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Titre : Le Gaulois : littéraire et politique

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1882-08-03

Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication

Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication

Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 94503

Description : 03 août 1882

Description : 1882/08/03 (Numéro 17).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5243198

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 22/02/2008

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!B ~NirfM M FMBBJH

M ~BbtM DU bBMttAL

J'aimais beaucoup général Ney, duc d'Elchingen. J'avais pour lui une de ces amitiés (~nt les racines se perdent dans nuit de l'enfance et sur lesquelles les années, les absences, les différences de caractère et de condition peuvent tirer sans les arracher. Bien entendu, il ne me paraissait pas avoir le sens commun. On aurait pourtant pu dire que tout en lui était commun, excepté le cœur. Je suppose que, s'il s'était donné la peine d'avoir une opinion sur mon compte, il l'aurait, de son côté. à peu 'près ainsi formulée: < Quelle nchue bête de passer son temps la plume à la main, à tordre son cerveau comme un troupier qui blanchit ses chaussettes ) a

C'est égal, nous sommes restés bons amis jusqu'à son dernier jour; il me pardonnait beaucoup, parce que j'aimais Beaucoup l'escrime et que, quand nous en faisions ensemble, if trouvait que je tapais dur sur son gilet. Mince gloire ) 1 car, pour lui, s'il pratiquait le fleuret et l'épée, ces deux armes de finesse tinrent constamment rigueur à sa poigne brutale. C'était de rhébreu pour ce sabreur. Ces jours-ci.–mon pauvre général) on a bien malencontreusement raconté une histoire de fantaisie qui semblait exhumer son cadavre, énigmatique et lui faire cracher, comme une batfé posthume à l'adresse de ce qu'il respectait le plus au monde, une accusation à faire dresser les cheveux sur la tête contre celle qui porte son deuil. Il m'a semblé voir apparaître son spectre indigné, et j'ai cru entendre sa voix loyale qui venait réclamer le repos pour lui-même, la justice pour les siens.

Pauvre général t il est loin, le temps où, tous trois petits garçons, je nous vois encore avec nos vestes vertes et le col tuyauté montant serré autour du cou,–nous causions son frère Edgar, lui et moi, dans l'embrasure d'une fenêtre, chez la grande couturière d'alors, Mlle Paimyre, tandis que nos mères essayaient ou commandaient leurs toilettes à volants et & manches plates.

Les deux frères avaient de petits chapeaux gris dont ils paraissaient. justement Sers, et moi une casquette de paiUe de chez Bodson, une nouveauté

a'alors

Nous causâmes de Napoléon, dont on m'avait donné l'histoire, écrite par Alexandre Dumas, pour mes étrennes, en regardant tomber la pluie, et déjà le soldat perçait dans les propos enfantins de mes deux interlocuteurs, dont l'un devait être le colonel de Vatry, l'autre le général duc d'Elchingen.

On sait, en enet, que les deux frères n'étaient pointdu même père. De quatre ou cinq années, Edgard était l'aîné Michel naquit du second mariage de sa mère avec général Ney.

Ce fut son malheur d'être trop heureux, de devenir trop riche, en devenant le gendre de cette excellente et intelligente Mme Heine, dont les millions sont comme le talisman d'une fée bienfaisante, d'être l'enfant gâté de la mitraille, A travers laquelle il passa vingt fois sans qu'elle voulût trouer sa peau. Que n'est-il mort dans cette belle charge de cavalerie, d'où il sortit avec la. balafre qui lui décorait le visage ) 1 Troupier, l'idéal du troupier, ce fut Sa perte de se trouver, comme il aimait à le proclamerun peu naïvement, l'homme le plus riche de l'armée française. Trop de butin risque de faire du troupier un soudard. Mais il y avait en lui des parties de héros. Je me le ngure à cheval, .tout poudreux, son uniforme en désordre, le sabre au poing, enlevant un escadron ou un régiment pour le jeter sur l'ennemi. Vraiment possédé du démon des batailles, digne petit-ûls du brave des braves, c'est ainsi qu'il faut se représenter le général Ney et non pas, ~ommo on semble prendre plaisir à nous le montrer par les petits côtés, quittant la partie de besigue chinois de son cercle pour vider des flacons d'absinthe et courir d'obscurs guilledous. Quelle est donc cette vérité nouvelle et cette façon d'écrire l'histoire qui, dans l'homme, ne montre plus que les côtés bons à voiler et dissimule la noblesse de son être.pour en étaler complaisamment aux yeux les faiblesses et les hontes 1 C'est sur les vertus de l'humanité que nous mettons une feuille de vigne, et nous braquons la loupe sur les objets q~ue l'antique pudeur ordonnait de dissimuler.

