représentation du Lohengrin à la salle Ventadour, j'y demeure parfaitement étranger.

Recevez, Monsieur, l'expression de mes remerciments et l'assurance de ma considération distinguée.

RICHARD WAGNER. Bayreuth, 27 janvier 1876.

— La retraite de la Duse.

Il se confirme que la célèbre tragédienne est à la veille de quitter la scène.

Mais auparavant, nous dit une dépêche de Berlin, elle doit faire une tournée dans les villes allemandes, puis à Londres et à Berlin.

Finalement, elle ne ferait ses adieux au public italien qu'au printemps prochain.

— A propos de « Rule Britannia ».

Mme Kathleen Schlesinger communique au Times une lettre de Mme Wagner, datée du 11 novembre 1899, d'après laquelle l'ouverture de Richard Wagner, intitulée Rule Britannia, et dont la découverte a Leicester a fait récemment tant de bruit, n'aurait jamais été perdue. Elle existe dans les archives de Bayreuth, mais Mme Wagner s'est toujours opposée à sa publication.


LE MONDE ARTISTE

475

— Le chant du cygne.

Dans l'histoire, qui est à faire, des directions théâtrales et plus particulièrement de celles de l'Opéra, depuis Lulli, un homme cité bien rarement par les historiens tiendrait une place assez considérable. Il s'agit de ce Devisme de Valgay, musicien médiocre, que la protection d'un valet de chambre du roi fit, en 1778, administrateur de l'Opéra, dirigeant au nom de la Ville, avec 80,000 livres d'appointements.

Ce personnage, d'un caractère peu élevé et de prétentions immodestes, disparut longtemps de l'Académie Royale, mais lorsque la Révolution s'apaisa, lorsque la France dirigea ses regards vers le premier Consul, Devisme reparut et devint l'associé de Bonnet de Treiches, comme administrateur du Théâtre des Arts. Mais peu de temps après il fut destitué pour abus de pouvoir et gestion louche.

Il se retira à Caudebec, et c'est de cette ville qu'en 1814, à la chute de celui dont il s'était montré plat courtisan, il écrivit à Blacas d'Aulps, secrétaire d'Etat, royaliste intransigeant, pour solliciter le poste de Directeur de l'Opéra.

La lettre inédite que nous donnons ci-dessous est vraiment typique et peint admirablement l'ancien ami du laquais de Louis XV :

Caudebec, 10 avril 1814. Monseigneur,

Je peux encore déssérvir le temple d'appollon qu' comme vous le jugerez bientot a besoin de réparations par les chutes nombreuses qui l'ont ebranlé depuis plusieurs années et vous scavez si j'en suis capable. J'ay la tête aussi poétique qu'a 20 ans.

Mais si quelques motifs vous engagent a laisser subsister l'administration de l'opera telle qu'elle est; ne penseriez vous pas qu'il serait utile à la chose de m'en donner la surintendance à l'instar de celle qu'exerçaient les intendants des menûs plaisirs.

J'ay Lhonneur d'etre connu du Roy de Mgr le Comte D'artois et de toute la famille royale.

J'ay quelque droit a cette réclamation : j'ay tout fait pour les arts, et les arts n'ont rien fait pour moy.

Un nouveau jour va briller pour eux puisque Votre excellence est chargée de les diriger.

Je n'ai jamais oublié ce que vous avez eu la bonté de me dire plusieurs fois que vous regrettiez de ne pas pouvoir reparer le tort que le gouvernement a eû a mon egard. Votre excellence le peut aujourdhuy : ma pension dont le payement est suspendu depuis 1791, est vierge, elle est telle que le roy me l'a accordée et vous scavez qu'elle n'a pas été liquidée. J'ay conservé mon arret du Conseil en original. La couronne est relevée de sa déchéance et je dois esperer aujourdhuy que ma pension le sera aussi.

Ruiné par des tems malheureux ; remboursé par un decret de deux lignes de l'héritage de mon frère fermier général je demande a pouvoir subsister avec ma famille, mais si polymnie et terpsicore sont ingrattes envers moy, les autres muses qui ne sont pas si légéres peuvent m'ouvrir une autre carierre, je les ay cultivées tour a tour et j'ay été en relation avec leurs enfants cheris des siecles de Periclés d'Auguste et de notre grand Louis 14.

Rapellez moy auprés d'elles, en me donnant une place de Censeur ou toute autre qui nous sorte ma femme et moy d'une solitude ou vous avez gémi vous même de nous voir confinés et qui n'a eû de suportable que le bonheur de vous faire notre cour a Rouen.

Complimenter les arts et les belles lettres sur votre promotion c'est vous complimenter vous même.

Je suis avec un profond respect Monseigneur

De Votre excellence

Le très humble et très obéissant serviteur. DEVISMES.

P. S. — Je seray assez heureux pour retrouver encore une Ste Huberty.

Devisme ne fut pas nommé et mourut à Caudebec, dans l'isolement, à l'âge de soixante-quatorze ans.

