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Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1926-07-17

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 17 juillet 1926

Description : 1926/07/17 (Numéro 380).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k273647s

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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La Pelle endormie

d"

M,. Roudel, professeur à la Faculté des lettres de Toulouse, quitta d'assez bon matin sa maisonnette de banlieue. Il y vivait

t -1 "1

seul, à M belle jgaispir» paWi'leslivrék'à'les;' rosesi'Ufle ménagère, Julie, ronde .'et! retentissante 'comme- trçie1 cloche,: venait, Quatre heures pa^. jour,vaquér au nettoyage et aux f repas. Des l'aube, la croisée ouverte et la première icigarette allumée, il préparait luimême son café noir avec des lenteurs savantes.'Ces trois aromès moka, rose, tabac -t formaient à son gré de jolis motifs de songerie. >.

A/arit son cours, M. Roudel désirait de s'arrêter chez son libraire. Or, il fallait conipter plus de quarante minutes pour atteindre la place du Capitole. Il cheminait dans un sentier qui fusait en couleuvre parmi des églantiers et des buis. Là-bas, sur le canal de Riquet, une gabarre blindée de goifdron, alignant des barriques comme des zéros, glissait au milieu des vignes et des blés verts. Ce n'est que par instant que la carène ou l'eau laissait luire une^écaille. M. Roudel méditait sa leçon. Il y traitait de la « chanson.^ courtoise » dans ses rapports. avec les rites de- printemps et les chansons de mai. Sa tête, déjà touchée de gris, en était tout embaumée et sonore. Aux oiseaux qui siffja.ie.ht, il, donnait la réplique cependant qu'une buée d'argent rosé s'effaçait sur la vitre. blëué du matin '•

j'euïs chanter l'alouette

Elle rossignol 'Jdlir y

Tout à eoupt'à deux pas du sentier, au milieu des ;roses et des herbes, M. Roudel découvrit un grand châle jaune -et rouge' aux coùleurs brûlées. Il s'approcha. Quelque chose bougeait là-dessous comme une proie daris un filet. Hblà fit-il, la canne haute.

Le châle s'écarta. Une tête brune aux cheveux' nattés sur les tempes, deux yeux noirs dans. un teint olivâtre, des dents de riz dans une bouche de jujube. et une jeune fille quinze ans, peut-être répondit. Mais-quel diable de ramage était cela? Il s'agissait sans doute d'un idiome à base romane, tintant et scandé, mais plus bariolé qu'un port levantin. II comprit que la petite'Gitàne r'était égarée, de nuit, et, brisée de fatigue, endormie là. Elle grelottait. ̃ Levez-vous, ordonna;t-il, et suivezmoi jusqu'à cette maisonnette.

Elle obéit au geste plus qu'à la voix et suivit, serrant ses frissons sur son cœur. Il restait du café noir encore tiède,; il fut vite chaud. Un çraq]i|eme.nt rose emplit la cheminée. Le beurre était :4m. la table sous sa cloche de çristai-p à^té^^m.^rand.sejau^. biscuits] L'enfant but,' osant peîne^'èver ses yeux au feu brusque et doux. Par deux, par trois elle dévorait sablés, gaufrettes, macarons toute la provision- d'une semaine. M. Roudel se sentait pris de respect devant cet appétit.

Le soleil, cependant, dégagé des vapeurs 'du canal, ranimait le jour. Un train, là-bas, ourlait l'horizon d'un floconnement sonore L'heure passait, l'enfant croquait. Bientôt, toutefois, son élan parut hésiter elle aVait soif. Un peu de frontignaft ?. Elie^vida son verre, et la petite patte brune continua de plonger dans le seau à bis-

cuits.:

cuits..̃

M.. Roudel .eut bien voulu qu'elfe suspendît ce gentil pillage. Il l'eût interrogée il était curieux de son langage et de son. fin museau de coupe florentine.

Pour prendre patience.il passa dans son cabinet; "rangea quelques notes, alluma une cigarette, regarda au loin rose, mauve, bleu avec des notes aiguës dans les vitres,

la fière cité q^içtfmgj puis revint dans la

salle à manger.. Un coude replié sur la table, l'enfant s'était rendormi." ` `? -Sacreblêu' dit M. Roudel, il faut pourtant que |j^|i^e||^iille.- Julie ne sera là que dans vingf minutes' Tant pis Hum hum C'est qu'elle dort bien, cette mâtine rSbit jç vais laisser la porté eritr'ouverte et un mot explicatif, sur la table de mon bureau. ̃• i; Il fit et s'eâ alla. Les herbes sentaient bon dans la chaleur. Aupassage, IVf. Rôudel jeta un regard sur la place où il avait trouvé la petite bohémienne dans son. châle plein de bonne aventure. Et tout à coup, il sourit" songeant à ses travaux sur les Vîtes et les chansons de printemps ':•!̃' aiibadès, pastourelles, maieroles, reverdies,

