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Titre : Adresse de la Société des Amis des Noirs, à l'Assemblée nationale, à toutes les villes de commerce, à toutes les manufactures, aux colonies, à toutes les sociétés des amis de la Constitution : adresse dans laquelle on approfondit les relations politiques et commerciales entre la métropole et les colonies... ([Reprod.]) / réd. par E. Clavière,...

Auteur : Société des Amis des Noirs et des colonies (France). Auteur du texte

Éditeur : de l'impr. du patriote françoisde l'impr. du patriote françois (Paris)

Date d'édition : 1791

Contributeur : Clavière, Étienne. Rédacteur

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37243734g

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 2 microfiches ; 105*148 mm

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Description : Collection : Les archives de la Révolution française ; 11.2.64

Description : Contient une table des matières

Droits : conditions spécifiques d'utilisation - Collection Les archives de la Révolution française

Droits : restricted use

Identifiant : ark:/12148/bpt6k44847m

Source : Bibliothèque nationale de France, Lk9-136

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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AD R ESSE DE LA SOCIÉTÉ

DES AMIS DES NOIRS A L'ASSEMBLÉE N ATIONALE, J toutes les Villes de Commerce, à toutes lestures, aux Colonies r," à des Amis de la Constitution ADRESSE dans laquelle on approfondie les Relations politiques et commerciales entre la Métropole et les Colonies, &c. rédigée par E. CLAVIÈRE, Membre de cette, Socic'tJ.

/j^ { #Mlgs politiques finissent toujours par être plus funestes à ceuxnqui les imposent ̃ ^'«ceux qui les portent car Ja nature donne le droit de résistera t'oppression i m» elle impose le devoir de la reconnoissance pour tes bienfaits Lis Colonits aux Sociétés d'Agriculture aux Manufactura CI aux Fabriques dt ^m France car M. DE Pons, habitant de Saint-Domingue.

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE DU PATRIOTE FRANÇOIS, Place du Théâtre Italien, N°.


AVERTISSEMENT.

Pâris 4 avril il 179.1.

M. MOREAU DE SAINî-MÉRY député de la Martinique, fait répandre une nouvelle diatribe de soixantequatorze pages in-8, contre la société des Amis des Noirs. Elle est datée du PREMIER MARS (i) quoique la distribution n'en ait été faite que hier et on annonce perfidement encore, qu'elle sort des presses de l'Imprimerie Nationale.

Cet insidieux écrit a pour titre Considérations présentées aux vrais amis DU repos et bu bon h eu fi DE la FRA NCE, l'océasion de nouveaux mouvemens de Quelques soi disant ami dès noirs.

Nous n'hésitons pas. à le dénoncer, comme un nouveau scandale; comme un nouveau blasphême contre les principes de notre constitution comme un libelle tissu par une perfidie d'autant plus dangereuse, qu'elle n'est plus accompagnée des fureurs ordinaires des colons, et qu'elle se pare d'une lâche et fausse modération.

Des troubles se sont élevés dans les colonies; c'étoit un résultat forcé de notre révolution; la commotion devoit se faire sentir dans toutes les parties de- l'empire. Eh bien, (t) Cette date est remarquable. Le rapport du comité colonial est sans doute prochain et si les projets de décrets qu'il proposera passoient sans discussion, on ne manqueroit pas d'écrire dans les colonies, que M. Moreau avoit tellement instrwt depuis long-temps les esprits, que la discussion étoit devenue peu nécessaire. Peut-être aussi se servira-t-ori de cette date, pour fermer la discussion à l'assemblée même.

On annonce encore que cette brochure sort de l'Imprimerie Nationale, pour insinuer ou faire croire aux colonies et aux ignorans, que ce tissu d'absurdités et de mensonges pareit sous le sceau de 1 assemblé. elle-même.


M. Moreau accuse la société d'avoir fait naître ces troubles Mais à qui persuadera-t-il que la nouvelle; de la dévolution subite, qui promettoit aux François le régime honorable de 9 la liberté, n'ait pas dû, indépendamment des opinions de notre société mettre les esprits en fermentation dans les colonies ? Que cette nouvelle si peu attendue, n'ait pas dû faire luire' un rayon d'espérance dans le cœur de tant de malheureux, qui sentent tout le poids, les uns de leur humiHiation, les autres de leurs chaines

Qui pourra croire que les colons blancs, recourant au même instant à leur atroce et habituelle politique, pour faire succéder la terreur aux innocentes dilatations du plus juste espoir, n'ont pas dû causer de l'inquiétude, de l'irritation, et par conséquent du mouvement parmi les François mulâtres, et quelques nègres gémissant sous des maîtres barbares ? e

Et si ces événemens étoient inévitablement attachés aux circonstances où se trouvoit la métropole, et au caractère des colons blancs; de quelle ignominie ne doit-on pas couvrir le calomniateur assez atroce pour les attribuer contre le cri de sa conscience contre le cri des faits, à une société d'hommes aussi paisibles dans leurs travaux que dans leurs principes pour rejetter sur elle les crimes et les excès, dont les colons blancs, qui ont l'impudence de se porter ses accusateurs, sont convaincus d'être eux-mêmes les coupables auteurs

Tel est le but criminel de M. Moreau. Eh comment n'a-t-il pas' aussi accusé les Amis des Noirs de tous les mécontentemens de toutes les révoltes' qui ont troublé les colonies, avant l'existence même de la société car enfin l'esclave y a souvent tenté de secouer ses fers; souvent il les a teints du sang de ses bourreaux et cependant il n'existoit pas de Société des Amis des Noirs ? M. Moreau ne voit-il pas que le commandement de l'insurrection est gravé sur les fers mêmes des esclaves ? Que les


cruauté des tyrans, et les angoisses du marrire, prêchent la liberté bien plus éloquemment que tous les livres ? Eh !que doit-ce être de l'ardeur de l'insurrection, quand le fracas des Bastilles qui tombent sous ses coups, retentit aux oreilles des esclaves r Oui les tyrans doivent seuls s'accuser des révoltes; elles ne cesseront qu'avec la lytannie. Il manque, au libellede M. Moreau, d'être écrit avec le sang des citoyens de couleur et des malheureux esclaves. Cette nouvelle figure de .rhétorique, étoit digne de l'émule de ces soi-disant députés du\nord et de l'ouest de Saint-Domingue, dont la lettre circulaire est exactement le sommaire de l'mfernal écrit de M. Moreau. Il a cherché en suivant leur marche et en adoptant toutes leurs atrocités et toutes leurs rêveries à leur donner quelqu'ombre de vraissemblancé. L'Adresse qu'on va lire réponcNéjà à M. Moreau;- elle pulvérise *et ses accusations, et ses mensonges, et ses calomnies, et ses absurdes prédictions.

Mais cette réponse ne suffit point. Dans une cause de cette importance plus nos accusateurs redoubleront de perfidie et de scélératesse, et plus ils nous animeront à les poursuivre.

Nous dévoilerons complettement ce colon, dont les traits du visage et la couleur de la peau font soupçonner une double trahison; celle des droits de l'homme, et de ses frères proprement dies (i). Nous montrerons sa condamna(i) Si le sang africain ne coule pas dans les veines de M. Moreau ce qui est problématique, il ne faut que le supposer débarqué dans les colonies, au milieu du préjugé qu'il veutdéfendre, et n'étant connu de personne, pour juger du rang ou on le forceroit de descendre car, par quels signes extérieurs prouveroit-il une autre origine, que celle commune à tous les mulâtres,? Commealors, il maudiroit les lois qui lui paroissent maintenant si justes Comme ils lui paroîtroient respecta'- bles et nécessaires ces philosophes dont l'appanage est plutôt de désirer la perfection gue de calculer les bornes de la perfectibilité Bornes, que sans doute LUI, ML Moreau est en état de poser; car il veut que les Africains soient éternellement esclaves.


pages de son odieux lxbeue.. ̃

M. Moreau auroit-il espéré de dévouer là Société des Amis des Nôirs aux assassinats qui dans les colonies, caractérisent ce qu'on y appelle la justice ? Pense-t-il nous joindre à tant d'innocentes victimes de l'insatiable cupidité et de l'insolente vanité des colons blancs ? Qu'il essaye les tribunaux lui sont ouverts. On n'y voit pas, à la vérité siéger ces hommes de sang, dont l'affreuse jurisprudence punit les crimes, les insurrections qu'ils font naître et les vengeances dont ils allument tous les feux. Mais qu'a besoin., M. Moreau, de ces juges atroces si les victimes que sa fausse sensibilité déplore, sont frappées de la main des Amis des Noirs, si le malheureux Ogé n'est que leur instrument, $'ils ent désobéi aux décrets de l'assemblée nationale ? TABLE


T A B L E

DES PRINCIPALES MATIÈRES CONTENUES DANS CETTE ADRESSE.

Introduction.

Pourquoi, et par qui, la société -des «mis des noirs est calomniée. But commua t aux assemblées de Saint-Domingue.. Demandes inconstitutionnelles des soi-disant députés du nord et de l'ouest. Division de l'examen de leurs demandes de leurs titres et de leurs menaces. i 9.

PREMIÈRE P'ARTIE.

§. PREMIER. Examen de la en elle-même et ns ses. conséquences.

Différence entre les colonies s modernes et les anciennes. En abandonnant leur législation la métropo'le^sacrifietoit une nombreuse classe de etffons les esclaves, et les créanciers des colons. Fausse opinion des colons sur ce qu'exige la localité. L'initiative, que les colons demandent, enchaîneroitle pouvoir législatif de la métropole. Ils s'apuyent à'cet égard sur une fausse interprétation des décrets. 9 14. Examen des titres des colons blancs de leur conduite etc. Ils sont sans titres formels. Discussion sur les convenances. Preuves dé leurs dispositions à l'injustice. dans leur conduite à' l'égard de la société des amis des noirs. Leurs contradictions sur l'état des personnes. Leur esprit tyrannique. Il est faux que l'instruction du 28 mars exclue du droit de citoyen actif les hommes de couleur. Causes de l'entreprise de M. Ogé faussement attribuée à la société des amis des noirs. Opinions perverses des colons blancs sur les citoyens de couleur qu'ils appellent leurs affranchis. Scandales résultant de cette dénomination,etdes arrangemens qu'ils proposent démontres dans un ouvrage de M. Raimond. Il n'est pas vrai qu'en égalant les citoyens de eouleu j aux blancs^ on favorise


les rJvoltes des esclaves. Les menaces des colons blancs sur la possession et la paix des Antilles ne son*, point à redouter. 14

§.11 1 I., Comment Lu métropole doit considérer Ls hommes de couleur. Ils ont plus de droit à la législation des colonies eue les blancs. Examen de tous les rapports qui le prouvent. Les colons blancs sont loin de mériter la même confîjnce. 31 36.

I V. Dti cas qu'on doit faire des opinions des Colons blancs sur k comentre les colonies et la métropole er de leurs menaces cet égard si leurs demandes sont rejetées.

Les colons blancs ont espéré de tromper les esprits dans la métropole. Ils ne donnent aucunes preuves de leurs assertions. La sûreté des coionies dépend de l'état de fo; ce où est la métropole. Leurs menaces d'armer les esclaves contre les citoyens de couleur sont foiles. La consommation des marchandises de la métropole 11e dépend pas uniquement d'eux. Celle des citoyens de couleur est plus impor- tance. L'Etat de Saint Dominguc ne peut pas résister aux lois de la métropole. En tout' état de cause e mécontentement des citoyens de couleur seroit plus fâcheux que celui des Lianes. La liberréde la métropole ne peut porter les eolcrs à se séparer d'eli?. Preuves de la défiance que doivent inspirer les colons blancs. Perversité de leurs menaces. Exasérations absurdes sn les rapports commerciaux entre la métropole et les colonies et sur les effets de l'exportation des denrées cclor.iales. L'opinion de Raynal sur la législation des colonies ne favorise point celle de M. Barnave. 36 ̃ 70.

Résnmé de la première patrie de l'Adresse. Nouvelles observations sur l'état légal des citoyens de couleur. 70 75.

SECONDE PARTIE.

Opinions générales de la Société des Amis des Noirs.

§. PREMIER sur l'esclavage.

Ils n'ont jamais demandé l'affranchissement subit des esclaves. II exige des ménagemens. Il est nécessaire de les préparer. Portrait d'un homme environné d'esclaves. L'assemblée nationale ne peut plus regarder les esclaves que comme des orphelins qu'elle dcit protéger. 75 –78.

§. II sur les François mulâtres.

Nécessité de leur accorder les droits de citoyen actif, et de leur intervention pour préparer la destruction de l'esdavage. 78 79.


Ne peut pas être fustifiée. «-» Elle est proscrite, par la révolution sous tous les rapports. Il est absurde d'acçjiser les An^loisde suggesîion raifçs cuver:, la ocicté de vouloir abolit la traite pour s'en emparer. Ce ne sera pas ur,e pêne pour a France, Les Angtois commercent déji avec l'Afrique sans y acheter des esclaves. ,79 87.

§. 1 V" sur le. commerce de la métropole avec les colonies

Principes généraux.- La hance a tout ce qui donne l'avantage dans !es. mirchés.-On n'a plus besoin des erreurs de l'ancien régime. Raison d'établir la liberté du commerce dans les colonies comme elle l'est dans la métropole. Le» colonies n'offrent pas l'aspect de la prospérité, Il n'intéresse pas les colons blanes. Les citoyens de couleur n'osent pas embellir leur séjour. Le libre commerce et de bonnes luis attireront une grande population dans les colonics et les mettront en état de résister à tous projets d'invasion. Invitation aux commerçons d'examiner avec impartialité li question du libre commerce. Les colonies tendront toujours à l'affranchissement de toute gêne. Autres considérations qui sollictant l'adoption des principes de liberté dans les colonies. 87 105.

Courte réfutation d'un écrit de M. Mosneron, en faveur.de la nécessité d'un acte de navigation. 100– io2, à In note..

Post-scripttdm importsnt. Le comité colonial veut bien accorder aux François de' couleur les droits de citoyen actif, mais il ne veut pas qu'ils soient éligibles. Réfutation de cette distinction. On en démontre les inconvéuiens. Elle perpétuèrent les haines les divisions, les ucrres 108– 11 o.

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

N>. r. Copie de la lettre écrite à toutes les chambres de commerce villes maritimes et de manufactures pages 1 11– 1 14.

N". Copie de la lettre de MM. les colons réunis à fhôtcl de Massiac, aux dépu- tés extraordinaires du commerce 1 1 5– 1 18.

N°. 3. Copie déjà réponse des députés extraordinaires du commerce à MM. les colons réunis à l'hôtel de Massiac, 118.

N°. 4. Lettre de la société des Amis de la constitution de Riom département du Puy-de-Dôme, sur les gens de couleur, 119– 120.

N°. 5. La société des Amis de la constitution d'Angers à leurs frères de toutes lac sociétés patriotiques du royaume 110–123.


N*. 6. Lettre sflt l'injustice des blancs envers les citoyens de couleur, tirée du Patriote françois, 124– 125. ?.7. Lettre de la société des Amis de la constitution, séante à VKrneuil n < rassemblée nationale, i*J– 116.

Page 9. Nous verrous enfin supprimez enfin Ajoutez à la fin du §.. Enfin nous donnerons, dans une seconde sur l'arTranchissement des esclaves sur les droits des François mulâtres sur la traite des noirs et sur ie commerce entre les colonies et la métropole.

PREMIERE PARTIE,

Page le annote, ligne pénultième, <juin{c cents, lisez quittât mille.


'.A DE LA SOCIÉTÉ

DES AMIS DE$ NOIRS, A L'ASSEMBLÉE NATIONALE, A toutes les Villes de Commerce à toutes le.r Manufactures, aux. Colonies ci toutes les Sociétés des. Amis de la Constitution.

DE soi-disant députés des parties du nord et de l'ouest de Saint-Domingue ont répandu dans tout le Royaume une Lettre circulaire (rff pour engager les chambres de commerce, les villes maritimes et les manufactures à soutenir la demande qu'ils se proposent de faire incessamment à l'assemblée nationale. Cette demande est de la plus grande importance pour la chose publique; elle tend à soumettre les rapports entre la colonie et la métropole à un vœu que les colons blancs auroient seuls le droit d'exprimer elle mettroit dans leurs mains l'état civil et politique des personnes qui cultivent, commercent et habitent dans les colonies ces colons seroient seuls les arbitres du sort des cisoyens de couleur et des nègres; ils exerceroient une aristo- cratie concentrée dont l'assemblée nationalé seroit toujours Entraînée à sanctionner les décrets.

Les auteurs de cette Lettre ont pensé, et avec raison que la En date du 14 février. ̃̃̃.


Société des Amis des Noirs ne garderoit pas le silence et pont, prévenir les esprits contre ses opinions, pour ôter à ses représentations le poids qu'elles méritent ils répandent contre elle les calomnies les plus atroces.

Leur lettre est tout-a-la-fois un libelle contre la Société, et un manifeste, où les soi-disant députés d'une population importante, semblent prendre la défense de la nation et de ses colonies, contre quelques hommes, qui se parant d'une philantropie apparente, auroient formé le parricide complot de faire perdre à l'Empire sa prospérité, aux François leur fortune, et aux colonies, leur existence.

On a toujours allumé la colère des despotes en voulant leur ravir des victimes; et ceux-là sont les moins capables d'entendre la voix de la raison, qui trafiquent des hommes comme d'animaux domestiques et les forcent au travail par des procédés inhumains.

On ne peut rien dire de raisonnable en faveur d'un commerce où tous les crimes sont des instrumens nécessaires on ne peut pas mieux justifier cette soif de l'or, qui porte à employer l'effroi des supplices pour excéder de travail des créatures humaines, pour mesurer ce que l'on peut en exiger, non sur leurs forces naturelles, mais sur les efforts qu'arrache aux malheureux la crainte de la douleur.

Ainsi, la Société des Amis des Noirs attaquant ces deux horribles fléaux du genre humain, a dû s'attendre aux injures grossières, et aux menaces coupables des marchands d'esclaves et des maîtres qui les achètent; et par cela même, elle doit peu s'eu inquietter. Mais son indifférence doit cesser lorsqu'elle enhardit la calomnie, et que de plus grands intérêts se lient à cette cause par l'étendue que les soi-disant députés donnent à leurs fausses imputations.

Dans l'état de fermentation où sônt les esprits-; au milieu des


incertitudes que favorise le peu de lumières répandues en France sur les vrais intérêts de son commerce et de ses manufactures, encore imprébnés de tous les préjugés et des habitudes qu'a nourris la longue administration d'un despotisme ignorant et pervers; les intérêts particuliers se montrent avec audace ot ne négligent ni la corruption ni les menaces, ni l'intrigue, pour se maintenir dans de coupables usurpat:ons ou pour en faire de nouvelles.

C'est pour s'opposer a des vues inspirées par les devoirs de l'homme envers ses semblables; c'est pour mettre obstacle aux progrès des lumières, qui toujours amènent ceux de la raison et de la bienfaisance réciproque, que les colons blancs prétendent à s'emparer de la législation des colonies, et ne veulene ÿ voir régner que leurs intérêts. Heureux encore les noirs si leurs maîtres étoient disposés à traiter de ces intérêts avec l'humanité, avec les droits de l'homme. Mais leur conduite enve nous les mensonges dont ils se servent pour séduire tous les citoyens François, n'annoncent que le funeste dessein de persévérer dans leur système d'oppression et de tyrannie. C'est, en un mot, pour n'avoir pas Ù changer d'habitudes que les colons blancs, non contens du droit de disposer des noirs comme d'instrumens insensibles, veulent encore disposer deys, citoyens de couleur, gouverner les rapports commerciaux des colonies, et peut être secouer le joug de leurs créanciers.

Encore trop foibles pour se passer de protection, ils n'ont ni désiré, ni recherché une domination étrangère. Cette tentative les perdroit. Mais ils ont espéré d'en imposer assez à la métropole, en allarmant ses commerçans ses manufacturiers et ses marins pour faire la loi à l'assemblée nationale, et en obtenir, pour les colonies des prérogatives constitutionnelles qui lui tiendroient lieu d'une indépendance absolue en attendant des événements plus propres à les dégager de tout lien.


1 Les diverses assemlikes de Saint-Domingue ont toutes manifesté le même but mais elles y tendoient par des chemins différons.

Celle de Saint-Marc se conduisant d'après la fausse opinion qu'entretenoient les députés des colonies admis dans les premiers momens de troubles parmi ceux de la nation n'a longtemps regardé la révolution que comme une fermentation passagère dont le. despotisme triompheroit. Mais elle trouvoit la circonstance favorable pour transporter, dans la colo· nie mënvi le gouvernement ministériel qui la ramenoif sans cesse aux intérêts, bien ou mal entendus, du commerce de la métropole. Cette assemblée pensoit qu'en ne reconnoissant que le roi, comme partie du pouvoir législatif qu'elle s'arrogeoit(i} la colonie conserverolt par ce lien, la protection dont elle ne pouvoit se passer, tout en acquérant plus de prépondérance dans le con/lit des intérêts personnels, entre les colons et les cornmerçans de la métropole.

L'assemblée du nord a mis plus d'astuce dans sa marche. Moins confiante que celle de Saint-Marc, dans le pouvoir que reprendroit le despotisme elle a espéré d'obtenir de l'assemblée nationale le droit d'initiative sur tout ce qui concerneroit le régime intérieur de la colonie droit qu'exerceroient exclusivement les colons blancs, etquilaisseroit à l'as(i) Voyti les articles I et Il des bases constitutionnelles arrêtées par l'assemblée de Saint-Marc.

Article ler. Le pouvoir législatif, en ce qui concerne le régime intérieur de SaintDomingue, réside dans l'assemblée de ses représentais constitués en assemblée géuérale de la panic Françoise de Saint -Domingtic.

Article Il. Aucun acte du corps législarif, en ce qui concerne le régime intérieur ne pourra être considéré comme loi défi^ve s'it n'est fait par les représentans de la partie Françoise de Saint-Domingue, librement et légalement etus, et s'il n'est sanctionné par le roi.

Un autre article déclare que les décrets de l'assemblée nationale ne pourront avoir force de loi que du consentement de l'assemblée générale.


semblée nationale de France l'honneur de n'être que LA Chancellerie DE Saint-Do ai ixg le.

C'est nonobstant cette conduite, bien connue du comité colonial, que le rapporteur* de ce comité a fait louer par l'assemblée nationale, la fidélité des parties du nord et de l'ouest de St-Domiugue, envers la mère patrie (1) c'est pour en recueillir les fruits que forts de la justice éclatante ( ce sont leurs expressions ) rendue par le décret du t2 octobre., à la conduite énergique de leurs constituans et au zèle avec lequel ils ont rempli tous les devoirs attachés au titre de Françoise, les soi-disant députés viennent sommer l'assemblée nationale de remplir l'engagement qu'elle a pris dans son décret du octobre c'est avec ce prétendu titre qu'ils demandent que le commerce, les manufactures, les villes maritimes se joignent à eux pour exiger, 3; qu'en » conséquence, J'assemblée nationale en sa qualité de corps constituant comme premier article de la charte constitutive » qui doit unir les colonies à la France d'une manière indis» soluble, statue définitivenzent que c'est à elles seules ercla3) sivement qu'il appartient et qu'il appartiendra toujours, de » proposer sur le régime des esclaves et l'état civil des gens » de couleur les loix ou les réglemens que ces objets impor» teins pourront exiger que c'est à elles seules et à elles » exclusivement qu'appartiendra -toujours l'initiative pour le » régime intérieur dont l'état des personnes est la pre3) mière et la plus importante partie et qui sera limité Voyez la Lettre de J. P. Brissot, memhre de la Société des Amis des Noirs, à M. Barnave, page 8 et suivantes. Ces louanges ont servi. à consacrer deux partis à Saim-Domingue un ( ce sont les bossus ) fort des éloges de M. Barnave se regarde comme le vainqueur des crochus, puisque l'assemblée de Saint-Marc a écé condamnée et même sans être enteadue. Quel sera l'avantage de cette division, dès que les deux parwris venlettt rendre les colonies indépendantes des intérêts de la métropole, et abjurer ses principes sur les droits de l'homme ? A-t-on voulu les subjuguer l'un pac 'Sautre Mais cette conduite est elle dans le caractère et tes principes de la révolution ?


» dans de justes bornes par l'assemblée nationale éclairée par le » commerce ce

A la lecture de cette injonction impérieuse, on se demande à quiappartiennent maintenant les colonies? S'agit-il d'une nation étrangère qui, libre de se donner des maîtres, s'offre à la France sous certaines conditions?

Le premier article de la Charte constitutive qui doit unir les colonies à la France! Elles ne lui seraient donc pas unies! Elles ne feraient donc pas encore partie de l'Empire Français Et si la Nation, la Loi et le Roi commandent aujourd'hui à SaintDomingue, si le pavillon national annonce dans ses ports la domination Françoise, c'est sans doute par un acte de tolérance des fidèles colons, dont MM. Auvrai, Tremondrie et autres, se prétendent les interprètes

En effet pourquoi n'imposeroient-ils pas la loi à la mère patrie ? Si elle avoit le malheur de rejeter ces modestes demandes, la France ne seroit plus, à les entendre, qu'un vaste cimetière; les colonies seroient ruinées et leur ruine anéantiroit le eommerce, les manufactures, la force politique du Royaume les sources les plus abondantes de sa richesse son sol son numéraire, et la possibilité par conséquent banqueroute. Des menaces aussi sérieuses des prétentions aussi exorbitantes, méritent la peine d'être discutées; et pour mettre quelqu'ordre dans nos observations, nous allons examiner: ic La demande des colons blancs envisagée en elle-même et dans ses conséquences.

a°. Quels sont leurs titres pour obtenir une initiative (\ni mettroit dans leurs mains le sort des colonies et de leurs habitans. Cette partie de la discussion comprendra l'examen de la conduite des colons blancs et des calomnies répandues contre la Société, parceque la lumière qu'elles réfléchissent sur le caractère des colona, donne la mesure de leur justice et de leurs talens.


30. Comment la métropole doit considérer les hommes de couleur. 4°. Nous verrons enfin quel cas on doit faire des opinions que les colons blancs ou leurs amis, avancent si souvent sur le commerce entre Ja métropole et les colonies et des menaces qu'ils ne cessent de fulminer contre la France si l'assemblée nationale rejette le traité qu'ils osent lui offrir.

§ Premier.

Examen de la d-rmande des Colons blancs, envisagée en ellemêmes et dans ses conséquences.

Elle est sans doute importante la question du pouvoir qui doit régir des colonies éloignées de l'Etat qui leur a donné naissance. Mais cette question n'est pas douteuse dans les circonstances actuelles.

Les colonies au lieu d'être comme autrefois des établissemens indépendans, formés par les citoyens d'un Etat, auquel l'excès de sa population, les force de renoncer, ne sont, pour les Européens, que des extensions du domaine nationale, où leur avidité va chercher fortune, dans le but de l'apporter dans leur pa's natal but qui par conséquent, prive des avantages de cette fortune le sol qui l'a produite, et tend à détériorer une partie du domaine aux dépens de l'autre.

Or, comme par une suite des moyens employés pour satisfaire leur avidité, les spéculateurs ont transporté, et transportent dans ces colonies, des hommes qn'ils forcent à y vivre et mourir dans l'esclavage comme de la cohabitation entre les blancs et leurs esclaves, il est né une population indigène et intéressée par conséquent à la conservation du sol, que les Européens épuisent plus qu'ils ne cultivent; comme les négocians et les capitalistes de la métropole ont contracté avec les colons blancs ( car les hommes de couleur en font peu) des dettes considérables, dont les intérêts sont difficilement payés par la culture coloniale; et que, sous ce point de vue, la conservation


du sol est aussi préeieuse à ces négocians et^apuahstes vqu aux colons indigènes; comme la plus grande partie de ceux-ci, étrangers par-tout ailleurs, ne peuvent que perdre à se transplanter; coinme enfin toutes ces choses se sont établies et organisées sous l'empire des loix et sous la protection de la métropole; est-il concevable qu'elle puisse en abandonner le régime il une classe de co'ons ou de propriétaires planteurs, qui, jusqu'à présent, n'ont pu éfe envisagés que comme des avanturiers ? Ne livreroit-elle pas à la plus détestable administration, les citoyens de couleur, les noirs et le domaine? Peut-on les sacrifier aux préjugés absurdes et cruels que les blancs s'obstinent, malgré la révolution, à vouloir défendre ? Les créanciers des colonies y trouveroient-ils leur sûreté ? La conscience nationale rempliroit-elle ses devoirs? Telles sont les questions que les législateurs de notre régénération, sont appelés à résoudre.

Et sous quel prétexte voudroit-on que 1 assemblée nationale se dépouillât de la plénitude du pouvoir législatif sur les colonies qu'elle renonçât sur-tout, à statuer de sa pleine science et autorité sur l'état des personnes? Sous le prétexte de la, localité. Certes, voilà une merveilleuse raisan Les localités serviront à mesurer le degré de liberté^jur certaines classes d'hommes!

On a dit que sous certains climats l'homme devenoit plus facilement esclave que sous d'autres et on l'a dit sur-tout, de ces climats brûlans, où le peu de besoins favorise l'indolence, et celle-ci, la stupidité nécessaire aux esclaves. Mais on netransporte pas les esclaves africains à Saint-Domingue pour les. y laisser vivre dans une indolence conforme au climat. Mais, les citoyens de couleur ne sont pas des êtres stupides. Mais la nature n'a marqué nulle part des hommes nés pour b. servi- tude, et d'autres pour les commander.

Elle est donc absurde elle est barbare cette raison tirée des localités c'est u» criminel subterfuge de l'intérêt particulier» Lés localités peuvent exiger quelque latitude dans le pewroiit


exécutif, lorsque le corps législatif est éloigné; mais les cas auxquels cette extension s'applique, étant rares et faciles il prévoir on ne sacrifie pas ce que les hommes ont de plus précieux, leur état civil et politique, à d'aussi vaines considérations.

D'ailleurs en songeant à leur fortune les colons blancs permettent sans doute au commerçans françois de songer à la leur. Or, d'après la manière dont la métropole a, jusqu'ici envisagé le régime nécessaire à ses intérêts les localités sont une raison. de plus pour que ,sa puissance législative reste parfaitement indépendante des colons blancs car que résulte-t-il de la position des colonies, si ce n'est qu'elle favorise singulièrement l'intention d'éluder le commerce exclusif que la métropole a voulu jusqu'à présent se réserver à leur égard?

Mais`, dit-on les soi-disant députés ne demandent qu'une initiative? Oui; mais ils la demandent exclusive, absolue telle que le pouvoir législatif seroit enchaîné à leur volonté telle que les dépositaires d'une pareille initiative soumettroient l'assemblée nationale à la nécessité de violer à leur gré les loix de l'humanitè, les droits de l'homme, et les prérogatives du citoyen; telle enfin que les justes bornes dans lesquelles les soi-disant députés supposent que l'assemblée nationale renfermeroit les demandes des colons seroient complettement illusoires.

Eh peut-on en douter, après les sollicitudes du comité colanial sur les discussions qui auroient pu s'ouvrir dans l'assemblée ? Que craint-il, si ce n'est le triomphe de la justice, de la raison et de la saine politique ?

Voyez comment les soi-disant députés préparent un nouveau moyen, pour continuer à. éluder les discussions qu'ils redoutent Ils réclament aujourd'hui comme un engagement de l'assemblée nationale les droits qu'il seroit insensé de leur accorder!


Examinons cet engagement.

Le décret du 12 octobre suppose, il est vrai la ferme volonté d'établir conanze article constitutionnel dans l'organisation cles colonies, qu'aucunes loix sur l'état des personnes ne seront décrétées par elles, que sur lca demande formelle et précise de leurs assemblées coloniales.

Mais, sans nous arrêter sur les fatalités, les erreurs, et les imprévoyances, qui ont si malheureusement précipité les décrets sur les colonies 'cette ferme volonté peut-elle avoir eu pour. but de les rendre indépendantes ? Le même décret prouve le contraire. Il déclare qu'il est préssant D'ASSURER à St. Domingue, 1 exécution des décrets des 8 et 28 mars. Et que déclare à cet égard celui du 8 mars ?

Que, considérant les colonies comme une partie de l'empire français et DESIRANT DE les FAIRE JOUIR DES FRUITS DE L'HEUREUSE régénération QUI S'Y EST opérée elle n'a jamais entendu les assujettir à des loix qui Izozlrroient être incompatibles avec leurs convenances locales et particulières.

