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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1897-06-25

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 25 juin 1897

Description : 1897/06/25 (Numéro 176).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k284054n

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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LA DUSE

ET

tE PUBLIC PARISIEN

La Duse va nous quitter, après nous avoir donné par elle-même une brillante fête d'art et nous avoir procuré par d'autres une amusante comédie. Actrice sans rivale en Italie et classée par les deux mondes au premier rang des étoiles voyageuses, elle venait demander à Paris la consécration de sa gloire. Cette couronne suprême, elle l'emporte. En même temps, elle nous laisse le souvenir d'une ipièce en partie double, jouée autour d'elle dans les coulisses et dans la presse. Avant de la connaître, nous incarnions, pans parler des hommes, le génie dramatique dans trois femmes, Mmes Sarah Bernhardt, Bartet et Réjane. La première était pour nous la poésie, la seconde le charme, la troisième l'esprit. Nous pouvons désormais joindre à cette trinité une quatrième muse, la vérité.

Il n'y a pas deux moyens au théâtre d'avoir du génie ou du talent. Le grand artiste est celui quirévèleune nature originale. Mais génies et talents sont fort divers dans leur façon de s'exprimer. Telle vit sur la scène sa propre vie morale, mais en la revêtant de la mesure et de la réserve qui règlent sa vie réelle c'est la vérité, mais pudique et voilée. Telle autre joue avec I'iron4e gouailleuse, l'intelligence aiguë et l'égoïsme retors qui mettent dans tous les actes de la Parisienne une pointe de complication. Une troisième, par désir constant d'être unique, donne toutes les impressions d'art, les plus rares et les plus hautes, sauf une, la simplicité. Avec la Duse nous aurons vu sur la scène une nature de femme et d'artiste au complet, l'artiste jouant avec toute la sensibilité de la femme et la femme s'absorbant dans l'artiste.

Tout ce que ses biographes nous ont appris sur son caractère et sa carrière peut se résumer en deux mots elle est sensible et sincère, absolument, avec une telle intensité que non seulement elle fait son art avec son expérience de la vie, mais qu'elle vit son art comme sa vie, c'est-à-dire qu'elle forme chacun de ses personnages avec toute son âme et tout son corps, sans rien réserver d'ellemême. Elle est successivement et complètement, du corps à l'âme, Marguerite Gautier, Césarine, Magda, une maîtresse d'auberge, une amoureuse de village. Nous ne l'avons pas vue dans les grands rôles de Shakespeare et des tragiques grecs, mais l'artiste qui â été constamnasnt Eleonora Duse dans des personna!gçs aussi différents que ceux de Dumas fils, de Sudermann, de Goldoni et de Verga, ne peut pas être, autre chose, quels que soient le temps, la condition et le caractère incarnés par elle.

Monotone, alors ? Ah que non Il n'y a pas de pire défaut au théâtre et aussi capable de gâter les plus'belles qualités que de se ressembler toujours, en forçant tous ses rôles à revêtir le même aspect et à parler la même voix. Nous ̃avons des artistes- fort estimables ou de premier ordre, hommes et femmes, qui ne nous permettent pas une seule fois d'oublier que nous avons devant les yeux M. Un Tel ou Mme Une Telle. Avec la Duse, c'est juste le contraire elle est chacun des personnages qu'elle joue, c'est-à-dire qu'elle interrompt sa vie propre pour vivre la leur. Elle se subordonne à eux; elle s'efface derrière eux. D'autres se servent de leurs rôles elle sert les siens. D'autres se font admirer en eux; elle les fait admirer en elle. L'acteur, comme l'auteur, ne saurait nous donner de plus vif plaisir. Lorsqu'ils le produisent, ils débarrassent la littérature et l'art d'une part de factice qui en est la rançon habituelle. Vous vous rappelez le mot fameux « On s'attendait de voirun auteur et on trouve un homme. » Il en est de même pour l'acteur.

