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Titre : Aperçu sur les hiéroglyphes d'Égypte et les progrès faits jusqu'à présent dans leur déchiffrement , par M. Brown. Traduit de l'anglais...

Auteur : Browne, James (1793-1841). Auteur du texte

Éditeur : Ponthieu (Paris)

Date d'édition : 1827

Contributeur : Klaproth, Julius von (1783-1835). Traducteur

Sujet : Égyptien ancien (langue) -- Écriture hiéroglyphique

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb301664904

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (XII-80 p.) ; in-8

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Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k28260q

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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APERÇU

SUR LES

M'TfR f~ T VPWF Mij~i~~ t -~m-EjO n D'EGYPTE

ET LES PROGRÈS FAITS JUSQU'A PRESENT DANS LEUR DiiCHIM-REMENT, PARM.BROW;N.:

TRADUIT DE LANGEAIS.

..mcaMMM~MïRESESMKTMS FUMETS M~tT~ PARIS.

PONTH1EU ET COMPAGK1E, PALAIS-ROYAL.

LEIPZIG. –MEME MAISON'

~837.



HIEROGLYPHES D EGYPTE ET LES PROGRÈS FAITS tUSQC'A PRÉSENT

APERÇU

1>

DANS LEUR DÉCHIFFREMENT.


LE NORMANT FILS, IMPRIMEUR DU ROI, rue de Seine, n" 8.


APERÇU

SUR LES

HIEROGLYPHES D~ÉGYPTE

ET LES PROGRÈS FAITS JUSQU'A PRÉSENT DANS LEUR DÉCHIFFREMENT; PAR M. BROWN.

TRADUIT DE L'ANGLAIS.

AVEC UNE ri-ANCHE REPRESENTANT LES AU'HABBTS ÉGYPTIENS.

~?~r~

PARIS.

PONTHIEU ET COMPAGNIE, PALAIS-ROYAL. LEIPZIG. MEME MAISON.

1837.



AVERTISSEMENT.

LES nombreux ouvrages relatifs aux antiquités égyptiennes publiés depuis quelques années en Angleterre, en France et en Allemagne, sont mal connus du public. Les journaux~de France ont été remplis d'annonces emphatiques et d'assertions exagérées au sujet de quelques ouvrages imprimés à Paris mais on a gardé le plus profond silence sur l'importance et l'antériorité des travaux entrepris en Angleterre sur les mêmes matières; on a su également en dissimuler l'existence et en tirer parti. Certaines personnes sont venues à bout de faire considérer ces manœuvres comme conformes à l'intérêt national, jugeant apparemment que l'intérêt national commande de revendiquer ce qui ne nous appartient pas, sansnous embarrasser de la justice ni de la vérité et que la vanité de quelques individus doit servir de règle à la manière de voir de toute une na-


tion. D'un autre côté, des analyses complaisantes, faites par des personnes étrangères aux études de ce genre, et évidemment rédigées sous la direction des intéressés, ont contribué à répandre dans le public une multitude d'idées fausses et propres à induire en erreur les personnes peu familiarisées avec les antiquités égyptiennes, et disposées à admettre avec facilité ce qu'on leur débitoit avec assurance. A les en croire, les cinq dernières années auroient vu, « non pas seulement soulever, mais tout-à-fait » déchirer une partie du voile qui couvroit l'an» tique Egypte. »

Bien des gens s'imaginent que désormais on pourra, sans aucune difficulté, se mettre en état de lire, d'interpréter et d'expliquer toutes les inscriptions hiéroglyphiques. Comment en douter, en eËet, quand on voit insérer dans certains journaux de prétendues traductions, qui ne pourroient soutenir la plus légère discussion? ~? Mais comme personne ne descend jusqu'à en entreprendre l'examen, ces audacieuses suppositions ont un plein succès, et elles contribuent tous les jours à tromper le public sur le véritable état de la question.

Pour accréditer ainsi tout un système, il suffit d'assiéger les journaux quotidiens, d'accaparer les


Z~M<?.! et les Bulletins; et, dans cette circonstance, le ./oMry~/<~ Savans lui-même, ordinairement si grave et si consciencieux, a vu sa religion surprise dans la personne de l'un de ses rédacteurs les plus consciencieux et les plus graves. De là cet article bénévole qui a été reproduit en tous lieux et répandu avec profusion parce qu'il accordoit sans discussion tout ce que demande l'amour-propre, et supposoit prouvé tout ce qui est en question. M. BROWN a inséré, dans la Revue ~E'7ï~oM/~ (n° 89, 1826; et n° 90, 1822) une analyse trèsdétaillée des ouvrages qui ont été publiés dans ces derniers temps sur les écritures et les antiquités égytiennes. On y trouve ce qui manque à toutes les notices publiées en France, une discussion forte, éclairée et impartiale. Les droits légitimesdè chacun y sont exposés et justement appréciés. On y donne tous les développemens nécessaires pour mettre le lecteur en état de juger pleinement les prétentions des auteurs et le mérite de leurs travaux.

On a pensé qu'il seroit utile de publier une traduction complète de cet excellent morceau de critique littéraire; il est tout-à-fait propre à rectifier et à assurer l'opinion publique sur ces matières difficiles.


D'autres personnes dans des vues diNérentes en ont, à ce qu'il paroît, jugé de même, car elles se sont empressées d'en donner une traduction, qui a été insérée dans le 22° Numéro (avril ~)827) de la jR~Me.Z?/'A~7M~Me~ qui se publie à Paris. Cette traduction, qu'on fait passer pour complète, représente à peu près la moitié de l'original. On a eu soin d'en retrancher plusieurs passages importans et on y ajouté des notes dont il est facile de recohnoître la source. Ces suppressions et ces additions n'ont évidemment d'autre but, que de faire prendre le change au plus grand nombre des lecteurs, sur la nature et la véritable importance de cet article, et d'accréditer davantage les erreurs répandues en France sur les premières <e/ïM/f<M faites pour déchiSrer les hiéroglyphes égyptiens. L'article de la Revue ~jË'&oM/g, rétabli dans son intégrité, suffira pour détruire toutes les allégations inexactes qui ont été répandues à ce sujet. Le ton de modération et d'impartialité, et la simplicité qu'on y remarque d'un bout à l'autre, doivent inspirer une entière confiance dans des jugemens, dont il est d'ailleurs très-facile de vérifier l'exactitude.

L'auteur anglais a cru ne pas devoir parler de la découverte des ~e/'o~y~~ ac/'o/ogvyM~ annoncés


par le chevalier CoM&zo~, découverte que nous ne connoissons, en effet, que par la lettre adressée par M. Klaproth à ce savant. Le ton ironique qui règne dans cet écrit nous fait croire que l'auteur a plutôt voulu plaisanter son correspondante que montrer une franche adhésion à ce système burlesque, qui ne repose que sur les explications hiéroglyphiques données par Horus Apollon, tandis que jusqu'à présent on n'a rien découvert sur les monumens qui en constate là réalité, ou qui ressemble à une acrologie. Que penser d'ailleurs d'un système d'écriture d'après lequel on pourrait désigner un ~e~ par un J~M?, et exprimer l'idée deriature par un nain, un nez, ou une ~e/?e?

Versailles, ce 10 jniUet)8.37.

L.J.D.n.


.PC~T-~CMPyMf.

Dans le moment où nous mettons cet avertissement sous presse, nous trouvons dans le journal littéraire intitulé le Globe (tom. V, n° 41 du 7 juillet), une première Lettre sur /e/y?/'eM/o/~<M écritures égyptiennes et sur ses résultat s pour Phistoire. Cette lettre est signée ~Ro~e~'w. On y reconnott .aisément l'intention de rehausser le mérite de M. Champollion, en diminuant celui du Docteur Young. L'auteur dit en parlant de ce dernier que quoi» qu'il eût essayé d'analyser syllabiquement les « deux noms propres Ptolémée et Bérénice, il ne » démêla pas le principe alphabétique qui est, en » quelque sorte, l'âme des trois espèces d'écritures » égyptiennes. » M. Rossellini oublie que sans cette même découverte du docteur Young, M. Champollion n'en seroit vraisemblablement jamais venu à penser, qu'un certain nombre d'hiéroglyphes pouvoient être employés phonétiquement.

Il existe un ouvrage in-folio, de M. Champollion, peu connu et intitulé De l'Écriture hiératique des anciens Égyptiens, » (Explication des planches); imprimé à Grenoble en 1821 ainsi seulement un


a/ï avant la publication de sa Z~e M. Dacier. L'auteur a fait tout son possible pour soustraire cet ouvrage in-folio aux yeux du public, en retirant du commerce et des mains de ses amis, le peu d'exemplaire's qu'il avoit d'abord répandus. La raison qu'on a mise en avant étoit la crainte de blesser les » scrupules de quelques personnes pieuses; » mais'il ne se trouve dans ce livre absolument rien qui ait trait à la haute antiquité de l'Empire des Pharaons, et il est permis de penser que le véritable motif qui -a déterminé M. Champollion de supprimer ce livre, a été, de ne pas donner une mesure trop précise des progrès qu'il avoit faits, en 4 821, un an avant sa fameuse lettre à M. Dacier. Cette mesure existe dans la phrase suivante

« QUE LES SIGNES HIÉROGLYPHES SONT DES SIGNES DE CHOSES ET NON DES SIGNES DE SONS. »

phrase qu'il oppose aux membres de la Commission d'Egypte et à d'autres savans, qui avoient reconnu que l'écriture des manuscrits hiératiques étoit alphabétique c'est-à-dire, qu'elle se composoit de signes destinés à rappeller les sons de la langue parlée.

« Une, longue étude, ajoute M. Champollion, et surtout une comparaison attentive des textes /Me/-o~~At'~M~, avec ceux de la seconde espèce (les ~e~-


tiques), regardée comme ~<

tiques), regardée comme alphabétiques) nous ont conduit à une conclusion contraire. »

Certes, celui qui, depuis dix ans, avoit travaillé sur les hiéroglyphes sans les déchinrer, et qui faisoit en 1 821, imprimer l'axiome précité, etiecorroboroit par la dernière phrase, avoit grand besoin d'être guidé dans ses nouvelles recherches de 1822, par les découvertes de M. Young, publiées en 1819, dans le Supplément de l'Encyclopédie Britannique y lequel peut bien avoir mis dix-huit mois ou deux ans pour arriver à Grenoble.

On ne doit donc plus douter, que la prétendue découverte de M. Champollion, ne soit entée sur celle du docteur Young, auquel appartient le mérite d'avoir le premierdémontré qu'on s'est servi, en Egypte, de signes hiéroglyphes, pour exprimer les sons des noms propres. Disputer à ce savant la priorité de' cette découverte, seroit aussi absurde, que de vouloir soutenir, que celui qui le premier mêla du salpêtre avec du soufre et du charbon, n'a pas été l'inventeur de la poudre, mais bien celui qui s'est servi pour la première fois de ce mélange comme moteur pour les projectiles.


APERCU

SURLES

HIEROGLYPHES D EGYPTE ET LES PRO&RÈS FAITS JUSQU'A CE JOUR

DANS LEUR DÉCHIFFREMENT.

LES ruines de l'Égypte offrent à l'antiquaire et à l'historien une source d'intérêt inépuisable. Malgré les dénégations des sceptiques, le pays des Pharaons fut incontestablement le berceau des arts et des sciences, et le flambeau du vieux monde. Le sol de la Grèce et de l'Italie étolt encore couvert de ses forêts primitives, et peuplé de bêtes sauvages, ou d'hommes non moins barbares qu'elles, et déjà la vallée du Nil possédoit des habitans qui avoient bâti des temples en l'honneur de leurs dieux, et dressé des colonnes destinées à transmettre les noms de leurs rois. Cette haute antiquité n'est point établie sur des chronologies douteuses, ou sur de doctes et vagues spéculations elle repose sur des faits qu'aucune controvèrse ne sauroit détruire.

Dès l'époque même de Moïse, l'Égypte florissante par ses lois, ses institutions, la variété de ses connoissances, aussi bien que par sa force politique, paroît avoir atteint ce période de perfectionnement dans lequel les nations en général demeurent plus ou moins de temps stationnaires. Toutes les inductions que fournit l'histoire sacrée nous


montrent le peuple égyptien comme jouissant à un haut degré des avantages résultant des formes politiques et religieuses qui leur étoient particulières. Dans cet âge reculé, la science des Égyptiens étoit passée en proverbe; et il est très-vraisemblable que le célèbre législateur des Juifs fit passer dans son code une partie de la sagesse que lui avoit enseignée la tradition ou son étude personnelle' dans le pays de sa naissance et de son éducation. A dater de l'ère de Moïse, l'Egypte se lie aux plus anciens souvenirs, ainsi qu'aux premières annales écrites de la race humaine. Cependant, jusqu'à sa conquête par les Perses, époque où cessèrent sa gloire et son indépendance-, c'est-à-dire pendant le long intervalle de dix siècles, les auteurs anciens ne nous fournissent que des notions imparfaites et peu satisfaisantes sur la situation et le gouvernement de la patrie des Pharaons. Il est cependant avéré que, soit avant soit après l'Invasion des Perses, les Grecs, malgré la sévérité avec laquelle ils ont souvent jugé les ministres de la religion, alors seuls dépositaires des connoissances humaines, les Grecs étoient dans l'habitude de voyager en Egypte pour s'y faire initier aux lois, aux coutumes et aux sciences de cette contrée; à mesure que les principes de la civilisation s'enracinoient davantage dans le sol fortuné de la Grèce, ses habitans n'en étoient que plus assidus dans les excursions qu'ils faisoient vers l'antique dépôt où ils avoient déjà puisé, et où ils rencontroient toujours des encouragemens et des ressources nouvelles. Thalès, Pythagore, Platon et d'autres acquirent en Égypte les élémens de la science qu'ils enseignèrent eux-mêmes i et jusqu'aux rudimens de l'art grec, jusqu'aux modèles de ces belles formes qui, perfectionnées, s'élevèrent, jusqu'à l'idéal, c'étolt sur les rives du Nil qu'ils avoient pris naissance. Les Perses conduits par Cambyse avoient, il est vrai, renversé les temples et les monumens consacrés au culte des divinités; dans leur fureur contre l'idolâ-


trie, ils avoient ravagé le pays et l'avoient Inondé de sangmais il n'avoit pas été en leur puissance de faire disparoitre les colosses contre lesquels s'étoit exercée la rage de ces iconoclastes, ni de détruire des arts et des sciences qu'ils étoient incapables d'apprécier. Aussi quand les révolutions d'une seconde conquête eurent placé sur le trône des Pharaons des rois d'une origine grecque, l'Égypte, sous leur domination éclairée, recouvra une partie de son ancienne splendeur, on examina d'un œil attentif et scrutateur les trésors cachés dans ce berceau de l'antique civilisation et lorsqu'enfin le caprice du sort eut soumis cette contrée au joug d'une troisième conquête, et l'eut fait descendre au rang d'une province romaine, les maitr es du Monde vinrent à leur tour disposer des dernières richesses que possédoit encore la savante et sérieuse Égypte. Pour connoître à fond les institutions, les arts et la littérature de cette région remarquable, il falloit donc consulter les Grecs qui s'étolent approprié une partie de la science, et les Romains qui avoient enlevé un grand nombre de ses anciens monutnens les deux nations avoient tour à tour exercé leur ascendant sur l'Egypte. Quant aux institutions et aux arts, les demandes que nous s leur adresserons ne resteront pas sans réponse. Hérodote a consacré une portion considérable de son inestimable ouvrage, à retracer les lois, les usages, les moeurs et la topographie de l'Égypte, qu'il avait étudiée sur les lieux avec un soin et une exactitude au-dessus de toute critique. On peutrecueillir aussi d'Intéressans détails dans les livres de Diodore, de Strabon et des derniers écrivains de Rome. Les mêmes autorités peuvent nous guider dans l'étude des arts égyptiens, qui subsistent encore dans ces structures gigantesques dont la masse a bravé le cours de trente siècles et les déprédations de cinq conquêtes sans leur secours, l'inspection de ces monumens resteroit pour nous stérile et ininstructive.


Mais sur le point le plus important de tous, ces auteurs ne nous ont laissé que des documens peu nombreux, et à vrai dire, jusqu'à ce jour à peu près inintelligibles je veux parler de la littérature de l'ancienne Égypte, y compris la manière d'écrire usitée dans ce pays. C'est sans contredit une déplorable omission, qu'il est difficile d'expliquer, et qui ne sauroit admettre d'excuse. Notre étonnement à cet égard ne sera que foiblement atténué, si nous considérons qu'en Egypte la sculpture et la peinture étolent subordonnées à l'art d'écrire, dont elles n'étolent au fond que des ramifications. Les monumens dont ce pays étoit enrichi, portoit tous pour ornemens à l'extérieur, des sculptures; dans l'intérieur, des peintures destinées à représenter les idées ou les sons du langage usuel, et quelquefois tous les deux ensemble. Il semble que ce phénomène étoit fait pour éveiller la curiosité la moins exigeante, et susciter au plus haut point l'esprit de recherches. Quel sujet plus Intéressant approfondir que le langage et la littérature d'une nation grande et éclairée, surtout lorsque des monumens éternels avoient été chargés d'en perpétuer le souvenir? Les auteurs classiques furent-ils aveuglés par un orgueil national qui les portoit à dédaigner des langages qu'ils regardoient comme barbares, manquoient-ils du talent philologique nécessaire? Toujours est-il certain que leurs renseignemens n'offrent qu'une vague généralité, et qu'ils seroient restés inintelligibles pour nous, sans les découvertes récentes qui sont venues nous éclairer. L'apologie que ces écrivains présentent de leur ignorance, semble la rendre plus inexcusable ils disent que l'Egypte ayant été la mère des sciences et des arts, les inscriptions hiéroglyphiques contenoient le sommaire des mystères les plus importans de la nature, et des plus sublimes inventions des hommes mais que l'interprétation de ces caractères avoit été soigneusement cachée au vulgaire par les prêtres, qui


eux-mêmes en avoient insensiblement négligé la connoiseance, au point de l'oublier et de la perdre entièrement. On ajoute même, mais sans preuve authentique, que le premier des Césars offrit inutilement une récompense à celui qui déchiffreroit l'inscription gravée sur un obélisque récemment apporté de l'Égypte dans la capitale de l'empire romain. r

Quoi qu'il en soit, il étoit réservé à un Père de l'Église de rendrelepremier.un compteexact desdifférentes méthodes employées par les Égyptiens dans leur écriture. Son exposition est si claire, si précise, qu'elle sert de clef aux passages obscurs qui serencontrent dansles auteurs classiques, et qu'elle s'accorde admirablement avec le résultat des brillantes découvertes dont nous allons entretenir nos lecteurs. Avant d'exposer les progrès qu'a faits de nos jours l'art d'expliquer les monumens sacrés, jetons un coup d'œil sur les renseignemens vraiment intelligbles que nous fournissent les auteurs anciens présentons l'état des opinions existantes parmi les savans modernes, avant l'époque oH le docteur YouN& et M. CnAMpoLLïON ont entrepris leurs Intéressans travaux.

Dans l'enfance des arts, les hommes employoient des images figuratives, ou des portraits, pour représenter les objets individuels et instruire de quelque événement ceux qui n'en avoient pas été les témoins. Ainsi les Mexicains indiquèrent l'arrivée des Espagnols par le dessin grossier d'un vaisseau et d'un homme remarquable par les particularités de l'habillement européen. Mais ces pures images mimiques, incapables de donner aucune idée du temps, ni d'autres qualités abstraites,.ne pouvoient exposer les événemens, et en donner communication que d'une manière très-imparfaite. Alors on fit choix de signes con-.ventionnels qui devoient servir de symboles des choses et des pensées; mais il fallut beaucoup de temps avant que les hommes instruits pussent communiquer l'un avec


l'autre à l'aide des peintures symboliques; et jamais un tel mode de communication ne pouvoit devenir facile. Probablement le peintre perfectionna d'abord ces signes en diminuant leur étendue, et en restreignant leur nombre le langage adressé à l'oreille l'aida à simplifier celui qui s'adressoit aux yeux; mais dans la formation des langues, l'homme procède invariablement de l'individu à la généralité il classineles unités selonleurs espèces,il rangeles qualifications dans des catégories spéciales. Ainsi, à mesure qu'il Invente des mots pour exprimer ses idées, il invente aussi des méthodes pour en diminuer le nombre; et comme le langage oral précède le discours écrit, les formes et, les figures de la parole enseignèrent à l'artiste graphique à exprimer ses sentimens ainsi qu'à en abréger les symboles. Il transforma les métaphores qu'il employoit en parlant, en images pour former son écriture. Si en discourant il avoit appelé lion un homme vigoureux, quand il écrivoit, il ne manquoit pas de tracer la figure d'un lion pour exprimer l'Idée de la vigueur. Mais on sentit bientôt l'inconvénient de dessiner l'image tout entière; la nécessité enseigna bientôt l'emploi de la synecdoche on prit une partie pour le tout ainsi les Mexicains représentolent le lapin par sa tête, et le roseau par sa fleur. Par une transition aussi naturelle, une action fut dépeinte par une de ses circonstances indispensables et les Égyptiens désignaient le siège d'une ville par une échelle qui sert aux escalades Ainsi les classifications qui ont lieu dans toutes les langues, et surtout les tropes et les figures qui abondent dans tous les dialectes employés par les nations encore peu civilisées, durent faciliter beaucoup l'invention et l'intelligence des signes hiéroglyphiques

t Horns ~po[lo, Ifieroglyphicaj I. !t.

2 <?;v~i7:e.r, ]v, c. g.


