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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1910-08-06

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 06 août 1910

Description : 1910/08/06 (Numéro 218).

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k288924h

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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S 0 :M::I~CAI:R:E

Le repos moderne Gtkïmelmo FERRERO. Là Vie.de Paris Une, femme de lettres JACQUES DES Gâchons.

Un agent tué, un agent blessé JEAN DE PARIS. Deux démissions Un rekseigné.

A l'Etranger Départ de catholiques pour Saint-Sébastien. -Bruit d un* mutinerie militaire Constantinople. Candidats crétois aux élections grecques.

A l'Institut CH. DAUZATS.

La Semaine étrangère du a Figaro ».

Les croix du 14 Juillet.

Lés nouveaux décorés Jean-Louis.

La contrainte par corps Louis CHEVREUSE. Les congrès L' hygiène scolaire Horace Bianchon. Mémoire et intelligence d'écoliers Dr MAURICE DE FLEURY. Journaux et Revues Socialistes el radicaux 1 ANDRÉ BEAUNIER.

Dessin: «Par fil spécial» ALBERT GUILLAUME. La conquête de l'air Le ctrcuit de VEst Frantz-Reichel..

Autour de la politique La commission du budget A. A.

Le Monde religieux :;L<i« Semaine sociale « JULIEN DE NARFON.

L'agitation syndicaliste Les mécaniciens MAXIME GIRARD.

Gazette des tribunaux L'affaire Légitimus. Le crime d'Hamelet.

Courrier de la Bourse ARMAND YVEL. Nouvelles diverses Cambriolage rue François-I". -La grâce de Jacquiard. -r- Un drame conjugal à Clermont-Ferrand. Feuilleton:LaChalnedesdames:M.lloxTÉGVT.

LE REPOS MODERNE

Tout le monde est en vacances, maintenant. C'est entendu. Mais il est curieux de constater à quel point les hommes sont occupés, dans notre époque, quand ils sont en vacances.

Horace, s'il revenait au monde, trouverait bien bizarre notre manière de se reposer. C'est pendant les mois consacrés au repos que la vie devient un déplacement continuel. Pour peu qu'on soigne sa santé avec des méthodes scientifiques, il est aujourd'hui impossible d'éviter une cure d'eau, dans quelquestation célèbre. Puis la mer, la montagne, les lacs, les bois réclament tour à tour, chacun à son moment, les gens qui n'ont pas, pour rester dans un seul endroit, l'excuse de n!être pas assez riches. Tous ces endroits sont parfois très éloignés la saison des vafeâhcës n'est pas longue; arrivés dans un lieu, on a à peine le temps de défaire ses malles qu'il faut repartir. Que de jours et de nuits à passer en chemin de

fer! l-

fer Chacun 1 de ces courts séjours est à son tour très mouvementé. Partout il y a des excursions à faire, des monuments historiques à visiter. Un homme moderne doit tout voir, ce qui l'intéresse, comme ce qui ne l'intéresse pas. Jadis, la difficulté des communications pouvait servir d'excuse à la paresse. Aujourd'hui, presque tous les riches sont condamnés au mouvement perpétuel par l'automobile qu'ils possèdent. Ceux que la modestie de leur fortune a sauvés de ce tyran n'échapperont pas aux Compagnies de chemins de fer, qui leur organisent des trains de plaisir, les attirent par des réductions de tarifs, les séduisent par une réclame obstinée et habile.

Les vacances sont en outre 1 époque de l'année où tout le monde doit sacrifier au dieu de l'époque au sport. Quel est aujourd'hui l'homme ou la femme qui ne se passionne pour un sport et qui ne lui dédie une partie considérable de ses loisirs ? Le nombre des sports croit d'ailleurs tous les ans; l'été, par exemple, est devenu la saison les hommesoiseaux exécutent dans l'air leurs merveilleux exploits; bientôt tout le monde se sentira obligé d'aller, au moins chaque deux ou trois ans, constater les étonnants progrès de l'aviation.