De là tout le talent de la Duse, avec ses excellences et ses limites. Il y a, je crois, un degré de poésie et d'élégance, une profondeur d'émotion, une ampleur de style qu'elle ne saurait atteindre. Il faut reconnaître que, dans la Dame aux camélias par exemple, elle ne donne pas aux deux premiers actes l'impression de la grande courtisane, ensorceleuse d'hommes, portée d'instinct au sommet du luxe et folle de plaisir. Mais comme elle nous dédommage aux trois derniers, lorsqu'il ne s'agit plus d'exprimer que l'amour et la douleur! Comme son jeu est simple, fort et franc! Comme sa muse, la Vérité, l'inspire et la conduit! comme elle lui évite toute affectation et tout procédé! Les sentiments généraux et permanents, foncièrement humains, voilà le vrai domaine de la Duse. Elle leur donne tout ce qu'un corps et une âme peuvent prêter de vie à la fiction. Elle ne se contente pas de les comprendre et de les traduire; elle les sent et elle les vit. De là cette parfaite justesse du geste, cette infinie mobilité des traits, cette expression du regard, cette variété de tons. De là cette manière de s'habiller et de se tenir en scène. De là cette absence de tout maquillage, pour que le visage soit le miroir limpide de l'âme. De là le'peu d'attention que l'actrice demande au spectateur pou.r ses toilettes, quoiqu'elles soient d'un goût très sûr, et pour sa beauté, quoiqu'elle soit mieux que belle. Ces cheveux de nuit, où pointe la neige commençante, ces yeux de feu sombre et changeant, fenêtres qu'éclairent les lueurs profondes de F." me, cette bouche douloureuse, la ligne ure de ce corps ne-demandent pas l'admiration pour euxmêmes. Ce ne sont que des moyens dont l'artiste se sert pour produire l'illusion de la vérité.

La Duse nous arrivait précédée, d'une réputation bruyante et mal définie. Etaitelle une grande artiste ou une curiosité internationale? Les avis différaient. Des juges réputés l'avaient entrevue et la traitaient avec dédain, mais des amateurs d'un goût sûr nous promettaient une révélation. Les acteurs de la Comédie-Française l'avaient rencontrée à Vienne et à Londres. J'étais très frappé. du sérieux sobre avec lequel la jugeait un d'entre eux qui parlait sans légèreté ni méchanceté. Il disait « C'est une grande, une très grande artiste. » D'autre part, on signalait chez elle un trait de caractère point banal dans sa profession elle n'était pas cabotine, c'est-à-dire désireuse de bruit en dehors du théâtre, et, loin de faire des avances à la presse, elle évitait le journaliste Avec nos habitudes parisiennes, ceci, rencontrait quelque scepticisme et provoquait un peu d'agacement, Une actrice qui se contente de jouer la comédie et ne fait pas de visites, nous en avons sans doute, mais peu. Celle-ci 'ne flattait pas les vanités influentes, ne cherchait pas les protections, se refusait aux familiarités Il fallait voir.

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ÇiSpuis, nos reines de théâtre ont des cours constituées,avec unediplomatie,un protocole, des courtisans, avec une politique intérieure et étrangère, avec des jubilés. Se passer de ces moyens de domination, c'était leur manquer de respect, les blâmer. :̃•̃.

Plusieurs de nos critiques sont Un peu comme nos reines de théâtre. Ils reçoivent des hommages ils ont des protégés. La Duse ne viendrait donc pas leur faire sa cour? L'arrivée de cette reine de Saba leur apporterait une mortification au" lieu des habituelles satisfactions d'amour-propre ? Reines de la scène et rois du journal attendaient, ironiques et pincés.

La Duse n'a pas trompé cette attente. Elle n'a pas fait de visites elle n'a guère reçu. En dépit des avertissements et des conseils, elle n'a rien sacrifié de ce qu'elle croit être sa dignité.

Elle arrivait à l'invitation de Sarah Bernhardt, qui avait eu la galante bravoure de lui offrir l'hospitalité de son théâtre. La. grande Sarah est à la hauteur de toutes les comparaisons et la Duse, reconnaissante et déférente, déclare qu'elle a reçu d'elle l'initiation, la révélation, le sacrement artistiques; mais les fervents de Sarah, premiers minis- tres ou simples courtisans, n'admettent pas que personne traite avec elle d'égal à égal. S'ils vantaient la grandeur d'âme 1 de Sarah, la Duse leur semblait bien audacieuse.

