Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 238 sur 238

Nombre de pages: 238

Notice complète:

Titre : Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau

Auteur : Société des sciences, lettres et arts de Pau et du Béarn. Auteur du texte

Éditeur : Société des sciences, lettres et arts (Pau)

Date d'édition : 1922

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34424038p

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34424038p/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 18601

Description : 1922

Description : 1922 (SER2,T45).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine

Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k207102c

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 89%.


DES

E tET11RES

DE PAU

.eo'oa-

lie Série. Tome XLV.

PAU

MASSIGrNAC Veuve RIBAUT 3,rueHenri-IV 6,1'ueSaint-Louis HBRAtRES DE LA SOCIÉTÉ

0

19S3 J

p~

w.~


S~mN[~;mS~ lm~I1rIR~:S E1r1 JR1rIS DE PAU

c-

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ

DES


Exerei~s t~M~s

dm MI~e roy~ des J~M~es (!$ PaM M ~8

Le regretté M. L. Delrieux (1) avait envoyé à la Société, pendant la guerre, la copie d'un imprimé très rare et probablement unique. C'était ]e programme des Exercices littéraires que se préparait à donner le coHège royal des Jésuites de Pau les 26, 27 et 28 août 1668. Les séances étaient solennelles. et le public y était invité. Ces Exercices eurent lieu chaque année jusqu'à la fin du xvin*' siècle sous les Jésuites et les Bénédictins, et même au x[x<= siècle dans les premières années du lycée de Pau. L'intérêt d'un document de ce genre est pour nous aujourd'hui considérable. Il nous fait'connaitre une partie des élèves les plus briHants qui fréquentaient alors le collège de Pau, et les matières classiques qui s'y enseignaient. Ces matières étaient la Religion, la Littérature française, latine et grecque, l'Histoire, la Géographie et le Blason. Les Sciences n'y sont pas mentionnées. Les élèves étaient pour la plupart béarnais; il y avait aussi des basques, des bigourdans et quelques bayonnais. On y trouve bien des noms qui subsistent encore. Quelques noms de lieux ne sont pas latinisés, Jurançon par exemple, d'où étaient les Salefranque. On remarquera que les jeunes gens de familles nobles étaient seuls d'ordinaire interrogés sur le blason.

Nous ne pouvons donner des renseignements bibliographiques sur l'ouvrage imprimé. Nous savons seulement que c'était un in-4", Le titre est marqué aux armes de la Compagnie de Jésus (I. H. S.), surmontées d'une croix et entourées de rayons (2).

V. DUBARAT.

(t) M. Detrieux nous avait donné~ tous ses papiers de vive voix mais n'ayant laissé aucun écrit, ils ne nous ont pas été remis. M. Oetrieux fut un coUectionneur averti et heureux. U avait été le collaborateur de M. Raymond et travailla activement à l'Inventaire sommaire des Archives du département des B.-P.

(a) Le mot affixionum, qui est dans le titre même, parait signifier « groupements »; pour dire sans doute que le public était invite aux Exercices solennels que devaient donner des sections scolaires.

2


RECIUM PAL.ENSE

GOLLEGIUM

SOCIETATIS.JESU

.4~?X!OMM)M

SÔLENNES LVDOS

7ns<CtM)'~bit

Dte~us 36 37 ~88 ;~tf~tts<Kt)))u ~8.

'I.H~S.

PALI,

EXCUDECAXT YIDUA JOHAXXtS DESBARATZ,

&IOHAXKES.DESr)ArtATZ, HE(jU, ATQUE COLLEGH nEGH PALENStS sÔCtETATtS IESU, TYPOGRAPHf.

INRHETHORtCA

Orativncvias,Chrias,Narrationcs,Fabutas,dequocùmquepropositopub)tee argumento scribentextempore.

Daniel Saintclement.' SaUnensis.

loannesPetrusLàctede. àVaUeAspensi.

Petrus Laforgue Pa)ensis..

EtoqYentiicpra~ceptaexponent.

Bernardus Labarrère Palensis.

Daniel Saintc)ement. Salinensis.

loannesVergez Lapurdensis.

loannes Laclede àVaUeAspensi.

loannesPetrus.Ladede. àVaUeAspensi.

Isaacus Guirauton. Palensis.

PetrusDufourcq. à Valle Ossalens.i.

Petrus Laforgue Palensis..


))c poemate Ep!co et Drammatico rcspondebunt;

Bernard us Labarrère. Palensis.

Ioannes Verges. Lapurdensis.

PetrusDufourcq. à Valle Ossalensi. C!aHic.t:po5iieos)egesaf'rcroL

Danie)Saintc)ement.. Salinensis.

Horatii Lyricorum, Epodon, Saiyrarum, Epislolarum, et PoStices libros, Horatium denique inlegrum rcfcret memoriter et notis ittustrabit.

Daniet.Saintctement: Salinensis.

CtCE!<oxtsorationesinCatiIinamdicct.

MichaetCauna. Pa)ensis.

L. FRtzoNts orationes très de sancto Francisco Salesio, de sancla Hadegundc, ctdcComitcScrino.

Pet-rLisLarroque. Palensis.

Historîam Komanam universam ex Tito Livio profcrct.

Daniel Saintciement: Salinensis.

Eivsdem Dcca.icm quartam perstringcnt.

IQannes Vergez. Lapurdensis.

PetrusDufourcq à Valle Ossalensi. Petrus Laforgue Patensis.

PëtrusLarroque Pàlensis.

Bctgicam ex Famiano Strada.

loannes Lactede à Valle Aspensi.

loannes Petrus Lac[ede. à Valle Aspensi.

A)exandri magni gesta ex Quinto Curtio.

Daniel Saintctement. Salinensis.

loannes Caubarus. à Castro Navarresie. loannes Petrus Laclede. à Valle Aspensi.

IsaacusGuirauton Palensis.

MichaetCauna. Palensis.

Xaveriu~-Guirauton Palensis.

Lvtheranac hicresis historiam' ex Ludovico Maimbourg.

Daniel Saintelement Salinensis.

CALYfKi.tX.E secta: historiam ex eodëni authore.

DanietSaintctement. Salinensis.


8

YmniLH .EXElDOS tres primos libros recitabil et explanabiL Ioannes Verges. Lapurdensis. OvtDtt Mctamorphoscon sciccta.

Isaacus Guirauton. Palensis. XaveriusGuirauton. Palensis. HonATn)yrica

Bernardus Labarrère. Palensis. FranciscusVignatet. Palensis. Isaacus Guit'auton. Palensis. Petrus Larroque Palensis. Xaverius Guirauton Palensis. ),.Fnixo'.[s)yricorum ad quatuor mi))ia. Petrus Laforgue Palensis.

En'SDEM panegyricum pcc'na de Sancto Xavcrio Thaumaturge pronuntiabunt.

BernardusLabarrere. Palensis. Petrus Dufourcq àVatteOssateusi. CËonnAl'HtAMuniYCrssmJeiiigrmbunt.

Bernardus Labarrère. Palensis.. Daniel Saintctement. Satinensis. loannesPetrusLactede. à Valle Ashensi. PetrusDufourcq .àVaHeOssatensi. Petrus Laforgue Palensis. Petrus Larroque Palensis. DeScuUsGcnUUni.respondebit.

Daniei Saintelernent Salinensis. IN HVMÀKtTATE

CHR)AS,Narrationcs, Fabulas,de quocumque argumente proposilo scribcntcx tempore.

Ludovicus Vie Bordes Salinensis. SantinusCharI. Oloronensis. Narrationis, Fabutu; Chria; pra;ccpta omnia profèrent.

ArhatdusBeigbeder. àVaUeOssatensi. Arnaldus Ricardus Quintan. Palensis. Bertrandus Verges Benearnns. lacobusCamau. Aretensis. loannès Laforcade. à Valle Ossalensi.


loannesRaymundusLesous Palensis.

loannes Raymundus laureguy.. Cantaber.

Ludovicus Vie Bordes Salinensis.

Sanctinus Chari Oloronensis.

TheobatdusGaros. Palensis.

HoRATi) Satyras Epistotasquo omnes inlerprelabilur, Artemque poelicam et secundLnn iyricorum librum rccitabit, notisque it[ust"rabit.

SantinusChari. Oloronensis. Sex priorès ~Hneidos libros exptanabunL

loannes Stanislaus Coustalé Salinensis. loanncs Stanislaus Vie Salinensis. Eivsdem Eglogas omnes mcmorit~r pronuntiabit. BertrandusNogues Benearnus. Tertivm/Eneidos)ibrum.

lacobus Camau. Aretensis. Ptvrimat'rizoniiPocmata.

lacobus Barinque. Benearnus. Eivsdemlyrica.

loannesCasamajor 0)oronensis. Historiamsacramcompediose réfèrent.

IoannesStanistausÇousta)é Salinensis. loannesStanistausVic. Salinensis. Hx Quinto Curtio Atcxandri Magnt gesta dicent. Bertrandus Vergez. Benearnus. lacobusCamau. Aretensis.. loannes Casamajor. Oloronensis. Ioannes Raymundus Lésons Palensis. losephus Larramendy Cantaber. Ludovicus Vie Bordes Salinensis. SantinusChari. Oloronensis. Theobaldus Garos. Patensis. Romanorvm Regum Historiam universam rccensebunt. Bertrandus Vergès Benearnus. LudovicusS'-Orens. Patensis: Eandem ex Floro recitabit.

Arnaldus Ricardus Quintan. Palensis.


VniversamexJusUno.

lacobusCamâu. Aretensis. Ex Velleio illustrium virorum caracteres exporient. Ioannes Raymundus Lésons Palensis. Ludovicus Vie Bordes Salinensis. ~Ex Salustio bcHum Catilinarium et lugurLinum. Arnaldus Beigbeder à Valle Ossalensi. GatatoriusRogtan. Palensis. loannes Laforcade. àVa))eOssaIensi. loannes Raymundus Jaureguy.. Cantaber. SahtinusChari. Oloronensis.

TheobatdusGaros. Palensis EivsdcmOrattonesrcferct.

Xaverius lacobus Mario)et. Vasco. Pr:cdictos Authores ferme omnes explicabit. Galatorius Roglan. Palensis.

De Scutis Gentilitiis et de Geographia Rcgnum Gatticum delinoabit. Petrusd'Auriac.Benearnus. IN I. GrtAMM.TtC.-E

Epislolas cujustibot generis oc de quocumque arg-umento scribent.

loannesBaptistad'Echau'x. Caritaber..

Ioannes Baptista Barranquet Otoronensis:

loannes David Sacaze. Benearnus.

lacobus Bizanos Palensis. 0

Paschasius Ducasse. Pontacensis.