Pour les personnes cultivées, les vacances sont aussi l'époque de la lecture. Toute l'année on met de côté des livres ou des revues, en se disant qu'on les lira pendant les vacances, avec tranquillité. On espère toujours trouver le recueillement nécessaire à une lecture attentive ou dans un hôtel suisse, ou sur un lac italien ou dans un château. Malheureusement partout il faut de plus en plus disputer son temps aux distractions et aux amusements de la ville, qui suivent les hommes dans tous les endroits ils .vont se reposer des fatigues et des dissipations de la ville.

Ainsi on passe une grande partie de ses vacances dans une agitation continuelle. Et le moment arrive où, les vacances finies, on considère le retour à la ville, au travail méthodique, à sa maison, à la vie normale, comme un doux jrepos bien mérité.

Je lisais, il y a quelques jours, l'article délicieux qu'Abel Bonnard a publié, sur les Vacances, dans le Figaro. C'est pendant les vacances disait le spirituel poète que nous devrions « vivre pour nous ». Mais sont-ils nombreux ceux qui peuvent encore comprendre et exécuter •le beau programme, résumé dans 'ces trois mots? Si notre civilisation a donné aux hommes beaucoup de libertés, elle ̃tend de plus en plus à nous restreindre la liberté de choisir nos plaisirs et nos distractions, de limiter nos besoins et le luxe dont chacun de nous veut jouir. C'est la loi. fatale et la grande faiblesse d'une civilisation qui pousse les hommes à augmenter sans cesse, rapidement, la

richesse'

Il est évidemment inutile de produire, si on, ne consomme pas. Mais il faut un effort de l'esprit même pour consommer la richesse, bien que cet effort soit différent de celui qui est nécessaire pour la produire; et l'homme n'est pas si.natu-

Tellement porté à l'activité, qu'il préfère toujours cet effort au repos et à l'abstinence. Ce n'est pas sans de profondes raisons psychologiques que toutes les philosophies, toutes les religions, toutes les littératures ont idéalisé la simplicité des mœurs, la vie paisible, la sagesse qui se contente de peu. Il faut donc obliger l'homme à consommer le plus qu'il peut, en multipliant et en surexcitant les désirs.

Nulle époque n'a excellé, comme la nôtre, à rendre obligatoires, dans toutes les classes, la consommation et même le gaspillage d'une quantité énorme de richesse. Un historien serait même parfois tenté de reconnaître, dans ce curieux phénomène, une différence essentielle, la plus importante peut-être, entre notre civilisation et les civilisations beaucoup plus pauvres qui l'ont précédée. Autrefois, une petite élite seulement était astreinte à vivre avec un certain luxe; ce luxe était la rançon des privilèges dont elle jouissait, et il devenait, à certains moments, une charge bien lourde à porter.

A Athènes, comme à Rome, comme dans les républiques italiennes du moyen âge et dans les grands et petits Etats européens avant la Révolution, le même phénomène se répète partout: beaucoup de grandes familles se ruinent, pour ne pas renoncer à un luxe, qui ne profite et ne donne du plaisir qu'aux autres. Notre époque de démocratie, si elle a diminué l'influence sociale de ces élites, leur a donné un peu plus de liberté, en ce qui concerne l'emploi de la fortune; mais elle a soumis à l'obligation de vivre avec un certain luxe, plus ou moins coûteux, les classes moyennes et même une partie des classes populaires, qui autrefois pouvaient vivre comme elles voulaient.

Les amusements tendent de plus en plus à devenir une partie de ce luxe, que la société moderne impose à toutes les classes. L'otium, si cher aux Latins, n'existe plus; quand on ne travaille pas, il faut s'amuser c'est-à-dire surtout se déplacer et dépenser de l'argent. L'époque des chemins de fer, de la navigation à vapeur et de l'automobile n'aime plus ni les plaisirs sédentaires ni les plaisirs qui ne coûtent rien. C'est pour cette raison peut-être que la lecture, distraction favorite, autrefois, dans certains milieux, est aujourd'hui en décadence. Il est vrai que, dans ce régime de mobilité perpétuelle, les vacances ne sont plus, pour beaucoup de personnes, après une semaine ou deux, qu'un surmenage différent de celui dont on est victime dans les villes, 'pendant le reste de l'année. Mais la majorité s'y adapte, contente de suivre la tendance de son temps et de marcher avec le progrès toujours, au mois d'août comme au mois de janvier.

