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Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1891-05-30

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 30 mai 1891

Description : 1891/05/30 (Numéro 22).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2725989

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Nous venons d'obtenir la remise à huitaine filez t

SOMMAIRE DU SUPPLÉMENT Prince ROLAND Bona-

parte A Bonifacio,

Une excursion en Corse.

JEAN Rameau Prière à la nuit. Poème.

HENRI Lavedan.. En Visite.

Saynète.

UN CAPITAINE EN RE-

TRAITE La Maison des Dernières Cartouches.

Détails inédits.

André Maurel Roumanille.

Marquis DE Villemer. A propos de roses et lilas.

Post-scriptum à notre

Supplément La fleur

à Paris.

PAUL Bonnetain A Travers les Revues. J. Grand-Carteret Crispiet Bismarck. Avec illustrations.

Forain La Comédie parisienne Dessin.

Bulletin hebdomadaire de la Financière.

Une Excursion en Corse `

6 BOH)FAC)0

Nous extrayons les pages suivantes d'une élégante plaquette que le prince Roland Bonaparte vient de faire imprimer pour quelques amis. On sait que l'auteur de- Une Excursion en Corse, depuis qu'une loi l'a contraint à quitter l'armée, consacre à la science et aux voyages des loisirs et une fortune que d'autres princes auraient peut-être moins austèrement et moins noblement employés.

Bonifacio, « joli ovale creusé par la nature », est profond de 1,600 mètres environ il est abrité, au sud, par le promontoire qui supporte la ville, et, au nord, par de hautes falaises, dont les éboulements assez fréquents le comblent petit à petit. Autrefois on pouvait fermer le port avec une grosse chaîne. En 1796, un vaisseau anglais de 74 canons y resta plusieurs jours sans y être trop gêné. Actuellement il ne peut recevoir que de petits bâtiments, par exemple les vapeurs de la Compagnie Morelli ou ceux qui viennent y débarquer des boeufs de Sardaigne. Il y a quelques années encore, du mois d'avril au mois de septembre, on y rencontrait souvent de petits navires napolitains qui venaient d'Italie pour pêcher le corail dans le détroit et le long de la côte jusqu'à Propriano. On nous raconta que ces corailleurs, depuis longtemps déjà, employaient l'huile pour calmer l'agitation de la mer au moment de la pêche du corail.

La Marine est au fond du port et an pied de la montée qui conduit à la ville.

LA COMÉDIE PARISIENNE

Nous allâmes faire à pied une petite promenade aux environs, en sortant par la vieille porte. La rue se recourbe à angle droit pour pouvoir être enfilée par la fusillade partant des nombreuses meurtrières percées dans le mur qui se trouve en face. La montée qui aboutit à cette porte est rude, mais elle est très fréquentée. Des bandes d'ânes la gravissaient retournant à la ville, et leur instinct leur faisait décrire de nombreux zigzags. La charge que peuvent porter ces animaux, qui ici cependant sont de petite taille, est considérable. Généralement les propriétaires de ces ânes se contentent de les suivre en les excitant ou en les poussant au besoin, mais quelquefois ils montent sur leur dos, et la pauvre bête plie sous le poids.

#*&

D'une petite plate-forme, située non loin, on découvre fort bien la falaise sud du promontoire qui supporte la ville. La roche est profondément creusée, des maisons reposent sur levide; au-dessous on voit encore quelques témoins, en forme de colonne, qui ont davantage résisté à .l'action des flots et qui indiquent l'ancien emplacement de la muraille calcaire mais la mer, cet ouvrier qui travaille nuit et jour sans jamais s'arrêter, ronge lentement le pied de cette paroi nous vîmes de petits morceaux de pierres gros comme le poing s'écrouler et venir augmenter l'amas de débris qui s'accumulent au pied de la muraille.

Sur unev des trois tours, qui figurent du reste dans les armes de la ville, Valery dit avoir lu, gravé dans la pierre, le mot Libertas. Quelle ironie des époques de violence C'était surtout là où on foulait aux 'pieds la liberté que son nom était le plus souvent inscrit sur les murailles élevées pour opprimer les peuples.

Les habitants de Bonifacio parlent un dialecte différent de celui qui est parlé dans le restant de l'île. Les Corses les considèrent du reste comme des étrangers dernièrement encore, quand un Bonifacien sortait du territoire de la ville pour aller dans l'intérieur, il disait qu'il allait en Corse. Cela n'a rien d'étonnant, car on sait qu'au XII0 siècle les Génois chassèrent les habitants indigènes de la ville de Bonifacio pour les remplacer par une colonie venue de Ligurie.

