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Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1929-03-02

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 02 mars 1929

Description : 1929/03/02 (Numéro 517).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2737515

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Dépense 620 fr. 4 1/2 sur les confitures et

sur l'argent 3

v V 623 fr. 4 1/2

Reste en caisse 55 fr. 14 1/2 ̃̃̃̃"̃ 678 fr. 19 1/2

Déficit mon avantage de 3 fr. 2 sous. Dépense générale du mois de janvier

1K3G

Nourriture mois, 2 jours

chez le traiteur 112 fr.' 1 sol, Chapeaux, bûches économi-

ques, joaillier 6 fr. 19 sols Huile, veilleuses 2 fr. 18 1/2 Entretien de la maison,

vaisselle,, port de lettres 15 fr. 9 sols Dépense commune de M.' et

Mme Toto ̃ 49 fr. 19 sols Blanchissage gros et fin 10 fr. 12 sols Toilette, entretien 8 fr; 7 sols Dettes 1 billet à Jourdain et un acompte à Manière

rfe 200 "fr. en biljet. Total 250

2 loyers plus 1 fr. à la por-

tiére pour la corde du

puits 146,

Aux Lanyins 4 fr. 61/2 Faux frais, étrennes, vais-

selle cassée, au restaurant 9 fr. 11 sols Maladie 2

Dépense de Claire, fiacre,

etc. 2 fr. 11/2

.̃• ̃•̃ ir ̃̃

V 620 fr. 4 1/2

Dépense détachée de la maison et de mon entretien et de ma toilette 167 fr. 19 sous 12.

Le surlendemain Juliette écrit avec enjouement

3 janvier, dimanche soir, 8 h. 3/4. Mon cher petit homme, le vous aurais écrit un quart d'heure plus tôt sans l'évéitement fâcheux qui vient d'arri\>er. Figurez-vous qu'en voulant vous écrire plus vite, j'ai posé' deux assiettes sur ma table de nuit qui sont tombées avec un fracas épouvantable.

Heureusement que les susdites assiettes étaient en terre de pipe, ce qui diminuera d'autant- le sinistre, et comme je me suis écriée que si vous étiez Ici vous m'auriez donné des calottes 1 Turlurette a prétendu que ce serait bien plutôt niyl <jut tfoiïé'ètt' donnerais ̃'̃; je vous laisse le soin d'apprécier ce que cette' assertion1 à de' érai~. >' Je pous aime, mon Victor, je t'aime mon beau Toto, je vous adore mon Tyran et-je tombe vaincue à vos pieds. C'est un exemple que je ne crains pas de donner à cette affreuse vieille du pont des Arts (1). Venez vite, mon cher petit homme, et apportez avec vous deux grandes joues et une énorme bouche pour tous les baisers que j'ai à vous donner.

Celle que Juliette appelle avec tant d'irrévérence « l'affreuse vieille du pont-des-Arts », n'est autre, on le devine, que l'Académie française. Victor Hugo, qui fut par excellence un candidat malheureux, devait s'y présenter dès le mois de février. On lui refusa alors le fauteuil de Lainé pour le donner à un vaudevilliste applaudi en son temps Dupaty. il posa de nouveui sa candidature et se vit, en novembre de la même année, préférer Mignet pour le fauteuil de Raynouard.

Rares instants de gaieté. Juliette, le plus souvent, est accablée d'ennui et l'impatience la gagne. Le g3 janvier au soir, elle trace ces lignes amères .J'ai un mai de tête atroce. Je" ne Mous vois 'toujours que cinq minutes par jour, ce qui est beaucoup pour vous et pas assez' pour moi. Je" voudrais bien scyioir quand ce petit commerce d'impatience, d'attenle et d'ennui finira. Il y a déjà trop longtemps que ça dure, il serait bon que cela finisse très tôt.

Comme elle se reprend vite toutefois, dès qu'elle sent que son amant a de la peine. Le petit François- Victor est-il souffrant, elle trouve aussitôt dans son coeur les accents les plus doux, les plus tendres, les plus compatissants 2 février, mardi soir, 10 h. 10 minutes. Tu viens à peine de me quitter, mon cher adoré, et déjà je nie sens le besoin de ̃te dire que je t aiu:e et que je te desfre comme s'il y avait plusieurs heures que je ne t'aie vu. Pauvre cher petit bien-aimé, tu es triste et inquiet et je partage ta tris(1) Cette phrase a été citée par M. Louis Gulmbaud.