#*#

Il sera cependant curieux de voir un jour où aboutira cette tendance, qui semble se développer avec une rapidité croissante. Son développement, en effet, sur lequel tant de personnes vivent et s'enrichissent, ne peut pas être illimité. Il est incontestable qu'aucune époque n'a travaillé et ne s'est amusée, comme notre époque. Mais pour travailler comme e pour s amuser il faut du temps et le temps dont l'homme dispose, dans son existence, est limité. Sans douté, depuis un siècle, l'homme a trouvé le moyen d'allonger sa courte journée de vingtquatre heures, sacrifiant deux choses d'une nature très différente et qu'on ne s'attendrait pas à voir accouplées dans l'étude d'un phénomène historique la religion et le sommeil. Les fidèles très pieux ne donnent plus aujourd'hui aux pratiques religieuses le temps que les tièdes croyants n'osaient pas leur refuser il y a trois siècles. Il est même fort probable que la réduction progressive du temps consacré aux choses divines soit la cause principale de l'incrédulité moderne, ou au moins une cause beaucoup plus importante que les progrès de l'instruction à base scientifique. Les rites, les cérémonies, les fêtes, les discours, les pratiques qui rappellent chaque jour les croyances fondamentales d'un culte, sont nécessaires pour maintenir la foi religieuse dans les masses. Toutes les religions qui ont exercé une influence profonde sur le développement de l'humanité, les cultes polythéistes de l'antiquité, les différentes sectes chrétiennes, l'islamisme, l'ont compris. Mais cette éducation religieuse intensive est devenue presque impossible dans une époque où les hommes sont absorbés, du matin au soir, par tant d'occupations et de préoccupations différentes.

La réduction des heures du sommeil a annexé la première moitié de la nuit aux domaines du jour et de l'activité, et a fait développer d'une manière prodigieuse les industries de la lumière artificielle le pétrole, le gaz, l'électricité. Mais des médecins la considèrent comme une cause très grave de l'affaiblissement nerveux, dont tout le monde souffre aujourd'hui; et Bjœrnson, dans un article célèbre publié il y a une quinzaine d'années dans la Revue, la denonça comme une des plus dangereuses anomalies de notre époque.

Ont-ils raison ou tort? Il est évident qu'on ne peut pas déterminer la quantité exacte de repos nécessaire à chaque homme. Chacun doit en cette manière se régler par lui-même; et tant pis pour ceux qui abusent de leur force vitale et se font illusion sur la résistance de leur système nerveux. Mais il est évident aussi qu'on ne trouvera pas le moyen de rayer entièrement le sommeil de la liste des besoins humains, pour le remplacer par les besoins artificiels que l'industrie humaine s'efforce, chaque jour, de créer.

Aussi les hommes semblent destinés à devoir faire un effort de plus en plus grand, pour ne pas rester en arrière de leur époque, même en ce qui concerne ,les amusements et les plaisirs. Telle est

une des redoutables épreuves que notre civilisation prépare aux générations futures A présent déjà les chemins de fer se plaignent des automobiles, les automobiles redoutent les aéroplanes, la sculpture et la peinture luttent dans les familles riches contre l'automobilisme et l'aviation, les libraires se disent ruinés par les sports, chaque sport traite les autres en ennemis, la mer et la montagne se font concurrence. Mais la lutte entre les plaisirs, devenus trop nombreux, est destinée à se faire de plus en plus âpre. De tous les côtés, on se disputera les minutes, dans l'existence des hommes, pour les rendre heureux jusqu'à l'épuisement complet. Forçats du travail et du plaisir, ils ne seront laissés tranquilles que quand ils auront dépensé dans les amusements toute l'énergie .nerveuse qu'ils n'auront pas consommée dans le travail.