CROQUIS A LA PLUME

Fr. Nicolas Manskopf.

Au physique, un homme très grand, au front élevé, au regard intelligent, aigu et rêveur tour à tour, au sourire sympathique, à la main cordiale ; au moral, un patient, un volontaire, un chercheur, un ami des arts un dévoué soucieux du devoir qu'il s'est imposé, un esprit cultivé, un sincère ami de la France.

Né à Francfort-sur-le-Mein, Fr. Nicolas Manskop

voyagea de bonne heure et se fit en Angleterre et sur le continent la renommée d'un musicomane avisé. Après avoir salué avec une admiration sans mélange les triomphants débuts de Mlle Calvé, après avoir écrit de judicieux articles sur la jeune Ecole française, après avoir dévalisé les cartons des marchands de gravures et les éventaires du quai Conti, il retourna dans sa ville natale et y fonda un Musée musical où sont entassés


476

LE MONDE ARTISTE

aujourd'hui plus de quinze mille pièces historiques concernant les compositeurs anciens et modernes ainsi que les interprètes de tous les chefs-d'oeuvre musicaux.

Le Musée de Francfort est d'un intérêt plus général que celui de Beethoven à Bonn, par exemple, ou ceux de Wagner à Eisenach, de Liszt à Weimar et de Hadyn à Vienne.

Ardent admirateur de la musique de tous les temps et de tous les pays, Nicolas Manskopf n'écouta que l'art, son seul maître, et ne montra jamais aucune préférence marquée pour telle ou telle école, encore que la France lui ait fourni la plus grosse part de ses merveilles.

A côté de portraits rares comme ceux de Paganini, de Fanny Essler, Taglioni, Camargo, on voit de merveilleux autographes, des reliques de Beethoven ; une mèche de cheveux que le génial musicien donna à Bettina von Arnim, sa plume, une cruche en porcelaine de Chine qu'il employait pour se verser de l'eau froide sur les mains, d'autres reliques de Liszt, Weber, des lettres de Wagner, l'autographe original du « Chant du Combat » de Rouget de l'Isle, des lettres de Berlioz, de Wagner, etc., etc.

L'homme de goût supérieur et d'intelligence éclairée autant que méthodique à qui nous devons les recherches fructueuses pour l'Histoire du Théâtre lyrique, a obtenu les palmes académiques, il y a plus de cinq ans. Depuis cette époque il a redoublé d'énergie et il a tant fait, en dehors de toute idée mercantile, pour la mémoire des artistes, que nous voulons espérer que notre ministre de l'Instruction Publique accordera bientôt, à ce défenseur de nos gloires, une nouvelle preuve de bienveillante sollicitude. M. T.

— Les Conservatoires étrangers.

Nous avons donné une liste des Conservatoires français. Voici celle des principaux établissements similaires en Europe :

En Italie — où les Conservatoires ont pris naissance, — ceux de Sainte-Cécile à Rome, le Conservatoire Verdi à Milan, ceux de Palerme, de Parme, l'Instituto musicale de Turin, le Liceo musicale de Bologne, le Civico Instituto di musica de Gênes, le Liceo civico Benedetto Marcello de Venise, le Conservatoire de Pesaro, etc., etc.

L'Allemagne a les Conservatoires de Berlin, de Leipzig, de Dresde, Cologne, Stuttgard, Hanovre, Munich, Francfort, Carlsruhe, Weimar, Hambourg.

La Suisse a celui de Genève, les écoles de Bâle, Zurich, Lausanne, Berne ; l'Autriche, les Conservatoires de Vienne et de Prague ; la Hongrie, celui de Budapest; la Roumanie, ceux de Bucarest et de Jassy. La Grèce a le Conservatoire d'Athènes, réorganisé récemment par M. Truffler ; la Russie, ceux de Saint-Pétersbourg, Moscou, Varsovie, Helsingfors (Finlande) ; la Hollande, ceux d'Amsterdam, de La Haye, de Rotterdam ; le Danemark, celui de Copenhague; la Suède, celui de Stockholm ; la Norvège, celui de Christiania.

A côté de la Royal Academy of music de Londres, et du Royal College of music, l'Angleterre possède le Guildhal School of music, qui ne comprend pas moins de 3,000 élèves, et le Royal College of music de Manchester.

L'Espagne ne compte que deux établissements dignes d'être comparés à ceux que nous venons de citer : les Conservatoires de Madrid, de Barcelone et de Valence. En Portugal, le Conservatoire royal de Lisbonne est très important. En Belgique, quatre

Conservatoires ont acquis une réputation universelle : ceux de Bruxelles, de Liège, de Gand et d'Anvers.

— Trente Ans de théâtre.

