Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 8 sur 8

Nombre de pages: 8

Notice complète:

Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1877-09-22

Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication

Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 19764

Description : 22 septembre 1877

Description : 1877/09/22 (A17,N38).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5454198n

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 03/12/2008

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


17e Année. — N° 38.

BUREAUX A PARIS : 17, RUE PIGALLE

Samedi 22 septembre 1877

LE

Adresser correspondances et mandats

à M. A. LEMOINE

Directeur du Journal.

MUSIQUE — THEATRES — BEAUX-ARTS

ACHILLE LEMOINE DIRECTEUR

Il sera rendu compte des ouvrages

dont deux exemplaires seront adressés à l'Administration.

Les abonnés au texte et à la musique recevront avec le numéro de ce jour : LA RÉGENTE, valse brillante, par A. DAVID.

Puis viendra :

N° 3 du BRAVO, couplets dialogues, par G. SALVAYRE.

AGENCE THÉÂTRALE DU MONDE ARTISTE

BUREAUX : 15, RUE PIGALLE

Engagements pour la France et l'étranger. — Traités pour la vente ou la location de l'orchestre des ouvrages du répertoire.

Adresser toutes les lettres concernant l'Agence à M. Henry LEMOINE fils. (Affranchir.)

THÉÂTRE-LYRIQUE. — OPÉRA-COMIQUE. La Clé d'Or. — Reprise de l'Éclair.

La première représentation de la Clé d'Or a suivi de près Graziella et l'Aumônier du Régiment. M. Vizentini ne veut pas perdre un jour pour mettre à exécution le programme qu'il s'est imposé, et l'on ne saurait l'en complimenter trop.

Du reste, le Théâtre-Lyrique est organisé maintenant de façon à pouvoir marcher rapidement dans la voie qu'il a choisie. Pour seconder le directeur, dont l'activité est vraiment surprenante, il y a dans ce théâtre un administrateur habile entre tous : M. Dignat ; un régisseur général excellent, qui fut artiste de réel talent lui-même : M. Scott. On peut faire beaucoup et agir vite avec un personnel tel que celui que M. Vizentini a réuni.

La première représentation de la Clé d'Or a donc eu lieu plus tôt qu'on ne pouvait l'espérer, vu les empêchements de la dernière heure, et cette représentation a été des plus honorables pour le théâtre : charmante mise en scène, exécution excellente ; joli spectacle enfin et digne d'un théâtre haut placé comme le National-Lyrique.

Cela dit, on nous permettra certainement de ne pas manifester un enthousiasme immense pour la Clé d'or, on ne nous le permettrait pas qu'il en serait absolument de même. La Clé d'or n'a jamais ressemblé à un opéra, comique ; c'est une comédie fade et vieillote. dont tous les caractères ont vingt fois servi et qui ne contient pas une scène un peu neuve. Nous ne comprenons pas qu'un homme d'esprit, un poète bien doué comme M. Gallet, ait vu une pièce lyrique dans ce roman. Nous comprenons encore moins qu'un musicien de la valeur de M. Eugène Gautier ait cru qu'on ferait avaler la Clé d'or au public d'un théâtre musical. Il n'y avait nulle

raison de faire de la musique sur cette historiette bourgeoise. Qu'a prétendu le compositeur? Sans doute que la comédie pouvait se changer en opéra-comique; oui, d'accord. Mais pour que l'alliage puisse s'opérer, il faut d'abord que la comédie ait quelque charme, quelque originalité ; il faut ensuite qu'elle ait par instant une certaine grâce poétique qui puisse inspirer le musicien. Rien de cela dans la Clé d'or : c'est du petit, du tout petit réalisme. C'est peutêtre un joli roman — nous n'en connaissons que ce que nous avons vu au Lyrique ; mais le nom d'Octave Feuillet nous porterait à dire affirmativement : c'est un joli roman. Seulement, il ne fallait pas mettre ces scènes bourgeoises en musique. M. Gautier s'est trompé, comme s'est trompé M. Gallet, et c'est dommage, car ce sont deux hommes d'esprit qui pouvaient faire beaucoup mieux.

Nous devrions peut-être, par devoir professionnel, raconter scène par scène la Clé d'or, en faire ressortir les défauts et les qualités, dire pourquoi le sujet n'est pas musical, etc., etc. Il y aurait là matière à une complète leçon d'esthétique théâtrale. Mais elle ne servirait à rien, et puis, les colonnes du Monde artiste appartiennent en grande partie à la province, pour le moment. Limitons-nous.

Donc la Clé d'or est une pièce très-bien conduite, mais qui n'est pas du tout musicale. La partition est une oeuvre de mérite, mais dans laquelle manque un peu l'inspiration — et quel génie aurait pu s'inspirer d'un aussi pauvre sujet! M. Gautier a fait preuve de talent ; on ne pouvait lui demander davantage. Si, pourtant, on aurait pu lui demander de ne pas mettre en musique une comédie aussi ennuyeuse et usée.

Nous l'avons dit et nous le répétons avec plaisir : bonne interprétation et charmante mise en scène. Mlle Marimon a chanté et joué à ravir un rôle extraordinairement difficile et peu fait pour mettre en relief ses merveilleuses qualités de cantatrice. Bouhy a chanté magistralement le rôle de Georges et l'a joué de façon à nous surprendre, nous qui pourtant faisons un cas très-grand de son intelligence scemque.

Christian et Grivot ont chanté très-convenablement et bien joué des personnages épisodiques. Eloges sincères à Mlle Sablairolles, qui a tiré tout le parti possible d'un petit rôle étrange et presque dangereux. Quant à M. Achard, lourd était le fardeau dont il s'était chargé. Nous pensons lui faire un véritable compliment en disant qu'il a soutenu sans accident le rôle du peu intéressant M. d'Athol, un gommeux de la plus belle eau qui se permet de faire du sentiment à l'heure où les petits bancs frissonnent.

Le Théâtre-Lyrique va maintenant entrer dans la véritable saison sérieuse : on prépare activement une grande reprise du Bravo avec Mlle Engally dans le rôle créé par Mlle Thibaut, rôle que l'auteur a profondément modifié. Tout promet une reprise imposante du bel ouvrage de M. Salvayre. Puis le programme sera suivi : on aura Si j'étais Roi, la Statue, et à la suite, les nouveautés déjà annoncées. Jamais saison ne promit d'être plus féconde.


2 LE MONDE ARTISTE

L'Opéra-Comique a repris l'Éclair avec un grand succès d'interprétation. Nous ne dirons rien de l'oeuvre, qui est toujours admirée et que le plus maladroit des directeurs même, ne saurait déconsidérer.

Le public a applaudi avec enthousiasme les ravissantes mélodies d'Halévy et la presse a encore une fois fait comme le public.

M. Stéphanne a fort bien chanté le rôle de Lyonel. Nicot s'est montré charmant, comme chanteur autant que comme comédien. Mlles Chevrier et Ducasse ont plu beaucoup. Enfin cette reprise de l'Éclair a obtenu l'unanimité des suffrages.

Le fait est heureux pour l'Opéra-Comique, parce que ce théâtre avait besoin d'un spectacle qui parvînt à intéresser enfin le public.

M. Garvalho se donne peut-être beaucoup de peine ou du moins il fait énormément travailler son personnel ; mais il faut que ce travail soit productif. Un écureuil .qui trotte sur sa roue et la fait tourner nuit et jour, travaille assurément beaucoup ; mais son travail ne sert pas à grand'chose. Il serait malheureux que le travail de l'Opéra-Comique ressemblât à celui du courageux écureuil.

JULES RUELLE.

Athénée-Comique. — Le Coucou, comédie en trois actes, par MM. Hippolyte Raymond et Alphonse Dumas. Un Homme fort, S. V. P., vaudeville en un acte, par M. Richard O'Monroy. Premières représentations le vendredi 14 septembre.

Constatons dès maintenant le succès de gaieté qui a présidé à la réouverture de cette salle surnommée non sans raison le second foyer de l'Opéra, car l'élégance y domine et l'on a surpris plus d'un gilet en coeur faire alternativement, pendant les entr'actes, la route qui mène d'un théâtre à l'autre.

Le menu de la soirée se composait d'un hors-d'oeuvre. dressé avec art et d'un plat de résistance pimenté capable de tenter les appétits les plus blasés. Occupons-nous du premier qui doit, en lever de rideau qui se respecte, mettre le public en belle humeur et le préparer à tenir tête au second.

Un Homme fort, S. V. P. est un vaudeville qui roule sur un quiproquo des plus amusants. Il est dû à la plume d'un fin et spirituel rédacteur de la Vie Parisienne ; c'est son début au théâtre, il promet un bon auteur fantaisiste de plus pour l'avenir.

Le principal d'un collège attend, dans une chambre d'auberge, l'arrivée d'un professeur érudit qui lui a été recommandé et à qui il compte faire épouser sa fille. Dans la chambre voisine, un directeur de cirque forain s'impatiente de ne pas voir venir un acrobate qui a déjà fait ses preuves et doit assurer le succès des représentations.

Enfin, le professeur et le saltimbanque se présentent; mais chacun d'eux se trompe de porte. Vous voyez d'ici à quelles situations comiques cette erreur peut donner lieu, car le principal et le directeur du Cirque ont projeté d'examiner le degré de savoir du rara avis attendu. Lorsque cesse le quiproquo, l'acrobate a exécuté plusieurs sauts de carpe, et généralement tout ce qui concerne son état, sous les yeux du proviseur ébahi, et le jeune savant, pressé par le directeur du Cirque, a été insensiblement amené, à sa trèsgrande surprise, à tenir un rôle dans la scène de l'ours et la sentinelle. Dans cet acte, qui a parfaitement réussi, M. Lacombe a révélé d'excellentes qualités de gymnasiarque.