En somme, chaque époque a sa manière de travailler au bonheur des hommes et il est, au fond, inutile de la discuter. Celle de notre époque est d'ailleurs si originale et si curieuse; les hommes en semblent, en général, si satisfaits, qu'on n'ose pas trop insister sur les considérations ironiques que ses contradictions et ses excès suggèrent. Il n'est pourtant pas possible, quand on observe la fièvre de plaifcirs compliqués, étranges, excitants qui tourmente notre époque, de ne pas songer au plaisir que donne un beau livre, plein de profondes pensées bien exprimées, quand on le lit dans un beau paysage. C'est un plaisir qui coûte peu, qui est indépendant des circonstances extérieures, dont on peut jouir à volonté, qui ne comporte pas d'accidents dangereux,qui donne une joie pure, c'està-dire non mêlée à aucun désagrément, physique ou moral; et qui repose. Il a toutes les qualités qui manquent aux plaisirs modernes. Pour cette raison, peut-être, ce plaisir est un plaisir véritable et les hommes de notre époque en perdent le goût.

Guglielmo Ferrero.

LA VIE DE PARI S

UNE FEMME DE LETTRES

Le Figaro recevait, avant-hier, une lettre sur papier commercial portant une vignette et cet en-tête « Causeries familières ». En marge était imprimée toute une liste d'ouvrage_s « Les œuvres de Mme Louise d'Alq, 0. :ff ». Voici le texte de la lettre

Villa CAMPAN

Saint-Germain, ce 3 août. Monsieur le Directeur du Figaro, Madame, décédée, laisse une note nécrologique pour que vous vouliez bien l'insérer. En voic exactement la copie « Nous apprenons, avec regret, la mort de Mme Louise d'Alq. etc. » Suivait la notice que les lecteurs du Figaro ont pu lire hier dans notre rubrique « Le Monde et la Ville ». La lettre était signée « La domestique Rose Royer >.

Comme elle le faisait ainsi annoncer ellemême, on conduira ce matin au vieux cimetiére de Saint-Germain-en-Laye cette excellente femme, si courageusement et si méticuleusement prévoyante et dont ce trait indique seul toute la silhouette. De son vrai nom elle s'appelait Marie-Louise Alquié de Rieupeyroux, et, en littérature, Louise d'Alq. Elle meurt à soixante-dix ans.

Ce fut une modeste, et qui serait bien étonnée peut-être de se voir consacrer une « Vie de Paris ». Cependant elle mérite qu'on ne la laisse pas partir sans un mot d'adieu. Lorsque, il y a quelques mois, je préparais un numéro du Figaro illustré sur les Femmes de lettres françaises, je ne manquai pas de lui écrire, car elle était l'auteur d'une Anthologie féminine qui pouvait m'être d'un grand secours. Elle me répondit tout.de suite quoiqu'elle fût souffrante et me confia une série de documents auxquels elle tenait beaucoup. Aussitôt qu'on aura pris les clichés, vous voudrez bien me rendre les photographies, mon cher confrère, me disait-elle. Elles sont uniques. Nous sommes tous mortels si, pendant les travaux de gravure, il m'arrivait quelque chose, je vous autorise à vous servir de ces documents pour un article nécrologique, puis vous les remettriez, s'il vous plait, à ma bonne domestique Rose.

J'ai rendu à Mme d'Alq elle-même les photographies en question, mais je me souviens de l'autorisation que me donnait, avec une si parfaite s*érénité, l'auteur de la Philosophie d'une femme.

C'était un écrivain moral, et ses petits livres sont un peu oubliés. C'est qu'on n'aime plus beaucoup les semonces. Elle le constatait elle-même dès 1887: « Aujourd'hui, le lecteur veut être amusé et l'écrivain le plus moraliste cherche à si bien envelopper la pilule de la morale qu'elle finit par passer inaperçue. Pour la rendre moins amére, on nous présente la vertu tellement dissimulée par le vice aimable et spirituel que la trace de cette vertu se perd tout à fait. Ceux qui n'ont pas la ferme volonté de la découvrir ont bien des facilités pour la laisser de côté. Les esprits légers, qui forment le plus grand nombre, passent, sans même s'en apercevoir, les pages de morale dans un livre amusant, comme les enfants qui lèchent la confiture de leur tartine et jettent le pain. »

Voilà le ton de ses ouvrages.Le stylen'en est pas éclatant, mais le fond est solide. Elle a écrit sur l'indulgence, sur l'amour de son métier, sur la manière d'aimer, etc., de très belles pages. Elle rappelle le mot du Portugais Texeira de Vasanullos « Aimez, aimez n'importe qui, ne serait-ce qu'un perroquet, mais aimez 1 > Elle avait horreur des blasés, pessimistes et autres inutiles.