Sous le titre Trente Ans de théâtre, notre excellent confrère et ami Adrien Bernheim a fait paraître, chez Fasquelle, la seconde série d'études extrêmement variées et pittoresques sur les choses de théâtre. On y retrouvera, notamment, à la suite de remarquables chapitres, très documentés, sur le Théâtre populaire à Paris et à l'Etranger publiés par le Temps, la plus grande partie des souvenirs si vivants que M. Adrien Bernheim a donnés, ces temps derniers, au Figaro.

A propos de ce nouveau livre, un joli « coup de crayon », emprunté au Gaulois :

M. Adrien Bernheim

Vient de nous donner son second volume de Trente ans de Théâtre, composé de remarquables études sur les théâtres populaires à l'étranger et d'articles anecdotiques d'un joli intérêt.

Car ce haut fonctionnaire, bien que frisant la quarantaine, a déjà beaucoup vu. Entré aux Beaux-Arts il y a près de vingt ans, il a, durant plus de dix années, tenu d'une main les ciseaux de l'inspecteur des théâtres, autrement dit du censeur, et de l'autre ceux du feuilletoniste dramatique, s'acquittant d'ailleurs de cette double fonction avec une compétence qui lui valut la précieuse amitié de l' « Oncle », dont il était un des neveux préférés. C'est ainsi que sur la demande de Sarcey, il fut, il y a une dizaine d'années, à la mort d'Henry Regnier, nommé commissaire général des théâtres subventionnés, par M. Eugène Spuller, à la seule condition qu'il abandonnât la critiqne.

Le commissaire général tint parole, non sans quelques regrets, donnant raison à ceux qui estiment que c'est le fonctionnaire qui fait la fonction. Ce poste qui, sous Vaucorbeil, La Rounat et Armand Gouzien, était surtout agréable, devint alors important, et le commissaire général, représentant le ministre, fut chargé de présider, d'inaugurer, remplissant à la satisfaction de tous cette nouvelle charge. Il se consola de ne plus faire de la critique en fondant cette admirable oeuvre des Trente Ans de Théâtre, qui est à la fois une société de bienfaisance et le théâtre populaire des faubourgs de Paris. Et je gage qu'aujourd'hui le haut fonctionnaire tient plus à ce titre de président des Trente Ans qu'à celui de commissaire général. Il faut le voir, dans ces représentations populaires, allant, venant, veillant à tout et obtenant tout des artistes, tant il apporte de bonne humeur et de ténacité cordiale dans l'oeuvre entreprise.

Cordialité tenace et communicative. C'est, en effet, son grand mérite auquel il faut ajouter une simplicité toute franche, assez rare chez le haut fonctionnaire, et en même temps une fidélité d'amitié toute à son honneur.

Ses meilleurs et ses plus vieux amis sont MM. Alfred Capus et Léon Gandillot.

Signe distinctif : est chaque fois mis en cause quand il s'agit de renouveler le privilège d'un théâtre subventionné, et sera certainement quelque jour, quoi qu'il en pense et quoi qu'il veuille, à l'exemple de ses prédécesseurs, Vaucorbeil et La Rounat, le directeur d'une de nos grandes scènes d'Etat.


LE MONDE ARTISTE

477

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Le Paon de M. Francis de Croisset, qui a obtenu un si franc succès à la Comédie-Française, vient de paraître chez Fasquelle.

Etudes de Littérature canadienne française, par Charles Ab. der Halden (un volume in-18 de 468 pages, broché, 4 francs ; de Rudeval, éditeur, 4 rue Antoine-Dubois, Paris).

Cet intéressant ouvrage, précédé d'une magistrale introduction de M. Louis Herbette, conseiller d'Etat, après nous avoir fait assister à la naissance de la littérature.canadienne française, lors des temps héroïques, étudie l'oeuvre des grands écrivains tels que de Gaspé, Crémazie, Gérin Lajoie, Fréchette, et suit dans leurs productions les auteurs immédiatement contemporains.

L'éminent préfacier et M. Ab. der Halden racontent ainsi la nation canadienne, et nous font pénétrer dans l'intimité de la famille par delà l'Océan.

Le Théâtre profite de l'été pour s'étendre sur les succès de l'hiver. Il donne le Fils de l' Etoile qui réussit à l'Opéra, l'Escapade qui fut un succès au PalaisRoyal, la Divine Emilie qui plut à l'Odéon, le Démon du Foyer qui y passa, et la Cage qui paraît y rester ; c'est une revue qu'on passe à l'ombre et qui fait plaisir.