Quant au Coucou, M. Montrouge, l'inimitable directeur-artiste, semble avoir le monopole des pièces de ce genre. Comme toujours, elle roule sur une association mutuelle dans le but de préserver le capital des femmes des atteintes que pourraient vouloir lui porter certains êtres redoutables et redoutés, jeunes et beaux le plus souvent, qui, semblables au Coucou, ont une préférence marquée pour le nid des autres. Cinq maris ont formé une société sous ce nom : le Coucou, pour faire une guerre acharnée à tous les séducteurs. Trois de ces maris ont déjà de sérieux griefs contre ceux-ci; deux seulement n'ont que des doutes. Mais comme l'élément célibataire est indispensable au fonctionnement de la Compagnie, on engage un beau garçon, qui, à l'insu des deux maris cités, a déjà ébauché deux intrigues avec leurs femmes.

Un rendez-vous donné par lui à l'une d'elles dessille les yeux

des sociétaires menacés, qui projettent de se rendre à l'endroit convenu pour confondre les coupables. Il en est de même de la femme négligée par le jeune galant. Le rendez-vous est au Moulin-Rouge, Chacun des deux maris, qui s'y est introduit déguisé en garçon de restaurant, sert alternativement la femme de l'autre et en devient amoureux. Nous arrêtons ici cette analyse, le reste est désopilant et inénarrable. Qu'il vous suffise de savoir que les deux maris jaloux, amoureux de la femme du voisin, cherchent à prendre place dans le camp de cet ennemi, dont leur co-association poursuit la destruction. Il y a une scène de duel à l'américaine fort drôle et très-artistement écrite et conduite.

Le succès obtenu par cette comédie ne surprendra personne quand nous aurons dit qu'elle a pour interprètes l'excellent compère Montrouge, qui a fait une création de bonhomie et de franche rondeur, à classer au nombre de ses meilleures, ainsi que Mme Macé-Montrouge, toujours fine et vive à la riposte. MM. Allart, Duhamel, Lacombe, donnent à ces interprètes d'un mérite supérieur une réplique intelligente et tiennent leurs rôles avec beaucoup de conscience. Mlle Léona Cellier, chargée de personnifier une des épouses en rupture de contrat, l'a fait avec assurance et a montré une verve peu commune ; ses débuts sur cette scène ont été fort remarqués.

H. DE FOVILLE.

AGENCE GÉNÉRALE DES THÉÂTRES pour la France et l'Étranger dirigée par MM. Al. BERTIN et Ar. BEURET, 6, boulevard des Italiens.

PROVINCE

LYON, 20 septembre. — GRAND THÉÂTRE. NOUS sommes enfin dans l'ère des représentations sinon parfaites du moins très-satisfaisantes, ce dont nous avait sevrés depuis 1ongtemps le prédécesseur de M. Aimé Gros ; aussi voyons-nous avec plaisir notre population reprendre la route de nos deux théâtres, ce qui doit être un enseignement péremptoire pour les directions en général et la nôtre en particulier. Avec une bonne troupe, de bons spectacles ; avec de bons spectacles, de bonnes recettes.

Nous n'avons à annoncer que les deux troisièmes débuts de Mmes Lamy et Juliani, 1re et 2e danseuses, qui ont été acceptées.

Hier, Guillaume Tell, premier début de M. Mierwinski, fort premier ténor que nous avons déjà vu sur notre scène. Nous nous abstiendrons provisoirement de toute appréciation, car il n'entre pas dans nos attributions de faire pression sur l'opinion publique. Cependant nous avons reconnu un progrès assez important dans la manière d'employer une voix admirable : nous attendrons d'autres débuts. Quelques succès à constater en faveur de M. Cabanne, deuxième ténor léger attendant son troisième début, qui nous l'espérons, lui sera favorable. M. Cabanne a appartenu à l'une de nos meilleurs chorales, je veux parler de l'Harmonie Gauloise, de laquelle ont fait partie notre compatriote Lassalle de l'Opéra, une célébrité et un excellent artiste, et M.Léon Gresse du Théâtre-Lyrique. Gela honore cette vaillante société et tout particulièrement son intelligent directeur M. Ghignard, dont la modestie n'a d'égale que son expérience et son dévouement. Notre orchestre et son jeune chef continuent à être chaque jour l'objet d'ovations très-chaleureuses.

Aujourd'hui le Songe, troisième début de M. Falchieri et deuxième de M. Jouanne, second ténor léger.

THÉÂTRE DES CÉLESTINS. — Toujours grande affluence, continuation des débuts de la troupe dramatique sur laquelle nous donnerons bientôt notre appréciation. Séraphine, comédie de M. Victorien Sardou, est en ce moment la pièce de résistance. Cet ouvrage très-bien interprété est la source de très-beaux succès en faveur de M. Paul Bondois et de Mlle Fleury, puis de très-fructueuses recettes au profit de l'administration ; l'orchestre peu nombreux sert toujours de laboratoire à défaire de l'harmonie au bonhomme qui a la toquade de vouloir poser pour professeur de cette science.

Dimanche passé, notre population se portait en foule sur la place Bellecourt pour assister à la fête de nuit donnée par M. Eugène Godard l'intrépide aéronaute. Le vent du nord, qui toute la journée avait soufflé avec violence, redoublait d'intensité au moment du départ ; le ballon la Ville de Lyon, agité, balancé dans l'espace avec des oscillations effrayantes, semblait à chaque instant sur le point d'être renversé, anéanti. A neuf heures, M. Godard, peu rassuré sur l'issue de la fête et craignant, a-t-il dit, de faire une omelette d'hommes, n'acceptait avec lui que deux des cinq voyageurs inscrits.

Un lâchez-tout qui fit frémir fut prononcé, et contrairement aux appréhensions des spectateurs, le ballon s'élevait presque perpendiculairement , dans les airs éclairé par un appareil pyrotechnique et les pièces d'artifice


LE MONDE ARTISTE 3

qu'il entraînait avec lui pendant quelque temps ; grâce à cet éclairage on a pu suivre sa marche rapide qui, à certaine hauteur, a paru se ralentir, puis tout a disparu. A ce départ fantastique et émouvant a succédé un brillant feu d'artifice. Nous savons que l'habile navigateur aérien, emporté avec une vitesse de 1 kilomètre à la minute, a pu atterrir sans accident sur le territoire de Condrieu, à 39 kilomètres de Lyon.

On se préoccupe beaucoup à Lyon et ses environs, en ce moment, des courses d'automne, 23-24 septembre, qui, grâce au dévouement des organisateurs actifs et dévoués, promettent d'être très-brillantes. Jamais on n'avait vu un aussi grand nombre de chevaux engagés. Nos félicitations à MM. les membres du Jockey-Club et à MM. les commissaires des courses pour un aussi beau résultat. — L. DESCHAUX.

TOULOUSE. — THÉÂTRE DES VARIÉTÉS. — Dans mon précédent numéro, je vous ai promis de vous donner l'impression produite sur le public, par MM. Gaugiran, Dorfer, Worms et Sureau ; je m'exécute.

M. Gaugiran est un artiste de mérite qui joue chacun de ses rôles avec beaucoup de talent. Dans par Droit de conquête il a su très-bien détailler la longue scène, toujours ennuyeuse, qui ouvre le premier acte et que, grâce à l'habileté de l'artiste, le public a écoutée avec plaisir.

M. Gaugiran est notre compatriote, et ses qualités indiscutables lui donnent droit à toutes nos sympathies ; nous lui demandons seulement un peu moins de froideur et un peu plus de distinction. Du reste, ce ne sont là que des questions de détail qui n'enlèvent rien à son mérite réel. Nous pouvons le dire sans crainte d'être démentis, c'est un des meilleurs jeunes premiers rôles que nous ayons entendus depuis longtemps.

Une excellente acquisition, c'est encore M. Dorfer, qui, chargé des rôles de jeune amoureux, ordinairement sacrifiés, les a joués avec un talent, une finesse, une distinction qui font de ce jeune artiste une des meilleures recrues des Variétés.

M. Worms a été accueilli d'abord avec une certaine froideur par le public, froideur qui s'est bien vite dissipée lorsqu'il nous a été donné de mieux apprécier le nouveau comique, dont les qualités constituent un artiste dé talent, ayant une connaissance parfaite, du théâtre.

Nous attendons pour juger M. Sureau d'avoir fait plus ample connaissance-; dans le rôle de Laubépin du Roman d'un jeune homme pauvre, il a cependant montré beaucoup d'entrain et de bonhomie. — JEAN BERNARD.

ROUEN. — THÉÂTRE-FRANÇAIS. — Nous avons à enregistrer deux réceptions nouvelles dans le Gendre de M. Poirier, dont la reprise a eu lieu mardi pour les troisièmes débuts de MM. Montlouis, jeune premier rôle, et Berry, père noble, financier, emplois sur lesquels M. le régisseur a cru encore devoir garder le mutisme le plus complet dans son speech au public, avant le déploiement de la pancarte « ADMIS. »

Ces réceptions, nous l'avons dit, étaient prévues, car elles complètent pour ainsi dire un noyau de troupe de comédie d'une homogénéité sinon unique, du moins fort rare en province, puisque nous n'avons plus à faire connaissance qu'avec M. Baron, jeune premier, et Mme Mario-Guyaz, première coquette, des jeunes premiers rôles.