Plusieurs pensées d'A travers la vie seraient bonnes à répéter aux femmes d'aujourd'hui et à quelques-unes de ces femmes de lettres dont le nombre augmente tous les matins. Son Anthologie féminine a été conçue dans un esprit très large, et elle sera, longtemps encore, bonne à consulter. Seulement, elle n'est pas à jour 1

Mme 'd'Alq vivait, le plus souvent, à SaintGermain-en-Laye, dans cette villa Campan où elle s'est éteinte après des jours de souf-

france. Elle s'y livrait à l'apiculture et possédait une basse-cour dont elle était fière. Une de ses dernières joies fut de voir, dans un magazine agricole, la reproduction du roi de son poulailler, un brahmapoutre de la plus magnifique prestance.

C'était « une aimable personne d'une notoriété discrète », a-t-on dit d'elle, et elle aurait voulu, dans mon étude, que je répétasse le mot. Je le trouve beaucoup trop modeste. C'était une femme de lettres de carrière, ayant voué sa vie à la littérature et à la morale. Sur les tables de son salon de la rue de la Bienfaisance s'étalaient les livres &e ses amis on n'y voyait jamais les siens. Je n'ai vu Mme Louise d'Alq qu'une seule fois, aperçu, devrais-je dire car elle vivait dans l'obscurité, à cause de ses terribles névralgies, mais son accueil avait un charme bien particulier. Elle s'oubliait pour ne penser qu'aux autres. Vous veniez l'interroger et, dans ses souvenirs, elle n'évoquait qu'autrui.

Elle a recommandé qu'on n'apportât sur son cercueil ni fleurs ni couronnes. Sans doute personne ne parlera sur sa tombe. Je suis certain qu'on pleurera le long de la funèbre promenade et que l'on se souviendra longtemps du charmant confrère et de la femme de sens que fut Louise d'Alq.

Jacques des Gachons.

Echos

La, Température

Vilaine journée hier à Paris. Il à plu du matin au soir. La température est au-dessous de la moyenne I3°le matin, 19° à quatre heures. Baromètre, en hausse lente, 757mm 4. Le vent est modéré ou assez fort d'entre ouest et nord sur nos côtes.

Des pluies sont tombées sur tout le continent elles ont été très abondantes sur le Danemark, l'Allemagne et les Pays-Bas. Départements, le matin. Au-dessus de \êro 12° à Limoges, 13° à Charleville, à Belfort, à Besançon et à Lyon, 140 à Brest, à Nantes, à Bordeaux et à Clermont, 150 à Lorient et à Cette, 160 à Rochefort et à Toulouse, 170 à Marseille et à Nice, 180 à Biarritz, 260 à Alger. En France, des averses sontprobables dans le Nord et l'Est, avec température encore inférieure à la normale.

(La température du 5 août 1909 était, à Paris le matin, 130 à midi, 190. Baromètre "j6<)mm. Belle journée.)

Du New York Herald

A New- York Temps beau. Température ̃maxima, 260; minima,'i8°. Vent ouest. A Londres Temps couvert. Température: maxima, 18°; minima, 130. Baromètre 758mm. Vent sud-ouest.

A Berlin Temps beau. Température (à midi) 220.

Les Courses

Aujourd'hui, à deux heures, Courses à Deauville. –Gagnants du Figaro: Prix de Hennequeville Amzer Le Flic. Prix de la Société des Steeple-Chases Rutland Arms Génésareth.

Prix de la Reine Mathilde Causerie Kintyre.

Prix du Golf Happy Boy; Per Bacco. Military de Deauville Rancio; MontSalvat.

--<:>oc:

A Travers Paris

La succession de M. Léopold Delisle, à Chantilly, succession dont on parle beaucoup depuis quelques jours au palais Mazarin, est loin d'être assurée. Elle va donner lieu à des compétitions entre l'Académie des inscriptions et belles-lettres dont faisait partie le regretté savant, l'Académie des sciences et l'Académie des sciences morales et politiques.

