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Titre : Le Gaulois : littéraire et politique

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1908-07-03

Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication

Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication

Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 94503

Description : 03 juillet 1908

Description : 1908/07/03 (Numéro 11220).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5340186

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 25/04/2008

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SOMMAIRE DU MAGAZINE

DU 4 Juillet

Le Centenaire de Saint-Cyr. Général X.

(Quinze illustrations) La Semaine de Paris. Maurice Montent s rivaux marocains Patrice de Latour (Cinq illustrations)

Chanteloup, poésie Mme Alphonse Daudet ire Paris des Romantiques.. R. de Bettex

(Six gravures)

Newman et la Renaissance

catholique en Angleterre. Thureau-Dangin de l'Académie française

(Avec portrait)

Réconciliés Auguste Bourdier (Dessins de M. P&xâ Chabas)

Comment une Parisienne fait sa malle Mme Canette

(IUustrations de Fr. Fous-

sarigues)

lia crise persane Marylie Markovitch (Quatre illustrations)

'Prix du Salon et Bourses de

voyage t.. de Fourcaud

Le Mystère d'un hansom-

cab roman (suite) Fergus W. Hume (Iljustrations de Jean Jamet)

Un voyage dans le Cantal.. M. Mon marché (Quatre illustrations)

En Angleterre Prix de beauté (une gravure). Bloc-Notes de la Semaine (deux illustrations). Conseils de Bonne-Maman. A" travers la curiosité (sept gravures). -» Petit office du Chercheur.

MUSIQUE « Au jardin d'amour », mélodie

d'Alfred Barbiroili.

Le GAULOIS DU DIMANCHE est envoyé gracieusement k tous nos abonnés.

'J'ai reçu d'un ami, dont je prise fort le jugement, une lettre à laquelle ;je lui demande la permission de répondre publiquement. Vendredi dernier, un député du Midi, M. Alexandre Blanc, interpellait le ministre de l'instruction publique, au sujet de la révocation d'un certain Roux-Costadau, instituteur de la Drôme, qui, dans une conférence publique, s'était écrié « C'est l'exacte vérité que nous sommes des antimilitaristes. » Après quoi, il avait ajouté qu'en cas de guerre, le devoir du prolétariat serait de '« s'einparer de M. Clemenceau et de tous les membres du Parlement qui l'auraient votée, et de les fusiller ».

M. le ministre Doumergue blâma ce malencontreux instituteur, en assurant que ses collègues « ne se solidarisaient pas, ne pouvaient pas se solidariser avec lui », à quoi M. Louis Dumont, de la Drôme, répliqua aussitôt que « l'Amicale » du département s'était empressée d'adresser à M. Roux-Costadau « l'expression de la sympathie du corps enseignant ». n Je le regrette profondément dit le ministre. Moi aussi, mais, à la différence de M. Dou-.mergue, je ne m'en, étonne pas, et voilà justement où se pose la question sur laquelle je voudrais m'expliquer.

Le débat fut clos par un ordre du jour approuvant les déclarations du gouvernement. Je me suis abstenu et c'est de quoi se plaint mon ami. Comment, me dit cet excellent conservateur, l'esprit de parti vous emporte-t-il à ce point, que vous refusiez d'approuver un ministre, quand il frappe un instituteur coupable d'un langage odieux ? »

Il faut croir e que beaucoup de mes collègues sont du même avis, puisque il n'y eut, du côté droit, qu'une dizaine d'abstentions.

Je dirai donc pourquoi, en ce qui me regarde, ge n'ai pas approuvé M. Doumergue.

Dans cette séance de vendredi, M. Ferdinand jBuisson, inévitable en un tel débat, fit entendre cette parole remarquable « Si le corps tout entier des instituteurs est si malade, il y a deux hommes qui ont fait le mal ces deux hommes, ce sont Jules Ferry et •Waldeck-Rpusseau. » On ne saurait résumer plus justement l'histoire d'un quart de siècle. Seulement, M. Buisson est trop modeste il y ,en a un troisième et c'est lui-même.

Le dévergondage moral où se ruent présentement les maîtres de l'école sans Dieu est bien, en effet, l'œuvre de ceux qui les ont rocrutés, embrigadées, gonflés d'orgueil, en vue d'une besogne avouée, la destruction de l'éducation chrétienne et traditionnelle.

C'est pourquoi ce pauvre homme de la Drôme, coupable d'avoir traduit en un langage trop pittoresque les déclarations des pacifistes de marque, éveille en moi plus de pitié que de colère. Ce n'est pas contre lui que je me sens indigné, dais contre les vrais responsables' qui, depuis vingt-cinq ans, travaillent à déformer l'âme française. Voilà le premier motif de mon abstention.

Il y en a un autre. A l'heure même où M. Doumergue exhalait à la tribune son émotion patriotique, il venait d'outrager les familles chrétiennes de ce pays, par une provocation bien autrement grave que les divagations du citoyen Roux-Costadau.

Je crains un peu que les lecteurs du Gaulois, tiisiraits en cette fin de saison par les joies de lIa grande quinzaine, n'aient pas suffisamment (remarqué cette édifiante histoire.

