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Titre : Procès-verbaux et documents / Département de la Mayenne, Commission historique et archéologique,...

Auteur : Société d'archéologie et d'histoire de la Mayenne. Auteur du texte

Éditeur : Léon Moreau (Laval)

Date d'édition : 1880

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327557648

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327557648/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1880

Description : 1880 (T2)-1881.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Pays de la Loire

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k411399r

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 21/05/2008

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COMMISSION

HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE

DE LA MAYENNE.


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1883

DÉPARTEMENT DE LA MAYENNE

COMMISSION

CRÉÉE PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL DU 17 JANVIER 1878.

PROCÈS-VERBAUX ET DOCUMENTS.

TOME DEUXIÈME.

1880-1881.

LAVA L

IMPRIMERIE DK LÉON MOREAV


EXTRAIT

De des Registres des Arrêtés du Préfet · du département de la Mayenne.

CRÉATION d'unk Commission HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE POUR LE DEPARTEME>.T DE LA MaYEN.NE.

ARRÊTÉ

Nous, PRÉFET du département de la Mayenne, Considérant qu'il importe de veiller la conservation des monuments historiques du département de la Mayenne, de rechercher tout ce qui peut intéresser les diverses branches de l'archéologie nationale, de réunir et de combiner tous les efforts qui tendent à ces recherches Qu'il est essentiel également que l'Administration puisse s'entourer des lumières d'hommes compétents pour l'examen des affaires qui touchent à certaines questions d'histoire ou d'archéologie

Qu'il devient, en outre, urgent de fournir les renseignements réclamés par M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, au sujet des monuments historiques et des richesses d'art du département Arrêtons

Art. 1er. Une Commission est instituée au chef-lieu du département sous le nom de Comanission historique et archéologique de la Mayenne.


Art. 2. Cette commission se compose

De membres titulaires résidant dans le département 2" De membres correspondants.

Le nombre des membres titulaires est fixé à vingt celui des membres correspondants est illimité. Les premiers membres titulaires sont nommés par le Préfet. Les nominations ultérieures sont faites par le Préfet sur la présentation de la Commission il en est de même pour les membres correspondants.

Le Préfet du département et M^ l'Évêque de Laval sont membres de droit et Présidents d'honneur de la Commission.

Art. 3. Pour être membre titulaire, il faut habiter le département les titulaires qui viendraient à le quitter pourront être nommés membres correspondants. Art. 4. La Commission se réunira le premier jeudi de chaque trimestre, sans préjudice des réunions extraordinaires qui seront reconnues nécessaires.

Art. 5. La Commission nommera, le jour de son installation, et renouvellera tous les trois ans, à la majorité des membres présents, un bureau composé D'un Président

2° D'un Vice-Président

3° D'un Secrétaire général

4° D'un Secrétaire adjoint chargé de la conservation des archives et de la bibliothèque, de l'échange des publications et de la comptabilité

Les membres choisis pour remplir ces fonctions devront habiter Laval ils sont rééligibles.

Art. 6. La Commission pourra délibérer et arrêter, sous réserve de notre approbation, un règlement spécial pour l'organisation et la publication de ses travaux. Art. 7. Des Sous-Commissions pourront être établies dans les arrondissements de Mayenne et de ChâteauGontier, sous la présidence de MM. les Sous-Préfets.


Ces Sous-Commissions, ainsi que les membres correspondants du département, pourront correspondre avec la Commission par l'intermédiaire des Sous-Préfets et des Maires, et la Commission communiquera avec eux par notre intermédiaire.

Art. 8. Tous les projets de restauration d'églises ou autres monuments offrant un caractère architectural digne d'intérêt, seront communiqués à la Commission, qui donnera son avis sur le mérite de l'édifice et la convenance de la restauration.

Art. 9. MM. les Sous-Préfets et Maires nous signaleront exactement et sans aucun retard toutes les découvertes intéressantes qui seraient faites dans leur arrondissement ou leur commune, à l'occasion de travaux exécutés par les administrations locales ou par des particuliers. Les objets qui pourraient être ainsi recueillis seront soumis à l'examen de la Commission, s'il y a lieu. Art. 10. Le présent arrêté sera inséré au Recueil des Actes administratifs.

Fait à Laval, le 17 janvier 1878.

Le Préfet de la Mayenne,

J. GENOUILLE.

MEMBRES DE LA COMMISSION.

MEMBRES TITULAIRES, MM.

TANCRÈDE ABRAHAM, officier d'académie, conservateur du musée de Château-Gontier, auteur de publications illustrées sur les monuments du département; HENRI DE LA BROISE, membre de plusieurs Sociétés savantes, auteur de travaux d'archéologie, à Laval; CHEDEAU, Président de la Société d'archéologie, Sciences, Arts et Belles-Lettres de la Mayenne, à Mayenne;


CORNÉE, chef de division à la Préfecture, membre de la Commission d'architecture;

DE FARCY (PAUL), auteur de travaux archéologiques sur le département de la Mayenne, à Château-Gontier; L'abbé DULONG DE ROSNAY, vicaire général, à Laval; FLOUCAUD DE FOURCROY, ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Laval, Vice-Président de la Commission d'architecture;

GARNIER (Louis), architecte, inspecteur des édifices diocésains, à Laval, membre de la Commission d'architecture;

HAWKE, architecte du dépaitement, membre de la Commission d'architecture;

LEBLANC, avocat, Conseiller général, à Mayenne, auteur de travaux historiques sur le département;

LECOMTE, ingénieur des ponts et chaussées, à Laval, membre de la Commission d'architecture

JuLES LEFIZELIER, ancien vice-président du Conseil de Préfecture, secrétaire général de la Société de l'Industrie de la Mayenne, auteur de travaux historiques et archéologiques;

LEMONNIER DE LORIÈRE, conseiller général, membre de la Société française pour la conservation des monuments, à Épineux-Ie-Séguin

MARCHAL, ancien ingénieur en chef du département; DE MARTONNE, ancien élève de l'école des Chartes, archiviste de la Mayenne, auteur de travaux historiques; MOREAU (Emile), membre de plusieurs Sociétés savantes, auteur de travaux sur l'Archéologie du département, à Laval

PERROT, (ERNEST), propriétaire, membra de plusieurs Sociétés savantes, à Laval;

L'abbé POINTEAU, Curé d'Astillé, auteur de travaux historiques sur le département;

Dr SOUCHU-SERVINIÈRE, député de la Mayenne, membre de plusieurs Sociétés savantes;

N.


COMPOSITION DU BUREAU.

Président, M. FLOUCAUD DE FOURCROY, Vice-Président, M. l'abbé DULONGDEROSNAY Secrétaire général, M. J. LEFIZELIER Secrétaire- Archiviste, M. DE MARTONNE.

MEMBRES CORRESPONDANTS, MM.

Barbe, ancien membre titulaire, membre de la Société française pour la conservation des monuments historiques, conservateur du camp de Jublains, Juge de paix, à Conlie (Sarthe)

De Beauchéne (le marquis), à Lassay (Mayenne), auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne

Bonneserre de Saint-Denis, archiviste paléographe, à Angers

Chaplain-Duparc, à Paris

Chemin, ancien membre titulaire, ingénieur des ponts et chaussées, à Paris

Chon, $, officier de l'instruction publique, ancien professeur d'histoire, à Lille

Coquart, architecte diocésain, à Paris

Couanier de Launay (l'abbé), à Laval, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne Darcy, &, architecte de la Commission des monuments historiques, à Paris


Delaunay, substitut à Segré, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne

Duchemin, ancien membre titulaire, archiviste de la Sarthe, au Mans, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne

Foucault (l'abbé), à Laval, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne;

Graindorge, secrétaire de mairie, à Couesmes (Mayenne); Hétier, ancien membre titulaire, ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Alençon;

A. Joubert, à Daon, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne;

Kuntz, adjoint de première classe à l'intendance militaire, à Aumale (Algérie);

Laigneau, curé de Crennes (Mayenne);

De Laurière, Inspecteur général de la Société française d'archéologie, à Paris;

Le Mercier, Juge de paix, à Ambrières;

Maillard, curé de Thorigné-en-Charnie (Mayenne), auteur de travaux archéologiques sur le département de la Mayenne

Maitre, officier d'académie, archiviste à Nantes, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne

Margerie, maire de Niort (Mayenne);

Montagu, instituteur, à Hardanges (Mayenne); Morin, architecte, à Vitré;

Œhlert, officier d'académie, conservateur de la bibliothèque de Laval;

0' Madden, à Château-Gontier;

Palustre, Directeur de la Société française d'archéologie, à Tours;

Piolin (Dom), bénédictin, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne;

Prévost, 0. >& (le général), à Paris, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne;


Queruau-Lamerie, Juge suppléant au tribunal d'Angers, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne

Ravault, notaire à Mayenne

Richard, officier d'académie, ancien élève de l'Ecole des Chartes, à Laval

Thirard, à Ernée

Trouillard, avocat à Mayenne, auteur de travaux historiques sur le département de la Mayenne.



PREMIÈRE PARTIE

PROCÈS-VERBAUX

DES SÉANCES.



PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.

Séance DU 29 JANVIER 1880.

La séance est ouverte à 2 heures, sous la présidence de M. de Fourcroy.

Sont présents MM. Dulong de Rosnay, vice-président, Jules Lefizelier, secrétaire Cornée, de Martonne, Hawke, Garnier, Perrot, Marchai, T. Abraham

M. Delaunay, membre correspondant, assiste à la séance.

MM. de Lorière, Moreau et Legras se font excuser. Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance.

Ce procès-verbal est adopté.

Nominations. II est procédé à la nomination d'un archiviste de la Commission, au lieu et place de M. Duchemin, nommé archiviste du département de la Sarthe, et désigné comme membre correspondant de la Commission, dans une précédente séance.

M. de Martonne, archiviste de la Mayenne, obtient la majorité des voix il est nommé secrétaire adjoint de la


Commission, et chargé de la conservation des archives et de la bibliothèque. (Art. 4 du Règlement).

Il est ensuite procédé à la désignation d'un membre, aux lieu et place de M. Chemin, ingénieur ordinaire, nommé à Paris à d'autres fonctions.

M. Lecomte, ingénieur ordinaire, à Laval, est proposé à M. le Préfet comme membre titulaire de la Commission. M. Chemin est proposé comme membre correspondant. Dépenses de la Commission. Exercice 1879. M. le Président rend compte des dépenses faites par la Commission pendant l'année 1879.

Ces dépenses sont les suivantes

18 juin 1879 Timbre en cuivre. 18 » id. Impressions. 160 id. Acquisition du squelette de

Voutré 75 »

11 août id. Divers. 8 60 8 octobre id. Photographies 105 40 id. id. Boîte à tampon, etc. 7 60 Total. 374 60

Reste encaisse. 225 40

Total égal à la subvention départementale.. 600 »

Ces comptes sont approuvés.

Généalogie des Seigneurs de Ch4tegu-Gontiei,. M. de Martonne rappelle à la commission qu'il a eu l'honneur de lui faire connaitre dans la séance précédente l'existence d'un manuscrit trouvé dans les Archives du département. C'est une Généalogie des seigneurs de Château-Gontier, provenant des dons faits au dépôt départemental par M. Fournier, maire de Chàteau-Gontier et membre du conseil général. Ce document parait à M. de Martonne pouvoir être publié avec quelque intérêt. Sur les observations de M. Cornée, il a été comparé avec les Tablettes des seigneurs de Château-Gontier publiées par


M. Léon Maître (1). Ces documents présentent de notables différences. M. Maitre parait ne pas avoir eu connaissance du manuscrit en question. Il avoue, dans son introduction, avoir eu beaucoup de peine à réunir les éléments épars de la généalogie des seigneurs de Château-Gontier, qui se trouvent condensés dans le manuscrit en question. Il y a, chez M. Maître, des renseignements tout autres que ceux du manuscrit. M. Maître parait s'être attaché surtout à la biographie personnelle des seigneurs de Château-Gontier, et le manuscrit à leur succession et à la question d'hérédité. La commission jugera s'il y a utilité de le publier.

La Commission pense qu'avant toute publication, il serait bon d'en référer à M. Léon Maitre et à M. l'abbé Pointeau, Curé d'Astillé, pour avoir leur avis sur les différences qui existent entre le manuscrit et les diverses généalogies des Seigneurs de Château-Gontier connues jusqu'à ce jour.

Publication des procès-verbaux et documents de la Commission. La Commission s'occupe ensuite de l'impression de ses mémoires, adoptée et votée dans une précédente séance.

Sur la demande de M. Dulong de Rosnay, le bureau de la Commission, avec adjonction de MM. T. Abraham et E. Moreau, est chargé de tous les détails de cette publication et de la révision des mémoires qui doivent y figurer.

Musée de sculpture comparée. M. Cornée communique à la Commission une lettre de M. le Sous-Secrétaire d'État au Ministère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts, en date du 27 janvier. Cette lettre est ainsi concue

(1) Tablettes. de la succession de seigneurs de Laval, Mayenne et Château-Gontier. par Léon Maître. 1 vol. in-4" avec plan, chez Paris-Dumoulin. 1870.


Palais-Royal, le 27 janvier 1880.

Monsieur le Préfet, le Musée de sculpture comparée, qui doit être installé dans le Palais du Trocadéro, renfermera un certain nombre de moulages, dont les originaux existent dans votre département. Ces originaux appartiennent à des monuments soit de l'ordre religieux, boit de l'ordre civil. Je vous prie de vouloir bien prendre les dispositions et donner les ordres nécessaires pour que le moulage des figures et des détails d'ornementation à prendre dans ces divers monuments puisse être effectué sans difficulté. J'ai confié la direction de ce travail à MM. les inspecteurs généraux des monuments historiques, qui le feront exécuter par des mouleurs de leur choix. MM les Inspecteurs généraux pourront déléguer MM. les Architectes attachés à la Commission des monuments historiques pour la surveillance des opérations dont il s'agit.

Recevez, etc.

Le Ministre de l'Instruction pu6hgue des Beauz-arta

Pour le Ministre ct par délégation

Le Sous-Secrétaire d'Etat.

Edmond TURQUET.

En applaudissant à l'idée exprimée dans cette lettre, les membres de la Commission prient M. le Préfet de vouloir bien appeler l'attention de M. le Ministre sur certains objets de sculpture de notre département dont les moulages leur paraissent dignes de figurer au Musée de sculpture comparée du Trocadéro

1° Sculptures de l'Église d'Évron, indiquées par M. Garnier.

2° Sculptures du Château de Saint-Ouën.


3° Une statuette en bois, faisant partie du Musée de Château-Gontier et signalée par M. Tancrède Abraham. 40 Les sculptures (2 retables en pierre) de l'église de Saint-Loup-du-Dorat, signalées par M. Lefizelier. 50 Les tombeaux de l'abbaye de Clermont.

60 Enfin les chapiteaux Gallo-Romains trouvés à Jublains.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.


SÉANCE DU 22 AVRIL 1880.

La séance est ouverte à deux heures, dans la salle ordinaire des Commissions, à la Préfecture.

Sont présents MM. Floucaud de Fourcroy, Président; Cornée, de Lorière, Garnier, Moreau, de Martonne, Lecomte, abbé Guiller, T. Abraham, membres titulaires; Richard et Delaunay, membres correspondants. MM. Dulong de Rosnay, Perrot, Barbe, de La Broise, sont excusés.

M. J. Lefizelier, Secrétaire général, étant absent, la lecture du procès-verbal de la séance du 29 janvier 1880 est remise à la réunion prochaine.

Grotte de Voutré [Mayenne] (Communication de M. le Docteur Verneau; à la Société d'Anthropologie). M. le Président lit une lettre de M. Broca, Sénateur, Secrétaire général de la Société d'Anthropologie, accordant à la Commission historique de la Mayenne l'autorisation de reproduire, dans son Bulletin de 18781879, en cours d'impression, la communication de M. le Docteur Verneau à la Société d'Anthropologie concernant la grotte de Voutré.

M. E. Moreau dépose sur le bureau un exemplaire de la brochure du Docteur Verneau, en donne, en quelques mots, une courte analyse, et en résume les conclusions, qui viennent confirmer pleinement le jugement de la Commission, et sont, pour ainsi dire, la consécration de ses efforts.


M. le Docteur Verneau étudie d'abord la grotte de Voutré et les conditions de gisement des objets qu'elle renfermait; d'après lui le squelette est bien contemporain des objets auxquels on l'a trouvé associé. Il passe ensuite à l'examen anthropologique du squelette et du crâne qu'il compare à ceux de la sépulture néolithique de Brézé (Maine-et-Loire). Les données anthropologiques viennent ici confirmer pleinement celles de l'archéologie. De même que les poteries de Voutré, par leur dualité d'aspect, semblent appartenir à la période de transition entre les temps de la pierre polie et ceux du bronze, de même aussi le crâne réunit quelques-uns des caractères des races qui vécurent à ces deux époques.

M. le Président croit être l'interprète des sentiments de la Commission en remerciant M. le Docteur Verneau de son concours dans l'étude de cette question. Médaille accordée ù M. Œfilert, membre correspondant. –M. le Président rappelle que M. Œhlert, membre correspondant, a été récemment honoré d'une médaille d'argent, pour ses travaux de géologie, par le Comité des Sociétés Savantes du Ministère de l'Instruction publique. Musée de sculpture comparée. Par une lettre en date du 27 janvier 1880, M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts avait informé M. le Préfet que le musée de sculpture comparée, qui doit être installé au palais du Trocadéro, renfermerait des moulages dont les originaux existent dans le département de la Mayenne. Une seconde lettre, en date du 20 février, porte que le seul édifice désigné jusqu'à présent pour fournir des moulages par MM. les Inspecteurs généraux des monuments historiques est l'église d'Évron, mais que la liste dressée n'a rien d'exclusif. et qu'il appartient à MM. les Inspecteurs généraux d'y comprendre tels autres monuments qu'ils jugeront convenable.

A ce propos, M. Abraham demande si la Commission ne


pourrait pas profiter de la présence des mouleurs envoyés par les monuments historiques pour se procurer des exemplaires de moulages, qui seraient déposés dans les Musées du département et dans les écoles de dessin. Il signale de nouveau le château de Saint-Ouèn, à Chemazé, comme digne d'attirer l'attention à cet égard.

M. Garnier signale également une magnifique sculpture, appartenant au Musée de Vitré, et portant les armoiries des seigneurs de Laval et de Vitré. Il serait à désirer qu'un moulage de cette sculpture vint enrichir le Musée de Laval.

Une statuette en bois du XP siècle, au Musée de ChâleauGontier. – M. Abraham fait passer sous les yeux de la Commission un dessin accompagné de la note suivante « Cette statuette représente une femme ascétique, la tête et le corps enveloppés de longues draperies profondément fouillées, tenant de la main droite une sorte de bénitier et de la main gauche un goupillon. Bien qu'elle ait été souvent désignée sous le nom de SainteMarguerite (sans doute à cause du monstre à la gueule béante, placé à ses pieds) nous y voyons simplement une figure allégorique.

« Léguée au musée de Château-Gontier, avec beaucoup d'autres objets rares et précieux, par M. Boullet-Lacroix, cette belle statuette, remarquable travail du xve siècle, est d'un puissant intérêt pour les amateurs des œuvres de cette époque, et doit être placée, comme valeur artistique, sur le même rang que les figurines si justement admirées de la Cathédrale de Brou.

« Nous avons vu, dans les ateliers de Jules Lenepveu, Carolus Duran, et chez bon nombre d'autres artistes éminents, la reproduction de cette sculpture; aucun de ces maitres ne se doutait que l'original de cette œuvre, tout empreinte de style et de grâce, fit partie du Musée de Château-Gontier

« Caussinus de la Drôme, à qui l'on doit tant de


STATUETTE EN BOIS

DU MUSÉE DE UHATKAU-liOXTIEH.



reproductions habiles, avait dans sa collection, à l'exposition universelle de 1878, une copie de cette statuette il fut heureux, sur notre indication, d'ajouter à son catalogue le nom du Musée qui possédait la SainteMarguerite. »

Procès-verbaux et mémoires de la commission. Tome l'r. 1878-1879. M. le Président fait passer sous les yeux de la Commission un spécimen des premières feuilles des Procès-Verbaux, (Tome 1er), qui sont en cours d'impression.

M. Abraham dépose les exemplaires de son eau forte Crypte de l'Eglise St-Jean de Ghâteau-Gontier qui doivent être insérés dans le volume, et un dessin inédit qui y figurera également.

Objets d'Art. M. T. Abraham communique une phothographie représentant une statuette de femme, en marbre, appartenant à M. E. de Beaumont, à ChâteauGontier.

Peintures de Boucher et de J.-R. lluet, découvertes à St-Martin-du-Limet. M. Abraham avise la commission que tout dernièrement, dans une maison de StMartin-du-Limet (Mayenne), on vient de découvrir sept peintures fort belles, qui étaient placées au-dessus des portes, et dont trois sont signées Boucher, et quatre J.-B. Huet. Des photographies de ces peintures sont mises sous les yeux de la' commission. La maison d'où elles proviennent était, parait-il, une « petite maison » du siècle dernier. M. Abraham promet de faire en sorte que la commission obtienne des exemplaires de ces photographies.

Eglise de Molière. M. Abraham fait passer sous les yeux de la commission une photographie de la curieuse église de Molière, commune de Chemazé.


Album des monuments de la Mayenne. M. Cornée offre à la commission, pour sa collection, une série de lithographies représentant des édifices intéressants de l'arrondissement de Château-Gontier.

Questionnaire du canton d'Ambrières. Au nom de la sous-commission chargée de dépouiller les questionnaires, M. Cornée rend compte de celui du canton d'Ambrières, rédigé par M. Lemercier, juge de paix. Ce questionnaire renferme des détails très intéressants, notamment sur l'ancien château d'Ambrières sur le retranchement du moulin de Gennes en Saint-Loup-duGast sur les relations peu amicales qui semblent avoir existé autrefois entre les gens de ce dernier bourg et ceux d'Ambrières sur divers chàteaux du canton sur l'ancienne chaussée de Beaugé, traversant la Varenne, et dans la confection de laquelle entrent, dit-on, des pierres portant des inscriptions sur le champ de « la Ville » (commune de Cigné) où on a trouvé des murs et des briques sur deux tombeaux en chaux ou en ciment, découverts en 1840, à Chevaigné, commune du Pas, et qui renfermaient des squelettes et une moitié de bague en or (détruits).

Dans l'Église d'Ambrières, une pierre, encastrée dans l'un des piliers qui forment les côtés du chœur, porte, en lettres gothiques, la curieuse inscription qui suit TOY CRÉATURE RAISONNABLE

GARDE BEN CE QUE DIEU COMANDE

OU TU PERS LA VIE PERS LA VIE DURABLE

ET EN ENFER PAYERAS L'AMENDE

POUR T'EN APREN ce QUE doibs CROIRE

ET CE QUE DOIT FUIR ET CROIRE

A CES TOYS POINTS SI TU OBÉIS (OU TU ES OBLIGÉ) DES LOURS QUE TU ES batisé

REGARDE EN LE DROIT CHEMIN

DE parvenir A SAINCTE FIN.


Ung SOUL DIEU DE TOUT créateur Tu SERVIRAS ET aymeras

ET EN LUY L'AMOUR DE TON COEUR

SUR TOUTES CHOUSSES TU MEPTHAS. LE NOM DE DIEU NE DE SES SAINCTS SANS GRANT NÉCESSITÉ NE jure

tu TE DAMPNES SOIS EN CERTAINS

SI EN JURANT TU TE PARJURES.

DU LABOURS TE DOIS REPAUSSER

TOY ET TA FAMILLE ET TES RESTES

A DIEU SERVIR TOY DISPOUSER

TOUS LES SAINCTS DIMANCHES ET FESTES. PAR amor ET charité

PÈRE ET MÈRE HONORERAS

SI Y ONT DE TOY NÉCESSITÉ

ou DU TIEN LES SECOURERAS.

HAIR AUTRY BATTRE OU occir

T'EST DEFFENDU entièrement

ET SI TU VEULX RANCUNE TENIR

PUGNY SERAS amèrement.

GARDE TOY BEN DE faire LUXURE EN QUELLE GUISE QUE CE SOIT

CAR QUI FAICT L'OEUVRE DE NATURE HORS DE mariage SE DECREPT.

RIEN DE L'AUTRY TU NE PRENDRAS PAR RAPINE NE PAR FALACE

SI TU EN AS TU LE RENDRAS

Ou JA DIEU NE VERRAS EN FACE.

NE PORTE POINT FAULT témoignaige CONTRE AULCHUN EN JUGEMENT

ET NE MESDI PAR FAULX LANGAIGE DE CRÉATURE NULLEMENT.


GARDE TOY BEN DE DÉSIRER

LA FAME DE AUTRY NE LA FILLE

BEAUTÉ DE CORPS considérer

FAIT SOUVENT l'ame ORDE ET VILLE.

Tu NE CONVEITERAS NULLEMENT

LES BIENS D'AUTRY NE LE héritaige

Tu meptstoname A danpnement

SI TU CONSENS A TEL OULTRAIGE.

La signature est illisible et en grande partie effacée. Proposition de membres correspondants. La Commission propose, comme membres correspondants, à M. le Préfet de la Mayenne, M. Lemercier, Juge de Paix d'Ambrières, et M. A. Joubert, auteur de travaux sur l'histoire du département de la Mayenne.

Notices historiques. M. de Martonne fait un rapport sur deux communications de M. l'abbé Guiller. La première est une copie d'une notice de M. l'abbé Gérault sur la famille et le château de Montécler. Cette notice intéressante, faite sur des titres anciens, contient une bonne généalogie et une description du château de Montécler, anciennement Launay-Péan. Elle a paru dans le Mémorial de la Mayenne.

La notice sur Madeleine de Montécler, femme d'Urbain de Laval Bois-Dauphin, maréchal de France sous Henri iv, est extraite d'un travail plus étendu, inséré dans la Revue du Maine par M. Ambroise Ledru. Elle contient néanmoins quelques rectifications et adjonctions, notamment une correction de la date assignée par M. Gérault à la naissance de Madeleine de Montécler. La Commission décide que les deux notices seront conservées dans ses archives.

Présentation d'ouvrage. M. L. Maître, archiviste de la Loire-Inférieure, membre correspondant, envoie


son ouvrage intitulé Lès Confréries bretonnes ait moyen âge. Nantes, 1876 in-8°, 50 p.

Slalues de Gesnes. M. Garnier signale deux statues intéressantes provenant de l'Église de Gesnes, et placées actuellement dans le jardin du presbytère. La Commission décide que des renseignements seront pris sur la valeur de ces statues.

On rappelle à cette occasion qu'une maison du bourg de Gesnes renferme une fort belle cheminée sculptée, avec écussons et statuettes.

Revision de la Carte d'État-major. Le travail de révision de la Carte d'État-major à l'échelle du 1/80.000° va être entrepris sous peu de jours dans le département de la Mayenne. La partie révisée de la carte comprend 149 communes. Les travaux sont confiés, sous la direction de M. le Capitaine de Taffart de Saint-Germain, à des officiers du 4™ Corps d'armée, savoir

MM. Jacob, Cazeau, Taupin, Aubé de Bracquemont, Meslin, Waldemar, Demanche, de Chanaleilles, Foucher, Mordant.

Gréation d'une commission chargée de l'inventaire des monuments mégalithiques. M. E. Moreau dépose sur le bureau un spécimen du questionnaire rédigé et distribué par la Sous-Commission des monuments mégalithiques rattachée à la Commission des monuments historiques, et instituée récemment près du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.

Cette sous-commission, composée, de MM. H. Martin, Président, Daubrée, Vice-Président, G, deMortillet,P. Salmon. E. Chantre, E. Cartailhac, L. Leguay, Pomel, Faisan et Trutat, est chargée de dresser une liste des monunuments mégalithiques et des blocs erratiques de France. Afin d'arriver à un résultat aussi prompt que possible, MM. les membres de la sous-commission se sont partagé


le travail. La circonscription attribuée à M. de Mortillet comprend la Mayenne, la Sarthe, l'Eure-et-Loir, l'Orne, la Manche, le Calvados, l'Eure, Seine-et-Oise, la Seine, la Seine-Inférieure, l'Oise, la Somme, le Pas-deCalais, le Nord et la Corse.

MM. Daubrée, Faisan et Trutat sont spécialement chargés du recensement des blocs erratiques.

Le but actuel et immédiat de la sous-commission est de trouver un moyen de protection applicable aux monuments mégalithiques et aux blocs erratiques dont le nombre décroit chaque jour.

M. E. Moreau annonce qu'il a répondu, au sujet des monuments mégalithiques de la Mayenne, au questionnaire que lui a adressé M. de Mortillet.

Commission de géographie historique de l'ancienne France. La commission de Topographie des Gaules vient d'être reconstituée sous le nom de Commission de Géographie historique de l'ancienne France Son programme reste le même et ses membres sont maintenus presque sans exception. Ce sont actuellement MM. Martin, Président, Léon Renier, Anatole de Barthélémy, A. Bertrand, Alfred Maury, F. de Saulcy, Charles Robert, E. Desjardins, A. Longnon, Héron de Villefosse, Docteur Hamy, Commandant de la Noue.

Salut d'or de Henri VI d 'Angleterre trouvé à Saint-Pierredes Landes. M. E. Delaunay, membre correspondant, présente un salut d'or bien conservé, de Henri vi d'Angleterre, 1422-1453, trouvé dans le cimetière de Saint-Pierre-des-Landes (Mayenne). Cette pièce, frappée à Rouen, est d'un type bien connu. Elle pèse 3 gr. 42. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.


SÉANCE DU 15 JUILLET 1880.

La séance est ouverte à deux heures, dans la salle ordinaire, à la Préfecture.

Sont présents MM. Floucaud de Fourcroy, Président, Dulong de Rosnay, Vice-Président Cornée, Garnier, Marchai, Moreau, Perrot, de Martonne, Hawke, et Richard, membre correspondant.

Changements dans le personnel de la Commission. Nominations. M. le Président annonce que M. Legras. membre titulaire, vient d'être nommé Ingénieur des ponts et chaussées à Lorient, que M. Barbe, membre titulaire, quitte Jublains pour aller habiter Conlie (Sarthe), en qualité de Juge de Paix que M. l'abbé Guiller a adressé sa démission.

La Commission regrette de voir se séparer d'elle des collaborateurs aussi zélés que MM. Legras, Barbe et Guiller afin de rester autant que possible en relations avec eux, elle désigne à l'unanimité MM. Legras et Barbe comme membres correspondants.

En remplacement de M. Barbe, la Commission propose M. Leblanc, Conseiller général, auteur de travaux historiques, en remplacement de M. l'abbé Guiller, M. l'abbé Pointeau, auteur de travaux historiques et généalogiques.

M. de Martonne fait agréer, comme membre correspondant, M. Bonneserre de Saint-Denis, paléographe, rue Terrenoire, 9, à Angers, auteur de la notice sur


Château-Gontier, insérée dans Le Maine et l'A2îjou, et d'une notice sur la famille d'Anthenaise.

Présentations d'ouvrages. M. le Président dépose sur le bureau quelques exemplaires du premier volume des Procès-Verbaux et Documents publiés par la Commission. Ce volume contient les séances de 1878 et 1879. Il est orné de vignettes, d'une eau-forte et d'un dessin de M. T. Abraham. Le tirage est de 150 exemplaires seulement.

M. E. Moreau offre à la Commission un exemplaire à part de son travail sur la Préhistoire aux environs d'Ernée et le bronze dans le Craonnais, extrait du volume précité.

M. Cornée offre également, au nom de M. Maître, membre correspondant, les Tablettes Généalogiques des Seigneurs de Laval, Mayenne et Château-Gontier, Inventaire des richesses d'art. Église d'Evron. M. le Ministre de l'Instruction publique et des BeauxArts a accusé réception de l'inventaire des richesses d'art de l'Église d'Évron, rédigé par M. L. Garnier. Ce travail doit être prochainement soumis à la Commission siégeant au Ministère.

Musée de sculpture comparée. M. Cornée annonce que la délibération prise par la Commission dans sa dernière séance au sujet de certaines sculptures qui pourraient être moulées pour le Musée du Trocadéro, a été transmise au ministère.

Distribution des exemplaires des Procès- Verbaux de la Commission. La Commission dresse une liste des personnes, des bibliothèques, des sociétés auxquelles elle enverra le volume de ses Procès- Verbaux.

Un membre observe que plusieurs personnes, ne faisant pas partie de la Commission, et désirant néanmoins


posséder le même volume, n'ont aucun moyen de se le procurer. Il semble que leur demande doive être prise en considération.

Après une courte discussion, la Commission décide que, cette année, vu le petit nombre des exemplaires tirés, il n'y a pas lieu de mettre en vente le volume de ses Procès-Verbaux mais que les personnes qui en feront la demande, en s'appuyant sur des titres bien fondés, pourront le recevoir à titre de don ces dons toutefois ne pourront dépasser le nombre de quelques exemplaires. Camp et Fosses aux Sarrasins, à Herdanges. M. E. Moreau communique, sur le Camp et les Fosses aux Sarrasins, d'Hardanges, de nouveaux détails qu'il doit à l'obligeance de M. Montagu, Instituteur, membre correspondant.

Au milieu des Bruyères, à mi-chemin entre Hardanges et le Ribay, sur un plateau parfaitement uni, on remarque quatre champs en culture plantés d'arbres fruitiers. Ce lieu est inscrit au cadastre sous le nom de Champ de Bataille, mais il porte, dans toute la contrée, le nom de Camp des Sarrasins.

Ce « Camp » présente une enceinte quadrangulaire, formant un carré parfait, ayant en tous sens 124 mètres de côté. Il est situé dans le même plan méridien que la butte de Montaigu, que l'on aperçoit en entier de son esplanade.

L'enceinte est entourée d'un fossé large de six mètres à sa partie supérieure, profond de quatre mètres, et large de trois à la base. Au nord, à l'est et à l'ouest, ce fossé est en très bon état de conservation, mais au sud il a presque complètement disparu. La terre provenant de ces fossés a été rejetée en partie à l'extérieur où elle forme glacis, en partie à l'intérieur où elle a servi à niveler le sol.

Le sol du Camp dépasse d'un mètre le niveau du terrain environnant, et domine tout le pays, qui est


complètement découvert. La charrue y ramène fréquemment à la surface des fragments de briques mais il y eut là autrefois une tuilerie dont le souvenir n'est pas encore perdu.

A l'angle sud-ouest du Camp se trouve la LogeHamelin, de laquelle dépendent les champs en culture. Près de cette masure on remarque une citerne entourée de saules, ronde et assez profonde, et mesurant au moins deux mètres d'ouverture. Elle est presque toujours pleine d'eau.

Quelques pièces de monnaie, dont une en or, ont été trouvées, soit dans l'intérieur du camp, soit dans les fossés. Elles n'ont pas été conservées.

A l'est et à l'ouest du camp, sur une étendue d'environ mille mètres de chaque côté, mais sur une largeur de cinquante mètres seulement, on trouve groupées par séries de sept ou huit, des fosses demi-circulaires, dont les déblais ont été rejetés invariablement vers le nord et forment talus. Ce sont les « Fosses aux Sarrasins ». Elles ont trois mètres environ d'ouverture dans le sens de leur longueur, et deux mètres de large. Leur profondeur est d'un mètre, non compris la hauteur du talus. Elles ne sont jamais remplies d'eau, même après les pluies les plus abondantes.

Elles sont toutes situées à mi-côte du versant nord, et suivent régulièrement une ligne droite allant de l'ouest à l'est.

Les groupes, distants les uns des autres de cent mètres environ, sont reliés entre eux par un cordon de fosses isolées, présentant les mêmes dimensions que celles des groupes, et espacées de vingt mètres entre elles. On compte une dizaine de groupes à droite et autant à gauche du camp, mais en avant on n'en observe aucun. A l'extrémité, tant extérieure qu'intérieure de chaque ligne, on rencontre une fosse complètement circulaire, évasée en forme d'entonnoir, mais plus spacieuse que les


autres. La terre est relevée sur les bords en forme de talus. Ces fosses rondes sont au nombre de quatre. La tradition veut que ces fosses, quelle que soit leur forme, aient servi d'abri aux sentinelles du camp. Tels sont les renseignements envoyés par M. Montagu, et que M. E. Moreau se borne à enregistrer sans commentaires.

Découvertes de Monnaies. 1° Dans les fondations de l'ancienne église de Saint-Julien-du-Terroux, sous une pierre du transsept, on a trouvé environ cent pièces de monnaie de Jeanne de Wesemael, femme de Henri de Diest, Seigneur de Rivière, de Rummen et d'autres lieux du Comté de Loos (Brabant).

Elles sont de deux types différents. Les unes portent à l'avers la légende iohanna DNA (domina) et au revers NOMEN dni Nos (nostri). Sur les autres ont lit à l'avers JOHANNA DA GER et au revers JOHANNA DE G (Dame de Gerdingen.)

Elles portent dans le champ de l'avers une fleur de lys de France, d'un type en usage sous Louis xi mais cela constituait une contrefaçon Jeanne de Wesemael portait bien pour armes de famille, de gueules à trois lys d'argent aux pieds posés, et pouvait timbrer ses monnaies d'un lys mais elle ne pouvait se servir du lys de France qui n'appartenait qu'à la famille royale. Voir sur ces monnaies un article de M. Hucher dans la Revue de numismatique, 1846.

20 Un franc de Henri m, en argent, frappé en 1581 à Bordeaux, a été trouvé à Loiron.

Il est du type ordinaire et porte à l'avers la légende henricvs m. D. G. FRANC. ET. POL. REX., et dans le champ le buste du roi au col rabattu. On lit au revers SIT NOMEN DOMINI benedictvm, et dans le champ un H formant le cœur d'une croix faite de quatre fleurons fleurdelisés.


30 A Laval, dans les déblais de la Place de Hercé, on a trouvé un superbe écu d'or au soleil, de Louis xii. Il est du type ordinaire et porte à l'avers la légende LYDOYICYS DEI GRATIA FRANCORVM: REX et dans le champ l'écu de France surmonté d'un soleil. Au revers la légende xp's vincit xp's REGNAT xP's IMPERAT entoure une croix fleurdelisée. Cette pièce pèse 3 gr. 40 et a été frappée à Saint-Lô.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 3 heures 1/2.


SÉANCE DU 14 OCTOBRE 1880.

La séance est ouverte à deux heures, dans la salle ordinaire, à la Préfecture.

Sont présents MM. Floucaud de Fourcroy, Président J. Lefizelier, Secrétaire général de Martonne, SouchuServinière, Marchai, Moreau, Lecomte, Cornée, Garnier, et Delaunay, membre correspondant.

Le procès-verbal de la dernière séance est adopté sans observations.

Communications diverses M. le Président annonce que la subvention de 600 francs, accordée à la Commission par le Conseil général de la Mayenne, vient d'être, sur sa demande, portée à 800 francs pour l'année 1881. La Commission prie M. le Président de vouloir bien être, auprès de MM. les membres du Conseil général, l'interprète de tous ses remerciments. Le volume des procès-verbaux a été envoyé au Comité des Travaux historiques et des Sociétés Savantes, siégeant au Ministère de l'Instruction publique, ainsi qu'à la Commission de Géographie Historique de l'Ancienne France, (ancienne Commission de Topographie des Gaules.)

M. le Président espère que M. le Ministre de l'Instruction Publique, sur la proposition du Comité des Travaux historiques, voudra bien porter la Commission sur la liste des Sociétés subventionnées.


Emploi des ressources de la Commission. M. le Président rend compte de l'emploi des fonds alloués à la Commission par le Conseil général en 1879. La dette étant de 600 francs, les dépenses se décomposent ainsi:

1879 18 juin. Timbre de la Commission. 18 » id. Concours dans l'acquisition du

squelette de Voutré. 75 »

1er juillet. Imprimés divers et Question-

naire archéologique 160 »

11 août. Port de la statue de Jublains

et frais de correspondance. 8 60

8 octobre. Achat de photographies des

monuments de la Mayenne

et frais de port. 105 40

id. Boite à tampon et papier

timbré pour mémoires. 7 60

1880 10 janv. Cartonnage, deux albums. 5 75 id. Gratification à l'aide archi-

viste pour copies. 4 »

id. Gratification au garçon de

bureau pour courses et ser-

vices divers. 5 »

id. Frais d'envoi de brochures.. 16 80 id. Paiement de clichés et à-

compte sur l'impression des

Procès- Verbaux et Docu-

ments de la Commission.. 193 85

Total. 600 »

Présentation d'Ouvrage. M. Richard, membre correspondant, fait hommage à la Commission d'une brochure dont il est l'auteur, intitulée Le Tombeau de Robert l'Enfant aux Cordeliers de Paris. Ce tombeau, érigé d'abord dans l'église des Cordeliers, transféré plus tard à Saint-Denis, porte l'étiquette Prince inconnu D'après M. Richard la statue tombale qui le surmonte


représenterait Robert l'Enfant, fils d'Othon de Bourgogne et de Mahaut d'Artois, et serait l'œuvre de Jean de Huy ou de Wit, Bourgeois de Paris. (Commencement du xiv" siècle). L'auteur cite à l'appui de sa thèse des pièces fort intéressantes, notamment les comptes détaillés de la construction du tombeau, et l'état des dépenses faites pour les funérailles de Robert l'Enfant.

Musée de sculpture comparée. M. Cornée donne lecture d'une lettre de M. le Ministre des Beaux-Arts en réponse à la communication de la Commission relativement à certains édifices de la Mayenne qui pourraient fournir des moulages pour le Musée de sculpture comparée. M. le Ministre remercie la Commission, mais l'avise que, l'espace réservé aux collections étant restreint, le Musée ne pourra comprendre que des types, et qu'on sera forcé de s'en tenir aux sculptures de l'église d'Évron, primitivement désignées par la Commission des monuments historiques.

L'époque Mérovingienne dans le département de la Mayenne. M. Lefizelier demande la parole au sujet d'un récent article que M. Alexandre Bertrand, directeur du Musée de Saint-Germain, a publié dans la Revue Archéologique (1879, 2e semestre, page 193). Cet article, intitulé « les Bijoux de Jouy-le-Comte et les Cimetières Mérovingiens de la Gaule, » est accompagné d'une carte des cimetières et sépultures de l'époque franque en Gaule. Il contient une théorie nouvelle basée surtout sur la répartition géographique des ornements et des bijoux. D'après M. Bertrand,

Au nord-ouest, la Bretagne tout entière est vierge de cimetières mérovingiens.

Au nord-est, entre la Seine et le Rhin, un groupe important de sépultures a des annexes en Normandie et dans le Maine. Ce groupe est caractérisé par la présence de fibules du type de Jouy-le-Comte (Seine-et-Oise).


Au sud-est, le groupe du Jura, de la Savoie, de la Seine occidentale, de la Côte-d'Or et de la Haute-Saône, est caractérisé par la présence de plaques de ceinturons à symboles religieux (Daniel dans la fosse aux lions). Au sud-ouest, le groupe du Languedoc, avec ses verroteries cloisonnées d'un type spécial.

Les trois derniers groupes, d'après M. A. Bertrand, correspondent à l'habitat des Francs, des Burgondes et des Goths l'archéologie est ici d'accord avec les textes. En terminant, M. Bertrand donne une liste de 557 cimetières de l'ancienne Gaule et de 45 étrangers à la Gaule, en tout 602, sur lesquels ont porté ses investigations.

M. Lefizelier remarque avec regret que, dans cette longue liste, la Mayenne n'est citée qu'une seule fois, pour son cimetière mérovingien de Saulges, bien que des cimetières ou sépultures de la même époque aient été découverts dans quarante autres localités.

M. Lefizelier, qui depuis longtemps avait porté son attention et ses études sur le même sujet, a fait des recherches nouvelles tant dans ses notes particulières que dans les enquêtes archéologiques de 1838 et de 1878. Déjà, pour le département de la Mayenne, il.a pointé sur une carte, qu'il dépose sur le bureau, 41 localités à sépultures mérovingiennes, chiffre qui laisse bien loin derrière lui l'unité de M. A. Bertrand. Les principales, parmi ces localités, sont Saulges, Torcé, Châlons, Montenay. M. Lefizelier rappelle brièvement les intéressantes découvertes qui y ont été faites, et à ce propos, tout en regrettant l'absence presque complète d'informations sur la Mayenne dans la liste de M. Bertrand, il est heureux de constater toutefois la concordance des idées émises par ce savant avec les faits constatés chez nous. Dans les sépultures franques de nos contrées, en effet, on n'a jamais trouvé de ces plaques à personnages qui semblent confinées dans la vallée du Rhône, mais bien des ornements à entrelacs et à bossettes.


M. Lefizelier se propose de pousser plus loin ses recherches et d'en adresser le résultat à M. Bertrand. ̃Il fait appel aux membres de la Commission, et annonce qu'il accueillera avec intérêt toutes les communications relatives au sujet qui l'occupe.

La Roche Bouillante, à Saint-Pierre-la-Cour. M. de Martonne, archiviste de la Mayenne, communique quelques notes qu'il a recueillies sur la Roche-Bouillante, dans un de ses derniers voyages d'inspection. Ce nom désigne deux grandes pierres, situées dans le bois des Essarts, propriété des forges du Port-Brillet, et perdues dans l'intérieur du taillis, à une assez grande distance du village de la Queue, voisin de l'étang du Moulin-Neuf.

De ces deux pierres, l'une, la plus petite, est à peu près carrée, quoiqu'un peu large dans sa partie haute. Elle mesure deux mètres de longueur, un mètre et demi de hauteur et soixante-quinze centimètres d'épaisseur. La plus grande a la forme d'un parallélogramme allongé, terminé en pointe vers le sommet. Ce sommet est toutefois inégal et plus élevé du côté ouest que du côté est. La paroi, de ce même côté ouest, est largement échancrée vers la base, mais non complètement au ras du sol. Cette circonstance rapproche ce rocher de celui de la Hune près de Bazougers l'échancrure de ce dernier est tournée vers l'Orient. La largeur de l'échancrure de la Roche-Bouillante est de soixante-quinze centimètres. Le côté Est mesure soixante centimètres d'épaisseur. La largeur depuis ce côté jusqu'à la tranche évidée de l'échancrure opposée est de un mètre quatorze centimètres. La pierre mesure en hauteur deux mètres et demi du côté de l'est, et trois mètres du côté de l'ouest. On croit dans le pays que ces deux roches, qui ont quelque célébrité locale, sont naturelles.

M. de Martonne, sans se prononcer formellement, note quelques considérations qu'on pourrait invoquer


dans l'opinion contraire. Tout d'abord ces deux roches n'ont pas l'apparence des pierres qui émergent naturellement du sol. Elles affectent au contraire la forme de murailles, particulière à beaucoup de menhirs connus. L'échancrure que porte l'une d'elles, leur voisinage d'une petite source, très froide et très pure, sont peut-être dus à quelque coutume inconnue et mystérieuse. En résumé, M. de Martonne ne serait pas éloigné de considérer ces deux blocs comme des monuments grossiers, fort anciens, et probablement antérieurs aux mégalithes de la belle époque.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 4 heures.


SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1881.

La séance est ouverte à deux heures, dans la salle ordinaire, à la Préfecture.

Sont présents MM. Floucaud de Fourcroy, Président Abraham, Garnier, Pointeau, Cornée, Moreau, de Martonne, Hawke.

MM. Perrot, de Lorière, Lecomte, Marchai et Lefizelier, sont excusés.

Réélection du Bureau. En vertu de l'article 5 des statuts, le bureau devant être réélu tous les trois ans, la Commission est invitée à procéder à cette réélection. MM. Floucaud de Fourcroy, Président

Dulong de Rosnay, Vice-Président

J. Lefizelier, Secrétaire général

De Martonne, Secrétaire adjoint

Sont maintenus en fonctions à l'unanimité.

Nominations de membres titulaires. MM. Leblanc, Conseiller général de la Mayenne, et Pointeau, curé d'Astillé, ont été nommés par M. le Préfet, membres titulaires de la Commission.

Nominations et présentations de membres correspondants. MM. Barbe et Bonneserre de Saint-Denis ont été nommés membres correspondants. M. de Martonne lit une lettre dans laquelle M. Bonneserre de Saint-Denis exprime ses remerciments.


Présentation d'ouvrages. Sur le Bureau sont déposés divers ouvrages offerts à la Commission, notamment la Revue du Maine et la Revue de l'Anjou.

M. Lefizelier fait hommage de son travail sur Anne de Laval, Princesse de la Trémoille (1505-1553), enrichi d'un portrait de cette princesse d'après un tableau conservé au Musée du Mans.

