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Titre : Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie
Auteur : Société des antiquaires de Picardie. Auteur du texte
Éditeur : Ledien fils (Amiens)
Éditeur : A. CaronA. Caron (Amiens)
Éditeur : Duval et HermentDuval et Herment (Amiens)
Éditeur : Duval et HermentDuval et Herment (Amiens)
Éditeur : J.-B. DumoulinJ.-B. Dumoulin (Paris)
Éditeur : J.-B. DumoulinJ.-B. Dumoulin (Paris)
Éditeur : A. ChossoneryA. Chossonery (Paris)
Éditeur : A. ChossoneryA. Chossonery (Paris)
Éditeur : A. PicardA. Picard (Paris)
Date d'édition : 1851
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32813317h
Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32813317h/date
Type : texte
Type : publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 1851
Description : 1851 (SER2,T1).
Description : Collection numérique : Fonds régional : Picardie
Droits : Consultable en ligne
Droits : Public domain
Identifiant : ark:/12148/bpt6k408348b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/11/2008
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MÉMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE.
TOME XI.
MEMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE.
̃♦*»«<>•
DEUXIÈME SÉRIE.
TOME I.
AMIENS.
hlPRIMBRl1! PB DUVAL ET HERMENT, PLACE PsRICORD, t. PARIS, 9
L!B)t*)R)K nK J.-B. DUMOULIN. 13, QcA< oFs AI'GI'STINS. -~n-f 1851.
DISCOURS
PRONONCÉ PAR M. RIGOLLOT PRÉSIDENT, DANS LA SÉANCE PUBLIQUE DU 19 AOUT 1819.
MESSIEURS,
Nous devons au nom vénéré de Du Cange l'éclat tout extraordinaire que donne à cette séance la présence d'un si grand nombre de personnes distinguées par leur savoir ou leurs hautes fonctions, que cette salle, où se sont passés cependant des événements bien mémorables, n'a peut-être jamais renfermé une plus belle réunion. Nous y voyons des représentants du peuple, des magistrats, des littérateurs, des archéologues des délégués de plusieurs sociétés savantes, françaises et étrangères, qui tous ont répondu avec empressement à notre appel. Mais ce qui nous honore surtout, c'est la députation solennelle de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, sans contredit le premier corps savant de l'Europe, représenté ici par ses membres les plus illustres.
Et Du Cange, cause de cette affluence, lui dont l'extrême modestie surpassait seule l'immense savoir, qui renvoyait à Mabillon les savants étrangers que lui adressait Mabillon, comme à l'érudit le plus profond de son temps qu'effarouchait le moindre éclat qui eût dérangé ses études solitaires lui dont le grand roi n'avait même jamais vu la figure, quel serait son étonnement si, rappelé à la lumière comme un nouvel Epiménide, il apprenait qu'une fête se prépare en son honneur qu'une statue va lui être érigée sur une des places publiques de sa ville natale, aux acclamations de ses concitoyens et des savants les plus célèbres accourus pour y applaudir. Du Cange était un honorable magistrat d'une vertu exemplaire, d'une douce piété, d'une simplicité de mœurs antique, modéré dans ses désirs, dépourvu de toute ambition il n'a jamais eu qu'une passion, mais celle-ci le posséda tout entier dès sa jeunesse et ne le quitta qu'avec la vie. Cette passion était celle de l'étude, et elle a fait son bonheur et sa gloire.
Si parmi les personnes qui m'écoutent plusieurs occupent un rang élevé parmi les savants et se sont fait un grand nom par leurs écrits c'est qu'ils ont eu aussi la même passion c'est qu'ils ont connu comme Du Cange, les jouissances du travail. Au lieu de les plaindre du labeur incessant auquel ils se livrent, au lieu d'estimer comme une peine les longues veilles pendant lesquelles ils poursuivent leurs recherches félicitons-les de posséder
1.*
cette ardeur à laquelle ils doivent leurs plaisirs les plus vifs et leur renommée.
Ce qui fait surtout honneur à Du Cange c'est d'avoir su appliquer un jugement sain, une vaste intelligence, une mémoire sûre à des sujets d'une utilité permanente, à des œuvres dont on apprécie d'autant plus la valeur qu'on est déjà plus éclairé quel est l'homme, ayant quelque peu réfléchi sur sa destinée sur les évènements dont il est le témoin, qui ne désire posséder sur ceux qui ont signalé les siècles passés des notions plus satisfaisantes que ces vieilles croyances ces récits fabuleux dont se contentaient les anciens. -Quel but plus utile peut-on se proposer que de dégager l'histoire des ténèbres qui en obscurcissent des périodes entières et de rendre accessibles des régions comme perdues dans la longue carrière parcourue par l'espèce humaine.
A l'époque où vivait Du Cange tout ce qui touchait à l'histoire du moyen-âge et des peuples nouveaux qui, à la chute de l'empire romain, s'en partagèrent les débris était entouré de difficultés inextricables les mots étaient incompris les choses ignorées les uns étaient barbares les autres étrangères à ce qu'on avait pu apprendre dans les auteurs classiques.
Du Cange qui dès son adolescence s'était proposé comme occupation de toute sa vie d'étudier à fond l'histoire de France entreprit à lui seul une tâche immense et dont tout autre se fût justement effrayé, celle d'éclairer toutes les parties obscures du vaste sujet qu'il avait choisi et de faire pour ainsi dire sortir du cahos un monde nouveau. Avant qu'il eût publié le résultai de ses A a
innombrables recherches on ne pouvait songer à écrire sur ces temps couverts d'ombres épaisses aucune composition historique satisfaisante, et c'est seulement avec leur secours qu'on a pu mettre au jour ces ouvrages qui font époque dans notre littérature, et marquent les progrès de la raison humaine comme l'Esprit des loix et l'Essai sur les mœurs des nations.
L'étude des langues première base de toute instruction, surtout celle des idiomes nés du mêlange des peuples divers qui renouvelèrent l'Europe, avait besoin d'être reprise presqu'en entier. Du Cange a ouvert glorieusement cette carrière par ses glossaires où non seulement il fit connaître les altérations qu'avaient subies à la longue le grec et le latin mais aussi ce qu'y avaient ajouté les races conquérantes venues soit du Nord soit des steppes de l'Asie.
En même temps, il recueillait dans des manuscrits sans nombre dans des chartes et des titres de toute espèce, dans les écrits des trouvères et des romanciers du moyenâge qu'il compulsait avec une ardeur infatigable, les premiers éléments de ce langage nouveau, produit d'un latin corrompu, qu'on voit se dégager peu à peu de ses langes, et dont on suit avec tant d'intérêt les progrès dans les curieux récits de Ville-Hardouin, du sire de Joinville, de Froissart, de Monstrelet et qui devint plus tard le français d'Amyot et de Montaigne, puis, au siècle où vécut Du Cange, celui de Molière, de Pascal et de Bossuet. Enfant de la Picardie, recherchant avec amour tout ce qui était relatif à notre province Du Cange n'eut garde de négliger son langage qui a été longtemps le
principal dialecte du nord de la France celui dans lequel d'illustres étrangers écrivaient de préférence, lorsqu'ils voulaient que leurs œuvres fussent reçues avec plus de faveur; et sans doute que son âme tressaillirait de joie si elle pouvait voir couronner, comme nous allons le faire, le mémoire si curieux si plein d'aperçus ingénieux et d'érudition, qu'un de nos collègues (1), répondant à notre appel, a composé sur le Picard.
On ne peut en aucune manière comparer Du Cange à un lexicographe ordinaire; chacun des mots qu'il recueillait était pour lui l'objet de rapprochements lumineux et de profondes recherches qui lui révélaient les moeurs les usages, les lois de la monarchie française. Il n'est aucune question relative à ces vieux siècles, sur laquelle il ne fournisse des éclaircissements, et l'on est tout surpris, là où on croyait trouver seulement l'explication d'une phrase obscure de rencontrer une dissertation savante où le sujet est épuisé.
Ce qui excite surtout l'admiration lorsqu'on prend connaissance des travaux de Du Cange c'est qu'un homme seul et qui même, dit-on, ne se servit jamais de secrétaire, ait osé non seulement les concevoir, mais encore les exécuter. Il est vrai qu'il avait mis un ordre si parfait dans ses études, il classait si méthodiquement tout ce que ses lectures lui offraient de digne de remarque, qu'il n'avait pas craint de s'engager dans des entreprises littéraires, qui ont exigé les efforts successifs de plusieurs générations d'érudits.
(1) M. l'abbé Curblet. t,
Aussi lorsqu'après sa mort on sentit le besoin, ou de continuer ses travaux, ou de réaliser les plans qu'il avait conçus, et dont il avait exposé le dessein, il ne se présenta, pour le remplacer, aucun homme, tel instruit et laborieux qu'il fût; il fallut qu'une réunion de savants, que la docte congrégation de St.-Benoit, qui a rendu aux sciences historiques des services si signalés acceptât l'honneur périlleux de lui succéder.
Du Cange revécut pour ainsi dire dans ces religieux qui, livrés sans distraction, dans le silence du cloître, aux recherches érudites, reproduisirent son Glossaire avec des additions considérables.
Une des pensées les plus chères à Du Cange, celle dont il avait fait le rêve de son imagination, dont il s'était de bonne heure préoccupé avait pour objet de réunir dans une seule collection tous les historiens des Gaules et de la France. Aussi on raconte que si, dans le cours d'une vie ordinairement calme et paisible, il éprouva une déception, un chagrin réel, c'est lorsqu'il vit des projets auxquels il attachait unejuste importance, qu'il avait longuement médités, dont il avait exposé l'arrangement et indiqué les matériaux n'être pas agréés par deux grands ministres, Colbert et Louvois, auxquels il les présenta; sans doute que ceux-ci avaient formé d'avance un autre plan pour l'exécution de cette vaste entreprise, dont la réalisation ne pouvait avoir lieu que sous les auspices du gouvernement.
C'est seulement un demi siècle environ après la mort deDu Cange que commença enfin ce grand travail, et c'est aussi un Amiénois,Dom Bouquet, qui eut le bonheur d'en publier
les premiers volumes et d'accomplir ainsi un vœu si cher à son illustre compatriote. On voit que c'était toujours alors aux bénédictins qu'il fallait recourir, lorsqu'il s'agissait d'entreprendre de pénibles recherches, d'exécuter de longs travaux au milieu desquels se consumait une existence entière dans l'humilité, dans l'abnégation, souvent dans un injuste oubli. Tels étaient d'autres enfants de St.-Benoit, aussi nos compatriotes, Dom Caffiaux et Dom Grenier qui, chargés d'écrire l'histoire de la Picardie, tout en rassemblant à grand peine d'immenses matériaux, ont tellement caché leur vie que, sans les investigations toutes récentes d'un de nos collègues (1) généreusement dévoué à leur réhabilitation, on ne saurait ni où virent le jour ces hommes laborieux, ni les dates de leur naissance et de leur mort.
La révolution de 1793, qui fit table rase de toutes les institutions du passé, en détruisant les corps savants aussi bien que les ordres religieux, laissa interrompus la plupart des grands ouvrages historiques dont la publication ne pouvait s'exécuter sans la subvention de l'Etat. Ils ne furent repris que lorsqu'au commencement de ce siècle fut reformée, comme section de l'Institut national l'ancienne Académie des inscriptions et belles lettres, et que ses membres, en acceptant l'héritage des Bénédictins, se dévouèrent à continuer leurs travaux et parurent, par cela même, rendre hommage à la mémoire de Du Cange, qui les avait commencés ou conçus. Depuis lors, ce corps illustre n'a cessé de confier à ses membres les plus (1) M. Darniens.
distingués des publications dont l'énumération succinte prouvera la haute valeur. Ainsi, on leur doit la continuation de la collection des Historiens des Gaules et de la France, de celle des Ordonnances de nos rois, de celle des Diplômes et des Chartes, la suite de l'Histoire littéraire de la France et de la Notice des manuscrits. Ne semble-t-il pas que cettedocte compagnie,en mettant au jour lesdocuments sans nombre qui avaient été lus et cités par Du Cange, ait eu à cœur d'accroître sa gloire en les faisant servir de preuve et de contrôle au trésor d'érudition renfermé dans ses glossaires.
Dans ces dernières années, elle a fait plus encore, pour réaliser les vœux formés par notre compatriote un des sujets auxquels il consacra particulièrement ses veilles, est l'histoire des Croisades et des établissements des Français dans les régions orientales où l'esprit guerriertde nos ayeux excité encore par une fervente piété, accomplit jadis tant de prodiges. Du Cange qui y avait été conduit par ses grands travaux sur les historiens byzantins, avait ouvert la carrière par ses belles éditions de Ville-Hardouin et de Joinville, et chacun sait qu'il a en outre laissé de très-importants manuscrits, entièrement rédigés, sur l'histoire des royaumes d'outre-mer (1). C'est sur ce vaste et difficile sujet que l'Académie des inscriptions et belles lettres a commencé trois collections distinctes, où elle réunit tous les historiens des Croisades, (t) A l'occasion de l'inauguration de la statue de Du Cange, M. de Falloux, ministre de l'instruction publique, a ordonné l'impression de ces manuscrits; il avait aussi pris une décision pour que le Lycée d'Amiens recul le nom de Lycée Du Cange.
selon qu'ils sont latins, grecs ou orientaux. De cette manière, puisant à toutes les sources, interrogeant à la fois les vainqueurs et les vaincus, les soldats du Christ et ceux de Mahomet, il est impossible de ne pas arriver à une connaissance suffisante de ces grands événements qui se sont passés bien loin de nous et dans un temps où l'ignorance était profonde.
Tant d'importants ouvrages tous relatifs à notre histoire nationale, confiés aux savants dont la France s'honore le plus, ne suffisaient pas encore pour satisfaire notre besoin d'en bien connaître les évènements et les actes. Au moins, un homme d'état célèbre, un profond historien (1 ) en a jugé ainsi et, après avoir constaté qu'une quantité considérable de faits étaient ignorés, qu'une plus grande quantité encore étaient mal connus, il a fondé, pendant qu'il était ministre de l'instruction publique, des Comités chargés de rechercher dans les dépôts d'archives, dans les bibliothèques et sur tout le sol de la France, quels sont les documents inédits ou les monuments des arts qui intéressent notre histoire, et d'en faire la matière d'une vaste publication aussi chaque année voit mettre au jour de vieux cartulaires, des papiers d'Etat des correspondances administratives et diplomatiques, des légendes et des chroniques qui jettent une lumière toute nouvelle sur notre passé.
Parmi ces publications, il en est une qui nous intéresse d'une façon toute spéciale et où, par un heureux privilège, la ville d'Amiens, choisie entre toutes les autres, (!) M. Guiiol.
comme type et modèle des institutions du moyen-âge, y trouvera réuni, et de la manière la plus complète, tout ce qu'on a pu recueillir de titres, d'actes de règlements relatifs à sa municipalité, dont l'organisation était jadis des plus remarquables et à ses corporations d'arts et métiers qui, de tout temps, ont fait sa richesse et sa prospérité.
L'importance attachée à ces* vieilles chartes, à ces titres poudreux, qui recèlent les éléments les plus positifs de notre histoire, et servent chaque jour à résoudre des questions de droit et d'administration d'un intérêt actuel le besoin de les déchiffrer et d'en saisir le véritable sens, a fait sentir l'utilité de créer une école spéciale de paléographie qui, dirigée par d'habiles professeurs est chargée d'initier des jeunes gens déjà fort instruits à leur interprétation. Les savants ouvrages de Du Cange forment la base de leur enseignement aussi, demandez aux membres de l'Ecole des chartes ce qu'ils pensent de notre illustre compatriote, et s'il est à leurs yeux un nom plus digne de respect et d'hommage: l'un deux (1), qui est dans cette enceinte, m'écrivait il y a deux jours Du Cange est un demi-dieu pour nous ce que nous savons, nous le lui devons presqu'en entier.
Cependant, comme si les sommes que l'Etat consacre aux monuments historiques ne pouvaient encore satisfaire notre impatient désir de savoir la Société particulière de l'histoire de France constituée en 1834, et que soutiennent de nombreuses souscriptions, a en(0 M. Quicheral.
trepris, de son côté une série de publications analogues à celles des Comités du ministère de l'instruction publique, et paraissant aussi marcher sous les auspices de Du Cange, dont les écrits sont des modèles qu'on ne saurait trop imiter, s'attache à donner soit de meilleures éditions de nos historiens soit des pièces inédites.
Jamais à aucune époque la recherche de la vérité historique n'a été facilitée par des secours plus abondants, n'a été l'objet des travaux d'un plus grand nombre d'hommes dévoués à son culte. Aussi des voix plus imposantes que la mienne ont-elles dit qu'entre les caractères qui distingueront un jour le xix.e siècle, il faudra noter l'ardeur qui pousse à l'étude de l'histoire cette véritable institutrice des nations et de ceux qui les gouvernent à quelque titre que ce soit.
Mais ce n'est pas seulement à Paris, et parmi les savants de profession, qu'elle compte des adeptes. Aucune des parties de la France n'est actuellement étrangère à cette exploration générale de tous les vestiges du passé et au culte des vieux souvenirs. Des Sociétés d'Antiquaires se sont fondées presque simultanément dans les principales de nos anciennes provinces, dans la Normandie, l'Artois le Poitou le Languedoc; toutes animées du même esprit ne rivalisent que par leurs efforts généreux pour réveiller autour d'elles l'amour de la patrie, inspirer le goût d'une instruction solide et le respect dû aux traditions des anciens âges. En arrachant à l'oubli et à la destruction les actes et les monuments de leur histoire, en rassemblant les éléments dont peut se
composer un tableau fidèle des époques antérieures, elles restituent en quelque manière à nos provinces cette individualité, cette vie active et indépendante, qui caractérisait chacune d'elles et leur imprimait un cachet tout spécial qu'elles ont commencé seulement à perdre sous la monarchie de Louis XIV, et que la division en départements avait pour but de détruire entièrement. Vous voyez Messieurs, de quelle noble et nombreuse famille Du Cange peut-être considéré comme l'ancêtre légitime il semble que toujours présent, il encourage par son exemple, comme il éclaire par ses ouvrages, tous ceux qui se dévouent aux recherches érudites; peut-on choisir, pour r personnifier les travaux historiques, un nom, une image plus digne de nos respects plus sympathique à toutes les intelligences. Qui pourrait ne pas applaudir au projet, si heureusement réalisé de lui élever une statue. Les anciens et avant tout les Grecs cette race privilégiée qui l'a emporté par la supériorité de l'intelligence et le sentiment exquis du beau et du bon sur les autres peuples, à qui nous devons tout ce qu'il y a d'élevé dans nos pensées de goût dans nos jugements les Grecs, dis-je, dès qu'ils se furent civilisés, donnèrent place dans leur gracieuse mythologie à la mémoire qui n'oublie rien de ce qui peut intéresser l'humanité et recueille les faits, aussi bien qu'à l'histoire qui les conserve et les raconte pour l'instruction des peuples; ils en avaient fait des divinités, c'étaient les muses Mnémosyne et Clio elles n'étaient pas des allégories, mais des personnages dont on connaissait la famille et la généalogie, elles habitaient les riantes vallées du Pinde et étaient guidées dans leurs occupations par le
dieu du jour qui accompagnait des accords de sa lyre leurs pas cadencés. Dès les premiers temps, on rendit donc un hommage, un culte, à ces dons du génie qui éclairent l'homme et lui assignent une place à part dans la création. Plus tard, lorsque par suite du changement des idées et des prétendus progrès de la raison, l'olympe des anciens eut perdu son prestige, que ses divinités vieillies cessèrent d'avoir droit à notre croyance, on n'en continua pas moins d'honorer la science, l'érudition et les beauxarts, et on chercha à les représenter par des figures allégoriques. Mais quel rôle ingrat fut alors réservé aux artistes
Chargés d'inventer cette personnification d'êtres abstraits, sans corps et sans formes déterminées, incertains sur leurs caractères sur les symboles qui leur appartiennent, leurs productions eurent ce vague, cette indécision qui paralyse le talent et laisse froid le spectateur. Permettez-moi Messieurs de choisir un exemple Est-il une invention des temps modernes qui puisse égaler en importance celle de l'imprimerie quel puissant instrument elle donne à la pensée comme par son moyen celle-ci se multiplie, rayonne en tout sens et féconde les intelligences; mais comment la figurer, sera-ce par un homme de peine faisant gémir la presse sous ses bras vigoureux, ou bien par une femme délicate occupée à lire des pages dont rien n'indique le sujet est-ce un roman frivole ou une composition sérieuse?
Aucune de ces deux figures ne peut satisfaire le gout. – 0» a donc préféré dans ces derniers temps et avec grande raison l'image d'un homme à qui on pût faire
honneur de cette belle découverte. Mais quel est cet inventeur, sous quel nom se cache-t-il? On l'ignore encore. Est-ce Guttemberg? Est-ce Fust ou Schœffer ou bien peut-être encore Coster de Harlem ? Rien n'est difficile à résoudre comme ces origines qui n'ont été débattues que tardivement et lorsque les élémens de conviction avaient en grande partie disparu.
La rivalité de deux villes qui prétendent l'une et l'autre à la priorité, le besoin d'être reconnaissant envers un grand bienfait, a tranché une question douteuse. Mayence et Strasbourg ont chacune élevé une statue à Guttemberg. Celui-ci l'a donc emporté sur ses rivaux, et quoiqu'il n'ait signé de son nom aucun des incunables du xv." siècle quoiqu'aux yeux des meilleurs critiques les droits de Schœffer paraissent moins incertains, d'unanimes acclamations ont salué sur les rives du Rhin ses statues. Des fêtes brillantes ont célébré leur inauguration et c'était justice, car à nos yeux aux yeux des populations accourues de partout pour y prendre part Guttemberg est un mythe, le mythe de la typographie, comme Triptoleme était celui de l'agriculture, chez les premiers habitants de l'Attique. Ses images, imposantes créations du ciseau de Thorwaldsen et de notre David, valent mille fois mieux que d'insignifiantes allégories auxquelles on a eu bien raison de renoncer.
Cependant si l'imprimerie, ce mécanisme ingénieux auquel on doit la reproduction illimitée de l'écriture est une invention d'une grande importance elle occupe dans l'ordre des choses un rang secondaire relativement à ces oeuvres de l'intelligence qu'elle a pour mission de multi-
plier, qui apprennent à l'homme à se connaitre à juger sainement du présent en le comparant au passé qui lui enseignent à remplir ses devoirs et à user de ses droits de la manière la plus utile et la plus honorable. C'est surtout à l'histoire qu'il appartient de donner ces grandes leçons et, lorsqu'on interroge ce miroir où se réfléchissent, comme dans une scène vivante les faits et les événements qui caractérisent les principales époques de l'humanité, il faut en rendre grâce à ces hommes rares qui ont consumé leur vie dans les labeurs de l'érudition et sont parvenus à force de pénétration et de savoir, à le dégager des voiles qui pendant si longtemps l'avaient recouvert. Il n'en est pas heureusement de Du Cange comme de Guttemberg, nous n'en sommes pas réduits à des conjectures sur sa personne et sur les services éminents qu'il a rendus aux sciences historiques. Aussi, de l'aveu de tous les savants a-t-il des titres nombreux et incontestables à l'honneur de les représenter, et l'hommage que nous allons lui rendre, n'est que la confirmation du jugement que la postérité a depuis longtemps porté sur lui.
RAPPORT
DU SECRÉTAIRE PERPÉTUEL, M.r J. GARNIER, r
SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ, PENDANT LES ANNÉES 1848-1849.
t
LU DANS LA SRANCB PCBLIQBB DU 19 AOUT 1849.
Les évènements qui ont si profondément agité le pays ont dû nécessairement influer sur les travaux de la Société, et chacun de nous a dû oublier son amour pour l'étude, pour ne se souvenir que de ses devoirs et de son titre de citoyen. Aussi avons-nous cru convenable, quand si souvent nous avons eu à lutter contre les distractions et l'indifférence des intérêts matériels de ne point tenir l'année dernière notre séance annuelle au milieu des préoccupations si ardentes et si inquiètes de la politique. Toutefois, Messieurs, l'année n'a point été stérile,
la Société a publié un volume en 1848 elle présentera, avec le dixième de sa collection deux nouvelles publications en 1849.
Ainsi, en même temps que nous occupons nos loisirs dans de paisibles études, comparant aux enseignements des faits passés que présente l'histoire, l'avenir impossible de l'irréflexion et de l'utopie nous venons en aide à l'ouvrier honnête, en alimentant ses travaux, et ce résultat de nos efforts réunis, considéré dans son produit purement matériel n'est pas dans ces temps de désorganisation où le travail a tant besoin d'être réhabilité, le résultat dont nous ayons le moins à nous féliciter. Je n'aurai donc que l'embarras du choix pour accomplir la tâche que m'impose le règlement, et que rend plus difficile aujourd'hui l'imposante assemblée qui assiste à notre séance (1).
Jusqu'ici j'ai analysé succinctement nos travaux, laissant à chacun son style et sa physionomie. Je suivrai la même marche aujourd'hui, et j'espère être soutenu autant par l'intérêt des sujets divers que nous avons traités, que par la bienveillance de ceux qui m'écoutent. Un mot d'abord de nos relations extérieures qui, cette année encore, se sont agrandies. Mais comme nous n'avons point la prétention de croire les recueils de nos travaux assez importants pour entrer en parallèle avec ceux des sociétés qui ont bien voulu accepter ou solliciter (1) Une députation de l'Institut de France (Académie des inscriptions et belles-lettres) assistait à cette séance, à l'issue de laquelle eut lieu l'inauguration de la statue de Du Cange.
l'échange de nos publications, nous regardons comme un témoignage d'intérêt et de sympathie dont nous sommes fièrs, l'envoi que nous ont fait de leurs mémoires l'Académie des Inscriptions de Toulouse, l'Institut de correspondance archéologique de Rome et l'Académie royale des Sciences des Arts et des Lettres de Belgique. C'est également comme une preuve de sympathie et un encouragement que nous acceptons l'allocation qu'a bien voulu nous accorder M. le Ministre de l'instruction publique et les ouvrages dont il a enrichi notre bibliothèque et nous sommes heureux d'en exprimer ici toute notre reconnaissance.
Nous profiterons également de cette occasion solennelle pour remercier le Conseil général de l'intérêt qu'il a témoigné à la Société dans ces deux dernières années et M. le Préfet du concours qu'il a bien voulu nous prêter dans l'intérêt du Musée que nous avons entrepris de fonder.
Une voix plus éloquente que la mienne et plus puissante remerciera l'autorité municipale de ce qu'elle a fait pour nous et nous lui en sommes d'autant plus reconnaissants que les circonstances dans lesquelles elle était placée étaient plus difficiles. Nous lui devons aussi des remercîments pour la mission toute de confiance dont elle a investi une commission en partie choisie dans notre sein. Vous avez pensé utile d'aider l'administration dans un classement régulier et méthodique de son dépôt d'archives, et de faire, à côté du travail du savant qui a choisi notre ville pour le théâtre de ses premières recherches sur l'histoire du Tiers-État un travail d'utilité
pratique; c'est qu'en effet, en matière de police, de finances, de salubrité, d'assistance, de philanthropie, d'arts et métiers de travaux publics notre ville a tout expérimenté avec cette sage réserve que la prudence conseille mais plus heureuse que beaucoup d'autres cités elle possède toutes les traditions écrites de son passé et partant une foule de renseignements aussi précieux pour l'histoire qu'utiles pour la gestion des intérêts municipaux. Votre vœu a été écouté, et il a été formé une commission où les uns apporteront l'expérience de leurs études paléographiques, d'autres la connaissance du droit canonique et civil, d'autres enfin leur expérience des affaires déjà elle a commencé avec empressement un inventaire qui doit fournir matière à des travaux aussi nombreux que pleins d'intérêt et d'utilité. Ce projet conçu par notre collègue M. Bouthors, nous conduit naturellement à parler de ses travaux. -La publication des Coutumes locales du bailliage d'Amiens, dont le 1." volume a paru en 1845, a été reprise cette année. Une mention très-honorable accordée par l'Institut à cette œuvre d'érudition de bon aloi pour me servir des expressions du compte-rendu le remarquable rapport de M. le conseiller Troplong à l'Académie des sciences morales et politiques, étaient des encouragements trop flatteurs pour que la Société ne fit point tous ses efforts pour continuer cette publication jusqu'à son complet achèvement.
La première livraison du tome second qui comprend les coutumes de la prévôté de Doullens, sera incessamment mise en distribution. Cette livraison comme celles qui
l'ont précédée, commence par une notice analytique qui a captivé l'intérêt dans plusieurs de vos séances. M. Bouthors, après avoir rappelé les circonstances politiques qui donnèrent lieu en 1225 à l'établissement d'un siège prévôtal à Doullens retrace les vicissitudes qu'il a éprouvées jusqu'en 1507, époque de la rédaction des coutumes. Cédée à Guy de Châtillon en 1315, la prévôté de Doullens est réunie au domaine de la couronne en 1365. Les éléments divers dont elles se composait déterminèrent la diversité des coutumes. Ainsi dans la châtellenie de Doullens et d'Auxi-le-Château, on suivait les usages du Ponthieu; dans celles de St.-Pol et d'Hesdin, les usages de l'Artois.
M. Bouthors consacre un chapitre spécial à l'analyse des coutumes qui réglaient le sort des successions roturières en lignes directes. De ses rapprochements il résulte que celle de Doullens était la plus libérale de toutes, puisqu'elle admettait le principe du partage égal entre tous les héritiers. Seulement, quelques statuts locaux de la châtellenie de Doullens et de Beauval accordaient à l'aîné, pour tout préciput, le droit de choisir et de prendre hors part le principal manoir de la succession. Dans d'autres localités, le droit de choisir était alternatif et s'exerçait, par chacun des enfants, dans l'ordre de primogémture, lorsqu'il y avait assez de manoirs dans la succession pour que ce droit pût leur profiter à tous. Enfin, dans quelques villages du rayon d'Auxi-le-Château, le voisinage du Ponthieu se révèle par l'exclusion des puinés en toute succession directe ou collatérale; il n'y avait qu'un seul héritier.
Il n'y a dit l'auteur, qu'une seule manière raisonnable d'expliquer la diversité de ces usages, c'est d'en faire remonter l'origine aux affranchissements. En effet, du jour où il y a un esclave rendu à la liberté ou autorisé à posséder une chaumière il a fallu régler le sort de cette modeste succession. Tout seigneur qui avait le pouvoir de relâcher le lien de la servitude avait le droit de dire à quelle condition les biens de l'affranchi passeraient à ses successeurs. Mais ces conditions ont dû varier suivant la diversité des circonstances au milieu desquelles les contrats sont intervenus. Dans le Ponthieu, où la féodalité régnait en souveraine absolue le statut successorial s'est modelé sur la constitution des fiefs dans le pays où il existait des alleux les seigneurs propriétaires, par cela même qu'ils ne relevaient que de Dieu, ont pu se déterminer par des considérations d'équité plutôt que par des considérations politiques. Le temps et les nécessités locales ont fait le reste. M. Bouthors termine par des considérations sur le régime des marais communaux et sur les différents modes d'organisation des communes rurales. Ces considérations, intéressantes au point de vue du droit et de son histoire, ont le mérite de puiser leurs preuves dans le texte même des coutumes qu'il analyse.
La publicité que ce travail va recevoir prochainement assurera à son auteur nous en sommes certain les mêmes éloges que lui ont valu le zèle, la patience et l'érudition dont il a fait preuve dans le 1." volume de cette savante publication.
– Nous avons déjà signalé, dans un précédent rapport,
l'usage ingénieux qu'a su faire M. Guerard, des papiers de l'église de Saint Germain, qu'il s'était chargé de classer.
Notre collègue a occupé plusieurs séances des résultats de ses nouvelles recherches, qui peuvent se diviser en plusieurs parties les logettes le presbytère, le cimetière et les sépultures dans l'église.
Une dissertation sur l'origine de ces constructions de logettes précède l'historique de ces bâtiments ignobles que l'on verrait volontiers disparaître de la charmante église de Saint-Germain qu'ils encombrent.
L'histoire du presbytère, des lieux où il a été successivement placé, des améliorations qu'il a reçues des curés à différentes époques, des procès auxquels il a donné lieu entre la fabrique de l'église et l'abbaye de Saint-Jean de Prémontré qui possédait cette cure, a vivement intéressé, surtout les procès de cotte morte ou dépouille à la mort de chaque curé et les aperçus sur la jurisprudence des Parlements et du Grand-Conseil dont l'auteur a fait ressortir les dispositions opposées.
Nous n'avons pas suivi avec moins d'intérêt l'histoire du cimetière qui placé originairement autour de l'église, finit par la longer du côté du Nord, puis par se retrécir au point de ne recevoir plus que la dépouille des enfants au-dessous de neuf ans et par disparaître enfin pour faire place à la sacristie.
L'histoire des sépultures dans l'église de Saint-Germain, les usages particuliers que l'on y observait, l'origine des deux chapelles placées en face de la chaire les épitaphes singulières et bizarres qui ont aujourd'hui dispa-
ru et qu'à recueillies notre collègue, terminent un travail dont nous regrettons de ne pouvoir donner qu'une esquisse incomplète.
Notre collègue ne s'est point borné à une simple description des lieux une chronique sèche et froide des événements qui se sont succédé chaque fait qu'il raconte chaque place qu'il décrit, lui fournit des observations sur les usages le droit les prescriptions canoniques, ou les prétentions sur lesquels on se fondait autrefois pour créer autour des églises ou dans les églises, des établissements sources pour elles de richesses ou de ruine. M. Guerard, chargé de vous faire connaître le recueil de documents relatifs à la discipline du diocèse que Mgr. Mioland a publiés sous le titre d'Actes de l'église d'Amiens vous a lu deux rapports sur les deux parties dont se compose le premier volume, la vie des évoques et le recueil des pièces. Le rapporteur, après avoir signalé dans la première partie les trois notices sur MM. Faydeau de Brou, Sabatier et Delamotte remarquables à plus d'un titre, et bien supérieures à celles qu'ont données les historiens, a regretté que l'auteur n'eût point entrepris le même travail pour tous les évèques, et mis en oeuvre les manuscrits et les mémoires du temps; car, en puisant aux sources mêmes, il eût évité les erreurs dans lesquelles sont tombées Daire et de Riancourt, et rempli une lacune regrettable dans l'histoire du diocèse.
Dans la seconde partie, M. Guerard examine une question qui n'avait été qu'indiquée dans l'ouvrage qu'il analyse, celle de savoir si les statuts de Bernard de
Chevenon sont les mêmes que ceux de Jean Avantage, et fait ressortir les différences qui ne permettent point de confondre les établissements de 1411 et ceux de 1455. Examinant, en même temps que ceux des évêques, les statuts du chapitre, notamment ceux de 1464, le rapporteur fait remarquer la corrélation qui existe entre ces actes de l'autorité ecclésiastique il signale aussi diverses pièces qui auraient pu trouver place dans le recueil dans l'intérêt de l'histoire civile et ecclésiastique de la province, et regrette que l'éditeur ait omis de compulser les documents inédits de nos bibliothèques, pour en faire ressortir toute la discipline de l'église d'Amiens. Malgré les lacunes qu'il a signalées le recueil est aux yeux du rapporteur d'une véritable importance et qu'on l'examine au point de vue de l'utilité pratique ou de la science historique, il a droit aux encouragements des hommes d'étude et restera comme une preuve de plus de la sollicitude du prélat qu'une haute confiance nous a enlevé pour l'appeler à de plus éminentes fonctions. – L'église de Folleville, le riche tombeau qui la décore, les ruines si pittoresques du château qui la domine, n'avaient point encore été ou n'avaient été qu'imparfaitement décrits. M. Bazin s'est chargé de la monographie de ce monument que trois mots définissent richesse d'ornementation, simplicité de forme unité de plan. On ne lira pas sans plaisir les pages pleines de charmes dans lesquelles il décrit cette élégante église, qui ne captive pas moins par la régularité à l'extérieur que par l'harmonie des sculptures qui en décorent les parois et les voutes.
A défaut de documents certains sur l'époque de la construction du château l'auteur, s'appuyant sur les caractères architectoniques, le rapporte au xv.° siècle et, à l'aide de fossés à demi comblés, des débris des tours, des restes de murailles il en rétablit l'enceinte primitive et le relève tout entier. Enfin à l'aide de pièces et de documents authentiques il trace l'histoire de cette forteresse que les malheurs de la guerre et les atteintes du temps ont moins ruinée peut être que les caprices du goût, plus destructeur que le temps, alors que le seigneur descendant de son donjon où il ne régnait plus allait planter sa bannière dans le creu d'un vallon et agrandissait des débris de son château une maison de plaisance plus en harmonie avec le goût et les exercices du xvih. siècle.
-Dans une notice sur l'abbaye de Saint-Lucien de Beauvais M. de Caix a donné une foule de détails peu connus et nouveaux sur les abbés les tombeaux les ornements qui décoraient cette antique abbaye et nous a fourni une nouvelle preuve de l'importance des documents que renferme pour l'histoire de la Picardie la collection de Dom Grenier, que l'on visite aujourd'hui avec tant d'empressement. Mais nous pensons qu'en suivant la chronique d'Alophe de Noroy il s'est laissé entraîner trop loin pour l'origine d'un établissement dont la fondation ne saurait se rapporter à une époque aussi reculée. Un religieux de l'abbaye pouvait par une sorte de vanité croire à cette antiquité que la critique repousse.
– M. l'abbé Cochet s'est occupé de recherches sur les
communes qui forment les points de contact entre les deux provinces de Normandie et de Picardie.
Il vous a retracé dans une courte notice l'histoire de l'abbaye de Lieu-Dieu fondée en 1191 par Bernard de Saint-Valery et sa femme Eléonore. Il a essayé en même temps de rétablir l'enceinte du monastère car il reste à peine quelques traces de l'antique église dont la révolution a renversé les murs et dispersé avec les moines le riche mobilier dont les débris décorent aujourd'hui les églises d'Incheville, du Tiéport et de Gamaches. Ponts, Marais Aouste triple débris de la vieille cité d'Auguste, ravagée par les premières invasions des Francs, ruinée au v." siècle, sanctifiée par les chrétiens, ont appelé l'attention de M. l'abbé Cochet. -M. Dorbis vous a présenté des recherches sur l'époque où l'on a commencé à se servir de la langue vulgaire dans les actes publics et sur les premières chartes écrites en cette langue en Picardie. Le riche dépôt à la tête duquel est placé notre collègue, et dont il opère le classement avec autant d'activité que de méthode, lui a fourni les éléments d'une notice de laquelle il résulte que l'emploi du langage vulgaire dans les actes publics fut peu fréquent en Picardie à partir de la seconde moitié du xni.e siècle. L'auteur n'a point fait porter son examen sur les inscriptions et les épitaphes qui forment une série de documents exceptionnels mais sur les chartes et diplômes seulement. Ses recherches, qui ont porté sur les fonds qui composent la richesse historique principale de nos archives ceux de l'abbaye royale de Corbie et du chapitre de la Cathédrale qui abondent
en chartes du xhi.' siècle, ne lui ont fourni que treize pièces de 1247 à 1278 c'est-à-dire pendant une période de 31 ans; elles confirment l'opinion de notre savant collègue M. Le Glay, que c'est dans les diplômes souscrits par les seigneurs et les particuliers, plutôt que dans les chartes purement ecclésiastiques, qu'il faut chercher les premières traces de la langue romane appliquée aux transactions diplomatiques.
-Une sorte d'armes ou d'instruments en bronze variant à l'infini de formes et de dessins, connus généralement sous le nom de coins ou de haches, et sur l'usage desquels les opinions des antiquaires ne sont point encore fixées, a fourni la matière d'une note à notre collègue M. Houbigant. Sans nous arrêter aux nombreuses questions qui surgissent à côté de celle-ci nous rapporterons seulement l'opinion de l'auteur qui, repoussant les assertions de ceux qui en font des armes de guerre, les regarde seulement comme des outils dont les anciens se servaient dans leurs constructions les uns pour le bois les autres pour la pierre ou le marbre. C'est surtout quand ces coins sont emmanchés que cette attribution devient évidente et que l'on peut, ajoute notre collègue, s'expliquer les nombreuses variétés de forme auxquelles on ne s'était point assez attaché pour résoudre le problème. -M. Labourt, dont vous avez couronné un excellent travail sur l'origine des villes de Picardie, et qui s'occupe avec beaucoup d'ardeur d'études linguistiques, vous a présenté des recherches historiques et archéologiques sur le monument découvert dans l'antique Ninive. Quel a été ce monument? Quel est le peuple qui en a sculpté les admi-
râbles bas-reliefs? Quels sont les faits qu'ils représentent? Telles sont les questions que l'auteur s'est proposé de résoudre et que nous nous contenterons d'énoncer parce qu'elles sortent du cercle ordinaire de nos études. Nous avons regretté vivement de ne pouvoir mettre à sa disposition les recueils de planches destinées à reproduire ces admirables bas-reliefs qu'il avait espéré trouver dans la bibliothèque de la Société.
-M. Rigollot s'est proposé de décrire les armes, les boucles et ornements divers que possède le Musée, et qui, provenant des peuples barbares, la plupart de race germanique, se rapportent à cette période de notre histoire où les Romains après avoir incorporé les Gaules à leur empire et obligé par l'effet d'une longue domination ses belliqueux habitants à adopter leurs mœurs, leur religion et leur langue les trouvèrent impuissants à garder les frontières qui les séparaient des habitants du nord de la France. Après avoir essayé de déterminer quelles furent les races aussi nombreuses que diverses, qui, auparavant hostiles entre elles semblaient s'être réunies et en quelques sorte accordées pour écraser un ennemi commun et partager une proie depuis longtemps objet de leur convoitise, M. Rigollot fait voir comment le goût noble et pur que la Grèce avait transmis à l'Italie, que les Gaulois avaient reçu des Romains avait fait place à un goût bizarre, à des formes étranges et d'un aspect nouveau à des ornements capricieux et tout à fait comparables aux dessins grossiers que les sauvages peuplades de l'Amérique ou de l'Ocoanie tracent sur los armes et le peu d'ustensiles dont ils se servent. Le caractère empreint
sur toutes les productions du moyen-âge, bijoux, sculptures, porches des églises, enluminures des manuscrits et broderies des étoffes leur donne un cachet tout particulier en opposition avec celui des œuvres de l'antiquité, et que l'on a exalté outre mesure dans ces dernières années, en le désignant sous le nom, très-impropre, suivant l'auteur, d'art chrétien. Les bornes étroites de ce rapport ne nous permettent point de faire connaître les nombreuses recherches auxquelles s'est livré M. Rigollot ni les aperçus ingénieux, souvent nouveaux, que lui a fournis l'étude de cette importante question ni les ornements et objets divers pris tantôt dans notre collection tantôt dans les collections étrangères, qu'il a décrits et dans lesquels il a retrouvé le germe incontestable et les éléments de ce style septentrional et barbare qui remplaça si longtemps dans notre occident les heureuses inspirations de l'art hellénique. C'est à ce point de vue surtout qu'il s'est attaché en s'occupant d'un sujet que plusieurs découvertes récentes dont le Musée s'est enrichi signalaient surtout aux recherches des artistes et des archéologues. -Les potiers romains marquaient leurs œuvres d'une estampille qu'ils appliquaient généralement au fond des vases, quelquefois sur la paroi extérieure. M. Dufour vous a fait connaître tous les noms des potiers trouvés dans le pays. Notre collègue ne s'est point borné à une simple nomenclature qui nous eût donné cependant 31 noms nouveaux sa notice a été l'objet de nombreuses observations sur les marques qui présentaient quelques particularités ou avaient besoin d'être expliquées dans leurs abbréviations. On ne lira pas sans intérêt l'examen
critique qu'il y fait des interprétations et des leçons de M. Roach Smith, dans un travail analogue publié à Londres dans le Collectanea antiqua, et des hypothèses de MM. Brongniart, dans son Traité des Arts céramiques et de Caumont, dans son Cours d'antiquités.
L'auteur est conduit à admettre dans notre pays l'existence de fabriques de vases rouges qne l'on a longtemps contestées à la Gaule. La découverte de moules et de fours à poterie, les noms gaulois des potiers, les dénominations empruntées à la province fournissent les preuves à l'appui de son opinion.
Les mêmes recherches s'appliquent aux marques des verriers que leur extrême rareté sans doute a fait oublier des antiquaires. M. Dufour ne les a rencontrées que sur une espèce particulière de vases présentant la forme d'un barrillet avec un goulot se rattachant à la panse par une anse carrée. M. l'abbé Cochet avait considéré cette forme comme spéciale aux environs de Dieppe. M. Dufour a fait voir qu'elle s'était rencontrée plus souvent encore près d'Amiens et que tous ces vases étaient sortis d'une même fabrique, celle de Frontus ou Frontinus.
L'auteur termine en signalant l'importance des débris qu'a recueillis le Musée d'Amiens, la série d'études auxquelles ces fragments insignifiants pour les indifférents peuvent donner lieux, les inductions auxquelles ils conduisent, et en montrant comment ils peuvent aider à reconstruire l'histoire de cette branche de l'industrie gallo-romaine, la direction des relations commerciales que les cités de la Gaule entretenaient, comme aussi le degré de faveur
dont jouissaient les divers produits de l'art si répandu et si parfait de la céramique.
-Notre infatigable collègue, M. Dufour, avait tiré de la poussière dix panneaux peints à l'huile et encadrés d'un feuillage étoffé, sculpté en bois nu, que l'administration municipale s'est empressée de remettre à la commission du musée.
M. l'abbé Jourdain s'est chargé de décrire ces panneaux, souvenir intéressant du goût iconographique du moyen-âge et de la renaissance qui forment autant de tableaux ayant pour sujet la vie de saint Norbert, fondateur de l'ordre de Prémontré. L'auteur a dû demander non-seulement aux historiens modernes, mais aux légendaires anciens la justification de plusieurs faits que la critique plus éclairée et plus sévère des derniers historiens avait écartés, ou tellement ramenés à la valeur d'événements naturels que plusieurs de ces tableaux fussent restés inexplicables sans les recherches de notre collègue. Cette notice donne un nouveau prix à cette remarquable décoration de l'ancien couvent de Saint-Jean d'Amiens sans être une œuvre de maitre elle accuse un talent incontestable et une étude de la vie des saints bien supérieure à celle que l'on est accoutumé d'exiger de nos décorateurs d'églises et de chapelles, même les plus habiles.
Le monument qui fait la gloire de notre ville et de l'architecture du xm.e siècle la Cathédrale d'Amiens sera longtemps un sujet d'étude pour la société. Des monographies d'abord, puis une histoire générale, tel est le plan qu'elle s'est tracé. Cette année les clôtures du chœur
ont été décrites et expliquées avec le même soin et la même exactitude qu'avaient déjà mis MM. Duval et Jourdain dans leur description des stalles. Si nous avons regretté que les ressources trop restreintes dont nous disposons ne nous permissent point d'illustrer ce travail de dessins qui auraient reproduit ces bas-reliefs au moment même de la restauration la description, du moins, nous le disons avec confiance, offrira un état véridique de cette curieuse décoration, et un guide sur pour celui qui voudrait en retrouver et le caractère artistique et le sens légendaire.
-Une commission prise par M. le Préfet dans le sein de la Société, pour donner son avis sur les restaurations de ces bas-reliefs, a surveillé ce travail. Nous avons fait connaître, dans un rapport précédent, qu'elle avait été unanime à penser que le caractère de la sculpture ancienne avait été parfaitement copié et reproduit dans la sculpture nouvelle par MM. Duthoit et Caudron. La même commission a suivi les travaux de peinture avec le même intérêt. Ses conclusions ont été adoptées par M. le Préfet et le Conseil général. Elle demandait qu'il ne fût point touché aux peintures anciennes et que les nouvelles fussent exécutées en harmonie de tons -avec les premières. Elle approuve ce qui fut fait à la partie septentrionale où les dégradations étaient peu importantes mais le côté méridional où peinture et sculpture avait été mutilées, lacérées, 'par l'action du temps et les colères aveugles des hommes de 93 a été loin de mériter une approbation aussi complète. Une fausse interprétation des principes émis dans le rapport, et les avis contradictoires des curieux qui assiégeaient
son échafaudage, ont égaré l'artiste et l'ont arraché peutêtre à ses propres inspirations.
La Société jalouse de justifier la confiance dont elle avait été honorée a tenu à conscience de faire connaître hautement son opinion à ce sujet et elle a publié avec son rapport les instructions qu'elle avait cru devoir donner à l'artiste et qu'elle croyait propres à remplir le véritable but rappeler l'état antérieur de ces bas-reliefs et leur conserver leur mérite artistique, tout en leur rendant leur harmonie et leur beauté primitives. La Société a pu se tromper dans ses convictions mais nul ne contestera quelle a attaché à sa mission une importance sérieuse qu'elle aurait désiré, voir donner aux rapports et aux avis par lesquels elle répondait à l'appel qui lui avait été fait.
Elle ne se départira du reste jamais du programme qu'elle s'est tracé dire la vérité franchement et hautement rendre justice aussi bien à l'ouvrier dont la main habile taille la pierre qu'à l'architecte qui le dirige avec intelligence et économie; mais elle blâmera partout le mauvais vouloir, la maladresse et l'impéritie; elle accueillera de quelque part quelles viennent les restaurations rationnelles les travaux consciencieux mais ne traitera point d'habile celui-là seul qui vient de loin et sous l'appui de quelques grands noms. Elle sait ce que peuvent l'intelligence et l'économie et combien sont ruineux et mensongers les promesses des restaurateurs exclusifs et leurs immenses échafaudages. Elle a entendu tomber la tour de Saint-Denis vu les grands préparatifs faits en pure perte pour la tour de Saint-Wulfran qui me-
nace de crouler et sait que le beffroi de Péronne le seul monument de cet ordre qui restàt debout en Picardie ne se relevera plus de ses ruines.
Je terminerai ici, Messieurs, une analyse incomplète et déjà trop longue dans laquelle j'ai cependant omis de vous parler de correspondances et de communications, de rapports et de discussions diverses qui ont alimenté plusieurs de nos séances j'aurais aussi à vous entretenir des travaux des Comités qui ont repris leur activité et je ne doute pas que l'ânalyse des études de MM. de Cayrol, Colson, Daniel Danjou, Dupont-WInte habilement présentée, ne vous eût intéressé vivement.
En vous présentant cette revue rétrospective, nous n'avons point voulu chercher des éloges mais essayer de faire naître en vous cette conviction que la Société n'est point restée en arrière dans le mouvement général qui pousse les esprits vers les recherches historiques, et que, si modestes que soient ses travaux, ils ont droit à vos sympathies et à votre bienveillance.
Si nous n'avions craint de fatiguer votre attention nous vous aurions présenté le tableau des accroissements qu'a reçus notre collection d'antiques nous n'osons dire notre Musée. Notre collègue, M. Dufour, au zèle et à l'activité duquel nous devons tant, fera connaître dans le rapport spécial qu'il prépare chacun des objets dont nous nous sommes enrichis et les noms de nos concitoyens à la générosité desquels nous les devons. Cependant, nous ne pouvons laisser passer cette occasion solennelle sans vous parler des plus importants.
Des terrassements exécutés l'année dernière dans le
marais de Longueau ont amené une de ces découvertes qu'il n'est pas donné à un antiquaire de rencontrer deux fois. L'antique chaussée d'Amiens à Vermand, qui formait une levée dans ce marais a été fouillée. Les trois couches dont se composait la voie étaient intactes, et le pavage formé de larges pierres qui retournées ont présenté des inscriptions des cippes funéraires des bas-reliefs dont la plupart représentent des personnages à cheval des ornements d'architecture et une inscription miliaire au nom de Maximin Dasa. Ces monuments dont la destruction paraît remonter à l'introduction du christianisme dans nos contrées, à cette époque où la foi naissante renversait tout ce que le paganisme avait consacré, seront dessinés et feront l'objet d'un mémoire pour l'un de nos plus prochains volumes.
Quelques fouilles faites auprès du camp de Tirancourt ont également amené la découverte de beaux vases de verres et de belles poteries blanches et noires que M. de Franqueville d'Abancourt a bien voulu nous adresser. Notre Musée se recommandait surtout par son intérêt local, et notre but était d'y réunir tous les débris des temps anciens que le sol de la Picardie recèle et qui furent si longtemps négligés et perdus au détriment de l'art et de l'histoire. Un don magnifique vient de lui donner un intérêt général.
M. de Lagrenée, ancien ambassadeur en Chine et en Grèce, aujourd'hui l'un des représentants du département de 4a Somme à l'Assemblée législative, a bien voulu enrichir notre collection de plus de 300 vases qu'il avait recueillis dans la terre classique des beaux arts. Les cu-
rieux visiteront avec empressement cette suite de vases grecs aussi nombreuse que variée où l'élégance des formes le dispute à l'originalité des peintures nous ne pouvons malheureusement les exposer d'une manière convenable.
Nous exprimions, dans notre dernier rapport, le regret de voir s'entasser de véritables richesses dans un local sans nom, où il n'est possible d'en apprécier ni le mérite ni le prix. L'insuffisance du local est plus regrettable aujourd'hui que notre collection est presque doublée et que les deux salles où s'entassent les objets présentent un encombrement tel qu'elles ne peuvent être ouvertes aux visiteurs.
Espérons que des temps plus calmes, des jours plus heureux, permettront à l'administration municipale de donner à ces collections naissantes un asile digne d'elles, qui appelle les dons, et fixe les visiteurs. Alors en lisant les noms de nos rues en contemplant ces monuments consacrés à la science et aux arts, et cette statue que nous élevons au savant des savants au géant de l'érudition, nous pourrons répondre à ceux qui demandent qu'est-ce que cela prouve, ce que naguère on disait à la ville de Rouen en voyant au milieu du pont s'élever la statue de Corneille, cela prouve que vous n'êtes pas seulement dévoués aux intérêts du commerce, mais que vous avez aussi de l'admiration pour tout ce qui est grand et noble dans les arts, les lettres et les sciences.
RAPPORT
SUR LE CONCOURS DE 1849, PAR M.' A. BREUIL.
( LU A LA SÉANCE PUBLIQUE DU 19 AOUT 1849. )
Messieurs
Dans sa séance générale du 18 juillet 1847 la Société des Antiquaires de Picardie mit au concours la question suivante Rechercher les éléments de l'ancien idiome picard, les caractères propres à cet idiome et ses affinités avec les autres langues. L'auteur fera connaître les plus anciens monuments de ce vieux langage.
Un seul mémoire vous a été envoyé, mais le mérite qui le distingue rend son isolement moins regrettable, et vous l'avez jugé digne du prix.
L'auteur a divisé son travail en trois parties. La première contient des recherches sur les origines de l'idiome
picard, sur ses caractères généraux, ses monuments littéraires, ses formes grammaticales; elle s'occupe aussi des proverbes des dictons historiques relatifs à la Picardie, des rébus et des armes parlantes, des noms de lieux des noms de baptême, de famille et de corporation, des sobriquets historiques et populaires des noms des anciennes mesures.
La seconde partie offre un glossaire étymologique et comparatif du dialecte picard ancien et moderne, renfermant plus de 6,000 mots.
Dans la troisième partie, on trouve quelques spécimens du dialecte romano-picard et du patois actuel. Le détail de ces diverses divisions fait tout d'abord apprécier l'immense travail auquel l'auteur s'est livré. Non content de remplir le cadre que vous aviez tracé, il a dépassé vos espérances en donnant un glossaire étendu qui complète son œuvre et en constitue le plus puissant intérêt.
Le chapitre initial de la première partie, consacré aux origines de l'idiome picard, doit particulièrement fixer l'attention. Nous allons en présenter l'analyse. Nos ancêtres parlaient un dialecte de la langue kymrique, qu'on a désigné sous le nom de dialecte armoricain et qui s'est conservé sans trop d'altération dans le BasBreton. Jules César, après sa conquête, imposa aux Gaulois la langue latine avec laquelle suivant l'auteur, la langue de ce peuple n'était pas sans affinité, à cause de l'élément étrusque qui avait concouru à la formation du latin, et qui n'était autre qu'un dialecte celtique. L'élite de la nation parla bientôt la langue des vainqueurs, mais
le peuple, surtout celui des bourgades, se montra plus rebelle il introduisit dans le latin les constructions de la langue maternelle, l'emploi des auxiliaires et bouleversa les lois grammaticales.
Le langage vulgaire du Nord de la Gaule, beaucoup moins modifié par le latin que celui du Midi, prit le nom de Rustique rusticus. Il devait plus tard donner naissance au roman-wallon et au picard, sources de la langue française. Il faut sans doute tenir compte, dans une certaine mesure, de l'influence exercée par l'élément tudesque sur la langue rustique après la conquête franque cependant cette influence ne fut pas aussi grande qu'on pourait le croire au premier abord. En effet, l'idiome des Franks prévalut à la Cour sous la première race de nos rois, mais Charlemagne essaya vainement d'en maintenir la prédominance les Gaulois restèrent fidèles à la langue rustique.
L'influence de l'élément grec sur cette langue dut être presque nulle, et l'on peut tout. au plus admettre que quelques expressions helléniques s'y soient glissées, à cause de l'importance acquise dans les Gaules par la colonie phocéenne de Marseille.
Les Gallo-Romains du Midi conservèrent assez bien la forme latine, tandis que ceux du Nord l'altérèrent complètement la tristesse du climat, la rudesse des mœurs, la disposition des organes vocaux, les rapports commerciaux avec les Belges, les Bretons et les Germains, la plus forte persistance de l'élément celtique peuvent être comptés au nombre des causes qui différencièrent la langue romane du Nord et celle du Midi désignées sous
les noms de langue d'Oil et langue d'Oc. Avant l'an 1000, les formes grammaticales différaient peu de part et d'autre mais à partir de cette époque, les nuances devinrent de plus en plus distinctes, jusqu'à ce que vers le xii." siècle les deux langues firent un divorce complet en se partageant la France.
Entre ces deux grandes divisions on comptait presque autant de dialectes que de provinces. L'auteur pense qu'à très-peu d'exceptions près les trouvères n'ont pas voulu se servir du dialecte vulgaire de leur province, et qu'ils se sont toujours efforcés d'imiter le langage parisien, qui était considéré comme la seule langue littéraire, comme la véritable langue française.
A dater du xn.e siècle, il faut reconnaître, dit-il, dans le pays de la langue d'oil trois espèces de langage 1.° le langage de Paris, langage littéraire, qu'il appelle roman; 2.0 le langage des trouvères, qui, tout en se modelant sur la langue parisienne, conserve des locutions et des formes grammaticales de leur province il appelle ce langage dialecte littéraire; 3.° le langage populaire, auquel il donne le nom de dialecte ou patois. Un philologue moderne, M. Gustave Fallot, rattache tous les dialectes d'oil à trois dialectes principaux, le Normand, le Bourguignon et le Picard. Suivant lui, le dialecte picard se serait étendu dans la Picardie, l'Artois, la Flandre, le Hainaut, le Bas-Maine la Thiérache et le Réthélois. Mais l'auteur de notre mémoire trouve cette classification contestable et soutient qu'en tout cas elle ne saurait être appliquée qu'aux dialectes littéraires et non aux patois.
Pour lui la détermination exacte des limites géographiques du dialecte picard au moyen-âge est chose presque impossible. Toutefois il pense que ce dialecte était resserré dans l'ancienne Picardie du xiv.e siècle, et que, par conséquent, il comprenait non seulement l'Amiénois, le Ponthieu, le Boulonais, le Vimeu, le Marquenterre, le Santerre, le Vermandois, la Thiérache et le Pays reconquis, mais encore le Tournaisis l'Artois, la Morinie le Laonnois, le Senlisis, le Soissonnois, le Valois et le Calaisis. Le patois picard ajoute-t-il est actuellement parlé dans les départements de la Somme et du Pas-de-Calais et dans une grande partie des départements de l'Oise et de l'Aisne.
Tel est, Messieurs, le résumé des opinions de l'auteur sur les origines de l'idiome picard. Cet idiome dérive de la langue populaire ou rustique parlée après la conquête romaine dans le nord de la Gaule et la langue rustique elle-même est un composé de la langue gauloise et du latin, avec une adjonction peu importante de l'élément tudesque et une accession presque nulle d'autres éléments étrangers.
Nous pensons que l'auteur a trop diminué l'influence de l'idiome des Franks sur la langue rustique du Nord. Il ne faut pas oublier que la seconde Belgique fut le premier théâtre de la conquête franque, et que, par conséquent, les mœurs et le langage durent y subir à un haut degré l'empreinte germanique.
Qu'il uuus soit permis à ce sujet de relever une asser tion éminemment contestable du mémoire.
« 11 est dit l'auteur d'autant plus difficile de recon-
naître dans le picard les mots d'importation tudesque que ce dernier idiome avait avec le celtique une grande affinité d'origine puisque les Franks étaient issus de colons gaulois qui s'étaient établis en Germanie six siècles avant notre ère. » Nous ne savons sur quels documents l'auteur s'est fondé pour établir cette filiation des Franks. Parmi les historiens modernes, les uns, se rangeant à l'opinion de Leibnitz, pensent que ce peuple aurait eu pour berceau les marécages de l'Elbe et les côtes méridionales de la Baltique, c'est-à-dire, à peu près l'emplacement actuel du duché de Mecklembourg, du duché de Lauenbourg et du pays des Dithmarsen les autres, au nombre desquels nous rencontrons M. Guizot, ne placent pas aussi loin la première partie des Franks, et les regardent comme une confédération formée par les tribus germaines situées entre le Rhin le Mein et le Weser. Mais tous s'accordent à reconnaître dans les Franks un peuple originairement germain.
Si donc il existait entre l'idiome des Franks et la langue celtique une grande affinité on doit en assigner un autre motif que celui fourni par l'auteur. Nous ne voulons point contester cette affinité nous nous contenterons de dire qu'en parcourant le glossaire, nous avons trouvé un assez grand nombre de mots dont l'origine doit être entièrement germanique.
Dans le chapitre II consacré à la physionomie du patois picard l'auteur entre au cœur de son sujet. Après avoir énuméré les treize patois principaux qui se partagent l'ancienne France de la langue d'oil, il s'exprime ainsi « De tous ces dialectes, celui qui a été le
moins étudié et qui méritait de l'être le plus est le patois picard c'est celui qui a le mieux conservé la physionomie primitive de la langue romane et qui a le plus influé sur la formation de la langue française. Comme on pourrait suspecter notre opinion de partialité, nous laisserons parler quelques écrivains étrangers à la Picardie, qui reconnaissent la prééminence de notre idiome. » « La France naturellement partagée par la Loire dit Rivarol, eut deux patois auxquels on peut rapporter tous les autres, le picard et le provençal. Si le provençal eût prévalu, il aurait donné au français l'éclat de l'espagnol et de l'italien mais le Midi de la France ne put soutenir la concurrence du Nord, et l'influence du patois picard s'accrut avec celle de la couronne. C'est donc le génie clair et méthodique de ce jargon et sa prononciation un peu sourde qui dominent aujourd'hui dans la langue française (1). » – « Le dialecte picard, dit M. Gustave Fallot, eut, grâce à ses trouvères, une immense influence (2). » « D'après M. Pierquin de Gembloux, la langue du xn.e et du xiv.e siècle est encore intacte dans tous les lieux qui furent son berceau, et l'ancienne Picardie la conserve presque sans altération (3). » – « On peut considérer le patois picard dit M. Coquebert de Montbret, comme ayant beaucoup influé sur la formation de la langue usitée à Paris, auquel il passe par des (1) Discours sur l'universalité de la langue française. Berlin 1784 pag. 4.
(2) Recherches sur les formes grammaticales du xui.' siècle. (3) Histoire littéraire des patois, pag. 185.
nuances insensibles en pénétrant dans le département de l'Oise (1). » – L'influence picarde, ajoute M. Génin, a été prédominante dans le français, à cause du nombre considérable de poètes fournis par la Picardie, au moyenâge. »
Après ces glorieuses citations, l'auteur démontre que les patois les plus analogues au nôtre sont ceux des départements du Nord. Il emprunte ses exemples aux dialectes de Douai, de Valenciennes et de Cambrai. Les nombreuses nuances du patois picard attirent ensuite son attention. « La prononciation dit-il l'accent, l'emploi des mots varie souvent d'un village à l'autre, et quelquefois dans une même ville, d'un faubourg à l'autre, comme à Amiens et à Saint-Omer. Ces variétés de langage se dessinent de plus en plus en. raison de l'éloignement des lieux. Ainsi, le vocabulaire du Boulonais n'est pas le même que celui de l'Amiénois. Le langage du Ponthieu s'éloigne beaucoup de celui du Vermandois. » Chacune des variétés dialectales a souvent un mot spécial pour exprimer la même idée. Ce sont surtout les noms tirés des règnes de la nature qui subissent des changements fort divers, même d'un canton à un autre. Ainsi, Cayeux et Saint-Valery ne sont éloignés que de trois lieues, et beaucoup d'oiseaux de mer n'y sont pas désignés sous le même nom vulgaire. »
L'auteur n'oublie pas de faire ressortir la richesse du patois picard en synonymes et l'emploi fréquent qu'on y fait des comparaisons. Malgré l'absence de mots poétiques, (t) Mélanges sur les langues et les patois, pag. 25.'
le picard, selon lui, ne manque pas d'élévation. Propre aux sujets badins, il aurait pu facilement devenir un éloquent interprète de la haute poésie. Il aurait surtout brillé par le pittoresque de l'expression, la variété des cadences et l'harmonie imitative. -Nous reconnaîtrons, en effet, très-volontiers, que ces mérites différents se rencontrent dans la pièce de vers picards intitulée l'Orage, insérée entièrement dans le mémoire.
Les chapitres IV, V et VI de la première partie renferment toute une grammaire du patois picard. L'auteur essaie de formuler quelques-unes des règles générales du dialecte picard, soit ancien, soit moderne, concernant les diverses parties du discours. Il a poussé le zèle de la démonstration jusqu'à signaler les différences grammaticales qui se manifestent d'une région de la Picardie à l'autre, par exemple, les conjugaisons diverses d'un même verbe dans le Doullennais et le Ponthieu. Les observations auxquelles il se livre sur l'orthographe et la prononciation sont dignes d'un éloge particulier. « Dès le xii.* siècle, dit-il, l'idiome picard se distingue par sa tendance à syncoper les mots, par la permutation du c doux en ch et du ch français en k, et par une prononciation pleine, lourde et sonore. Les formes dominantes du romano-picard sont les diphthongues eu et oi, qu'on prononce oe, ouai, comme actuellement. » La monotonie, la pesanteur et la brusquerie sont les caractères généraux de notre prononciation mais chaque localité a, pour ainsi dire, son accent, c'est-à-dire une prosodie particulière puur les inflexions. Dans le Ponthieu on abuse de la contraction et de l'aphérèse; l'n est
souvent remplacé par le gn espagnol, mais plus adouci. La prononciation est plus grossière dans le Vimeu que partout ailleurs dans les diphthongues oi et oé, on ne prononce guères que l'o; l'é fermé d'une syllabe finale se prononce ouvert on n'admet pas de distinction entre les syllabes brèves ou longues. La prononciation ouverte dans le Doullennais gutturale dans le Marquenterre devient nasale dans les arrondissements de Péronne et de Montdidier. L'Amiénois et le Hamois ont toujours une finale chantée par un demi-ton. L'Artésien a quelque peu envahi le Boulonais avec sa prononciation accentuée aiguë, musicale, précipitée. – C'est le contraire de l'Amiénois, rude pesant, tardif dans une conversation calme saccadé et tonnant dans l'animation de la dispute, » En présentant le tableau des mutations syllabiques de la prononciation picarde l'auteur a fait quelques remarques d'un grand intérêt. Ainsi le k ou c dur qui domine dans le picard a presque toujours une raison étymologique. Nos mots carbon mouke cavieu, se rapprochent plus du latin carbo, musca, capillus, que les mots français charbon mouche cheveu.
Le Picard ne prononce pas l'f final au lieu de bœuf, neuf, il dit bœu, neu. C'est l'ancienne prononciation romane, conservée en picard et qui se retrouve en français dans les exceptions le bœu gras, un œu dur. Au lieu d'assigner, le Picard dit assiner, c'est un reste de l'ancienne prononciation romane. Au xvi.e siècle, on prononçait encore en français cyne pour cygne, maline pour maligne, anneau pour agneau.
Enfin, nous entendons tous les jours dire roué pour
roi, voër pour voir, gloëre pour gloire. Il faut de nouveau reconnaître là l'ancienne prononciation française. Mathurin Regnier fait rimer histoire avec douaire, et saint Gelais paroisse avec pécheresse.
Les proverbes maximes et dictons picards occupent une place considérable dans le mémoire couronné. On n'en sera point étonné lorsqu'on saura qu'aucune province, suivant la remarque d'un philologue moderne, n'a fourni autant de proverbes que la Picardie.
L'auteur divise cette branche de son travail en quatre catégories.
1." Les proverbes moraux les sentences maximes et locutions proverbiales; 2.° les proverbes météorologiques et hagiologiques 3.° les anciens proverbes romano-picards qui ne sont plus usités; 4.° les proverbes et dictons historiques relatifs aux villes villages et aux grandes familles de Picardie.
A l'égard des proverbes moraux sentences etc. tout en félicitant l'auteur sur la riche moisson qu'il a recueillie, nous exprimons le regret de ne pas trouver l'indication des proverbes d'origine exclusivement picarde. Parmi ceux qu'il a cités, il en est sans doute beaucoup qui appartiennent à toute la France et que les Picards n'ont fait que traduire dans leur patois.
Le même reproche ne peut s'adresser aux proverbes météorologiques et hagiologiques, l'auteur n'a fait entrer dans cette curieuse catégorie que des proverbes purement indigènes ou qui, tout au moins, sont répandus en Picardie depuis un temps immémorial.
Citons quelques-uns des proverbes relatifs aux fêtes de saints ou aux saisons.
Au 24 février se rattache le proverbe rimé suivant Saint Mathiache
Casse les glaches.
En effet, il n'y a plus ordinairement de gelée à craindre après la fête de saint Mathias. On n'apprendra pas sans intérêt que suivant un dicton populaire répandu chez les paysans danois et norwégiens, le renard après la saint Mathias ne s'aventure plus sur la glace, parce qu'elle manque alors de solidité.
Le proverbe picard qui a trait aux légères grêles du mois d'avril est formulé d'une manière poétique et gracieuse
I n'est si gentil moes d'abri
Qui n'aye sin capieu de grési.
C'est-à-dire Il n'est pas de si gentil mois de d'avril qui n'ait son chapeau de grésil.
Pour exprimer qu'au 1." septembre les veillées de la campagne doivent recommencer, nous rencontrons un proverbe à la fois pittoresque et concis
Al saint Gilles, saint Leu
El lampe ach' cleu.
C'est-à-dire: A la saint Gilles, saint Leu, la lampe au clou.
La catégorie des dictons historiques et populaires relatifs à la Picardie forme un appendice très-utile de l'histoire de notre province. Beaucoup de ces proverbes
4.* '1 4.'
ouvrent un large champ à l'interprétation, et malgré ses consciencieuses recherches, l'auteur doit s'attendre à voir éclore une foule de commentaires.
A la nomenclature des proverbes succède l'examen des armes parlantes et des rébus de Picardie. « L'origine des rébus est fort ancienne mais c'est à la basoche de Picardie qu'il faut en attribuer le perfectionnement. Elle composait chaque année au carnaval des espèces de libelles intitulés de rebus quœ geruntur de là le nom de rébus. Ce goût avait été développé antérieurement par l'usage de porter des marques distinctives dans les tournois et par les jeux littéraires de la confrérie du Puy. Le rébus devint bientôt populaire dans la France septentrionale il conquit un rang dans le blason dont il égaya les armes parlantes il figura sur les enseignes et sur les monnaies des évêques des fous il osa même se glisser dans les épitaphes. »
La bibliothèque nationale possède deux manuscrits intitulés Rébus de Picardie enluminés, qui datent de la fin du xv.° siècle.
Ces rébus étaient souvent fort compliqués et sans une grande connaissance du picard ancien et moderne, il serait très-difficile de les comprendre.
Nous ne suivrons pas l'auteur dans les recherches qu'il a consacrées aux noms de baptême, de famille et de corporations, aux sobriquets historiques et populaires, aux noms des anciennes mesures picardes. Nous ferons seulement quelques observations sur le chapitre qui concerne les noms de lieux. L'auteur s'y propose de rechercher quels sont les noms de lieux de Picardie qui, par
leur étymologie, indiquent une origine celtique, tudesque, grecque, latine, romane ou française. Cette partie de sa tâche, il faut le reconnaître, était la plus difficile et la plus périlleuse. En effet, pour que de semblables investigations soient couronnées de succès, on doit posséder d'abord la connaissance approfondie des divers idiomes qui ont concouru à former la langue d'un pays', puis s'être initié à l'histoire particulière des localités. Encore arrive-t-il très-fréquemment que mille causes différentes ayant pu altérer, défigurer même complétement les noms de lieux l'érudition la plus solide ne réussit point à en trouver le véritable sens.
Le travail de l'auteur offre sans doute des indications utiles, exactes mais il s'est souvent laissé conduire par des guides suspects par des étymologistes chez qui l'imagination remplace la science et qui prennent les chimères de leur esprit pour la vérité.
Nous avons déjà rendu justice au Glossaire. Le moment est venu d'en faire comprendre l'utilité.
Ce Glossaire embrasse la langue picarde ancienne et moderne. L'auteur voulant faciliter l'intelligence des chartes et des anciennes coutumes a recueilli, dans les monuments du dialecte picard ou du patois picard fournis par les xv.o et xvi.* siècles, beaucoup de termes inusités actuellement.
Le Glossaire n'est pas une séche nomenclature des éléments de la langue picarde. L'auteur a pris soin d'en relever le mérite en mentionnant les synonymes et les congénères d'une quantité considérable de mots. Il appelle congénères les mots qui, appartenant à un autre patois
ou à une autre langue ont la même signification ou à peu près la même forme que dans la nôtre.
Toutes les recherches de cette nature ont été faites avec beaucoup de zèle, de science et de sagacité.
En terminant ce rapport, nous appliquerons nos éloges à l'ensemble du mémoire, et nous féliciterons l'auteur d'avoir pu, dans le court espace de deux années rassembler autant de matériaux et ^produire un ouvrage aussi' remarquable.
RECHERCHES PHILOLOGIQUES ET LITTÉRAIRES SUR CE DIALECTE,
GLOSSAIRE
ÉTYMOLOGIQUE ET COMPARATIF DU
PATOIS PICARD,
ANCIEN ET MODERNE,
PRÉCÉDÉ DE
PAR l'abbé JULES CORBLET,
Membre de plusieurs Sociétés mantei.
( Ouvrage couronné par la Société des Antiquaires de Picardie dans la séance publique du 19 août 1849.)
PRÉFACE.
Charles Nodier a fait remarquer avec beaucoup de justesse que l'étude des patois était une introduction nécessaire à la connaissance des radicaux de la langue française, et qu'elle était appelée à rendre d'importants services non seulement à la philologie et à la littérature, mais encore à l'histoire, à la géographie, à l'archéologie, à l'ethnographie et à la numismatique. Aussi cette étude a-t-elle conquis un rang important dans les sciences philologiques, depuis la publication des travaux de Charles Nodier, Raynouard, Roquefort, Orell, Fallot, Hécart, Oberlin et de MM. Jakob Grimm, Fauriel, F. Michel, Champollion-Figeac, Rochegude, Duméril de la Doucette, Honnorat Pierquin de Gembloux etc.
La Société des Antiquaires de Picardie, pour s'associer à ce mouvement littéraire, formula ainsi un
article de ses statuts « La Société discutera les éléments de l'ancien idiome picard, recherchera quels sont les caractères propres à ce patois, son affinité avec les autres langues; elle citera les plus anciens monuments de ce vieux langage et joindra à ces citations des glossaires raisonnés. » Fidèle au programme qu'elle avait tracé, la Société a mis âu concours, pour l'année 1849, la question suivante: « Rechercher les éléments de l'ancien idiome picard les caractères propres à cet idiome et ses affinités avec les autres langues. L'auteur fera connaître les plus anciens monuments de ce vieux langage. » C'est pour répondre à cette question que nous avons composé cet ouvrage, qui a été couronné dans la séance publique du 19 août 1849. La première partie contient des recherches historiques et littéraires sur les origines de l'idiome picard, sur ses caractères généraux, ses monuments littéraires, ses formes grammaticales, sa prononciation, son orthographe, ses proverbes, ses dictons, ses rébus, ses armes parlantes et ses sobriquets, ainsi que sur les noms de lieux, de mesures, de baptême, de famille et de corporations. La seconde partie offre un glossaire étymologique et comparatif du dialecte picard ancien et moderne, qui contient plus de six mille mots. Nous avons sollicité des renseignements philologiques sur tous les points importants de la Picardie, et, grâce à la bienveillante complaisance de plusieurs de
nos collègues, nous avons pu rendre notre œuvre moins imparfaite. M.r F. Louandre, bibliothécaire d'Abbeville, a bien voulu nous communiquer les mots patois du Ponthieu qu'il avait recueillis, dans l'intention de publier un ouvrage analogue au nôtre, mais qui, sans nul doute, lui aurait été bien supérieur, parce qu'il aurait nécessairement porté le cachet d'élégante érudition qui distingue les œuvres de notre savant collègue. De précieux renseignements nous ont été aussi communiqués par M. de la Fons de Méllicocq, sur l'arrondissement de Béthunes par MM. l'abbé Bourlon et Demarsy, sur l'arrondissement de Doullens; et par M. Léon Paulet, sur le canton de Ham. La tâche que nous nous étions imposée, de comparer le vocabulaire picard avec celui des autres patois du Nord et du Midi de la France, nous a été facilitée par les rapprochements que nous ont fournis MM. Azaïs, président de la société archéologique de Béziers JarryPaillet, ancien secrétaire général de la préfecture des Ardennes Valy, recteur de Saint-Caradec-Trégonel et surtout M. Dartois chanoine de Besançon, un des plus savants philologues de France, qui prépare, en ce moment, un glossaire complet des dialectes francscomtois. Nous devons encore témoigner, à divers titres, notre reconnaissance à MM. Boulogne, de Noyon Danjou, de Beauvais Charles Dufour J. Garnier Labourt, de Doullens Cl. Paillart, d' Abbeville Erl
Paris Peigné-Delacourt, d'Ourscamps l'abbé Poquet, de Soissons le docteur Rigollot le docteur Ravin et Vignier, d'Abbeville.
Depuis la lecture du Rapport sur le concours de 1849, nous avons fait subir à notre manuscrit quelques importantes modifications. Nous avons considérablement abrégé les chapitres qui concernaient les sobriquets historiques et populaires, les noms de baptême, de famille et de corporations. Nous avons presque entièrement supprimé un très-long chapitre sur les noms de lieux, en reconnaissant, avec M. Breuil, que pour que de semblables investigations soient couronnées de succès, il faut non seulement posséder la connaissance approfondie des divers idiomes qui ont concouru à former la langue d'un pays, mais encore être initié à l'histoire particulière des localités, et que mille cause différentes ayant pu altérer, défigurer même complètement les noms de lieux, l'érudition la plus solide réussit rarement à en trouver le véritable sens (i). M.r A. Breuil, dans son rapport d'ailleurs si indulgent, nous avait reproché d'avoir trop diminué l'influence de l'idiome des Franks sur la langue rustique du Nord. Il a bien voulu suppléer lui-même à ce que notre Glossaire avait de défectueux sous ce rapport, (t) V. i>ag. 39 et suiv.
en nous indiquant un certain nombre d'étymologies purement germaniques.
Malgré ces corrections et les nombreuses additions dont nous avons enrichi notre Dictionnaire picard, nous ne nous dissimulons point qu'il doit être encore bien imparfait. Nous n'avons point la présomption de croire que nous avons pu, dans le court espace de trois ans, faire une moisson complète dans ces terrains inexplorés de la philologie. Aussi, nous accueillerons avec reconnaissance l'indication des lacunes et des inexactitudes qu'on voudra bien nous signaler en utilisant plus tard ces nouveaux documents, nous pourrons espérer de rendre moins imparfaite l'oeuvre que nous venons d'ébaucher.
Paris, ce i." novembre 1850.
RECHERCHES PHILOLOGIQUES ET LITTÉRAIRES SUR LE
Quand Jules César vint envahir nos contrées, les Gaulois étaient partagés en trois peuples bien distincts les Aquitains les Belges et les Celtes. Leurs dialectes ne différaient pas essentiellement (1) le Belge comprenait (i) EAdem non usquequâque linguâ utuntur omnes, sed plerisque paululùm varia ta. (Strabon, 1. iv).
PREMIÈRE PARTIE.
DIALECTE PICARD ANCIEN ET MODERNE. C'est le génie clair et méthodique du
patois picard qui domine aujour-
d'hui dans la langue française.
Rivarol.
CHAPITRE PREMIER.
ORIGINE DE L'iDIOME PICARD.
l'Aquitain et ce dernier entendait le langage du Celte (1). Nos ancêtres parlaient un dialecte de la langue kimrique, qu'on a désigné sous le nom d'Armoricain et qui s'est conservé jusqu'à nos jours, sans trop d'altération, dans la Basse-Bretagne.
Jules César comprit bien que, pour assurer sa domination dans les Gaules il devait imposer aux vaincus la langue des vainqueurs. Il s'empressa de créer des écoles dans les grandes cités; il déclara le latin la seule langue officielle et il destituait tout fonctionnaire de l'emploi qu'il occupait si dans l'espace de six mois il ne s'était pas mis en état d'entendre et de parler la langue des Romains. Le projet de César fut puissamment favorisé par l'absence d'une langue écrite chez les Gaulois. En effet, leur mémoire seule était dépositaire de leurs annales, de leurs lois et de leurs formules religieuses et quand par hasard les Druides écrivaient, ils recouraient aux caractères des Grecs (2). L'élite de la nation à cause de ses fréquents rapports avec les officiers et les magistrats romains, parvint bientôt à parler leur langue. Mais le peuple, surtout celui des bourgades, prouva à César qu'on ne décrète pas aussi facilement l'adoption d'une langue qu'on improvise une victoire. Il introduisit dans le latin les constructions de la langue maternelle il confondit arbitrairement tous les cas; il altéra les mots par des contractions bizarres des terminaisons latines s'allièrent à des radicaux celtiques des désinences celti(t) Sulpice Sévère.
{S) Cœsar. De Bello Gall., I. ti.
ques s'imposèrent à des radicaux latins et l'emploi des auxiliaires vint bouleverser l'harmonie des lois grammaticales.
Le nord de la Gaule, n'ayant été conquis que 200 ans environ après la Gaule narbonnaise dut par là même être moins impressionné par le langage officiel des vainqueurs. La rigueur du climat, l'absence de grandes cités dans la Belgique y ayant attiré peu de Romains notre pays resta en contact immédiat avec les peuples de la Germanie et ceux de la Grande-Bretagne qui parlaient à peu près la même langue (1). Ce langage vulgaire, moins modifié par le latin que dans le midi des Gaules prit le nom de rusticus qu'on voit figurer dans la vie de saint Faron, dans celle de St.-Ouen et dans le 17." canon du concile tenu à Tours en 813. L'intelligence de la pure latinité devint de plus en plus rare, et dès l'an 552, Grégoire de Tours se plaignait de ce que peu d'auditeurs pouvaient comprendre un orateur qui s'exprimait en latin, tandis que tous entendaient la langue rustique. C'est de cet idiome populaire que devait naître plus tard le Roman-wallon et le Picard, sources de la langue française. La lente influence du temps modifia bien plus cette langue, que saint Eloi nomme ruralis (1." homélie), que ne le fit l'adjonction des éléments grec et tudesque il faut néanmoins en tenir compte, dans une certaine mesure; on voit que les Francs au v.e siècle, importèrent chez nous leur langue nommée francisque leulonique tioise ou plus communément tudesque. Elle prévalut à la cour, sous la première race de nos Rois; mais Charlemagne es{i) Tacite. Agrie. XL
saya en vain d'en maintenir la prédominance. Les Gaulois restaient fidèles à la langue rustique aussi le concile de Tours tenu en 813 ordonnait-il aux évêques de traduire les homélies des pères en Ihéotisque pour les Francs et en rustique pour les Gaulois.
Le serment de Strasbourg prononcé par Charles-leChauve en langue romane nous prouve qu'en 842 le tudesque n'était plus guère connu du peuple. Il est vrai que saint Ariulfe, moine de Saint-Riquier, nous apprend qu'au xii. siècle on chantait dans toute la Flandre des vers teutoniques composés au sujet de la victoire remportée sur les Normands en 881. Mais il est bien probable que peu de Gaulois les comprenaient et que les autres n'y attachaient aucun sens semblables aux enfants de nos jours qui dans certains jeux répètent d'anciens mots conservés traditionnellement d'âge en âge et dont ils ignorent entièrement la signification.
La seule inspection de notre glossaire prouvera que le patois picard comprend un grand nombre de mots dont l'origine est entièrement germanique. Les incursions des Normands des Saxons, des Danois etc., ont encore augmenté le nombre des mots qui se rattachent aux idiomes du nord de l'Europe.
L'influence du grec sur les origines de l'idiome picard est plus difficile à constater. César et Strabon nous disent que les Gaulois, même ceux de condition médiocre, faisaient apprendre le grec à leurs enfants (1) et Justin ajoute que cette langue importée à Massilie par les Pho(t ) De Bell. Gall., I. m. – Géogr., 1. m.
céens se répandit tellement chez nos ancêtres qu'il semblait non pas que la Grèce fût passée dans les Gaules mais que les Gaules fussent passées dans la Grèce (1). D'un autre côté il paraît fort probable que les Massiliens établirent sur nos côtes une colonie pour favoriser leur commerce avec la Grande-Bretagne et les îles Cassitérides (2). Il ne serait donc pas étonnant que quelques expressions helléniques se fussent conservées dans la langue vulgaire.
Mais nous croyons que l'influence des Grecs se réduisit à ce rôle bien secondaire et qu'elle ne fut pas plus importante que celle de beaucoup d'autres peuples qui, plus tard séjournèrent plus ou moins longtemps en Picardie, tels que les Huns, les Anglais les Espagnols etc. Les Germains qui étaient venus s'établir en Picardie, par ordre d'Auguste et les peuples de Flandres transportés en grand nombre chez nous par Constance, durent même exercer plus d'empire que les Massiliens sur les mutations du langage parlé alors dans nos contrées parce que ces émigrants retrouvèrent dans leur exil une langue pleine d'analogie avec la leur et qu'ils confondirent leur race avec celle de nos ancêtres.
Les Gallo-Romains du midi conservèrent mieux la forme latine, tandis que ceux du Nord l'altérèrent complètement. La tristesse du climat, la rudesse des mœurs, la dispositions des organes vocaux les rapports commer(1) Justin. 1. xui.
(2) V. Recherches sur une colonie massilienne établie dans le voisinage de l'embouchure de la Somme par M. de Poilly. Mém. de la Soc. d'Emul. d'Abbeville. (849.
ciaux entretenus avec les Belges les Bretons et les Germains, la plus forte persistance de l'élément celtique, peuvent être assignés au nombre des causes qui différencièrent la langue romane du Nord et celle du Midi désignées sous les noms de langue d'Oil et langue d'Oc. Avant l'an 1000 les formes grammaticales différaient peu de part et d'autre. Mais à partir de cette époque les nuances deviennent de plus en plus distinctes jusqu'à ce que vers le xn.e siècle, les deux langues firent un divorce complet en se partageant la France. Leur véritable démarcation serait une ligne circulaire s'étendant de Bordeaux à Lyon et qui passerait par Angoulême, Guéret, Dijon, Besançon, Lyon et la Suisse romane. On comprend que ces limites ne sont pas rigoureusement géographiques et qu'elles durent souvent subir des variations. Ainsi la langue d'oc régna d'abord dans le Maine, l'Anjou et une partie du Poitou mais le voisinage de ces provinces avec la Touraine et la Normandie et la domination française qui les envahit successivement, concoururent bientôt à l'introduction de la langue d'oil.
Outre ces deux grandes divisions, on comptait presque autant de dialectes que de provinces (1). Il est important (1) La langue que plusieurs écrivains du xii." siècle désignent sous le nom de française était celle qu'on parlait dans l'Ile de France. Les autres provinces avaient un langage à part comme elles avaient une administration et une législation particulières. -Au xv.. siècle encore on distinguait la France de la Picardie.
Il ara les François et ceulx
Que se dient de Picardie.
(Théâtre-Français du moyen-âge p. 50Î.
– Poème du iv.' siècle.
de se demander ici si c'est dans ces patois ou dialectes vulgaires qu'ont écrit les Trouvères. En comparant leurs écrits on y trouve des nuances de langage fort sensibles, mais pas assez distinctes pour constituer une différence d'idiome. Nous pensons qu'à peu d'exceptions près, les Trouvères n'ont point voulu se servir du dialecte vulgaire de leur province, et qu'ils se sont toujours efforcés d'imiter le langage parisien qui était considéré comme la seule langue littéraire, comme la véritable langue française. Mais les Trouvères provinciaux, soit à leur insu soit volontairement admettaient dans leurs poèmes beaucoup d'idiotismes de leur dialecte vulgaire et en respectaient souvent le génie grammatical. C'est ainsi que le continuateur du Roman de la Rose, Jean Clopinel de Meung, s'excuse de ne point parler le pur langage parisien
Si m'excuse de mon langage,
Car ne suis pas de Paris;
Mais me rapporte et me compère
Au parler que m'apprit ma mère.
Les Trouvères payaient d'autant plus volontiers ce léger tribut au pays natal, qu'ils pouvaient se dire avec Quènes de Béthunes
Encoir ne soit ma parole françoise,
Si la puet-on bien entendre en françois.
(MS. 7222 de la Bib. nat. S. F. 184.)
Ainsi donc, à partir du xn.° siècle, il faut reconnaître
dans le pays de la langue d'oil trois espèces de langage 1.° le, langage de Paris qui est la vraie langue littéraire et que nous appellerons purement et simplement Roman; 2.° le langage des Trouvères qui, tout en se modelant sur la langue parisienne, conservent des locutions et des formes grammaticales de leur province, et que nous appellerons Dialecte littéraire; 3.° le langage populaire que nous appellerons Dialecte pu Patois.
Le système que nous présentons est aussi éloigné de celui de M. Génin, qui ne reconnaît qu'une langue unitaire sans influences dialectales (1), que de celui de M. Gustave Fallot qui n'admet point de langue typique à Paris et confond le dialecte littéraire des Trouvères avec le patois vulgaire des provinces (2).
Cette importante réserve une fois faite, nous rendrons justice au savant philologue que la mort a trop tôt ravi aux lettres et nous le prendrons souvent pour guide. G. Fallot rattache tous les dialectes d'oil à trois dialectes principaux le Normand, le Bourguignon et le Picard tout en ayant soin de faire remarquer que des limites précises sont impossibles à tracer et que sur certains points il y avait fusion de deux dialectes. Le dialecte normand aurait compris les idiomes de la Normandie de la Haute-Bretagne, du Maine du Perche de l'Anjou du Poitou et de la Saintonge le dialecte picard se serait étendu dans la Picardie, l'Artois, la Flandre, le Hai(1) Des variations du langage français p. 27(.
(2) Recherches sur les formes grammaticales de la langue française nu xiii." siècfc.
naut, le Bas-Maine, la Thiérache et le Rethelois. Le dialecte bourguignon aurait dominé dans la Bourgogne le Nivernais, le Berry l'Orléanais, la Touraine, le Bas-Bourbonnais, l'Ile de France la Champagne la Lorraine et la Franche- Comté. Cette ingénieuse classification est contestable dans plusieurs points, et nous ne pouvons d'ailleurs en admettre le principe que pour ce qui concerne les dialectes littéraires que nous nommerons Romano Normand Romano Picard RomanoBourguignon (1).
Quelques écrivains et ent'autres dom Vaissette ont donné encore une plus grande étendue au domaine de l'idiome picard. Ils partagent la langue rpmane en trois grands dialectes la langue d'oc, la langue d'oil et la langue picarde. Ils s'appuient principalement sur un titre signé du roi Charles VI où il est parlé de la langue picarde, et sur un acte de 1349 où Mathieu de Montmorency prend qualité de gouverneur général pour le roi sur les frontières de Flandres en toute langue picarde. Un écrivain du xui.e siècle en parle comme d'une langue pleine d'agrément, en disant que « les Picards sont de cler et agu entendement et de beau langage. » Les avis n'étaient pourtant point unanimes sur ce point, puisqu'un écrivain puriste du xiv.e siècle, l'auteur du Jardin de (t) Un écrivain du xni.e siècle Roger Racon établit cette même division philologique « Nam et idiomata ejusdem linguœ variantur apud diversos, sicut patet de Hnguâ gallicanâ, quce apud Gallicos et Picardos, et Normanos et Burgundos multiplici variatur idiomate. Et quod proprie dicitur in idiomate Picardorum horrescit apud Burgundos. » (Micbelart li romans d'Alexandre préf. p. xiv.)
Plaisance, considérait le picard comme un idiome suranné, dont on devait éviter la prononciation vicieuse. Il est presque impossible de préciser les limites géographiques du dialecte picard au moyen-âge. D'après Fallot, il suivait la frontière septentrionale de la France depuis Dunkerque, Ypres et Lille jusqu'au cours de la Sarre, embrassant par le Rethelois et la Thierache, la partie septentrionale de la Champagne et une partie de la Lorraine du côté du Midi il se serait étendu jusqu'au cours de l'Aisne de la Marne et de la Seine. Ces limites nous paraissent beaucoup trop vastes et nous croyons que l'idiome picard était resserré dans l'ancienne Picardie du xiv.e siècle et que, par conséquent, il comprenait nonseulement l'Amiénois, le Ponthieu, le Boulonais le Vimeu, le Marquenterre, le Santerre le Vermandois, la Thiérache et le Pays-reconquis mais encore le Tournaisis, l'Artois, la Morinie (1), le Laonnais le Senlisis le Soissonnais, le Valois et leCalaisis (2). Le patois picard est actuellement parlé dans les départements de la Somme et du Pas-de-Calais et dans une grande partie de l'Oise et de l'Aisne (3).
Nous croyons avoir montré dans ce chapitre que le (1) Morinis quos nostra œtas Picardos appellat. (Mém. du pape Pie Il. Comment. lib. ti p. 148.)
(2) Barthélemy de Brèmes. – J. Corbicfion. – Rumct. – Du Cange. D. Grenier.
(3) La rivière d'Elette ou Aiglette qui séparait autrefois le diocèse de Soissons de celui de Laon parait être la limite géographique de l'idiome picard dans le département de l'Aisne. (C. de M. l'abbé Poquet.)
patois picard est un précieux dialecte de la langue romane altéré par le temps, et qu'il dérive de la langue rustique formée par la combinaison du celtique, du latin et du tudesque. Nous allons maintenant rechercher quels sont les caractères généraux de cet idiome.
CHAPITRE II.
PHYSIONOMIE DU PATOIS PICARD.
Treize patois principaux se partagent l'ancienne France de la langue d'oil. Ce sont
1.° LE WALLON, qui domine sur quelques points des départements du Nord et du Pas-de-Calais.
2.° LE Rouchi. – A Valenciennes, Saint-Amand, Bouchain, Bavay, Maubeuge, Avesnes. Le Cambrésien et le Lillois s'en rapprochent.
3.° LE PICARD. Ancienne Picardie et Artois. 4." LE NORMAND. Normandie.
5.0 L'Austrasien. – Ancienne Lorraine; Pays Messin; quelques parties de la Haute-Marne et de l'Alsace. On parle un mauvais allemand dans une partie de la Moselle, de la Meurthe et de l'Alsace. Les variétés de l'Austrasien sont le Lorrain, le Messin et le Vosgien.
6.° LE Champenois. Champagne.
7.° LE HAUT-BRETON. Loire-Inférieure; Ile-et-Villainc. Le Bas-Breton dialecte celtique, n'est parlé que dans le Finistère, les côtes du Nord et le Morbihan.
8.° LE Poitevin. – Vendée; Deux-Sèvres; Vienne (1). 9.° LE Saintongeois. -Partieorientale de la Charente et de la Charente-Inférieure; Gavacherie.
10.° Tourangeau. Touraine.
11.0 Berrichon. -Berry.
12.° Bourguignon. Ancien duché de Bourgogne. 13.° Franc Comtois. -Ancien comté de Bourgogne. De tous ces dialectes, celui qui a été le moins étudié et qui pourtant méritait de l'ètre le plus, est le patois picard. C'est celui qui a le mieux conservé la physionomie primitive de la langue romane et qui a le plus' influé sur la formation de la langue française. Comme on pourrait suspecter notre opinion departialitéprovinciale, nous laisserons parler quelques écrivains étrangers à la Picardie qui reconnaissent la prééminence de notre idiome « La France naturellement partagée par la Loire, dit Rivarol, eut deux patois auxquels on peut rapporter tous les autres, le picard et le provençal. Si le provençal eut prévalu il aurait donné au françois l'éclat de l'espagnol et de l'italien mais le midi de la France toujours sans capitale et sans roi ne put soutenir la concurrence du Nord, et l'influence du patois picard s'accrut avec celle de la Couronne. C'est donc le génie clair et méthodique de ce jargon et sa prononciation un peu sourde qui domi(1) Un naïf chroniqueur nous apprend que les moines d'un monastère situé dans le Boulonais. souffraient impatiemment, au xn.c siècle leur dépendance d'une abbaye du Poitou, à cause de la différence des langues, (Uictionn. normand, par MM. Du Méril. i.)
nent aujourd'hui dans la langue françoise (1). » « Le dialecte picard dit M. G. Fallot, eut, grâce à ses trouvères, une immense influence (2). » D'après M. Pierquin de Gembloux « la langue du xn.° et duxiv" siècle est encore intacte dans tous les lieux qui furent son berceau, et l'ancienne Picardie la conserve presque sans altération (3) » – « On peut considérer le patois picard, dit M. Coquebert de Montbret, comme ayant beaucoup influé sur la formation de la langue usitée à Paris, auquel il passe par des nuances insensibles, en pénétrant dans le département de l'Oise (4) » – L'influence picarde, ajoute M. Génin, a été prédominante dans le français à cause du nombre considérable de poètes fournis par la Picardie au moyen-âge (5) »
Les patois qui ont le plus d'analogie avec le nôtre sont ceux du département du Nord. Comme notre glossaire doit en fournir la preuve évidente, nous nous bornerons ici à citer un court spécimen des dialectes de Douai de Valenciennes et de Cambrai. Leur simple lecture suffira pour convaincre que ces patois sont des débris de l'ancienne langue picarde (6).
(1) Discours sur l'universalité de la langue françoise. – Herlin, 1784, p. 4.
(2) Recherches sur les (ormes grammaticales au un." siècle, (3) Histoire littéraire des patois, p. 185.
(4) Mélanges sur les langues et lespatois, p. 25.
(5) Des variations du langage français, p, 33.
(6) Nous conserverons l'orthographe des originaux quelque fautive quelle nous paraisse.
11. Inn hom avau deux fius.
12. El pus josne di à sin père: Min père, don'em chou ki peut m'revnir d'vos bins. Et ch'père liens a fé l'partage d'sin bin. 13. Deux trau jours après, el pus josne d'chés deux inféens apré avoir rassenné tout chou k'il avau, s'in alla tout bin long, dû ki disipa tout sin bin à faire ribolte,
14. Et apré avoir tout dépinsé, il arriva inne gréende faminne dins ch'pa-is-la et i k'minoha a ête dins inne gréende misère. (1) Servantois et sottes chansons de Valenciennes publiée» par M. Hécart.
DIALOGUE EN PATOIS ROUCHI DU XVI.0 SIÈCLE.
Main hay, vous vlà bien ahuri
J'étô l'aute jour à no bury
I n'y avô là un tas d'caqu'toires
Qui racontoient de bell's histoires
Mais lessions là tous chés contes là
Et si vos volez v'nir par là,
Nous irons bien et biau à vieppe
Jé n'cros point qu'al sont encor fette
Et quant un ara fèt l'sermon
Nous en irons à nos mazon
Et nous ne serons point nommées berd'loiies
Par un tas d'caqu'teux et d'caqu'toires,
Qui n'font rien d'aute qu'à ravizé
Tout chuqu'un dit et chuqu'un fèt.
(1).
PARABOLE DE l'eNFANT PRODIGUE EN DIALECTE DE CAMBRAI.
18. I li folut donc partir, i s'mit garchon d'cour mon d'in cinsier de ch'pa-is-la, pour warder chés pourchaux,
16. Et là drolà, il arau été bin age d'rimplir s'pinche aveu chés écorces k'ches pourchaux miottent. Mais personne ne l'i en donnaut.
17. A l'fin étéent r'vnu in li même, i digeau Combin n'y a ti d'varlet mon min père ki ont pus d'poin k'i n'i faut! 18. I faut k'j'm' liève, k'j'voiche trenver min père et ke j'ii diche Min père j'ai péché conte el ciel et conteur vous. 19. J'n'sus pus dinne d'ête huké vos fius. Traitéème comme éen de vos varlets ki son à vos gages.
20. 1 s'a donc levé et s'a in allé trouver sin père. Kéen k'il étau encore bin long sin père l'apperchut et s'zintrailles fur't émues d'pité. Et in coréant à li i se rua à sin co, et il l'bagea, 21. Et sin fiu li di insin Min père j'ai peché conte el ciel et conteur vous. Je n'sus pus dinne d'ête huké vos fius. (1). CHANSON EN PATOIS DE DOUAI FOUR LA FÊTE DE LOUIS XVIII.
HÉLÈNE.
March' donc pus rad', allong' el paus:
Accoutt' comm' ech' carillon vau,
Accoutt' Joyeus queu brouhahau!
Jarni, tu t'dodaines,
Tout comm' eun' pouldaine;
Si tu n'vaus pas eun meilleu train',
Tu n'arriv'raus mi queu l'dérain.
(t) Mémoires de la Société des Antiquaires de France t. \i.
PIERROT.
Morziu, j'sus cor tout écran) pi
D'avoir trimé d'Calais ichi
Sans compter d'puis q'j'étos conscrit,
Toudi des misères
Couquer den ch'z'ornières
Tondi s'batt' et n'avoir poin d'poin,
En gagn' des romatiq' à moins.
HÉLÈNE.
Aussi-tôt q't'aus été parti,
Jenn' n'ai ieu un si grand ennui,
Q'j'en n'dormons pus ni jour ni nuit:
Quand j'meu l'ramentue,
Men cœur y s'termue
Ch'est,comm' si j'aros ieu hélau
Eun pods d'chent liv' sus m'n estomeau.
PIERROT.
Diu merci, jeu n'sus pon coyon
Mais, sans êtt' engagné toutd'bon,
Tuer des gens qui n'vous en veutt' pon
Morgué, j'mengeos m'quaine!
Oui, j't'asseur', Héloène;
Si n'aros pon pensé ia ti
J'cros q'j'en s'ros mort ed déplaisi.
(1).
On distingue de nombreuses nuances dans le patois picard. La prononciation, l'accent, l'emploi des mots varie (t) Chanson en patois à l'occasion de la féie de S. M. Louis XVIII par Hocquet, Douai 1844 4 p. in-18.
souvent d'un village à l'autre et quelquefois dans une même villc, d'un faubourg à l'autre comme à Amiens et à St.-Omer (1). Ces variétés de langage se dessinent de plus en plus en raison de l'éloignement des lieux. Ainsi, le vocabulaire du Boulonais n'est pas le même que celui de l'Amiénois. Le langage du Ponthieu s'éloigne beaucoup de celui du Vermandois. Les dégradations du picard sont surtout sensibles vers les limites de la province, où il se mêle avec les idiomes voisins. Ainsi l'Artésien se combine avec le Rouchi et le Wallon; la partie orientale du Valois subit l'influence du Champenois et le patois de Beauvais et de Senlis transige avec le français de l'Ile-de-France.
Chacune de ces variétés dialectales a souvent un mot spécial pour exprimer la même idée. Ce sont surtout les noms tirés des règnes de la nature qui subissent des changements fort variés, même d'un canton à un autre. Ainsi Cayeux et Saint-Valery ne sont éloignés que de trois lieues, et beaucoup d'oiseaux de mer n'y sont pas (1) « A St.-Omer, les habitants du faubourg de Lizel forment une peu. plade absolument distincte de tous ses voisins. La tradition fait remonter cet établissement jusqu'à l'an 449 de l'ère chrétienne, époqne de la première invasion des Salons en Angleterre. Leur langage diffère assez, pour la prononciation surtout, de celui qu'on désigne par les noms de bas-allemand, hollandais ou flamand pour que les Flamands de Lizel et les Flamands proprement dits ne puissent s'entendre facilement qu'après avoir passé quelque temps ensemble. On voit par là qu'il est au flamand ce que le patois des paysans de nos provinces est au français. On y rencontre aussi beaucoup de mots allemands et un petit nombre de mots anglais quelques-uns sans aucune différence de prononciation. » (B." Siméon, t. 3 des Mémoires de la Société des Antiquaires de France.)
désignés sous le même nom vulgaire. En voici quelques exemples
NOMS FBABÇAI9. CATEOX. SAinT-VALERT. Bécasse variable. Alouette de mer. Religieuse. Chevalier aux pieds Tirvot. Rousselette. verts.
Harle. Petit Hurlard. Bièvre.
Hirondelle de mer. Puveret. Privaret (Tarvenoi au Crotoy.
Macareux. Ouarat à tête de per- Cordonnier. roquet.
Millouin. Petit Tené. Pilet.
Morillon. Jacobin. Diablotin. Mouette. Miaulis. Mauve.
Raie de genet. Rousselet. Reille.
Sarcelle d'été. Cartier ou Crèpe. Sarceille. Sarcelle d'hiver. Sarcé. Trufleur (\). Il arrive souvent aussi que, dans un même village, on emploie plusieurs synonymes, pour exprimer la même idée, sous diverses nuances. Ils sont parfois fort nombreux. Pour donner un exemple en ce genre de la richesse de notre idiome, nous citerons quelques-unes des locutions qui exprimant l'idée de battre, donner des coups, sont admises dans presque tout le département de la Somme.
Acheindre, Atteindre en frappant de grand coups. Atout (donner un), Donner un fort coup.
(t) Nous devons la communication de ces noms à M. Demarsy et h M. le docteur Ravin de Saint-Valéry.
Baffe (donner une), Donner un souflet.
Buker, Battre à coups redoublés.
Blouker Donner des coups.
Blancbotter, Rosser.
Brosser, Rosser.
Bornifes (donner des), Donner des souflets.
Bornifiker, Donner un souflet dans les yeux. Blâmasses (donner des), Donner des souflets.
Caresser V frimousse Soufleter.
Daudifler Battre à rompre les membres. Deusser, Ecraser de coups.
Douiller, Battre.
Ebornifler, Aveugler en frappant sur la figure. Etriker, Battre à coups de verges.
Ecabocher, Meurtrir de coups, donner un coup sur la tête.
Escarpogner, Rosser.
Exterminer, Rouer de coups.
Flayuter, Battre comme on bat le blé avec un flayer (fléau).
Fenailler, Battre au-delà de toute expression. Flober, Battre horriblement fort.
Flouker, Frapper, battre.
Gi/fter, Soufleter.
Giroflée à cinq feuilles Donner un souflet.
(donner une),
Gnole (flanker une), Donner une tape.
Hercheler, Frapper avec une herchelle (hart). Hardouiller, Battre.
Incressier, Donner des coups qui produisent des tumeurs.
Keuker, Donner des coups dangereux.
Mornifes (donner des), Soutleter.
Plamuser, Donner une claque inopinée.
Pile (tlanker une), Donner une volée de coups.
Relouker, Battre.
Rinmancher, Disloquer les membres.
Retorteler, Battre en tordant les membres. Rameurre, Battre de manière à ne pas laisser d'endroit sans blessure.
Roulée (donner une), Donner une volée de coups.
Seucer, Battre longtemps.
Tamiker, Frapper à coups précipités.
Triker, Donner des coups de trike.
Teutter, Battre.
Tacouim (donner des), Donner des coups de poing fermé. Torgnoles (flanker des), Donner des coups sur la tête.
Tatoule (donner une), Donner une volée de coups de bâton. Le Picard n'a pas cette étrange facilité de composition de mots que possède le Grec et l'Allemand. Mais il est pourtant encore plus riche sous ce rapport que la langue française. Voici par exemple quelques-uns des nombreux composés du verbe fiker (ficher, mettre).
Affiker, Asséner.
Bernifiker, Inungere siercore.
Bornifiker, Donner un souflet dans les yeux. Corni~ker, Donner un coup de corne.
Cafiker, Remuer.
Défiker, Arracher.
Décafiker, Oter un fruit de son écaille. Détafiker, Déplacer.
Estafiker (s'), Se placer.
Estrafiker (s'), Se mettre en travers.
Efliker, Rendre effilé.
Erfiker, Reficher.
Harlifiker, Batte avec une hart.
Intamfiker Dresser.
Infiker, Ficher dans.
Rinfiker, Reficher.
Surfiker, Ficher sur, etc., etc.
Notre dialecte comprend beaucoup de mots qui n'ont pas d'équivalent en français et qu'on ne peut traduire que d'une manière imparfaite, par des périphrases plus ou moins longues. Citons-en quelques exemples Affeuder, Partager sou repas avec quelqu'un qui arrive à l'improviste.
Brincheux, Qui a des désirs soudains de faire quelque chose.
Déouérouigner, Forcer ses os à sortir de leurs cavités. Dépointer, Obtenir le fermage d'une terre en mettant une enchère sur le prix du bail.
Ebornifler, Etourdir en frappant sur la figure. Efantin, Qui fait des enfantillages, quoique sorti de l'enfance.
Elingué, Mis en rumeur par un événement qui excite la curiosité.
Gengeot, Qui se tient toutramoncelé comme quelqu'un qui a froid.
Juiser, Poursuivre impitoyablement un débiteur. JUasuker, S'amuser à des travaux manuels de peu d'importance.
Ramicher (se) Regagner au jeu ce qu'on y avait perdu. Tasset, Pièce de rapport cousue à un habit. Tawais, Homme lent et d'un esprit borné qui a des habitudes de commère.
Toper, Frapper dans la main de celui avec qui on fait une convention.
Tripée, Repas auquel on invite ses amis quand on a tué un porc, etc. etc.
En revanche le patois picard est obligé d'emprunter au français un certain nombre de mots qui manquent à son vocabulaire. Ce sont surtout ceux qui expriment des idées morales et intellectuelles. Ainsi nous n'avons aucun mot spécial pour traduire atrocité, barbarie, exactitude, excès, exquis, fantaisie, fécondité, flétrissure, infamie, infini insensibilité, irréprochable mœurs, passion, perfidie perfection progrès protection pureté, sensibilité, tendresse etc. etc.
Malgré l'absence de mots poétiques, le Picard ne manque pas d'élévation. Il a du nombre, de l'harmonie et de l'énergie. Sa bonhomie railleuse le rend merveilleusement t propre aux sujets badins et enjoués mais il aurait pu facilement devenir un éloquent interprète de la haute poésie sans l'influence des préjugés qui frappent de discrédit tous les patois du nord de la France. Il aurait surtout brillé par le pittoresque de l'expression la variété
des cadences et l'harmonie imiialive. Nous citerons à l'appui de cette opinion une pièce de vers sur l'Orage, ou ces trois qualités nous semblent réunies dans un degré éminent.
L'ORAGE.
Ch'étouait dins chés keuds jours eq' laissiant tcher leur fanes Chés blés i meurissouait' emmi chés camps tout ganes Pourpeinsant su min tchés ej' poussois min roueyon Mais vlo qu'ein gros hernu kerrié pa l'veint d'amont Buke ein keu qui raudonn' jusqu'au fonds d'chés vallées Et foet gambillonuer chés bet's épaveudées.
Chés ab's i s'en n'emutt'nt; tout ch'bos i n'ein frémit. Longtemps dins chés montaign's ol' l'ouit qui brouit. Tout s'coétit pis pus rien. Tout o bouché s' n'haleine Chimentière et luzets n'sont poent pus muets qu'el' plaine. O diroet qu'tout attind transi, guerlotant d'peur, Et débacle effreyab' qui vo foer' no malheur.
C'pendant chés lahonreux ont beyé per derrière
Ech' nuag' monte, i s'rétend, i s'gonfe. El veint d'arrière Ess' flanke eddins, l'l'aok', dins des noërs tourbillons El bahute ed' bistrac comme inn' pigné' d'flacons.
El jour s'étoët foët veup'. Bondé d'grêle, ed teimpêtes Ech' hernu s'applontchoët, s'apponoët sus nos têtes. O détèle au pus rade au mitan d' sin souyeion.
0 démar' sins guigner, pour rattraper s'moëson;
Chés k'vaus comm' des mahouais l'long d'ech' k'min s'emous[chin'tent
1 teut'té chés cailleux. Comme ed'z épav's i bzin'tent. Tout d'in keu, in éclair comme inn' feuchile ed fu
Cop' chés nués d'bistinchint et vient froler mes yus.
Ech' tonnerr' buke et clake et s'irondel dins chés nuages El pleuve à gros battans tchet, clitchett' min visage. In veudoise noërd ed poure, ed' graviers ramassés
Muche ech' qui reste ed' jour, s'accoutre edsus chés blés, S'y grinche et les tortingn', pis, comme aveu des t'nailles Les dérache et dins l'air foët viroler chés pailles.
Ah! sus ch'qui n'ein restoët, des grêl's comme des molons S'dégrink'tent ein clicotant et s'dékerk'tent à foëson J'ai vu, Pierre, oui j'ai vu tous les pein's d'em' n'année Ploutré's comme inn' grand'route ou bien écoulinées. Chés ieux mordoëtt'nt chés riots et d'ein bos d'tous chés camps Dins ch'fossé qui r'gordgeoët seutoët ein gargouillant C'pendant j'rent' pa ch'corti, r'noyé jusqu'à m'casaque. Vlo qu'in eut' coup d'hernu tout auprès d'mi s'déclake J'beyois tout ébeubi in plet d'fu d'in bleu roux
Tchet, clike et craque, ecliff min gueudger d'bout in bout On peut remarquer dans ce morceau l'emploi fréquent des comparaisons. C'est un des caractères distinctifs du patois picard. Il est tel adjectif qu'on n'emploie presque jamais sans cet accessoire obligé. Voici les comparaisons vulgaires qui sont le plus généralement usitées dans la conversation. Il est à remarquer que la population des villes en a adopté un grand nombre, qu'elle a traduit préalablement en bon français.
Adroit de ses mains comme eine vake d'esse queue. Ahuri comme eine glaine à trente-six poussins.
Aise comme des tiots cats.
Alerte comme ein cat.
Amer comme d'el suie.
Ame noërde comme ein cul de keudron.
Arrangé comme des cavieux su l'soupe.
Attrapé comme ein rot dins eine churkette.
Avoir l'tête dure comme ein beudet.
Avoir l'âme pu noërde èque des housseux d'keminée. Avoir d' l'ergent comme ein marchand de coechon. Avoir des deints de seuris.
Avoir des yus comme des cahouants.
Avoir des yus comme des cholettes.
Avoir eine dégaine comme eine truie qui cauffe el four Avoir un nez comme ein éperon de co.
Avoir (n') pas pus de tête qu'ein hourlon.
Avoir un coeur d'artichaut en donner une feuille à tout le monde (1).
Babiller comme edz agaches à l'eintour d'eine tarte à fromage.
Bahuter comme des kiens.
Bâti comme l'as ed'treufe.
Barbouillé comme ein cat de mars (2).
Bête comme ein eson, comme ein chou.
Blanc comme eine prône, comme ein beurré.
Blanc comme l'as ed'pique (par antiphrase).
Boère comme des porteux, comme ein treu.
Boère comme ein sonneu.
Boin comme du pan.
(1) Avoir un cœur banal, prodigue d'amitié envers tout le monde. (2) Les chats sont frileux dans le mois de mars et se mettent dans le foyer où ils se barbouillent de cendre.
Bordoner comme eine ruke à mié.
Bouke grainde comme eine gueule à four.
Bouré comme ein canon.
Braire comme eine queue dénichée.
Buté comme des mules.
Cancheler comme ein homme seu.
Canger d'opignion comme ed'kemise.
Canter comme ein perdu comme ein oursignot.
Catholique comme ein bourique.
Cha ne flaire poënt comme baume.
Chergé d'ergeint comme ein crapaud de plumes.
Ch'est le gvau de l'Apocalyste (1).
Ch'est à ein keu de cholette (2).
Ch'est comme el pape Colos (3).
Ch'est clair comme eine bouteille à l'encre.
Ch'est comme eine mouke dins du lait (4).
Ch'est comme ein marké à fromaches (5).
Ch'est comme el'queue de no vake (6).
Connu comme el'loup blanc, comme ein viux patard Contint comme des prinches.
Contint comme eine glaigne qu'avale ein cleu.
(1) Se dit d'une femme grande et décharnée.
(2) Distanre équivalente à celle que peut parcourir une cholette (balle de bois) frappée par une crosse.
(3) II est d'une gravité ridicule.
(ij Se dit d'une femme brune habillée en blanc.
(5) Se dit d'une assemblée où tout le monde parle à la fois. (6) Se dit d'une chose qui va en diminuant.
Cras comme eine teupe.
Croire cho dur comme macfer.
Danser comme des cabris dans d'z éteules.
Deints noërdes comme des cleus de girofe.
Dépité comme eine maringue.
Desséké comme eine pieue d'anguile.
Dévot comme ein kien qui piche conte eine crox.
Déwarwigner comme ein diabe.
Dormir comme eine marmotte, comme ein loir.
Douche comme du lait, comme ed' l'amadou.
Doux comme el' panche ed nou co
Dru comme moukes.
Écoaché comme eine poëre blette.
Einrheumé comme ein leu.
En chair et en ou comme saint Amadou.
Ertenu comme ein kien à l'attake.
Étampi comme ein vieu.
Ète d'eine humeur d'hérichon.
Ète monté en kemises comme saint Roch en capieu (1). Ète comme un gai (2).
Ète comme saint Druon aux camps et al ville (3)
Faux comme ein jeton.
Fier comme des wèpes.
(1) N'en avoir qu'une.
(2) Ne dire met
(3) Saint Druon se trouva miraculeusement en plusieurs endroits, dang le même instant.
(1) Faire un bon repas.
(2) Boire sans manger.
(3) On devrait dire comme le marteau de la statue de saint Etoi.
Foère des yus de cahouant.
Foère des yus comme des lampes.
Foère ein repos de curé (1).
Foère ein repos de mouton (2).
Foère des cris de brulé.
Foère des balordises comme des vakes ed cheint écus. Foët comme ein lewarou.
Foireux comme ein gai.
Fonde comme du bure dins eine poyelle.
Frais comme eine soupe à poiret.
Franc comme Baptiste.
Franc comme un Picard.
Frisé comme eine berbis espagnole.
Froid comme eul'martieu de saint Eloi (3).
Gadrue comme eine potée de seuris.
Gai comme un moigneau, comme ein pinchon. Gai comme el'porte d'eine prison (antiphrase). Gane comme ein chitron.
Gavé comme eine andoule.
Grand comme eine mazon comme eine perche. Gras comme ein kien d'écorcheux.
Grouiller comme du harnu.
Héru comme ein cherain.
Heurler comme ein jone leu.
Hocher comme ein poërier.
Hureux comme des cots dins ein panier.
In colère comme ein leu.
Jurer comme ein carreton, comme ein pove.
J'y renonce comme à m'première marone.
Larmes groches comme des pains de suc.
Long comme un jour sans pain.
Lourd comme une buse.
Luire comme des yus de cat.
Luisants comme des leumerons.
Maigue comme ein cheint de cleus.
Malin comme ein ficheux.
Malin comme des cherchelles.
Malhureux comme les pierres, comme la grèle. Mahouais (pus) que des kiens pillés.
Matineux comme edz allouettes.
Mariés comme edz agaches.
Massacrer (se) comme des leus.
Mau comme eine flake.
Mau comme eine lavette, comme eine loque.
Méchant comme eine couvoëre, comme ein beudet rouge. Méchant comme rogue comme la gale.
Miler comme ein co qui mile eine soiris.
Minger comme ein batteux.
Minger del' terre comme ein grisard.
Moneux comme ein kien qu'o s'queue copée.
Mouillé comme eine soupe.
N'avoir pas de front pour ein yard.
N'en foère qu'à s'tète comme chés b'seux ed bonnets. Ne valoir guère miu qu'eine pipe ed mécant toubac. Niflard comme ein cahouant.
Nobe comme les quate quartiers d'ein kien.
Noërd comme eine teupe comme eine cornaille. Noërd comme ein prognieu; comme ein four.
Os sommes ed dins comme frère Laureint.
Pas pus gros que pour deux yards ed bure.
Peneux comme ein fondeux do clokes.
Piétiner comme ein codin.
Plan comme ein u.
Ployer comme ein manche ed' cachoire.
Ployar comme des chions de bouilleu.
Poltron comme la lune.
Pourleker (se) comme ein co qui minge des affouéliures. Pousser des soupirs comme des pets de leu.
Propre comme ein sou.
Puer comme eine cherche (1).
Pus embarrassé que Berthelot.
Raguisié comme ein rasoir.
Randir comme et Juif-Errant.
Ilechu comme ein kien dins ein jeu de quilles.
Heglé comme ein papier de musique.
Remplir ess' panche comme ein baril.
Rester bec et borgne comme ein Colas.
(t) Voir ce mot dans le Glossaire.
Ilétu comme ein piot bon Diu comme ein friquet
Rire comme ein gobelin; comme ein bochu.
Rondelette comme eine chitrouille.
Rouche comme edz ékerviches cuites.
Rouche comme ein co (1).
Roupiller comme el reuet d'cine fileuse.
Roupiller comme des marmottes.
Roupiller à ein écu par tête.
Roux comme du pissat de beudet.
Rusé comme ein vieux leu.
S'agiter comme ein molin à vent.
Sale comme ein peigne.
Sauter comme eine furolle.
Savant comme tout (2).
Sec comme ein cocou comme berzi.
Se déseker comme eine pieux d'anguille.
Se foère payer d'avanche comme'ech' bourrieu.
S'ennuyer comme ein brochet dins le tiroir d'eine huche. Se ruer sur quelque cose comme el poverté sus le monde. Se teurtiner comme eine keuleuve.
Se tortigncr comme ein ver.
Seuteux comme eine agache.
Sot à loyer.
Sou comme ein anglais (3).
(1) On devrait dire: comme la crête d'ein co.
(2) Cette comparaison s'allie avec beaucoup d'autres adjectifs: bêle comme tout, cher comme tout, bien comme tout, etc.
(3) Cette comparaison remonte au temps où les Anglais ravageaient !a Picardie et se gorgeaient de nos biens.
Sou comme eine grive; comme ein polake.
Sou comme trente-six mille hommes.
Sourd comme eine becache; comme ein pot.
Subtil comme ein co.
S'y einteindre comme à ramer des cabus.
Téguer comme ein bégueux.
Tende comme du mameau.
Torché comme quate sous.
Traner comme ein kien qu'est in heut d'eine ékelle. Traner comme ein voleux comme eine feule.
Triste comme eine bête comme ein bonnet de nuit. Uni comme bonjour.
Vert comme pré comme porrée.
Vérolé comme eine écuemette.
Vif comme ein kien de plomb (antiphrase).
Violet comme des cravinchons.
Viu comme Hérode comme Mathusalé.
Viu comme chés rues comme chés baies comme chés kemins.
Les comparaisons plus relevées qu'emploie fréquemment la poésie picarde ne manquent ni de justesse, ni d'énergie. On pourra en juger par le morceau suivant qui est un modèle du genre.
TRISTESSE.
Vous qui v'nouez tout chaq' nuit danser autour de m' tête Quoiqu'os êt' donc dév'nus, vius reuv's ed' min jon' temps? J'ai pressé chaq' plaisi comme o presse ein' poër' blette Et j'ai cor soué tout comme edvant.
Ej' sus tout' seul à ch't'heure ercran comme ein' grand-mère, Ej' march' froëd' comme ein mort, un mort qui put marcher; J'ai peur d'ech' temps qui vient et ch'tichi m'désespère, Ej' voroais m'vir dins ein luzer.
Comme ein pove orphelan qu'o r'tire ed'ckez s'noriche, Ej' sus sevrée ed' tout. Oz est vite oublié. Et comme eine pemme ed terre eq' l'hiver reind ïeuyche, J'ai vu min bonheur gadrouillé.
Si j'povoais r'ekmincher! ch'est l'pus vilan d'mes reuvcs; I m'tient par min cotron et tout partout j'el' voi, Comme ein contrébaindier qui n'o point foët ses preuves Voit partout ein potieu d'l'octroi.
Pus rien d'min bieu passé! pus personn' qui me r'bèche J'ai vu ker' mes honneurs ein à ein sus min k'min, S'ein aller tour à tour comme o voit, pièche à pièche S'dékeude ein kabit d'Arléquin.
Ej' seins mes g'nous ployer. mes mans s'join'ttent sans forche J'vois que l'bon Diu d'vient sourd et qu' j'éroais bieu l'prier Comme ein collier à cleus, comme ein vrai collier d'forehe, Mes souv'nirs vienn'tent m'étraner.
Et min cœur est désert comme eine carette à ouide, 0 n'einteindro pus d'mi qu'ein long cri lamentab' Ej'm'ein vos tant qu'ej' peux. j'seins qu'em'pove ame est ouide Ouid' comme el' bours' d'ein contribuab'.
Ri j'povoais m'rajeunir comme ein viu vlours qu'o r'plonke! Car chaqu'un s'seuve ed mi tout comme" d'erh' corbillard. 1 n'em' rest' poent d'amis, d'pareints, d'frer' ou bien d'onke I n'men reste mi' pour ein yard!
Le patois picard admet un grand nombre de mots enfantins qui sont formés par la répétition d'un monosyllabe. En voici quelques-uns
Babake Ordure. Nounou, Genou. Bébelle, Bête. Papar, Enfant. Bobo, Mal. Pépette, Soupe. Boubouke, Bouche. Pépère, Grand-père. Bouboule, Boule. Pipique, Epingle. Bubute (foère) Boire. Quéquet, Bouquet. Cacasse OEuf. Sissite (foère) S'asseoir. Déder, Promener. Teintante, Tante. Guigui Gosier. Tété, Chien. Joujoute (foère), Jouer. Titiot, Petit. Lélé, Soulier. Tutuc, Suc. Mamache Fromage. Tutures, Confitures. Minotte, Main. Yiuyiu, Œil. Mimine Chat. Zinzin, Cousin. Nonottes, Mains. Zizine, Cousine.
CHAPITRE III.
BIBLIOGRAPHIE DU DIALECTE ROMANO-PICARU ET DU PATOIS PICARD.
Nous mentionnnerons dans ce chapitre les opuscules picards et les ouvrages romans qui se ressentent le plus de l'influence de l'idiome picard, c'est-à-dire ceux qui nous semblent écrits dans le dialecte littéraire que nous avons
appelé romano-picard. Ils sont plus nombreux et plus importants que ceux qui sont écrits en pur patois picard. Nous distinguerons ces derniers en les faisant précéder d'une astérisque (*). Nous indiquerons également les brochures, les mémoires, les articles imprimés ou manuscrits qui concernent l'idiome picard.
ADAM DE LA HALLE naquit à Arras vers l'an 1240. Il fut surnommé le Bochu quoiqu'il fût exempt de toute infirmité car il dit lui-même
On m'apèle bochu, mais je ne le sus mie.
Il partage avec Jean Bodel l'honneur d'avoir fondé l'art dramatique en France. Il donnait le nom de Jus ou Jeux à ses scènes dialoguées fortement empreintes du dialecte artésien. Il quitta Arras, ainsi que beaucoup de ses compatriotes, à cause d'une taille exorbitante qu'on imposa avec partialité: aussi les adieux qu'il adressa à ses compatriotes, sous le titre de Congié sont-ils dictés par un ressentiment plein d'amertume. Il suivit Robert, comte d'Artois, à Naples, où il mourut en 1282, selon Legrand d'Aussy, ou en 1286, selon M. Montmerqué. Ses œuvres principales sont 1.0 li Jus Adam, dit aussi de la feuillie ou du mariage (imprimé dans les tomes n et vi de la Société des Bibliophiles français). C'est une conversation entre l'auteur, son père et les bourgeois d'Arras; 2." Gieus du Pelerin (imprimé dans les Mél. des Bibl. français.) 3.0 li Gieus de Robin et de Marion (imprimé dans le Théâtre-Français au moyen-âge, de MM. Montmerqué et F. Michel). C'est la plus ancienne pastorale française. Elle a donné lieu au proverbe être ensemble comme Robin et
Marion. Dans le nord de la Picardie, les jeunes paysannes chantent encore aujourd'hui la chanson qui forme l'ouverture du jeu de Marion.
Robins m'aime, Robin m'a
Robins m'a demandé si m'ara
Robins m'acata cotèle
D'escarlale bone et bèle
Souscanie et cheinturejle
A leur y va.
Robins m'aime, Robins m'a
Robins m'a demandé si m'ara.
3. Li Congiés Adam tf Arras (publié dans les fabliaux de Barbazan, Ed. Méon, tome i). – 4. C'est le Roi de Sézile, poème publié par M. Buchon, dans la collection des chroniques nationales françaises, tom. vn. 6. Des Motets, des Tensons, des Jeux partis, etc. (V. Théâtre-Français au moyen-âge et études sur les mystères, par 0. Leroy.) Affiches de Picardie. Le numéro du 17 février 1776 contient un article intitulé De futilité des étymologies pour connaître les anciens habitants d'une province démontrée par un canton du Ponthieu.
Almanachs. – Plusieurs des almanachs publiés en Picardie contiennent des dialogues et des chansons en patois picard. Les morceaux les plus remarquables sont les entrétiens dé ch' franc Picard aveu sein vouezan qui ont paru dans l'Almanach du Franc-Picard, et les dialogues de gardes-champêtres qui paraissent simultanément, chaque année, dans l'Astrologue-Picard et dans le triple Mathieu-Lansberg de M. Caron-Vitet.
Amadis de Gaule. Le texte primitif de ce roman de chevalerie était écrit en dialecte picard. Herberay, seigneur des Essarts, traducteur de la version espagnole, dit dans son épitre dédicatoire « Estant Amadis Gaulois et non Espaignol, j'en ai trouvé encore quelques restes, dans un vieil livre escrit à la main en langaige picard sur lequel j'estime que les Espaignols ont fait leur traduction, non pas du tout suivant le vray original, comme on pourra le voir pour cestuy, car ils en ont obmis en certains endroits et augmenté aux autres. » II serait bien à désirer qu'on publiât le texte primitif de ce précieux monument de la littérature picarde que Lacurne de Sainte-Palaye a vu au Vatican. Nous pourrions l'opposer avec avantage aux chefs d'œuvre des troubadours romano-provençaux, puisque le roman d'Amadis nous donna un renom littéraire, non-seulement en Espagne, mais dans toute l'Europe civilisée (1).
Avesne (histoire de Jehan d') MS. n.° 215 B L F de la Bibl. de l'Arsenal.-Ce roman, écrit vers le milieu du xv. siècle par un auteur anonyme, est d'autant plus curieux qu'il nous retrace des usages et des mœurs qui se sont conservés jusqu'à nos jours dans la Picardie et l'Artois. M. Chabaille en a publié une longue analyse mêlée de citations dans les Mémoires de la Société d'Émulation d'Abbeville. (1838-40.)
Bans municipaux d' Henin-Liétard. – C'était au xm.« (t) Pour être impartial, nous devons ajouter que M. Haynouard ne partage point l'avis d'Herberay, et qu'il croit que le texte primitif d' Amadis était espagnol.
siècle une ville assez importante du Calaisis. Elle fut détruite en 1302. Ses statuts furent publiés de 1230 à 1299. Ils sont curieux comme spécimen du langage du temps et comme renseignements sur les mœurs du pays. M. Tailliar en a publié quelques extraits dans les Mémoires de la Société centrale du département du Nord. (1839-40.)
BARON (M. Jean) docteur en droit et membre de l'Académie d'Amiens, aurait laissé, d'après la Biographie du département de la Somme, un dictionnaire manuscrit de la langue picarde. Nous avons fait de vaines recherches pour savoir ce qu'est devenu cet ouvrage, qui du reste, nous a-t-on dit, ne devait pas être d'une grande valeur philologique.
BEAUMANOIR (Philippe de) naquit vers le milieu du xui. siècle, dans le Beauvoisis, comme il le dit luimême, dans le prologue de ses Coutumes du Beauvoisis « pour ce que nous sommes d'ichelui pays. »-«Son langage d'ailleurs, dit Loisel le montre manifestement. » Il fut successivement bailli de Clermont de Vermandois et de Senlis. Cet illustre jurisconsulte mourut vers 1296. Son ouvrage a été réimprimé en 1842, par la Société de l'histoire de France, sous le titre de Les Coutumes du Beauvoisis par Philippe de Beaumanoir jurisconsulte français du xin." siècle nouvelle édition, publiée d'après les MSS. de la Bibl. royale, par le comte Beugnot 2 vol. in-8°.
Bongars. – II y a, à la Bibliothèque publique de Berne, sous le n.° 389, un recueil de chansons picardes et arté-
siennes du xui.° siècle, qui ont été recueillies par Jacques Bongars, conseiller et maître d'hôtel de Henri IV. Ce MS. a été décrit par Sinner, bibliothécaire de Berne, dans son Extrait de quelques poésies des xn.e, xm.e et xiv.° siècles (Lausanne, 1789).
BODEL (Jean).-Le iu de S. Nicholai, par Jehan Bodiaus d'Arras. MS. de la Bibl. nat. F. Laval., n.° 81. -Ce mystère, l'un des plus vieux monuments de la littérature dramatique en France, fut composé vers l'an 1260. M. Onésyme Leroy en a donné l'anayse dans ses Etudes sur les Mystères p. 13.
Cartulaire d'Auchy. In-4.° de 416 pages. Ce recueil de chartes a été rédigé par P. L. G. de Betencourt, religieux de l'abbaye de Saint-Silvin d'Auchy, en Artois, et tiré seulement à 25 exemplaires. Les formes romanopicardes prédominent dans ces chartes, avec quelques caractères normands. Ce mélange s'explique fort bien par la situation de l'abbaye d'Auchy, près de Hesdin, dans une région picarde mais voisine de la Normandie. Cartulaires de Picardie.-Un certain nombre de chartes de Picardie sont écrites en Romano-picard. MM. Bouthors, Marnier, Dorbis, Louandre, Dusevel et Roger en ont inséré quelques-unes dans leurs écrits. Mais ce sont surtout les chartes des seigneurs ruraux les sentences et délibérations des corps de ville les comptes des argentiers et les transactions particulières qui portent l'empreinte du dialecte vulgaire. C'est à cette précieuse source que nous avons puisé la plupart des mots que nous désignerons dans notre Glossaire comme appartenant à l'ancien Pi-
card. – M. Delpit, dans son Rapport sur les archives municipales de la ville d'Amiens, constate que, en 1318, on traduisait en patois picard des actes royaux rédigés dans le dialecte usité à la cour.
Chansons picardes.-Nous ne connaissons qu'un petit nombre d'anciennes chansons picardes qui se soient conservées traditionnellement, comme celle que chantent les habitants de Longpré-lès-Corps-Saints dans la soirée du premier dimanche de carême. Parmi les chansons modernes, nous devons citer celles de MM. Pollène du Chaussoy et Deleguorgue-Cordier, membres du Caveau. Nous nons bornerons à rapporter ici la chanson du Bouhourdis, qn'on chantait dans le Doullenais (l). CHANSON DU BOUHOURDIS.
(1) Cette chanson, extraite d'un MS. de 1649 m'a été communiquée par M. l'abbé Bourlon. « Ou l'a chantait, m'écrit-il, dans les environs de Doullens, le jour du Bouhourdis, en dansant dans les vergers, où l'on allumait des feux de joie. »
1.
Al jor de Behourdis des prés
Entor des abes j'ai tant ballé
Que j'ay mèn solé desquiré.
Trou la lirette
Trou la lire.
2.
Per l'escorion l'ay ramassé
Au cordognez m'en sus allé
Ungpiés descaux, l'aultre cauché.
Chants picards sur la prise de Corbie. – Ces chants populaires du xvi.e siècle ont été publiés par Techener. Ch' nouvieu beudet d'Balaam. Histoer véritab' et remarquab' arrivée à Amiens l'4 frimaire de l'an 8.e, jour de Ste.-Catelaigne, viu estil por Colo-Pierrot Kiot-Bitte. -Sans nom, ni lieu, ni date 4 p. in-8°. Nous allons reproduire cet opuscule dont nous devons la communication à M. Demarsy (1).
Hier, huit heur' au soer, conduisant mèn bergneux, Aveu m'pell' su m'n'épeul', dins l'ru' des Troès-Cailleux, J'entends des brouhahos dins chelle comédie.
J'avanche, o m'flaire, o r'cul' (j' n'sens poënt l'embroësie) (t) Pour comprendre le sens politique de cette pièce, il faut lire IHittoire d'Amiens par M. Dusevel tom. n p. 270 et suivantes.
3.
Dedens se moeson l'ai trouvé.
Jehannnet li bieu cordonnié
Rassemeleras tu mèn solé.
4.
La révérense il m'a tirée
Ouidà ma Coeurette, mèn Babé
Vostre solé j'y refairay.
5.
Et pour ço quantes vos bailleray Q
Sur vos visaiges mignolet
Je m'y poïerai d'ung doulx boisié.
Trou la lirette
Trou la liré.
« Tiens donc, v'lô no Kiot-Bitte! » 0 m'foët plache en èn mot. Et pis m'vlô, tout d'brandi au bieu mitan de ch'hot, Aveu tous chez Monsieus, rétampi dins ch'parterre. Quoiqu'y gn'i o? Quoiqu'j'entends? J'acoutt' bien, j'entends braire. Ch'est un beudet oui vrai ch'est un beudet, marsiu, Ecapé du molin, d'au proch' dTHôtel-Diu!
