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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1876-09-04

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 04 septembre 1876

Description : 1876/09/04 (Numéro 248).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k276080g

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SO M MAIRE

Ohb révolution bn raccourci Francis Magnqrd. Echos çb Paris Le Masque de Fer.

Sbaihs db bon sens Alphonse Karr.

Atoaibes b'Ombnt. -.•̃-•̃ -̃-̃̃̃- Lettres fantaisistes SUR Paeis Albert Miliaud. Correspondance anglaise T. Johnson,

Paris kv JOUR LE Joub F. M.

TÈLÉGRAiniBS ET Correspondances Aug. Mcircade. Nouvelles diverses Jean de Paris.

Variétés: T. Johnson. Les chroniques de Newgàte.

Gbboniqds musicale xBènidict.

Sport Robert Milton.

CoimniEit DES Théâtres Jules Pritiel.

FBOILI.ETON.–LB SECRET DU CHEVALIER DE MÉDRANE Granier de Cassagnac.

IBIË BËY0LI1TI0N EN RACCOURCI

Les lettres de Port-au-Prince annoncent gue le général Boisrond-Canal est définitivement installé comme président de la république d'Haïti.

Il vient justement de nous tomber sous là main un numéro du Moniteur officiel d'Haïti, vieux de quelques mois déjà, qui raconte avec une précision amusante et philosophique en même temps les péripéties de la révolution d'où est sortie la présidence général Boisrond-Canal. On enivrait les Ilotes pour que ce spectacle- dégoûtât les jeunes Spartiates de l'ivrognerie nous voudrions que tous les révolutionnaires par profession et par destination, que tous ceux qui ont choisi la révolution pour carrière, pussent méditer ce bout de papier officiel. ,11s auraient certainement quelques heures de réflexion et peut-être dè remords après cette lecture qui présente les coups de main, les proclamations et les adhésions dont ils sont suivis sous un aspect tout particulier. C'est un 29 Juillet, un 24 Février, un 4 Septembre, vus par le gros bout de la lorgnette, un théâtre miniature de l'émeute, une tragédie à Guignol.

Le numéro dont nous parlons date du 6 mai. La révolution qui a renversé le *e président d'Haïti, Michel Domingue, et coûté la vie à son neveu Septimus Rameau, est accomplie depuis plus de quinze jours; ce sont moins les faits que les traits de mœurs et les observations philosophiques qu'il faut rechercher dans

le papier officiel.

Remarquez qu'en l'espèce, le président qu'on venait de renverser et son neveu ne paraissent pas avoir été autrement recommandables! Nous ne nous occuperons point des personnes; lesprocédés seuls sont curieux à suivre. Le Moniteur débute par un décret de séquestration sur tous les biens, meubles, immeubles et valeurs appartenant aux généraux Domingue et Rameau « at» tendu qu'ils ont notoirement et publiquement abusé du, pouvoir exorbitant qu'ils s'étaient attribué, pour livrer la » caisse publique au pillage de leurs pa» rents et de leurs amis; qu'ils ont violé tous les principes, tous les usages, en » même temps que toutes les lois qui rè» glentr l'administration financière du pays, soit par des emprunts onéreux, » soit par des dons et allocations en de» hors de toute règle. »

,Viennent ensuite l'avis de la formation d'une commission pour l'examen des créances sur l'Etat, un décret qui réorganise la garde nationale (c'est la même chose partout) et ce petit avis que nous nous permettons de signaler comme un chef-d'œuvre de sage précaution contre le militarisme haïtien.

AVIS ̃-

Le gouvernement provisoire,

.Fait savoir qu'il est défendu à aucun généval appartenant à l'armée de quitter la capil'ale sans un ordre spécial de l'autorité supérieure.

Tout contrevenant à cette disposition sera arrêté et rigoureusement poursuivi.

Où le rapprochement devient extrêmement piquant pour l'observateur, c'est &J chapitre des proclamations et des dé- clarations de/principes lancées au commencement de la lutte par les comités central et révolutionnaire, car on trouve tes comités en Haïti comme chez de très grandes nations.

