Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 4 à 4 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1885-06-13

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 13 juin 1885

Description : 1885/06/13 (Numéro 24).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k274153b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 78%.


LA LONGUE PAUME ~w

Passant, vous qui passez àtt Luxembourg un mardi ou un vendredi, arrêtezvous pour voir jouer à la longue paume: 'Vous y verrez les joueurs en complets de flanelle blanche, brandissant en plein air leurs longues raquettes et s'avançant à deux pas de l'Orangerie, avec un entrain et une animation qui attirent autour de l'enceinte une triple rangée de flâneurs. Le spectacle. d'ailleurs mérite qu'on s'arrête, surtout quand les joueurs sont en nombre, qu'il y a partie et non simple pelotage.

Les annonces du marqueur ne se comprennent pas tout de suite. Le marqueur parcourt le jeu, parle de « tiré et de rachat. » C'est du chinois. Mais au bout de quelques minutes d'attention, la lumière se fait et le spectateur comprend qu'une balle qui rase le sol, est souvent un coup de maître, tandis qu'une autre, projetée à la hauteur des arbres voisins a été lancée par la raquette d'un conscrit. La longue paume est bien moins compliquée que la courte. Ici, pas de toit, pas de murs, pas de grille.,

LE TIR AU PISTOLET

Le tir au pistolet a l'air de manquer d'attraits. C'est une erreur. On est froid à l'idée d'un homme seul, s'évertuant à placer des balles au centre d'un rond de carton.

Cependant il y a bon nombre d amateurs intelligents qui passent des heures chez Gastinne-Renette. Ils sont comme en loge avec un armurier chargeur, qui leur parle à peine, et ils redoutent le plus léger bruit, comme les pêcheurs à la ligne.

On dit qu'il faut le même temps pour former un tireur au pistolet que pour faire un pianiste. -Je connais quelques amateurs qui s'exercent chez eux, surtout dans les villas des environs de Paris.

A Paris même, certains amateurs ont un stand dans le jardin de leur hôtel. Le marquis de Casariera, le comte Potocki, Henri Cartier ont des tirs dans leur jardin. Chez le marquis de Casariera on m'a montré unecible roulante, sur des rails. Il y a aussi pas mal de tirs de salon.

1 Les amateurs en renom fréquentent 'surtout le tir Gastinne-Renette, qui dispose de sept compartiments de seize mètres et d'un compartiment de vingthuit mètres, le compartiment du bonhomme. A la veille d'un duel, on n'hésite pas

à aller essayer son adresse sur le bonhomme de l'avenue d'Antin. Souvent les deux adversaires, prenant la même précaution, se rencontrent chez Gastinne." Le moins adroit pourrait alors se considérer comme blessé et le combat en resterait là. Quelle aubaine pour les restaurants du voisinage où l'on irait plumer le canard.

Toutes sortes d'exploits sont enregis-

très dans le salons de Gastinne-Renette. Nous avons d'abord les allumettes Dollfus. Ce mirifique fait d'armes reproduit à l'aquarelle, montre l'agent de change bien connu, allumant six allumettes de deux balles et passant pour les atteindre par un trou pas plus large que le diamètre d'un pain à ca-

cheter..

Le concours au visé commence le fer février, le concours au commandement commence le 1" mai.

Parmi les noms des lauréatsje trouve ceux de MM. d'Alta- Villa, Benardaki, Cartier, Casimir-Périer, Gervais, Rem-bielinski.de Berkheim, vicomtede Char̃riacey. comte de Lambertye, Ferrand, vicomte de Quenel, comte de Gimel, duc de Morny, vicomte de Lestrange, Bonzon, Seligman, etc.

Les ouvriers armuriers, employés au tir de l'avenue d'Antin, sont de véritables professeurs pour les commençants. Le plus connu d'entre eux, Antoine, n'a pas son pareil pour s'écrier

–Bien d'aplomb- sur -les- jambes; monsieur Attaquez franchement la détente 1. Visez bien le bas du carton 1. surtout pas de coup de doigt 1.

Antoine s'intéresse vivement aux progrès de ses cliente. Le jour où vous réussirez un joli carton, il en sera plus fier que vous-même.