Cette déclaration renferme-t-elle la promesse d'un décret exclusif d'initiative ? Suppose-t-elle que les colons blancs sont les seuls juges de leurs convenances locales et particulières ? Non. L'assemblée nationale n'est point sortie des limites de son pouvoir. Elle ne peut aliéner, ni en tout, ni en partie aucune portion de l'empire françois; et le décret dont on veut corrompre le sens se born^ simplement à autoriser chaque calorzie à faire connoître son vœu sur la constitution, la législation, l'administratiozz qui conviennent à la prospérité et au bonheur cle ses habitans A LA charge DE SE CONFORMER AUX PRINCIPES GÉNÉRAUX, QUI LIENT LES COLONIES A LA METROPOLE QUI ASSURENT LA CONSERVATION DE LEURS INTÉRÊTS RESPECTIFS. L'État des personnes pourroit-il être étranger à ces principes ? Est-il indifférent à la métropole qu'une partie de l'Empire soit sous le joug de l'aristocratie la plus odieuse tandis que Vautre seroit sous le régime de la liberté ?


Que deviendroit, avec le droit exfilu sif qu'aurojent les blancs de proposer les loix relatives à leur régime intérieur, l'intention de l'assemblée, de faire jouir les personnes des rnms »K i/lIEUREUSE RÉGlbîÈlVATION QUI «'EST OPlhu'lE DANS I.'EMl'lRE François ? Cette intention,seroit saixs pouvoir; ce droit empêcheroit l'assemblée de juger des loix conformes aux principes de la constitution, et néanmoins compatibles avec les fromena rues locales et particulières des colonies il dispenseroit les colons de- l'obligation que l'assemblée leur impose de se conformer aux principes généraux gui lient le,s colonies à la métropole qui assurent la conservation de, leurs intérêts respectifs. D'ailleurs est-ce à des hommes expérimentés et réfléchis qu'on prétend persuader 'que le pouvoir de régir la chose intérieure peut être séparé de celui de régir la chose extérieure ? Qui saura placer la ligne ds séparation entre ces deujppouvoirs? Qu'est-ce que la clzose extérieure pour les colonie s, si ce n'est ses rapports avec la métropole ? Et comment la méir<;pole garantira-t-elle la conservation de ces rappor ts si le régime intérieur est surbordonné à la volonté des colons ? Les colons oublient-ils qu'ils sont une partie intégrante de l'Empire f rançois et non un Etat confédéré ? Qu'ils ne traitent pas de peuple à peuple ? Suivant l'article 17 des instructions du a8 mars les assemblées coloniales reconnoitront que les loix destinées à régir les colonies méditées et préparées dans leur sein, ne peuvent avoir une existence entière et définitive avant d'avoir été décrétées par l'assenzblée natiorzale et sanctionées par le Roi. Que signifieroit ce droit dé les décréter si les colonies avoient la prérogative exclusive de proposer les loix qui doivent les régir?

Rappelions ici une circonstance de la séance du 28 mars. M. Regnaud prétendit que cette instruction étoit inutile pour St..Domingue qui étoit constitué, ou croyoit pouvoir se consti^ tuer seul M. Cocherel dit que c'étoit le systénie général. Ils furent aujsi-tôt rappelés à l'ordre.


Pourquoi les soi-disant depuis ne soutiennent-ils pas aussi que le même engagement se retrouve dans le dôçi'et dn sy" novembre ?.

C'est que ce décret est tout entier fondé sur la nécessité de sa rendre à l'expérience de reconnoitre enfin que les colonies son r hors d'état de s'accorder sur un plan d'organisation que tout annvxce quelles n'ont pas assez de lumières, et qu'il faut les conduire sans néanmoins leur retirer le bienfait de pouvoir exposer librenîent ce qu'elles croiront propres à leur prospérité. La demande des colons blancs n'est donc recevable sous aucun rapport et les soi-disant députés en imposent à toute la France, lorsqu'ils s'appuient sur un engagement de l'assemblée nationale.

I I.

Quels sont les titres des Calons ilancs pour obtenir un droit exclusif d'initiative qui mettroit en leurs mains le sort des Colonies et de leurs habitarts ? Examen de leur conduite, etc. Il ne peut être question ici d'aucun titre formel. Il s'agit des convenances; et pour en juger, il faut examiner ce qu'on doit attendre des talens de l'humanité et du patriotisme de ces législateurs.

Ils nous ont fait connoitre leur esprit de justice leur profonde sagesse leurs connoissances commerciales et surtout la bonne foi qui deviendroit à jamais, le gage de la prospérité des colonies et du bonheur du plus grand nombre de leurs habitans.

Voyons d'abord ce que promettroit à la métropole, la bonne foi, ou si l'on veut les lumières des colons blancs.

Les eolonies sont perdcees, s'écrient les soi-disant députés, si toutes les villes, les manufactures et tous ceux qui ont intérêt


h leur conservation, ne montrent, dans ctite circonstance toute l'énergie qui peut déconcerter les ennemis de l'état. Et qui sont ces ennemis ? La secte des amis des noirs. La secte Plus les sectes comme la nôtre seront nombreuses et moins il y aura de brigands.

Les commerçans, les manufacturiers les colons résida Il en France, tous ceux qui veulent l'existence et la prospérité du royaume, se sont réunis pour arrêter nos barbares ennemis, et le décret du 8 mans les a condamnés au silence. Quand il seroit vrai que les négocians intéressés au commerce des colonies, et trompés par les mensonges répandus contre la société des noirs, auroient pu d'abord s'élever contre elle, combien de temps a duré leur erreur ?

Il falloit, pour en prolonger la durée, prouver que la société avoit cherché à soulever les esclaves et il est prouvé au contraire, que si les noirs esclaves savent qu'en France, il existe une société qui voudroit adoucir leur sort, c'est les colons euxmêmes, qui ont pris soin de les en informer par leurs folles déclamations.

A l'instant où la liberté se déclara dans la capitale les colons qui l'habitent profit Irent du premier trouble pour violer le lieu où la société s'assembloit. Ils en enfoncèrent les portes tout fut livré à leur discrétion; ils ontibuillé dans les registres et les correspondances. Qu'ont-ils trouvé? Pourquoi n'a-t-il résulté, de cette criminelle recherche, que la honte de ceux qui ont eu l'audace de la tenter ?

Accusée d'avoir envoyé des émissaires et dés armes pour soulever les esclaves, qu'ont produit les perquisitions faites partout, pour découvrir les preuves de cet attentat ? La confusion des calomniateurs et la certitude que les colons blancs sont bien plus alarmés du caractère d'une révolution qui condamne leur exécrable système que de la marche lente et mesurée de la société des amis des noirs?


Ne sachant comment écarter des colonies l'influence de la li- berté sur les colons qu'ils tyrannisent, ils ont pensé qu'en nous supposant des crimes qu'en bouleversant toutes les idées, qu'en agitant toutes les tètes avant qu'elles pussent s'éclairer, ils obtiendroient des décrets qui renfermeroient, dans la France continentale, les bienfaits de la régénération.

Leurs lettres incendiaires; leurs perfides manœuvres dirigées contre nous et seulement depuis la révolution leurs bassesses auprès des négocians contre lesquels ils avoient juqu'à ce moment, montré une haine implacable; le meurtre de M. Ferrand de Baudière, sénéchal du petit Goave assassiné par les blancs, parce que ne pouvant méconnoitre les droits, de citoyen actif qu'avoient les françois de couleur propriétaires, il avoit rédigé leur adresse pour voter dans les assemblées primaires l'assasinat prémédité de M. Labadie citoyen de couleur plus respectable qu'aucun des blancs; tout prouve, de la part de ces législateurs de cannibales, non leurs inquiétudes sur la Société des Amis des Noirs puisque rien, absolument rien, ne se manifestoit de sa part dans les colonies mais leur haine contre les principes d'égalité contre l'esprit de justice, qui prévaloient dans la métropole, et qui désormais alloient agir plus efficacement en faveur des malheureux, que tous les travaux des sociétés philantropiques.

Ils nous appellent lcurs barhares ennemis! Est-ce nous qui leur avons conseillé de déclamer contre l'enthousiasme de la liberté contre la morale de l'assemblée nationale de désobéir à ses décrets et de se déclarer ainsi les ennemis de leur patrie ? Leur avons-nous conseillé de se montrer injustes envers leurs propres enfans de les mépriser; de leur supposer des crimes et de les irriter ainsi contr'eux? Est-ce à nos conseils qu'ils doivent de s'être rendus méprisables par les plus viles contradictions?


Ils étoient, le:51 Août aux pieds de M. de, la Luzerne (i), ils invoquoient avec confiance ses lumières- comme celles iVun ministre équitable. Mais bientôt, son équité cloquant leurs passions, leurs préjugés et leur infernale politique ils multiplient contre lui les accusations; et celles dont nous pouvons jug«-r\ sont calomnieuses

Il n'y a point de tiers-état, ont-ils dit (2) eux-mêmes, en parlant de la convocation des assemblées coloniales et puisqu'il n'y a point de peuple libre T les esclaves iiempimçakt cette CLASSE laborieuse il n'y à qu'un SEUL oudhe de citoyens, celui des rnoFRiÛTAii\ES planteurs, qui sous ce rapport^, sont ÉGAUX tous soldats tous officiers et tous appelés par conséquent, àjouirdespriviléges dela noblesse. Et ils assassinent les mulâtres propriétaires parce que ceux-ci réclamant cette égalité de rapports! Et ils mettent à mort un magistrat parcs qu'il se déclare pour les droits des citoyens de couleurs-! Ils veulent qu'on procède dans une forme la convocation d'une assemblée de laquelle puisse émaner le véritable vœu de la coloraie et ils poursuivent comme des brigands une classe de citoyens qui, par lear indigénat leurs propriétés leur couleur même, qui les attache naturellement sur le sol où 4s sont nombreux, sont nécessairement de tous les colons les plus sûrs, et les plus précieux, tant pour les colonnies, que pour la métropole!

(1) Voyez la Lettre écrite/le 13 abût 178S, par lgsrommissaires de la colonie de Saint-Domingue, à M. de la Luzerne, ministre de la marine. Premier recueil de plècis intérersantes remises par lu commissaires de la colonie de Saint-Domingue aux notables le 6 novembre 1788. (2) Plan d'une convocation constitutionnelle des propriétaires planteurs de la colonie de Saint-Domingue pour procéder à l'élection de leurs députés aux états-généraux di» royaume. .•V


Ncus sommes les barbares ennemis des colons blancs! Ceux qui s'expriment ainsi peuvent-ils en avoir de plus barbares qu'euxmêmes ? Que leur demandons-nous ? D'être humains et justes de ne pas souiller la plus utile des révolutions, en y cherchant le moyen de pouvoir être des tyrans impunis.

Le décrets du 8 mars nous a condamnés au silence. Citoyens vous les entenclez Les colons voudroient investir l'assemblée nationale d'un despotisme semblable au leur; ils voudroient pour devenir de tranquilles oppresseurs, qu'aucune voix ne pût s'élever contre eux et voilà les législateurs que la nation donneroit à ses colonies

Pourquoi nous seroit-il défendu d'opposer, à leur sanguinaire politique celle dont l'homme et le citoyen attendent la paisible jouissance de leurs droits ? La respectable société de Londres., est aussi l'objet des calomnies des marchands de chair humaine et des bourreaux d'esclaves mais ils n'ont jamais poussé le délire jusqu'à vouloir qu'on lui imposât silence. Le parlement d'Angleterre a eu la sagesse d'admettre la société à plaider contradictoirement pour l'abolition de la traite.

Et si cette nation sur les intentions de laquelle les colons et leurs adhérens, ont répandu des fables si absurdes, des raïsonnemens si insensés, est encore indécise sur l'abolition de la traite a-t-elle fait interdire à la Société des Amis des Noirs, qui chaque jour devient plus nombreuse ses laborieux travaux pour prouver, de plus en plus que cette abolition est aussi politique que juste et humaine ? Elle s'en occupe depuis 1769, et la Jamaïque est pleine de ses écrits: ont-ils révolté les nègres ? Quand nous défierons-nous de cet esprit soupçonneux de ces conceptions outrageantes et absurdes ouvrage du despotisme si souvent intéressé à pervertir ou à tromper ? Forcés de renvoyer à la première législature leur projet d'af-


franchissement de nos esclaves, (i) le génie fertile de la société a imaginé d'autres moyens pour nous perdre.

On ne sait ce que les soi-disant députés entendent par ce projet d'affranchissement. Il est tel projetqui,livrant tout-à-coup les esclaves à eux-mêmes seroit tout-à-la- Pois extravagant et barbare et nous n'en fûmes jamais coupables. Les colons le savent; ils savent que jamais nous n'avons regardé les droits de l'homme comme contraires à la conservation momentanée de l'esclavage tant qu'elle a pour motif l'intérêt des opprimés. Mais il est criminel d'acheter des hommes pour les condamner à une éternelle enfance mais ce régime de fer, contraire à la prospérité des colonies, la conservation des vertus social s, la politique de la liberté, et l'intérêt de l'humanité demandent qu'on en prépare 'avec sagesse l'entière abolition.

Mais quels moyens la société a-t-elle donc imaginés pour perdre les colons blancs ?

Les soi-disant députés nous accusent de l'insurrection des gens de couleur. Ils prétendent que nous avons envoyé un chef de bande à Saint-Domingue que nous lui avons donné pour banière une interprétation perfide d'un article des instructions du a8 mars qu'aussitôt les mulâtres se sont armés contre les blancs dans toute l'étendue de S. Domingue, et ils ajoutent due si ces premières étincelles n'ont pas incendié la colonie en l'embrasant la vigilance et le courage, qui l'ont sauvée ne peuvent, dissiper leurs justes alarrrzes sur l'avenir.

Quels hommes quels législateurs que ceux qui calomnient avec cette impudence Où sont, nous ne disons pas les preuves mais les vraisemblances qui nous accusent ?

(1) Nous sommes certains écrivoient le 14 janvier 1790 les députes de Saint-Domingue à Icuts compatriotes, qu'ils n'y a rien à craindre sur l'affranchissement nous avons tout aussi peu d'inquiétude sur la suppression de la traite. ( Voyt\ leur correspondance secrète. )


Nous prions nos lecteurs de redoubler ici leur attention. Cette perfide calomnie est détruite et par la nature du décret du Luit mars et par les faits dont les députés de Saint-Domingue sont eux-mêmes coupables.

L'instruction du 28 mars n'a besoin de commentaire qu'autant qu'on se propose de la violer contre les citoyens de couleur. Quelles sont, en effet, les conditions auxquelles cette instruction attache le droit de citoyen actif? Majorité d'âge, propriété immobil.ère ou à défaut de telles propriétés domicile de deux aras et paiement d'une contribution. Si aucun mulâtre ne peut se présenter sous l'une de ces conditions il n'est pas citoyen actif mais s'il est dans le cas contraire on ne peut lui refuser cet honneur que par une criminelle désobéissance aux décrets de l'assemblée nationale. Elle-même ne pourroit pas l'en dépouiller.

L'instruction ne parle pas de la couleur de la peau et c'est une omission dont ne se justifiera jamais le député que les colons blancs ont choisi pour leur protecteur dans l'assemblée nationale. Non qu'il fallût en parler pour rendre la loi plus intelligible car en ne prononçant pas l'exclusion des françois de couleur ils sont par cela même compris dans ceux qui peuvent remplir les conditions prescrites

Mais la mauvaise intention des colons blancs étoit soupçonnée, et cela seul rendoit nécessaire une explication qui, dans le style des loix étoit inutile.

Enfin il y eut contestation à ce sujet dans l'assemblée même. M. l'abbé Grégoire, cet homme à jamais respectable et dont (1) Toutes les personnes de vingt-cinq ans accomplis, dit l'instruction. Les mulâtres ne seroient-ils pas des personnes ? Enfin le sens de la lui est si peu douteux, que dans la manière de l'exécuter, le comité calculant le nombre de députés pour chaque colonie suppose les assemblées primaires de Saint-Domingue composées de douze à quinze cents citoyens actifs. Or en se rcnfermarrt dans la classe des bLncs ce nombre s'élevéroie à peine à six mille.


les opinions, fondées sur les vrais/principes sociaux, ne se sont démenties en aucune occasion M. l'abbé Grégoire demanda que les françois de couleur fussent dénommés dans l'article, et retiras demande sur l'assurance,queluidonnèrentdesdéputésplanteurs, que les mulâtres y étoient compris. M. Cocherel fit la motion de les exclure et cette motion fut rejetée par la question préalable.

Après un tel décret après des circonstances aussi évidentes en faveur des citoyens de couleur, la Société avoit-elle besoin de donner aux mulâtres l'explication d'une loi qui leur assure ces droits? Avoient-ils besoin d'envoyer un chef de bande à SaintDomingue, pour y susciter une insurrection ?

C'est la mauvaise foi des colons blancs, déterminés à nier l'évidence, et à se prévaloir d'un silence dont l'événement prouve la perfidie, qui a fait aux françois mulâtres une nécessité de la révolte.

L'insurrection contre leurs droits étoit résolue elle s'étoit annoncée par des assasinats dès le moment où il fallut s'occuper des assemblées coloniales. Les députés de Saint-Domingue qui s'étoient créés à Paris avoient prouvé, parleur correspondance dévoilée, leurs mauvaises intentions contre les hommes de couleur; ils les manifestoient avec plus de hardiesse, à mesure que par leurs intrigues, ils réussisoient à écarter de l'assemblée nationale, les députés de ces citoyens mulâtres, quoique dans les premiers moments, ceux de Saint-Domingue eussent exhorté leurs compatriotes à se les attacher en reconnoissant leurs droits. Ainsi accusant les Amis des Noirs de leurs propres forfaits, les soi-disant députés qualifient de chef de bande, le malheureux Ogé, parce qu'il a franchi les ob,tacles qu'on lui opposoit parce qu'il a invoqué avec la contenance d'un homme libre et averti de mauvais desseins l'exécution des décrets rendus


sous ses y eux parce qu'il a embrassé avec courage la défense d'une loi qui fait le salut de ses frères d'une loi dont il voyoit la violation assurée, s'il ne les réunissoit pas tous pour la protéger. Armés de cette loi que la conscience publique ordonnoit d'étendre sur eux forts du dr<$fc qu'ont tous les hommes et que l'assemblée nationale a reconnu, de résister à l'oppression ils se rassemblent contre des ennemis déclarés.

Quel sera leur sort? Quel sera celui du généreux Ogé qui n'a laissé ignorer ni ses sentimens, ni ses desseins, au comité et notamment à M. Barnave, et qui, depuis plus d'un an étoit désigné par les députés d ici, comme un jeune homme plein de courage, dont il falloit s'emparer dès qu'il arriveroit à SaintDomingue

Si ces infortunés périssent par des formes qui n'auront de légal que l'apparence ) si leur sang répandu crie vengeance sera-ce les amis des noirs qu'il faudra en accuser ? Ils conseilloient, ils sollicitoient la discussion elle eût tout sauvé et sans doute, on n'est pas à se repentir d'avoir méprisé leurs avis. Tel est le décret tels sont les faits. Qu'on juge maintenant si ce ne sont pas des hommes atroces ceux qui imputent à la société des amis des noirs les troubles des colonies qu'ils ont eux-mémess allumais.

On nous menace disent les soi-disant députés défaire prononcer, par l'assemblée nationale, que nos affranchis et leurs descendans seront citoyens actifs sans distinction. Pourquoi (i) Pourquoi les dépurés de Saint-Domingue n'ont-ils pas faic arrêter M. Ogé en France Pourqeoi ne l't>nt-ih pas accusé auprès dejl'assemblée nationale ? Pourquoi usant du despotisme tant reproché aux ministres lui ont ils ôté, pat d'obscures démarches les moyens de s'embarquer directement pour sa Patrie ? Cest que l'éclat les dénoneoir -.c'est qu'alors ils ne pouvoient plus livrer M. Ogé aux violateurs de la loi et de la justice.


sans distinction ? La loi du 28 mars en prononce et les citoyens de couleur ne demandent que la loi.

Dites donc que vous voulez les exclure sans distinction c'est-à-dire ToUS des droits de citoyens actifs et que ,pour' donner quelque couleur à cette injustice vous les désignez sous le titre méprisant de vos affranchis: comme si les affranchis n'étoient pas des hommes déclarés libres conime si l'homme libre ne pouvoit pas être un citoyen comme si la qualité d'affranchi pouvoit se perpétuer

Vos caffrancleis Appellera-t-on de ce nom la classe entière des citoyens de couleur (i) dans laquelle lors même qu'on voudroit distinguer urz affranchi d'un homme libre, on ne trouveroit pas 5oo individus affranchis par acte formel tel qu'il est nécessaire, lorsqu'on veut rendre à la liberté un serviteur esclave? Les enfans des françois peuvent-ils être des affranchis?' Et ne faudroit-il pas déchirer avec indignation l'acte criminel qui supposeroit qu'ils ont été esclaves

Vos affranchis Ils sont vos enfans Us-sontles enfans d'hommes libres De tels hommes peuvent-ils procréer une espèce inférieure à la leur ? Les colons veulent donc que dédaignant tous les sentimens paternels le père méprise son entant Ils veulent que le plus doux penchant de la nature conduise ce père à un crime à procréer un être dégradé à ses propres (i) Les hommes de couleur libres, que les colons appellent de: affranchis, sont plus nombreux que les blancs. Les bisarrcries du teint les confondent avec ceux-ci. Tel qui déclame contre les citoyens de couleur avec le plus de fureur ou de folie n'est qu'un mulâtre déguisé.

(2) Le blanc vivant en concubinage avec son esclave, élève ses enfans comme ses enfans légitimes il ne leur donne pas une patente de liberté mais il les empêche de devenir esclaves; il leur en donne même pour le servir. Telle est la première origine des hommes de couleur. Les femmes- mulâtres ont ensuia épousé des blancs; les mulâtres des femmes blanches et les gens de couleur se sont mariés entr'eux; cn sorte qu'aujv ur J\,ui sur mille enfans, à peine un seul naît-Il d'une mêre esclave et comment esclave? Par le droit de la rapine et de la violence 1 Les colons blancs entachera la mère et prétendent qu'elle est entaehà


yeux à l'instant où il voit le jour! Que le blanc s'approchant de sa compagne encore marquée. des influences d'un soleil brûlant, sache qu'il va donner la vie à un individu privé de toute existence politique de tout espoir de parvenir jamais aux honorables fonctions du citoyen à un homme qui ne pourra sentir sa raison se développer, sans envisager son père avec horreur Législateurs cruels ou Insensés défendez donc, dans le code injurieux tlue votre insensibilité prépare défendez une union qui ne pourra plus être qu un crime Opposez au plus impérieux des besoins, un supplice nouveau capable d'arrêter Clés approches qui seront maudites par le fruit qui en naitni La naissance d'un esclave n'est-elle pas le deuil de la nature ? Voulezvous encore l'outrager au point de suggérer à vos cupides colons, l'horrible spéculation de procréer eux-mêmes les malheureux dont ils abrègent les jours sous les fouets de l'esclavage Mais non. Inquiets de l'absurdité de leurs prétentions les colons blancs cherchent à la couvrir par des palliatifs ils semblent invoquer d'autres distinctions que celles du décret du 28 mars. Ils voudroient que leurs enfans oui leurs enfans eussent, pour acquérir les droits de citoyens actifs un certain degré de mélange de sang blanc, qui puisse les confondre avec les blancs par la couleur de

Cette adroite manœuvre présente une apparence d'équité qui pourroit séduire des hommes peu instruits. Il importe d'en faire sentir l'illusion.

Les ennemis des citoyens de couleur reprochent sans cesse (1) Les députés de Saint-Domingue, après avoir qualifié les citoyens de couleur, de bâtards et d'affranchis prétendent qu'ils sont infiniment mieux traités par la loi. et les usages des eolonies, que les simples bâtards ne le sont généralement dans notre Europe. La loi il la violent et quant aux usages-; si en France, un bâtard est exclus de la succession de son père l'est-il des fonctions de citoyen ?

aux


aux amis des noirs de n'avoir pas vu eux-mêmes les hommes les choses et les rapports.dont ils s'occupent; et c'étoit sans doute pour les mettre à portée de s'éclairer, qu'une sentence de mort étoit prononcée à Saint-Domingue, contre tout ami des noirs qui débarqueroit dans les colonies.

Qu'ils consultent donc l'ouvrage publié par M. Raymond (i~) citoyen decouleur de Saint-Domingue né d'un père François d'un mariage légitime et qui cependant selon les blancs jeroit déchu par sa naissance, de la qualité de citoyen actif. Qu'ils lisent l'écrit que ce colon instruit et studieux a publié sur les diverses générations d'hommes qui peuplent les colonies.

Ils y verront les contradictions sans nombre qui rendent impossible ce dernier refuge de la vanité présomptueuse, de ceux qui veulent être les juges de l'état des personnes.-Ils y verront que la nature se joue des loix par lesquelles les hommes prétendent l'enchaîner que, par des accidens sans nonibre, elle créeroit citoyen actif celui-là mêmes que le but de leur ridicule conception voudroit, priver de cet honneur; que de tels arrangemens porteroient la jalousie, la haine, le trouble dans les familles que, mettant le sceau de la loi à un préjugé extravagant l'avilissement que ce préjugé consacreroit empéc'eroit ces mariages légitimes, où une femme de couleur unie à un blanc ne pourroit plus mettre au monde que des citoyens que le concubinage et la licence seroient le produit de la loi que la prostitution des femmes de couleur seroit une vertu en faveur de leur progéniture; puisqu'elles n'auroient ( 1) Observations sur L'origine tt les progres du préjugé des llir.ts contrt les hommes de couleur; sur les inconvéniens de le perpétuer, la nécessité, la facilité de le dàruirc. Cet ouvrage, publié le 16 janvicr 1791 se -trouve chez Belin Desenr.a Bailly Libraires, et au bureau du Patriote François.

(2) Les députés de Saint-Domingue l'appeloieat: le nommé Raymond. C'est aimi que le qualifioic le ministre la Luzerne. 0 honte .du despotisme et plus encore de ceux qui l'endurent! Faut-il dire que M. Raymond est un boanne«ch«!


meme que ce moyen d'échapper à l'avilissement et qu'elles cheorcheroient envain entre les blancs, un époux légitime; que, dans beaucoup d'habitations des esclaves auroient la couleur légale pour reclamer le droit de citoyen qu'ainsi cette qualité seroit dévolue à un esclave et refusée à des propriétaires.- Ils,, verront enfin dans cet ouvrage, qu'un citoyen actif seroit conduit à refuser sa fortune, son bonheur, celui de l'épouse qu'une tendresse réciproque lui destineroit parcequ'en s'unissant, ils dégraderoient le fruit de leur amour.

L'Esprit et le cœur se révolient, en passant en revue les désordres rc.suitaiis de ce méprisable expédient et l'on a plutôt fait de demander ces Sulolls de nos colonies pourquoi un homme de couleur, libre, propriétaire, en état de contribuer aux avances sociales ne peut pas devenir un citoyen actif.

Nous leur demandons avec M.Raymond, dont le comité colonial a méprisé leslumiéres quoiqu'il en eût le plus grand besoin; si l'assemblée nationale peut décréter, comme article constitutionnel, que de tels citoyens de l'empire françois doivent obéir, non seulement à des loix qu'ils n'ont pas consenties, mais encore qui seroient faites par leurs ennemis déclarés.

Nous leur demandons, si l'assemblée nationale peut conférer une initiative équivalente au pouvoir législatif à une partie des habitans d'une contrée pour en user contre l'autre sans s'assujettir aux mêmes loix.

Nous leur demandons si l'assemblée nationale a ie droit de mettre une différence politique, entre des françois tous propriétaires, tous contribuables parceque les uns sont plus blancs que les autres; et si elle peut tracer, aux uns une ligne de démarcation qu'ils ne pourroient jamais franchir, et au dedans de laquelle ils seroient privés des avantages de la société.

Nous leur demandons si l'assemblée nationale peut exposer des hommes ainsi dégradés, à des loix qui les forceroient à la résidence, ou à vendre leurs biens pour s'expatrier.

Si l'assemblée nationale peut faire des loix marquées par Dieu


même du sceau de la réprobation car où est l'impie qui os.roit dire qu'un noir, un bazané ou un blanc ne sont pas égaux devant lui, puisqu'il leur a donné, à tous, les mêmes organes, et les a tous rendus également dépendans des circonstances qui développent l'intelligence?

Voilà les questions qu'un citoyen de couleur bien connu du comité colonial bien connu de M. Barnave, adresse au nom de ses frères bazanés, à ses frères, souvent aussi b;izanés que lui, mais qui s'appellent blancs.

Voilà ce que la société des amis des noirs se fait un honneur de répéter après lui. Elle demande avec lui. Si l'assemblée nationale peut renverser les fondemens de 1 équité si, sous le ridicule prétexte d'une origine moins distinguée que les autres, les représentans d'un peuple libre, seront moins justes que le despote hautain qui haguères le fouloit à ses pieds. Car Louis XIV ordonna que les affranchis proprement dits, ceux qui, nés -dans, l'esclavage, étoient rendus libres, auroient les mêmes droits, dont, les autres Françoise jouissent dans les colonies. A plus forte rai son leurs descendans doivent ils en jouir, puisque ceux-ci sont nés hors de l'esclavage.

Ah! l'assemblée nationale s'indignera qu'on ait voulu l'exposer à d'aussi déplorables erreurs. Mais continuons l'examen de la capacité de ces hommes qui osent nous appeler leurs barbares ennemis, et provoquer contre nous les procédés du plus révoltant despotisme.

Les colons blancs disent encore. » Si vous accordez aux hommes de couleur libres propriétaires et en état de contribuer, les mêmes droits qu'à nous les esclaves n'auront plus pour nous ni le même respect ni la même soumission; leurs révoltes seront fréquentes c'est l'opinion seule de la supériorité de la couleur blanche t-sur le teint noir ou rembruni qui les contient cc. Heureuse découverte Les esclaves noirs sont donc sensibles à l'opinion Ils comparent, ils réfléchissent ils sont des hom-

mes Les colons blancs en conviennent enfin'!


Mais, si l'opinion les conduit il faut se garder de leur en donner de fausses toute opinion fausse est condamnée à périr, et le législateur est d'autant plus sage, qu'il n'expose pas la société aux dangers des opinions fragiles. Ce langage seroit-il étranger aux colons blancs ? Rapprechons les donc de leur sureté personnelle, et montrons-leur qu'elle repousse ce sophisme de leur vanité.

Les citoyens de couleur qu'il faut avilir pour la sûreté des blancs, ne sont pas une classe d'esclaves ce sont des propriétaires ils ont aussi besoin d'esclaves ils possèdent le tiers de cette malheureuse population. S'il faut que, pour respecter les blancs les esclaves méprisent les hommes de couleur, de quelle sureté ceux-ci jouiront-ils dans leurs habitations? Et s'ils ne sont pas en sureté au milieu de leurs esclaves, parce qu'ils en seront méprisés, la sureté des blancs eux-mêmes ne sera-t-elle pas compromise ? Faudra-t-il que ces Pois de la peau humaine viennent interposer leur autorité dans les habitations même des Jrançois mulâtres ? Certes on ne seroit pas étonné que ce fût là le but de quelques colons. L'un d'eux, plus franc que les autres, a trouvé plus simple de couper le noeud' Chasser les hommes de couleur et s'emparer de leurs habitations tel étoit son code et s'il est digne $xm flibustier il faut au-moins lui savoir gré de montrer plus d'esprit et de franchise que ses confrères. ( i ) Quant à nous il nous semble, qu'il est excessivement hnprudent d'exposer, au mépris de leurs esclaves, quelque cIasse de maftres que ce soit. A plus forte raison si elle possède le tiers de tous les esclaves du pays. S'il faut en imposer à ceux-ci, il n'est pas de moyen plus sûr pour y réussir, que de mettre tous les maîtres sur la même ligne quelle que soit la dosé de sang euro(i) Voyti les Réflexions de M. de Bauvois conseilles au Cap.


péen qui circule dans leurs veines. Alors l'intérêt de tous, les réunira contre le danger commun les citoyens de couleur ne seront pas arrêtés par la répugnance de prêter leurs .bras à leurs ennemis les forces réprimantes ne se diviseront point une harmonie salutaire régnera entre tous les planteurs; elle fera place à des inimitiés aussi révoltantes pour la saine politique, qu'elles sont dangereuses pour la sûreté des colonies, des colons, et de ceux qui trafiquent avec eux.

Nul doute que s'il est possible de contenir les esclaves dans le régime de la liberté ce ne peut être qu'en partageant la population cn deux portions parfaitement distinctes en mettant la pure liberté d'un côté et le pur esclavage de l'autre sans nul intermédiaire. Car en const-ituant une classe d'hommes qui ne seroient ni citoyens ni esclaves ni libres ni enchaînés on ouvre une source intarissable de jalousies de murmures et de complots.

Si la société des amis des noirs, en désirant l'adoucissement de l'esclavage, avoit d'autres sentimens que ceux de l'humanité; elle appuieroit ces méprises de l'ignorance, comme le moyen le plus sûr de précipiter une révolution fatale aux colons blancs. Nous 6ter, disent les soi-disant députés, lE droit exclusif de statuer sur les gens de couleur c'est mener les colonies à leur ruine avec urte rapidité qui effraye ceux qui les connoissent c'est dévouer à la mort un million ̃d'individus dont les Antilles sont peuplées.