La Boîte à Bibi, vaudeville que l'on avait donné quelques jours auparavant, a clairement démontré que le répertoire du Palais-Royal, c'est-à-dire les situations scabreuses, les mots croustillants, les feux roulants d'entrées et de sorties engendrant les situations les plus burlesques, ont toujours le don de provoquer un rire épileptique chez les spectateurs de la salle du ,Vieux-Marché ; aussi y a-t-il eu rappel général des joyeux interprètes, malgré le récent succès obtenu ici par M. Brasseur, dans sa tournée, avec la Boîte à Bibi. M. Lureau, auquel échéait le rôle de Cassegoul et dont la prétention n'était pas de faire pâlir le talent original de l'artiste parisien, s'est appliqué à imiter M. Brasseur ; il y a réussi audelà de nos espérances, en dépit de son affectation légère dans l'organe guttural de convention qui doit caractériser l'ouvrier « serrerurier » des faubourgs de Paris ; bref, il y a obtenu un succès très-marqué. Quant à Mme Cerny, elle a personnifié la belle Vérandah avec une verve endiablée, une vivacité d'allures et une crânerie toute de circonstance. On s'étonnait que Mme Lureau n'effectuât pas officiellement sa rentrée dans le rôle d'Henriette qu'elle joue avec beaucoup d'élégance et de distinction. . Les pièces à l'étude sont : le Tunnel, Bébé et l'Etrangère.

THÉATRE-DU-CIRQUE. — Quoique ce théâtre ne joue pas quotidiennement, les débuts marchent à la vapeur, et le Courrier de Lyon a permis à quatre artistes de subir leur troisième épreuve dimanche, en présence du public spécial au drame.

Trois d'entre eux, M. A. Dérieux, jeune premier rôle, Mme B. Dérieux, jeune premier rôle, et Mme Vernhes, jeune première, ont réuni tous les suffrages; il n'y a eu d'opposition marquée que pour M. Estival (Choppard), grand premier comique, dont le second début dans Après le Bal avait témoigné d'une certaine faiblesse pour les rôles qui exigent de la tenue et de la distinction. Néanmoins, l'admission de cet artiste a été prononcée sur l'avis de M. le Commissaire de service, seul juge reconnu en cette matière ; mais l'avis général est que les opposants étaient EN MAJORITÉ.

En cette occurence ne serait-il pas équitable de faire effectuer à M. Estival un quatrième début dans l'opérette, puisqu'il figure sur le tableau dé troupe en qualité de trial?

M. L'Hostys, jeune premier rôle, que l'on a agréablement remarqué dans une Tasse de Thé, paraît posséder les qualités requises pour son emploi; cependant, nous attendons un ouvrage plus important pour pouvoir donner un avis définitif.

De son côté, la troupe d'opérette active ses débuts afin d'attaquer de pied ferme les nouveautés mises en répétition et notamment les Cloches de Corneville. En attendant, quatre représentations de Fleur de Thé viennent de ratifier le succès obtenu à la première par Mmes Cécile Lefort, L. Valgallier, MM. Pichet et Gacon ; toutefois, M. Guillebaut, ténor, ayant cru prudent de résilier son engagement dès la seconde, la direction traita immédiatement avec M. Berthon pour pourvoir à son remplacement. Mercredi, le Rajah de Mysoor a servi d'excellent premier début à Mme T. Valgallier, Alphonsine, soubrette marquée; Mlle L. Valgallier, qui subissait sa seconde épreuve, a reçu du public de nombreuses marques de satisfaction, et sa réception n'est plus maintenant qu'une simple formalité. Quant à M. Pichet (le Rajah) il a encore fait là une création superbe, et quoique ne débutant pas, le public l'a acclamé et rappelé à la chute du rideau, en compagnie de Mlle L. Valgallier. — A. LE ROY.

LILLE. — Les vents et les flots sont changeants, a dit un poëte ; il aurait aurait pu ajouter — et le public; — témoin le succès que vient d'obtenir sur notre première scène un délicieux opéra-comique de Grisar, le Chien du Jardinier, tombé à plat il y a quelque dix ans (21 février 1856) et depuis lors condamné à l'oubli le plus complet. M. E. Mark, notre directeur, qui connaissait sans doute le mérite de cette partition, n'a pas hésité à la remettre à l'étude, et c'est grâce à.son intelligente initiative qu'il a été donné à notre public de réparer une injustice en applaudissant un petit chef-d'oeuvre, où la grâce et le coloris musical le disputent au sentiment le plus parfait. L'interprétation a été excellente, et la plus méticuleuse critique ne saurait y trouver à reprendre. Mlle Arnauld, notre dugazon, a été ravissante de grâce charmeresse dans ce rôle do Marcelle. Mme Taskin, qui se produisait pour la première fois dans le rôle de Catherine, est une femme artiste qui fera son chemin; sa voix est agréable et son jeu suffisant. M. Marris a fait briller sa belle voix dans le rôle de François, écrit spécialement pour M. Faure, alors qu'il chantait les barytons. M. Descamps s'est montré chanteur et comédien dans le rôle de Justin, qui exige à la fois du naturel et du sentiment. Au résumé, rappel chaleureux pour les artistes au baisser du rideau, et bravos répétés pour l'oeuvre de Grisar, qui va reprendre au répertoire une place qu'elle n'aurait jamais dû quitter.

Les Sonnettes, une spirituelle étude de moeurs parisiennes, fort lestement enlevée par M. Gourdon et Mlle Savigny, ont provoqué la plus franche hilarité.

On annonce plusieurs mutations qui auront lieu prochainement dans le personnel lyrique et dramatique; je vous renseignerai à ce sujet dans mon prochain courrier. — JEAN BELIN.

NANTES. — GRAND-THÉÂTRE. — Écartons un peu, un tout petit peu, les lourds rideaux de l'alcôve Paturel : voici la Boule. Elle roule toujours et roulera longtemps, cette boule si finement tournée par ces deux charmants ouvriers qui ont nom Meilhac et Halévy. C'est qu'il y a bien de l'esprit dans cette piquante satire de la vie intime : caricature, si vous voulez, mais bien jolie caricature ; et pourquoi reprocher au peintre d'avoir laissé parfois folâtrer son pinceau, si les traits sont si délicats et le tableau si amusant?

Nous avons donc revu la Boule avec un réel plaisir.

Mais Paturel ! où est Paturel, ce mari bon enfant, Othello sans le savoir? Où est-il, ce bourgeois épanoui, rond comme la boule si chère aux petits pieds de sa femme? M. Berlingard ne nous a rien montré de tout cela ; il manque totalement de cette bonhomie, de cette rondeur qui constituent tout le rôle ; son jeu est sec, sa gaieté pénible. En vain il s'escrime contre la froideur du public, ses coups mal assurés se perdent dans le vide, et le parterre reste aussi froid que l'artiste.

Plus naturel et plus amusant que ce triste Paturel, M. Lehoux m'a paru néanmoins un médiocre Lamusardière. Je voudrais plus de ridicule et d'emphase chez cet invalide de l'amour, qui a usé sa dernière dent en croquant la pêche à quinze sous. C'est fort bien de rechercher ces grotesques intonations qui ont fait la fortune de Gil-Pérez, mais il faudrait aussi les rencontrer.

L'avantage est donc resté au camp des épouses. Mme Joissant, par sa verve mordante et son humeur fantasque, a compensé l'infériorité de son partenaire. Impossible d'être plus femme, plus capable de plaider pour une boule d'eau chaude. — Très-piquante, Mlle Laure Léon sous les traits de Mme Lamusardière. Et vous délaissez aussi gentille épouse pour une place de vingt-troisième caissier dans la boutique galante d'une demoiselle Manette ! Fi ! monsieur de la Musardière !

La scène du tribunal me semble s'écarter parfois du genre éminemment délicat de l'oeuvre. Soyons juste, et disons que M. Bouland a rendu le rôle secondaire du juge Camusat d'une façon tout à fait réjouissante.

Les Deux Orphelines. — Les Dominos Roses. — On a tout dit sur les Deux Orphelines. A quoi bon de longs préambules; on ne scrute point une oeuvre tant de fois disséquée. J'arrive à l'interprétation.

Le beau drame de d'Ennery a été bien rendu, mais là, très-bien rendu ; plus loin je signalerai quelques petits points noirs.


4 LE MONDE ARTISTE

Voici d'abord une ignoble, c'est-à-dire une excellente Frochard. Mme Marval tient largement ses promesses du premier jour; elle endosse avec un même bonheur la riche parure de la marquise et les haillons sordides de la mendiante. A l'autre extrémité de l'échelle dramatique, je vous signalais une charmante ingénue. J'avais entrevu briller, dans la pénombre d'un rôle du second plan, l'une des perles de notre troupe. Mlle Laure Léon, la touchante Louise des Deux Orphelines, a conquis les sympathies de tous, les larmes de ceux qui pleurent au théâtre. Enfin, Mme Joissant prête un caractère très-saisissant au personnage de Marianne, cette Madeleine de faubourg.

Décidément, M. Serret compte autant de succès que de rôles. Cynique et grivois en même temps, il imprime à sa bonne humeur ce cachet brutal qui fait de Jacques Frochard le Benjamin maternel : on le sent conçu entre deux crimes, sorti des flancs d'une panthère. Cet artiste possède vraiment l'aimable aisance de l'homme sûr de lui-même, il est partout chez lui. Tous ses rôles, il les revêt avec la facilité d'un vêtement fait à sa mesure, parce qu'il sait mettre son talent à la mesure de tous ses rôles.

M. Joissant est un chevalier plein de distinction et de noblesse ; sa voix chaude et pénétrante excelle à parler le langage de la passion.