L'emploi des mots sonores qui nous out fait tant de mal, liberté, progrès, droits du peuple, etc etc., encadrés dans ces localités au nom fantaisiste qu'ont immortalisés les grands vassaux de Soulouque produit un effet de gaieté irrésistible. Il paraît que le premier cri de liberté a été poussé sur la place d'Armes de Trou par les braves citoyens des Monts-Organisés. Et la proclamation poursuit

Le Trou, Ouanaminthe, Fort-Liberté, le Dondon, Milot, la Marmelade, Winche, l'Acul du Nord, Limbé, le Borgne, tout le Nord s'est range sous la bannière de la Révolution.

Et quels chefs pour cette admirable Révolution! (On sait que dans la logomachie spéciale à la secte, toute révolution est admirable.)

C'est le « vaillant Prophète Vincent » qui dirige les « valeureuses cohortes des aJonts'-Oi-ganisés ». C'est le « chevaleresque Séïde Télémaque » et le « brave Saint-Fleur qui marchent sur la capitale. « Avant huit jours, ils seront dans la plaine du Cul-de-sac. »

Le comité central révolutionnaire du Cap Haïtien était d'ailleurs fort radical en ses projets. Trois jours avant la chute du président "Domingue, il avait lancé ce décret qui, sans être devenu officiel, donnera à penser aux souscripteurs des emprunts étrangers.

Art. 1er. -Est nulle et non avenue toute :Bmi6sion d'effets publics mis en circulation par le gouvernement déchu.

Art. 2. Sont nulles les réclamations 'des porteurs desdits effets.

Art. 3. La Révolution fait en outre ses réserves de droit contre les porteurs de ces effets.

Sont nulles les réclamations, n'est pas mal, mais l'idée de voir des poursuites dirigées contre les souscripteurs des derniers emprunts, est empreinte du caractère le plus folâtre.

Nous passerons rapidement sur l'adhésion conditionnelle et un peu menaçante du général Adelson Douyon qui ne juge pas utile de diriger des forces militaires sur la capitale pensant que le gouvernement provisoire reviendra « sans retard au libre jeu des institutions démocratiques »; pour arriver à une comédie de premier ordre.

La scène se passe aux Gonaïves. Huit citoyens de cette ville, apprenant que le mouvement révolutionnaire grossit, déclarent se rallier à ce mouvement et pour empêcher « l'effusion du sang » ils vont trouver qui. Nous vous le donnerions en dix mille, si le général Trochu n'avait pas existé.

Ils vont trouver le général Mont-Morency Benjamin, commandant l'arron.dissement des Gonaïves et lui proposent de se mettre à leur tête pour renverser le gouvernement dont il est l'agent. Il faut rendre justice au général MontMorency Benjamin c'est un homme de résolution qui n'a pas hésité une minute à obéir aux voeux de ses concitoyens. Son acceptation mérite une reproduction intégrale, en soulignant quelques passages vraiment étonnants.

Messieurs,

L'obéissance passive exigée à ceux qui professent la carrière des armes ne saurait éteindre dans leur cœur tout sentiment de patriotisme.

Persuadé d'avoir assez fait pour sauvegarder l'honneur militaire,je m' arrête, messieurs, pour écouter le cri de la patrie.

Ce n'est point une simple insurrection qu'il faut broyer par les armes, ce n'est point le banditisme hideux qui, sous le manteau du patriotisme, essaie de corrompre la bonne foi des citoyens pour se livrer au pillage, àla

dévastation et au massacre des familles, mais

c'est une révolution qui s'accomplit soudainement parce qu'elle était dans tous les cœurs. Je ne puis me décider à une effusion de sang, d'ailleurs sans profit pour la cause du gouvernement. Je n'exposerai point cette cité et l'intéressante jeunesse qu elle renferme à toutes les horreurs de la guerre civile; j'accepte la Révolution et reconnais en elle l'expression de la volonté du peuple.

C'estfranc 1 en Europe, on fait la même chose, mais on y met plus de façon. Immédiatement le général Mont-Morency Benjamin est proclamé chef de l'armée révolutionnaire de l'Artibonite et président du comité révolutionnaire des Gonaïves.