Nous examinerons en détail, dans la dernière partie de nos observations, ce que peuvent penser de la ruine des colonies ceux qui les connoissent. Nous demanderons ici pourquoi elles ne furent pas ruinées et livrées au carnage, lorsque Louis XIV donna aux affranchis tous les droits de citoyens, lorsqu'il voulut que, d'un homme libre, il ne pût pas naître un esclave, ou un individu dégradé.


La terreur que les soi-disant députés veulent répandre ne peut en imposer qu'à des ignorans. Il suffit de comparer la population et le courage des blancs et des mulâtres il suffit de faire attention aux événemens récens pour se convaincre que tous les colons sans exception, se soumettront aux décrets de l'assemblée nationale dès qu'elle manifestera clairement l'inten- tion de faire jouir les colonies, comme parties nE l'Empire FRANÇOIS, des fruits de l'heureuse régénération qui s'y est opérce, Et quand MM. Auvray, Trémondie, et autres, publient que les blancs se résoudront à périr, plutôt que de voir ceux qu'ils appellent leurs affranchis, réintégrés dans les droits de Thomas et du citoyen, on ne voit, dans ce ridicule défi, qu'une nouy^jle preuve de leur démence.

Quoi la nation fléchiroit devant quelques planteurs qui -'insultant aux principes de notre constitution veulent se former en noblesse privilégiée En une noblesse qui non contente d'avoir des esclaves, voudroit encore placer, entre elle et eux des intermédiaires qu'elle pût maîtriser

Mais es%?S bien sûr que ce ne soit 1 i qu'un délire de la vanité? Que la métropole n'ait pas à se tenir en garde contre des intentions plus perFdes ? Examinons.

Cette classe intermédiaire, privée des droits politique^ n'auroit aucune des propriétés de ces corps, prétendus médiateurs entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent; et qui au fond, ne doivent leur existence qu'à une ruse de l'aristocratie, pour éviter l'influence du peuple et la nécessité de l'éclairer. La noblesse coloniale ne pense pas non plus à faire, des.hommes de couleur les bourreaux destinés à tourmenter et à châtier ses esclaves ? Il est difficile de croire que les François de couleur


voulussent se prêter à des fonctions pour lesquelles on n a eu jusqu'ici, nul besoin d'eux

Que cherchent donc les colons blancs dans cette classe ijilermediaire ?.Ou ils montrent que la vanité tourmente l'esprits sans l'éclairer ou ils se proposent de faire eux-mêmes, en faveur des françois de couleur ce qu'ils s'obstinent à leur refuser aujourd'hui. Et quand? Lorsqu'il ne resteroit plus, pour séparer totalement les colonies de la métropole, qu'à faire, de ces fr;«.n;ois basanées, un peuple qui, en échange de l'état politique qu'il acquérroit conféreroit lui même aux blancs, des prérogatives légales.

Les colons blancs se trompent, sans doute sur le succès de leurs vues; mais, soit vanité pure soit politique plus profonde, il est évident que leurs prétentions actuelles repoussent toute confiance. Elles ne sont propres qu'à alarmer la nation sur sa propriété, et la politique humaine des vrais patriotes, sur l'cigalité de droits qui sert de base à la constitution.

s III.

Comment la Métropole doit-elle considérer les hommes le couleur ?

On vient de voir que rien, jusqu'à présent ne justifie les prétentions extravagantes des soi-disant députés que leurs motifs et leurs expédiens sont également insensés. Mais cette vérité se manifeste plus fortement lorsqu'on examine la population, le caractère la force et l'industrie de ces François de (i) On lit cependant, dans la lettre des député dtSt-Dominguc à leurs complices de lècolonie écrire le s décembre que le service des gens de cou1cur, dur» » ruineux pour eux, est nécessaire à certain point; qu'il n'y a même qu'eu* qui »' soient propres aux chasses de nègres bandit.s et malfaiteurs ». A quel degré d'élévation les bandits européens parviennent-ils donc dans les colonies?


couleur que leurs frères blancs veulent, au nom de la loi, soumettre à leurs caprices.

Le résultat que donne la comparaison de ces deux classes est tel que, s'il falloit abandonner à l'une d'entr'elles la législation des colonies ou le droit d'initiative il faudroit ou la déposer dans les mains des citoyens de couleur, ou faire l'absurde déclaration que ce droit convient moins à des François nécessairement affectionnés au sol qui doit les nourrir, eux et leur postérité qu'à une espace d'avanturiers pour qui la culture du même sol, n'a été jusqu'ici qu une spéculation passagère, qu'un arbre qu'ils ont abattu chaque fois que cette manière d'en cueillir le fruit, favorisoit les projets qui les ramènent dans la métropole..

Oui les citoyens mulâtres mériteroient mieux d'être les législateurs de leur terre natale que les colons qui réclament cette auguste fonction. Ce n'est point un paradoxe, et nous le prouvons.

A qui la législation d'un pays quelconque appartient-elle dans le droit naturel ? A ceux dont le pays est la patrie à ceux qui la regardent comme le sol nourricier de leur postérité à ceux qni lui font des avances, sans s'impatienter de la lenteur des produits à ceux qui les consomment dans le même _pays qui les enrichit; à ceux qui se plaisent à voir leurs enfans commencer, sous leurs yeux, leur carrière de cultivateur à ceux enfin qui ne peuvent envisager dans leur expatriation que des sacrifices à faire., des liens douloureux à déchirer.'

Colons blancs, sont-ce là vos titres ? Non. Il en*'est du moins très-peu d'entre vous qui pussent les montrer. Direz-vous que' ces convenances ne sont pas celles de la métropole ? Ce seroit une absurdité de plus. Les colonies sont beaucoup plus précieuses pour la France, entre les mains des cultivateurs indigènes, et affectionnés au sol, qu'entre les vôtres. Nous ne nous arrêterons point aie prouver; cette matière a été traitée par un membre de


de notre société dans une lettre adressée à M. Barnave(i) et qu'on n'a pas encore essayé de le refuter.

cc La France porte cette lettre monument du patriotisme le plus pur « la France, ce corps politique qui doit mesurer « les siècles, peut-elle même sérieusement, comparer les mil« lions de revenus que l'industrie constante, progressive et écoce nomique des mulâtres, peut lui apporter chaque année et à « toujours à ces produits arrachés par une exploitation dévo« rante produits que les colons viennent dissiper à Paris, « dans tous les rafînemens de la débauche? Quelle comparaison « d'une circulation aussi immorale, aussi stérile, avec la grancc de circulation résultante d'une culture qui nourrit la terre ce au lieu de l'épuiser ?

Les raisons de préférer des législateurs mulâtres à des ordon- nateurs blancs, seroient plus fortes encore si de la comparaison des intérêts relatifs à la propriété, on passoit à celle des mœurs. M. Hiliard d'Auberteull n'est pas suspect dans le témoignage qu'il rend aux hommes de couleur. Ii écrivoit il y a douze ans sur la colonie de St. Domingue. Le préjugé contre eux étoit dans toute sa force il le partageoit même et cependant, il convient que cette classe de colons est fidelle charitable hospitalière, religieuse pénétrée de respect pour les vieillards, portant l'amour filial au -plus haut degré soigneuse il conserver les propriétés en un mot, singulièrement utile à la col.onie il ajoute »quej depuis son origine, on ne compte pas quatre hommes do 'couleur flétris par les loix pour cause de crimes, et il en-atteste les registres publics. L'abbéRaynal a recueilli les mêmes témoignages. Il ne compte, pour la prospérité des colonies, que sur les natifs. Les blancs peuvent-ils, à tous ces égards, se mettre sur la (i) Lettre de J. P. Brissot, .i M. Barnave, publiée le le novembre 1793 pgc 47 et

suivantes.


même ligne-, eux qui n'ont pas cessé d'étre ennemis des hommes de couleur; eux qui égorgent leurs défenseurs; eux à qui la justice.et l'humanité outragées ont peut-être à demander, dans ce moment Je sang du malheureux Ogé et d'un grand nombre de ses compagnons; eux qui ne sollicitent, de la nation que des sacrifices tandis que les citoyens de couleur lui ont fait offrir un don patriotique de six millions, qu'ils sont prés de-réaliser! Considérez-les encore dans leur conduite au. milieu de ces agitations qui, comme un feu souterrain, se sont propagées dans toutes les parties de l'Empire. Les françois de couleur ont attendu avec soumission les décrets de l'assemblée nationale tandis que les blancs cherchoient à se rendre indépendans de toute autorité.

On semble l'avoir oubliée, cette lettre du 12 août 1789 qui a mis le feu dans les colonies cette lettre où les députés de St. Domingiie, troublés par la revolution, effrayés sur leurs esclaves, sembloient vouloir, tout-à-la fois, s'attacher les françois de couleur et les tenir dans l'abaissement où ils accusoient la nation d'être ivre de liberté où ils annoncoient la révolution comme une crise qui ne dureroit pas où un colon plus sage inquiet de ces inconséquences, ajouta à cette lettre un supplément pour en prévenir le mauvais effet, pour avertir ses compatriotes que le meilleur moyen d'assurer dans tous les temps le repos et l'existence de la colonie, étoit d'affectionner à la cause des blancs, la classe des gens de couleur. Nous regardons, ajoutoit-il, cette espèce (cette espèce Des françois ) comme le vrai boulevard de la sûreté de la colonie.

Les citoyens de couleur ont-ils ainsi trahi la cause de la liberté ? Ne se dévouoient-ils pas pour la conservation des colonies pendant que les colons blanc, ne cessant de menacer la France de la perte de ses lies ont tenté tout ce qui pouvoit provoquer cette séparation?


Mais si la patrie est sur-tout à ceux qui savent lu défendre, les blancs refuseroient-ils aux françois de couleur, le témoignage de l'avoir défendue dans toutes les occasions périlleuses, avec zèle et courage ? Leur bravoure est célèbre les gouverneurs des colonies et les commandans militaires, en ont toujours fait le plus grand éloge..

Ainsi les françois mulâtres considérés dans les rapports politiques et moraux qui constituent le citoyen, qui l'éclairent sur le régime le plus convenable à la patrie sont supérieurs aux blancs ils auroient par conséquent plus de droit qu'eux demander la législation des-colonies.

C'est d'eux que nous devons attendre le plus de lumières; et cependant on conspire, jusque dans l'assemblée nationale, pour leur ravir les droits de citoyens actifs

Sans morale comme sans principes, les soi-disant députa osent publier cette odieuse prétention, en même-temps qu'ils prononcent leur condamnation car ils avouent que les nj franchis (c'est ainsi que leur perfide politique les désigne) sont le rempart le plus puissant que la population des colonies mette entre les esclaves et les citoyens. Et, pour se les attacher, les blancs les ont poursuivis et massacrés comme des bêtes fauves. Et les mu-lâtres, qu'on nous peint comme des esclaves rëvoltés, ont tout souffert jusque ce que les décrets leur aient été connus jusqu'à ce qu'ils aient été convaincus, et de la mauvaise volonté du comité colonial, et de la conjuration faite contre leur honneur et leur vie jusqu'à ce qu'il ne pussent plus douter qu'on vouloit leur arracher des droits que l'assemblée nationale avoit respectés.

Encore une fois, si la législation des colonies doit être confiée au patriotisme en qui les vrais défenseurs des principes de la constitution auront-ils le plus de confiance? Sera-ce dans les citoyens de couleur toujours fidèles ou dans ceux qui comme les soi-disant députés ne révent qu'à l'indépendance?


Mais qu'importe à ceux-ci les principes de la constitution? S'ils n'avoient pas résolu de leur fermer tout accès dans les colonies tenteroient-ils d'alarmer la France entière pour obtenir d'une fausse terreur, ce qu'ils ne peuvent espérer du sang froid de la raison?

Voyons donc si leurs menaces méritent plus de confiance que tous les autres moyens dont nous venons de montrer le crime ou l'extravagance.

§. I V.

Quel cas doit-on faire des opinions que les colons blancs ou leurs amis avancent si souvent sur le commerce entre la métropole et les colonies et de menaces qu'ils ne cessent. de faire contre la France, si l' rejette les traités qu'ils proposent.

Cette partie de la politique des colons blancs est la plus perfide. En la soumettant à une exacte analyse on Terra qu'elle ne mérite que le plus profond mépris.

Les agens de l'aristocratie coloniale paroissent avoir compté sur les ressources qu'offrent le défaut de lumières dû grand nombre la superstition ou la timidité des intérêts particuliers l'inhabitude de ces généralisations et de ces calculs, qu'une nation, juge de ses intérêts sociaux, doit faire, lorsqu'elle est appelée à considérer son industrie son commerce les objets qui l'alimentent et les forces qui la protègent. Rejetant toute morale a en politique, estimant peu la liberté générale, pourvu qu'ils se fassent une enceinte dans laquelle eux seuls soient libres, les aristocrates planteurs veulent régir l'industrie et les sources de la prospérité, par les principes et les règles de l'ancien régime; ils veulent maintenir dans les colonies ce cahos ténébreux, ces préjugés avilissant ces travers de l'ignorance fruits honteux de la corruption où le gouvernement étoit tombé.


Ils ne se doutent, ni des richesses de la liberté, ni des avantages de la justice ni des jouissances de l'homme sage lorsqu'il contemple tous ses frères dans le chemin du bonheur et de la prospérité.

On leur demande envain où est la population dont la liberté ait détruit le commerce borné l'industrie affoibli la puissance. On les somme inutilement d'indiquer entre les pertes publiques dont la sagesse humaine peut se garantir celles dont on ne puisse pas attribuer la cause à des fautes contre la liberté; de montrer un monopole absolu ou mitigé quel qu'en soit l'objet qui n'ait pas créé la volonté de lui échapper, et, qui par cela même ne soit pas une cause très-active de désordre. Ces expériences de tous les jours sont inutiles pour eux, II suffit déja, pour mettre en garde contre leurs menaces d'observer qu'elles ont toujours été la ressource de l'intérêt particulier. Chaque individu, adonné à une certaine profession vous crie que la. société entière sera bouleversée si vous dérangez ses habitudes c'est-à-dire si vous examinez en hommes d'état, en législateurs, les fondemens de son industrie et de ses espérances. C'est la noble fonction des philosophes ils cherchent sans cesse à accorder l'intérêt particulier avec l'intérêt général. Voilà pourquoi ils sont persécutés voilà pourquoi ils semblent être en guerre avec le genre humain, qui, cependant, ne peut être heureux que par les triomphes de l'intérêt général sur l'intérêt particulier voilà pourquoi l'on voit des intérêts particuliers, acharnés à s'entredétruire, suspendre leurs haines, et se réunir pour combattre l'espriffûblic qui voudroit-^Knbblir leurs mouvements, et les confédérer en faveur de la prospérité publique..

Quels cris les commerçans n'élevèrent-ils pas en 1784 lorsque le gouvernement permit aux navires étrangers d'exporter dans quelques ports des colonies des provisions absolument néceâ-


saires à la conservation des colons et de leurs esclave* à -la force productive des colonies provisions dont la fourniture exclusive n'a pu être laissée à la métropole, qu'en sacrifiant et les devoirs de l'humanité et les principes d'une véritable prospérité ?

Toutes les chambres de commerce unies à quelques manufactures (c'est un colon qui l'observe (l) ) firent entendre des cris lamentables, qui sembloient être le présage d'une chute également infaillible et prochaine de la Francfc.

Cependant, loin que les événemens aient réalisé ces prédictions, cet acte de justice qui devoit entraîner les plus grandes calamités a beaucoup accru les productions des colonies. Cet exemple qui n'a rendu plus circonspects dans leurs menaces et dans leurs prédictions ni les colons, ni les commerçans, impose aux législateurs de l'empire la nécessité du plus sérieux examen.

La Société des Amis des Noirs est loin de vouloir atténuer le prix que la métropole doit mettre à ses colonies. Mais si la vérité est nécessaire par tout puisqu'elle est la base indestructible de tout bien elle est sur-tout nécessaire lorsqu'on s'occupe de rapports commerciaux. Car tandis que, sur ces rapports les erreurs enrichissent un petit nombre d'individus, elles appauvrissent toute une nation ou la privent d'une prospérité plus générale et par conséquent plus grande.

L'union entre la métropole et les colonies, peut avoir maintenant t des garans si sûrs dans les rapports naturels qu'il seroit absurde et funeste de la fonder sur des transactions uniquement propres à entretenir la jalousie, et à fomenter des mécontentemens dangereux.

Ces mêmes blancs qui ont su réclamer les droits de l'huma(i) M. Pons, habitant de Saint-Domingue, dans une adresse des Colonies francoises aux sociétés d'apiculture aux manufactures et aux fabriques dt France,


nité relativement aux subsistances qui ont su -.braver les cris et les exagérations des commerçons de la métropole prononcent la perte des colonies si les citoyens de couleur jouissent des mêmes droits que les blancs Il suffiroit s'il faut les en croire que l'assemblée nationale parût un instant, prêter l'oreille à la justice en faveur des mulâtres pour abîmer, et les colonies et le trésor public et la nation elle-même dans des flots de sang. Pour qui les auteurs de ces menaces prennent-ils donc nos législateurs s'ils pensent les effrayer avec de pareils fantômes? Comment les colonies pourroient-elles être perdues pour k nation ? Seroit-ce par la conquête, ou par une séparation absolue de la métropole prononcée par les colons blancs ?Mais oublie-t-on la puissance nationale ? Oublie-t on qu'un empire tel que la France fondé sur une population de millions d'hommes libres ne peut être long-temps insulté ou dépouillé, sans en tirer vengeance ? La possession des colonies dépend de la vigueur et de la force de la métropole. Ainsi ce n'étoit pas d'une menace aussi folle en tant que fondée sur le seul mécontentement des aristocrates planteurs qu'il falloit s'occuper mais des inconcevables négligences qui, jusqu'ici ont laissé aux ennemis de la révolution l'espoir d'en anéantir les bienfaits. C'est à ces négligences qu'il falloit donner de l'importance, et non à des craintes puériles que l'usage loyal et ferme de la raison eût bientôt calmées..

On ne sauroit trop le répéter à ces hommes qui transigent si facilement avec les principes. La cause rlui peut faire perdre la propriété des colonies n'est point dans les agitations locales qu'elles peuvent éprouver elle est dans les événemens qui énerveroient la métropole au point de ne pouvoir résister à ses plus foibles ennemis.

Mais réplique-t-on les colonies peuvent se dégrader par des troubles leur culture peut en souffrir et les conséquences re-


jaillir sur notre commerce. Sans doute, mais sera-ce les citoyens mulâtres qui troubleront ces colonies, dès que, plus justes envers eux on les aura, plus que amais intéressés à la tranquillité publique ? Et quant aux blancs sur qui s'appuyeroient-ils pour résister aux loix de la métropole ?

Ils armeront nous dit-on leurs esclaves et, soutenus par eux ils égorgeront les gens de couleur. Ils armeront leurs esclaves et ils ont tremblé que ceux-ci entendissent le mot de liberté (i) lls armeront leurs esclaves, et ils ne craignent rien tant que de voir les citoyens de couleur cesser de les protéger contre les esclaves Et comment les désarmeront- ils? Sera-ce avec les forces de la métropole ? Mais apparemment que si elle peut leur servir à désarmer leurs esclaves elle peut à plus forte raison les empêcher de les armer et de les lancer comme des bêtes féroces sur les citoyens de couleur.

Vit-on jamais des esprits plus délirans Faut-il irriter les ci.toyens contre les amis des noirs? Ils accusent ceux-ci d'être stipendiés par les ennemis de l'état, pour armer les esclaves et les soulever contre leurs maîtres.

Faut-il que l'assemblée nationale leur sacrifie les principes de la constitution? Ils la menacent, si elle se refuse à cette trahison, de susciter eux-mêmes cet atroce soulèvement contre les citoyens de couleur

Oubliera-t-on avec les colons blancs, qu'ils ne sont pas les seuls qui fournissent des matières aux échanges commerciaux entre la métropole et ses colonies ?

Plus ils les vantent, ces échanges, et plus ils nous rappellent que les hommes de couleur ont une très-grande part à cet utile mouvement que, si huit millions de François sont nourris (2) dans (1) Qu'on saississc les ¡cries où le mot même de liberté est prononcd, écrivoient, le 1a août les députés de Saint-Domingue à leurs consumons au Cap. (z) Nous examinerons bientôt ce qu'il faut penser de ces ridicules exagérations. la


la mère patrie avec le produit des colonies les citoyens de couleur payent à nos manufactures un tribut bien plus considérable que les blancs parceque la consommation des premiers sera toujours chez eux, sur leur terre natale en raison de leur prospérité. L'expérience ( i ) l'a prouvé. Elle a prouve en même temps, que les aristocrates, planteurs toujours occupés de leur retour dans la métropole, et du faste avec lequel ils espèrent d'éblouir leurs anciens camarades, ne seront jamais, sur le sol colonial, que les plus chétifs des 'consommateurs, à moins que la révolution ne change totalement leur esprit, leurs moeurs et leurs habitudes.

Mais alors regarderont-ils les françois mulâtres avec dédain? Parleront-ils d'armer contre eux les esclaves, pour ôter à la métropole le gage le plus certain et le plus durable, de la prospérité de son commerce avec les colonies ?

Nous ne saurions trop arrêter l'attention des lecteurs sur cette politique menaçante. Elle est ou une preuve d'insanité et qu'attendre alors des colons blancs? Ou l'indice frappant d'une trahison qui se prépare et faut-il alors mettre à leur discrétion. des intérêts qu'ils détestent ?

On a vu qu'ils veulent faire craindre qu'en confondant les blancs avec les hommes de couleur, il en résulte, chez les esclave un desir plus vif de rompre leurs chaines.

Cette appréhension dont nous avons montré la chimère, est encore combattue par l'expérience. Mais supposons-la (t) Voyez l'article biulâtres dans l'Encyclopédie.

(a) Si les colons blancs avoient raison dans leurs craintes, il ne faudroit donc pas affranchir un seul noir; car ici la parfaite ressemblance doit bien plutôt réveiller, chez les esclaves, le désir de la liberté. Dans les possessions espagnoles, les gens de couleur sont confondus avec les blancs, et lès moyens de liberté donnas aux enclaves, sont nombreux; et cependant les esclaves ne se révoltent point. Au Brésil


fondée l'effet de ce desir seroit d'autant plus lent que tous les colons réunis, sans distinction de couleur, auroient le moyen d'assujettir les esclaves à des mesures propres à leur civilisation. Les planteurs peuvent donc envisager, sans nulle inquiétude, le premier pas qui mèneroit les esclaves à la liberté. Auroient-ils la même sécurité en armant les noirs contre les citoyens de couleur ? Ceux-ci armeroient sans doute, leurs, esclaves contre les blancs et que deviendroient, dans cette affreuse guerre, la culture et le commerce ? Et les esclaves armés aguerris exercés devenus par cela même les compagnons des vainqueurs auroient-ils un moindre désir de la liberté ? Auroient-ils pour l'obtenir des blancs, s'ils étoient victorieux, plus d'obstacles à vaincre lorsque la seule population capable de les contenir, seroit anéantie?

En entendant de pareilles objections on croit voir ces enfans gâtés volontaires et mutins qui tentent d'effrayer leurs foibles parens, en menaçant de s'ôter la vie, si l'on résiste à leurs caprices. Se tuent-ils ? Ils s'en gardent bien. il en sera de même un édit, donné en met tous les sujets de la couronne au même rang; les enfans d'un esclave sont rendus libres, si leul père est mort esclave c'est un dédommagement offert par la loi à ce» malheureux; et les idées de liberté que cet état de choses entretient sans cesse, ne portent poiut les esclaves à la chercher dans la révolte. Les habitations hollandoises voisines de la Guyaune, ne sont distantes que de quelques lieues des peuplades indigènes, ou mêlées avec les nègres fugitifs. Ces peuplades viennent traiter tous les jours, d'égal à égal, avec les Hollandais. Cette circonstance, bien propre à détruire, chez les nègres esclaves, l'idée de supériorité des blancs, que ceux-ci croient si nécessaire, n'occasionne, chez les noirs ni révolte, ni de plus grandes désertions que dans nos colonies. C'est sans doute ce qu'ignorent ceux qui clabaudent toujours, et à tout propos, contre la philosophie. L'homme dénué est, en général, foib!c et timide; et les aristocrates, qui savent si bien que le secret de dompter le peuple consiste à le tenir dans la pauvreté, savent bien que le* révoltes d'esclaves abrutis sont pcu i craindre. Enfin, les blancs eux-mêmes craignent si peu, dans le nègre esclave, les mouvemens de l'homme libre qu'ils farment contre les nègres fugitifs, bandits ou malfaiteurs.


des colons blancs, si la métropole n'oublie pas qu'en effet, ce sont des enfans, et qu'ils ont autant besoin que leurs esclaves, d'une bonne éducation.

Nous avons déjà dit qu'il ne falloit, dans les colonies, que deux classes d'habitans des hommes libres et des esclaves. Nous ajoutons ici, sur les citoyens de couleur, qu'il n'y a qu'un parti à prendre à leur égard. Ou il faut qu'ils soient les égaux des blancs, ou il faut qu'un décret de l'assemblée leur assure la liberté d'émigrer, d'emporter leur fortune et d'emmener leurs nègres les tempéramens même sont impossibles ou ruineux. Ne pouvant arracher, du cœur des mulâtres le sentiment pénible et toujours présent, d'une injuste dégradation, cet état forcé exigeroit l'entretien d'une puissance qu'il faudroit augmenter à mesure que la population des mulâtres s'accroitroit accroissement rapide; puisqu'il résulte de trois sources différentes ( i ) tandis que la population des blancs n'en a qu'une, qu'affoiblit encore leur constante disposition à rentrer dans la métropole.

La nécessité de cette puissance protectrice, seroit donc une très-mauvaise spéculation.

Enfin quelle est donc cette force des aristocrates planteurs, qui empécheroit la métropole de dompter, dans les colonies UN PREJUGE DE QUATRE JOURS tandis qu'elle dompte chez elle des préjugées que les siècles avoient enracinés ?

Prenons St. Domingue pour exemple

On y compte cinq à six cent mille esclaves quarante à quarante cinq mille françois mulâtres et trente mille blancs (2), dont Voyez la noce suivante.

( 2. ) Cette population est plus considérable que ne la représentent les rccensemens faits par ordre du gouvernement, même les plus nouveaux. Mais les déclarations d'ob ils sont cirés ne sont jamais exactes. Ni les hommes de couleur. ni les pères blancs d'enfans de couleur ne déclarent tous leurs enfans, afin de leur éviter le service de la milice qui de l'avis des blancs est dur et ruineux. Les recensement sont également


un grand nombre sont attachés aux mulâtres propriétaires parce qu'ils espèrent plus d'eux que des colons blancs. Et c'est avec ces proportions si défavorables aux aristocrates planteurs et plus foibles encore dans les autres colonies, qu'on ose nous faire redouter lg mépris qu'auroit l'assemblée nationale pour la vanité des colons blancs C'est sous ces rapports, où la foiblesse des blancs est extrême qu'on ne craint pas de menacer la nation de voir sa puissance échouer devant les colonies (i) et qu'on cherche à intimider l'assemblée, au point de lui faire craindre toute discussion relative à cette partie de l'empire comme si sa timidité en faisoit la sûreté

A quel point le règne du despotisme auroit-il donc faussé les défectueux sur la proportion relative entre les blancs et les hommes de couleur parce que beaucoup de ceux-ci taisent teur couleur dans les déclarations de leurs biens au gouvernement et sont enrégistrés comme blancs dans le cadastre général lequel n'est composé que des déclarations de tous les habitans.

Non-seulement il est généralement reconnu à St. Domingue que les hommes de couleur sont plus nombreux que les blancs mais cela doit être, si l'on réfléchit aux sources de la population des mulâtres.

Tandis que les blancs n'ont qu'une origine les hommes de couleur proviennent, to du blanc et de la négresse i° du blanc avec tous les degrés de couleur 3° des hommes de couleur entre eux 4° des hommes de couleur d'un degré rapproché des blancs avec les négresbes.

( Lu menaces qu'on vous a faites a dit M. Lavie à fassembleé nationale dans la séance du mars ne peuvent- effrayer que lu gens qui n'ont rien la. Il n'y a pas de pays plus foible que St. Domingue etc.

M. Barnave a répondu qué la sécurité de l'assemblée ne devoit pas porter surit foiblesse de la colonie, mais sur lu bonnes dispositions sur la fidélité et sur l'effet dudécret du 12 octobfe. Certes ces garans sont peu satisfaisais, si lu bonnes dispositions consistent à rayer les hommes de couleur de la classe des hommes à en faire une espèce. si la fidélité n'est que ta violation des décrets, et si l'effet de celui du i octobre a conduic les bines à perséverer dans l'intention d'être les législateurs des colonies. M. Barnave a-t-il donc résolu défaire triompher ,dans lés colonies tout ce qui ruineroit en France la cause de la liberté z L


esprits engourdi la pensée disposé aux terreurs les plus absurdes (1) ? L'explosion terrible dont les soi-disant députés menacent est actuellement faite. Nous l'avons dit la lettre du 12 août écrite au Cap par les députés de Saint-Domingue a mis le trouble dans toutes les colonies et la fermentation n'n pas cessé depuis, quoiqu'on y fût certain qu'il n'y avoit rien à craindre szcr l'affranchissement des esclaves pas mêrne sur la supression de la traite (2).

Elle durera cette fermentation jusqu'à ce que le sort des hommes de couleur soit décidé et nous avons vu que nul danger n'oblige à leur ravir le rang de citoyen.

Si les colons blancs craignent le retour que les esclaves feront sur eux-mêmes en se comparant aux hommes de couleur, à plus forte raison doivent-ils craindre le mécontentemè.ntqu'éprouveroient ces enfans des colonies en se voyant dépouillés en comparant leur état à celui de leurs pères et de leurs frères en voyant lesblancs jouir exclusivement et dans une patrie qui n'est pour eux qu'une station momentanée des fruits de l'heureuse régénération qui s'est opérée dans l'empire francois. Ce mécontentement, sans comparaison plus dangereux que l'inquiétude des esclaves ce volcan toujours prêt à incendier les colonies est-il bien rassurant pour les relations commerciales de la métropole? Que demandent son commerce et la culture des colonies si ce n'est la paix et la sûreté ? Les trouvera-t-on dans les suites néEh c'est bien ce qui enhardit toutes ces criminelles intrigues chez les princes voisins de la France, pour la reconquérir au despotisme et y faire périr la liberté, dans le sang de ses défenseurs. Quelles armées suffiroient à cette criminelle entreprise si l'on ne comptoit pas sur des terreurs paniques, sur les contes qu'elle enfante, et sur les mauvais raisonnemens qu'elle suggère!

( a ) Voyez la correspondance secrette des députés de St. Domingue, avec les comi- tés de cette île. Lettre VIII l'imprimerit du Patriote


cessaires de l'insupportable affront que recevroient les François de couleur ?

,Mais supposons l'impossible supposons que le commerce des colonies pût supporter constamment la dépense du joug odieux qui contiendroit les hommes de couleur rapprochés de la condition des esclaves le commerce pense-t-il à tous les accidens qui pourroient en résulter pour la consommation des objets manufactures dans la métropole ? Nous avons déjà observé que l'industrie, éteinte dans les hommes de couleur par leur avilissement, les rendroit moins consommateurs. Mais, il y a plus. Les blancs intéressés à les contenir dans leur infériorité, leur laisser oient-ils libre usage de leurs richesses si toutefois ils leur permettent d'en acquérir ? N'a-t-on pas déjà vu la tyrannie des aristocrates planteurs soumettre les hommes de couleur à des loix somptuaires leur défendre de se vêtir à la manière des blancs de faire usage de la soie des dorures des voitures roulantes etc. etc, ? Le commerce- se plaignit il fallut ,révoquer ces loix insultantes mais si elles sont de nouveau portées comme on doit s'y attendre sous le règne des planteurs aristocrates, seront-elles révoquées lorsqu'il ne -pourra régner de loi dans les colonies que celles qu'ils proposeront ?

Si les colons blancs n'avoient pas l'intention de secouer le joug des intérêts de la métropole et de rejeter, en même tems, les bienfaits de la régénération qui plus que toutes les loix prohibitives assureront ces intérêts on n'auroit remarqué en eux que des prétentions semblables à celles de toutes les parties de l'empire. Certains d'être écoutés dans tout ce que peut exiger la justice et l'éloignement des colonies auroient-ils imaginé qu'ils devoient traiter de peuple à peuple ? Où est leur titre? Et si l'oppression affranchit l' opprimé si elle légitime les projets d'indépendance en quoi la nation, qui se réveille pour rappeler dans sa constitution, la justice-, l'humanité, les droits de Thom-


me, les a-t-elle tyrannisés ? Ils ne pensent donc pas qu'un peuple qui veut être libre, resserre ses liens avec tous les individus à qui la liberté convient, au lieu de les rompre

Oui, aujourd'hui loin de chérir ces intérêts pour lesquels ils montrent une si fausse sollicitude ils n'ont senti que l'impatience de s'en séparer. En voulez-vous la preuve ?