Mais, quels que fussent lestalens du peintre graphique ou du sculpteur, leur méthode étoit essentiellement défectueuse, leurs symboles étoientexposés à n'êtrepoint compris, et la pratique de leur art se trouvoit restreinte à un petit nombre de personnes. Comme la nécessité est la mère des inventions, et qu'en général c'estun perfectionnement d'abréger et de simplifier, il paroît que les Égyptiens reconnurent de bonne heure les Inconvéniens attachés à l'Idiome hiéroglyphique; ils Inventèrent bientôt une méthode plus simple et plus expéditive d'exprimer leurs pensées, en la rattachant aux sons de la langue parlée. En conséquence, après avoir avancé que les Égyptiens à l'opposé des Grecs écrivoient de droite à gauche ( ce que nous démontrerons n'être pas la vérité tout entière ), Hérodote affirme qu'ils employoient deux sortes de caractères, l'une appelée sacrée ('px), et l'autre populaire (<~poTcxK);mais il ne dit rien qui nous autorise à croire'que ces caractères eussent entre eux rien de semblable. Diodorp de Sicile s'énonce presque dans les mêmes termes qu'Hérodote il ajoute cependant que les caractères populaires étoient enseignés à chacun, mais que les prêtres s'étoient exclusivement réservé la connoissance des caractères sacrés. Ces renseignemens sont fort bornés cependant ces deux écrivains qui avoient visité l'Égypte n'ont pas jugé à propos de nous instruire davantage sur un sujet si Intéressant. Toutefois ces notions trop concises s'accordent parfaitement avec la pierre de Rosette que nous aurons souvent occasion de mentionner, et dont on ne pourroit soupçonner l'exactitude, puisqu'on y lit qu'elle fut

t At~CtO-tOtCt ~S ypfX~M<J[ ~p~NTTNi (A~VTTTtOt)j XK~ TM~~ CtVTMV ~0[; TK '~? Jy¡P.O'nX& X"À«" il. 36..

2 A~TTMV y~D A~U'ïT'C~OEÇ.~T~f ypCt~.JUKTM~~ T~< pLEV ~~N~7] ~TpOO'OtyOpC~N Tt-Ct~TM~ ~-(XV6MVE[~ TM ~pN XX~OVU.6yet ITtXpM ~C~ TO~ A~UTTTfot~ ~.OyOUt; ;M'7–X!H' TOJ~ l:pE~,X. T. 11!~ 3.


gravée sous l'inspection même des prêtres de l'Egypte. Ce monument célèbre, conformément aux assertions des deux auteurs précités, indique seulement deux espèces de caractères, l'un appelé eMcAo/ae(~Nptx ~pK~ecra) ~) ou caractères du pays, qui sont évidemment les mêmes que les caractères démotiques d'Hérodote et de Diodore, et l'autre sacré (~px). Mais malgré cette coïncidence, nous n'avons encore rien appris sur la nature de ces caractères sacrés, ou enchoriques, c'est-à-dire populaires. Nous devons donc recourir au passage célèbre de Clément d'Alexandrie, dans lequel ce savant expose, avec une précision dont les découvertes récentes relèvent beaucoup le prix, les différentes manières d'écrire employées par les adorateurs d'Isis et d'Osiris. Le passage en question offre des dimcultés, on l'a cité souvent, et souvent mal compris ou mal interprété mais comme il sert de clef aux -faits que nous avons déjà rapportés, et que son exactitude sera de plus 'en plus constatée, il est indispensable de le placer tout entier sous les yeux des lecteurs.

« Ceux qui parmi les Égyptiens reçoivent de l'instruc?) tion, apprennent d'abord la manière d'écrire, nommée )) épistolographique; secondementlamératique, employéeM par les hiérogrammatlstes ou scribes sacrés; enfin l'hiét A~TtMt o! mxp A!)'U~T~t~ ')!'Kt<M<!)[, '!rpSTO-< j~ .m~TtM TW A~tXT~ ypcf~Mf~ ~eo~ox, tx~~exfouc!, -rw 'EniZTOAOrPAHKHN xK~o~s~f' ~euTtpo); ~e, T~ 'IEPATÏKHN, x~S~Kf o! Kpo~pa~fJm~ uTT~y ~e xK: Te~TCMCM 'IEPOrAT'IKHN, {jtev eTTt ~!K TKf TrpMTmt !yTO~€M< XWtO~Oytx'!? OE t7UU.5o~x~. T~ <?e (7Vm~O~[x?]$ pLEV XUptO~oys't'TNE XÛLTOt M~JO'ty T~ M'cnrfj) TpOTTixS; }'p~:TNt ~S KVTtXp! aUt;yoptTTXt XOtTK T~K; Ot~;)'~o~. H~tOV yo~f ypX~Kt ~f)U~O~:<Ot XWf~ 'TOtoTTt, CfM<t)< c~fMt~"06[~ XNT~ TO XUptO~Oyo~stût eHf);' TpO~MM; (ÎS XfXT' o!xHOT)]TC( p.6TCtyOM<; XCt! p.!TMTt6tME{, TK < ~etU~TTO~Tt~, TK~E -TroU~S; pL6TK~t)p.etT~ot'rE~ ~{iKTTOMO't~. Tov; yo~t TSv ~Ke~C'Nf S'na:'f0~{ 66o).}'OUp.:VO[; ~6o<~ TKtpK~HotTE; <xfxyj)Kyoudt dtM TMV Ct~Cty~V~Mr. Ta? XtXT~: TOU~ Ct~V[yp-OU~ TOUTOU E~OU~ <?ET)'u.a ~CTTM TOOE TfX ~JLEV ~Mp TMr &~MV KTTpMV <?[? T~v 'TropC~ûtV -C~ ).O~V ~[pËNf (7M)naT~ K~f~x~ot, ToT< m~~ Tn ToS xKv9KpoM, x. T. ).. Strom. V. &}?. Potter.


M roglyphique, qui est la plus complète de toutes. w–(( Cette dernière est de deux sortes runekurlologique-, » ou exprimant les objets proprement, sans figure ni mé)) tapbore, par le moyen des initiales des mots, c'est-à-dire a par l'indication des premiers sons des mots employés )) dans le langage du pays, pour désigner ces objets l'autre » est symbolique. La symbolique se partage en différentes ? branches l'une représente les objets par la pure imi» tation une autre les exprime à l'aide des tropes ( c'est» à-dire indirectement par la synecdoche, la métonymie » ou la métaphore); la troisième les indique à l'aide de » certaines énigmes allégoriques. Ainsi, d'après la mé» thode de présenter les objets en les imitant, les Égyp)) tiens dessinoient un cercle quand ils vouloient désigner » le soleil, un croissant quand ils vouloient désigner la » lune. Dans la méthode qui est fondée sur les tropes, ils )) représentent les objets au moyen de certaines analogies » qui deviennent l'expression de ces mêmes objets, quel» quefois ils ne font qu'en modifier la forme, et plus IréM quemment ils lui font subir une transformation com» plète. Ainsi quand ils transmettent les louanges de )) leurs rois dans leurs fables théotogiques. ils ont recours » aux anaglyphes (c'est-à-dire à des hiéroglyphes trans? posés ou transformés). Un exemple expliquera la trol)) sterne manière de l'écriture symbolique, qui est l'énig» matique ils assimilent la révolution oblique des pla» nètes à des corps de serpens; celle du soleil, ils la )) comparent au corps d'un scarabée, etc. ? it est presque superflu de remarquer, que la manière d'écrire, nommée dans ce passage 6p:o~o<°7'~c/<7He, est la même que Diodore et Hérodote appellent ~eMofuyMS et qui porte le nom d'e~c~o~ûMe sur l'Inscription de Rosette. On ne doit pas non plus être embarrassé de ne point trouver, dans ces deux auteurs, le terme d'hiératique employé par Clément il n'est pas surprenant non plus


qu'ils n'aient point même fait usage du mot hiéroglyphique. Les caractères .Mcr&f~ dont parlent Hérodote et Diodore, comprennent évidemment l'hiératique et l'hiéroglyphique, puisque tous deux étoient destinés à .des usages religieux le premier, sur les manuscrits, le second, comme son nom seul l'indique sur les monumens que décoroit la sculpture. Nous croyons que tous les savans sont d'accord sur ce point, et nous ne le traiterons pas plus longuement. Mais l'endroit le plus important et le plus dItEcile de ce passage, fst celui qui traite de la méthode kuriologique (&6tTM)'~pMTMv<]TOt~stMv). Un seul fait autorise à conclure qu'il a rapport au système phonétique, ou à l'art de représenter les mots parlés ou des sons, c'est que toutes les autres variétés ou applications de l'écriture tracée sont distinctement énumérées et comme épuisées dans les membres suivans de la description le symbolique, par la copie ou l'imitation directe celui qui emploie les tropes, tels que la métaphore, la similitude; et l'énigmatique, qui a recours à des analogies plus obscures encore et empruntées de trèsloin. Outre tous ces modes, il en reste encore un clairement et formellement énoncé, le kuriologique (ActTM~ TrpHTH~ crTot~e~Hv) et celui-ci, selon nous ne peut se rapporter qu'aux sons articulés c'est-à-dire aux paroles. Sans doute l'expression est fortement elliptique et trèsobscure. Mais, à nos yeux, il est clair qu'elle signiûe quelqu'autre manière de transmettre ses Idées j que celle des, prototypes ou des figures diversement employées; les connoissances nouvellement acquises nous portent à croire que ce moyen n'étoit que la représentation des mots ou des accens de la parole. Observons que tous ceux qui, dans ces derniers temps, ont cité le passage en question, se sont à peu près accordés à traduire cTo~stK par lettres, quoiqu'ils ne soient pas du même avis sur le sens que l'on doit donner à ces mots si familiers M TrpmTcf.


Sir W. Drummond, dans ses Origines (vol. It, p. 28~), traduit ainsi « Les premiers élémens, ou caractères de l'alphabet M et M. Letronne, plus directement '< Les premières lettres de l'alphabet. Depuis ce dernier a rendu son interprétation un peu moins vague en ajoutant ingénieusement que ces mots les pre~tère~ avoient été par lui employés pour désigner l'alphabet primitif de seize lettres importé en Grèce par Cadmus, alphabet moins complet que celui dont les Grecs firent usage dans des temps postérieurs.

Au reste, ces explications n'oorent Jusqu'Ici rien de satisfaisant elles demeurent exposées à de puissantes objections. D'abord, si <rrot~st!x, par lui-même, ne signifie point caractères de l'alphabet, on ne conçoit pas aisément comment il obtiendra cette signification en le faisant précéder de ce terme si générique ~pMTK et s'il porte ce sens par lui-même, il est clair que sir W. Drummond, dans sa paraphrase, ne tient aucun compte de cette Importante épithète, et la fait disparoltre de sa version. Celle de M. Letronne, dégagée de son commentaire, ne fait pas avancer d'un pas dans l'intelligence de l'auteur; car, demanderons-nous, que doit-on entendre par les premières lettres de l'alphabet? et quelle signiucation ces lettres donneront-elles aux signes kuriologiques? La même remarque est applicable à l'hypothèse de l'alphabet de Cadmus deux raisons, il nous semble, la rendent inadmissible ° quand même on accorderolt que crro~~a: signifiât lettres, il est inconcevable que par cette locution « les premières lettres M un auteur qui n'a à s'occuper ni des Grecs, ni de leur manière d'écrire, mais bien des variétés de l'écriture figurative des Égyptiens, ait pu vouloir désigner l'imperfection de l'alphabet primitif de la Grèce; 2° parce que si de telles peintures ou de tels signes furent jamais employés pour désigner des mots ou des sons, il est Impossible de voir pourquoi ils n'auroient pas été em-


ployés aussi pour exprimer les mots ou les sons que ne pouvoit pas rendre cet alphabet imparfait, aussi bien que ceux qu'il étoit capable de rendre. Aucune de ces explications ne nous paroM donc donner un sens clair et satisfaisant au passage discuté. C'est pour cette raison que nous avons hasardé dans notre traduction ci-dessus, d'avancer que sa véritable signification est qu'une des manières d'écrire étoit par des figures qui avoient rapport au son premier ou initial des mots, c'est-à-dire par des figures qui faisolent naître l'idée des sons, en représentant des objets familiers' dont l'apellation dans le langage usité du pays commençoit par ces mêmes sons. Le mot <TT~M«ne signifie proprement qu'élémens ou parties Intégrantes, et quoique les lettres soient, sans nul doute, les élémens des mots écrits après l'invention de l'alphabet écrit, nous ne voyons pas comment ce mot auroit pu être employé pour signifier lettres dans un passage qui traite spécialement d'un état de choses antérieur à leur invention, ou qui plutôt peutêtre trace les premiers pas qui conduisirent à cette découverte. Les premiers délinéateurs de l'écriture, en cherchant pour la première fois à rendre les sons sensibles àl'œil, et à rendre leur travail phonétique, ne pouvoient arriver à ce but en se rapprochant d'un premier ou second alphabet qui n'existoit pas encore, et dont à cette époque même ils jetolent probablement les premiers fondemens. Ils désirolent, suppose-t-on, d'exprimer des mots à l'aide de dessins et des figures. Nous verrons, par une suite d'exemples, qu'effectivementilsles exprimèrent en présentant aux regards une série d'objets visibles dont les apellations par leurs voix initiales, enchaînées successivement, formoient la suite des sons ou des mots dont ils avoient besoin. Si tel fut le procédé qu'ils adoptèrent, et si le fait étoit connu de Clément d'Alexandrie, comme il est trèsprobable, nous ne doutons point de l'exactitude de la version que nous avons donnée. Nous croyons que par trrot~e:


Accoutumés à une manière d'écrire dont les signes ne représentolent que des sons, les auteurs grecs et romains qui avoient directement ou indirectement acquis quelques notions du système graphique des anciens Égyptiens; et en particulier de leur style monumental, paroissent avoir été frappés des caractères idéographiques ou figuratifs et symboliques qui s'y tr ouvoient mélangés il paroit que ces signes, bien différens de ceux dont ils faisoient eux-mêmes usage, attirèrent exclusivement leur attention. Aussi nulle part ne mentionnent-ils un aùtre ordre de caractères nulle part ils ne constatent un fait qui devoit pour-

Écriture égyptienne 'ï. le PoPU-( Démotique par Hérodote, et Démodique par divisée par Héro- LAIRE, Diodore.

dote, Diodore, et nommé EncTiorique, sur l'inscription de Rosette. l'inscription de tEpistolograpluque~p~r Clément d'Alexandrie. Rosette en deux

espèces de carac- I' Hiératique~ ou écriture sacerdotale.

~ères:

2. le SACRE, I* Kuriologiqu.e~ par le moyen

divisé par du son initial des mots.

Clément

d** A!.exan- t. le Kuriolo-

drîe~en Hiérogly-~ S~s, par

pbique com- imitation.

posé de

2. Symbolique a.leTropïque,

comprenant contenant

rAnaglypIli-

que.

3. l'Énigmati-

que.

il entendoit les démens ou sons élémentaires des mots et par 7rpf!)T(x simplement leurs sons premiers ou initiaux, correspondant sans doute aux lettres initiales, lorsque les mots furent ensuite exprimés par des lettres. Mais on ne peut leur assigner le nom de lettres quand il s'agit de retracer les premiers délinéamens du caractère phonétique. Ceci recevra un plus grand développement, toutefois, le tableau suivant expliquera plus clairement les différentes écritures égyptiennes mentionnées par les anciens, et les rapports qui existent entre elles.


tant être à leur connoissance, c'est-à-dire que les Égyptiens employoient aussi une certaine classe de signes purement phonétiques ou représentant de simples sons. Clément d'Alexandrie, lui-même, dans le célèbre passage cité plus haut, décrit les hiéroglyphes d'une manière si concise, l'indication qu'il en donne est tellement isolée et si peùéclalrde, que sans l'aide des dernières découvertes il seroit encore incompréhensible pour nous.

C'est à cette circonstance que nous devons particulièrement attribuer le peu de succès des modernes qui ont tenté de déchiffrer les inscriptions hiéroglyphiques. Ne trouvant dans les auteurs classiques que. l'indication des signes symboliques, et des images des objets, les savans des trois derniers siècles en ont uniformément conclu que l'écriture hiéroglyphique n'étoit composée que de caractères dont chacun représentoit une Idée tout entière. Tous s'accordoient sur ce principe élémentaire et ce qui sembloit en confirmer la vérité, c'est que les formes et la valeur de certains hiéroglyphes avoient été expliquées par Diodore de Sicile, Horus-Apollo, Plutarqne, Clément d'Alexandrie et Eusèbe. Le nombre de ces symboles, comparé avec l'immense variété de caractères qu'on observe sur les monumens, étoit à la vérité fort petit, mais la sagacité trop empressée des modernes suppléa bientôt à cette disette de matériaux du premier âge. Persuadé que l'on étoit que chaque hiéroglyphe représentoit une idée distincte, on eut la prétention d'en extraire forcément le sens qui devoit s'y trouver caché. On ne doutoit point que les plus profonds mystères de la nature et de l'art ne résidassent sous les sculptures de ces anciens monumens on en regarda les caractères les plus simples comme des types d'Idées trop relevées pour l'intelligence du vulgaire, et dignes des archives éternelles à qui l'on en avoit confié la conservation. Ainsi l'imagination prit la place de la raison; les conjectures tinrent lieu de faits, et les savans qui s'étoient livrés à


ces recherches se perdirent bientôt dans un labyrinthe inextricable; trompés par leurs spéculations métaphysiques, comme les démons de Milton, ils ne trouvèrent point de fond dans les abhnes ils s'étolent aventurés. Telle fut la méthode du Père EiRCHER, si toutefois on peut donner le nom de méthode à la route qu'il a suivie. Les six in-folio de cet infatigable auteur contiennent quelques représentations des principaux monumens de l'art égyptien, apportés en Europe avant lui, exécutées avec assez dendélité, mais dépourvues d'élégance.Selon ses explications, qui ne manquèrent pas de succès, soit qu'il entreprit l'interprétation d'une inscription par le commencement ou par la En, les hiéroglyphes des obélisques, des momies, des amulettes sont empreints de la science cabalistique et des monstrueuses imaginations d'un système raffiné de démonisme. Ainsi dans l'anneau elliptique ou cartouche de l'obélisque pamphilien, qui contient simplement le titre AOTKPTP ~t-o~Np), jE~eT-eM?', exprimé en caractères phonétiques, Kircher parvient à découvrir l'oracle suivant « L'auteur de la fécondité et » de toute végétation est Osiris, qui a reçu des cieux la faculté génératrice par l'entremise du saint Mophta. -.) Sur le cartouche du même obélisque, qui porte en caractères également phonétiques les mots KH2P2 TMTÎAN2 2B2TE (M<Mp Ao{MTMM! 2Eg~T~), Ce~ar Domitien ~Hg'M~te, il ne découvre pas moins que cette phrase dont on nous dispensera d'entreprendre latraduction: GeMera~'o/H'.? bene/!CM~ pn~e~ cce/~tt dominio <jfM~n~e/M., aerem peu ~/bp/!f<x &ene/ïCM/K /!M)MoremaereM~coyM~M'K~ .~KMOKt inferiora potentissimo qui perMfKK~crMM et ccere7HO/ïï<M ~ppropn~ trahitur ad potentiam e~ere?~ Malgré ces extravagances, Kircher fut le fondateur iObeliscusPamphiUus,S5~.

3 7~, 55g.


d'âne Ecole, et comme il arrive ordinairement, les élèves renchérirent sur l'absurdité de leur maitre. I! semble même avoir conservé quelques admirateurs; pas plus tard qu'en 1821, il est sorti des presses de l'archevêché de Gènes une nouvelle version des hiéroglyphes de l'obélisquepamphilien, monument qui, d'après l'OEdipe de ces symboles, « conserve le souvenir d'une victoire sur les impies » obtenue par les adorateurs de la trois fois Sainte-Tri» nité et du Verbe-Éternel, sous la domination des » sixième et septième rois d'Égypte, le sixième siècle » après le déluge. » La même autorité nous apprend que l'un de ces pieux monarques n'étoit autre que Sesac le même qui, selon l'Ancien-Testament, pilla Jérusalem, et enleva les trésors du temple et du palais de David. Les rêveries cabalistiques de Kircher ne purent en imposer à la raison forte et à la puissante intelligence de l'évoque WARBURTON. Dans son ouvrage célèbre sur la divinité de la légation de Moïse, ce savant prélat a discuté profondément les textes des auteurs anciens qui ont rapport à la manière d'écrire des Égyptiens. Il a distingué la théorie des dliférens caractères dont ils faisoient usage il a observé que les hiéroglyphes, ou caractères sacrés, n'étoient pas ainsi nommés pour être appropriés exclusivement à des objets sacrés, mais qu'ils constituoient un véritable langage écrit, applicable aux besoins de l'histoire et de la vie commune, aussi bien qu'aux sujets religieux et mythologiques les découvertes nouvelles ont confirmé son observation. Il s'est mépris quand il a cru que les trois sortes de caractères cités par Clément formoient chacun un système d'écriture séparé. Cependant, comme il s'est borné à adopter les conclusions générales qui sembloient se déduire des écrivains anciens, et qu'il n'a pas cherché à en faire une application directe aux monumens égyptiens que possédoit alors l'Europe, son erreur est légère, et elle ne sauroit diminuer le respect que lui mé-


rite la sagacité avec laquelle il a deviné une vérité tellement au-dessus de la portée d'un esprit ordinaire. Si la profonde remarque de Warburton eût été suivie dans ses conséquences, on eût peut-être résolu, cinquante ans plus tôt, le problème des hiéroglyphes. Au lieu de cela, les écrivains postérieurs, dominés par l'esprit de Kircher et ne rêvant que symboles, n'ont fait que hasarder des théories discordantes ou contradictoires. L'abbé Pluche soutient que dans l'écriture des Égyptiens tout est emblème astronomique, et ne se rapporte qu'à la division du temps dans le calendrier. Ses adhérons, peu dégoûtés de l'incohérence de ses explications ont également rapporté à un genre unique d'idée toutes les inscr iptions qui se trouvent dans les régions arrosées parle Nil. Pourtant l'auteur d'un ouvrage publié à Paris en 1812, sous le titre De /M~ des .F?MVog7~p/M.y., a suivi une marche différente. Il a cru possible, à l'aide des traditions et du recueil des symboles employés par les peuples divers, d'arriver à un principe général pour expliquer les inscriptions égyptiennes; il a formé une collection qu'il appelle Ze~~m&o~<~e~peu~ ou symboles de l'Afrique, de l'Asie, de l'Europe et de l'Amérique, et, appliquant sa théorie au portique de Dendera, il y a découvert la traduction du centième psaume de David. Qui se fût attendu à trouver une telle composition dans un tel emplacement? Ce n'est pas tout. L'auteur anonyme de jE'~a! sur les ~ero~~pAe~ eg~e/M~ non content de supposer que ces hiéroglyphes n'expriment que les emblèmes d'Idées analogues à celles de la Bible, soutient encore qu'ils ne sont que de simples lettres dont la composition forme des termes hébraïques. Mais il ne nous explique pas comment les Égyptiens purent posséder un si riche alphabet, vu que le nombre des caractères hiéroglyphiques n'est guère au-dessous de mille on pourroit lui demander aussi comment les Égyptiens inscrivirent sur leurs monumens des termes d'une langue que proba-


moment Ils ne comprirent )amais. Lutin M. le f;~e~a~e7' s'est persuadé, et a cru démontrer que les psaumes de David n'étoient que des traductions des hymnes sacrées que l'Égypte conservolt sur les feuilles de son papyrus.