C'est M. Cochelin qui porte la manivelle de Pierre l'avorton. Il joue ce rôle avec beaucoup de vérité et a rencontré des accents très-touchants. Il est regrettable que son organe un peu faible le trahisse parfois dans les grands éclats.

La parole est à l'accusation, mais mon réquisitoire sera bref. Le petit rôle du docteur nous a démontré une fois de plus la complète insuffisance de M. Berlingard, ce lugubre comique. Toujours fatigant à entendre, M. Voyez, comte de Linières : il ne dit pas, il déclame ; un peu plus, il chanterait. Mme Aymée n'est point à sa place dans le drame, l'emploi de grande coquette conviendrait beaucoup mieux à ses moyens. Et Mlle Jason? Mon Dieu, Mlle Jason ne m'a pas encore complètement satisfait: sa diction n'est point correcte et sa mémoire lui joue quelquefois de méchants tours. Et puis je voudrais des élans plus énergiques en face des injustices qui l'accablent. Piochez les larmes, mademoiselle ! Assez pleuré, ô mes yeux, riez maintenant.

Vous souvenez-vous de ces jolis Dominos Roses dont l'élégant froufrou attira tout Paris l'hiver dernier? M. Coulon a eu l'heureuse idée de nous les présenter et ils ont trouvé le plus chaleureux accueil. Tant qu'il y aura des gens aimant à rire, et il y en aura longtemps en France, d'aussi spirituels imbroglio sont certains de faire fortune. Salut donc aux Dominos, ils ont obtenu le plus franc succès; disons aussi le plus légitime. Voilà, ce me semble, la pièce la plus uniformément bien jouée qui nous ait été servie.

Venez çà, perfides petits dominos, et jetez-moi ces loups trompeurs. Ah! voici Mmes Joissant et Laure Léon, luttant de verve et d'esprit, la première Parisienne pur sang, qui fait du. mariage une science et de l'amour un passe-temps entre le skating et la couturière ; la seconde, charmante de naïveté conjugale, pauvre petit papillon de province venu brûler ses ailes à cette dangereuse lumière qui s'appelle Paris ; toutes deux également amusantes et parfaitement dans leur rôle. Mme Billy porte d'une façon plaisante le domino de la soubrette Hortense, celui que les mains trop pressantes de ces messieurs..... mais ce n'est pas à moi de vous raconter cela. Licteurs, abaissez les faisceaux, Mme Beaubuisson apparaît. Mme Marval nous a bien fait rire sous ce grotesque accoutrement de vertu bourgeoise et quinquagénaire. Elle a, au troisième acte, un : « Me prenez-vous pour une cocotte? » capable de dérider les caryatides des avant-scènes.

J'avais remarqué M. Bouland dans le petit rôle du juge Camusot de la Boule ; il m'avait beaucoup diverti et j'étais aise de le retrouver ce soir dans un rôle de son envergure. C'est lui qui jouait l'infortuné Beaubuisson, et il l'a fort bien joué. Sa voix a des intonations très-comiques, sa physionomie un jeu excellent; il rend très-bien ce bourgeois racorni, pantin débonnaire dont l'impérieuse Beaubuisson manoeuvre si plaisamment les ficelles. Que M. Joissant me permette une toute petite critique: je souhaiterais plus de désinvolture, passez-moi un vilain mot, plus de gomme, dans le personnage de Georges Dumesnil. Ce rôle ne me semble pas bien approprié au charmant talent de notre jeune premier.

Une subite indisposition de M. Villianes laissait Mme Aubier en proie à un malencontreux veuvage : M. Cochelin a aussitôt accepté les fonctions de mari par intérim. Il a joué le rôle au pied levé et s'en- est tiré d'une manière très-satisfaisante. Enfin, M. Leprin joue d'une façon trèscomique le novice étudiant, en rupture de ban avec sa femme de chambre.

Tant pis pour vous, mesdames, je crois que vous userez bien vite vos dominos. — V. C.

REIMS. — Voilà huit ou dix jours que notre théâtre a fait sa réouverture. C'est, comme d'usage, la troupe de drame et comédie qui se présente la première aux regards du public ; et déjà plusieurs artistes ont subi l'épreuve des trois débuts.

Mais on a tout d'abord acclamé le retour des anciennes connaissances, c'est-à-dire de MM. Montcavrel, Brunet et Altérac.. M. Montcavrel en est, je crois, à sa cinquième campagne parmi nous, mais il n'a pas vieilli d'un jour aux yeux d'un public qui se fatigue vite de voir toujours les mêmes visages; sa verve comique est toujours irrésistible; et rien qu'à le voir

entrer en scène, surtout sous la défroque rapée et graisseuse du cuistre Pétillon, on éclate d'un fou rire, qui dure sans intermittence toute la scène.

Puisque je viens de mentionner Bébé, une des nombreuses nouveautés que la direction nous offre, au rebours des années précédentes, je me ferai un plaisir de dire que j'y ai retrouvé M. Brunet, artiste intelligent, plein de rondeur et de gaillardise, et qui a trouvé un nouveau succès dans l'interprétation du rôle de Bébé. Sa chanson d'étudiant a été crânement enlevée.

M. Altérac, enfin, est plus que jamais un troisième rôle comme j'en ai rarement rencontré, disant juste, ne forçant pas la note, toujours en garde contre l'emphase, s'acquittant enfin de tous ses rôles avec talent, intelligence et conscience.

Maintenant que nous avons souhaité la bienvenue aux anciens artistes, disons un mot des nouveaux, un mot seulement, car nous n'avons guère eu jusqu'ici le loisir d'aller les entendre, et nous ne voudrions pas porter un jugement sur une première audition.

A la représentation de jeudi dernier, deux artistes ont terminé, leurs débuts, et ont été admis, Mme Larmet, premier rôle, avec acclamations unanimes; M. Richez, père noble, avec quelques protestations. La succession de M. Dumoraize est un peu lourde, et M. Richez n'a pas jusqu'ici su développer les qualités que nous étions habitués à rencontrer dans l'emploi. Quant à Mine Larmet, nous croyons que la direction a eu la main heureuse en l'engageant, plus heureuse que par l'engagement de MM. Lekaen, jeune premier amoureux, et Gerdy, deuxième amoureux. L'ingénue, Mlle Luzzona; la soubrette, Mlle Derval et Mme Fiot, la duègne, nous font bien augurer de leur succès sur notre scène. Enfin nous remettons à notre prochaine chronique des appréciations plus complètes. Tel semble gêné, paralysé même aux premiers feux de la rampe, qui bientôt, quand il aura surmonté les premières appréhensions, brûlera les planches et soulèvera des tempêtes d'applaudissements.

M. Blandin, notre sympathique impresario, vient de prendre encore la direction de l'ancien Casino, qui porte aujourd'hui le nom de BouffesRémois, et qui sous la baguette magique de l'enchanteur, vient de subir une heureuse transformation.

Nous y avons remarqué quelques artistes de mérite, tels que Mlle Berthe Kraft, M. Lebassi, M. et Mme Chelu. Le spectacle comprend d'ordinaire quelques vaudevilles, genre du Palais-Royal, joués par quelques-uns des artistes du théâtre, habituellement par MM. Bartel etAmbroise. Enfin la grande attraction est le spectacle des frères Avoues, ces gymnasiarques excentriques qui ont fait naguère courir tout Paris aux Folies-Bergère.

PANGLOSS.

BREST, 15 septembre. — Notre théâtre a rouvert ses portes le 1er du mois courant.

Le répertoire, pendant les six premiers mois, se composera d'opéras comiques, traductions, opéras bouffes, drames, comédies et vaudevilles.. Le grand opéra sera donné pendant.les septième et huitième mois.

Nous devons tout d'abord constater que la campagne s'annonce sous les plus heureux auspices et promet d'être aussi intéressante pour le public que fructueuse pour le directeur. Les débuts sont poussés activement et seront vraisemblablement terminés, à peu d'exceptions. près, pour la fin du mois.

Dans le personnel lyrique, signalons avant tout la première chanteuse légère, Mlle Henriette de Joly, qui, dès le premier soir, dans les Mousquetaires de la Reine, a conquis d'emblée la faveur du public. C'est incontestablement l'étoile de la troupe. Notre jeune prima donna possède une voix d'une pureté et d'une justesse irréprochables, et elle s'en sert avec une virtuosité merveilleuse ; les trilles et les vocalises les plus difficiles ne sont qu'un jeu pour elle. Aussi la salle lui fait-elle, chaque soir, un accueil des plus enthousiastes. Mlle de Joly est, de plus, une comédienne pleine de grâce et de distinction ; c'est, en un mot, une artiste complète, et nous ne saurions trop féliciter M. Kermarec de cette acquisition qui nous promet une suite non interrompue de charmantes soirées.

Le premier ténor léger, M. Miral, est un chanteur de style, qui connaît à fond toutes les ressources de son art; il détaille la phrase musicale avec une correction parfaite et un goût exquis et ne laisse, non plus, rien à désirer comme comédien. C'est un artiste d'expérience, appelé à rendre de précieux services dans le répertoire si chargé des scènes de . province.

M. Feitlinger, première basse chantante, est doué d'un organe d'une grande souplesse qu'il manie avec une extrême aisance. La voix est étendue et toujours juste, chose assez rare chez les basses.

Ces trois artistes ont été admis à une grande majorité. Mlle de Joly. a été reçue par 82 voix contre 4 ; 4 erreurs sans doute.

M. Escande, baryton, n'a pas encore effectué son troisième début. Nous ne l'avons entendu que dans les Noces de Jeannette et le Barbier de Séville la voix nous a paru solide et bien timbrée, mais manquant peut-être un peu de moelleux.

