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Titre : Marie-Antoinette libertine, bibliographie critique et analytique des pamphlets politiques, galants et obscènes contre la Reine, précédée de la réimpression intégrale de quatre libelles rarissimes et d'une histoire des pamphlétaires du règne de Louis XVI... / Hector Fleischmann

Éditeur : Bibliothèque des curieux (Paris)

Date d'édition : 1911

Sujet : France (1774-1792, Louis XVI)

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34188850f

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (361 p.) : fig., pl., portraits, fac-sim., couv. ill. ; in-8

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Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k503816x

Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES 8-LB39-12153

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/08/2008

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Original an couleur

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| HECTOR FLEISCHMANN Q LIBERTINE £

UIHI.IOTHtQUh DES CURIKUX PARIS


MRRIE-BHTOINETTE ItlBERTIflE


DU MÊME AUTEUR

L*s Horizons hantés (Pages sur la Révolution) JSpaisê L'Epopée du Sacre avec une préface de M, Henry HoussayEj de. l'Académie française .<• i vol. Napoléon et la Franc-Maçonnerie Spuitsê La Guillotine en 1793, d'après des documents inédits Epuisé Une Maîtresse de Napoléon Of»e Onorçe, de ta Comèdie- Française)* d'après des documents nouveaux, et avec une pré- face de M. Jui.es Ci^ketik, de 1* Académie français© t t rel. Discours civiques de Danton. i vol. Dessous de Princesses et Maréchales d'Empire i vûl. Les Femmes et la Terreur i vol. lies FÛles publiques sous la Terreur, d'après les rapports ,1 vol. inédits de la police secrète t ̃ j vol Le Musée secret de l'Histoire. Epuisé Gharlotte Robespierre et ses Mémoires, édition critique accompagnée de documents inédits tirés des Archives natio- nales vol, Raeliel intime, d'après ses lettres d'amour. 1 vol. Lettres d'amour inédites de Talma à la princesse Pauline Bonaparte (eh collaboration avec Pierre Barl) vol. Les Demoiselles d'amour du Palais-Royal, avec la réimpression de dix pamphlets galants de l'époque i vol. L'ACCUSATEUR PUBLIC DE LA TERREUR

1. – Les Coulisses du Tribunal révolutionnaire U'uugnier-Tinville intime) t J I vol. II. – Réquisitoires de Fouquier-Tinvîlle, suivis des trois mémoires jastîficatîfs de l'accus&tfeuf publia r vali (la série sera CQ/npi^iti en qaàim oaiurtites,)

L'EMPEREUR ET LES IMPÉRATRICES

I. Napoléon adultère .v-y-. i vol. II. Joséphine infidèle. i vol. Ill, – Marie-Louise libertine.. J vol. (La série est complète en trois volâmes.)

LES LYS ET LA HACHE

I. Les Pamphlets libertins contre Marie- Antoinette Epuixe II. Madame de Polignac et la Cour galante de MarieAntoinette i vol. IU. Les Maltresses de Marie-Antoinette Epuisé XV, – Marie-Antoinette libertine vol. "f. – La Bibliothèque galante du Boudoir de MarieAntoinette fen préparation) » i vol (La seritt sera eotftjtlète eh eiœf votatnes)

LES HEROS ET L'AMOUR

]. – Robespierre et les Femmes, i vol. II. – Le Roi de Rome et les Femmes i vol. (La série sera complète en -dix- vùiarnes.)

LES NAPOLÉONIDES

I. – Pauline Bonaparte et ses Amants i voi. (ta série sera complète en dix volâmes.)

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MAKlh-ANTOlNhT II-.

l)';i|>ii^ l;i ^].ULirc-iia>lfl <k- |K. Cav i ikk- I)a<.» ii v.


CHRONIQUES LIBERTINES

Hector FLEISCHMANN

Marie-Antoinette libertine

BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE ET ANALYTIQUE DES

PAMPHLETS POLITIQUES, GALANTS ET OBSCÈNES CQSTRE LA REINE

Précédée de la réimpressio?z intégrale de

QUATRE LIBELLES RARISSIMES

ET D'UNE HISTOIRE DES PAMPHLÉTAIRES

DU RÈGNE DE LOUIS XVI

ouvrage orné de nombreuses gravures, tf autographes, de caricatures, dans le texte et hors texte

PARIS

BIBLIOTHÈQUE DES CURIEUX

4, RUE DE FDRSTESBERG, 4

MCMXI


= Il a été tiré ëe eet omrage = 5 exemplaires sur papier Japon (1 5)

10 exemplaires sur papier <Arct>cs (6.1 15) tb)

Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays, y compris la Suède, la Nprvège et le Danemarck. S'adresser pour traiter à la Bibliothèque des Curieux, 4, rue de, Furstenberg^ Pa,rÍs



INTRODUCTION

Voici donc, derechef, un livre scandaleux. Il paraît, si j'en crois quelques claquepatins qui travaillent dans les autographes et les parchemins, que le scandale est la seule chose que je recherche quand j'ai l'honneur de signer un livre. Il paraît aussi, à en croire de ci-devants prestolets, que ce genre de succès m'est particulier. H parait encore que j'en suis l'innovateur. Et f Amateur d'autographes, par exemple, où vaticine le chaste M. Raoul Bonnet, et la Revue historique (I) de la Révolution française, où opère le prude, austère et honnête M. Charles Vetlay, me promulguent, de leur autorité privée, le Christophe Colomb de la pornographie. Car je sais un pornographe, Dieu merci, comme Flaubert, condamné, le 8 février i85S, pour


outrage aux bonnes mœurs, et de compagnie avec Honoré de Balsâe, à qui ton doit la formule de l'aixatit-propos de la Comédie humaine « Qmarul on veut tuer quelqu'un, on le taœe d'immoralité', t> Ge vaudeoille de benoîte hypocrisie se joue avec un trop facile succès, pour que je n'q apporte point ma netek Je veux bien être condamné par ces juges chastes et cfSnfîts dans une vénérable et poussiéreuse* virginité, mais je n'entends peint me Imimer jutfer en silence.

On me permettra peut-être de penser avec Montaigne que « l(f, mgesse à ses excès et n'a pm moins besoin de modération que la folie ». Et f autorise, pour les besoins de la camie, qu'un instant on me croie fol.

PoTnographè 1 Voire. Qu'est-ce donc que la poraoyraphie ? Un mattre dans la question, M. Georges Fonsef/rwe, ttùotie bien hujfiblemeni qu'il l'ignore et ne sait point »à elle commence et où elle finit (i)* Je pourrais de cet aveu me contenter et renvoyer mes critiques, que ce soit M< Raoul Bonnet, à ses bésiclen famés, qae ce soit M. Charles Vellag, â son bréviaire. Mais ce serait, à la vérité, trop allègrement m'en tirer. J'éprouve le besoin d'un examen de conscience public, devant ws lecteurs dont l'attention régie mes devoirs. Et je retourne à M. Georges Fonsegritie, mattre es sciences anti-pornographiques. Je le relis, et sous la plume où fat relevé un aveu d'ignorance, je retrouve cette définition « Une œuvre pourra être qualifiée du nom de pomogra1

(i) Georges Fonsegriw, Les frontières de ta pornographie, dans la Revue hebdomadaire, 1908, p. 234.


phique selon le milieu auquel elle sera adressée (t). » J'ai peur de trop bien comprendre, et la définition que voilà bien examinée, je conclus que Justine, de feu M. de Sade, par exemple, est pornographique quand elle s'adresse à MM. Raoul Bonnet et Chartes Vellay, et ne demeure qu'une monstruosité pathologique, une curiosité psychologique, quand elle s'adresse au commun des mortels collectionneurs, chercheurs, historiens. Va-t-on crier ait paradoxe ? .le prie qu'on n'en fasse rien, et, pour preuve de la justesse de mon affirmation, j'en appelle à un écrivain, à an socialêgite, qu'on ne reniera pas. C'est M. Deherne qui écrit « Aujourd'hui, les statues grecques sont obscènes. J'en ai fait l'expérience dans un milieu ouvrier, j'ai pu observer des enfants, des jeunes femmes et des jeunes hommes défilant devant un moulage du Discobole (a). » D'où il faut conclure que le Discobole, s'adressant au populaire, est obscène. Ce « populaire » existe parmi les écrivains. H s'en trouve, on fa vu, pour s'offusquer et s'offenser des pièces auxquelles on en appelle pour étudier la paOwlogk d'an personnage historique, « Cachez ce document que je ne saurais lire » gémit le virginal M. Raoul Bonnet en se cachant l'œil derrière un autographe de M. Feuillet de Conches. Oserai-je insinuer que ce n'est pas pour cette catégorie de Bouvard et de Pécuchet que j'éerts?

Qu'est donc ce qu'on condamne, – sans la lire (j) Georges Fousegrive, Les frontières de la pornoffraphie, dans la Bévue hebdomadaire, igoa, p. 238.

(aj M. Dehcrmc, La Coopération des laies, i" join igoS, p. 325, –Georges Foasegrive, Les frontières de la pornographie, dans la Revue hebdomadaire, 1908, p. 231.


sous le titre d' « histoire pornographique » » Estce le livre, dont fauteur, au grand jour, sachant ce qu'il risque et les responsabilités qu'il encourt, revendique la paternité? Est-ce le livre, signé d'un nom qui s'avoue, qui étale, scientifiquement, les pièces du procès qu'il plaide, ces pièces fussent-elles du cabinet secret et jusqu'alors condamnées au huis clos d'une pudibonderie jésuitique ? Est-ce le livre où tous les témoins ont eu le droit de parler, tous les acteurs celui de déposer, librement? Ce livre, qu'at-il de commun avec la brochure ordurière qui se vend sous le manteau, et, comme le dit certain libelle, « se trouve le plus souvent dans la poche de ceux qui s'en indignent » ? Je crois ci la mauvaise foi, ayant eu maille à partir avec celle de quelques godelureaux de lettres, mais je doute qu'il s'en trouve une pour oser assimiler l'écrivain d'un tel livre à un quelconque marchand de cartes transparentes.

« Nous avons le plus grand souci des libertés légitimes de l'art », disait fort bien M. Georges Lecomte, alors président de la Société des gens de lettres, an congrès contre la pornographie de mai igoS. Mais je demanderai si l'histoire n'a point quelque chose de commun avec l'art et si l'on doit lui rejuser la liberté réclamée pour le roman on l'oeuvre de pure imagination ? Si le romancier, pour rendre viaants et vraisemblables les personnages de m fantaisie, est autorisé à en appeler aux documents de la pathologie et de la névropathie, quelle raison pour refuser ce droit à l'historien qui a, lui, à expliquer des actes souvent incompréhensibles de personnages bien authentiques? Si le roman moderne est une manière de clinique se dissèquent


les tares momies de notre société, me refusera-t-on le droit d'étudier sur la planche de l'amphithéâtre de l'histùire les maladies honteuses des individus que je prétends expliquer f

Le passé n'est pas un jardin bien propre, tiré au cordeau, ratissé avec soin, taillé à souhait, paré pour l'agrément des yeux, c'est aussi une forêt sauvage et profonde, où s'il est des clairières bleues et fraîches, il est aussi des coins d'ombre, des mares pourrissantes où plongent les vénéneuses racines de monstrueuses plantes inconnues, à peine devinées. Cela ne se détruit pas d'un coup de serpe, cela ne se détruit pas parce qu'on le nie et qu'on refuse à la forêt ses coulisses d'ombre étrange et ses mares croupies. L'histoire n'a pas que ses apologies; elle possède aussi ses coins ténébreux où la racine de la haine plonge au bourbier du pamphlet. L'apologie ne raye pas le libelle. Et s'il me plaît à moi de faire un peu de lumière sur cette boue? S'il me plaît d'en tirer les obscurs personnages que le silence ne suffit pas à renier? Car c'est cela ma « pornographie ». Voilà ma gale. L'ombre m'intrigue j'en veux connaître les reptiles. Il ferait beau voir un anatomiste ignorer le ser pent dans l'herbe et le crapaud dans le roseau plaintif parce que te ciel est plein de battements d'ailes 1

Mais, à démontrer ces pauvres et indigentes vérités à certains qui se caohent derrière de beaux petits documents bien honnêtes, comme Tartufe se cachait sous la table d'Orgon, ai-je pu perdre trois pages ? Je cède à l'apostrophe du poète

Que sert d'assassiner de l'ombre et de la cendre ?


Je ne recommence point ici les trois volumes que déjà je consacrai r~ l'e~tirrlw du c<M ~rat)tatogtqrze de Marie-Ântmaefte et eje #o» entourage (i). Je A'y apporte qifune contribution à un point légèrement esquissé, à peine abordé celui des pamphlétaires, de leur rôle, de leur procédé de dt$Um$.ion. On nerra pO,r que je ne pense p$irit} Éûffîme M. Matharin de Leacare3 que « la punition du pamphlétaire, la seule qu'il puisse sentir, c'est le méprtg de l'oaUi (a), » CW gens ijtti propagèrent la I4gsnde mttfndctleam de J}farie--Antoinette lil)ertîn0,j'ai voulu mnntrer esmrnént la monarchie lear farllita la tdofie dêMfmntir'unte^ comment, même, elle les y poussa* Les prëoédeats aoiumes ont montré l'apcusée detiaal lès ùecusatiom. Vôiei maintenant te aceagateurs et leurs eenvres. Pêut-Mre Mm Idgtorieni^ à la manière de l'inqffoilitg et dë(WR§srtant M, MUtlinrin du Leisêuréj, nit repfooheront-ih, une fvU de pins, d'avoir abordé an pareil sujet $t de ng pas l'avoir laimëj pour parler comme eux, au « mèprU de i'dubti ». Mais qu^MM, les aflohffktes cûm/nenoentt Que par dm cùndamnatioM &amjnfiire&, faciles et étourdies {i) Les iHimpMels libertins contre Marie.-AntaintUr., rt'aprcs des dotsflinçnts noiHFemjDc et les pamphlets tirés de l'Knftsf de la UibUothèqos nationale; Paris, s. d. [1909], in-iS. Madame de Pottgnac et ta Bfwgtttmn&g$ Afcuïe-AntoUette, d'apl^s les libelles obscènes; Paris, MDCÙSt, Iïi-8». Hm maîtresses a&Murte-Antotnette; Paris, s. d. [1510], Sa- 18°.

(a) M* [Mathariaj de Lçscurç, La vraie Mtxri&-An£0in&lie;&ttdehi&foFiCfite,JMlUiqae et morale, suivie du reeuetl nlmii pour la première fois de toutes les lettre4 de la reine connms jmqa'à ee jour, Oùnt plastêaîrss inédites, et de dfpers documents; deuxième édition Paris, i8fi3, in-8", p. J8s.


ils ne nous forcent point à reprendre le débat à son origine et de prouver, par leurs témoins à eux, que la reine ne fut peut-être pas cette innocente immaculée sur laquelle ils pleurent d'intarissables livres à la mode d'Anats Ségulas, cette ouvrière en sensibilité. Mais avec un historien acerbe et désillusionné, je reconnais, moi aussi, que « c'est plaider, je le sais, une cause perdue d'avance (r)»t Je plaide, cependant, quitte à attendre le jugement, ne me résignant pas encore à accepter les arrêts rédigés à l'avance dans les feuilles bien pensantes et les gazettes d'un beau Monde à qui je conteste le droit de les dicter. C'est l'étude attentive de la vie de Marie-Antoinette, des faits et gestes de ses familiers, des agissements publics et:clandestins de son entourage qui m'amène à écrire ce livre. On le conçoit aisément, un tel travail ne s'improvise pas, et il n'est pmsible qu'à un claquepatin, venu de Fécamp ou de SaintFlour, de Normandie ou d'Auvergne, écrivant en patois de Caudebec ou dans l'idiome d'une pairie de sodomistes et de plagiaires, d'improviser sans recherches et sans études un recueil sur les mœurs secrètes, secrètes, oui, de Marie-Antoinette. Le publie, qui m'a fait une si indmlgente confiance depuis la parution de mon premier livre, a le droit d'attendre moins d'étourderie et plus de conscience de moi. Cette œfivre minutieuse lui est livrée avec des garanties et des engagements de probité historique auxquels je ne me dérobe point. Je copie mal, je plagie moins bien encore. Ce n'est donc point à (i) G. Tridon, membre de lu Commune de Paris de 1871, La Cornmune de Parts de les ITêtiertistes France et Belgique; 1871, in-S", p. 33.


un anonyme dépouiltéj au coin d'un tome oublié, que devra aller ce qu'on pourra recueillir de ce livre. Bon ou mauvais, utile ou méchant, il est à moi. Il y a de ces « pornographies » qui font plus vif le sentiment de la paternité. J'en suis navré pour mes Bouvard et fâché pour mes Pécuchet mais j'avoue mes enfants.

Je m'y attends une fois encore on m'accusera d'avoir insulté à une mémoire glorieuse et malheureuse. Je n'y peux mais, et sachant le reproche de commande, tout en façade^ il me «haut peu.. Qu'aije à servir les insolents fantômes de la vie de MarieAntoinette et à envier à leurs mains coupables les lauriers profanés de sa gloire ? Si mon effort têfihe à faire condamner la reine, ne rend-il point ainsi à la femme un hommage d'autant plus méritoire ? 't Coupable, certes, mais coupable par tout ce qui l'a entouré, poussé à l'équivoque, traîné à de louches promiscuités. En étalant ces fautes, en dénombrant ces erreurs, en comptant ces crimes, j'en répartis les responsabilités aux Pûlignac comme aux autres, à tous les Uiehes, à tous les fourbes, à tous les escrocs, à tous les assassins de la reine, de son honneur, de sa popularité, qui, au premier coup de fusil, s'en furent goûter les loisirs rassurés de l'e'mig ration. Et j'ai le droit, moi, de saluer cette femme qui meurt, cette femme dont toutes vos apologies, vos pleurnicheries, vos divagations sentimentales, font une héroïne stupide et anffélique. Vous hii voulez des ailes dans votre paradis de sornettes bê-


tantes et d'apocryphes naïfs! 1 Vous lui dores une belle auréole comme on en trouve aux environs de Saint-Sulpice I Et un cœur de pourpre vive troué du glaive de sa passion I Et les mains jointes et les yeux au ciel. Mais dans la cave moisie de SaintDenis, frappez donc sur la planche pourrie de son cercueil I Vous y entendrez résonner ses ossements desséchés et brûlés de sa périssable image, qui, de Dieu pardonnée, n'a plus qu'à attendre le jugement de l'éternité et la pitié des hommes.

H. F.

Mai igir.



PREMIÈRE PARTIE

Les Pamphlets, la Police et leurs Romans

comiques



1

l'introuvable PAMPHLET

Sur quoi se basent les premières attaques contre Marie-Antoinette. Le Lever de l'aurore et les noëls des Mémoires secrets. Conduite de la reine à l'époque de leur publication. Analyse d'un pamphlet contre Marïe-Thérèse et sa fldc. *– Beaumarchais le dénonce. n s'offre à le racheter. Circonstances extraordinaires de cette affaire. Le juif Angelucci. Les brigands. Marie-Thérèse n'est pas dupe de ce roman de l'escroc. – Beaumarchais arrêté, En le relâchant on lui donne 26,000 francs. Mensonges de Figaro. – Singulière mansuétude de Marie-Antoinette à l'égard de fauteur du Barbier de Séville.

A quelle date a paru le premier pamphlet contre MarieAntoinette ? En quelle année a été porté le premier coup de l'outrage à celle qui, à sa venue d'Autriche, avait soumis la France au charme enfantin de ses grâces, celle ̃ à qui, dévotieusement, le genou en terre, les députations des villes prophétisaient « Vous allez être l'ornement, la gloire etl'admiration de la plus brillante cour, l'espérance et l'appuy du plus beau trône, le bonheur enfin de


toute la France (i)? t) Quand, sur cette jeune renommée encore virginale, sur ce beau lys élancé des parterres royaux aux pares bourbonniens, la boue du premier libelle est-elle venue mettre sa tache de pourriture? De combien d'années a-t-il fallu pour flétrir dans sa fleur cette tendre espérance des peuples de France? Suivant Mmi> Campan, cette femme de chambre confite dans ses adorations périmées, bavarde quand il lui suffisait d'un mot, discrète quand on lui demande quelques détails authentiques (a), suivant Mme Campan, la première (i) Compliment adressé à M™ la Dauphine par le R. P. Husson, cordelier de Nancy, le xo mai r^o, 4 l'entrée de l'église des Cordetiers, à TSancy. – Baron Max de Sedlitz, Marie-Antoinette à Nancy (ro mai 1770) Paris, igoôs în-8°, p* i6>

(2) A propos des faits passés sous silence par M«» Campan dans ses mémoires, dont le mérite me paraît bien exagéré, je trouve ce témoignage d'un contemporain, témoignage direct dont il n'est pas très facile de faire fl «La délicatesse et la discrétion de Mm*Campa& ne sont pas seulement excusables, mais digne d'éloges. La vérité pourtant en gouffre et les mémoires de cette dame dissimulent des faits bien connus d'elle, mais qu'il n'aurait point été convenable à une femme de raconter. Elle était, en réalité, la confidente de Marie-Antoinette; les amours de celle-ci ne furent ni nombreuses, ni scandaleuses, ni d'une nature dégradée, mais ce furent des amours. MMe Campan, qui a vécu assez pour voir la Restauration, notait point là-dessus aussi mystérieuse dans la conversation que dans ses écrits- Elle a avoué à des personnes qui me l'ont confessé qu'elle avait servi les relations du duc de Coigny avec la reine. Le duc, par timidité de caractère et froideur de tempérament, ne fut point fâché de renoncer de bonne heure à une intrigue aussi dangereuse. M»? Campan avouait encore un fait curleor, à savoir que Fersen était dans le boudoir ou la chambre à coucher de la reine, en tète-à-tite avec sa Majesté, la fameuse nuit du 6 octobre, 11 éebappa à grand'peine au danger d'être découvert, grâce à un déguisement que Mm' Campan lui procura. M. de Talleyraod, quoiqu'il lui répugnât en géneral de rapporter des anecdotes défavorables à la famille royale de France, m'a raconté deux fois ce dernier fait, en m'assurant qu'il le tenait de la bouche de M«< Campan. » Souvenirs diplomatiques de lord Holtand, publiés par son fils, lord Henrï-Édouard Holland, traduits de l'anglais par H. de Chonski; Paris, 1861, in-18, p. i4. Pour avoir rapporté cette double anecdote, lord Holland est appelé, par AL Mathurin de Lescure, nu a ennemi naturel (?) d'une reine autrichienne et française », et « un diplomate aussi maladroit que jaloux. » Maladroit, peut-être, et encore la chose dépend-elle du point de vue spécial où


attaque contre Marie-Antoinette remonte à l'année 1774. C'est alors qu'on voit parattre Le Lever de l'aurore, chanson satirique sur les promenades nocturnes de la reine, et dont le texte nous est malheureusement inconnu. Mais, tandis que ces couplets pénétraient dans le public, faisaient le tour de Versailles et de Trianon, surgissait un autre pamphlet, en prose celui-là, et dont l'existence n'a été révélée que par des historiens modernes. Comme sa publication clandestine s'entoure d'un véritable roman, il y a lieu de s'y arrêter plus longuement. Mais quelques observations préliminaires sont peut-être nécessaires à l'entendement de cette intrigue compliquée doublée d'une filouterie.

1774. A cette date Marie-Antoinette est depuis quatre années en France. Elle n'a point encore donné prise à ces attaques qui, si perfidement, exploitèrent ses fautes d'aujourd'hui, ses crimes de demain. De ce qu'on peut l'accuser, elle est certes bien innocente, et on se demande, par exemple, ce que les chansonniers imaginent à Son propos quand ils se rendent coupables de ces noëls orduriers et obscènes que, dès 1 78 r, on voit se passer de ruelle en ruelle, jusqu'à l'Œil-de-Bœuf? Ainsi les Mémoires secrets, dits de Bachaumont (1) observent à la date du i5 décembre 1781

on sa place. Mais jaloux! Jaloux de qui? De Qojgny^et de Fersen Cf. M. de Lescure, La vraie Marte-Antoinette. p. 20. La conversation cï^dessus rapportée ne figure pas, évidemment, dans l'ouvrage du docteur Msigne, Journal unecdotique de M" Campan ou Souvenirs recaeitlis dans ses entretiens, suivi d'une correspondanceinédite de M– Campan avec sonflts; Paris, 1324, in-8'.

(1) La paternité des premiers volumes des Mémoires secrets est sérieusement contestée à Bachaumont dans Pidansat de MairoUert, Les conversations du jar de l'an chez »» du Deffand, II y a un siècle, précédee d'observations nouvelles sur les « Mémoires secrets » dits de Hmhaumont, et sur « l'Espion anglais » par A. P. Malassis: Paris, janvier 1877, în-;8.


Depuis quelque temps <to parle des couplets abominables Sur la Cour, en forme de noBls, où l'on n'épargne pa», dit-on, les personnages les plus respectables et les plus augustes. On est à la recherche du poète effréné qui s'est permis les horribles calomnies dont ces couplets sont pleins (i).

Information complétée quelques jours de là, le 2o décembre î

Les abominables noels annoncés sont devenus k la fois l'entretien et l'exécration de tout Paris; indépendamment des calomnies safirilëgss qu'ils contiennent, qn ajoute que' le faire même en est détestable, et qu'ils sont à la fois maussades, orduriers, dégoûtant* (s). J.

Et alors, pourtant, Marîe»Antoinette n'aura paa donné priseencoTO au ridicule, comme en décembre .1758, quand, enceinte, alla enroie un flacon de son urine à un charlatan nommé Printan, «lequel a décidé quelle portait un enfant iniMft » (3). BUe «e sera point déjà compromise par cette folie des modes et des parures qui lui ont fait répudier toute étiquette (4), ou par ees familiarités avec des histrions et des eîïâttteurs dont l'un, Gfarat, répondra à qui l'interrogera sur ses duos avec: la reine, d'un ton impertinemment dédaigneux « Ah 1 aui, pairvEe princesse. comme eUe chantait feu3t(S) »

(1) Méritoires secrets pour servir d. l'htstotre de lg Rijtt~tqrre ctes lettres en France dépôts MOCGUCII }u$qa?à nos jvuw, ou Jourititl 3*tm observateur; Londres, MDCGLXXXIIj ia-i8, t. XVIII, pp. 193-uj'i. (2) Mèmotres secrets. tûme XVIII, p. 2o3.

(S) Gorrespvnikum seeréte sur liante JCW, Martv-4ntotnette, la cour et la ville, de itjz à fv-SH, imOUéc d'après les manuscrits de la Iriàttotfriqae impériale de Saint Péterst>aOrff, avec une préface et des notes par M. de Lcscurc Paris, 1866, in-8», tome I, p. 2&t. t4) Mémoires de M"' BUitttl sur te Révolution Française, traduits de ran^l.iis par lé comte de Bâillon, ayee une appréciation oritlque par M. Sainte-Beuve, memlji'e de fAeadémie française; Paris, i8*J, in-18, pp. 36, Ï6.

(Bj Louis Fusil, Souvenirs ePane aùlrice; Bruxelles, iS4«i in-18, Itttne L p. 83.


A peine est-elle à l'aurore de son équivoque amitié pour la princesse de Lamballe, pauvre et aimable créa1 ure, sans esprit (i), et que, loin encore de l'équivoque faveur pour M"» de Polignac, l'agente et l'instrument d'une bande de filons et d'exploiteurs, qui poussera la reine aux actes les plus absurdes, aux faveurs les plus insolemment imprudentes Les jours ne sont point encore venus où, « à la tête de l'escadron volant des Princes du sang, un thyrse de folle à la main, la Viennoise mène la fêle, la fête qui s'achèvera par les funérailles de la monarchie (2) ». Pas encore d'amers reproches sous la plume de Merey-Argenteau, cet ambassadeur d'Autriche qui entretenait des chanteuses de l'Opéra (3). Dans ses rapports à Slarie-Thérèse, il ne signalera que des défauts que l'âge peut amender. Pas d'imprudences. Pas de coups de tête. La reine est digne encore du trône. Et cependant, on l'attaque, et cependant, dans une obscure échoppe d'imprimeur, à la hâte, sur du mauvais papier, avec des caractères usés et écrasés, on tire la Dissertation extraite d'an plus grand ouvrage, ou Avis (1) Mémoires de la baronne d'OherUirGh, publiés par le comte de Monttirison Paris, nouv. edit., ïn-18, tome n, p. 1B6.

\2( Ernest Tissoi, Marie-Ânloig-etle jugés par une Allemande, dans la Jlevne Bleue, 1" octobre 1910, p. 437.

(3) I! s'agit icî de Rosalie Levasseur, née de misérables parents, le S octobre 1509, à Valenciennes. J'ai déjà parle d'elle dans Les mattresses de Marie-Antoinette. pp. 22, 23. Dans un volume bien oublié, je trouve sur elle de nouveaux détails qui renseignent sur sa fin « Une superbe voix et un port distingué l'ont fait admettre à l'Opéra de Paris, où elle a rempli longtemps les premiers rôles; en 1771, elle Jouait les confidentes, Vénus, l'Amour en 177B, elle joua Pallas dans ne.lléroplion, rôle peu considérable, mais qui prouve ce que nous avons dit de son port. Elle s'est retirée en Allemagne pour vivre avec M. le comte de M"% qui lui a acheté une baronnîe de 25,900 livres de rente on croit qu'elle est encore actuellement dans une des terres de ce seigneur, ou dans la baronnie dont nous venons de parler. » G. A. I. H. [Hecart], Recherches historiques, bibliographiques, criUriues el littéraires sar le théâtre de Yalmeiennes Paris. 1S1C, in-8, pp. 60, 61,


important ci la branche espagnole sur ses droit8 û la couronne de France, et qui peut être mesme tris utile â toute la famille de Bdttrèan, surtout au roi Louis seize. Le titre dénonce le caractère politique du libelle. II n'a pas cette obscène effronterie des brochures de 1780 à 1798, et, modestement, derrière sa Dissertation, il dissimule tes traits empoisonnés dont ilerible la reiue. Quand elle l'eut lu. la mère de Marie-Antoinette écrivit fnrieusement â son ambassadeur à Paris « Jamais rien de'plus atroce n'a paru et qui met dans mon cœur le plus vil mépris pour cette nation sans religion, mœurs et sentiments \i). » Cotait un peu arbitrairement juger des sentiments de la France monarchique, surtout de la part de cette mère qui écrivait, au lendemain d'une maliee de sa fille, à ce même ambassadeur « « Cela ne confirme que trop mes inquiétudes elle court à grands pas à sa ruine, trop heureuse encore si, en se perdant, elle conserve les vertus dues à son rang, » Mais sa saignante et eïojflante opinion, peut-être la peut-on excuser par son instinct de mère, par tout ce qu'elle prévoyait dans t'avenir, par ce premier coup porté à la majesté royale. « Le premier libelle qui la dégrada aux yen», de ses sujets lui a peutêtre ouvert le chemin du palais à l'échafaud Qs), » dit une contemporaine. Quelle vision prophétique a peut-être silhoüetté la guillotine de vendémiaire dans le filigrane du pamphlet si âprement jugé par Marie-Thérèse? (i) Marie-Thérèse à :Mercy-_Ar<gmtcau 28 août 1774. Correspondance sçcrèta mtre, Marte-Tliërise et le comte Me Mërc^Arçrenteau, avec les Lettres de Marie-Ttiêrise et de Marie-Antoinette, publiées avec une introduction et des notes par M. te ehevatier Alfred a'Ameth, directeur (les archives de la Maison impériale et de l'Etat d'Autriche, et de M. A. Geffray, proiesseur à la Faculté des lettres de Paris; Paris, «874, in-8-, tome II, p, S24, pièce Lvir.

(a| On séjour ai France (la rjgtt (t i7gs lettre» d'an témoin M la Mutilation frtmiaisc; traduites par H. Tainea de J'Academio française Paris, 1908, in-i8, p. 58.


T*n autographe de Bcnnmnpchai'



En fait, qu'y reprochait l'auteur à Marie-Antoinette ? Après des considérations sur l'état de la monarchie française passée, après un tableau amer et vigoureux de la fin du règne de Louis XV, il abordait l'étude du règne de Louis XVI. Il montrait la reine convaincue de l'impossibilité physique du roi à la faire mère et animée du désir de garder le trône, en cas de la mort du prince. Pour ce faire, le libelliste assurait que rien ne coûterait « à cettn femme ambitieuse et amie du plaisir». H adjurait donc les monarques appelés à prétendre à la succession de Louis XVI, et Louis XVI lui-même, de se mettre en garde contre les audacieuses et odieuses manœuvres de l'Autrichienne. « Souvenez-vous, conseillait^ au roi, qu'elle est Autrichienne, par conséquent ambitieuse. Souvenezvous de quelle mère elle est née et que, en l'absence d'autres conseillers, celle-ci sera son meilleur auxiliaire dans de telles manœuvres (i). » On comprend, dès lors, une des raisons de l'irritation de, Marie-Thérèse. Blessée dans son amour-propre et blessée dans sa chair, elle poussait un cri de haine et de colère doublement naturel. Et pourtant, qu'était cela à côté de tout ce qui allait, un jour, être écrit contre Marie-Antoinette ? Mais, alors, de parmi les vivants Marie-Thérèse s'était effacée et l'Autriche, elle-même, allait se tourner contre cette archiduchesse née de son sang et l'abandonner, avec indifférence, au couperet qu'on levait pour elle dans un matin de l'an Il (2). Mais si le libelle lui-même, en

(ij Paul Huot, consèiller à la cour impériale de Coimar, Beaumarchais en Allemagne; révélations tirées des arcklues d'Autriche; Paris, 1889, in.18, pp. ,73, ,74, ,,&.

(2) « Non seulement l'Autriche n'a rien fait pour sauver son archiduchesse, mais. elle a froidement calculé que la mort de la reine de France pourrait lui être profitable. Les documents qui surgissent aujourd'hui de toute part établissent les faits d'une façon indéniable. » Comte d'Hérisson, Autour d'une résolution (1788-1199) Paris, 1888, in-18, p. 35.


regard de ceux qui le devaient suivre, est assez insignifiant et ne peut être retenu qu'à cause de la date qu'il marque dans la légende scandaleuse de la reine, il n'en est point de même des circonstances dans lesquelles il fut révélé. C'est que, particulièrement curieuses, elles indiquent la facilité avec laquelle, par la terreur des libelles, on parvenait à duper le souverain et la police. Au reste, ces circonstances seront pareilles pour certaines autres affaires de pamphlets dont j'aurai à parler en détail, mais au premier voleur premier honneur. La police royale, M. Jean-Gualbert-Gabriel de Sartine étant lieutenant de police, ignorait tout de la Dissertation, quand Beaumarchais s'en vint dénoncer son existence. Beaumarchais, au sortir de la retentissante et scandaleuse affaire Kormann, avait compris l'olilité des complaisances policières. Pour en éprouver la bonté et s'assurer les effets de cette protection, il avait pris le chemin le plus prompt il s'était fait mouche, « Tout ce que le roi voudra savoir seul et promptement, écrivait-il il à M. de Sartine, tout ce qu'il voudra faire vite et secrètement, me voilà. J'ai à Son service nne tête, un cceur, des bras, et point de langue. (i) » 11 eût pu ajouter et de l'imagination. C'est cette imagination, brillante assurément, mais quelque peu ennemie de la logique et de la vraisemblance, que nous allons voir à l'œuvre. A vrai dire, elle n'avait point toujours joué le plus brillant rôle dans les missions confiées à Figaro, témoin l'affaire du chevalier d'Eon, où M. Caron de Beaumarchais se montra fort au-dessous de ce qu'on pouvait attendre d'un quidam aussi plaisamment spirituel. Ces réserves faites, on peut, penser, avec Pidansat de Mairobert, que c'était « un intri(i) Paul Hunt, Beaumarchais en Allemagne. p. 20.


gant, d'une tournure d'esprit et d'un caractère propre à le foire soupçonner de toutes les missions, excepté celles qui n'exigent que de la droiture et de l'honnêteté (t) ». L'Espion anglais le jugeait à sa valeur. Mais qu'eût-il dit de la nouvelle aventure dans laquelle, à la suite de la Dissertation, allait se lancer Figaro ? P

Au mois de juin 1774, Beaumarchais apprend à M. de Sartine qu'un juif du nom d'Angelucei, réfugié à Londres sous celui de Hutkinson, est possesseur d'un libelle, dont l'auteur est inconnu, mais qu'on sait dirigé contre la reine. Et, généreusement, l'Angleterre lui étant familière, il s'offre à aller racheter le pamphlet. Comment Beaumarchaisa-t-il eu connaissancede l'affaire? Mystère I Comment est-il parvenu à la faire admettre à Sartine, et, par Sartine, au roi ? Autre mystère. Le fait est que le 26 juin il s'embarque pour le Royaume-Uni. Pour le bien de sa mission, il a sollicité une approbation de Louis XVI, mais sans l'avoir reçue il prend le navire. Ce n'est que le mois suivant, dans la seconde moitié de juillet, qu'elle lui parvint

Le sieur de Beaumarchais, chargé de mes ordres sécrets, partira pour sa destination le plus tôt qu'il lui sera possible (2). La discrétion et la uieacité qu'il mettra dans leur exécution sont la preuve la plus agréable qu'il puisse me donner de son zèle pour mon service.

Marly, le 10 juillet ijji-

Louts.

(1) L'Espion anr/lois ou Correspondance secrète entre milord All'eye et m.tord AU'ear nouvelle édition revue, corrigée et considérablement augmentée; Londres, MDCCLXXXIV, in-iS>, tome III, 11. 33.

(s) M. Paul Huot, Beaumarchais en Allemagne. p. 25, fait Tort justement observer qu'à ce moment Beaumarchais était depuis 'luhiïe jours déjà parti pour cette destination.


Petit billet dont Iyriquement Figaro remercie le roi. « Un amant, dit-il, porte à son col le portrait de sa maîtresse, un avare y attaehe ses clefs, un dévot son reliquaire î moï j'ai fait faire une boite d'or ovale, grande et plate, en forme de lentille, dans laquelle j'ai enfermé l'ordre de Votre Majesté, que j'ai suspendu avec une chaînette d'or à mon col, comme la chose là plus nécessaire à mon travail et la plus précieuse pour moi. » Plus tard, à Francfort, il At mettre la boite dans un sachet de soie, « parce que quand J'avais fort ehàtid, si le métfll touchait subitement la peau, cela me saisissait un peu (t) ». Sa bott* d'or au ceux Figaro court, Figaro vole. C'est dans cet équipage qu'il rencontre le juif Aagfeluccù Ce mécréant avait deux éditions de la Dissertation, la première à Londres, la seconde à Amsterdam. Il en youlait un beau denier: 75sooo francs. Un messager honoré de la confiance royale, avec un autographe de son souverain au cou, ne marchanda et ne discute pas. 7&,ooo francs ? A merveille. Les voici. Et Angeluceî empoche.

L'édition de Londres détruite, îl importe de faire disparaître celle d'Amsterdam. De concert, l'enfoui d'israll et le père de Figaro s'y rendent «.L'autodafé s'accomplit, mais la légère spirale du feu ne s'est pas encore dissipée- que, coup de foudre, Beaumarchais apprend qu'il est dupé. Enfer et damnation Ce maudit juif, un exemplaire de la Dissertation dans le pli de sa crasseuse houppelande, vient de décamper. Une chaise de poste, vite! Mais où courir? A Nuremberg, puisque c'est que ce machiavélique Àngelucci a projeté de faire réimprimer le libelle et d'offrir ainsi en vente une troi(r| Paul Huât, Beaamèrcitats m ÀlUmugne, pp. 25, afi, 4o.


sième édition. Mais Figaro n'hésite pas. Vite à Nuremberg 1 Et « malheur à l'abominable homme qui me force à faire trois ou quatre cents lieues de plus, quand je croyais m'allér reposer! Si je le trouve en chemin, je le dépouille de ses papiers et je le tue, pour prix des chagrins et des peines qu'il me cause » »)

Fouette, postillon 1 La chaise de poste roule. Ce damné juif va apprendre à connaître M. Caron de Beaumarchais On dévore la route, on brûle les étapes. « Si je le trouve en chemin! » Que béni soit le hasard Voici Angelucci en chemin, ô merveille Sur un petit bidet brun moucheté de blanc sur le devant de la tête, il trotte par les champs. Pistolet au poing, Beaumarchais lui galope aux talons, le saisit à la botte, lui fait vider les étriers et lui arrache le pamphlet. Quant au reste, aux 75,000 francs si indûment escroqués. Bah M. Caron est bon prince qu'Angelucci aille manger le fruit de sa fraude et de ses rapines ailleurs Le juif ne se le fait pas répéter et promptement gagne le large, ravi de s'en tirer si bien en point. C'est peut-être ce qu'attendaient deux brigands cachés dans la verdure proche. Incontinent, armés de couteaux, ils se précipitent sur Figaro. Mais un messager royal ne se laisse point égorger ainsi. De sa canne il pare les coups et assomme les malandrins. Là-dessus, deux autres brigands sortent de ce bois peuplé et le combat recommence. Heureusement que le postillon, inquiet de l'absence de son voyageur, s'approche. Les coquins décampent. Beaumarchais respire « Mon premier soin, quand je me suis vu en sûreté et à portée de ma chaise, a été d'uriner bipn vite. Une expérience bien des fois réitérée m'a appris qu'après une grande émotion, c'est un des plus sûrs calmants qu'on puisse employer. J'ai imbibé mon mouchoir d'urine et j'en ai lavé mes plaies. » II ne lui en demeure qu'une balafre, « balafre, mes amis, qui


ne laissera pas de nuire à mes succès aphrodisiaques (i). »

Ainsi fait, il court porter plainte, où? A la ville la plus proche? A Neustadt? Mon à Vienne, à quelques cents lieues de là. le 26 août il y touche et, aussitôt, se hâte d'écrire à Marie-Thérèse une lettre étonnante, où il assure être venu « du fond occidental de l'Europe », courant jour et nuit, « pour Venir communiquer à Votre Majesté des choses qui intéressent votre bonheur, votre repos, et qui, j'ose le dire, vous touchent jusqu'au fond du eosur. » Qu'est-ce donc que tout cela? L'impératrice cbarge le comté Christian-Auguste de Seilern, gouverneur de la basse Autriche, conseiller pour les affaires privées, de s'en informer. Et l'enquête apprend quoi? ~l Que le sieur Beaumarchais est venu à Vienne pour talsifier le pamphlet d'Angeluéeî. Il prétend ne point eauser au rei, son maître, un trop violent chagrin en lui soumettant le libelle du juif, tel qu'il Fa raehetë. H veut le faire réimprimer, adouci de ses diffamations, expurgé de ses calomnies, et il sollicite pour ce l'autorisation de l'impératrice. Voilà pourquoi il est venu « du tond occidental de l'Europe ». Ce conte parait à Marié-Thérèse invraisemblable aupointque, le 22 août, à neuf heures du soif, quelques e^taffiers «tiennent tenir compagnie à Figaro. Hein? Qu'est-ce à dire? Onle pried'en rabattre de son caquet il est prisonnier. Un conseiller de régence lui est dépêché pour l'interroger. C'est Joseph de Sonnenfels, fils d'un petit juif de Mikolsburg, nommé Perlin Lippmann, et qui a fait un beau chemin à la cour, grâce à l'apostasie de la religion de ses pères. Des interrogatoires, complétés par les enquêtes et des auditions de (il Faut lîuotj HeftameixJiau en Allemagne-, pp. M, 43.


DÉPARTEMENT

DE POLICE.

MUNICIPALITÉ DE PARIS.

Ordre d'arrestation de Beaumarchais, en 179a.



témoins, apparaît peu à peu la vérité Angelucci n'a, jamais existé; l'attaque des brigands est une fable que dément le témoignage du postillon, enfin, le ministre Kaunitz accuse tout simplement Beaumarchais d'être l'auteur du libelle « Der Fabricant dièses libelles sein durfte (i). » Mais le papier du roi?. l'autographe de la boîte d'or?. Est-il vrai? Est-il faux? C'est chose à examiner. Marie-Thérèse ne voit point encore clair dans t'imbroglio. « Je suis fâchée qu'on ait arrêté cet homme, mande-t-elle à son ambassadeur. J'avais cru qu'il fallait le traiter en misérable imposteur, le renvoyer en deux heures hors d'ici et même de nos pays, en lui marquant qu'on n'est point sa dupe et que, par charité, on agissait ainsi, ne voulant pas le perdre, comme il le méritait (2). » Cette lettre, un courrier l'emporte de Vienne, le 28 août, lequel arrive à Paris le 4 septembre. Sartine, chez lequel se rend aussitôt Mercy-Argenteau, confirme la mission de Beaumarchais et l'authenticité de l'ordre royal. La nouvelle, aussitôt apportée à Marie-Thérèse, dicte son devoir. De même que ses conseillers elle ne doute point de la fourberie de Beaumarchais, mais en tant que chargé de la confiance de son gendre, elle lui veut des égards. Beaumarchais, dans une prétendue lettre à Louis XVI, assure qu'elle lui fit offrir 1,000 ducats, mais « je les ai refusés sans orgueil, mais avec fermeté ». De l'argent, à lui! Jamais plus sanglant affront– à l'entendre, ne l'avait cravaché, lui dont les verges reçues à la prison Saini-Lazare ne devaient point faire rougir que le front

De l'or! à lui! Ah! sire! « J'aurais pu regarder (1) Paul Huot, Beaumarchais en Allemagne. p. 1O9.

(2) Mario-Thérèse à Merey-Argentcau; 28 août 1774. D'Araetli, '̃orrespontlance secrète. tome la, p. 225, pièce tvn.


comme une espèce de dédommagement flatteur de l'erreur où l'on était tombé à mon égard, ou un mot obligeant de l'impératrice, ou son portrait, ou telle autre chose honorable que j'aurais pu opposer au reproche qu'on me fait partout d'avoir été arrêté à Vienne comme un homme suspect; mais de l'argent, Sire! c'est le comble de l'humiliation pour moi, et je ne crois ipas avoir mérité qu'on m'en fasse éprouver (i) » Honnête Caron! Probe Figaro! Dommage que certaine lettre de Kaunitz à Mercy-Argenteau le vienne péremptoirement convaincre d'effronterie « Ce drôle, dit le ministre de l'împératriee, auquel j'ai fait faire un présent de mille ducats [25,000 francs] parce que cela m'a paru digne de l'Impératrice, quoique, assurément, ce personnage ne vaille ni la peine ni l'argent qu'il nous a codtés (a). as L'af&jre finissait donc mieux que par des chansons. Lesté du petit cadeau dédaigneux de Marie-Thérèse, l'imposteur s'en vint régler ses comptes à Paris avec M. de Sartine. On lui versa 72,000 livres, soit iSo,ooo francs. Pour un pamphlet dont l'unique exemplaire connu demeurait à Vienne, c'était cher. M. de Sartine paya. N'était-ce pas le trésor royal qui réglait?

Louis XVI ne prit pas la chose au tragique. Le 12 septembre il informait de l'aventure la reine, laquelle, le lendemain, en parla à Mercy-Argenteau, lui reprochant d'avoir gardé la chose secrète pour elle. Mercy répondit en analysant le libelle à sa manière « Jamais, dit-il, je n'avais trouvé la reine si disposée à m'écouter avec attention. » Marie-Antoinette parut surtout craindre une nouvelle édition de la brochure en France. « De pareilles {1) Paul Huot, Beaumarchais en Allemagne. pp. 213,216,217, art. (2} Le prince de Kaunitz à Mercy-Argenteau; 3 octobre 1674. D'Amen!, Correspondance secrète. tome II, pp. 235.


infamies, lui répondit l'ambassadeur, ne peuvent nuire qn'k leurs méprisables auteurs. » Sur quoi, il s'en fut au lever du roi, lequel appela Beaumarchais « un imprudent et un fol (r) ». Louis XVI parut s'en tenir à cet avis sommaire, car la reine dit, quelques semaines plus tard, dans une lettre à sa mère « Il regarde cet homme comme un l'ou, malgré tout son esprit, et je crois qu'il a raison (2). »

Je crois qu'il a raison.

Le devait-elle croire longtemps, et sachant quels graves soupçons pesaient sur Beaumarchais comme auteur de l'écrit qui la diffamait, lui retirer cette protection amusée dont il devait ressentir les effets, en avril 1784, au lendemain de la première &xLMàriagedeFigaro?&6a.waaxcha.ïs avait alors été écroué à Saint-Lazare, et grâce à la reine il avait vu les portes de la geôle s'ouvrir devant lui. Mais son acte en était-il absolve? Comme reine, Marie-Antoinette le lui pouvait pardonner, mais comme femme ? Au fond d'elle-même ne devait-elle pas porter la blessure saignante et vive de cette insulte à son honneur et à sa pudeur? Et cependant, moins d'un an après, en août 1775, elle jouait à Trianon, sur son petit théâtre privé, Le Barbier de Siuille, et neuf ans plus tard elle sauvait l'auteur des griffes de la justice. Bonté d'âme, inconséquence, légèreté? Au choix. Mais ce geste de protection de la reine vaut d'être révélé ici, à l'heure où il (1) Mercy-Argentcau à Marie-Thérèse; Paris, 28 septembre 1774* –D'Amelli, Correspondante sixrète. tome H, pp. 240, 241, pièce 11° lAlu.

la) Marie-Amotnelte à Marte-Thérèse; 16 novembre 1774. D"Arneth, Correspondance seerète. tome H, p. 354, pièce n' uexo. –̃Varta-Theresa and Marie-An toinelle; ihr briefwechsel wahrenil fier Jahre tjjo-i^So, Herousgegébea ron Alfred Ritter von Araeth; Paris, Vienne, 1865, in 8°, p. 125, pièce n» un.


s'adresse à celui qui, le premier, a osé outrager la reine de France et rendre les lys du trône solidaires de la honte dont il les accusait (t).

(i) M. d'Arnctli doute que la Dissertation soit de Baumarchnis luimême. Cependant, dit-il, « s'il est impossible de le reconnaître dalls ce mauvais pamphlet, il l'est aussi d'affirmer que cet écrit ne puisse être de lui h. Cf. d'Arncth, Correspondance secrète. tomen, p»223. M. Paul Huot, par une suite de déductions judicieusement logiques, établit, au contraire, que ce libelle ne peut être l'ceuvrc que de Beaumarchais. Je me range à son avis.


LA SENTINELLE l)i: l'ALAIS DK VKKSAILLES

KKH'sE I.ENTKKK A MARIE-AXTO1NKTTE KT Al' COMTE D'AIM'OI* NEVEXAXT hTXl; NOC TI'KXE KT CALANTE KSCAI'ADK


UN BRELAN DE COQUINS

Theveneau de Morande, greluchon, escroc, sodomiste. Un màitrechanteur de taille. Ses mésaventures judiciaires. Exploits de Morande à Londres. – Ses libelles. Les Mémoires secrets d'une femme publique. Curieuse correspondance apocryphe sur ce pamphlet. Beaumarchais règle l'affaire du rachat du manuscrit. – Reçu de coups de bâton donné par Theveneau. Mbrandc mouchard et journaliste. – Sa fln. LaFilte, marquis de Pelleport. Le Diable dans an bénitier et son histoire. Le comte de Paradès. Un mouchard escroc. Part de ce trio déshonoré dans les écrits contre Marie-Antoinette. Duperie du Portefeuille (Fun talon rouge.

Au premier rang de la troupe des pamphlétaires figure un vétéran de la diffamation, un artiste de l'injure, un maître de l'outrage le sieur Theveneau, « condamné,, dit un de ses contemporains, à l'immortalité sous le nom du chevalier Morande (t) ». D'un fort honnête homme de père, notaire royal de profession, il était né, le 9 novembre »74i3 à Arnay-le-Duc. Fort jeune il avait débuté dans la facile et lucrative carrière de l'escroquerie. C'est (i) Pierre Manuel, t'un des administrateurs de 1789, La police de Paris dévoilée; Paris, Strasbourg, Londres; t'an second de la Liberté; m-8°, tome I, p. 280.

Il


Manuel encore qui assure, des preuves plein les mains, qu'il « était voleur avant même qu'il eût l'âge d'être libertin (i) ». Quand cet âge fut venu, ce fut plus beau Morande s'en alla vivre aux crochets des demoiselles « postulant chez la Brissaut et la Gourdan, maquerelles célèbres de son heureuse époque. Les ressources que ces personnes lui abandonnaient volontairement ne lui suffisaient point toujours il en escroquait fort habilement (a). Montres, mouchoirs, tabatières, menus bijoux, tout lui était bon. Ce lui valut d'avoir les mouches de M. de Sartine aux talons. Quand la police eut à s'occuper activement de ses déportements, elle découvrit d'édifiantes choses sur son compte! Le 5 mai 1768 l'inspecteur Marais, manière de Sherlock Holmès des mteurs (les mauvaises), et des filles galantes, mandait au lieutenant de police que Theveneau de Morande était « fort soupçonné d'être entiché du péché antiphysique et de servir de patient à ces vilains (3). » Ce détail parait assez authentique, car ,quelques années plus tard un auteur, qui ignorait certainement le rapport secret de Marais, écrivait que Morande, arrivé à Londres sans souliers, « y gagna d'abord quelques guinées par des liaisons secrètes avec des richards usés qui ont renoncé aux femmes », lesquels « richards » il faisait chanter ensuite « en les (1) Pierre Manuel, La police de Paris dévoilée, tome p. 125, (2) Julie philosophe ou bon patriote; histoire à peu près véritable d'une citoyenne acttve qui a été tour à tour agente et utûHme dans les dernières révolutions de la Hollande, du Bradant et de la France; introduction, essai bibliographique par Guillaume Apollinaire Paris, s. d. [1910], in-12, tome II, p. 8. Ce curieux petit ouvrage fait partie des a romans libertins a de la collection Le Coffret du bibliophile, tiré à petit nombre par la Bibliothèque des Curieux.

(3) François Ravaisson, Archives de la Bastille; Paris, 18S1, in-8», tome XII. Paul Robiquet, Theoeneau de Morande; étude mr le xvhp siècle; Paris, 188a, in*, p. i3.


menaçant d'une diffamation publique (i). » Ce trait est bien dans le caractère du personnage, lequel tirait mieux parti de son audacieuse ingéniosité que de ses charmes physiques. De fait, l'auteur du Diable dans un

Le cachet de Marie-Antoinette.

bénitier en fait un portrait sans touches flatteuses « Une face large et plate dont tous les traits sont formés avec une graisse livide et flottante, des yeux couverts et hagards, exprimant la frayeur et la perfidie. Un nez

(i) Le Diable dans un bénitier et la métamorphose du Gazettter cuirassé en mouche, ou tentative du sieur Receveur, inspecteur de la poltce de Para, chevalier de Saint-Louis, potir établir à Londres itne police à l'instar de celle de Paris; alédlée à ~naetgnear le marquis de Bastrles, ministre et secrétaire d'État au département fie la marine, etc., etc., etc.; revu, corrigé et augmenté par M. l'abbé Aubert, censeur royal; par PierreLe Roux, ingénieur des grands chemins; à Paris, de l'imprimerie royale, avec approbation i't privilège du Roi; s. d. [1784], in*, pp. 36* 37. Il sera plus longuement question de ce curieux pamphlet plus loin. L'édition originale est de Londres, 1784, ïn-8», 120 pp. Les Mémoire secrets en rendent compte les n et i4 octobre 1784, tome XXVI, pp. 336 et 2ML'auteur est le marquis de Pelleport dont il est parlé ci-après.


aplati, des nazeaux larges et ouverts qui semblaient respirer la luxure la plus effrontée (i). » Ses exploits à Paris, ses escroqueries, son père ruiné à demi par ses tours de coquin, tout cela le mena d'abord au FortfËvêque, puis à la maison de détention d'Armentieres. Il y joua à merveille le repentir et, aussitôt libéré, ne trouva rien mieux que d'écrire une ode injurieuse contre le ministre Saint-Florentin. Le résultat fut prompt les exempts lui coururent aux chausses et Thevenean décampa à Liège, d'où il gagna Bruxelles, puis Ostende, où il s'embarqua pour l'Angleterre. Tout ceci se passait vers août 1~69 (a). Le pavé de Londres ne lui offrait, outre la pédérastie, que de maigres ressources. C'est alors qu'il établit, « sans talent comme sans moeurs o, dit le futur conventionnel Brissot, « un bureau de libelles (3)».Il avait la plume acérée et facile. Quelqu'un qui l'employa à des besognes de chantage, Swiaton, le directeur du CMtrMey de fSMrope, disait de lui « H tourne vivement un paragraphe (4). ? Dans ce genre de tour il allait se montrer ma!tre, quoique le comte de Lauraguais lui trouvât un style « écrit par un fiacre sur les mémoires de la cuisinière de taGourdan(3) M. Theveneau débuta par te G<Me<<!e7' cuirassé, pamphlet contre la cour de Louis XV, « une de ces productions tellement infâmes qu'on rougit t (;) Le Diable dans un &e)M<<ert. p. 36.

ja) PauJRobiquct, ?'AefeKettM~~oron~e. pp. ao, 21.

(9) Réponse de y;H;~tMt-<e~e Bft'MO< d tous les KtteKMes qui ont attaqué et a~<KfHen< sa vie passée; Paris, M aa&t t'jgi, t&-8", p. 4t.

(4) J.-P. Brissot, JM-HM~'M ('7~); publiés avee une étude critique et notes par C!. Perroud; Paris, s. d. ~gto~, în~B", tome p. 37. Ce volume fait parUe de la Collection <Ct memo<re: et documents relalifs aux xvHf e~ xtx' ~e~es.

(5) ~Mpattm fte Jacques-Pierre Brissot d tous les !t&eHt!<es. p. 4~.


presque d'en prononcer le titre ()) », s'indigne Brissot. A la vérité, c'est nn recueil d'épigrammes mordantes et satiriques, lestes et vives, qui indigna surtout ceux-14 contre lesquels elles étaient dirigées (a). Elles furent complétées par la Gazette Ho:Mtf Bft AmttMe qui n'est pas blanc, production plate et plagiaire, de beaucoup inférieure au premier libelle (3). Enfin, il annonçait les Mémoires secrets d'une y~Me publique, dont, en ces termes, on lui fait offrir le rachat à la principale inté~ressée, c'est-à-dire à la Du Barry

MADAME,

Vivant dans un pays où tes hommes n'ont point renoncé & h faculté de penser et où ils peuvent, sans aucun risque, t'exercer de la manière qui leur plaît le plus, je puis avec confiance vous avouer que je suis auteur d'une petite brochure qui a pour titre le C<M~M<M* ouirassé. Si ce livre, qui vous est sûrement parvenu, a pu vous procurer quelques instants de plaisir; je ne puis que m'applaudir de l'avoir mis au jour Votre suffrage est un de ceux qui doivent le plus me flatter. Je suis Sttr le point de faire imprimer un autre ouvrage intitulé: Mémoires secrets <<'BKe femme ~«M~Mf, ou essais sur les aoenfures de ~e /a comtesse Du Barry, depuis son berceau jusqu'au lit d'honneur- J'imagine que, quand même je n'attrali. pas ajouté la seconde partie de ce titre, vous vous seriez facilement reconnue à la premit-j-e. Quoiqu'il en soit, j'ai cru devoir vous faire part de mon projet avant de l'exécuter, parce que, ayant montré en plusieurs occasions un goût décide tt) Réponse de ~ae~M«-P<erf-e ~mo< « tous les MteHMes. P. 'it.

Le C<Mre<Mer cuirassé ou Anecdotes <c<t<MMe<Met de la Cour de ~ance, imprimé à cent lieues de la Bastille à t'enssi~ne ae la liberté; HBCCLXXL, tn-8'.

<S) ~a Gazette noire par <M homme qui n'est pas blanc, on <BMtt~t ~MMaM~ du C<Me«<ef (sic) cuirasse; imprimé à ceat lieues de la Bastille, à trois cents lieues des frésidea, à cinq cents ''eues des Cordons, à mine lieues de la Stbërte, MDCCLXXXtV, in-8'.


pour les arts et les sciences, U serait possible que vous désifassiez posséder seule un manuscrit que j'ai taché de rendre intéressant et qui pourrait vous paraitre précieux. Cette fantaisie ne vous coûterait que 5o,ooo livres. Ce prix, qui vous paraîtra peut-être un peu fort, est cependant très modéré. Vous ne sauriez croire, madame, toutes les dépenses que j'ai été obligé de faire pour me procurer les matériaux dont j'ai eu besoin. Les dernières anecdotes de votre vie, surtout, m'ont coûté Infiniment. J'ai été obligé de payer au poids de l'or les détails de vos passe-temps les plus secrets avec Sa Majesté très chrétienne, sur l'adresse avec laquelle vous savez éloigner ou tromper vos surveillants pour vous dédommager de l'épmisement du roi avec votre bon ami le duc d'Aiguillon, et, à son défaut, avec le petit Zamore, qui vous a servi a- mettre en pratique te traité de l'Arétin et mtme à renchérir encore sur l'esprit inventif de cet Italien. Enfin, madame, soyez persuadée que cet ouvrage est très complet et qu'il a toutes les qualités nécessafres pour en assurer le débit. Si vous voulez en faire l'acquisition, je remettrai le manuscrit à celui qui me donnera de votre part la somme ci-dessus mais si votre projet m'est pas de Eure cette emplette, permettez-moi au moins, madame, de le faire paraître sous vos auspices. Je serai alors certain de l'accueil favorable qu'il recevrait du publie à qui vous avez appartenu. Je crois mériter que vous m'accordiez cette dernière ~'râce, en faveur du désir que j'ai de vous immortaliser et de l'attention scrupuleuse avec laquelle je me suis conformé à la plus exacte vérité.

Je ~uis, avec le plus profond respect, etc.

LE CUEVALtER DE MOHAKDE (l). J.

Cette lettre, évidemment, n'est point de notre coquin, mais qui ne songerait à l'en croire capable? Son procédé (t} Lettres de ~V"' la comtesse DN ~cry~, acec c~MM det~M'tMC~, seigneurs, m~-v/rey et autres qui lui ont écrit et qu'on a pu yecaetWr/ on o a joint une grande quantité de notes amusantes e< ~<rac«cet, ~rop~e~ <t ttonaer ~c<c<rc<fMmeM te: ~m et Instructives, propres à donner ~ONtemeM «e <e ~!n les plus curieux sur les causes des pi'ineipauar éaénemens de la Jln du règne de Louis XV; Londres, MDCCLXXIX, )n-8', pp. iM, <e4, i6Bj pièec n"cxxxi.




OMOMMOt! KMfALE CONCttMANT LA CABCB.ROBt! DB MAME-AM'OtNETTB, SMti~E DE MNS XVt. (CoHcc«f'n ffaNto~MpAet freettH' ffe«etmam.)



est saisi sur le vif et les paroles qu'on lui prête sont conformes à ses actes. Le même recueil, où je trouve cette lettre, la complète par deux billets, apocryphes aussi, mais qui constituent un ensemble. C'est d'abord la Du Barry qui renvoie ta lettre de Morande au duc d'Ajguillon

Je viens, monsieur le duc, de recevoir de Londres une lettre infernale. Vous en jugerez je la joins ici. Ne perdez pas un instant à employer tous les moyens possibles pour empêcher l'impression du libelle exécrable dont on nous menace. Vous y êtes autant intéressé que moi. Outre ce que l'auteur me marque dMS sa lettre, je suis persuadée qne, s'il a le moindre soupçon de votre liaison avec ta vicomtesse Du Barry, il ne manquera pas d'en faire mention, comme d'un article qui n'est pas le moins intéressant de votre vie.

Je suis, monsieur le duc, votre, etc.

COMTESSE Du BAjmY (t).

La réponse de d'Aiguillon est fort vraisemblable. Le procédé dont il pafle fut) en effet, employé par la Cour de France et ne réussit poi nt.

J'avais engagé, ma chère comtesse, dit-il, l'ambassadeur d'Angleterre à écrire â sa cour au sujet de Morande, mais il m'a répondu qne cela était inutile, et que le roi ne permettrait 'itrement rien qui fat contraire aux droits de la nation anglaise. D'ailleurs, il m'a fort bien observé que cet homme ressemNe à un chien affamé, qu'on ne peut appaiser qu'en lui jettant un os. Cependant je me suis déterminé à un parti ~un peu diifcrent, et je viens de faire partir avec quelques aides de police un homme que je crois propre à remplir mes vues. Je dcj.ire qu'il réussisse. Je crois, ma chère comtesse, que depuis notre dernière explication, vous n'avez aucun reproche à me faire. Soyez persuadée que ce que vous appelez mes assiduités auprès de la jeune vicomtesse, se réduira toujours aux honnêtetés et aux prévenances que je dois au rang qu'elle occupe )t) 2;eM;'M de la eoat/etsf Da ~af/ p. t66, pièce B* cxxxn.


ici, & MUance qu'eue vient de comtracter et ta faveur dont le roi l'honore.

Jestthto~jours,ete-

!)PC ~ÂtGHK~ON (t).

L'enM!i des hommes de potiee & Londres ne servit de rien Theveneau leur emprunta quelques louis et fila entre leurs mains. fis rentrèrent bredouilles à Paris. Ce fut Beaumarchais qui s'en fut r~gter les chases moyennant 'Mt,ooo fraaca comptant et 4~oo& fMacs de rente vta~a'e, reverstMë Mf la tête de lit fenune de MSraade, ~afaotie par le banquier Vanek, de Londres) il wppûrta & d'Ajg~MtOa te manuscrit des ~MwK/~ MB~e<? d'ttne ~Mtme ~M~&'ytfe (2). Gotid~moé au silence, il ne demeuïait à Morande qu'une seule ressource pour tirer wF~ent de son tn~û~o~tté entrer -dans la police. Il y entra, et, par la suite, n~Mo le veH'ansatder les tttatKitMS de PMM à traquer & Londres ses confrères, les tMM'icwnts de libelles.

De Parlent ge~aé à ce d~Ucat mëUer notre homme tirait parti à mer~Ue. L'héroine d'~N pettt roman satirique raconte que Il Morande était cribM d~ftettes, qu'it dupait te<ts ceux qu*H pouvait, qu'il était arrêté à chaque ittatant, mais que pour se tirer des mains dM sergents, il usait des moyens suiMnM il avait eonjeura un toui~ peet dam sa poché aussitôt qu'on mettait ta ùMtin sur lui, il tirait ce iotie et le ptesentaîtaux MrgeMs M'mme ceux-ci ne re~otvant que la m~Me de cette somme pour arrêter un homme et que Morfutde leur payait le double, ils le ItusmieM aller )) (9). Faciles moears d'une terre (<) Lettres de jtf" la eomleese &t B<tffy. pe. ~6, t67, pteM D* ~xxuj. ta) Paul Huot, j5e~~m!art;A&& en ~H~m<~<te. p. t8. ~e~rM de ~ccM~~e~M~arr~ pp. t66, te?.

(<) At«e~~«0!top);e. tome 14 pp. To, n.


classique de la liberté Mais de ces menus désagréments, inhérents à ses audacieuses entreprises, Theveneau ne se tirait point toujours par d'aussi faciles tours de passepasse. « C'est un gredin, écrit le comte de Lauraguais dans son J)Mmo~<* ~<M<y moi e< par mot, c'est un gredin qui s'avise de dire du bien de moi dans un libelle où il déchire ce que j'aime et ce que je respecte. B C'est ce même Louis de Bracas, comte de Lauraguais, qu'on fait si impertinemment dialoguer, avec Lauzun, sur les plus belles filles de la capitale, dans Z~sp~on anglais (i~. n avait la canne aussi leste que le mot et il le prouva en bâtonnant Morande d'importance, à la suite de quoi il lui fit signer, en bonne et due forme, un reçu des coups donnés. « H pardonnait le crime, mais il ne pardonnait pas le mépris, » dit Brissot (2). En tout cas, il encaissa sans mot dire les coups de canne et se tint coi. Le gouvernement lui permit de revenir en France au début de la Révolution, l'embaùchant pour mener des campagnes contre les journalistes patriotes, Brissot, notamment. U opérait dans une gazette ~Ar~M~ patriote, Mais à la monarchie chancelante, cette recrue tarée ne servit de rien. La Terreur venue, Morande se retira dans sa ville natale, à Amay-Ie-Due, honoré et estimé de par les belles rentes gagnées dans l'ordure et la boue à Londres. Un peu intrépidement le bibliophile Jacob le fait périr dans les massacres de septembre t~gs (3). Morande ne protesta que quatorze ans plus tard, en mourant paisiblementdans son lit, le 17 messidoran XIII (6 juillet f8o5). Sa belle vie avait é<é bien remplie. Il avait droit au repos du Seigneur.

!') ~j)<on tm~ioM. tome u, pp. 9<i et suiv.

f~ ~P. Brtssot, Mémoires. édit. G). Perroud, tome ï, p. 3ï6. (9j P.-L. Jacob, btMmphUe, ~tt~MM e< ~~eoftt'er~ &tMt'o~f<t/~A!ffttM,' Paris, i~f.. i)t-t8, p. 78.


A côté de lui, mais d'un moins vif éclat, brille AnneGedeon de la Fitte, marquis d& PeUeport. Né à Stenay, en t~54, il avait passé par l'école militaire, mais, sans doute, sans y profiter des exemptes d'honneur et des leçons de pEoMtë, car des deux régiments où il passa par la suite, il fut succesMvetnent renvoyé et, sur la demande de sa famille, enfermé quatre ou cinq fois. Réfugie en Att~eterje, il y avait trouvé une fenime et, ~It en faut croire d'aucuns, le tMn*qu{aat dont il se parait. <t Pelporre, écrit un histetieinie Merande~ qui se faisait appe~sr L&fitte de Pelleporre, parce qm'H avait M'<juve parmi les femmes de chanthre de la reine d'Angietefre une vieille fille notBiB~e Lafitte, à laquelle il aurait peMuadc qu'il était son parent (r). Ce mariage ne lui ttppftrta pas raiMmce, « PeUeport ft~&it de l'esprit, o~erve Brissot, l'apparence de la bravoure, un goût ~Frënë pour le plaisir, un mépris profond pour tante espèce de moralité. Citait une sorte d'AtciMade qui se prêtait A toua les rôtea qu'OYi voulait lui faire jouer (2). u Tel il était préparé à faire un libelliste de premier o rdte. Ce ne tarda pas. Lié avec ttOMnde, il se tanga dans t'exptoiMtion des scandalM de ta cour et dans la mise en oeuvre de la légende scandaleuse naissante de MarieAntoinette, Quand le ministère français eut envoy& en Angleterre des mouchards pours'emparer des Hbetlistes, Theveneau entré, cotnme on sait, dans l'ordre de la )i) Paul Robiquet, TAeaenemt de ~<f)faa«e. p. 5~. J'obseno que ces detaUst sont eu c~Htpadiet4on formelle nvp~ ceux doBnés sur ïa femme de Pellepûrt dâùB La ~a~~<! f~co~~e ou ~ïeeae~~ (<e p~~ <a<fAm«<rEes peaf M~f m ~m «xMre 9* livraison Parts, r789, tm~ pp. et tNtv.

(a) J.'p. Brissot, Jt&HOfrs! édit. Ct. Perrond tome p. 3j~.


S. M. LA REINE écrivant son testament. LA DNMfjEM HEURE DE MAMZ-ANTOtNETTB A LA CONCtERGBME (~aravure papulatre de ta ~te8fauration.)



mouche, tenta de leur livrer Pelleport. Mais le gaillard était matois et averti. Il fut le metteur en œuvre du retentissant scandale qui obligea la police à repasser, meuottes en pochet, la Manche. Et, afin de se venger du tratti'e Morande, il publia le Diable f~aM H~ bénitier, brochure où il racontait l'équipée de la police, le rôle de TheYeneau, avec de menus détails bien édifiants et des anecdotes qui durent faire grincer des dents aux mouches.

