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Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1905-01-01

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 137484

Description : 01 janvier 1905

Description : 1905/01/01 (Numéro 15903).

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k238112q

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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A l'occasion du premier jour de FAn, le TEMPS ne paraîtra pas demain.

LE TRIPTYQUE DU PALAIS DE JUSTICE L'Exposition des Primitifs français a été l'événement artistique de l'année. Elle a laissé des souvenirs impérissables.

La Librairie Centrale des Beaux-Arts, qui a publié le magnifique ouvrage de M. H. Bouchot sur cette exposition, ouvrage aujourd'hui épuisé, vient de faire graver, par le procédé de l'héliogravure, une superbe reproduction du Calvaire du Palais de justice, qui a été un des clous de l'exposition, et dont le Pa'ais de justice et le musée du Louvre, où il se trouve aujourd'hui, se sont disputé la possession.

C'est cette très belle reproduction que nous offrons aujourd'hui à nos lecteurs, au prix de 10 francs, livrable à domicile dans toute la France et, pour les abonnés de l'étranger, à la gare la plus proche.

Elle mesure 0m40 sur 0m50, marges non comprises.

Ce numéro est accompagné d'un P E T I T T E M P S (supplément gratuit).

Paris, 31 décembre

BULLETIN DE L'ÉTRANGER

L'ACCORD COMMERCIAL ANGLO-RUSSE Le ministre des affaires étrangères de Russie et l'ambassadeur de Grande-Bretagne à SaintPétersbourg viennent de signer un accord comT mercial analogue à celui qui intervint l'été dernier entre l'empire russe et la République des Etats-Unis. Aux termes de cet accord, des droits et privilèges équivalents sont réciproquement accordés aux associations commerciales industrielles et financières dont le siège social est légalement constitué dans l'un ou l'autre des pays contractants. Ces associations reçoivent notamment le droit d'ester enjustice,mais elles restent soumises à la législation particulière du .pays dans lequel elles sont fondées en tout ce qui touche leur établissement et leur fonctionnement.

L'importance matérielle de cet accord n'est pas niable. Les intérêts commerciaux des deux pays sont considérables. L'Angleterre tient le second rang dans la liste des pays avec lesquels la Russie est en relations commerciales. Elle occupe même à cet égard une situation supérieure de beaucoup à celle de la France. A ce titre déjà la récente convention mériterait d'être signalée. Mais il y a plus.

'Il serait évidemment exagéré d'attribuer à un accord spécial sur un domaine étroit de droit international, la valeur et l'importance d'une modification profonde des rapports entre deux pays. Il convient cependant dans les circonstances présentes de ne pas en diminuer la signification.

Le seul fait que le comte Lamsdorf et sir Charles Hardinge ont pu s'entendre sur un ensemble de litiges, témoigne des bonnes relations qui existent entre leurs gouvernements. Cette constatation est assez réjouissante, si l'on se rappelle que les difficultés qui ont encombré dans les dernières années les relations des deux pays s'étaient encore accrues après le début de la guerre russo-japonaise. On n'avait pas manqué, à cette occasion, d'insinuer que l'Angleterre profiterait des embarras de sa rivale pour accroître son influence dans les régions qui avoisinent les vallées de l'Amou-Daria, de l'Indus et du Gange. L'expédition du Thibet prêtait même à ces fables une apparence de vraisemblance. On prévoyait que l'Angleterre, alliée du Japon, se départirait, en faveur de ce dernier, de la réserve que les neutres doivent observer à l'égard des belligérants. On échafaudait par avance la relation de combats gigantesques dont l'Inde, l'Egypte et les océans étaient les théâtres abondamment arrosés de sang. D'aucuns semblaient se plaire à évoquer la vision de conflagrations futures, et ils faisaient tout leur possible pour exciter les combattants qu'ils avaient choisis. Dans ces conditions, il n'est pas inutile de rappeler l'attention sur les efforts que les gouvernements de Londres et de Pétersbourg n'ont cessé de faire pour rassurer l'opinion sur leurs intentions pacifiques. L'expédition du Thibet n'a pas dépassé les cadres de « l'opération de police » qu'elle devait être dans l'esprit du peuple anglais. Quant à la neutralité, les incidents récents relatifs à la contrebande de guerre, les déclarations des ministres intéressés, les circulaires du gouvernement anglais aux commerçants britanniques, semblent prouver que le cabinet de Saint-James s'est tenu, autant qu'il lui était possible, dansles limites de la neutralité absolue. On doitremarquer en outre que si des particuliers en trompantsa vigilance ont transporté et livré de là contrebande de guerre, la Russie en a profité tout autant que son adversaire. Et cela constitue vraiment une circonstance atténuante en faveur du peuple anglais.

Enfin, survint l'incident de la mer du Nord. L'irritation du peuple anglais, l'impossibilité dans laquelle le gouvernement russe se trouvait momentanément, faute de rapports officiels, de rassurer l'ambassadeur d'Angleterre et d'entamer des négociations, firent craindre

,FEUI~,H.ET®N DU iztmpo DU 1" JANVIER 1905 (14)

LES COLONNES D'HERCUL

DauxiÊAiE 3?.a.:r.ti:e2

XIV

ÏNE SURPRISE PHÉVUE OU QUI AURAIT PU L'ÊTRE Le couple ressoudé en était au quart d'heure romanesque annoncé par M. Du Rozoy et qui précède immédiatement le quart d'heure de Rabelais, autrement dit au dessert le repas s'achevait donc parmi les évocations attendries du passé. Aussi Lucette se trouvait-elle à côté de Florent, et non plus en face de lui. Elle pria son compagnon de lui prêter le crayon de son portefeuille, et elle se mit à dessiner, au dos du menu, la maison de ses rêves en dicant Je. la voudrais ainsi, et bâtie par toi, dans une de ces petits anses ou calangues qui découpent si joliment la grève, un peu au-dessus ûe Garnies, assez loin d'ici, loin de ces espèces «e maisons de rendez-vous pour grues et rastas, que sont les endroits comme Nice et Monte-