LE TIR A L'ARC

Quel est donc ce_ chasseur?

Son aspect est étrange.

Sur son front quel mélange

D'audace et de tireur 1

Ainsi s'exprime le poète musicien de VŒU Crevé au moment où la jeune princesse est ë. cinq minutes de recevoir une flèche sous la paupière. Des archers, ça

rappeUeun autre âge, l'Opéra-Comique et ̃; ,les Folies Dramatiques. Ça rappelle encore la province, Creil, Chantilly et toutes les villes où il y a des Sociétés d'arc.

Paris a ses chevaliers d'arc d'Arcde-Triomphe 1 dirait Christian pas du tout. Vous représentez-vous l'illustre financier Léon Say en archer ? Ce Guillaume Tell de l'opportunisme fit partie de la compagnie d'arc de Clignaiicourt. L'arc n'est-il pas d'ailleurs un vrai jeu de financier, avec cette devise Garde la lune de ta flèche? w--

Le tir à l'arc est surtout cultivé par de petits rentiers. L'organisation des'sociétés n'a pas varié d'une ligne depuis le moyen-âge. Les chevaliers de l'arc se divisent en compagnies qui comptent plusieurs officiers capitaine, lieutenant, sous-lieutenant, porte-drapeau, secrétaire-trésorier. Il y a même un roi ou un empereur nommé après les concours. Voyez-vous le roi Say? Dame, on a bien parlé de lui comme président de la République i

Les compagnies de Paris ont compté d'autres personnages de marque, le docteur Denonvilliers, Lefèvre-Pontalis, Orfila, Benardaki.

La Saint-Sébastien se célèbre à la fin de janvier. C'est une de leurs grandes, fêtes,maisilsenont d'autres pour disputer les prix et surtout pour le tir à l'oiseau qui décide la nomination du roi. Le tir à l'oiseau est toujours une grande solennité. Les uniformes et les insignes sont arborés par tous les sociétaires. Officiers et chevaliers entrent au jardin, tambour en tête.

C'est un des jours de cérémonie.D'ordinaire, tout se passe en famille.

LE VÉLOCIPÈDE

Les velocemen sont nombreux. Ce véhicule qu'on nomme un vélocipède est à la pertée de toutes les jambes, c'est aussi le cheval du pauvre, facile à nourrir et facile à remiser.

Seulement, le bonheur des velocemen est incomplet. Ils se plaignent- de l'administration qui leur permet de remonter la rue des Martyrs ou la rue Rochechouart, ce qui n'entre pas dans leur programme, mais qui leur interdit les boulevards où ils ne seraient pas fâchés de se montrer en élégant costume de touring, veston et culotte courte. On les exile tellement des quartiers fréquentés, qu'ils n'ont plus l'air d'exister du tout; on dirait que le vélocipède est mort 1

En réalité 1 les vélocipédistes font

moins de brwBBI^plus de besogne que jamais. Le vélocipède a subi depuis son invention mille perfectionnements qui en ont fait un délicieux appareil de promenade ou de course. 4

Avec le vélocipède actuel, un amateur exercé fait ses trente lieues par jour sans fatigue.

Le dimanche, des velocemen vont par bandes déjeuner aux Andelys ou à Etampes et reviennent diner à Paris, sans la plus légère courbature. C'est charmant de voyager ainsi à demi-vitesse de chemin de fer, sans crainte de déraillement ou de tamponnage. Umexploit fort connu est celui de M. Pagis. qui fit en treize jours le trajet de Paris à Vienne, tandis que le lieutenant Zubowitz mit, quelque temps après, quinze jours pour faire le même trajet achevai. Les velocemen prétendent lutter de vitesse et de force avec les cavaliers les mieux montés. Pour les voir à l'exercice, il faut aller, le dimanche matin boulevard de la Seine, à Neuilly-Saint-James. C'est là qu'ils ont établi leur centre de rendez-vous, d'où ils rayonnent sur les environs de l'avenue de Villiers et de l'Arc-de-l'Etoile.

Le vélocipède est de tous les âges. Les grands-pères, les enfants enfourchent audacieusement cet animal sans nerfs. Les femmes vont en trycicle. Il y a même des amazones pour le bycicle qui font la joie des collectionneurs de mollets.

