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Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1902-04-08

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 137484

Description : 08 avril 1902

Description : 1902/04/08 (Numéro 14909).

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k237092w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Paris, 7 avril

BULLETIN dFl'ÉTRANGïR LA FIN DE LA RÉGENCE

Le jeune roi d'Espagne Alphonse XIII va atîeindre dans cinq semaines sa majorité de souverain, à seize ans révolus. A cette même date du 17 mai là reine, sa mère, déposera les pouvoirs qu'elle tient de la Constitution et qu'elle a ̃exercés comme régente pendant près de seize ans et demi.

Cette longue régence a eu la fortune de tout «e qui paraît fragile. Sur cette terre d'Espagne, bouleversée par tant de prononciamientos et de révolutions, quel avenir pouvait-on prédire à un roi enfant soutenu d'une reine jeune et d'origine étrangère ? Ce faible espoir de la Restauration alphonsiste avait-il un lendemain ? Le moindre mouvement républicain ou carliste n'allait-il pas emporter cette petite plante sans racine? Aujourd'hui, seize ans se sont passés l'Espagne et la régence ont subi quelques-unes des plus redoutables épreuves qui puissent atteindre un Etat et un trône ils ont eu à livrer une guerre lointaine et malheureuse; l'Espagne ne possède plus que des débris de son ancien empire d'outre-mer dans son propre sein se produisent des déchirements; aux anciens éléments du désordre, carlisme, régionalisme, s'ajoutent des éléments nouveaux, le socialisme, l'anarchisme. Et, malgré tout, ce trône, que les prévisions les plus plausibles de la politique condamnaient, est toujours debout. Ce pays, vaincu et mutilé, a la volonté de se relever et de guérir. Cette dynastie a pris racine; cet enfant devient un homme et, malgré les tristes jours d'un passé si Técent, c'est encore l'espoir qui s'apprête à saluer son avènement.

L'histoire expliquera comment la rég-ence de dofia Maria Cristina a échappé à tous les dangers. Les raisons en sont diverses. La plus connue est la protection de la papauté qui a sauvé effectivement la veuve et le fils d'Alphonse XII des entreprises du carlisme. Les instructions énergiques et répétées de Léon XIII au clergé espagnol par l'intermédiaire du nonce à Madrid ont annihilé d'avance loute entreprise du prétendant et surtout de «es partisans, plus ardents, certes, que luimême. La reine régente va envoyer au Vatican sn mission extraordinaire le marquis d'Ayerbe pour porter à Léon XIII l'expression de sa reconnaissance et de celle du jeune roi. Les libéraux disent bien et ils en donnent des preuves assez fortes que l'Eglise a grandement bénéficié de la protection qu'elle a étendue ainsi sur la régence et que jamais l'influence de la papauté, du catholicisme, du clergé n'a été plus grande sur la politique de l'Espagne. Mais il n'est pas moins vrai que, grâce à cette intervention, l'Espagne a fait l'économie d'une terrible guerre civile.

Une autre raison du développement paisible de la régence a été la personne même de la souveraine. Nulle n'a été moins femme dans le sens politique du terme que cette reine jeune, étrangère, sans expérience, qu'un coup du sort chargeait brusquement de la responsabilité la plus lourde. De son sexe elle n'a eu ni les préjugés, ni les impatiences, ni les caprices; elle a fait preuve d'un coup d'œil prompt à saisir les situations, souvent si compliquées, que lui faisait la politique des partis; elle n'a pas employé sa finesse à conspirer avec une camarilla de cour pour tenir en échec tel ou tel homme d'Etat contre lequel elle aurait eu des préventions. Avec réserve et bonne volonté à la fois, avec un sang-froid que rien n'a jamais démenti, la reine régente a loyalement appliqué la Constitution qu'elle avait juré d'observer. Telle a été sa grande part de mérite dans ces années difficiles. Mais le grand prix de sagesse, pour ainsi dire, c'est à l'Espagne elle-même, au pays qu'il doit être décerné. Il n'est que juste de proclamer et de louer la bonne volonté de tous, l'idée élevée que les Espagnols se sont faite de leur devoir comme nation en face du roi enfant. Ce fut à la fois un mouvement de générosité et une intuition politique supérieure, que cette résolution de tous les partis de faire trêve à leurs revendications pendant la minorité d'Alphonse XIII. Cette trêve qui englobait les royalistes de diverses observances et les républicains de divers systèmes, fut une noble conspiration comme l'histoire n'en présente guère, et qui, selon le mot du poète « est bien d'une âme espagnole ». Pour les uns, comme le chevaleresque Castelar, c'était le sacrifice d'un idéal; pour les autres, les sacrifices étaient plus tangibles encore, plus personnels, plus difficiles peut-être. Mais tous, après le premier élan de générosité, avaient compris que cette régence, le règne d'une femme et d'un enfant était encore ce qui les divisait le moins, ce qui les garantissaient le mieux contre l'outrance d'un système et la domination exclusive d'un parti. Seize ans de calme relatif et de stabilité ontrécompensé cette conspiration anti-révolutionnaire, et c'est peutêtre à cette trêve que l'Espagne a dû de supporter sans périr les cruelles épreuves de ces dernières années. Puisse le nouveau règne inspirer aux politiques des résolutions aussi élevées et aussi sages l

FEUILLETOliT 11U ~~ni~$ DU 8 AVRIL 1902 (*)

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(UNE AUTRE HISTOIRE DE SHERLOCK HOLMES)

I

M. SHERLOCK HOLMES

'Ce matin-là, M. Sherlock Holmes qui, sauf les cas assez fréquents où il passait les nuits, se levait tard, était assis devant la table de la salle à manger. Je me tenais près de la cheminée, examinant la canne que notre visiteur de la veille avait oubliée. C'était un joli bâton, solide, terminé par une boule ce qu'on est convenu d'appeler « une permission de minuit ». Immédiatement au-dessous de la pomme, un cercle d'or, large de deux centimètres, portait l'inscription et la date suivantes « A M. James Mortimer, ses amis du C. C. H. 1884 ». Cette canne, digne, grave, rassurante, ressemblait à celles dont se servent les médecins

«vieux-jeu ».