C'éÇa-it la coutume en Dauphiné, dès qu'arrivait le mois joli, qu'un jouvenceau vêtu de feuilles allât s'endormir dans les rosées. A l'aube, une bachelette, petite reine du matin, suivie d'une procession chargée de rameaux, venait l'éveiller d'un baiser, puis, le cortège, au son des violes, musettes et'.chalémies ramenait dans la ville le jeune et symbolique printemps,! » N'est-ce 'point un peu cela que je viens/dé 'faire, dit' M. Rbùdëî, avec l'ihevitab|e prosaïsme et le coup de brunissoir dont notre temps afflige toute-chose ? Allons Il fait bon vivre encore. Lai'erre d'Oc est pleine de dieux cachés. 'a'

Sa leçon fut un enchantement. Nul *ne s'avisa de prendre des notes. On écoutait. Un instant même, M. Roudel commença de fredonner un air du bon vielleur Colin Muset, lequel aimait l'ail :et les blondes. Il réveilla les vieux printemps des pays de France. Et les' enluminures des livres d'Heures, et les- « imaiges » de Notre-Dame et de la maison des ménétriers noires temps, mais gonflées d'éternelle jouvence apportaient leur note brune ou dorée dans ce concert de yoix, d'instninjerits, de parfums. Ses élèves, qui lui donnaient d'ordinaire quelques bravos de politesse à la fin de ses leçons doctes, nettes et minutieusement étiquetées de références, se levèrent en chœur pour l'acclamer. II refte^, joyeux,. très »vite.; Rm.ïr la pre-.

mière fois d% sa vie, il lui semblait qu'il était attendu.

« Dès qu'il attaqua le petit sentier, il aperçut la lourde Julie sur le seuil, les bras au ciel. Evidemment, se dit-il, elle est un Peu,.« ép,atée ^^elle n/pai jyapr.er

a,. 'J'¡'fb..t,'JUiLJH'j> nr¡n't"l)f"¡],nJrHrJ..f:')

J dans. mon cabinet. ''f L_ Ml Roudel -Î^M:' Roudel ̃ ii< < Mais-oui; ma bonne Julie. f– M. Roudel ,!vphis,c|e. beprr,eî plus de café, plus de gâteaux, plus de chocolat, plus de sucre,. plus de frontignan, plus de. que sais-je moi ?. Et toute la maison ouverte Quel est le gueux qui est passé par là?

Diable diable dit M. Roudel en baissant le nez, c'est. c'est le printemps, Julie..

Par bonheur, elle n'entendit pas. A forice de' crier, elle était devenue un tantinet sourde.

Enfin, M. Roudel, vous expliquez-,vous cela? ?'

Il se taisait, la mine grise. Il écoutait s'attrister en soi deux vers de Bertrand d'AIlamanon qu'il avait commentés devant ses élèves « doussa res. douce chose, si je ne vous voyais bientôt croyez que je .mourrais. » -̃̃

Nenni, il n'en mourrait point il ajouterait simplement un regret à ses sou'venirs, une fleur imprévue à ses buissons de roses.

C'ç?tvqft'ayeçatQufc ..cj^il nfaut* que je açoure aux provisions a cette heure, jeta, de toute la forc^deffsonibattant, W grosse Julie; impatientée. "̃: ̃ <; ̃̃ 'loiqfù'1 Combien'? ?' "inn<^ Cinquante francs. -Voici. M. Roudel donna une pensée à l'enfant sauvage endormie au milieu des rosées et des herbes, il songea aux plaisantes coutumes de Dauphiné, à sa radieuse leçon sur la « chanson courtoise » dans une salle constellée par l'encre des stylos et cette griserie d'une matinée de printemps lui parut encore à bon compte.

Léon Lafage.

LES TROUPEAUX

̃i.

Mlle Madeleine Delbrêl, qui vient dobtenir le Prix Sully Prudhomme, a bien voulu nous remettre ces jolies strophes extraites de son volume La Route, qui paraîtra chez Lemerre en novembre Un soir, ils quitteront leurs lointains pâturages, Les troupeaux sans pasteur des rêves oubliés Ils feront^ tressaillir de-leurs pas inquieis

Les plateaux, amollis par les derniers tirages^ til t, ~y a. f

..̃̃ ;i ̃•" .•̃ <iii;iii)>>; ,.̃;

Leur* cloches songeront l'appel Jd souve^jf. ;lini Fagfastiques.ei.ltlançs vous les, terre;! $e<iQ$ndfed$i f, La lune les suivra sous M Vàile de "ien'dr'é} <>• Et vous ne croirez pas qu'ils aient pu revenir. Leurs laines passeront comme des houles pâles Roulant des rires morts et d'antiques chansons ̃ Et vous retrouverez dans leurs loùrdes toisons, Les calices éteints des vieilles digitales. Ivres et chancelants sous le poids de vos mains, Ils fermerontleurs yeux qui regardaient les cimes, Et leurs pieds fatigués de suivre les abîmes, Jetteront sur les cieux le sable des chemins. Madeleine Delbrêl.

iÔi^TiiffiETTRËS

̃ ̃ ,1.