M. A. Joubert envoie trois notices dont deux ont trait directement à l'histoire du Bas-Maine. Dans la première, Ramefort de Gennes et ses Seigneurs au XVe siècle, l'auteur détermine la position de ce château de Ramefort, repris sur les Anglais, (en 1427), par Ambroise de Loré, selon la Chronicité de la Pucelle, la Chronique anglaise de Gra/fton et les historiens Manceaux et Angevins. La seconde Un épisode des guerres de religion au Maine et en Anjou, retrace la biographie de ce René de la Rouvraye, dit le diable de Bressault, un des plus célèbres et des plus terribles capitaines calvinistes du Bas-Maine. La troisième enfin a pour titre Les négociations relatives à l'évacuation du Maine par les Anglais (1444-1448) et Deux attaques des Anglais contre le Lude, en 1371.

M. E. Moreau offre à la Commission une réimpression du Mémoire de Guyard de la Fosse Remarques sur les observations de l'abbé Lebeuf sur les peuples Biablintes et leur pays, suivi d'une réponse de l'abbé Lebeuf. Réunion des délégués des Sociétés savantes à la Soi,,bonne. La réunion des délégués des Sociétés savantes et des Beaux-Arts aura lieu cette année à la Sorbonne, du mercredi 20 avril au samedi 23 avril M. le Président de la Commission en a été avisé officiellement par M. le Ministre de l'Instruction Publique.

M. Lefizelier, Secrétaire général, offre de représenter la Commission en cette circonstance. La Commission prend acte de la proposition de M. Lefizelier, et lui adresse ses remercîments.


Congrès archéologique de France. – On annonce que le Congrès archéologique de France tiendra sa quarantehuitième session à Vannes, du 28 juin au 3 juillet 1881. K changes do publications. L'administration du Musée Guimet, fondé à Lyon par M. Emile Guimet, demande l'échange de ses Annales contre les publications de la Commission. Cet échange est accepté.

Monnaies Bomaines de Jublains. Par une lettre en date du 15 janvier, M. Barbe, membre correspondant, a appelé l'attention de la Commission sur le trésor trouvé à Jublains en 1879 (1). Ce trésor fait actuellement partie de la succession de M. Plessix, qui est décédé en laissant deux enfants. Déjà M. Rucher a fait entrer, au Musée municipal de la ville du Mans, un certain nombre de monnaies choisies parmi les plus intéressantes. Il serait à désirer que le reste ne fût pas perdu pour le département de la Mayenne, et qu'une partie en fût attribuée aux Musées de Laval et de Mayenne. Après avoir pris connaissance de la lettre de M. Barbe, M. le Président de la Commission pria M. Duchemin, archiviste de la Sarthe, membre correspondant, de suivre cette affaire et de prendre des renseignements. M. Duchemin, par deux lettres en date des 1er et 9 février, annonce qu'il s'est mis en rapport avec qui de droit, notamment avec le président du conseil de famille, et qu'il ne désespère pas d'obtenir quelque succès. Musée municipal de Jublains. -De son vivant, M. Plessix avait fait don, à la commune de Jublains, d'un certain nombre d'objets antiques conservés dans une pièce de sa maison en outre, la commune était libre d'user de cette pièce pour y déposer les objets curieux, les produits accidentels de fouilles, qui viendraient en sa possession. (1) Voir Séance du 11 décembre 1879.


Or récemment le tuteur des enfants de M. Plessix a fait signifier à la commune qu'elle eût à prendre possession des objets spécifiés dans la donation. M. Barbe, membre correspondant, en avertissant de ce fait M. le Préfet de la Mayenne, le priait de ne pas perdre de vue cette affaire et de s'assurer des intentions de la commune de Jublains.

Dans sa séance du 13 février 1881, le Conseil municipal de la commune de Jublains prend la délibération suivante «. Le Conseil, à l'unanimité, déclare qu'il n'a pas de fonds disponibles pour construire l'appartement nécessaire pour renfermer les objets que cependant il désirerait vivement ne pas abandonner un don qu'il considère comme très intéressant et dont il apprécie la valeur mais qu'il désire voir ce Musée établi dans le camp, ce qui serait une curiosité de plus pour les visiteurs. Il résulterait aussi du voisinage de ce Musée que toute personne qui trouverait de nouveaux objets curieux pourrait les y déposer, et sur l'estimation du Président de la Société, se faire payer de leur valeur.

» Mais ce Conseil entend que, si ce Musée est abandonné à la Société, c'est à la condition expresse que si le département ne voulait plus se charger du logement et de la garde des objets antiques au camp même, ces objets reviendraient en propriété à la commune. »

La Commission décide que des éclaircissements seront demandés au Conseil municipal de Jublains.

CMteau de Laval. M. le Président rend compte à la Commission de ce qu'il a cru devoir faire à propos d'un évènement qui a vivement préoccupé l'opinion publique à Laval.

Le propriétaire d'une maison appuyée contre le donjon du château de cette ville ayant manifesté l'intention de faire, dans le rocher qui supporte ce monument historique, des travaux destinés à faciliter la construction d'une nouvelle maison à deux étages, il a paru que ces travaux


étaient de nature 1° à compromettre la solidité du donjon où une fissure verticale, traversant toute l'épaisseur de la maçonnerie, a été constatée dans une visite des lieux. 20 à défigurer de la manière la plus fâcheuse les abords d'un monument presque unique en son genre dans toute la France, quand au contraire il y aurait tout intérêt à le dégager des constructions parasites que la tolérance des anciens propriétaires avait laissé établir. On peut dire en effet que ce dégagement, dont les résultats peuvent être appréciés dès aujourd'hui par suite des travaux qui ont si vivement ému les esprits à Laval, s'impose dans un avenir plus ou moins rapproché.

Dans ces circonstances, M. le Préfet, dont l'attention avait été immédiatement appelée sur la question, s'est transporté sur les lieux en compagnie de M. le Président de la Commission et de M. l'Architecte du département. A la suite de cette visite les mesures de conservation que la situation commandait ont pu être prises, avec l'assentiment de la municipalité, et l'administration supérieure a été saisie d'urgence des propositions nécessaires à sauvegarder tous les intérêts. Au point de vue du succès même des démarches en question, il ne convient pas d'en dire plus long aujourd'hui sur ce sujet.

La Commission donne acte au Président de cette communication qu'elle accueille avec intérêt, et émet le vœu Que l'Administration supérieure fasse droit au désir unanime de la population de Laval, en empêchant l'exécution de tout travail pouvant compromettre la solidité du donjon du château, ou défigurer ce monument historique par des constructions parasites qui en cacheraient la base

Que l'on profite de l'occasion exceptionnellement favorable qui se présente aujourd'hui pour dégager les abords du donjon.

Tableaux de Boucher et de J.-B. Huet, trouvés à SaintMartin-du-Limet (Mayenne). Dans la séance du 22 avril


1880, M. T. Abraham avait déjà signalé la découyerte, à Saint-Martin-du-Limet, dans un logis de modeste apparence, de tableaux décoratifs de Boucher et de J.-B. Huet. Il donne aujourd'hui les détails complémentaires qui suivent

Ce logis avait été construit, en 1750, par l'architecte Pommereul, du surplus des matériaux du château de Craon. C'était une « petite maison », bâtie par ordre du marquis d'A. pour sa maitresse, mademoiselle de la S. Ainsi s'explique la présence en ce lieu de peintures légères, dans le goût de l'époque, commandées à Jean Boucher, premier peintre du roi Louis xv, et à J.-B. Huet, son élève. J.-B. Huet fut membre de l'Académie de peinture, peintre et graveur très apprécié, non seulement pour ses pastorales, mais encore pour ses paysages, ses animaux et ses nombreux dessins à la gouache et à l'aquarelle.

A Saint-Martin-du-Limet, trois des tableaux qui forment décoration au-dessus des portes sont authentiques. On y retrouve d'ailleurs le coloris, la touche vive et large, la composition pleine d'esprit de F. Boucher. Le quatrième tableau, plus lourd d'exécution et beaucoup moins dessiné, pourrait bien n'être qu'une copie du maître.

Les autres panneaux, au nombre de quatre, sont signés en toute lettres J.-B. Huet, tandis que les quatre premiers ne portent que les inatiales F. B.

Les quatre panneaux de Huet représentent des scènes champêtres et galantes, où des bergers d'opéra-comique cueillent des fleurs et courtisent des bergères dans des paysages aux riantes perspectives, peuplés de colombes, de moutons, de chèvres et de chiens. On ne peut rien rêver de plus charmant. On retrouve dans ces compositions toute l'habileté et tout le génie particulier de ces peintres du xvm8 siècle, qui cherchaient avant tout à charmer, et dont la fraîche palette était réservée aux sujets gracieux.


La maison de Saint-Martin-du-Limet, qui appartenait à M. le comte Walsh de Serrant, vient de passer par héritage à sa fille, M'"° la comtesse de Carcaradec. M. le comte de Carcaradec se propose d'offrir prochainement. à la Commission, des photographies des huit tableaux de Boucher et de Huet, mais sous la condition que ces œuvres ne seront pas reproduites ni livrées à la publicité par aucun procédé.

Figrures en fer damasquiné du Musée de Château-Gontier. M. Tancrède Abraham fait passer sous les yeux des membres de la Commission les photographies de quatre statuettes en fer damasquiné appartenant au Musée de Château-Gontier, et provenant de la collection de M. Boullet-Lacroix.

M. Aristide Boullet-Lacroix, né à Château-Gontier, mort à Enghien en 1848, ami d'Ingres, de Delacroix, de Paul Delaroche, de FIandrin, de Bodinier d'Angers, se forma le goût au milieu de ces maîtres illustres, et devint lui-même un amateur distingué. Sa passion pour les arts, les sciences et les voyages l'entraîne en Italie et en Grèce, d'où il rapporte une précieuse collection de marbres, de tableaux, de médailles, qui forme la meilleure partie du Musée de Château-Gontier, et que pourraient envier à juste titre des villes plus importantes. Les quatre figurines qui font l'objet de la communication de M. Abraham sont ciselées et damasquinées d'or et d'argent, et repoussées au marteau. Les ornements, les draperies et les bijoux sont d'une grande richesse et d'un goût exquis.

Deux de ces statuettes représentent des hommes caressant d'une main leurs longues barbes, et retenant de l'autre des draperies qui leur couvrent le bas du torse et les jambes. Les deux autres statuettes représentent des femmes presque nues retenant d'une main des draperies qui couvrent leurs jambes, tandis que l'autre main est appuyée sur la cuisse.


Ces statuettes ne din'èrent que par la ciselure et la damasquinure d'un dessin varié. L'une des femmes a un médaillon suspendu au cou et une ceinture dentelée audessous du sein l'autre diffère par l'arrangement de sa coiffure elle ne porte ni ceinture ni collier, mais elle a les bras ornés de bracelets.

M. Abraham offre à la Commission des photographies de ces œuvres délicates du xvi° siècle.

Il ajoute que le Musée de Cluny, (? 2.341 du catalogue) possède une très remarquable bordure de miroir, véritable merveille en fer damasquiné de Florence, dans laquelle se trouvent deux statuettes identiques à celles du Musée de Château-Gontier. Elles accompagnent le miroir à droite et à gauche. Le reste de l'encadrement se compose d'un portique d'architecture d'un travail analogue, avec fond de paysage dans le style italien. Les quatre statuettes du Musée de Château-Gontier, ciselées avec plus d'art encore que celles du Musée de Cluny, devaient sans aucun doute orner les quatre angles d'un riche coffret. Il est à regretter que le nom de l'artiste éminent auquel on les doit soit demeuré inconnu.. Vases antiques du Musée de CAn~eau-Go~ey. M. Abraham communique les photographies de vases antiques, trouvés à Angers, et achetés dans la collection Grille par M. L. de Farcy, qui les a donnés au Musée de Château-Gontier.

Brevet de ~"eep~'fM du peintre David à l'Académie. –M. Abraham fait passer sous les yeux de la Commission un parchemin que le hasard a mis en sa possession. C'est le brevet de réception de David à l'Académie de peinture. M. Abraham se propose de restituer cette pièce à la famille du peintre.

Château de Sainte-Suzanne. M. Picault de Vaulogé appelle l'attention de la Commission sur les dégradations qui déngurent chaque année le rocher de Sainte-Suzanne.


du côté du Sud-Est et au-dessous du château. Autrefois le rocher lançait jusqu'au dessus de la vallée de longues aiguilles qui produisaient l'effet le plus pittoresque. Elles ont été détruites depuis longtemps déjà, et une carrière, ouverte à leur place pour l'entretien des routes, mine de plus en plus le flanc de la colline.

La Commission émet le vœu qu'un remède soit apporté à cet état de choses, et M. le Président, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, promet de s'y appliquer dans la mesure du possible.

Questionnaires. Des lettres de rappel ont été envoyées aux fonctionnaires qui n'avaient pas répondu à l'Enquête Archéologique entreprise par la Commission. Presque tous les questionnaires sont actuellement rentrés. Sceau des contrats des notaires de Laval. M. de Martonne présente l'empreinte du « Sceau des contrats

des notaires de Laval, » qui lui a été offerte pour le Musée des Archives. Ce ~ceau porte pour exergue les mots « Sel des Contratz de Laval Gvion. »

Agrafe merov./N~'eTMe de Placé. M. E. Moreau communique à la Commission une agrafe mérovingienne appartenant à M. l'abbé Cré, qui a été trouvée dans les démolitions de l'église de Placé. Dans la même église on a observé des fragments de sarcophages coquilliers qui servaient de supports à des cercueils plus récents en plomb.


L'agrafe de Placé n'est pas entière elle se compose d'une plaque, de la boucle attenante et de son ardillon la plaque est brisée dans la partie opposée à la boucle et le fragment détaché a été perdu.

Cette plaque est remarquable par son ornementation de style arabe.

M. Hucher en a figuré une toute semblable trouvée à la Bourdonnière, commune de Saint-Saturnin (Sarthe), et appartenant au Musée archéologique du Mans. (1) « La boucle, dit M. Hucher (2) se distingue par son inscription pseudo-arabe.

» Ici ce n'est plus évidemment l'alphabet usuel qui a fourni son contingent, c'est peut-être l'arabe carré, le coufique, qui parait avoir servi de modèle au ciseleur. En analysant en effet les éléments de cette prétendue inscription, on croit y retrouver des formes, des flexions qui semblent empruntées à cet alphabet, dont les figures se prêtent si bien à l'ornementation.

» La plaque est couverte d'un système serpentin, à double effet, composé de quatre grands S, gravés en creux, autour desquels s'enroulent deux à deux huit serpents ou monstres annélides. L'ardillon, qui ne semble pas appartenir au même système décoratif que la plaque et l'anneau, est orné d'un petit animal à queue touffue, dont deux jambes seulement sont visibles. Un serpent à deux têtes enveloppe et sertit le champ. Cet ardillon parait du reste beaucoup plus neuf que la plaque; il est revêtu d'une mince lame d'argent ou d'étain, tandis que le reste de l'agrafe est dégradé. »

La description précédente s'applique trait pour trait à la plaque de Placé mais l'ardillon de Placé diffère de celui de Saint-Saturnin. Loin de s'écarter du style de (1) La Commission doit à l'amabilité de M. A. Bertrand, directeur de la Société et do la /iefMe du 3/a~K, la communication de ces deux clichés.

(2) Revue du 3/s: 2"' semestre i880, page 19G.


Agrafe troUl ée ri Placé (Mayenne.)

Agrafe de S'Sdturnm (Sarthe.)

ArdittondeS'Satunun (Sarthe.)



l'ornementation générale il s'en rapproche au contraire par sa décoration qui semble empruntée à quelque alphabet oriental. Il est donc probable que cette plaque est munie de son ardillon véritable, tandis que celui de Saint-Saturnin a été rapporté. L'ardillon de Placé, comme celui que décrit M. Hucher, est argenté ou étamé. La Commission décide que l'agrafe sera dessinée et figurera dans le prochain volume de ses procès-verbaux. Communications diverses Je.M.cFeMar<MMe. M. de Martonne communique quelques notes archéologiques, recueillies pendant ses voyages d'inspection.

La Cropte. Eglise de l'ancien prieuré, tour romane, de forme carrée. De l'ancien château, maintenant détruit, il ne reste plus que des caves.

&MK<-DeHzs-ch<-MaM!g. L'arc triomphal du chœur est orné d'une sculpture en bois, datée de 1692, et donnée par un curé du nom de Jouanneau, qui est inhumé à l'entrée du chœur. L'autel du transept nord est orné de colonnes en marbre et de statues dans le goût du xvne siècle. Dans le mur du chœur, à gauche, on remarque un reliquaire du même temps, orné de plaques de marbre en forme de cabochons. Les débris du reliquaire antérieur ne sont pas encore complètement détruits.

AKt&y~r~. Dans le chœur de l'Eglise se trouvent de fort belles boiseries qui proviennent de l'ancienne abbaye d'Évron.

Dolmen de Mirwault, près de Château-Gontier. Ce monument a été en partie ruiné par la construction d'une haie dans laquelle il se trouve engagé. La pierre du dessus, mesurant 4 mètres de longueur sur 2 mètres 1/2 de largeur, est penchée de l'occident à l'orient. Elle était soutenue par deux autres pierres dont une seule reste debout l'autre est couchée sur le sol. A l'autre extrémité on remarque une pierre plus petite que les deux supports. Le support vertical du côté de l'est a été porté, il y a


moins de deux ans, au coin d'un champ voisin. Il serait aisé de rétablir le monument dans son état primitif. .FoM<<K'Hg-CoM! L'église renferme trois autels du xvii" siècle. Le maître autel est orné d'un « Ensevelissement en terre cuite blanche, se détachant en demirelief sur un fond noir. L'autel du transept méridional porte un bas-relief représentant l'adoration des mages, scène compliquée, à personnages multiples, et dans laquelle on trouve un nombre incroyable d'animaux. Près de l'église, une croix de bois sculptée, qui ne peut être antérieure au xvi° siècle, repose sur un piédestal de pierre, orné de sections de cercles et de quadrilobes, qui est peut-être un chapiteau de l'ancienne église Le presbytère rappelle les anciens manoirs du xvi" siècle. On y remarque, fort en avant des jardins et de l'enclos, du côté de l'église, une porte monumentale en pierre dans le goût du xvn" siècle, ornée d'une inscription illisible aujourd'hui, et d'un coq énorme qui repose sur la clef de voûte.

<S<K'M<-M!cA~-<Js-.Roë. A la limite des communes de Saint-Michel et de Ballots s'élève la butte de Palisson, au nord du chemin vicinal de Saint-Aignan à Ballots, près de la ferme de la Gardière. Elle est plantée d'arbres. On la nomme dans le pays la Chaire au Diable. Le Bignon. Buttes du Bignon, dites <[ ~e Camp. » Menhir détruit.

Mézangers. L'église est très ancienne et parait remonter au moins au xe siècle. Dans le chosur, des deux côtés de l'arc triomphal, on remarque deux petits bas reliefs en pierre représentant les douze apôtres assis, portant des livres et les signes de leurs martyres, six d'un côté et six de l'autre. Ils semblent causer entre eux et former une sorte d'assemblée. Les têtes sont vives et les attitudes naturelles. Le tout est compris, de chaque côté, dans un encadrement du xve siècle, du genre flamboyant, élégant et léger. Ces deux bas reliefs forment une sorte de console rappelant celle de l'abbaye d'Evron.


Dans le transept méridional, on voit l'épitaphe de Renée de Laval, femme de Pierre de Bouillé, décédée au château du Rocher, en Mézangers, le 18 juin 1615, et dont les anciens registres de la mairie font mention. Cette épitaphe est en lettres d'or sur marbre blanc elle est ornée en tête des armoiries de Bouillé et de Renée de Laval. Elle repose sur un morceau de marbre noir qui contient la fin de la même inscription, et qui, au dire des gens du pays, a toujours été vu dans cette position qu'on explique difficilement.

Découvertes à Ernée. M. E. Moreau annonce que M. Thirard, membre correspondant, continue ses recherches préhistoriques aux environs d'Ernée. M. Thirard a recueilli une certaine quantité de silex taillés, notamment sur la lande de Vahays, et à l'Embûche (Ernée) et à Laurière (Saint-Denis-de-Gastines) parmi ces silex on trouve un certain nombre de très bonnes pièces. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.


SÉANCE DU 19 MAI 1881.

La séance est ouverte à deux heures, dans la salle ordinaire, à la Préfecture.

Sont présents MM. Floucaud de Fourcroy, Président Cornée, Garnier, Lecomte, de Martonne, Hawke, Pointeau, Marchai, Moreau, Perrot, de la Broise, membres titulaires, Richard, Foucault et Delaunay, membres correspondants.

MM. Dulong de Rosnay et Leblanc sont excusés. Présentation d'Ouvrages. M. Marchai membre titulaire, dépose sur le bureau une brochure dont il est l'auteur, intitulée Mémoire sur la Co~'osMMt des C6tes de la MsHcAe [in-8", 24 p. et 4 pl.)

M. l'abbé Pointeau, membre titulaire, fait hommage de ses travaux sur Les Croisés de MayeMKe en ~7o8 et Les Capitaines Manceaux pendant les guerres de Religion, extraits de la Revue du Maine.

Réunion des Délégués des Sociétés Savantes à la Sorbonne ~SS/~ M. J. Lefizelier, délégué de la Commission à la Réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne, rend compte des séances auxquelles il a assisté.

M. Abraham, membre de la Commission, délégué de la Société des Arts Réunis de la Mayenne à la réunion des Sociétés des Beaux-Arts, a lu une notice fort remarquée sur le château de Saint-Ouén, commune de Chemazé (Mayenne.)


Agrafe ~M'ovjByMNBe de Saulges. A propos de la communication de M. Lefizelier, M. de Martonne signale une agrafe mérovingienne appartenant à M. Provost, de Saulges, et provenant d'un des tombeaux en calcaire coquillier si communs dans cette localité.

M. E. Moreau remarque que cette pièce n'est pas la seule de la même époque que possède M. Provost. Il y a quelques années M. Provost a recueilli dans des sépultures exhumées de son jardin même, de fort belles perles de colliers émaillées, accompagnées de plusieurs autres objets.

La Commission émet le vœu que M. Provost veuille bien lui adresser en communication les produits de ses fouilles.

Château de Laval. M. le Président donne avis que des photographies représentant l'état actuel du château de Laval ont été envoyées à la Commission des monuments historiques. Il ya tout lieu d'espérer que satisfaction sera donnée au désir légitime de la population et que le donjon sera préservé des constructions dont un propriétaire voisin voudrait le masquer, au mépris des droits du département et du goût le plus élémentaire.

Photographie de la AfaMoa de la Grande-Rue, ~V° 6S, à Laval. M. Cornée présente la photographie de la maison Renaissance occupant le ? 68 de la Grande-Rue, à Laval, qui a été exécutée par décision de la Commission, en vue d'obtenir le classement de cette maison parmi les monuments historiques.

Dépouillement des Questionnaires. M. Cornée donne avis que les questionnaires envoyés dans les communes sont presque tous rentrés. Le travail des Maires notamment, est actuellement complet.

Fouilles de 7'~y/MM Cathédrale de Laval. M. L. Garnier, architecte, rend compte des fouilles qu'il a fait exécuter


dans l'église de la Trinité, à Laval, pour la reconstruction de l'avant-chœur.

Sous le carrelage on a trouvé un sol de remblai, puis, au niveau inférieur, des fosses renfermant des ossements, mais sans le moindre objet curieux. Quelques médailles des xv" et xvi" siècles, quelques vases dont l'un renfermait des cendres, un fragment de carrelage émaillé du xve siècle, un fragment d'étoffe taché d'oxyde de cuivre, des fragments de tuiles et une sandale de cuir sont les seuls vestiges qu'on ait pu recueillir.

Noëls Manceaux. M. Garnier annonce qu'il a acquis depuis peu plusieurs manuscrits renfermant des Noëls Manceaux, de l'époque de Louis xn. Ces noels sont de plusieurs auteurs M. Garnier les croit inédits. Plusieurs de ces poésies sont remarquables par la verve et l'énergie qu'elles respirent certaines sont écrites en vieux français manceau du xvi" siècle, et à ce titre elles présentent un haut intérêt.

Communications diverses de M. de Martonne. M. de Martonne donne lecture de quelques notes recueillies dans ses voyages d'inspection.

-SaM~M. L'église de ce bourg est remarquable sous deux points de vue, non à cause de sa construction ellemême, (la grosse tour du clocher, attribuée au xie siècle étant fort ordinaire,) mais à cause d'un bas-relief et d'un tableau qui s'y trouvent placés.

Le bas-relief, daté de 1401, dont l'inscription, courant tout autour, a été publiée par Dom Piolin, dans sa vie de Saint-Serené (ou Céneré) se compose de vingt-deux personnages, en y comprenant le groupe de la Trinité qui le surmonte et que Dom Piolin attribue, sans raison probante, au xiv" siècle. Au milieu du bas-relief le Christ est attaché à la Croix à sa droite, la Vierge le regarde avec douleur à sa gauche, Saint-Jean, pourvu d'une chevelure très abondante et tenant de la main droite un


livre (l'Evangile) qui semble près de lui échapper, donne aussi les signes d'une violente douleur et passe avec désespoir sa main gauche dans son épaisse chevelure. En continuant de ce côté, on trouve ensuite un SaintGilles, reconnaissable au pied de biche suspendu à sa ceinture et huit personnages féminins, vêtus de longs habits, les premiers pourvus de grandes coiffes semblables à celles des sœurs de charité, les autres coiffés de bonnets, tous à genoux et décroissant de taille. A droite de la Vierge, Saint-Julien, évêque du Mans, en costume épiscopal, tenant d'une main sa crosse pourvue du linge d'ancien style, qui a disparu dans l'usage moderne, ayant à ses pieds le simulacre d'une fontaine, présente au Christ les personnages agenouillés à sa droite, qui sont quatre hommes, aussi de taille décroissante, tous vêtus de longues robes et tête nue, sauf le second qui laisse voir sa jambe pourvue de la jambière et du cuissard de l'armure du xv° siècle, dépassant sa cotte d'armes. Deux petits anges, volant à droite et à gauche, portent en écusson les armes des sieurs de Valetrot, qui sont de sable au sautoir d'or, un lion rampant de même, dans le canton de dextre, au bas de l'écu.

Ce bas-relief votif, très bien conservé, grâce à un confessionnal qui le masquait autrefois et qui a été restauré en 1836, représente la famille de Robin et de Fouquet, seigneurs de Valestrot ou Valetrot, petite seigneurie qui subsiste encore à l'état de ferme dans les environs. Il a été fait pour perpétuer la mémoire de la construction de cette Chapelle, jadis placée dans le transept septentrional de l'église de Saulges, maintenant occupée par des bancs et dédiée à la Trinité. On y voit la famille des seigneurs de Valetrot (que Dom Piolin appelle, on ne sait pourquoi, la famille dit Rocher) agenouillée comme nous l'avons dit à droite du Christ, les deux frères, Robin et Fouquet, le premier en robe longue, le second en costume de chevalier armé, ayant derrière eux


leurs deux fils à sa gauche, les deux dames de Valetrot, ayant derrière elles leurs filles.

Ce sont les donateurs ou bienfaiteurs, agenouillés, suivant l'usage.

Le groupe de la Trinité qui surmonte ce bas-relief, me paraît en faire partie intégrante. Je ne sais pourquoi Dom Piolin le croit postérieur au groupe principal. Ce savant l'a décrit dans l'ouvrage déjà cité. Je me bornerai donc à dire qu'il représente le Père Éternel, couvert d'un manteau et d'une tiare de forme plate et arrondie, tenant l'image du Christ en croix et laissant sortir le Saint-Esprit de sa bouche.

Cette représentation de la Trinité n'est pas rare, surtout dans le Maine; mais le bas-relief qu'elle surmonte est beaucoup moins commun. Ses nombreux personnages, quoique de petite dimension, son état parfait de conservation, le rendent digne de remarque. J'ai pris des mesures pour le faire photographier et j'ai l'honneur d'offrir au comité un exemplaire de cette reproduction. Dans l'église de Saulges, accroché à la paroi méridionale de la nef, on voit un tableau peint à l'huile, donné en 1811 à l'église par la famille de la Roche-Lambert et qui faisait partie autrefois du Musée du château de Thévalles. Il représente le Christ mangeant avec les pèlerins d'Emmaùs. D'après une tradition locale, il serait dû au Titien, qui se serait représenté lui-même sous les traits d'un de ses serviteurs, à figure boursouflée, montrant une tête à demi chauve, couverte d'une toque rouge. Pour compléter la symbolisation historique, si l'on me permet cette expression, le personnage assis à droite du Christ, ayant une grande barbe noire, serait François 1~, celui de gauche, le cardinal Ximenès, nutête, également demi-chauve et la figure très arrondie. Philippe II serait le petit page, à gauche du tableau. Il n'est pas besoin d'insister pour montrer l'inanité et le ridicule de cette logomachie historique.


Ce tableau est d'un beau coloris, d'une expression excellente, d'un dessin correct, mais d'une composition médiocre. Il manque de style et d'élévation. Je ne saurais assurer que c'est là un original, surtout à cause des restaurations dont il a été l'objet mais c'est au moins une bonne copie, non, selon moi, d'un maître Italien, mais d'un Flamand, ce qui me parait nettement accusé par la qualité spéciale du clair obscur, la naïveté de la scène, qui comporte sous la table une petite guerre entre un chien et un chat, enfin la simplicité des attitudes, le naturel des poses, la vérité des gestes et l'absence complète d'un idéal cherché et d'un convenu volontaire. Tel qu'il est, ce tableau ne manque pas de valeur et d'intérêt. Sans être de premier rang, il ferait honneur à une galerie publique.

r/MW~M~-eM-C/M~Me. L'ancien château ou citadelle, consistant actuellement dans une grosse tour carrée, d'opus t'Hce~MMt, qui peut être du xii° siècle ou même du siècle antérieur, continue à être exploité par son propriétaire pour l'amélioration des routes. Néanmoins il a y lieu d'espérer que la partie principale ne sera pas détruite, parce qu'elle sert de cellier au propriétaire et qu'on se contentera de démolir les autres parties qui sont des murailles fort épaisses.

M. l'abbé Maillard, dans les comptes-rendus du congrès tenu au Mans et à Laval par la Société française d'archéologie, en mai 1878, a parlé comme il convient des CM<eaMa; de Thorigné. Nous nous bornerons donc à dire que l'ancien camp auquel ces châteaux sont accolés, et que nous avons visité avec soin, nous parait être, comme l'a dit le général Prévost, un camp normand du ix" siècle et non un camp gaulois ou un camp du xie ou du xu" siècle, toutes constructions dont il ne présente pas les caractères. Sa conservation presque complète, la hauteur majestueuse de ses retranchements, l'ampleur de ses quatre enceintes, qui pouvaient contenir vingt mille soldats, en font une oeuvre rare et l'un des monu-


ments (si l'on me permet ce mot) les plus curieux en ce genre non seulement de la Mayenne, mais de tout l'ouest de la France.

.BaMM~-<?K-C7M~M<e. L'r~. La ferme de l'ESrière, appartenant à M. Couléard-Julliétrie, ancien maire de Sainte-Suzanne, qui en possède les titres, passe dans le pays pour avoir été autrefois le siège d'une communauté religieuse. J'ai pensé qu'il y avait quelque intérêt à éclaircir ce petit problème historique.

On trouve à l'ESrière des bâtiments portant au moins le caractère du xvi° siècle. Ils consistent dans deux grandes chambres (appelées le logement de l'abbé) dont une est pourvue de deux hautes cheminées à large manteau, et l'autre d'une seule, de nombreuses fenêtres avec moulures élégantes, une porte avec moulures légères, à anse de panier, les restes d'une fortification, où l'on distingue un mur d'enceinte à demi détruit et qui parait d'une époque antérieure.

Une autre partie des bâtiments porte les caractères du xvii" siècle. On y remarque une haute cheminée, et extérieurement ouverte au nord, une fenêtre géminée, à grand fenétrage allongé qui a dû recevoir des vitraux. Une partie des bâtiments situés dans cette direction porte les traces évidentes d'une appropriation spéciale. Elle a dû servir au logement d'un certain nombre d'hommes rassemblés dans une vie commune. 11 y avait des séparations maintenant disparues un plafonnage s'est écroulé les murs sont encore enduits de plâtre et revêtus d'une peinture simulant au vermillon les jointoiements des pierres. Au milieu de cette grande pièce devait se trouver une petite chapelle, indiquée par la haute fenêtre déjà mentionnée et par une petite balustrade en bois, à l'intérieur, encore persistante. Les deux grandes chambres indiquées ci-dessus et décorées, un peu ambitieusement, du nom de ~o~~MSM~ de l'abbé, sont au bout de ce grand bâtiment, dans la direction de cette longue salle et dans son voisinage.


J'ajouterai qu'au dessus d'une porte on remarque, dans une croisière de moulures en biais, une tête de chérubin, aux ailes reployées, dans le goût du xvn" Mècle et que tout auprès s'étend un large étang, maintenant desséché et réduit en prairie, comme on en trouvait autrefois dans les abords des communautés religieuses. Dans une chambre basse on a recueilli une tête de saint, barbue et d'un beau caractère mystique. Plusieurs autres statues, provenant de ce lieu, mutilées, mais représentant des saints, ont été enterrées dans le cimetière de la paroisse, autour de l'église, par le précédent curé.

La tradition constante du pays se joint à l'état matériel des lieux pour attester l'existence à l'Effrière au xvi~ siècle et postérieurement, sinon antérieurement, d'un ancien prieuré dépendant de la Chartreuse du Parc de Saint-Denis-d'Orques (Sarthe), dont on ne rencontre pas d'autres traces.

Communications diverses. M. Cornée annonce que M. D.Œhlert, conservateur du Muséum de Laval, membre correspondant, a récemment obtenu, pour ses travaux géologiques, le prix Viquesnel, donné chaque année au concours par la Société géologique de France. M. L. Garnier signale, à Saint-Mars-sur-la-Futaie, un linteau de porte en granit sculpté fait des fragments d'une cheminée du xiv" siècle enlevée à une maison de La Tannière. C'est un travail curieux, par son style particulier, par les ornements et les personnages qui entrent dans la décoration. Le manteau de la cheminée, au milieu duquel on voit un éeusson porté par deux anges, représente, à droite et à gauche, Saint-Nicolas et Saint-Michel. Au-dessus de ce manteau s'élevait un gable dont les rampants, garnis de crochets, se terminaient au sommet par un fleuron élégant. La partie inférieure de ce gable manque actuellement le sommet triangulaire


seul subsiste, posé au-dessus d'une autre porte de la même maison. Sur la portion du tympan qui subsiste, dans l'angle formé par la jonction des rampants, est figuré un Christ en croix.

Dans l'église du même bourg, à gauche de la porte de la sacristie, on voit une belle inscription funéraire gravée sur cuivre.

A la porte de l'ancienne église de Pontmain, une pierre tombale, portant l'écusson des seigneurs de Mayenne, est abandonnée et exposée à des dégradations. M. Hawke, architecte du département, est prié de s'assurer par lui-même de la valeur de cette pierre et d'en informer la Commission.

M. E. Moreau annonce que M. Sébillot, membre de la Société d'Anthropologie, lui a demandé des renseignements et des notes relativement aux légendes et traditions du Bas-Maine. Déjà M. Sébillot a publié un ouvrage sur la littérature traditionnelle dans la Haute-Bretagne en y rattachant les légendes des départements voisins. Dans ce livre on trouve plusieurs récits qui ont leurs analogues dans la Mayenne, notamment celui des « Bœufs des fées reproduction presque exacte de la légende du taillis des Maulnes (V. Procès-Verbaux et documents de la Commission, T. I. page 75,) légende que la tradition populaire attache également à la butte de Sillandre, commune de Fougerolles (Dépouillement des questionnaires)

M. Sébillot s'occupe en ce moment de retrouver, dans les traditions de tous les pays, l'origine du Gargantua de Rabelais. M. Moreau fait appel aux membres de la Commission en les priant de lui transmettre tous les renseignements qu'ils pourront se procurer, soit au sujet de Gargantua, soit sur la question plus générale des contes, légendes et superstitions. Il donne lecture, en terminant, de quelques fragments d'un questionnaire dressé avec le plus grand soin par M. Sébillot, et qui


contient à peu près la liste de tous les sujets sur lesquels l'attention doit se porter dans ce genre d'investigations. M. E. Delaunay, membre correspondant, présent à la séance, annonce qu'il a entendu raconter, aux environs d'Ernëe, un certain nombre de légendes ou de récits traditionnels qu'il s'empressera de transmettre à M. Sébillot.

Quelques membres font observer que si dans la Mayenne les légendes sont communes, en revanche, les souvenirs laissés par Gargantua dans la tradition ne paraissent pas nombreux.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 4 heures 1/2.


SÉANCE DU 18 AOUT 1881.

La séance est ouverte à deux heures, dans la salle ordinaire, à la Préfecture.

Sont présents MM. Floucaud de Fourcroy, Président, Dulong de Rosnay, Vice-Président, J. Lefizelier, Secrétaire général de Martonne, Lecomte, Garnier, Perrot, Cornée, Moreau, et Foucault, membre correspondant. .OeNMB(/e de suhvention au Conseil Ge~ep'aV f/e la Mayenne. M. le Président annonce qu'il a adressé à M. le Préfet son rapport annuel sur les travaux de la Commission, et que ce rapport conclut au maintien de la subvention de 800 francs précédemment allouée par le Département M. le Président espère que le Conseil général voudra bien adopter la proposition de M. le Préfet.

~:Mee de Jublains. A la suite du legs fait par M. Plessix à la commune de Jublains (voir séances précédentes) une entente est survenue entre la commune de Jublains et la Société d'Archéologie, Sciences, Arts et Belles-Lettres de la Mayenne, séant à Mayenne, aux fins de construire, dans le camp ou aux environs, un bâtiment pouvant servir à conserver les objets provenant du legs de M. Plessix ou ceux qu'on découvrirait à l'avenir. La Commission applaudit à cette solution, mais un membre fait observer que le choix de l'emplacement du futur Musée n'est pas indin'érent que sa construction dans l'intérieur du camp peut avoir des inconvénients


graves, au point de vue archéologique et artistique, surtout si les fonds qui pourront lui être consacrés ne permettent pas d'aborder un genre d'architecture et de décoration en harmonie avec les restes du Castellum. Le Conseil général devant participer à la construction de ce Musée par l'abandon du terrain, qui est la propriété du Département, il serait à désirer que l'autorisation de bâtir ne fût accordée qu'à bon escient, et seulement dans le cas où les intérêts précités seraient sauvegardés. La Commission, prenant en considération ces observations, prie M. le Président de les transmettre à M. le Préfet de la Mayenne, avec prière d'en faire part au Conseil général lors de la prochaine session.

Commission de Geoyrap&ie historique de 7'/l.nMeN.ne France. Enceintes forcées an~M'jeures au siècle. M. H. Martin, Sénateur, président de la Commission de géographie historique de l'ancienne France, adresse une circulaire relative aux enceintes fortifiées antérieures au xe siècle. La Commission de géographie historique désire constituer, pour chacune de ces enceintes, un dossier comprenant 1" un plan aussi exact que possible de l'état actuel 2° l'inventaire des objets antiques de toute sorte recueillis dans le sol 30 la bibliographie des travaux publiés à son sujet. La seule enceinte indiquée, pour la Mayenne, par le catalogue de la Commission, est celle de Sainte-Suzanne.

La Commission signale immédiatement les enceintes du Château-Maignan, près de Laval (commune de SaintJean-sur-Mayenne), où on remarque des traces de vitrifications celle de Cohue, tout près de la précédente celles du Château d'Orange, du Bas-Bourg de LaunayVilliers (1), de Jublains, de Loiron (2), de La Roë; –enfin les enceintes multiples de Thorigné-en-Charnie (1) V. Proees-PM~ T. I. p. 41.

(2) Ibid, p. 41, 79.


décrites par M. l'abbé Maillard, et celles du Bignon, que M. Lefizelier, il y a longtemps déjà, signala tout le premier. Sur la prière de M. Floucaud de Fourcroy, Président, plusieurs membres se chargent de rédiger, pour la Commission de géographie historique, les notices nécessaires. Il est bien entendu, toutefois, que les dates de construction de ces enceintes ne peuvent, le plus souvent, être indiquées que d'une façon très vague ou même hypothétique; en conséquence, les travaux qui seront envoyés à la Commission de Géographie historique formeront bien plutôt une description de l'ensemble des enceintes de terre relevées dans le département qu'une réponse directe au questionnaire, limité aux enceintes dont la construction peut être considérée comme antérieure au xe siècle.

Inventaire des Richesses d'Art. Lecture est donnée d'une lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, relative aux notices sur les richesses d'art des églises d'Évron et de Saint-Loup-du-Dorat. Ces notices ont été approuvées mais elles ne seront livrées à l'impression qu'après l'envoi d'une certaine quantité d'inventaires formant pour la Mayenne un ensemble complet.

M. le Président invite la Sous-Commission chargée de rédiger ces inventaires à hâter ses travaux.

Evron. M. l'abbé Dulong de Rosnay, signale, dans l'intérieur du couvent d'Évron, une petite cour entourée d'arcatures du xie siècle, avec sculptures, dont l'existence semble à peu près ignorée, malgré le mérite incontestable qui résulte de l'harmonie, de l'ensemble et de l'élégance des détails.

Projet de classement de ~o~umea~ historiques. La Sous-Commission composée de MM. Lefizelier, Cornée, Garnier et Moreau, chargée de préparer le classement de cinq monuments nouveaux du département, dépose


sur le bureau les gravures, dessins, photographies, plans, etc., qu'elle a réunis à cet effet, ainsi que les cinq notices suivantes, rédigées très succinctement et dans le seul but de servir d'explication aux plans et dessins 10 ÉGLISE DE PRITZ.

L'Église de Pritz, située à un kilomètre au nord de Laval, remonte à une haute antiquité. Elle semble, d'après les archéologues les plus compétents, avoir été construite du VIe au ixe siècle.

Elle a la forme d'une croix latine, accompagnée de trois absides orientées. Du côté du nord, on remarque, comme caractères architectoniques principaux, l'appareil cubique, composé de petits moellons noyés dans un mortier dont les couches ont une épaisseur d'environ deux centimètres, alternant avec des cordons de briques plates, épaisses de trois à quatre centimètres, et longues de vingt-cinq ou trente centimètres les fenêtres en meurtrières, très élevées au-dessus du sol, larges seulement de huit centimètres et hautes de cinquante, avec évasement en dedans, cintrées à la partie supérieure qui est formée de cinq claveaux réguliers.

Quelques parties sont plus modernes on constate des modifications apportées à la longueur de la nef. Les transepts ont été clos et on a remplacé par un mur droit l'abside principale.

L'église est en contrebas du sol et on y descend par plusieurs marches, formées d'anciennes pierres tombales à emblèmes et sans inscriptions.

Sur les murs de la nef il existe des peintures, entr'autres une croix de consécration du xve siècle.

Une clôture en bois sépare la nef en deux parties. Elle est composée d'un lambris surmonté de colonnettes présentant les caractères de la fin du xvie siècle. Au-


dessus de la porte on a rapporté un fragment d'un ancien jubé en bois dont la sculpture dénote le style du xv" siècle.

Dans la paroi de droite de la nef, on remarque encore deux tombeaux du xm" siècle, placés chacun sous un enfeu de forme ogivale et bordé d'une grosse moulure. Ce sont ceux d'un homme et d'une femme. Auprès d'eux sont des anges mutilés, qui soutiennent des encensoirs. L'homme est vêtu d'une robe longue, agrafée sur la poitrine un voile enveloppe la tête et le cou de la femme dont on ne voit que le visage. Les deux statues ont les mains jointes et les pieds soutenus par des animaux fantastiques.. Autour du tombeau de l'homme on lit l'inscription suivante

-)- ISTO IN SARGO IACET UT.DESIGNAT IMAGO MUND; DE PELAGO QUE TRIUXIT SEVA VORAGO FASIX ANDREAS DICT MARANA. PLATEAS

ISTAS DOTAVIT MULTtSQUE BONIS DECORAVIT FONTIS FONDATOR, POTIS, CRUCIS EDIFICATOR, POTET POTATOR, PGAT LATITETQ VIATOR

JUST' FACOD' FUIT lN PACIENDO SECOD

JOB V)R AMABUD' EX OMX! CRIMfNE MUD'

MOND! SALVATOR CUSTOS SIT ET EIUS AMATOR. (I)

Sur l'intrados de l'arc triomphal est peint un zodiaque qui a été décrit et reproduit dans le BMHe<~ Monumental (1854, T. XX, p. 355) par M. J. Lefizelier. La description peut se résumer ainsi

Le calendrier de la chapelle de Pritz est peint sur l'arc intérieur de la voûte qui sépare le chœur de la nef il se compose de douze compartiments dans lesquels sont (1) Cette leçon, relevée sur un estampage de l'inscription, diffère en quelques points de ecUc qu'on donne généralement.


représentées les allégories des douze mois de l'année. Plusieurs de ces peintures sont dans un état parfait de conservation d'autres sont un peu frustes les deux derniers mois de l'année (novembre et décembre) sont presque complètement effacés, et on ne distingue plus les figures qui les représentaient.

Ce calendrier, malgré les imperfections du dessin, offre des renseignements précieux au point de vue des costumes, des instruments aratoires, des ustensiles en usage au xni" siècle. Les allégories sont à peu près les mêmes que celles du zodiaque de Sens et de la porte de Saint-Ursin à Bourges.

Il présente encore une particularité intéressante, c'est qu'il commence au mois de Janvier or on sait qu'en France l'année ne commença légalement au 1' Janvier qu'à partir de 1564, en vertu de l'ordonnance dite de ~RotMM~OM, rendue par Charles ix.

Antérieurement à cette époque le premier jour de l'année avait souvent varié. C'était tantôt le 1er janvier, tantôt le 25 décembre, tantôt le 1s'' mars. Bien mieux les provinces, les diocèses, avaient parfois à cet égard des usages différents. Néanmoins il semble que dans les usages populaires, en souvenir des vieilles traditions romaines, le 1~ janvier ait toujours été considéré comme le vrai jour initial de l'année. Le calendrier de Pritz prouve tout au moins que cet usage ne s'était pas perdu dans le Bas-Maine.

On trouvera, dans les pages suivantes, les diverses figures du calendrier de Pritz, accompagnées de quelques explications empruntées aux notices rédigées en 1853 et 1854 par M. J. Lefizelier. (1)

(1) Voyez J. Lenzelier, B~e~M de la Société de ~/)M~<)-:e de la ~an/e~tf, tome H, page 315 et Bulletin ~ottMMMM~, tome XX (1854) page 355. M. J. Lefizeler avait dessiné les figures du zodiaque dû Pntz dans le Th~/e~H ~onumMth~. Mais cet ouvrage étant aujourd'hui très rare, les planches cijointes auront tout l'attrait de documents inédits.


JANVIER. L'artiste, par une réminiscence païenne, représenté un homme à. deux visages, le Dieu Janus sans doute, qu[ a donné son nom au premier mois de l'année. Il est assis à une,table sur laquelle sont placés différents mets et des vases de diverses formes. D'une main il porte une coupe à l'une de ses bouches, de l'autre il tient deux clefs qui, d'après le symbolisme pEucn, étaient les attributs du Dieu Janus.

FÉVRIER. Février a les traits d'un vieillard qui se ohauu'e. Sa tête est couverte d'un capuchon; un des pieds est nu, l'autre est chausse de chausses collantes raies longitudinales et d'un brodequin à talon. H est assis sur un sicg'e a dossier dont les pieds, historiés de raies transversales, rappellent assez bien les meubles de l'époque.


MARS. Le vigneron du mois de mars a également un capuchon et, sur le devant de la tête, une houppe de cheveux, sortant du capuchon, disposition que nous retrouvons dans ptusieurs des peintures suivantes. Les allégories des mois de février et de mars sont exactement les mêmes que dans le zodiaque de Sens et celui de Saint-Ursin.

AVRIL. Un jeune homme au milieu d'arbustes en fleur, tenant des fleurs dans chaque main, figure le mois d'avril. Il est vêtu d'une longue robe serrée à la taille par une ceinture. par dessus laquelle il porte un autre vêtement sans manches. 11 a la tête nue, mais ceinte d'une couronne. Ses cheveux sont séparés des deux côtés de la tête, ceux du haut du front rejetés en arrière, ceux des côtés retombant en boucles sur ses épaules.


MAI. Le mois de mai est représenté sous les traits d'un jeune homme à cheval, à la figure douce, aux paupières baissées, galopant au milieu des hautes herbee et tenant à la main une belle fleur violette. Il est vêtu d'une longue robe rouge et par dessus d'un manteau vert et jaune doublé de vair. Les ctricrs, les éperons, la selle, sont curieux à étudier. C'est du reste, avec le mois d'avril, la plus parfaite des allégories de notre calendrier.