L'assemblée coloniale se crut à peine le pouvoir de faire des lois pour les colonies qu'elle ouvrit ses ports aux étrangers. Ainsi, sans aucun préliminaire, sans laisser aux commerçans de la métropole, le temps d'écouler des marchandises importées sur la foi de l'ancien régime et d'en retirer le prix, ceux qui se trouvèrent dans la colonie à cette époque, furent contraints, par la concurrence des étrangers de vendre à bas prix leurs marchandises, et d'acheter fort cher les denrées coloniales dont ils avoient besoin pour faire leurs retours

Ce n'est pas tout. Afin que la métropole ne pût pas douter du mépris des colons blancs pour l'intérêt des commerçans de la mètropole, un tableau allégorique, placé dans l'intérieur de leur salle d'assemblée représentoit le symbole non de la' révolution arrivée en France mais de celle qu'ils croyoient faite pour les colonies. La liberté du commerce étoit figurée par l'affluence des pavillons étrangers tandis qu'une forteresse, dont le canon menaçoit un navire françois servoit d'emblème au décret de l'indépendance.

On croyoit alors pouvoir insulter la métropol^faujourd'hui il faut la séduire par de trompeuses alarmes.

Comment les commerçans françois auroient-ils si peu de mémoire ? Comment des terreurs imaginaires étoufferoient-elles chez eux le souvenir de l'esprit des colons blancs et arréteroientelles l'usage de leur raison pour apprécier leurs menaces ? Oublierons-nous qu'au milieu des alarmes, que les colons blancs manifestaient contre les prétendus projets de soulcvemens dont ils accusoient la société des noirs leur plus grande appréhension


eut pour objet les envois de troupes que le gouvernement pourroit ordonner (i) ? Pourquoi ont-ils craint ces précautions rassurantes, si ce n'est parce qu'ils vouloient «résister aux décrets de l'assemblée et que de nouvelles troupes eussent été difficiles à séduire contre le sens de ces décrets ?

Si les troupes restoient sous l'obéissance de leurs chefs nous avions craint écrivoit la députation de Saint-Domingue à ses commettans qu'on ne les dirigeât plutôt contre les colons que contre les esclaves. A-t-on de pareilles craintes lorsqu'on ne songe qu'à rester fidelle à la nation ?

Passons maintenant des intentions manifestées dans les colonies et dans les demandes des colons blancs à leurs ruses pour se rendre maîtres de l'opinion publique dans la métropole. Les aristocrates planteurs se sont servi heureusement, disenti!s., de l'influence des commerçans députés à l'assenzblée nationale, quoiqu'ils les désignent comme leurs adversaires constans; ils ont recherché les députés prépondérans et dans les bureaux, (i) Le 18 janvier 1790, les députés ont écrit au ministre, pour le dissuader d'envoyer des troupes à St. Domingue et à la colonie, pour qu'on s'y opposât à la descente de tout navire pàtteur de troupes. Le ministre a répondu le az qu'on n'enverroit que des recrues; et, le février, les députés ont demandé que cu recrues ne partissent point. Nous vous prévenons, éeri voient-ils le février à leurs commettans que M. dcla Luzerne, malgré notre réclamation, fait partir 28o recrues qu'on dit fort mal choisies; c'est à vous d'aviser au parti qui vous paroîtra le plus convenable.

n Délibéré sur cet objet qu'il en sera incessamment rendu compte à la colonie; afin qu'il fût pris des mesures pour s'assurer de ces gens-là, i leur arrivée; cela paroissant plus sûr que de chercher empêcher leur embarquement, parce qu'alors ils pourront se diviser et passer par difîérens ports peut-être sous des noms supposés, ou en qualité de marelots; qu'au surplus, il y sera plus amplement délibéré au premier avis qu'on se sera procuré sur cet objet important 14. Correspondance secrète des députés de Saint-Domingue avec les, comités de ccue île. Si ce ne sont pas là des projets de révolte contre la métropole quel nom faut-il leur donner Au reste nous n'accusons point nous montrons quels sont lît hommes qui nous calomnient.


dans les comités et dans les sociétés particulières et dans l'assemblée méme, et erz ont ramené un grand nombre {\). Ces succès ont enhardi les soi-disant députés et, pour enchérir sur ceux de Saint-Domingue, ils demandent aux prétendus philantropes ( c'est leur expression) comment, après avoir sacrifié à leur chimérique, projet de. perfection d'organisation sociale, ,l.es intérêts des colons CEUX DU commerce ET CEUX DES MANUFACTURES, ils remplaceront les colonies pour huit millions d'individus qui existent par elles et qui demandent, avee DES crjs menaçans, leur subsistance.

Quels autres, que des hommes dépravés par l'affreux régime de l'esclavage, montreroient autant de perversité ?

Nous leur demandons à notre tour Où sont donc lés huit millions d'hommes qui réclament, avec des cris menaçans leur subsistance

Les trouve-t-on dans, les campagnes où le laboureur bénit à chaque instant la révolution, par les avantages sensibles et journaliers qu'il en retire?

Sont-ils dans les ateliers des fabriques et des manufactures, où des demandes multipliées ont rétabli l'activité depuis que l'assemblée nationale alimente la circulation (2) ?

Penseroient-ils donc ces colons qui ne craignent pas de se montrer si peu instruits que dans un empire de trente mille lieues carrées habité par vingt-cinq millions d'homme* la fertilité du sol la seule nécessité de nourrir vêtir et loger une (t) Lettre de la députation de Saint-Domingue, du tt mars

(i) La fabrique de Rouen est dans la plus grande activité au moment où les soidisant députés répandent leurs fausses alarmes. Les marchandises manufacturées eu France ont par-tout augmenté de prix à cause des demandes et tous ceux qui vendent aux consommateurs dela campagne,s'apperçoivent chaque jour des progrès de l'aisance, fruit dc la Constitution, en faveur de cette classe de citoyens si long- temps opprimés.


immense population, ne lui donnent *en à faire? Croyent-ils que le mouvement, quel qu'il soit ésultant de leurs denrées coloniales, puisse entrer en comparaison avec celui qu'entretient, entre les seuls français l'échange de leurs travaux réciproques, lors même qu'il se renfermeroit dans le cerCle étroit de leurs besoins? .<-

On comprend comment les satellites du despotisme lorsqu'ils nous forçoientà la pauvreté par leurs exactions, lui vantoient des objets où ses regards ne pouvoient atteindre pour cacher les tristes lambeaux étendus prés de lui.

Mais aujourd'hui que les François propriétaires de leur industrie, sont libres cle lui donner l'essor, san^-crain die qu'elle éveille l'avidité déprédatrice des courtisans est-il besoin qu'on nous égare par des fables al surdes ?

Nous avens vu les colons blancs chercher à soulever contre nous 1 habitant de Paris qu'ils nous montrent donc leurs grands bienfaits envers la capitale Mais que plutôt ils nous montrent comment les habitans des colonies dédaigneront les marchandises de la métropole, maintenant qu'affranchie des charges dupouvoir arbitraire et de la fiscalité, tous les avantages naturels influeront en liberté sur nos travaux, et notre industrie Enfin, qu'ils répondent u l'examen que nous allons faire de leurs calculs Huit millions d'hommes en France s'il faut en croire les soidisant députés du nord et de l'ouest de Saint-Domingue, sont nonseulement à la solde des colorzies, mais ils en dépendent tellement, que ces lronvrzes qui en reçoivent la vie et le mouvement, seront à l'instant de la destruction des colonies, condamnés aux horreurs et aux funestes tentations de la misère et que le reste des habitans de la France sera livré au désespoir de ces huit millions d'hommes.

Aidons à l'ineptie que les soi-disant députés ne eraignent pas de mettre au jour; supposons l'état de choses le plus favorable à l'importance romanesque qu'ils voudroient donner aux colonie


supposons que les exportations de là métropole sont un produit pur de son sol et du travail des citoyens.

Dès-lors, la valeur de ces exportations, les frais qu'elles occasionnent, et les bénéfices qu'elles produisent par les retours doivent représenter toute la dépense que peuvent faire huit millions d'hommes, pour leur entretien.

Ces exportations suivant les états dressés dans le bureau de la balance du commerce où présidoit M. Dupont député de Nemours qu'on ne peut pas soupçonner de vouloir affoiblir les avantages de sa patrie (i), montent en objets d'origine .nationale à environ 5o millions. Savoir 16 en comestibles, 3 eu métaux, matériaux à bâtir et autres pour l'équipement des navires et 3i millions d'objets manufacturés ou produits d'industrie y compris pour un demi million de drogueries ef d'épiceries. On y ajoute 10 millions et demi d'exportations sur la côte d'Afrique, dont les deux tiers sont en objets d'origine nationale, et un tiers d'origine étrangères, mais payés avec des produits nationaux.

Plus 20 millions pour les frais de transport, que gagnent 5go navires françois (2).

Plus 6 millions et demi pour les frais du transport des mar- chandises en Afrique et des nègres qu'elles servent à acheter. (1) Nous savons tout ce qu'on peut alléguer contre l'exactitade de ces états. Mais les personnes exercées aux grandes affaires, verront bientôt qu'on ne peut critiquer nos calculs, qu'en rendant les exagérations des colons blancs encore plus absurdes.

(a) Ces frais portent sur 166 millions de marchandises exportées et importées. Ils sont par conséquent prodigieux. Mais la navigation françoisc est, sans comparaison, la plus chère de toutes, par la raison que les préjugés, maintenant détruits, empêchoient les citoyens d'honorer tout ce qui tenoit au commerce. La chute du préjugé tendra les services de la marine marchande aussi bon marché que ceux des autre*

nations. Pourquoi désormais seroient-ils plas coureur?


Voilà 86 millions qui, d'une manière ou de l'autre seroient dans le système des soi-disant députés distribués aux huit mil-' lions d'individus a la solde des colonies. C'est leur avance» Allons plus loin. Le commerce françoisfait passer aux colonies pour 27 millions de marchandises fournies par des étrangers, auxquels il faut les payer en argent. Ces exportations ramènent sur les mêmes vaisseaux pour millions de denrées coloniales dont la somme se réduit par conséquent pour la métropole à 167 millions (1).

C'est-à-dire que l'importation surpasse l'exportation, de Si millions.

C'est ici sur-tout, que pour favoriser l'opinion de tous ces ha-, biles calculateurs, nous supposons l'impossible, c'est-à-dire que ces 81 millions dont une partie doit appartenir aux colons et servir à payer d'anciennes dettes ou des intérêts sont néanmoins un profit annuellement acquis, et sans qu'il faille en rien distraire, aux huit millions de François vivant, dans la métropole, du pain que leur donnent les colonies qu'ainsi ils ont à partager entr'eux, chaque année, 167 millions.

Combien cette somme donne -t elle à dépenser par jour à chacun de ces huit millions de François l'un portant l'autre? TREIZE deniers; ce que l'un a de plus est pris sur l'autre. Voilà le fruit de leurs travaux voilà ce que retirent cette foule d'agriculteurs, cles manufacturiers d'artistes, de commerçans qu'on irrite contre nous pour arracher de l'assemblée nationale des décrets clui violent ses principes, qui livrent les colonies aux ennemis de la régénération

(1) Nous ignorons sur quel pied les évaluations ont été faites; mais nous laissons une marge considérable pour les erreurs en plus et nous sommes bien loin d'attéhueï le résultat du commerce des colonies, comme servant à faire vivre en France huit millions d'hommes, ou suivant M. Mosneron l*aîné le quart 4e sa population; Car entre ces Messieurs quelques millions d'hommes de plus ou de moins, ne sent pas une affaire. Six, 8, 10, etc. la multiplication miraculeuse des pains n'est rien en comparaison des miracles que font les colonies..


Mais, en analysant le tableau que présentent les colons blancs, que résulteroit-il du commerce des colonies avec la métropole? Que si 167 millions devoient être partagés entre un certain nombre d'individus privés de toute autre ressource, ce nombre seroit, tout au plus de quatre cent mille au lieu de huit millions. Mais comme, dans la vérité, cette dépendance absolue des colonies ne regarde qu'un très-petit nombre d'individus il faut conclure de cette controverse.

i°. Que plus on supposera d'hommes intéressés directement ou indirectement au commerce des colonies et moins le sort de chacun d'eux en dépendra

z°. Que plus les colons blancs ou leurs défenseurs amplifient le nombre de ces intéressés et moins leurs menaces sont effrayantes car chacun de ceux-ci perdra m ins si les colonies nous échappent que s'ils étoient peu nombreux ensorte qu'il seroit désirable que les produits attribués aux colonies, se partageassent entre huit millions d'hommes est plus si l'on veut parce qu'alors rien n'est moins inquiétant pour la nation et qu'il sera d'autant plus absurde de vouloir qu'elle renonce aux principes de la constitution dans une partie de l'empire pour des intérêts aussi prodigieusement divisés.

C'est ainsi. que se méprennent les hommes qui ne peuvent donner pour base à leurs déclamations que leur passion leur ignorance, ou leur mauvaise foi.

Nous dira-t-on que nous n'envisageons pas le commerce des colonies sous son vrai point de vue; qu'il faut considérer l'argent que les denrées coloniales font rentrer annuellt mënt en France comme étant la cause de ce que la balance du commerce est en sa faveur, et calculer non-seulement les hommes employés par les manufactures qu'alimentent les objets exportés aux colonies mais encore ceux qu'occupent les objets ,importés des colonies; lesquels hommes, suivant M. Mosneron l'aîné beputé nu commerce me Nantes, forment le quart âe lapopw-


Lion de Frnrice lequel quart seroit perdu si l'on perdoit les colonies ce qui obligeroit le reste de la population, française à se soumettre à des lois sçmptuaires très-austères sans quoi elle devienclroit en peu de temps aussi pauvre et auss^miséraâlë rlue le peuples de la Pologne ?

Mais ce point de vue conduit au même résultat. Aucun de ces hommes employés dans les travaux que les colonies entretiennent ne mange l'or. Ce métal n'est qu'agent dans les travaux; il faut toujours pour juger de leur 'importance en évaluer la somme comme représentant ce que chacun des individus retire, sous une forme ou sous une autre de la part qu'il prend à ces travaux. Ainsi, suivant M. Mosneron l'aîné, les 167 millions (1), somme totale du produit des travaux et des bénéfices se partageroient entre six à sept millions d'hommes, au lieu de huit.

Si notre analyse donne un résultat différent de ce que pense M. Mosneron sur le sort de ces six ou sept millions d'hommes qu'il fait dépendre des colonies, nous l'invitons à développer l'incompréhensible mystère que renfermeroient 'alors ses assertions. Ou il ne les conçoit pas lui-même, ou il est en état de montrer, par des faits et des chiffres des résultats coloniaux qui donnent réellement au quart de notre population sa principale subsisTANCE.

(1) Répétons ici le compte.


En attendant nous observerons que ces pompeuses assertions dénuées des détails propres à les faire comprendre n'apprennent rien aux hommes d'état; qu'elles ne servent qu'aux discoure des charlatans; et que des législateurs doivent avoir sur la chose publique des idées plus nettes et plus précises.

Quand on parle d'rzne balance commerciale apportant chaque année 70 millions de nurnéraire en France on s'exprime sans doute d'une manière figurée; car le numéraire du monde entier, et la France elle-même ne supporteroient pas une pareille exportation et importation métallique. La présence du numéraire ne prouve rien en faveur de cette balance; il peut aussi bien être le résultat d'une dette contractée che? les étrangers que d'une balance qu'ils paieroient accidentellement de cette manière. Ainsi les soi-disant députés et leurs amis sont très-répréhensibles, lorsque abusant de ce qu'ils n'entendent pas, ils répandent, pour animer la multitude contre la Société des Amis des Noirs, qu'elle veut tarir en France la source du numéraire.

Si la France reçoit plus qu'elle ne donne (et cela doit être parla nature des choses même sans colonies, si le gouvernement ne la contrarie pas ) il est indifférent qu'elle reçoive l'excédent en commodités, en matériaux propres à l'industrie, ou en métaux. Quand à la somme de l'excédent, loin de pouvoir l'articuler, on ne peut pas même la présumer. Cette connoissance ne peut résulter que d'une entière liberté de commerce, et d'enregistremens difficiles à concilier avec cette même liberté. Or, comme elle est à peine établie en France siles enregistremens instructifs sont possibles à l'avenir on n'a pas encore pu les faire assez exacts pour mériter quelqu'attention.

La même obscurité enveloppe le rapport de l'exportation des denrées cfjkmiales avec la balance du commerce en faveur de la France. Ceux qui croient que cette balance est de 70 millions


et que l'exportation des denrées coloniales s'élève 'de 70 à adoptent des assertions entièrement dépourvues de preuves. Elles ont été mises en crédit par un ouvrage dont nous ne contestons pas le mérite, mais qui, sur les affaires de commerce, ne contient que des erreurs de bureaux ministériels', de ces bureaux inventés, non pour acquérir des lumières, mais pour créer des places.

D'ailleurs, M. Necker, en évaluant l'exportation des denrées coloniales à l'étranger de 70 à 75 millions convient lui-même que le puissant appas de la fraude fait déclarer pour l'étranger des expéditions qui restent ou rentrent dans le royaume par.les manoeuvres dela contrebande. Comment a-t-il donc pu s'instruire du montant des exportations françoises dans l'étranger ? Est-ce dans un ordre de choses qui s'oppose à tout calcul qu'on doit s'exposer à donner des notions fausses comme des réalités incontestables ?

Mais, admettant que l'exportation des denrées coloniales s'élève à la somme annuelle de 70 à 75 millions scroit-ce la preuve d'un état de choses si prospère qu'il faille tout lui sacrifier? Et peut-on dire qu'il ne puisse pas devenir meilleur, en faisant régner dans les colonies, comme en France, la liberté, la justice et par conséquent l'humanité?

Encore une fois, nous sommes loin de vouloir déprimer le commerce des colonies mais nous croyons qu'il peut gagner infiniment,'si l'assemblée nationale veut, comme elle le doit, ne point séparer les colonies de la France et, commé un père également paternel pour tous ses enfans ne s'attacher dans les biens qu'elle leur prépare qu'à l'intérêt de la famille. Qu'on nous permettre donc de rappeler les vrais principes, en montrant sur les denrées des colonies que leur exportation si yantée ne décèle pas encore une grande prospérité nationale. Qu'est-ce que le sucre? Un beaume salutaire et nouriss^nt. Quiconque


Quiconque peut en user, a incontestablement un bien de plus en sa possession. lien est de même du café. Il réveille les esprits, sans user le corps. Au-lieu d'être, comme les liqueurs fermentées ennemi des facultés intellectuelles la vraie richesse des états, il en est l'ami.

Eh bien les françois usent fort peu de ces bienfaits de la nature dont ils connoissent tout le prix ils ne sont ptts encore assez riches. Si leur aisance étoit plus grande le sucre importé en France suffirait à peine à ses habitans il n'y en auroit pas 40 livres par an pour chaque chef de famille. Les Anglois en consomment beaucoup plus. Suivant les tables en reçoivent à peu de chose prés, autant que la France, et n'en exportent pas.

La quantité de café importé en France par les colonies, équivaut à environ quinze livres par chef de famille il s'en faut prodigieusement qu'il ne les consomme.

Les autres objets importans, fournis par les colonies consistent en coton et en indigo. Ce sont des mat aux précieux pour l'industrie casanière. Il en arrive, dans les ports de France, pour une quarantaine de millions et une nation de vingt cinq millions d'ames posée sur le premier sol de l'univers, ne peut pas encore les,employer Est-elle stupide? Au contraire elle est pleine d'esprit et d'imagination. Est-elle paresseuse par tempérament ? Tant s'en faut son activité mise en liberté surpass.e celle de tous les peuples. Mais le despotisme a tout découragé, tout engourdi chez elle la pauvreté, qui suit le défaut d'industrie, et qui force à toutes les privations y est générale. Et Ion nous vante cet état qui force à l'exportation de denrées qu'un peu d'aisance porte à consommer! L'on peut vanter-, comme le signe d'un commerce opulent, l'exportation de nos denrées coloniales Que prouvent ces erreurs? L'habitude de l'ignorance de l'irréflexion, et le danger de s'abandonner à des calculateurs qui comptent si mal, à des commerçans quT ignorent encore les


vrais succès du commerce, et les vraies buses de la prospérité des empires?

Le plus riche le plus avantageux de tous les commerces, » c'est celui que les enfans de la patrie font entre eux. Le plus respectable des commerçans ,c'est celui qui, pendant que les uns s'évertuent à multiplier les productions du sol, encourage les autres à s'adonner aux manufactures, pour l'usage de ses compatriotes; 'et va chercher au loin d'autres productions propres à augmenter leurs jouissances ou alimenter le genre de travaux dont les fréquens échanges, entre les citoyens du même empire sont le principal but. En un mot le commerce avec les étrangers le flatte peu, tant que les objets qu'il leur envoyé sont des privations pour ses frères, au lieu de n'être que des superflus. Mais que faut-il, pour que cet esprit commercial, vraiment patriotique, anime enfin tous les commerçans et change leurs habitude?. Le regne franc et loyal de la liberté de la justice et des opinions raisonnables dont l'esprit d'égalité est l'unique source.

François, nous vous le demandons, un homme juste, humain, généreux ami de l'ordre de la' paix et des principes constitutionnels, peut-il commercer dans vos colonies ?

Laissons à l'écart le hideux spectacle de l'esclavage. Interrogez vos négocians expérimentés. Combien vous diront qu'ils ne redoutent rien autant, que le crédit qu'il faut faire aux colons blancs, pour commercer avec les colonies Ils vous diront que la démarche la plus dangereuse, qu'on puisse y tenter, c'est d'y demander justice qu'on n'y voit régner que les allures, les caprices l'ignorance, et l'anarchie du despotisme.

Cet état de choses favorise-t-il une plus grande consommation des denrées coloniales dans la métropole ? Non. Dans le le régime des colonSèlaacs régime constamment ennemi de la liberté, et des bonnes moeurs, ces denrées seroat toujodm plus


coûteuses; et tandis qu'il faudroit les mettre à portée des facuî-l tés du plus grand nombre des François, elles auront besoin, tant que ce régime durera, de riches consommateurs c'est-àdire que leur consommation, dans la partrie sera limitée. Et c'est pour maintenir ce régime pauvre à l'égard de la nation, et riche pour quelques individus qu'on cherche à égarer votre imagination par de fausses notions, sur la nature des rapports commerciaux entre les colonies et la mêtropole François, consentirez-vous respectant des mensonges, à rendre ainsi, les colons blancs, arbitres de votre prospérité ? Encltainerez-vous votre puissance législative à la plus corrompue des administrations ? Attacherez-vous à votre corps destiné à devenir sain et vigoureux, une ulcère qui continue à l'infecter de ses poisons ?

Cammerçans daignez nous écouter Ces vérités ce seroit à vous à nous les apprendre. Ce seroit à vous à vous déFer de ces opinions précipitées, qui ne servent qu'à l'erreur. Pensez que c'est principalement au commerce que le genre humain doit sa liberté que c'est à la lutte continuelle de vos intérêts particuliers, contre les gènes les priviléges les surprises fiscales que c'est à l'indignation que vous causent les injustices et les partialités des gouvernemens tyranniques,lorsqu'elles compromettent vos spéculations, que nous sommes redevables de ces méditations bienfaisantes, qui ont enfin répandu une vive lumière sur les droits de l'homme. ( i;(i) Il ne restoit plus aux exagérateurs qu'à représenter le coaunerre des colonies comme l'étincelle électrique développant une activité de proche en proche uniquement productive qui n'ayant pas le commerce pour objet ne laisse pas de l'avoir créé. Admettons encore cette fable qu'en résulrera-t-il? Que nous peuvent rende aux colonies bienfaits pour bienfaits et que tes faisant jouit des inestimables avantages de la liberté, et protégeant dans leur sein les droits dts hommes et du citoyen nous leur rendrons au centuple tous les germes de prospérité qu'elles

peuvent nous avoir prêtés.


Pourquoi donc esclaves à votre tour des colons blancs combattriez vous aujourdhuj des opinions qui ont ennobli le commerce ? Voudriez vous le voir retomber dans le mépris ? Mais poursuivons les objections de nos adversaires..

Qua?it aux manufactures alimentées par les objets exportés aux colonie, nous osons dire qu'il n'y a pas en France une seule manufacture importante qui doive son existence aux colonies. Les grands ateliers n'en dépendent point.; et, pour s'en convaincre il 'ne faut que jeter les yeux sur le tableau des exportations directes de la métropole pour les colonies. Les objets manufacturés d'origine nationale savoir les toileries, draperies rubaneries bonneteries et àutres y sont évalués à 20 millions et demi et ceux d'origine étrangères mais de nations payées par nos produits à cinq millions. D'autres articles, désignés comme objets particuliers d'industrie sont évalués à un peu plus de dix millions. C'est en tout trente-six millions.

Mais tous ceux auxquels on donne une origine nationale, l'ont-ils ? Les colons eux-méme le nient. Dans les momens où perdant de vue les noirs et les hommes de couleur ils ne songent qu'au privilège des commerçans de la métropole (i), ils se plaignent hautement que ceux-ci leur vendent, pour manufacturées dans la métropole., des marchandises étrangères. Et pourquoi cela ne serot-il pas ? Le régime françois a-t-il été fav.orable aux manufactures ? N'a-t-il pas au contraire éternellement favorisé la contrebande? -i|'a-t:-il pas créé en France (i) Les députés de Saint-Domingue, réfléchissant que l'autorité seroit dans la main deâ colons proposoient comme une mesure politique d'abandonner celles de leurs demandes qui les divisoient avec ajoutent-ils il EST SI INtéressant pour nous de faire cause comrr.un^ur les objets majeurs. Lettre du Il i janvier 1790.


une nation de contrebandiers ? Il n'y a pas jusqu'aux malheureux nègres, qui ne soient fournis par le commerce étranger. Les An- glois en fournissent le plus grand nombre à nos colonies quoi. qu'aucune prime ne les encourage et les nègres achetés par les François sont presqu'entièrement payées avec du numéraire et des marchandises étrangères (i).

Les soi-disant députés diront-ils, que la France sera bien malheureuse, lors qu'au lieu d'envoyer dans les colonies des farines, des viandes salées du poisson du beurre des légumes ces provisions seront consommées dans la métropole ?

Cette perfidie seroit digne de leurs moyens. Et, en effet ils se sont biqp gardés de publier dans leur lettre que les colonies réclament, comme un objet de justice et de bc,nne administration, la liberté de recevoir dans leurs ports les comestibles, de quelque part qu'ils viennent; quoique ces comestibles aient formé le plus souvent la partie des cargaisons de la métropole ,à laquelle les spéculateurs attachoient le plus de prix. Nous avons vu des colons, reprocher aux commerçans toutes les plaintes toutes les alarmes que ceux-ci répandoient pour se maintenir dans le privéilge d'affamer les colonies. Ils leur ont donné le défi de prouver que l'abandon de ce funeste monopole pût faire aucun tort à la mère-patrie.

Ces plaintes seroient bien plus fondées, aujourd'hui que ces tristes exportations ne sont plus nécessaires à la métropole et (i) Les tableaux que nous avons sous les yeux, portent à 17 millions, l'exportation de France sur les côtes d'Afrique; savoir, 6,780,000 livres en boissons comestibles draperies, toileries verroteries, et autres articles d'origine national* ou. soidisant telle} 3,747,000 livres de marchandises étrangères qu'nn suppose payées avec des productions françoises et livres de marchandises étrangères, qu'on «upposc payées en argent. On peut affirmer que ces relevés sont fort au-dessus de la vérité; et que la métropole est loin de cette exportation toute chétive qu'elle seroit.


c'est un point sur lequel il est important de s'arrêter. En le discutant, on verra que guidés par un seul principe invariable, par la justice universelle, nous n'envisageons qu'elle dans les discussions entre les commerçans françois et les colons et que nous ne sacrifions point les derniers à la préventicn qu'on pour-.roit nous supposer pour la métropole.

Nous n'hésitons pas de dire que nous sommes arrivés à l'épo; que heureuse où la métropole ne doit plus envier, ni se conserver, le privilège exclusif d'envoyer des comestibles aux colonies: cet état de choses pouvoit être commandé parla voracité du des' potisme. Combien d'hommes en France cultivoient alors le froment sans pouvoir s'en nourrir ? Combien de citoyens épuisés par le travail, et nourrissant des bestiaux, ne pouvoient se restaurer avec le suc de quelque chétif morceau de viande? C'étoit le besoin de s'en priver pour payer des impôts désastreux, et non la surabondance, qui portoit ces denrées dans les colonies. Ces impôts, instrumens de misère maintenant détruits, nous n'avons plus à les payer par des privations nos grains nos viandes notre marée, serviront désormais à nous mieux substa'nter, tandis que les colons eux-mêmes seront plus abondamment pourvus eux et leurs esclaves en ouvrant leurs ports aux comestibles de tous les pays où le sol aussi fertile que le nôtre, a infiniment moins d'habitans à nourrir.

Quel François oseroit désavouer ce langage de l'humanité de la raison de la saine politique ? Aucun. Nous ne voyons donc point où sont les grands désastres qui tomberoient sur nos fabriques et sur notre agriculture.

Frapperoient-il& sur les cultivateurs et les propriétaires des vignes ? Mais rien n'annonce parmi eux, la crainte que leurs vins soient sans consommation. Ne croyant pas à la dépopulation des colonies ils se confient, et avec raison dans la convenance générale de leurs vins.


Quant aux hommes employés pour lés objets importés des colonies nous avons déjà observé que les productions destinées aux manufactures sont encore loin de pouvoir être acquises en entier parles entrepreneurs des manufactures nationales (t) ainsi ces hommes sont peu nombreux.

Entend- on parler du mouvement de transport que la totalité des productions coloniales entretient sur terre et sur mer ? Sur terre celui qui a lieu ne peut pas se perdre parce qu'on prend toujours le plus court chem:n pour les objets dont le transport est coûteux.

Sur mer le mépris que les François ont fait jusqu'à présent de la navigation à fret appelée cabotage a jusqu'ici presqu'entièrement dévolu ce profit aux étrangers..

Quoiqu'il en soit, pense t-on, lorsqu'on donne une aussi grande importance à ce mouvement le comparer à celui qui résulte du transport des seules productions du continent françois, abstraction faite de tout ce qui peut appartenir, directement ou indirectement au commerce des colonies ? Enfin ne diroit-on pas à enteudre M. Mosneron que tous les états prospères ont des colonies et que ceux qui eu sont privés, sont sans commerce, sans industrie sans numéraire qu'une affreuse misère les enveloppe?

Le Brabant a-t-il des colonies ? La Suisse a-t-elle des colonies ? L'Allemagne a -1 elle des colonies ? Sont-ce des pays barbares ? S'ils le sont, si le peuple y est pauvre faute de colonies pourquoi M, Mosneron va-t.il chercher l'exemple ridicule de la Pologne pour effrayer les François dans le cas (i) Les cotons de nos colonies alimentent ces manufactures anglaises. si perfectionnées que nous ne tarderons pas à imiter, puisque nous avens maintenant tour ce qui leur a donné naissance, Les cotons des colonies ang'oiscs sont loin de suffire à ces manufactures.


où, comme leurs voisins ils seroient obligés de faire venir leur sucre et leur café de l'étranger ?

On ne prouve rien quand on veut trop prouver et puisque nous avons vu la France ne pas succomber lorsque le trésor public retenoit tant de capitaux nécessaires à la circulation, .capitaux équivalens à cinq ou six années du produit des colonies nous pouvons croire que le sort de 1 empire n'est pas tellement attaché aux exportations et aux importations coloniales, que ses législateurs ne puissent oser courir le très-petit risque de mettre à la raison une poignée de séditieux qui nous ne cesserons de le répéter, haissent la libetté, veulent donner la loi à la métropole (i), la contraindre à favoriser leurs passions, par les plus odieuses exceptions.

Qu'ils cessent donc de chercher à soulever nos manufactures. Elles n'existeroient plus depuis long-temps, si les travaux qui les soutiennent dépendoient des colonies. Les intérêts pour lesquels on les fait parler, sans les consulter leur sont étrangers. Des colons, que la chaleur du climat dispense de ces besoins fréquens qui animent les grands ateliers d'une nation puissante, n'ont été jamais, d'une grande ressource pour elles et nous avons déjà observé qu'en tenant les citoyens de couleur dans l'avilissement 1 intérêts de la métropole seroient attaqués dans ses plus fidèles citoyens et dans ses consommateurs les plus précieux.