Em' v'iô tout ébeubi d'aouïr chell' maouaiz' bête
Qu'al parloët comm' chell' lô d'Balaam, èch' prophète, Car i parloët vraiment i disoët « Ch' Directoëre Et pi chès Directeux (comm' si gn'ien avouët coère) Is n'veuttent poënt qu'o cant' tansèlement enn' canchon, Poënt meum' en plet d'complaint' ni d'iamentation Chès lois déffentt'nt eussi ni qu'o juch' ni qu'o liche Tout cho qui n's'ro poënt mis tout au long sul l'affiche. Oz avez bieu d'mander chès mariniers d'Saint-Cleu Ej'répondrai toujours, os n'èrez rien d'nouvieu:
Tous mes colègue et mi ol l'avons dins nos tètes.
Quoiqu'oz en diche ichi os n'somm's mi' si tant bètes Oz avons nos raisons pour vous bailler z'èn r'fus:
C'est qu'os n'entendons poënt qu'o rnetche à l'air nos eus. Allez dans l'ru' d'Saint-Leu où qu'est no synagogue: (0 vous y r'chuvr'o bien si oz êtes démagogue).
0 vous z'apprendo lô que dins no politic
Oz avons déeidié ed' foër bisquer l'public;
Qu'os n'avons du plésir eq' quand o nous déteste,
Et pis, pour vous dir' tout, os voulons juer d'no reste. Ramenteuvez l'vous bien à ch' dix-neuf thermidor, Oz avez foët du train ichi et pis déhor
Qu'est-ch' qui s'en' n'est r'tourné ? Enn' belle fusillade Où qui èn o pus d'èn qu'o iéu enn' boënn' œnillade (1). (l) Le 20 thermidor, 7 à 800 bourgeois d'Amiens renversèrent le pouvoir des Jacobins.
Bien vrai qu' nos cadoreux n'ont atteint qu' des pissiots Qui n'avoëtt'ent, pour s'défend', que des beux d'chès riots. J'en dessèke d'chagrin mais ch' n'étoët poënt d'nos feutes, Car oz éroëm' voulu qu'inn' n'euch'tent tué bien d'eutes. Eh bien, ch' qu'est arrivé, pourroët coëre arriver. »A ch' mot lô tout chaquin, d'rire épeutre s'bouke
L'èn éternu' du heut, l'èn d'en bos, l'eute s'mouke 0 crie: à bos. 0 chiffl', o rit coër ah ah! ah!
Et ch' beudet restoët lô comm' en pape Cola.
« Chitoyens! wardez-vous d'rire de mes paroles Car mes colègue et mi os sommes d'fameux droles! Quoiqu' brav' èn molet moins que ch'gro anglès Chandos Os vous tap'roëm', marbiu tout au mitan d' vo dos Os savez bien tertous qu'j'ai enn' mécant' chervelle N'en doutèz-vous ? Eh bien edmandell' à **♦
Gueux Vernon n'est pu lô! (2) Ch'est trop vrai; j'en gémis 1 Car ch'ètoët, par Marat, le meilleur dé m'z'amis;
MaisTuncq, mais no cher Tuncq! ch'est li qu'est en fier hère, Qui, par patriotiss', turoët sin père et s'mère
Il est ichi pour nous si oz orgeelez trop,
1 vous fro foër' du k'min pus vitt' qu'au grand galop. ainsi t'nez vous bien coi, os savez à merveille
Qu'i sait foër' ènn' cocarde aveuc ènn' poair' d'oireilles Béyez à vous j'vous dis laissième aveuc honneur Remplir ichi mes d'voirs. »
KIOT BITTE.
« Chitoyen brocanteur?
Que qu'ch'est qu'tu nous démak's? t'n'harengue m'interloque, Acut' t'on ed' l'honneur dins no marqué à loque.
(2) Gayvernon commissaire central du directoire exécutif.
Si tu n'nos queuqu' lambieu, ch'est bien d'hazard, j'pense, Et poënt pus qu'in' t'en feut pour monter al potence. Déjo tèn visag' bleum', tèn teint d'papier maké
Is ditt'nt à tous les yux qu't'es èn pèndu manqué
Ch'est lô tin lot min fiu j'ai tiré t'n'horoscrope,
J'ai li cho dins t'n'etoël' sins prendr' èn télescrope. » CH' BEUDET.
« Kiot-Bitt', tu peux dir' vrai; pet'étr' ej's'rai pèndu Gn'i o du tems j'en convièns, que j'm'y su t'attendu Ch'est mes affoër' à mi pour ti, j'm'en voi t'apprendre A fourer tin nèz lô tout d'suite j'm'en vois t'rendre Le prix d'tes grands mérit's à mi, chèz Cadoreux (1) » –1 n'y foèsoët poënt boën; j'ai r'bouté min capieux, Et pis je m'sus-t-enfuis et bien vite et bien rade,
J'rèncontre en min kemin Dédet, min camarade
Ej'li conte em' detrèch'î « Vos Kiot-Bitt', c'est z'un rien T'os b'soin d'et' rasseuré; vien aveac mi, vien vien Mon ch'Borgne à ch'port. » Allons j'reprens m'n'halaigne Et pis nous v'lô d'courir. Oz y étoëmm' à paigne
V'lô qu'entr' en Apoulon ch' étoët Lili Gosseu
On' n'avons dit des fraiche en pompant tout no seu. Compliment d'un poysan ed Boutrilly à nos gouverneux. 4 pages in-4.°, sans lieu, ni date. Cet opuscule, qui se trouve à la Bibliothèque d'Amiens, a été reproduit dans le Recueil de poésies picardes de Devérité. Cotgrave. – On trouve dans son Dictionnaire françaisanglais un certain nombre de mots et de locutions empruntés au patois picard.
(1) Sergents de ville. V. ce mot dans notre Glossaire.
COURT (de). Mémoires chronologiques qui peuvent servir à l' Histoire ecclésiastique et civile de la ville d'Amiens. (MS. de la Bibl. nat., cartons de D. Grenier). Le tom. i." contient un chapitre intitulé Du Langage du peuple d'Amiens et des lieux circonvoisins, devant, durant et après la domination des Romains.-Il est question dans ce chapitre de l'influence 'du Grec sur la langue maternelle de nos ancêtres de la diversité des dialectes celtiques, de la formation de la langue romane. Mais on n'y parle pas quoiqu'en dise le titre du langage du peuple d'Amiens.
Critique sur les préjugés démasqués. Port-Mahon, 1756. Satyre en vers picards de 66 pages. DAIRE (le Père). -Dictionnaire picard, gaulois et françois. MS. de la Biblioth. d'Abbeville. Malgré ce titre trompeur ce MS. n'est qu'un glossaire de la langue romane. Le P. Daire qualifiait de Picard tous les anciens dialectes de la langue d'oil. Il les fait tous figurer confusément dans son ouvrage, qui ressemble, dans des dimensions plus restreintes, au grand glossaire manuscrit de Lacurne-S.te-Palaye. On y trouve néanmoins un certain nombre de mots qui sont spécialement désignés comme picards. Nous n'en avons guères extrait qu'une cinquantaine de mots que nous ne connaissions pas. Mais ce MS. ainsi qu'un autre glossaire roman MS. du P. Daire, nous ont été fort utiles en ce sens qu'ils nous ont fait connaître un bon nombre de mots romans, analogues au Picard actuel et qui ne se rencontrent pas dans les dictionnaires imprimés de Lacombe, Roquefort, Méon Pou-
gens, et ni même dans les glossaires MSS. de D. Grenier et de Lacurne-S.le-Palaye. Ces deux MSS. qui ont été donnés par M. de Cayrol, à la bibliothèque d'Abbeville, nous ont été communiqués par l'obligeante entremise de M. Boucher-de-Perthes.
DAN COURT Le Curieux de Compiègne comédie en 3 actes. L'auteur a essayé de faire parler le patois picard à un de ses personnages, Guillaume mais il a médiocrement réussi.
Delegobcue-Cordier. – Poésies diverses. – Abbeville, 1847. Ce volume contient quatre chansons picardes. M. Delegorgue-Cordier en a publié depuis quelques autres dans l'Annuaire du département de la Somme et dans l'Abbevillois.
Dialogue de trois paysans picards, Miche, Guillaume et Cherle sur les affaires de ce temps. – 1649 11 pages in-4°. Cet opuscule fort rare, cité dans la Bibliographie de M. Ch. Dufour se trouve dans la bibliothèque de M. V. de Eeauvillé, à Montdidier.
Dictionnaire latin picard, in-folio, gothique. -Rouen, 1500. Nous avons fait de vaines recherches pour constater l'existence de cet ouvrage dont nous avons trouvé l'indication dans la Bibliographie patoise de M. Pierquin de Gembloux. Ce savant philologue nous a écrit depuis qu'il pensait que ce précieux ouvrage se trouvait au British Muséum de Londres.
Discours du curé de Bersy fait à ses paroissiens en langue picarde, avec le discours du très excellent ma-
riage de Jeannain et de Prigne où sont contenus les biens tant de l'un que de l'autre, le bon ordre tenu en allant à l'église, le magnifique banquet, la belle danse et les devis du marié et de l'épousée tenus au lict. Ledit discours envoyé d'un cousain à l'autre en langue picarde, 8 pages, sans nom ni lieu, ni date. (Réimprimé dans le tome IV des Joyeusetés de Techener.) Voyez Histoire plaisante et Suite du célèbre mariage de Jennain, etc.
Dorbis (M.).- Recherches sur l'époque où l'on a commencé à se servir de la langue vulgaire dans les actes publics et sur les premières chartes écrites en cette langue, en Picardie. (Mém. de la Soc. des Ant. de Picardie, tom. ix). M. Dorbis après avoir établi qu'il n'existe aucun diplôme français antérieur à 1221, et que ce n'est qu'en 1240 que les premières chartes françaises ont été écrites en Picardie, donne la copie de six chartes du xm. siècle, en dialecte romano-picard et en analyse quelques autres de la même époque. L'auteur termine son intéressant mémoire en constatant l'emploi peu fréquent, en Picardie, du langage vulgaire, dans les actes publics postérieurs à la deuxième moitié du xiu.e siècle. Epitaphes. Voici quelques anciennes épitaphes picardes que nous avons recueillies dans les manuscrits de D. Grenier et du P. Daire.
Chy gist Colin et sen varlest
Toudy armé toudy tout prest
Chetoit euu brave à chculle bataille
Quant avint aUe quemise de maille;
Il fut tapé et se tapa,
Il fut tué et se tua.
Il fut tué d'un Bourguignon
Qui estoit bien maois garchon. D'une maoise espée erouillée
II eut le chervelle épeutrée.
Si or volés scavoir le saisons
L'an mil chon chen et un quarteron.
L'an mil chonc chent et un quarteron Chy fut planté maître Jean Qnignon Quand Pjugement de Dieu varo
Sa Dieu plait-il revardiro.
Jacques Hemart, boen varlet Toudis armé et toudis prest Avec bonnet sur sa caboche Et des éperons à ses galoches. L'an 1500 et un quarteron
II fut tué par un Bourguignon.
Chi git devant cette capelle Un boulenguer nommé Boistelle Priez Dieu tous pour s'en amelle C'est du boen pain qu'on li capelle.
Ci gist Jacquet le fieu de s'mère Qui trépassa l'an qu'il mourut. Sen tayon vint devant son père Alla, revint, mangea et beut. Ci gist Jacquet le fieu de s'mère Qui trépassa l'an qu'il mourut.
Epîtres farcies. Au xm.e siècle, on chantait dans les églises d'Amiens et de Laon des épîtres qu'on appelait farcies parce qu'elles étaient mélangées de latin et de langue vulgaire. L'abbé Lebœuf en a fait connaître quelques strophes dans son Traité du chant ecclésiastique, et notre savant collègue, M. le D.r Rigollot, a publié sur cette matière une curieuse dissertation qui se trouve à la suite d'une brochure de M. de Cayrol sur la vie du P. Daire. Les épitres farcies se chantaient particulièrement pendant les fêtes de Noël et au jour de S1. -Etienne. FOUCQUART DE Cambbai. Euvangiles des quenoilles faittes a l'onneur et exaucemmt des dames. Bruges 1475.-On sait que le moyen-âge nous a légué un certain nombre de recueils de cette nature qui jadis étaient fort en vogue. (Voir Tristan le voyageur, par M. de Marchangy. )
GALOPPE-D'ONQUAIRE (M.) a écrit dans ses feuilles volantes quelques pages fort spirituelles sur les Etymologies du dialecte picard.
GAUTHIER DE Coincy. Miracles de la Vierge. MS. de la Bibl. nat. (N.« 20 F de l'égl. de Paris.) Ces miracles sont en grande partie traduits du latin de Hugues Farsy, de Guibert de Nogent des moines Herman et de Caleniprè" etc. Gauthier naquit à Amiens en 1177; il se fit moine, en 1193, à Saint-Médard de Soissons, dont
Chy gist Simon Croquet
En son tivant capon croquoit
Et si capon il n'eust croqué
Le mort ne l'auroit pas croqué.
̃ il mourut prieur en 1236. (V. Barbasan Gloss. de la langue rom.) M. l'abbé Poquet vient d'éditer ce précieux MS. Il a constaté la frappante analogie du langage du trouvère avec le patois actuel des environs de Soissons. Nous croyons néanmoins, avec M. Duméril, qu'il se rattache bien plus au dialecte bourguignon.
GERARS DE Montreuil. Vie de saint Eloi (1294). –En voici quelques extraits
CHAPITRE VI.
Il fonda une Abeie de Nonains dedens le cité de Noyon. Quant li sains hom en tel maniere
Con vous avez oi arriere
Ot convertis les mescreans,
Et a Noyon fit reseans
Dedens la chité de Noyon
Fonda par grant dévotion
Une abeie de pucheles,
Laiens ot mont de damoiseles
Il lot enjoint d'estroite vie.
Il aourna bien l'abeie
D'offechines et de moisons
Et de riches possessions.
Bien les pourvi de tout riens,
Qu'il convenait avoir laiens.
Maintes autres grans abeies
Qui par lui furent establies;
Et que si disciple estorerent
Par mout de lius en Franche aperent.
Car si comme es livres lisommes,
Il ot disciples si preudommes
Quil pluisoure glises fonderent
Et li aucun deus gouvrenerent
Moustiers de grant religion
Aucun eurent prelacion
Et porterent croches et mitres,
Vesques et seigneur de moût capitres.
CHAPITRE VIII.
Chi fu trouvés sains Quentins et le mist sains Eloys dedens l'eglise de Saint-Quentin.
Lors après s'ordination
Ot en grant vénération
Ce liu et la fu ses repaires
Souvent car li liex n'estoit gaires
Loins de Vermans qui ert cités
Si comme dit la verités
De livraires vie et antius
De seur Vermans estoit li lius
Droit el mont et la sepulture
Où jadis ot par moût grand cure
Dame Eusebe sa sepulture.
Le saint martir quant lot trouvé
Et trait hors del iaue de Somme
Ne dechevoit pas le saint homme
S'esperanche et sententions,
Ne la sainte devotions
Bien li moastroit sa conscience
Et il très bien en audience
(l) On suspendait à cette époque des colombes sur les tombeaux. V. notre Mémoire liturgique sur les ciboires du moyen-âge, dans le tome v des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie.
A tous les paisans disoit
Que li martirs pas ne gisoit
La ou il ert dans houneres
Au chois estoit sépulturés
Ou ce liu 1. poï avant
Tout droit de viers solel levant.
Quant le corps saint ot deffoui
Moût le baisa
0 le saint cors trouva les cleus
Dont li tirans, plus fel que leus
Fit le martir martirier,
Et parmi le corps clofichier
Le chief, le pis les pies, les mains.
Ches meismes cleus prist li sains
Et les cheveus qui moût bel furent
Qui ou saint chief de martir crurent,
Quant li sains ot à sa devise
Sa part du santuaire prise.
Li sains confés posa le cors
En costé une maistre columbe (1)
Sour le martir mist une tombe
D'or et d'argent bien achesvée
Et de chières gemmes gammée.
Il fist près que toute nouvelle
L'eglise et plus grant et plus bele.
1 8.
Nous avons recueilli ces extraits dans les papiers de Dom Grenier. Il avait fait copier ce poème sur le manuscrit original qui avait appartenu à la Bibliothèque de Saint-Eloi de Noyon. Le poème finit ainsi
« Chi furent tous li glorieus miracle q'messires sains Eloys, li Beneois evesques de Noyon, fist en sa très sainte vie et ses très glorieus trespassemens et li regret que si desciples fisent après son très saint trespassement et si m'escrit Gerars de Monstrueul en l'an de l'incarnation Nostre Seigneur Dieu Jhesus-Crist 1294, le dimenche après le saint Nicholais le beneoit confés fu chi livres fines en esté, en esté, en esté, en esté, en esté, en esté en esté. » L'auteur du Roman de la Violette, Gerbert de Montreuil, a laissé une vie de saint Eloi dont le MS. se trouve à Londres. Nous sommes portés à croire que Gerars et Gerbert sont deux noms qui désignent le même auteur il peut se faire que Gerbert ait signé du nom de Gérars à cause du succès qu'avait obtenu son poème de Gérars de Nevers ou peut-ètre est-ce une faute du co piste de Dom Grenier.
GERVAIS DE PONT-SAINT-MAXENCE a composé en vers une vie de saint Thomas de Cantorbéry, qu'il termina en 1177 alors qu'il était en Angleterre. Ce poème MS. qui comprend au moins 6,000 vers se trouve au Musée britannique, sous le n.° 270 de la Bibl. harléienne. (V. l'abbé de La Rue, Essai sur les Bardes, tom. n, p. 310.) GIBERT ou Gerbeiit DE MONTREUIL.- Le roman de la Violette ou de Gérars de Nevers publié par M. Fr. Michel. Paris, 1834. – L'auteur r composa ce roman de chevalerie à la prière de Marie de Montgoméry, fille du
comte de Ponthieu. Gibert a aussi laissé une vie de saint Eloi en vers romano-picards dont le MS. se trouve à Londres dans la bibliothèque de M. Francis Douce. (Voyez plus haut l'article Gérars.)
GIRARDIN d'Amiens mentionné par Fauchet, a laissé un poème en vers intitulé Meliadus dont le MS. est conservé à la Bibl. nat. Il fut collaborateur de li Roi Adenès dont on a imprimé le roman de Berte aux grans piés. (V. le Bull, du Bibliophile 1836 p. 108.) GOBELIN d'Amiens. – Le Renard futur, MS. de la Bibl. nat. est une suite du célèbre roman du Renard qui fut achevée en 1340. – Dans le préambule, l'auteur fait ainsi connaître son nom.
Cil que conta ceste plaisante histoire,
Fu Gobelin, c'est vérité notoire
Né à Amiens, qui fut bon harpeor.
Gorin ( le chanoine ) ancien professeur du lycée d'Amiens, a laissé, en manuscrit, quelques chansons picardes.
Grégoire d'Essigny. Mémoire sur cette question quelle est l'origine de la langue picarde. Paris, Sajou, 1811. L'auteur a eu pour but dans cet opuscule, de montrer l'analogie du picard avec la langue romane et quelques-uns des patois du Nord. Ses démonstrations sont incomplètes et laissent beaucoup de prise à la critique. Grenier (Dom).-Dissertation sur la langue romane d'où dérive le picard. MS. de 6 pages, qui se trouve dans le xx." paquet des papiers de D. Grenier. L'au-
teur donne un rapide aperçu de la formation de la langue française mais il n'y est nullement question du patois picard. Le xix.e paquet (n.° 10) contient un Glossaire roman qui porte à tort le titre de Glossaire picard. On y trouve cependant un certain nombre de mots picards empruntés à nos cartulaires. Nous avons regretté de ne pas rencontrer dans le xn.e paquet (n.° 6) les renseignements que nous espérions y trouver sur les gieux et plaids sous l'ormel, d'après le Pouillé de M. Charles Dufour. Ces précieux documents sont égarés depuis deux ans. Nous avons trouvé les deux épitres suivantes dans les manuscrits du célèbre Bénédictin. Elles peuvent donner une idée du patois des environs de Corbie, au xvme siècle. EPITRE ED' CHERLOT A 9IN FRÈRE FREMIN.
Min cher frère ej' vos écris c'chi
Por vos bien dire grand merchi
Du voyage eq' por vir no frère
No père et no boenne gramère
Vos ont permis ed' foaire ichi
Et pis por m'enqueter auchi
Si en revenant à no vilage
Os avoétes foait un boen voyage.
Car tout d'pis qu'ege vos ai quittié
Ege sus tojors bien inquetié:
J'ai tojors crainte eq' sus chel route
Os n'ayoéte eu queuque déroute
Ou bien qu'en k'min à travers camp
Os ne vos fuchiez treuvé bien recran
Car ch'est l'ordinaire quand on s'aime
On est tojors ein peine extrême:
O craint tojors queuque accident
Por cheux qu'on aime tenderment.
Allez mi qu'ai tant brai al porte
J'ai coire bien brai d'enne eutre sorte Tout drés que je n' vos ai pus vu.
Eg sus dev'nu tout morfondu
J avoës men visage pus blême
Qu'èn moine versl'bout d'èn carême, Oui min frère sans vos mentir,
J'em' moroës d'enn' vos pus vir.
J'ai ieu bieu m'ruer sus m'ecriquette
Por foaire passer l'peine segrette
Eq' dins l'fond d'min cœur j'ersentoës, Pus j'voloès dormir pus j'brayoës
Et j'ai ieu jusqu'après r'montée
Min cœur et m'tête toute démontée.
Hélos, j'étoës si ahuri
Qu'ej' béyoës sur èc' chemin d'Paris Por vir si je n'voiroës poënt coère
Enne quote foës min pauve frère.
Eje croioës q'ch'étoët lo vo k'min
Mais rev'nant à mi-même enfin,
Songeant qu'os pronoëte enne eute route, Quoiqu'ej' brayoche à n'vir pus goute, Tot j'ai grimpé à no cloker
Por vos vir au moens d'loen passer.
Oh por mi queu nouvelle angoise,
Quand j'vos ai vu sus c' chemin d'Pontoise Min pauvre frère ej' disoës jou
Ej' vos reconuoës bien, oui ch'est vous. El v'lo; j'el vois j'erconnoës s'marche, Gh'esl li même v'lo l'grosse ebsache,
Vlo ses guettes blankes, v'lo sin baton I marche i vo j'el vois sus c' ch'pont I n'o pus sn' habit des diminches, V'lo l'eute aveu sin so à s'minches. Min pauvre frère feut-il vos vir
Comme hlo sans mi sitot partir 1
Chétoit lo comme j'em' lamentoës Et en m'plaindant tojors j' brayoës, Mais j'ai coire bien brai davantage Quand j'ai vu ch'tems couvert d'nuage. Hélos combien j'ai d'erpentir
Ed vos avoir laissié partir
Erv'nez min frère erv'nez vite
Ou bien corés rade à Pierfrite,
Por vos mette queuque part au rados Mais rv'nez, min frère erv'nez putôt Car si os restoëtes en arrière
Vo dos vo vous servir d'goutière. Erv'nez, en attendant g'bieux temps, Os froëmes queuque pinte d'boen sang Os d'vizerons, os rirons encoire; Oz oirons tout no bouque à boire Os parlerons d'Colin Mercher,
Ed' Richendent ed' vos berger, Ed' vos maitresse Colette Carnelle. Os canterons des henguignelles,
Loure et loure aveu Lyroufas
Colas Bexin sont des muscats.
Oz irons coire dèns nos capitres
Canter à foaire casser chés vitres
Oz y canterons, morgué Pierrot,
Hoc in templo, chaqu'ein sin lot,
Et pis chent eutres cocalenne,
Dont oz avons tant ri ensenue.
Enfin min frère, si os rev'ness,
Os jurons d'l'orgue aveu no nez
Comme foaisait no défaint grandpère. Erv'nez donc, crioë-jou, min frère,
Erv'nez. Mais ch'étoët cris perdus; Hélos os n'mentendoëtes mi pus.
Quand donc j'ai vu m'peine inutile
D'enne voix faibe et toute débile
J'ai dit adiu, min frère, adiu.
Hélos! jamoais à cht'heure d'mes yus, Jamoais n'vos r'voërai-jou petête.
Sitot j'sus r'vnu dins m'cambrette
Ou bien dolent, triste et inquiet,
J'disoës hélos à l'heure qu'il est
Si n'est poënt keu d'nouvel oirage
Min frère peut ête en tel vilage;
Mais par ch'temps lo qu'ej'voroës bien Qui puche trouver ch'caroche d'Amgniens. Tl en iroit enne foës pus rade
Et n'craindroès poënt qui revienche malade; Car y s'roët tojors au rados
Et n'ercraindiroët poënt ses os.
Enfin tout au long del' jornée
J'vos ai tojors ieu en pensée.
Dites donc un peu, min frère Fremin N'avez poent ïeu, au long d'vos k'min, Queuqne malencontreuse aventure ? i
N'ériez vos poent trouvé d'voiture?
Et d'ichi jusqu'à Montdidier
A-vous tojors été à pied ?
A-vous boaisié nos père et mère
No sœur no granmère et no frère,
Et leux avez vous raconté
Qu'oz avoëmes bu a leu santé?
Et pis, dites m'èn peu, chelle quotte lettre Qu'ej' vos avoës chergé d'ermettre
A no cousaine, el l'o t'elle lû?
Et que vos o-t-elle répondu?
J'en sus en peine. Adiu min frère
G'vos diroës bien des coses encoère;
Mais j'les ai ojord'hui passées,
Parch' q'sus èn peu trop pressé.
Toute fois j'vos soaite enne boenne ennée Ed' plusieurs eutres accompagnée;
Et j'vos pri' d'foaire mes complimeins
A tous nos amis et pareins.
Si j'sais qu'oz avoëtes bien sceu lire
Chès vers chi qu'eg' vos viens d'écrire
J'vos en frai coire in d'eutres temps
Qui s'ront pus picards d'à mitan (1).
Toutefois à cause d'i'écriture
Si os n'en sçavoëtes poënt foire lecture
Oz avez lo vo magister,
Qui vos liro tout droit chés vers.
Montrez li, car dins èn vilage
C'magister est tojors l'pus sage
Et li qui m'o apprins m'croisse-par-Dieu C'ho chroèt bien l'Diabe s'il étoët reù.
(1) On voit en effet que ce Picard est trop francisé.
Adiu min frère, j'vos salue,
Tou à vous. Frère Cherles ed' La Rue (1).
•
COMPLIMENT POUR LA FÊTE D'UN PRIEUR.
'VVVV~
Bojor, Révrend Père Prieux;
Comme oz ons vû tous chés mossieux,
Qui s'eplingoient en diligence
Por venir prêker vos Révrence,
A nos tor os vos venons brav'ment
Foaire étout nos piot copliment.
[Is'mouque aveu ses doig ts, se torkesurs'manche et onrit). Qu'éjou qu'oz avoëtes à tant rire? 9
Ejou qu'os vos moquoëtes ed' nous?
Allez, allez, pauvres bieux chires,
Oz ons bien tout autant d'sens q'vous,
Et bien qu'os sons des gens d'vilage,
Et qu'os n'ons poënt tant d'sermonage
Que n' n'ont tous chés esprits verreux
Allez, allez, no Père Prieux
Os vos aimons morguenne pus qu'eux.
Tous chés gens d'ville, chest ch' catieux d'Bove
Beyez, ch'est belle montre et peu d'cose (2).
Queuq' is content aveu leu vallon,
Aveu leux Nuses, leux Apollon,
Et pis chènt eutes soërnettes pareilles,
Dont is vos cassent vos oereilles.
(t) L'auteur de cette pièce et de la suivante est D. Charles de la Rue, né à Corbie, l'an 1684. Ce Bénédictin de la congrégation de saint Maur fut l'élève du célèbre Montfaucon et son rival pour la littérature grecque. (2) Voyez l'origine de ce proverbe dans le chapitre vi.* de nos Recherches philologiques et littéraires.
Tout chan qu'is disent lo, ch'est d'bieux mots; Mais o-t-on b'soen d'leu quot ministère? Tous chés gens lo vos tournent leu dos. Nous, lo bien, min Revrend Père,
Os n'parlons mie par bieux propos
Mais por l'service d'vos Révrence
Os nos froèmmes, morgué coper l'cou. Et quand o vient dire dins no cense
T'nez, l'Père Prieux m'envoye ichi
Keurre echt'ilo, cht'ilo, cht'ichi-
Tot rade, morguènne, os nos voit corre Comme des lieuves qu'entendent èn keux d'porre. Oh quand os pâlle du Père Prieux
Tugoëne, o défule sin capieu
Mais lo, revnons en à nos glaines,
A nos glaine, lo, revnons èn.
O queu chagrin n'sentons nous poënt
Os creuvons, jernonche, tertous d'peines Ed' n'avoir poënt apprins putot
Queu jor v'noët Saint Pierre et Saint Po Qu'est donc l'fête ed' vos Révérence
Car gn'io chons moës qu'ein jor, al censé, Comme os étoëmes à deviser d'vous
Palle donc, copère ej' disoëz jou
No Père Prieux qu'est si boen père,
Quos aimons tertous comme no mère Quand varro l'fête ed' sin patron,
Voyons un peu c'ment jou qu'os frons? î Qu'éjou, bé lo, qu'os l'i barrons?
Car feut ri prendre d'enne belle dégaine. – Chest bien dit, copère t'os raison
Dit-i, tiens gn i o dins i|ns maaisnu
Encoëre en bieu pied d'marjolaine
Qu'est dins enne bell gate ed' porchlaine. Morguenne,*copère, os l'i portrons. Et mi s'dit l'ein, j'ai d'enne grande cage Enne agache qu'ej'noèris d'fromage, Ej li barrai. Il aime ch's ésieux.-
-Mi, s'disoet l'eute, en cadoureux, Qui siffe, morguènne comme tous les mille. -Et mi èn bieu bouquet d'coquarieux. Et bien mi du toubac al tille
S'dit l'eute; car enne foës comme j'étoës Dins s'cambrette, j'ai vu qui makoët. –Enfin i s'est treuvé qu'tout l'monde, En allant tout ensin à le ronde
Avoët queuq' cose à vos bailler.
Por mi chn'est poënt por en parler Mais j'avoës chonque ou six noèrmelles Eq' j'avoës bien cœur d'vos offrir
Car als étoient tertoutes si belles
Eq' tout chak'ein s'en v'noët les vir; Mais vos fête o tant té à v'nir
Qu'agache cadoreux morjolaine Coquarieux noèrmelle et porchlaine Tout s'est bouté d'pis à moerir
Tant a qu'os n'ons pus rien acht' heure Père Prieux à vous présenter.
1 gn'o qu'ech' toubac à maker
Mais c'ment l'érèmes-nous été keure ? 2 Vo fête, qu'os n'ons apprins qu'enhui Nos os rendu pus ahuris
Qu'en cot qu'est prius par enne soëris.
0 n'èn eut rien sceu dins no vilage, N'euche été tout ch'carillonage,
Et pis, ch'copère Blancdent que v'lo Qu'o rade beyé dins sn'ermeno
Queu fête ch'étoët à l'abaye.
Oz ons ieu portant l'ame ravie
Tout drés qu'oz ous apprins par lo,
Q'ch'étoët l'fète cd' vos révrenche.
Por mi, min cœur m'seutoët dins m'penche. Allons dis-jou copères allons Tot rade feut foaire chan qu'os porrons N'ons poënt queuque cose ed' reste encoëre ? Beyons en peu c'ment j'ou qu'os frons ? –Os n'sçavons poënt, poënt os ne sçavons Ont-t'is dit. éh bien laissiez-me foaire, Leus dis-jou, mi j'en foais m'n affoaire. Correz seulement vos aguincher
Et mettre vos tête dins ch'so al fraine Mi j'm'en voais rad'ment dénicher
Ichi d'rière chés fordraines
D'z ésieux qui sont déjo tout drus.
J'croës ma foi q'ch'est èn nid d'hocheculs. Il est sus l'bord d'enne piche d'aveine. –Aussitôt dit aussitot prins.
Les v'lo, béyez chés pauves quotes bêtes. D'lo j'ai coru dins nos gardin
Queurre ech' bieu bouquet d'romarin Et pis j'em' sus bouté dins m'tête
Ed' vos foaire ech' copliment chi
Et pis os sons v'nus rade ichi
Vos soëter tertous enne boenne fête Enne hoenne fête, tertous vous soëter.
GRISET (H.) – Sur la véritable étymologie du mot Boulogne et du patois boulonois, in-8." de 24 pages.-A Boulogne chez Griset. C'est par erreur que le Journal général de l'imprimerie 1836 p. 47 indique cette brochure comme ayant été imprimée à Besançon. Guillebebt DE LANNOY. Relation du voyage de messire de Lannoy écrite par lui-même en 1422. Imprimée dans YÂrchœologia de Londres, t. xxi. Ce morceau dit G. Fallot, conserve beaucoup de caractères du langage picard.
HÉCART (J.) Dictionnaire rouchi-français. M. Hécart, dans ce savant ouvrage, indique quelques congénères picards tirés la plupart de l'Artois et du Vermandois. C'est presque toujours d'après son autorité que nous avons cité, dans notre Glossaire, de nombreux congénères rouchis qui prouvent la grande analogie des deux patois voisins.
Hélésenne DE CRÈME. Le Roman des Angoisses douloureuses qui procèdent d'amour. L'auteur était châtelain de Mailly/
Henri (J. F.) – Essai historique sur l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer. Boulogne 1810. On trouve dans cet ouvrage (p. 232-237), un Vocabulaire des mots patois du Boulonois, dérivés de la langue celtique. L'auteur donne aussi dans le cours de son Essai, l'étymologie d'un certain nombre de localités de l'arrondissement de Boulogne. (V. dans ce chapitre, à l'article MSS. de M. Rigollot, n.° 2, l'indication d'un MS. de M. Henri.)
Histoire plaisante de la jalousie de Jennain sur la grossesse soudaine de Prigne, sa femme contenant un brave discours de l'accouchement d'icelle. Le tout mis en rime et langue picarde et envoyé par un courtisan à un autre son amy. Chez Pierre Mortier, portier, 1598, in-12. (mentionné dans le Catal. de La Vallière, tom. vm, sous le n.° 2922, et réimprimé dans le t. iv des joyeusetés, facéties et folastres imaginacions, publiées par Techener. (V. Suite du célèbre mariage et Discours du curé de Bersy.)
JOURNAUX. -On trouve des lettres et des poésies picardes dans le Franc-Picard et le Dimanche, anciens journaux d'Amiens dans le Guetteur, le Courrier et le Journal de Saint-Quentin; dans l'Abbevillois, etc. (Voir PAILLART Pinguet dans ce chapitre.)
Ledieu(M.) a adressé le 13 avril 1842, à la Société des Antiquaires de Picardie, des Recherches sur les mots picards Rédeur et Réderie et une Introduction à la science des étymologies ou origines des établissements de la primitive Picardie.
Livre du très-chevalereux comte d'Artois, publié par M. J. Barrois. Paris 1834, in-4\ Cet ouvrage a tant d'analogie avec l'histoire de Jean d'Avesne, dont nous avons parlé plus haut que M. Chabaille incline à croire qu'ils sont tous deux du même auteur. (Mém. de la Soc. d'Emul. d'Abbeville, 1838-40).
Mahomet (le roman de), écrit à Laon en 1258. C'est un des meilleurs textes romano-picards du xm." siècle.
Manuscrits appartenant à M. RIGOLLOT. 1.0 MS. de 23 pages, d'une écriture ancienne, sans nom d'auteur. C'est une liste de mots picards dont la plupart sont fort connus. L'auteur est très-hasardeux dans les étymologies qu'il propose. 11 dérive se cadoter d.u Syriaque chado (joie) Berdalée de l'Hébreu Bara (enfanter) Badrée du Syriaque Badar (dispersit). Nous ne nions pas qu'on ne puisse, pour certains mots, remonter du Picard à l'Hébreu mais il faudrait tout au moins les faire passer par la filière des langues intermédiaires. Nous avons cité ce MS. dans notre Glossaire aux mots: Auvergne, Badrée, Catelogne, Cogno, Chinoère et Holakeux.
2.° Mémoire présenté à l'académie d'Amiens par M. Henri adjudant du génie. MS. de 12 pages. Les trois quarts de ce mémoire sont consacrés à des considérations générales sur la langue celtique et le Roman. L'auteur confond le dialecte picard avec la langue d'oil. Il termine sa notice par une liste de 56 mots dérivés du Celtique, du Latin et du Roman qui se retrouvent presque tous dans l'ouvrage qu'il publia en 1810 sous le titre de: Essai historique sur l'arrondissement de Boulognt (1). 3.° Le jeune homme capucin malgré ses père et mère, pièce picarde de 96 vers, sans date ni nom d'auteur. Elle commence ainsi
Baillez me vou bénédiction min père. –
– Meehint guerchon, tu vos foèrc moérir et'mère Attenn' qu'al eut l'terre su s'yus.
(I) Nous avons trouvé depuis un autre MS. plus étendu de M. Henri à la bibliothèque de Boulogne-sur-Mer. Il est postérieur au MS. de M. le docteur Rigollot.
4.° Diverses listes de mots picards. MS. de 16 pages dont plusieurs sont de l'écriture de M. Obry, membre de l'académie d'Amiens. Une de ces listes offre un recueil de mots extraits de Joinville de Villehardouin et de quelques romans et fabliaux du xm.e siècle, lesquels ont beaucoup d'analogie avec notre patois.
5.° Cinq chansons picardes et un bouquet en vers picards, offert le jour de St. -Charles par l'abbé G. à LouisCharles C. son parrain.
Marnier (A. J.) Ancien coutumier inédit de Picardie, publié d'après le MS. français, n.° 9822, de la Bibl. royale. Paris, Techener, 1840, in-8°. Cette précieuse publication contient
1.° Les coutumes notoires assises et ordonnances des cours et tribunaux de Picardie au commencement du xiv.e siècle. C'est un recueil d'arrêts qui nous font connaître les coutumes de l'époque où ils furent rendus.
2.0 Anciennes coutumes de Ponthieu de Vimeu, des châtellenies du bailliage d'Amiens et autres lieux. C'est une espèce de traité de droit qu'à dû composer pour luimême un jurisconsulte picard qui vivait au commencement du xiv.e siècle.
3.° Les coutumes et usages de la cité d'Amiens. Ce coutumier est le recueil des règles qui régissaient la justice communale, qui limitaient la juridiction de l'échevinage, qui fixaient le mode des élections etc.
Ces trois documents dont nous devons la publication au zèle de M. J. Marnier sont uu précieux monument du dialecte picard au xiv.e siècle.
MATHIEU DE Coucy. Histoire de Charles VII écrite à Péronne et imprimée dans Y Histoire de Charles VII, par Denys Godefroy. Imp. royale, 1661.
MAURICE DE SULLY (sermons de). MS. de la Bibl. nat. suppl. franc. n.° 2036. Ces sermons traduits du latin, dit G. Fallot, sont écrits dans le dialecte bourguignon, mélangé de picard.
Mercure de France. De 1740 à 1755 m'écrit M. H. Dusevel, on trouve une pièce de vers picards où il est parlé de Jean Duquesne de Montdidier. PAILLARD (M. Clément) a fait. paraître depuis 1848, dans le journal dont il est directeur l'Abbevillois une série de lettres picardes signées de Jacques Croedur et de Jean Pronieux. Ces lettres pleines de bon sens, d'esprit et de malicieuse bonhomie roulent principalement sur les faits politiques qui se sont accomplis depuis l'établissement de la République.
Voici l'origine d'un proverbe raconté par Jacques Croedur, en patois du Ponthieu
I gn'y avoait eine foës ein curé qu'étoait voëzin d'ein maricheu et pis ch'maricheu il avoait ein coq qui randichoait dins le courtil d'ech'prébyterre, et pis i dégrattoait chés leguemes, du matin au vèpe. Ch'curé i meninchoait ch'maricheu ed li tuer sin gratteu de coq ch'maricheu n'ein besoait que rire. Ein jour, ch'curé ein colère, il o tué che coq, tout d'boein. Cakaine, s'mékaine, al l'o pleumé et pis al l'o mis dius sin pot au fu pour foaire d'ol soupe. Ch'curé s'ein vo dire ess'messe. Ch'maricheu il l'o reincontré, i li demandit « Quoé qu'o dit
de nouvieu, monsieu le curé » – « 0 dit, qui dit che curé que trop gratter cuit. tachez ed comprendre si oz avez du comprendoëre. » Che maricheu qui ne voyoait pus sin coq, il l'o charché ed tout coin, ed tout bord, pour el trouvoèr. Il o comprins à la fin que sin coq il avoait le co copé et pis qui cuisoait. 1 vo trouver el mékaine d'ech'curé dins ch'prébyterre « Cakaine, qui li disit monsieu le curé i n'o poent de vin pour dire s'messe, allez n'y ein porter dins ch'l'èglise. » Pendant qu'Cakaine al vo porter du vin à sin moette, ch'maricheu i preind ch'pot au fu ocché qu'sin coq y cuisoait et pis i l'porte dins s'moézon. S'ein r'nant d'ol messe, monsieu Tcuré i dit à ch'maricheu maricheu quoé qu'o dit de nouvieu » » « 0 dit que trop parler nuit, monsieu le curé; tachez à vo tour ed compreindre. » Ch'maricheu, il o mingé sin coq à part li comme ein goinffre et pis i n'n'o ieu enne indigession. Comme il étoait malade, monsieu le curé il l'o venu vir. Quoé qu'ch'est qu'oz avez donc, ch'maricheu? – J'ai, qui dit, monsieu le curé que trop minger incommode. Et pis vlo c'ment qu'oz o foait ch'proverbe Trop gratter cuit trop parler nuit, trop meinger incommode.
Pamart. – Entretien de Jacquelin et de Colas allant à la fête d'Arras de 1837, in-8.-Degeorges, à Arras, 1837. Chansons de la fête d'Arras, in-8°. -Arras, 1839. Partonopeus de Blois, édité par Crapelet. – « Le dialecte, dit G. Fallot, est champenois, avec une forte teinte picarde en certaines parties. C'est le langage de Picardie orientale, vers le milieu du xm." siècle. »
Picabd (Casimir). Origines picardes, discours de 8 p. in-8.° (Mém. de la Soc. d'Emul. d'Abbeville). M. C.
Picard propose, dans ce discours, à la Société d'Emulation d'Abbeville, de faire une couvre collective sur le patois picard. D'après les plans de l'auteur, elle aurait compris 1.0 un glossaire étymologique; 2.° les chants et les contes populaires en dialecte picard; 3.0 les coutumes, les superstitions et les chroniques de Picardie. Il est à regretter que ce projet n'ait pas eu de suite. Pièces récréatives ou le patois picard. Gybitone 1823, in-18.- Ce recueil, souvent réimprimé à Amiens et à Beauvais, contient 1.° dialogue curieux et intéressant entre deux Picards concernant la cathédrale d'Amiens 2.° sermon de messire Grégoire sur ce texte Reddite qtiœ sunt Cœsaris Cœsari; 3.° dialogue entre deux petites paysannes et un médecin. Le sermon doit être du xvm.e siècle car messire Grégoire se plaint de ce que l'on ne lui paye pas la dime, et de ce que les femmes vont à l'église avec des masques de velours. Mais le texte primitif a dû être altéré. On y a fait des additions dans les éditions modernes, où figurent les noms de Mirabeau et de Lafayette. PINGUET (M.). – Lettres picardes par Pierre-Louis Gosseu paysan de Vermand suivies d'une complainte sur la translation des cendres de Napoléon. SaintQuentin, 1841, in-12.
Anciennes et nouvelles lettres picardes, par PierreLouis Gosseu paysan de Vermand. Saint-Quentin Doloy, 1847, in-8".
La première série de ces lettres a paru dans le Guetteur de Saint-Quentin du 7 décembre 1839 au 20 juin 1841. La deuxième série a paru dans le Courrier de Saint-
Quentin, de novembre 1844 à novembre 1846. Ces lettres ont pour sujets principaux la réforme électorale, les lois de dotation la prison de Ham les fètes de Juillet, l'opéra de la Juive, la loi sur la chasse,-le droit de visite, l'indemnité Pritchard les élections etc. Ces lettres politiques, écrites en patois de Saint-Quentin, sont d'un esprit incisif et mordant. Mais nous regrettons de ne pas toujours pouvoir approuver le fonds des idées, comme la forme du style. Le pseudonyme de PierreLouis Gosseu cache le nom de M. Pinguet, qui a été Sous-Préfet de Doullens, sous la Commission exécutive. Des lettres signées de Jean-Louis Gosseu empreinte d'un autre esprit politique paraissent actuellement dans le Journal de Saint-Quentin.
Nous citerons un extrait des lettres de Pierre-Louis GosSEU, pour que l'on puisse apprécier les caractères du patois du Vermandois.
Nô ami i fora q'vous metteschien nô bourique edsus vos gazette pour el veine vous direz à chés geins qui n'ein voront qui n'a coëre qu'eine vingtoene d'énées mais qui y en a qui vitent diatermeint pus viu que cha, qui n'a pau de défaut (tout le monne i ne put pau n'ein dire autant) si ce n'est qu'il est coëre ein tiot cose arabié. A cha près i gn'y a pus rien à r'dire, si ce n'est qu'il est borne d'ein ziu, mais cha ne foët mie graind cose, quand qu'ein n'ein voit tant qui sont bornes ed tous les deux. Et pis n'eussiez pau peur eque cha fusse ein truand c'tilale allez i gaine bien le grui qui meinge. (Tout le monne i ne put pau n'ein dire autant.) Seulemeint i fora y preine warde qui ne vienche pau morveu car i n'n'a déjà eine
tiote air mais i y en a dialermeint d'z eutes aven li 1 A cha près, i n'a mie le moine défaut, si c'nest qu'esse n'accident del ruelle d'Einfer cha l'l'y a donné eine manière ed rheume, èque cha pourroit, à le longue du temps, el reine poussieu mais cha ne foët pau eine braise à s'bonté et come ej' drois tout vous dire, pau mi je ne vux pau tromper personne, i gambillonne ein tiot cose d'eine pate ed' drière mais eine droit pau y foëre trop d'ateintion pa ce temps chi, qui gn'y a hardemeint des geins qui ne vont pau droit leu kemin non pus. Il est ein tiot cose dépieulé dessus sin dos et pis à s'peinche, et pis esse queue al keminche à ête miée par chés seuris mais cha, cha n'el eimpêche pau d'ête coëre bel et bien reveleu, quand qui reste trois quatre mois à rien foëre et pis bien nourri dans no étave. Ah que c'est eine rude bonne tiote biète 1 No dame an' n'est sotte; no tiot galmite in' n'est sot, et pis chés geins ed no vilache is dittent ed mi èche Gosseu et pis sin bourique cha ne foët qu'eine tiète edsous le meume bonnet. Il est quasimeint del famille, ouatiez ein l'la élevé et cha nous foët un rude ma ed' nous ein défoaire. Mais quand i faut i faut 1 el temps il est hardimeint dur, eche poin il est kier ein paye ed'z impositions ein tiot cose trop roide. Nous sons obligés ed payer tant de geins tant de geins, èque bientot, ouatiez, qui gn'aura autant ed payés que de payeux, et quand que nous ein serons venus là, cha voro paitête miux èque tout ein chaqu'ien i warde esse n'ascaille Poésies picardes du xiii.° siècle, MS. in-8°, sur vélin, de la Bibl. de l'Arsenal. M. Pierquin de Gembloux m'écrit que c'est d'après une indication de Charles Nodier, qu'il a cité ce MS. sans désignation de numéro, dans
sa bibliographie patoise p. 310. Nous n'avons trouvé à l'Arsenal qu'un MS. in-8.° sur vélin portant le n.» 121 et ayant pour titre Poésies picardes. Ce recueil contient des poésies religieuses et des légendes rimées sur la Bible qui ne nous ont paru que fort légèrement empreintes de dialecte picard.
POILLY (M. André de). Coup-d'œil sur l'idiome picard, en usage dans l'arrondissement d'Abbeville. Notice d'une trentaine de pages, qui se trouve dans les Mém. de la Soc. d'Emulation d'Abbeville. L'auteur de cet intéressant mémoire après avoir parlé de la prononciation picarde donne deux listes de mots picards qu'il croit dérivés du grec et une troisième liste de mots dont il se borne à préciser la signification. M. A. de Poilly a également inséré, dans le dernier volume des Mém. de la Soc. d'Emulation, une notice sur une colonie massilienne qui se serait établie près de l'embouchure de la Somme. Après s'être appuyé sur des textes de Diodore de Sicile, de César et de Polybe, il trouve de nouveaux arguments dans plusieurs noms de lieux et dans une douzaine de mots'picards qui lui semblent empruntés à la langue grecque. Nous avons mentionné les hypothèses de M. de Poilly dans notre Glossaire aux mots Brasser, Calypette, Eziers, Mustiner, Rimée, Tasse et Tené.
QUENES DE BÉTHUNE. Quènes de Béthune fut un des plus illustres chevaliers qui vers la fin du xii." siècle, marchèrent à la conquête de Jérusalem. Il était aussi bon trouvère que guerrier célèbre. Il vint à la cour de France vers l'an 1180. Il récita devant la veuve de Louis VII,
Alix de Champagne, des vers écrits en dialecte picard. Il fut raillé sur son langage, et c'est à ce sujet qu'il composa une chanson contre les seigneurs de la cour de France qui avaient eu l'impolitesse de tourner en dérision le dialecte de son pays mais cette fois il s'exprima dans le dialecte de l'Ile-de-France.
Encoir ne soit ma parole françoise
Si la puet-on bien entendre en françois.
Ne cil ne sont bien appris ne cortois
Qui m'ont repris, se j'ai dit mot d'Artois
Car je ne fus pas norriz à Pontoise.
(MSS. de la Bibl. nat. 7222).
Reclus de Molliens. Il y a, à la Biblothèque communale d'Amiens un manuscrit du xv.° siècle contenant deux poèmes intitulés Le rendus de Molyan. Ce sont des satyres de mœurs dirigées surtout contre les moines. On en connaît une douzaine d'exemplaires. Le P. Daire et Sanson font naître le Reclus de Molliens à Abbeville. M. J. Garnier à qui nous empruntons ces détails, dit que « le style de l'auteur ne démentirait pas cette origine. » (Catalogue descriptif et raisonné des MSS. de la Bibl. d'Amiens). Il vivait, selon Du Cange sous Henri II, roi d'Angleterre c'est-à-dire de 1154 à 1189. (Observations sur l'histoire de St.-Louis). Il aurait été alors le premier poète qui aurait admis l'entrelacement des rimes dont Roquefort ne cite que quelques rares exemples avant l'an 1300. (V. de l'Etat de la poésie française aux xii." et xiu.e siècles).
Registre aux cinq Cleus. Ce MS. conservé aux ar-
chives de l'Hôtel-de-Ville de Beauvais contient les conseils de Pierre de Fontaines les philosophies et moralités du même auteur, et différentes chartes relatives à la commune de Beauvais. On conserve à Troyes un autre exemplaire de l'ouvrage de Pierre de Fontaines qui traite des principales vertus Serviche, parmananche atempranche, vergoingne etc. L'archiviste de Beauvais, M. Edouard Quesnet, a eu l'obligeance de m'en communiquer quelques extraits. On sait que' Pierre de Fontaines, né dans le Vermandois au commencement du xin." siècle fut conseiller de saint Louis et que son ouvrage de jurisprudence intitulé Li Livres de la Reigne est le plus ancien livre de pratique que nous ayons. RENAUT.-Lai d'Ignaurès, en vers du xm.e siècle, par Renaut, suivis des Lais de lIfélion et du Trot, en vers du xiii." siècle, publié par L. J. N. Monmerqué et Fr. Michel. Paris, 1832, in-8.° Ces lais sont écrits dans le patois du Bessin, selon l'abbé de la Rue. Mais il est à remarquer que le langage du lai d'Ignaurès se rapproche beaucoup plus du dialecte de Picardie que de celui de Normandie. (G. Fallot.)
Réponse faicte à l'autheur du discours du curé de Bersy en langue picarde. In-8.° sans lieu ni date. (Catal. de Ch. Nodier, n.° 942.) Voyez Discours du curé de Bersy.
Richard DE Fourni val. – Li Roman d'Âbladane, traduit du latin. Une copie de ce roman se trouve dans les papiers de D. Grenier (xx.e paquet). Àhladane e»t le nom d'une ancienne métairie, située près d'Amiens, là où s'élève aujour-
d'hui Saint-Acheul. La puissance d'Abladane qui dans les rêves de l'auteur, aurait été le nom primitif d'Amiens, excite la jalousie de Julius Caesar qui saccage la ville couvre ses monuments de neuf coudées de terre, et lui impose successivement les noms de Somme-noble et d'Amiens. Richard de Fournival fils de Roger de Fournival, médecin de saint Louis, devint chanoine d'Amiens et chancelier du chapitre vers l'an 1240. Outre le roman d'Abladane on connaît encore de l'écrivain picard la Poissanche d'amour, les Commandements d'amour, la Panthère d'amour et le Bestiaire d'amour. Ce dernier ouvrage nous montre quel était, au xiu." siècle, l'état des études sur les sciences naturelles. (V. la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. u, article de M. Paulin Paris.) Roisin (M. le baron de). Dans une lettre adressée le 20 mai 1842, à la Société des Antiquaires de Picardie il parle d'un MS. héraldique de la Bibliothèque de Walfenbuttel qui d'après l'ancien bibliothécaire de Dresde Ebert, serait écrit en dialecte picard. C'est une copie d'un original de la Bibliothèque d'Urfé, qui a été trouvé à Calais lors du siège des Anglais.
Romance du sire de Créqui. Cette romance de 107 quatrains a été composée vers l'an 1300 par un moine picard. On connaît le thême de cette légende Raoul sire de Créqui, partit avec saint Louis pour la Terre-Sainte, après avoir rompu un anneau nuptial avec son épouse Mahaut de Craon. Il fut fait prisonnier à la Massoure. Sa femme le croyant mort, allait épouser le sire de Renty, quand Raoul se retrouva miraculeusement dans ses do-
maines, et se fit reconnaître de sa femme, au moyen de sa moitié d'anneau. Le style se rapproche tellement du dialecte vulgaire qu'il serait encore compris aujourd'hui de nos villageois. Warbeck et d'Arnaud se sont emparés de ce sujet pour en faire une nouvelle. Ce dernier a reproduit le texte de la romance. M. Collin de Plancy en a donné une version en prose dans les Légendes de la Vierge. Voici le commencement de cette romance dont nous conservons l'orthographe fautive
Le roy Loys le Josne heyant emprims se crois,
Voulieres H suihir tous lies brafs frenchois
Cuentes, prinches, et barons toute josne nobleisse
A s'enrolier trestons montroient bien de lie preisse. Eun pooissant chievalier jouxte le Boulonnois,
Treis noble posseissant del Cuentey de Ternoy
Le Quint aveuk li viel sire Guiard s'en père
Si croisia pour allier ous lius saints a le guiere.
Chiou chievalier estoy preux et de bon renom
Doutable et qui portoy de Creki le surnom.
Pour sie compaigne avoye espeusie une femme
En cheile meisme anneye, qu'estoye fort belle dame. La dame estoye encheinte; a donc s'enrolement
Que se fit s'en baron sans s'en assentement,
Maugries us et cousteume dont feut sy astristeye,
Kones on n'en avoye veue de sy déconforteye.
Moes le boen chievalier féal et treis courtois
Par amisteye se dame toudis reconfortois
L'enhortant dassentir a sie sainte pourmeisse,
Sans pleus l'en destourbier par sy grande destreisse.
Li viel sire a se dame disoy en l'enhortant « Outremer giou esteye deuriant m'en josne temps Enroliey on ma voye sans congiey de m'en pere Sye en feu bien geoyeu estiou me dame mere. Vos barons veyra t-eil peregriner sien roy S'en alier ous lius saints batailler pour la foy? p Et josne et preux demourier oisieux en Frenche A trente ans eil aroye vergogne et mesprisienche. » A le par fin le dame poussieye par devotion, Feut riesout d'assentir ou vœu de s'en baron. S'enrolieres aveuk ly estious deux de sïes frères, Et vingt seps escuyers rengieys subs le banniere. Quand le noviel feu veneue deu trieste partement, La dame dans s'en lit plouroye amèrement Le chievalier perplex outtraigiey de tristesse Le print enter sies bras et foit chele ponrmeisse. « Giou te jure ma mie ameur et feyaulteye. » Sy ly prendant sie main s'en anniau li a osteye Soudain leyhant rompu et mis en deux parties Sy li en baillia eune et vuardia le moitié. « Cheile moetyé danniau pour nos nopches beni Tondis giou wardereye coroe feal mary
Sie geomois geou reviens deu saint peregrinaige Giou vos raportereye de me foy cheu chier gaige. » Quant le nouviele feut avenu le mastin
Le chievalier se dame a meneye par le mein Empriey le viel sire s'en seigneur et s'en pere L'adseurant que il voulsit tondis le tenir chiere.
Le viel sire le dame tout en pleurant besia
Le chievalier en terre a gienoux sie gielta
« Chier sire m'en boen pere pour men peregrinaige Voulissies my benir pour chiou lointain veyage. » Le viel sire sies hyeux et sies deux mains lievant
Ou chiel clamia tout haut Seigneur omnipotent
Benissies m'en chier fieus en chele sainte guiere
Et si le rameney en se natale terre.
Sie beniet a pries ly deux de sies fieus mesneys
Apries lies acolia avoeuk tous lies croisieyes,
Que le boen chievalier mesnoye subs sie bannière Pour allier conter lies Turks en la sainte terre.
Brief a dious fesit montant sen palefroy
A donc trompes et clerions sonniers a haultes vois. Le noble troupe estoye nombrieuse et legiere
Eun escuyer portoy se crois seur se banniere.
Sy chievauchieres tant qu'ils rateindirent lost
Qui geo estoye en route estant partye plustot
Onks on neavoye my veu eune sy belle armeye
Ne sy gente nobleisse ne sy bien esquipeye.
Suite du célèbre et honorable mariage de Jennain et Prignon belle histoire représentant au naif la soudaine grossesse de la dicte Prignon son prodigieux accouchement, le baptesme de son enfant le somptueux banquet faict aux parins et marines. Ensemble les cérémonies et plusieurs discours, avec une belle chanson à ce subject du plus fin picard, qui soit au pays de Lyromfa et en toute l'estendue du Beyéleu. – A S'. -Quentin, en Picardie,
1648, 34 pages in-12.-Voyez Histoire plaisante, etc. et Discours du curé de Bersy.
Sarrazin. – Le Roman de Ham édité par M. Fr. Michel. Paris, 1840. – M. Peigné-Delacourt, qui prépare une traduction littérale decepoème, doit démontrer qu'il ne s'agit point de Ham en Vermandois mais de Hem petit village situé sur la Somme, entre Péronne et Amiens.
Satyre d'un curé picard sur les vérités du temps, par le R. P* jésuite. In-12 Avignon, 1750. Nous en connaissons trois autres éditions que nous allons mentionner.
1 .° Satyre d'un curé picard sur les vérités du temps. –A Avignon chez Claude Lenclume, à l'enseigne du Muchet'en Pot. 1754, in-12. Le catalogue de la Vallière cite cette satyre n.° 14174 t. v mais sous cette rubrique Traité en vers de la grâce et des controverses à l'occasion des livres de Jansenius. Cette indication nous est fournie par M. Charles Dufour. (Essai bibliographique sur la picardie.) J
2.° Sermon d'un bon curé picard en patois picard, nouvelle édition, dédiée au cousin Jacques. Ahbeville Devérité 1787. On trouve à la suite de cette édition la romance du sire de Créqui et le compliment d'un paysan de Boutrilly fait au duc de Chaulnes en 1753. Il s'agit sans doute de Boutillerie village situé entre Amiens et Cagny.
3°. Recueil de poésies sermons et discours picards. Abbeville, Devérité, an VI., in-12.- C'est l'édition
la moins rare. Elle contient, outre la satyre, le compliment d'un paysan de Boulrilly et la romance du sire de Créqui. Nous devons encore ajouter qu'on trouve un long fragment de la satyre picarde dans le supplément à l'histoire de Picardie que Devérité publia en 1774 et que M. Clément Paillard imprimeur à Abbeville a l'intention de douner une nouvelle édition de ce précieux monument de la littérature patoise.
SAUVAGE (M. Ernest). -Essai sur la langue normande du xii. siècle et la langue parlée au xix." dans la Normandie, la Picardie et l'Artois. Article de 15 pages in-8.° inséré dans la 5." année du Puits artésien. Le but de l'auteur est de montrer qu'un certain nombre de mots de la langue d'oil qu'il emprunte au roman de Rou, de Robert Wace, se sont conservés dans les patois du nord de la France.
Sermon picard du xm.e siècle. – MS. qui se trouve dans les papiers de D. Grenier (n.° 1." du xx.e paquet). -Le titre de ce sermon, composé à l'occasion de la construction de la cathédrale d'Amiens, ferait supposer à tort qu'il est écrit en dialecte vulgaire. C'est le dialecte littéraire de la langue d'oil, mélangé de Romano-picard. Il devait être compris des populations urbaines, à peu près comme le français actuel est entendu des auditeurs de campagne.
Sipéris de Vineaux. Ce roman dit le P. Daire appartient à un anonyme que son style fait reconnaître pour picard. Il écrivait vers l'an 1200. (Tableau des Lettres en Picardie, p. 169.)
TAILLIAR (M.). Recueil d'actes des xn.e et xni.e siècles en langue romane du nord de la France. Ces actes sont extraits des archives de Béthune, Douai, Cambrai, Arras, Auchy, Bapaume, etc. Parmi ceux où se remarque le plus l'influence de l'idiome vulgaire de Picardie nous avons distingué une enquête faite à Cappy (canton de Bray-sur-Somme) touchant le péage de Bapaume.
THIBAUD DE MAILLY (1170), composa l'Esloireli romans de monseinor Thibaud de Mailly. -Ce fut le président Fauchet qui trouva cet ouvrage dans le MS. connu sous le nom de la Bible Guyot.
Thuillier (François) né à Amiens en 1710. – II y exerça la profession de marchand tapissier. Sous le surnom de Jacquet il empruntait l'habit et le langage des paysans picards, pour divertir les salons d'Amiens. On connait de lui un Compliment à Gresset sur son mariage et un autre adressé au duc de Chaulnes. (V. l'Histoire littéraire d'Amiens, p. 336.)
Traduction de la parabole de l'Enfant prodigue en pa lois picard. On en trouve quatre dans les Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France une de M. Delahaye, en patois amiénois et les autres en patois de St.Omer, d'Arras et de Béthune. Elles ont été reproduites dans les Mélanges sur les langues et patois, de M. Coquebert de Montbret.
Véritable discours d'un logement de gens d'armes en la ville de Ham, avec une chanson en vers picards par
M. Legros, bourgeois dudit Ram (12 feuillets in-8.°). On lit au bas de la page
A le Haulcourt en Picardie
En la moezon de ché Hardeau
Qui a pu quier le vin de l'eau
Et d'en gambon que se n'amie.
MDLIV.
Ce livret excessivement rare fait partie d'un recueil conservé au Musée britannique. Il a été cité, pour la première fois, par M. Gustave Brunet, dans la 8.° série du Bulletin du Bibliophile janvier 1848.
Voici l'exorde de cette épître (1)
Frero je vo diré tout eolon l'affoaire
Le biau herquinement et le grau hire haire
Le paine, le hergan et tout l'emblavemen
Que che ho de sandar me fit deroainement,
Quant y sen vin flanqué dans me pauvre cahute
Ermé de long pico, ossi de hecquebute
Atout un billetin faussé et contrefoait
Cuidiant por sanichez trouvé chy sen li foai
Et qu'en le zatendant j'avoi bouté tou cuire
Moai che fau billetin le trompoi pour me nuire
Necton jeu bien du ma d'en etre deblavé
Vous ne le savez poen, poen vo no le savé;
Chela m'a bien hodé, je vos le dis, béchire
Si je vo zen recry, atiné vous d'en rire,
(1) Nous avons conservé l'orthographe, qui est si défectueuse quelle rend quelques vers inexplicables. On remarquera d'ailleurs combien ce style diffère de notre patois actuel.
Ne vo zen raoquié poen je fus bien ahury
D'aouir den no moezon che biau queriboiry
Et le biau den boen nui quon me donné d'entrée
Je ni m'ataré poen d'en dire une ventrée
Et m'a trop landié por m'en taire ton coy
Che me mie ensincla que je me tien dergnoy
Che don por queminché sai de par Dieu j'aroie
Y l'et pu chi moay tan de déclayné maroie
Je vo va tout conté mo à mo sans falir
Erouillé bien vo zieu por tou mieu epelir
VILLET (l'abbé), curé de Boutavent (Oise), en 1795, et auparavant curé d'Elincourt, est, sinon l'auteur, du moins l'éditeur responsable d'un sermon picard sur le jugement dernier, dont la ritournelle est Curé d'Elincourt, es tu lo! – (V. Bulletin de la Commission archéologique du diocèse de Beauvais tom. i, n.° 3.)
Voïage d'oultremer du comte de Ponthieu. M. Chabaille nous a fait connaître une version de l'histoire d'Adèle de Ponthieu autre que celle qui fut publiée dans le tom. 1." des fabliaux de Méon.
Comme on reconnaît une teinte plus ou moins prononcée du dialecte romano-picard dans presque toutes les œuvres des Trouvères de Picardie nous terminerons ce chapitre en donnant les noms de ceux qui furent les plus célèbres au moyen-âge.
Amiens. – Eustache – Girardin Gobelin -Huesle-Maronier Richard de Fournival – Thibaud Vicquier Giutiiiei, de Coinsy.
10.*
Arras. Adam de la Halle Andrieu Contredis Audefroy-le-Bastard Jehan Bretel – Jehan Bodel –Baude Fastoul ;-Courtois -Jean Caron -Jean Charpentier – Colars le Bouthillier – Carasauz – Li Cuvelier – Antoine Duval – Engrebant – Hugues Kaukesel – Mados – Moniot Robert -Sauvage -Li Teinturier;-Vilains. (V. les Trouvères artésiens de M. A. Dinaux.
Bélhunes. Conon; Guillaume; Quesne –Sauvage.
Beauvais. Etienne d'Alinenc – Hélinand (1) –Raoul.
Corbie. Pières Vieillars.
Doullens. Le sire des Auteux – Bellepache; – le sire de Bretel Cuvillier – Guilbert de Bernaville; -Robert du Castel
Hesdins. Jehan Acars – Jacques Simon. Soissons. – Yves Raoul et le comte Thiéry. Saint-Quentin.-Hugues et le chanoine de St.-Quentin. Lieux divers. Adam de Givenchy Baude de la Quarrière Blondel de Nesle (1) le châtelain (1) Hélinand de Beauvais vivait à la cour de Philippe-Auguste dont il égayait les repas, en racontant des aventures mythologiques. (t) Fauchet, Warton et Guinguené ont cru à tort que c'est ce noble seigneur de la maison de Nesle qui fut le fidèle compagnon de RichardCoeur-de-Lion. Ce dernier Blondel, comme l'a démontré l'abbé de La Rue, était un jongleur anglo-normand dont il ne nous reste aucune poé=ie ta"<1is que nous avons de nombreuses chansons du trouvère picard.
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de Coucy; – Gibert de Montreuil Guillaume de Bapaume – Guillaume de Guilleville; Girard de Boulogne – Gervais de Pont-Sainte-Maxence Hues de Tabarie, de Saint-Omer Jehan de Flagy (1) Jehan d'Estrées Jehan le Marchand chanoine de Péronne Jean de Boves Jean du Châtelet Lambert Ferris ;-Michel du Mesnil, d'Auchy Pierrot de Nesle (2) Robert le Queux Robins de Comugne -Raoul de Houdan (3); le Reclus de Molliens –Simon d'Athies, etc.
CHAPITRE IV.
FORMES GRAMMATICALES DE L'iDIOME PICARD.
On a cru pendant longtemps qu'il n'y avait pas, pour la langue du xin.° siècle de code grammatical. Des recherches récentes ont prouvé le contraire. M. Fr. Guessart a publié deux grammaires romano-provençales du xni." siècle (4) d'après des MSS. de Florence et de Paris. (t) On lui attribue le roman de Garcin le Loherain.
(2) Pierrot de Nesle (1264) s'amusait, selo;i le goût de son siècle, a répondre en vers à des questions qu'on lui adressait, et à en proposer de nouvelles. (La Croix du Maine.)
(3) Raoul de Houdan en Beauvoisis (1250) a composé le roman des Ailes. celui de Mérangis et le fabliau de la Voie de l'Enfer. (P. Daire.) (4) L'une est de Hugues Faydit, et l'autre de Raymond Vidal.
Pour ce qui concerne la langue d'oil les travaux de Wolf, Orell, Fallot etc. ont prouvé que si ce n'était point une langue bien constituée elle avait du moins un certain nombre de règles générales, et que sa syntaxe toute débonnaire qu'elle fût, n'était pas entièrement abandonnée au caprice.
Dès le xn. siècle l'idiome picard se distingue par sa tendance constante à syncoper les mots par la permutation du c doux en ch et du ch français en k et par une prononciation pleine lourde et sonore. Les formes dominantes du Romano-picard sont les dipthongues ew et oi, qu'on prononçait oè ouai comme actuellement. Le Romano-normand avait au contraire un caractère général de sécheresse et de maigreur parce qu'à nos formes mouillées, il substituait des voyelles simples. Nous allons essayer de formuler quelques-unes des règles du dialecte picard, soit ancien, soit moderne, concernant l'article, le substantif, l'adjectif le pronom et le verbe. Nous avons mis à profit dans ce chapitre, les recherches de Fallot. Mais nous n'avons jamais accepté, parmi les règles qu'il établit que celles dont nous avons pu vérifier nous-mêmes l'exactitude dans plusieurs textes romano-picards.
§̃ I.« – De l'Article.
On sait que l'article provient de la combinaison du pronom latin ille et des propositions de et ad. Il n'y eut point primitivement de formes distincJps penr les deux genres. Elles n'apparaissent, dans le dialecte romanopicard, que vers le milieu du xm." siècle.
Sing. masc. Li; del, du, don; el al, au, ou le loti. Sing. fém. Li, le; de le, del; a le, al el le.
Pluriel Li, les; des as aus, ous les.
El et li accompagnent plus ordinairement le masculin et al et le le féminin.
Ex. Que li jours de la feste vint.-(Vie de St. Eloi, ch. x.) Li bos de le segnerie. – (Cartulaire d'Âuehy.)
Ous pour aux est presque constamment employé dans la romance du sire de Créquy.
Exemple Et diemouroit submis ous infidelles.
L'article se supprimait parfois dans les phrases où un substantif en modifie un autre.
EXEMPLE En le présence l'abey.-(Cartulaire d'Auehy, 194.) La forme du datif se substituait souvent à celle du génitif, dans les relations de possession. Cet usage s'est maintenu et nous disons encore aujourd'hui El femme à Bâtisse, del vake à Colo (1).
L'article s'employait, comme dans la langue italienne, avec le pronom possessif, accompagné de son substantif. EXEMPLE Un siens fis. -(Roman de Mahomet, n°. 689.) Dans le patois picard moderne on dit
(I) Cet usagn de notre ancienne langue française se retrouve dans quelques poètes latins. On lit dans Térence: A Glycerio ostium pour ad GlyccrU ostium.
Au masculin L', le, el du, del a l' au.
Au féminin L' le, el', elle d'el' d'elle d'ol; al' aile. Aupluriel: Les, U des delz aux alz.
Devant une voyelle ou une h muette on prononce f d'l' ed'l aï.
DoV est une forme particulière au Ponthieu.
L'article est fréquemment remplacé par le pronom démonstratif che; d' che à che chés d'chés; à chés. Exemple Che beudet il est dins chés camps.
On le supprime parfois entièrement.
EXEMPLE J'erviens d'el moizon Julien. Nou fiu i cainte à messe.
Dans certains cas on emploie simultanément l'article et le pronom démonstratif.
Exemple Après c's armanos \o on put tirer ch' l'ékiellr. (Astrologue Picard, 1845.)
§. II. Du Substantif.
Jusqu'au xiv.e siècle l's final du substantif n'était point le signe de la pluralité. Placé au singulier, il indiquait que le substantif était sujet de la phrase et au pluriel, qu'il était régime. Cette loi grammaticale, découverte par Raynouard dans les monuments littéraires de la langue d'oc, est un souvenir évident de la deuxième déclinaison latine ou V$ termine le nominatif singulier (Dominus) et l'accusatif pluriel (Dominos). Cette flexion de l's a été également observée dans la langue romane du
Nord, par Dietz Orell Fallot et M. Fr. Wey. Nous J'avons constatée dans presque tous les textes originaux du dialecte romano-picard aux xii.e et xm.B siècles. Elle s'altère au xiv.e pour disparaître au xv.e Nous ne nions point pourtant qu'on ne puisse nous citer de nombreuses exceptions mais ces exceptions étaient peut-être ellesmêmes assujétics à certaines règles qui nous échappent, et souvent elles ne sont que le fait de l'impéritie des copistes. Voici quelques exemples de cette règle importante. Uns crestiens nouviaus chevaliers (Le jeu deSK Nicolai). Li mangers fu très délitable. {Châtelain de Coucy.) sujet. Li meffais fut trop grans. (Ju de la Feuillie.)
Li serjant qui garderont chel tonlieu. (Ch. de MoSingulier reuil,i%m.
1-égime. reuil 1249).
régime. Selonc che bosket, en che vol. (Jeu de Robin.) Pluriel i Li rois et tout si bon ami. (R. de Ham, v. 83.) sujet. < Ortuentli«orrosintousleschrétiens(JettdeS.iVicoiot). Pluriel l Sour les cors sainsse main tendist (Vie de S. Eloi, ch. n). régime. | II va as chiens et as oisiaus. (R. de Hatn v. 67.) Les noms propres eux mêmes sont sujets à cette flexion
Robins m'a demandée
J'oi Robin flagoler. (Robin et Marion.)
Wautiers ja s'entremet
Weschi pour Wautier. (Ju de la Feuillie.)
Les substantifs féminins font presque toujours exception à cette règle.
Les consonnes finales c, f g p se perdaient tou jou rs devant cet s final li bues del buef.
Le d et le t final, en se combinant avec la flexion, se métamorphosait en z. Li espiriz, del espirit. Le l suivi de ]'« se contractait souvent en x courtix pour courtil. Cette même convenance euphonique changeait en eux, ous et eus les mots terminés en al ou eil qui subissaient la flexion. Ainsi, on dit au singulier sujet, li maus pour li mals, li soleus pour li soleils. Serait-ce donc par un souvenir traditionnel que nos villageois prononcent encore aujourd'hui soleu et disent au singulier j'ai du mau ?
Quelques substantifs avaient un s étymologique qu'ils conservaient à tous les cas. Tans (tempus) berbis (vervix), moes (mensis) tous (tussis), etc.
Les substantifs en iel faisaient iaus au pluriel régime coutiel àpointe (Lai d'Ignaurès, p. 13), de bons coutiaus (id. p. 14).
Les seuls noms de nombre cardinaux déclinables étaient un, deux, trois, vingt et cent. Voici comment sont orthographiés les noms de nombre cardinaux dans les textes romano-picards des xii.e et xm.e siècles.
1 Un, uns, une. Plus tard ung (1273).
2 Deus, deux, diaus, dni(Noyon, 1237).
Tous deux. Ambe, ambedui, amdiu, amdeux.
3 Terois, trois, troi, troix.
4 Katre, quatre.
5 Chiuncq, ciunck, chincq, cincq. – Au xiv,« ».« rhonq. 6 Sies, sis.
7 Siet, set, sete, sept.
1000 Mil, mile, miles.
Ce n'est qu'à la fin du xin.e siècle que l'on commence à trouver la forme ième pour les noms de nombre cardinaux. On disait auparavant nueùsme disme, quinzime, etc.
Les substantifs n'ont pas toujours, en patois picard, le même genre que leurs correspondants français. Ainsi, baromète, poison sont du féminin tandis que dent, cravate, bourique sont souvent employés au masculin. Nuit, qui reste féminin dans le Santerre est employé au masculin dans le Vermandois.
8 Wict, wicht (1231) wit (1280) eut, uit, vuit (1311). 9 Nuef, neuf (1269), niuf.
10 Deis, dis (1266), dix diz deix (1307).
11 1 Onze.
12 Douze.
13 Treise, trèze, trese.
14 Katorse, quatorze.
15 Kuinse, quinze, quinse.
16 Seze.
17 Disset dix set (1258).
18 Dix et wit.
20 Vint.
30 Terente trente.
40 Quarante.
50 Ciuncquante, chinquants.
60 Sissante, sessante, sixante, sexante, treis vint. 70 Siessante.
80 Quatre vins.
90 Quatre vins et dis.
100 Chent, chens, chenz.
§. III. De l'Adjectif.
L'adjectif s'accordait en genre et en nombre avec le substantif. Il prenait l's comme lui au singulier sujet et au pluriel régime.
EXEMPLE Nostre ami et nostre feel chitoyen (nos amis et fidèles citoyens) d'Amiens. (Cart. d'Amiens, 1185.)
Et ke li siècles est perdus. (R. de Ham, v. 202.)
Il y avait exception pour les adjectifs qui ne dérivaient pas d'un mot latin terminé par s comme mellior.' Les dérivés des adjectifs latins en is et des participes en ens étaient invariables en genre grand, de grandis preus, de prudens, etc.
Certains adjectifs du patois actuel ne forment pas leur féminin comme leurs analogues français.
EXEMPLE Bleu, bleusse; Noerd, noerde; disputeux disputoère caqueteux, caquetoère; pouri, pourite; guéri, guerite; meyeur, meyeurte; devineux, devineuse, etc.
§. IV. Du Pronom.
Pronom personnel.
Voici quelles sont ses différentes formes en Romanopicard et en patois moderne.
ROHAKO-PICABD. PATOI9 MODERNE.
Jou, jue, ju, je, jo, giou. J', je, ej', euj', ge.euje, ch', ̃fre ech'.
personne. Me, mi, moi. M', em', eum', me, mé, mi. No, nos, noi, nous. Os, oz, nos, nous.
RO M AIfO- PICARD. PATOIS MODERNE,
Tu, teu. Tu, té, et'.
personne. Te, toi, ta, tey. T', te, ti.
Vos, vous. Os, oz, vos, vous.
Il, eil. 1, il, gn'.
3.» El, ele, al. El' elle, al', alle, V. personne. Le, lie, lei, la. Le, el, 1'.
Li, lui. Li.
ils. 1, is, ils.
Les. Les.
pluriel. Lour, leur, lor. Leu.
Eu, als, eus, iaus, aus. Eux, eusses.
pronom ge, soi, si, sie. S', se, soë, soi.
ïéflécZ {Se> s0i' 8i' Sie- S>' Se' 80ë) SOi>
La forme je commence à apparaître vers la fin du xii.' siècle. Mais jou, forme essentiellement picarde, continue à être employé en même temps.
Exemple Et parce que jou ay trouvé en aus foy et amisté je leur ay ottroyé quemugne. (Charte comm. de Molliens-Vidame, 1209.)
On employait parfois li (lui) à la place du pronom personnel réfléchi.
Exemple Dites li qu'il ne li anuit (qu'il ne s'ennuye pasj. (Rom. de Couci, v. 6136^.
Sie pour se est fréquemment employé dans la romance du sire de Créqui (1300).
Le chevalier à gienoux sie gielta.
Actuellement, on emploie parfois se au lieu de vous. EXEMPLE: Vous se dépêchez tout à loisi. Vous ne s'casserez pas vos côtes. (P. L. Gosseu lettre xxiy.'J. Pronom démonstratif.
XIII. ET XIV.* SIÈCLES. PATOIS MODERNE.
Celui. Chil, chelui, cil, cius Cheti, ch'ti, ecliti. (Vermand 1238).
Celi (xiv." siècle).
Celle. Chele, cheli, cèle. Chelle, cholle. Ceux. Chil, cheux, chiaux (Noyon Cheux, cheusses, ceutes. 1237) chaus (Nesles
1248), ciaux, ichiauls.
Celles. Cheles. Chelles, cholles. Ce, cet. Chest, chestui. Ch', che, chou, chl', g', ge. Cette. Cheste, chesti, ceste. C'te, chette, cheule, olle, choie.
Ces. Chist, chés, chiés, chestui. Ches.
Ce. Chou, chu, cou. Che, ge, ch'.
Ceci, cela. Cho, che, ho. Ho cho, chelo, neu, no, chu.
Celui-ci. Chelui-chi. Cheti-chi, echti-chi. Celui-là. Chelui-là. Cheti-lo.
Celle-ci. Chele-ci, chele-chi. Chelle-chi, cholle-chi. Celle-là. Chèle-là. Chelle-lo, chellolle, ch'lole, l'iale, l'Iole.
Ceux-ci. Ciaux-chi cheux-ci, etc. Cheux-chi.
Ceux-là. Chaus-là, etc. Cheux-lo, chelles-lo, ceutes-Iole.
Ce n'est guères qu'au xiv." siècle que l'on ajoute aux pronoms les particules ci, chi, la.
Neu no ne s'employent qu'avec un adverbe de comparaison. Foetes comme no.
L'h de ho s'aspire très fortement, surtout dans le Ponthieu. C'est le hoc des latins.
Pronom possessif.
On fit d'abord usage du pronom personnel indirect pour indiquer la possession. C'est en leur donnant des formes adjectives qu'on en fit des pronoms possessifs auxquels on adjoignit plus tard certains dérivés du latin comme min tin sin nôtre etc.
ROHAHO-PICARD. PATOIS MODERNE.
Mon. Mi, mis, men. Min, mèn.
Ma. Me, mi. M', me, em', eum', ma. Mes. Mi, mis, mes. Mes.
Nos. No, nou, noz, nous. Nos, nou, nous.
Mien. Miens, mieu. Mien, mon mien. Mienne. Miue, mieue, moe. Mienne.
Notre. Nostre. Nou no note, not'. Ton. Tis, ti, ten, ton. Tin, t', t'n, et',etn', tèn. Ta. Te T', et', eut', etn', ta. Tes. Ti, tes. Tes.
Vos. Vo vous. Vos, vou vous.
Tien. Tien, tiens. Tien, ton tien.
Votre. Vostre. Vou, vo, vot', vote. Son. Sis, si, sen, sains. Sin, sèn, chin, ch'n, s', sn'. Sa. Si, se, sue, s'. Esse, che, sa, ch'n, eussn', s', s'n.
Ses. Si, ses, sis, sui, sies. Ses, ches.
Leurs. Leurs, sien. Leu, leus, leurs. Sien. Sien, sen, siens. Sien, chien, sin sien.
ROlIANO-PICARD. PATOIS MODERNE.
Sienne. Soie, sine. Sienne, chienne.
Leur. Leur, li sien, lier. Leu, leus, leur.
Le notre. Li nostre. El note, el neure.
Le vdtre. Li vostre. El vote, el veure. Le leur. Li sien, li leur. El sien, el leur.
Mieve qu'on rencontre dans certaines chartes picardes imprimées n'est sans doute qu'une mauvaise lecture de mieue (mienne).
Les pronoms possessifs s'accordaient avec leurs substantifs exprimés ou sous-entendus et se soumettaient à la flexion de l's.
Exemple Pluriel sujet si oir. Pluriel régime ses oirs. (Cart. d'Auchy. 219.)
Devant un nom qui commence par une voyelle ou une h muette, on ajoute un n euphonique hem', eut', euss', etc. Exemple eum'n habit et'n avis, s'n'eufant.
Pronom relatif. xm.e siècle.
Qui. Ki, qui et par élision k'.
Que. Ke, que.
Dont. Dont. Au fém. de cui.
A qui. Cui, à cui et par élision eu'.
Quoi. Koi, qoi, quoi.
Le quel. Li queils, le quel, li ques, li quils.
La quelle. Le quele.
Du quel. Del quel.
Au quel. U quel,
Les quels. Le queil, le quel. Au rég. les queus et queux. Les quelles. Les queles.
Des quels. Des que.
Dont était peu usité et conserva, au xm.' siècle, un caractère adverbial, avec le sens de au moyen des quels, avec lesquels. Dès cette époque on se servait abusivement du féminin que, comme équivalent de qui.
Pronoms indéterminés.
Queque se rencontre avec le sens de quoique vers la fin du xm.° siècle.
Quiconque a d'abord été orthographié quiqui onques.
Quanque est tantôt employé dans le sens de tout ce que et tantôt dans le sens de bien que, encore que. AlqueS) auques aulques a varié de signification. Du sens primitif de quelque chose, il passa à celui d'un peu, assez. Il exprima aussi les idées adverbiales de.en quelque temps alors.
Altrui, autrui (de alterius) était le génitif de altre (alter).
Et miels garde les autrui biens
Souvent que il ne fait les siens.
(R. de Mahomet, 418/
Les formes romano-picardes de chacun étaient kakin (1133), cascun, cachun, chascun, chasqu'un. (Du Cange, 1274).
Plusieurs s'orthographiait pluseurs, pluiseurs pluisours. M. Orell (A. Fr. gr. p. 72) cite plurieux comme une ancienne forme picarde.
§. V. Du Verbe.
En Romano-picard les verbes actuels en ir se terminaient souvent en re.
EXEMPLE Coure pour courir.
Ceux qui sont actuellenientenrefinissaientsouventen oir. Exemple Ardoir pour ardre.
Dans les conjugaisons en re, s était la lettre figurative du parfait définitif Ils fisent pour ils firent.
Dans le poème du sire de Créqui les terminaisons plurielles èrent irent sont écrites ères ires et les imparfaits sont en oy et oint.
Qui fieres moult carnaige.
A s'enrolier trestous montroient bien de H preisse.
Les conjugaisons du patois picard subissent de nombreuses variantes selon les localités. Nous donnerons celles qu'on peut considérer comme le type le plus général. VERBES AUXILIAIRES.
POffTHIEC, UHTERBE.
Indicatif présent.
J'ai. Ej' sus.
T'os. T'es.
Il o. 11 est.
Oz ons (1). Os sommes.
Oz avez. Oz êtes.
11 ont. Is sont.
(t) Nous emploierons le i |iuur inJii|ui i lu liaiMin, G'e.»l un u.vige que nous avons suivi dans tout le cours de cet ouvrage.
PONTHIEU. 9AHTCRHC.
Imparfait.
J'avoais (pron. avouais). Jé'toais. T'avoais. T'étoais. Il avoait. Il étoait. Oz avoèmes. Oz étions. Oz avoètes. Oz étiez. Il avoet'nt {pron. avoètte). Iz étoaient. Passé indéfini.
J'ai ieu. J'ai té. T'os ieu. T'os été. Il o ieu, etc. Il a été, etc. Passé défini.
(Inusité.) (Inusité.) Plus que parfait.
J'avoais ieu etc. J'avoais té etc. Passé antérieur.
(Inusité.) (Inusité.) Futur.
J'érai. Ej' serai. T'éros. Tu seros. Il éro. 1 sero. Oz érons. Os serons. Oz érez. Os serez. Il éront. Isseront.
PONTHIIO. SANTERRI.
Futur antérieur.
J'érai ieu etc. J'aurai été, etc.
Conditionnel présent.
J'éroais ou j'eroès. Ej' seroais.
T'éroais. Tu seroais.
Il éroait. I seroait.
Oz éroèmes. Os serions.
Oz éroètes. Os seriez.
Is éroèt'nt. Is seroaient.
Conditionnel passé.
J'éroais ieu, etc. J'aurouais été etc. Impératif.
Euche. 1 Soès.
Euchons. Peu usités. Soyons.
Euchez. Soyez.
Subjonctif présent.
Quej'euche ou j'aiche. Que je sois (pron. soè). Que t'euches. Eq' tu sois.
Quil euche. Qu'i soit.
Qu'oz ayeuches. Qu'os soyons.
Qu'oz ayèches. Qu'os soyez.
Qu'il eucht'nt ou quil aittent. Qu'is soyant ou qu'is soittent.
FONTHIEO. SANTERRE.
Subjonctif passé.
(Inusité.) Que j'aie été, etc.
Imparfait.
(Inusité.) (Inusité.)
Plus que parfait.
Que j'euche ieu etc. Que j'uche été etc.
Infinitif.
Avoir (pron. avoër). Eté.
Participe.
Ayant. -ieu. Etant. – été ou té, par aphérèse. On emploie quelquefois nous sont pour nous sommes et vous ai pour vous avez.
EXEMPLE Vous nous ai dit dins vot' cainchone.
Epitre de P. L. Gosseu.
La forme qu'os soyomes conservée dans quelques localités indique précieusement le passage de la forme latine (simus) à la forme française.
Le verbe avoir se substitue quelquefois abusivement au verbe auxiliaire être: i s'a laissié tomber. – J'ai venu, etc.
.PREMIÈRE CONJUGAISON.
.OULLUA». SANTERRE. PONTB.E». BEAOVOH1.. Indicatif présent.
Ej' cante. Ech' cante. J'aime. J'empèke. Et' ou té cantes. Tu cantes. T'aimes. Tu empèkes. louai cante. I cante. H aime. Il empèke. Os cantons. Nous cantons. Oz iiuons. J'empèkons. Os cantez Vous cantez. Oz imez. Vous empèkez. Is cantent. Is cantent. Il aim'tent. Ils empèkent. Impar fait. Ej' cantoës. Ech' cantois. J'imoais. J'empékeus. Té cantoës. Tu cantois. T'imoais. Tu empékeus. Icantoët. 1 cantoit. Il imoait. Il empéheut. Os cantoëmmes. Nous cantoimes. Oz imoaimes. J'empékions. Os cantoëtes. Vous cantoites. Oz imoaites. Vous empékiez. Is cantoëttent. 1 cantoèttent. Il imoaitent. Ils empékoient. Passé défini. –(Inusité.) (Comme l'imparfait.) (Inusité.) (Inusité.)
DODLUHAN. MlfTERRE. POHTHIEU, BEAUVOIII9. Passé indéfini.
J'ai canté, etc. J'ai canté, etc. J'ai imé, etc. J'ai empéké, etc. – Passé antérieur défini. – (Inusité.) (Inusité.) (Inusité.) (Inusité.) – Passé antérieur indéfini. –J'ai ieu canté, etc. (Inusité.) (Inusité.) (Inusité.) – Plus que parfait.
J'avoës canté, etc. J'avois canté etc. J'avoais imé, etc, J'aveus empéké. – Futur. –Ej' cantrai. Ech' cantrai. J'imerai. J'empékerai. Té cantros. Tu cantros ou cantras. T'imeros. Tu empékeros. 1 cantro. 1 cantro. Il imero. Il empékero. Os cantrons.. Nous cantrons. Oz imerons. J'empékerons. Os cantrez. Vous cantrez. Oz imerez. Vous empékerez. Is cantront. Is cantront. Iz imeront. Ils empékeront.
DODLLESAIS. «ANIEBHE. POKTHIEO. BEAOVOt5IS.
Futur antérieur.
J'érai canté etc. J'aurois canté. J'éroi imé. J'aureus empéké. Conditionnel présent. Ej' cantroës. Ech' cantrois. J'imeroais. J'empékerais. Té cantroës. • Tu cantrois. T'imeroais. Tu empékerais. Ilcautroët. Icantroit. Il imeroait. Il empékerait. Os cantrions. Nous cantrions. Oz imeroèmes. Nous empékerions. Os cantriez. Vous cantriez. Oz imeroètes. Vous empékeriez. Iscantroëttent. Is cantriont. Iz imeroètent. Ils empékeraient. Conditionnel passé J'éroës canté etc. J'aurois canté. J'éroais imé. J'aureus empéké etc. Impératif. Caute. Cante. Ime. Empéke. Cantons. Cantons. Imons. Empékons. Cantez. Cantez. Imez. Empékez.
DOCILE" AI». SAUTEUR!. PO1ÏTHIED. BEAWOI9I9. Subjonctif présent.
Qué j' cante. Qu'ech' cante. Que j'aime. Que j'empéke. Eq' té cantes. Eq' tu cantes. Que t'aimes. Que tu empéke. Qu'i cante. Qu'i cante. Qu'il aime. Qu'il empéke. Qu'os cantoncbes. Eq' nous cantions. Qu'oz imonches. Que j'empékions. Qu'os cantiez. Eq' vous cantiez. Qu'oz imèches. Que vous empékiez. Qu'is cantent. Qu'is caatent. Qu'il aim'tent. Qu'ils empékeut. – Imparfait. – (Inusité.) Qu'ech' canteuche, etc. (Inusité.) Que j'empékereus. Eq' nous cantoichions, etc. Quils empékereutent.
– Prétérit. –Que j'aie canté, etc. Que j'aie canté. (Inusité.) Que j'aie empéké. – Plusque parfait. –Eq' j'euche canté etc. Eq' j'uche canté. Que j'euche imé. Que j'aureus empéké. – Infinitif. –Canter. Canter. Imé. Empéker.
Les verbes de la première conjugaison en ier sont nombreux dans l'Artois et le Vermandois aidier impirier, mangier, laissier, atargier, etc. Ils l'étaient encore plus autrefois. Dans la Romance du sire de Créqui, c'est une terminaison qui revient presque à chaque vers. (Se geslier, coukier commendier cuidier, irouvier dreschier, marchier, racatier, cangier, etc.)
Ej' finis.
Té finis.
I ou al finit.
Os finissons.
Os finissez.
1s finissent.
Ej' finissouais.
Tu finissouais.
I fînissouail.
Os tinissouaimes. Os finissouaites. Is finissouaitent.
J'ai fini, etc. J'ai féni, etc. Plus que parfait.
J'avotiais fini. J'avoais féni.
DOULLENAIS. PONTHIEV. Indicatif présent.
DEUXIÈME CONJUGAISON.
Imparfait. t.
Parfait.
Je fénis.
Tu fénis.
I fénit.
Os fénichons.
Os fénichez.
Is fénittent.
Je fénichoais.
Tu fénichoais.
I fénichoait.
Os fénichoèmes. Os fénichoètes.
Is fénichoèttent.
DOULLEHAIS. PONTB1EU. Futur.
Ej' finirai.
Te finiros.
1 finiro.
Os finirons.
Os finirez.
Is finiront
J'érai fini. J'érai féni.
Ej' finirouais.
Té finirouais.
1 finirouait.
Os finirions.
Os finiriez.
Is finirouaient.
Finis.
Finissons.
Finissez.
Que je liniche.
Que té finiches.
Qu'i finiche.
Qu'os finichonches. Qu'os finissèches. Qu'isfinich'tent.
Je fénirai.
Tu féniros.
I féniro.
Os fénirons.
Os fénirez.
Is féniront.
Futur passé.
Conditionnel.
Je féniroais.
Tu féniroais.
I féniroait.
Os féniroèmes.
Os féniroètes.
Is féniroèttent.
Impératif.
Fénis.
Fénichons. Fénichez.
Subjonctif présent.
Que je féniche.
Que tu féniche.
Qu'i féniche.
Qu'os fénichonches. Qu'os fénichèches. Qu'is fénich'tent.
Eq' j'euche fini. Que j'euche féni. i.
Finir. Fénir.
Dans le Vermandois, beaucoup d'infinitifs et de participes se terminent en i; mais ils appartiennent à la première conjugaison.
EXEMPLE: Laissiez vous claki de faim. Il o fallu arrachi sin deint. (Journ. de St.-Quentin, n.° 1315).
J'apercheus.
T'apercheus.
Il a perchent.
Oz aperchuvons. Oz aperchevez. Il apercheuttent.
J'aperchuvouais. T'aperchuvouais. Il aperchuvouait. Oz aperchuvoèmes. Oz aperchuvoètes. Is aperchuvoèttent.
J'ai aperchu. J'ai r'chu.
DOULLENAIS. PONTHIEU.
DOULLENAIS. PONTHIEU.
Plus que parfait.
Infinitif.
TROISIÈME CONJUGAISON.
Indicatif présent.
Imparfait.
Parfait.
Je r'cheus.
Tu r'cheus.
1 r'cheut.
Os r'chuvons.
Os r'chuvez.
Is r'cheutent.
Je r'chuvoais.
Tu r'chuvoais.
I r'chuvoait.
Os r'chuvoèmes. Osr'chuvoaites. Is r'chuvoaient.
OOULLENAIS. POHTHIED.
J'avoës aperchu. J'avoais r'chu. Futur.
J'aperclmvrai.
T'aperchuvros.
Il aperchuvro.
Oz aperchuvrons. Oz aperchuvrez. Is aperchuvront.
J'érai aperchu. J'érai r'chu. Conditionnel.
J'aperchuvrouais.
T'aperchuvrouais.
Il aperchuvrouait.
Oz aperchuvrions.
Oz aperchuvriez.
Is aperchuvrouaient.
Apercheus, aperchuvons. R'cheus,r'chuvons,r'chuvez. Subjonctif.
Eq' j'aperchnche.
Eq' t'aperchuches.
Qu'il aperchuche.
Qu'oz aperchuvions. Qu'oz aperchuvéches. Qu'is apcrcliulenl.
Plus que parfait.
J'erchuvarai.
Tu r'chuvaros.
I r'chuvaro.
Os r'chuvarons.
Os r'chuvarez.
Is r'chuvaront.
Futur passé.
Je r'chuvaroais.
Tu r'chuvaroais.
I r'chuvaroait.
Os r'chuvaroèmes. Os r'chuvaroètes.
Is r'chuvaroèttent.
Impératif.
Que je r'cheuche. Que tu r'cheuches. Qu'i r'cheuche.
Qu'os r'chuvonches. Qu'os r'chuvèches. Qu'is r'cheuttent.
SOOI.IXMAII. POIfTHIEO. Infinitif.
Apurchevoir ou oër. R'chuvoir. QUATRIÈME CONJUGAISON.
DOULLENAIS. PONTHIEC Indicatif présent.
Ej' meus.
Et' ou te meus. I ou al meut.
Os meulons.
Os meulez.
Is meut'tent.
Ej'meulouais. J' reindoais, ete.
J'ai raeulu. J'ai reindu.
J'avoaismeulu. J'avoais reindu.
Ej'meurrai, tu meurros, etc. Je reindrai, tu reindros, etc. Conditionnel.
Ej' meurrouais. Je raindroais.
Meuche, meulons, meulez. Reinds, reindons, reindez.
Imparfait.
Parfait.
Plus que parfait.
Futur.
Impératif.
Je reiuds.
Tu reinds.
I reind.
Os reindons.
Os reindez.
Is reind'tent.
Dans quelques communes du Santerre on employe le conditionnel suivant pour la 4." conjugaison. J'aperchuvrouis, t'aperchuvrouis il aperchuvrouit os aperchuvrouaimes, os aperchuvrouaites, is aperchuvris. La dernière personne plurielle de l'indicatif présent et imparfait, du conditionnel présent et du subjonctif présent, fait sonner si fortement la consonne de la pénultième qu'elle ne peut jamais être confondue avec le singulier. Dans le Vermandois cette troisième personne se termine en eint et la première et la deuxième en eins.
Nous admettons l'alliance du pronon je avec la première personne plurielle: je croyons je prendrons etc. Les
DOOLLSIfAIS. rONTHIEC. Subjonctif.
Qué j' meuche.
Eq' té meuches.
Qui meuche.
Qu'os meuchions. Qu'os meulèches. Qu'is meuch'tent.
Meurre. Reinde.
Becueu de gens qui s'ein allieint.
L'espace eq'nous devisieins.
Tous braves geins qui s'freint écorchi tout vive,
Ej'croyouais qu'ch'étoit d'chelle la qu'vous parliens.
Que je reinde ou reinche. Que tu reindes.
Qu'i reinde.
Qu'os reindonches.
Qu'os reindèches.
Qu'is reind'tent.
Infinitif.
EXEMPLES
(3." lettre de Jean-Louis Gosseu.j
courtisans de Henri III ne se faisaient point scrupule non plus de ce mariage du singulier avec le pluriel et c'est pour cela que Henri Estienne leur disait
Pensez à vous, ô courtisans,
Qui lourdement barbarisant,
Toujours j'allions, je venions dites.
Les verbes irréguliers sont trop nombreux en patois picard pour que nous les énumérions nous n'en citerons que quelques exemples
Povoir, 1 podroèt.
Carier, Que je cariche.
Aller, Euj'vos – Que je vouèche.
Boire, Os buvrons.
Devoir, Is droittent.
Venir, Ej'vérai.
Falloir, I foroët.
Se lever, Qu'i s'eyeuve.
Vivre, Is vitent.
Lire, Is litent.
Soutenir, Tu soutéros.
Certains verbes d'une construction irrégulière en français deviennent réguliers en picard
EXEMPLES: Se ploëndre, os vos ploëndez; voir, vous voirez savoir, savant; pouvoir, pouvu, etc.
– as-O-»
CHAPITRE V.
OIITHOGRAPIIE ET PRONONCIATION.
§. I." De l'Orthographe.
L'usage la prononciation et l'étymologie sont les trois bases qui doivent servir de fondement à une bonne orthographe. En ce qui concerne le patois picard, nous ne pouvons pas nous en rapporter à l'usage. Il existe trop peu de monuments de la littérature picarde moderne, pour qu'ils puissent faire autorité, et d'ailleurs chaque auteur n'a suivi que les inspirations de son caprice; quelques-uns même ont paru vouloir jeter un défi au sens commun en surchargeant les mots de lettres parasites que réprouvent tout à la fois la prononciation et l'étymologie. Nous citerons pour exemple le sermon d'un curé picard sur les vérités du temps
Vos vlos chy rassanés comme en hols de pouldaines Pour m'aouir sermonner chés paroles divaines,
Etous je m'envos vos prequers dene boene maingnière Et m'étendre de men long edsur ene belle maquer, J'ai quoysie pour echlos chelle journée ichy,
Je vos ationclie ecq chet ech Saint-Epifanie.
D'autres écrivains ont modelé servilement leur orthographe sur la prononciation en rompant la tradition étymologique, en supprimant les signes du genre, du nombre du mode et du temps et les consonnes finales qui restent muettes. Nous ne pouvons adopter ce système
qui multiplie les homonymes, embarrasse l'intelligence de lâ lecture réduit les mots à des sons fugitifs qui ne parlent plus par eux mêmes et change un des plus précieux débris de la langue romane en un détestable argot individuel. Ce ne serait plus comme l'a si bien dit Ch. Nodier, « qu'un monstrueux mélange de bégayements, de bredouillements du grasseyements, d'anonements, de nazillements de barbarismes sauvages imposés par la voix qui prononce à la main qui écrit une confusion pire encore que celle des ouvriers de cette tour maudite de Dieu. » ( 1 )
Nous suivrons donc dans notre glossaire l'orthographe étymologique, tout en ayant soin de figurer, autant que possible ( 2 ) la prononciation réelle quand elle sera en désacord avec l'orthographe. Nous ne ferons d'exceptions que pour les citations et nous nous garderons bien surtout d'altérer la physionomie des mots de l'ancienne langue picarde. Nous les reproduirons toujours avec l'orthographe des chartes où nous les aurons recueillis, quelque vicieuse quelle ait pu nous paraître.
§. II. De la Prononciation.
C'est principalement par la prononciation que les langues dérivées et surtout les patois diffèrent entr'eux. La transformation des mots picards, soit de ceux qui se (1) Eléments de linguistique.
(2) Nous disons autant que possible parcè qu'il y a plus de dix lettres de notre alphabet verbal dont l'écriture est impuissante Il fiïiirer parfaitement le son.
formèrent directement du Latin et du Roman ou de ceux qui se dénaturèrent du Français, fut opérée par l'apocope, la syncope la métagramme la métathèse l'aphérèse la prosthèse l'intercallation et l'insensibilité de l'oreille. 1.° L'apocope supprime une ou plusieurs lettres, une ou plusieurs syllabes à la fin des mots: saner de sanare; berlan de berlinghum V pour la; i pour il, etc. 2.° La syncope contracte les mots: Paroler de parabolari; maker de manducare; réu de redditus; céri pour céleri; rnu pour revenu etc.
3.° La métagramme substitue une lettre à une autre là pour là; prone pour prune; hureux pour heureux; ein pour un, etc. cette substitution est due surtout à l'organisation vocale des diverses provinces. Ainsi la voyelle u est plus en faveur dans le Ponthieu que dans l'Amiénois; l'o domine plus dans l'Amiénois que dans le Santerre la diphtongue ieu est plus commune dans le Santerre que dans le Vermandois.
4.° La métathèse transpose les lettres, tantôt pour un motif euphonique, tantôt à cause d'une prédilection particulière de prononciation erchevoir pour recevoir; fremer pour fermer; pernez pour prenez; contirbution pour contribution.
5.° L'aphérèse retranche la lettre ou même la syllabe initiale du mot: os pour nos; chi pour ici; freu pour effroi; perchu pour apperçu.
6.° La prosthèse ajoute une lettre ou une syllabe au commencement du mot: estalue pour statue; cafouiller pour fouiller; lévier pour évier etc.
7.° L'intcrcallation ajoute une lettre ou une syllabe
IJ LV L 12.'
dans l'intérieur du mot: mordinbleu pour morbleu; harper pour happer.
8. "Enfin, et c'est la cause la plus générale, l'insensibilité de l'oreille, dans nos contrées, fait estropier beaucoup de mots. Les méridionaux, qui ont l'oreille plus délicate, ont conservé dans leur langage une empreinte plus fidèle du latin. Nous ne devons point nous étonner que nos ancêtres lui aient fait subir de si étranges mutilations, quand nous voyons les paysans de nos jours dénaturer souvent d'une manière grotesque les mots étrangers ou les mots français de création récente qu'ils sont obligés d'emprunter. C'est ainsi que nous avons entendu dire matelas d'or pour Matador; fat de coton pour factotum débarque à terre pour débarcadère; société de fil harmonique pour philharmonique etc.
L'ancien Picard ne se prononçait point. précisément comme il s'écrivait. Certainès consonnes et surtout l's qu'admettait l'écriture pour rester fidèle à l'étymologie latine, était rejetée par le langage parlé. Ainsi estraner, esteule, escritieu se prononçaient comme aujourd'hui étraner éteule écritieu. Les consonnes finales se prononçaient rarement. On disait: quéri pour quérir, bé pour bec, etc. Autrefois, comme aujourd'hui, il était rare qu'on fit sonner les consonnes redoublées et qu'on fit sentir la liaison de deux mots consécutifs, surtout quand la finale du dernier mot était un t ou une s.
La monotonie, la pesanteur et la brusquerie sont les caractères généraux de notre prononciation: mais chaque localité, pour ainsi dire, a son accent, c'est-à-dire une prosodie particulière pour les inflexions. Dans le Ponthieu,
on abuse de la contraction et de l'aphérèse l'n est souvent remplacée par le n espagnol mais plus adouci. La prononciation est plus grossière dans le Vimeu que partout ailleurs dans les diphtongues oi et oe, on ne prononce guère que l'o l'é fermé d'une syllabe finale se prononce ouvert on n'admet pas de distinction entre les syllabes brèves ou longues. La prononciation ouverte dans le Doullenais gutturale dans le Marquenterre devient nasale dans les arrondissements de Péronne et de Montdidier. L'Amiénois et le Hamois ont toujours une finale chantée par un demi ton. L'Artésien a quelque peu envahi le Boulonnais avec sa prononciation accentuée aiguë musicale précipitée. C'est le contraire de l'Amiénois rude, pesant tardif dans une conversation calme, saccadé et tonnant dans l'animation de la dispute. L'augmentation des voies de communications et la diffusion de l'instruction primaire feront peut-être un jour disparaître ces diverses nuances de prononciation. Nous devons donc nous empresser d'indiquer les changements que notre prononciation fait subir aux mots que le Picard emprunte au Français. C'est ce que nous essayerons de faire dans le tableau suivant, où nous avons recueilli un grand nombre de ces sortes de mutations les unes fort communes, les autres exceptionnelles; les unes générales, les autres particulières à quelques cantons.
§. III. Tableau des mutations syllabiques de la prononciation picarde.
A supprimé devant J' vos à 'miens, pour je vais à Amiens. un autre a.
A changé en e. Sarcler, sercler; parler perler; marcher, mercher.
A – (1). i. Dans, dins; dimanche, diminche. A o. Déjà, déjà; tu iras, t'iros.
Ad – at. Atjectif atministrateux.
Ai oi. Maison, moison maître, moite. Ai o'é. Faire, foëre; semaine, semoëne. Aient – eoëttent. Ils mangeaient, is mingeoëttent. Aient ieint. (Dans le Verm.) Ils voulaient, is volieint. Aille ale. Médaille médale; qu'il vaille qu'i vale. Aine aigne. Fredaine fredaigne douzaine douzaigne. Ais-oisououais. J'allais, j'allois- jamais, jamouais. AU – oët ou ouait. 11 pensait: i pinsoët il était, il étouait. Al au. Mal, mau; maréchal, maruchau. Autrefois alseprononcait aLdevant une voyelle et au
devant une consonne: on écrivait Valfteury
et l'on prononcait Vaufleury.
Al ar. Almanach armano
An ain. Viande, viainde; courtisan, courtisain. Ao. Etait toujours autrefois dissyllabique pa-on ta-on, a-out.
Ar – er. Archevêque, erchevéque; ardoise, erdoise As os. Bras, bros; gras, gros; pas, pos. At ot. Rat, rot; plat, plot.
Au i. Gruau, grui.
Au eu. Cause, keuse; chaudron, keudron. Au ô. (Beauvoisis). Jaune, ,jône; sauce, sôre. Au ieu. Morceau, morcieu; veau, vieu. B v. Etable, étave; table, tave.
(l)JNous employons ce signe pour ne pas répéter continuellement changé en.
B supprimé. Diable diale. II disparaît toujours devant st. C'est du reste une règle euphonique de notre
ancien langage, formulé par Théodore de
Bèze « B disparaît absolument devant st
comme dans ces mots obstiné, obscur qu'on
prononce ostiné, oscur. » (p. 64).
C final non pro- Bec, bé; sec, sé. Il en était de même dans la noncé. langue d'oil.
C changé en tch. Chien, tchien; cœur tchœur.
Câ ga. Car, gar; carillonner, garilloner. Ce che. Pouce pouche; espérance, espéranche. Ch – dur ou k. Chassieux, cassieux; prêcher, préker. Les sons c et ch co-existaient dans la langue
romane mais l'un ou l'autre dominait se-
lon les provinces. En Picard, c'est le k qui
dominait. M. Genin trouve moyen de faire
à ce sujet une comparaison anti-nltramon-
taine « C'est ce qu'on pourrait appeler,
dit-il, les libertés de la langue picarde,
aussi compromises hélas! que celles de l'é-
glise gallicane, ce qui n'empêche pas la Pi-
cardie d'avoir aussi de son côté le droit et
la raison si l'usage est conlraire. » (Yar.
de la langue fr. p. 83). Il est à remar-
quer que notre k ou c dur a presque tou-
jours une raison étymologique carbon de
carbo; mouke de musca; cavieu de capil-
lus, etc.
Ci chi. Cirer, chirer farci farchi.
Cle ke. Spectacle spectake besicle, besike. D t. Perdrix pertrix.
E muet Ne se prononce presque jamais soit à la fin soit dans le corps des mots; le l'; refus,
r'fus; peloton, ploton.
É – è. Bonté, bontè; fermé, fermé.
È – é. Mère, mère; frère, frère.
E – a. Retenir, ratenir; repousser, rapousser; violette, violate.
E – o. Gosier, gasio.
E – ié. Traiter, traitier; jugé, jugié. Dans le Vermandois, on prononce biete, bielle, etc.
Eau ieu ou iau. Château, catiau beau bieu.
El Presque tous les anciens mots qui se formulaient en el sont changés en ieu dans la Pi-
cardie, en ea dans la Bourgogne, en é dans
la Franche-Comté et en eau dans la langue
française.
Endre einde. Prendre, preinde; attendre, attcinde. Endre eine. Vendre, veine; rendre, reine.
Ent – eint. Argent, argeint; compliment complimeint. Enl A la troisième personne plurielle des verbes se change en tent. Puissent, puiss'tent;
mangent ming'tent à Amiens se change
en tté. « Is n'edmantté poi d'hommes du
tout. » (Entretien d'ech franc Picard).
jgr – ier. Manger, mingier changer, cangier. Er – i. Changer, cangi; chercher, cherchi. Er – re. Fermer, fremer.
Esse eche. Faiblesse, faibleche; tristesse tristeche. Eu o. Jeunesse, jonesse; pleurer, plorer. Eu u. Malheur, malhur; mieux, miux; Eugène Ugène. M. Génin pense que la forme eu se
prononça d'abord par diérèse é – et que
l'influence picarde ayant dominé dans le
Français, fil cesser cette prononciation dis-
syllabique.
Eur eux. Docteur, docteux; voleur., voleux. Ce changement rappelle l's remplaçant l'r à la fin
du nominatif des déclinaisons romanes.
F – b. 1 bezoët pour il faisait.
F final non pro- Bœuf, bœu; neuf, neu. L'ancienne prononnoncé. ciation romane, conservée en Picard, se retrouve en Français dans les exceptions: le
lœu gras, un ceu dur.
Fre changé en fe. Coffre, coffe; balafre, balafe.
G r. Magister, marister.
Ga w. Gater, water; garder, warder.
Ge che. Village, villache; éloge, éloche. Gn n. Assigner, assiner; peigner piner. C'est l'ancienne prononciation romane. Au xvi.°
siècle on prononçait encore en Français
cyne pour cygne, anneau pour agneau,
maline pour maligne.
Gr cr. Gras, cras; gros, cros.
Gre – guer. Grenier, guernier; agrément, aguermeint. Gue ke. Longue, lonke; langue, lanke. Il n'est pas aspirée dans haricots honteux, etc. Nous indiquerons, dans notre Glossaire, les mots qui
commencent par une li aspirée.
I – u. Senti, sentu.
I – # Illuminer, éluminer.
1er oyer. Lier, loyer; prière, proyère ou prayère. If iu. Poussif, poussiu
ln an. Malin, malan; lapin, lapan.
fne – aine ou aigne. Mine, maine; poitrine, poitraigne.
1s – ion. Taudis, taudion; fourmi, fremion. Isse – iche. Jaunisse, jauniche; qu'il puisse, qu'i puiche. J – D. Jusqu'à dusqu'à
J – g. Jambon, gambon; javelle, gavelle. L supprimée. Aimable, aimabe; oncle, onke; sel, sé. L transposée. Boucle, blouke; levrier, elverier. L c. Pêle-mêle, pec-mêle.
L n. Nulle part, nune part.
L r. Laboureur, raboureux; calcul, carcul. Lier gner. Tortiller, tortigner.
Ns'ajoute à quelques diphthongues dans certaines localités. Lui, luin; oui, ouin..
N d. Ornière, ordière.
N l- Nommer, lommer; numéro liméro envenimer, envelimer; national, lational.
0 supprimé. Recommencer, recmincher.
0 en oi. Brosse, broisse encore encoire
0 ou. Opinion, oupignon; arroser, arrouser; autrefois o suivi d'une voyelle se prononçait ou.
Le nom des familles de Mouy, de Crouy,
etc., s'écrivait Moy, Croi.
Oise, prononce oë, ou plutôt ouè. Roué pour roi, voër pour vuir, gloëre^our gloire; c'est l'ancienne pronon-
ciation française aussi Regnier fait rimer
histoire avec douaire et St.-Gelais, paroisse
avec pécheresse, etc. Rabelais écrit indiffé-
remment tiroir et tirouer, mouchoir et
mouchouer. Voyez sur cette question le dia-
logue sur la diphtongue oi que M. Bernard-
Jullien a publié dans lejournal de l'Institué
historique.
01 a. Roide, rade.
01 eu. Effroi, ejfreu.
Oi i. Poignié, pignée; s'asseoir, s'assir. On o. Compère, copère; comprendre, coprinde. Ossc oche. Bosse, boche; crosse, croche.
Ou eu. Roue reue boue, beue; coudre, keudre. Ou o. Oublier, oblier; souffrir, sofrir. Ou u. Soutaine, sutaine.
Q supprimé. Coq d'Inde, co d'Inde. Nous remplacerons toujours cette lettre par K, quand l'étymo-
logie ne nous fera pas une loi de la conser-
ver.
R supprimée. Goufre, gueufe; procession, pocession; promettre, promète. Dans la langue romane,
l'r suivi d'une consonne se prononçait
rarement. On écrivait candelarbre, armure,
varlet, arsi, et l'on prononçait, candelabre,
amure, valet, asi.
R final des verbes en ir se prononce rarement dans le Vermandois. Il en était de même dans la langue
d'Oc.
R ajouté au commencement des mots: Rachever pour achever; roter pour oter.
R d. Reculer, de'culer.
R l. Ribambelle, libambelle.
Re ra. Retenir,ratenir; refrotter, rafrotter. Re er. Regarder, ergarder, bredouiller, berdouiller. S final des articles et des pronoms se lie aux mots suivants lorsqu'ils commencent par une voyelle ou une h
muette. La liaison est fort rare en tout autre
cas. •
S eh. Sorcier, chorchicr; qu'il eusse, qu'il uche. S –9- Prison, prigeon.
T supprimé. Juste, jusse; triste, trisse.
Tre te. Battre', bate; lettre, lette.
U élidé dans le pronon tu. T'aimes t'as.
U – e. Commune, comène.
U – i. Numéro, limero chacun, chakin. U – eu. Lune, Jeune; humer, heumer; une, eune. La diphtongue eu est fort commune dans l'an-
cien idiome picard: tondeu, veu, perdeu
desseur, seufrir, meur, etc.
U – o. Prune, prone.
U – un. Fumée funmée; écume, écunme. V – f. Brave, brafe; pauvre, paufe.
W se prononce ou comme en anglais: Water, Wepe se prononcent ouater, ouèpe. On écrivait autrefois
Wlfran et l'on prononçait oufren.
CHAPITRE VI.
PROVERBES MAXIMES ET DICTONS PICARDS.
M. Crapelet a fait remarquer avec raison qu'aucune province n'avait produit autant de proverbes que la Picardie. Cependant les recueils de proverbes ne mentionnent que fort peu de nos dictons. Nous classerons en quatre catégories ceux que nous sommes parvenus à recueillir 1.° les proverbes moraux, les sentences, adages et locutions proverbiales; 2." les proverbes météorologiques et hagiologiques 3." les anciens proverbes romano-picards qui ne sont plus usités 4.° les proverbes
et dictons historiques, relatifs aux villes, aux villages et aux grandes familles de Picardie. La plupart de ces derniers ne se formulent pas en patois picard mais nous avons cru devoir néanmoins les admettre pour compléter la liste des proverbes qui appartiennent à notre province. §. I." Proverbes moraux Sentences Adages et Locutions proverbiales (1).
Quelques-unes des locutions proverbiales que nous allons mentionner varient de signification dans certaines localités. Nous tacherons dans ce cas, de désigner celle qui est la plus générale.
A chacun sin métier, chés vakes seront bien wardées. Quand chacun s'occupe uniquement de sa besogne, tout va bien.
Acouter les aveines lever. Ecouter ce qu'on dit pour se conduire en conséquence.
A ein g'vau baillé, ein ne ravise poënt ch'licou. Quand il s'agit d'un don on n'en considère point les imperfections. Agvinez si c'est du lard ou du cochon – Comprenez si vous pouvez.
Alors, ch'étoët bieu
Ch' ramon étoët neu.
Se dit d'une chose qui plaisait quand elle avait l'attrait de la nouveauté, mais dont on s'est dégouté par la suite. (t) Comme ces proverbes ont été recueillis sur tous les points de la Picardie, on ne devra point s'étonner qu'il n'y ait point entre eux conformité de dialecte.
Aller d'el cave au guernier. Ecrire en remontant sur le papier.
Allez Guiguitte (Marguerite)
Vous n'poyerez pau de gite.
Manière de dire allez sortez bien vite.
Allez tout droit à ch' dizieu
Comme el' bêle d'ech' dimeu.
Aller droit au but ne pas tourner autour du pot. Les chevaux des dimeurs étaient sans doute habitués à conduire leur maître par les plus courts chemins pour prélever la dîme sur les blés coupés et rangés en dizeaux.
Allons, allons,
Feut poent tant de bure pour foire un quartron.
En voilà assez sur ce sujet; une plus longue discussion serait superflue.
A tout bon enteindeux, à mitan mot. A bon entendeur suffit.
A toute heure
Kien i pisse et femme al' pleure (1).
Aveu des roè's plein chés mains on ne sait pau de quel atout qui peut r'tourner. Allusion au jeu de l'écarté, pour dire quelque belle que soit votre position elle peut changer. Aveu marchand qu'étale n'o rien à perde. On peut faire crédit à un marchand qui étale parce qu'on peut lui acheter autant qu'on lui a vendu.
(1) Nous ne traduirons le- sens dp« prnvprhes <\nc lorsqu'ils aaront besoin d'une explication.
Avoir de l'écorion d' peindu dins l' gousset d'ess' maronne. Avoir des écus être riche Allusion à l'ancienne coutume de porter une bourse suspendue à la ceinture.
Avoir mis s' calypette ed'travers.- E tre de mauvaise humeur. Avoir pu kier belle painche.
Eq' belle mainche.
Préférer la table à la toilette.
Avoir mingé des us de cahouants d'ins s' n'omelette On prétend que les œufs de chat-huant sont un mets qui dérange l'esprit.
Avoir des crignons dins s' tête. Avoir martel en tète. Awi awi vos, chiffe ej' tamboure. Dis tout ce que tu voudras, je ne t'écoute guères.
Bailler s' vake pour avoir eusse queue. Plaider.
Bé à ti.
Garnis ti
Vaut miu deux foes qu'Beati quorum.
Prendre ses précautions et avoir son gousset garni vaut mieux c que d'avoir ses péchés pardonnés.
Belles filles à marier
Rien à leu bailler.
Boen sang i n' meint jamouais.
Bon jour chés blés
Chés aveines sont levées.
On se sert de cette locution pour dire à quelqu'un qu'il vous ennuie, qu'il se taise.
Bon fruit prouvient de bonne semeinche.
Bien demakant
Bien venant.
Se dit des enfants.
Bonjour, flour
C'est pour deux jours.
Se dit dans le même sens que on vous en donnera des petits couteaux pour les perdre.
Boesons l' main qu'à nous buque. Rendons le bien pour le mal.
Bos vert
Pain ter
Soupe à 1'ognon
Ch'est tout ruine moësou.
On dit a Bayeux
Bois vert, pain chaud et cidre nouveau
Mettent la maison à veau l'eau.
Caingement de proupos i réjouit l'homme.
Cacheux pékeux tendeux (ois'eleur)
Trois métiers de gueux.
Canter ses capernotes. Murmurer entre ses dents. (V.Capernotier dans notre Glossaire).
Cate seuris
Rapache par ichi
Je t' barai du lait boli
Dins eine gate qu'al fouit.
Chaque grain de blé, il o s' paille. Les meilleures choses ont leur mauvais côté.
On dit dans le même sens:
Ce qui est foët n'est mie à foère.
C'est des navets – Ce sont des contes bleus 1
Cha vera (viendra) petite l' queue de notre kien al est bien venue. Ayons patience, cela viendra tôt ou tard. Se dit ordinairement dans un sens ironique.
Cha n'est poent des anguilles frinches. Ce n'est pas quelque chose de bien rare.
Cha ne Itéra poënt dins l'éreille d'eincat, Ce qu'on entendra sera mis à profit.
Cha sero du lait bouli pour chés cos. Ce sera une chose perdue, inutile.
Cette femme veut être la maîtresse, le coq.
Chés pots épeutrés resteront à nos comptes. Nous payerons les pots cassés.
Ce sont des contes
De Robert mon onke.
Ce sont des histoires
De mon onke Grégoire;
Ce sont des histoires
De ta forêt noire.
Ce qu'aime la mékaine
On ein meinge sept foës la semaine.
Chelle fetimelle lo
Elle canté el co.
Chés jones corneilles
N'aputellent poent chés vieilles.
Chés noriches aront du bon temps chés enfants s'arlus'tent. – C'est ce qu'on dit, quand on voit une grande personne s'amuser à des jeux d'enfants.
Chés poves poysans et pis le queue de nos kien, il iront tejours par drière. Les paysans seront toujours les derniers à jouir des avantages généraux.
Chés cosseyeux
Et chés payeux
Cha fait deux.
On dit aussi Chés conseyeux n'sont poënt chés payeux. Ch'est ein acoute s'i pleut. C'est une promesse illusoire. une espérance dénuée de fondement. Au propre, on donne le nom d'acoute s'i pleut à un moulin qui, manquant souvent d'eau semble écouter s'il en tombe du ciel.
Ch'est si boin qu'ein kien n'ein donneroit poent à ch'mère. Manière d'exprimer l'excellence d'un mets quelconque. Ch'est l'fiu d'ein cérusien d'villache: sin père sanoit (saignait) l'terre à keu de pioche. Epigramme contre le fils d'un artisan ou d'un laboureur qui, oubliant son origine, veut se donner de grands airs.
Ch'est le moezon du bon Diu, on n'y boit ni on n'y minge. Se dit ironiquement d'une maison où l'on n'offre aux visiteurs ni à boire ni à manger.
Ch'est ein beudet de nature
I n'chait poi lire ess'n'écriture.
Ch'est à Ch'pied d'ech'l'abe qu'o conoit ch'bnkillon. C'est à l'œuvre qu'on connait l'artisan.
Se dit ironiquement de ceux que la curiosité retient à la fenêtre.
Femme qu'al minge ess'crème, jen'bat poent d'bure. Ch'est ein métier; vous le sarez quand i sero foait. Vous ne connaitrez le résultat de l'événement que lorsqu'il sera accompli. Ce proverbe fait allusion au jeu du métier, outesjoueurs miment une profession quelconque. Avant la scène, on demande aux acteurs caristi, caristo, queu metier? et ils répondent vous le sarez quand i sero foait.
Ch'n'est pau li l'keuse equ'chés guernouilles, is n'ont poënt de queue. C'est ce qu'on dit d'un bon homme à courtes vues. Cli'n'est qu'ein laissiant roupiller (dormir) ch'marlou (chat) qu'ein ne rechoit pau de coups de griffes. Ce n'est qu'en laissant les gens tranquilles, qu'on ne s'expose point à leur colère.
Ch'est à Dieu et à mi. C'est ma propriété.
Ch'est demain foëte
Les singes sont al fernète.
Ch'est aussi vrai qué d'l'écriture
Ch'est écrit sous l'queue d'ech lapin
Ch'ti qui gagne au keminchemeint
Perd à la fin.
On répond ordinairement par cet autre dicton
Il est écrit d'zous s'panche:
1 n'est qu'd'avoër l'avanche.
Cholle maliche al est honnête
A retourne à sin mouète.
La méchanceté retombe sur son auteur.
our tau 13.*
Ch'li qui se trondèle à l'ombrache ne recourra pas de keus de solel, Celui qui ne s'expose pas au danger, n'y périra pas. Le proverbe suivant a le même sens.
Ch'ti qui ne touchero pau à ch'fu, i né ch'grillero pau chés ongues.
Ch'ti qui sero méconteint
Tornero sin c.. au veint.
Ch'est tout comme si no cat miaulait. C'est comme si vous chantiez.
Ch'ti qu'acoute ess' femme et sin curé
Ne manqu'tent poent de pauverté.
Parce que la femme appauvrit le ménage par ses dépenses de toilette et le curé par ses demandes d'aamônes.
Cœur,c'tî qui n'en a pas, il en meurt. Se dit en jouant aux cartes.
Conseil d'éreille
Ne veut pau eine grouseille.
Un conseil qu'on n'écoute que par complaisance n'aboutit îi rien
Couler ein molet de bure dins le dos. Rendre quelqu'un souple à force de coups. Signifie aussi dans quelques endroits Graisser la patte à quelqu'un.
Défiler ses capernotes. Exposer une affaire. Voir CAPERNOTiEn dans le Glossaire.
D'ein tchène
1 n'eut fro bien eine manche à z'alène.
Se dit de quelqu'un qui dépense beaucoup pour faire peu.
De loin chés vakes iz ont de gros pis, et pis de près, chés catrons is sont flauds. De loin c'est quelque chose et de près ce n'est rien.
Del soupe à naviaus,
Pas de bure et beaucoup d'iau
Ch'est le potache des carmes décaus.
Se dit d'un potage fade et peu garni.
Des tèles et des télots
Ch'est le ménage d'ein sot.
C'est une sottise, dans un ménage, de ne pas viser au solide et d'acheter des choses fragiles.
Deux loques mouillées ne peuvent mie se ressuer. Deux x infortunés ne peuvent pas se consoler l'un l'autre.
Diu vous béniche
Et dins sin paradis vous niche.
Ce second vers est ajouté au souhait ordinaire par amour de la rime.
Donnez leu aujourd'hui ein bu et pis demain eine vake, chasero eoè'reà à rekmincher le surlendemain.
Ech'n'est mie ech'ti qui palle el pus qu'il o le pus d'esprit. Ed'sot juche brève seinteinche.
Ein n'est jamouais brousé que par ein pot noerd.
Ein poysan et pis ein leu
Cha n'o qu'eine ame à deux.
Ein baton bien triné vaut miux qu'eine carrue mal attelée. –On gagne plus à demander l'aumône avec habileté qu'à cultiver médiocrement un petit coin de terre
Ein fiu qui file eine femme qu'al clake
Ch'est un ménage sins cotron ni casaque.
Un homme qui file et une femme qui conduit les chevaux composent un ménage ridicule.
Fin ne doit jamouais apprêter ch'licou devant ch'vieu. II ne faut pas vendre la peau de l'ours avant qu'on ne l'ait tué. Cette locution signifie encore: Pour prendre quelqu'un, mettez y de la prudence.
Ein prinche sans ergeint
Ch'est ein apothicaire sans ongueint.
Bin ne put mie tirer de fraine d'un sa à kerbon.
Ein car qui woigne
Eine femme qu'al glaigne
Font coir du chemin.
Un charriot qui crie de vétusté et une femme qui se plaint vont néanmoins leur chemin.
Ein ramon nu
Cha ramone miux
Qu'ein viu.
Eine vake n'y reconoitroit mie sin vieu. C'est ce qu'on dit d'une maison où rien n'est rangé. – On dit aussi: Ch'est l'hotel des mirakes.
Ein pet r'tenu
Ch'est un hWs quand qu'on est viu
Fine kenne fêlée vo pus longtemps à l'ieu qu'eune neuve.
Eine jone femme,
Du bos vert,
Du pain ter,
Del flamike à l'ognon
C'est l' ruination
D'eine moeson.
C'est une variante du proverbe que nous avons cité plus haut.
Eine majon sans fame
Ch'est un corps sans ame.
El fille qu'al siffe, el glaine qu'al cante el co
Crient'nt qu'o leur racourchiche el co.
Une fille qui veut faire l'homme et une poule qui veut faire le coq, méritent d'avoir le cou coupé.
El jour de demain
Amène sin pain.
C'est la maxime du Savetier de Lafontaine.
Chaque jour amène son pain.
En racusier des noerdes pour des blankes et des ganes pour des bleuses. Tromper les gens crédules, leur faire croire que des vessies sont des lanternes.
En prendre plein s' panche
Et plein s' manche.
Emplir ses poches après avoir bien dîné chez autrui. Ete d'ech' bos dont on foet des flutes. Etre d'un caractère souple et facile à manier. Dans quelques localités on indique
par là une personne simple et un peu niaise; dans d'autres, une personne qui est propre à faire la chose dont on parle. Etoile qui file, femme qui meurt.
Femme à sin tour al' doit parler
Quand qu'chés glaines is vont uriner.
Feut foëre mardi gros aveu s' femme et pis Pâques aveu sin curé. Femme sache
En' dit poent s' n'ache.
Foëre comme ech' varlet du diable. Faire plus qu'on ne commande ou plus qu'on ne doit faire.
Foëre des contes à tuer des leus à coup de bonnet. Faire des contes à dormir debout.
Foëre pus de fien qu'on n'o de litière. – Faire plus de dépenses qu'on n'a de ressources.
Foëre dinser aveuc ein violon à bourique. – Donner une volée de coups de bâton.
Foé's à te mode et le resse à te fantaisie. Fais-en à ta tète. Foës des complimeints à ma tante Bobée. Phrase de convention par laquelle on fait entendre à son interlocuteur qu'on ne croit pas un mot de ce qu'il avance.
Gagner en prumier
Ch'est du fumier;
Gagner en second
Ch'est du bon.
Gn'y o déjo assez de crans dessus vo taille. II y en a déjà assez sur votre compte.
Gn'i o pas d'ieu si belle
Qu'an ess' Iroubèle.
Gn'y o que ch'-t-ichi qui ch' foët berbis qué ch' leu i l'mainge.Gn'y o pau de différeinche d'ein homme d'esprit qui ne palle pau avec ein sot qui ne dit rien.
Gn'y o poent après ein pot feindu pour durer pus longtemps qu'ein eute. C'est ce qu'on dit d'une personne dont la vie se prolonge malgré quelque grave maladie.
Gn'y o pau moyen de moyenner. Il n'y a pas moyen de s'arranger.
Graissiez les bottes d'ein vilain os n'arez que chés crottes ed' reste. On trouve un proverbe analogue dans les Proverbes au comte de Bretagne: graissez les bottes d'un vilain, il dira qu'on les lui brûle.
Hututu l'mère ed' nos glaines. Phrase par laquelle on exprime son doute ou son incrédulité sur un récit quelconque. 1 feut foere eine crox dessur. II faut y renoncer. I gn'y o mie de sots vendeux
1 gu'y o que des sots acateux.
Ign'i a pas après ein boiteux pour vouloir dansier. Il aro des étoupes à détouiller à s' quenouille. – Il aura beaucoup d'embarras.
Il a pu kier vos talons que vos pointes. Il aime mieux vous voir partir que de vous voir arriver. Cette locution doit remonter au temps où les souliers se terminaient en pointe relevée
Il y a aussi loin ed chez mi chez ti que d' chez li chez mi.
Il est dedins
Comme frère Laureint.
Il est moelle de s' n'éculée quand il l'o miée. Il n'est pas maître chez lui, pas même de ce qu'il a sur son assiette, avant de l'avoir mangé.
Il est passé à Cambrai il o ieu ein keu de martieu. Se dit de quelqu'un qui a le cerveau fêlé.
I li foroait le gardin et les prônes. C'est ce qu'on dit d'un homme insatiable.
1 li donne des loques à laver pus qui n'a de savelon. Il lui donne plus d'ouvrage qu'il n'en peut raisonnablement faire. Il y attrapero s'keuke. Il s'y fera pincer.
Ine feut point que chés glaines cantent pus heut que chés cos.La femme doit obéir au mari.
1 ne feut qu'ein keu
Pour tuer un leu.
1 n'est poi foèt por M'fuser eine claque. Se dit de quelqu'un fort poltron.
I n'oseroit mie émormeler (écraser) eine mouke qui li mingeroit ses yus. On désigne par là une personne dont la bonté est excessive et qui supporte sans rien dire toute espèce d'avanies. In'yconnoit pus des bus. Il n'y entend rien. Le patois rouchi aune locution tout à fait analogue I n'y conot qu' des bués.
I ressane à chés porcheux
Avec du viux i foet du neu.
Parce que le porc, après avoir mangé des ordures, en fait de nouvelles, en digérant.
1 vaut miux aller ach' l'ormère
Qu'à ch' l'apothicaire.
Parce que le pain coûte moins cher que les médicaments. veut mieux embrasser eine fame qu'eine porte. – Telle est la bizarre sentence par laquelle on répond au mot qu'importe? dans le canton de Conty.
1 veut mieux laid, soupons,
Equ': bieu quoi qu'os ferons.
Il vaut mieux se marier avec un homme laid qui'soit riche, qu'avec un beau mari qui soit pauvre.
1 veut miux bailler ein coup de deint
Qu'ein coup de langue à sin prochain.
Il vaut mieux faire un bon repas que de médire.
1 y pus à prendre à sin nez qu'à se bourse. Se dit d'une personne peu à l'aise ou même de toute autre personne qui a souvent besoin de se moucher.
J'ai vu Hurluberlu monté sur un séu. Je n'ai rien vu du tout.
Je te barai du bure ed berker. C'est prendre la tête de quelqu'un et lui presser fortement les tempes avec les pouces. J'aime miux dire bojour à m' marcandise qué d' li dire adiu. –J'aime mieux ne pas vendre que de le faire sans sûreté. J'ai aoui braire eine vake, mais je n' serois dire dins quelle étave. J'ai entendu dire quelque part mais je ne sais plus où.
J'ai té salué d'ein vilain capieu. J'ai reçu sur la tête quelque chose de désagréable.
J'aimeroës miux apprendre min co à juer au pamphile. -C'est ce qu'on répond, quand on vous propose de faire une chose extrêmement difficile, sinon impossible.
Je me fiche de ça
J' suis du Canada.
Je ressane ach' crucifix de St.-Gervais, je sus désargenté. Je n'ai plus d'argent.
Je sais bien eine canchon; mais ch' couplet lo n'est pas dedins. – Je n'entends pas ce que vous me dites je ne ferai point ce que vous me demandez.
Je ne preindrai point de tes armanos. Je ne suivrai pas tes conseils.
Jonesse qu'al veille, vieillesse qu'ai dort
C'est signe ed' mort.
Jonbir à ravisier voler chés moukes. -Rester à rien faire. Ker veindeux et méchant poyeux sont bientôt d'accord. Celui qui a l'intention de ne pas payer ne s'embarrasse pas du prix trop élevé qu'on lui fait.
Laissiez pisser chés berbis. Ne vous occupez pas de cela. Lapins, pingeons
Ch'est le démolition
D'eine moëson.
L'espéranche foet vive l'homme; el lonke atteinte el foet morir. Les mnstins en reviennent toujours. Les mauvais effets d'une tricherie retombent tôt ou tard sur le tricheur. Le mariage convertirait ein leu.
Les femmes et les vius bâtés
Y a tudis à y cafader.
Pour ce qui concerne les femmes et les vieux bateaux il y a toujours quelque chose à refaire.
Le bon Diu n'est poent barucheux; i n'esse kerke poent d'ordure. – Mauvaise plaisanterie qu'on dit en riant à ceux qui expriment la crainte de mourir.
Le Diabe est sus ses vakes, le Diabe est sus ses glaignes. –C'est ce qu'on dit d'un homme qui semble être poursuivi par le sort.