XistorLas gallicè acceptai; latinè rcddcnt

t'tcrique omnes.

tntcrpretahynhr Cœsaris Comrncntaria, Quintum CurLium, Ye))o!um Patercu)um, Ins~inum, Florum..

Paschasius Ducasse Pontacensis.

CiCEROMS libros de Officiis, Scnrctutc, Parado~is, Somn!o Scipionis. loannes Baptista Barranquet- Oloronensis.

Iacôbus Bisanos Patensis.

Paschasius Ducasse Pontacensis.


Ex Vmc!L)p memoriter et gallicè reddent Eglogas.. loannes.Baptistad'Echaux Cantaber. lannes Franciscus Dembarrère Lapurdensis. lannes Ludovidus Henricus

Bertier Palensis. PaschasiusDucasse Pontacensis. TheophHùs Batsaitë Palensis. GEonGicoRVM librum primum.

loannes Franciscus Dembarrère Lapurdensis. ~EfiEinos )ibros.

I. et V. 'lannes Baptista Perrot II. lacobus Lagarde loannes Baptista Barranquet. 111 et IV. Paulus Harpet VI. loannes David Sacaze

Palensis.

Adurensis. Otoronensis Palensis.

Benearnus.

VU. Ioannes Davancens Oloronensis. IX. lacobus Pesartou Rebenacensis X. Ioannes Rives. Lapurdensis. XI!. Paschasius Ducasse Pontacensis.. Historiam Romanam ex prima Titi Livii Décade. Pàschasius Ducasse Pontacensis. C~SAms gesta ex ejus Commentxriis.

loanhes Baptista Perrot. Palensis. Pet-rusBoyrie Palensis. GR~coRVM Impcratorum vitas ex Cornelio Nepote. lacobus Pesartôu. Palensis. Petrus Là)ane Palensis. DvoDEciM C.ESARYM ex Suetonio.

Carolus Francez Gandavensis. H.CRESEOS Luthcranica;.c\ Maimbourg.

Alexander Dulaut Palensis. Carolus Francez Gandavensis. loannes Baptista d'Echaux Cantaber. loannes David Sacaze Benearnus. loannes Rives. Lapurdensis.

lacobus Pesartou Rebenacensis


Petrus Laiane. Patënsis. Paschasius Ducasse Pontacensis. TheophitusBatsatte. Palensis. THEODosumag'nioxFtechier.

DyonisiusDay. Patensis.. loannes Davancens Otoronensis. loannesLudoviCusHenricus

Bertier Palensis. loannes Baptistad'Echaux. Cantaber. loannes Baptista Barranquet Oloronensis. lacobus Lagarde Adurensis. Ludovicus Ignatius Oaverie Palensis. Petrus Lamouroux Oloronensis. PetrusBoyrie. Pàtensis. TheophitusBatsaHe. Palensis. SECT.<i Calviniana3 ex Maimbourg.

loannes Davances. Oloronensis. loannes Baptistad.'Echaux. Cantaber. lacobus Lagarde Adurensis. SANCTi tG~ATti vitam ex Maffeio,

loannes Baptista Perrot; Palensis. lacobus Lagarde Adurensis. Petrus Laudinat Palensis. MinTAtuvM ordinum originem et institutionem. CarolusFrancez Gandavensis. loannes David Sacaze Benearnus. BELmi Catilinarium et fugurtinum.

Petrus Lamouroux Otoronensis. TYRCtCAM ex Calcondyle aliisque.

loannes David Sacaze Benearnus. OrationesseIoctasotTitoLivio.

loannes Franciscus Dembarrère Lapurdensis. Pascasius Ducasse Ponlacensis. Ex Salustio.

loannes Rives Lapurdensis. Petrus Lamoùroux Oloronensis.


Divi Xaverii insigniora Miraçuta ex R, Pâtre Frizon atiisque.

lacobus Lagarde Adnrensis.

HoRATti lyrica memoria recitabunt, Gallico donabunt sermone' ac prfBcipua quaeque ..ad fabulam historiam spectanlia expedient.

loannes Baptista Barranquet Oloronensis. Iacobus Bisanos Palensis. Eivsjem)ibrumprimu)n.

AtexanderDutaut. Patensis. PetrusLaudinat. I?a)ensis. ]!< Artère poeticam idem pracstabit.

Paschasius Ducasse Pontacensis. ~neidos )ibrum pritnum atia fatinitate iUustrabunt. Ioannes David Sacaze Bcnearnus. Ioannes LudovicusBert.ier. Palensis. Horatii)ibrumprimum.

loannes Baptista Barranquet Otoronensis. CtCERo~tS librum de AMtOTn.

loannes FranciscusDembarrère Lapurdensis. lannes.. Ludovicus Henricus

Bertier Palensis. Paulus Harpet Palensis.

GALUCE reddet M. T. Ciceronis pro Marco MarccUo, pro Quinto Ligario, proRcgcDcjotaro.proArchiapocta.

PetrusBoyrie. Palensis.. SELECT!ORES historias discerptas ex ejusdèm operibus. Paschasius Ducasse Pontacensis. TEREXTn repurgati Com:cdias.

DyonisiusDay. Patensis. lacobusMousqueros. Salinensis. LudovuMs Ignatius Ctaverie Palensis. HonATttSatyrasetEpistotas.

PaschasiusDucasse .Pontacensis. EnsDEM librum primum et secundum lyricorum. PetrusB)andin- Benearnus.


C-Es.nus'Gommcniaria'

Ioannes BaptistaPerrot.Patensis. PetrusBoyrie.~ .Pat.ensis, ,f PetrusLamouroux/ .Otoronensis. S.I.YST!YM/' Ioannes Rives 'Lapurdensis. PaschasiusDucasse. Pontacensis. QuintumCurHum.

Ioannes Davancens Otoronënsis. PetrusLamouroux Oloronensis. ]vSTt~'VM -{/

loannes Franciscus Dembarrëre ..Lapurdensis. lacobus Bisanos Patensis. Ludbvicus Ignatius Ctaverie Patensis. Theophilus BatsaHe Patensis. I''LOKV.<[

Thcophi[usBatsaUë. .'Patensis. CORXEDYMKEPOTEM.

lacobus Bisanos '.Patcns'is. facobusPesartou. Rebenacensis. Pet.rus.Latane .Patensis. Petrus. Boyrie .Patensis.

~ËUAXVM.

loannes LudovicusHehricus

Bertier Pa!ensis. Paschasius Ducasse PonLacensis.. VELLEmiPATEKCUnjM.

loannes David Sacaze Bëncarnus. lacobùsPesartou. Rebenacensis. Ludovicus Ignatius Claverie Pàiensis. TyRSEU~vM.

ïoannesBapHsLaBarranqnet.. Ooronensis. loannes Baptista d'Echaux Cantaber. FRtZO~II XAYERIUM.THATJMATUKGUM.

Plerique omnes et pra: coeteris..

loannes Baptista Barranquet Qtorpnengts.


Joannes Baptista d'Echaux Cantaber. loannes David Sacaze Benearnus. LudovicusIgnatiusCtaverie' Palensis. PaschasiusDucassë Pontacensis. ScvTA gentilitia scienter exp)icabunt.

.DyonisiusDay. Palensis. loannes Baptistad'Echaux. Càntaber. LudovicusIgnatiusOaverie Palensis. Ex Geographia Hcgnum Gallicum detineabunt.

DyonisiusDay. Palensis. loannes Baptista Barranquet Oioronensis. loannes Baptista d'Etchaux. Càntaber. LudovicusIgnatiusCtaverie. Palensis. Paschasius Ducasse Pontacensis. PetrusBoyrie Patensis. Theophilus Batsalle Patensis. TEsopi Fabulas et LuctAM Dialogos aliquos interpretabitur. loannes Baptista Perrot. Patensis. JN H. GRAMMATtC~.

Histbrias gallicè propositas latinè reddent ex lempore. Henricus Serres Vasco. loannes Heuga. Benearnus. loannes Paulus d'Agouex Patensis. PëtrusHontas. Palensis. Petrus Salefranque Benearnus. Stephanus Paschalis Montesquieu Palensis.

CtCEnoxtS orationes omnes, libres omnes de Officiis, de Senectute et de Amicitia interprètabitur.

Petrus Salefranque Benearnus.

Orationes pro-M. Marcello, pro Rege Dejotaro, pro Archia poeta, et pro Quinto Ligario gallicè reddent.

AntoniusJolicœur Palensis.

Franciscus Andoins Palensis.

Petrus Salefranque. Benearnus.

Simin Bergeret Palensis.


Praedictarvm Orafionum t. memoriter dicet.

Antoniusiolicœur Palerisis. 1 ET II. Petrus Salefranque. Benearnus. Epistolarvm ad Familiares totos XVt libros c iatino in gallicum, eteg'aUicoinIatinumvertpnt.

Henricus Serres Vasco. loannes Heuga. Benearnus. loannes Paulus d'Agoueix Palensis. Petrus Montas. Palensis. Petrus Salefranque Benearnus. StephanusPaschaUs Montesquieu Patensis. Ex VmG;no memoriter et gallicè reddent Eglogas aliquot. BernardusMazères Arthesiensis. loannes Petrus Vergez Palensis. loannes Ranguin. Patensis. losephus Desbaratz Palensis. Petrus Maucor. Palensis. GEOKGtco~tibros.

I.ArnatdusCassagnere. Benearnus. II. loannes Nabos. Benearnus. ~EtDOs libros.

I. loannes Petrus Lamarque Benearnus. II. Andreas Harpet Palensis. ExOviDfO,Mcdeamtasoni.

loannes ArnatdusCoutomme.. Palensis. · loannes Fourma[eguez Artheziensis. Ex HoRATio. ]V. Carminum Ubros exp)icabunt.

Henricus Serres Vasco. loannes Pau)usd'Agoueix Palensis.. Petrus Montas Palensis. Selectiorcs Odas recitabunt.

Henrieus Serres Vasco. loannes Paulus d'Agoueix. Palensis. Varios Avtborcs expUeabunt, CoR~ELivM SEl'OTEM. Antonius Jolicoéur Palensis. FranciscusAndoins.Patensis.


Petrus Salefranque Benearnus.

Sirnin Bergeret Palensis.

EvTnopmt.

Ioannes Fourmaleguez Arthesiensis.

Ex MAF[ Efo librum primum de Vita Sancti Ignatii.

loannes Petrus Vergez Patensis.

Qvintvm Curtium, Snotonium, F)orum,Justinum, TurseUinum, è latino in gallicum, etegatticointatinumvertont.

