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Titre : Journal des débats politiques et littéraires

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1871-06-15

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 200316

Description : 15 juin 1871

Description : 1871/06/15.

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k4579395

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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FRANCE-

PARIS, 14 JUIN.

Rien n'est .plus curieux et plus instructif que le récit fait hier à la tribune, par le général Trochu des derniers temps de l'empire. Il en résulte que déjà, dès le commencement d'août, après les défaites dé Reichshoffen et de Forbach, l'empire était en plein désarroi, en pleine dissolution. Il y avait deux gouvernemens, ce qui revient à dire qu'il n'y en avait plus du tout. L'empereur, à Châlons, donnait des ordres et prenait des-etospositions dont l'impératrice, à Paris, et son entourage ne tenaient aucun compte. On le traitait en véritable Cassandre de comédie dans les conseils tenus aux Tuileries par M. Rouher, M. Schneider et le général Palikao, sous la présidence de l'impératrice. Tout ce monde-là, qui a tant crié depuis contre les factieux du 4. septembre, jouait déjà un rôle factieux et accomplissait une révolution de palais avant celle de la rue. Ainsi il était décidé à Châlons qu'on ne livrerait plus de grandes batailles etque l'armée se concentrerait sous les murs de la capitale en prévision d'un siège inévitable mais aux Tuileries on décidait que l'armée remonterait vers le Nord où l'attendait le coup de filet de Sedan. L'empereur devait rentrer à Paris vers le 10 août, et de Paris on lui signifiait d'avoir à continuer ses pérégrinations militaires à la suite de l'armée où il n'était qu'un embarras. Le général Trochu arrivait de Châlons avec le titre de gouverneur de JParis et de pleins pouvoirs pour la défense; mais aux Tuileries il se trouvait en présence de l'impératrice qui paraissait. fort étonnée de le voir, et au ministère de la guerre il rencontrait le général Palikao qui ne comptait pas plus avec lui qu'avec le dernier souslieutenant de l'armée. Partout l'incapacité, l'infatuation, l'entêtement nous n'irons pas jusqu'à dire la trahison. Qui sait pourtant quelles arrière-pensées pouvaient se cacher au fond de ces intrigues qui s'entre-croisaient et de ce désordre voulu peut-être plus que forcé? Qui sait si, parmi ces serviteurs si affolés en apparence plus d'un ne songeait pas déjà à s'emparer des dépouilles du' maître, et ne caressait pas secrètement l'idée d'une régence à son profit? L'histoire nous enseigne que chez de pareils hommes et dans de pareilles situations toutes les ambitions sont possibles. Enfin, le 4 septembre arrive, les Tuileries se vident et ces serviteurs, si dignes du maître, vont le rejoindre à l'étranger pour nouer de nouvelles intrigues sous le regard méprisant de l'Europe, et s'efforcer de ressaisir la proie qui vient de leur échapper.

Si la France a d'incalculables désastres à réparer, elle compte heureusement parmi ses citoyens les plus notables parmi ceux dont le rôle est de prêcher aux populations la modération, la sagesse et le patriotisme, des hommes de bon conseil qui ont trouvé le moyen de nous remettre tout de suite en bonne situation dans lé monde. Ce moyen consiste à déclarer la guerre à l'Italie, et ce sont cinq évêques qui veulent bien nous le faire connaître dans une pétition adressée par eux à. l'Assemblée Nationale. Ils trouvent cette guerre toute simple, toute naturelle; ils estiment qu'elle serait infiniment populaire en France, et ils citent à l'appui de leur opinion le Pap« Pelage, le Pape Etienne et le Pape Anastase, qui vivait du temps de Clovis.

On croit rêver quand on lit de pareilles choses, et l'on ne s'imaginerait jamais qu'elles fussent possibles. Prêcher la guerre sainte en un pareil moment à un peuple à bout de forces, à bout d'argent, à bout de tout n'est ce pas le comble de la dérision? Mais les ultramontains n'y regardent pas de "si près, et peu leur importe le mort de la France quand il s'agit de satisfaire leurs passions et leurs rancunes. Ce sont les jacobins de l'Eglise ils la perdent par leur implacable esprit de domination absolue, comme les jacobins politiques perdent la liberté par leurs fureurs. Naturellement tous les journaux du parti vantent et appuient la pétition. Qu'est-ce qu'une guerre avee l'Italie ? Moins que rien une petite promenade l'arme au bras. Nous pousserons les Italiens devant nous à coups de crosse, de même que nous devions reconduire les Prussiens chez eux, à coups dé crosse dans les reins. On sait à quoi aboutit cette manière de reconduire les gens quand ils ne veulent sérieusement pas être reconduits. Quant à l'argent que coûterait une nouvelle expédition de Rome, est ce la peine d'en parier? Un milliard peut-être, c'est-à-dire une misère. Nous avons les mains pleines, il n'y a qu'à les ouvrir. Nous ne ferons pas au gouvernement l'injure de croire-qu'il puisse prendre un instant au sérieux la pétition des évêques, non plus que d'autres dans le même sens qui courent aujourd'hui la province. La place d'un gouvernement qui accorderait quelque importance à de telles pièces serait «narquée d'avance il faudrait préparer le palais de Charenton pour le loger. On voit cependant où nous en sommes et ce qui pourrait arriver si une majorité docile aux inspirations du clergé parvenait à dominer dans l'Assemblée. Des élections se préparant et c'est au pays à se tenir sur ses gardes. •

BOURSE DE PARIS.

CLOTURE. le 13. le ti. HAUSSE. EAlSsE. 3 ©/©.

Comptant.. B3 30 53 50 20 Fin cour. K3 35 53 47 1/2 12 1/2 4 I/S O/O.

Comptant..79 78 50 50

̃ Télégraphie privée.

Florence, le 13 juin, soir.

CAambre des Députés. M. Lanza répondant aune interpellation de M. Corte demandant quelle conduite le gouvernement entend suivre à l'égard des Italiens que le gouvernement français croit compromis dang les événemens de Paris, dit que le gouvernement ne. peut pas établir à priori queljes ""seront ses décisions, mais qu'il décidera, dans chaque cas, selon les circonstances et les faits imputés.

La discussion relative au chemin de fer du Saint-Gothard est reprise. M. Sella, répondant aux députés opposés à ce projet, démontre les avantages du chemin de fer du Saint-Gothard. Cette question, dit M. Sella, quoique économique, est aussi grave qu'une question politique le gouvernement duit soutenir ce projet. M. Peruzzi déplore que le cabinet' ait fait de ce projet une question ministérielle.

Berlin, le 13 juin.

Parlement. La loi sur les pensions militaires est définitivement adoptée. La loi sur les dotations est renvoyée à une commission. Le Moniteur de l'empire publie le texte de la loi sur l'incorporation de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne.

Londres, le 14 juin.

Le Times annonce que des capitalisies de Berlin se proposent d'offrir au gouvernement français, pour six mois, 16 millions de iivres sterling à 6 pour 100 d'intérêt et 2 pour 100 de commission, garantis par des bons du Trésor. Berlin, le 14 juin.

La commission chargée du projet de loi sur les dotations s'est réunie hier. M. de Bismark a pris la parole plusieurs fois. La commission a adopté le projet avec un amendement portant que 4 millions de thalers seront mis à la disposition de l'empereur pour faire des dotations aux chefs des armées des Etats allemands et aux hommes ayant coopéré d'une manière marquante au succès de la guerre.

Madrid, le 14 juin.

M. Moret propose à la commission du budget d'autoriser la continuation du budget actuel, en statuant qu'il sera économisé 441 millions d'augmenter les nouveaux impôts, excepté celui sur les liquides, et d'autoriser les municipalités à établir les impôts qu'elles jugeront convenables, sur lesquels le Trésor percevrait une surtaxa de 30 pour 100.

Amsterdam, le 14 juin.

Les élections des députés à la seconde Chambre ont eu lieu. Les élus sont MM. Fock, candidat ministériel; Van Raenen, de l'Opposition. Un second tour de scrutin est nécessaire entre M. Jacob, membre de l'Opposition, et M. Débordes, candidat ministériel. Dans les provinces, on connaît 9 ministériels élus et 5 membres de l'Opposition. 23 districts restent encore à connaitre.

Bucharest, le 13 juin, soir.

La Chambre a voté une Adresse en réponse au discours du Trône, exprimant ses sentimens de loyauté et de dévouement pour le prince et promettant son appui au gouvernement actuel. New-York, le 13 juin.

On mande de Québec

« M. Laugoven, membre du cabinet, dans un discours prononcé à la Chambre, a protesté, au nom du gouvernement canadien, contre les clauses relatives aux pêcheries d'Angleterre il demande que le droit du Canada de rejeter les clauses le concernant soit réservé il ajoute que le Canada e%l parfaitement libre, »

{Service télégraphique HaHs-Biillièr.)

On mande de Versailles, le 13 juin, à l'agence télégraphique Havas

« La commission du budget s'est réunie. Le président du conseil et le ministre des finances assistaient à la séance.

» La discussion a porté sur l'emprunt et sur les nouvelles ressources destinées au service des garanties que cette opération nécessite. » Les propositions du ministre des finances ont été approuvées" à l'unanimité, moins une voix.

» M. Casimir Périer est nommé rapporteur à la presque unanimité, et l'on sait qu'il donne son adhésion aux idées de M. Poilyer-Querlier en matière do finances, »

Les étrangers (nous entendons ceux qui nous connaissent et nous comprennent le moins mal) ne peuvent s'expliquer la double 'conduite que nous suivons, selon qu'il s'agit de nos affaires privées-ou des affaires publiques. Les bourgeois de Paris, disentils, sont gens extrêmement habiles au négoce, très prudens dans le placement de leur argent, fort réfléchis dans le choix de leurs commis et se montrent- sur tous les, marchés du monde des concurrens très souvent heureux et toujours redoutables. Comment donc se fait-il, ajouteat-ils aussitôt, que ces mêmes hommes soient si indifférens à la chose publique et qu'ils apportent parfois si peu de série*x et si peu de raison dans le choix de leurs représentans et de leurs gouvarnans ? Tant de sérieux d'une part et tant de légèreté d'autre part chez les mêmes personnes ne surprennent pas seulement les étrangers ce contraste étonne et surtout afflige ceux qui en France estiment la politique une. affaire d'intérêt supérieur et universel.

Le jour où Paris aura découvert les rapports étroits de son gouvernement avec ses intérêts particuliers, reconnu combien la prospérité de ses affaires privées dépend de l'intelligente gestion des affaires publiques, et le jour enfin où les paysans estimeront avec Montesquieu que les ferres sont productives, non en raison de la fertilité du sol, mais en raison de la liberté du pays, nous en aurons fini à tout jamais, en France, avec les candidatures excentriques. Les Belmontets et les Rocheforts de l'avenir seront impitoyablement bannis des Assemblées politiques. Quaut aux amuseurs du piiblic, s'il en est encore, ils re-

cevront la récompense qui leur convient on achètera leurs brochures, leurs journaux et leurs livres, mais on les laiuera où ils doivent être, dans leur cabinet de travail ou dans le bureau de leur journal. Les Parisiens qui vont à la Comédie-Française applaudir Figaro et s'irriter avec lui qu'un danseur obtienne la place d'un calculateur ne voient pas qu'en politique ils mettent fréquemment un danseur là où il faudrait un calculateur. A-t-on fait autre chose que des choix de cette nature chaque fois que l'on a pris pour rédiger des lois un brochurier panrphlétaire, pour commander des armées un écrivain militaire, et pour assurer à un grand pays envahi l'ordre et la protection, un avocat encore plus vaniteux qu'ignorant? Toutes ces plaisanteries de mauvais goût nous ont coûté des milliards des vies innombrables et précieuses, la ruine et la honte; c'est, vous l'avouerez beaucoup trop cher. Nous ne sommes pas de ceux qui croient tous les Français guéris par cette guerre de leur légèreté mais nous ne sommes pas non plus de ceux qui pensent que la France est incurable. Des enseignemens aussi grands et aussi terribles que la guerre avec l'Allemagne et notre guerre avec les insurgés ne peuvent être sans effet sur les esprits même les plus épais. Serait-il possible que les classes éclairées et bourgeoises ne jugeassent pas encore les désastres de l'empire comme la conséquence naturelle des candidatures officielles et d'un gouvernement sans contrôle, et soutiendrait-on que des. Assemblées indépendantes et capables nous auraient conduits où nous sommes? Les classes laborieuses elles-mêmes, qui ont vu, pendant ces mois derniers, comment leurs chefs savaient leur mentir pour les mieux perdre, ne peuvent évidemment plus tenir ceux qui les courtisent pour leurs vrais amis et leurs véritables défenseurs. Si donc les douloureux événemens de l'année 1870-71 ont ouvert les yeux à nos concitoyens et les ont instruits sur les vraies causes de nos maux, nul doute qu'ils ne s'empressent de remplir leurs devoirs électoraux, et qu'ils ne mettent leur intérêt comme leur honneur à les bien remplir. La tâche nous sera d'ailleurs facile à tous, si nous voulons aller droit aux hommes pratiques, aux esprits amis des réformes dont le pays a si grand besoin, et aux Français de bonne volonté disposés à sacrifier à l'intérêt général leurs préférences et leurs goûts. Ainsi il s'agirait aux prochaines élections de s'enquérir auprès des candidats beaucoup moins de leurs convictions républicaines ou de leurs sentimens royalistes que de leur aptitude à réformer nos diverses administrations et de leur bonne volonté à réorganiser le pays. La question de la forme définitive du gouvernement est secondaire, puisqu'il s'agit en ce moment de maintenir le provisoire pour l'employer à refaire une nouvelle France.

Espérons donc que les électeurs parisiens feront cette fois marcher de pair les affaires publiques et leurs affaires privées et qu'ils apporteront dans le choix de leurs représentans le discernement qu'ils mettent à choisir le plus humble de leurs fournisseurs. Eugène Dufeuille.

La première fois qu'un sculpteur sera chargé de faire une statue de la France et aura le bon goût de renoncer à cette virago sans caractère qui n'est d'aucun temps ni d'aucun pays, nous rengageons à choisir la figure de Sisyphe roulant cet éternel rocher qui éternellement retembe et l'écrase. Qu'il inscrive sur la pierre le mot de liberté, le groupe sera parlant, il symbolisera notre histoire depuis quatre-vingts ans. Rien de plus monotone que le cycle de nos révolutions. Comme on l'a dit avec esprit Plus ça change, et 'plus c'est la même chose. Tant qu'on est dans l'Opposition et qu'on s'enivre de popularité, on est intraitable, irréconciliable il faut une liberté sans limites, toute transaction est une trahison. Les principes, pour Dieu, les principes Mais vienne une révolution qui jette au pouvoir les chefs de l'Opposition, vienne cet orage de passions déchaînées qui suit toute révolution, aussitôt la grâce ministérielle illumine les nouveaux convertis. Ils se hâtent.de reprendre dans l'arsenal des gouvernemens tombés les armes plus ou moins rouillées qui s'y trouvent; ils les tournent contre leurs électeurs de la veille, devenus les ennemis de la société. En changeant d'horizon, ils changent naturellement de principes, et jouent le même air que leurs devanciers dans l'administration, en le jouant un peu plus mal. Tristes réflexions qui se présentent forcément à l'esprit quand on lit le nouveau projet de loi sur le cautionnement des journaux. L'exposé des motifs est fait avec une désinvolture admirable; on se demande quel ministre, aux plus beaux jours de la réaction, aurait traité avec.. autant de grâce et de légèreté une aussi grosse question.

« La presse quotidienne a toujours été » soumise à un cautionnement. Cette me» sure est-elle une atteinte portée à la li» berté que doit avoir tout citoyen d'exd primer sa pensée en se conformant aux » lois de son pays*1, ou ne doit-elle être »' considérée que comme une précaution » légitime contre les excès de la pensée, » contre les ravages que peuvent produire » des calomnies ou des provocations pré» méditées? C'est là un sujet de conlro\y> verse.» n J'avoue mon ignorance; je croyais que depuis cinquante ans au moins

la question était tranchée pour tout ami de la liberté. Il est trop clair que s'il faut déposer 25,000 fr. entre les mains du gouvernement avant d'avoir le droit de parler à jour fixe sur quelque sujet que ce soit, la liberté que doit avoir tout citoyen d'exprimer sa pensée n'appartient qu'à à un petit nombre de privilégiés. Qaudeant bene nantis, disait déjà Figaro. Quant aux précautions légitimes, il me semblait qu'en 1819 Benjamin Constant, notre maître à tous en fait de libéralisme, avait répondu de façon victorieuse à cette singulière objection. « On. dit qu'il faut aux citoyens »une garantie contre la diffamation et la »licence, mais il faut aux citoyens une »garantie contre tous les crimes. La véri» table garantie contre tous les crimes est » dans le châtiment qui plane sur eux. » Cet argument tient à un grand système »qu'il vaut mieux prévenir les délits que » les punir, système toujours mis en »avant par le despotisme pour enchaîner »les innocens sous prétexte- qu'ils pour» 'raient bien devenir coupables; système » qui s'étend d'un individu à tous les indi» ¥idus^ d'une classe à toutes les classes, »et ourdit un vaste filet dans lequel tous, » sous prétexte d'être garantis, se trouvent » enveloppés. » « S'il vous faut un cau» tionnement pour vous répondre de l'a»mende, ajoutait Daunou, pourquoi ne » demandez-vous pas des otages pour vous » répondre de l'emprisonnement ? L'une et »l'autre de ces conditions préalables tiendraient aux mêmes principes, au même » système, au même genr? d'hypothèses, » d'alarmes et de prévoyances. »

Ces raisons n'ont pas touché l'auteur de l'exposé des motifs, qui peut-être n'a jamais connu l'opinion de Benjamin Constant ni de Daunou. Il ne veut pas discuter l'autorité d'un grand nom lui suffit. « Nous nous contenterons, dit-il, de rappeler que les plus illustres défenseurs de la liberté de la presse ont accepté le principe du cautionnement. »

Quels sont ces illustres défenseurs? Ce sont ceux qu'on nommait autrefois les doctrinaires M. de Serre, M. Royer-Collard, etc., personnages considérables assurément, et dont je ne veux nier ni les lumières ni le mérite,' mais qui avaient l'horreur de la démocratie, qu'ils considéraient comme la plus cruelle ennemie de la liberté, et dont tous les efforts tendaient à constituer en France un pays légal, c'està-dire une classe privilégiée à laquelle on réservait le monopole de la presse comme celui des élections. Si le nouveau législateur prenait la peine de lire le Moniteur de 1819, peut-être serait-il surpris de voir quelle est la fragilité des étais sur lesquels il s'appuie avec tant de laisser-aller. « Dans l'état actuel de la société, disait le garde des sceaux, M. de Serre, l'auteur d'un journal remplit une véritable fonction il exerce un véritable pouvoir, et la société a droit de s'assurer que cette fonction sera fidèlement remplie, que ce pouvoir ne sera pas dirigé contre elle et contre ses membres. » Les journaux, répétaient les députés partisans des mesures préventives, sont des tribunes, des théâtres,' des télégraphes. En vertu de ces métaphores plus ou moins hardies, les logiciens rigoureux déclaraient que les gazettes appartenaient de plein droit au gouvernement, et que lui seul était maître d'en autoriser et d'en régler. la publication. M. Royer-Collard et ses amis n'allaient pas aussi loin, mais ils considéraient le journal comme une influence politique et peut-être la plus puissante des influences. « Or, disait l'illustre philosophe, l'influence politique appelle une garantie la garantie politique ne se rencontre, selon les principes de notre Charte, que dans une certaine situation sociale cette situation est déterminée par la propriété ou par ses équivalens. Voilà le principe du cautionnement principe qui lui donne une base bien plus large et plus solide que la garantie des conditions judiciaires. » Conclusion la loi du 9 juin 1819 imposait aux journaux de Paris un cautionnement de 10,000 fr. de rente; c'est à ce prix qu'on pouvait parler dans une tribune qui n'était pas de droit commun.