LA VIE INTELLECTUELLE EN PROVINCE LES CHANSON^ D& LA BORDE ET LEUR AUTEUR

.• -•̃ II..HI h u ,i',i,i jmnM,i>i' ̃"̃

An dire de certains bibliophiles, tes Chansons de La Borde sont le plus précieux des livres que le xvui0 siècle nous ait laissés. Aucun livre, d'ailleurs, n'atteint un plus haut prix dans les ventes publiques au printemps dernier, ces deux volumes ont été adjugés, à l'Hôtel Drouot, pour la somme de 94 000 francs plus les droits de vente. Il est vrai que c'étaient des volumes grands de marge, habillés d'une reliure ancienne en parfait état et enrichis d'un billet autographe de La Borde. Ce n'en est pas moins un beau prix. Qu'était-ce donc que l'auteur de ces chansons ? Sur ce sujet, M. René Pichard du Page, conservateur adjoint de la Bibliothèque de Versailles et président de l'Académie de cette ville qui s'est appelée, jusqu'à l'an dernier, Société des sciences mo- rales, des lettres et des arts de Seineet-Oise), a donné une étude aussi agréable qu'érudite, dans la Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise (Librairie Léon Bernard, à Versailles). Sous la conduite de cet excellent guide, faisons la connaissance de Jean-Benjamin'de La Borde et de la plus connue de ses oeuvres.

'• ,–̃̃̃̃ v*VV ̃̃:̃̃̃ "̃'

Ne à Paris en 1734, il était un des quinze enfants du fermier général JeanFrançois de La Borde, Languedocien d'origine et ancien député de Bordeaux au Conseil du commerce. De ces quinze enfants, cinq seulement survécurent, trois filles et deux garçons. L'aînée des filles, mariée -en premières uoces à M. de Marchais, premier valet de chambre du Roi, devint plus tard Mlle d'Angivillier. La seconde épousa M. Fontaine de Cramayel, fermier général, et la -troisième M. Brissard, autre fermier général. Jean-Benjamin de La Borde devait exercer un }our les mêmes sondions on ne saurait imaginer une famille plus complètement « de finance".

Dès son plus jeune âge, Jean-Benjamin avait été desliné par l'ambition pa-

Juliette.

fesse et ton inquiétude parce que j'aime tùn enfant comme s'il était notre enfant. .le donnerais ma vie pour lui épargner; une s'wf fronce. Pauvre petit chat, pauure petit Toto Victor Hugo, tu ne sais pas qu'il a a pas bien loin de ta maison une paubre vieille femme dont le bonheur et la joie dépendent de ta santé et de ton sourire. Dors bien, mon pauvre petit, que les. baisers" que je V et voie aillent tous dans ta pauvre, petite oreille malade et te guérissent.

Toi, mon grand Toto, calme-toi, reposetoi, pense que je n'ai que toi au monde et que si tu tombais malade je ne saurais plus que devenir ni où aller. Toute ma vie est dans toi, tout mon bonheur est dans .ta santé et dans ton amour. Dors bien aussi ma..pauvre âme. avec ton petit.. :toi dans les bras et ma pensée dans ton \cceur. Dors bien, et. ne te réveille que tard et reposé, et calmé,, et joyeux et m'ai- matit. .J'ai besoin de, te voir. J'ai besoin de partager tes chagrins si tu en as. J'ai besoin de me réjouir de la joie si tu, en as, enfin, j'at besoin de toi n'importe comment.

̃̃̃ JULIETTE.

Elle est toujours hantée par son désir de rentrer au théâtre, mais elle n'ose pas l'avouer encore et elle. n'y fait que des allusions timides

5 février, vendredi matin, 9 h. 1/2. Bonjour mon cher petit Toto. Je t'aime mon petit homme. J'espère que notre pelit malade a passé une bonne nuit et je m'en réjouis pour toi, pauvre àme, qui as tant besoin de repos et de calme. Mon cher petit bijou je vous aime, allez. Je voudrais vous être bonne à quelque chose, je voudrais travailler à ta place. Toute les nuits, je cherche dans ma tête ce qu'il faudrait que je fasse pour te donner un peu de repos. Si j'étais la maîtresse d'agir, j'en trouverais bien un, mais vous voulez fourrer votre nez partout où vous n'avez que faire,

Le lendemain, nouvel accès de tris-

tem<:« .«}»» mr i,

'̃̃'̃ '"6 f'évriérl samedi soir, 8 hv 1/4;' Je suts toujours^ irMè^ mon cher Vïctvr, rien ne peut in'ôter de l'idée que tu évites de venir auprès de moi le plus que tu peux. J'ai beau me dire que tu es boit et diyouè, que lu es le meilleur et le plus indulgent des hommes, je ne trouve pas à me dire que tu m'aimes autant qu'autre-' fois de vient toute mon humeur, tous mes emportements, toutes mes larmes..le suis irritable, je souffre et je suis jalouse, ce qui t'explique assez comment je me trouve la plus malheureuse des femmes. .le tâcherai cependant d'être un peu moins maussade que tantôt, ne fût-ce que pour te remercier de la douceur et de la patience que tu mets avec moi, et puis, mon amour, parce que je t'aime et que je souffre plus que toi des tracasseries que je te fais. Oui, je t'aime, oui je suis jalouse, oui je té tuerai si tu essayais de me quitter, oui', oui, ce serait lâche et cruel ci toi si lit profitais d'un accès de souffrance et de folie pour me quitter.