Henricus Serres Vasco.

loannes Heuga. Benearnus.

Petrus Salefranque Benearnus. Petrus Hontas. Patensis.

Stephanu s Pascha)is Montesquieu Palensis.

'f'HEODpsn MA(;M vitam ex Abbate Ftccchicrio compendipsu.réfèrent.

AntoniusIoHcœur Palensis.

FranciscusAndoins. Palensis.

leremiasGassie Palensis.

Petrus Larriu Palensis.

SiminBergeret Palensis.

Sc\TAGcntitiUacnuc)eabunL

Armandusd'Arros Palensis.

Henricus de Lons. Palensis.

loannesPautusNoguezd'Assat Palensis.

Ludovicus Carolus d'Artagnan Palensis.

De Gcographia, f))).H ad nostram Gailiam pertinent, 'explanabuntplerique omnes. ~Esopt Fabutas aliquot intcrpretabnnL

Andreas Harpet. Palensis.

leremiasGassie Patensis.

loannes Petrus Vergez Pa)ensis.

JosephusDesbaratz Palensis.

tK))).GRAMMATfC/E.

Phrases gallicè propositas latinas facient plerique pmaes.

DtCTATVM scriplionis argumentum latine conscribent.

Arna)dusLacarre. Cantaber..

David Laloubere Palensis.

Gabrie) Tresarieu Bigorrensis.

Henricus Tristant. Palensis.


loannesArtigues. Patensis.. loannesDagest. Palènsis. Petrus Vergez Bigorrensis. GALLiCA interpretationc donabunt breviores Ciceronis Epistolas. Arnaldus Lacarre. Cantaber. Bernardus 'Maure. Benearnus. David Laioubere Palensis. GuiHelmusBoucoùe. Palensis. lacobusLapause Palensis. loannes.Artigues. Palensis. IsaacusI'Egtise Palensis. Ludovicus Julien. Palensis.

Petrus Gurmençon. Benearnus Petrus Maure Benearnus. Petrus Poitaivin. Palensis. Stepha.nusFure Palensis. EpisTOL~RYM Familiarium librum IX.,

Bernardus Maure. Benearnus Guillelmus Boucoiie. Palensis. loannesDagest. Palensis. Paulus Laborde Benearnus. Petrus Poitavin Palensis. GALucE exponent. CoRKEnvM Nepotem.

Petrus Vergez Bigorre. ~ELtAXUM.

ArnaMusLacarre. Cantaber PH.'EDRtFabuIas.

GuiHetmusBoucoue. Palensis. Petrus Duboscq Palensis. Petrus Poitavin Palensis.

Memoriter recensebvnt Romanorum Regum historiam. IgnatiusSatettes. Palensis. losephus Lauga Benearnus. Paulus Laborde Benearnus. PetrusBarrere. Benearnus. FABYLOSAM DEORUM.

David Laloubère Palensis..


Henricus Tristant Palensis. IpannesArtigues. Palensis. IcannesDagesL Palensis. losephus Casaucau Palensis, PetrusDuboscq Palensis, D\'OQEcmHERCL'nstaborcs.

Bernardus Maure. Benearnus. Isaacus Livron Benearnus. Paulus Laborde Benearnus. retrusS'MarLin Cautaber. SEpTEMORBfsmiracuta.

Bernardus Maure.: Benearnus. David Laioubère Patensis.. IgnatiusSatettes. Palensis. Isaacus Livron. Benearnus. PautusLaborde .Benearnus. PeLruâBarrère. Benearnus. PetrusFourcade. Patensis. Pctrus S'Martin': Cantaber. SEPTE.~Gn~ËCi.ESapicntcs'.

ArnatdusLacarre. Cantaber. David Latoubèro Palensis. Ignatius Satettes' Palensis.Isaacus Livron Benearnus. Paulus Laborde Benearnus. Petrus Barrore. Benearnus. Petrus S' Martin Cantaber. FRAXCORUM ttEGUM origincm.

AtexanderdeLpns Palensis.. ArnatdusLacarre, Cantaber. Armandus d'Assat Palensis. Bernardus Maure Benearnus. Petrus Gurmençon Benearnus. Petrus Maure Benearnus. DE ScuTtS GEXTfUTttS rcspondebit.

Alexander de Lons Palensis. ExpUcabunt et recitabvnt ex Yirgitio Egg)ogas omnes. .loannes Artigues Palensis.


IsaacusLegtise Palensis. LudovicusJuUen. .Patensis. Petrus Poitavin Patensis. SEXprioros.

Arna)dusLacarre. Cantaber. losephus Casaucau Palensis. Petrus Duboscq Patensis, Xoxxvf.LAS voce ac gcstn expriment.

HenricusTristant. Patensis. IgnatiusSatettes. Palensis. loahnesArtigues. Palensis. losephus Casaucau Palensis. Ludovicus Julien. Patensis. Petrus Maure Benearnus. Idem prœstabunt in praecipuos Virgitii motus tibri.IV yEneidos.

Bernardus Maure. Benearnus. loannes Suyé Gandavensis. Isaacus Livron. Benearnus. Ex Ov)D<o. Librvm primum de Ponto.

David Laloubère. Patensis. Gabriel Tresarieu. Bigorro. PetrusFourcade Palensis. Petrus Gurmenson Benearnus. LtBRYM secundum.

Henricus Tristant .Pa)énsls. losephusLauga Benearnus. StephanusFure Palensis. loannes Dagest Patensis. loannes Langtez Benearnus. LtumM primum et sceundum.

Bernardus Maure. Benearnus. JoannesSuyé Gandavensis. Petrus Maure Benearnus.

De Graecis declinationibus c). Conjugationibus respondebunt plurimi. ADM.D.H.

0


Bernard CACHOT eUacq~ de 1V~1'S

GUILLOTINÉS POUR UNE CHANSON EN 1794 ParM.t'ABBÉJ.-B.LABORDE(s![Keet.n).

Le lendemain, 21 germinat [lOavrH'1794], M. de Nays comparaissait devant la Commission.qui reprenait servilement les chefs d'accusation éh'umérés par Monestier et y trouvait naturellement matière à une condamnation à mort.AU XOM DE LA HHt'UUHQUE F):AKÇAiSH

Jugement rendu pur la Commission extraordinaire, étabtie dans les Départemens des Hautes et Basses-Pyrénées, par arrête des Représentans du Peuple, en date du 12 germinal, l'an second de la République française, une et indivisible.

Qtft condamne Jca% Jacques de ~a?/s ~ct-deum!< Mo~~e et t'eceueto' du droit d'e)t)'fs'<s<_fCMe)!< a A't" o!'t~t'HC(t)'e f~e MoM<aMe)', d)'.s<}'t'c< de Pau, ~eNaf<e)t!e)!<~MBf'ssM-P'CMees, u ~t peine de mo)'<; conratHCtt d'<° coK<)'e-ret)o<MitOMMf!H'e, coM.spu'a<eMr et dt/f<pt'~a<et<)' des /bH~s de la République.

Séance du 2t germinal, l'an second de la République française,.une et indivisible.

'La Commission extraordinaire assembtee.dans le lieu de ses séances a Pau ont été présents, les citoyens Brival président, Chevrand, Rabaty, Pallacio et Rupé, membres de ladite Commission, et Crozat faisant les fonctions du ministère public. · La Commission a mandé venir de la maison d'arrêt un homme qui sur l'interpellation qui')ui a été faite,. dit,s'appetet-ye<'<)t-/<-fc~Mfs de N<tt/s, ctdevant noble et ~ecet'eM)' dtf droit d'e)i)'e</t.s<)'e)Het!< t't dyc de 60 ans, ot't~tnau'e de ~foM~Me)', dts<)'t'c< de- PnM, département des BassesP~feMees. Lecture faite, 1o de t'arrêté des Représentans du Peuple 'en date du 20 germinal courant, portant accusation contre ledit de Nays, ci-devant nobte;2o de la contrainte décernée contre tcd. de Nays par le vérificateur du droit d'enregistrement, ai Nay, en date du 5 du courant, de.laquelle il résulte que ledit de Nays a dilapidé'dans la caisse de la République une


somme de 5171 tiv. 9 s. 3 d.; 3" de l'information faite par le Juge de Paix du canton de Nay en date. du 26 ventôse, de laquelle il résulte que ledit de Nays a tenu des propos contre-révolutionnaires,~tendans à armer tes sections du peuple les unes contre les autres et.attumer la guerre civite 4"du bittet écrit par le nommé Guichet audit' de Nays, la suite d'une chanson infâme trouvée dans ses papiers.. Il est résulté du tout que ledit de'Nays est accusé. ')°D'avoir,méchamment et sciément porté atteinte à la tranquillité publique; devoir donné protection et crédit au fanatisme, retardé les progrès de la raison universelle et de la liberté; répandu des fausses et mauvaises nouvelles; supposé l'existence des faux décrets; manqué au respect dû à la Convention'nationale; compromis les jours des représentans du peuple et des bons patriotes. 2o Qu'il est violamment-sùspect d'avoir communiqué et publié une chanson infame trouvée dans, ses papiers, tendante à donner au peuple des inquiétudes sur sa subsistance en pain et en viande et à le soulever contre les torx révolutionnaires, notamment contre celles de ta taxe et de la réclusion. 3" Qu'il a dilapidé les deniers de la république.

Ouï ledit de Nays en audience publique dans son interrogatoire et dans sa défense. Ouï aussi le citoyen Crozat faisant les fonctions du ministère public. La Commission extraordinaire convaincue par les pièces tégates ci-dessus rapportées, que Jean-Jacques de Nays a cherché à troubler la tranquillité publique en répandant des nouvelles alarmantes, en supposant l'existence des faux décrets qu'il assuroit avoir vus au district de Pau'; qu'il a travaillé à avilir la Convention, à.compromettre tes jours des représentans du peuple, à tourner en-ridicule les )oix révolutionnaires, notamment celles de la réclusion et de la taxe, par une chanson qui a été trouvée dans ses papiers lors de la levée des scellés apposés chez lui; qu'it est complice d'un des délits g:<t ont coMdtttt Gttt'c/iot à ~'ee/)Ct~'Mt;d; qu'il a dissipé les fonds de la caisse nationale des droits d'enregistremeut de Nay dont la recette lui étoit confiée;' Convaincue enfin, que ledit de Nays est contre-révotutionnaire et ditapidateur des fonds de )a république le condamne d'après les dispositions des <Ot;E, A LA pEtXE.DH MORT, coM/is~Me ses biens n:[*~)'o/[< de la t'epu~t'g~c, ordonne que le, présent jugement soit exécuté sur le champ, imprimé, publié et affiché, à la diligence du citoyen faisant les fonctions du ministère public. Fait et prononcé en séance publique, le jour, mois et an susdit. Signés, Brival, prëst'deMt; Chevrand, Rabaly, Pallacio et Rupé, membres de ladite commission, Crozat faisant les fonctions du. ministère public, et Richard, ~t'e//te)'

PoMt''co~te.co~<!ttOMKëe, Richard, <F//ter (1).