Il en résulte une collection monstrueuse de priapes et de nymphomanes que l'on nous donne comme étant la société. L'amour d'un déshabillé cent fois pire que le nu a envahi nos livres et nos chroniques. Il semble que l'on n'écrive plus que pour montrer à l'homme la bestialité de l'homme, et que tout ce qui n'est pas l'ivresse des passions animales doive être relégué dans le domaine des conventions Tades, au vestiaire des vieux habits, vieux galons. t, Om, le général Ney était un ignorant, un brutal, etil était loin de parlerphébus. on l'a vu, de reste, quand il vint déposer au procès Jung-Wœstyne. Je me rappelle qu'un jour, comme nous visitions ensemble ses écuries, un cheval ayant fait mine de lui envoyer une ruade, il lui riposta par un coup de pied dans le ventre. C'était inélégant. Un autre jour, il se colletait avec un de ses palefreniers. Mais, je me rappelle aussi que dans une salle d'armes ou nous hantions tous deux, le prévôt, atteint grièvement à l'aisselle d'une pointe de neuret brisé, étant tombé baigné dans son sang, Ney voulait l'emmener chez lui, le soigner à ses frais, ne laisser à personne le soin de rendre le pauvre diable à la vie. Il avait de ces élans-là. Le gros mot à la bouche, oui; mais le ccear sur la. main.

Quil se Soit tué lui-même ou qu'il ait uni sous les coups d'assassins, je n'ai pas la prétention d'avoir découvert le mot de cette épouvantable charade; mais, ce que je sais bien, c'est qu'en frappant celle qui porte si dignement son nom, avec les grâces de la femme et les ver'tus de la mère, on greSerait sur le premier un second crime, bien clair, bien net, bien évident, celui-là.

Aujourd'hui, tous ceux qui ont l'honneur de tenir une plume exercent, qu'ils le veuillent ou non, une innuence effroyable sur leurs contemporains. La presse n'est plus le < quatrième pouvoir* qu'on admettait en tremblant dans un Etat bien réglé. EUe est le seul pouvoir resté debout dans notre anarchie. Elle tend à remplacer peu à peu tout ce qui s'écroule, et à substituer sa parole au silence des lois, au discrédit de la tribune, à l'ébranlement de toute discipline. La presse, de qui tout consent à relever, doit, du moins, se relever ellemême.

Je sais que le mot sacerdoce est plus démodé que jamais, et cependant je ne saurais trouver d'autre mot pour peindre le rôle que le journaliste est appelé à jouer sur les ruines de ce qui fut, autour du berceau de ce qui n'est pas encore. 'Tout est donc devenu singulièrement grave dans les journaux, ce qui concerne la vie publique comme ce qui concerne la vie privée. Aussi bien, il n'y a plus de vie privée, il n'y a plus de vie publique, et les frontières qui séparaient les deux domaines ont été abolies par une révolution des mœurs, qui demeure singulière, même après toutes les révolutions politiques et sociales dont nous fûmes témoins. Cette révolution-là, qui met tout le monde à notre discrétion et semble nous autoriser à évoquer à notre barre les causes autrefois réservées~ à d'autres juridictions, nous impose des devoirs plus étroits que par le passé. Chroniqueur respecte en ta plume un libre instrument de vie et de mort, et, plutôt que de calomnier, fût-ce par légèreté et sans le faire exprès à plus Nrte raison si la victime était une femme passe-la-toi au travers du corps, ou du moins remets-la tranquillement au clou pour une occasion meilleure.