Quant au deuxième ténor, M. Sémanas, nous n'en dirons rien, sinon que le scrutin ne lui a pas été favorable. Nous redoutons beaucoup le même sort pour Mlle Howard, la dugazon, dont la voix ne paraît pourtant pas mauvaise, mais qui semble dominée par une timidité insurmontable.

Mentionnons aussi l'admission de M. Leroyer, dont la voix retentissante


LE MONDE ARTISTE 5

fait merveille dans les rôles de deuxième basse. M. Leroyer, qui est aussi grand premier rôle, avait déjà paru sur notre scène et avait laissé de son passage les meilleurs souvenirs ; aussi est-ce avec la plus vive satisfaction que les habitués ont revu cet artiste sympathique.

Nous bornons là, pour aujourd'hui, ces appréciations un peu sommaires, nous proposant de revenir à loisir et avec plus de détails sur le compte de chacun.

Dans notre prochaine lettre, nous nous occuperons spécialement du personnel dramatique, dans lequel nous avons pu constater un ensemble parfaitement homogène et, à peu de chose près, irréprochable. Enregistrons seulement les admissions qui ont eu lieu jusqu'ici, à savoir : MM. Dorn, jeune premier rôle, Touroul, premier comique marqué, et Mme Geslin, premier rôle, tous trois reçus haut la main.

Nouveautés à l'étude: les Cloches de Corneville et Dora. — A. C.

LE HAVRE. — GRAND THÉÂTRE. — On demande des Remplaçants ! tel est le titre que je puis donner à ma première correspondance de la nouvelle année théâtrale, car il est fort probable qu'une partie de la troupe sera remplacée pour la fin du mois; du reste, c'est le parti à prendre par le directeur : il peut compléter une troupe excellente, car nous possédons déjà un groupe de véritables artistes.

J'ai à vous annoncer l'ouverture de la saison par le Fils de la nuit, ce sombre vaisseau a sombré le soir de la troisième représentation, et il sera presque impossible à relever. Ce même soir avait lieu la rentrée de M. Malleville qui a été ajournée.

Le Feu au couvent ! cette délicieuse comédie est bien jouée par MM. Montbazon, Hems et Mlle Marie Montbazon. Mais il y avait une ombre dans le tableau, M. A. Lamy, jeune premier, (ne pas confondre avec M. Ch. Lamy) a été au-dessous de son rôle : il n'a pas de jeu, c'est presque un débutant, il n'a aucune habitude de la scène ; ce rôle charmant avait été joué par M. Derieux-Laurent, à notre Grand-Théâtre, quelques jours avant sa mort; mais quel contraste entre ces deux artistes.

La Cagnotte, rentrée de Mme Faigle, qui a été aussi ajournée ; l'interprétation de cette pièce a été médiocre; nous remarquons que MM. Belliard et Homerville sont seuls à la hauteur de leurs rôles : une mention toute spéciale à M. Belliard qui nous a rappelé Brasseur ; M. P. Mérigot ne nous fera pas oublier l'excellent Lafaye et M. Hems le parfait Worms.

Le Lion amoureux a reparu devant nous bien faiblement interprété : beaucoup de défauts de mémoire chez certains artistes, principalement chez les dames ; le souffleur mérite une mention particulière pour souffler très-haut : on l'entend parfaitement des secondes galeries. M. Montbazon, a, sous le rôle d'Humbert, remporté un très-grand et légitime succès et. a obtenu plusieurs rappels; M. Malleville n'était pas à son aise dans le rôle du général Hoche; M. A. Lamy, jeune premier, est plus qu'insuffisant.

Mlle Blonzac a fait une bonne rentrée dans le double rôle de Cérés et de la Vivandière, elle a reçu à son entrée en scène un énorme bouquet; Mlle Bonnelly a produit, dans le rôle de Mme Maupas, une toilette remarquable. L'homme n'est pas parfait, que MM. Belliard, Hems, Tony Laurent et Mme Blonzac ont enlevé avec beaucoup de verve et d'entrain. — Les Pirates de la Savane, joués par MM. Montbazon, Belliard, Malleville et par Mme Hems ont eu une bonne moisson de bravos décernés dans cette soirée de débuts. Au cinquième acte, ont été prononcées les admissions de MM. Montbazon, Belliard, Hems, et les rentrées de M. Malleville et Mlle Blonzac, aux applaudissements du public. La rentrée de Mme Faigle a été seule quelque peu contestée par les sifflets ; à l'acte où le serpent vient pour mordre Éva, le coup de feu a raté et le régisseur de conduite, M. Gayda, a tiré aussi dans la coulisse un coup de pistolet qui n'a pas eu plus de succès que la carabine d'Andrès. On a beaucoup ri à l'entrée d'un autre personnage qui dit : le bruit de votre carabine a été entendu au lointain, le serpent même est mort de peur à la vue d'Andrès ; allons, Monesiur Gayda, si vous ne savez pas charger un pistolet, laissez ce soin à l'armurier du théâtre. M. A. Lamy s'est fait chuter à plusieurs reprises ; qu'attend M. Jourdain pour remplacer cet artiste, ainsi qu'une partie du personnel féminin.

AMBIGU GRAVILLAIS. — La réouverture de ce théâtre a eu lieu sous la direction Robin-Génin ; la troupe a produit une assez bonne impression dans la Fausse Adultère.

Mme Durand-Bazin (la comtesse) a été à sa place dans ce rôle de grande coquette, elle a soulevé maintes fois parmi les spectateurs des sentiments de haine, et c'est là la meilleure preuve qu'elle a déployé dans ce rôle de sérieuses qualités dramatiques ; Mme Robin-Génin, la victime de d'Ennery, joue consciencieusement le rôle de Léonie. MM. Fernand et GuillezRaymond s'acquittent avec un succès très-caractérisé des rôles de Ferd. d'Orby et du chevalier de Brévannes ; le notaire Gondois et son clerc sont deux types très-amusants, le premier joué par M. D. Bazin, et le second par M. Moncell qui a soulevé une grande hilarité.

La Corde sensible, bien touchée par MM. Moncell, Allard, Mmes Legrand et Moncell ; les Droits de l'homme, la spirituelle et amusante comédie de M. de Premaray : l'interprétation a été généralement bonne, nous devons adresser des compliments en bloc à MM. F. Guillez, Moncell, Raymond, Mmes Durand-Bazin, Raymond et Robin-Genin ; on terminait le spectacle par une bonne pochade : On demande des ingénues. A vrai dire, nous n'en avons pas beaucoup aperçu dans cette pièce ; le succès a été pour Mme

Alida Rouby, qui, dans le rôle de Mme Boucquin, a dansé un pas de séduction qu'elle a fait applaudir; je crois qu'il y aura cet hiver de bonnes soirées à ce théâtre. — PIOT DE BEAUMONT.

HONFLEUR. — Mlle Scriwaneck, l'éternelle voyageuse, est venue de nouveau chez nous s'y faire applaudir. Elle a fait son entrée dans Colombine ou les sept péchés capitaux, dans lequel elle allait paraître sous sept costumes différents : arlequin, gentilhomme, pierrot, amour, etc., pour tenter le poëte Santeuil et lui faire commettre les sept péchés capitaux : colère, gourmandise, etc. Cette pièce a été jouée par Mlle Scrhvaneck avec un talent qu'il serait oiseux de rappeler tellement le public a su l'apprécier depuis longtemps; MM. Laurent et Crutel l'on parfaitement secondée.

Le Gamin de Paris a été un nouveau succès pour cette excellente Scriwaneck qui a su nous faire rire et pleurer. M. Andrel a été fort applaudi sous les traits du général Morin ; ce rôle est tout à fait dans ses cordes. Mme Villard a très-bien rempli le rôle de Mme Morin ainsi que Mme Andrel qui a convenablement rendu le rôle ingrat d'Élisa. M. Laurent a fait beaucoup rire dans celui de Bizot. M. Crutel, déjà nommé, a joué avec distinction le rôle d'Amédée. Les rôles secondaires, tenus par MM. Piot, Heugel et Mme Taupier, ont concouru à la bonne interprétation de la pièce. — A. MAGNE.

ETRANGER

LA HAYE. — Après ses deux premiers débuts dans les rôles de Marguerite, des Huguenots, et la princesse Eudoxie, de la Juive, Mlle Jouanny, chanteuse légère de grand opéra et d'opéra comique, a dépouillé les robes à traîne et la dignité royale pour se montrer, à son troisième début, dans le costume primitif de Rose Friquet, des Dragons de l'illars. Elle n'a rien perdu à cette métamorphose. Sachant qu'elle n'a pas besoin d'atours ni d'artifices pour séduire son public, Mlle Jouanny a été si mutine sous son jupon de gardeuse de chèvres, si mignonne sous sa couronne de fleurs d'oranger, que MM. les abonnés ont prononcé son admission sans résistance. Personne ne s'est aperçu que la chanteuse légère n'avait pas tout son creux ce soir-là.

Rose Friquet a été bien soutenue, du reste, par M. Diepdalle (Belamy) qui, par son entrain communicatif, a donné beeucoup de chaleur et de relief à la représentation, et par Mme Chauveau-Cretini qui a détaillé le rôle de Georgette en artiste intelligente et consciencieuse. M. de Beer a fait sa rentrée comme trial dans celui de Thibaut, un bon type de mari naïf, auquel le sergent Belamy-Diepdalle a remis de la part de quelques abonnés une montre et un rouleau de Guillaume III, en intercalant, dans la scène, une petite improvisation pleine d'esprit et d'à-propos. M. Charelli qui, ayant résilié son engagement, n'a pas de raisons pour être d'une gaîté folle, ne partageait pas la bonne humeur de ses camarades ; cependant il a tenu son rôle de Sylvain de façon à contribuer au succès de la représentation et à obtenir un rappel en compagnie de Mlle Jouanny, dans leur duo du deuxième acte. Il faut ajouter qu'il y a eu des rappels pour . tout le monde.