<~&f*ÏO.~

^r-.™3 tien-- M&is, je Vm prie, ne te mets pas a dessiner, loi aussi! 1

•Reproduction in(er<J!_Uc.

un moment que la crise ne se dénouât de façon violente. La ferme volonté du roi Edouard VII, la sagesse du gouvernement russe, et les bons offices de notre ministre des affaires étrangères réussirent à faire prévaloir une solution pacifique. ̃

On décida de soumettre l'affaire à une commission internationale siégeant à Paris. Et voici qu'au moment où vont se réunir les agents des gouvernements anglais et russe, autour de la table où siègent les commissaires, les deux puissances sur les intérêts opposés desquels des tiers vont se prononcer, concluent un accord commercial Etait-il vraiment possible de fournir un meilleur témoignage de l'esprit dans lequel s'effectueront les travaux de la commission, et un présage de meilleur augure sur l'issue des négociations ? 2

DÉPÊCHES TÈLÊGRâPHiOUES

DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps Vienne, 31 décembre, 8 h. 2f>.

Nous apprenons que l'empereur a demandé au comte Ferdinand Buquoy, comme nous le laissions prévoir hier, d'accepter le poste de président au conseil et de lui présenter ses propositions relatives à la reconstitution du ministère. Le comte Buquoy, qui avait été nommé récemment ministre de l'agriculture dans le ministère Koerber. se trouve en ce moment à Prague, atteint d'une légère influenza; il se rendra à Vienne aussitôt que son état le lui permettra. On ne sait encore s'il acceptera la mission que lui propose l'empereur.

On commente beaucoup la démarche faite hier par M. Kramarcz chez le ministre des affaires étrangères, comte Goluchowski, pour lui annoncer au nom des Tchèques que ceux-ci renonçaient momentanément à leur obstruction et se borneraient à une attitude d'expectative vis-à-vis du nouveau cabinet. Constantinople, via Sofia, 31 décembre, 10 h. 15. L'iradé concernant la délimitation de l'Hinterland d'Aden a été communiqué à l'ambassade d'Angleterre il donne satisfaction aux réclamations du gouvernement anglais. Le chargé d'affaires est allé au Selamik pour remercier le sultan.

Vienne, 31 décembre.

La Neue Freie Presse annonce que le comte Buquoy a été appelé à prendre la présidence du cabinet et à faire des propositions relativement à la reconstitution du ministère.

Rome, 31 décembre, 2 h.

Un nouvel accident de chemin de fer a eu lieu ce matin sur la ligne Naples-Reggio. Un train venant de Naples a été tamponné en gare de Battipaglia. Parmi les voyageurs se trouvait M. Majorana, ministre des finances, qui a été sauvé par miracle, car le wagon dans lequel il se trouvait a été mis en pièces.

Rome, 31 décembre.

Le pape a reçu les cardinaux Labouré, Couillé et Perraud.

FIN D'AN'N'nE

Si M. Combes prend la peine de faire son examen de conscience politique, il ne pourra guère résumer son bilan pour l'année qui s'achève que par le mot fameux « J'ai vécu » » Mais il n'avait pas les mêmes raisons que Sieyès pour borner si modestement ses ambitions. Cette .année 1904 n'a pas été une période de crise. La République n'a couru aucun danger sérieux. Lés réactionnaires, monaçchlstes et nationalistes, sont réduits à l'impuissance. La tranquillité du pays eût été absolue, si le gouvernement ne l'avait lui-même un peu troublée de temps en temps, soit par son jacobinisme agressif, soit par sa condescendance pour les révolutionnaires et les perturbateurs. D'autre part, notre situation à l'extérieur n'a motivé aucune inquiétude. Le gouvernement n'a donc pas d'excuse à l'évidente stérilité de son action parlementaire.

JI est difficile de douter que cette stérilité n'ait été calculée et voulue. L'un des événements saillants de l'année a été la conversion de M. Combes à la thèse de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Et ce coup de théâtre qui s'est produit au courant du dernier été est révélateur de tout un système. Qu'avait promis M. Combes en prenant le pouvoir? En dehors de la lutte contre les congrégations, il avait promis l'impôt sur le revenu et les retraites ouvrières. Quant au Concordat, il avait si peu fait prévoir son intention de le dénoncer, qu'il s'en était, au contraire, déclaré partisan en termes formels. Seulement, il a constaté que l'anticongréganisme, qui était le seul point de son programme auquel il s'intéressât réellement, était décidément épuisé; qu'il fallait absolument commencer à s'occuper d'autre chose et que les autres articles dudit programme se heurtaient à des difficultés singulièrement épineuses.

Il ne se résigna pas à retirer les promesses qu'il avait faites; mais il en fit une autre. Et ce détour ingénieux l'a conduit au résultat désiré, qui était de ne rien faire. En promettant des réformes, il s'assure la profitable réputation d'esprit hardi et d'homme de progrès. En en promettant une quantité à la fois, il se dispense d'en mener une seule à la réalisation, qui serait .l'écueil. Les commissions se réunissent, on discute les différents projets, on rédige des rapports, on a l'air de travailler énormément. Au besoin même, on amorce un débat devant la Chambre. Et puis, au moment de conclure, c'està-dire au seuil de la zone dangereuse, grâce à la multiplicité des besognes entamées, on s'aperçoit qu'il y en a une autre beaucoup plus urgente, et l'on ajourne celle qui menaçait de devenir em-

Il lui reprit le crayon, un peu brusquement. Mais elle

« Ne te remets pas », pourrais-tu dire, car c'est mon ancien métier, non pas, il est vrai, le dessin qui est du grand art, mais la décoration. Aussi je ne dessinais qu'une maison.