Les Bonifaciens ont du reste un caractère bien différent de celui des autres Corses, ce qui s'explique par cette origine et par le fait qu'ayant toujours été fidèles à Gênes, ils n'eurent que peu de relations avec les patriotes de l'île. Mais cette fidélité à la république génoise se comprend facilement aussi, si l'on considère la nature du sol des environs de Bonifacio. Il n'y existe pas une seule montagne digne de ce nom et, sans la montagne qui sertde citadelle au peuple opprimé, il n'y a pas moyen de résister longtemps à un envahisseur, surtout quand il dispose de la mer.

A Bonifacio, c'est l'homme seul qui travaille et qui, chaque soir, va avec son petit âne chereher l'eau et le bois qui lui est indispensable pour son ménage. Aussi, pendant la journée, les rues sont absolument désertes on dirait une ville abandonnée.

Les Bonifaciens ne circulent pas armés et n'ont jamais été la proie de la vendetta.Autrefois,lorsqu'unbandit était serré de trop près, il venait à Bonifacio pour, de là, gagner la Sardaigne, en tra-

versant le détroit dans une petite barque.

#*#

En présence des ouvrages de fortification élevés par le gouvernement italien à la Madeleine, Bonifacio acquiert de nouveau une grande importance stratégique, comme poste de surveillance et comme port de refuge pour nos torpilleurs, qui de là pourront continuellement menacer les flottes ennemies passant par le détroit.

Dans la soirée de notre arrivée, le vent d'Ouest commença à souffler à dix heures du soir, c'était une véritable tempête. La maison tremblait sur sa base, les fenêtres et les portes, ébranlées par les rafales, produisaient en s'agitant une étrange musique,qu'accompagnait le sifflement aigu de l'air à travers les serrures. II nous fut impossible de fermer l'œil de toute la nuit, à chaque instant il nous semblait que le toit allait s'envoler. Pendant les rares et courtes accalmies, où la tempête fatiguée s'arrêtait quelques instants, comme pour se reposer.avant de souffler de nouveau avec une violence plus grande encore, c'était la grande voix de la mer, battant furieusement les falaises qu'elle semblait vouloir ébranler, qui s'élevait dans le silence de la nuit. Puis le vent sifflait de nouveau, couvrant complètement les mugissements des vagues déferlant contre les rochers. C'est dans de pareils moments qu'on sent véritablement le plaisir d'être dans un endroit bien clos. Instinctivement les vers de Hugo viennent à la mémoire

C'est l'essaim des Djinns qui passe

Et tourbillonne en sifflant.

Le vent est du reste un véritable tourment pour les Bonifaciens, car, en outre des dégâts qu'il commet, il remplit l'air d'une fine poussière qui pénètre partout.

C'est par une nuit pareille que la Sémillante, chargée de troupes à destination de la Crimée, périt dans le détroit de Bonifacio. S'étant écartée de la bonne route, elle fut jetée par la tempête sur les rochers des Lavezzi, où elle se brisa pas un homme ne fut sauvé. Ce terrible naufrage eut lieu dans la nuit du 15 au 16 février 1855. Depuis, un petit monument commémoratif a été élevé à l'endroit où périt ce bâtiment.

Le lendemain, nous allâmes faire un tour à pied jusqu'à l'extrémité de l'île le vent soufflait toujours avec violence. La route qui conduit au çap Pertusato est sinueuse et accidentée tantôt elle gravit de petites élévations du sol, tantôt elle circule au fond de petites ravines aux parois blanchâtres, où l'on ne sent pas le moindre souffle de vent la campagne environnante est aride, les quelques petits arbres qui y poussent sont chétifs, rabougris et courbés par le vent; on se sent envahi par une vague tristesse au milieu de ce désert en miniature. Le phare du cap Pertusato est un phare de premier ordre, ayant une portée de 25 milles tout à côté se trouve un sémaphore, d'où l'on a une très belle vue sur tout le détroit.

Un peu en arrière, la ville de Bonifacio apparaît sur sa falaise blanche. A l'Ouest, la mer sans limites qu'éclaire un ciel gris à l'horizon seulement, de longues bandes de lumière pâle sillonnent les gros nuages noirs.

Poussées par le vent, les vagues arrivent du. large, se poursuivant, montant les unes sur les autres pour venir s'engouffrer dans le détroit. Leurs crêtes 4'écume soulevées par la tempête s'envolent en nuages transparents, tendant comme un voile blanc au-dessus de la surface des flots glauques.