A la rigueur, la police eut pardonné à Pelleport ses pamphlets contre la reine elle ne lui pardonna pas Le Diable dans a~ bénitier. L'auteur ayant commis, en t~S~, l'imprudence de passer en France fut saisi et enfermé, le n juillet, à la Bastille. Il y demeura quatre ans, jusqu'au 3 octobre 1788, date à laquelle on le libéra, avec obligation de résider à trente lieues <Ie Paris (t). Il ne semble pas avoir observé bien rigoureusement cet ordre, car, le i4 j juiltet 17&9, on le voit, à la place de Grève, tenter de tirer des mains du peuple un des officiers de la Bastitle, le major de Lo~me. Il en demeura sur le carreau, rou~ de coups (a), mais échappa, toutefois, car il ne mourut qu'en jSio.

Voici, enfhi, le dernier personnage <)u triOj celui qui ''st, généralement, accusé d~avoh fabriqué un des plus célèbres libelles contre ta reine ~.eporfe/Mt~ed'Kft ?M(M <t) Ch. d'Herteautt et Gustave Bord, Noccme~ poa)' Mrcfr à t'~Mofre (!e <a ~[fo~Mon /<'«nt!(t<te,- Paris, 'S84, tome f!. t59.

ta) ~.a BasMKeEfepOt'/ee. 3' tn'mison, pp. 7[, 7' Victor Focrne), ~M /iOM)met' ~H j'<t<Mf< Cs;'«<'<t-<[K?fK.'K's e< N«~tf/MeM<w <? in ~~tf/e; Paris, ;%)0, tn-tS, p. f-


/'<Kt§'e. Ce V)ctor-CtaM)e-Atrtotne*Robert, dit le comte de Parades, était d'une origine pMaaNentent Crbsenre. fc JLe~ uns prétendent, disent les éditeurs de ses mémoires, que M. de Parades descendait de ta maison des Paradp~ en Espagne, d'autres qu'il était Mtafd d'un comte de Parades, grand d'Espagne, mort au Service de la France; le phM grand nombre le fait nattre d*un pâtissier de Falzbom~r. Le teetettr ea croira ce qu'il voudra (t). » Fort bien parlé. Le pâtissier en question s'appelait Richard, et tout porté a croire que c'était sa pN~gêniture qui, sMts ce titre rewplettdiaeant, était ~Htretf dans la police. GAr, tout comme MaMnde, le comte de Pàradès était devenu monchs. On lui confia pour ses MMsSicns <pte~<tes <bMbaTM lesquels il eut t'indélicatatsede spéculer. Ce fut, sans djout~, pour se refaire de ses pertes qu'il se &t espjom aaiservice de !'An~ïeterre. Le ministCre trouva mauvais qu'il mangeât à deux râteliers, et, If S trvFil i')So, avec son secrétaire Bernard Richard, le R~ écrouer à la Bastille (2). Cette arrestation, dont le soidisant Parades a fait un véritable roman poMcterp!)~est tort simpleMeNt ëx~iqnee dans les ~??8~~ set~~ n la date du avrti suivant

(t) ~fef<<smmea< <!es <<<<'<enN!, p. m, .itfemfM'M~ se<etf! <<e A)te' CMa<e <te ~'ftftMief, ~rHs jtaf M fHt io~<f7' &t ,BtM<tNe JM<M' ~e/~ï'?* r~~a~re j~e ?a pur ~Ne~v'e~ s. 1. [ParïsJ~ 1783, io-S°. seruïr ri t'£ta3tofre de ia derrtiére ttueure£ s, 1. [PaNs], 1'j8j¡, in-8'. Anl.~Bx< Barbier, ~~o/ïns~'6 des SB'p/'a~ss ~Bon~mew; 3* édit.; Par~ ïSSs, iB-8"~ tome nï, col, aSs, dit ces m~~motres Ba~r~q~és par un sfeur ~haJ' du Pin.

(a) Bernard RLehard ne demeura que trois mois et Imit jours à I;) BastULe. Cit. dTMrieamt et Gusftve Bord, B&ctffMsn~ poùr «rct~ à Y'o~'e t~ ~~a~H~o/t ~'an~?e. tome I, p. tB~. Sur ParadèSt et. ~<WetM ~ecre~e des ~M e~Ans ~rn!(Mm<er~ <!e ~a ~<M~~e, et par~~a~~r~nen~ da coM~ de ~ar&Hï~ f~a~~ ps/' le ~oBceTTt~ttMt d'une ea~ped<t<o)t seefe«e !Kr KtntoaM, e~e., de ~fae*< efe., etc., etc.; Parts, 1~9, ftt-s°.

(9) Voyez Mémoires <!ecre<~ de 7!o6e~, com<e de A~fafo! N)- '<"< et suiv.


\{. de Paradès a été, eu effet, arrêté mardi dernier à Vernulles par le prévôt de l'Mtel et conduit sous bonne escorte a la Bastille. On a trouvé chez lui pour t,aoo,ooo livres d'argent et d'effets, Il paratt que, non content du traitement considérable que lui faisoit la France, il étoit aussi espion des ang'lois on a, dit-on, intercepté des dépêches, et l'on s'attend à le voir finir d'une façon sinistre. M. de Sartine est un peu tMQteux de toute sa confiance qu'il lui a donnée et peut-être pour éviter les rumeurs qui en rejailliroient contre ce ministre. tachera-t-on d'étouffer cette aventure et de faire disparaître ce traître, lorsque Is secret de l'État qu'il a, n'en sera plus un (t), Cette détention mit donc fin, momentanément, aux traîtrises et aux galanteries de Parades, qu'un pamphet accuse de cocufier M. de Saint-Amand, maître chirurgien a l'Estrapade (2). Elle ne dura pas, à la vérité fort longtemps il peine un an, un mois et dix jours. D'après ses éditeurs, ses mémoires, soumis à M. de Castries, ministre de la marine, le firent remettre en liberté (3). Cela ne s'accorde point tout à fait avec le titre, lequel les dits écrits « au sortir de la Destille », donc au moment il était déjà libre. Mais la contradiction vaut à peine qu'on s'y arrête. Le i5 mai 1781, l'aventurier recevait son exeat. On lui imposait un changement de nom et une résidence sur te territoire français, à moins de quarante lieues d'un port de mer (4) Peut-être à cet arrêt obtint-il des modifications, ou, comme Pelleport, le tint-il pour <t} ~e/mot'rM ~ecre~ tome XV, pp. ïï4, iï5. -Sur le même personnage voyez les renseignements donnés par les ~~mot'r~ secrets, tome XV, à la date du i avril, p. ]~; H avril, p. i~; 21 avr)), PP. rM, ;& g juillet, pp. mt, 223.

(s) ~Vo;M)eMe ft<tsem6iee dM no<atteft coctM da rc(r<fame en pr&enee '!M yacofu! (;e tettr: ~)oaMs; & Paris, de rimprhnerte de SyJphe, imprimeur de ta Démocratie; Fan premier de )a iiberté~ in-8', p. ?. Imprimeur de la némocratic; l'an premier de la liberté; in-8-, p. 46. (3) ~Mëato!~s Mc;'e~ de Robert, comte <!< Paradès. p. <. (4) Ch. d'Hericautt et Gustave Bord, Documents pour servtr ti <tMot~(!<: la ~ecoMfon. tome p. isS.


non advenu, car il quitta la France, plongea, disparut. Le 5 avrU r~M, les JMi~ttOt~~ secrets si~nataient « Cm a appris la mort du fameux comte de Paradés. On dit qu'elle est arrivée & tt!e des MMsacres, auprès de SaintDomingue (:). » Et, deux jours après, le y avril « Oa dit que tout son bien ~a passer & tme sceur fort jolie, matiee à un officier suisse (2). a Et, à l'inconnu de sa tombé ignorée, au de!à des tropique on abandonna ce ~'adavre piteax et déshonoré, dont la mënMtife demeure de pm la bave qui ourle le marbre de Marte-Antotnette. Quelle part ces trois peraonnage~ eurent-tM dans la fabrication des libelles contre la reine? Pouf TM<'eneau, il est assez difficile de se prononcer. Avant la mort de Louis XV, nous le savons déjà aux ga~es de la police. Sans dout~, ~00- des poHeiera fabriquer les libertés qu'on les ehftrg'eait de fecheraher fut chose commune à l'ëpo~tne, et j'en donnerai par la suite des exemptes. Mais, parmi eu<, convient-il de ranger Morande? De manquer à ses engagemenM pris, à une parole donnëe, -je di'' parole, faute d'autre terme, on te peut croire, certes, bien capable et coupable. Cependant il m'apparait qu'il ne mit pas la main à la besogne de ta~r~dactiom. LK avec Pelteport, comme avec tous les autres libellistes, il a pu lui conseiller d'écrire tel ou tel pamphlet, quitte, ensuite, à le dénoncer au tninistere et & a'oBMr de le racheter et de Je détruire. Quoi qu'il en soit, dans les missions pOUcitires dépêchées à Londres dans ce but, il a (;) ~emotr&t see~-e~ tom<! XXVnr, p. eSS.

(~) J~mot't'Ci.' ~ee;Wjt. Lomé XXVJI!, p. 240.


joué 'm rôle louche et équivoque. Sa participation effective & ces ténébreuses et dégradantes besognes fait qu'il convient de le joindre à la bande vorace qui exploita, si brillamment, la terreur du gouvernement français. Quant à Pelleport, point de doute. Il est certain, et le témoignage de Brissot, fort précieux, est définitif à cet égard, qu'il est l'auteur d'une Vie d'Antoinette, laquelle n'est peut-être pas autre chose que les Passetemps d'~tN~OMe«g dont il est parle dans divers auteurs. Il passait, et & juste titre, pour le plus redoutable des pamphlétaires réfugies à Londres, Morande, acheté et payé, étant hors de cause. Nous en avons un témoignage direct par le metteur en oeuvre des documents reunis dans La Bastille déuoilée. (c Les divers interrogatoires qu'on lui a fait subir, dit-il, pourraient tenir lieu de catalogue de tous les pamphlets qui ont paru depuis six ans, Il était soupçonné de les avoir tous composés; il n'en est pas un sur lequel on ne lui fait quelques questions (t). » ?'ofM< c'était beaucoup dire. En tout état de cause, convaincue ou non, la police jugea la prise bonne. Il est à remarquer qu'avec la capture de Pelleport, les expéditions de mouchards cessèrent en Angleterre. C'est qu'apparemment sa disparition du territoire britannique y était pour quelque chose.

Pour ce qui regarde Paradès, peut-on le considérer comme l'auteur du Portefeuille d'un talon roa~e, que le titre dit sortir de son imprimerie? Je crois devoir remarquer que ce titre est le seul fait sur lequel on se base pour en accuser Paradès. Est~e suffisant? Je M l'imagine guère. Je ne révèle rien qui soit neuf en disant que les libellistes, à cette époque, prenaient les f') La BtMMte deMtMe. troisième tjvrat-Km, p. 66.


plus ëtrattgos et les plus grandes libertés avec le boa renom et l'autorité du nom de leurs contemporains. Il importe donc de ne point trop se fier aux attributions du titre des pampMots. Le ~/a6~e dans N~ &eft<<~e~ à en croire fëdMoB de Paris, ne vient-il point de l'imprimerie royale? Et, plus tard, telle brochure obscène contre MMM-AntoiMMe ne s'aMrmera-t-eUe pas tirée sur les presses de t'hnprimerie de la reine? Ces raisons MM portent 4 erotre, comme d6j& on l~L supposé, que le nom du comte de PaMtdes, sur le t.!trB du 7'a?'s<?~ d'Mn ~o~ f~'a~% paru au moment dn sandale de son arrestatian, ne fut piMé ta que comme appât à la curiosité pmt&iqTte. Si l'amtcur anonyme t voulu par là piquer ses CNBtemperatns, tt y a réussi à merveUte. Et, par îa même o~eMtap, il pti ae flatter de duper dtjmpOTtattee la postérité; –~ et les Mhfiograpttes. Mais etait-ee par une nq~tiScatton de librairie qM te Ris du marchand de bdoches de PhaMbottr~ caressait l'espah' de paaser à la gtoire? Que~Nûn.


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LES DAMtËS DU LIBELLE

Les pamphlétaires réhi~iea à Londres. Leur vie obscure et misérable. Un Itbrmre spécialiste des Uheltes Boissiere. – Quelquesuns de ses fournisseurs. Le moine Imbert de Bordeaux, auteur de la 0/(ron<tfae scandaleuse. Son emprisonnement. De même que son frère, il est de la police. Une édition du Po/~ter des e/HM'/reH.c dans la chapelle du roi aVtrsaiUes.– tfayeurdeSff!n,tPaul et ~AH~c/t~enne en goguette. Les libellistes princiers. Les brochures composées dans les caves. Brissot pamphletaïre. Une accusation du bibliophile Jacob. – Sa réfutation. Autour des Essai. &t<!(Oft<rHes «tr la vie de ~fa'*<c-~t~<te<~e. Les pamphtets populaires et pamphlets otacieis sur la mort de la reine. En nommant Theveneau de Btorande, j'ai nommé l'aristocrate des pamphlétaires. Ce qui, à Londres, grouillait autour d'eux, dans les auberges tou~ches, dans les hôtelleries équivoques, sur les trottoirs du Strand, vivant de chantage ou aux dépens des filles prises à leur babillage, c'était la tourbe, le bas-fond misérable et aNamé tournant sa meule dans son obscur enfer. Cela se composait de Français réfugies en Angleterre pour des désaccords avec la justice de leur pays, de filous évadés à temps, de militaires en rupture de régiment, de moines en rupture de souvent. Deetassés et prostituLCS prêts à toutes les beso-


gnes, pourvu qu'elles ne coûtassent que la peine de tes imaginer, escrocs, fêtards, jouisseurs, cette écume vivait à l'abri des lois anglaises, terrorisant à distance tes ministres de France impuissants. « 0 vous, infortunés, les apostrophe le Diable dans un bénitier, infortunés, que des tyrans sous le nom de ministres ont forcés à fuir une patrie qui vous est toujours chère, sachez au moins, pour votre consolation, que la rage étoune à Versailles les auteurs de vos maux, quand ils songent à la liberté dont vous jouissez en Angleterre Ils écument toutes tes fois qu'ils pensent à vous et au mépris avec lequel vous contemplez leurs vains efforts (t). ? » De fait, les efforts de la police pour s'emparer de quetques-uns d'eux, notamment de Pelleport, témoignent des ordres donnés par les ministres pour étouHer ces voix discordantes qui enflaient aux quatre vents les fautes, les erreurs et les crimes des puissants du jour. Mais, dans l'ombre de Morande, encouragés et espionnés par lui, ils persistaient dans leurs tf infernales machinations », ayant toujours quelque nouvel écrit scandaleux sur le chantier.

Entre eux, ils se délectaient et se félicitaient de leurs trouvailles. a Voici qui méritait bien la bastonnade! t) disait l'un en parlant de lui-même. Cela ne valait-il pas la corder répliquait l'autre (2). » En attendant, ce leur valait quelques écus chez le libraire Boissière, ordinaire éditeur de leurs productions ordurières. Ce Boissière, ancien laquais génevois, escroc au surplus, s'était étaN! à Londres marchand do pamphlets. « M ne se vendait pas six exemplaires de ces libelles & Londres », dit Brissot (3)- Et cependant, à les vendre, il fit fortune. Son procédé (i) Le Diable dans N/t ûc/H7tCr.. j pp. t<~ it.

(!:) J.-P. Brissot, Mémoires. êdit. CL PerroMd; tome ), p. 9t6. ~) J.-P. BrtXaot, ~i-mo<n's. Mit. 0. Pemmd tome J, p. S<8.


était sommaire et génial. Il faisait dénoncer ses brochures à Paris par tes mouchards chargés de tes racheter, et ces dignes mouches touchaient un respectable pour cent sur l'opération. On pouvait plus maladroitement taire ses affaires. Aussi Boissière se trouvait-il toujours prêt à acheter ce qu'on lui pouvait proposer.

Ce n'est point en traçant da <ft6<e<tHa; monî~fHetttC, /n~Me~ ou grossiers, vils 0" ~a.ESft'eM.r,

Qu'on peut briller un jour att temple de mémoire (i). Ce n'était point du « temple de mémoire » que se souciaient les fournisseurs de Boissière i Us ne songeaient qu'aux « pounds » dont le comp&re li braire ne se montrait point trop chiche. Un des plus âpres au gain semble avoir été l'auteur de la Chronique Manda~etMe, Guillaume Imbert de Boudeaux, ci-devant benédicttn de la congrégation de Saint-Maur. Manuel l'appelle le « moinemouche », le dénonçant ainsi comme étant de la poHc&(2). Il y ajoutait la spécialité des productions obscènes, ce qui lui fit faire trois séjours à la Bastille, du 17 novembre ~72 au i février 1774; du 7 janvier t78z au 3 mars suivant; du 20 janvier 1784 au a mars suivant (3). Il avait un frère, Jean-Baptiste Imbert de Villebon, négociant commissionnaire à Bruxelles, qui lui écoulait quelques-uns de ses libelles dans tes Pays-Bas. Une lettre du lieutenant de police Lenoir à l'inspecteur Reçeveur nous montre que, tout comme le moine, le jj} R.-Bt Maison. ffa~mca~ d'un essai ~M'* ~s oMpj~'ares contraires aaa: m<Bttr<. – Almanach Marâtre of; ~-enn~ f!tpo«o<t. recueil ~~)'oftHc<«miTen M~t«on< suite a<t.B~<fen<te< <t'~poUoH <rtt'ft 'Mt'~ jMn«tm< o<n~ <mt Daffatft de ~M<m««OK; par C.a. Lucas Rochemont, membre de la société des Belles-Lettres de Paris; rarhj an t~m, in-tS, p. 56.

<9) P. Mmae). tapote de Paris efecatMe. tome t, p. 374. (3) Ch. d'HertMMttt et Gustave Bord. Documents pour N'fftr « '7fMo{~e <<e tn ~~oMton ynmfStM. tome t, p. 253.


négociant était une mouche (i). C'est ainsi qu'il fit arrêter un sieur Antoine La Coste de Mézieres. ancien officier au corps royal de l'artillerie au service de la France, auteur de libelles contre le roi, la reine et la famille royale, et auquel il avait promis « de lui procurer la vente de ces manuscrits à M. le comte de Maurepas (a), » Sur la duperie de son marchand, La Coste de Mézieres s'en fut méditer à la Bastille du 28 décembre 1781 au a8 juillet t~Sa (3). Il n'en était point encore sorti que, le février ~83, son dénonciateur l'y rejoignait. Mais il est pour les mouches des grâces d'État: le 3 mars, Imbert de Villebon courait dedans les Flandres reprendre le libre exercice de son double métier de négociant-mouchard (4). Les registres de la Bastille portent la mention d'autres pamphlétaires encore, tel Antoine-François Le Tellier, auteur d'un écrit contre la reine, enfermé du j8 décembre j~So au ao avril 178!, et exilé) après sa sortie, à Caen (5). La Révolution en fit un professeur au collège des Quatre-Nations, et la Terreur le trouva trop irrespectueux, en certain poème, envers Jean-Paul Maral. C'est pourquoi, le 6 messidor an H, elle le guillotina (6). De même la vieille prison d'Etat recevait les détenteurs de libelles ou d'écrits obscènes. En t~Sa on y écroua un sieur Jean La Casse, garçon de vaisselle du (t) P. Manuel. La police de Paris fMcotMe. tome t, p. ~S. ):J La Bastille fM!)o«ee~ troisième tivtatson, p. ~o.

(3) Ch. d'Hëricautt et Gustave Bord. BoeHmen~/xmrsenxf à l'histoire ds la Jt~poMfon ~tUtftttt'e. tome p. 264.

(4) Ch. d'H<!)'ieau)t et Gustave aord. BoetmMt~ poMrMrf<<' à fAtttoire de la J!eMO<t~&n/)Ym('a<se. tome t, p. s86.

.(5) Ch. d'Her~cautt et Gustave Bord, BoctMMM~ pour ~e~~tr ia fAMoH-e la Jt~oofaHon/~MfN~e. t. p. 286.

(6) H. Watton, membre de l'Institut, NMm're da tribunal ~Mia<«)<Ma~re de ~'arts, aoec le ~b~'aai ff< ses actes; Paris, <8S~, tn- t. IV, p. ~7.


~-tr-<t-t-M-t-~M(-~S~?<s&=e=~a!=~ # PAR PERMtSSfOK DE MM. LES MAGISTRATS DE CETTE VtLLE. LES ENTREfRENEURS des REDOUTES ont l'honneur de vous prévenir qu'en. rejoaifUnce de rheureufe dëiwrance de la REINE, ils d~nnerotM aujourd'hui Dtotanche ~mvtef i~y~

~~J; ~f~j~Q~jë~ 1 H commencera à neuf heures précires do io'r C'cft à la nouvelle # SiJte des SpeRaeks, qui fera ornée de dëeormons de fujets 1 analogues a cène Fête.

On prendra M~fPt~nnc, &f2~!<M.t~M<~MZo~M~OMr vM ~~a~mM~, ~cMrf~ que fo/ty MM!!<2/ être m~t~ La Livrée n'entrera pas mëatte eH payant. ––––––––––––––"–––––––~–––––– A S~KT-QCByiTIff. De nmpnmene F. T. HMTOv, Libraire & tmpnmm)' dtt )t0f. ~e~cx fi~

Carte d'un ]taï nm&qtië donné en .t'honaeur de l'accoUCheRK'Et de Ma.fle-ANt.uiBÈt.tc.



Grand Commun, coupable d'avoir emmagasiné dans la chapelle du roi, à Versailles, une édition entière du Pe~tte/* <<e~ Chartreux (t). C'était bien mal choisir son entrepôt. La dame Louise Manichelle, dite La Marche, avait établi le sien au Palais-Royal. Mais le lieu n'excusa pas la qualité de sa marchandise. A la Bastille du 24 janvier au 3o mars t77o (s).

Pour écrire, publier ou vendre, d'autres attendirent la chute de la Bastille. Moins de risques à courir alors Presque pas de police et plus de prison f C'est le sort heureux de Mayeur Saint-Paul, l'auteur de l'Autrichienne en ~HfMe. Cette paternité, généralement admise (3), ne lui est que rarement contestée (4). Le clam pin était digne, an surplus, de la revendiquer. De son nom de baptême François-Marie Mayeur, ]'é le 6 juin r758, à Paris, il ne devint de Saint-Paul que chez Nicolet, où il débuta en [779. Mais déjà, à l'Ambigu, à l'âge de dou~e ans, il avait commencé sa carrière. En t~o, it la fut continuer aux colonies françaises; en t~gi, comme directeur du Vaudeville-Variétés, à Bordeaux; en 1795, comme acteur au théâtre de ta Cité, à Paris; en 1798, en tournée à i'He-de-France en t8û!, comme directeur du théâtre de ta Gaieté, à Paris; en t8o8, comme directeur du théâtre ~t) La Bastille dévoilée. prcmière ~Yrt!sm), p. 106.

(~ Ch. d'Hëricanit et Gustave Bord, DocH/ne/~s ~OMr servir u MMot~ de la N&oh~oh /rNftpft<)!e.j 1.1, p. ;i84.

(3) Notamment par Ant~Uex. Barbier, Dictionnaire des OMM'a6r€~ <m<mymM. t- I, co). XsS, et J.-M. Ouérard, Les supercheries <fK;ra<es <!<poM<es,' z* e<)it.; Paris, MDCCCLXIX, in-6, <. !t, t" partie. col. )36.

~) D'une matière absurde et abusée, t'.m/ftcAe m MOyM<'«e est attiihuce à Choderlos de Laelos dans la Bt~~o~ra~Ate des ouvrages t'M; à l'amour, ait.)" ~emme: et au fMartatre, et des <~Mf: /ftce~e' pot~ayraë~MM, ;fca<ofoyt'?M€s, .W~a~, etc., pa)' te C. (c(nntpj d' fptàtriÈMie édition entièrement refondue, augmentée et mise a jour par J. Lefuonnyer; Lille, tSf~oo, in-6, t. t, col. 3M<i.


desCêIestins,âLyon; enfin, en tSn, comme régisseur du théâtre de Versailles et directeur du théâtre de Dunkerque. Ni ses rôles, ni son obscène Autrichienne en ~oguette ne t'enrichirent. Ruiné, il mourut à Paris, le 18 décembre i8t8(t).

Mais ce ne sont point là tes seuls auteurs connus des libelles contre Marie-Antoinette. « Que le signal de ces attaques soit parti de certaines coteries de la cour même, il n'y a plus aujourd'hui de doute ni de contradiction sur ce point x, écrit fort judicieusement M. Maurice Tournenx. Et il ajoute « Mais dans quelles Officines et par quelles mains se manipulaient ces poisons, il sera fort probablement toujours impossible de le dire (s). » Une d& ces officines, celle de Londres, nous est tout au moins connue. De même certains noms nous sont parvenus, ceux cités plus haut en témoignent, ainsi que celui de ce milord Gardon, lequel fut enfermé à la prison de Newgate, pour avoir fabriqué une brochure contre la reine de France, et dont, en lySi, Meister se faisait montrer le cachot (S). Quant aux inspirations princières de certains de ces libelles, si elle apparaît clairement à la lumière de certains documents complémentaires, il est fort difficile de la saisir sur le fait, d'empoigner la main tachée encore de la boueuse encre d'imprimerie de ces presses clandestines, Que penser, par exemple, de ce passage des {~ Cf. la notice sur lui en têle du D~ŒM~*p ou l'Espion da boulevard du yem~e, e/inmt'eBe scandaleuse des jM<t~ M&MrM du boa~Bfïrd du Temple au xvm* siècle, avec 7ïO~M ~o~es, par tin tîbliopMte Paris, MCMVm~ m-iR.

(2) Afaurioe Tourneux, ~û~o~rapAte tfe ~/t~ot/~ de ~a/ ~endan~ la &!tfo!a«oK /)YB)fa<je, Paris, 1~06, t. IV, notice préliminaire, p. xjn.

(3) HeYirîJMeister.N'oa~en~'A dento/t ~era~'<M~a~e<ï~NF'M ~ys~ pubjiës pour la Soefétë d'histoire contemporaine par Paul Ustéri et Eugène Rîtter; Paris, ~910, in-8', p. u. i.


A'oHMn/r~ de Jal, ou l'impression d'un libelle, qui nous est inconnu, contre la reine, est dénoncée comme étant l'œnvre de « trois jeunes princes, rebutés, dit-on a, par Marie-Antoinette (i)? Et, de même, quelle valeur ajouter à cette anecdote, infiniment suspecte, de M. de la Sicotière, qui nous est parvenue par l'entremise de M.de Lescure

Peu de temps avant la Révolution, un jeune homme qui avait travaitM comme imprimeur, mais que le manque d'ouvrage et la rigueur de sa famille laissaient momentanément sans ressources, était assis, seul et pleurant, sur un fies bancs du Palais-Royal. Quelques individus l'entourent et s'informent adroitement de son chagrin, de son passé, de son savoir-faire. Apprenant qu'il était imprimeur, ils lui offrent de l'embaucher immédiatement moyennant un bon prix et l'emmènent dans one cave du Palais-Royal. TI y Tesla plusieurs jours, occupé à imprimer un pamphlet contre la reine. Ce jeune homme, nommé Dm'and de Vignaud, Snit par occuper un poste dans les finances, Il est mort à Alençon. Nous tenons l'anecdote de M. Démine, bibliothécaire de la ville, à qui il l'avait souvent t racontée (2).

Évidemment, tout y est, le récit est complet date,. lieu, nom, mais

Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,

et cette histoire de cave secrète me paraît bien suspecte~ Cette même cave, en effet, je la vois reparaître dans un bien extraordinaire récit du bibliophile Jacob, lequel la fait occuper cette fois par les presses de Marat. Et tout comme M. de la Sicottère, le bibliophile accuse le duc u'Orlëans, Philippe-Égalité, d'avoir coopéré à cette infamie. ~fais cette fois le pamphlet est désigné en toutes {~) A. Jat, ~MH~MtM <~n A<M~e ~/feN [tyQa-tSyx]; Paris,. MDCCCLX~vn, in-tS, p. 33.

(2) M. de Lcsctire, La vraie Marie-Antoinette. p. 907.


lettres, et c'est des FMO~ A«<or<yHM sur la vie de ~tM'eAntoinette qu'il s'agit.

Ce pamphlet, avec le Portefeuille d'un talon yoa~f, est parmi les plus fameux de ceux publiés contre la reine. Datant incontestablement, comme l'a prouva M. Maurice Tourneux (t), de :78i, puisqu'il y est parte de la grossesse de la reine (s), on en trouve, en mai 1783, cinq cent trente-quatre exemplaires déposes à la Bastille, Condamnés à la destruction (3). Mais, lacéré à Paris, il réapparaissait à Londres, voire en Allemagne, où on en trouve des éditions en 1789 (4). Son succès fut extraordinaire. « Ses éditions, contrefaçons et traductions sont pour le bibliographe une cause de soucis et d'ennuis, dit M. Tourneux, et se multiplient dans une proportion qui n'atteste que trop leur vogue (5). » On vott Marie-Antoinette elle-même vanter et louer cette production, –daM un pamphlet, il est vrai, et s'écrier ravie « Ils n'ont rien laissé à désirer je les ai lus et retua avec transport le coloris en est naturel, la touche mâle et énergique, et sans doute il serait à désirer que cette description soit dans toutes les mains de toutes les jolies femmes; ce serait un guide assure pour parvenir et pour être accomplie (6). ? Tant d'enthousiasme, une faveur si (t} M. Toumeux~ Bibliographie f/e /'A~Ot7'e ~e Paris pendant la Révolution ~'an~Me. tome ÏV, p. n6 aio5t.

ta) La reine accoucha, te 23 octobre de cette année, du Dauphin mort aTcrsafHes le 4 juin t~.

(3) P. Mantiet. La Police de Paris ~eM);Me. tome t, p. 38.~ay<p-.l/)<<Me~e (sic) oo/t tA't/e~'re~cA, A'aM~K fo~ ~<A'eH6/~ ein ~oyra~At'jK'AeT* ~c/ac~ fArM /t7*~a~e&e~s, aux den ~~<ta~o<SHc7<eM~' S. t., t~Sj), im-8", i f. et 97 pp.

(S) M. Tournemx, ~ttho~rap/tfe fte fAMot~e de Paris pendant la tome IV, notice préliminaire, pp. xiu, xiv.

~ëfo~~on ,anpaMe. tome IV, notice préliminaire, pp. xtu~ x'v. (6) ~ar/e-~M~o~e~e au ~aMe ~'p~ye <t ~on jOMyraM, dans la CfM~ss~oM f~Mte~'e testament de ~a~e-~ty~o~ne~e, Marw Capet, F~ce~~c de ~es~er/M~res r~/?6~on~ mis au jour par Mn Mms-cM~<e~' J'aris, l'an dcuxîèH'e dela République; în-8"j p. 5.


« LES AIIOURS DE CtfARMT ET JOWZMZ ).. PompMct contre Martc-ABMMtte et le Ctjjnte d'Aftots. (e~i<eMoe <<'fta<cyrcj)A<-s ~fc/BT- fietjcAmaxt;.)



marquée, un succès si bien prouve par tes éditions, méritent qu'on s'arrête un court instant aux Essais A!<oriques. Il convient, tout d'abord, de laisser parler ici le bibliophile Jacob, qui accuse sans plus te conventionnel Brissot d'être l'auteur du libelle. L'accusation entendue, il y aura quelques réserves à faire ayant de prononcer le jugement. Le bibliographe écrit donc:

On n'a pas encore nommé l'auteur d'un livre célèbre publié au commencement de la Révolution et intitulé Essai histo;H~ sur la vie de J~syt'e-~ ~<ot'tM'Ke f/ H<r<c/!6, reine de France, pour sercrr&<M<o<7'e de cef/epftnec~e. A Londres, 1789, in-8 de 79 pp. Ce libella, qui eut alors un immense succès et qui fut réimprimé plusieurs fois clandestinement, a été ivcherfhe et anéanti avec soin par ordre de ia cour; les exemplaires qui ont échappé à cette destruction systématique ne ::ont pourtant ni rares ni fhers- Quant à la seconde partie, p!uh rtU~ que la première, elle pourrait bien ne pas être sortie de [tt même plume.

Dans l'introduction, l'éditeur, qui destinait cet essai historique « a porter le repentir et le remords dans rame d'une femme foupabie », se défend de l'accusation do libelliste qu'on voudrait lui adresser, et déclare qui! ne croit pas avoir dépassé les bornes de l'histoire; il dit que cet ouvrage anonyme a été trouvé à la Bastille, après la prise <le cette forteresse, le i~ juillet rySt), et que c'est vraisemblablement le même manuscrit qui fut racheté (t tout prix, am moment on il allait être publié, et qui avait alors pour titre /.&S P<MM-fem/M f.f'.t ~Oi/M~e. Un vieux bouquiuiste, fort bien instruit des particularités secrètes de la Révolution, dans laquelle il avait joué un assez triste rôle (je 1'~ connu en tS~g, étalant ses livres sur le parapet du quai Malaquais, vis-A-vis de la rue des Saints-Pères), m'a plusieurs fois assuré que ce pamphlet, payé par le duc d'Orléans, était de Brissot, lequel fut mis à la Bastille pour l'avoir ~ut Imprimer à Paris, chez Lerou~e, sous la rubrique de Londres. Le bouquiniste me racontait qu'il avait coopéré lui-même à la saisie de l'édition, qu'on enleva dudomicilede Brissot pour la transporter au greffe de la Bastille,. M. Laurence, gravem


au Palais-Royal, avait connaissance personnelle de ce fait, très important pourl'histoire littéraire et politique des causes dt. la Révolution. M. Laurence avait été attaché, en 178~, au cabinet particulier du lieutenant de police, et, par conséquent, il savait mieux que personue les motifs de la détention des prisonniers de la Bastille.

n'apres cette indication, que mon bouquiniste appuyait de témoignages incontestables, nous avons, en effet, retrouvé le style déclamatoire et Henri de l'avocat Brissot dans cette notice bourrée de calomnies, mais écrite avec esprit et agrément. M. de Monttol, dans les excellents rilémoires de Brissot, qu'il a rédigée avec les documents fournis par la famille, donne une autre cause au dernier emprisonnement de ce puMieiste, qui ne se faisait pas faute de lancer un pamphlet de plus ou de mjoms; celui que nous signalons ne paraît pas avoir été contm du rédacteur des ~o/r<?6'.

Nous avons entre les mains deux éditions de cette brochure, ~OHtes deH\ offrant te même nou~bre de pages, mais diiférenU"? d'impression pour le papier comme pour les caractères dans l'une~ mieux imprimcû que l'autre, l'introduction est en italique, et les notes sont en petit texte. Ce sont surtout ces notes qui trahissent Bris~ot ses id~es, ses haines, ses sentences, son an~U<~at)i~nte, tout l'homme enSn, se montrent à chaque ligne, Maia on me doit pas supposer que Brissot ait continué son ouvrage, auquel un mibemble faiseur de romans obscènes (le marquis de j<ade, dit-on). ajouta nue seconde partie sous ce titre Essai A/~af~!)<' sur la vie de ~sr/e-.ln~oMef/e, reine de France e~ <7e~y<M!rr~ oee a/'c/tMMC~esse tf*~tH<c/ /e nocem&e fy.'iy; orné de son portrait et rédige sur plusieurs manuscrits de sa main. De l'an de /<t liberté française 7~,0, à Verm<?M, c/iM <aJtfon<ansM/ Adtf~M Courtisanes. Cette suite, dont il existe aussi plusieurs éditions, est peu commune. On voit, par la liste des livres saisis qui étaient conservés au dépôt de la Bastille, sous le cachet de M. Lenoir, que cinq cent trente-quatre exemplaires de l'Essai A/if<0f<ytte sur /<t vie de .M<t7'M-~ln<(Mf!eMe avaient été retirés de la circulation, où, san~ doute, ils sont rentrés après la [Mise de la Bastille. On a prétendu que Marat était l'auteur du libelle, composé sous les anspiees du duc d'Orleaus, et que l'édition originale avait été


fabriquée dans la cave il imprimait en cachette son jonrnai <)t' t'.tmt <<<: pea~e (i).

Ouelques réseires faites, le vieux bouquiniste écarté, !{s presses de Menât sorties de cette cave du PalaisRoyal et placées dans un autre lieu, on peut reconnaître que, contrairement à ses habitudes, le bibliophile Jacob ne s'est point trop écarté de la vérité. Il est exact que Brissot ait été arrêté, le 11 juillet t~S4, et mis à la Ba~tille. Le !4 juillet il y fut interrogé par le lieutenant de police Lenoir. « Il m'apprit que j'étais accusé d'avoir composé des libelles a Londres contre la reine (a). » On voit bien que Brissot ne cache pas la cause de son incarcération. Mais le bibliophile Jacob n'a point poussé si loin. Dommage. Car dans une des justifications de Brissot il eut trouvé d'autres détails, qui, peut-être, eussent rhangë ses idées sur la culpabilité de l'avocat. « Lorsque j'étois à la Bastille, on me présenta un faux certificat arrivé de Londres, o& le parjure [Morande] attestoit que j'étois l'auteur d'un libelle contre la reine. Cette pièce contenoit la preuve de sa fausseté; elle sauta à mes yeux; je la montrai à M. Lenoir. Grand Dieu! lui dis-je, à ~juel danger l'innocence n'est-elle pas exposée dans vos mains! Sans un anachronisme je perdrais la vie peut'~tre (3) ) » Le « parjure dont il est question n'est autre que Morande. Ce trait s'accorde assez bien avec ce qu'écrit l'auteur de ./a</e /)At7o«op/<e « Cet homme a un talent particulier pour sonder les coeurs; ses regards perçants pénètrent tous les replis de votre âme; il voit (t) P.-L. Jacob, bitttiophilc. Énigmes et <~f'oa~er~ 6t&Kopf<tt'<<r«m. pp. 964, 36!), 966.

~) J.-P. Brissot, Jfcmoffe! édit. CL Perroud; tome H, p. 7. f:t) Mpomm fte AtC<fMm-~<e~re Brissot à tous les K<)e«<t<e~ p. 40.


tout d'un coup le parti qu'il peut tirer de vous, et comme son intérêt est son unique règle, que l'honneur n'est à ses yeux qu'une chimère, vous êtes assuré d'être sa dupe du moment qu'il en a formé le projet car il a autant d'adresse pour en imposer et mettre à exécution ses perfides desseins qu'il est peu délicat sur les moyens à employer (r). )~ Mais Brissot, une troisième fois, s'est défendu d'Être pour rien dans les ~MCM ~M~7*NM ou tout autre libelle contre Meu'ic-Antotnettc. « Ma déclaration ne doit pa~ être suspecte eu ce moment, dit-il, au motnent où Fon ne ~oit pas d'un même oeil que les ministrds passés ces brochures qui leur donnaient le frisson. Eh bien! j'afHfKte sur ce qu'il y a de plus sacre que je n'ai.jtjLmaiti eu part, ni directement, ni indirectem&m,, & aucun de ces écrits et que j'ai toujours eu en horreur surtout le genre des libelles privés (a). )) Enna, puisque le bibliophile Jacob a lu La /*ohee d<* AtyM ~M). de Manuel, comment n'a-t-il pas observé que Manuel accuse expressément un nomme Jacftnet d'a~'oir fait imprimer les ~.Mits ~t~o~-A/N~ (3) Une teUe omission est bien regrettaMe dans une cause aussi délicate et diffioile, et d'autant plus que Manuel est nneantorité eu la macère, ayant eu pour se prononcer les papiers de la police à sa disposition. An reste, ce sieur Jacquet va nou~appM'aMre sous un jour significatif, qui autorise à le croire le seul auteur, en ooHaboration avec Pelleport peut-être, de ce pamphlet qui pose encore A l*hiatoire son troublant point d'interrogation.

(;) .Mt'epM&MapAe. tome tl, pp. 9, 7.

(a) ~~p~rîM<~ V. ~r~so~ ~.GA~ss y/î~~eaMj~HHt~e~Patris, 3o avril 179~? !n-~ p. 25.

(3} P. Manuel La Police ~e 7*tH'ts df~'oi'Me. tome 1, p. 3S.


ANTOINE Q~ Fo~Q~~FR-T&N~ILLE,

Accmatcur du Tnbunat Cnminel extraordinaire et

révolutionnaire établi à. Paris par Decrer de la-Convenriwr

Narionule dn to mars t)~ l'an deuxième de la.Re·pa-

b(iquc· sans aucun recours au ~'ribunal de Cassation en

vertu du pouvoir a lui donné pai ('Airiele deui`d'un autre

Deirct de la G·onvrnrion dn einq avril ,raivaat portant

que t'Accusateur Public dudit Tribunai est autorisé à f~irc

arrÙcr, poursuivre et juger sur dénonciation des autori

tés <onstituécs des Cncvcns


Ce!! notes ont montre quelques-uns des personnages du personnel de la diffamation. A considérer attentivement leurs actes, il paraît bien qu'ils n'aient point obéi à une consigne donnée, mais plutôt à leurs besoins. par la menace d'un libelle, faire chanter le roi, la police! Facile opération toujours couronnée d'un fructueux résultat, manière commode de tirer parti d'une plume inutile, opérations de chantage dans lesquelles, en ayant donné l'exemple, Théveneau de Morande était passé maître. De l'arjreut, beaucoup d'argent pour quelques misérables feuilles de papier noircies dans une taverne, entre un pot de bière et la pipe d'un marchand en goguette Agréable et dorée perspective! De la haine contre la reine? Point. De l'amour pour les écus du trésor, voilà tout. C'est pourquoi les pamphlets venus de Londres doivent avoir, dans l'étude de cette histoire secrète de Marie-Antoinette, une Importance moins considérable que ceux-là éclos sur le pavé de Paris, à partir de i~89. Ceux-là, du moins, n'attendent plus d'être rachetés par la cour; de ceux-là les obscurs auteurs ne font pas de brillantes opérations financières. Cela se vend un sol, et combien de sols ne faut-il point pour faire un écu, à p~mc un misérable repas chez les traiteurs du PalaisHayai? Ces pamphlets de Paris, c'est là le seul cri véritable de la haine contre la reine, l'unique expression de fureur contre la souveraine qui a à disputer, aujourd'hui, sa pudeur et son honneur au peuple, à son peuple; demain sa tête aux juges de la Terreur. Mais ici le fil conducteur nous manque pour démasquer les auteurs, pour dénoncer leur procédé. A travers la nuit on ils plongent, leur main s'allonge, se tend, s'ouvre, et lâche Hu vent la feuille humide et grise où s'étale le déshonneur de celle que plus rien de ce temps n'absolvera. sinon la mort,


Et même alors, le pamphlet deviendra en quelque sorte rho~e officielle. En des tomes autrement âpres que ceux de Pelleport, on saluera cette tête qui tombe, cette femme qui meurt. Libelles que toutes les lettres, que toutes les félicitations qui célèbrent l'expiation de Yea<Mmiaire. « Kons avons appris la chute des têtes coupables et nous nous sommes écries « La République est sanvëe! )) dira la SocietëpoputtnredeRozey,en Seine-ttMarine, à la Convention. Et « EUe n'est donc plus, cette féroce Autrichienne dont chaque ttetirë d'existence fut marquée par un forfaît; cette tigresse altérée du sang des Français, qui épuisa tous tes moyens pour le faire rouler, cette autre Messaline dont le cœur corrompu renfermait te ~ettne fécond de tous les crimes; périsse tt jamais sa mémoire exécrable (t)! x Et ce seront les sansculottes de la Société populaire de Garlin, près de Peau, ~t'~ dans tes Basses-Pyren~ef), qui écriront, à Icurs députes, d'une plume furieuse et rude Il La panthère féroce qui dévorait les Français, le monstre femelle dont tous tes pores suaient le sang* le plus pur des sansculottes, terrassée par !'Hercnte de la Montagne, vient donc d'expier ses noirs forfaits t Puisse la guillotine qui a tranche la eha!ne ensanglantée de ses jours, celte chaîne dont chaque anneau était entache de la rouille du crime, faire le tour du globe et ~raTer sur le cou sacré de tous les traîtres et de tous tes anthropophages qu'on appelle rois le sceau majestueux de l'egalité de la République universelle puisse la massue nationale assommer tous les traîtres, tous les Brisso(;) ~rcA<M< nationales, séfie CU, earton 841. – Aecae ~<fo<pef MM, ttcaeti de pièces <rtMress<Btte! e< de f«<t«o<M curieuses; Paris, in-ig, tome V!, p. 47.


tins (! Brissot ce Brissot contre lequel, accusateur, s'élève Morande.. Et ce sera encore le citoyen Lapierre qui mandera « à cest frères républiquains x de la Société populaire de Carentan « M~ries-Antoi*nette la garces, a fait une aussi belle fin que le cochon à Godille, charcutier de chez nous; elle a été à l'écha. fau avec une fermeté incroyable, tout le loa de la rues Samtt-HotMTe; enfin, elle a traversé presque tout Paris en regardant le mondes avec mépris et dédain, «Mis partout oH etie a passé, les vrais sans-culottes ne désesais pas de crier Vioes la ~pa&</y<t?~ &a~ la //r<?H?/ La coquines a eue la fermeté d'aller jusqu'à t'echafau sans broncher, mais quand elle a veue la médecines à l'épreuve devant ses yeu~, elle a tombé sans forces. Mais c'est égal on lui a donné des vallais de chambres et des garçoca perruquiers pour lui faire sa toilette et quoique quel n'est pas de barbes, on tni a pas moins faites, et quoique les fames n'en aye pas, cela n'empêche pas qu'on les MM toujours (2). » Ah! où sont-elles alors les anodines injures des libellistes de Londres, des obscurs gazetiers qui n'osaient point souhaiter l'horrifique trépas de la femme dont ils coit Aient avec impudenee?. Pauvres et miséfabtes voix bien perdues alors dans les lointains effacés du passé, voix étouffées, dédaignées, oubliées, voix ealom!') M. de LMeure, Les ft~o~ra~/tes en J!'f<Mtee e<<t <'e~'sf!iirfi*; /)o/~'aXt-, f.'M;'at'<~re~, (mectMM. curiosités; Paris, 1865, ia-8", p. i~.–M. Fr~iff-ic Massaott igfnn'&ît, vraisemblablement, ce~tc pubUcat!t)n quand it a rfi!mprimB cette lettre, d'après l'original de t.( cjMeeti ~a ~fcntoiit (Bibliothèque nationale, maanscri~s, aouve!tcs ac~ïtilions françaises, n* ~,759, p. M;), dans la 7!etta<! rf'<fO~)ec~fM. tome xvm, [~, p.

)2~ ~re~ffM HaMo/M< sf'rie C n, earton~ 8%).J!emK r'ArM7'~); tome VI, ;8!< )<. ?.


matrices de naguère, que vous fûtes peu de chose et parûtes innocentes dans l'orage qui, des quatre coins de la France en explosion, attestait la vertu républicaine de l'ignominie de la condamnée maigre et blême, qu'attendait, sur sa couche de chaux vive, le noir charnier disert de la Madeleine


IV

LE ROMAN COMIQUE DE LA POLICE

Le ministère Français et les réfugiés. Rôle de la police. Escroquerie de t'aient d'Anouilh. L'inspecteur Reçeveur lui fait rendre gorge. Importance du sieur Receveur. Son passé. L'expédition pollcièrc de mars t~SS. Tour que les lihellistes jouent au policier. Les comptes et contes fantastiques de Hej~vtur. Résultat de sa mission. Dédain du ministère pour les tibeMes. Surveillance qui est exercée sur les imprimes. Les pamphlets et ta police au début de la Révolution. Une plainte contre le .Mfe Brn-Aerne. Le dernier refuge des libelles les maisons de prostitution. L'Enfer de la Bibliothèque nationale.- Documents à ajouter aux renseignements de Parent-DucMlelet. Passons maintenant de l'autre côté de la barricade. Chez les pamphlétaires nous avons trouvé des misérables et (les filous; chez la police nous n'allons rencontrer que <ies caquius et des escrocs. Vis-à-vis deslibellistes, t'infcriorité des mouches était évidente. A Londres, les réfu-


giés se trouvaient à l'abri, sur un terrain connu, pro. tégés par la loi, n'étant plus an temps où la Chambre Étoilée coupait les oreilles aux fabricants d'écrits cato~.nieux ou les cadenassait, chaînes aux poings, dans tes culs de basse fosse de Newgate (t)~ La liberté anglaise les couvrait de son égide, et les policiers passés en Angleterre ne pouvaient en appeler qu'à la ruse pour mettre!) la patte au collet des moustiques harcelant les lions ministériels. Ce compliquait singulièrement leur tâche. Quoi organiser des chausse-trappes, des embuscades, faire le matois et le .En, alors que, fier, escorté du guet, avec les sergents à verge et tout l'appareil sinistrement potnpeux de la justice du roi, on était accoutumé à opérer à Paris? Et puis, ce n'allait pas sans dangers, sans risques de coups de bâton, ou sans avanies de la part du peuple anglais, si jaloux de cette liberté qui lui faisait son orgueil national, de cette hospitalité qu'il accordait d'autant plus large qu'elle l'honorait davantage. Alors le ministère français conçut l'idée de faire voter, par le Parlement anglais, un « bill » contre les auteurs d'écrits incendiaires réfugiés dans le Royaume-Uni, soit en pesant sur le gouvernement britannique par l'offre d'un échange de conventions d'extradition, soit en corrompant les ministres ou certains membres influents du Parlement. C'était là se lancer un peu à l'aveuglette dans une périlleuse aventure, mais comment s'en étonner quand un lieutenant de police, comme Lenoir, disait tirer des renseignements sur l'Angleterre d'une « excellente source »? Cette « excellente source )) n'était autre qu'une fille publique ayant, quelques mois, traîné ses semelles à Londres (a) Ce fut donc une mission de corruption qui) <;) P. Manuel, La Police de Paris <<t'MM'<ee. t. J, p. 137. <a) (f Je tombai de mon haut quand j'appris que cette exceUcatc Mureo était celle d'une fille entretenue qui avait passé trois années



en !8a, fut confiée par M. de Castries, ministre de la marine, à un policier, Alexis d'Anouilh, né~ à Solis, dans le Languedoc. C'était, ditPelleport, qui s'y connaissait, –t'espMn des poissardes et des filous (i). H était donc tout désigné pour corrompre M, Sheridan. Muni de 5,000 louis, il se déguisa en marchand de parapluies et passa le détroit (a). Mais, de sa mission, et surtout de l'emploi de ses fonds, il s'était fait une bien singulière idée. Le Diable dans un bénitier, qui relate son aventure, dit qu'il « court les canes, voit les filles, fait des paris pour la prise de Gtbralt~r, enfin mange en un mois n,ooo livres des fonds destinés à la marine (3). » n poussa l'effronterie jusqu'à reparaître devant le ministre. Mais le compte rendu de sa mission ne parut pas fort net. 0 n envoya l'inspecteur Reçeveur la contrôler à Londres. Receveur flaira aussitôt la duperie. « Oh monsieur, dit-il au ministre, ce coquin-là nous prend pour de grandes b~tes; je lui chaufferai les mollets de si près que nous saurons bien ce qu'il a fait de l'argent (4). n Ce ne devait pas tarder.

Ce Receveur, qui joua un rôle considérable dans le roman des policiers et des libellistes, était un mouchard de haut vol, lesté de 4o,ooo livres de rentes, chargé d'un brevet de colonel, au régiment des mouches? et honoré de la croix de Saint-Louis (5). Il avait, au dire de Pelleport, débuté fort jeune dans la carrière. « Toute à Londres, et qui dans ses petits soupers donnait à Lenoir des leçons de Politique ane'IMse. B J.-P. Brissot, Mémoires. édit., CL Perrom), tome I, p, 322.

(IlLe Diable dans tM Mn~tM' p. M.

(~ P. Manuel, La Police de Atns <MpOf«e. tome t, pp. 267,268. t3) Le Diable dans un bénitier. p. 22.

(4) Le Diable dans un bénitier. p.

(5) P. Hanne), La Police de Paris (teooti~e. tome l, p. sNi.


mon occupation, tout mon plaisir dans mon enfance était d'accompagner les mouches dans leurs captures. jt Voilà l'aveu de Reçeveur dans Le Diable dans un bénitier (t). Là nous apprenons que le jeune Receveur faillit épouser la fille du bourreau, par admiration pour les travaux du père. « La demoiselle me plaisoit assez et sembloit pré.voir combien je devois un jour fournir des pratiques à M. son père (s). ? Mais Reçeveur père y vint mettre le holà et son rejeton fut promis à de plus brillantes unions.

Pour le présent il enquêtait à Londres et recueillit les preuves de l'imposture et du vol d'Anouilh. Le 3 septembre 1782, le marchand de parapluies entrait à la Bastille (3). Reçeveur, apparemment, lui chauffa les mollets d'importance, et Pelleport ajoute même qu'il lui fit appliquer la question ordinaire et extraordinaire. A la suite de quoi le filou avou~et tira de la ceinture de sa culotte un portefeuille de satin gris « qui renfermoit tes précieux restes du marchand de parapluyes (4) ». Ce détail donne à penser qu'on fouillait bien mal les prisonniers à leur entrée à la Bastille. Mais, enfin, à fort bon compte, Anouilh se tirait de sa farce cinq mois et cinq jours de prison. Le 8 février !?83, on l'envoyait vendre des parapluies ailleurs.

Un mois plus tard, jour pour jour, le 8 mars.Reçeveur, en grand équipage, brdlait le pavé du roi, en route pour Calais. Il retournait en Angleterre, chargé d'une importante mission. On venait de signaler au ministère une édition des ~mot< de C/ts/o< et ?bM<~e et les Petits tit~eMaMedfMSB/tMTiMef. p. to?.

{a} Le Diable dans an 6ëHt~te/ p. 108.

(3) Ch. d'IMricauK et Gustave Bord, Documents pour servir à t'A' toire <:e la Afoo<tt<Km ./)-<Mp!Me. tome J, p. 197.

)<) Le Diable dans an M~Mer. p. St.


soupers et nuits de l'hôtel de Bouillon, où le ministre de la marine jouait un rôle peu conforme à la gravité de sa haute charge. Receveur avait ordre d'acheter le premier libelle pour 200 guinées; le second pour 100 (1). Le prix étai t respectable. « Pour étouffer les pamphlets à leur naissance, dit l'auteur de la Bastille dévoilée, on a dépensé plus d'argent, soudoyé plus d'espions que si l'on eût voulu traiter de l'affaire d'État la plus importante (2). » Mais, quoi, était-ce là innover? Et d'Argenson n'écrivaitil point déjà, le 6 janvier 1748 « Jamais nous n'avons tant dépensé qu'aujourd'hui à gagner lesgazettiers(3)? » Qui disaitgazettier ne disait-il point libelliste? Receveur, décoré, chamarré, voyageait sous le nom de baron de Livermont. Il s'était fait accompagner par une bande de mouches, parmi laquelle on remarquait particulièrement un sieur Humbert, « un grand, gros et large coquin, qui a été abbé et houssard (4). » Tout ce beau monde débarqua en droite ligne à Londres, à l'hôtel de l'ambassadeur de France, le comte de Moustier.

Le baron de Livermont se mit aussitôt en rapport avec son aide, Theveneau deMorande, et Goêzmann, le fameux adversaire de Beaumarchais, qui, lui aussi, espionnait en Angleterre les libeltîstes (8). Le Diable dana un bénitier contient sur cette mission de bien curieux détails. On sait par lui qu'elle donna l'alarme aux pamphlétaires qui s'empressèrent de vider les lieux devenus dangereux, mais ils ne le firent point sans jouer à Reçeveur un tour (1) P. Manuelj La Polies de Paris dévoilée. tome J, p. 341. i. (a) La Bastille dévoilée. 3' livraison, p. 56.

(3) Mémoires d'Argenson, tome nI. p. 237. Eugène Hatin, Les gazettes de Hollande et la presse clandestine aux XVII' et XVIII' Mêles; Paris, MDCCCLXV, in-8», p. 42.

Ml Le Diable dans un bénitier. p. 66.

(51 P. Manuel, La Poliee de Paris dévoilée. tome I, p, 236.


de leur sac. Ils répandirent et affichèrent de petits billets incendiaires qui mirent aux trousses des policiers la foule, les libraires et les imprimeurs

TOCSIN

Ou sols à toute personne et sur-tout aux étrangers. L'esprit généreux des Anglois est Indigné contre une bande de désespérés coquins, arrivés de Paris, munis de Iraillous et de poignards pour enlever les auteurs des trois bruclnires suivantes

Les passe-temps (l'Antoinette.

Les amours du vizir V. (i)

Les Petits soupers éè l'hôtel de Bouillon.

Ils ont amené des chaises de poste à panneaux dans lesquelles on peut aisément cacher un homme, et qu'ils tiennent aux environs de Duke-Street (a).

Ce fut un beau tapage. Receveur fut menacé de la Tamise; ses acolytes tremblèrent pour leurs oreilles. Le 28 mai, bredouille, la bande décampait de Londres et ralliait Paris. Le baron deLîvermolits'enfut régler ses comptes et fournit au lieutenant de police ce détail extraordinaire, dont chaque article a une saveur propre. Fi de ce d'Anouilh qui escroquait si maladroitement 1 On verra ci*après que Reçeveur, lui, baronnat oblige, -filoutait dans les formes

Départ le 8 mars.

Pour 35 postes de Paris à Calais,1 la royale

comprise, à trois chevaux, guide à 20 sols,

et sortir de Paris 170 1. 5 s. Pour nourriture en route, ouverture des portes

d'Amiens, Montreuil, Boulogne, un postillon

de plus pour les faire ouvrir et pourboire

aux gargons d'auberge 4' l. i* s- (1) C'est-à-dire le ministre Vergennes.

(2) Le Diable dans lin bénitier. pp. gg, ioo.


pour avoir couché le 10 à Calais, dîné le u, tant pour le chevalier Goudard (l) que pour moi et mon domestique y avoir changé 50 louis contre 5o guinées, perte a Pour passeports, transports de malles, garçons d'auberge, mon passage à Douvres et celui de mon domestique, pourboire des matelots et commis de la douane à Douvres Pour avoir squpé et couché à Douvres, voiture pour aller à Londres, pourboire des postilrIons, nourtiture et faux frais en route pour avoir été obligé à Londres de me faire habiller à l'anglaise» Pour achat de six exemplaires des Petits Soupers, de caricatures pour M. Le Noir, d'autres pour M. le comte d'Adhemar et d'un État des Cours de l'Sarope. Fiacres pour mes courses et voitures pour aller aux environs de Londres chercher l'abbé Landisse ». Dépense à la taverne" où, pour le bien de la mission, j'ai donné à manger aux sieurs Morande, Chevalier, Joubert; Mougrand. abbè Landisse, Pelporre (a) et autres.

(1) Mouche- Sa femme a publié une brochure apologétique de la du Barry sous le titre Remarques sur tes anecdotes de jtf™ la comtesse Duharry, par M"» Sara G. traduites de l'anglais; Londres, MDiXi.XXVH, in-iS. C'est la réfutation du volume de Pidansat de Mairobert, Anecdotes sur M" ta comtesse Dttbarri Londres, MDCCLXXVH, in-8°

[s.) On voit par cette mention que Receveur était entré en relations avec Pelleport, auteur des Passe-temps d'Antoinette (ou Vie d'Antoinette) qu'il était chargé d'acheter. Brissot donne sur ces pourparlers quelques curieux éclaircissements. « Il (Pelleport] me parla un jour d'une Vie de Marte-Anioinetfe que Receveur marchandait je demandai st elle existait, s'il en était 1'auteur Il me répondit que j'étais trop honnête homme pour me faire de pareilles confidences, et je ne lui en parlai plus que pour l'engager à renoncer A ce trafic qui MA ou tard causerait les malheurs de sa vie; il rit de ma prédiction, qui ne se vérifia que trop. J'ai appris depuis que le marché ne put se conclure. Pelleport demandait 600 louis Receveur,

24 1. >O S.

3O 1. 12 S.

33 1. lo s.

i3i 1.

SKI* 1-

6 1, 0 s. 6 d. 253 1. i5.

162 1.


Pour huit visites d'un chirurgien, lors d'un

gros rhume; opéra, comédie où j'ai été six

fois, commissionnaires observateurs, ports

de lettres, papier, encre, et autres petites

dépenses de curiosité 35o l. 17 s. Pour ma dépense de bouche, vin compris, et

celle do mon domestique, à 12 livres 12 sols

par jour, prix convenu, mangeant ou non,

pour 76 jours 920 1. 12 s. Payé pour logement et dégâts dans le loge-

ment 376 I. 19 s. Pour blanchissage toi I. 11) s. Payé à un écrivain 1 109 1. 12 s. Pourboire aux garçons et filles, tant dans

l'endroit où je logeais que dans les tavernes

où je mangeais 36 1. Sommes avancées.

Au Sieur Marande. 4o g. 98; 1. Au chevalier Goudard i.Utl. 10 s. Au baron de Thurn (1) n 1.2331. [5 s. A Pelporre > 76 L 7 s. 6 d. Au chevalier Joubert i56 1. 3 s. 6 d. Plus au même, compris une chemise, un col

et un mouchoir que je lui ai achetés 148 1. 10 s. 6 d* A l'abbé Landisse, pour lui avoir acheté un

habit complet, l'avoir payé de ses traduc-

tions et lui avoir donné de quoi vivre, dont

je n'ai pas tiré de reçu, avant de l'avoir

chassé pour ses trahisons 3go L ig s. 9 d.

Parti de Londres le 28 mai. v

Voiture pour le chevalier Goudard, moi et

mon domestique, pourboire des postillons,

qui voulait sa part, n'eu offrait que 3oo Felleport, furieux, publia contre Reçeveur, Morande et la police, l'écrit satirique qui fit tant de bruit dans le temps sous le nom du Diable dans un bénitier. » J.-P. Brissot, Mémoires. édit. CI. Pcrrond, tome I, pp. 320-321. (i) Pseudonyme de Goêzmaan à Londres.


nourriture tant en route qu'à Douvres, port des bagages au paquebot, pourboire des garçons et filles, passage de la mer, pourboire aux matelots, visite et portage des bagages pour dépenses à Calais, nourriture de Calais à Paris, commis des quatre barrières jusqu'à Amiens, graissage de chaise Pour 35 postes de Calais à Paris, à trois chevaux, deux guides, 20 sols chaque poste, 8 livres 5 sols (35 livres) Pour louage de chaises depuis le 8 mars jusqu'au 2 juin, 87 jours à 4 livres Pour avoir envoyé à Monseigneur de Vergenuos la dépêche dont m'avait chargé Monsieur l'ambassadeur, y avoir été le 3 pour lui rendre compte, y avoir dîné, fiacres, etc. Déboursés faits à. Paris avant le départ, lesquels ont recommencé le 7 décembre 1783, à l'occasion des lettres adressées de Londres à mesdames de Bouillon (1), avec le prospectus des Petits Soupers et pour diverses autres informations relatives aux libelles et à la commission d'Angleterre, jusqu'au 7 mars suivant, inclus» veille du départ Fiacres pour avoir été diiférentes fois chez M. Le Noir et ailleurs Donné en différentes fois chez le sieur Lacoste de Mézières (a) Donné au sieur Rogier pour écritures et mémoires mis au net Rendu au sieur Barbier pour avances de ports de lettres dans l'affaire du sieur Danouilh Voitures pour aller à Versailles y prendre les intentions du ministre »

(1) Ces lettres leur proposaient le rachat du manuscrit et de l'édition da libelle, L'auteur présumé en est Pelleport.

(2) On a vu plus haut que, du 28 décembre 1781 an 28 juillet 1782, ce La Coste de Mézières, pour avoir fabriqué des libelles contre la famille royale, fut enfermé à la Bastille.

211 1, r5 s.

87 1. 18 s.

292 1. 10 s. 6 d. 3481. 1.

64 1. 17 s.

8,042 1. 7 s.

39 1. 16 s.

96 1.

78 1.

4 1. 4 s.

18 1. s.


J'ai touché à Londres par les mains du sieur

Texier, banquier, la lettre de crédit de

M. Wandeniver (i), de la somme de 4<x>

louis de France, formant celle de 9,400;

mais par les changes et la réduction en

livres sterlings, je n'ai reçu que réellement. g.Joo Ma dépense tant à Londres qu'à Paris est de 4-s7^ 1- i5 s. L'argent que j'ai avancé se monte à 4- l*>4 L 7 s. Total 8.38o 1. 3 s.

Je redois donc t g4s 1- i8 s. Nota. Le 22 avril, ma bofite m'a été volée. Elle valait intrinsèquement dans son poids 3« louis et

demi ». 780 1. Le magistrat est supplié d'y avoir égard (2).

Le détail de la tabatière subtilisée est savoureux. 11 n'appartient pas tout à fait à l'imagination de Receveur. « C'est un petit Savoyard qui a fait ce bel exploit », dit Le Diable dans un bénitier (3). Hum Pelleport me semble bien s'être déguisé, pour la circonstance, en marchand de parapluies.

Ce roman comique, s'achevant par de si beaux contes fantastiques, eut au mains pour effet d'ouvrir les yeux au ministère français sur l'inutilité de ces missions où les policiers trouvaient des rentes. Ce fut le nouvel ambassadeur de France à Londres, le comte d'Adhémar, qui leur pin (a le coup de grâce. Le jour même du départ de Reçeveur pour le continent, il donnait sur toute cette louche affaire un avis sagement motivé, auquel se rendit Vergennes. Le 12 juin, le ministre écrivait au lieutenant, de police

(1) Lisez Vandenyrer. C'étaient les banquiers de la Dn Barry, guillotinés avec elle

(s) P. Manuel, La Police de Paris déooiUe, tome I, pp. 280, 251, 252, 253, ^54, 255.

(3) Le Diable dans un bénitier. p. 134.


Depuis le retour de M, Receveur de sa dernière mission à Londres, monsieur, j'ai reçu une dcpêdhe de M. le comte d'Adhémar, en date du 28 mai dernier, touchant les libelles qui s'impriment en Angleterre et qui sont depuis longtemps l'objet de nos sollicitudes. M. le comte d'Adhémar appuie avec force non seulement sur l'inuUIité, mais encore sur les inconvénients des mesures employées jusqu'à présent pour mettre un frein à l'audace des libellistes et un terme au débordement de leurs infâmes productions. L'avis que cet ambassadeur a proposé, de dévouer au mépris les détestables écrits et de ne toit» aucune démarche pour en arrêter l'impression, a prévalu. Je suis chargé de vous en faire part, monsieur, mais Je ne vous en recommande pas moins de faire veiller de près les colportours et de punir très sévèrement ceux qui vendront de papilles infamies, et de vouloir bien m'cn informer. fietis d'un autre côté à la ferme générale pour recommander à la Compagnie de taire visiter soigneusement tout ce qui entre d'imprimés par les ports de la Manche et par les barrières de la Flandre et du Hainaut, de saisir et arrêter tout imprimé et de les envoyer à la Chambre syndicale à Paris, pour y être soumis à votre inspection. A cette précaution, j'ajoute encore celle de mander à M. d'Oigpny de redoubler d'attention sur ce qui peut venir par la voie de la poste et d'arrêter tout envoi suspect.

J'espère que les mesures produiront l'effet qu'on en attend, et qu'en condamnant au mépris les atrocités des libelles, nous parviendrons à amortir la cupidité des libellistes, En faisant part de ces dispositions à M. le comte d'Adhémar, je lui mande qu'il n'est pas moins nécessaire de surveiller la conduite de ces écrivains orduriers et scandaleux, et je le prie de continuer à m'informer de ce qui pourra se débiter de ce genre à Londres (1).

Le gouvernement, escroqué par les pamphlétaires, volé par ses agents, se rendait, enfin, à l'évidence. En supprimant l'onéreux achat des libelles, il enlevait évidemment à leurs auteurs le désir d'en faire, Il ne s'en vendait lân. (1) P. Manuel, La Police de Paris dévouée. tome l, pp. i5â, 154,


pas six exemplaires à Londres », avons-nous vu écrire Brissot. Et dès lors le mal était coupé à sa racine. Au reste, supprimés par l'absence de gain, les libelles allaient reparaître, éclos de la haine. Ce fut un court répit. Six ans à peine. Dès 1789 on en imprimera à Paris même, et, alors, que feront contre eux les efforts d'une police émasculée, impuissante, nulle demain?

Mais, en attendant, pour les supprimer, on redoublait d'efforts contre eux. Tous les exemplaires saisis étaient versés à la Bastille, condamnés àla destruction. Naguère, à Rome, ces exécutions s'entouraient de la pompe judiciaire de l'Église inquisitoriale. Sur un éohafaud, face au bûcher, se plaçaient les juges-cardinaux. Sanglé de chaînas de fer, le livrecondamnéétait remis au bourreau, lequel, après l'avoir élevé aux quatre points de l'horizon, le déchirait feuille à feuille, trempait chaque page dans la poix bouillante et jetait le tout au bûcher flambant, parmi les cris de haine du peuple contre les philosophes (r). Mais à la Bastille ce pompeux appareil n'était point de mise. Les libelles étaient livrés aux bas officiers qui les déchiraient en présence du garde des archives. Sur chaque lot étaient prélevés vingt exemplaires, « pour les distributions d'usage ». Le reste, lacéré, en lambeaux, était vendu, à raison de 7 livres 10 sous le quintal, au cartonnier Tissait, lequel façonnait ces coûteux débris et fabriquait, des Amours de Chariot et Toinette, de fort bons cartons à chapeaux (2). Peut-être bien que dans ces bottes, M'10 Rose Bertin portait ses modes les plus récentes à sa royale cliente de Versailles.

La Révolution, naturellement, ne proscrivit pas avec le même acharnement les écrits contre les puissants de (1) P. Manuel, ha Police de Paris dévoilée. t. I, p. 35,

(a) P. Manuel, La Police de Paris dévoilée. t. I, pp. 38, 42.




la veille. Les colporteurs ils étaient trois cents au 2i décembre 1789 (1) les vendaient publiquement. Sulean dénonce, le 21 mai 1790, au président du district des Feuillants, de jeunes colporteurs vendant, sans s'en cacher, La Correspondance de la reine avec d'illustres personnages, brochure « très édifiante », dit-il (2). En effet, c'est un fort venimeux pamphlet contre Mùrie-Antoinette. Si la vente en était publique, ce n'était point faute, toutefois, de mesures de police rigoureuses prises par la municipalité. Dès le »4 décembre 1789, Manuel envoyait aux districts une circulaire relati ve l'exécution d'une ordonnance de police contre les imprimeries clandestines

Le droit d'écrire, y disait-il, est celui de tous ceux qui pensent, mais l'écrivain qui cache son nom ne mérite pas d'être lu. Avec l'aide des deux forces civile et militaire des districts, la municipalité parviendra à fermer ces bouches publiques d'où sortent tant de calomnies et de mensonges. Nous vous prions, messieurs, de bien vouloir nous donner avis de toutes les imprimeries que vous fionnaitrez dans votre district, pour qu'elle^ puissent être soumises à un enregistrement dans nos bureaux. L'attente où nous sommes tous d'un décret de l'Assemblée nationale ne nous permet ni de les défendre ni de les autoriser mais encore faut-il qu'elles n'échappent pas à notre vigilance une presse clandestine est l'arsenal des méchants (3). La circulaire, on le devine, visait particulièrement les (t) Catalogue d'une importante collection de document» autographes et historiques sur la Révolution française depuis le i3 Juillet 1789 jusqu'au 18 brumatre an VIII; Paris, 1862, in-8", p. 109, pièce bp 153^ a".