Eh bien, Watson, me dit Holmes, quelles conclusions en tirez- vous ? 7

Holmes me tournait le dos et rien ne pouvait lui indiquer mon genre d'occupation. Comment savez-vous ce que je fais? Je crois vraiment que vous avez des yeux derrière la tête.

Non; mais j'ai, en face de moi, une cafetière en argent, polie comme un miroir. Allons, Watson, communiquez-moi les réflexions que vous suggère l'examen de cette canne. Nous avons eu la malchance de manquer hier son propriétaire et, puisque nous ignorons le but de sa visite, ce morceau de bois acquiert une certaine importance.

Je pense, répondis-je, suivant de mon mieux la méthode de mon compagnon, que le docteur Mortimer doit être quelque vieux médecm, très occupé et très estimé, puisque ceux HeDroduçtiion interdit

DEPECHES TÉLÉGRAPHIQUES

DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps Vienne, 7 avril, 8 h. 10.

A la veille de la réouverture de la Chambre se multiplient partout, à Linz, Salzbourg. Bozen, Reichenberg et autres villes, les manifestations des Allemands contre le maintien des classes slovènes dans le gymnase de Cilli.

La plus importante de ces manifestations a été celle de Reicnenberg, en Bohême. Le député allemand populiste, M. Prade, a déclaré en termes très catégoriques que les Allemands étaient bien décidés à paralyser toute délibération parlementaire au cas où le gouvernement ne leur donnerait pas satisfaction.

Pour prévenir cette éventualité, des pourparlers ont eu lieu hier entre le chef du cabinet, M. de Kœrber, et les partis de la droite.

Un compromis sera probablement conclu aujourd'hui en vue d'assurer le bon fonctionnement législatif.

Copenhague, 7 avril, 11 h. 50.

L'adoption de la cession des Antilles danoises est maintenant assurée. L'opposition au Landsthing s'est prononcée jusqu'ici contre cette vente. Mais hier elle a déclaré qu'elle n'exige plus qu'un piébiscite préliminaire des populations. Le gouvernement accepte cette condition.

Sofia, 7 avril, 9 h. 30.

Dans le vilayet de Monastir, les comités macédoniens mettent à contribution la population des campagnes en la forçant d'acheter des fusils Gras au prix de deux livres pièce, et menacent de mort tous ceux qui se rendront coupables de trahison.

DISCOURS POLITIQUES

La journée d'hier fut bonne pour l'éloquence parlementaire, et bonne également nous le disons avec une espérance joyeuse pour l'avenir de la République. M. Paul Deschanel et M. Barthou s'expliquaient devant leurs électèurs. L'un et l'autre, pendant les quatre années qui viennent de s'écouler, se tenaient, pour des raisons différentes, à l'écart de la politique active et des luttes passionnées. Ils nous apportent, en une certaine manière, le fruit d'observations attentives, pénétrantes et désintéressées. Ils étaient dans la mêlée; mais, n'ayant ni donné, ni reçu de coups, ce qu'ils disent emprunte à cette circonstance une exceptionnelle autorité..

Le discours de M. Paul Deschanel nous a soustrait, pour un moment, aux préoccupations électorales les plus immédiates. Et tous ceux qui veulent regarder plus loin que le 27 avril devront méditer le discours de l'honorable président de la Chambre, si riche d'idées et d'une langue si ferme et si nette. D'autres ont dit et diront les décisions que le parti républicain doit prendre pour parer au plus pressé, c'est-à-dire pour rétablir un peu d'union dans ses rangs. Ayant dirigé quatre ans les débats parlementaires, M. Paul Deschanel avait à nous suggérer ce qui manque au régime pour donner tous les fruits qu'en attend le pays. Or, il a très bien vu, et très bien montré, que nous ne savons pas tirer un parti judicieux de la Constitution et que nous faussons le régime représentatif. Tout en écartant avec sagesse les projets de revision constitutionnelle qui voudraient instaurer chez nous le système américain, tout en faisant une part opportune à nos légitimes défiances contre le pouvoir personnel, M. Paul Deschanel a très clairement expliqué la faute commise par les républicains en négligeant les ressources précieuses de notre Constitution si richeetsi souple. Commelui, nous pensons que l'on fut imprudent de laisser tomber en désuétude la faculté de dissoudre la Chambre. Comme lui, nous pensons que les présidents de la République ont eu le plus grand tort de ne pas user de leurs droits de message ou de toutes autres initiatives légales, en des circonstances telles que l'abandon de l'Egypte ou le renvoi de 60,000 hommes de l'armée active. Il est permis de croire que nous eussions évité le boulangisme, si l'on avait dissous, après deux ans, la Chambre élue dans le désordre de 1885, après la surprise de Lang-Son. II est permis de s'étonner que les présidents de la République, dont l'action patriotique fut si heureuse au moment de l'affaire Schnœbelé, pour la conclusion de l'allianée russe, et lors des incidents de Fachoda, n'aient pas fait un usage, mesuré mais tout de même plus fréquent, de leurs prérogatives constitutionnelles.