Au delà du détroit, lès côtes de la Sardaigne, auxquelles les vagues soulevées par le vent font une brillante ceinture d'écume. Le village et le port de Longosardo se détachent faiblement sur le ton violet des montagnes sardes qui ont l'air de s'élever péniblement dans l'espace. Plus à l'Est, la côte s'estompe davantage en passant par toutes les nuances du violet pour arriver jusqu'au noir cette pointe qui s'avance, c'est l'île de la Madeleine attaquée autrefois par Bonaparte, jeune officier d'artillerie au loin, la mer libre qui baigne les côtes d'Italie. Tout près de la côte corse, la mer s'agite furieusement autour de quelques rochers isolés et projette dans les airs de puissantes colonnes d'eau qui retombent en couvrant d'une couche d'écume bouillonnante ces quelques « tas de cailloux » qui sont les terribles Lavezzi sur lesquels est venue se briser la malheureuse Sémillante.

En se penchant sur le bord des falaises du cap Pertusato, on aperçoit à ses pieds la mer furieuse qui se heurte avec un bruit de tonnerre contre ces murailles calcaires et qui soulève vers le ciel ses flots redoutables dont l'écume amère monte jusqu'à nous. Au milieu de cette agitation des vagues s'élèvent des colonnes pierreuses aussi hautes que la falaise et qui ne sont que les témoins de l'ancienne extension du rivage; leurs sommets inaccessibles sont recouverts de gazon où poussent quelques fleurs brillantes; les vagues, en s'engouffrant dans les passages laissés libres entre ces colonnes mugissent furieusement, ne pouvant aller plus loin elles tourbillonnent dans cet espace étroit, viennent, s'en vont et reviennent laver les roches vertes, cherchant une ouverture par où elles pourront pénétrer pour arracher à la terre quelques débris qu'elles transporteront au loin c'est la lutte de la terre et de l'océan, dont, à la longue, ce dernier sort toujours vainqueur. Le jour faiblissait de plus en plus, le crépuscule montait peu à peu, drapant le paysage d'ombres bleutées les lourdes franges des nuages s'abaissaient sur le sol plongé au milieu de cet air marin sifflant à nos oreilles et contemplant ce sublime spectacle de la nature, l'esprit devient léger, se détache des choses terrestres, pour s'envoler à tire d'aile vers l'infini, cette région des rêves.

Mais, hélas cette contemplation a un terme et il faut songer à rentrer à Bonifacio. Nous jetons un dernier coup d'œil sur le détroit et ses îles, puis nous reprenons le chemin de la ville, tristes de quitter un pareil tableau de la nature grandiose.

Prince Roland Bonaparte.

PRIERE A LA NUIT

Jean Rameau publie aujourd'hui un nouveau volume de vers intitulé Nature et composé de cinquante poèmes, parmi lesquels se trouve la pièce inédite suivante

Impératrice noire à couronne d'ébène Qu'annonce un escadron de nuages lilas, ONuit,dontles clochers, comme un rang depré[lats,

Célèbrent la venue en chantant sur la plaine 0 Nuit qui fais pencher les roses de langueur, Nuit qui mets des pleurs doux à l'œil des violettes, Nuit que le citronnier aux mille cassolettes Encensevaguementcomme un enfant de chœur 0 Toi dont les cheveux déroulés en silence Effleurent les coteaux frissonnants et charmés, Toi pour qui,tendrement,en couplets enflammés, Le chant du rossignol ivre d'amour s'élance Toi devant qui l'on voit, dans les cieux rutilants, Comme une triomphale escorte de galères Le défilé pompeux des escadres stellaires Tirant en ton honneur des feux d'astres filants; Nuit à qui le crapaud dit sa mélancolie, Nuit à qui le grillon raconte son espoir, Aquilever luisantmontre,dansle champ noir, Laflammedont son âme ingénue est remplie; OToi qui fais rôder les feux follets tremblants, 0 Toi qui fais rougir le front des fiancées, Toi qui répands sans bruit sur les tiges blessées Des clairs de lune doux comme des baumes [blancs;

Toi la mystérieuse où le revenant erre, Où le hibou hagard s'éplore dans les ifs, 0 Toi qui fais tàntpeur à tant d'enfants pensifs Qui voient leurs aïeux morts descendre sur la [terre;

0 Nuit, soit généreuse à chaque être lassé Soisbienfaisanteàl'hommeetpropiceàlaplante; Baise, avec des soupirs de ton haleine lente, Toutes les fleurs des bois au calice affaissé 1 Donne des songes d'or au pauvre qui som[meille,