à donner, de l'importance des rapports commerciaux entre. la (i) Jugez-en par le fragment suivant, de la lettre des députés de Saint Domingue du t janvier 1790. Ils écrivoient que la circonspection que leur inspiroit l'ordre de choies nouvellement établi par l'assemblée nationale, étoit devenue, pour eux. une espèce de terreur, lorsqu'ils ont vu la déclaration des droits de l'homme pour base de la constitution, l'égalité absolue, l'identité- des droits, et la liberté de tous 1es individus. métropole


métropole et les colonies comme de leurs menaces. L'exagération insensée le mensonge la calomnie ont dicté tous leurs écrits en même temps que la ruse et la perfidie conduisoient leurs démarches (i).

Leurs amis ou ceux qu'ils ont su effrayer ou séduire répandent guc c'est un parti pris que les flancs ne renient de paix avec les hommes de couleur, qu'au prix d'une soumission qui assure leur respect la la couleur blanche qu 'ils périront plutôt que décéder.. Méprisable forfanterie. Ils oublient que si l'on peut craindre la fermeté et le désespoir du citoyen qui défend des droits avoués par la nature celui qui-veut combattre pour des opinions dont il connoît lui-même la perveivité et l'extravagance, est bientôt vaincu par sa conscience et sa tacheté. Et à qui pensent-ils que cette menace en imposeroit? A une nation, qui, ne, craignant aucune puissance seroit cependant intimidée par quelques colons insensés quelques armateurs adonnés à un odieux commerce et quelques créanciers saisis d'une crainte aveugle sur leurs propres intérêts Certes pour établir un aussi étrange contraste il faut frapper les esprits par les erreurs les plus inconcevables.

J^oulez-vous nous dit-on que les colonies se déclarent indépendantes ? On a vu des colonies forcées à se séparer de la métropole, par le besoin de la liberté; on n'en verra jlmais céder à la même impulsion par le besoin de Ica tyrannie. Oui le besoin de la tyrannie Toutes les. craintes -des colonsblancs, sont de voir avancer le règne de la liberté tous leurs voeux sont de renforcer les liens de l'esclavage.

(i) Témoin les mesures Frises pour empêcher les citoyens de couleur Qui :e trouvoient en Fiance de retourner aux îles; les sollicitations envoyées aux colonies, pour gagner cette classe par des promesses les alarmes répandues en France sur de prétendues révoltes de noirs et une opposition constante aux mesures auxquelles ces alarmes faisoient résoudre.


Craignez nous dit-on, de porter la g; erre dans un pays ou il est si dangereux de nzozztrer oles armes à des esclaves; comme 1 s'ils n'en avo$mt jamais vu comme si le libertinage des blancs, leur luxe, leurs besoins même, multipliant chaque jour les causes qui invitent à la liberté (i) né les forçoient pas à montrer des armes aux esclaves

Laissez aux colons lesoin d'être justes et humains lorsqu'ils NE LE CROIRONT PAS NUISIBLE A LA PROSPÉRITÉ DE LEUR PAYS. C'est-à-dire laissez aux colons le soin d'être INJUSTES ET INIIUm.ux.î lorsqu'ils le croiront nécessaire à la prospérité de leur pays!

Et ces mots dans lesquels toute la question se résout. n'ont pas saisi d'effroi l'ame de celui qui les profère Et ceux qui s'expriment avec cette froide cruauté avec ce langage des plus exécrables tyrans vondroient nous persuader QUE LEUR CŒUR RÉPUGNE A l'eSCLAVAGE QU'ILS PROSCRIVENT TOUTE ESPECE D'ARISTOCRATIE Ali qu'ils nous persuadent plutôt leur inconcevable légèreté qu'ils nous laissent penser, que si ce funeste présent d'un gouvernement sans règles, ni principes n'est pas encore détruit chez eux par les méditations de la liberté il cessera d'influer sur les résolutions législatives qui décideront du sort des citoyens de couleur.

Ils nous citent l'abbé Raynal comme si son autorité devoit ( i ) II suffit des soins que les colons cmploient pour le service intérieur de leurs maisons, pour semer dans les noirs attachés à la culture, des germes de liberté. Ceux-ci semblent condamnés à la stupidité mais les autres développent bientôt leurs facultts intellectuelles en servant les blancs en entendant leurs discours en jugeant leurs petites passions, en voyant eufin que la différence n'est que dans la couleur de la peau. Il faudra donc, si les blancs veulent jouir de la liberté dans les colonies, et y maintenir l'esclavage, un régime difficile à conserver, et bien plus difficile à exécuter Mais encore une fois, ils ne desirent pas la liberté; ils n'ont besoin entr'eux que d'être indépendans de toute loi.


sanctionner cette horrible politique Veulent-ils donc aussi travestir les opinions de ce philantrope éclairé et faire servir à leurs vues, la vénération quoi loi porte à si juste titre ? Ils ne pensent donc pas que l'intrépide Raynal est un des sages qui ont le plus contribué donner des amis aux malheureux noirs, qu'il rendit dans ses compatriotes, les sentimens d'humanité, de justice et de liberté plus énergiques qu'il a porté l'esclavage et à l'infâme traite, les coups les plus assurés?

Eh bien nous allons invoqner son autorité et le venger luimême de l'opprobre qu'on voudroit répandre sur ses opinions. On nous cite l'abbé Raynal à l'appui des principes manifestés par M. Barnave qui, dit on, les a puisés lui-même dans les écrits de ce philosophe..

Mais le savant (1) armateur qui suppose à ce jeune dé^puté, des recherches dont nous sommes en droit de douter, ne nous dit pas quels sont les colons à qui l'abbé Raynal veut qu'on laisse le soin d'éclairer la métropole sur les l/esoins des colonies. Il ne nous dit pas que ce sont les créoles; et que Raynal comprend, sous cette dénomination tous les individus sans distinction de couleur nés aux îles. Il n'a jamais pensé comme les planteurs formant la ci-devant assemblée de Saint-Marc (i) qu'il existât entre les citoyens de couleur et les blancs une ligne de séparation tracée par la nature même, sacrée pour la politique et qui ne peut être menacée que par les ennemis, nonseulement cles colonies mais cle l'Europe elle-même,.

Raynal trop éclairé pour uéconnoitre ainsi le langage de la (i) Voyc{ les deux lettres de M. le Picquicr du Havre, adressées à J. P. Biiisor, et inférées d-sus les arches du Havre.

(2) Appel de Que dircit Raynal s'il saveit qu'entre ces fameux quatre-vingt-cinq a peine y tôffipft^t'on ijuair: ou cinq cn'olcs j que ceux-ci sont les ennentis de leurs frères et que les autres sont de ces Euiopécns, pour qui les colonies sont, une terre livrée à leur piî.'a^.c ?


nature, a protesté au contraire contre ces tergiversations de l'intéret personnel dans toutes les pages qu'il a écrites sur les colouies et en effet, l'écrivain qui'tonnôit contre la criminelle audace de réduire des hommes à l'esclavage, ne pouvoit pas même penser il ces scandaleuses modifications.

C'est donc à ces insulaires à ces créoles dont on veut flétrir la plus grande partie à cause de leur couleur que Raynal veut qu'on accorde le droit de se gouverner eux-mêmes mais d'une manière subordonnée à /'impulsion de la métropole, àpeu-pres comme une chaloupe obéit à toute? les directions du vaisseau qui la remorque.

Parlant de l'administration coloniale il veut qu'elle soit laissée aux propriétaires xis la i>i a- part dans les colonies tandis que ceux dont M. t a si imprudemment servi les vues veulent la donner à des planteurs ia plupart nés HORS des colonies, à ceux-là même à qui Tablé Raynal interdit toute influence dans l'administration coloniale; à ces européens, poussés en Amérique par leurs besoins ou pcrr leurs vices devenus par ces transplantations volontaires ou forcées, étrangers par tout, ordinairement corrompus par le défaut de loi que remplace mal une police arbitraire par ce goût déprave rie domination qui résulte de l'abus de 1 esclavage, par l'éclat d'une grande fortune qui leur fait oublier leur première obscurité.

Telle est l'opinion de Raynal. Il veut que les colonies soient la clialoupe obéissant au vaisseau de la métropole tandis que les députés de Saint-Domingue accordent à peine à la métropole les fonctions de la chaloupe dont les colonies seroient ie vaisseau.

En chargeant les créoles, continue Raynal du soin de régler l'intérieur de leur patrie touchés des marques d'estime et de confiance que leur donnerait la métropole ils s attacheraient à lin sol fertile se feroient une gloire un bonheur de l'errabellir et d'y créer toutes les douceurs d'une société civilisée. Se fât-t-il exprimé ainsi en parlant de ces planteurs étrangers


au sol occupés aujourd'hui de projets d'indépendance en haine de la liberté, et cherchant à rendre la lui complue du mépris sous lequel ils veulent humilier les citoyens de couleur?

Raynal veut que les colons, et nous venons de voir ce qn.il entendoit par colons forment eux-mêmes le iode qu'ils penseront convenir à leur situation. Mais quand? Lorsque le.- Jeunes créoles laissant en Amérique leurs ni grès, fin tint une éducation de tyrannie de mollesse et de vice que leur donne l'habitudede vivre *tt»ec des esclaves, ils se seront exercés eu Europe, a pratiquer ce qu'on y enseigne lorsqu'ils y auront recueilli les restes précieux de nos antiques mœurs celte, vigueur que nous avons perdue; lorsqu'ils auront étudié notre foi blesse et puisé clans nos folies mêmes ces leçons de sagesse, qui fout éclore les grands événemens.

Il leur conseille d'appeler chez eux des Jean Jacques. Lorsque leur travail aura été exécute avec la maturité convenable, il sera, ajoûte-t-il livré aux discussions les plus prr>̃ fondes et les plus sévères et la sanction du gouvernement ne lui sera accordée que lorsqu'on n'aura pas le moindre doute sur son utilité, sur sa perfection.

Ainsi parloit Raynal, au temps ou le der-potisme «'toit encore loin de sa chute. Quel seroit son langage, aujourd'hui qu'une assemblée nationale a mis en pratique les principes qui .seuls, peuvent conduire à une bonne législation

Conseil!eroit-il aux représentais de la nation d'accorder aux colonscette t ou te loi dont ils ne seroient ni les auteurs, ni les approbateurs ? Cous» illeroit-il de la confier à ceux-là même qu'il repou-.se de l'administration ceux qui ne la demandent que pour mettre d'invincibles obstacles à ces mêmes préliminaires sans lesquels les colonies ne peuvent acquérir ni stabilité ni prospérité, ni gloire h ceux qui, au lieu de voir dans la liberté un Len, éternel et


réciproquement salutaire, entre les colonies et la métropole, ne parlent que d'indépendance actuelle ou de scission prochaine? Il a prédit que la liberté naitroit dans les colonies. Elle naît en France et ce seroit une raison pour que les colonies s'en séparassent Ah sans doute il n'appréhenderoit pas ce bisarre événement il s'étonneroit et qu'on osât en menacer une nation puissante, et que cette nation pût s'en alarmer et qu'elle pût craindre que de pareilles menaces fussent soute nues dans une ile où tant de citoyens opprimés par un injuste préjugé soupirent après les loix d'une sage li6erté!

Résumé de lca première Partie de l'Adresse.

Nous avons démasqué les prétentions d'une classe d'individus qui, sans aucun titre usurpent la réprésentation des colonies. On le voit maintenant la métropole n'est rien pour eux; la liberté les afflige ils veulent l'éviter comme on évite les tyrans. Il est prouvé que la plupart des planteurs, admis au nombre des députés de la nation, n'y siègent que pour l'égater, que pour y exercer l'espionage et susciter dans les colonies des obstacles à la régénération flue, profanant le caractère de législateur ils ont eux-mêmes fabriqué d'odieux libelles contre la Société des Amis des Noirs (i); qu'ils ont empêché les premières mesures qui eussent garanti les colonies des excès dont les (1) Nous avons répandu av?c profusion, disent les députés de Saint-Domingue à l'assemblée nationale quelques écrits propres à rectifier les idées L'excellent écrit de M. de Rouvrai a porté dans l'opinion publique le coup le plus violent à cette 'société elle a été marne abandonnée par plusieurs de ses membres, quand ils se sont vus dénoncés à l'exécration. »: On peur juger combien doivent être exctlUns des écrits de M. de Rouvray planteur européen dénonçant il l'execratien la société der amis des noirs


François blancs se sont rendus coupables envers les François, de coùleur.

Il est prouvé qu'ils ont jusqu'ici, privé par des mensonges, les députés de ces citoyens qu'ils prétendent placés au-dessous d'eux par la nature(t),d'une représentation à laquelle ils avoient le même droit que les citoyens blancs. Il est prouvé qu'ils se sont sur-tout enhardis, lorsqu'ils ont pu croire qu'ils maitriseroient les opinions d'un protecteur accrédite; et son* expérience, d'un protecteur qui, pour éviter le soulèvement des consciences dans l'assemblée nationale, y eut assez d'ascendant, pour faire rejetter toute discussion (2).

Nous avons montré qu'en accordant aux colons bl. mes, l'initiative qu'ils demandent sur l'oint des personnes et sur le régime intérieur des colonies on livroit à des préjugés insensés ou barbares et à une avidité ruineuse, non seulement le sort des esclaves et celui de la portion la plus précieuse des colons, mais encore le sol des colonies; que la saine.politique <t l'humanité, réclamoient avec une égale force, contre la concession de ce droit; que les colons blancs ne réunissoient ni les lumières, ni l'esprit public, ni les mœurs nécessaires pour mériter aucune confiance sur les matières de législation rolorziale; que les expédiens qu'ils proposent, prouvent également, et leur impéritie, et le mépris qu'ils font des bonnes mœurs que les k H y a un mornent, disoient les dépu,és de Saint-Domingue lorsqu'ils voulaient gagner les citoyens basanés, où la nature fait grace aux gens de couleur, du signe vi i6le de leur origine! Nous pensons, disent-ils auteurs, qu'il vaudroir mieux qu'ils tiossent de votre justice £t bienveil.'ance {des ccbns Mjncs ) ce que vous croirez pouvoir ieur accorde; sans nuire au respect dû l.z couleur bUnche Le respect dû à la couleur blanche de MM. Moreau de Saint Merry Cocheie! Boursel

(2) Comme s'il pouvoit exister un plus important objet de discussion pour la régénération d'un empire, que l'état personnel de ceux qui le compostent conme si le plus funeste exemple qu'on put donner dans une asvcmb'ée n'étoit pas celui d'une cabale assez forte pour faire passer des décrets sans discussion!


dan.;rrs auxquels les colonies ont été exposées sont l'ouvrage de la' passion et des projets d'indépendance de plusieurs d'entre eux que sans leurs complots contre les citoyens decouleur, et contre les décrets des 8 et 28 mars, aucune fermentation n'eùi pris un fâcheux caractère que les sentimens d'humanité et de ont moins d'empire sur les colons qu'une irrascibilitu sanguinaire fruit de leur vanité que le point de vue sous lequel ils veulent faire envisager les francois de couleur, est un outrage a l a nature et aux droits des hommes, une preuve de la dépravation du caractère des b'ancs; -que les citoyens de couleur, envisagées sous le rapport des conditions qui rendent propres aux fonctions législatrices auroient plus de droit à ces fonctions que ceux des colons blancs qui jusqu'ici se sont fait connoitre par leur conduite et leurs principes; que les François mulâtres se sont toujours bien comportés, et présentent, par leur civisme et leur courage beaucoup plus de cautions pour la sûreté des colonies,, qu'on ne peut en attendre des colons blancs que les soi-disant députés aussi peu instruits des matières de commerce que du droit public et de la politique des états libres ne connoissent pas les objets dont ils parlent, lorsqu'ils prétendent alarmer les François sur le sort de leur commerce de leurs manufactures de leur numéraire, de leurs subsistances de la dette publique de la constitution même dans le cas où l'assemblée nationale, rejetteroit les loix impérieuses qu'ils prétendent lui dicter qu'ils supposent méchamment, dans les travaux actuels de la métropole une calamité qui (c; « Les nouvelles de la révolution de la Martinique, et les insurrections des nègres (supposes), ensuite la révolution du Cap, sont venues nous aider, et nous pouvons vous annoncer une position pln.s heureuse Il «Nous pensons que l'assemblée coloniale, ou les assemblées provinciales peuvent hardiment appelir les Américains leurs secours dans tous les ports de l'amirauté, s'il y a Lettre des députes de Saint-Domingue, écrite k 11 janvier ijçq,4 leurs compatriotes.

ri existe


n'existe point; que si d'injustes planteurs, insensibles 4 la liberté de leurs frères, et sans force peuvent causer quelqu'inquiétude; on doit à plus forte raison, craindre pour la paix lorsqu'on outrage uné population plus nombreuse et qu'on prend pour la dépouiller, 1 époque d'une révolution qui restitue à 1 homme social tous ses droits.

Tels sont enfin, le caractère de fausseté, l'atrocité et la trahison envers la métropole répandus dans toute la lettre des soi-disant députés que si ceux qui l'ont signée ne sont pas en démence, ils ne peuvent échapper à l'indignation publique, jusqu'à ce que, de retour chez eux, on leur demande compte d'une conduite aussi contraire aux intérêts des colonies, dont ils osent. se prétendre les défenseurs.

Et ces députés planteurs qui siègent comme législatenrs de l'empire dans l'assemblée nationale, et veulent cependant que les possessions qu'il représentent soit une partie hétérogène indépendante de ce même empire quel compte rendront-ils des efforts qu'ils renouvellent au moment où nous écrivons ces lignes pour ravir aux députés des citoyens de couleur, leur droit dêtre entendus dans l'assemblée nationale ? Renvoyés au comité colonial, l'un de ces députés à osé leur soutenir que l'assemblée s'étoit engagée à ne rien changer à l'état des personnes dans les colonies?. Soit. Accordons cette fausse assertion. Mais quel est donc l'état des citoyens de couleur? Qui faut-il consulter pour le connoitre? Sera-ce la loi qui l'a fixé, avant que les colons blancs osassent avoir une volonté ou ceux qui prétendent mettre à la place de la loi le ridicule préjugé d'une. prééminence sociale, fondée sur la couleur de l'épiderme ? Soit enccre. Perdons un moment de vue ledit de i685 qui a donné aux affranchis libres, proprement dits, et par conséquent à leurs descendans les mêmes droits qu'à tous les François il faudroit encore consulter les usages et voir comment, en quelles occasions le préjugé a fait taire


la loi. Qr qu'apprendrions-nous ? Les mémoires des députés de Saint-Domingue, devenus si difficiles aujourd'hui sur les nuances du teint nous disent qu'il n'y a dans les colonies que des hommes libres ou des esclaves ainsi tous ceux qui ne sont point esclaves, sont par conséquent des citoyens. On n'a pas vu les François mulâtres arriver aux places du gouvernement. Mais en étoient-ils rejetés? Leur a-ton opposé une raison d'inéligilnlité?Non. Dès-lors, que prouve l'éloignement où les hommes de couleur ont été tenus do ces places sous un régime on l'intrigue et la faveur disposoient de tout? Rien, si ce n'est que les planteurs européens étoient plus habiles et plus puissans il la cour que les enfans des colonies.Ce désordre cessant pour tous les François, donne-t-il le droit de le perpétuer, contre les François mulâtres?

Les colons blancs ont obtenu, par leur crédit et leurs intrigues des privilèges exclusifs Quoi parce qu'ils pilloierrt les citoyens de couleur à l'aide de ces insultans priviléges, ils pour. roient encore les piller Mais en quoi donc consiste la régénération de l'empire françois ?

Certes, il est difficile de croire que ceux qui osent opposer aux citoyens de couleur de semblables prescriptions contre l'édit de iGS5, ne soient pas les plus dangereux ennemis de la constitution. N'ajoutent-ils pas ces profonds publicistes, qne les citoyens de couleur sont des ignorans; qu'ils ne savent ni lire, ni écrire? Mais à qui faut-il s'en prendre? Mais l'usage de la liberté portant rapidement les hommes vers l'instruction, les colons blancs veulent ils donc, en dégradant les.hommes de couleur, les enchaîner par l'ignorance? D'ailleurs les blancs sont-ils si savans? Etoientce les lettrés de l'Europe qui passoient aux colonies ? S'il falloit ne reconnoltre pour citoyens que ceux qui savent lire et écrire, n'y auroit-il point de blancs à placer dans cette classe intermédiaire, où l'on ne seroit ni libre, ni esclave? Enfin ne trouveroit-oi» point, dans, ces hommes d'élite dont l'assemblée de Saint- Mate


étoit composée, quelque planteur sachant à peine signer son nom? Mais l'assemblée nationale a cependant voulu dire quelque chose, lorsqu'elle a prononeé par son décret du 8 mars, qu'elle ne prétendoit rien innover dans l'état des personnes?. Sans doute. Mais outre qu'elle n'a rien discuté, outre que M. Barnave, rédacteur du décret a formellement déclaré à M. lé véque. Grégoire, qu'il regardoit l'article 4 de l'instruction du 28 mars, comme prononçant d'une manière irréfragable les droits des sangs. mêlés, comme leur'assurant la plénitude des avantages des citoyens (1), il suffit de se rappeler les alarmes répandues au mois de mars contre les projets d'abolir subitement la traite et l'esclavage pour comprendre que cette réserve êtoit uniquement relative à un état de personnes existant légalement, et non au maintien des rêves vaniteux des colons blancs.

Seconde Partie.

Opinions générales de la Société des Amis des Noirs. Nous devons maintenant rendre compte de nos opinions. On n'a pas cessé, on ne cesse pas de les calomnier. Le lecteur va les juger comme il vient de juger de notre conduite, dans tout ce qui concerne les colonies. Nous allons faire notre profession de foi, sur l'esclavage sur les François mulâtres sur la traite, et sur les différens rapports de- la métropole avec les colonies. Sur l'Esclavage.

Dans tous les pamphlets dans tous les libelles qui ont été publiés contre nous on nous a sans preuve et malgré nos (i) Voyez la lettre -aux philantropcs «sur les malheurs, les dtvits.et tes récla%nations des gens de couleur de Saint-Domingue et des autres aiES l'Amérique « par M. Grégoire, alors curé d'Ambcrmenil élu depuis évêque de Blois,

imprimée et publiée en octobre 1790.


démentis perpétuels accusés de demander l'affranchissement subit de tous les esclaves. Nous le répétons, c'est un odieux mensonger

Nous croyons bien que tous les hommes naissent libres et égaux en droits, quelle que soit la couleur de leur peau quel que «oit le pays où le sort les fasse naître.

Nous croyons bien que nul homme ne peut aliéner sa liberté, que nul homme ne peut, sous quelque prétexte que ce soit, ravir la liberté de son semblable, que nulle société ne peut consacrer ou légitimer un pareil brigandage.

Nous croyons bien que malgré les loix, les habitudes, les usages tontraires, l'esclave reste libre parce qu'on ne peut prescrire contre la nature qu'en conséquence la restitution de la liberté n'est pas un bienfait, une faveur; mais un devoir rigoureux, mais une acte de la justice, qui déclare ce qui est plutôt qu'il ne décrète ce qui doit être.

Mais nous croyons aussi que cet acte de justice, exige de grands ïru'-nagemens. Nous croyons qu'affranchir subitement les esclaves noirs seroit une opération non-seulement fatale pour les colonies mais que dans l'état d'abjection et de nullité où la cupidité a réduit les noirs ce setoit leur faire un présent funeste (i); ce seroit abandonner à eux-mêmes, et sans secours des enfans au berceau ou des êtrés mutilés et impuissans. Nous croyons que dans l'impossibilité absolue où est une nation libre, de concilier l'esclavage avec la liberté et de conserver l'ancien régime des colonies l'assemblée nationale doit s'occuper des moyens de le changer en conciliant les intéréts de l'humanité avec les intérêts des propriétaires.

Il suffit pour être convaincu de la nécessité d'abolir l'ancien régime, de réfléchir au caractère et aux moeurs de l'homme envi(i) Nous J'avens dit ainsi dans l'Adresse à l'Assemblée nationale de février 1799.


ronhë' d'e'sclaveis. L'abbé Raynal nous en a fait un tableau tracé des mains de la vérité.

» C'est de l'esclavage des nègres, qne les créoles (t) tirent peutêtre en partie, un certain caractère qui les fait parqître bizarres fantasques et d'une société peu goûtée en Europe-: A peine peuvent-i !s marcher dans l'enfance,qu'ils voient autour d'eux des hom- mes grands et robustes, destinés à deviner a prévenir leur volonté. Ce premier coup d'oeil doit leur donner d'eux-mêmes l'opinion la plus extravagante. Rarement exposés à trouver de la résistance dans leurs fantaisies même injustes, ils prennent un esprit de présomption de tyrannie et de mépris, pour une grande partie du genre humain. Rien n'est plus insolent que l'homme qui vit presque toujours avec ses inférieurs; mais quand ceux-ci sont des esclaves accoutumés à servir des enfans, àcraindre jusqu'àdes cris qui doivent leur attirer des châtimens que peuvent devenir des maîtres qui n'ont jamais obéi, des méchans qui n'ont jamais été punis, des fous qui mettent des hommes à la chaine »? » Elevés sans connoitre la peine, ni le travail, ils ne savent, ni surmonter un obstacle, ni supporter une contradiction. La nature leur a tout donné, et la fortune ne leur a rien refusé. Semblables à la plupart des rois ce sont des êtres malheureux de n'avoir jamais éprouvé l'adversité. Sans le climat qui les porte violemment à l'amour, ils ne goûteroient aucun vrai plaisir de l'ame encore,n'ont-ils guèresle bonheur de concevoir deces passionsqui, traversées par les obstacles et les refus, se nourrissent de larmes, et vivant de vertus. Sans les lois de l'Europe, qui les gouvernent par leurs besoins et répriment ou gênent leur excessive indépendance, ils tomberoient dans une mollesse qui les rendroit tôt(i) Rappelons encore iei que l'abbé Raynal entend par créoles les natifs des iles, quelle que soif la couleur de leur peau, et le sang européen pur, ou mélangé, qui circule dans leurs veines. Si le service des esclaves n'a pas le même effet sur les européens statioanaires aux îles il n'adoucit ni leur caractère, ni l'humeur impérieuse gue homme contracte si facilement.


où-tard les victimes de leur propre tyrannie, ou dans une anarchie qui bouleverseroit tous les'fondemens de leur société ». Pénétrés de ces vérités nous croyons, avec l'abbé Raynal que cette dangereuse et choquante contradiction dans l'empire de la liberté, disparoitroit siles colons cessoient d'avoir des esclaves; qu'ils cesseront de les. envisager comme tels, dès que de sages lois et d'utiles règlemens obligeront les maîtres, à voir dans leurs esclaves, ou des hommes qui peuvent devenir libres et propriétaires, ou des pères qui ne peuvent engendrer que des citoyens. (i). Nous croyons par conséquent, que l'assemblée nationale doit regarder dès-à- présent les esclaves des colonies comme des orphelins abandonnés que son devoir l'oblige à protéger de toutes les forces nationales qu'elle les doit conduire insensiblement au régime de la liberté par une éducation qui leur donne une patrie, et des rébles qui par l'intérét, les attache au sol sur lequel la plus affreuse des spéculations les a jetés malgré eux. § IL

Sur les François mulâtres.

Nous pensons que ces puissantes considérations rendent les citoyens de couleur encore plus précieux pour les colonies. Dès qu'ils en sont les enfans dès qu'elles sont, et leur berceau, et leur tombe; dès que la nuance de leur peau leur montre la moitié de leur origine dans la classe souffrante; quel avantage n'y a-t-il pas à développer chez eux tous les sentimens généreux dont la pitié est *e plus puissant mobile ? Etquel régime excite davantage ces sentimea. si ce n'est celui de la liberté ? Qui ne voit, sous cet heureux état de choses le citoyen de couleur adoucissant (x) C'est la loi du Brésil et Raynat observe que ses effets salutaires ont été rapides. (i) Il sera tems que toutes ces distinctions de grifï, métis, quarteron etc. etc., Soient abolies. Cette manière de classer les hommes appartient à ceux qui veulent les confondre. avec le bétail.


le sort des esclàves leur montrant savent que. la liberté sans propriété ne garantit pas de la misère et que le travail d'où naîtra une indépendance utile étant la plus noble des occupations, est déja un sorte d'affranchissement?

Ainsi les citoyens de couleur ces créoles françois à qui l'histoire.ne reproche ni làchetés, ni trahisons, ni bassesse; naturellement bienfaisans faciles en affaires glorieux de leur franchise, exempts des vices qui éteignent l'esprit social pénétrans, joignant la force de combiner au talent d'observer, ( i ) élevés au r.;ng de citoyens d'un état libre, nous paroissent offr:r aux législateurs françois, tout ce quils peuvent desirer relativement aux esclaves à la prospérité durable des colonies, à leur sûreté, et au maintien d'une police intérieure qui attache au séjour des colonies, tous les avantages de la civilisation. Ce bien si désirable pour la métropole, nous croyons qu'on ne peut l'atteindre, qu'en suivant l'opinion manifestée ,par un planteur (a) dans l'assemblée nationale savoir gue la constitution de la France doit être appliquée en tout anx colonies comme PROVINCE* DU ROYAUME.

§ ni.

Sur la Traite.

Quant au commerce des esclaves nous ne pouvons pas croire, et nous parlons ici le langage de 1 intérêt, qu'il soit utile de les mettre au régime des chevaux de poste. Si quelques colons s'enrichissent promptement par le plus horrible des cal(i) C'est le témoignage que leur rend l'abbé Raynal d'après de fidèles mémoires. (i) M. Gérard, lorsqu'il s'opposa à la formation du comité colonial, et demanda que les loix constitutionnelles et tous les décrets de l"ass«rob!«e, fussent erivoyés inccwammînt aux colonies.


culs (1) les chances désastreuses se multiplient contre cette barbare spéculation. Elle ne convient, à aucun égard, au domaine national; elle convient moins encore aux citoyens de l'Empire, eu ce qu'elle menace d'un renchérissement continuel, des productions dont le bas prix leur seroit avantageux. Enfin, elle est condamnée par les colons sages qu'elle ne séduit point et qui ont trouvé, dans les ressources de la douceur et des bons traitemens, le moyen d'augmenter le nombre de leurs esclaves, sans jamais en acheter.

Ces considérations proscrivent la traite déjà proscrite par la conquête de la liberté, par l'exclusion qu'elle prononce contre les commerçans d'esclaves qui prétendroient remplir dans un état libre, les nobles fonctions de citoyen. Car le plus coupable des hommes, est celui qui en réduit d'autres à l'esclavage. Nous ne cesserons donc de prêcher contre l'abolition de la traite. Bien ne la justifie. En la conservant, on entreprendroit envain la réforme si nécessaire dans le code de l'esclavage. C'est la traite qui permet au colon avare et inhumain, de calculer de sang-froid, combien lui vaudra chaque goutte de sang, dont un esclave arroi sera son habitation de discuter si la négresse donner4 plus ou moins à la terre, par les travaux de ses foibles mains que par les dangers de l'enfantement.

S'il existoit, dit l'abbé Raynal, dont nous venons d'emprunter les expressions une religion qui autorisât, ne fiât-ce que par son silence, de pareilles horreurs si, occupée de questions oiseuses ou séditieuses, elle ne tonnoit pas sans cesse contre les auteurs ou les instrumens de cette tyrannie si elle faisoit un crime à l'esclave de briser ses fers,, si elle souffroit dans son sein le juge jlinique qui condamne le fugitif à la mort si cette religion existoit, n'en faudroit-il pas étouffer les ministres, sous les débris des « autels cc?

Le compte de ce que rend le travail forcé d'esclaves qu'on est obligé de remplacer louvent, comparé à la dépense du remplacement, et à un travail moins excessif et co».

jjuic avcç humanité,


Eh bien cette religion a semblé exister par la corruption de ses ministres, et les causes de cette coriuption sont maintenant détruites..

Ainsi nous croyons que désormais on n'osera pas s'élever contre les prêtres vertueux etpatrionfs, qui, voyant dans la traite des esclaves, un cîes plus dangereux poisons pour la morale et la liberté, se réuniront pour flétrir cet adieux trafic dans la chaire de vérité.

Nous croyons qne l'enfant de la patrie, ne peut plus monter sur un vaisseau négrier. Que là traite a été abolie le jour marqué dans les fastes de la liberté françoise, par la chute du despotisme qui nous avilissoit tous et que si l'armateur est sincère lorsqu'il contemple avec joye les immenses sacrifices imposés par l'assemblée nationale à tant d'individus, qui pouvoient se regarder comme infiniment moins coupables que lui, il n'hésitera pas à sacrifier aussi, une industrie qui, lors même que les loix garderoient encore le silence', ne peut plus faire rétléchir, sur ceux qui l'exerceront, que 1 horreur et le mépris.