Mais c'est s'occuper trop de cette démence scientifique. Avant d'entrer dans le détail des curieuses découvertes qui ont succédé à tant de rêves, donnons un aperçu général et succinct de leur ensemble et de leur résultat, tels que les avouent et les présentent les inventeurs eux-mêmes. Aujourd'hui l'on reeonnoît comme constant qu'une grande quantité de ces hiéroglyphes qui ont si fort embarrassé l'esprit des savans, ne représentent pas des choses ou des idées, mais simplement des sons ou des mots, que plusieurs des figures sont essentiellement phonétiques ou alphabétiques, et que leur signification provenoit de ce qu'ils représentoient des choses, des objets dont l'appellation commune dans la langue vulgaire du pays commençoitpar des sons que ces figures étoient destinées à rappeler. On croit que cet emploi des hiéroglyphes ou de l'écriture-peinte, est né de la difficulté d'exprimer des noms propres et surtout des noms étrangers qui ne présentoient en eux-mêmes aucune signification. Aussi le docteur Young a-t-il pensé le premier, quoique mal à propos, que c'étoit le seul cas où ces symboles fussent employés.

Un exemple familier fera mieux comprendre en quoi consiste précisément la découverte, que des pages entières d'explications. Supposons que le langage français existât tel qu'il est, mais qu'on n'eût encore inventé aucune autre écriture que les peintures ou les symboles, et qu'il fallût retracer dans une inscription qu'un individu, nommé ./e<Mj, a fait ou souffert quelque chose. Le mot Jean est ici un simple son on ne peut ni le décrire, ni le définir que comme un son qui rappellera à ceux qui l'enten-


dront le nom de celui de qui l'on veut parler. On ne sauroit transmettre directement à la postérité, par un symbole ou une peinture, que tel étoit le son usité pour désigner cet homme. La nécessité força donc, en pareil cas, d'avoir recours à un moyen nouveau; et, suivant les auteurs de la dernière découverte, voici quel fut ce moyen. On traça une série de peintures d'objets familiers dont les noms, dans la langue parlée commençoient par les sons que l'on vouloit successivement exprimer, et qui, pris collectivement, composoient le mot que l'on prétendoit énoncer. Pour le son exprimé par la lettre dans l'exemple présent, on dessineroit la figure d'un jonc; pour l'.E', celle d'un écureuil; pour F~, celle d'une abeille; et pour 1'2V, celle d'un nid. Cette espèce d'acrostiche, composant le mot Jean, indiqueroit à l'œil le mot que l'on prétendroit lui faire lire. S'il étoit reçu généralement que telle étoit la voie pour représenter de pareils sons; si d'ailleurs le peintre ou le sculpteur exécutoient leurs figures avec la fidélité convenable, il est certain que ce procédé devoit conduire à un résultat exact. Il est à remarquer, d'ailleurs, que tous les groupes de figures destinées à représenter des noms propres accompagnés de titres honorifiques, sont isolés et placés à part dans les sculptures hiéroglyphiques un ovale, un cartouche dont la forme est constante, les entourent Invariablement.

La découverte a donc été complètement vérinée, à ce que nous croyons et nous verrons bientôt qu'en comparant les figures inscrites dans ces cercles avec les noms des objets qu'ils représentent, tirés de la langue copte ou de l'ancienne Égypte, on a déchiffré un très-grand nombre de noms historiques et mythologiques sur des monumens inintelligibles jusqu'à présent. Cependant le docteur THOMAS YouN&, le grand auteur de cette découverte, n'a pas cru qu'elle dut s'étendre si loin. Il a pensé qu'un tel procédé


n'avoit été suivi que pour les noms ou les termes étrangers, et même qu'en les exprimant de la sorte, on mêloit des caractères arbitraires et purement alphabétiques aux phonétiques hiéroglyphiques, ou figures qui rappeloient les sons par leur analogie avec le nom des choses qu'elles représentoient. Les ouvrages où il a émis cette opinion ont été publiés antérieurement aux recherches concluantes de MM. Champollion et Sait et nous croyons que M. Young ne la soutiendra pas plus long-temps. Les deux auteurs que nous venons de citer ont formellement établi que les noms et les titres natifs et étrangers étoient toujours tracés par des phonétiques hiéroglyphiques seulement à notre avis ils ont prouvé de plus que l'emploi de cette espèce d'écriture hiéroglyphique étoit beaucoup plus étendu, et que des portions considérables de toutes les inscriptions exprimoient uniquement des sons ou des mots, et pouvoient conséquemment se traduire en caractères purement alphabétiques.

Rien n'est assurément plus curieux ni plus intéressant que ces découvertes, quoique après tout le fait le plus remarquable qu'elles aient mis en lumière est cette nature composite du système graphique des Égyptiens cette combinaison extraordinaire dans la moindre légende des caractères phonétiques ou alphabétiques, avec les symboliques ou idéographiques. L'usage des figures et des peintures, abrégé avec le temps, pour signifier les sons ou leurs noms, fut probablement un des moyens qui introduisirent par la'suite l'écriture alphabétique chez toutes les nations. Mais il est singulier que les Égyptiens se soient arrêtés au milieu de leur invention même, et que, de siècle en siècle, ils aient continué de mélanger les caractères phonétiques d'un nombre souvent plus grand de symboles et de figures idéographiques. Toutes les inscriptions égyptiennes que nous connoissons contiennent cet amalgame des deux systèmes. La clef du phonétique


à ce qu'il paroît quant à celle du symbo-

est trouvée, à ce qu'il paroît quant à celle du symbolique, nous n'avons,-pour en tenir lieu, que quelques notices éparses dans les auteurs anciens, ou l'évidence même de la signification de quelques uns de ces emblèmes. La pierre de Rosette a augmenté nos richesses dans ce genre, en nous fournissant la traduction d'un certain nombre de figures peut-être découvrira-t-on d'autres légendes accompagnées d'interprétations semblables. Du reste, il faut avouer que l'éclaircissement de ce mystère ne nous a encore révélé rien de profond ou de sublime en philosophie, ni de vraiment beau pour le style. Quelques dédicaces aux dieux, quelques adulations décrétées à des tyrans vivans ou morts, voilà jusqu'à ce jour ce que l'on est parvenu à nous expliquer. Sans doute la chronologie, les généalogles~en recevront quelques lumières; l'histoire même en obtiendra peutêtre des services plus essentiels.

Nous espérons que ces préliminaires alderontnos lecteurs à suivre plus facilement le compte que nous allons rendre de cette découverte singulière et de l'évidence dont on la dit accompagnée. Comme nous la croyons la plus curieuse par l'accumulation de ses preuves, et la plus honorable pour ses inventeurs, de'toutes celles que présente l'histoire de la littérature, nous réclamons une attention proportionnée à la longueur des détails où nous serons forcés de descendre.

On sait qu'une commission de ~T~MMMt fut envoyée avec l'expédition d'Egypte pour y faire des recherches sur l'histoire de ce pays, et que Napoléon attacha un grand intérêt à ces travaux. Sous de tels auspices il fut beaucoup fait pour éclaircir les antiquités et l'état des arts de ce pays, mais absolument rien pour ce qui concernoltlelant Ceci est une erreur Napoléon, forma- en Egypte un Institut des savans qui furent attachés à sort expédition.


gage, la littérature, les hiéroglyphes et les manuscrits. Le temps ou les moyens peut-être manquèrent-ils. A la honte de l'esprit humain, et de la sience en général, un accident, résultat de travaux purement militaires, jeta plus de lumières sur cette étude intéressante, que toutes les veilles des érudits n'en avoient produit dans le cours de dix siècles. Tandis qu'une division française occupoit Rosette, des ouvriers employés à creuser les fondations du fort Saint-Julien découvrirent un bloc de basalte noir, où se trôuvoient gravés les restes de trois inscriptions distinctes. Ce monument tomba entre les mains des Anglais qui, Payant transporté, le placèrent dans le Muséum de Londres.

Une inspection sommaire du pilier de Rosette suffit pour confirmer l'observation faite par Warburton, que les hiéroglyphes constituoient un véritable langage écrit. Des trois inscriptions gravées sur ses côtés, une partie considérable de la première manque malheureusement, le commencement de la seconde et la fin de la troisième sont mutilés. Mais la dernière, qui est en grec, est terminée par cette importante information. Il y est dit que le décret qu'elle contient (en l'honneur de Ptolémée Epiphanes ) a été gravé en trois caractères différens le sacré ou hiéroglyphique, l'enchorique ou lettres du pays (synonyme de démotique), et le grec de sorte qu'on y voyoit un spécimen authentique des caractères hiéroglyphiques accompagnés expressément d'une traduction.

Maintenant le premier pas à faire étoit de traduire cette traduction avec exactitude. La société des antiquaires fit donc circuler une gravure correcte des trois inscriptions; Porson etHeyne, les meilleurs hellénistes de notre âge, travaillèrent à compléter et à éclaircir le texte grec qui formoit la troisième partie de l'inscription. Dans cette tâche, l'assiduité laborieuse du professeur allemand obtint la supériorité sur la vive activité du professeur anglais. Ce pre-


mier pas franchi, il en restoit un bien plus dimciie à exécuter. On n'avoit point encore obtenu de date à l'aide de laquelle on pût établir de comparaison entre le grec ainsi restauré et le texte hiéroglyphique et enchorique, dont l'on ne connoissoit pas un seul caractère. Il n'y avoit alors qu'une seule marche à suivre c'étoit de rapprocher les deux inscriptions, de les faire correspondre le plus précisément possible, et, d'après la position des noms propres dans le grec, d'entreprendre de fixer leurs places dans une bu dans les deux autres inscriptions. Si des caractères purement phonétiques entroient dans la composition des textes hiéroglyphique et enchorique il étoit clair que par ce moyen on obtiendroit la valeur de quelque caractère. Il étoit indifférent de tenter la comparaison du grec avec l'hiéroglyphique ou avec l'enchonque; mais comme l'on soupçonnoit que l'enchorique étoit entièrement alphabétique, ce fut par lui qu'on commença l'expérience. En conséquence, M. SILVESTRE DESACYayant examiné les parties <ie ce dernier texte qui correspondoient par leur position aux deux passages grecs où se trouvent les noms propres d'Alexandre et d'Alexandrie, reconnut bientôt deux groupes de caractères d'une ressemblance presque parfaite, et II jugea que c'étoltla représentation de ces noms. ïl fut également heureux dans la découverte du nom de Ptolémée; mais désespérant d'avancer davantage, il abandonna un travail dont il avoit trop tôt préjugé la stérilité. La peine qu'il avoit prise fut loin d'être inutile; ce qu'il avoit fait démontroit que l'on pouvoit faire davantage. M. AKERBLAD, diplomate suédois, reprit l'investigation au point où elle avolt été laissée, et démontra ce que M. deSacy n'avoit donné que pour une conjecture; c'est-à-dire que' le texte enchorique contenoit des noms propres grecs écrits en caractères égyptiens. Ensuite il essaya de construire un alphabet, et de déchiffrer la lecture des autres portions du texte; mais il écho::a sur ce point, parce que, à l'exemple


de son prédécesseur. il avoit pensé que le style total de l'inscription étoit alphabétique; et en second lieu, parce qu'il s'attendoit à trouver dans l'écriture égyptienne un nombre de voyelles égal à celui qu'on rencontre dans les textes coptes encore existans. Il auroit dû considérer pourtant qu'il devoit y en avoir une grande quantité de supprimées, d'après l'usage pratiqué dans l'hébreu, le chaldéen, l'arabe et les autres langues de l'Orient. A l'exception de quelques observations détachées sur les signes de la fin, M. Akcrblad ne fit-aucun effort pour comprendre les premiers, ouïes hiéroglyphes inscrits sur le pilier; il sembla même disposé à suivre l'opinion de M. Palin, qui pensoit que les premiers signes des hiéroglyphes restoient encore sur la pierre dans leur Intégrité. Tel étoit l'état des choses quand le docteur Young commença ses travaux. On n'avoit presque encore rien fait pour expliquer les hiéroglyphes mais le germe de toutes ïes découvertes subséquentes avait été trouvé, du moment oà l'on avoit su assigner une place aux noms propres, et considérer les groupes de figures correspondans comme représentant leurs sons. Le docteur Young ayant eu l'occasion de publier dans un ouvrage périodique un extrait du ~f:e d'Adelung et Vater, fut frappé d'une note de ce dernier, qui assuroit que la langue inconnue de la pierre de Rosette et des bandelettes qui accompagnoient fréquemment les momies, pouvoit se réduire à un alphabet d'environ trente lettres. Il avoit perdu de vue cette remarque originale et Importante il ne pensoit plus à ces inscriptions, lorsqu'en 181~ quelques fragmens de papyrus apportés en Angleterre par sir W. R. Boughton réveillèrent son attention, il les examina, el après une courte inspection de la brochure de M. Akerblad, il communiqua quelques réflexions anonymes à la société des antiquaires. Dans l'été de la même année, il s'appliqua assidûment à l'étude de l'inscription enchoriquc, puis à celle en hiéro-


glyphes; et son travail le mit à même en peu de mois d'envoyer à l'~rc~eo/o~~ Britannica une traduction conjecturale de chacune des inscriptions égyptiennes, en y distinguant le contenu de chaque ligne avec autant de précision que le pouvoient permettre ses matériaux. Il fut obligé de laisser dans le doute quelques passages Impprtans; mais il espéroit que quelque renseignement plus positif lui permettroit de prononcer avec plus d'assurance; le pas immense,qu'il avoit déjà fait lui promettoit des succès rapides et nombreux. Pour se faciliter ses recherches, il entreprit de se familiariser avec les débris de l'ancienne langue de l'Egypte, tels qu'ils sont conservés dans la traduction copte et thébalne de la Bible Il comptoit, avec cette ressource, découvrir un alphabet qui l'aideroit à lire l'inscription enchorique au moins dans un dialecte analogue et quoique forcé de renoncer à son attente, il publia bientôt, dans le MM.MMM cr~CMnt de Cambridge, sa version conjecturale augmentée et beaucoup améliorée. Enfin, dans l'article Egypte du quatrième volume de supplément à l'Encyclopédie britannique, décembre i8ig, il rangea dans une forme méthodique les résultats de ses recherches, et donna un vocabulaire de plus de deux cents noms ou mots qu'il étoit venu à bout de déchiSrer dans des manuscrits hiéroglyphiques et enchoriques. On doit regarder cet article,comme le monument qui fait le plus d'honneur à la littérature moderne.

Tout en appréciant l'étendue des découvertes que l'on doit au docteur Young, il ne faut pas oublier que déjà M. de Sacy avoit indiqué la place des mots Alexandre et Ptolémée dans le texte enchorique, et que M. Akerblad avoit non seulement conSrmé cette indication, mais qu'il i ~Mo7t. et M. ~'t~;t!<' Çt~r~rf ont suffisamment prouve l'identite de la langue copte avec celle de l'ancienne Egypte, ~oyez principalement les ~M~erc.~e~ tM' ~t &M~Me et sM?' /<! &Me'ra~Mf-e de /&pM, de ce dernier.


avoit dressé ce que l'on peut justement nommer un alphabet conjectural. Aucun d'eux pourtant n'avoit pu déchiffrer un seul caractère de l'inscription hiéroglyphique cette branche, la plus importante, étolt donc demeurée intacte. Ce fut alors que M. Young commença ses recherches en dirigeant son attention sur le texte enchorique, il vérifia d'abord les observations de MM. de Sacy et Akerblad, et remarqua une collection de caractères répétés vingt-neuf ou trente fois, et comme il ne trouva aucun mot qui, dans le grec, correspondit à cette fréquente répétition, si ce n'est le mot roi avec ses composés, qui se représentoit trente sept fois, il en conclut que ce groupe devoit, dans toutes ces occasions, équivaloir au mot roi ou à quelqu'un de ses dérivés. On rencontroit un autre assemblage de caractères quatorze fois, et cet assemblage cadrolt avec le nom de Ptolémée qui se reproduisoit onze fois dans le grec. Par une semblable confrontation, on identifia également le nom d'Égypte, qui se trouve plus fréquemment dans l'enchorique que dans le grec, qui lui substitue souvent le mot pays ou qui l'omet entièrement.' Un petit groupe de caractères que l'on rencontroit presque à chaque ligne, fut supposé être une terminaison ou quelque particule commune; on attendit jusqu'à ce que sa situation, mieux déterminée, eût autorisé à conclure que la copulative et étoit sa signification véritable. Après avoir ainsi obtenu quelques points de rappel, le docteur Young écrivit le grec au-dessus du texte enchorique, de manière à ce que les passages identiques pussent correspondre exactement, et que les parties intermédiaires de chaque inscription obtinssent une position respective également régulière. Cet arrangement diminua les chances d'erreurs il ne s'agit plus que d'appliquer à chaque compartimentle principede comparaison, parle moyen duquel la subdivision avoit été obtenue, pour parvenir à dechini-er l'inscription entière. C'est ce que l'on fit, et, par une atten-


tion soigneuse aux caractères dont le sens avoit été venue, on obtint une intelligence passable de la fin de l'inscription enchoriaque, quoique l'on fût privé de la portion correspondante du grec.

En suivant toujours le même procédé, le docteur Young tenta d'analyser et de déchiffrer le texte hiéroglyphique dont une partie étoit à moitié détruite, et l'autre trèseffacée. Par une double comparaison de l'hiéroglyphique avec les deux autres branches de la triple inscription, il parvint d'abord à déterminer les places de certains mots plus apparens, tels que .P~o/e~eg Z~'eM j, rot fe~p~e., py~re. Ayant ainsi ohtenu un certain nombre de points de subdivision, il écrivit les trois IfMcrIptions côte-à-côte, et chercha le sens des caractères respectifs, en comparant minutieusement les diverses parties entre elles. Dans sa première inspection, il avoit observé que les lignes enchoriques étoient écrites de droite à gauche, suivant la coutume des Égyptiens, relatée par Hérodote de même dans celle-ci il s'assura que les hiéroglyphes font face à la droite ou à la gauche du spectateur, selon que les personnages principaux des tablettes auxquelles ils appartiennent regardent dans l'une ou l'autre de ces directions que, lorsqu'il n'y a pas de tablettes ils regardent presque toujours à droite; qu'il faut toujours les lire d'avant en arrière, comme les objets se suivent naturellement l'un l'autre; et qu'ennuies Égyptiens semblent n'avoir jamais écrit poua~e~ ou alternativement d'arrière en avant, comme il est probable que l'ont pratiqué les anciens Grecs.