(t) Placard imprimé « Pau, c/te; Daumon; imprf'mcMr nnttono! du depar/emeni des Basscs-fy~nefs.rKedMDrot'tsdet'~omme.') »


M. de Nays fut exécuté le jour même de son jugement, dans la rue de ta Montagne.

Ces deux victimes de la guillotine ne furent pas les seules dans le département des Basses-Pyrénées contre lesquelles on releva le crime contre-révolutionnaire de chanson.

M. Soulice, dans sa BtbHo~rap/nc de la po'iqde )'cuo~t<<tonn6t!)'e dans le dc~a~ctKen< des jBasscs--P;/rënecs, a écrit que Montagnac, dit Lombes, fut condamné parla même Commission extraordinaire de Pau « pour avoir copié ou colporté une chanson contre-révolutionnaire )) ('!), et les auteurs, qui ont parlé après tud de cette condamnation, ont répété ce même détail (2). Montagnac fut jugé et exécuté 'te 8 floréal an II [21 avril 1794]. Rien, dans l'acte d'accusation, pas plus que dans le jugement, ne fait allusion à une chanson quelconque copiée ou colportée.

Mais c'est bien pour une raison de ce genre que la Commission extraordinaire de Bayonne envoya à l'échafaud un officier de l'armée des Pyrénées-Occidentales, Sébastien Granjeàn. Il fut « accusé d'avoir chanté le commencement d'un couplet royaliste et contre-révoiutionnaire en réponse à une hymne patriotique et la Commission convaincue par la déclaration des témoins « qu'en réponse à une hymne patriotique chantée par Jean Meunier et qui commençait par ces mots 0 pauvre peuple, quand ~M etufës un roy, tu manquiés de tout sur la terre, il répondit sur le même air Sans M~nat'guc et sans roy, n'est plus de bien sur la terre », le condamna à mort. Il fut décapité à Bayonne le 25 ventôse an II [15 mars 1794] (3).

Deux jours après, le 27 ventôse [17 mars 1794], JeanGorostarsou, jugedepaixàEspetette, fut également guillotiné à Bayonne, et; parmi les chefs d'accusation, figure « une chanson contre-révotutionnaire en idiome basque » (4).

A Pau, quelque temps avant les événements que nous venons de raconter, un certain Gré, marchand, qui fut détenu comme, suspect du 6 au 29 novembre 1793, éprouva quelques craintes

(i) Essai d'une Bibliographie du département des B.f. Pertode révolutionnaire, ~7M'MOO, par L. Soulicc, –Pau, Lafon, tSy~, n° a85.

(~) DE L~GRÈZE, La Société et les ~œurs en Béarn, p. 3g4. LocHARn, La Terreur en Béarn, p. 62. GARET, ~stotre du Béarn, p.o.

(3) Jugements rendus par la Comm;'ss[on ej;<raordt'na're de Bayonne,part'abbe Dubarat. (Études hist. et rel. du dfocese de Bayonne, t. !X, p. t53).

(4) /6td.,p. i5~


au sujet d'une chanson trouvée dans ses papiers. La fiche relative à la vie politique, dont le Comité de surveillance accompagnait chaque nom de suspect, portait pour Gré «Aristocrate très inconséquent, Girondiste et très dangereux, mendiant des signatures pour des actes inciviques )) (1).

Pendant qu'il était détenu, Gré.écrivit au citoyen Mayniel (2) la.lettre suivante

Je viens d'apprendre, citoyen, que sur ma demande, le Comité de surveillance a fait lever les scellés qui avaient été apposés chez moi lorsque je fus mis en arrestation. On n'a du y trouver rien'qui me prouve suspect, mais les commissaires Laudet et Séguinotte ont paru mettre beaucoup. d'importance, lorsqu'ils y ont trouvé une chanson que j'avais, il y a bien du temps, attrapée ai Bordeaux, une actrice que j'y ai retrouvée et avec qui j'avais fait connaissance ai Pau, dans la maison du citoyen Ség'uinotte, votre collègue. Je me rappelle ]a lui avoir.entendu chanter, mais j'assure bien n'avoir jamais fini de ]a lire. Je vous prie de donner votre attention ordinaire à la dénonciation qu'assurément oh en fera.

Je vous supplie d'examiner froidement )e mérite de ces deux papiers. Pour la chanson, elle était oubliée dans quelque coin depuis bien des jours. Il est encore heureux pour moi de pouvoir m'adresser a quelqu'un qui ne prêtera pas de mauvaises intentions aux choses les plus simples du monde (3). La chanson de ['actrice ne porta pas maiheur au pauvre Gré, puisqu'il fut remis en.liberté le 29 novembre.

Il est vrai que Monestier n'avait pas encore organisé le gouvernement révolutionnaire (4). Le Conventionnel,, peu sensible au charme .de la poésie sans doute, eut traité Gré avec ta même rigueur que Guichot et de Nays.'

(r) Liste des suspects du département des B. P., publiée par M. Lespy, p. AS. (:)) Maynic), médecin, membre influent de la Société populaire de Pau, fit partie, avant la Terreur, de l'administration du district et du Comité de surveillance. (3) fttYAHÈs, Documents pof!r sertx'r l'histoire de !a /?euo!M<ton dans te Sud-Qttcsf. (Bulletin de la Société des ~c., L. et /t. de Pau, t. X), p. 23.)

(A) Monéstier (du Puy-'de-Dome), déjà représentant du peuple près les armées des Pyrénées-Occiden tales depuis le 20 juin t'y<)3, ne futdesigne pour exécuter les mesures du salut public et établir le gouvernement révolutionnaire dans les Hautes et HassesPyrénées que te 7 nivôse an )[ [27 décembre <)3].


Histoire de rUërësie de Bëarn ·- ,~ttt<e.~

Preuve.

64. Ze~re de ~'et.'cs<yuc de Zeseai)' M !a! J~e~/HC [coM<)'e les

cn!ptetcme)!<s des nttKts~'cs]. Madame~ j'ai vu un appointement par Vostre Majesté, donne, par lequel. déclarez la .bonne volonté d'assembler les Estats, le plus tost qu'il vous sera possible. Cependant, entendez que les choses demeurassent en.l'estat du temps de i'appojntement. Dimanche dernier fist huit jours, que le ministre d'Artigueipuve s'en alla, bien accompagné, en un mien village, nommé Laroing, voulut par force prescher, cependant qu'on disoit ia grande Messe ou il pensa avoh'sçandaie, et luy feut faite réponce par ceux de Laroing qu'il permit que l'office se parachevast qu'après il pourroit prescher a son plaisir. Autant en est advenu à Bidos (')). ]i me semble, Madame, qu'il doit signera) plus tot de perturbateur de paixetdetranquHIitéque non point amateur r d'icelle. Autant en est advenu en un autre mien village, nommé Poey, près de' Lescar; vous pouvant assurer qu'en ces deux miens villages, il n'y a nul qui soit de la religion (3). I!s se couvrent d'une patente qu'Hs ont de vous par laquelle )eur est permis de prescher par tout le Béarn, requis ou non requis. Entendu par certains gentilhommes dé ce présent pays que vostre intention ne feust jamais teile, de quoy ai bien voulu vous advertiraffin qu'il vous plaise d'y mettre tel ordre qui vous ptaira. Aussi, Madame, ay entendu que certain canonicatavacqué à Oloron lequel l'évesque a pourveu cetiuy qui luy a pieu, sans que vos ofticiers iuyayent fait aucune opposition vacquante, que vos officiers n'y [en] mettent jamais, non que je sois marry du bon traictement de Monseigneur d'Olot-oii, mais s'il vous plait, ne vous estre de pire condition que luy. Pour quoy, je vous supplie très humblement recommander à vos officiers ne me molester,'sans jamais leur en avoir donné aucune occasion, qui me gardera de faire plus longue la présente, après avoir prié le Créateur, Madame, [vous] donner très longue et heureuse vie. Et a moy la grâce vous pouvoir faire très humble service [qui] vous soit agréable. De Lescar, ce 2juiHet't567.

(-)) Bidos est un .petit viHage, a coté d'0)oron, mais il doit s'agir ici ptutôt d'Abidos, commune du canton de Lagor et de l'ancien diocèse de Lescar. Précisément, on l'appelle Bidos, Bydos en '1548. Cf. JDt'ct. <&po~)'. des J~P. (2) Dans le texte, soit St~/Me. (3) C'est-à-dire de la religion réformée.


6S –.RespoMce de'!ct ~eyMea~precëdeHte.'Mon cousin, j'ai veu votre lettre et veu par icelleque vous avez fort mal interprêté et.entendu le sens de l'appointement que vous m'alléguez, car vous ne pouvez ignorer que par ma première ordonnance les ministres 'ne puissent aller prescher par touts les lieux où ils ont pouvoir et commission de moy, sans toutes fois avoir pensé priver l'une ou l'autre religion de la liberté contenue par icelle, et que je n'ai aussy aucunement entendu que l'e xercice de leur ministère ne s'estendit partout, mais seulement deffendu de toucher aux idoles, jusques à c qu'autrement en feust par moy ordonné; et me déptait fort, que vous (d), qui m'avez autres fois tenu autre langage, qu'un chascun connoisse aujourd'huy que vous voulés cracher contre la face de Christ pour anéantir son service. En cella reconnais-je votre misérable vie (2) de laquelle, sy Dieu n'a pitié, je vous vois en un très périlleux chemin, qu'est la cause que je vous ay bien voulu escrire pour vous exhorter de vous assurer que je veux maintenir et conserver mes sujets en paix, repos et tranquillité, et que je n'ay autre intention et volonté en leur endroit que celle-là. Et quand .à la faveur que vous dites que Monseigneur d'Oloron reçoit de moy, vous avez de fort mauvais avertissemens, car je n'ay point délibéré d'altérer en aucune façon pour personne mes ordonnances cy devant faites sur les bénéfices qui viendront à vacquer en ce mien pays et encore moins sur les évéchés. Partant, vous fairez beaucoup pour vous, et à moy service fort agréable, en vous gouvernant (3) sy sagement en telles choses que par vostre deffaut, il n'en arrive aucun inconvénient, sur peine de m'en prendre à vous. Priant à tant le- Créateur, mon cousin, vous faire miséricorde. De Pau, ce 3 juillet 1567, vostre cousine et amie JEANNE. Et~ 1 au-dessus. A mon cousin Monseigneur de Zescar.