M. de Serre, M. Royer-Collard défendaient un système que je suis loin d'approuver mais ils étaient conséquens avec euxj-mêmes. Dans un pays où, pour être citoyen actif, il fallait payer 300 fr. d'impôts directs, on pouvait soutenir à la rigueur que la publication d'un journal était, comme rélectorat,"une fonction politique. Mais aujourd'hui que ce régime est tombé, aujourd'hui que le pays légal a fait place au suffrage universel, sait-on bien ce qu'on dit quand on nous assure que toutes les opinions doivent se réunir pour approuver une disposition conforme anx principes ? De quels principes parle-t-on? En fait de cautionnement, je ne connais pas d'autres principes que ceux de la loi de 1819. Veuton, par hasard, ressusciter les théories doctrinaires, et rétablir le cens de la Restauration ? `?

« La presse, ajoute l'exposé des motifs, »ne peut pas réclamer de priviléges, » quand les charges de l'Etat sont si lour» des elle ne peut pas demander uu dé» grèvement, elle doit plutôt s'attendre aux a charges nouvelles qui pèsent sur tous » les citoyens. » Hélas la presse ne demande que le droit commun eUe renonce volontiers au privilège deU'c le seul commerce que tous les gouvernemens étouffent à plaisir. Exige-t-où un cautionnement des armuriers, des droguistes, des chimistes, sous préteste qu'ils pourraient abuser des poisons ou des armes quïjg fa-

briquent? Pourquoi donc soumettre toujours les journaux à des lois d'exception? « La garantie du cautionnement, conti» nue le ministre, serait illusoire si cer». taines publications en étaient affranchies » à raison de la nature, toujours si difficile » à déterminer, des matières qu'elles trai» tent. Nous supprimons donc les dis» tinctions arbitraires qui avaient été » admises par les lois du dernier règne; » le cautionnement devra être versé par » toutes les feuilles périodiques. » Il faut avouer'que c'est une belle chose que la logique, et le reproche d'arbitraire est ici merveilleux. Un régime qu'on a combattu vingt ans comme ennemi de la liberté, avait jugé que les journaux politiques enraient seuls quelque danger; il avait laissé la liberté de vivre aux Revues de droit, de médecine, d'hygiène, de théologie, voire même au Journal des Modes et aux Petites Affiches. Mais nous sommes en pays d'égalité, nous ne voulons pas de privilège il nous faut l'uniformité de la servitude. 25,000 fr. de. cautionnement pour publier le patron d'une robe nouvelle, l'annonce d'une maison,- à vendre, une étude sur le baptême des petits enfans, la saisine au moyen-âge, ou le traitement de la variole, quelle conquête de la liberté républicaine 1 Peut on trop remercier l'homme d'Etat qui supprime des distinctions arbitraires afin d'établir cette triomphante égalité?

Quand on aura supprimé tous ces recueils innocens qui font diversion à la politique, quand on aura forcé toutes les nuances d'opinion à se confondre et à se réunir sous un petit nombre de drapeaux, qu'aura- t-on fait autre chose que de constituer le gouvernement des journaux? On retombera dans l'erreur commise sous les derniers règnes, et depuis longtemps signalée par M. de Tocqueville. C'est en France seulement qu'on parle de la presse comme d'un quatrième pouvoir; c'est en France seulement que les journaux sont les maîtres de l'opinion; partout ailleurs ils n'en sont que les humbles serviteurs. Voyez l'Angleterre, l'Amérique, la Suisse, la Belgique, étudiez l'exemple récent de l'Italie; la concurrence des journaux assure l'indépendance du gouvernement non moins q«e la liberté des citoyens; le monopole, la concentration des journaux a toujours été considéré chez nous comme une des causes de nos révolutions. Aurons-nous donc toujours des yeux pour ne rien voir? Quoi donc dira-t-ou voulez-vous perpétuer les scandales de la Commune? '? Voulez-vous que des gens sans responsabilité prêchent chaque matin la destruction de la famille et de la société? Voulez-vous que des malfaiteurs anonymes qu'on ne peut atteindre ni dans leurs biens ni dans leur personne poussent à l'émeute et au pillage, prêts à mettre le pays en feu pour vendre un numéro de leur misérable journal ? Non, sans doute. Plus on aime la liberté de la presse, plus on méprise et on déteste ceux qui la souillent et la déshonorent. (Mais pour arrêter la licence il y a mieux à faire que d'empêcher à la fois le bien et le mal. Vous avez des lois énergiques appliquez-les résolument et sans fausse pitié à tous ceux qui font appel à la violence, vous étoufferez le mal sans étouffer le bien.

La loi, dit-on, est impuissante. Voyez ce qui vient de se passer à Paris. Mais, quand donc ont couvé ces doctrines malfaisantes qui viennent de faire explosion? N'est-ce pas sous le régime préventif du timbre et du cautionnement ? A quoi vous ont servi ces précautions légitimes contre les excès de la pensée? Nous vous avions répété sur tous les tons que ces mesures étaient dangereuses, qu'elles aggravaient le mal, qu'elles se retourneraient contre vous.Etvous allez rentrer dans cette voie qui tant de fois vous a menés à l'abîme ?

Il le faut en ce .moment, dites-vous. Au sortir de cette fièvre, la France a besoin de silence et de repos.

C'est là ;une erreur qui nous a déjà perdus. Nous faisons toujours payer à la liberté les fautes de la licence, et c'est pour cela que la France, ignorante et inexpérimentée, est sans cesse ballottée de l'anarchie au despotisme, et du despotisme à l'a narchie.

Songez-y, le suffrage universel a mis le pouvoir aux mains de la foule, et la foule commence à sentir sa souveraineté. Vous avez fait en 1848 ce que tous les politiques de l'antiquité et des temps modernes ont considéré comme une entreprise téméraire et presque insensée. En tout temps, en tout pays, on a cru que la société ayant pour objet de garantir la sécurité, la liberté et la propriété, il fallait donner l'influence et confier le gouvernement à ceux qui possèdent et qui sont éclairés. Vous avez fait le contraire; vous avez attribué la toutepuissance du vote à ceux qui n'ont rien et qui ne savent rien. Si vous ne. voulez pas que le suffrage universel dévore le gouvernement et la société, vous n'avez qu'un moyen, c'est de l'instruire. Vous parlez de multiplier les écoles, de rendre l'instruction gratuite, et même obligatoire, afin qne personne n'y échappe; c'est fort bien; mais si vous en restez là, vous n'avez rien fait. Enseigner la lecture au peuple n'a de sens que si vous lui donnez quelque chose à lire; sinon, à quoi bon des écoles ? C'est le livre, c'est le journal qui achèvent l'œuvre de l'instituteur, le journal surtout, -qui est un besoin des sociétés modernes, et qui commence à. &e répandre jusque dans i les campagnes. Supprimer le journal est

chose impossible; il faut compter avec cette force nouvelle, il faut l'avoir pour soi ou contre soi. Or, l'expérience des pays libres nous apprend qu'on peut rendre la presse utile et féconde à trois conditions. Il faut que le journal soit à très bas prix, qu'il ne soit pas exclusivement politique, et qu'il ne soit pas entre les mains d'un ou de deux grands partis. Ces trois conditions, le cautionnement les détruit. Il concentre les partis au lieu de les disséminer il fait du journal un pur instrument de politique il lui laisse le cabaret et lui ferme la chaumière. En Amérique, en Angleterre, en Suisse, combien de journaux à bon marché, sous toutes les formes et pour tous les goûts! Feuilles religieuses, Revues d'agriculture ou de commerce, Magasins de morale, d'hygiène," d'éducation, .tous parlant de politique, mais à des pointe de vue différens, et sans cette passion acharnée qui tient au rôle militant de nos grands journaux. En réduisant la, presse et en la forçant à s'enrégimenter, on la rend haineuse, violente, personnelle en la multipliant, on la rend non seulement inoffensive, mais bienfaisante. On la met aux mains d'hommes et d'associations qui poursuivent des réformes particulières", et nullement un changement de ministère ou de gouvernement. On la tempère et on l'assagit. Qui ne comprend pas cela en est encore à l'a b c de la politique. Tout cela, dira-t-on, est bon pour l'étranger; mais en France le mal est plus grand que le bien; nous ne voulons pas qu'on empoisonne le peuple. Plutôt le silence que la lutte. S'il en est ainsi, il y aura toujours trop de journaux, n'en restât-il qu'un seul. Dites adieu à la liberté, résignez-vous à une forme de gouvernement où la force seule vous répondra de la sécurité publique.

Mais est-il vrai que les bons journaux soient si rares en France? En 1848, n'ont-ils pas rallié et sauvé la société en désarroi? En 1871, n'ont-ils déployé aucune énergie contre la Commune? Ont-ils abandonné la cause du droit? Ont-ils déserté leur poste? En vérité, on est bien ingrat pour la presse. On la traite comme l'âne de la fable; on oublie les services qu'elle rend poar se venger sur elle de toutes les fautes qu'on a faites et de toute la peur qu'on a eue. Quand donc aura-t-on confiance dans la liberté ? Je sais qu'aujourd'hui de pareilles raisons ont peu de chance d'être écoutées. La. France malade veut que rien ne trouble sa convalescence. Qu'elle se défie d'une faiblesse qui plus d'une fois déjà lui a été funeste. C'est à présent, c'est dans l'espèce de crépuscule où nous sommes, qu'il faut, en reconstituant la société, mettre la liberté dans les fondemens de l'édifice. En ce moment, le danger est passé. L'explosion du socialisme et son avortement nous donnent quelques années de répit. Com-. battons à ciel ouvert ces doctrines perverses ne les laissons pas renaître dans l'ombre comme des champignons vénéneux sinon, attendons-nous qu'avant dix ans nous verrons les sociétés secrètes menacer de nouveau la société qu'elles auront minée sourdement. Attendons-nous à voir la jacquerie des campagnes s'associer à la jacquerie des villes. Ce sera le fruit de notre lâcheté que nous décorons du nom de sagesse. Pour anéantir l'erreur, il n'y a qu'une arme la discussion et la liberté; le silence ne fait que fortifier et grandir l'ennemi que nous n'osons attaquer.

Point de'lois préventives, point de eau-'tionnement, point de timbre, point de monopole de la poste ou de l'imprimerie, mais des lois répressives contre les délits. de droit commun et une responsabilité ef- ficace voilà toute la législation de la presse chez les peuples libres. N'ayons pas encore une fois la vanité de dédaigner l'expérience de nos voisins; cela nous a toujours porté malheur. Puisqu'il n'est plus permis de vivre sans journaux, ayons le courage d'affronter les inconvéniens de la liberté pour en récolter les fruits dura- bles;; ne reculons pas au delà de la Restauration et du second Empire, et ne donnons pas au monde le spectacle d'un gouvernement républicain qui dès le premier jour se défie de la presse et prétend la régenter. C'est là une œuvre vaine qui a toujours porté malheur à ceux qui s'y sont' essayés; il faut la laisser aux gouverne-1mens qui peuvent impunément braver l'opinion. Souveraineté du peuple et liberté de la presse sont deux termes inséparables ce n'est pas aujourd'hui qu'il est per~ mis de l'oublier. ED. LABOULAYE.

On nous écrit de Versailles

« Le général Trochu a continué aujourd'hui son discours commencé hier. La salle était comble, et l'attention de l'auditoire ne s'est pas démentie un seul instant. Nous renvoyons encore le lecteur au texte même de cet intéressant document. Ce n'est point du temps perdu, le temps consacré à ces discussions rétrospectives, quoi qu'en disent les personnes qui's"%nagineitt qu'une Assemblée est faite pour se renfermer dans les chiffres et dans le vote des lois, ce qu'on appelle les questions d'affaires. Que l'on se rassure les affaires na sont pas négligée^à Versailles. Los impôts et les budgets viendront en leur temps et lieli. En attendant, des débats comme celui-ci ne sont pas inutiles lorsqu'il est possible d'en tirer quelque enseignement, quelque espêj Tienca pour l'avenir; une leçon d'histoire n'eît jamais de trop en notre pays. On ne se faisait plus depuis longtemps daaa le public éclairé aucune illusion sur l'influence néfaste da | M. Gambetta, devenu, par la grâce démagogi-' ` que, dictateur politique militaire, universol. Mais ce que l'on savait en bloc et d'une façon gér


ér aie, M. Trochu l'adit en détail et avec netteté. On lira les explications de l'honorable orateur sur le projet de sortie qu'il avait préparé, et qui consistait à s'avancer vers Rouen et la Normandie, et sur les obstacles invincibles opposés à ce plan par M. Gambetta. Il y avait, paraît-il, une autre stratégie que cet illustre avocat trouvait meilleure.

» Le général a terminé en rappelant les cinq mois de défense de Paris avec une armée improvisée il a demandé pourquoi on parlait si souvent de la chute de Paris et si rarement du grand et véritable désastre la déclaration de guerre lancée par l'empire à la légère et sans préparatifs suffisans. Ces paroles ont fait grande impression sur l'Assemblée.

» On lira également le discours du général Chanzy, et on remarquera chez M. Jean Brunet, député de Paris, l'aberration démagogique dans toute sa simplicité, la croyance que les révolutionnaires, étrangers au métier de la guerre, sont les vrais capitaines.

» Les réflexions du général Trochu sur la garde nationale ne seront pas du goût de tout le monde. Le peu de confiance que le gouvernement du 4 septembre semblait avoir dans la garde nationale comme armée de guerre est encore une des causes d'aigreur de beaucoup de Parisiens contre le gouvernement. «Nous avons dit hier que le mécontentement de la province contre le gouvernement du 4 septembre n'avait rien de commun avec le mécontentement de Paris contre ce même gouvernement. Nous avons essayé d'énumérer et d'apprécier les causes du mécontentement de la province.. A notre avis, la province se trompe, ou du moins elle exagère lorsqu'elle confond dans un même amathème tous les hommes du 4 septembre, lorsqu'elle les assimile tous à M. Gambetta. Les membres du gouvernement de Paris, malgré bien des fautès, ont prolongé la défense de Paris jusqu'à la dernière limite. M. Gambetta, par sa direction incapable et antipathique au pays, a achevé da perdre la France. Mais nous avons ajouté que les plaintes de la province sont justes et prennent mèmeun caractère accablantlorsqu'ellereproche aux hommes du 4 septembre de s'être refusés à consulter le pays par de nouvelles élections, et nous avons raconté comment cette décision regrettable a été prise, rapportant de visu la scène révolutionnaire «lu 22 septembre 1870 pour l'instruction de nos lecteurs de province qui ne la connaissaient peut-être pas encore. » La séance d'aujourd'hui nous offre l'occasion d'ajouter quelques mots du mécontentement de Paris, si peu justifiable, à notre avis, puisque le gouvernement du 4 septembre est la création de Paris, et que les Parisiens ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes s'ils se sont trompés dans leur improvisation révolutionnaire.

» Et à ce propos, nous voudrions d'abord préciser quelques phrases de notre correspondance d'hier, qui peuvent paraître obscures ou contradictoires. Le~iecteur nous excusera certainement, en se représentant la rapidité avec laquelle ces lettres sont nécessairement rédigées à la fin des séances, qui ne se terminent souvent que fort tard. Nous avons donc écrit à la fois que le gouvernement révolutionnaire de Paris s'était imposé à la province, et que la province l'avait accepté.

» Ces deux remarques sont pour nous l'expression exacte de la vérité cependant elles demandent une explication que voici Selon nous, le gouvernement du 4 septembre à été imposé à la province, en ce sens que la province n'a été nullement consultée, qu'elle n'a point été appelée à donner son avis sur un mouvement entièrement parisien; mais la province a ensuite accepté ce gouvernement en s'y soumettant docilement et même, au début, avec un certain entrain. Au contraire, dès qu'il S'est agi des élections, la province n'a jamais transigé, elle a toujours protesté contre la fin de non-recevoir ou contre le refus que lui opposait le gouvernement révolutionnaire de Paris, qui substituait ainsi les' volontés d'un petit groupe républicain aux vœux de toute la France.