Avec le fascicule 430 qui vient de paraître, le Nouveau Larousse illustré termine sa 43e série. Illustrée de près d'un millier de gravures, et contenant 14 planches, dont une en couleurs, et 14 cartes, dont une également en couleurs, cette belle brochure s'étend du mot Travail au mot Vergy. Elle ne comprend pas moins de 5149 articles, parmi lesquels nous rappellerons entre autres les mots : Tremblement, Trente, Trésor, Triangle, Tribunal, Tricot, Trigonométrie, Trochu, Troubadour, Tuberculose, Tunisie, Turgot, Turquie, Tutelle, Unité, Université, Uranium, Uruguay, Vaccination, Valeur, Vapeur, Variole, Vase, Vatican, Vauban, Védisme, Velours, Venezuela, Venise, Vent, Vente, Ver, etc. Avec le fascicule 431, paru cette semaine en même temps que le 430e, commence la 44e série, la dernière du Nouveau Larousse illustré. (La série 5 francs chez tous les libraires.)

MEMENTO.

COURRIER DE LA SEMAINE

PARIS.

— Le centenaire de George Sand a été le prétexte d'un don précieux pour notre cabinet des manuscrits.

Ce département de la Bibliothèque nationale vient de recevoir, en effet, les fameuses lettres de Lui et d'Elle.

On les a aussitôt classées sous le numéro 10369 des nouvelles acquisitions et sous ce titre : « Correspondance d'Alfred de Musset et de George Sand (18331835). »

Ces lettres sont dès aujourd'hui à la disposition du public, ainsi que les manuscrits de Zola dont nous annoncions l'autre jour le don, et qui sont classés du numéro 10265 au numéro 10355, formant ainsi quatrevingt-dix volumes de manuscrits.

Il semble d'ailleurs que le don généreux de Mme Zola ait porté bonheur à notre cabinet de manuscrits qui, en quelques jours, s'est en outre enrichi du « Litre de raison », d'Antoine Michel, maître chirurgien à Tarascon, des Annales et Chroniques d'Anjou, par Nicolas

Lemanceau, et de précieuses lettres de Turgot à Desmarets.

— On savait déjà que la statue d'Alfred de Musset, due au ciseau du statuaire Mercié et donnée à la Ville de Paris par M. Osiris, serait érigée place du ThéâtreFrançais. M. Paul Escudier, ancien président du Conseil municipal, en a fait déterminer par ses collègues l'emplacement exact. Il s'agit de placer la statue selon un dispositif nouveau à Paris mais qui est en honneur en Italie. La statue ne sera pas au centre de la place. Elle sera adossée aux arcades du Théâtre-Français du côté droit, non loin de la première galerie couverte du Palais-Royal, à l'endroit où se trouve actuellement un kiosque à journaux. M. Escudier a fait remarquer à ses collègues que l'oeuvre du sculpteur Mercié était de petites dimensions et que la statue, mise ainsi dans un renfoncement, pourrait au besoin être encadrée d'un motif d'architecture. On va tenter cette expérience qui, espère M. Escudier, sera heureuse.

— On va démolir la maison de Béranger ou, plus exactement, l'immeuble dans lequel le célèbre chansonnier occupait avec Mlle Judith, sa « Lisette », un très modeste logement.

Dans les trois petites pièces qui composent ce logement défilèrent toutes les illustrations de la littérature du dix-neuvième siècle, depuis Victor Hugo et Lamartine jusqu'à Dumas et George Sand. L'un des plus fidèles habitués de ce logis était Lamennais.

On a du moins sauvé le mobilier, la table autour de laquelle se réunissaient les amis, les sièges, la lampe qui présidait aux veillées ; et Carnavalet possède de ce mobilier la pièce la plus intéressante, une pendule assez jolie, dont l'aiguille est arrêtée sur l'heure à laquelle Béranger rendit le dernier soupir, au fond de la petite alcôve qui aura disparu dans quelques jours.

La rue porte le nom du chansonnier, la maison qui sera construite sur les ruines de celle de Béranger sera pourvue d'une plaque commémorative.

— M. Paul Meurice, bien qu'il marche gaillardement vers sa quatre-vingt-sixième année, n'a pas renoncé au théâtre, où il compte tant de succès.

L'auteur du drame de Struensée occupe en ce moment ses loisirs d'été à Veules-eu-Caux, où il s'est installé depuis près d'un mois déjà, à tirer un drame du célèbre roman de George Sand, la Mare au Diable.

— Conservatoire populaire de Mimi-Pinson.

Les cours sont interrompus jusqu'au 1er septembre, sauf les cours de solfège et les cours préparatoires de danse qui continueront pendant les vacances aux écoles : 10 bis, passage de l'Elysée des Beaux-Arts; 12, rue Clauzel ; 216 bis, rue Lafayette ; 15, rue de l'Arbre-Sec; 91, boulevard Raspail.

Pour tous renseignements, s'adresser, le mercredi soir de 8 à 10 heures, passage de l'Elysée des BeauxArts, 10 bis.

— Nous apprenons que M. Armand Bour a signé définitivement le bail du théâtre des Bouffes-Parisiens.

— La représentation de la Juive, dimanche dernier, au Jardin d'acclimatation, a été plus qu'un succès, un véritable triomphe.