Les trois copies

S'adressant aux lauréats du Concours général, le ministre de l'instruction publique, M. Nogaro, s'est exprimé dans ces termes « Vainqueurs dans un tournoi loyal où l'émulation doit être pure de toute jalousie, vous recueillez aujourd'hui la juste récompense d'un effort heureux tfù1 la volonté a eu sa part aussi bien que l'intelligence. Car rHrëme'nt le sUccès cchlrorine .Une ^facilité nop.çhalante^, Non, certes, que, j'entende encourager'. des sentiments d'orgûeil ou de domination. La moiâ%!stie est un état d'âme qui sied particulièrement à la jeunesse. Mais je considéré comme un devoir, pour l'individu, de développer sa propre personnalité. »

Sans contester la beauté d'un tel morceau, qui, 'dans l'histoire de l'éloquence officielle, n'a peut-être eu d'égal jusqu'ici que le célèbre discours des comices agricoles d'Yonville, il semble que M. Nogaro eût pu, sans inconvénient, mêler à ces fortes maximes quelques remarques sur le fait saillant du recent Concours général > à savoir, l'attribution du premier prix de composition française à M. Yves Florenne, du lycée Buffon.

En effet, les journaux nous apprennent que le jeune lauréat n'a jamais fait un mot de latin ni de grecfEt vous devinez alors tout l'avantage que* vont tirer de sa victoire les adversaires deshumanités. Voilà un lycéen qui, de sa vie, n'a ouvert ni Homère ni Virgile, qui serait incapable d'en traduire un vers et qui, néanmoins, bat en composition française tous les as humanistes de Erançe, de Navarre- et des -.colonies. Après un tel exploit, commerit>rP^Ôten"(jlre enepre 'qtïe la connaissance du Ja^ tin et du grec; est nécessaire à celle du

français"? (" <̃̃ i:«<«iU:A. i&K) noi.iti-nj?

Cependant, comme diraient la sagesse des nations et M. Nogaro, une hirondelle ne fait pas le printemps. M. Yves Florenne n'a peut-être remporté qu'une victoire fortuite. En outre, on ignore de quelle distance il a battu ses suivants immédiats et rien n'assure que, dans une autre épreuve, sur un autre sujet, l'ordre des trois premiers ne serait pas. interverti.

Aussi, aimerais-je qu'un de nos nombreux journaux littéraires prît l'initiative de publier les copies des trois prcriniers lauréats de composition française. Nous aurions là des spécimens dé ce que peuvent produire à cet égard l'enseignement des humanités ou l'enseignement sans latin ni grec. Et cela ferait, pour éclairer le litige, d'intéressantes pièces de comparaison.

Fernand Yandéreip.

AVIS ET QUATRAINS

Afin de rendre plus agréables à l'œil et plu* harmonieux à la lecture les Avis et Re?isei~ gnements, trop souvent rédigés en, des proses rê- barbativës, le S. D. R. I. (Syndicat des Rtmettns Impénitents) vient' de 'proposer à diverses ad-> ministrations de les transformer en quatrains

prQvisbirement|,iap|la|res M' £ “)

prqvisoireJ;l1' V!lJ4r~h~;f M 1~ b~'`~l~léur5 j

Quelques'empli^eSeorèk I b^Wléurs

louables efforts

•̃̃̃ rs*- •'•'̃"̃"

Sur la loge de celui que Joseph Prùdhomme appelle Cerbère, et Eugène Sue, Pipelet, trois :écriteaux tour à tour se balancent 1 Parlez au portier ̃ ̃̃

\Le concierge est dans l'escalier

La concierge revient de suite.

Voici pour le premier

Le reclus, qui, muet pendant le jour entier. De chaque locataire aime faire l'éloge, Désire un confident. Pénétrant dans sat'loge, Parlez au portier I

Mais, qu'il s'arrête à chaque étage pour écouter aux portes, ou qu'il mette du vin en bouteilles, ce sont; là ses affaires, non les vô- tres, et un renseignement d'ordre général suffit: Sur le seuil de ce bel immeuble hospitalier. Veuillez attendre une heure où deux Pour un cas

[grave,

A moins qu'il ne fait à la cave. IBiave,

Le concierge est dans l'escalier,'

« Le concierge revient de suite' »> Navré de cette rédaction digne des loges, mais désobligeante pour le bon làtijjafee, M. MarceJ Bouterp^^blppbthéiairelVae lliistitùl, Codifié, l'écrîtêau de.iSDn-'portier f1' .i ij<i i

1 'Ayànt'-Mn instànt''Ptit la itdle^'1^ ̃>'̃

~ydt«f"<!Mt;~73~{e'

Pour se r,ènd.re dans' .d'autres lieux, Le concierge revient «de: suite »

Mais « tçut de suite » vaudrait .mieux. r

A ̃ "t;

En mars dernier, et en vue d'un prochain re;' censemènt, qui d'entre nous n'a reçu, offerte par ledit concierge, sa Feuille de ménage?. L'indiscrétion de ce document frisait l'inconvenan-' ce, alors qu'il eût été facile d'en résumer ainsi l'essentiel

Pour qu'un impair soit évité,

Daignez nous livrer sans mystère

Voire curriculum vilee ̃̃

« Marié ?. Divorcé ?. Veuf ou Célibataire F

*r*V ̃'