JUIN. Le mois de juin nous montre un faucheur dont la faulx ne diffère pas de celle dont nos paysans se servent aujourd'hui. Il a la tête couverte d'un chapeau à larges bords et est vêtu d'une sorte de blouse. Près de lui on aperçoit la tête d'un âne qui semble brouter.


JUILLET. Le moissonneur du mois de juillet a le même costume que le faucheur, auquel s'ajoutent des chausses collantes et des bottmes sans talons. H se sert, pour couper les épis. d'une faucille de forme analogue à celle de nos faucilles actuelles, quoiqu'un peu plus petite.

AOUT. Le mois d'août est représenté sous les traits d'un homme nu jusqu'à la ceinture et battant du blé au moyen d'un fléau brisé en deux partie. dont l'usage était encore très commun, au commencement du siècle, dans la Mayenne. L'inscription A~&USTUS est bien conservée. C'est surtout d'après la forme de ses lettres qu'on peut assigner une date au calendrier de Pritx fin du xii* ou commencement du xm' siècle.


SEPTEMBRE. – Le mois de septembre est représenté par un homme dans une cuve à vin et entouré de ceps de vigne. D'une main il tient une serpe dont il se sert pour détacher les raisins, de l'autre il porte une grappe à sa bouche démesurément ouverte, et qui laisse apercevoir deux rangées de dents formidables.

OCTOBRE. Ce mois est représenté par un homme qui sème. Dans le calendrier de Sens c'est au mois d'avril qu'on voit cette allégorie. Cette différence s'explique sans doute par un mode de culture différent dans les deux pays. Dans notre calendrier le semeur porte des cheveux séparés sur les deux côtes de la tête, comme nous l'avons indiqué plus haut. Il tient le graiu dans son vêtement qu'il relève, et qui forme des plis


assez heureux. A gauche, près d'un arbre, est un sac rempli de grain; à droite, sur une pente qui indique les sillons du champ, un oiseau semble becqueter les semences que l'homme vient de confier à la terre.

NOVEMBRE. DÉCEMBRE. – Il ne reste de ces deux derniers mois que quelques vestiges, et il est impossible de distinguer les allégories qui y étaient représentées. D'autres peintures, de la même époque.sans doute, couvraient les murs de la nef. On en voit encore la trace sous le badigeon qui les cache. Malheureusement il est impossible d'enlever ce badigeon sans faire disparaître en même temps la peinture qui s'écaille et tombe avec lui en poussière.

A l'intérieur de l'église on remarque aussi, contre le mur de l'arc triomphal, deux autels surmontés de dais en bois, recouverts de peintures.

Le long des murs sont des statues anciennes dont quelques unes remontent au xni" siècle.

Cette chapelle de Pritz, qui fut la paroisse primitive de Lavai, et dont la fondation est antérieure à celle de la ville, appartient à un particulier. Elle est entretenue avec soin par le propriétaire actuel mais il semble néanmoins intéressant, à cause de son antiquité et des souvenirs qui s'y rattachent, d'assurer sa conservation pour l'avenir et à tout événement, en la faisant classer parmi les monuments historiques.

2° LA CASSINE.

Cet édifice, qui semble n'avoir jamais été terminé, d'après toute probabilité et si l'on se reporte au testament de Jeanne Ouvrouin (1) était une chapelle du SaintSépulcre.

(1) « Item en ce cas que la chapelle du Sépulcre près Poligné étant de présent en ruine, par dévotion d aucuns soit couverte et réparée dans deux ans après mon trépassement, ou moi vivante, je y donne pour aider a ladite réparation vingt livres tournois o (1422).


Il est situé à 5 kilomètres de Laval, sur la commune de Bonchamp, mais à 1 kilomètre à peine du bourg de Forcé.

Il se compose d'une nef avec bas côtés d'une largeur totale de 14 mètres, d'un transept long de 16m 50 sur une largeur de 6'" 50, avec deux absidioles, d'un chœur voûté en cul-de-four, accosté de trois absidioles.

L'appareil général est formé de petits cubes noyés dans du mortier, avec arêtiers en gros appareil. La pierre


employée est un grès avec parties ferrugineuses ou roussard.

Dans les murs on voit une grande quantité de trous de bouliniers qui semblent n'avoir jamais été bouchés. L'accès de l'édifice se faisait autrefois par une porte placée dans l'axe de la nef, aujourd'hui murée elle était couverte d'un linteau dont le lit supérieur affectait une forme légèrement triangulaire, déchargé par trois arcs

concentriques enveloppés par une archivolte saillante. Sous les douelles des deuxième et troisième rangs les joints ont été coupés par des demi-disques en roussard dont la couleur tranche vigoureusement sur le fond de la pierre blanche. Les voussoirs sont séparés par des joints d'une épaisseur absolument régulière de trois centimètres. Le tympan a été rempli par un quadrillé de petits cubes en tuffeau. Le travail de toute cette partie est d'une exécution remarquable par sa régularité.


3" MAISON RENAISSANCE DE LA GRANDE-RUE. A LAVAL.

Au haut de la Grande-Rue à Laval, on remarque une maison, portant le numéro 68, à laquelle la tradition populaire a donné le nom de Afa~OM du G'ya~a! Ve'MM)". La façade était composée de trois travées de fenêtres dont une seule subsiste avec son ornementation première. Cette travée présente en hauteur trois étages d'ordres superposés ornementés avec la plus grande richesse, et le goût le plus pur, dans le style du xvi* siècle. Le caractère de l'ornementation permet de la comparer à la sculpture de l'ancien clocher d'Avesnières et aux travées du collatéral ouest de la Cathédrale qui ont été construites par Jamet Neveu de 1537 à 1541.

Sur le faitage court une série de figures en terre cuite grossièrement vernies, représentant des animaux et des chasseurs.

A l'intérieur un bel escalier en pierre, à noyau mouluré, donne accès aux étages par des portes entourées de pilastres et de frontons recouverts d'ornements du même caractère que ceux de la façade.

La photographie annexée completera cette description sommaire.

40 CHATEAU DE MORTIER-CROLLE, A S'-QuENTIN Le Château de Mortier-Crolle, situé à Saint-Quentin, à 16 kilomètres de Château-Gontier, présente une enceinte fortifiée ayant la forme d'un pentagone irrégulier. Des tours sont placées à tous les angles et reliées par des courtines. L'entrée se trouve à l'un des angles et s'ouvre sur une cour au fond de laquelle sont placés les bâtiments d'habitation et la chapelle. A gauche de l'entrée, le long de la courtine, sont appuyés les bâtiments de service,



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CHATEAU DE MORTIER-CROLLE


dont une partie, très probablement, était occupée par la garnison. La cour d'honneur était séparée de la basse cour par un mur défensif. Elle contenait un abreuvoir communiquant avec les fossés, encore aujourd'hui pleins d'eau, par une ouverture pratiquée dans la courtine. L'ensemble de l'édifice est construit en briques et pierres, par assises alternées.

Mortier-Crolle a été bâti à la fin du xv" siècle par Pierre de Rohan, maréchal de Gié. La construction présente uri type très-complet d'une habitation semiseigneuriale semi-militaire du commencement de la Renaissance.

Le château appartient actuellement au marquis de Preaux.

La Commission adopte le texte de ces notices, et décide qu'elles seront envoyées, avec pièces à l'appui, à la Commission des monuments historiques (1).

50 CHATEAU DU ROCHER, A MÉZANGERS,

Le Château du Rocher, situé à 400 mètres du bourg de Mézangers et à 38 kilomètres de Laval, fut construit, dans ses parties principales, à l'époque de la Renaissance. Il se compose d'un assemblage de constructions de diverses époques. Sa façade la plus remarquable présente cinq travées formant galerie au rez-de-chaussée, et au premier étage cinq fenêtres de largeurs inégales. Deux de ces fenêtres sont accostées de pilastres Renaissance et surmontées de lucarnes avec contreforts, frontons et pinacles. Des frises, des trophées, des mascarons sculptés sont répandus à profusion dans la décoration de cette façade. Le travail, finement exécuté, est d'autant plus [)) Pendant l'impression de ce volume, en mars 1883, le château de Mortier-CroUe a été classe parmi les monuments historiques.


remarquable que la seule pierre employée est le granit. L'aile en retour, plus ancienne, a été percée de plusieurs fenêtres de l'époque de François !<

Ce château, un des monuments les plus purs de la Renaissance dans la région, fut construit par la famille de Bouillé. Il passa successivement, soit par ventes, soit par alliances, entre les mains du duc du Lude, du

duc de Roquelaure, du duc de Foix-Candale, de M. Eynard, des marquis de la Ferronnays et d'Argentré. Il appartient actuellement à M. Legonidec de Traissan. Communications diverses de de Martonne. M. de Martonne communique à la Commission diverses notes prises pendant ses voyages d'inspection.

<S'<K'M<-Afa~s-SM~a-.FM<a!/c. Ce prieuré, qu'on a tort de décorer du nom pompeux d'abbaye, dépendait de l'abbaye de Saint-Jouin-de-Marne, en Poitou. Il n'a jamais contenu plus de trois ou quatre religieux, et


même, à la révolution, leur nombre était réduit à deux, si l'on s'en rapporte à Dom Piolin.

Les bâtiments qui subsistent sont du xvn° siècle, et forment avec la grille une cour carrée. Au milieu on trouve un escalier à deux rampes, en pierre, conduisant à l'habitation du prieur, qui s'ouvrait par une porte à deux battants. A droite et à gauche un escalier simple, également en pierre, donnait accès aux bâtiments habités par les religieux, chambres, dortoirs et réfectoires. A gauche, l'église, qui a été diminuée d'une travée, s'avancaitjadis un peu sur l'aire de la cour. Elle ne se compose actuellement que de trois travées. Le côté gauche est adossé aux bâtiments. L'abside est bouchée, mais elle porte les traces d'une baie cintrée, du même temps que le prieuré. ainsi que deux contreforts ajoutés pour soutenir l'édifice. Cette église ne prend jour que par deux baies ou ouvertures barlongues, au mur nord et au mur sud, dans le goût élancé du xm" siècle. Non loin de là, la maison du fermier offre des ouvertures de la même époque. Toute cette construction ne manque pas de style. Elle en a remplacé une autre plus ancienne, puisqu'on estime que le prieuré de S'Mars fut fondé avant le vj" siècle. )S'a:H~-Afa!t*S-SM~M~0. Restes du château de La Tannière. Une partie du vieux château de La Tannière, situé dans la commune de Saint-Berthevin, a été transportée, par un des héritiers du propriétaire, dans une des maisons du bourg de Saint-Mars. Ce sont des moulures servant d'escalier, un bas-relief religieux divisé en deux morceaux, et surtout une grande quantité d'animaux de toute sorte. Ces sculptures sont toutes en granit rouge. On ne sait si cette ménagerie, qui ornait jadis les rampants du toit du château, lui a donné son nom, ou si au contraire le propriétaire a voulu, au xv. siècle (époque de ces sculptures) justifier par l'ornementation de son château le nom qu'il portait.

Le château de La Tannière n'existe plus; mais quelques débris intéressants sont néanmoins demeurés sur place.


Larchamp. L'église, du xve siècle, est une des plus remarquables qu'on puisse rencontrer comme paroisse rurale. L'unité de la construction, l'harmonie de l'ensemble, la beauté des proportions, pourraient la faire prendre comme modèle. C'est à vrai dire une œuvre achevée et d'une sobre élégance. La tour carrée servant de clocher et placée à gauche de la façade est datée de 1573. La disposition des collatéraux formant transsepts est curieuse. Au lieu de les couvrir d'un toit parallèle à la nef, l'architecte en a fait deux petits édifices à pignons aigus, formant angle droit avec la ligne de la nef, ce qui donne à cette partie une singulière originalité. Tout l'édifice, sans exception, est couvert à l'intérieur par une voûte en bois, en carène renversée, avec entraits. Les poutres sont ornées de moulures et d'une succession d'accolades renversées, du meilleur effet.

Saint-Baudelle. L'ancienne église, actuellement en reconstruction (juin 1881) est très antique et remonte probablement au xie siècle. Bien qu'au point de vue artistique elle soit sans aucun mérite, on y trouve néanmoins quelques objets dignes d'attention, des fonts baptismaux géminés en granit gris, dans le genre de ceux de Montaudin, mais moins élégants, plus anciens et probablement contemporains de l'église une croix en bois, appendue à la muraille, à quatre branches égales, avec des bouts norinés et une inscription du xve siècle les restes d'un vitrail dont le style indique à peu près le xe siècle, et où l'on distingue vaguement un saint debout et des armoiries en'acées, le tout de petite dimension un pilier peu élevé supportant deux arcatures qui donnent accès dans une sorte de faux-transept méridional, seul ornement architectural de l'édince, mais qui en accuse bien le caractère déjà indiqué.

Bo!MOMt~. Ce village, dont les maisons et la large rue conservent encore une grande physionomie de bourg important, était un bourg royal. La maison de « la


Reine Blanche » n'a gardé aucun caractère monumental. Le premier étage et un portail d'entrée ont été détruits. A la cure, dont le desservant conserve une collection d'objets trouvés dans le pays, et prépare une histoire de la paroisse, où habitait jadis le Receveur du Roi, on trouve des vestiges du xme siècle le haut d'une porte cintrée, une fenêtre à ogives géminées, très élégante, une grande cheminée, avec ses portants et sa hotte, le tout en granit gris.

Dans une autre maison, qui était celle du sergent fieffé, gouverneur du bourg pour le Roi, on trouve une tourelle adossée au mur septentrional, et deux grandes cheminées du xm° siècle au rez-de-chaussée et au premier.

~VM~-sM~-VtcotM. Lancheneil. Le château de Lancheneil, dans la commune de Nuillé-sur-Vicoin, dont le dépôt départemental possède les archives, est un ancien manoir seigneurial, appartenant actuellement à M. le marquis de Preaux et qui ne manque pas d'intérêt au point de vue archéologique.

Sur la porte d'entrée du mur de clôture de la cour on voit, à la clé de voûte, une tête de fou avec son bonnet à oreilles d'âne. A l'extérieur de cette clôture, à droite, on remarque un colombier, à gauche, une cour servant de réserve, le tout isolé et en avant de l'enceinte même du château. Deux tourelles faisant partie de cette enceinte, à gauche et à droite de la porte déjà mentionnée, pourvues de toits en forme d'œuf avec un rebord, servent au logement des domestiques.

La porte des bâtiments d'habitation est en ogive, délicatement ornée dans le goût flamboyant, ainsi que deux fenêtres voisines de haute dimension.

On remarque, du côté gauche, une antre tour, plus éloignée vers les jardins, engagée dans l'enceinte, et des bâtiments communs, d'un caractère plus antique que tout le reste, ayant jadis servi de logement aux domestiques et maintenant transformés en étables; enfin, du côté droit,


les amorces ou arrachis d'une autre tour, maintenant détruite.

Au rez de chaussée et au premier, il n'y a que deux grandes salles, et audessus de vastes greniers. Les deux pièces du rez de chaussée sont pourvues de hautes cheminées, à large manteau, dont l'une, celle de droite, est datée de 1578. On y remarque aussi une inscription en latin, sur marbre noir, placée au-dessus d'un large écusson aux armes de France, très martelé.

Dans le voisinage se trouve le trésor, lieu où l'on plaçait les archives, dépôt autrefois très important au point de vue de la propriété. C'est une salle voûtée en pierre, dans le style du xve siècle, dont les nervures nombreuses se réunissent à un centre orné d'un écusson, sur lequel on distingue six besants ou tourteaux, posés 3, 2 et 1.

L'une deb consoles, voisine de l'entrée, porte deux écussons accolés, à droite burelé de trois pièces de. à gauche d'hermines au chef de.

La pièce de gauche, servant de cuisine, offre un large trumeau de cheminée, très élégamment orné de moulures, fouillées en pommes de pin et autres attributs champêtres. Sur le jardin s'élèvent deux tours rondes, inégales en hauteur, coiffées en éteignoir, d'ailleurs simples comme tout le reste de la construction.

Ce château était autrefois entouré de douves.

Cobras de Vannes. M. J. Lefizelier rend compte des séances du Congrès de Vannes, relatives à la préhistoire, auxquelles il vient d'assister. Cette communication, quoique résumée, est trop étendue pour prendre ici sa place. On la trouvera à la fin du volume, en tête des documents.

L'ordre du jour étant épuisé, la séapce est levée à 4 heures.


SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1881.

La séance est ouverte à deux heures, dans la salle ordinaire, à la Préfecture.

Sont présents MM. Dulongde Rosnay, Vice-Président; Lefizelier, de Martonne, Marchai, Cornée, Garnier, Hawke, Chedeau, Leblanc, Moreau, Pointeau, T. Abraham, Perrot, et MM. Foucault, Richard, Delaunay, membres correspondants.

Lecture est donnée du Procès-Verbal de la dernière séance.

M. l'abbé Dulong de Rosnay, Vice-Président, demande à préciser l'opinion qu'il a émise sur les dolmens, et qui est relatée à la fin de ce procès-verbal. D'après M. Dulong de Rosnay, les dolmens ne seraient pas absolument des pierres de sacrifices mais les traditions, les indices tirés de l'étymologie de beaucoup de noms de dolmens bretons tendraient à prouver que, sinon leurs constructeurs au moins des populations quelconques, les auraient employés ou considérés comme des autels sacrés, destinés à recevoir des offrandes ou des victimes. Mort de M. Legras, ancien membre titulaire. M. le Président rappelle que, depuis la dernière séance, la Commission a eu à déplorer la perte d'un de ses premiers membres titulaires, plus tard membre correspondant, M. Legras, ancien Ingénieur ordinaire des Ponts-etChaussées à Château-Gontier, décédé à Lorient, où il remplissait les fonctions de Directeur des travaux maritimes.


M. Legras, sorti le second, en 1864, de l'école des Ponts-et-Chaussées, fut envoyé en 1865 dans la Mayenne, où il dirigea pendant 15 ans le service de l'arrondissement de Château-Gontier. Le souvenir de ses brillantes qualités personnelles et de son dévouement à l'intérêt public est encore vivant dans un pays qu'il habita si longtemps et où il ne comptait que des amis. La Commission historique et archéologique de la Mayenne prend sa part du deuil causé par une mort aussi tristement prématurée, et décide que l'expression de ses regrets sera transmise à la famille de M. Legras.

Présentation d'Ouvrages. M. Leblanc, conseiller général, membre correspondant, offre sa notice sur le château de Villeray.

M. de Martonne offre son rapport sur les archives de la Mayenne en 1880-1881.

M. E. Queruau-Lamerie fait don à la Commission d'une nouvelle série de ses études sur les Députés de la Mayenne pendant la Révolution.

~s~e~rcAeo/oyMdeJf~A'H.ns.– M. Cornée rappelle que le Conseil général, dans sa session d'août, a accordé l'autorisation de construire, dans l'enceinte du castellum de Jublains, un Musée local, mais sous cette réserve que l'emplacement serait agréé par le Président de la Commission historique et archéologique.

A ce propos M. Leblanc annonce que la Société archéologique de Mayenne se propose d'exécuter des fouilles au pied des murs du camp, tant & l'intérieur qu'à l'extérieur, et de pousser ces fouilles jusqu'à la base des fondations. La Société espère ainsi découvrir des sculptures, des inscriptions, débris de la première splendeur de la ville, qui ont été sans doute employées à la construction de la forteresse actuelle, élevée dans des temps de troubles, et à une époque où la plupart des édifices privés ou publics devaient être ruinés.


C/a.MMNe.n< de Afo~u/aeN~. M. Cornée annonce que les notices rédigées par la Commission pour obtenir le classement de monuments nouveaux sont parvenues au ministère, et que la Commission des monuments historiques en sera prochainement saisie.

Commission de 7'M~re des richesses d'art de Seineet-Oise. M. le Préfet de Seine-et-Oise a adressé à M. le Préfet de la Mayenne, en lui demandant l'échange des publications analogues de notre département, le recueil des procès-verbaux de la Commission de ~M~eMtaire des richesses d'art qui a son siège à Versailles. En réponse à cet envoi, M. le Préfet a immédiatement fait parvenir à son collègue un exemplaire du volume publié par la Commission historique et archéologique de la Mayenne.

La Commission de Seine-et-Oise, qui est très fortement constituée, puisqu'elle ne compte pas moins de 60 membres pris dans les divers arrondissements, et parmi eux des hommes d'une valeur exceptionnelle et d'une haute notoriété dans le monde des arts et de la littérature, a tenu, depuis le 26 septembre 1878 date de la fondation jusqu'au 21 avril 1881, 10 séances elle s'est donc, comme la Commission, réunie quatre fois par an. Elle a déjà fourni ou tient en préparation plus de 160 notices. Les inventaires, il est vrai, ne comprennent pas tous des édifices en entier ils n'ont parfois pour objet qu'une seule oeuvre d'art, une tapisserie, un ivoire, des vitraux, etc. mais ils embrassent tous les monuments publics, une grande quantité d'églises, mais aussi la Préfecture, les Sous-Préfectures, les archives départementales~ les hôtels de ville, mairies, palais de justice, hospices, etc., etc.

Ces travaux sont soumis préalablement au comité spécial de rédaction qui les examine, les fait amender s'il y a lieu, par les auteurs, et les présente ensuite à l'acceptation de la Commission centrale.


La Commission a décidé la création d'une collection des dessins, estampes et photographies reproduisant les objets les plus dignes d'intérêt décrits aux inventaires. Nous sommes nous mêmes, vous le savez, entrés depuis longtemps dans cette voie autant que le permettent nos ressources et les moyens d'action, nécessairement plus limités, dont nous disposons.

Enfin, la Commission de Seine-et-Oise a organisé en 1881, à l'occasion du concours régional, une exposition artistique rétrospective qui devait comprendre plus de 200 exposants et plus de 4.000 objets d'art parmi lesquels 500 tableaux de toutes les écoles.

On peut donc se convaincre que, dans ce département, l'inventaire des richesses d'art a été mené avec vigueur et habileté. Quoique la Commission de la Mayenne ne dispose pas de forces vives aussi puissantes, elle ne devra pas négliger sans doute un si bel exemple, et il serait à désirer qu'elle reprit cette partie essentielle de ses attributions. Certes l'enquête accomplie par ses soins a déjà porté des fruits mais il reste encore beaucoup à faire, surtout pour les chefs-lieux d'arrondissement, et dans tous les cas, les objets remarquables et œuvreh d'art signalés par les auteurs des réponses aux questionnaires réclament des descriptions plus étendues et des renseignements plus complets.

DeyayemeH< du donjon de Laval. Dans ses séances des 24 février et 19 mai 1881, la Commission s'était préoccupée des mesures à prendre pour assurer la conservation et le dégagement du donjon du château de Laval. M. Cornée est heureux d'annoncer à la Commission que l'Administration a donné à cette affaire tous ses soins pour préparer une solution conforme aux intérêts du département et aussi satisfaisante que possible au point de vue archéologique et artistique. En effet, dans sa séance du 23 août, sur la proposition de M. le Préfet, le Conseil général a bien voulu décider l'acquisition des


immeubles Bouvier contigus à la tour, au nom du département, et avec le concours de l'Etat et de la ville de Laval en outre, une grille sera établie au pied du monument, conformément aux dispositions d'un projet préparé par M. Hawke, architecte du département.

La Commission accueille avec une vive satisfaction la communication qui vient de lui être faite et remercie M. le Préfet et son honorable Président, M. de Fourcroy, de la part active qu'ils ont prise à l'heureux dénouement qu'elle vient d'apprendre.

Statuette en /vo~'e; de la Renaissance. M. T. Abraham donne lecture de la communication suivante

« Le croquis à la plume que nous avons fait d'après l'original ne peut donner qu'une bien faible idée de cette figurine, une des plus belles qu'il nous ait été accordé d'admirer. A notre avis, le musée de Cluny et la collection Sauvageot, si riches en vieux ivoires, ainsi que l'exposition organisée par nos plus grands collectionneurs au Palais Bourbon, au profit des Alsaciens-Lorrains, n'offraient pas de plus beaux spécimens de ce genre. » Cette vierge, sculptée avec une grande perfection, dans un seul morceau d'ivoire haut de 30 cent. et d'une circonférence de 48 cent. à sa base, appartient depuis plus d'un siècle à la famille Frémery, de Château-Gontier. L'heureux possesseur de cet objet d'art, M Alfred Frémery, le conserve religieusement et en a refusé encore tout dernièrement un prix fort élevé.

» Assise sur un pliant gothique, la Vierge, les cheveux épars sur les épaules, appuie la main gauche sur l'enfant Jésus debout près d'elle et lui tend la main droite. La souplesse et l'élégance des draperies, l'expression de douceur et de pureté idéale de la Vierge, la simplicité et la noblesse de la pose, font songer aux grands artistes de cette époque qui interprétaient avec tant de poétique naïveté et un si grand sentiment de piété l'art chrétien. » Malheureusement cette belle œuvre n'est pas complè-




tement intacte de petits trous percés sur la tête, sur la poitrine, sur les deux coussins placés sous les pieds de l'enfant Jésus, ainsi que sur le pliant, indiquent que la tête de la Vierge était ornée autrefois d'une couronne d'or, les coussins de glands et la poitrine de pierres précieuses et d'incrustations. Une entaille profonde au milieu de la main droite et l'index brisé prouvent que la Vierge devait tenir une fleur, pour l'offrir à l'enfant Jésus.

» On nous a dit, en effet, que portée, lors de la révolution, chez un orfèvre, cette vierge fut dépouillée de tous ses ornements précieux et que l'ivoire seul revint chez son propriétaire; malgré cette mutilation, cette belle .sculpture éléphantine nous a semblé digne d'être mentionnée à la Commission, et grâce à l'extrême obligeance de M. Alfred Frémery, nous pouvons joindre un croquis de notre description. »

Richesses d'art. M. l'abbé Foucault, membre correspondant, signale quelques objets d'art du département. L'église de Commer, canton est de Mayenne, possède un bas-relief en pierre, qui lui a semblé très remarquable. Ce bas-relief, qui remonterait au xni° siècle, forme un rétable au-dessus de l'autel dit du Rosaire. Sa hauteur totale est d'un mètre 64 cent. et sa largeur de 90 cent. Au sommet se trouve placée la résurrection de JésusChrist. Ce panneau mesure 90 cent. de hauteur et 60 en largeur.

Au-dessous, on remarque, à droite, Saint-Jean-Baptiste, et à gauche, Saint-André, apôtre.

Ces deux panneaux ont chacun 50 cent. de hauteur; leur largeur est de 25 cent.

Au-dessous, l'artiste a reproduit l'Assomption de la Sainte-Vierge, et en regard son couronnement. La hauteur de ces deux sujets est de 5E cent.; ils en ont 45 en largeur.


Enfin à la partie inférieure de ce bas-relief, on a représenté, à droite, l'Adoration des mages, et vis à vis, l'Annonciation.

Tout ce travail est habilement sculpté, mais on regrette qu'il ait été peint, il y a quelques années, par un assez pauvre artiste de Mayenne.

M. Foucault ajoute que M. Chomereau, peintre et professeur de dessin à Laval, possède dans sa collection une croix du xvi6 ou du xviie siècle, provenant de l'ancien château de Laval. Elle est couverte en écaille et les ornements qui l'enrichissent sont en argent massif. Avec son piédestal, elle mesure 84 cent. de hauteur. Le croisillon a 49 cent. de largeur.

Album de Vues anciennes de Laval et des environs, appartenant à M. Chomereau. Un membre signale un très intéressant album de dessins à la sépia qui est resté pendant plusieurs mois entre les mains de M. Chomereau, et que ce dernier a pris la peine de copier avec un soin minutieux.

Cet album a été exécuté, au commencement du xvin6 siècle, par un artiste inconnu, « Le Guay de près Laval » comme il l'inscrit lui-même sur la première page de son œuvre. L'artiste est parti de Paris, revenant visiter son pays natal, et, chemin faisant, il a exécuté plus de cent dessins parmi lesquels on remarque quelques vues des environs de Paris, du Perche, des départements actuels de la Sarthe, de Maine-et-Loire et de la Manche, mais principalement des environs de Laval et du département de la Mayenne. On peut citer au hasard Avesnières, Botz, le coteau de Bel-Air, la place du Palais, les Tuyaux, le cimetière de la Trinité, le Château, l'étang de Barbé, Changé, Evron, Prez-en-Pail, Mayenne, Château-Gontier, Bourg-le-Prêtre, la Roche-Pichemer, La Roé, Saint-Jean-sur-Mayenne, et un grand nombre d'autres.


Communications de M. de Martonne, archiviste de la Mayenne. Sainte-Suzanne. Un inspecteur de la Commission historique a visité le donjon de Sainte-Suzanne. Il est question de le consolider il sert maintenant de bûcher à M. Picault de Vaulogé.

Sainl-Georges-siir-Erve. Le château de Foulletorte, qui appartient à M. de Malherbe, est une élégante construction qui sent la fin du xvi6 siècle. A droite s'élèvent de grands communs, en face les appartements de maître, ornés de piliers dans le goût renaissance. Au centre, accostée de colonnes, se dresse une haute cage d'escalier central intérieur, terminée en clocheton. Il y avait autrefois deux perrons en pierre, à droite et à gauche. Celui de gauche est démoli près de celui de droite on voit les armoiries des anciens seigneurs, accostées des deux lions de support, qui se retrouvent sur plusieurs autres points du château à droite, trois fasces, à gauche, écartelé. L'Erve coule dans les fossés et l'entoure de ses eaux vives. Vu de la route de Vimarcé, au bout de son allée, ce château a beaucoup de grandeur.

La Selle-Craonnaise. L'église de la Selle-Craonnaise présente à son portail une ouverture très élégante en anse de panier, encadrée dans une ogive, qui lui assigne la date du xvi6 siècle. L'abside romane semi circulaire a été modifiée en dedans de l'édifice, mais elle est reconnaissable à l'extérieur et d'un bon caractère.

Le château, situé en face du mur méridional de l'église est une maison du xvie siècle, qui a conservé ses meneaux et une tour d'escalier carrée. Sa forme est en équerre. On remarque à l'intérieur des poutres maîtresses dont les moulures sont fort belles et une hotte de haute cheminée ornée de peintures à la colle représentant des scènes de l'ancien testament, qui ne sont pas sans intérêt, quoique dépourvues de beauté artistique. Elles sont en partie gâtées par l'huile et la fumée.

Châtres. Le château de Montécler, construit au com-


mencement du xvne siècle, lors de l'érection de la terre en marquisat, se compose, sur la cour principale, de deux bâtiments en équerre, dont le côté gauche sert aux communs. Sur le pont-levis, encore en usage, s'élève une petite construction avec dôme, assez élégante. Le salon est orné de vieilles tapisseries du xvne siècle, à personnages représentant des sujets mythologiques, notamment l'histoire de Diane et d'Actéon. Du côté opposé à la cour, en face d'un grand pré, s'élève une haute tour carrée, adossée au bâtiment, à laquelle on en a adjoint une autre plus petite. Le toit se compose d'un pavillon couvert d'ardoises, ajouré dans un goût moresque très gracieux.

Ballots. Le prieuré de la Haie aux Bonshommes, situé dans un défrichement de la forêt de Craon, est maintenant presque complètement transformé par des constructions modernes. Il reste plusieurs bâtiments construits en pierre de roussard, dont les murs sont très épais; plusieurs ouvertures sont closes par de forts grillages. Ces constructions présentent le caractère du xiii6 siècle. Quelques autres ont des ouvertures à meneaux du xvi" siècle. Dans l'intérieur on remarque deux hautes cheminées et au premier étage une grande chambre qui passe pour avoir servi de dortoir aux moines. La chapelle romane a été entièrement détruite.

Richesses d'art. M. de Martonne signale un tableau de l'église de Saint-Georges-sur-Erve, placé au-dessus du maître autel et malheureusement endommagé. Il représente Jésus-Christ chassant les vendeurs du Temple. M. Abraham signale un autre tableau, appartenant à la Trinité de Château-Gontier, dont le mérite n'est pas contestable, et qui a subi un curieux remaniement Autrefois, c'était un tableau mythologique représentant Jupiter et Vénus; Jupiter a été transformé en Père éternel.

M. Moreau attire l'attention de la Commission sur une


Vierge en bois gculpté et doré, d'un très beau travail, qui provient de l'ancienne chapelle du Château de Laval, et fait actuellement partie de la collection de M. Bourgneuf.

Rivault de Fleurance. M. J. Lefizelier annonce qu'il vient de découvrir sur Rivault de Fleurance, qui fut précepteur de Louis XIII, une grande quantité de documents inédits et fort intéressants qu'il se propose de mettre en œuvre dans une notice biographique Noëls manceaux. M. L. Garnier communique les manuscrits d'anciens Noèls manceaux de la fin du xv" et du commencement du xvi" siècle, qu'il vient d'acquérir. Les manuscrits originaux ont été perdus et M. Garnier ne possède que des copies, faites il y a nombre d'années, par un vieux libraire du Mans. Ces Noëls sont de quatre auteurs, Jean Lavoye, Jean Gaudineau, Mathieu Roynel et Bordier. Ils ont dû être composés à la fin du xv" ou au commencement du xvie siècle. Leur intérêt est d'autant plus grand que dans leur texte on retrouve un grand, nombre de mots empruntés au patois manceau, mots qui sont encore conservés de nos jours dans le langage des paysans.

Ces poésies se distinguent par une grande verve et on en trouverait parmi elles qui feraient honneur aux meilleurs auteurs du xvie siècle. M. L. Garnier se borne, dans cette séance, à en lire quelques-unes. Il se propose, du reste, de les publier plus tard.

Testament de Jean Du Bellay, Evêque du Mans. –M. l'abbé Pointeau annonce qu'il possède un texte du testament de Jean Du Bellay, Evêque du Mans, et propose de le publier dans le Bulletin de la Commission. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 4 heures.



DEUXIÈME PARTIE

DOCUMENTS



LA PRÉHISTOIRE au Congrès DE VANNES.

ANNEXE 10 PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 18 \OUT. (1)

M. Lefizelier, Secrétaire général, donne des détails sur le Congrès archéologique de France (1881, 48° session) tenu à Vannes, du 28 juin au 3 juillet. Comme on devait s'y attendre, sur cette terre classique des dolmens, l'histoire s'est effacée devant la préhistoire aussi la question des monuments mégalithiques a-t-elle été traitée à fond. La présence des savants spéciaux les plus en renom prêtait aux débats un intérêt puissant, et le voisinage des mégalithes les plus célèbres, but des excursions du congrès, permettait à la discussion de ne pas s'égarer et de serrer les faits avec toute la rigueur désirable. Les exemples les plus fameux, les termes de comparaison les plus variés se dressaient pour ainsi dire sous les pas des excursionnistes. On ne s'étonnera pas dès lors que ce congrès ait eu, au point de vue préhistorique, une réelle importance, ni qu'il ait fixé le dernier état de la science relativement à la question des mégalithes.

(1) L'étendue de ce document n'a pas permis de l'insérer dans le procès-verbal de la séance il trouve d'ailleurs beaucoup mieux sa place ici.


M. Lefizelier, sans prendre aucunement parti dans la discussion, veut bien résumer les principaux points mis en lumière par les débats, et dresser pour ainsi dire une sorte de procès-verbal des séances, procès-verbal dont chacun, suivant ses vues, pourra adopter ou rejeter les conclusions. 11 est bon néanmoins de dire que ces conclusions, relativement aux dolmens bretons, sont admises par la majorité des savants et qu'une grande partie d'entre elles sont même d'un commun accord considérées comme indiscutables.

M. Lefizelier traite les différents points suivants 10 DESTINATION DES DOLMENS ET DES MENHIRS. Il n'y a plus de doute sur la destination des dolmens ce sont uniquement des chambres sépulcrales. Incontestablement aussi ils appartiennent à une race différente de la race gauloise proprement dite et antérieure à elle. (Par race gauloise il faut entendre ici celle qui couvrait la Gaule au moment de la conquête de César, celle dont les institutions, les mœurs, les usages nous sont connus par les Commentaires et par les écrits des Latins et des Grecs.)

Il est admis maintenant que les dolmens ne sont nullement des monuments du culte funéraire des Gaulois, et qu'ils n'ont aucun rapport avec la religion des druides. Quelques savants néanmoins soutiennent encore cette dernière opinion. La présence au congrès du plus illustre d'entre eux, de M. Henri Martin, fut un instant espérée mais cet espoir ne s'est pas réalisé.

On pose en principe que tous les dolmens de Bretagne furent primitivement enfouis sous des tumuli ou amoncellements de terre et de pierres. Il n'y a pas d'exception même pour ceux là qui ont toujours paru à découvert leur déblaiement remonte à une époque immémoriale, et il suffit le plus souvent d'observer avec quelque soin pour reconnaître les tracer du tumulus qui les protégeait.


Ils n'étaient pas orientes. Cette opinion, soutenue par M. Cartailhac à propos des dolmens du midi de la France, s'est vérifiée vingt fois, pendant les excursions, pour ceux de Bretagne.

Bien que cette conclusion n'ait pas été formellement posée au congrès, M. Lefizelier incline à croire que les grands dolmens de Bretagne, comme ceux de Gavrin'is, de Manè-er-Hroek, de Kercado. de Plouarnel, dont la construction a dû demander tant de peines et tant de temps, n'ont pas servi de sépulture à un seul individu, mais qu'ils étaient bien plutôt des caveaux funéraires dans lesquels une famille puissante ensevelissait ses morts, ou qui étaient assignés à la sépulture d'nne classe spéciale d'individus. Le mobilier découvert dans la plupart d'entre eux semble en effet indiquer bien plutôt des sépultures multiples que des inhumations isolées. C'est ainsi que le Musée de Vannes possède 104 haches provenant d'une seule chambre sépulcrale du dolmen de Manè-er-Hroek, qui a fourni encore bien d'autres haches et objets divers. Dans la chambre du tumulus de Tuniac, en Arzon, on a trouvé 32 haches et 3 colliers, composés le premier de 10 pendeloques et 107 grains de callais le second de 2 pendeloques et 32 grains le troisième de 98 grains. Au Mont-Saint-Michel on a recueilli 79 haches et un collier de 10 pendeloques et 97 grains de callais. Il est donc parfaitement rationnel de supposer qu'un mobilier aussi précieux et aussi abondant n'était pas sacrifié aux funérailles d'un seul homme. Pendant longtemps on a hésité sur la destination qui devait être attribuée aux menhirs, à ces pierres levées, tantôt solitaires, tantôt réunies en groupes comme à Erdeven.et à Carnac. Aujourd'hui la question a fait quelques progrès, et beaucoup d'archéologues du Finistère pensent que le menhir, comme le dolmen, est absolument un monument funéraire. Parmi les fouilles nombreuses pratiquées au pied de ces pierres levées


beaucoup ont donné des traces évidentes de sépultures, et de sépultures par incinération, des débris carbonisés, des fragments de vases grossiers souvent, près de ces menhirs, on a trouvé des haches polies analogues à celles des dolmens.

Les archéologues du Morbihan sont moins affirmatifs, bien que le Musée de Vannes possède plusieurs objets caractéristiques des dolmens, qui ont été trouvés au pied de certains menhirs. M. Cartailhac inclinerait à penser, avec les archéologues du Finistère, que les menhirs ont été souvent indicatifs de sépultures et doivent être attribués au même peuple, à la même civilisation que les dolmens.

Peut-être en cette matière ne faut-il pas se montrer trop affirmatif. Vérité dans le Morbihan peut être erreur dans le Finistère. En outre, il semble évident que, si certains menhirs ont pu servir d'indication à des sépultures, d'autres ne doivent être que des signes commémoratifs de quelque événement, à l'exemple de ceux que les Khasias élèvent encore aujourd'hui dans l'Inde; bien plus, que d'autres même sont simplement décoratifs, comme cette belle pierre dressée au sommet du tumulus de MoustoirCarnac, et ces deux menhir», aujourd'hui renversés, qui semblaient garder l'hypogée de Manè-er-Hroek. Quant aux alignements de Carnac et à leur destination primitive, personne n'a encore pu éclaircir le mystère qui les entoure. Cependant, si on remarque la prodigieuse quantité de dolmens et de menhirs qui s'entassent en certains points du Morbihan, notamment entre Carnac et Plouharnel, entre Plouharnel et Erdeven, dans la presqu'île de Locmariaker et autour du Mont-SaintMichel, on est obligé d'admettre que cette région fut un centre exceptionnel et privilégié d'architecture mégalithique. Pourquoi dès lors n'y trouverait-on pas, en dehors des monuments funéraires qui se rencontrent partout, d'autres monuments d'une nature spéciale, commémoratifs, emblématiques, votifs ou mystérieux? Pourquoi ces ali-


gnements de Carnac ne seraient-ils pas, comme peut-être aussi les monuments d'Abury et de Stone-Henge en Angleterre, des enceintes sacrées, des lieux de réunion religieuse ou politique, le centre en un mot où se conservait vivace, permanente et traditionnelle, l'idée mère qui présidait au loin à la construction des mégalithes ? Le nombre et la diffusion de ces monuments sont tellement prodigieux, leur érection suppose tant d'efforts de patience, une si grande unité de plan, qu'on est bien obligé d'accorder aux peuples qui les élevaient ùne certaine discipline de fait et surtout une grande discipline d'esprit. Or cette discipline devait avoir une cause, une source; l'homme, le conseil qui l'entretenaient, l'objet ou le signe qui en perpétuaient le souvenir devaient résider quelque part. Pourquoi dès lors les alignements de Carnac, avec leurs mille pierres levées semblables à mille colonnes, ne seraient-ils pas le temple, l'arche sainte de cette architecture mégalithique dont les menhirs semblent les stèles isolés ?

Certes cette idée n'est pas neuve; mais malgré son ancienneté elle n'en a pas moins conservé toute sa valeur les travaux récents ne semblent pas l'avoir entamée, parce qu'elle répond à une catégorie de faits particulière et isolée, au sujet desquels l'expérience n'a encore rien révélé. Le champ des hypothèses reste donc seul ouvert, et à vrai dire, parmi les théories proposées, la meilleure semble encore celle qu'on vient de rappeler. Mode DE CONSTRUCTION DES MÉGALITHES. Quelques-uns des mégalithes de Bretagne ont des dimensions prodigieuses.Le grand menhir de Locmariaker, large de 4 mètres, mesure 21 mètres de hauteur, c'est-àdire 3 mètres de moins que l'obélisque de Louqsor et un tiers de la hauteur des tours de Notre-Dame de Paris. Son poids est évalué à 250.000 kilogrammes. La table


d'un dolmen voisin, le Manè-Lud, ou Table de César, est effrayante de grandeur. On se demande dès lors avec raison comment des hommes, privés de presque tous les moyens mécaniques dont nous disposons aujourd'hui, ont pu transporter et dresser d'aussi énormes masses. Autrefois on compliquait ce problème comme à plaisir, en admettant que tous ces blocs avaient été amenés de fort loin et en adoptant comme principe sinon absolu, du moins général, qu'ils étaient d'une nature différente de celle du sol quiles supportait. Si ce fait a pu se vérifier quelquefois c'est du moins d'une façon exceptionnelle, et les exemples qu'on en pourrait citer n'autorisent nullement à poser une loi rigoureuse. Bien au contraire, en Bretagne, les dolmens sont le plus souvent construits au moyen de matériaux pris sur place et appartenant au sol. En effet sous les influences atmosphériques, pluies, gelées, changements subits de température, le granit breton se désagrège avec une grande facilité, d'immenses blocs s'altèrent, se fendent, se séparent, et forment parfois, à la surface du sol, des amoncellements forts naturels, mais qu'au premier abord on prendrait presque pour les produits d'un travail humain. C'était là, pour les constructeurs de mégalithes, une mine féconde de matériaux. L'observation ayant prouvé qu'ils avaient employé presque uniquement la pierre du sol, on est en droit de supposer que la construction des mégalithes se faisait ordinairement sur l'emplacement même o.u tout au moins dans le voisinage de ces carrières naturelles, et dès lors le problème du transport se trouve sinon supprimé, du moins considérablement simplifié.

Restent les procédés de construction. Or. les bas-reliefs assyriens, les documents figurés de l'ancienne Egypte nous apprennent quels résultats surprenants peuvent produire les instruments les plus simples et des procédés tels que leviers, cordes, rouleaux de bois, plans inclinés provisoires en terre, etc., quand on leur applique la force de centaines et de milliers de bras. La difficulté n'est pas


de trouver la force c'est plutôt de l'appliquer à une masse dont les dimensions sont restreintes relativement à son poids (1). Mais cette difficulté n'est pas insurmontable, et les faits nous prouvent que les constructeurs de dolmens ont su la résoudre, probablement grâce aux seuls moyens très simples énumérés plus haut.

3° SIGNES GRAVÉS.

Le dolmen de Gavrin'is était, naguère encore, le seul sur lequel on eût constaté des signes ou dessins grossièrement gravés en creux. Des recherches patientes ont fait découvrir des signes analogues sur les pierres des dolmens de Tumiac en Arzon, de Coédic, de Kercado, de Manè-Lud et de Manè-er-Hroek en Locmariaker, et sur plus de 300 dolmens bretons.

On admet aujourd'hui, d'après les expériences faites au musée de Saint-Germain, que ces creux ont été obtenus au moyen de seuls instruments de pierre qui ont écrasé et broyé la roche au lieu de la tailler comme l'eussent fait des instruments de métal. Ce fait a été constaté en outre par MM. de Limur, Cartailhac et James Miln; ce dernier avait même fait mouler la grande pierre de Montezuma au Mexique dont les gravures (on le sait historiquement) ont été faites au moyen d'instruments de pierre; or ces gravures présentent la plus complète analogie avec celles des dolmens de Bretagne; dans les unes comme dans les (1) A une époque beaucoup plus récente mais où les moyens d'action ne devaient pas cependant surpasser beaucoup en puissance ceux dont disposaient les constructeurs de dolmens, on élevait encore des monuments de pierres brutes. La chronique danoise de Saxon raconte comment Harald à la Dent bleue, père de Suéiion, éleva le tombeau de sa mère Thyre Danebold. Il avait trouvé sur la rive du Jutland une énorme pierre de granit il rassembla un grand nombre d'hommes et de bœufs et la fit traîner par eux jusqu'à l'endroit où il voulait l'ériger.


autres le dessin est émoussé, indécis, le grain de la roche est écrasé.

Dans de telles conditions, pour tracer par exemple les mystérieux dessins qui recouvrent les pierres deGavrin'is, on a dû employer un temps considérable; de là cette conclusion forcée que ce dolmen, comme ceux qui accusent le même luxe, n'était pas le tombeau d'un individu, mais le caveau funéraire d'une suite de personnages puissants, caveau que les générations se plaisaient à entretenir et à orner.

Une autre conclusion non moins impérieuse, c'est que les hommes des dolmens ne connurent pas les métaux et ne les employèrent jamais, car c'est surtout pour graver la pierre qu'ils y auraient eu recours. D'assez nombreux échantillons de haches et de hachettes en bronze figurent, il est vrai, au musée de Vannes; mais elles ne proviennent pas des dolmens; toutes ont été découvertes dans le sol, dans les landes, dans les bois. Un seul tumulus (mais sans dolmen) fouillé en 1854 par M. Galles, a donné, avec une hache en diorite, d'assez nombreux objets de bronze. On sait que le simple tumulus appartient à toutes les époques, notamment à celle du bronze.

On peut donc dire que les hommes des dolmens n'ont pas connu les métaux. L'or lui-même, malgré ce qu'on en a cru longtemps, ne fait pas exception. L'origine du fameux collier d'or de Rondosec en Plouharnel est plus que problématique, et il n'est nullement démontré qu'il provienne de l'intérieur du dolmen. M. Paul du Châtellier signalait les curieuses découvertes d'objets d'or qu'il a faites dans le Finistère mais il faut noter que ces pièces remarquables ont été trouvées dans un cimetière gaulois, ce qui est parfaitement naturel, et non dans un dolmen.

On a beaucoup discuté sur la signification des signes de Gavrin'is et de tant d'autres monuments. Peut-être discutera-t-on longtemps encore car ces signes pour-


raient bien n'être, en général, que les essais d'un peuple étranger aux arts du dessin.

Un seul fait certain c'est la persistance à figurer la hache de pierre. Cette hache se retrouve à Gavrin'is, à Kercado, au Manè-Lud et au Manè-er-Hroek, tantôt nue tantôt emmanchée comme nous présumions déjà qu'elle devait l'être par comparaison avec celles des sauvages modernes. Au Manè-er-Hroek, elle occupe une place d'honneur au milieu d'une sorte de figure régulière semblable à notre écusson héraldique tourné la pointe en haut. Dans les grottes artificielles de la Marne, le même signe se trouve sans cesse reproduit. On en peut conclure que la hache jouait un grand rôle dans les habitudes et dans les idées des constructeurs de dolmens, qu'elle était non-seulement l'arme de combat et de chasse, l'outil répondant aux besoins de chaque jour, mais encore le signe du commandement et de la puissance. Elle devait remplir les légendes et les traditions orales, si on en juge par ce qui se passe encore chez les sauvages modernes. M. de Quatrefages raconte qu'en parcourant la Polynésie pour en étudier l'ethnographie il recueillit un ancien chant dans lequel il était question d'une hache en pierre appartenant à un grand chef, et qui lui avait été volée. Le fils du chef se jetait à la recherche du ravisseur fuyant devant lui d'ile en ile. et, à travers mille aventures, poursuivait cette hache sacrée, sorte de palladium de sa famille et de sa tribu.