Nous croyons enfin que les sociétés des amis de la constitution, ne pourront pas garder le silence sur cet abominable tralic. Par quelle honteuse bisarrerie ces sociétés nées du besoin de se rendre par tout dignes de la liberté d'en développer les principes et 'les devoirs de connoitre également ce qui l'affermit et ce qui prépare sa ruine ces sociétés, où la raison publique doit se mûrir, où la .philantropliie doit sans cesse trouver des secours et ranimer ses forces pourroient-elles encore admettre long-temps dans leur sein, ces commerçans ennemis de l'espèce humaine, ces spéculateurs abhorrés de la nature, qui courbés sur leur bureau règlent la plume à la main, le nombre des attentats qu'ils peuvent commettre sur les côtes de l'Afrique qui examinent à loisir, de quel nombre de fusils ils auront besoin pour obtenir un nègre de chaînes pour le


g^rotter sur leur navire; d'instrumens de bourreaux pour dom- pter son désespoir de fers ou dé poisons homicides pour lui donner la mort, lorsque leurs agens féroces, sont réduits à craindre pour leur propre vie.

Nous ne sommes pas sur une terre d'antropophages. Loin qu'on nous blâme désormais de solliciter le terme de toutes ces exécrables turpitudes nous serions livrés à la honte et aux remords si nous avions la lâcheté de déserter la cause si respectable qui nous réunit.

Nous croyons que l'exemple des autres nations doit-être indifférent aux françois. Ils ne leur ont pas demandé conseil pour conquérir la liberté, pour fonder une constitution qui rende à l'homme toute sa dignité.

Pourquoi le plus puissant empire n'auroit-il pas la gloire de donner enfin le plus grand des exemples celui de reconnoître que les nations en corps ont une conscience semblable à celle de l'individu que le crime ne leur est pas plus permis qu'à un seul homme quoiqu'on puisse dire de ses avantages Pourquoi, dédaignant cette éternelle controverse des Anglois où la raison s'abaisse à combattre les vils et odieux calculs d'une barbare avarice, la France ne s'élanceroit-elle pas au delà, et ne rendroit-elle pas à l'humanité cet hommage pur et magnanime, de juger la question de la traite par les principes immuables de la justice et par le respect pour les droits de l'homme dans quelque lieu que la nature l'ait placé ?

Est-il besoin de multiplier les recherches lorsqu'on a sous les yeux cette vérité éternelle que le nzal finit toujours par tromper ceux qui le font ? La traite n'est-elle pas un mal public et particulier ? En connoit-on de plus fécond en calamités et en crimes de tout genre? On est saisi d'horreur en pensant


que, pour la défendre il faut, commencer par insulter la plu-1 losophie (i).

Les méchans trouvent des ignorans auxquels ils persuadent que ce sont les Anglois eux. mêmes qui stipendient notre société, afin qu'elle sollicite l'abolition de la traite Mais nous le demandons à ce député qui n'a pas craint de souiller la tribune de l'assemblée nationale par des calomnies contre nous, la. traite seroit-elle abolie, si après l'avoir- interdite aux François, il étoit permis à nos colonies d'acheter les esclaves que leur apporteroient des armateurs étrangers ? N'est-il pas évident qu'en défendant le commerce des esclaves la loi poursuivroit comme un assasin quiconque oseroit en introduire dans nos lles ? La peine décernée pour le plus grand des crimes ne seroit pas disproportionnée à son délit et dès-lors les Anglois eux-mêmes, perdroient tout espoir de continuer les fournitures d'esclaves qu'ils nous font annuellement. Nous cesserions !l'être leurs tributaires et certes ils perdroient une branche de commerce considérable puisque de l'aveu même de nos imbécillett calomniateurs, les anglois fournissent plus du tiers des nègres qui vont périr dans nos colonies sans compter ceux qu'ils trai- tent et transportent sous notre pavillon (2).

Ainsn nos calomniateurs supposent que les Anglois stipendient en nous, leurs propres ennemis qu'ils nous payent pour faire abolir, et ces primes dont ils reciieillent la plus grande (i) Nous ne sommes pas une assemblée de philosophes disoit dans la tribune M. Dillon pour empêcher l'assemblée nationale d'entendre tes citoyens de couleur i et à qui s'adressoit-il ? A t'assemblée la plus respectable qui ait encore exaté, par ses principes puisés dans la saine philosophie.

(i) « Le commerce est-il aussi scrupuleux? Des nègres traités par des Anglois qu'il importe dans les colonies comme s'il les avoit traités lui-même ». Oùservjiions sur la situation politique de Saint-Domingue, pat M. Je Pons habitant de cette iltt article commerce.


partie, et ce trafic dont ils emportent presque tous les profits 1 Ils supposent que les Anglois font semblant de vouloir abolir chez eux la traite, afin de se priver de l'avantage qu'ils trouvent à nous vendre des esclaves Et c'est avec ces inepties qu'on cherche à donner le change à l'assemblée nationale et au public 1, Ne serions-nous pas plus fondés à dire, que les négriers anglois corrompent les armateurs qui s'élévent contre nous? Car, encore une fois c'est pour le profit des Anglois que le gouvernement françois a donné des primes ce sont eux qui retirent la plus grande partie du produit colonial, résultant des nègres qu'ils ven- dent ce sont les Anglois qu'il faut payer, quel que soit le succès des entreprises dont ils fournissent les moyens (i); ils sont donc intéressés à ce que la traite françoise ne soit pas abolie. Nous dira-t-on que les Anglois ambitionnent la fourniture entière des nègres? Mais nous l'avons déja dit ils ne pourroient les fournir qu'en violant les défenses et seroient-elles faciles à violer? On ne cache pas un homme comme une pièce d'étoffe; on né le fait pas disparoiire à l'instant comme une denrée ? Non, ils ne portent pas leurs spéculations jusquà croire qu'ils braveroient impunément une loi rigoureuse et sage une loinécessaire au succès des mesures qui seroient prises, pour purger insensiblement les colonies des funestes poisons de l'esclavage. C'est pour avoir foiblement envisagé la question qu'on a prétendu que les puissances maritimes ne peuvent abolir la traite des esclaves que de concert Si le vol et l'assassinat étoient permis dans l'empire britannique, faudroit-il le permettre dans l'empire françois ?.. Il seroit plus vrai de dire que l'exemple de la France entraînera l'Angleterre. Les nations puissantes ne (i) Les défenseurs de la traite et de l'esclavage n'ont garde de faire ce décompte, ou d'instruire le public de ce fait, lorsque par leurs exagérations ils prétendent attacher le sort de l'empire François au commerce entre les


veulent pas se rendre plus odieuses les unes que les autres,- et d'ailleurs les colonies francoises débarrassées des frais énormes qu'entraîne la nécessité de remplacer par un moyen aussi violent que la traite, les esclaves don t on abrège les jours par une croûteuse barbarie, adopteroient un genre d'économie rurale qui forceroit bientôt à les imiter.

Ajoutons que le commerce de la métropole ne tarderoit pas à remplacer le mince déficit résultant de l'abolition de la traite, si toutefois il existoit un déficit. Car, quel si grand bénéfice peut donner à la Nation un commerce surchargé de chances ruineuses? Les frais de la traite n'ont pas cessé d'augmenter le prix des esclaves et Ces marchandises étrangères qui servent à les payer s'accroit sans cesse et bientôt les sentimens que réveille la liberté, faisant eux-mêmes ce que la justice demande à la loi cet abominable trafic ne trouvera plus que des entrepreneurs qui vendront toujours plus cher aux colons, la honte nue bientôt les marchands d'hommes ne pourront plus éviter. Ainsi, aux yeux des hommes prévoyans, la,question se réduit à savoir s'il faut attendre que la traite périsse par son propre avilissement, ou s'il faut précipiter sa fin par un décret d'abolition. Dès-lors la question est jugée. Nul doute qu'il ne faille prévenir au plutôt, les dernières infections que la traite répandroit en s'acheminant au tombeau.

Mais puisqu'il faut calculer avec l'avarice,François, que ce calcul soit au moins celui de la nation Et, nous le demandons encore à nos perfides calomniateurs tiennent-üs le compte des pertes que la nation fait par les seuls matelots que la traite employés ? Non seulement ce trafic hâte leur mort par mille maux, dont le détail seroit trop long mais nécessairement dépravés par le besoin d'être sans pitié par la nécessité d'envisager de sang froid les scènes les plus horribles d'y remplir, tantôt le rôle de ravisseurs impitoyables, tantôt celui du bourreau le plus


inhumain quelles peuvent êtr e les moeurs d'hommes que tout entraîne dans la dépravation ? Débarqués aux îles ils s'y livrent à une infâme brutalité ils ne voyent dans les esclaves que des créatures abandonnées à leur cupidité et des animaux sans prot^ctenrS'7'sur lesquels ils peuvent impunément assouvir leur luxure, irritée par l'abstinence et le climat. Le mal qu'ils font leur est rendu ils le reportent avec les mêmes inclinations dans la métropole. François vous frémissez. Cependant nous restons au-dessous de la vérité, en vous peignant cette partie du commerce qui unit les colonies à la métropole. Jugez-en, vous-mêmes, les avantages. et l'on nous dénonce à vous comme vos ennemis L. François vos ennemis sont ceux qui vous trompent qui insultent à cette laborieuse philantropie analysant tout, pesant tout au poids de la raison Enfin les Africains ne consomment-ils les marchandises avec lesquelles les européens alimentent chez eux. le carnage et la désolation que parce qu'ils les paient avec des esclaves ? Cesseront-ils de s'habiller de toile ee d'user des bagatelles que ntfus leur vendons parce qu'au lieu de recevoir de leurs mains sanglantes tant d'innocentes victimes de notre féroce avarice, nous leur demanderons les riches et nombreuses productions dont l'Afrique peut enrichir notre industrie manufacturière? Non les Africains sont des hommes ils sont par conséyuent susceptibles des nombreux besoins que fera naître leur civilisation si au lieu de la funeste rage que nous soufflons sans ce:se dans leur âme, nous ne provoquons chez eux que des spéculations ou des entreprises pacifique^, d'où ne puisse résulter que des échanges innocens. Législateurs de la France! Prenez garde qu'en cherchant à vous on vous cache que leurs commerçans en prévoyent la chute et que tandis qu'on veut encore vous arracher des primes pour


encourager les marchands d'hommes, les armateurs anglois (1): n'attendent pas'des encouragemens pour ouvrir avec l'Afrique un commerce qui n'insulte point aux droits de l'homme, et dont les opérations soient moius casuelles.

Outre les gommes l'ambre gris le miel l'ivoire la laine les fourrures l'argent, l'or. outre les bois les plus précieux les drogues les plus chères, toutes les sortes de poivre d'épiceries, toutes les richesses desmoluques on trouvé encore le tabac le riz l'indigo le coton en abondance et à des prix inférieurs à ceux de tous les marcht's connus. On y trouve enfin la canne à sucre ce prétexte datant de crimes auxquels nous devons la cherté de cette bienfaisante production.

En faut-il davantage pour exciter l'émulation des habitans de nos ports ? Les Africains préféreroient-ils de nous livrer leurs frères et leurs enfans plutôt que de nous vendre ces diverses productions pour en charger nos vaisseaux ?. Que de maux de tous les genres nous éviterions Et combien ce commerce présenteroit moins de risques exigeroit de moins longues avances, ouvriroit une carrière plus vaste aux spéculations fnvonseroit davantage l'activité et l'industrie que le brigandage de la traite S IVV

Sur le Commerce de, la Métropole avec les £ffloniesn, Nous croyons qu'il est temps de faire cesser le règne des illusions que nous avons besoin d'être éclairés et conduits par les (1) Bristol expéjjie annuellement, pour l'Afrique treize bâtimens qui n'achètent point d'esclaves, et ne cherchent que les productions de ce riche et vaste continent. La société a plusieurs fois averti les commerçans fraaçois de l'événement qui ICI pare. Les Anglois actifs et cntrëprenans, auront remplacé en Afrique la part qu'ils ont au trafic des noirs pendant qu'en fiance oa amuse le public de la sotte idée qu'ils yculeiw s'empacer ,dë toute la traite.


influences de- la liberté, relativement h nos rapports commerciaux, à ceux que le monde entier offre à une nation populeuse comme la nôtre.

Nous croyons à l'égard de notre commerce extérieur, que les peuples les plus libres sont aussi les plus habiles commerçans que leur industrie leur activité leur persévérance dans un état dont ils s'honorent leur ont bientôt suggéré les moyens de franchir partout les barrières qu'on veut leur opposer qu'ils ne tardent pas à déjouer toutes les entravés tous, les réglemens prohibitifs toutes les gênes par lesquelles » les états accoutumés aux étroites conceptions de fa fiscalité prétendent les arrêter, et se conserver des commerces exclu-sifs, des manufactures exclusives en un mot des privilèges qu'il faut environner de gardes, de confiscations de peines corporelles et par cela même charger de frais. Nous croyons que si la France eut été libre les prohibitions des Anglois qu'on cite comme un exemple à suivre, n'auroit pas eu le même succès.

Nous croyons en général qu'entre les peuples libres, la nature seule est l'arbitre de leurs avantages réciproques que c'est à elle à distribuer les priviléges exclusifs et à les défendre. On ne cesse de répéter et certes on a raison, que la Franche est assise sur le sol le plus fortuné. Mais à quoi sert cette observation, si elle ne conduit pas à ses justes conséquences? Si l'on veut toujours ignorer que' la France doit acquérir l'avantage, dans tous les marchés, pour les productions brutes ou manufacturées, appartenantes à son sol; et qu'à l'égard des matières brutes étrangères elle doit encore acquérir l'avantage dans tous les cas où elle luttera avec des nations obligées comme elle à ne les recevoir que par l'importation moins qu'il n'y ait une grande différence dans l'éloignement respectif, ou dans les commodités relatives au transport?

Quant


Quant à la consommation des productions étrangères; à moins qu'un peuple ne soit réduit à une pauvreté extrême qu'il ne soit mal distribué sur son sol que ses communications intérieures soient ou impossibles, ou coûteuses il est évident que le peuple le plus nombreux, sera en même-temps le plus grand consommateur. Or à cet égard, quel gouffre de consommations la France n'offrira-t-elle pas aux productions étrangères à son sol, mais qui conviennent cependant à la santé, à l'entretien, aux jouissances des François

Ce que nous pensons des avantages de la France à l'égard de ses productions et de ses consommations nous le pensons également de la marine marchande.

On conçoit comment, sous l'ancien régime grevée comme toutes choses, par l'avidité et l'impéritie de la fiscalité, rançonnée dans l'étranger par nos consuls et conduite par des marins qui méprisoient leur état, et y cherchôient une prompte fortune, pour s'en retirer promptement; nos transports maritimes, plus dispendieux et moins bien conduits que ceux des nations libres, augmentoient nos désavantages dans la concurrence et assujettissoient nos commerçans à la nécessité de préférer les embarcations sous pavillon étranger. Mais les causes de ces désavantages étant détruites, peut-on comprendre comment la navigation fran(i) On n'a pas encore examiné la tyrannie désastreuse des droits que payent aux consuls les navires français. Les consuls sont établis pour les protégcr mais cette ,protection doit-elle être ruineuse'? Il en coûte aux vaisseaux françois pour les frais de consulat dix à vingt fois plus qu'aux navires des autres nations, tant l'esprit destructeur de la fiscalité avoit étendu ses ravages. Est-il il étonnant après cela si l'on voit 300 vaisseaux arriver dans un oj^f; chargés de productions françoises, et' que, dans ces 3oo vaisseaux il y en ait à peine t 5 françois ? Cependant ce qu'un navire étranger fait un navire françois pouvoit le faire

On s'étonne de voir les ports de mer demander des primes qui ne sont que des secours trompeurs et ne pas demander que lés commis de la nation ne rançonnent

pas ses vaisseaux.


çoise sera plus coûteuse, moins sûre et moins diligente, que celle de quelque nation que ce soit; comment nos frais pourront détruire ce que nous promettent sous l'influence de la liberté, notre sol, notre population, notre industrie nos richesses acquises ? Il faudroit donc que, chez'les François, les effets fussentopposés aux causes et que l'esprit de conduite y fût sans cesse en contradiction avec le bon sens. sî;

On ne peut plus craindre cette humiliation. Ainsi, fournitures consommations transports la France pourra, sur tout cela tenir le premier rang dans .les marchés.

0 vous qui mettez votre esprit à la torture, pour inventer des douanes oppressives; des déclarations écrites qui, des deux parts, familiarisent à la fausseté des actes de navigation illusoires; des gardes qui ne gardent rien, et reçoivent salaire des deux mains; dea confiscations odieuses; en un mot, des volumes de réglemens que les fripons vantent, qui arrêtent l'industrie des hommes simples et religieux, et consternent ceux qui sont honnêtes et éclairés détruisez ce petit nombre de vérités que nous venons .d'établir ou laissez la France obéir simplement aux indications de la t bienfaisante nature. Vous apprend-eU. à enchaîner un coursier rigoureux et plein d'ardeur, afin de le faire lutter avec plus d'avantage contre ses foibtes rivaux?

Quoi les Américains libres iront dans nos îles en acheter les productions! Mais les leur donnera-t-on pour rien ? Et s'ils peuvent les payer, pourquoi ne voulez-vous pas qu'ils les achètent? Toute marchandise à vendre, appartiendra toujours à celui qui la paiera le mieux; de même que tout vendeur au plus bas prix, est sûr de la préférence (i) et nous avons, à ces deux égards des (i) Tout cède à cette véricé, jusqu'aux haines nationales les plus invétérécs. Toutes les résolutions patriotiques n'y font rien on les oublie, tandis qu'oa n'oublie j«nai* l'intention de vendre cher et d'acheter bon marché. Les Américains JibM» détes-


avantages que nous ne pouvons, perdrt'que. par notre faute car nous avons ce que les Américaines libres ne peuvent pas fdttrhir aux colons François des vins des huiles une infinie variété de toiles, une multitude d'objets fabriques pour l'habillement tout ce que la nécessité, l'aisance le luxe et le goût peuvent faire désirer.

Il nous manque des bois, «et nous voudrions obliger les colo- nies à n'en recevoir que par nos mains Mais si nous pouvions les leur fournir au prix des Américains nous aurions moins de productions plus précieuses à vendre. Les riches manufactures les cultures abondantes, ne se créent pas dans les forêts. Si la population fait la richesse, l'abondance des bois prouve la pauvreté. Laissons donc fournir des bois à-d'autres, si notre intervention les rend plus chers et cherchons à remplacer ce que nous appelons une perte, dans le langage peu réfléchi de l'avidité, en formant, dans nos colonies même des entrepôts de tous les objets que nous pouvons vendre aux hahitans de toute l'Amérique, avec avantage pour eux et pour nous alors tous les intérêts,,se co ilieront, et c'est en cela que la liberté est la plus grande source e richesses.

Le même raisonnement s'applique aux subsistances. Le droit exclusif de les-fo rnir est, de toutes les méprisez, la plus incompréhensible. Quel travail, quelle industrie espère+on de voir prospérer où l'on est sans cesse exposé aux horreurs de la famine C'est vouloir tout-à-la-fois vendre et ôter à son débiteur, de la manière la plus cruelle, les moyens de payer ce qu'il achète. La liberté n'est pas coupable de ces extravagances. Si les Américains libres ont en subsistances de plus grands superflus à disposer que nous, tant mieux pour nos colonies; faisons y régner une bonne police, protégeons y la liberté, et ces secourables tent les Anglais, et trafiquent avec eux de toute; les choses où il trouvent leuravantage.


voisins, favoriseront la population de nos frères les produits coloniaux augmenteront, et encore une lois nous réglions toujours suqjleurs marchés quoique devenus libre, tant que nous ne détruirons pas, par de fausses mesures, nos avantages Naturels.

Près de Saint-Domingue, la petite ile, ou plutôt le rochér. de 'Curaçao, a -sans comparaison recueilli plus de richesses qu'au/cûne de nos îles. Pourquoi? Parce que son port est ouvert à tous les peuples de la terre parce que toutes les sortes d'échanges peuvent s'y consommer; parce qu'on y vit, qu'on s'y enrichit de la sottise des -autres nations. La terre-fertile de nos colonies auroit-elle moins d'avantages si 1 on y jouissoit de la même '• liberté On a déja vu le commerce de Curaçao s'affoiblir à où Saint-Domingue a ouvert quelques-uns de ses ports. Ecoutez donc la leçon de l' expérience commerçans patriotes, qui de bonne foi, craignez 'de perdre la fourniture des colonies. Ne voyez-vous pas que, sous le régime prohibitif, les consommations plus coûteuses sont mesquines? Ne voyez-vous pas que, sous le régime de la liberté moins chargées de frais et d'entraves, elles seroient beaucoup plus considérables qu'appellées à jouer un rôle important sur le théâtre commercial de nos colonies, comme par-tout, vous verriez leur richesses décupler rapidement et par cela même vos avantages? Echo des colons blancs vous les vantez ces riçhesses. Mais examinez avec nous ce qu'elles sont dans ce moment où le régime prohibitif pèse sur le commerce en même-tems que le régime tyrannique pèse sur les citoyens de couleur. On exalte la richesse de nos colônies; et le voyageur étonné n'y rencontre rien de ce qui par-tout ailleurs, atteste un peuple riche. Aux sucreries près qu'on est obligé de soigner tout y ressemble aux habitation%anèsquines de peuplades qui «s'attendent tous les jours aux saccagemens, aux pillages de l'ennemi. En effet quel ennemi plus redoutable que ces cultivateurs


corsaires qui, ne recueillant que pour emporter pes ennemis des dépenses locales ? Dès qu'ils ne veulent que ravie, à quoi leur serviroient des édifices solidement construits et commodes, des villes et des bourgs dont l'agrément et la salubrité pussent y fixer les ha.bitans attirer les étranger»? Que leur importent ces embellissemens qui s'élèvênt et se perfectionnent sous les soins du patriotisme? Ce nes>t pns^dans les colonies qu'ils se contemplent eux et leur postérité. Leurs voeux les portent sans cesse au milieu du tumulte et des corruptions européennes, et l'opéra de Paris leur est plus précieux, que la moindre trace desprit public- dans les colonies. Les ménagemens pour, le sol les.soins qui ont pour objet de .le régénérer et le rendre agréable, sont pour eux, des sujets de dérision. Un arbre qui n'offre que son ambre est proscrit car, disent ces Pizarres de la culture Jamais bois debout n'a enrichi son maître.

A peine accordent-ils dix années au meilleur sol pour s'enrichir. Aussitôt qu'un terrein las de donner sans rien recevoir^ ralentit ses présens il est'abandonné pour de nouveaux défri- chemens, et ainsi successivement, jusqu'à ce que la possesion 1 entière, trop coûteuse à régénérer, force le propriétaires à l'a- abandonner.

Quelques riches plaines semblent soignées (i), parce qu'elles résistent plus long-tems à une culture désastreuse; mais tout ce qui s'incline vers la mer, et c'est la position de la presque totalité des colonies, ne.présente que des terrains bientôt condamnés à l'infertilité, à cause du dépouillement des sels prolifiques entraînés par les eaux, et qu'on ne remplace jamais.

Quelle race d'hommes auroit, intérêt à se conduire avec plus d'affection pour le sol? On ne sauroit trop le répéter, les indigènes, ti) Telles que celles du Cap Fort-dauphin, l'Arcaiiaye le Cu!-de-sac Leeganc, les Caycs du fond de Saint-Domingue.


les citoyens de couleur en un mot, les créoles. Mais aussi ces précieux habitans moins avares que les européens ne tardé- roient pas à devenir les uniques propriétaires du sol. Et voilà ce que les européens craignent ils appréhendent qu'une sage culture que l'esprit de l'indigénat, ne leur ravissent ces champs qui sont pour eux comme sont pour la guêpe les prairies émaillées de fleurs; elle empoisonne en butinant, le calice qui la nourrit et se retire sans s'inquiéter qui en fera naître de nouvelles.

Delà l'état de dépression dans lequel les Côlons passagers tienrtsnt les citoyens de couleur; delà le préjugé révoltant sous lequel ils veulent enchaîner l'existence et les mouvemens de ces enfans "de nos colonies delà l'audace avec laquelle leurs tyrans veulent nous persuader que ce préjugé est. indestructible et qu'ils entraineront les colonies hors de la tutelle de la métropole plu- tôt que d'y voir rétablir les droits de l'homme le code de l'humanité, et le régime où toutes les propriétés morales et matérielles seront également protégées par la loi, et par des juges intègres.

Faut-il s'étonnersi, dans cet état de choses, le citoyen de couleur, jouissant de quelque fortune, et fixé pour la vie sur son sol natal, n'a pas osé embellir sa demeure; s'il est sans force, sans crédit pour obtenir tout ce qui rendroit le séjour des colonies sain agréable et sûr ? Toujours en butte à la jalousie des blancs, pourquoi n'auroit-il pas appréhendé de se voir interdire des logemens commodes, et des habitations où l'agréable se joignit à l'utile? On leur défendit en 1768 les Jhabillemens riches et de goût, on pouvoit bien leur défendre des maisons embellies on les obligeoit à prendre leurs noms dans l'idiome affricain, on pouvoit bien les forcer à végéter retirés dans des huttes. Nous dira-t-on que les tremblemens de terre, et les ouragans qui régnent dans nos colonies, s'opposent à la construction des édifices solides, etc. ? Vaine défaite. Le plus terrible des volcans


menace et afflige Naples depuis des siècles, et Naples reste couvert de somptueux édifices, qui succèdent les uns aux autres, comme dans les contrées où la nature ne montre-que les apparences du repos. Les\ tremblemens de l'Amérique méridionale, sans comparaison moins menaçans, (i) ont-ils empêché de bâtir avec solidité au Pérou au Mexique, à St. Domingue dans l'Ile* de Ténériffe et dans d'autres villes de la domination espagnole quoique ces contrées aient été jusqu'ici, plus sujettes aux tremblemens de terre, que les colonies françaises ? Quant aux ouragans, loin qu'ils soient une raison de n'élever que de fragiles bt'ttimens, il ny a qu'à gagner à leur opposer des masses solides, construites et placées avec intelligence. (3) Commerçans et manufacturiers françois, c'est à vous sur-tout que ces réflexions s'adressent. Après vous être rassurés contre les absurdes menaces des soi -disant députés, sachez voir le piège qu'ils vous tendent; après vous être convaincus que l'oppression sous laquelle les créoles basanés gémissent est une des causes qui arrêtent dans nos colonies les effets de la prospérité déclarez-vous enfin en faveur des malheureux citoyens de couleur (4) et des esclaves plus malheureux encore. (i) On n'en compte que deux vioicns. Celui de la Jamaïque en t7o6 qui fur presqu'insensible à Saint-Domingue et celui de à Saint-Domingue, qui effraya plus qu'il ne fit de anal et qui ne fut presque pas senti à la Jamaïque. (i) Voyez l'abbé Raynal sur la somptuosité des villes espagnoles et les charmes des campagnes voisines.

(3) Oa connoit la direction des ouragans redoutables j ainsi l'on peut garantir les habitations de leur fureur. L'art a dompté, sur les plages les plus exposées, ces vagues énormes oui, poussées de loin pat un poids dont la progression extraie l'imagination renversent les masses les plus solides l'intelligence humaine a trouvé moyen de rendre- leurs efforts presque nuls sur an simple rempart de terre. (4) Nous avons sous les yeux un placard Publié le aviil par l'assemblée générale de Saint-Marc, placard antérieur aux époques ©ù cette assemblée prétend


AprAs avoir vu nos colonies telles qu'elles sont, voyez-les-telles qu'elles peuvent être affranchies de prohibitions, et délivrées de vexations; et surtout élevez votre ame aux nobles conceptions de la liberté. Elle n'appauvrit point l'homme laborieux; et pendant qu'il travaille à sa fortune elle éloigne de lui les' dégoûtes, les mépris les humiliations dont le despotisme et l'aristocratie. environnent les citoyens qui proportionnant leurs dépenses à leurs moyens chérissent l'espoir de jouir un jour avec honneur et sans remords du fruit de leurs peines. Méprisez ces systèmes démentis par tant de faits, qui soumettent la plus noble partie de l'homme au climat. L'homme est le même par tout, quand les lois lui consèrvent ses droits, quand on ,prend soin de l'instruire et à cet égard le monde commence seulement à se ressentir des heureux effets de l'imprimerie. Portez donc dans les climats chauds, les principes, les lois les opinions et les usages d'une liberté généreuse elle y enfantera des miracles. Sous ces climats l'homme est fort, dispos agile intelligent. Débarrassé des gènes et des avoir prouvé son attachement à la métropole. Les citoyens de couleur, inquiets et outragés, cherchoient à se communiquer leurs craintes et cela seul étoit un crime. L'assemblée considérant, porte lej>lacard que les gens de couleurlibres manifestent des intentions contraires à la tranquillité publique par des attroupemens réitérés déerète provisoirement qu'il est fait défense à tous les gens de couleur libres, au dessus de l'âge de quinze ans de jamais sortir en armes, et de Jamais s'absenter de leur paraisse, sans une permission par écrit des comités paroissiaux.sous peine d'être déchrès coupables du crime De lèzs nation. même peine pour les gens de couleur absens.de leur domicile, s'ils n'y rentrent pas sous huit jours.

Le 3o du même mois, autre placard où l'assemblée générale décrète, que les pro- priétés tt les personnes de couleur libres qui se comporteront bien l'avenir, seront sotrs la sauvegarde de l'assemblée générale de la Nation. De quelle Nation Et où décrète-on que les propriétés et les personnes auront besoin d'une sauvegarde, si ce n'est lorsque les prétendus souverains veulent s'en emparer, comme fa proposé M.-de Bauvois? Ces actes du despotisme criminel des colons blancs i'exécutoienLà St. Domingue pendant qu'ici leurs députés s'opposoient aux envoù de troupes!

dépenses


dépenses que cause l'intempérie des saisons il a plus de temps à donner aux travaux. La terre ne s'enveloppant jamais de cette écorce dure et rebutante qui réduit, la moitié de l'an liée le cultivateur à l'inaction, les colonies deviendroient bientôt le séjour le plus heureux, le plus peuplé et le plus riant de l'univers.

Seroit-ce un malheur pour vos échanges? Risquéroit-il d'être désert, le rendez-vous, où l'habitant de l'Europe, et de la vaste Amérique, trouveroient toutes les commodités de la vie une police organisée par les vrais amis de la justice et (le l'humanité, et des marchandises de. tout genre à échanger contre leur argent ou leurs denrées ? Les habitans du pays le plus favorisé de l'Europe ne seroient-ils que de misérables glaneurs, dans ces marchés ou ne cesseroient pas de se rencontrer deux peuples destinés à rester amis, et à multiplier leurs nippons commerciaux, à mesure que la population fait des progrès chez l'un, et que, chez l'autre, les manufactures sortent de l'état de médiocrité où les a tenus l'ancien régime

Nous croyons que, gouvernées par cette généreuse politique, nos colonies seroient bientôt en état de se protéger ellesmêmes par leur propre population, que dès-lors constamment à l'abri d'invasion" elles ne causeroient plus à la métropole, ni ces alarmes dui pour une multitude de citoyens sont une grande calamïté ni ces énormes et continuelles dépenses f de protection, qui servent de motif à des prétentions tyranniques, et amènent enfin ces scissions meurtrières, auxquelles on résiste inutilement (i).

Ci) Qui doute que les états unis feraient eacore partie de l'empire britannique, sans ces rapports de protecteur à protégé qui offensent les uns et rendent les autres fous d'orgueil? Avec de bonnes loix, et en regardant la liberré -comme tc pat.imoine de tous le» hommes n'est-il pas possible que tout motif de scissiou disparais e devant les avantages de la force et de la sécurité que donpent les grandes awwtutions ï


Nous croyons que, sous l'utile influence de la comilimunauté des avantages sociaux, ces vastes et, fertiles contrées (i) près» qu'oubliées du citoyen françois, par une suite des vices du système colonial, deviendroient bientôt l'objet de son attention; que le créole instruit et acclimaté donneroit la main à son frère d'Europe, pour fonder de nouveaux établissemens, et que la France peuplée se feroit un grand bien à elle-même, tn prenant un grand intérêt à la France déserte.