Je t'aime, mon Victor bien-aimé, je t'aime. Oh Je t'aime

Au.mois de mars commence»^- awx Français les répétitions d'Angelo dont la reprise aura liou lo 26. Le rôle la Tisbe sera tenu par Marie DorvïU celui de la Gatarina, sera confié àiMme Volnys. De la Dorval surtout J^jigttc ne peut s'empêcher d'être jalouse elle l'envie en même temps qu'elle la soupçonne, qu'elle la redoute comme uue rivale possible. Et bien qu'elle se con; tienne, ses inquiétudes et ses craintes percent dans le ton de ses lettres 3 mars, jeudi soir, 8 h. 1/4.

C'est avoir fameusement de conscience que de vous écrire régulièrement comme je le fa's puisque vous ne lise: pas mes pâtés ni mes gribouillages. Si je le fais, vous pouvez compter que ce n'est pas pour vous, mais bien pour moi qui ai tant de bonheur à vous répéter que je pous aime. Si je pouvais, je le crierais sur tous les toits et je l'écrirais sur tous les murs de Paris, ma:s je n'ai pas la voix aussi forte que mon amour et vous ne voulez pas être compromis je me borne donc à

ternelle à la même carrière, tout en cultivant les lettres et les arts-la musique en particulier vers tesquels le portaient ses goûts. « Paré des séductions de la jeunesse, de la richesse et des dons de l'esprit, il brûlait du désir de paraître et de se mettre en avant. » Louis XV demanda à le voir et fut tellement sensible à ses qualités d'esprit et de caractère qu'il l'attacha à sa personne en l'associant dès 1762 à son beau-frère, M. de Marchais, dans la charge de premier valet de chambre, charge dont La Borde resta seul titulaire après la mort de Marchais. La Borde était prodigue et s'engageait inconsidérément dans des entreprises hasardeuses. « Plus j'ai d'affaires, disait-il, et plus je suis à mon aise. Je me suis couché plusieurs fois, n'ayant rien pour payer le montant énorme des billets qui devaient m'être présentés le lendemain. Il me venait, avant de m'endormir, ou même pendant mon sommeil, une idée qui me frappait. Je sortais le lendemain de grand matin et mes billets se trouvaient acquittés dès le jour. » M. Pichard du Page suppose que, plus d'une fois, La Borde touva ces* inspirations de génie dans la cassette royale; *>̃ Vers 1763, il était devenu l'un des amants officiels dé Mlle Guimard, la célèbre danseuse, la plus dépensière, peutêtre, de toutes les femmes à la mode de ce temps, une .de celles qui firent le plus de passions, qui eurent le plus de retentissantes aventures. « Cent marquis se ruinèrent pour elle, a dit Arsène Houssaye mais, ce qui semblera beaucoup plus surprenant, c'est qu'elle ruina presque un fermier général. » Mais, en 1773, le maréchal prince de Soubise, qui, depuis quelques années, assurait à la Guimard, moyennant deux mille écu* par mois, un luxe inimaginable de toilettes, d'équipages et d'ameublement (Fragonard décora son hôtel de la Chaussée •' d'An*in),. exigea qu'elle donnât son congé au valet de .hambre

la discrète et innocente feuille de papier pour vous dire ce que j'ai dans l'âme».. Le danger est-il passé avec l'hiver V Aux premiers beaux jours le cœur de Juliette se réchaufi'e, son amour refleurit et un hymne d'adoration monte à ses lèvres

1 avril, vendredi soir, 7 heures. Je vous aime de toute mon âme, je vous ,s1 aime plus que tout aii monde, vous êtes mon amant bien-aimê, vous êtes ma religion, vous êtes mon Dieu. Vous remplis sez à vous tout seul tout mon cœur et toutes mes pensées.

Cher ange, voici sept heures un quart, je n'espère plus, je suis triste comme si un malheur m'était arrivé c'est bien plus,c'est la perte d'un bonheur qui m'était promis, je t'aime, dû, c'est bien sûr. Juliette.