Oui, nous avons à mieux connaître la Constitution et nous avons à l'appliquer. Il est d'une urgence tout aussi pressante de réformer nos usages parlementaires. M. Paul Deschanel a très finement indiqué que les Parlements semblent avoir perdu le sens de leur origine et qu'ils oublient leur raison d'être. Ils avaient été créés pour défendre le contribuable contre les abus du pouvoir royal. Le roi, dépensier et prodigue, était restreint et serré par le Parlement. Mais il est arrivé qu'aujourd'hui le Parlement soit devenu le souverain, le roi. C'est à son tour de faire le prodigue c'est à son tour de se montrer généreux. Qui le défendra contre ses propres entraînements, s'il n'a la sagesse de s'imposer à. lui-même des règles qui mettront fin au

qui le connaissent lui ont donné ce témoignage de sympathie.

Bien, approuva Holmes. trbs bien 1 Je pense également qu'il y a de grandes probabilités pour que le docteur Mortimer soit un médecin de campagne qui visite la plupart du temps ses malades à pied.

Pourquoi? 2

Parce que cette canne, fort jolie quand elle était neuve, m'apparaît tellement usée que je ne la vois pas entre les mains d'un médecin de ville. L'usure du bout en fer témoigne de longs services.

Parfaitement exact! approuva Holmes. Et puis, il y a encore ces mots: « Ses amis du C. C. H. » Je devine qu'il s'agit d'une société de chasse. Le docteur aura soigné quelquesuns de ses membres qui, en reconnaissance, lui auront offert ce petit cadeau.

En vérité, Watson, vous vous surpassez, fit Holmes, en reculant sa chaise pour allumer une cigarette. Je dois avouer que, dans tous les rapports que vous avez bien voulu rédiger sur mes humbles travaux, vous ne vous êtes pas assez rendu justice. Vous n'êtes peut-être pas lumineux par vous-même; mais je vous tiens pour un excellent conducteur de lumière. Il existe des gens qui, sans avoir du génie, possèdent le talent de le stimuler chez autrui. Je confesse, mon cher ami, que je suis votre obligé. Auparavant, Holmes ne m'avait jamais parlé ainsi. Ces paroles me firent le plus grand plaisir, car, jusqu'alors, son indifférence aussi bien pour mon admiration que pour mes efforts tentés en vue de vulgariser ses méthodes, m'avait vexé. De plus, j'étais fier de m'être assimilé son système au point de mériter son approbation quand il m'arrivait de l'appliquer.

Holmes me prit la canne des mains et l'examina à son tour pendant quelques minutes. Puis, soudainement intéressé, il posa sa cigarette, se rapprocha de la fenêtre et la regarda de nouveau avec une loupe.

Intéressant, quoique élémentaire, fit-il, en retournant s'asseoir sur le canapé, dans son coin de prédilection. J'aperçois sur cette canne une ou deux indications qui nous conduisent à des inductions.

Quelque chose m'aurait-il échappé? dis-je d'un air important. Je ne crois pas avoir négligé de détail essentiel. gg

Je crains, mon cher Watson, que la plupart de vos conclusions ne soient erronées, ^aand je prétendais que vous me stimuliez cela signifiait qu'en relevant vos erreurs j'étais accidentellement amené à découvrir la véritô-

gaspillage financier, surtout « dans la tristesse des législatures expirantes »? Cette vue se recommande à tous lès hommes d'Etat; cette tâche s'impose à la Chambre nouvelle. Il faut l'accomplir pour préserver la vitalité de ce pays.

Le reste nous sera donné par surcroît, à condition toutefois que nous ne laissions pas naître des antagonismes ou surgir des malentendus entre les forces essentielles de la nation, c'est-à-dire l'armée, la démocratie, l'Université, forces que certaines sectes entrechoquent avec une coupable impiété, mais qui ne sauraient être séparées. Il faut que la France soit lumineuse et forte tout ensemble « La pensée n'est rien sans l'action. La force doit être armée. » Et M. Paul Deschanel, comparant la France à la Grèce, comme deux « miracles » de la civilisation, a trouvé la plus belle image qui soit pour faire vivre toute sapensée «Voyez l'Acropole: » l'unique beauté de la montagne sainte, ce » n'est pas seulement le monument divin qui » la couronne, c'est le contraste harmonieux » entre le temple idéal et le roc abrupt, rude » engin de défense et de lutte; la citadelle por» tant le sanctuaire; la force défendant l'idée. » Elevons le temple idéal sur une citadelle inexpugnable. Ainsi, tout sera dans l'ordre, chaque chose à sa place, en son plan, selon la hiérarchie que conçoit la raison, dans l'harmonie radieuse et nécessaire 1