Il est résulté de tout cela que, sauf exceptions assez rares, la presse a été dure ou peu gracieuse pour la Duse. A la suite des premières représentations, quelques articles ont reculé les bornes de la « rosserie », quoique nous ayons de grands maîtres en ce genre. Pas d'éreintemehts, certes, mais beaucoup de réserves et un ton d'impartialité froide qui raillait l'enthousiasme. Surtout, exprimé ou sous-entendu, l'avis que la prétention de la Duse, non pas à surpasser, mais à égaler nos grandes actrices, était outrecuidante.

Si la Duse n'avait pas mérité pleinement sa réputation européenne, l'épreuve parisienne était pour elle un désastre. Elle partait vaincue et ridicule. Son talent a été le plus fort. Dès le premier soir, il s'est créé dans le vrai public un courant d'admiration qui a roulé et noyé les petits bateaux de partialité et d'injustice. Saisi par la vérité de ce jeu, secoué par cette force vibrante, transporté par cette originalité neuve, le public a planté là ses guides habituels et s'est fait lui-même son opinion, admirant de tout son coeur, applaudissant de toutes ses mains, pleurant de tous ses yeux. Il lui a fallu beaucoup de courage à la Duse pouf dompter ses nerfs et garder ses moyens après l'impression qu'a dû lui causer la presse du premier jour, car elle est franche et elle n'a pas déclaré, selon l'usage, qu'elle ne lisait pas les journaux. Et comme, avec le talent, rien n'excite autant la sympathie que le courage, comme le dénigrement qui n'atteint pas son but se tourne en réclame, cette injustice a doublé le succès.

La Duse part donc victorieuse. Certes, elle n'a mangé personne, comme on dit. Après comme avant, nos grandes actrices gardent leur rang. Nous aurons le même plaisir à les voir et le même empressement à les fêter. Mais, au point de vue général du théâtre, elle laisse derrière elle un exemple dont il faudra bien profiter. Dans les surenchères de prétention, de snobisme et de truquage au milieu desquelles nous vivons, elle nous a pris par la seule force de la vérité. Je souhaite qu'elle en ait laissé le goût durable au public. Un seul médecin et une seule cure ne peuvent pas guérir les maladies nombreuses et diverses dont nous souffrons.

Beaucoup de nos comédiens ne changeront pas leurs habitudes. A côté de ceux dont.le talent est sincère et le caractère digne, d'autres continueront à user de cabotinage et de réclame. Mais il y a les jeunes, dont les ambitions ardentes guettent l'avenir. I^s ont dévoré cet exemple des yeux. Portés, à imiter, par essence, ils se règlent souvent sur des exemples dangereux. Ils leur laissent le talent, qui ne s'emprunte pas; ils leur prennent l'affectation, insupportable sans le talent. Cette fois, ils auront vu l'art se confondre avec la nature par la force de la volonté, de la sincérité et du travail. Ils auraient tout profit à rivaliser avec cela.

Ainsi, pour le public et les artistes, la Duse est venue donner un bon exemple. Elle laisse derrière elle un germe qui lèvera. Pour le fortifier, il faut qu'elle revienne. Elle reviendra.

Gustave Larroumet,

AIT JOUR LEtfOUR UN JOURNALISTE

M. Eugène Schnerb, conseiller d'Etat, ancien préfet, ancien directeur de la Sûreté générale, mais surtout ancien journaliste, est mort hier à l'àge de cinquante-quatre ans. Il est de ceux qui ont le plus justifié le mot célèbre que le journalisme mène à tout à la condition d'en sortir, mais il n'est que juste d'ajouter qu'il était aussi de ceux qui auraient pu se contenter de rester journalistes, avec la certitude de trouver dans la carrière autant. de profit et plus de notoriété qu'il n'en trouva dans les fonctions publiques.