L'année dernière, un instituteur de la Côted Or, nommé Morizot, chargé d'enseigner la morale civique aux enfants .de la commune de (Viévigne, avait, en guise de leçon, tenu devant ses élèves des propos abominables « Les soldats français sont des voyous et des lâches ceux qui croient en Dieu sont des imbéciles le bon Dieu est un porte-monnaie bien garni. » Un père de famille de la commune, M. Girodet, ému du scandale, poursuivit l'instituteur devant le tribunal de Dijon, lequel, estimant que « de telles paroles ne sont que des appréciations de choses et d'idées qui rentrent dans l'enseignement de l'instituteur », rejeta l'affaire sur les juges professionnels. Mais le plaignant, citoyen résolu, appela de la sentence devant la cour d'appel de Dijon, qui donna tort aux premiers juges et, avec des considérants plus que sévères, déclara l'instituteur justiciable des tribunaux ordinaires. Là-dessus, grande colère au camp maçonnique. M. Aulard fulmine: la Ligue de l'enseignement se mobilise son président, M. Dessoye, député, interpeller On a touché au fétiche pédagogique Que va faire le ministre devant un pareil sacrilège ? M. Briand, chef de la magistrature, s'empressa de rassurer. M. Dessoye, et, ne pouvant encore casser de sa propre autorité les arrêts 'de justice, imagina de porter l'affaire devant ele tribunal des conflits, depuis le temps de Jules Ferry recours ordinaire des persécuteurs contre les opprimés.

0 surprise Le tribunal des conflits, rempart de la puissance ministérielle, approuva ..la cour d'appel, et donna raison aux pères de famille de Viévigne contre l'instituteur Mori-

Alors, ce fut un déchaînement l'Action ouvre des rubriques « On boycotte l'école! Au secours de la laïque 1 L'Eglise contre l'Ecole t », la Ligue de renseignement fait appel à ses 3,800 comités 1 Si, un instituteur n'est plus libre d'outrager Dieu, la patrie et la morale, sans que les parents se fâchent et que la justice; la justice administrative elle-même, les soutienne, il n'y a plus d'école possible. Vous pensez peut-être que le ministre de l'instruction publique va rappeler ses amis à la pudeur, et flétrir l'instituteur de la Côte d'Or, cour pable d'avoir blasphémé Dieu et insulté l'armée Oh pas du tout. Non seulement M. Morizoi reste en fonctions, déplacé seulement, et poui un poste meilleur, mais c'est une victime. Lu: et tous ses pareils, M. le ministre les défendra car ils sont « menacés par le curé, menacés pat le seigneur », et il ne s'agit pas de les contrain- dre au respect de la religion et de la patrie il s'agit de les protéger contre les pères de famille assez osés pour se plaindre de leurs provoca tions. On prendra pour cela « les mesures né cessaires

Elles tiennent en un seul article Quiconqut aura retiré des mains de son enfant un livr( de classe outrageant pour ses croyances, ou l'aura empêché d'assister à la leçon du mai, tre qui les insulte quiconque aura, par un discours ou par un écrit, encouragé les parents à cette juste résistance, sera puni d'amende et de prison.

Ce sera le commencement après cela, si les parents veulent tout de même prouvoi au'ils avaient raison, ce n'est plus à l'insti. tuteur qu'ils devront s'en prendre, c'est à l'Etat, à l'Etat impersonnel, mystérieux e1 puissant anonyme, aussi irresponsable que les monarques les plus absolus. Un nouveau projet de loi offre aux pères de famille cette amère jus- tice. Jamais la tyrannie pédagogique, ne s'étail aussi brutalement affirmée.

M. Doumergue avait cela dans les mains vendredi, pendant qu'il blâmajt si chaudement l'instituteur de la Drôme. Celui-là conseille de fusiller les ministres pas de pitié. Les autres insultent Dieu et l'armée l'Etat les protège. C'est la revanche des Loges maçonniques. L'exposé des motifs où le ministre essaye de justifier sa proposition est un réquisitoire contre les évêques et les curés, qui dénoncent aux familles les livres attentatoires à leur foi, contre les parents qui prétendent surveiller l'enseignement donné à leurs enfants.

Eh 1 bien, oui, en effet, il y a des évêques, il v a des curés qui ont rempli ce devoir essentiel de leur charge il faut les en remercier très hautement. Bientôt, j'espère, l'épiscopat se lèvera tout entier contre l'odieuse violation des consciences enfantines.

Oui, aussi, il y a des associations de pères de famille, constituées légalement, qui se sont donné pour mission de surveiller les livres et les leçons. Il faut les en féliciter publiquement. Bientôt, j'espère, la France en sera couverte. Assez longtemps, nous avons,subi la conspiration savamment organisée contre l'enfance. Il est temps, plus que temps hélas que les pères de famille de Viévigne trouvent des imitateurs. Car le mal est ancien, et les leçons d'athéisme, les discours antipatriotiques ne font qu'en révéler la plaie profonde.

J'ose dire que le plus grand péril qui menace l'âme française n'est pas là. Bien plus grave, parce qu'elle frappe moins les regards, est l'entreprise, soigneusement dissimulée.qui se poursuit, depuis vingt-cinq ans, contre l'idée chrétienne, contre la tradition nationale, par le livre et la leçon, corrects en apparence, composés, en réalité, avec un soin perfide, de manière à fausser les esprits, au moyen d'omissions voulues et de faits dénaturés.