Le Moniteur d'Haïti contient encore un avis à « tels », un commerçant, un employé, un général, une veuve, et deux cabrouettiers (?) d'avoir à rapporter dans un « délai total de 48 heures, » l'argent qu'ils ont pris et gardé lorsque le 15 avril on pilla, sur le quai, les fourgons et l'argent de Séptimus Rameau.

Une chronique locale commence par justifier le meurtre de Rameau et de Lor.quet, « victimes immolées, non à la fu» reur, mais à la justice du peuple. » Telle est, on le sait, la formule en usage depuis qu'on massacre du monde en temps de révolution. Immédiatement, sans transmission, ce chroniqueur passe au théâtre de Port-au-Prince, dont le directeur n'a pas désespéré et a pu traverser la tyrannie de Septime Rameau sans fermer son établissement. On apprendra avec plaisir que le samedi 29 avril, on jouait à Port-au-Prince, Dalila, drame en quatre actes, d'Octave Feuillet, que Mme Henry s'est montrée « comédienne consommée dans le rôle de Dalila, et, que, par un phénomène étrange, Mlle Berthe, quijouait Marthe, a fait des progrès pendant que personne n'allait au théâtre.

La' 4e page du journal officiel est consacrée à-des annonces. Nous n'y signalerons qu'une vente de belles « sangsues allemandes » et l'énumération originale des objets perdus par l'état-major de Boisrond-Canal, le triomphateur du moment, le.meneur de la révolution du 15 mars, lors du débarquement. Ony remarque « un petit paquet fait dans un » manteau en caoutchouc et contenant » un vêtement blanc avec boutons en » cuivre doré et à étoile, une casquette » blanche et sa coiffe, une brosse, etc.», des couvertures, des éperons et deux paires de bottes à la grenadière. Toujours comme en Europe, le triomphe des bottes i

La morale de cette promenade à travers les coulisses de la révolution qui va rrrrégénérer Haïti ? La morale, c'est qu'à la chute de Boisrond-Canal, il y aura le même enthousiasme, les mêmes proclamations, les mêmes serments et sans doute les mêmes généraux pour éviter «l'effusion du sang ».

Francis Magnard.

Échos de Paris

La température. La journée d'hier a été magnifique. Dès sept heures du matin le thermomètre marquait 14 degrés; il s'est peu à peu élevé et a dépassé la hauteur de 20 degrés, qu'il n'avait pas atteinte depuis longtemps. Les chasseurs qut sont rentrés hier soir ne se plaignaient que d'une chose d'avoir eu trop chaud.

Malgré la persistance des vents d'ouest et de nord-ouest, si aucune nouvelle dépression n'est signalée, nous verrons le temps se rétablir complétement, et nous jouirons d'une série de beaux jours qui se prolonge/a vraisemblablement jusqu'à l'époque de l'équinoxe. A TRAVERS PARIS

On sait que la loi a décidé que tout réserviste marié, père de quatre enfants, passe de droit dans l'armée territoriale. Plusieurs correspondants nous demandent la marche à suivre en pareil cas Il faut simplement aller à son bureau de recrutement avec les quatre extraits de naissance; l'acte de mariage est inutile, les extraits de naissance faisant mention de la légitimité des enfants.

La démolition du palais des Tuileries comprendra-t-elle la destruction du pavillon du milieu î

En ce cas, il serait regrettable de voir disparaître un très beau morceau architectural dont les colonnes, les corniches, le fronton, restés intacts constituent, à n'en pas douter, un monument d'un très bel aspect.

Ajoutons que notre observation est l'expression d'un vœu qui nous a été bien souvent exprimé, depuis qu'il est question de la restauration du vieux palais de nos rois.

A propos des enterrements civils, nous reproduisons la lettre suivante qui nous paraît renfermer des idées assez justes, quoique d'une philosophie un peu élas-

tique.