Le discours de M. Louis Barthou nous ramène à des préoccupations, sinon plus instantes, tout au moins plus minutieuses. Dans la matière ingrate des querelles de parti, des équivoques électorales, des ambitions personnelles et des rancunes, l'éloquent député d'Oloron a su choisir le thème de son discours, avec un sens très exact des réalités politiques. Les radicaux et les radicaux socialistes n'ont pas tous des sentiments de grande bienveillance à l'égard de l'ancien ministre de l'intérieur. En lisant leurs journaux, ce matin, on voit qu'ils sont embarrassés pour critiquer ou réfuter le discours d'Oloron. C'est assez dire combien M. Louis Barthou a réussi dans la tâche qu'il s'était proposée. Voulant orienter les républicains dans le sens de la concentration, il a su dire toute sa pensée sur les partis qui s'affrontent devant le suffrage universel et rendre justice au gouvernement de défense républicaine, sans laisser croire que cette impartialité soit une gêne pour la libre critique ou une attache pour l'avenir. Il est (nous l'avons dit nous-mêmes) souverainement injuste d'oublier les circonstances dans lesquelles M. WaldeckRousseau a pris le pouvoir. 11 n'est ni de bonne politique ni de bonne fraternité républicaine d'oublier la difficulté de l'œuvre que « seul », comme dit M. Louis Barthou, le président du conseil eut le courage d'entreprendre. Mais il serait puéril de s'imaginer que les procédés de gouvernement, qui furent utiles hier, le seront encore demain. M. Waldeck-Rousseau n'a jamais laissé entendre que tel fût son avis, et les socialistes ont dit formellement le contraire. Dès lors, les républicains peuvent librement considérer ce qu'il leur reste à faire entre le nationalisme et le collectivisme. Le triomphe du nationalisme, « coalition informe de déceptions et de rancunes, d'ambitions et d'appétits », doit être conjuré par l'entente des républicains. Il dépend d'eux, non seulement de préserver la République elle-même, mais d'empêcher que des hommes « perfides » et, ici, M. Louis Barthou emprunte, nous semble-t-il, un terme dont M. Henri Brisson s'est servi du haut du fauteuil présidentiel, en 1898 chassent de la République « l'esprit ré-, publicain». L'entente est indispensable. Ne vous semble-t-il pas qu'elle soit possible entre tous ceux qui répudieront l'influence nationaliste et l'influence collectiviste? Le programme d'action ne sera pas très difficile à établir, car il y a tellement de réformes urgentes dans la situation financière, dans les lois d'assistance et de retraites, etc., que les questions irritantes seront aisément écartées. Pour résoudre quelquesunes de ces questions aussi, il suffirait, d'ailleurs, que les hommes politiques fissent un peu. de conciliation avec eux-mêmes; car n'ont-ils pas légitimement hésité ou varié sur les solutions? Certainement, l'entente est facile. Un terrain d'accord peut se trouver sur la question de la liberté de l'enseignement. Et quand on relit les discours récents de MM. Ribot, Poincaré, Louis Barthou, quand on les compare aux déclarations antérieures de M. Léon Bourgeois, par exemple, ne voit-on pas que, de nuance en nuance, nous parcourons, sans heurt et sans secousse, toute la gamme des opinions républicaines où rien ne se découvre de disparate et d'inconciliable? C'est de bon augure pour le lendemain du 27 avril, lorsqu' « il faudra recoudre ».

QUESTIONS ÈCON-OiMIQTTES INDUSTRIE RUSSE ET CAPITAUX FRANÇAIS

Ce n'est pas d'aujourd'hui ni seulement en Russie que l'industrie a souffert d'une concurrence déréglée et d'une production excessive.

S'il est naturel que le prix des marchandises va-

Oh 1 dans l'espèce, vous ne vous trompez pas complètement. L'homme est certainement un médecin de campagne. et il marche beaucoup.

J'avais donc raison.

Oui, pour cela.

Mais c'est tout?

Non, non, mon cher Watson. pas touttant s'en faut. J'estime, par exemple, qu'un cadeau fait à un docteur s'explique mieux venant d'un hôpital que d'une société de chasse. Aussi, lorsque les initiales « C. C. » sont placées avant celle désignant cet hôpital, les mots « Charing Cross » s'imposent tout naturellement. Peut-être.

Des probabilités sont en faveur de mon explication. Et, si nous acceptons cette hypothèse, nous avons une nouvelle base qui nous permet de reconstituer la personnalité de notre visiteur inconnu.

Alors, en supposant que C. C. H. signifie « Charing Cross Hospital », quelles autres conséquences en déduirons-nous? 2

Vous ne les trouvez pas?. Vous connaissez ma méthode. Appliquez-la t

La seule conclusion évidente est que notre homme pratiquait la médecine à la ville avant de l'exercer à la campagne.

Nous devons aller plus loin dans nos suppositions. Suivez cette piste. A quelle occasion est-il le plus probable qu'on ait offert ce cadeau? Quand les amis du docteur Mortimer se seraientils cotisés pour lui donner un souvenir? Certainement au moment où il quittait l'hôpital pour s'établir. Nous savons qu'il y a eu un cadeau. Nous croyons qu'il y a eu passage d'un service d'hôpital à l'exercice de la médecine dans une commune rurale. Dans ce cas, est-il téméraire d'avancer que ce cadeau a eu lieu à l'occasion de ce changement de situation ? 7

Cela semble très plausible.

Maintenant vous remarquerez que le docteur Mortimer ne devait pas appartenir au service régulier de l'hôpital. On n'accorde ces emplois qu'aux premiers médecins de Londres et ceux-là ne vont jamais exercer à la campagne. Qu'était-il alors? Un médecin auxiliaire. Il est parti, il y a cinq ans. lisez la date sur la canne. Ainsi votre médecin, grave, entre deux âges, s'évanouit en fumée, mon cher Watson, et, à sa place, nous voyons apparaître un garçon de trente ans, aimable, modeste, distrait et possesseur d'un chien que je dépeindrai vaguement plus grand qu'un terrier et plus petit qu'un mastiiï..• ̃

Je souris d'un air incrédule, tandis que Hol-

rie suivant l'offre et la demande, ces oscillations ont un caractère particulièrement redoutable pour les industries comme la Métallurgie où la consom;ft.iïïiQn dépend d'un nombre relativement faible de gros clients, ce qui la rend plus variable, tandis que la production, dans l'intérêt de réduire les frais généraux, tend à utiliser toute la capacité des installations.