Par malheur, Eugène Schnerb, qui avait du talent, beaucoup d'acquis, de la décision et du jugement, n'avait pas très bon caractère. Il souffrait de l'estomac, ce qui influe terriblement dans la vie d'un homme, et cela lui donnait une allure cassante, un peu inquiète, et qui cadrait très bien avec sa physionomie d'une distinction froide, assez sèche, toujours en défiance avec les gens qu'il ne connaissait pas, et qui ne se déridait qu'avec ses amis, avec les vieux camarades de presse qui pardonnaient à ses défauts en faveur de ses qualités. Il serait très injuste, au surplus, de faire grief à Eugène Schnerb d'un caractère "dpnt il a été le premier à souffrir, car c'est de là qu'est venue, pour cet homme très bien doué, qui avait tout ce qu'il fallait pour vivre parfaitement tranquille et parfaitement heureux, une existence plutôt agitée et tourmentée, qui ne s'était bien assise que dans ces dernières années, au sein de ce Conseil d'Etat qui est le lieu d'asile par excellence, la grande retraite administrative, littéraire et judiciaire! Eugène Schnerb avait débuté à la préfecture de la Seine, en même temps qu'Henri Rochefort, qu'Arthur Arnous que Guillemot, que Vermesch, -que bien d'autres encore dont les fortunes ont été très diverses. Ils n'étaient pas tous dans le même bureau, c'eût été désastreux pour la marche des affaires administratives, mais il faut croire, cependant, qu'on ne les avait pas groupés d'après leur caractère, car Rochefort était au bureau des décès, et Schnerb à celui des mariages.

Peu importait, d'ailleurs, car les uns et les autres n'aspiraient qu'à passer à travers leur rond de cuir. Schnerb fut un des premiers qui s'évada pour collaborer, à un petit journal qui s'appelait la, Situation et dont il serait difficile de trouver aujourd'hui un numéro dans les kiosques.

C'était un journal que faisait publier en France le roi de Hanovre est-ce assez bizarre et assez loin de nous 1 pour attaquer Bismarck qui l'avait dépouillé de ses biens. Le bon roi de Hanovre ne rentra pas pour cela dans son argent et il perdit même quelques écus de plus à cette tentative littérair,e.

Mais elle avait au moins servi à faire connaître Eugène Schnerb, et peu après, on le retrouvait au Paris-Caprice, où il donnait de petits articles légers et mordants qui ne fai- saient pas présager le futur conseiller d'Etat, mais qui annonçaient déjà un polémiste incisif et tranchant, car ce furent là les véritables faces du talent de Schnerb, et sa vraie carrière s'est déroulée au XIX* Siècle d'Edmond About, où il faisait ce qu'on appelait alors les < articles de tète et ce que nous avons appelé depuis les < leaders », pour tâcher d'être à la hauteur des Anglo-Saxons. C'était une époque de fièvre et de lutte qui convenait admirablement au tempérament ( batailleur de Schnerb. Cette salle de rédaction i du XIX» Siècle, qu'Edmond About animait, < remplissait de sa verve endiablée, était alors 1 un des centres politiques les plus courus de .1 Paris. On avait l'habitude de s'y réunir au re- tour de Versailles, après les séances impor- < tantes. Il y avait là Francisque Sarcey, qui 1 menait la campagne anticléricale, engagé dans une guerre à mort contre les petits Chinois; Eu- ( gène Liébert, mort depuis, après être passé, lui 1 aussi par les préfectures; Paul Lafargue, qui I est aujourd'hui trésorier général, après avoir i été secrétaire général de la Présidence sous M. Casimir-Perier; Charles Bigot, Henry Fou- 1 quier, de La Rounat; puis les hommes politi- ( ques, Jules Simon, de Marcére, Tirard, le co- ( lonel Langlois, qui continuaient en discussions ( bruyantes, dans cette salle de rédaction, la < séance de la journée à la Chambre. 1 Edmond About allait et venait, de son petit t pas sautillant, égayant les discussions passion-

nées de ses mots toujours remplis d'esprit et d'un imprévu charmant. Un soir, entrant dans la rédaction, il y aperçut une tête nouvelle; c'était un brave petit garçon engagé le matin même pour faire la « mercuriale des halles et marchés ».

Ah! lui dit About vous êtes notre nouveau collaborateur ?

Oui, monsieur, fit l'autre, timidement. Et vous allez faire la mercuriale des halles et marchés ?

Oui monsieur.

Alors About, plein de gravité

Très bien. Je ne vous ferai qu'une seule recommandation inspirez-vous toujours de la ligne de conduite du journal!

Mais Edmond About, qui était d'ailleurs le plus accommodant des hommes, avait, lui aussi, ses petits moments de susceptibilité. Il était la bonté même pour ses collaborateurs, mais il n'aimait pas qu'ilSvinissent, en dehors de lui, le journal en avant, et il prit fort mal la décora-^ tion donnée par Jules Simon à Schnerb, comme principal rédacteur du XIXo Siècle.