N'importe 1 Je me croirais encore avec ma femme.

On dirait que tu la hais I

Non; mais elle m'a beaucoup agacé, je te l'ai dit. Et puis, je suis si joyeux de me retrouver avec toi, comme jadis. ou presque 1 Au fait, il n'était peut-être pas très loin Se haïr sa femme il avait déjà tant de torts envers elle l

Il ne faut haïr personne, prononça sentencieusement Lucette. La haine est, parait-il, le péché le plus sévèrement puni dans l'autre monde.

Bon nous voilà en pleine métaphysique 1. Du reste, il s'en consomme beaucoup dans les cabinets particuliers. Mais qui est venu t'apporter des nouvelles de l'autre monde ? Un esprit ?

̃– Non c'est une somnambule qui m'a dit ça. Elle m'a dit aussi. Florent crois-tu au somnambulisme?

Elle s'accota fortement à l'épaule du jeune homme en le regardant de tout près, les yeux, ses jolis yeux doux, d'un brun clair, un peu ternis par les fumées, amies et alliées, du champagne et du bordeaux.

Crois-tu au somnambulisme? répéta-t-eîle avec une insistance qui révélait un commencement d'ébriété.

-Tu tiens à ma réponse? Eh bien! je n'y crois pas. pas plus qu'au spiritisme. Je mets tout ça dans le même sac. un sac à malices, plein d'attrape-nigauds. Et si tu veux que je donne une forme saisissante à mon opinion, Je te répéterai ce que j'ai dit familièrement, un jour, à un adepte de l'occultisme « Si le spiritisme et le somnambulisme sont faux, quelle tape pour l'intelligence humaine 1 Mais, s'ils sont vrais, quelle tape pour l'intelligence divine » »

Tu ne respectes rien! Moi, jenecroispas

E

barrassante pour passer à une seconde qui n'aboutira pas davantage.

Un avocat du ministère pourrait nous dire « Quel mal voyez-vous à cela et de quoi vous plaignez-vous, puisque vous n'êtes pas favorable à aucune de ces réformes radicales qui restent en plan? » Ce n'est pas, en effet, des retards apportés au vote de l'impôt sur le revenu ou de la séparation que nous nous plaignons. Mais cette méthode est démoralisante pour l'opinion publique, qui a droit à la vérité. Il faut, soit faire les réformes, soit déclarer franchement qu'elles sont mauvaises ou irréalisables. Et. puis, cette habitude de tout laisser en suspens s'étend à des matières qui exigent une prompte solution. Les habiletés de M. Combes ont empêché le vote du budget dans les délais réguliers. Et l'affaire de la délation, après plusieurs interpellations, plusieurs discours et plusieurs scrutins, n'est pas encore clairement tranchée. Lorsqu'on s'accoutume à ne rien terminer, à ne rien résoudre, ce qui n'est d'abord qu'une ruse dilatoire devient peu à peu une tare irrémédiable. Il n'est certes pas bon quelapolitique d'un grand pays soit dirigée par un gouvernement brouillon, qui inculque à la Chambre une sorte de maladie de la volonté, et qui ne paraît plus capable de netteté et de décision que pour persécuter ses adversaires, ou ceux que quelque émule de M. Vadecard lui dénonce comme tels.

P~o~os ~nc o~ rs U~s

PROPOS DIPLOMATIQUES

AU QUAI D'ORSAY

Mouvements et' promotions

Le préjugé du Nouvel An est un préjugé tenace. Et les grands, comme les petits enfants, veulent avoir leurs étrennes. Etrennes de fonctionnaires, étrennes utiles, suivant l'horrible expression, par laquelle, sans doute, on en veut dégoûter les bambins, étrennes agréables quand même, car l'avancement apporte d'ordinaire à ceux qui en sont l'objet plus de satisfaction morale que de bénéfice matériel. C'est le cas, surtout, pour les diplomates, a qui le « Département » octroie, en fin d'année, les récompenses dont il dispose.

Il serait assez malaisé de connaître avant VOfficiel ces nominations, si l'on prétendait en arracher le secret aux bureaux du ministère. M. Delcassé traite les mouvements qu'il signe un peu comme les négociations qu'il mène il préfère qu'on n'en parle qu'après. M. Delavaud, s'il est le plus actif des directeurs du personnel, en est aussi le plus discret. Et ses collaborateurs le vicomte de. Fontenay et M. Pralon, suivent exactement son exemple. Mais comme, pour une nomination, il faut être deux, celui qui nomme et celui qui est nommé, on a, suprême ressource, les confidences des intéressés la joie est bavarde. Et ils sont, le plus souvent, très joyeux. Et d'ailleurs tout se sait, quoi qu'en pensent.les chancelleries silencieuses. Tout se sait, tout se dit, et tout se répète.

C'est ainsi, par exemple, que je ne vois nulle raison de celer que, cet après-midi, entre quatre et cinq heures, un homme d'une cinquantaine d'années, à l'allure prompte et jeune, dont lesfavoris gris rejoignant la moustache auraient l'air autrichien, si toute sa personne ne respirait vivacité, la souplesse et l'esprit français, entrera à l'Elysée. Ce visiteur sera reçu, en ami, par le président de la République, qui lui remettra lui-même la plaque de grand-officier de la Légion d'honneur. Et dans deux jours on lira au Journal officiel

M. Jules Cambon, ambassadeur do France à Madrid, commandeur du 31 octobre 1889, est promu à la dignité de grand officier.