M. de La Guillonnière, conseiller général de Maine-et-Loire, écrivain très distingué, vient de publier sur les «Livres scolaires» une remarquable brochure, dont j'ai l'intention de faire, pour le Gaulois, une analyse plus complète parce qu'elle soulève, au point de vue du devoir des catholiques et de l'avenir des écoles chrétiennes, une question de la plus haute gravité. Il y donne, à propos des ouvrages destinés aux écoles primaires, les détails les plus précis et les plus significatifs. Le manuel de M. Albert Bayet, répandu à plus de soixante mille exemplaires, y est en particulier l'objet d'une étude très documentée. « Nous savons, scientifiquement, dit ce manuel, que les hommes meurent, mais nous ne savons pas, scientifiquement, ce qu'ils deviennent après leur mort. Nous ne savons pas, scientifiquement, s'il existe un Dieu, ou si, au contrairè, il n'en existe pas.

C'est le modèle du genre on pourrait multiplier les exemples. Sous prétexte d'écarter tout ce qui n'est pas scientifiquement démontré, on apprend aux enfants à mettre en doute l'existence de Dieu.

M. Doumergue, dans son exposé des motifs, dit « La neutralité scolaire n'est ici qu'un prétexte 1 Nous allons voir.

En 1882, au lendemain de la promulgation de la loi scolaire, une circulaire ministérielle en donnait ce commentaire: «L'instituteur apprend aux enfants à ne pas prononcer légèrement le nom de Dieu. Il associe étroitement dans leur esprit à l'idée de la cause première et de l'Être narfait, un sentiment de respect et de vénération et il habitue chacun d'eux à environner du même respect cette notion de Dieu. » Encore un coup, voilà les promesses de 1882. Voilà ce qu'on nous a promis. Aujourd'hui, « Dieu est un porte-monnaie bien garni On est arrivé au blasphème par une marche habile et progressive. D'abord l'expurgation des livres classiques, tour à tour odieuse et ridicule puis les manuels les premiers à peu près respectueux de la neutralité, et bientôt mis de côté, les autres, ouvertement hostiles au catholicisme, franchement antichrétiens, approuvés, répandus dans toutes les écoles enfin, la 'mise au point des livres scolaires. J'ai cité, ici-même, la déformation du Tour de France, Dieu partout effacé, les monuments religieux supprimés, les souvenirs sacrés de notre histoire abolis. Un père de famille m'écrit ce propos « Je n'y croyais. pas, j'ai pu me procurer la première édition et la dernière, et je suis écœuré et indigné de ce que j'ai constaté. »

Voilà la conspiration Peu à peu, sans bruit, avec ces livres transformés, avec ces manuels dont une abominable imagerie commente les textes perfides, on façonne des cerveaux d'enfants ignorants de Dieu et de la France chrétienne. M. Doumergue appelle cela « des ouvrages simplement empreints de large libéralisme et de tolérance éclairée ».

Mon correspondant comprendra, maintenant, j'espère, que malgré la belle indignation du ministre contre l'instituteur de la Drôme, j'aie refusé d'approuver ses déclarations. A. de Mun

de l'Académie française.

Ce qui se passe LA POLITIQUE

LA CAPITULATION DE M. CAILLAUX

Mardi dernier, la Chambre ayant pris en considération un amendement qui détruisait toute l'économie du projet Caillaux, le ministre des finances déclara nettement que l'impôt sur le revenu gisait à terre. On s'en consolait en pensant que M. Caillaux et sa conception maîtresse auraient même fortune et disparaîtraient simultanément.

Hélas 1 il .n'en fut rien. Après avoir pris visà-vis de M. Puech de fières attitudes, le ministre, des -finances. sans. courber la tête, a signé une,capitulation dont il n'est pas admis à dis-, cuter les termes. Il affirme cependant qu'il y a" de sa part, concession et non soumission. C'est jouer sur les mots. Entre le libellé de la, motion Puech et le texte de la prétendue transaction, il y a des différences analogues à celle qui permet de distinguer entre bonnet blanc et blanc bonnet.

En 1848 s'il faut s'en rapporter à une Revue comique de l'époque le ministre des finances supprima les agents de change et, comme la corporation se fâchait, il les remplaça par des agents d'échange, jouissant des mêmes, privilèges et possédant les mêmes attributions. M. Caillaux ressemble à ce ministre de vaudeville « Vous voulez, dit-il, que la Chambre supprime l'inquisition fiscale, jamais je ny consentirai ».

Et, comme la Chambre se fâche

Jamais, répète M. Caillaux, je ne consentirai à dépouiller mes agents du droit d'examiner les livres, de vérifier les recettes et les charges des contribuables. Seulement, et pour vous montrer que je suis un homme conciliant, j'admets que nos contrôleurs se bornent à rechercher dans les documents administratifs, actes, jugements, bordereaux, pièces, titres, parvenus à la connaissance de l'un quelconque des services publics, les éléments de leurs évaluations. Il n'est tel que de s'entendre.

Quand on veut juger sainement un acte décisif de M. Caillaux, c'est le plus souvent dans les comédies de Labiche qu'il convient de chercher des exemples et des précédents Madame'- dit à sa femme un mari, qui entend faire montre d'autorité à quelle heure rentrerez-vous ?

Quand il me plaira.

C'est bien, mais pas plus tard, n'est-ce pas? C'est à peu près l'attitude qu'adopte vis-à-vis de la commission de la Chambre l'homme de bronze qu'est M. Caillaux. L. DESMOULms. ÉCHOS DE PARTOUT

LE NOUVEL ÉVÊQUE DE TULLE

Le Souverain-Pontife vient de choisir, pour remplacer sur le siège épiscopal de Tulle le regrette Mgr Denéchau, M. l'abbé Albert Nègre, supérieur du grand séminaire de Mende. Le nouveau prélat est âgé de cinquante-cinq ans. Il est né à Saint-Bonnet-de-Chirae, dans le département de la Lozère. Après d'excellentes études au grand séminaire, il fut élève au Collège romain, où il conquit le grade de docteur en théologie. Missionnaire diocésain pendant deux ans, de 1879 à 1881, il oocupa ensuite, au grand séminaire de Mende, à l'âge de vingthuit ans, la chaire de théologie dogmatique. Il a enseigné la théologie pendant vingt-cinq ans, jusqu'en 1906, et a formé de très nombreux jeunes prêtres..