Chacune de ces trois compagnies, en effet, peut être appelée à fournir des candidats, l'Académie française et l'Académie des beaux-arts seules ayant chacune, de droit, un conservateur à Chantilly, alors que les autres Académies, aux termes du règlement, ne peuvent que concourir ensemble pour la troisième place de conservateur.

C'est, en définitive, à la commission centrale administrative de l'Institut, commission comprenant des membres des cinq Académies, que sera dévolu le soin de désigner le nouveau conservateur mission délicate qui impose mille ménagements, mais qui pourtant sera remplie, dit-on, à la satisfaction de tous.

Une agence annonçait hier la mort de M. Auguste Selle, député de Valenciennes et socialiste unifié.

II est probable que, soudain, plusieurs candidats éventuels se promirent de le remplacer, le désir de se dévouer à la chose publique étant assez répandu, de nos jours.

Ces candidats se hâtaient excessivement. L'agence, elle aussi, s'était un peu pressée.

En effet, le citoyen Selle n'est pas mort. Il n'est pas mort le moins du monde. Il a été malade; il s'est fait soigner à Saint-Amand. Cela est vrai. Mais, justement, comme il s'est fait soigner, il n'est pas mort.

Il vient de rentrer à Denain, très bien portant, socialiste encore et toujours unifié. Il n'a pas eu un seul instant l'idée d'abandonner le parti et, la scission que l'agence lui proposait, il l'a refusée. Il a bien fait, les candidats eux-mêmes l'accorderont.

Le dernier cri..

C'est une série d'aboiements terribles, rauques, impérieux, qui semblent s'échapper d'une gueule énorme, celle au moins d'un mastiff ou d'un saint-bernard.

On se retourne, on s'attend à voir bondir sur soi un dogue furieux. 'Ce n'est qu'une automobile avertissant charitablement qu'on ait à se ranger. Après la trompe ordinaire, la trompette de cavalerie, après la trompette le piston,

aprës le piston la cornemuse; fatalement, comme appareil avertisseur, nous devions être aux abois.

Simple façon de parler, d'ailleurs, puisqu'il reste encore à employer le bruiement de l'âne, le chant du coq, le rugissement du lion et, bien entendu, le barrissement de l'éléphant, tout désigné pour faire merveille dans une trompe. Les statues.

Notre Directeur reçoit de M. Camille Saint-Saëns l'intéressante lettre que voici

5 août 1910.

Mon cher Calmette,

On parle beaucoup de la statuomanie on s'effraie de l'encombrement progressif de nos voies et jardins par les hommes de marbre et de bronze. Cependant, nos monuments sont garnis de nombreuses niches, destinées à recevoir bustes et statues, et qui restent vides. Que de fois j'ai pensé aux tristes réflexions que doivent faire les sculpteurs sans. ouvrage, à la vue de ces places inoccupées Il y a là de quoi loger toute une population de célébrités connues et inconnues, sans gêner la circulation; et les monuments recevraient ainsi la parure nécessaire qu'ils attendent depuis longtemps.

Votre tout dévoué.

C. Saint-Saens.

C'est une très bonne idée souhaitons qu'on la suive.

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PETITES CURIOSITÉS

L'élève JUSTIN

Pour calmer un peu leur excessive-turbulence, il faut rappeler à nos preparateurs en pharmacie le souvenir et l'exemple de leur glorieux prédécesseur Justin.

Justin était le seul élève de M. Homais, pharmacien à Yonville. « Il servait en même temps de domestique » et il soignait les marmots de son patron «toujours débraillés, fort mal élevés et quelque peu lymphatigues, comme leur mère >.

Justin ne réclamait pas la fermeture de la boutique par esprit d'obéissance d'abord et aussi parce que cette fermeture ne lui aurait procuré aucune liberté. Il était chargé en effet, lorsque son maitre s'attardait chez le docteur Bovary, d'aller le chercher avec une lanterne.

Lorsque M. Homais et ses enfants s'en allaient à la promenade, « Justin les accompagnait, portant des parapluies sur son épaule ».

Un jour, le petit Napoléon Homais se précipita dans un tas de chaux pour peindre ses souliers en blanc « Justin, sans attendre un ordre, lui essuya ses chaussures ftvee.tjn, tç>rchis de paille. » "'••.̃ Il était toujours occupé à des besognes domestiques. Ainsi, lorsque Mme Bovary entra pour la dernière fois chez M. Homais, « Justin, en manches de chemise, emportait un plat ».