Leus kiens is ne cach'tent poent einssane. Ils ne sont pas amis ils ne se voyent pas.
Leu kemise al dépasse leu cotron. Ils sont plus riches que bien vôtus.
L' première mouke qui vous piquero cha sero un taon. Si vous recommencez prenez garde à vous La menace est plus forte quand on dit el première deint qui l'y ke'ro cha sero s' makoire.
Marchez vos gambes ein heut os ne perdrez pas voskeuches. – Allez votre train vous ne réussirez point.
Malin comme Gribouille
Qui s' muche dins l'ieu de peur qui s'mouille.
Ce dicton, a sur le proverbe français, l'avantage d'avoir conservé la rime.
Mal écouteux
Mal raporteux.
Mette du cornu aveu du ramboury. Mettre du désaccord dans sa toilette.
Miu veut aller ach' molin
Que d'aller ach' médecin.
Il vaut mieux manger beaucoup que d'être malade. Min crasset (lampe) est à sec d'huile. J'ai le gosier desséché à force d'avoir parlé; je ne trouve plus rien à dire. Minger les os d'esse mère. Assister au second mariage de son père.
M' n'escarchelle ch'est l'auberge du Diabe. Je n'ai rien dans ma bourse.
Moyenne ville moyennes geins
Grand pot au fu, rien dedins.
Dans les petites villes on ne trouve que de médiocres fortunes qui font beaucoup d'embarras pour rien.
Mort d'ein kien, vie d'ein leu. La mort de quelqu'un dont on avait à se plaindre et dont on est héritier contribue à nous rendre la vie heureuse.
M' parole d'onze heures,
Foi de midi qu'est pas une heure.
Manière de donner sa parole pour rire.
Ne pas périr à l'écaille feute d'ein keu de bec. Avoir bon bes bonne langue.
Ne foëtes pas vir si clair le couleur de vo casaque. Ne manifestez pas si clairement la couleur de vos opinions. Ne poent valoir les quate fers d'ein kien.
N'entendre ni à u ni à dia. Ne pas savoir se diriger, ne rien comprendre.
Ne poent prendre le temp* d'aboyer pour mordre.. Arriver tout-de suite aux coups. Cette locution est aussi employée
dans le sens d'être habile en affaires et de manger avec avidité, sans trouver le temps de dire un mot.
Nebrais poent, t'aros du brin d'agache (gomme de cerisier). – Dit-on à un enfant qui pleurniche. ·
Noyer (se) dans sin rakion.- Se dit d'une personne qui a du malheur en tout et pour qui les moindres obstacles deviennent insurmontables.
No vouesin il o deux vakes; mi je m'ein passe. Vous me croyez riche, mais je suis pauvre.
Nouvieu ramon ramone volontiers. On déploye beaucoup de zèle dans un emploi nouveau.
No kien i n' n'est mort d'acouter. Raillerie qu'on dit à celui qui vous ennuye ou qui veut vous faire écouter ce que vous ne voulez pas entendre.
On ne doit mie apprêter chol caniche edvant que ch'vieu ne fuche arrivé, Il ne faut point faire d'apprêt, avant de savoir si ce qu'on espère arrivera.
Obligez fin beudet,
I vous foet un pet.
On n' devient poent gros à le'ker chés murs.
On ne tient poent de bure sans avoir les pattes grasses. On ne peut mie dessaker d'ol fraine hors d'ein so à kerbon. –On ne peut pas tirer un bon parti de quelque chose de mauvais. On me sauroit foè're ein donneux d'ein brimbeux. On ne doit pas attendre de générosité de celui qui demande continuellemeut.
On n'est jamais brouzé que par un noerd pot. C'est l'équi-
valent de cette maxime les injures des méchants sont de la boue qui ne salit que ceux qui la jettent.
0 n'attrape poi deux foès ein leu al' même treuée.
0 n'est pau louis d'or; on ne plait pau à tout le mône. Je ne pense pas que ce proverbe soit d'origine picarde, bien qu'il soit fort répandu chez nous.
0 n'y reconoitroé't poent le bon Diu pour ess-z apôtes. C'est un brouillamini à ne pas s'y reconnaître.
Où femme il y a
Chileinche n'y a.
Oz avons nori ch' porcheu pour l' z'eutes. Traduction vulgaire du sic vos non vobis de Virgile.
Oz avez bieu heucher ch' l'arbre, si l' poère a n'est pas meurte, a ne kérapoënt.
Oz est critiqué par deux sortes ed' geins par des maouais kiens qui vous connoettent et pis par des beudets qui ne vous connoitté poi.
Parmi chés cosseyeux
Keusissez chés pus vieux.
Parain ou maraine a le poke treuée – C'est ce que crient les enfants du peuple quand le parain ou la maraine ne leur jettent pas de liards ou de dragées.
Pchot village, méchantes geins,
Grand pot au fu rien dedins.
Pus ein beudet est kerké pus i vo vite.
Peut-ète et quasimeint
Sont des cousins germains.
Prinde ses bos pour ses keuches. Se tromper.
Pour frerner ch' poulailler, ch'est s'y prendre ein peu tard D'attendre eq' chés poulets soient mingés par chés renards. Prinde ses keuches pour ses maronnes. Prendre des vessies pour des lanternes.
Poent de pot au fu,
Poent de salut.
Pour éte boen soldat i feut avouer el forche d'ein g'vau les gambes d'ein cherf el patienche d'ein cameau el courage d'ein éléphant et le panche d'eine puche.
Prinde Jacques Déloge pour sin procureux. S'en aller, déguerpir.
Poverté ch' n'est pau viche
Comme fien d'kien i n'est pau pain d'épiche.
Quand les portes sont fremées on ne sait point ce qui se pache dins chés moesons. Tel qui paraît heureux ne l'est pas du tout.
Quand on peut rejoinde el Diabe, el bon Diu n'en foè't que rire. Il est permis de tromper les méchants, pour arriver à un bon résultat.
Quand je dis bojour au matin, ch'est pour dusqu'au vèpe. Quand je donne ma parole, on peut compter sur ma promesse. Quand chés cos sont au guernier, chés souris dans' lent. Quand les maîtres sont absents les valets se divertissent. Quand chés guernoules iz aront des queues ou quand chés glaines as aront des deints. Manière expressive de dire jamais.
Quand qu'ein n'a pau d'ail, i feut deusser (frotter son pain) d'ognon. – II faut se contenter du médiocre, quand on n'a pas mieux.
Quand i s'y met, cha n'est pau pour des prones. Quand il se met à l'œuvre ce n'est pas pour peu de chose.
Quand le co a canté, le glaine doit se taire. La femme doit obéir à son mari.
Quand le soleil luit, tout le mône a caud. Quand le commerce va, tout le monde s'en ressent.
Quand on quitte chés marichaux i feut poyer les vius fers. Quand on retire sa pratique à quelqu'un il faut payer tout ce qu'on lui doit.
Quand qu'eine ne dentie pau chés kiens, ein est pau mord. Quand le fricot d'ein eute brûle, i feut le laissier brûler. C'est la triste maxime chacun chez soi, chacun pour soi. Quatre (les) mots picards sont ein co, ein kien, einemouke, du b. dins te bouke.
Que Diu te béniche les gambes ein heut, tu ne perdros poent tes keuches C'est ce qu'on dit à ceux qui débitent des hableries. Qui va piano
Vu sane.
Nous avons emprunté ce proverbe aux Italiens: chi va piano va sano.
Qui a bon voisin
A bon matin.
Qui vient de bon cal volontiers surque.
Qui toke l'un toke l'autre. C'est ce qu'on dit de deux amis qui sont toiijouts disposés se défenlre mutuellement.
Quoi qu'o dit d'nouviau? On répond à cette question par un jeu de mot il est mort, i n'o pau voulu boè're. (nou vieu, notre veau).
Raser d'sus le dos d'ein (œuf). Vouloir prendre quelque chose là où il n'y a rien.
Itabongier toujours le meume cantique d'sus le même air. –Répéter toujours la même chose.
Rebatte de vieilles guerbées. Faire des redites.
Rebatte ses hotons. Se rappeler d'anciens souvenirs agréables (V. HOTONS dans notre Glossaire).
Rechevoir eine casaque doublée de pareil. Cette locution a plusieurs sens recevoir une volée de coups recevoir en échange la même chose qu'on voulait échanger.
Rechevoir el canté. Etre appelé à faire immédiatement après quelqu'un la même action.
Rindi, rindo, deux vakes pour deux bus ou bien rindi, rindo, du brin pour du bouso. C'est le proverbe de Phèdre par pari refertur.
Se laissier nainger sin lard sus s' n'assiette.. Se laisser tondre la laine sur le dos.
S'il avoit del' paille, i feroit bien du fumier. S'il avait de l'argent il saurait bien le dépenser.
Sans mouiller, on ne peut poent filer. On ne peut pas manger sans boire.
Si vous foëtes ein treu il o eine guille à mette. Il n'est jamais pris au dépourvu.
Si os n'étes point conteint de vo voesin, os reculerez vou pignon. Vous avez beau ne pas être content, il faut en passer
par là. – On dit dans le même sens ech'ti qui ne sero pau conteint, i relékera sin peuche.
Si ch'nest poent le même glaine qui l'a a pondus, c'hest le même qui l'z a keuvés. S'ils ne sont pas frères, du moins ils se ressemblent bien.
Si tu badines aveuc ein co
Prinds garde à ses gratis.
Ne vous familiarisez pas avec ceux qui peuvent vous faire du mal.
S'kemise est pus près qu'sin gartiu. Se dit de la préférence légitime qu'on doit accorder à sa personne sur son prochain, à de proches parents sur des alliés etc.
Soignez vos glaines. C'est ce qu'on dit à une femme qui se mêle de ce qui ne la regarde pas.
Tandis que vous t'nez che leu par chés oreilles, secouez les. Profitez de l'occasion; battez le fer, tandis qu'il est chaud. On lit dans la Satyre ménippée « Je seroy en grande peine et tiendroy le leup par les oreilles. »
Tchiot et'fant, tchiot mau,
Grand effant grand mau.
Teinter Diu pour aller à caroche. – Lui demander des niaiseries, des choses inutiles.
Temps pommelé
Femme fardée
En'sont point de lonke durée.
Tout ce qfai hoche ne ket point.
Tout foet (raine au moulin. C'est ce qu'on dit quand on voit quelqu'un manger avec appetit des mets grossiers. Tout ch'qu'el vake al donne, ch'vieu le boet. Se dit de quelqu'un qui dépense tout le gain que lui ou ses parents réalisent.
Tout chou qui guerlotte dins s'chervelle, cho n'ein sort pas à mitan cuit.- Tout ce qu'il pense est parfaitement exprimé. Treuver bonne meine, bon fu et bonne tabe. « Nous y trouvâmes, selon un vieil adage picard bonne mine, bon feu et bonne table. » ( l'abbé Poquet, excursion au château de Quierzy.)
Trois (les) merveilles de la nature, d'après l'adage picard, sont Ein lapin qui piche toudis et pis qui ne boet jamoës eine glaigne qui boët toudis et qui ne piche jamoës et pis ein beudet. qui kie des crottes carrées.
U tu tu
Capien pointu.
Manière de dire laisse moi tranquille 1 vas te promener. Un i, un o
Eine crox sur sin dos.
Manière de dire: je renonce à lui, j'y renonce.
Veut miux reglance
Que fallance.
Un ménage bien réglé vaut mieux que celui qui brille par de grandes dépenses.
Veut miux ète porcher qu'd'ète porcheu
Veut miux ploère
Eq'bien foère.
Veut coere miux laissier t'n'einfant morveux que de H arraker sin nez. II ne faut pas prendre un remède pire que le mal. Viedeguerchon,
Vie de polichon.
Vivons bien, os mourrons gras.
Vieille fille,
Vieille guenille.
Vlo St.-Antoine et sin pourcheu. Dit-on de deux personnes qui sont toujours ensemble.
Via le cas
Dit l'avocat,
Via le nœud
Dit le soyeux.
C'est là la dilticulté voilà le hic.
Vous allez souvent à ch'bos; vous serez mingé pal' chés leus. Vous vous exposez au péril vous y périrez.
Vous allez sortir de l'hopital. C'est ce qu'on dit à quelqu'un qui éternue, parce que l'on considère l'éternuement comme un pronostic de bonne santé.
Vote nez branle. Dans quelques parties de la Picardie, dit l'abbé Tuet (Matinées se'nonaises ) quand on interroge un enfant sur une espièglerie qu'il prétend n'avoir pas faite, on feint de lire son mensonge sur sou nez, en lui disant votrp nez branle. Du temps d'Erasme, on disait vulgairement: votre nez me dit que vous mentez. Nasus luuiarguit tibi te mentiri.
Les Siciliens regardaient comme des menteurs ceux qui avaient sur le nez des pustules blanches.
§̃ II. Proverbes météorologiques et hagiologiques. Un nombre considérable de proverbes relatifs aux saisons et à la culture ont cours dans nos contrées. Nous n'indiquerons que ceux qui nous paraissent d'origine picarde, ou qui tout au moins sont répandus chez nous depuis un temps immémorial.
gÉVRIEIt.
Février le pus court d' chés moës,
Ch'est itout le pus pire cheint foës.
On dit aussi février le court, ch'est le pire ed' tous. Février, févriot
Si tu gèles t'engèleros mes t'chiots.
On dit dans l'arrondissement de Doullens
Fébruariot
Si tu gèles, gèle pas mes piots.
On dit aux enfants que les grives chantent cette phrase quand elles commencent à couver.
5 FÉVRIER.
Sème des ognons le jour ed' sainte Agathe
1 d'viendront gros comme el cul d'eine gate.
24 FÉVRIER.
Saint Mathiache
Casse les glaches.
Il n'y a plus ordinairement de gelées à craindre après la fête de saint Mathias. On trouve un proverbe analogue dans le recueil de Gabriel Meurier.
A la saint Mathias
Se fond et brise glace (1).
MARS.
Mars halleux
Marie la fille du laboureux.
Ce proverbe est cité dans le dictionn. de Trévoux, v° Mars. Si foët de l'hernu (orage) en mars
Os pouvons dire: hélas!
MARDI-GRAS.
Feut foere mardi gros aveuque s'femme et pis Pâques aveu sin curé
A mardi gros
Ch'ti lo qui n'o point d' viande i tue sin co
Ch'ti qui n'o point de co
1 tue s' femme.
Dans plusieurs localités on dit
Cti qui n'o point l' femme, tue ch' co
Cette version est bien préférable et signifie que celui qui n'a pas de poule (la femme du coq) tue son coq. Le même proverbe (1) En Danemarck et eu Noiwège on dit qu'après la saint Mathias le renard ne se fie plus à la glace (parce qu'alors elle est trop faible). (Note de TA. Breuil).
s'applique au jeudi-jeudiot, qu'on appelle la féteed'chéscos(\). AVRIL.
Parce que le temps froid est funeste aux plantes les jours de saint Georges (23 avril), de saint Marc (25 avril), de l'invention de la sainte Croix (3 mai) et de saint Urbain (25 mai). 30 AVRIL.
Quand i plut l' nuit de mai, i gn'y a point de cherises. MAI.
(I) Dans les environs de Ham les enfants chantent
Avril el doux
Quand i s'ertourne (se fàche) ch'est le pire ed' tous.
I n'est si gentil moes d'avri
Qui n'aye sin capieu de grési
23 AVRIL.
Georget, Market, Croiset Urbanet
Sont de méchants guerchonets.
Mai
Ne s'ein vo mie sins épis de blé.
Frais mai, caud juin
Donnent bon pain et bon vin.
Mardi-gras,
Ne t'en vas pas
Nous ferons des gaufes
.Mardi-gras,
Ne t'en vas pas,
T'en mangeras. L .) )
Raque en moy, poure en eut « disent les Picards ce qui signifie boue en mai désigne de la poussière ou grande sécheresse en août. »
On exprime la même idée d'une manière plus précise et plus triviale en disant
Dit-on en parlant des noisettes.
(P. Daire Almanach gaulois).
8 JUIN.
S'i pleut le jour ed' saint Médard
1 pleuvro 40 jours plus tard.
S'i pleut l' jour ed' saint Médard
Le tiers des biens est au hasard.
Saint Médard
Est ein grand pissard.
24 JUIN.
AI saint Jean
On bée dedans.
22 JUILLET.
A la Magdelaine
Les nesettes sont pleines.
10 AOUT.
A la saint Laurent
On fouille dedans.
16 AOUT.
Al saint Roch
01 zés croijue.
1." SEPTEMBRE.
Al saint Gilles, saint [.eu
El lampe ach' cleu.
A cette époque les ouvriers de la campagne suspendent leur créchet à un clou, pour commencer les veillées.
3 SEPTEMBRE.
Os povons r'mercier saint Grégoire,
Os avons du mau, os n' n'aurons coire.
17 SEPTEMBRE.
Ch'est aujourd'hui saint Lambert
Qui quitte ess' plache el' perd.
On dit dans le même sens à Bayeux
C'est la saint Regnobert
Qui quitte sa place la perd.
Quand on peut reprendre sa place on réplique
Ch'est aujourd'hui l'saint Laureint
Qui quitte ess' plache l'a repreind.
18 OCTOBRE.
A la saint Lu,
Sème dru
Ou ne sème pus.
1." NOVEMBRE.
0* sommes al Toussaint, os serons bientot au Noé. Mauvais jeu de mot qu'on dit à un enfant qui tousse, par allusion aux fêtes de la Toussaint et de Noël.
Le Père Daire, dans son almanach perpétuel cite ainsi ce proverbe:
André, Andréa
Saint Valérien okst tin patron.-C'est ce qu'on dit à un mauvais sujet, à cause de la ressemblance de Valérien avec vaurien. 13 DÉCEMBRE.
Dans le département du Nord, le proverbe est plus complet on dit que les jours s'allongent
Saint André, Andréa
Que n'es venu que ne venas
A Toussaint comme el'z autes.
Que ne venez, que ne venas
A la Toussaint comme les autres.
A la sainte Luche,
Les jours s'avanch'tent du seut d'eine puche
A l'saint Thomas,
Du pas d'un gu'va.
Al saint Theumas
Du seut d'un cat;
Du saut d'un beaudet
Au bon an,
D'un pas de sergent.
On s'en apperçoit
Al candelée
A tout allée.
30 NOVEMBRE.
10 DÉCEMBRE.
Au Noé,
Aux Rois,
Le proverbe de Valenciennes que cite M. Hécart (Dict. rouchi, p. 321) est plus court
C'est une variante du proverbe normand cité par Pluquet (contes populaires, p. 124)
On fait remarquer, à tort ou à raison, que lorsque, le jour de Noël on s'assied à son pignon pour jouir d'un chaud soleil, on est retenu près de son foyer par le froid, le jour de Pâques.
Quand il y a beaucoup de hannetons, la moisson est abon-
21 DÉCEMBRE.
Thomas, thomas
Cuis tin pain, bue tes draps;
Tu n'aros poent chitot bué
Que Noé saro arrivé.
Thomas, Thomas,
Cuis tin pain, bue tes draps,
Trois jours après Noé t'aras.
25 DÉCEMBRE.
Noël et l'saint Jean
Se partag'tent l'an.
Nouel à chés pignons
Pâques à chés tisons.
A Noel au balcon,
A Pâques au tison.
ANNÉE. – VENDANGES.
Année hourloneuse,
Année fromenteuse.
dante Tout au contraire les vendanges sont médiocres. C'est pour cela qu'on dit
Grande hennetonée,
T'chotte vinée.
SOLEIL.
Du kiot vent et du caud solaige, c'est du temps de gras pourceau (Béthunes).
Quand la pluie tombe en même temps que le soleil brille, on dit que ch'est le diabe qui bot s' femme, ou bien encore que ch'est ein bain qui caufe.
HIVER.
L'hiver n'est poent batard,
Quand i ne vient poent teimps, i vient tard.
§ 3. Anciens Proverbes romano-picards. Après grant maladie ensient bien grans santés.
( Jus de la feuillie. )
Bien faict qui bien dit etretret.
( Fabliaux de Gautier de Coinsy.)
De castiier (instruire) cat qui est vieus.
Ne puet nus hom venir à cief.
( Roman de Ham, p. 814.)
Députe rachine pute ente (rejeton).
(Roman de la violette, p. 586. )
Faire jarbe de fouere à Dieu. « C'est un vieux proverbe picard qui signifie tromper Dieu et que le français a remplacé par faire barbe de paille it Dieu, en substituant barbe à jar lie
( gerbe). Ce dicton fait allusion aux payeurs de dîmes qui acquittaient leurs contributions par des gerbes où il n'y avait pas de bled. » ( Additions au Dict. de Nicot p. 18.) Faire son preu (profit) d'autruy dommage.
Et d'autruy cuir larges correies.
(Hélinand de Beauvais.)
Faire du cuir d'autrui larges courroies signifie être fort libéral du bien des autres.
Femme qui est courchée ( en colère ) est sans sens.
(Rébus de Picardie, MS. 7618 de la Bib. nat.)
Grans vent kiet à peu de pluie.
( Roman de Ham. )
Il n'est mois qui reviengne.
( P. Daire, Àlman. perpétuel de nos ayeux. )
II parait bien au tessons ce que fut le pot.
(Li jus de la feuillie. )
La pie (ivrognerie) emporte l'acquêt (profit).
(Rébus de Picardie n.° 25. )
L'en doit faraes honorer
Seur toute rien.
Por Dieu, Perrin, tiens le bien
Ou tu charrns. (tomberas)
Car à midi, à Arras
Ce oï dire.
(Reswflies, dit fort curieux publié par M. Jubinal). Les cuers des gens entendent miex les courtes paroles que les longues.
(Registre aux cinq cleus, MS. du xni." siècle des
archives de Beauvais. )
Les femmes ont du poil de l'ours;
Femmes dient ce que dire suôlent,
Et en ce font ce que faire voelent
Feme est li fromage buskex.
(Roman de Ilam, p. 284. )
D'après M. Peigné, qui prépare une excellente traduction de ce poème buskex signifierait courte paille et le dernier vers voudrait dire que le choix d'une femme est si difficile qu'il équivaut au choix d'un fromage qu'on tirerait à la courte paille.
Les nouveles choses tolent la remembrance des viés.
( Registre aux cinq cleus. )
On ne doit trop hardiment d'autrui cuir tailler grand courroi. (V. plus haut. )
( Congé de Beaude de Fastoul. )
Quanques tu commenderas, gardes que tu le dies briefment. ( Registre aux cinq cleus. )
Un fol advise bien un sage.
( Rébus de Picardie. )
§. IV. – Dictons historiques et populaires relatifs à la Picardie.
Les proverbes moraux comme nous l'avons dit dans une récente brochure sont en général des formules concises et piquantes du bon sens. Mais on ne peut toujours en dire autant des dictons et des sobriquets relatifs aux nations aux provinces et aux localités. Ces surnoms sont imposés d'ordinaire par la haine, l'envie, la raillerie, la malice, et ce sont là de fort mauvais parrains. Les
proverbes moraux se produisent dans des temps de calme, de réflexion et d'union. Les sobriquets, au contraire, naissent aux époques de guerre, de confusion et de désordre. Le xiu." siècle fut d'une richesse exubérante en respits, en resprouviers, en moralitez et en adages, tandis que le xiv.e fut fécond en dictons injurieux et en surnoms mal sonnans. Le siècle de Louis XIV nous a laissé une foule d'excellents proverbes où l'esprit le dispute au bon sens Les révolutions modernes nous ont légué des sobriquets Du temps de la féodalité certaines provinces, certaines villes, certains hameaux se poursuivaient d'une aversion réciproque. Quand les châteaux forts n'étaient point armés en guerre c'était l'épigramme qui remplaçait l'arbalète. Il ne faut donc point nous étonner du caractère injurieux de la plupart des sobriquets qui caractérisaient jadis nos villes et nos villages de Picardie, puisqu'ils étaient inspirés et traditionnellement conservés par la rivalité des localités voisines (1). Nous allons reproduire, par ordre alphabétique, tous ceux que nous avons pu recueillir, ainsi que les dictons historiques, héraldiques et commerciaux relatifs à notre province.
ABBEVILLE.
Blou d'Abbeville.
(Dit. de l'Apostoile, MS. du xm." siècle, n.° 1830 f. St.Germain de la Bibl. nationale).
Abbeville a été célèbre par ses manufactures de drap bleu. (1) Des dictons historiques et populaires de Picardie, par l'abbé J. Corblet. (Mémoire lu à la séance publique de la Société des Antiquaires de Picardie.) In-r 1850.
Par saint Ferréol d'Abbeville. Espèce de juron que Rabelais met dans la bouche d'un moine picard (Pantagruel, l. iv ch. xi). Nous ne connaissons que quatre Saints du nom de Ferréol et aucun d'eux n'est né en Picardie. Le Moyen-âge mettait les oies sous la protection de Saint Ferréol.
Les gentils-hommes de la cloche. Avant la révolution, on appelait ainsi à Abbeville à Péronne et dans quatorze autres villes de France, les maires et les échevins à qui l'exercice de leurs fonctions conférait un droit de noblesse. Les assemblées où on les élisait étaient convoquées au son de la cloche. De là vient leur surnom. (V. M. Quitard, Dict. des proverbes). Elle a passé le pont Grenet elle a bu sa honte.
(MS. de Collenot, d'Abbeville).
Il y avait jadis près du pont Grenet un hôpital destiné à recevoir les femmes de mauvaise vie. (V. M. Ern. Praron, Les rues d'Abbeville, p. 133).
AILLY. (Arr. d'Amiens.)
Ailly Mailly Créquy
Tel nom', telles armes tel cry.
(Ménestrier, Recherches du blason).
Ces trois illustres familles de Picardie portaient des armes parlantes.
AiLLï-LE-HACT-CLOCHER. (Arr. d'Abbeville.)
Haut comme ech' clokier d'Ailly.
allonville. (Canton d'Amiens.)
Ch'e.st comme les clokes d'Allonville quand l'une s'en vo, l'aute ervient. « Allonville est un village de Picardie à près
de deux lieues d'Amiens. Les deux cloches de l'église sont dans deux ouvertures, au haut du mur du portail, n'ayant point de clocher. Quand sonne le carillon, l'une va d'un côté et l'autre revient ce qui a donné lieu à ce proverbe que l'on applique àl'importunité de ceux qui ne font qu'aller et venir. » (MSS. Gaignières, prov. françois, t. h.)
AMIENS. (Somme.)
Les bacouais d'Amiens. Bacouais est un terme de mépris qui indique la niaiserie. Ce sobriquet date de l'époque où la ville d'Amiens se laissa prendre par les Espagnols grâce à quelques sacs de noix.
Le mal d'Amiens. On désignait ainsi l'érésypèle. (Rabelaisiana)
Li damoisels d'Amiens. (MS. 1830 de la Bibl. nat.) On appelait damoisels les gentilshommes qui n'étaient pas encore parvenus à la chevalerie. Ceux d'Amiens se faisaient remarquer dans les tournois et dans les joûtes.
Passements dAmiens.
(Almanach perpétuel du P. Daire p. 148).
C'est Jean d'Amiens
Qui se tue et qui ne fait rien.
C'est ce qu'on dit d'une personne qui s'agite beaucoup pour ne rien faire. Cette allusion proverbiale doit être rapportée au commencement du xvii." siècle époque où l'Artois occupé par les Espagnols était en antagonisme ouvert avec la Picardie. En effet, les Artésiens, pour se moquer des Amiénois qui faisaient de vains efforts pour lutter contre les soldats de Maxi-
milien disaient c'est Jean d'Amiens qui se tue et qui ne fait rien. En revanche, les Picards pour se railler de la trahison d'Arras, répondaient c'est lean d'Arros qui (cacat) et pis qu'il laisse lo. Ils accusaient par là les Artésiens de laisser le Roi dans l'embarras et de fuir devant l'ennemi.
(Comm. de M. l'abbé Bourlon).
Amiens noble halle. {Fabliaux, de Barb. le lendit rimé). Patés d'Amiens, de Reims et de Pithiviers.
(Alm. perpét. du P. Daire).
Saint Germain coucou
Ch'est l' paroisse d' chés fous
Saint Jacques
Paroisse ed' chés braques.
Les enfants du quartier Saint-Germain répètent ce dicton, la veille de leur patron en allant solliciter de porte en porte quelques menues monnaies, pour faire un régal. Le lendemain ils placent dans l'église une bouteille et une couronne de coucous (primevères à fleurs jaunes). La tradition populaire raconte que les paroissiens, trouvant que leur église serait mieux placée au milieu du Marché-aux-Herbes, se mirent à la pousser à force de bras. Comme le terrain était humide le long du mur ils glissèrent en arrière et crurent que l'église avançait. C'est ce qui les aurait fait qualifier de fous. On raconte la même anecdote sur les habitants de Rue. On assigne encore à ce dicton une autre origine. La fabrique aurait refusé une fondation consistant en un fief sis à Mézières, lequel rapportait un septier de blé par jour, par la raison que le blé était à trop bas prix. C'est sans doute uniquement par amour de la rime que l'on ajouté Saint-Jacques paroisse ed' chés braques.
M. Guérard a lu un mémoire sur l'origine de ce dicton, dans la séance du 27 février 1850. Il réfute l'opinion que nous venons de rapporter et fait remonter l'origine de ce dicton à une compagnie de fous, dont la fête se célébrait le 1." mai, et dont on retrouve encore un souvenir dans celle qu'on fait aujourd'hui, la veille de Saint-Germain qui tombe le premier dimanche de mai. Les enfants déposent devant l'image du Saint des bouquets de coucous ou primevères qui sont l'emblème de la folie. (V. Bulletin de la Soc. des Ant. de Picardie, 1850 n.° 1). ANCRE (Aujourd'hui Albert.)
Barbouillés d'Ancre. a C'est-à-dire noir comme le diable. La plupart des princes de France étant retirés de la Cour, pendant la faveur du maréchal d'Ancre, et poursuivis par les troupes du roi du nom duquel se servait ce maréchal, appelaient dans ce sens là les officiers et les soldats de ces troupes barbouillés d'Ancre. Et même après la mort du maréchal d'Ancre, arrivée en 1617 laquelle donna la paix, ces soldats congédiés repassant par les villes, les enfants couraient par troupes après eux, en criant: aux barbouillés d'Ancre. »
(Fleury de Bellingen prov. français p. 21. )
ANGIVILLIERS. (Arr. de Clcrmont.)
Les dindons d'Angivilliers.
APPILLY. (Noyonnais)
Les ésons d'Appilly. Sans doute à cause des oies que nourissaient autrefois les habitans de cette commune et qui vaguaient en grand nombre dans les prairies adjacentes.
ARGICOURT. (Canton de Montdidier)
Les hurons (niais) d'Argicourt. On débite beaucoup de contes peu favorables à la réputation intellectuelle des habitans d'Argicourt.
ARNOUL.
Arnoul daine. Cet Arnoul était un notaire de la Ferté-Milon. Henri II, prince de Condé, se rendit un jour chez lui incognito pour lui faire dresser un bail. Mais le tabellion était en train de dîner aussi sa femme dit-elle à l'étranger Arnoul daine; asseyez-vous sus che ban. Quand Arnoul daine, on ne lui parle mie. Le prince y consentit. Son repas terminé, le notaire dressa l'acte et, reconnaissant sa méprise, à la signature d'Henri de Bourbon, il se confondit en excuses. Ne craignez rien brave homme lui dit le prince, il fallait bien qu' Arnoul daine. Cette anecdote fut bientôt connue dans le pays et, aujourd'hui encore, on dit proverbialement en Picardie Arnoul daine en parlant d'une personne dont on a besoin mais qu'on ne veut pourtant point déranger. (V. Devérité, supp. à l'hist. de Picardie.) ARRAS. (Pas-de-Calais.)
Arras, Arras, ville de plait (procès)
Et de haine et de détrait (médisance),
On i aime trop crois et pile.
Chascuns fut berte (méchant) en ceste ville.
(Li congiés d'Adam de la Halle. xin.e siècle.)
Li bor>!eorx d' Arras.
( Proverbes au villain, MS. 7218 de la Bib. nat. )
Arras a été célèbre par ses béhordis (joutes).
Les saies d'Arras.
Les saies d'Arras tenaient 38 aunes dans les foires de Champagne. (Manière des foires de Champagne, MS. n.° 2, fonds Notre-Dame de la Bib. nat. )
Onques d'Arras bon clers n'issi. (Jus de la feuillie.)
Cette imputation contre la ville d'Arras fut renouvelée dans le Mercure d'avril 1739. L'abbé Lebœuf y répondit, dans sa dissertation sur l'état des sciences en France, en citant quatre ou cinq clers d'Arras qui se distinguèrent, dans le xi.e etlexu.0 e siècle, par leurs écrits liturgiques.
Quant on veut d'Arras le plus caitif prendre
En autre pais se puet pour boin vendre.
(Motets artésiens, MS. 184,supl. fr. de la Bib. nat.)
Porrée d'Arras. (Dit. de l'Apostoile, xm." siècle. )
Les Picards aiment beaucoup les poireaux, dont ils font une pâtisserie nommée flamique.
Les hoguineurs d'Arras. (Cf. Fauchet éd. de 1610 p. 524.) Hoguiner est un mot picard qui signifie fâcher et que Cotgrave traduit par to vex, to offend. Hoguineur signifie aussi débauché. Quand les souris mangeront les cats,
Le Roi sera seigneur d'Arras.
Les Bourguignons avaient inscrits ce dicton sur leur drapeau, alors que Charles VI, en 1414, faisait le siège d'Arras. (A. Dinaux, Trouvères artésiens.)
Quand les rats prendront les chats,
Les Français prendront Arras.
Arras portait (roi* rats de sable dans ses armes. C'est ce qui
fit inscrire sur une de ses portes le distique que nous venons de rapporter. Les Impériaux aimaient à répéter ce dicton; mais comme Arras fut pris en 1477 par Louis XI, puis repris sur l'empereur Maximilien par les Français, en 1640, on se vengea de la fanfaronade des Espagnols par plusieurs caricatures. Une de ces estampes satiriques était intitulée La défaite et prise générale des chats d'Espagne par les rats françois devantla cité d' Arras. Une autre représente un Espagnol couché au milieu des des rats qui en font leur proie. On voit d'un côté un chat qui n'ose approcher et de l'autre cette inscription
Cet Espagnol ainsi dévoré par les rats
Nous semble en le voyant une figure étrange;
Mais ce qui plus le ronge et ce qui plus le mange C'est le ressouvenir de la perte d'Arras.
(V. Monnaies des évêques des fous, introd. de M. Leber.) ARTÉSIENS
Les hauguineurs artésiens. (Rabelaisiana.)
Les Artésiens têtes de chiens.
Les Artésiens boyaux rouges.
Les provinces ont toujours eu quelque tendance à désigner leurs voisins par des sobriquets. Ces appellations sont parfois sans signification précise et font allusion à des couleurs. On retrouve cette disposition chez plusieurs peuples anciens et modernes. Le mot phœnicien signifie rouge (Isidore de Séville). Brits ou breton signifie bleu (Goldsmith). Les Chinois appellent f>ayx rouge l'Allemagne et l'Angleterre. Les Indous sont nommés noirs par les Persans et télés rouges par le» Turcs (Galli, pluralité des langues).
Camus comme un chien d'Artois.
Athies la désolée. Elle partait ce nom dès le m.e siècle. (L'abbé Decagny l'arrond. de Péronne).
Ltt pékeux de leune. On snppose par ce sobriquet que les habitants de Bailleuil sont assez simples pour essayer de pêcher la lune dans la rivière, où ils voient son image se refléter. BAPAUME. (Pas-de-Calais.)
Ch'est le mode d'Bapaume; ch'est le pus sale qui fait l'cuisaine. (Hécart, Dict. Rouchi.)
Veaux de Bapaume.
Les rougeott de Beauvais.
Bachelerie de Beauvez.
Les bacheliers de Beauvais, c'est-à-dire les aspirants à la chevalerie, étaient renommés pour leurs exploits militaires.
ARTOIS.
(Facétieux réveille-matin, xvn.e siècle.)
athies. (Arr. de Péronne.)
Athies, Fourques, Ennemain
Sont trois villages en une main.
BAILLEUIL-LE-SOC. (Arr. de Clermont.)
BEAUVAIS.
(MS. 1830, delaBibl. nat.)
Bieauvais cité de nom (de renom).
On fait des godés à Beauvais et des poêles à Yilledieu. (Menus propos, xvi.e siècle )
Gens de Beauvais, avant de casser vos ués (oeufs) taillez vos mouillettes. – C'est-à-dire avant d'entreprendre quelque chose, prenez vos précautions.
La bourgeoisie de Beauvoisine font troys mors (morsures) enune serise. (Menus propos, xvi.e siècle.)
Les vilains de Beauvoisis.-On sait que les paysans du Beauvoisis acquirent une triste réputation, en se révoltant les premiers contre la noblesse dans l'insurrection connue sous le nom de Jacquerie. Eustache Deschamps, huissier d'armes de Charles VI dit en parlant des vilains de Beauvais En Beauvoisins estoit la presse
(Le dit du landit rimé. Barbazan, t. u.)
Tout bourgeois de Beauvais
A pignon sur rue et vigne à rigolet.
Beauvais, ville mal sentante,
Mal sonnante mal disante.
BEAUVOISIS.
Du tuer femmes et en fans
Des nobles; telz estoit li temps
Et de leurs maisons démolir
Ardre, iléiùber et (ûllir.
BERLANCOURT. (V. Quesmy).
Les carimaros de Bertangle. – Carimaro kérimouéro, signifie bohémien, et par extension sorcier. Ménage déclare ignorer l'origine de ce mot qui est fort ancien. On lit dans l'Avocat Patelin
Un caroche de Béthunes. Mauvais calembourg par lequel on exprime un carrosse à un seul cheval.
Les cos de Billancourt. – Voici l'origine de ce dicton d'après la tradition locale. Une femme de Billancourt faisait cuire une omelette, un chat noir qui se trouvait dans le coin de la cheminée dit tout à coup elle est cuite, il faut la retourner. La bonne femme effrayée lui jeta l'omelette brûlante sur la tête. Le lendemain elle rencontra dans le village un de ses voisins qui passait pour sorcier et qui avait la figure brûlée. Elle reconnut en lui le co de la veille. (V. lierly.)
BERNY. (Arr. de Péronne.)
Entre Vaux et Berny
Sont les trésors du roi Henry.
(Voyez l'art. Vaux.)
BERTANGLES. (Arr. d'Amiens.)
Ostez ces gens noirs marmara
Carimari, carimara,
Amenez-les moi, amenez.
BÉTHUNE. (Pas-de-Calais.)
BILLANCOURT. (Canton de Roye.)
BOHAIN (Aisne).
Mier al' jnode ed' Boliain
L' pus sale et l' pus vilain.
Se dit de celui qui fait malproprement la cuisine. Il y a un proverbe analogue pour Bapaume.
Bohain la frontière. (Mercure de France. Février 1835.) BOUCICAULT. (V. Roye).
boelogne-scr-mer. (Pas-de-Calais. )
Les saucissons de Boulogne.
(Alm. perpét..ùn P. Daire, p. 148).
Qui va à Boloigne
Prend la fièvre ou la roigne.
(Gabriel Meurier Trésor des sentences).
BOULONNAIS.
Ban du gras Boulognois
Dure trente jours moins un mois.
(G. Meurier Trésor des sentences),
BOVES. (Canton d'Amiens.)
Ch'est comme le catiau de Boves
Belle monte, peu de cose.
C'est ce qu'on dit de quelqu'un ou de quelque chose qui n'a d'importance réelle que par son apparence. Le château de Boves, situé sur une éminence, se voit de très loin et paraît beaucoup plus considérable qu'il ne l'est. On donne encore à ce dicton plusieurs autres origines. Il ferait allusion, selon les uns, à la làcheté de Robert, seigneur de Boves, qui, malgré ses serments, ne retourna point au camp des Croisés. Selon d'autres, le château de Boves aurait été assiégé à une époque qu'on ne précise point, par de nombreux ennemis, alors qu'il
n'était gardé que par quelques défenseurs. Mais ils employèrent une foule de ruses pour faire croire aux assiégeants qu'ils étaient fort nombreux. Ces derniers se retirèrent par prudence et n'apprirent que le lendemain que cette belle monte était peu de cose. Quoiqu'il en soit c'est là un dicton qui pourrait servir d'épitaphe à bien des célébrités de nos jours. BULLES. (Arr. de Clermont.)
Selon la coutume du Bullois. Cet adage trouve son explication dans le quatrain suivant.
A Bulles en Bullois,
Les femmes quelquefois
Accouchent au bout de trois mois,
Seulement la première fois.
BUSIRIS.
Lin de Bérisi.
Le MS. 1830 de la Bibl. nat. désigne probablement par là Busiris dans l'arrondissement de Laon.
CALVIN.
Le sermon de Calvin a fait ronfler le canon
(Adages français, xvi.e siècle).
cAMBRON. (Arr. d'Abbeville.)
Al ersane à chés femmes ed' Cambron
Leu kemise al dépasse leu cotron.
C'est ce qu'on dit, dans le Ponthieu, d'une femme mal stecoutree.
Ce proverbe a le même sens que « il ressemble le prêtre Martin il chante et répond tout ensemble. »
Canaples, belle église. La grandeur et la beauté de l'église de Canaples, aujourd'hui détruite, avaient jadis beaucoup de célébrité.
Les ahuris du Candos. Les habitants de Candas ont la réputation, sans doute imméritée, d'être extrêmement niais. candor. (Arr. de Compiègne.)
Sorcier comme ech' curé de Candor.
Allusion à un seigneur de Canteleu qui était d'une excessive temporisation.
Qui a vu Cayeux et Paris a tout vu. Parce qu'on a vu les deux contrastes les plus frappants. Cayeux est un amas de chaumières perdues dnns des collines mouvantes de sable et entouré d'une ceinture de galets noirs.
CAMON. (Canton d'Amiens.)
I ressane à ch' curé de Camon
Qui demande et qui répond.
(V. Oudin, Curiosités françoises p. 336).
CANAPLES. (Arr. de Doullens.)
CANDAS. (Arr. de Doullens.)
CANTELEU. (Arr. de Doullens.)
I ressane Monsieur de Canteleu
S'il avanche d'ein pos, i recule ed' deux.
CAYEUX. (Canton de Saint-Valery.)
Hauberts de Chamblin. On fabriquait à Chambly dans le Beauvoisis, des hauberts en coton.
C'est comme les enfants de Chauny, il a plus d'esprit que père et mère.
Tout le Monde, vacher de Chauny. La tradition populaire raconte des faits merveilleux sur ce personnage. C'était, dit-on, une espèce de géant qui, pendant 70 ans, fut vacher. Il gardait les vaches à cheval et offrait à boire d'excellent vin, dans son cornet d'argent, à ceux qui venaient le visiter. On aurait inscrit cette épitaphe sur son tombeau
CHAMBLY. (Arr. de Senlis.)
CHANTILLY. (Arr. de Senlis.)
Les canards de Chantilly. (Dit. de l'Apostoile).
CHAUMONT. (Arr. de Beauvais.)
C'est un enfant de Chaumont:
Belle entrée et la fin non.
(Proverbes en rimes, xvn.e siècle).
CHAUNY. (Aisne.)
Chauny la bien aimée.
Ichi chous chete lorde tombe
Gist li vacher, dit Tout le Monde,
De Chalny chité de grand prix
Entre maintes chités du pays;
Qu'il pache de Kéron le barque
Autant bin qu'y wardit nos vaques.
Chilt trépassa dans chent dix-neuf,
Si gras de vertus comme bœuf.
Boviers, vaques, kévals et ane
Bin wardez d'interrompre s'ame.
>
Les bestiaux dit-on suivent cette recommandation en s'abstenant de paître dans le saint camp où est enterré Tout le Monde. Il est probable que Tout le Monde fut le sobriquet héréditaire d'une famille de vachers de Chauny, et que ce nom bizarre continua d'être appliqué à ceux qui menaient paître les bestiaux dans les marais de la commune. Il y avait près de Chauny un fief, relevant de La Fère, qui s'appelait Tout le Monde. (V. Mém. de l'Ac. celtique, t. vi, p. 72.) On raconte qu'un vacher de Chauny aurait répondu à Henri IV qui lui demandait son nom Je m'appelle Tout le Monde. Mais ce ne peut être l'origine de ce dicton si connu, puisqu'il était déjà question du vacher de Chauny, Jean Tout le Monde, dans le Jeu du bon temps, par d'Estrées, né à Amiens en 1472. Il y est dit que le bon temps ne se trouve plus, pas même chez Jean Tout le Monde, vacher de Chauny.
Chauny la bien placée. (Annales de Noyon.)
Chauny la bien nommée. Id est calva, dit Colliette. Les singes de Chauny. La municipalité de Chauny voulant, dit-on, peupler de cygnes les eaux qui entourent cette petite ville, en fit la demande à la ville de Paris. Celui qui fut chargé d'écrire, soit par distraction, soit par ignorance, mit cynges au lieu de cyngnes. Or, comme on ortographiait autrefois le mot singes par un c et un y (cynge) les Parisiens envoyèrent à Chauny une collection de sapajous. De là serait né le dicton des singes de Chauny. Si non e vero, bene trovato. Mais il est
beaucoup plus probable que ce surnom provient de ce que les arquebusiers de Chauny portaient la figure d'un singe sur leur bannière. M. Boileau deMaulaville pense que ce sobriquet vient du goût prononcé que les habitants de Chauny avaient, au moyenâge, pour les jeux publics, les jongleries et les singeries. 11 cite une curieuse épigramme sur les singes de Chauny, qu'il a trouvée dans un MS. latin
Calnia, dulce solum, cui septem commoda vitae:
Poma, nemus, segetes, linum, pecus, herba, racemus. Cujus et indigenis Simii sunt propria septem
Fraus, amor, ira, jocus,-levitas, imitatio, rictus.
Les salops de Coisy.
Les dormeurs de Compiègne.
Coêffes de Compiègne. Les coiffes de Compiègne étaient en dentelle noire et pareilles à celles que portent encore aujourd'hui les riches paysannes de la Normandie et du Vexin. (Crapelet, prov. et dictons populaires.)
Par le Saint-signe de Compiègne. Espèce de jurement. On lit dans le fabliau du Bouchier d'Abbeville'-
(V. Notice sur un prov. de Picardie).
CLERMONT. (Oise.)
Clermont, clair vin
Grandes moisons, rien dedins.
coist. (Arr. d'Am;ens.)
compiègmï. (Oise.)
(MS. de M. Bertin du Rocheret.)
Les cochons de Crepy. Le marché de Crépy servait d'entrepôt de bétail aux marchands Flamands et Picards. On y conduisait un nombre si considérable de porcs, qu'une entrée de la ville prit le nom de Porte aux Pourceaux. C'est pour cela que les habitants de la ville furent désignés abusivement sous le nom de cochons de Crépy.
Que male honte vos aviegne
Por le sainct signe de Compiegne
Dist le prestre, vous avez tort.
(Fabl. de Barbazan, t. ni.)
codcy. (Arr. de Laon.)
Comte ne suis
Ne duc aussi,
Roi je ne puis
Mais le grand sire de Coucy.
(Colliette.t. i, p. 429.)
Je-ne suis roy ne prince aussi
Je suis le seigneur de Coucy.
Prince je ne daigne, roi je ne puy,
Je suis le sire de Coucy.
(Fr. Michel, Essai sur le Châtelain de Coucy.)
crépt. (Arr. de Senlis.)
créqut (v. Ailly).
CROTOY. (Arr. d'Abbeville.)
Min beudet en trotant su l'herbe
L'long d'el Somme m'mène au Croutoué,
L'eune des pus belles villes du Roué,
A c'que nous dit l'ancien proverbe.
(Chanson de M. Delegorgue-Cordier.)
DOMART-EN-PONTHIEU.
Domart-en-Ponthieu
Triste séjour et pauvre lieu.
DOULLENS. (Somme.) >
Tartes de Dollens. (Dit. de l'Apostoile, xm.e siècle. ) Aujourd'hui ce sont les tartes à l'ouillette de Nesles qui sont en grande réputation.
ENNEMAIN. ( v. Athies.
epéhï. (Arr. de Péronne.)
Comme les coqs d'Epéhy deux pour un. Les religieux d'Epéhy, ayant abandonné leur maison conventuelle, il s'y éleva plusieurs habitations de fermiers, dont se forma le hameau de Pezières. Afin de le réunir au hameau de Le Riez, localité voisine où se trouvait l'église ils divisèrent en un grand nombre de portions le terrain qui séparait les deux hameaux et le donnèrent à tous ceux qui voulaient y élever une maison pour la seule redevance d'un chapon. De là l'accroissement rapide et l'entière réunion de Pezières et Le Riez de là ce proverbe local comme les coqs d'Epéhy deux pour un. » (L'abbé Decagny l'arrond. de Péronne.)
EQUIHEN. (Arr. de Boulogne-sur-Mer.)
La République d'Equihen. « On appelait ce hameau la République d'Equihen, dit M. Henri, parce que les habitans en étaient si pauvres qu'on ne pouvait tirer d'eux aucune contribution et qu'ils vivaient dans leurs chaumières, dans une
indépendance semblable à celle des castors et des loutres, auxquels on peut les assimiler à cause de leur position. » ( Essai hist. sur l'arrond. de Boulogne, p 132.)
ERAGNY-SUR-EPTE. (Oise.)
Les endiablés d'Eragny
estrées-lès-crécy. (Arr. d'Abbeville.)
Les ahuris d'Estrées. On applique le même dicton aux habitans d'Estrées-Déniécourt, de Vironchaux, de Candas etc. etocy. (Canton de Clermont.)
Aussitôt planté, aussitôt repris. Etouy est habité par des pépiniéristes qu'on accuse de se voler mutuellement leurs jeunes plants.
FLESSELLES. (Arr. d'Amiens.)
Les beudets de Flessel. Ce dicton provient-il, comme on le dit de ce que les habitans auraient laissé boire un âne dans leur bénitier? Cette version, au reste, n'est point la seule. On raconte qu'un des villageois chargea son beaudet de lattes, dont on fait un grand commerce à Flesselles mais il les mit en travers, au lieu de les placer en long. De cette sorte, l'âne ne put entrer par la porte de la ville d'Amiens. Le villageois revint chez lui, en disant que les portes d'Amiens étaient trop étroites et qu'il n'y avait pas moyen de passer. C'est cette naïveté qui aurait donné lieu au dicton des beaudets de Flesselles. fodrques. (v.Athies.)
franàart (canton de Rozières).
Les beaudets deFransart.
FRANVILLERS. (Canton de Corbie.)
Si tu es Franvillers,
Autre raison de guerre.
HAM. (Somme.)
Ham la bien placée. (Levasseur t. i. ch. 49. e)
A Ham il y a une femme de fer. Une tradition populaire raconte qu'une femme de fer faisait toutes les nuits une promenade sur les remparts de l'abbaye.
Hin,
Sans s'ch'catieu, s'n'abbaye,
Hin,
N'seroit que du brin.
Les sots de Ham. Ce sobriquet vient de la célèbre compagnie de sots ou de fous qui était autrefois établie à Ham. Ils élisaient un chef qui marchait en tête de leur procession. Les confrères étaient revêtus de costumes grotesques et montés à rebours sur un âne. La petite fille du dernier prince vivait encore en 1735.
La foire aux belles femmes et aux laides vaches. C'est ainsi qu'on appelle la foire du 15 mai à Ham parce que les femmes, n'ayant pas encore travaillé aux champs, ont le teint frais et que les pâturages n'étant pas en maturité, les vaches ont une nourriture peu confortable. Par la raison contraire, on appelle la foire du 15 septembre la foire aux belles vaches et aux laides femmes.
Vos vos marierez eck1 l'année ci vos avez des pierres ed' capucin dans m poche. On voit dans l'un des cachots de la
tour de Ham une pierre qui dit-on, servit d'oreiller à un capucin qui y fut prisonnier. On y montre l'empreinte de sa tête et même de son oreille. Une croyance populaire admet que toute jeune fille qui recueille un petit morceau de cette pierre, se marie infailliblement dans le cours de l'année.
Ch'est du bien apothiqué dessus chés brouillards d'Harly.-On dit à Paris hypothéqué sur les brouillards de Montmartre ou de la Seine.
Ce dicton fait suite à celui de Languevoisin.
Es-tu de cels de Hesding
De la foi mâle. {Resveries, dit publié par M. A. Jubinal.) Ce dicton, dit M. A. Dinaux est fort peu honorable pour les habitants du Vieil-IIesdiu qui d'après le trouvère Artésien auraient hérité de la male (mauvaise) foi des Carthaginois.
Filles de Picardie,
Venez au caveau de Ham,
Et l'église vous marie
Avant qu'il soit un an.
Ayez figure vermeille,
Bonne dot et pour certain,
Vous bénirez l'oreille
L'oreille du capucin.
(V. Notice sur le Château de Ham, par M. de la Fons.) harlï (Aisne).
hebly..(Canton de Nesles.)
Herly, Seffours,
Château fort à Billancourt.
HESDINS. (Pas-de-Calais.)
Cuisinier de Hesdins qui empoisonne le diable. C'est-à-dire mauvais cuisinier. (Oudin, Curiosités françaises p. 141.) Quand les François prendront Hesdins
Cette truy aura fillé son lin.
Comme les Français prirent Hesdin en 1639, ils répondirent à cette inscription par le distique suivant placé au-dessous de la truie qui filait
Les François ont prins Hesdins.
Cy cette truy n'a pas fillé son lin.
IBLES. (Canton d'Albert.)
Irles, Pys, Miraumont,
Font trois villages en un seul mont.
Nous avons cité un dicton analogue concernant Athies. LA fère. (Aisne.)
Les corbeaux de La Fère. (Mercure de France. Févr. 1735.) LANGUEVOISIN. (Canton de Nesles.)
Quiquery, Longpain,
Château fort à Languevoisin.
LAON. (Aisne.)
Les glorieux de Laon. (MS. de M. Bertin du Rocheret.) Les seigneurs de Laon. (Dit. de l'Apostoile.)
Laon jusqu'au règne de Hugues Capet a été le séjour ordinaire des Rois de la seconde race', et par conséquent d'un grand nombre de seigneurs.
Laon le cloué. D'après Flodoard, Laon aurait été surnom-
mée cloué (clavatum) à cause des clous brodés sur le manteau du préteur Marcobrius, qui aurait été le fondateur de la ville. (Hist. Rentensis, lib. III, c. 22.)
Les bisets de-Lesglantiers.
Sonner les matines à Longpré: Les religieuses de l'abbaye de Longpré avaient la réputation de ne pas suivre leur règle avec exactitude, ce qui ne les empêchait pas de sonner matines à grand bruit de cloches. Aussi, pour faire entendre que quelqu'un faisait beaucoup d'ouvrage avec la langue, disait-on il sonne matines à Longpré. Ce dicton, encore usité au commencement du xviii." siècle, est tombé en désuétude. (Mém. chronologiques de De Court, MS. de la Bib. nat.) LUCHEUX. (Arr. de Doullens.)
Les promeneurs de Montdidier.
(Recueil de pièces concernant le prix de l'Arquebuse, p. Ci). Les gourmands, les gourmets de Montdidier.
LESGLANTIERS. (Oise.)
LONGPAIN (V. Languevoisin).
LONGPRÉ-LÈS-AMIENS.
Lucheux,
Gueux
Et glorieux.
MAILLY (V. Ailly).
MIRAUMONT (V. Irles).
montdidikb. (Somme.)
Les jongleurs de Montigny. Le village de Montigny a sans doute donné naissance à quelques célèbres jongleurs. On l'appelle Montigny-les-Jongleurs pour le distinguer des deux autres villages du département de la Somme qui portent le nom de Montigny.
Les moutons de Montonvillers. Probablement à cause du caractère inoffensif des habitants.
Les moniquins de Moreuil. Ce terme implique l'idée de gens portés au plaisir et à la dépense. (V. Roye).
Les grands pieds de Naours. Un habitant de ce village, dont les pieds étaient fort grands avait, dit-on, commandé à Abbeville une paire de souliers. Il n'alla point la réclamer. Pour l'utiliser, le cordonnier en fit une enseigne, avec cette inscription Aux grands pieds de Naours. Ce surnom resta depuis aux habitants de Naours.
Ne8les la noble. (Annales de Noyon, tom. i, pag. 393).
montignï. (Arr. de Doullens.)
MONTONVILLERS. (Arr. d'Amiens.)
MOREUIL. (Arr. de Montdidier.)
moïennkville. (Arr. d'Abbeville.)
Moyenneville, moyennes geins,
Grand pot au fu, rien dedins.
Belles filles à marier,
Rien à leur bailler.
NAOuns. (Arr. de Doullens.)
NESLES. (Somme.)
Il est un autre dicton relatif à Nesles que nous nous abstiendrons de rapporter bien qu'il n'ait rien de blessant pour les habitants car il date de cette époque funeste où les Bourguignons exercèrent à Nesles les plus horribles violences. NOYON. (Oise.)
Noyon bien sonnée. II y avait beaucoup de cloches dans l'ancienne église de Saint-Charlemagne.
Noyon bien chantée. « Charlemagne y ordonna le chant selon la réforme Romaine, dit Levasseur, un chant tellement chant, qu'il est tout ensemble melodie et psalmodie. » Ce qui a donné lieu au proverbe ( proverbe glorieux 1 ) Noyon bien chantée. (Annales de Noyon, t. n, pag. 610).
Noyon la sainte.- Est-ce par ce qu'elle a donné le jour à un bon nombre de saints personnages ou parce qu'elle fut de bonne heure le siège d'un évèché?
Les friands de Noyon. (Mercure de France, Mai 1735). La boule de Noyon.- L'acception de boule dans le sens d'astuce provient, selon M. Crapelet du jeu de boule où les joueurs ont la réputation d'user d'astuce, en mesurant la distance des boules. (Proverbes et dictons du moyen-âge.) Une gerbe de Cupidons
Pour les dames de Noyon.
(Adages françois, xvi.e siècle).
Regarder du côté de Noyon si St.-Quentin ne brûle pas. Se dit d'une personne qui louche.
Gambons de Noyon. C'est ainsi qu'on désigne quelquefois les haricots. On cultive fort bien ce légume dans le Noyonnais.
OISE.
Ventoise d'aise. C'est le dard petit poisson de la rivière d'Oise. (Crapelet, proverbes et dictons populaires, p. 120.) omiécodbt. (Canton de Nesles.)
Les omelettes d'Omiécourt. On fait à Omiécourt des omelettes qui ont la réputation de guérir de la rage.
PÉRONNE. (Somme.)
Les ivrognes de Péronne. (Mercure de France mai 1735). Péronne la pucelle. – Parce qu'elle fut longtemps imprenable. Ce n'est que par ruse quelle fut prise en 1445. Vous êtes de Péronne,
Tout le monde vous donne.
Péronne la dévote. (Ann. de Noyon, ch. 49).
Raviser sus ce chemin de Cambrai si Péronne i ne brûle pas. –Nous supposons que ce proverbe a le même sens qu'un dicton analogue que nous avons cité à l'article Noyon.
Les gentilshommes de la cloche. (V. l'article Abbeville). Toujours francs Péronnais
Auront beau jour
Toujours et en tout temps
Francs Péronnais auront beau temps.
Pendant le siége mémorable de 1536, les Péronnais répétaient ce dicton emprunté à une chanson patriotique. (V. Dupleix).
PICARD.
Un bon Picard. « On dit un bon picard pour dire un
homme droit, tout rond, qui n'entend point finesse. Homo rectus et simplex. » (Dict. de Trévoux, v° Picard).
La franchise née picarde, a le cœur à la main.
(Recueil de pièces concernant le prix de l'Arquebuse, p. 102.) Comme le ver hors sa coquille
Les Picardsont la tête chaude. On connaît, au sujet de ce proverbe, le bon mot de M. de la Motte, évêque d'Amiens. Les Picards ont la tête près du bonnet.
Tout bon Picard se ravise.
Tête et fête de Picard. Ce dicton résume les deux défauts qu'on nous reproche l'emportement et l'amour de la table. Pitié de Lombart,
Ces huit coses ne valent pas un bouchon.
Se change en papillon brillant,
Ainsi Picard hors sa mandille
Paraît en marquis éclatant.
(Archives de Picardie).
De plusieurs choses Dieu nous garde
De toute femme qui se farde,
De la fumée des Picards,
Avec les boucons des Lombards.
(Quatrains moraux, xv.. siècle).
Labourt de Picart
Humilité de Normand,
Patienche d'Alemant,
Larghece de François,
Loyauté d'Anglois
Dévocion de Bourguignon,
(MS. 2566 de la Bibl. nat.).
Isti Picardi non sunt ad prœlia tardi.
Primô sunt hardi, sed sunt in fine couardi.
La fausseté de ce dicton consigné dans un MS. de la Bibl. de Sens a été trop bien prouvée sur maint champ de bataille pour qu'il nous soit besoin d'insister sur la valeur des Picards. Nous aurions pu également protester en ce qui concerne le précédent dicton.
Vous n'êtes pas trop nigaud pour un Picard.
(Dancourt, les Curieuxde Compiègne.y
Picard, tamaison brûle 1 – Fuche j'ai l'clef dins m' poke – On veut par la citation de ce dialogue ridiculiser la naïveté et l'insouciance prétendues des Picards.
Tout Picard que j'étais j'étais un bon apôtre
Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre. (Racine, les Plaideurs.)
Pour retrouver leurs maîtres, les chiens normands regardent en haut et les chiens picards en bas. Parce que les Normands méritent souvent d'être pendus, et que les Picards sont quelquefois couchés ivres morts. Cet adage doit remonter à l'époque où la pendaison était encore en usage (1).
1 rwette en Champagne si V Picardie brûle. C'est ce qu'on dit en Hainaut de quelqu'un qui louche. (Dict. Iiouchi, p. 107.) PICQUIGNY (V. Roye).
PYS (V. Irles).
(1) V. Des Dictons historiques et populaires de Picardie, par l'abbé J. Corblct p. 6.
Jamais Créquy n'a été saoul de Poix.
Les soupiers de Pont-Sainte-Maxence.
L'un fait l'autre comme les fromages du curé de Quivières. –a Un ancien curé de ce village avait, dit-on deux vaches, l'une blanche et l'autre noire dont le lait était de moindre qualité. Sa domestique lui demandait de séparer ces deux espèces de lait pour en faire deux sortes de fromage. Non dit le curé, mêlez tout ensemble l'un fera l'autre. De là le proverbe L'un fait l'autre comme le fromage du curé de Quivières. Les prêtres émigrés ont répandu ce proverbe jusque dans les royaumes du nord de l'Europe, et on l'a entendu citer même en Angleterre. » (Decagny, arr. de Péronne, p. 449.) rambures. (Somme.)
POIX. (Somme.)
PONT-SAINTE-MAXENCE. (Arr. de Senlis.)
(Recueil concernant le prix de l'Arquebuse, p. 105). qcesmï. (Oise.)
Quesmy Maucourt,
Tarlefesse, Happlaincourt
Berlancourt Saint-Aubin,
Dans ces villages il y a très-bien
Des fius et des p.
qciqueiiï (V. Languevoisin).
qcivières. (Arr. de Péronne.)
Rambures, Rubempré Renty,
ltelles armes et piteux cry.
(L. Menestrier, Recherches du Blason, p. 83.)
C'est la réponse qu'on fait dans l'arrondissement de Péronne à ceux qui demandent Quel âge a-t-il ? `t
Ce dernier vers a été supprimé dans les ouvrages héraldiques imprimés sous le règne de Louis XIII. On reconnaît bien là l'influence du cardinal de Richelieu.
(D.r Goze, Notice sur les familles nobles de Picardie.) Si le démon sortait de l'enfer pour se battre en duel, il se présenterait d'abord un Boucicault un Renaud de Roye, un Sempy,
RAVENEL. (Oise.)
Les plots pieds de Ravenel.
RENTY. (V. Rambures).
RIBEMONT. (Aisue.)
A Ribémont
Peu d'honnêtes gens, beaucoup de fripons.
ROCQUENCOURT. (Oise.)
Rocquencourl ivrogne.
RONSOY (canton de Roisel).
Il a tous les ans douze mois,
Comme chés vius beudets de Ronsoy.
ROYE. (Somme.)
Les glorieux de Roye,
Ventre de son, habit de soie.
Picquigny, Moreuil, Roye
Ceints de même courroye
Feroient la guerre au roi.
pour accepter le défi. Ce fut le pas d'armes de Saint Ydemard qui donna lieu à ce dicton, connu au moyen-âge, même des nations étrangères. Les trois preux qui y sont désignés avaient fait annoncer dans toute la Chrétienté qu'ils soutiendraient envers et contre tous des combats à l'épée et à la lance, à l'occasion du sacre de Charles VII. De nombreux chevaliers venus de tous les points de l'Europe et parmi lesquels nous citerons le frère du roi d'Angleterre, Jean de Hollande, le comte de Derly, les sires de Cliffort et de Beaumont se rendirent à Saint Ydemard situé entre Calais et Boulogne. Les trois chevaliers se mesurèrent avec quarante paladins étrangers et remportèrent constament la victoire.
( V. LE LABOUREUR et la Touraine par Stan. Bellangé. ) RUBEMBRÉ (v. Rambures).
RUE. (Somme.)
Les baubaus de Rue. – En langue romane baubau signifie sot, niais, nigaud. On raconte malignement que les habitans de Rue voulurent faire reculer leur église qui était trop près de la route. Ils essayèrent de la pousser à force. d'épaules. L'un des travailleurs, en glissant sur un terrain humide, crut avoir fait avancer l'église et s'écria elle marche 1 elle marche 1 Depuis ce temps, dit la légende, on traita les habitans de Rue de baubaus. Nous devons ajouter qu'on conserve dans l'église de Rue une image miraculeuse nommée Bobo ou plutôt Beaubeau parce que Isabeau de Portugal l'enrichit de ses présents. Il y aurait peutêtre là matière à une autre interprétation du dicton des baubaus de Rue.
SAINT AUBIN (v. Quesmy).
SAINT-QUENTIN. (Aisne.)
Les beyeux de St.-Quentin. ( Dit. de l'Apostoile, xin.e siècle.) St.-Quentin lagrande. (Colliette, Mém. sur le Vermandois.) Le bénédicité de St -Quentin. – Dans les villages du Vermandois, les convives d'un grand repas commencent par embrasser leurs voisines. C'est ce qu'on appelle le bénédicité de St.-Quentin.
Je n'aime pas les manières de Saint-Quentin
Où toutes les paroles sont dans la main.
(Le Bouquet improvisé.)
On accuse les St.-Quentinois de discuter souvent à coup de poing.
Les canonniers de St.-Quentin.
Une chanson composée en 1771 fait allusion à ce dicton; en voici quelques couplets
Un canonnier vole à la gloire
S'il fait bien son métier;
Il entre au temple de mémoire,
S'il est franc canonnier.
Tambour battant, brûlante mèche,
Intrépide guerrier,
Il mine, sape ou bat en brèche,
S'il est franc canonnier.
Avec grâces présenter l'arme,
Viser, se déployer,
Dans le ponton faire vacarme,
Voilà le canonnier.
(Recueil de pièces concernant le prix général de l'Arquebuse
royale de France, rendu par la compagnie de la ville de SaintQuentin, le 5 septembre et jours suivants 1774. Saint-Quentin, 1774.)
SAINT-VALERY. (Somme.)
La clef du Vimeu. Ce surnom fut donné à St.-Valery par Charles VIL (M. Louandre, hist. d'Abbel1ille, t. h. p. 339. ) SEBONCOURT (Aisne).
1 ressane les poules de Seboncourt, i cante son malheur. (Journal de St.-Quentin, n.° 1B51J.
SEFFOURS. (V. Herly).
SENLIS. (Oise.)
Li vallet (jeunes gens) de Senlis.
(Proverbes au villain, MS. 7218 de la Bibl. nat.)
Les chétifs (infortunés) de Senlis. (MS. 1830 de la Bibl. nat.) Les besaciers de Senlis.
(Recueil concernant le prix de l'Arquebuse, p. 71).
SOISSONS. (Aisne.)
La ribaudie de Soissons. (Dit. de l'Apostoile).
Les beyeux de Soissons.
(Recueil concernant le prix de l'Arquebuse).
l'in de Soissons. Il était jadis cité entre les plus renommés, comme on peut le voir dans le fabliau de la bataille des vins qui date du règne de Philippe-Auguste.
THÉROUANNE.
Cette ville fut surnommée l'oreiller du Roi, parce que François I." avait coutume de dire que Thérouane et Aix en Pro-
vence étaient les •deux oreillers sur lesquels le Roi de France pouvait dormir en paix.
Nous trouvons plusieurs allusions à ce dicton dans une chanson de 1553 sur la destruction de Thérouanne, publiée par M. le baron de Hautecloque, dans le vi.e vol. du Puits artésien. Mourut le roi François de nom.
Li esgarés de Thérouane. M. Crapelel qui cite ce dicton, dit que l'origine en est tout à fait ignorée.
Son fils Henri fut roi de France.
Il me fit dedans sa présence
Mettre dans un si bel arroi
Que partout le païs de France
Fus nommé l'oreiller du Roi.
Fus nommé l'oreiller du Roi.
Les Flamands en ont mal à la tête
Besoin en a la Picardie,
0 roi Henri, éveille toi
N'entends-tu pas le chant qui crie,
Perdu est l'oreiller du Roi.
Ne laissèrent pierre dessus moi
De m'abolir ils ont envie,
Dites adieu l'oreiller du Roi,
Adieu Boulogne et Picardie.
(Puits artésien, 1842).
VAUX. (Aisne.)
Entre Vaux et Berny,
Sont les trésors du Roi Henry.
n, p.
Albéric raconte, dans sa Chronique, qu'une jeune paysanne deBerny (S ois sonnais) qui menait paître une truie, laissa, par mégarde, entrer cet animal dans un souterrain. Elle l'y suivit. Mais bientôt l'écho rendu par les voûtes frappa tellement son imagination qu'elle crut apercevoir un vieillard qui gardait d'immenses trésors. Elle s'enfuit aussitôt pour raconter ce qu'elle avait vu. Le souvenir de ces prétendus trésors s'est perpétué dans le canton, depuis le xn.e siècle jusqu'à nos jours, et a donné lieu au dicton que nous venons de rapporter. (V. Carlier, Histoire du l'alois, t. i p. 363).
VERBERIE. (Oise.)
Les sautriaux de Yerberie. – Les enfants de ce pays sont habitués à se laisser rouler du haut d'une petite montagne en agençant la tête et les jambes, de manière à former une espèce de boule on les appelle sautriaux. Quelquefois deux sautriaux s'entrelacent les bras et les jambes et exécutent la même manœuvre. Depuis un temps immémorial, les sautriaux de Verberie étaient inscrits sur l'état des menus plaisirs du Roi. Leur renommée engendra des imitateurs sur divers points de la France et jusqu'en Provence. Les sautriaux portèrent d'abord le nom de tombereaux. « On voit à Verberie, dit l'auteur de l'Anliquité des villes de France, une société de tombereaux ou petits galantz qui se laissent rouler du haut en bas d'une colline pour amuser les passants. » Ce singulier talent n'est exercé que par les enfants du peuple, et le plus souvent pour solliciter une aumône. Cependant le sobriquet de sautriaux s'applique à tous les habitants de Verberie.
(V. Carlier, Histoire du Valois, t. n, p. 650).
VERMAND. (Arr. de Saint-Quentin.)
Les larrons de Vermand. Vermand occupe la place de l'ancienne Augusta Veromanduorum. Ses habitants prirent part l'an 284, au soulèvement des Gaulois, organisé par QElius et Amandus, pour se soustraire à la domination romaine. Ce soulèvement fut nommé Bagaude ou révolte des larrons. « Quand quelqu'un de ce lieu, dit Levasseur, passe par les villages d'alentour, et est recognu pour tel, chacun le houppe, et crie après voilà un des larrons de Vermand. »
(Annales de Noyon, t. I, p. 36).
VERMANDOIS.
Pois de Vermandois. Ils avaient, au xm.e siècle, la même réputation qu'ont aujourd'hui les haricots de Soissons. (Crapelet, Proverbes et Dictons).
VILLEDIEU. (Oise.)
On fait des godés à Beauvais et des poëles à Villedieu. (Menus propos, xvi.e siècle).
vironchaux. (Canton de Rue.)
Les ahuris de Vironchaux.
warloï-baillon. (Canton de Corbie.)
Warloy,
Bon pays, mauvaises lois.
« On reproche au peuple de Warloy d'être querelleur et enclin au vol. Comme on ne payait autrefois dans cette commune aucun droit pour les boissons, la plupart des habitants bu-
vaient avec excès et se battaient ensuite entre eux. C'est pourquoi l'on dit encore aujourd'hui proverbialement Warloy, bon pays, mauvaises lois. »
(Dusevcl Lettres sur le département de la Somme, p. 181).
CHAPITRE VII.
ARMES PARLANTES ET RÉBUS DE PICARDIE.
§. I. Armes parlantes.
Parmi les armes parlantes des nobles familles de la Picardie et de l'Artois, il en est quelques-unes dont les allusions sont empruntées à l'idiome picard. Nous nous bornerons à citer celles que nous avons recueillies dans les manuscrits héraldiques du docteur Goze.
Bosquillon (de Montdidier) porte d'azur à trois serpettes d'argent, 2 et 1 par allusion au mot bosquillon qui signifie bûcheron.
Cacheleu. D'azur à trois pattes de loup d'or, 2 et 1. Ce nom signifie littéralement chasse-loup.
Campdaveine. D'azur à la gerbe d'avoine d'or. Camp d'aveine signifie champ d'avoine.
Coppequesne. De gueule à trois glands de quéne (chêne) copés (coupés) et renversés 3 et 1.
Créquy. D'or au créquier de gueule Nous appelons créquier le cerisier sauvage.
Dubos. D'argent à trois bos (arbres) de sinople, 2 et 1. Du Gard, mayeur d'Amiens, au xiv.e siècle. D'azur à trois gars (jars) d'argent, 2 et 1.
Gambard, mayeur de Montdidier, en 1624. D'argent à la gambe (jambe) d'azur, sur un brasier de gueule.
Hauteclocque. Jusqu'en 1270, les Hauteclocque avaient porté trois cloques (cloches) dans leur scel comme en déposent les chartes de l'abbaye deCercamps. C'est pendant la vin." croisade qu'ils y substituèrent la croix chargée de cinq coquilles d'argent. Le Gay, mayeur de Beauvais, eh 1670. D'or à l'arbre de sinople, chargé d'un cœur de gueule surmonté d'un gai (geai) d'argent, avec ce rébus Quand on est au milieu de l'or, on a le cœur gai.
Le kien (de Conty) avait trois kiens (chiens) assis dans ses armes.
Sacquespée. De sinople à l'aigle d'or becqueté et membré de gueule, à Ve'pée d'argent, qu'il sacque à moitié d'un fourreau de sable.
§. Il. – Rébus de Picardie.
L'origine des rébus est fort ancienne mais c'est à la basoche de Picardie qu'il faut en attribuer le perfectionnement (1) elle composait chaque année, au carnaval, (t) Etienne Tabourot dans ses Bigarrures du seigneur des Accords consacre son chapitre II aux Rébus de Picardie. « Quant au surnom qu'on leur a donné;de Picardie, dit-il. c'est à raison de ce que les Picards, sur tous les François, s'y sont infiniment plus et délectez. Et peut-on dire, à ceste raison, qu'on les a baptisés du nom de ceste nation, par antonomasie, ainsi que l'on dit Hayonnettes de Bayonne, Ciseaux de Tholose, Moustarde de Dijon, etc. »
des espèces de libelles intitulés De Rebus quœ geruntur (1). De là, le nom de rébus. Ce goùt avait été développé antérieurement par l'usage de porter des marques distinctives dans les tournois et par les jeux littéraires de la confrérie de Notre-Dame-du-Puy. Le rébus devint bientôt populaire dans la France septentrionale. Il conquit un rang dans le blason, dont il égaya les armes parlantes; il figura sur les enseignes et sur les monnaies des évêques des Fous Il osa même se glisser dans les épitaphes. La Bibliothèque nationale possède deux manuscrits (n.os 7618 et 10278) intitulés Rébus de Picardie, illuminés, qui datent de la fin du xv.e siècle. Le second n'est qu'une copie du premier, accompagnée d'une table explicative. Les interprétations qui ont y été intercalées au xvi." sont souvent fautives. M. le docteur Rigollot a rectifié ces erreurs dans son savant ouvrage sur les Monnaies des évêques des Fous. Nous nous bornerons à reproduire ses ingénieuses explications, en ce qui concerne les rébus où figurent des mots de l'idiome picard.
MS. 7618, n.e 6. Un la de musique- la mort une nonne un ais -deux caperons (chaperons) un point. La mort nos n'écaperons point. (La mort nous n'échapperons pas.) N.° 10. Une fauke (faux) d'or sur des courtines (rideaux) deux oeufs. C'est-à-dire en court i ne faut que doreux (A la cour, il ne faut que des gens délicats.)
(1) « Les clercs les lisoient publiquement par les rues étant dans un tombereau, dans lequel ils se faisoient trainer. Et j'apprens qu'il n'y a guéres plus de 60 ans que cela s'observoit à Boulogne, »
(Ménage Dict. élym, V". Rébus,)
N.° 15. Une H de couleur brune ou tannée un ramoneur (balayeur) peint en vert. C'est-à-dire ache t'année verra mon heur. (Cette année verra mon bonheur.)
N.° 23. Un la- une pie sous une porte- un laquais. C'està-dire la pie (l'ivrognerie) emporte l'acquet (le profit). N.° 27. Une mère folle-une esquisse (seringue) – un souci. C'est-à-dire fol est qui se soucie.
N.° 32. Une soie (scie) un on (homme) dans une paix –un car (charriot) un y -des nocs (gouttières) une touche de vieille. C'est-à-dire soyons en paix, car i no (il nous) touche. N.° 44. Une lette (sein) une malle une langue. C'est-àdire tais te male langue (tais-toi, mauvaise langue). N.° 45. Une kenne (cruche) un soie (scie) un puclte (puits) un nid. C'est-à-dire qu'haine soit puchnie (punie). N.° 46. Une tarte-un A – un ramon (balai)-un cœur –une plais (plie, poisson) une anse. C'est-à-dire tard ara (aura) mon cœur plaisance.
N.° 48. Une ale (anguille) mord des talons. C'est-à-dire al' mort allons.
N.° 59. Un fol lie ensemble deux hayons (échoppes portatives). C'est-à-dire hayons fol lie (haissons la folie). N.° 91. Un point sur une prone (prune). C'est-à-dire sov~prones point? (ne souperons-nous point)? `?
N.° 109 bis. Le monde un fol – deux galles (écuelles). C'est-à-dire monde fol gâte.
N.° 121. Deux lots (pots d'étain) un A – Dieu un car (charriot) un A – un moine fiert (frappe) un A. C'està-dire los (louange) à Dieu car à moi n'affert (n'appartient pas la louange).
N.° 134. Une es (abeille)-su (sur) une porte. C'est-à-dire es (je) supporte mou deuil.
Ces quelques exemples suffiront pour montrer que nos vieux rébus de Picardie contenaient en germe toutes les ingénieuses fantaisies des modernes rébus illustrés et qu'ils étaient souvent plus compliqués que celui dont Marot semble rire en disant
Car, en Rébus de Picardie',
Une faux, une étrille, un veau
Cela fait, Estrille Fauveau.
CHAPITRE VIII. NOMS DES LIEUX. (l)
Les terminaisons les plus communes des noms de lieux en Picardie sont bourg (du tudesque burg, lieu fortifié), bray (du celtique bray, marais), cams ( du latin campus, champ où camp), court ( du bas-latin cortis qui signifiait une réunion de maisons rapprochées du manse seigneurial), fay (Aefagus, hêtre), hem (du Tudesque Hem, habitation), Mesnil (de manere, parce que les fermiers (1) Nous supprimons presque entièrement le long chapitre que nous avions consacré aux noms de lieux. comme n'ayant qu'un rapport trop éloigné avec la matière que nous traitons. Ce travail paraitra prochainement dans le journal de 1'liaslitut Historique.
( coloni) demeuraient habituellement sur les terres qu'ils cultivaient). Oi ou oy indique ordinairement une plantation quelconque, comme Quesnoy, Tilloy, Aulnoy, Rosoy etc.; Sart vient du Roman Sart, défrichement; Ville ou Villers du bas-latin Villare hameau etc.
Sans pousser la celtomanie aussi loin que feu M. Ledieu (1) on peut supposer à bon droit qu'un certain nombre d'anciennes localités gauloises ont conservé, à travers les âges, leur nom primitif plus ou moins altéré. Ainsi pour ne citer que quelques exemples Agny pourrait venir d'agnio ( eau ) Barly, de bar-ly ( bois clos ); Berny, de Berny ( endroit spacieux) Belle, de Bel ( maison forte ) Brouchy de Bruch ( marécage) Calais, de caleh (Hâvre); Houdent de Houden ( forêt ) Isques de Ise ( lieu bas ); Pernes, dePern (monceau); Upen, de Upen{ ( tertre); etc. etc.
Si l'on admet, avec M. de Poilly (2), qu'une colonie Massilienne s'est établie dans le voisinage de l'embouchure de la Somme pour le trafic de l'étain on pourrait aussi avec lui donner une origine grecque aux noms Agrona, le Crotoy, Hiermont Leuconaus Maya, etc. Les origines latines, beaucoup moins contestables, sont fort nombreuses en Picardie. Bornons nous à citer entre mille exemples Abbeville (Abbatis villa); Allenay (Alnetum) Avesne (Avesna) Castelet (CastellumJ Epinoy (SpinetumJ Ervillers (Heri villarium) Estrées (1) V. le bizarre ouvrage intitulé Chorographie de l'ancienne Picardie. (2) V. le dernier volume des mémoires de la Société d'Emulation d'Ab beville.
(Strata) Fins (Fines); Houviu (Hova) Lignières (Lignis); Locdieu (Locus Dei); Montreuil ( Monasteriolum) Vic-sur-Aiàne (Vicus); etc.
La domination des Francs a dû laisser son empreinte sur un certain nombre de noms de licux de Picardie. C'est probablement à leur idiome qu'il faut rapporter les noms de Hallu (Hall, buisson) Harn (Hem, terre inculte) Moulle (Mulh, moulin); Sangate (Sand-gale barrière de sable) Wingles (Vfinkel, lieu écarté/ etc. Beaucoup d'anciens fiefs ont conservé le nom de leur possesseur: Ablancourt, Andain ville, Bailieul-Val Berlincourt, Bernaville, Courcelette Domvast, Ernemont, Martinsart, Plessier-Godin, Roberchamps, Sibeville, Thiepval Valdampicrre, Wagnonlieu etc.
D'autres localités ont tiré de la langue romane ou de la française un nom qui fait allusion à leur site, à la nature du sol, à la proximité des bois, des rivières, aux diverses plantations, à leurs châteaux, à leurs monastères, comme: Bias (bias, joli) Bouchoire (bouchière lieu planté de buis) Combles (vallée), Crequi (crequier prunier sauvage), Harbonnières (champ de houblon) la Couture (grande culture) Varennes (bois) etc.
CHAPITRE IX.
NOMS DE BAPTÊME, DE FAMILLE ET DE CORPORATIONS.
§. I.er Noms de baptême.
Quand le Christianisme eut pénétré dans les Gaules, les noms de baptême remplacèrent les noms individuels que portaient les Gallo-Romains. Bien que l'usage des noms de famille fût devenu général au xu.e siècle, il n'est pas rare de voir figurer dans les chartes de cette époque et même du xiv.e siècle des roturiers qui n'ont qu'un nom de baptême. Les femmes furent plus longtemps réduites à cette seule dénomination et ce n'est qu'au commencement du xvn.6 siècle qu'on voit dans les actes publics leur nom de famille uni à leur nom de baptême. Les noms de baptême suivaient la règle de flexion dont nous avons parlé au chapitre iv.e ils prenaient un s final pour indiquer le singulier sujet. Vers le milieu du xm.e siècle, l'usage s'introduisit d'ajouter à la fin des mots des suffixes qui altéraient la forme primitive. Ex Colin Kolinot Marie Marion Balde Balduin Renaut Re'gnautin etc. Les suffixes les plus usitées dans le langage picard étaient art mont, ol et et pour le masculin et ote et elte pour le féminin. Les formes dérivatives furent très communes en Picardie, dans le Hainaut, l'Artois, la Lorraine et l'Ile de France. Pour n'en citer qu'un exemple, voici les principaux dérivés du primitif Gui guis guiot, guyot, guion, guyon, widon guillon, willain
guiar, guyat guyelin, guillelme willelme wielme willames, willaume, wuileme willermens guinemans, guènes guenelon guenordins elc. Il y avait des noms de baptême féminins qui n'avaient point de formes correspondantes au masculin (Agnès Alicie Emme Livin Joie, etc.); mais beaucoup se rapportaient à des masculins féminisés par l'addition d'un e muet ou d'une modification désinentielle
EXEMPLE: Adon, Adèle; Eudes, Odeliate; Gillot, Gillotine; Gui, Guiote; Nicolas, Nicolace; Mikiel, Mikelette; etc. [i). Voici les noms de baptême inusités actuellement ou du moins modifiés que nous avons extraits des chartes .et des actes publics de Picardie.
Aamans, 1237. Albéric, 1214. Anchellin, xm.es. Abdias, Aldon 1106. Andreu, 1236. Adam, xiv.es. Alelme, 1106. Andrieu, 1412. Adans, 1290. Alette, 1293. Androwin.xiu.'s. Ade, 1106. Alger, 1106. Andrusle, Adenez, xm.e s. Alliamme, xiv." s. Angnelte, Aélis, 1301. Alicie 1307. Ansel, 1214. Agarec, 1106. Almaric, 1105. Anselot, 1270. Aigline, 1247. Amandin, Ansiau, 1234. Aimery, Ameuris, 1320. Ansiel, 1316. Alaric, 1214. Amoury, Aslaers, 1299. Alardine, Amy, Asnes, 1309. Alart, 1214. Ancillon, xm.« s. Asse, 1230.
(1) Fallot, Op. Cit., ch. iv.
Athis, – Coinrard, 1277. Fressende, 1273. Auberkins, 1473. Coinraird 1290. Fursée, 1106. Aulbine, Crestien Gabriaus, xm." s. Baide, 1104. Danoel, 1250. Galette, 1255. Balduin, 1250. Daniaus, 1273. Gaucher, 1214. Barbara, Denyset, 1507. Gauvain –Barthemeux, 1251. Diedèle 1250. Gavain, 1465. Baudars 1293. Dimence, Gengulphe, 1106. Baudechon, Egide, 1106. Gentienne, Baudens, Egine, 1243. Geralf, xn.° s. Baudin 1254. Eliard Gernoy, Baudoiche, 1250.' Emme, 1255. Gilotine, 1273. Baugois, 1465. Emmelot, 1308. Gilon, xm.es. Bautaud, 1285. Englebine, Gillot, 1200. Bekin, 1309. Engrend 1481. Gondèle Bertols, 1250. Ernoul, 1260. Gonfroy, 1255. Bouchard, 1242. Eernous, xiv.°s. Grigoire, 1235. Bouquins, 1250. Esteuve, J 1377. Grigories, 1230. Braham, – Esteune, 1465. Guarins, 1215. Buridan, 1307. Eubers, 1260. Guittard, Burtandons, 1250. Eudon, 1133. Guiotte, 1279. Burtignon, 1250. Eustasise, 1230. Guyon, 1261. Burtremel, 1287. Fleurchon, Guyonne, Colart, 1412. Flouriche, – Hacquin, Colin, 1333. Foukes, 1250. Hanrit, 1243. Colle, – Franceline, Hellin, 1254. Conrardt, 1233. Francoiselle, Helvis, 1308. Conrault, 1290. Frans, 1279. Henin, 1496. Coinrais, 1276. Fremin, 1470. Ilenriet, 1493.
Herbers, 1248. Jennin, 1417. Mariette, –Hermet, 1106. Jeoffroy, 1232. Marion, 12S6. Hervée, 1214. Jermes, 1287. Marotte, Hesselat, 1287. Jernous, 1287. Massin, Hierosimette, – Jéromette Mathelin 1507. Honneré, 1465. Johans. 1280. Maure, 1462. Houwes, 1250. Joie, 1237. Mehaut, 1342. Huart, 1106. Josse, 1232. Merc, xii.« s. Humbert, 1290. Josson, xm.cs. Meuberde, Hues, 1249. Juile, 1285. Michales, 1251. Hugues, 1250. Kolinot, 1255. Michaix, 1294. Huon, 1249. Leurins 1465. Mikaeux 132(f. Jachin, 1471. Lienard, 1260. Mikellette, 1334. Jacque, 1230. Liévire, Mikiel, 1412. Jacot, 1411. Livin, 1250. Mikiex xni.° s. Jacotin, 1477. Luchin, Natase, Jacquemout 1439. Luis, 1273. Nicholai, 1264. Jacquemant 1317. Loheurins, 4215. Ninet, –Jacquevon 1472. Mahiex, 1264. Nolette, 1471. Jakemins, 1214. Mahiette, – Odon, 1255. Jeannin, 1447. Maine, – Oger, Jehan, (1) 1465. Manassès, 1215. Othon, 1273. Jehennet, 1518. Manessier, 1458. Otte, Jehennette xvie. s. Margue 1418. Oudard, Jehon, 1254. Marguitte, 1469. Ouède, 1250.
(t) Le nom de Jehan était excessivement commun en Picardie. Dans le procès-verbal d'une assemblée générale des habitans d'Amiens, dstéedu 15 juillet 14C5 sur 96 noms, il y en a 32 qui sont précédés du prénom de Jehan.
Oufren, 1204. Ricandes, 1293. Thiebaus, 1393. Oulfran, 1324. Ricardin, 1411. Thieris, 1280. Pasche, xm.'s. Ricars, 1247. Thobias, Perret, 1374. Riflard, 1432. Thomin, 1522. Perinot, 1468. Robiers, 1251. Thumas, 1307. Perigne, 1508. Robin, xin.e s. Tiercelet, 1307. Perinette, 1479. Robinet, 1469. Tumas, 1277. Perine, 1395. Robinette, 1480. Ulfrad, 1106. Perotte, 1404. Rogiers, 1464. Ursin 1273. Perrot, Rogue, 1234. Vaspesien, Phelipart, 1273. Rollande, – Vedasse, Philippons, 1273. Royne, – Vilames, 1285. Pieron, 1133. Sainctine, – Vincans, 1230. Pierotin, 1279. Salvi, 1106. Walleraut, 1250. Pierot, 1406. Sandrin, Warin 1300. Pierquin, 1279. Segard, xh." s. Warmers, 1250. Pringue, Sidrac, Warques, Quintin, 1106. Sifrid, 1106. Watier, 1310. Quintine, Slevenes, 1250. Wauflar Raoulin, 1453. Sohiers, 1250. Weric, 1197. Raouline, 1468. Sohirs, 1293. Willard, 1293. Raous, 1250. Souplis, 1472. Willaume, 1400. Raullin, 1464. Suply, 1493. Willemot, 1414. Rault, Symonins, 1251. Wileme, 1214. Réginer, Tassars, 1287. Wique, 1380. Remonnet, Tassin, Wistache, 1284. Renal, 1290. Teris, 1260. Ydette, 1197. Reniers, xiv.'s. Théris, 1280.
§. 2. – Noms de famille.
Tous les noms propres, dit M. Eusèbe Sal verte ont été originairement significatifs on ne peut admettre leur invention sans motifs et sans principes. La science philologique est parvenue à déterminer le sens d'un grand nombre de noms propres chez les Hindoux (1), les Hébreux (2) les Américains (3) les Grecs les Romains (4), les Gaulois (5) etc. Ces noms font allusion à la taille à la couleur des cheveux ou du teint aux travaux aux goûts, aux habitudes aux vices, aux vertus aux défauts physiques moraux ou intellectuels, à la place qu'on occupe dans la famille ou dans la société, aux charges et aux emplois au lieu de naissance ou d'habitation aux accidents aux actions d'éclat, etc. En parcourant les œuvres de Grégoire de Tours, on peut s'assurer que, de son temps, la plupart des noms 'propres, en France, étaient tudesques (6).
C'est au commencement du xi.e siècle que commencèrent à apparaître les noms de famille héréditaires (7). L'usage en devint général pour les hautes classes de la société vers la fin du règne de Philippe-Auguste (8), et pour les classes secondaires, au commencement du xiv.« siècle. Cette institution eut pour cause l'hérédité des dignités et des fiefs l'influence des croisades, l'exemple (l) Schlegel. (2) J. Humbert. (3) P. Corney Kracheninnikow. (i) Noël. (5) Bullet. (6) G. Fallot. (7) Mézeray.
(8) D'après M. Manguurit (t. m des Mém. de t'ac. celt.), Arnould signifie, en Saxon, fidèle à son honneur; Baldwin, brave conquérant; Everard, très honoré Robert, conseil célèbre; Godard, bon naturel; etc.
des familles impériales de Constantinople, l'affranchissement des communes et surtout la nécessité d'éviter la confusion qui résultait de la parité des noms de baptême. Ce furent les nobles qui commencèrent à adopter des noms qui n'étaient plus simplement individuels mais qui se transmettaient en même temps que les fiefs. Ces noms furent souvent un composé du nom du fief et de celui du possesseur: de Montovillers de Foucaucourt, de Belleval, de Ribecourt, d'Ernemont etc. Nous renvoyons le lecteur, pour ce qui concerne le nom des familles nobles, à l'ouvrage de M. P. Roger sur la noblesse et chevalerie de la Picardie et de l'Artois.
Quand les serfs furent affranchis ils commencèrent à ne plus être uniquement désignés sous un nom de baptême et sous celui de leur Seigneur. Les affranchis industriels gardèrent souvent le nom de leur métier les affranchis agricoles prirent aussi un nom en rapport avec. la nature de leurs occupations. Ceux qui furent chargés de fonctions bourgeoises étaient fiers de porter le nom même de leur emploi d'autres furent désignés par leur nom de baptême conservé ou par un nom significatif de leur caractère, de leur taille de leurs défauts de leur âge de leur habitation, du lieu de naissance, etc. Nous allons offrir quelques exemples des différentes sources où ont été puisés les noms de roturiers. Ceux que nous citerons appartiennent tous à la Picardie et ont été recueillis dans des actes publics des xn.e xhi.8 xiv.e et xv.e siècles.
1 .» Noms tirés de l'âge.– Le Jeuue,Gamain, L'aisné, Leviu,etc.
2.° Du pays d'habitation. Collart d'Arras, Henri d'Oisemont, Jean de St.-Valery, Clément de Chépy, Robert de Rue, André deNoyelles, Pierre de Gamaches, Thomas de Mareuil, du Mesnil du Plessier du Hamel, etc. II arrive souvent qu'on confond ces sortes de noms avec les noms nobiliaires 3.° Du pays de naissance. Picard Santerre, Ponthieu Morin, etc.
4.° Des dignités civiles ou religieuses. Borgois, L'Ecuyer, Le Vavasseur, Le Prévot (1) L'Esquevin, Le Maistre, Terrier (juge) Le Mayeur, Le Maire (2) Le Sieur (3) Le Bouteiller Le Roi (4) etc.
5." Des fonctions. Forestier, Messier (garde champêtre), Massart (trésorier), Varlet, Mesnier (sergent), Pinart (receveur des impôts) Dacier (receveur des impôts sur le transport), Viart (garde), Sergent (5) Ancelle (servante), Railleul (administrateur), Clavier (trésorier) etc.
6." Des professions et métiers.-La plupart des noms tirés des professions sont précédés, aux xn.e et xiii.e siècles, de l'article li, qui fut plus tard remplacé par le, puis très-souvent supprimé. (1) Ce mot à servi pour signifier le titre de divers officiers préposés à une direction quelconque (de la Tynna).
(2) Le Maire. Ce mot n'indique pas seulement la fonction des mayeurs municipaux, mais celle des chefs de corporations, des marguilliers, des régisseurs, etc.
(3) Sieur. C'est quelquefois une mauvaise orthographe de scieur. (4) Ceux qui obtenaient la royauté dans les jeux publics conservaient quelquefois toute leur vie le titre de Roi ou de Prince.
(5) Dans les MS. du xni.* siècle ce mot signifie serviteur, huissier, homme de guerre.
Ainsi on dit d'abord li carbonier puis le carbonier puis enfin carbonier ou charbonier. Carpentier Du Cange (banque) Le Mire (médecin) Bocquillon (bûcheron) Gaultier (bûcheron), Carlier (charpentier) Capelier (chapelier) Carbonier (charbonier), Le Correur, Pessier [joaillier) Gastelier (pâtissier), Le Boursier, Caron (charron), Fruictier, La Farge (forge), Cambier (brasseur) Pesqueux (pêcheur), Boulenguier, Fabre, Le Ferron, Le Feure, (de faber), Molinier (meunier), Cauchetier, Couretier, Carreton (chartier), Candelier, Le Sueur (cordonnier), Cuvelier, Benelier (conducteur de tomberaux), Pinguier (fabricant de peignes), Bergier (nourisseur de bestiaux), Boyer (charron), Magnier (meunier) Le Tartier Le Peigneur, Le, Tellier (tisserand), Le Queux (cuisinier), Le Caucheur, Thuillier (marchand de tuiles), Cousturier, L'OEulier (marchand d'huile), Le Merchier, Saunier (marchand de sel), Parmentier (1), Portebois, Qui forge, Plumoison, Garde Vacq, etc.
7,0 Des noms de baptême modifiés ou non par des suffixes. Clément, Thomas, Firmin, Michel Quentin Simon Asselin (de Asse) Aubertins (de Àubert) Bauduin (de Balde) Fouquier (de Foulques) Gillet (de Gilles) Henrion (de Henri) Gosselin (de Josse), Philippon (de Philippe).
S." De la con formation physique. -Blondel, Fauveau (de couleur tannée), Blanchet, Morel (noirâtre), Blois (bègue) Le Bochu Gobin (bossu), Poil-Villain, Blancs-Yeux, Col-de-Tor (cou de taureau), Pieffort, Maigret, Bellot, Canut, (chauve), Chauwin (2), (1) On donnait ce nom à ceux qui lustraient les étoffes.
(i) C'était le vrai nom de la famille de Calvin né à Noyon. De calvus (chauve).
Le Rétu (gentil), Malfait, Barbe-d'Or, Trois-OEuls, Face, de Taille-d'Or, Courtecuisse, Poil-Barbe, etc.
9.° Du caractère. Boudard, Noiseux Guichard (rusé), Boin (bon), Sené (sage), Doucet, Taupin (poltron), Testu, Ferté, (fermeté), Aubert (courageux), Baude (enjoué), Bobin (bouffon) Malfiance Loyauté Haut-de-Sens, etc. 10.° Des mœurs et habitudes. Guillon (escroc) Cache-Leu, Tue-Leu, Boisard, Hollier (débauché), Batteux, Janiu (farceur), Jaquet (menteur) Lesobre, Galland, Huart (criard) Bardou (lourdaud) etc.
11.0 Du règne animal. Lecat, Lekien Goret, Pourchel, Long-Cheval Vaquette, Leleu Goupil (renard) Baude Esquirol (écureuil) Ratelet Bouvet (jeune bœuf) Glaine Cailleret, Lagache, Legay, Moigneau, Moignel, Rainette, Caboche, Malot (apis agrorum), Catoire (ruche d'abeilles), Boterel (crapaud), Coulon (pigeon) etc.
12.°s Du règne végétal. – Decaisne Dufay (hêtre) Crequier (prunier), Gauguier (noyer), Breuil (bruyère), Belavoine, Cardon Garbe Herbet, Des Essarts, Dubus (du bois) Boissière (taillis), Gardin, Gardinet, Barthe (boccage), Vignier, (vignoble) Meslier (néflier), Peyre (poire), Verde-Aveine, Muy de Bled, etc.
13." Du règne minéral. Cayeux, Descayeux Carbon, Bray Debray (terre grasse) La Perrière (carrière de pierres). 14.° Des comestibles. Papin, Gastel, Watteau (gâteau), Lardé, Baccon (lard), Grignon (croute de pain), Cervoise, Tarteron etc.
15.° o Des vêtements etc. Cauche (chausson), Doublet (sorte
de houppelande), Man tel, Tabart (manteau), Soter (soulier) Cotelle (camisolle), Quemise, etc.
16.0 Des meubles et instruments, etc.- Carette, Des Equelles, Jarry (bâton) Ramon (balai) Broquevieille Martellet, Martel, Poyelle Buiret, Belperche Coffin (étui), Fauquetf/aucille) Binois (charrue), etc.
17.° Des fêtes de l'église.– Noël, Pâques, Pascal, Pasquier, Toussaint, etc.
18.° D'objetsdivers, etc. – Delecandelle, Vuidelame, Voyette, Estrée, Cotteret, Verderue, etc.
§ 3. Noms de corporations.
Les noms de corporations de métiers n'étaient point partout les mêmes en Picardie. Voici quels étaient ceux des vingt-quatre corporations de la ville d'Amiens en 1370:
Taverniers; waidiers; tanneurs; bouchers; fevres; merchiers boulengiers fourniers poissoniers de mer drapiers; cordouaniers cambiers (brasseurs) mâchons pelletiers; poissoniers de doulche yaue viesiers; pareurs; tisserands teinturiers sueurs (savetiers) waigniers (laboureurs, vignerons) carpentiers; porteurs; telliers (tisserands de linge). Au xvi.° siècle les corporations d'Amiens étaient ainsi dénommées Laboureurs; boulengers; brasseurs; taverniers; bouchers; poissoniers de mer poissoniers d'eau douce; maroniers; broutiers guelderons tanneurs cordoniers sueurs de viez pareurs et tondeurs pourpointiers, parmentiers; chaussétiers; bonnetiers chapeliers merciers paticiers sayeteurs tisse-
rands de toile couvreurs mareschaux barbiers orfèvres; huchers; charpentiers; massons archers; arbalestriers. (1) St.-Quentin. xvii." siècle. Apothicaires; bonnetiers; bouchers boulengers et tourtoniers brasseurs charrons chaircuitiers; chaudroniers; cordiers; cordoniers; corroyeurs; couvreurs d'ardoises, de tuiles et de plomb drapiers et chaussetiers gohorliers, maçons et tailleurs de pierres mandeliers; marchands de paind'épice; mégissiers et gantiers; menuisiers; merciers ciriers et épiciers; meuniers mulquiniers orfèvres; patissiers et cuisiniers potiers d'étain savetiers selliers serruriers; taillandiers; tailleurs d'habits; tanneurs et fourreurs tisserands; toiliers et lingers tonneliers tourneurs vitriers.
Beauvais. xvh." siècle. -r- Drapiers chaussetiers et mar^chauds de draps teints merciers épiciers passementiers boutoniers scetiers apothicaires; chirurgiens et inciseurs; drapiers drapants et marchands de laine; laneurs et arsoneurs; tondeurs tisserands; sergiers peigneurs; taverniers; vinaigriers et brasseurs; boulengers patissiers; charcutiers lardiers et graissiers bouchers poissoniers orfèvres étaimiers plombiers et fondeurs; maçons; charpentiers; couvreurs; quincailliers; couteliers; armuriers fourbisseurs éperoniers; chaudrouiers; épingliers et aiguilloticrs; féroniers maréchaux; taillandiers; cloutiers; teinturiers; chapeliers; bonnetiers; peintres et vitriers tanneurs; mégissiers; gantiers et pelletiers; (1J Chaque corps de métier d'Amiens portait.un mays à la fête du St.Sacrement. C'était une colonnade de menuiserie de forme pyramidale et terminée par un cierge. Les marchandises qui y étaient suspendues faisaient reconnaître chaque corporation.
cordonniers et corroyeurs"; cordonniers en vieux selliers et bastiers cordiers menuisiers tonneliers charrons brodeurs; tapissiers; joailliers fripiers et tailleurs d'habits; tourneurs et vanniers laboureurs vignerons et aïriers.
Abbeville. V. l'Histoire d'Abbeville par M. Louandre. Noyon. V. les Recherches sur Noyon par M. de la Fons p. 123. Les corporations de Péronne étaient à peu près les mêmes qu'à Noyon la corporation des poissoniers, portait le nom de soyebautécluse.
La corporation des charpentiers comprenait ordinairement les huchiers, les lambroisseurs les tourneurs et les tonneliers. Cependant M. de la Fons fait remarquer (1) qu'à Béthunes, les huchiers sont rarement confondus avec les charpentiers, aux xv.°et xvi.° siècles.
CHAPITRE X.
SOBRIQUETS HISTORIQUES ET POPULAIRES.
De tout temps, on eut recours aux surnoms pour distinguer cntr'eux ceux qui portaient un même nom. Le sobriquet est une espèce de surnom qui fait allusion aux qualités ou aux défauts personnels. L'usage de ces sortes d'appellations est fort répandu dans nos campagnes. Un ridicule une infirmité physique une parole maladroite une bévue, un acte de poltronnerie une condamnation (I) Les artistes et les ouvriers du Nord de la France.
judiciaire suffisent pour qu'un nom soit affublé d'un sobriquet qui reste parfois héréditaire.
Dans les fètes populaires du nord de la France les joyeuses compagnies, qui en faisaient les principaux frais, étaient commandées par un chef qui portait toujours un surnom de dignité. Voici ceux que nous avons recueillis Abbeville. Le prince des sots; l'évèque des innocents. Amiens. L'évèque des innocents; le prince des enfants sans soucis; le pape des fous.
Arras. L'abbé de Liesse; boin espoir le prince d'honneur le prince d'amour, le prince des loquebaux; le prince de bon vouloir le roi des lours l'amiral de Malduichon. Ath. – L'abbé des pau pourvus.
Béthunes. Le prince de jeunesse; le capitaine des hochettes le capitaine de l'étrille; la princesse des cœurs fallis; le prince du Puich l'abbé de sens legier le prince de mal espargne le prince des dures menées le prince des lours le prince des gayants de St.-Pry; le prince de plaisance, le prince de folie; etc. La confrérie des jongleurs élisait un chef qu'on nomma d'abord prince des saults et puis par corruption prince des sots (1).
Bouchain. – Le prévost des étourdis.
Calais. – Le roi des hiraulx.
Douay. – Le capitaine Pignon.
Ham. – Le prince des sots.
La Bassée. L'abbé des faims.
Laon. Le patriarche des fous.
(l) V. Lesartistes dit nord de la France, par Ai. de la Fous.
Le Quesnoy. L'abbé du plat d'argent.
Lille. Le duc du lacq; le lieutenant volant le roi des sots les princes d'amour, de jeunesse, des tars saiges. Montreuil. Le roi des enfants de la lune. On donnait le titre de roi de la couronette à celui des chevaliers de l'arc qui s'était le plus distingué.
Noyon. Le roi des fous.
f étonne. – L'abbé des mariés le capitaine des pieds de saulx.
Rue. – Le souverain évèque de Rue.
St.-Omer. Le prince du glay; le prince des soudans. St.-Quentin. Le roi du chapels. (Voir un article de M. Gomard dans les Mém. de la Société acad. de St.-Quentin). Senlis. Le pape des fous.
Valenciennes. Le prince de plaisance le prévost des coquins le prince de l'étnle le capitaine de joyeuse entente le gardien de dame oiseuse le chef des Hubins le prince de de la plume.
Waudricourt. Le prince de lanière. etc.
Nous avons mentionné dans un précédent chapitre les sobriquets relatifs aux villes et aux villages de Picardie. Nous allons maintenant indiquer un certain nombre de surnoms historiques et de sobriquets populaires, tant anciens que modernes.
Abbeville. Au xvhi." siècle, on ajoutait souvent le surnom d'Abbeville aux prénoms du nouveau né d'un mayeur de cette ville. (Louandre, Hist. d'Abbeville, t. n, p. lil).
Avoués. Nom que prenaient les seigneurs qui s'engageaient à défendre les droits de l'église soit par dévouement soit par intérêt. Tel fut le comte Jean de Ponthieu qui, en 1176 dans une assemblée du clergé de ses Etats promit d'assister envers et contre tous Monsieur St.-Vulfran. (Devérité, Hist. de Picardie).
Bascu. Sobriquet d'un homme gros et court.
1 Baudet torqué (Witasse). (Abbeville, moyen-âge.) Bel œil (marquis de). Sobriquet d'un borgne.
Bethanie. Surnom d'un imbécile. (Santerre.)
Bigorgneurs Une compagnie de volontaires levée en 1581 par la ville de Valenciennes et qui se signala surtout à la prise de Doullens fut surnommée les bigorgneurs, soit à cause de leur hallebarde nommée bigot, soit à cause d; leur chapeau militaire à deux cornes. (Le Glay, Glossaire des sobriquets historiques du nord de la France).
Bon bec. (Marie) Surnom d'une babillarde.
Biau tayon (Jehannet). (Abbeville, 1311.)
Bis blé (Fremin). (Comptes des argentiers d'Abbeville.) Bouthiliers (Colars le). Trouvère artésien du xni.e siècle. Bochu (li). Adam d'Arras trouvère du xin." siècle. Brûlefer (Jehan).- Féronnier à Béthunes, en 1522. Cache-rats (Robert). (Abbeville, moyen-âge.)
Cadoreux. Sobriquet des sergents-de-ville. Allusion à leur costume qui ressemble au plumage des cadoreux (chardonnerets). – (Amiens.)
Cndet rlPvipnt parfois une désignation inséparable du nom d'un frère cadet: cadet Lambin; cadet Bernot.
Cafoule (Marie). Sobriquet d'une femme qui veut tout faire et qui, en définitive, ne fait rien qui vaille, et qui n'a ni ordre ni économie.
Cagneux. Individu à jambes torses. (Amiens.) Canelaus (Leurens li). (Adam de la Halle).
Carimaros ou Kérimoueros. – Nous donnons ce surnom aux bohémiens. Les Arabes les appellent charami, c'est-à-dire brigands. C'est probablement là l'origine de cette singulière appellation (Histoire des Bohémiens par M. Greellman). Carotte (la). – Sobriquet qu'on applique indifféremment aux hommes et aux femmes.
Cateseuris. Sobriquet d'un individu contrefait. (Ponthieu.)
Caut pain. (Abbeville, moyen-âge.)
Chiens (Jehan aux). (Abbeville, moyen-âge.)
Chiqueux (ech'). Sobriquet d'un individu qui chique. Chuchelotte (marquis de sainte). Sobriquet d'une personne qui sifle en parlant. (Ham.)
Codake. Sobriquet de jeune fille.
Cope hardes. (Abbeville, xin.e siècle.)
Cornevaques (Jehan). (Abbeville, xiv.1 siècle.) Cou de taureau (Hubert). (Verm. xn.e siècle.)
Cour col (Colin). (Abbeville, xiv." siècle.)
Courte cauche. (Abbeville, moyen-âge.)
Coulons (Jehan as). (Abbeville, moyen-âge.)
Cœur de Quesne (Paul). – {Comptes des argentiers d' Abbeville.) Créquy. Ce fut d'abord un surnom emprunté du créquier
(prunier sauvage) et qui devint héréditaire dans cette illustre famille.
Chiou chievalier estoy preux et de bon renom
Doutable et qui portoy de Créky le surnom.
(Romance du sire de Créquy, v. 10. e)
Creton. Surnom de Raimbaud d'Estourmel parce qu'il signala sa valeur à la première croisade, en montant le premier sur la crête des murs de Jérusalem (Orderic Vital). Crincrin (Monsieur). Mauvais joueur de violon. (Péronne.)
Cuvelier (li). Trouvère d'Arras, au xm.e siècle.
Dehors le ville (Simon). (Ponthieu moyen-âge.) Dent de leu (Villot). (Abbeville, moyen-âge.)
Enfants du roi (les). C'est le nom que prirent dans le Laonnais un parti nombreux de paysans qui, en 1411, reprirent sur les Bourguignons Andelain et Pontarcy. (Devisme, Manuel hist. du département de l'Aisne).
Enfenouillé (Monsieur). Individu qui fait l'empressé, qui paraît avoir beaucoup d'affaires. (Santerre.)
Epaules (René aux) 1109.
Epinoche (l'). Enfant maigre et délicat. Par comparaison avec l'épinoche gasterosteus pungitius.
Epotreux de warokes. Sobriquet donné aux arpenteurs parce qu'ils épeutrent (écrasent) les warolles (glebes) qui les gênent dans leurs opérations.
Escouvettes (chevaucheurs d'). On surnommait ainsi, à Verberie, ceux qui avaient la réputation de fréquenter les sabbats.
Eveille chiens (Hebert). (Verm. xn.e siècle.)
Eveque à baudet (Y). Surnom de M. Mathieu Asselin évèque constitutionnel du Pas-de-Calais, mort à Bonnières (Somme). Il se servait toujours d'un âne dans ses visites pastorales.
Faraud (ch'). Individu qui aime à se parer. – (Doullens.) Fifi. Nom d'amitié qui survit quelquefois à l'enfance. File étoupes (Thibaud). Forestier du roi Robert, ainsi nommé à cause de sa chevelure blonde. (Carlier).
Gambette. Surnom d'un individu qui a une jambe plus courte que l'autre. (Ponthieu.)
Gargate (la). – Mathieu deMaissemi, 1224.
Goula fre (Symonet). Argentier d'Abbeville.
Graillon (Marie). Sobriquet d'une femme malpropre et déguenillée.
Gramère aux écus. Sobriquet d'une vieille femme riche. Grandganille(Platerius). – (Verm., xn.e siècle.)
Grand fieu (Jehan Poitou), huchier à Béthunes en 1540. Grignart (Jean-Pinchat). Lieutenant-général du baillage de St.-Queutin en 1517.
Grise gouelle. Vermandois xn.e siècle.
Gueule (Manse la). (Jeu de la feuillie.)
Guérinets. On donna ce nom à une secte d'illuminés dont le fondateur fut Pierre Guérin curé de la paroisse Saint-Georges, près de Roye.
Guine ou gogniot. – Sobriquet d'un individu qui louche. Hochebos ou kokebos. C'était le nom qu'on donnait à certains régiments de piquiers, (hocher branler; bos, bois). « Les gens
de pied de Picardie dit le président Fauchet (livre h de la milice), (plus volontiers que les autres nations) usoient de ce long bois appelé aussi hokebos, d'autant que son effect consistoit au heurt que le Piquenaire faict, après avoir secoué et esbranlé son hokebos depuis appelé Picque, pour ce qu'il poind et picque.» b Huchier (Jehennot le). – Huchier deBéthunes, en 1513. Jacasse. Sobriquet d'une femme qui a le caractère contrariant. (Montdidier.)
Jacques bons hommes. On appela ainsi les paysans qui se soulevèrent du temps du roi Jean dans le Beauvoisis, sous la conduite de Guillaume Caillot. On les désignait sous ce nom, parce qu'ils étaient revêtus de jacques, c'est-à-dire de justaucorps de maille.
Jean foetout. Sobriquet d'un factotum, d'un individu qui se mêle de tout. – (Amiens.)
Keukiot Pierre. Tel était le nom populaire de Pierre l'hermite, en Picardie. Les Grecs modernes l'ont rendu par coukiou, qu'ils écrivent en caractères français. (Michaud Histoire des Croisades.)
Lirots V. le Glossaire.
Lot de vin (Jacques). (Abbeville, moyen-âge.) Lustucru. Sobriquet d'un niais ou d'un individu mal bati. Maque tourte (Clabaud). (Ponthieu moyen-âge.) Jlare et Maresse. Nom donné au roi et à la reine de la fête au branle d'Authieule.
Madou (Marie). Sobriquet d'une femme qui a beaucoup d'embompoint. (Arras.)
Mal apprins (Henri). (Abbeville, moyen-âge.)
Marchelte (Notre-Dame). Nom qu'on donne à la Vierge de Miraumont, où les mères vont en pélérinage pour obtenir que les enfants marchent bien.
Marie Catelaine. Sobriquet d'une villageoise lourde et sotte.
Moustapha. Sobriquet d'un malotru.
Nez de cat (Romain). Mayeur de St.-Quentin en 1213. Nicodême dans la lune. – Sobriquet d'un sot.
Outre l'eaue (Robert d'). – (Abbeville, xiv.» siècle.) Papa Mo. Nom du principal personnage des mascarades de St.-Omer.
Picquigny (les chevaliers de). A la bataille de Mons en Vimeu, un certain nombre des chevaliers de l'armée de Philippele-Bon, s'enfuirent vers Picquigny, pour échapper à la poursuite des Viennois. Ils furent ob!igés plus tard de racheter leur faute par des actions d'éclat et on leur conserva le surnom de chevaliers de Picquigny. (M. Roger, Noblesse et Chevalerie). Pigeon raton. Sobriquet d'une bavarde. (Santerre.) Pile pois (Jacques). (Arras, xm.» siècle.)
Pinche sans rire. Sobriquet d'un individu par trop sérieux. – (Beauvais.)
Plante haies (Colart). (Ponthieu, moyeu-âge.)
Polake. Sobriquet d'un individu sale. (Roye.) Poix au lard (Hue). Maître commandant du bargiot St.Ouffren d'Abbeville, au combat naval de l'Écluse 'en 1340. (M. F. LouandreJ
Pommettes (Margot aux).– (Arras, xin.e siècle.)
19.
Poulot. Nom d'amitié donné aux enfants, conservé quelquefois comme sobriquet. (Amiens.)
Privilégies (les). Nom qu'on donnait à la garde bourgeoise d'Amiens, vers 1771.
Quater langues (Marie). – Femme qui babille tant qu'on pourrait croire qu'elle a quatre langues. Quate yards. Femme si avare qu'elle couperait un liard en quatre. (Santerre.)
Qui ne paye (Jehan). (Abbeville, moyen-âge.)
Ramasseur. Surnom du plus actif des prédicants qui parcourut les environs de St.-Quentin vers 1563 pour y établir la prétendue réforme. (M. Gomard).
Jtaton (St.-Vaast). Nom qu'on donne à la fête de St.-Vaast, parce qu'elle tombe le 6 février époque où l'on commence à faire des ratons. (V. ce mot dans notre Glossaire).
Rebecca. Sobriquet d'une femme acariâtre qui parle avec aigreur. (Clermont.)
Reclus de St.-Leu (les). C'est sous ce pseudonyme que se cachaient quelques jeunes gens de la Paroisse St.-Leu d'Amiens qui, en 1675, se firent une certaine réputation de beaux-esprits, par les poésies qu'ils faisaient insérer dans le Mercure galant. Régaleux. Surnom de terrassier. (Montdidier.) Rouf-rouf (Marie). Femme qui fait tout avec une grande vivacité et des gestes brusques.
Sake épée (Jehanne). (Abbeville, moyen-âge.)
Salope (Marie). Sobriquet d'une femme malpropre et quelquefois d'une femme de mauvaise vie.
Sans monnoye (Jean Brisart).– Ouvrier de Béthune, en 1505.
Serfs de la Vierge. – C'est le nom qu'on donnait, au xn.e siècle, aux moines connus sous le nom de blancs manteaux. Sorcier (Daniel le). (Compiègne, xv.° siècle.) Les échevins de Noyon lui délivrèrent une patente de magicien de magie blanche. (M. de la Fons, des sorciers aux xv." et xvi.e siècles). Talvas (Robert). Comte de Ponthieu, ainsi nommé « par rapport à une espèce de bouclier (talevasj qu'il portait et selon d'autres, à cause d'une terre près de Valognes qui fut longtemps possédée par les barons de Chanflours. » (M. Louandre, Hist. d'Abbeville, t. i, p. 130).
Tant faire (Madame). Femme qui fait beaucoup d'embarras pour ne rien faire. (Montdidier.)
Ter à moukes. (Santerre.) • Têstus (Gautier li) (Artois, xm.e siècle. )
Tiot blanc. Sobriquet d'une personne pâle. (Doullens.) Torignon – Sobriquet d'un boiteux. – (Doullens.) Tourne vaque (Pérotte). (Abbeville, moyen-âge.) Trinque fort. Sobriquet de buveur. (Amiens.) Trois yus. (St. -Quentin.)
Tue leu (Jehan). (Abbeville, moyeu-âge.)
Teinturier (li). Trouvère d'Arras, au xm.8 siècle. Voit le leu. (Symon). (Abbeville, moyen-âge.)
1Vardeur (Robert). Garde de l'horloge de Béthune, en 1406, etc.
CHAPITRE XI.
NOMS DES ANCIENNES MESURES DE PICARDIE.
La grande quantité de mesures usitées en Picardie parait avoir son principe dans la révolution qui sur la fin de la deuxième race changea la nature des bénéfices. Jusque là, la mesure royale avait été la mesure de Picardie. La valeur des mesures qui portaient le même nom variait presque dans chaque localité. On comptait parfois plusieurs mesures différentes dans une même ville. Ainsi par exemple à Crépy on distinguait la mesure de la commune, celle du seigneur du château celle du seigneur du donjon celle de St.-Thomas et celle de St.-Arnould. Nous renverrons le lecteur aux almanachs de Picardie de 1758 et 1759 pour l'appréciation locale des mesures généralement connues telles que le septier le boisseau le sac le pied le pouce etc et nous ne nous occuperons que des noms des anciennes mesures picardes, dont il est utile de connaître la valeur pour l'intelligence de nos archives.
Alchia. Ancienne mesure agraire de Senlis, dont le nom dérive peut-être de occare (défricher).
Amarre. Mesure d'avoine de Crépy qui se partageait en quatre pichets. (Carlier).
Arpent. Du celtique ar (terre) et pan (limite). L'arpent du moyen-âgp rnrrespôndait à l'actus quadralus des Romains ou à leur semijugerium.
Asnée. Mesure de blé, à Laon. Il fallait 13 castels pour faire une asnée. Les cinq asnées de Laon équivalaient au muid de Soissons ou à 30 septiers de Ham.
Bonnier. Du celtique bunn (borne) et ar (terre). Il se divisait en trois ou quatre mesures ou journels, ou bien encore en cinq meneaudées. Selon les localités, il contenait depuis 122 jusqu'à H2 ares. Cotgrave traduit ce mot par arpent. Bovier ou Bouvier. Mesure agraire usitée au xm.e siècle dans PAmiénois le Beauvoisis, le Vermandois et le Santerre. L'usage s'en conserva plus longtemps dans cette dernière contrée que partout ailleurs. Nous le trouvons encore constaté dans un acte de 1605, où sont denombrés les biens du château de Nesles. Le bovier de Roye était composé de quatre journaux. Butel. Mesure de Boulogne-sur-Mer, contenant quatre provendiers ou ferlings.
Cartel.- A Vervins, c'était la moitié du jallois c'est-àdire 40 verges. A Laon le cartel pesait 32 ou 33 livres. Charrue (carrucata). – Mesure agraire du Beauvoisis. Cheviron.-Dans le nord de la Picardie, on mesure encore le bois de charpente par chevirons ou quevirons. Un cheviron donne 908 chevilles de 9 pouces de longueur sur 1 pouce d'équarissage.
Corbe (corus ou corbus). C'était la principale mesure des grains et des liquides. Un corbe rendait 5 muids de farine, et chaque muids, 30 pains c'est-à-dire que le corbe contenait 30 muids de grains et chaque muids, 22 septiers pesant chacun 2 livres. (D. Grenier, 20." paquet, 3." liasse.)
Coupe. Quart de la ravière, en Artois.
Denrés. Mesure de terre qui produisait un denier de rente. C'était une division de la soldée.
Essin ou essem. Mesure du Soissonnais, dont le nom d'après D. Grenier pourrait dériver de Asinus parce qu'en ce pays les ânes étaient employés au labour. L'essem contenait deux pichets pesant chacun 38 à 40 livres. Dans le duché de Guise l'essain était la moitié du jallois et se divisait en quatre pugnets.
Ferling. Mesure de Boulogne-sur-Mer, qui faisait le quart du butel, et contenait deux estellings.
Gauge. Vase qui contenait douze pintes de la grande mesure (Beauvoisis).
Glaue. Mesure du bois dans le Boulonais contenant 7 mètres 355 millimètres cubes.
Ilavot. Quart d'une mesure de terre, à Béthune. Jallois. -Mesure, de Vervins composée de 80 verges pour les terres et de 80 livres pour les grains. Dans le duché de Guise trois jallois équivalaient au septier de Paris.
Lance. Division de la mancaldée ou mencaudée. Livrée (librata). – Mesure de terre qui produisait une livre de rente. C'est du xm.e siècle que date cette manière de diviser les terres par l'estimation pécuniaire de leur produit. Dans le Valois, on distinguait trois sortes de livrées la livrée parisis, la livrée tournois et la livrée néret. Les livrées se divisaient en vingt soudées et la soudée en douze denrées.
Lot. Le lot de Montdidier était le dixième du boisseau de Paris, et contenait 6i pouces cubiques.
Mège. Mesure qui comptait par pied de 10 pouces 3/4
17 pouces 3/4 faisaient une verge et 100 verges, un journal. Le mège qui empruntait son nom d'un canton du baillage de Péronne, était usité dans ce baillage et dans quelques localités du Vermandois.
Mesure. – On appelait ainsi primitivement une étendue de terre qui peut suffire à la nourriture d'un homme.
Alesure d'Oulchy. On donnait ce nom à la mesure de roi pour l'arpentage. Cette dénomination usitée d'abord dans le Valois et la Picardie, le fut ensuite dans la Champagne et dans l'Ile de France. (V. Carlier t. III).
Mencaud ou mancaudée. C'était l'équivalent du journal, contenant de 80 à 100 verges. Comme mesure de capacité pour les grains, il contenait environ 50 litres. A Roye, il fallait 7 mencauds pour un sac d'avoine et deux boisseaux pour un mencaud. J'ai vu dit Molinet
Jai veu peuple en mes livres
De famyne troublé
Et vendie quatre livres
Un seul mencault de blé;
En ceste propre année
Avoir dessus l'Escaut
La chance retournée
Ung muy pour un mencault.
(Légende de Pierre Foiseu).
Mine. La mine de blé du Beauvoisis contenait 32 pintes la mine d'orge, 40 pintes et celle d'avoine 48. A Clermont, la mine était de 40 pintes; àCompiègnc, de trois boisseaux et un tiers.
Jloée. Mesure équivalent à six arpents de terre et pour laquelle on employait un muid de semence. Dans le Vermandois, elle se divisait en journaux et le journal en verges. Moisson. Les villes manufacturières de Picardie qui figuraient dans les foires de Champagne et de Brie avaient chacune une moisson ou mesure particulière pour la longueur des pièces de drap. Abbeville, 24 aunes; Arras, 46 Beauvais, 14 St.Quentin, 33 etc- (V. Crapelet, Proverbes et dictons popul.) Jluids. C'est le modius des Romains. Cette mesure était très-variable. Au commencement du xiii.e siècle, il contenait 13 mines et demi. Plus tard il n'en valut plus que 12. A Clermont, le muids contenait 3 sacs ou 9 mines. A Saint-Quentin il comprenait 64 boisseaux pour la mesure de ville, et 66 pour la mesure du chapitre.
Oska. Ancienne mesure de terre usitée à Jeaucourt, près de Ham. (Charte de 1293.) V. le Glossaire de Du Cange. Palette. Tiers du boisseau à Abbeville.
Pichet. – Mesure de grains du Soissonnais, pesant de 38 à 40 livres. Dans le Valois, le pichet faisait la moitié de la mine. Piquet. Par ordonnance de l'échevinage d'Amiens, du 11 février 1575 le septier fut fixé à 4 piquets et celui d'avoine à 12 picotins.
Poignée. Petite mesure de terre qu'une poignée de blé suffit à ensemencer.
Poigneux. Demi-pichet dans le Valois. Il fallait quatre poigneux pour une mine.
Polquin ou pnquin. – Du Celtique pocadh (bourse, sac). C'est la plus ancienne des mesures du Boulonais. Elle se divisait en deux ratières et la rosière, en quatre buteaux.
Provendiers (du Roman Provende, ration). C'était, à Boulogne-sur-Mer, le quart du butel.
Pugnet. C'était, à Vervins, la moitié du cartel, c'est-àdire 20 verges. A Guise, c'était le quart de l'essain. Le demipugnet se divisait en pintes.
Quaneau. Quart de la coupe en Artois.
Quarteron. Mesure agraire du Noyonnais.
Quartier. Quart de la mine.
Quenne. Mesure de liquide équivalant à la canette de Paris. (Abbeville.)
Easière. – A Ardres la rasière de blé contenait 16 boisseaux, et le boisseau, 512 pouces cubes. A Boulogne, elle se divisait en quatre buteaux; dans l'Artois, en quatre coupes.
Roquille. C'était le quart du septier, dans le Valois. Rouée ou rouerce. Ancienne mesure agraire d'Athies. Sextelée. C'est le nom qu'on donnait à Noyon, à Chauny, à Nesles, etc. au septier composé de 80 verges ou perches. Le septier était en usage dans toute la Picardie. Ses diverses valeurs sont indiquées dans les almanachs de Picardie de 1759 et 1760. Somme. Mesure de bois dans le Boulonais. Elle se composait de soixante bûches, nommées glaues.
Soudée ou soldée (solidata). – Terre qui produisait un sou de rente. -Elle se divisait en douze denrées.
Tequarterange. Vieille mesure du Valois équivalant à un quartier de grain, dont deux tiers de blé méteil et un tiers d'avoine
Triboulette. Mesure de boisson tenant une chopine.
DEUXIÈME PARTIE.
GLOSSAIRE
ÉTYMOLOGIQUE ET COMPARATIF DU
PATOIS PICARD, m
ANCIEN ET MODERNE.
Ce qui reste maintenant à faire, ce sont de
bons dictionnaires patois.
Ch. Nodier, Blém, de linguistique, p. 304.
AVERTISSEMENT.
La prononciation fait subir aux mots picards de nombreuses modifications. Pour ne point surcharger inutilement notre Glossaire, nous n'y avons admis que les formes principales et primitives.
On y trouvera quelques mots populaires qui, rejetés par l'Académie, ont été recueillis par certains lexicographes tels que Boiste et Laveaux. Il ne faut pas oublier qu'ils appartenaient primitivement au langage vulgaire des provinces du Nord et que pour beaucoup d'entre eux il y a probabilité sinon certitude d'origine Picarde. Comme Lafontaine, nous avons repris notre bien où nous l'avons trouvé.
Les mots précédés d'un astérisque (*) ne sont plus usités actuellement. Ils appartiennent au dialecte romanopicard ou au patois picard des xv." et xvi" siècles. Nous les avons recueillis pour faciliter l'intelligence des chartes picardes et de nos anciens coutumiers. Ils ont été em-
pruntés la plupart aux carlulaires de Picardie aux coutumes du Beauvoisis, au coutumier inédit de Picardie, au tarif des Aides d'Amiens, à la romance du sire de Créquy, aux comptes des argentiers d'Abbeville etc. Nous n'avons indiqué la provenance des mots que pour ceux qui concernent l'Histoire naturelle pour ceux qui ont un synonyme beaucoup plus généralement usité, pour ceux qui sont particuliers à une localité et pour ceux qui appartiennent aux pays éloignés du cœur de la Picardie comme Boulogne-sur-Mer, Sl.-Omer, Béthune, Soissons, etc.
Quand nous mettons entre parenthèse les noms de' Boulogne, Soissons, etc. il est bien entendu que nous parlons des villages de l'arrondissement dont ces villes sont le chef-lieu et non pas des villes elles-mêmes. Il en sera de même lorsque nous indiquerons des points de comparaison avec des villes qui n'appartiennent pas à la Picardie. Quand nous dirons par abréviation de même à Valenciennes Bar-le-Duc Besançon, Rennes, le lecteur saura que par là nous constatons que le même mot est employé dans le même sens dans le patois de l'arrondissement ou tout au moins du canton de Valenciennes Barle-Duc, etc.
Il y a beaucoup de mots dont nous avons mentionné les synonymes et les congénères. Nous appelons congénères les mots qui appartenant à un autre patois ou à une autre langue ont la même signification et à peu près la même forme que les nôtres. Nous les avons principalement puisés dans les langues néo-latines (Italien Catalan Espagnol Portugais) et dans les patois Rouchi
Wallon Lorrain, Champenois, Normand, Berrichon, Nivernais, Bourguignon Limousin Franc-Comtois et Languedocien. Ces divers rapprochements montreront la parenté plus ou moins étroite de ces divers dialectes et leur communauté d'origine.
Quand nous le pouvons nous indiquons ensuite l'étymologie. Nous avons désigné les mots romans d'après les Glossaires de Lacombe Du Cange Pougens, Nicot, Lemoine, de l'Aulnay, Roquefort, Méon, Fallot, F. Michel, P. Paris et Jubinal et d'après les MSS. de Lacurne Ste.-Palaye, de D. Grenier et du P. Daire.
Le mot Roman aura toujours dans notre Glossaire la signification de Roman du Nord de la France ou Langue d'Oil. Nous réserverons le nom de Langue d'Oc pour le Ruman du Midi.
Nous suivrons l'exemple de M. E. Dumeril en rapportant ordinairement à l'Islandais le mieux conservé des dialectes Bas-Allemands les mots qui sont derivés non seulement de l'Islandais, mais du Saxon, du Francisque et de quelques autres idiomes Germaniques.
INDEX
DES PRINCIPALES ABRÉVIATIONS
A. ou Arch. de Archives de.
Abb. Abbevillois ou Abbeville.
Acad. Académie.
Adj. Adjectif.
Adv. Adverbe.
Attem Allemand.
Alm du Fr. Pic.. Almanach du Franc-Picard.
Am. Amiens ou Amiénois.
Angl. Anglais.
A. P. Ancien Picard, désigné aussi par l'astérisque (*). Arr. Arrondissement.
Art. Article.
Art Artois ou Artésien.
Astr. Pic. Almanach de l'Astrologue picard. B.-Bret. Bas-Breton.
Beaum Coutumes du Beauvoisis, par Beaumanoir. Beauv Beauvais ou Beauvoisis.
Ber. Berrichon.
Béth. Béthune.
Bibl. nat. Bibliothèque nationale.
B.-lat Bas-latin ou basse latinité.
B.-lim.. Bas-limousin.
Boul. Boulogne-sur-Mer ou Boulonais. Bourg. Bourguignon.
Bret. Haut-Breton.
Cat. Catalan.
C.-Bret. ou Celto-Bret. Celto-Breton.
Celt. Celtique.
Celt.-Irl. Celto-Irlandais.
C. de ou cart. de Cartulaire de.
Champ Champenois.
Ch. pic Chanson Picarde.
Comm. de M. • Communication de M' •
Cong. Congénère.
Conj. Conjonction ou conjugaison.
Cout. de Beauv.. Coutumes du Beauvoisis.
Cout. in Ancien coutumier inédit de Picardie, parM. Marnier Cant. Canton.
Dict. de l'Ac. Dictionnaire de l'Académie française. Départ Département.
Ed Edition.
Esp. Espagnol.
Et. ou êtym. Etymologie.
Ex. Exemple.
F. Féminin.
Flam. Flamand.
Gloss. Glossaire.
Gr Grec.
Hist. Histoire ou historique.
Isl Islandais.
It. Italien.
Lang. Patois languedocien.
Lat. Latin.
L. d'Oc. Langue d'Oc ou Roman du Midi.
L.d'OiU Langue d'Oil ou Roman du Nord.
Loc. cit Loco citato (à l'endroit déjà cité).
Loc. pic Locution Picarde.
Lor. Lorrain.
M. Masculin.
Marq. Marquenterre.
Mém. Mémoires.
MS, de la Bib. nat. Manuscrit de la Bibliothèque nationale. Norm. Normand.
Occit. Occitanien.
P. Page,
Pic. Picard ou Picardie.
Prov. Provençal ou proverbe.
7! Roman ou romance.
Rom Langue Romane du Nord.
Rom.-Pic. Romano-Picard.
Rom.-Prov. Romano-Provençal.
S. Substantif ou singulier.
S.'1' Siècle.
S. f Substantif féminin.
S. m. Substantif masculin.
Soc. des Ant. Société des Antiquaires de Picardie. Soiss. Soissons ou Soissonais.
St.-Val St.-Valery.
Syn. Synonyme.
T. Tome.
Trad. Traduit ou traduction.
Y. Voyez.
y. a. Verbe actif.
Verm Vermandois.
Y.-Fr. Vieux français des xv. et xvi.' siècles. V. n. Verbe neutre
y. p. Verbe passif.
Y. pro. Verbe pronominal.
Vim Vimeu.
y° Vocabulo (au mot).
Voc Vocabulaire.
Wal. Wallon.
Ancien dialecte Picard ou vieux patoisPicard inusité. = Devant l'h indique qu'elle est aspirée.
Pl. Pluriel.
Ponth. Ponthieu.
Pop. Populaire.
Port Portugais.
Prép. Préposition.
Pron. Prononcez:
ETYMOLOGIQUE ET COMPARATIF DU
PATOIS PICARD,
A (préposition) se supprime quelquefois devant un autre A. « On reconnaît un Picard à la manière dont il dit qu'il va à la ville d'Amiens ou à la ville d'Abbeville. 11 prononce je vais Amiens, je vais Abbeville, en supprimant la préposition à, qui produit effectivement un hiatus déplaisant, mais inévitable.« Pourquoi, disait un puriste à un Picard ne dites-vous pas comme moi Je vais à Amiens ? Vous dites ainsi, répondit le Picard parce que vous n'y allez pas si vous y alliez comme moi tous les jours, cette manière de dire vous paraîtrait bien dure. » (Almanach-annuaire du département de la Somme, 1851. A. ELLE. Ne s'emploie que fort rarement et seulement devant une cuiiaunne à lu place de AL. A m'dit quand al intind m' n'haraingue. {Astrologue- Picard, 1846.
GLOSSAIRE
ANCIEN ET MODERNE.
A
AAG.1É. Majeur. f Ancien Coulumier inédit de Picardie. ) AATER. Disputer. (Anciens usages d'Amiens. xiv.e siècle.) L'Islandais ata (vis caustica) serait suivant M. Du Méril, le radical des vieux mots français: atir, aatir, atarier, atiner, atourner qui signifient nuire, tourmenter, insulter. (Voyez VHistoire de la poésie scandinave.)
ABAGNER (s'). Flaner, perdre son temps.
ABAJOUES. Joues de porc détachées des mâchoires, salées ou non salées. Congénère: Messin, Bajoues. ABAJOUES n'est français que dans le sens de poches situées dans l'intérieur des joues de certains mammifères.