(a) Cf. la lettre de Sulean dans les Actes des Apôtres, ita, pp. 21, 33, 2S,

(3| Catalogue d'une importante collection de documents auloffraphea ei historiques sur la Révolution française. p. 109, pièce il" ISS, 3".


imprimés anti-révolutionnaires, mais le vague de ses déclarations autorisait encore les poursuites contre les écrits anti-royalistes. Ainsi, le 4 mars 1792, Hébert fait crier par les rues le n« 1 15 de son Père Duehesne intitulé: Grande colère du Père Duchesne contre M"" Veto qui lui a offert une pension snr la liste civile pour endormir le peuple et le tromper, afin de rétablir la noblesse et de ramener l'aneien régime. Ce titre, les termes de l'article paraissent « contraires aux bonnes moeurs », un « véritable scandale », à un sieur Jean-Jacques Guérin, demeurant rue Basse-Porte-Saint-Denig, n" 7. Incontinent il se rend dénoncer la feuille et porter plainte au juge de paix Jean-Valentin Btiob, lequel mande l'imprimeur du Père Duchesne, Tremblay. Hébert, dénoncé par lui, est convoqué à son, tour, et condamné à quelques jours de prison (1). Cela, il est vrai, en 1 792, peu avant la chute de la monarchie. Pendant quelques mois encore cette retenue condamnera les pamphlets à la demi-obscurité, au refuge clandestin des maisons de prostitution, où les clients en feuillettent les gravures licencieuses. Dans le eouxs du siècle dernier, et particulièrement avant notre révolution, c'était dans ces lieux que se débitaient les gravures les plus obscènes, sans que la police s'en occupât, dit Parent-DuchAtelet dans son grand ouvrage. De i79o à 1793, on y distribuait à tous ceux qui y entraient ces caricatures infâmes contre Louis XVI, Marie-Antoinette et autres personnages que les meneur* de ce temps avaient intérêt à perdre. On peut donc dire que les mauvais lieux ont puissamment contribué aux malheurs politiques dont cette nation aura à gémir tant qu'elle subsistera. lorsque survint l'anarchie, ce ne fut pas dans les (r) Charles Brunet, Le Père Duchesne d'Hébert ou Notice historique et bibliographique sur ce journal, publié pendant les années '7'JO, '791, 1792, i7g3 et ijgi, précédée de la ole d'ffébert, son auteur, et suivie de l'indication de ses autres ouvrages; Paris, 1839, ln-18, pp. 52, 53.


mauvais lieux seulement que se trouvaient ces turpitudes des marchandes n'eurent pas honte d'exposer, sous les galeries du Palais-Royal et ailleurs, les estampes les plus grossièrement licencieuses, où les habitudes de la lubricité, de la pédérastie, de la plus étrange luxure, étaient exposées aux yeux des passants (i). Ce scandale public diminua sous le Directoire, mais ce ne fut que sous le Consulat qu'il disparut complètement il rentra alors dans les maisons de prostitution et la vente des livres et des gravures devint une nouvelle source de fortune entre les mains des maîtresses de maison.

Parent-Duchâtelet donne ensuite quelques détails précieux sur la formation de l'Enfer de la Bibliothèque nationale, partie réservée aux ouvrages obscènes qu'est venue enrichir, de nos jours, la saisie audacieusement illégale de certaines collections seerètes d'amateurs modernes (2). Je cite d'abord le passage de Parent-Duchâlelet que je compléterai par quelques documents qu'il a ignorés

Je tiens de M. Peuchet, ancien archiviste de la préfecture de police, que Napoléon, sur la fin de son consulat, donna des ordres formels pour saisir et détruire les livres et les gravures qui se trouvaient entre les mains de ces femmes; un exemplaire de chacun d'eux fut seulement déposé à la Bibliothèque nationale. Ce fait est exact, car le vénérable Van PraBt (3) m'a donné la liste de ces livres et me les a montrés dans un coin retiré du rez-de-chausâée de la Bibliothèque royale (4). (r) Sur ces étalages de brochures obscènes, voyez mon volume Les pamphlets libertins contre Marier-Antoinette, pp. i3j, i&2. (2) Cf. L'Enfer de la Bibliothèque nationale revendication par M, Alf. Bègis de livres saisis à son domicile et déposés à la Btblio~tfièqae impériale en ifISt: débats judiciaires; Paris, 1899, in-8». (3) Directeur de la Bibliothèque.

(4) A.-T; B. Paren4.ISuch'dtçlet, membre du Conseil de salubrité de la ville de Paris, de l'Académie de médecine. De la prostitution dans In ville de Paris considérée sous le rapport de Fhugiène publique, de la morale et de l'administration ouvrage appuyé de documents statistiques puisés dans les archives de la préfecture de patine troisième édition complétée par des documents nouveaux et des notes,


Exacte, l'antithèse eût été saisissante Napoléon, fondateur de la quatrième dynastie, balayant d'un sabre vertueux les souillures vomies sur le cadavre des monarchies mortes. Mais, à la vérité, de l'étude de quelques documents complémentaires il apparaît que la création de l'Enfer de la Bibliothèque nationale n'appartient pas en propre à l'Empereur. Bien avant son avènement à la gloire et à la puissance, la question des livres dangereux, en politique comme en morale, avait préoccupé le gouvernement. La Terreur n'a point désarmé encore, qu'on voitles membres du Comité d'instruction publique de la Convention nationale, commissaires de la bibliographie, écrire, le r»T fructidor an II, aux administrateurs du district de Saint-Dizier

La Convention s'est réservé de faire un jour prononcer, par une commission de savants, sur le sort des ouvrages qui ne seront pas en accord avec les vrais principes de la politique et de la morale. Les ouvrages dont nous parlons seront nécessairement dans cette classe. Ainsi l'on peut les conserver provisoirement. Il ne serait pas impossible qu'on finît par leur donner, dans les bibliothèques, la même place qu'aux,poisons,' aux monstruosités, aux productions b&arres et singulières dans les cabinets d'histoire naturelles Qui sait encore si le philosophe n'y trouverait pas des résultats utiles? Mais c'est à lui seul qu'on doit confier ces dépôts dangereux (i). C'était créer, en principe, les enfers des bibliothèques, dépôts réservés "et gardés.1 Il est certain qu'un an plus par MM. A. Trébuchet, chef du bureau sanitaire, secrétaire du conseil de salubrité; Poirat-Duval, cbef de bureau à la préfecture de police, suivie d'un précis hygiénique, statistique et administratif sur la prostitution dans les principales villes de l'Europe, avec cartes et tableaux, Paris, Londres, New-York, 1857, in-6», t. II, pp. 287, 238. (1) Caialoffae d'une importante colltctton de documents aulographes et historiques sur la Révolution française* p. 124, pièce 174, 4».


tard, ce principe avait reçu son application, car, à la date du (8 messidor an III, on trouve cet arrêté Le Comité d'instruction publique, considérant que les bonnes uuriu's sont la base d'uu gouvernement républicain, arrête que U-» proposés une MbUothèqtt» nationale ne préteront point k !a jeunesse les livres qu'ils croiront capables de corrompre les mtï'iirs.

GltËGOIllE. dREUSEÉ-PASCAL. LALANDE,

VnjiA». Massieu. Dhulhf, (i).

Et ainsi, cette même Terreur, ce même gouvernement qui les avait fait éclore, faisait entrer dans l'ombre les libelles accusateurs et libertins. Leur règne était passé; l'accusée était tombée sous le couteau de ces reproches et de ces jugements. Désormais, dans l'ombre poussiéreuse d'une bibliothèque, ils n'avaient plus qu'à attendre la patience d'un historien pour demander à leurs feuillets jaunis et maculés le SecréX endormi de leur haine vivante.

(1] Collection de M. Gfuïer. MMtbe't«; des ~jets formant 1·e.vposilian llistorique de la BiooUMon Jrtuiçaise, salle des Etats, une Tnileries, place <Ut Carrousel; Paris, ritftg, ia-8*, p. 19a, pièce 1616.



VHVX POLICIERS PAMPHLÉTAIRES

Après les policiers escrocs, les policiers libelligtes. L'aventure du sieur Goupil. II compose un pampblet qu'il découvre et achète, Incertitude des Mémoires secrets sur sa culpabilité. Témoigoage de M»» Campan. Fin de Goupil et de sa fortune. – L'affaire de l'inspecteur Jaquet de la Douay. Un mouchard de haut voL Son intimité avec le lieutenant de police, Il se spécialise dans les libelles, Découverte de ses intrigues. Curieuses informations des Mémoires secrets. On le croit clandestinement exécuté à la Bastille. Ses complices. Il est transféré à Charenton et libéré cinq jours avant la prise de la Bastille. -La Terreur le guillotine. Jugement qu'il convient de porter sur les libellistes de la reine.

Le chapitre précédent nous a montré des policiers escroquant, sous des formes variées et avec une ingénieuse diversité, les fonds île leur lieutenant, voire dn ministre. On les a vas, avec Reçeveur, s'entendre comme larrons en foire avec les libellistes, partager avec eux le prix de leurs turpitudes, le fruit de leurs chantages, et se duper les uns les autres avec une bonne foi et une ardeur égales. Pour achever cet édifiant tableau, il ne

v


suffit plus que de montrer les policiers, encouragés par l'exemple et gagnés par la contagion, transformés en pamphlétaires, découvrant, dénonçant, saisissant ou payant les libelles qu'ils étaient seuls à connaître, puisqu'ils étaient seuls à les fabriquer.

J'en trouve le premier exemple dans l'affaire du sieur Goupili Ce Goupil (Pterre>Jîtienne-Auguste), né à Argen.tan, en Normandie, en 1753, avait t&té de plusieurs métiers avant que de donner dans la mouche. Successivement soldat aux colonies, gendarme, exempt de la maréchaussée de Fontainebleau, il avait fini par devenir inspecteur de police. Dès 1775, on le voit employé à rechercher des libelles (1). Sa réputation était fâcheuse. « Goupil, dit Manuel, était un de ces coquins qui tous tes jours sont bons à pendre, ne fût-ce que pour essayer les cordes (2). A parler franc, Goupil n'en tâta que sur le tard.

En 1778, il fit une découverte qui alarma vivement le ministère dans une campagne, aux environs d'Yverdun, s'imprimait clandestinement un pamphlet contre la reine. Quel pamphlet? Je ne sais, mais Mme Campan dit qu'il « en possédait déjà deux feuillets qui contenaient d'atroces calomnies, mais présentées avec un art qui pouvait les rendre très funestes à la renommée de la reine (3) ». Ce Goupil fit montre de zèle courageusc( 1) « /.¥ novembre 177Ô. Le sieur Goupil, inspecteur de police pour la librairie, successeur du sieur d'Hemmery, est allé depuis peu à ,t Bordeaux pour une mission secret*. On assure aujourd'hui qu'il était charge, de la part du ministre, d'enlever dans cette capitale ou aux environs le manuscrit et l'édition d'un ouvrage qu'on y imprimait furtivement et qui avait pour titre L'ombre de Louis XV devant le tribunal de Minos, ». Mémoires secrets. t. Vin, p. 24712) P. Manuel, La Police de Paris dévoilée. 1. 1, pp. 262, 268. (3) M™ Campan, Mémoires sur la vie privée de Marte-Antoinette–, 1. 1, p. i35.


ment il s'offrit à corrompre et acheter l'auteur, à rapporporter, pour 3,ooo louis, le manuscrit et l'édition. Il rut carte blanche et en usa avec discrétion. Manuscrit et imprimés furent rapportés par lui. Cette heureuse expédition lui valut i?odo louis de récompense. A peine eut-il le loisir d'y goûter qu'il fut dénoncé par un de ses agents et enfermé, en février 1778, à la Bastille. On avait découvert que l'auteur du libelle n'était autre que Goupil lui-même. Ce ne transpira point tout d'abord, et le public, au début, ne crut l'inspecteur que coupable d'escroquerie. C'est le sens de la note qu'à la date du a9 mars lui consacrent les Mémoires secrets

Le sieur Goupil inspecteur de la police pour la librairie, a été arrêté secrètement, il y a près d'tïh mois, et conduit à Bastille; on dit sa femme à Vincennes. Leur détention, très ignorée Jusqu'à présent, ne transpire que depuis peu. On l'attribue à différentes causes. La plus juste et la plus apparente, c'est qu'ils faisoient commerce des livres que le mari salsissoit. On accuse, en outre, celui-ci de profiter du trouble de ceux qu'il airêtolt, du désordre qui s'en suivoit flans leur domicile, et de l'inquisition que sa charge l'autorisoit de faire, pour voler l'or, l'argent, les bijoux et les effets des détenus (1). Mais» quoi, enfermes un inspecteur de police pour si peu ? On le croira a peine. Le véritable motif coûtait plus à avouer; aussi, dit Mme Campan, « toute cette affaire fut Assoupie et il n'en circula aucun détail dans le monde (a) ». C'est, évidemment, exagérer la discrétion des gazettiers, car le recueil de Bachaumont revient sur Goupil à peu près un mois et demi plus tard. On y trouve, le 1 mai, cette nouvelle

On est toujours fort peu certain des vrais motifs qui ont (i| Mémoires secrets^ t. XI, p. 172.

(2) M»» C.&mpaa, Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette. 1. 1, p. i3S.


déterminé la détention dn sieur Goupit, inspecteur de police pour la librairie, et celle de sa femme, femme de chambre de la reine, On a prétendu que cette dernière avait fourni à Sa Majesté des livres abominables. Mais il est question d'une cause plus criminelle encore; on veut qu'il ait été composé un manuscrit infâme contre Sa Majesté, dont ils étoient participants, et que, pour se rendre recommandables, ils en avaient ensuite prévenu le ministère, avant que l'ouvrage fût imprimé; qu'en conséquence on fut esnvenu de l'acheter; en sorte qu'il n'a point paru imprimé et ne paroitra pas. On ajoute que depuis on a découvert, on du moins soupçonné, leur collusion avec l'auteur (i).

Les Mémoires secrets, on le voit, flairaient la vérité qui leur demeurait hypothétique. Au reste, ce leur parut de petite importance, car ils abandonnèrent désormais à ion sort efface et obscur Goupil. 11 avait été transféré à Tincennes. C'est là qu'il mourut, deux ans plus tard, le »8 avril 1780, « sur sa chaise, assure Manuel, en bonnet de nuit, ses lunettes à la main et le bras gauche sur le bas-ventre (2) ».

Quant à sa femme, la Bastille ne la lâcha que pour la transférer dans un couvent, celui de la Madeleine, k La Flèche. Quelqu'un, plus tard, l'épousa et la « cacha dans un village (3). » Était-ce pour la châtier de n'avoir pas cru, suivant la maxime lapidaire de M. de Lescure, qu'on « ne doit brûler que des parfums devant les autels (4) » ? `? Plus retentissante et non moins typique est l'aventure d'un autre inspecteur de police pour la librairie, JeanClaude Jaquet de Douay, dont un des aïeux avait, en Espagne, le titre de chevalier de Saint-Jacques. Il avait (1) Mtmolrts secrets. t. XI, p, 222.

12) P. Manuel, La Police de Paris dévoilée. t. 1, p. 263. (3) P. Manuel, La Police de Paris dévoilée. t. 1, p. 265. (4) M. de Lescure, La Vraie Marie-Antoinette. p. i83.


COMMUNE DE PARIS

LE COMITÉ DUUDTPDBLli; -ÏÏTtj: '̃• «** mi.o(" Rt",olllt" l,nni.c .Y17. ,·.1 Ill)( III." Il If(. ,H"'JU.UH--Uh' it pre- rrrsrr :=t:rr;J:r ARRÊTE

Art. I". La chapelle <liU' r.rf tût foire tir i^ntt's\f'lt sera détruite.

Art. 2. Les matériaux seront vendus aux enchères publiques au profit de l'adininislralion des domaines. Art- 3. Le Directeur des domaines fora procéder, dans les huit jours, à l'exécution du présent arrêté, Paris, le 16 lloréal ail 79.

Ijo Comité de Safnf public,

Ant. ARNAUD, Ch.GKRARDIY Kru MUILLUT,

PEUX PYAT, RA\VII-:ii.

1'1J1\1.r~I['\n(l\.LE -!II., ,¡-,

\l'fiCtiF. 1. L"\I \11 :\f; IJ~: 1~; i.

~r",n o~~ nr,.o- ~m.rn"n.~


un oncle brigadier aux armées du roi; un frère chevalier de SainWLouis; un cousin doyen du Parlement de Besançon; son père était assesseur criminel. Pour lui, il était lieutenant particulier honoraire au bailliage de Lons-le-Saunier, ce qui, tout droit, le devait faire entrer dans la police. Il y était fort en faveur. « De son aveu, Jaquet coûtait annuellement 80,000 livres à l'administration et lui en faisait dépenser 100,000 (1). »

En 1777, il s'était signalé par un coup d'éclat il avait arrêté Mirabeau en Hollande (a). « II avait, en outre, au dire de Manuel, le scorbut et la vérole, enfin le corps gàté comme le ccçur (3). » Susceptible d'être corrompu, au surplus, car Vergennes craignait qu'il n'aimât mieux « les guinées de l'Angleterre que les louis de France (4) ». Un parfait policier, en somme, et bien digne de la particulière estime que lui témoignait le lieutenant de police, M. Lenoir. 11 est vrai qu'il rendait des services. Ainsi M. Lenoir, ayant à se plaindre d'une de ses maîtresses, fort incontinente de la langue, lui dépêcha son Jaquet, qui enleva la donzelle et la claquemura dans une discrète maison de retraite forcée an faubourg Saint-Martin (5). Dans la partie des libelles, Jaquet se rendit, de même, fort précieux. Pour découvrir des pamphlets snr le point de paraître il avait une chance d'autant plus miraculeuse qu'à l'occasion il lui donnait un utile coup de pouce. Avec un échantillon de ses trouvailles il s'en allait voir M. Lenoir, disant l'avoir reçu ou de Londres, ou d'Amsterdam, ou de Bruxelles, « L'ouvrage, ajoutait(1) La Bastille aêooitée. 3' livraison, p. 36.

(2) Mémoires serels. t. XXII, p. ,81.

(S) P. Manuel, La Police de Paris dévoilée. t. p. 2S8. (4) P. Manuel, La Police de Paris dévoilée. t. 1, p. 267. <5) La Bastille dévoilée. & livraison, p. 37.


il, est sur le point de paraître; l'auteur m'offre tome l'édition ». Coût de ôoo à 1,000 louis. « M. Lenoir n'était pas trompé. Il connaissait trop bien son Jaquet mais il faisait semblant de l'être; car il était bien aise de se faire valoir auprès de M. de Maurepas, qui tenait ifs rênes du gouvernement, pour un magistrat surveillant et très attentif à ne pas laisser entrer en France des libelles (i). » II en résulta pour Jaquet un brevet d'inspecteur de la librairie étrangère, ce qui lui peimit de « faire entrer tous les mauvais livres qu'il faisait imprimer lui-même dans les pays étrangers. Jamais on ne vit pulluler autant de mauvais livres (a) ». Certain pamphlet contre la reine, qu'un de ses complices dénonça, mit fin à ses exploits. Là-dessus, M. Lenoir, « voyant que la conduite de son espion était trop à découvert, le fit mener â la Bastille (3) ». Pourtant, dit Pellepoit, « 011 assure que Jaquet n'avait jamais eu le <Msir de publier ses pamphlets, mais seulement d'en vendre la suppression à ceux qu'ils intéressaient et de se faire un mérite de son zèle et de sa vigilance (4) ». Escroc, oui, libelliste, non. La subtililé ne lui servit de rien. Le 30 octobre 1781, les grilles de la Bastille se refcimaieiit sur lui (5). Cette arrestation (H grand bruit et donna lieu auX nouvelles les plus fantaisistes et les plus étranges. A feuilleter les Mémoires secrels on se rend compte des rumeurs que l'affaire créa. Sur le cas de Jacquet, le* notes sont nombreuses, et la première débute par une (1) La Bastille dévoilée- & livraison, p. 37.

(s| La Bastille <<~potMe. tivrataon, pp. 3î, 38.

(3) La Bastille aëveilée, 8' livraison, p. 38.

(4| Le Diable dans tin bénitier. p. 56.

(5) Ch. d'HcricauH et Gustave Bord, Documents pour servis à Vliistoire de la Révolution. 1. 1, p. 226.


nouvelle qui ne devait pas tarder à paraître con trouvée. Mais ce qu'elle donne, c'est un aperçu qui parait fort exact du cas. Les documents qu'ou y peut joindre ne l'infirment en aucune manière

Oiitie les couplets abominables dont on a parlé, on assure qu'il existe un libelle plus sacrilège encore, s'il est possible. Ou l'.itulbue a M. Jaquet, et voici mie anecdote fort extraordinaire ia cet égard. Le mercredi ta de ce mois, au café du Caveau, un quidam dit publiquement « Messieurs, une grande nouvelle dont je suis certain, c'est qu'hier le sieur Jaquet a été exécuté à la Bastille, comme coupable de crime <ta lèse-majesté au second chef et auteur du libelle qui court route la reine. ), Ce propos, tenu devant beaucoup de monde, causa une consternation générale et n'eut aucune suite. On ne dit point que rauteur ait été arrêté, comtno on le craignoît pour lui.

CeHe auerdote s'est répendu depuis et voici comme ou en, rapporte !es détails. Le sr. Jaquet a été lieutenant particulier du bailliage de Lonss-le-Saunier en Franche-Comté. 11 a été obligé de se défaire de sa charge-, il est venu à Paris où il passoit pour un mauvais sujet. Il s'est trouvé impliqué d'une manière peu honnête dans l'affaire du marquis de SaintPierre. En ontre, i1 se mêlait de la librairie étrangère; il vendait des livres prohibés et prétendait à cet égard avoir une mission particulière du gouvernement, ii faisait fréquemment des oyages en pays étranger, et l'on sait qu'en Hollande il passoit pour un espion. 11 y a quelques mois qu'il instruisit M. le comte de Maurepax qu'on imprimoit en Angleterre la libelle en question et il s'offrit d'aller en retirer tous les exemplaires. II reçut en conséquence cette mission, et revint avec sa dérouverte. Peu après il prélendit qu'il n'avoit pas tout eu et ({ft'il en restoit^ il toucha encore de l'argent et eut ordre de ne lien épargner pour qu'il n'en restât pas vestige. JI revint, mais dans les exemplaires qu'il rapporta, et qu'il n'avoit pas éliminés, il se trouva le manuscrit de l'ouvrage écrit de sa propre main d'où l'on eot lieu de l'en croire l'auteur. On veut que son forfait ait été constaté juridiquement par une commission sourde et qu'il ne soit resté aucun doute qu'il l'avoit composé et envoyé au sieur Morande avec lequel il s'entendoit.


Voilà tout ce qu'on a pu recueillir de plus vraisemblable sur cette aventure obscure et diffieile à bien démêler, mais qu'Oll ne peut guère regarder comme tout a fait déuuée de fondement (i).

Cette première note, à la date du 22 décembre 1781, est suivie de plusieurs autres. La seconde annonce l'arrestation de complices de Jaquet. A la date du 26 janvier 1782

On compte déjà trois personnages arrêtés et détenus prisonniers, relativement à l'ouvrage intitulé, dit-on aujourd'hui, Vie d'Antoinette savoir ce Jaquet dont on parle, un libraire nommé Costar, très coinui, et ayant déjà fait banqueroute, eL un M. de Marcenay, homme du monde, mais libertin et mauvais sujet (2).

La détention de ce Costard n'est pas contestable. Il fut trouvé que les manuscrits offerts par Jaquet étaient de sa main (3). Quant à « l'homme du monde », c'était un parfait coquin, auteur de tours pendables et qui possédait une presse sur laquelle Jaquet tirait ses libelles (4). De compagnie, le trio alla sous les verrous. Naturellement, comme il arrive toujours en pareil cas, les renseignements les plus désastreux arrivèrent de toutes parts sur les prisonniers. De Besançon, le i5 janvier 1782, on écrivait cette lettre que publiaient, le 28, les Mémoires secrets

Nous ne sommes pas surpris du sieur Jaquet. Un homme qui, de magistrat à son aise, appartenant à plusieurs conseillers de notre Parlement, se transforme en espion, en colporleur, ne peut être qu'un mauvais sujet et l'on ne sanroit le plaindre. Le bruit s'est bien répandu ici qu'il avoit été expédié (1) Mémoires secrets. t. XVIII, pp. 205, 206.

(a) Mémoires secrets. t. XX, p. 49.

(3) La Bastille dévouée. 3' livraison, p. 35.

Ci) La Bastille itéuoUée. livraison, p. 39.


Bastille. Cependant nous croyons qu'on l'eut supplicié plus légalement, si l'on eut voulu en faire un exemple (i). Un exemple? Mais on n'y tenait en aucune manière. Et au reste, Jaquet était fort bien en vie. On ne demandait sur lui qu'un peu de silence, histoire de faire oublier son affaire. Mais les Mémoires secrets n'en enregistraient pas moins, le 7 février, cet extrait d'une lettre de Bruxelles, du 1e1 février précédent

11 passe pour constant, eu effet, qu'il s'est Unprinuï ici bien des ehofcte par une société qui est aujourd'hui prescru' entièrement détruite. Le sieur Henry, exempt de police, en a enlevé cinq vers le 8 janvier. Le sieur Jaquet de la Douay, le chef de la bande arrêté quelque temps avant, les a vraisemblablement dénoncés. Il est inconcevable que ce mulheureut que nous voyions ici revêtu du titre respectable d'inspecteur de la librairie étrangère, ait abusé de la confiance qu'on avoit en lai au point défaire imprimer, colporter et composer lui-môme des libelles {2).

Enfin, quelques mois se passent. Le silence est tombé. Au bout de neuf mois on a relâche l'imprimeur Costar, lequel remercie M. Lenoir en composant six vers destinés à orner son portrait (3). Quant à Jaquet il était toujours à la Bastille, et dans sa province on était convaincu qu'il ne reparaîtrait plus vivant. L'écho des Mémoires secrets, qui nous apporte ce bruit, y ajoute îles détails intéressants sur la famille du policier-libelliste

J'ai Vu cet automne Mme Jilquel de la Douai, la femme do ce malheureux dont il a été question il y a un an. Elle est revenue «lu Paris où elle étoit allé solliciter en faveur de son mari, dès qu'elle en a appris la catastrophe mais toutes ses démarches !̃) Mémoires secrets. t. XX, p. 5i.

(2| Mémoires secivls. l. XX, pp. 65, 66.

(3| La Bastille dévoilée. 3' livraison, p. 36.


ont été inutiles. Elle vit, dans la médiocrité et les larmes, à un petit bien de campagne qu'elle a auprès de LoiisJo-Saunier avec une fille très jolie. La mère est fort bien ajmé« ri for( estimée elle est bien née fille du greffier en chef du Parlemet de Dombes, ayant apporté du bien que son fol époux a mangé. Tout le monde la plaint. Quant au sieur Jacquet, le bruit de la province est qu'il a été condamné par une emtimission secrète à la peine de mort, mais qu'elle a été commuée en une prison perpétuelle (i). J.

Le mois même où cette information élait enregistrée, novembre 1782, Jaquet, le 1!)., était transféré à Charenton. Était-il devenu fou? C'est peu probable, car le 0 novembre 1783 il était ramené à la Bastille. n n'y avait plus que quelques années à y passer le 9 juillet 1789, cinq jours avant la prise dë la vieille forteresse par le peuple, il recouvrait la liberté (2)» On le pria d'aller se faire oublier à Lons-le-Saunier. Recommandation inutile. Englobé, sous la Terreur, dans une obscure affaire, .laquet était traduit devant le tribunal révolutionnaire et guillotiné le 6 floréal an II (3). Ainsi donc, a dit un historien, « que Jaquet fut seulement resté cinq jours de plus à la Bastille, et non seulement le peuple portait en triomphe un espion, mais il ne se trouvait ne l'avoir sauvé de la prison royale que pour le transmettre à l'échafaud révolutionaire. 11 est vraiment fâcheux que ce rapprochement manque, et manque de si peu, à la philosophie ironique de l'histoire (4) ». En effet, mais de cette philosophie et de cette ironie le mouchard Jaquct se fût fort bien passé.

(1) Mimoirtis secrets. t. XXI, p. i6f>.

(2) ch. d'Hérieault et Gustave fioi'd, Documenta pour servir à l'histoire de la Révolution française. t. I, p. 286.

(3) H. Wallon, Histoire du Tribunal révolalianaaire de Paris. t. m, p. 345.

(4) Victor Fournel, Les hommes du ii juillet. p. 126.


Je borne ici mes notes sur le personnel des pamphlétaires de la Révolution et d'avant. Si leurs œuvres sont. méprisables, on conviendra que leur personnalité ne l'esl pas moins. Mais de les savoir, la plupart, tarés et royalistes, faut-il en conclure que leurs documents dehaine et de fureur sont quantité négligeable et ne méritent que le juste mépris qui les condamne ? Je pense que ceserait s'abuser étrangement. Ils sont l'écho vivant et dénaturé, amplifié, des bruits de Versailles, des anecdotes de la cour, et telle de leur accusation se retrouve, dégagée de la fureur qui l'enveloppe, dans des témoi-gnages parfaitement véridiques et authentiques, comme la correspondance de Meroy- Argenteau avec MarieThérèse. Ils montrent comment apparaissaient à la> masse populaire les fautes de la reine, le jour sous lequel on les présentait, et par là ils aident à faire comprendre comment l'opinion réprobatrice se forma contreMarie-Antoinette. «Ce n'est plus une sainte, ce n'est plus. un monstre; c'est une femme héroïque à son heure »,. dit un apologiste (i). Ajoutons une femme faible, une' femme tout simplement, laquelle ne comprit que trop tard, hélas quel verdict élevait contre elle la somme de. ses faiblesses (a). Mais alors la hache brillait, levée déjà, dans son futur matin. Pour la plaindre mais aussi pourla condamner, point n'est besoin d'être, comme l'assure(1) M. de Lescure, La Vraie Afarie-Antoinetie. p. 11.

(2) « Trop tard, en effet, cette malheureuse comprit qu'elle avait, sans le vouloir, sans le savoir, été étourdie, inconséquente. »> Ernest Tissot, Marie'Antolnette jugée par une Allemande, dans la. llevue bleue, iBr octobre inïo, p. 43<î.


M. de Lescure, un des « héritiers des juges de MarieAntoinette (i) ». Et moi qui n'ai point fermé les yeux sur les fautes de cette femme, sur les crimes de cette reine, ne me permettra-t-on point cette impassibilité – qui s'incline et plaint, alors qu'en moi pleure la voix du sang de trois de ceux que la Terreur frappa sur ses échafauds de prairial et de thermidor ? 2

(:) M. de Lescure, La Vraie Marie-Antoinette. p. 7.


DEUXIÈME PARTIE

Dans l'Enfer des Pamphlets RÉIMPRESSION INTÉGRAtE

DE QUATRE PAMPHLETS RARISSIMES

CONTRE MARIE -ANTOINETTE



1

« Vérité* dédiées à Kterte-AatolneUe. »

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

La iause de la Révolution Françoise ou la conduite secrète de M. A.n.1te d'Autr. À. de France, enrichie d'une collection de notes intéressantes et critiqués sur les auteurs de cette résolution, comme sur celles des autres ptirtiea de l'Europe, par un de ses témoins, le chev. de à à l'enseigne de la Liberté, 1790, in-8", 30 pp. tel est le titre du pamphlet qui contient la cruelle et vigoureuse pièce deversqtie ,je réimprime ici. Le poème, tout comme la prose qui l'encadre, et qui, purement politique, est supprimée iei, est totalement ignoré. II a presque Famère saveur d'un inédit de haut goût. Paraphrasant quelques vers de l'ode à la Reine, le fameux pnî'me de Pons-Denis-Ecouchard Le Brun, il offre, en rimes quelquefois indigentes, un mordant portrait, en pied, de Marie-Antoinette libertine. J'ignore son auteur, mais il semble bien informé et donne des détails qu'il serait inutile de cher*cher ailleurs. Son pamphlet se compose d'un petit tableau rapide de la Révolution belge et française, du poème qui suit, et de diverses notes biographiques où la reine est attaquée. J'en citerai deux, particulièrement significatives du genre « Pomgmac (la marquise de), grande courtisane, parvint à


« obtenir les bonnes grâces de la reine, en la flattant dans son « goût pour les deux sexes. On prétend même qu'elle étoit une « de ses bonnes, et particulièrement sa maquerelle. Antoinette « seroit-elle aussi coupable, si ceux et telles qui l'environ« noient eussent été vertueux V »

Le portrait qui suit est moins acerbe et plus indulgent « Lambale (la princesse de). Cette courtisane belle et bonne, « eut la faiblesse d'écouter la reine, de céder au penchant «qu'elle avoit pour cette princesse, qui pour son excuse a « mieux aimée (connoissant sa faute) être disgraciée, que de Il cadrer avec ces viles créatures, qui pour plaire à Antoinette, « aimèrent mieux être en horreur à la Nation, que de l'aban« donner. »

Le lecteur jugera si, de ces vertueuses indignations, l'auteur a mieux tire parti en vers qu'en prose.


Vérités dédiées à Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France.

Toi qui reçus le jour au sein de Germanie,

Des femmes la plus noire, et reine en nos climats, Jusqu'à quand, impudique, en ma bonne Patrie, Feras-tu triompher tes affreux attentats?

1 Pourrais-tu sans rougir, o femme détestable, Entrevoir un instant cet abîme effroyable,

Où tes vices constants partout nous ont plongé ? Notre or, et notre sang, assouvissant ta rage, Allait donc couronner ton trop barbare ouvrage 1 Nous devions expirer, l'un par l'autre égorgé. Sur la terre et sur l'onde on te désigne et nomme Comme auteur de nos maux, auteur de nos revers Kt dans tant de mortels, on ne voit pas on homme Voler pour te punir, et purger l'univers

Existe, mais apprends que tu n'es plus l'idole Adorée des Français; qu'on la peigne frivole, Tu ne le verras plus que bravant tes forfaits; Démontrant en tous lieux, au mépris des tortures, Dans ton règne abhorré, ce que tn nous a fais Le graver sur l'airain, pour nos races futures, Dans le cœur des Français, la plus douce espérance Se gravait pour jamais la fin de leurs malheurs,


̃Qu'un juste roi voulait épargner à la France, Ignorant tes complots, tes penchants, tes fureurs. 'Un sage le guidant, un ministre fidèle,

Voûtant que des grands rois Louis fut le modèle, Lui gagnait tous les jours le surnom de Titus, •Ce titre des Français assurait le présage,

Necker aimait son roi, Necker brava l'orage, Les Français ont des mœurs, il leur faut des vertus, -Mais, toi, qui sans honneur, insensible, infidèle -Croyais pouvoir noircir ce digne favori,

Tu le fis éloigner, sans arrêter son zèle,

0 1 femme sans raison, en ta rage nouvelle, Tu ne punis jamais ce ministre adoré,

Tu trompas ton époux, reine trop criminelle, Necker sur notre sort quelquefois a pleuré; ifl gémissait pour nous de voir une cruelle

.N'offrir à ses sujets qu'on cœur trop ulcéré Ne voulant point se rendre à tel vives instances, II l'opposa toujours de justes résistances,

11 s'est vu dans ton cœur un mortel abhorré, Et notre or par tes soins ne fut point dévoré. Antoinette, voilà le premier de tes crimes. -Quand on débute ainsi, l'on peut tout comme toi, -Au mépris de nos lois, d'ablmes en abtmes, Marcher impunément, sans honte, et sans effroi îEsquissons ton tableau; dès que je suis ta trace, Je t'aperçois d'abord, indigne en ton audace, Te livrer sans respect à des désirs sans frein .Je te vois devenir de trois enfants la mère, Et trois J'ois (tu le sais) comme femme adultère, •Ces trop malheureux fruits germèrent dans ton sein. Continuons toujours c'est Maurepas qui tombe, Par ton ordre, expirant, victime du poison, I, le dirais-je encore, Vergennes qui succombe,


Ministre, ami des rois, et l'honneur de son nom. plus loin (pour achever), je vois ta main traîtresse Égarer ton époux, le plonger dans l'ivresse, Déshonorer son lit, respirer les forfaits,

Bouleverser ses états, en être l'ennemie,

Envoyer à ton frère. ô comble d'infamie,

Tout l'or et tout l'argent que tu pris aux Français, Que pourrais-tu répondre à ces vives peintures? 3 Vais ajouter encore quelques traits plus honteux, Tes rapides progrès en voluptés impures;

Viens reconnaître ici tous ces complots affreux, Dans lesquels tu trempas à la face des cieux, Sans craindre les remords qui suivent tous les vices, Sans craindre du destin les funestes caprices, La haine des sujets, et le courroux des dieux. Il faut tout dévoiler, ce fut pour ta luxure,

Que nos coffres vidés payèrent tes plaisirs

Te refusant notre or, on te faisait une injure; On devait tout oser pour te plaire, parjure Par ce lâche moyen, on flattait les désirs

De l'hydre qui devait nous creuser notre abîme, Pour y plonger la France en aveugle victime Tes lâches partisans t' égarent comme eux,

Sans te dire jamais « La basse flatterie,

D'éloges imposteurs et de fourbes nourrie^ Corrompt des potentats les devoirs généreux. Si pour se faire aimer la fortune est utile, « La bonté chez les rois rend le sujet docile; D'assidus courtisans seront toujours soumis, « On doit dans ses sujets se chercher ses amis. Loin de se refuser à ta lubrique envie,

Par leur condescendance, enfin tu fus servie, Necker ne nuisait plus à tous tes complaisants, Au vil calculateur et très rampant Calonne,


Qui vola les Français pour plaire à ta personne, Que tu sus te gagner par discours séduisants, Qui peut donc l'égaler? En vain dans ma mémoire Reparaissent les noms des êtres abhorrés

Je ne puis en trouver, pas même dans l'histoire, D'assez déshonorés, pour t'être comparés.

Lambale et Potignac, La Motte ta branleuse, Ont couronné ton lustre et ta conduite affreuse, Ces lâches courtisanes, prêtes à f accuser,

Ont beau s'en repentir, rien ne peut t'excuser. L'empirique bâtard (i), connu de tout le monde; Le Prétolet Itohan (a), à vigueur sans seconde, Ces fameux brocanteurs du superbe collier, L'un immortel escroc, l'autre banqueroutier Des fouteurs de tout rangs, objets de tes délices, Satisfirent tes goûts en t'offrant leurs services Sans bornes en tes désirs, ton cœur trop libertin Te rendit tour à tour et tribade et putain.

Réponds donc, Antoinette, toi que l'on nomme reine, Plus coupable à nos yeux que la belle Égyptienne, Moins courageuse qu'elle, en t'épargnant la mort, ,Surpassant de beaucoup l'exécrable Agrippine, Lubrique pour le moins autant que Messaline, Se foutant d'un époux, des Français et du sort.

{i) Cagrliostro.

42) Le cardinal de Roban, le héros dupé de l'affaire du collier.


CONFESSION DERNIÈRE, E T

TESTAMENT

DE MARIE-ANTOINETTE, VEUVE CAPET,

FHÉC£DÉS DE SES IEEKIÙEE9 lïflEÏIOSSj Mis au jour par un S A.N S-CTJ L OTT E. Tranquille flan» le crime et fausse avec donceui".

A PARIS,

Chez la Citoyenne Lkevie, rue Percée» .L'an deuxième de It République.



11

Confession dernière et testament de ]H&«l«~RDtolnette.

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

Sous la titre général de Confession dernière et testament (ta Marie-Antoinette, veuve Capei, précédé! de ses dernières réflexions, mis au jour par un sans-culotte, l'auteur de ce recueil a réuni trois petits libelles contre Marte-Antoinette. Tous trois sont curieux et égaux dans l'injure. Ils constituent un triste et éloquent document de là, Fureur populaire contre reine et la haille engendrée pour elle au cœur du populaire. Mais ici, à travers le ricanement, le ton plaisant domine. On l'a emprunté à ces nombreux testaments de personnages politiques célèbres courant les rues depuis l'aurore de la Révolution, et dont, dans les libelles contre Mme de Polignac, j'ai naguère donné de curieux exemples. Au reste, ces productions (lu genre poissard se passent de commentaires. Celle que vuici peut être donnéeen prototype des autres. Cette distinction bibliographique Uii suffit.



Marie-Antoinette au Diable.

EPITRE A SON PARRAIN

Sacré monarque des enfers ô toi qui présidas à ma Naissance et qui dirigeas toutes les actions de ma vie, à qui mieux qu'à toi puis-je rendre compte des réflexions qui m'agitent en ce moment, en ce moment terrible pour moi, où la justice d'un peuple républicain et réellement digne de l'être s'occupe à m'expédier un passeport dont la destination doit se borner à ton empire?

Je ne sais, seigneur Satan, ce que tu auras fait del'ombre de Capet, d'exécrable mémoire mais permets-moi de réclamer en faveur de la mienne une charge de quatrième furie, et je te promets d'avance de supasser en cruautés les Alecto, Tisiphone et Mégère.

J'ai pour garant de ce que j'ose te promettre la rage qui m'anime, rage que je suis forcée de reconnaître impuissante, mais qui n'en serait que plus terrible, si la place de la Révolution n'était le nec plus ultra de mes forfaits.

Le temps presse, et ce n'est plus l'instant de balancer. Si,je prétends à exercer au Tartare le digne emploi de furie, je dois au moins, sacré monarque des enfers, te produire les pièces justificatives qui autorisent ma réclamation le détail en sera succinct, eld'autantplus succinct,


que le cheval est à la voiture, et que la guillotine m'attend avec autant (l'empressement que les fourches patibulaires réclamaient autrefois leur proie.

Avant donc de mettre la tête à cette lucarne, avant de jeter un dernier regard convulsif sur la Divinité des Fran. çais (i), je vais te parler en femme sincère, et ce sera pour la première fois. A cet aveu, prélude de ma franchise, pourrais-tu la révoquer en doute ? 9

Je suis un monstre. Eh qui peut mieux le savoir que celui qui, maîtrisant mon âme, sut m'inspirer cet ardent amour du crime, qui fit mes délices dès làge le plus tendre? Or, je ne t'apprends rien de nouveau, non plus qu'à toute l'Europe. Les essais historiques sur ma vie privée n'ont rien laisé à désirer je les ai lus et relus avec transport; le coloris en est naturel, la touche mAle et énergique, et sans doute il serait à souhaiter que cette description de mes galantes fredaines soit dans les mains de toutes les jolies femmes; ce serait un guide assuré pour parvenir et pour être accomplie-

Brisons sur cette matière, car, je te le répète, le temps presse j'attends à chaque instant que l'exécuteur des jugements du tribunal, qui loge au-dessus de moi, vienne apposer sa griffe expéditive sur ma majesté, qui, dans cette occurrence, se contenterait du simple rôle de gourgandine des bas quartiers de Paris; car on a beau se targuer de fermeté et vouloir jouer la souveraine jusqu'à son dernier moment, quand une main redoutable vous empoigne (2) par le chignon (3), que le ciseau funeste a {1) La statue de la Liberté tournant le dos aux amateurs de l'aïmaWc guillotine ajoute à leur désespoir. Ah que «'est bien vu!Note du pamphlet,

(2} Expression peu noble pour une Antoinette; mais à la Conciergerie on n'y regarde pas de si près. Note du pamphlet. (3) Plus nous allons vivement, plus nos bégueules, un tantinet arislocrates, auront à se louer, et plus tes crinières en boudins


[.!•: l'Il.S ll'l'X JAROINIKR DE VERSAILLES

TNlII'ISI.I-: I.AMOIRI-XX TETE A I l-.TK

Ht: MA|;| I- AN IOI l: ITK KT I)K LA KAYKTTK E


mis à bas votre toison, soit royale ou marquise, noble ou roturière, calotine ou protestante, il faut jouer de son reste: on n'a plus que quelques instants pour dénouer la tragédie le char de triomphe est dans la cour, bientôt il part, une tournée dans Paris vous met à même de recueillir des bénédictions à la Duchesne, et la catastrophe se termine par une intromission dans le panier. Ah 1 quelle foutue grimace pour une tête ci-devant couronnée!

J'entends le bruit infernal des verrous, qui mettent le Français à l'abri de ma vengeance exécrable, et l'on m'annonce tout à la fois un prêtre et mon conducteur à la place de la Révolution. Quant au prêtre, j'ai la permission de le refuser son admission n'est pas de rigueur mais pour l'autre, ah c'est une différence qu'il taille, qu'il rogne, je suis à lui maintenant, et bientôt toute à toi, oui, toute â toi, sacré monarque des enfers; et si quelque chose me console, c'est que dans ton sombre royaume je pourrai sans doute embrasser les ombres chéries de Marie-Thérèse, de Joseph H, de Léopold, et quantité d'autres que le temps bref qui m'est accordé ne me permet pas de nommer.

Pour mon gros benêt de mari, je ne veux ni ne dois en entendre parler imbécile et hargneux, ivrogne et entêté tant qu'il vécut, qu'en pourrais-je attendre sur les bords du Plileglon, maintenant qu'il a laissé en haut le peu de cervelle qui lui restait, par une soustraction bien imaginée, par ma foi ? P

Fais-en un cyclope; déjà son œil louche ne fera pas disparate avec ceux des petits-fils des Titans; en outre, seront en vogue. Que de citoyennes ont déjà attaché sur la nuque de leur col une portion de l'infâme chevelure de Charlotte Gorday î –iVofe du pamphlet


c'est un roi serrurier. Eh bien qu'il forge. Oh ce n'est pas une mauvaise acquisition pour ce travail; mais comme j'ai de fortes raisons pour ne pas le reconnaître comme un homme à femmes, sitôt que j'aurai fait la bascule, je ne veux ni le voir, ni l'entendre.

Je vais quitter ce monde par un chemin qui se fraye de plus en plus. Mais une demi-heure d'intervalle me met en état de tracer mes dernières dispositions. Je quitte avec toi ma correspondance intime et familière pour m'en occuper. Au plaisir de te voir; cela ne tardera pas.

Dispositions dernières de la veuve Capet. Mon portrait appartient maintenant à tant le inonde il peut servir d'instruction à toutes les femmes dangereuses qui seraient tentées de m'imiter; et si jamais il se forme une collection d'effigies criminelles, je prétends que celle d'Antoinette d'Autriche y tienne le premier rang. Je l'ai obtenu, ce premier rang, à force de forfaits les Agrippine, les Catherine de Médicis ne peuvent entrer en comparaison; elles ne sont que des novices auprès (le moi.

Cette effigie sera disposée, comme je l'offre, au premier folio de cette intéressante rédaction, la tête en bas, et de même qu'on vit le béat Laurent sur son gril, saint André sur sa croix je veux aussi que la guillotine indique mon genre de mort, que je n'aurais pas soupçonné en 1770 (1), où tout un peuple crédule par (1} Époque du plus infernal des mariages. Note du pamphlet.


caractère caressait un serpent qu'il introduisait dans sou sein.

Quand ma tête sera dans le sac, je demande au peuple souverain de disposer de ma chétive carcasse ainsi qu'il suit

D'abord, je voudrais qu'on me fendit depuis l'occiput jusqu'à l'orteil, afin de distribuer mes misérables restes à mes favoris les plus chers j'aime infiniment mieux être ainsi décimée que d'aller pourrir en totalité dans le cimetière Sainte-Madelaine, de Sainte Madelaine la voluptueuse que, par parenthèse, j'honore et chéris, comme la patronne des courtisanes que j'ai choisies pour modèles, au moins dans les préliminaires de sa vie.

Je désire qu'on expose ma tête sous les pieds de la Liberté. Cette amende honorable, que je propose de mon vivant, me fera railler des puissances coalisées mais comme je suis convaincue qu'elles me méprisent, je ne suis pas fâchée de leur donner en mourant cet avis salutaire, si bien adopté par le peuple

Malheur aux ennemis de notre liberté

Périssent tas tyrans vive l'égalité!

Ces puissances auront leur tour. Gare les couronnes Les têtes habituées à les porter ne pourront pas s'accoutumer au bonnet de la liberté; et ce bonnet-là est fait pour être de mode jusqu'à la fin des siècles* Ah Chimène, l'eusses-tu cru ?

Une fois ouverte, je n'ose pas affirmer qu'on trouvera quelques restes d'entrailles dans ce coffre d'iniquité; mais si, par une de ces circonstances qu'on ne peut même s'imaginer, il s'en trouvait encore, je désirerais qu'ils ne fissent pas la pâture des corbeaux je les destine à Thérèse Capet, qui reconnaîtra tout le prix de ce pré-


<;ieux présent. La vue continuelle des entrailles de s:~ mère excitera en elle le noble désir de marcher sur traces; et tout ainsi que ma très honorée mère MarieThérèse, qui m'éteva pour le malheur du genre humai;), j'aurai du moins en mourant la consolation de laisser sur terre une copie fidèle de mes effrayantes quaUtés. Quant à Étisabeth Capet, que je n'estime que parce que je l'ai vue quelquefois sourire à mes projets liberticides -et à mes affreux complots de vengeance, je lui destina ma chevelure eUe en armera le derrière de sa tête, à l'exemple des prostituées élevantes de Paris, qui ont -remplace la coiNure naturelle par un artifice aussi ridi.cule que désagréable pour t'œit républicain.

Ainsi pomponnée, elle ira de pair avec l'aristocratie 'commerçante et financière, qui voudrait nous imiter, nous autres nobles, et établir leur fortune aux dépens -des sueurs du malheureux mais si j'en crois l'apparence, elle trouvera une grande erreur de calcul notre ~exempte n'est pas propre à lui inspirer de la confiance sur ce chapitre, et le~ décrets de la Convention nationa)'' doivent lui prouver qu'on s'expose à compter deux fois quand on veut compter sans hôte.

Quant au roitelet de la Vendée, je n'ai rien à lui baisser, puisque je ne possède rien en propre, et cela jusqu'au moment où il faudra dire « Adieu paniers, ven~ danges sont faites », qu'un corps sans âme, et d'après la -culbute, une chétive dépouiHe, dont j'ai déjà disposé en partie.

Me reste-t-il un coeur? Au physique, oui sans doute, puisque je le sens tressaillir de désespoir, mais non de repentir. Je laisse aux cœurs de la trempe de celui -de Custines l'horrible sentiment d'être navrés de l'idée de la mort et de figurer dans une charrette comme une -poule mouiHée, à côté d'un ministre qui sue sang' et eau


pour offrir à Dieu l'image frappante d'un scélérat mori-.bond, qui a joué le va-tout; ce qui revient à peu près au. tableau d'un agonisant capucin.

Certainement Mandrin afficha plus de courage, et il avait moins de crimes à se reprocher.

Du moment donc que te scalpel du chirurgien expertaura fait sur mon inique cadavre une incision cruciale et qu'il aura sépare les ligaments qui conduisent à mon. cœur (physique), j'engage l'ouvrier décimateur a nele détacher qu'avec la plus grande précaution, car, sans quoi, il ne pourrait en recueillir que des parcelles fétides,. gangrenées et coagulées de tous ces vices infâmes qui' forment et établissent les derniers témoignages de m:f réputation.

En supposant qu'on puisse parvenir à l'extraire, dm moins en partie, mon intention est de le léguer au père (lu roitelet de la Vendée. Est-il vivant? Je l'ignore; car je ne suis pas instruite de tous les événements. Celui qui en fut le père putatif m'a devancé sous le glaive de la, loi. Oh le pauvre homme! il s'est réjoui de sa naissance mais ni lui ni moi ne peuvent affirmer à qui appartenait effectivement ce rejeton clandestin de meschaudes et brûlantes amours. w

Le défunt Capet n'y a pas mis le pouce. Je ne puism'empêcher de convenir, avec toute la nation, que, sur cet article, c'était un bien pauvre sire.

Il faut pourtant me décider, m'examiner, et définitivement léguer ce qu'il pourra rester de mon cœurSi j'en crois cette voix qui nous déguise rarement la vérité, ce sera à Charles-Philippe d'Artois que je le fera!' remettre. De tous tes amants que j'ai eus, ce fut le seut. qui ne fit pas l'office en petit-maître ce libertin joua avec moi beau jeu, bon argent. J'aimais en lui l'homme qui peut procréer il eût été désespérant pour moi d'être-


née féconde et de ne pas trouver une cheville ouvrière à l'ordre de la création.

Oui, c'est à d'Artois que je lègue mon cœur. A qui conSerai-je un effet de cette nature?. Ma foi, je ne sais trop, le stadhouder n'en voudrait pas; te roi de Prusse, tout malin qu'il est, dirait a&f<'fM/!</o; Brunswick s'écrierai<, avec sa fausse philosophie, que quand la fête est passée, il faut resserrer tes reliques. Le roi d'Espagne voudra consulter le grand inquisiteur. H n'y aura que le prince de Galles qui s'en chargera, pour le remettre à son cher et tendre ami, qui est le mien plus encore. Leurs penchants sont conformes; ergo, il en sera donc dépositaire.

Il ne me reste plus rien de mon enveloppe mortelle, que ce que l'on laissera dans tes souterrains de l'ég'alitë; c'est-à-dire mes cuisses, qui firent l'objet du culte de Personnes; mes jambes, devant lesquelles se mit genoux le charmant Dillon. Je ne parlerai pas de cet exécrable ami des rois, de La Fayette, enBn: c'est un coquin que je méprise et que je détesterai jusqu'au moment où je fermerai tes yeux. tl a profité de l'instant; sa lâche politique le mit dans mes bras. Il s'en souviendra

Pourquoi n'est-il pas dans la même voiture qui va me conduire à la place de la Révolution, dont il a tiré si grand parti ? C'est peut-être un accroissement de tourment de voir périr le complice de ses forfaits, mais j'envisagerais la mort sans horreur si cette de ce gredin précédait la mienne.

Je conserve un reliquaire auquel les esprits égarés, les fanatiques pourraient avoir parfaite confiance c'est une portion du Lachrima-Christi, qui me fut envoyée par le pape, lors de mon mariage à Versailles. Ce qui vient de la flûte doit retourner au tambour je prie ce bon papa


de le recevoir, avec promesse de le faire baiser deux fois par jour aux deux vieilles tantes sempiternelles de mon défunt; elles ont tant d'amour pour tout ce qui tient aux choses sacrées, que je ne doute pas qdelles ne baisent avec transport un joyau que j'ai toujours regardé comme un joujou.

Les exécuteurs de mes dernières dispositions vont peut-être me regarder comme superstitieuse que cela soit ou non, je ne sais trop par quelle intention j'ai toujours conserve un très petit bout de corde de pendu; je l'envoie à mon beau-frère Stanislas-Xavier. On prétend ici qu'il fut très heureux d'esquiver la potence patience! tout vient avec le temps. Je ne sais pas non plus si on file à Coblentz; mais une manufacture de cordes semblables à l'échantillon que je destine à ce gros puîné ferait fortune (i).

Je présume bien, et sans doute avec raison, que tout ce qui servait à mon usage, soit en utilité raisonnable, soit à mes caprices, ainsi qu'a mes délicieuses folies, n'est pas totalement anéanti, or, à mon heure dernière, si je puis encore former un vceu et en faire quelques dispositions, je vais les consigner préalablement avant les articles de ma confession que je veux rendre publique, afin de prouver que je n'ai rien perdu de mon caractère.(t) « Dans ce legs de Marte-Thérèse, est question de pendus, de cordes et de potences. J'en appelle à Favras c~ist~ut ou à Favras tJicn et dûment accroché. Quelques jours nous saurons a quoi nous en tenir. j~o/e dte y~/n~A~. Le marquis de Favras, dont il est question ici, accusé d'avoir comploté, sous l'instigation du comte de Provence, le futur Louis XVUt, t'assassinât de Ba)iiy, maire de Paris, et du gênerai Lafayette, fut pendu en piaee de Gt'cve le t~ février 17~0. Sur cette mystérieuse affaire, dont la question de la survie de Favras n'est pas un des moins curieux détails, voyez te comte d'Hëriason, ~tN<ottr <t'me révolution ('7M-f7B! Paris, <8M, in-;S, pp. 21 et suiv., et Eugène Wetvfr), En marge de r<~<Mfe ~ffas, dans ~'eu~M ff/«s<0tre da xvn* mf xx" siècle; farts, tQtt, !n-8", 1. T, Pp. 2~7 et suiv.


Et d'ailleurs, pourquoi balancerais-je? Voltaire avait sans doute pressenti ma cabriole quand il donna cette leçon aux chimériques esclaves de la grandeur Sur f/M .UM~y /'0/He;7 est un abus.

Ge sonoendr d'un Gorrkeur r~al n'eat plus

Le ~onxenfr f/'an &o<ur ~H/ n'es/ /)~f!

jF~ <t nos HM!M? t/'«t ~0/t~ M~M/)/)Oy<<tM<

Pour m'abstenir de digressions qui pourraient paraître importunes, voici dotic ce que je ferais <jc ce qui pourrait être resté dans tes boudoirs du Petit Trianon, et tes envois que j'en sollicite.

Philippe d'Orteans sut capter la bienveillance du peupler il accapara tes louanges, les bénédictions du peuple avec quelques poignées d'or; tant il est vrai que ce mobile puissant fait a~ir tous les bras et tourner toutes les têtes. Mascarade patriote, il se couvrit du masque de l'égalité. Pourra-t-on trouver mauvais que mon plus vif désir est de le voir paré de celui qu'on a pli trouver au nombre de mes frivolités? H présente deux faces l'une exprime l'urbanité, la popularité; l'autre peint au naturel t'hypocrisie, l'ambition, la scélératesse et l'avarice jamais masque ne mettra mieux d'Oriéans dans son jour véritable. Combien n'existe-t-il pas encore de gens qui lui ressemblent

Pethion, ce misérable magasinier de Chartres, parvenu, A force de bassesses, à jouer un rôle important sur te théâtre de la Révolution, a des droits incontestables à ma reconnaissance. Je me souviens de la journée du 10, dont l'issue me conduisit des Tuileries aux Feuillants, des Feuillants au Temple, du Temple à la Conciergerie, et qui bornera le cours de mes dernières promenades, de la Conciergerie à ta place de la Révolution, pour y terminer la carrière que j'ai parcourue avec tant de scandale et d'ignominie.


J'ajouterai donc aux legs que j'ai déjà formés celui que je présente & PétMon, l'âme damnée, au cas qu'il me survive et qu'on le rattrape c'est une écharpe ensanglantée, que le bon ami Bouitté m'envoya à la suite de l'affaire de Nancy. Je crois que, si l'on en décorait ce vertueux maire de Paris, au moment où sa bonne destinée pourrait le conduire sur le théâtre de la justice nationale, cette écharpe, imprégnée du sang français, contrasterait divinement avec celle que ce tartufe avait extorquée à la conHance populaire, dans le temps où la bonacité crédule traçait sur son chapeau « Vive Péthion Péthion ou la mort n comme si ce tartufe devait être en effet le restaurateur de sa féiicitc

J'apprends en ce moment que ce maussade Bailly, reposant tranquillement sur les fruits de son hypocrisie, vient d'avoir la bêtise de se laisser prendre et qu'il est mon commensal à la Conciergerie Taut mieux, je n'en suis pas fâchëe. A la lucarne, un gredin de cette espèce 1 C'était un gueux dégueniHé quand il s'avisa de se populariser, pour plumer la ponte sans la faire crier, et qui, dès que, pas a pas, il se fut établi une réputation vertueuse et probe, ce grand sec monsieur trancha du Monseigneur le Lieutenant-Généra) de police, à l'épithete près, eut un hôtel, un suisse, des estafiers, des commis insolents, des valets rampants, et déposa son faux patriotisme sur le piédestal de son élévation. Toutes mes officieuses complaisantes sont disparues conséquemment, je ne sais comment répartir les petites bagatelles qui me restent. Une des plus intimes eut le sort de la bûche à l'hôtel de la Force; sans quoi, je lui aurais concédé le ~M<MH~ solitaire, ouvrage rare, enrichi de notes de ma main, et Dieu sait si j'étais experte sur pareille matière!

0 ma chère Jules! û ma chère Diane! qu'étes-vous


devenues et qui fermera ma paupière? H fut un temps où mourante dans mon lit, j'aurais pu, sur ce témoin de mes galanteries accumulées, déposer mon dernier soupir dans le sein d'un grand aumônier mitré, crossé et bien et dûment enchapeauté; mes femmes autour de moi, m'auraient facilité ce passage d'une vie à l'autre; mais qui vais-je avoir pour compagnie?

Eh grands dieux, quel étonnant cortège

Il me semble déjà me voir, moi, Marie-Antoinette, archiduchesse d'Autriche, ci-devant reine d'un royaume absolu, indépendante de toutes les lois divines et humaines, persécutrice des peuples, et qui, dès qu'elle prononçait je veux, se trouvait obéie par tous les esclaves de la grandeur. Déjà ? oh oui, j'entends le rappel qui rassemble à la porte de l'antre où je suis resserrée les soldats destinés à conduire le crime à sa destination. Je me suis accoutumée à apprendre ce fatal roulement. Ils s'y rangent, et on va me lier les mains. me lier les mains, à moi qui enchaînais sous l'empire de mes bizarres fantaisies tous les scélérats, nobles, apostoliques, et croupiers d'aristocratie! t

Je suis enfin dans ce char qui conduisit triomphalement au supplice les conspirateurs, et j'ai à mes côtés un pauvre diable plus embarrassé de sa figure que je ne suis embarrassée de la mienne; s'il me présente son crucifix, je lui dirai Halte-là, monsieur le prédicant, votre exhortation n'est pas à l'ordre du jour vos confrères de la Vendée en ont souillé l'usage, Celui dont vous me parlez fut condamné et exécute en vertu du jugement de l'aristocratie juive; et c'est le peuple juste qui ordonne mon dernier voyage; ainsi je fais la navette avec l'objet des baisers hypocrites de Custines et de Corsas. Je ne me suis pas trompée ma porte s'ouvre, et le plus disgracieux des compliments m'est adressé, et


par qui par nn un ministre du culte catholique, qui, se faisant passage à travers les baïonnettes dont je suis entourée, m'annonce doucereusement l'objet de son ministère. La postérité le croira-t-elle? Mon audace ne se démentit point bien loin delà, rappelant toute la tranquiilitedontjefusinséparaNependantIe cours de mes exécrables forfaits, je m'approchai du prêtre consolatcur je lui narrai ma confession, telle qu'on va la lire, avec toute la hardiesse qu'une âme criminelle et scetëtate peut inspire.

Confession dernière de Marie-Antoinette.

Avant d'entamer le chapitre de mes égarements, souffrez, monsieur, dis-je à l'ecclésiastique, un léger préambule, aussi nécessaire qu'intéressant. On m'offre votre secours, pour expier moins douloureusement les crimes que j'ai pu commettre vous êtes sans doute au nombre des bons républicains et vous vous glorifiez de ce titre?

Sur sa réponse affirmative, je continuai

Dans tous les temps, votre culte enseigna aux mortels que la confession était une consolation pour les humains qui dé~tierpissaient de ce monde pour aller s'établir éternellement dans l'autre. Cela peut être; mais je vous prie d'observer que ce n'est nullement dans la vue de me consoler que je vais vous faire la mienne. Ce n'est absolument que pour convaincre le peuple français qu'il n'a a point eu tort d'agir avec les tyrans de la manière qu'il l'a fait c'est un aveu que je dois à son courage héroïque.


Ne me demandez point de profession de foi relati.vement à la religion.

~ettsse été près du Gange c&e/a~c des ~iaa.x' ~~M.~ CAf~Men;te ~«'M Paris, criminelle en tous //eMa'. Par ces vers transformés, jugez de mes principes. Aucune religion ne domina mon cœur; la scélératesse seule y peut trouver accès. J'étais protestante avec Necker, juive avec Daniel tsaac, catholique avec Loménie. Le premier finançait à la suite de nos conférences; le second fomenta le dé6cit, et le troisième m'épargnâtes dégoûts qui précèdent ordinairement la communion pascale, pour des gens de notre espèce, non seulement en m'absolvant, sans m'entendre sur les forfaits passés, mais encore sur tes forfaits à venir. Le soetërat il s'estimait encore bien heureux. Lui seul était le pénitent et c'est à mes genoux qu'il me bénissait pour commeUrt nn sacrilège.

Je n'en ferai pas autant, me répondit le philosophe catholique chargé de recueillir mes criminels détails; vous ne devez pas même être aux miens l'Eternet a droit à vos hommages ainsi donc, commencez. Un moment, s'il vous plalt, monsieur, un seul instant. c< j'entre en matière. Je dois vous prévenir avant tout. N'attendes point de moi aucun acte de contrition; j'eu suis incapable jamais le repentir n'entra dans t'âme de Marie-Antoinette, à moins que ce ne soit celui de ne m'être pas continuellement attachée à suivre l'impulsion féroce d~un cœur formé pour la barbarie.

Je ne vous entretiendrai pas de mes premières annéeSt marquées au coin du libertinage le plus affreux; elles annoncèrent ce que je serais dans un â~e plus avancé, en sortant du ventre de ma mère. Je fus, pour ainsi dire, pétrie par tes mains de la rage, et celles qui furent char-


gées de mon éducation n'ont pas perdu leurs soins elles se plurent à former un monstre, et eUes réussirent, vous ne fanerez pas, puisque toute la terre en est instruite..

La nature me doua d'un tempérament actif et le libertinage le développa.

L'occasion que je recherchai le mit en oeuvre et je vins infecter le territoire français de tous les vices qui, lors ,le mon règne, furent à la mode à la cour et à la ville. J'avais reçu de très bonnes leçons sur la manière avec laquelle je devais me conduire avec te peuple français. « Il est confiant, bon et facile à égarer, me répétait Marie-Thérèse; qu'il vous bénisse dans les premières années de votre règne; il n'osera jamais vous maudire. )'

La première partie de cette prophétie fut réalisée, mais la seconde est bien démenUe tout me le prouve et si j'accaparai quelques bénédictions sur mon passage de Vienne à Versailles, je ne doute pas de remporter infiniment plus de malédictions dans ta tombe ouverte devant moi.

Au premier coup d'œi! que je lançai sur mon défunt, je connus sur-le-champ t'être que j'avais à manier et à gouverner à ma fantaisie, et le travail ne me parut pas pénible. Je lui aurais soTihaité l'âme de Caligula, le coeur de Néron, les entrailles de Vespasien. Grâce à mon génie, à force de secousses, je parvins à en former un parricide et c'était tout ce que je désirais.

Dans toutes les cérémonies publiques, j'ai toujours souri de la bonhomie du peuple. Rien de si plaisant, en effet, que de voir toute une multitude courbée devant un char surmonté ou rempli d'une idole, dont le despotisme faisait les frais aux dépens des malheureux qui payaient les violons. Alors, on s'écriait: t( Vive Marie-Antoinette


et maintenant on va dire « Périsse l'exécrable Antoinette 1 u

~a~ff fe<o«?' (<es <*Aos~ <<'<e/-&<H

7~~0/t~M ne~'t!<j0~tM7t~, et l'on ne me plaint pas. H existe cependant une terrible métamorphose entre une charrette et un carrosse destiné à étaler la pompe des rois j'en appelle à la représentation de celui de mon sacre.

Je reviens à ma confession; elle est odieuse, j'en conviens, pour des oreilles républicaines, mais j'en fais le sacrince à la vérité, et je continue.

Arrivée à la cour de France, chacun sait comment je m'y comportai; je séduisis les uns, je corrompis les autres; et rien ne m'échappa, que le fil populaire et c'était bien celui que j'aurais du conserver, puisqu'il était entre mes mains.

Je m'y livrai à tous les excès et Dieu sait, et vous, monsieur, combien les suites en devinrent dangereuses et désastreuses.

Tout était à ma disposition j'en abusai, j'entrai dans tous les détails, et rien ne se sauva de ma rapacité. Je ne vous raconterai pas mes prouesses libertines; vous seriez te seul qui pourriez les ignorer. Hommes et femmes, tout me servit sans égards aux droits que prescrit la nature, j'en changea! la disposition et fournis aux siècles à venir un exemple mémorable de lubricité, de paillardise et d'obscénité.

Corrompue, séduite, égarée, en proie à tous les excès, familiarisée avec tous les crimes, j'en parcourus la carrière avec une hardiesse inconcevable; sans pudeur aucune, le délire effréné de mes sens n'eut plus de bornes je devins adultère et mère, et je n'aspirai à voir mes enfants dans l'âge de puberté que pour être moi-


même leur institutrice, et leur faire partager mes détestables égaremenM.

Je passe sous silence toutes les horreurs qui préeédtrent la révolution française et dont je fus la cheville ouvrière. Toute la terre fut le témoin de mes fureurs cri)Hi[ie)les; mais je ne'pus consommer mes exécrables forfaits. Le sang des Français pouvait seul assouvir la rage dont j'étais pénétrée j'en avais une soif ardente, et la quantité que mes satellites en ont fait répandre ne l'étancha qu'en partie. Cette soif subsiste encore et ne s'éteindra qu'avec ma vie jugez maintenant si je suis digne des faveurs célestes

Aussi c'est au diable que je voue mon âme impure. Je viens maintenant, monsieur, au moment qui commence la fatalité de ma situation actuelle, et que j'envisageais comme devant être au contraire le but où tendaient mes plus chers désirs ce fut mon départ pour Varennes. Je voyais, de loin, s'accomplir mes projets de haute et de vengeance. Ah monsieur, quelle délicieuse satisfaction pour moi de venir, à la tête des troupes impériales, hongroises, autrichiennes, porter le massacre et la mort, le carnage et l'incendie ) Semblable à Néron, mon âme, modelée sur la sienne, aurait ressenti tous les charmes de ce spectacle ravissant. Paris en cendres et la terre jonchée de cadavres expirants, d'enfants é~or~é~ sur le sein de leurs mères, auraient fixé mes regards tranquilles. J'en aurais savouré les délices mais, ô trop fatal retour! que d'humiliations me nt éprouver la catastrophe de ce voyage Je n'avais plus d'autre ressource que celle de l'hypocrisie. Pour réparer ce fâcheux événement, je la mis en usage et l'espoir rentra dans mon cœur quand je vis le peuple français paraître oublier ce voyage funeste et remordre à l'hameçon. Bailly m'avait servi au mieux, La Fayette trompait tout ce même peuple


en entrant secrètement dans mon plan de conduite; mais Péthion surpassa ces deux apôtres de ma vengeance. Ce tartufe wcétërat voyait le peuple le chérir avec idoMtrie; tes chapeaux étaient chamarrés des louanges de ce fourbe insigne et son écharpe était autant l'objet des adorations parisiennes que l'avaientété précédemment h croupe du coursier et les bottes du commandant de )a garde nationale parisienne.

Arriva enfin la journée du io ao&t. Concevez-vous bien, monsieur, la joie barbare dont j'étais animée ? L'espoir était rentré dans mon cœur, et mes yeux se perdaient dans t'avenir ah combien j'en spéculais i'issue PétMon le cher Péthion était encore en possession de toute la confiance populaire je l'avais chargé de tout ce qui pouvait accélérer la ruine du Français. Mes yeux se repaissaient avidement de la scène agréable qui devait se passer sur la place du Carrousel elle était assez bien méditée pour que je n'en craignisse pas l'événement.

Mes fidèles poignarrlins, travestis en suisses, encountgeaient tes suisses véritables je n'epiu'gnai ni l'or, ni tes caresses.

Mes canons disposée à faire feu devaient balayer ce peuple, de qui je n'aurais pas soupçonné le courage mais semblable aux Spartiates et aux Athéniens, mon feu s'en atta en fumée, et j'eus la mortification de voir échouer mon entreprise.

Je dois cependant l'avouer: réfugiée dans le sein de t'Assemblée nationale, le bruit terrible de l'artillerie, bien capable d'affliger toute âme sensible, réjouissait ta mienne; chaque boulet tancé me présageait la destruction du peuple mais, ô comble du malheur c'était la défaite de mes agents.

Renfermée ensuite aux Feuillants, de ce moment je me


crus perdue. Néanmoins, je ne fus pas totalement abattue; je ne sais pas quel démon m'inspirait encore; aussi, lorsque je montai dans la voiture qui devait me transporter au Temple, je conservai une contenance hardie, grâce à la présence de Manuel, que je détestais, quoiqu'il me servit bien, et cela parce qu'il n'était pas porteur d'une physionomie heureuse vous devez savoir cela comme moi, monsieur? Il y a de ces ngures de réprouvés qui ne peuvent plaire à personne, pas même aux scélérats qui les emploient.