Les velocemen ont trois grands clubs à Paris. Chaque club a son uniforme. Ce qui nuit un peu au développement du vélo-sport à Paris, c'est l'absence d'un vélodrome suffisant pour y donner de grandes courses. Il y a bien le terrain qui contourne la piste de Longchamps,

mais il n'est pas touj"ouï*s assez uni pour qu'on y vélocipédise à l'aisé.

Le vélo-sport gçt plus florissant en province, lés vélodromes sont bien installés, grâce à d'importantes subventions des conseils municipaux.,

LE JEU DE BOULES

Jouez-vous au whist, jeune homme, disait M. de Talleyrand ? Non, alors vous vous préparez une vieillesse malheureuse. Jouez-vous.aux boules, dirait-on, en parodiant le mot ? Non. Alors vous ne vous préparez pas de vieillesse "au tout.

Il parait que la boule conserve. Elle n'est pas moins utile à la main qu'aux pieds. La boule 1. la boule 1 tout est là 1 C'est le secret de longévité.

Les joueurs de boule qui n'ont que la

soixantaine sont considérés comme les gamins de la société.

Lesprincipaux jeuxdeboulesparisiens sont installés au bois de Vincennes, au bois de Boulogne, au Jardin d'Acclimatation, à Batignolles, à Levallois-Perret. La boule est le sport des petits rentiers.

Chaque jeu est'formé en cercle avec président, secrétaire, cotisation, etc Pour un bon jeu de boules, il faut un kiosque, un terrain bien uni et bien ombragé.

La grande Société est au bois de Vincennes elle compte plus de deux cent cinquante membres. On y est un peu à l'étroit. Les sociétés rivales font remarquer malicieusement qu'on y joue dans des fossés.

Le jeu le mieux installé, celui qui compte le plus de célébrités, est celui du Bois-de-Boulogne. C'est le Jockeyclub de la Boule. MM. de Courteville et Miraux sont les têtes de colonne de cette Société qui est de quatre-vingt-dix-huit membres.

La boule se joue par n'importe quel temps. Quand il fait beau, c'est parfait. Mais la pluie n'est pas un obstacle. On joue le parapluie à la main. La neige même ne décourage pas certains champions de la boule, qui après un simple coup de balai se livrent sans murmure, aux douceurs de leur cochonnet favori. Le cochonnet c'est le billard à terre avec effets de carambolage exécutés par la précision de la main et du coup d'œil. S'il se glissait des grecs dans la compagnie, s'il y avait des pipeurs de boules leur apport seraitmaigre.Il est rare que les enjeux dépassent cinq sous.

LA PÊCHE A LA LIGNE On dit que la pêche à la ligne est le meilleur des délassements pour les cerveaux fatigués. C'est mon avis. Je crois qu'il n y a rien de salutaire comme

l'absorption de l'esprit fixé sur une plume ou un bouchon flottant à la surface d'une onde pure. I! sufut d'un humble .goujon qui sacrifle ses jours ia une seconde de gourmandise pour procurer des joies infinies. La, plume s'enfonce d'abord imperceptiblement, puis elle dansotte par petits coups, disparaît | et par un mouvement sec du pêcheur, un petit corps argenté, frétillant se balance dans t'espace. Le tour est joué 1 Le filet garni d'une trentaine de prisonniers en prévention est remis dans l'eau après chaque capture. Le vrai plaisir n'est pas Qu'importe cette prise de pauvrets arrachés à leur élément 1 Ce qu'il faut au pêcheur à la ligne, c'est autre chose c'est la lutte avec un gros poisson. L'effet de la plume est le même, le gros poisson souvent moins vorace que le petit n'imprime pas au bouchon des mouvements plus violents. Mais on a donné le petit coup sec, et le fil de la ligne a disparu dans l'eau entraîné par un gaillard vigoureux qui, promet une défense hé-roïque. Voilà la vraie émotion de la pêche; ce monstre qui pàse quelques livres et ne craint pas la lutte, il s'agit de l'ame-

ner, et de l'amener avec un crin fin comme un cheveu que Ja moindre saccade peut briser.