Monsieur le Rédacteur,

L'enterrement civil est-il oui ou non une marque d'infamie, et n'y a-t-ilque les imbéciles ou les malfaiteurs qui en usent? Assurément non. Toutes les consciences sont libres, et puisqu'il est permis de croire à tous les dogmes, il est loisible aussi de ne se soumettre à aucun, sans cesser d'être un honnête homme.

Je sais de fort bravos gens qui n'ont accepté des principes religieux que la croyance à une autre vie, bien supérieure à la nôtre, mais qu'il est impossible de définir, étant donné que l'esprit de l'homme comme sa vue, sa voix, son ouïe, sont choses limitées par la matière. De même qu'il n'est pas d'oreille et d'ceil qui entende et voie à cent lieues, il n'est pas d'intelligence qui puisse dépasser certaines limites fixées par la nature. Ceci posé, est-ce un crime de se priver des cérémonies chrétiennes, juives, protestantes, mahométanes, etc., pour se faire déposer dans son petit coin dé terre ?

Eh bien je dirai NON, quand il n'y a pas scandale mais j'ajouterai qu'aujourd'hui il y a scandale.

Puisque tout ce qui est mal famé en France, puisque tous ceux qui ont défendu les assassins ou les lâches fugitifs de la Commune ont adopté l'enterrement civil, les honnêtes gens intelligents, les philosophes clairvoyants le doivent proscrire. Un petit vêtement de velours noir, des accroche-cœur sous une casquette de soie, escortés d'une cravate groseille, tout cela ne constitue pas une grande infraction aux caprices de la mode; mais il suffit que cette tenue ait été adoptée par les petits jeunes gens que l'on sait, pour qu'un honnête homme n'ose jamais s'en parer pour se promener sur le boulevard. De même pour l'enterrement civil; en principe, il ne me répugne pas plus que le velours, la soie groseille, etc. Mais je n'admets pas, puisqu'il est devenu présentement le mot de ralliement de la lie du peuple, qu'un homme intelligent consente à l'accepter. Agréez, etc.

Résumons l'enterrement civil est décidément mal porté.

Les bruits contradictoires qui ont couru depuis quelques jours sur la santé de M. Thiers se résument à l'extrait suivant, que nous tirons d'une correspondance qui nous est adressée de Genève Le Ier septembre, M. Thiers se promenait au jardin anglais, en compagnie de quatre personnes. Il causait avec beaucoup de gaieté. En passant près du lac, il s'est arrêté pour jeter quelques morceaux de pain aux cygnes. Cependant, il est très pâle et son visage porte les traces d'une certaine souffrance, surtout lorsqu'il se tait quand il se remet à parler, au contraire, ses traits s'animent, et hier il causait avec un véritable entrain.

Le colonel Sapia, comte de Lencia, directeur de l'arsenal de Toulon, vient de succomber à Paris aux suites d'une maladie inflammatoire qu'il avait contractée pendant son séjour en Cochinchine.. C'était l'un des officiers les plus distingués de son arme, et pendant la dernière guerre, il avait rendu les plus éminents services à l'arsenal de Brest qu'il dirigeait alors.

Un essai à faire.

L'acte de naissance, timbrd et légalisa» que l'on fournit à la mairie avec les autres pièces de mariage, est absolument inconnu en Algérie voici comment en le remplace, lorsqu'il en est besoin. Une jeune fille ou un jeune homme se présente devant le caïd pour se marier: si sa taille et sa physionomie accusent un âge assez avancé, on procède à la eôrémonie.

Mais, s'il y a doute, on prend une ficelle que l'on plie en double; on mesure avec elle le cou du demandeur, puis on noue l'extrémité de façon à former un cercle dont la circonférence est double de celle du cou.

La personne en question prend le noeud dans la bouche, et le caïd s'assure que la ficell8 peut passer derrière la tête si cela ne se peut, l'âge de la puberté n'est pas atteint.

Dans les cas où une contre-épreuve paraît nécessaire, le caïd appuie son doigt sur l'extrémité du nez du futur époux, et cherche à reconnaître si les deux cartilages qui en forment l'extrémité sont sépares, ce qui n'a pas lieu chez les enfants.