Il Ceci dit, nous revenons au mécontentement de Paris contre le gouvernement du 4 septembre et au jugement qu'il convient de porter sur les causes de ce mécontentement. Elles ont été parfaitement énumérées par le général Trochu dans les termes suivans » 1° Incapacité ou trahison;

» 2° Absence de plan

» 3° Les lignes d'investissement n'avaient pas la force supposée, et l'ennemi ne possédait pas l'effectif annoncé;

» On n'a pas suffisamment profité du concours offert par le commerce et l'industrie. » Ces chefs d'accusation n'ont aucune valeur. Les uns, qui se rapportent à la capacité des généraux et à leur direction militaire, ne peuvent être sainement appréciés que par les hommes du métier et sont absolument en dehors de la compétence des bourgeois et des ouvriers de Paris: Les autres,par exemple, les accusations de trahison, sont de pures inepties populaires. Enfin ils sont tous non recevables pour un motif sur lequel nous insistons encore. En admettant, ce qui est absurde, tout le mal que l'on dit à Paris du gouvernement du 4 septembre, c'est Paris qui l'a inventé, c'est Paris qui l'a acclamé. S'il a été déçu dans sa dernière fantaisie, tant pis pour lui. » Nous ne découvrons qu'une plainte que la population de Paris puisse formuler avec quelque apparence de raison contre le gouvernement du 4 septembre: c'est de n'avoir pas dit à temps ce que le général Trochu a dit hier à la Chambre, ce qu'il savait par conséquent à l'avance « que; la défense de Paris était une » héroïque folie. » En d'autres termes, Paris, sans une armée de secours, devait infailliblement succomber, tandis que les paroles de presque t jus les membres du gouvernement faisa^nt croire le contraire.

v Et cependant ici encore ce gouvernement se défend bien plus aisément qu'il ne peut le faire contre la province sa plaignant d'avoir été systématiquement tenue à l'écart. D'abord, c'est en soutenant l'espérance de la population que l'on a pu prolonger la défense pendant cinq mois. Or, le point d'honneur public est un sentiment très vivace chez nous, infiniment plus que chez les autres peuples, qui n'y attachent pas autant d'importance ou qui le font reposer sur d'autres considérations. Et puis cette vérité nette et brutale que les Parisiens se plaignent de ne pas avoir connue, combien y en avait-il qui fussent en état de l'entendre? La moindre tentative dans cesens les transportait de colère et donnait. lieu à des inculpations de lâcheté ou de trahison. Qu'on se rappelle l'irritation contre M. Jules Favre lorsqu'on le soupçonnait d'aller traiter avec M. de Bismark sur la base de cessions territoriales; et cependant, si l'on ne pouvait résister, il fallait bien traiter. Qu'on se rappelle l'effervescence causée par la proposition que faisait l'ennemi de laisser sortir un officier chargé de rendre compte de l'état des choses sur la Loire. Cette effe/vsscence ne fut calmée que par le rejet péremptoire de l'offre des Prussiens. Et l'incrédulité qui accueillait les nouvelles de la Loire; et les sarcasmes lancés contre l'avis de l'invasion en Normandie, dont les détails étaient cependant à peu près exacts, y compris l'assaut tant raillé du château de Robert le Diable Non, on ne voulait pas être éclairé. Le gouvernement devait passer outra peut-être, el braver l'ignorance et la brutalité populaires; mais ce n'élait pas facile, et ce n'est pas à ceux qui l'ont fait taire par leurs menaces qu'il appartient de lui reprocher d'avoir gardé le silence. »

M. Ernest Duvergier de Hauranne bien connu du public éclairé par ses articles sur les Etats-Unis, se présente aux électeurs du Cher. Est-il besoin d'ajouter que nous faisons les vœux les plus sincères pour le succès d'un candidat si sérieusement préparé aux affaires publiques et qui n'obéira dans sa conduite à l'Assemblée qu'à son amour du pays et de la liberté? Le nom de M. Duvergier de Hauranne, aurait mis en branle, il y a à peine un an, toute la machine préfectorale aujourd'hui, le préfet de ce département, plus encore par goût que par devoir, se bornera à assurer à chaque électeur les moyens de voter en toute liberté et sécurité. Les temps sont heureusement changés. Nous publierons demain la circulaire de M. Ernest Duvergier de Hauranne. Eugène DUFEUILLE.

Une fraction de la gauche parlementaire publie le Manifeste suivant

Aux électeurs..

a Chers concitoyens,

» Le moment est venu où chaque Francais doit affirmer ce qu'il veut, ce qu'il pense, ce qu'il croit. S'abstenir, dans les circonstances où nous sommes, c'est renoncer à la vie politique.

De. quoi s'agit-il? De nous refaire une France, de la régénérer. Or, la régénération commencera par vous, par le vote {que vous allez déposer dans l'urne. Voilà le principe de notre renaissance. Cette renaissance, elle est encore une fois dans vos mains.

» La monarchie a relevé son drapeau. C'est l'occasion pour nous de relever le nôtre. » Ne vous laissez pas endormir jusqu'au jour où vous vous réveilleriez brusquement dans la monarchie.

» La monarchie ne peut que vous ramener au césarisme, et le césarisme à la décadence suprême, irrémédiable.

» Pour y échapper, vous n'avez qu'une issue. Vous n'êtes séparés de l'abîme que par la République. Attachez-vous donc à ce dernier abri. Il n'y a au delà que la chute après la chute, dans le vide sans fond.

» Vous êtes dans une de ces heures où un peuple a à choisir entre la vie et la mort. Toute illusion sur ce point vous perdrait sans espoir.

» La mort, c'est le retour à un passé que tout a condamné chez nous, quelque nom qu'il ait pris ancien régime, Napoléon, Charles X, Louis-Philippe, Louis Bonaparte. Ces régimes divers ne vous rappellent que des chutes et des ruines.

» Assez de ruines! Reposons-nous enfin dans ce qui vit, dans ce qui est, dans l'esprit moderne l'esprit moderne s'appelle: Liberté! République!

» Ne luttons pas contre la force des choses qui entraine les choses mortes dynasties, monarchies. Elles nous entraineraient dans leurs tombeaux.

Il Faisons alliance avec les choses vivantes. Elles guériront nos plaies, elles nous rendront l'espoir, elles nous communiqueront leur force. Elles rendront à notre France sa jeunesse immortelle.

» Vive la République!

» Versailles, le 13 juin 1871.

» Edgar Quinet, A. Peyrat, Schœlcher, Edmond Adam, Langlois, Henri Brisson, C.-F. Colas, P. Joigneaux, Carion (Côted'Or), L. Greppo, Rathier (Yonne), Tolain, Taberlet, Lepère (Yonne), Louis Blanc, E. Farcy, La Flise, Ancelon, Viox, Berlet, Michel Renaud, Martin Bernard. »

Nous trouvons un second Manifeste de la gauche dans les journaux du soir. En voici le texte

Aux électeurs.

« Lorsque l'Assemblée Nationale s'est constituée à Bordeaux, le sentiment d'un commun devoir, le devoir de sauver la France, réunit un moment tous les partis, Tous convinrent d'ajourner les questions politiques qui nous divisent, afin de résoudre ensemble les questions de salut public sur lesquelles nous pouvions et nous devions nous entendre. » C'est là ce qu'on a nommé le pacte de Bordeaux.

» Nous y avons été fidèles jusqu'à nous faire accuser de tiédeur pour notre silence sur ce qui nous tenait tant au cœur reconnaissance définitive de la République par l'Assemblée. » Les partis monarchistes ont-ils observé comme nous le pacte de Bordeaux ? » La guerre civile dans notre infortuné Paris avait succédé à la guerre étrangère. » Une faction antisociale; antinationale avait égaré une partie du peuple, en prétendant défendre ce qu'elle ne tendait qu'à détruire la République française, la liberté municipale, la patrie.

» Avant même que la Commune se fût abimép dans le sang et dans les flammes, un manifeste qui semble un lointain écho du passé est venu proposer à la France, comme remède à l'anarchie communiste, la légitimité appuyée sur le rétablissement d'une religion d'Etat.

» Les champions de la légitimité commentent et complètent aujourd'hui le manifeste du comte de Chambord, en colportant dans les campagnes des pétitions qui demandent, avec la restauration de l'ancien régime, une intervention armée dans les affaires intérieures de l'Italie, c'est-à-dire une guerre nouvelle! » A peine la guerre civile terminée, la majorité, de l'Assemblée a cru devoir abroger sans délai les lois qui interdisaient aux deux branches des Bourbons le territoire français, et, malgré les réserves exprimées par une grande partie de ceux qui ont voté l'abrogation immédiate, l'opinion du dehors, émue des manifestations qui s'étaient produites en faveur de ce qu'on a nommé la maison de France, a vu dans cette grave mesure une menace pour la République.

» Les agitations bourboniennes ont encouragé une autre monarchie à relever la tête. » Les Bonapartes, si près encore de Sadan, viennent déjà revendiquer les débris de la France, par eux seuls conduite à sa ruine et livrée aux mains de l'étranger, sanglante et mutilée.

» Aux périls qui nous environnent, quel est le remède? Il est devant nous, il est sous notre main les élections.

» La France a US représentans à élire pour compléter l'Assemblée Nationale.

» Qu'elle fasse connaître par ses choix ce qu'elle pense, ce qu'elle veut!

» Que faut-il à ce pays qui sort de si effroyables épreuves?

» Il lui faut la paix, intérieure, le travail, la sécurité, le crédit, la prospérité de l'agriculture et de l'industrie.

» II lui faut aujourd'hui une nouvelle trêve imposée aux passions politiques. la consolidation de l'état provisoire actuel avec M. Thiers, l'homme d'Etat éminent dont le patriotisme n'est contesté par personne, et qui a promis de garder intact le dépôt de la République. » Il lui faudra plus tard un ordre définitif, qui ne soit que le développement de l'état actuel et la confirmation du gouvernement de la nation par elle-même.

Cet ordre ne peut être que l'ordre républicain.

» Plus de liste civile, plus de cour, plus de faste stérile et corrupteur! Plus de révolution nouvelle Il y a trois monarchies rivales, il n'y a qu'une république.

» Des choix favorables aux prétentions de l'une on l'autre des trois monarchies accroîtraient l'agitation publique et retarderaient indéfiniment l'évacuation du territoire que foulent encore les armées étrangères.

» Les républicains libéraux da la veille ou du lendemain, les patriotes qui veulent une république fondée sur l'ordre et la loi, sur le respect de tou, les droits et la pratique dé tous les devoirs, coux-làseuls donneront àta France la. stabilité et le repos dans le progrès et dans. la liberté,

» Electeurs, t'est à vous de choisir » Snivent les signatures des premiers adhérons à ce manifeste

MM. Rameau, président (Seine-et-Oise) Le Royer (Rhône), Ch. Rolland (Saône-etLoire), Sadi Carnot (Qôte-d'Or), secrétaires Guinard (Savoie), Turquet (Aisne), questeurs Emmanuel Arago (PyrénéesOrientales), Eugène Pelletan (BouchesdurRhône), Le Blond (Marne), Humbert (Haute-Garonne), comité de direction; Alexandre fSaône-et-Loire ) Ancelon (Meurthe) Amat (Bouches-du- Rhône) Bamberger (Moselle), Bardoux (Puy-deDôme), Barthe (Basses-Pyrénées), Berlet (Meurthe), général Billot (Corrèze), Billy (Meuse), Bozérian (Loir-et-Cher), Breton ^Isère), Brice (Meurthe), Brun (Var), Carquet (Savoie), Carnot (Seine-et-Oise), Chardon (Haute-Savoie), général Chareton (Drômej, Ed. Chàrton, Camille Claude (Meurthe), Goutant (Vosgesr, Daron (Saôneet-Loire), Delacroix' ( Eure-et-Loir j Destremx (Ardèche), -Dorian (Loire), Dubois (Gôte-d'Oi), Ducarre (Rhône), Duparc (Haute-Savoie), Duclerc (Basses-Pyrénéesjs Ducuing (Hautes-Pyrénées), Jules Ferry (Vosges), Flotard (Rhône), Fququet (Aisne), Gatien-Arnould (Haute-Garonne), George (Vosges), Girerd (Nièvre), Godin (Aisne), Grandpierre (Meuse), Guitter(Pyrénées-Orientales), Journault (Seine-etOise), Jozon (Seine-et-Marne), Oscar de Lâfayette (Seine-et-Marne) Lafon de Fongaufier (Sénégal), La Flize (Meurthe), La Serve (île de la Réunion), Pierre Lefranc ( Pyrénées -Orientales ), Lignier (Aube) Lucet (Constantine) Magnin (Côte-d'Or), de Mahy (île de la Réunion), Maleno (Drôme), Malepieu (Aisne), Margaine (Marne), Marc Dufraisse (Seine), Henri Martin (Aisne), Mangini (Rhône), Michal-Ladichère (Isère), Moreau (Côted'Or), Noël Parfait (Eure-et-Loir), Parent (Savoie), généralPélissier(Saône-et-Loire), Renaud (Basses-Pyrénées), Rollin (Guadeloupe), Roussel (Lozère), Roux (Puyde-Dôme), Soye (Aisne), Steinheil (Vosges), Tamisier (Jura), Thurel (Jura). Varli, Varroy (Meurthe), Viallet (Haute-Savoie), Villain (Aisne), Wasnier (Aisne), etc.

Le président du conseil des ministres, chef du pouvoir exécutif de la République française, Sur le rapport du ministre de l'intérieur, Vu l'arrêté en date du 9 juin courant, portant convocation pour le 2 juillet prochain des électeurs de quarante-six départemens à l'effet de pourvoir aux siéges de députés vacans par suite d'option, d'annulation, de décès ou de démission;

Vu l'extrait du procès-verbal de la séance de l'Assemblée Nationale en date du 12 juin, dans laquelle M. le prince de Joinville, élu député par les départemens de la Manche et de la Haute-Marne, a déclaré opter pour ce dernier département, arrête

Art. 1er. Les électeurs du département de la Manche sont convoqués pour le dimanche 9 juillet prochain, à l'effet de nommer un député à l'Assemblée Nationale.

Art. 2. Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.

Fait à Versailles, le 13 juin 1871.

A. Thiers.

Le ministre de l'intérieur,

Lambrecht.

Le président de conseil des ministres, chef du pouvoir exécutif de la République française, Sur le rapport du ministre de l'intérieur, Vu l'arrêté en date du 9 de ce mois portant convocation pour le 2 juillet prochain des électeurs de quarante-six départemens, à l'effet de pourvoir aux siéges de députés, vacans par suite d'option, d'annulation, de décès ou de démission;

Vu les extraits des procès-verbaux des séances de l'Assemblée Nationale desquels il résulte que MM. Andrieu et Garibaldi, députés des départemens d'Alger et d'Oran ont donné leur démission, et 1|ue M. Gambetta, élu simultanément -dans ces deux départemens, a opté pour celui du Bas-Rhin, arrête

Art. 1er. Les électeurs des départemens d'Alger et d'Oran sont convoqués pour le dimanche 9 juillet prochain, à l'effet de nommer chacun deux députés à l'Assemblée Nationale. Art. 2. Les opérations électorales auront lieu suivant les formes et dans les conditions déterminées par l'arrêté du 9 juin courant cidessus visé.

Art. 3. Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.

Fait à Versailles, le 13 juin 187}.

A. THIERS.

le ministre de l'intérieur,

LAMBRECHT.

Le Journal officiel de ce matin publie ce qui suit

« On lit dans un journal les lignes suivantes « C'est au bois de Boulogne que seront exé» cutés à l'avenir les gens condamnés à la » peine de mort par la Cour martiale. o Toutes les fois que le nombre des con» damnés dépassera dix hommes, on rempla» cera par une mitrailleuse les pelotons d'exé» cution. »

» Nous croyons devoir déclarer que tout journal qui reproduirait cette odieuse et absurde calomnie serait immédiatement déféré à la justice. »

« Le Gaulois a publié, sur une des réceptions de M. Thiers, un article rempli de détails inexacts. Il y est dit que les princes d'Orléans ont dîné chez M. Thiers avec le corps diplomatique et les ministres. M. Thiers a reçu à diner, dimanche dernier, les membres du corps diplomatique; à ce diner assistaient deux ministres, M. Jules Favre et M. Victor Lefranc. Dans la soirée, un grand nombre de députés sont venus saluer le président du conseil, et les trois princes de la famille d'Orléans se sont présentés dans les salons, où personne ne les attendait, et où ils ont reçu de tout le monde l'accueil dû à leur rang et à leur distinction personnelle. Le maitre de la maison s'est souvenu qu'il avait été le ministre de leur père, et qu'il était aujourd'hui le chef du pouvoir exécutif de la République; et la présence des princes à cette réception annonçait que, tout en se rappelant le passé, ils comprenaient et acceptaient le présent. Il n'y a rien, dans ce très léger événement, qui ne soit conforme à la politique inaugurée par le vote libéral de l'Assemblée. Des républicains peuvent, sans éprouver aucun embarras, témoigner leur déférence à des princes qui portent noblement un nom illustre, et M. Thiers peut s'honorer de recevoir chez lui des membres d'une famille dont la politique a toujours été le respect le plus sineère pour la volonté du pays. »

« L'Univers, dans son numéro du 12 juin, a dirigé les attaques les plus vives contre les ministres de l'intérieur et Ses travaux publics, qui, suivant lui, ne respectent pas la loi interdisant le travail du dimanche il cite à l'appui de ses critiques des travaux de restauration qui se continuaient dimanche dernier aux Tuileries, à la place de la Concorde, place SaintGermain-des-Prés et sans doute ailleurs. » Le ministre des travaux publics et le ministre de l'intérieuv n'ont pas, comme le suppose le journal que nous venons de citer, méconnu la loi du dimanche.

» Depuis plus de vingt années déjà, le devis modèle des entreprises des travaux des pontset-chaussées contient une clause spéciale qui interdit aux entrepreneurs le travail du dimanche et qui est ainsi conçue « IL est interdit à l'entrepreneur de faire tra» vailler les ouvriers les dimanches et jours » fériés. » Cette' clause est scrupuleusement observée.

» Une clause analogue exi&ie dans les devis de travaux placés sous l'autorité du ministère de l'intérieur, spécialement dans les devis des projets de construction des chemins vicinaux, et elle reçoit tous les jours son application. » II ealvrai néanmoins que la règle ci-dessus posée doit recevoir das dérogations dans quelques cas exceptionnels, et spécialement dans les cas d'urgence. A l'époque même où la loi était le plus sévèrement appliquée, les travaux urgens étaient toujours permis. En ce qui con-

cerne les travaux que l'on acités, ceux des Tuile- ries, par exemple, qui pourrait contester le cas d'urgence? A chaque instant des pans de mur menacent de s'écrouler; il faut les abattre pour éviterde plus sérieux malheurs; le feu qui couve souslesruines se rallume par intervalles.; il faut avoir un poste d'agens toujours prêts à l'éteindflfr; il importe, de plus, de continuer incessamment les déblaiemens entrepris, tout à la fois dans l'intérêt de la sécurité et de la salubrité publiques. Sur les autres points indiqués, il est probable que les mêmes motifs d'exception pourraient être invoqués. Io' » Que quelques infractions aient été parîois commises, nous ne voulons pas le nier mais l'administration de l'intérieur comme celle des travaux publics, sont parfaitement résolues à faire exécuter la loi M. le préfet de la Seine est animé des mêmes intentions et décidé à pratiquer la même règle de conduite. » Nous pouvons donc affirmer que les critiques atrigées contre l'administration à propos des travaux exécutés dimanche dernier aux Tuileries sont absolument dénuées de fondement, et nous ajoutons que les abus qui ont pu être constatés dans quelques rares circonstances ne se reproduiront plus. »

ASSEMBLÉE NATIONALE. Séance du mercredi 14 juin.

PRÉSIDENCE DE M. GREVT.

(Correspondance particulière du Journal des Débats.) La séance est ouverte à deux heures trois quarts.

IM. de Kénsusat donne lecture du procèsverbal, qui est adopté sans discussion. Dépôt de plusieurs rapports l'un d'eux est relatif au projet de loi ayant pour objet le droit de grâce et d'amnistie un autre concerne une proposition relative à l'organisation de l'enseignement secondaire et primaire.