J'ai raconté déjà qu'un jour me promenant sur les bords d'une rivière, j'avais rencontré un individu qui paraissait en proie à une surexcitation extraordinaire. Croyant avoir affaire à un épileptique je m'approche et lui demande d'où vient le tremblement qui l'àgite. Monsieur, n'êtes-vous pas malade? -Non, monsieur, mais je viens de prendre un brochet. Toutes les fois que je prends un brochet, ça me cause un trouble extraordinaire.

Il n'y a pas à dédaigner un plaisir qui procure de pareilles émotions. A côté de la pêche démocratique qui se fait à l'aide d'amorces un peu désagréables à toucher, pour des doigts délicats, nous avons la pêche aristocratique qui ne nécessite pas le maniement du ver à quelque famille qu'il appartienne. La pêche à la mouche artificielle est très élégante, c'est celle qu'on pratique le plus en Angleterre. Un amateur de fishing s'en va sur un poney son attirail se résume en une canne à plusieurs bouts, très légère, et qu'il porte facilement sous le bras. Dans la poche, il a un petit portefeuille garni de mouches artificielles reproduisant les espèces qui voltigent sur l'eau par tous les temps et toutes les saisons. L'amateur du fishing, une fois sur les bords de la rivière, attache son poney à un arbre et suit la rive, en quête de truites ou de chevaines. C'est surtout en mai qu'on pratique ce genre de pêche. Le matin et le soir la truite saute et laisse sur l'eau un cercle bien dessiné. L'adresse du pêcheur consiste à lancer aussitôt sa mouche et à la faire tomber juste au milieu du cercle que le • poisson vient de tracer. Un pêcheur habile lance sa mouche.avec une précision extraordinaire, sans jamais accrocher sa ligne aux ronces des arbustes et des buissons qu'elle est souvent obligée de franchir.

En Angleterre, il y a des concours de pêche pour lesquels on se passionne. Les femmes adorent la pêche à la ligne. Il n'est pas étonnant que l'imprévu, le hasard qui jouent un si grand rôle dansl'affaire excitent au plus haut point leur curiosité.

LE LAWN-TENNIS

Un doux nom, un sport de demoiselles. Il convient à merveille aux blondes misses de keepsake qui l'ont importé dans les plages françaises et qui en font un agréable intermède entre deux 'parties de flirt.

Le costume de Lawn-Tennis est de tous les costumes de sport celui qui sied le mieux à la femme. Il laisse voir la jambe sous un jour dix fois plus inspirant que la gymnastique ou la natation. La jambe nue ou la jambe pantalonnée est sans charme, il faut le bas ou le maillot, c'est le secret des ballets

qui parlent tant à l'imagination. Je ne sais combien de mariages se sont ébauchés au Lawn-Tennis.

Comme règle de jeu, le Lawn-Tennis est assez simple. C'est un diminutif du jeu de paume caractérisé par le filet qui sépare les deux camps.

Lorsqu'il se joue à deux, le servant envoie là balle à coups de raquette l'autre, le-receveur, la renvoie également de sa raquette, en la prenant de volée ou à son premier bond et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle soit manquée par un des joueurs, ou qu'elle tombe dans le filet, en dehors des limites.

Le lawn-tennis se pratique également à trois ou à quatre. A trois, il y a un servant pour deux receveurs.

A Paris, il se joue surtout au Bois de Boulogne, sur la pelouse du cercle des patineurs. L'endroit est délicieux et le costume de plage qu'on y adopte forcément contraste d'une façon bizarre avec ^les toilettes correctes du défilé de l'Avenue des Acacias.

Les belles parties ontlieulematinvers onze heures et de quatre heures à sept. Les habituées de l'endroit et du jeu sont Mesdames de Belbœuf, Maurice Ephrussi et Mlle Post. Parmi les joueurs le comte d'Andigné, le comte de Charnacé, le comte de Janzé, Maurice Ephrussi, le comte de Montesquiou, comte Haro, Brinquant, comte d'Alsace, prince de Rohan,R. Hennessy et-quelques attachés de l'ambassade anglaise, MM. Herbert, Edwards, Lawther et Carey:

LE CRICKET

On sait que les Anglais n'aiment pas à être gênés dans leurs entournures, et

qu'ils, ^arrangent de façon à retrouver I partout, même au bout du monde, les ^plaisirs favoris de leur blonde patrie.