Il est bon de remarquer que ce sont les seuls procédés légaux

On nous soumet une observation qui ne manque pas d'une certaine justesse Il existe une société qui récompense, par des médailles, les êtres humains reconnus auteurs d'actes do bienfaisance envers les animaux.

C'est fort bien fait, et on ne saurait mieux encourager les bons sentiments. Il est rare que ceux qui sont doux envers les animaux soient de méchantes geus.

Mais pourquoi, puisque médaille il y a, n'en donne-t-on pas aux animaux qui secourent les hommes?

Nous voyons dans le bulletin dé la Société un enfant médaillé pour avoir sauvé un chien en train de se noyer. 11 me semble que les Terre-Neuve ont droit à quelques décorations aussi. Un âne, après avoir servi un cultiva-

teur pendant longtemps, pourrait rece noir une sorte de prix Montyon. Question à étudier. 1

Dernières nouvelles sur la destruction des billets de banque.

La Banque a eu enfin pitié des devants et des cols de chemise de ses voisins. Elle ne pratique plus sur ses vieux billets la cremation qu'on propose en ce moment pour les chrétiens. Au moyen de machines spéciales, elle les fait réduire en pâte, et cette pâte est vendue à des fabricants de cartonnage. La crémation humaine sera peut-être remplacée plus tard par des procédés analogues la peau aux relieurs, les os aux raffineurs, etc., etc.

Les grandes chaleurs de la première quinzaine d'août ont produit un singulier phénomène dont le boulevard Poissonnière est en ce moment le théâtre. On peut compter, sur ce boulevard, trente-deux marronniers dont les feuilles sont Ja seconde pousse, et les fleurs la seconde floraison de l'année

Les marronniers des Champs-Elysées, de la place de la Bourse et des squares vont également se couvrir avant peu de nouveaux bourgeons.

Mais le square le plus curieux à étudier aujourd'hui sous ce rapport est le square Notre-Dame, où les arbres, d'une grosseur énorme, donnent deux fois par an. aux habitants de ce quartier de magnifi.ques ombrages.

L'horrible cricri nous abandonne. 11 va visiter l'Allemagne, car voici la dépêche que nous avons reçus

Hambourg, 1er septembre, 3 h. 35.

Journal Figaro, réponse payée, Paris. Colonie française demande adresse fabricant cricri.

Inutile de vous dire que nous nous sommes empressés de l'envoyer. Les Allemands vont avoir bien de l'agrément

Voici un curieux détail qui nous est communiqué à propos du récit que nous avons publié sur le procès de l'assassin Eliçabide 1.

Après l'exécution, la tête du supplicié fut dépouillée de ses chairs et préparée pour être déposée dans le cabinet d'anatomie de l'école de médecine de Bordeaux.

̃Or, ce crâne n'est pas celui d'Eliçabide. La véritable tête avait été achetée et payée fort cher par un adepte du système de Gall, qui a voulu en enrichir son cabinet.

Elle fut remplacée par une autre, prise à l'hôpital.

Nous trouvons les lignes suivantes dans une feuille enragée dont nous tairons le nom pour ne pas lui faire de réclame. Mettons un titre doux, la Guillotine, par exemple, pour la facilité du lecteur:

Figaro s'étonne de ce que beaucoup de fonctionnaires publics signent illisiblement La raison en est bien simple Ils ont honte de leur position.

Nous avouons humblement que nous n'aurions pas songé à cette raison.

Voici ce qu'il faut répondre à ceux qui vous demandent pourquoi vous ne chassez pas

Pourquoi va-t-on à la chasse ? Pour prendre de l'exercice, pour faire preuve d'adresse et pour se procurer du gibier. Eh! bien, alors, il est un moyen beaucoup plus simple d'arriver au même résultat c'est d'aller au tir, puis au Bois de Boulogne, et, en révenant, d'acheter des perdreaux chez Chevet.

NOUVELLES A LA MAIN

Le père Jean, un garde-chasse du département du Loiret, est très fier parce qu'il a, un jour de pluie, joué aux dominos avec M. Gustave, le fils d'un grand propriétaire du pays.