Nous ne concevons pas même comment, en envisageant les destins des Etats-unis de l'Amérique, le commerce immense qu'ils peuvent lier avec l'Amérique espagnole e la part que la liberté établie dans nos possessions américaines, petit nous donner à ce commerce on écoutera cette jalousie pusillanime, qui craint de voir un étranger acheter une barrique de sucre ou de café dans nos colonies. En est il venu moins dans nos ports depuis-que malgré nous la fraude en enlève davantage; et tous les reglemens prohibitifs empêchent-ils qu'on n'exporte, une livre de notre sucre ou de notre café, de moins, dans les Etats-unis ? Le fisc perdroit-il ses droits si cette exportation n'étoit pas clandestine? *̃ ̃ Nous dira-t-on que nous désirons pour les colonies une liberté qui rendroit leur possession indifférente à la métropole ?. Mais une association n'est-elle avantageuse qu'autant] que certaines portions du corps politique sont les tyrans ,def autres ? Pourquoi, dans ce cas, la Corse est-elle aussi libre que tous les autres départemens ? Pourquoi entre ceux-ci, n'en est-il aucun dont l'industrie soit restreinte pour l'avantage des autres ? Si un grand empire a besoin d'un commerce extérieur pour tenir son industrie en haleine lui est-il égal d'établir ce comA-t-on, si l'on en excepte la conquête quelque exemple de séparations dans tes corps politiques, qui ne soit le résulcac de vexations et de partialités outrageante» i U) La Gvyanne.


merce avec des étrangers ou des concitoyens ? Quand tour le seroit relativement aux objets commerciaux, là conformité -dit' langage et la soumission aux mêmes lois n'ajoutent-elles rien à l'intimité à la surété et à. la confiance réciproques ? EnGn, si l'étendue de ses côtes exige que la France continentale ait une marine, est-il indifférent, que ces vaisseaux puissent rencontrer, dans des parages éloignés, des frères ou des étrangers? Si la question n'e6t pas douteuse en faveur de la fraternité, ne vaudroit*il pas mieux que les habitans des colonies ne fussent pour la métropole que des étrangers plutôt que de les autoriser à se regarder comme des enfans disgraciés? Non, rien de raisonnable aux yeux de la saine politique, ne peut-être allégué contre la nécessité de rendre le commerce des colonies aussi libre que celui de la métropole (i). Cependant, nous ne nous flattons point d'en convaincre les commerçans de nos ports. Intimidés par l'habitude, ils continueront à demander des libertés pour eux et des gênes pour les autres. Ils n'auront pas le courage d'envisager le? étrangers trafiquer librement dans nos iles. Accoutumés aux jalousies à ne marcher qu'à l'aide de secours trompeurs, ils craindront de perdre les faveurs qui augmentant la dépense publique, servent bien plus à soutenir la concurrence des étrangers avec qui ces commerçants les partagent qu'à aider à notre industrie. Ainsi la prospérité locale des colonies, qui reflueroit sur la métropole par tant de canaux divers sera retardée, tandis qu'elle peut être l'ouvrage d'un moment.

(i) C'est dire assez que la liberté du commerce n'étant pas encore établie en France jusqu'à l'entière franchise des droits sur les marchandises; celui des colonies seroit mis sur le même pied et que les importations et exportations de l'étranger, et à l'étranger seroient assujetties à des contributions domaniales telles qu'elles nSescitassent pas à la fraude. On a senti en France la nécessité de les assujettie à cette sage et judicieuse limitation elle est la même pour les colonies.


Faudra-t-il pour revenir de ces méprises attendre les discussions pénibles et lentes des prochaines législatures ? Osons proposer aux commerçants un plus court moyen, de fixer l'opinion publique. Que, dans les places maritimes, ils chargent quelques- uns d'entr eux de l'utile tache de rechercher; dans leurs débats sur la régénération des principes commerciaux, le véritable intérêt de la nation l'état de choses dont les heureux effets seront les plus durables, et s'étendront le plus généralement (;ue,4ibres de tout intérêt personnel et de tout préjugé d'habitude, ceux qui seront choisis, se trouvent engagés, par leur honneur à étudier dans toutes leurs conséquences nationales, les vrais résultats de ces faveurs, ou de ces priviléges qui dérogent à la liberté et corrompent, par cela même, l'esprit de ceux qui doivent la défendre. Cette marche fera succéder la lumière aux ténèbres, des démonstrations exactes àdes allégations sans preuve; elle empêchera les motifs secrets de se revêtir du manteau de l'intérêt public.

Pourquoi craindroit-on ces délibérations patriotiques concentrées dans des comités peu nombreux ? Pourquoi lé commerce, l'industrie°de tout l'empire n'auroient-ils pas enfin leurs procureurs généraux, devant lesquels les demandes de l'intérêt personnel ne séroient discutées que dans leur rapport avec l'intérêt général pour être ensuite mises sous les yeux de l'assemblée générale dans leur vrai point de vue?

I^a classe la plus nombreuse des commerçans ne peut rien y perdre le meilleur système général lui convient mieux que tout autre. Ce n'est pas elle qu'enrichissent les spéculations obscures favorisées par les primes les privilèges les prohibitions, et toutes les mesures qui, dans un état comme la France, prouvent des vices et non des obstacles naturels -f L'acte de navigation par exemple,que propose M.Mosneron, fera-t-il que les François naviguetont à moins de frais ? Et où en sera l'avantage lorsqu'on sera forcé -de laisser aux navires étrangers le transport de nos denrées coloniales?


D'autres considérations non moins puissantes, sollicitent l'adoption des principes libéràux entre la métropole les colonies et les autres nations.

On ne peut pas les empêcher de faire échelle dans nos ports et dès lors, on reste sans-cesse exposé à voir enfreindre l'acte qui restreindra aux seuls vaisseaux français le transport d'un port à l'autre. D'ailleurs cet acte n'oteroit-il point aux caboteurs étrangers, une des ressources au moyen desquelles-ils peuvent venir charger nos denrées ccloniales à un fret, auquel, suivant M. Mosneron nous ne pouvons pas encore descendre ? Pourquohcettc impuissance ? N'est-il pas singulier qu'il convienne à des harr.bourgeois, de venir en France, charger des vins, des sucres, des cafés, etc. etc. etc. pour les transporter chez eux, ci qu'il ne pu'.se pas convenir à des vaisseaux françois, de porter ces mêmes denrées à Hambourg, et d'en revenir charges comme les vaisseaux Tiambourgeois ? N'est-il pas encore plus singulier que des vaisseaux anglois, et hollaudois puissent faire ce voiturage, et qu'il soit impossible aux françois* M. Moneron appelle cela de puits profits, dont une nation opulente et qui fait de grands bénéfices, peut bien se consoler, Cette opinion t;i:i repose sur une erreur car la nation n'est plis-opulente surtout si sa prospérité dépend de l'exportation de ses denrées coloniales au point où le supose M. Mosneron; cette opinion dis-je est fausse et si elle n'est donnée qu'en attendant que l'intérët de fargent ait baissé en France et que notre navigation y soit libre des entraves qui ont arrêté ces développe/tiens nous dirons à M. Mosncrou que ce n'est pas ainsi qu'on avance vers la vérité il faut plus de franchise.

L'acte de navigation ne peut être qu'uni occasion de diffic .hés de troubles de mécontentemens et de fraudes. S'il a fait du bien aux Anglais c'est bien plus à l'ignorance des autres nations, qu'ils en sont redevables qu'à l'acte lui-même. Si la France eut eu alors, un esprit mâle et vigoureux comme Cromwel et une bonne administration, l'acte eût été regardé comme impolitique. Il n'y.a aucune comparaison à faire entre des messageries étrangères, que l'on appelleroit en france pour y faire le transport des marchandises par terre, et des vaisseaux étrangers voguant d'un port de France à l'autre il eut été plus vrai de dire que de la même manière qu'un Anglois, ou un Hollandois, trouveroit moins d'avantage qu'un François pour établir des messageries en France, un François a plus d'avantages qu'eux pour caboter d'un.port françois à l'autre. Donnez lui un privilège, et le caboteur fiançois deviendra un tyran. Il ne falloit pas répandre du mépris sur le cabotage il ne falloit pas se méprendre sur l'école des matelots 'est le mouvement l'activité le danger qui les forment et,s c'est reffet népet^ttè* dé- la navigation côtière.

Tous les caboteurs sont^hardis^, robustes, excellons marins on n'a pas besoin, p gHkty i.


Uh peuple libre doit être aime et estimé par. tout,, Rien ne le rend haïssable comme de suivre, dans le sein de la liberté pour les rendre tels de les envoyer dans les pêcheries du nord. La nation payera les primes destinés à les y porter, mais peu seront gagnées par des François. La nature des choses ne les porte pas dans les mers glaciales. La France n'est ni l'Angleterre, ni la Hollande, relatix ement à ces mers.

M. Mosneron, dans son écrit sur la nécessité d'établir un acte de navigation en France, n.'a pas assez oublié les vieilles idées. Oter enlever empêcher, appartiennent l'ancien dictionnaire. Les Hollandois ne pêchent pas un hareng de moins, malgré les progrès de l'Angle-. erre dans les pêcheries mais le monde entier consomme davantage d'harengs; il en consommera plus encore lorsque d'absurdes institutions n'empêcheront pas les François d'être pécheurs, si cela leur convient.

M. Mosneron pense qu'il faut toujours citer F Angleterre en fait de commerce. Oui mais souvent pour agir en sens contraire. Les imitations setviles sont rarement heareuses. Quand le traité de commerce avec l'Angleterre sera expiré, le plus sage sera jejt-être de ne faire aucun traité.

M. Mosneron remarque que le matché de nos iles est le plus avantageux de tous pour lu Etats-Unis. Raison de plus pour rendre le marché de nos îles abondant en toutes choses et de se servir pour cela du stimulant le plus sûr pour les François le commerce libre parcequ'il les livrera à leur propre industrie et qu'alors personne ne pourra les égaler. ( Plus ces marchés seront abondans, et plus nos îles seront puissantes. Plus elles seront puissantes et moins elles craindront la prédiction de M. Mosneron, qui voit dans lot. Etats- Unis les conquèrans de toutes les colonies occidentales de F Europe,» qu'au moyen de ce grar.d levier toute cem partie du nouveau monde déplacera sans doute le pivot du commerce de la terre'. Le commerce de la terrc n'a point de pivot, si cc n'est l'axe du monde. Par tout où l'on trouve des hommes, on y trouve le commerce; et il est plus ou moins considérable, selon que la civilisation, et la liberté ont plus ou moins d'étendue. Si M. Mosneron croit que l'Europe tombera très prochainement dans la barbarie alors l'époq-iç ou la plus grande activité commerciale aura son siège dans les Etats-Unis peut n'être pas triséloignée. Mais comme il est beaucoup plus probable que la civilisation européenne durera encore quelques siècles, il est aussi plus sage à la France, de combiner ses mouvemens commerciaux avec ses colonies, de manièic qu'elles deviennent un lien puissant, entre elle et le nouveau mônde; et le libre commerce sera le plus puissant des liens. Que d'observations n'auriens-nous pas à faire sur le décret qui prohibe en France tout navire de construction étrangère Combien ce décret est contraire aux progrès de l'in- dustrie et de la prospérité du commerce maritime 1


les maximes des tyrans et la haine prépare la ruine ( i )» Les colonies désireront toujours l'affranchissement de toute gène. C'est un désir naturel, qui s'augmentera par des concessions inévitables, et, pour se convaincre des combats perpétuels qui se préparent; si la.source n'en est pas tarie, il ne faut que lire attentivement la lettre que les colons, réunis ci l'hôtel deMassiac (2), ont écrite aux députés extraordinaires du commerce et que ceux-ci ont envoyée à leurs commettans. Il est aisé de se convaincre,par cette,lettre,que les prétentions politiques des colons blancs n'auront plus d'objet, dès que le commerce sera libre que c'est là le but secret de leurs voeux; qu'ils ne cesseront pas d'ètre tracassiers jusqu'à ce qu'ils l'aient obtenu.

*Enfin ne songera-t-on point que jusqu'ici les colonies n'ont paru sur la scène politique, que sous un jour humiliant? Fondées par de courageux brigands, envisagées ensuite comme l'égout de nos villes on n'a pas tardé à envier les richesses que des fainéans ou des libertins y acquerroient avec facilité. La cupidité plus encore que le besoin leur a« bientôt donné une population d'origine différente mais sans améliorer leur régime. ( i ) La haine chassera de l'inde les Anglois, pendant que leurs efforts ajoutent, chaque année, un nouveau poids à leur dette publique; et cette catastrophe sera l'effet du despotisme barbare et déprédateur, qu'ils exercent pat-tout où ils sont les maîtres. (2) Cette lettre et la réponse des députés, sont imprimées à la suite de cettc Adresse. Nous en aurions parlé plus en détail, si elles nous fussent parvenues plutôt. On y voit pourquoi, sur les objets commerciaux, les colons restent dans des généralités obscures. Ils attendent tout du soin indéfini de leur régime intérieur que disent-ils, l'asstmhlét nationale doit hur déléguer. C'est de cette manière qu'ils prétendent que la défloration du droits de l'homme restera intacte et que les colonies n'auront jamais J craindre aucune loi funeste pour leur administration intérieure ou. attentatoire à lews propriétés. L'obligation de vendre les produits coloniaux, exclusivement à la métropole, est unedérogation aux droitsdelapropriété: mais les colons j'en jnquieteroient peu, avec le soin îNDifim de leur régime intéritur. A bon entendeur salut.


Nous croyons,d'après ces circonstances que les colonies ont un plus grand besoin de régénération que la métropole, Jet qu en rendant justice aux créoles natifs, quelle que soit leur couleur, la régénération s'opérera. Qu'alors les colonies, régies par de bonnes l'oix offriront un azyle que ne redouteront plus tant de François honnêtes, dont les uns so iffrent du trop plein des villes, Jes autres do malheurs excusables, ou non mérités :et qui tous gagneroient à se transplanter.

Nous croyons qu'alors la transportation des hommes vicieux, se présentera aux législateurs humains sous une forme qui cessera d'être affligeante.

Nous croyons que loin des objets qui réveillent leurs passions, ou leurs,mauvais peniehans il ne manque plus pour régénérer de tels hommes que d'offrir à leur travail une récompense facile sans* nuire leur liberté; et que les colonies l'offriront, tant qu'il y restera des terreins considérables à défricher. Mais nous croyons qu'on ne peut obtenir aucun de ces avantages précieux aux yeux des patriotes, ni avec le dégoûtant spectacle de l'esclavage, ni sous les classifications outrageantes que proposent, ou que désirent les colons blancs. Nous croyons qu'aucune bonne police ne peut s'établir à côté des avanies, des filouteries des injustices, et des cruautés qu'on se permet envers les esclaves et que nulle loi nul juge n'auront la force et le pouvoir de les en garantir, si les colons ne sont pas contraints à respecter dans l'esclave, non seulement l'homme dont la liberté ne dépend plus que de certaines conditions mises en son pouvoir mais encore le serviteur, qui ne pouvant plus être remplacé par la traite, devient par cela même précieux à conserver par de sages ménagemens. ( i ).

(i) Les députés de Saint-Domingue doutent qu'on puisse améliorer les loix protectriées des esclaves. Quelle* deviennent meilleures S'IL Ss PEUT. disent-ils. S'it se peut On n'en peut p'as faire de plus mauvaises puisqu'elles sont sans exécution. Revenant


Revenante la question du moment, nous pensons que rassemblée national ne doit pas différer davantage de, condamner les colons blancs; -que tout délai, à cet égard, ne peut être que le résultat d'un politique insidieuse, occupée à tromper l'assemblée, dans l'espérance de voir naître des circonstances favorables à la résurrectipn des préjugés désastreux qu'elle a si sagement et si courageusement détruits -qu'on ne peut sans de fâcheuses conséquences, laisser plus long-temps les citoyens de couleur sous le poignard de l'incertitude que, dans ^impossibilité de les dépouiller des droits de l'homme et du citoyen, l'appréhension, où les colons blancs les tiennent, est une injure à la métropole, une trahison par laquelle ceux-ci lui aliènent ses plus fidèles citoyens.

Nous pensons que, si les décrets du 8 et du 28 mars n'eussent pas été surpris à l'assemblée, dans une forme qui se prétoit aux vues des colons blancs on n'auroit pas été dans le cas d'envoyer des forces considérables dans les colonies et que cette dépense se prolongera en prolongeant l'inquiétude des citoyens de couleurs.

Nous pensons que l'assemblée nationale regarderoit, et avec raison, comme un acte de démence, la demande que feroit une portion de l'empire, d'une loi qui dérogeroit à la constitution qu'ainsi elle ne se laissera point surprendre par un prétendu consentement des citoyens de couleur entrainés à des sacrifices par l'impatience de leur pénible situation, et les menaces dont on les environne, de la part de l'assemblée elle-même. Nous pensons qu'un citoyen n'est pas libre de renoncer aux principes constitutionnels, pour se convertir volontairement eu un esclave; que sa personne ne lui appartient qu'autant qu'il ne la Fait pas servir à établir des rapports contraires à la constitution; que le respect pour la couleur blanche que les colpns


blancs exigent de ceux dont le teint est plus foncé, est un crime de lèse-nation que nulle convention ne peut légitimer. Enfin nous pensons que l'état de choses que les colons blancs veulent maintenir dans les colonies, est sur-tout incompatible avec l'éducation nationale, dont l'établissement doit completter la révolution. Car comment admettre dans les mêmes écoles les blancs et ceux qui devront respecter cette couleur ? Etablira-t-on deux scories d'éducation ? ou les blancs seuls, pourront-îls être éduqués?

Telle est notre profession de foi sur les esclaves, sur la traite, sur les citoyens de couleur et" sur les rapports commerciaux liés à la discussion des intérêts de la métropole et des colonies par les accusations même, que répandent contre nous les ennemis de notre société.

Abolition de la traite liberté sagement préparée pour les esclaves égalité de droits entre tous les hommes libres quelle que soit leur couleur, liberté de commerce et confiance entière dans nos avantages naturels et dans les résultats nécessaires de la totale destruction de l'ancien régime; tels sont les points que nous serons toujours prêts à défendre par les armes de la raison. Nous ne prêchons que les leçons de l'expérience à notre patrie encore éloignée du degré de prospérité et de gloire auquel elle a droit de prétendre et où ne sauroient la porter, ni le despotisme, ni aucune de ses opinions et de ses maximes. Il ne sait organiser que pour arriver à de honteuses chutes t. ndis que par-tout les institutions de la liberté ont encore la force de lui survivre, tant elles sont nécessaires au genre humain Par la liberté les colonies seront véritablement, non des enfans de la mère patrie, mais ce qui vaut mieux encore, des parties du tout qui compose l'empire françois. Elles prospéreront avec lui et comme lui elles ne seront plus une proie; elles se


s'épuiseront plus sous une dette dont les intérêts excessifs les tourmente, et entretiennent la haine et la défiance entre les plaideurs et les commerçans de la métropole.

JQue nos lecteurs nous jugent maintenant qu'ils prononcent sur la lettre vraiment insensée, que les soi-disant députés ont fait circuler par tout le royaume, pour nour rendre odieux, et tromper la nation sur ses vrais intérêts.

Un de leurs rivaux dans la querelle élevée entre les colons blancs de Saint-Domingue, sur ceux qui s'empareroient du pouvoir législatif, a dit que Icc 'violence et la farce ne sont pcrf des liens durables que les jougs politiques finissent toujours par étre plus funestes ci ceux qui les imposent qu'à ceux qui les portent; car ajoute-t-il, la nature donne le droit de résister â l'oppression tuais elle inrpose le devo'.r de la reconnaissance pour les bienfaits.

Ces vérités sont de tous les temps de tous les lieux et pour tous les hommes. Que les colons cessent donc de les méconnoitre envers les citoyens de couleur, et que les uns et les autres songent au devoir qu'elles leur imposent envers les malheureux esclaves. ^"V Puisse l'assemblée nationale dédaigner le vain parTage, qui tantôt insultant à la philosophie, tantôt paroissant lui rendre hommage, foule aux pieds, sous prétexte d'une politique supérieure, la morale, sans laquelle on ne fait que tomber d'erreurs en erreurs de désordres en désordres. Le bien que l'on diffère ne s'exécute jamais que lorsque les manx ,sont devenus plus grands, et souvent irrémédiables.

Délibéré et arrêté 'dans la Société des Amis des Noirs le z8 Mars 1791, et irnprimé par ordre cle la Société. Signé, F. PETION Président. J. P. BPJSSQT, Secrétaire.


ppST-SCRIPTUM IMPORTANT. L'impression de cette Adresse étoit à peine terminée^ lorsque la Société des Amis des Noirs a appris que le comité Colonialadmettoit dans son projet de législation pour les colonies les François mulâtres aux fonctions de citoyen actif; mais qu'il lezrr refusoiù la faculté cle pouvoir être élus fonctionnaires publics. Il est impossible de ne pas reconnoître, dans cette espèce de capitulation, un ménagement impolitique et inconstitutionnel, pour les prétentions vaniteuses et déraisonnables des colons blanc.

Si la justice défend impérieusement de refuser aux François mulâtres les droits de l'éligibilité elle ne défend pas moins de leur refuser ceux de citoyen actif. Les deux prérogatives sont inséparables l'une de l'autre, dans l'individu qui réunit, en sa personne les conditions attachées par la loi à leur exercice. La France dans sa plus grande partie n'étoit pas mieux préparée que les colonies au grand événement, qui restitue au peuple le droit inaliénable de choisir les exécuteurs des lois. Pourquoi donc cette restitution seroit-elle limitée dans les coionies? On en cherche en vain les motifs tous sont frivoles ou injustes car, le plus important de tous c'est le préjugé de la couleur de la peau c'est la criminelle et ridicule prétention de vouloir établir un respect constitutionnel de la part des François bazanés envers la couleur blanche. Y n-t-il une considération politique ou morale qu'un homme de bon sens voulût faire valoir en faveur de ce préjugé ? N'est-il pas de la nature de ceux qui disparoissent comme une ombre, dès que la raison veut les fixer ?

Tous les hommes se doivent le respect les uns aux autres les vicieux seuls sont méprisables et c'est donner évidemment des prérogatives au vice, que de constituer un état civil, dans


lequel certains hommes se trouvent obligés d'en respecter d'autres, et de leur céd:r certaines fonctions publiques à cause d'un accident sur la peau, absolument étranger aux facultés intellectuelles.

Cette bisarre institution seroit trop contraire à tous les principes, pour n'être pas le fondement d'une haine d'autant plus dangereuse, qu'elle seroit légitime de la part des citoyens de couleur envers les blancs. Les sophismes ne changent rien a la vérité cette haine est inévitable dans l'état dechoses que propose le comité colonial. Il n'y a pas un homme qui ne se sente disposé à détester ceux auxquels on veut le sournettre, sans nulle raison. Les lumières ne pourroient pas s'avance- d'un degré dans la classe dégradée sans que le sentiment ;lice ne devint plus vif, et, par conséquent la haiiv plus forte. S'il faut choisir entre les mécontentemens qui doute qu'on ne doive sacrifier ceux qui ne sont qu'un écart de l'esprit un oubli de la raison ?

On nous a souvent dit que les citoyens de couleur, libres dans leurs choix les feroient tomber sur les blancs tant ils sont accoutumés à les respecter. En ce cas les blancs sont des insensés s'ils veulent forcer le choix. C'est substituer la haine à la confiance c'est vouloir se dispenser de cultiver IP sentiment le plus nécessaire a la paix publiques.

Nous citera-t-on l'exemple de la France ou rassemblée nationale a distingué des citoyens actifs inéligibles et: des citoyen.1: passifs pour nous prouver qu on peut gratiner aussi ces distinctions dans les lies? Mais sans examiner si cette distim lion est juste, ou injuste politique ou impolitique nous dirons queue n'aaucune analogie avec le principe de la distinction d'éligibilité, qu'on veut introduire dans les colonies. En France, la facultéd'élire tient à une^négalitè pécuniaire que chacun peut espérer de franchir.Dans les colonies, cette tenant a la couleur de la peau ,seroitinsurmontable. Fl France, l'inégalité pér'.ini.'iir* n'est pas visible, n'est pas marquée sur le front, ne crée 1) 0111!


par conséquent, insolence d'un côte, mépris et haine 1 autre. Dans les colonies, cette inégalité seroit écrite sur la peau il est impossible à l'étrequi la pore d'échapper a l'humiliation, et, par conséquent, de se refuser à la haine. Or si l'on veut ramener la paix dans les îles doit-on laisser un germe aussi puissant de haines de divisions, de guerres ?

Nous conjurons nos législateurs de se' pénétrer de l'importance de Il résolution qu'ils vont prendre. La réputation de l'assemblée en dépend. Sacrifier les principes-dans des circonstances momentanées, peut être quelquefois la tri.ste condition de l'homme social, jusqu'à ce que l'ordre'soit généralement établi sur la terre mais les sacrifiLr dans des loix durables., dans des loix qui donncnt la première impu.lsion la çhose publique qui décident des mœurs, et qui influent sur tous les rapports sociaux; c'est ce que nulle situation ne peut excuser, et c'est surtout ce que n'admet pas l'état actuel des choses entre la métropole et les colonies.

Nous nous flattons d'avoir porté la lumière et sur les prétentions des colons blancs, et sur les droits des citoyens de couleur, et sur tout ce qu'il importe de considérer dans cet intéressant procès entre des IV.'re-. Il ne nous reste qu'à désirer que ceux qui sont appelés !̃̃- jujer, veuillent bien lire et peser nos observations. Ceux-là seuls peuvent s'en dispenser qui sont affermis dans les principes de la constitution, et dans l'opinion que rien ne doit les faire fléchir quand il s'agit de l'état politique et civil des personnes.

PIECES


PIECES JUSTIFICATIVES.

Copie de la lettre écrite à toutes les Chambres de Commerce lilles maritimes et de manufactures. Cala main)

A Paris, le 14 Février 1791.

MESSIEURS,

Nous avons été députés auprès de fassemblée nationale et du roi, par les deux provinces les plus considérables de la colonie de Saint-Domingue, pour justifier les mesures que leur atrachement et leur amour pour la France, les forcèrent d'employer au mois d'août dernier, pour conserver à l'état la plus importante de ses colonies. Par son décret du ia octobre, l'assemblée nationale a rendu une justice éclatante à la conduite énergique de nos constituans. Elle a anéanti les actes illégaux et impolitiques qui avoient excité leur indignation et leurs efforts et ce décret connu dans ce moment à Saint-Domingue y auroir sans doute rétabli l'ordre et la soumission eue e aux loix.

ais il est d'autres sujets de trouble et de destruction. Les colonies sent perdues, si to tes les villes de commerce, les manufactures, et tous ceux qui ont intérêt à leur onservation 'ne montrent dans cette circonstance toute l'énergie qui relit déc certer les ennemis de l'état.

ous avez vu Messieurs l'instant ou la sccte des amis des noirs alloit détruire et reOTersexijtîrnàïirots s belIes possessions d'outre-mer. Les co'.nmerça.is les manufacturiers, les colons résidans en France tous ceux qui veulent l'existence, et la proscrite du royaume se sont réunis pour arrêter no-s barbares ennemis, et k décret du 8 mars les a condamnés au silence.

Forcés de renvoyer à la première législature leur projet d'affranchissement Je nçs esclaves leur génie fertile a imaginé d'autres moyens pour nous p;rdrc. Un article des instructions décrétées le 18 mars. a servi leurs coupables projets. Ce qu'ils avoient désespéré de leur politique cruelle ils ont êsiayé de l'opérer par la force et par l'insurrection des gens de couleur. I's ont envoyé m chef de bande Saint-Domingue ,et ils lui ont donne, pour bannière une fausse et f erûde interprétation de cet article des instructions du i3mars. Aussiôtjcs mettes îi somarm..V


contie les blancs, dans toute l'ctenJue de ¡'¡le de Saint-Domingue et si ces premières étincelles n'ont pas incendié la colonie en lVmbrâsant la vigilance et le courage qui l'ont sauvée ne peuvent dissiper nos justes alarmes pour l'avenir.

A peine échappés à ce danger on nous menace hautement de faire prononcer par l'assemblée natiouale que leurs affranchis et leurs deicendans seront citoyens actifs sans distinction et comme nos ennemi; craignent les conséquences du décret du octobre qui promet aux colonies que le droit exclusif de prononcer sur l'état des personnes leur sera reconnu ils ne négligent rien po-ir porter à la première législature les rpôtres les plus ardens de leur secte hypocri-e.

Ils savent que la subordination qui fait l'essence de notre régime colonial ne peut exister sans une classe intermédiaire entre celle occupée de la culture et celle qui doit être appelée à l'administration des affaires publiques, Ils savent que les affranchib, sont la seule digue puissante que la population des colonies mette entre les esclaves e; les citoyens et pour que cette diguepuissc être opposée avec succès et qu'elle soit inébranlable il faut que If* lois qui pîuvent la concerner ne puissent être préparées quc dans la colonie qu'une profonde connoissance du régime colonial les dirige toujc.irs et que, faites par ceux à qui les affranchis doivent déjà la jouissance de la liberté les nouveaux avantages qu'ils pourront recevoir .Ileviennencde nouveaux moyens d'union et de reconnaissance. Ils savent eue les colons sont tellement convaincus de cette vérité qu'il n'en est aucun qui jie préférât de périr, à voir établir dans sa patrie des loix qui assureraient sa ruine et conduiraient les hommes qui l'habitent à s'entre-détruire.

Ainsi ils savent que, nous ôter le drnit exclusif de statuer sur l'état des gens de couleur c'est mener les colonies à leur ruine avec une rapUité qui effraye ceux qui les connoisïcnt que c'est dévouer à la mort un million d'individus dont les Antilles sort peuplées. Eh qui sauve:oit la rnnce de cette explosion terrible dont la commet!un se ressentir dans le; provinces les plus reculées et irait éveiller sur leu.-s intérêts cette feule c!griculteurs et d'ouvriers des manufactures françoises à ta solde c!c^ colonie; ? Les prétendus philaitropes peuvent sacrifier sans doute à leur chimérique perfection et organisation sociale les intérêts des colons, ceux du commerce et ceux des manufactures; mais comment remplaceront-ils les colonies pour 8,000,000 d'individus qui existent par elles, et qui demanderont avec de; cris memçansleur subsistance Comment remplaceront-ils, pour l'étJt politique du royaume, la marine marchande qui peut seule soutenir sa marine militaire ? Comment remplaceront ils pour la France la perte de la balance annuelle de 70 millions. que lui procurent ses colonies, et qui ferait disparaître deux milliards de numéraire en ans Comment éviteront-ils la banqueroute générale les contre-révolutions et la guerre civile suites inévitables de cette affreuse situation ?

Est-ce donc l'immunité qui propose ces Ipis imprudentes d'affranchissement et d'égalité dans les ccloniss ?


Est-ce l'humanité qui propos? des projets dont les résultats sont d'inonder nos colonies du sang de ceux qui les habitent de ruiner de fond en combl* les viîlcî. maritimes de la France de plonger plusieurs millions d'hommes dans la plus affreuse misère, de détruire sans retour le commerce, ci rrnnur*.ictures et le numéraire Je la nation ? N'est-ce pas plutôt n'eT-ce pas évidemment l'influence des ennemi1" de la nation françoae ? Peut-on le; méconnoirrê à cet alfrerx signalement ? et si tel c«: le caractère de nos ennemis si telssont K's maux qu'ils préparent l'assemblée nar-onale peut-elle les écouter ? Déjà elle a eu la sagesse de leur résister, et vous savez quel le sévérité elle étouffa leur voix le 8 mars drrnier. Ses décrets ont obtenu la reconnoissance qui leur étoit due et si elle se fût expliquée plus clairement sur les gens de couleur si l'article IV de tes instructions du a8 mars cet article q :i comme nous l'avons die a été envoyé à Saint-Domingue pour être la bannière de I n-urrection n'eût pas laissé subsister des craintes el:c auroit assuré ncre tranq.;iLiié cllc n'auroit donné aucun prétexte à la résistence qui a failli perdre la colonie.

L'expérience doit l'avoir éclairée elle veut assurer la pa'x dans les colonies elle n'y réuss'ira qu'en renvoyant à leurs assemblées la décision de ces questions; qu'en leur reconnoissant exclusivement le droit de proposer tout ce qui y est relatif. Ce sera toujours à elle seule sans doue à le consacre mais ce doit être aux cotons seuls aussi qu'il appartient de décider ce qu'exige d'eux la justice et ménte unt scène politique. Ilssauront juger tout ce qu'il est posible d'jccorder aux gens de couleur et tout ce que la raison et l'intérêt leur commandent à cet égard sera pout eux une loi impérieuse.

En faisant prononcer l'assemblée natiônale sur cette grande cause nous détruisons les espérances des ennemis de la France et de la révolution et nous ôtons à cet, de la colonie tout prétexte d'y fomenter encore des troubles et des désordres. Il est du devoir de l'intérêt de tous ceux qui conuoissent ces vérités de !es mettre sous les yeux des représentans de la nation avec la même énergie qui a obtenu le décret du 18 mars. Le péri) est le même les dangers sont plus pressans encore; et comme alors chaque ville de commerce, chaque ville de manufactures chaque département doit nommer des députés extraordinaires qui se réuniront à nous, pour porter à l'assemblée nationale des adressa qui lui demandent qu'en conséquence de l'engagement qu'elle a pris dans son décret du octobre, elle statue définitivement, « en qualité de corps constituant comme premier article de la charte constitutive qui doit unir les colonies à la France d'une manière indisso» lubie que c'est à elles seules qu(c'est a'ilks 'exclusivement qu'il appartient et qu'il appartiendra toujours de proposer sur le régime des esclaves et sur l'éts: civil des » gens de couleur, les lois ou réglemens que ces objets importans pourront exiger » que c'est à elles seules à elles exclusivement qu'appartient » l'initiative pour le régime intérieur dont J'état des personnes est la première et la


plus importante partie. et qui sera limité dans de justes bornes par t'assemble » nationale éclairée par le commerce. »

Tclle est Messieurs la demande littérale que nous allons faire et que vous devez appuyer. Le tems presse déjà une des colonies de la France est livrée au plus cruel désordre, les autres approchent de ce moment funeste, Les arméniens sont suspendus le commerce est languissant la France entière est menacée et la combinaison de nos efforts peut seule la sauver. Songez que les désordres et les craintes des colonies les précipitent avec violence vers leur ruine songez que leur ruine va ,anéantir le commerce les manufactures la force politique du royaume, les sources les plus.abondanres de sa richesse, son numéraire tout entier et la possibilite d'éviter une banqueroute générale songez que la perte des colonies mettra le fer et le feu dans les mains du tiers le plus indigent et le plus laborieux de l'état songez que ces hommes qui reçoivent la vie et le mouvement du commerce des colonies seront, à l'i.isrant de leur destruction condamnés. aux horreurs et aux funestes tenta- tiens de la misère et que le reste des habitans de la France sera livré au désespoir de ces huit millions d'hommes.