POPINOT

Nos Echos AUJOURO'HU)

A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel admission jusqu'à 7 heures.

Pendant la duréa du d!ner, l'orchestre de M. Dosgranges jouera dans la nouvelle salle do musique.

MENU

Potage julienne au consomme

Hors-d'œuvre

Melon

Dorades sauce câpres

Pommes de terre a l'anglaise

Pièce de bœuf aux laitues

Vol-au-vent Toulouse 1

Poulardes de la Bresse au cresson jjj

Salade

Petits pois a la paysann* Tartelettes de fruits j

Glace

Parfait au café

Desserts

Fromages, fruits et petits-fouM

Le salon des dames est ouvert aux voyageurs. Piano, orgues, tables de jeux.- Dîner à la carte au restaurant. Billards au Café Divan. Le programme du dtner-concert. (Voir à I*. 4' page.)

<~

A deux heures. 9l* séance publique de la sessien de la Chambre des députes.

A deux heures, séance publique a.u Sénat, j Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre. De onze heures du matin a oaze heures du soir.

Français, 8 h. */«. Le C/KMK~e!ter'.

Chateau-d'Eau, 8 h. 1/2. La rraoK~tï. j

LA POUTtOUE

L'impératrice Elisabeth d'Autriche, qui va voyager incognito enitalie.'afait exprimer au Saint-Père le désir de lui présenter ses respects au Vatican. Sa Sainteté Léon XIII a chargé le nonce apostolique à Vienne de déclarer à l'Impératrice qu'elle serait toujours la bien-venue au Vatican, pourvu que sa visite ne se rattachât à aucun but politique, et ne coïncidât avec la prochaine entrevue des souverains d'Autriche et d'Italie.

LE MONDE ET LA V!LLE

Hier, à trois heures, le grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, descendu à l'hôtel Continental, s'est rendu, accompagné de son aide de camp, à l'Elysée, où il a été reçu avec tous les honneurs militaires.

A quatre heures, le président de la République s'est rendu à l'hôtel Continental faire une visite au grand-duc Frédéric-François II de MecklembourgSchwerin.

M. Grévy était accompagné du général Pittié.

Le grand-duc est arrivé lundi avec la grande-duchesse, qui est une des plus jolies femmes de la cour allemande.

Les familles royales de Danemark et de Grèce sont prochainement attendues à Wiesbaden, où des appartements ont été retenus, à leur intention, à l'hôtel du Parc.

LL. MM. les rois Christian IX et Georges I", ainsi que les reines Louise et Olga, avec leurs enfants, pensent faire un séjour prolongé dans l'agréable station thermale du Taunus.

M. Mignot, le secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques, âgé aujourd'hui de quatre-vingtsix ans, serait sur le point de résigner ses fonctions.

Dans le cas où M. Mignet, malgré les instances de ses collègues, persisterait dans sa/résolution, etoù les membres de

ette compagnie seraient amenés à lui donner un successeur, leur choix paraît devoir se porter sur M. Jules Simon. M. le comte de Nostiz-Wallwitz, troisième secrétaire à l'ambassade d'Allemagne en France, va prochainement quitter ce poste, étant appelé à d'autres mnctions.

Son successeur sera M. le comte Vitzthum d'Eckstœdt, actuellement attaché à la chancellerie de Berlin.

Mme Hébert, mère de l'illustre peintre Hébert, est morte hier, dans l'hôtel que son fils s'est fait construire récemment boulevard Rochechouart.