Aussi a-t-il pris à tâche de répéter les mots qu'il lui a entendu dire.

Mon cheval, disait-il l'autre semaine à l'un de nos amis, est si vif qu'il vous abat ses quatre lieues en un coin

d'œil.

La veille, jouant aux cartes avec le maire de l'endroit et se rappelant que M. Gustave avait dit Méfiez-vous de mon coup de Jarnac, il s'écriait avec autorité

Prenez garde, j'vas vous flanquer un vrai coup de Jeanne d'Arc!

Le comble de la charité

Acheter un petit pain d'un sou pour le placer dans une des mâchoires qui se trouvent à la porte des dentistes et qui mastiquent à vide.

Une histoire de faux-monnayeur; elles sont à la mode aujourd'hui.

Un négociant surprend sa femme en flagrant délit.

Payez cette misérable et allez-vous en! dit il au complice, qui laisse un billet de cent francs sur la table et se sauve enchanté d'en être quitte à si bon compte. Depuis ce jour le mari, implacable dans sa vengeance, mettait un billet de cent francs devant la place de sa femme à chaque repas et l'obligeait à le lui rendre -au dessert on disant

Voici le prix de mon déshonneur! Or, ce négociant vient d'être arrêté comme émettant de la fausse monnaie. L'instruction a prouve que sa femme.

remplaçait chaque fois; par un faux billet, le vrai que son mari sortait de son portefeuille. Iljmettait invariablement l'autre en circulation.

Mme X. possède une cuisinière dont l'orthographe atteint les plus hautes proportions de la fantaisie.

Son cordon bleu lui apporte hier son livre de cuisine.

Sur la première ligne on lisait Une livre de St-Doux, 80 c.

Une magnifique pomme, appartenant à un pommier nain, pendait jusqu'à terre.

La jeune Berthe se met en devoir de la ramasser, mais sentant de la résistance

Tiens dit-elle, pour se justifier, je croyais qu'elle était décousue.

La publicité ne respecte absolument rien.

Nous traduisons d'un journal anglais cette annonce que nous hésitons à croire sérieuse, et qui a trait aux atrocités en Orient:

MARIAGES. Un homme d'un certain âge, riche, épouserait volontiers une veuve, de n'importe quelle nation, ou une demoiselle bulgare.

On a intitulé le corsage d'une comédienne connue

« Le Sahara Bernhardt. »

En 1871, quelques jours après la réouverture des portes de Paris, un voyou apercevant un turbot chez un marchand de comestibles

Ah v'ià qu'ils sortent leur poisson, maintenant 1

Le Masque de fer.

GRAINS DE BON SENS Gambetta et son journal qui trouvent mauvais aujourd'hui qu'un homme pauvre, sans domicile, sans notoriété, brigue les suftrages des électeurs me rappellent un personnage de Paul de Kock.

Il a accroché, je ne sais comment, une certaine somme et se fait apporter un costume complet dans sa mansarde; il a hâte de s'en revêtir et jette par la fenêtre la défroque et les guenilles qui le couvraient si piètrement le matin. Le portier qui flâne « sur sa porte » voit tomber le paquet, et le remonte. -Ah ça,, mon brave homme, avez-vous la berlue- de croire que de pareilles loques peuvent m'appartenir? Rejetez les à la rue, et n'en empestez pas plus longtemps mon appartement. Alphonse Karr.

AFFAIRES D'ORIENT

C.

Les dépêches d'aujourd'hui confirment les nouvelles que nous avons publiées depuis deux jours au sujet des négociations engagées à Constantinople entre les représentants des grandes puissances en vue de la cessation des hostilités.

La question do l'armistice a été résolue en principe et c'est aujourd'hui même que les ambassadeurs feront connaître à la Porte les bases de l'arrangement qu'ils ont résolu de lui soumettre.

Les mêmes dépêches annoncent que le général Ignatieff est attendu le 14 à Constantinople. Nous sommes en mesure d'affirmer que la Russie a donné sa complète adhésion aux résolutions concertées dans la dernière réunion diplomatique entre tous les collègues du général Ignatieff, et que le retour de ce diplomate à son poste ne changera rien à ce qui a été décidé.