Mmes Lyvenat (Rachel), Salembier (Eudoxie), MM. Hugues (Eléazar), Vermont (Brogni) et Ariel (Léopold), ont chanté dans la perfection et ont été rappelés plusieurs fois par la salle entière.

Aujourd'hui, Giroflé-Girofla, l'opérette de Ch. Lecocq, sera donnée avec le ballet, c'est-à-dire telle qu'elle fut représentée l'an dernier, au théâtre de le Gaîté.


478

LE MONDE ARTISTE

— Les Chanteurs de Saint-Gervais donneront le jeudi 28 juillet prochain, à quatre heures de l'aprèsmidi et sous le patronage de l'Exposition des Primitifs français, au château de Fontainebleau, une matinée musicale consacrée aux Maîtres musiciens primitifs de la Renaissance française. Cette reconstitution de la musique du XVIe siècle, dans son cadre de l'époque, sera mi-religieuse et mi-profane. A la chapelle haute de Saint-Saturnin les motets de Josquin, Richafort, Goudimel, etc.; dans la merveilleuse galerie Henri II, dans la tribune même des Chanteurs des Valois, les savoureuses chansons des Roland de Lassus, Claudin, Costeley et Jannequin.

La séance aura lieu sous le patronage de la Croix Rouge de Fontainebleau, afin qu'une partie de la recette aille aux victimes de la guerre russo-japonaise.

— M. G. Lieusson, directeur de la Bodinière, vient de confier le secrétariat général du théâtre, pendant la saison 1904-1905, à M. Marcel Deshayes, bien connu dans le monde des arts et des artistes. Nos compliments à tous les deux.

— Le concours musical de la Ville de Paris pour la période 1904-1905 sera ouvert prochainement. Avant les vacances, le Conseil municipal votera les crédits nécessaires. On lui demandera, à cette occasion, de modifier le règlement actuel, en écartant du concours les compositeurs ayant eu une oeuvre de trois actes au moins représentée dans un théâtre subventionné. L'article premier du concours serait ainsi rédigé :

« Un concours est ouvert par la Ville de Paris entre tous les musiciens français, pour la composition d'une oeuvre musicale de haut style et de grandes proportions, avec soli, choeurs et orchestre, sous la forme symphonique ou dramatique.

« Toutefois, ne pourront prendre part au concours les compositeurs ayant eu une oeuvre de trois actes au moins représentée dans un théâtre subventionné. »

Cette modification a pour but d'égaliser les chances des concurrents dont la notoriété n'a pas été consacrée par des oeuvres importantes déjà connues du public.

— Voici le résultat des concours de chant et de déclamation de l'Ecole classique de la rue Nicolas-Charlet, qui viennent d'avoir lieu à l'Athénée Saint-Germain.

Pour le chant, le jury, présidé par M. Chavagnat, directeur, et composé de Mlle Beauvais, Mme Castillon, MM. Vernaelde, Mazalbert, du Tilloy, Vallade et Petit, a décerné les récompenses comme suit :

Femmes. 2e prix : Mme Daltos, élève de M. Paravey; 1er accessit : Mlles Berthal, élève de M. Gaillard-Salla, et Wasilewska, élève de M. Paravey ; 2e accessit : Mme Ciavari, élève de M. Gaillard-Salla. Hommes. 2e prix : M. Boissier, élève de M. Paravey ; 1er accessit : M. Blondin, 2e accessit : M. Decagny, élèves de M. Gaillard-Salla.

Pour la déclamation, le jury, composé de : (M. Chavagnat, président), MM. de Gourcuff, docteur Chassagne, Chassaigne de Néronde, de Farcy, Tune et Chevillot, a décerné les récompenses comme suit :

Tragédie (femmes) : 1er accessit : Mlle Fillacier et Baia ; 2e accessit : Mlle Deberge. (Hommes), 1er accessit : M. Schwarz.

Comédie (femmes) : 2e prix : Mlle Baia ; 1er accessit: Mlles Berthal et Deberge ; 2e accessit : Mlle Wasilewska. (Hommes). 2e prix : M. Schwarz; 1er accessit : M. Boissier.

Tous élèves de M. G. Voisin, professeur intérimaire.

— Voici le résultat du concours de piano supérieur de l'Ecole classique de la rue Nicolas-Charlet, qui vient

d'avoir lieu à l'Athénée Saint-Germain, sous la présidence de M. Ch. René, compositeur.

Le jury, composé de : Mmes Filliaux Tiger, René Panthès, Desmoulins, Chrétien, MM. Jaudoin, Wurmser et Morpain, a décerné les récompenses comme suit :

1er prix : Mlles Weyrich, Perroud et Cullié ; 2e prix : Mlles Réveillé, Labat et Dalençon ; 1er accessit : Mlles Lasserre, Watier et Brugier ; 2e accessit :Mlles Chagalevitch, Parant et Rivet. Toutes élèves de M. Ed. Chavagnat, directeur.