Voilà, en effet, quinze ans sonnés que M. Jules Cambon a reçu la cravate. 11 était alors préfet du -Rhône. Depuis il a été gouverneur de l'Algérie, ambassadeur à Washington, ambassadeur à Madrid. Le diplomate qui a signé les préliminaires de paix entrel'Espagne etles EtatsUnis, a cette particularité d'aimer les négociations-pour elle-même. Cette escrime lui plaît et le retient. Elle l'a si totalement absorbé et satisfait qu'il a oublié de souhaiter une distinction que d'autres eussent voulu attendre moins longtemps et qu'il n'avait qu'un signe à faire pour obtenir plus vite. Cette patience élégante double le prix du témoignage que lui remet aujourd'hui M. Loubet.

La plaque de M. Jules Cambon suffira, pour cette année, avec celle de M. Nisard, aux affaires étrangères. Pas de cravates de commandeur. Quatre rosettes d'officier, dont deux, si je ne me trompe, pour des consuls généraux. Plus une douzaine de chevaliers. Le conseil de l'ordre en va délibérer.

A l'inverse, aucune délibération n'est requise et la signature de M. Loubet suffit, pour rendre définitives les nominations qui suivent,

Tout d'abord, le comte Sala, appelé à d'autres fonctions, quittera la légation de France à Buenos-Ayres, dont il était titulaire depuis sept ans et dans laquelle il sera remplacé par M. Larrouy, ministre plénipotentiaire en mission. M. Larrouy est le type du diplomate voyageur. Et il sera tout surpris de se voir ainsi fixé. Ce petit homme sec, nerveux, -et Méridional, a débuté, il y a trente et un ans, dans le poste même où M. Delcassé l'envoie aujourd'hui comme ministre. Entre temps, il a passé par Leipzig, Odessa, Yokohama, Caracas, Madagascar, Messine, Dublin..11 a été résident général à Tananarive avant l'expédition. Il a

à grand'chose non plus, mais j'ai, quand même, dans l'âme, des coins de superstition.Eh bien 1 je vais te dire ce que la somnambule m'a prédit. Elle m'a prédit que je serais, un jour, à deux doigts'de vivre avec l'homme de mon choix, mais que la haine de cet homme pour une autre femme devait m'avertir de me défier, toute créature humaine capable de haïr étant capable de tout. Et c'est alors qu'elle a ajouté.

Mais Florent n'écoutait plus. Il avaitjeté dans une assiette son cigare à peine commencé, s'était penché vers la fenêtre ouverte et regardait au dehors avec une angoisse évidente. Qu'as-tu? demanda Lucette. C'est ce que je t'ai dit ?

Bête 1. Ta somnambule, au lieu de te débiter ses billevesées, aurait bien dû te mettre en garde contre les dangers des cabinets particuliersouverts àtous les regards. Mais, au fait, il n'y avait pas besoin de somnambule tu en as fait l'office, car tu m'as prédit toi-même que ie serais vu avec toi par l'oncle de ma femme. Eh bien ça y est

est-il ?

Sur la terrasse, où il se promène en fumant. Il a passé tout à l'heure devant la fenêtre, il a jeté un coup d'œil sur le tableau que nous faisions, l'un tout contre l'autre, et il a souri. Oh ce sourire 1

En effet, M. Maxence d'Orbac se promenait ou plutôt arpentait, à grands pas nerveux, la terrasse du restaurant. Et son agitation n'avait pas dissipé tout à fait son sourire. Il parut hésiter, un instant, à retourner vers la fenêtre délatrice, mais il se décida bientôt à quitter la place et à laisser au couple, trop peu furtif, toute liberté de retraite.

L'oncle de Sabine était, depuis deux ou trois jours, à Monte-Carlo. Mais ce n'était ni le soleil, ni ia jeu qui l'y avait attiré. Ainsi que Lucette l'avaitprévu, en sa clairvoyance de femme, l'amoureux évincé avait senti le besoin de se rapprocher de celle qui l'avait dédaigné; il avait voulu se faire un peu plus saigner le cœur en contemplant le bonheur de la cruelle. Et voilà uu'il découvrait.d'emblée.aue ce bonheur n'exis-

représenté la France, en 1896, dans les négociations relatives au Niger. Il a été ministre au Pérou. Il a présidé, tout récemment, la délégation française à la commission franco-espagnole, qui a préparé l'accord relatif aux chemins de fer pyrénéens. Et on se souvient -gti'à, cette place même, le Temps a publié, l'été dernier, l'exposé lumineux qu'il avait bien voulu me faire de la question.

Depuis trois ans, et sans exclusion de ces diverses missions, M. Larrouy, toujours de bonne humeur, inspectait les consulats français. Il a parcouru, à ce titre, toute l'Amérique et toute l'Europe. Le gros rapport qu'il a remis au ministre sera l'amorce d'importantes réformes, dès maintenant a l'étude. C'est un choix excellent et dont le commerce français si important dans l'Argentine se félicitera sans réserve. Autre légation, Cettigne. Ici c'est le comte de Sercey, actuellement consul général à Beyrouth, qui remplace en qualité de ministre résident M. Souhart, appelé à d'autres fonctions. M. de Sercey appartient à la carrière diplomatique et n'en est sorti que pour gérer le consulat général de Beyrouth. Il revient donc à ses premières amours. Il a été secrétaire à Teheran, à Berne, à Rome, à Athènes, au Monténégro quatre ans et à Pékin. Il connaissait particulièrement l'Orient où il avait rempli une mission spéciale relative au fonctionnement de nos écoles, mission qui l'avait désigné pour Beyrouth.

Son successeur dans ce consulat général, important comme une légation, sera M. Auguste Boppe, premier secrétaire d'ambassade, chargé du consulat général de Jérusalem. M. Boppe, lui aussi, a beaucoup voyagé. C'est un esprit d'une grande clarté, un caractère tenace et volontaire, qui fera d'excellente besogne dans un poste où il faut défendre l'influence française contre les entreprises étrangères et harI rnoniser cette influence avec les exigences parfois impérieuses tie notre politique intérieure. La tâche n'est pas aisée et demandait un bon ouvrier. Le voilà trouvé. Rappelons que depuis longtemps M. Boppe était connu en Orient. Il était secrétaire à Constantinople en 1896, lors des massacres d'Arménie. Et sa conduite courageuse en présence des bandes d'assommeurs armées par le sultan lui valut une médaille d'honneur.