Ayant, par cette revue, épuisé toutes les combinaisons, le docteur Young pouvoit déterminer généralement le sens des caractères individuels, ou des groupes de caractères qui représentoient des mots séparés dans le texte sacré et dans l'enchorique mais un point important restoit à décider quelques uns, tous, ou aucun de ces carac-


tères u etoit-11 pas, ou étoit-il alphabétique ? Il est cheux qu'en essayant de résoudre ce problème le docteur Young ait laissé s'égarer sa sagacité, qu'il ait non-seulement laissé à un autre l'avantage de compléter sa découverte, mais qu'il lui ait fourni un prétexte dont il a trop usé, pour s'attribuer tout le mérite de la découverte. Voici comment s'exprime M. Young « Il semblolt naturel de supposer que les caractères alphabétiques étoient mélangés aux hiéroglyphiques de la même manière que les astronomes et les chimistes des temps » modernes ont employé des signes abrégés de conven» tion, pour exprimer les objets qui se présentent le plus s fréquemment dans leurs sciences respectives. Mais aucun » effort n'a pu faire découvrir aucun alphabet qui pût » rendre cette inscription en général, ni rien qui pût » aider à la transformer en langage égyptien, quoique » plusieurs des noms propres semblassent s'accorder assez M avec les formes des lettres indiquées par M. Akerblad; » cette coïncidence, à la vérité, se trouve dans le chinois, )) ou dans quelques autres langages non alphabétiques, » s'ils emploient des mots dont le son est extrêmement )) simple, pour écrire des noms propres qui sont plus )) composés. » (Supplément à /MC/c/ope~:a Britann. vol. IV, p. o~.) Parlant ensuite du nom de Ptolémée, tel qu'on le voit sur la pierre de Rosette, il dit, page 62 « Dans ce nom propre, et dans quelques autres, il est )) iprt intéressant d'observer par quelle marche récriture ? alphabétique a été engendrée de l'hiéroglyphique » procédé qui peut s'expliquer par la manière dont les » Chinois modernes expriment une combinaison de sons » qui leur est étrangère; ils rendent, dans ce cas, les )) caractères simplement phonétiques en y appliquant » une marque particulière, au lieu de leur laisser leur » signification naturelle. » Ensuite il compara les manuscrits sur papyrus, qui avolent antérieurement été re-


SUR LES HIÉROGLYPHES. 29 ~e des échantillons de récriture alphabétique

gardés comme des échantillons de l'écriture alphabétique des Égyptiens, avec d'autres manuscrits chargés de véritables hiéroglyphes tracés légèrement, mais non sans élégance, d'une main qui avoit été qualifiée d'/H'erat~He, il. découvrit que chaque caractère purement hiéroglyphique avoit son correspondant tracé à main courante; et de là il conclut que les caractères hiératique et épisto/o~r<{~Me n'étoient qu'une première et seconde dégradations du ~acre,' ou, en d'autres mots, que le sacré étolt passé successivement de l'hiératique à l'épistolographique, ou écriture vulgaire du pays cette suite de conséquences mal déduites l'entraina dans des erreurs, comme il sera ci-après démontré. Elles le conduisirent à croire que les différens systèmes d'écritures suivis par les anciens Égyptiens étoient essentiellement :efeo~<7p&~MM, mais que, dans le besoin d'écrire des noms propres e~ra~e~ on avoit recours à des signes représentatifs d'idées seulement, par un procédé analogue à celui des Chinois quand ils peignent uniquement les sons, et que ces caractères employés ainsi dans un but p~one~He dévoient produire les élémens d'une espèce d'alphabet hiéroglyphique dont l'emploi étoit restreint à l'expression des sons étrangers. Aidé en conséquence de l'alphabet enchorique d'Akerblad et des lumières acquises par la comparaison des manuscrits hiéroglyphiques avec ceux en papyrus, qui en étoient l'abréviation secouru de plus, par le copte, démontré par M..2?. ÇM~rewere identique avec l'ancien égyptien, le docteur Young entreprit l'analyse des noms hiéroglyphiques de Ptolémée et .Bere/M'ce, le premier tiré de l'inscription de Rosette le second d'une légende de la voûte du grand temple de Karnak. Nous rapporterons cette analyse dans les propres termes de l'auteur. Quant au nom de Ptolémée, sa position fut aisément déterminée par la méthode de subdivision et de comparaison décrite ci-dessus, et par l'anneau ovale ou le cartouche


u~i. icquet il se trouvoit inscrit Les caractères qui le composent sont un carré, un demi-cercle, une espèce de nœud, un lion, deux lignes parallèles terminées par une ligne obliquent transversale, deux plumes et un ~MM~, ou ligne recourbée. Voici l'explication qu'en donne M. Young <f Le carré et le demi-cercle répondent inva» riablement dans tous les manuscrits aux caractères du )' P et du T d'Akerblad, que l'on trouve au commencement » du nom enchonal. Le second caractère, une espèce de uœud, n'est pas absolument nécessaire; il est souvent » omis dans l'Écriture sacrée, et toujours dansl'enchoM riale. Le lion correspond au LO d'Akerblad le lion est M toujours rendu parle même signe dans les manuscrits » une ligne oblique et croisée représente le corps, une » ligne verticale la queue. On lisoit probablement OLE et M non pas LO, quoique dans le copte moderne OILI si» gnifie un bélier. EIUL aussi signitie un ce/y, et la figure » du cerf dans l'écriture courante approche de celle du » ~<M. Le caractère suivant semble avoir rapport àn/~ce en )' copte MA; on lé lisoit aussi simplement M, et le carac» tère est toujours exprimé à main courante par l'M de »l'alphabet d'Akerblad. Les deuxplumes, quelle que lut M leur signification, répondent aux trois lignesparallèles » du texte enchorial, et il semble par plusieurs exemples » qu'on les lisoit 1 ou E; la ligne penchée vouloit dire »probablement grand, et on lisoit OCH ou OS car le copte shei semble avoir été l'équivalent du ~M grec. »Ces élémens rapprochés nous donnent PTOLEMAMS i M. Young est dans l'erreur s'il croît avoir été le premier qui découvrit que des )KWM propres étoient entourés d'un anneau circulaire ou cartoHcAe; le docte ~o~a a déjà fait cette remarque '( Conspicuuntur autem passim in Egyptiis monumentis schemata elliptiae planae basi » insidentia, quae emphatica ratione includunt certa notarum syntagmata, sive ad~-o~rM personarurn tM~z/M e~r/me~a sive ad sacratiores formulas designandas. ~e ~~M et MM o~c., pag. 464.


» nom grec, ou PTOLEMEOS, comme peut-être oni'écri» voit en copte. ))–( Suppl. aTjEnc. Brit. IV, p. 62 ). Après avoir ainsi lu le nom hiéroglyphique de F~oZeméè, il s'applique à déchiSrer celui de j9ereK:'ce~ femme de Ptolémée Soter et mère de Ptolémée Philadelphe inscrit sur la légende Ptolémée et. Bérénice, dieux sauveurs; la sculpture en est répétée deux fois sur le plafond de Karnak. Ses caractères se composent, suivant le docteur Young, d'une sorte de panier à anses, d'un ovale ou œil sans pupille, d'une ligne en méandre ou zigzag, de deuxplumes, d'un marchepied, et d'une oie accompagnée de .l'invariable signe du genre féminin. Voici son Interprétation « Le premier caractère de ce nom hiéro» glyphique est exactement de la même forme que celui » qu'on voit à Biban-el-Molouk c'est une espèce de pa» nier à anses, et en copte un panier s'appelle BIR. L'ovale, » ou œil sans pupille, signifie ailleurs à, qui en copte est » E; le zigzag de et peut être rendu par N; les plumes )) pari; le petit marchepied paroît superflu; l'oie est KE, » ou KEN Kircher nous donne KENESOU pour une oie » mais ESOU signiue qui vit en troupe, probablement » pour distinguer l'oie du canard égyptien au reste cette » assonnance approche du nom que porte l'oie dans beau» coup d'autres langues. Nous avons donc littéralement )) BIRENICE, ou, s'il faut y joindre l'N, BIRENICEN, que » les Égyptiens auront facilement confondu avec le nomi» natif. Les derniers caractères ne sont qu'une terminaison )) féminine. – Il ajoute ce nom nous fournit un second » exemple de l'écriture syllabique combinée avec l'alpha)) bétique, assez ressemblant à ces mélanges de mots et de » choses dont les-enfans se font un amusement. Quoique » cette comparaison avec les Rebus eût pu exciter l'indi» gnation de Warburton, il n'en est pas moins vrai que H souvent il n'y a qu'un pas du sublime au ridicule. » Des recherches subséquentes, aidées de la découverte


d'un nouveau monument, ont &it ap ère

d'unnouveau monument, ont fait aper cevôir d'importantes erreurs dans l'appréciation arbitraire des hiéroglyphes phonétiques dont se composent ces noms. Par exemple, dans le nom Ptolémée, où le P et le T sont correctement expliqués, le nœud, ou plutôt la fleur dont la tige est penchée, que le docteur Young a jugé inutile, représente l'O le lion qu'il donne pour l'équivalent de OLE est simplement le signe de l'L; son MA est M, son 1 ou E le grec H ( e~a ) et son OS ou OCH, S de sorte qu'en place du mot ( nTOAEMAlOS ) entièrement exprimé, nous n'avons que son squelette (nTOAMHE). De même, dans lemot.2?ereyn'ce_, le BIR du docteur est simplement B, son E est un R, son N est correct, son 1 est un H (<~)., son marchepied superflu un K, et son KE ou KEN un S, de manière qu'au lieu de ( BIPENIKE ) ou ( BIPENIHEN ), les signes phonétiques produisent seulement ( BPNHKS ). Mais malgré ces erreurs, ~y. -FoMMg' a le mérite EXCLUSIF e~'a~ot?' expliqué une énigme qui, pendant des siècles, avoit &7M~e sagacité des érudits. La méthode qu'il a suivie pour déchinrer les textes enchorique et hiéroglyphique de l'inscription de Rosette, est on ne sauroit plus ingénieuse; il est le premier qui ait eu l'honneur de démontrer que dans ces deux sortes d'écritures il y avoit des signes, quelle qu'en fût l'originaire signification, destinés à représenter des sons. Sans doute il a cru que les caractères égyptiens étoient idéographiques, et.ne devenoient quelquefois phonétiques que pour l'expression des noms étrangers; mais cette idée erronée, qui retarda les succès de sa découverte, ne l'a pas empêché de jeter les fondemens d'un alphabet hiéroglyphique, et d'en produire un enc/zorKjrMe., si étendu en lui-même, que jusqu'à ce jour onyaquepeuajouté. Enfin nous ne pouvons faire mieux que de répéter les propres paroles de M. Salt « Le docteur Young a seul trouvé la » clef de l'écriture enchorique, et c'est lui qui a tracé la


SUR LES HIÉROGLYPHES. 33 peut conduire à l'intelligence des hiérogly-

route qui peut conduire à l'intelligence des hiéroglyphes. ( jE'~o! P~ note. )

Nous ti'avons aucun moyen d'assigner précisément l'époque où M. Champollion commença ses recherches sur les hiéroglyphes cette question ne présente d'autre intérêt que celui de fiXer la priorité entre lui et le docteur Young; et sur ce point, nous croyons que personne ne sauroit garder l'ombre de doute. C'est d'ailleurs M. Champallion lui-même qui a mis cette discussion sur le tapis. Après un exposé succinct de quelques propositions énoncées, et de quelques opinions soutenues dans l'article E&YpTE, il ajoute « Je dois dire qu'à la nM~Mg époque, et M sans avoir aucune CO/MOM.Mnce des opinions de Af. le docteur Young, je croyois être parvenu, d'une manière » assez sûre > à des résultats à peu près semblables. )) (Précis ly.) » Mais quelques considérations peuvent rendre cette assertion douteuse. D'abord, nous avons le témoignage du docteur Young, que M. Champollion n'a point contredit. « Au commencement de mes recherches )) (en :8i~ et i8i5) je reçus une lettre de M. Champol)) lion, accompagnée d'un exemplaire de son livre sur )) l'État de l'Égypte, sous les Pharaons, offed à la Société)) Royale. Comme il me demandoit <yue~Me~ renseigne)) mens sur différens passages de 7'!n~C7'o~ e/zc/zo~OMe » ~e ~o~e.C~e_, lesquels étolent imparfaitement représentés M sur les gravures, je lui répondis, en me référant au mo» nument original qui se trouve dans le Musée de Lonw dres et peu de temps après, je lui envoyai ma traduc)) tion coMyec~Mra/e des, Inscriptions, telle qu'elle fut en)) suite Insérée dans l'Archéologia. » Il ajoute « qu'à cette » époque, M. Champollion lui paroissoit peu avancé sur M l'intelligence de l'inscription enchorique et que ses no)) tiens alors sembloient puisées uniquement dans les re)) cherches d'Akerblad, qu'il avoit fac~e/MeHf adoptées. ? o (Z)t~co~er~ Hierogl. Literature, pages /{o et ~)!


comment alors M. Champolhon prétend-il avoir commencé ses travaux en même temps que le docteur Young, et sans avoir connoissance de ses opinions ? jE~z ~eco/tJ &eM~ il est évident, par les dates respectives des publications de M. Champollion, qu'environ six ans se sont écoulés depuis cette communication jusqu'à l'apparition de son premier ouvrage, tandis que la traduction conjecturale du docteur Young parut en 1815, long-temps avant qu'on sât que M. Champollion étoit engagé dans des recherches semblables. Z~p7~or~e de publication est donc démontrée. M. Champollion, d'ailleurs, n'a pas contredit l'assertion du docteur Young, relative à la communication mentionnée ci-dessus il convient d'avoir vu l'article Égypte, environ deux ans avant sa lettre à Af. Z'acï'er, qui contient ses premiers aperçus sur les hiéroglyphes; il est donc clair qu'il a eu connoissance des opinions du docteur Young à chaque époque de ses progrès, et que la question d'o/'zginalité est aussi facile à résoudre que celle de l'antériorité de la publication.

On voit que M. Champollion a commencé ses études hiéroglyphiques par un examen attentif du passage de Clément, et qu'il en a conclu, sans conserver de doute, que les signes phonétiques entroient comme élément Intégrant dans le système d'écriture des anciens Égyptiens. Cette conséquence évidente cou~ulsoit à une autre c'est que si l'on pouvoit construire un alphabet phonétique, on obviendroit la clef des hiéroglyphes en général, et par'suite, des résultats très-Importans pour l'histoire. Tel fut son principe, et il a le mérite individuel d'en avoir présagé les immenses avantages.

Sa tâche Je~e/~ott comparativement facile, depuis que ~f. Y7t. Young avoit démontré la possibilité e~~br/Mey cet alphabet, EN CONSTRUISANT NEUF SIGNES PHONÉTIQUES dans les noms de .Pfo~tee et deFJre~nce~ signes dontleplus grand nombre a été reconnu depuis très-exact. Le premier


pas, et le plus important, une fois fait,'il ne falloit que du &OH/teM~ pour aller en avant; nous disons du bonheur, parce que le docteur Young avoit tiré de ses matériaux tout le parti possible. Si l'inscr iption de Rosette fût arrivée dans son intégrité en Europe, il, est probable qu'on eût joui d'un alphabet phonétique complet, avant qu'on eût entendu parler des travaux de M. Champollion, en ce genre mais malheureusement la pierre ne contient que les quatorze dernières lignes du texte hiéroglyphique, et mutilées encore tandis que le nom hiéroglyphique de Ptolémée, enfermé dans un ovale, est le seul, de tous ceux mentionnés dans le texte grec, qui ait échappé à une destruction totale. Ce nom est représenté par huit caractères hiéroglyphiques, l'un d'eux, la plume, est répété; et comme le nom grec uTOAEMAïoi est formé de dix lettres, il étoit impossible, sans le secours d'autres matériaux, de fixer exactement le rapport entre sept ou huit signes hiéroglyphiques et les dix lettres grecques. Mais heureusement pour M. Champollion, la découverte d'un nouveau monument est venue dissiper toute incertitude à cet égard et lui faciliter la construction de l'alphabet tant désiré. 1 « Le texte hiéroglyphique de l'inscription de Rosette )j, dit M. Champollion ( lettre à M. Dacier, page 6 ), « l'o)) bélisque trouvé dans l'île de PhIIœ, et récemment trans» porté à Londres, contient aussi le nom hiéroglyphique » d'un Ptolémée, conçu dans les mêmes signes que dans )) l'inscription de Rosette, également renfermé dans un )) cartouche, et il est suivi d'un second cartouche qui doit » contenir nécessairement le nom propre d'une femme Ï » d'une reine Lagide, puisque ce cartouche est terminé » par les signes hiéroglyphiques du genre féminin, signes » qui terminent aussi les noms propres hiéroglyphiques » de toutes les déesses égyptiennes, sans exception'. L'ot Ici M. Champollion nous semble avoir tout-à-fait manqué d'exac-


béliscmë ét.oit /!e~ dit-on, à un socle 1

bélisqne étolt /e~ dit-on, à un socle portant une inscnp» tion grecque et qui est une supplique des prêtres d'Isis » à Phylœ, adressée au roi Ptolémée, à Cléopâtre sa sœur, » et à Cléopâtre sa femme. Si cet obélisque, et l'inscription » hiéroglyphique qu'il porte étoient une conséquence de » la supplique des prêtres qui, en effet, y parlent de la ) consécration d'un monument analogue, le cartouche du » nom féminin ne pouvoit être nécessairement que celui » d'une Cléopâtre. Ce nom, et celui de Ptolémée qui, ) dans le grec, ont quelques lettres semblables, devoient » servir à'un rapprochement comparatif des signes hiéroglyphiques composant l'un et l'autre; et si les signes semblables dans ces deux noms exprimoient dans l'un » et l'autre cartouche les mêmes .yo/M., ils devoient cons)) tater leur nature entièrement phonétique. » ( Lettre à M. Dacier, pages 6 et )

La marche de l'investigation ici indiquée, paroit simple -et facile mais comme le développement de l'alphabet hiéroglyphique provientde la comparaison des différens signes ,qui composent les noms de Ptolémée et de Cléopâtre, nous devons rendre compte du procédé qui a conduit à cet im-portant résultat.

Dans le carré placé à l'angle inférieur, sur la droite de la planche ci-jointe, sont inscrits trois noms propres, écrits en hiéroglyphes, et entourés chacun d'un cercle elliptique ou cartouche. Le n° i est le nom de Ptolémée, pris de la partie hiéroglyphique de la triple inscription 'de Rosette; le n° 2 est le nom de Bérénice, copié sur le plafond de Karnak et le n" 3 est celui de 67eoc<ï~re_, fourni par l'obélisque de Philse. Nous avons déjà donné titude. Les symboles Idéographiques de la terminaison féminine (un demi-cercle et un ovale ) sont présentes par lui comme connus et admis depuis long-temps. Cependant l'explication de ces symboles n'avoit pas même été soupçonnée jusqu'au moment où le docteur Young en Et la découverte. ( Discoveries :ero~.Z!te/'a'<Hre,p.~5.)


l'analyse qu'a faite des deux premiers (.Ptolomée et'~e~eyMce)le docteur Young, d'après Fenchorlal de l'inscription de Rosette et nous prions le lecteur de se rappeler par quels procédés on a fixé sa place et déterminé la valeur de ces caractères. Maintenant nous avons à nous occuper du premier et du troisième ou des nom$ de Ptolémée et de Gléopâtre.

Le lecteur, en jetant les yeux sur les cartouches n°' t et 3, verra que dans celui de Ptolémée ( HTOAMH2 ) n° i, les quatrième, sixième, troisième et premier caractères répondant à A, E, H, o etnsontidentiques aux second, troisième, quatrième et cinquième caractères du cartouche de Cléopâtre ( KAEonATPA)n° 3, qui doivent conséquemment correspondre respectivement aux mêmes lettres A, E, 0 et n. Ici nous avons la valeur de quatre caractères le lion, la plume, la fleur à la tige recourbée, déterminée par une espèce de instantia c~MCt'y. En même temps se trouve confirmée la solidité de la première hypothèse, qui est devenue une certitude par la présente~ comparaison de ces noms hiéroglyphiques. Mais le même procédé qui nous sert à vérifier la valeur des caractères communs aux deux noms, nous sert également à évaluer ceux où ils sont dissemblables. Prenons, par exemple, le nom (, KAEOIIATPA ). Son hiéroglyphe est construit de neuf signes phonétiques, auxquels se joint le symbole de la terminaison féminine dans d'autres mots il y a un caractère phonétique qui correspond à chaque lettre du nom. Mais quatre de ces caractères ont été déterminés par la méthode de comparaison directe; or, le nom étant supposé connu il suit que la valeur des cinq qui restent peut être déduite sans risque de se tromper, car la valeur des second, troisième, quatrième et cinquième étant une fois établie, l'on obtient infailliblement celle des premier, sixième, septième, huitième et neuvième. La même opération est applicable au nom de Ptolémée. De là, comme le nom de Cléopatre con-


tient huit caractères distincts, et que le nom de Ptolémée en fournit trois, en déduisant les quatre lettres communes à tous deux, on obtient, de l'analyse de ces deux noms seuls, onze caractères divers représentant un nombre égal de sons, et si la même méthode est appliquée au nom Bérénice, elle en produira quatre de plus, dont trois représentant des sons distincts, tandis que le quatrième, Foie du Nil ( 'UM~cM~eT'), ne sera qu'un hqmophone de la lettre A. De sorte que de ces trois noms sont déduits quatorze signes phonétiques distincts, égalant la moitié de ceux de l'alphabet de Cadmus moins deux, et formant une portion considérable de l'alphabet phonético-hiéroglyphique, qu'il étoit aisé d'augmenter en le comparant avec le contenu d'autres cartouches.

Certes, c'étoit là des données aussi sûres que fécondes. Mais les résultats qu'elles avoient déjà présentés, ont été confirmés par une suite d'observations que M. Champollion a dirigées avec tant d'intelligence et de sagacité, qu'il ne peut plus rester de doutes ni de place à de nouvelles erreurs. Nous aurons plus d'une occasion de fournir à nos lecteurs des exemples de leur évidence. Nous pouvons déjà annoncer que par une suite de vérifications qui, quelquefois s'élèvent à plus de cent sur un seul caractère, M. Champollion a démontré que chaque signephonétique est l'image d un objet physique, dont le nom dans la langue vulgaire de l'Égypte, commençoit par le son ou l'articulation que ce signe lui-même est destiné à représenter. Ainsi l'image d'une aigle qui, en copte, est appelée ~AoM ou~AAo/M, devient le signe de la voyelle A; celle d'un petit vase ou burette, en copte Berbé, le signe de la consonne B; celle d'une main, Tot, le signe de la consonne T; celle d'une hache jR"e/e&i; le signe de la consonne K; celle du lion ou de la lionne, Labo, le signe de la consonne L, celle du hibou, jMoM~d~ le signe de la consonne M; celle de la nûte, Sebiendjo, le signe de la consonne S; celle d'une


bouche, ~o le signe de la consonne R, et l'image abrégée d'un jardin, Chné, le signe des consonnes CH. C'est ainsi que l'on a formé progressivement un alphabet hiéroglyphique, et ensuite un alphabet général en appliquant la même méthode au caractère enchorial. Dans la planche jointe à cet Aperçu, la première colonne contient les lettres grecques la seconde, les caractères démotiques ou enchoriaux qui y correspondent, autant que l'on a pu jusqu'ici les déterminer; et la troisième, les hiéroglyphes phonétiques, avec les additions récentes que l'on doit à MM. Salt et Champollion. Avec cette clef, appliquée par exemple aux planches de l'ouvrage de Zoëga ou aux gravures de la magnifique Description de l'Égypte, le lecteur pourra se convaincre de l'importance d'une telle découverte.

L'alphabet hiéroglyphique étant ainsi dressé, M. Champollion s'en servit à déchiffrer les noms propres inscrits sur les temples et autres édifices de l'Egypte et dans sa lettre à M. Dacier, il présente les résultats obtenus sur les inscriptions des monumens de Dendera ( Tentyra) Thèbes, Esneh (Latopolis), Edfou(~Dpo~nojoo~M magna) Ombos et Philœ. Il considère l'Égypte sous ses rapports avec l'histoire des Grecs et celle des Romains.