Lorsque Mgr de Ligonnès, supérieur du grand séminaire, fut promu à l'évêché de Rodez, il fut nommé à ee poste, où il se fit remar-. quer, comme dans sa carrière sacerdotale déjà longue, par l'austérité de sa vie, la sûreté de sa doctrine et son dévouement aux œuvres d'apostolat. On lui doit des ouvrages de théologie très Le nouveau prélat sera très regretté à Mende, OU il avait su se faire aimfcr •&& tous.

Le choix de M. l'abbé Nègre, professeur depuis vingt-sept ans, est une nouvelle preuve de la préférence de Pie X à choisir les nouveau évêques parmi les membres de l'enseignement. A l'Académie française.

Dans sa séance d'hier, l'Académie française a reçu des lettres par lesquelles MM. Haraucourt, de Pomairols et Dorchain déclarent poser leur candidature au fauteuil de M. Coppée, décédé. A ces candidatures, et à celles que nous avons précédemment annoncées, il faut ajouter celle de M. Jules Delafosse, qui sera certainement candidat à l'un des fauteuils vacants et qui, nous l'espérons fermement, cette fois sera élu. SOUSCRIPTION EN FAVEUR

DE L'ÉCOLE NORMALE librï

(Septvème liste)

S. A. R. Madame la Duchesse de Ven-

dôme. 100 Il Mine A. K. • .10 Milé Roland Goseelim.. ̃ Total 745

Listes précédentes 15.001

Total général. 15.746

Il faut louer hautement un membre de notre haut clergé parisien d'une touchante et pieuse intention qui permettra aux intimes d'un grand poète, helas 'disparu, de retrouver son souvenir gravé de façon impérissable 1 Notre-Dame-de-la-Bonne-Souffrance tel est le titre que va prendre une chapelle qui sera prochainement installée dans l'appartement même de notre éminent et. regretté collaborateur, M. François Coppée, de l'Académie française, par les soins de M. le vicaire général Odelin, qu'une étroite amitié unissait à l'illustre disparu et qui a loué dans ce.but la maison de la rue Oudinot, où il vivait. Quelle belle et émouvante pensée t

On sait que le général Voyron a été maintenu en activité, au-delà de la limite d'âge, pour avoir commandé en chef devant l'ennemi, pendant la campagne de Chine, en 1900. Dans quelques jours, le général atteindra sa soixante-dixième année il cessera alors, suivant les règlements, de faire partie du conseil supérieur de la guerre et sera mis hors cadre, la position qu'occupent actuellement, et dans les mêmes conditions, les généraux Jamont et Duchesne.

On assure, au ministère de la guerre, que le général Voyron sera remplacé au conseil supérieur par un autre général de division des troupes coloniales, soit par le général Archinard, de l'artillerie coloniale, qui est à la tête du corps d'armée coloniale depuis près de quatre ans, soit par le général Gallieni, de l'infanterie coloniale, actuellement commandant du 14" corps d'armée et gouverneur militaire de Lyon. Monument Sully Prudhomme.

On a beaucoup parlé, ces derniers temps, du monument que les amis et admirateurs du poète se proposent de lui élever, et le public a pu voir se constituer tour à tour deux comités, qui n'ont aucun rapport entre eux. L'un désirerait dresser un buste à Sully Prudhomme dans la ville de Chatenay d'autre, dont l'initiative a été prise par les héritiers, les confrères et les amis du maître, se propose de lui élever un monument à Paris. Ce dernier projet est le seul qui poursuive ce but et qui. puisse honorer.comme elle doit l'être, la mémoire de Sully Prudhomme devant la France et l'étranger.

Il est important de ne pas confondre une commémoration locale avec une consécration nationale de cette pure gloire française.

Nous rappelons. que les souscriptions sont reçues par M. Désiré Lemerre, éditeur, trésorier du comité, 23, passage Choiseul.

Nous sommes heureux de remarquer que l'Académie française, parmi les prix qu'elle a i décernes hier, et dont on verra plus loin la

liste, a accordé un de ses prix Montyon, de la valeur de 500 francs, au remarquable ouvrage de îajjomtessa H. de Reinach-Foussemagne, Une Fidèle la marquise de Lage de Volude, livre dont l'éloge a été fait par les maîtres les plus autorisés de la critique et les historiens les plus notoires. Mme de Reinach a fait admirablement revivre cette intéressante physionomie d'une fidèle de la cause légitimiste, d'un témoin clairvoyant, attentif, spirituel, de la Révolution, de l'Empire, de la Restauration, de la monarchie de Juillet, et, grâce à elle.hous avons suivi Mme de Lage dans l'évoeation de ses souvenirs. (Perron, éditeur. 1 vol. in-8.)