Du reste cette antique vénération pour la hache de pierre n'a pas disparu avec son usage; à mesure que son souvenir allait s'effaçant on lui prêtait des propriétés de plus en plus merveilleuses; on la considérait comme tombée du ciel. C'est elle que sous le nom de betulus les Latins recherchaient bien plus encore que les simples cerauniœ ou glossopetrœ, et qu'ils adoraient sous le nom de Jupiter Feretrius. La découverte d'un betulus présageait toujours un évènement heureux. Galba en découvrit sept dans un lac peu avant son élévation au


trône. La croyance aux propriétés talismaniques du betulus, transmise par le monde syro-phénicien au monde gréco-romain, passa également à celui du moyen-âge. Les idées de Sotacus, de Pline, de Marbode, eurent cours jusqu'au moment où Agricola, Boèce de Boot et Mercati commencèrent à considérer les cerauniœ et les betuli comme les armes de populations anciennes. De nos jours même la hache polie n'a pas perdu son prestige, et les bergers, les paysans de certaines parties de la France, de la majorité des pays d'Europe et d'Asie, la regardent comme un précieux talisman, souvenir altéré mais toujours vivace du rôle prépondérant qu'elle joua dans l'ancienne humanité; souvenir bien légitime après tout, car si l'homme peut considérer avec quelque intérêt les objets qui lui rappellent son histoire et marquent ses étapes successives, il n'en est pas un seul assurément qui mérite mieux que la hache de pierre de fixer un instant ses regards, ni qui date une révolution plus grande dans sa condition comme dans son état social l'agriculture et l'industrie ont apparu en même temps qu'elle. 4° Nature DES HACHES ET LEUR PROVENANCE. Nulle question n'a été plus controversée que celle de l'origine de ces haches et de ces grains de colliers qu'on trouve en si grand nombre dans les dolmens de Bretagne. Toutes les haches sorties des dolmens Morbihannais et conservées au Musée de Vannes sont

En fibrolite ce sont de beaucoup les plus nombreuses, 90 sur 104 dans le seul dolmen de Manè-erHroek.

2° En jadéite et en chloromélanite.

3° En diorite et aphanite.

4° En granit du pays ces dernières sont très rares. Les hommes des dolmens ont-ils donc trouvé surplace les jadéites et les flbrolites, ou bien les ont-ils reçues par échange ou migration de pays éloignés ?


Suivant M. de Limur, des gisements de jadéite et de fibrolite existent en Bretagne. Lors de la visite des membres du Congrès aux splendides collections de M. de Limur, le rapporteur, M. Micault, y constatait l'existence de nombreuses séries de jadéite et de fibrolite. Ces collections démontraient jusqu'à l'évidence qu'il n'est pas besoin d'aller dans l'Oural pour trouver ces roches précieuses dans lesquelles ont été taillées tant de haches bretonnes.

Il en est de même pour ces grains de callais qui forment des colliers assez communs dans les dolmens armoricains. La callais est un minéral bleu-verdâtre, translucide, phosphate d'alumine hydraté très proche parent de la turquoise mais beaucoup plus commun. D'après les collections de M. de Limur, cette matière se trouverait en France.

Remarquons cependant que tous les membres du Congres n'ont pas semblé absolument convaincus, et que certains d'entre eux ont refuse d'admettre la similitude parfaite des pièces originales du Musée de Vannes avec les échantillons minéralogiques de M. de Limur. M. Lefizelier rappelle ensuite la charmante excursion faite en bateau à vapeur au milieu des îles du Morbihan, puis à Gavrin'is, à Locmariaker et aux ruines imposantes de Succinio. Il termine en invitant les membres de la Commission à assister au prochain Congrès qui aura lieu à Avignon en 1882.

M. l'abbé Dulong de Rosnay déclare qu'il n'adopte pas absolument toutes les conclusions rapportées par M. Lefizelier. D'après lui les dolmens auraient eu à la vérité une destination funéraire, mais il en est qui par leur forme, par leur situation, semblent avoir servi à des usages religieux ou votifs ou même à des sacrifices.


LES SEIGNEURS DE MAYENNE ET LE

CARTULAIRE DE SAVIGNY

Quand on quitte le bourg de Landivy pour se diriger vers le département de la Manche, sans prendre la grand'route qui mène à Saint-Hilaire-du-Harcouèt, et qui laisse à droite la mairie assez élégante du bourg, on s'enfonce, en tournant à droite, puis à gauche, dans un chemin creux, après avoir parcouru pendant quelque temps un chemin découvert. Plusieurs pentes et plusieurs plateaux se succèdent. Enfin on reconnaît la Normandie remplaçant le Maine, à ses cours de fermes complantées d'arbres en quinconces dans un terrain gazonné. On descend dans une petite vallée qu'arrose un ruisseau, la Cambre. Au fond apparaît un vaste ensemble de ruines, c'est Savigny le vieux. Celui qui a l'habitude d'étudier les monuments, qui les sait et les aime est frappé d'une grande émotion en contemplant les restes imposants de cette opulente abbaye. De hauts piliers massifs s'élèvent encore de distance en distance et indiquent le plan de l'église. Le bassin de la cour conserve sa bordure et ses roseaux. De larges masses de pierres se dressent sur le sol ravagé. Une vaste construction religieuse se révèle de


toutes parts. On se tait: on a devant soi la majesté du malheur.

J'ai visité Savigny en compagnie de M. le Maire de Landivy, dont la bonne grâce a valu à moi et à mes compagnons de voyage l'aimable accueil d'un des propriétaires des ruines et ses utiles explications. D'après les renseignements qui nous ont été donnés sur place, l'église avait trois cent cinquante pieds de long. On voit encore au milieu de la nef, dans le mur méridional, une petite porte élégante, du xn" siècle, qui donnait accès dans le réfectoire. Cette salle ne contenait pas moins de sept cents moines. Les bâtiments de l'abbaye étaient si vastes que les réparations ruinaient les abbés commandataires. Aussi, assure-t-on que le célèbre Massillon, qui fut pourvu de ce bénéfice, se résolut à les abattre et construisit, pour les remplacer, un petit édifice qui n'avait que cent cinquante pieds de façade.

Un grand nombre de piliers de l'église, qui possédait trois hautes nefs, du style flamboyant, si l'on s'en rapporte au dessin dressé par M. le curé actuel de Savigny, subsistent encore, surtout vers l'entrée (1). Le chœur a plus souffert que tout le reste. On continue d'abattre pour ferrer les routes départementales mais le propriétaire actuel de la majeure partie des ruines nous a assuré qu'il ne permettrait pas de tout enlever et qu'il laisserait, malgré les agents-voyers, persister les vestiges de l'ensemble.

M. le curé de la paroisse de Savigny, auquel nous avons rendu visite après son monument, a réuni un grand nombre de renseignements sur l'abbaye et se propose de les publier. Il nous a montré une vue perspective de l'édifice qu'il a dessinée et peinte d'après des documents certains et qui produit, sous le monocle de l'agrandissement, un saisissant effet de résurrection. Nous (1) D'après l'Histoire de Savigny cette église en a remplacé d'autres plus anciennes.


avons vu également d'autres dessins sur le même sujet et dans l'église paroissiale, sous l'autel, en un vaste reliquaire contenant un grand nombre de corps saints, un chef de Saint-Vital, fondateur de l'abbaye. En effet, si l'on en croit d'anciennes traditions, SaintVital, de Mortain aurait pris, au xn" siècle, un certain nombre de moines dans le prieuré voisin de Saint-Marssur-la-Futaie (rivière affluente du Douëron, qui se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel) et fondé ainsi le couvent de Savigny, dont il fut le premier abbé. Ce prieuré, qui est maintenant une propriété particulière, en grande partie conservée, paraît avoir été autrefois assez important, bien qu'il n'ait jamais été autre chose qu'une dépendance de l'abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes, en Poitou, pour servir de pépinière à des abbayes. Ce qu'il y a de certain c'est que les prieurs de Saint-Mars étaient curés nés et primitifs de la paroisse de Landivy, et qu'ils y ont rempli les fonctions curiales, bien que fort éloignés du bourg, jusqu'à la réelle émancipation du clergé paroissial par le Concordat.

L'auteur des Chroniques Craonnaises dit que ce fut Saint-Vital qui fonda, au diocèse d'Avranches, près Mortain, et au plus tard en 1105 (1), l'abbaye de Savigny, de laquelle dépendait celle de la Boissière près de Craon, fondée vingt-six ans plus tard. Il est fâcheux que Savigny soit fort éloigné de Mortain et qu'on ne connaisse pas d'abbaye du nom de la Boissière près de Craon, mais bien près du Lude.

Ces monastères étaient de l'ordre de Citeaux et n'avaient entre eux aucun rapport de dépendance. La Gallia Christiana (T. XI) relativement à la Normandie, parle au long de Savigny. M. l'abbé Darras, dans son Histoire de l'Église, en dit quelques mots. Il existe, à la bibliothèque de Fougères, une histoire ma(1) Le même auteur dit dans un autre endroit vers 1H2.


nuscrite de Savigny, composée par un moine, et la bibliothèque nationale en possède un autre exemplaire (1). Enfin M. l'abbé Lemesle, curé de la paroisse de Savigny, nous a gracieusement communiqué ses notes, dans lesquelles nous avons amplement puisé. Il eût été facile, avec tous ces éléments, de construire une bonne notice sur Savigny. Tel n'a pas été le dessein de cette étude, restreinte à un point spécial.

Le couvent de Savigny, dédié d'abord à la Trinité puis à notre-Dame, était riche en terres, dont une portion située dans la partie haute du Bas-Maine. Il possédait à la fin soixante-quinze prieurés ou dépendances. On peut le considérer, quoique bâti en Normandie, à cause de ces propriétés, comme un monastère manceau. Les seigneurs de Mayenne l'appellent dans leurs chartes « notre abbaye propre et seigneuriale, dominicain » et la prennent sous leur protection particulière.

Les évêques du Mans et entre autres le célèbre Guillaume de Passavant, qui jeta tant d'éclat sur son siège au xoe siècle, la prennent également sous leur protection personnelle et la mettent nominativement sous celle de Saint-Julien, évêque du Mans, qui passe pour le premier évêque des Gaules.

Mais il est temps, avant de parler des sires de Mayenne, d'esquisser, d'une manière très rapide, l'histoire du monastère qui fait l'objet de ce travail.

Vital, dit M. l'abbé Lemesle, s'était retiré dans la forêt de Savigny dès l'an 1105. Les ermites vivaient chacun selon le don qu'ils avaient reçu de Dieu. Mais, s'étant multipliés au point de dépasser le nombre de cent quarante, ils désirèrent vivre en commun et engagèrent Saint-Vital à demander à Raoul de Fougères quelques (1)N° 4,122 des Nouvelles acquisitions françaises. Ces manuscrits contiennent d'autres témoignages que ceux allégués par nous des relations des sires de Mayenne avec l'abbaye mais ces détails nous auraient entraîné trop loin.


restes d'un vieux château situé près du bourg de Savigny, à demi-lieue environ. Ce seigneur leur donna, non seulement toutes les ruines qu'ils réclamaient, mais toute la forêt, où le monastère devait être édifié, sous l'invocation de la Sainte-Trinité la première donation est de janvier 1112.

Les moines vivaient sous la règle de Saint-Benoît, avec quelques constitutions particulières. Ils prirent l'habit gris. Leur nombre et leurs biens s'augmentèrent tellement que ce couvent devint un des plus célèbres de toute la France.

En 1147, sous Serlon, quatrième abbé seulement, il y avait déjà trente-cinq prieurés dépendant de l'église-mère. Alors le monastère se réunit, (du temps de Saint-Bernard,) à celui de Citeaux, par le moyen de Clairvaux. C'étaient là deux grandes familles religieuses qui se rapprochaient sous une règle similaire. Néanmoins, Savigny demeura toujours chef d'ordre pour les églises de sa fondation, qui continuèrent d'en dépendre et de conserver les anciennes constitutions du couvent d'origine, quoiqu'un peu modifiées par celles de Citeaux. Aussi les moines vêtirent l'habit blanc, comme à Citeaux ils continuèrent toutefois d'assembler leur chapitre à la fête de la Trinité et de contraindre les abbés d'y assister. Savigny fut gouverné par des abbés réguliers, dont on trouve la liste dans la Gallia Christiana, jusqu'en 1505. A cette époque désastreuse pour le monachisme (et même pour la religion en général,) elle passa sous le triste régime de la commende et fut régie sur place par des prieurs claustraux le dernier abbé commendataire fut François Odey d'Adie, qui mourut au commencement de la Révolution (1793).

Les revenus, comme nous l'avons dit, étaient considérables, mais mal distribués. Les abbés commendataires en absorbaient plus d'un tiers. Le demeurant était employé aux réparations des bâtiments (très étendus) et des


fermes en dépendant, enfin aux frais du service religieux et des aumônes fondées, également très étendues. Un des annalistes de l'abbaye a calculé que les revenus s'élevaient à vingt-sept mille francs pour la mense abbatiale seulement. En 1745, (époque de la rédaction des vieux Fouillés), le revenu total montait à soixantesix mille francs.

On sait que les seigneurs normands, bretons et manceaux s'étaient complus à combler de largesses Savigny. Plusieurs y possédaient leurs tombes et enfeux. L'abbaye subsista dans presque toute sa force jusqu'au moment de la révolution. En 1790, il y avait encore dixhuit religieux, malgré le relâchement général de l'esprit monastique. Ils furent dispersés On pilla d'abord les lieux, puis on vendit fonds, terres, revenus, bâtiments. Quelques objets mobiliers furent portés à Mortain et à Coutances, des fragments d'architecture à Saint-Hilairedu-Harcouët et ailleurs. Nous allons dire le sort des chartes et archives du célèbre couvent manceau-normand. Il existe aux archives de Saint-Lô deux cartulaires de Savigny, qui ont échappé par miracle à la rapacité du garde général des archives nationales, Daunou, lequel trouvant les archives de l'abbaye déposées (avec un grand nombre d'autres documents précieux) à la mairie de Mortain, fit enlever à Paris, en 1839, d'autorité, quinze cents chartes, pour orner son dépôt, laissant le reste séparé des pièces qui y étaient jointes, et par conséquent rempli d'obscurités.

Le cartulaire vieux se compose de documents du xn6 siècle, allant clairement de 1150 à 1190, mais probablement empiétant sur les premières années de la centurie suivante.

Les Archives de la Mayenne en possèdent une copie très bien faite, sauf quelques lacunes et quelques erreurs légères, par un de nos prédécesseurs, M. Duchemin. Le cartulaire nouveau est une copie du xvne siècle, plus considérable, d'actes moins anciens. La copie, faite


comme l'autre à Laval, ne contient jusqu'ici que les premiers feuillets du document mais elle sera complétée par l'obligeance d'un amateur d'études historiques qui la fera terminer à Saint-Lô et la donnera dans son intégrité aux Archives de la Mayenne. Alors nous pourrons la consulter avec fruit.

En ce moment, n'ayant ni l'intention ni le devoir d'étudier dans son ensemble le vieux cartulaire de Savigny, nous nous bornerons à analyser les chartes des seigneurs de Mayenne qui se trouvent dans ce document, sauf à étendre plus tard, s'il y a lieu, notre travail aux autres seigneurs voisins, tels que ceux de Gorron, de Landivy, de Fougerolles, etc., fréquemment nommés dans ce volume précieux. Pour ne pas allonger cette publication, nous nous bornerons ici à quelques notes, principalement chronologiques.

CARTULAIRE DE SA VIGNY.

CART^E IN EPISGOPATU GENOMANENSI.

« Geoffroy de Mayenne confirme la donation faite à l'abbaye de Savigny par Mirolus et sa femme Adelaide et Robert leur fils, de leur terre « juxtà hospitalariam de Castellulo (Châtillon), » laquelle terre est du fief de Guillaume de Montenay il la déclare libre de toute redevance témoins Gaultier de Mayenne, Eudes de Montgirol, Osmund Poisson, Juhel le Porc, Hugues Viarius, etc. passé à Ernée, en 1150. »

11 s'agit de Geoffroy IV, de Mayenne, le premier des gentilshommes qui se croisèrent à Mayenne, d'après Li charte célèbre tant de fois publiée. Cette pièce-ci n'est pas datée assez clairement pour qu'on sache à quelle époque précise de la vie du prince l'acte a eu lieu mais ce dut être au retour


de Terre-Sainte. Gaultier de Mayenne, qui parait comme témoin, doit être un frère du donateur, puisque son grandpère Gaultier était mort en 1124. Guyard de la Fosse cite dans le texte et non dans les preuves (malgré sa note de la page 88) deux actes de Geoffroy de Mayenne, en 1168, en faveur de Savigné ou Savigny car on trouve ces deux orthographes françaises. M. Léon Maître, dans ses Tablettes chronologiques et historiques de la succession des seigneurs de Laval, de Mayenne et de Châlemi-Gontier, p. 14, donne à Geoffroy IV, comme dates extrêmes 1161-1189. Cette charte aurait donc été souscrite un an avant la mort de Juhel II (1161) vrai seigneur de Mayenne, lorsque son fils n'était encore qu'héritier de la seigneurie, mais avait déjà des droits sur les terres qui la composaient. Au reste il règne beaucoup d'incertitude sur les véritables époques de ces seigneurs. « Geoffroy de Mayenne donne à l'abbaye de Savigny en perpétuelle aumône, vingt deniers manceaux de monnaie que les religieux lui payaient pour la taille de sa terre Esventedos » Sans date.

Cette donation de Geoffroy IV est probablement du même temps à peu près que la précédente mais je n'ai pu savoir quelle est la terre citée dans l'acte, dont le nom semblerait grec au premier abord, mais qui pourrait tout aussi bien s'interpréter par Evente-dos. Je n'oserais choisir ni l'un ni l'autre il n'y a d'ailleurs ni tenants ni aboutissants d'mdiqués comme points de repère. Dans la commune de Fougerolles se trouve un village nommé Evayes. Serait-ce une contraction d'Esventedos ?

« Juhel, seigneur de Mayenne, pour lui et son épouse Clémence, donne à l'abbaye de Savigny, comme à sa propre abbaye seigneuriale, du consentement de ses fils Geoffroy de Mayenne, Gaultier, Hamelin, Guillaume, Gui et Juhel, un nombre considérable de terres déjà données par son père Gaultier de Mayenne et son frère Hamelin, à savoir, la terre et forêt de Pontpierre (1) (1) J'ai dû renvoyer au dernier acte l'interprétation de tous les noms antiques cités dans cet acte et les suivants.


l'église appelée Mereium et Meririolum et Meiricochet, la terre « de Monte Claro, et Cathenam Normannorum et Chamoseen parvum et Chamoseen magnum et Bruildurset et Montfucaut et partem teme de Morters, » la terre donnée par Gervais de Broblio de Landis et par Bertramn, son frère, la terre de Estenvedos, Long-Bois (Longum Boscum), le Breuil « Cherelle (1), » et Meis Levain, les terres données par Guillaume de Gosran, (Gorron) et par Guillaume fils de Garin à Livare (Lévaré), la terre appelée Froc, à Colombiers et la masure située devant le bourg de l'église, la terre de Calumpniis, entre Désertines et la Dorée, un grand champ donné parJoscelin de Goeio (Goué) et Geoffroy Bisol, la terre de Maloseio, la terre donnée par Robert Buistard in Maisonillo, près Chamoseen le Grand, la terre nommée Marchesium, à Landivy, les terres de Marcilleio (Marcillé), Telleio, et la terre de l'Habit Albert, celles de Valle Raimbaldi (Vauraimbauld), la rive du ruisseau de Chambe à Marcillé, « usque ad Marchesium » et de là jusqu'à Cilium Mordis, celle de l'Habit de Courbefosse, deux masures à la Tannière il confirme tout ce qui pourra être donné par la suite il déclare le tout libre de toute coutume, de tout se ice, avec toute liberté en bourg, village, route, champ, bois et plaine 1158, l'année où Geoffroy, frère du donateur (2), prit la croix témoins Asco, prieur, Hugues, chapelain, Guiton, prêtre, Robert de Foliuto, etc. (3). Les cartulaires n'étant que très rarement établis d'après (1) Bricherel en la Dorée.

(2) Erreur il faudrait lire « Fils du donateur. » Ni Ménage, ni Guyard de la Fosse, ni l'abbé Pointeau, en son excellente étude sur les Croisés de Mayenne en 1158, ne donnent à Juhel II un frère croisé du nom de Geoffroy co doit être une erreur de copiste, comme le prouve le texte publié par l'abbé Pointeau il s'agit de Geoffroy, fils de Juhel Il.

(3) M. l'abbé Pointeau, dans les preuves de son livre sur Les Croisés de Mayenne en 1158, a publié cette pièce d'après une copie faite à Saint-Lô même nous renvoyons donc le lecteur à ce travail, où il trouvera les meilleures explications sur les noms de lieux cités dans le texte.


un ordre chronologique ou méthodique, nous nous trouvons ici en face du père du donateur précédemment indiqué, Juhel II, qui épousa Clémence, fille de Guillaume, comte d'Alençon, auquel Malhilde, fille de Henri, roi d'Angleterre, rendit les terres de Gorron, Ambrières et Châteauneuf, perdues par ses ancêtres et qui mourut en 1161, comme nous l'avons dit, après avoir augmenté ses possessions do la seigneurie de Villaines. Cet acte, accompli l'année même de la fameuse croisade de Mayenne, et qui est plutôt une confirmation qu'un don primitif, est très probablement la pièce indiquée par Guyard de la Fosse, au premier paragraphe de la page 33, mais qu'il a négligé de mettre dans ses preuves, comme nous l'avons déjà dit.

« Lettre de Juhel de Mayenne à Raoul de Fougères, son ami, attestant la donation faite par le père de Raoul à l'abbaye de Savigny, dans sa cour de Landa Berlini, de la terre seigneuriale de Payen Lancelin de Galaneria, donation de biens entièrement libres, sauf le Mont Loveri, que le donateur s'est conservé fait en présence de Juhel de Mayenne et de Osmund Pisce (Poisson) et de Raoul Pisce. » Sans date (1).

Cet acte, accompli peut-être du temps de Juhel II, est très curieux comme trait de mœurs du moyen âge et mériterait d'être publié. Nous devons nous borner à quelques notes sur les seigneurs de Mayenne, bienfaiteurs de l'abbaye de Savigny. Si nous devions joindre ici des renseignements sur les autres seigneurs qui comparaissent dans ces actes, il nous faudrait un volume au lieu de quelques pages, d'un caractère documentaire avant tout.

« Geoffroy, seigneur de Mayenne, confirme, pour lui et sa femme Elisabeth, à l'abbaye de Savigny toutes les terres, aumônes et libertés (quietancias) que Gaultier de Mayenne son aïeul et Juhel, son père, ont accordées au couvent. Il promet de les garder et défendre contre toute (1) Il s'agit de Raoul II de Fougères, fils de Henri, qui posséda cette baronnie de 1150 à 1194. Osmund et Raoul Poisson paraissent à l'abbé Pointeau contemporains do Juhel III, qui peut être l'auteur de cet acte aussi bien que son prédécesseur.


agression. Suit la liste des biens pareille à la charte de Gaultier de Mayenne, 1168 témoins Hamelin, Guillaume, Almaricus, Gorrantumde Vitreio, Gondoinus de Boves, etc. »

Cet acte fut passé pendant la vie de la seconde femme de Geoffroy IV, Elisabeth, fille de Gallerand, comte de Meullant, dix ans après la croisade dont Geoffroy fut le chef assez heureux, puisqu'il en revint, lui trente-troisième sur plus de cent barons.

« Geoffroy, seigneur de Mayenne, confirme les donations faites précédemment au couvent de Savigny par divers bienfaiteurs et énumère les biens que le monastère possédait dans son fief, c'est-à-dire dans l'étendue de sa juridiction seigneuriale deux parts de la dime de toute la terre qu'Osmund Poisson possède in Silvigneio, (donation faite à l'abbaye parle même Osmund) une maison dans le bourg de Silvigneio (1), (même origine) une place à la Tannière, (don de Gilon de Gorram) une terre dans la paroisse de Livare (Lévaré), (don 1 d'Alain le Maigre) une vigne à Mayenne, in Montagu, (don de Unfroy quand il se fit convers à l'abbaye) une vigne achetée de Jean Nepveu et d'Orielt de la Fontaine, (don de Geoffroy de Mayenne toutes ces vignes quittes de tout droit de pressoir, sauf douze deniers) une vigne à Brée, (don de Guillaume films Leoie, avec pressoir et pré) la moitié de la vigne de la terre de Valle Haie, (don de Henri du Bois) l'éclusage et la conduite d'eau au moulin du couvent et la pêcherie à Damperre, (don de Guillaume de Baillol et de Guillaume de Désertines) une terre appelée Telleium à Landivy, (don de Richard Bastart et de sa nièce Marie, du consentement de Philippe de Landivy) exemption dans l'étendue de la seigneurie de Mayenne de tout (1) Dans ce cartulaire les mots Savigniacum et Silvignemm sont employés régulièrement, le premier pour le monastère et le second pour la métairie de Souvigné, en Montaudin.


pasnage, tonlieu, coutume, droit de charroi, etc., (don de Geoffroy de Mayenne) liberté de recevoir toute donation mobilière témoins Hamelin, Guillaume, Almarict, Goranton de Vitré, Gondoin de Boves, André le Bouteillier, etc, (1). » 1168.

Geoffroy IV multiphe ses donations au couvent normand, ce qui ne l'empêchait pas de se souvenir des couvents de son propre pays on le voit en effet distribuer également des dons fréquents à l'abbaye d'Evron, dans le cloître de laquelle il fut enterré Cet acte est très important par la multitude des noms de lieu qu'il contient. C'est la même confirmation de dons en 1161 que celle du père en 1158.

« Juhel de Mayenne donne aux moines de Savigny, en aumône perpétuelle, cent sols manceaux sur son revenu d'Ernée, quel qu'en soit le fermier, à la fête de SaintGeorges, 27 juillet dans le cas où le fermier outrepasserait le terme prescrit sans payer la redevance indiquée, il paiera d'amende sept sols et demi. Cette aumône doit être expressément consacrée 10 à sustenter un moine spécialement chargé de prier pour le donateur et tous ses amis, morts ou vivants 2° à la pitance de pam, vin et poisson frais pour les moines le jour de la SaintGeorges cette aumône pourra être prise par échange, sur un autre lieu témoins Maurice de Craon, Isabel de Mayenne, Guillaume de Erkeneio, Raoul le Porc (2).» » Sans date.

Cette pièce est de Juhel III, très probablement, de 1189 à 1220, puisque sa fille Isabelle, qui lui succéda en portant la seigneurie de Mayenne à Dreux de Mello, seigneurde Loches, d'abord, puis à Louis, comte de Sancerre, est indiquée comme témoin de l'acte. Je croirais toutefois plutôt qu'il s'agit de (1) Gilles et Amaury Goranton, d'une grande famille de Vitré, firent partie de la croisade spéciale de 1158 et en revinrent, selon l'abbé Pointeau. Selon le même érudit, il s'agit de la terre de Vahaie, près d'Ernée, don de Henri de Bois Bérenger. (2) Ce personnage est probablement celui qui se croisa en 1158 à Mayenne et revint habiter Ernée il fut bienfaiteur de Savigny, d'une famille opulente selon les anciennes traditions.


sa mère Isaheau, fille du comte de Meullant, deuxième femme de Geoffroy IV. La chronologie des sires de Craon étant incertaine, il est difficile de fixer par là l'époque de cet acte. Nous trouvons Maurice II, de Craon, mari d'Isabelle de Meullant, 1151-1196, Maurice III, mort sans postérité en 1205, Maurice IV, époux de Jeanne en 1249 ce dernier étant postérieur à Juhel, mort en 1220, il semblerait qu'il n'y a de choix à faire qu'entre Maurice II et Maurice III, puisque Maurice Ier est entre HOi et 1119 (1).

« Juhel de Mayenne confirme, du consentement de son épouse Gervaise, le don fait par Robert de Buxeria. savoir « unam marcam argenti annui redditus, » aux moines de Savigny au moment de sa mort « in manerio de Reiconda » ce revenu était dû à la fête de SaintRémy (1er octobre) la donation est faite du consentement de Roland de Buxeria, neveu et héritier du bienfaiteur témoins Geoffroy de Taneto, sénéchal de Mayenne, Hamelin de Colombiers [?] (de Columberiis), Gervais de Buffei, Guillaume de Pesseiez, Geoffroy son frère, Geoffroy de Cheleio, Geoffroy et Thomas Malenffant, etc. »

Cet acte, se trouvant immédiatement après l'autre, semble confirmer leur attribution à Juhel III. Sa femme, Gervaise de Dinan, citée dans cet acte, lui avait apporté la vicomté de ce nom. Outre que ce fut un grand batailleur, ce fut un zélé fondateur d'églises; car on lui doit non seulement la fondation du monastère de Fontaine-Daniel, en 1205, mais celle des prieurés de Berne, Fontaine-Géhard et Montguion. « Juhel de Mayenne confirme au couvent de Savigny le don fait par Richard Mansel de 30 journées de terres et de 2 journées (ou journaux) de prés contigus aux métairies d'Argencé, jadis achetées par le donateur d'Ernoul (t) M. l'abbé Pointeau pense qu'il s'agit de Maurice II, premier mari d'Isabelle de Meullant, plutôt que de Maurice III son fils, qui se croisa en 1190, selon l'auteur des Chroniques Craonnaises et qui vivait encore en HOC selon l'auteur de Craon et ses Barons (l'abbé Duchesne) mais on ne sait si Mauricius lertius ne serait pas le môme qu'Amauricius primus.


le Roy et de sa femme Stephane, avant qu'ils eussent un fils, sous le devoir de six deniers annuels dûs à Ernoul et ses héritiers par les moines de Savigny, à la fête de Samt-Rémy. Après la mort d'Ernoul, sa veuve abandonna aux moines sa dot, qu'elle réclamait sur cette terre et reçut en récompense trente-cinq sols manceaux fait du consentement de Guillaume des Vaux (de Vallibus) et de Guillaume de Aviart, du fief desquels dépendent cette terre et qui en furent récompensés par les moines témoins Hugues de Mayenne, Sarin de Grazei, Herbert son frère, Guillaume de Oseio. »

Cet acte, que nous continuerons à attribuer à Juhel III, comme les suivants, confirme tout ce qui a été dit sur le droit des seigneurs suzerains sur les terres de leurs vassaux, lesquels ne pouvaient ni les vendre ni les donner sans leur consentement, afin de ne porter aucune atteinte à leur droit de justice inhérent au droit féodal. On y voit que le consentement des seigneurs de fief en seconde ligne était également exigé pour les mêmes raisons. Je n'ai pu rencontrer ailleurs cet Hugues de Mayenne.

« Juhel de Mayenne confirme au couvent de Savigny le don fait par Geoffroy de Montgirol de toute sa terre « de dommio suo de Jarzeio » avec le moulin et le droit de mouture, l'étang et toutes les appartenances témoins Geoffroy d'Averton, Hugues de Montgerol, Gervais de Corceriers, etc. »

Ce Geoffroy de Montgirol est Geoffroy de Montgirou, seigneur de ce nom en la paroisse de Saint-Germain-d'Anxure et de fiefs considérables dans les châtellenies de Pontmain, Ambrières et Gorron, mort en 1168 et inhumé dans le couvent de Savigny; il fut un bienfaiteur insigne de ce monastère (1).

« Juhel de Mayenne donne au couvent de Savîgny sa haie « juxta Dompetram (Dampierre), quantum aqua stagni eorumdem monachorum operire poterit », avec (1) Les Croisés de Mayenne en 1158, par M. l'abbé Pointeau. page 33.


tous droits et revenus appartenant à toutes les terres que l'eau de l'étang occupera témoins Guillaume abbé de Savigny, Roger, prieur, le comte de Meullant (Mellenti), oncle du donateur, Payen de Roisson, etc. » Le comte de Meullant est Gallerand, frère de la seconde femme de Geoffroy IV, Elisabeth; mais ce titre d'oncle n'est pas jusqu'ici justifié par les actes. (1)

« Juhel de Mayenne confirme la donation faite au couvent de Savigny par Guillaume de Baillol, consistant dans une prise d'eau, plus « atacheiam ad opus molendini de Dompetra », dans toute sa terre; le donateur reçoit en récompense dix livres mancelles; témoins: Jean, prieur, Jean de Monte Tilie (2), Isabel, mère de Juhel de Mayenne « et domina Oliva de Thaoneria (de la Tannière), etc. »

Les seigneurs du Bailleul, manoir de la paroisse de Hercé, appartenant maintenant à M. Leray d'Abrantès, comptent parmi les principaux bienfaiteurs de Savigny on cite parmi eux Guérin et ses fils, Simon, Raoul, Guillaume et Renaud. Ces bonnes grâces leur étaient faciles puisqu'ils possédaient de larges domaines dans les paroisses de Hercé, Désertines et Vieuvy (3).

« Juhel de Mayenne confirme la donation faite à Savigny par Garin Probus et son fils Gervais, à savoir tout le pré de Valle Garnerii le donateur reçoit en récompense sept livres mancelles et cinq sols il garantit la possession du don aux moines témoins Guillaume de Mayenne, Raoul de Baseilles, André d'Averton, Guillaume de Erkeneio, Guillaume des Vaux (de Vallibus) (4). »

(1) Le deuxième mari d'Isabeau de Meullant, deuxième femme de Geoffroy IV, fut Maurice II, baron de Craon. (2) Mantilly. Dampierre est en Mantilly, selon l'abbé Pointeau. (3) Les Croisés, etc., p. 33.

(4) Ce personnage est peut être le fils de Roland des Vaux, qui se croisa en 1458 ot qui était d'uuo i'amillo originaire do Champéon.


Guillaume de Mayenne, un des croisés de 1158, revint, comme le dit avec raison l'abbé Pointeau, puisqu'il gratifia les abbayes de Clermont et d'Évron il était fils de Juhel II et de Clémence de Bellesme et obtint en partage les fiefs de ce pays.

« Juhel de Mayenne confirme la donation faite à Savigny par Robert de Landivy et Guillaume, fils de Guy, de toute la terre « que dicitur Leschaceria, » pour la pitance d'un jour en pain blanc, vin et poisson frais, pour les moines qui 'devront prier pour son père Robert, sa mère, et tous ses amis témoins Richard de la Lande, Gohier de Valle, Hugues de Mayenne. »

Robert de Landivy, très souvent cité comme bienfaiteur des abbayes de Normandie et du Maine, était oncle et tuteur de Philippe III de Landivy, que son père Philippe II avait laissé mineur en 1173. Savigny possédait la tombe de Philippe Ier, et tous les seigneurs de ce nom se signalèrent par leurs bonnes grâces envers le couvent de Saint-Vital. « Juhel de Mayenne confirme le don fait par Rioulf de Landivy, du consentement de son fils Juhel et de sa fille Aalis et de Philippe de Landivy, son seigneur; ce don consistait dans tout le droit du donateur « quod habebat in Telleio, c'est-à-dire les masures de Gaultier de Thelleio, de Pierre Hervé, de Bernier, de Roger le Lièvre, de Ailleharderia, et toute la terre de la Morenesche, avec les prés et appartenances. Pierre, fils de Robert, qui avait droit à trois sols sur la masure de Raoul Rogier, les recevra des mains des moines jusqu'à ce qu'ils lui soient assignés par eux sur un autre lieu. Si Pierre devient frère convers dans le couvent de Savigny les moines seront quittes des trois sols. En même temps Juhel de Mayenne laisse aux moines les vingt sols manceaux et un sol angevin qu'il percevait annuellement sur cette terre par les mains de Philippe de Landivy témoins Isabelle, mère de Juhel de Mayenne, Hugues de Mayenne, Jean Gruel, etc. »

Le donateur, qui se retrouve dans l'acte suivant, n'est pas


un seigneur de Landivy, mais un simple chevalier, habitant ce pays. Il y aurait bien des choses à dire sur ces actes, très curieux comme études des mœurs du moyen âge mais ce n'est pas le lieu, et la place fait défaut.

« Juhel de Mayenne confirme le don fait à Savigny par Rioulf, de Landivy, chevalier, de tout ce qu'il possédait « in Telleio », savoir la masure de Gaultier de Telleio (1), (du Teil) que tenaient Guillaume et Richard Gaultier, et Fromond, fils de Guillaume, celles de Pierre Hervé, de Bernier, tenue par Pierre Hervé, de Roger Lelièvre, tenue par Raoul Roger, celle appelée de Ailleharderia, tenue par Guillaume et Robert Allehart et Eudes, et toute la terre de la Morenesche, après renonciation solennelle des susdits à leurs droits devant Pel de Lou (Poil de Loup) chevalier du seigneur de Mayenne, député par lui. Les moines donnent en récompense aux frères Aillehart quatorze acres de terre à tenir héréditairement sous quatorze sols manceaux de cens à la Saint-Rémy. Rioulf donne aux autres possesseurs de la terre de la Morenesche Ernaud, Hervé, Castaig, Morice, etc., trente sols normands. Pierre Robert reçoit trois sols pour sa renonciation, (comme dans l'acte précédent). Les moines rendront pour les deniers susdits, relativement aux terres indiquées, le service religieux dû aux seigneurs de Mayenne et de Landivy jusqu'à ce qu'ils en aient été libérés par eux. Confirmé dans la cour du seigneur de Mayenne; juré par les donateurs entre les mains d'Hamelin de_Juelo militis; payé en récompense aux donateurs Rioulf et Juhel son fils par les moines soixante livres mancelles, un cheval pour le fils et cinq sols manceaux pour la fille Alice; témoins Guillaume de Loges, prieur, Hugues de Mayenne, Robert de Molet, Hamelin de Hinneio, etc. »

Cet acte très remarquable donnerait lieu à un long commen(1) Le Theil ou les Granges en Landivy, terre seigneuriale. Ch. Pointeau.


taire; nous nous contenterons de remarquer que ces dons en argent et en nature faits en récompense des bienfaits concédés aux maisons religieuses et qui étaient acceptés par les plus grands seigneurs, blesseraient actuellement notre délicatesse et nous paraîtraient vicier l'essence même du bienfait. Nos aïeux étaient moins délicats et ils donnaient volontiers d'une main un bœuf pour recevoir de l'autre un œuf. « Juhel de Mayenne s'engage à faire rendre aux moines de Savigny le service indiqué à la fin de l'acte précédent et à leur garantir l'exécution des conventions précédentes. Lorsque les moines obtiendront la liberté et la quittance des seigneurs de Mayenne et de Landivy, Rioulf et ses héritiers devront rendre aux moines le présent chirographe mêmes témoins. »

L'acte précédent était en partie une répétition de celui qui .le précédait celui-ci en est une annexe ou confirmation spéciale. Les conventions étaient si peu respectées au moyen âge qu'on était forcé de prendre cent précautions pour équivaloir à une sûreté.

« Juhel, seigneur de Mayenne et de Dinan,donneà à l'abbaye de Savigny trente-trois quartiers de froment et un boisseau de revenu annuel apud regis villam, dans les tènements suivants de Richard Ausger, 12 quartiers, de Hujelas 5, de Rualon Gigais 7, des fils Boudin 4 et un boisseau, d'Onfroi Joch 5 quartiers, avec droit de justice du monastère sur tous ces tènements témoins Isabel, mère du donateur, Maurice de Craon, Herbert de Logeio (Logé), Geoffroy de Cheleio (Chelei). » Le donateur est bien certainement cette fois Juhel III, mari de Gervaise de Dinan. La malheureuse habitude qu'avaient les anciens copistes de cartulaire de négliger les dates, cause bien des incertitudes et je ne saurais assurer que les actes précédents soient tous de Juhel III, quoiqu'il y ait lieu de le penser.

Juhel de Mayenne confirme toutes les donations faites au couvent de Savigny, dont l'énumération suit


Le bois et la terre de Pontpierre (1), les terres nommées Merreium, Merreolum et Meiricqchet (2), Montclair (3), la Chaîne des Normands (4), Chamoseen le Grand et le Petit (5), Breil Orset (6), et Montfucaut (7), Breil des Landes (8), Esventedos et Long Bois, Meis Levrin et Bricherel (9), Levare (Lévaré) les terres de Columbiers (10), des Chalonges (11) (Calumpniis), entre la Dorée et Désertines, un champ dans les Chalonges, la terre de Moloseio (12), la conduite d'eau et l'écluse d'eau du moulin de Domni petra, le revenu du moulin de Grolei, une terre dans le Mesnil, près Chamoseen le Grand, la terre nommée Marchasium (13), et le rivage de la Chambe (14), la terre de Marcillé, la terre nom(1) Pontpierre, terre en Désertines, suivant M. l'abbé Pointeau, dont nous avons suivi les indications pour les noms qui suivent.

(2) Méray, Petit Méray et Méray-Cochet; c'est le village de Méray en Fougerolles.

(3) Montcharrey en Fougerolles, plutôt que Montécler. (4) Fontaine ou source boueuse (cadole), du village de Gérouard en Fougerolles.

(5) Chamoseen, Chamossay en Fougerolles.

(6) Ce nom, qu'on trouve ailleurs écrit Bruil Durset, serait le nom primitif du village de la Bigottière en Fougerolles, près de Bredelande.

(7) Montfiaut ou Montflaut, en Fougerolles.

(8) Bredelande, en Fougerolles.

(9) Milevilain et Bricherel, en la Dorée.

(10) Colombiers, paroisse.

(11) La Grande Lande ou la Lande des Chalonges, en Désertines.

(12) Peut être Malaizé, terre seigneuriale, en Désertines. (13) Le Marchis, peut être l'Abbatiale, en Landivy. (14) La Chambe, s'appelle maintenant la Cambe c'est un ruisseau qui va de Pontpierre à Savigny et au delà. M. l'abbé Pointeau, ayant habité longtemps la commune de Fougerolles et la connaissant parfaitement ainsi que les environs, était mieux placé que personne pour interpréter ces vieux noms parfois pourtant on ne doit accepter ses interprétations que comme de fortes probabilités.


mée L'Habit Albert, la terre de Vauraimbauld (1), celle nommée L'Habit de Courbefosse, douze acres dans le bois Geslin, la terre de la Perdrière, une ouche de terre in vico de Landevi, la terre de Tabueria (2), la terre de Courbefosse (3)*, la terre de la Bigottière, deux parties de la dîme de Savigny, les dîmes de Vautorte, Rogeaume et Monhage, une masure à Vautorte, une autre entre Vautorte et Saint-Aubin, la terre de Jarzey avec étangs, moulin et mouture, la terre de Vado de Breves, le quart de tout le fief Pichon, à Villaines, deux parties de gerbes sur la dîme de Chalonges, la métairie de Fontenelle et le champ Grossin apud Lacacium Philippe de Landivy a reconnu en outre aux moines de Savigny la possession des lieux suivants les métairies d'Argencé, de Courbefosse, les terres de Valhaie, la maison et la place de Raoul de Saint-Sauveur, une ouche de terre, dix sols manceaux de revenu, le tout situé à Ernée, les terres de la Méhelle, la masure de Racineio, les masures d'Albérède, La Rrodère et du Chêne, à la Tannière, la masure de Philippe de Landivy au même lieu, la métairie de Montaudin, les terres de la Flèche Pahère et de la Morandière sous Vautorte, la terre de Leschacerie, une masure dans la paroisse de Saint-Ellier, des vignes à Montagu, la terre de la Garde, la vigne et le pré de Breis (Brée ?) une vigne achetée à Jean Lenepveu et Oriolt de la Fontaine, une terre et un pré à la Garde, achetés de Geoffroy de la Garde, le tènement d'Ernoult de Montaugier, h la Garde, en terres, prés et bois, le tènement de la femme de Robert Pochomer, au même (1) Le Clerc du Flécheray, dans sa description du comté de Laval, en 1G80, dit que la famille L'Enfant possédait, au xv* siècle, la terre de Vauraimbault. Je ne sais si c'est celle mentionnée ici, quoique ce soit vraisemblable puisque les L'Enfant possédaient aussi Tubœuf et Lig-uières, qui sont également situés daus le haut du Bas Maine. II existe un Vauraimbault en Montigné, non loin de la Patrière en Courbeveille. (2) Je crois qu'il s'agit du ûef de la Tabuère en Fougerolles, ou la Motte 'l'abouer.

(3) L'Habit de Courbe Fosse en Fougerolles.


lieu, en terres, prés et bois, dix livres angevines de revenu à Pontaudemer, pour soutenir deux moines, dix livres angevines de revenu pour alimenter un autre moine et pour la pitance de la fête de Saint-Georges, treize deniers et obole sur la taille du fief de la Garde, la terre de Ponceausjuxta hospitalariam de Castelliolo; fait à Mayenne en 1190, l'année du départ de Philippe de Landivy pour Jérusalem (1), présents Jean, abbé de la Buxière, Regnaud, abbé de Vieuville, Guillaume, abbé de Champagne, Maurice de Craon, Isabelle, mère du donateur, etc. »

C'est la troisième répétition, faite en 1190, des confirmations baronnales (selon l'expression d'un érudil) de 1158 et de 1168. Letexte copié par M. Garnier père porte « Anno ab incarnatione domini MCLXXXX apud Meduanam eo videlicet anno quo perrexi Jerusalem. » Nous saisissons avec empressement cette occasion de rendre hommage à ce savant, père de l'architecte actuel, qui mourut sans être connu et qu'on doit regarder comme d'une vraie compétence pour notre histoire locale. Nous nous appuyon^ avec plaisir sur son sentiment à l'égard de nos attributions de chartes à Juhel III. Cet acte clôt le vieux cartulaire de Savigny, en ce qui concerne le Maine; le reste ne contient plus que trois notes d'un intérêt inférieur. Cet acte est très important pour les renseignements et heureusement daté. Émané de Juhel III, résumant toutes les acquisitions à titre gracieux faites jusque là par Savigny, il semblerait confirmer l'attribution (1) M. l'abbé Pointeau dit dans son opuscule sur les Croisés de Mayenne que, peu de temps après 1147, Philippe de Landivy prit la croix avec Thabouer et plusieurs de ses vassaux ou parents, qu'il mourut en 1165 et fut inhumé, selon son désir, au cimetière de l'abbaye de Savigny. S'il n'y a pas d'erreur de copiste dans le cartulaire que nous citons, il faudrait reculer et la croisade et la mort de Philippe Ie' de Landivy et par conséquent la succession et la mort do son fils Philippe II, pris, à ce qu'on croyait, à la tour de Dol en 1 173, et enfin la succession de son petit fils Philippe III, sous la tutelle de son oncle Robert de Landivy, comme nous l'avons dit antérieurement, sur la foi du même écrivain.


des précédents actes au même seigneur, jusqu'à preuve contraire.

En résumé le vieux cartulaire de Savigny contient dix-neuf chartes des seigneurs de Mayenne, savoir quatre de Geoffroy IV, trois de Juhel II et le reste de Juhel III, probablement. Il n'y en a que cinq datées, savoir de 1150, de 1158, de 1168 deux fois et de 1190. Pour obtenir la date, même approximative, des autres il faudrait de longues recherches, dont le résultat serait encore incertain.

Nous avons dû nous borner aux indications les plus brèves possibles, notre but n'étant nullement de faire une dissertation sur les seigneurs de Mayenne. (1)

A. DE MARTONNE.

(1) Il existe à la Bibliothèque nationale un cartulaire des sires de Mayenne sous un autre nom. C'est le cartulaire de Fontaine Daniel, dont les Archives de Laval possèdent une copie.


LES ÉPITAPHES LATINES

DU MAUSOLÉE

DE CATHERINE DE CHIVRÉ AU CHATEAU DE LA BARRE DE BIERNÉ.

Les vers consacrés par Catherine de Bourbon (1) et par Anne de Rohan (2) à la mémoire de la jeune Catherine de Chivré, fille de Jacques de Chivré et de Cécile du Monceau, ont été publiés (3). Mais les épitaphes latines (11 Catherine de Bourbon, sœur de Henri iv, fut la marraine de Catherine de Chivré. C'était un esprit lettré, et, d'après le témoignage de Duverdier, elle avait composé, dès son enfance, des vers fort élégants. La princesse de Navarre épousa Henri de Lorraine, duc de Bar, en 1599. Elle mourut à Nancy. Son Histoire secrète publiée en 1703 par M"* Caumont de la Force et réimprimée sous le titre de Mémoires historiques ou Anecdotes galantes et secrètes de la duchesse de Bar, 1709, n'est qu'un roman historique. Elle avait aimé son cousm germain le comte de Soissons, avant son mariage, mais elle fut fidèle à son époux.