I. Pour ce qui concerne la Grèce, nous Usons le nom d'e.ra;nt~re-/e-6rranf~, écrit AAK2NTP2 sur le temple de Karnak, près de Thèbes. Le docteur Young avoit déjà déchiffré ce nom sur Fenchorial. (Supp. à /'J5nc~ Fr!'<. vol. IV, planche y5.) 2° Le nom de Ptolémée, commun à tous les Lagides, écrit nTOAMHB et uTAOMHS sur les temples de Philœ, Ombos, Edfou, Thèbes, Koos et Dendera, et généralement suivi dans le cartouche même des légendes Idéographiques toujours p:')~Mf_, bien-aimé de .P/:f& ou bien-aimé d'Isis. 3° Le nom de la reine Bérénice, écrit BPNHKX sur la voûte du grand arc de triomphe au midi de Karnak. Le docteur Young a le premier dé-


chiSré cet hiérosrivnhe. ~"Lc nnm rtf O.l~m

chloré cet hiéroglyphe. 4° Le nom de Cléopâtre, écrit KAEOIIATPA sur l'obélisque de Philœ déjà mentionné, et KAAonATPA et KAOIITPA sur les édifices d'Ombos, Thèbes et Dendcra. 5° Le nom de ~o/e~ee, surnommé ~/e.r~re, écrit MTOAMHZ APK2NTP2 à Dendera et à Ombos. 6° Le nom d'un autre Ptolémée à peine connu dans l'histoire, fils de Jules César et de la reine Cléopâtre, Césarion, dont l'inscription, sculptée à Dendera, prés de celle de sa mère, contient la légende nTOAMHX, surnommé NHOKH2PX, Ptolémée lejeune César, suivie des symboles idéographiques signifiant ~OM/0!<~ vivant, et le titre ~t'/Me ~V~ écrit en signes phonétiques.

II. L'alphabet phonétique a pu s'appliquer, sans modification, soit dans la valeur, soit dans l'arrangement des signes, à un plus grand nombre de noms de souverains gravés sur les monumens d'Égypte, et ces noms appartenoient à des empereurs romains. Mais contre toute attente, il s'est trouvé que leurs titres et surnoms étoient exprimés en caractères qui exprimoient, non des noms latins, mais des noms grecs circonstance qui prouve ce que l'on avoit déjà constaté ailleurs, c'est que, dans les derniers temps, ces ouvrages étoient exécutés par des artistes grecs. Ainsi, nous avons i ° le titre A~ToxpKTHp écrit AOTOKPTP etAOTAKPTP représenté seul sur les édifices de Phllœ, Dendera, etc. et suivi des légendes idéographiques toujours vivant, bienaimé de jPA~ ou bien-aimé d'Isis. Le titre de Kfxtcsp, 1 Kc<MKpf)?, écrit KB2P et KH2P2 accompagné des mêmes qualifications que les précédentes, et remplissant un cartouche à lui seul. 3" Le nom de l'empereur Auguste en deux cercles joints ensemble, etformantlalégendeAOTKPTP KHSPX.~oMjours vivant, bien-aimé d'Isis. Il est répété jusqu'à six fois i On trouve le même titre écrit AYTKPTP, AYTOKPTP, et AYTOKPTOP. 3 Cc titre s'écrit également sur les monumens égyptiens KIPX, KIXPB, KISAPS, KAISP et KAHAPE.


sur la corniche du temple occidental de Philse et contient la seule légende gravée sur les premières médailles d'Auguste que l'on ait frappées en Égypte. 40 Le nom de l'empereur Tibère, écrit TBHPS, et plus fréquemment TBPHS, qu'on lit sur les murs et dans la galerie du temple occidental de PhIlœDeux anneaux réunis contiennent toute la légende AOTOKPTP TBPHS KH2PS 2BSTS, l'empereur 7Ybère, César, Auguste; mais plus généralement AOTKPTP TBPH2 KHSPS, toujours vivant, qui est répété neuf fois sur la frise du même temple. 5° Le titre et le nom de l'empereur Z)oMn't:e~ contenus en deux anneaux réunis du même édifice de PhIIse, et écrit AOTKPTP TOMTHN 2B2T2; i mais une légende plus étendue se rencontre plusieurs fois sur les édifices de Dendera, dont les cartouches hiéroglyphiques traduits donnent AOTPKPTP TONTHNX 2B2TS, l'empereur Tibère, César, Germanicus, avec le symbole de toujours vivant. 6° Le nom du même empereur sur l'obélisque pamphilien à Rome. Mais ce monument, sur lequel le laborieux Eircher a publié un volume in-folio d'explications, est généralement considéré comme apocryphe 3 on croit qu'il a été sculpté en grande partie à Rome, à l'imitation du style égyptien, mais avec une telle négligence, que les emblèmes en sont disposés tout-à-fait arbitrairement. y" Le nom. de l'empereur Trajan, sur les murs de l'entrecolonnement de l'édifice occidental de PhIIœ. Deux cartouches unis et placés devant la figure de cet empereur adorant la déesse Isis et le dieu Arueris portent ATOKPTP KHZP TPHN2, l'empereur César Trajan. La frise des entrecolonnes est composée de neuf ovales celui du centre porte TPHN2, .Zn~an.. toujours vivant; ceux de droite, lus deux à deux, donnent les légendes KH2PB, Ce~r~ éternel germe d'Isis, KPMNHK2 KH2P2, i Ce nom se trouve sur d'autres monumens écrit avec quelque diSerence dans l'orthographe.


Germanicus César, KHEPB TPHN2, Ce~

Germanicus César, KHEPB TPHN2 Ce.M/- T/'a/N~ toujours M~a~ ceux de la gauche, AOTKPTP XBETS, fempe/'eMr .~MgTM~ tdtt/OM/ vivant, AOTKPTP KHSP TPHNZ, l'empereur Trajan, toujours vivant. Enfin deux cercles de sculptures sur le grand temple d'Ombos donnent la légende AOTKPTP KH2P NPOA TPHN2 KPMNHKS THKK2, l'empereur César Nerva lrajan surnommé Germanicus -Z?ac:~Me. 8° Le nom de l'empereur Hadrien sur la pyramide à quatre faces de l'obélisque des Barberini à Rome; le cartouche qui le contient est placé devant la figure d'Hadrien à pied présentant une offrande à Phrè, ou le soleil. Mais ce monmment aussi est d'un artiste romain, et n'appartient pas à l'Égypte. g° Sur le Typhonium de Dendera, deux anneaux joints ensemble et chargés de la légende AOTKPTP K2P2 ANTONHM2, l'empereur C~ar~Mfo/n?~ toujours vivant, qui est répétée un certain nombre de fois. Tels sont, en abrégé, les résultats obtenus par l'application de l'alphabet phonétique aux inscriptions égyptiennes qui se lient à l'histoire grecque et romaine. Nous expliquerons à quel point ils démontrent la solidité de la découverte première, quand nous aurons parlé de l'Essai de M. Sait, dont Fexamen trouve ici sa place. Il nous apprend (Essai, p. 3) que, sur la première nouvelle de la découverte, il avoit conçu un préjugé décidé contre le système phonétique, le croyant fondé sur une base trop conjecturale mais qu'ayant lu la lettre de M. Champollion à M. Dacicr, et les découvertes dans la littérature égyptienne par le docteur Young, il s'étolt mis à examiner sérieusement leurs doctrines; il ne pouvoit plus croire que tant de savans reconnus donnassent une attention si suivie à une découverte qui ne reposeroit que sur une vague hypothèse. Convaincu de son erreur, non seulement il admit la vérité des faits établis par M. Champollion, mais aidé de ses propres recherches, 11 grossit le nombre des phonétiques homophones, et celui des noms


des dieux et rois égyptiens. Dans ce travail pourtant il avoit été devancé par M. Champollion; voyez son Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens. Voici quelques uns des résultats principaux qu'a obtenus M. Salt. Aux noms déjà déchif&és, il a ajouté Le nom d'~r..H'/zoë., trouvé par lui à Gau-EIbh'~ à Edfou et à Dakké le premier étoit écrit AP2INE entièrement le second AP2I avec une contraction; le troisième AP2N, où se joignoit la Ëgure d'Isis, qui probablement indique une déesse les symboles de la terminaison féminine se trouvoient dans tous les trois. Sur le péristyle de Karnak, le plus beau débris de l'architecture égyptienne, ce nom se trouve aussi joint à celui de Ptolémée, qui est désigné comme père du Ptolémée époux de Bérénice. Le nom de.Philippe, père d'Alexandre, se rencontre dans le sanctuaire de granit à Karnak; et sur le même bâtiment est aussi sculpté le nom de son fils, qui est appelé Mai-Amun, aimé J~mMK. L'hiéroglyphe phonétique qui représente le premier, produit 4'AEEnox~ qui approche du mot grec aussi près qu'aucun autre découvert jusqu'à ce jour, si ce n'est celui de KAEonATPA qui s'y rapporte lettre pour lettre. 3° M. Salt a fait une correction qu'il croit importante dans la manière e de lire le nom de Bérénice. Dans les hiéroglyphes qui le composent, MM. Young et Champollions'accordent à considérer le dernier caractère comme une oie du Nil. Mais dans tous les cercles qui contiennent ce nom à Karnak, à Edfou, dans le petit temple près d'Esneh, à Dakké, M. Salt a observé que l'oiseau étoit un faucon, un corbeau ou un aigle il n'a pas trouvé d'autre oiseau qui pût servir d'In-' dication à la voyelle A. Aux noms des empereurs romains déjà découverts, M. Salt a pu ajouter ceux de 7V<°/'on_, Commode, ./7a~rt'e~ .o/MM_, et un autre qui paroit être ~arcu~ /~rH~ ~MîoKt~:M .~M~M~tM imperator <~e.M)" formant les ornemens d'une corniche dans l'intérieur d'un petit péristyle à l'ouest de l'tle de PhII~. Il a


copie le nom de Domitien sur l'obélisque de Bénévent, comme l'a donné Zoëga en tout il a pu transcrire environ vingt homophones. Arrêtons-nous ici, et reportons nos regards sur le terrain que nous venons d'éclaircir. Le système phonétiq-ûe des anciens Égyptiens, tel que l'ont révélé MM. Young et Champollion, diffère si complétement de toutes les manières d'écrire usitées chez les Européens, qu'au premier abord il est difficile de se défendre d'un peu de scepticisme. Mais les preuves qui ont surmonté la longue incrédulité de M. Sait démontreront également à nos lecteurs que ce système, tout singulier qu'il paroit, fut réellement employé par le peuple extraordinaire auquel on l'attribue. Les considérations suivantes seront de quelque poids pour ceux qui savent chercher et apprécier la vérité.

i. L'existence et l'emploi d'un tel caractère phonétique dans une langue vivante, où tout n'est pas écrit selon le mode phonétique, prouve que ce système n'est pas ausst contraire à l'analogie qu'on pourroit l'imaginer d'abord. Le chinois.moderne est un idiome syllabico-ldéographique; mais faut-Il exprimer des combinaisons étrangères de sons., leurs caractères, au lieu de conserver leur signification naturelle, sont rendus phonétiques par l'application, d'un signe spécial, et alors ils représentent seulement le son initial ou prédominant du nom ou du mot dont ils sont les symboles usuels et familiers. 2. Les pr ogrès de la décou~ verte et les faits qui s'y enchaînent semblent réellement en prouver la vérité jusqu'à l'évidence. Le nom de Ptoiémée, tiré de l'inscription de Rosette, s'appuie sur la traduction dont il est accompagné on en peut dire autant du nom de Cléopâtre, et de ces deux noms l'on a pu extraire un véritable alphabet hiéroglyphique. 3. Mais le plus fort argument en faveur de cet alphabet, est la parfaite conformité des résultats qu'il a produits avec l'histoire connue des personnages dont on a déchiffré les noms, avec les dates des


constructions sur lesquelles ces noms sont inscrits, avec d'autres circonstances particulières ou générales dont la combinaison ne sauroit être attribuée au hasard, et qui force à admettre la certitude de cette découverte. Ainsi, le nom de Ptolemée ne se trouve que sur des édifices dont l'architecture est d'un style postérieur à celle des premiers monumens de l'art égyptien. Le nom de Cléopâtre la représente comme mère de Ptolémée à Ernent et à Kous; et dans ce dernier lieu se trouve aussi une inscription grecque où. Cléopâtre est dite régler avec M~ Une reine du même nom est mentionnée comme femme de Ptolémée à Gau-Kibir, à Dakké, dans un petit temple à PhilaE*, dédié à Vénus-Aphrodite, et dans un autre découvert par M. Salt, lequel est dédié à Esculape, et partout ce nom correspond aux inscriptions grecques trouvées dans le même pays. Dans beaucoup d'autres temples, une Cléopâtre est toujours associée à un Ptolémée. Sur le beau péristyle de Karnak, le nom de Ptolémée accompagne, comme de coutume, celui de Cléopâtre, etil est représenté comme fils de Ptolémée et d'Arsinoê; le nom d'Alexandre, fils d'Amun, se trouve avec celui de Philippe, son père; et l'on voit à Edfou le nom de Ptolémée suivi du titre d'Alexandre et du nom de Bérénice son épouse. De plus, les titres d'Autocrator, de Sebastos, d'Eusébes, de Kaisar, sont continuellement joints aux noms des empereurs romains, mais jamais à ceux des Ptolémées. Les surnoms de Germanicus, Dacicus, ne se trouvent appliqués qu'aux souverains qui les portent sur leurs médailles; le nom d'Hadrien est placé convenablement avant celui de Trajan; et la plus grande partie des noms des empereurs, depuis Auguste jusqu'à Commode, ne se rencontrent que dans des édifices dont la date annonce une construction plus moderne que les Ptolémées. Tous les noms et les titres que l'on a déchiffrés par la méthode ci-dessus expliquée, ne se bornent pas à quelques cartouches Isolés Ils sont


répandus par centaines, par milliers, sur des édifices séparés, et il n'y a point de manuscrits enfouis dans leurs enceintes qui ne se rapportent à ceux qui ont pris quelque part à leur bâtisse. L'ovale contenant le nom d'Hadrien est sculpté sur une colonne dont les hiéroglyphes ont été exécutés immédiatement après son règne, comme l'apprend une inscription grecque. Le nom de Soter est repété en caractères phonétiques parmi les hiéroglyphes du caveau sépulcral d'un individu nommé Soter; et, ce qui est à remarquer, ce nom est écrit en grec exactement après celui d'Osiris, le docteur Young ayant constaté les noms des personnes défuntes dans les hiéroglyphes du corps. Tant de circonstances réunies constatent de plus en plus l'exactitude de l'alphabet hiéroglyphique, et la justesse des conséquences qu'en a tirées M. Champollion.

Avant d'entreprendre de donner les noms phonétiques des divinités égyptiennes, d'où sont dérivés presque tous ceux des rois d'Egypte, selon l'ancienne remarque du docteur Murray I, M. Salt fait mention d'une découverte intermédiaire qui prouve que les signes phonétiques étolent déjà employés sous le règne de Psammetique, et M. Champollion fait même remonter cette époque beaucoup plus haut. Comme ces signes avoient été appliqués à des noms de rois étrangers, tels que les Ptolémées et les empereurs romains, il étoit probable qu'on en avoit aussi fait usage pour désigner les princes éthiopiens qui s'étolent rendus maîtres de l'Égypte. Cette conjecturefutvériuée. Sur des dessins exécutés à Abydos, M. Salt déchinra le nom de 2ABAKO ou SABAKO~O avec la même terminaison qu'on trouva depuis dans AMENONS et dans un dessin tiré d'un petit portique de Medinet-Habou, il découvrit le nom de TIPAKA, qu'il croit être le même que yY7-M/~ roi d'Ei Summary view of Egyptian mythology. App. au vol. II des Voyages de Bruce.


thiopie, lequel fit la guerre à Sennakherib, roi d'Assyrie (liv. des Rois, c. XIX. v. 9). Cette Identité, une fois admise,- on en concluroit que les caractères phonétiques étoient en usage sept cents avant Jésus-Christ, contemporainementàlsaïe; cela établiroit l'existence d'un souverain nommé dans la Bible, mais que certains savaris ont révoquée en doute. Sur les rocs gigantesques d'Ëléphantine, et sur un tronc de colonne du fronton du grand temple de Karnak, et au-dessous du nom surajouté de Ptolémée, M. Salt déchiffra très-aisément le nom de nSÀMITIK, écrit phonétiquement. Ce nom se trouve aussi sur un des petits temples d'Eleithias, sur l'obélisque Campensis, et sur celui de Monte-Citorio, dont la gravure a été donnée par Zoëga à la fin de son savant ouvrage sur l'emploi des obélisques. Ensuite M. Salt rend un compte abrégé de quelques uns des principaux dieux de l'Égypte et des images sous lesquelles ils sont représentés, avec leurs noms hiéroglyphiques ou phonétiques, autant qu'il lui a été possible de les comprendre. Il commence par les huit plus anciens, cités par Hérodote voici comment il en détermine les noms. i. J~&pA ou Tc~ TVeMp/n ou jR'MeM~A:, représenté symboliquement par un poulet qui garde une plume d'autruche, ou par une plume seule dans la position horizontale, ou par un pavillon indiquant Dieu, ou comme rÂgathodémon, par l'image du serpent sacré qui entre dans la célèbre réunion du globe, des ailes, et du serpent qui se trouve à l'entrée de tous les temples de l'Égypte. Le nom phonétique n'est pas connu. 2. ~Ve~/t., l'une des grandes déesses du firmament, représentée par une figure humaine à tête de lion. Son nom phonétique est NEET ou N@ auquel sont ordinairement joints l'oie et le i Ce cas se.représente souvent, mais dans une telle combinaison avec les symboles connus, qu'il ne laisse aucun doute sur sa signification véritable. Il peut servir à donner une idée plus claire de ce que nous en-


globe, avec la terminaison féminine signinantidéograncalement fille du soleil. 3..P~t/:a., phonétiquement MA, ayant pour emblème un scarabée, suivant Horus Apollo, et représenté dans les temples sous la forme d'une figure humaine avec un scarabée sur sa tête, quelquefois entourée du globe et du serpent. ~~H/z~ ordinairement représenté sous la forme humaine, de couleur noire, avec la tête d'un bélier, surmonté du globe et du serpent; en signe phonétique, AMN. 5. Phré, ou le soleil, désignépar le globe entouré du serpent, et portant pour hiéroglyphe le même emblème l'on ignore ses attributs. 6. ~or. sous la forme d'une femme,.particulièrement coiffée d'un globe où s'attachent deux petites cornes droites, et que surmontent deux longues plumes Son symbole est un faucon inscrit dans un carré, avec un carré plus petit à l'un de ses angles son phonétique est le plus souvent AOP. 7. ~N~o ou M.a:{f, représentant le firmament inférieur, et désigné comme Neith, par la forme d'une autruche femelle, qui lui sert aussi de symbole son nom phonétique est MT. 8. jMeyM~ ou la faculté générative de la nature, sous une forme humaine avec la tête d'un bouc proéminente sur le front; ayarrt pour symbole un carré, un point, et un poulet qui les surveille nom phonétique inconnu. Parmi les divinités du second ordre, M. Salt indique les phonétiques et les symboles de i°~emM~ EPMS; 2° Z~M~ ou 77!of/ T T ou 0 @, représentant la figure humaine avec la tête d'un ibis; Oj! OY2IPE ou OYSIPI, désigné, comme on sait, par un œil et un siège ou trône; A'c~f/M.. ANE~OE; 5° Horus, OFS, désigné par un faucon ou la figure d'un enfant qui porte une main à ses lèvres; 6" ~m&M_, AN~ par la tête d'un renard, que l'on a pris tendons par nom phonétique. Neith est toujours exprimé par un zigzag, deux plumes et une paire de pincettes, les noms coptes de ces objets commencent respectivement par les lettres ou sons exprimant les lettres N, E (répété) et T ou TH.


celle d'un chien; '7° A~ ou .60~~ xe

souvent pour celle d'un chien; y" ou ~0~ xe, J symbole inconnu 8°6'c~p~~ SAPni; i enfin, g-' 7?Kouf/~ l'Esculape d'Égypte, écrit more~, et confirmépar un pa. pyrus où onIIt:Afr~wtoS o ~t 'ï~eu~ou ut~'H~torou, M. Salt donne ensuite une table Ëgurée des rois et des reines d'Égypte dont les noms sont écrits phonétiquement. Puis il affirme que les caractères phonétiques ayant été employés à une époque très-reculée sur les bords du N11, leur usage n'a pas du être restreint aux noms de dieux, de rois ou de lieux. Cette opinion avoit déjà été établie par M. ChampoIHon,àrinsudeM.SaIt.

Nous. sommes amenés naturellement au Précis du système At'erog'M'~e des anciens Égyptiens. Cet ouvrage est d'un haut Intérêt; non-seulement il présente un taMeau général des découvertes faites jusqu'à ce jour, mais il contient un grand nombre de recherches propres à éclaircir l'ancien système graphique des Égyptiens et à répandre beaucoup de lumières sur une partie de l'histoire ancienne jusqu'alors abandonnée aux doutes et aux conjectures. L'habile auteur entreprend de prouver 10 que l'alphabet phonétique est applicable aux hiéroglyphes de toutes les époques de l'histoire d'Egypte; 2° que cet alphabet est la vraie clef de tout le système hiéroglyphique; 3" que les Égyptiens l'employoient constamment pour représenter les sons de leur langue; 4" que toutes les inscriptions hiéroglyphiques sont en grande partie composées de signes purement alphabétiques 50 que différentes espèces de caractères, dont il entreprend d'apprécier la valeur, étoient employés simultanément dans les textes hiéroglyphiques. Enfin, de toutes ces propositions, dont chacune s'appuie sur un grand nombre d'exemples, il essaie de former une théorie générale de l'ancien système graphique des Égyptiens tâche difficile sans doute, mais qui est exécutée ingénieusement, savamment, et qui conduit aux plus curieux résultats. Voilàle tableau des entreprises de l'auteur. Nos


lecteurs pourront juger de l'étendue de se

lecteurs pourront juger de l'étendue de ses succès, quand ils auront parcouru le court exposé de ses éclaircissemens et de ses preuves.