VISION BREVE

LE MAROC A PARIS

Dans la rue Godot-de-Mauroy, tout près du boulevard en plein Paris bruyant et riant sous les rayons d'or du soleil de juillet tandis que nous passons distraitement sur un trottoir, nous saisissons cette vision d'Orient: Sous le porche d'une maison, dans la pénombre que crée la voûte entre la cour ensoleillée et la rue brûlante, quelques hommes sont assis sur des chaises de paille. Leurs visages hâlés, bruns, barbus, leurs grands yeux intelligents et calmes apparaissent parmi les plis blancs des étoffes de laine, des burnous qui enveloppent le corps et ne laissent apercevoir que les bottes de cuir clair. Et ces 'Africains sont les membres de la mission marocaine installés depuis deux mois ici.

.Volontiers l'après-midi, ou après leur dîner, ils prennent place sous ce porche. Les uns fument, les autres rêvassent. Ils demeurent immobiles, et en savourant la volupté d'une fraîcheur à vrai dire imparfaite, ils doivent parfois regretter les jardins de leur pays, les cours où un jet d'eau égrène sa chanson- tandis qu'un domestique noir, vêtu d'un costume bleu, attend leurs ordres, sans broncher, debout, appuyé à la muraille, et que non loin, lassé par la^chaleur, béat d'être en compagnie de nobles étrangers, dans un fauteuil, est installé le concierge de l'immeuble.

Un poète d'un rare mérite, M. Louis Aigoin, vient de mourir à l'âge de quatre-vingt-onze ans, laissant un fils qui fut révoqué, comme percepteur, au moment des décrets

Issu d'une vieille famille du Gard, dont plusieurs membres se sont distingués dans l'administration des finances, il avait suivi la carrière de ses ancêtres mais quand vint la retraite, il trouva dans les lettres l'aliment nécessaire à sa merveilleuse activité. Petit-fils par sa mère du musicien Boïeldieu, il avait l'ame artiste, et quoique peu nombreuses ses œuvres lui survivront parce qu'elles sont marquées au coin d'une grande élévation de pensée jointe à une forme d'une finesse exquise. Rêveries et réalités, poésies Réalités de la vie, pensées notice sur Félix Apvers Mystère du son,net d'Arvers sont les meilleures parmi les publications de cet aimable poète, qui était, dans toute l'acception du mot, un homme de bien.

Ainsi que nous l'avions annoncé, la place de la Concorde se hérisse de palissades en planches, mais il paraît que notre information n'était pas tout à fait exacte nous avions dit,, en effet, qu'après la fête nationale on commencerait des travaux extraordinaires, mais l'administration les a avancés, de 15 jours Voilà donc non' seulement toute la partie de la place qui s'étend de la rue Royale au pont de la Concorde barrée, mais le débouché des Champs- Elysées doit se faire à droite et à gauche des chevaux de Marly 1 Croit-on donc en haut lieu que tout le mon-' de soit déjà parti et que Paris se soit vidé mieux qu'un canard à la rouennaise? Il y a encore beaucoup de monde, et surtout les étrangers qui doivent avoir décidément une piètre idée de Paris et de ses édiles Les travaux, nous a dit hier matin un contremaître, dureront plus de cinq mois alors, comme il faut finir avant l'hiver.

Et voilà. On dirait que l'administration ne pense qu'à faire partir les gens voilà qui est gai pour nos commerçants I

POINTES SEOBES

L'INQUISITION fiscale

La question de confiance?.

Jeu plutôt dangereux pour le gouvernement

Estimant que Caillaux doit poser carrément

La question de. défiance 1

Le 2 juillet 1883, Jules Tauviray fondait à Blois le premier syndicat agricole. On sait le développement rapide pris par ces associations, qui ont centuplé la fortune agricole en France. Aussi a-t-on décidé de fêter l'anniversaire de cette grande et féconde institution, en donnant à Blois, le 7 juillet, un grand banquet qui a déjà réuni 5,000 adhésions.

Le ministre de l'agriculture présidera la cérémonie et on inaugurera un médaillon en bronze à la mémoire de Jules Tauviray, « le père des syndicats agricoles 1).

Erreur n'est pas compte. Il en avait été commis, qui viennent d'être rectifiées, dans la course de côte du Val-Suzon, à Dijon. Porporato, sur voiture Berliet, est premier dans la 19" catégorie, en 3 m. 17 s. 4/5. Dans la catégorie 140 d'alésage, Berliet est encore premier en 3 m. 10 s. 1/5. Aux Plâtrières, Rossyno, sur Berliet, est premier du classement Général, ce qui n'empêche point la Berliet d'enregistrer également ce succès son camion grimpe la fameuse côte en 6 m. 9 s. 3/5.

Ce sont là démonstrations nouvelles du rendement incomparable des voitures Berliet. Inlassable, la célèbre marque lyonnaise multiplie les occasions de se produire, et, par conséquence, d'affirmer ses qualités multiples et inégalables. On n'apprécie le charme de l'automobile qu'après le millième kilomètre, disait un couleur endurci mais il faut croire que les maîtres des rapides véhicules ne partagent pas tous cette manière de voir, du moins à en juger par l'innombrable file de voitures de toutes marques qui prennent le chemin de Saint-Cloud, conduisant leurs propriétaires -tout simplement au Pavillon Bleu, à quelqu'un de ces déjeuners ou dîners où la meilleure société se plaît à se convier dans la si belle galerie des Hortensias. Marigny est l'endroit aimable où se rencontrent, quotidiennement, toutes les élégances parisiennes et cosmopolites. Tout est mis en œuvre, à Marigny, pour la plus grande joie de ce public qui l'affectionne. C'est un programme merveilleux, avec d'extraordinaires numéros, tels que la troupe Mania, Emma Francis et les étonnants Aërial Smith. C'est la Revue de Marigny, alerte et pimpante, avec Mmes de Liïo, de Landy, Miss Lawler et la spirituelle artiste Alice Bonheur, qui conduit le train avec une gaieté, un brio charmants.