Hébert avait pour sa mère une profonde vénération; tous ses succès, toute sa gloire disparaissaient lorsqu'il était auprès d'elle il redevenait l'enfant soumis, respectueux et tendre.

M. Hébert est parti cet après-midi avec un ami et une vieille servante, qui est depuis vingt-sept ans dans la maison pour La Tronche, près de Grenoble. Le cercueil de sa mère est dans le même train. L'inhumation aura lieu dans la petite église de son village natal, où brille, au maître autel, une des plus belles toiles d'Hébert.

Mme Ernest Hébert qui s'est prodiguée pendant la maladie de sa bellemère, était trop fatiguée pour accompagner son mari.

Nous avons le regret d'annoncer la disparition d'un organe conservateur, spécialement répandu, dans les rangs du clergé, qui avait vaillamment marqué sa place au premier rang de la presse royaliste et catholique. Le dernier numéro de la Civilisation a paru hier soir.

M. des Houx, son honorable rédacteur en chef, avait su conquérir, en quelques années, un véritable crédit sur ses lecteurs, qui le suivront assurément dans le journal auquel il apportera sa collaboration.

La C~~sMo~ était l'un des organes du Crédit de France.

La mission militaire qui représentera. l'armée britannique a nos grandes manœuvres d'automne sera ainsi composée

MM. le lieutenant général Taylor, les capitaines ~hompson, Villiers, de Beauchamp.

Charmante,la fête organisée hier dans le beau jardin du Concert Besseliëvre, au béneïice des victimes de la catastrophe de la rue François-Miron.

Une foule de jeux et de petites boutiques, installées autour de la rotonde, étaient tenus par nos plus charmantes artistes.

Mmes Reichemberg et Martin, de la Comédie-Française.étaient transformées en bouquetières; Mlle Broisat et Mlle Hirschjacharmante danseuse del'Opéra, faisaient de fortes recettes avec leur jeu de petits chevaux.

Dans l'après-midi, la foule n'a pas été très considérable mais le soir il était presque impossible decirculer.

En somme, excellente recette pour les malheureuses victimes.

Les obsèques de Mme Chevreau mère auront lieu ce matin, à dix heures très précises, à l'église Saint-François-Xavier.

Après le service religieux, le corps sera transporté à Saint-Mandé, aura lieu l'inhumation.

Particularité à noter.

Le barreau de Paris a élu pour son bâtonnier M* Oscar Ealateuf; le barreau de Bordeaux, M" Descoubès, et le barreau de Rennes M" Samuel Denis. Ces trois élections présentent ce caractère spécial que les trois bâtonniers hommes se sont faits tous les trois remarquer par leurs protestations éloquentes et indignées contre les décrets d'expulsion.

Ce triple choix est donc une preuve qu'à Rennes et à Bordeaux, comme à Paris, les mêmes considérations et les mêmes convictions ont inspiré les votes de la majorité des membres de l'ordre.

L'exposition de l'Union centrale des arts décoratifs, dont nous avions annoncé l'ouverture pour le 1" août, n'a pas été prête pour cette date, et l'inauguration en a été remise au 10.

Nous ne nous plaignons pas de cette mesure inévitable, étant donné l'état peu avancé des installations des exposants mais il nous semble au moins étrange que ce changement de date n'ait pas été communiqué à la presse. Grâce à ce manque de procédés vis-àvis des journaux et vis-à-vis du public, un grand nombre de visiteurs se sont, comme on dit, cassé le nez, avant-hier, à la porte de l'Exposition.

Un de nos abonnés a, lui aussi, fait sa petite liste ministérielle, qu'il a discrètement déposée dans la boîte du journal. Domino s'empresse de la soumettre à l'appréciation des lecteurs du Gau~0!S

Instruction publique, avec la présidence du conseil, Labuze; sous-secrétaire d'Etat, Saint Prix.

Ministère des cultes, Dieu; sous-secrétaire d'Etat, Léglise.