Bref, me voilà donc au Temple, et dans une tour t Ah t grands dieux quelle chute pour une reine qui aurait voulu avoir l'univers à ses pieds (i), comme le disait platement ce marquis de Bièvre 1 La constitution cavita se trouva alors à ?~o, ainsi que moi et ma famille. Une détention de cette nature offrait un champ vaste à mes réflexions mais je n~en fis pas. Ma rage n'était point épuisée; mais ne la pouvant remplir, comme il ne me restait plus que lê plaisir, je m'y livrai tout entière. Vous allez maintenant, monsieur, me connaître plusentièrement. Je m'attends bien aux comparaisons; la lubricité de Messaline, celle des Rhodope et Phryné ne surpassèrent pas la mienne dans le donjon où j'étais connnée.

Mais ce que l'univers ne pourra croire qu'avec peine, c'est que ce fut dans le sein de ma famille même que je choisis les objets de ma débauche. Je n'avais qu'eux; il fallait bien que je m'en servisse.

Les officiers municipaux étaient par trop récalcitrants, sans quoi je les aurais mis en œuvre. Ma garde était surveillée avec soin, sans quoi je l'aurais séduite et aurais (1} Lisez ruat-vcrdj comme ce plat calembour l'exprime. ~o<e <&f Mmp7)M.


essàyé d'en faire d'une pierre deux coups mais ce moyen m'étant interdit, je me bornai malgré moi à ma belle-Mur, à ma fille et à mon jeune fils.

Pour mon mari, être absolument nul, je le laissai on proie au chagrin et rêver aux moyens qu'il empoterait pour se tirer de là.

Élisabeth Capet fut la première que j'endoctrinai je lui appris ce qu'il serait à souhaiter que toute la terre ignorât pour le salut des moeurs et quand elle fut complètement instruite, je l'engageai à faire sortir Thérèse Capet de l'état d'innocence sans doute elle y a réussi les voies étaient préparées, et je vous le dis coTtHdemment, si ses jours sont prolongés, j'ai le doux espoir que jamais fille ne ressemblera mieux à sa mère 1 Dieu le veuille, et je mourrai contente.

Mon jeune fils me restait à former; j'en fis la victime de mes horribles amusements; je le rendis précoce, et par degrés le faisant sortir des bornes de la sagesse enfantine, je lui donnai les premières notions d'un plaisir naturel pris en son âge, dans l'espérance qu'il serait épuisé ayant le terme prescrit par la nature. Élisabeth me seconda, et insensiblement nous parvînmes à l'habituer à cet exercice affreux, qui révolte la raison et qui fit périr tant de jeunes infortunes, menic dans les maisons d'éducation confiée~ à l'administration il des moines et prêtres séculiers.

Vous frémissez, monsieur? l'indignation se peint sur votre visage vous qui recueillez ordinairement tes aveux des consciences souillées de crimes, vous m~entendttes jamais, et j'en suis persuadée, le récit de semblables forfaits mais au moins j'aurai la gloire d'èfre une fois sincère en ma vie; comme sans doute ce sera la dernière, je ne m'en repentirai pas.

Ma translation à la Conciergerie interrompit le cours


je ces actes révoltante; et ce fut a mon bieu grand re'TCt. Point de jouissances délicieuses à espérer dans ce ~jour, les partisans du crime confondus n'ont que la mort ou l'ignominie devant les yeux.

De grands et robustes gendarmes auraient offert à ma seusualité des adoucissements; mais ce corps est incorruptible, hélas 1 Je ne pouvais que les toiser de mes regards quelle triste situation pour une femme de ma trempe

Assise sur le redoutable fauteuil dont on descend rarement sans aller expirer sur la place de la Révolution, je promène çà et là mes regards sur un peuple qui m'avait adoré. 0 sublime effet de la Révolution ) ce n'est plus une multitude d'idolâtres que je contemple, c'est une foule de citoyens justes qui prend sa revanche et qui attend mon supplice, comme une réparation des maux que je lui ai fait essuyer.

Je recevrai le coup avec cette contenance altière qui ne m'a jamais abandonnée. Mon seul regret, en quittant la ~ie, ce sera celui de n'avoir pas fait tout le mal que j'ambitionnais de commettre.

Dispensez-moi de bénédictions, elles n'appartiennent qu'à celui qui éprouve des remords et je vous le répète, mon âme en est incapable. Tranquille dans le crime, je jouis encore au seul souvenir de mes atrocités passées; et si j'étais libre et dégagée des infâmes liens qui me retiennent, oui, si je jouissais de ma splendeur, je ne l'emploierais qu'à consommer la destruction du peuple. Partons; maintenant mon cœur est soulagé; il m'importe peu que ma confession soit rendue publique au moins l'univers répétera

Elle est morte comme elle <! uécu



LE BRANLE

DES CAPUCINS, 0 V

I.E MtH-EErUNÏEM~ TOV~ ~js ~~A~ro/A'~rTf. Pttit OpëM Aft;t6CMtiM-com!co-n<tMe en deux Actes.

A S. CLOUD.

Be t'Ytnpfimerie des Chir M~nh, Cut-de'&e dM R~thefebes.

'79*'



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« Ue Bfa&le ~es Capacitif. x

~Q'nCE BIBLIOGB~PmQCË

Voici une parité comédie pm'emeDi et sunpi~neut satinqn6 (i). Sans doute, ce n'est pas un ~e ingénu qu'y joue ~lane-AntotnettSt aiai~ ce rôle est aitodfn et a~'r~blëtm'Tit uaïf en ~~M'd de f~ux qtre hn attribuent d']itTës pamphlets, C'est, <'n soiï!Lnn3, Louis ~YI dupé et cocu qui est te hcpos de la ''ùmédîe. Oj~ y veit, natTipeillein~nt, figurer l'inévitable comte d'Artoi~ HnpertHiemment libertin, et ï'audad.e<jse, effrontée e~ uecessaïf~ -P<]'lig'ua~ Mans ici la reïnc: mené ï'<Hi<lc a-v~c ~.[n~ impTjd~c& que n'~seusent pas les couplets qu'~i lui fait cbaTtLei'. Z~ ~c des ~~NC~~ est un naïf exemple des indigentes tm.~ginaLtons.de qu~Ique&HbeUistes.

(t) Son titte .exact est ~c ~N~~7~ ~M Csp.'M'~M ûN ? ~f«/e et m~ë~e tour de /1/< petit opéra aï'isiMraUctt-ectmîcorisiMe~ en deux ~~s, Saiat-CïOfid, de rimprîpieric des Clairvoyants, cul-de-saR des R.e<*jieï~tes t7< iN~ s~ pp. – Il a et6 rrmtprimc par Gay J~~ ~r~n~ des C<xpag~j: ûH jo~jf" ~OM~* de ~TufotK~~ pîecc révolutionnaire, r~impr~aiëe textuellement ~ur l'~d~fon orig~na~e de t7Qi et pfécëdëe d'une note bibiiograpMque~ Strasbourg,, 7876~ îa'-ï6.



Le Brante des Capucins

ou

le mtUe et tttn&me toaf de )WtBte-Rtttotn~ite 7~<t< opefa m «etKC <tC<M

PERSONNAGES

Loms M BoUMOSj premier citoyen actif de France et de Navarre. MARtH-ANTOlPI6rT&JOS~P$INE-JSAi4Na D'A'U2A"ICHE, sa F$$llaC. LoMS-NiCOLAS-PÂU~-E~eÊNB: MaTTtB~ Cl-tte~tnt DE LA FAYETTE~ commandant générât des soldats citoyens de la viitë de Paris. DEUX CAFUCÎNS.

~e~~MH~r acte MpaNiM dans le jB<M~ de ~'at<a<-C!om< et lé ~CCOK~ <~fH~ <M a~Mr~MMM~ au CA~MB.

ACTE PREMIER

SCÈNE PREMIÈRE

ANTOINETTE, M~<

0& diable d'Artois a-t-it été s'aviser de venir me voir enctpttcin?. Et ma chère Polignac dans le même costume Hélas qu'i) est loin ce temps où tous ensemble. Mais pourquoi s'arrêter à un fâcheux souvenir ? Nation maudite, puisses-tu être un jour anéantie 1 Puissé-je un jour te voir nager dans des flots de sang de tes détestables soMats). D'Artois est ici. Je veux bannir la tristesse et m'en donner aux dépens de mon vieux cocu.


En vëri~, comme j'aime à te contempler sous cet habit, avec ta barbe, ton capuchon et ton gros cordon. LA TOUGNAC

C'est l'amour père quêteur.

Tu es toujours gai, tu as raison, jt n'est rien de tel que la gaieté. Il faut faire renaître notre ancien. temps, pendant qae nous voici ensemble. !) m'est venu une idée. mais une idée bien risible.

)t faut l'effectuer.

Am Lalr, ~tM, M.

Quand de vin il sera épris

Ce pauvre Biaise de Louis,

Comme nous allons le faire

Laire lan ta, lau'e lan lah'e,

Laire lan laire, taire lan t&

SCÈNE Il

ANTOINETTE, DEUX CAPUCINS

AKTOJNETtf;, à <<~r<o&.

AîR ~Mp~er un jour M j~CM~.

La eanafUe un jouf en fureur

Le fit éloigner de vos charmes,

Mais pour vous il quitte Jes armes

Et se fait frère quêteur.

n'ARTOtS

Pour qu'un même toit nous rassemble,

Il faut te faire capucine,

Quand on sonnera matines (~.)

Nous les dirons ensembte. (~.)

ANTOINETTE

LA POLIGNAC

ANTOINETTE

AIR du Port-Maftau.

Mon vieux débonnaire

Ne ver, ne verra rien à l'affaire,,


jt ne vous reconnaîtra, j'ensuis sûr, ni l'un ni ~utre je lui ferai croire que vous êtes deux religieux d'une pieté ëmmente, eu qui je mets toute mon estime et ma confiance, que je veux toujours vous avoir près de moi. pour m'avertir lorsque je ferai quelque faute et m'imposer <me pénitence. U donnera dans le piège, le bonhomme, il n'y voit pas plus long que son nez. Ensuite, à table, je commence par le faire boire comma un trou après lui avoir fait signer tout ce que nous jugerons à propos, je lui redouble la dose et le fais dormir comme une chouette. C'est alors que je lui joue la meilleure des pièces.

Tu me fais languir.

.~ous nous prendrons par la main et tournerons à t'entnur de lui en chantant

Bien imagine, madame.

Allons, que veux-tu g;a~er 9

Et du sénat les pères

Je les ai tous pendus

Amoncut,&moncu!,àmfmcnL

Je les ai tous pendus

Amouc))l,àmonciu,

Eux et la clique entière

De leurs soldats voloïltaires,

Aujourd'hui je veux ïah'c

Papa Louis miche

A son nez, à. son npx, à son itc~.

AXTOtNEfTE

Dansons le branle des capucins, cin, cht,

Dansons, etc.

)..t M)U~NAG, <c<ft<CH< de rire.

n'AMOLs

D'ARTOIS


Il faut gager de manière que te perdant ait autant d'avantages que le gagnant.

Comment ça?

Il faut gager l'action même de la gageure vous danserez et ferez en même temps Je branle des capucins.

Bien dit. C'est fait.

Parole. Cependant il faudra prendre garde, car ce La Fayette est toujours ici comme nn furet. Monsieur se donne les tons de m'épier, si je veux faire un pas, il faut q~e monsieur m'accompagne ou me fasse accompagner. S'il vous reconnaissait, il i'irait bien vite dire aux bandits qu'il commande. Hs oseraient, je gage, te menacer de leur tanterne.

LAPOMONAC

At<TOI!fETM.D'AtU'0!S,d<a~o(s.

LA POLIGNAC

n'ARTOIS

ANTOINETTE

D'ARTOIS

Ata Un vain étalage.

Tout leur étalage

Ne me fait point peur,

Tout léur bavardage

N'enrt~e pas mon cœar.

Quand notre mitraille

Balaiera les faubourgs.

Ces soldats de paille

Pourront dire à leur tour:

Tout notre étalage

Ne faisait point peur,

Notre bavardage

N'effrayait pas leur coeur.


Tout cela n'aura qu'un temps.

Ils ne feront pas toujours tant d'embarras avec leurs habits bleus.

Malheur à la race infernale

Qui nous menace dn trepas.

Cette garde nationale

Ne nous intimidera pas.

Si mon pouvoir ma rage égale,

Je brave sou ton imposant.

Je sévirai tant, tant. tant, tant

Qu'Tin jour la famille royale

Reconqm~rtfa sa splendeur

Par ma vengeance et ma fureur.

Bannissons pour t'instant toutes tes idées qui pourraient nous attrister et ne songeons qu'à jouir de nos courts instants à rester ensemble.

L'oSïce pour ce jour prescrit

Au commun des cocus écrit

II faut, a l'honneur de Louis,

La fajidomdaine, la faridondon,

Notre bavardage

Notre bavardage

N'effrayait point leur cœur,

N'effrayait point leur coeur

LA POLIGNAC

Ça a'dur'ra pas toujours,

Ça n'dur'ra pas toujours.

ANIOmETTE

Aix du vaudeville du ~?7*.

LA POLIGNAC

D'ARTOIS

Am Fo?'~t~ond<tfne.

Est, dans notre bréviaire

Par un commandataije,


EmeinMe le ehanta~tet. v,

MrU)t,

A la &6on de f~~Mift. ,¡,.

thm'atht.)'

TOMUttMMN.Z

HfaMt,&t'hoa~w46.t~ttb,.

La tarMondahte, ta tâfMoadqn,

En~embteMeitttBtertct;

m~t'

A la façon de NtarbaTi, ·

> Monmtd..

t.A TOUettAC t ¡'

Ah t jtpet~ois La Fayette, MmTpM-MM,

` ,jj..( (/«t'onmt<.)

sc~Érn:

LAF~MTTK,~«t<.

J'tH tcut entende~ ~a~ Mfe cept!f<!ttnt?Lës dtcottvrirtn-je?M. t<i!<c,je me tatta' encore pour~~QMtear de mon roi, et je me eontecteM! de Jeur potter oa)br<tge. Ils m'en voudront encore. Pe)i m'impottt.M Rie& ne doit arrêter un bon citoyen toF~qa'tt s'agit des intérêts de sa patrie et de Mn roi.

A)'m~pM<<ot)Mn!mt'~J' ·,

A~~pe~[~tjMTem~e~[j(

AIt!peu~onftLitemi6)t< y

Qaea'etmer~apatMet 1

Toujours tentent, io).tjo<trs joyeux,

En dtptt de mes envieux,

Je t'aimerait la eti~ml `

Comme ont Mt t~M ateNX.

Cbntme met Mona at~tm

Je veux poMt~tt~tM~ttaft cMntMtttte,

ToujoufsaaèttttjtMnxabttttM t °

Ses ennetnttet ses <j~~M

ToajouM nnb, MyMM~tHtMt~;


OnnepeutMremtettx,

On M peut &th~ mteux i ".i.

Que d'aimer sa patrte

To)tjoNrsc<mtMlt,to))i)o)u~joyeitX,

Em<Mptt<!émesemfeuic, K

Je l'tth~entt, la ~tédrai

,ConmtenMst)ett*ateux. ) r, ·

'F~<«pMM<tt~ ..<n. t

ACTE II

âCÊNE PREM~&M

LOUIS, ANTOtNETTE) LES DEUX CAPUCtNS, &~ab!e. LOMS, ~)'<6<m!<

Je suis, madame, eneh&nte de vottë ptetme f&mhttian. LA ton~tAC, tsr<a<t< «a n~ en eapMfN.

C'tsti~ grâce t!at opère.

LÙMS

Hum, hum.

(B$o«.) °

O'AKTOM, <t ~a<o~t«<t.

~ouS ne buvez pas, madame?

c&<M~e grra<WM)m~~ ~M~emen~ Mtr <e~M du MagniËcai.~ Le jus, us, u~ de la tretlle est déticieux, ,"S C'est le meMeaf présent, ent, des cteux, eux. ¡.

~K~ne~~ ~m <<e~c eapac~na eMemMe, ~M~* te ~M&ne ~Mt acM t~M~nHoBt e/~tNa~Martfon.

LBjt)S,us,usdètatreiUeestdeHcteux,

M re~anf~a< at<N'~a«M<ao< « f<<M< eeat <N!j!~ C'est te metUenr ptëaent, emt, des elenx, eux.

MCH, ~<e<t<~< <<a <!t)tt<!erf.

Eh, eh. Hotâ, ho~, buvons.. i7< <<<)«.),


Boire, le petit eottp dom~ du echraee. Dans net) montatere* Bout buYOBs a~jtss! de .temps en tempt la petite gmttte, p<mr Mn!mw notre &t~e<tr.

C'ett toat sitùpte; ri a faitom~tot p~M. M M~.) ParMM, vous m'avez Mr de deux ttus vi~a~ AUem, vivent le vin et la gate«.

Je~tMtiMeïi.

lya~ord~ i~e ~Hal pM~er tiea*

Seyei! tKmquMIe, Bom ~roma Men..<

Le chant at< (~ eo!<.) Cela favi~ote.

(~ M<.) r

D'AttMM

ioma

P~fe mpMtB~

Coni'~se~Mti <Mmm~.

B'AJMrom

Ah me cmi~nM rien,

t~ms

ÏA FGUettM:

Mms

P~e capactn,

<~Q<ë~aez ma lismane.

&'AK[OM

Ah! ne 61'atgnee rien,

Je le &rat Jtten.

MUm

Am ~MtM~f etM !o <am<~re.

AnasttAt que te ~dei)

Luit t t~ayeM ~<es rtdeata,

Je me a<mstra!s <m sonmteH

Pooj cottrtr & mes martetinx

Ac&t&demonenetatoet

J'ai to~ours quatre ou cinq~onces~

Pour hmaecter mon votmne,

A <!haqm6 coup qne je d<MMe.


VentrtMen, Je parierais mon royaume de boire un toaneatKtantunjoMTt.. ,1 l

t,AMUE!tAO,<Mttri.m«<«~<te<at-M~E.

Il bat la CMnptgae.

Il e~t pri% il estprt, il ~t prit )

~cm~ <tt~t' aao<r bu emax r~<mM~, M«/e, <WM<! dan. son ~a«<et<« a e'e<td<M~.

~tÂMijàtAC

LevoiMpa~i. ) i A~tOMMTm

Tr~s t[trt. Nans powyafna nms mettre ea aett<Mt. (? se «Mnt~CtH <!«!.) J

LA fOUONAC

Co<atttens<MmtebMnHe.. j < ~'O~IÏliCa~(Jh9 lIrtAIIIE. t~<6~ Ne «<!«<et)~ <o <a&<et <? .M<ta«M ~B< ~;m«t M &«tM ~eo«e <htM «m ~!a<ee~, a<t MMea de ~«~af~M<M. ~<tt~< se pteMent PM* la mftfx, f<< <<atfBS'< & !'m<<xm' de' ~<, ea e)hm<a<tf, fftme eofa! mo<!<Me.)

Dansons le bjmude des c~ptum~ cin, cin,

Dansons le bMtnte~etOtpnetns'

Lescap)tet<Mfonteot&jne§a. -f (Mt MM-MMtjt

&cpTtmw seBt Mf~ur

A cette qu'on atme,

G'eat te tMn~enr <tu e<BNf.

Le nocu soifametUe.

Q<m ftem ne MweNe. r-,

.J~ea~ttimBttve&fU'dem') IJ:

A celle que j'aime,

Tout le bontâe~F <Ïu c~ur~

tï~t <n~-m<te.)

1 1 ~Í.,

ÂNtOMETTB

i (m~H-)-«St<.)

c'AM'ors

AïR 3 Ne~tF* fMK'c <~eHr.


Bansons le branle des capucins, cin, cin

Dansons le.

LES PRÉCÉDENTS, LA FAYETTE

LA FAYETTE, cn~*an/ /?f~Cfp~<tmm~f/.

Le tour est risible.

Le tour est risible

Quel contretemps

Qu'est-ce que tout ça veut dire?

La Fayette est un pted plat.

TOUS ENSEMBLE

SCÈNE H

Grande mtM~ae.

ANTOINETTE

Que viens-tn faire ici 2

Tu es bien hardi 1

LA FAYETTE

LA POLIGNAC

n'ARTOIS

J'ai tout fini,

J'ai tout fait, je suis content.

LOUIS,N'eMt'~an~ en ~BrF<ïH/.

LA FAYETTE

Vous Mes trompé, Sim.

Vous êtes trompe.

LOUIS

Comment ça, comment pt ?

Qu'est-ce que tout ça veut dire ? '1

Comment ça? Je suis trompé ? `t

D'ARTOIS


C'est un fat, c'est un fat.

Ne le croyez pas.

Qu'est-ce que tout ça \'ent dtfe .?

))'AMOIS, LA POLIGNAC, msemMe.

J'y perds mon latin.

Sire, lie reconnaissez-vous pas.

Oh oh (. Quel tour est-ce ta?.. Heu 1 heu !e comte tt'Artcus en capucin et M*" de Polignac. Hum, hum. QueUe idée. il y a quelque anicroche ta-dessous. n'AMOIS

La Fayette est un imposteur et ne cherche qu'à vous faire tout entrevoir en mal. Si je me suis ainsi déguisé, c'était pour jouir du plaisir de revoir f*n secret un frère chéri.

Hum, hum. Lequel croire?-. Lequel m'en impose?.. -Utons, allons, il faut que tout cela soit passé soussiteuce: vous vous retirerez promptement dans votre costume incognito, et que tout finisse par ta.

LA POLIGNAC, M m~'M temps.

ANTOINETTE

LOUIS

Je ne comprends pas.

Tout n'est pas perdu,

Ça nous est 6gal,

H est encore une fois cocu.

Tout n'est pas perdu,

Ça nous est égal,

H est encore une fois cocu.

LOUIS

Que veulent dire ces capucins

LA FAYETTE

LOUÏS~ prenant sa ~07'~e~e.

LOUIS


VAUDEVILLE

Am ~<unoMy' est un enfant trompeur.

muis

Ma figue, me voUa dans Ferreur,

J<!suispra'iqu'enco)ere.

Quel que soit le trompeur~

Je ne serai pas sévère.

~K<oMe«e.

Tout ça me donne à soupçonnera

Cal' je ne sais trop quoi penser

De vos révéi'euds pères. (bis) ASTOTNEtTE

Sire, combien de Batteurs

Vous font de vains mystères

Vous connaissez mon cœui'j

Vous le savez si smeèref f

A voir le peuple vous mener,

On dirait qu'il va vous criet'

Oh ]'tn)~ tes etmtih'es (bis) D'~UtTOtS

Ah dans ce moment de rumeur,

Lttisserez-YotM vos frères

Dëcjius de leur honne~tr,

Dans tes cours etrang-eres ? R

Vous-même pouyreK-vous rester

Toujours esclave et sans bouger

Comme un révérend père? (bis) LA POLIGNAC

On dirait que vous avez peur

De lever tête altière.

Votre trop de douceurs

Vous met à la ttsiere,

Votre sort est à déplorer

Et tout Français doit voua trouver

Pis qu'un révérend pcre! (<<&)


LA FAYETTE

Pour vos enfants, plus de bonheur

Si ces ruvërends pères

Vous donnaient de l'ardeur

Pour voir leur jnonastère.

Toujours le peuple il faut aimer.

Rt v<?Hs l'entendrpz chanter

Vive notre bon pt;i'c (~f~ CHOKUS

ANTOINETTE, D'ARTOIS, LA POLIGNAC

Vous-m~me ponfrez-vous rester

Toujours esclave et sans bouger

Comme un révérend père? (~~ LA FAYETTE, m ee etKC.

Toujours le peuple il ~utaiHie~,

Ht vous l'entendrez sauter t

Vive notre bon p~re

AVIS AUX LECTEURS

Ces capucins pleins de 6[t'eui-

Sont altÉs en prière

Baiser avec ardeur

La mule du s<unt pcrf~;

Que qui voudrait les httiter

Sache que, à force de durer,

La semelle est à terre. (~



V 1 E

PRIVÉE

LIBERTINE ET SCANDALEUSE D E

MARIE ANTOINETTE D'AUTRICHE CÏ-DEVAKTT

REINE DES FRANÇOIS. Depuis son arrivée en /r~~fe, ~N~M'~ sa Je'ftn/:ON ~M Temple.

Ofn~e de ving-six gravures.

TOME PREMIER.

Aux Thuileries et au Temple, Et M traave au Palais ~e )'Ëgatite ci devant Palais Royal, ehez1e~ntarch.tB<!< de nouveautés. Van premier de la République.



IV

« Vta pfi~&t, Mbefti&e et M~nd~teaM de tMmfie-R&toiQttte. »

XOTtCE BtBUOHRAPHIQUE

De tous les pamphlets contre Marie-Antoinette, celui-ci est, certes, un des plus rares et parmi tes plus fameux. tMgré cette double raison, il n'a jamais été réimprime par un éditeur moderne. Sa première édition est de ty~t. Il s'intitulait alors: La cour de Louis dévoilée on Mémoire pour servir à MfS<o<re t<e~ intrigues ~ec~Me~ actions et <~<«M'(~emeM de .)/tf;'e-~ft<o<<i~<e, reine des Français, <fMpen<a<rfce et tMt<<</'o/fi'ee du pouvoir exécutif sur le royaume de France (t). Peu après u a reparu sous deux autres tttres t7e de Varie(' ) Un exemplaire de ce tirage a O~mré au Catalogue de la biblio«t~ite de /)f. Alf. ~M~ a* partie, n" :sa. H a été adjuge, à an fnmes, à M. Ed. Rahir.


~1/~Oif/t~lM~/cA~ 7'~0<Tf<M<7K<* ~Z.OH~~ roi des Français, depuis la ~<e de soM~~ce~~e~H~ jef ~Ctt ~7P~. c-t Vid ~r~ libertine et scfi!er~M.e d, 3/<?/c-~n~o~.t~Mc f/~H~cA~ c~e~an~ reine des Françaig, depuis son arrivée en France y<M~ sa de<eM</Q;î ?~?~, titre sous lequel il est le plus gonératenient connu et que je lui d~niM tel, parce qu'il me paraît le seul exact. C'cstj du reste, aous ce titre qu'en 17~3 Duhroea, rédacteuf de la /CH/ de corj''ej?poMt~s/ïec afM libraire, l'annonçait Ii ses iibûnûés et JecteUfs K Nous avertissons par avance, disait-ï!. !es përss de famille de ne pas laisser tomber cet ottvrag~ ~as les mam~ do leurs enfanta. Les gravures libres dont il est aGRompa~np~ te sty]e non .moina libre dont il est écrit « pourraient biou produire en <~ix des ravages dont i)s se repentiraient, et nous sommes au moment où des ma~nr~ « sevët*es doivent présider à l'éducation de uotre jeunesse. U ne faut donc mettre cet ouvrage que dans les mains dfs t( hotnmes faits; encore doit-on les prévenir que ce n'est pas la M vérité tout entière qu'ils liront, ma~ bten de fortes présomj)tioDS sur la plupart des faits racontés, Au surplus, le miti « que pourrait répandre la calomnie sur une famille aussi pct~ K verse est si peu de chose en. comparaison de celui qu'elle n voulu nous f~h'~ que, quand il arriverait que les traits les t< plus ïàux de ~ctte histoire seraient crus à la lettre, ce ne K serait encoM qu'nnc juste peine que SuMraiertt des êtres malK veUIants auxquels une nation ~énÉreuse avait voulu assuré' K le plus beau sort de l'univers et qui, pour prix d'un scmMable bienfait, tramèrent le complot le plus affreux d)~~ « jamais l'histoire iiou~ a transmis le détail (t). ? » Ce sitt~ulipt' morceau de critique littéraire ot politique résTnne assez bien 1~ pensée du livre. Marie-Autoinette y devient la plus ~to'inante et la plus extravagante des aventurières libertines. De sa vie l'autenr anonyme a fait un bien curieux et impudiq~f roman, que je ne tenterai pas de réfuter, me bornant, an cotiï~ de la réimpression que j'en donne, à signaler, ~à et là, quelques traits particulièrement hasardés et étranges. Il inipor~de ni' pas confondre cette Vie privée avec la Vie de la reine que (1) Cité par Tourneux, Itü,léopraphie de Chisloire de Faris,perW (t) la par M~TourneMX, JM&~û~ de fA~Ot~e de .Paf~jMM'

~<ïn< ~a Jî~p~K~tOM~~n~~M. t. ÏVj p. 90, n" zt~o53.


sienate Manuel dans sa Police f/e Paris dévoilée (i), et dont le miftistre Ver~ennes soupçonna Imbert do Buudeaux et sou frère imbert de ViHebon d'être les auteurs. Il est à peu prps certain que la Vie de la reine n'est autre que l'~Ma; /H'~ur/f/ae My vie de ~<tr'e-/t~<OM<'Ke, dont il a été parlé par ait!eM. Le texte. enfin, prouve peremptcu'ement que lelibelle date de la pi'euiière période de la Révolution, des aUusiMts y ctantfattps à des événements de t~))o et 1791. Matgré sa tou~tK'ur; je le réimprime ici iextueïlement, en modèle du genre. C'e'.t uti pampUet qui r~finma tnns tes aut)'es et les complète, pfen-trit Marie-Antoinette à ses premiers pas pour la mener mt heu]i de cette prison, ou elle eut à suer ses dernières nuits de majestueuse, pitoyable et juste agonie.

Jesupprime les gravures qui accotftpa~netiH'~dition originale. tâche n'est point de fournir des éléments à la decomtio!t des musées secrets et privés.

II) P. manuel, La foKee de Paris fi~po~fie. t. p. 276.



Il est des traits sur lesquels tes monstres à qui on les reproche passeraient inutilement t'éponge la plus imbibée de repentir. L'indignation qu'ils ont inspirée en provoque un souvenir éternel, et l'œii le moins insensible ne se rassasierait pas de voir ces pestes de la société expier leurs forfaits dans les horreurs des plus cruels supplices.

Tels sont les traits qui caractérisent la vie de mon héroïne. Toutes les scélératesses dont l'histoire nous a conservé le tableau, la lubricité des Messalines, jointe à la cruauté des Fredegondes, toutes les subtilités imaginaires dont nos romanciers ont pourvu leurs enchanteresses~ se trouvent, dans Marie-Antoinette d'Autriche, réunis à un degré d'atrocité et de raffinement inconnu SM la terre jusqu'à son association à l'héritier du trône. Si l'on en croit cette sorte de chronique qui, pour être scandaleuse, n'en offre pas moins des vérités incontestaMes, ce fut le' plus ambitieux des souverains, l'homme le plus immoral, le père de Léopold enfin, qui e<[t les prémices de la reine des Français, et l'introduction du priape impérial dans le canal autrichien y cumuta, pour ainsi dire, la passion de l'inceste, jouis-


sances tes pins sales, la haine des Français, l'adversion pour les devoirs d'épouse et de mère, en un mot tout ce qui ravale l'humanité jusqu'au niveau des bêtes féroce;. Vous, écrivains faméliques, reptiles de la littérature, dont les plus vénales élèvent jusqu'aux cieux le crime qui vous salarie, et s'efforcent de rendre criminelle aux ) eux de la nation la vertu qui vous méprise, rougissez d'avoir prostitué votre encens à la plus méprisable des femmes. Si le ciel ajoutait un nouveau bienfait & ceux dont la France lui est redevable, rendait le roi sans femme et ses enfants sans mère, cette épitaphe dq~ connue serait la seule qui convint à Marie

Nous ne la mettrons ici en parallèle avec personne. La nature avare de JMaux aussi destructeurs n'en a produit jusqu'à présent aucun qui puisse lui être comparé. A dix ans, Marie-Antoinette s'amusait avec ses sœurs, à qui la première elle apprit des moyens factices qui dédommagent en partie de la jouissance réelle. Le ci-devant cardinal de Roman, ambassadeur à la cour de Vienne, devint épris de ses charmes et lui en fit une déclaration. On lui permit d'espérer (i). Les avantages personnets de ce prêtre réfractaire sont aussi ( t) Doi&.je faire observer ici qnf Marie-Antoinette avait, depuis un an et demi, quitté la cour d'Autriche pour épouser le dauphin (Louis XVI}, quand le cardinal de Rohan tut envoyé comme ambassadeur de France à Vienne, par le ministère d'Aiguillon ? La dauMhi'ne ne rencontra pour la première fois le futur cardinal qu'à sou passage à Strasbourg où il était coaaj'uteur de son onc!c, le 7 mai 1770. Il lui souhaita la bienvenue son arrivée à l'évêché. Gf. Maurice Boutry, ,/t<!<<MH- de J~!f'{e--tt<CtMe~ei Paris, s. d., in-8", t'P. '7~ et sntv. j

Ci-git l'impudique Manon

Qui, dans le ventre de sa mère,

Savait si bien placer son c..

Qu'elle f. avec son père.


connus que son ineptie et sa dissolution. Quoi qu'il en soit un officier allemand eut sur lui la préférence et apprit à Marie les droits de l'homme, les devoirs de la femme, ou, pour mieux dire, toutes les différentes positions qui rendent la jouissance plus voluptueuse. Marie était née avec une mémoire trop heureuse pour oublier jamais les principes de cette jolie tactique.

Rohafi-collier~ instruit de cette nouvelle intrigue, conrat de l'indignation; il tint des propos non équivoques sur le compte de l'&rchidachesse. Ils lui furent rendus; mais elle feignit de les ignorer et remit un temps plus éloigné le soin de l'en faire repentir.

Sur le point de quitter Vienne pour se. rendre en France, Joseph H donna à sa sœur les conseils les plus destructifs pour l'empire où elle aUait apurer comme souveraine. Elle promit de les suivre et n'a que trop tenu parole (t).

L'exclamation par laquelle sa mère exprima sa joie, lorsqu'elle en fut débarrassée, justifie assez la dose des vices dont Antoinette était pourvue.

Tout le monde sait cette phrase à jamais mémorable de la reine de Hongrie « Combien je me venge de cette nation en lui donnant un pareil monstre »

-Marie-Antoinette vint en France en t7<i8. Voici à peu près la situation de ce royaume à cette époque Le duc de Choiseul était alors premier ministre; du moins il avait pris sur Louis XV l'empire le plus despotique.

Tout le monde sait quelles étaient les avenues qui conduisaient le plus rapidement à la conBance de ce {~) Letututi at avril t77o, MaLrie-AntoîaeKe qmtta Vienne pour se rendre en France et contracter te mariage prépara par la poétique 'te Choiseul. Cf. Maurice Bontry, Le ma;'<<ty<- de Jtfa!f<e-XntofneMe; ''mis, i~. m- p. 65.


monarque, tout à la fois te plus aimable, le plus faible et le plus méprisable des hommes. Choiseul n'avait négligé aucun des moyens nécessaires pour y parvenir et il avait réussi. Néanmoins ses profondes connaissances dans la politique, tes fréquenta exemples dont il avait été frappé, le ressentiment d'une mattresse de Louis XV (la Dubarry), qu'il avait méprisée et même insultée publiquement, tout cela lui fit craindre une décadence prochaine~ et pour prolonger son règne, il imagina cette charmante union de l'archiduchesse d'Autriche avec le dauphin. Si la reconnaissance doit égaler le bienfait, on conviendra que le ressentiment doit être proportionne A l'outrage. Aussi le coup porté à notre empire par ce ministre infâme est-il assez funeste pour que sa mémoire soit jamais en horreur parmi le peuple français. La Dnbarry, cette courtisane si peu délicate pour le choix de ses amants, régnait sur le cœur de Louis XV. Le comte Dubarry, plus méprisante encore, n'avait pas rougi de lui donner sa main. J'observerai néanmoins, pour sa justification, que rien N'est plus ordinaire que de voir se rassembler ceux qui se ressemblent. Les voies les plus honteuses ne coûtaient rien jadis a l'homme de cour, pour parvenir aux honneurs ou à la fortune.

Dubarry ne fut point trompé dans ses vues. Sous le manteau des Richelieu, des Fronsac, dès d'Aiguillon, des Vileroy, des Maupou et de tant d'autres réprouver dans l'opinion publique, la Dubarry franchit tes appartements et se trouva dans la couche du premier souverain de l'Europe (relativement à l'auguste nation dont il était le chef).

Ces intrigants consommés dans la pratique des cours, autant que la Dubarry dans le service des halles, des antichambres, etc., ces vils appareilleurs, de concert



avec leur nouvelle protectrice, renversèrent dans un instant tout l'édifice qu'avait bâti Choiseul et que la duchesse de Grammont, sa soeur, s'efforçait d'étayer. Cette femme qui, dit un auteur, possédait tous les vices de son sexe, et pas une de ses vertus, habituée à exercer la domination la plus dure sur tous ceux qui environnaient son char et celui de son frère que l'on pouvait appeler leur lit commun (t), M""> de Grammont, dis-je, voulut étendre son empire sur Marie-Antoinette. Meurtrier du père, Choiseul jugea, à la faiblesse du fils, qu'il serait facile de le captiver. C'en était fait, Louis XVI était sous le joug et la France allait être en proie à ces deux ambitieux. Ils ne purent, néanmoins, supporter le choc de la nouvelle sultane et compagnie, et se virent contraints d'abandonner la cour.

A ce coup d'autorité, on conçoit aisément de quel crédit jouissait la Dubarry sur les sens du Bien-aimé. Dès lors, tous les voiles tombent; les genoux fléchissent et le rival des portefaix voit rendre à son idole des hommages qu'on aurait accordés avec peine à la plus vertueuse des femmes. Tel a toujours été le caractère des courtisanes, de ces créatures prostituées au plus offrant et dernier enchérisseur.

Itcptilcs à la cour, aigles dans leurs seigneuries, ils ii) Cette accusation d'inceste contre le due de Grammont se retrouve encore dans un pamphlet de l'époque. « Lh duchesse de firammoat, sœur du duc de Choiseul, y est-B dit, altièrc, impérieuse, avide du pouvoir à l'excès, avait déjà tellement subjugué son frère que ce ministre si fler, si absolu, s'en laissait gouverner à son gré. Ne sachant à quoi attribuer ce singulier ascendant, la malignité des courtisans leur en avait fait chercher le principe dans une intimité l'itis que fraternelle entre ces deux personnes, trop au-dessus des Préjugés pour se laisser arrêter par ceux de religion ou d'houuêtelé pubUquc. » Le Parc au cerf (sic) ou l'Origine de l'affreux déficit, par un zélé patriote; à Paris, sur les débris de la Bastille, 1700, iB-8", ]>̃ 154.


offraient aux yeux du sage un composé méprisable de servitude et de despotisme.

Parmi les plus zélés admirateurs de la Dubarry, ou compte la duchesse de Valentinois, la maréchale de Mirepoix et plusieurs autres compagnes assidues de la favorite; elles se chargèrent de l'instruire dans le grand art qu'il fallait employer à la cour, de la décrasser, maniérer, et surtout de lui faire perdre ce ton grivois et poissard qui la faisait briller dans les orgies. La comtesse de Béarn eut l'effronterie de la présenter (i Cette complaisance ne lui valut pas à beaucoup près ce qu'elle avait osé se promettre. Peu d'argent, une place de gentilhomme au service de Monsieur, pour le chevalier de Béarn, son fils, des disgrâces continuelles, voilà à peu près quelle fut la récompense de cette vile marraine. Nous tairons ici les circonstances qui ont accompagne et suivi l'introduction de la Dubarry dans le lit que la nation avait confié à Louis XV. L'usage odieux qu'il en a fait est un titre pour détourner ce souvenir humiliant. Au seul nom des personnages qui occupaient alors le ministère, on jugera de leur valeur.

Maupou était chancelier; La Vrillière avait le département de la maison du roi; d'Aiguillon, celui de la guerre et des affaires étrangères; Boynes, la marine, et l'abbé Terray, les finances; ces agents, comme on le voit, étaient autant de brigands qui pillaient, dilapidaient, (y M"" du Barry fut présentée à la cour le 22 avril 1769. il apparaît- que M"" de Béarn, peu fortunée, chargée de famille,, endettée, se chargea du rôle, que vitupère le pamphlet, pour obtenir les grâces les faveurs et Pargent qu'on lui reproche ici. Les historiens les i)In& sympathiques à la favorite se sont aisément mis d'accord sur ce détail. Voyez Pierre de Nolhac, La présentation de madame du Barry, dans la Revue de Paris, iS août 1896, pp. 885, 866, et Claude SaintAndré, Madame Ha Barry, d'après des documents inédits; Pari*, 190g, in-8°, p. 45-


rançonnaient, friponnaient, escroquaient et renfermaient an gré de leurs passions. A chaque instant, ils entrainaient le fantôme du monarque dans des démarches inconsidérées, les lois étaient anéanties, les finances épuisées, et le peuple gémissait sous le joug du pouvoir arbitraire.

Les princes du sang étaient la seule société que pouvait avoir la Dauphine mais aussi avilis que Louis XV, pouvaient-ils lui inspirer des principes de vertus? Les uns croupissaient dans la plus sale débauche, les autres ne rougissaient pas de courber le front au joug de la Dubarry. Le reste était enseveli dans un silence aussi reprocliaWe que le crime. Personne, enfin, n'osait élever \sl voix sur des désordres qui ébranlaient aussi visiblement la machine de l'Empire.

De toutes les princesses, nous excepterons la duchesse de Chartres (aujourd'hui Madame d'Orléans), dont l'exemple ftaifbien fait pour éloigner la reine de ce chaos de turpitudes. Mais encline à la débauche autant et plus encore que ceux qui l'entouraient, elle dédaigna cette femme vertueuse et ne s'associa que des p. des tribades, des joueuses, des aventurières, etc.

L'impuissance dont on taxe son mari a-t-elle produit ce dérèglement? Non, la femme née avec des principes de délicatesse, en supposant qu'elle ne résiste point à la tentation, sauve les apparences; elle n'afllche point le scandale, et trouve dans le mystère, avec un amant discret, ce que l'époux ne peut lui procurer.

Marie-Antoinette arrivée en France fixa tous les regards, captiva tous les suffrages, recueillit tous les éloges. On s'empressait à son passage. Des cris d'admiration peignaient l'ivresse du peuple et ses espérances flattenses qu'il osait concevoir de sa souveraine future. Une physionomie intéressante, une taille majestueuse, des


grâces qui n'étaient qu'à elle seule, en fallait-il davantage pour prévenir en sa faveur un peuple surtout toujours aveugle dans sa prédilection pour ses souverains ?

Née pour les plaisirs et profitant de la licence désastreuse qui régnait à la cour, Marie ne sacrifia rien à l'étiquette. Elle voulut entrer seule, et quand elle le jugerait à propos, dans l'appartement de Louis XV. Sans être malintentionnée, on conçoit naturellement que le paillard Flcur-de-Lycé justifia aux yeux d'Antoinette que, tout âgé qu'il était, il valait mieux encore que son petit-fils. Sous le prétexte de se faire voir à un peuple qu'elle aimait, disait-elle, et dont elle voulait être aimée, elle se promenait dix fois le jour sans escorte. Sa première dame d'honneur, Mme de Noailles, lui fit des représentations à cet égard, qui furent tournées en ridicule et lui valurent le surnom de madame Étiquette.

Le caprice du Bien-aimé pour sa petite-fille fut presque aussitôt éteint qu'allumé. Bientôt la Dauphine n'inspira que de l'aversion à toute sa famille. Le Dauphin luimême la mortifiait à chaque instant. Que n'a-t-il persisté dans un dédain qui eût opéré le bonheur <ie la France? Mais Antoinette connaissait tous les moyens de captiver le plus insensible, et son mari, le premier, ne résista point à ses amorces.

Cependant Madame (la ci-devant comtesse de Provence) n'ayant de passions que celles du vin, des hommes, des femmes, des meubles, de l'argent, etc., etc., Madame était inconsolable de voir passer le sceptre dans les mains d'Antoinette.

Elle avait conçu le vif ressentiment contre elle qui était destinée pour occuper la première place du royaume. La Comtesse d'Artois, plus réservée que les autres, gémissait secrètement de l'indifférence de son


mari à son égard et de le voir prodiguer ses faveurs aux catins les plus méprisables. On lui prête cependant un propos que nous rapporterons. La nommée Dupuls, sa femme de chambre, lui racontait un jour l'aventure de la fameuse Contât avec M. D* et se servait de périphrases pour présenter les faits sous une forme moins hideuse « Ne gaiez point, lui dit la comtesse les mots pour moi équivalent à la chose. »

Ces trois femmes, comme on le voit, étaient susceptibles de recevoir toutes les impulsions, en tant que mauvaises, plutôt que de les repousser. Leurs époux n'avaient pas plus de force que de valeur: Monsieur, l'homme le plus vain du royaume, sacrifiait à l'esprit ce qu'il devait donner au sentiment, c'est-à-dire tous ses instants étaient employés à l'étude de la littérature et pas un aux moindres calculs de la spéculation philanthropique. Le comte d'Artois était englouti dans la plus sale débauche. Louis XVI, né bon, mais trop pusillanime, semblait forger les fers de son malheureux peuple, en travaillant à la serrurerie.

Maurepas, d'une indifférence extrême pour tous les événements, mais plein d'ardeur pour la satisfaction de son estomac et la digestion de ses aliments, était le chef du conseil. Trop insouciant pour le ministère, trop aimable pour être exclu de la société, il négligeait l'un et faisait les charmes de l'autre. Sa politique néanmoins le rendait également précieux à la famille royale. Le comte d'Artois, réunissant à beaucoup de vivacité une figure intéressante, fut celui sur lequel Antoinette jeta son dévolu.

La réputation qu'il s'était acquise dans le commerce des femmes fit concevoir à sa belle-sœur le projet de se l'attacher. A quelque prix que ce fût, elle voulait devenir grosse. La reine de Hongrie, à son départ, lui avait expres-


sèment recommandé de ne rien négliger à cet effet. Louis XVI était impuissant; et malgré toutes les ressources qu'elle employa, elle ne put parvenir à le fertiliser. Cependant, avant de se choisir une machine à population, elle envoya un courrier à Vienne, chargé d'une consultation à cet égard. Voici la réponse de l'oracle; elle est littérale

« Puisque vous avez du goût pour les femmes, il faut vous satisfaire, mais y mettre de la constance, de la modération et de la retenue. La première de ces vertus conserve la réputation, et les autres la santé, puisque rien ne mollît et n'use d'aussi bonne heure que ce métier. Votre mari ne peut ni ne pourra Jamais vous faire d'enfants; ce mal est grand, sans doute; une reine stérile est sans considération comme sans appui; mais ce mal n'est pas sans remède. H faut faire comme moi, prendre un faiseur. Choisissez-le comme j'avais choisi le prince Charles, grand, béau, jeune et surtout vigoureux; prenez-le dans les hommes de la cour les plus proches de vous cet événement ne pourrait, quoi qu'il en arrivât, le com,promettre ce sera un appui de plus pour vous; en cela, vous serez plus heureuse que je ne l'ai été. Tout l'univers a connu ma galanterie et ses effets. On peut ignorer la vôtre, si vous la couvrez avec soin du manteau de votre passion pour votre sexe; mais je vous le répète, ma fille, ménagez-vous (i). » Le conseil s'accordait trop bien avec ses sentiments pour rester sans exécution. L'expérience va justifier qu'elle porta à l'excès sa soumission au décret de la cour de Vienne.

La duchesse de Pëquigny fut la première honorée de la confiance et de l'intimité de Marie-Antoinette. Elle atnusa longtemps par ses bons mots- et son esprit, sur(i) Est-il besoin de dire qu'aucune lettre de ce genre ne se retrouve dans la correspondance de Marie-Thérèse avec Marie-Antoinette ? Cependant, sur l'impatience d'apprendre la première grossesse de sa fille, je renvoie le lecteur aux lettres dc Marte-Thérèse et aux divers documents rassemblés sur le même sujet dans mon volume ̃Les maîtresses de Marie-Antoinette. pp. 21 et suiv.


tout par ses continuelles plaisanteries sur le compte rie la Dubarry, qui était la bête noire de toute la famille mais cet esprit caustique et son goût pour le sarcasme la firent craindre et lui firent des ennemies. Ils profitèrent pour la perdre de ce qui la faisait aimer; elle fut disgraciée (i).

Le feu duc de la Vauguyon, cet ennemi capital du due de Choiseul, auquel il faisait une guerre ouverte, cherchait à appuyer son parti déjà chancelant. Il imagina que s'il pouvait placer la duchesse de Saint-Maigrin, sa bru, dans le lit de la Dauphine, elle pourrait servir à ses vues contre son ennemi et obtenir la place de dame d'atours. Cette duchesse, une des pins belles et des plus aimables femmes de la cour, était bien digne d'occuper la place de favorite elle y parvint aisément et plut beaucoup dans le déduit amoureux mais son règne ne fut pas de longue durée, Son peu de génie en politique lui fit ménager la comtesse Dubarry, sans cependant la voir; mais elle ne la déchirait pas en particulier et ne lui faisait pas des mines en publie; elle voulut ce qui s'appelle ménager la chèvre et le chou cela déplut souverainement et cette nouvelle amante ne tarda pas à être répudiée.

Mme la duchesse de Cossé succéda à M"10 de SaintMaigrin elle fut nommée première dame d'atourg à la demande de sa maîtresse, qui en parla au roi, en excluant nommément Mme de Saïnt-Maigrin. Cette troisième eût joui de la plus grande et de la plus constante faveur si son caractère sérieux, philosophe et raisonnable eût pu sympathiser un peu davantage avec la frivolité et le goût (i) On peut remarquer que pour les divers portraits des femmes de l'entourage de Marie-Antoinette, Fauteur du pamphlet s'est abondamment servi du Portefeuille d'un talon rouge et lui a fait de nombreux emprunts.


des plaisirs vicieux de la Dauphine la même année vit More et finir cette intimité. Jusqu'à la mort de Louis XV ce goût pour les femmes n'avait encore laissé entrevoir dans Marie-Antoinette que celui qu'elle aurait du. avoir plus naturellement pour les hommes. Nous avons dit plus haut que le comte d'Artois avait fixé les regards de la Dauphine. Il s'en aperçut et ne tarda pas à se prêter à ses vues. Son assiduité fit du bruit. Il parvint bientôt aux oreilles de l'impératrice, qui ne trouvant personne plus capable de l'instruire de la vérité du fait que le cardinal prince de Rohan lui écrivit pour s'en informer. Cet exprélat, ce zéro ecclésiastique était toujours amoureux d'Antoinette. La connaissance du comte d'Artois qu'on lui supposait alors, et qui se réalisa depuis, l'intriguait extrêmement, effrayé de la concurrence qu'il ne pomait se flatter de dissiper.

Malgré son amour-propre, la rage s'empara de son cœur; il fit réponse à Marie-Thérèse. En ymci la copie: A VimpèraiFiee de toutes les floiigrieg.

-Madame,

Mon respect et mon zMe pour l'iUustre maison d'Aul rïehe, la vénération que vos vertus m'ont inspirée, la franchise que vous avez reconnue en moi. lorsque le roi me chargea de ses sentiments auprès de vous, et que vous sommez d'être toujours de même, tout me foire à remplir un ministère douloureux à mon coeur. Que n'avez-vous chargé quelque autre de cette affligeante mission

Il n'est que trop vrai que notre Dauphine, en entrant sir le territoire de France, a totalement oublié les leçons de sagesse que vous vous étiez plu fi faire germer dans son cœur indépendamment de son goût excessif pour le luxe, elle se livre à tous les exe^s de la coquetterie. Le bruit court qu'elle préfère son beau-père à son époux. Dieu veuille que cela ne soit pas mais les apparences sont contre nos désirs à cet éçnrd. Voilà tout ce que je puis vous apprendre.


puisse V. M., par ses sages exhortations, la remettre dans le sentier du devoir Puisse mon zèle y coopérer C'est la moindre preuve de dévouement que puisse donner à V. M. celui qui ne cessera d'être,

Madame,

de Votre Majesté

le très humble et

très respectueux serviteur.

-J* L. de Rohas, etc.

Cette lettre, trouvée dans les papiers de l'impératrice, et qui fut renvoyée à Antoinette par son père, mit le comble au ressentiment qu'elle avait déjà voué à son auteur.

Comme elle voulait donner le plus grand éclat à sa vengeance, elle sollicita pour lui les places les plus éminentes, et par ce moyen lui prépara une chute plus humiliante.

La marquise de Mailly occupait, pendant cet intervalle, le siège de la confiance et de l'intimité elle était de toutes les parties et de tous les conseils de la nouvelle reine; eUe épiait tout, savait tout, et rapportait tout. Enfin le comte de Dilon, surnommé le beau Dilon, revint à la cour, où il avait été page, et tourna tous les yeux vers lui; la reine ne fut pas la dernière à qui il fit impression; elle fit des avances, et, comme on le présume aisément, elle ne tarda pas à être préférée. Sans esprit, sans amabilité, une figure aussi usée que son existence, voilà en bref le portrait de celui qui devint le héros du jour une anecdote suffira pour justifier combien Antoinette était peu délicate dans son choix. A Spa, il fnt menacé de coups de bâton, en présence du roi de Suède. Il en fut quitte pour la peur, moyennant des excuse&.

La séduisante reine eut le secret de faire goûter son


chevalier à son imbécile de mari, au point de lui faire accorder des grâces et une faveur marquée quand on jouait, le roi était le caissier de Dilon et lui donnait l'argent dont il avait besoin pour faire la partie de la reine. Dilon perdait toujours, et cela n'ennuyait pas le roi, qui n'est pas plus généreux que ne le sont en géné- rat les Bourbons. 11 prit enfin cette liaison de la meilleure part, jusqu'au moment d'une indiscrétion marquée. La reine, à un des bals qu'elle donnait au château, et pendant lesquels elle ne dansait presque qu'avec Dilon, prétendit avoir une palpitation de cœur effroyable elle fit mettre la main sur son cœur à son auguste époux et après lui, au cher comte, qui eut la hardiesse de s'y prêter en présence de son maître. Le roi prit mal la plaisanterie; on craignit déjà pour Dilon mais l'humeur ne tarda pas à disparaître. L'adroite Antoinette apaisa tout avec une caresse et quelques mots tendres; l'amant reprit la confiance avec la faveur, et le cocu royal rentra dans son insouciance et sa nullité.

Malgré la reine, Dilon partit pour son régiment, après qu'elle eut vainement demandé au rétif M. de Mayenne dispense de rejoindre, sous prétexte que ce colonel lui était nécessaire pour ses bals et ses promenades; la séparation fut cruelle de part et d'autre. M">e la princesse de Guéménée sécha les pleurs de l'amante, et quelques grisettes consolaient l'amant.

La passion non équivoque de Marie pour la vigoureuse et lubrique Guéménée fit augurer aux plus fins spéculateurs que sa conquête était assurée pour longtemps. C'étaient des tête-à-tête continuels. Les séances étaient de plus de deux heures.

Les yeux d'Antoinette brillaient du feu le plus ardent. On se faisait publiquement les caresses les plus lascives.


A la fin, cette intrigue fit place à une autre Dilon revint, et M»18 Guéménée fut congédiée.

Cette année, l'hiver fut des plus bruyants. Les bals, les spectacles, le jeu, les soupers, tous les plaisirs enfin occupèrent toute la cour. Lorsque l'on s'aperçut que la manie des femmes ne dispensait pas la reine du commerce des hommes, les ci-devant seigneurs briguèrent du service. Dilon n'en pouvait plus, et il ne tarda pas à être suppléé. L'indécence d'Antoinette se manifesta au point que les moins scrupuleuses en furent scandalisées. Des prudes se permirent des représentations la princesse de Marsan, Mme de Maurepas hasardèrent quelques remontrances, mais le masque était levé, et l'on en fit peu de cas.

En 1775, il s'agit d'aller à Reims pour le sacre du roi. Deux jours avant son départ, Louis XVI, les yeux baignés de larmes, pria sa digne épouse d'éviter la censure publique et d'épargner à lui-même les désagréments de réitérer les reproches que son inconduite et son débordement lui avaient tant de fois mérités. Elle promit; mais, à la ville comme au villagé, promettre et tenir font deux.

Malgré la disette des finances, malgré les sollicitations de Louis XVI, qui ne prêchait qu'économie, la cérémonie du sacre fnt des plus dispendieuses. Marie-Antoinette ne craignit pas d'insulter à la misère du peuple en affichant le luxe le plus impérieux. Les équipages les Plus riches, les parures les plus rares, tout fut prodigué. Oa épuisa le trésor; on rançonna les gens d'affaires; les usuriers intervinrent, et la majesté royale fut compromise avec ces vils sangsues de l'humanité qui, dès lors, exercèrent un empire aussi impuni que tyrannique.

Reims ne fut pas pour l'Autrichienne un asile plus


sacré que Versailles. La charmante promenade de ta Porte-Neuve lui prêta ses enchantements. L'He-d'Amour lui justifia son titre, et Dieu sait combien de libations y ont été faites en l'honneur de la divinité dont elle porte le nom 1 Voici de quelle manière Antoinette s'y prenait pour tromper l'œil des médisants et échapper à la pour.suite des importuns. Elle courait dans les bosquets comme une folle ou plutôt comme une bacchante chacun l'imitait, et à un certain signal ses confidents éteignaient les lumières. On errait à l'aventure. Un aventurier s'emparait de la royale vagabonde, et souvent elle ignorait quel était le téméraire à qui elle se laissait aller. Si l'on en croit la chronique, le roi fut instruit de ces gambades anticonjugales et lui interdit la promenade des bosquets, mais Antoinette avait plus d'une corde à son arc et trouva partout ce qu'on lui avait interdit là. Le comte d'Artois n'avait point ralenti ses assiduités, mais il ne s'était point encore expliqué ouvertement. Il va bientôt figurer d'une manière conforme aux vues d'Antoinette.

De retour à Versailles, Marie prit en considération la situation critique de laMontansier, directeurdes spectacles de cette ville. Elle était sur le point de faire une banqueroute frauduleuse mais comme ses goûts étaient ceux de la reine, celle-ci paya ses dettes et conserva dans sa direction une femme que son dérèglement aurait conduire à l'hôpital.

Marie prit goût au spectacle de la Montansicr. On y jouait la sale comédie en fallait-il davantage pour natter l'attention d'une femme plus obscène encore que celles qui la représentaient? Le comte d'Artois y accompagnait t sa belle-sœur. Des disparitions aussi fréquentes vinrent aux oreilles du roi, qui flt essuyer à sa femme la mortification que nous allons rapporter. Elle revenait, suivant


sa coutume, d'une de ces représentations libertines, dans le déshabillé le plus immodeste, avec Capet le fugitif. Arrivés à la grille, la sentinelle leur en refuse l'entrée. On décline son nom avec autorité. « Le roi l'a expressément défendu, répond le factionnaire, et lui-même en a donne la consigne. » On insiste, on descend même jusqu'à la prière. Point d'ouverture de grille. Le comte d'Artois jure, tempête. C'est en vain. On regagne tristement le théâtre de la Montansier; ce n'est que par la galerie attenant au château que Marie pénètre dans son appartement. Encore est-elle obligée de solliciter, comme une grâce, de la lumière qu'elle ne peut trouver que dans la salle des gardes. Le lendemain, au lever du roi, elle se plaint amèrement de l'extravagante consigne donnée à la grille du château et demande au nul potentat si, dans son propre palais, elle doit être prisonnière ou se trouver exposée au désagrément de n'y pouvoir rentrer à son gré. Le roi lui répond qu'il est le maître et que, lui couché, il prétend que tout le monde le soit chez lui Marie veut répliquer, Louis lui tout-ne le dos. Cette boutade, comme on le pense, ne fit que lui rendre son mari plus odieux et l'affermir dans son infâme résolution de souiller de plus en plus la majesté du trône.

Néanmoins la grossesse de la reine était déclarée et les opinions sur cette grossesse naissaient à l'infini. Elles avaient pris époque pendant le séjour de l'archiduc à la cour de France. Les uns le nommaient le père de l'enfant dont Marie était porteuse; les autres le donnaient au duc de Coigny, etc. Il serait difficile dVtablir laquelle des observations se trouva la plus juste.

Nous remarquerons seulement que si on n'eût point connu d'autres amants à Antoinette, toutes les circon-


stances se réunissaient en faveur de Coigny (r). Une surabondance de santé, la figure la plus aimable, des yeux expressifs, une tournure digne du pinceau, tout cela l'avait rendu précieux à Antoinette. Accoutumée à faire des avances, elle ne tarda pas à être heureuse. Semblable à ces femmes qui croiraient leur jouissance imparfaite s'il y manquait la publicité, elle afficha, pour ainsi dire, l'heure à laquelle les spéculateurs placent l'époque de sa grossesse. A un bal de l'Opéra, la reine s'était associée plusieurs femmes sous le même déguisament. A la faveur de cette parité, elle quitte ses compagnes, se perd dans la foule et va rejoindre le duc qui l'attendait dans une loge. Quelques instants après, on l'en voit sortir si agitée, dans un état de désordre si sensible que les conjectures n'ont paru équivoques à aucun de ceux qui en ont été les témoins. Plusieurs femmes de la cour ont écrit cette remarque sur leurs tablettes. Mmo de Guéménée surtout, dont l'outrage était le plus récent, fut celle qui se contint le moins. Elle fut disgraciée, renvoyée de la cour, et sa charge de gouvernante fut donnée à M""> de Marsan (2).

Malgré le commerce authentique d'Antoinette avec les hommes, elle ne cessait point ses liaisons, avec les femmes. Le premier était devenu nécessité et l'autre un accessoire qui ne servait sans doute qu'à rendre plus ji) Le duc do Coigny, né en 17^7, colonel des dragons, grand écuyer, député aux États généraux de 1780, commandant dans l'émigration à l'armée de Condé, pair de France et gouverneur des Invalides sous la Restauration; mort en 1821.

(2) La princesse de Guéménée, née Victoirc-Armandc-Josèplie de Rohan, quitta en réalité sa charge à cause du scandale retentissant de la falllite des 33 millions faite par son mari en 1783. L'éclat de cette déconfiture lui fit résigner sa charge, qui passa aux mains d<- Mmc de Poligrnac. La princesse de Guéménée était la maîtresse On duc de Coigny, dont il a été parlé plus haut.


piquant le principal. La princesse de Lamballe remplaça jpn» de Guéménée.

j/m de Noailles n'avait point effacé l'impression désavantageuse qu'elle avait faite sur l'esprit de la reine, en commençant son service auprès d'elle. Elle éprouvait de la part de sa maîtresse des mortifications continuelles. D'autres s'en seraient rebutées; mais les Noailles se rebutaient-ils? Non, rien ne coûtait à cette engeance servile quand son intérêt y était pour quelque chose. Um de Noailles s'obstinait donc à rester et décemment il fallait des motifs pour qu'on put l'expulser. On conseilla à la reine de créer une nouvelle charge qui anéantit, pour ainsi dire, tout le bénéfice que les prérogatives de celle qu'occupait M"18 de Noailles. Le projet fut rempli en imaginant la charge de surintendante de la maison, et pour écraser davantage la première dame d'honneur, on avisa d'en revêtir une personne dont le rang et la naissance éclipseraient ceux de M!M de Noaflles. La princesse de Lamballe fut donc celle sur qui on jeta les yeux pour remplir ce brillant exercice, qui réduirait à rien celle de M"10 de Noailles, tant par rapport aux émoluments qu'aux prérogatives. On imagina la charge de surintendante de la maison; et pour écraser davantage la première dame d'honneur, il fut question de donner cette charge à une personne dont le rang et la naissance l'éclipseraient; la princesse de Lamballe fut choisie. Jeune, aimable, séduisante par sa taille et sa figure, tendre et sans passions, elle en avait inspiré ce moyen la rapprochait; elle était la favorite par excellence; il fallait tout faire pour elle.

La reine proposa cette augmentation de dépense dans ̃>a maison à M. Turgot, qui eut la maladresse de refuser, ci ce fut sa perte. Des mécontentements de la souveraine semblèrent autoriser les plaintes de toutes les femmes


de la cour, même des femmes1 de chambre, qui for. maient un parti nombreux contre un ministre qui joi.gênait à beaucoup d'autres défauts celui de ne pas aimer le beau sexe. Les autres ennemis de M. Turgot et les gens qui, par essence autant que par intérêt, ne peuvent souffrir les ministres trop longtemps en place se joignirent à cette cabale.

La reine se servit de l'autorité qu'elle avait sur son auguste époux M. Turgot fut renvoyé et M"1" la princesse de Lamballe fut nommée surintendante de la maison de la reine, avec 400,000 livres d'appointements (1). Le règne de cette favorite dura jusqu'après les couches de la reine, pendant lesquelles elle ne la quitta pas. La faveur des Coigny éclipsa la princesse, qui se retira prudemment de cette grande intimité. Elle n'en fut pas moins humiliée, surtout quand elle se vit sur le point d'être éclipsée par une Polaslron 2). Comptant un peu trop sur son crédit, elle porta ses plaintes au roi sur le mépris que la reine lui faisait éprouver; le roi ne fit qu'en rire, ne répondit rien et courut en dandinant à sa forge finir r un cadenas qu'il avait commencé la veille et qui était tri>s pressé. La Hère Savoyarde (3) ne s'eut tint pas là: elle s'adressa à son beau-père (Vi. Ce cafard, sensible (i) M"" de Lamballe, nommée surintendante le i(j septembre 177», n'eut, à la vérité, que 5o,ooo livres de traitement. Cf. le brevet dans Georges Jîertin, J/°»e de LambaUe, d'après des documents inédits: Paris, 1894, in-J8, pp. 55, 56.

{a) La comtesse de Polignac, la grande favorite de Marie-Antoinette, était née Gabi-icIlc-YoIande-Clautle-AIarline de Pulastron. Elle épousa, le 7 juillet 17G7, âgée de div-liuit ans, le comte de Pollgnac. <!f. sur ses origines mon volume Madame tte Polignac et la cour tjtilante de Marie-Antoinelle. pp. i5 et suiv.

(3) C'esl-à-dirc la princesse de Lamballe, de la famille de SavoieCarignan, comme chacun sait, et fttlc du duc de Modene et de Cliarloltii-Agïac d'Orléans.

(4| Le duc de Penthièvre, père du prince de Lamballe.


comme un dévot, courut au ,curé de Saint-Eustache. Le pasteur promit d'en parler au roi à la première confession, et en attendant on résolut de tenir ferme. Comme le secret de la confession du roi au curé n'était qu'entre trois, on l'ignore, mais on vit le froid de la reine continuer contre M""1 de Lamballe, qui, sans y avoir égard, continua l'exercice de son emploi avec autant de fierté que d'audace et de dignité.

La grossesse de la reine avançait malgré la certitude que l'on avait sur le faiseur, on donnait encore plusieurs autres pères à cet enfant si désiré. Le roi, seul de sa cour, était dans l'erreur et se l'attribuait. Le plus doux des maris, le seigneur du château de Versailles se complaisait dans sa progéniture prochaine et tous les courtisans au fait du secret applaudissaient à la sottise du prétendu papa. Madame (i), experte en intrigues, et qui connaissait à fond celles de sa belle-soeur, n'était pas dupe du fait. Elle en avait instruit son mari, qui avait inscrit les détails curieux dans la collection qu'il a faite des annales savantes du règne de son illustre frère, de ce qui se passait dans son intérieur, même dans sa forge, qui n'était pas celle de Vulcain; car il n'y fabriquait pas des las pour y enfermer les amants de sa femme, et les prendre sur le fait. Cet ouvrage érudit, du plus érudit des princes de son siècle, fera un jour l'ornement de sa bibliothèque, comme il fait actuellement l'éloge de son esprit et de ses connaissances.

L'accouchement de la reine fut long et pénible, elle fut même quelque temps en danger. Vermont, son accoucheur, qui passe pour ignorant, la sauva par une saignée (i) Madame, femme du comte de Provence, ûetle-sœur de la rein s. 13


qu'il ordonna contre l'opinion de la Faculté (i). Les amants et les maîtresses, pendant ce moment, étaient déroutés. Dilon était loin Coigny ne se montrait qu'à peine Laval avait été reconduit, ces trois courtisans étaient même excédés d'un bonheur qui pouvait avoir pour eux les suites les plus funestes. Le duc de Coigny surtout, à qui le publie accordait l'honneur de la pater.nité, avait plus d'une fois pâli à la vue des élancements de joie ridicule que le roi avait montrés en prenant des mains de Vermont et tenant dans ses bras l'enfant qui venait de naltre; puis, voulant imiter Henri IV, il le mon.trait à l'assemblée avec l'air de la plus grande satisfaction; et adressant la parole à M. d'Aligre, premier président du Parlement « Voyez-moi, monsieur, et dites bien que cette fille est de moi » »

Quand la reine fut relevée de ses couches, le tableau des amusements de Versailles changea. Plus de bals, peu de jeux, mais beaucoup de promenades nocturnes. Dès les premiers beaux jours on s'assembla le soir à l'entrée de la nuit sur la terrasse du château, au parterre du Midi(2). (1) Le chirurgien Vermond était le frère de l'abbé de Vermond, lecteur de Marie-Antoinette. Mcrcy-Argenteau, l'ambassadeur de Marie-Thérèse à Paris, avait meilleure opinion de lui que l'auteur du pamphlet. « Dans l'art des accouchements [il] passe pour le plus habile sujet que l'on connaisse à Paris, » écrivait-il à l'impératrice le 29 mai 1778. L'incident dont 11 est parlé ci-dessus se retrouve dans la lettre de Mercy à Marie-Thérèse, du M décembre 1778. La reine incommodée eut un ir mouvement convulsif qui, dans le désarroi de l'accouchement, échappa à Louis XVI. « L'accident, par la grande présence d'esprit de l'accoucheur, fut dissipé en quatre minutes au moyen de cinq palettes de sang tirées du pied. n Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et te comte de Mercy-Argenteau, avec les lettres de Marie-Thérèse et de Marie-Antoinette, publiée avec une introduction et des notes par M. le chevalier Alfred d'Arnetli, directeur des archives de la maison impériale d'Autriche, et M. A. Geffroyj professeur à la Faculté des lettres de Paris; Paris, 1874, gr. m-8", tome Iir, p. 279.

(2) Sur ces promenades nocturnes, qui ne sont pas de l'invention du libelllste, voyez les Mémoires sur la vie privée de Marie-Anloinetle,


Tout Versailles s'y rendait; les femmes de toutes espèces y jouaient un rôle et y continuaient un cours de débauche. Les femmes de la cour, les femmes de chambre, tes femmes des premiers commis, des bourgeois, des valets du château, et même les grisettes se mêlaient et, se promenaient ensemble dans l'obscurité on finit par se déguiser. La reine, Monsieur, M. le comte d'Artois et leurs singes couraient la terrasse et même les bosquets: les femmes avec des capotes et les hommes avec des redingotes et de grands chapeaux rabattus sur le nez. On se perdait, on se retrouvait, et tout était au mieux dans le meilleur des mondes possibles.

La musique des gardes-françaises rendait encore ces scènes plus touchantes par les airs les plus lascifs qu'elle jouait pendant plus de deux heures sous les fenêtres du château. Le vieux Biron, qui n'était bon qu'à faire ranger les fiacres, était le courtisan le mieux instruit de ce qui se passait toutes les nuits par le moyen de ses sentinelles qu'il chargeait d'épier en intrigant adroit, il disait tout tout bas et se faisait encore valoir par son secret. Enfin, tant que l'été dura, ces nocturnales durèrent. Il est inouï combien la reine chercha et trouva d'aventures hommes et femmes, elle essaya de tout. Un garde-ducorps, ne la connaissant pas, la prit sous le bras et la mena dans un bosquet, en lui tenant les propos les plus positifs, et là il se mit en devoir d'exécuter les promesses qu'il avait faites en chemin; l'occasion et le moment n'étaient pas favorables, on se débarrassa en riant des mains du ravisseur, il fut remarqué et suivi; aussi, le

reine de France et de Navarre, suivis de wuuenirs et anecdotes At'stnrir~ues sur les règnes de Louis SHKMS et de Louis XVI, anecdotes Cano~M'MfHM MM* ~M rëynet <? Aoa~ ~Tt~ c~ </e ~OM~ ~7, par M"' Cam- !>ati, lectrice de Mesdames, et première femme de chambre de la reine; Paris, i8a3, in-8°, tome I, p. 195.


lendemain, il fut envoyé en Normandie fouetter ses lièvres et depuis il ne parut plus à la cour (i).