Rfl. le président L'ordre du jour appelle la suite de la discussion de la proposition de M. Louis Blanc et plusieurs de ses collègues, retirée par eux et reprise par M. Toupet Des Vignes, portant que les membres du gouvernement de la défense nationale rendront compte de la manière dont ils ont exercé le pouvoir. La parole est à M. le général Trochu. 91. le général Trochu Messieurs, à la fin de la séance d'hier, j'ai successivement envisagé devant vous les premiers griefs articulés contre la défense de Paris. Je poursuis cet examen en commençant par celui de ces griefs auquel nos contradicteurs ont attaché le plus d'importance. Ils disent que nous n'avions pas de plan et que notre capacité était au jour le jour dés événemens.

Eh bien! Messieurs, nous avions un plan, très simple, très pratique, très hardi, et j'en parle avec une liberté d'esprit d'autant plus entière que la première pensée en appartient à mon vaillant collaborateur, le général Ducrot, et qu'elle lui fait le plus grand honneur. C'est un principe que lorsque une armée doit prononcer un effort dans une direction donnée, il faut que cet effort soit prononcé tlans la direction où cette armée n'est pas attendue.

Dans l'immense périmètre de la place de Paris une seule direction répondait à cette condition, une seule, et c'est, j'imagine,.pour cela que jusqu'ici personne ne l'a aperçue, et que personne n'en a parlé. C'est la direction de Paris au Havre, par Rouen.

De ce côté-là, en effet, les deux bras de la Seine formant la presqu'île de Genevilliers opposent à toute sortie en avant des obstacles assez sérieux pour que l'ennemi soit moins attendu de ce côté que de tous les autres côtés. L'ennemi n'avait en réalité accumulé de ce côté-là aucune troupe considérable. Cette direction répondait à bien d'autres avantages. Elle était flanquée par le fleuve. En outre, l'occupation de l'ennemi ne dépassait pas alors la ligne de Pontoise à Mantes. En un seul combat l'armée pouvait cheminer à marches forcées sur Rouen, et de là à la mer, base de toutes opérations.

Voilà \le secret de la construction dans la presqu'île de Gennevilliers des redoutes de la Folie, de Colombos, etc., ayant des vues de commandement sur cette zone dont j'ai parlé. C'est ainsi que je puis expliquer la construction de nombreux ponts de bateaux construits par mes ordres et plusieurs autres préparés par les soins de M. Krantz, ingénieur en chef. 80,000 hommes devaient traverser bruyamment Paris et forcer les lignes" de retraite de l'armée à Bondy, sans les pousser toutefois à fond. Le lendemain, 50,000 autres soldats, quand l'attention de l'ennemi aurait été attirée sur ce premier point, auraient passé le fleuve à Gennevilliers sous le fou que commandait la presqu'île, auraient traversé l'Oise, seraient arrivés à Rouen, puis à la mer. A ce plan de sortie de Paris s'ajoutait un plan de ravitaillement.

L'orateur donne lecture de quelques pièces officielles constatant ce qu'il a exposé devant la Chambre

1° Un télégramme du 25 octobre du gouverneur de Paris à Gambetta dans lequel il déclare regretter la démission d'un homme éminent qui composait la délégation de Tours, le plus capable, l'éminent amiral Fourichon. et le départ de plusieurs généraux.

2° Des instructions diverses qui établissent que jamais il n'a appelé à la défense de Paris l'armée de la Loire qu'il considérait que des efforts dans ce sens seraient inutiles, parce que l'on n'improvise pas des armées, ainsi qu'il l'exposait à M. Gambetta, et surtout que l'on ne tient pas la campagne avec des armées provisoires.

Le général d'Aurelle rencontra et battit l'ennemi aux environs d'Orléans mais à Paris nous ne le savions pas nous étions sans nouvelles depuis le 26 octobre. De notre côté, nous expédions des dépêches, mais elles n'arrivaient pas.

Je terminai les'instructions que j'adressais, et dont je vous ai donné connaissance, en disant « Si rien de tout cela n'est possible, j'agirai seul du 14 au 18; mais le péril est plus grand. »

Voilà dunc définitivement annoncée avec une date, la sortie de l'armée de Paris, et dans les conditions que je vous ai dites. J'expliquerai comment le succès de Coulmiers renversa tout mon plan et l'avenir du siége de Paris. L'Assemblée reconnaitra que si, dans le cours de cette discussion, je mets en cause M. Gambetta, je pourrai en parler avec une liberté qu'autorise l'opinion que j'ai déjà eue à son égard.

J'ai toujours eu des mérites de M. Gambetta une meilleure opinion qu'il n'a eu des miennes. (Mouvement.)

A mou point de vue il était entré dans le gouvernement de la défense avec une bonne note que j'avais recueillie dans le Moniteur lui-même. C'est l'énergie avec laquelle, le 4 septembre, à l'Assemblée nationale, il s'était opposé à l'invasion populaire, et ce sont les effortsqu'il fit pour que l'Assemblée délibérât librement.

J'avais lu dans le Moniteur les paroles bienveillantes que le président du Corps-Législatif avait dites de lui, et c'était là ma bonne nota. (Mouvement.)

Dans le cours de mes rapports avec M. Gambetta à Paris, et plus tard dans mes rapports télégraphiques, j'ai toujours jugé qu'il avait un ardent patriotisme, mais qu'il portait en lui deux vices originels incvables.

Ayant à invoquer le concours de tous sans distinction pour la défense nationale, il était persuadé qu'il fallait superposer aux efforts généraux l'effort d'un parti et donner pour personnel à cet effort le personnel d'un seul parti. (Mouvement.)

Je dis cela parce que bien sincèrement, bien cordialement, je le lui ai dit à Paris, quand il nomma les ministres, et plus tard, lorsqu'il nomma les préfets. J'ai dit à cette occasion à M. Gambetta Vous allez tout perdre » (Approbation à droite.) J'ai donc le droit de parler comme je le fais ici aujourd'hui.

Én.second lieu, il était dominé par une tradition qui n'était pas vraie la tradition militaire de la Révolution, la tradition de 93. Eh bien! les Mémoires de Dumouriez en font foi cette tradition n'est pas exacte. A l'heure où nous sommes, l'âme de la nation ne peut plus combattre l'arsenal des nations (Très bien ) Il faut la science militaire perfectionnée pour lutter.

Il avait donc sur ce point des illusions qui lui ont été fatales. Je les avais bien souvent combattues autrefois quand je siégeais à côté de lui à l'Hôtel-de-Ville. Elles l'avaient conduit à proposer,-toujours tradition de 93, de décider que les grades dans la garde mobile seraient donnés à l'élection.

Une voix C'a été fait (Bruit.)

M. Trochii Battu une première fois, une deuxième fois, une troisième fois, sur cette question des élections, il y revint de nouveau, entraînant par son beau talent de parole ses collègues. Les votes furent unanimes dans le sein da gouvernement en faveur de cette opinion, excepté ceux du général Le Flô et de moi. Je cherchai à faire comprendre qu'il y avait là une injustice, car les officiers qui se trouvaient à Paris avaient bénéficié d'un décret, et il était injuste de le leur retirer. Or ce mode qu'il avait tant préconisé à Paris, plus tard à Tours, lors de l'organisation de la garde mobile, il refusa de s'en servir. Néanmoins le mal était fait pour Paris. (Mouvement.) Je réponds maintenant à un argument qui m'a été présenté. On m'a dit Pourquoi avezvous signé ce décret? Vous en parlez bien à votre aise, ai-je répondu à l'auteur de l'interpellation. Je m'explique. J'ai signé parce que, quand l'unanimité d'un conseil adopte une résolution comme celle-là, quand on ne signe pas, on doit se retirer. Durant cette crise de six mois, j'ai été mis plus de vingt fois à cette épreuve, jamais je n'ai voulu me retirer. Depuis mon entrevue avec l'empereur jusqu'à la fin, j'ai dévoré les plus cruelles amertumes pour ne pas donner ma démission, parce que je Considérais cet acte comme une lâcheté en présence de la gravité de la situation.

Quand arriva le combat de Coulmiers, Paris y vit le présage certain de nos victoires pour l'avenir. It se forma alors partout à Paris cette opinion il faut marcher au-devant de l'armée victorieuse vainement j'expliquai que c'était là une théorie qui ne pouvait se soutenir dans la pratique au point de vue militaire. De ce moment date à Paris un véritable vertige. On considéra qu'il suffisait d'aller en avant, et dans le sein du gouvernement on me somma, avec violence même surtout M. Gambetta, de songer à tenter une sortie afin de me diriger vers l'armée du dehors. Je fus obligé tout à coup de transporter de l'est à l'ouest tous les efforts que j'avais faits du côté de la presqu'île de Gennevilliers.

Je doute qu'e jamais général en chef ait rencontré, dans lé cours des événemens auxquels il a pris part, un accident plus douloureux que celui que je vous cite. Je ne trouvais plus li- bre la direction de Rouen l'ennemi l'occupait. M. Gambetta avait poussé l'illusion jusqu'à écrire que l'armée de la Loire bivouaquerait le 6 décembre dans la forêt de Fontainebleau. En effet, cette armée se porta à Orléans et môme en avant, mais alors elle rencontra les premiers échecs qui étaient inévitables et que j'avais prévus.

Lorsque j'eus la nouvelle de ces désastres, lorsque j'appris que l'armée de la Loire était battue, j'entrepris encore d'agir seul. Les efforts que j'avais faits dans la direction de la vallée de la Marne jusqu'au plateau d'Avron préparaient les batailles de Villiers et de Champigny. Le point d'appui était les forts de Nogent, celui de Rosny et le plateau d'Avron.

Depuis plus de deux mois je résistais à mon entourage pour ne pas occuper le plateau d'Avron, parce que c'était une position découverte et sans abri, et que la nature du sol dans cet endroit ne permettait pas d'y faire des travaux utiles. Cependant le plateau fut occupé, et cette occupation d'Avron fut faite par plus de 80 pièces d'artillerie, malgré un terrain défoncé, dans une nuit. Elle est due aux efforts de l'amiral Saissét, notre collègue, et ce fut un grand service qu'il me rendit.

Je ne m'étendrai pas sur les batailles de Champigny et de Villiers elles firent le plus grand honneur aux troupes qui y prirent part. Les deux batailles furent livrées, et chaque fois nous perdîmes 3,000 hommes. Les pertes de l'ennémi furent doubles.

Nos soldats et leurs chefs déployèrent la plus grande valeur, et si les colères populaires n'avaient déjà atteint un des officiers de cette armée, son courage, son énergie l'eussent couvert de gloire aux yeux de tous. Je veux parler de mon honorable ami, M. le général Duerot. (Mouvement.)

C'est là que périt l'illustre général Renault, qui avait passé sa vie entière sur les champs de bataille c'est là que succombèrent le général Ladreit de Lacharrière, le commandant de Grancey, un héros de la garde mobile, le commandant Franchetti et Prevost, des hommes à la mémoire desquels j'ai le devoir de rendre un hommage public pour qu'il ne soit pas perdu. Nous nous trouvions à une époque où lo général Chanzy venait d'honorer au plus haut point son nom avec sa retraite sur la Loire, où il tint tête à deux armées complètes pendant plusieurs jours; où le général Faidherbe, qui n'avait qu'une petite armée, tenait avec une indomptable énergie l'ennemi en échec où le général Bourbaki, dont l'intelligence et la vaillance militaires sont traditionnelles, entreprenait des opérations stratégiques si remarquables, mais qui avaient le malheur de venir eix semaines trop tard.

Je ne veux point parler de l'événement douloureux qui a failli faire perdre à l'armée ce brave général, qui ne pouvait se consoler d'avoir éprouvé un désastre qui en définitive s'expliquait par le nombre considérable des masses ennemies contre lesquelles il avait eu à lutter.

J'étais désespéré que l'ennemi ne me montrât jamais que ses canons. J'avais la conviction que si une fois il me montrait son infanterie, je le battrais. C'est cette opinion qui m'avait guidé lorsque'je songeais à conduire mes troupes dans les plaines de Saint-Denis. Un combat fut livré.

Le 21 décembre, la ligne de bataille commencait à Ville-Evrard, à deux heures- de Saint-Denis, et se terminait au Bourget. C'était un immense effort. L'ennemi ne nous opposa cette fois encore, que son artillerie. Le Bourget, enlevé si héroïquement par les marins, dut être évacué parce qu'ils n'étaient point soutenus. Il fallut bivouaquer, malgré un froid glacial, dans des tranchées. Le lendemain, je constatais dans ces tranchées 900 cas de congélation.. Le 30 commençait le bombardement qui devait durer vingt-six jours pour les forts et vingt jours pour Paris, bombardement qui, contrairement aux usages de la guerre civilisée, ne fut pas annoncé. Nos hôpitaux, tout nos asiles furent particulièrement frappés du. raut la nuit. Dans une autre circoastance dirai ce que je pense de ce bombardement. Il se produisit à cette occasion un fait contraire à ce que supposait l'ennemi. Le bombardement, loin d'abattre la population, lui

onna plus de courage et de force pour supporter sa -situation, d.

On a beaucoup parlé de la souffrance endurée par les classes pauvres; permettez-moi de vous dire qu'on a singulièrement exagéré, car cette partie de la population était, au contraire, dans une situation relativement satisfaisante. Mais il y avait un groupe considérable d'habitans, des marchands, des employés, des industriels qui, eux, ne recevaient absolument rien. Ce sont ceux-là les véritables héros du siége, ce sont ceux-là auxquels le gouverneur de Paris a le devoir de rendre ici le plus grMd hommage. (Vive approbation.)

Un jour, après avoir mûrement délibéré sur l'état de nos troupes et la disposition de l'armée ennemie, le général Ducrot me dit II faut absolument nous renfermer dans la défensive jusqu'à ce que nous ayons mangé le dernier morceau de pain. Déjà, ce que nous mangions n'était coiaposé que d'une faible partie de blé. C'était bien le pain de l'angoisse, le pain de la dernière heure Nous souffrions beaucoup.

Après tous les efforts qui avaient été faits, je pensais que le siège de Paris ne devait pas s'arrêter à ce moment, et que de nouveaux efforts devaient être faits. Je partageai cette pensée exprimée par le bailli de Suffren, et je me disais avec lui « Tant qu'il vous reste un coup de canon à tirer, il faut le tirer c'est peut-être avec celui-là que vous tuerez votre ennemi. n

Je voulais donc aller jusqu'au bout, épuiser tous les efforts, et je crois que mon devoir était là. Aussi, malgré la critique qui ne m'a pas été épargnée je persiste encore à le' croire.

Une voix à droite Très bien!

M. le général Troctan Je proposai une attaque sur le plateau de Châtillon. Cette attaque était pleine de périls, mais si nous réussissions, les positions de l'ennemi étaient tournées et nous pouvions devenir les maîtres à Versailles.Une conférence eut lieu il y avait 27 officiers qui y prirent part, et un seul fut de mon avis. Après une discussion, il fut donc décidé à l'unanimité d'attaquer directement Versailles en prenant pour base et point d'appui le mont Valérien. Cette opération avait paru préférable à toutes les autres.

Telle est, Messieurs, l'origine de la bataille de Buzenval, dans laquelle quatre-vingts bataillons de la garde nationale de Paris furent engagës.

La garde nationale a montré dans cette bataille un très -grand courage. lise produisit des actes de dévouement incomparables. Le colonel de Rochebrune périt, et son souvenir est resté dans ma mémoire comme celui d'un des plus vaillans officiers de l'armée.

Nous perdîmes aussi dans cette bataille lé vieux marquis de Coriolis, qui, malgré ses soixante-huit ans, porta courageusement le sac et le fusil, et fut se faire tuer dans les lignes ennemies. (Très bien très bien!) La garde nationale de Paris montra donc, je lo dis hautement, une grande énergie mais elle manqua d'organisation. Elle se présenta courbée sous le "poids des appareils de campement, de cuisine c'était un spectacle affreux, et chacun opérait à peu près pour son Compte! Un huitième des pertes de la garde nationale, qu'on peut estimer dans cette affaire à 3,000 hommes, a péri par le fait même de la mauvaise organisation dont je parle. Ainsi, pour jeter à bas le fameux mur de Longboyau, qui, crénelé à deux rangs, avec les armas à longue, portée pouvait arrêter une armée, on fut obligé d'essayer une sape.

Eh bien l des officiers du génie des soldats employés à cet ouvrage furent frappés par der- rière par l'inexpérience de la garde nationale, qui tirait trop bas. (Mouvement.;

Je me portais en avant avec un bataillon de la Vendée, lorsque je vis que nous étions près de l'ennemi. Eh bien plusieurs gardes nationaux, dans cette circonstance, troublés de la proximité de l'ennemi, se retournèrent, et à six pas de distance je vis mon aide de camp' frappé d'une balle par la garde nationale. Si je dis cela, c'est pour prouver qu'il n'est ` pas sage de conduire à l'ennemi des troupes manquant d'organisation, quels que soient leur courage et leurs sentimens patriotiques. A partir de la bataille de Buzenval, la population, la presse, la garde nationale, le gouvernement se prononcèrent contre moi d'une manière définitive. L'idée qui prévalut était celle qui, du reste, avait toujours prévalu depuis le combat de Coulmiers. Il fallait une sortie en masse. Une députation de gardes nationaux était même venue chez moi proposer de faire sortir en masse non seulement les gardes nationaux armés, mais même ceux qui n'avaient pas d'armes, afin, me disait-on, de livrer une bataille torrentielle. (Hilarité générale.) La foule n'était pas tout entière dans cette idée. Le gouvernement, au contraire, y était tout entier. C'était pour moi un cas de conscience militaire de m'y refuser. Le gouvernement tint de petits conciliabules afin de consulter des officiers; on s'efforça de trouver quelqu'un qui consentit à commander la grande bataille de sortie. Dts officiers de tous grades furent questionnés, mais il ne se trouva personne, ni colonel ni même un chef de bataillon qui acceptât de renverser le général en chef pour prendre son commandement. Vous comprenez bien que l'autorité du général en chef était perdue depuis ce moment.. Les maires de Paris réunis autour du gouvernement me dirent avec la plus grande cour- toisie du reste (c'était, je crois. M. Vacherot qui portait la parole), que ma situation n'était plus possible et qu'il fallait donner ma démission. Je répondis que jamais je ne donnerais ma démission. Mais je fis observer au gouvernement qu'il avait le droit de me destituer et de me remplacer. En effet, je fus destitué, puis remplacé. A cette occasion quelques journaux n'ont pas manqué de prétendre que ce remplacement était un arrangement convenu afin de me tirer d'embarras, parce que j'avais écrit précédemment dans une proclamation « Le gou-. verneur de Paris ne capitulera pas! • Eh bien! non c'était une véritable destitution; j'avoue que je supposais qu'après cinq mois da mar- tyre je méritais de mieux finir.

Remarquez qu'en disant que je ne capitulerais pas je parlais d'une capitulation en présence des efforts de l'ennemi mais il ne pouvait entrer dans mon esprit de dire que je ne capitulerais pas devant la famine d'une cité de 2 millions d'âmes! (Mouvement/!