ABAUBI. Etonné, effrayé. De même en Roman. V. ÉBAUBI. ABCHER. Individu qui est toujours prêt à faire bonne chère aux dépens d'autrui.
ABÉKER. Donner la béquée. De même en Roman. ABIÈTE. Abbaye. De même en Roman.
ABILBOKÈTE. Terme facétieux dont se servent les enfants en lisant l'alphabet Crosette abilbokète, no moète i n'o poent de barette, c'est-à-dire: notre maître n'est pas un docteur. ABIMER. Gâter, salir. Cette expression est également usitée dans la Normandie, ta Bretagne, la Lorraine et le Nord de la France.
ABLAIS. Blés coupés, encore dans les champs. Poignée d'ablais et de waras. (C. de Camons, 1406.– Une ordonnance de l'échevinage d'Amiens nous fait connaître que ce terme avait autrefois une plus grande extension et signifiait fructus ablati. Etymologie: du Roman Ablais.
ABLOC. Càble,. bloc.
ABLOKÉ. Se dit d'une personne bien constituée et solide sur ses bases, comme l'est un bloc.
ABLOUKER. Agraffer, attacher avec une boucle. Etymologie: du Celto-breton, bloucq, boucle.
ABLOUKES (Saint-Quentin). Boucles. Voyez ce mot dans le Dictionnaire Rouchi de M. J. Hécart.
ABLUKETTES (Ponthieu). Aiguillettes en cuir pour les chaussures. Voyez BLOUKES.
ABOLI. Abattu, brisé de fatiques. Ef n'ein sus aboli et pis min beudet gris itout ( 7.e lettre de J. Croédur).
ABOLIR. Rouer de coups. Congénères Rouchi Rémois et Vieux-Français: abolir.
ABOMINER. Détester. – De même en Normand et en VieuxFrançais.
ABONÉ (Serf): Serf soumis à un cens déterminé (Beaum). ABOUGIER. Faire sortir.
ABOUTEMINT. Aboutissant. (Subst.)
ABOULER. Amener, jeter, envoyer.-Congénères: Lorrain, Normand et Rémois: abouler; vient probablement de boulon, trait d'arbalète.
ABOUTANT. Aboutissant. De même en Roman. ABOUTER. Enfler.
ABOUTONNER. Boutonner., -Congénères: Rouchi, aboutoner Espagnol, abotonar.
ABOUTURE. Enflure.
ABRE. Arbre. Congénères: Normand, Franc-Comtois, Berrichon, Lorrain et Rouchi: abre. Vaugelas (403. observation) dit qu'autrefois, à la Cour, on prononçait ainsi le mot arbre. ABRIER. Mettre à l'abri. – Congénère: Languedocien, abriga. Etymologie du Roman abrier, qui dérive sans doute d'arbor. Ch'qué j'ai vu d'pus digne ed mémoire,
Ch'est ch' palais où sont abriés
Tous chés viux éfaiis de la gloire
Par le fer et l'fu berzillés.
(Promenant;» Un Frunu-F i<.w d.)
ABRUVER. Abreuver. – Congénères Languedocien, abruvâ;
Rouchi, abruver.-Etyntologie: du Roman, abruver. S'abruver signifie quelquefois: se plonger dans l'eau, se baigner. ACAGNARDI. Amolli par la paresse ou par l'âge. Du Cellique, casnar, qui, d'après Tacite, signifiait vieillard. ACAINTIER. Caresser.
ACANNER (Boulogne). Crier comme les chiens. De canis. ACAT. Achat. De même en Roman.
ACATER. Acheter. Et de acater 30 muis dedens le SaintMartin d'yver. (Archives de l'évêché de Beauvais, 137G.J– Congénères; Rouchi acater Italien accatare. Etymologie: du Roman, acater.
ACATEUR. Acheteur. fCart. de Corbie, Ï2W.J
ACCARIENNE. Accariàtre.
ACCOISER. Appaiser, tranquilliser. De même en Roman. ACCERTENER. Assurer, rendre certain.
ACCOLÉE. Accolade. Beaumanoir emploie coulée dans le même sens.
ACCOURCHÉ. Retroussé.
ACCOURCHEU. Tablier. Voyez Ecorcheu.
ACCOUTRER (s'). Se baisser sur.
ACCROUPI. Borné, niais, imbécille.
ACCUSETTE. Rapport, dénonciation, et dénonciateur. ACERTES. Instamment.
ACESIR. Incendier.
ACHAFIN. Afin. On dit acerfin, dans le Vermandois. ACHAINDRE. Atteindre en frappant de grands coups. ACIlAINDRE. Rejoindre une personne qui chemine, en faisant un détour. Signifie aussi Tirer à quelqu'un les vers d u ne*. ACHE. Age. De même en Rouchi.
ACHE. A, au. (Devant une consonne).
ACHETEURE. Voyez Asteuke. – A Bar-le-Duc, Astaoure.
ACHEVALER (s'). Se mettre à califourchon.
ACHIR (s'). S'asseoir. – De même en Normand. – Voyez Assir. ACHOCLÉ. Brouillé, enchevêtré. Se dit surtout des cheveux qui sont collés par la sueur et de la laine ou du chanvre, dont les iils sout tellement brouillés qu'on a peine à les écharpir. ACHOISON. Occasion. (Coutumes du Beauvoisis.) ACHOPER. Heurter, arrêter. -De même en Roman. ACIIU. Essieu. Du Roman eschieu. A Boulogne, achi. ACIDRAILLER. Griser avec du cidre.
ACIDRAILLEUX. Ivre et qui s'enivre de cidre.
ACLIKER. Mettre le clichet, fermer la porte.
ACCOINTANCE. Liaison d'amitié ou d'amour.-De même en Roman.
ACOISON. Occasion. (Corbie, 1258.)
ACOUFETER. Se blotir. -De mémo en Wallon.
ACOUKER. Accoucher. – De même en Roman.
A COUP (Boulonnais). A point, à propos.
ACOUTER. Écouter. Congénères: Bourguignon, Rouchi, Normand et Vieux-Français, acouter; Borain, ascouter FrancComtois, acoutai; Italien, ascoltare. Etymologie: du Roman acouter, dérivé du latin auscultare. En grec, a.cva. ACOUTUMANCHE. Habitude. De même en Rouchi. –Du Roman, accoutumance.
ACOUTUMÊE (à l'). Comme d'habitude.
ACOUVETER. Couvrir de terre, ensevelir sous quelque chose. Du Roman acouveter, combler.
ACQUET. Bien, profit. (Rébus de Picardie.)
ACRAVANTER. Fatiguer. De même à Bourges et à Vaiencieuues. Etymologie du Roman acravanter, dérivé de gravare, être à charge, ou peut-être de l'Islandais atkrubba. ACHÉANTER. Promettre. (Beaumanoir).
ACRINCHER. Acrocher. Voyez Agrincher.
ACTIEUX. V. Nactieux.
ACTIONNER. Presser quelqu'un, le tourmenter. De même en Roman. Du Latin actio, dans le sens d'accusation. ADÉ. Adieu. Comme en Roman.
ADETÉ (Roulonais). Désigné énoncé.
ADIIÉQUIÉ. Annexé.
ADIALE. Cri des enfants qui suivent les masques.
ADONC ( prononcez adon). Alors. Sin esclavaige adonk commenchia li être reude. (Romance du sire de Créqny.)
ADONKES. Alors. (Charte de Marquenterre, 1255.) "ADORDELER (s'). S'endormir.
ADORÉMUS (fairedes). Faire des courbettes. -De même en Roman. Aux bénédictions, on chante une prière suivie de génuflexions, qui commence par Adoremus.
ADOS ( Roulonais). Tranche de terrain labouré en dos d'âne pour donner de l'écoulement aux eaux pluviales. Synonyme BILLON. – Etym. du Bas Latin adobare, préparer, accommoder? ADOUCHIR. Adoucir. Mot Rom,>n également conservé en Normandie.
AD PATRES. Voyez PATRES.
ADRÈCHE. Adresse. De même en Rouchi et en Roman. ADRÉCHER (s'). En vouloir à quelqu'un. De même en Normand et en Roman.
AD REM (répondre). Répondre à la question, d'une manière précise. Cette locution est usitée, dans le Ponthieu, par des campagnards qui ne Fongent guères à faire une citation latine. Il est probahle que cette expression remonte sans interruption jusqu'à l'époque gallo-romaine.
ADROT. Adroitement. De même en Rouchi.
ADVEIGNE. Devise. Voyez Devinette.
ADVINER. Deviner. Synonyme: AGVINER. Congénères Wallon et Rouchi, adviner; Espagnol, advinar. Etymologie: du Roman adviner.
ADVISER. Délibérer, consulter, conseiller. De même en Roman.
AEMPLIR. Accomplir.
AERDRE. Attacher, (Beaumanoir, chapitre 65).-Du Latin hœreo.
AÉRER. Lancer dans les airs.- Du Latin aër, air. AFEUDEII. Régaler, donner un festin, partager son repas avec un convive qui arrive à l'improviste. On trouve afcster dans le même sens, chez les Trouvères du xhi.8 siècle. AFFANT. Enfant. Synon. EFFANT, Infant. – Congénères Annonay, Confolens et Champagney, affant. -Etymologie du Roman afan, dérivé de a privatif et de fari, parler. AFFERANT. Apportant. Du Latin afferens.
AFFÉRON. Morceau de cuivre qui termine le bout d'un lacet. AFFIKER. Attacher, et quelquefois, asséner. – Du Latin affixare, ficher. Signifie aussi arrêter un fil.
AFFIKETS. Parures de femme. De même en Roman.Defigere, attacher, on a fait affique épingle et par extension affikets.
AFFIKETTE. (Boulogne), épingle. – Synonyme: Épiule. AFFILÉE. Corde qui sert à conduire la charrue.
AFFILÉE (d'). De suite, sans interruption.-Foère trois yues d'affilée. Congénère: Franc-Comtois, de file.
AFFLATER. Caresser aduler. Comme en Roman. AFFLEBOYER. Affaiblir.
AFFLIGÉ. Contrefait, estropié. – De même en Rémois et en Rouchi.
AFFOLER. Blesser. De même en Wallon eu Rouchi et en Vieux-Français. – Etymologie: du Roman affoler, que les
uns dérivent du Gaulois fallis et les autres du Latin fallo. Le Duchat le fait venir du Bas-Latin ad fodiculare, et M. Hécart, de l'Espagnol affolar, maltraiter. Du Cange a eu tort de donner à ce mut le sens de leviter lœdere. Il emportait souvent l'idée d'une blessure grave. « Un ours mord et estreint et affole. » (Gaston de Foix, Miroir de lachasse, p. 51).
AFFOLURE. Blessure. De même en Roman. En Rouchi, affoulure.
AFFORAGE. Droit sur les vins vendus en détail. AFFORER. Mettre le prix à une denrée. (Ordonnance de l'échevinage d'Amiens).
AFFOUÉTIUREâ. Vidanges de poissons. 1 se pourlèke comme ein co qui minge des affoue'tiures.
AFFRIOLER. Allécher, affriander. Locution Picarde: chan'est mie affriolant. Ce n'est pas même alléchant. -De même en Roman. Vient peut-être da Celtique affreol, intempérance.Congénère: Franc-Comtois, aifriôlai.
AFFRONTEUX. Séducteur. De même en Rouchi et en Vieux-Français.
AFFULER. Coiffer. Congénères: Bas-Normand, affubler; Rouchi, Wallon et Rémois, affuler. Etymologie: du Roman affuler en Bas-Latin a/fibulare, qui dérive de fibula, agrafe. AFFULETTE. Voile noir que les villageoises mettent sur la tête pour se rendre à l'église, et qu'elles portent également pendant le deuil de leurs proches. Même etymologie, AFFULURE. Coiffure.
AFFUT (d'). (Prononcez da-fu-te). Qui a du talent, de l'esprit, de l'habileté. Locution picarde: ch'est un homme d'affût; c'est un habile homme. – Ch'est des geins d'affût; ce sont des personne de bonne compagnie. Un minois d'affût; un joli minois. – Etymologie: peut-êire du Roman affaities fin, rusé.
M. Henri (Essai sur Boulogne) le dérive du Celtique daf-utt, de main de maitre.
AFFUTER (s1). S'ajuster, faire sa toilette. Vient du mot suivant.
AFFUTIAUX. Parures, bagatcllcs. De même en Lorrain, Rouchi, Berrichon, Normand, Franc-Comtois et Roman. AFFUTIAUX. Petits morceaux de bois dont les femmes se servent pour tricoter. Rouchi ajfiquaux; Normand, ajfiquets. AFISTOLER (s'). Se parer, s'endimanehcr. De même en Franc-Comtois Berrichon, Normand et en Roman. Dans le Boulonais, ce mot signifie blesser. Du Latin flstula, dit M. DuMéril, le Vieux-Français avait fait a/fistoler tromper, (comme piper de pipeau) et a fini par lui donner, ainsi que îe patois Normand et celui du Berry, le sens de appiper par la parure. –(Dictionnaire Normand, p. 8).
AFU. Bonnet de femme; abréviation d'affulure.
AGACHE. Pie (oiseau). Congénères Rouchi, agache; Gascon, Bourguignon, Franc-Comtois et Haut-Breton, agace Wallon, aguess; Poitevin, ajace; Berrichon, ageasse; Languedocien, agazzo. – Vieux-Français, agace, (Lafontaine, L'aigle et la pie). Etymologie: du Celto-Breton agaez.
AGACHE (brin d'). Gomme du cerisier.
AGACHE (nid d'). Cor, durillon.
AGALIR. Unir, polir, égaliser. Congénères: Rouchi, ragalir Catalan et V ieux-Espagnol, egualar. Etymologie du Latin mqualis, uni.
AGASILLE (Artois). Mauvais sujet, débauché.
AGE (homme d'). Homme âgé. De même en Berrichon. ÂGÉS on AGIS d'une maison. Les êtres d'une maison. – De même à Reims. – Du Bas-Latin aggeslus, quiale im'.iie sens.–En Normand, agel signifie manière d'être.
AGINCHER. Habiller bien ou mal. En Roman agencer. AGIOS. Discours, cérémonies, kirielle de phrases. Ayioc (saint) est un mot grec qui commence les trois versets que l'on chante trois fois à l'office du samedi-saint. Du sens de prières, oraisons, qu'on lui donnait dans la langue romane du Nord, il a passé, dans plusieurs patois, à l'acception de kirielle. AGLAVER. Nous n'avons entendu usiterce mot que dans ces deux locutions j'aglave ed soué, je meurs de soif, et on meurt aglave, il meurt beaucoup de monde.
AGOBILLES. Objets quel'on a besoin d'avoir avec soi.-S'emploie spécialement dans celte phrase: prendre ses agobilles. –En Rouchi et en Normand ce mot signifie: petits meubles sans valeur.
AGONIR, ou AGONISER DE SOTTISES, ou AGONISER. Honnir, accabler d'injures. Congénères Berrichon, Normand, Champenois et Rouchi agonir de iottises. l.anguedocien, agonniza. Etymologie: du Roman agonir qui, d'après M. Lorin, dériverait du grec qyovlÇoftui, combattre.- Ne serait-ce pas plutôt une corruption euphonique du Roman ahonnir.
AGORÉ. attifé. -Synonyme: AGINCHÉ, HABILLE.
AGOUILLE. Aiguille. En Languedocien, agullia. Du Latin acus.
AGRAFINER, AGRAPINER. Agraffer. Idem en Roman. AGRAPE, AGRAPIN. Agraffe.
AGRIFFER. Égratigner.- En Languedocien, graoufigna.Etimologie du Roman agriffer, qu'on pourrait dériver du Grec ayfa, action de saisir vivement. Congénère: Franc-Comtois, agriffer.-Ce mot est aussi employé dans le sens d'agriper, saisir. AGRINCHER. Accrocher. En Espagnol, anganchar. Etymologie du Bas-Latin incrocare.
AGRIPE. (Noyon). Colique.
AGRIPER. Arracher des mains, saisir. Congénères: Rouchi et Champenois, agriper. Etymologie: du Latin arripere. AGROÉ (Boul.). Engourdi.– Du Celtique agro, pesant, lourd. AGROUYER (Béthune). Prendre, empoigner. De même en Roman.
AGU. Aigu. Du Celtique ag pointe.
AGUCHER. Agacer. Synonyme: Agacher.
AGUCHETTE. Agaçant, railleur. Signifie aussi raillerie. AGUIDIER. Guetter, épier.- Synonyme: Aguetter. – Congénères Haut-Auvergnat, agueita, regarder; Catalan, aguaytar, guetter; Italien aguatare; Langue d'Oc, agaitar.-Etymologie: du Roman aguetier, être aux aguets.
A GUI LA NEUF. Voyez Au goi L'AN NEUF.
AGUINCHÉ. Mal accoutré. De même en Champagne et en Lorraine.
AGUISELLE. Planté dont la graine est disposée en ombelles laméolées.
AGVIGNER. Deviner. Synonyme: AnvtNER – Voyez ce mot. Agvigtie ein mollet! Devine un peu
AH! AH! (n'être pas dans les). N'être ni belle ni laide; n'être pas de celles dont on dit ah! qu'elle est jolie! ou ah! qu'elle est laide!
AHAMIER. Laboureur. Sur ce que les Ahamiers du faubourg d'Amiens requeroient avoir la clef de la porte de Beauvois. (Ordonnance de l'échevinage d'Amiens 16 mars 1451). Peutêtre du Roman aham, fatigue, qui s'est conservé en Normandie. AHAUTOIR. Bonnet de femme et aussi ajfulette.
AHERDRE. Prendre, saisir, empoigner. – M'aherdant par min bros (Astrologue Picard, 1841). -Etymologie: du Roman atrdre.– Dans nos anciens titres, aerdre ou aherdre signifie: S'adresser en justice.
AIIÉRER. Injurier, agacer.
AHÉRITER. Donner son héritage. (Coutumes de Beauv.) AHERNIKER. Harnacher. – Vos ahernilcer chés kvaus. En ancien Picard ahernechier.
AHEURTÉ. Entêté. Du Celtique ahertet ?
AHOKE. Accroc.
AIIOKER. Accrocher, suspendre. De même en Rouchi et en Roman en Vieux-Français, ahocher en Norm. ahoquier. AHURE. Malheur, accident. Je ne vorois mie pour tout au mone qui leus arrive ahure (13. lettre de Jean-Louis Gosseu). Etymologie de à heure, arrivé à une heure fatale, parce que les Astrologues faisaient dépendre le bonheur et le malheur de l'heure où l'on était né.
AHURI. Stupéfait, abassourdi, hébété, imbécile. -Etymologie du Roman ahuri dérivé peut-être du Celtique ahur sot. On disait autrefois aheuri: dames et cavaliers trestous been aheuris (Sire de Créquy). M. Du Méril dérive ce mot du Vieil Allemand heuer, haur, tête de bête sauvage, hure. Ahurir signifiait donc primitivement donner une tête de bête sauvage. Par une figure semblable on disait de certains criminels qu'ils portaient une tête de loup. Le Provençal, ajoute M. Du Méril, disait aburan et il est remarquable qu'en Allemand bor, en Saxon, byre et en Islandais, bior signifient ours. (Dictionnaire Normand, p. 12.) AHURIR. Frapper d'étonnement. De même en Roman. AIIURTER. Heurter. De même en Roman.
AIAUT. (Santene). Narcisse des prés.
AIDANCE. Aide, assistance.
AIDIER. Aider. Comme en Rouchi et en Roman. AIGLEDON. Édredon. -Sedit également à Reims, à Rennes ci à Valenciennes.
AIGNELIN. Laine des jeunes agneaux.
AIGNIEU. Agneau. – Locution Picarde cin tiot agnku du
bon Diu, un enfant plein d'innocence. Etymologie: du Roman agnieu, dérivé du Latin agnus.
AIMECHON. Hameçon. – Comme en Roman. – En Fr.-Comtois, aimeçon.
A1NGNELER Mettre bas se dit de la brebis. En Langued., agnicla; en Fr.-Comtois, aignelai; en Rom. aingneler. AINHETER. Exciter, encourager.
AINS. Mais.
AINSI (par). Par conséquent. De même en Roman. AIRÉE. Se dit non-seulement de l'aire de la grange mais encore de toute la grange.
AISIÉ. Qui est à son aise.-En Franc-Comtois, aisé; en Anglais, easy; en Roman, aisié.
AISIUTÉ. Utilité, agrément.
AISSAULTS. Petits ais [échevinage d'Amiens, 1447). AISSELLE. Etagère où l'on place la batterie de cuisine les plats d'étain, les assiettes, etc.; les cuillers et les fourchettes, sont retenus par des entailles faites aux tablettes. C'est sur Vaisselle que les villageois placent les vierges et les oiseaux en plâtre qu'ils ont gagnés à la loterie.
AlUDEou AYUDE. Aide, secours.-Congénères. Berrichon, a'ide; Rouchi, dite Vaudois, adgiud; Italien, aiuto; Espagnol, ayuda. -Etymologie du Roman aiude, contraction du Latin adjutorium.
AJAULE. Propre à capable. Du Bas-Latin adjustus. AJUSTER Joindre assembler, rapprocher. – De même en Normand et Roman. Le Français ajuster a un sens différent. AKEMINER. S'acheminer. Du Roman kemin chemin. AKEUTER (s'). S'accouder. En Normand, s'accouter. –Etymologie: du Roman s'akeuster, dérivé du Latin se accubitare. AKEVALER. Etre à califourchon. Aider à muuter àcheval. – Enjamber un ruisseau. Etym. du Picard keval, cheval.
AKIÉNÉ à l'ouvrage. Qui travaille avec ardeur et sans relâche.
AL. La (article).
AL, ALE, ALLE. Elle. Ce pronom se met souvent entre le sujet et le verbe No tiote al est bellotte.
ALBE. Aube. Étymologie du Latin alba.
ALBRAN. Jeune canard sauvage. Comme en Ronron. ALBRAN. Plein de jactance.-De même en Rouchi signifie aussi difficultueux, vétilleux, marchandeur.
ALE. A la. Synonyme AL.
ALE. Anguille. En Allemand aal en Roman aie. ALEMELLE, ALUMELLE. Vieille lame de couteau. Congénères Normand, alumelle; Messin, Franc-Comtois et Vieux-Français: alemelle.-Du Latin lamella, lame. ALENCONTRE. Contre.-De même en Rom. et en Fr.-Comt. ALENTOUR. Autour. De même en Roman.
ALERESSES (mères). Il y avait à Abbeville en 1409, des mères aleresses. (Alere, nourrir). M. Louandre (Histoire d'Abbeville, tome m) pense qu'on désignait ainsi les femmes chargées de nourrir et de soigner les orphelins. La tutelle de ces enfants appartenait à l'échevinage.
ALÉVENT. Qui tourne à tout vent. Ch'est eine tête alévent. C'est un écervelé.
ALEXIENS. Communauté de frères laïcs.
ALEZAN. Leste, vif, &lerte. – De même en Champenois, en Wallon eu Rouchi et en Roman. – Sans doute par allusion à la vivacité des chevaux alezans.- Dans le Ponthieu, signifie escroc, homme de mauvaise foi.
ALFOS (prononcez al-fo). Parfois.
AL GROSSE MORBLEUTE. Tout uniment, sans recherche, sans façon. Synonyme: Al BONNE FLANKETTE.
AL GROSSE MOUGUÈNE. – Même signification. ALINER. Aiguiser, affiler. – Préparer, rendre facile. Vient sans doute de alêne, poinçon dont on perce le cuir pour le passage du fil.
ALISE. Petit gâteau que les ménagères de village font chaque semaine avec un pen de pâte de pain et de beurre.
ALITRÉ. Haletant essouflé.
ALLONGE. Pièce qui unit les deux trains d'un charriot. ALLURES. Intriguesd'amour.-Comme en Roman. ALOIEL. Portefeuille. Le chancelier bouta dans son aloiel. (Délibération de l'échevinage d'Amiens août 1463). ALOUETTE. Luette.
ALOUETTE DE MER. (Cayeux.) Bécasse variable. ALOUPI. Enfant chétif. – Synonyme Langreux. ALOU RLOUR. Sans façon, sans y attacher d'importance. ALTOPIA. (Acheux.) Voyez HORTOPLOT.
A MALAISE (Beauvais). A plus forte raisou.
AM ARI. Désolé, attristé. – En Vieux-Français, mari. AMARRER. Arranger, mettre en ordre. C'est un terme maritime appliqué aux occupations de la vie commune. AMATIR. Rendre une chose mate, sans éclat et par métaphore, rendre souple. Amatir un cheval, le dompter. Etymologie du Celtique amatir être dompté.
AMBE. Tous deux. Du Latin ambo.
AMB1ER. Aller de côté et d'autre, tourner autour de. Du Latin ambire.
AMBLER. Voler. (Amiens, 28 mai 1453) L'Islandais ambl signifie vagabond, qui court de côté et d'autre. M. DuMéril voit dans ce mot la racine de notre verbe ambler. Voyez Histoire de la poésit Scandinave page 238.
AMBLEYEUX. Faiseur d'embarras. Voyez. Ehbleyeux. AMELÈTE. Omelette. De même en Rouchi et en Breton.
AMELLE. Niche d'une cheminée.
AMENDEMENS. Toute espèce de fumier. De même eu Roman.
AMENDON. Du Latin emendatio. Voyez Ramindos. AMÈRE. Armoire et AMERETTE, petite armoire. -On dit amare à Béthune; vient du Bas-Latin amerium. Il dériverait, selon M. Griset, du Celtique am, qui signifiait union et dont le Français a fait amas. Arrière signifierait donc littéralement: lieu où l'on amasse, où l'on réunit des objets. (Voyez de l'Etymologie du mot Boulogne)
AMICABE. Aimable. – Synonyme: Imabe.
AMIDOULER. Amadouer. De même en Rnuchi. AMIGNOTER. Amadouer caresser. En Berrichon, amignauder. du Roman amignoter, rendre mignon.
AMIKIÉ. Amitié. Comme en Normand et en Rouchi. AMINCHER. Allécher.
AMINDOS. Ce que le marchand donne en sus du poids. Voyez ramindos.
AMIOLER, AMIOTER. Caresser, faire amitié.– En Roman, amioter.
AMISTOUFLER. Envelopper, couvrir d'un manteau. – Ej vos t'amistoufler por que tu n'aie poent freud.- Congénères Normand, amistoufler; Franc-Comtois, emmistoufler (embéguiner); Vieux-Français, amistou/ler dérivé du Latin amictus couvert. Ménage donne a ce mot une étymologie fort recherchée. Voyez Diet. étymologique, tome i page 524.
AMITEUSE (Béthune). Petite pelle à feu.
AMITEUX. Caressant, qui fait de l'amitié.
AM1TOULER. Voyez Amidouler.
AMON. N'est-ce pas ?
AMONCHELER (s'). S'assembler De même en VieuxNormand et en Roman.
AMONE. Aumône. – Comme en Roman.
AMONITION (pain d'). Pain de munition. Cette locution qu'on pourrait prendre pour une faute de prononciation appartient au vieux langage Français; on la trouve dans les Mémoires de Féry Guyon.
AMONT. En haut. Cong. Auvergnat et Anglais amount. V.-Français amont. Du Latin ad montem, en montant. AMONT (vent d'). Vent d'en haut, vent du Nord.- De même en Normand et Roman.
A MORT. Beaucoup. Os buvrons à mort.
AMOURETTE DES CHAMPS. Camomille (plante).- De même à Bayeux.
AMOUTRER. Montrer.
AMUSETTE. Passe-temps.
ANACALYPTES. Nom donné, dans la Morinie, aux cadeaux que l'on fait aux nouveaux mariés.
ANCHIEN, ANCIEN. Vieux. Sin père il est ancien. ANCRE (être à l'). Etre hors d'haleine.
ANDAIN. Pas, enjambée. -De même en Normand, Berrichon et en Roman. Andare signifie marcher en Italien. Etymologie du Bas-Latin andena.
ANETTE. Canne femelle du canard. – Synonyme; Énbtte. Congénères Rouchi anette; Catalan anet. Etymologie du Roman anet, canard dérivé du Latin anas.
ANFETÉ. Malpropre se dit d'un linge mal lavé.
ANGOUCHE. Angoisse. Comme en Roman.
ANICIIER (s'). Se blottir, se fourrer dans. De même en Rouchi. Etymologie: du Roman anichier, faire son lit. ANICROCHE. Imbécille. De même en Rémois et en Rouchi.
ANTIN. Oncle. (Coutumes du BeauvoisisJ.
ANTE. Tante. Congénères: Angevin, Normand, Rouchi, Breton et V. Français, ante; Limousin, ando; Anglais, aount. Etymologie: du Latin amita, on fit amteet ante qui étaient encore usités au xvi.e siècle (Testament de Villon). Par contraction de ta ante os fit t'ante, puis ta tante; comme on a dit le loisir pour l'oisir, sans remarquer que ta était redoublé dans le premier mot, comme le l'était dans le second.
ANTENOIS. Cheval d'un an.
Deux vieaux sommes de Boullenois
Deux vieaux et deux vieux antenois.
(Dictier de Verjus dans les œuvres de Molinet, p. 221).
Verjus, natif du Boulonais, chapelain à Cambrai, était contemporain de Molinet.
ANTRICHE (Noyon). Gui.
ANTURLE. Homme lourd, sans énergie.
ANUIT. Aujourd'hui. Congénères Normand Tourangeau, Haut-Breton et Rémois, anuit; Hant-Auvergnat, aneuit; Artésien, enhui; Maubeuge,ennuit; Berrichon, annehui; VieuxFrançais, ennuit.-Etymologie: du Roman anuit ou enhui. Les étymologistes sont partagés sur l'origine de ce mot. Les uns le décomposent ainsi: en nuit et pensent qu'il avait la signification de en cejour, parce que la plupart des peuples anciens comptaient par nuits et non par jours. Cet usage ne cessa en France que vers le x.e siècle. Il explique l'expression anglaise fort night (deux semaines), contraction de fourteen nights (quatorze nuits). D'autres dérivent anuit de ante noctem. Nous préférons la première hypothèse, attendu que le mot anuit, dans nos vieux fabliaux, ale sens d'aujourd'hui, sans distinction de l'heure du jour et sans s'appliquer spécialement aux heures du crépuscule. ANUITER (s') S'attarder de nuit.
ANWILE. Anguille.
AORÉ (vendredi). Vendredi saint; ainsi nommé, parce que ce jour-là on va aorer la croix.
AORER. Adorer.-Comme en Roman.- Du Latin adorare. AOUIR,AUIR, AOIR. Entendre.-A cho qu' j'ai aoi ej' crois qu' ch'est Jean-Louis. (Retour du soldat). Congénères Vieux-Français, aouïr Espagnol, oir. – Etymologie du Latin audire, par la suppression du d.
AOUT (prononcez a-ou). Moisson. -Comme en Haut-Breton et en Vieux-Français, parce que la moisson se fait au mois d'août.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août.
Lafontaine, 1. v, fable 9.
AOUTEUX. Moissonneur. De même en Rouchi. On disait aousteron, en langue romane.
A PART MI. En moi-même, moi seul.-De même en Rouchi et en Roman. – On dit dans le même sens A part li, à part ti.
APATELLE. Pâtée que les mères d'oiseaux portent à leurs petits.
APATELLER. Porter la pâtée.- Comme en Roman. APERCHEVOUER. Apercevoir.-En Roman, aperchever. APERCHU. Aperçu. – Comme en Roman.
APOIER. Appuyer.-De même en Roman. -Bas-Latin, appodiare.
APOIETTE. Appui, accoudoir.-De même en Rouchi. A POINT (venir). Être utile, nécessaire. – De même dans le département du Nord.
APONCHINER. Caresser, flatter.
APOSTEUME. Aposthume.-De même en Vieux-Français. En Grec anca-Ttitca.
APOTELETTE. Porte agrafe terme généralement usité dans le commerce de la mercerie.
• APOUÉ. Rassasié. V. RAPOÉ.
APPAREILLER. Mettre par couple. Vivre en concubinage.-Du Roman apparier, joindre, unir.
APPATIS. Traite pour les contributions.
APPETITS. Harengs saurs dont la préparation est abrégée. Synonyme BOUFFIS et CRAKELOT.
APPLONKER (s'). S'appesantir.
APPLOPIN. Terme injurieux. Maladroit, qui ne sait rien faire. On dit apploure dans le même sens.
APPOINTER. Rendre pointu. – En Vieux-Franc. appointir. APPOLON. Sorte de vêtement de femme usité dans le Boulonais, vers la fin du xvm.e siècle.
APPONER (s'). S'appuyer, s'accroupir.
APPRINS (bien). Bien élevé. Comme en Roman. APPRIVER. Apprivoiser. -Comme en Roman. APRÈS EU (1'). La saison qui suit le mois d'août (eu). AQUERÉE. Ondée. Du Latin aqua, eau.
ARABE. Labourable. – Du Roman arable, dérivé du Latin arare, labourer.
ARAIGNE. Araignée. – A Boulogne, iraigne.- Congénères: Rémois et Berrichon, araigne; Rouchi, araine; Provençal et Italien, aragna. Vieux-Français, aragne; du Latin aranea. ARAISONNER. Proposer ses raisons. [Argentiers d'Âbbeville.) ARANGUER (s'). Se mettre en rang.
ARBOU. A rebours. – De même en Vieux-Français. ARCANCIER. Variable. Vient probablement d'arc-en-ciel. ARCASSIER. Tracassier.
ARC DE SAINT-JEAN. Arc-en-ciel. On dit aussi arc du temps, et erc.
ARCIIINETTE. Collation d'enfans. Voyez RECHINER. ARDANT (Boulonais). Oiseau nommé Tadorne par Buffon.
ARDER. Brûler.– De même en Normand et Vieux-Français; en V.-Picard, ardir.- Du Latin ardere; ard signifie feu en Celt. ARDILLON. Aiguillon. Du Celtique ard, perçant, aigu. ARÉE. Ondée.
AREILE. Oreille. V. EREILE.
ARÉNER, ARUNER. Arranger. De même en Roman. Du Celtique arenar.
AREUX (Laon). Gamin.
AREVANT NONES. Avant midi. V.NoNEs.
ARGENTIER. Trésorier (Comptes des argentiers d'Abb.J ARGOTÉ. Fin rusé. De même en Rouchi.
ARGOUSIL. Luron, polisson.- De même à Valenciennes. ARGUCHER. Taquiner.
ARGUILLON. Synonyme d'AamLLON. Voyez Ce mot. ARIAS (il y a des). Il y a quelque chose là-dessous.- De même en Rouchi et en Normand.
ARI AS (faire des). Faire inutilement des embarras.-De même en Nivernais.
ARICOTIER. V. Haricotieb. Signifie pointilleux, argutieux, dans l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer. ARIÉRE. Hors.
ARIÉRE (en). A l'insçu, en cachette.
ARINGUER. Arranger. De même en Roman, En BasLatin, arrigare.
ARLANDER. Chanceler faire mal ses affaires. Voyez HARLANDER.
ARLOT. Gueux. – V. Catalan, arlotz V. Espagnol, arlotes Vieil-Italien, arlotto; Bas-Latin, ar lotus Roman, arlot. ARLURER. Tromper, gueuser.
ARLUSER. Amuser. Nous s'sont arlusés ein tiot cose aeh cabaret. (3.e 1. de J. L. Gosseu.) Quand on parle d'une femme, s'arluser signifie batifoler avec les hommes.
ARMANO. – Almanach. Synonymes ARMANA, ARMÉNO, Arménake. – 0 trouvarez tout cho dins c' z'arménos d'Amiens, (Astrologue Picard, 1846). Congénères: Bourguignon, armana; Rouchi,arménake; Maubeuge, armanaque; Borain, armonac. ARMONTÉ. Après dîner, après midi; parce que c'est l'heure de remonter (retourner) au travail.
ARNAT. Charrue.
ARNIKER. Toucher, remuer en dérangeant. De même en Rouchi.
ARNU. Tonnerre, orage. Voyez HARNU.
AROKÉ. Se dit du lait accumulé et durci dans les mamelles. AROKER. Accrocher. De même en Normand. Du Roman ahocher.
AROUSER. Arroser. De même en Rouchi, Berrichon et Roman.
AROUTER. Mettre sur la route. A le même sens dans Les miracles de Notre-Dame de Gaulthier de Coinsy, livre i, chap. 29. AROUTER (s'). Se mettre en route. A le même sens dans G. Guillart, ad. ann. 1267.
ARRABIER. Enrager.-Ein bigue ed' masake ed prochès qui m' foèt arrabier. (Pièces récréatives]. – Congénères Italien, arràbiarre Espagnol, rabiar.–Etymologie du Roman arabier, dérivé du Latin Rabire.- En Bas-Breton, arragi.
ARRAKÉ. Embourbé. – De même en Normand. ARRASER. Élever des murs à égale hauteur. Même signification en Roman.
ARROIER. Creuser un premier sillon. -De même en Rom. ARROIS. Manières qu'on affecte, embarras que l'on fait. Comme en Roman.
ARSOUII.LE. Qui a des habitudes de débauche et de saleté. De même en Bourguignon Normand, Comtois et Rouchi. C'est une apocope du Vieux-Français garsouille
ARTÉSIEN. Monnaie d'Artois (Roman de Ham. v. 184). ARTER. Arrêter. Même contraction en Roman. ARTILLER. Artilleur. (Recettes des Baillis de St.-Omer.) ARUKER. Converser.
ARUTER. Jeter, lancer.
ASCAILLE. Bourse, escarcelle.
ASIR. Brûler, échauder, roussir de chaleur.- Congénères: Rouchi, azir; Rémois, azi, (rôti sans être cuit). Etymologie: du Roman arsir, qu'on prononçait asir et qui dérive du Latin ardere.
ASPERGÉS. Goupillon. Étym. de l'antienne de ce nom. ASSAIE (Boulonais). Essai. Du Cange cite assagium. ASSALIR. Assaillir; comme en Roman; en Italien assalire. ASSAPI. Dévoré par la soif. Voyez ESSAPI.
ASSASSINEU. Assassin. On trouve assassineur dans Pasquier et H. Etienne. Voyez l'Etymologie de ce mot dans le Traité de l'Origine des Assassins, par Lebey de Batilly. (Lyon 1603.) Nous employons, comme en Normand, le mot assassin dans le sens de assassinat.
ASSAVOIR (faire). Faire savoir, publier. De même en Berrichon et en Roman.
ASSEURÉ. Assurément.
ASSEUREMENT. Assurance de ne pas poursuivre en justice. (Beaumanoir.)
ASSEURER. Assurer.-Comme en Vieux-Français. ASSEZ SUFFISANT.-Suffisamment. Cette redondance est commune à beaucoup de provinces.
ASSI. Juste punition. Comme en Roman.
ASSIR (s'). S'asseoir.-De même en Borain, en Rouchi et en Roman.
ASSOMEILLER (s'). S'endormir. -Etymologie: sommeil.
ASSOTÉ. Sot, ébahi, infatué. De même en V. Français. ASSOTER (s'). S'amouracher. Comme en Roman. En Bas-Latin, assotare.
ASSOUFI, ASSUFI. Rassasié.– Synonyme: Rapoé. ASTER. Jouer aux cartes. -En Roman, aseter. Etymologie de as, qui est la carte la plus forte dans beaucoup de jeux. ASTEURE. A cette heure, à présent. De même en Normand, en Berrichon etc. On trouve asteure dans Ronsard dans la correspondance d'Henri IV, etc.
ASTEUX. Joueur de cartes. Voyez ASTER.
ASTICOTER. Taquiner, chicaner.-De même en Berrichon, Nivernais et Normand. -Staga signifie, en Islandais, revenir trop souvent à la charge.
ASTIKER. Toucher avec les doigts. De même à Valenc. ATARGE (substantif féminin). – Borel {Trésor des Antiquités Gauloises), cite ce mot comme appartenant au Boulonais et signifiant une retraite pour ceux qui, s'étant trop attardés, ne peuvent rentrer le soir dans la ville.
ATARGER. Retarder, tarder. Congénères Franc-Comtois, atargi; Rouchi atarger. De même en Roman.
ATARGER (s') Arriver trop tard. De même en Roman. ATCHITE (faire). Eternuer. -C'est une onomatopée.– Tibi Jupiter adsit, disaient les Romains, en faisant une espèce de jeu de mot.
ATE. A ta (devant une consonne), et at'n' devant une voyelle, ATELÉ. Etoilé. -Synonyme Ételé.
ATEMPREMENT. Tempérament ( Saint-Quentin, 1248). ). ATÉRIR. Terrasser.
ATÉTER. Quereller, gourmander, injurier.
ATISÈE fboinej. Grand feu ou l'on a mis beaucoup de bois ou de tourbes.
ATISIER. Allumer du feu. De même en Roman. ATOMIE. Personne fort maigre.
ATORNER. Parer, ajuster.-De même en Roman. ATOURDELER. Être autour de.
ATOUT. Coup tape, pochade. D'un usage général. ATOUT. Avec (Amiens, 1328). Se dit encore dans la Manche.
ATRAPE. Piège.
ATRE. Cimetière; parce que les cimetières étaient situés jadis devant l'église, in atrium ecclesiœ. M. A. Dinaux, dérive ce mot de ater, sombre.- En Wallon et Roman, âtre. La rue du Petit-Atre, à Arras, est ainsi appelée, parce qu'elle avoisinait un cimetière.
ATRIER (droit d'). Le possesseur du cimetière ou de l'emplacement qui entourait l'église percevait le droit d'atrier sur les maisons qui y étaient bâties. Avant l'an 1170, le chapitre de St.-Quentin exerçait ce droit sur l'âtre de Ste.-Pécinne. (Colliette, tome h page 358).
ATRINKILLAGE. Attirail.
ATTAKE. Attache. Il est à l'atake il est à la chaîne. ATTAKER. Attacher. – Congénères Espagnol et Portugais, atacar; Italien, attacar. – Êtymologie du Cello-Breton tach, clbu. Montaigne raconte qu'un Picard allait être pendu et montait déjà la fatale échelle, quand on lui proposa sa grâce, à condition d'épouser une femme de mauvaise vie qu'on lui présenta. Il allait s'y décider, quand il s'aperçut qu'elle boitait: elle cloke, dit-il au bourreau, attake attake.
ATTELÉE. Attelage. Se dit aussi d'une demi-journée de travail.
ATTIFÉ. Paré, habillé. Même signification en Roman.Tiphéa a le même sens en Arabe.
ATTIFURE. Parure.
ATTOURNIS. Qualification donnée aux mayeurs et aux échevins de Compiègne, sans doute parce qu'ils exerçaient cette charge chacun à leur tour.
ATTREMPURE. Pièce de charrue servant à régler le travail. Vient du mot suivant.
ATTREMPRER (Boulonais). Régler, arranger.
ATUIRE. Tutoyer.-Du Bas-Latin tuisare. (Voyez Du Cange.) ATU ISER. Tutoyer.-Comme en Roman.
A UBETTE. Aube, pointe du jour. – Du Latin alba. AU COI. A l'abri. Voyez COYETTE.
AUDELET. Mal de doigt qui fait tomber l'ongle.
AU GUI L'AN NEUF C'est par ce cri que les enfants annoncent le nouvel an et demandent des étrennes. Suivant les localités on dit par corruption: aguilaneuf, aguilleneu aguilloneu, guilenleu haguirenleu, etc. Cet usage rappelle la coutume des Bardes qui, après avoir reçu le gui sacré coupé par les Druides le distribuaient dans les villes en annonçant par là l'ouverture de l'année. « Les Picards, dit Fleury de Bellingen ('Explications des proverbes françoisj après avoir crié l'anguilanneuf, y adjoustent: planté, planté, c'est-à-dire une année abondante et fertile. » En Normandie, c'est le dernier jour de l'an que les pauvres demandent l'aumône, en disant hoguinanno. Les Espagnols appellent aguinaldo les présents qu'on fait au jour de Noël. Dans le Berry, on nomme guilané l'aumône spéciale qu'on fait, au premier jour de l'an. Voyez, sur cette signification mythique du gui, M. E. Du Méril, Histoire de la poésie scandinave, prolégomènes page 100, note 2. AUIR. Entendre. – Voyez Aouih.
AULTON. Paille où il reste encore du grain. De même en Roman.
AU PRUME ou AU PRÈME. – Voyez PREUME.
AURAIN (Artois). Ce qui se fait dans la même journée. AURÉE. Averse, orage. En Roman, orée.
AUTE. Autre. De même en Roman.- Synonyme Aoter Vanter jour.
AUTEL. Semblable (Cout. de Beauv.). De ad et talis. AUTONS. Pailles et criblures des grains vannés. Du BasLatin auto. Voyez Hotons.
AUTOIR. Bonnet de femme. Synonyme: AHAUTOIR. AUVERGNE. Vanneau (oiseau). « Serait-il ainsi nommé parce que le vanneau perche dans les osiers, autrefois nommés vergnes? » (MS. de M. Rigollot).
AVALAGE (Boulonais). Abondance d'eaux pluviales causant du dommage par la rapidité avec laquelle elles s'écoulent. Synonyme: AVALAISON et Avalison. Etymologie: de la BasseLatinité avallare, descendre d'une colline.
AVALER. Descendre. De même en Roman. Signifie aussi se glisser, se fourrer dans. Êtym. du Latin ad vallem. Comme ej'm'avalouais dins min lit
J'ai oui buker à no huis. (Le Retour du Soldat.)
AVALOIR. Gosier. Comme en Roman.
AVALON. Gorgée de boisson.
AVALONS. Avalanches d'eau. De même en Roman. Ou dit avalages dans le Patois de Boulogne. Etymologie du BasLatin avallare, descendre d'une montagne.
AVAND. Profond. En Franc-Comtois, aivan.
AVANDEUR. Profondeur. – Synonyme: AVENTEUR. L'aventeur de ch'borsicot. (Astrologue Picard, 1849.^ On disait autrefois parfond daus le même sens et n'y passoit peu de navires tant y avoit peu de parfond et d'eau (Archives d'Amiens, liiSJ. AVANT LA VILLE. Par toute la ville. -De même en Rom. AVEINDRE. Tirer une chose du lieu où elle est placée. –$tymologie du Celtique avend, tirer.
AVEINS (les).'L'avent. -Berr. et Franc-Comtois, les avents, AVENANT. A proportion. f Archives de St.Quentin, 1258). AVÈNE ou AVEINE. Congénères Franc-Comtois et VieuxFrançais, aveine Languedocien et Espagnol, avena. – Etymologie du Latin avena. « J'ai ouï, dit Thomas Corneille, beaucoup de gens de cour dire aveine à Paris on le prononce partout ainsi et je suis pour cette prononciation qui sans doute est beaucoup plus douce et, puisque tant de gens le prononcent ainsi, cette prononciation n'a garde de choquer l'oreille. » (Notes sur les remarques de Vaugelas, tomei, page 298).
AVENÉE. Bonne ou mauvaise exhalaison.
AVER. Avare. De même en Roman.
AVERS (Boulonais). Contraire. Du Latin aversus. Signifie aussi étrange, extraordinaire.
AVÉS. Oiseaux sauvages. Du Latin aves.- Une déclaration du fief de Liramont semble désigner des oies par ce mot. AVESC. Avec. – Synonymes Aveu, Ave, Aveuc. AVEU. Avec. -De même en Normand et en Roman.-Dans nos vieilles chartes, avoeuk et avoec.-En Fr.-Comt. aivo, aivéu. AVEU LE. Aveugle.- De même en Rouchi et en Roman, Synonymes: AVULE, AVUGUE.
AVINER. Rendre bon pour l'usage, améliorer quelque chose en s'en servant.
AVINTURÉ. Hazardé. -Comme en Roman. En Italien avinturato; en Franc-Comtois, aventuré.
AVISER. Regarder. – De même en Roman. – Signifie aussi combiner, prendre des mesures de là, avisoir, combinaison. AVISSE. Avis. Dans les patois du Midi, on prononce également avisse.
AVITÉ. Viens vite!
A VOÈMES. Nous avons. Os avoèmes del' makaille ed' trentesix sortes ed'plots. (Astronome picard, 1842).
AVOLÉ. Etranger dont on ignore l'origine.
AVOUTIRE. Adultère. (Coutumes du Beauvoisis, ch. 18.) AVOYER. Commencer par quelque chose.
AVOYOU. Chose commencée.
AVROGNE (Marquenterre). Aurone (plante).
AVUGLE, AVULE. Aveugle.-Comme en Roman.-En Bas-Latin, aboculus. Barbazan dérive avule de avulsus a lumine, privé de la lumière.
AVUGLETTE (à l'). A tâtons.
AWI (prononcez a-oui). Oui.
AWISIER. Regarder. De même en Rouchi.
AZOT (tout). Tout drôle triste.
B
BABA. Niais, idiot.
BABAILLE. Niaise, sotte. Apulée se sert de babulus dans le sens de sot, impertinent.
BABAKE! Terme d'un usage général dont on se sert pour empêcher les enfans de toucher à quelque chose de sale. BABÉ. Ma biche. fBehourdis de DoullensJ.
BABEINES. Joues de certains animaux. Idem en Roman. BABINE (le Hourdel). Cataphracte (poisson).
BABOUIN. Laid. De même en Roman.
BAC. Auge, mangeoire. De même en Wallon, Limousin et Rouchi.
BACAUDER. Faire la lessive.
BACELLE. Servante. De même en Roman.
BACIIAUDÉ (Béthune). Mouche à miel, abeille. Roman. BACHE. Mare peu profonde formée par le flux de la mer dans
les sables de la baie de la Somme. En Allemand, bach signifie ruisseau.
BACHE. Couche vitrée. Terme de jardinage généralement usité. Ce mot signifie aussi grosse toile, comme en Normand. Il s'employait, en Vieux-Français, dans le sens de paillasse. ^Roquefort, tome i, page 120.)
BACHELERS. Ménage fait observer qu'en Picardie ce terme n'emportait pas l'idée d'aspirant à la chevalerie et qu'on le donnait communément aux filles et aux garçons au-dessous de 16 et de 18 ans.
BACHELETTES. Jeunes filles.
BACHER (se). Se baisser. Du Celtique bachu.
BACHIN. Bassin.-Du Celtique baczin.
BACHINER. Bassiner. De même en Roman.
BACHONER. Bâcler. Faire à la hâte.
BACHOUAIS. Niais. Voyez Bacouais.
BACON. Flèche de lard salé. – De même en Wallon, en Normand, en Anglais et en Roman. Le mot bacones est souvent répété dans les statuts de St.-Adhélard. Etymologie du Celtique bacon porc.
BACOUAIS. Terme de mépris. Niais; qui fait accidentellement une sottise. Synonymes: BACOT et Bachouais. – Voyez, dans le chapitre des proverbes historiques: les bacouais d'Amiens. BACOULETTE (Vervins). Belette.
BACULE. Peine imposée à l'homme en place qui avait commis une faute dans l'exercice de sa charge. On le fouettait avec une pelle de bois, etc.
BADELOIRE. Espèce d'armes. (Ord. d'Am., avril 1441). BADOULAGES. Rapports, médisances. Ménage cite ce mot comme appartenant au Beauvoisis.
BADRÉE. Espèce de bouillie épaisse mêlée à une pâtisserie grossière qu'on appelle tarte à badrée. Dans le Berry, badrée
signifie marmelade. – L'auteur anonyme d'un MS., que m'a prêté M. le docteur Rigollot, dérive ce mot du Syriaque badar (dispersit), parce qu'on étale la bouillie dans les tartes!
BADRÉE. Grande femme cagnarde.
BADROUILLE. Boue fort liquide.
BADUCUL. Petit homme, petite femme. L'étymologie est facile à comprendre. -A Saint-Lô, bacul.
BAFFE. Soutlet, claque.-De même en Rouchi, en Normand et en Roman. Ce mot a de nombreux synonymes giffe, mornifie giroflée à cinq feuilles, etc. – V. I.re Partie, chap. II. BAFFRER. Manger gloutonnement. Comme en Roman. Languedocien, baffra; Franc-Comtois, bâfrer.
BAFOUILLER. Bredouiller.
BAFOUILLEUX- Qui bredouille.
BAGER (Arras). Baiser.
BAGNER. Baigner. Comme en Roman.
BAGNIOLE. Petite maison pauvre maison.
BAGNOLE. Niais, sot. – Synonyme Bacouais.
BAGOUL (prononcez ba-gou). Bavardage. Vieux terme populaire d'un usage général, même à Paris. V. Du Cange, t. i.er, p. 536.
BAGOUTER. Bavarder. De même en Lorraine. BAGUÉ. Se dit de celui qui s'est approvisionné d'une foule de choses, d'un voleur chargé des objets qu'il a pris. BAGUENAUDER. S'amuser à des riens.-De même en Franc-Comtois.
BAGUET. Noyau. Chés prones ont des tiots baguets. BAHUTER. Malmener, bousculer, chasser.
BAIL (Béthune). Jupon. – Synonyme Cotteron.
BAIL et GARDE. Tutelle et défense de la personne et des biens d'un mineur. (Beaumanoir).
BAILLE. Barrière. De même en Roman.
BAILLER. Donner. De même en Rouchi, Normand. Champenois, Nivernais, Berrichon et Vieux-Français bailler vient, suivant M. E. Du Méril, du V. Français baille (forteresse, et par suite possession), qui dériverait lui-même de l'Islandais bali, monticule, hauteur qui domine un pays et répond de son obéissance et de sa sûreté. Voyez Dictionnaire Normand, page 27. BAILLET. Cheval qui a une étoile blanche au front.-Comme en Roman. Du Celtique, bailh, cheval, -Dans quelques pays, et entr'autres, à Boulogne-sur-Mer on entend par là un cheval roux tirant sur le brun.
BAISURE. Endroit où deux pains se sont touchés au four et se sont pour ainsi dire baisés.
BAJOUATE. Qui aime à jouer, à folâtrer.
BALANCHE. Balance. -De même en Roman. ·
BALAYAGE. Action de balayer.
BALAYETTE. Petit balai qu'on fait avec l'arundo phragmites et l'agrostis spica venti, avant le développement de leurs pauicules.
BAI,É. Déchu, tombé bas.
BALEINE. Syngnate. Aiguille, poisson qui ressemble à une baleine de corset.
BALER (Boulonais). Pencher, incliner. Peut-être du Celtique bail, défaut, manquement?
BALIETTE. Petit balai. De même à Valognes.
BALIFES. Lèvres.
BALINCHEUX. Qui se dandine. Mou, sans énergie. BALIURES. Ordures du balayage.
BALLE (Soissons). Berceau d'enfant.
BALLER. Danser.
BALLONS (Artois). Boucles d'oreilles. – De même en Rom. BALONCHER. Balancer.
BALOTEUX (Boulonais). Marchand de blé. -Syn. BLATIER.
BALOUFES. Joues larges et plates. De même en Rouchi et en Roman.
BALUS (Boulonais). Balustrade. Du Celtique balusd. BAMBOCHES. Babouches. De même en Messin, en Rémois, en Rouchi, en Jurassin, etc.
BANCROCHE. Boiteux.
BANKÉ. Celui dont les bancs sont publiés. De même en Normand.
BARACAN. Bouracan. Savary donne les deux mots dans son Dictionnaire. Les fabriques de baracan d'Abbeville jouissaient d'une grande réputation, comme l'a démontré M. Demarsy dans une notice lue à la Société d'Emulation d'Abbeville, en 1848. BARBELÉE (gelée). Gelée blanche qui ressemble à des barbes de plumes. De même en Normand et en Vieux-Français. BARBOÈRE. Masque dont la partie inférieure (la barbe) est une étoffe taillée triangulairement.
BARBOTER. Parler entre les dents. Congénères: Rouchi, barboter; Languedocien barbouté. Barboter a le même sens dans la farce de l'avocat Pathelin.
BARBOULLER. Parler d'une manière inintelligible. De même dans les provinces voisines.
BARDALÉE. Repas de baptême. Voyez BERDALÉE. BARDOT. Le plastron d'une société; vient peut-être du Vieux Français bardot, mulet, parce que le plastron supporte le fardeau des plaisanteries.
BARGUIGNER. Marchander, débattre un compte. De même en Normand; du Bas-Latin barcariare. Bargain a conservé ce sens, en Anglais.
BARNABA. Figure grotesque, sujet d'auto-da-fé pour les feux de la St.-Jean dans le Pas-de-Calais.
BARON. Homme, et plus souvent époux (Corbie, 1295). Du Bas-Latin baro, homme. (V. Fabl. de Barbazan, tome n, observ.)
BAROT. Petite voiture à bras, espèce de tombereau de même à Mons et à Maubeuge. Voyez BARU.
BARRE. Exception, moyen propre à retarder le jugement d'une affaire (Beaumanoir).
BARU. Tombereau. A Genève, barotte. Du Roman barrot, charretle à deux roues que M. Lorin dérive de l'Islandais bera, porter.
BARUCHÉE. Contenu d'un tombereau.
BARUCHEUX (Roye). Conducteur de tombereau. On dit barotier, à Soissons.
BASINET. Casque de fer fait en forme de bassin. (Coutumier inédit de Picardie).
BASSET. Homme de petite taille.
BASSINET. Renoncule (plante). Bassin, dans le Berry. BASSURE. Vallée, lieu bas.
BASTRINGUE. Se dit par mépris d'un homme qui travaille sans goût et sans talent. On donne aussi cette qualification aux femmes de mœurs faciles.
BASTRINGUÉ. Mal habillé, vêtu sans soin et sans goût. BASTRINGUER. Faire quelque chose à la diable, vaille que vaille.
BASTRINGUEUR. Joueur de violon. Du Franç. bastringue. BATACLAN. Tapage, fracas, bruit. De même en Nivernais et en Roman. Signifie aussi aussi amas de divers objets comme en Lorrain Champenois et Wallon.
BATAFLI. Fléau à battre le blé. – Synonymes FLAYEU, Fli. BATE (juer al). Voyez Guise.
BATEUX. Batteur en grange. De même en Roman. BATIÈRE. Bât. Du Vieil-Allemand bast.
BATIFOLER. Badiner. -D'un usage général.
BATTEROLE. Pilon à battre le beurre.- Du Celtique batitura, action de battre.
BAUCHET. Fléau de balance.
BAUDE. Femelle du baudet.
B AUDELÉ. Crotté.
BAUE Boue. Synonymes Beue, RAKE.
BAUKE. Poutre. Congénères Allemand, balken; Hollandais, balk; Islandais, bialki. Synonymes Boise, TRABE. BAUME. Menthe aquatique.
BAVETTE (tailler une). Jaser à l'aise. – De même en FrancComtois. -Etymologie du Roman bave, caquetage. BAVEUX. Bavard.
BAVARD (Boulonais). Orge printannière. -Syn.: ÉPEUTRE. BAYER. Regarder, la bouche ouverte. Voyez BEYER. BAYETTE. Robe, et plus spécialement, robe d'enfant. – Vient peut-être du Roman boyette, layette.
BÉ (Abbeville). Baiser. Baille mi ein tiot bé. Voyez BEC. BÉ. Bec. Il a boin bé il parle bien*. De même en Roman. BÉ. Bien. De même en F.-Comtois, en Bourguignon en Ital., en Catal. et en Rom. -Vient du Celtique bé.-Voyez BEN. BEAUBEAU. Nom donné s une image miraculeuse de l'église de Rue, qu'Isabeau de Portugal enrichit de ses présents. Voyez 1." partie, proverbes historiques: les beaubeaus de Rue. BÉBETTE. Diminutif de bête. (terme eufantin).
BEC. Bouche. – Synonyme Bouque.
BEC. Baiser; parce qu'on le donne avec le bec.
BÉCACHE. Bécasse. -Comme en Roman.
BÉCU (Boulonais). Qui a un bec.
BÉER. Regarder la bouche ouverte. -A Boulogne, signifie regarder d'un air content. V. BEYER.
BEGNEU. Tombereau, voiture à bascule. – Synonyme BARU. On trouve, avec ce sens, benna, dans une charte de Ilesdin (un 1000). C'est un mot celtique.
BÉGUER. Bégayer. Cette contraction existe aussi à Valognes et à Valenciennes.
BÉGUEUX. Bègue.
BÉGUILLON (Boulonais). Aiguillon. – Du Celtique begade, pointe.
BÉGUIN. Coiffe de deuil pour les femmes de la campagne. BÉGUINES. On appelle ainsi, en Picardie, en Flandre et en Lorraine, des femmes qui pratiquent en commun une règle de dévotion, sans restreindre leur liberté par aucun vœu. Scaliger dérive leur nom de la coiffe qu'elles portent (béguine); d'autres le tirent de l'Anglo-Saxon began ( colère, observare). V. Ménage. BEHOURDIS. V. BOUHOURDIS.
BEHOURS. Joûtes à la lance qu'on faisait le dimanche de Béhourdis.
BÈKE Exclamation de dégout.
BÉKEBOS (prononcez Bé-ke-bo). Pivert, ainsi nommé par les Picards dit Nicod, parce que cet oiseau becque le bos (bois). Il a un nom analogue dans beaucoup de provinces Messin, bachebo;. Rouchi, bickebos; Lorrain, bakebos; Bar-le-Duc, bichebou; Jura beccabot Vosges, biebos Maubeuge, bekebo. On dit bequebos, en Espagnol.
BÉKET. Moitié d'une tête de cochon, coupée dans sa longueur. Du Celt. becq museau. Signifie brochet à Béthune. BEL ET BIEN. Beaucoup.- De même à Reims.
BELLE (Boulonais). La lune. Etymol. du Français belle. BELLE HEURE (à). Très-tard.-C'est une antiphrase puisque bel eur signifiait jadis point du jour.
BELLENÉE. Tombereau. V. BÉGNEu.
BELLOT. Gentil. De même en Roman. Se dit surtout d'un bel enfant. -Min piot bellot est une expression de tendresse. -De même en Franc-Comtois.
BÉ LO Voyez cela voyez-vous! (exclamation).
BEN (prononcez bin). Bien (adverbe). -Congénères Roucbi, Lorrain, Berrichon Wallon Franc-Comtois Provençal Catalan et Vieux-Espagnol: ben. Etymologie du Roman ben, dérivé du Latin benè. -En Celtique, bé.
BENDE. Bande. De l'Islandais band, lien.
BENETTE (Boulonais). Panier d'osier en longueur. Du Celtique benna.
BENIEU. Tombereau. A Lille, begneau. – Du Celtique benna. BENNE. Bande, bandeau. Comme en Roman.
BENNIR. Bannir. De même en Roman.
BENOUFE. Beffroi.
BEQUÉS. Brochet (Archives d'Amiens, 1472). V. BÉKET. BER. Berceau. De même en Rouchi, Normand et Vieux- Français. Vient peut-être de l'Islandais bera, porter. BERBIGEOTTE (Vervins). Fleurdu noisetier.-Id. en Rom. BERBILLETTE. Fleurdu coudrier.-Synon. BIDO-MAI. BERBIS. Brebis. Os m'avez donné des berbis galeuses, euj' vous les reinds teigneuses. (Sermon dcM." Grégoire). – Congénères: Lunéville, berbis; Courtisols, burbis; Franc-Comtois, barbis vieux Catalan, berbitz; Ital., berbice.- Etym. du Rom. berbis dérivé du vieux Latin berbix qu'on trouve dans Pétrone. BERDALE (Moreuil). Bedaine.
BERDALÉE. Festin qu'on donne à l'issue d'un baptême. • –Dérivé du mot précédent. Signifie, à Béthune, repas que se donnent les curés de campagne.
BERDELER. Radoter, sottiser. De même en Rouchi. BERDELOIRE. Radoteuse, raisonneuse.
BERDIF, BERDOUF, BERDAF. Cris que l'on jette, alors qu'on entend fermer les portes avec fracas ou remuer les meubles avec un bruit inconvenant.
BERGAIGNE (droit de). Droit établi à Arras sur les permissions accordées par le magistrat pour la pose d'une enseigne.
BERGNEU. Tombereau – Synonyme bégneu. – Hier, huit heures, au soer conduisant min bergneu (le beudet de Balaam). BERKER. Berger. Comme en Roman. En Bas-Latin berbicarius.
BERLÀFE (fém). Gros morceau.-signifie aussi ce qu'on ramasse avec le doigt.
BERLAN. Brelan. De même en Champenois et en VieuxFrançais. Vient du Bas-Latin berlenghum, jeu de dés fort en vogue, aux xn." et xme siècles. Ce n'est que du temps de Vaugelas qu'on a commencé à écrire brelan.-V. ses Remarques, t. m, p. 21. BERLAUDE et BERLEUDE. Mauvaise viande. Se dit particulièrement du mouton et vient du Picard berleuse (vieille brebis). M. H. Griset le dérive du Celtique bar (maladie causée par maléfice) et lodd (nourriture).
BERLAUDER. Mêler plusieurs choses, en en cherchant une autre.
BERLAUDIER ou BERLEU DIER. Marchand de mauvaise viande.
BERLEUSE. Vieille brebis. Voyez BERLAUDE.
BERLIGOGNE. Très-louche.
BERUKEBERLOKE. A moitié ivre.
BERLINGUER. Faire mal donne, en distribuant les cartes. BERLINGUER. Lancer en l'air une pièce de monnaie jouer à croix ou pile.- Même Etymologie que pour berlan. BERLINKE. Jeu analogueà celui de pigeon vole. On doit ne pas lever le doigt au mot berlinlc» et le lever au mot chokette. BERLOKE. Breloque.- De même en Rémois, en Rouchi et en Roman. Batte el berloke, déraisonner.
BERLOKER. Se dit de tous les objets en suspens qui se meuvent en sens contraire qui vont et viennent comme des berlolies. BERLON. Inégal, qui pend plus d'un côté que de l'autre, rr- Signilie louche, à Itéllmne,
BERLUIR. Brouir.
BERLUKE. Petit objet, atome, petit fragment, ordure dans l'oeil, éclat de bois.-A ces différents sens dans la langue Rom. BERLURER (se). Se tromper. Comme en Roman. Synonyme Se BERLUSER.- A moins que j'em' berluse, j'ons l'honneur d'vous conoite, émon ?
BERNACHE. Macreuse (poisson). De même en Roman. Du Celtique bernacle, usité en Irlande.
BERNAOULE (Vermandois). Terme de mépris.
BERNEUILLE. Pomme jaune avec des raies rouges. BERNEUX. Morveux, dégoûtant, malpropre. – A le sens de morveux, en Rouchi, et de malpropre en Roman. BERNIAU. Tombereau pour ramasser la boue.-Synonyme: Bénieu – Du Celtique benna. Voyez Bégnee.
BERNIFIKER. Inungere stercore.
BERNIKE! Interjection qui exprime la négation. -D'un usage général dans le nord de la France. Bernicle, à Valognes. BERTÈKE. Instrument fendu de traces inégales destiné à gratter les pierres ou à tailler les murs. Il y a dans la langue héraldique un terme analogue brétessé qui se dit des pièces crénelées haut et bas, en alternative.
BERTONER. Bredouiller, bégayer, bougonner. – En FrancComtois, bretonner signifie parler un langage inintelligible. Vient sans doute des Bretons dont le langage est inintelligible pour toute autre contrée. La langue Française emploie dans le même sens le mot walloner qui a une origine identique. BERZI. Bois de Brésil.-De même en Normand ne s'emploie guères que dans cette locution sec comme berzi.
BERZILLER. Faire trop cuire.
.BERZILLER. Briser, mettre en morceaux. On employe encore ce terme pour exprimer qu'une plante est trop sèche. Le blé berzille quand, après avoir été mouillé par la pluie, il est échauffé
par l'ardeur du soleil et que l'épi se brise facilement. Congénères: Franc-Comtois et Vieux-Français, bresiller.-Etymologie: du Celtique brisou, petit morceau.
BERZINGUE (être). Être ivre. De même à Maubeuge.. BESACHE. Besace. En Roman, bessache; du Latin bis saccus.
BESINER. Se dit des vaches qui prennent la fuite lorsque les mouches les piquent.-De même en Norm. Se dit également d'une fille qui fait de fréquentes sorties, sans qu'on sache où elle va. BESOGNER. Travailler. Chascun porra besogner. (Cartulaire d'Amiens, 1431 .y
BESTIA. Sot, grosse bête. – Synonyme BESTIALLE.-Congénères Languedoc. et Comtois, bestiasse; Esp. et Ital., lestia. -Etymologie du Roman bestialle, dérivé du Latin bestia. BÉTAIL BLANC. Nom ironique par lequel on désigne les femmes. -Synonyme BLANCS BONNETS
BÊTE. Insecte quelconque. De même en Lorrain. -Diminutif bêtelette.
BETHANIE. Sot, imbécille.
BEUDE (Doullens). Coureuse, femme de mauvaise vie. -Du Vieux-Français baude, effrontée. -Se rattache à l'Islandais, balld. Voyez Histoire de la Poésie scandinave p. 240. BEUDELÉE. Charge d'un baudet.
BEUE. Boue.-Comme en Roman.-Synonyme: Rake. BEUGLARD. Qui beugle au lieu de chanter.
BEUGNER. Réfléchir.
BEURÉ. Julienne (plante de parterre).
BEYER. Regarder attentivement et spécialement, regarder la bouche béante. Congénères Franc-Comtois beuiller (regarder attentivement). – Etymologie du Roman bayer (re* garder, être la bouche béante).
BEYEUX. Curieux.
BIAR et BIATRE. Verrat, porc. –Congénères boar, en Anglais; bar en Anglo-Saxon, et beer, en Hollandais. Etymologie du vieil Haut-Allemand bêr.
BIAU. Beau. De même en Champ., Berrich., Ronchi, HautBreton et Roman. Synon. bieu, qui se disait aussi en Rom. BIAUTÉ. Beauté. De même en Berrichon et en Roman. BIBELOTER. S'amuser avec des jouets,
BIBELOTS. B:mbelots, jouets d'enfants. -Probablement de l'Italien bambolo, poupée.
BIBERKIN. Vilebrequin.
BIBERON. Moucheron. – Debi&ere, boire, parce que les moucherons aiment à sucer, à boire. – Synonyme: Moukeron. Congénères: Normand, bibel Vieux-Provençal, boba. BIBERON (Boul). Bec d'un vase. Du Celtique bib, bec. BIBLOTER (se). Réussir assez bien. Synon. SE BOULOTER. BICHETTE. Petite biche, terme d'amitié.
BICHONER (se). Se parer, s'adoniser. Usité dans les provinces du Nord.
BIDO MAI. Petit mouton.-En Rouchi, bedo signifie agneau. BIDO MAI. Fleur du coudrier. Synon. Berbillette. BIDET. Cheval hongre de petite taille. Terme d'un usage géneral.
BIEL Bel, beau. Comme en Roman.
BIEUTÉ. Beauté.-Comme en Roman. – Synonyme Biauté. BIEVRE (St.-Valery). Harle (oiseau).
BIFFE ou BRIFE. Gros morceau de pain. Du Celtique brifa, manger avidement?
BIFFER ou BRIFER. Manger beaucoup. Même Etymol. BIGAREAU. Cerise rouge et blanche d'une chair ferme. BIGNIAU. Tombereau.-Du Celtique benna.-V. BERGNEU. B1GORGNER. Loucher. – De même en Rouchi.
BIGOTE. Fagot de menu bois.
BIHITRE. (Boulonais). Tempête. – Du Roman béhistre. BIKE. Chèvre. De même en Franc-Comtois, en Messin, en Angevin et en Roman.
BILLON (Boulonais). Tranche de terrain labourée en dos d'âne. Synonyme ADOS.
BILLOT. Grosseur occasionnée sur le front par une chute. BINAR. Voiture destinée au transport des arbres. BINEAU (Amiens). Bruit de l'eau qui coule des gouttières. BINELLE. Bonnet de nuit.
BINETTE. Instrument de jardinage, petite houe pour biner. De même en Normand et en Vieux-Français.
BINOT et BINOU. Charrue sans coutre et sans oreilles. BINOTIS. Terre préparée avec le binot.
BISBILLE. Murmure, et quelquefois, dispute.-De l'Italien, bisbiglio.
BISCO! Bisque! espèce d'interjection.
BISET. Pigeon ramier. – Usité presque partout. BISKE. Terme de jeu de paume, « dont l'origine, dit Ménage, est aussi inconnue que celle du Nil. »
BISQUER. Pester, endever, être vexé sans le trop faire paraître. – Mot populaire usité presque partout, même à Paris. Beiskiaz, dit M. E. Du Méril, signifie rager, en Islandais. BISTAINE (Ponthieu). Vieux cheval.
BISTALOT. Espèce de galette qu'on fait dans l'arrondissement d'Abbeville. Synonyme Bisteux.
BISTINCIIINT (de). De biais en travers de travers. Synonyme de bistincoin. – En Normand biscacoin. BISTOURNER. Renverser. –Du Roman, bestorner. BISTR AC (de). De ça et là.
B1TACLÉ. Tacheté de deux couleurs. Se dit surtout des chevaux et des vaches. Du Latin bis maculatus.
B1TARDE (envoyer al'). Envoyer promener, chasser.
BITE. Imbécille au superlatif. Vient peut-être de bestia. BITERLOT (Saint-Quentin). Botteur, étnondeur d'arbres. B1TIMB0UT (de). Tout droit, en ligne directe, tout au long. BIULÉ. Altéré par l'humidité. -Se dit aussi du bois mort, du bois vermoulu.
BJITT Psitt Interjection pour appeler quelqu'un. BLAGUE. Mensonge. Mot d'un usage général ainsi que blaguer, mentir.
BLAGUEUX. Menteur, craqueur.
BLAIRIE (Saint-Valery). Foulque.
BLAKER. Briller, flamboyer.
BLAMUSSE. Soufflet. V. PLAMUSSE.
BLANC BONNET. Nom donné aux femmes, parce qu'elles portent des bonnets blancs.
BLANC BOTTER. Rosser quelqu'un battre un adversdire aussi facilement que le ciseau de l'émondeur taille ou botte le bois blanc. C'est une syncope métaphorique de bois blanc botter. BLANC BOTTER (se faire). Se compromettre, exposer sa réputation. Se faire battre.
BLANC DIEU (jour du). Jeudi saint.- Syn. BLANC josdi. BLANFATE. Blanchâtre.
BLANKE. Féminin de blanc, comme en Roman. – Signifie aussi pâle.
BLANKE EAU (Béthune). Gelée blanche. Syn. Rimée. BLANKE PAQUE. Le dimanche des Rameaux. – Roman. BLANKE PIERRE. Chaux carbonatée crayeuse.
BLANKIR. Blanchir, comme en Roman. En Espagnol, blanquecer.
BLANKISSEUX. Blanchisseur. De même en Roman. BLASSER. Panser une plaie.
lîLAÏ (Artois). Paresseux malpropre.
BI.ATE. liât. – De même à Bavay et à Maubeuge.
BL ATIER. Marchand de blé. De même à Rennes. Du Roman bladier, dérivé de bladum, blé.
BLÈNEUR (Artois). Chartier. Synonyme: C&RETON. BLET, (au féminin, blette). Se dit d'un fruit qui est devenu mou à force de maturité. Congénères: Rémois, Rouchi et Haut-Bret., blet; Normand, bleque; Messin, blesse; Languedoc., bleto; Roman, blet. Vient-il du Celtique blod? du Grec K\a% de l'Allemand bleich (pâle) ou de l'Islandais, blaut ? BLÊT1R. Devenir blet De même en Vieux-Français (Dits de Alolinet, page 198J.
BLETTES. -Canards de terre servant d'appeaux.
BLEUDE (Marquenterre). Blouse. Synonyme Rouillère. BLEUES VUES. Hallucinations; comme en Roman. BLEUET. Bluet. De même en Rémois, Vieux-Français et Roman. Nom tiré de la couleur de la fleur. Se dit aussi de la centaurée.
BLEUETTE. Petit bouton à l'œil.
BLEUSIR. Devenir bleu. De même en Rouchi.
BLEUSSE. Féminin debleu.
BLEUSSES (en dire des). Mentir, craquer.
BLISON (Le Crotoy). Ablette (poisson).
BUTE, Niais, sot. Du Latin bliteus. BXirat a le même sens, en Grec.
BLITE. Nom d'amitié qu'on donne aux enfans.
BLOCAILLE (Boulonais). Pierrailles amassées en tas, pierres brutes sortant de la carrière. Du Celtique blocad, tas. BLOUKE. Boucle. Congénères: Nivernais, Wallon, Berrichon, Normand, Rouchi et Roman, blouke; Langued., blouco. BLOUKER. Frapper, battre. – Synonyme Flayer. BLOUSER (se). Se tromper se mettre dans l'embarras. Terme généralement usité, emprunté au jeu de billard. BLUKE. Boucle. Voyez Blouke.
BLUKER. Manger comme un oiseau, par petits morceaux. BOBEINE. Bobine. De même en Rouchi et Roman. BOBIE. Vieille femme ratatinée et mal mise.
BOBINETTE. Loquet. De même en Norm. et V. Français. BOBO. Mal, douleur. Terme enfantin qu'on retrouve dans notre V.-Français, dans le Milan. boba, et dans le Sicil. bubua. BOCANIER (Ponthieu). Bûcheron. – Synonyme Bokillon. BOCHE. Bosse. De même en Rouchi et Roman. BOCHET, Verge de fer où sont attachés les bassins d'une balance.
BOCHON (Artois). Pourboire qu'on donne aux ouvriers. BOCHU. Bossu. De même en Lillois et Roman. BOELLES. Boyaux.
BOÈTE. Tabatière.
BOEU. Bœuf. – Voyez Bu.
BOFE. Cave. De même à Mons. Synonyme Gove. BOICIION. Boisson. Comme en Roman.
BOICHONER. S'adonner à la boisson.
BOIN. Bon. Congénères Normand et Lorrain boin Espagnol, bueno. – Etymologie du Roman, boin. Boin, signifie aussi bien, beaucoup, très, lorsqu'il est suivi d'un autre adjectif boin et gros, boin et caud (fort gros, très-chaud). BOIRE (jeu de ). Jeu qui a quelqu'analogie avec celui du pot de chambre. Le boire est le but qu'on a proposé. Les joueurs, pour éliminer par la voie du sort ceux qui ne doivent pas être gardiens du boire, se servent de cette phrase: eine glaine qu'al passe dins V fraine cabinet – tu n' n'es.
BOISE. Poutre Synonyme TRABE, BAUKE.
BOISIER. Baiser (verbe). En Roman besier.
BOISTOT1T. Ivrogne.- De même en Vieux-Français. BOISSELER. Ramasser du bois mort.
BOITÉ. Boisseau.-Du Roman boistel.-Synonyme: BOITIEU.
BOKET. Pommier sauvage.
BOKILLON. Bûcheron. Mot Roman encore employé du temps de Lafontaine (Mercure et le Bûcheron). Eu Languedocien, buscaillon.
BOLIR. Bouillir comme en Roman. Congénères Languedocien, boulir; Italien bollire. Synonyme BOULIR. BOMBASINE (Ham). Etoffe.
BON AN. Etrennes. – Synonyme Aguilaneb.
BONDER, Gonfler, regorger.-En Franc-Comtois, dâbondai. BONDIR. Sonner le tocsin pour le feu. Onomatopée. BONDIS (prononcez bon-di). Replis, bord d'une robe. BONDON. Balle de bois.
BONNAGE. Bornage (Coutumes du Beauvoisis, ch. 30). --Se dit encore aujourd'hui dans le Berry.
BONNETTE. Coiffure de femme. Synonyme CALYPETTE. BON VÊPRE. Bon soir. Voyez Vèpe.
BORBOTER. Voyez Barboter.
BORDAGER. Border, avoisiner.
BORDALÉE. Repas de baptême Voyez BERDALÉE. BORDON. Bourgeon.
BORDURER. Longer, être sur le point de toucher. BORNIFIKER. Donner un soufflet dans les yeux. BORNIFLE. Soufflet dans les yeux.
BOS (prononcez bo) et BOU. Bois. La forêt de Créky on appelle cheys bos (sire de Cre'quy). Congénères Bourguignon, Vosg. Rouchi, Franc-Comtois Gascon et Limousin bos Auvergnat, bou; Roman, bos. – Du Celtique bod? BOS (prononcez bô). Bas chaussure. De même en Roman. – Synonyme: KEUCHES.
BOS BÉNI. Branche de buis qu'on fait bénir, le dimanche des Rameaux et que les villageois plantent dans les champs et les vergers pour obtenir une bonne récolte. Ils en pincent aussi sous
les toits de leurs maisons afin de les préserver de la foudre. Lorsqu'elle gronde, ils fout des aspersions d'eau bénite avec une autre branche de bois béni, qu'ils conservent pour cet usage. BOSCO. Bossu; terme injurieux. De même en Rouchi et en Normand.
BOS PERCHÉ. Littéralement, bas percé. Se dit de quelqu'un dont la santé ou la fortune est entièrement compromise. BOSSELER. Bossner. De même en Wallon.
BOTE. Part paquet (dans le sens figuré) qué d' malheurs eche l'année chi. chaqu'cin n'n'a s' botte {xiï.e lettre de GosseuJ. BOU. Bois. Voyez Bos
BOUBOURS (Vermandois). Feu de joie. Synon. Bouhoubs. BOUCAKE. Ne serait-ce pas le boucage, espèce de saxifrage (plante) ? 2
BOUCAN. Bruit; rumeur. De même en Rouchi et Jurassin.- Signifie aussi semonce, gronderie, noise, querelle, comme en Norm. et en Niv. Il viendrait de Bauxavi) d'après Du Cange. BOUCANER. Faire tapage, gronder. De même à Bar-leDuc, dans ce dernier sens.
BOUCHAIN. Bouchée petite part.
BOUCHEL. Buisson comme en Roman.-Allemand busch, buisson. -Anglais, bush; Islandais et Danois, busk. BOUCHIAUX. Petits tonneaux faits de peau de bouc et enduits de poix, dans lesquels on conservait le vin. Lorsque l'é\êque d'Amiens allait à l'armée, la confrérie des tanneurs lui donnait deux paires de bouchiaux. (Devérilé Hist.de Vie.) BOUCHON. Cabaret; à cause du bouchon de paille ou de branches vertes qui sert souvent d'enseigne. De même en Nivernais, Berrichon et Normand.
BOUDINÉE. Repas qu'on donne à ses amis quand on a tué un porc. Os imez-jou-ti aller al' boudinée. fJ. Croédur.) BOU DINER. Envoyer du boudin à quelqu'un.
BOUDINER. Bouillonner.
BOUDINETTE. Nombril. Voyez bout aine. – Boudotte, dans la Meuse.
BOUESIEUX. Qui aime à embrasser.
BOUFFARIE (St.-Valery). Barge rousse à queue rayée. BOUFFER. Manger gloutonnement, se gorger d'aliments. –De même en Wallon Rémois Normand Rouchi, Nivernais Berrichon et Roman. Celui qui mange avidement fait enfler ses joues, et devient bouffi c'est l'origine du mot bouffer. BOUFFIS (Boul). Hareng saur qui n'est resté en saumure que pendant vingt-quatre heures et qui est fort gonflé (bouffi). BOUFFLET. Bouquet de fleurs.
BOUFTEMÉ (Vimeu). Barge rousse (oiseau de mer). BOUGON et BOUGONNEUX. Qui aime à bougonner. BOUGONNER. Murmurer, marmoter.- De même à Rennes, à Caen et à Valenciennes.
BOUGRANE. Plante rampante armée de piquants, semblable à la luzerne par ses feuilles, de mauvaise odeur et dont la piqûre est dangereuse (Ononis spinosa).
BOUGRE. Méchant; terme injurieux. Du nom des Albigeois appelés, en Latin, Bulgari, parce que leur chef spirituel résidait en Bulgarie.
BOUGRESSE. Méchante femme. Voyez BOUGRE. BOUHOURDIS. Fête du 1." dimanche de carême qu'on appelait encore bohourdis, bouhardy, behourdis, jour des buses, jour des Valentins dimanche des brandons. – Les Rituels du xin. siècle le désignent sous le nom de dominicq^de lignis orditis. On faisait ce jour-là des behours (joûtes, tournois) et c'est de là que vient le nom de bouhourdis. Le mayeur et les échevins d'Amiens buvaient à la violette dans l'hôtel des cloquiers. Le Père Daire, dans son histoire littéraire d'Amiens, cite une pièce de
vers de 1422 que Pierre Buyon composa à ce sujet (Archives Picardes, tome n page 200). Voyez BRANDONS.
BOUHOURS. Feu de la St.-Jean. -Synonyme Boubours. BOUILLARD. Chevalier gambettes (oiseau). Se dit aussi dans le Vimeu des oiseaux de passage du mois de mars. BOUILLARD NOERD. Chevalier arlequin (oiseau). BOUILLET. Bouleau (arbre). Synonyme: BOULE, BOUILLE. BOUIS. Buis. De même en Franc-Comtois et en Berrichon. Il n'y a pas longtemps que la langue Française a remplacé bouis par buis. Car Ménage disait dans son Dictionnaire étymologique que M. de la Quintinie écrivait buis au lieu de bouis et qu'en cela il n'était pas à imiter. Boileau semble avoir suivi cet avis; on lit dans la première édition du Lutrin:
Et deux fois de sa main le bouis tombe en morceaux.
(Ch. V). ).
BOUILLONS. Inégalités qui se trouvent dans le fil. BOUJON. Échelon, traverse de chaise.
BOUKE. Bouche. Al o eine boine grainde bouke. Congénères Rouchi et Flamand, bouke; Languedocien, bouco Gascon, bouca; Espag. et Portug., boca; Ital., bocca. – Etym. du Roman bouke, dérivé du Latin bucca ou du Celt. bock. Les entrées de caves étaient appelées autrefois boukes de célier. BOUKETTE. Petite bouche. De même en Roman. BOUKILLON. Bûcheron. Voyez BOKILLON.
BOULANT. Bouillant. De même en Roman.
BOULE. Ruse.- Comme en Roman. (Voyez 1." part., ch. VI article Noyon.)
BOULE. Bouleau (arbre). Synonyme: BOUILLET. BOULER. Maltraiter, pousser comme une boule. De mêmf- à Valognes et en Vieux-Français.
BOULEVARI. Vacarme, hourvari.
BOULEVERSI. Bouleversement.
BOULIE. Boisson faite avec du son, dont les pauvres font usage. C'est aussi le nom de l'oiseau appelé OEdicnème criard. BOULIR. Bouillir, comme en Roman.-Congénères: Languedocien, bouli; Italien bollire.
BOULO. Pomme entourée de pâte, que l'on fait cuire au four. BOULOTTE. Petite fille fort grasse et dodue. Du Roman bourlot, peloton?
BOULOTER. Pelotonner. Même étymologie.
BOULU (lait). Lait bouilli. De même en Champenois. BOUQUET. Nom donné aux fleurs alors même qu'elles ne sont pas réunies en bouquet. Os avons plein nou gardin de bouquets.
BOURBATERIE. Grand amas de boue.
BOURBE (Le Crotoy). Espèce de Méduse, animal marin. BOURBOTTE (Béthune). Lotte (poisson).
BOURBOUR. Dans certaines localités, et notammant à St.Omer, les enfans, le jour des brandons, se réunissent dans les vergers y font un grand feu de paille autour des arbres et crient: Bour, Bour, Bour, croyant, par leurs cris et parla fumée, détruire les œufs des chenilles. {Mémoires de la Société des Antiquaires de la MorinieJ (1).
(1) Dans les environs de Frévent, m'écrit M. de la Fons les enfants vont faire bourbour dans les pâtures, en promenant des torches allumées sous les arbres fruitiers et en criant
Bour, bour, St.-Chtistophe
Pour avoir des pommes grosses,
Des petits «alignons
Pour chés petits garchons;
Des petites rougettes
Pour chés petites fillettes
A Lens, on va bourder les trois premiers dimanches de Carême, c'est-
BOURDEUX. Menteur.– Comme en Roman.-Syn. Gosseu. BOURDON. Tige d'une laitue montée.
BOURÉE. Réprimande.
BOURG. Ville. II y a à Laon une rue et une place du Bourg.
BOURGOIS Bourgeois. (St.-Quentin, 1268).
BOURIKET (Boulonais). Fagot de branches ou d'épines. BOURLETTE. Gros bâton.
BOURNIFLE. Soufflet. Voyez MORNIFLE.
BOURRE COQUINS. Haricots. De même en Berrichon. BOURSIAU. Bosse qu'on se fait à la tête.
BOURSICOT. Petite bourse.- De même en Nivernais, Bourguignon et Normand.
BOUSATIÉRE. Vachère. – Voyez Bouso.
BOUSIN. Grand bruit, tumulte, tapage.-De même en Normand, Berrich. et Nivern. Bousara signifie assourdir en Breton. BOUSO et BOUSA. Bouse de vache; comme en Roman. A Rennes, bousée. Du Celtique bouzel.
BOUSTIFAILLE. Gloutonnerie, bonne chère. De même en Lorrain.
BOUTAINE. Nombril. – Sj/nonyme.-BocDiNETTE, Boutinettb. -Cong.: Rouchi, boudène; Maubeuge, boudine; Vosg., bodette; Messin, boudette; Lorrain, boudate.-Etym.: du Rom., boutaine, dérivé du Celt. bod, extrémité, ou du Latin botulus boyau. BOUT DE CHAMP (à tout bout de). A thaque instant. BOUT D'HOMME. Nain, petit homme.
BOUTE ACH'TEUR. Tiens! Bon, maintenant! (exclamation). BOUTEILLE ED PROCUREU. Bouteille à goulot étroit. à-dire que les enfants de divers villages luttent entr'eux en tenant des bourdées (hottes de paille allumées). A Héthune le dimanche des Brandons s'appelle Bourdalenne.
BOUT EN BOUT (de). Des pieds à la tête, du commencement jusqu'à la fin, entièrement. On lit dans Joinville « Il leur fit chanter au nom de Dieu ce beligne (hymne) Veni creator spiritus de bout en bout. »
BOUTER. Mettre, placer.-Ein jour je m'boutis dins m'n'esprit ed m'ein aller al cache. (Chanson Picarde). Congén. Wallon, Rouchi, Jurass., Nivernais, Berrichon, bouter; Italien, buttare. Etymologie: du Roman, bouter; en Bas-Latin butare. Bauta a le même sens en Islandais. Locution picarde: S'y bouter à casaque dévêtue; s'y mettre de tout cœur.
BOUTICLIER (Boulonais). Marchand. Corruption'et extension de boutiquier.
BOUTIFE. Vessie.
BOUTIFLÉ. Gros, gonflé, bouffi.
BOUTRI. Terme injurieux de Ham qui signifie gros ventru. BOVE. Colline factice élevée, comme monument funèbre, par les Celtes ou les Romains.
BOYETTE. Robe, robe d'enfant. Voyez BAVETTE. BOYEU. Boyau. De même en Roman.
BRACHE. Brasse. De même en Roman.
BRACHELET. Bracelet. De même en Roman. BRACOU (Boul). Pièce de charpente.-De même en Roman. BRADER (Boulonais). Prodiguer. Du Celtique brasder, abondance signifie aussi: perdre sur un marché, vendre à prix coûtant ou même à perte.
BRADERIE. Action de vendre à vil prix.
BRADEUX. Qui brade.
BRAHON ou BRÉHON. Frelon.
BRAIES. Culottes. De même en Normand et en Roman. -Étymologie: du Celtique braghes.
BRAIES. Ouvertures de poches d'un jupon.
BRAILLES (Soissonais). l.anges d'enfant.
BRAINE. Stérile. -Voyez Brehaine.
BRAIRE. Crier, pleurer. De même en Flamand, Berrichon et Normand n'a pas le sens dérisoire qu'on lui donne en Français. Quelques auteurs donnent braiare comme Celtique. BR AIS. Bierre de mars(Péronne, 1577).
BRAISE (n'y pas connoite eine). N'y connaître rien du tout. BRAISETTE. Menue braise.
BR AKE, vif, emporté. -De même à Valognes.
BRANDONS (dimanche des). On appelle ainsi le premier dimanche de carême parce qu'autrefois les jeunes gens de la campagne avaient coutume, ce jour-là, de danser en rond autour des arbres, de courir dans les rues, dans les champs, avec des brandons qu'ils agitaient sous les arbres, pour les préserver des chenilles. Cet usage rappelle la pratique des Payens qui, au mois de février, couraient pendant la nuit, avec des flambeaux allumés, pour se purifier et procurer la paix aux mânes de leurs ancêtres. On appelle aussi ce dimanche bure et bouhourdis. (Voyez ce dernier mot.) Dans quelques localités, on danse, à la nuit venue, au refrain de cette chanson:
Breaudé Breaudon
Par mandelée par quarteron
Pour les enfants de no moison.
Selon M. Du Méril, brandons vient de l'Islandais brand, tison allumé, ainsi que le Vieux-Français brans.
BRANKE. Branche. Congénères Normand Rouchi et Roman branke Gascon Languedocien Catalan et Italien branca. Vient du Latin branca, ou du Celtique brank. BRANKILLE. Petite branche.
BRASSER. Faire, agir, machiner. (Se prend ordinairement en mauvaise part). Vient du Roman brasser travailler. C'est à tort, suivant nous que M. de Poilly le dérive du Grec icfurru (faire) par changement de la tenue «̃ en sa moyenne £,
BRAVE. S'emploie dans le sens deprobe.
BRAY. C'est ainsi qu'était appelé, en 1444, à Amiens, le marché au bois.
BRAYER. Crier, pleurnicher. -De même en Berrichon. Etymologie du Celto-Breton brailher crier. – V, Braire. BRAYEU. Pleurnicheur. Ein homme qui crie, qui foet l'brayeu (le Franc-Picard).
BRAYOIRE. Pleurnicheuse.
BREBIÈRE (Notre-Dame de). Nom qu'on donne à la vierge d'Albert parce que son image fut, dit-on, trouvée par des gardeurs de brebis.
BRÈGNE. Bouche. – Synonymes Bouke GUEULE. BRÉHAINE ou BRÉHAIGNE. Stérile. Comme en Normand et en Roman; sans doute du Celto-Breton brechon, qui a le même sens.
BRÉHON. Frélon. -Synonyme BRAHON.
BRÉKE. Brèche, ouverture. Du Celtique brech, ou de l'Islandais braka, rompre.
BRELÉE. Mélange de pamelle, d'avoine et de vesce. BREUAINE. Bruine. – Du Roman brouine.
BREUDE. Coureuse, femme de mauvaise vie.
BREUIL. Buisson.- Comme en Roman.
BREU1LLES. Entrailles de poisson.
BREUVIER. Epervier.
BREVIER (Boulonais). Buse (oiseau).
BREVIÈRE. Bruyère.
BRI AMAN (Boulonais). Mesureur. Du Celtique bria, mesure, et man, homme. Les briamdns étaient les fermiers du droit de mesurage, à Boulogne. Cet affermage a été supprimé avec les privilèges de la ville en 1789.
BRIBER. Manger. Une monnaie des évèques des fous porte pour devise: vive qui bribe.
BRICOLER. Tergiverser.
BRICOLES. Objets de menue valeur.
BRIDELÉ. Serré dans ses habits (comme un cheval l'est par ses brides).
BRIFE. Voyez BIFFE.
BRIGNON. Croûton. Du Celtique brignon, sorte de gruau. BRILANTE ou BRALANTE. Petite croix de pierres brillantes enchâssées dans de l'or, que les femmes portent au cou. BRIMBALLER. Aller et venir, flaneT, traîner ça et là. –Signifiait, en Roman, agiter çà et là.
BRIMBALLER (Boulonais). Sonner fortement.-Vient, d'après M. Henri, du Celtique brimbalat, qui a le même sens. Nous croyons qu'il vient plutôt de l'Allemand bimbaum, agiter comme une cloche.
BRIMBER. Aller et venir, flâner, vagabonder.
BRIMBETTE (Ponthieu). Jeune fille quelque peu légère. BRIMBEUX. Vagabond, gueux, mendiant. – Etymologie de Irimber.
BRIMBORIONS. Babioles vétilles. De même en Champenois. Viendrait du Latin breviarium, d'après Borel. BRINCHE (féminin). Caprice, envie, désir.
BRINCHELER. Briser, casser.
BRINCHELLE. Petite branche.
BRINCHEUX. Qui a des désirs soudains de faire une chose. On dit aussi d'un fou ch'est un brincheux.
BRIN D'AGACHE. Gomme des arbres qui portent des fruits à noyau.
BRIN DE JUDAS. Tache de rousseur.
BRIN DE VIN. Ivrogne et eau-de-vie.
BRINGANDER. Vagabonder. – De même en Rouchi. Etymologie de brigand.
BRINGUE (grande). Grande femme mal bâtie; terme de mépris. Dans le Boulonais ce mot signifie mauvaisejument. BRINOT. Petit brin.
BRIOLIERS. Marchands de braies, de hautes-chaussea; il y a une rue de la Briolerie, à Abbeville.
BRISAKE. Qui brise tout qui déchire ses vêtements. De même dans le département de la Meuse.
BRISSAUDER. Employer ce qu'on a à des choses inutiles. BROCANTE. Petite réparation de menuiserie.
BROCANTES. Objets que vendent les brocanteurs. BROCE. Bruyère. Comme en Roman.
BROCLEUX et BROCREUX. Barreaux, échelons, traverses. Quoique tu vux dire par chés brocreux? (Pièces récréatives). BRODER. Amplifier, embellir un récit. De même en Wallon, etc.
BROGNE. Fluxion.
BROGNER (Boulonais). Etreindre quelqu'un fortement en l'embrassant.
BROIE. Instrument propre à broyer le chanvre.
BROKE. Broche. -De même en Rouchi et Roman.-Broca, en Bas-Latin signifie épine à Béthune.
BROKER (se) (Béthune) Se piquer.
BROKETTE. Brochette, cheville. -Id. en Wal. et Roman. BROKETTE. Clef.-De même en Champenois. Du BasLatin broquetta.
BRONGUER. Noircir. -Synonyme Brouser.
BROS (prononcez: bro). Bras. I vit d'ses tros. Il vit de son travail manuel.
BROSSE (çafait). Cette phrase est employée, comme en Normand et en Berrichon pour indiquer une espérance déçue. BROSSER. Frapper, rosser. De même en Normand et en Vieux-Français.
BROUACHE. Petite pluie.
BROUAINE. Bruine, petite pluie. Congénères: Bourg. et Rouchi, bruène.- Du Roman brouine, dérivé du Lat. pruina. BROUBROU (des deux genres). Étourdi, pétulant, distrait. BROUCKAILLERS. Nom qu'on donnait aux habitans des faubourgs de St.-Omer, à cause de leurs grands hauts de chausses, nommés brock, en Flamand. On les appelait aussi Lizelards et Sarrasins. – (V. un article de M. Eudes, dans le tome n des Mémoires de la Soc. des Antiquaires de la Morinie.) BROUESSE. Brosse. Voyez Ébrouesse.
BROUILLASSER. Bruiner. De même dans les provinces du Nord. Etymologie BROUILLARD,
BROUKES (Vimeu). Culottes. Vient du mot Celtique dont les Romains ont fait: gens braccata.
BROUSACA. Noircie. Synonyme: Brongdêe.
BROUSER. Barbouiller, salir, noircir.- De même en Champenois et en Rouchi.
BROUSURE. Noircissure.
BROUSSAKERet BROUSSAYER.-Mal ranger, brouiller. BROUSSÉE. Ondée. –Synonyme Aqcerée.
BROUTE. Pain. Congénères: Franc-Comtois, broute; Alsacien, broult; Tartare, brot; Hollandais, brood; Norwégien, braud. Vient du Tudesque brôt.
BROUTÉE. Charge d'une brouette.
BRUANT (Béthune). Hanneton. Synonyme: Hocrlon. – Ailleurs, signifie verdier (oiseau).
BRUCHE. Brosse. Voyez Ébrouesse. Vient de l'Islandais brusk, selon M. Du Méril.
BRUNETTE. Ivraie floliumtemulentumj. On donne encore ce nom, dans le Boulonais, à l'oiseau nommé Trainebuisson.
BRUVIER (Vimeu). Buzard (oiseau).
BSEUX. Faiseur. – Syononyme F oiseux.
BU. Bœuf. – Congénères Rouchi Vosgien et Ecossais bu; Franc-Comtois et Lorrain, bue Italien, bue Espagnol, buey. Bu est tout à la fois Roman, Celtique et Islandais. BU (homme). Homme ivre.-De même à Epernai et à Rouen. BUCHER (Béthune). Buis. –Synonyme Bouis. BUCHER. Frapper à grands coups, comme avec une bûche. BUÉE. Lessive.-Congénères: Rouchi, Berrichon, Breton, Rémois, Normand, Touraine, Maine et Anjou: buée Jura, Franc-Comtois et Provençal bua; Lyonnais, Bourguignon et Vaudois buie. Ce mot qu'on retrouve sous diverses formes dans presque tous les patois,et dans notre Vieux-Français, vientil du Latin buo, imbiber, tremper, ou du Celtique bu, eau? BUEUR. Vapeur qui s'élève d'un liquide en ébullition.Buan signifie brouillard en Normand.
BUFFE. Soufflet (Beaumanoir).-De même en Normand et en Roman. C'est de là que vient le Français rebuffade. BUHOT. Fuseau.
BUHOT. Sommet du tuyau de la cheminée. -De même en Rouchi et en Roman.
BUIRE. Cruche. – Comme en Roman. – Congénères: à Reims et à Valenciennes, buire; à Bar-le-Duc, beuère; à Nantes, bue; à Rennes, buie. Ce mot vient peut-être de bibere, boire. BUISE (Ponthieu). Tuyau de gouttière. Du Roman busine. ̃Synonyme Busine (dans l'Amiénois).
BUKE. Tout petit corps étranger qui s'attache au drap. BUKE (Boul.) gros cadenas. -Du Celtique buch, fermer. BUKER, Frapper, heurter. – J' ai réveillé m' sœur ein disant o buke. (Retour du Soldat). Congénères FI., Champ., Rouchi et V. Fr. buquer; Lorrain, beuquai; Franc-Comtois, boquer. Etymologie du Roman buquer. Grégoire d'Essigny hasarde sur ce mot l'opinion suivante « Buquer vient du Latin buccinare
(donner du cor, trompetter, et par extension, faire du bruit). De buccinare, on aurait fait bucciner; puis, en retranchant in et en changeant un c en q, les Picards auront dit bucquer. » C'est une des formes de bûcher, frapper comme avec une bûche. BUKETTE (tirer al). Tirer à la courte paille.
BUKOIR. Canonnière, tube de sureau dans lequel on pousse un tampon de filasse pour que la pression de l'air fasse partir avec bruit un autre tampon qui bouche l'autre extrémité. BULI. Pourri, réduit en poussière, mangé par les vers. Feure buli, paille réduite en menus brins.
BUNNER. (Boul.) Être morne, pensif.-De même en Roman. BURE. Beurre. Min cœur i bat le bure dins m' poitraine mon cœur fait tic-tac. Congénères: Flamand, Austrasien Rouchi et Vosgien: bure; Languedocien buré; Italien, burro. – Etymologie du Roman bure, contraction du Latin butyrum. BURES (dimanche des). Voyez Boehourdis et BRANDONS. BURESSE. Blanchisseuse. -Comme en Rouchi.
BURETTE. Cruche de terre. Le même mot français à un autre sens.
BURIE. Blanchisserie. Comme en Rouchi.
BURIEU. Petite armoire.
BURLOT (Soissons). Petit tas de foin.
BURONFONCE. Gros sabot.
BUSINE (Amiens). Tuyau de goutière. Synonyme BUISE. Du Roman buisine.
BUSINER. Sonner de la trompette. De même en Roman. -Étymologie: du Latin buccinare.
BUSINER. S'amuser à des riens lanterner perdre son temps. -De même en Roman.-Etymologie: Aa Français buse. BUSINER. Gronder sans cesse, trouver à redire à tout. BUSINEUX. Lambin. – Signifie aussi grondeuv, grognard. BUSKER. Frapper. Voyez Buker et BucHER.
BUTÉE. Montagne escarpée qui oblige à buter souvent. BUTER. S'arrêter comme si l'on était au but. De même en Normand.
BUTTE. Monument funèbre en forme de colline factice, élevé par les Celtes ou les Romains.-Syn. BovE, MoTTE, TOMBELLE. BUVATER. Boire sans manger.
BUVATIER. Qui boit souvent hors des heures de repas. BUZIER (Artois). Penser, songer à quelque chose. BZINER. S'élancer de côté et d'autre.
G
C'. Ce. Synonyme: CHE, Ch Chu Éche.
CABE. Chèvre. Synonymes CAPE, CABRE, CAVRETTE, Rêve, kèvre. – Congénères Franc-Comtois, Rémois, Gascon, Quercy et Dordogne, cabre; Provençal, Portugais, Espagnol et Catalan, cabra. -Etym. du Roman cabre, dérivé du Latin capra. CABERDAINE. Robe de dessous, sans manche. V. CalaimBERBAINE.
CABERNETTE. Cabane de berger. Ch'est eine tiote cabernette (Almanach du Franc-Picard, 1849).
CABINET. Petite armoire.
CABIOT. Nom donné à la morue fraîche sur les côtes de la Somme. C'est un mot flamand.
CABOCHE. Tète, et principalement, tête dure.-Congénères: Franc-Comtois, Rouchi et Vieux-Français, caboche; Bourguignon, caiboche; Provençal, cabosso; Languedocien, cabesso; Portugais et Espagnol, cabo.-Etymologie: du Roman caboche, dérivé du Latin caput. Voyez, dans l' Encyclopédie moderne,
l'article langues, où M. Klaproth donne la série des radicaux qui, dans les diverses langues du monde désignent l'idée de tête. CABORGNE. On donne ce nom à un petit poisson d'eau douce à grosse tête, le chabot, Cottus gobio.
CABOT (Rue). Troglodyte (oiseau).
CABOU. Sabot. Voyez chabou.
CABOUILLAGE. Galimathias.
CABOUILLER. Balbutier, mal prononcer, s'exprimer d'une manière inintelligible.
CABOUILLEUX. Qui ne s'explique pas clairement. CABRE. Chèvre. Voyez CABE.
CABRI. Chevreau. Comme en Roman. Os n'm'avez mie baillé ein cabri pour mi et m's amis. (M. Delahaie, l'Enfant Prodigue). On donne, par métaphore, le nom de cabri à un homme écervelé fantasque.
CABUS. Chou en général. Synonyme: CAULET. CACHE. Chasse. Comme en Roman. Ein jour je m'boutis dins m'n'esprit ed m'ein aller al 'cache ( le Chasseur villageois). – Congénères: Languedocien et Catalan, cassa; Italien, caccia. CACHE MANÉE. Garçon meunier qui parcourt les villages pour recueillir les mannées et les transporter au moulin. CACHE MUSIAU. Masque de velours. Ch' sont chés cache musiaus. (Sermon de Messire Grégoire.)
CACHER. Chasser. – Roman, cachier Bas-Latin cacciare. CACHERON. Mêche de fouet. Synonyme Cachuron. CACHES {été au bout d'ses). Etre au bout de ses traits; n'avoir plus que peu de jours a vivre; avoir épuisé toutes ses ressources et se trouver près de sa ruine. N'été pas au bout de ses caches signifie avoir encore beaucoup à souffrir, n'être pas près de parvenir à la fin qu'on s'est proposée.
CACHEUX. Chasseur. Comme en Rouchi et en Roman. CACHE VEAU. Grèbe huppé (oiseau).– Synon. Chasse veau.
CACHINADE etCACHINÉE. Petite pluie. Syn. Brodaine. CACHOIRE. Fouet. Comme en Roman. -Avec ess'cachoire dins s'main (leCapucin).-Congénères: Robchi, cachoire; Bourguignon et Franc-Comtois, chaissoure.
CACHURE. Licou.
CACHOTIER. Qui fait des secrets de rien.
CACHURON. Ficelle propre à faire un cachuron, c'est-à-dire une mêche de fouet; signifie aussi mêche de fouet.
CACINE (Béthune). Bonnet de femme. Synonyme: Caltpète. CACOUILLE. Blague, plaisanterie.
CACOUILLER. Plaisanter.
CACOUILLEUX. Blagueur, qui plaisante en causant. CACUN. Chacun. Du Roman cascun, dérivé de quisque unus. -En Vieux-Picard, caescuens.
CADAVE. Cadavre, et quelquefois, corps. I roule sin cadave il gagne sa subsistance à la sueur de son front. CADENOS. Cadenas. Comme en Roman.
CADOREUX. Chardonneret. Synonyme: CARDONET, ËcarDÉREU. Congénères Rouchi cardonelle Gascon cardino Quercy, cardigno; Italien, Portugais et Espagnol, cardo. Etymologie: du Latin carduus, parce que cet oiseau se nourrit de chardon (RavisiuaTextor). Les Allemands l'appellent dïsldfinck c'est-à-dire linotte du chardon.
CADOREUX. On appelait ainsi les sergents-de-ville, à Amiens, parce qu'ils portaient des culottes rouges (de la couleur du cadoreux). Bien vrai que nos cadoreux n'ont atteint que des pissiots (le beudet de tialaam). On donne encore aujourd'hui ce nom à des officiers civils de peu d'importance.
CADOT. Fauteuil, chaise à bras pour les enfants.-Congénères Rouchi et Rémois cadot; Breton cadaire; Portugais, cadeira; Catalan, cadira. Etymologie du Roman cadot, cadière, dérivé du Latin cathedra siège.
CADOTER (se). Se renverser dans un cadot.-Au figuré, prendre ses aises, se prélasser.
CADRINSE (Ponthieu). Homme ou enfant chétif. – Synonyme LANGREUX.
CAFADEUX. Homme qui s'amuse à des travaux manuels de peu d'importance.
CAFAMA. Colin-Maillard.-De même à Valenciennes cafauman, à Maubeuge.
CAFERNIOT, CAFERNOT. Caveau placé au-dessus d'un four. CAFETIAU et CAFIEU. Café fort léger.
CAFÉTU. Barraque.
CAFIGNON et CAFERGNIOT. Trognon de pomme ou d'un autre fruit. Par extension enfant chétif, chose petite.-C'est aussi un terme de tendresse qu'on donne aux enfants. CAFIKER. Remuer.
CAFOULE (Marie). Femme qui veut tout faire et ne fait rien qui vaille.
CAFOULI,ACHE. Salmigondis, pot-pourri.
CAFOULLER. Remuer plusieurs objets, pour en trouver un autre.
CAFOUILLEUX. Qui cherche avec un soin minutieux. CAFUTER. Reléguer, écarter les objets qui ne conviennent plus mettre à la réforme. De même en Champenois. CAGNE (Boulonais). Blanc.-Du Celtique can.
CAGNE. Chaîne. Du Latin catena.
CAGNE. Lâche fainéant, paresseux. -De même en FrancComtois, Rémois et Lorrain. Ce mot viendrait-il de canis, parce que les fainéants aiment à se coucher au soleil comme les chiens? N'en trouverions-nous pas plutôt l'étymologie dans ce passage de Pasquier « En ma grande jeunesse, les fainéans avoient accoustumé eu temps d'esté de se venir loger sous les ponts de Paris. Ce lieu estoit appelé le Caignard, et ceux qui
le fréquentoient Caignardiers, parce que tout ainsi que les canards, ils avouoient leur demeure à l'eau. »
CAGNERD. Accablé de chaleur.
CAGNON. Vieillard; homme mou et sans vigueur, comme le sont les vieillards. -Vient de cannar qui, d'après Tacite, signifiait vieillard en Gaulois.
CAHIÈRE et CAHIELLE. Chaise. Congénères: Gascon et Rouchi, cahière; Franc-Comtois et Vieux-Français, chaière; Portugais, cadeira; Italien, cattedra. Etymologie du Roman cahiere et cahielle, dérivé du Latin cathedra.
CAHOTS. Petits tas de blé qu'on fait en ramassant des javelles. CAHOU. Matou. Signifie aussi nid de chenilles dépôts d'oeufs près d'éclore.
CAHOUAIS. Habitants de Cayeux.
CAHOUANT. Chat-huant. – De même en Roman. Du Celto-Breton caouën.
CAHOUITE. Qui a des idées étroites.
CAHOULETTE. Petite cabane roulante de berger. CAHUTTE. Cabane, taudis. De même en Franc-Comtois. Quant i s'en vint flanquer dans ma pauvre cahute. (Logement de gens d'armes).
CAILLETTE (Vimeu). Oiseau des tempêtes.
CAILLEU. Caillou. – Congénères: Franc-Comtois, cailleu Gers, calliao; Finlandais, kallio.-Etym. du Roman cailleu, dérivé du Latin calculus. -Callec a le même sens, en Hébreu. CAIMANDER. Mendier, quêter, gueuser. De même en Berrichon et en Normand.
CAINCHON. Chanson. Voyez Canchon.
CAINE. Chaîne; comme en Roman. On appelait autrefois cainage, le droit à payer par les bateaux, lorsqu'ils passaient, à Picquigny, la chaîne tendue sur la Somme.
CAINE. Chêne. Voyez Quène.
CAINTER. Chanter. Voyez CANTER.
CAIR. Cher.-Synonyme: Kier. – Avoir cair aimer, chérir. Cho ne vnus estmiecair; vous n'aimez pas cela. La tournure de cette locution est toute latine hoc non est tibi carum. ♦ CAITIS. Malheureux.
CAKETTE (Le Crotoy). Plie (poisson).
CALABRAGE (Amiens). Echange commercial.
CALAIMBERDAINE. Cotillon avec corset qui enlace la berdaine (ventre).
CALAMICHON. Colimaçon. Voyez Colimachon. CALANDER (Boulonais). Bavarder.-CALANDIER, bavard. CALÉ [été ben). Etre bien dans ses affaires, être riche. De même en Normand. Se dit quelquefois par antiphrase. CALÉE. Nid, nichée. Nous ferons remarquer, sans en tirer de conséquence étymologique qu'en Grec nid se dit ^«ai». CALENDRE. Charençon. Insecte qui ronge le blé. CALENGER. Tromper dans un marché, chicaner.-Du Roman chalenger.-Calengia signifiait, en Bas-Latin, réclamation. CALER. Mettre bas. Ne se dit guère que des chats, des lapins, des rats et des souris. On dit véler, pour la vache chienner, pour les chiens cochoner, pour la truie pouliner, pour la jument; aigneler, pour la brebis, etc.
CALER. Lancer une balle contre quelqu'un. – De même en Champenois.
CALER. Céder, faiblir, fuir.-De même en Berrichon, Normand et Vieux-Français.
CALENDE. Bête de peu de prix dont la peau est calleuse. CALENDER. Perdre son temps à dire des balivernes. CALEUR. Chaleur.-De même en Rouchi en Languedocien et en Roman.
CALIBORGNE Borgne. – De même en Rémois.
CALINANT. D'une santé chanchelante.
CAUNEAU. Endroit où l'on se baigne.
CALINER. Faire reposer les moutons dans un champ, pour le fumer.
CALIPETTE. V. CALYPETTE.
CALIT. Lit. Congénères Rouchi calit. Bourguignon et Franc-Comtois, chalé. -Vient du Roman chalit qui, selon Roquefort, dériverait de capsa lecti bois de lit.
CALLENGER (Boulonais). Hésiter.
CALOTE. Coup sur la tête. D'un usage général. CALUMIEU. Chalumeau. Comme en Roman.
CALVIGNIE. Ouvrier de moisson qui dirige les autres. CALYPÈTE. Bonnet de femme. – Congénères Berrichon, calinette; Franc-Comtois, caline; Roman, calette. Vient du Bas-Latin calyptra. M. de Poilly le dérive de xa/ua-ra, couvrir. Calypette signifie aussi bonnet de nuit et par extension femrne en négligé.
CAMAILLER (se) Se disputer. Du Roman se camailler, se battre. Camailler signifiait primitivement frapper les ennemis à grands coups d'épée, surtout sur le camail, armure qui couvrait la tête et le cou.
CAMAND. Qui demande avec bassesse et avec persistance. CAMARIN (Cayeux). Plongeon. – Synonyme DOUBLE RAKET. CAMBAGE. Droit sur les brasseries. Du B.-Lat. cambagium. CAMBE et CAMBRE. Chambre. Congénères Provençal, cambre Vieux-Espagnol et Catalan cambra Allemand kammer. Etymologie du Celt. cambre, conservé dans la langue Rom. CAMBIER. Brasseur. Du Flamand kams, brasserie. Nous croyons que ce mot est encore usité dans quelques localités. CAMEAU. Chameau.-Congénères: Bas-Languedocien, Catalan, Corniolais et Anglais, camel; Portugais, cantelo Italien et Espagnol, camello Allemand kamel Russe, kamen Es-
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clavon, kamela. – Etym. du Roman cameau, camel, dérivé du Latin camelus ou du Celtique (gallois) camel; en Hébreu gawal. CAMÉRON. Cornette, coëffe de femme.-Synon. Camaron. CAMIN. Chemin. Du Roman cami. Voyez KEMIN. CAMINÉE. Cheminée. – Du Latin caminus. Voyez Keminée. CAMION. Epingle fort petite. « Le motcamion, ditM. Henri, pris dans le sens de voiture longue montée sur deux roues est passé du Picard dans la langue Française. » (MS. de la Bibliothèque de Boulogne-sur-MerJ.
CAMOISI. Moisi. En Languedocien caoumousi. CAMOISSIÉ. Couvert de plaies. -Comme en Roman. CAMP. Champ. Vos warder no vake dins chés camps. Cong. Gers, Rouchi Catal. et Suévo-Goth. camp; Ital., Portug. et Espag., campo.-Etym. du Rom. camp, dérivé du Lat. campus. CAMPAIGNE. Clochette. Du Latin campana.
CAMPER. Appliquer. Synonyme: FLANQUER.
CAMPSART. Droit du Seigneur de lever une gerbe de blé sur le champ de son sujet avant que celui-ci ait enlevé la moisson (Beaumanoir).
CAMPOUSSE (prendre la). Se sauver à toutes jambes. De même en Rémois.
CAMPOUSSER. Bannir, donner la chasse.
CAMUCHE. Retraite cachée. Signitie aussi petite cabane. CAMUSET. Fait en voûte.
CANARON. Voyez CAMÉRON.
CANCHELER. Chanceler. -De même en Roman. CANCHON. Chanson. -De même en Rouchi et en Roman. CANDEILLE, CANDAILLE et CANDELLE. Chandelle.Congén. Rouchi, candeille; Gascon, Quercy, Ital. Espag. et Catal., candela; Anglo-Saxon, candel Angl., candle.-Etym. du Roman candeille, dérivé du Lat. candela. Cand signifie luire, en Sanscrit, et l'islandais kyndill signifie lumière.
CANDEILLE (parrainà). Jadis, pendant le baptême d'un nouveau né l'un des frères tenait un cierge c'est ce qu'on appellait parrain à candeille.
CANDELEUR. Chandeleur.-De même en Rom.– Candelor, en Bas-Latin.-En V.-Picard, jour de la candelle (Roye, 1316), et candelière (Montdidier, 1339).-Cette fêle est désignée sous le nom de Notre-Dame Candelier, dans les registres du chap. d'Am. CANDELIER. Chandeleur.-Commeen Rom.-Cong. Béziers, eandalina Italien candelliere Espagnol et Catalan candelero. CANDERLAS. Batterie de cuisine. De même en Roman. CANDIER. Chandelier. Voyez Candelier.
CANEBUSTIN. Gage.
CANEÇON. Caleçon. – De même en Vieux-Français. CANES. Mesures, règles, modèles. (Cout. inédit de Picard.). CANETTE. Mesure. De même dans le département du Nord. Etymologie de l'Islandais Jcanna.
CANGER. Changer. En Ancien Picard et en Roman, cangier. Columelle a employé cambiare.
CANHOTE. Machine de carton dont on affuble une quenouille chargée de lin.
CANICHE. Barbet mâle et femelle. En Français, cette appellation ne s'applique qu'à la femelle.
CANICHOU. Cachette. Synonyme Carnichotte.
CANIFLARD. Qui fait du bruit avec ses narines. De renifler. CANPELLE. Terme injurieux équivalant à salope, femme de rien. De canis pellis (peau de chien)?
CANKELET. Bouquet de fruits. De même en Lorraine. –Synonyme: CRONKELET.
CANOYE (Boulonais). Lieu planté de charmes.
CANSON. Chanson.-Idem en Languedoc. – Syn. CANCHON. CANT. Chant. Comme en Roman. canter à cant des cants chanter â tue-tête. Du Latin cantare.
CANTANT. Chantant. Locution picarde: eut temps n'est mie cantant; il n'y a pas lieu d'être gai par le temps qui court. CANTE et CANTIEU. Chanteau.-Morceau de gâteau qu'une nouvelle mariée envoie à celle des jeunes filles de son village qu'elle croit devoir se marier la première après elle. – Du Roman cantieux; en Bas-Latin cantellus qui dérive peut-être du Celtique cant, bord extrémité d'une chose.
CANTER et CAINTER. Chanter comme en Roman. Cainte, cainte, cainte,
Eine poule blainke. (Ancienne chanson Picarde).
Congénères: Rouchi-, canter; Languedocien, Gascon, Périgourdin et Provençal, canta; Espagnol, cantar; Italien, cantare.Etymologie du Latin cantare.
CANTOUR. Détour. AU CANTOUR, aux environs. CANTROUILLER. Chantonner.
CANTUAIRE. Lutrin. – Du Latin cantare, chanter. CANVE (féminin). Chanvre. -Comme en Roman. CANVRIÈRE. Chenevière.
CAOUEIN. Chat-huant. En Roman caouant.
CAPE. Chèvre. Voyez CABB.
CAPE. Chappe.- De même en.Roman.Du Bas-Latin cappa. CAPEIGNER. Se prendre aux cheveux. De caput, tête. CAPELAIN. Chapelain. En Espagnol, capellan.
CAPELLE. Chapelle, comme en Roman. Congénères: Portugais, capela Italien et Catalan capella Espagnol, capilla. Etymologie de capella, nom donné du temps des rois Mérovingiens, à la chambre de leur palais, où l'on conservait les manteaux ou chappes (cappa) des Saints. Une des plus ridicules étymologies qu'on ait donnée à ce mot est celle de Papias: « Capella qubd capiat m» Xuov id est populus. »
CAPENARD. Muraille qui s'élève au-dessus du portail de
l'église, et qui est percée d'une ou deux ouvertures pour y placer des cloches. Du Latin campana, cloche.
CAPERNOTIER. Fusain, arbrisseau qu'on nomme encore prêtre. Ses baies s'appellent capernotes. Les enfants en font des chapelets. De là ces expressions proverbiales enfiler, défiler ses capernotes exposer une affaire; conter ses capernotes, murmurer entre les dents.
CAPIAU et CAPIEU. Chapeau. Congénères Languedocien, Provençal et Vieux-Catalan capel Espagnol, capelo; Italien, capello. -Etymologie du Roman capiel, dérivé du Latin caput, tête. Par synecdoche, capieu signifie homme, en opposition à blanc bonnet, qui signifie femme.
Capieu, blanc bonnet,
Dins'tent au cabaret,
A deux sous le cachet. (DEL. C.)
CAPIEU BORDÉ. Mancienne (viburnum lantana). CAPIEU BORDÉ. Gendarme.
J'ai vu ein capieu bordé
Sitôt je m'sus rinsaké. (Retour du Soldat.)
CAPIEU ROGNÉ. Voyez Fofu.
CAPILLOTER. Lutter corps à corps.
CAPITEAU. Chapiteau. Du Latin capitelluin.
CAPLETTE. Jeu de Colin-Maillard. -Syn. CATRABEUSE. CAPLEUSE ou CAPLUCIIE, ou CAPLURE. Chenille.- Le primitif devait être carpelcuse littéralement chair velue. CAPON. Chapon. – De même en Languedocien et en Roman. De l'Islandais kapun. Le P. Daire cite l'épithaphe suivante qu'il a vu dans le cimetière de Saint-Denis, à Amiens Croc de la mort qu'échapper ne pouvons,
Croqua l'élu Croquet qui croquoit les capons.
Ou appelle rnpnn un-homme lâche et poltron, parce que les
chapons fuient au lieu de se battre.-De là aussi, le verbe caponner, refuser de se battre, battre en retraite.
CAPUCHIN. Capucin.-De même en Langued. et en Roman. CAQUETEUX. Babillard. De même en Rouchi. CAQUETOIRE. Babillarde. – Caquetore en Bourguignon. CAQUN. Chacun. -Comme en Roman.
CAR. Char charriot. Synon. KER (Beauvais). Congén. Rouchi, Gascon et Anglais, car; Italien, Espagnol, Portug. et Catalan, carro; Flamand et Allemand, karr; Suédois, karra. Etym. du Roman car, dérivé du Latin carrus ou du Celtique car. CARAFE. Globe de fleurs.
CARBON. Charbon. Congénères: Rouchi, Languedocien et Espagnol, carbon; Italien, carbonne; Gascon et Catalan, carbo. Etymologie du Roman carbon, dérivé du Latin carbo. CARBONIER. Charbonnier. De même en Roman. CARBOYEILE. Mélampyre des champs. Plante qui pousse dans les blés et dont on nourrit les vaches.
CARCAILLO. Cri des cailles.- De même en Roman. CARCAILLOU. Colimaçon. En Berrichon, carcalou. CARDON. Chardon.-De même en Rouchi Languedocien, Espagnol et Roman. Du Latin cardo.
CARDONNET et CADOREUX. Chardonneret. On trouve chardonnet dans Marot (Eglogue à François ItrJ. V. CADOREU. CARÉE. Cendre lessivée.
CARÉMIEUX (les). Les jours gras qui précèdent le carême. CARETON. Charette. Et sa carete ne autre cose. (Cartulaire deCorbie, 1247,) Congénères: Rouchi, carette; Languedoc., càretto Provençal et Bas-Latin caretta. – Du Celtique carecta. CARGUER. Charger. – De carricare, mot employé par St.-Jérôme; il dit, en parlant d'Origène « majoribus oneribus carricabat se. »
CARIAU et CARIEU. Carreau. Du Roman carieux.
CARIBARI. Charivari. De même en Roman. Caribari caribara, crient les enfaus en donnant un charivari. CARI COUILLETTE. A dos à califourchon.
CARIER. Charrier. De même en Rouchi et Roman. Du Celtique carriar, d'où s'est formé le Bas-Latin carricare. CARIMOUERO. Bohémien et, par extension, sorcier.- Synonyme CAUMARO, comme en Roman. – Les Arabes les appellent chamari, c'est-à-dire, brigands.
CARIOLE! Cri dont on accueille la rentrée dela dernière voiture du blé qu'a récolté un propriétaire.
CARIOTER. Fréquentatif de carier. Voyez ce mot. CARISTADE. Aumône. Voyez CARITÉ.
CARITÉ. Charité, aumône; comme en Roman.- Congénères: Quercy, Gascon et Italien, carita Catalan, caritat Espagnol, caridad; Portugais, caridade. Vient du Latin charitas. CARIVARI. Charivari. Synonymes: Carib km Keriboéri. –Étymologie du Roman carïbari.
CARKER. Charger. Voyez KERKER.
CARME. Charme (carpinus betulus). Comme en Roman. En Bas-Latin, carmus.
CARMEINE. Mauvaise viande. De même en Rouchi. Signifie également une mauvaise femme.
CARMUCHOTE. Petite étable.
CARNACHE. Crevasse, fente.
CARNAGE (Boulonais). Temps où on mange de la viande. CARNAUX. Créneaux; comme en Roman.
CARNAVIEUX (les). Le carnaval. -De même en Roman. CARNE et CARONE. Charogne. Congénères: Rouchi, caronne; Gascon, carogne; Italien, carogna. Etymologie: du Roman carogne, derivé du Latin caro, chair. Se dit, par extension, d'un cheval sans vigueur.
CARNER. Crevasser.
CARNETTE. Boucle de cheveux.
CARNICHOTTE. Coin recoin, niche. os érez de mon cœur el pus belle carnichotte (adieux à M. D.). ).
CARNIER. Boucher. Du Latin caro, chair.
CAROCHE. Carosse, comme en Rouchi et en Roman. CAROLES. « Car reprouves cils d'Abbeville à ceuls d' Amiens et ils leurs dient: allez, caroles, quant cils d'Amiens leurs dient qu'ils voisent le sang abrever. » (Roman d'Abladane.) CAROLINE. Peuplier (arbre).
CARON. Charon; comme en Roman.
CARONGE. Réunion d'amis, tête-à-têle.
CARONGNE. Charogne, comme en Roman. Voyez CARNE. CARPENT (Boulonais). Bruit.
CARPENTE. Charpente. Comme en Roman.
CARPENTER. Charpenter. Comme en Roman. CARPENTER (Boulonais). Faire du bruit.
CARPIE. Charpie; comme en Roman.-Congénères: Rouchi, carpie; Russe, carpia.- Etymologie: du Latin carpia, dérivé du Celtique carp chiffon.
CARPLUSE. Chenille. Du Roman capelure.V. CAPLEUSE. CARRIAGE. Amitié, bonne intelligence. Du Roman car, cher. « Ce mot, dit Lacombe, est en usage en Picardie. On dit qu'un homme et une femme carient quand ils sont de bon accord; que Martin est le kar à Pérette et que Pérette karie avec Martin, pour dire que l'un et l'autre s'entendent bien. » (D. du Y. Lang.) CARRIAGE. Charriage. De même en Roman.
CARRIER. Charrier. De même en Roman.
CARRINGUE (Boulonais). Espèce de poisson.
CARROI. Charme, sorcellerie. (Coutumes du BeauvoisisJ. CARTI. Chariot, corps d'une charrette.
CARTIER (Cayeux). Sarcelle d'été. Synonyme CRÊPE.
CARTON (Artois). Charretier. Id. en Berrich. et V. Français. CARTRIE. Hangard pour les chariots.
CARUE. Charrue comme en Roman. On trouve carrucae dans Grégoire de Tours.
CARURE. Embompoint, obésité.
CASAQUE et CASAQUIN. Camisole. De même en Lorrain.. Signifie aussi habit d'homme. Du Celtique casaca. CASCARET et CASCARINET. Se dit d'un homme ou d'un animal de chétive taille.
CASCUN. Chacun. fMoreuil 1249^.
CASE. Trou d'une aiguille.
CASERÉ. Moule à fromage. Du Latin caseum fromage. CASI. Presque. De même en Jurassin et en Rouchi. Du Latin quasi.
CASIER. Vieille maison mal bâtie et incommode. V. CASSINE. CASSE. Vase à boire. Du Latin capsa.
CASSE. Lèchefrite. De même en Normand, en Angevin et en Franc-Comtois. Du Celtique cacz poèle à frire. CASSE LUNETTE. Centaurée (plante).
CASSEMAKE. Vieux coffre, meuble usé.
CASSEURIS. Chauve-souris. Synonyme CATESEURIS. CASSINE. Petite maison en mauvais état; vieille maison incommode. De même en Rouchi et en Berrichon. – Du Latin casa, habitation, qui se retrouve, avec le même sens, dans le Roussillonais, l'Italien, l'Espagnol et le Portugais. CASSIS. Châssis, fenêtre, carreau de fenêtre. Ch' n'est poent des cassis, ch'est des milouers. Du Roman cassis, dérivé du Latin capsicium.
CASTAINE et CATAIGNE. Châtaigne. Congénères Gascon et Italien, castagna; Espagnol et Portugais, castana; Polonais et Russe kasztan Suédois, Danois et Allemand, kastanie. -Etymol. du Roman castagne, dérivé du Latin castaitea.
CASTEL. Signifiait non seulement château, mais aussi les biens meubles de quelque nature qu'ils soient. (Cout. inéd. de Pic.) CASTELERIE. Chàtellenie. (Corbie, 1288/
CASTELI. Nom qu'on donne au camp romain de Liercourt. -Du Latin castellum.
CASTEROLE. Casserolle. Prononciation répandue dans beaucoup de provinces et en harmonie avec l'ancienne ortographe de ce mot.
CASTICHE. Mur bordant une rivière. (Livre rouge d'AbbevilleJ. On appelait aussi castiches, des ouvrages sur les ponts. Il y a aux Archives d'Amiens, à la date du 13 février 1278 une transaction entre le chapitre d'Amiens et les mayeurs et échevins de ladite ville, au sujet des castiches ou ouvrages sur les ponts. (M. Dorbis Recherches sur les actes publics en langue vulgaire). CASTIIER. Instruire, enseigner.
CASTILLE. Querelle, dispute. Ce mot, qui s'est conservé dans plusieurs patois et dans le langage familier, se disait autrefois de l'attaque d'un château (castellum) et signifia depuis les jeux militaires qui n'en étaient que la représentation. Comme ces jeux donnaient souvent lieu à des rixes, à des querelles le mot castille devint synonyme de dispute.
CASULE. Chasuble (Noyon, xiv.e siècle).
CAT et COT (prononcez ca et co). Chat. Congénères: Rouchi, Normand, Provençal, Languedocien Belge et Anglais cal; Allemand, catz; Polonais, kot; Suédois katt; Géorgien cata. Etymologie: du Roman cat, dérivé du Latin cattus ou du Celtique cat. Cat se dit aussi en Arabe.
CATAIGNE. Voyez CASTAIGNE.
CATAPLEUME. Cataplasme. En Vieux-Français, cataplème. CAÏELOGNF Couverture de laine pour les lits. a Peut-être que les premières couvertures de ce genre nous sont venues de la Catalogne. » (US. de M- Rigollot).
CATÉREUX. Douillet, sensible à la douleur. Synon. Dorecx. CATEREUX et CATERNEUX. Chanceux, douteux, hasardeux. De même en Vieux-Français. Du Latin catus, hasard. CATERNEUX. Ce mot employé négativement signifie peu solide, en mauvais état, de médiocre qualité; employé sans négation, il signifie peu solvable, en parlant des personnes, et à moitié usé en parlant des choses.
CATE SEURIS. Chauve-souris. Du Roman cade soris. Cate seuris rapache par chi
Je te barai du pain meusi
Et pis dal l'iau à bouère
Cate seuris tout noère. (Vieille chanson pic.).
CATIAU CATIEU ou CATCHEU. Château. Du vieux Picard castiau, dérivé du Latin castellum.
CATICHE. Digue, chaussée. Voyez CASTICHE. CATICHE. Bordure d'herbe qu'on laisse autour des jardins maraîchers, dans les environs d'Abbeville. (M. Louandre.) CATIÈRE. Goutière; (passage du cat, chat).
CATIMINI (en). En cachette. Mot populaire employé par l'auteur de Jérôme Paturot. t.
CATIS (Vieux). Nom donné au camp romain de Villers, près de Roye. Du Latin castellum.
CATIX. Immeubles par nature considérés comme meubles. CAT MARIN (Vimeu). Cormoran (oiseau).
CATOÈRE. Ruche d'abeilles.
CATOUILLER. Chatouiller; comme en Roman. Indiqué comme Picard, dans le Dictionnaire anglais de Cotgrave. CATRABEUSE. Jeu du colin maillard.- Synon. CAPLETTE. CATRÉ. Châtré; comme en Roman. Du Latin castratus. – Locut. picarde: ch'est ein catré; c'est un homme froid, timide. CATRON. L'un des quatre pis d'une vache.
CAU (arriver boin). Arriver à propos pour se mettre à couvert de la pluie.
CAUCHER. Chausser comme en Roman. Se caucher signifie se blesser, à Bélhune.
CAUCHES et KEUCHES. Chausses, bas. Congénères:- Rouchi, cauches; Flamand, kousen. Etymologie: du Roman cauches, dérivé du Celtique hosan, par le changement de l'H aspirée en C dur, ou du Latin cauces.
CAUCHIE. Chaussée. Seront réparés et prins gardes aux cauchies (Amiens, 1447). Du Roman cauchiée.
CAUCHONS. Chaussons. Idem en Rouchi et en Roman. CAUCHURE. Chaussure. -Comme en Roman.
CAUD. Chaud. Comme en Roman. Congénères: Rouchi et Provençal, caud. Etymologie: du Latin calidus. CAUD (Boulonais). Aliment composé de son ou de farine, d'un mélange d'orge .et d'avoine et de feuilles de chou qu'on fait bouillir, dans une certaine quantité d'eau. On le nommecaud, à cause du degré de chaleur qu'il conserve encore, lorsqu'on le présente au bétail.
CAUDERLAT. Batterie de cuisine. De même en Rouchi. CAUDIAU. Bouillie faite avec de la farine et des œufs. CAUDIÈRE. Chaudière, comme en Roman. Congénères: Rouchi, caudière Languedocien, caudiero. II y a, à St.Quentin, la rue des Caudières.
CAUDRON. Chaudron. Id. en Roman. En Anglais, caldron. CAUFER. Chauffer. De même en Borain et en Roman. CAUFOUR. Chaufour. Comme en Roman.
CAUFOURER. Eprouver une chaleur excessive. Du Roman chaufourer.
CAULET ou COLET. Chou. Congénères Provençal, caule; Anglais, cole; Espagnol et Catalan, col; Italien, cauln. Etymologie du Roman caul, dérivé du Latin caulis ou du Celtique
caul, on de l'Islandais kal (olus); M. Labourt m'écrit au sujet de ce mot. « Caulé, qui signifie chou en Picard, appartient au langage primitif. La preuve en est qu'on le retrouve non seulement dans le Breton, mais qu'il y est écrit caul cawl et même caulen qui est évidemment le même que colé. Je dis que cette locution appartient au langage primitif et, en effet, caul est certainement le même que kaal qui en Runique, signifie herbe potagère en général; caulen, le même que kalem, qui signifie chou, en Arménien, et que kielem,qni est son synonyme en Turc. De plus nous avons caule en Provençal, cole en Anglais, kolh en Allemand, etc. Col ne signifiait pas seulement chou, dans l'antique langage qui a été la source commune des idiomes que nous venons d'énumérer il paraît avoir désigné toute plante dont la tige droite, en forme de colonne, se trouve surmontée d'une tête, tel que notre propre col, aussi nommé cou. En effet un chardon s'appelle, en Breton, col-garo en Gaëlique, un brin de paille se nomme col et lorsque l'épi est barbu, colyd. C'est donc non seulement à cause de sa tige en forme de colonne que le chou se nomme col, mais encore parce que dans d'anciens idiomes, ainsi que l'a constaté Bullet, ce mot signifie sommet, ce qui est à la cime en Ecossais, tête en Turc montagne en Franc-Comtois, ce qui couvre la tête, comme un bonnet. Col s'est conservé en Français dans les mots colonel, officier qui est à la tête d'un régiment couleuvre reptile qui tient la tête élevée, etc. » CAUMARO. Bohémien, sorcier. – Synonyme Kerimoéro. Du Roman kamara.