Le Chalet, qui a ouvert la soirée, a été interprété d'une façon charmante par MM. Idrac, Desgoria et Mme Chauveau.

Samedi, la première représentation de Robert le Diable nous a permis d'entendre nos artistes de grand opéra dégagés des préoccupations et de l'émotion qui se révèlent dans les représentations de débuts et de constater que l'ensemble, est très-satisfaisant. Si l'on peut adresser un reproche à certains interprètes de l'oeuvre de Meyerber, c'est de ne pas assez ménager l'éclat de leurs voix, trop fortes pour une petite salle. L'excès en tout est nuisible, mais nous ne doutons pas qu'après un conseil amical nos artistes ne prennent soin de se corriger de leurs petits défauts. Ceci dit, nous nous faisons un plaisir d'applaudir, avec le public de samedi soir, MM. Chelli, Idrac et Dartès, ainsi que Mlles Linse et Jouanny.

M. Chelli (Robert le Diable), a chanté avec bravoure son air : O fortune, à ton caprice ; il a dit avec beaucoup de sentiment : Ah ! qu'elle est belle ! au quatrième acte, et s'est surpassé dans l'air du cinquième : O divine harmonie. Le duo du troisième acte, entre Robert et Bertram, a été très-réussi et très-applaudi. M. Dartès est du reste, un fameux Bertram, comme nous pouvons dire que M. Idrac est un Raimbaut irréprochable, même aux yeux sévères du critique du Vaderland, ce qui n'est pas peu dire. Le duo entre MM. Dartès et Idrac n'a rien laissé à désirer.

Mlle Linse a prêté au rôle d'Alice toutes les qualités de sa voix juste, égale et bien timbrée ; elle a eu beaucoup de succès dans tous ses airs et elle peut revendiquer la meilleure part dans les ensembles, notamment dans le trio final avec Robert et Bertram. Mlle Jouanny a joué Isabelle en comédienne émérite, elle a bien chanté le deuxième acte et son air du quatrième : Robert, toi que j'aime ! On aurait pu désirer peut-être que sa voix fût mieux posée, mais c'eût été de l'exigence si l'on songe qu'elle chantait Isabelle aussitôt après Rose Friquet, deux rôles écrits dans les registres les plus opposés.

Le ballet qui tient une grande place dans l'opéra de Robert le Diable, a vaillamment donné samedi dernier, et le petit bataillon de nos danseuses, Mlle Dutertre en tête, a si bien mérité des habitués, que nous le portons à l'ordre du jour.


6 LE MONDE ARTISTE

Un peu plus d'action de la part de nos choristes serait à désirer.

Tout compte fait, la représentation de Robert a été satisfaisante, et cet opéra sera un bon appoint au répertoire pour cet hiver.

Lundi dernier, à l'occasion de l'ouverture des États généraux, grande représentation de la Favorite et Galathée. On voit que l'Opéra français ne chôme pas sous l'administration de M. Defossez. — E. H.

LONDRES, 5 septembre 1877.— Les concerts organisés par les frères Gatti, au théâtre royal de Covent Garden, sous la direction du célèbre maestro Ardili, ont un succès immense. L'orchestre se compose de cent musiciens choisis parmi les meilleurs intrumentistes de Londres, ainsi que de la musique de Coldstream Guards (musique militaire). Autour de l'estrade placée au milieu de la salle, se promène une foule de spectateurs qui semblent n'être venus là que pour causer d'affaires. Cependant, aussitôt que le maestro Arditi lève sa baguette pour commencer un morceau, les promeneurs viennent se grouper devant l'estrade ; tout bruit cesse comme par enchantement et l'orchestre enlève avec un ensemble merveilleux une des brillantes ouvertures de Mozart, Auber ou Rossini. La première partie de ces concerts est généralement consacrée à l'exécution d'oeuvres d'un seul maître, ce qui s'appelle, selon l'auteur : Mozart night ou Beethoven night, etc.

J'ai entendu, dans Mendelssohn night, l'ouverture de : Son and Stranger, et la première symphonie en ut mineur de ce maître, deux oeuvres peu connues à Paris. C'est merveilleux de voir combien ce public, tout à l'heure si turbulent, écoute avec silence et respect cette grande musique. On applaudit avec frénésie : les Sélections, ou choix des meilleurs morceaux d'un opéra en vogue, groupés et orchestrés par Arditi. Une valse de ce maître : les Tourterelles et une polka charmante the Drummer Boy's ont également un grand succès. The Drummer Boy's Polka (Polka du Petit Tambour), est ainsi intitulée parce que huit jeunes tambours du régiment de Coldstream Guards, en uniformes rouges, font la partie principale. L'ensemble de ces enfants de troupe est admirable ; à un signal, toutes les baguettes s'élèvent et s'abaissent comme mues par un ressort : le ryhthme de la polka se fait d'abord entendre très-piano, puis, après un crescendo terminé par un accord de tout l'orchestre, les plus jolis motifs de polka se succèdent toujours accompagnés par les tambours, qui, pendant quelques mesures, frappent sur le bois de leurs caisses, ce qui produit un trèsjoli effet.

M. Arditi a composé cette polka pour son jeune fils, afin d'utiliser d'une façon agréable le tambour que des amis donnent souvent à nos bébés sous prétexte d'obtenir la tranquillité.

Trois artistes françaises : Mlle Derivis, cantatrice ; Mlle Pommereul, violoniste et Mlle Debillemont, pianiste, se font applaudir et rappeler tous les soirs. M. Ed. Marlois, également Français, tient le piano avec un talent remarquable.

M. Medica, excellent baryton, obtient également des succès trèsmérités.

Citons aussi dans l'orchestre :

MM Oluf Sivendsen, flûtiste ; Antonie Bonneau, violoncelliste ; Howard Reynolds, cornet à pistons.

Nos meilleurs compliments à MM. Gatti, les intelligents directeurs, et à M. Arditi, qui ont su donner à ces concerts un si grand attrait. — C.L.

MILAN. — Une troisième partition au théâtre Dal Verme, I Lombardi. Cet ouvrage est redevenu à la mode, comme bien des choses qui étaient en vogue au commencement de notre siècle!

Je n'hésite à ouvrir une parenthèse pour déclarer que I Lombardi, en dépit de certaines formes qui ont fait leur temps, sont préférables aux inspirations.... de bien des maîtres d'aujourd'hui.

J'entre en matière.

1 Lombardi ont été interprétés par les mêmes artistes qui chantèrent Macbeth.

Mlle Erba — Giselda— démontre à l'évidence les efforts qu'elle fait pour tenir ce rôle. Pour la seconde fois cette artiste, qui possède un trésor de qualités artistiques, a été sacrifiée. Admirable exemple de résignation et

de modestie! que je ne saurais pourtant pas applaudir. Si Mlle Erba

ne renonce aux rôles puissamment dramatiques, elle aura à se plaindre des suites fâcheuses de son entêtement.

M. Valle a déployé, comme toujours, toute la majesté de sa voix; mais il n'a pas su encore soigner certains effets de chant.

Le ténor Santinelli a plu; il possède une voix sympathique et vigoureuse, et chante avec entrain.

Les choeurs et l'orchestre marchent très-bien.

Le tableau des artistes de la Scala est à son complet. Voici les noms : Mmes Fricci, Pasqua, Fossa et Galassi. MM. Tamagno — le ténor qui a fait suer six chemises à l'impresa — Sani, Moriami, Faentini, Gallassi, Maini et Lombardelli.

Pour la chorégraphie : le couple Mauri-Spadalino, Tagliani et Mendez.

Obscurité profonde sur les opéras.

P. S. — Je vous écrivais dernièrement que la Lena Bordato, Maurelli, Masi, Ulloa et la Rambelli forment un ensemble sérieux, respectable. Et je le répète aujourd'hui — quoique le succès des Promessi Sposi, sur la scène du Dal Verme, ait été médiocre.

La cause de ce pauvre succès est la précipitation avec laquelle on a

voulu aller en scène; le concert de l'opéra était faible, décousu, et l'orchestre a marché plus mal que les artistes eux-mêmes.

L'impresa — je pense — aura été fortement impressionnée du succès d'hier soir; le théâtre était immensément peuplé..., on était accouru applaudir avec la meilleure disposition de l'âme, la charmante partition de Ponchielli, cette partition qui avait laissé tant de doux souvenirs, et qui, admirablement interprété il y a quelques années, par la BrambillaPonchielli et Brogi, avait excité profondément la sympathie populaire à Milan...

Mais le public d'hier soir a été très-indulgent, il apprécie sagement les hauts mérites des artistes des Promessi Sposi, parce qu'il sait qu'à la seconde représentation ces vaillants artistes prendront leur revanche.

L'orchestre a bien joué la symphonie, qui fut bissée. — COSTANTINO.

TURIN. — Le théâtre Balbo, comme nous l'avons dit, est le seul ouvert en ce moment. Sa disposition le permet, il a beaucoup d'ouvertures et un petit jardin avec estaminet. Aussi fume-t-on partout, ce qui fait qu'avec la chaleur torride on n'y est point à l'aise. Cependant, beaucoup de monde aux représentations de la Compagnie Filippo Bergonzoni.