Il fallut se séparer. Schnerb quitta le journal, et, du même coup, le journalisme, et alors commença pour lui cette carrière administrative, qui devait se terminer au Conseil d'Etat. Il y entra dans de brillantes conditions, ayant été nommé, pour ses débuts, préfet de 2e classe. Sa situation dans le journalisme le comportait; par surcroît, M. Tirard, son ami personnel, était alors ministre il était devenu, de plus, par son mariage, le neveu du colonel Langlois, et il était resté en excellentes relations avec les principales personnalité politiques qui se trouvaient alors en faveur.

Sa carrière fut donc relativement facile, autant que peut être facile, ànotre époque, cette carrière instable entre toutes qui s'appelle l'administration. Schnerb, avec son tempéra-

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• ment entier et absolu, y éprouva quelques surprises. Il en est une qu'il aimait lui-même à raconter. Il était alors préfet en Vaucluse, un pays réputé pour son beau soleil, pour son bon petit vin, et aussi pour ses aimables fraudes électorales.

Un jour, un brave maire de campagne vint le voir dans son cabinet

Eh bien monsieur le maire, lui demanda Schnerb, aurez-vous, dans votre commune, de bonnes élections municipales ? Heu! heu répondit l'autre, ce sera très dur, cette année.

Comment cela ?

Oui. Nous l'emporterons tout de même. Oh pour l'emporter, nôus l'emporterons, mais enfin ce sera dur, très dur. Hé quoi donc! reprit le préfet avec une certaine solennité, est-ce que la République ne ferait pas chez vous les progrès qu'elle réalise' partout ailleurs?

Le brave maire se gratta l'oreille, et, confidentiellement

Ce n'est pas cela, monsieur le préfet c'est, à cause de la situation électprale de ma commune. Encore une fois, nous l'emporterons, mais il y aura du tirage, c'est certain Mais pourquoi donc cela, voyons ? -> Eh bien s'il faut tout vous dire, nous ne sommes que 62 contre 128

Schnerb, quand il racontait cette histoire d'élection, un peu vive assurément, mais toute pleine de soleil, en était tout estomaqué. Et quand il entra au Conseil d'Etat, qui est justement chargé de réprimer ce genre de fraudes, il dut sûrement se promettre de rattraper, au demi-cercle, le brave maire de campagne qui, si cordialement et si ingénument, lui avait fait ses confidences 1

Jean-Louis.

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Echos

La Température

Malgré le très beau temps, dont nous jouissons depuis quelques jours, il faut s'attendre à un changement prochain. Des orages vont s'étendre du littoral à l'intérieur déjà des pressions orageuses se forment dans le sudouest de l'Angleterre et en Gascogne et, hier matin, sur quelques points de notre littoral océanien, les troubles atmosphériques dont nous parlons se sont fait sentir.

Mais la température est en très grande hausse; hier, elle donnait à Paris 22o audessus à huit heures du matin et 2y à deux heures dans la matinée, on notait 24° à Bruxelles.

La journée a donc été très chaude et a obligé les Parisiens à sortir en prenant des précautions contre les rayons solaires. Dans la soir^è, pluie et averses; le thermomètre était à 2io,' et le baromètre, à 764mln pendant la journée, restait à 765™ dans la nuit. Dieppe. Temps. merveilleux, mer splendide thermomètre, 220.

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Les Courses

A deux heures, courses à MaisonsLaffitte. Gagnants de Robert Milton Prix de Port-Marly Lady Baltimore. Prix Faisan Double Tour.

Prix de Bel-Sito Sinha.

Prix Krakatoa Magister. 1

Prix Narcisse Baladin.