Mettant à part les endroits de l'ouvrage où M. Champollion conteste mal à propos, selon nous, la priorité à M. Young, et ceux où il retrace les résultats déjà obtenus, parlons de l'application de l'alphabet phonétique aux groupes hiéroglyphiques et aux formes grammaticales que l'ori rencontre constamment dans les inscriptions. Et d'abord

Les groupes hiéroglyphiques les plus fréquens sont ceux qui correspondent aux idées de fils, .MBMr, enfant, /tOMrrt.MO~ race, père~ ~ère_, ~oeuT*, roi, lieu. J. L'idée de fils est représentée par trois groupes différens le premier et le plus commun est une oie, s ou c~~ et une petite ligne perpendiculaire a ou e, formant le mot cha, ou che, ou ché, évidemment lié à la racine thébaine copte cha, oriri, nasci, et le chai de Memphis, qui a la même signification, qu'on retrouve dans les composés c/MMof fils de père (frère consanguin ),c/!en7~<:M~ fils de mère ( frère utérin), et c~e/MOM fils de frère ou cousin. Le second est formé d'une ellipse ou ovale s et d'une petite ligne perpendiculaire e, d'où nous avons le mot se ou qui, dans le copte, fait le nom propre ~fo7'ej~ Horus, fils d'Isis. Le troisième se compose de la figure d'un enfant portant la main à sa bouche, laquelle représente dans le titre Seëcfcro; de l'obélisque de la Villa Pamfili, et de la petite ligne verticale e ou t_, formant comme ci-dessus le mot sé ou si. Un quatrième groupe, désignant la filiation, est écrit/KM_, équivalent à la racine copte mes enasci, gignere, mas ou mise natus, infans, pullus Observons. toutefois que ce i M. Akerblad est le premier qui ait donné la signification de ce nom propre copte.

2 Dans l'inscription de Rosette, ce mot, combiné avec deux caractères


SUR LES HtÉRO&LYPHES. Ojf ie la descendance maternelle seulement,

groupe indique la descendance maternelle seulement, tandis que le groupe cAe ou si désigne la paternelle ainsi, ~fo/ cAe ~/ï OM~'re ~ey Ese, Horus, fils d'Osiris, né d'Isis. 2. Le groupe exprimant père, lit tue ou toue, qu'on rapporte aisément à la racine copte tauè, taoue, producere, proferre, dérivée elle-même de to dare et oud germen 3. L'idée de mère est désignée par un vautour l'un des homophones d'M, etune espèce particulière de hache qui affecte trois formes dans l'écriture égyptien-né (par exemple, dans le nom enchorique dePtolémée), comme signe de la voyelle o ou de la diphtongue ou; d'où l'on obtient ;MOM, analogue du copte .bachmourique MCOM, mère, le thébain 7M~SM_. et le memphitique ntNMj qui a le même sens; ou par l'addition d'un troisième caractère, le segment d'une sphère, signe qui se rencontre fréquemment, nous aurons moMt~ le mot même que Plutarque a donné, comme mère en égyptien, et comme l'un des surnoms d'Isis 4. Le groupe exprimant roi donne ~/Zj qui dérive de ~oMXeKj. ou ~OMtoM_, ou ~ooMf~~ regere, dirigere. 5. Le mot TOTro;, place, dans le texte grec de l'inscription de Rosette est exprimé sur l'hiéroglyphe par un hibou, w,. et un bras étendu, a; wa~ mot auquel le docteur Young a mal à propos attribué la signification de père.

qui signifient jour, correspond à rx ye<s8hK du texte grec où l'on parle de la célébration du jour de naissance du roi.

t Cette etymologieparoit peu fondée. Toue, père, doit être un mot compacte il n'est sûrement pas composé. ( Note du troquet. ) 2 Horus Apollo, Ilierogl. I, o, nous apprend que pour désigner mère, les Egyptiens peignoient un vautour, ~et<~ Kpp~ « To~Tm Tm ~tt TMV ~Mmv H~( UW~p~Et.

3 H<?'lT[~~ttS~xc!MOÏO xcti~hv AB~pt. 2~MK~ou!jt~ rSu.~ mpNim TMf ~q~.N8m' MHTEPA, T~ <îe <u~pN x. -r. /d'e et <?~/r~e. Un fait confirme le renseignement de Plutaque; toutes les fois que la représentation d'Isis se rencontre sur un monument, elle est accompagnée de la légende ~e(~e?-/Ho:(:, Isis puissante mère. Les Grecs, confondant cette qualification avec le nom propre, l'ont écrit 0:pp.o?9~.


Passons aux signes qui représentent des formes grammaticales, telles que les genres, nombres, personnes et temps.

i. La marque ordinaire du féminin est le segment d'une sphère équivalent à T dans tous les noms propres, et répondant à l'article féminin copte indiqué par la même e lettre ainsi, ~-c~e la fille, ~e7ï la sœur, et ~oï< la mère. Mais dans les inscriptions hiéroglyphiques l'article féminin est quelquefois placé à la fin du groupe; voilà pourquoi on rencontre quelquefois 7NOM mère, et quelquefois mout la mère, quoique le copte n'offre point d'exemple de cette inversion. Dans le copte, l'article masculin estjP, dont l'équivalent, dans les textes hiéroglyphiques, est un carré strié, signe constant de la lettre n dans toutes les inscriptions grecques et romaines.

2. Le pluriel des noms est exprimé soit par des signes préfixes soit par des terminaisons. Les signes sont la ligne brisée ou horizontale, N, et le vase qui équivaut à NE ou NI. Les terminaisons sont, ou deux petits traits perpendiculaires indiquant la dualllté, ou trois pour le plu, riel indéfini. Ces trois petites lignes sont quelquefois précédées du.lituus ou de la caille, et, rendues par l'alphabet phonétique, sont équivalentes aux terminaisons du pluriel copte oue ou oui.

3. Comme dans le copte certains mots qualifians sont formés par le pronom conjonctif/~f (qui), de même dans les textes hiéroglyphiques quelques groupes, exprimant des qualités, ou autrement dit, employés adjectivement, commencent par le vase et le segment de sphère, les signes phonétiques de nt.

4. On n'a encore trouvé qu'un seul exemple d'un pronom, sujet d'une proposition, représenté par un groupe séparé; c'est le pronom de la troisième personne au singulier masculin qui est écrit ntoph, qui représente à la lettre le mot équivalent en copte. Mais on rencontre de


'tmmbreux exemples de pronoms de- la seconde et surtout de la troisième personne, combinés avec des noms ou des verbes, tantôt comme préfixes, et le plus souvent comme affixes. Ainsi nph, ou simplement ph, étant équivalent au copte no~'A ou neph qui est masculin, et S étant équivalent au copte 7!<M qui est l'affixe féminin de la troisième personne, nous avons toueph père de lui, ~OKe~ père d'elle ~OM~p/: ou t-?7to:to/: la mère de lui, yMoztt~ la mère d'elle c~ec/z le fils de lui, c~e~ le fils d'elle; t-c/Mp& ou c/Mi~/t la fille de lui, <-e/<e~ ou chets la fille d'elle; ~Mjp/t le frère de lui, sns le frère d'elle, t~p/t ou ~?mu/: la sœur de lu!, snts la sœur d'elle.

5. En copte, la préposition ~j. placée devant un nom, indique le génitif; et dans les hiéroglyphes, la ligne brisée, l'un des homophones d'N, remplit la même fonction. Aussi dan.s toutes les légendes hiéroglyphiques placées à côté de la représentation du dieu Horus, nous lisons soit .Z/o/* c~e ~< OM.H'~ Horus le fils d'Osiris, ou~orcAe OM~'7'e/K~ ~e,. Horus, fils d'Osiris, né d'Isis.

6. Dans la portion hiéroglyphique de l'inscription de Rosette on lit des verbes à trois temps différens le présent, le passé et le futur, mais seulement à la troisième personne du singulier. Les signes caractéristiques de ces temps, pris phonétiquement, ne sont pourtant que les préfixes et les affixes du copte. Ainsi, la troisième personne du pluriel présent est Indiquée par le signe recourbé ou les deux sceptres 2 préuxes, ou groupe qui représente le verbe, et équivalent au préfixe copte se. En outre, la troisième personne de ce qui paroit un temps passé est indiquée par l'affixe d'un serpent à cornes (< ) si le sujet est masculin, et s'il est féminin, par celui de deux sceptres 2. On retrouve des traces de ces formes dans. l'un des temps passés du verbe a~o dicere en thébain jpeJ~a~pe~a~ pe<~e., ced~<2~ dans le dialecte de Memphis, pM~i., ~ea~a~, et dans le bachmourique, pe~a! pe<~a~~e<~e,


pedjaph, pedjas. Enfin, la troisième personne du futur pluriel; ce temps et cette personne, dans les neuf dernières lignes du texte hiéroglyphique de Rosette, sont marqués par un groupe de trois caractères le signe recourbé ou les deux sceptres 2, la ligne brisée N, et les trois lignes perpendiculaires 1 ou E d'où l'on obtient sne, équivalent au bachmourique sene, et sena dans les dialectes de Thèbes et de Memphis, lequel est la marque caractéristique de la troisième personne du pluriel au futur défini dans le copte.

Le troisième objet de recherches, c'est-à-dire l'interprétation des noms propres hiéroglyphiques des divinités égyptiennes, présente aussi un grand Intérêt. Mais le compte que nous avons rendu des travaux de M. Salt, et l'étendue du catalogue contenu dans l'article É&YPTE, borneront notre analyse aux résultats obtenus et aux corrections indiquées par M. Champollion.

Les images de dieux et de déesses qui couvrent -en Égypte les monumens de tous les ordres, sont toujours accompagnées de légendes hiéroglyphiques commençant par trois 'ou quatre caractères dont le sens est voici l'aspect, le mode d'existence, la présence ou la ressemblance, et èette formule est suivie de la préposition'/z, exprimée par la ligne brisée ou horizontale, après quoi vient le nom du dieu ou de la déesse. Ce nom est toujours écrit du même caractère phonétique que celui des simples individus; mais au lieu du caractère figuratif, homme, qui se trouve à la fin du nom de ces derniers. II est toujours terminé par le signe Idéographique de dieu ou déesse, signe dont la signification a été déterminée par la comparaison du grec avec l'hiéroglyphique et l'enchorial du texte de Rosette. Cette formule initiale et le caractère qui termine font aisément reconnoître les divinités de l'Égypte. i. Le témoignage des écrivains grecs ne permet pas de douter que le dieu représenté sur les monumens avec la


tête d'un faucon, entouré d'un globe ou disque, ne soit 'H~o$, ou le soleil, appelé en égyptien, A~T~ï~A et jMre. M. Champollion a construit le nom phonétique Rê, qui étoit échappé,à la sagacité de M. Salt. 2.nMM07ï_, ~/MOMM ou ~yKMM~ la principale divinité de Thèbes, représenté avec une tête de bélier, et que les Grecs assimiloient à leur Zsu;, est lu parM. ChampollionAMN, comme M. Sait l'avoit fait avant lui. 3. Il a découvert sur les peintures et bas-reliefs une seconde divinité à tête de bélier, mais distinguée de la première soit par un uraeus placé entre ses cornes, ou par une coiffure fort compliquée où se trouve un disque solaire et un ou plusieurs uraet. Comme le précédent, ce dieu porte le nom de AMN quelquefois celui de ~MOK-r~, ou ~wo~-7'e, mais plus souvent un troisième nom qui varie jusques à quatre fois, NB, NOUB, NM et NOUM. Si nous prononçons le B.du nom NB à la manière copte, comme un V ou un F, nous avons NEV ou NEF, le dieu K~? qui, selon Plutarque.étoitia divinité principale de la Thébaïde, de même, dans NOUB (nouf) nous reconnoissons le KNOY~-tc de Strabon, lequel est identique au K~p de Plutarque et d'Eusèbe. D'autre part, si nous prononçons NOUB simplement, nous trouvons le XNOTB-M de l'inscr iption des cataractes, 'A~<-w TM xctt Xxouëst, et des abraxas ~Tt~oM-C~MM~ de l'inscription latine qu'a trouvée Belzoni dans les carrières de Syène. Enfin dans la variation NOUM nous découvrons aussi le XNOTM-c; des abraxas, qui portent également XxoSXMuët: et X~ou~t~, et prouvent que ces noms différens se donnoient à la même divinité, représentée sous la forme d'un serpent. lu. Phta, particulièrement adoré

< Tous les détails que nous ont transmis les écrivains grecs sur ta manière dont les Égyptiens représentoient Ammon-Knêph, AmmonCnnouphis,ouAmmon-ChHOumis, sont parfaiement applicables au dieu dont les noms hiéroglyphiques nous ont donné AMK, KB, KOUB etKonM.


à Memphis, et que les Grecs assimiloient à Ieur"H~ passoît, suivant Eusèbe, pour le fils du dieu ~ë~ ou Ammon-Cnouphis ou Clmubis. Une autre divinité, ~°~ se trouve constamment placée à côté des images de Z~M~~M., sculptées sur les bas-reliefs de Thèbes, Ipsambul, Edfou, Ombos et Phllœ. Elle est caractérisée soit par un disque solaire et un croissant qui surmonte sa coiffure, soit par le sceptre ordinaire aux dieux combiné avecienllometre, une croix, un fouet et une balance, ou elle est enveloppée depuis le col jusqu'aux Eusèbe nous apprend que les Egyptiens représentoient le T~m/M~tM, ou u créateur du monde, qu'ils nommoient Knêph, sous une forme humaine de chair bleue, entourée d'une ceinture, tenant un sceptre, et couronnée ou coiffée de plumes. Porphyre confirme ce renseignement Hujus porro K~ imaginem, inquit, humanà formâ depingunt, co') ]ore cœruleo, zonam tenentem et sceptrum pennam gerentem in capite; ovum ab ore producit, it quo nascitur deus quem ~Egyptii ~a, Grœci /)!~m vocant. D Eusèbe dit aussi que Kneph étoit représenté sous l'emblème d'un serpent, et nous avons vu que sur les abraxas les noms de X~ X~i;, X~ sont accomgagnés de l'image d'un serpent. De plus, dans les monumens les plus anciens de l'Egypte, on voit cette divinité ayant quelquefois un uraeus sur la tête; mais elle est ordinairement précédée ou suivie d'un énorme serpent qui se cache en quelque sorte sous la multiplicité de ses anneaux. Eusèbe nous apprend aussi que Kneph ëtoit regardé par les Egyptiens comme Ayx~ et qu'en cette qualité il étoit représente par un serpent; et c'est une chose digne de remarque, que le surnom de 'Neo~.xMe!~ donné a l'empereur Néron sur celles de ses médailles qui ont été frappées en Egypte, est joint à l'image d'un énorme serpent barbu et portant sur sa tête une,coiffure symbolique. Enfin les deux inscriptions grecque et latine ci-dessus mentionnées, où se trouve le nom d'Ammon-Chnqubjs, ont été trouvées, l'une dansTiIe de Sehélé, près de Syène, et l'autre a Syène même c'est-à-dire à peu de distance de l'ilc d'Eléphantine, où Strabon place le temple de K~~t;, et où, suivant Eusèbe, cette divinité avoit une forme humaine, la tête d'un béhcr surmontée d'un disque, et le corps peint en bleu. De tous ces rapprochemens, il résulte que le dieu nommé dans les hiéroglyphes .AM ou (Noub ou A'OM/, et ~bum ) est le même qu'~mmon, et la divinité que les Grecs appellent ~:<~A, 6'/M::<~t.5 et C~MM~. ( Voyez le/cM, pages go-ga.)


pieds d'un vêtement étroit qui ne laisse de liberté qu'aux mains armées du sceptre on ne peut douter que ce ne soit la vraie représentation de .P/ puisque le groupe phonétique, placé à côté de la figure, exprime ce nom en car~c~ère~ phonétiques. Ici nous avons la preuve complète de l'assertion d'Eusèbe, que Phta passoit pour le fils de Knêph, ouAmmon-Chnouphis, le Demiurgos dela mythologie égyptienne. Parmi les titres que le décret de Rosette donne à Ptolémée Épiphane, se trouve celui de .P&fa, ~ycnn~EM; u~oTou <&&;x, aimé de Phta. a. Le nom .Pef~e_. que les Grecs nomment J~ro/MM~ et les Romains ~.(Mr~Cj a été trouvé dans un manuscrit copte du musée Borgia. 6. Parmi d'autres noms de divinités égyptiennes gravés sur une inscription grecque, découverte à Sehélé, entre Ëléphantine et PhIIœ, est celui d'une déesse appelée XATH-'s ou2ATî-2, mentionnée immédiatement après Ammon-Chnoubis et correspondant dès lors au grec'Hpx et au latin Juno. Mais sur le bas-relief la figure d'Ammon est toujours accompagnée de celle d'une déesse, dont le signe distinctif est une large plume implantée dans sa coiffure,. et dont le nom hiérogivpnique interprété phonétiquement se lit tS~è ou <Sai~ évidemment le même que SxT-~ ou 2~ de l'inscription grecque, y. Parmi les noms de divinités les mieux connus, ceux qu'a décIiISré M. Champollion sont Anubis uls d'Osiris et de Nepthé, écrit ~n& et -~Kp&o et distingué par la tête d'un chakal que les Grecs ont prise pour celle d'un chien Osiris, époux d'Isis, écrit ~roertj 77~rore< ou jHaroMe7v,' y joints JTorM~j, ~'{~ Anubis, j?<?<?<7_, Sokharis et .77zer~oM~/n' Tous ces exemples prouvent que les Égyptiens écrivoient en caractères phonétiques les noms de leurs dieux et ceux de leurs déesses. L'application de l'alphabet phonétique aux noms propres des individus des deux sexes a produit des résultats aussi curieux qu'intérpssans. Les écrivains grecs nous ont conservé beaucoup de ces noms, de divinités surtout, dont


les épithètes s'expliquent aisément à l'aide de la même analyse. Ainsi 'A~oyi~K); signine donné par Ammon; NtTMitpt; Neith victorieuse ;"A<îo~, engendréparThot; Mecpt: ouMap~, don de Rê ou du soleil; s~ouxpxT): HercuIe-Harpocrate Oo~E~et, le monde ami de Phta; n~tr~, consacré à Isis; n<tMu~[;, consacré à Chnouphis; n~sp~ow, consacré àThermuthis nMtjotç, qui appartient à Isis; nETo~pt~ qui appartient à Osiris Me:)]cr~, don d'Isis; Vsvef~ot: enfant d'Ammon SsMcop, fils d'Osiris, etc. La même observation est applicable aux noms déchiffrés par M. Champollion; ils montrent tous que la croyance religieuse des anciens Égyptiens étoit liée étroitement à leur organisation sociale, et à toutes les circonstances de leurs usages et de leur vie privée. Ainsi nous voyons Petamon, celui qui appartieut à Amon y Petamonré celui qui appartient à Amonré Amenof A~M~, abréviation d'Amenoftep'A~M~)):, agréé d'Amon; 5 Amontet, qui obéit à Amon Pbtahaftep ou Ptahftep, agréé de Phtha; Ftep-an-Ptah, Ftep-Ptah, approuvé par Ptah 3 Ptahdjer, ou Ptadjor, le puissant Ptah ou puissant par Ptah; Pethôrprê, qui appartient à Horus et au soleil; Petepré ou Petephrê (selon M. Champollion, identique au Putiphar de l'Écriture, lequel, dans le texte de la Genèse copte, est toujours écrit Petephré), celui qui appartient à Rê ou au soleil; Isidjer ou Isidjor, Isis la grande ou la puissante; Hatôrché, masculin, et Hatorchet, féminin, enfant d'Athor; Hôr-Amon, Horus-Ammon; Horsiêsi, Horus, fils d'Isis, et Hamon-Horsiêsi, Ammon-Horus, fils d'Isis. Tous ces exemples prouvent qu'en Égypte les noms propres du pays étoient écrits phonétiquement, et par conséquent, que le docteur Young, dans l'article É&YpTE, et M. Champollion après lui, dans sa première lettre à M. Dacier, se sont trompés quand ils ont avancé que l'emploi des hiéroglyphes phonétiques étolt borné chez les Égyptiens à la transcription des mots et des noms propres étrangers à ce peuple.


MX et infatigable Français ne s'est point arrêté

L'ingénieux et infatigable Français ne s'est point arrêté là, il a analysé les titres et qualificationsroyales, inscrites sur les plus anciens monumens, et démontré qu'avant l'invasion des Perses, les Égyptiens faisoient usage dans leurs hiéroglyphes de caractères qui représentolent les sons et les mots propres à leur langage national, et de plus, que ces mots sont exprimés par des signes semblables, pour leur forme et leur valeur, à ceux que l'on employa depuis pourtranscrire les noms et les qualifications des empereurs grecs et romains. Par la lecture des noms hiéroglyphiques gravés sur les divers monumens, il a nonseulement constaté la haute antiquité du système phonétique, mais, dans plusieurs cas, il a fixé l'époque de la construction de ces monumens. Terminons notre travail par quelques exemples relatifs à cette dernière découverte. Dans la lettre à M. Dacier, il est prouvé par une suite de faits non interrompue que les Égyptiens ont écrit phonétiquement depuis l'époque de la conquête de leur pays par Alexandre jusqu'à la fin du règne d'Antonin, c'est-à-dire depuis l'an 33z avant Jésus-Christ jusqu'à l'an t6i de l'ère vulgaire autrement, pendant cinq cents ans à peu près. Mais la conquête par les Perses avoit précédé celle d'Alexandre de cent quatre-vingt-treize ans, et la seconde question étoit de savoir si, dansl'intervalle entre les deux conquêtes, et même avant la première, on pourroit découvrir des traces de ce système graphique. Ce point, une fois décidé affirmativement, l'évidence devenoit complète. Les résultats suivans mettront le lecteur àméme de se former une opinion. >

Sur l'inscription d'un vase d'albâtre appartenant au cabinet du roi, et d'une antiquité trés-recuiée, M. Champollion a déchiffré le nom de Xerxès écrit jE7tc/:eaA;<t ( nom persan de ce prince ), sans autre omission que celle d'une seule voyelle; et ce qui semble mettre cette manière de lire au-dessus de toute espèce de doute, c'est que le


mëme vase présente une autre inscription en caractère persépolitain l'ancien persan), où M. de Saint-Martin lit aussi ~Ac~rc/M nouvelle et surprenante confirmation du système phonétique. Le nom hiéroglyphique de Xerxès est accompagné de cinq caractères dont la valeur phonétique donne le mot Ierina ou Tne~ le même qu'Iéré, Iranien ou Persan,

a. Dans la vingt-neuvième dynastie (celle de Mendesiens), Manethon place un roi dontle nom est écrit'A~M~, le 'Ax~; de Diodore de Sicile; et ce prince eut pour prédécesseur et pour successeur deux princes du nom de TfE~pt~; comme Manethon écrite et Ns~peu: Diodore. Sur deux sphinx dont le style approche de celui des sculptures exécutées sous les rois grecs d'Égypte, nous trouvons les noms hiéroglyphiques d'un roi Hakr ('A~p-t;) et d'un roi lV aifroué ou Naifroui évidemment identiques, selon nous à Nephereus ou j~pAe/e~.