Quelques jours après, notre Antoinette, alternativement conduite par sa passion pour les femmes et par le désir d'avoir des enfants, rencontra sur la terrasse une grande femme bien faite et ayant de la tournure; elle l'accoste à l'ombre du déguisement et d'un mot de ralliement con. venu entre cette femme et une de ses amies, qu'elle appe.lait sa soeur. Celle-ci, dupe de la ressemblance de la taille de la reine avec celle de son amie, la prend par le bras, badine beaucoup avec elle, passe en revue la plupart des femmes de la cour; la reine même fut touchée, mais légèrement la femme avait de l'esprit, elle plut, et l'on se donna rendez-vous pour le lendemain à pareille heure. Antoinette, en la quittant, donna ordre qu'on la suivit et qu'on eût à savoir qui elle était, pour lui en rendre compte à son lever; quels furent le chagrin et les regrets de la reine quand elle apprit que cette beauté si charmante qui l'avait tenue éveillée toute la nuit, et avec laquelle elle se promettait des plaisirs inconnus au reste des mortels, était la laide, la sale, la bavarde et la dégoûtante Manon Loustenau, mariée depuis dix ans à un neveu de l'abbé de la Ville, nommé Desons, qui avait eu la bravoure de lui faire un enfant étant fille, et qui, pour récompense d'un si haut fait, fut réduit à l'épouser; c'est bien mal reconnattre un tel mérite. Cette malheureuse (i) M"° Campan donne de cette aventure ce récit « Un autre soir, un garde-du-corps de Monsieur, étant venu de même se placer auprès des princesses, les reconnut, quitta la place où il était assis et vint en face de la reine lui dire qu'il était bien heureux de pouvoir saisir une occasion d'implorer les bontés de sa souveraine; qu'il sollicitait à la cour. Au seul mot de sollicitation, la reine et les princesses se levèrent précipitamment et rentrèrent dans l'appartement de Madame. » Mme Campan, Mémoires sur la oie privée de Marte-Antoinette. tome 1, p. 195.


(créature, la gazette du quartier, ne manqua pas au rendez-vous, mais elle reconnut sa prétendue soeur et vit, par l'expulsion qu'on lui donna, qu'elle avait d'abord été méconnue. Quelque peu honorable que fût cette aventure pour Mm' Desons, elle ne put la taire, c'est d'elle-même que l'auteur la tient.

Un autre jour, notre Antoinette, toujours imbue des mémos principes, vou1ait,à quelque prix que ce fût, trouver, comme on le dit trivialement, chaussure à son pied. File aborda un jeune homme qui lui parut, au clair de lune, être assez bien fait et d'une jolie figure. Elle ne se trompa point, et son instinct pour cette fois la servit mieux qu'elle ne l'aurait pu désirer. Ce jeune homme était un enfant de l'amour et beau comme lui, il venait tout récemment d'avoir une place de commis au seeré•(ariat de la Guerre, par la protection d'une comtesse qui est sa mère et qui ne put jamais distinguer qui en était le père. Tendre, sensible, doux, innocent et timide, il fut loin d'abord de deviner à qui il avait t'avantage de parler.

On le questionna sur la situation de son coeur, ses réponses et son ingénuité enflammèrent la trop inflamtmable princesse; on lui passa la main sous le menton, que l'on trouva seulement garni du plus léger duvet; sa peau douce et fine annonçait l'âge des plaisirs on en fut plus convaincu quand on sut qu'il n'avait que dias-sept ans et qu'il ne connaissait de l'amour que le nom.

Malgré sa timidité et son embarras, on distingua une sorte d'esprit dans le nouvel Adonis; enfin il plut sa figure, son ton, sa taille, tout, jusqu'au son de sa voix, se tracèrent dans le cœur de notre héroïne en traits de feu. On le quitta sans se faire connaître et on lui donna rendez-vous pour le lendemain, à la même heure et au même lieu.


On sait que le sommeil et l'amour s'accordent mal ensemble; le même sentiment qui avait fait du progrès sous les lambris dorés du château de Versailles avait suivi notre jeune homme dans sa petite solitude. L'aventure, après l'avoir étonné, l'avait enflammé à son tour. Nature et jeunesse lui firent sentir que jusqu'à ce moment il avait existé dans un néant qui n'était pas fait pour lui, ou, pour mieux dire, qu'il n'avait pas existé. Il ne ferma pas l'oeil de la nuit; la journée lui parut un siècle, les distractions, l'ennui, le découragement et un malaise, jusqu'alors inconnu, s'emparèrent de ses sens et l'accablèrent jusqu'au moment fortuné où il allait rejoindre celle qui causait tout ce ravage. Il en était de même chez Antoinette, à la jouissance près, dont elle connaissait les délices; ce qui rendait encore son impatience d'autant plus grande. On s'occupa des moyens de connattre le héros qui devait être couronné; on y réussit, et l'on n'en fut que plus décidée à profiter de la circonstance heureuse que l'amour procurait en conséquence, ou arrangea tout pour pousser l'affaire à fin. On fit une demi-confidence à Campan, valet de chambre, chargé de la partie des plaisirs, habitué à entendre à demi-mot, et fort adroit dans l'exercice de ce sublime emploi; tout fut distribué au gré de l'impatiente et amoureuse maitresse.

On ignore qui fut le premier au rendez-vous mais on sait que, dès qu'ils se virent, ils s'élancèrent dans les bras l'un de l'autre, se dirent des mots entrecoupés, se donnèrent des baisers comme s'ils ne s'étaient vus depuis un siècle qu'ils se jurèrent enfin de s'aimer toujours, avant seulement d'avoir commencé à parler d'amour; charmant effet du désir effréné de l'un, ainsi que du besoin d'aimer et de jouir de l'autre. La reine, pour qui le moindre retard pouvait être aussi dangereux que nuisible, con-


duisit insensiblement son futur amant dans un bosquet éclaire avec art et préparé avec soin par l'industrieux Campan. Ils furent heureux, Adonis ne connut Vénus qu'après la jouissance. La crainte et l'excès de son bonheur ne firent d'autres effets sur lui que de lui bien faire sentir la nécessité du silence. On rentra dans la foule; le'jeune homme, tremblant et hors de lui, eut besoin d'être rassuré, et c'est ce que l'on fit si adroitement qu'il reprit ses sens et tut, au bout de quelques minutes, en état de répondre aux différentes questions qu'on lui fit.

L'amour disparut et fit place à l'intrigue. Depuis quelque temps on en voulait au prince Montbarrey, ministre de la guerre, on questionna le jeune homme sur son compte, sur celui de la Renard, avec laquelle vivait ce ministre, sur ses fréquentes orgies à la suite desquelles on était obligé de le mettre au lit, et enfin sur tout ce qui pouvait procurer des renseignements. Le jeune homme répondit avec adresse et prudence il était d'ailleurs trop nouvellement au secrétariat pour être initié dans aucun mystère, on le vit bien, on le chargea d'examiner et de rendre compte. Avant de se quitter, il fallut pourvoir aux moyens de se revoir. L'aventure du bosquet devenait dangereuse pour le nouvel Adonis; Campan fut consulté. Il imagina de le charger, de la part de sa maîtresse, de copier de la musique; il promit de la porter et1 rapporter lui-même et donna les instructions les plus amples pour la composition d'un nouveau genre de musique, qui ne pourrait être entendue que par ceux qui en auraient la clef (i). (i) Cette anecdote, on pouvait s'y attendre, a été contée d'uûe autre manière par M«« Campan. Voici sa version « Un jeune commis de guerre, asseï spirituel et d'un fort bon ton, ne reconnatssant pas ou feignant de ne pas reconnaître la reino^ lui adressa


Monsieur et M. le comte d'Artois ne perdirent pas leur temps pendant ces promenades c'est là où Monsieur fit la connaissance de M"16 du Terrage, et c'est sur ces gazons où il quitta sa grandeur pour s'armer de la houlette du charmant berger Tircis. C'était le nom de ralliementqu'ils s'étaient donné sur la terrasse. Inconstante en amants comme en mattresses, notre Antoinette ne tarda pas à renvoyer leducde Coigny. Elle s'autorisa d'une multitude de raisons; les propos devenaient si forts qu'ils faisaient craindre que le roi ne prit un parti violent. Les certitudes trop physiques de cet engagement donnaient de trop fortes armes à la méchanceté et alarmaient notre amante» Le pire pour M. de Coigny, c'est que la reine n'avait fait qu'une fille, et ce n'était pas là son compte; son -vœu n'était pas plus rempli que le motif qui l'avait déterminée à une démarche aussi dangereuse. Le duc de Coigny fut disgracié, et notre reine, tout en suivant l'aventure du bosquet, revint à son penchant naturel pour les femmes. MM la princesse de Lamballe fit place à Mme de Polignac, appelée Mme la comtesse Jules. Cette belle passion la 'parole la beauté de la nuit et l'effet agréable de la musique furent le motif de la conversation; la reine, ne se croyant pas reconnue, trouva plaisant de garder l'incognito on parla <le quelques sociétés particulières de Versailles, que la reine connaissait parfaitement, puisque toutes étaient formées de gens attaches à Ja maison du roi ou à la sienne. Au bout de quelques minutes, la reine et les princesses se levèrent pour se promener et saluèrent li' commis en quittant le banc. Ce jeune homme, sachant ou ayant découvert qu'il avait parlé à la reïne, en tira quelque vanité dans ses bureaux. On le sut, on lui fit dire de se taire, et on s'occupa si peu de lui que la révolution le trouva encore simple commis (le la guerre. » M™ Campan, Mémoires sur la vie privée de Sfarie-Aitîotnette, tome I, p. i9&. 11 semble bien que cette anecdotf ait servi de canevaa au petit roman obscène Le Cadran de la volupté, qui, réimprimé par R. vèze, Les galanteries d la cour de Louis JCVI.t pp. 25g et suiv., se trouve déceit plus loin, dans la bibliographie formant la troisième partie de ce volume, a° tg.


n'avait rien d'égal que l'attachement et les sottises de Louis XV pour Mme de Pompadour. Comme cette dernière, M111" la comtesse Jules coûtait à l'État des sommes immenses, Mme Pompadour avait des amants, M1»9 Jules vivait publiquement avec M. de"Vaudreuil, et, ce qu'il y a de plaisant, c'est qu'il était aussi bien avec la reine et le roi qu'avec la comtesse Jules (i).

Mme de Pompadour pardonnait et même procurait à son auguste amant des plaisirs de passade, Mme Jules en pardonnait et en procurait aussi à Antoinette. M1»" de Pompadour vendait des emplois, des bénéfices, des charges, des évêchés, etc.; elle avait des bureaux, un tarif et un premier commis pour cet objet (tout le monde a connu son Gotîn),

M""1 Jules vendait pareillement évêchés, bénéfices, emplois, charges, etc., et c'était Vaudreuil qui était le ministre en chef de cette partie. Mm* de Pompadour enrichit sa famille et mit son frère Poisson au bleu; celleci en fit autant, au moins commença-t-elle par son mari, qu'elle fit duc. Elle maria sa fille avec le fils de M1»8 de Grammont; les grâces et l'argent devancèrent cette superbe union, le gendre fut créé duc, eut une compagnie des gardes du roi, et les choses étaient arrivées à un tel point d'indécence que la famille des Polignac et celle des Grammont envahissaient tout, demandaient tout, et que l'on ne pouvait faire un pas sans les trouver dans son chemin en opposition.

L'hiver qui suivit cette nouvelle liaison fut le même que les précédents; beaucoup de spectacles, des bals et des (i) Sur le comte de Vaudreuil, amant de jM-" de Poligroie et soupçonné d'avoir « séduit » Marie-Aatotoettâ, voyez le chapitre que je Jui ai consacré dans Madame de Polignac et la coar galante de Marie-Antoinette. pp. et sulv.


jeux. La coquetterie la plus raffinée augmenta encore le luxe et la dépense. La reine prit pour son ministre, dans la partie des colifichets, la Bertin, marchande de modes, qui n'est parente ni de Bertin l'ex-ministre, ni de BertinCasuel (i), mais qui les vaut bien (2).

(1) Bertin, trésorier des parties casuclles, un des premiers amants de Sophie Araould. Il est très souvent question de lui dans les rapports des agtmts des mœurs du lieutenant de police. {Gf. Docu- ments inédits sur le règne de Louis XV; Journal des inspecteurs de H. de Sariênes, Bruxelles et Paris, i8&3, in-iS, pp. 27, 39, 48, 5o, 5g, 87, 128, 193, 26g, 279, 292, 3o$, 3i8.} L'Espion anglais, dans sa lettre TI3 sur le Tiers-Etal, fait de lui ce portrait peu flatté et assez eu rapport avec les bulletins de polîcc « Le trésorier des parties oasuelies a une charge unique. Le vrai titre est Receveur générai des revenus casuels et deniers cxtraordinûires de Sa Majesté:, H ne se mêle que de manger ses gros revenus. Il a des prétentions à l'esprit il il est membre de l'Académie des belles-lettres. On lui attribue quelques petites pièces données aux Italiens, à faveur de prèlenoms soudoyés, pour lui servir de plastrons aux mauvaises plaisanteries du public. Mais sa grande réputation est du côte* des filles. Trahi par l'une [M'J» Uns, de la Comédie-Française], abandonné par l'autre [Sophie Arnould], ri a pris le parti d'épouScr une démoiseUe de qualité de JumïlhaCj fille du gouverneur de la Bastille], et terminer par l'hymen le cours de ses débauches, a L'Espion mi&iaui ou correspondance secrète entre mitord All'eye et milord Ail'ear; Londres, MDCCLXXVII, in-18, tome l, pp. 33o, 33i, 3»a.

(2( Rose Bertin, née à AbbevïlLe, le 2 juillet 1747* dtîcédée à Épinay> te 22 septembre i8e3. M1»* Campan ju^e assez sévèrement la condescendance de Marie-Antoinette pour lit demoiselle Bertîn.« MBtl.i Ja duehessç de GUartres, depuis duchesse d'Orléans, écrit-elle, introduisit, dans l'intérieur de la reine, Mllu Bertin, marchande de mottes, devenue fameuse, à cette époque, par le djang-euMiiL total qu'elle introduisit dans la parure des dames françaises. On peut dire que l'admission d'une marchande de modes chez la reine fut suivie (le î-H&uHats fâcheux pour Sa Majesté. L'art de la marchande, reçue dans l'intérieur en dépit de l'usage qui en éloignait sans exception toutes les personnes de sa classe^ lui facilitait le moyen de faire adopter, chaque jour, quelque mode nouvelle. La reine, jusqu'à ce moment, n'avait développé qu'un goût fort simple pour sa toilette; elle commença à en faire une occupation principale; elle fut naturellement imitée par toutes les femmes. On voulait à l'instant avoir la même parure1 que la reine, porter ces plumes, ces guirlandes auxquelles -vi heautè, quiétaitalors dans tout son éclat, prêtait un charme infini- i. La dépense des jeunes dames fut extrêmement augmentée; les mères et les maris en murmurèrent quelques étourdies contractèrent des dcltcs; il y eut de fâcheuses scènes de famille, plusieurs ménages


La reine travaillait avec elle comme le roi avec ses secrétaires d'État. Autre ministre femelle: c'était Guimard de l'Opéra (i), pour la partie des gazes et des habillements. Il est certain que les affaires de la France auraient pris depuis longtemps une excellente tournure si Je roi avait mis dans le choix de ses ministres la même sagacité et le même jugement que la reine dans le choix des siens; les Sully, les Colbert, les Richelieu ne peuvent, dans leur genre, êtrc comparés à la Bertin et à la Guimard dans le leur. Un homme digne de foi fut témoin du départ de la Berlin pour Versailles, emportant dans un portefeuille, fermé à clef, des échantillons de modèle et ne voulant pas vendre un bonnet à une dame en état de le lui payer au poids de l'or, en disant « Je vais à la cour, je ne puis laisser sortir cette mode de chez moi, que je n'aie fait mon travail avec la reine, à qui sûrement elle plaira, et je lui en dois la préférence. » Rien de plus plaisant que le ton de dignité que prit la grisette en tenant ce propos. Guimard, plus à portée des grandeurs, ne mettait pas sans doute tant d'importance dans son travail, mais elle n'y réussissait pas moins r£i'roi(lïs ou brouillés; et le bruit général fut que la reine ruinerait toutes les dames françaises. » Moe Campaa, Mémoires sur lu vie j/riaée de AffuHe-Antotneae^ tome 1, pp. 95, 96. Cf. Emile LanS'Iade, La marchande de modes de Maric-Antoinelte Rose Berlin, Paris, s. d. [rçu], in#.

{1) « Elle avait encore un plus sublime emploi. De toutes les prêtresses de Vénns arrivées une certaine célébrité, il u'eu est point ♦lui ait mieux connu le culte que cette fille. Depuis trente ans elle pratiquait avec tant de gens, aveç tant d'assiduité, qu'elle t'ait ce <]ue beaucoup d'autres ignorent. On lui faisait conter ses mépuisaDies aventures et dire ce que chacune lui avait appris de nouveau dans l'amoureux combat. Le nombre de ces précepteurs la mettait à même «l'eu être un elle-même supérieur à tout ce qui a existé. L'ccolière allait ensuite répéter ses leçons avec cette quantité d'amants plus nombreux et surtout moins imbéciles que ceux de Pénélope, bailleurs on était bien sûr qu'Ulysse ne reviendrait pas. » Note du oatnphlet.


bien; car la plus élégante catin de Paris n'était pas mieux mise que la reine.

Les plaisirs de l'été furent diversifiés j les soirées de la terrasse avaient déplu. Antoinette avait, sous ses dégui.sements, essuyé des apostrophes et des propos durs, Monsieur et M. le comte d'Artois avaient proflté du leur pour faire des conquêtes. Mme du Terrage, la petite Bêche, et plusieurs autres de cette espèce, avaient éui la proie de leurs incursions. Les maris s'en étaient aperçus et retinrent leur chères moitiés chez elles ce n'était pas agir en mari de cour.

On changea donc ces plaisirs dans les jeux innocents et particuliers. On commença par interdire au public les promenades du pare après souper; on faisait illuminiîr, tant bien que mal, une partie des bosquets, dans l'un desquels on avait établi un trône de fougère, et là on jouait au Roi, comme les petites filles jouent à Madame. On élisait un roi, il donnait ses audiences, tenait sa cour et rendait justice sur les plaintes qui lui étaient adressées par son peuple, représenté par les gens de la cour et du comité, par le roi et la reine, qui venaient se dépouiller de leurs grandeurs au pied de ce trône factice. On faisait au nouveau roi les plaintes les plus originales les unes des autres; les peines et les récompenses ne Fêtaient pas moins; mais au bout de quelques instants de ces plaisanteries, qui ne pouvaient faire qu'un bon effet, Sa Majesté, qui était presque toujours Vaudreuil, prenait fantaisie de faire des mariages, il mariait le roi avec une femme de la cour, la reine avec un des hommes (on remarqua qu'il se l'appropriait le plus souvent); il en faisait de même pour les autres hommes et femmes de la société, il les faisait approcher par couples au pied du trône, ordonnait que chacun se pril par la main, et là, avec tout le respect dit à ce nouveau


genre de sacrement et au nouveau roi qui se mêlait ainsi du sacerdoce, on attendait le mot sacramentel qui était dècampativos. Aussitôt prononcé, chacun avec sa chacune fuyait à toutes jambes vers un des bosquets qu'il choisissait; défense de par le roi des fougères de rentrer avant deux heures dans la salle du trône; défense d'aller plus d'un couple ensemble et dans le moindre endroit; défense de se voir, de se rencontrer, de se nuire, de se chercher ni de se parler. On assure que ce jeu plaisait fort au roi, qui trouvait très plaisant de se voir ainsi détrôné sur l'herbe par Vaudreuil. Cette année-là, on devait ordonner les eaux à la reine pour provoquer une seconde grossesse, mais les médecins tombèrent tous d'accord que ces plaisirs nocturnes, et surtout la dêeàmpatioos, feraient encore plus d'effet. D'ailleurs, M. Necker, qui craignait la dépense et qui n'était pas de l'avis des voyages, ayant été consulté, dit « Que malgré que le nouveau roi du soir coûtât presque autant que s'il l'était pour toute la journée, il valait mieux s'en tenir à cette recette pour avoir un héritier du trône, qui serait encore un grand objet de dépense pour l'État, quelque part qu'il fût fait et par quel faiseur il nous fût procuré. >)

Ces petits jeux innocents mirent, dit-on, le roi en humeur de détrôner à son tour quelque mari; il en fit confidence à quelqu'un des officiers de cour dont il était entouré et qui n'attendaient que le signal du désir de leur maître pour lui fournir à l'envi les moyens de le satisfaire. Dans la minute on lui procura une femme de chambre de Madame, aussi jolie que bête, et faite à tous égards pour le sale physique de notre monarque. Elle reçut ses attouchements avec respect; le roi, de son côté, mit dans cette occasion la même grâce, le même sel et la même gentillesse qu'il met en tout jugez comme il s'y


prit enfin On entra comme la chose était faite et ou trouva Sa Majesté renouant sa braguette et riant de tout son coeur, de ce rire fin et agréable qu'il a, de l'entorse ̃qu'il venait de donner au sacrement. Il faut convenir que depuis Henri IV les grâces et les agréments de l'amour ont prodigieusement dégénéré dans cette famille.

Mme Jules de Polignac accoucha au milieu de tous ces plaisirs; la cour, à ce grand événement, vint passer huit jours à la Muette pour que la reine fut plus à portée de rendre des soins à sa tendre amie, qui faisait tout bonnement ses couches à Paris, dans l'appartement de Vaudreuil. Antoinette ne quitta pas le chevet de son lit et lui servit de garde-accoucheuse. Les ignorants, et ceux qui ne se connaissent pas plus aux intrigues de la cour •qu'aux différents motifs qui les détruisent, trouvèrent singulier que Mmc Jules n'eût pas fait ses couches au ̃château de Versailles et ne se fût pas mise à portée de son amie; cela paraissait plus naturel, plus décent. Ces ^•ens-là ne savent pas que cela n'eût pas convenu ces fréquents voyages de Paris, ces visites avaient un but qui n'edt pas été rempli autrement; M"» de Polignac avait fait un garçon, Vaudreuil savait donc faire des garçons; Coigny ne faisait que des filles, ergo, ert/o. Mme Jules s'était prêtée à la distraction de la petite Laborde, elle se prêta à celle de Vaudreuil, d'autant plus qu'elle n'en avait pas besoin pendant ses couches. D'ailleurs, que ne fait-on pas pour,conserver safaveur et son amant ? P

La reine donna, en cette occasion, à M11"' Jules une layette de 80,000 livres, et le roi un présent «le pareille somme en argent. On devait y joindre le duché de Mayenne, qui est une bagatelle de 1,400,000 livres, mais M. Neckcrs'y opposa; un instant après, il sentit qu'il avait


en tort et se rappela la chute de M. Turgot et comme il tenait beaucoup à sa place, dont la favorite menaçait ilc'jà de le déloger, il répara ce mouvement de son zèle indiscret en déterminant la reine à faire à sa favorite na flou de 3,ooo,ooo en dédommagement du duché en question, qui n'était pas fait pour elle (i). ).

M"1» Jules était relevée de ses couches les visites de la reine avaient été continuelles. Les allées et venues que cet événement avait occasionnées donnèrent lieu à bien des discours. Le Parisien, accoutumé à respecter la décence de la majesté et l'éclat qui doit environner ses maîtres, ne put voir sans indignation l'abus que cette favorite faisait d'un crédit si vilement acquis, ainsi que la profanation que la reine faisait d'elle-même. On ne put apprendre sans murmurer la profusion avec laquelle on avait répandu des grâces, avec laquelle on avait accablé de dons et d'argent cette favorite, toute sa famille et jusqu'à ses alentours, dans un temps ou la guerre et le peu de crédit de l'État rendaient l'argent si rare et les moyens si onéreux au peuple.

L'ascendant de Mme Jules sur Antoinette fut tel dans ce moment qu'à la suite de cette couche, quelques indispositions l'ayant mise dans le cas de craindre de sortir trop tôt, on lui forma de petits appartements dans lesquels il n'y avait d'introduits que ceux et celles qni étaient desUrtés à former sa cour le roi même n'y était admis que quand on avait besoin de lui.

ft) Ge notait point le duché de Mayenne, mais bien la seigneurie de Bitche, dans le duché de Lorraine, que demandait M™0 de Poligaac. Je suis scandalisée des prétentions des Polignac », écrivait, le 31 Janvier 1780, Marie-Thérèse son ambassadeur. De fait, l'esclandre fut retentissant. Sur toute, cette affaire, qui fut un des grands scandales de ta faveur de Marie-Antoinette pour M»" de Poligrnac, voyez Madame de Polignac et la cour galante île -Variẽinlotneite. pp. 43, 44, 45.


C'était dans ces assemblées que l'on délibérait sur les affaires les plus importantes du ministère. La paix, la guerre, la politique, la finance, le renvoi des ministres le point de faveur et de crédit qu'on devait leur accorder tout y était traité et jugé en dernier ressort; et l'on ne faisait entrer le roi, pour ratifier les décisions de cette ridicule assemblée, que pour la forme, tant la reine était assurée qu'elle ne demanderait jamais rien en vain quel* quefois le roi, étonné des propositions et des décisions du comité femelle, voulait passer chez le vieux comte pour y chercher un avis mais il en était aussitôt empêché, ou bien, s'il s'échappait quelquefois, Antoinette faisait dire un mot au mentor qui, pusillanime comme on sait qu'il était, gardait le silence ou ne contredisait pas. Le bon roi prenait ce silence pour un acquiescement et, content, il repassait au petit appartement, riait, jurait et donnait sa parole. Vaudreuil et Besenval en hommes, M"« Jules et Mm(1 de GrammOnt en femmes, présidaient ce ridicule conseil, dont Mm« Desmiane était le rapporteur comme ministre des affaires étrangères. Il est bon de faire ici le portrait des êtres qui dirigeaient ainsi tous les mouvements de la France et qui traitaient les affaires majeures île l'État comme ils traitaient un chiffon ou une garniture de robe.

Un Vaudreuil, qui n'avait pour lui que le nom de son père et ponr fortune que celle qu'il lui laissa et qu'il il avait acquise comme commandant de Saint-Domingue intrigant, qui se mêlait de tout sans intelligence ni suite, donnant tout au plaisir et rien aux affaires; il chercha la fortune, elle suit son peu de valeur; il avait abandonné eeplan; pour lors, cette déesse bizarre vint le combler de ses faveurs. Il était à la cour, à l'aide d'un certain habitant des cantons helvétiques, le coryphée du maître, de la maîtresse et de la favorite.


Besenval était un de ces hommes dont les circonstances déterminent les idées qui, sans en avoir jamais de fixes, prennent celle» que l'occasion présente à leur bonne ou mauvaise fortune ambitieux, dur, égoïste, mais souple et rampant comme un Italien, il laissa bien loin l'urbanité de ses concitoyens pour cultiver les intrigues des cours. C'est ce Besenval qui osa lutter de mérite et de faveur contre le comte d'Affry, dont il convoitait la place; si l'effet dont son ambition le flattait ne réussit pas dans son entier, au moins servit-il à faire essuyer au respectable d'Affry une multitude de mortifications que lui donna le comte d'Artois, comme colonel des Suisses, mortifications d'autant plus sensibles au vieux militaire qu'il les méritait moins et qu'il ne pouvait ni les repousser ni s'en venger, parce que c'était la reine qui les dirigeait et le comte d'Artois qui les lui faisait éprouver. On sait combien peu les grossièretés, les injustices et les actes de brutalité coûtaient à ce prince. On vit ce Besenval être l'homme de tous les temps à la cour de Louis XV un débauché, un lâche courtisan; à celle de Louis XVI, un intrigant, un faiseur de paquets, flattant tous les caprices d'une princesse sans expérience» détestant Monsieur et Madame, parce que la reine avait pour eux l'aversion la plus décidée, encensant le comte d'Artois en méprisant la comtesse son épouse, toujours par le même motif; se permettant impunément des discours insolents sur tout ce qui n'était pas lui, enfin à tel point grossier qu'on ne le nommait plus, à la cour, que le suisse de la porte du palais des plaisirs de la reine. On voyait encore dans cette société Adémar, alors ambassadeur de la cour de Bruxelles; ambitieux parce qu'on lui avait dit qu'il fallait qu'il le fut; voulant être ministre à quelque prix que ce pût être, quoique doué pour toutes les affaires d'une nullité absolue; sans facul-


tés comme sans talents; indigne même de l'inutile ambassade des Pays-Bas, de laquelle sans doute on l'eût rappelé plutôt sans le crédit et les intrigues de la comtesse son épouse; semblable auxNoailles auxquels elle est alliée elle n'épargnait aucun moyen pour aider aux -rues de son mari qu'elle connaissait bien, qu'elle appréciai! bien et dont elle ne raffolait que quand elle était loin de lui.

Un comte de Polignac, aussi sot que celui que la feue duchesse d'Orléans avait mis ainsi dans sa chanson d'adieu, qu'elle appelait son testament de mort: Polig-nat*. mon très sot amant, t

lu"e voit mourir indécemment.

C'est uuc grosse Mtc

Eh bien

Bon pour le tûte-ii-têic.

Vous m'entendez bien.

Un prince d'Hénin, le plus méprisé et le plus méprisable des hommes; un chevalier de Crussol, le tartuffe le plus adroit de son siècle, qui prêchait la vertu et ne la possédait que comme le pharisien de l'Évangile; qui, à l'ombre de ses dehors trompeurs, laissait vendre à la baronne de Grossier les bénéfices et les grâces de l'ordre de .Malte. Il vivaitdepitislongtemps avec cette baronne et l'entraînait au château des Tuileries dans un des appartements de la reine, tandis que le mari restait complaisamment dans ses terres. Ce chevalier, qui n'était pas, comme l'on voit, le chevalier sans peur et sans reproche, possédait au suprême degré tous les moyens que donnent (. les vices qui naissent de l'hypocrisie; tantôt il faisait agir Mme de Flamariu auprès du vieux comte, et tantôt le patron de Sentis, qu'il faisait mouvoir par son eagotisme. Il employait ainsi tout à la fois le sacré et le pro-


fane; rien ne lui coûtait, tout lui était égal/ pourvu que té succès couronnât ses démarches.

A propos du patron de Senlis, alors l'épouvantail de M. d'Autun, et galantin par excellence, mais qui se gênait encore un peu en attendant la mort de l'archevêque de Paris, dont il convoitait la dépouille sacrée, ce M. de Roquelaure, aussi plaisant que le duc de son nom et bien aussi gaillard, à propos, dis-je, de M. de Senlis, je ne puis m'empêcher d'insérer ici un couplet de société, fait à table, devant l'auteur, par une femme de la cour; cet impromptu, sans être bon, amusa beaucoup Il était un saint homme.

On assure que cette plaisanterie lui coûta 100,000 livres, au moyen de laquelle somme Duras consentit à se taire et se dire l'enfant du nouveau-né (1). Mais revenons au comité de Mme Jules tenu par la reine, qui n'y occupait effectivement que la seconde place. Les Dilon, les Coigny, l'abbé de Vermont (2) y étaient admis pour leurs voix. Campau, être alors très important, quoique fils d'un valet de pied de la maison de Ventadour, dont il avait eu lui-même l'honneur de porter la livrée, chose qu'il oublia tant de fois malgré les soins de son honnête |i) Sic.

(a) L'aubé de Vermont., né eu 1735, bibliothécaire du collège Mazavm, envoyé à Vienne, eu 1769, pour veiller à l'éducation de MarieAntoinette fiancée officieusement au Dauphin; lecteur de MarieAul[>incue après le mariage. Il avait un frère chirurgien qui fut choisi comme accoucheur pour la reine.

De Senlis le patron

Qui se f. de Rome

A Duras sans façon,

Maniait les tetons,

Prenait le joli G.

Et lui fit un poupon

Qu'il lui paya bien bon.


homme de père de lui rappeler cette époque de su fortune, même en public. Ce Campan, si digne de la fa\ eur d'une grande princesse, était le secrétaire perpétuel de ce comité du cabinet, même de la garde-robe Bonneau de nouvelle édition, mais plus intelligent que son modèle, c'est à lui à qui la reine dut la nouvelle invention de donner ses ordres et ses rendez-vous en musique.

Sous le prétexte d'en faire copier, Campan en portait au petit enfant de l'amour dont j'ai déjà parlé il y en avait toujours quelques lignes de la composition et de la main d'Antoinette ces lignes étaient en style oriental connu des deux partis seulement. Ce moyen parut à M. Campan le chef-d'œuvre de l'imagination dans ce genre; il se dit aussi que, pour un homme comme lui, il était plus décent et moins dangereux de porter quelques pages de musique à copier qu'un billet doux qui pourrait compromettre le secrétaire du cabinet et le porteur. Il ajoutait en outre que lui, qui avait toujours été gouverné par l'honneur, il souffrait moins d'agir ainsi; c'était bien là le cas de dire « Où diable l'honneur va-t-il se nicher? chez Campan! » Eh bien c'était donc M. Campan, huissier de l'ordre de Saint-Lazare, qui portait à copier la musique, attendait la réponse sur l'escalier, introduisait le copiste, gardait la porte et rajustait le lit.

Quelque secrets que fussent ces messages, on en parla; les plus intrigantes et les plus adroites détournèrent l'inique de la chose sur Mm« de Châtillon, qui avait été attachée à la maison d'Artois. Cette femme, on en convenait, était peu faite pour cette place, si ces places, toutefois, eussent remplies comme elles doivent l'être.

Elle avait été portée là par le marquis d'Entragues,


qui Tarait connue à Besançon. Ce fin courtisan ne s'était jamais montré à découvert sur cette intrigue; il en avait laissé soupçonner le prince de Montbarrey, son ami. Ce ministre, qui était depuis longtemps ett butte aux tracasseries de la reine et aux méchancetés du comte d'Artois, était devenu l'objet de la haine des courtisans des deux partis. On ne se bornait pas à critiquer ses opérations ministérielles aucunes n'étaient épargnées, quoiqu'il prîtpeu sur lui et qu'elles fussent presque toutes dirigées par M. de Maurepas. On le déchirait sur sa vie domestique et sur sa vie privée. Il est vrai que ce ministre trop peu connu, et qui avait tout ce qu'il fallait pour bien servirson maître, et l'État, trop peu habitué aux affaires, les laissait quelquefois languir pour se livrera des plaisirs indécents une fille publique, la boue même des filles de cet état, l'avait subjugué et lui faisait faire des choses inouïes. Un nommé Daudet, malheureux couvert de crimes et d'ordures, comblé par le ministre de grâces de toute nature et revêtu par lui d'une charge honorable, le compromettait sans cesse, et encore plus Mmt de Montbarrey, qui en était folle. Ce coquin vendait les grâces et les emplois qu'il surprenait à la confiance du prince et finit par donner ses audiences chez le ministre. Besenval avait entouré l'arsenal d'espions; il savaittout, en instruisait le comité til avait ses raisons). On résolut le renvoi du prince de Montbarrey. On n'ignorait pas qu'il quitterait au premier désagrément, quelque assuré qu'il fût d'être soutenu par M. de Maurepas et M. de Vergenne on le tourmenta, il donna sa démission froidement et avec noblesse. Le triomphe de la cabale fut excessif; on intrigua pour faire un ministre de la guerre. Les uns voulaient le duc du Cliùtelet, d'autres voulaient M. de Castries; Caraman, Jaucourt, Besenval et Adémar même portaient leurs vues jusqu'à cette place, tant le fanatisme d'être quelque


chose aveuglait ces faiseurs. Après maintes délibérations pour un choix aussi important, 11 tomba sur le plus nul cela devait être. L'espoir de changer souvent et de briller dans le désordre était celui de la clique; on prit le marquis de Ségur, et on le fit entrer sur-le-champ au conseil. Il était aux genoux de la reine, ne faisait que pour elle et affectait pour tout le reste une rigueur qui tenait de la dureté, et cela pour masquer sa basse complaisance pour Antoinette. Il disait et écrivait aux femmes qui lui demandaient des rendez-vous qu'il était trop faible et trop susceptible de tentation pour risquer avec elles des tête-à-tête, qu'il craignait même jusqu'à l'odeur de leurs billets doux. Il brillait, selon l'ancien usage, en défaisant ce que son devancier avait fait; c'était toujours de mal en pire.

Des courses, des spectacles, des petits voyages de Trianon, des entretiens secrets ménagés par Campan, il en résulta une grossesse. La reine fut grosse une seconde fais. Cet événement se manifesta on ne peut plus singulièrement. La reine détestait cordialement M. de Maurepas et ne supportait pas davantage la vieille comtesse sa femme, l'abbé de Verry, Mme Seguin et toute cette séquelle. Ce couple antique agissait en conséquence et se tenait en garde contre les intrigues de cette étourdie. Ce fut au moment où l'on croyait les cartes plus brouillées que jamais que la reine se fit annoncer chez le comte. « Bonjour, papa, lui dit-elle; vous êtes bien étonné. de me voir à cette heure; vous ne m'attendiez pas? » Mme de Maurepas se pressait de sortir de l'appartement, par respect et pour ne pas gêner l'entrevue que Marie-Antoinette paraissait venir chercher avec son époux; la reine, s'apercevant de ce mouvement, la retint. « Non, comtesse, lui dit-elle, ne sortez pas; vous m'êtes tous les deux nécessaires, le secret que je veux confier au papa a même




A SA MÊI1E JlAIlIE.TIItllÈSE



besoin de votre entremise, et avant que d'entrer en matière, commençons par oublier le passé, que la plus étroite union nous unisse je vous ai témoigné quelquefois de l'humeur; mais n'en accusez que les impressions désavantageuses qu'on s'est efforcé de me donner contre vous. Voilà l'origine d'une indifférence qui n'a eu et n'aura jamais rien de réel je vais maintenant vous parler à coeur découvert. Je suis grosse, mon cher comte; cet aveu paraît vous réjouir en même temps qu'il m'alarme. Je dois m'expliquer avec franchise le roi, qui se connalt, concevra des doutes sur cette étrange conception. Cette pîegrièche de Madame et son égoïste Monsieur vont faire pleuvoir les brocards sur le roi leur frère, sur l'enf.int que je porto dans mon sein et sur moi-même la ridicule comtesse d'Artois leur servira de boute feu, ses clameurs hébétées peuvent me nuire beaucoup. J'ai lieu d'appréhender; mais enfin cela est fait, si je puis compter sur vous deux, je suis tranquille. »

A cet endroit de sa narration, l'adroite Antoinette se laisse tomber sur une chaise longue et feint de s'évanouir; le vieux mentor accourt à elle et cherche à la délacer, la comtesse se jette à ses pieds, et l'un et l'autre lui jurent un entier dévouement et une fidélité à toute épreuve. « Reprenez vos sens, adorable reine; ordonnez, nous sommes prêts à obéir, mon mari peut beaucoup, comme ministre écouté, je marcherai avec plaisir sur ses traces, disposez de vos sujets, nous vous jurons un attachement éternel. »

Après ces assurances, Marie-Antoinette revint à elle comme cela se pratique en pareilles circonstances; et, sans quitter le-ton de la persuasion, elle continua son exposé avec toute l'expression d'une douleur simuk!e.

Croyez-m'en tous les deux, je suis victime de ma cré-


dulité, ce rusé de Besenval (i) m'a perdu par ses con. seils; ses lâches et perfides insinuations m'ont menée jusqu'à craindre que votre crédit n'étouffât le mien, elles m'ont représenté mon peuple indigne (le mes légèretés, et le fourbe a conclu que le seul moyen de ramener à mes pieds cette foule inconstante et frivole était de donner un prince à l'État. et un Successeur au trône. Dans les premiers moments, je fils très éloignée de le croire; mais le perfide me fit tenir le même raisonnement par Vaudreuil et Coigny, auxquels je faisais quelquefois part de mes chagrins domestiques; tout ce qui m'approchait me peignait un époux dégoûté, un peuple m'accusant de stérilité, les horreurs du divorce, une proscription humiliante; je me suis égarée; n'ayant que trop de raisons de douter des facultés de mon époux, j'ai jeté les yeux sur un autre, et le résultat c'est que je suis grosse. Il n'y a que vous qui puissiez faire agréer au roi l'assurance de ma fécondité ( m'aimerez-votls assez pour cela? » « Que béni soit le fruit de vos entrailles! répliqua la comtesse de Maurepas. Laissez-nous faire et tout ira bien; loin de se formaliser, le monarque regardera ce rejeton précieux comme un accroissement à sa gloire, à son honneur et à la félicité de l'État. Allons, mon cher comte, voici le moment de profiter de l'ascendant que vous avez sur l'esprit du roi, n'épargnez rien pour vous rendre digne de la confiance de notre auguste souveraine. »

Marie-Antoinette était trop habile pour ne pas saisir ce mouvement d'enthousiasme; elle se jeta au col de la comtesse, l'emmena ainsi que le comte son mari à son (i) « Le Barabas de la Révolution, lorsque Favras en fut le Christ; il fallait une victime populaire, tels sont les jeux cruels de la poli- tique. « Note du pamphlet. T


souper, et, pendant la tenue de ce repas, eut pour elle les préférences les plus distinguées. Ces témoignages de bienveillance déconcertèrent les courtisans. Tous ignoraient la cause de cette réconciliation, et à cet égard les présomptions étaient en défaut.

Quand la cour se fut séparée, le comte resta seul avec le roi; et avec les ménagements qu'il savait devoir garder, il lui annonça la grossesse de la reine. Au premier mot de l'exposé, Louis XVI fronça le sourcil; mais un reste d'amour, joint au doute, le préserva des nausées que son front commençait à essuyer, et le vieux Maurepas n'eut plus que de légers obstacles à vaincre pour lui faire avaler la pilule et agréer les honneurs de la paternité.

« C'est singulier, dit le roi, frappant des mains en signe de joie, si ce n'était vous qui me le disiez, je ne le croirais pas. Voyez un peu ce que c'est que de nous autres hommes, et comme nous opérons sans nous en douter. Cependant, monsieur le comte, j'assurerais presque le moment où le ciel a béni mes travaux. Oh! oui, très certainement, ce fut pendant le cours de cette nuit que je restai dans son lit deux grandes heures avec elle. Ah mon cher comte, que ne vous dois-je pas ? La nouvelle que vous m'annoncez me cause un ravissement inexprimable je ne puis résister à mon empressement; je vais, je cours, je vole l'embrasser, pardonnez, je vous quitte. »

La chronique secrète de la cour assure que le monarque, satisfait de la nouvelle, au lieu de deux heures, eu consacra quatre à fatiguer les appas de la reine de sa molle faiblesse, et qu'à son tour l'Autrichienne endura ses impuissants efforts avec résignation pour mieux couvrir la défectuosité de sa grossesse; il est de certains cas dans la vie où il faut se faire une vertu de la nécessité.


Une telle conduite de sa part imposait silence aux rieurs, et quand le bon roi croyait être sûr de son fait, il était dangereux d'essayer à lui persuader le contraire. Le lendemain de cette farce, tout reprit une nouvelle face à la cour. Le monarque crédule contait son bonheur et l'effet du miracle arrivé à qui voulait l'entendre. Il cessa d'aborder les amants de son épouse d'un oeil taciturne un pressentiment secret jetait de temps à autre des doutes dans son esprit, mais il les repoussait en se disant intérieurement « Je suis père! » Cette illusion a fait de tout temps le bonheur des gens crédules. Marie-Antoinette reprit alors tout son empire et son orgueil commença à reparattre; cependant, sa dissimulation ordinaire lui prescrivait une ligne de conduite; les obligations qu'elle venait de contracter envers le comte et la comtesse de Maurepas lui tenaient fortement au cœur et la gênaient; mais, trop fine pour le faire- paraître, elle n'appelait plus le comte que « son cher ministre », la comtesse sa « bien-aimée », etconséquemment fêtait beaucoup le comte d'Agénois.

Monsieur, malgré toute son insouciance, enrageait dans le fond de l'âme de la sécurité du roi, et son épouse, qui voyait s'évanouir tous ses projets d'animosité, n'en conçut encore que plus de haine pour la reine de France. La petite personne avait cependant mis des espions en campagne, pour être sûre de l'origine de l'héritier des fleurs de lys. Mais la prévoyance d'Antoinette avait prévenu le coup fâcheux; il ne restait donc plus d'autre parti à prendre, pour Madame, que celui de la patience, et elle s'y résigna en attendant une meilleure occasion de recommencer ses persécutions.

L'héroïne autrichienne, délivrée de toutes ses inquiétudes sur ce chapitre, ne s'en livra qu'avec plus d'ardeur à son train ordinaire, et le monarque bonasse, respectant


sa nouvelle situation, se relâcha de ces principes de sévérité et ferma les yeux sur la continuité des dérèglements de sa très peu chaste compagne. Selon lui, rien n'iitatt comparable à sa félicité; et quoiqu'il soit en ce moment un exemple frappant que la vérité pénètre difficilement jusqu'au pied du trône, il n'ignorait cependant pas que la France tournait en ridicule ses facultés de propagation; l'amour-propre que tous les êtres masculins attachent à leur virilité l'engageait à chérir l'occasîo 11 qui lui donnait deux titres de plus (i), raison de plus pour lui pour garder le tout, sur tout ce que cette aventure pouvait avoir de douteux, et redoubler de comptai- sante.

Si tous les avis de la cour étaient partagés sur la conception de Marie-Antoinette, ceux de la capitale se trou1*16111 réunis, et, dans le même temps que le parlement et toutes les cours souveraines ordonnaient despotique ment au peuple de se féliciter de cet heureux événement, les gloseurs qui témoignaient, peu de confiance aux miracles parlaient diversement de cet événement. Entr'autres pasquiuades faites sur ce sujet, l'éditeur a. regardé comme précieux les couplets qui lui tombèrent dans les mains en cette occurrence:

De notre monarque Louis

Admirons tous la confiance,

Mais sur le rejeton dé France

Chacun peut donner son avis.

Ce beau poupon, tige suprême,

Ce beau poupon, tige suprême,

(i) « Ceax de Cocu et de père. » Note du pamplilet.

Am^ Je compare àyee Louis.'

Est le fruit,

Est le fruit


Du vice lui-même,

Du vice lui-même.

Antoinette, quoiqu'un peu tard,

Craignant du peuple le murmura

Croit pouvoir sans aucune tujui~,

Produire eu France un beau bâtard,

Recevons-te, car notre mattre

Recevous-lc, car notre niaitre,

Dit que c'est lui,

Dit que c'est lui

Qui l'a fait peut-être,

Qui l'a fait peut-être.

Mêmes folies, mêmes inconséquences, même inconduite. Connaissant les sentiments de son époux, elle en profitait et faisait tout impunément; maîtrisant les ministres, le seul Vergennes lui résistait à force de vertus. Cependant elle ne put empêcher la chute de Necker qui, à force de sottises, de vanité et de fausses démarches, fut remplace par le vieux Joli-de-Fleury, tout aussi incapable que son prédécesseur d'être à la tête de ce département. Le maréchal de Castries, cet imbécile qui accédait à toutes les propositions, déconcerté de la chute de Necker, vit bien qu'il perdait par cette démission, ou plutôt son renvoi, )e soutien et l'ouvrier de sa besogne, et, en cas pareil il perdait beaucoup, vu les limites de ses connaissances.

L'important Ségur, tout bouffi d'orgueil, crevait dans sa peau; Fleury, l'âme damnée des Choiseul, tentait à expulser Miroménil, ou tout au moins à diminuer sa faveur; celui-ci, prévoyant et calculant les événements, ne serait pas parti les mains vides. Amelot, ce ministre vendu aux iniquités de la cour, et successeur de SaintFlorentin pour les lettres de cachet, ne faisait rien que par le ministère du plat Robinet, sa créature la plus affidée, de sorte qu'à le bien prendre, la cour de France



était alors une pétaudière. Cette beUe pureté de meeurs, que t'en avait prétendu afficher dans les commencements du règne de Louis XVI, était disparue; Richelieu primait de nouveau et disait qu'avant de mourir, il voulait couronner ses hauts faits en faisant succéder à la prise de Mahon les suites de son emploi de maquereau auprès de Louis XVI, savoir donner une maîtresse en titre au roi, un amant avoue à la reine, un bordel au comte d'Artois qui se serait bien passé de ses soins, puisqu'il y pourvoyait lui-même, et une putain à Monsieur, qui, cependant, dans ce temps même, s'étalait tes appas de la Balby (i), et le tout ann de mourir comme it avait vécu.

~fous avons maintenant vu Marie-Antoinette suivie, dans les principaux événements qui composent cette première partie, et ses prouesses galantes, comme une femme sans meeurs et indigne du sceptre qu'elle possédait. Cependant nous n'en sommes encore qu'à t'ébauche de ses perversités; que de monstruosités il nous reste & tracer pour l'exposer aux yeux de nos lecteurs dans son vrai point de vue Si l'histoire des têtes couronnées est nécessaire pour l'instruction des nations, la plume de l'historien chargé de dessiner à son siècle ce tableau d'horreurs recule en s'occupant de son ministère. L'adultère, la débauche, ta prostitution, voilà les traits que nous ne craignons pas de mettre au jour les traits qui caractérisent l'Autrichienne, que le Ciel en courroux j<) Sur cette maitfcsse du comte de Provence (Louis xvnt), on consattcM avec intérèt l'inattendue apologie du vicomte de Mset Les refRes de r<î/H~ra~on ~tnne de Caumont-La Force, comtesse de Na<M,' Parts, tgoS, in-f- Née à ta Force te 20 avril ~BS, ene épousa, le 6 mai t??6, à Versailles, Frft&~ota-Marte-Afmand~ comte de Balbi. qu'avec ta complicité du comte de Provence e)te Ht enfermer comme fou, en !?8t. EUe mourut te 3 avril t8~a et fut inttumee au cimetière du Pefe-La-ûhatsc.


nous envoya de la cour de Vienne, pour préparer les fléaux destructeurs dont nous sommes maintenant les victimes.

Traçons, d'une main hardie, t'exposé des forfaits dont elle s'est rendue coupable et qui ont attisé parmi nous les feux sanglants de la discorde. Telle est la mâture que nous allons employer dans ce second volume. U)~ frère dénature, une mère criminelle, des bâtards destinés à régir le trône de la France, des ministres sans pudeur, sans frein et sans délicatesse, un monarque faible, indolent, pusillanime sans fermeté, sans énergie, occupé d~ frivolités, des princes du sang royal rongés d'ambition, un peuple malheureux, courbant sa tête sous le joug <)e l'esclavage voilà tes détails qui composeront la seconde partie d'Antoinette (t), toujours de plus en plus criminelle.

Puissent tes personnes entre les mains desquelles tombera cet ouvrage apprendre, en le lisant, à resserrer leur r union fraternelle, comme le seul moyen de prévenir les maux que la furie germaine n'a pas perdu de vue et qu'elle voudrait accumuler sur nos têtes

(i) N/c.

Fin de la première partie.


DEUXIÈME PARTIE

La grossesse de la reine avançait et elle était monstrueuse elle affectait indécemment de montrer une gorge énorme et prenait plaisir à divulguer sa honte. On ne déclara pas cette grossesse, après quatre mois et demi, suivant l'étiquette de la cour, dans la crainte des sarcasmes qu'aurait pu produire cet événement. Madame surtout ne les épargnait pas, et la haine la plus complète existait toujours entre elle et la reine. La princesse de Lamballe continuait toujours à être au froid, la Jules au chaud, et les Simiane et la Borde en exercice.

La joie qu'occasionnait cette grossesse fut troublée par une incommodité dont la reine ressentit les effets; elle consistait dans une descente ou relâchement de matrice, fruit de ses continuelles débauches et des excès auxquels elle se livrait avec les tribades, ses favorites.

La maladresse de l'accoucheur Yermond fut seule accusée de cette circonstance; néanmoins, il conserva la faveur, de même que l'abbé de Vermond, son frère, qui par ses lectures ordurières entretenait dans sa souveraine l'abandon des moeurs et le goût de la dépravation. Le duc de Nivernais, les joueurs de la cour, les banquiers <.ha)abre et Poinçot, un misérable coiffeur, la lubrique Juers, la petite Campan, quelques musiciens et chanteurs, voilà la digne société à laquelle Marie-Antoinette donnait la préférence et la dignité que la fille de Maries Thérèse portait sur le trône de France. Libertinage affreux, adultères multipliés, prostitutions méprisables, et les plus sales orgies, tels étaient les moyens que cette bacchante employait pour s'attirer le mépris du peuple, qui ne daignait plus s'occuper d'elle.


11 ne suffisait pas à cette quatrième furie d'être dédaignée du Français; elle voulut encore s'en faire abhorrer les perfides conseils que lui avait donnés Joseph Il, en partant de la cour d'Allemagne, étaient présents & sa pensée mais pour tes mettre à exécution, il lui fallait de l'intelligence au ministère qui s'était toujours déclaré contre elle.

Elle m'ignorait pas la manière de se débarrasser d'un ministre récalcitrant; la mort du vieux Maurepas lui avait garanti l'infaillibilité de la recette; mais tes soupçons avaient germé, et, au second empoisonnement, pouvaient achever d'ouvrir les yeux.

L'empereur éprouvait tous les jours de nouveaux embarras; pour calmer les esprits irrités qui détestaient son oppression et paraissaient disposés à se soustraire au joug odieux de la tyrannie, il lui fallait de nouveaux trésors et il n'avait d'àutres ressources que cette de la reine de France, qui, à l'aide du contrôleur Joli-deFleury, lui fit passer des sommes considérables. Ce ministre disgracie, Antoinette intrigua pour le faire remplacer par une créature qui lui fût affidée; mais son espoir fut trompé. DormessOn fut intraitable, et elle se vit privée de secourir son frère jusqu'au moment où le scélérât de Calonne fut en possession de dilapider les finances. Cette impitoyable sangsue, cette âme de boue, insensible aux cris de la douleur et qui se faisait un jeu de la misère publique, était toute propre à seconder les vues destructives de la mégère autrichienne.

Charles-Philippe d'Artois s'était refroidi quelque temps; tes intrigues de sa beU&-so;ur avaient aSwibM sa passion pour elle; ce ne fut que lorsque le respect et la crainte eurent éloigné tes amants qu'il se remit sur les rang*!) en vain, pour les tenir tous attachés à sou char, employait-eite tes regards lubriques, tes atlouchements


expressifs. L'idée de se trouver dans les bras de leur reine les glaçait elle s'en tint donc au beau-frère, qui, moins inquiet sur les dangers de la liaison, remplaça Coigny, Diton, VfUtdremt, etc.

Les clairvoyants prétendirent que, de ce retour de tendresse, naquit te Dauphin, et l'un d'eux, bravant l'inquisition du ministre et de la police, fit ce couplet Am de ~oeontte.

Ce prince voluptueux, peu délicat dans ses jouissances, était intimement lié avec le duc de Chartres, maintenant Philippe Capet ou d'Orléans t'un et l'autre n'avaient rapporté, des voyages qu'Hs avaient faits, qu'une ample provision de vices et de ridicules. Les coutumes, les mœurs et les modes d'Angleterre avaient séduit leur frivolisme, de manière que ces deux héros de& aventures scandaleuses de l'Opéra ne s'occupèrent plus, en France, qu'à singer le peuple de la Grande'Bretagne. Les courtisans, vils adulateurs, copièrent à leur tour d'Artois et de Chartres en peu de temps, tout fut anglais à la cour et à la ville. Le roi et l'égoïste Stantalas-Xavier restèrent seuls Français.

Chaque jour, de nouvelles courses, soit & Vincennes, soit à la plaine des Sablons, ajoutaient un nouveau vernis à la folie des princes. Le peuple français, dont la morale est celle du plaisir, se portait en foule à ces divertissements, comme à un événement mémorable; les ouvrx'rs

Amis, lït nouvelle du jour

Se débite à cette heure.

Un Dauphin paroîl à la cour,

Si je mens, que je meure.

Si Louis payoït vigoureux,

Ce n'est pas de la aorte

D'Artois faït ce coup heureux,

Ou le diable m'emporte.


désertaient leurs ateliers pour jouir du spectacle ridicule des princes travestis en palefreniers anglais. De la vigueur et de l'intrépidité des hardis jockeys dépendait l'altération des fortunes et ces parties ruineuses comblèrent de plus de gloire deux indignes branches du sang des Bourbons que leurs fameux exploits tant à Gibraltar qu'à l'aSaire d'Ouessant.

Vêtue en amazone, et piquant un superbe palfroi, M&rie-Antoinette était l'âme de ces plaisirs qui favorisaient les siens. Avant d'en donner le précis, je dois faire part à mes lecteurs d'une anecdote tendant parfaitement à établir le caractère économique de Louis XVI. Dans une de ces courses, signalées, le plus souvent, par des paris exorbitants, le monarque frança!~ qui s'y était laissé entraîner, et qui par complaisance avait quitté sa forge, fut supplié par son épouse de s'intéresser en faveur de l'un des coureurs. Le roi refusa d'abord, mais paraissant céder aux importnnités d'Antoinette, il lui répondit, avec cette simplicité qui le caractérise et un sourire stupide « Vous le voulez; eh bien soit, j'y consens. Je parie nn petit écu pour tes chevaux de mon frère, » Ce trait passa dans le temps pour une lésinerie de la part de Louis XVI, lorsqu'au fait, ce n'était qu'une sage leçon donnée aux fous qui se ruinaient par orgueil en prenant intérêt à ces amusements.

La course était à peine finie qu'Antoinette partait comme un éclair et se rendait à Trianon,' où elle ne tardait pas à être rejointe par son voluptueux beau-frère, et ces entrevues clandestines se terminaient ordinairement par les excès les plus luxurieux; et l'un et l'autre s'y livraient sans réserve à toutes les fantaisies libertines que leur suggéraient leurs imaginations enflammées et l'ivresse de leurs sens.

A la parfaite intelligence qui régnait entre ces illustres


incestueux, on s'imaginera, sans doute, que CharlesPhilippe occupait toutes les pensées de sa bette-Meur; les moindres détails paraissaient engager à le croire; mais la lubrique Germaine était née avec un tempérament trop vicieux pour s'en tenir aux plaisirs qu'il lui procurait. Comme sa passion pour les femmes était im. modérée, les moments de relâche que lui donnait le beau-frère étaient ordinairement employés, par la sensuelle compagne de Louis, aux actes révoltants des lubricités, qu'elle prenait plaisir à goûter avec son sexe.

Une des femmes de la reine, la demoiselle Dorvat, était parvenue à gagner sa confiance; son intéressante physionomie avait attiré ses regards et excité sès désirs; et quand une fois ses désirs avaient fermenté dans son sein, rien ne pouvait l'empêcher de tes satisfaire. Pour w dérober aux regards intéressés à épier ses aventures amoureuses, notre héroine prétextait souvent des indispositions. Alors elle feignait que l'air de la cour était contraire à sa situation, que la solitude devenait pour sa santé de la plus grande utilité. Munie de ce passeport de la faculté, auquel Louis XVI souscrivait aveuglément, elle s'échappait du tourbillon, pour voler dans les différents temples de l'amour, où elle présidait en qualité de grande prêtresse et là, méditant sur les charmes de la puissance, elle continuait ses affreux dérèglements.

Le comte d'Artois n'était certainement pas jaloux; il n'aimait point assez pour être la victime de cette odieuse passion; il ne pouvait non plus le paraitre, par amourpropre cependant les courses clandestines et les voyages d'Antoinette à Trianon l'engagèrent un jour à quereller sa bette-soeur sur ce qu'il nommait inndélité de sa part.La reine ignorait le grand art de rougir; ce fut donc


avec l'effronterie qui lui est naturelle qu'elle lui 6t l'aveu de son goût particulier pour les femmes, notamment pour la Dorvat, et qu'elle l'exhorta à ne pas s'en alarmer. Cette franchise d'Antoinette ne déplut pas à Charles-Philippe; entre gens peu délicats, tout s'accorde assez volontiers; il parut seulement douter de la variété et de la multiplicité de ses travaux, et lui demanda comment elte y pouvait suffire.

Je vais bien t'étcnner, mon cher frère, lui dit-elle, en t'apprenant tons les secrets de mon tempérament; mais puis-Je avoir quelque chose de caché pour toi? Sa force est si violente, que sortant d'entre tes bras, dont je ne me retire que lorsqu'épuisé, tu ne peux plus te livrer à de nouveaux transports, je convoite de nouveaux plai. sirs. Cependant, dans ces moments, mon état devrait naturellement être semblable au tien. Loin de là, je brûle de consommer le plaisir que tu n'as fait qu'ébaucher. Alors je vole auprès de ma chère Dorvat d'instrumentée que j'étais, j'instrumente à mon tour. Enfin, je fais agir la complaisante Dorvat qui, réitérant le plus agréable des exercices, multiplie mes jouissances à t'infini. Cesse donc d'être étonné, si je te substitue cette charmante acolyte, et ne m'en veux pas aussi bien je ue puis m'en passer, x « Vous m'étonnez, ma chère soeur, lut répondit le comte, mais vous ne me persuadez pas. Pardonnez ma franchise, mais je suis si éloigna de vous croire que je parie mille louis, qu'il vous est impossible de pouvoir vous livrer à ces degrés différents de plaisirs » « Mille louis? » « Mille louis a K Ah vous êtes incrédule; eh bien) soit, j'accepte le pari, sans ctt remettre l'événement & demain o »

Sur-le-champ, les chevaux furent commandés et une voiture élevante conduisit l'heureux couple à Trianon.Enfermés tous tes deux dans le plus délicieux des


boudoirs, d'Artois coucha Marie-Antoinette sur un sopha. Mille louis et l'honneur de la vaincre lui Crent trouver de nouvelles forces, il lui donna le plus vigoureux assaut mais ses facultés cédant à ses désirs, il perdit la moitié de la gageure. « Je me rends, lui dit-i), en se débarrassant des bras royaux qui le tenaient enlacé mais je ne suis pas totalement vaincu. ? » « Oh! j'en demeure d'accord, répliqua la reine; mais je vais achever ma victoire. »

Aussitôt elle sonna. La Dorvat, prévenue, et qui était aux aguets, accourut. Antoinette l'embrassa avec cette familiarité qui décèle l'intelligenc-e; la présence de d'Artois n'empêcha pas cette Messaline moderne de se livrer a ses transports luxurieux. La Dorvat rougit d'abord un peu; mais sans faire aucune attention à son embarras, Marie-Antoinette continua ses brûlantes caresses échauffée par te badinage du doigt royal, cette jeune déréglée passa sur les bienséances, et bientôt partageant le délire de sa maîtresse, leur réciproque emportement fit conllaltre au comte combien il était dangereux de défier une femme lascive. « Mes mille louis sont perdus, s'ëcria-t-i!, mais je m'en vengerai sur tes auteurs de ma perte Dès ce moment, il conçut un léger caprice pour la Dorvat, et la chronique assure qu'il en essaya.

La constance n'était pas la vertu favorite de la reine de France; à cette époque, elle commença à se dégoûter de son beau-frère. Le changement pouvait seul assaisonner les plaisirs de cette auguste passionnée, et la jouissance d'un nouvel objet flattait depuis longtemps son ambition. Le beau Fersenne, colonel du régiment de Royal-Suédois, suivant tous ses pas avec affectation, ses coups d'œU enchanteurs l'avaient décidée à ne pas faire languir longtemps après sa possession.

Il promenait un jour sa tendre et douce rêverie dans


l'orangerie du château de Versailles. U y avait quetmjes minutes qu'Antoinette l'observait quand leurs yeux se rencontrèrent. Un signal intetligent qu'elle lui fit ne lui laissa plus douter de son bonheur. Rentrée dans son appartement, la reine ne médita plus sur les moyens de mettre à fin heureuse cette charmante aventure et, pour cet effet, eUe députa au joli colonel L'exclaux, garçou de la chambre, qui lui remit une boite dans laquelle était enfermé ce billet

Flore ~e/)/i<r.

Depuis longtemps, mon cher Zephir, je Vous vois parcouru' les parterres de mon empire et regarder avec attention toutes les fleurs qui sont sous ma domination.

Votre douce haleine se seraIt-eUe reposée sur quelqu'une' Flore en mourrait de désespoir. Songez que je suis lenr reine et que j'exercerais la vengeance la plus rigoureuse sur cette qui m'aurait ravi le trésor où j'aspire. J'irai, ce soir, à neuf heures, projïiener moTt inquiétude au petit TriaHoti. Si Zéphir est sensible aux tendres empressements de Non'. il viendra calmer le chagrin dont elle est dévorée. Le gumerrieur de mes jardins sera chargé de l'introduire.

La reine n'attendit pas après la réponse de Fersenne, le même porteur lui rapporta la boite dans laquelle elle trouva le billet qu'on va lire

Zéphir à T'Yo~e.

Ce n'est qu'avec itiditterenco que Zcphir voit toutes )c:, Jleurs de votre empire; lorsqu'il les regarde avec atleuti~u, c'est que parmi elles il cherche il distinguer leur reiu' Lorsqu'it la voit, le respect lui ferme lu bo~)che et ses yen~ sont les interprètes muets de son cnîur. Ce soir, à neuf heures. i'atuour et la reconnaissance conduiront Zéptur au jjetit Trianon. Trop heureux si les empressements peuvent nanuir l'inquiétude de Flore et la convaincre de la sincérité de son ardeur

Exact au rendez-vous, Fersenne fut introduit dans


l'appartement où il était attendu par Marie-Antoinette avec la plus vive impatience; le confident intime Bazin fat le mercure de cette entrevue. Ce bas et rampant valet était accoutumé à cette fonction. Peu lui importait le titre de maquereau, pourvu qu'il en remplit la charge près d'une personne illustre. H est inutile que je rapporte ici ce qui se passa entre eux. Je me contenterai de dire qu'heureux et satisfaits l'un et l'autre, ils éprouvèrent pendant deux heures consécutives des délices inexprimables. Les rendez-vous se succédèrent vivement depuis cette époque; et ce galant commerce dura jusqu'à ce qn'excédée de sa continuité, Antoinette songeât à réveitter son goût par les changements et à donner un successeur à l'épuisé Fersenne.

Elle ne savait trop sur qui jeter les yeux lorsque la comtesse Valois de ta' Motte lui fut présentée par la Nisery, sa première femme de chambre. Cette infortunée comtesse soUiciteit à la cour la reprise de possession de la terre de Fontéte dont avaient joui ses illustres ancêtres.

Antoinette appuya sa requête, guidée, soi-disant, par un principe d'équité, mais le fait est que la comtesse de la Motte lui ayant plu, et la destinant à ses plaisirs, elle voulut avoir des droits à sa reconnaissance, et que ce ne fut qu'à elle qu'elle eut l'obligation de sa fortune. En conséquence elle ne fit point usage du pouvoir qu'eHe avait sur Calonne pour augmenter la faible pension que cette comtesse tenait de ta cour, et que ce paillard "'avait fait porter sur l'État que la somme de sept cents livres jointe mec celle de huit ceuts qu'ctte recevait déjà pour porter dignement le nom de Valois, espérant que cette modicité conduirait infailliblement la solliciteuse de sa salle d'audience à son lit.

f~e cardinal de Rohan, connu maintenant par le titre


du Cardinal-Collier, n'avait pas renoncé à ses projets de convoitise. A t'affut de tous tes mouvements de ta reine, tt interceptait tous tes regards. 11 s'était aperçu, un des premiers, de l'effet que tes attraits de la comtesse de ta Motte avaient fait sur elle, et d'après cette observation s'emparant de cette comtesse, i) l'endoctrina et lui apprit à se prêter aux vues de sa souveraine.

Leur seconde entrevue se fit au petit Trianon, entre onze heures et minuit. La comtesse de la Motte fut introduite par la Dorvat, qui se contentait du titre d'agentede ces scènes libidineuses, après y avoir joué elle-même M rôle principal (t). D'après l'exposé du tempérament de la reine, on peut assurer leurs plaisirs.

La compagne de Louis XVI congfMia, après cette séance luxurieuse, la comtesse de la Motte en l'assurant de sa faveur et en la gratifiant d'une somme de dix mille livres en billets de caisse. On observera que Calonne en (ï) Dans son curieux et rare mémoire sur l'affaire du collier, Rctaux de Villette, un des complices de M" de la Motte dans cette escroquerie, conte à sa manière la première entrevue de ta reine et de la comtesse. « La reine, dit-it, rentrée dans son appartement, fit appeler M"' de ta Motte qui se rendit à ses ordres elle trouva Sa Majesté voluptueusement penchée sur une ottomane. M"~ de In Motte, Invitée à prendre place à côté 'i'eite, Fut Jouée sur sa fr.dchcur, sur ta beauté de son teint; eUe exigea même que sa gor~e fut découverte: eUe en fut éblouie; et, en effet, M'~ de la Motte avait; de ce côté, tout ce que les hommes recherchent avec enthousiasme blancheur, fermeté, séparation, ce qui provoqua dans les sens de la reine cette eu'rrvescencc que ia lubricité seule peut ennaiï'ntet. Bientôt leurs mains s~arèrcnt, le plaisir déchira tous les voiles 'p" pouvatent lui porter obstacle: et, s'abandonnant alternativement. l'une et l'autre, aux feux de leurs passions, elles se plongèrent dHns des torrents de délices. Après une heure de débats voluptueux M"" de la Motte répara un peu son désordre et repassa chez M"~ d' PotigTiac. » ~tvHOf/'e historique (les ~/r~MM de la cour et de ce qui s'est passé entre la reine, le cem<e tf'oh, ? cardinal de Rohan, ;!f" de Polignac, (le <<VoM< Ca~'o~/m et ~Mf. de &</eff« el rie Ferfrm<t6.<, par le sieur Retaux de Vittctte à Venise, MDCCLXL, p. M. Cette édition est celle faite par Gay en i~ Neuchate), in-<S.


était le dispensateur; ce qu'il a prouvé dans les étrennes opulentes qu'il envoya à M' Lebrun, sa bien-aimée (t). Rohun-te-Chapeau-rou~e, qui avait ménage cette entrevue, fit jouer tous ses ressorts pour en obtenir le suc~s qu'il osait s'en promettre.

Il osa écrire & la reine, qui résista longtemps à se prêter à sa justification, mais les avis secrets qu'elle recevait de l'empereur, qui le désirait en possession de la puissance ministérielle et a la tête des affaires, d'engagèrent il se prêter à la réconciliation qu'il sollicitait.

Les mémoires justificatifs de la comtesse de la Motte, imprimés à Londres, en janvier f:89, mettront tes lectmrs au fait de la farce que notre herome fit jouer au cardiBal, par la prostituée d'Oliva. En élevant le cardiMt-prince jusqu'à elle, ce n'était que pour le faire plus sûrement tomber dans l'abfme, qu'elle lui entr'ouvrait par degrés; aussi sa correspondance avec lui (s) était une énigme dont il eût été difficile de trouver la clef, sans la vengeance que tira la comtesse de la Motte du procédé sanglant de Marie-Antoinette.