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L'OMBRE AU TABLEAU

Nous n'avons fait qu'exprimer une v*v vérité en constatant que les Français en général et les Parisiens en particulier appréciaient équitablement la grandiose manifestation de puissance politique et de belle santé sociale dont l'Angleterre nous offre actuellement le spectacle. Nous avons été justes en reconnaissant que le jubilé de, la reine Victoria dépasse, par certains côtés, les « triomphes » romains les plus décisifs et les plus caractéristiques. Mais il y a une ombre au tableau, et il serait indigne d'écrivains et d'observateurs consciencieux de la passer sous silence. Aux cris d'allégresse qui ont salué l'arrivée du cortège royal sur les limites de la. Cité de Londres ont répondu des cris de fureur et les manifestations d'un sombre désespoir à l'Hôtel de ville de.Dublin. Le drapeau noir, symbolisant le deuil et la haine d'une nation condamnée depuis deux siècles et demi à l'esclavàge et à la faim, a été hissé pendant un laps de temps assez long sur cet édifice, et une lutte violente s'est engagée dans la rue entre la police et des malheureux qui promenaient un cercueil. Certes nous n'attachons pas à ces démonstrations taxées d'avance d'impuissance la vertu de modifier directement, et si peu que ce soit, la situation actuelle de l'Angleterre dans le monde. Mais il faut bien reconnaître que si l'Angleterre est aujourd'hui plus forte qu'elle ne l'a jamais été, les populations qu'elle gouverne contre leur gré, qu'elle opprime réellement ne peuvent même entrevoir l'heure où une amélioration quelconque sera apportée à leur sort vraiment lamentable. Les Anglais sont forts ils dominent l'Inde, le tiers de l'Amérique, les deux tiers du continent africain, l'Australie. Leur influence est prépondérante dans les cinq parties du monde, mais les Irlandais ne cessent pas d'être traités en peuple conquis. Les confiscations de terres prononcées par Cromwell au profit des landlords n'ont pas été revisées; la population irlandaise meurt de faim. Bref, le régime, soit civil soit politique, auquel cette nation martyre se trouve soumise participe à la fois de la tyrannie et de la cruauté.

Au point de vue moral et humanitaire, l'accroissement de prestige et de puissance de l'Angleterre n'a donc rien produit. Tout pour le profit particulier, rien pour le progrès général.

Nous souhaiterions que dans le rayonnement de l'apothéose qu'on lui a ménagée, le cœur et l'intelligence de la Reine fussent touchés d'une flamme de pitié et de justice, et que parmi les acclamations enthousiastes qui l'ont poursuivie depuis quelques jours, elle eût discerné et 1

écouté la voix plaintive et désespérée de l'Irlande.

–6'b~a–

-•••̃̃ A Travers Paris

Les membres de l'ambassade extraordinaire marocaine ont quitté Paris hier matin par le rapide de Marseille. Si Mohammed ben Moussa a été reçu à la gare de Lyon par M. Mollard, directeur adjoint du protocole. Il a pris place dans un wagon-salon avec les personnages de sa suite.

L'ambassadeur a chargé M. Mollard de remercier le gouvernement français de toutes les attentions qu'on avait eues pour lui et, au moment où le train s'est mis en marche, il a adressé aux assistants un gracieux salut.

Le cardinal Richard est parti hier pour Lavaloù- un télégramme venait de l'appeler auprès d'un neveu dangereusement malade.

Ir 1

Nous croyons savoir qu'une Congrégation religieuse, qui n'a pas été ruinée par l'application de la taxe dite d'abonnement, a offert deux millions au cardinal Richard pour le cas où Son Eminence consentirait à lui confier la mission de* desservir la chapelle qui doit être édifiée sur l'emplacement du Bazar de la Charité.

On nous assure, d'autre part, que cette mission est, dès à présent, dans la pensée de l'archevêque de Paris, réservée aux Pères de l'Assomption.

Ce sont ces religieux qui dirigent le journal la Croix, où ils écrivaient naguère que l'influence bienfaisante de la catastrophe commençait à se faire sentir parce que, grâce à elle, ils avaient vendu vingt mille numéros de plus.

Si nos renseignements sont exacts, « l'influence bienfaisante » continuerait donc à se faire sentir pour les Assomptionnistes,qui se heurteront toutefois à la double opposition du gouvernement et du clergé paroissial.

Au cours de la séance qu'elle a tenue hier sous la présidence de M. Henri de Bornier, assisté de M. Gaston Boissier, secrétaire perpétuel, l'Académie française à déclaré la vacance du fauteuil de Mgr le duc dAumale.

= a

Le gouvernement grand-ducal du Luxembourg vient de nommer M. le docteur Roux, sous-directeur de l'Institut Pasteur, grand-officier de l'ordre de la Couronne de chêne.