BerceJes nidspoudreuxsur tous les arbrisseaux, Faispasser,surl'eau triste et pâledesruisseaux, Le sourire amical de la lune vermeille 1 Caresse de brouillards bien frais le champ brûlé Que meurtrit si longtemps la herse furieuse, Puis, inclinant ton urne avec ta main pieuse, Verse une gouttelette à chaque brin de blé 1 Que les bœufs, grâce à toi, se délassent aux [granges,

Que les ânes maigris aient des rêves de son, Etque.danssonberceau d'osier, chaque enfançon Croie habiter des tours d'azur avec les anges i

Que, par toi, les époux s'étreignent, amoureux 1 Que les frêles agneaux aient chaud près de [leurs mères 1

Que tous les hannetons aux ailes éphémères Bourdonnent de plaisir sur les arbres heureux 1 Que l'araignée espère en tricotant ses toiles 1 Que l'abeille ait le cœur bien embaumé de miel Et que tous ceux qui prient à genoux, vers le ciel, Croient voir Dieu leur sourire avec l'œil des [étoiles 1

Puis,quandtut'en iras,sur les coteaux blêmis, Gaîment, avec tes mains subtiles et légères, Accroche des brillants de rosée aux fougères, Pour charmer au réveil les petits des fourmis 1 Impératrice noire à couronne d'ébêne Que suit un escadron de nuages lilas, 0 Nuit, dont lesclochers, comme un rangdepré[lats,

Célèbrent le départ en chantant sur la plaine 1 Jean Rameau.

+

EN VISITE

SAYNÈTE

A la demande de tous ceux qui l'ont applaudie, nous donnons aujourd'hui la jolie saynète de M. Henri Lavedan, jouée pour la première fois, et avec tant de succès, à notre dernier five o'clock par Mlle Ludwig et M. de Féraudy, de la Comédie-Française.

Un monsieur de trente à quarante ans, en tenue de visite. Une jeune femme, en toilette de ville, en cheveux. Simple mais élégante. Petit salon très coquet. ELLE, entrant par la parte de gauche, comme il entre par celle de droite. Tiens, vous voilà. monsieur?. (Un peu interdite). Je ne vous avais pas entendu sonner. Bonjour.

Lui, ganté, chapeau à la main, petit parapluie très chic genr-j anglais. Bonjour. Je n'ai pas sonné. (Il regarde autour de lui et à part.) Très chic, ici. Un peu. (geste qui signifie excentrique). ELLE

ELLE

Mais qui vous a ouvert la porte2, LUI

Elle était ouverte.

ELLE

Enfin, qui vous a conduit jusqu'ici? LUI

Une femme assez forte. brune. ELLE

Très bien. C'est Rose.

LUI

Qui ça, Rose?

ELLE

La lingère. LUI, à part.

LUI, à part.

Une lingère Peste!

ELLE

Et comment ça va-t-il, Monsieur? LUI

Mon Dieu.

ELLE

Asseyez-vous donc?

LUI, en se couchant dans le fauteuil qu'elle vient de lui indiquer

Pas mal, pas mal. Et vous2

ELLE

Très bien aussi.

LUI

Pas fatiguée de l'autre soir?. Les jambes ?. Non. Allons tant mieux. Vous avez bonne mine.

ELLE

Pour si peu?. fatiguée. allons donc! LUI

Eh bien, mais. dites donc? Hein?. ce bal. hein?. (Il siffle).

ELLE

C'était gentil, tout à fait gentil.

LUI

Et des toilettes.

ELLE

II y avait des toilettes.

LUI

C'était réussi. L'année dernière, nous avions eu des scandales. Vous vous souvenez si vous y étiez?

ELLE

J'y étais. je n'en rate pas un.

LUI

Ni moi. Oui, il y avait eu des choses. très regrettables. Clermont-Santeuil était tombé ivre-mort devant l'orchestre. Il avait fallu l'emporter. Cette fois, tout s'est bien passé.

ELLE

C'était gentil, tout à fait gentil.

LUI

Le journal d'hier le disait en toutes lettres « Voilà bien longtemps que le » bal annuel des gens de maison n'avait » été aussi brillant et aussi animé. On ne »comptait pas les jolies femmes! » » ELLE

Oh! ça, c'est vous qui l'inventez? LUI

Non, non. Je n'invente rien. C'est pas moi qui parle. c'est le journal. ELLE

C'est bon. Est-ce que vous êtes resté après moi?