CAURE. Noisetier.
CAUS. Chaux comme en Rom.-Du Latin calx. V. KEUCHE. CAUS. Coup. (Coutumes du Beauvoisis.)
CAUSETTE. Causerie. De même en Lorrain. Signifie un peu dans le canton de Boul., où l'on dit causignon pour très-peu. CAVALIER. Espèce de petite meule.
CAVÉE. Chemin creux; id. en Roman. Du Latin cavus, creux. CAVELURE. Chevelure; comme en Roman.
CAVERON. Chevron id. en Roman. Cabro, en B.-Latinité. CAVERTRE. Licol (capitis vestitura). Droit de licol dû à l'abbaye de Corbie, au jour de St.-Martin.
CAVET. Chevet. -De caput, tête.
CAVIN (Boulonais). Trou, précipice. – De même en Roman. CAVIEU. Cheveu. Comme en Roman. Synonymes; GU'VEU (Santerre) et CAVEU. Du Latin capillus.
CAVRETTE. Chèvre. Voyez CABE.
CAVRON. Fruit du prunier d'hiver.- Synon.: CRAVINCHON. CAVRONIER. Prunier d'hiver, prunier sauvage. ÇA Y EST-I? Manière triviale de faire une proposition; est-ce convenu? Est-ce prêt?
CAYON. Ayeul, bisayeul. Voyez Taïon.
CAZÉ. Larve de grosse mouche dont on se sert pour amorcer les hameçons. Signifie aussi chenille.
CÉAGE ou plutôt SEILLAGE. Lieu où l'on serre les sceaux et autres vaisseaux, dans les maisons de la campagne. CÉDULER. Emprisonner.
CÉLÈBE. Vaurien, mauvais sujet (célèbre par ses polisonneries).
CEN (prononcez san). Ce que.
CENDRIER (substantif). Charrier; comme en Roman. CENDROUILLON. Souillon. On peut se demander si ce mot fait allusion au conte de Perrault ou si Perrault l'a emprunté au langage populaire. Le mot cendrier qui, en Rom., signifie homme de rien nous porterait à admettre cette dernière hypothèse. CENSE. Métairie donnée à ferme. Mot de la langue féodale servant à désigner les revenus fonciers en argent dûs par un fermier à son propriétaire. I! signifie «usai In ferme elle-même. CENSÉMENT. Soi disant.
CENSIER. Fermier d'une métairie. De même en Roman. CENSIER. Terme de mépris par lequel on désigne un homme sans valeur physique ni morale.
CENSIÈRES. Familles qui possèdent une métairie. CÉPIER. Geolier. Du Latin cepes, entraves.
CÉRISIEUX. Ciseaux.
CERQUEMANAGE. Droit dû au juge qui faisait un bornage sur les lieux.
CERRI. Céleri. De même en Roman.
C'ÉTANT. Cela étant, ceci posé.
CEUSSES et CEUTES. Ceux.
CH'. Je. Synonymes: J'ech', Ej', Euj', Jou.
CH'. Ce. – Synonymes Che Chu Éche.
CHABOT. Voyez Chabou.
CHABOTER. Faire du bruit en marchant avec des sabots. CHABOTEUX. Qui chabote.
CHABOTIER. Sabotier; et, au figuré, mauvais ouvrier. CHABOU, CHABOT et CABOU. Ménage dérive sabot de sapinus, sapin Roquefort, de Sabaudia, Savoie, parce que ce serait le pays où aurait été inventée cette chaussure; d'autres, de caput, tête, à cause de la forme des sabots; d'autres enfin, avec plus de raison, du Roman sabato, soulier. Nous pourrions encore indiquer l'étymologie de cavus, creux, si nous avions la certitude que la forme cabou est antérieure à chabou. On pourrait voir une confirmation à cette hypothèse dans le Wallon chaboter, creuser. CHAGRINER (se). Se fâcher, se courroucer.
CHAIENS. Ici même. (Coutumes du Beauvoisis). CHAINE. Cendre.
CHAINS. Ceinture (Arch. de Noyon, xiv.e siècle). CIIAIRU. Charnu.
CHALANT. Nacelle. De même en Roman.
CHAMBUKER. Faire du bruit en frappant.
CHAMPLEUSE. Robinet.- Du Roman chantepleuse. CHANQUE. Ce que. En ancien Picard, CANKE: canke je avoie à thanes. (Cartulaire de Corbie i247j.
CHAPELLE (faire). Se dit de la manière dont les femmes se chauffent en relevant leur jupon. En Normand, faire courtine. CHAPUIS. Charpentier, comme en Rom. Syn. CARPEINTIER. CHAR. Chair. Sur chacun cent de char. (Tarif des aides d'Amiens, 1445). On dit également char, en Bourguignon, en Wallon, en Rouchi et en Roman. Etymologie du Latin caro. On dit shaar, en Hébreu, et car, en Bas-Breton. CHARABIA. Qui prononce mal, qui wallone.
CHARCLER. Réprimander, tancer.
CHARRETRIE. Hangard pour les charrettes.
CHARTRIERS. Prisonniers. (Archives de PéronneJ. CHASSE VEAU. Grèbe huppé (oiseau). Syn. CACHE viac. CHASSURON. Mèche de fouet. Voyez Cachoron. CHASTEL. Objet quelconque en la possession d'une personne. CHATONER. Parler le beau Français; remplacer le K picard, dans la prononciation, par le CH français.
CHAUDE (prendre «ne). Se bien chauffer pendant quelques instants.
CHAULER. Se dit du blé qui a jauni avant d'avoir atteint tout son développement.
CHAULLE. A certain jour déterminé, les deux plus jeunes mariés Je Longpré-lès-Corps-Saints forment une grosse pelotte qu'on nomme chaulle et qu'on jette à tous les passants. Malheur à celui qui ne supporterait pas ce jeu patiemment il serait couvert de boue, de la tête aux pieds. (Alman. de la Somme, 1846.) CHAUS. Ceux. (Cart. de Nesles, 1248.)
CHAVATE. Savate.- Idem en Ronchi; ciabatta, en Italien. CHAVETER. Mal travailler, gâcher l'ouvrage.
CH AVETIER. Savetier. Du Roman chavaiier.
CHE. Ce, cet. – Synonymes: Cn', Chu, ECHE.
CHE. Sa. Synonymes: EssE, S'.
CHÈCHE. Espèce de cerise sauvage. Féraille pour des chèches, féraille: tel est le cri des femmes qui vendent cette sorte de cerise pour de l'argent ou du vieux fer.
CHÉCHER. Cerisier sauvage.
CHÉIÉS. Cave sans maçonnerie. Synonyme: CHIÉS. CHÉ-JOU, qu'il vaudrait mieux écrire CH'EST-JOU.- Estce que.
CHÉLER. Céler, cacher; comme en Roman.- Ch'est cho, ne chèle érien. (Astrologue Picard, 1849.)
CHELLE. Cette.-De même en Rom.-Syn. CHOLLE,CHEULE. CHELLE. Celle.-De même en Rom.-Syn. CHOLLE, CHEULE. CIIELLE LO. Celle là. Synonyme CHELLO.
CHELO. Cela. De même en Roman. Syn. CHO, Ho, ch'lo. CHELOFE (aller à). Aller coucher. Terme importé par les Allemands, dans l'invasion de 1815.
CHEMENON. Chenet.-Synonyme: Keminon.
CHENAIRE. Grenier à jour sur lequel on tasse du foin, du fourrage en bottes. Étymologie du français Chêne. CHENARDIEU. Soliveau ou poteau le plus souvent en chêne servant à faire un chenaire.
CHENEFER. Voyez CAZE.
CHENEIL. Lieu où on met le foin dans les étables. CHENU [du). Quelque chose de très-beau, de très-bon, de solide etc. Mot populaire d'un usage très-répandu.
CHÉPIER. Geôlier. (Délibérat. de la ville d'Amiens, 1457.) Voyez CÉPIER.
CHERAIN. Seran, outil propre à préparer le chanvre. CHERAINCHER. Seraner
CHERAINE. Baratte. Synonyme: Cheroeine BATTRE BURE (St.-Quentin). Congénères Rouchi, cheraine; Anglais, chern.
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CHERFEUIL. Cerfeuil. Du Roman cherfuel, dérivé du Celto-Breton cherfilh.
CHERION. Poignée de lin ou de chanvre préparé.V. Cherain. CHERTREUSE. Séminaire de poulets.
CHÉS. Ces.
CHETICHI CHET1LO. Celui-ci, celui-là.
CHETTE. Cette. Synonyme CHELLE, Cheule, CHOLLE. CHEUCHON. Compagnon de labour.- Cheuchoner se dit de deux petits cultivateurs qui s'associent, pour labourer avec le cheval que chacun d'eux possède. Signifie aussi vivre en concubinage.
CHEULE. Cette. Synonymes: CHETTE, CHELLE, CHOLLE. CHEUX. Ceux (se prononce tantôt cheu, tantôt cheucej. CHEUZ. Chez. Vaugelas nous apprend que de son temps on prononçait, même à la cour, cheu vous, cheu moi, (Rem. t. III). CHI. Ci et ici.
CHIAUX. Ceux (Cartulaire de Noyon, 1237 J.–Syn. Chaus. CHICO (blé). Espèce de blé dont le grain est petit. Chico signifie petit, en Espagnol.
CHICON. Gros morceau de pain.
CIIIENNER. Mettre bas; se dit en parlant de la chienne. CHIÉS. Cave sans maçonnerie. Synonyme: CHÉIÉS. CHIFER. Chiffonner. De même en Champenois. CHIFLOT. Sifflet; comme en Roman. Par extension, signifie gosier.
CHIGNON. Tablier. Voyez Chinouère.
CHIGOGNE. Cigogne. Comme en Roman.
CHIKE. Gros morceau de pain. Il est assez singulier qu'en Picard et en Franc-Comtois chike exprime quelque chose de considérable, tandis que l'Espagnol chico signifie petit; l'Italien cichino, un peu, et cica, presque rien; l'Anglais, chick, petit ftE
poulet; le Français, chicot et le Roman, chic petit morceau et le Latin, ciccum, un rien.
CHIKER. Manger. De même en Franc-Comtois.
CHIKET (f tre à son). Faire quelque chose qui plait beaucoup. CHIKET. Petit chanteau.
CHIKETER. Couper par petits morceaux.
CHIKETTE. Petit morceau.
CHIMETTES. Rejetons que poussent au printemps les troncs du chou. Du Roman cymette.
CHIMIER. Morceau de viande pris dans la cuisse de la vache. CHIN. Son. Voyez SIN.
CHINKER. Trinquer; provoquer à boire.
CHINOUÈRE. Tablier. « Peut-être parce qu'à une certaine époque on en portait d'une étoffe venue de la Chine. » (MS. de la biblioth. de M. Rigollot).
CHINQ (prononcez chin-que). Cinq. On lit l'inscription suivante sur une armoire de la chapelle du St.-Esprit, à Rue: En l'an mil chine chens et un moi tressorerie fus comêchie et je fus parfaicte en l'an de grace mil v et XIII. Synonyme'. CHONQ. CHINT. Cent. Du Roman chent.
CHIO. Boule de bois pour le jeu de mail.
CHION. Baguette; jet d'arbre. Du Roman cion. Signifie aussi manche de fouet, tressé de petites branches de néflier rôties au feu. CHION. Pomme enveloppée de pâte.
CHIONNER. Donner des coups de baguette.
CHIPER. Attraper subtilement, confisquer à son profit. –Terme populaire d'un usage général. Ce verbe, dit M. Du Méril vient de l'Islandais kippa, voler, dérober. Les habitudes pillardes des anciens Scandinaves expliquent pourquoi, malgré l'identité de la signification, ce mot ne réveille aucune des idées honteuses qui s'attachent au vol.
CH1POTAYER ou CHIPOTER. Chicaner en marchandant.
CHIPOTEUX. Qui chipote. De même en Roman. CHIPOTIER. Vétillcur. De même en Breton et Rémois. CHIRE. Sire. -De même en Lorrain et en Vieux-Français. L'ancienne orthographe de sire fcyre] porte à croire que ce mot vient de xvpuç, dénomination qui fut affectée aux souverains du Bas-Empire. Sire avait jadis le sens de Monsieur. Dans le registre des mayeurs d'Amiens, conservé aux archives de cette ville le nom de tous les Maires est précédé du mot sire. CHIRE. Cire. De même en Rouchi et en Roman. CHIROTER. Cajoler, flatter.- Se chiroter se dit d'une jeune fille qui fait sa toilette avec beaucoup de soin.
CHITRON. Citron. Comme en Roman.
CHITROUILLE. Citrouille. -Comme en Roman. CHIUNT. Cinq (Arch. de St.-Quentin, 1314).
CHIVIÈRE. Civière; comme en Roman. – B. -Latin, chiveria. CH'L'. Cet. Synonymes: Ech, Ch', Ect.
CH'LO. Cela. Synonymes Echelo, CHO.
CH'LOLE. Celle là. Synonyme CHELLE LOLLE.
CH'N. Son, sa (devant une voyelle).
CHO. Ce, ceci cela. Du Roman çô.
CHOCHON. Compagnon. V. CHEUCHON.
CHOCRET. Frèle, petit. Synon. Crécret, KERCHAIN. CHOER. Gratter.
CHOIN. De couleur brun foncé. De même en Roman. CHOKE. Bûche de Noël, grosse bûche. Idem en Roman. CHOKE. Arbre coupé qui se ramifie à peu de hauteur. CHOKELET. Ce qu'on a coupé d'un arbre en l'abattant. CHOKER. Trinquer.-D'un usage assez général. Êtym. CHOC. CIIOKETTE. Jeu où l'on tient le doigt baissé quand on prononce ce mot. Voyez BERLINKE.
CHOLARD. Homme vieux et paresseux (comme ceux qui passent tout leur temps à jouer à la chole).
CHOLE. Le jeu de la chole, cheole, choule, sole ou soûle, fort en vogue en Picardie, au xni." siècle, est encore en usage dans quelques localités de la Somme et du Pas-de-Calais. C'est une espèce de ballon rempli de son qu'on place sur la limite de deux villages et que les habitants des deux communes poussent à coups de pied. La victoire appartient à ceux qui parviennent à le garder sur leur territoire. C'était surtout au Carême qu'on se livrait à ce divertissement. Il avait lieu, à Montreuil, le dimanche et le mardi gras, ainsi que le jour du Bouhourdis. C'était le premier dimanche de Carême que les bourgeois d'Amiens luttaient avec Renancourt, en tâchant de diriger la cheole sur les terres de l'évêque. A Abbeville, le ballon était peint d'azur et semé des armoiries du Roi, du Ponthieu et de la ville. A la suite de ce jeu, il y avait un banquet où l'on servait toujours des cannetiaux aux œufs. Ce jeu occasionnait parfois d'assez graves accidents; aussi fut-il interdit par Charles V, en 1369, et par l'article 242 de la Coutume d'Amiens, de 1507. La soule, qui est également connue dans le pays de Vannes doit elle son origine à la pila paganica des Romains ou au culte druidique? M. H. Griset, qui partage ce dernier avis, pense que le ballon, chez les Gaulois, était l'emblême de l'astre du jour, qu'on le jetait en l'air comme pour le faire toucher au soleil et que, lorsqu'il retombait, on se le disputait comme un objet sacré. Le mot chole pourrait alors dériver du celtique hehaul, soleil; mais cette étymologie est tout aussi douteuse que celle de l'Islandais sull, mêlée, combat. Toujours est il qu'on trouve le mot sole, dans plusieurs écrivains du xm.« siècle et que cette orthographe fait penser au Latin solea. Cette étymologie nous semble très confirmée par le nom de savatte qu'on donne Valognesà ce même jeu. Dans les environs d'Arras, on appelle choie le jeu que nous nommons crosse, dans le Santerre. Voir ce mot. Voyez sur le jeu de la choie, l'Indicateur de lalais du 20 février 1831 le Puits artésien, t. m p. 165; les
derniers Bretons, par M. E. Souvestre; les Archives de Picardie, t. n, p. 203; l'Histoire d'Abbeville, par M. Louandre, 1. 1, p. 309, la Notice sur Amiens par M. H. Dusevel, t. i p. 114, et un article de Lebœuf, dans le Mercure de mai, 1835.
CHOLER, CHEOLER, CHOULER, SOULER. Jouer à la cholle. Par métaphore, repousser, traiter avec dureté. CHOLETTE. Balle de bois dont on se sert an jeu de crosse. CHOLLE ou CHOL. Celle.
Lô, comm' dins chol Califournie
Ed bit in bout l'or brille aux yeux
Aut'fois même dins chol gal'rie
0 ramassoait l'or au ratieu. (Chanson Picarde.)
CHOLLE-LO CHOLLO. Celle-là.
CHOMAKE. Savetier, cordonnier. Congénères: FrancComtois et Lorrain, choumaque; Anglais, shoemaker. Vient de l'Allemand schuhmacher.
CHONCHON. Petit garçon.
CHONQ. Cinq. Comme en Borain et en Roman. Les manangliers Sainct-Leu mont chy mis en mil chonq chens etunquatcron. On lisait cette inscription sur un grand chandelier de cuivre qui recevait le cierge de 8 livres que le clergé de St.-Firmin-leMartyr portait à la cathédrale d'Amiens, le lendemain de St.-Leu. CHONQUE. Ce que; qu'est-que. Synon. CHO QUE. CHOPART (Boulonais). Bouvreuil.-Ailleurs, serin panaché. CHOPEINE. Chopine. De même en Roman.
CHOPER. Heurter; comme en Franc-Comtois et en Rom.Du Latin cippare, dérivé de cippus, petit monument funéraire en forme de colonne dont les routes étaient bornées et contre lequel pouvaient se heurter les chevaux et même les passants inattentifs. CHO QUE. Ce que. Synonyme: CHON QUE.
CHORCHE. On dit d'une personne ou d'une chose qui exhale
une mauvaise odeur Elle sent le chorche; elle pue comme une chorche. Ce mot vient de l'Anglais church, qu'on prononce tchortch. Voyez, sur cette étymologie, le Coup d'oeil sur l'Idiome Picard de M. de Poilly page 144.
CHORCHINE. Grande quantité de souris.
CHOU. Ce. -De même en Roman. -Syn. CHO, CHU, CHE. CHOUÉ! CHOUÉ! Cri par lequel on chasse les poules. De même dans le Jura.
CHTI-CHI, CH'TI-LO. Celui-ci, celui-là.
CHU. Chez. Synonyme Cheuz. Les Picards remplacent souvent la préposition chez par le substantifmoison. Ej vos moison Louis. Cette tournure répond à l'Italien: io vo casa Ludovico et au Latin eo domum Ludovici. Les Toscans rendent aussi chez par in casa.
CHU (Ponthieu). Ce. -Synon. C', CHE, Cho, CHOU. Il est grind timps, à vir èm' meine,
Èqu" j'arrive, car chu qu'min d'fer
Par malheur pour èm' quiott' voiseine,
M'avoait baillé chu mal ed mer.
(Almanach du département de la Somme, 1851.)
CHUC. Suc, sucre. Comme en Roman.
CHUCHEPÉ. – Jeu de cloche pied.
CHUCHEU. Parasite.
CHUCHONER. Atteler, de deux jours l'un, son cheval et celui de son voisin. – Signifie aussi: avoir des rapports avec la femme de son voisin. Synonyme: CHEUCHONNER.
CHUER. Parler bas. -Idem en Rom. Signifie aussi caresser. CHUI (Noyon). Sureau. Voyez Séu.
CHUKER. Sucer; comme en Roman. – Congénères: Hérault et Gers, chuca; Italien succhiare. Du Latin sugo. Skinner rapporte cette forme de mots au Vieux-Sarmate tic, mamelle, CHURCHEINE (Boulonais). Vermine. V. CHORCHE.
CHURKETTE. Souricière. Du Picard surker, guetter. Cotgrave traduit ce mot picard par a mouse trap.
CHURLOTER. Siroter, boire en se délectant en se suçant les lèvres. – Synonyme: SE PORLÉKER.
CIAUX. Ceux (Archives de Roye, 1418;.
CINCE. Chance.- Du Roman cence.
CINCELLE (Béthune). Cousin (insecte).
CINELLE. On donne ce nom au fruit du prunier sauvage et à celui de l'épine blanche. De même en Roman.
CYNGNE (féminin). Cygne.
CITE. Cidre. Du rouède cite, du bon cidre.
CIU. Ciel, cieux; comme en Roman. Voyez les congénères de ce mot dans l'Essai sur la formation du langage, par M. Azaïs. CIUS. Celui. {Vermandois, 12S4). – Syn. CIAUX, Chiahx. CLABAUD. Qui les oreilles pendantes.
CLACANDER. Perdre son temps à bavarder.
CLAIRON, Eclat passager de lune ou de soleil pendant une nuit ou un jour obscur. Synonyme RISÉE.
CLAKE. Bonne mesure que donnent les laitières en sus de la quantité convenue. Cet espèce de ramindos est connu à Beauvais sous le nom de clake de Marissel. (Comm. de M. Danjou). CLAKER BOS. Jeter à terre.
CLAKESSINER. Souffleter.
CLAMER. Répéter. (Vermandois, 1258). Du Latin clamare. CLAMPIN. Boiteux. « J'ai lu clanpin, boiteux, dit C. Nodier, dans des Mémoires de la fin du xvn.e siècle, où l'on désignait ainsi le duc du Maine. » (Dict. des onomatopées).- HautBreton, campin. Signifie aussi propre à rien, paresseux. CLAPES. Espèce de chaussure.
CLATE ou CLATRE. Maçonnerie de cheminée à hauteur d'homme. – Se dit aussi d'une plaque de cheminée. CLAVAIRE. Trésorier. – Du Latin claves clefs.
CLÈPE (Cayeux). Avocette (oiseau). Clette, à St.-Valery. CLÉS LE ROI (user des). Enfoncer les portes.
CLEU. Clou; comme en Roman. En vieux Picard, clau En Celtique, claw.
CLICHER. Jaillir. Synonyme Dringuer.
CLICHET. Targette. Voyez Cliket.
CLICOTER etCLIKER. Faire du bruit en s'entre-choquant. -Du Roman cliquer, encore usité en Franc-Comtois. CLIFER. Faire jaillir de l'eau en frappant du pied. CLIKE. Coup du plat de la main.
CLIKES et ses CLAKES (prendre ses). S'esquiver, se sauver. CLIKET. Targette, loquet. Comme en Franc-Comtois en Roman, et en Bas-Breton.
CLIKETTES. Castagnettes composées de deux ardoises ou de deux os plats. De même en Roman. On dit aussi qué clikette pour quelle platine, quelle langue bien pendue. On dit ticlettes, à Besançon.
CLIPAN. Moulin. Le moulin de Taillefer qui se trouve derrière l'Hôtel-Dieu d'Amiens est désigné par les gens du peuple sous le nom de ch' clipan.
CLISSOI RE. Petite seringue en roseau ou sureau avec laquelle les enfans font jaillir de l'eau.
CLITRE. Terre glaiseuse fort compacte.
CLOEINER [se). Se pencher.
CLOER. Fermer. Étymologie Du Latin claudere. CLOIE. Claie. Comme en Comtois et en Roman.
CLOITRE. Se dit d'une terre froide et dure à la végétation. CLOGNOTE. Jeu de cligne musette. Du Roman clugnet. CLOKE. Cloche. Congénères: Berrichon, Rouchi, Flamand Allemand, cloke; Anglais, cloche; Suio-Gothique, klocka.- Du Celtique cloch, ou du Tudesque dock. On appelle aussi clokes les espèces d'ampoules qui se forment sur l'eau quand il pleut.
CLOKEMAN. Sonneur de cloches. Du Tudesque clock, cloche, et man, homme.
CLOKER. Clocher, boiter, vaciller; comme en Roman. – Ètymologie du Latin claudicare.
CLOKETTE. Clochette. Comme en Rouchi et en Roman. On donne aussi ce nom au liseron des haies (convolvulus sepium). CLOKIER (substantif). Clocher. De même en Roman. En Languedocien, cloukié.
CLONNE. Quenouille à filer.
CLOPINER. Boiter. – Du Vieux-Français clop, boiteux, dérivé de l'Allemand klop fen, boiter.
CLOUANT. Qui se tient fermé. Etym. du Roman cloant. CLOUCHE. Espèce de pàtisserie.
CLOURE. Fermer. Congénères: Franc-Comtois, Vaudois et Roman cloure; Catalan, clourer. Etym. du Latin claudere. CO. Chat. De même en Roman. Voyez CAT.
CO. Cou. Je m'rue rade à sin co (Astrologue Picard, 1841^. De même en Rouchi en Franc-Comtois et en Roman. CO. Coq. On prononçait jadis co. C'est pour cela que Bouflers a pu dire
Or de ces coqs, de ces nids, de ces lacs,
L'amour a fait Ni-co-las.
CO Cri que jette dans le jeu de cache-cache l'enfant qui est caché, pour avertir ses camarades qu'ils peuvent chercher après lui. C'est une abréviation de cocou (voyez ce mot), à moins qu'on ne veuille le tirer du Latin de quo, où suis-je? COACRE. Corbeau; de même en Lorrain.-Par onomatopée. COAILLE. Caille. Du Celtique coailh.
COCAGNE. Abondance.
COCARDEAU. Giroflée rouge. De cocceus ardens, rouge ardent.
COCASSE. Plaisant, ridicule. – Mot d'un usage général.
COCHELET. Voici en quoi consiste ce jeu. On se met de huit à quinze à la file l'un de l'autre, eu tenant son devancier par les basques de son habit..L'un des joueurs est libre. La chaîne entière fait toutes sortes d'évolutions pour éviter que le joueur qui est libre attrape le joueur de la queue. Il arrive souvent que dans ces évolutions on se culbute les uns sur les autres. Quand le joueur de la queue est pris, il est obligé de courir et le coureur précédent se met le premier en tête de la chaîne. (M.C. Paillard). COCHET. Rateau de bois.
COCHONAILLE. Charcuterie de même en Champenois. COCHONNER. Mettre bas se dit en parlant de la truie. COCLOTE. OEuf de pierre qu'on dépose dans les poulaillers, pour exciter les poules à pondre. Du Celtique coc, poulet. COCONNIER ou COCOGNER. Coquetier; profession de celui qui achète, dans les petites localités, des pigeons des poulets et des œufs, pour les revendre en gros à Paris ou dans les grandes villes. Congénères, Rouchi et Vieux-Français, coconier. –Etymologie du Roman koke poulet; en Celtique, coc. COCOU. Coucou de même en Prov. M. Eichoff dérive ce mot du Sanscrit eue, crier. C'est plutôt une onomatopée; car il se trouve dans une foule de langues, à peu près sous la même forme. COCOU ou COUCOU. Dans le jeu de cache cache, l'enfant qui est caché crie aux autres joueurs coucou, pour leur dire: il est temps, cherchez-moi. On serait porté à croire que ce mot vient de l'Allemagne, où les enfants disent dans le même but kuckuck, regardez. (Sablier Essai sur les langues, p. 168). COCRIACOT. Coquelicot (plante). Aussi coq, par onom. CODAKE. OEuf (terme enfantin). – On exprime aussi, par cette onomatopée le cri d'une poule qui vient de pondre. CODAKER et CODACHER. Se dit du coq qui chante et, par métaphore, de quelqu'un qui crie en parlant.
C0D1N, CODINOT et CODIGNEU. Coq d'Inde, dindon. On poyero l'double l'pouère
D'pingeons, d'capons et de codins. (M. Delegdoegce.)
CO EN BOS. Littéralement chat en bois. C'est ainsi qu'on désigne une souricière, à Saint-Valery.
COÉTIR (se). Se tenir coi.-Du Bas-Latin coetus, dérivé de quietus, tranquille, d'après Du Cange.
COEUR FALLI. Paresseux, lâche, sans vigueur. El paroeche ed St. Suppli
Ch'est des bandes ed cœurs fallis
1 sont assis su ch'pont
A canter des canchons. ( Vieille chans. pic.)
Du Roman failli, lâche, dérivé de fallo, tromper, dont l'adjectif verbal falsus signifie faux, altéré, contrefait. Le cœur étant le siège de l'activité, de l'ardeur, du courage, un cœur faux contrefait doit être au contraire lé siége de l'inertie, de la lâcheté, de la paresse.
•COEURETTE. Mon petit cœur. Terme de tendresse. (Chant du Bouhourdis de Doullens.)
COEUVRIR. Couvrir, cacher. – Comme en Roman. – Cœuvri, en Franc-Comtois.
COFIN. Étui, coffret corbeille panier.-Congénères Berrichon, Rouchi, Vieux-Français et Espagnol, cofin, panier; Lorrain, cofin, étui; Anglais, coffin, cercueil. Du Roman coffin ou cophin, étui, dérivé du Latin cophinus, panier en Grec, KcÇtito-.
COGNER. Frapper fort, heurter. Terme populaire d'un usage général, dont s'est servi M. Alfred de Musset.
COGNEU. Paresseux. Voyez Cagne.
COGNO. Petit pain rond qu'on fait, à Noël, et qu'on nomme matinon, dans le Santerre. Dans quelques communes du Pon-
thieu celui qui donne le pain béni offre un cogno au maitre d'école. A Marieux (arrondissement de Doullens), on donnait le nom de cognu à un long pain que faisait la bâtonnière de sainte Catherine, et que les jeunes gens promenaient dans le village pour faire une quête, dont le produit était employé à un gala. (C. de M. l'abbé Bourlon.) Ces deux mots viennent du Celtique cuynn, gâteau. Jérémie emploie le mot cunim dans le même sens. COHET. Haricot. Synonyme Gohète.
COI (au). A l'abri. – Congénères Berrichon, à la coi; HauteSaône, à l'acoyot; Vieux-Français, à recoi, en repos.-Étymol. Du Lat. quietè en paix.
COILLE. Caille. De même en Flamand.
COILLOT (Boul.) Lait caillé.-Du Celt. couaillou, cailler. COIR. Encore.-De même en Roman.- Aphérèse de encoire. COIRION. Cordon. Voyez ÉCORION.
Eune cravate ed' mousselaine,
Qu'eun coirion bleu loiro; (Chanson picarde.)
COÏT. Poterie où l'on fait cuire les pâtés.
COKELET. Jeune coq. De même en Rouchi.
COKER. Action du coq qui couve la poule. Du Roman chaucher.
COLAS (Béthune). Geai.-De même en Rom. – Synonyme: GAI, VATRON.
COLÉE. Accolade. (Coutumes du Beauvoisis.)
COLIMACIION. Colimaçon. – De même en Roman.-Synonyme Limichon Carcaillou.
COLLE. Mensonge. M. Hécart pense que ce terme populaire, aujourd'hui d'un usage général, est d'origine picarde. En VieilAnglais, coll signifiait faux, trompeur.
COLLECTEU. Receveur d'impôts. Du Latin colligere recueillir.
COLOMBE. Tourne-pierre (oiseau de mer).
COLOS. Lourdaud.
COLURE. Vain prétexte, faux fuyant, promesse trompeuse. Vient peut-être du Vieil-Anglais coll, faux.
COMBLE. Chevron pièce de charpente. Aussi: cable. COMMANT. Substitut, remplaçant. De cum mandato, mandataire.
COMME CHI COMME CHO. Tellement, quellement. COMMERLANDIÈRE. Commère qui a bonne langue. COMME TOUT. Adverbe indiquant une qualité superlative. –Bieu comme tout. Cette locution est usitée dans tous les patois du centre de la France.
COMPLIMEINT (déclaker ein). Faire ses compliments à quelqu'un, ou par antiphrase lui faire des reproches. COMPRENOIR. Intelligence, esprit.
COMPRINDS-TU {du). De l'intelligence, de l'entendement. CONDAMINE. Champ du seigneur.-De campus domini. CONFITEBOR. Second chantre de paroisse qui entonne le Confitebor.
CONROY. Repas.
CONTRAIRE. Adversité.
CONTRE (tout). Tout près. -De même en Vieux-Français. COPE. Coupe. De même en Roman. Être à cope être bon à couper.
COPE CHOU (frère). Jardinier de couvent.
COPER. Couper. De même dans* le département du Nord en Lorraine et en Roman. On dit Kovra, en Grec.-Locutions picardes se coper in deux, faire de grands efforts pour réussira à quelque chose; coper le fil, interrompre; pour vous le coper court, pour abréger.
COl'KKDRE. Comprendre.
COPÊRE. Compère. – Idem en Rouchi et en Lor. V. LORIOT.
COPIEUX. Copeaux. De même en Roman.
COPON. Petite chandelle que les épiciers donnent aux enfants, la veille de Noël. Signifie morceau, à Béthune.
COPURE. Coupure. De même en Roman.
COQUET. Caque (Amiens, 1445).
COQUILLARD. Mari trompé par sa femme. – Synon. HuYAu. COQUILLE. Mâche; herbe qu'on mange en salade. CORDER. Être uni, être bien avec quelqu'un. Étymol. du Latin concordare.
CORDONIER (St.-Valery). Ouarat à bec de perroquet. CORDOUAN. Cuir (Amiens, 1443).
CORE. Encore. Dans le Borinage co.
CORE QUE. Encore que, quoique. Par aphérèse. CORGNOLLE. Cornouille. Locut. Picarde des corgnolles blettes, exclamation par laquelle on témoigne qu'on n'ajoute pas foi à un discours ou bien qu'on en est ennuyé.
CORLERU, CORLU, CORLIEU, TURLUY. Courlis (oiseau). -Congénères: Bourguignon, corlu; Normand, corlui Milanais, caroli Angl., curlew. – Du Rom. corlieu, dérivé du Lat. clorius. CORMAN. Homme de loi.
CORNEILLES. Nom qu'on donne non seulement aux corneilles, mais aussi aux corbeaux.
CORNE. Coin. Il y a quelques croix, en Picardie, qu'on nomme croix qui corne, c'est-à-dire qui est plantée dans un coin. – Corner signifie coin, en Anglais.
CORNETS (fête aux). Le 7 mai, anniversaire de la translation des reliques de St.-Gentien, les habitans de Corbie se rendaient à cheval devant la porte de l'abbaye pour faire remplir de vin par les. moines une corne de bœuf qu'ils tenaient à la main. CORNETTE. Bonnet de femme.
CORNILLOT. Cornet de papier.- Se dit aussi du colimaçon et des coquilles univalves.
CORNU avec du RAMBOURG (mettre du). Mettre du désacord dans sa toilette.
CORNUFIKER. Donner un coup de corne (cornu figere). CORONE. Couronne; comme en Roman. CongénèresBourguignon, corone; Allemand, krone; Italien, Espagnol et Catalan, corona. Etymol. du Latin corona; en Grec, x»p«»»î. CORPION (Montreuil). Orvet, espèce de couleuvre. CORSÉ. Corpulent.-Du Rom. corsu, encore usité en Norm. CORTE COSE. Espèce de pâtisserie composée de lait et de farine, qu'on réduit en petites boules.
CORTIEX. Enclos. (Cartulaire de Saint-Riquier, 1264.) CORTIL. Voyez Courtil.
COSE. Chose. Comme en Roman. Ein poent grand cose ed' rare, homme taré qui ne vaut pas grand chose. – Ein tiot cose, un petit peu. Congénères département du Nord, cose; Langued., cause; Franc-Comt. causse; Ital. Catal. et Espag. cosa. Etymologie du Bas-Latin causa chose qui chez les Romains, avait le sens de principe, origine, sujet.
COSSOS. Colzats; ne s'emploie qu'au pluriel.
COSSU. Opulent, à l'aise, bien habillé. On dit aussi d'un vêtement qu'il est cossu, pour signifier qu'il est riche.- Mot populaire usité dans l'Ouest et le Nord de la France.
COSTUME. Loi particulière d'une localité. (Beaumanoir.) COT. Chat. Voyez CAT.
COTHERIOS. Jardins. Mot en usage dans le Ponthieu, suivant une charte de l'an 1184.
COTTERON ou COTRON. Jupon, cotillon; comme eu Roman. Ej boute ein pkiot cotron su mi. (Retour du soldat). Congénères: Gothique, kotte; Italien, cotta; Espagnol, cota. à Béthune, cotteron signifie veste habit.
COTTIER. Soumis à la censive imposée sur un héritage vilain.
COTTRET. Courlis (oiseau). V. Corleru.
COU. Coq. Synonyme: Co.
COU! Voyez Co!
COUAJUSTER. Ajouter. De coadjustare.
COUCI COUCI. Tellement, quellement.
COUCOU. Cridesenfantspouravertirqu'ilssontcachés.V.Co! COUCOU. Primevère (primula verisj comme en Rouchi. Étym. de cucullus, capuchon, à cause de la forme de cette fleur. COUÉ. Pot à couver. Synonyme Codvé
COUÉ. A l'abri de la pluie. Synonyme: Au coi.
COUEDRONÉE. Contenu d'un chaudron.
COUÈRE. Encore. N'ein vlô bien pis couère Exclamation que provoquent ceux qui débitent une foule de cancans et de gaudrioles, ou qui veulent qu'on leur donne ou qu'on leur prête plusieurs choses à la fois.
COUERIO et au féminin COUERIACHE. Coriace, fort, vigoureux.
COUÉSIR. Choisir. Du Rom. coisir.-En Languedoc., caousi. COUKE. Pâtisserie d'Abbeville, composée de farine, de beurre et de sucre. Ce mot est évidemment d'origine septentrionale. Kuocho signifie tarte, en vieil Haut-Allemand. Gâteau se dit kuchein, en Allemand koek,, en Flamand et en Hollandais. COUKER. Coucher; comme en Roman. -Congénère: Berrichon, couker. Etymologie du Celto-Breton couska; l'Allemand kuschen (se coucher) ne se dit qu'en parlant des chiens. COULINER (se). Se glisser comme une couleuvre. COULON MANSART. Pigeon ramier. Du Latin columba. COULOUÈRE (masculin). Petit tamis.
COUPAIN. Grand pain.
COUPET ou COUPLET. Faîte, cîrae. Ou coupleit d'une tour qui n'avoye mie de toict. Congénères Normand coupet Lan-
guedocien coupé; Flamand, coppel; Anglais, cop; Hollandais, kop.- Etymologie du Roman copet, dérivé du Latin caput. COUPINETTE. Cime d'un arbre. Voyez COUPET.
COUPLOUÈRE. Ouvrière qui ramasse et aligne les blés qu'abat la faulx du moissonneur.
COUPRIÈRE. Cabriole.
COURATIER (St.-Quentin). Courtier. De même en V. Fr. COURCHÉ. Courroucé, en colère.
COURÉE. Fressure de veau. Étym. du Celtique courailh. COURILHAU. Fressure de boeuf.
COURTAINE. L'aménagement de deux jeunes époux. COURT GAIN. Petit gain gagne petit. Idem en Roman. COURTIL, COURTIEU, COURTIU, CORTI. Le courtil était jadis une maison faite de torchis. C'est même ce qu'indique son étymologie celtique cort, habitation til, torchis. Le courtil comprenait autour de l'habitation une petite étendue de terre. Ce nom est resté à l'enclos des petites habitations de nos villages. M. E. Souvestre s'est servi du mot courtil dans les Derniers Bretons « Carhaix est une ville du moyen-âge, aux rues sans pavé entremêlées de champs labourés et de courtils verdoyants. » (t. 1, p. 105). Ce mot a de nombreux congénères dans le sens d'enclos, jardin: Aust., Jur., Champ., Norm. et Fr.-Comt. courtil; Bourg., Wall. et Vaud., corti; Angl., court; Ital., corte; Basque, gortea. Tous ces mots dérivent du Celtique cor, cort, enclos champ. COURTILLAGE. Réunion de courtils.
COURTILLER, Marauder dans les courtils.
COURTINE. Rideau delit.-De même en Rémois.-Cortine, en Normand et en Vieux-Français. – Étym. du Latin cortina. COURTINER. Jardiner. –Synonyme: Gardiner. COURTOUR. Tromperie, mauvais tour.
COUTANCE. Dépense. De même en Champenois. COUTI AU et COUTIEU. Couteau. -Turlutu rengaigne ton
coutiau (chanson citée dans l'Alm. perpétuel du P. Daire.) Du Roman coutel dérivé du Latin cultellus.
COUTRE. Trésorier. (Saint-Quentin, 1476.) – Est employé actuellement dans le sens de fer tranchant de la charrue. COUTURE. Grand champ cultivé. De même en Roman. COUTURIEU (Santerre). Lisière d'un bois.
COUTURIER. Tailleur. C'est le masculin de couturière, lequel manque à la langue française.
COUTURIÈRE. Carabus auratus (insecte).
COUVAIN. OEufs d'abeille. Terme d'un usage général. COUVÉ. Gueux, chaufferette en terre ou en cuivre. De même en Rouchi en Franc-Comt. et en Dauphinois. MM. Champollion-Figeac et J. Ollivier considèrent couve comme un mot celtique. M. Hécart le dérive à'incubitus
COUVERCHEU (foire le). Faire des cabrioles.
COUVERTE. Couverture.-De même en Lorrain et Champ. COUVICHE. OEuf dans l'incubation.
COUVILLER. Diminutif de couver.
COUVILLETTE. Le contenu d'un couvé. Voyez ce MOT. COUVOÈRE. Poule couveuse.
COUVRAINE. Semaille d'automne. 1 faut fouaire chés couvraines (Journal de St.-Quentin, 8 octobre 1848).
COVIOT (Cayeux). Allouette huppée.
COYETTE (à l'). A l'aise, tranquillement, à l'abri. Signifie aussi en secret, en tapinois. Ej' les capitroi bien al coyeite (pièces recréatives). Cong Rouchi, al coyette Fr.-Comt., à la coyette. CRACHE. Graisse. – De même en Roman.
CRACIIOTEUX. Qui crache continuellement.– Id. en Roue. CRAKELOT. Hareng saure de demi apprêt. – Synonymes: BOUFFIS, APPETIT. Am. Sorte de gâteau sec, long et contourné de là on dit d'un homme qui a les jambes torses: qu'il a les jambes comme des crakelots.
CRAKETTE. Crécelle. Synonyme: Rodteloire. CRAMAILLI. Crémaillère. Synon. CRIMBILLI, crémaillé. Congén. Auch, Rheiras, Besançon et Metz, cramail; Avesnes, cramier; Bas-Latin, crammale. De Valois dérive crémaillère de caminaria, cheminée; Jean Picard, de xpifiaa, suspendre; Caseneuve, de cremare brûler. Ne vaudrait-il pas mieux le dériver du Celtique croumal, anse?
CRAMICHON. Prune d'hiver. Synonyme: CRAVINCHON. CRAMPE (St.-Valery). Crabe.-Le cancer mœnas de Lamark. -Synonyme: DADA.
CRAMPIN. Boiteux. -Synonyme: Clampinw
CRAMPINER. Boiter.
CRAMPION. Qui a des crampes.
CRANE. Ce mot a tout à la fois le sens de fier comme dans le département de l'Orne et celui de beau, comme dans l'arr. de Bayeux. M. Du Méril pense qu'il vient de crinis à tout crin. CRANKE. Crampe. – De même en Roman.
CRANKEVILLÉ. Qui a les jambes torses.
CRANKILLE. Viorne.
CRAPER. Salir graisser encrasser.
CRAPEUX. Crapaud, et par métaphore, sale, dégoûtant. CRAPOUSSIN. Dimininution de crapeux. On ne s'en sert qu'au figuré, pour reprimander de jeunes enfants.
CRAS. Gras.-idem en Roman. -Du Latin crassus. CRASSET. Lampe de fer à suspension. Du Roman craisset chandelle. On dit craisu, dans le patois Rumonche creusol, en Breton; craiseur, en Franche-Comté. – Synonymes: Créchet, CRINCHET, CRÉCET, CRACHET, etc.
CRASSETTE (Boulonais). Espèce de pomme.
CRAVENTF.. Fatigué idem en Roman. Synonyme: Têné. CR A VENTER. Se fatiguer, se donner beaucoup de mal pour
faire quelque chose. De même en Vieux-Français (J. Molinet, p. 194). Peut-être du Latin gravari, être accablé. CRAVINCHON ou GRAVINCHON. Fruit du prunier d'hiver. Os vous ein souvenez bien d'ech' boin flanc d' gravinchons. CRÉAULE. Digne de foi. De credibilis.
CRÉCHET. Lampe de fer suspendue. Voyez CRASSET. En allumant ech' créchet
J'ai demandé que chon que ch'est. (Retour du Soldat).
On dit creissieux dans le patois de l'Isère.
CHECHET (au). A l'heure du couvre feu au soir. CRECRET. Frèle, petit, maigre.- Syn. Chocret, CHERCHAIN. CRÈKE. Espèce de petite prune sauvage qui pousse dans les broussailles. On mangeait des crecques, à Abbeville, dans les repas du moyen-âge (Comm. de M. Louandre).
CRÉKEILLON. Grillon. De même en Roman. V. Criket. CRÉMAILLÉ. Voyez Cramailli.
CRÉMIR. Brûler. -Du Latin cremere.
CRÉMONE. Gilet d'étoffe croisée.
CRÉN. Entaille. De même en Roman.
CRÈPE. Sarcelle d'été.
CRÊPE. Pâtisserie composée d'oeufs, d'huile et de farine. Elle est connue aussi en Flandre, en Norm. et surtout en Bret. CRESPIN. De Crépy en Valois.
CREUTE (Nesles). Crypte, souterrain. De même en Roman. CRICRI. Cigale.
CRIGNON ou CRINON. Grillon. De même en Roman. Une rue d'Amiens porte le nom de Crignons. -Congénères: Languedocien, crignut Italien, crinuto.
CRIKET. Grillon; comme en Roman. Congénères Normand, criket; Anglais, criquet, que Jonhson dérive du Hollandais creken faire du bruit. C'est plutôt une onomatopée du petit
tintement argentin que fait entendre cet insecte.- On donne également ce nom à la sarcelle d'été, dans quelques localités. CRIMBILLI. Crémaillère. Voyez Cramailli.
CRINCHET. Lampe de fer suspendue. Voyez CRASSET. CRIN CRIN. Violon. Mais l' chef leur cante une gamme complète qui fouait canger d' note l' crincrin. (D. C.)-M. de Roujoux dit que le peuple donne au violon le nom de crincrin, par allusion aux crins qui forment l'archet. Nous croyons plutôt que c'est une onomatopée. On donne aussi ce nom à la cigale. CRINKELÉ. Dentelé. – Du Celtique crin, cran.
CRINKET. Butte dans un village.- Du Celtique crun, amas. Ce mot signifie rideau, à Ham.
CROCHE (ju de la). Voyez Crosse.
CROCHETON. Balle de bois. Voyez CHOLLE.
CROCRO. Cartilage du nez. Il o keu su sin nez, i s'o bersillé sin crocro.
CROISETTE. Les enfants appellent ainsi leur livre d'alphabet, parce qu'il est ordinairement précédé d'une croix. De même en Lorraine et en Champagne.
CROIX (être à la). Être très-contrarié, être dans une position fâcheuse avoir des croix à supporter.
CROKIHIER. Croquer, manger.
CROMILLON. Crémaillère. Voyez Cramailli.
CROMPIRE et par corruption CROMPILE. Pomme de terre. Wallon et Franc-Comt. crompire. -Vient de l'Allemand grundbirn. C'est un mot qui nous est resté de l'invasion de 1815. CRONAILLE (Boulogne). Plâtres, décombres. Peut être du Celtique crau, gravier.
CRONKELET. Butte dans un village. Synonyme Crinket. Du Celtique crun, amas.
CRONKELET. Grappe de fruits. Du Celtique crun, amas. CROQUE-NOIX. Muscardin espèce de mulot.
CROSSE. Maillet de fer ou de bois avec lequel on chasse une balle de bois nommée bondon ou crocheton. Un but quelconque est proposé et le joueur, selon le parti auquel il appartient, tâche d'éloigner ou d'approcher le bondon du but. Ce jeu, dit Dom Grenier, était très-usité en Picardie, dès 1387. Il est encore fort goûté aujourd'hui dans les environs de Roye et de Montdidier. CROT. Cravant. (oiseau de mer.)
CROTON. Graillon. Congénères: Franc-Comtois, groton; Lim., groouton; du V. Français creton. En Bas-Latin, cretones. CROUKET. Crochet. Synonyme Ahoke.
CROUSTILLE. Petite croûte. – Du Latin crusta. CROUTÉ. Croûton de pain. -Du Roman crousté. CROS (prononcez cro). Croix. Congénères Rouchi et Auvergn., cros; Gasc. crotz; Ital., croce. -Etym. du Lat. crux. CROS (prononcez cro). Gros. Du Roman crau, dérivé du Latin crassus.
CRUCHIFIÉ. Mortifié, fâché. Etym. de crucifier. CRULE(Boulonais). Tamis.
CRUNKET (Boul.) Groupe.-Du Celt. crun, amas, monceau. CRUSTE (Artois). Croûte de pain. Du Latin crusta. CRUTO et CROUTO (s. m.). Premières planches de l'arbre où se trouve l'aubier.
CUEILLAGE. Quête faite à domicile. De colligere recueillir.
CUENS. Comte. (Archives de Soissons, 1261.)
CUICHON. Cuisson. Du Roman cucchon.
CUIGNET. Coin à fendre.
CUIGNET et CUGNOT. Voyez CoGNo.
CUISSON. Fournée ce qui cuit ensemble. -Id. en Norm. CUITÉE. Fournée de pains. De même en Rouchi. CULBUTE. Désordre.
CULÉLAID Cri des enfants lorsqu'ils voient des masques. C'est sans doute une corruption de qu'il est laid. On donne aussi le nom de culélaid aux individus masqués.
CULISSE (Béthune). Réglisse. – Synonyme Ringoliche. CULOT. Oiseau dernier éclos, et par extension, le plus jeune enfant d'une famille. De même en Rémois, en Rouchi et en Roman. Le patois Berrichon a huit synonymes pour exprimer cette idée, et entr'autres, chanculou.
CULOTTE (se donner une). Se soûler. Expression triviale que nous croyons usitée dans d'autres provinces.
CUNER (petit). Milouinan oiseau de mer.
CURÉ. Prêtre pourvu ou non pourvu d'une cure.
CURIÉ. Corroyé. -Cuir a poil tanné ou curie. (Tarif des aides d'Amiens, 1445^.
CUTROMBLETS (faire des). Faire des cabrioles, se rouler sur l'herbe.- Synonyme FOIRE LE COUVERCHEU.
CYNGNES. Cygnes. Voir le chapitre vi article Chauny, dans la Première Partie de cet ouvrage.
CYVE. Ciboule.-De même en Roman.
D
D'. De. Synonymes: En', EUDE.
DA. Dans. Cho tientpus qu'eine equeville tapée da ein potieu (Adieux à M. D*). Synonymes: Dins DÉ, Dar. DACHETTE. Clou à ferrer les souliers.- Congénères Rouchi, dachette; Espagnol, tachon. Du Celt. tach, petit clou. DADA (Boulonais). Le cancer mœnas de Lamark, espèce de crabe, qu'on appelle crampe, à St.-Valery.
DADAIS. Niais, nigaud; de même en Rémois.
DADÈLE. Tatillon, homme qui s'amuse à des travaux de femme.- V. DADELOT.
DADELOT. Flaneur qui perd son temps à des niaiseries. « En Islandais, m'écrit M. Breuil, dàdlaus (cassus virtute animi et corporis) est un mot composé de dàd, courage et laus, sans. J'indique seulement ici une analogie sans prétendre assurer la filiation des mots dadèle et dadelot. »
DAFUTE (homme). Voyez AFuTE.
DALE. Evier, canal par où les eaux s'écoulent; comme en Norm. et en V. Français. (Coutumes de Bretagne art. 698). DALER (s'en). S'en aller. – Synonyme S'éraler. DALOT (Boulonais). Ruisseau, égoùt. – DuCelt. dal, creux. DALUE. Femme niaise, stupide. – Congénères Anglais, dull, sot Anglo-Saxon, dole, sot. -Du Celto-Gallois dwl, sot. DAMAGE. Dommage, tort. De même en Rouchi FrancComtois, Lorrain, Wall., Anglais et Rom. Du Latin damnum. DAME. Femme, et surtout, maîtresse de maison. Le villageois dit souvent en parlant de sa femme, nou dame. Dame avait autrefois le sens de domina maîtresse. « Se li cuers se laisse vaincre à la luxure et ele est dame de lui. » (Registre à cinq cleus des archives de Beauvois).
DANGIER. Besoin. (Rue, xiv.e siècle).
DAOANE. Espèce de petite prune.
DAR. Voyez DA.
DARAINouDÉRAIN. Dernier. -Congénères: Rouchi, darain; Jura, darie; Bourguignon, darrei; Franc-Comtois, darrier; Catalan, darrer; Roman, déren.-Du Celtique deire. DARAINEMENT. Dernièrement. De même en Roman. DARIÈRE. Derrière. De même en Ber. et en V. Français. DARIOLES d'Amiens. Espèce de pâtisserie. Elle était fort estimée de Rabelais.
DAS. Dans. L'S ne se prononce que devant une voyelle. Synonymes: DA, DINS, DAR.
DASSEULEMENT. Seulement. Synon. TASSEULEMENT. DAUDIFLE. Fronde.
DAUDIFFER. Battre à rompre les membres.
DE. Cette préposition dans la composition des mots picards marque l'éloignement, le changement de direction, le mouvement de haut en bas, la privation, la destruction, le contraire de ce qui est exprimé par le simple, l'augmentation et la répétition de l'action.
DÉ. Dans. -Synonymes: Dins, DA, DAS.
DÉBACLÉ. Rompu, défait, en mauvais état.
DÉBAGOULER. Parler vite et beaucoup. Peut-être que ce verbe a été fait par transposition de dégobiller, vomir, pris dans un sens figuré. Bagoula signifie, en Syriaque, diseur de fadaises, de mensonges.
DÉBARBER. Raser, faire la barbe.
DÉBARRAS. C'est l'opposé de embarras. Lorsque quelqu'un qui était gênant s'en va, on dit: c'est un bon débarras. DÉBAT. Embarras (Cartulaire de Moreuil, 1249). DÉBATISIER {se). Se démener, se débattre.
DÉBERDOUILLER (se). Se dépêtrer. On dit, dans le même sens, de'fcerne^uer dans l'arrondissement de Bayeux. DÉBERLAFER (Santerre). Arracher.
DÉBERTINKER (se). Se déshabiller.
DÉBILLER. Déshabiller. De même en Rouchi. DE BISTRAC. De travers, en travers, en mauvais état. DÉBINE (être dans la). Être ruiné, devoir plus que l'on n'a. Terme populaire généralement usité.
DÉBINÉ. Qui est dans la débine, misérable, ruiné. DÉBLAVE et DÉBLAI. Synonyme, de DÉBARRAS. Voyez ce
mot. On dit, en plaisantant, quand part un importun: sancte bon déblai, ora pro nobis.
DÉBLAVER. Oter les blés coupés et, par métaphore, débarrasser. Jeu bien du mo d'en être déblavé{logem. des gens d'armes). DÉBLOUKER. Oter les boucles.
DÉBOKER. Débusquer, sortir inopinément d'un bois, paraître subitement. Du Rom. déboschier. En B. Lat. deboscare. DÉBOULER. Tomber en roulant (comme une boule).-S'enfuir au plus vite.
DÉBOUTER. Récuser. (Coutumes de Beauvais). DÉBRIGANDÉ. Déguenillé débraillé (comme un brigand). DÉBRAUSER. Décrasser, débarbouiller.
DÉBUKER. Courir s'enfuir. Signifie aussi débusquer sortir d'un bois, apparaître inopinément.
DÉCAFIKER. Ecaler.
DÉCAFOTER. Tirer un objet de l'endroit où il avait été caché. DÉCAINÉ. Déchaîné. De même en Roman.
DÉCANILLER. Décamper fuir comme un chien (canis), partir promptement. -Idem en Berrichon, Norm. et V. Franc. DÉCANTOURNER {se). Se détourner, prendre un détour. DÉCAPILLER et DÉCARPILL^R. Diviser, séparer, démêler. Se dit principalement des cheveux. De même en Franc-Comtois.
DÉCARCASSER. Tuer, assommer.-Etymologie Carcasse. DÉCARÊMER (se). Se dédommager par un bon repas des austérités du carême. -De même en Berrichon et Normand. DÉCARER. Se sauver détaller.
DÉCAROTER. Essuyer, décrotter.
DÉCATOUILLER et CATOUILLER. Chatouiller. De même en Normand et en Roman. Du Bas-Latin catullare. DÊCAUCHER. Déchausser. –De même en Rouchi et en Roman; descaoussa, en Languedocien.
DÉCAUS et DÉCHAUS. Déchaussés. A pieds décaus, pieds nus. De même en Lorrain et Roman..
DÉCAVELÉ. Echevelé. Du Picard caveu, cheveu. DÉCENSELER {se). Abandonner toute sa fortune à ses enfants moyennant une rente viagère. Etymol. de cens. DÉCESSER. Cesser.-De même en Rouchi et en Champen. DÉCHAUS. Voyez Décaus.
DÉCHEPVANCE. Tromperie surprise. (Anc. Cout. inéd, de Picardie.) -Du Latin decipere, tromper.
DECHO. De cà. De même en Roman.
DÉCHOKELER. Séparer une souche, pour en obtenir des rejetons.
DÉCLAKER. Dire, débiter. – Signifie aussi: parler avec rudesse, repousser, jeter par terre avec colère. – V. COMPLIMEINT. DÉCOEURÉ. Défaillant, qui éprouve le besoin de manger. DÉCOMPOTER. Changer le temps de l'engrais des terres.De même en Roman.
DÉCONFORTER (se). S'affliger, perdre l'espérance. -De même en Roman.
DÉCOPER. Découper. – Du Roman descoper. Signifie aussi diminuer, retrancher. Voyez COPER.
DÉCRAMPIR {se). Se délasser. Voyez Écrampi. DÉCRAPER. Nettoyer, dégraisser.
DÉCRINKER. Saisir un objet accroché. -Syn. Décroker. DÉDÉ (aller). Aller promener. Terme enfantin.
DÉDET. Doigt d'un enfant. Dedo signifie doigt, en Espag. DEDINS (prononcez d'dins). Dedans. De même en H. Auv. DÉDRAGUER. Réduire quelque chose en marmelade. -Se dit aussi de la terre boueuse qui se détache du sol par un temps de dégel.
DÉDRUIRE ou DÉDRUSSIR. Rendre moins dru, éclaircir un plant.
DÉFENOUILLER. Débrouiller, éclaircir.
DÉFIKER. Arracher.
DÉFINER. Finir, terminer. De même en Normand et Rom. DÉFLINKER. Défaire. C'est aussi un Synon. de Flankeb. DÉFOUTILLOT (Artois). Cheville dont se servent les fumeurs pour débourrer leur pipe.
DÉFRAIKIS. Défrichemens.
DÉFRAITIER. Défrayer, payer la dépense de quelqu'un. De même en Roman.
DÉFRIPER. Rendre uni un linge chifonné. Id. en Rom. DÉFRISÉ (être). Être contrarié. De même dans les départements du Nord.
DÉFRITURES (Boulonais). Portions de jachères que l'on dessole pour les cultiver pendant l'année de repos. On y sème du lin, du trèfle, des colzats. – Synonyme Dessous. DÉFUBLER. Dévêtir, déshabiller, ôter un vêtement. -De même en Normand et Roman.
DÉFULER (se). Se décoiffer, ôler son chapeau, saluer.De même en Lorrain et Roman. Voyez AFFULER.
DÉFUNCTER. Décéder, mourir. En Rouchi, défunker. Du Latin defunctus, mort.
DÉGADRÉNER. Déraisonner.
DÉGAIGNER. Payer, rendre de l'argent.
DÉGAINE. Tournure port, manières. De même en Rom. On dit dégainche dans le Marquenterre. Une belle dégaine se prend presque toujours dans un sens ironique et signifie mauvaise tournure, manières gauches, façons maussades. Il en est de même en Franc-Comtois.
DÉGALOPPER. Se sauver au galop.
DÉGAMBILLONNER. Se dit des enfans qui agitent les jambes, pendant qu'on les emmaillotte.
DÉGATOUILLER. Chatouiller. Voyez Décatooiller.
DÉGELÉE. Rossée, volée de coups.
DÉGIBOULÉE. Petite gelée.
DÉGOBILLER. Vomir.- De même dans.l'arrondissement de Valognes. Il ose dégobiller comme cho d'vant tout le monde (entretien d'ech Franc-Picard). Etymolog. du Flamand gobelen. DÉGOFER et DÉLOFER. Vomir.
DÉGOISER. Parler vite et longtemps. Terme populaire généralement usité dans le nord de la France.
DÉGOMMER. Supplanter vaincre de même en Berrichon et en Rémois.
DÉGOTÉ. Fin, rusé spirituel de même en Rouchi et dans l'arrondissement de Bayeux.
DÉGRATTER. Se dit dès chiens et des volailles qui grattent la terre.
DÉGRAVER. Fraire des graus, des égratignures. DÉGREUCHER. Creuser des petits trous dans la terre. Creuser un pain pour en prendre la mie. Se dit aussi des porcs qui fouillent la terre.
DÉGRIGNER. Dédaigner, mépriser. En Italien, sgrignar signifie: se moquer. David lassé de s'aouir comme echlo dégrigner. (Sermon sur les vérités du temps).
DÉGRIMONER. Sarcler le chiendent.
DÉGRIOLER. Glisser sur la glace idem en Norm. et Rou. DÉGUERPILLER (se). Se démener se dit principalement d'un animal qui cherche à s'échapper à briser ses entraves. DÉGUEULER. Vomir des injures. Etymologie: de gueule. DÉHÉDÉ. Fatigué, ennuyé. Du Rom. déhaitié, abattu. DÉHOKER. Décrocher; idem en Rom. V. AHOKER. DÉHOUSER (se). Oter ses houseaux (guêtres). Idem en Rom. DEINE. Contraction de dins cine, dans une.
DE1NGEREUX (St.-Quentin). Probablement.
DEINT (masculin). Dent. Du Latin dens. S'éclairchir les deints, manger du pain sec.
DEINTIER (Boulonais). Montrer les dents défier.
DEINTIER. Enrager être vexé (cnmme quand on a mal aux dents).
DEINTIEUX. Qui fait enrager.
DÉJOUKER. Déjucher de même en Roman.- Se dit aussi d'une chose que l'on abat adroitement, comme lorsqu'on tire un oiseau.
DÉKERKER. Décharger. Du Celto-Breton discarga. DÉKERPILLER. Séparer des animaux qui se battent. DÉKEUDRE. Découdre. Du Roman deskeudre.
DÉKIRER. Déchirer; idem en Rouchi et en Roman. DEL'. De là. Dans l'ancien Picard, del s'employait également pour du et de la.
DÉLAC (pleuvoir à). Pleuvoir à verse, à seaux.-Syn. DE LAC. DÉLACHER. Délacer; idem en Rouchi et en Roman. DÉLAIER. Laisser, abandonner. (Beaumanoir). DÉLAKER. Lacher, détacher.
DÉLAKER (se). Se laisser tomber.
DÉLAMENTER (se). Se lamenter.
DÉLI (en). En chaleur, in delirio.
DÉLIBÉRÉ. Qui a le ton décidé; idem en V.-F. (Amyot). DÉLIBÉRER. Délivrer. -Du Latin liberare.
DÉLICOTER (se). Se débarrasser du licou. Au fig. se remuer, prendre ses ébats. Le participe délicoté signifie, par extension sans gêne, éveillé gaillard.
DÉLIONS. Inégalités qui se rencontrent dans le fil. – Synonyme BOUILLONS.
DÉLOENQUEZ. Dorénavent. (Cout. inéd.dePic.J DÉI,OFER. Vomir. Synonyme Dégofer.
DÉLOKETÉ. Déguenillé. -D'un usage assez général.
DÉLOURDER. Tomber lourdement.
DÉLOYER. Délier. Comme en Roman.
DÉLURÉ. Luron, gaillard, malin. De même en Normand, en Berrichon et en Roman.
DÉM'. Dans mon dans ma.
DÉMAGANDÉ (Noyon). Démailloté défait.
DÉMAKATIF. Qui dégoûte qui donne envie de démaker. DÉMAKER. Vomir. Ce mot, mentionné par Cotgrave, se retrouve en Flamand, en Belge, en Rouchi et en Roman. On dit, au figuré, qu'un individu démake, lorsqu'il profère des injures ou qu'il débite beaucoup de sottises.
DÉMAKEUX. Qui vomit. Epithète injurieuse.
DÉMAKIS. Ce qu'on vomit.
DÉM ANGLE. Défait, mal dépécé.
DÉMANGONER. Bégayer.
DÉMARER. Partir, quitter l'endroit où l'on était. Ce verbe est emprunté au terme maritime amarer; amar, signifie, cable en Bas-Breton.
DÉMÉFIER (**). Se défier.
DÉMÉNER. Intenter une action judiciaire. (Beaumanoir). DÉMENTIBULER. Démembrer, disloquer, casser. DÉMÉTURES. Hardes, vêtements dont on a fait un long usage et qu'on a mis au rebut. Cette expression appartient au Ponthieu. On dit démises dans le Santerre.
DEMI-EUSIEU (demi-oiseau). On désigne ainsi tous les oiseaux du genre sarcelle, parce qu'ils paraissent par leurs mœurs aquatiques, demi-oiseaux demi-poissons.
DÉMINGURE. Démangeaison. Du Roman mangeuire. DÉMISES. Voyez Débétures.
DEMI-TIRVOT(Cayeux). Chevalier sanderling. A SaiutValery, on appelle cet oiseau demi-rousselette.
DÉMONTER. Impatienter, décourager.
DÉMORTIR. Se dit de la terre qui, en dégelant devient comme du mortier.
DÉMUCHER. Découvrir ce qui était muché, caché. DENDROIT. A cause (Archives de Moreuil, 1249). DÉNEUER. Dénouer. – Etym. du Roman desneuer. DÉNICHÉ. Eveillé, vif, intelligent, malin idem en Berr. DÉNICHOIR. Qui déniche, qui trouve.-Synon. Dénicheux. DÉNOKER (Artois). Démentir; de même en Roman. DÉOUEROUIGNER. Forcer ses os à sortir de leur cavité. On dit d'une brouette qu'elle est déouerignée, pour signifier que ses tenons sont peu serrés dans les mortaises. Synon. Déouaoner. DÉPÊCHER. Séparer. (Coutumes du Beauvoisis). ¡ DÉPEINDEUX D'ANDOUILLES (grand). Homme mince et de haute taille, grand flandrin, terme injurieux.
DÉPENSE. Lieu où l'on serre le laitage.
DÉPIAULÉ. Dénudé, dépourvu de peau ou de poils. DÉPIAULER. Enlever le poil ou la peau, écorcher. Congénères: Nivernais, dépiauter; Normand, dépiauster. DÉPIÉCHER. Dépécer. De même en Roman.
DÉPIFÉ. Fatigué, indisposé par suite d'excès.
DÉPINS (prononcez dé-pin). Dépense.- S'emploie au masc. DÉPITEUX. Qui se dépite aisément.
DÉPLACHER. Déplacer; comme en Roman.
DÉPLAISI. Déplaisir. – En Languedocien, desplasi. DÉPOINTER. Se dit d'un fermier qui par une enchère obtient une terre affermée jusqu'alors à un autre. Il existe, dans le Santerre, une espèce de contrat tacite, qui interdit aux fermiers d'enchérir ou d'accepter le marché de terres d'un autre fermier, sans son consentement exprès. Les rares infracteurs de cet usage sont appelés dépointeux.
DÉPORTER (se). Se dédire.-En Rom., se dépourter signifie se dispenser.
DÉPOTER. Transporter le cidre d'un tonneau dans un autre. De même à Caen à Rouen, dépotager. – Étymologie de pot. DÉPOYSÉ. Dépaysé dérouté, décontenancé; idem en Rom. DÉRACER. Dégénérer. Etymologie: de race.
DÉRACHEINER et DÉRACHER. Déraciner. Du Roman dérachiner.
DÉRAIN. Dernier. De même en Rouchi, Normand et Rom. DÉRADER (Boulonais). Avoir terminé la pêche. Littéralement, avoir quitté la rade.
DÉRAKER. Tirer d'un bourbier, d'unerake.
DÉRÉKIR. Défricher. Du Roman desriequir. A Hornoy ce verbe signifie donner le premier labour.
DERRIÈRE (en). En cachette. Synonyme: EN ARRIÈRE. DÉRINGOLER, DÉGRINGOLER et DÉGRIBOULER. Tomber de haut, en roulant. Le P. Ménétrier, en expliquant le terme héraldique gringolé, dit que les gargouilles ont été nommées par corruption dringales et que les Picards en ont fait le verbe dégringoler qui signifie tomber de haut, comme l'eau qui découle des gargouilles. Ce terme est presque reçu maintenant dans la langue Française. Voltaire l'a employé: « Si deux ou trois personnes, dit-il, ne soutenaient pas le bon goût dans Paris, nous dégringolerions dans la barbarie. »
DERNE et DERGNER. Dernier.-Syn. DAREIN, dizain. DÉRO (prendre son). Réfléchir à ce qu'on va faire. DÉROKER. Oter des cailloux, ôter des rokes.
DÉROMPURE (Soissons). Hernie, rupture.
DÉROUFLER. Dépouiller d'un seul coup un animal de sa peau, une branche de son écorce, etc.
DÉROUTINÉ. Déconcerte fimharrassé. Étym. de route. DÉROGER. Sortir du bon chemin. De même en Roman.
DÉSAGIÉ. Mineur (ancien Coutumier inédit).
DÉSARESTER. Donner main-levée (Beauman).
DÉSARGENTÉ. Se dit d'une personne qui n'a plus d'argent. DÉSENFILER. Défiler.
DÉSESPÉRER (se). Se suicider.
DÉSEURER. Séparer:
DESHABILLÉ. Robe habillée. De même dans l'arrondissement de Valognes.
DESHERITEMENT. Perte d'héritage, action de déshériter. DESPOIRE. Poids des monnaies (Beaumanoir).
DESS'. De son, de sa (devant une consonne).
DESSAKER. Tirer hors d'un sac, et au fig., tirer hors. Cong. Espagnol, saccar; Allemand, aussacken.-De l'Hébreu, sac qui s'est conservé dans presque toutes les langues. Voyez M. Azaïs, de la formation du langage.
DESSAKER (se). Sortir, quitter sa place. Vlo qu'ein liève ess' dessake (le Chasseur Picard).
DESSAPI. Désaltéré.
DESSE. De ça.
DÉSSÉPARER. Séparer.
DESSEUR. Dessus, sur. De même en Vieux-Français. Synongmes Dessur d'sus so. – Dessur est très-usité en FrancComtois. On dit dessus, en Lorraine.
DESSOLIS. Voyez DÉFRITURES.
DESSURBIR (Acheux). Rendre la circulation du sang à un membre engourdi. Signifie ailleurs éclaircir un champ. DÉTAFIKER. Déplacer, détacher. Du Latin de statu defigere.
DÉTAINDRE. Eteindre. -Du Roman destaindre. DÈTE. Débiteur. (Coutumes de Beauvais.)
DÉTEURDRE. Tordre. De même en Roman.
DÉTOMBIR. Rendre la circulation du sang à un membre engourdi.
DÉTORKER. Oter la torche, c'est-à-dire le bât d'un âne. DÉTOUILLER. Démêler, débrouiller.– Voyez Touiller. DÉTOUILLOUÈRE. Peigne à démêler.
DÉTOUPER. Déboucher. Voyez Etouper.
DÉTRAINDRE. Desserrer. Méon donne le sens de serrer au Roman détraindre. Du Celto-Bretou disterdein.
DÉTRAYER. Trier. De même en Roman.
DÉTRENCHER. Trancher, couper par morceaux. Du Ror man détrencier.
DÉTRICHER et DÉTRIER. Trier, choisir. Etymologie: du Roman détrayer.
DÉTRIER. Refuser, retarder. (Cout. du Beauv.) DÉTURBER. Troubler. Sans plus l'en destourbier por sy grande destreisse (sire de CréquiJ. Cong. Berrich. déturber Fr.-Comt. détourbai Limous. destourbi Ital. disturbare Angl., disturb V. Franç., destourner. Du Latin disturbare. DEU. Dieu. (Cartulaire de Vermandois 12U.J
DEUSSE. Deux. Cong. Castrais et Lorrain dousse. DEUSSE. Croûton frotté d'ail.-Du Rom. dosse, gousse d'ail. DEUSSER. Ecraser un ognon sur une croûte de pain. Signifie aussi battre, rosser.
DÉVALANT. Descente.
DÉVALER. Descendre.-Comme en Roman.-Congénères Lorrain, Berrich., Norm., Rouchi, Champ, et Vieux-Français (Ronsard): dévaler Franc-Comt., devauld Catalan, devallar Ital. devallare Etymologie du Bas-Latin devallare (de valle ire). Signifie aussi baisser dans le sens propre et figuré. DEVANCHER. Devancer. De même en Roman. DEVANT QUE. Avant que. De même en Berrich. et Romt DEVENTIEUX. Voyez VINTIEUX.
DEVINETTE. Devise, charade. -Cong. Lorrain et Rouchi, devinette Besançon, devinotte; Wall. advinat Vieux-Franç. et Normand, devinaille.
DEVISE. Partage. (Coutumes de Beauvais). ).
DEVISÉ. Détaillé. (Moreuil, 1249.)
DEVISER. Causer, converser. -Comme en Roman.-Cong. Portug., Catal. et Vieux-Esp. devisar Ital. divisare. Deviser était encore admis dans le style badin du xvm-e siècle. On voit encor son ombre fière
Deviser sous les maronniers. (un.' épitre de Voltaire.)
DEVISEUX. Causeur, babillard.
DÉWARWIGNER (se). S'agiter, se presser, agir activement. DEZOUS. Dessous de même en Rémois.
DI. Jour. Mot rarement employé. – Congénères: Roussillon, Béarn Var Lombardie et Piémont, di. Etymologie du Latin dies.
DIA ou DIO. Cri par lequel on excite les chevaux à se diriger à gauche. En Bretagne c'est pour les faire aller à droite. Cette expression s'emploie aussi au figuré.
N'en n'o qui font aller not' erligion à dio
N'en n'o d'eutes étout qui l' font aller à uo.
(Satire d'un curé Picard).
On sait que ê'm en Grec, signifie à travers, de côté. DIABLEUX (Béthune). Gros, fort.
DIABLOTIN (St.-Valery). Morillon (oiseau).-Syn. JACOBIN. DIALE. Diable.- De même en Vosgien, Jurassin, Rouchi et Bourguignon. Etymologie: du Latin diabolus. DIDI. Bavard, grondeur. – Etymologie dire.
DIGON. Bougonneur.
DIGONER. Bougonner, trouver à redire à toat ce qui se fait ou se dit. De même dans le pays Chartrain.
DINDE (grande). Femme de haute taille. Terme de mépris usité à St.-Quentin.
DINDIN. Le petit doigt. Synonyme DÉDET.
DINETTE. Collation d'enfants de même en Lorrain. DINOT, DINOTE. Dindon dinde. Au figuré, imbécille. DISSIME. Aphérèse de grandissime.
DITELET. Le petit doigt. Synonyme Dindin.
DIU et DJIU. Dieu. Locution picarde ein bon Diu, un crucifix. Aller vir el bon Diu, mourir. Congénères: Béarnais, diu Provençal, diou; Bourguignon, Franc-Comtois et Catalan, deu; Nancy et Besançon, due; Savoisien, djeu. Etymologie: du Roman dius, dérivé du Latin deus. Dans les écrits picards du Moyen-âge on trouve diex, dieux, dieu, deu et diu. DIVERTI. Gai, joyeux; de même en Berrichon.
DIXIT. Premier chantre de paroisse qui entonne le dixit. DIXMERON. Dîme.
DIZIEU. Dizeau, petite meule de dix gerbes. Du Roman diseau, dixaine, dérivé du Celtique diznez ? – Locution picarde: il a chés quate ditieux il a 40 ans.
DOBANCE. Plainte.
DODINER. Soigner, caresser. De même en Wallon. Signifie aussi bercer un enfant, comme en Berrichon. DODO. Lit d'un petit enfant. Faire dodo, dormir. Voyez NINETTE. Ces deux termes enfantins sont usités partout. DOKER. Frapper.- V. ses synonymes, au chapitre 2e. DOL (Boulonais). Douleur. Du Latin dolor ou du Celt. dol. DOMINO. Pièce de drap noir dont les femmes des environs de St.-Pol et d'Arras se couvrent la tête et les épaules, lorsqu'elles vont à l'église.
DONDON. Femme grosse et grasse. Le Duchat dérive ce mot de dondaine qui signitie ballon.
DOR. Or. Par suite de la fusion de l'article avec le substantif. Ch'est ein ange ed' dor (Alman, du Franc-Picard, 1849.) DORELOTER. Choyer, caresser, entourer de soins et de prévenances. De même en Franc-Comtois et Roman. DOREUX. Sensible à la douleur physique, douillet. Du Roman dorelot.
DORLOTS ou DERLOTS. Bijoux que le futur donne à sa fiancée.
DOSSET. Fonds d'une cheminée. Du Roman dossier. DOUBLE (Béthune). Liard.
DOUBLE RAKET. Grèbe d'Esclavonie (oiseau).
DOUCHEREUX. Doucereux. De même en Roue, et Rom. DOUCHETTE (al). En tapinois.
DOUCHEUR. Douceur. De même en Rouchi et Roman. Doucheurs, au pluriel, signifie quelque chose de plus qu'un morceau de pain. J'ai acaté ein mollet de doucheurs: pour deux patars ed' pemmes ed terre.
DOUCIR. Rendre doux, faire tiédir. Se dit en parlant de l'eau, comme dans le patois de Beaune.
DOUILLE. Volée de coups de bâton. -Synonyme: RACLÉE. DOUILLER. Battre, donner des coups de bâton.
DOUILLETTE. Tiéde. Se dit en parlant de l'eau. DOULEVÉ. Pain qui a la croute levée. Mot Picard mentionné par M. Hécart, dans son Dict. rouchi.
DOUTANCE. Doute.
DOVER (Boulonais). Dormir, sommeiller. Peut-être dit Celtique dov, reposer?
DRASON. Cerf-volant. Ainsi nommé à cause de sa grande queue. De même en Champenois, etc.
DRAONCLER. Suppurer, apostumer. « M. Paulin Paris qui sait tout, hormis nos Patois peut-être dit M. Pierquin de Gembloux a éprouvé plus d'une fois les conséquences de l'omis-.
sion de leur étude, dans ses plus importants travaux. A propos du vers suivant, par exemple
Ce est draoncles li loherens a dit
le savant philologue pense que ce mot ne se trouve dans aucun glossaire. S'il eut connu pourtant le patois Picard il aurait trouvé le substantif draonclure et le verbe draoncler, dans lesquels la diphtongue se prononce comme dans paon, Laon. L'o est tout simplement ici une lettre étymologique. D'autres patois ont le mot dragoncle qui se rapproche plus de la source dragunculus, maladie connue dans la langue française sous le nom de dragon. (Des Patois et de l'utilité de leur étude, p. 128.) DRAONCLURE. Apostème, dragon.
DRAPEAUX. Langes. De même en Berrich. et en VieuxFranç. Signifie aussi linge en général, comme en Normandie. DRAVIÈRE. On sème dans un champ de la vesce de l'avoine, de l'orge, des fèves et des bisailles. L'ensemble de ces plantes fourragères récoltées vertes se nomme dravière. Le mélange diffère selon les localités. Dans les environs de Boulogne, les dravières sont composées par égale portion d'avoine et de vesce. Ce mot se trouve avec une signification identique à Lille à Valenciennes, à Reims, etc.
DRÉCHE. Buffet dressoir. -Synonyme Dréchoir. DRÉCHER. Dresser.-De même en Rom. – Drécher l'soupe servir la soupe.
DRÉGE (Saint-Valery). Filet pour la pêche de la sole.-Synonyme TRAILLE.
DRÉLER (Arras). Dissiper.
DRESSE (Art.) Armoire. Synonyme Omelle Arhère. DRET, (adv.) Droit, précisément, justement. On dit droit dans le même sens en Champenois et en Franc-Comtois. Dret signifie droit en Bas-Breton.
DREUT. Droit, débout.
DRINGUER. Jaillir. –Synonyme Clicher.
DRINIAU (Artésien).' Troëne (arbuste).
DRINGUÈLE. Pourboire. De l'Allemand trinken gelt, argent pourboire.
DRINSE. Diarrhée.
DRINSSER. Avoir la diarrhée; – de même en Roman.Synonyme Dbisser.
DRO LINCHEUX. Drap de lit.
DROIT. Précisément, justement; idem en V. Franç. (Amyot). DROITURE. Redevance ce que le sujet devait à son seigneur.
DROGUER. Se morfondre, attendre inutilement. Mot populaire généralement usité.
DROLER. Aller ça et là, sans but ni résultat,
DROUILLE. Excrément, foire. Signifie aussi: femme indolente et d'une mise malpropre.
DROUILLETTES (être dans ses). Etre en grande occupation. Se dit surtout d'une maîtresse de maison qui prépare un grand repas.
DROULE. Efféminé. Se dit aussi d'une fille débauchée. DRU. Fort, bien portant; idem en Normand et en V. Franç. DRU [être dans son). Etre affairé, être dans l'embarras. – Du Roman dru, pressé.
DUCACE. Fête patronale de village. De même en Flamand et en Rouchi. Selon Roquefort, ce mot nous viendrait de la Flandre, où les ducs donnaient à leurs serfs des fêtes de ce nom. Nous pensons que ce mot est plutôt une abréviation de dédicace. On appelait jadis ducace la fête célébrée à l'occasion du jour anniversaire où l'église avait été dédiée. On donna bientôt par extension le même nom à la fête patronale des villages, qu'on distingue pourtant parfois en l'appelant petite ducace. (Voir dans les
Archives historiques du Nord de la France, une ducace dans l'arrondissement d'Avesnes).
DUI. Deux (Archives de Noyon, 1247).
DUIRE (Béthune). Dresser, soumettre.
DUIRE. Convenir, plaire.-De même en Rouchi et en VieuxFranc. Voltaire a dit: tout me convient, tout menait, tout me duit. DUISIBLE. Ce qui plait, convient, est utile.
DURER. Attendre, prendre patience.- Ne s'employe guères qu'avec une négation. -De même en Berrichon, Normand et en Roman. Le Bas-Latin durare avait le même sens. DUSQUES. Jusques. -De même en Roman. -Du Latin usquc. On trouve dusca dans le voyage du comte de Ponthieu. E
ÉBALOUFRER (**). Se fâcher, s'exaspérer. Signifie aussi s'épouvanter. Synonyme S'egarlocfrer.
ÉBARER (s'). S'éclaircir. Se dit en parlant du temps. ÈBE. Reflux de la marée descendante. -De même en Rom. Reflux se dit ebba, en Anglo-Saxon; ebbe, en Danois, en Allemand en Hollandais et en Flamand.
ÉBERDELER. Écraser.
ÉBERKER. Ébrécher. De même en Roman.
ÉBERLINGUER. Jouer à croix ou pile.
ÉBERLOUFRÉ. En colère, exaspéré.
ÉBERLUKÉ. Évaporé, inconsidéré. -Synonyme: Ëbleré. ÉBERNER. Nettoyer un enfant au maillot.
É.BEUBI. Étonné, stupéfait, abasourdi.-Synon. ÉBAUBI. -Cong. Rém. Franc-Comt., Vaudois et V. Franç. ébaubi, ÉBI.ÉRÉ. Évayoïé, étourdi.
ÉBLEUI. Niais.
É80KER. Émonder tailler un arbre.-Du Rom. ébosquer. ÉBENDIE (tout d'eine). Instantanément, tout à coup. A Amiens, on prononce tout d'eine esbondif.
ÉBORNIFLER. Éborgner, aveugler en frappant sur la figure. – Du Celtique born, borgne.
ÉBOULONS. Rejetons du pied d'un arbre, d'une plante. ÉBRANKER. Ébrancher. – Du Bas-Latin exbranchiare. ÉBRANKIURES. Branches coupées.
ÉBRÉLÉ. Étourdi inconsidéré. Synonyme: Éberldké. ÉBRI AKE. Maniaque, fou, étourdi. – Peut-être du Rom. ebreac ivre. Voyez BRAKE.
ÉBROUER. Donner un premier lavage aux linges qui sont très-sales. -De même en Roman.
ÉBROUESSE. Brosse. Syn. Brobesse Bruche. – Cong, Anglais brush.
ÉBRUSSER. Éclabousser. – Synonyme Égbcher, Êkicher. EBZEU. Faiseur, ouvrier.-Syn. Bzeiu – Un bseu ed'fagots, fagotier.
ÉCABOCHER. Meurtrir la tête. Etymologie du Picard caboche. Voyez ce mot.
ÉCABOULER. Bossuer.-Cong. Franc-Comt., écabouler; V. Franç., cabouler Genevois, caboter. – Signifie aussi écraser. ÉCACHER. Éclabousser. (Au propre et au figuré.) ÉCACHOIRE. Mêche de fouet. -De même en Rouchi. ÉCAFETTE ou ÉCAFOTTE. Moitié de coquille bivalve de rivière dont on se sert pour écrémer le lait. Du Rom. escafette. ÉCAFER. Fendre l'osier en deux. De même en Roman. ÉCAFIÉ ou ECAFIGNÉ. Vif, éveillé.
ÉCAFLOT. Écaille de la noisette; enveloppe des graine* et de certains légumes.
ÉCAFLOTER. Oter l'écaille d'une noisette, d'une graine. Réduire un entier en petites parties.
ÉCAGNON et ÉCAIGNE. Écheveau de fil. En Languedocien, escagno. Du Roman escaigne. -Synonyme: ÉCHET. ÉCAILLE. Coque.
ÉCAILLETTE (St.-Valery). Oiseau des tempêtes.
ECAILLETTE (à {'). Bras nus, habit bas. Synonyme EN PURETTE, EN PuLEMANCHE.
ÉCAILLON. Échélon. Congénères: Gers, escale; Catalan, escalo; Espagnol, escalon; Italien, scalino.-Du Roman escaillon, dérivé du Latin scala (quod a scandendo dicitur dit Varron.) ÉCALER et ÉCALOTER. Écosser, écorcherun bouton. ÉCALIPE. Écaille, coque, valve de coquillage.
ÉCALO (d'). De surplus, en sus. Synonyme: EN Ramindos. ÉCAMIAU. Pièce du charriot sur laquelle est placée l'échasse. ÉCAMPOURÉ. Sauvage, peureux. Écampourer signifie disperser en Franc-Comtois.
ÉCAMPOURER. Avoir des crampes.
ÉCANE. Gros écheveau de laine.-Du Roman escaigne. ÉCANILLÉ. Vif, éveillé. Syn. Écafié.
ÉCANILLER. Chasser de chez soi; mettre quelqu'un à la porte (comme un chien, canis).
ÉCAPER. Échapper. – Congénères: Rouchi, écaper; Languedocien, escapa; Ital.,scappare.-Etym. du Rom. escaper. ÉCARATS. Échalas. On trouve escaratz dans une bulle du Beauvoisis de 1189 (Louvet tome i. page 478), et escarceon dans une bulle Laonnaise de 1212. Il parait qu'on prononçait autrefois csaras. « Les Picards, dit Ménage, prononcent csaras: ce qui a fait croire à quelques uns que ce mot venait de jj«p«| » ( Dictionnaire Étymologique, F.0 Échalas). – Etymologie: du Bas-Latin carratium qu'on trouve dans les lois des Lombards, liber î. tit. 25 ÉCARBOUILI-É. Éveillé, vif, pétulant.– Syn. Ékerbouillé. ÉCARBOUILLER. Attiser les braises.
ÉCARDONER. Purger un champ de ses chardons (cardons). ÉCARDONET. Chardonneret. Voyez CADOREUX.
ÉCARION. Cordon. V. Écoirion.
ÉCAROTER. Décrotter, essuyer l'ordure.-Syn. DÉCAROTER. ÉCARPER. Pourfendre; de même en Roman.
ÉCARQUILLER. Cheminer les jambes fort ouvertes, divaricatis cruribus, comme le dit Robert Etienne. Molière a employé cette expression ils marchent escarquillés comme des volants. On écrivait, au xm.« siécle, esquarquiller.
ÉCARVENTRER. Eventrer. – Étymol. écarper et ventre. ÉCAUDÉ. Echaudé; du Roman escaudé.
ÉCAUDÉE. Echaudée. On dit escaudeis en Bas-Breton. ÉCAUFER. Echaufer. Du Roman escaufer.
ÈCE. Ce, cet. Synonyme Eche Chb.
ÉCHAMER. Faire un nouvel essaim d'abeilles; id. en Rom. ÉCHAMER (s'). Se sauver; de même en Roman.
ÈCHE. Ce, cet. Synonymes CHE, Chu, GE, etc.
ÉCHE. Je. Synonymes J', Ej Euj Che Ch'.
ÉCHEPER. Lier les jambes à un cheval de manière à ce qu'il ne puisse marcher. – Êtymologie du Latin in cèpes. ÉCHET, ÉCHIT. Echeveau de fil. Synonyme: Écagnon. ÉCHORTER. Avorter. Se dit en parlant des vaches. ÉCHORTIN. Avorton, animal ou enfant chétif.
ÉCHOUIR. Assourdir par un grand bruit; causer des étourdissements importuner par sa loquacité.
ÉCHU. Vent ou chaleur qui sèche. Du Roman essui. ÉCHUCHÉ. Epuisé par un excès quelconque. Loc. Pic. terre échuchée, terre épuisée par un trop grand rapport.-Femme échuchée, qui a donné trop longtemps le sein à son enfant. ÉCLAINCHE. Epaule.
ÉCLAIND1R. Reluire resplendir. – Etymologie éclair.
ÉCLAIR. Soupirail.
ÉCLAYERouÉCLIER. Se dit d'une cuve, d'un tonneau dont les planches se disjoignent, par l'effet de la chaleur.V. RENAYER. ÉCLÈCHE. Morceau de bois menu.
ÉCLIDON (Boulonais). Traîneau.
ÉCLIFER. Fendre, partager, déchirer; en Franc-Comtois, éclafer. – Congénères Anglais to cleave Flamand klieven; Hollandais, kloven; Danois, klave, fendre. Le mot français cliver, qui doit avoir également une origine septentrionale, signifie fendre avec adresse un diamant, au lieu de le scier.
ÉCLIKETTE. Castagnette batte de masque. De même en Normandie. Vient de cliquetter, faire du bruit.
ÉCLISSES. Brinsde bois. De même en Roman. ÉCLOKER ou ÉKOKER. Rompre un fil, une ficelle, un lien de paille, etc., en tirant ou en pressant trop fort.
ÉCLOY. Urine. Robert Etienne et Nicot citent ce mot comme Picard, et le dérivent de ex et lotium, urine.
ÉCOACHER. Écraser quelque chose en marchant dessus. Synon. ÉBERDELER. Buffon s'est servi du verbe écacher dans l'histoire naturelle de l'éléphant.
ÉCOEURÉ. Qui sent son cœur défaillir; découragé, dégoûté. -De même en Normand.- On dit écœurdi dans le Berry. ÉCOHU. Homme au regard effaré.
ÉCOHUE. Bruit tumultueux.
ÉCOIRION. Cordon de soulier, de jupe, de tablier, etc.: signifiait primitivement cordon en cuir. De coriaceus de cuir. ÉCOLAGE. Rétribution mensuelle due au maître d'école. –De même en Roman et dans le département de la Meuse. ÉCONCE. Lanterne. Ce mot s'est conservé aux environs de Valenciennes.
ÉCOPERCIIE. Perchoir.
ÉCORCHE. Écorce. Du Roman escorche.
ÉCORCHEU. Tablier de cuir dont se servent les tonneliers, les brasseurs.- Se dit aussi, par extension, de tout autre tablier. – Cong. Rouchi, écourchue Champenois éeorsenie Bétbune écourceux. – Etym. du Latin coriaceus, de cuir. On dit accorcheu dans le Boulonais. M. H. Griset dérive ce mot du Celtique ac pointe et corthair, frange d'habit.
ÉCORNER. Fatiguer par le bruit. Syn. Échouir. ÉCORNIFLER. Écorner.
ÉCOSSE. Cosse. De même en Rouchi et en Roman. ÉCOUCHE. Instrument pour briser le lin.
ÉCOUCHER. Briser le lin.
ÉCOUCHERIE. Lieu où l'on écouche.
ÉCOUER. Couper la queue. De même en Normand. ÉCOUERION. Cordon. Voyez Écoirion.
ÉCOUTE SI PLEUT. Moulin dont le courant à besoin d'être grossi par les eaux pluviales qui écoute s'il pleut.
ÉCOULINÉ. Gâté par la pluie. Se dit surtout du blé. ÉCRAIGNES. Ce sont des huttes presque souterraines dont la toiture excède à peine le niveau du sol, et où l'on se réunit pendant l'hiver, pour faire la veillée. Cette sorte de construction était en usage dans l'antiquité. « Les Germains, dit Tacite, creusent des réduits souterrains et les chargent de fumier ou de paille. C'est un refuge en hiver, et, en été, un lieu sûr pour les récoltes. » (De Germ. xvi.) -Escriene a le même sens en Roman. Ce mot ne peut-il pas être rapproché du Latin scfinium de l'Islandais skrin; du Vieil Haut-Allemand scrînî de l'Allemand moderne schrein et du Français écrin. – Scrinium de même que serin et scrini signifient un coffret, où l'on met des objets précieux mais il a quelquefois la signification plus étendue de cabinet, petite chambre; l'Allemand moderne schrein désigne un buffet, une armoire. Il ne me semble pas im-
possible dès-lors que, par analogie, on ait appelé, en Roman, escrienes, en Picard, escraignes, les petites huttes servant de refuge, pendant l'hiver, et d'abri sûr pour les récoltes durant l'été. (Comm. de M. A. Breuil.)
ÉCRAMER. Ecrémer. Du Roman escramer.
ÉCRAMOULÉ. Broyé, moùlu. En Normand écrabouillé. ÉCRAMPI. Brisé par la fatigue qu'on a éprouvée en restant accroupi. Etymologie: du Roman crampi qui, d'après Méon, signifie plié, courbé.
ÉCRAPURES. Ecorces de bois de chêne.
ÉCRAVINTER. Ecraser de travail. Du Rom. escraventer. ÉCREU. Chaussurede lisière.
ÉCRÉVICHE. Ecrevisse. – Du Roman escreviche.
ÉCRITI EU. Ecriteau. Du Roman escritiau.
ÉCUELETTE. Petite écuelle. Synonyme: GATELOT. ÉCULÉE. Contenu d'une écuelle. Une esculeye de riz. (Romance de sire de Créquy).
ÉCUMETTE. Ecumoire idem en Lorrain et Rémois. ED' ou EDE. De.
ED' ou ET'. Ton, ta (devant une consonne). Synon. V, Tin. EDDANS ou EDDINS. Dans et dedans.
EDPIS. Depuis.
EDQUE. Jusque.-Synonyme: Dusque.
ÉDRUÉ. Se dit d'un enfant qui, en grandissant, n'exige plus autant de soin.
ÉDRUIR (Boulonais). Aérer.
ÉDUQUÉ. Bien élevé. Ce mot est de création récente. « Les beaux esprits des pays étrangers, dit Voltaire, qui ne connaissent pas l'usage, vous disent qu'un jeune prince a été bien éduqué, au lieu de dire qu'il a reçu une bonne éducation. » ('Mélanges des langue») Du Latin educatus.
EDZOUS. Dessous.- De même en Roman.
ÉFAILLER, METTRE A L'ÉFAILLE. Expulser, chasser. Napoléon mettra à l'éfaille tous chés enfenouilleux fJ. Croédur). EFFANT. Enfant. Congénères: Béziers, Haute-Saône, Rhodez, Wallon et Franc-Comtois, éfant ou effant. Etymologie: du Latin in fans, d'où le Roman infant et effant.
EFFANTIN. Qui fait des enfantillages, quoique sorti de l'enfance.
EFFIKER. Effiler.
EFFREUTER. Faire peur et avoir peur. Syn. EFFROYER. EFFROUER. Emietter. De même en Roman. Du Latin frangere ? 7
EFFUTER. Effaroucher des oiseaux, des volailles. Syn. Épavoder, EFFREUTER.
ÉFFUTEUX. Celui qui effute.
ÉFLÉPER. Écharpiller. ·
ÉGALIR. Unir, applanir. Voyez AGALIR.
ÉGARG ATER (s'). S'égosiller. Egurgatez vous tertous (Sermon de Messire Grégoire). Voyez GARGATE.
ÉGAUDIR (s') Se réjouir. Congénères: Catalan, gaudir; V. Italien, gaudire; Etym. du Roman gaudir, dérivé de gaudere. ÉGAVIOTER. Etrangler. Voyez Gaviot.
1 n' séroit mieux foère
Que d' s'égavioter. (Coq-à-l'dne Picard).
EGE. Je. Du Roman eg, dérivé de ego.
ÉGEINS. Gens.
ÊGLICHE. Seringue en sureau. De même dans le département de la Meuse. -Synonyme: Écliche,
ÉGLINCHER. Eclabousser. Synon. Egucher, EBRUSSER. En Lorrain églicher.
ÉGLUYURE. Seigle coupé et en paille.
ÉGRAFIGNER. Egratigner. De même en Berrichon, Lorrain Champenois et Roman.
ÉGRAPIN. Agrafe. Synonyme: Agrapin.
ÉGRAUER. Egratigner. Voyez GRAU. Signifie aussi dégrader, endommager.
ÉGRAUURE. Egratignure.
ÉGRIFER. Égratigner. -Du Roman esgrifer.
ÉGRIGNER. Se dit d'une plume dont on gratte le bec et avec laquelle on ne peut plus écrire.
ÉGRO (vent d'). Vent d'ouest. Peut-être ainsi nommé parce qu'il endommage (égraue) plus qu'un autre.
ÉGRUGEOIR. Chaire à prêcher. Se dit en plaisantant. ÉGUCHER ou ÉGUICHER. Éclabousser.- Syn. Èglincher. ÉGUEULER. Casser le haut d'un pot, d'une cruche; (littéralement casser la gueule).
ÉHOUPPER. Battre le sommet (houpe) d'une gerbe couper la cime d'un arbre.
EIN. On. 11 ne vient pas, comme on l'a prétendu, ni de l'Anglais one, ni du Celtique en. C'est une altération de son primitif homo qui a passé par diverses transformations: hom, home homs, hon, hons, om, ons, on, ein, èn.
EIN. Un. -Congén. Ronchi et Vieux-Français, en; Belge in. Etymologie: du Tudesque ein.
EINDOBIR. Remplir de boue, salir.
EINDORMETTE. Oiseau de proie.
EINFOUFENATÉ. Amouraché.
EINGUEZINGUE. Mesange.-Syn. Masingbe, EXIMPLE, etc. EIN VOIE (être). Être en route. – Etymologie de invid. EJ'. Je. Du Latin ego.
ÈJOU? Est-ce que? id. en Rouchi et Rom.-Synon. Ejouo'. ÉKALIR. Aplatir, écraser. V. AGALIR.
ÈKE. Morceau de bois, copeau. V. éklr.
ÉKELLE. Echelle. Après c's armanos lo on put tirer ch' l'ékielle. (Astrolugue picard, i84o).–Etymologie du Rom. eskiele, dérivé du Latin scala.
ÉKEMENT. Comment, pourquoi. Synonyme: CAMEINT. ÉKENILLER. Echeniller, et par extension, remuer, secouer. ÉKER. Couper du bois.- Cong. Island, hacka; Allem., hacken Hollandais, hakken Danois, hakke: tous ces verbes signifient hacher. Mais il est remarquable qu'en Allemand, on dise holz hacken pour fendre du bois èke et ékette, doivent avoir la même origine que e'ker. (Note de M. A. Breuil).
ÉKERBOUILLÉ. Homme vif, spirituel.
ÉKERBOUILLER. Remuer les tisons pour allumer le feu. ÉKERPELLE (Béthune). Coquelicot.
ÉKERPILLER. Nettoyer de la laine, en élargir les flocons. ÉKERRE. Arriver, échoir tomber. Du Roman escheir. ÉKETTE. Copeau, menu bois. Raclures de savon. ÉKEIK Ekeu de bos, mauvais ouvrier, qui gâte le bois. ÉKEU. Echu. – De même en Roman.
ÉKEUVEUKEU. Plante coniférif'orme et très ramifiée. ÉKICHE. Seringue en sureau. Synonyme Egliche. ÉKICHER. Eclabousser.- Synonymes Ébrusser, Écucher. ÉKIGNÉE. Echeveau. Synonyme Écaigne.
ÉKIGNER. Eclater de rire.-Etym. peut-être de cachinnari. ÉKIGNON. Petit morceau de bois taillé dont se servent les enfants pour suivre les lettres qu'ils épellent.
Mi qui comme ein curé de vilache
Lis l'armcnach sans ékignon. (Chanson Picarde).
On donne aussi le nom d'ékignon à la partie de la charrue qui sert à donner une inclinaison au coutre et à nettoyer le fer. ÉKINÉE (Artois). Echine de porc.
ÉKIPER. Faire saillie.
EKMISE. Chemise. Voyez REMISE.
EL. Au. (St.-Pol, 1231.)
EL. La, le.
ÉLANCHÉ. Elancé. Du Roman eslanché.
ÉLANGRE ou ÉLANGRÉ. Mince, effilé, allongé. ÉLARGUIR. Elargir. De même en Rouchi et Roman. ELCHON. Leçon.
ÉLINGUE. Bout de bois servant de vergue dans un bâteau. Signifie aussi fronde, comme en Vieux-Français.
ÉLINGUÉ. Mis en rumeur par un événement qui excite la curiosité. Signifie aussi jetté, renversé et quelquefois placé sur un terrain élevé.
ÉLINGUER. Lancer; repousser bien loin (comme avec une élingue).
ÉLITAINS (Arras). Écosse.
ELLE. La, cette. (Voyez M. Ampère, p. 366.)
ELLOLE. Celle là. Synonyme: CHELLE LOLLE.
ÉLOCHER (s'). Marcher pour gagner de l'appétit.
ÉLUSER. S'amuser. -Du Bas-Latin se ludere.
ELVERIER. Lévrier.
EM'. Ma me. -Synonyme Eue, Emn'.
EMBERLIFICOTER. Séduire par de fausses promesses amuser de paroles dans l'intention de tromper. (Littéralement ficher la berlue.) Synonyme: ENGEOLER.
EMBERLAFER. Répandre de manière à éclabousser. EMBERNÉ. Barbouillé.-De même en Berrichon et Rouchi. EMBERON. Maladroit.
EMBLAI [fnère, son). Faire des embarras.
EMBLAVEMENT. Grand désordre.
EMBLAVER. Semer en blé. Du Bas-Latin imbladare
d'où est venu le Vieux-Français emblayer; signifie aussi mettre en désordre, faire des embarras.
EMBLAVES et EMBLAVEMENS. Blés sur pied. De même en Roman.
EMBLAYER. Embarrasser, empêcher. – De l'ancien Picard embléer.
EMBLER. Voler (Beaumanoir). Ce mot est encore usité en Normandie.
EMBLEYEUX. Faiseur d'embarras.
EMBOUER (s'). Se salir de boue.-De même en Berrichon. EMBRAMÉ. Embrasé; qui a la figure rouge, enflammée. EMBRICOLER. Mettre la bricole à une vache. -De même à Valognes.
EMBROKER. Embrocher. De même en Roman. EMBRON. Propre à rien, maladroit.
EMBRUNGNER (Boul.) Couvrir.-Du Roman embrungher. EME. Ma et me (devant une voyelle).
ÉMICHON. Limaçon. Synonymes: Émuchon calamichon. ÉMIER. Émietter, manger. – Syn. Mier. Id. en V. Franc. ÉMIOCHER. Émietter, rompre le pain en petits morceaux. Synonyme: EFFROUER.
EMITAN. Moitié. Voyez MITAN.
EMMATRELÉ. Enrhumé. De même en Roman. EMMES ou EM'S. Mes. Ne s'employe que lorsque le mot suivant commence par une voyelle em's amis.
EMMI. Au milieu. De in medio. St.-François de Salles et Malherbe employent souvent cette expression.
EMMOLET. Un peu. -Synonyme: EIN molet.
EMMOURMELER. Écraser. Se dit des corps mucilagineux. EMN'. Mon, ma (devant une voyelle).
ÉMOCHAU. Tas d'ordure.
ÉMON. N'est-ce pas? Syn. Amon. – On dit émon, à Tournai.
ÉMOTER. Briser des mottes de terre.-De même en Roman amotai, en Comtois.
ÉMOUKER. Chasser les mouches.-Moucher une chandelle. – Réussir dans une affaire au détriment d'une autre.
ÉMOUSTILLER. Rendre gai, de bonne humeur. Roman. EMPAFER. Gorger de nourriture. De même à Alençon et à Valenciennes. V. Empifé.
EMPALTOKER (Artois). Empaquetter.
EMPIERGER (s'). S'empêtrer.
EMPIFÉ. Qui a mangé à l'excès. Du Roman empiffré. EMPLEIDIER. Mettre en procès.
EMPOTER. Mettre en bouteille, en pot. Id. en Normand. EMPOTINER (Pas-de-Calais). Salir noircir (comme avec le noir d'un pot brousé).
EMPRËS. Auprès. De même en Rouchi.
EMPULÉ (Saint-Valery). Envasé dans le sable.
EMPUTÉ. Gâté infecté, qui pue. – [De même en Rémois. ÉMUCHON. Limaçon. – Synonyme Émichon, Limichon. EN AAGE. Majeur. (Coutumes du Beauvoisis.J
EN AMONT. En Haut. V. Amont. `
ÉNAVRILLÉ. Déshabillé pour travailler-à l'aise (comme cela se fait dans le mois d'avril).
ENCAUCHER LE BLÉ. Lessiver le blé de semence dans de l'eau de chaux (en Picard, cauche).
ENCEPÉ ou ENCHEPÉ. Enchevetré, pris dans, arrêté dans. -Du Latin in cœptus ou plutôt du Roman ceps, liens dont nous avons formé encheppé, comme les Ital, ont formé inceppare (mettre aux fers) de ceppi et les Espagnols encepar de cepos. ENCHOITE. Embarrassé, qui s'embarrasse facilement. ENCLEUME. Enclume. De même en Roman.
ENCONTE (à V). Contre.
ENCRAPER. Rendre crasseux. Synonyme Crapeb.
ENCRASSIER. Engraisser.-De même en Rouchi. ENDAIN. Enjambée espèce de pas qui sert à mesurer.-Du Roman endem. Andare signifie marcher, en Italien. EN DESSOUS. On dit qu'une personne est en dessous quand elle est sournoise hypocrite.
ENDÉVER (faire). Endiabler. Cong. Rém. endever; Ital., indiavolare. Quand on fait endever quelqu'un on lui fait perdre le calme et la raison, en sorte qu'il parait être sous l'influence du diable. (Devil, en Anglais; diavolo, en Ital.) Nous croyons donc que c'est à tort que Du Cange dérive endéver de indeviare. ENDIZELER. Mettre en dizeau. Voyez ce mot. ENDOVER. Endormir. Voyez DOVER.
ENDOVÉ. Syn. Engoncé.
ENDOVOIR. Achillée à mille feuilles, ainsi nommée parce que l'on attribue à cette plante la propriété d'endormir fendoverj. ENDRUNKER. S'embourber. De même Rouchi. ÉNENGÉ. Rempli de mauvaises herbes.-Enenger veut dire, en Franc-Comtois, remplir d'une mauvaise engeance. EN ERRIÉRE. En retard.
ÉNETTE. Canne et spécialement la femelle du canard, dont on se sert à la chasse à la hutte. Voyez ANETTE.
ENFANCIION. Petit enfant. – De même en Roman. ENFENOUILLÉ. Qui a beaucoup d'affaires.
ENFENOUILLER. Exciter, animerquelqu'un.
ENFENOUILLEUX. Qui se mêle de tout; faiseur d'embarras. ENFIKER. Ficher, enfiler, percer.
ENFILURE (vir l'). Découvrir le but caché d'une action, la tournure que prend une affaire.
ENFLAMBER. Enflammer. De même en Roman. ENFOURNAKER (s'). S'envelopper, se fourrer dans son lit. ~Etymologie: du Français enfourner.
ENFRAINTURE. Atteinte portée aux droits d'un tiers.
ENGAMBER. Enjamber. -Comme en Rouchi et en Roman. ENGANER. Tromper, comme en Roman. Congénères: Bas-Normand, enganer; Vandois, engainer; Beziers, engana; Portugais, Vieux-Catalan et Espagnol, enganar; Italien, ingannare. Etymologie: du Latin ingannare.
ENGANTER (Boul.). Embarasser quelqu'un de quelque chose. ENGARBER. Mettre des gerbes les unes sur les autres. De même en Rouchi et Roman. Voyez GARBE.
ENGARIÉ. Engagé, entraîné. – Du Bas-Latin invadiatus. ENGAVER. Engraisser les volailles en leur faisant avaler de gros morceaux de pâte.-Etymologie: du Picard gaviot, gosier. Au figuré: bourrer quelqu'un de nourriture.- En Normandie, ce verbe s'employe au réfléchi.
ENGEOLER, ENGINGNER ou ENGEIGNER. Tromper, séduire par de fausses promesses.-Synonyme: EMBERLIFICOTER. « Tel comme dit Merlin cuide engeigner autrui
Qui souvent s'engeigne lui-même;
J'ai regret que ce mot soit trop vieux aujourd'hui
II m'a toujours semblé d'une énergie extrême. » (Lafontaine.) ENGEIGNEUR. Trompeur, engeoleur.
ENGINGORNER ou ENGIGORNER. Insinuer, mettreen tête. ENGLUY. Glu.
ENGONCE. Perdu dans ses vêtements, gêné dans un habit qui monte jusqu'aux oreilles.-Du Roman esconcé, caché, ou du Bas-Latin ingonnicatus. De même dans l'Eure-et-Loire. ENGOULER (Laon). Manger, absorber; idem en Roman. ENGUEULER. Dire des injures; terme poissard commun à plusieurs provinces.
ENGCEUSER. Tromper en faisant tort.
ENGUIGNIER. En vouloir à quelqu'un.
ENGUILBAUDER. Entraîner à.
ENHERBER. Empoisonner; de même en Roman. Ce verbe exprime aussi le secret de se faire aimer. C'est une allusion à la puissance merveilleuse qu'on prête à certaines herbes magiques, dont on composait des philtres. On dit encore dans le même sens: donner de l'herbe de perlimpimpin.
ENHEULIER. Administrer le sacrement de confirmation. –Du Picard heule huile.
ENHUI. Aujourd'hui. Voyez Anuît.
ENMARVOYER (faire). Tourmenter, chagriner id. en Rom. ENMITOUFLER (s'). Envelopper la tête comme avec un amict. Voyez AMITOUFLER.
ENNE. Une; comme en Comtois et en Roman.
ENNETTE. Nièce. Synonyme NÉNETTE.
ÉNON. Voyez HÉNON.
EN PART MI EN PART LI. A part moi à part lui. EN QUAND. En mêms temps que.
ENRAKER (s'). S'embourber, se mettre dans un mauvais pas. – Du Roman s'enracler.
ENROYER. Commencer le premier sillon d'un labour. De même en Roman. On dit enreya, en Languedocien. EN S ANE. Ensemble. comme en Roman. Cong. Vosg. ensenne Bourg., ansane; Franc-Comtois et Vieux-Français, ensane; Rouchi, ensiane. Etym. du Bas-Latin insimul. ENSELLÉ (Boul.) Se dit du cheval dont le dos creusé vers le milieu forme pour ainsi dire une selle naturelle.
ENSEMENT. Toujours, aussi, ensemble. (M. J. Marnier.) ENSILLER (Boulonais). Dépenser, dilapider.
ENSIN (tout). Tout comme, semblable à.-Du Latin similis. ENSOILANT. Qui cause la soif.
ENSOILÉ (été). Avoir soif, être altéré.
ENSOINE. Empêchement légitime. (La Thaumassière.) ENTAMURE. Le premier morceau qu'on coupe à un pain.
ENTE. Rejeton.
ENTERDEUX. Entre deux, à travers, au milieu.
ENTERVIR. Entrevoir. -Du Latin inter videre.
ENTIKE (Boulonais). Piquet, pieu.
ENTOKÉ. Plein jusqu'à perdre la respiration.
ENTOMBI. Engourdi. Entomi, en Vieux-Français « qui ont les membres comme entomis et endormis. » (Froissart.) ENTORTILLER. Persuader quelqu'un le décider à quelque chose, en agissant avec finesse et précaution. Cette expression pittoresque est employée par beaucoup de personnes qui la croyent Française. Synonyme Engeoleh.
ENTREBENDE. Pièce de bois qui en soutient deux autres. ENTRETOISE. Poutre. (Archives de Péronne, 1808.) ENU1T. Aujourd'hui. Voyez Anuit.
ENVAYÉS. Invasions. « Pour ce qu'il est nouvelle que les Anglais font plusieurs envayés. » ( Amiens 1449.)
ENVERS (à m' n'). A mon égard envers moi.
ENVOICHE (que je m'). Que je m'en aille.
EN VOIE (éte). Etre en route, être parti de même à Lille, à Valenciennes et à Metz. Etymologie: du Latin in via. ÉOUTEUX. Moissonneur. Du Roman aoust (moisson). ÉPAGNOLER (s'). Se trémousser, se réjouir. Cette expression nous semble venir du mot épagneul chien originaire d'Espagne, dont on imite pour ainsi dire les ébats, quand on s'épagnole. Cette étymologie est confirmée par l'expression Française analogue s'écaniller (de canis), et par l'Allemand kolben, folatrer, (de kolb, veau).
ÉPALER. Compter combien il y a de pas dans une pièce de terre, et par extension, mesurer. Du Roman espaler. ÉPANI. Epanoui, de même en Comtois et en V. Français. « Vénus est une rose épanie au soleil. » (Desportes).
ÉPANIR (Artois). Sevrer un enfant- De même en Roman. ÉPARDRE. Répandre, disperser. -Du Latin spargere. ÉPARER. Disperser, étendre. Même étymologie. ÉPATER (s'). S'étendre. Etymologie: du FrançaispaMe. ÉPAUTER. Effrayer. Voyez ÉPEUTER.
ÉPAUTRER. Crever, écraser, fouler aux pieds.- De même en Rouchi et en Roman. Il eut le chervelle e'peutré (Epitaphe Pic). ÉPAVAUDER et ÉPARVAUDER. Effaroucher. Congénéres: Rouchi, épilvoder; Franc-Comtois, épavurie; Portugais et Espag., espaventar; Ital., spaventare.-Du Latin pavor, peur. ÉPE AUTRE (Boulonais). Orge printanière. Synon. Bâtard. ÉPÈKE (subst. fém.) Pic vert (oiseau).
ÉPÉNIR. Epanouir. Du Roman espénir. -Synon. Épanir. ÉPEUTAIRE. Epouvantail, Etym. du Roman espeutaire. ÉPEUTE, ÉPEUTOÈRE, ÉPEUTENARD. Même signification. On donne le nom d'épeutoère à moigniaux à des haillons suspendus au haut d'un bâton qu'on place dans les champs et les jardins pour effrayer les oiseaux. On applique ironiquement ce terme unhommedetournuregrotesque ouridiculementaccoutré. ÉPEUTER. Epouvanter, effrayer. En F.-Comtois, épounta; en Vieux-Français, épauter.
ÉPEUTRER. Crever, écraser. Voyez Épadtrer. ÉPIEULE, EPIULE. Épingle. – Congénères: Languedocien, espillo Italien spillo. Etymologie: du Roman espieule. ÉPILLON, EPINON. Dard des abeilles. Probablement du Latin spinula, épine.
ÉPINCIIES. Pincettes. Du Latin pungere, piquer. ÉPINER. Vexer.
ÉPINOKE. Epinoche, poisson. Personne petite, maigre comme le poisson nommé épinoke.
ÉPINTE. Espace de temps. Eine boine ëpinte assez longtemps.
ÉPIROLLE. Graminée qui pullule dans les blés et qu'on arrache au printemps.-Dans quelques parties de l'Artois, on donne ce nom aux épis de blé niellés.
ÉPINGUER. Éclabousser.
ÉPLUKER. Éplucher. De même en Normand, Rouchi et Rom.-Signifie aussi interroger malignement, scruter avec soin. ÉPOILLIER. Épiler, enlever les poils.
ÉPOULEMANDES. On appelait ainsi à Amiens, en 1771, les femmes qui portaient chez les teinturiers les pièces d'étoffes sortant des mains des fabricants (l'abbé Tiron). Ouvrières qui préparent les canettes pour les tisserands.
ÉPOURER. Épousseter. Signifie aussi insulter et effrayer. Dans ce dernier sens, il vient de expavescere.
ÉPOURIE. Vanterie, forfanterie. Signifie aussi insulte, et emportement.
EPS. Abeille. Syncope de a,pes. Synonyme Es. EPSER. Peser.
ÉPUCHER. Épuiser, tarir.
EQ ou EQUE, Que.
ÉQUEUÉ. Sans queue, privé de la queue.- Franc-Comtois, acoud. Synonyme Écoé.
ER. Re se change souvent en er. On dit indifféremment rechiner et erchiner, recrand et ercrand. Nous faisons cette remarque pour justifier ici l'absence de certains mots qu'on trouvera à Re. ÉRAILE. Oreille. – Synonymes Éreille, ÉRAILLE, orelle. Congénères: Lorrain, erraie; Montagnes du Doubs, éreilles. –Etymologie: du Roman éraile, dérivé du Latin auris. ÉRALER (s'). S'en aller, s'en retourner.
ERBEYER. Regarder avec attention. Locution picarde s erbeyer decôté, regarder de travers.
ERCANGER. Rechanger. Du Bas-Latin recumbiare.
D'abord ein malin apote,
I s' met à précher
Que l' monde est viux, qui radote,
Qui feut l' l'ercanger. (Chanson Picarde).
ERCHINER. Collationner. Voyez RECHINER.
ERCHINETTE. Petite collation que font entr'eux les enfants. ERCHON. Leçon. Synonyme ELCHON.
ERCLAMER. Se recommander. « Jé n'savois pas à que saint m'erclamer. » (Journal de Saint-Quentin 26 novembre 1848.) ERCORDER. Encourager, reconforter, donner du cœur. –-Etymologie du Latin cor, coeur. Signifie aussi renseigner. ERCRAND. Las, fatigué. Voyez RECRAND.
ERFIKER. Reficher, replacer.
ERFOÈRE. Refaire, duper, tromper.
ERFRIGNÉ. Refrogné revêche, ridé.
ERGEINT (f.) Argent. -Dol belle ergeint, de beaux écus. ERKAINGIER. Rechanger.
ERKÈRE. Retomber.
ERLÉKER. Lécher. Voyez LÉKER.
ERLISSER. Vouloir tromper, filouter.-Signifie aussi tomber dans le piège se laisser surprendre.
ERMÊLE. Merle. Synonyme EURMERLE.
ERMONER ou ERMUCHER.Remuer, mouvoir à petit bruit. ERNIDIU (renie Dieu). Terme injurieux.
ERNIR. Revenir.
ERNU. Orage tonnerre. Voyez ARNU.
ÉROKER. Écraser des mottes de terre, des rokes. ERPON. Berceau d'enfant. -Etymologie: repos.
ERR AIE. Oseille. De même dans la Meuse.
ERRHE. Arrhes. -J'ai baillé de l'errhe.
ERREMENTER. Plaider. (Rue, 1304.)
ERRIÈRE (en). En arrière, en secret. – De même à Besançon.
ERSIANER. Ressembler.- Synonyme Ressaner. ERVELEUX. Gaillard, guilleret. -Signifie rétif, en parlant d'un cheval. – Synonyme Reveleux.
ERVINGER (s'). Se venger.
ES' ou ESSE. Sa. (devant une couronne.)
ÈS. Abeille de même en Roman. Synon. Eps.
ESBATU. Content, réjoui.
ESBINER ou ESBIGNER (s'). Se sauver. De même en Normand, Berrichon et dans l'argot Parisien.
ESBROUFES (faire des). Faire de l'embarras.
ESBROUFIER. Qui fait de l'embarras.
ESCAIR. Echoir. (Corbie, xiii.» siècle).
ESCALETTE (Artois). Crecelle de même en Roman. ESCAINE. Escabelle.
ESCAMPETTE. Fuite; de même en Roman. -Locution picarde prinde pour deux yards ed poude d'escampette, se sauver. ESCARES (faire des). Faire des embarras. Synonymes: FOÈRE SES AMBLAIS, FOÈRE SES ESBROUFES.
ESCARPOGNER. Rosser, maltraiter
Ein les pourcachera
Ein l'z escarpognera. (P. L. Gosseu).
ESCOFIER. Tuer, massacrer. -de même en Lorrain. -Du Roman escofire, anéantir.
ESCOFION. Coiffe de femme– De même en Roman. ESCOIRE. Panier à secouer la salade.
ESCONDISSANT. Econduisant, refusant (M. J. Marnier). ESCORBILLE. Résidu du charbon de terre non entièrement consumé. – Congénères Maubeuge, escarbie Valenciennes et Besançon, escarbille.- Etymologie ex et carbo. ESCORDILLE (Béthune). Ortie.
ESCORDILLE BLANCHE. Laurierblanc.
ESCOUDIE. Elan. -Locution picarde prinde esn escoudie, courir pour faire un saut.
ESCOUVETTE. Grand manche à balai. A Verberie, on appelait chevaucheurs d'escouvettes, ceux qui avaient la réputation de fréquenter les sabbats. (M. de la Fons).
ESCOUTE. Sentinelle. (Abbeville ,1234.)
ESCRÉPIN. Escarpin, – Idem en Champenois et Roman. ESCRIGNÉ. Avorton homme ou enfant d'une complexion très délicate signifie aussi renfrogné.
ESCRIGNET. Petit écrin.
ESCRIMIES. Joûles où l'on combattait à la lance. Une des rues de Doullens.
ESKEUSSE. Journée de travail longue et pénible. Signifie aussi salaire modique, insuffisant.
ESKURISSE. Élan. Synonyme: Escclusse, EscouniE. ESPERLINGUER. Chasser, disperser, repousser.-Etymblogie du Roman espringher.
ESPEIILUETTE. Mot que les enfants «joutent à l'alphabet qu'ils récitent.
ESPÉRER. Attendre. Dans la Normandie, la Vendée et le Languedoc, espérer aussi cette double signification. «Une extension aussi naturelle de signification, dit M. E. Du Méril se trouvait déjà en grec (EAa-(Çeo), en Lat. (sperare) et en Anglais {hope). ESPERON (Béthune). Sansonnet. De même en Roman. ESPORER. Penser, croire. (Coutumes du Beauvoisis). ESPOURI. Effrayé surpris Etymologie: de peur. ESPRINGUER. Sauter de joie. Grog. d'Essigny dérive ce mot du grec 2£p<y«>i. Il est le même en Roman qu'en Picard et vient sans doute d'un mot tudesque: car springen signifie sauter, en Allemand, en Hollandais et en Flamand; en Danois, springe. ESQUINTER. Assommer, luer. En Vieux-Prov. esquintar signifiait déchirer, mettre en pièces.
ESQUISSE. Seringue.
ESSAPI. Altéré. Congénères: Rouchi, assapi; FrancComtois, essari.
ESSARTER. Elaguer les arbres. Du Bas-Latin essartare. ESSARTS. Champs incultes, non défrichés. De même en Roman.-De là, vient le nom propre Des Essarts.-Congénères: Eyssart, dans l'Isère. Essartum, dans la Basse Latinité. ESSEMANGNE. Semaine.
ESSERPILLER. Emonder un arbre.- De même en Roman. ESSIAU et EISEAU. Puisard. Comme en Roman. ESSIÈ Ici, à gauche. Terme employé par les charretiers pour faire aller les chevaux de leur côté, c'est-à-dire à gauche.Synonyme: DIA
ESSIEUTER. Excepter. (Coutumes du Beauvoisis) ESSILLER. Employer, dépenser, dissiper.
ESSILLER. Qui dissipe ses biens.-Voyez Du Cange, au mot exilium.
ESSOILER. Séparer le seigle du blé; couper les épis de seigle qui se trouvent dans un champ de froment.
ESSOINE. Excuse. (Coutumes du Beauvoisis, Ch. u.) ESSU. Temps qui fait sécher vite. – Etymologie: Essuyer. ESSUIE. Torchon, serviette. De même à Rheims et à Valognes. – Essiot dans le Berry.
ESSUTÈME ou SUTEUME. Sécheresse, temps doux qui sèche le linge mouillé. -Synonyme: Essu.
ESTAFIKER (s'). Se fixer, se placer.-Du Lat. se statu figere. ESTAFULADE. Estocade.
ESTAIME. Étain.
ESTENCHEMENSES. Avoines. « Avenus quœ estenchemenses vulgariter tippellantur. » {Cart. Frigid., Ilb7.) ESTERNER ou ESTERNIR. Renverser, étendre par terre. Etymologie du Latin sternere.
ESTOC. Souche tronc. (Anc. usages d'Amiens.) Signifie actuellement esprit, entendement. Cong. Ital. stoco (souche, pied d'arbre); Espagnol estaca; Vieux-Français estoc; Allemand stock.
ESTOHIERS. Fourreurs, pelletiers. Voyez Mantel. ESTOMAKÉ. Stupéfait, abassourdi.-De même en Wallon. ESTOMIS. Étourdi, accablé.
ESTOURMIE. Éveil.
ESTRAFIKER. Mettre en travers; (statum transfigere.) ESTRAIN ou ÉTRAIN. Paille, chaume. – Comme en Roman. – Vient du Latin stramen Cong. Fr.-Comt. et Lorrain, étrain Maubeuge stragne Roue. et Wall. estrain Borain, estragne Island. stra; Danois straa Allem. stroh Angl. straw Hollandais, stroo.
ESTRÉE. Chemin. (Prononcez Étré.)-De même en Roman. Du Latin stratum. C'est l'étymologie de plusieurs noms de lieux et de familles.
ESTREMISER ou ESTREMONCTIONER. – Donner l'Extrême-Onction. -Synonyme: Enheulier.
ESTRÉPER. Arracher. (Coutumes du Beauvoisis.) ESVERTEIN. Épileptique, qui a des vertiges. De même en Roman. – De là, évertein, vif.
ESWARDEUR. Gardeur, inspecteur. (Cout. inéd. de Pic.) ESWARD. Règlement statut. (Anc. Cout. du Ponthieu).Du vieil Haut-Allem. euua loi. Ewarto dans la même langue, signifiait gardien de la loi.
ET' et ETE. Ta (devant une consonne); te.
ÉTAKE. Pieu. Du Roman estake. – Syn. PALI. ÉTALE, ÉTAVE ou ÉTAULE. Étable. Cong. Rouchi Franc-Comt. et Bourg. étaule Allem. IIoll. et Suéd. stall. Etym. du Roman estaule dérivé du Latin stabula.
ÉTAMPI (ête). Être debout, être dressé.-En Rouchi, étampé. -En Vieux-Picard, estampis.
Stapendant tout cascuens sur le pont estampis. (Sire de Créquy.) ÉTAMPIR. Mettre debout, dresser.
ÉTAAIPLAIRE. Épouvantail. – Synonyme Épeutoère. ÉTAPIEU. Arbre coupé à peu de hauteur, ramifié et servant de limite à un pré à un bois.
ÉTAU. Souche morte et coupée à quelque distance de la terre. Au figuré, individu immobile, qui ne bouge pas. Etymologie: peut-être du Celtique éteo, grosse bûche.
ÉTERKI. Elargi.
ÉTERNI. Qui a beaucoup de litière.
ÉTEUILLÈRE. Champ d'éteule.
ÉTEULE. Chaume laissé sur pied après le sciage du blé; de même en Comtois paille se dit stoppel en Hollandais, Flamand et Allemand. Notre mot éteule, vient du Latin stipula, par la transition du Vieux-Français esteuble.
ÉTIMIER. Etagère pour la vaisselle.
ETN. Ton, ta (devant une voyelle).
É'FOKER. Suffoquer au propre et au figuré.
ÉTOMBI. Engourdi. Du Roman entombi. Par extension, lourdaud, imbécille.
ÉTORÉE (chambre). Chambre garnie, meublée. Les anciens contrats de mariage, en Picardie, réservent à la femme, en cas de mort du mari, sa chambre étorée, c'est-à-dire garnie de ses meubles. N'y aurait-il pas quelque analogie entre ce mot et le verbe anglais to store, munir, remplir (storehouse, magasin)? ÉTOUPER. Boucher. – Congénères: Franc-Comtois, étouper; Wallon et Rouchi, rétouper Vaudois, etopar; Italien, stopare Hollandais et Flamand stoppen Allemand stopfen Danois, stope; Islandais, stappa. Etymologie: du Roman estouper, dérivé du Latin stipare.
ÉTOURGNEAU. Etourneau. Signifie sansonnet, à Rue. ÉTOURNETTE. Dévidoir. Du Roman tournette.
ÉTOUT. Aussi; de même en Borrain, en Rouchi, en Lorrain et en Roman. -Voyez ITOUT, qui se dit plus communément. ET PIS. Et puis. C'est une locution par laquelle on ouvre souvent la conversation, quand on s'aborde. Dans la langue d'Oil, ui se prononçait d'abord u, l'i prédomina ensuite, en sorte qu'on prononça é-pi.
ÉTRAIN. Paille; de même à Bar-le-Duc et en Normand. Du Latin stramen. Voyez ESTRAIN.
ÉTRAMER. Eparpiller, semer ça et là.
ÉTRAMURES. Paille, fourrage. Du Roman estramiers. ÉTRANER. Etrangler. Mes souvenirs vienn'tent m'étraner (tristesse).- Congénères: Rouchi et Vieux-Picard, estraner; Wallon, straner; Catalan estrenyer. Etymologie du Roman estraner, dérivé du Latin strangulare.
ÉTRÉKIR. Se mettre à son aise, s'allonger.
ÉTREMER. Étendre de l'étrain pour le faire sécher. ÉTRÉNETTES. Gaufres que les campagnards portent comme étrennes aux habitans des villes.
ÉTRIKÉ. Se dit d'un vêtement trop court, trop étroit. De même dans le pays Chartrain.
ÉTRIKER. Battre à coups de triques, à coups de verges. –A Auch, truca signifie battre.
ÉTRIOLER. Faire effort.
ÉTRIPER. Serrer outre mesure (à faire sortir les tripes). ÉTRIVER (Boulonais). Contrarier, désobéir.
ÉTRONGNER. Casser les fanes d'une carotte, en laissant la racine (le tronc) en terre.
ÉTUF. Poële. Comme en Roman.- Etymologie Étuve. ÉTUMI. Engourdi. Du Roman étomi.
EU (j'ai). J'ai eu.- Prononciation commune à plusieurs Provinces.
EU DE. De. – Synonymes: d', éd. ·
EUDES ou EUD'Z. Des. -Synonyme: Dz.
EU JE ou EUJ'. Je. – Synonymes: Ej EG, ege, ch etc. EUL. Le, la. Synonymes EL, che, l', etc.
EULE. Huile. En Ancien Picard, oile. Congénères: Comt. eûle; Wallon, ole; Rouchi, olle; Limousin et Languedocien, oli Flamand, olie Allemand ol Italien, olio. – Etymologie Du Roman ole, oelle dérivé du Latin oleum.
EURDRECHER. Redresser, remettre sur le bon chemin. EURÉE. Averse. Synonyme: AURÉE.
EURMERLE. Merle. Synonyme: ERMELE.
EUSIEU. Oiseau. Synonyme: Oisieu.
EUSS'N. Son, sa; (devant une voyelle).
EUSON. Oie, oison; imbécile. De même en Borain. On sait qu'no canton
1 n'menque pas d'eusons. (M. Delegorgoe.)
EUT. Août moisson. L'après eut, l'arrière saison. EUTE ou EUT. Ta (devant une consonne).
EUT'N. Ta ton (devant une voyelle).
EUYADE. Pochade, coup à l'œil contusion.
ÉVALTONER. Sauter.
ÉVAUDER ou ÉVEUDER. Poursuivre chasser. ÉVENT (à l'). Qui tourne à tout vent. Ch'est eine tête à l'évent c'est un étourdi un esprit sans consistance. ÉVÉNUER. Épouvanter. – Synonyme Épeuter, Èpa-voder. ÉVERNIR. Étourdir, accabler; consterner.
ÉVERTEIN. Vif.
EXCÈS. Nom donné au jeu d'échecs dans VHiftnirr Af Jehan d'Avesnes.
EXCOMMIÉ. Nom qu'on donne à un animal malfaisant. EXIMPLE (Hornoy). Mésange. – Synonyme MASINGUE. EXINGUE (Rue). Mésange.
EXTERMINER. Rouer de coups.
EXTRIKER (Pas-de-Calais). Éventrer, massacrer. ESQUEUX. Échu.
EYUDE. Aide, secours. Voyez AYUDE.
ÈZ. Abeille. Contraction d'apes. Synonyme: Eps. EZIERS. Les êtres d'une maison; le détour d'un bois; les différentes places où chaque chose est placée. M. de Poilly hazarde, sur ce mot, l'étymologie de e'Çh», placer.-Syn. Agés. ÉZIUTÉ. Commodité, utilité. – Du Roman aiziu, accommodant II vaudrait mieux écrire aisiuté.
F
FABULETTE. Conte, fable.
FACHE. Face. De même en Roman.
FACIION. Façon. De même en Rouchi et Roman. FAGA (Boulonais). Paresse, fatigue.
FAIGNANT. Fainéant. D'après M. Génin, ce mot ne serait pas, comme on pourrait le croire au premier abord une corruption du mot fainéant. Ce serait un adjectif verbal pris substantivement, qui dériverait de feindre. En effet, un faignant n'est pas la même chose qu'un fainéant. C'est un homme qui, n'osant pas avouer sa paresse, accepte le travail sans le rechercher. Mais il n'accomplit cette tâche qu'en feignant de travailler. D'après cette interprétation il vaudrait mieux écrire feignant. FAIGNE. Fruit du hêtre. En Languedocien, fe'ina. FAILLANT (temps). Temps lourd, fade, qui fait faillir le cœur.
FAILLE NOIRE. Coiffe de femme dont l'origine remonte à la domination espagnole. On prononce falle, dans l'Artois. FAINE (Boulonais). Lieu planté de hêtres.
FAINYE (Arras). Fin.
FAITURES. Façons. (Coutumes du Beauvoisis). FALLACE. Ruse, tromperie. Etym. du Latin fallacium. FALLI (cœur). Paresseux, mou, lâche. Du Roman falli, lâche, qui dérive de l'Allemand fehlen, manquer, ou du Lat. fallere. FAMEINE. Famine.-Idem en Rouchi et Roman. A vir leu meine
Et leu bedaine,
Cha seroait 1' famcine. (D. C.)
FANGUE. Pièce de drap noir dont les femmes des environs d'Arras et de St.-Pol, se couvrent la tête et les épaules, lorsqu'elles vont à l'église. C'est à peu près Vahutoir du Santerre. FAQUIN. Elégant de même en Berrichon et dans les patois du Tarn et de Bayeux.
FARAUD. Elégant, coquet, qui aime à être bien mis. Se prend souvent en mauvaise part. De même en Berrichon, en Jurassin, en Normand et en Lorrain.
Avant que d'min pays je n' bouge
Del tête aux pieds je veut été faraud.
Etymologie: peut-être de l'Islandais fadr, élégant. FARDEL. Sorte de vin récolté dansle Beauvoisis. FARFOUILLER. Fouiller, chercher en fouillant, remuer sans précaution. De même en Rémois et en Berrichon. FARME. Ferme (subst.); de même en Jurassin et en Anglais. FAUCHILLON. Petite faucille. En Berrichon, fauchon. FAUKEU. Faucheur. Du Bas-Latin fakator. – On appelle aussi de ce nom une espèce d'araignée à lungues pattes.
FAUSSER UNE COUR. Soutenir qu'elle a rendu un jugement faux (Beaumanoir).
FAUSTIN (Artois). Déloyauté.
FAUSTRIKER. Tricher au jeu. – AMaubeuge, faustrier. Du Roman foutriquet, tricherie. Dans l'Artois, faustiner a le sens plus général de agir avec déloyauté.
FAUSTRIL (juer al). Même signification.
FAUTER. Faire une faute. Mot généralement usité. FAUVETTE. Fève blanche.
FAVELOTTE. Féverolle, mélange d'avoine et de vesce. –Etymologie: du Latin faba, fève.
FEIGNANT. V. FAIGNANT.
FEIN. Foin. De même en Roman. Congénères Fr.-Comtois, fén. – Etymologie: du Latin fenum.
FÊLE. Chat. (Rarement usité.) Du Latin felis.-Syn. CAT,co. FELENESSEMENT. Vilainement. (Cout. du Beauv. Ch. n.) FENAILLER. Battre violemment.
FENAKE. Adjectif qui s'employe toujours dans un sens négatif. On dit, en parlant du poisson: i n'est pas bien fenake, il n'est pas très-frais. -Pour exprimer qu'une plante ne pousse pas bien, on dit aussi qu'elle n'est pas bien fenake.
FENDRET. Couperet de boucher.-Étym. du Français fendre. FENDURE. Fente.
FERKIEU. Fougère. -Se dit à Boulogne-sur-Mer. FERLAPER. Boire.
FERLÉE. Givre, gelée blanche, frimas.
FERLEMPIER. Gougat, mauvais sujet, polisson, homme de néant. – De même à Bayeux et Valognes. On donnait autrefois le nom de frère lampier à ceux qui entretenaient les lampes des églises. Comme ils appartenaient toujours à une très-basse classe, le mot ferlempier devint la désignation d'un homme du peuple de mœurs grossières.
FERLIMOUSE. Grosse figure, face pleine.-V. Frimocse. FERLOKE (eune). Un peu, un brin. Syn. FLÈPE.