Henri Pille, le délicat artiste montmartrois qui savait si bien faire revivre le moyen âge, cathédrales, pignons, reîtres et ribaudes, en ses croquis toujours intéressants, a. légué sa bibliothèque àla Société des artistes français.

Que pouvait bien être la bibliothèque d'Henri Pille, un peu bohème en somme et n'ayant rien de l'allure ni des goûts d'un membre de l'Institut?

C'est ce que nous avons demandé à M. Vannes, qui, avec M. Vigneron, de la Société des artistes français a été chargé de l'inventaire de l'atelier et de la bibliothèque d'Henri Pille.

Cette bibliothèque, nous a dit M. Vannes, compte quelques fort beaux livrés modernes elle est surtout curieuse par des collections de documents bizarres, mais tous artistiques, croquis de toute nature, gravures anciennes, estampes, journaux de mode, prospectus, notes d'hôtel, recueillis par Henri Pille durant ses séjours en Allemagne et en Suisse, notamment à Nuremberg, Munich, Bâle. Il serait impossible, paraît-il, de trouver un ensemble de documents touchant les quinzième et dix-septième siècles allemands plus complet que celui qu'a réuni Pille, et à cet égard, son legs est précieux pour la Société des artistes français.

Par 35° de chaleur, les délégués cantonaux de la Seine inspectent en ce moment les écoles municipales de Paris. Fragments d'interrogation pris au vol dans une école du cinquième arrondissement (Montagne Sainte-Geneviève foyer des lumières)

LE délégué. Quel est le cri des animaux domestiques ? R

L'élève. Le chien aboie, le chat miaule, le bœuf. le bœuf.

LE délégué. Le bœuf?. Eh bien, mon enfant, le bœuf rumine 1

LE même délégué. Parlez -moi de Louis XI.

L'élevé. M'sieu, nous n'en sommes pas encore là.

LE DÉLÉGUÉ. Vous n'en êtes pas encore à Louis XI?. Soit. Parlez-moi de Henri IV. Ce délégué, comme de juste, appartient à la « noblesse républicaine ». Il porte un nom fameux dans les fastes insurrectionnels du siècle. Il fait la joie de l'enseignement primaire.

La colonie de la villa Pascal.

La fondation de cette bienfaitrice anonyme qui ouvrait, il y a quelques mois, la coquette villa Pascal, située à Neuilly au bord de la Seine, aux élèves de l'Ecole des beaux-arts et aux étudiants sans fortune et sans appui, vient de produire ses premiers résultats.

Un des hôtes de la villa Pascal, jeune ingénieur électricien de beaucoup d'avenir, a été engagé tout récemment à de jolies conditions par un grand entrepreneur de Paris. Un autre, graveur en vitraux, travaille pour une maison d'art décoratif de Neuilly dont l'origine remonte à 1702.

La villa Pascal est habitée aujourd'hui par huit locataires un peintre élève de l'Ecole des beaux-arts, un graveur, deux étudiants en droit, un employé de commerce, un clerc d'avoué, un candidat à l'Ecole polytechnique, et enfin un abbé, bui maintient le bon ordre parmi cèpe-

tit monde et s'amuse, à l'ombre du buste de Pascal, à faire concurrence à Corneille en écrivant des tragédies.

Le rescrit impérial concernant la cocarde allemande que devront porter dorénavant tous les régiments de l'Empire contient le passage suivant:

« La fraternité d'armes des armées allemandes, scellée sur les champs de bataille de France par des torrents de sang de héros, a été la pierre fondamentale du nouvel empire, et un lien qui unit indissolublement les princes et les peuples allemands. »

Cette fraternité d'armes qui devient une pierre fondamentale pour se transformer ensuite en trait d'union nous semble un peu risquée comme métaphore.

·

Quel est l'éducateur de la demi-vierge? Armand Charpentier nous le présente dans l Initiateur, roman des plus curieux et des plus. passionnels, qui vient de paraître.

Une spirituelle lettre-préface d'Alphonse Daudet présente le livre en ces termes « L'Initiateur est pour moi une » œuvre prenante, amusante au- sens le » plus délicat, et cette œuvre aura cer» tainement du succès. »

Quatre éditions enlevées en moins dé huit jours confirment cette prophétie.