3. Sur l'obélisque Campensis qu'Auguste fit transporter à Rome et placer dans le Champ-de~Mars, comme gnomon, et que l'on crut d'abord l'ouvrage d'un Pharaon, (Pline, Hist. Nat. XXXVI, 8, 9 et 10), on lit ( voyez la gravure de Zoëga ) le nom Psnztk ou Psmtg, l'abrégé de Psammeticus, Psammitichus ou Psammetichus, un des rois les plus célèbres de l'Égypte, le même qui ouvrit aux Grecs les portes de ce royaume encouragea le commerce et favorisa les arts. M. Champollion prouve que le nom gravé sur cet obélisque est celui de Psammétique I" qui vivoit cent vingt ans avant la conquête des Perses. 4. Suivant Manethon, le second roi de la vingt-troisième dynastie ( la 77~ ) pqrtolt le nom de"OMp<~ ou OtropS~; et sur un obélisque d& granit à HéHopolis est gravé le nom d'un prince appelé C'M~o/ta~eMOu C~o~<Me/ ce nom se trouve aussi sur une petite statue en cornaline, dans le cabinet de M. Durand, accompagné de la légende ~c/~ <~M Soleil aimé f/e Phtha. Deux colonnes arrivées


depuis peu d'Egypte confirment la version ci-dessus, et prouvent l'identité du roi mentionné par Manethon, avec le prince dont le nom hiéroglyphique est Osortasen (jPrecis, !gy à 200 ).

5. Les mêmes monumens nous font connoitre d'au-* tres personnages des deux sexes appartenant à la vingttroisième dynastie comme jPta/za/~ep (le Petubastes des Grecs), père d'Osorthos; son épouse; ~H.~ i jP~a/K/KM~, ôv Hpct~s<x AtyuTTTto: sxK~erx-j fils et successeur d'Osorthos; ~fHOHC/zef, fille d'Osorthos, et sœur dePsammus .Z~a; ou -Be&o femme de jP~a~MM~ et Amon7'ao:t son fils, probablement le dernier rejeton des Tanites.

6. Le chef de la vingt-deuxième dynastie (la ~Mbastite) est appelé par Manethon XMo~t: ouxsfroyyMTts, le Pharaon qui, dans l'Écriture, est nommé ~e,M;&, C~chak, et qui sous le règne de Jéroboam, petit-fils de David, pilla Jérusalem et emporta tous les boucliers d'or qu'avait fait Salomon (I. Rois XIV, a5, 26). Sur une des colonnades qui décorent le grand palais de Karnak sont deux légendes royales le prénom de la première contient le titre d'approuvé du soleil, suivi de bien aimé ~on_, CAec~o~~ évidemment le Sesonchis de Manethon sur la seconde nous lisons le bien aimé <7MO~ Osoikon; et nous apprenons que le roi appelé Oa~p~m,~ qu'on a quelquefois confondu avec "o<7o~of, étoltle successeur immédiat de j~e~oH~/n~. Cette conséquence est connrmée par beaucoup d'autres inscriptions.

y. Ensuite M. Champollion déchinre le nom de Pharaon, chef de la dix-neuvième dynastie (une des diospolitaines) qui, sur presque tous les monumens de l'ancien style, est écrit T~c/Mye~~ Ramses, ~Mo~-MMH-Fi'~K-. ses, ~TKOK-j~ant~ej-nK~n, il établit que c'est ~/M/7te~e.y-/eCf'an~ appelé Sethosis par Manethon, Sesoosis par Diodore de Sicile, et Sesostris par Hérodote et Strabon. La


preuve de cette idendité est irrésistible el

preuve de cette idendité est irrésistible et mérite l'attention, de tous les savans.

8. Enfin dans la dix-huitième dynastie, aussi diospolitaine, il déchiffre les noms de ~e!aMOMM-aMje~ de ~a7?Me~ d'~meMOjo/ïM (que les Grecs appeloient 2~feyMKOK_. se méprennant sur le titre de Me~MOu~ ou ~nMe ~MO/z), d'~Ke/M~&M et enfin celui de -77MHt/:7Mo.!M le fondateur. l

M. Champollion, dans le cours de ses recherches a constaté l'exactitude de la chronologie de Manethon, comme nous l'ont conservée Jules l'Africain et Josèphe et qui avoit été jusqu'ici traitée par les savans avec un dédain qu'elleneméritepas.

Nous terminerons cet exposé par un abrégé synoptique < Ces résultats ont été évidemment confirmés par la table généalogique d'Abydos, dont la gravure est en tête de l'Essai de M. Sait, et qui, entre autres choses, contient les noms des rois égyptiens de la dix-huitième dynastie, rangés dans le même ordre que celui qu'a donné Manethon. Cet intéressant monument a été découvert par M. W. J. ~a)t/:M, dans une excavation qu'il faisoit pratiquer pour obtenir un plan exact des vastes ruines d'Abydos. Bientôt après son retour en Angleterre, il en a faitlithographier le dessin, et des exemplaires en ont été distribués en Angleterre et en France. M. Champollion ne pouvoit ignorer ce fait. Dans sa lettre au duc de Blacas, publiée la même année que le Précis, il représente expressément ce monument comme f un, t tableau précieux., dont une copie est depuis plusieurs années dans les portefeuilles de .~f. )~. ~an~M en ~ng~Mrrc N mais iL ne dit pas un mot qui puisse faire penser que cette découverte soit due aux travaux de M. Bankes. Et, dans le Précis, il affirme que c'est un texte hiéroglyphique d'un haut intérêt, « et dont le dessin a été avorte par notre ); efMrNgeu~ ~o/a~ur j!f. 6'<7/MM~ laissant croire que la découverte en est due à ce même voyageur. Nous avons eu déjà l'occasion de signaler son manquement d'égards pour M. Young qui, dans la vraie acception du mot, a été son maître. M. Bankes a rendu également de grands services à la science des hiérogtyphes. C'est à lui qu'on doit la première découverte du nom de Cléopâtre, et le transport de l'obélisque de Philae. Sur le premier point, M. Champollion s'est tu il a fait honneur du second à ce pauvre Belzoni qui, s'il eût vécu auroit rejeté des éloges qui appartenoient à un autre.


des élémens de l'écriture hiéroglyphique tels qu'on les peut déduire des recherches de M. Champollion.. Le système graphique des anciens Égyptiens se composoit de trois sortes d'écritures 1, l'HIÉROGLYPHIQUE ou sacré; II, l'HIERATIQUE ou sacerdotal; III, le DÉMOTIQUE ou. populaire, appelé aussi ENCHOMQUE et épistolographique. I. L'écriture HiERO&i.Yï'HiQUE ou ~a.cree consistoit dans l'emploi simultané de trois signes distincts 1° les caractère~ ~Mrst! qui représentôient exactement l'objet à exprimer; 20 les caractères symboliques, ~rop~Me~ou e/ï~MNtï'OMey, qui exprimoient une Idée par l'image d'un objet physique, ayant avec elle une analogie vraie ou fausse, directe ou indirecte, voisine ou éloignée et 3° les c<2rac<èr<Mp/MMe~<yMe.~ qui, par l'image des objets physiques, représentôient simplement des sons. Les caractères ~w<7f: et symboliques sont employés dans les textes hiéroglyphiques en plus petite proportion que les phonétiques", qui sont les véritables signes-alpha&ef!Me~ exprimant les sons de la langue usitée dans l'ancienne Égypte.

Les caractèresphonétiques se combinent pour en former des mots comme ceux de tout autre alphabet, mais I!s sont susceptibles d'un arrangement différent. Placés en lignes horizontales, ils se lisent de droite à gauche, ou dans le sens inverse, selon la direction des figures principales placés sur des colonnes perpendiculaires, ils se lisent ordinairement de front en arrière. Dans les mots écrits phonétiquement, les voyelles médiales sontsouvent supprimées, comme dans l'hébreu, le phénicien, l'arabe et la plupart des langues orientales. Chaque son ou articulation peuvent être représentés par différens signes Aomop~one~mais l'emploi de l'un préférablement à un autre semble avoir été déterminé par des considérations nées de la forme matérielle du signe et la nature de l'idée à représenter par le caractère phonétique. Les textes


hiéroglyphiques offrent aussi de fréquentes s~M'o~ des groupes phonétiques.

Dans le même texte hiéroglyphique, certaines idées sont représentées quelquefois par un caractére~M~ quelquefois par un ~TM~o/ï'~Me, et d'autres fois encore par un groupe de signes pAo/M~Mëy, exprimant le mot qui est le signe de la même idée dans la langue parlée. D'autres idées sont toujours exprimées soit par un groupe formé de signes figuratifs et symboliques, soit par l'union de signes figuratifs, symboliques et phonétiques; IL L'écriture HIERATIQUE ou ~ce/ofa/e dérive immédiatement de r/Mero~p/H'~He, dentelle est, à proprement parler, la tachygraphie. La forme de ses signes est singulièrement abrégée mais néanmoins ils comprennent les caractères~~Mr~f~ ~/M&o~Mej- et~o~e~Me~ quoique les deux premiers soient quelquefois remplacés soit par des caractères phonétiques ou même arbitraires, c'est-àdire n'ayant point d'hiéroglyphes correspondans d'où nous puissions reconnoître qu'ils dérivent.

Tous les manuscrits /iM/Mt:'<yM<M existans; soit qu'ils appartiennent à l'époque des Pharaons ou à celle des Grecs et des Romains, n'offrent qu'une tachygraphie de l'écriture hiéroglyphique bien que quelques uns de leurs caractères paroissent en différer. Cette méthode étoit vraisemblablement employée pour ]a transcription des textes relatifs aux matières religieuses:

III. L'écriture DËMOTIQUE, ÉPISTOLOGRAPHI~CE OUENCHORiQUE, din'ère de l'hiéroglyphique et de l'hiératique dont elle dérive cependant immédiatement. Les signes employés dans la démotique sont de simples caractères empruntés de l'hiératique. La démotique exclut à peu près la ~M/f~e.. mais elle admet des signes ~oliques pour exprimer des idées relatives à'la religion. Les caractères dont elle fait usage sont moins nombreux que dans les autres méthodes et contiennent des phonétiques


en plus grande proportion. Les mots ou voyelles médiales, qu'ils soient égyptiens ou étrangers, y sont souvent supprimés comme dans les textes hiéroglyphiques et hiéra tiques, on y peut exprimer les consonnes et les voyelles M moyen de quelques signes qui, dinerens pour la forme, indiquent pourtant le même son. Cependant le nombre e des homophones démotiques n'égale pas celui des hiéroglyphes ni des hiératiques.

Pendant un long temps les Égyptiens usèrent simultanément des méthodes ~e~oX~He~~Â~ra~MM et hiéroë~~MM.

Tel est le tableau passablement complet des découvertes obtenues dans la littérature hiéroglyphique par la sagacité et la persévérance réunies de MM. Young et Champollion; nous avons aussi indiqué en passant, les résultats qui ont couronné leurs glorieux travaux. L'importance de ces résultats, quant à l'histoire, est immense, abstraction faite de leur rapport avec le système graphique de l'Égypte. Les noms des princes les plus célèbres, MIsphrathouthmosis, Thouthmosis, Amcnophis, Ramcses-Maiamoun, Rameses-le-Grand, Sesonchis, etc., ont été déchiffrés sur des monumens construits de leur temps; après avoir été long-temps abandonnés comme iabuleux, ils sont rentrés dans le domaine de la certitude historique. La chronologie de Manéthon, que des érudits présomptueux avoient si long-temps méprisée, a été réhabilitée dans tous ses points, d'abord i La plupart des papyrus qui ont été examinés sont écrits de cette manière; et c'est à les déchiSrer que le docteur Young s'est distingué particulièrement. On peut regarder son alphabet enchorique comme presque complet, et par ce moyen, il a entièrement traduit deux de ces manuscrits. Par un singulier hasard, on a trouvé plus tard, dans l'enveloppe de la même momie une traduction grecque d'un de ces textes hiéroglyphiques et la traduction du savant Anglais en a pu supporter la dangereuse comparaison.


par les recherches de M. Champolhon, ensuite, par la découverte d'un monument inappréciable, latabled'Abydos. Enfin les erreurs, qui avoient si long-temps prévalu relativement au contenu des hiéroglyphes, et sur l'antiquité comparative des monumens égyptiens, ont été réfutées, et-ne pourront plus renaître; et nous avons l'espoir de voir chaque jour de nouvelles lumières se répandre sur l'histoire de la nation la plus ancienne du monde. Si l'on nous objectoit la modicité de ce qui a été fait jusqu'à ce moment, nous répondrions que ce nouvel art est encore dans l'enfance, et que le peu qui a été opéré est né lorsqu'on n'avoit encore connoissance de rien. Sans doute un grand. obstacle à des découvertes futures existe dans la nature composée du système graphique de l'ancienne ~'g/p~. et particulièrement dans la dimculté d'expliquer les symboles idéographiques qui constituent l'un de ses élémens. Mais heureusement ces symboles, comparés à la somme totale des signes hiéroglyphiques, sont peu nombreux; et l'on peut espérer que, par la méthode d'épuisement employée déjà avec tant de succès, et surtout par la découverte d'inscriptions nouvelles, accompagnées de traductions, l'on parviendra à déchiffrer nonseulement <yMe~MM noms propres, quelques mots qui. se re~o~MMe~t ~M~R~ et ~He~Me~ry7M.f ~ya~ftea/e~ mais à expliquer des Inscriptions entières, et à posséder une pleine: connoissance -de ces sculptures sacrées qui étoient restées )usqu'à ce jour un mystère pour nous. Il a paru, .l'année dernière, deux productions nouvelles, relatives à l'ancienne écriture de l'Egypte le. ma-


SUR LRS tHÉRO&I.YPHES. 67 rage du processeur SEYFFARTH'/ctune lettre du

gnifique ouvrage du prolesseur SEYFFARTH',etune lettre du docteur YouN& au Comte .Po//o/~ laquelle contient des ~e/Ka/~HM sur le compte qu'a rendu M. Fe~roM d'un papyrus égyptien'. Les travaux de M. Seyffarth paroissent avoir excité une grande curiosité sur le continent, et particulièrement en Allemagne et l'on a soutenu hardiment, dans le Journal de Leipsig, qu'il avoit démontré la fausseté des prétendues découvertes que l'on se vante d'avoir faites, en Angleterre et en France, sur les hiéroglyphes. Cette assertion est également dépourvue de vérité et de modestie. Heureusement, c'est ici une question non de simple érudition, mais d'évidence, et les archéologues germains n'en sont pas les juges uniques. D'ailleurs les ~?ewsr~Me~ que M. Young vient de publier prouvent irréfragablement la solidité et l'importance de la découverte dont il s'agit. L'on ne conçoit pas facilement qu'un principe soit faux, lorsqu'il en découle des résultats vrais et confirmés par l'histoire. 3,

<~M~M 'ye~MAj.Pf-o/Z~. ~?u~me7:M ~Mrog~A:cM Mee~nt ~&'ca.!z'c.es ~fc/mt~~m ~e)'ug~/t!'ecrM7n, 6'&M?-/KM, atque pAa&e~; CMMjM~Y. <t.t&u/M/t't&o~)-CM. Lipsise, ct~iDcccxxv. ~to.

3MemoriediTorino~XXXI,i826.

3 Les résultats discordans et contradictoires auxquets etoient arrivés les écrivains anciens et modernes, devoient prévenir en général contre toute possibilité de déchiffrer jamais les monumens de l'ancienne Egypte. Mais si le lecteur fait une attention sérieuse au témoignage que nous allons fournir, il reconnoîtra qu'avant les recherchés du ff Young on n'avoit fait aucune investigation méthodique, et qu'on s'étoit contente de substituer des conjectures ridicules à des conjectures frivoles. Suivant .Horus Apollo, ces écrits mystérieux contenoient des indications obscures des choses sacrées et profanes selon Clément d'Alexandrie et Plutarque., des sentences morales; selon Hermapion cité par Ammien Marceltin, les louanges des rois; selon Kircher, des dogmes cabalistiques/métaphysiques et théosophiques; selon Pluche, de la météorologie, de l'astronomie; selon Denon, les lois du labourage; selon Fauteur de l'~<«~ ~M~M/'o~te~ une version des psaumes de


M ~fvtTai.tt. ne fait réellement oue répét

M. SeyHarth ne fait réellement que répéter les doctrines de SpOHN il reconnoit avec candeur les obligations qu'il a envers l'auteur savant de l'ouvrage De Linguâ et Litt. ~f. ~E~p~ non-seulement pour la théorie qu'il expose, mais aussi pour une partie des développemens dont elle est accompagnée. t

Nous rendons pleine justice à la franchise de cet aven, et à la méthode avec laquelle M. Seyffarth expose les opinions de son guide. Nous sommes de plus persuadés que les belles planches lithographiques qui sont jointes à son ouvrage, seront parcourues avec plaisir par tous ceux qu'intéresse la littérature égyptienne. Mais ici se terminent nos éloges. La théorie imaginée par Spohn, et développée par M. ~e~or~ repose sur une supposition fausse, entraxe avec elle de grossières absurdités, et ne peut conduire à aucun résultat. Donnons la preuve de ce que nous venons d'avancer.

Voici les principes fondamentaux de cette théorie David selon Spohn, Dieu sait quoi! Il étoit temps d'abandonner cette étude comme fantastique ou de la soumettre à une analyse exacte et aux règles du sens commun.

i a Quod sibi videtur hic libellus rationem tradere qua hieroglyphica x scripta legenda sint; id cujus nomini adscribi debeat, tacere, maxime » impium et invidiosum esset. Scilicét SpoMUJs, vir immortalis meriti, » omnia praeparavit, quae ducunt ad intelligentiam etiam hieroglypht» corum. Quodsi concessum ei fuisset,pergcre in via, quam ingressus » crat, plura Aegyptiorum scripta inspicere, perlegere, inter se compa» rare, quod mihi contigit; non potuisset, sed debuisset leges etiam in» t entre, quibus hieroglyphica scriptura constat. Quae quum ita sint, ~e&n /Më schedae ace~Mn:Mr tanquam placita SpOHK.i, vel tanquam x iructus, qui ex segete ejus prodierunt, quem instauratorem litterarum Aegyptiacarum veneramur. »

Dans une note de la section suivante, l'auteur dit <f Porrà Mt~r~ ). !Mcr~:one~ demoticas p~'mM~ (Spohnius ) interpietatus est. » Mais il ne fournit aucune preuve de cette assertion hasardée, et que nous démontrerons fausse. Le seul système d'interprétation claire et évidente est celui qu'a découvert le D' Young, et qu'a ~e~e et agrandi M. Champollion.


g'Me A:'ero~~p/tt~!<e est MM ~:<ï~ec~e ~cccre.

I. Za langue hiéroglyphique est un ch~ec~e ~cccre. .II. Les CN!rac~èye~ Atero~~o~M~e~ ne sont pas des ~eKye~ mais seulement des ~/K&o/e~ de /e~e~. I. La première de ces assertions n'est étayée d'aucune espace de preuve. 3 Notre auteur a oublié crue le copte est l'ancien égyptien, écrit en caractères empruntés des Grecs, et en partie du démotique et, quoiqu'il subsiste des restes des différens dialectes de ce langage. il est difficile de prononcer sur le plus ou le moins d'ancienneté de chacun d'eux. Les inscriptions hiéroglyphiques, écrites du temps de ~eM~r:~ présentent le même langage que celles qui datent de l'âge bien postérieur d'Antonin. Ce fait ne présente rien de remarquable ni d'extraordinaire le langage en Orient est resté immuable comme les lois et les usages.

II. Le second point sur lequel on essaie d'apuyer cette théorie, c'est que les caractères hiéroglyphiques ne sont pas des /eMrM., mais en sont uniquement les symboles. OEdipe lui-même n'auroit pas pu expliquer une semblable Cette notion est fondée sur un passage de Manéthon, cité par le Syncelle. Mx~eëM lx TMV ~V TVJ 2v]p[fX~tK?] y?) XEE~VMV ~MV, !cp~ ? sprrci, 3'GÙtXT~ x<X~ hpoî'f<xqnxoi'c; "Ipâ.J.I-c(c¡'t -xtxa.?a.'X.'t'f/p~ap.{vooY \11tb 0~9, zov -7Tj)MTOU Ep~O~ XO~ ~Y)VS'L'6stO'MV p.ETK TOV XNTMX~VT~.OV SX T?~ ~p0[~ ~[a~SX70V t~T~.E~)L7)V[~(Xf~My'~V~M.T. À..

a Le véritable auteur de cette rêverie est Cosmas Indicopleustes qui a écrit sur la géographie au sixième siècle, et qui rapporte gravement que Moïse apprit ypo~KTK ~poy~~txa, ~SUof T~ë~~a j'pct~xrô)~. 3 Le Dr Sictder, compatriote de M. Seyffarth a écrit un livre pour prouver que le langage caché sous les hiéroglyphes est l'hébreu, ou au moins nn composé des différens dialectes sémitiques.

4 <f E t~fAf) DtAt.ECTi, quo linguam hieroglyphicam veteres insigni» verunt satis clarum est, )) dit notre auteur., « hanc neque convenisse ') cum vulgari, neque diversam plane fuisse a Coptica. Differt autem » dialectus sacra a Coptica, partim elementis scu ~er~ partim /egï&M< » gramMat/cM. Inter dialectùm autem sacrain atque profanam veterem )) Aegypti omnia intersunt, quibus c~eM recMt:br o;-a!o a veleti ;Mt:'oHM cn/f~~ue ~ogM ;K~M!<ye fu'/t'M: et /«te~f.tfMm /tMMa/H'<a:e eru~tfaf. »


énigme. Une lettre est un caractère ou un syml

énigme. Une lettre est un caractère ou un symbole destiné à représenter un son élémentaire, ou la combinaison la plus simple de quelques uns de ces sons. Alors que peut-on entendre par le ~m&o~e d'un symbole même il Ne désespérons pourtant point. M. Seyffarth plus obligeant que quelques uns de ses compatriotes cherche à se rendre intelligible prêtons-nous à ses explications. Voici quelle est sa doctrine, ou plutôt celle de Spohn, sur les pas duquel il marche.