Ministère des nuances. Million; soussecrétaire d'Etat, Petitbien.

Guerre, Lelièvre; sous-secrétaire d'Etat, Descamps.

Marine.jd'Andiau sous-secrétaire d'Etat, Lacôte.

Colonies, Noirot.

Intérieur, Blancsubé; sous-secrétaire d'Etat, Dufour.

Agriculture, Duprez; sous-secrétaire d'Etat, Dutaiity.

Affaires étrangères, Laporte.

Commerce, Marchand.

Justice, Salemon; sons-secrétaire d'Etat, Caduc.

Travaux publics, Truelle; sous secrétaire d'Etat, Pieyre.

Beaux-arts, Franconi.

Postes et télégraphes, Cochery; soussecrétaire d'Etat, Tardif.

NOUVELLES A LA MA)M

Un jeune volontaire d'un an est en rivalité avec son sergent-major auprès d'une chanteuse de café-concert. L'autre soir, le sergent-major les surprend ensemble, après l'appel. Vous allez, dit-il au volontaire, vous rendre sur-le-champ à la salle de police.

Oui, major.

Et, en s'en allant, le jeune hommw soupire

Amour, tuperdis7'ro[e7

Le sous-ofûcier, se retourne, furieux Mon garçon, prenez garde de faire ~~M~i~M~~t 1

MMBetMM

J~CDI~T

DELA LA

PR!MCESSEROL~O BONAPARTE

La. princesse Marie Roland Bonaparte est morte.

Il y a un an, elle gravissait, riante et heureuse, les marches de l'autel, au pied duquel l'attendait, pour lui donner, avec sa main, son cœur et son nom, le jeune prince Roland Bonaparte, sous lieutenant au 36° régiment d'infanterie, petit-neveu de Napoléon le Grand.

Il y a un mois, jour pour jour, elle donnait la vie à une jeune princesse qui portera son nom, Marie. Elle venait de faire ses relevailles dans les plus excellentes conditions; elle se portait à merveille elle avait fait quelques promenades dans ses appartements, et la voilà, étendue sur son lit de noces, sitôt change en couche mortuaire.

Avant-hier mardi, elle avait reçu la visite de son frère. M. Edmond Blanc, l'aimable sportsman; son mari, le prince Roland, avait passé la journée auprès d'elle; jamais la vie n'avait paru meilleure et plus chargée de .charmantes et radieuses promesses. Aussi la princesse Marie futelle pleine d'entrain et de gaieté.

L'heure du dîner venue, la princesse se fit servir sur une petite table, dans un salon contigu à sa chambre à coucher, elle dîna étendue sur une chaise longue, pendant que son frère et son mari, avec M. Bonnot l'intendant dînaient dans la salle à manger.

Après dîner, ces messieurs étaient montés auprès de la princesse, à laquelle ils tinrent compagnie.

Un peu avant neuf heures et demie, elle manifesta le désir de se reposer; son frère lui fit ses adieux, et le prince Roland le reconduisit jusqu'à la grille du château qu'il occupe, au dessus de SaintCloud, au numéro 7 de l'avenue du Calvaire.

La femme de chambre, et une sœur du couvent de Bon-Secours, de Troyes, la sœur Claire, qui était auprès de la princesse depuis l'époque de ses couches, la mirent au lit, et, au moment même où la jeune femme y reposait et venait de poser sa tête sur l'oreiller, elle porta vivement la main à sa poitrine en s'écriant < Ah mon Dieu) je me jsens oppressée, je n'en puis plus, je vais mourir, j'étouffe, je me meurs)'

On courut en toute hâte à la rencontre du prince Roland, qui se jeta dans les bras de sa femme.