66. Lettre du mmtstrc fot'MM~Me)' ù Monsf~~eMf'de Lescar. Salut par Jésus-Christ. Monseigneur, j'ai receu la lettre qu'il vôusa a pieu me mander par laquelle, suivant ce que j'avois escrit à vos consuls (4) de Saint Faust (5), me dèffendez prescher au dit lieu, (1) Pronom sans verbe..

(2) Deux mots enlevés par les vers, où on ne lit plus que mi.et. ie. (3) Dans le texte, et vous f/OM~M'tte)' (4) Les consuls ici sont les jurats que l'évëque avait le droit de nommer comme seigneur du lieu.

(5) Saint-Faust, village du canton ouest de Pau.


.sinon que je.vous fasse apparoistre avoir exprès.commandement de la Reyne ou de Monseigneur le lieutenant (t), ce qu'avois délibéré i'àtre.et à ces fins avois escrit aux consuls, et: suivant vostre lettre à présent vous envoyer le double d'une lettre qu'il pteust à Monseigneur le lieutenant générât me bailler, quand feus envoyé en ces quartiers, par laquelle pourrez juger si ma charge s'étend jusques' à votre village;' que sy la susdite lettre n'est pas suffisante, je vous pourrai produire ma pattente baillée par ta Reyne, lorsque Sa Majesté me manda auxtieux'deThèxe(2)etcirconv.oisins. Et h'ay peuentendreque ma charge ne soitsemblable, estant icy. Que sy ma charge est semblable, ne puis dénier la parole de Dieu à ceux qui me le demanderont, sans estre. accusé de négligence et puny comme tel de Dieu et de la Reyne, estant obligé à Sa Majesté pour exercer fidèlement ma charge comme vray ministre et non comme prétendu, 'Monseigneur, ainsi qu'aviez escrit à Mademoiselle d'Artiguetouve (3), combien que ce soit chose certaine que vous sçavez bien que les ministres, que la Reyne a mis en son pays, sont de vrais ministres/Par ainsy je vous supplie, Monseigneur, ne trouver mauvais sy j'ai procédé envers vos susdits consuls en la forme' que j'ai fait, en leur ayant escrit de ma charge et de ma réquisition d'aucuns du dit Saint-Faust, et vous ptairra de considérer que je né le fais point comme séditieux publicq, ainsy que la lettre de la dite demoiselle porte, mais ptutost pour déchasser sédition, car if n'y a chose qui me soit plus odieuse que sédition, qui sera l'endroit, Monseigneur, ou prieray le Créateur qu'il luy plaise vous tenir en sa garde. D'Artiguetouve, ce 18 may, par vostre obéissant serviteur a jamais. Bernard FoRMALAGUER. 67. .E'.ch'Nt< r/cs re~ts~'es f~u.CoKse~ cccMsias~tgue. (7Mue)t<cnrc des.e~tscset des <e)Kp~es.) Sur la remonstrance de M. Dareau disant que:ta Reyne avoit appelé touts les seigneurs de ce Conseil aux fins d'aviser comment on se devoit conduire sur les biens et meubles qui se trouveront aux temples, tant en ceux ou l'idôlàtrie s'abattoit t que ès autres, afin que rien ne s'esgare ou se perde. Arr&sté qu'il seroit bon de donner avis à Sa Majesté que Monsieur de Lavigne se

(1) Le lieutenant général du Béarn était, en '1567, Antoine de Gramont. (2) Thèze, chef-lieu de canton dans l'arrondissement de Pau. (3) ViHage du canton de Lescar; il s'agit ici de la femme du seigneur de ce lieu, si dévoué aux ordres de Jeanne pour dépouiHer la cathédrale de Lescar.


transporte au,.parçan d'Oloron, M" dé Lamothe à Sauveterre, M" de Fenario à Orthez, M" de Tisnès à Pau, M" Darreau à Lembeye (d), le plustôt, et chascun des dits sieurs en son endroit faire inventaire de .touts les biens et meubles qu'il trouvera ès dits temples, ou ailleurs. Et cella fait, rapportera tes inventaires par devant ce. Conseil. Fait à Pau, au dit Conseil, te 9 avril '1567. 68. –Touchant ce qui a esté proposé qu'it seroit bon que ceDuy qui abatroit l'idolâtrie; par mësme moyen discourre par tcut le Béarn pour ihventoriser les meubles et immeuble des temples et paroisses. Arresté que l'.arrest dernièrement prins demeurera et que pour l'exécution d'icelluy, Messieurs tes cinq commissaires fairont diligence au premier jour. Et. cependant M. de Fenario continuera' ès lieux ou plairra à Sa Majesté, en particulier, entre les mains. duquel seront mis cent escus sol à la charge d'en rendre compte. Fait à Pau, au dit Conseil, le d7 Avril 1567. 69. Sur ce qui a été proposé que M. de Fenario avoit prins du Conseil de l'Eglise cent escus sol pour se transporter ès lieux où Sa Majesté luy comrnanderoit pour abattre l'idolâtrie, arresté' que le dit M. de Fenario rendra compte. Fait à Pau, le i9~vril 1567. 70. M. de Fenario ayant porté ses comptes de sa procédure dernière faite pour la démolition de/1'idôtâtrie, a esté ordonné qu'il sera procédé au dit compte jeudy t8 septembre. A Pau, au dit Conseil, le 19 Juillet-1567.

71.– Pour ouïr )es comptes de M. Fenario de sa procédure sur le démolissement de l'idolâtrie, ~ont esté députés Messieurs de Tisnées et de Bailher. A Pau, au dit Conseil, le '14 Aoûst '1567 (2j. 78. Vente des objets sacrés de Lesca; Sur ce qui a étéproposé que les meubles, chapes et calices et croix qui ont été saisis en la

('))" Ces .délégués ou commissaires étaient chargés dé faire des inventaires. Tous ces documents si précieux sont aujourd'hui perdus. Nous n'en avons pas avant 1569 les biens mobiliers furent vendus, comme nous le verrons, après la destruction du catholicisme.

(2) Sur Bernard de Fénario, cf. DUBARAT, DocMM. et &t&h'o~ sur la Réforme, I, p. 77, et Arch. B.-P., B: 340, et enfin les ~'c/ de Zeseat', FF. I, fos 141, etc., où il est souvent question de Fénario. Le registre de Lescar, contenant 300 pages, est tout de )a main de Salefranque; c'est une source de renseignements de premier ordre pour cette ville.


ville.de Lescar se perdroient, à faute' d'estre pourveu'à la vente d'iceux, arresté que les dits. meubles seront dépencés et vendus publiquement. Quand aux calices et ustenciles d'argent, seront vendus au maistre de la monnaye. De Pau, en Conseil, le 2 may 1567.

Lue la lettre de M. d'Artiguelouve(t) envoyée au.dit diacre général, pour s'excuser touchant la lettre de la Reyne qui lui mande de remettre touts les meubles des temples de Lescar qu'il a soubs sa charge; Sur-,quoy, le dit sieur d'Artiguelouve s'excuse qu'il n'a monture pour venir en ville et demande sa descharge, veu qu'il est obligé envers les jurats de Lescar. Arresté qu'il sera escrit au dit jurat qu'il vienne dès demain, l'assurant qu'il aura tout contentement de ce Conseil, et que pour luy oster toute excuse, le dit diacre luy envoyé une monture. A Pau, le 20 may '1568. 73. Sur ce qui a esté remonstré par le dit si'eur d'Artiguelouve que la Réyne luy avait baillé deux commissions, en vertu desquelles il avoit saisy les meubles des temples de Lescar," desquels il est à présent chargé envers lesjurats de Lescar, de sorte qu'il ne peut remettre les dits meubles que Sa Majesté ne luy en octroye descharge par patente et contrainte contre les dits jurats pour luy rendre (2) toutes ses obligations. Arresté que Messieurs de Fenario et de Germeneau se transporteront devers sa dite Majesté pour la supplier d'octroyer la dite patente puisque le dit sieur ne veut autrement remettre les dits meubles. A Pau, au dit Conseil; le 21 may 1568.

74. Leüe la patente de Sa dite Majesté touchant les dits meubles, a esté arresté que de Fenario y pourvoira. A Pau, au dit Conseil, le 27 may 1568.

75. Sur le rapport fait par les députés qu'ils auroient parlé la Reyne et supplié de remettre les meubles qu'elle tient de Lescar, laquelle. ils auroient trouvé de bonne volonté, et incontinent auroient fait exibition.de la crosse et mittre (3) par devant les dits députés. Sur quoy a esté arresté que sa dite Majesté sera ressuppliée

(1) SurM. d'Artiguelouve, v. le même document de Lescar,)'&td., FF.I, où il est souvent question de lui. Nous ne savons pas quel était son nom patronymique.

(2) Pour le « décharger < de toutes ses obligations.

(3) Il doit s'agir ici'd'anciennes crosse et mitre, puisque l'évêque Louis d'Albret vivait encore,


exiber.Ia crosse et mittre par devant le syndicq du chapitre de Lescar ou par'devant Casenave et.Latorte (1), chanoines, pour reconnoistre si la dite crosse et mittre ont été changées par. les commandataires ou autres. Et par mesme moyen. Sa dite Majesté sera suppnée à bailler la lettre de Monseigneur de Lescar touchant la capse (2) de saint Galatoire, affin, que par ce moyen on puisse poursuivre que la dite capse soit rendue avec touts les autres meubles qui restent par devers Sa' dite Majesté. A Pau, au. dit Consei!,ie7JuiHet1568.. < 76.– .Lc«)'c de ~'eucsgue de /,escM)' à ~ot'~e~/Ke (sM)' les ornements de Lescet)'). Madame, j'ai veu une lettre qu'i) vous a p)eu d'esci'ire aux jurais de cette ville en datte du ?c du présent, par taqueUeiëur mandez qu'ils ne failleiit incontinent à vous porter'touts les ornémens de t'égiise de Lescar, en compagnie du sieur d'Artiguetouve. Supplie bien- humMement, Madame, remémorer le contract que passates avec les Estats du présent pays en )566 et le 2 février par lequel vouliez et entendiez que toutes choses demeurassent en l'estat qu'elles estoient, lorsque le dit contrat feust célébré, affin que touts vécussions en p)us grande union et fraternité, chascun en liberté de conscience, sans rien pouvoir innover, d'un costé ny d'autre. Et pour ce que les dits ornemens sont en sy grand nombre que-bonnement ne se pourroient transporter sans grand etreignement et détruisement d'iceux, sans aHénation de beaucoup, qui me semble seroit un grand domage, que aussy notre ennemy capital de moy et de mon chapitre_et de ma ville, qui est le dit d'Artiguelouve (3), ne.songe que de pouvoir abismer.ia dite ville avec les habitans, ce que Dieu l'en garde, sans jamais luy en avoir donné. occasion, comme il a fait à nous. Et aussy vous sçavez, Madame, que par l'ordonnance du feu Roy, vostre père, nulles lettres missives ne peuvent desroger à une patente, lesquelles lettres soustiennent (?) le plus souvent, plus par importunité que par autres cas. 'Je supplieray très humblement Votre Majesté, permettre que les dits ornemens demeurent es mains des dits jurats de Lescar, sy ainsy vous plaist, qui vous en rendront bon et loyal

(*t) Bernard, de la Torte, dit Audejos, chanoine de Lescar, l'un des chefs du parti catholique, fut pendu à Pau par ordre de Montgonméry, en d5S9. Cf.N.DEBORDENAYi'tS<.deBë<'<rM,p.28t.