Le Pompon a eu son succès ; cette opérette, quoique trop bouffonne, a été donnée cinq ou six fois de suite. La Festa di Piedigrotta, opéra-buffa de Ricci, a eu le même sort que Elena in Troia, de G. Gargano, un fiasco ! Cette oeuvre a sombré avec accompagnement d'une sifflerie étourdissante. M. Ricci doit savoir gré aux artistes chargés de l'interprétation des bizarres personnages de son sujet, époque 1737, 8 septembre. Ils ont fait humainement tout pour éviter le naufrage.

Puis est venue l'opérette populaire, celle qui est au pinacle jusqu'à ce jour : la Fille de Madame Angot. Son interprétation fait faire salle comble, heureux Bergonzoni ! Cependant elle est triviale, avec assez de licence, pour ne pas dire plus, mais il paraît que cela plaît : triste goût? Le rôle de la Fille de Madame Angot rempli par Léopoldine Ajazzi, est gaillardement enlevé par cette sémillante artiste, à qui nous voudrions voir nuancer avec plus de finesse les scènes ingénues. La Lange, par Enrichetta Bernardi, piquante comédienne à la voix de contralto, fait très-bon effet ; secondées par Cesari, Pomponnet; par Cambiase, Ange Pitou ; et Bergonzoni, le superbe La Rivaudière, etc., etc.

La soirée au bénéfice de la Ajazzi a été magnifique pour l'interprète de Claretta.

Puis Barbe-Bleue, l'oeuvre bouffonne de Meilhac et Halévy, musique d'Offenbach, non donnée ici jusqu'à ce jour en italien. Elle n'est pas merveilleuse comme interprétation; de la voix, les artistes en ont, mais, mais... c'est le brio, le soulignement des phrases scabreuses qui manque ; néanmoins les applaudissements ne font pas défaut, ni les bonnes recettes. Donc tout est pour le mieux chez les Balboniens qui se préoccupent peu de la bonne ou mauvaise traduction du livret. Et comme cette traduction laisse à désirer, le vrai caractère de l'opérette disparaît, ce qui est trèsfâcheux ; les artistes chargés des principaux rôles brilleraient beaucoup plus. Avis au brave et réjoui Bergonzoni.

On annonce pour mercredi une pièce nouvelle intitulée : Il babbeo è l'intrigante, opéretta-buffa en trois actes du maestro Sarria. Espérons que son succès sera tout différent de ceux des. deux premières productions italiennes données précédemment.

On donne pour certain que Mlle Victorine Legrain, la célèbre chorégraphe, doit faire la saison d'automne au théâtre Vittorio-Emanuele. Cela ferait faire de brillantes recettes à l'impresa. Car tout Turin voudra revoir la danseuse émérite. Pour notre compte, nous sommes heureux de cet événement qui nous permettra, avec tous les vrais appréciateurs de la parfaite exécution, d'applaudir de nouveau le brillant talent de Mlle Victorine Legrain.

Il est une jeune et charmante artiste, une Romaine, douée d'une voix très-belle (contralto), de demi-caractère, dont nous n'entendons plus parler, Mlle Ernestina Parsi, qui compte de nombreux amis parmi les collaborateurs et lecteurs du Monde Artiste. Nous serions enchanté d'apprendre sur quelle scène elle se fait applaudir en ce moment.

Nous avons lu dans le journal Il Risorgimento, un bel article concernant notre jeune et éminent pianiste, Clementino Del Ponte qui, en ce moment, est en villégiature à Monte-Calvo. Les succès obtenus par le signor Del Ponte à Paris et dernièrement à Londres ont eu de l'écho en Italie. Aussi une fête ayant eu lieu le 19 au Circo degli opérai de l'endroit cité, il fut engagé et il se fit entendre et admirer par la sûreté et le brillant de son exécution. — CH. LE SUEUR.

TURIN (2e correspondance). — THÉÂTRE VITTORIO-EMANUELI. — Étant sortie de la saison dans laquelle règne Cérès, l'impresa a fait paraître le manifeste de l'importante saison automnale, dans le cours de laquelle seront données les oeuvres suivantes :

Faust, de Gounod ; Freischütz, de Weber ; la Virginia, de Mercadante ; Demetrio, de Coppola ;

Les ballets : Bianca di Nevers, de Pratesi, musique de R. Marenco ; Messalina, de Danesi, musique de G. Giaquinto.

Les artistes sont : Compagnie de l'Opéra, Prime donne assolute : Bianca Blume et Vincenzina Ferni. — Prima donna mezzo-soprano : Anna Barnardelli. — Primi tenori assoluti : Ottavio Tasca, de Cappello et Paolo Augusti. — Autre premier ténor : Enrico Priami. — Primo baritono assoluto : Raimondo Maini.


LE MONDE ARTISTE 7

Parti comprimarii : L. Baronetti, G. Galvani, G. Boschi.

Maestro concertatoré e direttore d'orchestra pour l'opéra : Cav. Giuseppe Bozzelli. — Maestro dei cori : signor Orsomando. 28 choristes hommes et 18 femmes, 50 professeurs à l'orchestre et une bande sur la scène.

Compagnie des Ballets. — Coreografi : Perdinando Pratesi et le cav. Luigi Danesi. — Prime ballerine assolute di rango francese : Vittorina Legrain e Raffaele Grassi. — Prima ballerina. italiana : Emilia Moenozzi. — Prime mime assolute : Ernestina Operti, Malvina Vago-Danesi, C. R. Coppi e Cesare Smeraldi. — Primi mimi : Elvira Cajelli, Maria Moreno, Carlo Milanesi-Piazza e Giovanni Vananzio. — Direttore d'orchestre : Alessandro Simondi. — 40 secondi ballerine, 8 secondi ballerini, 16 ragazze e relativi coriféi.

La première représentation aura lieu le 29 courant; la saison commencera par l'opéra du maestro Mercadante : la Virginia.

L'ensemble du personnel, d'un bon choix, fait augurer une brillante réussite pour l'Impresa et une abondante récolte de lauriers pour les artistes. Aussi sommes-nous tout disposé à entretenir nos lecteurs des succès remportés. — CH. LE SUEUR.

PETITE CHRONIQUE

Quelques nouvelles que nous donne M. Le Sueur, notre correspondant de Turin et notre principal collaborateur italien :

— M. Meynadier a formé une compagnie avec les noyaux de celles de Mme Paul Cadet-Grégoire et de M. Varney ; il y a adjoint la gracieuse Preziosi, et, du 10 courant au 15 novembre, il donnera une série de représentations à Trieste.

— Mlle Rosina Reduzzi, à Adria, s'est fait très-vivement applaudir dans l'opéra Ernani. Également dans le délicieux rôle de Rosina de il Burbiere. Voix belle, sympathique, étendue, avec cela de la finesse jointe à de la distinction dans son jeu. Le père de cette charmante chanteuse, Francesco Reduzzi, la bonne basse, retourne, en octobre, à Lisbonne (Portugal) faire sa treizième saison d'hiver au théâtre royal San-Carlo. Mlle Maria Ferrari également s'y rendra. Ces deux artistes, excellents pensionnaires , y sont très-appréciés et aimés. Ils seront libres pour le mois d'avril prochain. Avis aux directeurs parisiens; et l'agence du Monde artiste peut donner tous les renseignements désirables, comme elle peut le faire pour Mlle Alessandrina Fassino, un soprano dramatique à la voix splendide, au jeu dramatique parfaitement compris. Disponible en ce moment, elle accepterait pour lès compagnies italiennes de l'Angleterre, de l'Espagne, de la Russie et autres, voulant voyager pour étendre sa réputation.

Mme de Léontieff, l'une des grandes réputations italiennes du moment, a signé pour le théâtre Goldoni de Livourne, où elle doit débuter dans l'Azucena du Trovalore. On est unanime dans la presse pour lui prédire un grand succès.

— Mlle de Belocca, est partie pour Londres, où l'appelait un brillant engagement contracté avec M. Mapleson pour une série de représentations et de concerts. La tournée commencera le 25 courant, à Londres, et durera une partie de l'hiver.

— On écrit de Lendinara au Trovatore que Mlle Reduzzi a dernièrement obtenu un très-grand succès en chantant au théâtre de cette ville l'Eleonora d'Ernani. La Reduzzi a partagé les honneurs de la soirée avec le ténor Mozzi.

Mlle Parent, la charmante dugazon, vient de partir pour Périgueux, où elle doit passer l'hiver.

— Le saison théâtrale s'ouvrira le 25 courant à Saint-Quentin. Le tableau de la troupe, que nous publions plus loin, promet de belles soirées.

— A Bruxelles, les Amoureux de Catherine viennent de réussir brillamment et ont fait applaudir le ténor Lefèvre, dont les débuts ont été fort heureux. Même ville, grand succès de la basse Choppin dans le Philtre. Tournié, le fort ténor tant aimé du public de la Monnaie, continue à récolter bravos et ovations.

— Le ténor léger G. Leroy a signé pour Marseille. Excellente acquisition.

— A Lyon, tout marche bien quant à l'Opéra et à l'Opéra-Comique. Le ténor Richard et Mlle Cécile Mézeray ont brillamment réussi. Succès soutenus pour la basse Dieu et le baryton Delrat, qui ont conquis la faveur de la foule. La Fille du Régiment a fait rappeler Mlle Cécile Mézeray.

— A Lille, Taskin, Marais, Descamps, Mlles Arnaud et Nau se font de plus en plus apprécier et tout semble leur promettre une saison exceptionnelle .

— Mentionnons le succès considérable, quoiqu'il ne pût se manifester par des applaudissements, qu'a dernièrement obtenu Mlle Godefroy du Théâtre-Lyrique, à l'église d'Enghien, en y chantant d'une voix superbe et avec grand style l'Ave verum de Gounod. Que de félicitations a reçues la jeune cantatrice.