PROVINCE ET ÉTRANGER

— M. Lugné-Poë, retour d'Italie, a complété la distribution des trois oeuvres inédites qui seront données, à Orange, les 30, 31 juillet et 1er août.

Voici la distribution définitive de Dyonysos, par M. Joachim Gasquet :

Dionysos, Mlle Moreno ; Agavé, Mme Teissandier ; Première Bacchante, Mlle Delvair; Deuxième Bacchante, Mlle Brille; Troisième Bacchante, Mlle Barrat ; Quatrième Bacchante, Mlle Delange.

Kadmos, M. Garnier ; Pentheus, Camille Gorde ; Premier Thibain, L. Chéron ; Deuxième Thibain, Lecomte ; Teiresiar, Seillard; Un Berger, J. Hervé.

Voici également la distribution de Cinthia, par M. G. Meunier :

Cinthia, Mlle Moreno; Lanthéra, Mlle Teissandier; Première Jeune- Fille, Mlle Archimbaud ; Deuxième Jeune Fille, Mlle Barrat.

Antocharis, M. Dorival; Tragelaphos, Severin-Mars; le Veilleur, Chotard ; Premier Veilleur, Saillard; Deuxième Veilleur, Chéron ; les Esclaves, Roland; les Jeunes Hommes, Lecomte, Idamas, Marc Gérard ; un Berger, Berger.

Les répétitions se poursuivent activement sur la grande scène du Trocadéro.

— Le docteur Meillon et M. Gustave Labruyère ont arrêté le programme des représentations qui seront données cet été au « Théâtre de la Nature », à Cauterets :

Le dimanche 31 juillet : La Samaritaine de Rostand, avec MM. Albert Darmont, du théâtre SarahBernhardt ; Dauvilliers, de l'Odéon ; Mme Cora Laparcerie.

Le dimanche 7 août : Les Phéniciennes, de Rivollet, avec M. Mounet-Sully, Mme Segond-Weber, Mlle Lucie Brille, Mlle Besson, MM. Talrick, Cappellani, Dauvilliers.

Le dimanche 21 août : Médée, de Catulle Mendès, avec Mme Segond-Weber, M. Darmont, Mlle Brille.

Une importante orchestration accompagnera chacun de ces spectacles et sera dirigée par le maestro Eug. Vasseur.

— Maxime Gorki a terminé un nouveau drame, qui va être représenté sous peu au Théâtre artistique de Moscou. Gorki a, dans sa nouvelle pièce, qui a pour titre : Hôtes d'été, dépeint les moeurs de la société riche de Russie. Les héros de la pièce appartiennent aux classes élevées ; il s'y trouve un médecin, un avocat, un ingénieur et un écrivain.

Gorki a lu son oeuvre à quelques-uns de ses amis, sur qui elle a produit une impression profonde.

— M. Hans Richter, le célèbre kapellmeister allemand, auquel le roi Edouard VII vient de conférer l'ordre de Victoria, ne dirigera pas de concerts à Londres, dans le courant de la saison d'hiver prochaine. M. Hans Richter est tellement pris par ses occupations à Manchester, qu'il lui est impossible d'aller à Londres


LE MONDE ARTISTE

479

diriger des répétitions ; d'autre part, les arrangements pour amener dans la capitale anglaise l'orchestre Hallé de Manchester, qu'il avait l'habitude d'y diriger depuis quelques années, n'ont pas abouti.

— Les concerts philharmoniques de Berlin, sous la direction de M. Arthur Nikisch, comprendront sur leurs programmes pendant la saison prochaine : troisième symphonie (ré mineur) de Bruckner, quatrième symphonie (sol mineur) de Dvorak, cinquième symphonie de Mahler, l'Ile de Circé (troisième partie d'un vaste ouvrage symphonique intitulé les Voyages d'Ulysse), par E. Boehe ; Variations et double fugue sur un thème joyeux, par G. Schumann ; Istar, variations symphoniques par Vincent d'Indy; sérénade pour instruments à vent par W. Lampe ; Sinfonia domestica de Richard Strauss ; Romeo et Juliette de Berlioz ; Faust-Symphonie de Liszt ; oeuvres de Beethoven , Brahms, etc.

— Les journaux de Berlin nous apprennent que M. Félix Weingartner s'est engagé à faire, l'hiver prochain, une tournée de concerts en Amérique. Il dirigera en février l'orchestre de la Société philharmonique de New-Yord et se rendra ensuite à Philadelphie, à Chicago et à Boston. La durée de l'engagement est de six semaines,

PAUL MILCOUR.

NÉCROLOGIE

— Nous apprenons la mort prématurée, à quarante et un ans, d'un compositeur de talent, Camille Andrès. Très modeste en même temps que très érudit, Andrès promettait, en dehors d'un certain nombre de morceaux de valeur, déjà publiés, une oeuvre dans laquelle il aurait donné sa mesure, et il y travaillait avec passion. Né à Colmar, il avait conservé l'amour du pays natal et, dans ses inspirations, on retrouvait la largeur de style et de pensée des vieux maîtres alsaciens,

Camille Andrès était organiste à Notre-Dame-desChamps, et il est décédé chez les Frères Saint-Jean-deDieu après une douloureuse maladie.