Adieu Roland, murmura celle-ci. Quoi ) adieu P reprit le prince; tu veux dire. à demain adieu jusqu'à demain. Non, non adieu, Roland, je vais mourir je sens que c'est nni. Roland, adieu,

je meurs )

Et elle expira foudroyée, en pleine santé, en pleine vie, en plein bonheur 1

Vers le matin arriva la princesse Pierre. mère du jeune Roland, qu'on était allé prévenir, avec sa fille, la marquise de Vilîeneuve-Esclaporvance, et son gendre, le marquis de Villeneuve. Tous, ils restèrent agenouillés auprès de la morte, après avoir forcé le prince Roland à regagner sa chambre.

A peine la nouvelle effroyable se fut-elle répandue, que les télégrammes affluèrent au château où, durant toute la journée d'hier le prince a reçu des témoignages de douloureuse sympathie de toutes parts, et plus particulièrement de ses camarades de l'armée.

Les funérailles auront lieu demain vendredi, à dix heures du matin, en l'église de Saint-Cloud, d'où le corps sera transporté à Versailles, pour être inhumé dans un caveau de famille, élevé par le prince Roland. Le prince Pierre, son père, y est déjà déposé.

La princesse Marie Roland Bonaparte n'avait que vingt-deux ans; elle était de taille moyenne, cheveux châtain, avec une Bgure Sne et d'un ovale de la plus grande distinction. Elle s'était fait aimer de tous. Elle avait une grande aménité dans le caractère; elle était d'une douceur infinie, un peu portée à la mélancolie. Elle a fait énormément de bien; elle était foncière- ment bonne et charitable. On ne saurait dire combien de processions de braves gens à placets et à lettres de supplications et de demandes d'argent gravirent l'ave- nue du Calvaire et personne ne s'en re- tourna jamais les mains vides t A Palaiseau, où elle passa deux mois février et mars 1881,– puis à Bouvier, où elle vécut sept mois, avant de s'installer à SaintCloud < LA. PRINCESSE ROLAND, <~<M< COMnue, nous disait on, attendri et reconnaissant, K dix lieues à la )*oM~e. » Hier, à cinq heures, M. Davagon, le modeleur bien connu, se rendait au château, où il a pratiqué le modelage de la tête de la princesse, et de sa main, une vraie main napoléonienne L'opération a parfaitement pôussi.

La princesse est étendue, enveloppée dans une robe de satin blanc, brodée aux

manches et autour du col, bas blancs et souliers de satin blanc, surun lit d'acajou de milieu, d'où s'échappent des tentures de satin bleu et de dentelle. Au milieu du lit et au-dessus de la morte est un christ en ivoire au pied, sur une petite table, deux candélabres en or, avec des bougies allumées. La princesse, les mains croisées sur sa poitrine, étreint une croix sa tête, penchée sur le côté gauche, les cheveux libres et épars autour de son beau front, semble assoupie. La sœur Claire est à côté, priant.

R. DE SUTtL

Voici l'acte ofnciel de décès que nous avons relevé sur les registres

MAIRIE DE SAINT-CLOUR

Cef~/tC~ <~e décès

Je soussigné, docteur en médecine, certiûe avoir fait, à dix heures et demie du matin, la visite du corps de la princesse Marie-Félix Bonaparte, née Blanc, âgée de vingt-deux ans, décédée le i", à dix heures du soir, du présent mois, à SaintCloud, rue du Mont-Valérien, numéro 7. Je déclare que le décès est constant et paraît avoir été causé par embolie. X Fait à SaiBt-Cloud, le 2 août 1882. D. C. DEFOSSÉZ.*

Le service religieux de Mme la princesse Roland Bonaparte, décédée mardi à SaintCloud, à dix heures du soir, aura lieu en l'église de Saint-Cloud, vendredi, à dix heures du matin.

Il ne sera pas envoyé de lettre de fairepart.

HM DE LA CRISE

M. Grévy paraît s'être résigné à faire ce qu'il aurait dû entreprendre dès le premier jour. Il a appelé à lui des hommes sans couleur politique accusée, sans caractère accentué, sans originalité tranchée. En politique, ces hommes s appellent des hommes d'aSaires quoiqu'ils soient créés et mis au ministère pour ne rien faire, si ce n'est attendre ceux qui les remplaceront.