On a fait courir le bruit, et certains journaux l'ont écrit, que M. Jean Bernard était l'un des auteurs d'un drame ayant pour titre : le Bourreau de Toulouse, qui a été représenté à Bordeaux et qui doit l'être, ou a dû l'être à Toulouse.

Cette assertion est inexacte. M. Jean Bernard n'a pris aucune part à la collaboration de cette pièce. Il a été, en effet, question de représenter un drame de M. Bernard, mais cette pièce a pour titre : le Martyr de Toulouse, et n'a aucun rapport avec le Bourreau de Toulouse.

TABLEAUX DE TROUPES

SAINT-QUENTIN (année 1877-1878). — Administration — MM. Pezzani, directeur; — Saint-Yvon, régisseur-administrateur, parlant au public;

— Poli, 2e régisseur, régisseur de scène ; — Mennecier, 2° régisseur, régisseur des choeurs; — Goffaux, chef d'orchestre; — Marescourt, souffleur;

Compagnon, chef-machiniste et costumier; — Gronnier, contrôleur-caissier municipal.

Opéras-Comiques, Traductions . MM. ***, ténor en tous genres; Nonguet, 2e ténor; — Lasvigne, baryton;— Marius Boyer, 1re basse;— Gabriel, 2e basse; — Noré, trial en tous genres ; — Saint-Yvon, laruette ; — Léon, 3e ténor ;—Poli, 2e trial ;—Dulci, coryphée basse;—MMmes Grévy, 1re chanteuse légère en tous genres;—Toby, 1re dugazon ;— Duhamel, 2e dugazon.

— Chambéry, 1re duègne;— Teisseire, des deux dugazons;— Dix choristes hommes; — Dix choristes dames.

Opérette : MM. Nonguet, 1er ténor en tous genres; — Noré, 2e ténor, des premiers;—Saint-Yvon, ténor, marqué, laruette ;—Gabriel, baryton-basse; — Pauli, rôles de genre; — Léon, laruette;— Dulci, trial; — MMmes Toby, 1re chanteuse d'opérette;—Duhamel, 2° chanteuse;—Saint-Yvon, rôles d'ingénue; — Chambéry, des duègnes en tous genres; — Teisseire, dugazon; — Deligny, des rôles annexés.

Drame et Comédie : MM. Fleury, grand 1er rôle, fort jeune 1er rôle; — Gilland, jeune 1er rôle, fort jeune premier;—Gabriel, grand 3e rôle, deuxième 1er rôle; — Charles, 1er rôle marqué, grande utilité; — Saint-Yvon, grand 1er comique marqué, financier;—Noé, 1er comique, jeune premier comique ; —Dulci, jeune premier comique, 2e comique;— Poli, 1er amoureux, jeune premier.— Léon, comique marqué, grime, père-noble.— Edouard, grande utilité;— MMmes Josse, 1er rôle, fort jeune 1er rôle;— Vernet jeune première, jeune 1er rôle, coquette;—Saint-Yvon, 1re ingénuité, des jeunes premières;— Chambéry, mère-noble, duègne;— Deligny, ingénue, amoureuse;

— Duhamel, 1re soubrette; — Teisseire, 2e soubrette; — Hortense, jeune coquette, des soubrettes.

ANVERS. — THÉATRE-ROYAI,. — MM. L. Jahn, directeur-administrateur; — . Jahn, directeur-inspecteur de la scène et du contrôle; — Ducerf-Decroze, régisseur général, chargé de parler au public ; — E. Gugliel, second régisseur ; — L. Van der Noot, régisseur des choeurs ; — Guille, premier chef d'orchestre ; — A. Dupouy, second chef d'orchestre ; — Peclers, Huybrechts, Ceurvelet, répétiteurs des choeurs ; — Verne, répétiteur de la danse.

Grand-opéra, opéra comique, traductions et opérette. — MM. Merrit, fort premier ténor de grand-opéra et traductions. — Rodier, premier ténor d'opéra comique et des traductions. — Barbe, second ténor et des premiers d'opérette. — A. Cransac, baryton de grand-opéra. — F. Maugé, baryton d'opéra comique. — Castado, second baryton, rôles de genre. — Larrivée, première basse de grand-opéra. — Jh. Van Damme, première basse d'opéra comique.

— Maupas, seconde basse. — Staveaux, trial, ténor d'opérette.— Ramonot, laruette. — Earolle, troisième ténor. — L. Van Damme, troisième basse.

— Gugliel, Moreau, coryphées, ténors. — L. Van der Noot, des troisièmes basses et coryphées basses. — Mmes Laville-Ferminet, forte chanteuse, falcon. — H. Leavington, forte chanteuse contralto, stolz. — Julie Reine, première chanteuse légère d'opéra comique et traductions, les Galli-Marié.

— D'Hervilly, première chanteuse légère de grand-opéra et d'opéra comique. — M. Mariani, première dugazon, jeune chanteuse. — L. Mascart, première chanteuse d'opérette, des dugazons. — H. Dupouy, seconde dugazon. — Guffroy-Eperche, mère dugazon, première duègne.-— Ramonot, seconde duègne. — Bromet, Bertin, Haunez, coryphées, premier dessus.

— A. Dierickx, Van Damme, Morfer, coryphées, deuxième dessus. —M. Charansonnay, premier danseur maître de ballet. —Mlles Laura Reuters, première danseuse noble. — Élisa Reuters, première danseuse demi-caractère. — Hélène Reuters, seconde première et travesti.

GAND. — MM. Félix Leveaux, directeur; — Darrois, régisseur général, parlant au public; — Delvins, second régisseur; — Baert, régisseur des choeurs, — Waclput, premier chef d'orchestre ; — Wolfcarius, deuxième chef d'orchestre ; — Rogier, Pilgrim, répétiteurs des choeurs ; — Férar, pianiste accompagnateur.

Grand-opéra, opéra comique et traductions : MM. Charles Carrière, fort ténor de grand-opéra et traductions. — Séran, premier ténor léger d'opéra comique et de grand-opéra. — Justin Née, deuxième ténor. — Flourat, troisième ténor. — Artières, baryton de grand-opéra. — Villard, baryton d'opéra comique. — Miranda, première basse de grand-opéra. — Kinnel,


8 LE MONDE ARTISTE

première basse d'opéra comique et deuxième basse de grand-opéra. — Lagarde, deuxième basse, basse comique. — Delvins, Willems, deuxièmes basses. — Max, trial. — Achard, Tessely, Papens, laruettes. — D'Ancona, Hermann, Renard, Bonvoisin, accessoires et coryphées. — Mmes Alice Renaux, forte chanteuse, falcon, des Galli-Marié. — Gayet, forte chanteuse, Stolz, rôles annexés dans l'opéra comique. — Marie Garcin, Didier, premières chanteuses en tous genres. — Justin Née, première dugazon. — Jeanne Chapellier, seconde dugazon.— Willefert, Albertine, Gérald, Seillier, duègnes, mères dugazons. — Barrery, Moreau, Delvins jeune, rôles accessoires et coryphées.

FAITS DIVERS

Ce soir : à l'Opéra, la Reine de Chypre, chantée par Salomon, Lassalle, Menu, Caron et Mlle Bloch.

A l'Ambigu, réouverture : la Tour de Nesles, avec Mme Marie Laurent, Dumaine et Taillade dans les principaux rôles.

— La Renaissance vient de reprendre la Petite Mariée avec Mlle Hading dans le rôle créé par Jeanne Granier, toujours indisposée. La débutante a été applaudie.

— La Comédie-Française a repris le Chandelier, l'oeuvre charmante d'Alfred de Musset. C'est toujours une comédie un peu pimentée, qu'une mère imprudente pourrait seule faire voir à sa fille; mais c'est si plein d'esprit et si bien joué qu'on se laisse charmer sans presque songer à mal.

— Le Vaudeville a repris les Vivacités du Capitaine Tic et donné un aimable petit acte intulé le Premier Avril. Nous sommes excessivement surpris que Pierre, la remarquable comédie de MM. Cormon et de Beauplan ait eu une aussi courte existence.

AVIS

Pianos recommandés de Prouw Aubert, 35, Boul. du Temple.

— Nous recommandons à nos lecteurs la maison J. Fleurant, 15-17, passage Verdeau (suite du passage Jouffroy) ; ils y trouveront un assorti. ment complet de maillots de bonne qualité, à des prix très-avantageuxSi nous jetons un coup d'oeil sur le tarif qui sera envoyé aux directeurs qui en feront la demande, nous trouvons des maillots de soie (entièrement) cotés 40, 42, 45, 47 fr. jusqu'à 50 fr.; les maillots de soie avec buste, en fil d'Ecosse de même nuance, sont de 8 francs moins, cher. Maillots de fil d'Ecosse toutes nuances imitant la soie, à 17 fr. et 16 fr. en blanc et chair; maillots de coton depuis 4 fr., qualités supérieures à 5, 7, 8, 10 et 12 fr.

— GRANDE AGENCE THÉATRALE TAMBURINI et JULIENNE DEJEAN. Engagements d'artistes lyriques, dramatiques instrumentistes et chorégraphes. Chant, leçons, cours, mise en scène (Répertoire français et italien), 50, rue SaintLazare. — Location de la salle pour concerts, conférences, réunions privées et publiques.

— En vente chez Lissarrague, 4, rue Saint-Pierre, à Versailles, École du Pianiste, de PAUL ROUGNON, professeur au Conservatoire de Paris. Recueil d'études divisé en deux parties : 1re partie, Etudes élémentaires; 2e partie, Études de perfectionnement.

Le Directeur-Gérant : ACHILLE LEMOINE.