Lors de l'entrevue de Fernères, M. de Bismark avait fait entrevoir que nous péririons par un mouvement populaire ou par la famine. A ce propos, on nous a reproche d'avoir laissé des groupes venir apporter des pétitions, et laissé s'étaler des gravures scandaleuses Pour écarter ces difficultés, il aurait fallu, comme à Lille, par exemple que ^existence ` de la population fût absorbée par 1 existence de l'organisation militaire. J'ai fait dominer des idées qui m étaient propres. Paris privé en vingt-quatre heures de sa vie intérieure, c'était sa mort; c était l'explosion populaire sur laquelle comptait M de Bismark. J'ai préféré maintenir 1 équilibre II a été trois fois dérangé; il était pré-, caire. Toujours est-il que nous n'avons pas eu cette explosion populaire, c'est-à-dire cette bataille après laquelle, gagnée ou perdue, 1 ennemi se proposait do pénétrer dans Pans. I Il est certain que durant quatre mois j al I lutté sans armes contre la démagogie armée. J'ai évité ce que vous n'avez pu parvenir à éviter le 18 mars; et cependant vous étiez un gouvernemenUégiUme!


Je termine en disant que certainement lo second siège de Paris est la conséquence du premier.

La garde nationale de Paris, au commencement du siége, comprenait 40 à 50,000 hommes animés du meilleur esprit; c'était celle qui fonctionnait au temps de l'empiré. Ces 50,000 hommes furent portés à 230,000. Du reste, toutle monde demandait à être armé, parce que chacun vivait de son arme. Je puis ajouter que cette garde nationale comprenait une Vingtaine de mille repris de justice et autant de gens sans aveu disposés à tout. Et si je vous rappelle cela, c'est pour vous démontrer combien, après tout, le mauvais esprit était en minorité et combien l'élément hannête était supérieur et nombreux.

Mais dans cette masse considérable d'hommes armés tout contribua à augmenter l'élément du moment, la paresse et surtout l'ivrognerie. L'ivresso devint telle que l'infortune général Clément Thomas dut sévir. Ce digne et honnête généra], qui est entouré de l'auréole du martyr, a été la victlme de sa fermeté. L'orgueil était entré dans le cœur de la garde nationale de Paris. Des bandes parcouraient les rues chantant la Marseillaise, criant La sortie en, masse comme plusiers mois avant, on parcourait Paris en criant A Berlin! comme s'il suffisait de crier A Berlin, pour y aller. (Mouvement approbalif. ) Cet orgueil entré dans son esprit, la garde nationale fut tout alors et la troupe de ligne rien. (Réclamations sur quelques bancs.)

Vous pourriez vous en convaincre par la lecture de deux rapports qui ont été écartés parce que leurs auteurs ont [[disparu. On y dit que la garde nationale est prête à tout, qu'elle peut sortir, attaquer les troupes prussiennes, qu'elle peut les battre, qu'elle a tout ce qu'il faut pour cela. Quant à la ligne, elle n'est guère bonne qu'à crier Vive lapaix Il est vrai qu'on ajoute, comme circonstance atténuante, que ce sont-ses chefs qui lui ont fait celte réputation.

Oui, Messieurs, l'orgueil était entré dans l'esprit de la garde nationale. (Interruption à gauche.)

Vous avez vu à Bordeaux le képi de M. Victor Hugo qui symbolisait cette situation. (Rires et applaudissemens à droite.)

M. Louis Blanc, sans aller jusqu'au képi, vous a dit à Bordeaux également aussi, en vous entretenant des choses de Paris, qu'il venait se prés an ter bien plus en membre de la garde nationale qu'en membre de l'Assemblée. (Interruptlon à gauche.)

Une voix à droite En tambour-major! Une voix à gauche C'est inconvenant. HI. le général Trochn Permettez-moi, Messieurs, de répondre avec le plus grand calme, et, j'espère que vous le reconnaîtrez, avec la plus grande courtoisie à mes interrupteurs, que je n'ai rien dit qui pût porler atteinte, dans cette innocente plaisanterie, à la grande position de M. Louis Blanc; et, soyez sûrs que, par des actes autrement compromettans pour la défense nationale, il a mis le gouvernement de Paris sur une sellette plus difficile. (Applaudissemens à droite. Réclamations à gauche.)

Je vous ai parlé des sectaires. Ce furent eux qui, au nombre do 12 ou 1,500 seulement, firent le 31 octobre.

Le 31 octobre, alors que j'étais entre leurs mains à l'Hôtel-de- Ville, je fus frappé de ce fait, que tous étaient armés de fusils à précision ou à tir rapide. J'en étais surpris parce que nous ne leur en avions point distribué. On nous a reproché, à propos de l'affaire du, 31 octobre, de n'avoir pas fait arrêter les chefs de cette coupable entreprise. (.oui oui I bruit ) et de n'avoir pas sévi raisonnons un peu Si alors que ces pauvres martyrs qu'on appelle aussi lesota^&sétaientàMazas, une colonne d,'infanterie y pénétrant eût trouvé ces infortunés enfermés avec leurs bourreaux et n'ayant pas d'armes, ne croyez-vous pas qu'il eût été sage de parlementer, de peur d'amener la mort des pauvres. martyrs? Le résultat de cette conduite aurait été de sauver les otages. D'autre part, leurs persécuteurs se fussent sauvés eux-mêmes par des veies plus ou moins détournées. Eh bien! c'est ce qui est arrivé à l'Hôtel-deVillo le 31 octobre, alors que plusieurs membres du gouvernement se trouvaient retenus s par la bande des sectaires. Le général Le Flû alla lui-même au-devant des mobiles du Finislèra et leur dit Restez là! S'il y avait eu une agression à main armée, il y aurait eu mort d'hommes des deux cô'és, tandis qu'en agissant comme on l'a fait, les membres du gouvernement qui étaient restés à THÔtel-de -Ville purent échapper à des actes de violence. Toutefois, dès le lendemain, vingt-quatre des principaux sectaires furent décrétés d'arrestation. Quant aux chefs principaux, ils ne furent point saisis, parce que, comme toujours, ils se tenaient à l'écart, attendant le moment propice.

Sept inculpés furent arrêtés. Un de ces hommes, qui avait des mécontentemens d'ambition, me proposa de me faire connaître l'organisation des sectaires. Ceux-ci avaient la mission de proclamer la guerre à outrance mais, en fait, ils ne devaient jamais combattre. Et en effet ils ne combattirent pas durant le siége. Ils devaient réunir les fusils et les canons dans un même endroit. C'est alors que le général Clément Thomas déshonora les sectaires, en rappelant dans plusieurs ordres du jour leur conduite aux remparts et dans les tranchées, où ils étaient toujours en étatd'ivresse. Il a été assassiné par des sectaires avinés et animés de vengeance (Trèj bien ) ]

J'ai terminé mon exposé. Je vous ai parlé avec l'impartialité la plus entière. Les amertumes que j'ai recueillies durant le siégeja les ai oubliées. La bienveillante attention que vous m'avez prêtée pendant ces deux séances contribuera encore mieux à me les faire oublier. Je me résume Une armée qui passait pour la plus puissante du monde, et qui le croyait, qui seule entre toutes avait, depuis quarante ans, fait heureusement la guerre d'outre-mer • et la guerre continentale, qui entre toutes possédait un riche budget, qui était commandée par des officiers généraux dont quelques uns étaient d'illustres chefs solidement encadrés, qui enfin était pourvue d'armes remarquables, cettearméea été, nonpasdésorganisée comme cela arrive souvent à la guerre, non pas détruite, comme il arrive quelquefois, mais elle a été enlevée. Elle a été entourée et faite prisonnière après un désastre dont on ne trouve l'équivalent dans l'histoire militaire d'aucun peuple. Et trois samaines ont suffi pour l'accomplissement d'un tel désastre.

De ce désastre est né en deux heures un gouvernement improvisé. Celui-ci a dû continuer la lutte avec une armée improvisée Un général, n'ayant que cette armée improvisée, a pu tenir en échec une armée do près d'un million d'hommes pendant près de cinq mois. Eh bien il s'est trouvé des officiers puissans qui ont été assez heureux pour faire accepter par l'opinion publique que ces trois semaines de désastres étaient le résultat d'une fatalité accompagnée de plusieurs fautes, tandis que le siège de cinq mois que nous avons subi serait le résultat de toutes les énormités (Mouvement.)

Les hommes et les choses du 4 septembre ne sont que la résultanle obligée, inévitable de Wissembourg, de Reichshoflen, de Sedan et de Metz!

Oui! on en est encore à faire remonter l'origine de tous nos malheurs à la date du 4 septembre. Messieurs, il n'y qu'une date qui mérite de rester dans l'exécration publique, c'est la date de la déclaration de la guerre faite dans l'orgueil, sans préparations et sans alliances. (Vive approbation.] [' :"«*̃ 1

M. Louis Blanc Quand M. le général Trochu a cru devoir parler de moi, je ne l'ai pas interrompu. Depuis que je suis dans cette Assemblée, j'écoute tous les orateurs sans jamais interrompre. Mais si j'ai demandé la parole, c'est parce qu'il m'a semblé qu'il y avait dans son discours une phrase qui pouvait être interprétée de diverses manières et qui devait être rendue plus claire. Il s'agit de ma conduite, et sur ma conduite, il ne doit peser, Messieurs, aucun nuage de soupçon. A gauche: Très bien

Je n'ai pas, que -je sache, créé le moindre embarras au gouvernement do la défense nationale, et si pareil reproche .m'était adressé, j'aurais, pour y répondre, j'aurais, pour attester ma conduite, le témoignage de Paris, le témoignage des 216,000 suffrages qu'il m'a donnés. (Applaudissemens à gauche.)

Ai-je fait partie d'aucun club? Non. On a parlé du 31 octobre. Le matin de ce jour j'ai été assiégé de députations, les unes suppliantes, les autres menaçantes, me disant que mon devoir était de me mettre à la tête du mouvement. (Interruption à droite.)

Eh bien! qu'ai-je répondu? J'ai répondu à ceux qui me pressaient qu'ils commettaient une mauvaise action s'ils persistaient et qu'ils agiraient en mauvais citoyens.

J'en appelle aux membres de la défense nationale.

M. EmmanncI Arago C'est parfaitement vrai.

M. Louis Blanc Je répondais Stimulez le gouvernement si vous voulez, mais soutenez-le. Je mets donc au défi, Messieurs, qui que ce soit de prouver que j'aie jamais agi autrement qu'en bon citoyen. Et ma réponse à toutes les railleries et à les insultes est celle-ci: Elles ne m'atteignent pas. Tant pis pour les railleurs et les insulteurs! (Applaudissemens à gauche.)

M. le général TfocIhi Je veux donner à M. Louis Blane des explications qui lui paraîtront tout à fait satisfaisantes.

A Dieu ne plaise que j'aie voulu le représenter comme un sectaire, ou un ami des sectaires, ou un ennemi des membres du gouvernement de la défense Nationale. <-

M. Louis Blanc a été, je crois, très sympathique au gouvernement de la défense dans le commencement. Puis, à un moment donné, alors que se produisit dans la garde nationale cette explosion de sentimens que j'ai essayé de définir sans amertume, je crois qu'il est entré aussi dans ces sentimens.

Un jour il vint chez moi et me demanda comment j'ent'endais sortir de la situation. Je le lui dis. Lui-même m'a exprimé modestement les vues qu'il avait. M. Louis Blanc n'était, du reste, que dans l'exception. Tous les matins mon cabinet se trouvait rempli de citoyens venant avec un plan pour sauver Paris. Si M. Lous Blanc, avec la haute notoriété qu'il a partout et qu'en particulier il possédait dans la ville de Paris assiégée, avait eu simplement ses idées et s'était borné à en parler aux membres du gouvernement, rien de plus juste. Mais il les a exprimées dans des lettres publiées par les journaux, où il donnait à entendre que le gouverneur de Paris comprenait peu ou comprenait mal son devoir.

M. Louis Blanc était dans son droit, je ne le conteste pas, mais j'ai le droit, moi aussi, de dire qu'il a contribué pour une part à me' créer dans ma situation des difficultés sérieuses. Si cependant, dans ce que j'ai dit relativement aux exagérations de la garde nationale, quoi que ce soit peut affliger ou blesserM. Louis Blanc que je n'avais vu quelejour dontje vous ai parlé, je lui dis, en toute cordialité qu'à aucun degré je n'ai eu l'intention de le mettre en scène et que je suis prêt à retirer mon innocente plaisanterie! (Applaudissemens nombreux à gauche. Non! non à droite.) M. Stufanre, garde' des sceaux J'ai l'honneur de déposer un nouveau pi ojet, j'espère le dernier, pour régler les échéances des effets de commerce. Je demande l'urgence. (Ah! ahl) L'Assemblée adopte l'urgence.

m. le général Chanzy J'aurais voulu vous laisseret rester moi-même sous le charme de la parole que vous venez d'entendre. Je viens simplement ajouter à la page d'histoire que le général Trochu a produite quelques faits qu'il a ignorés. Plus tard, quand on fera dans des temps plus calmes l'histoire de cette dernière guerre, nos ennemis que nous avons vus de si près en province ne seront pas les derniers à reconnaître que nous valions bien quelque chose.

Quoi qu'on en ait dit, les armées de province existaient parfaitement, et c'est une justice à rendre à la délégation de Tours, c'est qu'elle les a créées at organisées. (Applaudisseméns à gauche réclamations à droite.) Oui, elle les a créées assez énergiques pour lutter avec succès dans vingt combats.

Et d'ailleurs ces armées de province sont celles qui se trouvent en ce moment devant Paris et qui ont contribué à réprimer l'émeute dans la capitale. Parmi les troupes qui ont combattu à Paris, huit divisions d'infanterie, deux divisions de cavalerie et dix batteries de campagne provenaient des armées de province. Ce n'était donc pas des tronçons épars, sans consistance, comme on l'a prétendu. Suivant l'orateur, le gouvernement de la défense nationale aurait péché par la; direction générale. Il ajoute que jamais dans son armée (celle de la Loire), il n'est entré la moindre préoccupation politique. On ne songeait et cela aurait été formellement déclaré par la délégation de Tours au général Chanzy qu'à sauver l'honneur national. C'est pourquoi, dit-il, j'ai vu arriver avec plaisir tous les noms possibles qui venaient m'ofïrir leurs services les Charette, les Cathelineau, enfin les princes d'Orléans. (Très bien très bien !) Croyez-vous que si une idée politique avait prévalu au sein de l'armée, on auraitvu se mêler tous ces noms différons ? Evidemment non.

Si le gouvernement de la défense nationale avait fait son devoir; s'il avait profité des immenses ressources que le pays a fait jaillir, peut-être ne serions-nous pas arrivés à la situation fâcheuse que nous avons tous déplorée, Aussi croyez, Messieurs, que je souffrais' depuis longtemps de ne pas entendre un mot d'éloge donné à ces armées de l'intérieur. (Réclamations àdroite.) Ce n'est pas mon sentiment personnel qui m'a fait monter à la tribune,- mais le sentiment seul de faire rendre à ceux que j'ai commandés la justice qui leur est due. (Réclamations à droite.)

Je lutte depuis longtemps pour la régularisation des grades noblement acquis, et je n'obtiens rien, tandis qu'on s'est montré très généreux pour l'armée de Paris, dont je ne nie pas, a coup sûr, l'héroïque résistance. Je conclus. Messieurs, en disant que lors-, que vous examinez tous les actes qui touchent à la défense nationale, vous ne pouvez séparer de ces actes la conduite du gouvernement lui-même, parce que c'était à lui, gouvernement de la défense nationale, qu'il appartenait d'user de toutes les forces, de toutes les ressources du pays. (A gauche très bien !) M. Brnnct monte à la tribune et répond au général Trochu au milieu du bruit et des conversations qui ne permettent que très difficilement de suivre sa pensée.

BI. le comte de Casîellanc déclare que tout le monde est d'accord pour rendre aux armées de province le témoiguage qui leur est dû mais, suivant lui, on ne doit pas confondre les hommes qui ont su organiser ainsi la. défense en province, avec coux qui n'ont fait qne la désorganiser à i'aide de procédés révolutionnaires.

Aux d'Aurelle.de Paladines, aux Chanzy, aux Charette, aux Faidherbe et à tant d'autres nous rendons un juste et mérité hommage; mais, je le répète, nous ne voulons pas que l'on confonde ces braves généraux avec un homme qui, en définitive, a fini par désorganiser la défense en province! (Nombreuses approbations à droite. Réclamations à gauche, bruit* prolongé.) *)

M. Lctaoël J'entends prononcer un mot malheureux. On me dit Quand onest gambetlisie, on n'est pas notre collègue Quant à moi, je ne suis ni gumbettiste ni quoi que ce soit; je suis un bon citoyen qui veut la paix. Mais. en ce qui concerne M. Gambetta, j'ai bien le droit de déclarer que l'accusation qui vient d'être portée contre lui est injuste; qu'elle est d'autant plus injuste qu'elle peut s'adresser en même temps à ceux qui ont été comme moi le collaborateur de M. Gambetta. (Très bien très bien! à gauche.)

La discussion est close.

La résolution de la commission est adoptée. En conséquence, la Chambre décide que les procès-verbaux des délibérations du gouvernement de la défense nationale, et tous les documens propres à éclairer le jugement de l'Assemblée seront soumis à la commission d'enquête de trente .membres chargée d'examiner les actes de la délégation de Tours et de Bordeaux.

Un membre dépose un rapport sur la proposition de MM. Magnin, Bethmont et Raudot, concernant l'organisation départementale. La séance est levée à six heures.

Demain jeudi, à trois heures, séance publique.

Nous reproduisons d'après le Journal officiel le texte du testament de M.. le général Trochu, lu dans la séance d'hier

« Je demande à Dieu d'écarter de mon pays les douloureuses épreuves qui le menacent. Elles différeront peu, quant à leur origine, de celles qui accablèrent le premier empire. Dans les doux cas, la France, et plus encore son gouvernement, les auront méritées.

» Si par malheur la chance tournait contre nous, si nous avions à combattre l'ennemi sur notre propre territoire, on verrait comme autrefois l'opinion s'égarer dans des accusations de refus de concours, d'impéritie, de trahison contre les généraux. Il y aurait des Dupont, des Marmont, des Grouchy, des Benedeck, sur qui le gouvernement, car c'est la loi de ces situations, nemanqueraitpas de faire peser la plus lourde part qu'il pourra de ses propres fautes, et à qui le sentiment public, conduit par un violent chauvinisme, ne pardonnerait pas les revers du drapeau et les malheurs du pays. Il y a des raisons pour que je sois l'un de ces généraux, si j'en juge par la défiance que me montre le pouvoir depuis vingt ans, et c'est pour défendre, le eas échéant, ma mémoire contre d'injustes et douloureuses imputations que, dans l'exposé qui précède, j'ai fait en quelque sorte l'histoire morale de ma vie et que j'ai exprimé avant les événemens les prévisions que me suggéraient l'examen impartial de ces événemens et l'expérience de ma carrière.