A TRAVERS LES LIVRES

Dans la Nouvelle Collection Illustrée Calmann-Lévy, à 0 fr. 95 centimes le roman complet, paraît le beau roman si émouvant et si passionné de Mme Marcelle Tinayre Avant l'amour.

Livres à emporter en voyage de la même librairie Mémoires d'une vieille fille, par M. René Bazin la Folle aventure, par M. André Lichtenberger Notes sur les Etats-Unis par M. André Tardieu.

NOUVELLES A LA MAIN

Les gaietés du tourisme.

On peut lire, dans une petite station de Belgique, l'avis suivant

Visite de la grôtte 5 francs.

Pour §0 centimes de plus, on a. droit au gouffre. On Dotais»

lie Choix

ttm Ville faax (La scène se passe dans te cabinet du docteur.) LE CLIENT (entrant). Bonjour, mon cher docteur. Comment allez-vous ?

LE DOCTEUR. C'est ,à vous qu'il convient de poser une telle question.

LE CLIENT. Ça ne va trop mal. (Il s'assied.) C'est-à-dire que ça ne va pas du tout. LE DOCTEUR. Voyons. Qu'est-ce que nous avons?.

LE CLIENT. Ma foi, je ne sais pas. LE DOCTEUR. Souffrez-vous ?.

LE client. Oui et non.

LE DOCTEUR. C'est plutôt un malaise ?. LE CLIENT. Oui, oui, c'est bien cela. Un malaise.

LE DOCTEUR. Avez-vous quelques symptômes particuliers à me signaler?. LE CLIENT. Aucun, docteur. C'est un malaise.

LE DOCTEUR. Pas de troubles digestifs ?. LE CLIENT. Non. C'est-à-dire. Enfin, figurez-yous. Quand je ne digère pas. et même quand je digère. Enfin, c'est très eu-' rieux. Vous avez trouvé le mot, docteur. C'est du malaise. Un malaise unique. indéfini.

LE docteur. Un malaise général. LE CLIENT. Docteur, vous êtes un homme admirable. Vous avez tout de suite deviné ce que j'ai. C'est un malaise général. Ça ne m'empêche pas, d'ailleurs, d'avoir bonne mine.

LE DOCTEUR. Oui, oui. Je vois. je vais vous ausculter.

LE CLIENT. Pourquoi faire?.

LE DOCTEUR. Pour chercher ce que vous avez réellement.

LE CLIENT. C'est inutile. Vous ne trouverez rien.

LE DOCTEUR. Pourtant, pour vous prescrire un traitement.

LE CLIENT. Je ne crois pas que j'aie besoin d'un traitement. puisqu'au fond, je n'ai rien, rien qu'un malaise. un malaise général. Et, tenez, je crois que c'est plutôt de la fatigue, oui, de la fatigue.

LE DOCTEUR. Cela est aussi fort possible. LE CLIENT. Quand on a vécu tout un liiver de l'existence fiévreuse, surchauffée de Paris, il n'est pas surprenant que l'on ressente de la fatigue quand vient le mois de juillet. LE DOCTEUR. Il est évident qu'il arrive un moment où l'organisme.

LE CLIENT. N'est-ce pas ?. Oh 1 vous comprenez très bien ce que j'ai. Ce qu'il me faut, c'est du repos, beaucoup de repos. Oue diriez-vous d'une saison aux eaux?.

LE DOCTEUR. Une saison aux eaux ?. Oui. évidemment. je ne dis pas. Certaines eaux ont. pour certains cas. des vertus. réelles. incontestables. Et, à condition, de n'en point abuser.

LE CLIENT. Telle n'est pas mon intention, docteur. Et, dites-moi. je voudrais bien avoir votre avis. J'avais pensé à aller faire une cure à Panacée-les-Thermes?.

'"̃̃'̃̃ LE DOCTEUR. Les eaux de Panacée ont des qualités très actives. dans des cas assez nombreux et assez variés. Et, puisque vous avez projeté d'aller aux eaux, je ne vois pas pourquoi vous ne prendriez pas celles de Panacée. Je vous recommanderai à un médecin consultant de cette station. Un homme très sérieux. LE cLIENT, inquiet. Très sérieux?. LE DOCTEUR. Un homme en qui l'on peut avoir, en qui j'ai toute confiance. LE CLIENT, rassuré. Ah

LE DOCTEUR. II vous donnera, sur mes indications, un traitement doux, pas fatigant, un traitement neutre.

LE CLIENT. Docteur, vous avez des trouvailles 1. Un traitement neutre, pour un malaise général, c'est définitif, c'est lapidaire. LE DOCTEUR, souriant et modeste. Je connais mes malades, voilà tout.

LE CLIENT. Oui. certainement.(Un temps.) Vous connaissez les Machain ?.

LE docteur. Je ne les soigne pas, mais je les rencontre très souvent chez des amis communs, les Hixe. Mme Machain est une femme charmante, et de la plus grande distinction. Le client. Ils vont justement à Panacéeles-Thermes.

LE DOCTEUR. C'est une station très fréquentée, très mondaine.

LE CLIENT. Alors vous pensez, docteur, si je suis heureux que vous m'ordonniez d'y aller aussi.