Parmi ceux-là compte le cricket il n'est pas de village anglais, qui n'ait sa société de cricket, et toute ville de 15 à 20,000 habjtaiits, possède au moins deux ou trois cricket-club, avec professeurs entretenus à prix d'or.

Aussi n'est-il pas de ville au monde, ayant une colonie anglaise assez nombreuse qui hésite à fonder son cricketclub. L'un ne va pas sans l'autre. A Chantilly, à Boulogne-sur-Mer, à Cannes à Nice, à Lille, c'est plein de sociétés de « cricketiers ». A Paris, depuis de longues années, l'Anglo-Parisian-CricketClub tient ses réunions sur la pelouse de Madrid, àcôté du cercle des patineurs. Des Anglais seuls en font partie; les Français ont essayé du cricket mais n'y ont pas mordu.

Chaque dimanche d'été, le matin et le mercredi dans l'après-midi, il y a des cricket-meetings. Il faut voir, les deux camps, onze par onze, rivalisant d'adresse et de force à lancer la boule, à l'attraper, à renverser les « stumps » ou piquets du camp opposé. Rappelons que dans chaque camp.-trois piquets sont plantés en terre devant eux, se tient le « batesman » armé d'un battoir, destiné àarrêter et rejeter la boule lancée par les « bowlers » de l'autre camp. Je n'insiste pas d'ailleurs sur ce leu un peu trop anglais, assez fatigant et agréable surtout à regarder.

LE CROQUET

Encore une importation anglaise, mais qui a beaucoup prospéré en France et n'a pas tardé àfaire lajoiedes châteaux et des Casinos.

Le croquet est très répandu. Aux environs de Paris, toutes les villas ont leur jeu de croquet et, à Paris même, on y joue dans quelques grands jardins et près de la Muette.

Le croquet est un véritable sport de famille, où petits et grands peuvent prendre part et s'intéresser. Il plaît beaucoup aux jeunes filles, et elles y mettent souvent une animation surprenante. Le désir de gagner les décide même à faire appel à la galanterie de leurs adversaires. Ne me croquez pas, monsieur, je vous en prie 1

En général, on se laisse attendrir quand la suppliante est jolie; on s'abstient

de « croquer » et l'on est récompensé par un petit sourire très agréable. Les autres joueurs ont beau réclamer etcrier qu'on triche, on recommence à la première occasion, et parfois ce genre de tricherie devient un sorte de flirtage discret, qui forme bientôt le principal attrait de la partie.

Pour la description- du croquet, avec ses arceaux rangés en arche, ses poteaux et sa cage, je renvoie au joli panneau de Clairin placé dans la grande salle de jeu du casino de Monte-Carlo,

On joue beaucoup au croquet dans les jardins publics, aux Tuileries notamment, où plus d'un promeneur ou d'une promeneuse attardés voire même des couples, s'enchevêtrent à la nuit tombante dans quelque arceau oublié et font forcément la culbute en pestant contre les anglais et leurs inventions maudites.

LE POLO

C'est en quelque sorte le croquet à cheval., v

Les joueurs doivent être montés sur des poneys. Ils se divisent en deux camps. Dans chaque camp se trouve un but indiqué par deux poteaux placéa à six mètres l'un de l'autre.

La boule est jetée au milieu de 1 arène et chaque camp essaie de la faire passer entre les deux poteaux du camp ennemi.

L'amusant de ce jeu est surtout dans sa mise en scène et ses prépavf ratifs. Il est assez curieux de voir arri^ ver les poneys conduits parleurs grooms\ se ranger, devant la piste, les jamljesf `~ entourées d'épaisses flanelles destinée* à les préserver des coups de mailloche qu'ils sont forcés d'attraper dans lar- mêlée. J'ai vu jouer' le polo à Deau>ville, à Dieppe et sur la pelouse de Mav" drid, en présence d'une assistance fémir* nine des plus choisies qui prenait 1$/ plus vif plaisir à ce spectacle.