Le succès de cette grande entreprise faisait le sujet de toutes ses réflexions; lorsqu'elle se trouvait avec lui, très souvent elle était rêveuse et gardait le silence à ses insifr) n s'agit îct de M" Vig'ec-~e Brun, l'artiste pct~trc, aMicur de N~moiï'eSt Dans une liste de proscription de nSgettc est aiasiSt~jtaiétt: « (.~t: fouine qui a longtemps appartenu à M. de Calonne, quoique M. Le Brun n'ait point voulu lui céder en propre, en raison de certllin talent. Cinquante francs à qui pourra la chasser du royaume. ? » ~.M chasse N'M~c &~eN paan/M e~ ~'e~ocM, qui, tïpf~s avoir Inondé les les ptatnea, etc., se sont rsépandaes à la cvw et à ta capitale; à l'aris, de l'imprimerie de r~pon~NM ~a cow e< t<[ M~a~e,'

Paris, de l'imprimerie de ta Liberté, 1789, in-8", p. S.

)at L'auteur du libelle renvoie à cette correspondance apocryphe, composée de trente~teux lettres, qui figure à la un des Mémoires ~;M/~ea<{/it de la eom~eMe de Valois de fa Motte, écrits par ellew'nte; Londres, n8t), m-ï8.


nuantes protestations. L'adroit évêque mt profiter de cette inaction, et prenant ce silence pour un aveu tacite il alla plus loin et it fut heureux.

Les Polignacs étaient heureux, la faveur se perdait tous .les jours. La reine ne leur faisait plus que des Uemi-conndences; souvent elle affectait avec eux )c dépit et le dédain, elle paraissait même avoir renoncé tout à fait à l'amour pour ne plus s'occuper que de l'intérêt. Cependant les indiscrétions de l'esclave (i), dont parfois les expressions tranchaient du maître, l'alarmaient. Lauzun, Luxembourg et d'Artois s'entretenaient publiquement de cette liaison.

Plusieurs confidences de sa part sur quelques particularités des charmes secrets de son amante avaient convaincu, à n'en pas douter, ceux qui étaient aussi parfaitement instruits que lui de la vérité de leur approximite.

Arriva dans ce temps la fameuse aventure du collier, de ce collier qui fixa l'attention de toute l'Europe et dont voici tout le mystère.

L'économie du roi s'opposait, depuis longtemps, à la demande qu'Antoinette lui avait faite d'une garniture de bracelets semblable à celle que portait la reine d'Angleterre. Elle avait plusieurs fois essuyé le refus le plus formel de lui donner cette parure. Calonne ne savait plus de quel bois faire flèche. Toutes les ressources étaient épuisées. Il n'y avait plus que l'intrigue qui pût lui procurer ce bijou qu'elle était infiniment jalouse de posséder.

Elle s'était plainte quelquefois devant la comtesse de la Motte de l'avarice de son époux et du désir qui la t

f~ « Titre que prenait Je cardinal de Rohan auprès de la reine. -Vo/e <ht ~am~Me<. `


tourmentait. La comtesse en parla au cardinal, qui, malgré ta mauvaise situation de ses finances et son peu de crédit, entreprit la négociation de cette affaire, dont Antoinette seule proSta, ayant toujours eu la précaution de faire agir sourdement ces deux complices de ce royal tarcio.

La suite de cette affaire la conduisit insensiblement à la vengeance qu'elle méditait toujours intérieurement contre le cardinal; mais elle ne fut pas aussi complète qu'elle l'aurait désirée.

C'était sur un échafaud qu'elle l'eut voulu voir. Son ambition eùt été satisfaite.

Elle l'eut enfin ce collier; Lesclaux, son messager secret, le lui apporta, et du moment qu'elle l'eut en sa puissance, elle jura qu'il serait l'instrument de sa fureur contre le cardinal. Son dessein n'était pas d'envelopper la comtesse (te la Motte dans cette proscription, la circonstance seule dirigea cet événement, dont tout Paris parla diversement. Parmi toutes les chansons et les pamphlets qui parurent sur ce sujet, je place ici ces couplets, comme cadrant singulièrement à la circonstance

CHANSOX SUR LE CÉLÈBRE COLLIER

PAR UX CÉLADON A LA GRECQUE

Am Vc/mM c<Bar;f qui DOf~M y'at~e.

Pour enchaîner la victoire

Qu'un guerrier cherche ]a gloire,

Moi, loin des combats,

Prenant mes pbata,'

Entre la brune et la blonde

Je ferai le tour dit monde,

Si ma barque allait un jour

Mouiller, er, er. er & )a rade d'amour.


Qu'à Chaise-Dieu l'on enferme.

Comme UtLcoqdansune ferme. L'oiseau cardinal,

Pauvre original,

Dois-je craindre quelque chose? Si Philis m'otnre une rose,

Je pourrai s~ns nul tictour

MoutHer, er, er, er à la rade d'anMxr. Pour singer la Souveraine.

Que dans un parc on eutraim'

Fillette à minuit

Au joyettx déduit,

Loin de metire un trouSSe-cottc En compromis par la Motte,

J'aimerais mieux en plein jom, Mouiller, er, er, ev à la rade d'amour.

H est inouï de se représenter toutes les horreurs que cette action frauduleuse de lapart d'Antoinette fit enfanter. Je vais souiller ma plume en en traçant encore une; puis-je détourner les yeux de ce tableau monstrueux d'iniquités

QUATRAIN

Stir de la Motte-l~'alois, foiiell(-e el marqciée ~zir ~t<f /e </e /a ~/o//?-t'a/o&, yoMe~t'f cet vertu d'un .<f<r /M </eN.~ ep<!tt~.< /<' fo yf<!7M f~M. fft uef<t< (<*[<') n/'ff< ~f /)f?r~me~/t

Qu~ls cris ai~us se font entendre au large '1

D'ou vient ce tumuKe au palais `!

Ce n'est rien, me répond Gervais,

C'est la Motte qui décharge.

Pour remplir l'usage qu'elle voulait faire des diamants de (-e collier, il fallait le dénaturer. Cela fut bientôt fait. Les soustractions qu'y St Marie-Antoinette lui servirent à des bienfaits, paraissant d'autant plus généreux pour


elle qu'ils étaient considérables, mais d'autant plus faciles qu'ils ne lui coûtaient rien.

Ce furent ces mêmes bienfaits qui conduisirent l'infortunée comtesse à l'infâmant poteau et à l'indigne netrissure qu'elle essuya par la main du boureau. il ne fallait pas moins que la plus hypocrite des dissimulations pour tirer notre hérome d'un pas aussi délicat elle eut été couverte d'opprobre et d'ignouimie si sa basse intrigue eût été découverte. Mais, en cetteoccasion, elle se servit de ses principes ordinaires et sacrifia l'innocence pour sauver une légère parcelle de son honneur expirant, et eUe apporta le plus grand soin à couvrir cette odieuse atrocité du voile le plus impénétrable. La pins légère confidence sur l'article du collier lui eût été très nuisible. Aussi se tint-elle sur la réserve, et mal.gré le faux zèle du fourbe et rusé baron de Breteuil, ses demandes insidieuses, son air d'assurance, elle nia fermement que ce bijou eût été en sa puissance elle assura qu'elle n'en avait pas plus de connaissance que de la comtesse de la Motte, et eUe perdit ainsi cette femme par une criminelle négative. EUe fut donc absolument hors de cette procédure, dont eUe méritait seule toute l'infamie, et il ne fut plus mention de Sa Majesté que pour accuser les prétendus scé<érats qui, soi-disant, avaient osé abuser de son nom.

Le jugement se prononça toutes les lois de l'équité furent violées; l'innocence succomba; mais le cardinal de Rohan échappa à sa vengeance.

Mahrrë le silence que l'inquisition ministérielle imposait sur cette affaire, la reine n'en fut pas moins diffamée dans l'opinion publique, sans qu'elle perdît rien de sa sécurité et qu'elle conservât précieusement trois cent cinquante-six diamants du collier qu'elle s'était si 6nement appropriés, et dont elle espérait un jour faire ?


monter des bracelets pareils à ceux de la reine d'Ange.terre (1).

Les intrigues etles tracasseries du comte de Vergennes, dans le cours de cette inique anaire, lui firent apercevoir combien elle avait à s'en méfier; et comme les forfaits ne lui coûtaient rien, elle en médita un dont l'exécution suivit peu de temps après, comme on va le voir. L'empereur se désolait, à la cour de Yienne, dn mauvais succès de ses aSaireo et de la mauvaise tournure qu'avait prise, en France, t'aSaire du collier. Son issue détruisait totalement ses projets. Malgré les témoignages qu'il avait reçus de ~a Meur et de l'imbécillité du cardinal de Rohan, sa politique lui avait fait entrevoir que son ambition serait plutôt satisfaite etaM vues remplies avec ce ministre, qui n'eût point hésité à seconder le bouleversement qu'il méditai), et dont il aurait profité. Le plus exécrable des desseins occupait entièrement l'esprit d'Antoinette elle jouissait de toute la gloire qu'elle venait de remporter mais un de ses ennemis respirait encore. Cabaler pour l'expulser de la cour, il n'y fallait t pas penser. Des imputations véritables n'auraient pas réussi à faire prononcer son éloignement, et les efforts de la calomnie n'auraient fait qu'ajouter à son triomphe. Elle avait entre les mains la recette de Catherine <ie Medicis. Le vieux 51aurepas en avait ressenti les funestes effets, au moment où elle lui jurait une dëfërence exacte à ses avis et une sincère réconciliation; mais elle t'avait embrassé pour le mieux étouffer. Elle se résolut de prujt) M. frantz FameMrentaoo, f-d~stre <tH OoMer,<t'w~ de nouveaux documents recueillis en partieparA.Begls; Paris, t6«), in-tS, a prouvé que le comte de la Motte avait passé avec les diamants du collier en Angleterre et les avait vendus a des bijoutiers de Londres Au reste, toote i'aB'aîrcdt.t conter est racontccîct d'une manière dont it est superflu de souligner la haineuse fatHaiste.


curer une pareille dose à Yergennes, et n'osant mettre m usage les préliminaires dont elle s'était servie avec )):tirepas, elle engagea le monstre exècre de Polignac à se prêter à ce nouveau crime. D'abord elle se plaignit obligeamment que de légères brouilleries durassent encore elle rappela ce temps où nonchalamment couchées dans les bras l'une de l'autre, et plongées dans la plus douce ivresse, elles se faisaient les plus ardentes protestations de s'adorer toujours. Quelques feintes larmes coul&rent de ses yeux. L'androgyne y parut sensible, lui sauta au col, et après une mince explication, la paix fu conclue.

Antoinette rejeta les tracasseries qui les avaient séparefs sur le compte de celui qu'elle voulait détruire il n'en fallait pas davantage pour irriter la duchesse. La rage étincelait dans ses yeux; elle ne respirait plus que fureur et que vengeance. Le poison fatal fut adroitement préparé et donné. Une langueur mortelle s'empara de Vergennes, le consuma par degrés sans qu'on sùt à quoi eu attribuer la cause, et ne finit qu'à son dernier soupir. Lit réconciliation de ces deux femmes fournit matière à la médisance. Antoinette passa bientôt dans l'esprit de la Cour pour la tribade la plus déterminée mais elle riait <)e ses sarcasmes, au nombre desquels on peut admettre celui-ci. La reine est sensée s'adresser à la demoiselle <l'0)iva

LA REINE

Il te sied bien, vile catin

De joner le rôle de la reine t

LA MMOtSZt.U! D'OI-tVA

Ëh pourquoi non, ma souveraine ? `?

Vous jouez si souvent le mien

L'empereur nourrissait toujours l'espoir de fomenter


la division; il communiquait ses projets à sa sœur. eUe les secondait de son mieux. Jules de Polignac deviot la favorite d'Antoinette et t'âme de tous ses plaisirs, mettant à profit tous les instants que Louis XVI leur laissait. EUe le punissait de son indolence par le commerce le plus abominable, sans même prendre la peine de le cacher. Parfois le comte d'Artois se réunissait à toutes leurs orgies libertines; mais la reine craignait innnime~) son approche. Ce vigoureux jouteur allait bon jeu, bon argent, et sans certain manège dont la Polignac avait donné la connaissance à Marie-Antoinette, la famille royale aurait <M considérablement augmentée. Les espérances que le Français concevait d'une amélioration dans l'établissement de l'administration des affaires générales le rendent à ses occupations ordinaires, et tes nouveaux matériaux que notre héroïne lui fournit lui inspirent ces couplets t

Ctonmcot peu~ox trouver du ntat à !;a?

CHAKSO~

AîR EA MMiS UMt ftM.

Or t';couteX ~histoire

(joe je vais raconter,

HUc est facile H croirc,

11 n'en f~xt pas <)ou)et'.

Eh mais oui da,

Notre htbpîquc rfinc.

i)*Artois )cdebat«:h<

Tous deux sans moiiKh'c peine

î'~ont ce joli p(k'h~.

Eh! mais ottt da. f?~f.

Cette heth- allianre

NOMS a bien eonvainot

Ouû ]c gt'aitd roi ttc Fnmce,

tM un parfait ct'm).

Eh ïnais f)))i 'tu,


Poii~nae, cette gueuse,

~ue vomit les enfers,

D'une main odieuse

Sert les crimes divers.

Ces couplets augmentèrent la rage qu'Antoinette avait conçu contre te Français et dès tors elle jura sa ruine. Le moyen était facile; le ministre annonçait depuis longtemps la ruine qu'elle avait méditée; il ne fallait plus que la circonstance, et elle ne tarda pas à arriver. Louis XVI sommeillait sur la garantie des apparences. Pendant ce temps, le crime veillait, et c'est alors que lalutrichienne eut occasion de connaître au juste ce qu'était le Français.

Les princes du sang royal, issus de la branche des Bourbons, avaient donné maintes fois des preuves d'un patriotisme déclaré et d'un amour populaire; mais elle les considérait comme autant de girouettes que le moindre vent faisait mouvoir à son gré. Elle ne trouvait rien d'aussi facile que de s'emparer de leurs idées et d'en ordonner l'administration.

Pendant ce temps, elle continuait à souffrir du caractère bouillant, impétueux et jaloux de la duchesse de Polignac, dont l'excès était monté au point qu'elle la trouvait insoutenable. EUe était donc partagée entre le tMsir de satisfaire ses inclinations secrètes et de trouver les moyens sûrs de faire tenir à l'empereur tes fonds énormes dont il avait te plus grand besoin, et de s'asservir les princes du sang, ainsi que quelques autres créatures, en flattant leur ambition. H fallait être ce qu'elle ''tait pour parvenir à exécuter ces grands mouvements tourbes et dissimulés, pour ne pas dire quelque chose de t'hts. D'Artois, sans être jaloux de la couronne, lui prodiguait toujours ses soins; mais ta naissance du duc de

Eh mais oui du, etc.


Normandie (~ qu'il avait encore procurée, lui fit verser des larmes de rage. Dès ce moment, ils formèrent le plus affreux et le plus détestable des triumvirats. Ils s'assurèrent de leurs créatures et jurèrent ta destruction du peuple et la ruine totale de la France.

Ce pfinee abominable se livra sans réserve à ces affreux complots. U avait en outre de fortes raisons d'ea vouloir auxFrançais, qui t'avaient impitoyablement raUM à son retour de Gibraltar par ce quatrain

Fi, disait un Charlot dont l'excès de tendresse

Avait tant vu siffler ton impuissante altesse,

Tatse!vous, vils crapauds du pied de j'Héiicon,

J'aurais prU Gibraltar, s'il n'eût été qu'un e.

Néanmoins, les courses nocturnes et scandaleuses de Marie-Antoinette ne discontinaèrent pas plus que les couplets orduriers sur ses excès libertins et ses paillardises témoin ceux-ci, qui lui furent chantés aux oreilles s y

{t) C'est ce même fils de MM'te-AatfHaette qui, dans riUstOtre.JotM ïe rôle tragiquement mystérieux de Louis xvn~ sous te nom de Naundorff.

LES PROMENADES NOCTURNES

DE LA MESSAM~Œ FRANÇAISE EN t~SS

Aït~ Charmante &oa~<myëre.

Quelle est cette coquine

Qui marche à petit bruit P

Je débrouille à sa mine,

Dans l'ombre de la nuit,

De )a brillante aurore

Qu'elle attend le retour.

Pour dérober â Flore

Une rosed'amour!


Le Parlement, sur lequel il avait le plus compté, fit avorter, par une résistance inattendue, le commencement de leur entreprise.

Le plus extravagant des édits avait été dicte à Louis XVt et il avait fonde sur son enregistrement la

La capote tég~rs

Qui voile tant d'appas.

Futr~e ou reine ou ber~e~'e,

Ne me rebute pas.

Que dis-je sur l'herbutte,

Mon tendre cosnr éprls

Heeonnatt Antoinette,

Rivale de Cypns.

Entrons en connaissance,

Belle reine, en ces lieux,

Qu'importe la naissance

Pour deux coeurs amoureux

Je sens mon v.. qui dresse,

En vj~nt tes attraits

Pour prouver ma tendresse

il ne rate jamais.

~~M~~[~~LV~O~

F~on~ jusqu'à demain.

Pour répéter ton r&te,

Prends mon v.. dans ta main.

Dans ta mot.. un peu rousse,

Jej~onteavecsucfes

]~e pïai~r quand je trousse

La reine des Français.

Ton Louis band. à t':Kse

Invoque saint Joseph,

Moi qui suis de Falaise,

Je me fous de son fief;

Que t'importe le trône,

Belle sans contredit,

La plus belle couronne

Ne vmit pas un bon v..


haine que devait naturellement lui porter la nation. Dans cette circonstance le parlement se montra dur et intraitable; la ti~ue, étonnée decette fermeté, crut d'abord qu'elle n'était que feinte et engagea le lion à rugir contre cette compagnie désobéissante et à mater ce ridicule aéropage. Alors tes Parisiens se mutinèrent et investirent le patais.

Cependant le Parlement fut exilé et le peuple n'en montra que plus d'humeur, quoique tes rieurs de la cour et les persifleurs vendus à la conjuration cherchassent à amuser les têtes exaltées par des calembours ineptes qui plaisaient beaucoup à la reine; on fit même Sur l'exil et la rentrée de ce Sénat, maintenant anéanti, ce couplet

Le roi, ne faisant que ce qu'on lui faisait faire, se chargea sur d'Artois du soin de l'enregistrement et ce tâche prince commença a donner à cette époque des preuves incontestables de son caractère féroce et sanguinaire. Aussi poltron qu'à Gibraltar, ce fut en cette qualité qu'il se montra. Jurant comme un éner~umène, it monta le grand escalier tout bouillant de rage; ses yeux étincelaient du feu de la destruction mais la peur ne tarda pas à glacer ses esprits, et ce fier héros en descendit l'oreille basse, trop heureux d'éviter le coup que lui préparait une main hardie et de regagner seul sa voiture, ses gardes l'ayant abandonné à la place Dauphine. A son retour de Versailles, il déclara au roi qu'il pouvait, à l'avenir, se charger du soin pernicieux de faire exécuter ses volontés, et Monsieur, qui s'était masqué

Am !'M croyais en aimmt OoMi'e.

Si Midas, écumant de rage,

N'osa contempler son vainqueur,

Louis seize, beaucoup plus sa~e,

Fait contre fortune bon coeur.


josqu'atoM au point de cacher aux yeux de tous son e~ofsme et ses odieuses prétentions, voulut bien se charger d'apporter son entremisû au trouble dangereux qui commençait à se déclarer.

Les bénévoles Parisiens, en suivant t'impulsion de leur caractère habituel, applaudirent à la démarche de Monsieur tes observateurs sensés et discrets n'en furent pas surpris; ils savaient par expérience que ce peuple frivole ne jugeant ordinairement de l'arbre que par l'écorce, accordait volontiers un brevet de bonté à tous ceux qui étaient porteurs de bonne figure.

Le Noir, scélérat accoutume à commettre tes plus grands crimes de sang-froid, était vendu à la ligue exterminative et exterminait de son tâche et arbitraire pouvoir toutes tes victimes qui lui étaient désignées (t). J. Le chevalier Dubois, son infâme agent, secondait de snn mieux tes horribles vexations de l'empereur des mouchards, et pour opérer plus vite la grande oeuvre de la destruction qui lui était commandée, il employa la poudre et le plomb.

1 et fut le signât de l'alarme et l'affreux mobile de tous tes événements arrivés depuis. Le peuple se révolta, brisa les corps de garde, et au risque d'être inhumainement tusitté par tes bourreaux, commandés et mis en fonction par la horde assassine, qui se rassemblait dans tes tripots 'Meurtriers de la cour, contraignit ceux qu'il soupçonnait d'un parti contraire à ses intérêts à ployer le genou avec respect devant la statue d'Henri IV, dont la vue arrachait des termes et excitait des regrets amers lors~u'on pensait à la <)!nerence de ces deux règnes. C'est ce )<) Jemn-Charjes-Pit'rre t,cnotf occupa à deux reprises la charge de lieutenant depottc~ ~n conçût t77/t au ï4mai t77H,et du '9.iuiQ t7?9 ,lU tt août j~SS.


qui arriva au ~tarquis de Villette (t)~ à ce patron décore des apôtres de Sodome, & cet avorton littéraire, à ce pré.curseur de Chaussonee it fut, comme les autres, con. traint de se soumettre à la génuflexion, et un passant prenant part à l'ignominie qu'il éprouvait de fort memYiMSe jrrace, et que j'aurais pris de moi-même, lui adressa cet impromptu

A genoux, vil coqutn, sans faire la ~r~mac~

Et reçois cet affront comme un sttjet de gf&<te

t<6 plus humilie, sans doute, n'est pas toi:

L'hommage d'un faquin doit outrager un rcN.

On promena ensuite l'effigie de ce Dubois, cet execrabh; satellite du Noir, lieutenant de police dans les rues de Pana, et on t'accrocha ensuite à urne vile potence en compagnie de quelques individus aussi abjects.

La ligue voyait avec plaisir ces revolutioM qui eommeuçaiCNt a faire naître le trouble et tes dissensions, présage des calamités auxquelles elle aspirait; mais en même temps la nécessité de la circonspection lui faisait apercevoir le danger de trop se montrer. Ainsi donc, elle en demeura là, bien résolue cependant de proSter des premières occMions.

()) Le marqtHa Charles de Villette, né à Paris, M 4 décembre t~M, ~poM~a Je s n~vetabre r??* à F~scy, M~' de Varicourt, dttc « Belle et tMMiM pupUle de Voltaire. Les paMphïets du temps le i~an~ea!~ t parmi les pins déterminés sodomistes de Mpoqae.fan d'enit, à proj)os de son mariage, lui décoche ee trait

Villette pour son mariage

Revient â de plus chastes feux.

Voltaire, qui fortna ces ntst~s,

Lui garantit un pucelage i

t)ats i'eptmx en réclame deux.

Seion lui, tout sert en ménage.

ûepaté pour le département de t'Oise à H) Convention nationale, 1e marquis de Vïiïette mourut aux prcmters jours de la Terreur~ !f ~Juttict 17~.


Antoinette Profita de cette trêve pour se livrer à un ~ntrc genre d'occupation.

A la cour de France, chacun avait alors sa marotte, notre héroïne avait aussi son pantalon et l'iuuatre calembourdier, le marquis de Bièvre, était en titre d'oftice, et ci-devant marquis,, distributeur d'épi~rammes faites à loisir, devint le sapajou de la furie archiduchesse (t).

Quand elle eut adopté ce burlesque pantin pour le président de son bureau d'esprit, elle ne s'occupa plus que d'en former tes membres, et il fut défendu, sous peine d'encourir le titre de criminel de lèse-fantaisie, d'y parler autrement qu'en calembours. Édits, lettres-patentes, arrêts du conseil, déclarations du roi, impôt territorial, tout était calembour, jusqu'à la majesté royale. Elle éleva jusqu'aux nues cette petite chenille littéraire, et ie conduisit enfin où etie en avait conduit tan) dautres, c'est-à-dire au voluptueux boudoir du petit Trianon. Calonne ne pouvant plus, comme par le passé, fournir aux appointements énormes que la reine exigeait de lui pour solder ses lubricités, devînt l'objet de sa haine elle ne tarda pas à le sacri6er à t'horrible déçoit que l'un et l'autre avaient fait nattre; et cette rupture fit naître les plus violents murmures entre les citoyens patriotes. Antoinette feignit d'être scandalisée de ces menées. 91ais, jugeant bien qu'elle pouvait être compromise par la publicité des plaintes du ministre qu'elle avait envie <te faire sauter, eUe s'appliqua constamment à effectuer sa disgrâce. La politique lui souffla aux oreilles qu'il fallait pour cet événement un moyen qui ne fût pas orditï) Oti trouvera quelques calembours du marquis de Bièvre à Marie~utoinette dans le volume du comte Gabriel ~tareschaï de Bièvre, Le mor<)'a& de B~pre, sx efa, ses eaiemtoaw! ses e~mAKe~ ~~7'~9 Parts, tj)<o, )n-9°,/)SMt<N.


naire; alors le mettant en usage, elle le St avertir secrètement du danger qu'il courait à rester en place; sur cet avis, qu'il était bien éloigné de regarder comme t'efTet d'une trahison, il s'éclipsa et ftit enrichir l'Angleterre de ses combinaisons désastreuses.

Alors Brienne, cet archevêque fourbe et impie, vint & son tour manier les finances, comme un patrimoine sur lequel il avait les plus grands droits. Son administration prouva tout le ridicule du choix qu'on avait fait; il fut nomme cardinal, ce qui occasionna encore de nouveUes pasquinades et entre autres celle-ci

SORTIE SCR M. DE BMENXE

~t!~HB de 7'OH/OH:e et ministre.

Si Brienne, en min~tre infâme,

Au Pape demande un chapeau,

C'est qu'en se f..taut de son Sït~G,

Le fripon veut sauva' sa peau.

Cet inique cardinal ne travailla que pour son compte; Antoinette et d'Artois, ne pouvant rien obtenir de lui, eurent recours au vol pour alimenter leur cupidité du reste des deniers royaux.

Louis XVI, dont la confiance dans les miniatres était sans bornes, dévoue à sa femme et à son frère, se reposait entièrement sur eux des grands travaux de son conseil; il signait aveuglément toutes les sottises et les- horreurs auxquelles it pouvait donner une couleur spécieuse; de temps à autre il demandait si son peuple était heureux, et l'on pressent bien la répoMe qui lui était faite « Oui, Sire », lui disaiton, et le monarque le croyait avec autant plus de facilité qu'on avait grandement soin de lui intercepter jusqu'au moindre de ses murmures.

De sorte donc que les impudentes affirmations de~


sangsues ministérielles qui l'entouraient redoublaient sa tranquillité sur l'article du numéraire, qui cependant disparaissait de moment en moment; lui seul tenait bon pour n'en pas lâcher aisément mais de quoi la ruse ne vient-elle pas à bout quand elle est employée par des créatures perfides ? Q

Le ciel, qui souvent protège les ennemis du repos des peuples, s'était plu à favoriser tes moyens que te sieur Pinet avait mis en usage pour augmenter sa fortune il fat dans ce temps d'un merveilleux recours pour les affaires délabrées de la reine et du cher beao-frere l'un et l'autre en retirèrent des sommes considérables et garnit son portefeuille de faux et finirent par lui administrer un. de ces bouillons qu'ils ménageaient comme dernière ressource.

Cet horrible manège dura quelques années. Ils pressuraient les bourses de ces agioteurs de fortune et leur donnaient en échange des sommes immenses qu'ils en tiraient, des sourires engageants, des coups d'ceil flatteurs. Ces procédés étaient pour ceux qui mendiaient bassement leur faveur et leur protection. Quant à ceux qui ne traitaient avec eux que pour décupler leurs avances, ils étaient sûrs d'ètre royalement induits en erreur.

La plupart de ces bailleurs d'espèces s'apercevant qu'on tes dupait s'en plaignirent avec aigreur et moins de ménagement et de circonspection que la politique n'en exigeait d'eux. Alors, le Noir et compagnie vinrent au secours de leurs patrons dilapidateurs; la lettre de rachet ne tardait pas à être lancée et le plaignant faisait un tour à la Bastille ou ailleurs. Le portefeuille se trouvait en la puissance de l'ignoble magistrat, et les effets rentraient presque aussiôt dans les mains de leurs indiifnes fabrieateurs.


Ce torrent d'iniquités grossissait tons tes jours et peu de temps après les ressources furent entièrement perdues,

D'Artois, cet illustre roué, fertile en expédients, en suggéra un à notre héroïne, qui fut très avantageux à la clique luxurienne il lui fit observer l'ascendant qu'ette aTait sur l'esprit de son époux, à l'intérêt près. L'ivresse des passions tumultueuses de sa compagne l'avait étoignée de lui; soit chagrin, soit goût particulier, le monarque avait contracté l'habitude de se relâcher de sa sévère économie en faveur de la bonne chère; le vin surtout commençait à avoir des attraits puissants ponr lui.

Le monarque français buvait de temps à autre; dans ces moments bachiques, son amour redoublait; et dans cette critique position, elle lui aurait fait signer l'abdication de son royaume; et fidèle à ses engagements, lorsqu'on pouvait lui prouver que sa signature n'était pas apposée, ils résolurent de la lui extorquer, par l'emploi de ce moyen favorable. Elle ne pouvait guère réussir dans ce projet qu'en flattant sa manie. Rien ne pouvait lui plaire davantage, et il la vit caresser complaisamment son penchant et sa manie. Les deux époux royaux buvaient donc ensemble, l'un par goût et l'autre par intérêt elle apportait cependant beaucoupdesoinsà redoubler ladose son égard et quand elle le voyait en bonne disposition, elle employait les larmes, les prières, prenait la plume et lui guidait la main; et le nom de Louis, qu'elle lui faisait tracer, lamettait en pos- 9- session d'un bon de caisse d'une somme considérable qu'elle partageait ensuite avec d'Artois, comme auteur de l'invention. Alors le Brienne cessa d'être farouche et commença à comprendre, comme Calonne, qu'il ne jouirait sans crainte du fruit de ses larcins qu'en con-


sentant à les partager. Ces bons le firent trembler et rassurer en même temps la eoMcience archiépiscopale. D'ailleurs la signature du roi devenait un titre légitime de justification en CM d'événement; ainsi donc les fonds commencèrent à rentrer.

Il devait paraître étonnant à Louis XVI `que son cpouse e&t redoublé d'ardeur au moment ou il était le inoins en droit d'y compter ses intentions lui donnaient de l'ombrage; et son empressement à le faire écrire, chaque fois qu'elle le voyait bien disposé, ne contribua pas peu à augmenter le soupçon qu'il commençait à ressentir que ses caresses n'étaient pas naturelles. Il résotut de vëtiSer ses conjectures e!- Antoinette fut prise à la feinte que, pour la première fois de sa vie, sans doute, il mit en usage. Brienne fit un saut pour l' passer au ministère d'État qui s'en serait bien passé et les bons cessèrent d'avoir lieu. Ce fut alors que notre couple libertin se trouva encore une fois dans la crise. Ils jugèrent alors qu'il était temps de se réunir pour consommer l'entreprise qui avait avorté, lors de la catastrophe du palais de justice. D'Artois bornait toutes ses occupations à rallier les mécontents. Lorsque sa belte~sceur lui communiqua qu'elle ne pouvait plus compter sur les bons, il s'employa dès ce moment, et d'après son avis, à jeter les fondements de la plus détestable aristocratie.

Comme on doit bien I& pressentir, tous les Polignacs furent initiés, et la favorite Jules fut chargée de ne rien épargner auprès des princes pour s'en Mre des créatures pour quelque temps.

Marie-Antoinette fit trêve avec ses plaisirs la destruction du trône, l'affermissement du despotisme, la ha~e (tes peuples occupaient tous ses moments les Besenval, Broglie, d'Autichamp, et autres, entrèrent avec ardeur


dans cette ligue infernale. La trfbade, compagne chérie de la reine, ne négligea rien pour compléter cette monstrueuse association; elle se prostitn~, promit des pensions, des dignités, des faveurs, qui ne se seraient jamais réalisées; et cependant, maître le peu d'évidence, ette réussit eUe amena au comité d'Antoinette, non seaiement les princes du sang royal, Condë, Conti, Bourbon, mais encore quantité de mécontents, quelques membres da cterge et des lâches obligés.

On commença alors les conférences et, à huis clos, se forma le plus horrible des plans.

D'une voix unanime Antoinette, fut nommée chef <!e cette horrible conspiration. Les rênes de cette scélératesse ne pouvaient être mieux tenues que par cette mégère abominable. D'Artois fut nommé mestre de camp; la Polignac aide-major; Conde, Conti, Bourbon, les conseillers de. l'entreprise, et le reste opinant; les chefs dressèrent eux-mêmes les principaux articles, ft la furie autrichienne se chargea de les prononcer. A~ftCLE PAEXÏEK

t~ plus horrible sp) mettt que lu ra~e pui~e inveuter sft.) prouojtcc~ avant de pt'of'cdcr in~me iia~&iere aux convf~tions des faits; et la mort SHivr!) de près )~ plus légère ttan;tn'essiou. ~t/j'pfOMfc.

ART. 2.

Ayitti), totijou)' eu pour !& saN~ t'faf~at!! une horreur imin<-ibïe et dam. ïe(ptel, moi, jt*inf de Ffatu'e~ ma'ais votila ine h~t~tiet' à loisir, chacun des nombres de cette honorahle )iSMC fmptoiera )ftt moypusteii plus sA~ pour en faire coûtée des not!).t/)/jrfMpf.

A~c.

Chacun des oolCflelH ou cotnmHttdîmts des troupes df b.t ,Nlajesté ie-iiiiira tous poigi, iles chefs stib~ti- Majesté rt'ituirH tous scf ptTorts pom' f'a.stHrer de!; chefs subaitet nés, oMciers de fortune et etrangei'h des f~imeMts en leur pnis<):mc< <-aus <cpandant leur donner une parfaite counab-


sutce de nos desseins, afin qu'ils puissent, au moindre signal, dkfoser. comme d'eux-mêmes, de tous les soldats des troupes de ligne soumises à leur commandement et les soumettre à une obéissance aveugle.

ART. 4.

Le prince de Lambesc, ici présent, s'obligera à nous assurer que ses Allemands, sur lesquels il a tout pouvoir, nous donnetont, jusqu'à leurs derniers soupir, des témoignages d'une inyjolaMe fidélité.

AM. B.

Nommons pour généralissime de nos troupes, et lui faisons sur-le-champ prêter serment en cette qualité (t).

A~T. 6.

Ces articles établis, chaque prince du sang royal travaiUei'tt d~ t-'et instant, de son côte, à s'assurer des châtions (2) et à leur inspirer des sentiments de haine et de fureur pour la paErie.

AUT. 7.

Proscrivons le duc d'Orléans, cemme populaire et rebelle à nos intentions (3).

ART. S.

Comme notre intérêt exige vigilance, exactitude, prestesse et MOite, jointes a un uombre hutni précautions, et qu'il f~t très important de ne rien entreprendre à la légère, remettons !t la pluralité des avis secrets, pour la sûreté ~Anerate desquels nous avons des émissaires gagnés de tous les côtés, à prononcer sur le sort des personnes employées au ministère et qui ont en main rautorité royale.

ART. 9.

f.e comité général se tiendra chaque semaine; et le parti(ulier, toutes les nuits, en le changeant de place suivant l'occur'M)C<.

~} t Om n'oubliera pas Que ce serment fut prête par Victor Bcoglie, quoi qu'en ait prononcé lé fameux OMtetet révoqué. t ~<e du ;mpAM.

(2) Rfc. Lisez cr~a~'es.

~) « Philippe Cttpon, Capet ou Capot, avait en ce moment bien 't'outres vues, il cherchait tui-memc à se placer au trône, et a cet '~ard ses arrasgentents étaient bien pris. ? ~o~e~H~ampA~.


AM-10.

11 sera prononcé un serment solennel qu'au premier signal de la destruction il ne sera épargné personne, nos amis exceptes, de même que ceu~c qui seront venus se r~n~er sous nos bannières.

Ces articles confirmés par la voie du serment, Antoinette ne s'occupa plus, ainsi que son lieutenant et son aide de camp, à déposer toutes les personnes qui jadis avaient partagé leur confiance, mais sur la fermeté desquelles on ne pouvait pas compter, et à prendre entre eux des mesures particulières pour disposer du trône à leur gré en détruisant les rejetons; et, pour combler leurs infâmes mancEUVres, ils déterminèrent ce qu'ils feraient de leurs complices après t'événement. Breteuil avait cédé la place à l'ambitieux de Brienne par l'entremise le la cour; ce dernier avait pour substitut de ses iniques entreprises de Juigné, archevêque de Paris (t). Presque dans le même temps, Brienne fat nommé cardinal, et le Saint-Père témoigna alors toute sa condescendance pour les abominations qui se forgeaient à la cour de Francct

Cette nomination mit les rieurs en train; et t'en ne tarda pas à voir renouveler cette plaisanterie SUR BMENNK,

efë'yMe f/e T'oa~oMse c<-f/<*MM< y/'a; M~fyf. Si Brienne, en ministre inMme,

Demande à Saint-Père un chapeau,

C'est qu'en se f..taut de son âme,

Ce fripon veut sauver sa peau.

Pour en revenir au cafard de Juigné, à cet illustre (<) Antoine-]5)conore-Leoa Le Clerc de Juigné, ne en t~BS, évoque de Ch&lons, archevêque ue Paris, député à la Constituante, mort c'~ !Slt.


connaisseur en vins de Champagne, et stupide jusqu'à la méchanceté, Necker faisait avec lui de graves spéculations sur tes désastres dont la France paraissait être menacée et ce lâche fourbe, cet apôtre mécréant fournit par la suite une preuve incontestable de son attachement aux vues d'Antoinette.

Les États-Généraux furent convoqués, et de là provinrent les événements qui firent échouer les projets exécrables de la reine de France, qui, comptant fermement sur la noblesse, contemplait de loin l'agréable perspective pour elle de voir Paris en cendres. Le 22 juin !~89,te Tiers-État commença à prouver de la fermeté; sitôt le duc d'Orléans, qui était aux aguets pour favoriser le parti du peuple auquel il paraissait fanatiquement attache, employa le secours de ses poctriaux et, le lendemain, la ville de Paris fut infestée de cet opuscule

Am ~foMM~mc~ cozM lie fo~ec rien.

Laissons, amis, le Tiers-État

Se débattre avec la noblesse,

De notre large potentat,

Respectons an moins la faiblesse;

En dépit de nos calotins,

Qui font vainement les mutins,

Tout va. tout va bien,

Mais il ne faut jurer de rien.

A quoi bon les jeux, les plaisirs,

Quand l'esprit n'est pas à son aise?

U faut modérer ses désirs,

Sous le règne de Louis seize;

Ce grand réformateur des ris

Veut que l'on chante dans Paris,

Tout va. tout va bien,

Mais H ne faut jurer de rien.


Dans le temps de cette crise, VtMedeuH, une des âmes damnées de Marie-Antoinette, passa de l'intendance au ministère. Il avait inculque daM sa cervelle tous les principes de la logique des Richelieu et Saint-Florentin; it savait protéger tes uns, détruire tes autres. La calomnie fut mise en Œuvre dans le comité de notre illustre héroïne, pour exécuter les plus abominables forfaits. Quoi qu'il en fût, dans ce moment où la nation, piongée dans un sommeil' léthargique, gémissait en silence sur ses pertes et dévorait ses chagrins sans oser faire éclater sa douleur, Antoinette se reposait au seiu de nouveaux plaisirs de la fatigue des travaux criminels,

Du bon Henri la poule au pot

Devait combler notre espérance

Mais hélas un mendiant tripot

L'arracha des mains de la France

Trop éloigné de ces temps-là,

Nous ne craindrons jamais cela;

Tout va. tout va bien,

Mais il ne faut jurer de rien.

Chrétien et mari tour à tour,

Louis, au trône de la gloire,

Voulait nous offrir, en ce jour,

Du mon Charles neuf la mémoire;

Grâce à notre ami Necker,

Nous mangeons toujours le pain cher.

Tout va. tout va bien,

Mais il ne faut jurer de rien.

Célébrons le comte d'Artois,

Qui, pour les beaux yeux d'Antninette,

A Versailles, d'un feu grégeois

Voulait amorcer l'allumette.

Il n'y manquait plus qu'un pétard,

Et la France était au F.ard.

Tout va. tout va bien,

Mais il ne faut jurer de rien.


où l'entratnait la nouvelle conjuration projetée par elle et les siens.

Depuis longtemps, elle n'avait visité sa nouvelle acquisilion de Saint-Cloud; elle brûlait du désir de consommer encore quelques sacrinces à l'amour, dans les voluptueux boudoirs de ce palais, construit à tant de frais du pins pur sang des malheureux. EUe résolut d'ajouter à la barbarie de ses complots odieux en commettant ses forfaits dans ses appartements que l'élégance a décorés.

A cet effet, elle prépara des entrevues et y donna des rendez-vous. Son cher beau-frère était un des tenants le plus ferme, et elle y renouvela avec lui ces orgies scandaleuses, ces scènes libertines, ces postures ravissantes qui l'avaient tant de fois plongée dans te délire. Elle y joignait de temps à autre la duchesse de Polignac, comme essentiellement utile à ses desseins. Ces séances luxurieuses se terminaient toujours par les plus atroces résolutions, leurs trois corps entrelacés devaient sans doute former le groupe le plus rare et le plus intéressant. Énervés par leurs fatigues et leurs plaisirs, ils n'y faisaient trêve que pour insulter à la misère publique. Necker refusait toujours de l'argent avec une fermeté stoïque. Les conjurés voulaient l'éloigner; mais ils ne pouvaient engager le roi à se prêter à leurs désirs. Il n'y avait plus qu'un moyen à employer, c'était celui de la religion. Louis XVI n'en rejetait pas la voie; mais avant de rien entreprendre et de mettre en usage le ministère de M. de Jui~né, qui témoigna à la clique qu'il était un sujet utile, il fallait porter le grand coup, et de ce grand coup dépendait une partie de la réussite. Fin de la deuxième partie.


TROISIEME PARTIE

La France avait un dauphin; et de telle manière qne tes choses eussent tourné, l'héritier présomptif du trône y avait un droit exclusif; or, il était important d'annoter avec sa vie le moyen héréditaire. Le comité perfide résolut donc d'opérer ce grand œuvre. Notre héroïne connaissait tous les moyens. Vergenne l'avait éprouvé malheureusement avec quelques autres. Ainsi donc, elle savait très bien comment disposer de la destinée de l'embryon royal qui gênait alors, sauf dans le temps où une seconde mort pourrait devenir nécessaire à envoyer le duc de Normandie tenir compagnie aux autres par le même moyen.

Pour éviter toute crainte de ce côté, elle mit donc la main à l'oeuvre et distilla elle-même ce jus apporté de Colchos par la fameuse Médée.

La faible constitution du dauphin secondait merveilleusement les vues de Marie-Antoinette d'abord elle lui en administra une légère dose; elle vit alors quelles précautions elle avait à prendre par le succès de sa première tentative.

Aux premières annonces de la maladie de l'héritier de la monarchie, le peuple commença à raisonner sur les causes de cet événement; mais les effets ne pouvant s'en démontrer, Antoinette passa outre elle redoubla sa magique potion et, de cette nouvelle administration, arriva ce que les personnes sensées avaient conjecturé, annoncé la mort du présomptif.

Le duc de Normandie fut épargné à cause de sa grande jeunesse et fut proclamé dauphin de France; il fallait donner le temps aux soupçons de s'anéantir et puis, la


clique n'était-elle toujours pas à même de s'en débar* rasser?

Néanmoins la cabale grossissait tons tes jours, et le moment funeste de l'exécution qu'elle se proposait était prêt d'arriver. Ce qui pouvait seul le retarder était la grande confiance que le roi avait au ministre Necker; il' fallait l'éloigner ou s'en défaire point d'autre parti. Marie-Antoinette procéda au premier, se réservant la facilite de recourir au second, en cas que le premier fût sans effet.

Dès que JuigTié l'archevêque fut admis au nombre des confédérés, on commença à nourrir son esprit et à flatter son ambition. Lorsqu'on le crut au point où on le désirait, Antoinette se chargea de lui expliquer tes intentions de son comité destructeur. « Eh quoi [ dit-elle à ce prélat, n'est-il pas horrible que nous souffrions & ta tête des affaires un homme qui en contrarie tes plus justes opérations ? Aidez-nous de votre ministère. La religion a remis en vos mains des armes assurées, servez-vous-en pour écraser cette hydre qui maitrise tout et qui voudrait tout dévorer. Vous seul vous pouvez vous servir de la faiblesse et de l'ascendant que le roi vous donne vous le connaissez, servez-vous de cet extérieur imposant qui vous sied si bien, nous osons tout en attendre. De votre coté, attendez tout aussi de la faveur et de la protection. ra

Ainsi embouché, ce cafard au ton abject et hypocrite fut trouver le roi, et ce scélérat, ce tartufe, proscrit avec raison par la nation, lui dit « Sire, quoi, vous êtes roi ? Et l'irréligion règne conjointement avec vous. C'est un athée qui, sous le nom d'un roi chrétien, donne des lois à la France; quel est le but que vous osez en attendre? espérez-vous que la religion favorisera cette perversité? Craignez, craignez plutôt de voir tomber sur vous, sur


votre famille et sur votre peuple l'effet de la vengeance du Très-Haut. Le voici votre Dieu, continua-t-it en lui présentant le cruciBx it vous ordonne, par ma voix, de proscrire Necker, ce mécréant qui perd la nation, qui vous avilit dans l'esprit des Français, qui outrage te catholicisme dans ses saints ministères, troublé de ne pas obéir à sa voix! »

Cet insolent discours eut tout l'effet qu'en attendait Louis XV! eNrayë de l'incartade du prétendu prélat, il crut déjà voir les foudres du ciel tomber sur sa tête et ne put résister en ce moment à la crainte qui le domi.nait it envoya demander le portefeuille au ministre et lui fit injonction de se retirer sous vingt-quatre heures. La fourberie, le bigotisme servaient donc à consommer cet acte affreux du despotisme et de la rage qui dominaient notre héroïne.

Enfin arriva la veille où la tragédie sanglante allait s'exécuter, c'est-à-dire le i4 juillet 1789. Les confédérés étaient prêts. Antoinette jouissait de tous tes charmes de l'espérance, elle en savourait tes délices dans tes bras du beau-frère et de la politique, quand Lambesc, par son imprudence, mit obstacle au succès de leur crime. Lorsqu'ils apprirent que les Parisiens avaient pris les armes, que la Bastille était conquise, que l'impitoyable gouvernement avait été massacré et te reste, la rage s'empara de leur cœur. Gomme en France, tes évcMments les plus sinistres finissent par des actes de ~aitc et que tout s'accommode par des chansons, on fit un vaudeville sur les événements des t3 et i4 juillet, sur cet air qui prédit que tout doit Bnir par des chansons Am Du /M<M*f<~jfe de F't6M?'o.

Tout le peuple est en alarme

Dans la ville de Paris


Quelques jours après, la Polignac, d'Artois prirent la fuite. Le roi vint à l'Hôtel-de-Ville, où Antoinette le vit aller avec satisfaction, malgré ses larmes feintes pour l'en empêcher.

t-e roi se dessilla tes yeux d'après cet événement. D'Artois et le reste de la clique, entendant sonner le tocsin

Chacun crie au meurtre, aux armes, Comme du temps des Heurts. Pour apaiser ces vacarmes,

En payant tes violons,

Tout finit par des chansons

Qu'a-t-on besoin de canons ? R

A quoi bon chercher castille,

Au plus benêt de nos mis `?

'On démolit la Bastille

Adieu nos gothiques lois

D'aise le cc:'ur nous sautille,

En payant les violons

Tout finit par des chansons Qn'a-t-on besoin de canons 2

Entraîné jusqu'à la grève,

Uu perfide gouverneur

Avec lui son monde y cri've,

Et le prévôt imposteur.

Chacun croit que c'est un rêve, En payant les violons;

Tout finit par des chansons:

Qu'a-t-où besoin de canons?

Louis, a la populace

Jette un regard de bonté

Le Tiers-État prend sa place,

Respirant l'égalité ¡

Il faut bien jompre la glace,

En payant les violons;

Tout finit par des chansons Qu'a-t-on besoin de canons?


de l'alarme, s'éclipsèrent, et bientôt l'aurore de la nouvelle constitution venant à échauffer tes esprits, notre héroïne fut obligée de se soumettre à la circonstance sans cependant rien diminuer de ses idées luxurieuses. Mothier ou La Fayette devint le général du peuple, Antoinette le trouva utile, de manière qu'après les jour. nées des 5 et 6 octobre, elle en fit son consolateur. Un jour que, prenant avec lui des mesures très sages pour se rétablir dans l'opinion publique, elle errait a~ec lui dans un bosquet de Saint-Cloud, l'étève de Washington, échauffe par la vue des appas que lui découvrait la reine de France et enhardi par la souveraineté qu'il partageait, ce général des Bleuets eut l'audace de faire à Marie-Antoinette l'aveu des transports qu'il ressentait.

L'entreprenante Autrichienne n'était pas femme à rien refuser; le galant vainqueur de la poudre rousse était prêt d'en venir à l'abordage; il levait déjà le jupon de la reine, lorsque le compagnon d'exploits de la polissonnerie du trône, le fils du jardinier, gouverneur des lapins blancs de l'héritier de la monarchie, vint faire hommage d'un superbe nid d'oiseaux dont il venait de faire l'acquisition. Son arrivée déplut beaucoup à la femme du pouvoir exécutif et au pouvoir exécutif luimême, c'est-à-dire au moyen des espèces nationales; te porteur du nid disparut et l'oeuvre se consomma. Les dilapidations énormes faites par Antoinette, les mille et un millions d'intrigues amoureuses qu'on impute à l'archiduchesse d'Autriche, les jouissances de tout genre que s'est permises l'amante de Joseph II, le caractère altier de la sœur de Léopold, tout cela eût obtenu encore le pardon des Français. Maigre l'affreuse situation où ils ont été réduits par les débordements d'une reine qui n'en mérite plus le nom, oui, ils auraient par-


donné si, ouvrant les yeux sur le précipice qu'elle creusait à elle-même et à ses ci-devsnts sujets, sur l'abime qu'elle cherche encore àapprofondir, elle eut fait preuve d'un repentir sincère, moins par l'aveu de ses crimes que par une conduite dont la publicité n'eût laissé aucun doute sur ses véritables sentiments. Mais ta persévérance est manifeste; et pardonner, ce serait de nouveau courber un front esclave au joug de ses tyrans.

Depuis la Révolution, le club monarchien dont Antoinette est t'âme n'a cessé de faire des tentatives. Chacun des membres qui le composent a puisé dans le vagin de l'Autrichienne le poison qu'il s'efforce de distiller. Cet antre pestiféré est, le réceptacle de tous les vices, et là chacun vient se pourvoir abondamment de la dose qui lui est propre. Jusqu'à quand, peuple trop facile, reculeras-tu l'époque de ta tranquillité? Jusqu'à quand souffriras-tu, dans le sein même de tes législateurs, des hommes qui se nomment tes pères et ne sont que tes bourreaux? Jusqu'à quand un Maori, un Cazalès, un Durât, etc., insulteront-ils impunément à ta faiblesse, je dis plus, à ton insoucianc? Jusqu'à quand, trop aveugle dans le choix de tes chefs ou dans la confiance dont tu les crois dignes, jusqu'à quand ne doreras-tu l'ëpMte que de ceux dont le cœur est gangrené? Jusqu'à quand, enfin, te laisseras-tu museler par des valets de l'ancien régime qui ne sont devenus tes tiens que pour arracher la main qui les nourrit ou les décore?

Imite, crois-moi, tes marchands de statues; ils brisent leurs idoles quand it leur platt mais en brisant les tiennes, que ce soit de manière à ce que les morceaux ne soient plus propres à rien.

Un de ces écrivains dont la feinte modestie ou la crainte pusillanime affecte l'impartialité a craint de se


prononcer sur le caractère de t'Autrichienne; voici comme il s'exprime

Je ne dirai rien de Marie-Antoinette, trop louée petit-tire autrefois, trop dénigrée aujourd'hui elle ne mérite vraisottblablement ni les éloges excessif prodigués à la dauplune. ni les atroces Imputations dont la reine est l'objet. C'est à ceux qui nous suivront à en juger. Je n'examinerai point si son attachement pour un frère a quelque part à l'épuisement de nos finances et aux sacrifices nouveaux que la France a faits à la maison d'Autriche. Je me contenterai d'observer, ajoute ce même impartial, qu'il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de dépouiller sans réserve tout sentiment de tendresse pour le pays qui nous a vus naître, pour les parents qui ont fourni à nos premières caresses, pour ceux qui ont les premiers développé dans notre coeur ces affections aimantes, qui font le bonheur de tous les hommes, d'oublier toutes les relations de fille, de sœur, de parente, de compatriote il semble même qu'un pareil oubli ne ferait guère d'honneur a l'âme q~i en serait capable. Que faire donc pour prévenir les dangers auxquels l'hymen d'une reine étrangt'ro expose un Ëtat? C'est que le roi se marie dans son pays. Cette alliance pouvait paraitre peu digne du sang royal, dans un temps où il n'y avait qu'un maître et des sujets.

Aujourd'hui que le roi n'est que le premier citoyen, il n'est point de prince qui se déshonore en donnant sa main et son coeur à une citoyenne libre, et qui ne peut manquer d'avoir le cœur français. Je sais que c'est éveiller l'ambition de lafamille où la reine de France serait choisie. C'est un mai sans doute; mais c'en est un moindre que tous ceux qu'on a pu remarquer dans cette esquisse rapide; et. d'ailleurs, en ce cas, on aurait à lutter contre une famille; au lieu que dans l'usage reçu, on a un ou plusieurs empires à craindre ou à combattre; l'un Mnenarait quelquefois des tracasseries domestiques; l'autre, souvent des guerres, et presque toujours de ruineux sacrifices. Dans la première hypothèse, c'est à l'Assemblée nationale d'enchaîner l'ambition de la famille préférée. Dans la seconde, l'influence d'une reine qui n'a pas le cfcur français sera toujours active et dangereuse. J'ai cru qu'il était utile de rendre cette idée publique. Elle est, du moins, assez importante pour mériter ta discussion, et j'aurai peut-être au moins le mérite de donner a ,1


~!<l"e publiciste ou quelque écrivain plus habile que moi, j'ot'easian de traiter la question avec p)na d'étendue et de suc~5.

« Je ne dirai rien de Marie-Antoinette. » C'est ainsi que débute notre impartial. Et moi je dirai tout. Je dirai que le choc prépare & l'empire par ses premiers souverains n'a éM aussi violent que par tes efforts de notre pins cruelle ennemie. Je dirai que ce fut par elle que M. de Vergenne mourut empoisonné. Je dirai que de tous les temps eUe eut voulu voir s'écraser la France pour jouir de la barbare satisfaction de laisser l'empire de son frère sans concurrence. Je dirai que ce fat elle qui 1 força le comte d'Artois à devenir l'assassin de son frère, après avoir été i'M?!«'yM<etty de sa couche. Je dirai que des milliers d'hommes, qui avaient servi à ses plaisirs, ont été îmmotés par sa propre main. Je dirai que ce fut cette bacchante qui, à la fameuse orgie des noirs, souffla dans leur cœur le feu de la guerre civile. Elle n'ignorait pas cependant combien ce projet é~ait insensé; mais il lui fallait du sang, n'importe de quelles veines il coulât. Je dirai que, malgré son aversion pour l'habit national, elle n'a pas rougi d'accorder ses faveurs au général Mothier, pour concerter avec lui ses moyens de vengeance. Je dirai que c'est par son organe que l'assassin Houille a été nommé à l'expédition de Nancy. Je dirai qu'elle s'écria à l'instant où on lui compta le nombre des victimes « Que vingt-trois millions de ces forcenés n'ontils subi le même sort! o Je dirai que sa propre main arma tes chevaliers du poignard. Je dirai que le poison dont Mirabeau est morta étédistitle dans son propre mortier. Je dirai que ses insinuations meurtrières ont seules dénatura le cœur naturellement bon du plus faible des princes. Je dirai que c'est par ses conseils pernicieux que le massacre de la Chapelle avait été projeté. Je dirai que c'est


elle qui, tout récemment encore, exposa son mari aux plus dures humiliations, en le forçant à s'éloigner de [& capitale dans un temps o& sa présence y est le plus nécessaire, où ses jours sont le plus en danger. Je dirai que toutes nos discussions intestines, toutes les invasions qui se préparent, en uu mot, toutes nos calamités passées, présentes et futures, ont toujours été et ne seront jamais que son ouvrage.

<( C'est, continue notre impartial, à ceux qui nous suivront à juger. » C'était donc à la postérité à prononcer sur le sort des Mandrin, des Cartouche, de la Lescombat et de tant d'autres meurtriers dont les crimes ne sont que des enfantillages au prix de ceux de notre héroïne? Plaçons ici un adage trivial, mais qui peint autant la véracité du peuple que sa faiblesse « Les petits coquins, dit-il, sont exécutes mais on respecte les grands, o Suivons notre impartial « Je n'examinerai point si son attachement pour un frère a quelque part à l'épuisement de nos finances. )) Il n'examine point si les monceaux d'or et d'argent qui ont été envoyés à ce même frère ont contribué à l'épuisement de nos finances; qu'examinerat-il donc? Un axiome bien reconnu cependant, c'est que, plus on en ôte, moins il en reste!

« Je me contenterai d'observer, continue-t-il, qu'il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de dépouiller sans réserve tout sentiment de tendresse pour le pays qui nous a vus naître, pour les parents qui ont fourni à nos premières caresses, pour ceux qui ont les premiers développé dans notre coeur ces affections aimantes, qui font le bonheur de tous les hommes, d'oublier toutes les relations de fille, de sœur, de parente, de compatriotes; il semble même qu'un pareil oubli ne ferait guère d'honneur à l'âme qui en serait capable. Il faut avouer qu'une pareille morale est parfaitement conforme aux


sentiments de l'archiduchesse. Courage, ami, vous par- viendrez au giron d'Antoinette. Ainsi donc une femme tufit le droit, devra même sacrifier à ses parents les devoirs d'épouse et de mère Voilà ce que j'appelle de la togique à la mode du haut clergé, pour quil'Ëvangile t'a rien de sacré, dès le moment qu'on a mis un frein à ses dissolutions. J'ai cru cependant que l'Évangile prononçait formellement sur le devoir des époux, lorsqu'il a dit « Tu quitteras ton père et ta mère pour t'attacher une femme. » La femme serait-elle dispensée de ce qu'on prescrit à l'homme ? Une semblable exécution serait te comble de l'absurdité et de la dépravation. Comment pour favoriser les desseins ambitieux de son frère, de sa famille, une femme pourra impunément opérer la destruction de son ménage et celle de tous ceux qui l'entourent? Elle pourra, sans être citée au tribunal de l'opinion publique, trahir un mari, préparer la ruine de ses enfants ? Non, la femme privée qui se permet une pareille conduite est un monstre et la femme publique Il qui on la reproche, celle qui ne craint point de souiller la majesté du trône, de prostituer les lys, de compromettre, en un mot, la tranquillité, les propriétés, la vie de vingt-trois millions d'hommes, cette femme, dis-je, est dix mille fois plus coupable et doit être arrachée à la société dont elle machine la perte.

Sans contredit, ce serait un grand bien que le premier fonctionnaire du peuple choisit parmi ses propres concitoyens la femme qu'il voudrait s'associer mais puisque la politique des empires exige de ces alliances ultramontaines, n'en dérangeons pas le cours. Que nous importera le penchant de celle qui viendra se placer à cote de notre chef, si, fermes dans le courageux dessein de maintenir la liberté, nous ne craignons point d'attacher à ses pas de sûrs observateurs qui nous répondent de ses


démarches ? Alors le voile sera toujours levé et la crainte de la censure publique la maintiendra dans les devoirs que la vertu impose.

Au moment où j'écris, on rappelle dans toutes les sections de la capitale. Tous les soldats prennent les armes. Et pourquoi, citoyens? Pourquoi? C'est que le général Bleuet, qui jusqu'à présent s'est efforcé d'acquérir la vertu du pavot, pour pouvoir endormir la vigilance du citoyen, c'est que Blondinet, dis-je, veut à toute force faire accepter sa démission et qu'à toute force on ne veut pas qu'il se démette, à moins que ce soit un bras ou une cuisse. Et pourquoi veut-il quitter un commandement oi'i son amour-propre trouvait si bien son compte ? Ah pourquoi? C'est que le peuple eut l'impudence de s'opposer à ce qu'il favorisât le départ du roi pour SaintCloud, qui de là pouvait aller ailleurs. Comme l'appétit vient en mangeant, le désir de voyager redouble à mesure que l'on voit du pays. Le peuple a donc eu l'effronterie de mépriser les ordres du général qu'il avait nommé et ce même peuple aujourd'hui se présente eu foule à son hôtel pour le supplier de vouloir bien continuer à le trahir, ou peut-être lé motif de cette députation n'est-il autre que de le conserver jusqu'à la fin de la constitution.

Ici se bornent les principaux événements de la vie de notre héroïne. Pleins de vigilance pour l'instruction de nos concitoyens, nous les prévenons qu'il n'échappera à la femme de Louis XVI rien qui ne nous parvienne et dont nous ne leur fassions partager les connaissances les plus secrètes c'est ce qui donnera lieu incessamment à une quatrième partie.

Fin de la troisième et dernière partie parue.



TROISIÈME PARTIE

Bibliographie critique et analytique

DES PAMPHLETS POLITIQUES, GALANTS ET OBSCÈNES

contre Marie-Antoinette


NOTICE

En publiant ici le résultat de patientes et longues Wherches, je ne prétends point être le premier à donner une bibliographie utile et à peu près complète des pamphlets contre Marie-Antoinette, de quelque nature qu'ils soient. Ébauchée par Quérard et Ch. Brunct, en i856 (i), reprise par M. de la Sicotière, conjugué de M. Mathurin de Lescure, en 1865 (2), complétée, pour la première fois, d'une manière conforme aux exigences historiques modernes, par M. Maurice Tourneux, en ïqo6 (3), cette bibliographie se trouve continuée ici d'une manière que je crois, sinon neuve, du moins propre à intéresser, en même temps qu'elle rendra quelques services aux chercheurs. Chaque libelle a été soigneusement décrit J'ai vu presque tous ceux que je mentionne, à quelques rares exceptions près j'ai indiqué les réimpressions, les contrefaçons, les particularités qui distinguent les diverses éditions. C'est là pur travail de bibliographie, ingrat et difficile, et dont peuvent 1 attester ceux que l'amour des livres condamna à ces obscurs labeurs. Cette tâche, j'ai tenté de la compléter en citant de chaque pamphlet les fragments les plus curieux, les plus typiques. Les quelques lignes que j'en ai tirées étaient quelquefois les seules qui méritassent d'être connues. Le simple curieux évitera ainsi la peine d'inutiles recherches.

(1) Le Quérard, i856, année, pp. 401 et suiv.

(2) M. de Lescure, La Vraie Sfarte-Anloinette. pp. 189 et suiv. (3) M. Tourneux, Bibliographie de L'histoire de Paris pendant la Révolution française. tome IV, p. 86.


1 Tous les pamphlets contre Marie-Antoinette se ti'o(i\eut-lls signalés dans mon travail 1 J'en doute. Il en est qui, fort certainement, ont pu et dû m'échapper, quelque soin qui» je pris à les relever dans les catalogues les plus divers. J'attends de l'attention de chercheurs plus heureux les compléments que je serai heureux d'ajouter à cet essai dans une nouvelle édition. Mes lacunes doivent principalement porter sur les libelles publics à l'étranger, surtout à Londres, dans les années qui précédèrent imftiédtateraent la Révolution. Mais de ces oublis, quel que soit le nombre, j'ai pu ajouter aux pamphlets connus contre la reine une dizaine d'articles qui avaient échappa à mes prédécesseurs. Ënfta, ce que j'ai trouvé a été classé à l'ordre alphabétique du titre, le seul à adopter dans une bibliographie on, sur plus de cent numéros, il est à peine possible de pouvoir mentionner dix noms d'auteurs.

J'ajoute que, systématiquement, j'ai rejeté de ce travail les pamphlets relatifs à l'affaire du collîer, et dont les Mêmoirm juillflcati/s de M»« de la Motte, avec leurs Innombrables contrefaçons et éditions, ouvrent la vaste série. Ces écrits particuliers ont déj.'i été catalogues, dusses, déerits (i). S'il y a lieu, quelque jour, en écrivant de cette ténébreuse et équivoque escroquerie historique, je reprendrai cette partie de la bibliographie des volumes et brochures hostiles à Marte-Antoinette. Pour le présent, je me snis borné aux généralités de la vie de la reine. La matière était assez riche pour m'écarter des parUcularités que, par avance, le cadre de ce livre condamnait. Telle que, cette bibliographie offrira, je l'imagine, un tableau d'ensemble significatif de Isl littérature ennemie de la reine, de la fureur qui en appela aux presses clandestines pour attester la postérité de l'exécrable gloire de la dernière reine de l'ancien régime.

(r) Cf. M. Tonrneux, Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Réixtlalian française~.t tome IV, pp* 101 et suiv.


1

Les adieux de La Fayette ou de Cadet Ceipet d ~Antotnette et sa dernière correspondance en fuyant les terres' de la Liberté; s. 1. [Parte], de l'imprimerie d'un citoyen qui a juré de vivre libre ou de mourir; s. d. 1762], in-8", 8 pp.

Ce libelle accuse La Fayette d'être l'amant de la reine et lui fait donner ce conseil à sa maîtresse « Caresse, dorlote le « bonhomme qui t'aime; prodigue-lui ces noms si doux et si « passionnés, qui, je le sais, ont tant de force dans ta bouche; « fais-lui croire enfin que tu ne soupires, que tu ne brûles que « pour lui. » Sur l'intimité de Marie-Antoinette at du général, l'auteur donne quelques détails « Tout le monde sait, dit-il, « que le plat courtisan de La Fayette allait tous les jours chez « Antoinette, mais tout le mojade ne sait pas que lorsqu'il se « présentait,, tout le monde se retirait, jusqu'à» mari, que. s'il « ne s'en allait pas, madame lui disait et prenait pour pré,( texte de l'envoyer à son conseil. Ah pauvre Louis XVI, si tu « est (sic) plus roi de France, tu est (sic) bien le roi des « cocus. » Le même pamphlet invite en ces termes La Fayette an retour

Reviens, Cadet Capet,

Présenter ton. toupet

A la belle machine

Q'on nomme guillotine.

Et Marie-Antoinette

Et toi, en place de collier,

Comme voleuse et libertine,

AOec ton gros banqueroutier,

Vous irez ic la ,gnillottne.

2

Les adieux de la reine à ses mignons et mignonnes; s. 1. [Paris], de l'imprimerie des Patriotes; s. d. [1793}, in-8», 8 pp..


Sign6 Bernelot, garde national. On trouvera ce libelle réimprimé dans mon volume Les pamphlets libertins contre Marie-Antoinette. pp. 3ii-3i6 et par J. Hervez, Les galanteries à la cour de Louis XVI. pp. 199 et suiv.

3

Les amours de Chariot et Toinette, pièce dérobée à V. s. 1. (Londres], MDCCLXXJX, in-8», 8 pp. Ce pamphlet obscène en vers est parmi les plus fameux de c ceux publiés contre la reine. Goëzman, envoyé à Londres pour en négocier l'achat et la destruction auprès du libraire Boissière, conclut l'affaire pour 17,400 livres, ce dont témoigne le reçu délivré par Boissière

« Je soussigné, tant en mon nom que comme me portant fort « pour le propriétaire d'un ouvrage en vers français intitulé « Les amours de Chariot et Toinetle, avec figures, ensemble « des planches desdites estampes, reconnaît que M. deThurn(i) & m'a payé, pour toute l'édition de cet ouvrage, les estampes « et les planches, la somme de dix-sept mille quatre cents « livres, argent de France, ensemble une lettre de change de « cinquante louis, payable par mondit sieur à Ostende, au <f trente du mois prochain, promettant en foi d'homme d'honte neur, et sous peine de tous dommages et intérêts, que jamais « il ne paraitra de ma part ni de celle du propriétaire, aucun Il « exemplaire dans le monde en foi de quoi j'ai signé les pré« sentes auxquelles j'ai apposé mon cachet.

« Fait à Londres, ce 3i juillet 1781.

« BOISSIÈHE (2). »

L'ouvrage, on le voit, était illustre. Par des lettres do Goëzman au lieutenant de police Lenoir, on sait que ces illustrations « représentaient un roi qui se soumettait devant ses « docteurs à la cérémonie du congrès, et une reine'coucHce « sur un sopha (3). »

Toute l'édition ayant été détruite à la Bastille, le i3 mai 1783 (4), ces exemplaires avec les planches constituent de (x) Pseudonyme, on le sait, de Goëzman dans ses expéditions de police.

(î) Pierre Manuel, La Police de Paris ôéooUée. tome I, pp. =37> s38.

(3) Pierre Manuel, La Police de Paris dévoilée. tome I, p. 287. (4) Pierre Manuel, La Police de Paris dévoilée. tome I, p. 38,


LES

AMOURS

D E

CHARLOT ET TOINETTE Pièce dérobée A V.

Stilkct îsjuperis labor tjl, ta cura quiet os foUia'tat.

Virg. JEaciû.

MDCCLXXIX. t



véritables raretés, payées leur poids de billets de banque. Deux libelles ainsi illustrés ont passé jusqu'à présent en vente ou dans des catalogues. Le premier, faisant partie de la collection Leber, est actuellement la bibliothèque de Rouen. On a joint à notre exemplaire, dit Leber, « le dessin, attribué à Desrais, « d'une reine couchée sur un sopha, qui avait été particulière« ment dénoncé au lieutenant général de police, et l'un de « ceux dont les gravures étaient destinées à compléter l'œuvre « du libelliste. Ces gravures n'ont jamais paru (i). » Le second exemplaire, provenant de la collection Hankey, a figuré dans la vente Alfred Bégis (2). Il a été adjugé 925 francs li M. Ed. Rahir. Ce pamphlet a été condamné à la destruction, par jugement du tribunal correctionnel de la Seine, en iSQ$ (3). Voici le relevé de quelques réimpressions anciennes et modernes

4

Les amours de Chariot et Toinette, pièce dérobée à V. S. 1. MDGCLXXX1X, in-8", 8 pp.

Contient une planche obscène: La Fayette jurant fldélité Il la « constitution » d'une personne impudiquement étalée. 5

Les amours de Charlot et de Toinette, pièce dérobée à Y.7..5 S. P. [Paris], 1788, in-8«, 8 pp.

Momus redivivus ou le$ Saturnales françaises Biblia jovialis ad tisiim cûmpagnorum ad hue rident'trum; edilio inodernissima grandissimas soinis collecta, excusa et amendata, a minimo grandissimi Merllni Cocaii ,flleo, sumptibus achetantium atriusque sexus; à Lutipo(1) catalogue des iivres imprimés, manuscrits, estampes, dessins, cartes à jouer, composant la bibliothèque de M. 0. Leber, avec des notes par le coUecteur; Parts, 1S97, in-»"» tome p. 356, 2281. (2) Catalogue de ta bibliothèque de M. Alfred Béais, de la Société des Amis (les livres; S" partie; Paris, 1897, in-8", p. Sa, n» 274. |3) Fernand Drujon, Catalogue de. ouvrages, écrits et dessins de toute nature, poursuivis, supprimés ou condamnés, p. 2a.


lis, de l'imprimerie du libraire amateur [Paris], 24^6, [1796], in-8", tome II, p. io5.

Ce recueil de pièces galantes, dd à Mercier (de Compiègne), contient, avec la Complainte des JtUes auxquelles on a refusé l'entrée des Tuileries à la brune, Les rêclusiires de Vénus, VÉpttre à la lesbienne, Les sultanes nocturnes contre les réverbères, et autres morceaux, une réinipression des Amûufs de Chariot et de Toinette. Un jugement de la Cour royale du 16 novembre t8a2 l'a condamné à la destruction (1).

7

Les amours de Chariot et de Toinette, précédés de VAutriohienne en goguette, pièces révolutionnaires réimprimées textuellement sur les éditions originales de 177g et de 1789, avec une notice bibliographique; Strasbourg, iê7i,in-i6.