(2) La châsse.

(3) C'était l'homme qui s'était saisi des biens du Chapitre.


compte, toutes les fois que par vous leur seracommandé, non en compagnie toutes fois du dit d'Artiguëlouve, nostre ennemy.capital, qui nous augmentera de plus en plus supplier le Créateur vous donner longuement règne à l'honneur de Dieu et au grand soulagement de nous autres, vos pauvres subjets, et à moy, la grâce de vous faire très-humble service qui vous soit agréable. Louis, évesque de Zesco)'.

77. .E'.c<)'a!< des rc~is~'cs du CoKSO~ ccc~es!as<)~uc [sur le s~ d't~Me~uue]. Leue la lettre.de M. d'Artigueiouve pour s'excuser touchant la lettre de la Reyne, par laquelle, Sa Majesté luy mande de remettre touts les meubles de Lescar. Sur quoy le dit sieur s'excuse qu'il demande descharge bien authorisée; autrement ne prétend remettre les dits meubles, car il en est obligé envers tes jurats de Lescar. A esté arretté.qu'il seraescritau dit sieur qu'il vienne avec assurance qu'il aura contentement de ce Conseil. Fait à Pau, au dit Conseil, le 20~ may 1568.

Sur ce que M'' d'Artiguélouve se seroit présenté suivant la tettre susdite, etc., etc. La délibération est cy-dessus des temples d,e Lescar, d'autant que Sa Majesté t'avoit député pour faire inventaire destemptes, meubles etornemens des temples, et pour sa peine demande quelque récompense et deniers de t'Eg)ise Sur quoy, a esté arresté qu'il faira déclaration du temps qu'il pourra avoir employé à la dite destination et à faire l'inventaire'des meubles, et suivant sa déclaration qu'il )uy sera taxé pour sa peine par Messieurs deFenarioetdeTisnées. A Pau, au dit Conseil, Ie5''juin~568. Adjoutés les déHbérations rapportées pour la preuve de l'article précédent.. 78. -E'.xh'6[!'< des )'Cf/ist)'es du CoHsct< d'0<'</)es [sur les meubles de l'église d'0r</iez]. Sur la remonstrance de M. de Fenario disant qu'il avoit prins les meubles du temple d'Orthez et pour contenter lé peuple, il avoit promis aux jurats de ladite viHe que les deniers qui proviendront de )a vente des meubles susdits, seroient employés pour les pauvres du dit lieu. Sur quoy a esté arresté que l'exécution que le dit sieur.de Fenario a faite sera continuée, et au reste qu'on pratiquera (1) les. jurats d'Ortès, voyant la nécessité qui est maintenant pour payer les ministres et autres charges ecclésiastiques; que les dits deniers prôuvenants des dits meubles, soient délivrés ès mains du diacre général ayant charge de l'Eglise;

(1) Mauvaise lecture.


et demeurera aussy'tongtemps qu'il sera possible, s'il est question, .qu'it est facile rembourcer(~). A Pau, au dit Conseil, le 5 août

-1568..

CHAPITRE IX

.De~asMt~e~e~/ttsto~t'ec/e l'hérésie.

Si les catholiques avoient esté de l'humeur de ceux de ta religion prétendue réformée, ils auroient, à l'exemple de ceux de la religion prétendue réformée de France, levé les armes affin de se deffendre pour appuyer la religion ancienne; mais parce qu'ils étoient catholiques'et béarnais, ils sbufT'roient avec. patience, sçachans qu'i) leur estoit bien permis de s'opposer aux volontés du souverain, mais non par force, seulement par remonstrances et supplications; la liberté des cathotiques'estoit bien plus dans la constrainte, dans cette province, que n'estoit en France cette de ceux de la religion prétendue réformée, qui pourtant avoient des armes contre celles du.Roy, tandis que les catholiques de Béarn obéissoient, ne se servans que des supplications et remonstrances contre la violence de la Reyne, sur quoy. serviront les pièces suivantes: :1

Preuve.

79. Lettre de M. de Peyre (2) à reucsgue de Lesca; Monsieur, le dessein que j'ai d'estre entretenu en vos bonnes grâces, me fait vous prier de me tenir toujours au nombre de vos piusaffectionnés acistans et serviteurs; que si j'eusse plus tost peu vous escrire que par cette voye de Tholoze, où je suis pour quelques affaires, je l'eusse fait volontiers, tant pour ce fait que pour vous advertir de l'armée du'Roy et de la bonne volonté que Dieu luyadonné contre ses ennemis, car, d'un cotté quàttre mil hommes ont esté deffaits au party des rebelles et sept cornetes de cavalerie, et le reste assiégé ou mis en fuite en pays étranger, assiégé, dis-je, d'un cotté, par le duc d'Albe, et l'autre par M'' de Guise, et l'autre par M'' te frère du Roy, avec toute t'armée de Sa Majesté, tellement que j'espère avec (1) Mauvaise lecture.

(2) Henri de NavaiHes, s?'' de Peyre et d'Arbus, gouverneur de Pau pour les catholiques en 1569. On lui reproche ses excès et, en particulier, la mort de plusieurs protestants, qu'il fit pendre aux premiers jours d'août 1569. H avait épousé Michelle de Courcelles (Ferme des biens du château d'Arbus, le 21 février 1570). V. DUBARAT, La .RH/b)'we ett Béarn, t. XXXI des ~l)-c/t. /tts(. de la GD'OKde et tirage à part, p. 13. Cette correspondance secrète de conspirateurs entre H. de Peyre et t'évuquo de Lescar est suggestive.


l'aide de Dieu qu'à l'heure présente,.H est vend au-dessus de ses. ennemis comme tenant et croyant en sa sainte )oy de quoy, Monsieur, vous pouvez vous assurer que ceux qui auront eté constans en la foy catholique, qu'ils ne s'en repentiront jà ('t). Je suis averty qu'il y a par delà une infinité d'estrangers qui nous sont cause de miiï'e afflictions aupubticq, lesquels se pourroient bien passer d'estre cause de toutes les souffrances (2) qu'ils font, à leur occasion, conseil et exécution. J'espère, Monsieur, que )a justice.de Dieu.faira également sa distribution pour tous, et qu'après la ptuye viendra le beau temps en Béarn, qui sera la fin. Après avoir prie le Créateur, Monsieur, qu'il.vous donne sagrâceetàmoyfa vostre à laquelle me recommande bien humblement. De Tholoze, ce '15" janvier 1567. Votre humble et obéissant serviteur à jamais, DE PEYHK.

Et au-dessus A ~oosct'HCM)' Afonsog'neK)' de Lescar. 80. /.e<e cltt mesntc. Monsieur, estant arrivé en ce pays, mémoratif dé la promesse que, je vous avois faite et à plusieurs autres nostres amis, désirans d'entendre le succès des guerres qui so'nt ce jourd'huy, après avoir eu la communication et extrait d'un double de lettre à Monsieur de Monlucq par Monsieur de Monsales, chef et conducteur det'avant-garde de l'armée de Guienne, qui est allé aux services du Roy, n'ay voulu faillir vous envoyer pour, en i.ceHuy lisant et attendant meiHeures nouvelles, vous donner quelque bon contentement et assurée espérance d'un repos et tranquillité de vostre Ëgtise, sy la colonne et pi)ié d'icelle, qui est Jésus-Christ, est favorable. Chose qui nous doit consoler et nous rendre~ persévérans, en nos persécutions et adversités, outre le consent du dit double (:3); je vous prie avertir que Monsieur le prince de Mantoue, duc de Nevers (4), accompagné de huit mille italiens, de la ligue du Pape, et de trois mille chevaux., descend en lieu que doit pour le Roy; et le duc de Guise a été envoyé sur les frontières de France avec quatorze ou quinze mille hommes pour combattre quelques reitres (5) qui venaient au secours du prince de Condé.

('i) Sic sans doute, pour jamais.

(2) Dans le texte « du tout et souffertes x.

(3) Ce dernier membre de phràse parait être une mauvaise lecture. (4) Dans le texte MoK<)-t(c, dit de Nevers.

(5) Dans le texte « roys ».


Toutes fois, il, est incertain, Sa Majesté tient assiège' te dit prince de trois camps, et, quelque offre qu'il ayt fait de bailler les armes, n'a voulu entrer en composition. Le Roy n'a que trop de gens,. de sorte .qu'ils sont trois contre un. L'armée de Guienne luy a présenté, roquette pour avoir la première prise. Ils sont vingt et cinq compagnies de gens de pied, neuf compagnies de gens d'armes, six cents chevaux légers, et quattre cents gentithommes pour'leur plaisir, ayans, l'un portant l'autre, quattre hommes bien montés, au nombre,desquels est M'' de S'~ Cotomme. Je vous manderay bientost la bataille généralle, priant le Créateur, Monsieur, qu'il vous donne sa grâce, et à moy la vostre, à laquelle [suis] vostre humble et obéissant serviteur à jamais. PEYRE.