A là fin du mois, elle établit encore son budget ·

Recette générale au mois d'avril 1836 lot. Reste en caisse. 33 fr. > 4 1/2 id. de la bourse de mon

pauvre ange •* ̃ 3. argent de la bourse de

mon amour 10

5. argent gagné par mon

pauvre Toto 50

8. argent de la bourse de

mon chéri 10 0

10. argent gagné par mon

pauvre adoré 50

11. argent gagné par mon 1 0

Toto aimé 150

13. argent de la bourse' de

mon petit homme 20

16. argent gagné par mon

cher bièn-aimé 100 18. argent de la bourse de

de mon cher petit

homme 10 0

39. argent de M. Pradier.. 100

23, argent de la bourse de

mon petit mari 5

24. argent de la bourse de

mon pauvre petit bien-

aimé 1 fr. 14 sols Ifr.l4sols 25. argent de la bourse de

mon cher adoré.. 15

27. argent gagné par mon

pauvre' petit suuvèur/J. )(100;'

1' 1 .lJ.J.WJ.J" j

Total ides reeettes' ̃'•̃̃ Dans la dépense j'ai oublié le renouvellement de 3 reconnaissances du 2 avril 1 de 50

1 de 20 intérêt 13 mois, plus le mois

commencé. 90 Dépense générale du mois d'avril 1836 sous liards

Nourriture 95 3 1 Entretien de la maison,

port de lettres, douzaiae

serviettes 31 4 1 Blanchissage gros et fin 19 15 1 Entretien toilette, chapeau

noir, pantoufles et sou-

liers 58 1 Dépense commune de M. et t

Mme Toto 63 8 Eclairage y compris (î li-

vres de bougies il 2 frs. 22 5

Dettes à Mlle Françoise,

acompte 100

Loyer de la petite chambre 20

1 Gages de la bonne y com-

pris le vin 21 13

Faux frais y compris 2 li-

vres der: bougies jardins- 5, .9,

Maladies, sirop 7

Aux Lanvrh's.̃ ̃̃̃" 3'2 2 Dépense de Claire y com- pris la pension, le rou- lage, les serviettes, les

souliers, les voitures, etc. ;146 19 12 Total de la dépense 594 0

Reste en caisse

51 fr. 12 sous

Déficit 15 fr. 2 sous l/2.i

Total de la recette.. 660 fr. 12 sous 1/2

Voici venir maintenant les vacances. Les amants ne retourneront pas dans la vallée de la Bièvre. Ensemble ils partiront pour la Normandie. ils visiteront Fougères, le Mont-Saint-Michel ils auront pour compagnon de voyage, en juin et juillet, Célestin Nanteuil. Et nous ne les retrouverons qu'à leur retour.

Jacques Patin.

(A suivre.)

JULIETTE.

du Roi. Celui-ci tomba dans une afi'reuse mélancolie.perdit le goût de tout, même de la musique, et se mit à voyager « pour dissiper ses vapeurs, disent les Mémoires seciets de Bachauœont, et perdre le<s*uvenir de l'infidèle ». Il se refidit'd^àboïd'ett Stiîsse et fit une visite à 'Voltaire' comi'hë 'c'était' la mode chez les hommes distingués de ce temps puis il « galopa l'Italie », selon l'expression de l'abbé Galiani, qui le reçut à Naples mais ce voyage fut de courte durée, et La Borde ne tarda pas à revenir à la cour de Versailles. Il venait d'ailleurs de recevoir de Louis XV la charge de gouverneur du Louvre. Le Roi' mourut peu de temps après, après avoir conservé jusqu'au bout l'assistance de son fidèle serviteur. Comme la faveur même dont La Borde avait joui sous le règne de Louis XV n'était pas propre à lui valoir la bienveillance de Louis XVI, il céda sa charge de premier valet de chambre à M. Richard de Livry, fermier général, dont il prit la charge. Enfin, renonçant à la vie dissipée qu'il avait menée jusqu'alors; il se maria. Mme de La Borde, née Adélaïde-Suzanne de Vismes, était « une femme vertueuse et aimable, piquante sans être absolument jolie, entendue à recevoir sans étaler un luxe turbulent, accueillante aux avances des grandes dames sans marquer à la rechercher un empressement excessif ». Dans son hôtel de la rue Grange-Batelière, elle sut attirer l'élite de la société parisienne. La table du fermier général passait pour la plus somptueuse de la capitale, et'La Borde veillait à ce qu'on entendît chez lui de beaux concerts. Sa femme, qui était fort intelligente et de beaucoup d'esprit, avait la réputation d'être une lectrice incomparable. La nouvelle reine voulut en juger elle-même, et l'épreuve eut un tel succès que MarieAntoinette décida d'attacher Mme de La Borde à sa personne. La Borde ne tarda pas à retrouver sa faveur à la cour et reprit son appartement £U château. Dès lord, las des frivolités de l'ancienne cour, il fut tout à son bonheur domestique, aux plaisirs de l'amitié et aux obligations de sa charge. Mais quand éclata la Révolution cette charge devint le principal titre de sa