Réimpression Gay, tirée à 100 exemplaires. Ce libelle a été en outre réimprimé par Ad. Van Bever, Contes et conteurs galants du xvra« siècle; Paris, MDCCCCVI, in-8°, pp. 380 et suiv., et Jean Hervez, Les galanteries à ta cour de houisXVI. pp. 223 et suiv.

8

Antoinette d'Âutrietie ou dialogue entre Catherine de Médicis et Frêdégonde, reines de France, aux enfers, pour servir de supplément et de suite à tout ce qui a paru sur la vie de cette princesse Londres, 1789, m-8», 16 pp. Dans ce dialogue, Frédégonde et Catherine de Médicis avouent naturellement qu'en lubricité et fureur elles sont dépassées par Marie-Antoinette. « II ne faut, dit Frédégonde, que jeter « an coup d'œil rapide sur la vie d'Antoinette pour apercevoir « que son cœur est le foyer de tous les vices, plutôt que l'asile « de la plus faible vertu. L'inceste, l'adultère, la lubricité la « plus infâme et la plus honteuse, le renversement de l'ordre « sacré de la nature furent des jeux pour cette impudique Mesu saline; que dis-je, Messaline fut moins coupable sans {1) Fernand Drujon, Catalogne des ouvrages, écrits et dessins de toute nature, poursuivis, supprimés et condamnés. p. 264.


k doute. » On a fait à cette brochure l'honneur de la réimprimer sous un autre titre et de lui accorder la médiocre auréole du plagiat. Voyez le numéro suivant.

9

Le petit Charles IX ou Médicis justifiée; s. 1. [Paris J, in-8°, 76 pp.

Même pamphlet que le précédent. Le titre seul est changé. 10

Apparition de Thérèse philosophe à Saint-Cloud ou le Triomphe [de] la volupté; dédié à la reine; ouvrage volé dans la poche d'un aristocrate par M. Barnave, président et directeur général de nos augustes sénateurs à Saint-Cloud, chez ta mère des Grâces; 17%, in-12, 34 pp.

11

L'Autrichienne en goguette ou l'orgie royale; opéraproverbe, composé par un garde du corps et publié depuis la liberté de la presse, et mis eu musique par la reiue; s. 1. [Paris], s. d. [1791], iii-80, 16 pp.

Épigraphe Venl, vidi. Pamphlet libre, attribué, comme on l'a vu plus haut, à l'acteur Mayeur Saint-Paul. Condamné à la destruction par jugement du tribunàl correctionnel de Lille du 6 mai 1&S8 (1), il a été réimprimé dans mon volume Madame de Polipriac et la cour ffalaftte de Varie-Antoinette, pp. 163-174. Pour une réimpression de Gay, voyez plus haut le n° 3, article Amours de Charlot.

12

Bordel national sous les auspices de la reine, à l'usage des confédérés prooinciaux; dédié et présenté à Mn« Theroigne, présidente du district des Cordeliers et du club (t) Fernand Drujon, Catalogua des ouvrages, écrits et dessins de toute natare poursuivis, supprimes ou condamnés. p. 46.


des Jatobins, auteur de cet établissement patriotique; 1790, in-18, 60 pp.

Épigraphe Lancea carnalis vulnera nulla/aciti Ovide, (La flèche de l'amour ne fait point de blessures.) Deux gravures obscènes accompagnent ce texte. La description qu'en fait l'auteur, exception faite pour la première, est impossible à reproduire ici. Voici ce qu'il dit du frontispice « II représente « la statue de Priape, sur un piédestal, la reine gauche, « tenant d'une main une guirlande de fleurs, dont elle l'ea« toure, et de l'autre chatouillant le père du genre humain qui « fait tant de plaisir aux femmes. La reine se pâme de plaisir. « en pressant ce membre charmant contre son sein. M"" The^ « roigne est à droite de la statue, tenant de la main droite le « bout de la guirlande et de la gauche les deux c.s, en « chantant un hymne à la gloire du dieu de la Foutrie. Elle « parait moins passionnée que la reine, parce que le patrio« tisme et la philosophie tempèrent un peu .ses sens, quoi« qu'elle soit aussi voluptueuse dans 1 action. » Avant d être mise en scène dans cette pièce obscène, Marie-Antoinette est violemment attaquée dans YÉpttre dédicataire de M^e Thc~roigne qui ouvre le volume. Je reproduis ici cette épitre, seul morceau du pamphlet qui puisse se citer

« MADEMOISELLE,

« Vos grâces insinuantes, votre commerce de galanterie et « d'amour, votre réputation sur les sophas du plaisir m'ont « fait sentir que je ne pouvois adresser mon hommage « une « Phryné, à une Lais plus engageante que vous. Les services « tant multipliés que vous rendez à la jeunesse vigoureuse « font un honneur immortel à la chaleur de votre concupis« cence inextinguible. Vos fureurs amoureuses, vos transports « dans les actes vénériens, votre flamme insatiable vous donnent « le pas sur les prostituées antiques et modernes. La nation est « informée de la protection que Marie-Antoinette, reine do « France, accorde à votre établissement patriotique, établissc« ment d'un genre neuf et utile, pour mettre à l'abri des entre« prises téméraires des Céladons libertins l'honûeur des hon« nêtes femmes et des jeunes pucelles, en dispensant les « hommes de tous soupirs, en assouvissant leurs passions « lubriques. Notre reine ne vous a donné la préférence que « parce qu'elle connaît votre talent manuel, votre art de soulaa ger le boyau de la joie et votre mouvement souple et irri« tant la passion de l'homme. Notre reine se connaît dans les « exploits de Cythère et son estime assure votre gloire. « Continuez de mettre le comble à votre renommée. Commen-


BORDEL NATIONAL SOUS LES AUSPICES DE LA REINE, A l'ufage des Confédérés Provinciaux î DÉDIÉ ET PRESENTE

A MLLE. THÉROIGNE, Préjîdente du Diflrict des Cordtlitrs & du Club des Jacobins li

Auteur. de cet Etablissément patrïotique. Lancea c.arnalis viilnera nulla facit. OviD.

La flèche de l'Amour ne fait point de blessures.

A CYTHERE,

Et dans tous les Bordels de Paris. 1790.



u cez à donner des leçons de foutrie à la jeunesse des deux « sexes; que les femmes libidineuses se désespèrent de n'avoir point votre art à manipuler le membre viril et à le repous« ser pour l'enflammer davantage et eu pomper les semences ci délicieuses qui font le ravissement de l'homme et de la « femme. Que les plus lascifs paillards expirent dans les tré« moussements de votre c.n velu.

« Perfectionnez l'art manuel d'enfiler les v.s les plus étroits et les plus rebele {sic).

a Apprenez à connaître les moyens d'escamoter la vérole et c( de n'avoir point recours aux redingotes d'A ngleterre, qui «diminuent l'ivresse de la jouissance.

« Opérez une heureuse révolution dans la foutromanie. Fou« tez-vous du qu'en dira-t-on, courez à grands pas à l'immor« tallté par le canal de la volupté. Le plaisir vaut mieux que « la gloire de résister aux douces sensations de la nature. C'est « en vous conformant à ces principes constans, que vous avez « mérité les éloges des illustres membres qui composent l'au» guste Diète de la nation, et des citoyens des deux districts « auxquels vous présidez; je ne crains point, mademoiselle, « d'offenser votre modestie, c'est vous-même qui m'avez prié, «sollicité, de mettre au jour cet ouvrage intéressant et de vous « te dédier. Si les obligations infinies que vous ont tous les « ribauds et les libertins dans les plaisirs des sens sont des « titres à leur reconnaissance, plus célèbre que Léontium, que « Ninon de l'Enclos, la Paris, la Déricourt, la Dumas et laMon« tigny, vous serez en vénération à la postérité, comme la plus « aimable et la plus effrénée libertine de tous les siècles. » Il est difficile de caractériser le but de l'auteur du Bordel national. Son écrit diffame et les royalistes et les révolutionnaires, Marie-Antoinette comme la maîtresse de Mirabeau, Marat comme Lafayette et Danton au même titre que le comte de Provence. On peut supposer que l'obscénité rare et vigoureuse seule le guidait. Pour les réimpressions et autres éditions- de son libelle, voyez les trois numéros suivants.

13

Bordel patriotique, institué par la reine des Français pour les plaisirs des députés à la nouvelle législature, précédé d'une épître dédicatoire de Sa Majesté à ces nouveaux Lycurgues; aux Thuileries et chez les marchands d'ouvrages galants, fj9l, in-18, 73 pp.

Réimpression du Bordel national sous un autre titre.


14

Vaudeville curieux de la comédie du Bordel national, chanté à M. d'Orléans à l'instant de son1 arrivée; s. ]. [Paris] s. d. [1791]; in-t8, 8 pp.

Réimpression de quelques couplets tirés de l'édition originale du libelle et augmentée de quelques lignes qui ne se trouvent pas dans les deux éditions précédentes.

15

Le Bordel royal suivi du Bordel national, reproduction textuelle, intégrale et sans oommentaires de deux pièces révolutionnaires très rares, imprimées en 1790 et dont les auteurs sont restés inconnus; Neufchâtel 1872, in-180, 58 pp.

Réimpression faite par Gay à 100 exemplaires. On en trouvera quelques fragments dans Jean Hervez, Les galanteries à la cour de Louis XVl. pp, 229 et suiv.

16

Bord. R. suivi d'un entretien sectet entre la reine et le cardinal de Rohan, après son entrée aux ÉtatsGénéraux^ le B. se trouve à Versailles., dans l'appartement de la reine; s. 1. [Paris], s. d. fi79oj, in-8«, 16 pp. Pamphlet obscène dialogué, où les propos de Marie-Antoinette sont d'une verdeur sans éj^alc. Mais, explique l'auteur, « telles sont les expressions familières de cette femme lascive. « Nous rapportons mot à mot sa conversation, qui réellement « a eu lieu depuis l'arrivée du cardinal de Rohan. Le lecteur « nous pardonnera notre exactitude à rapporter les faits. Nous « ne sommes que l'écho de cette Messaline. » Cet écho a été condamné à la destruction par le tribunal correctionnel de la Seine le 12 mai i865 (1). a a été réimprimé par M.Jean Hervez, Les galanteries à la cour de Louis XVI, pp. 289 et suiv.Pour une réimpression Gay, voyez le ne i5, article Bordel national.

(il Fernand Drujon, Catalogue des ouvrages, écrits et dessins de toule nature, poursuivis, supprimés ou condamnés. p. 68.


11

Bouquet qui a été présenté à Marie-Antoinette, épouse du ci-devant roi, par un sans-culotte, et mention des événements de la Saint-Laurent, qui cadrent avec ceux île la Saint-Bartliélemi s. 1. [Paris], chez Guilhcmat, imprimeur de la Liberté, rue Serpente, n" 23 s. d. [1792], in-8», 8 pp.

Signé L. lioassetnari, moustache, patriote, Les premières lignes expliquent les intentions de l'auteur « Marie, apos« trophe-tril la reine, c'est aujourd'hui ta fête, la nation te dois « un bouquet: elle va te l'offrir par ma plume, et si ton cœur « est encore sensible, tu conviendras qu'il est juste et mérité, » Le citoyen Boussemart avait bonne opinion de sa prose. 11 achève, prometteur « Je ne serai point flatteur; la rose sera « jointe aux épines tu n'y trouveras point des lys, cette fleur a « perdu sa sauté et toute sa blancheur. Le souci ornera ta « guirlande, la fleur d'épine l'entourera. Pour remplir le but « que je me suis proposé à cet égard, je vais te faire le récit « des horreurs qui ont été commises le jour de la Saint« Laurent, jour affreux qui cadrera avec celui de la Saint« Bsrthéterni, la cruelle Médicîs guidait la fureur de « Charles IX. » Ce jour de la Saint-Laurent, qui ne l'a deviné '? n'est autre que celui du io août.

18

Le Branle (les capucins ou le mille-et-unUme tonr de Marie-Antoinette, petit opéra aristocratico-comico-risible, en deux actes; à Saiut-Cloud, de l'imprimerio des Clairvoyants, cul-de-sac des recherches, 1781, in-8°, 24 pp. Voyez plus haut la notice uiblioifraphique en tète do la réimpression.

19

Le cadran de la volupté ou les aventures de Chérubin à Paris, au théàtre de la Montansier; s. d., in-3s, 108 pp. 2 figures obcènes.

J'ai donné, dans un précédent volume, avec ma notice, l'int9


troduction de ce libelle érotique (i). Depuis il a été réimprimé (a). Je renvoie le lecteur à ces deux publications. Attribué, sans preuves aucunes, est-il besoin de le dire à Philippe.Égalité, Le cadran des plaisirs a joui d'un étonnant sucers,. que sont Venus confirmer les divers arrêts de justice qui font condamné à la destruction. Pour l'avoir possédé, vendu et colporté, la Cour d'absises de la Seine a condamné, le g août 1842, Regnier-Becker, commissionnaire en marchandises, à six mois. de prison et 600 francs d'amende. Une autre condamnation a été prononcée par la Cour d'assises de la Seine le 10 février iS52 (3). J'ignore de quand date l'édition originale de ce pamphlet. Un auteur allemand le dit imprimé pour la première fois à Cologne, vers 1796 (4). C'est possible, mais peu vraisemblable. En effet, portant la firme d'édition de Paris, on retrouve des exemplaires datés de 1790. An reste, sans prétendre les énumerer toutes, je donne ici quelques-unes dea éditions qu'il m'a été permis de relever.

20

Le cadran des plaisirs de la cour ou les aventures du petit page Cfiërufoin, pour servir de suite à la Vie de Marie-Antoinette, ci-devant reine de France, suivi de la Confession de M^le S'apho Paris, 1790, in-8°.

Exemplaire vendu 195 francs à la vente Nadaillac (5). 21

Chérubin ou l'heureux libertin; Lyon, 1786, in-8". Cité par M. Tourneux, Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Révolution française. i. IV, p. $1, no aio55. (1) Cf. mon volume jV1"* de Poliguac et la cour galante de dfarfeAntoineite. pp. 242, 243, 244, M5.

(2) Jean Hervez, Les galanteries à ta cour de Louis XVI. pp. 269 et suiv.

(3) Fernand Drujon, Catalogne des ouvrages, écrits et dessins de toute nature poursuivis, supprimés ou condamnés. p. 63. (4) Vier neue curiositaten-bibliographieen bayerischer Hiesel amaxonen-litteratur halshand proses and Cagliostro; blbliotheca seîecta erolico-euriosa Dresdensts, samlich sam ersten male âber sieatlich za sammengesteU, von Hugo Hayn lëna, igoB, in-8», p. 48. (5) Prix d'adjadioation des livres, journaux, pamphlets, caricatures sur la Révolution française composant la bibliothèque de M. le comte B. de Nadaittae; Paris, «885, in-8», p. 3.


22

Le cadran de la volupté ou les aventures du prince Chérubin avec figures à Amsterdam, 1766, in-î6, 67 pp. 3 figures obscènes.

Édition tronquée, complétée par une Lettre de Julie à PauUne sur quelques goûts bizarres de certains hommes avec lesquels elle s'est trouvée. Malgré la date du titre, la composition et les gravures indiquent une édition faite vers 1840.

23

Le cadran de la volupté ou les aventures du prince Chérubin pour servir à la vie de Marie-Antoinette; à Paris, chez les marchands de nouveautés, 1870 [in-12], j, 38 pp.

Réimpression ordinairement attribuée à Gay. u. Ce volume « fait-il réellement partie de la collection Gay ? s'est demandé « M. Gearges Vicaire. Il n'est pas cité dans la Liste des pub/l- i- « cations de cet éditeur, mais il porte sur le titre un fleuron n souvent employé par lui (1). » Il est probable qu'il s'agit ici d'une des contrefaçons dont Gay a été quelquefois la facile victime.

24

Le cadran de la volupté ou les aventures du prince Chérubin, pour servir à la vie de Marie-Antoinette s. 1., i89i, in-12.

Enfin, à divers catalogues de librairie, je relève des éditions faites en 1792, en l'an 111, et à Stnttgart, en I85o (3). 25

Catherine de Médieis dans le cabinet de Alarie-Antoinette à Saint-Cloud s. 1. [Paris], de l'imprimerie royale; s. d. [I79a], in-8", 8 pp.

(1) Georges Vicaire, Manuel de l'amateur de livres da XIX< siècle, 1801-189$; Paris, '865, ta*, t. II, csl. 609.

(2) Cf. aussi Bibliographie des ouvrages relatifs â l'amozrr..·, t. I, il col. 448.


A la fin du premier numéro de cette publication on Ut « Ce « dialogue paraîtra trois fois par semaine, le mardi, jeudi et « samedi. Il dévoilera l'origine des malheurs de la France sous « le règne de Médicis et de celui d'Antoinette; il dénoncera les « complots et les dangers qui menaceraient la monarchie; « enfin, il préviendra politiquement des complots des gens en « place. » Quatorze numéros ont paru, tous in-8», de 8 pages, paginés séparément. Les numéros i3 et 14 ont un titre différent des douze premiers Catherine de Médicis dans le cabinet de Marie-Antoinette, à l'instant que Louis XVI reçoit une députation des 48 sections de la ville de Paris, présidée par M. Bailly treizième dialogue; et Catherine de Médicis; quatorzième dialogue. Le dernier numéro, brusquement contmrévolutionnaire, porte la firme de l'imprimerie du Chaudriet, rue de Chartres, et se montre favorable à la reine. Au reste. comme les précédents, ce n'est qu'un entretien sur les affaires politiques du jour.

26

La cause de la Révolution française ou la conduite secrète de M. A.n.tte d'Autr. R, de France; enrichie d'une collection de notes intéressantes et critiques sur les auteurs de cette Réuolution, comme sur celles des autres parties de l'Europe, par un de ses témoins, le Chev. de. s. 1. [Londres ?], à l'enseigne de la Liberté, I79o, in-8, 3o pp.

Épigraphe Frans sublimi régnât in Aula; Senec. in Hipp. Voyez la notice en tête de la réimpression des Vérités dédiées à Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, plus haut.

27

C'est cequi manquait à la collection.

Voyez le n" 89, article Ode à la Reine.

28

La chasse aux bêtes puantes et féroces, qui, après auoir inondé les bois, les plaines, etc., se sont répandues à la cour et à la capitale; suivie de la liste desproscrits de la nation et de la notice des peines qui leur sont


infligées par contumace, en attendant le succès des poursuites qui sont faites de leurs personnes ou l'occasion par ordre exprès du Co. [Comité] Per. [Permanent], et en vertu d'une délibération unanime d'icelui, à laquelle ont assisté tous les citoyens de cette ville; à Paris, de l'imprimerie de la Liberté; 1789, in-8°, 3t pp. L'article premier de ce pamphlet est consacré à MarieAntoinette « On est fortement convaincu qu'une Panthère, « échappée à la cour d'Allemagne a séjourné en France « quelques années sans y commettre de ravages on l'a « apperçue à Versailles, dans plusieurs parcs, quelquefois aux « promenades* La douceur du climat paraissait avoir apaisé sa « férocité, le roi même se plaisait à la voir; mais depuis un « certain temps elle a repris toute la rage germanique. Fixons « sa mort à quarante mille livres. Elle est forte, puissante, les « yeux enflammés et porte un poil roux, ci 4oooo Uv., qui « seront payées sur-le-champ au Palais-Royal au chasseur assez « habile pour ne la pas manquer, »

Dans la Liste particulière des proscrits de la nation figure cette promesse de châtiment réservé à une « dame de Versailles » « Aux Madelonnettes, aux Filles repenties, ou a « Sainte-Pélagie à perpétuité, suivant le choix de son époux. » Ce libelle a eu un complément Citasse nouvelle aux bites puantes et féroces qui conlinuent à dévaster le royaume, suivie d'une nouvelle liste des aristocrates inconnus Jusqu'alors et des peines que la nation leur injlige par contumace en attendant l'heureux instant qui les metlra en sa puissance; seconde partie; à Paris, de l'imprimerie de la Lanterne, 1789, in-8°, 32 pp. Dans ce complément, Marie-Antoinette est épargnée.

29

Chérubin ou l'heureux libertin.

Voyez le n" 19, article Le cadran de la volupté.

30

Confession de Marie-Antoinette à M. de TallerandPerrigord, ci-devant archevêque de Reims, et depuis escamoteur de la Sainte-Empoute grande querelle entre Charles Libre et Louis l'Esclave, détenu au Temple comme banqueroutier ayant fait faillie (sic) à l'honneur


et à ta probité; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de Feret, rue du Marché-Palu, vis-à-vis celle Notre-Dame; s. d. [179a], in-8, 8» pp.

Signé Je suis Louis l'Esclave, Charles Libre, je me nomme Boussemart, et suis patriote, sans moustache. La confession annoncée sur le titre est en vers, sur Pair du Conjlteor. Comme il n'en existe pas de réimpression récente, je la donne ici, y compris ses libertés avec l'orthographe

Grand imposteur, à vos genoux Voyez une âme pénitente,

Qui fit cocu son cher époux,

Et fut toujours trop indulgente; M. Remy,

M. Remy

Vous a remi

Le pouvoir de m'absoudre ici. Lorsque jadis Rohan-Colier

M'arracha des bras de ma mère, En route il me fit le premier Ce que Louis m'aurais du faire, Ce saint prélat,

Ce saint prélat,

Fit ça si bien,

Que Veto n'en çu jamais rien. Aussitôt que l'Ambassadeur, Qu'on nommait la Belle Éminence, Vit son embonpoint, ma fraîcheur, Il fit cocu le roi de France

D'après cela,

D'après cela

Marnant lui dit

M'en voilà quitte, et ça suffit. Les Français m'ont joué d'un tour, Qui n'étoit pas des plus honnêtes, Et pour m'en vanger en ce jour, Je leur fait cadot d'Antoinette Autant voudroit,

Autant vandroit,

Pour leur saint,

Qu'on leur envoyât Belzébu.


Je fus présentée à ce sot,

Il me trouva gentille et belle,

Rohan-Golier lui dit un mot.

Et le nigot me crut pucelle

Je donnois un fils à Louis.

J'avois juré à ma maman,

En m'éloignant de sa présence, De tremper mes mains dans le sang Des braves citoyens de France Et Lafayette,

Me l'avois bien aussi promis.

J'aurois cru que le Saint-Laurent Eut écrasé les Sans-Culottes,

Mais par malheur ses braves gens Sont les ennemis des despotes. Ils ont prouvés,

Que sans-culotte on a du cœur. Mon père, j'ai manqué mon coup Mes suisses ont mordus la poussière, Et les Provenceaux sont des loups. Que n'épouvantent point la guerre; Ils ont choisis,

Et le canon et le tocsins.

Dans la prose qui suit, il est déclaré que « les tetonb « d'Agniesse Saurel, à la vérité, valoient bien ceux d'Antoi« nette », et, répétition de la chanson, qu'un « brigand mitre » Ht leapremierkAntoinettecequevous auriezdu luifaire. » Quant au roi, le patriote sans moustache Boussemart se « persuade « que Dieu a fait un miracle en votre faveur, en voux ôtant la « cervelle, sans vous casser la tête. » Malgré son indigence et sa platitude, Gay a cru que ce pamphlet réimprimé serait trouvé digne d'être recueilli par les amateurs, – Voyez le numéro suivant.

Grâce à dArtois,

Grâce à d'Artois,

Et ses amis.

Et Lafayette,

Et son Bailly,

Ils ont prouvés,

An camp d'honneur,

Ils ont choisis,

Pour leur refrein,


31

Confession de Marie-Antoinette « M. de TalleyrundPérigord, suivie de la Confession dernière et Testament de Marie-Antoinette, pièces révolutionnaires rares, textuellement reproduites; Neucliàtel, octobre 1873, petit in- 12.

Tiré par Gay à 100 exemplaires.

32

La confession de Marie-Antoinette, ci-devant reine de France, au peuple franc, sur ses amours et ses intrigues avee M. de La Fayette les principaux membres de l'Assemblée nationale, et sur ses projets de contre-révolution; s. 1. [Paris], de t'imprimerie du cabinet de la reine; s. d. [1782], in-8°, 16 pp.

Dans ce pamphlot, ou les accusations de libertinage contre Marie-Antoinette ne manquent pas, la reine s'étonne des> reproches que lui font les libelles sur ce chapitre. « Quoi! parce que j'ai cédé aux douces impressions de la nature, et qu'imitatrice des charmantes faiblesses de toutes les femmes de la cour de France, je me suis livré (sic) aux douces impulsions de l'amour, vous me traitez comme la dernière des Messalines de l'Europe, et vous me tenez, pour ainsi dire, captive dans vos murs? Pour modifier ces sentiments, Marie-Antoinette projette de faire une confession sincère. L'auteur lui fait largement tenir cette promesse. Ce libelle a été plusieurs fois réimprimé par Gay, Neuchfttel, 1877, petit In-ia, iv-44 VP-> '•> 100 exemplaires, la même année à Bruxelles (1), et plus récemment à la bibliothèque des Curieux (2).

33

Confession dernière et Testament de Marie-Antoinette, veuve Capet, précédée de ses dernières réflexions, mis au jour par un sans-culotte; à Paris, chez la (t) 1Jibllograpllie des ouvrages relatif, s- à l'amour. t. t, col. 652. (a| Jean Hervez, Les galanteries à la cour de Louis XVI. pp. 21J et suiv.


citoyenne Lefèvre, rue Percée, l'an deuxième de la République [179Î], in-8», 32 pp.

Épigraphe:

Tranquille dans le crime et fausse avec douceur. Le frontispice, que j'ai naguère reproduit (1), représente le portrait de la reine coiffée d'nn grand chapeau, dominant une guillotine. Ija légende, renversée, est placée au haut de la gravure La têle en bas! ah! quelfuneste sort!

Je rat bien mérité, mats quelle affreuse mort

Réimprimé intégralement plus haut.

34

Correspondance de la reine avec d'illustres personnages.

Voyez le numéro 106; article La reine dévoilée.

35

La cour de Louis XVI dévoilée ou mémoire pour servir à l'histoire des intrigues secrettea, actions et débordemens de Marie-Antoinette, reine des Français, dispensatrice et usurpatrice du pouvoir exécutif sur le royaume de France, ornée de vingt-six gravures en tailles douces, en deux volumes et trois parties; à Paris, se vend aux Thuileries et ailleurs; s. d. [du iar juin 1791], in-34, 2 vol.

Le premier volume a 144 pages; le second, 14» pages. Voyéa plus haut la notice bibliographique placée en tête de la réimpression intégrale. Voyez le numéro suivant. 36

Vie privée, libertine et scandaleuse de Marie-Antoinette d'Autriche, ci-devant reine des François, depuis son arrivée en France jusqu'à sa détention au Temple; (0 Hector FlcischnuuiD, Les pamphlets libertins contre MarieAntoinette. en regard de la page 240. -Une erreur typographique a fait placer la légende à sa place naturelle.


ornée de vingt-six gravures; aux Thuileries et au Temple, et se trouve au Palais-Égalité, ci-devant palais royal, chez les marchands de nouveautés, l'an premier de la République; in-24°, 2 vol.

C'est la réimpression, sons un autre titre, du pamphlet cidessus. Le tirage et l'exécution des gravures de cette édition sont extrêmement défectueux.

3'7

Les crimes des reines de France depuis le commencement de la monarchie jusqu'à la mort de Marie-Antoinette, avec les pièces justificatives de son procès, publiés par L. Prud'homme, avec cinq gravures; nouvelle édition corrigée et augmentée; à Paris, au bureau des Révolutions de Paris, rue du Marais, F. S. G. [faubourg Saint-Germain], an II de la République une et indivisible, in-8", xti-532 pp.

L'édition originale est de 1791. Je cite celle de 1798 parce qu'elle est la plus complète. L'article qui concerne Marie-Antoinette occupe de la page 433 à 464- Le reste du volume est cousacré aux pièces justificatives du procès de la reine. Ce fragment suffira à juger le livre « Une plume républicaine, et « qui respecte ses lecteurs, se refuse à souiller les pages de « l'histoire du récit des turpitudes commises dans le cours des « premières années du règne de Marie-Antoinette^ qu'il nous « suffise de vouer à la malédiction des siècles à venir les nomi> « des personnages, agens et complices des crimes privés de la « femme Capet Dillon et Coigny; Lambesc, Lausun (sic) et « Jersen (sic), Vaudreuil et Bièvre, la Guéméné, la Lamballe et « la Polignac, la Montensier [sic), directrice de théâtre, la Ber« tin, faiseuse de modes, le coëtfeur Léonard, Bézenval, Cam« pan et Bazin, Breteuil et Terray, Clugny et Calonne. la « faveur de tous ces bas valets suffit pour servir de témoignage « aux moeurs de leurs maltresse, et indique assez les causes de « ce déficit énorme qui poussa le peuple français à bout. Le» « courses d'ânes et de chevaux, les proverbes orduriers joués à « grands frais dans les petits appartemens de Versailles et de Trianon, les sommes prodiguées pour payer le vice et claque« murer la vertu, les fêtes clandestines, les caprices riiineuK « d'une cour blasée et insatiable de jouissances. tous ces «détails ne doivent pas entrer ici, et tenir la place du récit


k rapide des crimes publics de l'étrang&re. » Ce passage fait comprendre pourquoi la Restauration proscrivit rigoureusement la vente du livre (i). Peu après sa parution, un officier d'infanterie, de nom de Rocheplate, tenta de le réfuter eu une brochure parue sous le titre Dénonciation du livre portant pour titre « Les crimes des reines de France » 1792, in-So (2)* II existe de l'ouvrage publié par Prudhomme, et attribut quelquefois à Mme de Kéralio, née Robert, une édition faite à Neuchâlfil en 1 792, format in-12. Le chapitre relatif à MarieAuloinetle a été tiré à part Les crimes de Marie-Antoinette d'Autriche, dernière reine de France, avec tes pièces justificatives de son procès, pour servir de supplément aux premières éditions des Crimes des reines de France, publiés par L. Prudhomme; à Paris, au bureau des Révolutions de Paris; an Il de la République; in-80, 18 pp.

38

Les derniers soupirs de la garce en pleurs.

Voyeï le 5i, article La garce en pleurs.

39

Descente de la Duharry aux enfers, sa réception à la cour de Pluton par la femme Capet devenue la furie favorite de Proserpine; caquetage entre ces deux catins; à Paris, chez G.-F. Galetti, imprimeur du Journal des lois de la République française, aux Jacobins Saint-Honoré; s. d. [I7g3], in-8°, 8 pp.

C'est là un des derniers pamphlets dirigés contre MarieAntoinette morte. « Ce cas de cannibalisme politique est isolé », dit M. Maurice Tourneux (3). L'auteur, cependant, a cru utile de le revendiquer et de le signer. Il est à un sieur G.-H. Duii) Fernand Drujon, Catalogne des ouvrages, écrits et dessins de toute nature poursuivis, supprimés ou condamnés–, p. xx. (2) L. de la Sicotièrc, Bio-bibliographie de Marie-Antoinette, dans s M. de Leseurej La vraie Marie-Antotnette. p. 212, n° 101. (3) M. Tourneux, Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Révolution ,française. t. IV, p. xvj.


lac, qui en a formellement réclamé la paternité (i). Aveu assez rare à trouver parmi les libellistes pour être signalé ici. Ce libelle a été réimprimé par Jean liervez, Les Galanteries à la cour de Louis XVI. pp. 187 et suiv.

40

Désespoir de Marie-Antoinette de se voir, elle et son mari, enfermé au cachot clans la tour du Temple, demandant ri faire divorce avec son mari et « s'en retour.ner en Allemagne et les reproches du petit Veto à sa mère; s. I. [Paris], de l'imprimerie de Feret, rue du Marché-Palu, celui Notre-Dame; s. d. [1Î92], iu-8«, 8 pp.

C'est là un des nombreux pamphlets suscités par la caplivité de la famille royale au Temple, au lendemain du io août. Dans celui-ci, signé Girardot, on voit Louis XVI avouer ses erreurs et ses crimes, et gémir à 1' « infâme Autrichienne » « Vous n'êtes point mon Antoinette; je ne puis vous recon« naltre pour ma femme ». Répudiation bientôt suivie d'une pins véhémente algarade « Monstre 1 je t'ai aimé, jeté déteste; « je t'ai chéri, je t'abhore je t'ai tout sacrifié, prends garde « que je ne t'écrase, que je ne t'étouffe, que je ne te déchire « moi-même, et que je ne jette au peuple irrité ton corps, mor« ceau par morceau, infâme Autrichienne, opprobre de ton « sexe, la honte de la nature, fuis de ma présence, je serois « encore plus criminel si je la souffrois d'avantage (sic) ». Ce à quoi, calmement, la reine se contente d'exposer son mépris pour la France et sa haine pour le peuple français. Le citoyen Girardot 'l'a fait en des termes qui permettent de douter de l'exactitude de ces déraisonnables propos.

41

Description de la ménagerie royale d'animauJC vivants établie aux Thuileries, près de la terrasse nationale. avec leurs noms, qualités, couleurs et propriétes; s. I. [Paris], de l'imprimerie des Patriotes; s. d, [i79a], in-8", 8 pp.

|i) K.-G. Dulae, Aux représentants du peuple composant le comilé de sûreté générale s. 1., [Paris], imprimerie Renaudière; s. d. [1794], in-4«, 8 pp.


Signé F. Dantalle. C'est la première version du pamphlet qui sera décrit plus loins, no iz3. Vente nationale de la ménagerie royale. Mais, tandis que dans ce dernier il est iiudxi hommage à la beauté do la reine, elle est représentée ici comme étant d'une « grande taille, laide, ridée, usée,1 « fanée, hideuse, affreuse ». Ce texte a été réimprimé par Jean Hervé». Les (:alanlerfes k la eour cle ~.os~ t7. pp. 179 et suiv,

42

La destruction de l'aristocratisme. drame en cinq actes en prose, destiné à être représenté sur le théâtre de la Liberté, à Chantilly, imprimé par ordre et sous la direction des princes fugitifs; 1789, in-8», 128 pp. Attribué à Gabriel Brizard. En tête du premier acte, seul intéressant comme pamphlet contre Marie-Antoinette, que j'ai réimprimé (1), on trouvera une notice détaillée sur cette brochure. Elle a été remise en circulation sous uu autre titre 1'amioe suivante. Je mentionne cette édition ci-après. Comme dans le Bord.. R. l'autour s'excuse d'avoir fait parler des personnages, sans leur avoir fait ménager les expressions. « La familiarité avec laquelle on s'exprime ici devant la reine, « dit-il, ne paraîtra invraisemblable qu'aux gens dénués de « raison. Confondue avec des scélérats, adoptant leurs vues if criminelles, les ayant même fait naitre, il n'en faut pas « davantage pour faire évanouir le rang et la majesté. » 43

Les imitateurs de Charles neuf ou les conspirateurs foudroyés, drame en cinq actes en prose, orné de cinq gravures, par le rédacteur des Vêpres siciliennes et du Massacre de la Saint-Barlhelemi; à Paris, de l'imprimerie du clergé et de la noblesse de France, dans une des caves ignorées des Grands-Augustins 1790, in-8°, ja8 pp.

<i) Hector Klcisclimann, Madame de Pnlirjnac et la cour galante de Marie~Antoinetle. pp. toi et suiv. Le même volume contient Ut reproduction d'une curieuse planche de ce libelle, représentant la reine et M™ de Polignac enlacées.


Épigraphe

Eh! quoi, deux jours plus tard, tous ces forfaits divers Nous préparoient la mort ou nous chargeoient de fers. 44

Dialogue de la tigresse Antoinette avec la guillotine U jour de son exécution; s. 1. [Paris], s. d. [i793], in-12», h pp.

Ghanson par Tenand ('!). M. Tourneux, Bibliographie île l'histoire de Paris pendant la Révolution française. t. I, p. 376, no 4i65.

45

Dissertation extraite d'un plus grand ouvrage ou avis impartczrat /<t branche espagnole sur ses droits rt la couronne de France à défaut d'héritiers, et qui peut être mesme très utile à toute la famille de Bourbon, surtout au roi Louis Seize; à Paris, MDCCLXXIV.

Signée G. A. [Guillaume Angelucci]. C'est le titre du pamphlet, objet de la mission de Beaumarchais contée plps haut. Son titre est inexactement donné par M. Henri d* Aimeras, Les amoureux de la reine Marie-Antoinette Paris, s. d. [J907], in-80, p. %5.

46

Essais historiques sur la vie de Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, pour servir l'isïstoire de cette princesse*, à Londres, 1789, in-12, 58 pp. L'exemplaire ici cité est celui de ma bibliothèque. Sur ce pamphlet je renvoie le lecteur au chapitre qui lui est consacré, et pour les descriptions bibliographiques aux articles de M. Tourneux, dans la Bibliographie de l'histoire de Paris. t. IV, pp. 87 et suiv.

47

Étrennes aux fouteurs démocrates, aristocrates, impartiaux, ou calendrier des trois sexes; almanach lyrique orné de figures analogues au sujet; à Sodome et


à Cythère, et se trouvent plus souvent qu'ailleurs dans la poche de ceux qui le condamnent 1780, ia-12, 44 PP- i 9 figures obscènes.

Je fais figurer ici cet ouvrage en raison de la note dont Gay a fait précéder la réimpression qu'il en a donnée à Baie (i). h On sait, dit-il, que les Étrenneà aux fouteurs parurent pour la première fois en 1790, puis en 1792, enfin en 1793. Ce livre, très érotique, est, au fond, un violent pamphlet dirigé k contre la reine Marie-Antoinette et autres personnes de K l'époque. » Je crains fort que Gay ne se soit abusé sur le véritable sens de ce recueil obscène. Je n'y trouve qu'une allusion à Marie-Antoinette, dans la préface rimée qui l'ouvre Depuis qu'une Autrichienne en ni

A tout venant contre le ca.

Ce qui suit n'est que paillardise tournée en couplets où, avec la meilleure volonté du monde, il n'est pas possible de discerner une attaque à la reine.

48

Ètrennes de la déesse Hèbè à la Messaline royale. Voyez le no 62* article Le ffodmichè royed.

49

Les fanloBcini français ou les grands comédiens tfe Marly, intermède héroï-histori-tragi-comique dédié au vénérable reverbôret 5; S- 1. [Paris], s. d. [1788], in-8°, 16 pp.

C'est un pamphlet en forme de dialogue, où Marie-Antoinette joue le rôle de « prima amorosa », en compagnie de l'abbé Mâury, « il signor Pantaloné », et du père Duchesne, souffleur. Mme de Polignac intervient dans la comédie pour tenir de violeuts propos contre-révolutionnaires, ce qui lui vaut, de la part de l'abbé Maury ce cri d'admiration <c Cette coquine dénonce assez bien pour une put. » Pamphlet exclusivement politique.

(1) Étremies auœ Jouteurs ou calendrier- des trois sexes; à Sodome et à Cythère et se trouvent, plus qu'ailleurs, dans la poche de ceux qui le condamnent s. 1., s. d., m-8°, $5 pp.


50

Fureurs utérines de Marie-Antoinette, femme de Louis XVI au Manège et dans tous les bordels de Paris; 1791, in-8°, 58

Épigraphe: La mère en proscrira la lecture à sa fille. Ce poème, – car le libelle est en vers, – outrageusement obscène, est suivi, sans que rien ne l'explique, de Le Triomphe de la fouterie ou les apparences sauvées, en deux actes et en vers, 1791, dont le sujet, purement obscène, sans aucune allusiou a la reine ou aux événements politiques, n'a nul rapport avec les Fureurs utérines. L'édition de 1791, ci-dessus citée, n'est pas la première. Au catalogue de la bibliothèque Bég-is j'en trouve deux, toutes deux de 1790, la première, in-34, 72 pp. la second, in-24, IR pp. (t). Le Triomphe de la fouterie a été réimprimé dans le Nouveau théâtre Gaillard; Concarneau [Bruxelles] i86tt, in-80, tome I, pp. 129 et suiv., et a été tiré à part à 100 exemplaires. Les Fureurs utérines figurent dans l'édition de 1867 du Nouveau théâtre gaillard, tomeIl, pp. I2ô-i58 (2). Condamné à la destruction par arrêt du tribunal deLille du 6 mai 1868 (3).

51

La Garce en pleurs, seconde édition revue et corrigée; au bordel et se trouve au magasin dans les petits appartements de la reine; l'an de la fouterie 0790 [1790], in-8", 12 pp.

L'épigraphe se compose de deux vers obscènes. Le frontispice, obscène également, est colorié et porté en légende « Bougre, je vengerai l'injure de mon cul. » C'est un pamphlet extrêmemen libre, dirigé contre la reine, qui n'y est, toutefois, point nommée. Il est extrêmement rare. A ce propos, la Bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour observe qu'on ne connaît que deux exemplaires de ce poème « l'un qui est « à la Bibliothèque nationale, est incomplet du titre et l'autre « figure au Répertoire de la librairie Morgand, en 1882, au (1) Catalogue de la bibliothèque de AI/. Bégis. 2- partie, p. 53, n°* 295 et 296.

(2) Blblloffraphie des ouvrages reCatlJs <'«moMr.1. t. Il, col. 36a. (3) Fèruand Drujon, Catalogue des ouvrages, écrits et dessins de toute nature poursuivis, supprlmés eu condamnés. p. 38i. <f«t<ena<ffre~ot<r<NfpM, M~)p)'<m~ eaeoK~amH~ p. Mi.


LA

GARCE

EN PLEURS

En r est d'un Dieu

Se br. rest d'un homme.

Seconde édition revue et corrigée.

AU BORDEL,

x-t se trouve au Magasin dans les petits appartemens de la Reine.

L'an de la fouterie S790.



« prix de 1,200 francs (1) ». J'en connais, tout au moins, pour ma part, un troisième exemplaire celui que je décris ici. C'est un poème d'une obscénité outrageante, plat et sale. H a eu une Miite, du moins quant an titre. Je décris ce complément ciaprès.

52

Les Derniers soupirs de la garce en pleurs, adressés a la ci-devant noblesse, et dédiés à la triste, sèche et délaissée Désullan, libraire au Palais-Royal, en qualité île garce au premier chef; à Branlinos et se trouve chez toutes les putains du Palais-Royal, la demoiselle Désullan, le rédacteur de ses idées, dans tous les bordels comme il faut el particulièrement chez les religieuses de l'Ave Maria l'an de la bienheureuse fouterie 5790 1790], in-8", 10 pp.

Même épigraphe que la Garce en pleurs. Le frontispice est imité de ce dernier, mais tiré en noir. Le texte se compose d'une Épttre anodine à la délaissée Désallans par sa chère sœur (2) la garce en pleurs, pp. 3, 5 Mes Derniers soupirs, pp. 3, 1 1 i Réponse de Philippe Capet au nom de la cidevant noblesse, aux derniers soupirs de la garce en pleurs, pp. 11, ij. A propos de cette dernière partie, l'auteur observe « On reconnaîtra par le style de cette réponse que a Philippe Capet n'a pas oublié les expressions qui lui étaient « si familières du temps qu'il fréquentait les laudions avec u Lamballe, d'Artois et autres. » Le tout parait être dirigé contre une libraire du Palais-Royal, la dame Désullan, coupable, à en croire le pamphet, d'avoir fait rédiger un libelle « par un de ses maquereaux à gages, qu'elle paye avec le con« trat de 1,200 livres qui lui reste, les plus atroces calomnies contre M"" Gattey, M™° Petit, Mm0 Cussac, etc. dont les i* conduites sont irréprochables. » Ces atroces calomnies » se trouvent dans une petite brochure scandaleuse Les Confédérés vérolés, où. les dames Cussac et Gattey sont déshonorées par les petits articles que voici

« Cussac, libraire. Son mari est un grand c.n, de Cussac, « en Auvergne, qui est venu à Paris sans savoir quel état il 1 1 ) Bibliographie des ouvrages relatifs 7*aMOKr. t. 11, cot. 38<). (2) « C'est ainsi que se nomment entre elles toutes ces garces. » Note du pamphlet, p. 4-


« prendrait; un de ses cousins le plaça chez le libraire Méri« got, qui lui apprit un peu de librairie. Après quelque temp'. « de domesticité il rencontra une demoiselle fort laide, dont il « fit sa femme. Elle trouva dans les amants qu'elle avait eu.v « quoique fort laide et fort bête, mais bonne f.e, des hommes qui lui prêtèrent des fonds avec lesquels il s'établit rue du « Colombier, faubourg Saint-Germain, puis de là an palais.« Royal. Cette femme a le loisir de se faire b.rà son aise par t. « les jeunes écrivailleurs qui viennent piquer sa table. Cc>» « avortons du Parnasse ont eu des suppléants, dans la pet« sonne de gros lcmrdauts d'Auvergnats, députés de la Limoge. « Le plus grand d'enta'eux, celui qui portait des épaulettes sur « un habit de toile, s'est vengé d'elle pour quelques picoli'« ments à la v.e, en lui donnant le fouet en présence de son « mari, qui n'a pas osé se fâcher, dans la crainte, sans doute. « d'être victime de la juste colère de ce brave défenseur de lu « patrie ».

« Gatté, aussi libraire. Oh pour celle-là, elle mérite bien « d'être vérolée et dénoncée. C'est la f.e des aristocrates, des « archevêque d'Aix, des abbé Mauri, des Riquettî Cadet, de» « Cazalis, et d'une partie des noirs de l'Assemblée nationale, « qui la f.t en cl, en c.n, en tétons. Ils partagent cet hon« Bêur avec MM. leurs valets qu'elle paie, afin de se dédomniii« ger avec eux des dégoûts que lui causent les caresses de leurs « maîtres. Plusieurs députés du régiment de Royal-AHemanil « ont remporté d'elle, pour récompense de s'être parjurés !i « l'hôtel de la Patrie, la vérole la plus complète qui se soit « Jamais donnée (i). »

La dame Désullan est-elle véritablement l'auteur de ces audacieuses affirmations ? Je n'ai pas à. l'éclaircir ici- C'est tle biais, et par Marie-Antoinette, que j'ai dû me faire l'écho de «̃ette querelle privée.

53

La grande colère d'Antoinette contre le citoyen Égalik1 de ce qu'il a voté, pour la mort de Louis Capet, son cou|i) Les Gonfédérés vérolés et plaintes de leurs femmes oa.r putains de Paris; réponse de M"' Sophie, présidente des bordels; liste des bourgeoises qui ont gâtés les députés provinciaux; » Parts chez M11( Gauthier, maîtresse maquerelle au coin de la rue de Rohan, arec approbation de MitouRet, procureur-syndic de la commune tic Paris; Ncuchatel, septembre 1873, iu-18, pp. 16, 17.


sin germain; s. I. [Paris], de l'imprimerie de P. Provost; s. d. [1793], in-8°, 8 pp.

D'après l'exemplaire du British Museum, French Revolulion, a63, 10. « Dialogue plein d'invectives grossières n échangées entre la reine et le duc d'Orléans. » M. Tourneux, Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Révolution française. tome IV, p. 110, no 21,204».

54

Grand complot découvert de mettre Paris d feu et à sang d l'époque du 10 août jusqu'au r5; de faire assassiner les patriotes par des femmes et par des calolins déguisés en femmes', Marie-Antoinette (d'Autriche), d'infernale mémoire, sur la scélette (sic); interrogatoire de celle scélérate, comme complice avec les traîtres qui ont livré Condé, Mayence et Valenciennes, avec les rebelles de la Vendée, avec le sélérat (sic) Pitt, ministre anglais* qui voulaient offamer Paris, et assassiner les braves Sans-culottes; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de l'Ami des Sans-Culottes [Le Bois), rues Mouffelard, 386, et Neuve Saiut-Médard, n° 692 s. d. [1792], ia-8°, 8 pp.

Signé Le Bois, l'ami des Sans-Culottes et l'ennemi des Jean-foutre. – « Pour sauver la République, déclare Le Bois, il faut que la guillotine soit permanente ». Il convient, en mitre, que « l'infâme, la scélérate, la sanguinaire MédicisAntoinette » aille expier ses forfaits, « et une foule d'autres ̃̃rimes que l'étendue de cette feuille ne me permet pas de transcrire », dans la lunette « de l'aimable guillotine ». 55

Grand débat dans les cachots de la Tour du Temple. entre un Marseillois, un Lillois et un habitant de Longwy, en présence de Louis l'Esclave, sa coquine et son Jlls, accompagné d'Élisabeth, sœur du Veto, devant Charles Libre, et véritable Lillois, patriote à petites moustaches; s. d. [Paris), de l'imprimerie de Feret, rue du MarchéPalu, vis-à-vis celle Notre Dame; s. d. [1792], in-8°, «PP-


Les divers personnages énumérés dans ce titre se sont Introduits dans la chambre de Louis XVI, au Temple, et en usent pour traiter devant lui. sans aucune retenue, de sa personne et de celle de la reine. Indignée de cette familiarité, Marii.»Antoinette rappelle le Marseillais au respect i

MADAME VETO

« Vous étes un insolent, Monsieur de Marseille, de parler de la sorte à votre maître »

LE JHARSEILLOIS

« mon maître1? Prends-tn un provençal comme moi pour une araignée de caresse; garce, on est toujours insolent avec (oi lorsque l'on te dis des vérités. »

MADAME ELISABETH

« Marseillois, comme vous traitez ma sœur ï »

LE MAHSEILLOIS

« Grosse toupie, voilà un Lillois qui sera sûrement plus honnête interrogés-le »

LA DAME VETO

a Que venez-vous faire ici, Monsieur le Lillois V »

LE LILLOIS

« J'y viens pour avoir le plaisir de foutre un coup de poingt (sic) patriotique sur le groijin de ce cocu qui vient d'être cause que mon fils est tué et ma maison réduite eu cendre. » MADAME VETO

« Quoi! vous n'auriez aucun respect pour le nez des bourbons? D

LB LILLOIS

« Depuis des siècles, ces nez-là sont si long (sic) que je me ferois un devoir de les raccourcir. »

Cet énergique dialogue se termine par cinq couplets sur l'air Da serein (sic) qui te fait envie, et le tout est signé Boassemart, patriote à pefites moustaches.

56

Grande dispute entre Marie-Antoinette et ses fournisseurs, traiteurs, tailleurs, marchands de modes, etc., etc., etc" se voyant forcée A les payer et la nation ne voulant plus lai fournir des fonds; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de Feret, rue du Marché-Palu, vis-à-vis celle NotreDame s. d. [1792], in-8", 8 pp,


Signé Prévost. Petit dialogue grossier et comique que j'ai réimprime textuellement dans mon volume Le rnnsèe secret de l'histoire Les prisons de la Hévolution, d'après les mémoires du temps et les /étires (tes guillotinés; Paris, i()O8, in-18, pp. 1O4-173.

57

Grande fête donnée par les m'" de Paris à toutes les p. le jour de l'arrivée du Roi, de la Reine et de leur famille, en réjouissance du retour de leurs père et mère, suivie d'une souscription des mm pour subvenir aux frais de celle fête patriotique; le soir illumination générale et bal gratuit dans tous les b. Paris, 1791, m-12, 36 pp.

Cité dans le Catalogue de Ici bibliothèque de M. Alf. Bégis. a' partie, p. jj5, z/|fl.

58

Grandes fureurs de la ci-devant reine de Francs renfermée dans la Tour du Temple; sa colère de ce qu'on a la hardiesse de lui faire son procès; son invitation ci toutes les puissances et couronnes de la venir délivrer de sa prison et de la soustraire à la guillotine; ses remords et le pardon qu'elle demande à la République française pour tout le mal qu'elle a fail.; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de Feret, me du Marché-Palu, vis-à-vis celle NotreDame s. il. [1792 in-8", 8 pp.

Signé Girardot. Petit écrit rédigé en forme de confession de Marie-Antoinette et qui se termine sur cette supplique « Pardon, nation généreuse, pardon! Je suis indigne de votre « pitié, mais cependant voudriez-vous porter sur i'échafaud la « tête d'une femme, autrefois votre reine, mais qui maintenant « ne vaut pas la plus pauvre des femmes de la République? « Pardon, Français, pardon, je suis coupable de tout lé mal « que vous avez éprouvé. Il est peut-être trop tard pour obte« nir votre indulgence; mais, hélas! ne puis-je espérer que n vous voudrez bien uïépargner? Le sang de l'innocence « demande vengeance, je le sais, mais laissez-moi la vie, lais« sez égaler vos douleurs par mes remords, et souffrez que je « vive pour vous témoigner mon repentir. »


59

La grande maladie de Marie-Antoinette, sa rage et son désespoir d l'idée de la terrible guillotine: s. I, [Paris]; s. d. [1798], in-8",8 pp.

M. M. Tourneux, Bibliographie de rhtsloire de Paris p?ndant la Révolution française. t. I, p. 375, n» 4154. 60

Grande motion des citoyennes de divers marchés; nouveau genre de supplice à mort destiné à la ci-devant Reine, pour punition des noirceurs, crimes et forfaits qu'elle a commis envers la nation; s. 1. [Paris], de l'imprimerie des citoyennes du marché Saint-Jean; s. il. [1792], in-8°, 8 pp. ·

Dialogue en style poissard où la reine recueille la fleur des injures des halles. « La sacré mon.stre s'écrie une de ces « dames du carreau, la sacré monstre! Non contente de faire « cocu son mari, c't'autre jeanfoutre, v'ià qu'elle s'amusoit à « faire des enfans à la Polignac eh ha fi 1 si elle avoit évu « un singe, cette sacrée Marsailline auroit pondu un magot. » 61

Les grands reproches des enfans ci-devant royaux. Voyez le 109; article Reproches des en/ans ci-deoanl royausa.

62

Le Godmiché royal s. 1., 1787, in-8", 16 pp.

Je donne en fac-similé VA vis de l'éditeur. C'est un pamphle.l en vers, dont la première partie est en forme de dialogue obscène entre Junon et Héfté. Elle est suivie d'une autre pièce limée, fort injurieuse pour la reine, intitulée Le mea cutpn R. Réimprimées récemment (1), elles ont toutes deux fait l'objet d'une brochure de Gay, tirée à ioo exemplaires Le Godmiché royal, suivi du Mea cul pu et de deux autres pièces révolutionnaires la Garce en pleurs et les Derniers (i) Jean Hervcz, Les Galanteries à la cour lie louis XVI. pp. itn r\ suiv.


GO D MIC ROYAL,

LE Ë

E-~ J789. -r


Fa T ï G V É des patrouilles & des faâions que j'avois faites, & me trouvant, à trois heures du matin, fur la terraffe des tuilleries ne voyant & n'entendant personne la frayeur s'empara de moi, & je me-cachai auflî bien que je pus dans ma guérite. Le fommeil vint me tranquillifer; mais ce ne fut pas pour long-temps. J'entendis une voix qui me dit bien diftin&ement Pourquoi portes-tu un habit que ton courage ne te permet pas d'avoir au lieu de refier dans ta boutique à faire vivre ta femme & tes enfans ? prends ce manufcrit vas l'imprimer, & le diflribue dans toutes les villes, & penfe que fi fous vingt-quatre heures le public n'eft point infiruit des faits contenus dans ce cahier, et que tu aies encore l'uniforme fur le corps, tu feras pendu la peur qui m'avoit endormi me fit tomber le nez contre terre j'appellai au fecours, perfonne ne vint; comme il pleuvoit à verfe je me relevai pour me mettre à l'abri. Quelle fut ma furprife de trou-


.ver le manufcrit que je m'emprefle de vour faire pafler, dé crainte d'être pendu je vous engage mes chers citoyens à quitter vos uniformes, fi vous n'avez pas plus de courage que moi fi vous conteRez la validité de. ce matiufcrit je ne pourrai pas vous en donner les preuves vous favez comme il m'a été remis je m'en lave les mains.

Amen.

.tas trots pages ci-dessus reproduites sont un fac-similé d'une édition originale de ce très rare pamphlet contre Marie-Antoinette.



soupirs de la Garce en pleurs; toutes les trois en vers, dirigées contre la Reine, publiées en ijgo et devenues très rares; réimpression textuelle; Neuchâtel, octobre 1873, petit in-ta. Voyez le numéro suivant.

63

Étrennes de la déesse Hêbé à la Messaline royale pour l'année 1791; pour l'année de la contre-révolution 1791 se trouve aux Tuileries et chez le portier du général bleu (i); de l'imprimerie nationale; in-32, 20 pp. Frontispice obscène finement exécuté.

Le volume porte en épigraphe

Tant que le général La Fayette,

Pour le malheur du genre humain,

F. la royale putain,

Nous serons tous dans la disette.

Le texte est le même que celui du Godmiché royal, mais ici Junon devient la reine. A la fin, une scène obscène, en prose, a été ajoutée. Se livrant à des privautés sur Marie-Antoinette, le général Lafayette lui demande « Sentez-vous, madame, le plaisir divin de la volupté nationale ? » Ce à quoi, avec quelques verts propos, la reine riposte « Ah je me pâme! quelles « délices 1. Que les dieux, que les déesses me parlent en vers, « j'aime mieux votre prose. Les poètes n'ont que des paroles, « et vous f. comme un Hercule; vous êtes un f. comme en « politique un grand homme, un héros de la nation française, » Ce n'était évidemment point sur ce terrain-là que Paris, en lT9't plaçait la popularité de La Fayette. Sur les accusations des pamphlets sur ce chapitre, voyez la présente bibliographie. nos sa et ir4.

64

Histoire d'un pou français ou l'espion d'une nouvelle espèce tant en France qu'en Angleterre, contenant les portraits des personnages intéressans dans ces deux royaumes, etc., etc.; à Paris, MDDCCLXXI, in-8°, 112 pp. M. Maurice Tourneux (2) a rangé ce libelle dans les pam(1) Sobriquet populaire de La Fayette.

(a) Maurice Tourneux, bibliographie de l'histoire de Paris perniianl la Révolution française. tome IV, p. 87, ne 21048.


phlets contre Marie-Antoinette sur la foi de cette note de l,i Correspondance secrète, dite de Saint-Pétersbourg « 4 m,« vembre ij8o Il circule en France une douzaine d'expm« plaires d'un libelle atroce contre les personnes les plus ruv « pectables de la cour. Il est intitulé Le Pou. L'animal immoiidi- « se promène sur les cuisses les plus augustes, de là sur diliï« rentes parties du corps de nos plus illustres personnage;, « enfin, il se fourre dans un vieux carton où se trouve nu « manuscrit dont il rend compte et qui contient les détails loi* « plus infâmes et les plus extravagants sur toute la cour. L;i « calomnie, dont ce vil insecte est l'organe, a principalement « la Reine en vue. Les anecdotes que cette infâme brochure « renferme sont fausses ou controuvées. Elle est l'objet ck". « plus sévères perquisitions de la police, et l'un envoie un « émissaire en Hollande pour s'emparer de l'auteur et de l'édi« tion (1). J'imagine que le rédacteur de cette correspondancesecrète a mal lu le libelle en question, car il est impossible d'j trouver les « atroces calomnies » dont il s'indigne conhc Marie-Antoinette. Un seul chapitre est consacré à la reine (chap. ni, pp. 12, i3, 14), et je le reproduis ici pour faire juger du droit que possède IHistoire d'an pou français pour dtns classé dans l'enfer des écrits contre la reine. Ce morceau, an reste, fera juger de la brochure, particulièrement dirigée contre Beaumarchais et la chevalière d'Eon.

Le pou s'est logé chez une « petite élégante qui l'emmène à la cour, à une présentation de Marie-Antoinette. Que le pou parle « Si ce jour ne fut pas le plus heureux de ma vie, il en « fut au moins le plus brillant, comme vous allez voir. Mon « hôtesse étant dans l'appartement de la Reine, et en la pré« sence de cette auguste majesté, je voulus contempler uno « princesse dont j'avois tant entendu dire de bien par-tout « je m'étois trouvé, et qui avoit le cœur de tous ses sujets; je. « me plaçai donc sur le bord du falbalas et j'étois en extase « des charmes de la divinité de la France, lorsqu'un mouvc« ment que lit mon hôtesse, et auquel je ne m'attendois pas. « me fit tomber aux pieds de la Reine; heureusement que l'on « ne fit point attention à ma personne; mais, malgré l'indiffij« rence que l'on me témoignoit, je craignois toujours quelque « pied indiscret, qui eut été très funeste pour moi. Par un plu1« grand bonheur, Sa Majesté, bienfaisante à tous ses sujets, le [1) M. de Lescure, Correspondance secrète inédite sur Louis XVI, Marie-Antoinette, la cour et la ville, de 1777 à 1792, publiée d'après -lrs manuscrits de la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg*, avec une préface et des notes Paris, 186Ô, in-8°, 1. 1, p. 33i.


c fut aussi pour moi. Elle laissa tomber, comme par mégarde. i un mouchoir blanc. Malgré la promtltude (sic) avec laquelle on se précipita pour le ramasser, j'eus l'adresse de m'y attacher, et je fus ainsi remis très respectueusement entre les mains de S. M., qui me reçut avec l'accueil le plus gracieux et en remerciant affablement celui qui me présentoit. « Jugez de l'orgueil qui devait m'enflâmer dans ce moment; t mats ce n'étolt point encore là le faite de ma gloire. Mon auguste maîtresse porta le mouchoir, ou j'étais, à son visage; l je crus alors qu'il étoit tems d'en sortir, et je me laissai tomber sur un sein d'une blancheur éblouissante, et doux comme un satin. Que je me trouvois bien placé Je voyois des deux cotés, des boucles flottantes de cheveux dont la couleur m'enchanloit, et où j'espérois bientôt pouvoir me réfugier je voyois des princes, des ministres, et les premiers seigneurs du Royaume s'approcher avec vénération de Nous, n'oser Nous regarder en face, ni s'asseoir devant Nous. Je vis 1 l'auguste époux de la princesse s'approcher seul de l'air le plus tendre et la prendre par la mata pour lui parler eji particulier. Je pus facilement alors contempler ses traits radieux et sa noble personne; j'étois si enivré de mon élévat tion que, quoique je n'eusse rien pris depuis plus de vingtquatre heures,je ne pensois point à chercher aucune nourrit ture.

« La Reine, après ce court entretien dont j'avais été témoin, reparut dans le cercle de ses courtisans plus belle que jamais, i et tout le monde s'empressolt à Nous admirer, lorsqu'un Prince du sang, fixant avec plus d'attention que les autres les yeux sur le trône où j'étois triomphant, m'apperçut et me distingua, II alla sur le champ le dire à l'oreille la Princesse son épouse, qui, s'approchant de sa sceur, se mit à rire en me regardant, et nous prenant à l'écart pendant que je l'admirois, elle eut la cruauté de vouloir me chasser du i poste où j'étois, avec le bout de son gant je fis tous mes efforts pour résister, mais il me fallut céder à la force, et je tombai i sur le bord d'une glace de la croisée qui étoit ouverte je vis qu'ainsi expulsé on me cherchoit encore, je ne sais à quelles intentions; mais, par précaution, je me cachai le mieux que je pus, et ton ne me trouva point.

« J'ai su depuis que ma présentation à la Cour et l'honneur il 1 que j'ai eu de m'asseoir sur un trône aussi agréable que celui où je m'étois placé, avoient fait du bruit tant à Ver> bailles qu'à Paris, même dans les pays étrangers, et que mon i auguste maîtresse avait rougi lorsque je fus congédié. Je lui ̃ demande bien humblement pardon de la témérité que j'ai


« prise et je puis t'assurer que j'ai expressément défendu, sons « peine de la vie, à tous mes frères et concitoyens, de jamak n approcher de sa personne sacrée, trop jaloux d'être le sent « qui ait joui d'un avantage aussi glorieux. Mais, plus ma t( vanité a été flattée de mon triomphe, plus aussi elle a été « rabaissée par la position qui a suivi mon ëlpvation. a Ct texte tn~énu et bénin est dû, s'il en faut croire Barbier, a un sieur Delauney (t). Il parut avoir plu, car de sa drôlerie on connait. au moins, une autre édition. Voym! le numéro suivant.

65

Histoire d'un pou français, ou l'espion d'une noaM//c espèce, tant en France qu'en Angleterre, contenant les portraits des personnages rn<erM~tm<~ dans ces deMx: royaumes, et donnant ?tt clef des principaum événements de l'an ~779 et de ceux qui doivent arriver en 77~; Paris, de l'imprimerie royale; J~St, in-8", 115 pp. Cité par Barbier, /M<'<f'oftfMM're des anon~mg~ tome i). co). 65~, et M. Tourneux, Bibliographie de l'histoire de /*ar/.< pendant la Révolution française. tome IV, p. 8~, no aïoy))!. 66

Les imitateurs de Charles neuf.

Voyez ]e no 42, article La Destruction <<<' /'6tr/s/ocr<!<'M"' 6-7

J'attends la tête der/y~Me~Mar/e-~ttotneMeMttt mon ~anc/ta/t~ pour tous ses crimes de lése-nation aH premier chef; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de P. Provost; s. d. [<793J, in-S", 8 pp.

M. Tourneux, Bibliographie de l'histoire de Paris pendatil la /!et)0/t:<!0~<'aHfa~e. tome p. ~77, n< ~)55. 68

La Journée amoureuse ou les derniers plaisirs (le (t) Ant.-Alex. Barbier, Dictionnaire dM eapro~M onenyme. troisième édition; Paris, t88s, io-8' tome H, col. 65J.



jtf. ~n< comédie en trois actes, en prose, représentée pour la première fois au Temple, chez Louis Capet; l'an premier de la République, in-j8, 69 pp.

Épigraphe Dans l'Olimpe, aux enfers, je veux /e e partout. Le pampMet se termine par cette note « Pour '< prouver l'authenticité des faits que je viens d'exposer au « public, je prie le lecteur de jeter un coup d'œil sur la Vie « ~t'o~e, libertine e< scandaleuse de Marie-Antoinette, 3 vol. K in-i8, avec Sa figures; ouvrage recherche, très véridique, et n dont les principales anecdotes qu'il renferme ne sont con<( nues que de très peu de personnes, notamment le troisième « volume qui vient de paroitre. » Cette édition renferme quatre figures, dont trois obscènes. Son prix, dans les ventes, est fort élevé. L'exemplaire de la collection Ducoin a été adjugé 335 francs. « Cet ignoble et odieux pamphlet, dit la Bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour, est devenu très rare, ainsi qu'on pouvait s'y attendre (i). )* Et, comme on pouvait s'y attendre) il a été réimprimé plusieurs fois. Voyez ci-après deux de ces rééditions. Pour une troisième, plus moderne, voyez le n" g8, article /'or/e~n!7<e d'un Talon /'OM~e.

69

La journée amoureuse ou les dey/tter~ jo~~t'y~ de .M6t/e-At<(Hy:e«e, comédie en trois actes, en prose, représentée pour la première fois au Temple, le 20 août 1792 imprimé au Temple et se vend à la Conciergerie; l'an deuxième de la République; in-i8, 70 pp.

Cette édition, ayant la même épigraphe que la précédente, diffère d'elle par cinq nouvelles pages de texte ajoutées à la fin, et qui ne sont que des variations libres sur de scabreux sujets par Marie-Antoinette et la princesse de Lamballe. Elle n'a que deux figures, toutes deux obscènes, différentes de l'éditiou de i7<)s. La seconde de ces figures a servi quelquefois pour des réimpressions modernes du Rideau levé de Mirabeau. Aux exemplaires de 1708 fait suite cette liste d'ouvrages « qui se « trouvent chez le même libraire, jolies éditions et jolies gra« vures »

Le Portier des cltarireux o;: le mémoire de Saturnin, volumes in-i8.

(i) Bibliographie des OMfrtterM relatifs <'amoM/ t. H, col. ~3j.


L'A cadémie des Dames ou le ~/aMfM~a~<M<, 2 volumes in-<8.

La vie privée, /K'erh'<:e et scandaleuse de ~afi'e-~tnto;nette d'Autriche, 3 volumes in-t8.

Les Pa/at'n~ c~o;7feM, parodie des Visitandines, opéra. La Bougie de Noël ou la ~/esM de minuit, vaudeville en prose en deux actes, N~.

La vie de /<! reine eM~a~ne, avec fig., in-i8.

La belle Libertine, in-i8, avec f)g.

C'est à tort que Gay, dans sa réimpression de 1872, en! que c'était là l'édition originale. Voyez le numéro suivant. '70

La Journée amoureuse ou les derniers plaisirs de ~ycf/e-~n<o'ne«e. pièce rëvoluticnnaire, réimprimée textuellement d'après l'édition originale et rarissime de l'an U (i?t)3) Neuchâtel, t8';9, in-;6.

Tiré & 100 exemplaires.

~d

Jugement général de toutes les p.tains françaises e/ de la reine des g.ces, par un des envoyés du Père ~<ernel; s. 1. [Paris], de l'imprimerie des Séraphins; s. d. [t?93], in-8", 16 pp.

72

Lettre de la reine à de Bouillé; à Paris, chez Piron, rue de la Calandre, 6~ s. d. [!?93), in-8' 8 pp. Dirigée surtout contre Bouillé, à propos de son rôle dans la Fuite a Varennes.

~3

Lettre de la Reine as cf'-deuftftf prince de Condé, contenant tout le détail du complot de la fuite du Roi, auec les noms de tous ceM.T: ~n< trahissoient le peuple et qui ont trempé dans cette coyts/]t'ra</of:; laquelle lettre a été surprise et découverte chez la dame dejRocAee/tOMCtf~ eonfidente de la Reine; s. 1. [Paris], s. d. [1792], in-S", 8pp.


C'est, dit l'éditeur, une « nouvelle preuve de la scélératesse (te )a Fredc~onde, de la Médicis de notre siècle ». Mais le plus surprenant de cette brochure, hermétiquement anonyme, est l'éloge inattendu de Marat, l' « Oracle de la vérité », qui la termine, et qui peut, peut-être, faire soupçonner la main de l'Ami du Peuple dans sa fabrication.

74

Lettre de la reine envoyée au fom/e d'~l/'<oM avec la r/'po7!St* dH comte d'Artois a la Reine, trouvées sur la route de CoMp/~fte, par un postillon, dans un petit /<oy~es~~ avec d'autres intrigues que je ferai payo!'<fe; s. 1. [Paris j, de l'imprimerie de Valois; s. d. [!79ti,m-8",8pp.

75

Lettre Mcrf~e et carieuse de ~/Mr!'<4~<oMeMe [/ Bouillé, trouvée nouvellement dans les boiseries de son appartement aH c/i(!<eaH des 7'M!7e/e&; s. 1. [ParisJ, <te l'imprimerie de Dieudonnez, rue de Ja Huchette; s. d. [i79a1, in-8°,8pp.

En lisant cette lettre, prctend son t'ditcur, « on connoitra à fond les replis tortueux de cette misérable Autrichienne, à qui la fortune, toujours aveugle en ses dons, avoit procuré le premier trône de l'univers, pour consommer le malheur de la nation française qui avoit encore la faiblesse de la chérir )). 76

Lettre véritable du ci-devant comte d'~r<o:'s « MarieAntoinette; interceptée par un patriole de Cambrai, et envoyée au citoyen jBe/*?ta/'d avec les re/?eaM'o/M de ce dernier s. 1. jTaris], de l'imprimerie républicaine, rue du Marchë-Palu, vis-à-vis celle Xutre-Dame; s. d. ['792], in-8", 8 pp.

« Français! que dites-vous de cette impertinente lettre » » demande le patriote Bernard, en tête de ses réflexions. Qu'en dire, en etTet? Sinon que son Invention fait peu d'honneur à l'imagination du patriote Bernard. Il est difficile, il la vérité. de trouver plus plate élucubration.


il

Le Lever de ~AHfOfe; t~4-

Ce pamphlet est totalement inconnu. Il n'est point imaginaire, cependant, car le Porte-Feuille d'un talon rouge y fait allusion, le déclarant un « petit libelle, plat, obscur et fc méprisable Par Mme Campan nous savons que c'est « une pièce de vers (t), et par un auteur moderne, qui la paraphrase, en n'en sachant pas davantage, une « abominable chanson (2) ». Sans être imprimée, elle courut, sans doute, manuscrite comme les nouvelles à la marn. la cour et la ville, Il est certain qu'elle fut connue du roi et qu'elle l'irrita vivement. 11 fit procéder a une enquête, laquelle aboutit, te 28 juillet 1774, à l'embastillement de l'abbé Mercier, soupçonné d'être l'auteur de la chauson (3). A ces détails se borne la bibliographie du Lever f~' l'aurore, dont le texte demeurera, vraisemblablement, à tout jamais inconnu.