A Jérusalem, le consulat général qu'abandonne M. Boppe, est confié à M. Georges Outrey, actuellement consul à Porto. M. Outrey appartient à une famille qui a donné à la France en Orient des serviteurs excellents, dont il va renouer la tradition. Il a fait lui-même toute sa carrière dans le Levant, qu'il n'a quitté, il y a huit ans., que pour aller à Porto, d'où il revient aujourd'hui. Il est l'auteur d'un travail considérable non publié, et non achevé, sur le protectorat de la France en Orient. C'est comme secrétaire archiviste de notre ambassade à Constantinople qu'il en avait réuni les éléments. Il faut souhaiter qu'il mène à bonne fin cette profitable enquête.

M. Georges Outrey sera remplacé à Porto par M. Bergeron, le chef sympathique et excellent du bureau du départ au quai d'Orsay. M. Bergeron, par sa cordialité gracieuse dans des fonctions qui faisaient de tout le personnel diplomatique et consulaire le tributaire, de son obligeance, avait conquis au ministère et dans les postes une vraie popularité. Et tout le monde déplorera l'absence, que lui impose son avancement. Les valises, lui disparu, continueront à -partir pour tous les coins du monde. Mais il y iii^nquera quelquechose; quand on saura que « l'ami Bergeron » ne préside plus à leur fermeture. On compte du moins que le peintre de talent, qui se cachera sous l'uniforme du consul comme sous la jaquette du chef de bureau, enverra de Porto à ses amis de Paris le témoignage de ses joies d'artiste.

Faut-il, pour être complet, ajouter que M. Dejoux, consul à Saint-Domingue, chargé du consulat général, succède, à la NouvelleOrléans, à M. Pierre Richard, nommé à Odessa; que M. Frandin, consul général, passe à SaintDomingue que le comte de Saint-Aulaire, secrétaire de la légation de France à Tanger, reçoit le grade, bien gagné, de premier secrétaire; qu'un des membres les plus distingués de l'Université, l'un des hommes aussi qui connaissent le plus à fond les choses anglaises, M. Abel Chevalley, sera prochainement pourvu d'un important consulat général dans l'Afrique du Sud qu'une des légations de l'Amérique latine changera dans quelques mois de titulaire qu'enfin une organisation centralisée des services marocains au ministère, ne tardera guère à être établie, et que M. de Marcilly, consul de France, en sera la cheville ouvrière? Tout cela est vrai. Mais, comme dit le poète, n'anticipons pas. Et ne cueillons les mouvements qu'en pleine maturité.

GEORGES VILLIERS.

LA GUERRE BUSSO-JÂPONÂISE L'amiral Togo et l'amiral Kamimoura sont arrives s a Tokio hier matin. Ils ont été l'objet d'ovations incessantes sur tout le parcours de la gare au ministère de la marine. Ils se sont ensuite rendus au palais, où ils ont été reçus par le mikado.

Le séjour des deux amiraux à Tokio durera, sans doute, une semaine. Ils consulteront l'état-major, et mettront la dernière main à leur plan d'opérations. On mande de Tokio à V Information, que l'armée japonaise assiégeant Port-Arthur a pris, après un combat acharné, la colline Niryo.

tait pas que la trahison de l'homme indigne qu'on lui avait préféré n'avait même pas attendu, pour se produire, le dernier quartier de la lune de miel, les cinq ou six mois réglementaires pendant lesquels tout homme qui se respecte et respecte sa femme s'interdit de la tromper l

Mais qu'allait-il faire de cette révélation? Et, d'abord, en était-il vraiment si enchanté? Non. Certes 1 il aimait sa nièce d'une affection fort peu avunculaire; mais enfin, il l'avait fait sauter sur ses genoux, alors qu'elle était tout enfant, il s'était mis à quatre pattes pour jouer avec elle. Et il reste toujours quelque chose de ce rôle de père: un attendrissement sur la faiblesse de l'enfance qu'on a protégée, amusée ou surveillée. On peut être amoureux de sa nièce mais à l'amour qu'on ressent pour elle se mêle toujours un sentiment plus désintéressé, moins égoïste que l'amour ordinaire.

Ainsi, Sabine était malheureuse cette Sabine dont les grâces enfantines avaient captivé ses regards, avant que la grâce de la femme lui eût ravagé le cœurl. Mais connaissait-elle seulement son malheur? C'était peu probable il y a des catastrophes qu'on ne devine pas. Et ce misérable Durozoy, qui avait tout l'air d'un vulgaire aventurier, mettant à profit,, le plus vulgairement du monde, l'aubaine d'un riche mariage, n'avait sans doute pas eu le cynique courage de se montrer tout de suite sous son vrai jour. Donc, Sabine devait encore tout ignorer. Allait-il, sans l'excuse, cette fois, d'une suprême tentative de sauvetage, porter un nouveau coup à ce fragile bonheur? Etait-il homme à goûter une basse vengeance, en ruinant à tout jamais des illusions devenues nécessaires à la vie même de celle qu'il avait tant aimée, de celle qu'il se reprenait à chérir d'une tendresse apitoyée, paternelle et scrupuleuse?.