LE DOCTEUR. Il y a d'autres eaux que celles-là, qui pourraient s'appliquer également à votre cas.

LE CLIENT. C'est possible, puisque vous le dites. Mais, du moment que vous m'avez ordonné d'aller à Panacée, c'est que vous avez vos raisons. Et, comme je vous le disais, j'en suis très heureux. La vie est si ennuyeuse, si monotone dans une ville d'eaux, même avec un traitement neutre, quand on ne connaît personne 1. Je suis ravi de penser que, tout en me soignant sérieusement, je pourrai passer mon temps avec des compagnons agréables. M. Machain est un homme charmant, très distingué, et que j'aime beaucoup. J'aurai infiniment de plaisir à lui dire que vous m'envoyez à Panacée-les-Thermes.

LE DOCTEUR. Voilà donc qui va à merveille.

LE CLIENT. Et j'espère bien que, quand vous aurez l'occasion de le rencontrer chez les Hixe. LE DOCTEUR. Vous pouvez compter sur moi

LE CLIENT. Merci. (Il lui serre la main avec émotion.) C'est curieux, docteur, rien que de vous avoir vu, il me semble que je vais déjà mieux.

LE DOCTEUR, avec un sourire. C'est égal, soignez-vous tout de même.

LE CLIENT. Naturellement. Au revoir, mon cher docteur, et merci. LE DOCTEUR. Surtout, pas d'imprudences t. (Le client sort.)

UNE PETITE LETTRE

Victoire Le docteur a été tout à fait gentil. Vous qui êtes sceptique et méfiante, vous direz, sans doute, qu'il a deviné notre secret. Mais, même dans ce cas, ce secret deviendrait ,un secret professionnel. Pour moi, j'ai la naïveté de croire qu'il a parfaitement calmé mon malaise général. En tout cas, il est prêt à dire bien haut, chez les Hixe, que j'avais le plus pressant besoin d'aller à Panacée-les-Thermes. Et c'est l'important. Je me réjouis déjà de ces trois semaines. Ah j'oubliais. Ce cher docteur trouve que vous êtes une femme charmante et de la plus grande distinction. Comment voulez-vous que je doute, après cela, de la sûreté de son diagnostic il

nI

UNE PETITE RÉPONSE

« Catastrophe f. Que de mal vous vous êtes donné pour rien Je suis navrée 1. Nous n'allons plus à Panacée Nous allons à Reinedes-Eaux. Ordre de la Faculté. Si c'était moi qui étais malade, je trouverais sûrement le moyen d'arranger les choses i. Mais. voilà. Ce n'est pas moi qui suis malade J. Et

votre docteur qui dînait hier chez les Hixe t.* Nous avons fait du bel ouvrage Il

Adrien Vély

Parisien L'éti q uette par 30 degrés

Elle est cruelle parfois l'étiquette traditionnelle quanî on doit supporter par trente degrés de chaleur des vêtements faits pour l'hiver, ou peu s'en faut. La tunique du soldat et de l'officier, la robe du magistrat sont, dans ces journées de grosse chaleur, de véritables instruments de supplice.

Les journaux nous ont dit ce qu'on souffrait de la chaleur, ces jours-ci, dans la salle des assises, au Palais de Justice. Si les jurés et les curieux, qui peuvent s'habiller légèrement, avaient à se plaindre, qu'était-ce cour les magistrats chargés d'une robe de laine et d'une toque de drap. Ils peuvent se débarrasser de la toque, mais la robe?.

Les avocats sont aussi à plaindre, mais quelques-uns portent des robes légères et les gestes que leur inspire leur éloquence fait un peu d'air dans leurs larges manches.

En Angleterre les juges continuent à porter, ainsi que les avocats et les présidents de la Chambre des lords et de la Chambre des communes, la lourde perruque à marteau avec le catogan. C'est de auoi succomber à une congestion cérébrale. Quelques-uns osent déposer leur perruque à côté d'eux, après avoir fait leur entrée, commo nos magistrats posent leur toque; mais les magistrats et les avocats anglais qui tiennent à la tradition et ils sont nombreux croiraient manquer à toutes les convenances en ôtant leur perruque.

Il n'y a qu'aux Etats-Unis que les juges se permettent de siéger en veston d'alpaga, avec un chapeau de paille sur leur bureau. On voit même des tribunaux où le juge fume son cigare, et le solicitor qui ne parle pas en fait autant.

Un de nos amis qui, il y a quelques années, réclamait une succession dans un Etat du Sud, avait à donner de mémoire tous les prénoms, avec la date exacte de la naissance et de la mort de chaque membre de sa famille, depuis la mort de l'oncle d'Amérique. Le juge, les avocats, tout le monde était en toile ou en alpaga par quarante degrés de chaleur. Notre ami obtint la permission de fumer son cigare, ce qui lui permettait de lire dans sa main, où il avait écrit à l'encre grasse les initiales des prénoms avec les dates.

En Chine, dans les petites villes du Sud, les juees avaient trouvé mieux ils siégeaient nu dans une jarre pleine d'eau. Depuis l'arrivée des Européens, cette licence a été interdite, le juge doit conserver sa belle robe de soie. Le bonnet à bouton de cristal émergeant de la jarre ne suffit plus à la dignité du magistrat chinois. -.•̃̃*•*

Les Parisiens d'un certain âge se souviennent du temps où le chapeau de haute forme était de rigueur en toute saison. Un chapeau de paille à Paris! On aurait ooussé les hauts cris. Et l'habit restait le vêtement de tous les dîners. Maintenant, tout le mondé porte le smoking en été avec le chapeau de paille; on danse en veston aux matinées, après le Grand Prix, et comme on laisse maintenant son chapeau à l'antichambre, tous les chapeaux sont admis.