LUI

Non. D'abord, oui, j'avais eu la pensée de rester jusqu'à la fin. Mais j'ai réflé- chi que je n'avais pas terminé chez moi mon argenterie. qu'il faudrait me lever de très bonne heure. et dame; aussitôt après vous avoir jetée en fiacre. ELLE

Vous êtes allé vous coucher.

LUI

En songeant à vous, mon Dieu oui. J'a! trouvé que c'était plus sage..Pourtant. ah I je serais bien resté. et je l'ai un peu regretté le lendemain, en lisant tous les détails que précisément donnait le journal. Ah! oui! si je n'avais pas eu mon. argenterie.

EL6E

Et vous voilà?

LUI

Me voilà.

ELLE

C'est très aimable d'avoir été exact. LUI, empressé

Mais comment donc?.

elle]

Quand avez-vous reçu mon mot? LUI

Ce matin, j'étais descendu dire un petit bonjour au portier. C'est lui-même, en triant les lettres, qui m'a remis la vôtre. Votre maîtresse a un papier qui sent très bon.

ELLE

C'est bien ça, je l'ai jetée hier soir. LUI

J'ai été content de voir que vous teniez la promesse que vous m'aviez faite l'autre jour, au bal, de me faire signe dès que vous pourriez me recevoir.

ELLE

Je suis comme ça, je n'ai pas deux paroles.

LUI

Alors, vous êtes donc seule pour l'instant ?

ELLE

Pas longtemps, hélas Huit jours. Dans huit jours.

LUI

Ça recommence?

ELLE

Et ça durera jusqu'au Grand-Prix. LUI

Est-ce qu'elle est convenable avec vous?

ELLE fait un geste qui signifie: entre les deux, ni bien ni mal.

LUI

Oui, comme elles sont toutes. Mais qu'est-ce que c'est au juste? L'autre soir, c'est vrai. nous avons été si dérangés après avoir fait connaissance, que c'est à peine si j'ai pu vous parler. Oui, qu'estce que c'est que cette femme-là? Comment l'appelez-vous déjà? Z

ELLE

Blanche d'Amboise.

LUI, Se lève

Blanche d'Amb. Très connu! Mais c'est une « suspendue ». C'est rien du tout 1

ELLE, se lève

A qui le dites-vous? J'ai eu le temps de m'en apercevoir.

LUI

Mais, malheureuse, avant de la prendre, vous n'avez donc pas été aux renseignements ?

ELLE

Les renseignements Nous sommes payés pour savoir ce qu'ils valent 1 LUI

Comment vous êtes.si jeune Oh ça me fait quelque chose. ça me fait de la peine. une vraie peine.

ELLE

Vous avez bien tort. Il n'y a pas de quoi s'affliger. Et puis, après tout, quoi? 2 Ça ne nous regarde pas, nous autres. Il faut vivre. Les saints n'ont pas de domestiques.

LUI

C'est juste. (A part.) J'aurais dû m'en douter que c'était une. (Il tâte le fauteuil de la main.) Trop de va-et-vient. (Haut.) Et elle reçoit beaucoup?

ELLE

Longtemps.

LUI

Un service de chien? Allons! Entre nous?

ELLE

Ma foi, guère plus que chez bien des femmes honnêtes.

LUI

C'est possible.

ELLE

Toutes ces femmes-là, vous comprenez, monsieur, comme celle d'ici, qui. LUI

Oui, oui.

ELLE

On sait ce que c'est. C'est des femmes.pfffl. qui vit d'intrigues.comme sous les rois.

LUI

Oui, j'entends.

ELLE

Mais pas méchantes. Car si elles voulaient. non! c'est épatant tout ce qu'elles ne se font pas encore donner LUI

Heuh Faudrait pas trop les pousser. Alors, vraiment, vous n'êtes pas malheureuse ? Vous ne vous plaignez pas? ELLE

Non.

LUI

C'est égal, allez Si au lieu d'une. et cœtera d'Amboise, vous étiez comme moi en relations quotidiennes avec un marquis de Palerme, vous sentiriez qu'il y a là. un je ne sais quoi. de race. de. et puis avec un grand. et simple en même temps. Enfin, c'est tout autre chose pas comparable 1

ELLE

Oh! oh!

LUI

Ne dites pas Oh oh 1 Vous ne savez pas. vous ne pouvez pas savoir, vous, ce que c'est que les gens de cette clàsse-ià 1 -ELLE

ELLE

Allons donc Je les .vois tout le temps chez madame.