Mais, d'autre part, allait-il supporter que ce drôle, cet imposteur, achevât son œuvre de mensonge', de duperie, de scélératesse et de cruauté, en torturant et en humiliant Sabine, pendant des années peut-être? L'oncle ne pouvait rien. dire à sa nièce, si elle ne savait rien; mais il pouvait parler au mari de sa nièce, sinon pour 1

NOUVELLES DE L'ÉTRANGER

La révolte des Herreros

Un rédacteur du Berliner Tageblatt a interviewé, Mer, à Hambourg, le colonel Leutwein, retour du Sud-Ouest africain allemand. Le colonel Leutwein remplissait les fonctions de gouverneur civil et de commandant militaire de cette possession. Il a été rappelé et remplacé par le général de Trotha; on lui a reproché de ne pas avoir prévu la révolte' et d'avoir voulu traiter avec les chefs indigènes au lieu de les réduire par la force. Le colonel Leutwein semble malgré tout convaincu que sa méthode de pacification reste la meilleure

L'insurrection des Herreros, a-t-il dit, comme grande guerre est bien finie, mais la petite guerre nous donnera encore beaucoup de mal. La tâche principale ne consiste pas à vaincre, mais à faire la paix. Nous avons assez vaincu.

L'insurrection a éclaté si soudainement que, même les colons qui vivaient au milieu des indigènes ne l'ont point pressentie. Comment, dans ces conditions, l'eusséje pressentie, moi, qui étais alors occupé avec les Bondelswarts (une autre tribu soulevée).

L'insurrection des Hottentots sera longue à réprimer, l'ennemi étant difficilement saisissable. Le colonel ne croit pas probable que les Oyambas se révoltent à leur tour.

D'après le nouvel annuaire militaire allemand, 261 officiers de tous grades et de toutes armes ont été affectés, depuis le 6 mai dernier, aux troupes du protectorat du Sud-Ouest africain. Le nombre des officiers employés dans cette colonie antérieurement à la date precédente s'élevait à 114. Par conséquent, à l'heure actuelle, il y a là-bas, déduction faite des tués ou morts de maladie (23), 352 officiers, c'est-àdire les cadres d'une forte division.

La'misère en Espagne

Un des problèmes qui préoccupent le plus le nouveau cabinet Azcarraga, c'est la cherté croissante des subsistances qui a déjà provoqué à Madrid et dans diverses villes des meetings de protestation. Récemment, au début de l'hiver, lors de la cruelle tempête de neige qui s'abattit sur Madrid, le Iteralîio constatait qu'il y avait dans la capitale plus de vingt mille familles manquant de travail et dans le besoin.

Répondant aux appels de la presse, le roi et la reine régente ont donné l'exemple de l'intervention charitable en faveur des indigents en faisant distribuer des soupes et des rations aux nécessiteux qui se présentaient. Et ceux-ci venaient en nombre cinq et dix fois plus grand que celui des rations à distribuer. On diminua les rations pour les répartir sur une plus grande quantité de personnes. p

Il fallait voir les lamentables files de ces miséreux grelottant sous la neige, faisant la queue quelquefois au nombre de deux mille devant les casernes et dont la moitié, sinon plus, n'étaient point certains d'avoir part à la distribution. Une fois, une bande d'individus déçus s'en fut clamer son indignation et son désespoir devant le palais royal où, pour les calmer, on dut leur distribuer des bons de pain. Ce qu'il y avait de plus navrant, c'est que ces nécessiteux n'étaient point tous. des mendiants de profession on y voyait mêlées aux loqueteux des familles convenablement vêtues obligées par la faim de venir mendier leur part de ces rations, si peu appétissantes souvent qu'il en était parmi ces affamés qui les refusaient. La reine Christine a.fait don de 3,000 pesetas, et plusieurs dames de la cour l'ont imitée, pour permettre le dégagement gratuit de vêtements et de couvertures engagés au mont-de-piété. De leur côté, les prêteurs sur gage de Madrid, qui sont au nombre de cent et qui font un chiffre d affaires énorme, ont consenti à abandonner un mois d'intérêt." Tout cela ne remédie que dans des proportions très insuffisantes à cette crise de misère mquiétanto, sinon menaçante. Il y faudrait les millions que les comités de grandes dames emploient; dans ce même temps où les populations crient famine, à parer de couronnes, de colliers, de bracelets, de pendants orTnés de pierres précieuses les statues de la Vierg:ê dol Pilar et autres révérées dans les sanctuaires d'Espagne.

Et cette situation n'est pas particulière à la capitale et aux grands centres commerciaux et industriels. Dans les campagnes, les paysans sont dévorés par l'usure à 25 et 30 0/0. Il y a là un état de choses bien digne des préoccupations du gouvernement et des partis, si la politique leur en laisse le loisir.

Affaires de Macédoine

Voici le résumé de la dernière note que le ministre des affaires étrangères de Bulgarie a fait remettre à la Porto.

Le gouvernement bulgare appelle l'attention du gouvernement ottoman sur le fait que la Porte n'a pas rempli les engagements pris par l'accord du mois d'avril dernier, notamment en ce qui concerne l'amnistie et la question des réfugiés. q

La note repousse également les affirmations du grand-vizir relatives à l'irruption de bandes bulgares en Macédoine, à la participation d'officiers bulgares dans le mouvement révolutionnaire et autres accusations, et termine en invitant l'agent bulgare à appuyer vivement auprès du grand-vizir les revendications suivantes

Le rapatriement immédiat des réfugiés qui se trouvent encore en Bulgarie

L'application complète de l'amnistie;

3° L'abrogation des décrets d'emprisonnement contre les personnes impliquées dans le mouvement insurrectionnel

L'annulation dés mesures restrictives contre les prêtres et les instituteurs;

5° La liberté de travail et d'instruction dans les villages qui ont abandonné le patriarcat pour l'exarchat; L'autorisation pour les sujets bulgares munis de passeports de voyager sans entraves en Turquie. Il faut aussi mentionner une déclaration très intéressante du gouvernement bulgare, que la conclusion d'une convention postale et télégraphique avec la Turquie est restée depuis quinze ans en suspens parce que la Porte a toujours persisté à vouloir dé- signer dans ce contrat la Bulgarie méridionale sous le nom de Roumélie orientale, ce que la Bulgarie a énergiquoment refusé en invoquant les traités conclus avec d'autres Etats, où le nom de Roumélie orientale n'ést nullement employé.