Le haut de forme.( perd du terrain tous les jours il n'est plus de rigueur que pendant quelques mois. Qui sait s'il ne sera pas bientôt un antique souvenir, porté par les vieillards corrects, et réservé par les jeunes aux mariages et* aux enterrements? Le canotier est à'l'heure actuelle le seul chapeau porté à Paris par les hommes du monde, et le canotier en vraie paille, le plus simple possible.

Les souliers jaunes étaient inconnus autrefois. Maintenant on les voit même à Paris, bien que plus spécialement destinés aux villégiatures. On vit même, il y a quelques^ années, les jeunes gens ne plus porter de, gilet sous leur veston, en plein Paris, à Paris-les-Bains, comme disent ceux qui ne s'en vont jamais.

Tout se démocratise, surtout par trente degrés de chaleur, et si l'on ne sort pas dans la rue en manches de chemise, c'est qu'il y a encore des préjugés. Ne nous en plaignons pas.

A

Le prêtre en soutane n'est pas des moins à plaindre; il a du moins de l'air dans les vastes églises; son supplice ne commence qu'au confessionnal, où il doit subir, par cette chaleur,»l'air renfermé et la respiration de ses pénitents.

Il faut plaindre aussi bon nombre d'employés des postes, qui ont des locaux trop exigus, comme ceux du bureau de la rue d'Amsterdam. C'est un tableau digne de l'enfer du Dante. Quant aux demoiselles du téléphone, on leur a fait, au bureau central, un salon où elles peuvent se délasser et se rafraîchir. Il est regrettable qu'elles ne puissent pas inviter à leurs five o'clock.

Les facteurs et les petits télégranhistes ont une tenue d'été depuis quelques années. Les .conducteurs d'omnibus ont obtenu la même réforme, et, signe des temps, depuis qu'ils portent la moustache ou la barbe, les cochers de fiaere arborent le chapeau de paille. Jl leur arrive même, au Bois, de poser leur chapeau sur la lan- terne, le pied sur le tablier, et de fumer la cigarette ce qui dépasse un peu les limites permises. Seuls, les chauffeurs des taxi-autos conservent une tenue impeccable. La chaleur n'excuse pas tout, bien qu'autrefois en Espagne, ou du moins en Andalousie, le vent du Sud, le vent d'Afrique qui brûle et qui rend nerveux, fût admis comme circonstance atténuante dans les causes criminelles. ll ne produit pas en deçà des Pyrénées la même excitation nerveuse; il ne développe même pas la chaleur des sentiments. On voudrait rester chez soi,, les volets clos, et faire la sieste, comme en Espagne et en Italie, de deux à cinq heures; volontiers aussi, comme M. Sagasta, quand il était premier ministre, on donnerait rendez-vous à des heures insolites.

Venez me voir à quatre heures, disait-il.

Comme il était dix heures du matin, on se précipitait à quatre heures du soir chez le ministre tout était fermé. On réclamait « Son Excellence est sortie. Il Il m'a donné rendez-vous. Cela n'est pas possible. Et le lendemain M. Sagasta, rencontré aux Cortès, disait

Vous avez donc oublié mon rendez-vous?

Pas du tout. On m'a refusé la porte.

A quelle heure?

Eh bien, hier, à quatre heures.

Malheureux! C'était quatre heures du matin. Nous ne travaillons que la nuit par cette chaleur.

Tout-Paria

Le Centenaire de Saint'Cp

FETE SPLENDIDE

an

BERCEAU D'ATHALIE

PAR M. LUCIEN NICOT

Le « Berceau d'Athalie Il, c'est Saint-Gyr. Et les saint-cyriens ont fêté hier, et d quelJ4^uperbe façon le centenaire de Tins- tallàtion de l'Ecole dans ces vieux et fameux bâtiments entre les murs desquels, il y a deux grands siècles, les douces pupilles de Mme de Maintenon jouèrent pour la première fois l'immortelle tragédie de Racine.

En disant que la fête a été splendide, je veux parler surtout de la fête extraHofficielle, de celle dont les élèves ont conçu et organisé le programme, et qu'ils ont menée jusqu'au bout avec un entrain endiablé, une extraordinaire maëstria et, je m'empresse de le dire tout de suite, avec un succès colossal.

Quant à l'autre fête, la fête officielle, elle a été plus que terne, presque triste. A part le Il poi- reau n, les grandes huiles t> et tout le « corps de pompe Il, c'est ainsi que les saint-cyriens irrévérencieux dénomment, en leur areot pittoresque, le général commandant l'Ecole, les officiers du cadre et messieurs les professeurs, il n'y avait là, dans la cour Wagram, aucun des grands chefs qu'on eût aimé à revoir, en un p. reil jour, réunis autour du glorieux draper de Saint-Cyr.

Cinq ou six généraux tout au plus, quelques officiers supérieurs, presque tous tenus, de par leurs fonctions, à se trouver là, une centaine de jeunes capitaines,, de lieutenants et de souslieutenants qui avaient tout bonnement voulu revivre un instant la vie d'autrefois. Et c'est tout,

Que s'est-il donc passé pour qu'une fête pareille ait réuni un aussi petit nombre de ceux