LA RIVALE NOUVELLE

1 de 20

Quinze jours après ses noces, la jeune épouse s'aperçut, pour la première fois, que son mari la trahissait. Ils avaient été à la montagne peutêtre, pour voir de plus près .la fameuse lune de miel non dans une de ces pensions habituelles où les jeunes couples sont enviés, épiés et souvent l'objet des quolibets, mais dans la demeure d'une vieille paysanne qui avait servi autrefois dans la famille du marié toute la maisonnette, qui s'élevait au milieu d'un épais bois de châtaigniers, était à leur disposition.

i On ne pouvait imaginer un lieu plus beau et plus propice a de jeunes époux .ajmoureux comme des chats, passant leurs journées, comme ceux-ci, à l'ombre des buissons que parfumaient les champignons, ou bien parmi les fleurs lisses et dorées brillant tels des cierges, dans la pénombre du bois mais cellesci ne participaient pas à leur amour. car, de la main, la jeune mariée les effeuillait.

La vieille préparait les repas, composés, presque toujours, de champignons exquis et excitants. A midi, les époux déjeunaient dans la cuisine fumeuse qui ressemblait à une antique pièce flamande le soir, ils préféraient diner dans leur chambre située à l'étage supérieur, car la cuisine se remplissait des silhouettes rouges et noires du mari,,des fils et des parents delà vieille. Jeunes et vieux, c'étaient tous des hommes vigoureux, de rudes bûcherons qui revenaient de la forêt où tout le jour ils avaient coupé et fait rouler te long du torrent de gros troncs d'arbres. Après avoir mangé comme des loups, ils buvaient et fumaient leurs pipes dont l'odeur, pénétrant jusque dans la chambre nuptiale, déplaisait à la jeune .femme et lui donnait des nausées.

Son marj; jaîusajt <jue de icigarettes v naffiimèeK, e,t .en petit /nombre." Mais aaps la deuxième semaine die leur mariage, il en fuma davantage, commençant évidemment à s'ennuyer la jeune épouse, avec l'intuition de toute femme amoureuse, s'en aperçut,. Son premier sentiment de jalousie fut donc causé par les cigarettes de son mari cependant, elle aussi fumait avec plaisir.

Le temps était devenu mauvais. En attendant le retour du soleil, les doux jeunes mariés, lorsqu'ils n'avaient rien de mieux il faire, fumaient tant qu'ils le pouvaient. Le malheur était que, durant les jours de fortes pluies, les hommes n'allaient pas au travail et remplissaient la cuisine de leur tumulte et de la fumée de leurs pipes quelquesuns montaient même dans les chambres à l'étage supérieur et alors toute la maison tremblait sous ces pas de géants ferrés. Les deux époux devaient donc rosier dans ta chambre nuptiale entièrement encombrée d'«n lit monumental. N'ayant pour toute distraction, avec le reste, que le plaisir de fumer, ils ne parvenaient pas à dissiper leur ennui et avaient même projeté de partir si le mauvais temps persistait. Un soir, .la jeune femme se, coucha (tôt, étant enrhumée la vieille lui prépara, avec de mystérieuses fleurs des'séchées, une boisson chaude qui lui fit éprouver, immédiatement, une sensation de bien-être et de douce somnolence semblable à celle provoquée

par l'aspirine.

Il Elle proposa alors à son mari de sortir seul et d'aller, comme il en avait le désir, dans une pension du village où l'on faisait de la musique.

Mais il descendit plutôt à la cuisine de la vieille et se trouva parmi ces beaux types de montagnards aux dépens desquels il voulait s'amuser.

'.̃̃'•̃̃̃̃

En remontant làrhaut, il était tout imprégné de l'odeur des pipes que la jeune femme perçut vaguement en dormant, car elle rêva ensuite qu'elle aussi fumait la pipe.

Le soir suivant, les difficultés com-

proscription, sous la Terreur, et la cause de sa mort.

On sait l'exemple de Lavoisier en est l'exemple le plus connu et le plus lamentable que les fermiers géné'ijaux furent jvi ses les premiers par' la fureur révolutionnaire. Aux premiers jours du nouveau régime, La Borde fut privé de sa charge et se trouva à peu près ruine. La maison qu'il habitait place du Carrousel ayant été incendiée le 10 août, il perdit sa bibliothèque, composée de 2o.000 volumes des plus belles et des plus rares éditions, plus de 2.000 dessins des grands maîtres qu'il avait rapportés d'Italie et d'Espagne, plusieurs bons tableaux, tout ce qu'il possédait à Paris.