L'exarque bulgare a également envoyé un takrir )mémorandum) à la Porte; il y réclame' la suppression de toutes les vexations contre les prêtres et les maîtres d'école en Macédoine et dans le vilayet d'Andrinople.

faire appel à des sentiments de délicatesse et d'honneur qui n'avaient probablement jamais existé, du moins pour menacer le personnage d'une correction, s'il était lâche, nu d'une intervention contraire à ses intérêts financiers, s'il n'était que cupide.

Une fois fixé sur son rôle, M. d'Orbac chercha comment il pourrait parvenir à joindre Florent Du Rozoy sans aller le relancer chez lui et sans lui écrire. Il s'informa d'abord au Casino, demandant si l'architecte y était connu. La réponse fut négative, et l'on put même donner au questionneur,- qui avait, bien entendu, déguisé son indiscrétion en alléguant le prétexte d'une communication urgente et professionnelle, l'assurance que la personne désignée par lui n'avait pas de carte d'entrée permanente, ce qui excluait toute chance sérieuse de la rencontrer dans les salles. Restait le hasard des rencontres à Nice; mais, à Nice, Florent serait vraisemblablement avec sa femme. Comme M. d'Orbac allait, un peu déconcerté, sortir de l'établissement, il vit descendre de voiture, devant le péristyle, la femme même qui, deux heures auparavant, était en compagnie de Florent, appuyée à son épaule, dans un cabinet du restaurant de la Turbie. Seulement, elle avait changé de compagnon et aidait un grand monsieur blond, de visage émacié et de tournure élégante, visiblement très malade, à gravir les quelques marches du perron. L'oncle de Sabine eut alors l'idée toute naturelle de suivre le couple à travers les salons, pensant qu'il finirait bien par avoir l'adresse de la dame. Après quoi, il ne lui resterait plus qu'à guetter ou à faire guetter Florent.

Le faux ménage, plus édifiant que la plupart des ménages authentiques, ne se sépara pas une seconde. Et M. d'Orbac, en voyant de quelles attentions touchantes, de quels soins pieux la jeune femme entourait celui qui s'appuyait à son bras, ne put s'empêcher de murmurer, monologuant à leur suite 1

Mais c'est une Antigone Ce n'est pas du tout ce que je croyais. Ello est très comme il faut, cette jolie blonde aux yeux noisette. Il n'y en a, ma parole, que pour les aventuriers

D'après l'entretien du prince do Bulgarie avec l( roi Pierre et M. Pachitch, on suppose qu'il a èti surtout question des bandes serbes et bulgares qui se combattent violemment en Macédoine et provoquent le mécontentement de l'opinion dans les deux pays voisins.

Il aurait été aussi question des relations de la Serbie et de la Bulgarie avec le Montenegro. Le prince Nikita se montre, comme on sait, assez froid en ce qui concerne un rapprochement serbobulgare, qui lui fait perdre une partie de son importance dans les Balkans. p p

République de Libéria

On sait qu'en 1817, pour des motifs philanthropiques, les Etats-Unis transportèrent à la côte occidentale d'Afrique environ 25,000 noirs, anciens esclaves libérés de leurs plantations. Entre les territoires qui forment aujourd'hui la colonie anglaise do Sierra-Leone, et ceux qui constituent notre colonie de la Côte d'Ivoire, ils constituèrent avec ces noirs « civilisés » la République de Libéria, dont la capitale fut Mourovia, à 1 embouchure du fleuve Saint, Paul.

Cette population de noirs parlant anglais est aujourd'hui fort réduite. Elle n'occupe guère que la côte, et l'hinterland très profond que lui attribua la convention franco-libérienne rdé délimitation, en 1892, faite sur le papier, est presque totalement inconnue d'elle.. Les tribus sauvages qui l'habitent font fréquemment des incursions gênantes sur nos territoires du Niger. D'autre part, cet hinterland ressemble beaucoup, on certaines de ses parties du moins, à celui de notre Côte d'Ivoire. Il contient da riches réserves de caoutchouc et de bois de prix. Des sociétés commerciales allemandes; américaines, anglaises, françaises, se disputent là des privilèges, des monopoles même, que la République de Liberia concède pour mettre à jour son budget fréquemment en déficit. La banque de l'Afrique occidentale française a récemment créé une succursale à Mourovia. Enfin il serait peut-être utile que, pour repousser Jes incursions des tribus de l'intérieur, sur lesquelles le gouvernement libérien n'a aucune action, la France pût exercer contre ces tribus, un droit dç suite dans l'hinterland. On pourrait aussi régler sur le terrain certains points de la délimitation. C'est ainsi que l'esprit de la convention de 1892 nous attribue certainement le bassin du Haut Cavally, celui des fleuves côtiers dont le domaine du Liberia. Notre correspondant do Mourovia nous écrit, au sujet de toutes ces questions

La cérémonie annuelle de la lecture du Messager pésidentièl a eu lieu le 15 décembre en présence du cabinet libérien, des deux Chambres et des chefs de toutes les maisons européennes établies à Mourovia, invités spécialement.