Aussi depuis la tentative malheureuse de Secrétan en France pour l'accaparement des cuivres, il n'y a pas eu de question industrielle qui ait été plus constamment à l'ordre du jour dans tous les pays que celle des mesures à prendre pour régler la production et les prix des métaux.

Le genie particulier de chaque peuple, son régime politique et le degré d'avancement de son industrie ont fait prévaloir des solutions diverses. Tandis qu'en Angleterre l'amour inné de l'indépendance individuelle est resté plus fort que le besoin d'union, l'Amérique, au contraire, poussant jusqu'aux dernières limites les conséquences des théories unionnistes, a inventé le système des trusts.

Le trust est par rapport aux sociétés qui se partagent la production d'une certaine catégorie de marchandises ce que chaque société est par rapport à ses actionnaires.

Acquéreur des actions de ces diverses sociétés, le trust les réunit en une seule, qui devient le producteur unique de cette catégorie de marchandises. L'exploitation technique aussi bien que commerciale est centralisée entre les mains du trust. Les avantages de cette organisation sont de réduire les frais généraux en les répartissant sur une masse énorme, d'utiliser au mieux les conditions particulières et locales des usines, de régler à chaque instant la production sur les besoins, et, à l'abri de toute concurrence, de fixer les prix de vente sans autre souci que de ne pas écarter les acheteurs par de trop grandes exigences.

Comme ce sont là les avantages communs à toute .espèce de centralisation et d'autocratie, ceux qui ont une tendance naturelle à se défier des centralisations excessives et des régimes autocratiques ont le droit de marquer quelque défiance et de se préoccuper des conséquences incalculables qu'entraînerait le moindre manque de sagesse de'la part de ces gigantesques administrations.

Mais, quels que soient leurs avantages ou leurs inconvénients, la création de ces trusts suppose des conditions qui, partout ailleurs qu'en Amérique, sont difficiles à réunir; d'énormes accumulations de capitaux, de très grandes puissances financières, l'habitude et le goût de l'association.

Il faut, de plus, un régime politique assez libéral pour ne pas prendre ombrage de ces organisations formidables qui créent des Etats dans l'Etat. Dans quel pays d'Europe le gouvernement laisserait-il naître une organisation pareille à celle du trust américain des aciers qui dispose d'un capital d'un milliard et demi de francs, occupe 600,000 ouvriers et possède, en plus d'un grand réseau de chemins de fer, une flotte de 217 navires à vapeur ?

En Russie, la forme particulière du régime politique rend moins admissible que partout ailleurs des créations analogues, surtout avec l'intervention d'étrangers, et c'est pourquoi, bien que la cause des trusts ait été plaidée et très bien plaidée dans les assemblées d'industriels en Russie, nous estimons que ceux-ci ont sagement agi en repoussant ce système.

En dehors des trusts dont l'Amérique a le monopole, l'Allemagne et la France ont eu recours à des solutions moins radicales, dont le trait commun est de conserver à chaque société l'autonomie de son exploitation technique, tout en établissant une entente pour régler la production et la vente. Le minimum de restriction de la liberté individuelle se trouve dans les .cartells allemands qui se bornent à des engagements pris par les diverses usines de ne pas produire au delà de certaines quantités ou de ne pas vendre au-dessous de certains prix. Mais comme l'observation de ces engagements est difficile à contrôler, il faut beaucoup de loyauté de la part de tous pour éviter les infractions.

Le système du syndicat de vente, c'est-à-dire d'un office commercial commun aux diverses exploitations techniques, offre bien plus de garanties. Un comptoir de vente commun, formé en société anonyme, est lié avec les usines par des contrats de forme identique, en vertu desquels il a le monopole de la vente de leurs produits. Il est donc seul vendeur en face de la clientèle. Son conseil d'administration où se trouvent naturellement représentés les principaux établissements pour lesquels il agit, dirige l'ensemble des opérations commerciales, et les quantités de produits qu'il arrive à vendre sont réparties, dans des proportions fixées d'avance, entre les divers établissements.

Dans l'application que la France, l'Allemagne et la Belgique ont faite de ce système à la métallurgie, on a généralement créé autant de comptoirs distincts qu'il y a de catégories de produits métallurgiques par exemple, en France

Les comptoirs des fontes de Longwy;

Le syndicat des poutrelles;

Le comptoir des tôles et larges-plats;

Le comptoir des aciers bruts.

Ce qui tient à ce que certains de ces produits servant de matière première pour la fabrication des autres, le vendeur unique pourrait, en ce qui concerne la fixation des prix, avoir à représenter des intérêts contradictoires.

mes se renversait sur le canapé, en lançant au plafond quelques bouffées de fumée. Je ne puis contrôler cette dernière assertion, dis-je; mais rien n'est plus facile que de nous procurer certains renseignements sur l'âge et les antécédents professionnels de notre inconnu.

Je pris sur un rayon de la bibliothèque l'annuaire médical et je courus à la lettre M. J'y trouvai plusieurs Mortimer. Un seul pouvait être notre visiteur.