Le ministère qui servira de transition entre la phase politique d'hier et celle de demain, le ministère des vacances, sera présidé vraisemblablement par M. Duderc. Je dis <: vraisemblablement et rien de plus, car on a vu en ces derniers jours tant de changements à vue qu'un brusque revirement peut se produire encore.

Quoi qu'il en soit, M. Duclerc a été appelé à l'Elysée. Il s'y attendait. M. le président de la République l'a chargé non pas de former un ministère, mais de pourvoir au remplacement de quatre ministres définitivement démissionnaires MM. de Freycinet, Goblet, Ferry, Léon Say. Les autres membres du cabinet Freycinet, consultés collectivement le matin par le président de la République, avaient en effet déclaré qu'ils conserveraient leurs portefeuilles.

M. Duclerc, investi de la mission de former une moitié dé ministère qui s'adapterait passablement à l'autre a pris pour lui la présidence du conseil et a choisi, pour s'y loger, l'hôtel de la place Beauvau. M. Duclerc est ministre de l'intérieur. Aux affaires étrangères, le nouveau président du conseil a placé M. le baron de Courcel, ambassadeur de la République française & Berlin. M. Varroy, ministre des travaux publics du cabinet Freycinet, passe aux nuances. Il est remplacé dans son ancien département par M. Sadi Carnot, un bon jeune homme, au doux sourire, et qui a un coiSeur distingué.

Le départ de M. Jules Ferry a fait une place que se disputent deux candidats, également appuyés, également universitaires, également égarés dans la politique. Qui décrochera la timbale, de M. Berthelot ou de M. Méztères ? A onze heures du soir, on n'en sait rien encore.

M. Humbert, ministre de la justice, a une succession très disputée. M. de Marcère voudrait bien garder les sceaux. Pareil désir est couvé par un certain Bernard-Lavergne, un des Prud' hommes les plus distingués < des cercles politiques et aigle d'arrondissement.

Cette combinaison n'a rien de dénmtif, quant a la répartition des portefeuilles. Il se pourrait bien, en enet, qu'on donnât l'intérieur à M. Lavergne ou à M. Falliëres, et les sceaux à n'importe

qui.

Mais ce qui est arrêté, c'est i" que M. Duclerc aura un autre département que les affaires étrangères 2° que M. de Courcel sera ministre des anaires étran- gères.

Ces deux faits ont leur signification. La présidence du conseil appartenant à un autre titulaire que celui des relations extérieures, cela prouve que le cabinet nouveau fera aussi peu que possible de politique étrangère. Non intervention.

M. de Courcel à notre Foreign-Ofûce, c'est l'alliance allemande et la politique du concert européen qui l'emporte. Ennn, une autre caractéristique du cabinet, est sa tendance antigambettiste. On ne voit guère sur la liste que M. Cochery, commensal de la rue de Saint-Didier, qui ait des relations avec M. Gambetta.

Voilà ce que M. Grévy a mis trois jours à faire. Et encore, à minuit, rien n'est définitif.

MU)S ttXMBT

BEMMËRE NEMUE

A la dernière heure, on assure que les pourparlers engagés vont subir une interruption. Les gambettistes ont fait savoir qu'ils n'accepteront pas M. de Courcel aux aSaires étrangères. Ils ac-

cusent l'ambassadeur à Berlin de manquer de dignité patriotique. Surtout Ils ne lui pardonnent pas davoir soute~i à Berlin la politique de M. de Freyc-inet.

Pour ne pas se trouver demain la victime d'une nouvelle intrigue, M. Duclerc et le président Grévy, de concert, veulent rénéchir. Il n'y aura pas'de ïainistère aujourd'hui à la ChamDre.

L.L.