(2) Mademoiselle Anne de Rohan, née en 1584, soeur de Henri de Rohan, plus tard prince de Léon, chef du parti protestant, est l'auteur de poésies justement estimées. Ses stances sur la mort de Henri iv sont célèbres et d'Aubigné a vanté les mérites de cet esprit « trié entre les délices du ciel. Elle savait l'hébreu. Elle soutint toutes les calamités du siègo de la Rochelle, avec sa mère, Catherine de Parthenay, et refusa d'être comprise dans la capitulation en 1G28. Après avoir été longtemps prisonnière au château de Niort, elle mourut en 1046. (3) Les Seigneurs de Laval, p. 379.


qui complètent l'ensemble des inscriptions funéraires gravées sur cet intéressant mausolée, sont inédites. Elles méritent cependant d'être connues des érudits et des lettrés auxquels nous sommes heureux d'en offrir la primeur.

L'une de ces épitaphes est signée du nom de Vacquier de Nérac, Vacqueus Neracensis. Ce n'est pas sans peine que nous avons pu glaner çà et là quelques renseignements, fort succincts du reste, sur ce personnage dont l'histoire est assez obscure. Grâce au bienveillant concours de MM. les archivistes du Lot-et-Garonne et des Basses-Pyrénées, de M. le bibliothécaire de la ville d'Agen et de M. Faugère-Dubourg, ancien maire de Nérac, que nous prions de recevoir ici l'expression de notre sincère gratitude, nous avons réussi à former une modeste gerbe de renseignements instructifs dont voici le résumé

David Vacquier de Nérac appartenait à la famille des Vacquier de Nérac, seigneurs de Limon, qui conservèrent la possession de cette terre jusqu'au milieu du xvine siècle, et dont plusieurs membres jouèrent un rôle important dans l'histoire du pays d'Albret, à l'époque des guerres religieuses. Leur nom est souvent cité dans le Sommaire des Archives du département des BassesPyrénées, au Chapitre de la Chambre des Comptes de Pau et de Nérac, et, pendant près de deux siècles, ils se succédèrent dans leS offices de la cour de Navarre. Bernard Vacquier est qualifié de « conseiller du roi et avocat général en la Chambre des Comptes de Navarre, établie à Nérac, » dans le contrat de mariage de Colin de Brisac, daté du 3 mars 1560. On ignore s'il était le père ou le grand-père de David Vacquier, mais il est certain qu'il était son parent. D'après les quittances qu'il a laissées, ce personnage, après avoir exercé les fonctions de secrétaire particulier de Catherine de Bourbon, à l'époque où cette princesse, douée de toutes les qualités du cœur et de l'esprit, gouvernait les États


de la maison de Navarre en qualité de régente, tandis que son frère combattait dans les contrées du Nord de la France, devint auditeur à la Chambre des Comptes de Pau et de Nérac. Il occupait encore ce poste en 1629. C'est au commencement du xvne siècle qu'il rédigea l'inscription que nous reproduisons, et qui fut composée peu de temps après la mort de Catherine de Chivré, décédée, à l'âge de treize ans, au château de la Barre, le 30 mai 1599.

Ce mausolée, en marbre blanc d'Italie, recouvert de

Statue tombale de Catherine de Chivré.

la statue tombale, était autrefois placé dans un caveau des souterrains qui se prolongent sous les servitudes, à droite, en entrant dans la cour d'honneur du château de la Barre, comme l'indique un document des archives de la Mayenne. Il y demeura pendant les xvne et xvine siècles. A l'époque de la révolution, des mains sacrilèges le fouillèrent pour y chercher un trésor imaginaire. On a même raconté que, depuis, un fermier de la Barre le profana de nouveau afin d'y découvrir des boules et un


STATUE TOMBALE

DE CATHERINE DE CHIVRÉ.



jeu de quilles en or dont il soupçonnait l'existence. Il l'y trouva, s'en empara, le vendit et devint tout à coup fort riche.

Les débris mutilés de ce gracieux monument ont été transportés, vers le milieu de ce siècle, dans une vaste salle qui servait, croit-on, de réfectoire ou de prêche aux huguenots de la contrée, dont la Barre était le principal rendez-vous (1). Il est adossé au fond de la cheminée qui se dresse à l'extrémité de cet appartement. Au lieu d'être couchée, ainsi que le commanderait la vraisemblance, la statue est debout et domine les fragments dégradés du mausolée. Rien ne serait plus aisé (1) Bernard, sieur de la Branchouère, était pasteur de la Barre en 1006, et M. Dubois en 1607. Ces détails sont puisés dans un manuscrit inédit de la Bibliothèque de Blois. Nous publierons prochainement un ouvrage sur la Réforme et les Protestants à Château-Gantier de t555 à 4720. L'érection des terres de Guénaudière, de Saint-Aignan, de la Bruère, du Bois»au-Baron, unies à la châtellenie de la Barre, en marquisat, sous le nom de marquisat de la Barre, eut lieu en 1633, par lettres datées du mois de juin et enregistrées au Parlement. (Th. Cauvin, Armoriai dit Maine, p. 62. E. de Magny, Nobiliaire de Normandie. Do Maudc, Armoriai du diocèse du JIam. Dictionnaire topographique de la Mayenne^ p. 15.) Cependant, dès 1605, selon les Archives de la Mayenne et selon le Manuscrit inédit de la Bibliothèque de Blois, Cécile du Monceau était appelée dame de la Barre. Le premier de ces documents constate que les assises se tenaient au heu de la Guénaudière. Le second contient cette mention « Il exercera son ministère chez madame de la Barre, à la Barre, dite cy devant la Guénaudière. » C'est donc par inadvertance que notre savant confrère, M. l'abbé Foucault, assure dans son intéressante étude sur les Seigneurs de Laval que la Gudnaudière passa vers 1700 entre les mains de M. de la Barre de Préaux qui lui donna son nom. Le château do la Barre n'a jamais appartenu aux de Préaux. Cette seigneurie fut saisie au commencement du xvm* siècle sur Marguerite Bodm, dame do Chivré, marquise de la Barre, « absente du royaume pour fait de religion, » et dont le fils Henri de Chivré, m" du nom, marquis de la Barre, « mestre de camp du régiment d'Anjou-cavalene, » dernier représentant mâle de sa branche, était mort sans alliance le 11 septembre 1699. Le 23 juillet 1720, Henri-Louis-Gabriel de Chivré, seigneur de Sottcvast, en Normandie, vendait la Barre au comte Colbert de Torcy. En 1735, les terres de l'ancien marquisat furent érigées en comté. {Archives de la Mayenne, Série B, passim. Généalogie manuscrite et inédite de la branche aînée de la famille de Chivray).


que de recomposer l'ensemble du tombeau et de lui rendre sa forme primitive. Il figurerait ainsi, avec honneur, dans une des salles de nos musées historiques. Le dessin de notre éminent collègue et ami, Tancrède Abraham, reproduit très fidèlement la statue de Catherine de Chivré qui a subi les outrages du temps. La tête avait été séparée du corps, et le nez brisé ainsi que les mains jadis jointes avec une pieuse onction. Un petit chien, aux longs poils frisés, appartenant sans doute à l'espèce des barbets ou des caniches, objet jadis des caresses et des gâteries de sa gentille maîtresse, est couché à ses pieds. La jeune fille d'honneur est vêtue d'une longue robe d'apparat, étroite de la ceinture et bouffante autour des hanches. Elle porte la haute fraise mise à la mode par Catherine de Médicis. La poitrine est découverte légèrement. Autour du cou s'enroule un collier de perles de deux rangs une paire de riches boucles d'oreilles, des boutons de prix et une garniture de dentelle au corsage complètent, avec un autre collier de perles de trois rangs, fermé par une agrafe finement ciselée, la parure de cette élégante toilette. Les cheveux sont relevés à la manière italienne, adoptée par Gabrielle d'Estrées.

Les diverses parties du mausolée sont décorées de motifs caractéristiques qui représentent des guirlandes de fleurs, des fruits, des feuilles de chêne, des lys, des palmes entrecroisées et réunies par un nœud de ruban, des têtes de génies ailés et différents autres emblêmes symboliques sculptés avec une délicatesse et une grâce dignes des artistes de la Renaissance dont leur auteur s'est heureusement inspiré. Des chaines encadrent l'écusson des de Chivré écartelé de celui des du Monceau. On ignore le nom du personnage auquel fut confiée l'exécution de cet ingénieux travail. Ce fut sans doute un des protégés de Catherine de Bourbon.

Dès le xvii0 siècle, des bruits erronés étaient répandus sur le compte de Catherine de Chivré. « La tradition


« rapporte, écrivait M. Rivereau de la Garde, que le roi « Henri iv, soit par amour pour madame la marquise « de la Barre, soit plutôt pour sa fille, Catherine de « Chivré, fit bâtir le château de la Barre. » Aujourd'hui encore une foule de légendes ont cours dans la contrée. Les uns disent que la jeune fille mourut de joie en voyant entrer le roi, suivi d'une escorte brillante, dans la cour d'honneur du manoir seigneurial. Quelques uns prétendent qu'elle avait cessé de vivre avant l'arrivée du prince. D'autres persistent à soutenir qu'elle fut une des victimes des amours du Vert Galant. Il y a là d'autant d'inexactitudes que de mots. Le Journal de Louvet, qui relate les promenades du Béarnais en Anjou du 7 mars au 11 avril 1598, ne parle pas de sa visite à la Barre, un an avant le décès de Catherine de Chivré. Le roi ne revint pas dans cette région en 1599. Les Lettres Missives de Henri iv, publiées par Berger de Xivrey, et les,Lettres inédites, éditées par le prince Galitzin, ne contiennent aucune allusion à ces évènements. Pas une de ces lettres n'est datée de'la Barre. Cette correspondance commence le 10 mars 1598 et finit le 9 avril. Enfin l'âge de la jeune Catherine ne permet pas de supposer que l'on puisse ajouter foi à ces étranges calomnies. Les épitaphes sont gravées sur des plaques en ardoise. Les armoiries des de Chivré et des du Monceau décorent cet artistique monument (1).

(1) Les de Chivré portaient D'argent au lion de sable, lampassé et couronné d'or. (Audouys mss. 994, p. p. 52, 55). Les du Monceau s'armaient De gueules à la fasce d'argent accompagnée de six annelets, trois du chef et trois appartenait (La Chesnaye-des-Bois, t. X). Cécile du Monceau appartenait à la branche des du Monceau de Tignonville. Elle légua une somme de 400 livres de rente pour l'entretien du ministre de sa maison. (Arch. de la Mayenne, Série B, N* 2336).


HEIC SITA EST CATHARINA DE CIIIVRAY FILIA FORTISSIMI Herois IACOBI DE Ghivré (I)exCeciliadv II MonceavDomiNA PRIMARIAE DIGNATIONIS APVD AVGVSTAM Principes CATHARI.VAM VNIGAM [| HeNRICI IIH FbANCORVM ET NAVARREORVM REGIS Sororeji CVI vxige GARA VIXIT OB .II EXIMIAS CORPORIS ANIMIQVE DOTES QVIBVS ET sexvm ET aetatem LONGE SVPERGRESSA || EST VIRGO AD MiragvlvmSvspicienda SED parcae slnistemtas QVAE NIHIL AB ommi || lavde PERFECTVM DIVRNARE PATITVR OSTENDIT simvl ET ademit TERRIS Hoc NOBILE || coeli depositvm SVPRA qvam Homini SPERARE FAS EST HOMO NATA PrOVEHERETVR. || ObIIT IN Pkimvlo AEvi flore ET IN IPSO VIRTVTVM INCREMENTO NATA ANNOS XIII ET Il MeNSEJI VNVM MaGNO CVM MOERORE matris infoelicissimae NEC NON IPSIVS Il SER. E PIIINCIPIS QVAE vivam flagranti GRATJA ET PENE Materno AFFECTV || C. MORTVAE 1\IaRMOR HOG ExSTRVENDVM CVRAVIT || QVOD ET VOTO PIETATIS OPTATIVS ET ORDINI MORTALITATIS CONVENENTIVS FVERAT || VT MATRI FILIA SvPREMVM FVNERIS OFFICIVAI EXSOLVERET ID NATVRAE PRAEPOSTERITAS II I.WIDIT MlSERBIMAE PARENT! QVAE MODO FOELICI FLORE INTER GKATVLANTÊS VENERANTES Il QVE ADSPICI SOLITA NVNC GRAVISSHIO VVLNERE ORBITATIS (1) Jacques de Chivré, chevalier, seigneur de la Guénaudière, nommée depuis la Barre, était frère de François de Chivré, chevalier, seigneur du Plessis Chivré, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, époux de Léonore de la Porte. Tous les deux étaient fils de Messire Jacques de Chivré, seigneur du Plessis-Chivré, de la Guénaudière, de l'Estang-, de la Chevalerie, maître d'hôtel de Monseigneur le duc d'Alençon, mari de Jeanne de Bouillé. Le partage de la succession paternelle eut lieu le l" juillet 1578. La Guénaudière fut attribuée à Jacques de Chivré, a à la charge dudit seigneur de bailler à muance de seigneur du Plessis et de seigneur do la Guénaudière, une épée et un poignard dorez, en reconnaissance qu'elle a party de ladite terre du Plessis. » (Archives de Maine-el-Loire, Série E. 2.010).

1


PERCVLSA MtSEXATION) Il EST QVIBVS ADJURATION! EHAT. TV QVIBUS ES HAVD IMMEMOR HvMANAE SORTIS N0~) M SOLVM IGNOSCES MATERNO LvCTVI SED ACCEDES PRO PARTE ET INTER PVBUCAS CALAMITATËS DEPVTABIS TANTAM VIRTVTIS INDOLEM )N HERBA OPPRESSAM CVJVS II AMORI ATQ HONORI PlAS LACHRYMAS JMPEND!T ILLVSTRISSIMA REGIS SOROR ET II Hoc MONVMENTVM DONAVIT DEDICAVIT VALE ET SALVE FOELIX ANIMA NOS TE EO II ORDINI QVO FATA DEVSQVE VOCABVNT 9MNES GONSEQVEMVR.

VACQVEVS NERACENSIS S D V S (1)

'n

ÏVMVLVS NOBILIS CATHERfNAE DE CHIVRAY QVAE FVIT DE CHARITBVS ET CHARISSIM)S IhLVSTRtSStMAE ET PRAECLARISSIMAE PRINCIPIS CATHARINAE II HENRICt I]I! FRANCORVM ET NAVAnnEORVM REGIS SoRORtS VNICAE CVI NASCENTI NOMEN SVVMiNDtDIT VtVENTI HONORES PLVRIMOS ATTRIBUIT MORIENT! INSTAR MATR[S MOERENS ET LACHRIMANS MoNVMENTVM Hoc ADiFfCANDVM CVRAVIT IN MEMORtAM SEMPITERNAM AMIOTIAE SVAE IOVIS HIC LABOR EGREGIVS HIC NATYRAE OPVS PnAESTANTISSIMVM HIC ViRGO II VtRTYTtBYS iNNYMERtS PRAEDITA HIC REGIS SoRORIS DILECTISSIMA HiC MAJORIS PRINCIPIS CVLTVS ET ORNA(1) Les deux lettres D et V ont été superposées par l'artiste qui a gravé l'inscription, de telle sorte qu'il est difficile de préciser l'ordre dans lequel on doit les lire.


MENTVMHicSODADVM DECVS HiC COH VT FILIA MATnisHïC SOLA PROLES FOEMINEA QVAM PEPEHfT ILLE SECVND.. MARS IACOBVS DE CHIVR CECILIA DV MûNCEAV CELCITVDINIS. DOM)NANTE ANNO CEM VNVM NATA PROH DOLO SE TEMPVS HIC JAC B r)

(*) Les dernières lignes de cette inscription sont très mutilées. Plusieurs lettres, brisées par )a,moitid, sont d'une lecture douteuse et conjecturale. Nous reproduisons seulement ici colles dont la forme est assez nette pour lever toute incertitude.

ANDRÉ JOUBERT.


LES ÉPITAPHES DE L'ENFEU

DES GAULTIER DE BRULLON AU XVH" SIÈCLE

ï

Un chemin de traverse, étroit et ombragé, que surplombent des haies feuillues, conduit en vingt minutes de marche le visiteur du bourg de Saint-Laurentdes-Mortiers à la ferme de Brullon, construite avec les matériaux provenant de la démolition de l'ancien château seigneurial qui se dressait, non loin de là,'sur la motte féodale. Le reste des décombres avait servi à l'édification de la nouvelle Jucquaize, rebâtie, vers le milieu du xvni" siècle, sur les ruines de l'habitation primitive, par l'architecte Larivière. Au xvji~ siècle, les Gaultier de Brullon, seigneurs de Brullon et de la Jucquaize, élevèrent la chapelle où furent enterrés les membres de cette illustre famille et qui, seule, a survécu à la destruction du manoir et de ses dépendances.

Abandonnée par ses propriétaires successifs, depuis la révolution jusqu'à une époque récente, convertie en grange, puis transformée en étable à moutons, la chapelle des Gaultier de Brullon est enfin vide aujourd'hui, et,


quoique délaissée, elle présente actuellement un aspect décent. Les ossements qui gisaient épars sur le sol, il y a encore quelques années, ont été recueillis, rassemblés et mis en terre, sauf un crâne placé dans une excavation pratiquée dans le mur du fond et autrefois fermée par une petite porte en chêne. Cette négligence a été singulièrement préjudiciable à la conservation de cet intéressant édifice dont la toiture a subi les outrages du temps. A l'intérieur, les monuments funéraires de cet enfeu sont mutilés, dégradés, avariés, et les tables de marbre, soutenues par des pieux, menacent de s'écrouler. L'autel n'existe plus la plupart des peintures et des motifs d'ornementation sont effacés, brisés, effondrés. Plusieurs fragments de pierre, sur lesquels on relevait des inscriptions curieuses, ont été enlevés ou perdus. Si une prompte restauration ne vient pas bientôt panser ces blessures saignantes et ces plaies béantes, la ruine de cette chapelle ne tardera pas à s'accélérer et ces précieux témoignages d'un glorieux passé seront définitivement anéantis. Il faut donc se hâter de décrire ce qui subsiste encore de ces intéressants tombeaux et de transcrire les diverses épitaphes qui relatent les éminents services rendus, pendant plusieurs siècles, par les Gaultier de Brullon, à la France et à la monarchie (1).

(t) Brûlon, château et ferme, commune de S'Laurent-dos Mor tiers. Ancien fief et seigneurie relevant de la châtellenio de Saint-Laurcnt-des-Mortiers. Le premier seigneur connu est Ge)'t;<M;<;i de .Bn~fMto, que nous voyons mentionne dans le cartulaire de l'abbave du Ronceray d'Angers, vers 1160. En est sieur C. Auvré, 1363, Robin Auvré, 1402, G. do Vrigné, 1468, Mathurin de Vrigny, 1525, R. de Brée, ~6, Lancclot de Brëe, t55~, Gcrvais Gaultier, écuyer, seigneur de Launay, procureur du due de Vendômois au duehc do Beaumont en 156~, mort octogénaire en 1584, etinhumë devant le maitrc autel de l'église Saint-ftomy de Qhâtcau-Gontior. 11 avait épousé le 15 janvier 1539 Catherine Chariot. (Cartulaire dit 7!o;tM?'a; rot. 2, ch. (.i6. Archives dll eM<M!t de la .S'KHMt/M'e (~4~eMo;t.PfH)! des ee?M, h!<~M et <~6uo~ de);: <t la cAs~f~tM de .S'st~-M!t'e~-des-.t/o~MM', mss. de la Bibliothèque de Chateau-Gontier, Archives de 3/aM<e<jOM'e, E, 2,59J, Archives de la J/Œ)/<Mie, B,2,27;), 2,283, 2,292, 2,295, 2,300, 2,3C9, 2.37G. 2,389).


Deux contreforts supportent l'édifice le long duquel serpente une vigne chétive qui tapisse mélancoliquement les vieux murs décrépits les ardoises de la couverture, envahies par la rouille, sont mouchetées de taches jaunâtres et moussues. La chapelle mesure vingt-et-un pieds de long sur douze pieds de large. Revêtue sous charpente d'un lambris de bois à moitié délabré, et éclairée, au couchant, par une fenêtre ronde, elle se terminait, au levant, par un cul de lampe à trois lignes brisées. Les deux autres fenêtres parallèles, au nord et au midi, ont été bouchées. Sur la porte d'entrée, ouverte dans un angle du sud-ouest, on lisait ces mots « DOMVS MEA DOMVS ORATIONIS. iv. D. Plus bas « DËJ PABAE. & Au-dessus était pratiquée une petite niche où devait se dresser une statuette de la Sainte-Vierge, protectrice du lieu. Cette construction date de 1628.

Les peintures de l'intérieur étaient variées. Le bleu, le rouge et le noir y dominaient. L'autel avait été simplement mais élégamment décoré. A la partie supérieure, on remarquait un médaillon peint et servant de couronnement, sur le fond duquel se détachait un casque, avec lambrequins, posé sur un écusson écartelé, où figurait le croissant des Gaultier de Brullon qui portaient D'azur à une rose d'argent, accompagnée en che f de deux étoiles d'or et en pointe <fMM croissant de même (1). Au-dessous, dans une niche dont une coquille dorée formait la voûte, régnait une statue de saint dont il ne reste plus qu'un tronçon mutilé. Le retable de l'autel renfermait jadis une toile carrée, représentant une Ado(1) Ces armoiries sont relevées sur un 3/eMOH'e Nobiliaire qu'en 1694 Charles-René d'IIozier eut à vérifier pour prononcer sur l'admission à la maison de Saint-Cyr de Marie-Anne Gaultier de Launay, alors agce de neuf ans, fille de Jacques Gaultier de Launay, écuyer, seigneur do Launay, officier au régiment du comte de Schomberg-, garde du corps du roi, colonel des milices de Touraine, marié le 25 mars 1678 avec Anne de Beaulieu. (P. de Courcy, Nobiliaire de Bretagne. /trmot't'a~ ~e'tM)'a< de ~M/<K<, huitième fascicule, p. 90).


ration des bergers, qui a été transportée ailleurs. Sur un ruban bleu et doré s'enroulait l'inscription suivante « LOVE SOIT LE TRES SAINCT-SACREMENT DE L'AULTEL. » Une tête d'ange, en bois peint, et deux grappes de fruits champêtres, suspendues à un anneau, de chaque côté du retable, complétaient l'ensemble de l'ornementation de cet autel, soutenu par des colonnettes en bois, également coloriées. La sainte eucharistie était conservée dans un tabernacle disparu ainsi que la table de marbre. Dans un enfoncement du mur, à droite et à gauche, on avait creusé deux niches destinées à recevoir le luminaire. A la base de l'une des colonnes, du côté de l'évangile, étaient gravées ces lignes

« LE 26 IVILLET 1675 A ESTÉ FAICTE »

« CEANS LA CEREMONIE DE L'EXPOSITION N

« DES S'r'~ RELIQVES DE ST PIE ET DE ST »

<( DONAT MART. SVIVANT L'ACTE DYD IOVR. N Du coté de l'épitre

« LA MESSE EST DEVE CEANS PAR LE SR »

« CHAPELAIN DE LA HATERIE (1) LE 9 AOVST » <( SVIVANT L'EXPEDITION DV 1 AOVST 1673. ? N

« RE" EN LA REMEMB. DE LA CHASTELLENIE N « DE BRVLLON COTTEE I. »

Une statue à demi brisée, représentant l'Éducation de la Vierge, a été mise dans un encoignure voisine de l'autre.

(t) La Haterio ou Ilasterie, citée dans les censifs du XV siècle, était le siège d'un petit fief relevant ae la châtellenie de Saint-Laurent-des-Mortiers. La maison a été détruite au XVMI' siècle. Le présentateur à la chapelle était l'aîné des soigneurs, et le collateur, l'ëvcque d'Angers (pouillé du diocèse en 1783)


Les trois tombeaux de la chapelle seigneuriale de Brullon sont en pierre blanche, avec ornementations de marbre, et présentent chacun un aspect différent. Les artistes chargés d'exécuter les motifs de décoration de ces monuments funéraires ont su varier très ingénieusement les formes, les modèles, les types et les styles des différents emblêmes, empruntés les uns à l'idée sévère de la mort, les autres aux riantes images qu'évoquent les souvenirs des jardins et de la vie champêtre. Le premier de ces mausolées, moins élevé que les deux autres, n'était, à proprement parler, qu'un simple relief adossé au mur de la chapelle et placé sous la fenêtre du nord qui éclairait cette partie de l'enfeu. L'encadrement ovale, surmonté jadis de gracieuses arcades, était enrichi, à son sommet, d'un écusson aux armes des Gaultier de Brullon, audessus duquel se dressait un oiseau, aujourd'hui dégradé, sans doute une aigle éployée. Une chaine entourait ce blason soutenu par deux griffons issants. Elle portait à son extrémité un petit médaillon où un ange en pied tenait une croix entre ses bras. Dans la frise dont un fragment repose sur le sol avec d'autres débris représentant des morceaux de cariatides, des vases de fleurs tronqués, des têtes d'anges et d'autres sujets symboliques, on déchinre ce verset « MEMORIA IVSTI CVM LAVDIBVS. PRO. 10. » Deux cariatides accompagnaient la plaque de marbre noir où étaient relatés les hauts faits des Gaultier de Brullon (1). C'étaient des têtes (t) Outre les documents cités dans une note précédente, on peut consulter sur la famille Gaultier de BruUon Les Archives du château de Vaux (commune de Chaumont, canton de Seiches, arrondissement de Bauge, M.-et-L.), <'JE<at civil des communes

II


d'enfants aux longs cheveux bouclés retombant sur une large collerette de dentelle, à glands, comme celle des pages du temps de Louis xm; des guirlandes, des palmes et des grappes de fruits en composaient la base. Au-dessous était placé un coeur en grosse bosse de marbre rouge, flanqué de deux écussons frustes, encadrés l'un d'une couronne d'immortelles, et l'autre d'une chaine finement ouvragée.

A LA MEMOIRE DE MESSIRES IEAN ET IEAN GAVLTIER DE BRULLON CHEVALIERS (1), CELVLA FOND. DE CE II LIEV OV de Saint-Laurent-des-Mortiers, de Bierné (Mayenne), de Chaumont, de Lucé, de FeneM, (M.-et-L.), La Croix du Maine, la CAroHMMf manuscrite de Nicole Gilles, <a Vie de P. Ayrault, par G. Ménage, p. 31, et les Remarques, p. 223, la Vie de Louis XIII, par Belleforest, le ~s. de la Bibliothèque d'Angers, n° 1003, les Titres de la F<MSO!fSt'ere. t. XV, p. 257, le dM ~Mt/tatre, attribué à CI. Ménard, les Familles d'Anjou, par Thorode, t. VIII, ms.1004 de la Bibliothèque d'Angers, le Fonds d'Hozier, à la Bibl. nat., les Comptes de /<! &oM~e des SMKtfe~atre~ de l'église d'~n~et'x, en 1592 et 1593, les Comptes de la Grande Bourse, en 1606 et 1607, les Procès-verbaux des séances de la noblesse de la sénéchaussée d'Angers, Beaufort, Baugé, ChâteauGontier, la Flèche, en 1789, pp. 43 et 14, les Archives de la Chambre des Comptes, registre 354, Dom Bethencourt, t. II, p. 264, le Censif et état général de la chastellenie de Daon, Brionsur-Bert et de Forge, en 1769, etc., La Jucquaize dont l'histoire se relie étroitement, à cette époque, à celle de Brullon appartenait en 1363 à C. Auvré, en 1539 à Simon de Chivré, seigneur de Chivré enSaint-MicheI-de-Feins, qui évaluait alors le revenu de cette terre à environ 40 livres. Vers le milieu du XVII' siècle, les Gaultier de Brullon en devinrent propriétaires. (Archives du château de la .SMKtKefe. Archives de ~<twe-e<Loire, E. 2,010. ~fe/ttt;es de la 3/at/e~tte, E. 36.) (1) Jean Gaultier de Brullon, t" du nom, écuyer, seigneur du Grand Brullon, conseiller du roi, maître ordinaire et doyen de la chambre des comptes de Bretagne, secrétaire ordinaire de Monseigneur le duc d'Anjou, épousa le 13 septembre 1572 Renée Goupilleau, fille de Julien Goupilleau, sieur de Damiette et do Loiron, contrôleur général des traites et impositions foraines

(*) Page ci-contre, gravure d'après un dessin de T. Abraham Monument élevé a <d mémoire des Gaultier de Brt<~o)t. (xvr et xvn' siècles.)




SON COEVR EST EN DEPOST, CELVICY DECED. A PARIS LE 10 DE PASQYES 1596 CONTINVANT AV ROY SES SERVICES A LVSTILITÉ DE LESTAT ET HONNEVR DE LA CHAMBRE DES COMPTES DE BRETAGNE DONT IL ESTOIT DOYEN COME IL AVOIT FAICT A MO.R LE DVC DANJOV DYQVEL IL MERITA LA CONSI ~) DERATION. ET SA FAMILLE NEN RECEVT PAS PEV DE MERITE ET DIGNITE DE MESSIRE IACQVES GAVL II TIER SGR DE LAVLNAY ET DE FONTAINES GAVLTIER SON FRERE (1)., DONT en 1550, receveur des tailles en l'Election d'Angers en 1552, élu échevin le 8 juillet 1562, maire le 1" mai 1563, mort en 1564. Renée Goupilleau mourut vers 1615. Son mari décéda, a Paris, le jour de Pâques de l'an 1596. I) possédait les actes du Concile tenu à Château-Gontier en 1356. Jean Gaultier de Brullon, !i* du nom, chevalier, né le 15 janvier 1587, seigneur du Grand Brullon, do la Pillière, acquéreur de la Jucquaize, du DouëtSauvage et d'autres terres, fondateur de la chapelle, fut auditeur en la chambre des comptes de Bretagne. Il épousa le 24 octobre 1617 Elisabeth Eveillard, fille d'André Eveillard, sieur de Livette, écuyer, conseiller du roi au présidial d'Angers, et d'Anne Ayrault. Elle fut inhumée en l'église Saint-Remy de Château-Gontier. Son époux mourut le 8 mal 1656 et fut enterré dans l'église de Saint-Laurent-des-Mortiers. Sa tombe en marbre était décorée de ses armoiries, avec épitaphe. Son cœur fut déposé dans la chapelle de Brullon. Il avait composé un livre sur ~'O/'t~tne, excellence et progrès de l'estat et o~iM des tt:6[M!)'<s des compas.

Il laissait huit enfants Jean, né le 17 septembre 1618, qui continua la lignée. Jacqueline, née le 15 janvier 1620, mariée par contrat du 3 mai 1642 à René Varice, écuyer, seigneur de Juigné, Ms de Gaspard Varice, seigneur de Cantenay, conseiller du roi, juge magistrat, doyen du présidtal d'Angers, et de Renée Léchât. CM!<de-7ra;<M, né le 17 février 1621, curé de Bicrné de 1648 a 1683, enterré dans l'église de cette paroisse. Elisabeth et Marie, nées le 5 avril 1623 et le 1" février 1625, toutes les deux religieuses aux Ursulines de Château-Goutier, par contrats de 1638 et 1641. ;Vart< née le 5 novembre 1627. Charlotte, décédéc au Buron d'Azé, près Châtcau-Gonticr, le 20 avril 1684, dans sa 60" année. Catherine, née le 16 avril 1630. (Archives du château de Vaux. ~te<tOHKCt:'re historique de .llaine-et-Loire. Etat civil de ~'ann:-Z,s!<fent-dM-~<M-:Mfs).

(1) Jacques Gaultier de Launay, t" du nom, écuyer, seigneur de Launay, en la paroisse de Bez, (Bais, près Jublains, Mayenne), et de Fontaine-Gaultier, près Bazouges-sur-Loir, au ressort de la Flèche {Sarthe), conseiller au parlement de Bretagne en 1570, marié le 18 juin 1564 avec Perrine Pescherat. C'est en faveur de « ses bons et recommandables services, » que le roi érigea, par lettres datées de juillet 1582, la terre de Fontaine-Gaultier « en « titre de chastellenie ». Il fut président au présidial de la


LA POSTERITE S'EST CONTINVEE Il JVSQVES A PRESENT DANS LE PARLEMENT DE LA MEME PROVINCE, AVQYEL IL ESTOIT VETERAN ET TOVS PAR LHONNEVR DE LEVRS ACTIONS LIMPORTANCE DE LEVRS EMPLOIS, ET NOBLESSE DE LEVRS ALLIANCES. DE GERVAIS GAVLTIER ESCVYER SGR DE LAVLNAY ET DE BRVSLON, LEQ II VEL OCTOGENAIRE DECEDA LAN 1584. FVT INHVME DEVANT LE ME AVI/TEL DE ST RIIEMY A CHAVG. ET DE D. D. ELISABETH EVEILLARD DEC. LE 30 IAN. 1645. RENÉE GOVPILLEAV INHVME II A ST LAVRENT. CATHER. CHARLOT DECE. LE 15 AOVST 1585. LESD. EVEILLARD ET CIIARLOT INHV. AVD. ST RHE. ET DE D'~ ANNE AYRAVLT VE~ DANDRE EVEILLARD ESCVYER CON.ER II DV ROY AV PRE.~ DANGERS, LAQVELLE AVEC LED. SG.R DE BRVLLON DR DEC. SON GENDRE A DOTTÉ !t CE LIEV BASTI LAN 1628 OV LON CELEBRE MESSE SVIVANT LES ACTES REC. DE IVLL. DEILLE N0. ANGERS LE 14 NOV. 1637 ET IASQS COLLIN N. A CHAVG. LES 30 IANV. 1648, D" MAY 1649 ET 2 Il 7BRE 1653, LES IOVRS DE DIMANCHE ET FESTES CHOMMÉES MEME LES SEPT PRINCIPALES DE NO II STRE DAME, DE S~ ANNE, LE IOVR DES MORTS, 30 IANV. P. LAD. EVEILLARD, ~E 19 MARS DE ST IOSEPH, 16 APV. PO. D. MARIE DE CHAZÉ, 8 MAY. 10. DV DECEDS DVD. SGR DE BRVLLON ARRIVE LAN 1656, 30 DV MOIS FESTE DE ST GAYLTIER, 16 AOVST DE ST HYACINTHE, ET 2 SEPTE. POVR LA PROSPERITÉ DE IEAN Il GAVLTIER DE BRVLLON CHEVALLIER SGR DVD. LIEV ET DE LA IVCQVAIZE ET DE DAME SVZANNE Il DE VILLEPROVVEE SON ESPOUSE, LEQVEL SGR POVR LES DESSVS D. ET AVLTRES SES PREDECES SEURS A FAICT DRESSER CET EPITAPHE. Au-dessous

Flèche en ~599, maire de Tours en 1620, puis président au présidial de cette ville. /acf/«<'&' G<tM~tet' de Z.<tM?t<n/. u' du nom. fils du précédent, seigneur de Launay et de Fontaine-Gaukier, conseiller au parlement do Hretag-ne en i5H) par résignation de son père, président au présidial de Tours, épousa en 159C Hoso Poitras. (Archives du e/to~aM de Vaux. Archives de ~SMteet-Loire, E 2593. Archives de ~at/enne, B 2292).


EPITAPHE

MORTEL QVI VEVX SAVOIR CE QVVN NOBLE DOIT FAIRE POVR ESTRE HOMME DE BIEN

APPRENDS DE CES HEROS QYE IE TE VAIS POVRTRAIRE LE DEVOIR DV CHRESTIEN.

LOVIS, PIERRE, GERVAIS (1) DONT LAME FVT ORNÉE DE SAGESSE ET DE VALEVR

FEIRENT POVR LEVR VERTV POVR EVX ET LEVR LIGNÉE DES DEGREZ A LHONNEVR

GERVAIS EN SOVSTENANT LINTEREST DE DEVX REINES ES DES LOIS ET DES LIX,

ESTABLIT SON IIONNEVR ET DEVX COVRS SOVVERAINES HONORENT SES DEVX FILS.

JEAN ET JEAN PERE ET FILS AYANT SVIVI SA TRACE ONT FAICT POVR LEVRS NEVEVX

CE QVE LES TROIS AYTEVRS DE CETTE NOBLE RACE AVOINT FAICT POVR EVX DEVX.

LA VERTV DV PREMIER EN LAVLTRE HEREDITAIRE NEVT PAS VN MOINDRE ECLAT.

SY LVN MEVRT EN LEMPLOY LAVTRE MEVRT HONORAIRE DANS LE MEME SENAT.

CET ILLVSTRE GERVAIS EXPOSA BIENS ET VIE

AV SOV8TIEN DE LA FOY

ET CEVX CY COMBATVS MAIS VAINQVEVRS DE LENVIE NONT POINT VESCV POVR SOY.

MAIS VOYANT LE TRIBVT QVIL TE FAVT AVSSY RENDRE COMME ILS LONT TOVS RENDV,

PRIE POVR EVX ET TOY ET REVERE EN LEVR CENDRE LEVR INSIGNE VERTV.

REQVIESCANT IN PACE AMEN.

{1) Selon la. généalogie conservée aux Archives de la Mayenne, B 2 292), Messire Pierre Gaultier, chevalier, fils de Louis Gaultier, écuyer, fut père de Gervais Gaultier. (V. l'acte du 14 août 1507, extrait des remembrances de la baronnio de ChâteauGontier).


III

Le second monument, voisin du précédent, portait à son sommet un vase de fleurs et de fruits. Au-dessous régnait un médaillon ovale, sculpté et orné du blason des Gaultier de Brullon, autrefois peint, qu'encadrait une légère guirlande où on lisait la devise de la famille « FLOS AD SIDERA. » Plus bas pendait une autre guirlande, massive, autour de laquelle des serpents enroulaient leurs anneaux. Une tête d'ange aux ailes étendues avec une petite croix au cou, deux autres têtes aux ailes repliées sous le menton et aux cheveux bouclés, des grappes de fruits, une branche de laurier et un ruban formaient la décoration de la partie supérieure du mausolée. Sur la corniche étaient écrits ces mots « cvM DEDEMT DILECTIS SVIS SOMNVM ECCE HEREDITAS DÛMtNI.PS. "t26. ? » Le tableau du retable était divisé en deux compartiments égaux, aujourd'hui vides des peintures qui les garnissaient. A la partie inférieure était gravée l'épitaphe d'un jeune héros, mort dans sa force et dans sa fleur, et dont la fin prématurée rappelle les beaux vers du poëte inspiré, du chantre mélodieux des douleurs humaines, qui a dit dans sa langue immortelle

Le ciel de ses élus devient-U envieux ?

Ou faut-il croire, hélas ce que disaient nos pères, Que lorsqu'on meurt si jeune on est aimé des dieux ?

(**) Page ci-contre, gravure d'après un dessin de T. Abraham 7'omoesM de Jacques 6at<!tt'er de BntHon, escttt/ef, setpttettr de FaraMnM, de ~Mxan~e de F!'Mep?'0!M'ce, /em?ne de Yca/t GaiM~ter de 7}?'«HoM, c/teua~Mf, .seMn~Mr dMd/< <MM, et t~M/M-E/Ma~/t Gau!er de BrMHoH, sa ~Me.




IACQVES GAVLTIER DE BRVLLON ESCVYER Su DEVARANNES FILS DV S' DE BRVLLON ET DE CETTE NOBLE DAME DONT LE CORPS GIST EN CE TOMBEAV, S'ÉTANT ACQVIS EN LA CAMPAGNE DE LAN 1675 L'ESTIME ET L'AMITIÉ DE TOVS, MEME DES ENNEMIS II EN SA CAPTIVITÉ PAR LA CONTINVATION DE LAQVELLE IL DONNA GENEREYSEM. LA LIBERTE A SES COMPAGNONS ET Il DIEV L'AYANT PRÉSERVÉ PLVSIEVRS FOIS D'VNE MORT FVNESTE QVE SA VALEYR LVY FAISOIT MESPRISER EST VENV MOVRIR HEYREVSEM. A BIERNÉ LE 8 FEB. 1676, ET LE 19 DE SON AAGE ENTRE LES BRAS DE SES PARENTS AVTANT Il TRISTES DE PERDRE L'ESPERANCE DE SA VERTV NAISSANTE QVE CONSOLÉS DES MISERICORDES QVIL A RECEV DE DiEV. SON CORPS REPOSE EN L'ÉGLISE DYD. BIERNÉ IOGNANT LE BANC DE BRVLLON. PRIE POVR SON AME ET TOY DY DEVOTEMENT.

REQVIESCAT IN PACE. AMEN.

RAPTVS EST NE MALITIA MVTARET INTELLECTVM FIVS. SAP. 4. (1)

La table du retable en pierre est ornée au sommet d'un double écusson, entouré d'un cordon à nœuds ouverts dans l'un sont figurées les armes des Gaultier de Brullon, dans l'autre celles des seigneurs de Ville(1) Jacques Gaultier de Brullon, écuyer, sieur de Varennes, naquit au château de Brullon le 11 novembre 1658. Il embrassa de bonne heure la carrière des armes. Après avoir pris part à, la campagne du Rhin, dirigée par Turenne contre les troupes du duc Charles de Lorraine renforcées par Bournonville et par l'Electeur palatin, il fut fait prisonnier le 4 novembre 1674. « Etant demeuré en otage du duc de Lorraine et ceux dont il « était caution ne se souvenant plus de lui, ni de leurs pro« messes, le duc de Lorraine se connant à ce jeune gentil« homme de dix-huit ans lui donna passe-port et l'envoya au « camp de Trèves le 20 août 1675 pour solliciter l'ordonnance « qu'il obtint contre deux maréchaux do France, dans lequel « voyage il acquit l'amitié de tout le monde, tant par sa valeur « que par la confiance qu'il sut inspirer. Dieu qui l'avait préserve de tous dommages le rendit à son père pour mourir, » ~C/Mt)M <<M château de VaM~. F<<!< civil de Bt~'H~. A sa sépulture, assistaient, outre la famille, Jean Théard, curé de Châtelain, Claude-Trajan Gaultier de Brullon, cure de Bierné, et une importante réunion de prêtres et de gentilshommes.


prouvée qui portaient De gueules à la bande d'argent accompagnée de deux cotices d'or On lit au-dessous DAME SVZANNE DE ViLLEPROVVÉE D' DE QviNCE ET DE VARANNES AAGÉE )! DE 44 ANS DECEDA LE 27 MARS 1674 ENTRE LES BRAS DE IEAN GAVLTIER DE BRVLLON CHEVALIER SG* DVD. LIEV SON MARI (1) LVY LAISSANT 8 ENFANS POVR GAGE DE SON ÂMOVR SON CORPS EST ICI ACCOMPAGNÉ II DE CELVY D'ANNE ELIZABETH GAVLTIER DE BRVLLON SA FILLE ET SA PIETÉ SA CHARITE ET L'HONNESTETE DE SES MEVRS FONT CROIRE QVE SON ÂME EST BIENHEVREVSE SA MAISON II PROSPEROIT SOVS SA CONDVITE ET SA NAISSANCE ORNÉE DE GÉNÉROSITÉ LA RENDOIT RECOMMENDABLE II COMME HERITIÈRE DES VERTVS DE SES AYEVLS CAR ELLE FVT FILLE DE CHARLES DE ViLLEPROYVÉE (2) QVI AVOIT POVR ACESTRES ANNE SON PÈRE, MAVRICE, FRANCOIS, PIERRE YvON ET Il MAVRICE DE ViLLEPROVYÉE CHEVALIERS SVCCESSIYEM. SG" DE QvtNCE (3) &&. LED. MAVRICE 1" FILS DE IEAN DE ViLLEPROVVÉE CHEVALIER S°' DVD. LIEV ET DE DAME ÎANNE DE VILLEP. ET FRERE DE IEAN DE VILLEPROVVÉEj DVQVEL EST ISSVE LA MAISON DE TREVES FON[1] Jean Gaultier de Brullon, m' du nom, chevalier, seigneur du Grand Brullon, de la Jucquaize, de Quincé, procureur de Sa Majesté en la sénéchaussée et siège présidial do ChâteauGontier, nomme chevalier do l'ordre royal de Saint-Michel le 4 mai 4651, maître des requêtes de la reme, épousa Suzanne de Villeprouvée, dame de Quincé, Varennes, les Monceaux, Loigné, fille de Charles de Villeprouvée, seigneur de Quincé, et d'Elisabeth de Cuillé, dame des Monceaux et de Loigné, après le décès de sa première femme, Marie de Chazé. (Archives de la Mayenne, B. 2,292).

(2) Villeprouvée, ferme, commune de Nyoiseau. Villa pfo&~a, tt49-H68, (Cartulaire de la Roë, f. it8 bis). – Ancien fief et seigneurie relevant do la Gravoyère, avec maison seigneuriale, jardin, étangs. Il donnait son nom jusqu'au xvf siècle à une puissante famille, de qui hérita Jacques Clérembault, mari en 1560 de Claudine d'Avaugour, fille de Guyonne de Villeprouvée. (Dictionnaire historique de j[aine-et-Loire, t. III, p. 733). (3) Quincé, ferme et moulin, commune de Feneu. Ancienne maison noble appartenant aux de VtUeprouvëe depuis le xv;' siècle. (tbid. p. 212).


DVE EN CELLE DE LA VAL. ELLE AVOIT POVR MERE EL!SABETH DE CVILLÉ (1) D' DES MONCEAVX (2) ET SES AYEVLLES PATERNELLES ESTOIENT Il ELIE DE LA COVSSAIE, FRANCOISE DE PIED DOVAVLT, DR LA HARDRIE, ANNE BASIN, ÏEANNE BORDAS, TIIOMINE DE ROCHECHOVARD Il ET IEANNE DE CHIVRE DR DE QviNCÉ ~A: CE QVI MONTRE QV'ELLE ESTOIT ILLVSTRE EN EXTRACTION AUSSI BIEN QU'EN MÉRITES. (3) LA MORT T'APPREND QVE TV MOVRAS, ET SA VIE T'INSTRVIT DES MOIENS DE BUN MOVRIR. PRIE DIEV POVR ELLE ON TE LE RENDRA DANS LE MEME BESOIN ET DIS DEVOTEM. REQVIESCAT IN PAGE. AMEN.

(1) Ouillé, canton de Cossé-Ie-Vivien. 7n parrochia de Cnlleio, 1229, (abbaye de la Roë, H 186, folio 165). Ancienne seigneurie relevant de la baronnie de Oraon. (Dict. top. de la ~[yewte, p. 107). L'étang' est desséché. Le prieuré dépendait de l'abbaye Saint-Serge d'Angers. Varennes, maison bourgeoise, commune de Feneu. Ancien fief et maison noble relevant de la Roclie-Joulain. La terre appartenait au xvi' siècle aux de Chivré et au xvn' siècle aux de Villeprouvée. (Ibid. p. 658).

(2) Montceaux (Les), ferme, commune de Loigné, canton et arrondissement de Château-Grontier (Mayennel. Arrière fief du marquisat de Château-Gontier relevant de la seigneurie de Loigné. (Dict. top. de <aJ/st/eMKe, p. 222).

(J) Voici les noms des enfants issus du mariage de Jean Gaultier de Brullon et de S.uzanne de Villeprouvée Michel CM//t'o!/ et ;Va;'te-Ë~'so6e~, nés le 18 août 1655. C/MM'~M, ne le 1" mai 1656..F/wtcoM-3/teM, né le 2 décembre 1659, page du roi, en 1677, lieutenant au régiment Royal des Vaisseaux en la compagnie du sieur du Chastelier, présent aux sièges de Cambrai et de Samt-Omer, et à la bataille du Mont-Cassel, en 1678. Jacques, cité plus haut. Jean-Charles, né le 2 août 1662, curé de Bierné de 1685 à 1703.emcoM, né le même jour que le précédent, seigneur de la Chotardière, en Saint-Michel-deFeins, sous-lieutenant au régiment de la Chastre, dans la compagnie du sieur Rolland, lieutenant de grenadiers, présent au combat de Fleurus et à la bataille livrée le l" juillet 1690 par M. de Luxembourg contre les Espagnols, alliés aux Hollandais, marié le 25 février 1691 avec Marie-Madeleine du Bois-Jourdan, mort d'une blessure, après un combat engagé entre les troupes de M. de Catinat et celles du duc de Savoie. ~~MtMf, ~nne-.Fh'M&~A, ./<M<~(M-~&a! Dix enfants étaient nés de cette union huit vivaient encore quand leur mère mourut. (Archives de ~<MM". Etat civil de &Kn!<M<~H!-<<M-.Wo~Mf.s).