Que devenir ? La Borde ne voulut pas émigrer il se réfugia en Normandie, à Caudebec, où il vécut dans une situation précaire. Mais, sa retraite ayant été découverte, il fut emprisonné dans l'hôtel de Talaru, rue de Richelieu. qui était devenu une maison d'arrêt, et, au lieu de tâcher de se faire oublier, il eut l'imprudence de presser lui-même son jugement. Le 3 thermidor an II, il fut condamné, comme « ennemi du peuple », d'après des chefs d'accusation inexacts ou absurdes, et le lendemain il monta sur l'échafaud. Si sa condamnation avait été prononcée cinq jours plus tard il aurait été sauvé par la réaction du 9 thermidor.

̃̃ *V

i Jean-Benjamin de La Borde ne',fut ;pas seulement un financier, un courti"san, un homme de plaisir, enfin un 'bon époux et un bon père il fut aussi, à ses heures, compositeur de musique, dessinateur, écrivain, historien, géographe et poète. C'est le compositeur qui nous intéresse maintenant. Quelle précocité Il n'avait pas quatorze ans quand il écrivit sa première œuvre musicale, la Chercheuse d'oiseau. Quelle fécondité Il ne composa pas moins d'une trentaine d'ouvrages, tant pour l'Opéra et la Comédie-Italienne que pour les théâtres de la Cour et des Grands, mais son biographe qui est un musicologue très distingué, nous dit que, dans cette production dramatique, la quantité l'emporte quelque peu sur ta qualité. Ce fut d'ailleurs l'avis des contemporains, notamment

mencèrent son mari lui ayant conseillé de se coucher tôt comme la veille et d'absorber de nouveau la boisson somnifère, descendit spontanément à la cuisine.

dait quel divertissement pouvait lui procurer la compagnie de ees rustres puant le vin, le mauvais tabac, et dont le langage barbare n'était du reste pas compréhensible.

Le lendemain matin, elle vit apparaître, avec un sentiment de jalousie au cœur, une très belle femme dont la 'présence semblait illuminer la sombre cuisine. Vêtue d'un costume rouge et violet, semblable à- celui des tziganes, elle portait, ainsi que des chaînes et des médailles dé cuivre, de grosses épingles scintillant sur l'édifice de ses cheveux d'un noir verdàtre. Ses yeux également étaient verts, et son visage très blanc, d'une transparence extraordinaire. Grande et forte, elle semblait être enfin la digne fée de ces forêts encore primitives, née avec les champignons et les orchidées sauvages au milieu des ravins moussus.

C'était une bru de la vieille, venue d'un village situé plus bas, au pied de la montagne.

vV

Lorsque le soir arriva, le jeune marié conseilla de nouveau à son épouse de se coucher tôt. ̃̃••»̃ Elle se rebella.

Tu peux t'en aller où il te plaît, dit-elle d'une voix sourde, toute ehan-gée. Je reste là-haut, lire.

Elle refusa aussi de prendre l'infusion qui l'endormait, ayant l'impression que la vieille et son mari étaient de connivence pour accomplir une mauvaise action.

Il resta auprès d'elle, mais avec de la mauvaise humeur, un air méchant et des yeux sombres. Dans le silence, on entendait de temps, aijlre comme .un furieux battement, .d'ailes- C'étaient, les pages des journaux 'que tournaient:1 les époux. Puis une sorte de petit rugissement retentit c'était l'homme qui bâillait.

Cette mélancolie dura plusieurs soirs de plus, dans la journée, il trouvait toujours des prétextes pour s'éloigner de sa femme, et celle-ci observait, avec une angoisse croissante, que cela se produisait presque toujours lorsque la femme vêtue de rouge et de violet n'était pas à la maison. Un jour, enfin, elle s'aperçut avec horreur, qu'au retour de ces promenades mystérieuses, il puait la pipe dont étaient imprégnés les cheveux et les vêtements do la présumée rivale.

-t~

̃

Elle décida alors d'en avoir le cœur

net.

Le soir venu, elle redemanda la môme boisson et feignit .de se coucher, en se plaignant d'une recrudescence de son mal. Puis elle conseiHa a son mari de sortir, ce qu'il fit avec la précipitation d'un chat rendu à la liberté dans

(Un, ja^djn rempli d'autres chats, après

une ïpngue inclusion à la maison. Palpitante d'émotion et tout èiCmoi- teur, elle se leva doucement', se revêtit,' descendit pieds nus, dans l'obscurité, le petit escalier de bois et pénétra dans la chambre du rez-de-chaussée communiquant avec la cuisine. La porte de celle-ci étant ouverte, elle eut une vision qui ne s'effaça jamais de sa mémoire.