81. .Leth'e de M. dcAfontetusea ~'eucsgMc. Monsieur, j'aimerois bien mieux vous voir ('1) que vous escrire, s'il (2~ vous étoitagréabte, touchant les nouvelles. Le secrétaire de Monsieur de Gramont est venu: Omnia sub S!i~o. N</t~ capere possumus, Mtiit pt'ectpMt p)'oco'es re~nt maximas mt<t<<a3copta;s~'uH~an< a<gt<e<'tMa;!<ta, M( si t}')'Mp<tO (tfMor.Mm fiat, tHue~ta est /!0)'t'enda strates. Hoc die pre<ert<o, CMm aliquis de p)'ectpM)'s uer~et faccret de an/ist~e O~oro?te)!St pa~M??t tMnte)isat<(tCt<Mrno s<owetc/:o, fpsunt Mu~gMaM in œdes suas tM~i'essut'MMt dixit. De te se~po' po'cMHeto)' exploravique quenz o'~a te habeat ct)M)KM)M, sed n!t< acerbi aecept; quidquid accepo'o, co'<!0)'e~t Vc ~'eddoM (3). Cependant après nous estre recommandé très-humbtementà à vos bonnes grâces, prieray le, Créateur, Monseigneur, vous donne très longue et heureuse vie, laquelle userez toujours au service et obéissance de la Reyne, suivant. vostre naifve voicnté accoutumée. Ownta nova sunt posita (4) summo in dt'so'ttMttte et gravia po'icu~j'acenttttfogMe latere. De Pau, ce 12 Octobre. Vostre. très-humbte, très-obéissant serviteur. MoNTAUSE (5).

(1) Dans le texte « J'ai me crois bien heureux vous voir. » Notre correction nous parait sûre.

(2)Danste.texte,s}/.

(3) Absolument inintelligible dans le texte. Ceci est meilleur, mais c'est une conjecture.

(4)DansIetexte,sepMM(t.

(5) M. de Parabère épousa l'héritière d'un M. de Montauser, qui avait prêté 18.000 1. au roi. 'tOmai/1594. Est-ce celui-ci ? Bull. de ~t S'oc. de Palt, t. XXXV, p. 74.


i CHAPITRE X

ZctSM~'té des.pi'o~'e~'dc r~ei'este~'ttsgttM it la SMpp)'essto~ /<na~ (' .r~ ~erea:e)'ctcc~e~tt\ne~i</toncot<ho~tgMe.

On trouve qu'en ces temps 'sy difficiles, quelques-uns de la noUesséde Réarn catholiques se sont figues entre eux pour appuyer auxEstats )a religion, à cause'de quoy tebarondeGerderest(~) escrivit â'Tevesque de Lescar une lettre par laquelle il le supplie, dë'Ia part de ta compagnie, qui avoit esté le saluer après )a séparation des Estais,'en son evesché, de nommer en vertu du zèle qu'H avoit pour ta foy catholique, pour la place du scindicq vaquante, unbon affidé pour te party catholique. En cette mesmeannée'i568, on assembla tes Estats en la ville de Pau, au mois de Juillet ou Lugër (2), fort catholique, feust esleu pour un des scindicqs généraux, selon )e désir, du baron de Gerderest. Les Estats firent de grandes instances à )a Reyne touchant les affaires de la religion catholique, mais estants séparés et leur conctusion renvoyée pour un autre temps, ils feurent reconvoqués au mois d'avril 't568 (3) en la.ville de Pau, èsquels t'évesque de Lescar feust comme constraint de se trouver après que la Reyne luy eust envoyé sa iittière pour t'uy bster tout prétexte de ses incommodités qu'il prenoit affin de ne sy trouver pas.

En' ces Estats (4), Ctaude Regin, évesque d'Oloron, t'eut obHgé contre son honneur et sa conscience, de s'obliger envers la Reyne de traduire les textes latins de la sainte Ëscriture qui se lisent à la messe, en tangue vulgaire, pour après que )a Reyne qui se .disoit, au commencement de la reformation prétendue, sujette aux ordres de FËg)ise et la première parroissienne, auroit approuvé et authorisé cette traduction et sa version. les prestres auxquels il seroit

permis de célébrer la messe, feussent constraints de la célébrer en

(1) Bordenave donne des détails sur une conspiration dans son ~Ytst. de Béarn, p. 126. Gerderest fut une des victimes du fameux massacre de Navarrenx, en 1569.

(2)MartindeLuger.

(3) C'est-à-dire pour avril 1569, nouveau style. Nous avons résumé les détails de cette session orageuse dans le Pt'o~antt'swe eK Beft)-M,'p. d35. (4) Cela est une erreur. Régin ne parut pas aux États d'avrit -1569 mais il assista à ceux du mois d'août précédent. Le 'i3, il avait demandé l'autorisation d'expliquer le dimanche aux fidéles les épitres et les évangiles en béarnais. 76td., p. 129. On verra plus bas, cependant, aux registres du Parlement, qu'il avait promis une traduction des Évangiles à )a reine.


langage béarnais, contre l'usage et la deffence de l'Église. La Reyne donna pareillement aux seuls prêtres, curés ou viquaires, [pouvoir] d'exorter les peuples, au prôné seulement et non ailleurs, .parce que, disait-elle, ils sont les seuls qu'on reconnoit estre pasteurs en l'Église romaine, deffendant à touj.s autres de prescher, ny de faire aucune sorte de fonction de pasteur. Elle permit de réciter au peuple les seuls commandemens du décalogue et non ceux de l'Église permit aux curés et vicaires de visiter les malades, lever les corps morts, ès lieux où l'exercice de la religion catholique n'estoit pas supprimé, mais non pas aux autres, vêtus de surplis avec des croix et de l'eau bénite, deffendant de chanter par les rues, sans préjudice de faire des prières es maisons particulières, ou bien au-dedans des églises, mais non pas des processions fors l'enceinte des églises et des cimetières j'oignans icelles, esquelles l'exercice de la religion catholique n'estoit pas supprimé. Permet aux évesques de pourvoir aux bénéfices-cures, esquels l'exercice [de la religion] catholique n'est pas supprimé, supposé qu'ils dépendent de leur ptaine collation, et non autrement, voulant que touts autres, non cures, demeurent esteints et supprimés par la mort de leurs possesseurs. Et quand aux autres bénéfices-cures et non cures patronnés, la Reyne donne pouvoir aux patrons dy pourvoir de plain droit et d'en bailler des titres à qui bon leur semblera, les délivrant de toute l'obligation qu'its avoient de s'adresser aux évesques afin de prendre tittre de leur main. Elle deffend de faire des questes publiquement et consent qu'il y ait deux régents en chaque lieu considérable, l'un desquels pourra estre catholique, mais à' cette condition que le formulaire qui lui sera baillé par l'évesque pour enseigner les enfans sera approuvé par la Reyne plutost que d'estre réduit en usage (1). Elle laisse aux évesques la prévention ès procès sur causes matrimoniales entre des parties toutes catholiques:'Ennn, elle redonne au Conseil la juridiction qu'elle luyavoitcy-devant ostée touchant les mariages, avec cest avantage qu'elle veut que les 'appellations des évesques ressortissent au Conseil et non ailleurs. Ne voulant que les sinodes et consistoires usent d'aucune juridiction, mais qu'ils'se contentent (2) des admonitions et exhortations portées par la parole de Dieu.

(1) C'est-à-dire avant (plus tôt) d'être mis en pratique. (2)Danstetexte<fconsuttentx.


La Reyne a réduit enfin la religion catholique en ce misérable estat, en sorte qu'it ne luy reste plus de liberté; que non-seulement touts les mistères sont (1) prophanés, les évesques obligés de sacrifier aux ido)ës(?.), mais mesme s'estant trouvé que quelque prestre avoit célébré la messe dans une des églises de Lescar, le procureur général dé la.Reyne se plaignis! de cela dans le Conseil ou estoit le lieutenant généra) de la Reyne, fit ordonner qu'il en seroit informé comme d'un crime, car la Reyne avoit osté quasy tout exercice de la religion catholique de ses Estats. Le Roy de France soustenoit t'authorité de la catholique dans la France, dans laquelle il voutoit extirper la prétendue réformée par la force de ses armes, contre la résistance de ses sujets hérétiques, opposans 'leurs armées à celles du Roy. Le Roy de France et ta Reyne de Navarre avoient véritablement deux volontés opposées, mais celles de l'un et de l'autre, toutes deux, avoient 'un mesme principe; c'est à scavoir la conscience poussoit la Reyne à l'extirpation de la religion de ses pères et à l'exaltation de la nouvelle, et la conscience poussoit le Roy (2) de travailler à l'appui de la foy catholique et à l'extirpation de l'hérésie: Cette différance se remarque en ce que la Reyne, qui sur ce point estoit obéie dans ses Estats, empéchoit qu'on rendit au Rov cette obéissance dans ies siens. Elle avoit fait ligue dans la France avec les princes et faisoit avec eux la guerre contre le Roy pour la protection (3) de la religion prétendue réformée, comme disent les histoireset la lettre du Conseit à M''de Lescar. Le Roy se résolut aussy d'attaquer la Reyne dans ses Estats, tant afin d'y restabtir l'exercice de la religion catholique que pour faire diversion de guerre. On dit que le Roy gaigna quelques subjets de'la Reyne catholiques. Le seigneur baron de Luxe, de Navarre, receut commission affin de s'emparer du royaume et du pays de Réarn, affin de les mettre soubs la protection du roy de France. C'est ce qui feust escrit par le baron d'Arros sur ce sujet (4) à'l'évesque de Lescar, et ensuite par t'évesqued'Oloron. Preuve.

82., Lettre du ~(u'o)t de Gerderest à rëuesquc de Lescar. Monseigneur. L'assurance que de vostre grâce vous plust me donner à

(1) Le verbe manque au texte.

(2) Ici le roi est toujours )e roi de France. (3) Dans le texte, p)'d<eK<tOH.

(4) Dans le texte suspété


cette dernière assemblée d'Estats, le zèle que vous portez à ceux de votre religion,et le désir d'avancer ceux qui. vous sont très-humblement serviteurs, m'ont. incité à vous escrire la présente, et par icelle vous .prier .très-anectueusement que sy jamais avez délibéré faire [quelque chose] pour moy et pour toute la compagnie (i) qui, à l'issue des Estats, en votre évesché, prinsmes congé de vous, qu'il vous plaisè ne donner la voix de l'estat de scindicq, au lieu de Prato (2) ou autre, que., au préalable, n'ayons, vous et moy, conféré ensemble, vous asseurant que.[je] ne vous prie de ce sans grande occasion. Et me semble bon de réserver cella pour. un qui soit et loyal et très humble serviteur à vous et à moy et à toute la patrie, de laquelle autres fois il a été.appellé à semblable estat, luy assurant que puis naguèrës Iuy,ay fait refuser, condition et party honnorable expressément pour le garder'pour. le service du pays (3), ainsy que je vous fairai entendre à vostre première venue des Estats, laquelle attendant prieray, le Créateur vous donner, Monsieur, une parfaite santé, très longue et heureuse vie, et à moy votre grâce, laquelle, je salue par mes affectionnées recommandations. De .Mauvezin (4), .une de vos (5)' maisons, ce d2 Novembre. Vostre obéissant cousin à vous faire service. GASTON DEBÉARN(6). Et au-dessus. A AfoKstcm', AfoMSteut' de LescfM'.