— On nous annonce de Berlin la mort, à l'âge de cinquante-sept ans, de Louise von Pöllnitz, une cantatrice qui compta vingt années de succès à l'Opéra impérial, et ensuite dans les théâtres de Cologne et de Koenigsberg. Depuis 1880, elle était revenue à Berlin, mais abandonnant la scène lyrique elle avait abordé le drame, dans lequel elle ne fut pas moins applaudie.

— On annonce de Carlsruhe la mort du peintre Edmond Kaoldt, professeur à l'Ecole des-beaux arts de cette ville.

Il était né en 1845 à Grossrudested, près de Weimar. Il vivait à Carlsruhe depuis 1876.

Edmond Kanoldt, écrit la Gazette de Francfort, était un maître du « paysage héroïque » au sens de Frédéric Preller, dont il a été l'élève. Certains de ses tableaux, composés avec un grand sens du pathétique, sont d'une grandeur imposante et d'un style remarquable. L'artiste empruntait la plupart du temps ses figures à la mythologie classique. Cependant des légendes allemandes (la Loreley et autres) l'ont quelquefois inspiré, de même que les paysages allemands de Thuringe et des monts Rhoeu et Eifel.

— L'un des musiciens les plus connus de SaintPéterebourg, Wilhelm Wurm, depuis 1862 professeur de cornet à pistons au Conservatoire de cette ville, où il s'était établi en 1847, vient de mourir à l'âge de soixante-dix-huit ans. Il était né à Brunswick. Ses principaux

principaux consistent en arrangements et en duos, trios, quatuors pour instruments à vent. Il était, depuis 1869, directeur de la musique militaire de la garde russe.

— A Vienne est morte, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, Franziska von Bocklet, veuve du compositeur, pianiste et violoniste Carl Maria von Bocklet (18011881), auquel Beethoven s'était intéressé et qui fut l'ami de Schubert ; on ne peut citer aucun de ses ouvrages comme lui ayant survécu.

COURRIER DE LA MODE

Les chapeaux Charlotte font fureur non seulement pour les enfants mais pour les grandes personnel. A la campagne comme à la ville on ne voit qu'eux. Ils ont le grand agrément d'être légers, et très seyants.

Je vous recommande aussi un petit fichu en filet de soie frangé d'une belle frange ou bordé d'une haute guipure. Une petite ruche chicorée en taffetas découpé encadre le fichu, lorsqu'il est bordé par la guipure, et en relève l'éclat. Un petiti effilé Tom Pouce fait mieux avec la frange. La mode invente cette année de ces mille riens charmants pour jeter sur les épaules. Cela pèse à peine le poids d'une plume, et permet au moins de ne pas sortir en taille sans se surcharger par la chaleur.

Les cheveux redoutent le contact de l'eau salée. C'est alors qu'il faut les soigner mieux que jamais, et qu'un flacon d'Extrait capillaire des Bénédictins du MontMajella est précieux à avoir dans sa malte, car il empêche et arrête la chute des cheveux, les fait repousser et en retarde la décoloration. Il détruit aussi les pellicules. Prix 6 francs le flacon franco, contre mandatposte 6 fr. 85, adressé à l'administrateur, M. E. Senet, 35, rue du Quatre-Septembre. Se défier des contrefaçons, BERTHE DE PRESILLY.

CONSEIL. — Le Duvet de Ninon, seule poudre de riz employée par la toujours belle Ninon de Lenclos, communique à l'épiderme une blancheur diaphane. Cette poudre invisible et très adhérente à la peau existe en quatre nuances : blanche, rosée, naturelle et rachel. Prix : 3 fr. 75 la boîte franco contre mandat-poste de 4 fr. 25 adressé à la Parfumerie Ninon, 31, rue du Quatre-Septembre. Exiger le vrai nom pour éviter les contrefaçons. B. DE P.

Chemins de fer d'Orléans.

Recommandations en vue d'éviter, dans les transports par chemin de fer, les pertes de colis ou les retards dans leur livraison.

Beaucoup de personnes ont pris l'habitude d'inscrire, sur les colis-bagages ou autres qu'elles remettent au chemin de fer, leur adresse et le nom de la gare destinataire.

Cette précaution évite presque toujours les fausses directions avec leurs conséquences, c'est-à-dire les retards dans la livraison ou même la perte des colis. Aussi se généralise-t-elle de plus en plus,

Pour faciliter l'inscription de la gare destinataire à chaque nouveau voyage, la Compagnie d'Orléans met en vente, dans ses gares et stations, des carnets d'étiquettes gommées et des liasses de fiches, au prix de 0 fr. 05 le carnet de 10 étiquettes ou la liasse de 10 fiches.