Je lus à haute voix:

« Mortimer, James, M. R. C. S. (1), 1882; Grimpen, Dartmoor, Devon. Interne de 1882 à 1884 à l'hôpital de Charing Cross. Lauréat du prix Jackson pour une étude de pathologie comparée, intitulée « L'hérédité est-elle une maladie ? » Membre correspondant de la Société pathologique suédoise. Auteur de « Quelques caprices de l'atavisme (The Lancet, 1882). « Progressons-nous » (Journal de Pathologie, 1883). Médecin autorisé pour les paroisses de Grimpen, Thornsley et High Barrow. » Hé 1 Watson, il n'est nullement question de société de chasse, fit Holmes avec un sourire narquois; mais bien d'un médecin de campagne, ainsi que vous l'aviez finement pronostiqué, d'ailleurs. Mes déductions se confirment. Quant aux qualificatifs dont je me suis servi, j'ai dit, si je me souviens bien aimable, niodeste et distrait. Or, on ne fait de cadeaux qu'aux gens aimables; un modeste seul abandonne Londres pour se retirer à la campagne et il n'y a qu'un distrait pour laisser sa canne au lieu de sa carte de visite, après une attente ,d'une heure dans notre salon.

Et le chien? repris-je.

Le chien porte ordinairement la canne de son maître. Comme elle est lourde, il la tient par le milieu, fortement. Regardez la marque de ses crocs Elle vous indiquera que la mâchoire est trop large pour que le chien appartienne à la race des terriers et trop étroite pour qu'on le range dans celle des mastiffs. C'est peut-être. oui, parbleu! c'est un épagneull 1

Tout en parlant, Holmes s'était levé et arpentait la pièce. 11 s'arrêta devant la fenêtre. Sa voix avait un tel accent de conviction que la surprise me fit lever la tête.

-Comment, mon cher ami, dis-je, pouvezvous affirmercela?

Pour la raison bien simple que j'aperçois le ciîien à notre porte et que voilà le coup de sonnette de son maître. Restez, Watson; le (1). Médical royal collège Surgeons.

Toutes ces questions ont été, depuis le commencement de l'année dernière, l'objet d'une discussion approfondie de la part des industriels du sud de la Russie, et si l'on songe aux difficultés que créaient la multiplicité des usines, la différence des nationalités et le désarroi de l'industrie, on ne peut s'empêcher de rendro hommage à l'esprit de solidarité qui a fait triompher de ces obstacles. Sous la pression de la nécessité, ces industries naissantes ont fait en quelques mois le chemin que des industries plus vieilles ont mis bien longtemps à parcourir. Les questions de principe sont aujourd'hui réglées sur les points les plus délicats il ne subsiste que des divergences légères et, comme une nouvelle réunion des intéressés a lieu en ce moment même à SaintPétersbourg pour adopter des résolutions définitives, on peut considérer comme imminente la solution de cette affaire d'où dépend en grande partie l'avenir de la métallurgie russe.

Le système adopté n'est pas celui du syndicat de vente, érigé en société anonyme et qui centralise toutes les opérations commerciales. Des considérations tirées des circonstances locales et peutêtre aussi de l'état de la législation, ont fait choisir un type, en apparence plus compliqué, mais qui, au fond, ne produira pas de moins bons résultats. Des agences particulières, communes à toutes les sociétés contractantes, seront établies dans les villes de Saint-Pétersbourg, Moscou, Kharkov, ïékaterinoslav, Bakou, Varsovie, Riga, Kiev, Rostov, Odessa et Vilna.

Les gérants de ces agences, en vertu de contrats et de procurations notariés, deviendront mandataires de chaque société contractante pour la vente des fontes, fers et aciers, étant entendu que les commandes obtenues par les agences seront réparties entre les sociétés contractantes dans les proportions fixées par un tableau qui est annexé à la convention.

Il est d'ailleurs stipulé que dans la répartition de ces commandes les agences sont engagées à tenir compte autant que possible des relations antérieures des sociétés avec leurs clients, ainsi que des frais de transport des métaux et produits commandés. Chacune des sociétés contractantes demeure responsable de la qualité des produits qu'elle fournit et de l'observation des termes et conditions des fournitures.

Le règlement des questions commerciales (fixation des prix, détermination des crédits à accorder aux clients et du mode de règlement des comptes, etc.) et, en général, de toutes les questions qui naîtront de cette convention aura lieu, pour toutes les agences, par un comité central formé des directeurs des usines contractantes qui se réunira à Kharkov. Le président de ce comité, nommé par la majorité des sociétés, sera considéré comme directeur-gérant de l'office oommercial.

Les frais d'entretien des agences et les pertes éventuelles pour créances irrecouvrables seront couverts par un prélèvement sur le montant net de toutes les factures.

Un des caractères originaux de ce système qui nous paraît concilier d'une façon très heureuse les avantages de la centralisation avec ceux de l'autonomie, est la création de cette assemblée des directeurs d'usines, qui se réunira au moins tous les deux mois à Kharkov et où, même en dehors des questions commerciales qui formeront l'objet propre de la réunion, ne peuvent manquer de se produire d'utiles échanges de vues sur tous les points qni intétéressent l'industrie.

Cette entente englobe dix-huit usines dont le capital est de plus de 300 millions de francs. Le point le plus délicat, où l'on pouvait craindre de rencontrer des difficultés insurmontables, celui des proportions à admettre pour la répartition des commandes entre les usines, paraît maintenant à peu près réglé, grâce à l'esprit de conciliation et à la bonne volonté qui, dès le premier jour, se sont manifestés dans la discussion. La répartition aura lieu suivant des coefficients variables pour chaque catégorie de marchandises, c'est-à-dire qu'une même usine recevra un pourcentage différent des commandes totales, suivant qu'il s'agira de fontes, de demiproduits, de fers marchands, de poutrelles, de rails, d'accessoires de rails, de fils de fer, de bandages ou de tôles.

Toute cette organisation paraît fort bien entendue et l'on ne pourra que féliciter les contractants d'avoir pu, en si peu de temps et au milieu de circonstances critiques, mener à bien une entreprise si complexe et si difficile.