FERTÉ. Forteresse, et quelquefois, force.-Idem en Roman. FERTOUILLER. Remuer, tripoter, barboter. En FrancComtois, fredouiller. Etymologie: du Latin fretillare. FESTRILLER. Tricher au jeu. Voyez FAUSTRIKER. FESSU (Boulonais). Honteux.
FÊTEURS. Jeunes gens qui vont aux fêtes de village. FEUCARDAGE. Fauchage de l'herbe de rivière.
FEUCARDER. Faucher l'herbe des rivières et des fossés. FEUCHE Qu'importe Bath 1 Voyez Fuche.
FEUDRAINE. Fruit de l'épine noire. Syn. Fourdraine. FEUILLU. Touffus, garni de feuilles. -Du Roman foillu. FEUKE. Faulx. – Synonyme Fauke.
FEULETER. Bécher. –Synonyme: Fouir.
FEUMERON. Se dit de quelqu'un qui commence à fumer. FEURRE. Paille d'avoine ou d'orge. -De même en Roman. -De l'Islandais fodr, nourrir? On donne particulièrement ce nom aux bottes d'avoine battues et dépouillées de leur grain. Une des places d'Amiens porte encore aujourd'hui le nom de Marché-au-Feurre. La rue de Paris qui porte ce nom avoisinait l'Université dont les élèves consommaient beaucoup de paille attendu que c'était là le seul siège usité dans les classes. FEUSSE DUITE. Fausse démarche, pas de clerc. -Etym. du Français duite trame de tisserand.
FEUTÉ. Fidélité.
FEVETTE. Haricot. Synonyme GOHETTE.
FEVRE. Forgeron. – Du Latin fdber.
FEYAULTEVE. Fidélité (Sire de CréquyJ.
FI. Foi. Du Latin fides.
FIAT! Soit! Mot latm conservé duu» quelques parties du Nord de la France et en Espagne.
FIATE. Foi, confiance. De même en Normand, Messin, Fr.Comtois, Rouchi, Cambrésien et Flamand; patois Chartrain, fia. i n'y o poent de fiate à eux one sait ouech' ess atteinde. FICHELLE. Ficelle. De même en Rouchi et Roman. Signifie aussi fripon, filou. – Syn. Frinchelle.
FICHANT (c'est). C'est contrariant, c'est ennuyeux. Mot populaire d'un usage général.
FICHER. Appliquer, mettre, donner. D'un usage général. Locution pic., Ficher des coups, ficher une pile, ficher le camp. FICHER {se). Se moquer. D'un usage général, même à Paris. Il vient sans doute, dit M. Du Méril, du Bas-Latin ficare, dont l'origine est incertaine.
FICHEUX ou FISSIEU. Mâle de la fouine. On disait fichouiro dans la Langue d'Oc. Vient peut-être du Bas-Latin fagina. FICHU. Perdu; condamné. De même dans la Manche et divers départements du Nord.
FIÉ. Fief (Arch. de Coucy, 1263).
Fi EN. Fumier, pourriture. « Qui donc es tu sas plein de fièns? (le reclus de Molliens). Congénères: Berrichon et Rouchi, fien; Languedocien, fens; Béziers, fen. Etymol. du Roman fiens dérivé de fimus. Fens a le même sens, en Chinois. Bullet donne fiens comme du pur Celtique.
FIER. Dur, brutal, fâcheux. De même en Roman; a aussi le sens de fameux.
FIÈREMENT. Fameusement, extrêmement.
FIEROT. Un peu fier, qui a un peu de morgue.
FIERTE. Châsse « et pour ce que la ficrte ou chasse où est le benoit corps de St.-Sauve n'est que de bos. » ( Amiens, titiij. FIEU. Fils enfant. De même en Normand, Rouchi et Vieux Français, dans le Ilainault et la Morinie. Du Latin filius. FIÈVES (les). La fièvre. Traner les fièves, trembler de fièvre.
FIGNOLER. Raffiner, vouloirsurpasser ceque font les autres, être affecté dans sa toilette, ses manières -ou ses discours. De même à Nancy, Rheims, Rouen, Valenciennes, Besançon et Lyon.- Dans quelques endroits, fignoler ne comporte qu'un sens favorable; c'est faire quelque chose avec grâce, avec élégance. Peut-être vient-il de l'Islandais finn, agréable à voir. FIGROU. Fil poissé. C'est sans doute une corruption de fil gros.
FIKE (ma), ma FINGUE ou ma FIKETTE. Ma foi. Voirle Dictionnaire de Ménage au mot fiquette.- Congénères Vendéen et Rouchi figue Manche fingue.
FIKE EN CUL. Jeu de pieux. Voyez FLINCUL.
FIKER. Ficher, mettre.– Congénère* Catalan ficar; Portugais et Vieil-Espagnol, fincar; Italien, ficcare; langue d'Oc, ficar. Etymologie: du Latin figere.
FILANDIÈRE. Mauvaise fileuse. C'est sous ce nom que nos vieux poètes désignent les trois Parques.
FILANDRE. Frange, filet. De même en Roman. FILATIER (St. -Quentin). Qui fait le commerce de fil. Il y a à Toulouse, une rue des Filatiers.
FILÉ. Fil à coudre ou à tisser. Idem en Roman. FIL EN TROIS. Eau-de-vie.
De s' n'affbère oz est téjours sûr
Quand ch'est du fil en troués tout pur. (Le F. Pic. aux élect.) FILER. S'échapper furtivement. D'un usage général. FILERIE. On appelle ainsi, à Beauval (Somme), une maison où un certain nombre de jeunes filles se réunissent pour préparer le fil nécessaire à la fabrication des toiles qu'on tisse dans ce village. (M. Dusevel Lettres sur le département de la Somme). FILLASTRE. Gendre. (Ancien Coutumier du PonthieuJ. FILLOLE. Filleule idem en Berrichon et Lorrain. – Du Latin filiola. En Bas-Breton, filhol.
FILLOT. Filleul.-De même en Roman.-Du Latin fliolus. FILOUÈRE. Fileuse.
FIN. Fort, très, extrêmement. – Il est fin bête.
FIN DES FINS (aï) Enfin, à la fin.
FINE OESON. Littéralement fin oiseau. On nomme ainsi le chipeau, à Saint-Valery, à cause de l'habileté de cet oiseau à plonger.
FINER. Terminer, achever, finir.
FINKER (Béthune). Fumer.
FION (donner le). Parfaire quelque chose lui donner bonne tournure bonne grâce. « Académiciens qui parlez de goût, dit T. de P., étudiez le /îon et placez ce mot dans votre dictionnaire qui ne s'achève pas. »
FION (avoir le). Avoir l'adresse nécessaire pour réussir. –Terme populaire.
FISSIEU. Mâle de la fouine. Voyez FICHEU.
FISTON. Fils. Terme d'amitié.
FISTULE. Un rien la moindre chose. Peut-être du Latin fisttila, paille.
FIU. Fils enfant. De même en Norm. Rouchi FrancComt. et Roman. Contraction du Latin filius.
FLABAUT. Saumon. (Tarif des aides à Amiens 1448.) FLACON. Cendre de paille, flammèche.
FLAFLATE (foère). Flatter.
FLAGEOLET. Espèce de petit haricot.- Cong. Berrichon et Norm. flageolet Rouchi, fagcole Lyon, flageole. – Du VieuxFranc. faseol, employé par Rabelais (Pantagruel, m 8), et qui dérive du Latin phaseolus. (Voyez le Vocab. du Berry.J FLAGER. Fléau à battre. Du Latin flagellum. Cong. Allem. flegel Ital. et Portug. flagello Vieux-Franç. flagel. FLAHUTE. Flûte. Cong. Espag, flauta Ital. flauto. –Du Celto-Breton flehui.
FLAIR. Mauvaise odeur. M. Henri considère ce mot comme celtique.
FLAIRINÉE. Ce qu'on flaire en une seule fois.
FLAIRINER. Flairer.
♦ FLAITIEUR. Pêcheur.
FLAKE. Amas d'eau de boue formé par la pluie au milieu d'un chemin. De même en Norm. Rouchi, Flam. et Rom.Du Celto-Breton flaco, mare d'eau.
FLAKEUDER. Marcher dans une flake.
FLAMBE. Flamme. De même en Roman. – Cong. Lang., flamba Béziers, flambo.
FLAMBÉE. Feu clair de bourrée. – Idem en Ber. et Norm. FLAMIKE ou FLAMICHE. Espèce de galette ainsi nommée par ce qu'on la fait cuire dans le four, au moment où le bois s'enflamme. On l'appelle aussi flamike al foée.-Foée signifie feu clair de menu bois. On fait aussi des flamiches à oignons et à porjons (poireaux). Dans l'arrondissemeut de Mortagne, flamiche signifie: pain cuit à la hâte, à la flamme.
FLAMIKER. Faire le flamikeux.
FLAMIKEUX. Homme minutieux qui touche à tout, qui s'occupe de cuisine comme une femme.- Etym. du Pic. flamike. FLAN. Tarte. Mot populaire, d'un usage presque général et qui dérive du Roman flaon.
FLAN DE BEUE ( foèreun). Faire quelque chose qu'on croyait à tort être utile. Littéralement, faire une tarte de boue. FLAN (n'y connoite pas). N'y connaître goutte.
FLANDRIN. Fluet, élancé. Mot connu dans beaucoup de Provinces.
FLANÉE (Boulonais). Tarte faite avec du fromage blanc et dus raisins
FLANKER. Donner. Flanker des coups. Signifie aussi: mettre, placer, jeter. Onomatopée usitée presque partout.
FLANKETTE (al boine). Sans cérémonie, tout bonnement de plein gré; de même en Roman. Molière s'est servi, dans le même sens, de l'expression à la franquette.
FLAUBER (Boulonais). Donner le premier labour. Du Cellique flau, ouverture.
FLAUD. Mou, flasque.
FLAYER. Fléau à battre. Voyez Fu et FLAGER.
FLAYEU. Paresseux lâche mou. Du Roman (la. FLAYUTER. Battre quelqu'un, comme on bat le blé avec un flayer.
FLÉGARD. Endroit public à découvert. Cotgrave donne ce mot comme Picard. Il n'est guère usité qu'à Boulogne-sur-Mer. Il dérive de l'Islandais/ïoj, espace de terre nue, sans gazon. FLÈPE (féminin). Petit brin petite quantité flepette est son diminutif. Synonyme FERLOKE.
FLÈPES. Chiffons, guenilles. Du Roman frèpes. Aller à flèpes, porter des guenilles. Signifie, par extension, charpie. FLEQUEURS. Déchargeurs de voiture (Amiens, 1443). Ils jouissaient d'un droit nommé flécage.
FLETS. Poils.
FLEUME. Crachat, pituite. – De même en Norm. et Roman. En Bas Latin, fleuma. -Du Celt. flem. Signifie aussi sang-froid FLEURAGÉ. Qui représente des fleurs.
FLEYEU. Paresseux, lâche. V. FLAYEU.
FLI et FLEYEU. Fléau à battre. Congénères: Lorrain, flayet; Franc-Comtois, fié; Breton, fleu.- Etymologie: du Rom. flael, dérivé du Laùn flagellum.
FLICANDER (Pas-de-Calais). Remuer l'eau.
FLINCUL, FLIKENCUL ou F1KENCUL. Jeu de pieux. On fixe dans la terre, en le lançant, un bâton pointu long d'un demi mètre, Un autre joueur jette son bâton près de celui de son ca-
marade, en essayant de l'abattre. Celui qui le premier a abattu le bâton de l'antre a gagné. Le perdant se sauve jusqu'à un endroit désigné, et le gagnant le poursuit, en le poussant par le derrière à coup de bâton. C'est ce qui explique le mot de fike en cul. FLOBER ou FLOPER. Blesser. -De même en Rouchi. Signifie aussi battre, soufletter.
FLOCHE. Soie non torse.
PLOMBER. Frapper à grands coup.
FLONKER. Ployer. Synonyme Plonker.
FLORIERE. Bordure inculte le long d'un champ.
FLORIR et FLOURIR. Fleurir comme en Roman. Cong. Franc-Comtois, Wallon Catalan et V. Italien, florir; Gascon, flori. Etymologie du Latin florere. Le Français n'a conservé qu'au figuré l'infin. prés. et l'imp. de l'ind. du vieux verbe florir. FLOT. Mare, abreuvoir.
FLOTE. Espèce de raie. Raja batis. Vient peut-être de l'Anglo-Saxon floc, raie.
FLOTTER. Couvrir d'eau. Se dit des irrigations artificielles. FLOUER. Tromper, attraper. Mot populaire usité presque partout.
FLOUR. Fleur -En Languedocien, flou. -Du génitif du Latin flos, floris.
FLUTER. Bien boire. Terme populaire, commun à plusieurs provinces. Etymologie du verre nommé flûte. FOÉE. Brassée de branches mortes ramassées dans les bois et par extension, le feu clair qu'on fait avec du menu bois.- Du Roman fouée, fagot. Voyez FLAMIKE.
FOFU. Feu follet. Ce météore que l'on désigne aussi sous le nom de capieu rogné, est encore considéré par le peuple comme un esprit malfaisant qui se plaît à égarer les voyageurs pendant la nuit, et qui pouffe de rire quand il y parvient. Dans la vallée, il les entraîne vers les trous à tourbes ou sur les bords de
la Somme, pour les y faire périr. Mais on peut se préserver de ses embûches, soit eu fichant un bâton ou un couteau dans la terre, soit en y enfonçant une aiguille. On dit que ce moyen est le plus sûr, parce qu'on a le temps de s'éloigner, pendant que le fofu s'arrête pour regarder l'aiguille et tourne autour, en s'efforçant de passer par le trou. (Communication de M. F. Louandre.) FOIREUSE. Rouge-gorge. Synonyme FOIREUX. FOIREUX. Homme timide sans courage. De même en Comtois et en Roman.
FOIRIENS. Marchands forains. Etym. de Foire. FOISEUX. Feseur. Foiseux de fagots, craqueur. FOLLU (cœur). (Vermandois.) Lâche. Voyez FALLI. FOLURE. Blessure. – Voyez Affolure.
FONC DE BESTES. Troupeau. (Coutumes de Beauvais.) FONCER. S'ouvrir un passage dans la foule.-De même dans le département du Nord, etc.
FONCET. Ce qui reste au fonds d'un sac.
FONTS BATISTÈRES. Fonts baptismaux. En Italien battisterio.
FONYE (Arras). Faim.
FORBOU et FORBOURG. C'est à tort qu'on a dérivé faubourg de falsus burgus, (faux bourg). Le Picard et le Vieux-Français forbourg prouvent que l'étymologie de foris burgi (hors de la ville), est la seule admissible. Il est vrai que Fauchet Pasquier et Montaigne écrivent faux bourg. Mais d'autres écrivains, tels que Nicot et A. Loisel mieux inspirés par le souvenir étymologique, écrivent forshourg.
FORBOUTIER. Habitant d'un faubourg.
FORCHELAST. Forçat. (Moreuil, 1249).
FORCHOILER. Frauder les droits. (Anc. usages d'Amiens). FORDRAINE. Fruit de l'épine noire du prunier des haies. On trouve fourdine dans le Dictionnaire de Nicot. V. FOURDRAINE.
FORGAGE. Gage qui, n'ayant pas été retiré par l'emprunteur, devient la propriété du prêteur. (Beaumanoir).
FORGNEU. Fourneau. De même en Roman.
FORGNIÉ. Se dit du pain de ménage, par opposition au pain de boulanger. Etymologie. du Français fournil.
FORIÈRE. Lisière d'un champ cultivé.
FORMAGE. Fromage. Du Bas-Latin formatius.
FORMI et FORMION. Fourmi; de même en Roman.- Congénères Italien, formica; Catalan et Portugais, formiga. Etymologie du Latin formica. – Synonymes FREMI, Fromion. Formi et fromion s'employent souvent au masculin, comme dans le Vieux-Franç.: or gentils fourmys je vous prie (Ronsard). FORMORTAIRE. Héritage qni arrive par suite de mort. FORNICATION. Provision.
FORNOYER. Dénier, refuser. (Rue, xiv.e siècle). FORS. Excepté. (Moreuil 1249). Signifiait aussi hors. Etymologie de foris.
FORT. Souterrain. C'est ainsi qu'on appelle des retraites creusées sous la terre, pour servir de refuge. Ils appartiennent tous à la région crayeuse. L'entrée, placée sous les églises ou au fonds des carrières, conduit à une allée horizontale garnie de cellules des deux côtés..M. Bouthors les fait remonter au delà du xv.e siècle. (Mêm. de la Société des Antiquaires de Pic. tome \.) FORTRAIRE (Pas-de-Calais). Rendre fourbu.
FOUAGE. Taxe par feu, capitation. Droit qui ne se payait ordinairement qu'au Roi. Du Bas-Latin focagium. FOUAILLER. Fouetter, fustiger. De même en Roman. FOUAN. Taupe. De même en Roman.
FOUÉE. Voyez Foée. Aller al fouée signifie attraper le soir des oiseaux à l'aide de torcher.
FOUÈRE ou FOAIRE. Faire. Ch'est bien à foaire à li, c'est bien à lui qu'il appartient de faire cela.
FOUFFES (foère ses). Faire du bénéfice avoir du profit. FOUILLE. Chauffage. Du Celt. foallia, d'après M. Henri. FOUILLE EIN BREIN. Rhisostrogus ater (coléoptère). FOUILLI. Enragé, passionné, hargneux.
FOUILLIS. Tas d'objets mêlés. – De même en Rémois. FOUILLOUSE. Trésor, bourse. De même en Rouchi et en Vieux-Français. En Latin, folliculum.
FOUIR. Bêcher. Congén. Lunéville, fouyi; Épinal et Valcnciennes foyr.
FOUIRONER. Picoter, couper l'étenil.
FOULIR. Être fou de, être très-amateur de.
FOULON. Frêlon.
FOURCHER. Se dit de la langue qui s'épaissit, quand on a trop bu.
FOURDRAINE. Fruit de l'épine noire. On connait l'anecdote de ce paysan Picard qui, jouant sur le double sens du motprone disait à son curé: vos prones en' valent mie des fourdraines. FOURKE. Instrument de fer à deux pointes qui sert à hisser les gerbes de blé sur le sommet d'un charriot. -Cong. Flam. et Rouchi fourke Langued. fourqua Ital. forcha. FOURKET. Fourche à trois dents pour nettoyer les étables. FOURLET. Fourneau.
FOURNAKER. Fouiller, remuer, mettre en désordre.-De même en Rouchi.
FOURNIAGE. Droit du four.
FOURNIER. Cuir son pain ailleurs que dans le four seigneurial.
FOURSAIN (Béthune). On désigne tout à la fois par ce mot la femelle et les œufs du brochet.
FOUTAISE. Bagatelle, niaiserie, babiole. -De même en Franc-Comtois, Rouchi et Roman.
FOUTET (piot). Petit garçon. (Ponthieu.)
FOUTIMASSER. Tourmenter, fatiguer, ennuyer; rendre presque fou.-Machen signifie faire, en Allem. – Idem en Berry. FOUTIMASSER, Faire quelque chose avec nonchalance. FOUTRIKET. Blanc bec qui se pavane.
FRAICTEUME. Fraîcheur, humidité. De même en Rom. Ein keu de fraicteume, nu rafraîchissement.
FRAIKE. Mouillée. – En Roman, frèque.
FRAIKER et FRAIKIR. Mouiller.
FRAINE. Farine Cong. Rémois fraine Franc-Comtois fairène; Rouchi, fareine. Etymologie du Latin farina. FRAIS. Mouillé, trempé'par la pluie.-Me vlo frais, me voilà bien planté 1
FRACTIER. Éprouver du déficit, dépenser faire des frais. FRANCHES FÊTES. On donnait ce nom, au xiii.° siècle, à la prévôté temporaire qu'exerçait à Abbeville, un chanoine de Saint-Vulfran pendant cinq jours, et un bénédictin de SaintPierre, pendant trois jours. (V. Hist. d'Abb., par M. Louandre.) FRATER. Barbier. De même dans l'arrond. de Vire, dans le Gers et le Vieux-Français. – Les barbiers, qui jadis étaient en même temps chirurgiens, se nommaient fratres servientes. FRATIN. Petit abbé.
FRAYANT. Qui fait des frais; qui coûte cher.
FREILLE (Rue). Fauvette d'hiver ou traîne-buisson. FREMER. Fermer. De même en Roman. En FrancComtois, fremai.
FREMIONS ou FROUMIONS. Fourmis. -Frémissement qu'on éprouve dans un membre, lorsqu'il est engourdi et qui ressemble au chatouillement que causeraient des fourmis, en se promenant sur les jambes.
FREM1ONER. Fourmiller.
FRENOYE. Lieu planté de fresnes.
FRÉRAGE. Partage. (Coutumes du Beauvoisis.) FRÉROT et FRÉROTIN. Frère, petit-frère. Terme amical. FREU. Frayeur. Synonyme EFFREUX.
FRICHOTER. Chifonner.
FRICOT. Viande fricassée ragoût. Mot populaire d'un usage général. -Signifie aussi festin, bonne chère. FRICOTER. Faire bonne chère, faire bombance.-De même dans l'arrondissement de Valognes, etc.
FRIGOUSSE. Fricassée.
FRILEUSE (Santerre). Le dessous du rebord d'un toit. FRILEUSE ou FRILLEUSE. Rouge-gorge. Ce nom auraitil été donné au rouge-gorge parce qu'il passe tout l'été dans la solitude des bois, et qu'il n'approche des villages qu'au commencement de l'automne, époque où il devient frileux ? FRIMER. Geler.- De même en Roman. Etym. de frimas. FRIMOUSSE. Figure pleine, visage fleuri, bonne mine. De même en Rém. Lorr. et Berric. frimouse, en Norm. Du Celtique frem, aspect, ou du Bas-Latin frumen. V. Du Cange. FR1NCHELLE. Ficelle. -Synonyme FICHELLE. FRINÉE. Mélange de farines, pour l'engrais des bestiaux. FRINGOTER. Sauter de joie. -Du Roman fringuer, sauter, s'agiter. On peut en chercher.l'étymologie dans le Grec <rtpftyua>, dans l'Allemand springen ou dans le Celto-Breton fringa. FRINGUER. Danser. Synonyme: FAIRE FRINGUES. FRIOTER. Faire la belle, l'élégante.
FRISKE (i foèt). Il fait un froid léger, mais pénétrant. FROIDE RUE. Place inculte, lieu public commun à tous. (Coutumes d'Abbeville, art. 18). On disait aussi flégard. FROMAGE MAU. Fromage mou. Synonyme: MAMEAU. Locution picarde se mettre en fromage mou se mettre en sueur, se mettre en quatre.
FROUCHER. Pénétrer avec difficulté, passer à travers une haie. Synonyme: FONCER.
FROUCHIE. Mélange de fromage mou avec du lait. FROUETTE. Miette.
FROUKES ET DES CATS (foère des). Faire des farces aux dépens de quelqu'un.
FRUCAGE. Plantes sèches qu'on donne aux bestiaux. FRUKER. Grignoter, broyer en mangeant. Se dit particulièrement des animaux qui trient le grain qu'ils mangent et laissent la paille ou les cosses.
FRUSSER. Presser. De même en Roman.
FU. Feu. Idem en Franc-Comtois, Flamand et Roman. FUAILLE. Feuillage. – Etymologie: du Rom. fuelle. FUAILLE, FUEILLE. Combustibles. Du Roman fouaille.–Fuel, en Anglais, signifie chauffage.
FUCHE Bath Qu'importe Fi Je m'en moque. Idem en Lorrain et en Vieux-Rouchi.
FU D'OS. Feu de la St.-Jean. Ces feux s'allumaient à la St.Jean avec des herbes et des immondices de toutes sortes, mais principalement avec des os d'animaux. De là le nom de feu d'os qui finit par désigner tous les feux de la St.-Jean, quels qu'en fussent les matériaux. (M. Breuil, du culte de St. Jean-Baptiste). FUELLE. Feuille. -Idem en Roman.
FUER. Prix. (Coutumes du Beauvoisis, ohap. 30) FUMELLE. Femelle. Idem en Rémois, Berrichon et Rom. FURIEUSEMENT. Beaucoup, très, extrêmement. FUROLER. Jetter des exhalaisons enflammées.
FUSTANE ou FUTANE. Futaine. Congénères Flamand et Vieux-Français, fusteine Espagnol, fustan; Catalan, fustani. – Etymologie: de Fuslal, nom de la ville Égyptienne qui a remplacé Memphis et d'où nous a été rapportée l'espèce de toile
qu'on nomme futaine. Il existe dans toutes les langues un bon nombre de mots dont on chercherait vainement l'origine ailleurs que dans les noms de pays d'où proviennent les objets. C'est ainsi que gaze vient de Gaza ville de Syrie; galloches, du pays des Galles; gavotte, de Gap, dont les montagnards s'appellent Gavots, etc.
FUSTIKER. Tromper au jeu. Voyez FAUSTRIKER.
FUTÉ. Fin, rusé, habile. De même en Roman et dans les Provinces du Nord de la France.
G
G' ou GE. Ce cet. Synonymes Che ech'.
GA. Luron. D'un usage général.
GAAIGNEULES (terres). Terres affermées (Beaum. Ch. 38). GABEGIE. Micmac, grabuge, menée secrète. « Ce mot trivial, dit Ch. Nodier, est d'un usage si commun dans le peuple qu'il n'est pas permis de l'omettre dans les Dictionnaires. il est évident qu'il nous a été rapporté par les Italiens et que c'est une des compensations de peu de valeur que nous avons reçues d'eux en échange des innombrables altérations que leur prononciation a fait subir à notre langue. »
GABELOU. Douanier, préposé aux gabelles. D'un asage assez général. Gabelot, en Catalan; Gabelliere, en Italien. GACIIEUX. Mauvais ouvrier. De même en Wallon. G ACHIÉRES. Jachères. Voyez Gakiêres.
GADROU (Marie). Femme très-peu soigneuse. Peut-être du Roman gadoue, ordure.
GADROUILLER. Gacher, gâter, détériorer.
GADRU. Se dit d'un petit enfant qui commence à rire.
GAFFER. Manger avidemment. De même en Lorrain. En Prov., CataL Espagn. et Portug., gafar, signifie mordre. GAFOUILLER. Mêler. – Voyez CAFOUILLER.
GAGA. Enfant gâté. – Parler gaga, parler comme les enfans. Ces deux expressions sont d'un usage général, en France. GAGER. Parier. A Valognes gagier. Etymologie du Bas-Latin gagiare, s'engager.
GAGNAGE. Gain profit salaire.-De même en Roman. GAGNE PAIN. L'enfant qui soutient par son travail l'existence de ses parents. – De même en Franc-Comt. et en Roman. GAI. Fête. Sans doute de gaudium, joie.
GAI. Geai. Comme en Rom.-Cong. Béziers, gat Lang., gach Catal. gaitg Espag. gayo Etym. du Celt. gaïa. GAICHON. Terme injurieux. En octobre 1447, un homme est condamné, à l'hôtel-de-ville d'Amiens, pour avoir appelé quelqu'un gaichon.
GAIETEUX. Gai. -De même en Roman.
GAILLE (Noyon). Geai. Voyez Gai.
GAILLE. Bouche toute grande ouverte.
GAKIÉRES. Jachères.-De même en Rouchi et Roman.Etym. de jacere, se reposer. Voyez Jakières.
GALAFRE. Glouton, grand mangeur, goulu. -De même à Liège, Mons, Cherbourg et Valenciennes, en Berr. et Roman. GALAPIAT. Gamin galopin mauvais sujet, polisson.-De même en Franc-Comt. et Wall. – Galopiot, en Berry; Galapian, à Bayeux. De l'Islandais galapin.
GALER. Rouler comme un galet.
GALETS. Pendants d'oreilles.
GALIBIER.. Jeune mauvais sujet, polisson.-Du Roman galaubier, gaillard.
GALICE. Moulin à foulon. Une rue de Montreuil portait jadis ce nom.
GALIMAFRÉE. Ration copieuse.-De même en Normand et en Roman. Signifie aussi mauvais ragoût.
GALIPENNE. Pelouse, terre inculte.
GALMITE. Gamine, petite fille. Se dit aussi d'un petit garçon. GALONNER (se). Se dit des animaux qui se frottent réciproquement pour se gratter.
GALOP (donner un). Réprimander, gronder fortement. Terme populaire généralement répandu, même à Paris.
GALORIEU. Gamin, polisson. A Bonneval (Eure-et-Loir), galouriou signifie petit garçon qui court pieds nus.
GALOUBI. Même signification.
GALVAUDER. Travailler vite et mat, gâcher; idem en Rom. GAMBARDE (Vimeu). Echasse (oiseau de mer).
GAMBE. Jambe. -Commme en Roman.- Congénères Borain, gambe; Rouchi, gampe; Languedocien et Gascon, cambe; Beziers, cambo; Catalan Italien et Bas-Latin gamba. Etymologie: du Celtique gamba.
,J5j' sus rguéri d'ech' keu d' fleuret
Qui m'avoait perché m' gambe. {Canch. d'eche F. Pic.) GAMBET. Croc en jambe; en ltal., gambetto. – Etymologie du Roman jambet.
GAMBETTE. Petite jambe.
GAMBILLER et GAMBILLONER. Agiter les jambes. GAMBON. Jambon'Comme en Rouchi et en Roman. On dit gambone, en Italien.
G ANE. Jaune. De même en Rouchi et en Roman. GANIR. Jaunir.
GANS. Droit de deux deniers que l'acheteur devait au seigneur censuel pour la saisine.
GAR (Ponthieu). Cor.
GARBE. Gerbe; comme en Roman. -Congénères: Gothique et Allemand, garbe; Provençal et Languedocien, garbo. – Etymologie du Vieil-Haut-Allemand garba. – Garbe de bled d'où vient le pain de vie: c'était la devise d'Accard Doublet, maître de la confrérie de Notre-Dame du Puy, à Amiens, en 1438. Garbe à boisseaux: c'est le cri par lequel on invbquait dans quelques localités, une bonne récolte, le soir delà fête des Brandons, c'est-à-dire le dimanche qui suit la clôture du carnaval. GARBÊE. Gerbée. De même en Roman.
GARCHONIÈRE. Fille qui aime trop ou imite les garçons. GARDE CUL. Jupon. De même en Roman. -Synonyme: GARTIU. On dit garcu, en Normand.
GARDE-MAHON. Garde-champêtre. Mahon signifie pavot. Voyez ce mot.
GARDE MESSIER. Garde-champêtre.- De messis, moisson. Les Italiens disent: gardua messe. On prononce souvent gar messier, gar mahon.
GARDE VERDURE. Garde-champêtre.
GARDIN ou GUERDIN. Jardin comme en Roman.- Cong. Rouchi, Normand et Anglais, gardin; Flamand, garden; Lithuanien, garda; Alleman, garten; Gothique, gards. Du Celtique (Gallois) gardd, ou de l'Islandais gard. Locution Picarde: foet bien dins sin gardin, il est dans l'aisance, il est riche. Patru donne une singulière étymologie à jardin « il vient apparemment, dit-il, de Jjpêi, (irrigo) en ajoutant un j: car on n'a point de jardin, si on ne l'arrouse. »
GARDINER. Jardiner. Voler des fruits dans un jardin. GARELLE. Osselet ou rotule de mouton avec laquelle jouent les enfants.
GARET. Jarret. – De même en Roman.- En Anglais, garr. GARGANTOINF. Ivrogne – C'est sans doute une corruption du mot Gargantua.
GARGATE ou GARGHÈTE. Gorge, gosier; comme en Rom. – Congénères: Franc-Comtois et Languedocien, gargate Bourguignon, garguillo; Vosgien, gargolate; Bas-Limousin, gorgoliot Provençal, gargatiero; Italien, gargata; Espagnol, garganta Bas-Latin gargata. Du Celto-Breton gargaden. GARGATON. Grand parleur.-Etymologie: de GARGATE. GARGOTER. Bouillir très-fort. De même en Roman. GARGOUILLER. Clapoter: se dit de l'eau qui fait du bruit soit en tombant soit en bouillant.
GARGOUILLIS. Bruit qui se fait dans les intestins. GARINER. Piétiner. – Etym. du Picard garoule, jambe. GARIR. Guérir. De même en Champenois et Roman. GARLOPER. Bouillir avec bruit. Se dit d'un ragoût qu'on fait bouillir trop vite. Synonyme GARGOUILLER. GARNEMENT. Garniture.
GARNU et GRENU. Rempli de graine.
GAROU. Sorcier.-De même en Roman. V. LEUWAROU. GAROULE. Jambe.- Cong. Prov., garro; Langued., garou. Etym. du Rom. garro, dérivé du Celtique garr.-De là vient le verbe s'égarouiller écarter les jambes.
GARROT (Boulonais). Boule, et généralement, ce qu'on peut jeter avec la main. Du Bas-Latin garottus trait d'arbalète? 2 GARROTER (Boulonais). Jeter quelque chose avec la main. GARS. Jars, mâle de l'oie.
GARTIÈRE. Jarretière. – Cong. Norm., Flam. et Rouchi, gartière; Angl. garter.-Du. Rom. gartiers.-B. Lat. garterium. GARTIU. Jupe de dessous, jupon de toile. C'est une mauvaise prononciation de garde cul. On appelait jadis garda corsiuni une espèce de corsage que les dames portaient sous leur long manteau.
GAS. Faux. (Coutumes du Beauvoisis).
GASCETTE. Façon des vignes. (Coutumes du Beauvoisis.) GASIOU. Gosier. De même dans l'Eure et Loir. Syn. GASIOT, Gcigui GAVIOT, GARGATE.
GASPIAUD. Petit gamin.-Etymol. du Français Gaspiller? GASSOUILLER. Gâter.– De même en Norm. – En Berrichon, garsouiller. Synonyme GADROUILLER.
GASSOULE. Prodigue; qui perd gâte, gaspille. GAST. Ruine, dégât. De même en Roman. Du Latin vastare, gâter.
GASTEL. Gâteau. De même en Roman.
GASTES. Terre en friches. (Beaumanoir.)
GASTILLER (Artois). Chatouiller. Idem en Roman. GATE. Jatte, écuelle; de même en Roman. Du Cange le dérive de gata qui désignait une ancienne espèce de navire rond. GATÉE. Contenu d'une jatte.
GATELOT et GATELETTE. Jatte. -De même en Roman. GAUDE (Cayeux). Pingouin (oiseau).
GAUDIR (se). Se divertir. De même en Lorrain. Du Latin gauderc. Dans le Pas-de-Calais, gaudir signifie vagabonder. GAUFFRE (Boulonais). Rayon de miel.-Du Celtique goffre. GAUGAU (à). A cœur joie. – De même en Jurassin. Etym. du Vieux-Latin gau, joie, employé par Ennius.
GAUGUE. Noix. Idem en Rouchi, Normand et Roman. GAUGUER ou GAUGUIER. Noyer (juglans).– De même en Normand, Rouchi et Roman.
GAUILLE. Chiffon.
GAULE ou GAVE. Droit payable en avoine. (Corbie, 1294). GAULT. Forêt, jeune taillis. – De même en Normand et en Roman. Vient du Vieux-Saxon gualt. De là gaultier, bûcheron. GAUSSE on GOSSE. Mensonge innocent, raillerie. De même en Bourguignon et Lorrain. Du Celtique gau mensonge, ou bien de gaudissa, railler.
GAUSSEUX et GOSSEUX. Qui dit des gausses. On trouve gaudisseur, dans Coquillart p. 25.
GAVE. Gosier. On désigne surtout par là la poche que les oiseaux ont sous la gorge et dans laquelle séjourne leur nourriture, avant de passer dans l'estomac.
GAVÈLE. Sarment.-Du Bas-Breton gavelli.
GAVELLE. Javelle du Bas-Latin gavella. Chercher gavelle touillée, chercher querelle.
GAVELOT, Javelle roulée.
GAVER. Bourrer de nourriture.
GAVIOT. Gosier. De même en Roman. Congénères Rouchi, gaviot; Comtois, gavion Beauceron, gaviau. GAVU. Qui a une grosse gave.
GAYOLE. Prison, geôle. Signifie cage, à Béthune. GAZOU. Bredouilleur.
GAZOUILLER. Brédouiller.
GAZOUILLEUX. Qui bredouille.
GENGEOT. Qui se tient tout ramoncellé, comme celui qui a froid.
GENIAU. Gênet. Etymologie du Bas-Latin ginestus. GENICHARD ou GENICHON. Jeune genisse.
GENOAF (Boulonais). Génevrier.-De même en Bas-Breton. GERGON. Jargon. Congénères: Wallon, geargon; Catalan, gergon; Italien, gergo. D'après Ch. Nodier, gar ou ger désigne un oison et la terminaison gon est dérivée du Celtique comps, langage. Jargon se serait dit primitivement du bruit que font les oisons.
GERMION. Germe. -Du Celtique germia.
GERNOTTE (Boulonais). Espèce de truffe. Du Celi. jarnote. GÉSIR. Être couché. De même en Roman. Du Lat. jacere. GHENEL. Mot qui commence une chanson qu'on chante dans
le Boulonais, la veille de Noël. Ce mot ghenel, dit M. H Griset, est celte et signifie nativité.
GIEU. Jeu; scènes dramatiques du moyen-âge. GIFFLE ou GIFFE. Souflet, claque sur la joue. De même en Franc-Comtois, Normand, Génevois, Vosgien, Bourguignon, Lyonais et Rouchi. – Etymologie du Roman giflles joues; kiff signifie querelle, en Islandais.
GIFFLER. Donner des claques.
GIGER ou GIGIER. Gésier. -Congénères: Rouchi, giger i Jura, gigi; Meuse, gigier. -Etymologie du Latin gigerium. GIGUE. Fille grande et maigre de mauvaise tournure. GILLE. Imbécile.
GIN. Espace que parcourt la faux d'un moisonneur. GIRIE. Tromperie, mauvais tour. Contract. du Rom. gillerie. GIROFLÉE A CHINQ FEULES. Nom plaisant qu'on donne à une claque appliquée avec la main ouverte, dont on compare les doigts aux feuilles de giroflée.
GIST et le GEST (einte le). Entre le zist et le zest. GLACHON. Signifie non-seulement glaçon, comme en Rom., mais aussi de la mauvaise poterie, des tessons.
GLAINE, GLAIGNE ou GLANE. Poule. -Comme en Roman. -Cong. Langued. et Vénitien, galline; Béziers, galino. Espag.,Catal. et Ital., gallina.-Etym. du Lat. gallina. A Longpré-lès-Corps-Saints et même dans les faubourgs d'Amiens, les jeunes gens, le lendemain d'une noce, vont, munis d'une longue perche, chez les convives de la veille,et réclament des poules,pour faire un second repas. C'est là ce qu'on appelle aller à glaines. GLAINE. Épis glanés après la moisson. De même en Berrichon et Roman.
GLAINER. Glaner. – De même en Franc-Comtois, Berrichon, Rouchi et Roman.
GLAIRINEUX. Gluant, glaireux, visqueux.Syn. GLORINEUX. GLAJU (Noyon). Glayeul.
GLAKER. Jeter à terre.
GLAU (Vimeu). Bûche. Du Celtique glo combustible? GLAUDE. Blouse. De même en Lorrain. Synonymes BLEUDE ROUILLÈRE.
GLEUDE (pour Claude). Niais imbécille.
GLINCHADE ou GLISSADE. Endroit frayé sur la glace pour glisser. De même en Roman.
GLORE. Gloire. -De même en Écossais en Vieil-Anglais et en Roman. Etymologie: du Latin gloria.
GLORIETTE. Berceau de verdure, vide-bouteilles. De même en Lorrain et en Vieux-Français.
GLOUCHE (Vermandois). Gourmande.
GLOUGLOU. Hoquet.
GLOUT (Béthune). Gourmand. -De même en Roman. GLUI. Botte de paille, de seigle, dont on se sert pour faire des liens et pour couvrir les chaumières. – De même en FrancComtois, Rouchi et Roman. -Syn. GLUIAU, GLUIS. GNAFE. Cordonnier, savetier.-De même en Normand. GNIFE. Rusé, fin, artificieux.
GNIFE. Moustache.
GNINGNIN. Se dit de quelque chose de peu de mérite, de peu de valenr.
GN'O pour gn'y o. Il y a, ou il n'y a.
GNOGNOTE. Vétille, babiole, chose de nulle valeur. GNOLLE. Coup tape soufflet. De même en Lorrain. On dit nieule, à Valenciennes.
GNOUFE. Homme d'une intelligence bornée. On dit gniole, dans le département de la Meuse.
GOBE (fém.) Grande tasse. Du Celtique gob.
J'ai pour meubl's ein lit, ène kielle
En' table ein crachet ein cadot
Et pis j'ai pour toute vesselle
En' gobe, ène assiette et ein plot. (Aveux du Franc-Picard). GOBELIN. Lutin. -De même en Normand. Dans l'ancienne ferme du château de Briot (canton de Nesle), habitait jadis un Gobelin. La tradition locale rapporte qu'il fouettait le domestique qui se couchait le dernier, et qu'il aidait de sa puissance merveilleuse celui qui se levait le plus matin. On trouve gobelinus dès le xii.6 siècle. (Orderic Vital 1. v, p. 556.) On peut choisir entre l'étymologie grecque Kooa/oo-, le Celto-Breton gobilin ou l'Allemand kobold. -Voyez Dictionnaire Normand. GOBENILEUX. Gobe mouches, qui perd son temps. GODAILLER. Boire avec excès. – Idem en V. Fr. Ce verbe, d'après M. Lorin, viendrait de l'Angl. good ale, bonne bierre; nous préférons à cette étym. hasardée le Celt.-Bret. gadal, débauché. GODAILLEUR. C'estcequ'on appelle, en terme de régiment, un fricoteur.
GODANT. Hableur.
GODARD ou GODERD. Mari dont la femme est en couches. Etymologie du Roman godon ou godard, homme qui prend ses aises. Pour justifier cette étymologie, nous devons rappeler que jadis, dans le Béarn et les provinces voisines le mari d'une femme en couches se mettait au lit pour recevoir les visites de ses parents et prenait ses aises pendant plusieurs jours. Il est probable que cet usage bizarre aura pénétré autrefois dans le nord de la France. Cette coutume existait aussi en Espagne en Corse et dans le Brésil.
GODE D'U. Demoiselle (insecte).
GODELER et GONDOLER. Se dit d'une étoffe qui fait des boursouflements.
GODELIER (Arras). Cordier. De même en Roman.
GODET. Vase de terre avec deux anses; de même en Rouchi. Peut-être de gultus, burette.
GOGETTE. Fente de la poche d'une robe.
GOGLU. Présomptueux.- De même en Roman.
GOGNER. Loucher. En langue d'Oc, guinhar. GOGNO. Qui louche. -Syn. GOGNOU, Gogneux. – Congén. Bas-Limousin, gognoue. V. Guigner.
GOGNOÈRE, GOGNOTE. Femme qui louche.
GOGO (à). A souhait, en abondance.
GOGUELIN. Esprit ou diable qui se cache dans les endroits les plus reculés d'un bâtiment. Voyez GOBELIN.
GOHET. Haricot rond à pied. – Synonyme Cohet. GOHÈTE. Haricot plat à rames.
GOINFRE. Glouton, gourmand. D'un usage général. GOINFRER. Manger avidement. De même en Rémois. GOMIR. Vomir.
GONDALE. Sorte de boisson brassée (aides d'Am., 1443). GORELIER. Bourrelier. De même en Roman. GORET. Encrier.
GORON. Goulot.-Synonyme: GOULIOT.
GOSSE. Mensonge. Voyez GAUSSE.
GOUAILLER. Railler, persifler.- Mot populaire d'un usage général. On dit également dans le même sens gouaper, du CeltoBreton goapaer.
GOUETTE. Corbeau de clocher.
GOUJARD (Art.). Domestique de ferme. -Synon. HOURET, PARCOURT.
GOULAFRE. Gourmand. De même en Roman et dans le NorddelaFrance. – Du Latin gula gueule.
GOULÉE. Grande gorgée.
GOULON ou COULOMB (prononcez coulon). Pigeon, colombt1. – De même en Roman. Du Latin columbus. Cong.
31.
Rouchi et Franc-Comtois, coulon; Wallon, colon; Cat. colom; Italien columbo. Voyez COULON.
GOURDES, GOURMES ou GOUGES (avoir les mains). Avoir les mains engourdies par le froid.
GOURDINES. Filets.
GOURER. Tromper, filouter, induire en erreur par quelque artifice. Synonymes Engeoler EMBERLIFICOTER. GOURGOUSSER. Commencer à bouillir. -Id. en Norm. GOUSSAUT (Boulonais). Se dit d'un cheval qui est court de reins, dont l'encolure est bien fournie et dont les membres et la conformation annoncent de la force.
GOVE. Cave.-Du Latin cavea.-Synonymes GOFE, GAFE. GRABUGE. Désordre querelle, noise, vacarme.-Mot populaire généralement admis.
GRAFIGNER. Voyez ÉGRAFIGNER. Du Celto-Bret. kraffina. GRAILLE. Mince.
GRAILLON. Gratin.-Sentir le graillon, sentir l'attaché, le réchauffé.
GRAINDRE. Plus grand. (Coutumes du Beauvoisis.J GRAINNE. Grimace.
GRANMENT ou GRANMEINT. Grandement, beaucoup. De même en Rouchi Normand et Vieux-Français. GRANCLER. Blanchir, suppurer. – Voyez Draoncler. GRAND. Espace, étendue, contenu d'un champ.
GRAND (dans le). Dans le grand monde. C'est comme cho qu'o dit dans le grand. (Alm. du Franc-Picard, 1848.) GRANDIER. Fier, hautain, qui a de la morgue.-Syn. Fiérot. GRATELLE. Démangeaison.
GRANDMÈRE. Vieille femme.
GRANDPÈRE. Vieillard.
GRASSET Lampe «n fer. – De même en Normand. – Du Vieux-Français grasset, huile. Voyez Crasset.
If A
GRAU. Griffes, ongles.-Par extension égratignure. GRAU DE CAT. Églantier. -Ainsi nommé à cause de ses épines.
GRAVÉ. Marqué de la petite vérole, grélé. Du Roman graveure; ouverture. – C'est souvent un terme injurieux. GRAVER. Greffer.
GRAVEUSE. Greffe.
GRAVINCHON. Prune d'hiver. -Synonyme: CRAVINCHON. GRÉ. Grace. (Moreuil, 1249.)
GRÉLÉ. Marqué de la petite vérole. – Etym. du Franç. grêle. GRÉLEUX. Se dit du temps disposé à la grêle. Delà Morlière, dans son Histoire d' Amiens s'est servi de cette expression. GRESILLON. Qui a froid.-De même en Vieux-Français. GREUILLAUX (ête en). Etre à bras nus.-Syn. EN PURETTE, EN PILÉM ANCHES, EN PUR LES MANCHES.
GREUTER. Faire des trous dans la terre.
GRÈVE (Artois). Devant de la jambe. On appelle les bottines dont on protège les jambes, en se chauffant, grevières. GRIBOUILLER. Griffonner.
GRIBOULE. Sot imbécille.
GRIBOUILLES (Pas-de-Calais). Groseilles.
GRICHO. Sans énergie, qui n'a pas de sang dans les veines. GRICHU. De mauvaise humeur, grognon.
GRIEU (Marquenterre). Grêle, grêlon. – Syn. Gris. GRIEZ. Dur, sévère.
GRIFFER. Egratigner comme avec des griffes. – De même en Rouchi et Normand. – Synonyme": Éqrauer.
GRIGNARD ou GRIGNEUX. Pleurnicheur.-En Allemand, greinen, pleurnicher.
GRIGNER (Béthune). Se moquer. De même en Roman. GRIGNETTE A GRIGNETTE. Peu à peu. Voyez GRINETTE. GRIGNETTES. Croûtes graveleuses du pain.
31.*
GRIGNIOTE. Petit morceau.
GRIGNONS. La partie inférieure du corps, les jambes et les pieds. Synonyme Gberignons.
GRIGOU. Avare, sordide. -De même en Champenois. GRIKET. Grillon. Du Roman criquet qu'on dit encore en Picardie, en Normandie et en Angleterre.
GRIMEUX. Vénéneux.
GRIMICHON. Prune d'hiver. Synonyme CRAVINCHON. GRIMOU. Chiendent. Du Latin gramen.
GRIMOUYEUX. Maussade, grognon.
GRIMPERÉ (Marquenterre). Grimpereau (oiseau). On dit grimpart dans l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer. GRIMPETTE. Montée colline versant, sentier escarpé. –Grimpette a ce dernier sens, en Comt. Une petite montagne s'appelle gripet, à Verdun, et gripot, à Nancy.- Etymol. grimper. GRINCHER [se). Se frotter le corps contre ses habits, quand on sent des démangeaisons.
GRINETTE A GRINETTE. Petit à petit. Peut-être du Roman grinet, qui a le même sens.
GRINGALET. Homme de petite stature, maigre et chétif. -De même en Berrichon, Normand et Jurassin se disait en Vieux-Frànçais d'un cheval maigre et alerte.
GRINGRIN D'AISSELLE (porter à). Se dit de deux personnes qui forment, en se prenant les mains, une espèce de brancard, sur lequel elles portent une troisième personne qui s'affermit, en jetant les deux bras autour du cou de l'un des porteurs. GRIS (pluriel). Grêles grêlons. Synonyme GRIEU. GRISARD (Marquenterre). Goéland gris.
GRISARD. Blaireau.
GRISET (Cayeux). Raie marouette.
GRON. Giron, tablier. Du Latin gyrus tour, circuit. GRONÉE. Ce que peut tenir un gron. Id. en Normand.
GROS. Beaucoup. De même en Jurassin.
GROSSE (Marquenterre). Crevette (crangon vulgaris). Syn. SAUTERELLE (à Abbeville).
GROSSIER. Qui a de l'embonpoint.
GROSSO MODO. Grossièrement.
GROUILLER. Se dit d'une berge qui s'affaisse.
GROULËE. Averse.-Synonyme: àquerée.
GROULER. Gronder, murmurer. – D'après Oberlin, viendrait de l'Allemand groll, rancune. Grollen, en Flamand et en Holland., ont la même signification que notre verbe grouler. GRUI. Gruau.
GRUMELER ou GROUMELER. Gronder. Syn. GROULER. GUENIER.. Regarder, loucher. Voyez GUIGNER. GUERBE. Gerbe. Voyez GARBE.
GUERBÉE. Gerbée. Rebatte ed vieilles guerbées, faire des redites.
GUERBET. Crible de peau percée. -Synon. Guerbiau. GUERBLER. Cribler. De même en Roman.
GUERBLEUX. Qui guerble.
GUERCHON. Garçon. Congénères F.-Comtois, gaichon; Bourguignon, gachon. Du Roman garchon.
GUERCHONET. Petit garçon.
GUERCHONAILLE. Troupe de petits garçons.
GUERCHONIÈRE. Jeune fille qui a des manières de garçon. De même en Roman. Syn. Garchonièrb.
GUERDIN. Jardin. Voyez GARDIN.
GUERDIN. Gredin. Les grands seigneurs avaient autrefois des valets qui se tenaient toujours sur les degrés (gradins, gredins ou guerdins) de l'escalier et qu'on nommait à cause de cela gredins. Comme l'oisiveté en faisait de mauvais sujets, leur nom est devenu une injure.
GUÉRET. Jarret. Du Roman garet.
GUERGI, GUERSI. Se dit d'une plante ou d'un arbrisseau qu'un temps froid a fait dépérir ou qu'un soleil ardent a desséché. GUERIGNONS. Voyez GRIGNONS.
GUERINER. Se dit du temps qui se brouille, s'obscurcit. Signifie aussi s'agiter, s'impatienter. En parlant d'un animal, ce mot veut dire se disposer à mettre bas.
GUÉRITE. Féminin de guéri. De même en Champenois. GUERJOLER. Se dit des tous petits enfants qui bégayent. GUERLOPER. Bouillir par intervalles. Se dit d'un mets qu'on rapproche et qu'on retire alternativement du feu, qui tantôt bout et tantôt se refroidit. -Synonyme GARLOPER. GUERNIER. Grenier. De même en Rouchi et Berrichon. Gurnée à Bar-le-Duc.
GUERNON. Barbe, moustache. Du Roman grenon. GUERNOUILLES. Grenouilles. -De même en Roman. Des gernoules blètes Voyez CORNOUILLES.
GUERNOUILLER. Qui attrape des grenouilles.
GUERNOU1LLËRE. Marais où il y a beaucoup de grenouilles.
GUERNU. Fourni en grains. De même en Roman. GUERSILLER. Jetter des pierres.
GUERSILLON. Impatience, inquiétude.
GUERSILLONER. Trépigner d'impatience.
GUERTCHI (Noyon). Jarretière. – Synonyme: GARTIU. GUET. Nom qu'on donnait spécialement à la garde qui veillait, à Amiens, à la sûreté des reliques de St.-Firmin. GUEUDGER. Noyer. Voyez GAUGuiER.
GUEUGUE. Noix. V oyez Gauooe.
GUEULE. Bouche. Du Latin gula. avoir bonne gueule,
avoir bon appétit. M. Hécart cite les paroles suivantes que chantaient jadis les gamins de St.-Quentin:
Madame Desmoulins coupez d' la soupe
Monsieur Desmoulins il a bonne gueule,
I mangera toute, i mangera toute. (Dict. Rouchi).
GUEULETON. Gala, ripaille, festin. De même en Normand. Etymologie de gueule.
GUÉVAT. Goéland à manteau noir.
GUEVAU. Cheval.- Synonymes: GvAL, KEVAL, Kevau. GUIBAULE. Jambe. (Archives de Moreuil.J – Syn. Gambe. GUIDON. Chapelain préposé à la sonnerie de la cathédrale d'Amiens. On l'appelait aussi clocquement.
GUIETTE. Coquille bivalve.
GUIFFE (Béthune). Bouche. Synonymes Bouke, Gueule. GUIGNER. Regarder en clignotant les yeux; regarder de travers.- De même en Normand et en Roman.- On dit guinar, en Espagnol, et guignar, en Hollandais.
GUIGUI. Gosier. -Synonymes: GASIOU, Gaviot GARGATE. GUILER. Se dit de la bierre qui jette son écume.
GUILLAME (St.-Valery). Guillemot; oiseau palmipède. GUILLANLEUC. Voyez An cm L'AN NEUF.
GUILLE. Cheville, chevron, solive. – Signifie aussi vrille. GUILLEDON (courir lej. Courir les aventures. Du Celt. Mldro, vagabond
GUILLINCHE. Lait battu petit lait.
GUINE. Cerise noire. Synonyme Gcigne.
GUINEL. Les pauvres vont les deux premiers jours du carnaval crier aux portes gui nel. On leur distribue alors quelques débris du dernier repas. Voyez Au GUI L'AN NEUF. GU1NGO1N (de). De travers. En Bas-Limousin, guingoi.. – Synonyme Bistincoin, DE BISTRAC.
GUINGUERLOT. Grelot de cheval. Synonyme: GUERLOT. GUINSSE. Espèce de bouillie faite avec des pommes, de la farine et le résidu du lait dont on a fait le beurre. Signifie aussi, par extension, gala fête.
GUIPURE. Bordure de boue au bas d'une robe.
GUIU. Dieu. De même en Roman. Voyez Dm. GUISE. La guise est un bâton long d'un demi pied qu'un joueur lance en l'air en frappant le bout k l'aide d'un long bâton les autres joueurs doivent le recevoir avec les mains. Ce jeu, qui ressemble à celui de batte, est usité dans le Ponthieu. GUMETTE. Ancien jeu fort en faveur à Ham, avant 1789. Il ressemblait assez à la clognotle. – Voyez ce mot. GUSPÉ. Jeu de cloche pied.
G'VAL ou G'VAU. Cheval. En Vieux-Picard, keval. H
Charles Nodier a considéré l'H comme le signe figuré d'une capacité avide et impatiente. Beaucoup de mots Picards confirment cette idée. Voyez HARPEU, HAUSER, HAGEVARER, Haing, Hainkeb, HAMELET, HERDRE, HERPER, HEROUTER, Heumeb, Hurlon, etc. Nous avons distingué les H aspirées, en les fesant précéder d'un tiret =.
HABILE (adverbe). Vite. De même en Franc-Comtois. HABILLÉ DE SOIE. Porc. De même en Jurassin, etc. = HACHAMACHE (acater). Acheter beaucoup et sans y regarder de trop près.
HACHIE. Grosse amende précuniaire.
HACHIONNER. Couper en petits morceaux avec un mauvais instrument.
HACQUEBUTE. Arquebuse. (Logement de gens d'armes.) HAGAMBILLE. Boiteux, trainant la jambe.
= HAGEVARER. Travailler péniblement à gagner sa vie et n'y guères réussir; changer de profession sans améliorer son sort. = MAGNE. Polissonnerie, gaminerie. Faire la hagne: se dit des enfans qui courent les rues et se récréent ensemble. Hagne signifie encore: réunion de gamins, de polissons. HAGUETTE (Boulonais. Petite jument servant de monture. Etymologie: Du Roman haquet, petit cheval.
= HAGUETTES. Branches de chêne écorcées.
= HAGUINETTES. Etrennes du premier jour de l'an. De même en Normand. Voyez AU GUI L'AN NEUF.
= HAING (Boulonais) prononcez hin. Hameçon. – Du Francisque hang, ou du Latin Hamus.
= HAINKER. Faire effort, s'efforcer. – Onomatopée. HAIR (n'etepas). Être indisposé, faible; n'être pas vigoureux. HALATERRE. Pauvre diable ayant à peine de quoi vivre.A peu près synonyme de Holakecx,
= HALLEUX (temps). Qui souffle un vent desséchant. = HALO. Grosse perche sur laquelle on passe un fossé. HALLO. Buisson.
HAM ou HEM. Hameau, village. De même en Roman. Ham signifie demeure en Vieux-SaMn, en Tudesque, en CeltoBreton et en Chaldéen. L'Islandais heimr, le Danois hiem, le Vieil-Haut-Allemand heim, l'Anglais home, le Flamand heim ont la même signification.
HAMER. Ajuster, mirer, viser, se préparer à asséner un coup. Peut-être vient-il de l'Anglais to aim, viser. = HAMILLE. Petit poisson dont se servent les pêcheurs, pour amorcer les hameçons.
HAMONT. Bâton que l'on attache horizontalement au front
des vaches ou au cou des cochons pour les empêcher de passer par les trous de haies. -Ety. du Flamand koe-hammes, qui a le même sens, ou de l'All. hemmen, empêcher. (bIS. de M. lligollot). HANAP. Gobelet.
HANNON. Espèce de poisson.
HANSAGE. Droit sur les marchandises.
HANTAINE (Boulonais). Fréquentation.-Du Celt. hanten. HAPLE. Dévidoir.
= HARCHELLE. Petite hart ne s'aspire pas dans le Ponthieu.
HARDE (Boulonais). OEuf sans coque que pondent parfois les poules.
– HARDEAU. Jeune garçon.
= HARDELLE. Jeune fille.
= HARDIMENT. Beaucoup, fort, très.
= HARDOUILLER. Battre frapper avec une hart. HARÉE. Pluie de peu de durée.- De même en Normand.Etymologie du Vieux-Français horée.
HARICOTER (Roye). Marchander.
HARICOTIER. Petit marchand de la campagne, petit cultivateur. Marchandeur.
= HARLAND ou HARLANDEUR. Marchandeur, chicaneur. Signifie aussi homme indécis disant tantôt oui et tantôt non- Synonyme Harlandier.
= HARLANDER. Marchander, chicaner.
HARLE HUPPÉ. Petit hurlard (oiseau).
= HARLIFIK.ER. Battre avec une hart.
IIARNAS. Attelage de quatre chevaux.
IIARNIK.ER. Faire vite et mal un travail quelconque. IIARNU. Tonnerre, urage. Voyez HERNTT.
HARNUATE. Orageux. -Du Celtique arnu, tonnerre. HARONDELLE. Hirondelle.-Comme en Rom.-En Franc-
Comt., Berr. et Rouchi, arondelle. L'orthographe de ce mot n'était pas encore fixée au xvn.» siècle. On écrivait indifféremment arondelle hérondelle et hirondelle.
= HARPER. Prendre, saisir. De même en Vieux-Franç. (Molière et Sarrasin.) Synonyme HERDRE.
= HART. Lien de fagot.
= HARTINE. Petit fagot.
= HASOIS. Vieille maison. Maison se dit haz en Hongrois hauz en Bohémien haus, en Allem. house, en Angl, hus, en Island.; hûs, en V. Haut-Allem.; huis, en Holl. et Flam. = HASOIS. Objets détériorés par le temps débris sans valeur.
= HASTEUX. Ingénieux, intelligent, intrigant. HATEREAU ou HATEREL. La nuque derrière du cou.Du Roman hasterel. Syn. Hasteveau.
HATRÉ (Boulonais). Le cou. Voyez HATEREAU. HAUSER. Respirer.
= HAUT-MAL. Epilepsie.- De même en Normand.-Orre mal, en Vieux-Provençal
HAVOT (Béthune). Le quart d'une mesure de terre. = HAYON. Echoppe portative, espèce de brancard à quatre pieds, sur lequel on expose des marchandises.
= HAYURE. Haie.
= HEC. Porte en treillis de bois qui sert d'avant-porte aux maisons. De même en Normand et Vieux-Français. En Vieux-Picard, héket. Voyez IlÈsE.
= HEC! Exclamation qui exprime le dégoût.
= HÉKER. Hacher, fendre du bois.
= HÉKETTE. Copeau, hachure de bois. Ne s'aspire pas dans le Santerre. Voyez ÉKETTE.
HELLES. Paroles séditieuses.
HEM. Village, hameau. Voyez HAM.
HÈNE. Jument. Signifie aussi rosse, vieux cheval. HENNETONÉE. Grande quantité de hannetons.
HENNIN. Très-haute coiffure de femme.
HÉNON. Coquillage fort commun dans la baie de la Somme r appelé sourdon par Cuvier. Quand les canards sauvages en mangent, ils contractent un goût détestable. (Com. de M. Demarsy.) = HÈPE. Manche de la sape, petite faulx.
HERBIONNE ou HERBIONNEUSE. Femme qui coupe de l'herbe, qui purge les champs des mauvaises herbes, pour en nourrir les bestiaux.
= HERCHELLE. Attache faite avec des tiges de saule ou d'osier, dont on se sert pour lier des fagots, etc.
= HERCHELLER. Frapper avec une herchelle.
HERDE. Troupeau. – Congénères: Allemand herde; An-glais, herd; Danois et Islandais hiord.
= HERDRE. Saisir. Voyez AHERDRE.
HÉRE. D'une bonne constitution vigoureux.
HÉREKE DE CANVE. Paille de chanvre.
HERGANT. Mauvaise humeur.
HÉRICHON. Herse. Signifie aussi hérisson.
HÉRIE. Héritage.
HÉRING. Hareng. En Vieux-Picard, hérens, ("Amiens, xv. e siècle). – Congénères Wallon, héring; Anglais herring. Quaind l'fu pétill' sous chol marmite,
Quoéqu'eintassés comm' des hérings,
Ej crois qu'os allons coèr' pus vite
Qu'min beudet prindant mors à deints. (Prom. du F. Pic.) HÉRITAGE. Jardin qui entoure la maison du villageois. On. en consacre souvent une partie à la culture du chanvre. HÉR1TAULEMENT. Héréditairement (Doullens, xiv.'s.)
HÉRITE. Hérétique (Rue, xiv.e siècle).
HERKINER. Travailler sans courage.
HERLANT. Vagabond, mauvais sujet. « De arlan, dit Ménage, cri que nos soldats faisoient, il n'y a pas encore longtemps, quand ils vouloient piller. » Ménage s'est trompé. Ce mot vient évidemment de l'Islandais erlender vagabond. HERLAND. Fermier peu à l'aise qui n'a que des rosses pour labourer.
HERLANDER. Labourer avec des rosses.
HERLÉ. Hâlé, brûlé par le soleil. -Du Roman harlé. HERMERIE (Artois). OEillet (plante).
HERMINETTE. Esprit follet qui habite ordinairement les cimetières, et que l'on craint de rencontrer la nuit sous la forme d'un gros chat blanc. C'est particulièrement la veille de Noël, vers neuf heures du soir que l'on redoute son approche. Car alors on doit être aux matines, et l'herminette rôde dans le village pour punir ceux qui n'y sont pas. Dans quelques localités du Ponthieu, on croit que l'herminette, la veille de la Saint-Jean après le coucher du soleil, va traire les vaches qui sont encore dans les champs. Aussi se hâte-t-on de les faire rentrer au bercail. (Comm. de M. F. Louandre.)
HERNU ou HARNU. Tonnerre, orage.-S'aspire quelquefois. – Congên. Brabançon et Rouchi arnu. Du Celto-Breton arn, arnau. Ce mot s'emploie quelquefois adjectivement le temps est hernu, le temps est orageux. A Beauvais, le hernu est un temps sombre, mais sans pluie qui commence trois semaines avant la Saint-Jean et finit trois semaines après.
IIÉROKE. Chénevotte, tuyau de chanvre dépouillé de la filasse et dont on fait des allumettes.
HÉROUTER. Travailler sans cesse à des choses minutieuses. -S'aspire dans quelques endroits.
= HERPER. Mordre.-Comme en Roman. Se dit surtout d'un chien qui s'élance, en aboyant pour mordre quelqu'un. Ce mot qui a de l'analogie avec le Grec a^aa se saisir de signifie aussi insulter, mordre au figuré.
HERRIER. Terrain planté de gazons.
= HÉRU. Hérissé, mal peigné. Peut-être de l'Islandais har crin.
= HÈSE, HÉSETTE ou HÉSÉ. Porte à hauteur d'appui, barrière à treillage qui clot les vergers. Du Roman hèse barrière. En Bas-Latin, haisellus.
HEUCHER (se). Se dresser, se lever. Du Rom. haulcier. = HEUER. Fouiller, remuer la terre. De même en Rom. Se dit surtout des porcs.
= HEULER. Huer, crier, insulter. – Du Latin ululare, aboyer, ou de l'Allemand heulen. On dit huilen, en Flamand. =- HEUMER. Humer. Signifie aussi manger.
HEURE DE LOUETTE. Point du jour (Cout. d'Amiens, ïih.1 siècle, C'est une corruption de heure de l'alouette. HEURÉ. Qui est régulier dans ses heures de repas. HEURAILLIS. Bruit confus et tumultueux.
HEURLON. Hanneton. Voyez Hoorlon.
HEURLOTER. Fredonner.
HEURLU-BERLU. Étourdi, peu raisonnable.
HEUSES. Bottines, chaussures. – Du Celtique hosen, oa de l'Islandais hosa. Voyez IIousiacs.
= HEUTER. Remuer et butter la terre.
HEVENTELLE. Écluse.
HIERE. Lierre. Ce mot est un de ceux qui montrent le mieux comment la véritable langue s'est quelquefois conservée dans les provinces en même temps qu'elle se corrompait dans la capitale et chez les écrivains. Hière est le véritable mot França is, dérivé du
Latin hedera. Lierre n'est qu'un barbarisme formé par la confusion de l'article avec le substantif. On a dit lierre pour U fctère ou l'hière. C'est de la même manière qu'on a fait tante pour ta ante. HIMEUR. Humeur, souffrance physique. L'himeur, dans l'opinion du peuple est la cause de toutes les maladies. Elle attaque tantôt la tête, tantôt les jambes, tantôt la poitrine. HIREHAIRE. Fâcherie.
HIVERNAGES. Blés d'hiver. De même en Roman. Signifie aussi: un mélange de seigle et de vesce.
= HLO. Cela. Prononciation de chelo dans quelques villages.
= HO. Ceci, cela. – Du Latin hoc.-S'aspire très-fortement dans quelques parties du Ponthieu.
= HO. Troupeau. Se dit aussi d'un assemblage ou d'une réunion quelconque. – Voyez OsT.
HOC. Instrument de fer avec deux pointes recourbées qui sert à nettoyer les écuries et les bergeries.
HOCHE-CUL. Bergeronette; (oiseau).- Idem à Bar-le-Duc. HOCHER, HOCHINER. Voyez Ocheu Ochiner. HOCLEUX. Pauvre homme, maladroit.
HODANT. Fatiguant.-Id. en V. Franc.– Synon. HODALE, HODÉ. Fatigué. – De même en Messin, Rouchi, Champenois et Vieux-Français. L'abbé Tuet fait d'assez bizarres réflexions sur ce mot, en le dérivant du grec o Jw. « Un paysan picard » qui dit je suis hodé pour dire: je suis fatigué du chemin » n'apprendrait pas sans surprise que ce mot hodé vient du grec » «<^<r qui signifie chemin. Pourquoi ce terme si énergique »reste-t-il abandonné à des paysans?. C'est que le besoin » qui crée les mots les soutient aussi plutôt dans un état » que dans un autre. Les gens du peuple dont la vie est toute » différente de celle des gens du monde, expriment les affections
» qui leur sont propres par des termes aussi inconnus à ceux-ci » que la cause qui les a fait naître. Tel est en Picardie le mot » hodé nécessaire au paysan qui fait ses voyages à pied et abso»» lument inutile au bourgeois qui ne voyage qu'à cheval ou dans » une chaise. Ainsi l'on s'éloigne du langage du peuple à me» sure qu'on s'éloigne de son genre de vie. » fProv. franç.) = HOGNER. Grommeler, grogner, se plaindre: se dit surtout en parlant des chiens Congénères: Rémois, hogner; Franc-Comtois vogner. Du Roman hoigner. La famille de Mailly porte pour devise hogne qui vonra.
HOGUIGNER. Fâcher. Ce verbe a encore un autre sens indiqué par Ménage.
HOGUINEURS. Débauchés; sobriquet des habitants d'Arras. HOKEBOS. Pique de bois.-De hoker bos, branler un bois. Voyez ce mot, à notre chapitre des sobriquets, 1." partie. = HOKER. Accrocher.-Voyez Ahoker.
= HOKET ou HOKOIR. Crochet.
= HOLAKEUX. Se dit d'un pauvre diable qui s'ingénie inutilement à gagner sa vie qui ne réussit guères dans ses entreprises. Signifie aussi ivrogne, canaille, fainéant. L'auteur anonyme d'un MS. que m'a communiqué M. le docteur Rigollot, donne à ce mot une singulière origine. « On désignait peut-être » ainsi, dit-il, des domestiques des anciens seigneurs qui se fai» saient porter la queue, et qui criaient hola! queue pour » appeler le domestique chargé de cet emploi. »
HOME. Beaumanoir se sert souvent de ce mot dans le sens de vassal.
HONON (Pas-de-Calais). Sort, enchantement.
HONTABE. Ignominieux honteux.
HORNIOTE. Petit coup. Synonyme TORGNOLE. HORSAIN (prononcez hor-zin). Gens du dehors, habitants d'un village on d'un canton voisin. Etymologie de hors.
IIORTILLONAGES ou HORTILLONS. Jardins marécageux des environs d'Amiens. L'hortillonnage est, dans la vallée de la Somme, ce qu'est à Paris l'art des jardiniers maraichers. La plupart des hortillons d'Amiens ne cultivent que des légumes. Quelques personnes ont pensé que l'hortillonage avait été introduit, il y a plusieurs siècles, par les Hollandais. Mais une opinion plus générale fondée sur la dénomination latine d'hortilis et de hortulani, qu'on trouve dans quelques vieux titres latins est que nos hortillons remontent au temps des Romains. (Voyez Notice sur les Hortillons, par M. Héricart de Thury.)
HORTILLONS et HORTILLONEURS. Jardiniers qui cultivent les hortillonages.
HORTOPOT, HORTOPLOT et HURTOPIU. Maladroit, inhabile. Terme injurieux.
HOST. Voyez OST.
HOSTAGE. Loyer de maison {Charte d'Amiens, x\.es.J. = HOTONNER. Ébranler en secouant. -Idem en Roman. = IIOTONS. Épis coupés et battus, où il reste encore du grain. Rebattre ses hotons, se rappeler d'anciens souvenirs. = HOTTE VÉNICHE (Noyon). Hotte qui sert pour les vendanges.
= HOU. Cri dont on se sert pour chasser les porcs. HOUBILLE (Boulonais). Guenille.
HOUBRONIÈRE. Champ de houbron, houblon.
HOUCHE (Artois). Grouppe d'arbres.
HOUFFETTE. Petite houppe.
= HOUHOU. Moyen duc (oiseau). Onomatopée. HOUKER A NID. Se dit à Béthune, du pigeon qui veut faire couver sa femelle.
HOULER. Pousser quelque chose devant soi; pousser une personne contre une autre.
IIOUPEGAIS. Acclamations cris de ceux qui houpent.
HOUPER. Crier, appeler en criant, pousser des cris de joie, pousser un cri pour diriger les pas d'une personne éloignée; pousser un cri aussi long que l'haleine peut s'étendre. C'est un cri de joie fort usité par les paysans du Santerre et du Vermandois, surtout à l'époque où l'on rentre la moisson. -Etym. du Roman hupper, crier, dérivé du Celto-Breton hopa. Crier se dit hoop, en Anglais et hoppe en Flamand.
HOUPET. Hibou moyen duc. Syn. HOUPEUX (Acheux). HOUPEUX. Celui qui houpe.
HOUPIERS. Ouvriers de Rosières et d'Abbeville qui filaient les laines propres à la tapisserie. (Savary, Dictionnaire du Commerce, v.° laine.)
HOUPREAU (Boul.) Petit monceau de foin. -Syn. MEULON. = HOURDAGE. Échafaud de charpentier. En VieuxPicard, hourt.
HOURDER. Dresser un échafaud.
= HOURDIS. Échafaudage.– Comme en Roman. On donne spécialement ce nom à un échafaudage composé de perches à claires-voies qu'on place dans les granges, pour préserver le foin du contact humide de la terre. « Ce mot picard dit Jault, l'éditeur de Ménage, vient de l'Allemand kurde qui signifie proprement une claie. »
HOURLON. Hanneton.- En Rouchi, urlon. Onomatopée. = HOURRÉ. Se dit d'un chien qu'on excite à mordre. HOURS (Boulonais). Troupeau de vaches.
= HOUSIAUS. Guêtres. De même en Roman.-Ce mot est d'origine germanique ou celtique. On dit heuz, en Bas-Breton hôs en Gallois hosa, en Islandais, et hosan, en Gothique. = HOUSSER. Essuyer la poussière, battre un habit avec une baguette. – Etym. de houx, paice qu'on houtte avec une baguette faite ordinairement avec des tiges de houx.
HOUSSE TABAC. Ramoneur de cheminée. C'est-à-dire essuye-tabac. Tabac se prend pour suie, dans le style comique. Dans le patois rouchi, ce mot est dégénéré en ouchetage, que M. Hécart a en tort de considérer comme un mot savoisien. r = HOUSSEUX DE KEMINÉE. Même signification. HOUVIÈRE (Cayeux). Pluvier (oiseau).
= HOUVIEU. Grosse javelle.-Synonyme: GAVELLE. HOYAT. L'arundo arenaria. « Le nom d'hoyat a peut-être été donné à cette plante, dit M. Henri à cause des canards (en Celtique hoyat)qui, dans les mauvais temps d'hiver, vont se réfugier sous ses touffes épaisses et s'y mettre à l'abri du froid, pendant la nuit. » (Essai sur Boulogne-sur-Mer).
HU. Porte. Voyez Huis.
= HU Cri pour faire aller les chevaux à droite.
HUCHE. Garde-manger, armoire, grand coffre. – De même en Roman.-Congénères: coffre se dit huge, en Angevin hucha, en Espagnol; hutche, en Anglais; huchia, en Latin-Barbare. On trouve huchel dans un acte de Doullens de l'an 1300. IIUCHER. Appeler. Voyez Hdker.
HUCHIERS. Menuisiers constructeurs de huches. (Archives de Béthune, XIV.. siècle).
HUIS (prononcez uij. Porte; comme en Roman. Ovrez chu huis n'euchez poent peur. (Le retour du soldat). Congénères Jurassin et Hollandais, huis Rouchi hui; Vosgien, heuche; Lorrain, hus. Etymologie peut-être du Saxon huy, ou du Latin ostium. Le mot huis est employé aujourd'hui par quelques écrivains qui tachent de remettre en vogue quelques vieilles expressions. « La vieille referma l'huis violemment. » (Charles de Bernard l'En fance de Pierre Corneille). = HUKÉE. Portée de la voix; petite distance.-Signifie aussi effort, à Beauvais.
= HUKER. Appelez à haute voix. De même en Roman.
« Il huka les varlets » (l'Enfant Prodigue). G. d'Essigny dérive ce mot du Latin hùc, ici « c'eat comme qui dirait, venez ici. » Beze (de pronunciatione) remarque que le mot hucher est particulier au langage Picard et que c'est de là que provient le mot Français huchet (cor de chasse). En Angleterre, on donne le nom de hucher aux sous-maîtres de pension, parce qu'ils ont souvent obligés de crier, pour ramener à l'ordre leurs élèves turbulents. HULOTTE. Chouette (oiseau de nuit).
HUREUX. Heureux. De même en Wallon, Berrichon et Vieux-Français. « Quoiqu'il faille prononcer bonheur, dit Ménage, on dit néanmoins hut'eux, malhureux. »
HURIEU (Noyon). Fagot de bourrée.
HURLARD (Cayeux). Harle (oiseau de mer); ailleurs on l'appelle hurlu.
HURLON. Grosse guêpe. Onomatopée.
HURLUBERLU. Personnage fantastique, ce qui n'existe pas, fantôme imaginaire.
HURON (Moreuil). Synonyme d'AHURI, imbécille. = HURTE (à toute). A tout usage. Mettre ses habits à toute hurte, c'est les mettre les jours ouvrables, comme le dimanche.De même en Vieux-Français (l'an des 7 dames).
= HURTER. Se quereller, se disputer, se battre.
HUTELOTTE. Petite meule, qui a l'aspect d'une petite hutte. De même en Rouchi.
HUTUTU. Babiole, rien, chose de nulle valeur. Syn. NuNu. HUI. Aujourd'hui, au moment présent. Idem en Roman. HUYAU. Mari trompé. Voyez ce mot dans le Dictionnaire de Ménage, et Wio dans le Dictionnaire rouchi de M. Hécart. HUYER. Crier avec force. Du Roman huer.
HUYSEUX. Oisifs. « Pour ce que plusieurs compaignons huyseux, que communément on nomme varigaux, ont été prins en la dite ville » (Archives d'Amiens, 1460/
I
I. Il (devant une consonne). – II s' employé aussi dans le même sens que U! et signifie alors va, marche. C'est l'impératif du verbe ire (aller). De même en Jurassin et Normand. IARD. Liard. -Coper ein iard in quate; être d'une excessive économie.
IAU ou IEU. Eau. Comme en Roman. – Cong. FrancComtois, Rouchi, Normand et Flamand, tau. •-– Jawe dans les comptes de Hesdins, en 1323.
IAUX. Eux (St.-Quentin, 1258.)
ICHI. Ici.-Synonyme: Chi. Au cimetière de St.-Denys à Amiens, on voyait figurer sur un tombeau un ange dont le phylactère portait ces mots qui chi? et le squelette de la mort lui répondait ch'est mi. (P. Daire, Histoire littéraire, page 457.) IERT. Sera [Moreuil, 1249). Du Latin erit.
IEU. Eu; participe passé du verbe avoir.
IEU. Eau. Voyez lAu.
IEUYCHE. Se dit d'un fruit qui se remplit d'eau et comme eine pemme ed terre eq' l'hiver reinà" ieuyche. (tristesse.) I GN'YHO ou 1 GN'O. Il y a, il n'y a.
IKI. Ici. De même en Roman. Synonymes: Icm chi. – Congénères Franc-Comtois, iki; Bourguignon, iqui; Dauphin., igui Catalan, Portugais, Espagnol, aqui; Italien, qui. – Du Latin Me. – En grec, ix.iT.
ILLEC. Là (Archives d'Amiens, 1447).
ILO. Là. – Synonyme: Lo. De même en Normand. Etymologie: du Vieux-Français illoc.
IMBANKÉ. Se dit du jeune homme ou de la jeune fille dont on vient de publier les bancs de mariage.
IMBARACHÉE. Enceinte (adjectif). Etymol. du Français embarasser.
IMBARNAKER. Causer de l'embarras.
IMBARNAKER.(s'). S'embarrasser, se mettre dans la boue, s'empêtrer dans de mauvaises affaires. Synon. Imbernake. IMBERDOUILLER. Empêtrer. – Synonyme: ENCHEPER. IMBERLIFICOTER. Séduire, entortiller.-Voyez EMBERlificoter.
IMBESINGUE. (Ponthieu). Mesange. Synonymes: MASINGUE, EXIMPLE.
IMBOMBI. Engourdi.-Synonyme: EBAUBI.
IMBRANGNER. Barbouiller, noircir. Synon. BROUSER. IMPÈKE. Qui gêne, qui embarrasse. – Synon. Inchèpe. IMPUNETER. Empester, exhaler une mauvaise odeur. IN. Dans, en. Id. en Anglais, Allemand, Roman et Latin. INCANTI. En même temps, aussitôt que.
INCEPÉ ou INCHEPÉ. Empêtré, embarrassé, au propre et au figuré. Voyez Encheper. – Synonyme EMBERNAKER. INCHEILLER. Faire usage, se servir de. Serait-ce une corruption de essayer?
INCHÈPE. Personne qui embarrasse par sa présence. INCHIFERNURE. Rhume de cerveau.
INCHIMEINT. Intelligence, entendement. Etymologie: du Latin ingenium.
INCHOAT. Se dit du mauvais temps, à Boulogne-sur-Mer. INCHOÈTE. Qui ne sait pas se servir de ses mains manchot, maladroit.
INCONTE fà l'J. En face. – Synon. A L'ENCONTRE. INCORSER. Avaler. – Synonyme Heumer.
INCRESSIER. Expression ironique qui signifierait littéralement engraisser, mais qu'on empluie puut contusionner par allusion aux tumeurs que causent les coups.
INCRONKER. Accrocher. On trouve incrocare dans la loi salique, tit. 69, art. 2. A quelquefois le sens plus complexe de jeter en l'air un objet qui, en retombant, s'accroche soit à un arbre, soit à un toit.
INDORDELER. Endormir. -Synonyme: ENDOVER. INDUKER. Élever.-De même en Norm.-Voyez ÉDUQUER. INE. Une. Synonymes: EUNE, EINE, Ène.
INFER. Enfer.-Du Latin infernum.
INFETÉ. Se dit du linge mal lavé. -Synonyme: Anfeté. INFIKER. Ficher dans, percer. – Etym. de in figere. INFILÉE (Ponthien). Adresse pour persuader.
INGAMMENT. Également. (Coutumes inédites de Picardie.) INGLAINE. Enclume. -Synonyme EINCLEUME.
INGORGANT. Pàteux, qui embarrasse la gorge. On dit ingorgoère, au féminin.
INGRINKER. Accrocher.-Voyez INCRONKER.
INGUCHER. Agacer. Synonyme AGUCHER.
INGUENINAGUE. Mésange. – Synonyme Imbesingue. INGUILBAUDER. Entraîner par ses paroles séduire par ses discours. – Synonymes: ENGEOLER, EMBERLIFICOTER. INNOCENT. Idiot. Cette appellation, commune à tout le nord de la France, exprime fort bien les sentiments de charitable sympathie qu'inspire la Religion, pour cette classe des déshérités de l'intelligence.
I N'O. Il y a il n'y a. Synonyme I GN o, I GNY o. IN PART LI. A part lui, seul. – Synon. A PART LI. INRASSASIABLE. Insatiable. De rassasier.
INSAINTIU. Maladif. Etymol. de in et de santé. iNSAKER. Mettre dans un sac. – De même en Roman. 1NSIANE. Ensemble. Congénères Jurassin insan Borain, inchane Rouchi, ensiane Bourguignon, ensanne Franc-
Comtois Vosgien et Vieux-Français cnsane. Du Bas-Latin insimul employé par Eginhard épitre 13.
INTANFIKER. Dresser. Etym. de stantem figere. INTEMPI. Etendu, dressé. Voyez Étempi.
INTENTE. Idée visée. Synon. Inchimeint.
INTER. Entre. En Vieux-Picard, enter. Du Lat. inter. INTERBEYÉ. Entr'ouvert.
INTERDEUX. Espace entre deux choses.
INTERLOQUÉ. Stupéfait au point d'en perdre la parole. INTIKER. Ficher en terre. -Synon. INFIKER.
INTINTU ou INTINTURE. Intelligence, compréhension. –Synonymes: COMPRENOÈRE, Inchimeint.
INTRADE. Droitque paye le fermier, lors du premier bail, pour entrer en jouissance de la terre qu'on lui loue.
INTRER. Entrer. Etymologie: du Latin intrare. INVIROLER. Renverser.
INVOLÉ. Étourdi, tête folle. Etym. du Roman axiolé. INVRIMÉ. Envenimé. Se dit surtout pour désigner une plaie qui prend un caractère alarmant.
IRECHON. Hérisson. De même en Roman.
ISENGRIN. Loup. – De même en Roman. -Ce mot est peu usité nous ne l'avons entendu dire qu'une fois.
ITOU et quelquefois ÉTOUT. Aussi. Congénères: Berrichon, Jurassin et Rouchi, itou Vaudois et Génevois, et tot. On pourrait croire au premier abord que ce mot vient du Latin ità, item, etiam. Mais on s'aperçoit, en réfléchissant, qu'il dérive du Vieux-Français et tout qui signifiait d'abord avec « si s'en retournèrent à tout i celles » {Monstrelet tome i. Ch. 31). « Vindrent à lui o tout leurs femmes et o tout leurs en fanz. » Ce dernier exemple laisse facilement «u'u i oinment a tout, 0 tout, et tnut a passé du sens d'avec à celui d'aussi: o tout leurs femmes,
avec leurs femmes, aussi leurs femmes, leurs femmes aussi. Le sens précis de aussi se trouve dans Montaigne: « La mort s'appesantit souvent en nous de ce qu'elle poise aux autres et nous intéresse de leur intérest quasi autant que du nôtre et plus et tout parfois. » (Communication de M. l'abbé Dartois.) IX IX JOU JOU (St.-Omer). Cris qu'on fait entendre pendant la cérémonie civile du mariage et qui rappellent les cris des Anciens :jo hymen! (Mém. de la Soc. des Antiq. de la Morinie.) J
JACASSE. D'un caractère contrariant. S'employe plus ordinairement pour bavard, bavarde, et surtout pour désigner une femme qui parle sans eesse et répète des choses sans intérêt. De même dans la Beauce.
JACASSER. Bavarder. Ce mot et le précédent viennent plutôt du Roman agasse, pie, que de l'Islandais jagg, jargon. JACOBIN (Cayeux). Morillon. --Synonyme: DIABLOTIN. JAKIÈRES. Jachères, terres en friche. -Synonymes: GAKIÈRES, Gachiêres. – Du Roman jakières, dérivé du Lat. jacere. JANIN. Imbécile, nigaud. Du nom propre Jeannin. On dit Janot, dans-le même sens. Plusieurs noms de baptême ont servi à désigner la sottise: Benet, Glaude, Colas, Nicaise, Nicodême, Jeanjean, Jaquedale. Il a suffi qu'un individu de ce nom fut considéré comme un type de sottise, pour que son nom en devînt l'expression.
JAPPE. Caquet, bon bec. – De même eu Champ. et Lorrain. JAPPER. Caqueter, baxarder. – Synon. Langcardeh. JAQUES. Rodomont.
JAQUETTE. Jupe de petit enfant. Trousser jaquette, ouetter.
JARNOTTE (Boulonais). Espèce de truffe. Ce serait un mot celtique, d'après M. Henri. (Essai historique sur Boulogne.) JASPINER. Bavarder, causer à tort et à travers.-De même en Franc-Comtois, Normand et Vieux-Français.
JAUNET. Louis d'or. -De même en Vieux-Français. JAUR ou JOR. Jour. De même dans le Gers et la Savoie. Ce n'est point seulement en Français que ce mot a la double signification de lumière et d'espace de vingt-quatre heures. C'est aussi dans les langues les plus éloignées de la nôtre, dans celles du Japon, des îles Formose, du Kurdistan, de Birman, de Pampango, de Cora, de la Chine, etc. (Voyez Formation du langage, par M. J. Azaïs.)
JE. S'emploie avec le pluriel des verbes. Je l'avons vu.-Syn. Ej EG', Es Che EUGE, etc.
JEANJEAN. Homme simple un peu niais. Syn. GLAUDE. JEGNEUX. Petit pot. C'est l'ancienne contenance de la mesure appelée en Bas-Latin jalogneus. On appelle encore jaloignie, en Franche-Comté, une mesure de deux mains. JERNONCHE! Jarni! espèce de juron. – Littéralement, je renonce.
JÈS. Forme contracte de je les. -Jès irai prinde. JET. Écume de la bière.
JETAIN. Surgeon.
JEUNE. Petit d'un animal. Th. Corneille emploie jone dans le même sens.
JEUNESSE (eune). Une jeune fille. De même en Normand, Berrichon et en Vieux-Français.
JEUX DE DIEU. Mystères, tragédies sacrées.– Syn. Jus. JINGLER. Sauter, danser. – Syn. ESPRINGUER.
JOC (éte à). Être en repos, comme un oiseau sur \ejoukoir. –De même en Roman.
JOLIMENT. Beaucoup, très. Synonymes: Fièrement, FAMEUSEMENT. Il est joliment laid.
JOLITÉ (Artois). Badinerie.
JONE. Jeune.-En Vieux-Picard ,josne.
JONE HOMME. Célibataire, quelqu'âgé qu'il soit. JONGLER. Badiner en gesticulant. Ce mot rappelle les déclamations des jongleurs.
JORNET. Journal de terre. -Synon. JOURNEL, JOURNEUX. JOSÉPHINE. Nom donné, à Abbeville, au poisson que Cuvier appelle cantharus griseus.
JOU? Je? Ce pronom interrogatif fait quelquefois double emploi. Je l'aurai jou ? Dans nos anciennes chartes, il signifie je ou moi. « Jou, Bernars, sire de Moreuil. » [Corbie 1249.) JOU FALI (à). Au tomber du jour. De l'Allemand fehlen, manquer, ou du Latin fallere.
JOUJOUTE (aller). Aller jouer, aller promener.-Terme enfantin.
JOUGLER. Jouer souvent.
JOUKOIR. Perchoir. Du Celtique jue élevé? JOUR (faire son bon). Faite la Sainte-Communion. De même dans la Franche-Comté, l'Orléanais et l'Ile-de-France. JOUR FALLI. Soir. -Cette locution se trouve dans Molinet. JOURNEL. Journal de terre. -De même en Roman.- Syn. JOURNET, JORiqET, JOURNEUX.
JOURS NATAUX. Les grandes fêtes de l'année. JU de Cache-Cache, de Pot, de Tataou, de Picardie, de Mahonnage, de Cholle, de Fikencul, de Croche, de Patuile, de Quintaine de Bouhourdis, de Berlinke, de Perse, des TroisMerelles, etc. Voyez ces différents mots.
JUER à Souffler au Charbon, à Mucher, à Cateau madame au Métier, etc. -Voyez ces différents mots.
JUGEURS. « Ils étaient différents des juges; c'étaient des hommes liges ou de poesté du seigneur, ou jurés, comme on dit maintenant. Les juges étaient les baillis, prévôts, chàtelains, etc. » (M. Marnier, Coutumes de PicardieJ.
JUISÉ (être). Eprouver de grandes contrariétés dans son commerce, (comme les juifs, à l'époque où ils étaient inquiétés). JU ISER. Ne vouloir acheter qu'a vil prix.
JUISER. Poursuivre impitoyablement un débiteur.- Le mot juiser, dans ces deux sens, fait allusion aux Juifs.
JUMENTIER. Paillard.
JUPPLAINE. Blouse, cape de berger. – Du Bas-Latin hopulanda, houppelande, vêtement lourd et d'étoffe grossière qui, d'après le savant Huet, nous serait venu de la province d'Upland, en Suède.
JUSSE (comme de). Comme de raison.
JUSTE et JUSTIN. Camisolle, casaquin. Justin signifie corset, en Bas-Breton. Au xv.e siècle, dit Le Duchat, on appelait justes certaines cottes d'armes espèce de juste-au-corps, par opposition à la casaque qui était volante.
JUTER. Rendre du jus. De même en Normandie. K
Nous avons remplacé le Q par le K, toutes les fois que l'étymologie ne nous a pas fait une loi du contraire.
KAINAGE. Impôt établi par la commune d'Abbeville sur la guède, pour la perception duquel une chaîne était tendue en travers de la Somme. (M Louandre Hist. d'Abbeville, t. n). KARESMIAUX. Les jours gras (qui précèdent le Carême). KEMENT, dit Lucuinbe, « signifie co)h,nandement dans le langage Picard. Il signifie aussi un juge, un maire de ville. »
KEMENT. Comment, pourquoi. Synon. CAMAJNT. KEMIN et CAMIN. Chemin comme en Roman. Congénères Rouchi et Flamand, kemin; Provençal, camin; Quercy, Gascon et Catalan, cami Italien et Espagnol, camino Russe camen. G. d'Essigny dérive camin de Ka^tu» être fatigué. Nous pensons que c'est la forme picarde du Vieux-Français semin, et qu'il dérive par conséquent de semita.
KEMINE (Béthune). Chanvre. Syn. CAINVE.
KEMINÉE et CAMINÉE. Cheminée; comme en Roman. Congénères: Rouchi keminée; Italien cammino; Allemand et Polonais, kamin. Du Latin caminus, dérivé de Ke^Mivso- fourneau.
KEMISE. Chemise. – De même en Roman. Congénères: Prov., camise; Bas-Latin, camisa. On dit quamise, en Arabe. KENAT. Pot à couver, chaufferette. Viendrait de Revoit, vide, d'après M. de Poilly. Nous croyons que c'est un dérivé de kenne, cruche. – Synonymes KENEU KENOT, Couvet. KENÈKE. Bille à jouer.-Synonyme: MABRE.
KENINON. Chenet. Les anciens chenêts avaient la forme d'un chien couché. C'est pour cela qu'on les appelle en Français chenêts (du Vieux-Français chiennet, chien); en Picard, keninons (du Latin canisj en Anglais, dog (chien) et en Allemand, feuerhund (chien de feu).
KENNE. Cruche, cruchon, pot, mesure de liquide. En ancien Picard, quesne ou kanne (Hôtel-de-Ville d'Amiens, 9 juin 1391) -Congénères: Normand canne (cruche); Rouchi, kenne (mesure d'huile); Allemand, kanne (pinte); Italien, canna fid.J; Hollandais et Flamand, can(pot) Vieux-Saxon, canna VieilHaut-Allemand, kanna.-Etymologie: du Latin canna, mesure de longueur, ou du Celtique cann ou de l'Islandais kanna, cruche. Kanen, en Hébreu signifie mesure faite.
KENOTTE. Dent. De même en Normand. En VieuxFrançais, quenne.-En Islandais henni signifie mâchoire. KENUISSE. Chenevis. En Rouchi kenweche. Du Roman kanebuise. Synon. CANUISSE.
KER. Charriot. – Voyez CAR.
KÈRE. Tomber, cheoir.- Cong. Franc-Comt., chère; Norm., quaire Belge, cair Espagnol, caer. – Du Roman keir ou kair, contraction du Latin cadere.
KER ou KIER. Cher, de haut prix. De même en Roman. En Bas-Breton, quier.
KERBON. Charbon. Voyez CARBON.
KERCHAIN. Frêle, petit. Synonyme Chocret. KERCHAIGNE. Fruit petit et rabougri. -Fém. du précéd. KERDON. Chardon. Voyez CARDON.
KERETTE. Charette. -Voyez CARETTE.
KERFOUILLER. Remuer différentes choses, pour trouver l'objet qu'on cherche. Synon. CAFOUILLER.
KERIABLE (kemin). Chemin carossable.
KERKE. Charge.-De même à Mons, Lille et Valenciennes. Du Bas-Latin kerka., dérivé du Celto-Breton carg. KERKER. Charger. De même en Roman. En ancien Picard, querquier; (sire de Créquy). Cong. Langued. carga Espag. cargar Ital. caricare. Etymologie du Bas-Latin carcare, dérivé de carrus char.
KERMAINE. Charogne. -Terme injurieux qu'on dit d'une méchante femme. – Synon. CARMEINE, CARONE.
KEROIS. Ameublement d'une fille qui se marie.
KÉRON. Charron. Voyez CARON.
KERPETTE. Espèce de galette frite.
KERPLUSE. Chenille. Voyez Caplebse.
KERRIMOUERO. Sorcier ou sorcière de Bohême. Voyez notre chap. des sobriquets dans la 1." partie.
KERSON. Cresson. Du Bas-Latin kersonaria.
KERTIN (Artésien). Panier. De même en Roman. KERTU. A l'air vif, éveillé.
KÉRUE. Charrue.- Voyez CARRUE.- On prononce quierue, dans l'arrondissement de Valognes.
KEU. Coup. De même en Comtois et en Roman. KEU, KEUTE. Tombé, tombée. -Participe du verbe kère. KEUCHE. Chaux. Voyez Recx.
KEUCHE. Pierre à aiguiser. – De même à Lille. 11 vaudrait mieux écrire queuche, comme en V. Français. Syn. KEUSSE. KEUCHE. Pain. (à Vau, près Montdidier.) Syn. PAN, BROUTE. KEUCHES. Chausses. Du Latin cauces. Syn. CAUCHES. KEUCHIE ou CAUCIIIE. Chaussée. Du Lat. calceata. KEUD. Chaud. Voyez CAUD.
KEUDRE. Coudre.- De même en Franc-Comtois et Roman. Ej keuds, tu keuds, al keud, os keudons; tu keudros-; j'ai keudu – que je keuche.
KEUDREUSE. Couturière.
KEUDRIER. Chaudronnier. Synon. Keudrononer. KEUDRON. Chaudron. -Du Bas-Latin caldarium. KEUDRON. Jeu de Colin-Maillard. Syn. QUATRABEUSE. KEUDRONÉ. Se dit d'un chapeau déformé.
KEUDRONET. Vase de cuivre ou de fer blanc bosselé, dans lequel on fait des gâteaux.
KEUDRONGNER. Chaudronnier. Synonyme: KEUDRIER. KEUETTE. Chignon partie supérieure de la nuque. KEUKE. Coup mortel ou dangereux.
KEUKER Tromper, attraper. Nous devrions orthographier queuker, si nous adoptions pour ce mot l'étymologie de queux, cuisinier. Les valets et les cuisiniers ont toujours été mal famés sous le rapport de la probité, et le patois picard aurait bien pu
faire queuker de queux, comme le Français a fait coquin du Latin coquus.
KEUKEU. Corne du pied des porcs. Signifie aussi chaussure. KEUKIOT. Petit. Voyez Piot. Pierre l'Hermite portait le surnom vulgaire de Keukiot Pierre que les Grecs modernes ont rendu par coukiou.
KEUNE. Cruche. Voyez KENNE.
KEURIR. Courir. De même en Roman.
KEURLE (Noyon). Chiendent. – Syn. Kien A poil. KEURPILLER (se). Se prendre aux cheveux se battre. KEUSE. Cause.
KEUSIR. Choisir. Synonyme COESIR.
KEUSSE. Pierre à aiguiser dont se servent les moissonneurs. KEUSSER. Repasser, aiguiser. Synonyme: KEUCHER. KEUTE. Coutre, soc d'une charrue.
KEUTE. Coude. Du Latin cubitus.
KEUTE SORIS. Chauve-souris. Voyez CATE SORIS. KEUX. Chaux. -Du Roman caus, dérivé du Latin calx. KEVAU. Cheval. En Normand, keva. Synon. G'VAU. KEVILLE. Cheville. – En Gascon et Provençal, caville. –Du Latin cavilla. Synon. GUILLE, GUILLETTE.
KEVRE ou KÊVE. Chèvre. – Voyez CABE.
KEVRON. Chevron. Du Latin ctjpro ou du Celtique kebr. KIA. Parce que. Du Latin quià.
KIACHE. Excrément. Synonyme: KIURE.
KICAUDAINE. Sorte de chandelier avec un long manche. KIELLE. Chaise. Voyez CAHIELLE.
KIEN. Chien. De même en Norm., Rouchi et Roman. Du Latin canis, ou du Celtique ki.- Chien se dit chi, en Thibetain ken en Chinois et kun en Phrygien.
KIRN A POIL. Chiendent. Synon. KEURLE.
KIER (prononcez kié). Cacat'e.
KIER (pron. kière). Cher, de grand prix. « Deux sestiers du plus kier. » {Cart. de l'égl. d'Am. 1301.)
KIER (avoir). Chérir, aimer. -De même en Borain. KIGNON. Morceau de pain. Viendrait-il de cuneus, coin angle ? 2
KINETTE. Sorte de camelot qu'on fabriquait à Amiens. KIOT. Petit. Voyez Piot et KEUKIOT.
KIOTE. Nom vulgaire des oiseaux nommés chevaliers. Onomatopée de leur cri.
KIURE. Excrément. – Synonyme K iache.
K'VAU. Cheval. Voyez G'vau.
K'VEU. Cheveu. Voyez Cavieu.
L
L ou LE. La. Et quelquefois, cette: l'femmelo.
LABOURER. Travailler, se donner de la peine. Etymol. Du Latin laborare.
LACER. Tricoter. De même en Roman.
LACHERON. Laiteron. (sonchus oleraceus).
LADON (à). Il suffit.
LAICHER. Laisser, quitter. De même à Lille. Du Roman laichier.
LAIGNAGE. Droit sur le bois. (Rue, xiv.» siècle.) Du Latin lignis, bois.
LAIGNIS (pron. lè-gni). Bois. Même étymologie. LAISI (tout à). Tout à loisir, tout doucement.
LAISSIER. Laisser, quitter. -De même en Roman. Au futur, ej' lairai tu lait-os, etc. Synon. Laicher.
LAIT BOULU. Bouillie. -Synonyme: LAITBOULI. LAIT BEURRÉ. Résidu du beurre.
LAIT CAMOU. Lait chaud qu'on vient de traire à l'instant. LAIT PRINS. Lait caillé.
LAITUAIRE(Boulonais). Vilain, dégoutant.
LAIZIEUX. Louche. Synon. GOGNOT, GUIGNEUX. LALE. Là. – Ceutes lale, ceux-là.
LAMBILLE. Petit morceau de viande.
LAME. Pierre sepulchrale.
LAMPAS. Luette. De même dans les départ. du Nord. LAMPER. Boire. De même en Franc-Comtois et Roman. LANCE. Ancienne mesure agraire.
LANCHER. Lancer, darder. Tisser, parce que le tisserand lance la navette. Du Roman lanchier.
LANCHEUX. Tisserand.
LANDON (Am. xv.« 8.). Bâton suspendu au cou des chiens. LANGER. Nager. Synon. NANGER, LARGER.
LANGERONS (masculin). Langes. Synonyme Picheux. LANGREUX. Chétif, valétudinaire. – De même en Roman. – Se dit surtout des petits enfans et des petits des animaux. LANGUAIGNE. Langueur. Etym. du Roman languigne. LANGUE. Mauvaise langue, bavarde.
LANGUE DE BOEUF. Espèce d'arme. (Ordonnance de police d'Amiens, 1441.)
LANGUIRIE. Langueur. Du Roman langourie. LANGUARDER. Bavarder. Etymol. du Français langue. LANGUARDEUR. Bavard. Du Roman langard. LANTIMOLLE. Espèce de pâtisserie frite, connue en Normandie, sous le nom de landimolle.
LANTIPONER. Marchander. – Synonyme: Harlander. LAPET. Babil. Synonymes: Jappe, BAGOUL.
LAPIDÉ. Malheureux, misérable. Il y a une inconstestable
analogie entre lapidé (lapis, pierre) et cette locution fort usitée chez nous malheureux comme les pierres.
LAPOIRE. Breuvage qu'on lappe.
LARCINEUX. Voleur. Etymologie: du Français larcin. LARDER (Artois). Se dit du feu qui flambe. Du Latin ardere. LARGER. Nager. Synonymes LANGER, Nanger. LARGOUSIN et ARGOUBIN. Polisson, vaurien. LARRIS. Landes, terres en friche.- De même en Roman.Etymologie du Latin aridus, aride.
LARRON. Petit fromage de Maroilles. Ce mot nous vient du Hainaut où est situé Maroilles.
LATUSÉES. Êtres imaginaires, dont on se plait à faire peur aux enfants. M. Hécart dit que c'est un mauvais calembourg fort ancien latte usée.
IjAUSENGIER. Flatteur, complimenteur. De même en Normand et en Vieux-Français Synonyme: Cajoleux. LAVERIE. Buanderie. -Synonyme: BUERIE.
LAVETTE. Langue, platine.
LAVIER. Evier.-De même à Langres, Rheims, Rouen, etc. Beaucoup de personnes s'imaginent que ce mot est français. LAVINDER. Laver la vaisselle. Synonyme Récurer. LAYANT (Boulonais). Salamandre lutin.
LAZAIRE ou LAZARE. Pauvre, malheureux, pauvre diable. Probablement du nom de Lazare.
LE. La cette.
LÉ. Le. A dire lé vrai. S'emploie rarement.
LECHON. Leçon comme en Roman. – Synonyme ELCHON. LÉCHERIE. Friandise. -De même en Bas-Normand. LÉCHEUR. Friand (qui se lèche les lèvres); comme en Rom. « Se n'est glouton ou léckeur. » (Cart. de l'égl. d'Am., 1301.) LEI RE. Larron. (Rue, xni,' siècle.) – Synon- LIERRES.
LÈKE ou LEKÉE ( f.) Un brin, un peu; tranche mince petit morceau. Synonyme Flèpb.
LÈKE PLOT. Parasite. –Littéralement, lèche plat. LÉKER. Lécher. M. Labourt, ancien procureur du Roi à Doullens m'écrivait l'an dernier au sujet de ce mot « Les Français disent lécher; les Picards, leker les Allemands lecken; les Anglais prononcent lick et les Irlandais, ligh. Les Grecs mêlaient l'E et I dans la prononciation de cette première syllabe (Asi^ai). Enfin les Flamands écrivent et prononcent simultanément likken et lecken. Recherchons pourquoi il en est ainsi. C'est parce que, dans l'origine, on n'écrivait, comme font maintenant nos sténographes, qu'avec des consonnes seulement, auxquelles le lecteur ajoutait pour vocaliser ces signes graphiques, telle voyelle qui lui plaisait, et cette diversité phonétique n'altérait en rien le sens du mot. C'est ainsi que sont écrits nos plus anciens MSS. de la Bible; c'est encore ainsi qu'écrivent les Perses. Les légendes de nos plus anciennes médailles phéniciennes et hébraïques, qu'a fait graver Court de Gébelin, ne sont pas autrement. Alors on conçoit que lek et lik durent être deux manières également parfaites de prononcer un seul et même mot. Alors aussi ch équivalant à l'< on disait indifféremment lécher, lesser, lisser. Qui ne sait en effet que l'animal qui lèche ses petits, lisse ses poils par cela même, et que dire qu'un tableau est léché, c'est indiquer un degré de perfection que ne donne point la langue, mais le pinceau. Voilà pourquoi Bullet a pu découvrir, dans de vieux monuments, que lecha et lischa désignent une machine dont on se servait dès une époque très-reculée pour polir les étoffes de soie. Cet auteur ajoute textuellement « De là nos mots français lisse, lisser; en patois de Franc.-Comté, léchie est glisser sur la glace ou quelque chose de poli. » II est tellement vrai enfin que licher et lécher sont comme likken et lekken,
des mots d'une source commune et d'une signification identique, qae le mot lécherie qui en Vieux-Français signifie friandise et à la fois plaisir des sens, se retrouve avec des significations identiques dans le mot Breton lickerry, comme on peut le voir dans Bullet, t. m p. 84. 11 n'est donc pas besoin de recourir au grec, comme le fait M. de Poilly, pour trouver l'origine du mot picard léker. C'est tout simplement le lekken des Allemands et des Flamands. » Nous ajouterons que le radical onomatopique lec, lac ou lic, se retrouve dans un nombre considérable de dialectes et de langues. Aux mots cités plus haut on peut joindre le Rouchi léker; le patois du Gers, leka; le patois de Béziers leki; l'Italien, leccare le Latin, lingo l'AngloSaxon, liccan; l'Islandais, ligh; l'Arabe lachica; le Chaldéen, lechac; l'Hébreu, lachac, etc.
LEMION. Lumignon. V. LEUMER.
LENDIT ( le). Nom d'une foire célèbre qui se tenait à SaintRiquier, le lundi de la Pentecôte. (V. Hist. d'Abb, t. i, p. 285). LENDORMI. Paresseux nonchalant. -Etym. de Endormi. LENS. Là, ici. (Coutumes du Beauvoisis).
LÉPE. Grosse lèvre. De même en Roman. V. LIPPE. LESSIVEUSE. Lavandière. – De même en Champenois. LETTRON. Jeune poulairr.
LEU. Loup. De même en Wallon Rouchi Belge, Flamand et Franc-Comtois. A Roye il y a une rue des Leus. Locution picarde: unpiot leu, un louveteau. Ch'estein pover leu, c'est un pauvre diable c'est une emplâtre.
LEUATE. Sombre, lugubre, effrayant.
LÈUÉ (féminin). Sorte de patisserie. Voyez LoÉ. LEUÉROU. Loup-garou, mauvais sujet. Terme injurieux En Berrichon louara. Voyez Leuwarou.
LEUMER. Eclaircir; leumer des us, passer des œufs à la chandelle, pour voir s'ils ne sont pas gâtés. – Etym. lumière.
LEUNE ou LÊNE. Lune. Comme en Roman. Congénères: Normand, F. Comtois et Rouchi, Jeune Bourguignon, leugne. Etymologie du Latin luna.
LEU WAROU. Loup-garou.– Idemen Roman.– FFairsignifie homme, en Celtique. Un loup-garou est donc un loup-homme. On dit aux enfans que c'est un sorcier qui court dans les champs, déguisé en loup. LEU WAROU-DÉMON. Espèce de juron. LEUYER. Lier.-Synonyme: Loyer.
LEVER. Présenter au baptême. Idem en Vieux-Français. LÉVITE. Capote.
LI. Lui.-De même en Berrichon, Bouchi Wallon, FrancComtois et Roman. Du Latin ille, illi.
LI. Le, la, les.
LIBRE. Livre. (St.-Quentin, 1288.)– Du Latin lifter. LICHÉE (eune). Un brin, un peu. Synonyme: LEKÉE. LICHER. Boire en se delectant; être toujours à boire et à manger, faire ripaille. De même en Normand.
LICHEUR. Gourmand qui se délecte à boire et à mangerDe l'Allemand lecker, friand. Synonyme: LÉCHEUR. LIERRES. Voleur. (Beaumanoir.)-Synon. LEIRE. LIESSE. Joie, allégresse. De même en Roman. Du Latin lœtitia. On sait qu'il existe, dans le Vermandois, un pélérinage célèbre, connu sous le nom de Notre-Dame de Liesse. Il existe une chapelle du même vocable à Goyencourt, près de Roye. LIEUVE. Lièvre.
LIMECHON. Jeu qui jadis était en usage à Péronne. Parmi les jeux qu'aux xv." et xvi. siècles prohibait la sagesse des magistrats, on en remarque quelques-uns qui sont devenus une énigme pour nous. Tel est le jeu de limechon pour lequel fut condamné à l'ameude à Péronne, en Hi9, Adam Marnn. Tel est encore le jeu des momeuxmassegnez. On défendit à Péronne,
en 1 549 d'aller de nuit momer massegne, sous peine de X livres, parce qu'à l'occasioh de ce jeu, l'échevin Jehan Lefebure avait reçu un coup d'épée. (Communication de M. de la Fons.) LIMECHON. Limaçon. – Syn. Émichon, CALAMICHON. LIMÉRO. Numéro.
LIMOUSINE. Manteau en poil de chèvre ou en grosse laine dont se servent les rouliers. Ce vêtement est sans doute originaire du Limousin.
LINCHEUX (dros). Draps de lit. ·
LINE. Ligne. – Congénères: Anglais, line; Italien, Catalan, Espagnol, linea. Etymologie: du Latin linea.
LINES (Béthune). Pois blancs.
LINGUARDER. Bavarder. Congénères: V. Espagnol, languar; Italien linguettare. Etymologie: Voyez Lingue. LINGUE. Langue. -Congénères: Champenois et Lorrain, lingue; Béarnais, lengue; Italien, lingua. -Du Latin lingua. LINOTEUX. Qui s'amuse à des riens.
L1NUISSE. Graine de lin. De même en Roman. LIPPE. Grosse lèvre. De même en Franc-Comtois et Roman. – Lèvre se dit lippe, en Allemand et lip, en Anglais. LIPPU. Qui a de grosses lèvres. – De même en Roman. LIROTS. Surnom donné par les Amiénois aux villageois qui viennent à la fête de la St.-Jean et qui s'y laissent attraper. Une des rues d'Amiens porte ce nom. Cette désignation est fort ancienne car, au xiv.e siècle, on donnait à St.-Jean l'épithète de Liroons, dont le P. Daire donne l'explication suivante, dans Valmanach perpétuel de nos ayeux: Cette épithète vient de l'usage où l'on est, dans la ville d'Amiens, de mettre, pendant la foire, des leures dans les rues, comme un fer à cheval brûlant et autres choses fixées entre les pavés, dans l'intention d'attraper les gens de la campagne les moins dégourdis. Lorsqu'il s'en trouve d'assez
nigauds pour donner dans le piège, la populace crie après eux à gorge déployée: lirot, lirot qui, dans le Patois Picard, veut dire: il est attrapé. » – Lirot signifie aussi petit du canard. LISETS. Rubans et copeaux en forme de rubans.-Ne s'emploie qu'au pluriel.
LISTON (Béthune). Ruban. – Congén. Island. lista, marginare; Vieil-Haut-Allem., lista, bord, bordure, frange, broderie; Italien listare chamarrer, galonner en Espagnol, on trouve précisément le mot liston large bande ruban de soie, filet listoncillo signifie petit ruban. Peut-être les Picards ont-ils reçu ce mot directement des Espagnols peut-être aussi la complète ressemblance n'est-elle que fortuite et ce mot se rattache-t-il, comme le Vieux-Français lister, dans le sens de border, chamarrer, franger, au lista de la langue du Nord. (Comm. de M. Breuil.) LIU. Lieu. De même en Roman.
LIUE. Lieue. De même en Roman.- Du Celtique leü. S'emploie quelquefois au masculin.
L'LALE. Celle-là. -Synon. CHELLE LOLE.
LO. La. De même en Wallon. Synon. ILO.
LOAGER. Celui qui donne en location.
LOÉ ou LEUÉ. « C'est une pièce de pâtisserie de forme arrondie et du poids d'une demi-livre qui renferme entre deux croûtes assez semblables à celle du pain une pâte levée que l'amateur impregne de beurre pendant qu'elle est chaude. Je crois que le nom primitif est leué, mot naturellement formé de l'adjectif levé, par le changement de ru consonne en l'w voyelle, comme diraient les grammairiens. » (M. de Poilly.) LOKE. Chiffon guenille. De même en Roman et dans plusieurs provinces. Certains marchands ambulants qui paient en harengs ou en images les tokes qu'ils ramassent, pareo-ureut les rues, en criant A lokes à lokes, marchand de ferlokes, pour
des-z-hareings, pour des imaches; d'autres crient A lokes à lokes ma tante Charlotte 'ramassez vos vieilles lokes. LOKETÉ et DÉLOKETÉ. Déguenillé.
LOKETEU. Marchand de lokes.
LOLE. Là. Ceutes Me ceux-là. Synonyme Lale. LOKETTE. Blennie vivipare (poisson).
LONGIN. Lambin. – De même en Vieux-Français. LONGINER. Lambiner. De même en Vieux-Français. IONGITUDINÉ. Lambin, homme lent. On dit en Français, dans le même sens, c'est un St.-Longis. St.-Longis est le soldat qui perça d'un coup de lance le côté de notre Seigneur et qui après s'être converti, fut martyrisé à Césarée, en Cappadoce. Longitudine paraît être l'ablatif de longitudo, durée, lenteur. LONGIVA. Même sens que les précédents. Ce pourrait être le composé de ces trois mots: long j'y vas,
LOPIN. Petite quantité. De même en Roman.
LOQUENCE. Facilité d'élocution babil, loquacité. De même à Sens, Besançon, Rheims et Bar-le-Duc. II paraît que le mot loquencia, employé par Salluste et usité dans le style vulgaire, avait à peu près le même sens chez les Latins que notre motloquence, quin'est pas le même qu'éloquence. Jnlius Candidus avait coutume de dire Aliud esse eloquentiam aliud loquentiam.
LOQUET. Cliquet. – De même en Roman.- De l'Islandais loka, verrou.
LOS. Approbation. Etymologie: du Latin laus, louange. LOSSE et LOSTRE. Vaurien, polisson; enfant malpropre. LOUCHE. Cuiller à potage. Ce mot, d'un usage général aujourd'hui, manque à la langue officielle de l'Académie. D'après J. Monet, il est d'origine picarde; il vient du Bas-Latin lochea, dont la signification est la même.
LOUCHE-POIL. Cloporte. Synonyme MACHE PAIN. LOUCHET. Bêche. De même en Roman.
LOUCHIE. Droit de mesurage. (Cart. de Rue, xiv.e siècle). LOUDIER. Grosse couverture piquée.
LOULOU. Jeune fille dont la figure est un peu forte, avec de grosses lèvres et dont la vue n'est pourtant point désagréable. LOURIOT {copèrej. Orgeolet bouton qui vient sur les paupières. Plutarque et Pline ont avancé que le regard du loriot est un remède excellent pour ceux qui sont atteints de la jaunisse. Cette opinion s'accrédita au Moyen-âge, et les personnes qui souffraient de cette maladie prenaient un loriot pour compère. De là notre expression copère louriot, pour exprimer un orgeolet. M. Du Méril donne à ce mot, qui se trouve également dans les Patois Normand et Rouchi une autre origine. Il le dérive du Bas-Latin lorum, qui signifiait une blessure dont il ne sort pas de sang. Voyez le G esta abbatum Lobiensium, dans le Spicilegium de d'Achery, t. vi p. 603.
LOYACHE. Bord en fil ou en coton.
LOYER. Lier. De même en Roman.
LU (Boulonais). Lumière. Du Latin lux.
LUE. Brochet. Le 10 février 1463, il fut résolu de faire présent au comte de Charolois de six lues. (Archives d'Amiens.) LUISEL ou LUISET. Cercueil. Voyez Lbset.
LUMELLE. Lame de couteau. De même en Normand. Voyez ALEMELLE.
LUMIONou LUMICHON. Lumignon. -Synon. Leumeron. LURER. Amuser par des comtes, des sornettes. V. Arlurer. LURES. Sornettes. De même en Rouchi et Normand. Synonyme Lurettes.
LURON. « Ce mot très-caractéristique dit Ch. Nodier, ne se trouve dans aucun Dictionnaire. 11 y a plus on ne lui connaît
aucune analogie immédiate, et la lettrine lur, qui exprime une des racines les plus gracieuses et les plus fluides que puisse articuler la voix humaine, est tout a fait inusitée chez nous comme initiale. Je ne serais pas éloigné de croire que luron est fait de ce mimologisme commun du chant et de la danse, de ce tra la deri dera qui supplée aux paroles et quelquefois à la musique dans les fêtes joyeuses du peuple, et qui a fourni aux vieux chansonniers, entr'autres gais refains, luron, lurette et lalure. Un luron ne demande qu'à chanter et à danser. Ma lurette est devenue dans ce sens un nom de femme. »
LURONAGE. Chose de peu de conséquence.
LURONER. Lambiner, s'amuser en travaillant. – De l'Islandais luri, être paresseux.
LURONER (Béthune). Se promener de long en large, à la manière des bergers.
LURONIER. Qui s'amuse en travaillant, qui lambine. LUROT ou LIROT. Petit du canard qui n'a encore que du duvet. C'est aussi un nom d'amitié qu'on donne aux enfans. LUSET, LUSEAU, LUSEL ou LUSIER. Cercueil. Du Roman luisel et luset.
LUSETTE. Hochet d'enfant.
LUSOT (Boulonais). Fainéant. De l'Islandais lus, paresse. LUSOTER. Être fainéant.
LUTRON ou LUTRONIER. Lambin, musard, qui s'occupe de minuties. -Synonyme: LURONIER.
LUTRONE. Grive litorne. A Doullens, on donne le nom de lutrone à une espèce de hibou.
L'Z. Les. L'z uns après l'g autes les uns après les autres.
M
M'. Ma. (Devant une consonne.) Synon. Eh'.
MACAILLER. Mâcher comme quelqu'un qui n'a plus de dents. MACAREUX (Cayeux). Ouarat à bec de perroquet.
MACHE (Soissonnais). Gros tas de foin composé de plusieurs burlots.
MACHEPAIN (Boulonais). Cloporte. Synon. Louche POIL. MACHERIERS. Bouchers.- Une des rues de St.-Quentin portait jadis ce nom.
MACHICOT. Maladroit. Ce mot n'est Français que dans le sens de chantre d'église.
MACHIN. Un tel. Se dit d'une personne ou d'une chose dont on ne trouve pas tout de suite le nom propre. D'un usage général, même à Paris.
MACHINER (Béthune). Vacciner.
MACHOKE. Mauvaise montre; instrument de mauvaise qualité. --Synonyme MASTOKE.
MACHOKER. Faire des contusions, bossuer un objet. MACHUKER. Tarabuster; faire du bruit.
MACLOTE. Fluxion.
MACRIEU. Maquereau.-De même en Roman.-Du Celtique macrea f. Jadis, quand il y avait des maquereaux à la poissonnerie d'Amiens une poissarde allait crier à tous les coins de rue « On vous foet assavoir qui vient d'arriver eine grande déballation d'macrieux i gn'o des macrieux à mosieu des macrieux à procureux, des macrieux à povers geins!
MADAME. Dame toute personne du sexe bien mise. Uns belle madame.
MADELAINE (Cayeux). Espèce de méduse, animal marin. MADELAINE. Cérise blanche et rouge d'une chair tendre. MADRO-MADRA (Acheux). Femme grosse, jouflue et mal tournée.
MA FINE ou MA FIQUE, Ma foi! Voyez FIQUETTE. MAGIÈRE. Lisière d'un bois. Voyez Masière. .M AGNIAKE ou MAGNIEN. Chaudronnier. Congénères Lorrain, magniake Jurassin magnia Normand et VieuxFrançais, magnan. Peut-être que les chaudonniers ambulants sont ainsi nommés, parce qu'ils sont presque tous originaires de la Limagne. M. Monnier dérive le Jurassin magnia du Celtique magnouner, qui a le même sens. M. E. Du Méril le tire du Latin manuarius, qui travaille avec la main. Il voit une confirmation de cette étymologie dans le mot magner qui, dans le patois du Berry, signifie fatiguer.
MAGNIER. Meunier; comme en Roman.
MAGNON. Fille de mauvaise vie. Synon. Maton. MAGNON FOIREUSE. Rouge-gorge (oiseau). Syn. FRILEUSE. MAGUET. Bouc et chevreau.
MAGUETTE et MARGUETTE. Chèvre. Synon. CAPE CABRE, CAVRETTE. Vient peut-être de l'Espagnol maquina. MAHON. Coquelicot comme en Roman. – paxiov a le même sens, en Grec-Dorique.
MAHON (garde). Garde-champêtre, parce qu'il garde les champs de blé où poussent les coquelicots.
MAHON ou MAHONNAGE. On appelait ainsi un jeu fort dangereux, auquel se livraient autrefois les habitants d'Amiens, sur le rempart qui avoisinait le faubourg de Noyon. Les joueurs se partageaient en deux camps, que séparait une ligne de démarcation. Il s'agissait pour chaque parti de la franchir, en repoussant les adversaires à coups de poing. On donnait encore à ce jeu le nom de Pye. Comme il en résultait parfois de graves
accidents il fut interdit en 1515 par l'ordonnance suivante, consignée dans le registre de l'Hôtel-de-Ville d'Amiens: « Pour ce que le commun populaire de ceste vile a accoustumé chascun an, en la saison presente, faire plusieurs combats par bendes compaignies, les uns contre les autres, par manière d'esbattemens, dont plusieurs haynes, noises debats et autres inconvenients de maladie sont advenus et porroient encoires advenir se provision n'y estoit donnée, mes dits seigneurs ont fait et font presentement deffenses à tous les habitants d'icelle ville de non faire les dits jeux, sur peine et amende de vingt sols parisis et de pugnicion de prison et enjoignent mes dits seigneurs à tous menagers de non laisser aller aux dits combats leurs enfants ou serviteurs à peine d'encourir ladite amende. Publié à Amiens le 28.e jour de janvier 1515. »
MAHONNER. Mal prononcer, écorcher la grammaire. MAHOURA. Informe, mal fait. Peut-être du Roman mal ouvrd, mal fait.
MAIE ou MOIE. Pétrin, huche à pétrir. Cong. FrancComt., Lorr., Rouchi, maie; Maubeuge, mé; Vieux-Français, mait Jura, maid Italien, madia. – Etym. du Latin mactra. MAIGRIOT. Maigrelet.
MAILLARD. Canard mâle. Malard a le même sens en Berrichon, Normand, Rouchi, Roman et Celtique. Il ne se dit, en Français, que du mâle des cannes sauvages.
MAINÉE. Ce qu'on peut tenir dans ses mains, dans ses bras. De même en Roman.
MAINOTTE. Petite main. Du Roman mainette. MAIRIEN. Bois à faire des douves. De même en Roman. MAIRIER. Marguillier. Comme en Roman.
MAISNÉ. Cadet. (Hue xiv.8 siècle.) De minor natus. M AISSELLE. Joue.
MAIZIAUX. Ladres blancs. Leur contact était moins dangereux que celui des autres lépreux. Ils avaient, à Arras, une maladrerie dans la rue qui porte le nom de Maiziaux. MAJON. Maison. Cong. Gruyères et Charente méjon Ardennes, manjon; Savoyard, maijon; Bourg, magion; Italien, magione du Latin mansio. Voyez MASON.
MAJORERIES. – Voyez le Chap. des noms de corporations. MAKER. Mâcher, manger. -Cong. Langue d'Oc, maschar; Espag. mascar. Etym. du Latin masticare ou du Celtique maka nourrir. En Hébreu nourriture se dit maachal. MAKER. Battre le chanvre, lemdcher.
MAKEUX. Grand mangeur.
MAK.ILLONER. Manger lentement, en mâchant. MAKOIRE. Mâchoire; instrument à battre le chanvre. MALAIDIANT. Infirme. – Du Roman maledieux. MALAPATTE. Maladroit.
MALDISANT. Médisant. -En Italien maldicente. MALEFACHON. Adultère. – Du Roman malefaçon crime. MALEFAVEUR (coup de). Mauvais coup, coup mortel. MALEMAISON. Prison. Voyez l'origine de ce mot dans l'histoire du Valois, tome i. page 423.
MALÉMU. D'une humeur maussade, sombre, lourdaud. MAL EN TRAIN. Souffrant. De même en Normand. MALE PINCHON. Ce nom qui fut exclusivement donné d'abord au mâle du pinçon, se dit également aujourd'hui de la femelle. Synonyme: Pinchaire.
MALETTE. Hotte.
MALHUREUX. Malheureux. De même en Berrichon et en Vieux-Français. Voyez Huretjx.
MALICHIEUX. Malicieux. Signifie vicieux, eu parlant des animaux.
MALIGANCER. Agir avec malice.
MALIN LIEUVE. Astucieux, rusé.- Ch'est ein malin lieuve, renaré des quate pâtes.
MALLER. Marner les terres. De même en Vieux-Franç. MALMETTRE. Malmener, maltraiter.
MALOT. Bourdon, apis agrorum. De même en Champ. en Rouchi et dans la Meuse. Etymol. de masculus, mâle ? q MALOTER (Béthune). Contrarier, tourmenter.
MALSANT. Contraction de malfaisant.
MALSAVEUSE (coup de). Coup de maladresse, mauvais coup. MALUSANCHE (Marquenterre). Abus, mauvais usage. MAMACHE. Fromage. Terme enfantin.
MAME. Contraction de Madame.
MAMEAU. Fromage mou. Par contraction.
MAN. Main. De même dans les départements du Nord, de l'Hérault, du Var, des Bouches du Rhône, de l'Ardèche, du Gard dans la Savoye et le Piémont. Du Latin manus. MANAGE. Manoir. (Corb., 1288.) Du Lat.manere, demeurer. MANANT. Riche, notable. Par une lettre du 5 avril 1687, le général des Carmes accorda au curé de Maricourt (canton de Combles) la faveur de pouvoir donner le St. scapulaire, qui avait été sollicitée par les principaux manants du lieu. (M. Decagny, l'arrondissement de Péronne.)
MANCHOKER. Heurter, meurtrir. Voyez MACHOKER. MANCHON. Maçon. – Du Roman machon.– Dérivés manchoner, manchonerie etc.
MANDE. Manne, grand panier. – Id. en Roue. Rom. et Sax. MANDEKINIER. Vannier, faiseur de mandes.
MANDELÉE. Contenu d'une monde.
MANUELET1E. Petite mande.
MANÉE. Poignée. De même en Roman. Signifie aussi
la quantité de blé indéterminée qu'on porte au moulin et qui produit la farine nécessaire à une fournée de pain. De manus. MANER. Demander. Par contraction.
MANESCHE. Menace. (Délib. d'Am., 1457.)
MANET. Filet pour pêcher les harengs et les maquereaux. MANGON. Qui bredouille qui bégaye.
MANGONER. Bredouiller bégayer.
MANIGANCE. Procédé artificieux, intrigue.-Id. en Rém. MANIGANCER. User de manigances. -Syn. MALIGANCER. MANNIER (jouer au). Deux joueurs se tiennent l'un près de l'autre, vont, viennent, courrent. Un autre essaie de passer entre deux. Il a gagné s'il y réussit.
MANON (Saint-Valery). Café extrêmement léger. MANSION. Demeure, maison. Du Latin mansio. Cong. Espag. et Angl. mansion Gâtai. mansio; Ital. mansione. –On dit mansuo en Cophte. Voyez MASON.
MANTEL. Manteau. On lisait l'inscription suivante dans l'église de Saint-Martin-aux-Jumeaux
Saint Martin chy divisa s'en manlel.
En l'an trois cent, adjoutez trente-sept.
MANTEL DE SAINT MARTIN. On désignait sous ce nom les dix-huit agneaux blancs que les estohiers, pelletiers d'Amiens, donnaient à l'Evêque le jour de la Saint-Martin d'hiver. MAOUAIS ou MAWAIS. Mauvais, méchant. – Ein kien maouais un chien enragé.
MAQUE. Vente, marchandise.-De même en Roman. Serait-ce de là que viendrait le Français maquignon? MA QUE. Excepté si ce n'est que, rien que. Je n'en ai ma qu'une, c'esl-à-dire, je n'en ai pas si ce n'est que j'en ai une. Dans la langue Romane, mais que a le même sens. C'est une expression qui correspond au but des Anglais, dans ,les phrases restrictives.
MAQUIGNON. Pain d'une livre environ. Quignon signifie gros morceau de pain, en langue Romane.
MARBRE ou MABRE. -Bille à jouer, parce qu'elles sont ordinairement en marbre. -De même à Bar-le-Duc. MARDOCHÉ. Bossué, billoté.
MARELLE. Margelle d'un puits.
MARETTE. Petite mare.
MAREUX (Noyon). Matou.- Synon. MARLOU, COT, MINET. MARICHAU, MARICHA ou MARISSAU. Maréchal ferrant. MARIOLE (Béthune). Rouge-gorge. Syn. MAGNON FOIREUSE. MARJOLETTE. Jeune fille.
MARGNOUFE. Souflet claque. Syn. Giroflée A CHINQ FEULES.
MARGOT (Vimeu). Fou (oiseau).
MARGOT. Pie. Par extension femme bavarde. C'est aussi un terme de mépris.
MARGOUILLIS. Boue, vase. – De même en Lorrain. MARGOULETTE. Mâchoire. – De même en Champenois Franc-Comtois Rouchi, Lorrain et Roman. Le Latin gula entre évidemment dans la composition de ce mot.
MARGOULETTE. Mouchoir dont on s'enveloppe la tête et surtout la mâchoire, pour se préserver du grand air. MARGRÉ. Malgré. – Voyez MAUGRÉ.
MARIE CANCAILLE (Ham). Nielle, fleur des blés. MARLE. Marne. Du Celtique marl.- Synonyme: MALLE. MARLICLOU. Le dernier né d'une couvée d'oiseaux. Littéralement, mâle éclos. Synonyme: CULOT.
MARLIÈRE. Marnière. De même en Roman.
MARLOU. Chat, matou.- Synon. Mareux, Cot, MINET. MARMAILLE. Bande d'enfants. Marmot est le nom qu'on donnait autrefois aux petits singes. De là on a appelé les petite garçons marmot» et une réunion d'enfants marmaille.
MARMOTER. Parler entre les dents. -Synon. Digoner. MARMOUSER. S'inquiéter être en peine.
MARMOUZETS. Jumeaux. C'est ainsi qu'on appelait vulgairement, à Amiens en 1316, l'abbaye de Saint-Martin-auxJumeaux.
MARONER. Gronder murmurer De même en Berrichon et en Normand. Du Latin mœrere être marri.
MARONNES. Culottes. De même en Wallon Rouchi Borain et Champenois. Rire à maronnes débloukées correspond à rire à se tenir le ventre.
MARPAILLE. Canaille.
MARS. Valeur qui correspondait à celle de vingt sous. MARSINE. Blé de mars.
MARSOIN. Homme laid, sale (comme un marsoin). MARTIAU, MARTIEU ou MART'CHEU. Marteau.-Du Roman martel, dérivé du Latin martellus.
MARTINET. Hirondelle des fenêtres; elle commence à se montrer dans le mois de mars. De même en Normand. On dit martelot, dans le département de la Meuse.
MARZIU. Espèce de juron. – Syn. Morbiule Morgubnnb MASAINGUE. Mésange.-De même en Rouchi.-Masange, en Vieux-Français.
MASIÈRE. Bord d'un bois, d'un fossé d'une rivière. -Du Roman masière, muraille d'enclos. Les bois étaient autrefois bordés, chez nous, comme actuellement en Franche-Comté, de petites murailles fmaceries) qui servaient tout à la fois de limites et de défenses. La rue des Fossés, à Amiens, s'appelait autrefois rue de Longue-Maisière, parce qu'elle occupait la longue ligne des anciens fossés de la ville. Syn. MAGIÈRE.
MASILLE (féminin). Mauvaise monnaie de cuivre. MASON,MAGEON,MOISON,MOESON, MANSION et
MON. Maison. Congénères: Rouchi, Franc-Comtois et Austrasien, mason; Bourguignon, magion; Savoyard, majon; Cat. et Anglais, mansion; Italien, magione, etc. Toutes ces formes ont pour type le Latin mansio dont l'N a été quelquefois supprimée et dont l'S a pris le son doux. Nous pensons donc, avec notre savant confrère, M. l'abbé Dartois, que c'est à tort qu'on a vonlu dériver cette famille de mots de l'Hébreu magon ou du Celt. mag. MASUKER. S'amuser à des travaux manuels de peu d'importance.
MASSAKE. Maladroit, ouvrier qui massacre son ouvrage. De même en Rouchi. Synon. MACHOKE.
MASSAVEUR (coup de). Coup donné par maladresse et sans intention. Synon. Cocp DE MALSAVEUSE.
MASSÈGUE. – Voyez Limechon.
MASSINIERS. Massiers. Le Mayeur d'Abbeville parcourait les rues à cheval, précédé de ses massiniers. (Devérité Histoire de Picardie, tome i.)
MASSUKER. Muser, aller d'un ouvrage à un autre. MASTOKE. Lourdaud, informe. De même en Rémois. MAT (Artois). Fatigué. -Synon. Tené.
MAT'CHA, MAT'CHO. Piquet qu'on place au milieu de certains jeux de boules.
MATERAS. Matelas. De même en Roman. En Rouchi et en Flamand, matras; en Bas-Latin, mataratium. MATINÉ. Mélangé. Locution picarde bourgeois matinés, demi citadin demi paysan.
MATINON ou MATINET. Voyez Coono.
MATON ou MUTONÉ. Lait caillé. De même en Roman. On dit également matte.
MAU. Mou. De même en Roman.
MAU (sing.). Mal. Id. en Fr.-Comt. Bourg. et Roman.
MAUARD GRISARD (St.-Valery). Goéland gris.
MAUCOEURANT. Qui répugne, qui fait mal au coeur. Mausencorée signifiait, en Roman, mal de cœur.
MAUGRÉet MARGRÉ. Malgré.– Congénères: Vosgien, Jurassin, Franc-Comtois, Rouchi, Lorrain, Berrieh. et Wallon, maugré; Bourguig., maugrai Gers, magré; Anglais, maugre. « Le mot malgré, dit Dumarsais, est composé de l'adjectif mal (mauvais) et du substantif gré qui se prend pour volonté, goût. Avec le mauvais gréde, en retranchant le de à la manière de nos pères qui supprimaient souvent cette préposition. Les Anciens disaient maugré, puis on a dit malgré, dont on a fait une préposition. » (OEuvres complètes tome v. page 94.)
MAUVAISETÉ. Méchanceté. -De même en Rouchi Berrichon et V. Français.
MAUVE (Saint-Valery). Mouette.
MAWAIS. Mauvais. – Voyez Maouais.
MAYON. Femme de mauvaise vie. Terme injurieux. MAYS. Colonnade de menuiserie de forme pyramidale terminée par un cierge. Chaque corps de métier d'Amiens portait un mays à la fête du- Saint-Sacrement. Les marchandises qui y étaient suspendues faisaient reconnaître la corporation. MAZÉE (Soissons). Dépôt de terre dans un endroit où l'eau a séjourné. – Peut-être du Celtique mouez, humide? ME. Ma. Metz-le a me plache.-L'e muet ne se prononce pas. MÉ. Moi. Laisse mé beyer. -Synonyme: ME Mi. MÉCANT. Méchant. Ce mot a bien des nuances de signification de mauvaise humeur, de mauvaise qualité, souffrant, exténué amaigri etc.