Sur un chantier de la rue Laffitte, on lit « Fermé pour cause de démoütions~ » En eût-il beaucoup coûté à MM. les entrepreneurs d'avertir gentiment les. badauds

Promeneur oisif qui, cherchaia

Dans nos chantiers, rempli d'ivresse, un peu, de joie, Rebrousse le chemin où l'erreur te fourvoie Fermé pour cause de déchets,

Il est vrai qu'à notre époque fiévreufee on ne se soucie même pas, comme'au temps* de Musset, dé sa voif^Sj -une1 portent Ouverte *ôu:i;fej-

méfe, ligi^ër^in, M.. Blbïïnf' l'àT fôrl^bfcn:1^

;pris •'•̃̃. '.>• i, V t. Hein- ̃•

'A' l'cn-J.-p' 'il, ta î 'H; .'(<!̃!̃̃

Ou qui ton entre et à ou Vju on soYle, x Au cercle à l'Opéra, Pas besoin de f ermer la porte, •' Le Blount s'en chargera. '̃*̃

'i'i

'̃* ̃ ̃

Si encore on n'oubliait que de fermer ses portes Mais des buveurs distraits vont jusqu'à négliger, .surtout, en banlieue, d'acquitter le ft|t de leurs breuvages Aussi les buvetiers suburbains affichent-ils Dans l'humble guinguette fleurie

Comme l'on commet trop souvent (

Le délit de grivèlerie,

Les consommations se payent, en seryant. Car pour ces braves gens tout n'est, pas bé^ néfices, et avec les caramboleurs inexperts, frappant la bille de haut en bas, les billards ne sont pas toujours dans de beaux draps. De là, l'interdiction N'allez pas, caressant l'espérance jalouse .'̃; D'épater l'assistance', el de vous surpasser,' De mon billard vert tendre endommager blouse 'Défense de masser.

1 .'̃ '• '̃̃'•̃

-.s.

La Société Protectrice jde "nos «frères inférieurs » (inférieurs en quoi?) ornera demain les becs de gazfde plaques* ainsi conçues;- Cessons de ,nous iwrfor> 4'?ns>V105 V-PWiit teSlt °'Ml Les hommes, Je ctichons t: /«» femmes, de chameaux En nous donnant leurs noms nous insultons les bêles*. Soyons bons pour les anitria'ux.

Sans les obliger a cracher en t'air pour que, ça leur retombe sur le nez, un /autre- -comité, celui de l'hygiène, invitait jusqu'ici; 'les catarrheux à ne point souiller de leur salive dallages et parquets. Restait à trouver cette solution élégante et pratique Par devoir sanitaire, <:

Pituiteux agaçants, '̃–

Ne crachez pas 'par terre

Crachez sur les passants. .•

p-»- ̃ ̃• ̃̃

-♦*̃̃•̃

« Prenez garde aux enf ants » 'lie long des routes, cet avis ambigu adressé aux auto- mobilistes donne lieu à diverses interprétations. Voici, croyons-nous, la seule acceptable Les blonds babys joyeux (privilège de l'âge) Lancent boue et cailloux, artilleurs-triomphants, Sur votre Citroën ou sur voire Delage.

Prenez garde aux enfant:

̃̃ V '•̃̃

Nous pourrions multiplier les citations à l'infini. Mais à quoi bon ?. L'idée est en marche, et le S. D. R. I. (Syndicat des Rimeurs' Impénitents}1^ pas îdît '46n dériiier TWJti

.1 • Hugues Delorme.

̃ ̃ .D .T iib ii'iuo'j &ai vst. ,l'& i.v:

A la princesse de Lamballe

Princesse, image graVe.et dont l'ombre s'allonge Elégiaque sur le seuil des jours mauvais. Une étrange douleur me blesse .quand je songe A ton corps merveilleux' souillé par des Valets. Et parfois lorsqu'aux soirs d'allégresse grossière Foisonne la canaille en les quartiers douteux, Je cherche avidement le signe héréditaire Qu'a gravé sur les fronts le crime des aïeux. Je me sens défaillir aux vineuses haleines. ` Tous ces masques humains me pénètrent d'efffoi. Car autrefois parmi ces mêmes cris, obscènes Des visages" pareils se sont penchés sur loi. Dans les regards' chargés de crapuleuse audace Je lis toute l'horreur de ton destin fatal Et je voudrais pouvoir sur cette impurc race Cruellement punir le forfait ancestral.

Gilbert Lély,

UNE ANCETRE DU FEMINISME

•̃̃!̃• •̃; v.

>

J Les femmes,, .ont -célébré 4èJ;IlièNm~nt avec ffelât le le cinquantenaire de ,1/j. mort 4'une des plus illustres représentantes de ce sexe qui) iums-,de\ïûns Jiptre mère », Les; suffragettes de France se sont>en. effet annespé George Sand, apôtre des idées pour l'émancipation des ̃femmes.

s C'est dans quelques jours que tombe le deux cent vingt-cinquième anniversaire de la mort de Mlle de Scudéry. Il serait bon qu'un hommage fût rendu à la mémoire de la bonne demoiselle, qui ne mérite pas le dédain avec lequel on là traite aujourd'hui.