L'exemple donné par le sud de la Russie va d'ailleurs être suivi par les autres centres industriels. Les industriels de Pologne ont déjà commencé des pourparlers en vue d'une union.

Ceux de l'Oural s'occupent de l'installation de dépôts pour la vente du fer par l'intermédiaire des zemstvo (Etats provinciaux), qui remettraient périodiquement des renseignements sur les besoins et la consommation du fer pour la petite industrie et seraient tenus au courant des fluctuations survenant dans les prix. En outre, pour créer de nouveaux débouchés aux produits sidérurgiques de l'Oural, des dépôts seront ouverts pour la vente du fer dans différentes villes de la Sibérie.

A Moscou l'assemblée des industriels tient présentement ses assises, sous la présidence d'un délégué spécial du ministère des finances, et examine les mesures propres à élargir le marché d'écoulement et à lutter contre la concurrence des autres centres.

L'intensité de la crise n'a découragé personne. Suivant le bon conseil du ministre des finances et

docteur Mortimer est un de vos confrères, votre présence me sera peut-être utile. Que vient demander le docteur Mortimer, homme de science, à Sherlock Holmes, le spécialiste en matière criminelle?. Entrez! 1

M'attendant à voir le type du médecin de campagne que j'avais dépeint, l'apparition de notre visiteur me causa une vive surprise. Le docteur Mortimer était grand, mince, avec un longnez crochu qui débordait entre deux yeux gris, perçants, rapprochés l'un de l'autre et étincelants derrière des lunettes d'or. Il portait le costume traditionnel mais quelque peu négligé adopté par ceux de sa profession; sa redingote était'de couleur sombre et. son pantalon frangé. Quoique jeune, son dos se voûtait déjà; il marchait la tête penchée en avant et son visage respirait un air de grande bonhomie. En entrant, il aperçut sa canne dans les mains de Holmes et il se précipita avec une exclamation joyeuse

-Quel bonheur! fit-il. Je ne me souvenais plus où je l'avais laissée. Je ne voudrais pas perdre cette canne pour tout l'or du monde. Un cadeau, n'est-ce pas ? interrogea Holmes.

Oui, monsieur.

-De l'hôpital de Charing Cross?

De quelques amis que j'y comptais.à l'occasion de mon mariage.

Ah fichtre c'est ennuyeux, répliqua Holmes, en secouant la tê:e.

Le docteur Mortimer, légèrement étonné, cligna les yeux.

Qu'y a-t-il d'ennuyeux?

-Vous avez dérangé nos petites déductions. Vous dites votre mariage ?

-Oui. Pour me marier, j'ai quitté l'hôpital. Je désirais me créer un intérieur.

Allons, fit Holmes, après tout, nous nenous sommes pas trompés de beaucoup. Et maintenant, docteur Mortimer.

-Non, monsieur! M. Mortimer, tout bonnement Un humble M. R. C. S.

-Et, évidemment, un homme d'un esprit pratique.

Oh un simple minus habefts, un ramasseur de coquilles sur le rivage du grand océan inconnu de la science. C'est à M. Sherlock Holmes que je parle.

Oui; et voici mon ami, le docteur Watson. Très heureux de faire votre connaissance, monsieur. J'ai souvent entendu prononcer votre nom avec celui de votre ami. Vous m'intéressez vivement, monsieur Holmes. J'ai rarement vu un crâne aussi dolichocéphaliaue crue le vôtre, ni des

avant môme de l'avoir reçu, les industriels se sont résolument mis à l'œuvre pour se tirer d'em» barras.

Partout c'est la volonté de vivre.

Mais, pour que ces efforts réussissent, il ne faut pas que le gouvernement se borne à de sages re»montrances, comme en fait le magister à l'enfar>> qui se noie.

»

LA GUERRE DU TRANSVAAL;

Les négociations

D'après certaines informations, un conseil de car binet aura lieu pour délibérer des affaires urgentes concernant la guerre sud-africaine et des efforts en cours pour amener la paix.

D'autre part, l'agence Reuter a reçu de Krooa»stad la dépêche suivante

Bien que Schalk-Burger soit actuellement en com« munication avec Steijn et Delarey, les négociations ne font guère de progrès, en raison de la grande distance qui sépare les parties négociatrices.

On croit savoir que les représentants du Transvaal partiront prochainement de Kroonstad pour se rendre dans quelque autre centre, en vue de faciliter la mar~ che des négociations. On émet des doutes sur la présence de De Wet auprès de Steijn.

Si les délégués du Transvaal, ou plus probable» ment le président Steijn, avaient déclaré ne vouloir traiter qu'en une place « non occupée par les troupes anglaises les choses ne se passeraient pas autrement. Si les négociations étaient rompues, ou devaient l'être à bref délai, les télégrammes anglais prépareront le public à cet événement. Or il n'en est rien. Cela est assez visible au soin que les deux partis prennent d'exposer la situation à leur avan* tage.

La situation dans l'Afrique du Sud

Du côté anglais on fait ressortir que parmi lee burghers qui viennent de prêter serment de fidélité à l'Angleterre se trouvent M. Kasper Krüger, fils aîné du président Krüger, vingt-quatre autres membres de la famille de celui-ci, le juge Morice. M. Samuel Marks, d'autres notabilités. On montre de plus qîe, si les dernières affaires ont été sanglantes pour les Anglais, elles ne l'ont pas été beaucoup moins pour les Boers, qui ont perdu 60 tués et blessés à Boschman's kop seulement. A Springs, le lundi de Pâques, le commandant Prinsloo a été tué.