Dans son discours, le président Arthur Barclay s'est montré très prudent, se bornant à exposer la situation des diverses provinces de la République, glissant sur les questions pendantes de délimitations de frontières avec la France et l'Angleterre,et adressant à l'Allemagne un hommage discret pour l'amabilité dontl'empereur et les membres de son cabinet avaient fait preuve à l'endroit du ministre d'Etat, M, Travis, que; ^dit-on, le représentant d'un armateur de Hambourg a promené, cet été dernier, aux frais de sa maison dans tout l'empire allemand. M. Barclay..n.'a fait qu'une allusion aux problèmes financiers qu'il importerait de résoudre.•>; '̃'̃

Il s'agissait des finances. Il a annoncé qu'une banque coloniale française, la ̃Jîaniïuede l'Afrique occidentale, était en train de s'établir à Mourovia. Il a lu et commenté le décret. institu'ajitî cette :banque, insistant sur le., privilège d'émisgiïin de .billets de banque dont jouit, sur'toute la côte d'Afrique, cet établissement, poussant même la bienveillance jusqu'à prendre la peine de mettre en garde les agents de la banque en question contre le danger d'accepter contre argent les valeurs fausses (currenuis) qui circulent dans la République.

Ce problème financier est cependant, et en dépit du mutisme ,présid,entiel, des plus'urgents à résoudre. Le. Trésor libérien en est réduit, pgur se procurer de l'argent; aux .expédients les plus bizarres. Pour payer aux représentants des deux Chambres l'indemnité à laquelle ils ont droit, on a offert à une maison hollandaise établie ici, des bons d'avances- sur" lés droits de douane {Government bills). Cette méthode est d'ailleurs d'un usage courant le négociant achète les bills, en opérant, en dehors des intérêts convenus, une retenue élevée dont le profit ressort dans les opérations commerciales. C'est de la sorte que les recettes de douanes augmentent, car il faut fatre ressortir, au chapitre créditeur, les bons d'avances pour leur montant intégral, qu'il s'agisse de droits d'entrée ou de droits de sortie. C'est également en vertu de la même théorie que le mouvement commercial paraît se développer alors que. surtout pour les exportations, il décroît sensiblement chaque année.

Le procès d'Haïti

Nous avons annoncé, hier, la condamnation par la cour suprême de Port-au-Prince do l'ancien président Simon Sam et do tous les membres de son gouvernement, compromis dans l'émission frauduleuse de Consolidés.

D'autre part, MM. de la Myre, Ohlrich, de Puybaudet et Tippenhauer, ex-directeur et employés supérieurs de la Banque nationale, poursuivis pour complicité, sont condamnés à quatre .ans de travaux forces et tous, solidairement, à 30,000 dollars d'indemnité envers l'Etat.

Allemagne

Nous avons annoncé récemment qu'à l'occasion du prochain mariage de la princesse Cécile de Mecklembourg avec le prince impérial allemand, le Landtag mecklembourgeois a voté, conformément aux dispositions du pacte de famille revisé en 1755, les fonds nécessaires pour la constitution de la dot statutaire, soit une somme de 73,099 mark.

La perception do cet impôt donnera lieu à des opérations financières très intéressances. Ainsi, à l'exception des villes de Rostock et de Wismar, qui sont taxées respectivement aux sommes de 5,833 maik 33 pfennig et 3,099 mark, les autres villes, bourgs, etc., du grand-duché, devront faire des emprunts. Les biens seigneuriaux auront à acquitter une taxe de 5 mark 50 pfennig par acre de terre. Les emphytéotes des domaines grands-ducaux verseront une somme de 1 mark pour 50boisselées de terre, sans toutefois que la taxe maxima puisse dépasser 15 mark pour une propriété d'un seul tenant. Enfin les petits propriétaires sont taxés à 25 pfennig pour 10 boisselees de terre, et à 50 pfennig pour les biens d'une contenance plus forte.

La somme totale indiquée plus haut devra 6tf réunie avant le 8 janvier 1905.

et les gredins. Ah pourtant, son compagnon actuel n'a pas l'air d'un bandit. Mais le Florent non plus, après tout 1. Seulement, Florent, à le bien regarder, ma sœur n'a pas tort de le dire, tient un peu du félin. Celui-ci, au contraire, est un homme parfaitement correct et distingué. Il a l'air d'un diplomate danois. non, autrichien, plutôt. Oh! mais, malade, par exemple 1. Drôle d'idée de venir jouer à la roulette quand on n'a plus que le souffle et qu'on est riche Car il faut bien qu'il le soit pour avoir une aussi gentille garde-malade, qui n'est pas une vertu, je sais à quoi m'en tenir! et- t, aussi pour semer l'or à pleines mains, comme il fait, sur ces tapis ingrats qui absorbent tant et rendent si peu

Le compagnon de Lucette venait, en effet, s'étant assis péniblement sur une chaise qu'unci joueuse compatissante ou enguignonnée lui avait cédée, de couvrir d'orcinq ou six numéros à portée de ses doigts tremblants, que l'on eût pu croire agités par la fièvre du jeu, si le regard suprêmement triste et distrait du joueur n'eût révélé, comme sa mine hâve et ravagée, un mal plus immédiatement mortel. Trois fois, quatre fois, cinq fois de suite, les numéros sortirent. Et de sa paie, maigre et longue main d'aristocrate agonisant, le joueur heureux ramassa, outre -deux piles croulantes de louis, qu'il fitchanger contre des coupures, deux grosses liasses de billets de mille francs. Négligemment, par dessus son épaule, il passa le tout à Lucette, qui était restée debout derrière lui; puis, ayant quitté sa chaise avec plus de difficulté encore qu'il n'en avait eu pour y prendre place, de nouveau il s'empara du bras de la jeune femme, et il s'éloigna, suivi par un murmure de pitié, lui qui venait pourtant de réaliser cet idéal commun à toute l'assistance gagner la « forte somme »! 1

Le couple alla s'asseoir sur une sorte de pouf ou de canapé circulaire, ou il était assez facile pour M. d'Orbac de saisir, eu s'adossant aux causeurs, quelques bribes de leur entretien. LA sulvrej,·, Henry Rabusso*

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