Ce fut, sans doute, pour ce silencieux dévouement que Gustave Flaubert l'immortalisa en traçant de lui ce dernier portrait « Sur la fosse, entre les sapins, 'un enfant pleurait agenouillé, et sa poitrine, brisée par les sanglots, haletait dans l'ombre, sous la pression d'un regret immense, plus doux que la lune et plus insondable que la nuit. »

Depuis deux jours, dans les couloirs de la Bourse du travail, où les grévistes palabrent, un homme jeune se promène avec, sur la poitrine, la croix de la Légion d'honneur.

Ce n'est pas, naturellement, un militant, il n'est pas membre de la C. G. T., il n'appartient à aucun syndicat. C'est un fort brave homme Surveillant de 3° classe, M. Tournois a trenteneuf ans, il compte vingt et un ans de service militaire; il a pris part à douze campagnes et fut admis à faire valoir ses droits à la. retraite, il y a deux ans, comme adjudant d'infanterie coloniale. Ses brillants états de service dans l'Afrique centrale viennent d'être, un peu tardivement, récompensés d'un bout de ruban rouge.

Le cinquième mille de Et le feu s'éteignit sur la mer. par Jacques de Fersen, vient de paraître chez Messein, l'éditeur bien connu du quai Saint-Michel. C'est assez dire le succès qui a été fait à cette œuvre curieuse et d'une haute tenue littéraire. On retrouve dans cette œuvre la fougue sarcastique et passionnée de l'auteur de Lord Lyllian, de Aotre-Dame des Mers Mortes, d'Une jetanesse et du poète des Cortèges qui sont passés.

Une observation piquante. et qui sera comme le dernier souvenir de la visite à Paris d'un hôte illustre. Des convives amusés ont remarqué la prédilection accordée, à l'issue des réceptions et des banquets, aux cigarettes. C'est qu'elles n'étaient autres que les fameuses cigarettes anglaises Wills, délices des fumeurs. Voilà pourquoi « Three Castles » et « Diamond » ont eu les honneurs de ces journées, et ceci prouve, une fois de plus, qu'en matière de goût, comme en matière d'art, il n'y a pas de nationalité.

Une joie unique sera réservée demain dimanche aux hôtes, déjà si favorisés, du Paillard Bellevue Palace. Du haut de ces immenses terrasses qui surplombent la Seine, ils seront merveilleusement placés pour admirer l'envol des aviateurs, pour suivre les évolutions hardies des aéroplanes engagés dans le Circuit de l'Est. Les fenêtres du Bellevue Palace, les larges baies de son somptueux restaurant seront les « premières loges Il et assurément les plus élégantes, car nos hôtes étrangers y jouiront d'un spectacle inoubliable.

Un cachet d'élégance unique et de haut goût distingue les cadeaux de fêtes et les ravissantes boîtes de baptême que tout Paris admire « A la Marquise de Sévigné », boulevard de la Madeleine. Garnies de ces chocolats de Royat, fameux entre tous, qui font les délices des gourmands, remplies de friandises savoureuses,ces petites merveilles artistiques,

que multiplie' l'ingéniosité créatrice de M. A. Rouzaud, demeurent l'ornement délicat des plus luxueux logis.

« L'homme est un loup pour l'homme.», dit-on quelquefois. Sans être aussi pessimiste, on peut bien dire que lafemme est parfois sévère à la femme. D'où vient que les spectatrices de Mariçny s'unissent dans une admiration commune pour Mlle Napierkowska? C'est que cette jeune artiste possède tous' les dons, réunit toutes les qualités. Ses danses sont une merveille de grâce, sans rien perdre de cette ardeur qui donne tant de pittoresque à ses mouvements. Mais si Mlle Napierkowska est le charme de Marigny, le général Lavirïe en est la gaieté, une gaieté folle et vraiment contagieuse puisque la salle entière est secouée du fou rire lorsque apparaît en scène cet homme vraiment étonnant d'excentricité et de fantaisie.

Hors Paris

Une ville affamée.