Une dépêche de Pretoria dit

Les Boers ont à l'heure actuelle un peu plus de 8,000 hommes éparpillés depuis le Zoutpansberg, au nord, jusqu'au Sutherland, dans le sud, et depuis Gariès, i l'ouest, jusqu'à Pietretiel, à l'est.

A l'exception de 900 hommes composant les commandos de Delarey et de Kemp, enveloppés par la ligne de blockhaus de Mafeking à Rustenburg et à Klerksdorp, et de Mafeking à Vryburg, aucun des commandos n'est nombreux.

Delarey, en comptant sur les commandos voisins, peut réunir au plus 1,900 hommes.

Beyers erre avec 400 hommes dans le district au sud du Zoutpansberg.

Quelques autres petits commandos parcourent le district de Lydenburg sans rien faire.

Le nord-est du pays d'Orange est dégarni de Boers. Quelques détachements errent dans la colonie du Cap; la plupart semblent vouloir abandonner le pays i les autres attendent une occasion pour faire leur soumission.

Les mesures militaires sont si bien prises que, malgré la vaste étendue du théâtre de la guerre, tous les détachements boers sont exposés à être poursuivis à tout moment.

Du côté boer on fait remarquer qu'il y a recrudescence et non affaiblissement de l'esprit d'offensive chez les Burgers et que, dans les seules attaques 'du 31 mars à Driekuil, et du lor avril à Boschmen's kop, ils ont fait perdre 54 tués et 220 blessés aux Anglais. Enfin, on annonce qu'un officier au service des républiques, le commmandant Froneman, est actuellement en route pour l'Europe, apportant des renseignements sur la situation.

La liheinische Westphsslische Zeitung a a publié, avant-hier, un long compte rendu des opérations boers dans la colonie du Cap, compte rendu attribué à un officier boer allemand, lequel se déclare convaincu que « les Boers finiront par avoir le dessus». Ils disposent encore, disent-ils, d'au moins vingt mille hommes en armes, dont cinq mille sont avec De Wet.

Les Anglais ne sont maîtres que des voies ferrée^ alors que les Boers occupent le reste du pays et prennent en passant possession des diverses villes qui se trouvent sur leur chemin.

Dans la colonie du Cap, les Anglais sont de nouveau « en train d'armer les Cafres, ce qui montre clairement que le pays est encere parcouru par des commandos boers.

Les troupes britanniques ont évacué complètement la nord et l'est du Transvaal.

On mande également de Capetown à Paris-Now»velles

La colonie du Cap est soumise de plus en plus ait régime de la terreur; les Anglais ont réquisitionna tous les chevaux, même ceux employés pour la culture ou pour le commerce et confisqué toutes les armes. Néanmoins, il y a quatorze mois que les Boers avec De Wet ont envahi la colonie et ils y sont toujours. OR évalue à 10,000 le nombre des Afrikanders qui se sont jointsauxBoers; ceux-ci occupent tout le nord-ouest de la colonie et surtout les régions de Carnarvon et de Calvinia, qui sont peu peuplées et montagneuses. La meilleure preuve que les Boers se meuvent comme ils veulent dans la colonie du Cap, c'est qu'ils sont venus il y a quelques jours à Durban road, à une demiheure de chemin de fer de Capetown, où ils ont enlevé plusieurs centaines de chevaux dont la disparition fut attribuée à l'affolement des bêtes non dressées. Dans certaines régions, les Afrikanders qui se sont joints aux Boers sont absolument les maîtres ils ont

bosses supra-orbitales aussi développées. Voulez-vous me permettre de promener mon doigt sur votre suture pariétale ? Un moulage de votre crâne, monsieur, en attendant la pièce originale, ferait l'ornement d'un musée d'ànthropologie. Loin de moi toute pensée macabre! Mais je convoite votre crâne.

Holmes montra une chaise à cet étrange visiteur.

Vous êtes un enthousiaste de votre profession, comme je le suis de la mienne, dit-il. Je devine à votre index que vous fumez la cigarette. ne vous gênez pas pour en allumer une.

Notre homme sortit de sa poche du papier et du tabac, et roula une cigarette avec une surprenante dextérité. Il avait de longs doigts, aussi agiles et aussi mobiles que les antennes d'un insecte.

Holmes demeurait silencieux; mais ses regards, obstinément fixés sur notre singulier compagnon, me prouvaient à quel point celui-ci l'intéressait.

Enfin Holmes parla.

Je présume, monsieur, dit-il, que ce n'est pas seulement pour examiner mon crâne que vous m'avez fait l'honneur de venir me voir hier et de revenir aujourd'hui?

Non, monsieur, non. bien que je me réjouisse de cet examen. Je suis venu, monsieur Holmes, parce que je reconnais que je ne suis pas un homme pratique et ensuite parce que les circonstances m'ont p'scé en face d'un problème aussi grave que mystérieux. Jevous considère comme le second parmi le£ plus habiles experts de l'Europe.

Vraiment! Puis-je vous demander le nonl de celui que vous mettez en première ligne ? fit Holmes avec un peu d'amertume.

L'œuvre de M. Bertillon doit fort impressionner l'esprit de tout homme amoureux de précision scientifique.

Alors, pourquoi ne le consultez-vous pas r J'ai parlé de précision scientifique. Mais, en ce qui concerne la science pratique, il n'y a que vous. J'espère, monsieur, que je n'ai pas involontairement.

Un peu, interrompit Holmes. Il me semy ble, docteur, que, laissant ceci de côté, vous feriez bien de m'expliquer exactement le problème pour la solution duquel vous réclame* mon assistance.

A. CONAN DOYLE»

Traduit de f anglais par Adrien DE Jassaud»

{A suivre^