Nous croyons pouvoir ajouter que la réponse du gouvernement Ottoman aux propositions des puissances no sera faite officiellement que le lendemain de la cérémonie de l'investiture du Sabre, dont la date, jusqu'à présent, paraît fixée à vendredi prochain. Autour d'Alexinatz, les Turcs d'un côté et les Serbes de l'autre, exécutent une série de mouvements plus tournants les uns que les autres et qui, s'il fallait en croire les dépêches envoyées chaque jour avec conscience et régularité, auraient pour résultat de les envelopper mutuellement. Le mouvement offensif de Moukhtar Pacha contre le Montenegro a commencé hier.

Cependant il semble que Tchernaïeff est obligé de battre en retraite sur Deligrad. Dans ce cas Alexinatz ne saurait tarder à tomber au pouvoir de l'armée turque. Ces opérations confuses ne paraissent pas, d'ailleurs, troubler la sécurité du conseil des ministres turc, qui d'après un journal de Vienne, aurait décide que la Turquie se chargera de la construction des chemins de fer serbes, le gouvernement du prince Milan ne paraissant pas offrir de garanties suffisantes pour cette construction.

LETTRES FANTAISISTES SUR PARIS

I-.es deux chevaux d'<>t.-«s>t*> HISTOIRE PARISIENNE

ïi y a en ce moment, à Paris, un très haut personnage,que nous appellerons le due Emile. Nature fine, spirituelle, éminemment Parisienne, on le rencontre sur le boulevard, au café Bignon où il déjeune tous les jours, aux fauteuils d'orchestre des Variétés. Il est très simple d'ailleurs, il a horreur des dîners officiels, des salons cérémonieux. Ce qu'il aime, c'est la vie libre. de Paris, l'existence bon enfant du boulevard, depuis l'Opéra jusqu'à Tortoni. S'il l'osait, il vendrait son duché pour un plat de lentilles, pourvu qu'il lui fût servi dans un salon du café Anglais, avec un encadrement de jolies femmes.

C'est précisément dans l'un de ces salons que le duc Emile, qui est galant par dynastie, fit connaissance, il y a quelque temps, de Mlle R. l'une des peîltes étoiles d'un grand théâtre parisien et. national.

Emile, qui, en sa qualité de duc

étranger, a pris pour prétexte de son voyage l'étude de nos mœurs, a demande sur ce chapitre quelques conseils à Mlle R. Mlle R. a daigné souscrire à ce vœu. Les leçons ont duré quelque temps, puis le caprice les a interrompues. C'est l'histoire de la vie.

Emile, après avoir quitté Mlle R. se rappela qu'il avait négligé d'acquitter. comment dirai-je?. les cachets de son charmant professeur. Trop gentleman pour abuser de sa situation, il ne songea qu'au moyen de réparer un oubli involontaire. Malheureusement, Paris est cher, la pension alimentaire est courte, les pères sont parfois étrangement serrés bref, Emile était un peu à court. Un beau soir, comme il revenait d'une réunion de jeunes gens, tout en songeant à la façon dont il s'acquitterait envers Mlle R. il avisa qu'il possédait un attelage de deux superbes chevaux gris pommelés, anglais d'origine et d'un très beau prix. Mlle R. les avait remarqués, et en avait fait compliment au duc. Voilà mon affaire, se dit Emile, qui n'hésita pas une minute à se priver de ses deux chevaux.

En descendant à la porte de son hôtel, il appela son cocher et lui donna l'ordre de conduire, le lendemain matin à la première heure, les deux chevaux chez Mlle R. en lui disant ces simples mots: « De la part du duc Emile. »

Le cocher prit l'adresse que lui donna le duc et s'inclina. Emile monta se coucher, soupira et s'endormit.

Le lendemain, à huit heures, le cocher prend les deux chevaux, leur attache un licou et les mène au domicile indiqué.