Il admet qu'en chaque pays, l'Égypte non exceptée, les premiers essais en l'art d'écrire ont consisté en une imitation grossière des objets matériels bu physiques; que la difficulté et les inconvéniens attachés à cette pratique décidèrent bientôt ceux qui s'en servoient à abréger leurs dessins en présentant la partie pour le tout, par une espèce de ~/ïec~ocAe,' que cette tachygraphie' pittoresque ne pouvant dépeindre les changemens de relations, les passions et les sentimens des êtres animés elle fut bientôt améliorée par des ~M&o/e~ propT-eTKe/N~ dits, c'est-à-dire par des .Hg7:&}' ou caractères employés à représenter des idées dont la nature n'offre point de modèles sensibles que par la suite des temps, toute trace de rapports entre le signe et la chose désignée dut s'effacer, et que les caractères appliqués au langage usuel ne représentèrent plus que des mots ou des portions de mots, comme parmi les Chinois de nos jours et qu'enfin, par un heureux hasard, ou l'habile combinaison d'un génie supérieur, quelques uns de ces caractères furent employés à représenter les sons primitifs de la langue parlée, et qu'en d'autres termes un alphabet fut inventé et mis en usage. Mais il prétend que les Égyptiens passèrent à travers ces périodes différentes, avant qu'il leur v~nt dans l'esprit de construire ces caractères mystiques dont l'explication a éludé la sagacité des savans de tant de siècles, et que, chez ce peuple, les signes alphabé-


tiques, au lieu d'être le produit de l'écriture figurative, soit dans sa forme première ou abrégée. Font effectivement engendrée, du moins quant à ce qui concerne les 5 hiéroglyphes.

Si l'on en croit Spohn et son commentateur, ce fut des J?/MM:c:'e/M que les Égyptiens, aussi Lien que les Grecs, reçurent leur alphabet; mais il faut avouer qu'ils firent un singulier usage de cet Inappréciable don. Au lieu de travailler à simplifier, à perfectionner une telle invention, ils firent précisément le contraire, ils se mirent à surcharger, à varier, à. multiplier ces caractères élémentaires -au gré de leur imagination et de leurs caprices. « Licuit cuivis calamo, cuivis cestro varlare hieroglyphica » dit M. Seyffarth mais il ne nous explique point comment ces variations fantastiques purent être intelligibles pour d'autres que pour leurs auteurs. Les trois espèces d'hiéroglyphes, aujourd'hui parfaitement distinctes, seroient cependant le résultat de ces bizarres opérations. Clément J~/e~M~n'e nous dit que les Égyptiens apprenaient à lire trois sortes d'écritures, FeM~o/osT~p/HOMe ou e~e/KO~Më, F~tero!?:~tfe_. et enfin r/UM'o~p/Hf/ue. Voilà que Spohn et son disciple affirment que l'ordre de cet enseignement étoit aussi l'ordre de l'invention; et en conséquence ils donnent pour certain que le démotique fut la base sur laquelle se construisit l'édifice tout entier; en d'autres mots, que l'hiératique est né des mutations du démotique, et l'hiéroglyphique de celles de l'hiératique et ces mutations ne sont pas des lettres/mais du~Mst ypK~M:r&)!), des symboles de lettres. Selon l'assertion de cet écrivain, les signes de l'alphabet primitif étoleht au nombre de TWg'f-

t L'auteur ne nous en fournit aucune preuve, il se contente de citer Zoega, qui, malheureusement pour lui, cherche a démontrer que c'est aux Egyptiens que l'on doit l'invention des lettres. ~n~.De Obelise.,?, ~5.


cinq. Supposons avec lui que chacun de ces signes subit trente changemens pour obtenir la somme totale des caractères démotiques admettons le même nombre de métamorphoses pour former l'hiératique, et un nombre pareil encore pour ~'hiéroglyphique. Alors, par un calcul modéré, nous aurons vingt-cinq multipliés par trente, plus, multipliés deux fois encore par trente, ce qui nous donnera six cent soixante-quinze mille symboles de lettres, autrement vingt-sept mille variations de c~cMM des vingt- cinq ca/-sctè7-~ ~n'/?n~ Tel est le calcul de l'auteur lui-même, et personne nepourroit démontrer mieux que lui l'extravagance du système qu'il oppose à MM.YoungetChampolIIon.

~-uce (/~o~-M, vol. I, p. i35), Zoe~ (de 0~. zcsu 0&. p. 43 y), et M. CÂa~pO~M/t (Précis, p. 36~ a68) ont donné des calculs approximatifs du nombre des hiéroglyphes. Bruce, d'après une inspection superficielle des temples et des édifices de l'Égypte, les borne à cinq cent quatorze. Zoega, qui avoit examiné avec attention les obélisques de Rome, et d'autres monumens conservés en Italie, les porte à neuf cent c:~M<wte-M:f. M. ChampoIIIon, qui a soigneusement analysé toutes les inscriptions copiées dans la Description de ~jÉBypte et dans d'autres ouvrages, les réduit à huit cent soixantequatre. En prenant le moyen terme des deux derniers recensemens, qui est MeM/'ce/:t onze, nous approcherons peut-être davantage de la vérité. Si, à ce nombre, nous ajoutons les caractères hiératiques connus, et qui sont immédiatement dérivés des hiéroglyphiques, et les démotiques connus et dérivés des hiératiques, nous trouverons que la somme totale des signes employés dans les trois écritures égyptiennes, monte à peine à douze cents. Ce nombre est bien modeste, si on le compare à cette ailluence de symboles de lettres qu'exige la théorie de Spohn et de M. Seyffarth.


Le disciple de Spohn, après avoir expose les principes généraux de sa théorie, entreprend une classiticatio.n des hiéroglyphes, et IL les divise en empAon~Me~, ~nzp/to~~MM~ et ap/!OKK?MM. Les eMp/tfMK~MM sont ceux qui, « suo ambitu integram litteram hieraticampluresve describunt » et qui (( sistuntur pire situ literarum in ils » latentium et ratione rerum, quas significant. Ils sont susceptibles d'être transposés, variés et abrégés; on peut les modifier par une écriture tronquée ouamplinéë,par le changement des voyelles ou consonnes, et par les conjonctions. Les ~VMH)7!07n<7Me~ sont ceux quœ, non » nisi cum alus, sive singulis, siveplunbùs, elémenta j' verborum vel literas expi'iniunt:a .c'est-à-dire une espèce de symboles littérale et enclitique, qui ne devient significative que par sa combinaison avec les,emphoniques. lis sont d'origine hiératique;, mais ils se rencontrent .plus fréquemment dans les caractères hiéroglyphiques que dans les hiératiques on les modifie par la permutation, la position, l'arrangement, l'accouplement, la suppression et la séparation. Les <OM:He~, « diversa » sunt-a literis~ magisque ad picturam quàm seribendi » artém referri debent c'est-à-dire ils représentent directement ou par métaphore, non des lettres, mais des idées; Ils sont en. conséquence divisés en M:M!<7!tM « Ipsœ rerum imagines ? tropiques « <( qùse imagine » aliena rerum notiones exprimunt", et a//eg'or!~Me~, » quae alia, quam quœ proxime sighincentur, innuunt. » A cela se bornent tous les éclaircissemens que le professeur de Leipsig a su ajouter à un système qui, suivant lui, avoit mis Spohn à même d'expliquer en entier'des inscriptions démotiques et à produire des merveilles dans cette mystérieuse région.

Quant aux planches dont l'ouvrage est accompagné, nous avouons franchement que nous ne comprenons rien au principe qui a présidé à leur exécution nous n'y avons


aperçu-que trouble et que désordre. Les hiéroglyphes sont jetés pêle-mêle sans aucune correspondance relative, et cette vague distribution fait peu d'honneur, puisqu'il faut le dire, à l'intelligence du professeur de Leipsig. Il est vrai qu'il y joint quelques explications mais malgré un certain étalage de lettres chaldéennes, ces explications ne sont passables que lorsqu'elles sont empruntées de M. Champollion. Citons un seul exemple. M. Champollion traduit de la manière suivante un texte hiéroglyphique « Soutien de l'Egypte, dieu fils d'un dieu, soutien de » l'Égypte, Horus manifesté ou engendré par Osiris, en? gendre d'Isis déesse. )) Cette interprétation, qui porte avec elle tous les caractères de l'évidence, a produit, sous la plume de M. Seyffarth, les paroles suivantes « Venias )) âge Isis! venias age, ~Egyptiorum generator in ~gypH tum deus, ou bien « Venias age, Isis, venias age, ~8yP~ generator ./Egyptum generator. a On ne peut voir là qu'une mauvaise parodie de la version de M. Champollion, et de plus, l'absurdité de donner à Isis le nom de <eM. M. Seyffarth canclut t[ue le système phonétique de MM. Young et Champollion ne peut être vrai, parce que, en épelant des noms propres. ils omettent tantôt l'une, tantôt l'autre, des voyelles. Le savant professeur oublie que cela se pratique presque dans toutes les langues de la souche sémitique. Il oublie en même temps que, d'après son propre système, deux personnes n'écrivoientrarement le même mot de la même manière et avec les mêmes caractère~.

Passons à présent à la lettre du docteur Young au Comte Pollon elle nous fournira de nouvelles preuves en faveur de l'évidence de sa découverte mais commençons par quelques détails historiques nécessaires pour nous faire mieux comprendre.

L'an t8aoou 1821, T~f. Casali se rendit à Paris, portant avec lui quelques fragmens de manuscrits égyptiens,


els M. Champollion en découvrit un qui res-

parmi lesquels M. (7!a?Kpp//t'07z en découvrit un qui ressembloit;beaucouppar son contenu au texte enchorique de la,.pierre de Rosette. Comme c'étoit la première fois que l'on trouvpit sur les manuscrits, et les inscriptions examinées, quel ques caractères intelligibles de forme enchorique, l'observation de M..Champolllon excita un vif intérêt. Le docteur Young se procura une copie de ce papyrus intéressant, et s'occupa bien vite à le déchIHrer avec son zèle accoutumé. Mais ;tandis qu'il étolt à ce travail, où, livré à ses seules forces. Il avoit déjà beaucoup avancé, arriva .Geo~ge .2'/Y:MCM iGrev,~ qui rapportoit de ses voyages en Orient; de précieux papyrus qu'il avolt achetés'~d'un ArabeàThèbes, en,:] 8,20. Heureusement pour la cause de lalittérature égyptienne, M.,Grey plaça auMitôt entre les mains du.docteur .Youug ces manuscï'Hs, recommandant à son attention spéciale deux morceau~: parfaitement conservés, et portant des caractères grecs écrits d'une main très-lisible. En les examinant de plus près, on trouva que l'un d'eux, (frantigraphe d'un acte égyptien, » étoit totalement en grec, et que, dans trois. autres de la même espèce, les noms propres étoienten grec, et l'acte même en caractères enchoriques.

M. Young examina le manuscrit qui ne contenolt que du grec, et II ne,fut pas médiocrement satisfait quand il découvrit que c'étolt une traduction du papyrus enchorique de M. Casatl. « Je crus rêver, dit-il, quand j'observai H parmi les noms des témoins ANTiMAcmjs, ANTIGENES, et quelques lignes au-dessous .PoyfM ~po~onn. Je » tr ouvai que le commencement étoit la copie d'un écrit )) égyptien; je vérifiai qu'il.y avait le même nombre de » noms relatés dans les signatures grecques et égyptiennes ? dont j'avois constaté l'identité, et que le nombre dans » chacun des. deux idiomes étolt de seize. Le dernier pa» ragraphe du grec commençoit aussi par ces mots Copie »de facfe_, etc. Je ne pus m'empêcher d'en conclure qu'un


» hasard extraordinaire avoit placé entre

» hasard extraordinaire avoit placé entre mes mains un » document dont l'existence d'abord étoit singulière, et » dont la conservation pendant deux mille ans ne l'étoit M pas moins. Ces combinaisons réunies m'aurolént, dans » d'autres temps, fait passer pour un sorcier égyptien. La traduction de l'antigraphe grecque de Casati et des trois actes de M. Grey se trouvent dans les -OMCownc.y in ~!e/-og7.t.pp.6()–83.

,11 nous reste à .pailer d'un événement plus étonnant encore qui se lie à la renaissance de la littérature égyptienne. Outré l'antigraphe grecque, qui a rapport à la vente d'un certain nombre de momies~ la collection de M. Greycontientun second papyrus d'une bien plus grande dimension, sur lequel sont écrits les trois actes égyptiens ci-dessus mentionnés*àvec destitres sur la marge tracés en caractères grecs fort lisibles. Dans l'espoir de faire de nouveaux progrès dans la connoissance de l'égyptien; If; docteur Young avoit repris l'examen de ces contrats en caractères enchoriques, et, entre autres choses, il observa la concordance des nombres dans les titres et dans le texte égyptien. Mais tandis qu'il se livroit à cette occupation, parut la traduction faite par M. \Pey~o~ d'un papyrus de la bibliothèque dé Turin, qui se trouva être le rapport d'un procès où il est fait mention des trois actes ou contrats distincts. Voici un extrait dé la lettre du docteur Young, relatif à ce précieux et singulier document. « L'acte commence par cette date Dans l'année LIV, le M vingt-deux d'Athir, à Diospolis. Par-devant Héraclldes ) un des capitaines de la garde, commandant du Nome )) Périthébaïque, omcier en chef des douanes en présence M aussi de Palemo, capitaine de la garde; d'Héraclides de i M. ~mf'f/M 7~-t'on est professeur de langues orientales à Turin; il est connu des jurisconsultes comme éditeur habile desfragmens du Code deTheodose, d'après un manuscrit tiré de la bibliothèque royale de Turin. '{". i8a~.


» meme rang, et Gymnasiarque; d'Apollonius, fils d'Apol» lonius, et d'Hermogènes, comme ses amis; de Pancrates, lieutenant de Comanus, général, fils d'Ammonius M côlo.n, et de plusieurs autres.

A comparu Hermias, fils de Ptolémée, du Nome Om)) bitique, comme plaignant contre les C/M~cA~fe~' du lieu, » Horus, et Psenchonsis, et Chonapres, et leur famille. M » Un Mémoire a été lu, adressé à Hermias, stratège ou )) commandant en chef et gouverneur du Nome; dans lequel leplaignàntHermias accuse les Cholchytes, et mentionne » un premier Mémoire adressé à Démétrius l'Épistratége » ou haut commandant, l'année précédente, et qui a été renvoyé par Hermias le stratège au jugement d'Héra» clides. La cause ayant été plaidée parPhiloclès pour M Hermias, et par Dinon pour les C~o~cAy~e~ Héraclides M résume les dépositions, discute les argumens présentés M de part et d'autre, et donne gain de cause aux défen» déurs. »

La prétention d'Hermias paroit avoir été fondée sur un droit de propriété, concédé par une Lobais ou Lubais, l'un des vendeurs d'une maison qui, selon son aveu, ne lui appartenoit à aucun titre. Il avoit soutenu dans son Mémoire que ses ancêtres avoient autrefois été propriétaires à Diospolis; que les défendeurs, dont l'habitation nes'étendoit pas au-delà de Memnonia, résidence de leurs aïeux, sachant qu'il avoit été forcé par des troubles de transporter son domicile, s'étolent emparés de sa maison, qui étoit située au sud-ouest de Diospolis, au nord du cours ou parade qui conduisoit au canal de la grande déesse Junon, et au midi de la voie qui conduisoit au temple de ~erc~ dont les murs existoient encore; qu'après l'avoir réparée

Les CAo/e~/tM croient leur nom ab tsvot.YEXDO ctdavet'e d'après M. Peyron. Le !)~ioung conjecture que ce mot pourroit dériver de Djom ou Jom, qui veut dire, revêtir, prf/Mrer.


ils continuoicnt de l'occuper. et que, non contens d'y demeurer, ils y avoient reçu des corps morts, sans penser aux peines qu'ils encouroient, à cause du voisinage des grandes déesses ./M/:o~ et Cérès, qui seroiént souillées autant par les cadavres que par ceux qui en étolent chargés. Les Chalclzytes répondoient à cela qu'Hermias avoit été déjà débouté d'une demande pareille; qu'ils avoient d'ailleurs été en possession de cette maison depuis plusieurs générations; en foi de quoi ils produisoient leurs titres traduits de l'égyptien en grec. Z'MK de ces titres étoitdaté du mois de Pachon, le XXVIII de Philométor, où Teephibis, le père de Psenchonsis l'un des défendeurs, et de Chonopres, acheta d'Élacis, Lobais, Ibaeais, Senericus, Erieus, Senosorphibis, et Sisois, autrement appelé Erieus, (en tout, sept vendeurs) y 1/2 oecopédiques ou coudées de maison de la partie méridionale de dix coudées de terre improductive qu'ils possédoient. Parle second acte, Asos, père des défendeurs Nechutes et Asos, et de Nechutes cadet et de leur sœur Nechuthis, ont acheté des mêmes personnes deux coudées et demie la même année et le même mois. Un ~o:M'è/Ke contrat la XXXV du même Philométor et du mois de Mesore, atteste la vente d'une quatrième part de ladite maison de l'étendue de trois coudées un tiers à Pechites.pére des autres, Panas, Patus,.Pasemis, Arpchemis et Senamunis, par Ammonius et Zbcntedis, à qui elle appartenoit. Les droits attachés à ces transactions avoient été acquittés et les parties contractantes avoient joui paisiblement durant trente-sept années. On citoit aussi quelques passages d'un édit de faveur qui assuroit la possession de ceux qui auroient pour eux la prescription d'une longue jouissance, quand bien même leurs titres d'acquisition se seroient égarés ou perdus.

Dinon ajoutoit que, «puisque le père du plaignant avoit quitté Diospolis lors des troubles qui avolent eu lieu sous


Épiphanes, son départ datolt de quatre-vingt-huit ans avant le commencement du procès; car si l'on joint les vingt-quatre ans sous Épiphanus aux trente-cinq sous Philométor, et aux vingt-neuf sousÉvergètes~ on a quatrevingt-huit ans période trop longue pour pouvoir entamer une telle discussion; qu'Hermias n'avoit produit aucun document pour appuyer sa prétention, si ce n'est une sentence frauduleuse obtenue par sa collusion avec Lobais, qui n'avoit aucun Intérêt à soutenir l'action que quant à l'idée de transporter les embaumeurs à Memnoma, elle étoit hors de la question, vu qu'Horus et ses collègues n'étolent point occupés d'embaumer mais de vêtir les morts que, dans les fêtes populaires, ils étoient chargés de répandre du sable et de la cendre, et de joncher l'Intérieur des temples d'~7MMOMetde./MM<M; et que de plus, dans la procession annuelle qui conduisoit ~Ki~o/ï à Memnonia, ils avoient le privilége de conduire la cérémonie, d'y figurer comme 67:o~c/~<M, et de recevoir un honoraire en conséquence. ))

Tel est, en abrégé, ce monument digne d'exciter la curiosité des savans. Sans entrer dans de plus longs détails, nous préviendrons le lecteur que, s'il veut recourir aux trois contrats de M. Grey dont le docteur Young a donné la traduction. il trouvera que ce sont les trois mêmes actes dont nous avons donné un aperçu. M. Peyron n'en a verifié que deux les acheteurs mentionnés dans le troisième se trouvent être Ammonius et .P~eM~MMMM au lieu d'Ammonius et Zbendetis ou Zthenaëtis; mais nous sommes de l'avis de M. Young, qui pense que Zbendetis ou Zthenaëtis avoient deux noms aussi bien que Sisois ou Spois qui est aussi nommé Éricus, car la date des actes coïncide parfaitement, aussi bien que les noms et les mesures. On croiroit que le temps des merveilles n'est point passé. Tandis que le docteur Young étudioit le papyrus enchorique de Casati, les premiers manuscrits grecs de M. Grey,


l'autographe d'un: contrat égyptien, arrivent comme par enchantement, et se trouvent être la traduction du premier. Et dernièrement, quand il s'étoitremis à l'examen des actes égyptiens de M. Grey, le procès-verbal d'une contestation qui avoit rapport à ces actes arrive à l'iniproviste de Turin, et confirme les explications du docteur.; on y trouve une exacte description des terrains relatés dans les trois contrats. On ne sauroit résister à l'évidence de tant de rapprochemens Inopinés ils feront sûrement réfléchir le docteur SeytFarth~ s'il continue ses veilles enchoriques; et les maitres ês-arts de Leipsig, trop empressés d'en rendre un compte favorable, qui fait peu d'honneur à leur discernement, examineront plus mûrement les ouvrages dont ils se chargent de donner l'analyse.





~KtrûUM~hmrm~rdr~:

LETTRES SUR L'HISTOIRE DE FRANCE, par Aug. Thierry, auteur de l'IIistoirG de la Conquête de l'Angleterre. l vol. in-8". Prix fr. y 5o

L'objet de cet ouvrage est de soumettre à un examen critique les Histoires de France les plus connues et de relever les .erreurs nombreuses qu'elles tendent a accréditer. L'auteur essaie de rendre leur véritable caractère aux époques de notre histoire défigurées par les récits modernes, et de poser des règles sûres pour éviter la fausseté de couleur qui est le propre de l'école historique du dix-septième et du dix-huitième siècles.

LES ÉTATS DE BLOIS, ou la Mort de MM. de~Guise, scènes historiques (décembre l58S), par l'auteur des ~y'7-:cc;~e~. Deuxième édition. 7 50 LES'BARRICADES, scènes, historique: (mai i588). Un vol. in-8°y<'oMt'en:ee~!o/ revue et au~T'entee. 6 M ANCELOT, six mois en Russie. Lettres écrites en 1826, a l'époque du Couronnement de S. M. l'empereur. t vol. in-8". 7 ~o

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