» Je charge, en conséquence, ma fomme,mes frères et sœurs, tous autres membres de ma famille, et tous ceux de mes vieux amis que préoccupe l'honneur de ma mémoire, do discuter, s'il y a lieu, dans un conseil de famille, l'opportunité de la publication du présent testament, et de faire cette publication, s'ils le jugent nécessaire ou utile.

» Fait en entier de ma main, à Paris, le 21 juillet 1870, avant l'ouverture des hostilités. » Appendice. Les imaginations grisées vont se refroidir; on ne tardera pas à envisager cette guerre ce qu'elle est, vis-à-vis de l'Europe, par la précipitation et le coup de tête qui l'ont inaugurée, vis-à-vis de i'ennemi, par les efforts qu'il faudra faire dans un grand désordre et avec des dépenses effrayantes, pour réaliser une préparation qu'on disait complète, et qui ne l'était pas. On va se troubler de cette découverte on va constater que la Marseillaise, que les agitations guerrières de la rue, que les cris « A Berlin! » et même un enthousiasme sincère et généralisé ne modifient guère le fond de cette situation pleine de périls politiquement et militaiio aent. Je veux espérer qu'après une première bataille gagnée, cette situation s'éclaireira en donnant ouverture à quelque honorable situation qui permettra au gouvernement de sortir et de nous tirer de l'impasse où il nous a engagés, sinon l'empire va périr dans cette crise, et notre chère France en sera profondément meurtrie. Dieu la sauve »

Faits div©i*s.

On se prépare beaucoup dans l'armée à la grande revue qui doit être passée dimanche prochain au Champ-de-Mara par l'Assemblée Nationale.

120,000 hommes seront passés en revue; les fusiliers marins de la division Bruat occuperont la droite.

Le nombre des canons sera très considérable.

A la gauche des troupes défileront les compagnies d'officiers volontaires de la mobile et des gardes mobilisés qui formaient le corps des volontaires du colonel Valette.

Les volontaires de Seine-et-Oise, commandés par le colonel Franchet d'Espéret, auront aussi leur place de bataille.

Après la revue, des médailles militaires et des décorations seront distribuées aux troupes. (Patrie.)

Un certain nombre d'officiers étrangers viennent d'être désignés par leurs gouvernemens pour assister à la grande revue de dimanche prochain. L'Angleterre; l'Autriche, la Belgique, la Hollande. l'Italie, l'Espagne, la Confédération helvétique y seront représentées par des députations militaires dont les membres sont attendus demain ou après-demain à Paris. (Idem.) Le Courrier de la Gironde contient l'avis suivant

VOLONTAIRES DE L'OUEST. LÉGION DE M. DE CHAKETTE.

« Le comité reçoit toujours des enrôlemens rue Saint-Christoly, 8, de midi à trois heures, et rappelle que le général de Charette est autorisé à recevoir les jeunes gens de la classe 1871.» »

Quel usage M. de Charette entend-il faire de ces volontaires? Au profit de quelle cause les recrute-t-il ? Le gouvernement français n'a certainement plus aucun besoin de troupes irrégulières. Et si ce n'est pas le gouvernement, qui donc profitera de cette levée exiraordinaire ? M. de Cathelineau a licencié sa légion, M. de Charetta continuant à grossir la sienne, cela demande explication.

Le Gaulois a reçu la lettre suivante « Versailles, le 12 juin 1871.

» Monsieur le directeur,

» Dans un article inséré dans votre- numéro de ce jour, signé par M. Wachter, et portant pour titre la Réorganisation militaire, mon nom figure au milieu de toutes les itnpévoyances attribuées à l'administration de la guerre, du 25 juillet au 7 août 1870.

» Je vous prie de faire rectifier, en ce qui me touche, ledit article, en vous rappelant que je ne suis entré en fonctions comme ministre de la guerre que lo 11 août, et que ce n'est qu'à partir de cette date que j'accepte la responsabilité de tous les actes du ministère de la guerre jusqu'au 4 septembre.

» Agréez, monsieur le directeur, l'assurance de mes senllmens distingués.

» Général comte DE Palikao. »

Le parc des buttes Chaumont sera rendu demain aux promeneurs, s'il ne l'est pas ce soir. Nous sommes parvenus à nous y introduire malgré les grilles formées à tripie tour, et voici ca que nous pouvons affirmer Les grands arbres et les massifs ont peu souffert de l'effrayante canonnade qui s'est engagée pendant vingt-quatre heures entre les buttes Chaumont et la butte Montmartre; seu-

loment les gazons étaient à refaire partout 1 c'est fait.

Dans la pièce d'eau, alimentée pur la grande cascade, on avait enterré ou plutôt envasé de quarante à cinquante cadavres d'insurgés. Ces cadavres, exhumés la semaine deruiôre, ont été déposés dans de larges et profondes tranchées pratiquées derrière les carrières d'A-mérlque.

A propos de cadavres, on a dit qu'on en avait exhumé plusieurs du square Montholon. La nouvelle est complètement inexacte, par l'excellente raison que ni un insurgé ni un soldat da l'armée régulière n'ont été enterrés dans cette promenade de prédilection des habitans du quartier Lafayette. (Liberté.) On lit dans la Nation souveraine « L'autorité militaire a fait afficher hier à la porle de toutes les prisons de Paris l'avis suivant

« Les personnes qui s'intéressent aux pri» sonniers sont informées qu'ils sont tous diri» gés sur Versailles. »

» Cet avis a été placardé pour éviter à l'auto.rité une perte de temps considérable. » On lit dans le Messager de Paris

« Oa sait que, durant la guerre, un grand nombre dç villes ont cru. pour faire face aux obligations du 'moment devoir émettre du papier-monnaie par coupures de 1 2, 5 et 10 fr. » On procède en ce moment au retrait.de ces bons urbains.

» II est probable qu'avant peu do temps une circulaire ministérielle autorisera les percepteurs des départemens dans lesquels ces bons auront été émis, à les prendre comme argent comptant, afin de les enlever à la circulation. » Nous lisons dans le Précurseur d'Anvers « Parmi les méprises innombrables qu'on commence à signaler dans l'exécution • de prisonniers faits par les Versaillais, et fusillés après leur triomphe, on nous en cite une qui frappe directement une famille de notre ville. » M. Vidal avait marié sa fille, il y a vingtdeux mois seulement, à un jeune homme de Paris, capitaine dans la garde nationale. » Pendant l'insurrection il s'abstint de tout service militaire et il était parvenu à échapper aux perquisitions de la Commune, lorsque huit jours avant l'entrée des Versaillais, il reçut l'ordre de se mettre la tête de sa compagnie sous menace d'être passé par les armes. » Il quitta alors son domicile et se cacha jusqu'à l'entrée des troupes gouvernementales.

» Se.croyant libre enfin, il retourna chez lui, mais ce ne fut que pour tomber entre les mains des Versaillais, sous .l'inculpation d'avoir défendu une barricade II protesta contre la dénonciation qui le frappait. Malheureusement les justifications n'étaient guère écoutées en ce moment, et il fut entraîné à la caserne avec d'autres prisonniers, coupables et innocens pêle-même.

» En vain le maire ds son arrondissement, prévenu, s'empressa-t-il de signer uue déclaration d'innocence et de la faire signer par tous les voisins; en vain courut-il lui-même porter aux autorités militaires ce témoignage irrécusable :1e malheur voulut qu'on l'envoyât d'abord, par erreur, à la caserne de La Villette, et lorsque, mieux renseigné, il courut à l'endroit où les exécutions avaient commencé, il était trop tard, le massacre était accompli. » On comprend dans quelle horrible douleur cette .perte a jeté la double famille de ces jeunes mariés.

» Le beau-père, M. Vidal, estvparti en toute hâte pour Paris, »

Les détails suivans sur l'exhumation des cadavres des otages fusillés à Belleville ont été communiqués au Siècle

« Lundi 29 mai dernier, alors que la guerre civile se terminait par la prise des hauteurs de Belleville, M. l'abbé Raymond, vicaire de l'église Saint-Jean-Baptiste, se présentait à la mairie du 20° arrondissement, accompagné d'un individu à la recherche du cadavre de son frère, qu'il supposait avoir été fnsillé pendant l'après-midi du 24, dans larueHaxo, avec d'autres prisonniers détenus a la Roquette. » L'autorité se transporta immédiatement sur le lieu de l'exécution, qui était encore couvert du sang des victimes. Non loin da là se trouve une maison en construction, dont la voûte récemment percée à coups de pioche appela l'attention des visiteurs. » Une odeur fétide s'exhalait par l'ouverture, qui fut élargie, et quelques instans après, on relirait" ciûquante-huit cadavres de ce caveau improvisé.

» Dix de ces cadavres étaient recouverts de l'habit religieux. Parmi eux on reconnut M.. l'abbé Sabattier, vicaire do Notre-Damede-Lorett,e M. l'abbé Plunchard, aumônier; M. Seigneuray, du séminaire Saint-Sulpice; trois jésuites et quatre piepuciens. Un autre cadavre était revêtu d'habits bourgeois assez élégans.

» Quant aux quarante-sept autres, c'étaient tous d'anciens militaires ou des gendarmes. » Le commissaire de police qui assistait à l'exhumation a recueilli tous les renseignemens de nature à établir l'identité de chacun; après quoi il les a fait renfermer dans une bière et ensevelir au cimetière de Belleville. » Cinq cadavres qui n'ont pas été reconnua sont tenus à part et ne sont pas encore enterrés.

» C'est dans les dépendances de la propriété située rue Haxo, et portant le n° 85, qu'a été commis l'épouvantable assassinat de ces cinquante-huit otages. »

On lit dans le Siècle}:

« Au nombre des victimes innocentes de nos discordes civiles, nous avons la douleur d'ajouter le nom d'un jeune homme âgé de vingtsept ans, M. Faneau, docteur en médecine. » Le docteur Faneau s'était engagé dès le début de la guerr-e dans les ambulances internationales. Pendant tout le siège de Paris, il n'a cessé de soigner les blessés avec zèle et dévouement.

» Après la révolution du 18 mars, il resta à Paris et reprit son service dans les ambulauces.

» Le 25 mai dernier, il était de garJo au grand séminaire de Saint-Sulpice, où les fédérés avaient établi une ambulance.

» Lorsque l'armée se fut emparée du carrefour de la Croix-Rouge, elle s'avança jusqu'à la place. » Une compagnie do ligne vint à la perte du grand séminaire, où flottait le drapeau de Genève.

» L'officier qui la commandait demanda à parler au chef de l'ambulance-. Le docteur Faneau, qui en remplissait les fonctions, se présante.

» Y a-t-il ici des fédérés? lui demanda l'officier.

» Je n'ai que des blessés, répondit M. Faneau ce sont des fédérés, mais ils sont à mon ambulance depuis déjà quelques jours. » Au moment où il achevait cette phrase, un coup de feu partit d'une des fenêtres du premier étage et elle frappa un soldat. » Ce coup de feu était tiré par un des fédérés blessés, qui s'était traîné de son lit jusqu'à la fenêtre.

» Aussitôt l'officier, exaspéré, se jeta sur le docteur Faneau, en lui criant Vous mentez, vous nous avez tendu un piège; vous êtes l'ami de ces. coquins, vous allez être fusillé. » » Le docteur Faneau comprit que ce serait en vain qu'il essaierait de se justifier; aussi il n'opposa aucune résistance au peloton d exécution.

» Quelques minutes après. 1 infortuné jeune homme tombait, frappé de dix balles. » Nous avons connu le docteur Fàneau, et nous pouvons affirmer que, bien loin de sympathiser avec les membres de la Commune, il déplorait leurs funestes égaromens et attendait avec impatience le rétablissement de l'or- dre. »

L'arrêté suivant a été affiché sur les murs de Lyon

« Nous, maire da Lyon.

Vu les lois des 16-24 août, 19-22 juillet 1791, 13 juillet 1837;

» Cousidér&ut quu la vente à haute voix des journaux dans les rues et places de Lyon est une. cause d'embarras pour la circulation et occasionne des désordres sur la voie publique, arrêtons

» Art. 1". Il est interdit de crier et de colporter des journaux sur la voie publique à Lyon.

» Cependant la vente des journaux pourra être autorisée sur la voie publique, mais seule-

ment aux emplacemens indiqués par la voirie et aux conditions imposées par elle.

» Art. 2. Les contraventions au présent arrêté seront constatées par des procès-verbaux et poursuivies conformément aux lois. n Art. 3. M. l'adjoint chargé de la police municipale et les agens do la força publique sont chargés d'assurer l'exécution du présent arrêté, chacun en ce qui le concerne.

» Lyon, le 5 juin 1871.

» Le maire de Lyon,

» Signé Hénon.

» Vu et aoprouvé Pour copie conforme » Lyon, le 7 juin 1871. L'adjoint délégué, » Le préfet du Rhône, C. Bouchu. » Commissaire extraordinaire

de la République,

» Edm. Valentin. »

On lira avec intérêt les détails qui suivent, empruntés à des pièces officielles, sur les frais auxquels ont donné lieu la composition, la construction et l'érection de la colonne Vendôme (année 1810).

1,200 canons ont été employés pour la matière métallique. Les plaques, taillées en basreliefs représentant 45 faits d'armes, étaient au nombre de 273.

Le poids total des bronzes de la colonne était de 251,367 kilogr.

Quatre aigles figurent, on le sait, aux angles du socle do la colonne; chacun pèse 250 kilogr. Voici maintenant ce qu'a coûté exactement le monument une fois érigé

La fonte, 164,837 fr.; les frais de pesée, 430 fr.; la ciselure, 267,219 fr.; frais de modèle pour la statue quicouronnait le monument, 13,000 fr.; frais de modèles pour bas-reliefs, 190,000 fr.; sculpture d'ornementation, 39,1 15 fr.; dessins de composition, 11,400 fr.; construction, maçonnerie, serrurerie, charpente, plomberie, etd, 601 ,979 fr.; honoraires des architectes MM. Lepère et Gondoin, 30,000 fr.; valeur effective du bronze, à raison de 2 fr. 50 c. par kilogramme, 628,417 fr. Total 1 million 973,417 fr.

Denon a été chargé de la direction de la sculpture. On sait qu'un des pavillons méridionaux du nouveau Louvre porte le nom de cet artiste éminent, mort en 1825.

La ciselure est l'œuvre de M. Raymond. Trente-trois statuaires ont travaillé aux basreliefs enfin la sculpture d'ornementation a été exécutée par M. Gelée.

La statue de Napoléon qui fut jetée bas par les alliés en 1814 était l'œuvre do Chaudet. Celle qui fut placée en 1833 avait été exécutée par M. Emile Seurre elle a coûté 60,000 Ir. Cette statue, déplacée il y a quelques années pour être érigée au rond-point de Gourbevoie, jia été abattue par les fédérés.

-Voici le chiffre exact des armes fsaisies entre les mains des insurgés et rendues à l'Etat, bn vertu des ordres do l'autorité militaire 285,000 chassepots 190,000 fusils à tabatière 68,000 fusils à piston; soit 543,000 fusils de tous modèles, avec leurs sabres-baïonnettes ou baïonnettes, et les fournimens correspondans

56,000 sabres de cavalerie de toutes formes et de tous grades

14,000 carabines la plupart du système Enfield

39,000 revolvers. ( II en manque encore 11,000 à l'appel);

Enfin, 10,000 armes diverses, telles que poignards à côtes, poignards simples, stylets, hachettes, cannes à épées, etc.

Ce'qui donne jusqu'à ce jour un total de 606,000 armes de toute espèce entre les mains des communeux, indépendamment des 1,700 pièces de canon et mitrailleuses qu'ils avaient prises à l'Etat, et dont ils avaient fait le terrible usage que l'on sait.

Quant aux armes de luxe, fusils de chasse, pistolets, sabres, etc:, dont le dépôt est exigé en vertu des circonstances exceptionnelles que nous traversons, elles ne dépassent pas jusqu'à présent le chiffre de 13,000, ce qui s'explique tout natarallement par le grand nombre de personnes qui se sont sauvées de Paris dans ces derniers temps. [Soir.) On écrit de Versailles à la Gazelle des Trirbunaux\:

« Quoique le nombre des f Mérés prisonniers ait diminué considérablement à la suite des différons envois dans les ports de mer, les abords de l'Orangerie et du parc d'artillerie de Satory, où ils sont enfermés, ne cessent d'être envahis par une foule de gens qui cherchent,à pénétrer jusqu'à eux. Mais la consigne est des plus Révères, et nul ne peut franchir le seuil sans un ordre signé du colonel de place.

» Le parc d'artillerie, composé de quelques bâtimens entourés par une immense cour fermée, ne contient guère, à l'heure qu'il est, plus do 400 prisonniers, parmi lesquels environ 150 militaires ou pompiers arrêtés dans Paris. Les précautions les plus minutieuses sont prises paur éviter toute tentative de révolte à l'entrée, deux pièces de canon chargées à mitraille; le long des murs, 4 compagnies d'infanterie surveillant l'intérieur par de nombreuses meurtrières gardées chacune par une sentinelle.

» L'Orangerie, où se trouvent d'immenses caves contient environ six cents détenus. Vu la disposition des. lieux, il n'a pas été nécessaire de faire un déploiement de forces aussi considérable qu'à Satory.

» Le supplémeat d'instruction ordonné il y a quelques jours est â peu près terminé. » L'autorité militaire et la police se montrent infatigables dans leurs recherches, et leurs efforts continuent d'être couronnés d'un plein succès. Les arrestations d'hier ont été aussi nombreuses et non moins importantes que celles des jours précédens. On cite parmi les malfaiteurs mis sous la main de la justice Ch. Gérardin, membre de la Commune et de la commission exécutive qui précéda le premier Comité de Salut public; c'est dans un hôtel garni do la rue du Vert-Bois qu'il a été capturé;

•Regnard, le bras droit de Raoul Rigault, arrêté dans une chambre meublée dune maison de la rue de l' Ancienne-Comédie; il avait teint ses cheveux et coupé sa barbe. Il nie son identité

Garnier, ex-acteur des Bouffes-Parisiens et directeur du Grand-Opéra de la Commune. • On écrit de Narbonne, le 11 juin, au Messager du Midi

« Une dépêche de M. Thiers, au maire de Narbonne, lui annonce que grâce est accordée aux dix-huit militaires du 52° condamnés à mort par le conseil de guerre. »

La chambre de commerce de Marseille vient de décider que quatre de ses membres se rendraient à Versailles, pour défendre auprès du gouvernement les intérêts du commerce de la place, dans les graves questions qui s'agitent en ce moment. (Soir.) Le 27 mai, le Phare de la Loire rendait compte d'une affaire correctionnelle intentée par M. Pierre Léyêque, vicaire de Cetigné, à lUin de ses paroissiens. Le compte-rendu de ce procès a amené M. Lévêque à traduire le Phare devant la police correctionnelle pour s'entendre condamner à 2,000 fr. de dommagesintérêts « pour tel emploi de bienfaisance qu'avisera le demandeur. »

L'affaire doit veuir le 15 juin M. WaldeckRousseau défendra le Phare de la Loire. –Le conseil d'Amirauté vientd'ètre reconstitué de la manière suivante

MM. les vice-amiraux Larrieu, Maziére et Rozé

Les contre-amiraux Mequet et Exelmans; L'inspecteur général de Bon et MM. les capitaines de vaisseau baron Duperré et marquis du Rousseau de Fayolle.