MÉCANTER. Rendre méchant.
MÉCHONEUX. Moissonneur. -Synonyme Aouteux. MÊCREDI. Mercredi. Au xvn.e siècle, on prononçait encore
micredi. a La plus saine opinion, dit Vaugelas, et le meilleur usage est, non-seulement de prononcer, mais d'écrire mécredi sans R. » Je crois l'un et l'autre bon ajoute l'annotateur Th. Corneille. Mécredi est plus doux et il est aussi plus usité. (Remarques sur la Langue françoise, t. in p. 49.)
MÉDAILLES. Embarras, grimaces.
MÉDAILLEUX. Faiseur d'embarras, grimacier. Synonymes POSTUREUX, EMBLEYEUX.
MÉDONNER. Mal donner lescartes.-Syn. FAIRE Médonne. MÉFAIRE. Faire du mal.-De même en Vieux-Français. MÈGUE et MÉGRE. Petit lait. De même en Norm. et en Rom. -Du Bas-Latin mesga. -Synonyme MINGLE. MÉGUICHIER. Mégissier. -Du Roman meguischier. MEILLE. Nèfle. – Du Roman melle. C'est une syncope du latin mesnilus. Synon. MERLE Mesle.
MËKAINEouMÉKINE. Servante. M. de Reiffenberg donne au similaire mesquaine l'étymologie flamande de mesken. M. Aimé Leroy lui donne une autre origine dans les Archives hist. et litt. du nord de la France, oct. 1839. « II existe près de Bavay, dit-il, un village nommé Mecquignies. Un curé, manquant de domestique, en fit jadis venir une de ce village et s'en trouva fort bien. Jamais ménagère plus attentive et plus honnête n'avait soigné son pieux asile. Encouragés par cet exemple plusieurs de ses confrères coururent chercher des gouvernantes au même lieu. Ils n'eurent qu'à s'en louer, et ce village acquit ainsi à cette époque et conserva longtemps la réputation de produire de bonnes filles, comme certains sols ont la vertu de produire de bons vins ou de bons grains. Par suite, le nom de me'quenne créé dans l'origine pour signifier fille de Mecquignies fut appliqué à toutes les servantes de curé. » Malgré tout le piquant de cette étymologie, nous préférons regarder méhiniie comme un mot féminisé du Latin barbare meschinus, jeune garçon qui a formé
le Roman meschine, servante, et l'italien meschina. M. Praron, dans son intéressante Notice sur les rues d'Abbeville, racontequ'autrefois on faisait à Rouvrci une fête renommée appelée la Fête à bouquet, où le maître des cérémonies ouvrait la danse en criant trois fois Eule mekaine de monsieu le mayeu est-elle lo ? qu'alle approche. On ignore la source de ces paroles sacramentelles. MÉKINETTE. Petite servante. Signifie aussi cercle de fer avec une longue anse que l'on suspend à la crémaillère et sur lequel on peut placer une casserole, un poélon, etc. MÊLE TOUT. Factotum, brouillon.
MÉLETTE. Non donné à Sainl-Valery au poisson généralement connu sous le nom de surmulet.
MÉLIN, MEULIN. Moulin. De même en Franc-Comtois et en Celto-Gallois. Voyez Molin.
MÉLON-MÉLETTE. Ensemble, mic-mac, pêle-mêle.–Congénères Rouchi mélon-mélette Lorrain malin-mala; Bourguignon maulin-maulô Franc-Comtois môlin-môlot. A Bayeux, mêli-mêlo. Etymologie du verbe mêler. MÊMÊRE. Grand-mère et femme qui a de l'embonpoint. MÉN. Mon. – Voyez MIN.
MÉNAGER. Petit cultivateur.
MENCAUD. Mesure pour les cendres, les graines et le bois. Voyez Première partie, chap. des anciennes mesures. MENCAUDÉE. Contenu du mencaud.
MENÉES. Ostentation façons de plaire affectées minauderies.
MENER. Maltraiter, châtier. De même en Roman. MÉNISON. Diarrhée.
MÉNOEUVRE. Manœuvre, apprenti maçon.
MANOEUVRER. Travailler. – Du Latin manu, operare. MENOTTE. Petite main. – De même en Franc-Comtois; dans la Haute-Auvergne tmanota-
MENTIRIE. Mensonge. – De même en Champenois. MENTOIRE. Menteuse. De même en Rouchi.
MENUE-GENT. Bas peuple.– De même en Roman. En Italien minuta gente.
MÉPRESURE. Méprise. (Coutumes du BeauvoisisJ. On dit aujourd'hui méprinse.
MÉREALERESSE. Sage-femme. (Cartulaire d'Amiens, portef. 14 p. 277). V. Aleresse.
MERC. Marc, dépôt. De même en Roman.
MÈRELLES (jeudes trois). « Deux joueurs ont chacun trois palets en fer ou mérelles sur le sol ou sur une table est tracé un carré parfait. Deux lignes partant du milieu de chacun des côtés, se croisent nécessairement en un point commun qui est le centre du carré. Deux diagonales, partant de chacun des quatre coins du grand carré, se rejoignent au même centre. Le but de ce jeu est de parvenir à placer sur une même ligne verticale, horizontale ou oblique, les trois mérelles. » (L. de Givenchy Essai sur les chartes confirmatives des institutions communales de St.-Omer.) La plupart du temps, les palets sont remplacés par des fragments de tuile plate, nommées platuiles.
MERELLES (Artois). Bagatelles. De même en Roman. MERLE. Mâle. Signifie aussi marne.
MERLE et MESLE. Nèfle. Slesle en Roman. C'est une syncope du Latin mespilus.
MERLIER. Néflier. En Normand et V. Français, mélier. MERLIGODAGE. Mélange. – Syn. Touillis, Mêli-Mélon. MERLIGODË. Mélangé, frelaté.
MERLINKIER (Santerre). Qui se mêle de tout.
MERLON. Craie.
MERLON-MERLETTE. Voyez Mélon-Méi'ttb MERLOU. Mulot.
MERLUSSER. Faire quelque chose à temps perdu. MÉROI. Espèce de pomme.
MÉROTTE. Diminutif de mère. Terme de caresse. MEROULE ou MEROUILLE. Morille.
MESNIL. Maison accompagnée d'un champ. De même en Normand et Vieux-Français. -Synonyme: Mainil.' MESSER. Dire la messe.
MESSIER. Garde-champêtre. De même en Comtois et en Roman.- En Vaudois, messaley; du Latin messis, moisson. MESTIER. Besoin. (Archives de Soissons, 1261.) MESURE (à). De temps en temps.
MESUREUX. Arpenteur.
MESURAULE (salaire). Salaire proportionné (St.-Quentin, 1258.)
MET. Pétrin, huche au pain. -De même en Berrichon, Normand, Vieux-Français et Breton. Voyez Maie. MÈTE. Maitre. On donne aussi ce nom à une espèce de jeu qui ressemble à celui de bouchon.
MÈTE (Boulonais). Mesure. Du Latin meta.
METZ. Jardin, enclos. -De là, le nom de lieu Beaumetz. MÉTIER (jeu du). On simule un métier quelconque par pantomimes. Avant de commencer on dit à l'acteur: carista, caristo qtteu métier? et le joueur répond: vous le sarez quand sero foèt. MEULER. Moudre. En Ancien-Picard, moire. Cong. Gers, mouler; Allemand, malhen; Hollandais et Flamand, malcn; Gothique, malan.- Etym. du Latin molere ou del'lsland.maia. Meule se dit meul, en B.-Bret. et malu dans le pays de Galles. MEULER. Imprimer, faire une empreinte. Id. en Fr.-C. MEULON (Boulonais). Voyez HOUPREAU.
MEUR (adjectif). Mûr. De même en Normand, Fr.-Comt., Lorrain, Berrichon, Vaudois et Roman.
MEURDRIR. A non seulement le sens de meurtrir, mais aussi celui de tuer, comme le Roman mourdrir et l'Angl. murder. MEURIR. Mûrir.- On le disait encore au xvm.° siècle Dieu meurit à Moka dans le sable arabique
Ce café nécessaire au pays des frimas.
(VOLTAIRR, lettre au Roi de Prusse.)
MEURISON et en Vieux-Picard MEUROISON. Maturité. MEURON. Mûre, fruit de la ronce. De même en Roman. MEYU. Milieu. -Synonyme: MITAN.
MI. Moi. De même en Roman. – Congénères: Normand Vosgien, Franc-Comtois, Rouchi, mi; Flamand, Belge et Saxon, my. On dit également nti en Tartare', en Ind. et en Celt.-Gal. MIACHE. Aliment manger. Voyez Mier.
MIAU (St.-Valery). Mouette (oiseau). Synonyme: MAUVE. MI AU POULE (Vimeu). Labbe (oiseau).
MIAULE (Cayeux). Mouette. – Synonyme MAUVE. MICANCAILLE (Noyon). Nielle, fleur des blés. Synon. MARIE CANCAILLE.
MICHE. Petit pain blanc, brioche. -De même en Berrich., en Normand et en Vieux-Français (Tabourot). Les religieux de Nogent (Aisne) distribuaient aux pauvres de petites miches, le jour du Vendredi-Saint.-Etym. du B. Lat. micha, petit pain. MICHOREILLE (Beth.). Perce-oreilles.
MIE. Pas, point. Je ne l'ai mie mis, mi, je ne l'ai pas mis, moi. – Congénères: Rouchi, Lorrain, Alsacien etV. Français, mie; Italien et Catalan, mica. Mie ne dérive pas plus du Latin minime que du Grec p.i\. C'est une négation artificielle: on a choisi une mie de pain comme le terme dc comparaison le plus petit. C'est par la même analogie qu'on a formé les négations point de punctum, et rien, de res.
MIÊ. Miel. – Du Roman niiez. On upuelttil autrefois miés, chez nous, une espèce d'hydromel.
MIE KEMIN (à). A moitié chemin. – De même en Roman. MIENNE (eule). Se dit pour le mien et pour la mienne. MIER. Manger. De même en Rouchi et Roman. -Synon. MINGER, Chikkr, GRIGNOTER, GAFER, BOUFFER, etc. MIETTE (eine). Un brin, un peu.-De même en FrancComtois. -Synon. EINE FISTULE, EiN molet, Eine FLEPPE. MIEULLES. Pàtisseries en forme de pain d'autel, ornées de signes religieux et diversement coloriées, qu'on vendait au xin. siècle, dans l'intérieur des églises de Saint-Omer le jour des grandes fêtes. Une rue de Saint-Omer s'appelle encore aujourd'hui rue del Mieulle. (Eudes, Recherches sur Saint-Omer.) MIÈVRE. Mutin.
MIJOTER. Préparer quelque chose en cachette, à la sourdine. En Français, mijoter a le sens de faire cuire lentement. MILER. Viser, mirer, mettre en joue.
MILER. Briller, avoir un beau poli.
MILIASSE. Quantité considérable. Ce mot se trouve dans le Dictionnaire anglais de Cotgrave.
MIN. Mon. De même en Berrichon, Rouchi et Flamand. MINABE. Qui inspire la pitié, misérable, déguenillé. De même en Wallon, Normand et Berrichon.
MINET et MINON. Chat.-Syn. CoT, CAT, MARLOU. MINETTE. Lupuline, fourrage.
MINETTE (jeu de). On appelle ainsi, à Nesle, le jeu de boire. Voyez ce mot.
MINGE-BRIN. Scarabée qui vit d'ordures.
MINGE-TOUT. Petit haricot dont on mangetout, c'est-àdire le fruit et les cosses.
MINGLE (Pas-de-Calais). Petit lait.-Synon. Méoub. MINGRONER. Murmurer, bougonner. – Synon. Digoner. M1NK. Cri par lequel on se fait adjuger le poisson qu'on vend à la criée, dans quelques petits ports de mer.
MINON. Poil doux duvet qui vient sur les chardons, sur les bourgeons du saule.
MINON GOUTTE. Myope.
MINUTE! Un instant! attendezune minute!
MIOCHE. Enfant en bas âge. De même en Lor. et Rouchi. En Vieux-Français, mion signifiait plus petit.
MIOCHE (Béthune). Un peu, un brin.- Syn. EUNE MIETTE. Vient peut-être de l'Islandais miocha {extenuare). – Voyez M. Du Méril, Histoire de la poésie scandinave, p. 264. MIOLIS. Mouette (oiseau de mer).
MIONNER. Trépigner d'impatience.
MIOTTER. Mangerlentement, miette à miette.
MIRER. Briller. Synonyme MILER.
MISE. Arbitrage. (Coutumes du Beauvoisis).
MISÉRATION. Affliction, infortune.- Du Latin miseratio. MISÈRE (Adjectif). Misérable.
MISÉRÉRÉ! (Vermandois). Ayez pitié de moi! Exclamation empruntée du Latin.
MISTANFLUTE (à la). Tout de travers.
MIT AN. Moitié et milieu, comme en Roman.-Mitan signifie moitié en Bourguignon Bas-Limousin, Rouchi, Languedocien, Provençal, Franc-Comtois, Gascon, Lorrain, Normand, Wallon, Champenois, Vaudois etc. M. de Poilly dérive ce mot de iiftt Taftvu couper par moitié. Nous croyons qu'il vient du Tudesque mittan, milieu. Le Bas-Breton mittain a le même sens. MITAN BOUT. Le long. -Littéralement, dans le milieu des deux bouts.
M'N. Mon (devant une voyelle). Synonyme MIN. MOÉE. Mesure équivalant à six arpents de terre.
MOFLE. Petite meule de foin. De même en Roman. MOHÉANT (Soissons). Moyennant.
MOIE. Pétrin. Voyez Maie.
MOIE. Meule de blé ou de foin.- De même en Franc-Comt., Bourguignon Rouchi et Roman. Moie vient du Latin meta, comme proie vient de prceda. Les langues néo-latines suppriment souvent le t et le d des mots originaires. Ainsi gaudere, jouir; rota, roue; cauda, queue, etc.
MOIENNER. Traiter, accorder, concilier. Etym. de moyens. MOIGNOT. Enfant de chœur. C'est un diminutif de moine, parce qu'autrefois les enfants de chœur avaient la tête rasée comme les moines.
MOISONNÉE. Famille. Vient du Picard, Mason. MOITE. Maitre. Synonymes Mète, Moête.
MOLIN. Moulin; comme en Roman. Congénères: Wallon, Lorrain et Champ. molin; Gers, moline Espagnol et Italien, molino; Hôll., molen. – Etym. du Lat. molinum. En Grec, pûxv.. MOLLET (ein). Un peu. Viendrait-il du Roman molt po, dont le dernier mot aurait été supprimé, ou de mors (primitif de morceau) par atténuation de l'r. En cette dernière hypothèse, on aurait pu dire en Picard quand i ch' fut ein mollet (un morceau) égaudi, comme on disait en Vieux-Français: quant il se fut une pièce délecté.
MOLLET A MOLLET. Peu à peu. -Syn. POKE A poke. MOLLIENT. Souple; moelleux.– Émollient.
MON. Contraction du mot maison.
MONEUX, MONEAU. Penaud. Signifie (courte, dans l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer.
MONSIEUR. Cochon. De même en Normandie. Cette antiphrase, dit M. Du Méxil se retrouve dans les patois du Vendômois et du Berry, où cet animal est appelé un noble. Dans l'arrondissement de Cherbourg, on dit un monsieur de travaille et dans presque toute la Normandie, un vêtu de soie. C'est sans doute une allusion satirique faite par la classe des travailleurs à la vie oisive des gentils-hommes et des habitants des villes.
MONT. Monceau, tas, amas. Du Roman mons. MONTE A T'N'OEIL. Cuscute. (plante.)
MONTÉE. Côte; marche d'un escalier.-Id. en Fr.-C. et Rom. MONTINELLE. Petite anguille qui remonte les rivières. MORBIULE. Morbleu. Synonyme Marziu.
MORDI. Espèce de juron. – Synonyme: Morbiu. MORDREUX. Assassin, de murdre. C'est la plus grande injure que les paysans des environs de Béthune puissent adresser à leur ennemi. Ils disent proverbialement tous voleux sont mordreux (M. de la Fons).
MORGAU. En 1453, un homme est condamné par le corpsJe-ville d'Amiens pour avoir fait plusieurs larrechins come avoir copé morgaus à chainture de femme. Serait-ce un porte-clé ? MORGUENNE iaï" grosse). Sans façon, grosso modo. MORIEN. Noir, Nègre. Etymologie MAURE.
MORIR. Mourir, comme en Roman. Congénères Gers et Wallon, mori Catalan et Espagnol, morir Italien, morire. –Du Vieux-Latin moriri, qu'on trouve dans Plaute. MORNIFLE. Souflet.- En Franc-Comtois, mournifle. Parce que c'est une claque donnée sur le mour (mufle) et le nifle (nez). MORRE. Moudre. – De même en Roman.
MORVAILLON ou MORVATIER. Morveux, gamin, petit polisson. -Terme de mépris. -Synon. GALAPIA.
MORVATE. Morve, mucus nasal.
MORZIU. Morbleu. – Synonymes: Morzienne, Morbiule. MOTTE. Nom donné dans plusieurs localités aux tombelles celtiques. Signifie aussi gazon, comme en Normand. MOTS BIGUS. Mots estropiés, barbarismes picards. MOU. Poumon du veau et du bœuf. -Dans les patois de Rheims et Normandie le foie et le cœur sont nommés le dur, par opposition au poumon qu'on appelle mou.
MOUCHES. Mouches à miel. Par une espèce d'antonomase qui fait appliquer le nom générique à l'espèce la plus utile. MOUCHETTE. Pluvier à collier interrompu (oiseau). MOUCHON. Ce qu'une vache donne de lait à chaque fois qu'on la Irait; Du Latin mulgeo.
MOUDRE (Bétliune). Traire une vache.
MOUÉ. Pétrin. Voyez Maie.
MOUÉRICAUD. Noiraud, qui le teint brun-foncé. De maure. MOUÉRONES. Culottes. -Maronne est plus usité. MOUEUSE. Poule sans queue.
MOUEUX. Coq sans queue.
MOUFETER. Remuer les lèvres. Ne pas moufeter, ne souffler mot. Etymologie: du Latin movere.
MOUFETER (se). Bouger, se mouvoir. Même étymol. MOUFLES. Gros gants de peau fourrés, à un seul doigt. –De même dans l'arrondissement de Valognes et en V. Français. MOUFLU. Se dit d'un gâteau bien levé, d'un oreiller bien garni de duvet, de quelque chose de gonflé. Syn. Moflu. MOUGETTE (Vimeu). Pluvier à collier interrompu. MOUGNEU (Coulonvillers). Moineau. -Ailleurs on dit moigneau, moinet, mogniot, etc.
MOUGNONER (se). Se dit d'un chat qui se frotte contre quelqu'un, en routonant de plaisir.
MOUILLETTES. « On appelle les mouillettes,'» à Beauvais, un repas qui se fait après la célébration du mariage à l'église. On présente aux nouveaux mariés un vase de vin. Le marié y trempe un morceau de pain et prend la première bouchée; sa femme mange la seconde. Ils boivent alternativement dans la même coupe, en signe de communauté de bien et de mal. » (M. Tremblay, notice sur Beauvais.)
MOUKE. Mouche. – Congénères: Normand, moque Gers
mousca; Italien, Portugais, Catalan, Espagnol, mosca Allem., mucke; Russe, mouska. Du Latin musca, dont la langne Rom. avait fait mosque.
MOUKER. Moucher. – De même en Rouchi et Roman; en Languedocien, mouca; en Espagnol, mokear.
MOUKERON. Moucheron. Du Roman mousqueron. MOUKET. Emouchet et épervier.
MOUKOIR. Mouchoir. Du Bas-Latin mucorium. MOURCHEU. Morceau. -Synonyme: Mobcieu. MOURMACHE. Refrogné; de mine maussade, boudeur. « Comme si on disait qui mache son mourre (museau) ou sa moue, parce que le boudeur fait mouvoir ses lèvres en marmotant. » Telle est l'opinion de M. J. Hécart. Ce mot ne viendrait-il pas plutôt du Roman mour (museau, visage) et machou (sot)? MOURME. (adj.) Morne.
MOURRE. Visage museau. -De même en Roman. MOUSE. Visage museau. Signifie aussi moue. MOUSER. Faire la moue, bouder. Moue se dit muso, en Italien. Du Celto-Breton munza, bouder.
MOUSINER. Bruiner. De même en Rémois.
MOUSA. Qui fait la moue. Synonyme: MOURMACHE. MOUTERNÉ et MUTERNÉ (adj.). Moisi, qui sent le moisi. MOUTIER. Monastère couvent. De même en Roman. Contraction de monasterium.
MOUVETER. Mouvoir, remuer, bouger.- Du Lat. movere. MOYEN (adj.) D'une santé faible, languissante.
MOYETTE. Petite meule de blé. De même en Lorrain. Voyez Moie.
MUAULE. Changeant.
MUCHE. Cachette, souterrain. De même en Roman. MUCHE-MUCHE BIEN (jeu de), Il consiste à chercher et à trouver un objet qui a été caché.
MUCHER. Cacher.-Comme en Roman.-Cong. Normand et Rouchi, mucher Lorrain Bourg. et Franc-Comt. musser Ital., mucciare. Etym. peut-être du Latin amicire. Mucha, en Bas-Breton, signifie se masquer
Je m' much' bien vit', car ej vous l' jure
Chès pavés comm' mouqu's pluvoaitt' drus
Et, si l'tét' des Picards est dure
Chès pavés i l' sont coère bien pus. (Prom. du Franc-Picard.) MUCHE-TIN-POT (al). En cachette. « Ce mot dit M. Hécart, tire son origine des cabarets où l'on vendait de la bière, en cachette à un prix bien inférieur, à celui des cabarets ordinaires, parce que ceux qui les tenaient, n'ayant pas de droit à payer, pouvaient contenter les buveurs à un prix plus modique. On allait acheter en muchant sin pot. De là, la signification de ce mot s'est étendue à tout ce qui se fait en cachette. Les endroits même où l'on vendait cette bière portaient le nom de muche-tinpot. » (Dictionnaire Rouchi.)
MUCHETTE. Cachette.- De même en Rouchi et en Roman. MUGIL. Mulet, poisson.
MUGOT. Lieu où l'on a caché son argent ou quelque chose de précieux. – Se dit aussi de la chose cachée et d'une provision d'argent.
MUGOTER. Cacher son argent. De même eu Rouchi. MUGOTER (Boulonais). Bouillir à petit feu.
MULQU1NERIE. Commerce de toile, de batiste, de linon. D'importants établissements de ce genre commencèrent à SaintQuentin, vers 1580.
MURDRE. Meurtre. Comme en Roman en Ang. murder. MURELOTTE. Petite meule de blé. Synon. IIUTELOTTE. MURET. Mur de terre.
MURISON. Action de mûrir, et maturité.
MUSÉ. Museau.-Du Rom. musel.-En Bas-Bret., muzell. MUSER. Se dit du chien qui pleure. – Synon. HOGNER. MUSTINER. Tricher au jeu. M. de Poilly exprime sur ce mot une opinion bien hasardée: « ce verbe, dit-il, dont les enfants seuls sont en possession de se servir, a cela de particulier, qu'en usage à Abbeville et dans le reste du Ponthieu il est inconnu dans les plaines du Vimeu. Ne viendrait-il pas par corruption (ce n'est pas sans embarras que je propose cette étymologie qui peut paraître étrange) de l'expression Maiienr pourMt"o 0 eVri» cela est à moi ? En effet quand un enfant dit à un camarade, avec lequel il joue tu mustines n'est-ce pas, dans le plus grand nombre des cas comme s'il lui disait: tu prends ce qui m'appartient. » (Rech. sur une colonie MassilienneJ. MUSTINEUX. Celui qui triche.-Synonyme: FAUSTRIKEUX. MUSTINS. Effets d'une tricherie.
MUTERNE ou MUTERNANT. Monticule que font les taupes. MUTERNÉ (sentir le). Exhaler une odeur d'objets viciés par l'humidité,
MUTIEU. Placage en gros.
MUTIEU ou MUT'CHEU. Partie du cou du bœuf .qui se vend à bon marché dans les boucheries. On dit mutiau, à Valenciennes multiau, à Bavay, Maubeuge et Avesnes. C'est peut-êlre une altération du Roman nuquiau, nuque.
MUT1EUX. Mal habillé, malfait. Nous avons entendu prendre quelquefois cet adjectif dans le sens d'étourdi.
N
NA! Interjection approbative. Bien c'est cela c'est bien fait 1 S'emplnye aussi dans le sens de parbleu, e< rtainement comme en Normand.
NABOT. Nain, de petite taille.-De même en Lorrain, FrancComtois et Roman. Du Celtique nab petit.
NAC (avoir bon). Avoir bon nez. Ce mot, d'après M. Hécart, aurait une origine asiatique.
NACTIEUX. Dégoûté, répugné, qui a de la répugnance à manger tel aliment ou à manger avec une personne malpropre qui ne veut pas boire dans le verre d'une autre, etc. viendrait-il, dit M. Lorin de l'Allemand nachschen examiner minutieusement ? ou de nac flair, odorat, dit M. Hécart? Nous préférons donner l'étymologie de nausea, nausée, par l'intermédiaire Roman nachieu, nacheus, nactius, répugné. On dit naraou, dans dans le même sens, dans le département de la Meuse. « Je ne connais point le verbe nachsen dans le sens que lui donne M. Lorin, m'écrit M. Breuil, mais dans le sens de être friand. Dans le Vieil-Haut-Allemand, on rencontre le substantif naschere, que Graff traduit ainsi: scurra qui alium victûs gratid sequitur. Nactieux pourrait bien venir de naschere qui est formé de nasa, nez. » NAIN. Naïf, benêt.
NAINTRE. Nain. -Synonyme: NABOT.
NAINTRESSE. Naine. -Synonyme: NABOTE.
NAKE (Artois). Piste. Signifie aussi nez.
NAKE. Malpropre. Signifie, dans quelques localités, paresseux, lâche.
NANA. Idiote. Synonyme: Dalce.
NANAN. Pain; bonbon. – Terme enfantin universellement admis.
NANTE. Tante. Voyez ANTE.
NAPPE. Pan de chemise.
NAPERON. Petite nappe qu'on place sur la grande, pour la préserver des taches. Ce terme, d'un usage général et nécessaire devrait être admis par l'Académie.
35.*
NARAS. Mélange de vesce et de bisaille.
NASE. Morve. De même en Rouchi et Wallon.– Du Latin nasus, nez, ou du Vieil-Haut-Allemand nazi morve. NASIEU. Nez. – Nasa, en Gothique naese, en Danois nasa, en Sanscrit.- En Latin nasus.
NASON. Mouchoir. – Même étymologie.
NASONER. Parler du nez.
NASU. Morveu.
NAUTOLE. Coutume notoire (Cout. not. des cours de Pic.) NAVELIER. Batelier. De navis, bateau. De là sans doute le nom propre Navel, assez commun dans l'Amiénois. NAVIAU. Navet.
NAVREUSE. Blessure.
NE. Ni. (Soissons, 1261/
NECTON. Qu'importe!
NEIGETIER. Noisetier. – Synonyme: NEUCHETIER. NE1N. Non. – De même en Wallon.
NEIN, NAIE, NA. Non. En Wallon et en Allemand, nein en langue Romane, naie.
NELLE ou NÈLE. Nielle. (Lychnis githago.)
NÈNES (Artois). Haricots. -Syn. Gohètes, Minob TOUT. N'ENN'O. Il y en a. Synonyme Gn't EN o.
NENNY. Non pas du tout. Du Roman nennil qui dériverait de nihil (ne hilum), d'après' Huet; de l'Allemand nein, selon MM. Orell et G. Fallot de non nihil, d'après M. Raynouard du V. Latin nenu (Lucrèce), suivant M. Ampère. Nous préférons l'étymologie de non illud si bien démontrée par M. Alf. Sweighauser, dans la 2.e livraison, 1851, de la Bibl. de l'école des Chartes.
NENTILLES. Lentilles. C'est l'ancienne prononciation. « Il faut dire des nentilles, avec les Parisiens et non pas des lentilles, avec les Angevins. » (Ménage, Dictionnaire étymologique.)
NÉREUX. Dégoûté, répugné. -En Lorrain, nareux. Voyez NACTIEUX.
NEU. Neuf. -De même en Allemand.
NEUER. Nouer. De même en Roman.
NEUIT. Nuit.-De même en Piémontais.-Neut, en Messin, Lorrain, Franc-Comtois et Bourguignon.
NEURE (el). Le nôtre.
NEUSETTE et NÉSETTE. Noisette.-Comme en Roman.Cong. Bavai, neusette Rouchi nosette Lillois, nogette Franc-Comtois, neusille. Synon. NEIGETTE.
NEYER (v.) Noyer. De même en Rouchi Berrichon et Vieux-Français. Richelet et le Dict. de Trévoux prétendaient qu'il faut prononcer neyer. C'est encore aujourd'hui la prononciation usitée par quelques anciens membres de l'Académie française.
NIAFFE. Cordonnier. -De même dans le département de la Meuse. – Syn. GNIAFE. Serait-ce l'onomatopée du bruit que produit le fil poissé, en se détachant des mains ? 7
NICHE. Simple, niais.-De même en Roman. Syn. NINITE. NICHERETTE. Partie supérieure et la plus délicate du nid de l'oiseau.
NICHERETTE Nid préparé dans les poulaillers pour l'incubation.
NICHOUÈRE, OEuf couvain qu'on met dans un poulailler, pour exciter les poules à pondre.
NIELLE. Maladie du blé qui noircit.- De même en Roman. Du Latin nigella.
NIENT. Pas point.
NIFLARD. Qui nifle.
NIFLER. Flairer en faisant du bruit avec les narines. NIFLETTE. Narine.
NIJOTER. Paresser, s'amuser à des riens. De même dans l'Orne. Du latin nugari.
NINET. Cousin.
NINETTE. Cousine.
NINETTE. Nom amical qu'on donne aux jeunes enfants, dans cette phrase dodo ninette dors, mon enfant. Cong. HauteAuvergne, nini; Provençal, ninois; Espagnol, ninetta; Allemand, ninne. Etym. du Celtique ninia. Quelques vieux refrains picards, destinés à endormir les enfants, se sont conservés jusqu'à nos jours. Nous en citerons deux variantes Dodo ninette Doudou ninette
L'enfant Perette Tiou l'enfant Perette; Maman al' est allée à ch' bou Maman al' est allée à ch' bos Al rapportra ein t'chou fagou, Pour leuyer ein tiot fagot, Pour caufer les pieds d'nou t'chou. Pour caufer el cul de ch' tiot. NINITE. Niais. Synonymes Niche Godighon. NIN'O. 11 y en a. Synonymes N'EIN n'o, GN'Y ein o. NIOLE. Tape, coup. Voyez GNOLE.
NIOT. Petit coquillage univalve que l'on mange.
N1TAPIA. Imbécille. Synonyme Bacouais.
NITÉE NICHÉE. Couvée. Ce mot a été employé par Lafontaine, dans la fable de l'alouette et ses petits.
NIVELET. Simple, imbécille. – Vient probablement du nom de Jean de Nivelle, auquel un proverbe mal compris a fait une réputation imméritée. Synon. Ahuri, BEUDET.
NIXE. Non pas! Bernique. Id. dans beaucoup de Prov. NO. Notre. Synonymes Nou NOTE.
NO. Cela.- S'employe dans cette phrase comparative comme no. Synonymes: Ho, Cho Chelo.
NOBÉPINE. Aubépine. De même en Rouchi,
NOBLESSE (une). Un noble.
NOC. Canal de goutière. De même en Normand. On trouve nous et nos, dans les anciens usages d'Amiens.- Vient du CeltoBreton naoz.
NOCER. Faire bombance. Ce terme populaire est usité à Paris. Etymologie: de noce.
NOCEUR. Qui fait bombance, qui recherche les festins. Synonymes: Godailleur, FRICOTEUX, Lèke-plot.
NOERMÈLE ou NORMÈLE. Merle. Synonyme Ormèle. NO FOET. Non pas, non, pas du tout.-Synonyme: Nou FAIT. Dans l'arrondissement de Vire, on dit nouffai.
NOIR BOUILLARD (Vimeu). Chevalier arlequin. NOIRCAR. Cambouis.
NOIRCASSIER. Qui a le teint brun. Synon. Mouéricaud. NOM DES BOIS, NOM DES OS NOM DES TRIPES, etc. Espèces de jurons.
NOLER. Nouer, boutonner. De même en Roman. NONETTE (grande). Oie rieuse.
NONETTE. Piette (oiseau de mer).
NONNE (faire). Prendre quelque repos, vers la nonne (neuvième) heure du jour, c'est-à-dire vers midi.
NONOTTE. Petite main.-Terme enfantin.- Syn. MENOTTE. NONTERPUS. Non plus, pas plus.
NORIR. Nourrir. De même en Rouchi et Roman. NORKIER ou NORTIER. Qui élève et nourrit des vaches. NOS. Noix.
NOS. Nous. On prononce no devant une consonne. De même en Roman, Catalan, Portugais, Espagnol. -Syn. Os. NOSTRUM (conoite el). Connaître son affaire. On sous entend negotium.
NOT GOUTE. Sourd. (Coutumes de Beauvoisis, Ch. 34.) NOTRE-DAME BELLE HEURE (à). Fort tard.
NOU (Boulonais). Noeud. De même en Roman.
NOUÉ. Noël. De même en Fr.-Comtois, Lang. et Roman. NOUÉ. Enfant rachitique dont la croissance est arrêtée. NOU FOUET, NOU FAIT. Non pas, non. Dans l'arrondissement de Caen, on dit noufait, comme à Boulogne-sur-Mer. NOUNOU. Chat. Synonyme: CAT, CoT, MARLOU. NOURTIER (boen). Qui nourrit bien.
NOUNELLETÉ. Trouble dans la possession de. quelque chose. (Beaumanoir).
NOUVIAU. Nouveau. Nous avons entendu plusieurs fois faire un mauvais calembourg au sujet de ce mot. Quoi qu'o dit de nouviau ? On dit qui ne brait pus, depis qu'il est mort, nou viau (notre veau). – On disait, en langue romane, nouviau et nouvieu, comme en Picard.
NUÉ (enfant). Voyez NouÉ.
NUIS. Jour. (Coutumes du Beauvoisis). Syn. JAUR. NUIT est du masculin dans le Vermandois « no majon al estploene du matin au nuit. » f5.e lettre de J. L. Gosseuj. NUNNE PART. Nulle part. De même à Reims. NUNUS. Babioles, riens, bagatelles, balivernes. Os usons no caboche à rien à des nunus. ( Astrologue Picard 1846/ –Ce mot vient du Latin nœniœ, bagatelles.
NUROL. Petit gâteau qu'on donne aux enfants, à la nouvelle année. Je ne connais ce mot que par un MS. que m'a prêté M. Rigollot. L'auteur anonyme fait remarquer que dans l'Inde neurous signifie nouvel an.
NUROTES. Bagatelles. -Synonymes: Ncnus Gnognotb, NYEURES. Ordures. (Amiens, tioaj.
o
0. Avec. C'est une abréviation de ove ou ovec. Cette expression se trouvait dans l'épitaphe d'Alphonse Lemire (xv.e siècle), enterré à la cathédrale d'Amiens. Elle est encore usitée actuellement en Normandie.
0. On.
O(il). Il a.
OBLOT. Incapable, imbécille. Synonyme Hortoplot. OBRIEUX, OUBRIEUX. Chevêche, chouette.-Planche traduit le grec vÇpiç par sorte d'oiseau de nuit.
OCCHÉ. Où, où est-ce?
OCCIR. Tuer. Ce vieux mot, qui vient du Latin occidere est encore usité dans les environs de Boulogne-sur-Mer. OCHER. Remuer secouer un arbre. De même en Rouchi et en Roman.
OCHINER. Même sens que le précédent, fréquentatif. Signifie aussi trembler, branler
OCTEMBRE. Octobre. (Reg. du chap. d'Amiens, 1318). OEILLETTE et OULLETTE. Pavot blanc. On fait avec la graine des tartes qui sont fort en renom à Nesles et à Roye. OEUFS (<?tre sur ses). Être dans l'aisance.
OEVROEUL AU CLOQUIERS. Nom donné, en 1400, à l'Hôtel-de-Ville d'Amiens.
OFFRE (Béthune). Gaufre.
OGNER. Grogner. De même dans le pays Chartrain.Voyez Hogner.
OIGNE (Vimeu): Canard siffleiir.
OILLEUX (Béthunes). Celui qui dirige un moulin à huile. Etymologie: de oleum huile.
OIN Pas du tout! Bast! Ah bien, non Oui, dans un sens ironique.
OINTINIER. Parfumeur. (Hist. du Valois, t. i, p. 268). OISIEU DE St.-ANTOINE. Nom qu'on donne au porc, en plaisantant.
OISONNER. Bêtiser.
OL. On. Synonymes: 0 Os, EIN.
OLAVE (Boulonais). Trèfle. Synonyme TRAMENNE. 0 MAI! Au mois de mai, on suspend des couronnes de primevères au milieu des rues, et les jeunes filles dansent sous les couronnes, en chantant 0 mai 6 mai 6 le joli mois de mai. OMA1LLE (Noyon). Génisse. Synonyme Géniche. OMIEU. Orme.'
OMNIES. Égales. « Les mesures de terre ne sont pas omnies. » (Beaumanoir, ch. 26, p. 138.)
OMOII,E. Armoire- V. Ormèle.
ON. Homme.-C'est l'origine du pronom on.-Voyez Ein. ONCHE. Once.-De même en Roue. et Rom. Du Lat. uncia. ONCHETS. Jonchets. Au village, des fétus de paille remplacent les bâtons d'ivoire. C'est avec une esplinguette, c'est-à-dire un brin de balai armé d'une épingle qu'on doit relever les onchets.
ONDAINS (Soissons). Rangées de foin qu'on vient de scier. ONGNIEAU (Béthune). Anneau.
ONGUE. Ongle. De même en Vieux-Français.
OR AIN (Boulonais). Tout de suite.-De même en Bas-Breton. ORANGE A POURCEAU. Pomme de terre. Terme ironique, ORBE. Coché. (Coutumes du Beauvoisis.)
ORD ORDE. Sale. De même en Roman.
ORDÉNE. Règle. (Coutumes d'Amiens.)
ORDTERE. Ornière.
ORÉE. Averse, orage. Comme en Roman.
ORGUEILLEUX. Déjections d'un enfant nouveau né. ORINE. Bouche. (Beaumanoir, eh. 45.) – Deo»,ori*. ORLOTERIE (Artois). Bijouterie bagues boucles d'oreille. ORMERLE. Merle. Synonyme NOERMÉLE.
ORMÈRE, ORMELE et ORMOIRE. Armoire.-Congén. Champenois, aumère Rouchi, omère Franc-Comt. et Rémois, aurmoire Lorrain, amerle; Ital. et Espag. armario. Etym. du Lat. armarium. On àMarmel, en Bas-Breton. ORTIEU. Orteil. Id. en Roman. Syn. ORTELEU, ORTEU. ORTILE. Ortie. Du Roman ortille.
ORTILLER («'). Se piquer avec des orties.
ORTOLAN. Jardinier. Du Latin hortulanus.
OS. Nous et vous. De même en Franc-Comtois et Roman. Du Latin nos et vos. Synonymes: Nos, vos.
OSCUR. Obscur. C'est l'ancienne prononciation Romane. OSEILLE DE CRAPAUD (Roye). Racine de patience. OST (prononcez o). Troupeau. Le radical roman ost indique l'idée de réunion quantité.
OSTE. Serf cultivateur résidant sur une terre déterminée. OSTINER. Impatienter, tourmenter.
OSTISE. Exploitation rurale tenue par des ostes. OTIEU. Outil.
OU. Au. (Archives de Coucy, 1263.)
OUBRIEUX. Signifie, selon les localités, buse, chevêche ou émouchet.
OUCHE. Terre labourée entourée de fossés. – Du Bas-Latin occatus, labouré.
OUÉRE (Breteuil). Encore. Synonymes Core Ecoiière. OUÈRE. Guères, peu. -Synonyme: Wère.
OUÈROT (Vimeu). Guillemot (oiseau); à Cayeux, le macareu s'appelle ouèrot à tête de perroquet.
OUËTANT. Locution proverbiale équivalant à cela étant, pour lors, ainsi donc.
OUICHE.OUICHTEouOUÈCHE! Bast! oui (dans un sens ironique).
OUIRET (Vimeu). Courlis (oiseau).- Etym. du Latin clorius. OULLIARD. Maubèche (oiseau).
OUPIGNER. Croire, penser. – Etym. du Français opiner. OU QUE. Où. – De même en Franc-Comtois et Roman. OURÉE. Pluie d'orage. – En Islandais, ur signifie pluie, et yria, pluie drue et menue. -Synonymes: AURÉE Orée. OURET (Cayeux). Courlis (oiseau). Etym. du Latin clorius. OURET. Petit domestique de ferme. En Roman, oir signifie enfant, et ouren, ouvrier.
OURS (prononcez our). Domestique de ferme.
OURSIGNOT. Rossignol. –Du Vieux-Français orsignot; le président de Brosse dérive rossignol de luco canens OU'ST-CE QUE. Où est-ce que. – C'est l'E du verbe être qui se trouve éliminé. « Le peuple, dit M. Génin, prononce traditionnellement où4t-ce que, au profit manifeste de l'euphonie. Les gens délicats et bien élevés prononcent, avec un horrible hiatus: où est-ce qu'est mon père? Mais aussi ils ont passé dix ans au collège! » (Des variat. du lang. Français, p. 185.) OUVERGNE. Vanneau (oiseau). – Voyez Auvergne. OUVIEU, OVIEU. Petite botte de blé que font les moist.
sonneurs.
OUVRER. -Travailler. -De même en Rouchi et Roman. OYER. Entendre. De même en Roman. V. Acïr. OZ. Nous, vous. Voyez Os, Nos, Vos.
p
PACANT. Lourdaud paysan homme à manières gauches et raides; terme injurieux, également connu dans les départements du Jura, d'Eure-et-Loir et du Nord. On dit pagnant en Norm. D'après M. Monnier, pacant viendrait depaganus, païen parce que le paganisme survécut plus longtemps dans les campagnes que dans les villes. Selon M. Desgeorges, il dériverait de paquet. PACU. Grossier épais. Il est à remarquer que ̃xa.Kvcr signifie épais en Grec.
PAFFE. Soufflet. Par onomatopée. – Synonyme: Baffe. PAGNAGNA. Imbéciîle. -Synon. OBLOT, NITAPIA. PAGNERÉE. Contenu d'un panier. Etymologie: du Latin panarium, panier.
PAGNON. Brioche, espèce de gâteau grossier.
PAGOUSSE. Garçon tuilier. Ce terme picard est cité par M. F. Michel, dans son Théâtre du moyen-âge, p. 50.
PAILLIS. Enduit formé de torchis ou de blanc-en-bourre. PAILLOLER. Plafonner, revêtir de paillis un mur, une cloison, un plafond.
PAILLOLEUR. Plafonneur, ouvrier qui paillole.
PAILLOT. Matelas d'enfant rempli de paille de blé on d'avoine. De même dans la Meuse. Du Latin palea paille. PAIN DE CRAPEU. Champignon de quelque espèce qu'il soit. PALANGUE. Gaule.
PALANGUER. Gauler.
PALASINEUX. Celui dont la main tremble. Nous n'osons point proposer l'étymologie de nahttite; ancien, nie-petr, tremblement. PALASINER. Trembler des mains. Signifie aussi, dans quelques endroits vtrc attaqué de paralysie.
PALEE. Ce que peut contenir une pelle.
PALETTE. Petite pelle qui sert à prendre du feu, pour allumer une pipe. De même à Reims et à Rouen.
PALETTE (droit de). Ce droit consistait, à Abbeville, à donner au titulaire du vicomté de Saint-Pierre, une palette, c'est-à-dire le tiers d'un boisseau, sur chaque setier de seize boisseaux.
PALI. Pieu. – Congénères; Vaudois, pali Bas-Norm., palet; Langued., Catal. Polon. et Anglo-Saxon pal; Ital. et Espag., palo Angl. pale. Etym. du Latin palus ou plutôt du Celtique pal. Signifie aussi palissade.
PALOT. Pelle de bois. – De même en Rouchi.
PALOTIER (Cayeux). Spatule (oiseau). Syn. PÉLiNCAN. PAMELLE. Espèce d'orge hordeum distichum. – De même en Flamand.
PAMPHIGNON. Epingle. -Signifie aussi très petit oiseau, roitelet.
PAN et POIN. Pain. – Cong. Fr.-Comt., Génevois, Wallon, Bourg., Provençal, Savoisien, Gênois, Lombard, Espagnol et Roman, pan Lorrain et Rouchi,poin.- Etym. du Latin panis. PANCHARD (St.) Nom donné au Mardi-Gras.
PANCHE. Pânse. Il est à remarquer que ce mot n'est employé, dans le nord de la Picardie que pour désigner le ventre des animaux.
PANCHIE (se donner une). Equivaut à cette locution populaire se donner une bosse.
PANERÉE et PAIGNERÉE. Contenu d'un panier. De même à Bar-le-Duc.- Etymologie du Latin panarium, panier. PANGUIE. Proclamation. (Monchy-Lagache, 1372/ PAON (Cayeux). Combattant mâle. A Saint-Valery on donne ce nom au paon de mer.
PAOUR. l'aysan lourd et d'un extérieur embarrassé, rustaud. Mot d'un usage presque général et qui dérive de l'Allemand
bauer, paysan. On le prend quelquefois dans le sens de sournois. Synonyme PACANT.
PAPAR. Enfant; (terme enfantin). Nom par lequel on désigne à uu enfant un autre enfant encore plus jeune. Se dit aussi d'un jeune homme ou d'une jeune fille qui fait des enfantillages, ou de ceux qui, frappés d'idiotisme, sont retombés en enfance. Etymologie du Latin pupus enfant.
PAPARE (sing. masc.) Prunelle de l'œil.
PAPE COLOS. Qui se prélasse qui se pavane.
PAPETER (se). Se délecter avec un bon morceau. En langue romane papeter signifie manger à la manière des enfants. PAPIN. Bouillie qu'on donne aux enfants. Congénères Rouchi, papin; Franc-Comtois, papaie; Dauphinois, papet; Wallon Flamand et Anglais, pap; Allemand, pappe; Italien, pappa. Quoique le père Labbe dise qu'on appelle la bouillie papin, parce que c'est la nourriture des enfants qui commencent à bégayer le mot papa, nous croyons qne ce mot et tous ses congénères dérivent du Celto-Bretonpap, qui a le mêmesens. PAPIN. Colle de farine qui ressemble à de la bouillie. –Congénères Bourguignon,papa; Belge,pape; Allem.,papp. PAPINEUX. Collant, gluant.
PAPOIRE. Bavarde. C'est une onomatopée comme baba, bavard £«&*£«, jaser etc. Il est à remarquer que les mots qui expriment l'action des lèvres sont composés, sous des formes plus ou moins frappantes, des labiales B, P, F et des liquides L et M. PAPOIRES. C'était des figures de dragons et de serpents que portaient à Amiens à la fête du St.-Sacrement, des personnages revêtus du costume d'Apôtres, de Prophètes, d'Anges etc. A St.-Quentin dit M. Lorin ce mannequin avait une bouche énorme, dans laquelle les dévots jettaient toute sorte de provisions, lesquelles servaient à ceux qui faisaient mouvoir le man-
nequin, pour faire bombance après la procession. M. Hécart raconte que des usages du même genre existaient à Mons, à Ath, à Douai et à Valenciennes.
PAQUES BO ou PAQUES A BOUIS. Dimanche desRameaux, ou l'on distribue du buis béni aux fidèles. Le dimanche de Quasimodo s'appelait jadis close paques, parce qu'en ce jour le temps des pâques était clos. (Noyon, 1257.) Toutes les fêtes solennelles s'appelaient pdques. On disait la pâques del'Ascension, la pâques de la Pentecôte, la pâques de l'Epiphanie. (V. Furetière.) PARAGE. Tous les objets dont on se sert à table ou dans la cuisine et qu'on y laisse en étalage pour parer les murs et faire voir qu'on est convenablement meublé.
PAR APRÈS. Après. De même en Fr.-Comtois et Roman. PARCHONIER. Qui partage. (Amiens, xv.* siècle.) PARCOURT. Domestique de ferme qui entre en condition au commencement des récoltes et en sort à la fin de la moisson. PARDESSOUS. Vassal. (Beaumanoir.)
PARDESSUS. Seigneur suzerain. (Beauraanoir.) PARÉ. Bon à manger, en maturité. De même en Lorrain et en Roman. Se dit des fruits.
PARER LES POMMES.- Laisser les pommes en tas pour qu'elles s'attendrissent.- Etym. du Latin paratus, prêt, préparé, PARÈLE. Oseille sauvage.
PARFIN (al). Enfin. – Du Roman parfin, fin dernière. PARFOND. Profondeur. Voyez AVENDEUR.- En VieuxFrançais, parfond signifiait l'extrémité du fond.
PARGUÈNE. Espèce de juron.– Synonyme PARDINE. PARINAGE. Le parrain, la maraine et tous ceux qui accompagnent le nouveau né, au moment du baptême. Quand le parinage sort de l'église les eufans crient parrain se (sec), maraine sèke (sèche) pour qu'on leur jette des liards ou des dragées.
PARLAGE. Bavardage paroles inutiles. De même en Normand. Du Vieux-Français parloge.
PARLEZ (vous) Allez! voyez-vous. Expression dont on entrelarde souvent les phrases, dans le Vermandois.
PAR NUIT. Pendant la nuit.-De même en Vieux-Français. PAROLER. Bavarder.-Du Latin parabolari; signifie aussi, comme en Normand, parler avec affectation.
PAROLI. Façon de parler, langage. De même en Roman. PARON. Omoplate, derrière de l'épaule.
PARPAILLOT. Homme sans religion. On sait qu'on donnait ce nom aux Hugnenots.
PARSOIE. Repas donné aux moissonneurs à la fin de la récolte. Contraction de Part des Soyeux.
PARTAGEUX. Nom donné dans les campagnes a ceux qu'on soupçonne d'opinions communistes.
PARULES (Boulonais). Bûches d'un fagot.
PAS MOINS. Néanmoins cependant.
PASSACAILLE. Impasse au jeu de cartes.
PASSAGÈRE (rue). Rue passante. De même à Reims, Caen Langres etc.
PASSECAT. Trou à la porte d'un grenier pour laisser passer les chats. (Cats.)
PASSETTE. Passoir. De même en Rouchi et Wallon. PASTICH. Pâturage. (Coutumes inédites de Picardie.) PASTOUREAU. Vers l'an 1280 une armée de 30,000 pastoureaux se forma en Picardie. Ils disaient qu'il était réservé aux bergers de conquérir la terre sainte. On sait quelle fut l'atrocité de leurs désordres.
PATACLAN. Bruit d'un corps qui tombe. De même dans le patois Bressan.
PATACON. Argent monnayé. Le patacon est une ancienne monnaie d'argent, qu'on frappait en Flandre.
PATAFIOLER. N'est usité que dans cette phrase Que le bon Dieu vous patafiole c'est-à-dire que le bon Dieu vous bénisse. Cette locution est toujours prise par antiphrase et s'adresse à une personne dont on est mécontent.
PATAPOUFE. Homme corpulent et lourd. On y joint ordinairement l'adjectif gros. Synonyme: POUPE.
PATAR. Sou. Le patar ou pater était une monnaie fictive du Brabant, qui valait quinze deniers tournois, c'est-à-dire environ six centimes. Le patar porte sur une de ses faces la figure de saint Pierre. Patar est donc probablement une corruption de peter. En 1432 Jean de Luxembourg, fit forger des vatars valant un sou à Noyon. C'est peut-être à cause de cela que le Dict. de Roux avance que le patar est une monnaie d'origine picarde. Le mot patar est encore usité dans le Brabant, le Hainaut, le Cambrésis, le pays de Liège, etc.
PATATRO et PATATRA (foère). Faire une chute.-Onomat. PATELETTE. Plateau à quêter.
PATERNER. Faire des petits. -Du Latin pater, père. PATI (Boulonais). Pàturage. Du Roman pasti.
PATINER. Manier. Manier lascivement.
PATOUL. Gros lourdaud, pataud. -De même en Normand et Rouchi. Synonymes PAOUR, PACANT.
PATOUILLER et PATROUILLER. Agiter l'eau, marcher dans la boue, dans les mares. On dit également patouiller dans la Meuse et dans l'Orne. Vient du Vieux-Français patoueil, bourbier, plutôt que du Grec ̃ko.tui fouler. Ce mot signifie aussi manier salement. Dans ce dernier sens, il pourrait venir de pattes toucher avec les pattes.
PATOULER. Marcher pas à pas.
PATRES (envoyer ad). Faire mourir. Locution latine. PATRES (mettre ad). Mener à fin, consommer. Loc. latine.
PATRIKER. Manier, tâter. – Synonymes Patiner. PATROUILLER. Voyez Patouiller.
PATUILE (juer al). Jouer au bonhomme avec des morceaux de tuile plate ou d'ardoise. C'est probablement ce jeu qui fut défendu à Péronne en 1579, sous peine de 5 sols d'amende. PATURER. Paître. De même en Franc-Comtois. Du Roman pasturer.
PAU (Vermandois). Pas, point. On emploie quelquefois cette négation à contretemps. Ex.: je lui ai défendu de n' pau venir. Signifie aussi pour, dans le Vermandois. – Syn. Poi, PoENT. PAUMÉE (tout à une). Tout à la fois. Dans quelques passages des Cout. du Beauv., cette locution signifie àpleines mains. PAUPRER. Parler, jaser.-Ne pas pauprer, ne souffler mot. Du Latin parabolari.
PAURE. Pauvre. De même en Gascon, Lorrain, Rouchi et Berrichon.- Du Celtique paur. Synonyme PAUVER. PAURE. Poussière, poudre. -Synonyme: POURE.
PAURE D'INDE. Poule d'Inde.
PAUVERTÉ. Pauvreté. De même en Roman. Congénères Italien poverta; Saxon ,poverté; Anglais poverty. PAU VERTÉS. Se dit de la poussière, du duvet, de tous les petits corps qui s'attachent aux habits.
PAVAISIERS. Porteurs de pavois ou boucliers envoyés au Roi par la ville d'Amiens, en 1441.
PAVELINS. Les habitans des environs de Béthune nomment ainsi les paysans de la Flandre (de la Bassée à Douai) à cause de leur patois. (Comm. de M. de la Fons.)
PAYELLE ou POYELLE. Poële à frire, poêlon. Cong. Rouchi, payelle; Vaudois, paëlle. Du Roman paelle dérivé du Latin patella.
PAYS, PAYSE. Compatriote, né dans la même province ou dans la même localité.
P'CER. Fesser. Synonyme: PSER.
P'CHOT (Doullens). Petit. Voyez PIOT.
PEAUTRER. Fouler aux pieds. En Grec, ttutuv, fouler: PECAVI. Velléité, idée, désir ou souvenir soudain. PÉCUNE. Argent. De même en Rémois et Fr.-Comtois. – Étym. Du Latin pecunia.
PEIGNE. Peine, chagrin.
PEIME. Pomme.
PEIME ED TERRE. Haricots, (dans le canton d'Hornoy). PEINTUREUR. Peintre. De même en Vieux-Français. PÉKERET. Bateau. Du Roman pescheret. Syn. Bâté. PÉKERET. Petit ver dont on se sert pour pécher à la ligne. PELATE. Pelure, écorce. Synonyme PLATE, ÉCORCHE. PELINCAN (Rue). Spatule (oiseau).
PEMPHIGNON (Acheux). Espèce de roitelet, pouillot. PENA, PENO. Femme mal propre salope.
PENARD (Vimeu). Canard à longue queue.
PENÉE. Lambeau, morceau.
PENEUX. Honteux, confus.-De même en Wallon, Bourg. et Vieux-Franc. Peneux a été remplacé, en Français, parpenaud, vers l'an 1660. (Voyez le Dict. de Féraud, 1787.) Dans le Boulonais, peneux, penaud signifient va nu pied selon M. Henri, qui dérive ce mot de pesnudus. (JJfS. de laBibl. de M. Rigollot.) Nous croyons qu'il vient plutôt du Latin pœnitens, qui se repent. PENDERLOKES et PENDERLOTTES. Objets de peu de valeur qui pendillent, breloques. Du V. Franc, pendiloches. PENOS. Linge dont les campagnards s'entourent les pieds en été. Etymologie: du Roman paniau, linge.
PENSIU. Pensif. De même en Roman.
PÉPÈRE. Grand'père, vieillard.
PÉPETTE. Soupe. C'est l'onomat. de la soupe qui boue. PERC. Parc. De même en Roman.
PERCHER. Percer. De même en Vieux-Français. PERCHEUTE. Compréhension, intelligence, perception. PERCOT. Perche, et quelquefois, poisson en général.– Loc. picarde: avoir des yus de percots, avoir les yeux fixes, tout grands ouverts.
PERDITION. Perte; désespoir.
PERDURAULE. Perpétuelle. (Moreuil 1249.)
PÉRETTE. Terme de mépris dont on se sert en parlant des femmes. C'est le diminutif féminin de Pierre.
PÉRIR LA VIE. Perdre la vie.
PERLÉKER (se), se PORLÉKER ou se POURLÉKER. Se lécher les lèvres, après avoir mangé quelque chose de bon. PERLINGUER. Jouer à croix ou pile.-Voyez Berunguer. PERLUETTE. Mot par lequel on termine la lecture de l'alphabet.
PEROT. La coutume d'Amiens, art. 119, appelle perot un arbre qui a deux âges de la coupe du bois. C'est un diminutif de père, parce qu'un tel arbre est censé avoir produit un autre arbre qui a été en coupe.
PERSE. Jeu de cartes qui ressemble au brelan.
PERSIN. Persil. De même en Rouchi et en Roman. PERTRIEUX. Genévrier. -Synonyme: G énoaf. PERTRISSOIR. Pétrin. Synonyme Moie.
PERTUIS. Chas d'une aiguille. – Idem en Champenois. PESSÉ QUE NON Que non Ah bien non
PÉTARDIER. (Abbeville). Ganache.
PETIT HURLARD (Cayeux). Harle(oiseau).
PETIT RAKET (Cayeux). Castagneux (oiseau).
PÉTRA. Niais. Synonymes Nicodême JANIN.
PÉTROT (Vimeu). Bécasse temnia.
PETUIS ou mieux PETHUIS. Petite porte. C'est une contraction de petit huis.
PEU PEUCE et PEUCHE. Pouce. Congénères Boum guignon et Franc-Comtois ,peuce; Rouchi, pauche.
PEUCHER. Presser avec le pouce. Syn. PAUCHER. PEUCHET. Bandeau pour envelopper le pouce.
PEUCHEUX. Qui remet les fractures.
PEIJNÉ et PÉNÉ. Pièce de six liards fausse. Peut-être de Penny ?
PEUPLE. Peuplier. De même en Berrichon.
PEUPRER. Parler. Voyez PAUPRER.
PÉZA (Boulonais). Paille ou tige de fève.- Id. en Celtique. PIAFE (foère sen). Faire ses embarras, se montrer dans tout son beau. – J'aurai pour foère el piafe, eine belle culotte ed dro. (Chanson picarde.) -De là PIAFFEUX.
PIAN-PIAN. Lentement, doucement.-De l'Italienpiano. PIAU. Peau. De même en Comtois et Roman.
PIAULARD. Pleurnicheur. Syn. Brayeux, BRAYOIRE. PIAULER. Pleurnicher.
PICAILLONS. Argent, écus, espèces. De même dans les départements de l'Est. Le picaillon est une monnaie du Piémont qui vaut deux deniers. t PICARDIE. Rabelais cite un jeu de cartes ainsi nommé à cause de son origine picarde. (Gargantua. 1. 1 chap. 22). PICARDS. Espèce de clous. «. Un cartron de singles picards. Un cartron de doubles picards. » (Mêm. du marchand de clous, Valenciennes, 1756).
PICHEUX. Jupon en étoffe de laine et dépourvu de manches. PICIIEUX. Langes d'enfant, et par extension, robe de petit enfant. Etymologie du Picard pichate, urine.
PICHON et PISSON. Poisson. De même à Lille, Mons, Maubeuge, Valenciennes et en Roman. Du Latin piscis. –On dit posson, dans l'Artois et pisson, dans la Meuse.
Ch'est ein caillant qu'o vind par boite,
Radis, ognons, poërions, navets,
Et qu'o vous tire ène carotte
Aveu l' pichon soi-disant frais. (M. Delegorgue.)
PICHONIER. Marchand de poissons. – Du Rom. peychonier. PICHONDERIE et PISSONDERIE. Poissonnerie. PICOT. Quelque chose de pointu qui pique.
PICOTINS. Nom que portaient les anciennes diligences d'eau, à Abbeville, avant 1789.
PIE. Ivrognerie, passion de boire. {Rébus de Picardie.) PIE DE MER (Vimeu). Huîtrier (oiseau).
PIÉCETTE. Petite pièce de pain ou de pâtisserie.
PIÈCHE. Depuis longtemps. (Abbeville, xiv\e siècle.) Syn. Pibça. Contraction de pièce il y a.- Pièce vient de spatium, espace de temps.
PIECHINTE. Petit sentier. Voyez Piessinte.
PIEGNE et PIENNÉE. Bouts de fil ou de laine qui restent de la chaîne à l'extrêmité d'une pièce d'étoffe.
PIER. Boire. Ce verbe rappelle le Grec -xia.
PIERRE FICHE. Menhir, monument celtique.
PIERROT. Moineau franc. -De même en Vieux-Français. PIEDS DECAUS (à). Pieds nus. Syn. Déchaos.
PIESSINTE. Petit sentier à l'usage des piétons. Mot composé de pied et de sente (sentier) dérivé du Latin semita chemin. PIÉTAIN. Tumeur qui se forme dans la bifurcation de l'ongle des moutons.- Etymologie de pied.
PIÈTE (tout). Tout pur, sans aucun mélange. (Ne se dit qu'en mauvaise part.)
PIEU. Peau. Se dit de l'anmusse des chanoines.
PIFE. Gros nez. Terme populaire signifie aussi frimouse. C'est encore un terme injurieux dont on qualifie les personnes
replettes, grosses et joullues. Peut-être bien, dit M E. Du Méril, pif signifiait-il d'abord le nez bourgeonné d'un ivrogne; car le Vieux-Français pifre signifiait gourmand, et le style familier a conservé le verbe empiffrer, faire manger avec excès. PIGER. Dépouiller quelqu'un de son argent. Le plumer comme un pigeon.
PIGNE. Ajusté, arrangé, approprié.
PIJONCHAIRE. Pinçon. – Syn. Pinchaibe, Pinchon. PIKENOTE. Chiquenaude. -De même en Rouchi. PIKETTE. Onglée. – Syn. Pinchaire.
PIKETTE. Mauvais cidre. Signifie aussi Mouillette. PIKETTE DU JOUR. Point du jour. Syn. POTRON Minet. PIKIONER (Verm.). Dire des choses piquantes, désagréables. PILE. Volée de coups. De même en Berrichon et Norm. Du Vieux-Français piler broyer, écraser. – Synon. Roulée. PILEMANCHE [en). Habit bas, bras nus. C'est une corruption de en pures les manches c'est-à-dire, en manches blanches. Synonymes EN PURETTE, A CASAQUE DÉVÊTUE.
PILET MACREUSE (Cayeux). Millouinan (oiseau). PILET NONNETTE (Saint-Valery). -Garot (oiseau). PILET TANÉ (Cayeux). -Millouin (oiseau).
PILHIU. Barge noire (oiseau de mer).
PILLEMICIIE (Ham).Termed'amitié qu'on donne aux enfants. PILOT, PALOT ou PALETTE. Petite pelle à prendre du feu, dont se servent les fumeurs.
PIMPERNELLE. Pimprenelle (plante).
PIMPERNELLE. Jeune fille fort éveillée.
PIMPIGNON. Cloche qui sonne l'office.
PINAKE. Lieu mal propre et en désordre. – Id. en Rouchi. PINCIIAIRE (masc.) Onglée. Signifie aussi pinçon. PINCHON. Pinçon. De même en Norm. Rouchi et Rom.
Du Latin pincio, selon Furetière. Synonymes Pinchaire, PIJONCHAIRE.
PINDROUILLE (Ponthieu). Femme sale et négligente. PINE OEUSON Chipeau ou ridenne (oiseau).
PINGEON. Pigeon.-De même en Juras., Fr. Comt. et Rom. PINGEONETTE. Pomme de pigeon.
PINGRE. Avare cuistre homme de rien. Terme populaire d'un usage général.
PINTELOT (masc.) Petite pinte. -Syn. Jègneux.
PIONE. Pivoine. -De même en Rouchi Lorrain et FrancComtois. Etymologie: du Latin pœonia.
PIONE (à Rue). Bouvreuil.
PIOT, P'TIOT, P'KOT, P'QUIOT. Petit.-Du Rom. petiot, qui dérive du Vieux-Latin petilus. – Min piot, mon enfant; piot à piot, peu à peu. -On dit également piot, à Bar-le-Duc. PIOTER. Faire des petits. Synonyme PATERNER. PIOTET (Boulonais). Diminutif de piot. Synon. TIOTIN. P1OULE (Soissons). Extrémité du fil qui roule autour de l'écheveau, indiquant par où l'on doit s'y prendre pour le bobiner. – Loc. pic. 1 n'a mie l' pioule; il n'a pas le fil il n'a pas le mot de l'énigme il ne sait comment se tirer d'affaire. V. Piule. PIPER. Fumer la pipe.
PIPETTE. Petit oiseau.
PIPOLET. Renoncute jaune..
PIPOSSAT (Boulon»is). Musette. II faut rapprocher de ce mot l'Anglais pipe (chalumeau) et pipe (jouer de la flûte) le Hollandais pyp (sifflet flûte) l'Allemand pfeife (sifflet, fifre); le Vieil-Haut-Allem. phîfa ffistula tibia, calamus); V Ang\oSaxon pîp, pipe; le Vieux-Saxon pîfa, pîfe; l'Islandais pipa. – Telles sont les origines d'où dérivent le mot français pipçau et le picard pipossàt. (Note de M «.A- Breuil.J
PIQUARS. C'est ainsi qu'était orthographié ce nom, vers la fin du xni. siècle: François, Piquars et Champenois. (Guillaume Guiart, les royaux lignages).
PIROU, PIROT. Oie.- Congénères Poit. et Ang., pirot.A Rennes pirette. Dn Celt. pirou. La pirette, à Cherbourg, est la femelle du dindon à Rouen, la pirotte est l'oie-femelle. PIROUÈNE. Cousin (insecte).
PISSATIER. Robe d'enfant. L'étymologie est facile à deviner. PISSATIS. Même sens. (Règl. des en fants trouvés d'Amiens de 1786.^
PISSIEUX, PISSIOT. Lâche, poltron. – Synon. PLEUTRE. PITHUIS. Petite porte percée dans une plus grande. C'est une syncope de petit huis.
PIULE, PIOLE PIOULE (jeter à l'). Mettre au pillage, disperser.
PLACHE. Place.- De même en Rouchi et Roman. PLACO1R. Instrument dont on se sert pour plaquer.-On dit placot, en Artois.
PLACU. Cellier.
PLAIE. Plie. Les femmes qui colportent ce poisson crient qu'est-che qui vut des boines plates ?
PLAISI (au). Au revoir, c'est-à-dire au plaisir de vous revoir. PLAKE. Cellier.- Synonyme PLACU.
PLAKÉE. Large éclaboussure.
PLAKER (sc). Se crotter. -Syn. SE BAUDELER.
PI,AMUSE ou PLAMUSSE. Coup du plat de la main sur le muse, figure. Cotgrave écrit plameuse plamuse appartient également au Franc-Comtois, au Rouchi et à la langue romane. PLAMUSER. Souffleter. Syn. GIFLER, Bornifiker. PLANCON. Sorte de pieu.
PLANKE. Planche. Dt même en Roman. – Congénères Rouchi et Normand, planke Langued., planco; Allemand,
planke Anglais, plank. – Etymologie du Latin planca, ou du Celtique plank.
PLANKETTE. Petite planche. De même en Roman. Une rue d'Abbeville porte ce nom parce qu'on passait sur des planches d'une maison à une autre, à une époque, où elle était fréquemment couverte d'eau. (M. Praron, Les rues d'Abbev.) PLANTÉ (à). En abondance. On sait que le refrain de la prose de l'âne, à Beauvais se terminait par ces mots
Vous aurez du foin assez
Et de l'avoine à planté.
(Voyez ma notice sur la fête de l'âne, au moyen-âge.)
Le mot plenty, abondance, est resté dans la langue anglaise qui l'a reçu probablement des Normands. Notre motplantépeut venir du Latin plenitas ou plenitudo.
PLATE ou PELATE. Pelure, écorce.
PLATELÉE. Contenu d'un plat. De même en Roman. PLAT FIU. Lourdaud qui agit d'une manière plate et grossière. – Littéralement, plat garçon.
PLATUILE. Tuile plate dont se servent les enfans pour jouer à cloche pied.
PLATRÉE. Contenu d'un plat. Syn. Platelée.
PLAYER et PLIER. Plie, poisson de mer. Synon. PLAIE. PLEIN (tout). Beaucoup. Expression empruntée aux mesures de capacité et qu'on trouve aussi dans le patois du Jura. PLÈME et PLÈNE. Plane (outil).
PLESSIER PLESSIS. Bois, taillis; sentier de bois. Du Bas-Latin plessiacwn, parc entouré de haies.
PLET. Poil cheveu; petite tige de graminée, et par extension, un brin un rien.
PLET NONETTE (St.-Valery). Garot (oiseau).
PLEUMER. Peler, écorcer. Synon. Plater, Écocher. PLEUTRE. Poltron. -Terme populaire généralement usité.
PLEUVE. Pluie. Congénères Italien, plovia; Roman, ploève. Etym. du Latin pluvia. Synon. Aorée, Aquerée. PLEUVOTER. Pleuvoir finement, à petites gouttes. PLEUVINE. Assurance, cautionnement; fiançailles. Vient du Roman pleiger, engager.
PLI (masc.). Levée de cartes. Id. en Vaud. et en H.-Bret. PLICHER. Plier; céder, reculer.
PLOMARD (Artois). Plongeon.
PLOMB. Jeu auquel il fut défendu de se livrer, pendant l'office, à Béthune, en 1579. (M. de la Fons.)
PLONCADE et PLONCARDE. Courbette, révérence trèshumble.
PLONKER. Plonger, tremper. Signifie aussi ployer sous un fardeau.
PLOUTRE. Rouloir, instrument aratoire pour écraser les glèbes. -De même en Roman. L'Anglais plough, l'Allem. pflug, le Vieil-Haut-Allemand ploh, l'Islandais plôgr, ont la même signification.-Syn. Ploutoir, Pourtrouère, Proctoère. PLOUTRER. Passer un cylindre sur la terre pour écraser les glèbes. Au figuré, rouer de coups.
PLOU VRÉ (Vimeu). Hirondelle de mer.- Synon. PRIVARET. PLOV ACHÉR. Petit baquet dans lequel on pétrit le pain. PLOYON. Bâton pliant dont on se sert pour couvrir les toîts en chaume. On désigne aussi, par là, le bâton de la charrue qui maintient le coutre dans la position où on l'a voulu fixer par rapport à l'un ou à l'autre côté du fer.
PLUREX. Plusieurs. (Rue, xiv." siècle).
PI,UXINER. Bruiner. Synonyme: PLEUVOTER, Brouillasser. PLUXINER. Manger sans appétit manger peu et à petits morceaux.
TOCAGE. Quête.
POCHÉ (avoir le cœur). Être triste.
POCHER. Tàter un fruit (avec le pouce). Syn. PEUCHER. POCHIE. Contenu d'une poche.
POCHONE. Burette. Il y avait une mesure de vin qu'on appelait poichon, en Vieux-Français.
POERTÉ. Puissance. (Ancien Coutumier d' AbbevilleJ POGNE (sing. fém.) Poignet main. De même en Jurassin et Rouchi.- Du Latin pugnus. Il signifie étreinte, au figuré. POI. Pas. – Synonymes Pos, Poent, Mie.
POILU. Velu qui a des poils.
POIN. Pain. Voyez PAN.
POINE. Peine.- De même en Champenois,' Rouchi Roman et Bas-Breton.
POINTELETTE. Petite pointe.
POIRES (sing. fém.) Pendants d'oreilles. Poireaux avait le même sens en Roman.
POIRES BLETTES! (des). Exclamation par laquelle on témoigne ne pas ajouter foi à ce qn'on entend dire.
POIRIETTE. Fruit de l'épine blanche.
POIRION. Poireau.- En Rouchi. et en V. Franc, porion. POISER. Peser; comme en Roman.- En F. Comt. poisie. POISLE. Manteau.- De même en Roman.
POISON. Femme méchante malpropre; le Français employe peste,dans la même signification; au masculin, il signifie mauvaise odeur. Dans le sens de venin, il s'employe au féminin. Il en était de même dans le vieux langage français, et même au xvn.'s. Malherbe dit d'où s'est coulée en moi cette ldche poison. POIX DE CHUCRE. Dragée.
POKE A POKE. Peu à peu. De l'Italien poco a poco. POLAKE. Sale, ordurier, dégoûtant. Polak est le nom qu'on donne aux Polonais, en plusieurs langues. Leur nom a servi à désigner la malpropreté, parce que jadis ils y étaient enclins. POLICHOIR (Artois). Fer repasser.– De même en Roman.
POMELOT. Fruit du pommier sauvage.
POMELOTIER. Pommier sauvage.
POMONS. Ce qui reste des pommes, le jus exprimé. POMONIQUE. Poitrinaire.
POMPETTE. (Subst.) Nœud de rubans.
POMPETTE. (Adj.) Légèrement ivre.
PONDOÈRE. Poule qui pond abondamment femme qui a beaucoup d'enfants.
PONOÈRE. Sorte de jeu de boule. Chaque joueur, à son tour, roule une boule pour la loger dans un des neuf trous d'un quadrille creusé en terre dont chacun a une valeur différente. POPOTE. (Adj. fém.) Bigote, minutieuse dans ses dévotions. POR. Pour. -De même en Espagnol et Roman. – Syn. PAC. PORCHER. Gardeur de porcs. -De même en Roman. PORCHEU. Pourceau. De même en Roman.
PORCHIN. Petit sentier.-Synonymes PIECHINTE, Voïettk. PORGEON ou PORGERON. Poireau, dans le double sens de verrue et de légume. M. Crapelet a eu raison de faire remarquer que les Picards ont toujours eu beaucoup de goût pour les tartes à porgeon. (Dictons populaires, p. 110.)
PORION, PORIAU. Même signification que le précédent. -Du Celtique porrua?- On disait porion, en Vieux-Français. PORKERIE. Étable de porcs. Par extension, lieu sale. PORLÉKER. Lécher; embrasser. Synon. POURLÉCHER. PORLÉKER (se). Se lécher les lèvres après avoir mangé quelque chose de bon. -Syn. SE PERLÉKER.
PORSUIRÉ. Poursuivre.- Comme en Roman.
PORTEUX et PORTE AU SAC. Portefaix.
POSTIKER. Harceler, poursuivre.
POSTUREUX. Maniéré, grimacier, fat.
POT (ju de). Jeu de billes on les jette dans des trous nommés pot*.
POT AU FU. Gueux pot de terre dont on se sert en guise de chaufferette. – Synonymes Couvé, Coué.
POT DE CA MBE. Place du milieu dans le jeu des quatre coins. POTEAU. Personne niaise, sans intelligence. -Syn. ETAU. POTÉE. Contenu d'un pot. Grande quantité.
POTIÈRE. Étagère de vaisselle. – De même en Lorrain. POTIÈRE. Synonymede Mékinette. Voyez ce mot. POTRON ou PATRON MINETTE (dès l'). Au point du jour. Etymologie, du Roman potron, petit des animaux, et minet, chat. Se lever dès le potron minet, c'est se lever aussitôt que les petits chats, qui font de grand matin la chasse aux souris. Drès patron minette il étouait
Qui relukouait no fernète. (Départ de Lili.)
On dit aussi, comme dans le Berry et la Normandie, se lever dès le potron jacquet. « Peut-être, dit M. Du Méril, cette locution vient-elle de St.-Jacques, le patron des voyageurs qui, pendant le Moyen-àge, étaient pour la plupart des pélerins. Cette expression pourrait venir aussi de l'écureuil, en Patois jacquet, qui passe pour le plus vif des animaux et par conséquent pour le premier éveillé. » (Dictionnaire du Patois Normand,page 170.) POUACRE et POUAQUE. Sale. De même en FrancComtois et Roman. On dit pouaque, dans le Berry. POUANT. Fat, faiseur d'embarras. -Etym. du Franç. Puer. POUECHER. Paitre.
POUFFE. Homme gros et replet. Synonyme: Patapoufb POUFIGNON. Pouillot (ois.). V. PEMPHIGNON.
POUILLU. Thym. Du Roman polieul.
POULENÉE. Fiente de poule.
POULOT. Nom d'amitié donné aux enfans. -Du Lat. pullus, employé par Horace, 1. 1, sat. 3, v. 45.)
POURASAINE. Poix, résine. –En Langued. parouzina.
POURCACHER. Pourchasser. De même en Roman. Dans le Boulonais, ce mot signifie mendier.
POURDENEAU (Béthune). Dindon, poule-dinde.
POURE. Pauvre. -De même en Vieux-Français. En Anglais, poor. Synonymes Paure, Pover.
POURE. Poudre, poussière. – Id. en Bor., Fr.-Comt. et Rom. POUREGET. Porte à toiture de chaume,à l'entrée des jardins. POUREMENT QUE. Pourvu que, lorsque, dès que. POURER. Faire de la poussière.
POURETTE. Poussière. Être en pourette, être en grand nétoyage, en cuisine. Synonymes PAURE, Poure.
POURPENSER. Réfléchir. Du Latin pensare, peser. POURPRINS. Enclos. Du Roman pourpry.
POURSUIRE. Poursuivre. -De même en Rouchi, Berrich. et Vieux-Français. Synonymes Suire Porsuire. POURTRER. Passer le pourtrouère dans un champ, pour en briser les mottes. Synonyme Ploctreri
POURTROUÈRE. Rouleau. Voyez PLOUTRE.
POUSSAKER. Pousser. – Synonyme: POUSSAILLER. POUTRE. Jument vierge. Du Bas-Latin putrella. POYELLE. Poële à frire. Voyez PAYELLE.
POYER. Payer. De même en Roman.
PRAIEL. Herbe. (Cout. notoires de Pic.)
PRAINSE. Grosse, enceinte. -Du Roman prain.
PRANGÈRE, PRANGIÈRE ou PRANGÈLE. Sieste,'méridienne, repas ou récréation qu'on prend après le repas de midi. Quand les abeilles sortent de leur ruche en grand nombre au moment de la chaleur, on dit qu'elles prangellent, parce qu'elles paraissent prendre leur récréation et faire une promenade digestive.- Etymoloyie du Latin prandium gerere digérer le dîner. PRAYÈRE. Prière. De même en Franc-Comtois. En Anglais prayers. Du Roman praiers.
PRÉCHEUX. Prédicateur.
PRÉCHOUAIRE. Chaire. -Synon. Égrugeoir.
PREMIER (adverbe). Premièrement, d'abord.-V. Prumier. PREMIER QUE (au). Aussitôt que à l'instant que.
PRÊTRE. Fusain (arbrisseau). Voyez CAPERNOTIER. PREUME ou PRÊME (au). A l'instant, tout à l'heure; d'abord au proche seulement. Congén. Rouchi et Roman au preume (récemment); Lunéville, au preume (seulement); Rom., pre'me (au proche); primes (auparavant) au prume (pour la première fois). Etym. du Latin primo, d'abord.
PREUVENNE. Quantité de grain nécessaire au cheval ou autre bête de travail; contenu de la mesure appelée provendier. PRIÉ. Place publique.
PRIER LE BON JOUR. Souhaiter le bonjour.
PRINAGE. Contraction de pélerinage.
PRINDE. Prendre. -De même en Roman. Au participe, prins prinse. 1
PRIVARET ou PRIVERET (St.-Valery). Hirondelle de mer. PRIVER. Apprivoiser.
PROLEUX. Bavard.-Du Latin parabolari, parler. PROMPT Alerte allons vite !-De même en V. Français. PRONE. Prune. -De même en Rouchi et Roman.
PRONÉE. Confiture de prunes qu'on fait d'ordinaire avec des cravinchons.
PROUTOÈRE. Rouleau. –Synonymes Plogtre, ROULOIR. PROVENDIER. Mesure d'avoine ou de fourrage.
PROVER. Prouver; comme en Roman.- En Angl. prove.Etym. du Latin probare.
PRULE. Présure.
PRUMIER (adverbe). Premièrement, d'abord. On continue l'énumération, en disant deuxième, troisième, etc.
PSER. Fouetter. – Synonyme,: PCER.
PTIOT. Petit.- Idem en Rouchi et F. Comt. Voyez Piot. PUANT. Eperlan (poisson). Signifie aussi, fat, glorieux. PUCHAIN. Prochain (Roye, 1332).
PUCHE. Puce.-De même en Roman.
PUCHE (adverbe). Plus. Synonyme Pus.
PUCHE. Puits. comme en Roman.
PUCHEOIR. Puisoir.-De même en Roman.
PUCHER. Puiser, épuiser.- De même en Roman. PUCHOT. Petit amas d'eau. – Synonyme F LAQUE. PUIGNIE. Poignée. – De même en Roman.
PUISSANT. Gros et gras.-De même en Champenois. PUITS D'AMOUR. Nom qu'on donnait, au xvi.° siècle, à la fête de l'Immaculée Conception qu'on célébrait, dans la Picardie, par des repas, des poésies des jeux et des mystères. PURE. Puits.-Synonyme: PucHE. i* PURETTE (en). Habit bas, bras nus. Un homme est en purette, quand il s'est dépouillé de son habit, et une femme, quand elle n'a qu'un simple corset et un jupon sans manches. Cette expression est également usitée à Metz, Rheims, Valenciennes, etc.- Synonymes EN PURES LES manches EN pilémanche. On trouve, dans le Roman de Ham, en pur les manches pour le chef découvert.
PUS. Plus. – De même en Lorrain et Roman.-Syn. PUCHE. PUSEAU (Artois). Egout du fumier.
PUTER. Percer. – Synonyme PERCHER.
PUVERÉ (Cayeux). Hirondelle de mer. – Synon. Privaret, PYE (jeu de). Voyez MAHON.
Nous avons remplacé cette lettre par le K, chaque fois que l'étymologie nous l'a permis.
QEVAGE. Droit de 12 deniers parisis, selon la coutume de Péronne, Montdidier et Roye, pour chaque chef marié qui est batard. On l'appelait aussi chef lens. (MS. de D. Grenier). QUAND (en). En même temps que.
QUAND JOU ? Quand est-ce?
QUAND QUE. Quand lorsque. Syn. Quat, Quaind. QUANT ET QUANT. Alors; en même temps; ensemble; de même que.-De même en Berrichon et Vieux-Français. Jacques Grévin, poète Beauvaisien, emploie avec bonheur cette énergique expression
Quand on dira César fut maître de l'empire,
Qu'on sache quant et quant Brute le fit occire.
Quand on dira César fut premier empereur,
Qu'on dise quant et quant Brute en fut le vainqueur.
QUARESMAUX. Carême. (Abbeville, xv." siècle.) QUARTAINE. Fièvre quarte. (Coutumes de Beauvais.) QUARTIER. Sarcelle d'été. Synonyme Crêpe.
QUASIMENT. Presque. De même en Champenois, Lorrain et Roman. Du Latin quasi.
QUAT. Quand quant. Synonymes QUAIND, QUANDQUE. QUATERLINGUES. Babillarde. Du Latin quatuor lingum quatre langues. Synonymes Languardeuse, JACASSE. QUATIR. Se cacher, se blotir. -De même en Roman. QUATRABEUSE. Jeu de Colin-Maillard. (llistoire littéraire d'Amiens, par le Il. Daire, p. 323.)
Q
QUÊNE. Chêne. – De quercus (chêne), par la filiation suivante quernus (de chêne) querne, quesne, quéne. QUENOTTE. Dent d'enfant. De même en Normand.- Du Roman quenne, dent, ou de l'Islandais kenni, mâchoire. QUERIBOIRY. Charivari. (Log. degens d'armes.) QUÉRIR et QUÈRE. Chercher. Il avait aussi autrefois le sens de souhaiter. (Cart. d'Am., 1463.) II se conjuguait de la sorte je quiers que je quiers je quis, je querrai quérant quis. Le Français moderne n'a conservé que l'infinitif quérir. Cong. Franc-Comt. et Vieux-Franç., querre; Bourg. et V. Cat., querir Jurass. quéri Espag. et Portug. querer. Etym. du Latin quœrere.
QUEROYE (la grande). On nommait ainsi une procession qu'on faisait, dans une épaisse forêt située près d'Ay, dans le but de célébrer une messe, près d'une croix dite Chipotet. M. de Cayrol s'arrête, pour le mot queroie au sens de l'expression quère, chercher, et traduit chipotet par temple de la forêt. Il voit, dans cette cérémonie chrétienne, un souvenir de la recherche du gui chez les Celtes. (Voyez Mém. des Ant. de Pic., t. vu Rapport de M. J. Garnier.)
QUERTÉ. Cherté.– Du Roman quierté.
QUESTEL. Trône.
QUEUE LEUP LEUP (à la). Se dit des enfants qui courrent l'un derrière l'autre en se tenant par les habits.
QUEUE DE LEUP. Bouillon blanc (plante).- A Doullens, la veille de la fête de Milly les enfants courrent dans les rues avec des tiges de bouillon blanc trempées dans l'huile et allumées ensuite. On cherche le saint; puis quand on l'a trouvé, on le chasse à coups de fouet. Cette fête dont l'origine est inconnue, s'appelle soirée des queues de leup. (Comm. de M. Demarsy). QUEUETTE. Nuque, petite queue. Etym. du Franc. Queue.
QUEUKER. Tromper.- Voyez KEUKER.
QUEUSSE. Pierre à aiguiser. – En Vieux-Français queue. -Signifie aussi l'étui en bois que les faucheurs attachent derrière eux au moyen d'une ceinture et dans lequel ils mettent leur pierre à faulx qui souvent trempe dans un peu d'eau. QUEUSSÉ (Abbeville). Repassé.
QUI. S'emploie quelquefois pour dont, duquel, avec lequel au moyen duquel.
QUIGNIE. Coignée.- De même en Roman.
QUIGNON. Gros morceau de pain. De même en Roman. QUIGNOT. Autrefois le magister de l'église de Bray choisissait, la veille de Noël, à matines un de ses écoliers, pour chanter la principale leçon de l'office du jour et présenter le quignot. C'était une espèce de gâteau qu'on distribuait aux fidèles, lorsque le magister avait levé l'écolier en l'air et lui avait fait crier trois fois Noël. (Lettres sur le département de la Somme par M. Dusevel, p. 151).- Voyez CUGNOT. QUINT. Cinquième denier du prix de la vente dû au seigneur par le vendeur ou l'acheteur ou tous deux par moitié. QUINTAINE. La quintaine est une sorte de mannequin armé d'un bâton. Il est placé sur un poteau tournant sur un pivot. Les joueurs doivent le frapper au front ou au centre du corps. S'ils manquent leur coup, la figure grotesque tourne'sur son pivot et frappe de son bâton Je joueur maladroit. Plusieurs chartes du Ponthieu sont datées du dimanche de la quintaine (1 .er dimanche de carême). Voyez un article de M. Ch. Vaquette dans le tome 2.e des Arch. de Pic. et le traité des tournois du P. Ménétrier, p. 264. QUINTEUX. Fier, irascible.
QUIOT. Petit. Voyez Piot.
QUITE. Quelque.- Quites uns, quelques-uns.
QUOI. Tranquille. Etymologie de quietus. Voyez Coi.
QUOUANÈ. Bête; poltron. – De même dans l'arrondissement de Caen. Du Vieux-Français quoyon. (V. Roquefort, tome n. page 424.)
QUORE. Loi. De la corman, homme de loi.
R
R. Cette lettre dans la composition des mots exprime souvent le bruit et le mouvement. Exemple: RABUKER, raclée, RADE, RACACHER RAINCER RAMEURE, RANDONER RANVELUKER RAMAGER,RAMOULER S'ERALER, REINDEINE, ROUTELLE, RUTELER, etc. RABAT. Tablette de chambranle.
R ABÊTIR. Abrutir, rendre stupide. Devenir plus stupide. De même en Fr.-Comtois.
RABIBOCHER (se). Se refaire au jeu, regagner ce qu'on avait perdu. -Synonymes: SE REMPLUMER, SE RAMICHER. RABIER. Enrager. Voyez ARRABIER.
RABISTOKER. Raccommoder de vieux habits, de vieux meubles. De même à Maubeuge. Synonyme RAFISTOLER. RABOBINER. Répéter, raconter, rabacher. Syn. RABONCHER, RACUSIER.
RABOTE. Pomme entourée de pâte.
RABOURER. Labourer.
RABUKER. Frapper, heurter. Voyez BUKER.
RAC. Droit particulier à la terre de Picquigny.
RACACHER. A beaucoup de significations diverses: ramener renvoyer faire rentrer les bestiaux dans l'étable; repousser la balle au jeu de paume pousser devant soi s'excuser en dissimulant répéter à satiété la même chose, etc. vient du Latin recolliyere, recueillir, pour plusieurs de ces sens.
RACAFEUDER. Raccommoder tant bien que mal.
R ACAFROGNÉ. Renfrogné. Syn. Ragrani, Mourmache. RACAHUTER {se). Se dit du temps qui s'obscurcit, alors que le soleil semble vouloir rentrer dans sa cahute.
RACAILLETTE. Se dit d'une petite fille bien gentille, éveillée et bien portante. Synonyme RÉTUE.
RACATER. Racheter. De même en Roman.
RACCOLER. Caresser.- Du Rom. accoler.-Syn. AFFLATER. RACCROC. Lendemain ou octave d'une fête. De même en Normand. – Synonyme: REBOND.
RACHAINE. Racine. De même en Roman.
RACHEL. Femme parcimonieuse, avare.
RACHEMER (Béthune). Saluer. On dit d'un vieux garçon qu'il rachemera St.-Nicolas.
RACLÉE. Volée de coups de bâton. -Terme populaire d'un usage général, qui vient du Latin baculum, bâton. St/n. Tatoule. RACLEUX DE BOYAUX. Mauvais joueur de violon. RACLICHER. Se réconcilier avec quelqu'un. Syn. sE RAMICHER.
RACUSIER. Dire, redire; accuser, dénoncer.
RADE. Raide, fier. Etym. du Latin rigidus.
RADE (adverbe). Vite.-De même en Rouchi et Roman. J'allouais ein mollet rade. (Astron. pic. 1841.) Etymologie peut-être de l'Anglais ready promptement. Syn. HABILE. RADIABLER. Racommoder tant bien que mal.-Synonymes: RACAFEUDER, RAFISTOLER.
RADOS. Ce qui met à l'abri soit du vent soit de la pluie ou du froid.-Du Celtique rad abri.
RAFALE. Tombé dans l'indigence. – Synonyme EN DÉBINE. RAFINEUX. Malin, habile. –Synonyme: RENARÉ. RAFISTOLER. Raccommoder. – De même en Langued. en Franche-Comté et beaucoup d'autres provinces. Se rafistoler signifie s'agencer, réparer le désordre de sa toilette, se rhabiller.
Du Vieux-Français, afpstoler. Synonyme RACAFEUDER. RAFLÉE. Grande quantité. -Synon. GRONÉE, TAPÉE. RAFOURER. Donner manger aux bestiaux.– Etymologie du Français fouragc.
RAFULER. Coiffer. Voyez AFULER.
RAFUTER. Affuter une scie.
RAGALIR. Rendre uni, égal. Voyez Agalir.
RAGER. Être fort en colère. – De même en Champenois. RAGNE. Grenouille. Voyez RAINE.
RAGOTER. Murmurer contre quelqu'un. -Id. en Rémois. RAGOTS (faire des). Faire des bavardages, des rapports; terme populaire. Synonymes: RAGOTER, JACASSER. RAGRANI. Rechigné, raccorni. – Synonyme Racafrogné. RAGUINCHER (se). Réparer le désordre de sa toilette, s'habiller mieux. Synonymes Se RAFISTOLER, s'aguincher. RAGUISER et RAGUISIER. Aiguiser.
RAI (je). Présent de l'indicatif du verbe ravoir. Je rai, tu ros, i ro os ravons os ravez, is ront ou is rav'tent.
RAIME. Branche d'arbre, ramée. – En Franc-Comtois, raim. – Etymologie du Latin ramus.
RAIN. Lisière d'un bois. De même dans la Meuse et en Vieux-Français. -Synonymes RAIN, Magiëre.
RAINCÉE. Pluie. Volée de coups.
RAINCER. Donner des coups. De même en Vieux-Franç. RAINE, RANE, RAIGNE. Grenouille.-Cong. FrancComt., Rouchi Lorrain Rémois et Vieux-Français raine Ital. et Espag. rana. Il paraît qu'on prononçait autrefois royne: car on lit dans Mathieu Boutigny Royneen Picard ou grenouille en François. Il y avait jadis, à Abbeville, une rue nommée Canteraine. Elle empruntait ce nom, dit M. Louandre, de sa situation dans un lieu marécageux, d'où l'on entendait canter les raines. =Etym. du Latin rana ou du Celtique ran d'après Bullet,
-Ran a aussi le même sens, en Erse. – Synon. Gcernoule. RAINKE. Tige, ligne, filament filet.- Voyez RINKE. RAINSER ou RINCER. Pleuvoir.- Congénères: F. Corat. raincée, pluie; Languedocien,rène, pluie; Anglais, rain, pluie; Anglo-Saxon et Allemand regn. Vient peut-être du Celto-Gallois ren, eau qui coule.
RAIOT. Petite raie. ;Poisson).
R AKE. Boue, bourbe.- De même en Roman. Au figuré, embarras, position fâcheuse. Rester en rake signifie: rester court être à quia. Etymol. du Celt. rakia eau bourbeuse. RAKER. Cracher.- De même en Lillois Rouchi, Flamand et Roman. Cette même onomatopée se retrouve dans le Chaldéen rak et dans l'Hébreu racaq.
RAKET (Cayeux). Castagneux (oiseau). A Saint-Valery, on donne ce nom au petit-plongeon.
RAKET (double). Nom du plongeon, à Saint-Valéry. RAKEUX. Boueux bourbeux.
RAKILLON. Gros crachat.
RAKILLONNER. Cracher souvent.
RALLER (s'en). S'en aller, s'en retourner. -Syn. S'éraler. RAMAGER. Grommeler, murmurer.-De même en Rouchi et Lorrain. Synonymes Digoneb, Mourmacher. RAMBOURG A SEPT COTES. Pomme calville.
RAMEMBRER. Se souvenir. De même en Roman. En Anglais, remember. Syn. SE RAMENTEVOIR, RAPEINSER. RAMENTEVOIR. Rappeler à la mémoire, faire ressouvenir. -De même en Roman.– Au participe passé, ramentu. – Régnier Des Marais, en 1706, disait dans sa grammaire, qu'il y avait longtemps que ce mot n'était plus d'aucun usage. Nous le rencontrons pourtant encore dans Bertaud, Malleville, Molière, Malherbe, etc.
La terreur des choses passées
A leurs yeux se ramentevant. (Malherbe, Ode sur Henri IV). Ne ramentevons rien et réparons l'offense. (Le dépit amoureux). Etymologie de re-mente videre (revoir par l'espritj. RAMEULER, RAMOLER, RAMOULER. Émoudre, aiguiser. En Franc-Comtois, ramouler. – Au participe passé, on dit indifféremment ramolé et ramolu. – Synonyme Rameure. RAMEULEUX. Rémouleur.
RAMEURRE. Aiguiser sur une meule. – Syn. RAMOLER. RAMEURRE. Battre de manière à couvrir de blessures. RAMICHER {se). Regagner au jeu ce qu'on avait perdu. Signifie aussi, se réconcilier avec quelqu'un.
RAMIOULER. Adoucir par des caresses.-Syn.: AMIDOULER RAMON. Balai.-De même en Rémois, Rouchi et Fr.-Comt. « Allons en Picardie, dit Barbazan, nous entendrons appeler un balai un ramon, parce qu'il vient de ramus, petite branche. » RAMONAT. Savoyard, ramoneur de cheminée. – De même à Bar-le-Duc. Vient du mot précédent.
RAMONCHELER. Écraser de coups.
RAMONCHELER {se). Se cacher les mains sous les aisselles et rentrer la tête entre les épaules; se replier sur soi-même, quand on est couché, pour avoir moins froid. -Du Roman ramoncher, mettre en tas. – Synonyme S'amoncheler. RAMONCHER. Mettre en tas. De même en Roman. RAMONNER. N'a, en Français, que le sens de balayer une cheminée. En Picard, il signifie balayer, dans un sens plus général, et par métaphore, donner des coups de balai, rosser. RAMONNETTE. Petit balai. – Synonyme Baliette. RAMONNIER. Ramasseur de boue, de balayures. RAMONNURES. Balayures.
RAN. Bélier.-Id. en Rom.– Cong. V.-H.-AUem., Saxon et Angl., ram; All., Islind, ramr signifie fort, robuste,
RANCART [mette au). Mettre au rebut, à l'écart.– De même à Bar-le-Duc. Synonyme Cafdter.
RANCUNE ED' PRÊTE (Soissons). Étoffe de laine très-solide. L'épigramme de cette étymologie est facile à saisir.
RANDIR. Rôder, aller et venir dans un endroit, pour venir à bout de quelque chose.
RANDONÉE. Volée de coups. -Synonyme: Raclée. RANDONER. Donner des coups. De même en Roman. RANDONER. Courir. Faire du bruit en s'empressant, en rangeant. – Idem en Rom. Voy. Du Cange, au mot Randum. RANDONNAGES (au pl.) Allées et venues, bruit en rangeant. RANE. Grenouille. Voyez Raine.
RANKILLE. Chèvre-feuille. – De l'Allemand ranken, qui désigne ces filaments roulés, tortillés au moyen desquels certaines plantes s'attachent à d'autres corps.
RANVELUKER. Battre; faire du bruit; dire des impertitinences.
RAPAREILLER. Assortir.-Synonyme: APARIER. RAPEINSER. Se souvenir. Synonyme se Ramentevoir. RAPAPILLOTER (se). Améliorer ses affaires; littéralement raccommoder ses papillottes. -De même dans le patois de l'arrondissement de Mortagne.- Synon. SE REMPLUMER. RAPAPINER. Donner du papin (bouillie) à un enfant. RAPATAFIOLER. Voyez PATAFIOLER.
RAPINEUX. Voleur, filou. De même en Rouchi. Etymologie du Latin rapinator.
RAPOÉ. Rassasié.-Du Roman ropoué, qui dérive peutêtre du Latin re-pasco, nourrir, repaître.
RAPOTISSEMENT. Restitution. (Archives de Rue, 1328). RAPOUSSER. Revenir, retourner.
RAPPAREILLER. Rassembler, réunir, assortir. – Du Rom. rappereUlier. Synon. APARIER, Rassortir..
RAPIAMUS (faire). Enlever tout. – De même dans l'arrondissement de Bayeux. C'est la première personne du pluriel de l'impératif du verbe Latin rapere, enlever.
RAPROYAUX. Bavardages, phrases sans suite et sans liaison. RAPSAUDER. Raccommoder, ravauder; dire des rapsodies, déraisonner ruminer des drôleries.
RASSAKER. Retirer tirer à soi. En Espagnol, resacar. RASSANER. Ressembler et rassembler. Voyez SANER. RASSIR. Rasseoir. -De même dans le Nord de la France. RASSOTER. Raffoler. Etym. de sot, dans le sens de fou. RATACONER. Mettre des tacons pièces rapiécetter. – De même en Franc-Comtois, Rouchi et Roman. V. TACON. RATASSELER. Même signific. que le précédent. V. TASSET. RATATINÉ. Ridé. Mot usité dans plusieurs Provinces. RATATOUILLE. Fricassée grossière et copieuse de viande cuite avec des légumes. D'après M. J. Hécart, ce terme populaire serait Rouchi d'origine.
RATATOUILLER. Remuer en tout sens. (Comme on remue une ratatouille, pour l'empêcher de s'attacher.)
RATATOUILLOUËRE. Cuisinière de bas étage.
RATAYON. Bisaïeul. – Formé de tayon grand'père, et de l'addition ra. Les Basques procèdent aussi par addition syllabiques pour désigner les degrés de parenté, en ligne ascendante mais elles sont bien autrement compliquées que chez nous. Le père s'appelle ait: il faut ajouter onze syllables pour exprimer trisaïeul: Aitarenarenganicacoarena. V Tayon.
R ATELARD. Bègue.
RATELER. Bégayer. – Synonyme: Tégubr.
RATELOT (Artois). Roitelet. Synon. Pemphignon. RA'FICHE [f t'en). Expression ironique qui correspond à cette Jociiiion « on t'en donnera dps petits couteaux pour les perdre.») RATINCHER. Ramasser; rapetisser, diminuer.
RATINCHER(se). Diminuer d'embonpoint; se raccourcir, se contracter, se ramasser.
RATISIER. Attiser le feu. Synon. ATISIER.
RATISSON. Résidu de graisse.
RATONS. Espèce de crêpes très renommées à Arras, à Béthune et à Saint-Quentin. Ce mot qui a passé dans la langue française, est d'origine Picarde. Du Cange et Ménage le dérivent de cratones, employé par Uldaric; selon eux, crato viendrait del'Allemand grapfen, espèce de gâteau. Voici une autre étymologie aussi bizarre consignée dans un MS. de la Bibliothèque de l'Arsenal (Hist., n° 241, in-4") intitulé: Anecdotes de la ville d'Arras et de la province d'Artois. « L'an 893, Dodilo, évêque, » alla accompagné des religieux de Saint-Vaast, jusqu'à Beau» vais où avait été transporté le corps de saint Vaast seize ans » auparavant, pour le ravage des Normands et fut rapporté à » Arras par l'évêque avec affluence de peuple, lequel montra » grand signe d'allégresse et de dévotion remerciant Dieu qui » leur avait rendu ce précieux trésor sain et entier. Ce fut alors » que le peuple en réjouissance inventa une espèce de pâte com» posée d'œufs, de pain et de lait dont ils se régalèrent, ce que » depuis lors on a continué de faire tous les ans le jour de la » fête du Saint, dans ladite abbaye et dans la plus grande partie » du peuple même jusqu'aujourd'hui, ce que l'on a nommé ra» ton, parce que le peuple, allant au-devant du Saint, s'écriait le » ra-ton ? le ra-ton? voulant dire: l'a-t-on retrouvé ? » RATOUR. Détour. De même en Rouchi.
RATOURNER. Revenir sur ses pas.
RATRAIRE. Donner asyle; retirer.
RATRUCHER. Enlever avec un morceau de pain ou même avec les doigts ce qui reste sur une assiette ou un plat gratter avec une cuiller la bouillie ou la sauce qui reste attachée au fond d'une casserole.
RAUBER. Prendre, ravir, voler. De même en Roman. Congénères: Vaudois, Jurassin et Savoisien, roba; Provençal et Espagnol, robar; Italien, robare; Anglais, rob; Gothique et Allemand, rauben. Watcher, en dérivant ce dernier mot de la Langue des Scythes, fait remarquer que les Perses disent robaden, dans le même sens.-On trouve raubare, en Basse-Latinité. RAUDOR. Espèce de pomme à cidre.
RAVAGE (Béthune). Cage à poulet. -Synon. Chéminaihe. RAVAGER. Délirer, extravaguer.
RAVALER. Remonter. Etymol. du Latin à valle ire. RAVEINDRE. Ravoir, retirer, atteindre. V. Aveindke. RAVELUKE. Petit objet de mince valeur de mauvaise qualité, un brin. A Doullens, signifie rave sauvage.
RAVELUKER. Déraisonner; ruminer des drôleries; faire du bruit en remuant des meubles; battre; dire des impertinences. RAVERDIR. Revenir à la santé.
RAVEUDER. Chercher. Signifie aussi ravauder.
RAVIGOTER. Revenir à la vie, reprendre ses sens. Raviver. De même en Vieux-Français.
RAVISER (se). Réfléchir, revenir sur une détermination. Proverbe Tout bon Pieard se ravise.
RAVISER QUELQU'UN. Le regarder de plus près, plus attentivement. Synon. ERBEYER RELUKER.
RAVIVER. Ressusciter.
RAVOIR. Avoir une seconde fois. Ce verbe n'a que l'infinitif, en Français; il se conjugue en Picard J'raros tu raros os rareumes, is rareun'tent; j'ai re'u que j'reuehe, que nous reyons, qu'is reuch'tent etc.
RAYON. Rideau qui borde une route.
RE Se change souvent en er dans la prononciation des mots qui commencent par cette syllabe ervenir, erconnoite, ertourner, ercanger. Voyez ER dans notre Glossaire.
RÉABATANCE. Rabais, diminution.
REBAILLER. Redonner.- Voyez BAILLER.
REBÉSIR. Répliquer à quelqu'un de manière à lui clore la bouche. Synonyme REMBARER.
REBEUBIR. Gronder, chapitrer.
REBIFFER. Repousser.-Synon. REBROUER.
REBIFFER (se). Se fâcher montrer les dents, se révolter se retourner d'un air rechigné. Ce verbe est employé, en Normand et en Franche-Comté, dans un sens analogue. REBOND. Contre-coup bond. On appelle également ainsi le lendemain ou l'octave d'une fête V. Racroc.
REBONDIR. Se divertir de nouveau huit jours après la fête. REBOULER. Se dit de la terre qu'on dessole ou qu'on fait rapporter trois années de suite renverser les éteuils avec la charrue, pour ensemencer de nouveau.
REBOUTER. Remettre; remettre les luxations. – De même en Berrichon et en Roman dans le premier sens.
REBOUTEUX. Qui guérit les foulures et les fractures. REBROKER. Remettre des brokettes, chevilles; repiquer une couverture de paille ou de chaume.
REBROU ER. Refuser avec rudesse, refuser d'entendre.-Du Bas-Latin reabrogare. Synon. REBIFFER.
REBUKER {se). Se révolter, s'insurger.- Syn. SE REBIFFER. REBOULET. Son de blé.-De même en Roman.
RÉCAUFER. Réchauffer.- Id. en Rouchi et Roman. RÉCAUFOIR. Foyer pratiqué loin des habitations pour faire sécher le chanvre et le lin. Etymologie du Picard caufer. RÉCENT. Qui n'est pas ivre.
RÈCHE. Apre au goût.-De même en Roman.- J. J. Rousseau s'est servi de cette expression dans un sens figuré. –Synonyme Rèke.
RECHIGNÉ. Refrogné de mauvaise humeur.-De même en Franc-Comtois et Roman. – Synon. Mourmache, Regrigné. RECHIMER. Se dit du chou dont on n'a enlevé que la tète et dont le pied reproduit bientôt un nouveau rejeton.
RECHINCHER. Rincer à l'eau claire passer le linge à une seconde eau. Vient peut-être de sincerus, (Horace dit sincerum vas, dans le sens de vase propre) ou plutôt du Latin recencere, revoir, passer en revue. Cette étymologie est confirmée par le Lorrain recensie, qui a le même sens.
RECHINER, ERCHINER R'CHIGNER. Collationner goûter. De même en Roman. – Etym. de re-cœnare dîner de nouveau. Cong. Rouchi, erchener Franc-Comtois recegnena Bar-le-Duc, reciner.
RECHINETTE, ARCHINETTE. Petit repas que font entre eux les enfants, avec les friandises qu'ils ont conservées de leur dîner. Synonyme DINETTE.
RECHOER. Rincer à l'eau claire. V. Rechincher. RÉCHUÉ. Se dit de tout les objets qui, après avoir été mouillés, sont à moitié secs. Synonyme: REssuÉ.
RECONFORTER. Ressembler à, se rapprocher de.
RECORDER. Enseigner, faire la leçon. Id. en Roman. RECORDER {se). S'étudier à, mettre du cœur à.
RECOUÉ. Réchappé, sauvé. Synonyme: Recout et RESCOURT. Du Latin re excutere, retirer par force.
RECOUSSES (terres). Terres que les habitans des rivages reprennent sur la mer, qui les avait envahies précédemment. RECRAND, RECRANDI, ERCRAND. Las, fatigué, harassé de fatigue. Congénères: Rouchi recrant Austrasien, kranté. Eiyiuologie: du Roman recren, recreant. Gr. d'Essigny dérive ce mot de requiem requœrans, qui demande du repos. RECRANDIR {se). Se fatiguer. En Patois Bor. se crandir.
RÉCRÉANCE. Provision judiciaire. (Coutumes de Beauv.J RECTA. Exactement, tout droit.- Mot Latin.
RÉCURER. Laver, nettoyer la vaisselle ou d'autres ustensiles. De même en Rouchi, Rémois et Bourguignon. Probablement du Latin curare, avoir soin.
RÈDE. Vite. – Peut-être de l'Anglais ready, promptement. REFAIRE. Attraper, tromper. De même à Valognes. Vient, d'après M. Du Méril, de l'Islandais refiiaz, dont la signification est la même. – Synon. Queuker, REJOINDRE. REFAITIR. Raccommoder la faîtière d'un toit. En VieuxFrançais, refestir
REFOUIR. Bêcher une seconde fois. Idem en Roman. REFRAIN. Dégoût, répugnance.
REFRAINGNER. Faire à contrecœur. – Dans les poèmes des Trouvères, ce mot signifie s'abstenir de faire quelque chose. REGALISER et REGALER. Unir, polir. Syn. AGALER. REGARDANT. Trop interessé qui regarde trop à la dépense. REGLANCE. Qualité de bien régler ses affaires.
RÉGOLICHE. Réglisse. De même enVosgienet V.-Fr. RÉGOULÉ. Dégoûté, rebuté, fatigué, repu. – Syn. Rapoé. REGOULER. Rassasier, repaître, dégoûter par satiété.Manger avec excès.
REGRIGNÉ. Ridé, froncé. Au figuré, revêche, chagrin, maussade, de mauvaise humeur.-Congénères: Lorrain, grigné, triste; Fr. C. grigne, (id.) Vand. et Gén. gringe, (id.) Bourg. greigne; Roman, grigne, (id.) – Etymologie du Celto-Breton grignous, triste, chagrin. Synon. RECHIGNÉ, MOURMACHE. REGRIGNER {se). Prendre une mine maussade, fâchée. – Id. en Franc-Comt.-Signifie aussi se venger prendre sa revanche. REGUETTER. Regarder avec attention, guetter. REGUIGNER. Faire des grimaces pour se moquer de quelqu'un. -Synonyme: Rejangler.
REGU IN. La deuxième et la troisième coupe de foin. On dit reguinsse, dans le Doullenais. Les droits de reguins sont mentionnés dans nos chartes du xiv.e siècle. On appelait jadis guinsse la première coupe de foin. On nomme par dérision une beauté de regain, une femme qni a plus de trente ans. Syn. Rouain. RÉHU (été). Voyez RÉus.
REIDER. Être engoué de, être amateur de, faire collection de. Ce mot vient du Roman reiderie, engouement. Les reideurs font collection des objets qu'ils affectionnent. Pour se les procurer, ils font parfois des dépenses exagérées. Feu M. Ledieu avait composé, il y a quelques années, une notice sur l'origine du mot reiderie. Nous regrettons de n'avoir pu retrouver ce mémoire dans les archives de la Société des Antiquaires de Picardie. REIDERIE. Engouement pour certaines choses manie de collectionner certains objets. On appelle aussi reiderie l'objet dont on reide.
REIDEUR. Qui reide.
REILLE (Saint-Valery). Ràle de genêt. Syn. ROUSSELET. REINDENNE (Saint-Valery). Flot qui se produit dans un remou de marée. Ce mot pourrait bien être l'onomatopée du bruit que fait la mer à la marée montante à moins qu'il ne vienne du Roman randonada impétuosité, vitesse? REJANNER, REJONGLER. Mimer, contrefaire; se moquer de quelqu'un, en imitant ses gestes, son ton ses allures.Congénères Bourguignon et Franc-Comtois: rejannai, contrefaire.-Du Roman rejanner.-En Bas-Latin,Gannare, se moquer. REJATE. Dur au toucher. Synonyme: Rèche. REJOINDRE. Refaire attraper; rendre le mal pour le mal. RÉJOUI. Gai.-Du Roman esjoui.
RÉKE. Apre, dur, raboteux.– Du Roman rech. Syn. Rèche. REKÈRE. Retomber.- Voyez KÈRE.
REKEUKER. Attraper quelqu'un.-Syn. Refaire, Keuker. REKICHER. Renvoyer brutalement. Synon. REBROER. REKIER. Glaner. Se dit surtout des pommes qu'on ramasse après la vendange faite.- N'y aurait-il pas une parenté entre ce verbe et l'Islandais raka (radere), et l'Anglo-Sax. racjan, {sarculare) ? En Vieil-Haut-Allemand, on trouve recho, râteau et en Allemand moderne, rechen, ayant le même sens. (M. Breuil.) REKINKER (se). Se parer, faire toilette; se poser fièrement surla pointe du pied; se donner des airs, etc. Syn. SE REPIMPER. Ch'ètoait por li qu'ej' m'erkinkoais. (Départ de Lili). RELAKEUX. Bandit vaurien, gueux. V. HOLAQUEUX. RELAN (sentir le). Sentir le gâté le moisi.
RELANCHER. Se retirer. -Synonyme: s'ESBINER. RELAVER. Laver la vaisselle. – Synonyme Récdrer. RELAVEUSE. Femme qui relave. Synonyme LAVEUSE. RELAVURE. Eau qui a servi à laver la vaisselle. Congénères Wallon, relaveure Messin lavure.
RELÉ. Rale-marouette (oiseau).
RELEVER. Faire ses relevailles.
RELIER. Battre le foin.- De même en Roman.
RELIGIEUSE (Saint-Valery). Bécasse variable à tête noire. RELIGIONNAIRE. Dévot, religieux.
RELISSER. Tromper, duper. Synonyme: ENGEIGNER. RELUKER, R'LUKER, ERLUKER. Regarder; regarder en clignotant les yeux; regarder avec complaisance une personne qu'on aime.-De même en Roman. – Congénères Rémois, Beauceron, Normand et Franc-Comtois rester, regarder Rouchi, relouker; Wallon, louker; Genevois, relucher. G. d'Essigny donne à ce verbe une origine par trop métaphysique; il le dérive de relucere parce que dit-il, les corps luisants commandent le regard.- Il vient sans doute de l'Anglais to look.
RELUSER. Amuser. De même en Rouchi. Syn. ARLURER. REMANGLER Mimer quelqu'un le grimer, le contrefaire. C'est une mauvaise prononciation de rejongler. V. Rejanner. REMBARBÉE. Petite gelée blanche. -Syn. RIMÉE. REMBARER. Riposter avec énergie.- Synonyme: REBÉSIR. REMBUKER. Frapper, heurter. Voyez BUKER.
REMEUTE. Terre qui a reçu un gros labour. Du Bas-Lat. remotœ.
REMIR. Se dit de la vache qui fait son lait. Syn. RONIR. REMIRER. Regarder avec attention.-De même en Roman. REMONTÉE. Après midi. Voyez Armonté.
REMONTER. Reprendre son travail après midi.
REMONTRANCE. Ostensoir. Dans presque tous les villages des environs de Béthune, m'écrit M. de la Fons, la remontrance est ornée de croix d'or ou d'argent, de bagues et d'anneaux légués par diverses personnes. Si les curés voulaient s'opposer à cet usage inconvenant, ils soulèveraient une émeute.
REMOTÉE. Petite gelée. – Synonymes: Rimée, Rehbarbée. REMOULER. Aiguiser, repasser sur la meule. De même en Normand. Synonyme: RAMOULER.
REMPIÉTER. Raccommoder le pied d'un bas.
REMPLUMÉE. Tarte faite avec des pommes et du lait bouilli.
REMPLUMER (se). Se remettre bien dans ses affaires. Ce terme populaire se trouve dans le Dict. de Boiste.
REMPOUILLER [se). Regagner au jeu ce qu'on avait perdu. De même en Franc-Comt. -Syn. SE RABIBOCHER.
RENACLER. Reculer, se refuser à. De même en Champ. RENALLER (s'en). S'en aller. Synonyme S'ÉRALER. RENARD (foère ein). Vomir. Synonyme Dégobiller. –Etymologie du Vieux-Français rtnurder. – Renard à le même sens, à Nancy. En Normandie, il n'exprime qu'un rot.
RENARDE ou RENARÉ. Fin, rusé, malin (comme un renard). De même en Roman. Syn. RAFFINEUX, FINOT. RENAYER. C'est le contraire de éclayer. (V. ce mot.)-Au figuré, il se dit d'un homme trempé par une averse, par allusion à l'usage qu'on a de jeter de l'eau dans une cuve éclayée, afin d'en faire resserrer les planches.
RENCLOTURES. On appelle ainsi, dans le Boulonais, les terrains enclos de digues ou de haies.
RENEAU. Ruisseau. (Archives de Beauvais, 1247.)
RENDAGE. Fermage, prix de loyer ce querend ou rapporte une propriété.
RENFIKER. Reficher. – Synonyme Erfiker
RENFORCHER. Devenir plus fort. Synon. EINFORCHIR. RENFORCIER. Excommunier. (Archives d'aras, 1317.) RENGAINGUER (se). Se renfermer.
RENGUIGNIER. Ébrancher des arbres.
RENIR. Venir. -Syncope de reveitir.
RENOUVEAU fauj. Au printemps.
RENTOURTILLER. Mettre du fil ou du coton en pelotte. Etymologie du Roman rentourteiller.
RENTROGNER. Reprendre quelqu'un, lui faire des reproches. RÈPE. Rot, vent. Synonyme: Reupb, comme en V. Franç. RÉPER. Roter. Syn. REuPER, comme en Wall, et V. Fr. REPILLE (m.). Bon repas. Peut-être du Latin repasco, nourrir. Synonyme Gueuleton.
REPILLEUX. Caleux, rude au toucher.
REPIMPÉ. Paré plusque de coutume, qui a fait toilette. REPINSER. Réfléchir. –Etymol. dit Bas-Latin Repensare. RÉPIT DE SAINT-FIRM1N. Droit que payaient à l'Évêque d'Amiens les personnes inscrites sur le rôle de St.-Firmin. REPLAKER. Raccommoder un placage.- Du Romanreplo-
quier. Au figuré, revenir sur des paroles indiscrètes, chercher à détruire le mauvais effet d'une parole ou d'un acte quelconque. REPLONKER. Se dit du velours qu'on reteint.
REPOMER LA BUÉE (Béthune). Laver le linge, le lessiver. REPONOIR (Béthune). Abreuvoir. Synon. Abrijvoer. REPOS. Berceau. Synonyme ERPON.
RESAKER. Remettre dans un sac. V. SAKER.
RESSANER. Ressembler. V. Sanek.
RESSERCIR. Ravauder, faire des reprises.-En Rouchi, rassarcir.- Du Latin resarcire, raccommoder. Syn. Rapsatjder. RESSERCISSEUSE. Ouvrière qui fait les reprises aux étoffes. RESSUER. Essuyer, sécher, faire sécher. – De même en Normand, Rouchi Jurassin Rémois Berrichon et Roman. RESTANQUER. Ecarter, détruire, détourner. (M. Marnier.) RETAPER {se). Se faire beau faire toilette. A Valognea retapé signifie bien habillé. Syn. s'Agincher, se REPIMPER. RETEMPIR. Répondre avec sévérité parler ferme. RETEMPIR (se). Se relever, se redresser, se tenir debout se tenir raide. Synonymes s'Étanfiker, s'Étampir. RETENIR. Entretenir réparer. (Cart. d' Âbbeville 1340). RETERKIR. Repousser, rebuter.
RETOKER. Heurter le pied contre une pierre; retenir un cheval par les rênes.
RETOKET. Hautain, fier; raide, redressé.
RÉTOIRÉ, RETOUÉRE ou RÉTOIRE. (Abbeville). Adjectif qui indique la similitude d'une personne avec une autre, sous le rapport de la physionomie, des manières ch'est sin père tout rétoiré c'est son père tout craché.
RETORTILLER. Battre quelqu'un à coups précipités (comme on bat le beurre quand on le met en tourtelettes).
RÉTOUPER. Boucher.- De même en Rouchi, Wallon et
Roman.-Franc-Comtois, étouper Vaudois,etopar; Hollandais, stoppen; Allem. stopfen; Anglais stop; Ital. stoppare. RETRAIRE. Retirer, donner asile.- De même en Roman. RETRI. Ridé retréci. Idem en Champenois.
RÉTUS. Gentil, mignon.-De même en Roman.-Signifie aussi droit, raide; dispos; rusé.
REUE. Moue. Synonyme MousE.
REUE REULE. Roue. Comme en Vieux-Français. REULETTE (Boulonais). Petite rue. Synon. RUELETTE. REUPE. Rot, vent.-De même en Wall. Rou. et V. Franç. REUPER. De môme en Wallon et Vieux-Français. RÉUS ou RÉYU {été). Être à quia, être à bout, être déconcerté ne savoir plus que dire, que faire. Cong. Rouchi, être au re'hus (ne savoir que dire); Austrasien, faire rehus (mettre quelqu'un hors d'état de répliquer); Montois, être reusse (être dans l'embarras). L'espèce de proverbe habemus confitentem reum a pu donner lieu à cette expression qui est consignée dans le Glossaire de Roquefort, sous cette forme reux, reus qui ne sait plus que dire ou que faire.
REVARDIR. Ressusciter. (Epitaphe du cimetière St.-Denis.) REVELEUX. Rétif. – Amoureux.
REVERTIR. Revenir. Du Latin reverti. Synon. RENIR. REVIR. Revoir. Voyez Vra.
REWART. Inspecteur.
REYAU. Petite raie (poisson).
RÉYU. – Voyez Rêus.
RHABILLER. Habiller de nouveau; dire son fait à quelqu'un médire abondamment de quelqu'un.
RHEUME (féminin). Rhume, fluxion.-Cong. Franc-Comt. Rouchi et Vieux-Franç. rheume; Catal. Espag. Ital. Port. reuma; Angl. rheum. Nous consignerons ici sur ce mot deux
opinions différentes l'une de M. Labourt ancien procureur du Roi, à Doullens, et l'autre de M. Dartois, chanoine de Besançon. Extrait d'une lettre de M. Labourt.
« Rheume, suivant M. De Poilly, vient du Grec pet/fcS. Je crois plutôt qu'il vient de rum, mot celtique qui se trouve ainsi purement monosyllabique dans la langue bretonne (1). Pourquoi a-t-on appelé originairement rum la maladie qui constitue un amas, une congestion d'humeurs sur la poitrine? c'est que ce mot désigne une réunion de parties, une agglomération en général, ce qui est multiple, les diverses parties d'un tout. Par exemple, rum mercin qui signifie une fourmilière, traduit mot à mot, (comme l'observe D. Pelletier), signifie: nombre ou multitude de fourmis. De son côté, le P. de Rostrenen dit que rum doit être traduit par troupe, assemblée de gens, nombre, partie, grande partie. C'est par ce motif que les Bretons nomment une chaine de montagnes de leur pays rum menez you diouchin, c'est-à-dire, grande quantité de montagnes qui se touchent. Il est tellement vraiquerum est une racine, qu'on retrouve ce mot dans l'antique Persan oùreme signifie troupeau, troupe en général. Ainsi non seulement nous trouvons, dans le Celtique, le mot rhume à peine modifié orthographiquement, mais nous savons que la maladie que ce mot désigne est ainsi nommée, parce que elle provient d'un amas, d'une aggrégation, d'une congestion d'humeurs sur la poitrine et que le mot rum signifie effectivement ce qui est à la fois multiple et aggloméré. Il y a plus: le monosyllabe rum signifiant ce qui est nombreux, on devine facilement pourquoi romho signifie, en Irlandais, très-grand, très-nombrtux et pourquoi enfin, dans la même langue, romhor se traduit par extrême, puissant, le plus fort; ce qui explique encore pourquoi le mot 'faiftit signifie (J) V. les Dictionnaires de D. Pelletier, et du P. de Rostrenen et le tome m des Mémoires de Bullet sur la langue celtique, page 325.
force, en Grec. -Puisque je viens d'être naturellement ramené au Grec, voyons s'il ne serait pas possible de retrouver, dans la langue celtique, la racine étymologique de 'ftûftu, rhume et rheume, en tant que ce mot signifie fluxion, comme l'a reconnu M. de Poilly. Et d'abord, qu'est-ce qu'une fluxion, sinon une extension des parties charnues formant une tumeur, une élévation comparative. Or, rum est le même mot que ram, rem, rim et rom. Bullet le repète quatre fois dans le 3.° volume de ses Além. sur la Langue Celtique [1). Or, en Hébreu, les mots ram et rim signifient élévation, haut, élevé, être au-dessus, et ramas, très-haut; raouma, en Chaldéen et en Syriaque, se traduit par hauteur, élévation et chacun sait que ram, en Sanscrit, signifie Dieu, c'està-dire, la grandeur, la puissance même. Dans notre langue, rame signifie 1." des branches placées de manière à ce que certains légumes puissent croître verticalement et former une espèce de tout, en entrelaçant leurs tiges « Ram, dit Court de Gebelin (2) est un mot primitif et celte, dont les Latins ont fait ramus et nous rameau, ramille et ramasse (espèce de chaise à porteur découverte, composée de branches d'arbres, et dont on se sert, dans les Alpes, pour les voyageurs en temps de neige.) 2.° Un instrument de marine nommé rame dont il faut régulièrement au moins une paire: or, les Bretons appellent rum une paire de souliers. 3." Un certain nombre de feuilles de papier composant, sous le nom de rame, un volume assez élevé. 4.° Enfin, arramer est un vieux mot Français qui signifie assembler, réunir. On appelle encore rames des projectiles lancés après avoir été réunis par une chaîne.
« Rim, dit textuellement Bullet (3), signifie cadence, nombreux, (1) Page 295, 312, 318 et 325.
(2) Dictionnaire étymologique français-celte.
(3) Tome m. page 318.
mesure, en Breton; Riwym signifie lien. La rime est une espèce de lien ou de chaîne qui attache deux vers ensemble: de là, le Français rime, l'Italien rima, le Polonais rim et l'Esclavon reime, qui s'écrit raim, en Irlandais. » Le même auteur dit au mot ram: « En comparant ramps, rampsi, rum, rhem, rimp, rym, rhimmwth, rhen, rhyn, on voit que rame rem, rim, rum ont signifié élevé, élévation, au propre et au figuré, tout ce qui est grand, soit en taille, soit en qualité. »
J'ai donc raison de dire, Monsieur et cher collègue, que rum, le même que ram, rem, rim et rom est un mot primitif et celtique qui désigne une agglomération quelconque formant élévavation, depuis la montagne incommensurable, jusqu'à la tumeur, jusqu'à la simple fluxion: or, un rhume est précisément une aggrégation, une congestion d'humeurs formant la fluxion interne. Donc le Grec 'fiûpa le Français rhume, le Picard rheume. l'Anglais rheum, etc. proviennent d'une source commune, non seulement à ces langues, mais encore au Sanscrit, au Persan, au Chaldéen, au Syriaque. Donc cette source peut être considérée comme la langue primitive et probablement celle dont le plus ancien et le plus respectable monument que nous possédions parle, à l'occasion de la Tour de Babel. Donc le Picard rheume ne vient pas du Grec, mais du Celte, qui pourrait bien être le langage primitif refoulé par la civilisation antique dans les forêts de l'Europe septentrionale et notamment dans les Gaules. » Extrait d'une lettre de M. l'abbé Dartois.
« Voici les raisons qui m'empêchent d'admettre l'étymologie celtique de rheume. 1.° C'est une étymologie philosophique et il n'y a pas de plus riches sources d'erreurs que ces sortes d'étymologies fondées sur des inductions. Rheume, d'après la savante dissertation de M. Labourt viendrait de rum, agglomération, parce que le rhume est une aggrégation d'humeurs; ce n'est pas.
ainsi que le peuple fait les langues; il voit la cause ou les effets, jamais un état mitoyen et insaisissable aux sens. Ainsi le rhume est pour lui un refroidissement: Verkoudheid (houd, froid), en Hollandais; kold (kald, froid), en Anglais; un écoulement, un flux d'humeurs: 'ptS/ta {'fta couler), en Grec; hoofdvoed (flux de tête), en Hollandais; un crachement: (nn/a, cracher), en Latin. Mais le rhume, tout extérieur, quant à ses effets, ne peut être facilement considéré comme un amas et n'a pas dû conséquemment tirer son nom de cette cause, occulte pour le vulgaire. 2.° Le Vieux-Français reume, l'Espagnol le Portugais, le Catalan, reuma, le Comtois et le Picard rheume sont un souvenir assez net dn Grec psîftos. On lit dans Joinville: « Me prit la maladie de l'ost, de la bouche et des jambes, et une reume si grant en la teste, que la reume me filoit de la teste parmi les nariles. » Jespère, mon cher collègue, que vous reconnaitrezlà le sens précis de 'ptôft*. » Nous laissons à nos lecteurs le soin de choisir entre ces deux opinions si habilement défendues de part et d'autre.
RIBAUDER. Fréquenter des femmes de mauvaise vie. Du Roman ribaudir débaucher.
RIBAUDET (Saint-Valery). Pluvier à collier interrompu. RIBODIT (Cayeux). Même signification.
RIBOTER. Se griser, se souler, boire copieusement. Du Latin re-potare boire souvent.
RICHUMES. Pages de la cour d'Ancre, en 1392.
RIEULLE (Pas-de-Calais). Vétille.
RIEZ. Terres en friche, mauvaises terres non labourées qui servent de pâturage aux bestiaux.- Idem en Roman. RIFLER. Effleurer.- Idem en Rouchi.– V. Erifler. R1KE A RARE et RIKE à RIKE. A la volée au hasard juste, ni plus ni moins exactement.
RIREDOULE. Festin, bon repas.- Du Roman rick, riche, et oul marmite. Synon. Gueuleton BOMBANCHE.
RIKIKI. Eau-de-vie, liqueur. Syn. FiL EN TROIS, SACRÉ-CHIEN. RIMBARBÉE. Gelée blanche.- En Roman barbelée. RIMBUKER. Battre, rosser frapper.- Voyez BUKER. RIMÉE. Gelée blanche, frimas. Congénères Rou. rimée Anglo-Saxon et Islandais, hrim; Danois, rüm Vieil-Haut- Almand, rime.-Du Septentrional hrim. et non pas du grec Kpvfiiu, être gelé, comme le pense M. de Poilly.
RINCHÉE. Volée de coups. Synon. RACLÉE, TATOULE. RINCETTE. Dernier verre d'eau-de-vie qu'on met dans le café, pour rincer la tasse.
RINCHURETTE.- Synonyme Rincette.
RINCLORE. Fermer clore.- Du Roman raclore. RINDET. Rideau de champ.
RINGAND (Vimeu). Tadorne (oiseau de mer).
RINGOLICHE et RINGOLISSE. Réglisse. Signifie aussi homme gauche.
RINGUE. Rang, ligne, rangée.- Diminntif, ringuette.- Du Roman renc.
RINKE. Tige, filament.- Voyez Rankille.
RINKERI et RINKILLI. Chèvrè-feuille.– V. RANKILLE. RINKILLERIES. Branche de lierre.
RINKILLURES. Plantes filamenteuses. – Voyez RANKILLE. RINKINKIN. Friquet, fringilla montana. C'est aussi le mâle du moineau, fringilla domestica. Par métaph., on donne ce nom aux individus petits et agaçants. (Comm. de M. J. Garnier). RINMANCHER. Remettre dans un état naturel. C'est aussi une expression ironique qui signifie battre, disloquer les membres, rouer de coups.
RINTINKER (se). Se cacher de nouveau avec précipitation lorsque l'on craint d'être aperçu.
RINTINKIR. Diminuer, rapetisser. -Synon. Ratikcher.
RINVELUKER. Battre, rosser.-Syn. BLOUKER, DAUDIFLER. RIO RIOU et RIU. Ruisseau filet d'eau fossé aqueux. Cong. Berrich. riau Rouchi reio Vosg. ru Lang. riou Catal. riu Espag. Port. et Ital., rio.- Etymologie: du Rom. riau, riu. Ruisseau se dit rivus, en Latin et rius, en Celtique. Couler s'exprime, en Grec par ps» et, en Sanscrit, par ry. On donne le nom de fossé blanc ou riou à un chemin creux caché par des arbres touffus, qui conduit à un souterrain percé dans un côteau voisin du village de Blanc Fossé (canton de Crèvecœur). RIOTE. Sourire, plaisanterie. De même en Roman. RIPOPÉE. Salmigondis, mélange d'aliments, goinfrerie; mauvais ragoût.
RISÉE. Plaisanterie, sourire. On appelle risée de soleil un rayon de soleil entre deux ondées. – Synon. Riote. RISIBLE. Rieur, qui fait rire.
RITITI. Chevalier sylvain (oiseau de mer).
RIULE. Règle. fCartulaire de Corbie.)
R'NAYÉ. Mouillé, (rempé d'eau. V. RENAYER.
ROBERT TANTALAN Les enfants de Saint-Omer annoncent par ce cri la fin du carême. Robert Tantalan est le nom d'une ancienne fan.ille qui avait jadis le privilége de conduire le bœuf gras. (Mém. de la Soc. des Ant. de la Morinie, t. v, article de M. EudesJ
ROBILLE. Vieille robe de femme mauvaise indienne. ROBINER. Couler comme par un robinet.
ROCHOLÉ. Trop cuit trop grillé.
ROGNER. Ronger. Synon. Roder, (du Lat. rodere.) ROGNEUX. Galeux, qui a la rogne. Signifie aussi qui a des habits étriqués ou des cheveux trop courts.-Synon. Rognolet. ROGNIE (sing. fém.) Tronçon d'arbre.
ROGUÉ (Boulonais). Poisson qui n'a pas frayé.
ROIE. Sillon.- De même en Wallon, Rouchi, F. Comtois Lorrain et Roman.- Du Bas-Latin rodia.
ROKES. Mottes de terre qui se forment dans les terres labourées et qu'on écrase avec le rouloir ou poutroère.
ROKETTE. Petite motte de terre.
ROKETTER. Jeter des mottes de terre.
ROLÉE DE SOLÉE (sing. fém.) Rayon de soleil. Syn. Risée. ROLETTE (Coulonvillers). Collerette.
ROMIONER. Marmotter entre les dents. De même en Franc-Comtois.- Du Roman rognioner. Synon. MARONER. RONDELOIR. Rouleau. Synonyme: PLOUTROÈRE. RONDIBILIS. Vite promptement rondement. I s'o seuvé rondibilis (xi.e lettre J. Croédur). Synonyme: HABILE. RONIR. Se dit de la vache qui fait son lait. Syn. Remir. ROSIN, ROISIN. Raisin.- De même en Vieux-Français. ROSSIGNOL (Boulonais). Pagellus centrodunctus (poisson). ROT. Rat.- De rodere ronger, d'après Barbasan.
ROTONER. Chantonner.-Syn. ROUTONNER, CHANTROUILLER. ROUAGE. Droit sur les vins.- Du Bas-Latin rodagium. ROUAIN. Foin de seconde coupe.- Synon. REGUIN. ROUBIU. Veau qui vient de naître.
ROUET (Le Crotoy). Cyclopterus lumpus. On appelle ainsi ce poisson parce qu'il tourne sur lui-même, en nageant. ROUF-ROUF (faire à). Faire tout subtilement avec tant d'empressement que toutes les parties du corps sont en mouvement agir sans prendre garde à ce qui se rencontre sur le passage et qu'on pourrait renverser. On donne le nom de Marie Rouf-Rouf, à une femme qui veut tout faire et qui pourtant ne fait pas grand chose ou qui ne fait que de la mauvaise besogne. ROUGÉ (s. m.) Rougeole. Synonyme Rouviu.
ROUGE (Vimeu). Souchet, (oiseau).
ROUGET. Grondin, (poisson).
ROULÉE. Volée de coups. Terme populaire.-Vient du VieuxFrançais roller, bâtonner. -Syn. Raclée, PILE, TATOULE. ROULLÉRE, ROUILLÈRE ou ROULIÈRE. – De même en Comtois Normand etc. On nomme ainsi la blouse des rouliers, ou conducteurs de grossses messageries. Le mot roulier vient du Latin rotulare, rouler, dont on trouve la syncope dans l'Anglais roll le Belge rollen et l'Allemand rollen. ROULOIR. Rouleau pour écraser les terres labourées. – Syn. PLOUTROIR, POUTROERE, RONDELOIR.
ROUMIR. Ruminer.
ROUPIEUX. Honteux, confus. -Synonyme: PENEUX. ROUPILLER. Dormir; ronfler en dormant.
ROUPILLEUX. Qui roupille.
ROUSSELET (Cayeux). Râle de genêt. Syn. REILLE. ROUSSELETTE (Saint-Valery). Chevalier aux pieds verts. ROUSSI. Réservoir creusé dans la cour des fermes pour l'écoulement des eaux qui ont lavé le fumier.
ROUSSIE. Eau qui coule du fumier.
ROUTELLE. Crécelle. – Voyez Rutelle.
ROUTELER. Grommeler. -Syn. Maroner, ROMIONER. ROUTELOIR. Crécelle. Voyez RUTELLE.
ROUVIU (s. m.) Rougeole (maladie). Syn. RouGÉ. ROUYEU. Rouleau. -Synonymes PLOUTOIR, Rondeloir. ROXÉ (subst.) Etre chétif et malingre.
ROYON Rideau éminence. -Id. en Rom. -Syn. RINDET. RU. Ruisseau. De même en Lorrain et Rom.-Voyez RIO. RUBIS SUR L'ONGUE. Parfaitement, admirablement. –De même dans le Nord de la France.