Boileau est un peu responsable du discrédit dans lequel sont tombés les Scudéry, le frère et. la sœur. L'illustre critique n'avait pas toujours vin jugement des plus sûrs; Il né se montra pas plus tendre pour Madeleine que pour Georges ayant aussi peu d'estime pour l'auteur du Grand Cyrus que pour celui de Lygdamon. On se souvient de l'apostrophe fameuse de la satire II

Bienheureux Scudéry dont la fertile plume <• Peut fous les mois, sans peine, enfanter un volume. Tes écrits, il est vrai, sans art et languissants Semblent être formés en dépit du bon sens! Mais ils trouvent pourtant, quoi qu'on en puisse dire Un marchand pour les Vendre et des sols pour les

.̃' ;• :̃̃ '̃'̃ [/>re.

Dans son dialogue sur les héros de roman, il, ne ménage pas davantage 'mettant toute galanterie de côté l'excellente demoiselle de Scudéry.' *̃'̃' ;J'1> i'. ̃.•"̃•̃.̃.̃• i: '•: Celle-ci -ne mérite pourtant ni la vogue'dont eïlâ jouit de son temps, ni l'oubli qui recouvre !à.( présent ses œuvres. Il'ïàut songer eri effet ,que 'Huefe, le docte évêque d'Avranches, que ̃Màscaron, que Fléchier, les grands prédicateurs, proclamaient chefs-d'œuvre les romans de Mlle de Scudéry.

D'où venait l'engouement des contemporains 'désabonne demoiselle?

Elle avait débutét,dans les lettres en publiant uni roman intitulé Ibrahim ou l'Illustre Bassa, sous le nom de son frère, déjà connu comme matamore et comme auteur dramatique. C'était une assez fade histoire de sérail dont George tîra, un peu plus tard, une pièce qui fut représentée avec succès.

Madeleine de Scudéry avait certes de précieuses dispositions pour la littérature. Orpheline de bonne heure, elle avait été "recueillie par un vieil oncle qui lui donna une éducation fort soignée. La petite fille apprit ainsi l'écriture, l'orthographe, la danse,' le dessin, le jardinage, la couture,1 que sais-je encore? Son biographe, ..Gonrart, l'homme au silence prudent, ne tarit pas d'éloges sur les qualités de l'enfant qui montrait, dit-il, des dispositions étonnantes pour tout ce qu'il lui plaisait d'étudier.' Mlle de Scudéry ̃ était ̃̃' au physique moins favorisée, Bien qu'elfe se soit peinte elle-même dans Cyrùs sous 'le nom de Sapho et qu'elle raitidonné de sa 'personne unëiâéè assëfc'avanjtageusè, il nesèïïiblé pas qu!ellè ait été capable Ô'irispirer de grandes passions

i^Ellë' était brune, grande et 'rMg're' eti'Mllë Comuel écrivît' d'elle Ëliè^suaif Mcre par tous les ptees. »

Voilà' une assez vilaine effigie de ce tèrrible bas bleu qui entassait lignes sur lignes et même volumes sur volumes.

.Bas bleu! certes, Mlle de Scudéry l'était. Cette vieille fille n'avait pas d'autre plaisir que celui d'écrire. Théoricienne de la carte du Tentdre, elle extériorisait ainsi en phrases littéraires les émois amoureux qu'elle ne connaissait qu'intellectuellement. ;Elle tenait un salon littéraire et ses réceptions du samedi étaient aussi goûtées et fréquentées que celles de l'hôtel de Rambouillet. On ̃ voyait chez elle tous les beaux esprits de ,1'époque, qui portaient des surnoms Mlle de Scudéry elle-même était Sapho; Conrart, Théodamas Pellisson, Acante; le duc de SaintAignan, Aftàban; Godeau, l'évêque de Vence; déjà connu à l'hôtel de Rambouillet sous le sobriquet de « Nain de Julie », devenait chez Mlle de Scudéry, « le mage de Sidon ou du

Tendre». ̃

:f!0n discutait^ on lisait des vers, on en improvisàit. Il se disait beaucoup de sottises et d'extravagances, mais il se dépensait aussi ^îijçaucoup d'esprit.

,iV«La maîtresse-du logis ayant reçu un jour un «aimable- billet ,ëf $SelJisso|i, jc§l|bre -jjar^ sa lai- ndéur, eue réponcn> «iissitôt,.par ~ce «quatrain

,10)

Enfin Acante, il faut se rendre t Voire esprit a charmé le mien.

i .e < Je vous fais citoyen du Tendre

a')-. Mais de grâce, n'en dites rien!

j,

•: tEUe avait une cour d'amis fidèles. Car, lorsqu'elle eut écrit, le Discours de la gloire, ceuxci lui remirent une couronne de iaurier en orfèvrerie émaillée, dont elle fut infiniment tou-

chée.

` ,r*~

,'iV ̃̃'̃̃.

Ses deux plus célèbres ouvrages sont Artãmène ou le Grand Cyrus et Clélie ou l'Histoire romaine. ̃̃'̃'̃

'Que ces, livres soient longs et quelque peu fastidieux pour nous, il n'en faut pas disconvenir. Mais les critiques formulées par Boileau sont injustes, Il leur reprochait d'être invraisemblables et de, mettre en scène des personnages qui, malgré leurs noms antiques, n'étaient lèn aucune façon conformes à la vérité historique.