IV

Le troisième tombeau était consacré à Marie de Chazé (1), dame de l'Eglorière de Livré et du Port, fille de n. h. Louis de Chazé, chevalier, seigneur de l'Eglorière, et de Louise Le Bigot, que Jean Gaultier de Brullon, in" du nom, avait épousée, en premières noces, le 12 septembre 1641 (2). Elle mourut à l'âge de trentesix ans, le 16 avril 1649, comme le constate l'épitaphe. Son corps fut inhumé dans la chapelle seigneuriale et son cœur fut déposé dans l'église Saint-Remy de ChâteauGontier. Quant à f-on époux, veuf en secondes noces de Suzanne de Villeprouvée, il fut enterré le 4 janvier 1694 dans l'église de Saint-Laurent-des-Mortiers (3). Sept enfants étaient issus de cette union, dont quatre décédés en bas âge et enterrés dans l'église Saint-Remy (4). Les trois autres étaient Nicolas, religieux de l'ordre de Saint-Dominique en la maison de Laval, dont il devint prieur en 1689, après avoir été reçu docteur en Sorbonne le 16 octobre 1675, sous-prieur de son ordre en 1674 et provincial en 1684. Jean, prêtre et missionnaire au Canada, en 1676 et 1679, chanoine de la cathédrale de Québec et grand pénitencier de la basilique (5). Elisabeth, mariée, par contrat passé le 20 août 1662, devant Cresson, notaire de Saint-Laurent-des-Mortiers, avec « messire « François Legouz, sieur de la Boullaye et du Gœuvre, (1) Chazë-Uenry, canton de Pouancë. – Ancienne seigneurie dont est sieur Itobert de Chazé en 1539. fDt'c<. /Mf,t. de ~et-L, t. t, page 662.)

(2) Généalogie des Gaultier de Brullon. Archives du château de Vaux.

(3) Reg. de l'ét. civ. de Saint-Laurent-des-Mortiers. (4) lieg. de l'ét. civ. de Saint-Hemy de Château-Gonticr. (5) Généalogie, ibid.


« chevalier de l'ordre du roi, ambassadeur pour sa « majesté vers les rois de Perse et des Indes, » qui, au mois d'octobre 1664, partait pour la Perse (1). Il y mourut à Ispahan vers 1669, et par ordre du shah, fut enterré magnifiquement (2). Sa veuve lui survivait encore en 1696. Legouz de la Boulaie, originaire de Bordes près Baugé, ou de la Boulaie en Bocé, fut un des plus intrépides voyageurs de son siècle. Après avoir parcouru l'Angleterre, l'Irlande, le Danemarck, la Hollande, l'Italie, il prit le chemin du Levant, visita Constantinople, la Perse, l'Asie-Mineure, l'Egypte, etc. Rappelé en France par le souci de ses affaires domestiques, il fut présenté à Louis XIV « dans l'habit et équipage persans ». Connu, dit-il lui-même, en Asie et en Afrique sous le nom d'Ibrahim-Bey, et en Europe sous celui du Voyageur ea~o~Me, il acquit promptement une grande célébrité. Il a raconté ses aventures dans une curieuse relation, imprimée, à Paris, en 1653. La seconde édition, publiée en 1657, à Troyes, est plus complète. L'ouvrage se termine par cet axiome « Les voyages font les « hommes et les hommes les amis. »

Ce monument, placé au côté sud de la chapelle, auprès du bénitier, entre la porte d'entrée et la fenêtre bouchée, n'était pas moins riche en incrustations de marbre que les précédents, auxquels il faisait face. Au sommet se dressait un vase rempli de fleurs et de fruits dominant un écusson, jadis peint et aujourd'hui fruste, au-dessous duquel s'arrondissait un médaillon encadré de motifs variés. Deux urnes d'où émergeaient des flammes surplombaient les élégantes colonnes, ornées de grappes de (I) ~-c/t. de ~e< E. 3,iOG. Pocq. de Liv., mss. 1,068. Dfem. de la Société <y~'te., Sc. et Arts d'Angers, 1855, p. 31. ~i/maHae/t d'Anjou, 1769, p. 96.

(2) « On accusa des gens de sa suite de l'avoir assassiné pour « s'approprier les présents qu'il avait reçus du prince; mais son « chirurgien rendit témoignage, au retour, que Legouz était mortdunenèvre chaude, » [/)tC<. /i.M<. <<e~e< t. II. p. 489). 12


fruits, de torches funèbres, d'ossements en croix, de palmes le tout était réuni par un ruban attaché à un anneau. Le tableau du retable a été enlevé. Six larmes, symboles de la douleur, étaient sculptées sur la corniche. Un blason à double écu où nguraient les armes des Gaultier de Brullon et celles de la famille de Chazé (1), entourées d'un cordon à noeuds ouverts, avec la devise « FLOS AD SIDERA, surmontait l'épitaphe suivante

CY DESSOVBS REPOSE LE CORPS DE TRES NOBLE ET VERTVEVSE DAM" MARIE DECHAZÉ, FEMME DE IEAN GAVLTIER DE BRVLLON ESCVYER S.a DE LA IVCQVAIZE QVI DÉCÉDA A CHAVGONTf" LE )6. APVRtL 1649 AA&ÉE DE 3R ANS. R. tN. P. AMRN.

Dans l'intérieur de l'ossuaire on apercevait ces mots gravés sur une pierre

(1) Selon le feudiste Audouys, les de Chazé portaient D'azur ou de gueules à six alérions d'or ou d'argent, posés 3, 2 et 1. L'Eglorière dont ils étaient seigneurs était un fief situé sur te territoire de Livré (commune du canton de Craon, arrondissement de Château-Gontier, Mayenne), et vassal de la baronnie de Craon. Ce lieu est appelé Z~orere dans une charte de l'abbaye de la Roë, au XIH* Siècle (abb. de la Roc, H 151, folio 100. Dict. top. de la Mayenne, p. 116).

(*) Page ci-contre, gravure d'après un dessin de T. Abraham: Tombeau de jt/arM de C/Mse, femme de. Jean Gaultier de .BfM/<o~, escuyer, xet~MeMr de la Jt;eq'M<tMe.




Telles sont les épitaphes que l'on peut encore déchiffrer sur les mausolées dégradés de la chapelle de Brullon. Le texte mutilé d'une autre inscription, malheureusement perdue, a été transcrit par M. le curé Mahier dans ses Notes historiques sur la paroisse et la commune de &KM<L<!MyeM<-de.s-Mo~'6y~, déposées aux archives du presbytère, et dont ses successeurs ont tenu à honneur de continuer la rédaction. (1)

Voici ce que nous lisons à la page 46 « Un autre « marbre noir, qui pouvait provenir de l'encadrement du « retable, était gisant à terre, en deux morceaux, dont l'un « trop brisé pour l'intégrité des vers; sur l'autre, qui « semblait s'ajuster au côté gauche du premier, on « remarquait encore ceux-ci

6 6 6 6 6 6 6

D'VNE SI BELLE VIE AMËTJÈRENT LE COVRS,

INIVSTES DANS CE POINT DE FINIR CETTE VIE (2)

QVI DE MJLLE VERTVS DEVOlT ESTRE SVIVIE,

MAIS TRES IVSTES AVSSI DE NE DIFFÉRER PLVS

Li DICNE RECOMPENSE ACQVISE A CES VERTVS.

PASSANT, L'AMOVR DE D]EV D'VKE SI SAINTE FLAMME, PENDANT QU'ELLE YtVOT, EMBRASA SA BELLE ANE, ET LES CHASTFS ARt'EVRS QV'ELLE EVT PO\R SON ÉPOVX L1 BRVLERENT D'VN FEV SI CONSTANT ET SI DOYX QVE, SANS ESTONNMMENT, CE TOMBEAV PEVT APPRENDRE QVE D'VN CORPS, PLEIN DE FEV, IL NY A QVE LA CENDRE (3)

(1) M. Mahier exerça les fonctions de curé de Saint-Laurentdcs-Morticrs de 1835 à 1862.

[2) Le manuscrit porte « DE FINIR MA VIE. » Il y a là certainement une double faute de copie, explicable par le mauvais état de l'inscription. Si, en effet, on se conformait à cette rédaction, le vers serait boiteux et ne compterait que onze syllabes, au lieu de douze, nombre réglementaire pour l'alexandrin; ensuite il est inadmissible que Marie de Chazé fasse elle-même son propre éloge et parle de ses mille uefttt.s'.car, alors, il lui en manquerait au moins une, à savoir la modestie.

(3) Notes historiques sur la paroisse et la commune de SaintLaurent-des-Mortiers, p. 47.


Enfin, sur un autre fragment, qui devait être de même longueur et de même largeur que ceux qui précèdent

MVUER TtMENS DOMINVM IPSA LAVDAB)TVR

ANDRÉ JOUBERT.


Les du Bellay, célébrés sur tous les tons par les historiens et par les poètes, sont des personnages si connus, qu'il n'y aurait aucune espèce d'intérêt à rappeler, dans un mémoire scientifique, ce qui les distingua de leurs contemporains, charges, faveurs, influence dans les lettres et dans les cours, actions signalées qui leur ont valu leur place historique soit dans les annales de la France, soit dans celles de l'Église universelle. Ils tiennent, d'autre part, comme l'on sait, à notre histoire du Mainet par les bénéfices qu'ils y ont obtenus, Tyron, FontaineDaniel, évêché du Mans, etc., par les grands biens qu'ils y ont possédés, Boisthibault près de Lassay (1), la Pallu, paroisse de Saint-Mars-sur-Colmont (2) Oronge, la Feillée, etc., enfin par leur naissance au manoir de Glatigny lequel, à l'époque, était du Maine. Ainsi, à bien des égards, il y a raison d'intéresser les commissions locales de cette (1) Le château du Boisthibault, qui n'offre plus qu'une assez imposante ruine, était venu dans cette maison par Jeanne de Logé, grand'mère du cardinal et de ses frères.

(2) Titres de Goué Jacques du Bellay, baron de Thouarcé, le même qui fut gouverneur d'Angers durant les troubles religieux, obtint cette terre par son mariage avec Antoinette de la Pallu. Le nom de leur fils aîné, René du Bellay, baron de la Lande, reviendra souvent dans ce mémoire.

L'HÉRITAGE ET LES HÉRITIERS

DES DU

BELLAY


province à certaines pièces manuscrites qui rappelleront, entre autres, les plus célèbres membres de cette famille, Guillaume sire de Langey gouverneur de Piedmont, le même dont on admire le monument funéraire dans la cathédrale du Mans et le cardinal Jean son frère, dont la main atteignant à la tiare faillit, dit-on, l'obtenir, et qui par ses dispositions testamentaires, occasionna, pour son héritage, une contestation de dix-huit années, cause de ce mémoire historique.

Au nombre des titres qui restent de ce procès, il y en a deux qu'il convient de distinguer immédiatement, savoir le testament de Guillaume du Bellay sire de Langey, 13'novembre 1542, et celui de Jean du Bellay, cardinal évêque d'Ostie, 15 mai 1555 (1).

On ne saurait se dissimuler combien il est difficile d'accommoder, en forme de document, une liasse informe et incomplète de papiers d'affaires. Toutefois,qu'en faveur de la rectitude de l'intention, jeter pour notre histoire locale des notes sur une époque intéressante, on nous passe la témérité de l'entreprise. Pour la conduire avec ordre et avec une juste sobriété de détails, nous donnerons 1" l'extensum du testament de Guillaume du Bellay; 2" le compte-rendu analytique du testament en latin du cardinal 30 l'histoire du procès après la mort de celuici 4° les pièces l'extensum de quelques-unes, notamment le texte latin sus-indiqué et l'indication des autres (2). (1) Ces deux curieux documents sont probablement inédits M. Bertrand vice-président de la Société historique du Maine, savant très versé dans l'étude de cette époque, nous écrivait avec sa bienveillance accoutumée, le 14 janvier 1883 « Quant aux du Bellay, il n'est pas à ma connaissance que leurs testa« ments aient été publiés. J'ai noté l'existence d'une copie de celui de Guillaume, du 13 novembre 1542, à Turin, dans le N* 4,432, folio 73 du fonds français de la Bibliothèque nationale à Paris. o

(2) Tous nos documents sont des archives de Goué.


1

TESTAMENT DE GUILLAUME DU BELLAY.

«Coppie.

« Par devant Pierre Bolliot notaire et secretaire du Roy en sa chancellerye de Piedmont greffier du parlement dudit pays de Piedmont fut present en sa personne hault et puissant seigneur messire Guillaume du Bellay sieur de Langey et Glatigny chevallier de l'ordre du Roy cappitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances et son lieutenant general en Itallye lequel de son propre mouvement et franche volonte sain de pensee et entendement combien quil fut mal dispose de son corps feist et ordonna faict et ordonne par ces presentes son testament mancipation et ordonnance de derniere volonte en la forme qui sensuyt.

« PREMJEREMENT apres avoir recommande son ame a Dieu luy suppliant vouloir par vraye contriction le faire participans du mérite de sa benoiste passion a voulu et ordonne veult et ordonne ledict sieur testateur sil advient quil decede en ceste ville de Thurin ou de présent il est mallade ou ailleurs en ce pays de Piedmont son corps estre enterre en leglise metropolitaine de Sainct Jehan de ceste dicte ville de Thurin et a son enterrement et antres jours accoustumez estre faict et celebrez les services a lordonnance de messire Martin du Bellay chevallier seigneur de la Herbaudiere cappitaine de mil chevaulx legiers et gouverneur de ceste ville de Thurin son frère et l'un de ses executeurs cy apres mentionnez Et si! advient que ledict sieur testateur decedde hors ce dict pays de Piedmont son dict corps estre enterre et


les dicts services estre faictz a la discretion et ordonnance dudict seigneur de la Herbaudiere son frere. « 7<eM ledict seigneur testateur a donne et legue donne et legue a ladicte eglise Sainct Jehan de ceste dicte ville de Thurin ou cas quil y soit enterre la somme de cinq cens livres tournois pour une foys oultre la somme d'autre cinq cens livres tournois par ledict seigneur testateur a ladicte eglise ordonnee pour la sepulture de feue dame Anne de Crequi jadys dame de Pont de Remi sa femme moyennant lesquelles sommes les chanoynes et chappitre de ladicte eglise seront tenuz dire et celebrer par chacun an deux anniversaires cest assavoir lun a tel jour que ladicte feue Anne de Crequi fut enterree et lautre que ledict sgr testateur sera enterre en ladicte eglise Et oultre lesdicts chanoynes et chappitre seront tenuz celebrer et continuer par chacune sepmaine de lan en ladicte eglise deux basses messes lune a tel jour que ladicte dame de Crequi deceda et lautre a tel jour que led testateur deceda Et a ce a lintencion pour le salut des ames dicelluy testateur et de ladicte de Crequi jadys sa femme et de tous les trespassez et sil advenoit que ledict sgr testateur decedast hors cedict pays de Piedmont a volu et ordonne en cas que lanniversaire et messes ordonnees pour ladicte dame de Crequi jadys sa femme soient fondez dictz et celebrez en ladicte eglise de Thurin et l'autre messe et anniversaire estre fondez dictes et celebrez en leglise parrochial dud lieu de Langey (1). « Item a ordonne et ordonne ledict sgr testateur toutes et chacune ses debtes (2) estre bien et loyaulement payees et tous et chacun ses serviteurs estre payez et satisfaictz (t) On sait que Langey mourut en France le 9 janvier 1543, sur le mont Tarare, à S. Symphorien, que son frère René, alors évêque du Mans, le fit apporter dans son église cathédrale et que ses deux autres frères Jean et Martin l'y honorèrent du mausolée qui subsiste encore (Dom Piolin, v. 386). (~) Il en était criblé à cause do ses libéralités (Dom Piolin ibid. Hauréau Hist. litl. dit 3laine; édit. de 1845, III, 103.)


de leurs gages et services jusques a troys moys apres le trespas dudict testateur Et oultre leurs dicts gages donne et legue led sgr testateur a sesd serviteurs et autres cy apres nommez les sommes et choses qui sensuyvent. « PREMIEREMENT que la somme de deniers par luy promise au sgr de Bullou (1) en traicte de mariage entre luy et Renée Daunay demoiselle niepce dudict seigneur testateur soit payee selon lad promesse a damoiselle Charlotte Daunay aussi sa niepce la somme de mil livres tournois pour une foys en augmentation de son mariage aussi a demoiselle de Grant maisons cent livres tournois pour une foys a Roger Tehez ou a ses heritiers sil est mort cinquante livres tournois paur une foys au sgr de Sainctaye six cens livres tournois pour une foys a Jehan de Bryon trois cens livres tournois pour une foys à Michel de Saches cinquante livres tournois pour une foys a Claude Massuau cent livres tournois pour une fois paye a François Maillard autres cent livres pour une fois paye a Denis Josson cinquante livres tournois pour une foys a Jehan Trousset trois cens livres tournois pour une foys a Jullien Vinet trois cens livres tournois a Francois Le Barbier cinquante livres ts pour une foys a Jehan de Gerces ce que l'affirmation par led sgr testateur faicte quant led de Gerces fut marie ce trouvera plus monter que le bien dicelluy de Cerces ne valloit lors a messire Charles Girard vingt cinq livres tournois par chacun an jusques a ce que ces heritiers layent pourveu ou faict pourvoir en leglise jusques a cent livres tournois de revenu par an ou environ a Jehan Bullon cinquante livres tournois pour une foys a Jacques Haumet orfeuvre allemant deux cens escuz sol pour une foys paye a Jehan Anthoine de Mavey deux cens livres tournois pour une foys paye a Pierre appoticaire a chacun deux cens livres tourn pour une foys paye a Odouart Girault cinquante (1) Jacques de la Ferrière, époux de Renée d'Aulnay, nièce du testateur.


livres tournois pour une foys a la lavandiere Marie vingt escuz pour une foys oultre ce que luy sera deu de ses gages et aux aultres ses serviteurs la somme de mil livres tournois qui leur sera departye et distribuee a la discretion de ses dicts executeurs.

« Item veult et ordonne led sgr testateur que ledict messire Martin du Bellay son frere donne au sgr Dherbye (1) et Bahuet a chacun ung bon cheval de service pour homme darmes.

« Item a donne et donne led sgr testateur a Jacques Daunay son nepveu lun de ses harnoys dorez ung de ses coursiers ung roussin ung cheval despagne et ung turc. « Item aud sgr de Bullou le harnoys dore qui luy a faict delivre le coursier des geysselle qui luy a este baille et ung autre grant cheval de son escurye a la discretion dudict messire Martin [du Bellay frère] dud sgr testateur. « Item au sieur de Boullancourt a donné et donne led sgr testateur le grant jeune coursier bay et tel que vouldra choisir de ses jeunes roussins.

« Item icelluy sgr testateur donne a monseigneur maistre Francoys Erault conseiller dud sgr roy maistre des requestes ordinaire de son hostel son president et viz chancelier derrier les mons sans volumes de ces livres telz que led sgr vouldra choisir et le surplus donne audict Daunay son nepveu.

« Item au sieur de Rabelais et a messire Gabriel Capheure medesin (2) veult et ordonne led sgr testateur qui leur soit donne oultre leurs sallaires et vaccationj cest assavoir audict Rabelais cinquante livres tournois par an jusques ad ce que ses héritiers layent pourveu ou faict pourvoir en lad eglise jusques a trois cens livres Ii) Est-ce Edouard Stanley, comte de Derby? U y en a quelque probabilité.

(2) Un lit plus bas Caphere. Il faut peut être un accent aigu sur le dernier e jamais les accents no sont marqués dans les vieux titres.


tournois par an (1) aud Caphere cinquante escuz sol pour une foys payé.

« Item a donne et legue ledit seigneur testateur audict messire Martin du Bellay son frere la tierce partye des terres ou seigneuryes de Glatigny Boysauvet la Jousseliniere et de tous les autres biens immeubles appartenant aud testateur es pays dAnjou Vendosmoys et du Maine Et si aucuns desd biens estoient vendus a faculte de rachapt a donne et legue aud messire Martin du Bellay son frere le droict et faculté de pouvoir rachepter lesd biens.

« Item a pareillement led seigneur testateur donne et legue aud messire Martin du Bellay son frère tout le droict ypoteque ou aultre qui aud sgr testateur appartient et peult appartenir en et sur tous et chacun les biens de la succession de feu noble seigneur Loys du Bellay seigneur du lieu de Langey pere dud sgr testateur et dud messire Martin (2) tant pour la récompence de la terre et seigneurye de Lignerolles jadis appartenant aud sgr testateur cacause de la succession de feu dame (i) Le legs à Rabelais est de même nature que celui marqué ci-dessus en faveur de messire Charles Girard Langey laisse à ses héritiers pour ces personnes, la charge d'une rente annuelle, et le soin de les pourvoir d'un bénéfice dans l'église, s'ils veulent se décharger eux-mêmes. Ce curieux passage précise nettement la position qu'avait Rabbelais à cette époque, et confirme une conjecture d'Hauréau « Rabelais, dit-il, paraît avoir assisté aux derniers moments de Guillaume )), puis il donne ses raisons qui sont intéressantes. fRist. <tM. du ~OMM, 2' édition, t. Ht, p. 99 et iOO). Jean du Bellay évoque de Paris, depuis 1532, ne tarda guère après la mort de Langey à se dégrever lui et les siens en donnant une cure à Rabelais (1M5). a. Rabelais dont il fit son secrétaire, qu'il nomma curé de Meudon et dont il recevait de fréquents appels de fonds, (Les eMtjftfM et archevêques de Paris par le vicomte d'Avenel, 1.1" p. 240). Les du Bellay et Rabelais avaient été compagnons d'études (Voir le D<c<MHM. /Ms<. de Bouillet art. Rabelais, et la Revue du Maine, tome vi, où l'on dit que Rabelais reçut du même la cure de Saint-Christophe du Jambet en même temps que celle de Meudon).

(2) Les du Bellay étaient enfants de ce Louis et de Marguerite Je la Tour Landri.


Katherine de la Tourt sa tante icelle terre vendue par led sgr Loys du Bellay que pour raison de l'administration que icelluy feu sgr du Bellay y avait eue des biens dud sgr testateur et pour les debtes dud feu sgr Loys du Bellay payee par led sgr testateur son filz.

« Item oultre a led sgr testateur donne et legue aud messire Martin du Bellay son frere tout ce que par les coustumes des lieux ou ses biens immeubles sont situez et assis par luy peult donner et leguer.

« Item led testateur a conferme et conferme par ces présentes la donation par luy cy davant faite aud messire Martin du Bellay son frere les terres et seigneuryes de Langey de Cloye Jousseliniere Salle et Viel pont et autres biens immeubles qua icelluy sgr testateur appartenaient aux pays et vicomte de Dunoys duche de Vendosmoys et comte de Bloys voullant et ordonnant que les dictes choses donnees et leguatz par luy faictz aud messire Martin du Bellay son frere luy soient baillees tout en ung lieu en commencant au lieu et terres et seigneuryes de Langey et continuant en icelle terre de Langey et ez aultres biens situez en Dunoys et puis apres sur la terre et seigneurye de la Jousseliniere et terre de Vendosmoys de Bloys et Perche en Perche et si les coustumes sur lesquelles lesdits sont situes et assis sont a ce contraire en tout ou en partye diceulx (led) testateur prie ses heritiers cy apres nommez que nonobstant lesd coustumes pour les donnations et legatz dessusd ilz souffrent et laissent led maistre Martin du Bellay son frere jouyr desd terres de Langey Cloye et autres biens de la Jousseliniere de Dunoys Vendosmoys et Blesuoys lesquelz biens de Langey Cloye et autres situez en Dunoys Vendosmoys et Blaisoys led seigneur testateur a voulu et ordonner (sic) veult et ordonne demeurer entièrement et sans division aud messire Martin du Bellay son frere et apres son trespas a son filz esne et conséquemment desne en esne de la maison descendant des descendans dud maistre Mar-


tin du Bellay (1) inhibiteur et deffendant icelluy sgr testateur lesd terres estre vendues ne allouees par partage ou autrement tant et si longuement quil y aura en la succession dud Martin du Bellay et des descendans de luy oultre les terres dessusd de quoy bailler les partages aux puisnez et sil avenoit que led maistre Martin du Bellay son filz esne ou enfant dessendant des esnez decedassent sans masles et neussent que filles et on trouve aucun des nons et armes dud sgr testateur qui espousast lune desd filles en ce cas a voulu et veult led sgr testateur que lesd choses dessus données et leguees appartiennent a lad fille ayant espouse ung gentilhomme desd nons et armes (2) et aux fils esnez descendant dud mariage et consequemment daisne en aisne en deffault de masle en fille comme dessus.

« Item au residu de tous et chacuns ses autres biens meubles et immeubles non droictz et actions presens et advenir led sgr testateur a faict instituer ses héritiers universelz ceulx qui par coustume ou ses biens sont assis ou le doibvent estre cest assavoir monseigneur Jehan cardinal du Bellay et reverand pare en Dieu Rene du Bellay evesque du Mans le dessus nommé maistre Martin du Bellay ses freres demoiselle Loise du Bellay dame de Villeneuve la Guyard sa sœur (3) et damoiselle Claude de Gravy sa niepce (4) auxquels cinq héritiers laisse toute sa succession a departir ainsy que les coustumes le portent fors et excepte ce quil en a donne par donnation entre vifz et par ce present testament aud messire Martin (i) Maistre, doit être ici une faute du copiste ce terme ne s'appliquait jamais à l'égard des nobles à moins qu'ils n'eussent une charge libérale, et encore moins à l'égard d'un personnage du rang de Martin du, Bellay.

(2) Marie fille aîné de Martin épousa Rêne du Bellay son cousin sieur de la Lande.

(3) Femme de Charles d'Aunay, sieur de Villeneuve la Guyard. (4) Claude de Gravy, fille d'Ambroise baron de Cousteaux, et de Renée du Bellay.


du Bellay et sur laquelle succession il veult et ordonne toutes et chacunes ses debtes qui se trouveront estre raisonnables et pareillement les legatz par luy faictz par ce present son testament et ordonnance de derniere volunte estre payez par sesd heritiers et ced present testament valloir comme testament codicille Rdemission ou autre ordonnance de derniere volunte en la meilleure forme que valloir pourra.

« Item et a led sgr testateur esleu et ordonne eslist et ordonne les executeurs de cestuy son testament mond sgr reverendissime cardinal du Bellay reverend pere en Dieu René du Bellay evesque du Mans led messire Martin du Bellay ses freres et led sgr monsgr maistre Francoys Erault president et vichancellier deca les mons ausquelz et a chacun deulx et a donne et donne plain pouvoir auctorite et mandement special dexecuter et observer et faire executer et observer et accomplir sond testament et ordonnance de deniere volunte en tous et chacuns ses poinctz et articles les priant quilz veullent prendre et accepter ceste charge specialement led sgr messire Martin du Bellay son frère president et vichancelier de Piedmont faire au plustost escripre et inventorier ses meubles et debtes actives pour satisfaire promptement a ses debtes passives et mobilieres et en acquicter sa conscience en revocquant et mectant au neant tous autres testamens que led sgr testateur peult avoir faictz par cy devant presens et assistans messire Paulle de Termes chevalier seneschal de Rouergue cappitaine general des chevaulx legiers et gouverneur de Savillay messire Anthoenne Loys de Savoie conte de Pontallier conseiller chevallier aud parlement de Piedmont messire Regne de Berasgue conseiller dud seigneur roy en son parlement a Paris et son maistre des requestes deca les mons messire Marin de Peschere chevallier sgr dud lieu et gouverneur de Moncallier messeigneurs maistre Meschiel de Gart Estienne de Serges Pernet de Langlaines Francoys Vitat mestre Gasti aussi conseillers


dicelluy sgr roy aud parlement de Piedmont maistre Francoys Roy pareillement conseiller dud sgr roy et son advocat aud parlement de Piedmont maistre Francoys de la Colombiere tresorier et recepveur general des finances dud sgr roy de Savoye et Piedmont et maistre Bernard Le conte secretaire du conseil de monseigneur le lieutenant general pour led sgr roy en Itallye désormais adce appelez requis par led sgr testateur et led notaire et secretaire a recepvoir cestuy son testament et lexpedier en forme deue quant besoing sera ausd sgrs heritiers et autres a qui il appartiendra faict et passe à Thurin en la maison archeppiscoppalle le treziesme jour de novembre lan mil cinq cens quarante deux en son vivant faict et institue faict comme dessus (1).

« Geste coppie a este extraicte de la mynute original avec laquelle a este faicte collation de cested coppie par moy notaire et secretaire. »

ft] Sur la mort de Guillaume du Bellay, 9 janvier 1543, ou ptutôt 1542 suivant l'ancienne manière de commencer l'année, tire la biographie de Ronë du Bellay, Hist. HMef. d'Hauréau, Ed. 1845, tome ni.


II

TESTAMENT DE JEAN DU BELLAY CARDINAL ÉYEQUE D'OST~E. (COMPTE-RENDU ANALYTIQUE.)

Comme le testament de Jean du Bellay fut écrit en latin, il convient de n'en donner ici que l'analyse et de remettre à plus tard le texte latin. Même, il faut le dire déjà, nous ne possédons de ce testament qu'une copie partielle et pointillée, extraite avec soin cependant par les héritiers du cardinal peu de temps après sa mort et collationnée avec l'original. C'est une pièce en papier et en écriture du xvi° siècle, qui a passé sous les yeux des deux Chauvelin et d'Etienne Pasquier, jurisconsultes célèbres et contemporains ils y font une claire allusion dans une délibération signée de leurs mains le 16 décembre 1577 et jointe au dossier (1).

On doit regretter que le tabellion copiste n'ait pas reproduit l'original lettre à lettre les nombreux et Ctr<~<3: par lesquels il termine la plupart des articles testamentaires dont il donne connaissance, indiquent son intention de dégager seulement les dispositions qui concernaient strictement l'héritage. Il abrège aussi les formules de chancellerie et assurément il a passé sous silence des articles qui intéresseraient au plus haut point. Comment croire, par exemple, que ce cardinal n'ait pas fait par testament plus de dispositions religieuses qu'il n'y en a (1) Voir aux pièces justificatives le fragment testamentaire et la consultation des Chauvelin et Pasquier. Cette pièce, extraite à Rome en 1567, mise sous les yéux de ces jurisconsultes parAmbroisedeGoué en 1577, est accueillie par eux comme sérieuse; elle apparut d'ailleurs dans les différentes péripéties du procès elle est donc authentique ou au moins très intéressante.


de marquées dans cette copie intéressante mais incomplète ? Les historiens cependant en signalent d'autres ils disent « Le cardinal du Bellay mourut à Rome, le 16 février 1560 (1), âgé de 68 ans et fut enseveli dans l'église de la Trinité du Mont, au couvent des Minimes Français auxquels il léguait par testament la moitié de sa riche vaisselle et 30.000 écus d'or (2). L'abbé Rohrbacher rappelle que Jean du Bellay légua à sa mort, pour l'entretien des Germaniques, un fonds de terre dans les Marais Pontins (3).

Par une conséquence des préoccupations qui le fixèrent constamment au milieu du plus grand monde, ce prince de l'église, qui ne fut pas cependant sans qualités morales et religieuses très réelles, est pour ainsi dire condamné à ne jamais paraître dans l'histoire que du côté externe et temporel. On n'a que peu étudié son attachement à l'Eglise et au Saint-Siège, son dévouement sans bornes à un ordre célèbre qui se levait de son temps pour combattre victorieusement l'hérésie envahissante (4), et l'importance de ses œuvres de bienfaisance et de piété. Son testament, du moins le fragment en question, froid comme ses notices, n'échauffa que ses héritiers.

La plus importante de ses clauses s'y trouve aussitôt après le préambule c'est une ~ota~b~ universelle « à très illustre dame Marie, sa nièce, fille aînée d'illustre écuyer Martin du Bellay, pour lors gouverneur au (i) Cette date, qui serait, suivant notre manière actuelle de compter, du commencement de l'année 1560, était en réalité, à l'époque, de la fin de l'année 1559.

(2) Histoire littéraire du ~f<KtM, par Hauréau, 1845, t. in, pages 145, 146. Dom Piolin: ~MtoM'e de ~'E~Kse du Mans, t. v, p. 401. Gallia CA~MhsfM 77~.

(3) Le collége germanique était un Séminaire en faveur des allemands, fondé à Rome par S. Ignace de Loyola et le célèbre Canisius en 1552. Jean du Bellay y souscrivit pour 150 écus d'or et plus, et enflamma le zèle des cardinaux dont il était doyen, pour cette œuvre éminemment catholique. Voir de curieux détails dans Rohrbacher, xxiv, p. 292. Edition de Paris, 1859. (4) L'ordre de la Compagnie de Jésus.


nom du roi de la province de Normandie, de tous et chacun ses biens meubles et immeubles, même de ses objets précieux, droits, noms, actions, quelque part qu'ils se trouvent et en particulier les vallées ou marais nommés les Palludes Pontines, tels qu'il les a reçus de très haute dame la Reine de France (1), ou à quelqu'autre titre qu'il les possède. Il veut qu'après sa mort elle en jouisse à sa volonté, sans en être contredite de qui que ce soit, à la charge cependant de payer ses dettes et aux sociétés de l'Ecole Germanique et de l'Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, fondées et dotées par lui, les sommes et redevances d'usage.

« Au cas que la très illustre dame Marie, sa donataire et nièce ainée vienne à décéder sans fils et sans fille légitime, il veut, règle et ordonne qu'à elle et dans ce cas soient substituées pour le même héritage et aux mêmes conditions, la seconde des filles de Martin du Bellay et ses enfants et au besoin la troisième et ses enfants, si la seconde mourait privée d'héritiers. « Il veut toutefois et ordonne que Marie du Bellay et ses soeurs soient écartées en faveur des fils légitimes dudit Martin du Bellay, son frère germain, s'il lui en survenait à l'avenir.

« Il demande enfin que si ladite très illustre dame Marie, sa donataire, prédécédait ou que s'il venait luimême à se repentir de sa donation, celle-ci soit regardée comme annulée.

« Étaient présents les signors Sylvestre Aldobrandini, Pyrrus Thero, Remi Donluci, du diocèse de Chartres, médecin du très révérendissime cardinal testateur, Pierre Concariet, clerc de Soissons, son secrétaire, et François Villanova, clerc de Sinigaglia, témoins.

« Ce fut passé dans la Cité Léonine, bourg Saint-Pierre, au palais résidentiel dudit révérendissime et illustrissime (1) Catherine de Médicis, femme du roi Henri n ? Y


Cardinal, qui signa avec les cinq témoins précités et JeanPierre Forteguerra, clerc de Pistoie, notaire juré. « Le 29 septembre 1567, le révérend signor Balthasar Tucius de Pistoie et le signor Pierre Rivaldi, notaire de Rote, visèrent et reconnurent l'écriture du susdit signor Jean-Pierre Forteguerra, prêtèrent serment et JeanFrançois Bucca accepta de signer cette reconnaissance (1).

(1) C'est la pièce qu'on lira ci-après in-extenso. Le testament lui-même est du 15 mai 1555 sede vacante p~' <)&:(MMt Afarcelli dum vixit pp ij. Marcel n fut élu pape le 9 avril 1555 et mourut 24 jours après son élection (3 mai); son successeur, Paul tv, fut élu le 25 mai il est remarquable que pendant la vacance, du 3 au 25 mai, Jean du Bellay, d'une part, fit son testament, et d'autre part obtint un grand nombre de voix pour la papauté, au rapport des historiens c'est une simple constatation historique qui doit avoir son intérêt.


Les débats qui se produisirent à la mort du Cardinal entre ses parents, à l'occasion de son testament ou pour d'autres donations antérieures qui s'y résumaient, toutes favorables à Marie du Bellay, durèrent jusqu'au 17 décembre 1577. Sans ces dispositions, tous les héritiers naturels auraient partagé au tiers ses meubles, et suivant les coutumes, les grands biens qu'il laissait en Italie, au Maine et dans le Vendômois. Ils lui étaient venus, d'une part de dons et acquisitions et d'autre part de l'héritage de ses père et mère Louis du Bellay, sieur de Langey et Marguerite de la Tour-Landry, 17 juillet 1546. *A cette date le Cardinal et René son frère, évéque du Mans (1), s'opposèrent aux criées des /~y~a~p~pa!nels et maternels, saisis sur Guillaume du Bellay, sieur de Langey, leur frère aine, mort dès le 9 janvier 1543, et se firent adjuger leurs portions avec le consentement de Martin du Bellay, sieur de Langey, devenu l'aine et principal héritier par bénéfice d'inventaire. Conformément au désir, que nous avons vu exprimé par Guillaume du Bellay; dans son testament, la fille ainée de Martin. Marie du Bellay, s'était mariée avec un du Bellay, René, baron de la Lande, fils aine de Jacques du Bellay, seigneur dudit lieu, baron de Touarcé, etc., et neveu d'Eustache du (1) Rend du Bellay fut évêque du Mans de <535 à 1546. Son frère le cardinal le remplaça dans la chaire de Saint-Julien et y fut remplacé lui-même en 1546, un an après son testament et trois ans avant sa mort, par Charles d'Angennes. (Voir Dom Piolin).

LES HÉRITIERS DU CARDINAL ET LEUR PROCES.

III


Bellay, seigneur du Bellay et du Boisthibault, et évoque de Paris (1).

Il est évident que l'estime naturelle qui avait animé l'esprit de Guillaume pour le nom du Bellay, anima semblablement le Cardinal et détermina ses préférences en faveur de sa nièce, femme du neveu de l'évêque Eustache. Par un acte entre vifs du 10 avril 1553, ce prélat avait reçu en don, du cardinal son cousin, tous ses propres et ac~Me~. Deux jours après Eustache y renonçait pour en faire cession et transport à Martin du Bellay, sieur de Langey, père des demoiselles qui furent si avantagées dans le testament de 1555. A la mort du cardinal, fin de 1559, Louise du Bellay, sa sœur, et Claude ou Claudine de Gravy, dame de Maillé Brezé, fille de Renée du Bellay, autre sœur, prétendirent qu'Eustache n'avait pas à les troubler dans les affaires de la succession universelle de leur lignée qu'il ne pouvait exciper d'une donation à laquelle il avait renoncé et qu'enfin il n'avait pu donner au sieur de Langey des biens dont il n'avait point pris possession elles procédèrent contre lui, réclamèrent chacune un tiers des meubles et ac~M:~ du feu cardinal et s'en firent cMcerMer sentence à leur proM/M'< aux Requestes du Palais à Paris, le 22 janvier 1560. La même chambre des Requestes ne tarda point à être saisie d'une complaincte de la part de l'évêque de Paris contre ce jugement, en même temps que René du Bellay, baron de la Lande, se <Mt< en instance auprès du Parlement de Rouen, prétendant à tous les meubles et acquiets du cardinal en vertu do son testament de 1555. Nous verrons ci-après l'un des héritiers déboutés, nommé messire Jacques de Goué, seigneur dudit lieu et de Fougerolles au Bas-Maine, gendre de Marie du Bellay, faire le voyage de Rome, et solliciter, même obtenir, l'annulation de cet acte important (1562-1564). Mais la matière, nonobstant, parut tellement délicate, que les (1) Eustache était frère a,inë du baron de Touarcé.


instances commencées continuèrent leur cours et qu'il y eut trois sentences solennelles, l'une provisoire et suspensive en 1569, la seconde entièrement favorable aux du Bellay, mais non acceptée par leurs adversaires en 1574, à Rouen, et que le procès ne prit fin qu'en 1577, à Paris, par un accommodement à l'amiable entièrement contraire aux prétentions des familles de Goué et de Maillé Brezé.

Après ces données sur l'origine de la fortune de Jean du Bellay et ce léger aperçu d'ensemble sur le procès qu'elle occasionna, les détails sur l'état de ses meubles et immeubles et sur le personnel de sa famille intéresseront davantage.

Sur ses meubles il n'y a rien à dire ici nous renvoyons simplement à ce qui suivra.

Ses biens immeubles sont répartis en trois catégories dans l'arrêt de la cour du Parlement de Rouen, du 23 juin 1574 (1)

« 1° Ses terres, fiefs, seigneuries, lieux et héritages de Langey, moulin de Claye, moulins et appartenances des rivières de Claye depuis le pont dudit Claye jusques au Gué de Flacé, douze arpens de pré appelez les prez de Langey sur la rivière du Loir et deux arpens et demi de pré sur ladite rivière, les tailles et vignes appelés les taillis et vignes de Langez près de Claye, la Regnardière, la Limardière, le lieu, fief et seigneurie de Marigny, paroisse du Plessis-Dorin, les fiefs, terres et seigneurie de la Fueillée paroisse d'Oigny, la Noue Pellegouau, une maison assise dans la ville de Vendosme, appelée la maison de Langey et deux moulins appelez les moulins de la Grève, autrement les moulins le Conte, la seigneurie de la Salle de Viellepont, les métairies de la Bergerie, de la Viollerie, de la Bretonnière, de la Herbudière, le [1) Il y avait de ces biens qui n'étaient pas au Cardinal mais à la succession sa.i6.ie du célèbre Langey toutefois, comme ils furent conservés à la famille par l'industrie du Cardinal, il est légitime de lui en faire l'honneur.


moulin du Nannet, la terre et seigneurie de Boisbinet paroisse de Saint-Avit, les terres de Mainneuf paroisse de Meilleray et de la Choppinière paroisse du PlessisDorain. les terres et seigneuries de Boisfry et de Cloye, la Josselinière, Vallet sur Benant, la maison de la Boissière, paroisse de Villiers, la Girauldière et la Ferté. « 8° Les terres du Boulay, Bonrepos, la Preslière, les droits à la Grande Haye et au bourg de Claye acquis par le défunt cardinal du Bellay et les Paludes Pontines. « 3° La terre de Glatigny, la Rivière, le Poirier, la Foucauldière, la Hardouinière, Lestrevertu, la Borde, le Tertre, le moulin de Glatigny. »

De tous les frères du cardinal, Martin du Bellay seul (1), laissait postérité, savoir les trois filles mentionnées au testament Marie l'aînée la seconde nommée Catherine, fut la seconde femme de Charles de Beaumanoir, baron de Lavardin, qui périt à la Saint-Barthélémy Jeanne, la troisième, mourut sans alliance au cours du procès.

Louise du Bellay, seconde héritière, épousa Charles d'Aulnay, chevalier des ordres du roi, baron de Villeneuve la Guyard (2), dont elle n'eut pas moins de quatre enfants, Jacques, Charlotte, Renée et Gabrielle celleci, mariée à Jacques de Goué, seigneur de Goué et de Fougerolles, en eut trois fils et deux filles, Jean de Goué, seigneur de Fougerolles, Charles, seigneur de Nantreil, puis de Villeneuve, Ambroise, seigneur d'Audray (3), (1) Mort le 9 mars 1559, peu de jours après le cardinal. (2) Au pays de Gastines !le de France.

(3) Audray en Beaulieu, relevait du château de Montjean. Il était venu aux de Goué du chef de Mathurine du Boisgamas grand mère de Jacques. Les de Gouë jouissaient d'une très haute position Patrice avait épousé en 1497, MicheIIe do Laval, dame héritière de Fougerolles l'ayant perdue il acheta cette terre de Sanglier de Boisrogues, son beau-frère et se remaria à Ambroise d'Anthenaise, dont Jacques seigneur de Goué. Un frère de Patrice, fils comme lui de Mathurine du Boisgamas, Jean de Goué, seigneur du Pontaubrée, eut de Jeanne du nlégaudais son épouse, un fils dont les rejetons vivent de nos jours en Vendée. Joseph


Renée, femme d'Yves de Pontavice (1), Anne, qui épousa Louis de Guierlay, puis Maurice de la Hautonnière. Renée d'Aulnay, sœur aînée de Gabrielle, du vivant de son mari Jacques de la Ferrière, seigneur de Vautorte et baron de Bulou, chevalier des ordres du roi, entra au monastère d'Estival en Charnie et en devint abbesse (2). La seconde sœur du cardinal, Renée du Bellay, épousa Ambroise de Gravy, baron de Cousteaux, qui possédait du chef de sa mère, Thieurine de Montécler, la seigneurie du Boisgamas en Avesnières. Cette Thieurine de Montécler, fille de Louis, seigneur de Montécler et de Jeanne du Boisgamas, fille elle-même d'un chevalier de renom dans son temps, Guillaume du Boisgamas, seigneur dudit lieu et de Guillemette d'Yvoy, dame de Montaudin, n'avait laissé que ce fils de Thibault de Gravy, baron de Cousteaux. Claude de Gravy, fille unique d'Ambroise et de Renée du Bellay, épousa Arthus de Maillé,'chevalier des ordres du roi, capitaine de ses gardes, seigneur de Brezé, qui eut la tutelle et garde noble des deux enfants que lui laissa Claude de Gravy, morte en 1570 il y avait un fils et une fille les Condé, puis les d'Orléans descendent du fils, Claude de Maillé, baron de Milly (3) Jeanne de Maillé, sa sœur, fut mariée à Jean baron de Sansac, de Goué, l'un deux, lieutenant au 2" de zouaves, blessé mortellement à FrœscheviIIcr, le 6 août 1870, est mort a Woorth, le 20 septembre sa mère, huit frères, quatre sœurs et de nombreux cousins lui survivent.

(1) Afeux de tous les Pontavice.

(2) Elle laissait au monde un fils et deux filles, René de la Ferrière. chevalier, bailli et capitaine de Chartres, Anne non mariée, Françoise femme de noble homme Gabriel de Saint Bosmer tous les trois vendirent Vautorte en 1575 à Jean Casot, sieur de la Cordellerie.

(3) Il avait le Boisgamas dans ses nombreuses seigneuries Morice Le Tessier, curé d'Avosnières, cortine à l'évêché du Mans, le 6 février 1577, ~);'t< n'y a point de nobles dans sa paroi,sse mais que noble homme MeM!<'e C~<f!e de Maillé, escuyer, est Mt'~net! de la M~~i;rM dit BoM~sma! <)OM catholique rt MeM MM?!<. (Archives de la Sarthe). Boisgamas fut vendu peu d'années après & un Lofcbvro de la Falluere. (GMtK~o~M Quatrebarbes).


capitaine de la porte du roi et premier gentilhomme de sa fauconnerie.

On ne trouve, dans aucune de leurs pièces de procédure, les raisons pour lesquelles les parents du feu cardinal demeurèrent deux ans entiers sans se préoccuper ni des biens qu'il avait laissés en Italie, ni de son testament resté dans la ville de Rome. Mais il parait constant qu'ils ne se mirent en action à cet égard, sous l'influence du jugement du 22 janvier 1560, qu'après la liquidation de leurs affaires de France que les du Bellay en ce moment dociles, soit par ignorance du testament, soit par défaut de confiance dans sa solidité, s'abandonnèrent à la merci de leurs adversaires pour le partage des meubles et acquisitions enfin que ceux-ci, les de Maillé et de Goué, représentés par haut et puissant messire Jacques, seigneur de Goué et de Fougerolles, n'eurent aucune difficulté pour recueillir tant en France qu'en Italie ces mêmes biens, ni pour faire casser à Rome le testament du feu cardinal en 1562.

Monsieur de Goué recueillit en France, au cours de 1560 et années suivantes, des sommes importantes ainsi de M" Thomas Gouaud, fermier de l'évêché du Mans, la somme de 650 livres tournois de Me Julien Doyneau, fermier de Fontaine-Daniel, 1.100 livres tournois ~1); de messire Jacques du Bellay, les deux tiers de la somme de 2.239 livres pour la vente que celui-ci avait faite des bois de Thyron du même 100 livres tournois, arrérages de t'~K~s ~M~ a levesché de Paris, dont il y avait &M~Msieurs saiszes faictes aux terres du Boy~/K'&aM~ et la Pallu et autres appartenans SMdx'c~ sieur Jacques du Bellay (2); de Jehan Boucher, fermier de Thiron et de monsieur le cardinal de Guyse, pour du vin prins a Pon(1) Le cardinal du Bellay avait eu l'abbaye de FontaineDaniel en Saint-Georges-Buttavent.

(2) Jacques du Bellay, seigneur du Boisthibault, après son frère Eustache, était le père du baron de la Lande.


tigny 200 livres tournois; pour un compromis entre les héritiers du feu cardinal du Bellay en son vivant abbé des abbayes de Pontigny et de Thiron, d'une part et messire Alphonse de Vercelly, au nom et comme grand vicaire et procureur général de monsieur le révérendissime cardinal de Ferrare, à présent abbé de ladite abbaye de Pontigny et naguère dudit Thiron (1), 2.500 livres tournois.