18

Liste civile, suivie des noms et qualités de ceux qui /<f composent, et la punition due à leurs crimes; récompense honnête <KM' citoyens qui rapporteront des <~<M connues de plusieurs qui sont émigrés, et la liste des a/~d~ de la ci-devant reine; s. 1. ~Paris], de l'imprimerie de la Liberté, place du Carrouzel; s. d. [1792], in-8", 24 pp.

Signé Sylvain. Pamphlet rédigé en forme de petit dictionnaire ou cet article est consacré à la reine « Marir« Antoinette <M M~t'c/ie, reine de France. Mauvaise fille, mau« valse épouse, mauvaise mère, mauvaise reine, monstre eu « tout, ne mérite aucun égard, et l'on peut dire que c'est elle « qui a tiré sur le peuple le to août; elle est au Temple; elle K seroit mieux trois minutes au Carrouzel. Ce voeu a toute sa saveur pour qui sait qu'à cette date « l'aimable ~uiUotiue opérait à la place du Carrousel. Le texte de la TL/c civile est (t) M" Campan, Mémoires sf«' ta vie privée de ~)/Krfe-~tn/Offte~ t. l, p. 93.

(at Jacques de la Fayc, Amitiés de ~et'ne,' préface du marquis df SL'gnr, ae t'Académie français, Paris, t~ie, in-S*, p. ts3.

(3) Hector Ftetschmanm, Les ptt/K/i/tMs tf'6er«;M contre ~u/'[<~n<o<neMe. p. to3.


suivi, dans cette édition, de la Liste de toutes les personnes avec lesquelles la reine a ea des liaisons de débauches. 19

II; Liste civile et les 7*~M d prM: des personnes soldées par cette liste, dont la plupart étaient poarsuiMM~ttr la cour martiale, et les autres prisonniers qui sont d Orléans, ainsi que ceux qui ont échappé à la uengeance du peuple, et qui se font M/*<Me7' pour les frontières avec ftt&r~re de leurs crimes; mort de la royauté; à Paris, de l'imprimerie de la Liberté, place du Carrouzet t79a, tn-8°, 52 pp.

80

./V" III; Liste civile des personnes soldées par celte liste dont la plupart étoient poursuivies par la Cour martiale, et les autres prisonniers qui sont à Orléans, ainsi que ceux qui ont échappé à la vengeance du Peuple, et qui se font enrdler pour les frontières; avec l'abrégé de leurs crimes; & Paris, de l'imprimerie de la Liberté, place du Carrouzet; 1792, in-8", 3a pp. 81

Louis ~t~e< Antoinette <ya/~ comme ils le méritent; à Paris, de t'imprimerie des Amis de la Constitution; s. d. [i792],4n-8< t6 pp.

Le traitement infligé à la reine est sommaire et se borne à quelques lignes imprécatoires. « Nons ne parlons pas ici, est« il dit à Louis XVI, de ta femme, il y a long-tems qu'elle a « foulé aux pieds le masque de la vergogne, et qu'elle a pros« titué son honneur et ses devoirs de mère et d'épouse d'un « roi aux plus vils dérégtemens comme à la plus criminelle « ambition, à la plus meurtrière vanité. » Voyez le numéro suivant.

82

Suite de Louis XVI et Antoinette <f(!/<~ comme ils méritent; <. t. [Paris], de l'imprimerie de Langlois fils,


rue du Marché-Patu, au coin du Petit-Pont; s. d. ~799 in-8°,i5pp.

Exclusivement politique.

83

~<.ff!e-At<o<neMe dans l'embarras on correspondance de La Fayette avec le roi, la reine, la Tour du Pin et ~Mtftf-ffM<; s. t. [Paris], s. d. ffjgo], 48 pp.

Recueil de lettres apocryphes, dont le morceau de résistance est une missive du roi, envoyant à La Fayette un prétendu dialogue de Marie-Antoinette, du comte de Provence et de sa maîtresse, Mme de Balbi. Dans ce dialogue on trouve la confession que voici de la reine « A dix ans et demi, entraînée par une mrem utérine que je ne ponvois réprimer. et d'autant plus étonnante qu'elle est plut rare dans les clit mats qui m'ont vu naître, je m'amusai successivement avec e dix à. douze comtesses lombardes, florentines et milanaises, « qui me firent, a la vérité, éprouver les délicieux élans de la « plus grande volupté, mais m'exténuèrent au point que je taillis en périr. Fatiguée des femmes et de la timidité des < jeunes seigneurs allemands, qui trembloient comme la « feuille d'être obligés de m'épouser si je devenols grosse, je <f reçus les vœux du voluptueux prince Louis, depuis cardinal de Rohan, et alors ambassadeur à Vienne, qui fut si fier de « sa conquête, que l'imprudent, peu content de savoir que n tout le monde en Autriche envioit son bonhenr, eut la sotn lise, d'autres diroj'ent la lâcheté, de l'écrire à Versailles, o" « Louis XV, trop avili avec la Dubarry, pour réfléchir sur mon < compte, désira m'avoir pour bru, et me fit épouser son petit« fils, qui a cru sottement avoir eu mon pucelage. » Tous ces beaux propos sont précédés d'un frontispice obscène, assez bien exécuté, mettant en scène Marie-Antoinette, en situation très audacieuse, sous la légende Bravo! jSrafo.' La Reine se pénètre de la /r/c/ Cette légende, le libelle charge La Fa~ ette de l'expliquer dans une lettre au roi « On parla, ditt( il, il y a quelques jours. & l'auguste compagne de votre « majesté, d'une personne qui lui avoit dit de prendre la fuite. « la nuit du 5 au 6 octobre elle se rappela aussi-tôt cet événe« ment, et marqua un désir extrême d'en voir l'auteur. On lui présenta, un matin, le grenadier en question. Ses femme. « venoient de sortir après l'avoir habillée, et elle plaçoit elle« même sa jarretière au dessus du genouil. Je crois superflu tL « de rappeler a sa majesté que la reine, depuis fort long-temps,


« est accoutumée à ne faire aucun cas de ces précautions dans e lesquelles les femmes du peuple font consister la décence de n leur sexe. Surprise et pénétrée à la fois du plaisir d'entendre « une voix que son ccenr reconnoissant n'avait jamais pu « oublier, ne pensant point à ses jupons, et surtout à sa che« mise, relevés beaucoup plus haut que ses cuisses qui étoient « également très écartées, elle lui tendit les bras. Le grena« dier, à son tour, transporté du bonheur d'être si bien reçu « de sa souveraine, se précipita entre les genoux de la reine, qui, se penchant en arrière, l'approcha si fort d'elle qu'i) « sembloit qu'elle ne fit plus qu'un avec son libérateur, lequel, « de son côté, pour lui témoigner son respect et sa sensibilité, K la tint quelques minutes étroitement embrassée. Dans cet « instant, quelques officiers patriotes surviennent, se mettent « à rire indécemment et crient bravo! C'est le mot, Sire, des « révolutionnaires lorsqu'ils sont contents. Si votre au&ustp « compagne eut éprouvé des feux criminels, elle se fut, sur le « champ, retirée dans son cabinet, pour se soustraire à la K honte d'être trouvée dans une espèce de désordre; mais, au lieu de s'affecter de la présence des spectateurs (la cou« science est toujours tranqutlie quand on ne craint rien), it <t sembla, au contraire, qu'elle ne servit qu'à l'encourager & « être plus reconnoissaute envers le grenadier, qui, comblé des « bontés de la princesse, tomba comme en extase, et en Muis<( sant le ciel de son bonheur, qu'une basse jalousie fit envier « hautement. » Ce pamphlet n'a jamais été réimprimé. C'est une faveur dont le garde sa platitude générale.

84

La Messaline Françoise ou les nuits de lu ~«c/< de Pol. et aventures /n~<~y«'HMs de la Pr.se d'TM. [Henin] et de la. [Reine]; ouvrage fort utile à tous les jeunes gens qui voudront faire un cours de libertinage, par t'abbé compag non de la fuite de la Duch. de Pot. à Tribaldisi de l'imprimerie de Priape; !8f), in-a4, i0! pp.

Pour la bibliographie de ce pamphlet, je renvoie le lecteur a la notice que je lui consacre en tête de sa réimpression, dans mon volume ~Va~ame de Polignac et la cour galante de ~ar!E-~tn<o/fte«e. pp. 177 et suiv. II a été traduit en anglais sous le titre 77<e.tcA ~Me~a~M or the ntj/Ms of /e Duchess of ~o~MC,' Ttibaldis, 17. [London. t8ao],


in-ia, avec Bg. L'édition française a été condamnée par la Cour d'assises de la Seine, par arrêt du <) août t84a. Les obsccnites auxquelles se livre, dans ce libelle, Marie-AntoineUe autorisent la sévérité de ce jugement de destruction. 85

Les nouvelles du ménage royal sens dessus dessous ou la /'M.M'on de JM<!f;'e-7'ot'f!07t et Louis, son mari, garçonserrurier aH Temple, avec un détail de leur grande dispute et les nouvelles de leur ménage envoyées Co6<e/t~ par M. Sans-Culotte a. t. [Paris], de l'imprimerie de Feret, rue du Marché Palu; s. d. [t~ga], in-8°, 8 pp. Écrit facétieux signé A'. /'refo~. Je l'ai réimprimé textuellement dans mon volume Les ~a~re~se~ efc MarleAntoinelle. pp. 235-249.

86

La Nouvelle Messaline, tragédie par deux amateurs; manuscrit.

Ce pamphlet parait être demeuré inédit. Je ne le connais que par la mention qui en est faite par France, Description /t;s<orique et bibliographique de la collection de feu M. le comte de la Bédoyère, sur la Révolution Française, /Mpire et la Restauration; Pavis, iMa, in-8*, p. t~6, no yi~, 3e.

8~

Nouvelle scène tragi-comique et nullement héroïque entre Louis Bourbon, ma~re serrurier au Temple, et Madame Marie-Antoinette sa femme, archiduchesse d'Autriche, reine de France, et blanchisseuse de surplis des desservants des chevaliers du ci-devant ordre de MaMAej et ouvrière en corps d'enfans; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de Tremblay, rue Basse, Porte Saint-Denis, n" ti; s. d. [i?u2],in-8",8pp.

Dialogue en vers, où, parodiant les imprécations cornéliennes de Camille contre Rome, Marie-Antoinette exprime sa haine contre la France. « J'aurois cru affaiblir les senti meus « d'Antoinette, explique l'auteur, si j'avais mis dans sa bouche


« d'autres paroles que celles que met Corneille dans la bouche de Camille. » Cependant Louis XVI ne l'entend point ainsi, car à ces imprécations il riposte par « un soufflet de main de serrurier » et deux vers énergiques

.4A/ moM<f0, tu naquis du sang d'une <~re~e, Reçois le juste prix de ta scélératesse.

Les A~t'~ de JM<!r;'e-~lft<oM<'Me; Angers, 1774. Je n'ai jamais rencontré ce pamphlet. Son existence est affirmée dans la Vie de Louis XVI, revue, corrigée et augmen/e~, par M. Londres, t~oo, in-24, p. 62.

Ode a la Reine; à Villefranche, de l'imprimerie de la Liberté; 1789, in-8", 7 pp.

Poème fort violent, ordinairement attribué à Pons-DenisÉcouchard Le Brun. La Reine Z)eUO!7s?, qui en cite le fragment suivant, lui donne pour auteur La Harpe Monstre échappé de Germanie,

Le désastre de nos climats,

Jusqu'à quand contre ma patrie

Commettras-tu tes attentats ? R

Approche, femme détestable,

Regarde l'aMme effroyable

Où tes crimes nous ont plongés?

Veux-tu donc, extrême en ta rage,

Pour consommer ton digne ouvrage,

Nous voir l'un par l'autre é~or~és ? 9

En vain je cherche en ma mémoire

Le nom des êtres abhorrés,

Je n'en trouve point dans l'histoire

Qui puissent t'être comparés.

Oui, je te crois indigne Reine,

Plus prodigue que l'Égyptienne

Dont Marc-Antoine fut épris

Plus orgueilleuse qu'Agrippine,

Plus lubrique que Messaline,

Plus cruelle queMédicis!

A été réimprimé sous un autre titre. Voyez le numéro suivant.

88

89


C'est ce qui manquait à la collection; à Vienne, en Autriche t?89, in-8", 8 pp. et t feuillet non chiffré. D'après M. Maurice Tourneux, Bibliographie de /tM<o<f </e /'fU' /)en<~a!n< <a Révolution ~'rsny<tMe.j tome IV, p. io3, n" ai,)68.

Les Passe-tems d'~yt<o:'ne«e; Londres, vers tySi. Ce Iit)eUe, dont aucun bibliographe moderne n'a vu ut~ exemplaire, n'est point, toutefois, une fiction. Il en est parlé .souvent sous le titre de Vie de ~ar;e-~ln<o~e«~, et on voit. prétendre, en certain endroit, que les Essais historiques sur la vie de ~<tWe-A~Ot;:e«e, dont j'ai parlé au début de ce livre, et les Pttsse-~ems de ~/a'yi'e-.l7i<oftte«e sont le même ouvrage (i) C'est ce qu'il n'est point permis d'affirmer aujourti'hni. Il est avéré que, vers '?8[, la publication dece pamphlet mit la poliM en émoi. En 178;, le lieutenant de police envoya. a Londres, l'agent Receveur pour en négocier l'achat et la destt'uction (a). Sur cette affaire, Brissot, le futur conventionnel, donne quelques détails, d'autant plus précieux à recueillir que, plus tard, en [78~, il fut lui-même mis à la Bastille, comme l'autour présumé des /'a4'se-<enM d'Antoinette. Ce lui fournit l'occasion de dénoncer le véritable auteur le marquis de Pelleport. « II me parla un jour, dit Brissot, d'une Vie de ~aftf« ~n/o;me<fe, que Reçeveur marchandait; je lui demandai si « elle existait, s'il en était l'auteur? Il me répondit que j'étais <( trop honnête homme pour qu'il put me faire de pareilles « c3nndences, et je ne lui en parlai plus que pour l'engager à n renoncer à ce trafic qui tôt ou tard causerait les malheurs de « sa vie; il rit de ma prédiction, qui ne se vérifia que trop. » De fait, attiré habilement en France, Pelleport fut mis a la Bastille, du 11 juillet 178~ au 3 octobre 1788. Quant aux ~css~fems d'Antoinette, (f j'ai appris, conclut Brissot, que le marché (;) « On a voulu racheter à tout prix un manuscrit intitulé les AMM-<MM <Ma<«t'!e«e. tl est vraisemblabLe que c'est ee que nous « donnons sous nn titre nouveau. » Essais historiques M;' la vie <? ~(trte-jia<of<!e«e d'Aft~'f'c~e, reine de France, pour .Mff~' à <'M!/0(re de ceKepr«teeMe; Londres, 178~, in-t8, p. 5.

(2) La Bastille ft~mMe. 3' livraison, p. 56.

90

91


« ne put se conclure (i). o 11 en résulta que, sous ce titre du moins, le libelle ne passa pas la Manche et échappe aujourd'hui à l'examen de la critique qu'on en pourrait faire. 92

~e/~</< at~<~< de la four; s. L, s. d., in-8", 22 pp. « Rare et curieux, » dit le Ca/a/oyMe de la bibliothèque de Alf. BeyM. 2~ partie, p. & u° xSf). J'ignore ce pamphet.

93

Le petit Charles oM JMed/cf~ jf'<M<Me.

Voyez le nf 8, article Antoinette d'Autriche ou dialogue entre C<!<A?r<;te de ~e~'c~s et ~'fe<<e~on</e.

94

Pleurs et lamentations de ~<tr;'e-.4/!<ot7<e«fj dans la Tour du Temple, demandant à paraître d la &<jtfy'e de la (7o~M7!<f*oK nationale, pour défendre ~on mari; s. I. ~Paris], de l'imprimerie nationale, rue Percée; s. d. [i79z], in-8", 8 pp.

Signé Sylvain. Ironique plaidoyer de Marie-Antoinette en faveur de Louis XVI. Exclusivement politique.

95

Porte-feuille d'un Talon rouge contenant des anecdotes galantes et secrettes de la cour de France; à Paris, de l'imprimerie du comte de Parader, l'an !~8', in-t2, 42 pp.

Sur l'auteur p~sumé de ce libelle, le comte de Parades, le lecteur a trouva des détails plus haut. Quant au pamphlet lui-même, je lui ai consacré des notices qu'on trouvera dans deux de mes précédents travaux sur Marie-Antoinette et sou entourage (a). Je n'ai à signaler ici que les diverses reimpreh(i) J.-P. Brissot, ~ft-mocft. cdit. Perroud, tome r, p. 3so. (z) Cf. Les pamphlets <t6e)'Mn~ contre ~ftt<'te-An<oine«e. pp..toy et saiv. Les NtaM'fBttM lie .Vnrfe-.tf(<OtneKe. )); 261 et suiv. Ce dernier volume contient ta réimpression de la première partie du T'or/eT/'eaMe d'un fM/uH rouge.


sions de l'ouvrage, dont l'édition originale est devenue rare. car Manuel en a noté ta destruction presque complète à la Bastille, le t9 mai 1782 (î). Voici le relevé des réimpressions modernes, devenues elles-mêmes peu communes.

96

Le ~'o/'<e-/eM/~e d'un Talon rouge, réimpression textuelle sur l'édition de 178', suivie d'une note bibliographique Neuchâtel, tSyx, in-t6.

Réimpression de Gay (2), tirée à too exemplaires.

9~

Portefeuille d*;M Talon rouge, contenant des anecdotes galantes et secrettes de la cour de France; Bruxelles, s. d., in-r6, 59 pp.

Réimpression faite par l'éditeur Kistenmaeckers à 5o exemplaires sur papier couleur feu.

98

Le portefeuille c!'n7t Talon rouge, contenant des (tne<dotes galantes et secye<es de la Cour de France; La Journée amoureuse ou les derniers plaisirs de M.Ant. comédie en trois actes, en prose; Paris, s. d. [i()M],in.[3,t7tpp.

L'introduction n'est pas signée. Cet ouvrage forme le septième volume de'la collection Le Coffret du <<<M!OpA//e; pamphlets e/ tableaux de m(Bcrs intimes, tiré à 5o5 exemplaires pour la Bibliothèque des Curieux. C'est l'édition la plus nette et la mieux présentée qui ait paru du /'or'<e~ettt7/<; d'un Talon rouge.

99

Leprix de ces dames et de ces demoiselles.

Ce pamphlet a-t-il jamais paru ? Jal, qui, le premier, l'a signalé, dit ne l'avoir vu qu'une fois. La description, assez (<) Pierre Manuel, La police de Psf~ <MM)j<ee. tome I, p. 3S. (9) Ca<o!o~tte dM Hcres, ~n<MMM<'t<t el a«<o~«p~e: composant la M6/fo<A~ae de feu M. ~o<;Ae<-B<'f-ocAe; Paris, tMz, ia-8', p. 80, n' 753.


sommaire, qu*U en donne fait présumer qu'il était rédigé à la manière de ces petits almanachs scandaleux relatifs aux filles du Palais-Royal (i). Au reste, pour la bio-bibliographie de ce libelle, je suis forcé de m'en tenir uniquement au témoignage de Jal. Contant tes souvenirs de ses années de jeunesse, il mentionne tes maisons amies où il fut reçu lors d'nn séjour à Brest. Parmi ces maisons se trouvait celle de M. Devaux, comman(tant l'artillerie de terre. Je laisse parler Jal <M.Devauxavait « été page chez le duc de Penthièvre (2) avec Florian, puis, attaché avec lui, attaché comme gentilhomme à ce prince bon et spirituel. Il savait toute la chronique du château de « Sceaux, toutes tes anecdotes de la dernière cour, et me les n racontait avec beaucoup de charme. Et puis, it avait deux '< trésors qu'il avait la bonté de m'ouvrir une collection curieuse K de son ami Florian et une bibliothèque remplie de pamphlets n et de livres secrets sur le grand monde de la dernière moitié « du dernier siècle. C'était de quoi me satisfaire. Aussi, que de « bonnes matinées je passai an milieu de ces vers, de cette t< prose, de ces étranges révélations Que de choses nouvelles « pour moi, que de choses incroyables C'est là que je vis un K étrange libelle dont je n'ai jamais pu retrouver un exemplaire Le jRf*c de ces dames et de ceg demotselles. Cet n abominable ouvrage contenait une liste assez longue de toutes les femmes d'une vertu suspecte ou d'une immoralité notoire. « avec les signes, vrais ou faux, particuliers à chacune « d'elles, et le prix insolent attribué à leur possession. La reine, < ce que je ne croirais pas si je ne l'avais vu, la belle, « noble et digne Antoinette figurait en tête de ce catalogue, « grossi des noms des femmes les plus remarquées de la cour. « des bourgeoises les plus jolies, des filles perdues et des actrices compromises, de la plus célèbre à la dernière des « sauteuses de chez Nicolet (3). Ce travail, fruit du loisir de « trois jeunes princes, rebutes, dit-on, par la reine, avait étc <( Imprimé au château de Chantilly et tiré à un très petit nombre d'exemplaires. M. le général Devaux gardait le sien (i) J'ai réimprimé tes plus curieux et les plus typiques de ces pamphlets dans le volume paru à la mi'me librairie Les demo~ef/at [<'aHMMU- du Palais-Royal, Paris, MCMXr, in-8".

(&) Faut-il rappeler ici que le duc de Penthièvre était le beau-père de la princesse de LambaUe, une des premières favorites de ~[arteAntoiMtte ?

(3) « Jean-B. Nicolet avait ouvert, d'abord aux Mres Saint-Germain « et Saint-Laurent, un théâtre qu'il étabUt ensuite sur le boulevard M du Temple, et auquel la comtesse Dubarry avait fait obtenir le « titre de Th&Mre des grands danseurs du Roi. » Note <!<* ~at.


« comme un témoignage de la tacheté de trois gentilshommes « pour lesquels il avait gardé le plus profond mépris. Quand la Restauration fut arrivée, il cacha, brûla peut-être, le peth « livre calomnieux, parce que deux des trots auteurs uvaip~ « leur place auprès du trône (i). x

100

j~e joroc~it de Marie-Anto/nette mise <M c<!r/to< pour tous ses crimes de <eM-~o<f'OK au /)rcM/e/' ~A~y; s. t. Paris], de l'imprimerie de P. Provost, rue Mazarine, n" t709~ s. d. [i79a], in-8", 8 pp.

Pamphlet politique ayant en tête une vignette représentant la guillotine, avec la légende J'attends.

iOi

Procès criminel de ~crt'e-~ln<ot'neMe de Lorraine, ayc/tMMf/tt'Me (!«<r/e/tp, née f< Vienne, le s Mouem&r~ y/~ veuve de ~OM/ Capet, ci-devant roi des Fran;'a! condamnée à mort et exécutée sur la place de la Révolution, le 25° jour de vendémiaire, en vertu d'un jugement rendu par le Tribunal révotutionnaire établi le jo mars pour juger définitivement et sans appel tous les conspirateurs; suivi de son testament et de sa confession dernière à Paris, chez Denné, libraire, Palais de l'Égalité, n~ 94 et 95 la citoyenne Toubon, libraire, sous les galeries du Théâtre de la République, à côté du Passage vitré; Cordier, imprimeur, rue de Sorbonne, dite Neuve Heaurepaire, n'' ~82 l'an deuxième de la R~puMiqw française [170~], in-8", [i6 pp.

C'est le compte rendu du procès de la Reine, .~vec un tronti'pice représentant la condamnée sur t'échafaud, accompagne de cette légende

.t;fM'f!<<e h~'i~He, ainsi firH~ .'</<*M(!e,

l'our prfx de <esyo~<MVsyaj/;)e la ~M/o</<;e.

).Vo/c'~HeMo?: /!yeh';M//)affe, pp. 3-8. constitue par sa vi) u)cnce injurieuse un vëntatMe pamph]et. ii en est de mcme del.t (J) A..M, A'om'ett~ f/'M') /;omme f/e ;<'«<-('.< pp-:)!H.


Co~e~/fM: et du Testament, annoncés sur le titre, qui manquent a tous les exemplaires que j'ai vus du Procès criminel, et qui ont fait l'objet d'une publication particulière, déeriie plus haut, 33.

102

Le procès de JMarM-~4n<ot/!C«e mise au ese/to~ ~oH/' tous ses crimes de lèse-nation au premier chef; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de Provost; s. d. [i~3], in-8", 8pp.

M. Tourneux, Bibliographie de l'histoire de Paris joMt<(M<~ la ~tto<ch'o<t~'fanf<!Hfe. tome I, p. 3~5, rnc ~t56.

103

.Pf~/M-M!; s. 1. [Paris] s. d. [t~Ot], in-8", 8 pp. Signé Valette. Le titre de départ port& Un TtomaM aux; français. Contient une sanglante apostrophe à la Reine: « Que « l'Autrichienne, cette rivale des Faustines, des Messalines, qui « souilla le Trône et les Lys, qui joint a l'orgueil des Agrip« pines l'avidité des Laïs, et qui est un des principaux auteurs « des maux qui vous affligent, que l'Autrichienne, dis-je, soit « enfermée pour le reste de ses jours, etqu'elle n'ait la moindre « communication au dehors. »

104

La Purification de J~tf-M-.t~~oMe~: Imprimerie royale; s. d., in-i8.

« Pamphlet en vers dont je n'ai pu voir un exemplaire et « que je n'ai tronvc cM qu'au catalogue de la vente Jérôme « Bignon (t848), nt 2607. » M. Tourneux, Bibliographie </f /t~o/~e de Paris pendant la Révolution française. tome IV, p. io8, u" 2<if)6.

105

Que yeron~-TtOH. de Marie-Antoinette qui, son.! doute, inspire f! ~o/t~h dans la prison dM Temple la haine et /f< ~MreHr qui la transportent contre le Peuple Français: et elle lui /'e7td les honneurs qu'elle croit devoir il Louis .YFTy; s. I. [Paris], de l'imprimerie de Feret, rue du


Marché-Palu, vis-à-vis celle Notre-Dame; s. d. [t7a3j, in-8", 8 pp.

Signé Par un urat républicain. Libelle politique que j'ai réimprimé textuellement dans mon volume Les prisons de /<t~epo/t<</o< pp. 175-180.

106

La Reine dévoilée ou supplément au mémoire de Mde la comtesse de Valois de la Motte; imprimé à Londres, 1789, in-8", t44 PP.

Épigraphe « Dis les malheurs des peuples et les fautes des « princes. » Voltaire. Ilecueil de lettres galantes et politiques apocryphes, qui montrent Marie-Antoinette sous un jour naturellement peu avantageux. Une phrase de la préface parait t en attribuer la publication à Mme de la Motte. « La personne qui a recueilli ces lettres et qui les publie a commencé par être mise dans la confidence des intrigues qu'on va lire elle a fini ensuite par être la victime du pouvoir absolu dont elle avait favorisé les vices. » Un personnage a, cependant, réclamé la paternité de ce pamphlet. « Qu'on ouvre une brochure, écri« vait-il en 1794; connue de toute la France, et intitulée La <t reine dévoilée, et on y verra avec quel mépris j'y parlais de « cette femme dont les vices et les crimes ont si longtemps « fait le malheur de mon pays. Cet ouvrage, quoique auo« nyme, m'appartient; il fut imprimé à Niort, chez Lefranc, et « cent témoius constateront que j'en suis l'auteur (t)t » Il s'appelait Piet-ChambeIle et, en 1701, rédigeait les Afflchespatriotiques du département des Deux-Sèvres. En 1794, il était ordonnateur à l'armée de l'Ouest. L'Empire en fit un inspecteur aux revues. Je le trouve, en î8oE, véuérable de la log<* maçonnique La Vraie ~armoftfe, battant maillet à l'orient de Poitiers (2). C'est là tout ce que je sa! de lui. Son libelle est moins violent qu'il l'assure. 11 est plus perfide dans la diffamation que grossier et nullement obscène. Il n'a été réimprime à Paris qu'en contrefaçon. Voyez le numéro suivant. (i) Fiet-ChambeUe, Mémoire, s. d., ;794, in-S°, p. t9. Cf. mon volume Les Pamphlets libertins con~'e Marie-Antoinette. p. ti<. (~) Calendrier maçonnique à l'usage des loges de la correspondance da G. 0. ~e France, pour ~'aH de la 5~y,' Paris, s. d. [t8o6], In-x2, p. zm.


107

Correspondance de la Reine avec d'illustres personnages s. 1. [Paria], 1790, petit in-ta, 06 pp.

Le texte de cette édition ne ditfere de la précédente que par l'adjonction d'une lettre de Marie-Antoinette au comte d'Artois, suivie de la réponse de rebli-ci,

108

jRcKd~fOH.! tenus régulièrement e/tff la Reine par l'abbé ~M(tN/ Carct~, FoHca««. [Parisi [[~SQ ?], ia-8", 8 pp.

Ca~a<o~«e de la bibliothèque de M..4if. Regis. ze partie, p. 54, a" 3o~.

109

Reprocltes t~M en/cHx ci-devant ro~atm fi leurs père et mère sur l'abolitian de la ~oya~/f't France, décrétée par /a! représentation du peuple souverain à la Coftoe/ttion nationale, et ~foc!f!Mee par la CoMMM/te de 7'<n'M; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de P. Provost de la rue Mazarine, u" ~a s. d. *79a], in-8", 8 pp.

Dialogue dans lequel Louis XVI et le Dauphin reprochent à Marie-Antoinette d'avoir perdu la royauté par ses outrages Ma nation, Ce même pamphlet a eu deux .mtt'M cdMioM. Voyez les deax numéros suivants,

110

Les grands y'fp/'ocA~ des enfans ci-devant royatta? à leurspère ~< mère, sur l'abolition de la Royautéen France, faite par la représentation du Peuple souverain à Convention nationale; s. t. [Paris], de l'imprimerie de ta Liberté, rue Mazarine, n" 92; s. d. [t793], in-S", 8 pp. 111

T~jrocAM des en/aM ci-devant royaux a leurs père et /Here, sur l'abolition de la Royauté en France, décrétée /)Ctr/ay<YjrMen<(t</onda peuple souverain ci la Conven-


<<*oM /!a<KMa~* et ~yoc/H/n~ par la Commune de Paris, suivi d'un d/a/o~He entre P. Manuel et le ci-devant roi Zottt'~ XVI; à Paris, de l'imprimerie de Couriet; a. d. [1792], in-S", 8 pp.

Édition suivie de quelques détails sur les habitudes du Roi ;[ la Tour du Temple.

112

Républicains, .fyt</Mo<<'ne~-7):o<'ceye~yt-/bM<fe de ~oH/.s .Y~/e< ce«f~!t<(t;t de J~ar/e-~<ot'n~«e~ <<ct' à yHa:<rf; jours, si vous fou~ avoir du pain, el foH~ depHfe'6 royalistes, lisez-moi et écoutes mes conseils, ou sinon fto/M serez Mf'ooMrc/; s. L [Paris], de l'imprimerie de la République, rue de l'Ëg'aHtë, ti* 12; s. d. [T7f)3], in-8", 8pp.

Lu titre de départ porte par u~ cc'yM/H~sa/7'~ neî~f'o~a' La fiu du texM est signée par H~ uy'<!< républicain, vrai ~«~/o/c, vrai sans-culotte. Le titre de ce pamphlet est un exact résunn! de ses paragraphes virulents. Un d'eux~ est consacré à la « princesse l'ascive (sic) et perverse », que le « commissairc national )) vitupère eu ces termes « Et toi, tubrique <( Antoinette, femme plus odieuse et plus scélérate que les <t Médicis, que les Messalines, n'espère point echupper à la vciigeance du dieu de l'Acherou. Tu viendras errer des siècles « sur les bordh du Stix. avec tes criminelles favorites et tes K lâches amants. Les Poiiguac, les Qotg'uis, te précéderont dans « l'infernni manoiro, ainsi que tous ceux qui auront assonvi « tes sales cupidités. Tu rendras compte des trésors delà France que la as prodigue a ton ambitieux frère, qui déjà gémit « sur les rives du 'Kuare; la guillotiue est la rccompeuse que tu as mérite- »

113

Semonce de la 7<et'ne; s. I. [Paris], s. d. [17') 1-1702], m-8", 8pp.

J'ai. en tête de la réimpression de ce pamphlet dans mon volume Les ;no<'<t' de ~/<ft'fe-.4n/o<'«'K' p. 2~, place une notice bibliographique, a laquelle je renvoie le lecteur. Une autre réimpression en a été faite par tL Jean Hervez, dans Les 6ra<a;es it la cour de Louis ~W/ pp. i<)4 st suiv.


SOIRÉES AMOUREUSES DU GÉNÉRAL MOTTIER ET

DE LA BELLE ANTOINETTE. Parle PETIT ÉPAGNNUI. DE L'AUTRICHIENNE. Périssent ces beaates aux empires fatates,

Qui des nobles vertus indignement rivales. Plongent les jours des rois dans i'oubU HëttMMnt, Et n'osent s'illustrer qu'en les avilissant.

Bms&ts, acte III, scène VJ.

Par PoiNiiNBT DA StYM.

A PERSE PO LIS,

'A renseigne de t'Astuee et de )a Vertu <i~a!!sëe. 179°-



il4

Soirées amoureuses (lu général Mottier e< de la belle Antoinette, par le petit épagneul de l'Autrichienne; à Persépolis, à renseigne de l'Astuce et de la Vertu délaissée; i~So, in-S", 32 pp.

L'épigraphe se compose de quatre vers tirés de l'acte H), scène Vf, de la BWs~ de Poinsinet de Sivry. L'ouvrage, divisé en trois soirées, se termine par cet avis de l'éditeur « Ces trois premières soirées ne sont que le préambule des « grands secrets, qui seront révélés dans les suivantes, et des « tableaux piquants qu'eues offriront si elles plaisent au « public, nous lui donnerons incessamment la quatrième, la « cinquième et les autres de suite. )) Le goût du public n'a point dû être flatté à l'extrême par ces trois soirées du début, car des autres promises, rien n'a paru. Sur son rôle auprès de la reine, voici comment s'explique l'indiscret épagneul « Sans cesse sur les genoux, dans les bras, dans la couche « voluptueuse de la vive Antoinette, plus heureux que le cigne « de Leda, que la pluie d'or de Danaé et que le satyre « d'Antiope, je godtois des plaisirs que tous les dieux de la « fable m'eussent enviés combien de grands, de princes et de « rois eussent voulu être à ma place! Que de baisers bttHans! « que d'extases ravissantes! quelles délices inexprimables « j'éprouvois et je faisois éprouver Que l'homme est aveugle <t et fou dans son orgueil lorsqu'il nous refuse une âme! Oh! <t que nous pourrions bien prouver l'injustice et l'absurdité de « ce système Quand ma langue parcouroit les secrets appas Il de la reine des François qui, nue, aurait disputé la pomme « à celle de Gnide; quand mes regards avidement curieux « dévoroient chaque endroit de ce beau corps ou, transporté, « j'aimois tant à multiplier mes hommages quand, enfin, je « voyois son sein palpitant du plaisir dont mes caresses inon« doient ses sens, et ses yeux chargés de cette aimable rosée « que la volupté y répandoit, me prouver que la jouissance « qu'elle goûtoit étoit mon ouvrage alors, mon cher Constituit tionnet (i), alors avec quel transport je sentois que les hommes se trompent et que nous avons une âme qui vaut « bien celle dont ils sont si vains; c'étoit cette âme qui me <t faisoit nager en des torrens d'ivresse; c'étoit cette âme, « enflammée par le délire le plus ardent, qui erroit, tantôt sur (t) C'est te nom du chien de M°" de Lameth, auquel l'épagneul conte sa bonne et amoureuse fortune.


« tes lèvres, tantôt sur la gorge, tantôt sur la cuisse, tantôt. « Je brûle, mon ami, je brûle à ce souvenir plein d'attraits, <t un trouble impérieux maîtrise toutes mes facultés. Je suis « hors d'état pour achever ce tableau, mais je ne le suis pas « pour le sentir » C'est par La Fayette que l'épagneut est supplante. La jalousie seule, sans doute, lui fait dire que le général « vit la terre promise et n'y put rentrer ». Sur cette défaite se clôt la troisième soirée. Le tout a été réimprimé par Uay. Voyez le numéro suivant.

115

Soirées amoureuses du général ~o«w et de la belle ~tn<0!'ne«e,.pièce révolutionnaire réimprimée textuellement d'après L'édition originale et rarissime de t~9o; Neuchâtel, 1872. in-i6.

Tiré & 100 exemplaires.

116

Suite de Louis XVI et Antoinette traités comme ils le méritent.

Voyez le no Si article Louis XVI et ~/ar;e-Att<o<neMc traités comme ils le méritent.

in

Tels gens, tel e~ic~Mj!; s. ). [Parts], s. d. [t?89], in-8", ~7PP-

Cette brochure est reliée, dans l'exemplaire de la Bibliothèque national (Lb~ 255o) à ia suite d'une manière de petit journal dont elle parait la Continuation Le Con./Men< pstriote ou repe~i'ort aussi utile <ys~f<<eresMM~e de tout ce '/«< se passe, dans le mystère, <t la Cour, ft l'Assemblée nationale, <t <c~f<e-V;Y~ de Paris et dans /OHS les pa~ qu'habitent les ennemis de la M6er<ey'r<!<!po<se; s. 1. [Paris], de l'imprimerie des Amis de la liberté, et se trouve au pays des bon (sic) Patriotes, à l'enseigne de la Sincérité; t~So, tn-8", 8 pp. Dans l'un comme dans l'autre de ces libelles, MarieAntoinette est violemment maltraitée. Le dernier écrit sur elle « François 1 vous étiez digne d'une meilleure R.c; n'espérez pas adoucir le cœur de cette farouche Allemande; non, la chose est impossible; J'aimerois mieux avoir à combattre la férocité d'un tigre ou d'une lionne à qui j'aurois enlevé ses


petits, qn'a me mettre en garde contre la vengeance d'une femme que je n'aurois pas m~me offensée, mais à qui j'aurnis eu le malheur de ne pas plaire. »

118

La tentation at'A)t<oi'ftf«e et de son cochon dans la Tourdu Temple; s. 1. [Paris!, de l'imprimerie du Journal (<;< soir, rue de Chartres; s. d. [t~oa], in-8°, 8 pp. Petit libelle et qtmsi incompréhensible, qui se termine par différents couplets. Le dernier est dénué de mansuétude pour la Reine. C'est le roi qui chante sur un air connu Antoinette est la seule

0m ~rat)« mon poM~OH'.

~CMr~/tM/ la bégueule

,S"M /~te«r/ <?e désespoir.

L'espérance sournoise

Toujours la f/'o/Kper~

La liberté ~fan~oMe

~itMta~ ne périra.

119

Testament de ~a;e-~<ot'/te«e t!H<y!'cA~ ci-devant reine de France, fait et rédigé dans son cabinet « Saint-Cloud; s.. 1. [Paris], de l'imprimerie Legros, rue Saint-Jacques; s. d. t~go], in-S", 8 pp.

Réimprimé par R. Veœ, Les Galanteries à la Cour cfe Louis ~YV/ pp. zoj et sutv.

120

Têtes fi ~rm suivi de la liste de toutes les personnes avec ~<yM<<M/a: /!<<c a en des liaisons de tlébauches; par ordre exprf~ de l'Assemblée des FeuiUans; à Paris, de l'imprimerie de Pierre-Sans-Peur, rue de la Reine i!lanche, faux-bourg Saint-Marceau i~Ba, in-S", 28 pp. L'arttcte que consacre cette brochure à la reine est bref « M~ME-ANTOtNETTE D'AufMCHE reine de France. Mauvaise « fille, mauvaise épouse, mauvaise reine, mauvaise mère. )) Injures bénignes quand on les compare à celles que nous avons dejn eu l'occasion de signaler! La liste des amants et


maîtresses de Marie-Antoinette qui clôt le libelle est bien connue, quasi classique, et a été de nombreuses fois réimprimée. Voyez le numéro suivant.

121

Têtes y~y/.c et liste de toules les personnes avec &)!quelles la. Reine a eu des liaisons de débauche, suivi d'une antre pièce révolutionnaire intitulée 7)Mc~<ption.de la ménagerie d'animaux u/uon~; avec notice bibliographique; Neuchâtel, mars :874) pet. in-r~. Réimpression de Gay à 100 exemplaires.

122

Vaudeville curieux de la comédie du Bordel national.

Voyez le n" ]' article Bordel national.

123

Vente nationale de la ménagerie /'oya<e, de tous les animaux vivans et bêtes féroces établie aux TVM/Mer/cs conformément aux décrets qui ordonnent la vente des biens 7t<j!</o/ict<M' o/t ea:po~frs sous huitaine les animaux de la ménagerie de Versailles tranférée aux 7'~tft<~er:es (sic); s. 1. [Paris~, de l'imprimerie des Patriotes; s. d. ~792],in-8°,8pp.

Signé Zt<!ft<ct//e. Pamphlet rédige sur le modèle de la Citasse aHa* <<M j')«OH<e~ cité plus haut (no 28}. Mais ici, l'article consacré à Marie-Antoinette est plus agressif et plus grossier encore. Il est de même plus important. Je le donne ici in extenso, puisqu'il motive ta citation de la brochure où il parut.

LA FEMmj-E nu ROYAr.-YMO

« Les plus grands naturalistes depuis Pline, Jusqu'à Buffon < et d'Aubanton, ont fait les plus exactes recherches sur les « caractères des animaux féroces. Pline attribue l'humeur sanu guinaire du tygre à sa soif continuelle, comme l'ardeur (sic) « désagréable du bouc provient et du serré de sou poil et de « son tempérament lubrique; ce dernier animal semble avoir « communiqué et sa puanteur et ses passions chaudes à la <' femelle du Royal-Veto.


« Ce monstre, que nous décrivons, a été trouvé dans la « garde-robe de limpératriee Marie-Thérèse, Il Vienne. On ne « sait point précisément de quels animaux elle provient. Les n uns prétendent qu'elle est née d'une Hyanne et d'un Tygre <( d'autres qu'elle eut pour père un Taureau et pour mère une « Guenon de la grande espèce, appelée les Mandrilles; mais <t quelle que soit son origine, cet animal est très curieux. 11 « est d'une grande taille, roux de tout poil; il a une fort belle « crinière, le front large et élevé, le nez aquilin,les yeux bleus, « la gueule ordinaire, il tient de l'homme des bois, par la « figure; comme le mâle, il n'a point de queue, mais il sup<t plée au défaut de la nature, en adoptant indifféremment « toutes celles qu'on lui présente. Il a le regard et le port inso« lent, ou négligé et lascif.

« On le fit venir de Vienne, sous le règne de Louis Quinze, <t pour l'accoupler avec le Royal-Veto. Soit impuissance, soit <t défaut de chaleur, on incompatibilité de nature ou d'espèce, « le Veto ne fit rien; cependant un Dogue allemand avait, à « Vienne, couvert la femelle.

« On prit le parti de la làcher dans les bois de Versailles <t avec son mâle et plusieurs autres animaux. elle fut bientôt « pleine, et mit bas trois êtres, dont le premier fut empoi« sonné. 11 était contre-fait, mais il annonçait trop de dou« ceur; peut-être l'aurait-on dressé à être utile a l'homme <( mais on le tua. et ce qu'il y a de remarquable, c'est que ce « malheureux animal fut abandonné de sa mère quand sa « maladie devint sérieuse.

« Marie-Antoinette, c'est ainsi qu'on nomme ce monstre, n'a « donc que des vices et aucune vertu. Elle atme le sang et ne « cesse d'occuper toutes les bêtes qu'elle s'approprie, a lui pro« curer de la chair humaine. On pourrait lui mettre une muse« lière et l'apprivoiser, en suivant cette méthode vingt coups « d'étrivières par heure, du pain, de l'eau, et un peu de gras« double.

« 11 ne faudrait pas s'arrêter à une ruse qu'elle met en usage « toutes les fois qu'elle se voit menacée, ou qu'elle sent qu'elle « fait mal; elle prend son fils entre ses pattes et le présente « il faut alors ménager le petit, frapper sur la mère, jusqu'à « tems qu'elle puisse devenir plus tranquille. »

Les autres articles sont consacrés an Royal-Veto, bête au « mufle rouge », aux « yeux bêtes o, aux « bajoues pendantes », au Deiphinns, « jeune animal qui a quelque chose d'intéres« sant et de prévenant en sa faveur »; à Madame Royale, qui « annonce tous les vices de sa mcre e à Victoire et Adélaïde Veto, tantes du Roi, « deux vieilles bêtes » & Elisabeth Veto,


« femelle aussi méchante que jolie », et enfin au comte de Provence, « horrible bête qui tient du bœuf, du rhinocéros, du loup et de l'hyène. 11 est difficile d'accumuler en moins de pages autant de virulentes injures.

124

Vie (<e Marie-Antoinette d*AM<o/ femme du dernier tyran des ~ronfat~, depuis son a~'r/ft'e en France ,/aï~M'd sa mort; ornée de gravures; Paris, Maison Égalité, seconde année de la République, 4 parties en 3 tomes in-I8.

Je n'ai point vu ce pamphlet. D'après M. Maurice Tourneux, /MMmy;'apA!<' de l'histoire de Paris pe;t(<on< /e[ /Mt«~M<<M) T'ampa/se. tome IV, p. ()t, n" aïoa~, j'en donne ici la description.

Tome I, f. et j3o pp.; tome )t, t f. et <3o pp. tome 1II, 11. f. et i38 pp. Chaque tome a un frontispice portrait de la reine. la reine devant le tribunal révolutionnaire, la reine sur l'échafaud. « Parmi les témoins à charge du procès d'Hébert, ajoute « M. Tourneux, figure une femme Dubois, née Quingrez, qui <( tenait, boulevard du Temple, un cabinet de lecture et une « officine de pamphlets. Dans sa déposition, faite en l'absence « ou peut-être après la mort du véritable intéressé, elle désigne « comme victime des escroqueries d'Hébert, un citoyen Boisset, « son pensionnaire N, qui travaillait (en 1790) à Tine t~'e de fc ~arte-~n~Oi'fteMf. Ce publiciste, demeuré tout à fait obscur, qu'il ne faut pas confondre avec Joseph-Antoine Boisset. '( député de la DrAme la Convention nationale, est très pro<t bablement l'auteur du libelle décrit ici et qui a été parfois <t attribué à Hébert lui-même. »

125

Vie privée, MM'r<tf f< .<ca/tt<<t~!Me de ~<tffe-.4/)<o/nette.

Voyez le no 3.'); article La cour de ~OH~ A')'V f/ft)0/ 126

Le ;)/'a< caractère de ~/6t/e-A~<o/neMe; s. 1. [Paris], de l'imprimerie de Momoro, premier imprimeur de la liberté nationale, rue de la Harpe; s. d. [1792], in-8°, 8 pp. Pamphlet donnant d'ironiques conseils à la reinf.


Voici le complément indispensable a )a bibliographie des pamphlets contre la Reine. Sans doute, ce ne sont point des libelles au sens propre que le bibliographe doit attacher il ce mot, mais, constituant un ensemble, sous un titre diu'érCnt il chaque fois, ils peuvent être signalés ici comme doctunents complémentaires. Plus haut nous avons vu le scandale que créaient ces feuilles d'Hébert parmi des passants bien intentionnés et les désagréments qui en résultaient quelquefois pour le rédacteur. Plus tard, la Terreur venue, les plaignants seront les agents de la police secrète, qui signaleront les « termes durs )) de certains titres du ffre Duchesne. Leur oreille Jacobine en était souventes fois outragée. On en jugera d'après les numéros suivants, que je relève dans le bon travail de Brunet (i), et dont les quelques lignes de titre constituent a elles seules le délit d'outrage à la majesté de la relue et à ta pudeur de la femme. Ciairs et nets, ils se peuvent passer d'observations explicatives.

1

Le Père Duchesne à la toilette de la Reine ou détail des vérités qu'il lui a apprises, et les bons conseils qu'il lui a donnés.

Numéro du journal d'Ilébert non chiure

2

Les bons avis du Père Duchesne à la femme du Roi et sa grande colère contre tes jeau-foutres qui lui conseillent de partir et d'enlever le Dauphin.

No 36 du journal.

(t) Chartes Brunet, Le « Pere Duchesne » d'~feter< p(M~M.


3

Entretien bougrement intéressant du Père Duchesne avec la femme du Roi au sujet de la Constitution sa grande colère contre tes jean-foutres qui l'engagent M foutre la France sens-dessus dessous.

N" 71 du journal.

4

Le téte-à-téte du Père Duchesne avec la Reine, dans lequel elle lui a découvert ses plus secrètes pensées et sa satisfaction de toutes tes marques de respect et d'attachement que tous tes Français donnent maintenant au roi et à sa famille.

K" 80 du journal.

5

Grande colère du Père Duchesne et sa démission de la place de ministre des affaires étrangères que le Roi lui avait donnée; sa grande dispute avec la femme du roi, parce qu'il a voulu l'empêcher de se mêler des affaires de l'État, et l'avertissement qu'il donne à tous les bons citoyens de se tenir sur leurs gardes, à cause du coup de chien qui se prépare.

No 93 du journal.

6

Grande colère du Père Duchesne contre tous les coups de chien que Monsieur et Madame Veto préparent à lanation, et la conspiration du ministre, des marchands de sucre et des accapareurs contre t'Assemblée nationale. Na ioy du journal.

7

La visite du Père Duchesne au Roi pour lui faire sanctionner le décret qui confisque les biens des émigrants; sa grande colère contre Madame Veto qui voulait encore


envoyer le décret à l'épicier d'André pour envelopper son poivre.

N°uodujo)H'naL

8

Grande colère duPèreDuchesnecontreMadame Veto qui lui a offert une pension sur la liste civile, pour endormir le peuple et le tromper, afin de rétablir la noblesse et de ramener l'ancien régime.

K" n5 du journal.

9

L'arrestation du Père Duchesne par les ordres de Madame Veto; son procès et son interrogatoire devant le juge Brid'oison; sa grande joie d'avoir vu tous les sansculottes prendre sa défense et s'armer de leurs piques pour le délivrer des griffes des mouchards; grand jugement par lequel il est reconnu un brave bougre et qui ordonne de lui rendre la liberté.

N" 116 du journal. C'est dans ce numéro qu'Hébert raconte la saisie de son no n5. Sur cette affaire, voyez plus haut les détails que je donne d'après le procès-verbal découvert pin Ht'unet.

10

La grande joie du Père Duchesne d'avoir fait mettre les ponces à Madame Veto, dans une visite secrète qu'elle lui a rendue, pour faire sa paix avec lui, en lui présentant deux ministres jacobins les bons avis qu'il lui a donnés pour l'engager à vivre, si elle peut, en honnête femme., et ne plus foutre son nez dans les affaires de l'État. N"i[9dujournat.

n

Les grands préparatifs du Père Duchesne pour recevoir les Suisses de Château-Vieux la grande ribotte qu'il leur prépare pour tes consoler de tous tes tourments qu'ils ont endure pour la liberté sa grande joie de voir


Madame Vetomangerdufromagelejouroù ces braves bougres seront conduits en triomphe dans Paris; invitation A tous les sans-culottes, à tous les bonnets de laine, à l'armée des piques de profiter de cette occasion pour l' purifier le Champ-de-Mars.

K" 120 du journa].

12

La grande colère du Père Duchesne contre les valets et les mouchards de Mme Veto, qui veulent empêcher la fête que les bons citoyens préparent pour recevoir les Suisses de Château-Vieux sa grande consigne à tous les sansculottes pour qu'ils aigrissent leurs piques pour foutre le Tour aux aristocrates qui veulent troubler cette fête.

Ko 122 du journal.

13

Oui, foutre, ça ira ou la réception du Pfre Duchesne aux soldats de Château-Vieux; la grande ribotte qu'ils ont faite ensemble au faubourg Saint~Antoine; l'ordre qu'il a donne de fabriquer dix milles piques d'une nouvelle forme pour foutre le tour aux mouchards de Madame Veto et aux aristocrates qui se disposent à troubler la fête que le peuple prépare, et qui aura lieu malgro la liste civile et les fripons qu'elle soudoie.

Ko ts~ du journal.

14

La grande joie du Père Duchesne d'avoir donné un pied de nez à tous les jean-foutres qui voulaient empêcher la fête des soldats de Château-Vieux; sa grande ribotte avec tous les braves sans-culottes; son déguisement en médecin pour aller rendre visite à Madame Veto, qui se mourait d'une indigestion pour avoir trop mangé de fromage; sa grande colère en voyant les mines allongées de tous les viédasses qui l'entouraient, et qui lui


conseillaient, pour se guérir, d'aller prendre l'air de Montmedi.

No ta5 du journal.

15

Le Réveil-matin du Père Duchesne ou sa grande colère de voir les patriotes les bras croisés, quand les jeanfoutres de feuillants, d'accord avec Madame Veto, veulent renverser la Constitution, et font arrêter les meilleurs citoyens par une bande de mouchards et de scélérats qu'ils soudoient.

~<" t34 du journal.

16

La promenade du Père Duchesne à Bagatelle pour s'informer du comité autrichien sa rencontre avec Madame Veto qui lui a fait sa confession générale, et dit son MM calpa d'avoir manqué le fameux coup de chien qu'elle nous préparait; nouvelle conspiration des feuillants et des aristocrates pour mettre Paris aux abois par la famine et la guerre civile.

?<" i36 du journal.

n

Le déménagement du comité autrichien ou la grande colère du Père Duchesne en faisant la conduite de Grenoble aux feuillants, aux aristocrates, à tous les jeanfoutres qui conspiraient contre le peuple, et qui voulaient égorger tous les bons citoyens; sa grande joie en voyant les pleurs et les lamentations de Madame Veto, lorsqu'on a arrêté le chef de ses mouchards.

?<" i38 du journal.

18

La grande colère du Père Duchesne contre Madame Veto qui a fait rafle de tous les ministres patriotes et qui se prépare à aller prendre l'air de Montmédi avec Dumouriez les bons avis du Père Duchesne à l'Assemblée


nationale pour faire rebrousser chemin à la daronne et renvoyer à Orléans, avec tous les traîtres et tes ennemis du peuple.

Jft~Sdijourua).

i9

La grande colère du Père Duchesne contre le foutu Capon qui a assassiné le brave Grangeneuve; sa grande visite à la tête de braves sans-culottes, pour savoir de ses nouvelles; leur entretien bougrement patriotique, et le grand serment du Père Duchesne de servir de sentinelle à tous les députes patriotes auxquels Madame Veto et les aristocrates veulent faire passer te goût du pain. N" i4A du journa.t

20

La grande joie du Père Duchesne de ce que t'Assemblée nationale a fait mettre les pouces à Madame Veto et au comité autrichien et qu'à leur barbe et à leur nez tous nos lurons des départements vont arriver pour ta fédération sa grande colère contre le général Courbette et son compagnon Lameth, qui s'entendent comme larrons en foire avec les Autrichiens, et qui ont saigné du nez quand il a fallu se donner un coup de peigne. Son départ pour les frontières à la tête des braves sans-culottes, pour venger l'honneur de la nation, et tirer vengeance des jean-foutres qui ont mis le feu à Courtray. N" t6o du journal.

21

La grande colère du Père Duchesne en apprenant la conspiration du comité Autrichien, pour amener le Roi à Rouen et y établir les deux chambres; son départ à la tête des fédères et des braves sans-culottes pour empêcher les manigances de Madame Veto, en foutant le tour aux Autrichiens, aux Prusoiens et au général Courbette. N" 157 du journal.


La grande colère du Père Duchesne au sujet des insultes qui ont été faites aux braves Marseillais par les valets de Madame Veto; sa grande joie de ce qu'ils ont fait mettre les pouces aux grenadiers de la Vierge Marie, qui veulent exciter la guerre civile dans Paris, afin de faire partir Monsieur et Madame Veto. et de les conduire avec les vétotiers de t'Assemblée nationale dans la ville de Rouen.

No t5<) du journal.

La grande colère du Père Duchesne de voir que le savon de ta blanchisseuse autrichienne a rendu le traître Blondinet (t) aussi blanc que la neige; ses bons avis aux braves bougres de l'Assemblée nationale pour qu'ils montrent les dents aux royalistes et aux Feuillants, et les empêchent de laver la race Veto avec une semblable lessive.

No 162 du journal.

Le Père Duchesne nommé gardien de la Tour du Temple pour surveiller la ménagerie royale; sa grande colère contre la femme Capet qui voulait se faire enlever avec le gros Louis, par Lafayette et les chevaliers du poignard, pour aller prendre possession du royaume de Coblentz; aa grande joie de ce que la municipalité a fait rafle de toutes les coquines qui entouraient Madame Veto, qui ne peut plus conspirer maintenant qu'avec les chauves-souris.

No ]64 du journal.

La grande colère du Père Duchesne après avoir entendu le roi de Coblentz et sa femme méditer de nou(<) Le général Lafayette.

22

23

24

25


veaux coups de chien pour assiéger Paris et le réduire a la famine; sa grande dispute avec la femme Capet, qui se vente d'avoir sous peu de temps la clef des champs, de faire livrer toutes les villes frontières comme cette de Longwy, et d'empêcher là Convention nationale de s'assembler.

f!° )66 du journa).

· 26

La grande colère du Père Duchesne de ce que le jugement de t'ogre Capet s'en va en eau de boudin; sa grande visite & la Tour du Temple,* pour mettre ordre dans les dépenses, de, la ménagerie, sa grande joie d'avoir vu Veto en pamoison lorsqu'on lui a annonce t'tmtienne de la suppression de la royauté,

!<c ]?3 du journal.

2'l

La grande joie du Père Duohesne de voir que ta Convention nationale va, sous peu de jours, charger le citoyen Samson de travailter la marchandise de l'ivrogne Capet et de la guenon d'Autriche ses bons avis à la nation pour qu'elle se débarrasse du petit louveteau qui est né de ce vilain couple.

No t8o du ~nm'no).

28

La grande joie du Père Duchesne au sujet d& la prise de Bruxelles; ses bons avis aux braves sans-culottes pour qu'ils foutent le tour aux Autrichiens du dedans, tandis que nos braves volontaires font danser la carmagnole à ceux du dehors sa grande dénonciation contre une bande d'aristocrates qui a pour chef l'empoisonneur Figaro, et qui veut remettre sur le trône le petit avorton, ci-devant dauphin royal, arlequin cousu tie pièces et de morceaux, dont la mère ne com)a!t pas le père. 'S° tf)! du journal.


M Il

La ratifie colère du Père Duchesne d'entt~dpe'dtfc à tous les coins de rues que le cochon du Temple est sur la litière, qu'il a pris un bouillon de pape, tandis qu'il boit, mange et ronfle comme de coutume; son déguisement eu médecin pour aller tater te pouls A l'Autrichienne, et lui tirer les vers du nez; leur entretien secret, dans lequel le gros ivrogne et sa femme lui ont fait connattre la véritable cause de leur mal. /<i. K" tj)''fttt.joKt'~a). ..30, La grande confession de la femme Capet~au Père DactMsne qui lui a fait dire ses gros et ses petits .péchés sans lui donner l'absolution sa grande joie, d'&war entendu en secret ses lamentations, tandis tnt'auvis*vis de ceux qui l'environnent elle fait contre fortune bon cceur.

N<* r~ du jom'ii<)!.

31

La grande colère du Père Duchesne après avoir ententlu l'interrogatoire de rivrogTM Capet et les r~pon~a~de normand qu'il a faites à la Convention ta. grande désolation de l'AutriolMenne eu songeant qu'on va raccourcir son gros cocu, et qu'autant lui pend a t'or.eiUe testament du ci-devant roi et les dons qu'il fait an~ aristocrates. aux feuillants, aux Brissotins et même Mu Père Duchesne. 200 dtt journal.

.32

La grande colère du Père Duchesne en apprenant le mariage du pape avec la Yeuve.Capet et celu~ dn.M~isIateur Manuel avec la Babet gros cul, soeur de,Lou}& te guillotiné; sa grande joie de voir que tons les brjgan.ds couronnés qui se préparent fondre sur la France, jouen.t


r ADDITION

Je prie le lecteur <)n vouloir Lien httercater entre les n"' Cfî et ~7 de cette.biMtOgrapt'ie ic pamphtct suivant, que je n'ai retrouvé <im' pen~aDi ta co?'reetton des épreuves d)' m~u vo~mc

67

~~eaft'o<e de la France ou le <<f'p!t<~f<H<y;c/t<en; s. 1. [P~risi, octobre t?89, in~°, t6 pp.

P~mph~t <modmt'AMembtM n.ttion.dG, ta Cour, les ministres et 1:1 municipHtits sont pris a partie en m~me teT~p!qne la Reine.

rE'


Pages

introduction. < < PR~MÈRE PARTfE

pa!m/)/t/< la police et ~Mf~ ro/M~/t~ co~î~M~. 1

f.'JMROm'~Bt.EPAMPB~ET

Sur quoi se basent tes prenttères attaques contre ~tarteAntoiuette.Ze ~ep~ de ~ent~û~e et tes noëls des ~emo<rM ~ee/'e~. – Conduîte de Ja reine à fepoque de leur puM!catîon. – Analyse d'un pamphlet contre Marte-TtM~cse et sa HUe. –Beaumarchais le dénonce. Il s'offre à le racheter. – Cir- constances extraordinaires de cett& aFTaire. – Le juif Ansrc- lucci. – Les brigands. – Marte-Thérèse n'est, pas dupe de ce roman de rcscroc. – Beaumarchais nrrcté. – En te relâchant, on lui donne aS~ooo h'anCB. – Mensonges de Figaro. SinguÏtére niansuëtuet~ de Marie-Antoiaettc à l'égard de Fauteur du ~r&~r~e&~M~e. H

r~ttHELAXnHtJO~L'JPf!)

Théveneau de Morande, g-retuchon, escroc, sodomiste. T?n maître-chanteur de ta!)!e. – Ses ntesaventures ~dictatres. –Expïotts de Morande à Londres. Ses Hhehes. – Les /He~tOfre~ MC~~N d'une y~Mme pHûM~M~.Curteuse correspondance apocryphe sur ce pamphlets – Beaumarchais règle l'affaire du rachat du manuscrit. – Reçu de coups de bâton donné parThcveneau. Morande mouchard et jonrnalïste. – Sa nn. –La Fitte, marquis de PeUeport.Ze cffaû~ <ifa~p tM ûen~ief et son hiaiotrc. – Le comte de Parades. – Un mouchard escroc. Part de ce trîo deshonore dons les pampMets contre Marie-AotOtuette. – Duperie du/*or~~a~/e d'nn ~on ro~e 3~


de leur reste et se brûlent à la chandelle; ses bons avis à toutes tes nations pour qu'elles exterminent tes rois, les empereurs et tons les mangeurs d'hommes qui nous font la guerre.

at? du journal.

33

La grande joie du Père Duchesne en apprenant que les marchands de sucre et les accapareurs de Marseille ont etc forcés de mettre tes pouces, et d'ouvrir tes portes de cette ville aux troupes de la république qui y sont entrées en triomphe sa grande motion pour que le fonctionnaire Sanson joue bientôt à la boule avec la tète tle la louve autrichienne et cette de Brissot, 'te Vergniaud, du çatotin Fauchet et des autres scélérats qui voutaieot détruire la sans-culotterie.

J<" 28o du journal.

34

La grande ronde du Père Duchesne dans tes prisons, pour passer en revue tous les aristocrates, tous les royalistes, tous les Brissotins qui sifflent la linotte; sa grande colère de voir que t'en se fout du peuple en allongeant la courroie au sujet du jugement de Brissot, de la veuve Capet, du prêtre Fauchet, de Vergniaud, de Gensonné, du borgne Manuel et de tous tes autres scélérats qui voulaient dépécer la République, et en vendre les lambeaux au roi Georges Dandin, au Mandrin de Prusse et au Cartouche de Vienne.

? !i8~ du journal.

35

La grande colère du Père Duchesne de voir que l'on cherche midi à quatorze heures pour juger la tigresse d'Autriche, et que l'on demande des pièces pour la condamner, tandis que, si on lui rendait justice, elle devrait être hachée comme chair à pâté pour tout le sang qu'elle


a fait répandre ses bons avis aux sans-culottes pour qu'Us soient unis comme frères, attendu que les aristocrates, les royalistes, tes prêtres, les gros marchands, tes riches fermiers et les accapareurs se tiennent tous par la main pour nous manigancer un nouveau coup de chien.

X" '<;)<< du jotu'nn).

36

La grande joie du Père Duchesne au sujet du racourcissement de la louve autrichienne, convaincue d'avoir miné la France, et d'avoir voulu faire égorger le peuple, pour le remercier de tout le bien qu'il lui avait fait; ses bons avis aux braves sans-culottes d'être sur pied pour donner la chasse aux muscadins déguisés et aux fausses poissardes qui se disposent à crier grâce, quand la guenon paraîtra dans le vis-à-vis de maître Samson. ? ag8 du journal.

3'?

La plus grande de toutes tes joies du Père Duchesne après avoir vu, de ses propres yeux, la tête du Veto femelle séparée de son foutu col de grue; s~rand détail sur Tintetr«t;atoire et le jugement de la louvc autrichienne, et sa grande cot~re contre tes deux avocats du diable qui ont osé plaider la cause de cette guenon. t" sfgft du journal.


1

ADDITION

Je pt'M* le lecteur de v~utoïr bien iutcrcatcr outre les ti'~ C6 at fiy de cetic.hibtiograpbie te pamphlet suivant, que je u'aî retrouvé que pëtKttt~t la coi't'ccUott des ~pren~es de mon voïume

61

j!<;arto<e c<e?<! 7'<Mce Mt <<<)H<< <!<t~'<c/«'en; s. t. ,Ppris], octobre [789, in-8", t6 pp.

PampMet .modh) oA t'AsspmN~e naUo'e, lit Cour, 1e'. ministres et la mnnicitM]! sont pris partie eu mémo temps qne ta Retne.


Pa~M

Introduction. < PREMIÈRE PARTIE

Les ~am/f/e~. ~i police e< /pnrs t'ont<r;< co/n~M.M1

L/tsmOCVAB~F.f'\MPHt.ET

Sur quoi se basent les premières attaques contre MarieAntoinette. Le Lever de l'aurore et tes noëls des ~femotrM secrets. Conduite de la reine à l'époque de leur publication. Analyse d'un pamphlet contre Marte-Thérèse et sa fille. Beaumarchais le dénonce. 11 s'offre à le racheter. Cir- constances extraordinaires de cette affaire. Le juif Angeiucci- Les brigands. Marie-Thérèse n'est pas dupe de ce roman de l'escroc. Beaumarchais arrêté. En le reMchant, on lui donne 9&,ooo francs. Mensonges de Figaro. Singulière mansuétude de Marie-Antoinette a l'égard de l'auteur du Bttr&terdeSt'ftHe. Il,

ca BRELAX DE COOUtXS

Thévencau de Morande, greluchon, escroc, sodomiste. Un maître-chanteur de taitle. Ses mésaventures judiciaires. –Exploits de Morande à Londres. Ses libellcSt Les /K~7HfM/'e-f secrets d'une .femme publique. Curieuse correspondance apocryphe sur ce pamphlet. Beaumarchais règle l'atTaire du rachat du manuscrit. Reçu de coups de bâton donne par Thëveman. – Morande mouchard et journaliste. Sa nn. –La Fitte, marquis de Pelleport. Ze diable dans an MytMïcf et son histoire. Le comte de Paradès. Un mouchard escroc. – Part de ce trio déshonoré dans les pamphlets contre Marie-Antoinette. Duperie du /'or<e-/eBf;te tt'tm talon rouge M


ttt

1.l:h i~tM,11;1 DU FIBF~LLII.

Les pamphlétaires réfugies à Londres. Leur vie obscure Pages et misérable. Ça libraire spécialiste des libelles Boissière. Quelques-uns de ses t~urnisseurs. – Le moine Imbert de Boudeaux auteur de la C/on~~M sc~n~o'~MM'. Son emprîsonnement. I~c m~me que son frère, H est de ia police. Une édition du /~r/t< des C~«?'eM.c dans ht chapctte du ro~ à Versailles. Mayeur de Saint-Paui et l'r~cA~Wte en goguette. Les libellistes princiers. Les brochures composées dans des caves. Brissot pamphlétaire. Une accusation du hib!iop!)itc Jac&t'. Sa vrpuiatîoa. Autour des Essats A~or~~MS M~' ~H vie rie ~Aï~c-.tH~o~c~c. Les pampitlets populaires 6). tes pampt))e~ oMeicts sur la mort de ia reine. IV

]H MÛ~ ~O~itJUM DE H. POUCE

Le ministère français et les t'~fugi~s. R~te d)' la police. Escroquerie de L'agent d'Anouittu L'inspecteur Reçeveur lui fait rendre ~r~c. Importance du sieur Receveur, Sou passé. L'expédition po)ic!tTf de mars 1783. Tour que les ïibentstea jouent au policier. Les comptes et contes fantastiques de Receveur. Résultat de sa mission. Dédain dumfnisio'e pour les titteHos. -y Surveillance qui est exercée sur les imprimes. Les ptnnphtets <'t la police au début de la Révolution. Une plainte contre le l'ère D~c/tM~e. Le dernier t'ctugT! des libelles les )ttafsons de prostitution. L'Enfer de la bibliothèque nationale. Documents à ajouter aux rcnsei~nemcnt&dcParcnt-DHchAtoiet.. 7;)

t~CX i'tt)~<:tKKS t'AMPUL~rMUES

Après tes poticiefb escrocSj tes policiers libellistcs. L'aventure du sieur Coupi). t) compose un pamphlet qu'il découvre et achète. Incertitudes des .Mc//ttJt~M .yecre~ sur sa culpabitrte. – TemoigTtiïj~ de M'~ Gamnan. ~in de Goupil et de sa temmc~ L'adiré de l'inspecteur Jaquet de la Douay. – Un mouchard de haut vol. Son intimité avec le lieutenant de police. It se spécialise dans les libelles. Curieuses informations des .fMf~NOtr~ secrets. Ou fe croit clandestinement exécuté à la Bastille. Ses complices. Il est transféré à Charcnton et libère cinq jours avant la prise de la Bastille. La Terreur le guillotine. Jugement qu'il convient de porter sur les tibcHistcs contre la reine


DEUXtÊMR PAMtE

jOan~ /'en~'r f/~ p«Mp/tM<.

(~'impression intf~mfe de ~ua~rc pamphtets rarissimes

contre Maric-Antûinette.~

Pages

I. M;<M~ee!Mf<m-Mm<<e.

Notice bi)))i03Taphic[ue J'7 [t. – Cu~e~~on dernière et ~e<~w<et< de ~fartf-/tn<o<)te< Not)ce~')h)gTaphique u5 Ut. – & tram/e ftex capttMMt-

Notice hfhtiographfqtie tV. F<s p/Offe, M6eWt'< «'Mn;/H!eMe de ~<tfte-Aa<ofn~/e.

Notice )nb)io~rap!nque '~9 TMO!S)t:ME )'A)mE

jBt&<<o~fttp/fff tv'<7/~Mp t'f 'ms/j/M</<te

f/« p<WtpAMs po//h'ues, ~r«<ctn<~ ou o<~ceHe~

contre* ~<"tM/(Mf)c«e.

Notice 2';& Bibli~~raphte. 277 Le Mm !)acAe:tM contre M.n'tc-A~tutttptttc. ~6t


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