Eh! naturellement, puisque sous le nom de' Glélie, de Cyrus, de Mandane, etc. Mlle de Scudéry représentait ses plus notoires contemporains. C'est précisément ce que Boileau! critique, que nous aimons. Mlle de Scudéry a tracé «ne curieuse, galerie des 'portraits, dont '$£. Victor Cousin a été le premier à; trouver Il ùçJpfi hé pèfé de l'éclectisme a eu île- 'mérite 3 if Envisager -le^ fomàns-tlè Mlle de'<Seudêry. uon^ i«mme une fantaisie un peu lourde, mais conime une reproduction des mœurs de l-'épõQue* v/' ..̃.>̃.• •; C'est parce que ces romans étaient « à clef » qu'ils obtenaient d'ailleurs près des contemporains un aussi vif succès. Tallemant des Réaux écrit dans ses Historiettes « Les-dames étaient grandement flattées de reconnaître leur portrait sous les 'masques. »

On s'amusait à la description de la carte du Tendre. Voici le Neuve Inclination qui coule rentre deux rives fleuries. Sur sa droite s'élèvent les villages de Jolis- Vers et* d'Epitres Galantes, sur sa gauche ceux de Complaisance, de Petits Soins et d'Assiduités. Un peu plus loin s'étendent les hameaux de Légèreté et d'Oubli :puis les bords du laq Indifférence. Une route conduit au district d'Abandon et à celui de Perfidie. Il faut se garder de s'y aventurer. La bonne voie mène au contraire à Tendre-surEstime et à Ter.dre-sur-Inclination.

On se tromperait en pensant qu'il n'y a dans

't~m~T~s'

M11® d_e^Sçudéry

les romans de Madeleine de Scudéry que de pareilles futilités.-

L'auteur de Clélie aborda des sujets plus ¡ sérieux. Elle était d'une bonté renommée. Le grand conteur Hoffmann ne l'a-t-il point prise comme héroïne d'une nouvelle où elle joue un rôle ^i|ejH|^t(:!yié,i}é^i4eft#R'PÇj^fte'3^»'e' gé,niaitsÀ»$ojilagej;4es iiif ortunes» ̃ É/ïç^fat aussi? l'une des premières parler des droits, de son sexe et l'on' peut', ainsi considérer ̃ sans exagération, comme une ancêtre du .féminisme. « La Clélie, écrit < Saint-Marc Girardin, est un livre curieux toutes 'les questions qui tiennent à la condition des femmes dans le monde sont traitées d'une manière à .la fois piquante et judicieuse. Quel -est le rang que la civilisation moderne donne à la femme et que doit faire la" femme. pour avoir et garder son rang, tel est le sujet des romans de Mlle de Scudéry. » De pareilles préoccupations étaient rares au xvn" siècle; elles dénotent chez leur auteur une grande originalité d'esprit. Mais il n'est pas étonnant que Nicolas Boileau, ce pondéré boùrgeois de Paris, ait traité ces idées de ridicules, et d'extravagantes.

· Jean Dorsenne.

-m.

La « Maison de l'Enfance. »

Ce titre, qui fut celui de son premier recueil dé vers, comment ne serait-il pas venu à la mémoire et aux lèvres de M. Fernand Gregh, lorsque, dimanche dernier, il fut appelé ci parler, comme président de leur distribution, dés prix, aux «. jeunes, eleves ~Jj~c~e.MzcTtei'et.son ancien « 6ahut~ 7\ Noas·sontmes :het<reux de

̃pouvow,ù(frâc>e l'obligeance t/e M,- -Paul

Despiques, proviseur dtï. lyçie, diipliiey a,

nos lecteurs' u.à' délicieux jr~agmçnt-pri$.à a

la pfemièçp Kflrt'V de ce joli discours, l'orateur évoque soit passé de lycéen. Ce passé qui, si j'ai bien compté, a quelque quarante-quatre ans, il doit vous sembler très lontain, homérique, antédiluvien, mes chers enfants mais vous verrez plus tard combien, à partir d'un certain âge, les distances entre les dates' diminuent pour moi, ce passé est de tout à l'heure, que dis-je ? il est d'aujourd'hui, puisqu'il est en moi. Il est simplement posé, comme plaqué contre mon présent. On croit, à son nom même, que le passé est vieux le passé est toujours.jeune, au contraire, et c'est nous seuls qui vieillissons. Il ne vieillit pas, lui, il ne change.pas il est toujours là, identique. Le passé c'est du présent immobilisé, cristallisé, embaume comme ces insectes fossiles qui subsistent à jamais dans un morceau d'ambre, et dont on voit encore, à travers la matière transparente, tout le détail, depuis les pattes délicates jusqu'aux ailes dorées. Vous n'ayez qu'à briser l'ambre, vous délivrez l'insecte de sa prison diaphane, et les. ailes dorées app>»ça>issen't prêtes à frémir; ̃ C'est ce choc, mes Chefs amis, qu'est ̃venu^i^ ^jç^'Her récemment ùhé .lettre