RUCHE. Subjonctif du verbe ruer. Bé à ti qu'a te ruche prends garde quelle ne rue.
RUDEMENT. Extrêmement, grandement, très, fort.
RUELETTE. Petite rue. -Synon. REULETTE.
RUER. Lancer, jeter, frapper. De même en Lillois, Rouchi et Roman. En Normand rucher.
RUIER. « Titre d'un vicaire de Saint-Quentin,» dit D. Grenier.
RURIERS. Prêtres que les chapitres envoyaient dans les paroisses rurales de leur dépendance.
RUSES (avoir des). Avoir beaucoup de mal à faire quelqne chose.
RUTELLE, ROUTELLE, ROUTELOIR. Crécelle. M. Hécart, qui mentionne ce mot picard, dans son Dict. Rouchi, se demande s'il ne viendrait pas de rutellum, racloir, parce que la petite planchette racle le tourillon crénelé, sur lequel on la roule pour occasionner le bruit.
RUTELER. Grogner. -Se dit surtout du porc.
S, SE. Je. S'sens qu'cho me ravigote. (4.e Entretien d'èche franc picard). Synonymes EssE, Ej Euj', CH'. S'. Sa (devant une consonne). Dans nos vieilles chartes, on trouve s' pour sa, devant une voyelle: s'ame, s'aumône, etc. SABAT. Bruit, remue-ménage.
SABLEUX. Sabloneux. -En Languedocien, sablous. SABOULE. Réprimande, correction.-De même en Roman. SABOULER. Gronder, réprimander corriger. De même en Rémois, Lorrain, Franc-Comtois et Roman.-Viendrait, selon Huet, de sabulare.
SABOULER. Faire mal sa besogne sabrer son ouvrage. D'après M. Lorin ce mot viendrait du Teuton sabel, sabre.
s
SABOU RÉ. Sablon blanc. -De même en Roman.- Du Latin saburra, gravier.
SABREUX. Sablonneux.- De même en Rouchi. SACCAGE (un). Un grand nombre beaucoup.
SACCAGER. Briser, casser.- De même en Wallon. SACHER. Jeter. (Coutumes du Beauvoisis).
SACLET. Petite besace.
SAFE SAFRE (Ponthieu). Roseau qui sert à l'empaillement des chaises.
SAFRETTE. Jeune fille vive, frétillante.
SAGETTE. Flèche.- Du Latin sagitta.
SAGOIN. Malpropre. Ce mot, d'un usage général est la contraction de sale grouin.
SAIE. Taffetas. Ceux d'Arras étaient fort en renom. SAINER. Saigner.- De même en Roman. Syn. SANER. SAINGEURE. Sureau.-Synonyme SÉo.
SAINSE (Vron). Colza. Synonyme: Cossos.
SAINT (ed' qué). Pourquoi ? pour quel motif ? en l'honneur de quel saint?
SAINTIU SANTIU SANTIF. Qui se porte bien, en bonne santé sain, salubre.
SAINT-PIERRE. Dorée ou lée (poisson).
SAINT-SOUFFRANT. C'est le nom qu'on donnait à la marotte d'un officier du prince des sots, à IIam. Elle était composée de chiffons noircis à la cheminée. On la faisait baiser pendant les jours gras à toutes les femmes qui entraient au marché. Mais elles pouvaient par une légère offrande se racheter de cette obligation. (V. M. Rigollot Monnaies des év. des fous, p. 38). SAKÉ (mal). Mal vêtu (comme on le serait dans un sac). SAKELET. Petit sac.- Du Tudesque sackel.
SAKER. Tirer d'un sac, ôter; tirer à soi dégainer.- Con-
génères à Valenciennes, Rouen et Rennes, saker; Espagnol, sacar. Etymologie: du Roman sachier, dérivé du Celtique sacha.- Chaca a le même sens, en Hébreu.
SAKERLOTTE, SAKERGUÉ et SAPERLOTTE. Espèces de jurons.
SALOP. Saligaud. – Demême en Wallon et Roman.-On donne la qualification de salope à une femme malpropre débauchée. SAMEDIS AUX TRIPES. Nom qu'on donne aux samedis -entre Noël et la Purification, où il est permis de faire gras. SAMEJON. Petite sotte. Terme de reproche.
SANDRINETTE. Serre-tête. De même en Rouchi. SANE. Bien. – De l'Italien sano.
SANER. Guérir. Comme en Roman. Cong. Normand et Rouchi, saner: Auvergn. et Lang., sana; Espag. et Portug. sanar; Ital. sanare.-Etymologie: du Latin sandre. SANER. Sembler. – Id. en Bourg., Lorr., Roue, et Rom. SANER. Saigner. Du Roman sainer.
SANGSUE. Petite rigolle qu'on pratique dans les prés pour l'écoulement des eaux.
SANGSURNE SANGSURE, SANGSOURDE. Sangsue. SANS ARRÊT (un). Étourdi, qui ne peut se tenir en repos. SANSONNET. Étourneau oiseau qui apprend facilement à thansonner.
SANVRE. Senevé Dans quelques localités, comme à Vron, ce mot signifie colza.
SAQUOI (un). Un je ne sais quoi quelque chose que ne sait désigner d'avance la personne qui parle. On dit, dans le même sens, sequoie, à Valenciennes, et saka, à Lons-le-Saunier. SARCÉ (Vimeu). Sarcelle d'hiver. Synon. TRUFLEUR. SARKEU, SARKEUL. Cercueil. Cong. Franc-Comtois, sarkeu; Allem., sarg. – Etym. du Roui, sarkeul sarkus dérivé du Lat. sarcophagus. (m*p*o> çaya.)
SARKETTE SURKETTE. Souricière. Peut-être du Latin carcer, prison adoucissez le son du premier c et durcissez celui du second vous aurez sarker, d"où nous aurions fait sarkette. SART. Champ. De même en Roman.
SATANITE (Vimeu). Oiseau des tempêtes. Syn. ÉCAILLETTE. SAU. Saule. Etymologie du Roman saus.
SAU. Saoul, ivre.-Id. en Wal., Rouchi, Bourg. et Vosg. SAUT. Chaleur, rut.
SAUTE. Étable. En Auvergnat souda.
SAUTERELLE (Abbeville). Crangon vulgaris. Ce mollusque s'appelle grosse à Saint-Valery crevette à Paris sautieot à Bayeux et salicoque dans quelques Provinces.
SAVART. Terre inculte.- De même en Roman.
SAVELON. Savon.- Idem en Lorrain et en Roman. SCIAU. Seau.-Idem én Lorrain.
SCIEU. Suif. (Cartulaire d'Amiens 1304).
SE. Sa. (Archives de Soissons, 1261).
SE. Si.
SÉ. Sel.– De même en Rouchi.
SÉ. Sec. En Roman ses.
SÉAGE. Espèce de banc entouré d'une balustrade sur lequel on pose la grosse vaisselle.
SÉCAN. Quelque. Synon. Quéqde.
SEILLE. Grand seau où se met ordinairement l'eau à boire. De même dans beaucoup de Provinces et en Vieux-Français. V. Du Cange, à situla. En Prov. et Port sehla. SELON. Le long. (Amiens, 1373). Terminé par un C, ce mot a le sens de selon. (Cart. de Moreuil 1249).
SEMAINE PENEUSE. Semaine sainte. (Coutumes de Beauvoisis, chap. 22 p. 22). Littér. semaine des douleurs. SÉMINAUX. Sorte de pâtisserie, composée de fleur de
farine et d'œufs. On lit dans une délibération de la ville d'Amiens, du 5 juin 1458 « Il est deffendu aux boulangers de faire des séminaux, pour ce que les œufs en encherissent et si n'en est pas le pain blanc si bon et est plus brun parce que les dits séminaux sont faits de le fleur de farine ou du cuer du blé. » SEMISON. Temps des semailles.- Du Roman semoison. SEMONCE. Assignation. (Coutumes du BeauvoisisJ. SENERONDE. Goutière canal. – Syn. Noc.
SEVENIENT. Heureusement que bien est advenu que. SENTE. Sentier.- De même en Normand et en V. Français. Etym. Du Latin semita. Synonyine Piéchinte, Voyette. SETIERCE. Septier. (Jlontdidier, 1258).
SERANT (tout). Tout près de. Cette expression correspond à l'Italien rasente, proche de. -Etym. du Français serrer. SÉRER. Fermer.- En Espagnol, cerrar. Syn. CLOURE. SEREUR. Sœur. (Moreuil 1245).- Du Latin soror. SERFS DE LA VIERGE. C'est le nom que se donnaient, au xii." siècle, les moines connus sous le nom de Blancs-Manleaux. SÉRIE. Assemblée du soir uù les femmes s'occupent à filer. – Du Latin serus, soir. Synonyme: VE6PRÉE.
SERORGE. Fils de la sœur. (Noyon, 1227.) Du B.-Latin sorarius.
SEROUGE. Beau-frère. (M. Marnier.)
SERRE-FRONT. Serre-tête. Synon. Sandrinette. SERVEUX. Aide, ouvrier. De même en Roman. SERTE. Salaire. Du Roman déserte.
SESSIAMES, SESSIONES. Corruption du mot sept pseaumes. Prières pour les morts récitées par des enfants moyennant deux liards. On les fait dans le cimetière, A l'heure des vêpres le jour de la Toussaint, en présence des parents qui les écoutent à genoux sur la tombe de la personne qu'ilsregrettent et pour laquelle
ils font prier. Ceux qui refuseraient de faire dire des sessiones seraient vus de très-mauvais œil. Cette usage subsiste encore à Feuquières.
SÉU. Sureau. Congéneres: Lorrain, Berrichon, FrancComtois et Dauphiné seu; Génevois et Vaudois, saü; Jurassin, sou; Wallon, saou; Languedocien, sahuc; Provençal, saug. Etymologie: du Roman seu, dérivé du Latin sambucus. M. Du Méril pense que ce mot vient du Celtique. A Roye, on dit seuy. SEU. Ivre, saoul. Du Latin satur qui a passé par les mutations suivantes satur satullus satul satoul, sadoul saoul, soul, sou, seu.
SEUCER. Battre à satiété. -Syn. BUKER, ESCARPOGNER. SEUDARD. Soldat. Voyez Soudard.
SEULIER. Grenier.-Synonyme: GUERNIER.
SEULET. Soulier. V. SOLA.
SEULIN. Poutre desolive.- De même en Roman. SEUR.' Sur. (prép.) – De même en Roman.
SEYME. Graisse. Du Bas-Latin sevum, graisse de porc. SI. Cette conj. s'élide quelquefois devant une voyelle: s'os allons, si nous allons.
SIE. Vessie à tabac.
SIESSE. Merise, espèce de cerise.
SIET. Prononcé d'une seule syllabe, siet est une particule affirmative. Prolongé par la prononciation c'est une exclamation de refus et de dédain. Henri IV se servait souvent de cette locution. (V. Tablettes historiques des rois de France.) « Siet, dit M. Ampère répond au si è des Italiens (il en est ainsi) employé exactement comme si, il montre l'origine de cette affirmation. » SI FAIT, SI FOUET. Réponse de redressement à une phrase négative.-Elle est considérée comme beaucoup plus honnête que si tout court. Il en est de même dans le patois du pays Chartrain et de l'arrondissement de Valognes. Cette forme de négation
dit M. E. Du Méril, est d'autant plus remarquable que, dans les poèmes dialogués de Boswitha si est employé comme particule négative.
SIFLEUR (petit). Garot. (oiseau).
SIGILLIER. Garde sceau. – Du Latin sigillum, sceau. SIGNET. Bague avec un châton.
SIMPLET. Idiot, niais, qui a un grain de folie. -Syn. Niche. SIN ou SÈN. Son (pron). Cong. Flamand et Rouchi sèn Berrichon, sin.
SINGLE. Simple. En Roman sangle qui s'est conservé en Normand. Vient de l'Anglais single ou du Latin singulus ou du Celtique cengl.
SINS. Sans. – Cong. Jurass., sins; Esp. sin.-Du Lat. sinè. SINTE (qu'il vaudrait mieux orthographier simte). Sentier. Du Latin, semita. – Synon. SENTE, Piéohintb, Votette. SIR [jucr au). Jouer au cheval fondu.
SIROT. Guignard. « C'est un oiseau échassier du genre du pluvier, particulier au pays Chartrain. Jean Guignard, bourgeois de Chartres, fut le premier qui en 1542, en fit connaître la délicatesse. En mémoire de ce service, les gastronomes de l'époque donnèrent à cet oiseau, que les Amiénois appellent sirot, le nom de l'amateur qui avait découvert ses excellentes qualités. » (Roquefort. Dict. e'tym., t. n.)
SISSITE(faire). S'asseoir. Terme enfantin.
SIT NOMEN (du). De l'argent. On sait que les pièces de monnaie portaient jadis pour inscription Sit nomen Domini benedictum.
S'N. Son (pron.) (devant une voyelle ou un h muette. ) SOBIOT. Sot. Syn. OBLOT, NIVELET, PAGNAGNA. SOÈLE. Mensonge. Syn. Gausse, Mintirie.
SOÈLE. Mûr. Se dit d'un fruit rougi par le soleil ou d'un fruit à coque qui se dépouille facilement de son écaille.
SOÈLE. Superbe, magnifique, énorme. Adjectif qui emporte une idée superlative.
SOEURETTE. Petite sœur.– Il y a dans le canton de SaintValery, un bois nommé Bacchan Sœurettes. La tradition prétend que chaque nuit, des Fées nommées sœurettes ou petites sœurs, y exécutaient des danses analogues à celles des Bacchantes delà, le nom de Bacchan-Sœuretles. La chronique ajoute qu'après avoir exécuté leurs danses elles s'envolèrent en laissant tomber une coupe d'or destinée au propriétaire du bois. Mais, comme le dit M. Delegorgue-Cordier, à qui nous empruntons !ous ces détails:
Mais vainement, dans toutes les saisons,
On explora les bois et les gazons
Pour l'y chercher: cette coupe admirable
Jusqu'à présent est restée introuvable.
SOIFFEUR. Qui a toujours soif, qui boit souvent. SOILE. Seigle.-De même en Franc-Comtois, Rouchi Austrasien et Roman. – Synonyme Seigde.
SOILÉ. Qui éprouve la soilure.- Voyez ce mot.
SOILEUX. Seigleux.
SOILURE. Echauboulure.- De même en Roman. – On est soilé quand la chair, par suite d'un frottement quelconque s'écorche dans sa superficie et s'enflamme. Etymol. Du Lat. solutus, dissous, coupé.
SOIRÉ. Hareng-saur. – Syn. Crakblot, BOUFFIS. SOL A SOLE, SOULE ou SORLÉ. Soulier. – Congénères Rouchi sorlé; Vosgien, solet; Lorrain soulé Messin sollée Borain solé Franc-Comtois, soula; Poitevin, soûlai; Basque, soleta liai. soletta.- Etym. du Lat. soletus ou du Bret. sol. SOLAR. Sot, niais. – Synon. Oblot, Godichon.
SOLE, SOLEU, Soleil.- Congénèret: Berrichon, soulé; Li-
mousin soulei Lorrain, soulé; Lithuanien, saule Italien sole.- Du Latin sol. On prononce Solaignë à Béthune. SOLE BOS. Crépuscule. – Littéralement soleil bas. SOLE, SOULE. Espèce de jeu. Voyez Chole et CHAULLE. SOMMIER. Poutre.-De même en Rouchi, Norm. et V.-Fr. SONGERD. Pensif. Du Roman songeard.
SORCHERON. Breuvage fait par sortilège.
SORE. Jaune.
SORLÉ. Soulier; de même en Rouchi. Voyez Sole. SOSOT (prononeez çoço). Niais, godiche. Syn. Dadais. SOT. Fou. – Synonyme Toké.
SOTTE (Cayeux). Combattant femelle (oiseau).
SOTTES (avoir les mains). Avoir l'onglée. Syn. PIQUETTE. SOUBITE. Mort subite.
SOUCARD (Artois). Sournois.
SOUDARD, SEUDARD, SOUDERD. Soldat. – Congén. Bourguignon, souder; Lorrain, soudère; Franc-Comt. soudard; Anglais, àouldier. Caseneuve et le docteur Jonhson font venir soldat et souldier de solidus, monnaie dont os payait les gens de guerre. Barthius, Vossius, Ferrari et Saumaise le dérivent de solidare, solder; Cujas, de l'Allemand sold; Camden et Pasquier, du Celtique. « J'ayme mieux, dit ce dernier (recherches, 1. vin, ch. n.) puiser ce mot de noz Gaules, que de Rome, comme font quelques Escoliers latins, quand ils le disent prenant sa source à Solidis, quasi Solidariis, et que de la soulde qu'ils prennent vient qu'ils sont ainsi nommez: Comme si les Gaulois qui n'avoient auparavant aucune habitude avecp. les Romains, eussent été emprunter de leur langue un nom de leur principale police: De moy, je veux croire que du Souldart Gaulois vient celuy de soulde, soMvyer eisouldoyement- Parce que nous n'employons le mot de soulde que pourles Soldats, et si on l'avait emprunté du Latin, il
iroit aussi pour toute autre sorte de payement qui se feroit en argent, ce que nous ne pratiquons pas. La solde doncques fut ainsi dite, parce que le Souldart s'employant pour son Seigneur en la guerre, et méritant quelque récompense soulde ou souldoyement,on appela cette récompense soulde. »La remarque de Pasquier, en nous prouvant que la signification desolder, dans le sens général de payer une dette est d'une date récente, nous confirme dans l'opinion que le V.-F. et le Picard soudard dérivent du Celtique sodyon. On trouve dans le poème du Graal l'expression sodierqui se rapproche plus de soydion que soudard: Est li sodiers mauvais qui s» part de son signour sitôt qu'il a ses sodées reçues. SOUFLER AU CHARBON. C'est ainsi qu'on appelait, au xv.« siècle, le jeu si connu aujourd'hui sous le nom de petit bonhomme vit encore. On se servait d'un charbon au lieu d'alumette. On lit dans l'Histoire de Jehan d'Avennes: et quy moult me plaist, on y fait beaucoup d'aultres choses comme de dire des fables, se jouer souflerau charbon. (Chabaille, Hist. de J. d'Avenues, p. 20) SOUGÉS. Vavasseur. (Coutumes de Beauvoisis.)
SOUGLOT. Hocquet.-Cong. Rouchi souglout; Bas-Lim. senglou; Gascon, sanglot; Langued. sanglout. Etym. du Roman sanglout, dérivé du Latin singultus.
SOUILLON. Femme sale, malpropre.-De même en Roman. SOULAGE (féminin). Soulagement.
SOULARD. Ivrogne. De même en Champenois.
SOULE. Espèce de jeu.- Voyez Chole et Choulle. SOURDER. Soupeser.
SOUSCLAVE. Fausse clé.
SOYE. Scie.
SOYER. Scier. Comme en Romau. – Cong. Roue. soyer; Lorr. sayi; Wall. so'i Franc-Comt. soyie.
SOYEUX. Scieur, moissonneur. – De même en Wallon.
SOZ AAGE. Mineur. (Beaumanoir.) Littér. sous age. SOZESTABLI. Procureur substitué. (Beaumanoir.) SPONDE. Pelée. (Archives d'Amiens, 1448.)
STAPENDANT. Cependant. Ce mot est ainsi orthographié dans plusieurs chartes; Froissart l'emploie très-souvent. C'est une abréviation de ce temps pendant (hoc tempore pendente.J STERNER. Renverver.-Du Latin sternere.-V. ESTERNER. STICtII. Celui-ci. Du Latin est hic.
STILO. Celui-là. Du Latin est Me.
SU (««/'). Je suis. Le m qui dans la langue romane se détachait si facilement de la terminaison des mots latins, a laissé su, en se séparant de sum.
SUÇON. Lançon, (poisson).
SUEUR. Savetier, cordonnier. Du Latin sutor. SUIRE. Suivre.-De même en Borain, Rouchi, F. Comtois, et Roman. Le participe Picard est sui, tandis que, dans la langue Romane on trouve presque toujours sieui, siui.
SUPITER. Tourmenter. – Syn. FOIRE ENDÉVER.
SUPPORTÉ. Se dit d'un objet qui n'est plus neuf. Cet adjectif ne devrait s'appliquer qu'aux vêtements.
SUPRÉCOT. Ce qu'il faut payer au-delà (suprà) de l'écot. SURKER. Guetter. En patois de Cherbourg et en VieuxFrançais, nurguer. – C'est une crase de sur-guetter. SURKETTE. Souricière.– Voyez CHURKETTE.
SURPIQUET. Sobriquet.
Jamoais je n' conte ed mintiries,
Ch' qui m' veut P surpiquet d' Franc-Picard.
Ein travaillaint ej gagne m' vie,
Sins pour cho dev'nir ein richard. (Aveux du F. Picard). SURQUE DENT. Cure-dent. (Cartulaire de Senlis, 1503), SUS. Suif.
SUS (prononcez su). Sur, (préposition). De même en Berrichon et Roman.
SUTÊME. Sécheresse, temps qui fait sécher. – V. Essu.
T'. Ta (devant une voyelle). -Synonyme: ET'.
TABIEU. Peu intelligent. -Syn. CAHOUITE.
TACHETEURE. Maintenant. V. Asteurb.
TACON. Pièce qu'on met à un habit ou à un soulier. De même en Vaudois, Langued., Catal., Rom. et Celto-Breton. TACONER. Raccommoder des vêtements ou des souliers.Congén. Rouchi, taconner; Lang., tacouna; Catalan, tacounar. TACOIN. Coup de poing fermé. Syn. ATOUT, TORGNOLE. TAHOUITE. Qui a l'esprit étroit.– Synon. CAHOUITE. TAIGUE. Plainte.
TAIGUER. Se plaindre.- Signifie aussi tousser. En Normand, taigner.
TAKE. Place, endroit.- De même en Franc-Comtois. TAKE. Tache, souillure; comme en Roman. – Congénères Espagnol, taca; Italien tacca. – Du Celtique take.- Le gué de Blanque-Taque, par où passèrent Edouard et l'armée des Anglais, était ainsi nommé parce que le fonds de ce gué était composé de gravier, qui y formait des taches blanches. TAKE. Plaque ou conlrecœur de cheminée.
TAKEIIAN. Coalition d'ouvriers. Au xiu.e et au xiv.e siècles, il se formait souvent, dans les villes industrielles du Nord des coalitions d'ouvriers qui s'insurgeaient contre leurs maîtres etl'autorité communale; ces émeutes étaient parfois sanglantes. En 1279, un takehan se forma à Douai, parmi les tisserands, parce
T
que les échevins voulaient prélever un impôt inaccoutumé sur les draps. Un soulèvement beaucoup plus considérable eut lieu, vers la même époque, à Arras. Ce takehan souleva la commune contre les échevins et la bourgeoisie et occasionna de nombreux désordres. – Voyez Recueil d'actes des xn.e et xm.e sièeles en langue romane du nord de la France, par M. Tailliar, page 119, et les Olim publiés par M Beugnot, tome n page 245. TALEUDER. Presser quelqu'un de faire quelque chose. TALEURE. Tout à l'heure. De même en Lorrain Champ. et Rouchi.
TALOT(Bélhune). Maladroit, bête. Synonyme HORTOPLOT. TALVAS. Sorte de bouclier qu'inventa un comte de Ponthieu, au commencement du xm.e siècle il était surtout destiné à garantir des flèches des archers et des arbalétriers. TAMPON. Bondon de tonneau.
TAMPON (faire). Faire bombance. Syn. Nocer GODAILLER. TAMPONE. Ratatouille.
TAMPONE. Femme courte et mal bâtie.
TANIKER ouTAMIKER. Frapper coups précipités; TANNER. Chagriner, impatienter. Terme populaire d'un usage général.
TANTIAU: Pauvre diable; imbécile.
TANTINET (un). Un peu. -De même en Normand et V.-Fr. – Du Latin tantillt'im, diminutif de tantùm.
TANT PUS. Plus.-En Vieux-Français, tant plus. TANT QU'A MI. Quant à moi. Synonyme Por mi. TANT SANS PUS. Presque pas, seulement, plus. 1 n'y o tant sans pus qu'eine demi heure, il n'y a qu'une demi heure. Signifie aussi certainement. Je n'irai point tant sans pus. TANT SEULEMENT. Seulement. Cette locution aujourd'hui condamnée se trouve dans les meilleurs écrivains du Moyen-àge « Se nous sommes chi tant seulement cinq jours. » (Ville-Hard.)
TAPÉE. Grande quantité. – Id. en Lor. Rouchi et Normand. TAPETTE. Espèce de jeu qui se fait avec des sous qu'on tape de champ contre une muraille.
TAPIN. Tambour (parce qu'il tape sur sa caisse).-De même en Normand, etc.
TAPINOIS (en). Un passage des Mémoires chronologiques de Decourt, nous apprend que cette expression d'origine picarde, n'était pas encore admise, en Français au xvm.' siècle. TAPOTER. Frapper des petits coups.
TARLEINTEUX. Lambin musard. Syn. Lanternecx. TARTEAU. Domestique de ferme qui s'occupe spécialement des bestiaux.
TARTERONE. Petite tarte à pomme qu'on nomme aussi chausson.
Si viendront les filles d'Orchies
Qui ont main et pattes noircies
De faire tarterons dorés
Wattelets et flancs mal arrés, (Faitz et Dicts. de Molinet f.° 240.) TARVENOT (le Crotoy). Hirondelle de mer.-Syn. PUVERET. TASSE. Bourse du mayeur d'Abbeville. « Lorsque le système municipal florissait dans la ville d'Abbeville dit M. A. de Poilly, le mayeur, pour marque de son autorité annuelle, portait, attachée à sa ceintnre, une bourse violette à fermoir d'argent, nommée tasse laquelle avait nécessairement plusieurs compartiments ou divisions puisque ce magistrat y conservait le sceau de la cité y renfermait les dépêches de la cour et y déposait les placets qu'on lui remettait quand il parcourait la ville. On a, dit-on, souvent disputé sur l'origine et la signification de ce nom. Voici notre opinion à cet égard.
« L'usage de porter la ceinture, à défaut de poches, de grandes bourses ou sacs avec ou sans compartiments, qui a duré fort
avant dans le moyen-âge se trouve déjà établi dans une très haute antiquité comme on le voit par la défense que faisait Moïse aux Hébreux, d'avoir dans la même bourse deux poids, l'un plus faible, l'autre plus fort. Il ne paraîtra donc pas étonnant que nous fassions remonter le même usage dans le Ponthieu, à l'époque bien plus rapprochée de notre temps, où les Massiliens couvraient ce pays de leurs établissements de commerce, ni que nous demandions à leur langue l'explication de ce nom Tasse, que nous croyons, du reste, avoir été alors, dans ce coin de la Gaule, celui de toutes les bourses du même genre. » Cette explication, nous la trouvons sans peine en dérivant tasse de rào-u-u je range, je mets en ordre; en sorte que ce nom, en faisant allusion aux diverses cases qui occupaient l'intérieur de ces espèces de sacoches, les distinguait assez des autres bourses qui étaient dépourvues de ces compartiments. » (Mém. sur une Colonie massilienne). Une étymomologie moins éloignée peut se trouver dans le Flamand tasse ou dans l'Allemand tasche, poche bourse.- Tasse signifie aussi gibecière.
TASSET. Pièce de rapport cousue à un habit, à un soulier, etc. Synonyme TAcoN.
TASSETTE. Plante, thlaspi, bursa pastoris.
TASSETEURE. Maintenant. Voyez ASTEURE.
TASSEULEMENT. Seulement. Synonyme TANT SEULEMENT. TASSIEU. Reprise mal faite.
TASSIS. Aire de grange.
TATASSE. Tatillon, qui entre dans des détails inutiles. TATE MES GLAINES. Mot à mot tate mes poules. On désigne par là un homme qui s'occupe de certains ouvrages qui sont réservé» aux femmes. – Synonyme TITISSE.
TATIGUÈNE. Espèce de juron. Synon. Parqdène. TAT1LLER. Tatillonner.– De même en Lorrain.
TATOULE. Femme qui n'a pas d'ordre.- De même en Rouchi.- Ce mot signifie aussi volée de coups de bdton. TAUDE (Boulonais). Appui d'un levier.
TAUDION. Maison malpropre, taudis. Du Cange dérive taudis de tuldum désordre que fait dans un camp le bagage des troupes.
TAULE. Table. – De même en Bourg. Rouchi Vosgien Roman et Celtique. -On dit taula, en Géorgien.
TAVERNIER. Cabaretier. – De même en Vieux-Français. TAWAIS. Homme lent et d'un esprit borné qui a des habitude de commère. – Synonyme Commerlandier.
TAYON. Aïeul. De même en Normand. Dans la coutume Boulogne, les vieux chênes sont appelés chênes tayons. Ce mot avait jadis la signification de oncle comme le grec hua-. Theie signifiait tante comme le 6tiu des Grecs. Une mutation de sens analogue a eu lieu dans le Français neveu (nepos, petit-fils), dont la signification actuelle ne remonte qu'au xviu.e siècle. On voit par une note de Marot que de son temps, tayon signifiait déjà grand'père. « Tayon, père grand, en langage Picard, duquel » Paris tenait plus lors que à présent. »
TCHER. Tomber. Voyez Kère.
TCHEUR. Pononciation du mot cœur, dansl'Amiénois. TCHÈN. Pron. du mot chien dans le Santerre.-Voyez KIEN. TCHIOT et TCHITCHIOT. Petit. Voyez TIOT.
TE. Toi (régime). Lanche te dins tin calit.
TE. Ta (devant une consonne). Où qu'o t'oprins te besache. TÉ. Aphérèse de été (participe.)
TÉ. Te. Euj té connois.- Synonyme T'.
TÉGUER. Faire des efforts. -Ne pas trouver aisément ce qu'on veut dire. – S'arrêter en parlant, bégayer. – Balancer sur le parti qu'on doit prendre.
TEIGNON. Gourme.
TÉLE. Terrine.-De même en Roue.-Syn. GAMELLE,TÉLOT. TELLIER. Fabricant de toile. Du Latin tela, toile. TÉLOT. Voyez TELE.
TÉN. Ton. Cette ortographe mén, tén, sén etc. serait peutêtre préférable à celle que nous avons adoptée min, tin, sin, etc. TENDEUX. Oiseleur.
TENÉ (petit). Milloin (oiseau). Synon. PILET.
TENÉ. Fatigué, lassé, ennuyé. M. de Poilly donne à ce verbe une étymologie assez harsardée « de Tttvofitt!, je m'étends; c'est l'effet pour la cause. Le lexique d'Hérédic donne à ce verbe moyen une signification qui approche beaucoup de celle que nous lui attribuons ici ritvtfial, dit-il, occupor, icd cum tœdio, distendor. » (Mém. sur une colonie massilienne.)
TENEPPE (Béthune). Guêpe.– Syn. Vèpe.
TERCHEU. Son, gros son. Peut-être de ter, trois fois, cheu, tombé. On dit tercoeil, à Béthune; c'est l'ancienne orthographe romane.
TÈRE. Tendre. Se dit surtout en parlant des fruits et du pain. C'est une contraction du Latin tener.
TÈRELLE. Tarière.
TERGER. Tarder, différer. Du Rom. targer. V. ATARCER. TERMOYEUR. Prèteur d'argent.
TÉROU. Martinet, hirondelle qui fait son nid dans les térelles, c'est-à-dire dans les lieux d'où on tire de la terre pour faire du mortier.
TERRAGE ou CHAMPSART. Droit de gerbe de blé ou de légumes que le seigneur de la terre prend sur le champ, avant que le laboureur enlève son blé. (M. J. Maruier.)
TERRIER. Ce mot qui, en Français, signifie le trou que lea renards, les lapins et quelques autres animaux font dans la terre
pour se cacher, a un sens plus étendu, en Picard. Il est synonyme de souterrain. On communique par l'église d'Andechy (arrondissement de Montdidier) à un vaste souterrain un des piliers porte cette inscription datée de 1600 entrée du terrier. TERTIN. Paille menue qu'on donne aux moutons. TERTINS TERTOUS. Augmentatif de tertous.
TERTOUS ou TRETOUS. Tous.- De même en V. Français. Le mot tout ne parait pas être de nature à recevoir uue forme comparative ou superlative. Nos pères croyaient pourtant lui donner plus d'énergie par l'addition de ter ou tre. C'est dans le même but que les Grecs, disaient Tftfiiyurroç ter maximus. C'est ce que Patru appelle une locution superlativement superlative.
TESTICOTER. Contester discuter. Du Latin testis, témoin. TÈTE. Sein mamelle. Congénères Rouchi et Wallon tette; Languedocien tetti: Espagnol teta.-Du Celt. teth. TEULE. Tuile.-De même en Roman et Bas-Breton. TEUMETTE. Culbute.
TEUPE. Taupe.-Locution Picarde: envoyer cacher à teupes, faire mourir, envoyer dans le royaume des taupes.
TEURCELER. Entrelacer.
TEURLIR. Reluire.
TEUTER. Elayer
TEUTTER. Frapper. On serait tenté de croire que ce mot vient du Grec tvxtu. Synon. Bdker, ACHEINDRE. TIIEYE. Tante. Voyez TAYON.
THIERCH EN THIERCH JOUR..On entendait par là, les ajournements à trois briefs jours contre les délinquants. (Couumes du Ponthieu par Deleguorgue, art. 156).
TI. Toi, à toi.-De même en Rouchi Lorr. Espag. Port. Bohémien, Esclavon, Vieux-Français, Roman et Celtique.
« En 1494, Catherine de Lice, habitante du faubourg SaintPierre, rendit infructueuse la tentative faite sur Amiens par l'empereur d'Allemagne. Cette héroïne, ayant remarqué que les Autrichiens se glissaient, à la faveur des ténèbres, contre les murs de cette ville s'élança aussitôt à travers leurs bataillons sur le bord du fossé, d'où elle cria de toute sa force, en patois Picard, à la sentinelle: Hé! guet prins garde à ti. Cet avertissement ne fut point inutile aussitôt la cloche d'alarme se fit entendre les Amiénois coururent aux armes et précipitèrent en bas des murailles les soldats de Maximilien. » (Notice sur la ville d'Amiens par MM. H. Dusevel et R. Machart.)
TI? Particule interrogative qui s'ajoute au verbe. J'irai-ti ? P Irai-je ? Os croyez-ti croyez-vous ?
TIACHE ou TIASSE. Coriace, difficile à couper Quéviainde Hache autant mier des semelles cà" soles.
TIBIAU (Boulonais). Bâton de berger de vacher.
TIENNE (eu!), Le tien la tienne. Se dit pour les deux genres. TIERCH'AINE. Fièvre tierce. De même en Roman. TIEX. Tel. (Coutumes du Beauvoisis.)
TIGNASSE. Chevelure en désordre. Ce terme populaire est mentionné dans le Dict. de Laveaux. II dérive peut-être de teigne.
TIGNEUX. Qui a la teigne.
TIGNON. Chardon.
TIKETER. Marquer de petites taches. -Synon. Taketé. TILE. Terrine. Synonyme Tèle.
TILLE. Partie la plus déliée de l'écorce de l'arbre écorce du tilleul servant à faire des cordes à puits.
TILLE. Outil de charron.
TI L VOT. Chevalier aux pieds verts (oiseau). Syn. ROUSSELETTE. TIMONAGE. Droit de transport.
TIMPE. A bonne heure. Il est coire timpe, il est encore matin. -Etymologie du Latin tempus temps.
TIN. Ton. -De même en Berrichon.
TINCHER. Tancer, gronder.
TINCHEUX. Grondeur, méchant.
TINÉ. Gros bâton servant à porter un fardeau; sorte de levier pour porter un seau.
TINETTE. Petite cuve en bois.
TINTOUIN. Embarras, casse tête, inquiétude.
Qu'os n'ayèche
Point de chagrin
Ni de tintouin. (Souhaits de J. Croédur.)
Tatin avait le même sens en Vieux-Français.
TIOT. Petit. Abréviation du Roman petiot, dérivé du Vieux-Latin petilus.
TIOTAIN, TIOTAINE. Très-petit. Syn. Tchitchiot. TIPHAINE. Épiphanie.
TIRANDER. Tirailler.
TIRE-PANCHE. Compassion émotion, sensibilité. Ce mot pourrait paraître bas, si l'on ne se rappelait qu'on dit, dans le même sens, émouvoir les entrailles.
TIRE T'ARRIÉRE. Taloche. Parce que la personne qui la reçoit se retire en arrière.
TISAGNE. Fête de la Circoncision. (Montdidier, 1339.) TISSIER. Tisserand. – De même en Roman. Du Latin texere tisser.
TITISSE. Tatillon homme qui s'occupe de travaux de femme. -Synon. TATASSE, Tate-mes-glaines.
TIUTCHOT. Petit, tout petit. -Synonymes TIOT, Kiot PlOT TIOTAIN.
T'N. Ton (devant une voyelle.)
TOK ( mi )
TOKE. Qui a le cerveau fêlé qui a un graiu de folie. Littéralement, qui a eu le cerveau toké, frappé. Cette expression est commune aux patois du Langued., du Berry, de Normandie, etc. TOKET. Bonnet de femme. Synon. CALYPETTE. TOKET. Vive. Trachinus vipera, poisson qui a une épine sur le dos. Quand on le pêche et qu'il pique il faut dire onze fois l'oraison de toket, ainsi conçue: toket, toket, si tu piques min pied tu ne piqueros mie min c. Sans cette précaution dit-on, la blessure deviendrait dangereuse.
TOKER. Toucher, frapper, trinquer. Onomatopée employée dans le même sens dans presque toutes les provinces.-En Espagnol, tocar; en Italien, toccare.
TOLIR. Enlever. (Rue, xi v.e siècle)- Du Latin tollere. TOLLINET. C'est un tout petit fagot, composé débranches mortes qu'on ramasse dans les bois.- De tollere, ramasser. TOMBELLE. Monticule factice d'une forme conique ou arrondie, d'une hauteur de 12 à 15 mètres. Elles sont très-communes en Picardie et surtout dans l'arrondissement de SaintQuentin. On les regarde comme des monuments funèbres élevés par les Celtes et les Romains. (Voyez Mém. de la Soc. des Ant. de Pic. t. vn p. 809).
TOMBEREAU. Nom qu'on donnait jadis aux aautriaux de Verberie. Voyez le Chap. vi.e, §. 4, des Dictons historiques. TOMO. Personne qui ne bouge ni ne parle. Syn. ETO. TONDEISON. Le temps où l'on tond les bêtes à laine. De même en Vieux-Français.
TONDRE (Boulonais). Amadou. De même en Norm. et en V. Franç. D'après M. Henri, ce serait un mot Celtique (tundre). Selon M. Du Méril, il viendrait de l'Islandais tundr, allumer. ♦ TONLIEU. Droit sur la vente des marchandises. On appelait tonlix un droit d'entrée ou de passage.
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TONTON. Toton. Une des faces du dé est marquée d'un T (totum); lorsqu'il présente ce côté, on gagne toute la mise. TONTONNER. Tourner sur soi-même comme un tonton. TOPER. Frapper dans la main pour conclure une convention, un pari, un marché. Etymologie: de taper.
TOPETTE. Bouteille longue et étroite. Terme généralement admis dans la langue commerciale.
TOR, TAUR, TOUÈRE ou TOIRE. Taureau. Rouchi et Vieux-Français, tor; Gers, taaure; Italien, toro; Portugais et Espagnol, tauro; Roman et Celtique, taur.
TORCHON (marie). Femme malpropre, souillon.
TORGNOLE. Coup sur la tête, souflet qui fait tourner la tête. De même dans le Berry.- Torniole, dans l'arrondissement de Valognes. Synonymes ATOUT, GNOLE.
TORKE. Bàt, selle des ânes.
TORKET. Bouchon de paille pour torcher. Du Latin torquere, tordre.
TORMENT. Tourment. -Il. en Roman, Catalan et Anglais. TORNER. Tourner. Congénères: Italien, torniare; Esp. tornear. Etymologie du Latin tornare.
TORNIKER et TOURNIKER. Tourner autour, hésiter, tâtonner.
TOTER. Se chauffer complaisamment réchauffer les pieds et les mains d'un enfant. Du Vieux-Français toster rôtir. –« Toter c'est prendre par les épaules et par les jambes une fille dévergondée, et la présenter ainsi devant le feu, en lui imprimant un mouvement de rotation comme à une volaille mise à la broche. Quand on lui a fait éprouver les effets de la chaleur au point de lui arracher des cris on l'éloigne du foyer, en la tenant toujours de la même manière et on lui donne le bacus, dernier affront qui consiste à lui frapper rudement et à plusieurs reprises le derrière contre terre. Cet usage subsiste encore sur différents
points du Ponthieu mais il commence à s'effacer. Dans le Moyen-âge la peine du bacus était infligée à l'homme en place qui avait commis quelque indécence dans l'exercice de sa charge; on lui battait en outre le derrière avec une pelle de bois » (Communication de M. Louandre père).
TOUBAKE. Tabac.- De même en Rouchi.
TOUDIS. Toujours.- Du Latin tota dies.
Janotin Ephiphane
Qui toudis battait fort sa femme. (Epit. du cim. St.Denys). TOUDIS QU'A. Jusqu'à.
TOUÈRE. Taureau.-Voyez Tor.
TOUFETTE. Houppe.
TOUFIEU. Trognon.
TOUILLANT. Joyeux sociable.
TOUILLE-TOUILLE (ête). Être embarrassé, empêtré. TOUILLE-TOUILLE (Marie). Souillon, brouillon. TOUILLER. Mêler, enchevêtrer; salir en maniant.-De même en Vieux-Français. Ce même mot signifie salir, souiller, dans les patois de Langres, Valenciennes, Rouen, et mélanger, brouiller, à Nançy. Le patois Picard réunit les deux sens. TOUILLIS. Mélange embrouillamini. -Syn. Méh-Mélon. TOUILLON. Torchon.- De même en V. Français.- Vientil du Latin tela, toile ? ou de l'Islandais toa, linge? ou du BasLatin tobalea, torchon? On dit toaille, en Normandie et touailla, dans la Haute-Auvergne.-Signifie aussi brouillon, qui met tout en désordre qui se mêle de tout. V. le Dictionnaire de Nicot. TOUKE. Prise de tabac.
TOULTE. Ravissement.
TOUPIE. Femme de mauvaise vie.-Idem en Rouchi. TOUPIER. Quitter un mauvais chemin pour en prendre un meilleur, mais moins court et moins direct.
TOUQUET. Loin de. (Archives d'Amiens, 1378;.
TOUR (jeude la). Ce jeu connu dans les environs de Doullens, est un sou venir du xiv.* siècle, où le nom de La Hire se trouve conservé. C'est l'attaque simulée d'une forteresse où les jeunes garçons et les jeunes filles s'attaquent à un signal donné. (Commlinication de M. l'abbé Bourlon).
TOURET. Queue de chou.
TOURNÉE. Volée de coups. Ce mot vient de ce que lorsqu'on donne des coups de canne, celui qui les reçoit tourne pour les éviter. (M. J. Hécart.) – Synonymes PILE, Roulée TATOULE. TOURNER. Mettre dehors.
TOURNICHE. Tête éventée.
TOURRIÈRE. Tournant, détour.
TOURNOIRE. Femme qui lambine. De même en Rouchi. TOURNURE. Mauvaise excuse. -D'un usage général. TOURTE (Rue). Tourterelle.
TOURTEAUX. Composition de matières combustibles pour éclairer pendant la nuit. « 7,000 de tourteaux pour fallots, afin qu'il y ait grant clarlé parmi la ville. » (Amiens, 1463.) TOURTERELLE. Crécelle. – Synonyme Routeloir. TOURTOUS. Tous. Voyez TERTOUS.
TOUSSINER. Diminutif de Tousser.
TOUSSIR. Tousser. -De même en Berric., Franc-Comtois, Provençal et Vieux-Français. Etymologie du Latin tussire. TOUT. Aussi.– Voyez Itout.
TOUT DE MÊME. Pourtant, toutefois. – Id. en Champ. TOUT DEPUIS, TOUT DE QU'A. Depuis,jusqu'à. TOUT DREIT. Tout droit à l'instant littéralement sans se détourner. De même dans le patois Bressan et dans l'arrondissement de Valognes.
TOUTE. Tout et toute.
TOUT EN EIN COUP. Tout d'un coup.
TOUTÉOUTE. Tout entier. -De même en Borain.
TOUS LES TANDIS QUE. Tandis que.
TOUT PLEIN. Beaucoup. De même en Rémois et VieuxFrançais. Vaugelas prend chaudement la défense de cette locution. « Lorsqu'une façon de parler est usitée à la cour et des bons auteurs comme est tout plein, il ne faut pas s'amuser à en faire l'anatomie ni à pointiller dessus comme font une infinité de gens; mais il faut se laisser emporter au torrent et parler comme les autres, sans daigner écouter ces éplucheurs de phrases. » (Nouvelles remarques, p. 129.)
TOUT RADE. Tout de suite, dans un instant.-Voyez RADE. TOUT SI TOUT COMME (ch'est). C'est tout de même, c'est la même chose que si.
TOU VAILLE. Rôti. (Cart. d'Amiens, 1445.)
TOUZÉ (Boulonais). Arbre coupé à tête.
TRACHER. Chercher avec soin.-De même en Rom. En Anglais, le verbe to trace signifie suivre à la piste découvrir. On dit trachier à Valognes, et trecher en Vendée.
TRAGNEAU TRAGNEU. Romaine, balance.
TRAILLE. Filet pour la pêche de la raie de la sole etc. –Synonyme DRÈGE.
TRAINBALLER. Aller, traîner de côté et d'autre. Id. en Lorrain et Roman. Synon. Tiubaxler, TRINGUEBALLER, etc. TRAINE-BALAI. Fête du lendemain de Noël.
TRALÉE. Grand nombre. Syftonymes Tapée GRONÉE. TRAMÈNEou TREMÈNE. Trèfle, trifoliumpraiense. -Du Latin stramen, paille.
TRAMOIS. Menus blés. (Beaumanoir, ch. 52.)
TRANER. Trembler.
J'ai ouvert no fernète
J'ai allongé em' tète
Ein tranant d' peur. (Retour du soldat.)
TRAPE i.Bouloiiais). Prompt – Synon. Alezan.
TRATE. Poutre. Congénères: Dauphiné, trau; Suisse, tra. Etymologie du Latin trabs.
TRAULER. Marcher dans la boue.- Syn. Flakeuder. TRAVERS. Barrières de route, appartenant aux seigneurs, où les marchands payaient un droit de passe. Etym. TRAVERSER. TRAYAN. Bout du pis de la vache. En Roman, trayon. TRÉCASSER. Aller et venir, traverser. -Au figuré, signifie battre la campagne déraisonner.
TREFOUÉ. – Syn. CHOKE. Grosse bûche qu'on met au feu la veille de Noël et qui doit durer pendant les trois jours de fête. Il vient sans doute de tres foci trois feux. En Normandie on appelle cette bûche treffeu treffouel; à Metz, treffan dans le Berry, troufliau, en Bourgogne, suche de Noël, en V.-Français, treffouel; en Bas-Latin, tetropoficinium. Cet usage existait aussi en Angleterre probablement même il remontait aux temps païens car on appelle cette bûche, en différents endroits, yule clog, feu d'Iule. (M. Du Méril, Dictionnaire Normand, p. 208.) TREMME. Chanvre mêlé avec l'herbe que l'on arrache dans les champs, à l'aide d'un rateau, après la récolte, et dont les gens pauvres nourissent leurs bestiaux. Etym. du Lat. atramen, paille. TREMPETTE (faire). Tremper son pain dans le vin. TREMPILER, TREIMPILER. Tourmenter, faire enrager. TREMPLE (Artois). Pièce de fer qui tient la grosse chaîne de la charrue.
TRÉPERCHER. Transpercer. Syn. TRÉPOCER.
TRÈTE. Commode, table de cuisine.
TRÉTIN. Paille menue pour les moutons. – Syn. TERTIN. TRETOUS. Tous. Voyez TERTOUS.
TREU. Trou. De même en Roman. Du Celtique tru. On trouve traugus, dans le Latin barbare.
TREUER. Trouer. Id. en Roman. En Fr.-C. treuai.
TREUVE (Boul.). Trépied.
TREUVER. Trouver. De même en Fr.-Comtois et V. Fr. Lafontaine et Molière employaient encore cette expression A son réveil il treuve
L'attirail de la mort à l'entour de son corps. (Lafontaine.) Non l'amour que je sens pour cette jeune veuve
Ne ferme point mes yeux aux défauts qu'on lui treuve. (Molière. Misanthrope, actei. se. 1.")
L'abbé Chatelain et Ferrari disent que l'origine de trouver est introuvable. Guyet le dérive du Latin inusité treuvare, et Ménage de recuperare! On dit treuve pour trouvaille.
TRIACLEUX. Marchand ambulant, marchand d'orviétan. En langue romane, ce mot signifie batteleur. marchand de thériaque.
TRIBAUDET (Cayeux). Pluvier à collier interrompu. TRIBOULER (se). Prendre beaucoup de peine. Se dit ordinairement des efforts qu'on fait pour gagner sa vie, avec un succès suffisant. Un homme est triboulé, quand il est tourmenté par le besoin de gagner sa subsistance.
TRIBOULETTE. Petit vase mesure de boisson tenant une chopine.
TRIFOUILLER. Chercher une chose, en en remuant d'antres faire beaucoup de gâchis; s'occuper de plusieurs choses àla fois, sans ordre et sans suite, etc.
TRIGAUDER. Tricher au jeu.-Synon. FAUSTRIKER. TRIKER. Donner des coups de bâton.- Synon. Tricoter. TRIMAC. Pêle-mêle confusion. – Synonyme FOUILLIS. TRIMAKEUX. Qui embrouille, qui met en confusion. TRIMBOIRE. Cabriole que font les enfants en mettant la tête entre les jambes. – Synonyme Capriole de sautriau. TRI NETTE. Mule, espèce de chaussure.
TRINGUE. Tranche.
TRIOT. Chevalier-guignette (oiseau de mer).
TRIOULERIE. Mélange confusion. Syn. Méli-Mélon. TRIPAILLE ou TRIPÉE. Repas qu'on donne à ses amis, quand on a tué un cochon. Etymologie de tripes. TRIPOT. Ménage, cuisine. Ce terme n'est français que dans le sens de maison dejeu et de mauvaise compagnie. TRIPOTER. Faire le ménage.
TRISTRER. Exercer le métier de tisserand.
TROGNON. Nom qu'on donne à un enfant insupportable. TROGNOTTE. Orifice du rectum.
TROLEUSE. Femme qui aime à changer de place, à voyager. TRONCHE. Tronc d'arbre.- Idem en Roman.
TRONCHÉ. Avare.-Synonymes Piugre, Grigoe. TRONCHONER. Couper par tronçons, par gros morceaux. TRONDELER. Jeter par terre.
TRONDELER [se). Se rouler par terre, se vautrer; se jeter sur son lit, tont habillé.
TRONE. Échafaudage composé de planches assises sur des tonneaux et sur lequel s'installent les ménétriers, le jour de la fête du village.
TRONKET ou TRONKELET. Grappe de fruits.– Synonyme: CRONKELET.
TROTTERIE. Grande foire qui se tient à Saint-Valéry au mois de novembre.
TROTTINER. Marcher très-vite mais sans allonger le pas. TROUBE ou TROUBLE. Tourbe à brûler.
TROUBLIER. Qui fait des tourbes ou qui en vend. TROUFIGNON. Croupion.
TROUFION. Trognon.
TROULE. Femme de mauvaise vie. -Synonyme DROUILLE.
TROVER. Trouver. De même en Lorrain. et en VieuxFrançais. Voyez TREUVER.
TROUPILLER. Tourner autour de.- Synonyme TORNIKER. TRUAND. Fainéant, paresseux. Tru signifiait tribut, d'où s'est formé truand, pour signifier un homme que la surcharge des impôts a réduit à la nécessité de truander (mendier) pour vivre. C'est dans ce sens qu'il faut entendre le proverbe Qui fit Normand, fit truand. – (Voyez Matinées sénonoises par Tuet.) TRUC (donner le). Ne rien donner. De même en Rouchi. TRUC (savoir le). Savoir comment il faut s'y prendre. TRUC (avoir le). Etre habile, ingénieux, fin adroit; avoir l'habitude, la facilité de faire quelque chose. Truc, signifie adresse, finesse, en langue romane. Il dérive peut-être du VieilHaut-Allemand trug, fourberie, ou de l'Anglais trieft, ruse, manigance.-Charles Nodier a, sur l'origine de ce mot, une opinion que nous ne saurions partager tout ingénieuse qu'elle soit. « Truc, nous dit-il, vient de l'Italien trucco billard et tous deux, du bruit de la billequi tombe dans la blouse, quand on la bloque. Le peuple dit à Paris avoir le truc être fin subtil, délié comme il dit se blouser pour être gauche, étourdi mal avisé. Les gens qui ont le truc sont ceux qui blousent les autres, » TRUCHER. Mendier. Signifie bavarder, à Béthune. TRUCHER. Ramasser de la sauce dans une assiette avec ses doigts ou avec du pain. Synonyme Ratrucher. TRUCHEUX. Mendiant.
TRUICLES ou TRUITES. Maquereaux, taches qui viennent aux jambes quand on les chauffe trop.
TRUFLEUR (Saint-Valery). Sarcelle d'hiver. – Syn. Sarcé. TRUVÉ (Boulonais). Trépied.- Dn Celtique trybedd? TRU VOIR (Arras). Trouver.– Voyez Treuver.
TtlN (Moreuil). Pinçon. Synonymes ̃ Pfkcihaire Pikchon.
TURET (Artois). Monticule.
TURLUI. Courlis. -Voyez Corlbrtj.
TURLUPINER. Tourmenter, impatienter. Ce mot, en Français, n'a que le sens de dire ou faire des turlupinades. TUROT. Tige mucilagineuse de certaines plantes, comme le chou, l'oseille, etc.
TUTERIE. Tutelle. (Beaumanoir, chap. 16).
TUTRONER ou TUTER. Se dit d'un enfant qui suce son pouce.
TUYAU. Voyez Huyau.
TUYOT. Bout de tuile.
U. Au.
U. Où, là où.
U. OEufs Idem en Lorrain Jurassin et Bas-Breton. UÉ. OEuf.- De même en Rouchi.- Dans le dialecte Tchétchentré, dit M. Hécart un œuf se nomme oué.
UIDE. Vide.
UN. On.- Idem à Lille.- Synon. EiN. Voyez ce mot. UNI. (Tout.) Simple, sans façons, sans cérémonie. URIOT. Loriot (oiseau).- V. Copère-Loriot.
URLUBERLU et USTUBERLU. Étourdi timbré un peu fou. Syn. Toké.
USÈRES. Usager. (Coutumes du Beauvoisis).
USURIER. Qui use se's habits en peu de temps.
UXE (Béthune). Porte.- Voyez Hms.
UZET. Cercueil.-Voyez Luset.
u
v
VA Exclamation d'indifférence. -Synonyme Fuche 1 VACIIÉ. Vaisselle.
VACHOTTE. Colchique d'automne.- Id. à Bar-le-Duc. VAGUANT. Valet de basse cour ainsi nommé, parce qu'il court les champs, pour porter aux travailleurs leur nourriture et les ordres du maître. – Etymologie du Latin vagans. VAILLANT (été). Avoir du cœur à l'ouvrage.
VAINE. Vigne.
VAINTIEU. Tablier. Voyez VINTIEU.
VAIVE. Veuve. S'employe aussi pour veuf: ch'est ein homme vaive.
VA JUÉ (Vermandois). Terme injurieux.
VAKE. Vache.- De même en Rouchi Wallon, Flamand, Normand et Roman. Etymologie du Latin vacca. VAKETTE. Petite vache. De même en Roman. VAKETTE (Noyon). Colchique d'automne.-Syn. VACHOTTE. VALÉRIEN. Vaurien.
VALIDIR {grand). Terme injurieux individu auquel on ne peut pas se fier.
VALIBIER. Mauvais sujet. Synonyme: Galaubier. VARENNE. Garenne. De même en Roman.
VARIGOT. Inconstant, changeant. -Etymol. de varier. VARLOTER. Travailler un peu de temps en temps. VAROUYEUR. Commissionnaire, portefaix.
V ASQUINE. Corset avec basque.
VASTFPT.l'KE. Va-nuds-pieds; terme de mépris. VATROU (Vervins). Geai. Syn. Gai, COLAs.
VAUGLAIRE. Pièce d'artillerie. (Archives d'Amiens, 1460.)
VAUGUETTE. (Boulonais) Brebis d'un an.-Syn. Bido-Mai. VAU LE. Grande perche. Synonyme GAULE.
VAULTE. Voûte. -Item sera pavé le dessns de la vaulte des nécessaires communs. (Cartulaire d'Amiens, 1447.) VAYANTISE. Fanfaronade.
VÉER. Défendre. Syncope de vetare.
VÉLER. Crouler, s'ébouler.
VÉLOT (Soissons). Petit veau. De même en Jurassin. En Roman, veelet.
VENDOISE. Trombe, ouragan. -Synonyme: VIEILLE. VÉNT (prendre). Prendre haleine. De même en Normand et dans le Berry.
VENTOISE. Vandoise, dard (poisson).
VÈPE. Guèpe. Idem à Bayeux. Du Latin vespa. VÊPE,VÉPRE. Soir. Cong. Rémois, veppe; Rouchi, Normand, Franc-Comtois, Catalan et Vieux-Français, vespre. Du Latin vespera. II n'y a pas longtemps que ce mot est tombé en dessuétude. Molière s'en servait: « Je donne le bon vêpre à toute l'honorable compagnie. » (Comtesse d' Escarhagnas scène xvne.) « Bon vêpre, Monsieur, et bonne nuit. o (Bruyeis, l'avocat Patelin, acte 1. scène 88.)
VER BLET. Ver luisant.
VERDACHE. Verdàtre.
VERDELOT. Un peu verd. De même à Cambrai. VERDI. Vendredi. De même à Liège.
VERDIER. Garde.
VERDIÈRE (Roye). Bruan verdier.
VERDIN. Espèce de pomme à cidre.
VÉRET. Vérou.
VERGEON. Manche d'un fouet de charretier.
VERGNE. Osier. Il y a près de Valloires, un terroir qu'on
nomme el vergne, parce qu'il était autrefois planté d'osier. (MS. de M. Rigollot.) V. AUVERGNE.
VERGNE. Soutènement des bords d'une rivière.
VERGUE. Petite gaule. Synon. VAULETTE, Gaulette. VERGUE. Berge d'une rivière. (Amiens, 1447.)
VÉRIN. Vis en bois ou en fer. De même à Lille.-Du BasLatin verinus.
VERLÉES. Fredaines, folies de jeunesse. Ce mot est synonyme de ribotte, à Coucy-le-Château.
VERMEAU, VERMANT. Larve du hanneton. On donne aussi ce nom à tout insecte qui ronge les végétaux nouvellement levés. -Corruption du mot ver mou, qu'on emploie quelquefois. VERMEINE. Vermine. Signifie aussi tous les petits animaux malfaisants.
VERNIOT. « Poisson connu à Péronne, » dit D. Grenier. VEROTIERS. Pêcheurs de Cayeux et du Crotoy qui, pendant l'automne, recueillent dans le sable des vers marins, dont on se sert pour la pêche.
VERT MONTANT. Tarin, fringilla spinus.
VESPASIAN. Mauvais sujet. -Cette expression paraît nous venir de la Normandie où elle est beaucoup plus répandue. « Quoique les soldats de Vespasien, dit M. Du Méril, aient pu commettre de grands dégâts en Normandie, en allant réprimer les révoltes de la Grande-Bretagne, cette expression semble avoir été introduite par les Juifs en souvenance de la part que prit Vespasien à la destruction de Jérusalem. » (Dict. Normand p. 218.) Synonymes Valibier, GALAUBIER.
VESPRÉE. Soirée, veillée. Synon. SÉRIE.
VETZ. Va-t-en. (V. Rabelais, Pantagruel, liv. iv ch. 33, où ce mot est regardé comme Picard).
VEUDOISE. Trombe tourbillon, ouragan.-Syn. VieilleVEULAKEUX. Vaurien, bandit. V. HOLA,KEux.
VEULE. Grande perche. Synon. GAULE, VAULE. VEULE. Léger, étourdi. – De même en Rouchi. VEULE. Meuble aisé à remuer. Terre veule, pâte veule. VEURE (el). Le vôtre la vôtre. Sgn. Eul vote. VIAU, VIEU. Veau.
VIDECOQ. Bécasse. M. Hécart indique ce mot comme Picard. Synon. BÉCACHE.
VIEILLE. Tourbillon, ouragan. Syn. Vendoise. VIEU. Veau. – De même en Roman.
VIESIERS. Fripier d'habits en neuf et en vieux. VIÉSERIE. Vieillerie, friperie, vieux haillons. La rue Delambre, à Amiens, portait autrefois le nom de rue des Viesiers et de la Fiéserie. Elle était habitée par des marchands fripiers. VIEZ. Vieux. De même en Roman.
VIGNOT. Turbo littoralis. Petit coquillage bleuâtre dont on mange le mollusque.
VILGRAIN. Criblures, menues pailles.-En Rom.,virgrain. VILENAGE. Obligation imposée par un vilain à son seigneur. VILLETTE. Petite ville. De même en Roman. On dit aussi vilenie, par dérision.
VILLETTES (Béthune). Toutes les fleurs en général. VINAGE. Droit seigneurial sur le pressurage du raisin. Etymologie: du Latin vinum, vin.
VINDICATION. Vengeance. Du Latin vindicatio. VINÉE. Vendange.
VINGNERON. Vigneron. (Péronne 1450).– Nous citons ce mot uniquement pour montrer qu'au xv.e siècle, on cultivait la vigne dans le Santerre.
VINIGOUTE. Qui n'y voit goutte. Synon. NOTE GOUTE. VINTIEU VINTCHEU, DEVAINTIEU. Tablier.,– Congénères Lorrain, davantier Issoudun, d evantier F. Comtois et Bresse, devantie; Dôle devanté; Vosgien devantri Solo-
nais, devantière; Normand, devanteau; Jura, devantieu.- Etymologie: du Roman devaintier, dérivé du Latin venter, ventre. VINTRER {se). Rire à gorge déployée, à se tenir le ventre. VIOLETTE (dimanche de la). C'est ainsi qu'on désigne le premier dimanche de Carême.
VIOLON A BOURIQUE. Expression ironique par laquelle on désigne un manche à balai. Synon. RAMON.
VIONER. Faire du vent.-Synon. VENTER.
VIR. Voir.-De même en Rou. et Rom. – Du Lat. videre. VIR GOUTTE (à). A tâtons, sans voir clair.
VIRGINIE (masc.) Peuplier. Synon. PEUPLE.
VIROLER. Voltiger, tourbillonner.
VISAGIÈRE. Masque.-Etym. devisage.-V. CULÉLET. VISARD. Qui y regarde de trop ptès; qui se montre chiche et difficile. Synon. REGARDANT.
VISÉE (preinde). Prendre garde, avoir soin.
VISER. Examiner. Synon. Raviser, Relukeb, Miler. VISIGOUTTE. Qui n'y voit goutte. – Synon. NOTEGOUTE. VITELOTS (Santerre). Petits morceaux de pâte qu'on fait cuire dans du lait.
V'LO. Voilà.
VO. Vôtre.- Idem en Rouchi et Roman. Syn. Vote, Vou. VOIRE. Vrai! Oui dà!
VOIRONS. Se dit des yeux louches. •
VOISIÈRÈ. Fenêtre. Al' sont pleines ed' voisières ed pis eix bout jusqu'ein haut. ( Pièces récréatives.)
VOIX DE PERCALE. Petite voix flutée.
VOLET. Oiseau.
VOLEUME (à la). A proportion, à peu près.
VOS. Vous. -De même en Vosgien. Synonyme Os. VOYETTË. Petit sentier. De même en Vieux-Français. –En Italien, vietta. Diminutif du Latin via.- Syn. Pièchintb.
w
WAIDË. Guède ou pastel, plante pour la teinture en bleu. WAIDIER. Marchand de guède.
WAIGNIERS. C'est le nom que portait, à Amiens, la corporation des laboureurs et des vignerons.
WAPÉE (Artois). Traverse de charriot.
WARANDIR. Garantir. (Archives de Corbie, 1247.) WARAS ou WAROS. Fourrage composé de féverolles, de pois et de vesces.
WARDE. Garde. -De même en Roman.
WARDER. Garder, conserver. – Cong. Rouchi, Wall. et Romam,warder; Saxon, weardan Island. varda. – Etym. du Tudesque wardan.
WARDER. Regarder. -Du Roman rewarder. Syn. WATER. WARIEN. Habitant de Saint-Valery.
WARLOKER. Gâcher. Synon. MACHOKER.
WAROKE. Motte de terre durcie à l'air. Syn. Roke. WAROU. Voyez LEUWAROU.
WARWAILLIS. Bruit de chiens.
WASTEL. Gâteau. « Wastel Picardis, gastel Gallis, a vastâ pannis hujus magnitudine tanquàm à diminutivo vastellum. » (Sylvius Introd. à la langue françoise p. 87.) -On prononce actuellement waté watieu, watiau, gâtieu.
WATER. Regarder. -De même en Wallon.- Ouaitter, à Bar-le-Duc. Du Bas-Latin watare. -Syn. WARDER, Beter. WATER. Gâter. Du Latin vastare.
WÈPE. Soir. Voyez Vêpe.
WÈPE. Guêpe abeille. – Du Latin vespa – Synon. Vêpe. WÈPE (adj.). Gaillard crâne.
WÈRE. Guère. Dérive de l'Allemand gar, beaucoup; car ce mot ne sert à nier qu'en vertu d'une négation exprimée ou sousentendue.
WÉROS. Voyez WARAS.
WÉROUILLEUX. Qui bredouille.
WINDAL. Machine à tirer des fardeaux des bateaux. WISTOCH. Coup. (Cartulaire d'Amiens 1443). WITE. Huit. (Archives de Noyon, 1237).
WOIGNE (Marquenterre). Canard siffleur.
WOIGNER. Se dit d'une voiture d'une brouette dont les roues crient.
WOYARD (Cayeux). Maubège (oiseau).
x
XAINCTES. Nom du Santerre, dans l'ancienne langue picarde, d'après M. de Cayrol.
XIN. Cousin. – On trouve aussi cette abréviation dans quelques poèmes romans du xm.e siècle.
Y
YARD. Liard.
YEAUETTE. Nom d'une rue d'Abbeville où coulait un petit ruisseau. (M. Praron.) Ce mot, en Roman signifiait petit ruisseau.
YEU. Leur (régime).
YEUVE. Lièvre ch'étoait ein fameux yeuve que che matan là. (4." entretien d'ech' Franc-Picard).
I Z
ZEC. Milieu d'une noix. De même en Roman.
« ZEZELE. Idiot, imbécille. Syn. OBLOT, AHURI, Hortoplot. i' ZIU. (sing.) OEil. Locution picarde: se mette dins le blanc des zius se mettre dans l'idée se fourrer dans la tête. Syn. Yu, EUL.
ZIGUE (ein boin). Un bon luron, un bon garçon « Tu vois que ch'est un boin zigue. » (Alm. du Franc-Picard 180!
Addition au Chapitre III (Bibliographie).
Nous aurions pu mentionner diverses copies des poèmes les plus importants du moyen-âgequi présentent une empreinte plus ou moins prononcée du dialecte romanopicard. Comme le remarque fort bien Pasquier « les copistes'copioient les bons livres, non selon la naifve langue de l'auteur, ains selon la leur. » M. Edelestand du Méril, qui cite ce passage (Introduction du Dictionnaire du patois normand) fait remarquer à l'appui de cette observation que la Bibliothèque nationale possède quatre exemplaires du roman de Godefroy de Bouillon dont deux sont en Rouchi un en Bourguignon et l'autre en Picard.
Addition au Chapitre V, §. l.er (Orthographe). L'Almanach du Franc-Picard de 1851 contient un article de M. Edouard Paris sur la manière d'écrire le Picard c'est la méthode de M. Marie appliquée à l'idiome picard. Nous avons dit ce que nous pensions de ce système. (V, chap.V, §. I.) Nous persévérons à croire, quoiqu'en dise l'auteur, que cette méthode n'est nullement rationnelle et qu'elle n'a pas même toujours l'avantage de fixer
parfaitement la prononciation. Du reste, nous nous faisons un plaisir de reconnaitre que si l'on admettait le principe en question, en détruisant toute filiation étymologique, on ne saurait mieux faire que de suivre les règles parfaitement claires que propose M. Ed. Paris. Voici les principaux points de cette théorie orthographique 1.° Le Picard s'écrit comme il est prononcé.
2.° Pour lire le Picard, il faut faire sonner toutes les lettres, comme dans la lecture du Latin.
3. Chaque lettre a une valeur constante en Picard ainsi g, s et t sont toujours durs ch est toujours doux comme dans chant.
4." Le Picard renferme deux articulations simples que ne possède pas le Français ce sont le g mouillé et le k mouillé. A défaut de lettres spéciales nous convenons de représenter le premier par gy, et le second par ky. 5.° Les deux H mouillées se rendent, en Picard par un caractère simple qui est y.
6.° La lettre h ne s'emploie que pour indiquer une aspiration très-forte.
7." Lorsqu'une articulation doit fortement se prononcer, on en redouble le caractère.
8.° Lorsque deux voyelles contigües, au lieu de former diphthongue, dans la même syllablc, doivent se prononcer en deux syllables, on les sépare par un signe (') qu'on appelle point en haut.- Exemple: Treu-é, troué. Pour mettre à même le lecteur de juger de l'effet que produit cette orthographe ou plutôt cette absence d'orthographe, nous copierons textuellement ici un passage du
quatrième entretien du Franc-Picard écrit d'après le système de M. Ed. Paris.
El kach, mèn kyô fiu, chô n'mé dui pu. Jé m'foué èn môlé viu, pi j'jibié i n'donn pu for. 0 jour d'oujourdui, ch'n'é k'dé l'rakay j'nèn su dégoutè. I gn'ô kèkz ènè, ch'étoué èn môle pu chouèt; gn'avouè, konm tu l'sé, d'fanmeux yeuv dsu nou téroè. Mé, iz on t'oué tan d'déga k'ôz ô tè forchè d'leu fouèr ènn bâtu. O s'é rassènblè da nou forbou, l'èn ô pran s'fourk, l'eut èn pik, l'eut èn kout, l'eut ènn trik, l'eut sèn tiné, l'eut sèn ratieu, l'eut sèn fourkyé, j'sèt i mi, tout èn chakyèn ô pran ch'kyi li tonbouè d'sou s'man pi ôz ô le lé poursuir. 0 lz'ô tan, pi tan poursui k'i s'son sôvé ô chon chèn mil diab. 0 l'zô vu dékampé par èch fon d'Ènfer, du kôtè dé cb'kyô Ouargné, pa dsu Duri, Reunmyi. Oz ô pèrdu leu trach da ché bô. A ch'k'i paroué ô leuz i ô foué èn tèl peur, k'i n'son pu révuu. Ëdpui ch'tan lô j'n'è pu d'gou pour èl kach', gn'ô pu k,dé l'mizèr. Feu randir tou l'Ion dé s'sènt journè pour raportè pouèn gran kos. Ch'n'é pu l'pèugn èd kaché; bè a l'pôtièr, mèn fuzi il é tout érouyé.
Addition au chapitre VI (Proverbes et Dictons). M. Gabriel Rembault a publié, dans l'Almanach du Franc-Picard de 1851, un article fort spirituel au sujet de la Notice sur les dictons populaires, que nous avons lue, en 1850, à la séance publique de la Société des Antiquaires de Picardie. Nous n'avions pas eu l'intention dans ce travail, d'épuiser la matière et nous avions réservé, pour notre Glossaire, la longue nomenclature des principaux proverbes que nous avons recueillis sur tous les points de la Picardie. Un y trouvera plusieurs des pro-
verbes que M. G. Rembault signale comme ayant été oubliés ou négligés par l'auteur de la Notice sur les dictons picards. Il en est cependant un certain nombre qui nous avaient entièrement échappé et que nous nous serions empressé d'insérer dans notre chapitre VI si l'Almanach de 1851 n'avait point paru après le tirage de la première partie de notre Glossaire. Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs, en ajoutant ici ceux des proverbes indiqués par M. G. Rembault, qui ne se trouvent point dans notre ouvrage.
Douze métiers quatorze malheurs.
Ein kien noerd court aussi fort qu'ein blanc.
Ein kief temps, bistalot ch'est du flanc. En temps de disette, du pain bis c'est du flanc.
Proverbes moraux.
Aveu trente-six candelles et pis sin nez dessus,
On n'y voit que du fu.
Cabaretier de village,
Cacheux de bêtes sauvages,
Rouiller de grand kemin
Aveu tout «ho, o meurt ed faim.
Ein mariage fouet à plaisi,
O s'ein repeind à sin loisi.
Eine femme blanke et pis du teimps blanc,
Ch'n'est que del pleuve et pis d'z effauts.
Femme et pis boesson,
Ch'est deux ruine-moeson.
I veut mieux aller al porte d'ein plaindetix
Qu'al porte d'ein vainteux.
n'est que d'été à sin blé moudre.
ne feut poent avoer pus grands yus que grand panche. I ressane à ein leu
Miux veut long bis que court blanc.
Quand i gn'o rien dins che ratelier chés gvaux i rut'lent. Veut miux ein voleux
Saint Vincent.
Saint-Remi.
I n'o poent pus d'huménité qu'ein cot
Qu'étrane ses pkiots.
I cache sin musieu.
Quand chés leups is heurl'tent,
Chés berbis is s'seuv'tent.
Qu'ein meinteux.
Veut miux ein kiot kieur joli
Qu'ein graind kieur falli.
Proverbes hagiologiques.
$2 JANVIER.
A Saint Vincheint
Tout gèle et tout feind;
L'hiver erpreind ou se casse les deints.
1." OCTOBRE.
A Saint-Remi
Kiu assis.
Dictons et sobriquets populaires.
ABBEVILLE.
Geins d'Abbevi!le;
Têtes d'ait)gtiille.
« Ce dicton rappelle la surprise de notre cité picarde par les Espagnols, en 1597. Il n'y a qu'au dehors de la capitale de la Picardie qu'on tient cet injuste propos, parce qu'on ne sait pas que près de cent Amiénois se firent alors massacrer dans les rues de la ville plutôt que de se rendre. » (M. G. Rembault.) AUMATRE. (Canton de Corbie.)
Les badriers (mangeurs de bouillie) d'Aumâtre.
Chés longues halaingnes de Belleuse.
Chés mangeux de lait prins de Bergicourt, sans oublier ceutteslo de Guizancourt. II y a dans ces deux communes des pâturages magnifiques.
La tlire est à Boves. (Vieux cri de terreur du xv.e siècle.)
AMIENS.
Amiens
Traite aux siens;
Tout che qui n'ein vient
Ne veut (vaut) jarnoès rien.
AMIÉNOIS.
Amiénois,
Maingeux de noix
BAISIEUX. (Canton de Corbie.)
Vignacourt, Warloy, Baisieux,
Ch'est trois fosses à voleux.
bellkcse. (Canton de Conty.)
BERGICOURT. (Canton de Poix.)
boves. (Canton de Sains.)
Chés bonnets gris de Brassy.
Chés maingeux de blé vert de Cléry.
Chés plaideux de Conte.
A Conty, jolie petite ville sur la Selle, on fait depuis des siècles le calembourg suivant
Il y a, en effet, entre les communes de Contre et de Conty, un côteau qui permet de découvrir en toute saison non pas des pois fleuris, mais bien Poix et Fleury.
Les pékieux d'ékerviches de Conty.
Chés bourgeois matinés ed Domart en Ponthieu. (Matinés signifie demi-paysans, demi-citadins.)
Chés ahuris de Dromesnil.
BRASSY. Canton de Conty.)
CAMONT. (Canton d'Amiens.)
Al fête ed' Camont,
Chés seitiers n'ont pus de fonds.
clérï. (Canton de Péronne.)
CONTRE. (Canton de Conty.)
contï. (Arrond. d'Amiens.)
Enter Conte et Conty
On voet toujours pois fleuris.
CORBIE. (Arrond. d'Amiens.)
Corbie bien sonné,
Amiens bien canté.
domart EN PONTHIEU. (Arrond. de Doullens.)
DROMESNIL. (Canton d'Hornoy.)
Les veindeux d'esprit d'Epagne.
Chés longs meintons d'Eplessier.
Chés agaches (commères) d'Eramecourt.
Chés gros porteux de supplis d'Equiennes.
Les pieds dékeus d'Essertieux.
Chés pékieux de pisson d» Famechon.
Chés glorieux de Fleury.
Chés raffineux (malins) de Fluy.
Chés mal au pieds de Fremontiers. (A cause du terroir qui est très montagneux).
Chés courts talons d'IIallencourt. (Espèce de rébus sur le mot allant court, Hallencourt).
Les frottis éjfants de Lanches.
épagne. (Canton d'Abbeville.)
ÉPLESSIER. (Canton de Poix.)
ÉRAMECOURT. (Canton de Poix.)
ESQUENNES. (Canton de Poix.)
esserteaox. (Canton de Conty.)
FAMEcnoN. (Canton de Poix.)
FLEURY. (Canton de Conty.)
FLUY, (Canton de Molliens-Vidame.)
frémontiers. (Canton de Conty.)
HALLENCOURT. (Arrond. d'Abbeville..)
LANCHES. (Canton de Domart.)
Chés gros buveux d'ieue battue del Warde.
Chés kiennes caquetières du Boquiyé.
Chés têtes tondues d'Orémieux.
Chés maingeux de macrieux de Poué.
(C'est dans cette ville que passait autrefois la marée destinée à Paris et venant de Boulogne, Calais et Abbeville) QUIRY-LE-SEC (Canton d'Ailly-sur-Noye.)
Chés francs mutins de Quiry.
Chés grosses têtes de Revelles.
Chés innocents de Rumigny.
Combien qui gn'o de Saints à l'cathédrale? L'étranger qui ne connaît point le village de Sains ne comprend point ce calembourg. On lui apprend alors qu'il y a dix kilomètres de Sains à la cathédrale d'Amiens. On fait une autre plaisanterie du même genre en demandant Combien qui gn'o de vers à ch'café Vinchent ? – II faut répondre qu'il y a neuf kilomètres du village nommé Vers, jusqu'à la rue d'Amiens où se trouve le café Vincent. SAINT-ROMAIN. (Canton de Poix.)
Les maingeux de boudin de Saint-Romain.
LAWARDE-MAUGER. (Canton d'Ailly-sur-Noye.)
LE BOSQUEL (Canton de Conty.)
ORESMEAUX. (Canton de Conty.)
Poix (Arrond. d'Amiens.)
REVELLES. (Canton de Molliens-Vidame.)
RUMIGNY. (Canton de Sains.)
SAINS. (Arrond. d'Amiens.)
saint-sacflieu. (Canton de Sains.)
Chés décatourneux d'hernu de Saint-Sauyu.
SALLEUX. (Canton de Sains.)
Chés glorieux paillards (qui couchent sur la paille) de Salleux. Salleux, Sallouel,
Ver, Bacouel,
Plachy Oubion (Buyon),
Ch'est six vilages tout ein èn mont.
SELINCOURT (Canton d'Hornoy.)
Chés boyeux rouges de Sélincourt.
SENTELIE. (Canton de Conty.)
Chés kiots roux de Sentelie.
SUZENNEVILLE. (Canton de Conty.)
Chés eimbourbés de Suzenneville.
TILLOY. (Canton de Conty.)
Chés maingeux de lard gane de Tilloy, sins oublier ceux de Lœilly.
vklennes. (Canton de Conty.)
Chés maingeux d'alise de Velennes.
vers. (Canton de Sains.)
Chés embléyeux de Vers.
vignacotjht. (Canton de Picquigny.)
Chés coteberbaindiers de Vignancourt.
0 n'o qu'a aller à Vignancourt pour trouver un feux témoin. warloy-baillon. (Canton de Corbie.)
Warloy-Baillon
Boen poys sins raison.
Addition au §. 1 du Chapitre IX (Noms de baptême ). Nous ajouterons à la liste des noms de baptême du Moyen-âge, actuellement inusités, les noms suivants qui ont été recueillis à notre sollicitation par M. Peigné dans le Cartulaire d'Ourscamps (Oise).
Alanus
Alulphus,
Amolricus
Berthaudus, Bertremil
Colardus
Drouardus,
Egeritus
Ebrardus,
Ermenoldus
Aalidis, 1
Adelinas
Amelina,
Avelina,
Balia
Basilia
1200. 1201. 1133. 1393. 1301. 1237. 1270. 1133. 1175. 1162.
1210.
1197.
1202.
1210.
1270.
1270.
NOMS D'HOMMES.
Ervaldus
Fulco
Gasso,
Gaucbier,
Godo,
Gomarcus
Gonfredus, Gualeramus, Guillermus, Herkengerus,
Diedla,
Emmelina, Erma,
Ermingardis Eustachia Goda,
NOMS DE FEMMES.
1196. 1230.
1165. 1133. 1200. 1266. 1209. 1150. 1162. 1133. 1285. 1164.
Landricus Mansserus, Osmandus, Pontius
Salicius
Soebertus, Theobald, Vibertus,
Wicardus, Wido,
1133.
1241.
1266.
12S8
1164.
1200.
1200.
1255.
1187.
1133.
1230.
1246.
1197.
1236.
Eldegardis, Hersandes, Odelina
Richaldis,
1169.
1201.
1262.
1257.
AMPÈRE. De la formation de la langue française. Paris, 1 vol. in-8°.
Auguis. Les poètes français depuis le xn.e siècle jusqu'à Malherbe. 1824, 6 vol. in-8°.
Azaïs ( J. ). Essai sur la formation et le développement du langage des hommes. Beziers, 1845, in-8°.
BARBAZAN. Fabliaux. Paris 1808, 4 vol. in-4°.
– Dissertation sur l'origine de la langue françoise. Paris, 1759, in-8.°.
BEAUMANOIR. Coutumes du Beauvoisis, édit. par M. le comte Beugnot. Paris, 1842, 2 vol. in-8°.
Béronie (l'Abbé). Dictionnaire du patois Bas-Limousin. Tulle, in-4°.
BERTRAND (Elie). Recherches sur les langues anciennes et modernes de la Suisse. Genève, 1758, in-8°.
BOREL. Trésor des Recherches et Antiquités Gauloises. Paris, 1694, in-folio.
Boubers (C.te de). Opinion sur l'origine du mot Picard. Amiens, 1842, broch. in-8°.
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(1) Nous ne mentionnons pas ici la plupart des ouvrages imprimés ou manuscrits que nous avons cités dans notre Chapitre m. sur la Bibliographie du dialecte romano-picard et du patois picard.
CARLIER (l'Abbé). Histoire du Duché de Valois. Paris, 1764, 3 vol. in-4.°
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Paris, 1831, in 8.»
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Tableau historique des sciences et des belles-lettres dans la Picardie.- Paris, 1768, in-12.
Almanach perpétuel de nos aïeux à l'usage de leurs neveux utile aux savants, aux gens de lettres
et interressant pour la santé. – A Wiflispurg, sans
date. In-18.
DECAGNY (l'Abbé). L'arrondissement de Péronne. Péronne, 1844 in-8°.
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DINAUX (Arth.). Trouvères, Jongleurs et Ménestrels du Nord de la France. Valenciennes, 1834, in-8°.
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DOYEN. Histoire de Beauvais, depuis le xn.e siècle.- Beauvais, 1842, 2 vol. in-8°.
Dcbois. Recherches sur l'étymologie et l'emploi de quelques locutions du département de l'Orne. ( Mém. de
la Soc. des Antiquaires de France, tom. iv. )
Du CANGE. Glossarium ad scriptores média? et infimae latinitatis. Paris, 1733, 10 vol. in-folio.
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Du Mékil (Ed.). Dictionnaire du patois normand. Caen, 1849, in-8°.
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– et SCRIBE. Description hist. et pittoresque du département de la Somme. Amiens, 1836, 2 vol. in-8°.
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broch. in-8 .», 1811.
LLOT (G. ). Recherches sur les formes grammaticales de la
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FoNS (de la) baron DE MELICOCQ. Une Cité picarde au moyenâge. – Noyon, 1841, in-8°.
– Les artistes et les ouvriers du Nord de la France. Béthune, 1848, tn-8°.
FONTAINE (Ed. de la). Histoire politique, morale et religieuse deBeauvais. Beauvais, 1840 2 vol. in-8°.
FONTENELLE DE Vabdore (de la). Recherches sur la langue poitevine. Poitiers in-8°.
GALLI. Essai sur le nom et sur la' langue des anciens Celtes. – St. -Etienne, 1844, in-12.
Génin(F.). Des variations du langage français, depuis le xh." siècle. Paris, 1845, in-8°
La Chanson de Roland, poème de Théroulde. Paris, 1850.
Gleï (G.). Langue et littératuie des anciens Francs. – Paris, 1814 in-8°.
GRISET (H.). Sur la véritable étymologie du mot Boulogne.Boulogne, 1835 broch. in-8°.
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Harbaville. Mémorial historique et archéologique du département du Pas-de-Calais. – 2 vol. in-8°.
Hécart (A.-J.). Dictionnaire rouchi-français. -Valenciennes, 1834, in-8°. (3." édition.)
Serventois et sottes chansons couronnées à Valen-
ciennes tirés des Mss. de la Biblioth. du Roi.
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HENRI (J.-F.). Essai historique, topographique et statistique sur l'arrondissement communal deBoulogne-sur-Mer. Boulogne, 1810, in-4°
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JAUBERT (le c.te). Vocabulaire du Berry et de quelques cantons voisins par un amateur du vieux langage. –Paris, 1842, in-8°.
JUBINAL (A.). Jongleurs et Trouvères. Paris, 1835, in-8°. LABOURT. Essai sur l'origine des villes de Picardie (tom. iv des mémoires de la société des Antiq. de Picardie.)
LACOMBE. Dictionnaire du vieux langage français et Supplément. Paris, 1766 et 1767,2 vol. in-8°.
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Bulletins de !a société des Antiquaires de Picardie.
Bulletins de la Commission royale d'histoire de Belgique. Bulletin du Bibliophile, publié par M. Techener.
Dictionnaires (divers) de langues anciennes et modernes.
Investigateur (!'), journal de l'Institut historique de France. Mémoires de la société des Antiquaires de Picardie.
Mémoires de la société d'Émulation d'Abbeville.
Mémoires de la société des Antiquaires de la Morinie.
Mémoires de la société des Antiquaires de France.
Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Recueil de pièces concernant le prix général de l'Arquebuse royale de France, rendu par la compagnie de St.-Quentin. S«.-0uen£t»,1774, in-12.
Si nous venons chaque année, aux termes de notre règlement, nous montrer au grand jour de la publicité, ne pensez pas que nous y soyons amenés par un vain et puéril besoin de renommée, ou par un ridicule sentiment de fastueuse ostentation. Une pensée plus grande, un sentiment plus noble et plus généreux anime et dirige la Société des Antiquaires de Picardie. Puisse-je en être le fidèle interprète dans cette imposante solennité. malgré la vive et profonde émotion qui me domine. Qu'il me suffise de vous parler en peu de mots du caractère essentiellement patriotique de notre association et
PRONONCÉ PAR M. BISSON DE LA ROQUE
DANS LA SÉANCE PUBLIQUE DU 18 AOUT 1850.
Messieurs
DISCOURS
PRÉSIDENT,
de nos œuvres. Par ce simple début, ne vous ai-je pas déjà révélé tout entière l'intention de ces réunions publiques, dans lesquelles, entrant de la manière la plus intime en communication avec les magistrats et les habitants de la cité, leur exposant nos vues, nos efforts et nos vœux nous aspirons à nous assurer un concours nécessaire pour le succès d'une entreprise éminemment utile. Dans notre institution comme dans tous nos travaux l'intérêt du pays est le seul but poursuivi, le dévouement au pays, notre véritable principe d'action, la sympathie du pays, notre plus puissant moyen de succès et notre unique récompense.
Nosce patriam. Telle est la devise écrite, il y a peu d'années, sur la bannière de la modeste phalange qui se formait alors dans cette ville, sous le titre de Société des Antiquaires de Picardie, et c'est avec l'enthousiasme que le nom de patrie fait naître toujours dans un cœur élevé, que chacun de nous prenant conseil de son dévouement, bien plus que de ses forces, s'est élancé plein d'ardeur dans la carrière. Elle était vaste et difficile à parcourir. Nous ne devions pas nous borner à explorer avec une vaine curiosité le champ du passé, il fallait y porter l'ardeur avide du moissonneur infatigable pour y récolter des trésors cachés, utiles à la science historique. Tout ce qui se rattache à la connaissance de l'antique province de Picardie, nous était assigné comme un objet d'études approfondies, de patientes et laborieuses recherches. Les mœurs les lois les usages les hauts faits et les vertus de nos pères devaient être par nos soins sauvés de l'oubli aussi bien que leurs arts et leurs monuments.
Mission sainte et populaire, féconde en enseignements et qui, pour tout esprit sérieux, loin de manquer d'intérêt et d'à-propos, doit être plus estimée que jamais dans un siècle de progrès.
Le progrès, Messieurs, sous quelque aspect qu'on le poursuive et l'envisage, il faut le reconnaître, sera bien rarement l'oeuvre de ces esprits hardis qui dédaignant les salutaires enseignements du passé, s'élancent avec une ambition plus téméraire que raisonnable vers des spéculations nouvelles. Le génie qui fait incessamment progresser les arts et les sciences humaines, ne marche sûrement à de nouvellles conquêtes, qu'en s'éclairant au flambeau des connaissances acquises, qu'en puisant ses inspirations dans la contemplation des merveilles déjà connues.
En morale, ne cherchons pas le progrès dans des conceptions individuelles de création plus ou moins moderne, dans des théories philosophiques plus ou moins ingénieusement conçues et habilement présentées. En les soumettant à un examen attentif, nous n'y découvririons que des erreurs, et le plus souvent de folles ou monstrueuses inventions de cerveaux malades ou de cœurs corrompus; en les voyant mises en pratique, nous n'y trouverions que des systèmes funestes, et des écueils redoutables pour l'ordre social. La morale ne repose point sur des bases arbitraires et de simple convention. En morale, il n'y a de progrès que dans une plus grande expansion des principes éternels de justice et de vertu placés au cceur du premier homme et arrivés intacts jusqu'à nous, en traversant la longue suite des siècles passés.
Pour être circonscrit dans les étroites limites de l'ancienne province de Picardie, le cercle de nos études ne demeure pas moins un objet d'intérêt public, je puis dire même national. Considérez, en effet, la place importante que la Picardie occupait jadis sur la carte de France, combien les évènements dont elle a été le théâtre sont intimement liés aux destinées de la mère patrie reconnaissez aussi que peu de contrées offrent aux investigations de la science plus de souvenirs historiques, d'institutions mémorables, et de richesses archéologiques. Sans vouloir analyser ici les travaux de la Société des Antiquaires de Picardie, ni chercher à en apprécier le mérite, je tiens à constater qu'ils ont été conçus et exécutés dans l'esprit de patriotisme auquel cette Société doit elle-même son origine.
J'en trouve des témoignages irrécusables dans le musée qu'elle a créé, les dix volumes de mémoires qu'elle a produits, les coutumes locales et les autres ouvrages qu'elle a édités, les divers édifices dont elle a surveillé la restauration, le monument de Du Cange qu'elle a érigé. Non, ce n'est pas pour elle que la Société des Antiquaires a formé avec tant de labeurs et de sacrifices et cependant avec un si rapide succès, ces collections déjà si riches d'objets d'art de toutes les époques elle n'a pas eu d'autre ambition que de mettre l'ancienne capitale de cette province au niveau de plusieurs villes rivales, en la dotant enfin d'un musée digne de fixer l'attention du voyageur et de l'érudit. Déjà l'espace est devenu trop étroit pour contenir toutes les richesses acquises et pour les présenter convenablement aux regards avides des
amis de la science. Nous le savons, et nous leur en témoignons ici notre vive gratitude, les magistrats de la cité, sérieusement préoccupés des intérêts du Musée, ont arrêté le projet de lui consacrer bientôt un local plus en rapport avec son importance actuelle et ses destinées futures.
A qui contesterait le caractère d'utilité générale des diverses publications de la Société des Antiquaires je ne répondrai point en citant les importantes questions scientifiques et historiques qui s'y trouvent traitées en si grand nombre, je dirai seulement que ses publications sont accueillies avec faveur, non-seulement én Fance par un très-grand nombre de corps savants, mais encore par des sociétés étrangères très-renommées. Je laisserai au besoin à M. le Secrétaire perpétuel le soin de vous énumérer les dons importants qui sont le prix de nos communications. Grâce à nos échanges, des documents précieux s'accumulent incessamment dans nos archives et multiplient dans cette ville les sources fécondes de la science. N'a-t-elle pas été merveilleusement comprise et chaleureusement accueillie la pensée vraiment patriotique, sortie de notre initiative, qui, l'an dernier, à pareille époque, donnait à l'immortel Du Cange, dans sa ville natale, sur la plus belle de nos places publiques, un monument impérissable digne de sa glorieuse mémoire. Ce n'est pas seulement la population intelligente de notre paisible contrée qui s'est livrée aux transports d'un généreux enthousiasme le premier corps savant du monde en a ressenti lui-même les irrésistibles entraînements et il a été vu représente par une illustre députation désertant pour la première
fois la capitale, pour venir assister en province à l'inauguration de la statue d'un grand homme. Nous sommes heureux de célébrer aujourd'hui l'anniversaire d'une si belle fête par la distribution de la médaille commémorative frappée avec un remarquable succès, à notre demande, par les soins de M. Depaulis, artiste justement célèbre.
Oui, Messieurs, les intérêts et la gloire de la Picardie nous sont chers. Ce que pour eux notre jeune société est déjà parvenue à réaliser pendant sa courte existence nous voulons le compter pour peu de chose par rapport à ce que nous devons faire encore, si nous continuons à être efficacement encouragés et soutenus. A Dieu ne plaise que notre zèle et notre patriotisme se rallentissent jamais en présence de l'importance et des difficultés de notre tâche. Mais nous ne cesserons pas de demander à nos concitoyens de nous venir constamment en aide avec une bienveillance active.
En leur payant ici le tribut mérité de notre profonde reconnaissance, nous demanderons aussi aux magistrats éminents qui dirigent avec tant de lumières, de distinction et de dévouement, l'administration du département et de la cité, de vouloir bien nous seconder sans cesse de toute la force de leur autorité et de leurs sympathies.
RAPPORT
DU SECRÉTAIRE-PERPÉTUEL, M. J. GARNIER, SUR LES TRAVAUX DE L'ANNÉE 1849-1850. (LU DANS LA SÉANCE PUBLIQUE I>C 18 AOUT 1850.)
MESSIEURS
Il est un usage que les Académies ont toujours maintenu soigneusemant c'est l'obligation qu'elles se sont faite d'exposer périodiquement au public l'ensemble de leur collaboration annuelle le résultat de leurs travaux accomplis comme pour justifier par une manifestation publique leur existence et leur but.
Cette coutume place le Secrétaire auquel cette mission est dévolue entre deux écueils. La difficulté d'une part de satisfaire par la brièveté de ses analyses et la simplicité de ses narrations les auteurs dont il doit faire connaître les travaux, de l'autre le danger non moins redoutable de fatiguer l'attention de son auditoire par
l'étendue du tableau qu'il déroule sous ses yeux et par la multiplicité des objets qu'il doit enfermer dans le cadre étroit dont il dispose.
J'ose espérer que mes collègues me tiendront compte de cette position ils connaissent l'impartialité que j'apporte dans l'indication des services rendus par chacun d'eux. Le désir de mettre en vive lumière nos efforts sera mon excuse auprès de l'auditoire distingué qui nous entoure et qui nous a habitué à une bienveillante indulgence que nous le prions de nous conserver.
Je vous ai, Messieurs, dans un de mes précédents rapports parlé des recherches auxquelles s'étaient livrées M. Guerard, sur l'origine et les usages particuliers de l'église St.-Germain. Notre collègue a trouvé dans le refrain populaire St.-Germain coucou, chés Y fêle ed chés fous que des groupes d'enfants chantent la veille du premier dimanche de mai, en parcourant les rues des branches d'arbres à la main le sujet d'un nouveau travail. Il a recherché qu'elle est l'origine de cet usage et jusqu'à quel point était exacte la tradition qui attribue au refus fait d'une donation importante le sobriquet donné aux habitants de cette paroisse.
M. Guerard adémontré par l'examen des titres mêmes, que cette tradition est erronée que le testament de Henri Lemaistre n'imposait aucune condition onéreuse qui fût de nature à le faire repousser qu'il était au contraire conçu de manière à éviter toutes les subtilités de la chicane et que les héritiers s'empressèrent d'accomplir les intentions du testateur toutes favorables à l'église. L'origine de cet usage est suivant notre collègue
plus ancienne et c'est dans les actes publics qui accompagnèrent si longtemps les fêtes scandaleuses connues sous le nom de fêtes des fous qu'il faut la chercher. Rappelant ce qui se pratiquait dans les Floralia des anciens, l'auteur trouve dans la procession des branches signe distinctif des Floralia, dans la primevère appelée coucou symbole de la folie et dans une infinité de rapports existant entre les usages de notre cité ceux de quelques autres villes et ces solennités du paganisme des relations telles que le nom de fous donné aux paroissiens de St. Germain ne saurait avoir d'autre cause que la fête du 1." mai dont la fête payenne des Floralia a été le véritable principe.
Notre laborieux collègue n'a point borné là ses communications, il nous a entretenu des usages et des cérémonies funèbres des anciens comparées à celles des modernes. Dans tous les temps dit-il le respect pour les morts a été si profondément gravé dans le cœur des hommes, qu'il n'est point un législateur qui ait cru pouvoir satisfaire à l'esprit des peuples sans appeler à son aide la religion et ses imposantes cérémonies afin de rendre plus éclatants aux yeux des populations les hommages rendus à leur mémoire. Passant en revue les anciennes institutions consacrées par le vaste recueil des lois romaines depuis la loi des 12 tables jusqu'au dernier décret du Bas Empire, M. Guerard nous montre le christianisme, à qui seul était réservé la mission d'éclairer le monde et d'élever les âmes vers une vie éternelle, détruisant les superstitions qui avaient jeté de si profondes racines dans l'esprit des peuples nous transmettant les
usages d'Athènes et de Rome, sans les modifier autrement que pour se conformer aux usages particuliers des peuples, et les sanctifier par la religion divine qui y présidait. Nous ne suivrons pas l'auteur dans les nombreux détails dans lesquels il a d entrer et ne rappellerons point ici les discussions où la logique et les faits l'aidaient à réfuter des opinions fausses ou erronées, ni les déductions ingénieuses qui l'ont conduit à des conclusions toujours nettes et précises; ces sortes de travaux se refusent à une analyse telle que la demandent les proportions d'un compte-rendu. Qu'il nous suffise de dire que c'est surtout à l'examen des coutumes chrétiennes que notre collègue a donné le plus de développement que les usages pratiqués dans notre pays ont été l'objet d'une étude toute spéciale et qu'à la faveur de documents inédits d'un haut intérêt qu'il nous a fait connaître il a su, pendant le cours de plusieurs séances captiver l'attention. Nous citerons surtout le curieux chapitre où il a tracé l'exposé moral de la position que les lois canoniques ou les règlements avaient faite aux curés aux clercs et aux paroissiens au xvi.e et au xvn.e siècle, dans ces temps de débats continuels pour des attributions aussi souvent contestées que mal définies.
M. Bimbenet, greffier en chef de la cour d'appel d'Orléans, dépositaire d'une partie considérable des archives de l'ancienne Université de cette ville, a réuni et compulsé ces documents épars pour en composer une histoire. Dix nations d'étudiants suivaient les cours de cette école célèbre qui eut une importance si grande dans les instiutions du moyen-âge. La Picardie resta représentée par
ses nationaires, quand un arrêté du parlement, rendu sous François I.% la réduisit de dix à quatre nations seulement. Cette histoire de l'Université d'Orléans était donc aussi la nôtre. Notre collègue nous a adressé le chapitre intéressant plus spécialement notre province et nous nous sommes empressés de lui donner place dans le volume de nos mémoires qui vient de paraître. Aussi nous suffira-t-il de signaler ce remarquable travail à l'attention de ceux qui désirent connaître les règlements, les droits la discipline et les privilèges de nos écoliers dont les conséquences souvent vexatoires étaient plus souvent encore puériles et frivoles. Le chapitre concernant la maille d'or de Florence qui se rattache à l'histoire miraculeuse de l'invention du corps de St.-Firmin et à l'hommage des comtes de Beaugency au chapitre d'Amiens, n'est pas le moins curieux. L'auteur y montre l'origine de la transformation en une maille d'or d'un droit qui maintint entre la Picardie et la ville de Beaugency qu'il croit fondée par des Picards des rapports que l'immobilité des institutions a prolongés, et qui se perdent dans la nuit des temps féodaux. Mais les faits anciens ne sont pas les seuls qui aient besoin d'être éclaircis. Dans cette sphère enivrante d'activité où est placée la société contemporaine les événements se succèdent avec une telle rapidité que les détails des plus importants même ne peuvent être réunis sans difficulté. Telle est la paix d'Amiens. L'administration municipale nous a chargés de recueillir les renseignemens qui pouvaient guider l'artiste auquel le gouvernement doit confier l'exécution d'un tableau représentant ce
grand événement et destiné à la salle où il s'accomplit. Pour répondre à cette demande, M. Dufour a consulté non seulement la relation de la Décade de l'an x, plusieurs fois reproduite sans que le caractère officiel en parût soupçonné, mais les arrêtés municipaux, les copies de lettres les registres aux délibérations de l'Hôtel-de Ville, les MSS. de MM. Machart et Lavernier et les souvenirs des témoins oculaires que leur position avait mis à même de connaître les faits dans leurs moindres circonstances. Aussi ce rapport, qui ne paraissait devoir être qu'une simple note, a pris de plus grandes proportions, et il est devenu, quant au fait un récit complet.
Nous avons admis le programme qui nous a été présenté et formulé de manière à laisser à l'artiste toute sa liberté, mais à le mettre en garde contre des erreurs auxquelles une étude superficielle pouvait l'exposer en lui indiquant les détails en vue surtout de la verité locale indispensable à conserver dans une composition de cette nature. Nous nous sommes également associés aux vœux émis par votre commission de voir invariablement rétablis dans cette salle les tableaux quelemuséedeVersaillesavaitfournis pour la décorer, et de voir cette décoration complétée suivant la pensée de la délibération de l'Hôtel-de-Ville du 10 frimaire an xi par les portraits des plénipotentiaires qui ont concouru à la conclusion d'un traité qui fut accueilli par le monde entier avec tant d'enthousiasme, et qui semblait promettre une paix éternelle qui dura si peu. Un livre, dit M. Dufour, peut être utile par les renseignements qu'il fournit, ou simplement curieux par les raisons diverses qui le signalent aux recherches des
collectionneurs. Le travail que notre collègue a composé sous le titre d'Essai bibliographique sur la Picardie, sera recherché, nous en sommes certains, sous ce double point de vue. C'est en effet une immense nomenclature dans laquelle il a refondu la partie du vaste répertoire du père Lelong et de Fevret de Fontette qui concerne l'histoire de notre province et que les rapides développements des études historiques avaient rendu depuis longtemps incomplet et insuffisant. L'auteur, après avoir dans quelques considérations générales indiqué dans quelles limites il renferme la Picardie et tracé le plan qu'il se propose de suivre dans son travail a publié la première partie qui comprend les ouvrages relatifs à la province et au département de la Somme en général. Nous ne doutons pas que ce recueil ne soit accueilli avec intérêt et que le concours empressé de nos collègues ne soit acquis à son auteur pour l'aider à rendre la plus complète possible la tâche laborieuse et ingrate qui lui reste à remplir.
Les limites de la Picardie, on le sait, n'ont jamais été nettement définies. M. Rigollot a tenté de démontrer, dans un essai sur les monnaies des comtes de St.-Pol dont il nous a donné lecture et que la Revue de numisnatique française vient de publier, que ce comté en faisait autrefois partie. S'il a trouvé dans M. Dufour un habile contradicteur, nous devons avouer qu'entre des arguments si puissants de part et d'autre, un jugement est difficile à prononcer, et que si la question a produit des recherches nouvelles le problème de la délimitation rigoureuse de notre province n'a point encore reçu de solution satisfaisante.
Une autre question de géographie ancienne qui a exercé la sagacité de plus d'un géographe, a été l'objet de deux communications, l'une de M. Quesnet, l'autre de M. le docteur Daniel, de Beauvais. Le premier place à Grattepanche, près Amiens, l'emplacement si contesté et si contestable du Braluspantium de César. Il s'appuie d'abord sur un manuscrit anonyme du xvii." siècle qui donne pour raison unique l'analogie entre les deux noms, et se fonde sur un argument paléographique la substitution du G au B dont la ressemblance aurait trompé les copistes. Cette erreur serait, suivant M. Quesnet, devenue la seule cause de l'incertitude de la position que doit occuper cette place. Déjà Lemaire, dans son édition de César, avait rapporté cette opinion et donnait aussi pour cause un défaut de prononciation. M. Quesnet a trouvé des partisans de son système qui, on le voit, n'est pas neuf, mais il a été combattu énergiquement par M. Daniel qui, revendiquant pour Beauvais l'ancien nom de Bratuspance, fait valoir des titres historiques, et démontre le peu de fondement de l'assertion de son adversaire. Si nous avions à nous prononcer personnellement dans ce débat, dont nous ne sommes que le rapporteur, nous dirions que l'un et l'autre sont dans l'erreur, que Grattepanche, qui peut fort bien être une agréable position, gralum spatium, est le Graliani pagus à cause du corps de St.-Gratien qui y fut déposé, et que Beauvais doit jusqu'ici se contenter de ses deux noms de Césaromagus et de Bellovacum et nous ajouterions ce que M. Graves, si judicieux dans ses recherches archéologiques sur le département de l'Oise, disait en traitant
cette question « aussi longtemps qu'on s'en tiendra à l'appréciation rigoureuse des faits, seuls guides lumineux dans les sciences d'observation avec lesquelles l'archéologie à tant d'affinités on sera contraint de rester dans l'incertitude, car ici les faits manquent pour asseoir une conviction rationelle.
Nous avons voulu remplir les places laissées vacantes par quelques collègues que leurs fonctions nouvelles avaient forcés de nous quitter, et nous avons appelé dans nos rangs un jeune magistrat que des études sérieuses sur la législation ancienne et moderne et le mérite de sa traduction du Manuel du droit ecclésiastique de Walter désignaient à nos suffrages, et un savant ecclésiastique que des liens sympathiques unissaient d'avance à la Société, car il avait, dans son culte pour la science, fait une large part à l'archéologie qui s'allie, sous tant de rapports aux hautes études ecclésiastique.
M. H. de Roquemont, qui avait si bien indiquéle rôledes universités allemandes et des sociétés savantes de France, nous a fait connaître d'après un volume inédit de Savigny sur le droit romain l'historique de l'aveu et de l'interrogatoire en matière civile, sous les phases diverses du droit romain, dans le droit germanique et dans les législations prussienne et de la France. Il a démontré, par les rapprochemens du droit romain et du droit français, que celui-ci a conservé sur l'aveu les principaux traits de la théorie romaine.
M. l'abbé de Ladoue, en nous démontrant sommairement ces deux propositions que les moines ont contribué d'une manière etticace à la civilisation de l'Eu-
rope et de la France en particulier, et qu'ils peuvent être utiles encore au milieu de ce cahos d'idées et de théories qui bouleversent les esprits nous a fait regretter qu'il n'ait point donné à cette thèse plus de développements, et accompli un acte de réhabilitation que l'un de nos présidents avait naguère indiqué en signalant les travaux scientifiques et littéraires des institutions religieuses dont on admire les fruits, dit M. de Ladoue, alors qu'on regarde l'arbre qui les produit comme un mauvais arbre.
M. l'abbé Santerre, vicaire général de Pamiers, nous avait entretenus à Beauvais des pèlerinages dont les fontaines du département de l'Oise ont été ou sont encore l'objet. Il a continué ses intéressantes recherches sur le culte des eaux et leur origine, ajouté aux faits nombreux qu'il avait réunis de nouvelles observations faites dans l'Arriège, et mis en regard des coutumes françaises quelques usages identiques conservés chez les Espagnols. C'est ainsi que les faits isolés acquièrent de l'importance par la comparaison, comme un germe longtemps impro-r ductif qui donne toujours tôt ou tard d'heureux résultats, quand il tombe dans un terrain habile à le féconder. Enfin, Messieurs, celui de nos collègues qui a entrer pris de mettre au jour nos coutumes locales, et les a éclaircies par ses savantes notices, n'a point borné ses travaux à la continuation persévérante de cette publication, il nous a présenté l'esquisse d'un travail dans lequel il se propose, sous le titre d'État politique de la ville d'Amiens au xiv.e siècle, de faire connaître les progrès et la décadence des libertés communales sous le régime des
corporations. Les registres aux comptes, en l'initiant aux détails de l'administration lui ont permis d'en tracer la topographie et la statistique, l'organisation politique et financière et enfin l'état pendant la captivité du roi Jean et la minorité de Charles VI. La presse a reproduit ce travail plein d'actualité et dans lequel l'auteur, sans faire d'application des temps passés au temps présent, avait indiqué une fois de plus que toutes les révolutions se ressemblent, et que le peuple amiénois a toujours combattu sous le drapeau de l'ordre et du devoir, sans se laisser égarer par les mauvais exemples, de quelque part qu'ils lui vinssent.
J'aurais encore, Messieurs, à vous rappeler ces observations toujours utiles, souvent intéressantes, qui accompagnent les lectures qui n'ont jamais manqué à nos séances mensuelles, les communications nombreuses qui viennent ajouter aux matériaux que nous amassons pour l'histoire du pays, ou nous entretiennent des découvertes que les travaux ou le hasard ont amenées sur les différents points de la province, enfin de ces publications qui enrichissent notre bibliothèque, et dont nous avons cru devoir dresser le catalogue, dans la double pensée de remercier nos correspondants de leurs offrandes et de les mettre à la portée de ceux qui croiraient y trouver des documents utiles. J'ai cru, Messieurs, devoir me borner à vous entretenir des travaux les plus saillants, et je crains encore, malgré mon désir d'être concis, d'avoir donné à cette analyse imparfaite trop de développement.
.l'ajouterai que l'année aurait été pour nous complète, si nous avions eu un prix à décerner. Mais un seul mé-
moire nous a été adressé, et la commission ne l'a point jugé digne de la récompense promise. Elle a pensé, malgré le mérite de quelques parties, qu'elle avait le droit et le devoir de se montrer d'autant plus sévère que le programme n'imposait aucune condition, puisque le-sujet avait été laissé au choix des concurrents.
Nous trouvons heureusement une compensation dans les succès que quatre de nos collègues viennent d'obtenir dans les concours ouverts par l'Académie des inscriptions et belles-lettres qui, dans la séance de vendredi dernier,16 août, a rappelé la mention très-honorable accordée à M. Bouthors pour son ouvrage intitulé Coutumes locales du bailliage d'Amiens, et accordé 3 mentions honorables à M. Achmet d'Héricourtpour les Chapitres nobles de la province d'Artois, à M. Eugène Woillez, pour son Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvoisis et à M. de Baecker pour ses Recherches historiques sur la ville de Bergues. Je ne terminerai pas, Messieurs, sans remercier nos collègues étrangers du concours utile et désintéressé qu'ils nous apportent. Nous devons aussi des remerciments à l'administration municipale qui ne laisse échapper aucune occasion de nous donner des preuves de sa bienveillance. Nous lui devrons bientôt, nous avons lieu de l'espérer, un local digne des dons nombreux qui enrichissent incessamment notre collection, que nous avons le regret de ne pouvoir rendre publique, tant pour satisfaire la vanité, si naturelle et si légitime ici d'être riche, puisque c'est la preuve de notre activité et de la sympathie qu'ont trouvée nos travaux, que pour montrer à ceux qui nous aident dans notre tâche, avec quel soin et quel in-
térêt nous conservons leurs offrandes. Nous devons aussi l'expression de notre gratitude au Conseil général. Nous sommes fiers d'avoir pu recueillir, avec une distinction toute particulière, l'estime pour nos efforts, l'approbation et les encouragements pour nos travaux.
Si nous aimons à rendre publics ces témoignages de sympathie, c'est que la province se fait trop souvent défaut à elle-même, et que, dans le jugement qu'elle porte sur les sociétés où, comme dans la nôtre, les uns contribuent par des travaux personnels, les autres par une coopération non moins utile, mais moins directe, à démêler les secrets de l'histoire par l'opiniâtreté de l'étude ou la sagacité de la critique, elle tient souvent une balance inégale, ou trop amie, ou trop hostile.
Aussi, quand nous croyons avoir accompli notre tâche dans les limites que nous nous sommes tracées, nous avons voulu, à ceux qui pouvaient nier le mouvement et le progrès de nos travaux, fournir, comme le philosophe antique, la preuve que nous avons marché, en soumettant ce résumé de nos études à l'appréciation éclairée de l'assemblée qui nous écoute et nous honore de son bienveillant intérêt.
SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE.
Président M. Bisson DE la Roque. Vice-Président M. l'abbé DUVAL. Secrétaire-Perpétuel M. J. Garmer, Secrétaire- Annuel M. Antoine. Trésorier: M. Dobbis.
COMPOSITION
DE LA
ANNÉE 1850.
DIGNITAIRES.
COMMISSION DU MUSÉE.
Conservateur: M. LE PRINCE.
Administrateurs: MM. Bouthoks.
CH. DtJFOUR.
FonCEVILLE.
MEMBRES TITULAIRES RÉSIDANTS.
MM.
Fondateurs. Le PRINCE (Auguste) propriétaire.
DE Clermont-Tonnerre (marquis) •$ ancien colonel d'état major membre du Conseil général de la Somme.
Rigollot ̃& docteur en médecine, membre de l'Académie d'Amiens.
Bouthors (Alexandre) greffier en chef de la Cour d'appel, membre de l'Académie d'Amiens.
GUERARD (François) conseiller auditeur à la Cour d'appel.
DE BETZ (comte) vice président de la Société des Amis des Arts du département de la Somme.
DE Grattier (Adolphe) $é, conseiller à la Cour d'appel. 1836. 8 juin. CHEUSSEY architecte honoraire du département, membre de l'Académie d'Amiens.
1837. sodée. DuFOun (Charles), avoué à la Cour d'appel. id. Bazot notaire.
1838. u avril. Garnier, professeur conservateur de la bibliothèque communale, membre de l'Académie d'Amiens.
1839. i3déc. BREUIL (Auguste) juge-de-paix membre de l'Académie d'Amiens.
to. 12 fév. Lemerchier $s docteur en médecine, ancien maire, membre honoraire de l'Académie d'Amiens.
id. Deberly avocat, adjoint au Maire
id. Dîrbis, conservateur des archivesdudép' de la Somme, id. Bisson DE LA ROQUE juge au tribunal civil, membre du Conseil général de la Somme.
i3. îijanv. DUVAL (l'abbé) chanoine titulaire, secrétaire général de l'évêché.
id. Jourdain (l'abbé) chanoine honoraire vicaire de la cathédrale d'Amiens,
845. lajanv. Forcevjlle-Duvette (Gédéon), membre de l' Académie d'Amiens.
».. 12 fév. TILLETTE d'Acheux (Frédéric) propriétaire. » iodée. MALOT (Joseph) avocat, membre du Conseil général de la Somme.
849.i8avrii. Antoine, architecte de la ville d'Amiens.
» îadéc. DE ROQUEMONT (Charles Hecquet), docteur en droit, juge au tribunal civil.
1850. 9 juillet. DE Ladoue (l'abbé), vicaire-général du diocèse. COMITÉ DE BEAUVAIS.
1850.
Directeur M. le docteur DANIEL.
Membres MM.
Bouchard agent-voyer chef de la ville.
DANJOU, vice-président du tribunal civil.
Danse >& président du tribunal civil ancien député. Danse-Desaunois 3fc chef d'escadron en retraite.
DE BOURY (vicomte) inspecteur des postes.
Delacoijr, juge d'instruction.
DE Salis (comte Léonce), propriétaire.
DESJARDINS (Achille), imprimeur.
Devimeux (Auguste), avoué.
Fabignon, juge au tribunal civil.
Gibert receveur-général des finances.
LE Mareschal (Alex.) propriétaire.
L'EpiNE, juge au tribunal civil.
LEROY, docteur en médecine.
MANSARD, propriétaire.
MARTIN (Auguste) propriétaire.
MOISAND (Constant) imprimeur.
MOISSET, négociant.
Pinard (l'abbé) vicaire de St.-Etienne.
Ricard (Stan.) avocat.
RICARD (Eugène), juge suppléant au tribunal civil. TREMBLAY, vérificateur des poids et mesures.
VUATRIN (Auguste) avocat.
WEIL architecte du département.
COMITÉ DE COMPIÈGNE.
1850.
Directeur: M. DE Cayrol $s >&, ancien commissaire des guerres ancien député.
Membres MM.
DE BIQUILLFY (baron) $t ancien capitaine d'artillerie. DE CRouy ancien notaire.
Magdeleine ancien ingénieur en chef des ponts-etchaussées.
OBRY (l'abbé) curé de S'Pierre.
COMITÉ DE NOYON.
1850.
Directeur M. Colson (Alexandre) docteur en médecine, chirurgien en chef de l'hospice.
Membres MM.
BEGUERY entrepreneur de ponts-et-chaussées. BOUGON DU CASTEL, propriétaire.
BOUTHORS (Hect.), propriétaire.
BOYELDIEU, supérieur du petit séminaire.
BRETAGNE (Victor) juge-de-paix.
COTTU imprimeur et lithographe.
CRÉMERY, suppléant du juge-de-paix.
DARVILLER, chef d'institution.
Donné (Alfred) >& docteur en médecine, inspecteur général de l'Université.
DORDIGNY aîné propriétaire.
HARLAY, membre du conseil d'arrond.1 de Compiègne. MAZIÈRES (Léon) propriétaire.
MÉNIOLLE DE Cyzancoort 3fc ancien adjoint.
SEZILLE DE Biarre & chef d'escadron d'état-major. Soûlas (Edouard) propriétaire.
THIEBLE (l'abbé), curé-doyen de N.-D. de Noyon. COMITÉ DE CLERMONT.
1850.
Directeur Ledicte-Duflos #, président du tribunal civil. Membres MM.
Bellanger architecte de la ville et de l'arrondissement de Clermont.
DE Blois, curé-doyen de Clermont.
FERET (Edouard), bibliothécaire honoraire.
WOILLEZ (Eugène) $s docteur en médecine.
TITULAIRES NON RÉSIDANTS.
MM.
AUBER DE Montovillers ancien sous-préfet de Montdidier.
BARTHÉLÉMY (Charles), homme de lettres, à Paris. Bazin (Charles), substitut, à Senlis (Oise).
Bigant 3fc conseiller à la Cour d'appel de Douai. BOISTEL (Amédée) avocat, à Arras.
Bourlon (l'abbé), vicaire, à Lonjumeau (Seine-et-Marne). Buteux maire à Fransart (Somme).
Cadeau-d'Acy (Ernest), licencié en droit, à Villers-auxErables (Somme).
CARNEGY DE BALINHART (John-Allan) officier de cavalerie de S. M. Britannique, à Samer (Pas-de-Calais). CAUVEL DE BEAUVILLÉ (Félix), ancien magistrat, membre du Conseil général de la Somme, à Montdidier. CAUVEL DE Beauvillé (Victor), ancien magistrat à Montdidier.
CHANDON ancien maire et membre du conseil général de la Somme à Montdidier.
CORBLET (l'abbé Jules), membre de plusieurs sociétés savantes à Paris,
COTELLE, docteur en droit, professeur de droit administratif à l'école polytechnique à Paris.
DAMIENS (Pierre-Charles) secrétaire de l'Académie départementale de l'Oise, à Beauvais.
DANTIER (Alphonse), professeur, à Paris.
DARSY, notaire, à Gamaches (Somme)
DAUDIN, maire, membre du Conseil gén1., à Pouilly (Oise). DE Baecker (Louis) ancien magistrat, à Bergues (Nord). DEBRIE (Isidore), homme de lettres, à Breteuil (Oise). DE Caix DE S'Aymour (Oswald) membre du Conseil général de la Somme, à Paris.
DE Contencin & directeur de l'administration des cultes, à Paris.
DE COURVAL (vicomte) au château de Pinon (Aisne). De Gaudechart $, propriétaire, à Warluis (Oise). DE GIVENCHY (Louis) secrétaire perpétuel de la Société des Antiquaires de la Morinie à S'Omer. DE LA FERRONNAYS (comte) ancien député, membre du conseil général de l'Oise, à Boury (Oise).
DELANNOY (l'abbé) curé-doyen du canton de Gamaches (Somme).
DE l'Escalopier (le comte Charles) conservateur honoraire de la bibliothèque de l'arsenal, à Paris. DE Linas, membre des comités historiques, à Arras. DE MAILLY (comte) 3fc ancien pair de France, à Paris. DE MALEZIEUX, propriétaire, à Senlis (Oise).
DEMARSY, substitut du procureur de la République, à Abbeville.
DE Merlemont (comte Adolphe) # ancien officier de cavalerie, à Merlemont (Oise).
DE Plemont (Léon) licencié en droit, Eu.
DE Rosny (Eugène), ancien capitaine du génie, à Lozembrune, (Pas-de-Calais).
DE S'GERMAIN, inspecteur des monuments historiques, à Evreux.
DESCHAMPS DE Pas ingénieur des ponts-et-chaussées à S'Omer.
DE SEPTENVILLE (Léon), ancien maître des requêtes, à Lignières-Chatelain (Somme).
D'Estoubmel (marquis) 3fc ancien préfet à Suzanne (Somme).
D'Hericourt (Achmet) à Souchez, Pas-de-Calais. DE THIEULLOY (Julien) maire, à Bovelles (Somme). DE VALICOURT, licencié en droit, à Becourt (Somme). DE Wasserwas (baron) ^,prop.re, à Thiepval (Somme). D'HINNISDAL (comte), à Régnières-Ecluse (Somme). Du MAISNIEL DE LIERCOURT (comte) egs ancien député au château de Liercourt (Somme).
DUMOULIN, propriétaire à Paillart (Oise).
Du Neuf Germain (l'abbé), vicaire, àMontdidier (Somme). DUROSELLE (Ed.), négociant, au Havre.
Estancelin ancien député à Eu.
FossÉ Darcosse, imprimeur, à Soissons.
GAULTIER DE Rumilxï 3fc, conseiller d'état, à Paris. Graves & chef de division à l'administration des forêts, à Paris.
HARDOUIN (Henri) avocat au conseil d'Etat et à la Cour de cassation, à Paris.
Harbaville, conseiller de préfecture, président de l'Académie d'A,rras à Arras.
Hermand (Alexandre) président de la Société des Antiquaires de la Morinie, à S'Omer.
Houbgiant # membre du conseil-général de l'Oise, au château de Nogent-lès- Vierges, (Oise).
LABOURT, ancien magistrat, à Doullens (Somme).
LE SERURIER chef de division au ministère des finances, à Paris.
LE Serurier (Félix) $t procureur-général près la Cour d'appel d'Orléans.
MOILLET, avoué, à Péronne.
MOREL DE CAMPENELLE membre de la Société d'Emulation, à Abbeville (Somme).
Padé ( l'abbé ) ancien directeur du petit séminaire, à Saint-Riquier (Somme).
PAFFE, propriétaire à Estay, (Oise).
PARENTY (l'abbé), chanoine et théologal du diocèse d'Arras. Paringault, docteur en droit, procureur de la République, à Vervins.
Paulet, secrétaire du cercle lyrique, à Mons (Belgique). Peigné-Delacour à Ourscamp (Oise).
Peurin (Charles) juge au tribunal civil de Soissons. PETIT, propriétaire, à Quercy-sur-Aisne (Aisne). PIETTE (Edouard) président du tribunal de commerce de Vervins.
PIETTE (Amédé) contrôleur des contributions directes à Laon.
RozE (l'abbé), curé de Tilloy-lès-Conty (Somme). SALMON, ancien avoué maire, à S'Fuscien (Somme). TATTEGRAIN président du tribunal civil, à Péronne. TERRAL (Abel) peintre, à Paris.
WOILLEMIER docteur en médecine, à Senlis (Oise). WOILLEZ (Emmanuel) receveur des contributions indirectes, à Saint-Quentin (Aisne).
HONORAIRES.
MM.
D'ALLONVILLE ( comte ) 0. ancien préfet de la Somme, à Marolles-en-Brie.
Dauthuille chanoine titulaire de la cathédrale d'Amiens. DUNOYER &, ancien préfet de la Somme, conseiller d'Etat, à Paris.
DE Kerckhove-van-der-Varent ( baron ) ife président de l'académie d'archéologie de Belgique ( Anvers ). DE SALVANDY C. $t membre de l'Académie française, ancien ministre de l'instruction publique, à Paris. Monseig. Gignoux évêque de Beauvais.
MARTIN, 0. recteur honoraire de l'Académie d'Amiens. MASSON (Léon) & préfet de la Somme.
Porion (Louis) efc maire de la ville d'Amiens, membre de l'Assemblée législative.
CORRESPONDANTS.
MM.
BARD (le chevalier Joseph ) membre de plusieurs sociétés savantes, à Baune ( Côte-d'Or. )
Barraud ( l'abbé ) chanoine honoraire, professeur d'archéologie au séminaire de Beauvais.
BAZAINE, ancien ingénieur en chef du chemin de fer d'Amiens à Boulogne.
Boucher DE Perthes 3fc directeur des douanes, président de la société d'Emulation, à Abbeville (Somme). Bresseau, propriétaire à Poix (Somme).
BRETON (Ernest), membre de la société des Antiquaires et de l'Institut historique de France etc., à Paris.
BRUN-LA VAINE, membre de plusieurs sociétés savantes, à Turcoing (Nord).
BOGAERTS (Félix), professeur, secrétaire perpétuel de l'Académie d'archéologie de Belgique, à Anvers. BIMBENET greffier en chef de la Cour d'appel d'Orléans. CARTIER, directeur de la Revue numismatique, à Amboise. Chabaille, membre de la Société des Antiquaires de France, à Paris.
CHALON (Renier) président de la société des bibliophiles belges, directeur de la Revue numismatique belge à Bruxelles.
Champollion-Figeac >& membre de l'Institut, conserva- teur des manuscrits de la bibliothèque nationale, à Paris. COCHET (l'abbé), ancien aumônier du lycée de Rouen à Dieppe.
CousiN (Louis), ancien magistrat à Dunkerque (Nord). Damis, agent-voyer, à Amiens.
DANCOISNE, notaire, à Hénin-Liétard.
DECAGNY (l'abbé), curé à Ennemain, (Somme). DE CAUMONT (Arcisse) correspondant de l'Institut, etc., à Caen (Calvados).
DE Coussemaker juge au tribunal civil, à Hazebrouck. DE Hautecloque (baron) $s ancien maire, à Arras. DE LA Qcérière négociant, membre de la Société des Antiquaires de Normandie, à Rouen.
DE LA SAUSSAYE (Louis), membre de l'Institut, bibliothécaire honoraire de la ville de Blois, à Paris. DE LA PILAYE (baron), membre de plusieurs sociétés savantes, Paris.
DE Kayser peintre, directeur du musée, à Anvers,
DE Kerkhove-de-Varent (Eugène ) docteur en droit, secrétaire de l'ambassade belge, à Paris.
DE LE Bidart DE THUMAIDE (le chevalier ) premier substitut du procureur du roi, à Liège.
DE Lioux (comte d'Estienne) $, colonel au 21." régiment d'infanterie légère à Noyon (Oise ).
DE LONGPÉRIER (Adrien) $t, conservateur du musée égyptien du Louvre, à Paris.
DÉROUSSEN ( l'abbé ) curé-doyen, à Domart-en-Ponthieu. DE Roisin (baron) docteur en droit et en philosophie, à Trèves (Prusse rhénane).
DE Saulcy 3fc capitaine, directeur du musée d'artillerie, membre de l'Institut, à Paris.
DETHOREY-PILLOT, archiviste du département, à Grenoble. DE WAL, docteur en droit, secrétaire-général du ministre de l'intérieur, à La Haye ( Hollande ).
Dnuux ( Arthur ) membre de plusieurs sociétés savantes, à Valenciennes (Nord ).
DoucHET (Louis ) médecin à Amiens.
Duchalais employé au cabinet des médailles de la bibliothèque nationale, à Paris.
Foucart & doyen de la faculté de droit, membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers (Vienne). Fournier, agent-voyer en chef du département de la Somme, à Amiens.
GALOPPE d'Onquaire homme de lettres, à Assevillers (Somme).
Gimîert efc membre de la Société des Antiquaires deFrance, conservateur de l'église métropolitaine de Paris.
Godin archiviste du départem'. du Pas-de-Calais, à Arras. GOMART, secrétaire perpétuel de la Société Académique de S'Quentin à S'Quentin.
Hénnebert professeur à l'Athenée archiviste de la province, à Tournay (Belgique).
Joly (E. J.) docteur en droit à Renaix (Belgique). Jubinal (Achille), e£ professeur de littérature étrangère à la faculté des lettres de Montpellier.
Lefebvre & ingénieur en chef honoraire des mines, à Falaise.
LE GLAY $s, docteur en médecine, archiviste du département du Nord, à Lille.
Legros, médecin à Marquais (Somme).
Lelb, VEL ( Joachim ) professeur, ancien président de la diètv\ polonaise à Bruxelles (Belgique).
Louandr." père, membre de la société d'Emulation, conservateur de la bibliothèque communale d'Abbeville. Mancel conservateur de la bibliothèque communale, à Caen (Calvados).
Marion ancien notaire licencié en droit, à Paris. Mathon bibliothécaire, à Neufchàtel (Seine-Inférieure). MÉNARD, proviseur du lycée, membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers (Vienne).
MOET DE LA FORTE MAISON, propriétaire, à Rennes ( Ile-etVilaine).
ORCHARD HALLIVELL, membre de plusieurs sociétés savnntes à Londres.
PARIS ( Louis ) ancien archiviste de la ville de Reims. Paris (Paulin) # membre de l'Institut, conservateur des manuscrits de la bibliothèque nationale, à Paris.
Pilate-Prévost secrétaire de la mairie, à Douai. Raoul-Rochette efc membre de l'Institut, conservateur du cabinet des médailles de la bibliothèque nationale, à Paris.
RÉDET, archiviste du département de la Vienne, membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers. Rivery capitaine au corps du génie sous-directeur de l'école égyptienne, à Paris.
Roach SMITH, secrétaire honoraire de la Société de numismatique et de la Société des Antiquaires, à Londres. Santerue ( l'abbé ) chanoine honoraire de la cathédrale de Beauvais, vicaire général du diocèse de Pamiers. Schaepekns, professeur de peinture à Maëstricht. SERRURE ( C. P. ) professeur d'histoire à l'Université de Gand (Belgique).
Tailliar conseiller à la Cour d'appel de Douai. VILLEROY chevalier de l'ordre grec du Sauveur, ingénieur du roi, à Athènes ( Grèce ).
VOL, imprimeur, àCompiègne (Oise).
Vivenel architecte à Paris.
Yonge AKERMAN (John), secrétaire de la Société de numismatique, à Londres.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Académie des inscriptions et belles-lettres (Institut de France).
Académie des sciences arts commerce agriculture et belles-lettres du département de la Somme à Amiens. Académie des sciences belles-lettres et arts de Rouen.
Académie des sciences arts et belles-lettres de Caen. Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse.
Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon. – des lettres et arts de Metz.
Académie d'Arras.
Académie du Gard à Nisme.
Académie de Reims.
Athénée du Beauvaisis.
Comités historiques établis près le ministère de l'instruction publique, à Paris.
Comité archéologique de Soissons (Aisne).
Commission historique du département du Nord à Lille. Commission des monuments et documents historiques du département de la Gironde à Bordeaux.
Institut historique de France, à Paris,
Société des Antiquaires de France, à Paris.
Société des Antiquaires de Normandie, à Caen. – de la Morinie, à St.-Omer.
– de l'Ouest, à Poitiers.
Société archéologique du midi de la France, à Toulouse. – de Montpellier.
– de la Touraine, à Tours.
– d'Avranches (Manche).
– de Béziers.
– de Sens (Yonne).
– de Soissons (Aisne).
– de l'Orléanais.
Société d'archéologie de Lorraine à Nancy.
Société archéologique et historique de la Charente à Angoulême.
Société archéologique et historique du Limousin, à Limoges. Société de l'Histoire de France, à Paris.
Société d'histoire et d'archéologie de Châlon-sur-Saône. Société académique des sciences arts belles-lettres et agriculture de Saint-Quentin.
Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise (Beauvais).
Société académique, agricole, industrielle et d'instruction de l'arrondissement de Falaise.
Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille. Société des sciences, lettres et arts de Nancy.
Société des sciences naturelles et des antiquités de la g Creuse, à Guéret.
Société d'Emulation d'Abbeville.
– de Cambrai.
Société libre d'Emulation de Rouen.
Société d'Emulation du département de l'Allier (Moulins). Société éduenne, à Autun.
Société centrale d'agriculture, sciences et arts du département du Nord séant à Douai.
Société d'agriculture et des sciences physiques et naturelles de Lyon.
Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de Bayeux.
Société d'agriculture, du commerce, sciences et arts de Calais.
Société d'agriculture, sciences, arts et commerce du Puy.
Société d'agriculture des sciences arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire, à Tours.
Société d'agriculture des sciences et des lettres de la Haute-Saône, à Vesoul.
Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées orientales, à Perpignan.
Société hâvraise d'études diverses, au Hâvre. Société de statistique des Deux-Sèvres à Niort. Société libre d'agriculture sciences arts et belles-lettres du département de l'Eure, à Evreux.
SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES.
ANGLETERRE.
Society of Antiquaries of London.
Numismatic society of London.
British archaeological association.
Archaeological Institute of great Britain and Ireland. BELGIQUE.
Académie royale des sciences, des lettres et des beauxarts (Bruxelles).
Académie d'archéologie de Belgique (Anvers). Société de numismatique belge (Bruxelles).
Société historique et littéraire de Tournay.
Société des sciences des lettres et des arts du Hainaut t (Mons).
Société libre d'Emulation pour les lettres les sciences et les arts (Liège).
ITALIE.
Institut de correspondance archéologique de Rome.
HOLLANDE.
Société provinciale des sciences et des arts d'Utrecht. RUSSIE.
Société d'archéologie et de numismatique de St.-Pétersbourg.
REVUES CORRESPONDANTES.
L'Institut, journal universel des sciences et des sociétés savantes en France et à l'étranger. (2.e section. Sciences historiques, archéologiques et philosophiques.) Publié à Paris, sous la direction de M. Eug. Ârnould. Collectanea antiqua, etchings and notices of ancient remains, illustrative of the habits, customs, and history of past ages. By Ch. Roach Smith, (London). Messager des sciences et des arts de Belgique ou nouvelles archives historiques, littéraires et scientifiques. Publiéà Gand.
TABLE DES MATIÈRES.
PAGES.
Discours prononcé par M. RIGOLLOT, président, dans la séance publique du 19 août 1849 1 Rapport du secrétaire perpétuel, M. J. Garnieb, sur les travaux de la Société, pendant les années 1848-1849 17 Rapport sur le concours de 1849, par M. A. BREUIL. 39 Glossaire étymologique et comparatif du patois picard, ancien et moderne, par M. l'abbé Jules CORBLET. (Mémoire couronné par la Société dans la séance publique du 19 août 1849). 55 Préface 57 PREMIÈRE PARTIE.
Recherches philologiques et littéraires sur le dialecte picard, ancien et moderne 63
CHAPITRE I."
Origines de l'idiome picard. 63 CHAPITRE II.
Physionomie du patois picard. 73 CHAPITRE III.
Bibliographie du dialecte romano-picard et du patois picard. 96 CHAPITRE IV.
Formes grammaticales de l'idiome picard 148 §. 1."– De l'article 149 §. 2. – Du substantif. 151 §. 3. – De l'adjectif 155 §. 4. – Du pronom 155 §. 5. – Du verbe. 161 CHAPITRE V.
Orthographe et prononciation 176 §. l.« – De l'orthographe. 176 §. 2. – De la prononciation 177 §. 3. Tableau des mutations syllabiques de la prononciation picarde 180
CHAPITRE VI.
Proverbes, maximes et dictons picards 187 §. 1." – Prwerbes moraux. sentences, adages et locutions proverbiales. 188
§. 2. Proverbes météorologiques et hagiologiques 214
§. 3. Anciens proverbes romano-picards 221
§. 4. – Dictons historiques et populaires relatifs à la Picardie 223 CHAPITRE VII.
Armes parlantes et Rébus de Picardie. 261 Armes parlantes 261 §. 2. Rébus de Picardie 262 CHAPITRE VIII.
Noms de lieux 265 CHAPITRE IX.
Noms de baptême, de famille et de corporations 268 §. 1." – Noms de baptême 268 §. 2. Noms de familles 273 §. 3. Noms de corporations 278 CHAPITRE X.
Sobriquets historiques et populaires. 280 CHAPITRE XI.
Anciennes mesures de Picardie. 291 DEUXIÈME PARTIE.
Glossaire étymologique et comparatif du patois picard, ancien et moderne 297 Avertissement 299 Index des principales abréviations 302 Glossaire. 305 APPENDICE.
Additions 045 Addition au.Chapitre III (Bibliographie) 645
Addition au Chapitre V (Orthographe) 645 Addition au Chapitre VI (Proverbes et Dictons) 647 Addition au Chapitre IX (Noms de baptême) 656 Ouvrages consultés 658
Discours prononcé par M. BISSON DE LA ROQUE, président, dans la séance publique du 18 août 1850 665 Rapport du secrétaire-perpétuel M. J. GARNIER sur les travaux de l'année 1849-1850. 671 Composition de la Société des Antiquaires de Picardie (année 1850) 685 Liste des Sociétés correspondant avec la Société des Antiquaires de Picardie, au 31 décembre 1850. 694 Table des matières 703