Les costumes réglementaires n'ayant tagentpas ceux qui les portent et il faùcj même une assez grande abnégation de? coquetterie pour adopter devant un sexef assez prompt à des observations mali-

cieuses une tenue qui fait ressembler les cavaliers à des canotiers à cheval.. ̃ Les meilleurs joueurs du polo, qufj, aujourd'hui, est un peu délaissé maintenant, s'appelaient James Gordon Bennett, Robert Hennessy, Brinquant, dtr Bos, les Ephrussi, Gôuturié, etc. Le polo est un jeu dont on ne revient* pas toujours sans blessure. J'ai vit souvent des bras en écharpe et des yeux au beurre noir à la suite d'une partie de polo. A ce compte là, à mon sens, un divertissement de ce genre perd une grande partie de son attrait.

LA FAUCONNERIE

La Fauconnerie est un sport au Bois dormant elle a des sommeils de cent ans, après lesquels elle se réveille pour se rendormir ensuite.

Elle eut un réveil en 1865, où il fut question d'organiser un Hawking-Club» comme en Angleterre. A la même époque, un veneur de la Sologne, M. Georges de Grandmaison, installait dans son château un équipage de dix pèlerins, dirigés par le fauconnier John Barr, un? des meilleurs fauconniers de l'Angleterre.

Peu après, se fondait l'équipage de fauconnerie de Champagne, sous la présidence de M. Alfred Werlé. Il' comptait pour principaux sociétaires MM. le vicomte de Champeaux-Verneuil, baron d'Aubilly, vicomte Adrien de Brimont,. comte Le Coulteux de Canteleu, vicomte G. de Grandmaison, comte Fernand da Montebello, de Aldama, Pierre Pichot. Le président obtenait de l'Empereur l'autorisation d'installer ses oiseaux au camp de Châlons, et les vols de l'équipage furent assidument suivis pendant quelques années, à l'époque des grandes manœuvres.

Des circonstances particulières amenèrent la dispersion de l'équipage en 1868. John Barr et ses oiseaux reprirent leur vol vers l'Angleterre.

Depuis cette époque, un petit nombre d'amateurs ont seuls conservé des échantillons de fauconnerie, Parmi eux, on cite MM. Paul Gervais, Alfred Belvallette, comte de Toulouse-Lautrec, Barrachin, de Tholosani, Magaud d'Aubusson, Foye, etc.

Le dernier réveil de ces nobles déduits vient d'avoir lieu au champs de Mars, où nous avons été conviés à suivre le vol à l'autour.

L'Autourserie,mieux encore que la fauconnerie mériterait d'occuper nos loisirs.L'autour est en effet l'oiseau pratique par excellence, facile à dresser, n'entraînant pas de frais, prenant beaucoup de gibier et pouvant chasser dans les pays couverts. Les anciens fauconniers l'avaient même surnommé le « cuisinier », parce que de tous les oiseaux de chasse, il est celui qui approvisionne le plus abondamment le garde-manger. Il vole dans la perfection le lapin, le lièvre, la perdrix et le faisan.

On lui joint l'épervier, son diminutif, pour le vol de la caille et autres volatiles de mince envergure on a dans ces deux oiseaux lesplus habiles pourvoyeurs de la cuisine.

On cite une femelle d'autour qui prenait des lièvres de sept à huit livres. Elle roulait quelque fois avec sa prise; elle ne la lâchait jamais. Elle s'appelait Junon et faisait partie de l'équipage de M. A. Bel Valette, auquel elle prit,. du mois d'Août 1883 au mois de Janvier 1885, 277 lapins.

On nous a montré aussi des oiseaux de haut vol réprésentés pav quatre faucons pélerins, venus du Hawking-Club de Lyndhurst près de Southampton. Malheureusement, on n'a pu les lâcher qu'à des répétitions et juste assez pour s'apercevoir qu'il ne fallait pas les lâcher.

° Gérant ANDRÉ PIQEONNAT

Paris– D< CAastflMEOi., imprimeur, 26, ruaDroa» (Imprimerie du Figaro) BnereLoRiLi.Bg» Imprimé anr les machine» rotativa3 MARIHBai.