Unissons donc nos efforts une seconde fois et ce nouveau succès anéantira jusqu'au nom de la secre de nos ennemis. Les colons pénétrés de reconnoissance pour l'appui que votre sort même exige que vous leur donniez les colons qui n'ont d'autre intérêt que celui du commerce et des manufactures vous seront encore unis par sentiment pour assurer la prospérité générale du royaume. Nous avons l'honneur d'être, avec un respectueux attachement,

MESSIEURS, Vos très-humbks et tris-obéissans servutars, les Députës extraordinaires des parties du nord et

de touest de Saint-Domingue.

Signes, AUVRAY Président Trïmondrie DESTANDAU, BRARD Ladebat DE LA Rivière Arnaud Député de ¡'ouest Hôtel de Lancastre rue de Richelieu. P. S. Il nous auroit été agréable Messieurs de vous annoncer notre réunion aux colons de Saint-Domingue qui son. Paris, dans une affaire de cette importance; mais nous n'avons pas encore de recense à la lettre dont nous veut remettons cijoint copie.


n°. 1 1. • ̃ '̃• ;r

Copie de ta lettre de M. M. les Colons réunis à l'hôtel de Massiacyaux de'putés extraordinaires du Commerce.

Du 17 fevrier

jM s s s 1 e u R s

Le parti que vous nous proposez en remplacement du projet que nous avions livré à votre examen, se réduisant à demander à l'assemblée nationale de consacrer, par un décret, le Considérant de celui du octobre, qui annonce son intention de ne rien statuer sur l'état des personnes que sur la demande des colonies, nous paioît â la fois insuffisant, et attentatoire aux droits des colonies.

Déjà le décret constitutionnel du 8 mars donne aux colonies l'initiative sur tout ce qui concerne leur constitution, leur législation et leur administration. ( z ) Puisque cette disposition générale et solemnelle ne garantit pas comrne vps en convenez d'une manière assez certaine, les propriétés des colons, le nouveau décret que vous voulez solliciter seroit encore insufflant car il n'ajouteroit rien à la disposition de l'article 1" du décret du 8 mars 1790 au contraire il présente le grand inconvénient de sembler réduire l'initiative des colonies aux seulesquestions relatives à l'état des personnes. Cette nouvelle loi qui ne rempliroit pas son objet portcroit donc une atteinte funeste aux droits que les colonies ont intérêt à conserver. Sous ce point de vue, Messieurs, notre devoir est de vous faire connoître tous les dangers de votre projet. En supposant que l'effet de votre demande procurât pour le moment aux colonies, la tranquillité après laquelle elles soupirent, le décret dont il s'agit n'auroit jamais le caractère de stabilité convenable.

^-Eiréonstitution Messieurs, le corps législatif a"le pouvoir de réformer telle ou telle loi»Jprsque les circonstances, ou le développement de nouveaux principes, lui en démontrent la nécessité.

La seule organisation des pouvoirs est immuable(3) et absolument indépendante des !i) Cette lettre dévoile les vues d'indépendance des colons.

2) Cela est faux. Ce c'ecret accorde simplement aux colonies la faculté de faire connoître leur voeu. Voyez d'aüleurs J'Adresse.

(3) Les colons de Massiac n'entendent rien à la constitution. Les toix naturelles, ou la déclaration dcsdr.its sont seules immuables., niais les loix constiucionnelles peuvent être changécs. S èulement le droit et la tranquillité d'un peuple libre, exigent


temps des lieux et des circonstances. Le seul moyen de dcnnet aux colonies la constitution qui leur convient, duit être pris dans la source des pouvoirs où il faut puiser pour elles la portion qui leur est nécessaire pour leurs lois intérieures. ( i ) La nouvelle Angleterre est avec ses états parfaitement dars la même hypothèse que la France à l'égard de ses colonies sa déclaration des droits de l'homme porte, comme celle de France ,que tous les hommes naissent litres et demeurent égaux en doits, et cependant l'esclavage existe dans presque toutes ses parties comme il existe dans les c olonies françoises.

Comment le eongrès a-t-il pu accorder ce, principe général avec les exceptions particulières C'est en laissant à chaque état le droit de régir intérieurement et de n'assujettir les parties qu'à l'intérêt général du tout. Au moyen de'ceite organisation politique, l'esclavage est toléré djns quelques états proscrit dans d'autres sans que le corps législatif central ait violé le pi incipe universel de la liberté et de l'égalité. L'assemblée nationale doit déléguer aux colouies le soin indifini de leur régime domestique; de cette manière la déclaration des droits de l'homme sera intacte et les colonies n'auqueces changemens ne soient faits que par ses mandataires ad hoc. et à des époques éloignées.

La déclaration des droits est indépendante des temps, des lieux et des circonstances, mais les lois constitutionnelles en sont dépendantes sous quelques aspects. ( i ) Cela veut dire en bon françois qu'il faut laisser aux colonies le soin de faire leur constitution. Nous renvoyons, pour ce paradoxe, à l'AdtîSse qu'on visent- de lire. ( t ) Cette comparaison est absolument fausse. Les treize états unir, sont treize républiques qui jouissant chacune à leur égard de la plénitude de la souveraineté se sont réunies pour J'avantage commun mais en se réunissant ont stipulé de conserver toute leur indépendance pour leur gouvernerrenc particulier. Quand ces treize états ont nommé des députés pour tracer la dernière constitution ceux du midi ont stipulé que le congrès ne pourroit point abolir la traire des esclaves, dans tous les états, avant vingt ans; cette stipulation a été agréée par les autres, par des considérations particulières.

Les colonies françoises sont-elles à l'égard de la France dans la mime position ? Non. La France n'est point une confédération de républiques qui auparavant la constitution, fussent indépendantes, La France est un tout dont la souveraineté réside dans la masse et non dans les portions séparées. Les colonies ne sont que des portions de cette masse elles ne peuvent donc traiter de souverain à souverain, mais elles doiveHC se soumettre au voeu de l.i majorité. Nous devons ajouter que malgré la sripi.Iaticn faite dans la convention relativement à la craire elle sera probablement abolie avant les 2o ans révolus parce que les adversaires de la traite téuniront,sans doute, toutes les conditions stipulées par la convention au moyen desquelles on peut réformer un article de la nouvelle constitution.

Si nous pouvions étendre cette note nous ferions voir combien la comparaison des colonies françoises aux états unis, est absurde sous tous les points vue. Mais nous en avons dit assez pour prouver qu'il n'y a aucune analogie entre les Etats-Unis, et nos colonies.


ront jamai's à craindre aucune loi funeste pour leur administration intérieure ni at. tentatoire à leurs propriétés.

Cette vérité avoit déjà été reconnue dans notre comité et Ici commissaires que vous y avez envoyés n'en étoient pas disconvenus. Il existoir une seule difficulté c'étoit pour lever cette difficulté que nous avions cru et qt,C nous croyons encolc indispensable de rassembler tous les articles qui doivent constitua ks rapports du commerce des colonies avec la France,afin de vous intéresser à dem uidcr avec nous, pour les assemblées coloniales la faculté de faire pour l'intérieur tout ce qui ne 1 lesseroit pas leurs rapports extérieurs. Les colonies ne perdroient pas jouir cela l'initiative sur le régime prohibitif, puisqu'il ne seroir rien statué définitiveFpent à ce sujet, jusqu'après l'émission de leur voeu. Cet aperçu leur indiqucïoit seulemcnt quels sont les objets qu'elles doivent respecter, et sur lesquels elles ne peuvent influer que p ir le, ob crvations qu'elles auront drc't de faire à l'assemblée nationale enfin, elles n'en perdraient pas plus par cette instruction, leur initiative, qu'elles ne la perdent par celles qc'on est sur le point de leur adresser pour leur constitution intérieure.

Mais cette initiative accordéeaux colonies, acquerroit-elle, par un nouveau décret un caractère plus respectable que cel qu'clic avoit reçu par l'article premier du décret du 8 mars Ce seroit vraiment s'abuser que de le croire, et, cel endant les dispositions de ce dernier décret, ont été enfreintes le 18 du même mois. D'abord elles n'étoient point comprises dans la constitution décrétée pour le Royaume et si avant tout, les colonies dévoient manifester leurs voeux sur la constitution, leur législation et leur administration, il ne pouvoit être rien décrété à leur sujet, que sur leur demande. Cependant, le du même mois, l'assemblée nationale les a assujettis à une multitude de dispositions tout-à- fait étrangères au décret du 8 mars dont elles sembloient être le développement.

Ces institutions croient donc une loi à laquelle l'assemblée nationale entendoit as- sujettir les colonies avant de les avoir entendues; l'initiative consacrée par le décret du 8 mars i7oo,étoit donc absolument anéantie, avant l'expiration da même mois. Si elles n'étoient point comprises dans la constitution décrétée pour le royaume elles ne pouvoient être assujetties aucune de ces parties et cependant ,le onze novembre dernier il a été décrété qu'elles seroient soumises au tribunal de cassation l'effet de ce même décret a en:uire cédé à des considérations locales. Cela prouve de plus en plus ,combicn la loi est obligée de suivre les variations des circonstances. Nous"*persistons donc à croire Messieurs cAi'il n'y a que la délégation du pouvoir aux colonies pour se régir intérieurement, qui puisse écarter d'elles tous les dangers, et dissiper toutes leurs craintes.

En proposant de s'occuper des objets commerciaux notre intention étoit de rendre à l'utilité du commerce de France, l'hommage que les colonies lui dcivent. Nous desirions que les instructions qui y auroient été relatives, acquissent par le rapprochement


et la discussion des parties intérieures, le degré de bonté qu'elles ne sauraient obtenir sans une combinaison sévère des intérêts communs.

Les assemblées coloniales trouvant dans cet ensemble des objets commerciaus, la limite de leurs pouvoirs la colonie n'auroit pu désormais les accuser de les avoir outrepassés, et leur voeu sur les modifications du régime prohibitif, autoit été bien plus prompt et bien plus facile à manifester.

Si ces nouvelles considérations, que l'amour de l'ordre et le dé,ir de la paix nous inspirent, peuvent changer votre détermination nous verrons Messieurs, avec une joie inexprimable, cette réunion, comme un présage certain de cel.'e qui s'opéreront dans les colonies si au contraire votre résolution est inébran!able nous n'aurons qu'à gémir des malheurs qui se préparent pour nos infortunés contrées, comme pour le commerce lu.même et à faire tous les efforts que notre patriotisme et notre intérêt exigent de nous pour les garantir des maux dont l'ignorance des lieux les passions et l'intérêt personnel les menacent.

Nous avons l'honneur d'être etc.

Signé, les Commissaires des îles francises réunis à l'hôtel de Massiac.

N». I I I.

Copie de la réponse des députés extraordinaires du commerce à MM, les colons réunis l'hôtel de Massiac.

MESSIEURS

Après une lecture réRéchie de la lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous écrire le 27 du mois dernier, il nous a semblé indispensable dc nous borner à la démarche que nous vous avons ci-devant annoncée et dont les chambres de commerce ont été informées dans le temps.

Quant aux principes politiques que votre lettre contient, nous n'avons pas cru devoir en délibérer et nous les transmettons à nos commeitans.

Nous n'avons fait qu'une observation et cette observation a été fétonnement unanime de l'assentiment implicite que vous assurez que nos commissaires ont donné à ces principes politiques ils n'avoient aucune charge de notre part de les discuter. MM. de Montmeau et Rostagny n'ont assisté qu'à une seule de vos séances et ils nous assurent qu'ils n'ont rien dit ni rien entendu qui aitpu vous faire prendre cette opinion. M.Abeilic, notre troisième commissaire, est absent.

Nous avons l'honneur d'être etc.

fiigné les députés extraordinaires du commerce.

La 9 mars


Q


Mais,placés entre ces extrêmes d'arrogance et de misère, de tyrannie et d'esclavage, pouvons-nous croire que les hommes de codeur seront toujours assez iuerces assez intimidés ou assez avilis par les persécutions qu'on leur fait souffrir pour servir tranr«juillement l'ambition l'orgueil la cupHité dévorante et homicide de leurs oppresseurs.

Messieurs ? la sagesse de vos lois a prévenu de grands maux celui que nous vous présentons lit digne de notre courage et de vos lumières; les haines et les dissentions lègnent entre les sang-mêlés et les blancs la guerre est prête à s'allumer entre eux vous pouvez ramener la paix et la tranquillité de nos colonies, en élevant par la loi au niveau de tous Jes Fran-çois ceux qui le sont déjà par la nature et par leur dévouement aux intérêts de la France. C'est ce que vous demandent des hommes des François des amis d'une constitution qui n'a obtenu l'assentiment général que parce qu'elle a consacré les droits de tous les hommes et qu'elle leur appartient comme leur égide tutélaire.

P. Vrion ex-président f. B. Tailhaud, ex-secrétaire Croiser jeune secrétaire. N°. V..

La Soeiété des Amis de la Constitution d'Angers leurs frères de toutes lés Sociétés patriotiques du royaume.

Frères ET AMiS, La société des amis de la constitution, établie à Angers, croit de son devoir de vous représenter que depuis long-temps, on cherche à surprendre l'assemblée nationale sur les vrais intérêts de nos colonies, et particulifrenieiK de SaintDomitlgue.

Il existe à Saint-Domingue une classe très-nombreuse d'hommes libres, qui réunit dans ses mains le tiers des possessions françaises qu'elle fait valoir avec.des esclaves. Ces riches propriétaires par la seule raison qu'ils sont mulâtres, gens de couleur, sont traités par les blancs avec le- dernier mépris,, au point qu'on leur refuse les droits de citoyen actif, et qu'il leur est défendu jie prendre aucune part à J\idministratioB. De toutes parts la voix de l'humanité et de la raison s'est fait entendre, pour plaider la cause de ces habitans opprimas, On a réclamé en Icaj faveur le premier de toub les titres le titre de citoyen; mais les ennemis de la justice, autantque des vrais intérêts de Saint-Domingue, ont affecté de confondre cetre affaire avec la grande question de l'affranchissement des noirs. C'est par cette surprise qu'on cherche à perpétuer une erreur qui va nécessairement entraîner la ruine totale de la plus superbe de nos colonies, si l'assemblée nationale ne vient au secours des infortunés colons dont on lui deguise l'oppression.

Les habitans de couleur, libres, contribuent aux corvées, aax impositions, et à tout»


les charges publiques de Saint-Domingue de la même rnsnxre que les blancs. Nonseulement ils payent les imp3ts établis sur les possessions; mais its ont dans tous les temps supporté les taxes personnelles comme les planteurs blancs. Or, on le demande, n'est-il pas de la justice que da domiciliés de riches propriétaires, qui ont un intérêt commun à la chose publique participent aux avantages de la constitution, lorsqu'ils supportent, dans toute l'étendue, les charges et les dépenses de l'état ?

Ceux qui attaquent avec tant d'acharnement les hommes de couleur libres, oserontils contester les services importans et sans nombre que ceux-ci ont rendus et rendent encore journellement à Saint-Domingue ? Si la colonie subsiste, si son commerce enrichit la métropole, il est démontré qu'on en a l'obligation aux François de couleur libres.

Personne n'ignore tes tentatives et les efforts que les esclaves noirs mettent en usage, principalement depuis trente années pour s'affranchir du joug de la servitude. Ils s'échappent des habitations désertent par troupes, dans les montagnes et dans des forêts aussi anciennes que le monde; là, ils sont en quelque sorte inaccessibles aux poursuites de leurs maîtres; ils débauchent les nègres des plantations voisines, s'arment de fusils de munition et portent par-tout l'alarme, le meurtre et le ravage. Les inquiétudes du gouvernement ont été telles, que plusieuts fois on a appréhendé que les esclaves n'excitassent un soulèvement général.

Dans différentes époques on a réduit à mettre à prix la tête des cbcfs de ces révoltés les Polidor, les Chocolat, les Noel Barochus, les Canga, les François, et tant d'auttes en sont la preuve.

Si tout est rentré dans l'ordre si ces esclaves ont été dissipés c'est aux gens de couleur libres que la colonie et la France en sont redevables. Lux seuls, à raison d'une constitution analogue au pays peuvent, jour et nuit, gravir sur des montagnes escarpées, couvertes de bais impénétrables, et résister ainsi, pendant plusieurs mois, à la faim, aux fatigues, et aux influences mortelles d'un climat qui semble conspirer, contre la vie des Européens.

Telles sont cependant les expéditions auxqucl;cs se dévouent les gens de couleur libres; et ces expéditions, ils les entreprennent à leurs frais, et sans ancune espèce de rétribution ni de récompense si ce n'est le bien commun.

Nos adversaires oseront-ils contester ces faits ils ne pourroient nommer quelques blancs, qui, après «voir essayé de marcher à la tête des chasseurs de couleur ont été forcés d'abandonner un service dont ils ne pouvoient plus supporter la rigueur. Un seul blanc a résisté. Ce généreux défenseur de la colonie a livré le chef des rebelles au gouvernement par-tout où il s'est présenté j accompagné des hommes de couleur, la victoire l'a suivi il a rétabli le calme, assuré les propriété*, ety pour frix de tant de


services^ on l'a forcé de quitter sa patrie, d'abandonner ses propriétés} pont avoir en Ie courage de plaider la cause que nous soutenons.

Voilà donc comme on traite les amis de l'humanité La révolution se fait à SaintDomingue dans le sens contraire qu'elle s'opère en France; à mesure que nous avantçons vers la liber:é en Europe à Saint-Domingue on resserre les chaînes de la tyrannie, et l'on propage fesprit dc persécution.

Apprenez frères et amis les attentats que les blancs se permettent contre les hommes de couleur libres, leurs frères et ks nôtres, contre ces respectables cultivateurs, les plus riches propriétaires de Saint-Domingue.

On leur refuse jusqu'au droit d'ester en jugement contre les blancs. Frappés en quelque sorte d'anathême, ils sont incapables d'être entendus en déposition. Un blanc les insulte, les maltraite: attaqués dans leur honneur, dans leur sureté individuelle, le blanc aggresseur et coupable poursuit devant le juge les mulâtres, ses victimes; il les fait plonger dans les cachots, surlâ seule délation, sans laisser à l'objet de ses foreurs la liberté de se plaindre ou de se défendre.

Deux citoyens se rencontrent dans un chemin, sur une place publique; sont-ils hommes de cculeur, c'est un crime à eux de se parler, de se regarder; la barbarie coloniale va jusqu'à interdire à ces infortunés la consolation de s'entretenir de leurs malheurs. Ces faits seront prouvés pat les délibérations des assemblées de Saint-Domingue et les renseignemens les plus authentiques.

Les nouvelles publiques de cette île attestent qu'en dernier lieu an mulâtre, arrivant de France a été chargé de fers et mis à la geole, par une délibération de l'assemblée provinciale du Nord, en date du décembre deraier, par la seule raison qu'il avoit été en France pendant la révolution, et que sans doute il apportoit des principes d'égalité entre les citoyens.

De pareilles horreurs ne pourroient se concevoir si on n'en avoit la preuve à la main mais elles existent, et on les mettra sous les yeux de fassemblée. Qu'on nous permette ici une seule réflexion. Lorsque l'égalité politique été solemnellement proclamée entre tousles François est-il possible de penser que de riches propriétaires des hommes libres, des hommes qui ont en leur main une foule d'esclaves à leur disposition soient assez lâches pour souffrir plus long-temps tant d'opprobre et de persécutions de la part des leurs égaux.

Le mulâtre Ogé a sans doute été coupable de prendre les armes. Ses réclamations étoient fondées; mais il devoir tout attendre de la justice souveraine des augustes fondateurs de la liberté. On répand aujourd'hui que le calme est rétabli. Ne vous y trompez pas, frères et amis, le silence paraît régner; mais c'est celui du désespoir. La sage et la vengeance sont dans tous les coeurs. La moindre étincelle va causer un embrasement général, si les hommes de couleur restent plus long- temps livrés à la discrétion des blancs.


Encore quelques 'instani; vous verrez les habitans de couleur préférer d'abandonner leurs propriétés pour recouvrer le premier, le plus imprescriptible des droits, la liberté. Ils affranchiront leurs nègres, se coaliseront avec eux.

La guerre la plus terrible éclatera de toutes parts, et pour prix de tant d'injustices, il ne restera aux blancs qu'à pleurer sur le ravage de leurs propriétés la ruine de l'agriculture, la destruction de leur commerce, la subversion de la colonie. Veut-on au contraire rétablir l'ordre et la sureté publique faites que tous les François participent aux bienfaits de la constitution. Unissez par l'égalité des droits, ceux que la nature a rapprochés par les mêmes intérêts. L'assemblée nationale n'a rien voulu préjuger sur l'esclavage des noirs il est dans son intention de ne rien innover à cet égard, quant à présent; eh bien qu'on ne force pas les sang-mêlés libres de se livrer au désespoir et ils maintiendront l'exécution d'un décret qui en qualité de propriétaires d'un grand nombre d'esclaves les concerne aussi essentiellement 'que les blancs.

Tel est, on ne craint pas de le dire, le voeu général des planteurs blancs, de ceux qui,' dégagés de prévention, réfléchissent avec connoissance de cause sur l'état actuel des affaires de Saint-Domingue mais, par une étrange fatalité personne n'ose élever la voix. Les habitans craignent de se communiquer réciproquement leur façon de penser sur ce sujet ils tremblent de rencontrer un délateur qui, d'un mot, les exposerait aux cruelles vengeances de quelques intrigans qui ont l'adresse de dominer l'opinion publique, et qui masquent leur ambition du titre imposant de patriotisme.

Il y a plus, on ne craint pas d'avancer que l'administration elle-même gémit intérieurement du despotisme que nous dénonçons mais elle garde le silence, faute d'énergie pour braver les cris des malveillans.

Ainsi la cabale fait taire la raison et par-tout ta dissimulation prend la place de la vérité.

Voilà cependant la seule origine de tous les troubles qui affligent Saint-Domingne. Le vrai moyen de les perpétuer, c'est d'y entretenir des principes contraires à ceux que l'assemblée nationale a consacrés pour la métropole.

Encore si les ennemis des hommes de couleur libres alléguoient quelques motifs ou considérations particulières pour étayer leurs prétentions; mais, après tous les défis qu'on leur a pc rtés jusqu'à présent ils n'ont pu encore indiquer un prétexte. Danq de telles circonstances l'assemblée nationale est trop juste pour ne pas faire droit sur nos réclamations elles sont fondées sur les raisons de la politique autant que sur les principes de l'éternelle justice et de l'humanité.

Nous sommes tres-sincèremeet,

Frères et Amis,

Vos très-affectionnés serviteurs,

les amis de la constitution

D e L a u N A r président B £ N a b î n secrétaire.

A Angers, ce 9 mars ij$i, et tan ze. de notre liberté.


N'avez-vous pas été frappé de retrouver dans les raisonnemens contre l'égalité des droits, réclamée par les habitans des colonies dont la peau est un Feu foncée les mêmes argumens sur lesquels on se fondoit en Itlandc pour perpétuer l'oppression des catholiques ? N'y disoit-on pas aussi qu'il falloit sans doute adoucir le sort de cette espèce d'hommes; mais que tout seroit perdu, si on les traitoit comme étant tout-4-fait des hommes? Comment donc M. Dillon, qui n'a fui sa patrie que par une généreuse indignation contre ces lois injustes (car nous ne le soupçonnons pas d'avoir quitté un pays presque libre pour venir en France vivre des abus de l'ancien despoti;me); comment M. Dillon a-t-il pu s'abaisser à répéter ces odieux sophismes employés contre lui-même ? Avez-vous jamais assisté à un lit de justice? avez vous vu un chancelier, ou son suppléant, y demander l'avis des opinans, qui n'avoient pas la permission»de parler? L'assemblée nationale, enregistrant sans discussion préalable les édits de son comité colonial, ne vous rappelle-t-elle pas l'idée de ce jour de notre ancienne gloire: et le chancdier des planteurs n'y double-t-il pas assez bien le chancelier de France? Vous avez courageusement attaqué bien des abus sous l'ancien régime l'ancien ministre n'a-t-il jamais causé amicalement avec vous, sur votre fureur d'écrire? Ne vous a-t-il pas dit: « Ne parlez pas de réformer la jurisprudence criminelle nous avons besoin de ménager les parlemens si vous attaquez la ferme-générale, le peuple ne voudra plus payer les impôts; il se soulevera si vous écrivez sur la liberté du commerce des grains. Ne dites pas que la loterie royale est un jeu de dupes, vous dégoûteriez d'y mettre, et elle nous vaut dix millions: ménagez sur-tout les prêtres, ils neus sont nécessaires pour contenir le peuple

Eh bien! l'on nous dit aujourd'hui v Ne parlez pas d'égaler les citoyens de couleur libres aux citoyens de race blanche ou ceux-ci ne voudront plus nous vendre leur sucre ni peut-être nous payer ce qu'ils nous doivent. Ne proposez pas d'àbolir la traite, elle sert à encourager la maladresse de nos manufactures, qui fabriquent les mauvaises denrées avec lesquelles on trompe les Africains». Les ministres ne parloient-ils pas aussi du danger et du ridicule d'appliquer à la politique les spéculations abstraites de la philosophie ? comment ce langage a-t-il donc passé si vite des bureaux dans les comités? commuent le ton du despotisme et celui de la liberté prudente sont-ils si rigoureusement l'écho l'un de l'autre?

A la séance du 23 juin vous avez vu avec indignation déclarer que le consentement de la noblesse et du clergé seroit nécessaire pour la destruction des abus, utiles.

NO. V I.

Lettre sur l'injustice des Blancs envers les Citoyens de couleur tirée du Patriote François.

N'avez-vous pas été frappé de retrouver dans les raisonnemens contre l'égalité des droits, réclamée par les habitans des colonies dont la peau est un Feu foncée les mêmes argumens sur lesquels on se fondoit en Itlande pour perpétuer l'oppression des catholiques ? N'y disoit-on pas aussi qu'il falloit sans doute adoucir le sort de cette espèce d'hommes; mais que tout seroit perdu, si on les traitoit comme étant tout-4-fait des hommes? Comment donc M. Dillon, qui n'a fui sa patrie que par une généreuse indignation contre ces lois injustes (car nous ne le soupçonnons pas d'avoir quitté un pays presque libre pour venir en France vivre des abus de l'ancien despoti;me); comment M. Dillon a-t-il pu s'abaisser à répéter ces odieux sophismes employés contre lui-même ? Avez-vous jamais assisté à un lit de justice? avez vous vu un chancelier, ou son suppléant, y demander l'avis des opinans, qui n'avoient pas la permission»de parler? L'assemblée nationale, enregistrant sans discussion préalable les édits de son comité colonial, ne vous rappelle-t-elle pas l'idée de ce jour de notre ancienne gloire: et le chancelier des planteurs n'y double-t-il pas assez bien le chancelier de France? Vous avez courageusement attaqué bien des abus sous l'ancien régime l'ancien ministre n'a-t-il jamais causé amicalement avec vous, sur votre fureur d'écrire? Ne vous a-t-il pas dit: « Ne parlez pas de réformer la jurisprudence criminelle nous avons besoin de ménager les parlemens si vous attaquez la ferme-générale, le peuple ne voudra plus payer les impôts; il se soulevera si vous écrivez sur la liberté du commerce des grains. Ne dites pas que la loterie royale est un jeu de dupes, vous dégoûteriez d'y mettre, et elle nous vaut dix millions: ménagez sur-tout les prêtres, ils neus sont nécessaires pour contenir le peuple

Eh bien! l'on nous dit aujourd'hui v Ne parlez pas d'égaler les citoyens de couleur libres aux citoyens de race blanche ou ceux-ci ne voudront plus nous vendre leur sucre ni peut-être nous payer ce qu'ils nous doivent. Ne proposez pas d'àbolir la traite, elle sert à encourager la maladresse de nos manufactures, qui fabriquent les mauvaises denrées avec lesquelles on trompe les Africains». Les ministres ne parloient-ils pas aussi du danger et du ridicule d'appliquer à la politique les spéculations abstraites de la philosophie ? comment ce langage a-t-il donc passé si vite des bureaux dans les comités? commuent le ton du despotisme et celui de la liberté prudente sont-ils si rigoureusement l'écho l'un de l'autre?

A la séance du 23 juin vous avez vu avec indignation déclarer que le consentement de la noblesse et du clergé seroit nécessaire pour la destruction des abus, utiles,


a la richesse ou à la vanité de la noblesse et du ctergé aujourd'hui les planteurs blancs demandent qu'on ne puisse mettre, sans leur consentement un terme aux tyrannies qu'ils exercent. Cette prétention, non plus absurde, mais plus odieuse, puisqu'il s'agit d'abus plus cruels sera-t-elic donc écou;ée de sang-froid ? N'est-ce pas ici comme le 23 juin, donner à une portion des citoyens un droit négatif, et, l'ajouter à celui qu'ils partagent avec le reste de la uation ? N'est-ce pas créer une classe privilégiée, l'ordre des planteurs ? Mais le commerce du vin est-il moins important que cclui du sucre? pourquoi ne pas créer aussi un ordre de marchands de viu, etdéclaicr que les lois sur l'état des vignerons seront soumises à leur sanction ?

Généreux représentans du peuple François, si Léopo!d «Frédéric-Guillaume rassembloient contre nous leurs «troupes innombrables s'ils disoient Conservez la féodalité dans les terres des princes de l'empire soumettez vos prêtres à ses évêques» ou nous vous déclarons la guerre. S'ils ajoutoient: Ne délibérez même pas, ne souffrez pas qu'un seul d'entre vous ose élever la voix, qu'une seule victime des priviléges que nous exigeons ose se plaindre; sinon, à la première nouvelle, des flots de sang vont couler j souffririez-vous cet insolent langage Ne répondricz-vous pas que vous opposerez un million d'hommes libres à cinq cent mille soldats ? De quoi S'agiroit-il cependant? D'abus qui n'atteignent les droits de l'espèce humaine qu? dam leurs derniers rameaux et vous écouteriez la voix de quelques marchands d'honvres cr Ce sucre, qui vous proposent de violer les principes les plus sacrés de ces dioits, et qui vous menacent de la guerre si vous permettez seulement de combattre devant vous une de leurs atroces prétentions La menace d'une invasion ne feroit qu'allumer votre courage çt cei!e de perdre un peu d'or vous fabattroit au point de ne plus vous laisser la force de juger si le danger est réel! Mais non vous entendrez, et l'on vous prouvera, que loin de perdre cet or, loin de ruiner vos colonies, vous les élèverez à un haut degré de prospérité, en suivant vos principes et rendant, aux citoyens de coulcur, leurs droits. N°. VIL

A Messieurs les Députés de C Assemblée nationale.

Messieurs on est sûr de vos suffrages quand on parle des malheureux- quand en parle le langage du patriotisme. Les droits de l'homme que vous avez solemnellement décrétés, ne doivent et ne peuvent jamais souffrir aucune exception. Vainement l'orgueil l'avarice et la barbarie cherchent-ils à voiler cette grande vérité nous sommes sûrs que vous la soutiendrez constamment dans toute sa splendeur; vous ne permettrez pas qu'il sorte des fers du sanctuaire de la liberté. Hâtez-vous donc, messieurs nous, vous en conjurons, de briser les chaînes de nos frères, les hommes de couleur des colonies Nous réunissons dans ce momcntjaos vœu* à ceux de tous les


amis de l'humanité, et particulièrement à ceux de la société des amis 3e la consti- tution séance à Angers;

Les membres de la société des amis de la constitution séance à Verneuil. Signés; DARius le jeune, président et homme de loi, Avenel du comité de correspondance, L. Rotrou, commissaire du comité de correspondance, Tramblay, Pair du comité de aorrespondance, LEBEL, vice-secrétaire.

N. B. Trois autres sociétés des amis de la constitution ont adhéré à l'adresse d'Angers; leurs adresses ont été lues à la société des fecobins de Paris.

TABLE