Les bûcherons avaient terminé leur repas sur la table se trouvaient encore des assiettes de terre grise ornées de fleurs bleues, contenant des restes de polenta et de sauce r.ougeàtre, ainsi que des pichets destinés au vin, et assortis à la vaisselle.

La vieille et sa bru s'étaient déjà levées de table. Au milieu d'hommes jeunes et âgés, vêtus de rouge et de noir, les uns barbus, les autres rasés, ayant tous le verre à la main et la pipe à la bouche, était assis, comme Jésus parmi les apôtres, le blond et

celui de Rameau, qui avait été le mai- j tre de La Borde pour la composition « II est très savant en musique, mais il n'a ni génie, ni talent. Si la nature lui a refuse du génie et _mêju,g d.u,, ta, lent, j ~I elle! l'ar prodigieûsjeîùerit w$è4<ajijmaigé c

par la présomption .qu'ieUenliiica-doûT'

née».

Et cependant La Borde ne négligeait rien pour « faire passer » sa musique il dépensait sans compter pour la mise en scène et choisissait généralement bien ses collaborateurs, parmi lesquels il faut nommer Sedaine, Marmontel et Chamfort enfin il avait l'appui du Roi mais il ne sut point se concilier la faveur de Mme du Barry, qui demeura toujours rebelle aux charmes de sa musique. Un seul personnage du temps a fait l'éloge des compositions de La Borde c'est Voltaire, qui lui avait confié un livret, tiré de la légende de Pandore, à mettre en musique. Pandore fut jouée à Ferney mais elle n'eut jamais d'autres auditeurs que les hôtes de Voltaire.

Mais venons aux fameuses Chansons. Le recueil qui les contient est intitulé « Choix de Chansons, mises en musique par M. de La Borde, premier valet de chambre du Roi, gouverneur du Louvre, ornées d'estampes par J.-M Moreau, dédiées à Madame la Dauphine » il a été imprimé à Paris, chez de Lormeli imprimeur de l'Académie royale de musique, rue du Four-Saint-Jacques, en 1773.

L'ouvrage débute par un fin et charmant portrait de La Borde, gravé par Masquelier d'après un dessin de Denon, ayant pour légende ce quatrain de Voltaire qui fait allusion au retour de La Borde à Versailles après son voyage en Italie

Avec tous les talents le destin l'a fait naître. Il fait tous les plaisirs de la société.

Il est né pour la liberté,

Mais il aima bien mieux son Maître:

La deuxième page porte un élégant frontispice aux armes de la Dauphine Marie-Antoinette, avec une dédicace en vers. Un portrait en médaillon de la Dauphine figure au frontispice du second volume. L'ouvrage, en quatre to- mes, est généralement relié en deux. Il j est entièrement gravé, paroles et musi- i

pâle époux fumant lui aussi, aved dans les* yeux une langueur de volupté. une courte pipe de racine de la couleur des châtaignes. Grazia ,Deledda. (Extrait du recueil de nouvelles Le gage d'amour.)

(Traduit de l'italien par Paule Regel.) (Traduction et publication autorisées par l'auteur.)

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UN CINQUANTENAIRE

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Auguste PRÉÂULT Sculpteur du Romantisme

et « Nouvelîiste à la main » du Figaro Qui de nous, à l'âge des amours ou des jeux, n'a hanté la statue de Clémence Isaure, dans les jardins du Luxembourg ? La noble dame est l'oeuvre d'Auguste Préault. Nous devons donc une pensée au statuaire, quelque cinquante^ ans après la mort de ce Préault que la chronique a pu appeler le sculpteur peut-être le seul du Romantisme.

Ici surtout, il a droit il un salut le Figaro du 12 janvier 1879 écrivait «Un homme de grand esprit, un statuaire de valeur, Auguste Préault, qui si souvent a été, par ses bons mots, ses appréciations et ses critiques si mordantes, notre collaborateur, est mort hier samedi, à six heures du matin, succombant aux suites d'une maladie de foie. »