̃̃' "'•. ess– ̃

Hors Paris ̃

L'inauguration du monument élevé au général de Miribel, à Hauterives, sa ville natale, est fixée au 8 août prochain. Le monument, dressé sur la place, dans l'axe de la façade de l'église, fait face à l'avenue de Romans. Il sera d'un aspect imposant.

L'inauguration sera présidée par M. le général Billot, ministre de la guerre, assisté du général de Boisdeffre, chef de l'état-major général de l'armée, et d'un grand nombre d'officiers supérieurs. De Cauterets

« Avec le temps magnifique qui règm en ce moment, les baigneurs ettouristet de marque arrivent chaque jour plus nombreux.

» Parmi nos nobles visiteurs, M. le commandeur de.Rego Preitas, un ami et un fervent de Cauterets, véritable et délicieux nid de verdure et de fleurs. »

--rxoda--

Mouvelles a la Main

Un Méridional raconté qu'il a assisté, aux environs de Marseille, à un repas, de noce qui aduré douze heures et ne comportait pas moins de cinquante-quatre mets différents :• Et vous avez mangé de tout ?. Parfaitement.̃

Comment avez-vous pu faire ?

Té nous prenions l'absinthe entre chaque plat

Entendu cette boutade

Oh lui, il ne sait rien faire simplement, il faut qu'il complique inutilement tout. Il mettrait des éperons pour monter à bicyclette!

Le Masque de Fer.

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BAPTÊME IMPÉRIAL Dimanche dernier a eu lieu le baptême de la grande-duchesse Tatiana Nicolaïevna.

Tous les hommes étaient en grand uniforme, les femmes en costume de Cour.

La grande-duchesse Tatiana, portée par la princesse Galitzine, grande maitresse de la Cour, a été conduite, à dix heures et demie, du palais de la Ferme au grand palais de Peterhof. Sa voiture de gala, attelée de six chevaux, était entourée de l'escorte particulière de l'Empereur. Dans les autres voitures le grand maréchal de la Cour impériale, les grands dignitaires qui devaient tenir le coussin pendant la cérémonie.

Avant le commencement de la cérémonie, un maître des cérémonies a apporté les insignes de l'ordre de Sainte-Catherine.

Le cortège impérial est entré à l'église à onze heures, dans l'ordre suivant

1 Les fourriers de la Cour et de la Chambre de 1 Empereur, deux maîtres des cérémonies le grand maître des cérémonies, les dignitaires des Cours grand-ducales, les secondes charges de la Cour, le maréchal de la Cour de l'Empereur, les grands dignitaires de la Cour, le grand maréchal de la Cour de l'Empereur, l'Empereur et l'Impératrice sa mère suivis du gérant du ministère de la maison de t'aide de camp général, du général de la suite et de l'aide de camp de service; le grand-duc Michel Alexandrovitch, la grandeduchesse Marie Paulovna avec ses fils, les grands-ducs Boris et André Vladimirovitch, les grands-ducs Alexis et Paul Alexandrovitch, la grande-duchesse Alexandra Josephovna, le grand-duc et la grande-duchesse Constantin avec leur fils le grand-duc Dimitri le grand-duc Nicolas Nicolaïevitch, le grand-duc et la grande-duchesse Pierre, les grands-ducs Michel, Georges, le grand-duc et la grande-duchesse Alexandre, le grandduc Serge Mikhaïlovitch, la grande-duchesse Olga Alexandrovna, la grande-duchesse Hélène Vladimirovna.

Puis la petite grande-duchesse Tatiana portée par la princesse Galitzine. Le coussin et la couverture étaient portés par le prince Galitzine, grand veneur, et le comte Vorontzow-Daschkow, aide de camp général. Derrière eux le prince Jean de SchleswigHolstein, le duc de Leuchtenberg, le prince et la princesse Georges de Leuchtenberg, la prin-'cesse Eugénie d'Oldenbourg, la princesse Alexandre d'Oldenbourg, les ducs Georges et Michel de Mecklenbourg-Strelitz, le prince et la princesse Albert de Saxe-Altenbourg, la grande maîtresse de la Cour de l'impératrice douairière, les dames et demoiselles d'honneur à portrait, les demoiselles d'honneur des deux impératrices, les dames d'honneur des, grandes-duchesses. les sénateurs, secrétaires