Messire Jacques de Goué partit ensuite pour Rome, muni des procurations de sa belle-mère Louise du Bellay et de Claude de Gravy, sa cousine germaine. Ce seigneur connaissait l'Italie pour en avoir fait les campagnes laborieuses dans les troupes de Martin du Bellay son oncle, en qualité de guidon de cinquante hommes d'armes de sa compagnie. Arrivé à Rome vers le milieu de l'année 1568, il y séjourna l'espace de vingt-deux mois, et, après avoir réussi merveilleusement, revint à Paris se faire décharger de sa double procuration par acte passé à la Prévôté de cette ville le 2 septembre 1564. L'acte de sa démission, rédigé avec soin et parfaitement écrit sur un cahier du plus beau parchemin, donne sur la mission du sire de Goué des détails circonstanciés d'un véritable intérêt:

« Disoit ledict de Goue que pour faire casser et declairer nul certain testament pretendu avoir este faict par ledict deffunct seigneur cardinal en faveur de damoiselles Jehanne Marie et Catherine du Bellay filles de feu messire Martin du Bellay seigneur de Langey aussi heritieres pour une tierce partie dudict feu seigneur cardinal il seroit alle a la priere et requeste tant de ladicte dame Claude de Gravy femme de messire Arthus de Maille auctorisee par justice au refuz dudict seigneur de Breze (i) Louis d'Este, fils d'Hercule II, duc de Ferrare et deRenëo de France, nommé cardinal en Voir dans Mnreri lo bol éloge de cet abbé de Tyron. Nos titres de Goué lui donnent, pour successeur à Tyron, Charles de Ronsard.


que de damoyselle Loyse du Bellay dame de Villeneuve la Guyart sœur et aussy heritiere dudict feu seigneur le cardinal a Romme ou il auroit sejourne par vingt et deux moys et faict declairer ledict testament nul par quatre sentences conformes ensemble obtenu plusieurs (1) contre les Gotifredis de Romme pretendans avoir faict quelques meliorations sur les Paludes Pontines appartenans audict feu seigneur cardinal Ensemble sont plusieurs comunitez et aultres prétendans en lad succession a quoy il auroit este contrainct pour la conservation dicelle heredite faire de grandz fraiz et nourry plusieurs personnes et ayant lad dame (de Gràvy) baille procuration speciale audict de Goue pour vendre tout ce qui pouvoit appartenir a lad dame audict Romme et pais ditalye auroit icelluy seigr de Goue en vertu de lad procuration vendu le tiers appartenant a lad dame audictes Palludes Pontines ensemble par vertu de pareille procuration auroit vendu ungaultre tiers appartenant a ladicte Loyse du Bellay au cappitaine Martin de Martinis gentilhomme florentin pour le prix et somme de vingt six mil livres comme appert par le contract sur ce faict et passé aud Romme le treiziesme juillet cinq cens soixante deux sur et tant moins duquel pris auroit este deduict audict cappitaine Martin la somme de sept mil quatre cens livres quil auroit preste audict sieur de Goue auparavant ladicte vendition pour employer aux affaires communes de ladicte dame et de lad du Bellay Et le mesme jour par aultre contract passé entre ledict de Goue et ledict cappitaine Martin auroit iceluy cappitaine Martin associe en la moictié de ladicte acquisition ledict de Goue qui est d'une tierce partie desdictes Palludes et en ce faisant se seroit obligé ledict de Goue contribuer avec ledict cappitaine Martin au prix de ladicte vendityon et le rembourser de la moictié de ladicte somme de sept mil quatre cens livres laquelle dicte association auroit este expressement stipullee et contractee par <n Sentences.


ledict de Goue pour sauvegarder et conserver ladicte tierce partie a ladicte dame et pour quelle ne fust decretee et pour la remettre entre ses mains toutes fois et quantes quelle len requerroit A ceste cause est recongnoissant ledict sieur de Goue que ladicte vendition par luy faicte lad dame de Breze nauroit encores touche aulcun denier a icelluy transporte. par ces presentes a icelle dame de Breze ce acceptant tous les droicts noms raisons actions qui luy peuvent competer et appartenir tant a lencontre dud de Martinis que aultre Pour raison dud tiers veult et consent que lad dame soit subrogée du tout en son lieu. pourjoyr doresnavant dud tiers et en prendre les fruicts proufictz et esmolumens. »

Notre parchemin rapporte ensuite l'état des recettes et dépenses que le sire de Goué eut a établir dans ses comptes

« Ledict de Goue a recongnu et confesse avoir receu pour et au nom de ladicte dame les sommes cy après declairees quil auroit employe a la poursuite desdictes affaires.

« Cest assavoir de Thomas Gouaud fermier du revenu de levesche du Mans la somme de quatre cens livres tournois.

« De damoiselle Jacqueline Rebours pour partie des quinctz et requinctz de la terre de Chennevieres la somme de cinq cens livres.

« Du substitut du notaire de Chesya par accord faict avec luy par lediet de Goue pour la falsite dudict testament la somme de quatre cens escuz et unze julles pour escu vallantz monnoie de Romme huict cens quatre vingtz livres.

« Des fruicts des dictes Palludes cuilliz en lan mil cinq cens soixante par commandement et ordonnance du pape six cens quarante livres.

« Des fruicts desdictes Palludes pour l'annee cinq cens soixante ung quatre cens quarante deux livres. « De Baldiny banquier a Romme la somme de quatre


cens quarante livres pour le chappeau dudict deffunct seigneur cardinal.

« De la vente de plusieurs antiquailles de marbre la somme de quatre cens livres.

« Quatre cens escuz provenans de la vente de quelques medalles qui estoient a Romme delaissees par le trespas dudict deffunct sieur le cardinal et encore quelques meubles et fruicts des Palludes (1) »

Ainsi le seigneur de Goué fit à Rome un recouvrement d'au moins trente mille cinq cent quatre vingt deux livres sans compter la sentance et taxe des despens faite par l'auditeur de la Chambre a Romme de la somme de mille escus d'or de despens taxez a lencontre desdictes damoiselles Marie Jehanne et Catherine du Bellay pour et au proufict desdictes dames de Gravy et Louise du Bellay laquelle sentance fut conservee en l'office de Fabrice Gallet a Romme et la somme de deux mille trois cens escuz de laccord faict avec le procureur desd damoiselles Marie Catherine et Jehanne dit Bellay pour le paiement de leur tiers de fraiz communs faits en lad heredite a lencontre des estrangiers accord passe a Romme le 13 juillet 1562 en l'office dudict Gallet. Louise du Bellay mourut en 1570, sans avoir pu jouir de sa part d'héritage tant à cause des troubles de famille que de la donation volontaire qu'elle avait faite en la Prévosté de Paris dès le 26 rctobre 1562, de la moitié de tout son droit successif tant mobilier qu'immobilier a elle escheu par le decez et succession de feu monseigneur le reverendissime Jehan Cardinal du Bellay son frere a Jehan de Goue escuyer son petit fils. C'était à cause de la bonne et vraye amour naturelle qu'elle avait pour lui, aussi a ce quilaye mieulx de quoy vivre et sentretenir aux armes et que tel estait le bon plaisir de ladicte damoyselle Loyse du Bellay dainsy faire.

[1) Cet alinéa se trouve dans une autre pièce.


Jean de Goué absent avait accepté par procureur mais le 16 septembre 1570, il accepta personnellement et donna sa signature ces actes sont écrits sur un cahier en fort beau parchemin la signature de Jean de Goué, en écriture droite et semi-royale, est très belle.

Jean de Goué, seigneur de Fougerolles, supplia ses parents de favoriser son alliance avec une demoiselle de la paroisse d'Escouché en Normandie, nommée Suzanne de Villers, d'une famille très noble et très riche, mais protestante ce ne fut pas sans difficultés que le jeune et ambitieux écuyer surmonta leur opposition, particulièrement celle de sa mère, qui ne consentit qu'après le contrat, sur les instances de son mari. Ce fut le 16 juin 1568 qu'on traicta que le mariage serait faict Dieu aydant en lesglize du filz de Dieu notre Seigneur Jesuscrist. Jean ne fut pas heureux entrainé dans l'erreur de la Religion prétendue Réformée, il s'y avança, mais fut tué à Paris dans la nuit de la Saint-Barthélemy, 24 août 1572, aux pieds de l'Amiral de Coligny étant lieutenant de sa compagnie des gendarmes (1)

(1) Généalogie manuscrite de la maison de Goué.


IV

SUITE ET FIN DU PROCÈS EXTRAIT D'UN COMPTE

DE TUTELLE.

Suzanne de Villers, à l'époque de la mort de son mari, était enceinte d'une fille qui naquit dame de Goué et de Fougerolles et qui vécut vingt ans. Elle se nommait Jeanne de Goué, ne fut pas mariée, et fut élevée tantôt chez sa mère au château de Nantray (1), tantôt à Goué chez sa grand' mère et ses oncles, et aussi dans l'abbaye d'Estival sous l'oeil de sa tante, l'abbesse Renée d'Aunay. Sa mère, protestante zélée, remariée à l'un des plus grands seigneurs de l'armée d'Henri iv, Jean de Fontaines, avait toujours tendu à l'élever dans sa religion et même elle fit des efforts, quand elle fut nubile, pour la marier au fils aîné de son mari. Jacques de Goué, le grand père, n'avait guère qualité pour préserver la jeune fille de l'hérésie, car ébranlé lui-même, sans doute par la mort funeste de son fils, ou séduit dès avant ce temps là par les brillantes qualités de celui-ci qui aimait son père, il embrassa la Religion Réformée, et même on crut (2), mais à tort qu'il était mort protestant. Après lui, la tutelle de Jeanne fut dévolue à Charles de Goué, seigneur de Villeneuve, qui s'en désista bientôt, puis à Ambroise de Goué, seigneur d'Audray, tous les deux frères de feu Jean de Goué, mais catholiques sincères et ardents. Voici le témoignage que (1) En Heussé, paroisse de Normandie, qui touche Fougerolles.

(2) Titre du 9 mars 1577, signé Lambert c'était le lieutenant du bailly de Cotentin. Jacques, cependant se convertit au dernier moment comme le témoigne son testament et fut inhumé avec ses ancêtres dans l'église de "ougerolles.


rendait à l'Evêché du Mans le 5 février 1577, des habitants du château de Goué, le vicaire de Fougerolles, messire Henri Guilloux « noble dame Gabrielle d'Aulnay, dame de Goue et Fougerolles et Villeneuve la Guyard au pays de France, et son fils puisne nomme Ambroys de Goué, sieur d'Audray, residant au manoir seigneurial dudit Goue, vivants catholiquement, gens pacifiques, immitateurs des commandements de Dieu et son eglise reprimant toutes personnes errantes » (Archives de la Sarthe). On ne saurait plus s'étonner que monsieur d'Audray avec ce caractère et son dévouement pour sa nièce qui ne se démentit jamais, ait obtenu pour elle de tous les membres du conseil de famille, l'avis de l'élever dans la religion catholique et de la confier à l'abbesse d'Estival (1). Dans un volumineux et très intéressant livre manuscrit, qui est le compte-rendu de sa tutelle, le seigneur d'Audray a laissé le détail des frais qu'il eut à faire pour terminer le procès du Bellay au plus grand avantage de la jeune dame de Fougerolles, sa nièce et pupille. Nous ne croyons point qu'il y ait mieux à faire pour terminer l'histoire du procès que de donner le texte même de ce compte, curieux à plusieurs titres.

« Compte que noble Ambroys de Goue seigneur dAuldray et dlvoy curateur gênerai de damoyselle Jeanne de Goue myneure dans fille unicque de deffunct noble Jean de Goue vivant sieur de Foulgerolles et de damoyselle Suzanne de Villers et par representation dudict deffunct Jean heritiere pour les deux parts de deffunct noble messire Jacques de Goue vivant chevalier de lordre du roy et (1) Membres de ce Conseil Charles de Goué, seigneur de Villeneuve la Guyard, Jean de Goué, seigneur de Clivoy, Germain d'Anthenaise, seigneur d'Anthenaise et de la Tamiière, gouverneur de Fougères, Léon de la Haie de Saint-Hilaire, Maurice de la Ilautonnière, seigneur du Bas-Plessis en Fougerolles. Un seul était protestant, le sieur do Clivoy, suivant les Archives de la Sarthe les autres n'avaient jamais eu reprêhension erronnée.


seigneur dudict lieu et deffuncte Gabrielle dAulnay (1).« Et premier faict entendre que ledict Jean de Goue père de lad myneure auroit predecede ses pere et mere et seroit mort en l'an mil v cent soixante et douze par la mort duquel l'administration et garde de ladicte myneure seroit demeure aud Jacques de Goue qui auroit avec la mere delle manye ce peu qui auroit este baille audict deffunct par avancement ainsi que bon leur auroit semble. « Deceds dud Jacques de Goue qui fut en mil v cent soixante et quatorze apres lequel lad de Villers princt qualite de bail et tutrice naturelle de sa fille.

« Accord entre les deux dames de Goue lad de Villers abandonna la garde noble de sa fille et le vingt troys décembre Ambroyse de Goue fut institue curateur general de lad myneure 1575.

«. Faut considerer ql y avoit un proces entre messire Rene du Bellay sieur de la Lande et ses consorts en la court de Parlement a Rouen contre deffunct messire Jacques de Goue (2) et ses consors pour la succession de deffunct monsr le cardinal du Bellay sur lequel proces fust le vingt et troisiesme de juign mil cinq cent soixante et quatorze donne arrest au proffict dudict messire Rene du Bellay par lequel led deffunct sieur de Goué et consors furent desbouttez de lad succession et condampnez es despens dont le contable (Ambroise de Goué) fut adverty par Arondel procureur en parlement de Rouen. « En execution duquel arrest lad damme de Goue lad de Villers et les autres enfants dud deffunct de Goue furent adjournez en Parlement pour prendre ou delaisser le proces ou ils firent declaration quils nentendoient iceluy reprendre au moyen de quoy fut par autre arrest decerne (i) Gabrielle d'Aulnay mourut en 1583 Jeanne de Goué ne mourut qu'en 1592 le compte d'Ambroise de Goué est de 1575 à 1592.

[1i Débouté à Rouen le 23 juin 1574, était mort quelques jours auparavant son testament, en présence de deux prêtres de Fougerolles, est du 6 mai de la même année.


acte a toutes les partyes de leurs declarations et ordonne que le contable iroit en la qualité fere declaration. prester le serment de fidelite dont le contable adverty par missive signee Arondel en date du 12e de may 1576 depesche ung nomme Jean Falentin quil envoist expres a Rouen environ le mois de juign 1576 lequel estant arryve par advis de conseil presente requeste a la court au nom du contable affin davoir convocquation des pieczes du proces pour deliberer sur la response ou delaye comme appert par les ordonnances de lad court des premiers et quart jour du mois de juign pour l'effect duquel voyaige il fut environ de troys sepmaines tant allant venant que cejournant et de cheval pour quoy demande led contable pour le viaticque dud Fallentin luy estre alloue la somme de seize escus.(1)

« Et pour ce que led Fallentin ne pouvoit faire les diligences necessaires qu'il falloit au recoupvrement des pieczes et que la présence du contable y estoit nécessaire led Arondel envoist autre missive aud contable par laquelle il luy escript que monsieur du Vivier qui avoit ete conseil en la cause estoit dadvis que le contable fayst un voyaige sil vouloyt exempter plusieurs grands fraiz qui se voulloyent preparer sur la myneure a raison de quoy le contable fut necesbite de faire un voyaige aud parlement de Rouen ou il arriva le 18 de juign et fist telle diligence quil faict visiter tous les scacs et sur iceulx faict consultation signee Heudes du Vivier au procedant laquel i! luy fallut estre par troys jours avec son procureur et le procureur des parties adverses pour evangeliser les sacs sur les inventaires dont son procureur demeuroit chargé a chacun desquelz jours luy cousta a chacun deulz escuz qui seroyt pour les troys jours douze escuz.

« Et par quatre autres jours consecutifs assembla les consailz qui furent chacun coup depuys midi jusques a (1) Plus 15 ecus pour les sallaires de Fallentin et Arondel et les frais des requestes.


cinq heures pour quoy faire leur bailla pour leur sallaire a chacun huict escuz.

« Oultre laissa procuration pour faire ce qui estoit necessaire avec quatre escuz ql bailla a son procureur pour remettre les sacz entre les mains du greffe et assister a levangelisation diceulx.

« Aussi paya l'occupation de la chambre des consultations pour laquelle il bailla pour tous les voyaiges quarante sols.

« Plus pour l'assistance d'un clerc a puncter les piecez et les poinctz resolutifs vingt et cinq sols.

« Pour le sallayre au greffier davoyr delivre l'arrest qui fust donne contre led deffunct de Goue le 23 juign 1574 deux escuz dix sols.

« Pour le sallayre des tabellions qui firent la declaration vingt et ung soulz.

« Pour le viaticque et vacquation du contable de deux chevaulx et ung lacques par le temps de quinze jours tant allant venant cejournant que retournant vingt et cinq escuz.

« Et pour ce que la fin de la consultation tendait a evocquer la cause en la chambre my-partye suyvant ledict fust a ceste fin presente requeste civille sur laquelle et les gens du roy ouys fut donne autre arest par lequel ledict contable fut deboutté de levocquation et ordonne que pour toutes presixions le contable dedens troys jours feroyt declaration sur la reprinze ou delaye du proces et voyant le contable le danger ou pouvoyt tomber sa myneure aud parlement de Rouen fust par la faveur des adverses partyes ou autrement il soy delibere suyvant ladvis dung nomme Me Jehan Lanbert bailly de Saint Sauveur et lieutenant general du bailly de Quotentin homme fort expert et suyvant la trace de messieurs de Sansac et de Breze qui estoyent consorts en la cause dicelle evocquee comme appert par missive signee Lambert en dabte du neufviesme de novembre mil cinq cents soixante et saize et a ceste fin luy envoyst led Lambert lestres du conseil prive en


vertu desquelles il faict donner assignation a monsieur et madame du Bellay et madamoyselle de Lavardm pour quoy faire il envoya led Fallentin expres de cheval jusques aux maisons de Lavardin et du Plessis Mace pour quoy faire led Fallentin vacqua par le temps de dix jours ouviron tant allant cejournaut que retournant pour quoy demande estre rembourse pour ses vacquation et viaticque de la somme de vingt livres et troys escuz pour le sallayre des sergents de pareille somme pour le sallaire dudict Falentin qui seroit trente et huict livres.

« Et ayant le contable este informe que lesd seigneurs de Milly et de Sansac auroient este deboutez des lettres devocquation comme appert par lettres expédiées sur les regestres des requestes de lostel du roy signes Martin en dabte du neuviesme de mars mil cinq cent soixante et dix sept le contable fut contrainct se transporter au pays dAnjou par devers le seignenr et dame du Bellay pour scavoir sil voulloyent entendre quelque expedient daccord et les ayant trouve en volonte dy entendre ils convindrent de se trouver a la Saint-Martin a Pariis. « Auquel voyaige d'Anjou le contable fut par le temps de six jours avec deux chevaulx et ung lacques pour quoy demande luy estre alloue la somme de unze escus. « Et pour tascher a mettre fin audict proces se transporte a Pariis ou il arryva a la Saint-Martin qui estoit le temps convenu ou illec estant arryve faict consultation signée Chauvelyn Pasquier et Chauvelyn le jeune sur led proces pour les fraiz de laquelle luy cousta six escuz. « Puis faict accord led sieur du Bellay par ladvis verbal de messieurs de Vace du Pied Gallard et baron de Meignacet des sieurs deBreze de Sansac qui avoyent pareil interestz que la myneure selon les conditions portées en lad transaction du mardy dix septiesme jour de décembre mil cinq cent soixante dix sept.

« Pour le sallaire et cousts des notaires qui redigerent par escript la transaction en quartes séparées lune conte-


nant seize rolles de vellin et l'autre deux roolles cinq escuz.

« Pour le viaticque et vacation du voyaige du contable avec deulx chevaulx et un lacques qui fut par le temps de deulx moys tant allant venant que sejournant quatre vingtz escuz.

« Pour le merc des escriptures au siege de Mayenne contenant mandement devocquer les parents de la myneure pour donner leur advis sur la forme de la transaction six soulz.

« Pour le sallaire de monsieur le juge de Mayenne cinq soulz.

« Pour le conseil qui a iceluy nomme dix soulz. « Pour le sallaire du voyaige dud contable destre aile expres delivrer led mandement quatre escuz. « Pour escripture de l'acte expedie au siege de Mayne le trentiesme doctobre lan mil cinq centz soixante dix sept le juge en teste signe Menard Caset Petit et Cherot contenant lassembles et deliberation des parents pour mettre fin aud proces quatre souds.

« Pour le sallaire et assistance de monsieur le juge deulz escuz.

« Pour le voyaige du contable accompaigné comme dessus quatre escuz.

« Pour le merc et escripture dud autre acte expedie aud siege le vingt et deuxiesme de janvyer mil cinq cents soixante et dix huict contenant autre assemblée de parents ausquelz fut faict lecture de laccord cy dessus tous lesquelz declarerent quilz lavoyent agreable ainsy mesme quil appert en outre par missives signes Daulnay Dubellay et aultres attaches avec led acte deulx soulz. « Pour le conseil quinze soulz.

« Pour le voyaige dud contable accompaigne comme dessus quatre escuz.

« Pour la peine et vacation des meseigers qui sont allez inthimez et assignez les parents et touttes les deûlx assignations trois escuz.


« Plus pour une consultation signee Versoris (1) Chauvyn et Lambert faicte a Pariis le vingt et troisiesme de septembre soixante et dix huict sur ce que le seigneur du Bellay voulloyt retracter laccord et y fere employer quelques causes qu'il disoyt avoir este obmises cinq escuz. « Pour les fraiz davoir envoye fere fere la consultation et icelle rendre cinquante soudz. »

L'accord se fit le 17 décembre 1577, à Paris, par transaction passée devant les notaires Franquetot et Croiset Les du Bellay rentrèrent dans tous les droits que leur avaient donnés, d'une part Eustache du Bellay, donataire des immeubles du cardinal Jean, et d'autre part le cardinal lui-même par son testament passé à Rome le 15 mai 1555. Toutefois les autres héritiers furent laissés en possession de tous les biens qu'ils avaient recueillis jusqu'alors, pour les dédommager des grandes dépenses qu'il avait fallu supporter pour recueillir la succession en France et en Italie, et pour couvrir les frais du jugement de Rouen de 1574, qui fut maintenu. Toutes les instances contre furent à tout jamais assoupies et la querelle éteinte. (2)

(i) Versoris était le surnom d'un jurisconsulte distingué, partisan des jésuites sous Henri IV, contre Pasquier Son vrai nom était Letouirneux, d'une famille noble de Normandie (Voir Ménage Vita JEroia, p. 515), fixée depuis en Anjou. (2) Cette transaction, passée à la Prévôté de Paris, est un beau cahier en parchemin.


v

PIÈCES DU PROCÈS: ANALYSES, TESTAMENT DU CARDINAL, LETTRES DE MARIE DU BELLAY, DE GERMAIN D'ANTIIENAISE, DE Renée d'Aunay ABBESSE D'ESTIVAL, CONSULTATION DES CHAUVELIN ET DE PASQUIER.

!• 13 Nov. 1542 TESTAMENT DE GUILLAUME DU BELLAY. C'est une copie sur un cahier en papier, contemporaine du procès et non signée par le notaire copiste. On lit au dos deux suscriptions. La première Coppye du testament de monsr de Langey 13 nov. 1542. La seconde rangée en travers est une adresse postale Monsieur Monsieur du Fourny, indication que cette pièce fut envoyée comme intéressante par M. de Baugy, seigneur de Goué, à Honoré Caille du Fourny son beau-père, auditeur de la Chambre des comptes à Paris, mort en 1731, familier du Père Anselme, correcteur et rééditeur de son important ouvrage, Hist. Gén. et Chronol. de la Maison de France et des Grands Officiers de la Couronne (1674, 1712).

2' 24 sept. 1545 « Acte EN COURT ROYAL DU MANS par devant Michel Godefroy notaire en la dite court, reçu et passe au chateau de Thouvoye, par lequel, en faveur du mariage d'entre noble homme Jacques de Goue, seigneur dudit lieu et de Fougerolles, et damoyselle Gabrielle dAunay, fille de noble homme Charles dAunay, seigneur de Villeneuve la Guyard et de Pensefollie et de damoyselle Loyse du Bellay, sa compaigne et espouse, contract passe en la meme


court le vingt du mesme mois, reverend pere en Dieu monseigneur Rene du Bellay evesque du Mans oncle de ladicte damoyselle Gabrielle promet de payer aux futurs en son nom et au nom desd dAunay et du Bellay la somme de troys mil escuz sol dor ou monnoye savoir quinze cent livres tournois au jour des espousailles et le reste ensuite d'annee en annee cinq cents escuz sol payes par luy ou a son defaut par deux gentilshommes quil constitue a cet effet Eustache du Bellay grand archediacre de Paris et seigneur dud lieu du Bellay et Rene le Clerc seigneur de Juigne et de Verdelles et avec eux maistre Thomas Gouault l'un de ses fermiers en presence de nobles hommes Christofle Despinoye seigneur des Pastyz Jehan Leroy seigneur de la Bouchonniere et Jehan Ferrecoq seigneur de la Gilliere. » (Très joli parchemin, signé Godefroy).

3" 15 mai 1555. COPIE SUR PAPIER DE LA donation PAR TESTAMENT DU CARDINAL JEAN DU BELLAY A SES NIÈCES FILLES DE MARTIN DU BELLAY.

« Copia presente donationis »

« Die 15 Maij 1555 sede vacante per obitum Marcelli dum vixit pp ij.

« In nomine dni amen.

« Illustrissimus et Reverendissimus dns Joannes Bellaius sancte Romane ecclesie Episcopus portuensis cardinalis per gratiam omnipotentis dei sanus mente et corpore sciens se morti subjectum sponte et ex ejus certa scientia etc.

« Vigore quorumcumque indultorum et privileglorum sibi de sede apostolica concessorum et aliis omnibus melioribus modo jure etc.

« Titulo donationis que de jure causa mortis nuncupatur salvis tamen semperinfrascriptis, donavit, dedit etc.


« Illustrissime domne Marie filie primogenite illustris equitis Martini Bellay ad presens pro regis in provincia Normandie eius nepti licet absenti etc.

« Me notario etc.

« Omnia et singula cius bona mobilia etiam pretiosa et immobilia, jura, nomina, et actiones tam in urbe quam quibusvis aliis mundi partibus existentia et respective sibi quomodolibet et ex quavis causa competentia et quantum consuetudo loci ubi dicta bona reperiuntur sibi concedit et presertim valles seu palludes Pontinas nuncupatas sibi a strenuissima Regina Francie donatas et quovis alio titulo sibi concessas et quarum possessionem ut dixit apprehendit ita quidem ut dicta illustrissima Maria donataria eius neptis eiusque heredes etc., predicta bona ut prefertur donata una cum omnibus eorumdem pertinentiis post mortem illustrissimi et reverendissimi domni Joannis episcopi et cardinalis predicti donantis teneat habeat etc., et exinde quicquid voluerit faciat etc., sine alicuius contradictione.

« Item simili titulo donavit illustrissime Marie donatarie omnes eius actiones defentiones et jura reales personales utiles directas et mixtas et in rem scriptas ac realia personalia utilia directa et mixta et in rem scripta Eidem illustrissimo et reverendissimo domno Joanni episcopo et cardinali donanti in predictis bonis superius donatis et pro eis et eorum occasione adversus quamcumque personam et quamlibet rem et tam in rem quam in personam quomodolibet competentur et competitura constituens.

« Idem illustrissimus et reverendissimus domnus donans eumdem illustrissimam Mariam donatariam procuratricem ut in rem suam propriam ita quod sequuta morte predicti illustrissimi et reverendissimi donantis dicta illustrissima donataria, sic possit agere petere excipere replicare exercere experiri uti et se tueri et omnia et singula dicere et facere quemadmodum dictus illustrissimus et reverendissimus domnus donans poterat


aut posset et ut sequuta morte eiusdem illustrissimi et reverendissimi cardinalis dicta illustrissima donataria sua auctoritate possessionem et tenutam realem et corporalem eorumdem bonorum ut supra donatorum capiat etc.

« Constituens se interim ex nunc in illum tamen casum et eventum mortis pro dicta illustrissima Maria donataria et eius nomine predicta bona superius donata possidere vel quasi voluitque et vult idem illustrissimus etreverendissimus cardinalis ut ex nunc prout ex tunc et e contra sequuta morte ipsius illustrissimi et reverendissimi donantis dominium ipsorum bonorum ut supra donatorum ipso jure ac pleno jure in eamdem illustrissimam donatariam sit translatum et eadem bona fiant et acquirantur prenominate illustrissime domne donatarie in totum et eorumdem bonorum donatorum exactio et petitio dicte illustrissime donatarie pleno jure pertineant ponens eamdem illustrissimam donatariam in omne jus et privilegium suum etc.

« Cum onere tamen solvendi societatibus schole germanice et annunciationis beate Marie summas et prestationes annuas hodie vigore instituta per me rogatis donatis ac etiam cum onere solvendi debita ipsius reverendissimi donantis.

« Voluitque insuper et ordinavit et mandavit predictus illustrissimus et reverendissimus domnus donans quod in eventum in quem prenominatus illustris eques Martinus Bellayus ejusdem reverendissimi et illustrissimi frater germanus haberet in futurum quandocumque filios masculos legitimos et naturales tune et eo casu donatio presens non in favorem prenuntiate illustrissime Marie eiusdem donantis neptis sed dictorum filiorum legitimorum et naturalium facta esse censeatur Et insuper voluit statuit et ordinavit quod decedente eadem illustrissima domna Maria donataria et neptis primogenita absque filiis seu filiabus legitimis et naturalibus quod huic et eo casu bona ut prefertur eidem donata ad filiam prefati Martini


Bellay secondo genitam deveniant ac etiam voluit et ordinavit quod in eventum in quem eadem secundo genita sic ut prefertur substituta decederet sine filiis vel filiabus legitimis et naturalibus quod tunc et eo casu bona et res in presenti instrumento donata deveniant et devolvantur ad filiam eiusdem illustris equitis Martini tertio genitam vel ejus filios Et eiusdem illustrissimi et reverendissimi domni donantis etiam neptem que omnia prefatus illustrissimus et reverendissimus domnus donans fecit hac lege et conditione quod si contingat dictam illustrissimam domnam Mariam donatariam predecedere vel eumdem illustrissimum et reverendissimum cardinalem donantem penitere quod huic et eo casu presens donatio et in ea contenta quecumque sint et esse debeant et censeantur revocata penitus et annulata et in totum evanescant Et premissa omnia et singula idem illustrissimus domnus donans fecit voluit et mandavit non solummodo premisso sed etiam omni alio meliori modo et cum aliis clrs (1) in similibus apponi solitis et consuetis. « Etiam ad consilium sapientis extendens dedit potestatem mihi notario extend presentibus eis domnis Sylvestro Aldobrandino Pyrro Thero Remigio Donluci Carnotensis diocesis medico ejusdem reverendissimi ac Petro Concariet clerico suessionnensis secretario et Francisco Villa Nova clerico senogaliensis testibus.

« Acta fuerunt hec in civitate Leonina in burgo sancti Petri in palatio habitationis ejusdem reverendissimi et illustrissimi cardinalis presentibus quinque testibus ex quibus duo se subscripserunt et idem reverendissimus se subscripsit.

« Joes epus portuen cardinalis Bellaius Silvester Aldobrandinus advocatus consistorialis qui supra presens fui ideo subscripsi manu propria.

(1) Celebritatibus ? `t


« Ego Pyrrhus Tharus qui supra presens fui et subscripsi manu propria (1).

« Joannes Petrus Forteguerra clericus pistoriensis notarius in fidem rogatus.

« Die 29 7bris 1567 Reverendus d Balthazar Tucius Pistoriensis et d Petrus Rivaldi rote notarius recognoverunt manum litteram et personam supradicti d Jo Petri Forteguerra jurarunt et Jo Franciscus Bucca de recognitione rogatus subscripsi.

« Ita invenio originalem iacere p remissas sive apostillas et dictam presentem recognitionem que pro te non aliter facta extitit nec alie manus sunt aliter recognite. » 4° 1" fév. 1559. « ACTE DE PARTAGE EN LA COUR DE CHATEAURENARD, DE LA SUCCESSION DE MESSIRE CHARLES DAULNAY seigneur de Villeneuve la Guyard, Pensefollye et Marchais Béton, entre Jacques dAulnay son fils ainé et principal héritier, et Gabrielle dAulnay, épouse de Jacques de Goué, escuyer, seigneur dudit lieu et de Fougerolles, guydon de la compagnie du seigneur de la Mothe Gondryn, acquéreur de la part de noble homme Jacques de la Ferrière, seigneur de Bullou et de Renée dAulnay, son épouse. » Cette succession était ouverte dès 1556. (Cahier en beau parchemin.)

5' Janv. et mai 1560. QUATRE pièces en parchemin « pour affaires entre Jacques de Goué, guydon de la compagnie du sgr de la MotheGondryn et Jeanne Perdriel, défenderesse autorisée de son mari Jacques Daunay. »

(1) On lit on marge ces mots qui sont do la même main que tous ceux de la copie Iste sunt très subscription.es non recognite.


6' Dernier nov. 1561. FACTUM mutilé, en papier, où il est dit, « que sur la demande de messire Jacques du Bellay, la cour de avait condamné Louise du Bellay et Jacques de Goué respectivement aux dépens dommaiges et intérêts des procédures faites depuis la transaction du que les dits Jacques du Bellay et Jacques de Goué se trouvaient en procès avec madame de Cruçolles pour les arrérages d'une rente de cent livres dues par elle à l'évêché de Paris; et qu'en ce qui concernait les deniers provenus de la vente des bois de Thyron, se montant à la somme de 2.239 livres 11 deniers tournois, messire Jacques du Bellay est condamné à payer à messire Jacques de Goué les deux tiers d'icelle, sans préjudice du procès pendant en lad. cour pour raison de la donation prétendue avoir été faite par ledit cardinal du Bellay de ses meubles à ladite Marie du Bellay. »

7° 26 oct. 4562. DONATION « passée devant Phelippes Cothereau et Jehan Augirard, notaires au Chastelet de Paris, par Louise du Bellay, veuve de Charles dAulnay, demeurant à Paris, rue de la Calendre, paroisse de S. Germain le Vieil, à Jean de Goué, son petit fils, fils de Jacques de Goué guydon de la compagnie du sieur de Suzes, de la moitié de tous les droits à elle échus par le décès de feu monseigneur et reverendissime cardinal du Bellay, son frère, quelque part que ce soit. » (Cahier en parchemin.) 8° 2 sept. 1564. « TRANSACTION entre Jacques de Goué et dames Louise du Bellay et Claude de Gravy, femme de M. de MailléBrezé, pour recueillir à Rome l'héritage du cardinal, et fin de lad. procuration, en la Prévoté de Paris, devant


Anthoine Duprat, chevalier, seigneur de Nantouillet. » (Cahier en très beau parchemin.)

9* 7 juin 1566. « SENTENCE ARBITRALE entre les héritiers du cardinal du Bellay et messire Alphonse Vercelly, docteur es droictz, au nom et comme grand vicaire et procureur général de monseigneur le reverendissime cardinal de Ferrare. » Il y avait des demandes faites à Louise du Bellay par les religieux de Pontigny, dont le feu cardinal du Bellay avait été abbé. (Liasse de sept pièces diverses époques.) 10* 15 juin 1568. CONVENTION par laquelle « Jean de Goué, fils esnay et principal héritier de Jacques de Goué et de Gabrielle d'Aulnay, consent afin de pourvoir à son très grand bien advantage et advancement en se mariant à damoiselle Suzanne de Villers, ayant esgard aux grandes charges afferres et doibtes de sa mayson, à ne rien réclamer durant la vie de ses père et mère, des quinze cents livres tournois de rente annuelle que son père se propose de lui donner dans le contrat de mariage, d'autant que son dit seigneur et père ne vouldroyt pour bien quelconque passer ni accorder le dit mariage ni le faire avoir agréable à sa dite dame et mère, en présence de messire Jehan de la Ferrière, chevalier, seigneur, baron de Vernie et Tessé et de nobles hommes Pierre de Montereulx, seigneur de la Vallée, et Julien Juhay, seigneur de Laumondière. » On voit au bas de cette convention la signature de Jehan de Goué et celles des témoins. (Feuille de papier.) « IV 15 juin 1568. « CONTRAT devant Baucher et Leseneschal, tabellions du siége d'Escouché en la vicomté d'Argentan, « du mariage


qui sera faict dieu aydant en lesglize (un mot effacé) du filz de Dieu nostre seigneur Jesuscrist, entre noble homme Jehan de Goué, filz aizné de hault et puissant seigneur messire Jacques de Goué, chevalier, seigneur dudit lieu de Goué, baron chastelain de Villeneuve-laGuyard, Fougerolles, Nantrey, Toucherpnde et Audray, et de dame Gabrielle Daunay, led. Jacques de Goué se faisant fort de sa femme, promettant lui faire ratifier et avoir pour agréable le present contract, d'une part, et d'autre part noble damoiselle Suzanne de Villers, fille puisnée de défunct hault et puissant seigneur messire Balthazar de Villers, en son vivant chevalier, seigneur de Hennezis, Seuray et Ferrieres, l'un des cent gentilshommes de la maison du roi et de Françoise Le Liepvre, dame de la Motte, la Courbe, et de Mesnil le Vicomte, en présence de hault et puissant seigneur Jehan de la Ferrière, baron de Vernye, Thessé, Saint-Fraimbault, Raveton et Sommaire, nobles hommes Robert du Mesnil, seigneur de Lespinay et de Saint-Martin Lesguillon, Michel Le Bouteiller, seigneur de Blairon en Bretaigne, Pierre de Montreulx, seigneur de la Vallée, Julien Juhey, seigneur de la Mondyere, François de Boisfevrier, seigneur de la Faverie, Jehan Heude, seigneur de Mily, Jehan Le Viel, seigneur de la Fauvellyère. » (1) (Immense pancarte en parchemin.)

12" 23 juill. 1568. RATIFICATION, au château de Goué, par haulte et puissante dame Gabrielle d'Aulnay, du mariage de Jean de Goué, son fils, avec Suzanne de Villers. (Cahier en papier.) (1) Il fut convenu que si la part d'héritage du cardinal donnée à Jean de Goué, par Louise du Bellay, valait 300 livres de rente, elles compteraient en déduction des 1500 livres promises par Jacques de Goué.


13' 6 mai 1574. COPIE DU TESTAMENT DE JACQUES DE Goué, seigneur dudit lieu et de Fougerolles. (Papier.)

14° 1575. « REQUESTE civille pour messires Claude de Maillé, seigneur dudit lieu, baron de Milly, et Jean Baron de Sansac et Gabrielle d'Aunay, au roi Henri de France et de Poloigne, contre messire René Dubellay, sieur de la Lande et Marie Dubellay, sa femme, et Catherine du Bellay, dame de Lavardin, accusés d'avoir obtenu par surprise, au parlement de Rouen, 23 juin 1574, sentence favorable à propos des biens du feu reverendissime Jean cardinal du Bellay, donné à Rouen. » (Grande pancarte en parchemin écriture très serrée compte-rendu clair et complet de l'état du procès depuis la mort de Guillaume du Bellay jusqu'au dit jugement de Rouen.)

15' 10 juin 1575. « ARREST EN PARLEMENT DE Rouen pour reprendre ou delaisser le procès entre les srs de Goué et les srs du Bellay qui donne le temps de six semaines. » (Cahier en papier.)

16° 3 août 1575. « LETTRE D'HENRI ROI DE FRANCE ET DE POLOIGNE » au parlement de Rouen, sur la prière des sieurs de Milly et de Sansac, contre René du Bellay, Marie et Catherine du Bellay, tous héritiers du feu cardinal du Bellay, mort à Rome en 1559, « afin de pourvoir les suppliants de manière juste et consciencieuse, tellement quilz nayent plus cause de retourner par devers lui. » (Bande de parchemin, sans sceau.)


17» 1" fév. 1577. DEMANDE DEVANT LABITTE, JUGE DE MAYENNE, par Suzanne de Villers, à Ambroise de Goué, curateur de la fille mineure de Jean de Goué et d'elle 1° de son douaire; 2° de 240 livres annuelles, pension alimentaire de la mineure depuis le décès de Jehan de Goué son père « le curateur là-dessus incidemment faict requeste a ce que lad. de Villers fut condamnée representer lad. mineure pour estre ordonné (par lad. court de Mayenne) quelle seroit bazllée en garde et a instruire a aultre qu'a ladite demanderesse en considération de ce qu'il disoit qu'elle etoit de la religion pretendue réformée. qu'il offrait faire comparoir les parents lesquels sont concordement daccord et adves que lad. myneure soit nourrie et instruite a la religion catholicque apostolicque et romaine et par ladvis desd. parents ils oposent quelle soit nourrie et instruite a la religion pretendue reformée et a requis et conclud que lad, myneure luy fust representée devant le juge de lad. court et baillée et envoyée a labbaye dEstival en la garde de labbesse sa tante qui offre la nourrir gratis et la instruire en bonnes manières et conditions. » Il fut jugé qu'on accordât le douaire et qu'on rassemblât les parents. (Papier.) 18° 19 fév 1577. « ORDONNANCE DE HENRI ROY DE FRANCE ETDE Polloigne, faicte à Blois le roi y estant pour renvoyer aux maistres des requestes ordinaires de son hostel en leur auditoire du Palais à Paris au sujet d'une requeste présentée au roy par le baron de Sansac dame Jeanne de Maillé son espouze et Claude de Maillé sr de Milly heritiers de feue dame Claude de Gravy dame de Brezé, remontrant que feu messire Eustace du Bellay evesque de Paris aurait formé complainte contre lad de Gravy pour une donation


à lui faite par led. cardinal en 1553, evocquée des requêtes du Palais à Paris et renvoyée en la court du Parlement à Rouen ou les sieurs et dame de la Lande et de Lavardin, subrogés au lieu dudit evesque auraient même pretendu les meubles dudit cardinal en vertu d'une autre donation du 15 mai 1555, et auraient poursuivi le jugement en 1574 tant contre lesd. de Brezé que contre le tuteur de la fille myneure du sieur de Fougerolles mort a Paris le xxune aoust 1572. lequel sieur de Fougerolles donna occasion de l'arrest dud. parlement du 23 juin dite année 1574, (1) contre lequel lesdits de Brezé et consorts réclament n'ayant point été entendus à cause de leur absence pour le service du roy. (Deux pièces l'une en parchemin et l'autre en papier, très belle écriture, en double.)

19' 3 oot. 1577, JUGEMENT DE JACQUES Labitte « docteur en droictzjuge général du duché de Mayenne De la part d'Ambroise de Goué curateur de damoyselle Jeanne de Goué nous a este exposé que par cy devant il a este donné arrest en la court de Parlement de Rouen entre messire René du Bellay baron de la Lande époux de dame Marie du Bellay dame Catherine du Bellay dame de Lavardin d'une part et messire Jacques de Goué tant en son nom que comme curateur de lad. Jehanne de Goué et ses consors d'aultre pour raison des successions de deffunct messire Guillaume du Bellay, seigneur de Langey chev. de l'ordre du roy gouverneur pour le roi en Piedmont et de messire Jehan cardinal du Bellay, en execution duquel arrest led. exposant auroit este appele en qualite de curateur de ladite damoyselle. desquelz procès jugés et à juger il a faict consultation et trouve qu'il estoit expedieut pour le prof(1) A cause, est-il dit ailleurs, qu'il était de la religion réformée.


fict de lad. myneure den accorder attendu mesme que messieurs de Milly et Sansac chevaliers de l'ordre du roy ses consors grands seigneurs y ayant pareil interest que lad. mineure ont délibéré d'en accorder et a cest effect se trouver en la ville de Paris la vigille Saint Martin prochain ou se doibt trouver le sieur de la Lande tant pour luy que pour lad. dame de Lavardin. lequel curateur ne peult et ne vouldrait decider rien en proces de pareil consequence sans ladvis des parents de la myneure. En consequence le juge susdit donne plein pouvoir de les convocqueret rassembler pour en décider. » (Papier.)

20' 1577. TROIS LETTRES des conseillers d'Ambroise de Goué, Lambert et Arondel, sans grand intérêt.

21' 27 sept. et 20 octob. 1577. LETTRE DE MARIE DU BELLAY A AMBROISE DE GOUÉ S. D'AUDRAY.

« Monsieur mon cousin monsieur dAudrày a Goue. « Monsieur mon cousin je suys infiniement marrye que lhomme que vous envoyastes au Plessys Mace ny trouva monsieur de la Lande ou moy affin de vous avoir renvoye par luy la lettre de monsieur de Mille laquelle je vous renvoye par ce porteur Jescrys a madame ma cousine votre mere pour laccord dont vous avez escript Je vous prye voir la lettre et nous en faire responce par led porteur vous voyerez par icelle le temps qui nous a senble le plus a propos pour adviser sil y aura moyen de nous accorder affin de ne discontinuer la poursuitte de noz proces car monâ de la Lande ny madamoyselle de


Lavardin ma sœur nont pas volonte que les propos que nous tenons a present pour accorder retardent aulcunement la poursuitte de nosds proces a Rouen Parquoy je vous supplye si messrs de Mille de Sansac et vous avez volonté daccorder vous vouloir trouver à Paris la vigile Sainct Martin suyvant ce que j'en escrys a mad dame votre mere Jestime que vous aurez faict scavoir a monsieur de Bullou et aultres qui y ont interest affin que silz ont volonté daccorder ilz sy veillent trouver Je ne vous puys mander qui mons'' de la Lande ny mad sœur auront volonte de prier pour nostre part de se trouver a nostred accord daultant quilz ne sont pas céans Monsr mon cousin sur vostre parolle et promesse que me fistes au Plessys Mace que feriez delivrer incontinent a madamoiselle de Lavardin ma sœur si ja ne lavoyt receu largent des despens que nous avons obtenuz contre madame de Goue et ce faisant vous avoys promis quon ne feroyt poursuitte des aultres despens que neussions eu de voz nouvelles qui mavoyt faict prier mad sœur de ny faire poinct de fraiz lasseurant que me tiendriez promesse mais ayant attendu le reste du moys de juilliet tout le moys daoust et moictie de cestuicy elle a pense et moy aussi que naviez volonte de satisfaire a vostred promesse ou quil ne vous en estoyt souvenu dont elle a este faschee contre moy se voyant nous sommes resoluz de vous demander lesd despens de madame de Goue et la part de ma cousine vostre niepce de la consignation du proces vuide a Rouen or je vous prye vouloir donner ordre a ce quil ne sy face davantage de fraiz et sur ce

« Monsr mon cousin je me recommenderay humblement a vostre bonne grace pryant Dieu vous donner bonne vie et longue De Glatigny ce xxvn8 de septembre » « Vostre humble et obeissante cousine »

« MARIE DU BELLAY »


Sceau de Marie du Bellay (1)

22- 21 oct. 1577. LETTRE DE GERMAIN D'ANTHENAISE A M. D'AUDRAY. « Monsieur mon cousin monsieur dAudreil »

« Goue »

« Monsr mon cousin je fere faire hune procuration ainsin que mescrives dens le temps quen deves fournir et sil vous ployst lenvoyer querir ou prendre en passent la trenvoystes preste je ne ai moyen recourir promptement ung nottere le surplus sera apres vous avoyr presantemes humbles recommandations supliant nostre créateur. « Monsr mon cousin vous donner aie saincte longue et bonne vie Anthenaise ce xxie octobre. (2)

« Votre plus certain et milleur amy a vous obayr » G. DANTHENAYSE.

23° 20 oct. 1577. LETTRE DE l'abesss D'ESTIVAL A M. D'AUDRAY « A monsieur mon nepveu monsieur d'Audré a Goué. « Mon nepveu, jay receu une lettre par ce porteur et ay este fort ayse dentendre des nouvelles de madame (1) M. Paul de Farcy, l'un de nos plus distingués collègues, a bien voulu dessiner le cachet .avec lequel Marie du Bellay scella sa lettre. Nous tenons à le constater ici et à le remercier. On verra plus loin la signature autographiée de Marie du Bellay. (2) Anthenaise. d'où écrit ce seigneur, était le Plessis d'Anthenaise, paroisse de la Chapelle-Anthenaise, berceau de cette très ancienne famille mancelle encore existante.


ma soeur et' des vostres quand aux miennes elles sont bonnes la grace a Dieu me trouvant aussi saine que je fuz il y a longtemps quand a ma bonne creature je n'en ay depuys rien ouy jattenderay encores jusques a ceste toussainctz et si elle ne revient entre cie la je la poursuiverez son bon frere est de present a grand mont je me doubte bien quil fera encores quelque menée pour lempescher de venir encores quil dise a tout le monde quil est fort ayse de la promesse quelle ma faicte et quil ne désire rien plus cinon quelle mobeisse et quelle retourne ysi avecques moy mais je ne my fye poinct pour tout cela car je suys trop rabastue de ses dissimulations. Je voy par vostre lettre que vous avez deliberay d'aller a Paris a ceste Sainct Martin pour accorder avec monsr de la Lande. Il n'y a rien en ce monde que je desire plus et de voir madame ma sœur et vous en repos je mattends que vous me manderez ce que vous aurez faict ou que vous repasserez par yci a vostre retour pour men dire vous mesmes ce que je vous prye me recommandant de bon cosur a vos bonnes graces et a celles de ma niepce et prye Dieu (1).