Le ministre de la marine s'occups maintenant de la reconstitution du conseil des travaux, qui restera sous la présidence de M. le vice-amiral Touchard. (Le Monde.) On lit dans la France

« Quelques journaux parlent d'un congé que serait à la veille de prendre l'Assemblée. Il a été en effet question, ces jours-ci, de vacances parlementaires, mais seulement pour la fin du mois de juillet. Pour le moment, loin de songer à se séparer, la Chambre prépare une campagne très active-, où la politique cédera le pas aux. questions d'affaires. 'v » On parle, entre autres, d'une loi nouvelle sur la question des loyers, à laquell% les deux mois du règne de la Commune sont venus ajouter une complication. »

Le service des transferts a été rétabli aujourd'hui à la Bourse; mais, en attendant que les bureaux du ministère des finances aient pu être installés au ministère d'Etat., les transferts des rentes, après avoir été signés à la Bourse, seront opérés à Versailles, ou se trouve encore le Grand-Livre. On ne pense pas que le Grand-Livre puisse être ramené à Paris avant une quinzaine de jours. (Liberté.) Un service sera célébré jeudi prochain 13 juin, à neuf heures très précises du matin, à l'église des Quinze-Vingts, rue de Charenton, 24, en mémoire du commandant Poulizac* mort à Paris pour la cause de l'oi-dje, Ie23.mai dernier.

Ses amis sont priés d'y assister. f

Il ne sera pas adressé d'autre invitation. Sous ce titre De V Impôt et de la Production, lettre ic ~Df. les députés de l'Assemblée Nationale, un « industriel » vient de publier quelques considérations remarquables sur le système d'impôt qu'il conviendrait d'adopter dans les circonstances actuelles pour relever nos finances sans tarir les sources de la production.

M. Ernest Havet rouvrira le cours d'éloquence latine au Collége de France, le jeudi lu juin, à midi et demi.

M. Delafosse, membre de l'Académie des Sciences, professeur de minéralogie au Muséum d'histoire naturelle, commencera ce cours le vendredi 16 juin, à onze heures du matin, dans l'amphithéâtre de la galerie de minéralogieif.t le continuera les lundi, mercredi et vendrètli de chaque semaine, à la même heure. M. de Quatrefages, membre de l'Institut, professur d'anthropologie au Muséum d'histoire naturelle, commencera ce cours le samedi 17 juin, à trois heures, et le continuera les mardis, jeudis et samedis suivans à la même heure.

-Hier. à minuit, le thermomètre centigrade de l'ingénieur Ducray-Chevalier, Pont-Neuf, marquait 17 degrés 5/10os au-dessus de zéro; aujourd'hui, à six heures du matin, 17 degrés 1/10° au-dessus de zéro à midi, 26 degrés 4/10es au-dessus de zéro; à deux heures, 26 degrés 7/1 0es au-dessus de zéro.

Hauteur du baromètre à midi, 761mm./ Voici la saison thermale arrivée; aussi les malades qui ne sont pas encore fixés sur le choix des eaux apprendront-ils avec plaisir que le docteur Constantin James, le célèbre spécialiste, est de retour à Paris.

Bulletin judiciaire.

1er CONSEIL DE GUERRE DE LA 9a DIVISION MILITAIRE SÉANT A MARSEILLE.

Affaire du mouvement insurrectionnel du 4 avril 1871 à Marseille. v

t LA COMMUNE INSURRECTIONNELLE. Audience du 12 juin 1871.

(Suite.)

Présidence de M. Thomassin, lieutenant -colonel du 48° de ligne.

IL r

2° Pélissier et Ducoin se sont rendus coupables des crimes prévus par les articles 87, 88, 89, 91, 92, 96, 97, 98, 99 du Code pénal, 208 du Code de justice militaire, et d'avoir en outre, sans droit, ni motif légitime, pris le commandement d'une troupe, d'un poste, d'une ville, crime prévu par l'article 93 du Code pénal, savoir

1° Pélissier Le 1er avril, sur l'invitation de Landeck qu'il avait connu autrefois dans les réunions populaires où il assistait pour son instruction personnelle, Pélissier se rendait à la préfecture, se prnposait pour général et était nommé par Landeck, Crémieux et Mégy. La nomination était affichée le jour même et en même temps Pélissier entrait en fonctions par la proclamation à l'armée dont Crémieux rejette la rédaction sur Pélissier, mais qui, en résumé, a été acceptée par tous deux et par tous les autres membres de la commission départementale.

Le 3 avril, pour faire acte d'autorité et laisser trace de son haut commandement, il signait trois réquisitions et une autorisation au capitaine Lefèvre, nommé provisoirement commandant du 18° bataillon,' de rassembler le bataillon à l'effet de conduire à la préfecture 150 à 200 hommes. Dans la nuit du 3 au 4. il se concerte avec Landeck, et quelques instans après le rappel était battu, appelant aux armes tous les bataillons dissidens. Toutes les mesures étaient prises, et Pélissier, ceint d'une écharpe rouge à franges d'or, insigne de son grade, se trouvait dans la préfecture, à la tête de 1,000 à 1,500 rebelles armés.

Le 4, Pélissier se rendait avec Crémieux pour parler au commandant de Villeneuve, et l'interpellait en ces termes « Savez-vous qui je suis? n Je n'ai pas cet honneur, répond le commandant. « Eh bien! je suis le général Pélissier, nommé par la Commune pour remplacer le général Espivent. »

C'est pendant ce temps qu'arriva, conduite par Sorbier, la manifestation de l'Internationale. Pélissier se retira de quelques pas, et quelques hommes armés vinrent se ranger autour de lui pour le couvrir de leur égide des cris de « Vivent les chasseurs! Tuez vos officiers » s'élevèrent de la foule. Une poussée eut lieu, et Pélissier fut arrêté par un officier étranger qui lui enleva son écharpe. Pélissier a servi deux ans au chasseurs à cheval, il doit donc connaître la hiérarchie et l'avancement dans l'armée, et doit savoir qu'il a pris une autorité illégale en acceptant le commandement de rebelles armés contre le pouvoir légal, et criminelle en excitant, par sa proclamation à l'armée, les soldats à la défection. 2° Ducoin Ducoin, qui avait été nommé chef d'escadron d'état-major sur la présentation du colonel Jeanjean. et qui avait su capter sa confiance, avait obtenu, dès le 22 février, un ordre général de position des bataillons dissidens se ralliant les uns aux autres, englobant la plus grande partie de la ville et la commandant. Les bataillons de l'ordre, au contraire, étaient éloignés les uns des autres, paralysés entièrement, et pris entre trois feux s'ils essayaient de marcher. Le cours Belzunce, l'intersection de la Cannebière et le cours des Fleurs étaient entre les mains du génie et de l'artilerie.

La conduite de Ducoin a eu une influence grave sur les événemens.

Le 23 mars, lorsque l'ordre de battre le rap pel a été donné, Ducoin ne s'est pas contenté de le désapprouver, il a cherché à dissuader les gardes nationaux de se rendre à l'appel, disant* à qui voulait l'entendre qu'il n'y avait pas de manifestation à faire, que celle mesure était inopportune, que du reste tous les torts étaient au gouvernement de Versailles, et autres propos du même genre.

Pendant qu il tenait ce langage vis-à-vis des gardes nationaux bien intentionnés, il portait lui-même des ordres aux bataillons dissidens, notamment au 1er et au 6e, et par l'empressement que ces bataillons ont mis a se réunir, il y a lieu de penser.que tandis qu'il écartait les uns il cherchait à réunir les autres. Le 24, Crémieux songe à réorganiser la garde nationale, et sur sa proposition, la commission départementale nomme Ducoin colonel d'élat-major. Il obtenait ainsi la récom pense de sa duplicité. Toutefois, devenu colonel, et restant fidèle à son système de perfidie qui lui avait si bien réussi la veille, il va trouver le colonel Jeanjean, et à force d instances il le détermine à donner sa démission, et obtient même de lui qu'elle serait envoyée à H t commission. M. Jeaujean l'adressa également au maire; mais Ducoin en empêcha la remise à la municipalité, qui ne l'apprit que par une seconde lettre coufiée à des mains sûres. Le nouveau colonel débute dans ses fonctions par l'ordre adressé au commandant r"u fort Saint-Nicolas de remettre ce fort à un détachement d'artillerie de la garde nationale; il contre-signe une réquisition de 4,000 cartouches et cte quatre barils de poudre; il assure, conformément aux instructions de Cartoux, le transport à la préfecture de ces munitions, ainsi qu'une certaine quantité de boulets appartenant à la maison Benêt fils et Ce. Duclos est chargé par lui de toutes ces mesures. Les événemens marchaient avec rapidité les chefs de bataillon méconnaissaient l'auto-


rite de Ducoin qui disait; « Il faudra donc désormais qu'il y ait deux gardes nationale, lune républicaine, l'autre réaction n.âiïô. » Et en effet elle était divisée eu doux camps 1 une aé?ouée à la cause de l'ordre, l'autre hostile au gouvernement de Versailles et très radicale, qui avait institué une sorte de fédérauo'i représentée par des délégués pris dans MU.tes les compagnies des différsns bataillons. Le 23 mars, Diicoin, voyant la déclaration tle 1 état de guorre et sentant que le géuéral était décidé -V en venir à des mesures décisives, crut prudent de se retirer. Il donna sa démission, en alléguant que l'abstention ût môme i hostilité do plusieurs bataillons se Musant nettement à tout service no lui permettaient pas de répondre de la tranquillité da la ville et, par conséquent, de remplir sa tache. La dénussioxi fut acceptés, et Ducoin rentra dans 1 ooseuuté, d'où il aVuraH jamais dû sortir. III.

Duclos et "Bauche se sont rendus coupables des crime? prévus par les articles 87, 88, 89, Ul, 92,9(ô, 97, 98, 99 du Code pénal et 208 du code o-j justice iniiilaïre. et Bauche du crime prévu par les articles 351 et suivant du Code Pôr.al, dans les circonstances suivantes lîuclos entrait, le 23 mars, à la préfecture ̃avec plusieurs de ses officiers. Depuis cette époqîue, il y allait chaque jour. Le 2-i, il reçoit Fordro de Dacoin de prendre possession *du ï'arl Saint-Nicolas et de faire entrer à la préKacturo 4,000 cartouches et quatre barils de pondre. Le môme jour il prend dans les ateliers 880 carabines Minié, 28 chassepots et 2 mousquetons; il en distribue 280 à trois compagnies, «t le restant est déposé à ta préfecture, pour setbvenir aux besoins ultérieurs.

Le 29 mars, les chefs de bataillon résolus à défendre la République et l'ordre faisaient un appel à tous les hommes de cœur disposé;" à ïes seconder, et les conjuraient da ne pas obéir à ceux qui poussaient au désordre et à la ruine de la cité.

Cette proclamation fut signée par tous les chets de bataillon à l'exception- d'un seul, de Duclos, qui, au lieu de s'associer à cette bonne résolution, préférait ce jour-là même aller aux ateliers des Forges et Chantiers, où, disait-on, le directeur avait caché cinq charrettes d'armes. Ces armes ont été amenées par Duclos à la préfecture et distribuées par lui aux gens qui s'y trouvaient. La 3 avril, 'le. général Espivent faisait noti- fier- ses ordres aux chefs de bataillon, qui devaient lui en accuser réception. \L ïsnard, lieutenant de la G" compagnie du bataillon, rencontre, sur la place de la Préfecture', Daclos, commandant' de l'artillerie, lui remet l'ordre da -générai et lui demande un l'cçu.

Duclos. sous prétexte qu'il. lie prouvait signer dans la rue avec un crayon,1 fait entrer M. Isnard dans la préfgc.lure, le conduit devant Landeck, jette la. ielire sur -le bureau et s'emporte en iujuifs violentes contre la génteil, ne parlant que de le fusiUer, le qualifiant de canaille, crapule, etc. Landeck, immédiate ment après, faisait jeter M. Isnard dans un cachot infect.

Dans la nuit du 3 au 4 avril, Landsck donne Tordra -de faire battre le rappel et de tenir toute la garde nationale sur pied, afin, dit-il, qu'elle aille au-devant de la troupe la crosse enl'air. Il ajoute « Les soldats d'Aubagtiesont tous pour nous ils refuseront de faire feu, et notre cause triomphe sans une goutta de sang. »

Duclos, secondé par l'adjudant Lambert, prend toutes les mesures; un nommé Giraud se remuait aussi beaucoup; les renforts arrivaient, a la pvél'ecture, il pouvait y a voir environ 1,500 hommes ;et neuf ou dix pièces de canon.

Ou sait ce qut s'est passé lo ï Duclos est resté à la préïoclura et n'en est sorti qu'à huit-heures ô>~j. soir. i

2'1 Bauche est un homme très énergique et très ̃exalté aussi le voyons-nous le 23 mars à l'envahissement rîe la préfecture, y allant chaque jour, traitant de lâches et d'imbéciles coux qui songeaient à eux au lieu de chercher à devenir maîtres de la ville en s'emparant des forts Saint-Nicolas et Saint-Jean.

La 2 avril, sur l'ordre de Landeck, Bxûohe part à la tôle d'un détachement d'hommes armés, se rend au Palais-de-Justice, procède à l'ari-estatioa da M- le procureur de Ja République Guibert et da son substitut M. Berr; il les Jàit entrer dans une voiture, monte sur le siège et les conduit à la préfecture où il entre d'iui air triomphant en disant « Nous les tonons. »

M. Bousquet, maitre d'hôtel do la préfecture, affirme qu'allant porter do la nourriture aux détenus, Bauche lui a adressé ces paroles « Tu vas leur porter de la nourriture, du café? eh! toieïi, moi, je leur en servirais du la nourriture et du café il faudrait plutôt les empoisonner, il faudrait les fnsiller au lisu de les faire. manger. Ah! si j'étais appelé à-ie..i servir moimême, nous verrions cela. » Bauche avait bien prémédité l'arrestation de M. Guibert, puisque le matin mémo il demandait au nommé Courtaud, gardien de la paix publique, si M. Gaihor.t était chez lui: sur sa réponse négative, il ajouta « Ça va bien! ça va bien! »

̃Le 3 avril, it se rendait encore coupable-fis l'aireHlatiou de M. Faybesse, receveur ambulant de l'octroi', et le conduisait à la préfecture. Le 5 avril, Bauche quittait la préfecture à une heure et demie de l'après-midi, et rece- vait dans la journée un coup de feu qui lui traversait la poitrine.

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3?; 7U 51~ .1 2 5°, .I~aUCfUfl ottome.e J~50f. p..).¡ ¡¡7~ 5,) "1 hO? ..II .1 .Ball(jt~e GIt~ila~e,j. JI' 11 ri cour ..1'" ,1, Vl~tor-m(lut!el 28J .>0 ~1~CV~1:1ont./¡oo) 2; .1.,

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,.] 43 ..3 --Î ̃ Poït^ais,j.jn.nT. 66 j 45 î ,.i .[ g *0 ..]f PorSg.-ùs, j.jsirr. es. N cour •̃ | Oo.ç«t, !3"SN Ko ^'A ÎJ-' t S' f?s

..J 67 êû'J .j 1 M 'Romains, j. oct. 6-3 -̃».{ 67 50.< 6G 1 S8 2S!i Hc-îr-OTifi.i. oct. RS.. ».< .H. a cour .̃-̃>̃ ••̃' i :5»*v- .•̃•• r. V>t.j>. P m .i M .J .f .ÎSaiaBOssatMadEkWJwJteB. 80..i ..j .1 80 ..j SaIaso3sè'CMa--Mdi),j.jt63.ji:i cciu- sa. f 3 c/o.293 o- r.jm .*T*jt. & *»2 ̃

4 1 6150. .166., 58231). ¡¡'I;J'J.Ó;.t;¡;¡>j.¡~~cÓ,i"l o. ..< o. "8':>3. j)or.0:aIJ;'iï,t.p. 485..

IV.

Bouchet s'est rendu coupable des crimes prévus par les articles 8?, 88, 89,91,92,341, 198, du Code pénal es dernier article applicable en raison des fonctions da magistrat dont ledit Bouchet était alors revêtu.

Vôiui les chargas relevées de l'instruction h<i 22 mars, Bouchet, qui étr-U substitut du procureur de la RépuM-jUG, avait la parole au Club républicain ce la garde nationale il s'efforçait d'apaïâar les esprits et conseillait d'atteacire des nouvelles plus précises, afin qu'on pût savoir si Paris faisait un mouvement communal ou une révolution politique*.

La majorité du club fut do son avis, et l'on envoya des délégués à l'Eldorado pour faira part de la délibération prisa. On coan'ùt le discours q\ïy tint Crémieux, un des délégués. Le 23, le rappel était battu, le Club républicain de la garde nationale était en séance. Il était onze heures, lorsque B0u.cb.2t arrive; il annonce qu'il vient de déposer àtt parquet sa démission de magistrat } ile pouvant, disaitil, considérer comme républicain le gouvernement qui, par sa protection accordés aux agens impéraux et autres agissemsns multipliés, appelait la révolution, et ce voulant pas rester une heure de plus solidaire d'actes qu'il ne saurait accepter. Il déclare donc que, suivant lui, le club devait assurément condamner la conduite du gouvernement de Versailles, comme il venait de le faire luimême; mais il ajoute que le moment ne lui semble pas encore venu d'appuyer le mouvement insurrectionnel de Paris, qui n'était affirmé que par des noms obscurs. Enfin il propose d'envoyer une délégation au préfet pour lui demander connaissance de toutes les dépêches qui arrivaient soit de Paris, soit de Ver.sailles. tl se rend donc avec Crémieux auprès du préfet, qui leur donne satisfaction. En ce moment, la préfecture est cernée, on est sur le point do l'envahir. Bouchet demande qu'on attende la décision du Club, se rend à ce dernier qui désapprouve le mouvement et veut prendre des mesures, lorsqu'on apprend que l'envahissement est un fait accompli. Bouchot retourne alors à la Préfecture, il s'agissait de profiter du fait o.ccortipli. Sous la direction de CrémiQ«.x et de Bouchet, et avec l'assistance de plusieurs autres, on dresse des listes d'individus charges de remplacer l'administration préfectorale. Crémieux et Bouchet écrivent au conseil municipal et enfin la fameuse commission départementale est éta^ blie Bouchet en fait partis.