Ce fut, avant-hier, la riante cité d'Alix bagne, où les ouvriers boulangers, prolétaires conscients, s'étaient dernièrement mis en grève. Tout ému de voir ses administrés privés de leur pain quotidien, le maire, dans la nuit, avait télégraphié à la préfecture de Marseille. H lui fallait immédiatement, mandait-H, trois mille kilos de pain pour nourrir ses électeurs criant famine.

Au matin, rien n '.était arrivé et les électeurs aubagnais faisaient triste mine. Le maire courut encore au télégraphe, rédigea une nouvelle dépêche plus pressante encore et s'en fut prier ses concitoyens de ,patienter un peu. Hélas ils patientèrent en effet. Car toute la jour* née se passa sans qu'apparût à l'horizon le convoi tant attendu. La préfecture de Marseille, décidément, était sourde et muette.

Il fallait savoir à quoi s'en tenir. Aubagne n'est qu'à 16 kilomètres de Marseille le maire s'en fut en personne aux informations. Et voici qu'à là préfecture, on lui présenta ses télégrammes, fort exactement mis de côté sous leurs bandes intactes. Car le préfet était absent, le secrétaire général aussi et, pareillement, le chef et le sous-chef du cabinet. Quel employé se fût permis, sans l'aveu de ces hauts et puissants dignitaires, d'ouvrir un message offi- Ciel ? ̃ Aubagne avait' manque^p'âm? le protocole administratif était sauf! Tout allait bien. Nouvelles à la Main ̃̃̃̃ La pluie, toujours Que boironsnous cet hiver?

Du vin de raisins .secs 1

-o-<x>o-

Inquiétante cette statistique sur l'augmentation du nombre des divorces.' Et le statisticien se nomme Nourrisson

0-<DC>-O-

Condamné, le professeur d'Ariany, qui vendait le talisman du bonheur, a obtenu le bénéfice de la loi de sursis. Oui, il a promis de rester sage comme un mage.

Vous croyez vraiment à cette imposition d'un « permisde pêche » ? ? Non, c'est un projet qui tombera dans l'eau. Le Masque de Fer.

LA QUESTION DU REVOLVER,

Un agent tué

Un agent blessé

Deux agents sont tombés hier sous les balles d'un énergumène. L'un d'eux est mort. L'autre est grièvement blessé. Nous n'avions pas besoin de cette leçon- pour demander que la « question du revolver » fût enfin réglée. Chaque jour, des faits trop éloquents ont justifié notre campagne. Après la tuerie d'hier, il semble que les pouvoirs publics no puissent hésiter à prendre des' mesures définitives. ̃' A quatre heures et demie de l'aprèsmidi, un taxi-auto heurta un fiacre, sur le boulevard Sébastopol, devant l'épicerie Potin, pas loin des grands boulevards. La collision avait été fort légère. Néanmoins, deux voyageurs .placés dans le fiacre se penchèrent, et l'un d'eux frappa violemment le wattman du taxiauto qui se trouvait a portée de son

poing. ̃ •̃̃

Le wattman, ayant arrêté sa voiture, appela un agent, l'agent Richard, qui était de service en'cet endroit. L'agent Richard s'approcha, et, .selon l'usage, inscrivit sur son carnet, les noms des cochers, les numéros des voitures, etc. Puis il invita conducteurs et voyageurs à le suivre au commissariat.

A ce moment, l'un des voyageurs sauta à terre, sortit un revolver de sa poche, et tira à bout portant sur l'agent. Celui-ci fut atteint de trois balles l'une traversa le pharynx, l'autre perça la joue, au-dessous de l'œil,, la dernière défonça le crâne. -̃•̃̃-

L agent tomba sur la chaussée. Le meurtrier voulut s'enfuir. Mais déjà plusieurs personnes s'élançaient sur lui; un agent du dixième arrondissement, M. Pelleter, qui se promenait là, vêtu d'habits civils et avait assisté à la scène», trois soldats, un maréchal des logis de la garde, un garçon livreur, Henri Blanchard. Ils étaient précédés de deux agents en uniforme, Le Tiec et Daudou. L'homme vit qu'il ne pourrait échapper. Alors, il braqua son reYélver sur le