de vétfr.ç;' ^minent proviseur, .M.D e.sjHr

ques, qui ,nie .demandait, grand honneur pour moi, de présider votre distribution des prix. Je ne savais pas que, dans ma mémoire translucide, tout le lycée dorjnait i embaume, intégral,, in- tact. Mais là- petite brisure s'.èst produite, et il m'est soudain apparu tout entier, avec ses vieux bâtiments du temps des. princes de Condé. ses cours, sa chapelle, son parc, que sais-je! jusqu'à cette salle de gymnastique, qui était encore ;presente, non pas même à mon souvenir, mais à mes regarJs, et je ne le savais pas, à mes mains, à mes oreilles, à mon. nez, avec sa/lumière de cinq heures du soir au printemps, et la moitié, de son vaste hall où, piaillent les moineaux enfermés, et la rêcheur des cordes à nœuds où l'on se brûlait les mains; en. glissant, trop ̃ vite, et l'odeur de sciure et, de goudron qui rè-. gnei ici; quand il n'y a pas festivité. Oui, mes chers enfants, j'ai tout revu, comme un jour.vous reverrez tout, après quelque trente ou quarante ans, dans un mélange de sentiments* indéfinissables, avec un sourire amusé d^.ns le coin d$$ Jèv^res et quelque chqse qui resseriïble une larme au bord des

yeux. 'J'ai tout reyuHi"Ma'js' tie lèrïti^iloz

pas i'éï 'l'explosion, du lyrisme côii]miar| dé. Je V^jg^s.|ne" pas. 'tomber daris'S'é- défaut que. nous reprochions sans le formuler nettement au monsieur -qui, jadis, nous haranguait de cette même place, défaut que j'appellerai avec d'autant moins de gêne qulon me dit que tout a beaucoup changé, le mensonge officiel.

Ce beau parc, nous né le voyions qu'en rangs, dans les promenades du matin il; était tout de même profond, herbeux, fleuri, dense, velouté, dessiné admirablement, peuplé de statues, éclairé de bassins, un des plus beaux décors dans 'lesquels puisse s'écouler une enfance quand ce n'est pas dans le jardin des parents. '-̃̃̃" Ces promenades du matin, si elles étaient brèves (elles duraient à peine une heure, on nous montrait le parc pour nous le retirer tout de suite), elles demeurent tout de même un souvenir, inoubliable, elles nous ont emplis à jamais d'une poésie qui nous parfume encore. Dans le soleil et la rosée, nous s découvrions la belle journée naissante; nous étions des Adams aux premiers jours du monde. Et même, si quelquesuns dei'.ybs professeurs très lettrés et très ihsrrùits connaissent peut-ctrp ̃titre de ,mpn premier ouvrage, cette à Maison de l'Enfance- qu'il nie selnbje/ que j'ai écrite. ici, tant elle commerce e à être lointaine, c'est uniquement pa^ce que j'ai respiré dans le parc l'air vierge de ces matins de juin où le soleil paraît découvrir le monde, tant ses rayons ont la fraîcheur et l'ëblouiçse- ment d'un regard d'enfant,

De même cette terrasse, mes chers enfants que barraient les grilles ̃ c'est tout de même d'elle que nous avons entendu tinter les premières cloches dont le son chargé de nostalj?:e aient mouillé n'os yeux, et là-bas, dans lés bois de Clamart qui se massent à l'horizon, sonner les cors lointains qui i me faisaient sentir comme physiquement le moyen âge, et imaginer des forêts- immenses où chassaient des seigneurs bottés et rudes comme le Golsud de Pclléas.

Fernand Gregh.

Le roman moderne

du Mystère et de la Peur S* Dans le Liseur' ̃d'è^Ro'tnms, M: A.

« Thibaudetnnous a païïe~de îien- des ` sortes de romaris.ehtrë autres, du « Ro- r main de la Douleur '», et du |« Roman Doinestique »̃ JVou,s voudrions dire' ici '̃' quelques mots d'un genre un peu différent et q_u'on peut appeler le « Roman du Mystère et de la Peur ». Certes, à propos du « Roman de la Douleur » et dans le « Roman Domestique », on fait allusion aux «.silences qui tuent ». Mais ce mystère est purement psychologique et le roman du mystère tel que je l'entends est autre chose et veut dire. bien davantage. Il ne s'agit pas seulement d'une œuvre où l'on nous invite à pénétrer d'insondables secrets d'âmes, il s'agit en même temps et surtout du récit où l'on nous présente, survenant dans la réalité ordinaire et quôtidienne, des faits singuliers, étranges, inex- plicables et qui en somme resteront tels, le narrateur avouant que lui-même renonce à les éclaircir. Et ces faits étranges le talent de l'auteur nous lés impose néanmoins, et nous les acceptons.