Voilà donc le magistrat membre de l'administration insurrectionnelle, mettant son nom au bas de la proclamation qui annonce la Commune à la ville de Marseille. Il usa immédiatement de son autorité en enjoignant aux commandans et officiers quelconques des forts et postes de la vlilo do satisfaire et obéir aux ordres du colonel Ducoin, chef d'état-major général; il signe des bons pour l'alimentation des gardiens, 'des détenu?, et pour cinq officiers garibaldiens, il requiert la prise de possession dans la maison. Vidal, place SaintFerréol, 2, de deux mitrailleuses et des fusils qui s'y trouvent, nécessaires à la défense nationale. Il enjoint à la gare de consigner dans cet établissement toutes les armes et mu^ nitions qui auront une autre destination que

l'Algérie.

Nous verrons plus loin la destination qu'elles ont reçue. Bouchet, voyant le désordre qui se produisait dans li prélecture envoie le 24, à ôuzs heures du soir, sa démission de membre de la commission et en informe le Club de la garde nationale par une lettre drus laquelle protestant de nouveau contre le gouvernement qui osait abriter sous le titre sacré de la République française la protection qu'il accordait à d'odieux agens impériaux, « rendant hommage à la dignité et à la réserve dont avait été empreint le mouvement dindigaation spontanée qui avait porté la population à la préfecture, etc. »

Le 23, Bouchet reste en permanence au Club de la garde nationale. Le soir, à la réunion générale, Crémieux lui reproche sa démission et prie le Club do ne pas l'accepter. La majorité l'engage à retirer sa démission. Cédant aux instances de ses amis, il la retire en. formulant ainsi son consentement « J'aimerais mieux sacrifier ma vie que ma dignité; vous me demandez da fouler aux pieds celle-ci. soit, j'accepte au nom do la République, et pour elle! » Bouchet, rétabli dans ses fonctions, s'occupe de l'expédition des affaires et do la réorganisation de tous les services de trésorerie, d'intendance, etc. Sur sa demande, le conseil municipal désigne un de ses membres pour remolir les fonctions d'intendant militaire. C'est alors qu'il signe l'ordre, dont nous avons parlé plus haut, de conserver les armes arrivant en gare. Ces armes sont, par les soins du nommé Roux, comaiissaire de lagare, réquisitionnées et conduites à la préfecture.

Le 27, le conseil municipal retirait ses délégués et notifiait sa délibération la commission. Bouchet se présente au conseil, accompngnô do Crémieux et de Job, venant doman-

d-jr au conseil municipal les malit's de sa re-

grettable décision. Crémiaux prand la parole

on lui fait observer, ainsi qu'à ceux qui étaient avec lui, que les délégués du conseil ne peuvent faire entendre leur voix à la préfecture. Bouchet se borne à répondre que le rat rai t des cons-cillers peut amener les plus grands désordres et que la conseil doit poursuivre sou œuvre jusqu'au bout.

Le conseil municipal demanda à délibérer; les trois membres de la commission se retirent.

Le conseil entre en délibération et décide qu'il y a lieu de maintenir ea première décision. Pendant ce temps, la commission départementale était en désarroi; on y discutait sa dissolution Bouchât opinait .pour cette dernière, lorsque les délégués da Paris entrèrent. C'est alors Bouchet sortit et se dirigea vers le Club" de la garde nationale, raconta ce qui se passait et sollicita. son rappel. Le Olub accueillit favorablement sa demande et notifia a-ussilot à la commission que le conseil municipal retirant ses délégués, il croyait devoir retirer les siens.

Bouchet jugea convenable de joindre à cette notification la lettre qui figura dans ia cote J, n° 8, page 7. Cette lettre laissait igaorer que le Club avait statué sur la demande de Bouchet et donaait à penser que celui-ci avait été Contraint de résigner son mandat, mais qu'il se tenait toujours à la disposition d'autres groupes républicains. Quant au conseil municipal, il lui laissait l'entière responsabilité des événemoQS.• A partir de ce moment Bouchot, no fait plus partia de la commission départementale et ne reparaît plus que pour protester contre l'abus que la commission commettait en continuant à mettre son nom au bas de ses proclamations. Bouchot s'est donc rendu coupable des faits énumérés ci-dessus, et il l'a fait étant magistrat, car nous pensons que dans la magistrature, comme dans l'armée, la démission n'existe qu'autant qu'elle a été acceptée par le ministre compétent.

V.

Novi a commis les crimes prévus par les articles 87, 83, 89, 91 et 341 du Code pénal. Voici les charges qui pèsent sur lui Novi, depuis le 23 mars. allait journellement à la préfecture, comme le prouve la pièce qui est à sou dossier, et ainsi conçue « Laisser passer avec armes 13 citoyen Novi. Signé Edouard

Mégy. »

Lorsque Bauche alla arrêter MM. Guibert et Berr, Novi, qui était autrefois attaché aux bureaux de M. Cousin, commissaire aux délégations du parquet, était parfaitement au courant des lieux; aussi faisait-il partie de la bande armée qui allait procéder à l'arrestation de ces deux magistrats.

En arrivant au Paklis-de-Justice, il se porte, le fusil à la main, à la porte du cabinet du secrétaire, 'en disant eu provençal « Moi, je m'en charge, ici je connais tous les trous. ,> Puis, tenaut un fusil de la maia droite, il va fsrmer do la main gauche la corridor qui donne accès sur la rue Fortia, afin que personne ne puisse s'échapper. L'arrestation faite, il escorte, toujours eu armes, les prisonniers, et entre avec eux dans la Préfeclura;

VI.

GénUiaus et Hermst se ëoilt fendus coupables des"crimes prévus par les articles 87. 88, 89 et 91 du Code pénal, et d'avoir en outre participa, comme auteurs ou complices, à des séquestrations arbitraires, crime prévu par les articles 341 et suivans, 89 et 60 du Godiî pénal, dans les circonstances suivantes

1" Génétiaux. Génétiaux recevait le 4 avril, vers sept heure'! et demie du matin, l'ordre du nommé Curet, chef de la lro section, nommé par la commission; da se fendre à la préfacture pour y surveiller les personnes détenues. Il'obéissait à cet ordre, approuvant ainsi les actes de la commission, et, comme il le dit, parce qu'il reconnaissait les membres de cette commission commo sas supérieurs. Il passait à la surveillance des détenus toute la journée du 4 avril et par là se rendait complice de la séquestration. Ce qui le rend encore plus coupable, c'est qu'il était gardien de la paix

publique,

Eu quittant la préfecture, il oubliait une pièce signée par lui qui sa complicité,

puisqu'il y leeouuait l'srîritraiïa de déten-

lion et l'illégalité du comité révolutionnaire. Hermot. Nous devons lé dire, Herinet a eu beaucoup d'égards pour les prisonniers il a reçu môme de l'argent de plusieurs d'entre eux, mais en les gardant détecte liais ea ne quittant pas le poste qui lui avait été assigné, puisque la préfet, qui l'avait nommé gardien des écrous,. était arrêté, il a reconnu les pouvoirs de la c miraission départementale, il s'est rendu complice de la séquestration de.-ï différentes personnes arrêtées. Il portait sur lui un permis de circulation signé Cartoux, membre de la commission (cote K, n° 2).

VII.

Nastorg, dit de Saint-Simon, a commis dans les circonstances suivantes las crimes prévus par les articles 87, 88, 89 et 91 du Code pénal et 208 du Code de justice militaire.

Nastorg, ex-officier aux francs-tireurs du eorps d'armée de Garibaldi, rencontre le 27 mars le nommé Cabossel, ex -volontaire aux éclaireurs de Caprera, qui venait d'arriver à Marseille, en vertu d'une réquisition, pour s'embarquer pour Buenos-Ayres. Comme cet homme était dins le besoin et n'avait pu ob- tenir la passage qu'il avait sollicité, il expose à Naslorg, qu'il avait connu à Dijon, sa triste situation. Celui-ci lui dit de suite: « Viens avec nous, nous t'embaucherons », et il l'emmena a la caserne des Incurables où Gabossel fut nourri pendant plusieurs jours.

Nastorg, embauchant les militaires, dsva.it nécessairement faire partie de cette. horde d'c-

trangers qui avaient envahi la préfecture et qu'on avait ensuite casernes aux Incurables, pour les faire- agir, le moment venu. Le fait est indubitable, puisque Nastorg emmène Cebossel aux Incurables, et que celui-ci y est nourri pendant quelques jours.

Cabossel, comme tout militaire dans le même cas, était encore militaire; il était encore régi par la loi militaire, puisque est considéré comme militaire tout individu libéré, jusqu'au moment où il remet à la gendarmerie du lieu où il se retire la feuille de route ou la réquisition qui lui a été donnée pour se rendre dans ses foyers.

Nastorg a .des antécédens déplorables il a été condamné deux fois pour escroquerie, et une fois pour vente d'effets, étant militaire. Le procureur de la République à Toulouse demande l'arrestation de Nastorg pour subir la peine de treize mois de prison, résultat de sa dernière condamnation pour escroquerie, le 6 mai 1870, et qu'il avait évitée en prenant la fuite.

VIII.

Martin s'est rendu coupable des crimes prévus par les articles 87, 88, 89 et 91 du Code de justice militaire, et d'avoir en outre, dans la journée du avril dernier, à Marseille, commis volontairement un homicide sur la personne d'un officier, lequel homicide aurait été commis avec préméditation, crime prévu par les articles 295, 296, 297 et 302 du Co ie pénal. Voici les charges telles qu'elles résultent de l'instruction

Martin, connu dans son quartier pour l'exaltation de. ses idées, était à la tôle des forcenés qui envahirent la préfecture par la rue Monteaux. Armé d'un revolver, il se précipite vers le concierge, le menace de sa baïonnette et demande s'il y a des soldats. « Où est M. Roux (chef de la lr0 section)? il n'est pas trop tôt que nous nous asseyons sur son fauteuil; si nous le trouvons, nous l'arrangerons. » Il prend l'écharpe tricolore de M. Roux et la passe en sautoir à Funel.

Le 4 avril, nous le voyons parlant aux soldats et leur disant « Faites attention, citoyens, vous n'êtes pas ici devant les Prussiens, liais devant des Français, devant des frères, évitez l'effusion du sang. » Il tint à peu près le môme langage à un oificierde chasseurs, M. Hell, qui se disposait à entrer de vivo force dans la préfecture il lui recommande da ne pas entrer agressivement, de ne pas tirer sur le peuple. Martin 33 trouvait en ce moment entre la grande porte de la préfecture et la grille du jardin. L'officier de chasseurs se met à la tête do sa compagnie et marche bravement en avant, lorsque, arrivé à dix pas environ de la porte, il reçoit un coup de feu que venait de lui tirer Martin il porte la main à sa tête, chancelle et tombe pour ne plus se relever il était mort. Ce crime fut le signal de !a mêlée une fusillade s'engagea entre les chasseurs et les insurgés.

̃ Après eut abominable forfait, Martin quitte la place de la Préfacture,» et il se rend rue des Beaux-Arts, 9, et là, très pilla et très ému. il tient aux témoin j[ Urauie Ro.'li;r, épouse Jlarius Roux, et Casimir Rodier, le langage suivaut « J'étais sur la place de la Préfecture, et je viens de faira un fameux coup, je crois avoir tué un officier de chasseurs. Cet officier allait commander le feu, je lui ai tiré un coup de pistolet à dix pas, je lui ai vu porter la main à la tête et chanceler; je crois bien l'avoir tué. » Martin, ajoute Uranie Rodier, tenait encore à la main un pistolet à deux coups, les deux coups étaient déchargés et les canons étaient encore chauds.

M. Hell a bien été tué par Martin; il dit luimême qu'il vient de tuer un officier de chasseurs, il était en ce moment entre la porte de la préfecture et la grille du jardin. Le sergent Poulain et le clairou Latroye, de la compagnie de M. Hell, affirment que leurofficier est tonibé sur la place do la Préfecture, à environ dix pas da la porte, et que le coup de feu venait d'un groupe d'hommes qui se trouvait entre la porte e de la préfecture et la grille du jardin.. Le crime est évident; ̃ IX.

Matheron, Sorbier, Eberard, Breton et Chachùat ont commis les Crimes prévus par les articles 87, 88, 89 et 91 du Code pénal, dans les circonstances suivantes et d'après les charges qui résultent de l'instruction.

Malhsron Le 23 mars. Malheron envahissait la préfecture aux ciis da Vive Paris 1 Sd joignait à Crémieux, Bouchet et consorts, pour dresser la liste des futurs administrateurs du département. Il n'est pas nécessaire de nous appesantir sur les faits qui le concernent. Il a éié un hôte assidu de la préfecture, car M. Gibelin remarque et lui fait observer que le préfet n'avait pas da lit pour se doucher ;j il répond « Nous avoua bien d'autres choses à penser. « Le 18 mars, il décharge dans l'arrièrecour de la préfecture une vouure da fusils. Ex-commandant de la garde civique, Matheron est connu pour un homme dangereux. Aussi, prévoyant ce qui l'attendait, il prend la fuite, et lorsque les gendarmes se présentent pour l'arrêter, il leur donne un faux nom, ditant s'appeler Fabro. Il est trouvé possesseur d'un chassepot, d'un sabre-baïonnette, d'un petit revolver chargé à sept coups et d'un sabre d'officier. D'où venait ce chassepot qui appartient à l'Etat? Evidemment du pillage, puisque la garde nationale n'avait pas reçu d'armes semblables.

2° Sorbier, condamné en 1870 à six mois .de

prison pour délit politique; il doit de ne pas subir sa peine aux événemens du 4 septembre. Le 22 mars, il se rend comme, délégué à l'Eldorado, accompagnant Crémieux. Le 23, au soir, il est à la préfecture. Le 3 avril, il publie dans le journal la République des articles incendiaires.

Lo 4, il est à la tête de l'Internationale, dont il est le journaliste, cherchant à exciter les chasseurs à la défection, criant Vive Paris! et annonçant que 3,000 hommes de la ligne venaient de fraterniser avec le peuple intention évidemment criminelle.

Nous rappelons' que le l01' avril il prenait la parole à la réunion du comité radical des délégués des bataillons il y échauffait les esprits. C'est dans cette réunion que la dlssolution du conseil fut décidée, ainsi que la con- vocation dès électeurs.

3° Ebérard s'est associé à une partie des actes de la commission, quand celle-ci s'adjoignit les délégués des bataillons; il fut nommé secrétaire général de ce comité départemental, et comme tel il ne devait pas ignorer les proclamations de la commission. Il a accapté ces fonctions de son plein gré, il doit donc en assumer la responsabilité depuis le 1er jusqu'au 4 avril.

4° Breton nie avoir pris une p'art quelconque à l'insurrection, mais les pièces qui sont au dossier (cote N, n08 1. 2, 3) prouvent le con- traire. En effet, l'insurrection avait à sa disposition un matériel considérable, et le Cercle républicain du Midi pressait la commission d'en profiter pour s'emparer immédiatement des principaux points stratégiques, et de protéger par de l'artillerie les postes de la préfecture, de la Cannebière, du cours SaintLouis et du cours Saint-Michel, etc. C'était Breton, président de ce Cercle, qui avait suggéré cette idée dans une lettre signée par lui et adressée à la commission. Il a signé aussi là lettre n° 3 de la cote N.

S0 Chachuat était un hôte assidu de la préfecture, car, le 23 mars, entendant Bouchet donner l'ordre de mise en liberté du capitaine Roussier, il menace Bouchet du geste et le déclare responsable de tous les agisse-mens réactionnaires de M. Roussier. Le 3 avril au soir, il revient encore à la préfecture, prend un fusil et quatre paquets de cartouches et sort, lo lendemain 4 pour aller au-devant de la troupe la crosse en l'air. Il était armé, en outre, d'un revolver et d'un poignard qu'on a saisi sur lui au moment de son arrestation. Cet homme a la réputation d'être dangereux il assiste à toutes les réunions populaires. Il est membre de la Société de la Libre Pensée. Il avait été impliqué dans le complot de l'Internationale, mais les poursuites n'ont pas eu de suite.

BIïSUlUUS.

Avant de clore notre rapport, rappelons en quelques mots. que le 23 mars l'envahissement de la préfecture se faisait au cri de Vive Paris! que la plus grande partie des proclamations se terminait par les mots de Vive Paris! Nous en concluons que les accusés étaient toujours en complète communauté d'idées avec la monstrueuse et à jamais infâme Commune de Paris, et que, s'ils avaient réussi, Marseille serait aujourd'hui un monceau de ruines et de. cadavres.

L'incendie de Paris et l'assassinat des otages sera la condamnation éternelle de la Commune insurrectionnelle et de tous ceux qui l'ont soutenue d'une façon quelconque. Les communeux sont désormais souillés de fange et de crimes.

En conséquence, notre avis est que les nommés Gaston Crémieux, Auguste Etienne père, Alphonse Pélissier, Eugène Ducoin, Jean-Baptiste DuîIos, Alexandre Bauche, Emile Bouchet, Philippe Novi, Gabriel Génétiaux, Joseph Hermet, Jean-Maric-Hilarion-Albert Nastorg, dit de Saint-Simon. Joseph Martin, Célestin Matheron, Auguste Sorbier, Alphonse Eberard, Claude-Alexis Breton et Henri Chachuat doivent être mis en jugement pour les crimes spécifiés ci-dessus pour chacun d'iux. Fait à Marseille, le 30 mai 1871.

Le rapporteur,

Signé Girardfau.

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Malgré les ravages causés par les obus dans son établissement, M. Eugène Clément a pu disposer ses ateliers de manière à ne pas interrompre ses opérations; il opère lui-même de huit heures du matin à six heures du soir.

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Bruxelles, le n juin. -Quatre et demi pour 100,' Actions do la Banque, Madrid, le M' juin. Trois pour 100 intérieur,' n 65; Extérieur, 33 81; Bons hypothécaires, 100 ?e Férié. Bons du Trésor, change sur Londres, 50 30. 1 SPECTACLES DU lo JUIN.

franç.us. L'Aventurière, comédie en quatre actos, en vers, de M. E. Augier. | gtmnasjî. La Veuve au camélia, iss Fsmme.3i terribles, le Marchand de programmes, les Grandes Demoiselles. ¡ variétés. •– Les Pusazzi. Í gmté. Il y a seize ans.

rALAis-ROTfÀJL. Gavaut, Minard et C«. chaïklet. Le Courrier de Lyon.

Beaumarchais Polder ou le Bourreau d'Amsterdam, le Pie*s ;i ftaunt;».