BNIRSE DE MMRES, 2 AOtiT

Londres, clôture incolore. CoMolMës 99 75, en légère réaction; Egyptienne 50 Si, parité 252; Tare 10 32, parité 10 40; BM~ue ottomane 17 34, parité 685 50.

M Mmm m M MmNt' YANMSYt !iE M! M TOt!T PETtT ACTE

(Le théâtre représente une chambre à ceucher. Un gros homme dans son lit la, tett coiSea d'un bonnet de coton, les couvertures sur le nez. Les rideaux du lit et de la. fenêtre sont tirés près du lit, une table de nuit, avec tout le nécessaire.)

WILSON, tn'/<OMMMgeOMC/

Voyons, beau-père, est-ce comprit'? GRËVY,/ë~MaM<(!g?'OM/!<

Ron. ron. ron.

WILSON

Parfaitement ) Qu'est-ce que ~MB ~ae~. Ions ? Gagner du temps Alors, une sup.position On vous demande? Vo.tM domestique répond que vous vous reposez i GRËVY, se SOM~<ÏM< sur SO~ S~!M< Au fait, de quoi est-ce que je me fe< pose!

WILSON

Des soucis du pouvoir On insiste? a Votre domestique laisse entrer. jQ~'j~t-ce qu'entend le visiteur?

GRËVY, )'OM/!aM<j .,z

Ron.ron.ron. )

WILSON

Parfaitement) On vous adresse & parôle on vous dit qu'il y a urgence à corn. poser un ministère on vous assure que ïa République va à la diable Qu'est-68 QM vous répondez ?

GRÉVY, ~OM/?SM)!

Ron. ron.ron. WILSON

Parfaitement 1 Vous avez votfè co~~e qui est de ronner: 1

GRËVT, se SOM~a~

Il y a eu une pièce comme ça que~ue part? q t

WILSON

Au théâtre du Palais-Royal. Citait tout autre chose Bonsoirt Moi vais à no. tre petite poale d'escrime, la poule da dimanche t

GRÉVY

11 y a eu une poule comme ça qutlaue part?

WILSON

Dans l'histoire d'Henri IV. C'était ~n. core tout autre chose 1 Mais on vient. je me sauve. Vous ronnez t (2~.) GRËVY, ?'OM/?aM<

Ron. ron. ron.

LE ROYER, e~OM<

Ne m'annoncez pas! Ça n'est Qtttm~. –Président! 1 qu

GRÉVY

Ron.ron. ron.1

LEROYZR

Quel sommeil). Il faut nous consultef pourtant la situation est gravit! :) Président Président!

LE DOMESTIQUB

Ça n'est pas un homme, c'est un puât LE ROYER

Je le savais mais le ministère.

LE DOMESTIQUE

II n'y a pas de ministère Je le connais il en a comme ça pour toute la journée l LE ROYER, (McOMrap~

Alors, je reviendrai demain. ~F~.) GRÉVY, M SOM~MM<

Enfoncé, Le Royer! Décidément mwa gendre est plus fort que je ne pensas 1- LE DOMESTIQUE

Quelqu'un, attention! 1

BRISSON, entrant

Ça m'est égal, j'ai à lui parler! (~ Président! 1

LE DOMESTIQUE, tK~Cjp)~

Il était si fatigué 1 w

BRISSON

N'empêche que la République roaïë dans l'absurde 1

Le pays veut un gouvernement fort. et! faible.

GRËVY, yOtt~aM<

Ron. ron.. ron.

LE DOMESTIQUE

Allez, allez je le connais U en oéur deux jours 1 BRISSON, (~coM~a~

Alors,je reviendrai après-denuun. (J~J GRËVY, se SOM~a~

Ouf Très roublard, Wilson, tree tw Nard 1

I.E DOMESTIQUE

Chut on vient 1

FREYCINET,

Eveillez le Président! 1

LE DOMESMou~

Y & pas mèche essayez phMt