Tout roman peut, certes, contenir une part de mystère tout roman peut, à un certain moment, f donner Je frisson. Mais on ne fait pas allusion ici 'à ceux dans lesquels le sentiment du mystère ,,e,t. de. ilampeur. n'est qu'acces-

soire:-On- parte de.,ceTlx"'d6ht-'eë sënti^

ment, est' 1 ë^senëë ^intime >et ,'ïa ;rais,on. d'être 'absolue. Ceci, bien entendu sans avoir recours s au merveilleux ou au fantastique. L'imagination a le droit de ne pas connaître de limites le réel et le vraisemblable en ont, et de fort étroites. Ceux qui ont tenté d'allier ces élé- ments antagonistes savent combien il est difficile de les concilier avec art. Et cependant, il existe un genre de roman beaucoup plus périlleux encore, beaucoup plus ambitieux malgré son air modeste. C'est celui, qui, tout en se, ,-• refusant à être une œuvre de pure ima- gination, en prétendant, au, contraire, se limiter au terre à terre et à l'observation de la vie de. tous les jours, veut, en même temps, créer cette impression d'étrange, de mystérieux et d'inexpliqué qui est l'apanage de l'œuvre d'imagination et lui donne tant de saveur. Edgar Poe dans quelques-uns de ses courts récits, Mérimée dans- certaines nouvelles ont tenté le même effort. L'atmosphère et le milieu importent beaucoup. Barbey d'Aurevilly le savait bien le recul dupasse dont le classique Racine ne faisait, .pas, fi dans sa ;préface de Èàjazet, -le- temps .deJ'-aeti<)n^ le, charme du; soutenir»" dp j>ayiag^' pu ;dtï' décor, ̃rtoUs:*ïét'rôuvons'taiis/«es éléments pro- pices; dans ses xbmans' si réalistes par*' "certains côtés, si .empreîrits'dë mystè- » rè, d*étrarige et de terreur, par maints autres aspects. Or, la lande de Lessay' et ses légendes, les âpres et solitaires paysages du Cotentin (l'Ensorcelée), ou des Cévennes (Ibid et Une histoire sans nom), les vieilles gentilhommières dé.Valognes aux murs décrépits (Diaboliques), et les aristocrates de vieille souche qui les hantent contribuent puissamment à créer une atmosphère favo- rable qui envoûte le lecteur. Serait-ce un paradoxe malveillant de dire qu'ex-ploiter les mystères et les légendes de la lande de Lessay, c'est jouer sur le velours ? »

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Mais, peut-on se dépouiller volontairement de tous ces adjuvants, faire fi des accessoires, qu'ils soient vieux jeu 'ou démodés, comme le clair de lune, le tonnerre, les créneaux des donjons croulants, de tout ce que Musset énu- jmérait comme « romantique » dans les Lettres de Dupuis et Çotonet ou se pri- >ver de moyens plus modernes, hypnotisme, mysticisme, télépathie, forces psychologiques latentes et subconscien- tes ? Peut-on* situer son roman dans un •mijieu moderne, de fpet.i'fè-ourgeoisie; prendre polir "acteurs des gens tout à. fait ordinaires ? Si c'est possible, n'estce pas quand même faire preuve d'une grande hardiesse ? Choisir délibérément un sujet et un milieu si simples, si humains, si vrais que le déroulement de ternes existences y est presque trop prévu, un de ces sujets qui rentrent dans ce qu'on peut appeler les sujets de « roman domestique », en situant le drame de famille dans la toute petite classe moyenne, c'est se heurter à une ` difficulté extrême. Ell.e vaut, certes, qu'on. l'affronte mais peutrelle être vaincue ? Mettre de-l'etrange et du mystère dans un sujet qui rappelle ceux du Moulin sur la Flnss, d'Ainsi va toute chair, de Butler, ou encore, si l'on veut, de Genitrix, de M. Fr. Mauriac, n'est-ce pas risquer de compro-» mettre de gaîté de cœur ce que M. P. Bourget appelle la « vertu de crédibilité » ? L'édifice, alors, pourrait bien n'être qu'un château de cartes. Un souffle, une chiquenaude renversent la construction. Si le juge qui sourit est désarmé; le lecteur déçu ne pardonne pas, lui, après avoir souri. Enfin, puis'cjù<j nous, analysons, ici les difficultés, disprië;!4tïë ces âiffîèiitfês'p!éuyent être

^pôrtéèSjj ^ulgur: inàx.ijii^hj en vs'interiiï-:

sarit^'ïqiite "inpujsion." oans' le" domaine sub'jeçtif. Faire intervenir longuement un visionnaire, un halluciné, un fou, un être anormal, et décrire ses états d'âme est un moyen souvent commode de quitter1 la réalité quotidienne tout en y restant. Je dis bien, « domaine subjectif et non «domaine psychologique », car la psychologie peut être objective, et l'on peut faire deviner le dedans par le dehors. En tout cas, ne rien demander avix ressources de l'élément subjectif c'est, de parti pris, se priver d'un appui iecourable qui aide à nuancer la vraisemblance et à en rehausser les aspects.

Et cependant, l'ont-ils senti en se mettant à l'œuvre et en y persévérant ? 'j Cet air raréfié, où rien ne porte le romancier, deux de nos écrivains d'aujourd'hui l'ont respiré aisément. Cette atmosphère où les esprits étouffent, où

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