Chose curieuse, c'est en qualité d'auteur de nouvelles a la main que l'ar- tiste collabora au Figaro. Mais partons d'abord d'Auguste Préault sculpteur. Né à Paris l'année 1809, élève de David d'Angers, il exposait ses deux premières œuvres, Gilbert mourant et la Mendicité, au Salon de 1833. Suivait, en 1834, un fragment de bas-relief la Tuerie, puis, dans ` la suite, des sculptures qui sont célèbres, du Christ de l'église Saint-Gervais à Clémence Isaure, du général Marceau, qui a si grand air sur une place de Chartres, au Jacques Coeur qui honore Bourges, du Silence, \ê\$< en bas-relief qui décore le 'cfràetièro israélito du Père-Lachaise, nu 'Cavalier (juilloi» du pont d'Iéna, dé VOphé- J lie, médaillée au Salon de 1850, à la Comédie Humaine, etc., etc. Si Albert Wolff avait quelque raison de dire que le public restait indifférent aux œuvres d'Auguste Préault, qui jamais, dans son art, ne cherchait à séduire, et qui était tout le temps demeuré fidèle à l'esprit romantique, il n'est pas moins exact que le sculpteur jouissait auprès des écrivains et des artistes d'un très grand prestige. Voyez-le plu. tôt qui palpite, qui étincelle, bref, qui vit magnifiquement dans ce portrait qu'en traça Théophile Sylvestre

« Son esprit remué flambe et fume comme un punch aux folles couleurs et ne semble, à chaque jour, s'épuiser et s'éteindre qu'à l'heure oit tout Paris est endormi. Tombez chez lui au chant du coq, hiver comme été, il entendra le plus léger de vos pas, et à peine aurez-vous touché la sonnette que vous le verrez arriver brusquement on chemise, roulant, pour vous reconnaître, à travers la porte entr'ouverte, des yeux torves et méfiants, brouillés par lit lecture nocturne ou fracasses par la lumière des théâtres, qu'il fréquente avec une assiduité passionnée. Des cheveux rares, mais très mouvants, s'ébouriffent et s'agrteiït ̃'• sur sa grosse» tête comme tes1 bruyères d'une lande ra'Wèée. Les causeries et les boutades de la veille ont cassé > sa voix et fatigué ses traits, car il dépense de bon cœur le plus vif de ses forces pour soutenir sans défaillance et sans affront sa réputation d'homme d'esprit et d'artiste fougueux. Des plis parafés relèvent ses sourcils et tiraillent son front Sa bouche dure, dédaigneuse et brouillon- ne, siffle et mord avec la véhémence du serpent. Sa conversation, pleine d'ellipses, de bouillonnements, de soubresauts, d'écarts, excite la curiosité, gagne la sympathie et fatigue l'attention. »

Et Théophile Sylvestre montre le, causeur qui, de sa main inquiète, cherche il harponner sa victime au demeurant volontiers consentante et l'assaille de cent questions « N'est-ce pas '? Qu'en pensez-vous Peut-on dire autrement?», allant jusqu'à la contraindre à coups de coude à lui répondre « Oui, oui, c'est

que, et illustré, d'un bout à l'autre, de cent eaux-fortes. Ce sont ces illustrations qui font presque toute la beauté de l'ouvrage.

| firétr y a-trouvé « les charmes d'une 'mélodie exquise dans certaines de ces3 ̃chansonV, comîûe le Déclin du jour ̃ Et vois-tu ces coteaux se noircir

Et. nos troupeaux se réunir ?.

Mais selon M. Pichard du Page, l'harmonie de ces compositions est gauche, souvent négligée, parfois fauti\e, avec des basses mal placées, et la mélodie est souvent d'une tessiture inaccessible à la plupart des voix La Borde manquait de métier.

Oui, mais il y a les adorables coinpositions de Moreau le Jeune, gravées par le même artiste

Elles ne sont qu'au nombre de vingtcinq, car La Borde s'étant brouillé avec Moreau après achèvement du premier volume, le reste fut confié à d'autres dessinateurs. Le Bouteux illustra' Je second tome, Le Barbier fut chargé du troisième et de la plus grande partie du quatrième, et Saint-Quentin termina l'illustration de l'ouvrage. Ils n'étaient certes pas dépourvus de talent mais on ne saurait les comparer avec Moreau, vignettiste incomparable de la romance amoureuse, pastorale et badine du temps. « QueUe élégance et quelle fraîcheur rustique, dit M. Pichard du Page, quelle tendresse gracieuse, quelle exquise sentimentalité dans ces bergeries, dans ces scènes d'aveu, d'abandon, de trouble ou d'adieu, déroulées dans un cadre champêtre Ce sont, transportés chez nous sous des noms nouveaux, sous d'autres costumes, tous les personnages de la Comédie Italienne Arlequin, Pierrot s'appellent Alexis ou Celidamant. Déguisés en bergers, ils courtisent les Egîé, les Chloris ou les Lucile, nouvelles Sylvie, nouvelles Colombine. » Les bibliophiles qui se disputent à prix d'or les Chansons de La Borde peuvent être traités de maniaques ou de prodigues. Ils n'ont pas tort cependant, car de tous les livres illustrés du dixhuitième siècle, il n'en est pas de plus délicatement, de plus délicieusement français.

Hubert Morand.