Le Gérant : A. MARETHEUX.


480

LE MONDE ARTISTE

CHEMIN DE FER DU NORD

SAISON DES

BAINS DE MER

de la veille des Rameaux au 31 Octobre

BILLETS D'ALLER ET RETOUR

Valables du Vendredi au Mardi ou de l'Avant-veille au surlendemain des Fêtes légales.

Prix (1) et durée du trajet au départ :

DE PARIS BILLETS Durée

AUX STATIONS BALNÉAIRES HEBDOMADAIRES du

CI-DESSOUS

_ 1re cl. 2e cl. 3e cl. trajet.

Berck 31 » 24 15 17 » 3h 1 /2

Boulogne (Ville) 34 » 25 70 18 90 3h 1/4

Calais (Ville) 37 90 29 » 21 85 3h 1/2

Cayeux 29 30 23 05 15 95 3h 1/2

Conchil-le-Temple 28 80 22 50 15 75 3h 1/2

Dannes-Camiers 31 70 24 40 17 50 3h 1/2

Dunkerque 38 85 29 95 22 60 4h

Etaples. 30 90 23 95 17 » 3h 1/4

Eu 25 40 20 10 13 75 3h

Ghyvelde (Bray-Dunes). 39 95 31 15 23 40 5h Gravelines (Petit-Fort-Philippe) 38 85 29 95 22 60 4h 1/2

Le Crotoy 27 90 21 95 15 15 3h 1/2

Leffrinckoucke 39 40 30 55 23 05 5h

Le Tréport-Mers 25 75 20 35 13 90 3h

Loon-Plage 38 75 29 90 22 50 4h 1/2

Marquise-Rinxent 35 50 26 75 20 » 4h

Noyelles 26 45 20 85 14 35 3h

Paris-Plage (2) 32 10 24 95 18 » 3h 1/2

Quend (Fort-Mahon) 28 30 22 15 15 45 3h 1/2

Saint-Valery-sur-Somme 27 15 21 35 14 70 3h

Wimille-Wimereux 34 55 26 10 19 30 4h

Woincourt 26 45 20 85 14 35 3h

Zuydcoote 39 80 30 95 23 25 5h

(1) Les prix de ces billets ne comprennent pas

les 0 fr. 10 de droit de timbre pour les somme supérieures à 10 fr.

Des carnets comportant cinq billets d'aller et retour sont délivrés dans toutes les gares et stations du réseau à destination des stations balnéaires ci-dessus.

Le voyageur qui prendra un carnet pourra utiliser les coupons dont il se compose à une date quelconque dans le délai de 33 jours, non compris le jour de distribution.

(2) Tramway du 15 mai au 15 octobre.

Note importante. — Pour les heures de départ et d'arrivée, ainsi que pour les autres billets spéciaux de bains de mer, consulter les affiches.

Chemins de fer de l'Est

SERVICES RAPIDES PARIS VOSGES

(Saison d'été 1904)

Le trajet de Paris à Gérardmer et à Bussang peut s'effectuer par trois express, deux de jours et un de nuit. Pendant la saison d'été ces trains partent de Paris à 8 h. 25 matin, Midi 30 et 10 h. 20 soir pour arriver le premier à Gérardmer à 4 h. 18 soir et à Bussang à 6 h. 14 soir ; le second à Gérardmer 10 h. 00 soir et à Bussang à 10 h. 13 soir ; le troisième à Gérardmer a 9 h. 13 matin (à 8 h. 31 du 10 Juillet au 20 Septembre) et à Bussang à 9 h. 18 matin.

Des voitures de 1re et 2e cl. circulent directement entre Paris et Gérardmer, savoir :

Jusqu'au 20 Septembre, au train partant de Paris à 8 h. 25 matin pour arriver à Gérardmer à 4 h. 18 soir. Au retour, départ de Gérardmer à 9 h. 20 matin pour arriver à Paris à 6 h. 12 soir.

Du 10 Juillet au 20 Septembre, départ de Paris à 10 h. 20 soir pour arriver à Gérardmer à 8h. 31 matin. Au retour, départ de Gérardmer à 1 h. 05 soir pour arriver à Paris à 9 h. 41 soir.

Un wagon-restaurant circule entre Paris et Nancy au train partant de Paris à 8 h. 25 matin. Ce train ainsi que celui partant de Gérardmer à 9 h. 20 matin pour arriver à Paris à 6 h. 12 soir, reçoivent, jusqu'au 20 Septembre inclus, les voyageurs de 2e classe de Paris pour Gérardmer et Bussang et vice-versa.

Les autres trains reçoivent des voyageurs de tontes classes, à l'exception de celui arrivant à Paris à 9 h. 41 soir qui ne comporte que des voitures de 1re et 2e classes dans le parcourt de Nancy à Châlons-sur-Marne.