« Mon nepveu vous donner longue et heureuse vie. « Estival ce 20e octobre 1577.

« Votre bonne tante et bien bure amye

« RENEE DAUNAY. »

(1) Il y a toute apparence que la bonne créature de Renée d'Aulnay est l'une de ses filles, probablement Anne de la Fcrriûre qui ne fut pas mariée, et le bon frère, René de la Ferrière. On a vu que cette notice mentionne trois de la Ferrière, Jean baron de Vernie, Jacques s. de Bulou, René, son fils, s. de Vautorte, tous les trois gentilshommes du Maine est-ce l'un d'eux, qui se réfugia à Paris suivant Théodore de Bèze, au commencement des guerres de Religion, et qui accueillit, au Pré-aux-Clercs, les premières assemblées de la reforme ? (Dom Piolin, v. p. 407).


24* 16 déo. 1577. AVIS DE JEAN CHAUVELIN, CHAUVELIN LE JEUNE ET PASQUIER

« Le conseil soubzcrip, quy a entendu les procès et differendz meuz pour raison de la succession et des dispositions de f^u monsieur le cardinal Dubellay lecture fecte de la donation du xve may mil "Ve Lv et de larrest donne au parlement de Rouen le xxme juing mil ve LXXIIII ensemble du proiect dune transaction et d'une promesse que Ion veult faire en l'exécution dicelle et au mesme instant avecques le tuteur de la damoiselle heritiere de defunct Jehan de Goué seigneur de Fougerolles est led conseil dadvis les instances estre infiniment confuzes et enveloppez pour la multiplicité des donations et dispositions faictes par le defunct sieur cardinal.

« Touteffois sur la donation de lan cinquante cinq dont la coppie est exhibée et représentée il semble qu'il soit difficille de debastre et empescher leffect dicelle donation. « Tant parce que cest une donation a cause de mort qui nest pas subiecte a insinuation parce que elle est ambulatoire et revocatoire nempesche pas l'effect des hipothecques et alienations subsequantes et en consequance de deffault a linsinuation ne pourroit pas induire nullité. « Tant que les meubles suivent le domicilie et ne peult on estimer que le domicilie dud sr cardinal fut en la maison de Langé au ressort de la coustume de Bloys prohibitive des donations a cause de mort car led sr cardinal estoit doyen du college des cardinaulx a Rome dignite qui requiert residance et sy estoit evesque de Hostiance ou il debvoit pareillement residance et sy tant quil a este en France il a tousiours este en suitte de court comme conseiller au privé conseil qui sont domesticques de la maison du Roy et leur domicilie est censé et repute estre a Paris de sorte que tous ces cas seroit bonne la disposition des meubles.


Tant que par la donation il y a expresse clause relative a la disposition des coustumes et en consequance Ion ne peult reputer ceste donation estre de tous biens joinct aussy quelle nest pas des biens presents et advenir. Et en ces perplexitez il semble que le tuteur avecques ladvis des parens pourra transiger et pour le present semble ceste transaction advantageuse a la mineure quy seroit contrainct de rendre et restituer au cas que la donation fut declaree bonne et vallable.

Et a cela il y a deux raisons qui y doibvent inciter le tuteur et les parens oultre les difficultes cy dessus desduictes.

L'une est que les maieurs habilles a estre heritiers y ont renoncez.

Laultre que par larrest donne au parlement de Rouen la plus part des biens ont este deffinitivement adjugez et pour le surplus ont este les fins de non recevoir et pretendues nullitees couvertes par le reglement de contrariete donne par le mesme arrest.

« Et pour le regard de la promesse de la descharge de dix mil livres que Ion veult faire a linstant dicelle transaction il sembleroit estre plus expediant de linserer en lad transaction sinon que cela fut faict pour empescher que les autres qui veullent entrer en ceste mesme composition ne se volussent prevalloir de cest advantaige. « Et ne doibt le tuteur delivrer aulcun tiltre ne papier sinon par inventaire et moins se obliger en son nom parce que quelque caution que Ion puisse apporter en telles affaires sy par cy apres la mineure se trouvoit lezee elle pourrait estre destituee.

« Et pareillement ne se doibt charger de l'advis des parens ny de lomologation de la transaction parceque le parlement ce pourroit rendre difficile Touteffois il ne semble pas que en cela le tuteur doibve riens tanter sans ladvis desd. parens.

« Delibere a Paris le seiziesme décembre lan mil cinq


cens soixante dix sept. J. CHAUVELIN, CHAUVELIN, E. PASQUIER. »

25' 17 sept.1577. LETTRES, par Antoine du Prat, chevalier de l'ordre du roi, seigneur de.Nantouillet, garde de la Prevosté de Paris, qui attestent LA TRANSACTION intervenue en ladite Prevosté, par devant Claude Franquelin et François Croiset, notaires du roi en son Chastelet de Paris, entre les du Bellay d'une part, et d'autre part les de Goué, de Maillé et de Sansac. (Joli cahier en parchemin détails très intéressants sur l'ensemble du procès, dont cette pièce fut le dernier acte).


VI

FAC-SIMILE D'AUTOGRAPHES. NOTES.

On nous persuade de terminer cette notice par un tableau des signatures de quelques-uns des personnages qui s'y trouvent mentionnés, mais celles-là seulement dont nous avons les authentiques en main. Il y sera joint, sous des numéros d'ordre, des notes appropriées et deuxnouvelles pièces, courtes mais curieuses.

Quelques mots de ces personnages conviennent à notre sujet.

J. de Laval. Sa signature "est deux fois sur une charte du xin8 siècle, vidimée par lui en 1459 et 1476. Il était mort en 1497, époque du mariage de Michelle de Laval, sa plus jeune fille, avec Patrice, seigneur de Goué, fils de Thomas et de Mathurine du Boisgamas. Michelle de Laval n'a été connue d'aucun historien, pas même de Duchesne. Jean de Laval, chevalier, seigneur de Brée, la Coconnière, de Hermet, des Hayes, de Fougerolles, la Freslonnière, etc., l'avait eue ainsi que tous ses autres enfants de Marie des Haies-Gascelins.

2° Thomas de Goué, époux de Mathurine du Boisgamas, chevalier, seigneur dudit lieu, du Parc-Herminal, Mesnil le Vicomte, etc. Au contrat de mariage de Patrice son fils avec Michelle de Laval, dernier avril 1497, il promit à celle-ci, pour le jour des espousailles a titre de don de nopces gratuit troys hacquenees de prix sellées et bardées. Nous réservons plus de détails pour une notice de cette maison de Gouè, que son ancienneté, la conservation de ses titres et l'honneur d'être encore existante rendent une des plus intéressantes du Maine.


L'HliltlTAfiE ET LES HÉRITIERS DES Du BELLAY

Signatures des principaux personnages cités dans le mémoire (0,533 de la grandeur naturelle)

«



Patrice de Goué, écuyer, seigneur dudit lieu et de Fougerolles, etc.

Gilles Sanglier, chevalier, seigneur de Boisrogues, Brée, Hermet, etc., fils d'une sœur de Michelle de Laval, vendit la seigneurie de Fougerolles, à Patrice, seigneur de Goué, le 26 juin 1519, pour le prix de 4.550 livres. L'acquéreur et consorts payèrent par à-comptes et mirent plus de dix ans à se libérer. Un Thomas de Goué, chargé de la tutelle du fils mineur de Patrice, explique par le menu, dans ses comptes, les dépenses de l'itinéraire qu'il faisait à cheval, de Goué à Boisrogues, pour contempter Gilles Sanglier. Son excursion par les vieilles bourgades du Bas-Maine et de l'Anjou, l'importance des sols et des deniers pour payer les dépenses d'alors, le ton, les détails du gentilhomme comptable, consciencieux, naïf et sobre, rendent assez agréable la lecture de son vieux compte nous le croyons digne de l'impression ne fût ce qu'à titre de renseignements topographiques.

5° L de Montécler. Louis de Montécler, seigneur dudit lieu, de Bourgon et de Montaudin (1), l'un des tuteurs de Jacques de Goué, le fils mineur de Patrice et d'Ambroise d'Anthenaise, sa seconde femme, reçut d'un curé des environs de Laval, une lettre naive et gracieuse, assez intéressante pour être rapportée textuellement. Le curé, gentilhomme de la maison de Bellée en Vaucé, n'y remercie pas seulement le seigneur de Bourgon de ses bons offices, mais il y insinue quelques mots sur le cardinal du Bellay

« A Monseigneur

« Monseigneur de Bourgon

« Monseigneur humblement a votre bonne grâce me recommande

« Monseigneur je vous remercye bien humblement de (1) Bourgon est en Montourtier Montaudin au canton de Landivy.


votre beau brochet lequel est le plus beau que il est possible de voyrs monsgr jenvoyre dimainche prochain votre drap a Paris et escripre par affection de Saincte Cecille (1) monsieur mon abbe sen va bientoust a la court pour aller faire ce voyaige de Nice il est mande de monsgr le Cardinal du Bellay monsgr je ne scay rien de nouveau Monnerye est encore dans ceste ville Jespere estre a vous a pascques fleuryes sy je puys au plus tard a la sepmaine penneuse Monsgr je baille a Jehanne des grunes se que jey peu recouvrer priant Dieu monsgr quil vous donne en bonne sante aussy bonne et longue vye comme la vous desyre tous les jours. A Beaulieu ce vendredy matin « Votre cure et milleur »

« serviteur a jamais »

« F. DE BELLEES » (2)

J. de Goué. Signature de Jacques de Goué pendant qu'il était page de monsieur de Chateaubriand et encore mineur.

Martin du Bellay. Cette signature avec le sceau très curieux du sieur de Langey, termine un certificat de présence au corps en faveur de Jacques de Goué, son porteenseigne

« Martin du Bellay, chevalier de l'ordre du roy seĩ (1) L'affection à Sainte Cécile est ici une allusion au Cardinal du Bellay qui en avait le titre, et le jeune homme, auquel le curé s'intéresse pour l'avoir peut être instruit, devait tenir de très près à M. de Bourgon.

(2) Cette lettre qui n'est pas ici autrement datée fut écrite le 21 mars 1538. Nous avons ailleurs remarqué que Beaulieu est une paroisse des environs do Laval, où la famille du Boisgamas avait son château d'Audray. Le jeune Jacques do Goué, pupille de monsieur de Montecler de Bourgon, en était seigneur alors c'est pour cola, semble-t-il, outre ses raisons intimes et personnelles, que monsieur de Bourgon trou va'tout simple d'aviser le curé de Beaulieu de la façon la plus aimable d'une sorte de pêche miraculeuse qui s'était faite à l'un des étangs de M. de Goué, celui de Nantray, le 19 mars 1538. Lo titre de monseigneur, déféré à Louis de Montecler, peut bien indiquer qu'il il avait le gouvernement de Laval, comme d'autres membres de sa famille.


gneur de Langey prince d'Yvetot gentilhomme ordinaire de la Chambre dudit seigneur roy cappitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances et son lieutenant général en Normandye en labsence de monseigneur le duc de Bouillon Certifiions a tous quil appartiendra que Jacques de Goué seigneur dud lieu est guydon de cinquante hommes d'armes estantz soubz notre charge et en tesmoingn de ce nous avons signé ces présentes et faict sceler du scel de nos armes donne a Hyvree ce xvii"10 jour de mars 1554.

« MARTIN DU BELLAY »

L'exergue qui est autour du sceau Marinns Bellaius Langius, est remarquable comme spécimen du goût de l'époque pour les noms latinisés (1).

8° Jean de Goué, souvent rapporté ci-dessus.

Julien Juhey, un des amis de Jean de Goué.

10° Pierre de Montereulœ, idem.

11° J. de la Ferrière. Jean de la Ferrière, baron de Vernie, ami de Jacques et de Jean de Goué.

12° G. d' Anlhenaise Germain d'Anthenaise, gouverneur de Fougères.

(1) Le dessin que nous en donnons est dû à M. Paul do Farcy coramo celui do Marie du Bellay.


13° Marie du Bellay. C'est la fille de Martin, seigneur de Langey, prince d'Yvetot, femme du baron de la Lande, et la nièce que le cardinal du Bellay intéressa principalement à sa succession.

14° Renée d'Aunay, abbesse d'Estival on a lu la lettre au bas de laquelle elle mit la même signature qu'on voit au tableau.

15° F. de Bellées, C'est le signataire de la lettre cidessus à monsieur de Bourgon.

16° J. Chauvelin, avocat au parlement de Paris, un des signataires de la consultation de 1577. Voir ci-dessus cette pièce.

17° Chauvelin, avocat au parlement de Paris. 18° E. Pasquier, avocat au parlement de Paris. Pasquier fut une célébrité comme l'on sait son article biographique est bien traité dans le dictionnaire historique de Feller.

L'abbé CH. POINTEAU.


TITRES ET DOCUMENTS CONCERNANT

LA COMMANDERIE DE THÉVALLES DE L'ORDRE DE MALTE

L'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, aussi nommé ordre de Malte, possédait au siècle dernier, dans le diocèse du Mans, dépendant du Grand Prieuré d'Aquitaine, dont le siège était à Poitiers, plusieurs commanderies, dont une des plus importantes parait avoir été celle de Thévalles, fondée par les seigneurs de Laval, et située paroisse d'Avesnière (1).

Elle se composait de trois membres

Thévalles, chef-lieu de la commanderie.

Le Breil-aux-Francs, ancienne propriété des Templiers, réunie à Thévalles à une époque indéterminée et située paroisse d'Entrammes.

Chevillé, situé paroisse du même nom (actuellement canton de Brulon, Sarthe).

(t) Les autres Commanderies dépendant de l'Ordre de Malte situées dans le diocèse du Mans étaient

1* Commanderie d'Arteins, dans le Bas-Vondôinois. 2" Commanderie de Guéliant, paroisse de iloitron. (Sarthe). 3° Commanderie de Quittay, paroisse de Saint-Georges-deButtavent.

Commanderie de Launay.

Les deux premières, ainsi que celle de Thé\ ailes, étaient données à des Chevaliers; les deux dernières, moins importantes, étaient résen ées aux chapelains et servants d'armes.


Les revenus de cette commanderie s'élevaient, suivant Expilly, à 4.500 livres et à 7.000 livres, en 1696, d'après M. La Beauluère (1).

La liste des commandeurs, publiée par Cauvin dans son Supplément à la Topographie du diocèse du Mans (2), contient vingt-six noms qui doivent être réduits à vingtcinq, les chevaliers Leroux, Henri (1729) et de la Corbinière (1740) n'étant en réalité qu'un seul et même personnage (3).

Les propriétés de cette commanderie situées dans la partie du diocèse du Mans qui forme aujourd'hui le département de la Mayenne, les seules qui doivent nous occuper ici, comprenaient, outre les habitations de Thévalles et du Breil-aux-Francs, un certain nombre de métairies qui se trouvent déjà portées dans la déclaration des biens de la commanderie faite en 1575 par le commandeur J. Peloquin et reproduite par Cauvin. (Loc. cil. pages 68 et s.)

Le château de Thévalles parait avoir été, pendant plusieurs siècles, le lieu choisi par les commandeurs pour (1) Aux revenus des terres énumérées ci-dessous venaient s'ajouter celui des biens situés à Chevillé ou dans les environs, et le produit des dîmes perçues dans un grand nombre de paroisses dont la liste se trouve dans la déclaration des biens de cette commanderie, faite en 1575. par le titulaire à cette époque, J. Peloquin,

(2) Le Mans, Monnoyer, 1843, in-12, page 67.

(3) Victor-Henri de la Corbinière, reçu le 17 octobre 1701, 1, d'azur au lion d'or armé, lampassé et couronné de gueules (abbé Vertot, Histoire des Chevaliers de l'Ordre de Malte, tome VII),

Victor Henri Roux (Montrée de 1727).

Victor le Houx de la Corbinière (Décret de l'ordre de Malte de 1765).

Même observation en ce qui concerne la liste donnée par M. La Boauhièro dans sa Notice historique sur la commune d'Enlrammes. (Laval, Godbert, 1855, ia-8, pages 30 et 31). Cetto liste est plus complète encore et contient 3î noms, mais les numéros 29, Victor-Henri Le Roux, 1729 30, le Chevalier de la Corbinière, 17U; et 31, Henri le Roux, 1749, sonttoujours le même personnage, ainsi que le démontrent les pièces que nous reproduisons ci-dessous.


leur résidence, mais l'état de délabrement dans lequel se trouvaient au XVIIe siècle les bâtiments servant d'habitation aux chevaliers pourvus de cette commanderie, les détermina à aller se loger au château du Breil-auxFrancs, où décédait, en 1702, le commandeur Gabriel Dubois de la Ferté, enterré dans la chapelle où se voit encore aujourd'hui sa pierre tombale portant son épitaphe et ses armoiries (1). Nous en donnons plus loin la reproduction estampée avec la plus grande exactitude. Nous ignorons si son successeur, Charles Charbonneau de la Forte-Ecuyère, se décida à venir habiter ce logis qui lui-même était en fort mauvais état. Mais, à la (1) La vie de messire Gabriel Dubois de la Ferté, gentilhomme angevin, chevalier de Malthe, commandeur de Théval près Laval, a été publiée par Joseph Grandet, curé de Sainte-Croix d'Angers. 1 vol. in-12 de xx-177 pages, plus G folios non. numérotés pour la table et le privilège. Paris, Pierre de Launay, 1712, avec un portrait de F. Chéreau. Au bas de ce portrait est gravé le quatrain suivant.

De la croix du Sauveur je tire ma noblesse.

J'en fus le Religieux, l'Enfant et le Soldat.

J'en fis tous mes plaisirs et toute ma richesse,

Par elle je vainquis le Grand Turc aux combats.

Cet ouvrage a été analysé par M. Célestin Port pour la rédaction de l'article qu'il a consacré au chevalier de la Ferté dans son Dictionnaire Historique, Géographique et Biographique de Maine-et-Loire, tome n, page 70.

Dubois de la Ferté (Gabriel), fils d'Antoine D., sieur des Forges et de la Bizolière, et de Marie Guaisdon, né à Angers, le 10 août 1644, fut, par suite d'une difficulté de parole qui l'éloignait du monde, destiné à l'ordre de Malte. Il y fut reçu le 26 octobre 1660, n'ayant pas même les 16 ans exigés pour l'inscription, revint le mois suivant en France et y fit trois campagnes à titre de gendarme de la maison du roi, retourna à Malte seulement en 1669, d'où le Grand Maître l'envoya au siège de Candie. revint en France en 1674, où il assista à la bataille de Sénef, retourna faire ses vœux en 1678 et suivit dès lors la vie régulière de l'ordre, tenant la mer le plus souvent contre les infidèles. En 1685, il fut nommé provéditour, puis capitaine de vaisseau jusqu'en 1696 où il vint prendre du repos en la commanderie de Théval près Laval. Il mourut le 27 décembre 1702 dans un séjour de passage au Breil-aux-Francs, annexe de sa commanderie, où 1 on a retrouvé sa tombe.

Gabriel Dubois de la Ferté, reçu le 26 octobre 1660, de gueules à trois croix pattées d'argent. Diocèse d'Angers. (abbé Vertot. Histoire des Chevaliers de l'ordre de Malthe, tome vu.)


mort de celui-ci, le chevalier Victor Henri de la Corbinière, devenu titulaire de la commanderie, s'empressait, avant d'en prendre possession, de faire constater sa situation par des experts.

Le procès-verbal de montrée, que nous possédons, se compose de 44 folios. Il est écrit sur papier timbré et débute ainsi

« Le lundi dixième jour de mars mil sept cent vingtsept.

« Nous, Jean Hesnard, maçon, René Coquillard, charpentier, et François Gaultier, couvreur, demeurant à Laval, paroisse de la Trinité, certifions à tous qu'il appartiendra, qu'à la requête de frère Victor Henri Roux, commandeur de Thévalles, en présence de Louis Frin, de l'ordre de Malte (1), son procureur général, suivant sa procuration attestée de Rozières, notaire royal, le premier janvier mil sept cent vingt-sept, experts commis par le sieur Charles (sic) Frin, en ladite qualité de procureur dudit sieur commandeur de Thévalles, maisons et terres en dépendant, pour procéder à la montrée et visite des bâtiments et terres dépendant de ladite com manderie de Thévalles, avons vu et remarqué, etc. a Suit la description des divers bâtiments dépendant do la commanderie situés aux environs de la ville de Laval. avec l'estimation des travaux à exécuter pour les mettre en état.

Le château de Thévalles, comprenant l'habitation du commandeur, avec chapelle et sacristie, le cimetière, la prison et les bâtiments de service, étables, fourni], cellier et pigeonnier, est tellement délabré que l'ensemble des travaux qui devront y être faits pour le rendre logeable, s'élèveront à la somme de 5,512 livres, 16 sous, 12 (1) Sans doute le chapelain de la commanderie. Celui-ci devait célébrer la messe dans la chapelle tous les jours sauf le dimanche et recevait pour cet office des émoluments s'élevant à la somme annuelle de 150 livres. (Abbé Foucault. Les Seigneurs de Laval, page 88).


Reproduction photolypographiqiie d'après un estampage.

HICIACET

GA BRI EL DV BOIS

DE LA FERTÉ

eqvë5 ORD.S. 10ann. hiero5olim. commendator DE THEVALE, 1

QVEM TERRA MARIQVE ZELVS fidei ET MORVM SANCTiTAS

COMMENDABILEM FECERE.

5EMPER SiB i PARCVS, 1

pavperïbv5 nvnqvam,

vere'pavpervm PATER.

OBIIT 1% decemb.170^. a1tat. 60

PIERRE TOMBALE

DE GABRIEL DU BOYS DE LA%FERTÉ au Breil-aux-Francs, près Laval.


deniers. En effet, les pignons tombent, les murs sont lézardés, les carrelages sont pourris, et c'est à peine s'il en reste des vestiges. Les portes, même celles de la prison, n'ont plus de serrures les fenêtres n'ont plus de vitres et la toiture doit être refaite presqu'en entier enfin les murs de clôture, notamment celui du cimetière, sont en grande partie écroulés.

Les experts visitent ensuite la métairie voisine de la Chouannière pour laquelle les dépenses s'élèveront à la somme de 546 livres. 19 sous (1).

Le 11 mars ils se transportent au Breil-aux-Francs. Bien que le château, comprenant la tour de l'escalier au rez-de-chaussée, la grande salle, la cuisine et la cave; au premier étage trois chambres, dont une est dite chambre du trésor, et diverses autres constructions, savoir une chapelle avec sacristie, l'écurie, le chenil, le pigeonnier, le cellier et les bâtiments de la ferme, paraisse en meilleur état, les travaux à exécuter atteindront le chiffre de 8773 livres 11 sous, dont 1883 livres 3 sous applicables à la ferme.

Ils visitent ensuite diverses métairies, la Roussière (2), paroisse de Parné, la Bouhourdière, même paroisse (3), la Cocherie, paroisse de Bonchamp (4), qui ont aussi un besoin urgent de réparations. Les travaux sont estimés à 3641 livres 10 sous pour la première, 800 livres 17 sous pour la seconde, et 2955 livres pour la troisième. Le 13 mars les experts se rendent à la métairie de l'Eraudière, commune de Quelaines, pour laquelle on devra dépenser 3848 livres. (5)

Le 15 mars l'expertise continue, après un jour de re(1) La Chaurimyèro (Déclaration do 1575). La Chouannièro (Dictionnaire topographique dit département de la Mayenne). (2) (Déclaration de 1575).

(3) (Déclaration de 1575).

La Rocherie (Déclar. de 1575).

(5) Non comprise dans la déclaration de 1575. Les Raudiores Diction, topog. du Départ, de la Mayenne).


pos, sans doute un dimanche, et on se rend à la chapelle Saint-Jean de-l'Hôtellerie, située paroisse de Grenoux (1). La chapelle Saint-Jean n'est pas mieux conservée que les autres bâtiments de la Commanderie. Les murs, tant de la chapelle elle-même que du clocher en pinade, doivent être récrépis, les lambris sont à renouveler en grande partie. Le carrelage est usé et ruiné enfin la toiture est à refaire en entier. Le tout pourra coûter environ 809 livres.

On visite ensuite la maison dite le Palais de Thévalles, placée en la ville de Laval, paroisse de Saint-Vénérand. Ce palais bien humble, les officiers de la Commanderie rendaient la justice, comprenait uniquement la salle d'audience et une petite pièce à côté. (2) Les réparations qu'il sera nécessaire d'exécuter s'élèveront à la somme de 407

il) Non comprise dans la déclaration de 1575.

Une de nos parentes, décédée en 1880, très âgée, se souvenait d'avoir été conduite, étant enfant, dans cette chapelle où l'on exposait sur l'autel chaque année, le jour de la Saint-Jean, une tête en cire représentant le chef décollé de St-Jean-Baptiste. Cet édifice est compris aujourd'hui dans l'enclos du pensionnat de Ilaute-Follis. Depuis 50 ans environ il a cessé de servir de chapelle et a été converti en classe (Renseignement fourni par M. l'abbé Jausson, aumônier du pensionnat de Ilaute-Follis). D'après M. l'abbé Foucault, cette chapelle aurait été détruite à l'époque de la Révolution. (Les Seigneurs de Laval, page 88).. Le village placé autour de la chapelle fait aujourd'hm partie de la commune de Laval à laquelle celle de Grenoux a été annexée. Mais la rue qui le traversait en a conservé le souvenir et porte encore le nom de rue Saint-Jean.

(2) La Juridiction de la Commanderie de Thévalles, qui s'étendait sur plus de 40 paroisses, ressortissait à la barre épiscopale de Touvoie.

Nous n'avons pu retrouver la situation exacte de ce Palais. Nous lisons dans les Essais historiques sur la ville de Laval et ses environs de M. Duchemin de Villiers (page 250, note 56) que a le Commandeur de Thévalles avait une maison, pour lui« même dans la ville, rue Renaise, à gauche en descendant, en face la rue des Béliers. » Il n'est pas question de cette maison dans le procès-verbal de montrée que nous venons d'analyser, soit que cette habitation n'appartînt plus au XVII' siècle aux Commandeurs de Thévalles, soit qu'ils ne l'aient jamais occupée qu'à titre de locataires. Elle n'est du reste pas comprise dans la Déclaration de 1575.


livres 5 sous, et à 343 livres pour une petite maison attenante.

Les experts s'aperçoivent qu'ils ont négligé de visiter les étangs dépendant de la Commanderie et situés près de Thévalles et du Breil-aux-Francs. Ils s'empressent de faire cette visite et fixent à 1802 livres les sommes à dépenser pour la réfection tant des conduites d'eau que des chaussées.

Puis ils closent, le 5 avril 1727, leur procès-verbal qui est signé René Coquillard, F. Gaultier, Jean Hesnard et L. Frin, de l'ordre de Malte.

Le surlendemain, 7 avril, ils affirment la régularité de leurs opérations devant le sénéchal de la Commanderie. « Du dix-septième jour d'avril mil sept cent vingtsept, par devant nous, François Leballeur, sénéchal des Commanderies de Thévalles, sont comparus en leurs personnes, Jean Hesnard, maçon, René Coquillard, charpentier, et François Gaultier, couvreur, tous experts, auxquels nous avons fait donner par nous, Pierre Chatizel, greffier des dites Commanderies, lecture de leur procès-verbal de montrée ci-dessus et des autres parties, en présence de M. François le Clerc, sieur du Moullin, procureur fiscal des dites Commanderies, et, le serment pris d'iceux tels experts, ont dit qu'il contenait vérité et ont signé avec nous, juge susdit et soussigné, les dits jour, mois et an que dessus.»

Signé: « Le Balleur, Chatizel, Jean Hesnard, François Gaultier, F. Clerc. »

Le chiffre total des dépenses que devait entraîner la mise en état des bâtiments dépendant de la Commanderie de Thévalles s'élevait à la somme énorme pour l'époque de 23.440 livres, trois sous. Aussi le nouveau commandeur dut-il renoncer à faire exécuter tous ces travaux. Il se borna à faire dans les fermes les réparations les plus urgentes et à rendre le château du Breil-aux-Francs susceptible d'être habité. Quant au château de Thévalles, dont la destruction avançait chaque jour, il n'entreprit


même pas de l'entretenir, laissant le temps compléter sa ruine.

A la mort de Victor le Roux de la Corbinière, la Commanderie de Thévalles fut donnée au chevalier Alexis Binet de Montifroy qui, à son tour, de concert avec le Commandeur Jacques de Brémond, Receveur du Grand Prieuré d'Aquitaine, fit procéder, au mois d'août 1763, à une expertise dont furent chargés deux autres chevaliers, Claude Eugène de Beaureau et François-Louis de Cumont (1). Ceux-ci, prenant en considération l'état de ruine dans lequel se trouvait le château de Thévalles,furent d'avis qu'il y avait lieu de l'abandonner, afin de pouvoir consacrer les revenus modiques de la Commanderie à s l'entretien de celui du Breil-aux-Francs, devenu depuis longtemps déjà la résidence des commandeurs. C'est seulement le 14 août 1765 que le chevalier Binet de Montifroy sollicita du Grand Maître de l'Ordre de Malte l'autorisation nécessaire Sa requête, soumise au Grand conseil de l'Ordre, fut répondue favorablement par un décret que nous reproduisons ci-dessous. Il est écrit sur une feuille de papier in-folio, laquelle porte encore des traces du sceau de cire noire qui y avait été apposé. FRATER EMMANUEL PINTO, Dei gracia sacra l)omus Hosplis Sti Jois Jeros" et militaris ordinis Sti Sepulchri Dom" Magr Humilis pauperumque Jesu Xpi custos Vnisis et singulis pntes nra Iras visuris, lecturis, est audituris salm. Notum facimus, et testamur qlr infra scriptum Decretum extractum fuit ex libro Conciliorum in Cancella nra conservato, in quo similia notari et registrari soient quod quidem in hanc publicam formam extrahi, et redigi jussimus, ut ubique tam in judi(1) Frauçois-Louis-Augusto de Cumont, chevalier profès de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur de Saint-Jean et de Sainte-Catherine de Nantes, inhumé à Angers, le 6 septembre 1779, âgé de 72 ans. n


cio, quam extra eidem plena, et indubia fides adhibeatur cujus ténor est, qui sequitur videlicet.

Die xiv Mensis Augusti 1765, perlecto supplici libello command"1 fris Alexii Binet de Montifroy, Vendae Linguae Francise, et Prioratus Aquitanise Militis; cujus est hic ténor videlicet.

Altsa Emraa.

Il Cavalière Fr. Alessio Binet de Montifroy comd™ della Comda di Theval urnil010 servre, e obbedmo Religioso di V: A: E: espone riverentemente, che vacata la detta Comda per morte del Comd™ Fra Vittorio le Roux de la Corbinière, il Ricevitore nel Vendo Priorato di Aquitania Comdre Giacomo de Bremond partecipato dall' affitta- volo della medesima dello stato in qui trovavasi allora quella Comda, si e creduto, per disimpegno del di lui impiego, nell obbligo di far visitare la Comda sudta, e formare un processo verbale dello stato di essa, il che fece eseguire in Agosto del 1763 per li Cav" e Coind" Fra Claudio Eugenio de Beaureau, e Fra Francesco Ludovico de Cumont coll' assistenza dell' agente Ragot; Dalla quale visita, e Processo résulta, che il vecchio Castello di Theval si trova in pessimo stato, quasi del tutto rovinato, e da moltissimi anni abbandonato, di manieracche li commissarii sudd insinuarono la soppressione di quel Castello, alla riserva della capella e del abitazione del Gabellotto, tantoppiu che quasi da cento anni a questa parte li Comd' della detta Comda preselsero perloro residenza altro Castello di Breuil spettante alla stessa Comda, e come meglio si releva d'all' annesso processo verbale; Cheppero l'ore si fa lecito ricorrere alla benignita dell' A V E umilmente supplicandola degnarsi col vo Sagro cons0 accordargli la necessaria licenza perla soppressione délia riferita parte del detto Castello di Theval ad effettocche possa con maggior utilita impiegare il tenue pro-


dotto della Comda stessa nello ristabilimento degli altri beni della medesima notabilimente deteriorati e della grazia.

Magr Hosplis Hierlem communicentur preces W Proc: nri cois aerarii, et Vendae Linguae Franciae. Datum in Palatio die xix julii 1765. G. Belli Auditor. Magr Hosplis Hierlem. Porrigantur preces nostro vendo Concilie Datum in Palatio die xn Augusti 1765 Fr. Carolus Ferruggia Audr.

Emus et Rmus Dnus Mags Magr et Vcndum Concilium visa deliberatione Vendae Linguœ, capta die3Oelapsi Julii, et chirographo etiam Vdorum Procrum Cois Aerarii edito die 5 instantis mensis, unanimi voto petitam facultatem concesserunt et indulserunt; ita tamen ut intactae remaneant Cappella et Conductoris habitatio.

Et quia ita se habet veritas. Ideo in hujus rei testimm Bulla nra Maglis in cera nigra pntibus est impressa. Datum Melitae in convtu nro, die mense, et anno supradictis.

Regist" in Cancella.

Baiul Aquilœ Franc. Guedes viceean cellarins. TRADUCTION.

Frère Emmanuel Pinto, par la grâce de Dieu humble Grand Maitre de la maison sacrée des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et de l'Ordre Militaire du SaintSépulcre de Notre Seigneur et protecteur des Pauvres de Jésus-Christ, à tous et à chacun de ceux qui verront, liront ou entendront nos présentes lettres, salut


Nous faisons savoir et attestons que le décret ci-dessous transcrit a été extrait du registre des délibérations, conservé en notre chancellerie, sur lequel les décrets de même nature sont d'ordinaire notés et enregistrés. Nous avons ordonné d'extraire et rédiger celui-ci sous cette forme authentique pour que la même foi pleine et entière lui soit accordée en tous lieux, tant en justice qu'autrement, dont la teneur est ainsi qu'il suit

Le quatorzième jour d'août 1765, lecture faite de la lettre suppliante du commandeur Frère Alexis Binet de Montifroy, de la vénérable langue française et du Prieuré militaire d'Aquitaine, dont la teneur est ainsi qu'il suit Altesse eminentissime,

Le Chevalier Frère Alexis Binet de Montifroy, commandeur de la Commanderie de Thévalles, très humble serviteur et très obéissant religieux de votre Altesse eminentissime, expose révérencieusement que, quand cette commanderie fut devenue vacante par la mort du commandeur frère Victor le Roux de la Corbinière, le receveur du vénérable prieuré d'Aquitaine, le commandeur Jacques de Bremond, ayant appris par le fermier de ladite commanderie l'état dans lequel elle se trouvait, il se crut, pour remplir sa mission, dans l'obligation de faire visiter la susdite commanderie et de faire dresser un procès-verbal de cet état, ce qu'il fit exécuter au mois d'août 1763 par les chevaliers commandeurs, frère Claude Eugène de Beaureau et frère François-Ludovic de Cumont, avec l'assistance de l'agent Ragot. Desquels visite et procès-verbal, il résulte que le vieux château de Thévalles se trouve dans le plus déplorable état, presqu'entièrement ruiné et depuis de longues années abandonné, de telle sorte que les commissaires susdits conseillèrent la suppression de ce château, à la réserve de l'habitation du régisseur et de la chapelle, avec d'autant plus de raison que depuis près de cent ans les commandeurs de cette commanderie ont préféré prendre pour leur résidence un autre château [dit] le Breuil (le Breil-aux-Francs) dépen-


dant de cette commanderie comme mieux conservé, ainsi qu'il résulte du procès-verbal annexé à cette lettre. C'est pourquoi le suppliant se permet de recourir a la bienveillance de Votre Altesse Eminentissime pour vous supplier humblement de daigner, ainsi que votre sacré conseil, lui accorder l'autorisation nécessaire pour la suppression de la partie susdite de ladite commanderie, afin de pouvoir, a\ec plus d'utilité, employer son faible produit à réparer les autres biens de cette commanderie notablement détériorés et de votre grace. Nous, Grand Maitre des Hospitaliers de Jérusalem, ordonnons que cette supplique soit communiquée à notre procureur du Trésor commun et de la vénérable langue française. Donné en notre palais le 19" jour de juillet 1765. G. Belli, auditeur.

Nous, Grand Maître des Hospitaliers de Jérusalem, ordonnons que cette supplique soit transmise à notre Conseil vénérable. Donné en notre palais, le douzième jour d'août 1765. Frère Charles Ferruggia, auditeur. Nous, Eminentissime et Révérendissime seigneur Grand Maître, et notre Conseil vénérable, vu la délibération de langue vénérable prise le trentième jour du mois de juillet dernier, et aussi le chirographe des vénérables procureurs du Trésor commun, déposé lo cinquième jour du mois courant, avons accordé et octroyé d'un vote unanime la faculté demandée, de façon toutefois à ce que la chapelle et l'habitation du régisseur demeurent intactes.

Et parce que telle est la vérité. C'est pourquoi, en témoignage de cette décision, notre Bulle magistrale en cire noire a été apposée sur le présent décret. Donné à Malte, en notre Conseil, les jour, mois et an sus-indiqués. Enregistré en la Chancellerie

Le porteur de l'Aigle, François Guedes, vice-chancelier.


En exécution de ce décret, le commandeur Alexis Binet de Montifroy abandonna complètement le château de Thévalles dont la destruction avançait rapidement faute d'entretien. Ses successeurs, les chevaliers AchilleCharles-Alexis de Kérouard, 1768, et Jean-Henri de la Laurencie, 1775, imitèrent son exemple. De telle sorte qu'à l'époque de la Révolution, le château, vendu comme bien national, se trouvait vraisemblablement déjà dans l'état où nous le voyons aujourd'hui, à la sortie du village du même nom, sur la droite de la route d'Angers, et ne comprenant plus que les pièces réservées pour l'habitation du fermier ou régisseur. Suivant M. l'abbé Foucault (Les Seigneurs de Laval, pages 88 et suivantes) la chapelle, qui existait encore en 1789, aurait été détruite pendant la Révolution.

E. Querdau-Lamerie.


NOTE

SUR LES FRESQUES DE SAINT-MARTIN

A LAVAL

Les peintures découvertes dans l'ancienne église de Saint-Martin de Laval paraissent dater de la première moitié du xi" siècle, si l'on en juge par leur ressemblance avec des manuscrits de même date.

Elles couvraient jadis la nef à partir de la hauteur d'appui au-dessous il ne devait y avoir qu'un appareil tracé en rouge sous une large bande en mosaique, comme on en trouve à la Haic-aux-Bons-Hommes près Angers, s'alignent les ancêtres du Christ, les rois de Juda, portant sceptre et couronnne et se regardant deux par deux ils sont vêtus de riches manteaux, dont les bordures sont ornées de pierreries suivant la mode du temps c'est ainsi en effet que l'inventaire de Bayeux (1479) mentionne « le mantel duquel, comme on dit la duchesse « estait vestue quand elle espousa le duc Guille. enri« chi par le bas de camaieux et aultres pierres précieuses « et à présent y en a encore deux cent quatre-vingt« douze et y a 204 places vides auxquelles autrefois « étaient pareilles pierres. »

Les rois sont séparés par des colonnes sculptées ou jaspées, garnies de chapiteaux et de bases à feuillages variés et supportant tout un couronnement d'édicules où se


remarquent des barreaux tournée. Au-dessus d'une autre ligne de mosaïqne s'étendaient des scènes qu'il est actuellement impossible de distinguer et de décrire. Le tout a été piqué de très près pour la prise du mortier et du badigeon.

Les peintures comprenaient aussi le transept l'un des arcs triomphaux est orné de compositions représentant les mois de l'année on y distingue un personnage armé d'une faux curieuse d'autres sont démesurément allongés.

Il semble qu'au xine siècle on ait figuré une adoration des mages dans l'absidiole droite.

Toute l'abside centrale a été peinte au xvu*' siècle et garnie de scènes empruntées à ]a ~ie de Saint-Nicolas On dirait de loin des panneaux de tapisserie de ce temps habilement tendus chaque tableau assez mal dessiné du reste, porte un titre en lettres d'or. Ces peintures, très foncées et le vert domine absolument, font mauvais effet de loin et elles tranchent sur la simple ordonnance de la décoration primitive.

Il est à désirer que l'artiste chargé de restaurer ces curieuses peintures les restitue sans chercher à les embellir.

NOTA. La gravure ci-jointe reproduit les peintures da~' ~io' ~o< au commencement de 1883.



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6~

1


INSCRIPTION

à la mémoire

DE L'ABBÉ BERNIER A DAON.

On remarque depuis quelque temps dans le bourg de Daon l'inscription suivante, gravée en lettres rouges sur une plaque de marbre noir, placée au-dessus de la porte d'entrée de la maison où naquit le célèbre abbé Bernier, et dont la disposition intérieure n'a pas été modifiée depuis cette époque:


DE LA FONDATION DES CAPUCINS A CHATEAU-GONTIER.

Le musée de Château-Gontier vient de recevoir, par les soins de M. André Joubert, la pierre commémorative de la fondation des Capucins de cette ville, qui porte l'inscription suivante

INSCRIPTION COMMÉMORATIVE

]AYE ESTE

MISE ET POSEE LE

31" MAY 1611 PAR

IIAVT ET PVISSANT

MESSIRE PIERRE

DE ROUAN PAIR DE

FRANCE CON" DV

ROY EN SES CONS

EILS DESTAT ET PRI

VÉ PRINCE DE GYÈMÈ

NÉ SVIVANT LA PRIÉ

RE QYE LVY EN ONT

FAICTE LES HABITA

NS DE CETTE VILLE

DE CHAV-GONTIER.


MÉTHODIQUE ET ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

Agrafe mérovingienne de Placé. 53 – de Saulges 6t Album ancien de vues du Bas-Maine. 100 Ambrières. Inscription dans l'église 28 Questionnaire du canton. 28 Arrêté instituant la Commission 7 Ballots. La Haie-aux-Bons-Hommes 102 Bannes-en-Charnie. L'ECrière. 66 Bas-relief de Saulges 62 Beaugé(Chaussëede). 28 Bellay (du). L'Héritage des du Bellay 175 Bierné. Tombeau de Catherine de Chivré. 140 Boucher (Peintures de) 27, 49 Bourgnouvel 89 Breil-aux-Francs. 245 BruUon(Enfeudelafamillede). 151 Bureau de la Commission il Camp aux Sarrasins, à Ilardanges 35 Carte d'État-Major. Révision. 31 Cassine (La) près Laval 81

TABLE

t


Chaire au Diable, à Saint-MicheI-de-Ia-Roë. 58 Château de Laval. Dégagement du Donjon 48, 61, 95 ChâteaudeMontécter.aChâtres lût Château de Mortier-Crolle, à Saint-Quentin. 84 Château du Rocher, à. Mézangers. 86 Château de Sainte-Suzanne 53 Château de Thorigné 65 Château-Gontier. Généalogie des Seigneurs. 18 Château-Gontier. Musée. 22, 51, 52 Cheminée du XIV siècle, Saint-Mars-sur-la-Futaye. 67 Chevaigné. Tombeaux en ciment. 28 Chivré(Catherinede) l40 Cimetières mérovingiens de la Mayenne 42 Commission de gëogr. hist. de l'ancienne France.. 32 Commission de Seino-et-Oise. 94 ContesetlégendesduBas-Maine. 68 David. Son brevet de réception à l'Académie 52 Dégagement du Donjon de Laval. 48. 61, 95 Dépenses de la Commission. 18, 40 Dolmen de Mirwault. 57 ES'ricro(l')aBanncs-on-Charnie. 66 Eglise de Pritz, près Laval 75 Enceintes fortifiées antérieures au XIV siècle 71 Figures damasquinées du Musée de Château-Gontier. 51 Fontaine-Couverte. Eglise. 58 Fosses aux Sarrasins, à IIardanges. 35 Fresques de Saint-Martin, à Laval. 249 Généalogie des Seigneurs de Château-Gontior 18 Gesnes. Statues. 31 Grotte de Voutré 22 Hardanges. Camp et Fosses aux Sarrasins 35 Huet (Tableaux de). 49


Inscription de l'église d'Ambrieres. 28 Inventaire des monuments mégalithiques. 31 Inventaire des richesses d'art 72, 99, 102 Jublains. Musée municipal. 47,71,93 Lancheneil, Château, à Nuillé-sur-Vicoin. 90 Larchamp. Eglise. 89 Laval. Dégagement du château 48, 6), 95 Fouilles de la Cathédrale. 61 Fresques de Saint-Martin. 249 Maison Renaissance. 6), 84 Sceau des Notaires. 53 Maison Renaissance, à Laval. M,M Membres de la Commission (Liste des) 9 Membres correspondants (Liste des) 14 Mérovingienne (L'époque) dans la Mayenne. 41 Mézangers. Château du Rocher 86 Eglise. 59 Mirwault. Dolmen. M Molière. Eglise. 27 Monnaies (Découverte de) 32, 37, 47 Monnaies romaines de Jublains. 47 Montécler (Madeleine de). 30 Monuments historiques. Classement 72 2 Monuments mégalithiques. Inventaire 31 Mortier-Crollo. Château. M Musée de Château-Gontier. 22,51.52 Musée de Sculpture comparée. 19, 34, 41 Musée municipal de Jublains 47, 71, 93 Noels manceaux. 62,103 Nominations. 17,30,33,45 Notaires de Laval. Sceau. 53 Nuillé-sur-Vicoin. Lancheneil. 90 Palisson (Butte de). 58 Peintures de Saint-Martin-du-Limet 27 Placé. Agrafe mérovingienne. 53 Préhistoire (La) au congrès de Vannes 107 Présentationsd'ouvrages. 30,46,60,93 Pritz. Eglise. 73


Questionnaires. 53 Réélection du Bureau de la Commission 44 Retranchement près du moulin de Gennes 28 Richesses d'art. 72, 99, 102 Rivault de Fleurance 103 Roche Bouillante, à Saint-Pierre-la-Cour. 43 Saint-Baudelle. Eglise. 89 Saint-Denis-du-Maine. Eglise 57 Saint-Georges-sur-Erve. Château de Foulletorte 101 Saint-Laurent-des-Mortiers. Enfeu des Gaultier de Brullon 151 Saint-Mars-sur-]a-Futayc. Prieuré 88 Ruines du château de la Tannière 88 CheminëeduXtV'siècle. 67 Saint-Martin, à Laval. Fresques. Saint-Martin-du-Limet Peintures de Boucher et de Huet. 27, 49 Saint-Pierre-des-Landes. Découverte de Monnaies 32 Sainte-Suzanne. Château. 52 Saulges. Agrafe mérovingienne 61 Bas-relief dans l'église 62 Savigny (Cartulaire de) 118 Sceau des contrats des notaires de Laval 53 Selle-Craonnaise (la). Eglise, Château 101 Silex taillés. 59 Statues de Gesnes. 3t Statuette du Musée de Château-Gontier. 23 Statuette en ivoire de la Renaissance. 96 Tannière (la). Restes du Château. 88 Thévalles (Commanderie de). 235 Thorigné-en-Charnie. Château. 65 Voutré. Grotte 22 Zodiaque de Pritz 76


DES MATIÈRES

Création d'une Commission historique et archéologique pour le département de la Mayenne Listes des membres titulaires. Composition du bureau Liste des membres correspondants.

Séance du 29 janvier 1880 17 22 avril 22 15 juillet 33 14 octobre 39 Séance du MMvriert881. 45 19 mai 60 18 août 70 17novembreI88t. ~2

TABLE

PREMIÈRE PARTIE

PROCÈS-VERBAUX


La Préhistoire au Congrès de Vannes, par J. LEFiZEUER. 107 Les Seigneurs de Mayenne et le Cartulaire de Savigny, parA.DEMARTONNE. 118 Les Epitaphes latines du mausolée de Catherine de Chivrë.paLrA.JouBERT. 140 Les Epitaphes de l'Enfeu des Gaultier de Brullon, par A.JOUBERT 151 L'Héritage et les héritiers des du Bellay, par l'abbé CH.POINTEAU. 175 Titres et documents concernant la connnanderio de ThévaUes,parE.QuEHUAU-LAMEiuE. 235 Fresques de Saint-Martin, à Laval 249 Inscription à la mémoire de l'abbé Bernier 250 Inscription commémorative de la fondation des Capucins deChâteau-Gontier. 251 TABLE ALPHABETIQUE. 253 TABLE DES MATIÈRES 257

DEUXIÈME PARTIE

DOCUMENTS

F!X DE LA TABLE DES MATfiJHES.