Mlle R. demeure dans une rue très montante et très escarpée du quartier Saint-Georges. Le cocher, après avoir pesté cent fois contre les pavés qui éreintaient ses bêtes, arrive devant la maison indiquée. Il se -heurte devant une porte basse, étroite, qui s'ouvrait ou plutôt qui s'entrouvrait sur un de ces couloirs obscurs et resserrés, comme il y en a dans les vieux quartiers. Fidèle. a sa consigne, l'homme appelle le concierge et lui demande si c'est bien ici que loge Mlle R.

Au deuxième au fond de la cour, repond le portier.

C'est que je lui amène deux chevaux, dit le cocher.

Etonnement du concierge, qui doute que les chevaux puissent pénétrer dans l'horrible couloir.

Le cocherinsistejle portier, avec cette philosophie qui caractérise son espèce, hausse les épaules en ayant l'air de dire « Comme vous voudrez. a

Le cocher saisit l'un des chevaux et le traîne par le couloir, le portier se met à pousser par derrière. On finit par introduire les deux bêtes dans une petite cour intérieure, de quatre mètres carrés. Au bruit qu'ils font, tous les locataires se mettent aux fenêtres et admirent les deux magnifiques pur sang, dont les têtes s'appuyaient aux entresols. Mlle R- et toute sa famille ne tardent pas à se joindre aux spectateurs. Mlle R. crie le concierge, voilà deux chevaux pour vous t

Pour moi? répond la jeune artiste. Oui, mademoiselle, riposte le cocher. De la part de mon maître, le duc Emile.

Le nom du seigneur produit son effet. On oublie un instant les chevaux et le cocher s'en va avec la satisfaction du devoir accompli.

La famille R. descend dans la cour et délibère en présence des deux chevaux. On ne peut pas les garder, dit le père de la débutante. Ces animaux sont très encombrants. Il vaut mieux les vendre. L'idée paraît bonne. Le père prend les deux chevaux, les fait sortir tant bien que mal et va les vendre chez un maquignon de sa connaissance, qui demeure aux Batignolles.

Le maquignon admire les deux bêtes, en offre trois mille cinq cents francs, qui sont acceptés, et le père R. s'en va, avec une satisfaction égale à celle du cocher.'

Il était dix heures du matin, le maqui.gnon, qui est un homme expédilif, prend à son tour les deux chevaux et les conduit aux Champs-Elysées chez un grand marchand, auquel il les revend six mille francs.

Pendant ce temps, le duc Emile se réveille il fait appeler son cocher, qui lui rend compte de sa commission. Le duc s'habille et donne ordre qu'on attèle son petit coupé avec le seul cheval qui lui reste.

Il est de bonne heure encore; le prince songe qu'il fera triste figure dans soa coupé attelé d'un seul cheval et, comme il a du crédit, il se décide à se rendre aux Champs-Elysées chez un grand marchand qu'il connaît.

Du plus loin que celui-ci apercut son client

-Vous, Monseigneur! Quelle bonne fortune pour moi, dit-il. Vais-je avoir l'honneur de vendre des chevaux à Votre Seigneurie?

Précisément, reprend celle-ci, je. cherche deux chevaux bien appareillés. J'ai votre affaire. Il vient justement de m'en arriver deux d'Angleterre. Ils sont magnifiques. gris pommelés. race pure.

Gris pommelés. C'est la couleur que je préfère.

Le marchand mène le duc à l'écu rie et lui montre les deux chevaux annoncés. Emile ne peut réprimer un cri de stupeur. Il a reconnu son attelage. Combien? dit-il?

Dix mille francs, répond le marchand. Je ne veux pas gagner un sou sur Votre Seigneurie.

Le duc achète les chevaux, à crédit bien entendu, rentre chez lui et ne peut s'empêcher de raconter son aventure à quelques amis. • Ce qui me console, dit-il en ternuV nant son récit, c'est que je me suis tiré d'affaire avec Mlle R. Ce qu'il y a do singulier dans tout ceci, c'est que je ne sais pas au juste ce que je lui ai donné, mais je sais bien que ça me coûtera dix mille francs.

Albert Millaudk