83. Ze«)'c de la ~cyne c< ~'euesgMc de TLcsca)'. Mon oncle. Voyant que vous n'estes point arrivé encore icy pour le fait des Estats, selon l'assignation, qu'en avons faite,'j'ai pensé que ce pouvoit estre faute de monture que vous aviez retardé vostre partement; à cette cause, afin que vous n'ayez point d'excuse de vous en venir, je vous envoyé une iittière et vous prie ne faillir incontinent [vous] acheminer pour me venir trouver. A toute [haste], supplie le Créateur vous tenir, mon oncle, en sa très sainte

garde. De Pau, le 4 Avril .'1568. Vostre bonne niepce A mon otc~e, Monseigneur de Lescai'.

JEANNE

('!) Mauvaise lecture.

(2) IL figure souvent et longtemps comme syndic des États. (3) Tout ceci est bien confus. Il s'agit de Martin de Lugei' qui n'est pas, en somme, désigne nommément.

(4) Sans doute le château royal dé Bigorre, acheté naguère par M. Bibal et généreusement donné à l'Escole Gaston P/ie!):<s.

~5) Peut-être révèquedeLescartirait-i) quelque revenu de ce lieu. (6).On voit par ta que le baron de Gerderest. était apparenté a )a famille roya)edeBéarn.


84. jE'a:<)'6[t( des )'c~ts<)'es du Pc~ewent de Pau. (0)'do)!M6tnce suWa )'e~t0)~) Jeanne, par la grâce de Dieu, Regine de Navarre ('!), Dame souviranne de Béarn, etc, etc.

Las gens deus très Estats, en )our assemblade generalle deu 28juii)etdarrer passat, nous auren feyt plusieurs remonstrances, tant sur l'estat de la religion que de la justice et poticie, surs que nous aurem feit conferir per auguns notables personnadges ab )as gens deusdits Estats, et davantadge nous medix en personne en aurem tractât ab tour, per lour.far ctarament entender ion desir et. intention que nous abemd'estabiir un bon ordy et regiar taHament toutes causes que Diu sie honnorat et servit, cum de nous aussy lou requerci-x nostre dit pays, demeurasse en tranquiHitat. Et d'autant que la dite assemblade d'Estats per certanes occasions sere estade interrampude et la conclusion dequets differideet remetude à la prochame convoquation, fon cause que ias responces per nous feytes, non seren estades expedides, mes bien communiquades aux Estats, iousquoaux despuix en ia subséquente assemblable, en nostre présente vUte de Pau, lou 4 d'avril darrer passât, per la continuation dcusdits précédons, nous auren feit supplicar treshumblement que las responces foussen redigides en lettres patentes et bien pub)icades et observades, so que leur aurem accordât per t'intègre et bonne affection que nous pourtam à nostres susdits (2) subjets. Per so sçaber fasem que, apres aber suus fou tout de)iberat en nostre dit Conseil privat, nous abem, per provision, et tant entre que su us las occurrences qui sur viendran, nous ayem avisât sy y aura aucune cause à adjustar ou modificar, statuit et ordonnât et déclarât, sçaveres que per lou regard de la Hvertat domandade per las gens deu tiers Estats de la prédication aux locqs on à présent se fé l'exercicy-de la religion romane; que,attendutque tousrectours on viquaris deus locqs son aqueds qui lous de la religion romane prétendu] estar lours pastours, aqueds, et non autres de la dite religion, pouderan en lours prones soulamens exhortar tou poble et far entender lous commandamens de Diu, comprees au Deçà!?gue, oraison dominicale et simbole deus apostous, en lengoa vulgari deu pays, segon tou formulari qui lous en sera baillat per lous evesques en nostre dit pays; comme aussi sera feyte distribution aux dits rectours et viquaris deus Evangiles et Epittres deus

(d) Dans le texte, ce commencement est en français. (2) Dans le texte «très dits)).


cinquante dus dimench€s_.qui seran per nostre amat et féat evesque d'Oloron, seguien la charge qui en a acceptade, translatats en la longue deu dit pays()), et per luy aussyaudittengoadge explicats, afnnde en far per lous dits rectours et viquaris, chascun en sa paroisse on la dite religion romane s'exerce, declaran a'u poble chascun dimenche aux dits pron.es; louquoal tbrmu)ari, ensemble la dite traduction ab lou surplus dont cy dessus es feite mention, seran per nous approbades, auparavant d'estar distribuides et mettudes en usadge. Et quoand à co que nous es estat representat que es adviengut que las personnes de la religion romane, qui son malaudes, mpurin cheinx consolation aucune, disem et declaram que nous non voulem empechar que tas dites personnes malaudes non recebien visitation et consolation deus rectours, viquaris et caperaas de lours parropies, en lours malaudies et advienen la mourt de las personnes de la dite religion romane, que lours corps dequeds, au locq ond s'en fe à présent l'exercicy de la dite religion romane, pouderan estar reilhebats et empourtats per lous caperaas deus dits locqs ab lous surplis, crou'ts, isop etcauteron(2), et estar ensevelits aux cimeteris deus dits locqs; cheins que toutesbets, en pourtan lous dits corps, pousqueh tous dits caperaas cantar per las rues, ny ailhours que fens lous dits temples (3); bien pouderan far lours pregaries en basse vots, en privat et au deffens de tours maysons deus locqs susdits ond s'en fe à présent l'exercici de la dite religion romane, daban far Ihevar lou dit corps, si bon lour..semble. Et per dbnnar ourdy surs lou feit de las processions publiques, apres aber considérât las seditions adviengud'es de querés en plusiours endrets de nostre dit pays, nous abem dès longtemps feyt denences ad aqueste cause; nous abem dit et ordonnat,que aqueds soulements qui an l'exercici de la dite religion romane pouderan far las dites processions en lours claustres et cimikTis,. joignens' aqueres, cheins anar plus loin, hy per tous camps, ny'per. tas rues et non autrement.

/A sMtU)'e./ V. DUBARAT.

(d) Aucun exemplaire de ces textes béarnais n'a été conservé. (2) Jolie énumération finissant par l'hysope et le petit chaudron ou bénitier.

(3) Dans les enterrements catholiques, défense de chanter au dehors des églises. y

J. LESBORDES, imprimeur-gérant, 8, rue Péré, TARBES


Un jacobin àHemand à Pau en t'an Il. Théodore Eberhard

Faute de pouvoir devenir universelle, il ne déplaisait pas à.ta Révo)ution de se donner un air cosmopolite. En pleine guerre civile et sous la menace des ennemis, !a Convention fut assez tibé- ra!e aux étrangers étab[is,en France. Ette teur offrit, contre de simples gages de républicanisme, t'hospitatité généreuse d'un pays fier d'avoir conquis sa liberté. Les. réfugies politiqués venus des monarchies européennes furent placés en grand nombre à des.pos- tes de confiance. Ainsi Marchena et Hevia recurent mission d'assu- rer en Espagne, de Bayonne, la propagande girondin Ces étrangers installés dans ta Révolution ne répondirent pas toujours )6ya)e- ment à cet accueil fraternel et cachèrent bien souvent sous un masque d'ardeur et même de surenchère jacobines le perfide dessein de travaiHer pour l'ennemi ou la contre-révotutiôn.

Cette remarque générate ne veut point préjuger de la moratité et de la véritable conduite de Théodore Eberhard, jacobin d'origine aHemahdé, fixéàPau ou àJurançon depuis 1780, datèapproximative, et qui fut employé en 1794 comme pharmacien à FHôpitat mHitaire de Lescar. Sans doute ce personnage a des allures d'aventurier et sa probité para!t fort suspecte, mais ses rapports'assez dramatiques' avec tes autorités de l'au et le conventionné) en mission Mdnëstië.r, (du Puy-de-Dôme) gardent encore quetque chose d'inexpliqué.

<t

Né en Saxe, E berhard avait en '1794 une quarantaine d'années (1).. En 'i790, il exerçait à Jurançon la profession d'apothicaire-chimiste; lt épousa vers cette date Marie Careau, de Lahourcade, après avoir pris à témoin l'Etre suprême, devant un pasteur d'Orthez d'origine genevoise, « ne voulant pas, dit-'H en 1794, se soumettre aux céré(i) D'après l'une des vingt pièces du dossier transmis au Tribunal rtc\o)utionna!re ~I~ pour instruire le procès d'Eberhard et d'où proviennent la plupart de nos renseignements. (Arch. ~at., W i', /3o/)

4


monies des prêtres parce qu'il les considère comme du charJatanisme ». Seule la retigion protestante trouvait quelque grâce à ses yeux et devant l'esprit nouveau. H avait trois entants en 1794 et certains témoins lui reprochaient une maitresse.

P.our sortir d'une situation matérieti.e qui parait avoir été nécessiteuse, Eberhard disposait d'une certaine fécondité d'esprit qui fut fertile en projets et en entreprises. Il s'occupa de mines et de métallurgie. Ayant trouvé un associé pour la fabrication du cuivre au martinet'de Jurançon, il sut intéresser à ses affaires un nommé Latoubère, de Pau, qui lui paya une dette et iui avança de l'argent. On était avant Pâques '1790. Eberhard disparut soudain pour aller, disait-on, en Espagne, et Laboubère, pour rentrer dans sesdébours, fit saisir ses meubles par la municipalité de Jurançon. Quand le voyageur revint,.il protesta pour se faire dédommager tout en prenant bien soin de tenir cachée à Pau une certaine quantité de coton qu'il avait ramené d'Espagne et qu'it vendait la nuit. Quand Laioubère apprit l'existence de ia cachette, )e coton avait disparu. Cependant, un autre créancier d'Eberhard, négociant à Bordeaux, obtint unarrêt contre Eberhard qui fut condamné après un emprisonnement préventif à payer ses dettes dans l'ordre des hypothèques. La loi s'en prit au coton, à des mouchoirs et à de la vaissèlle découverts à Jurançon..Un négociant de MontpeNier, Westerman, demanda main-)evée du coton saisi, prétendant qu'il l'avait fourni sans être payé, mais les créanciers de Pau protestèrent et obtinrent plus ou moins satisfaction. Après la saisie de ses biens, Eberhard prit un commerce et fit tisser des mouchoirs.On sait en effet que le tissage du iin et du coton prospéraient alors en Béarn et que précisément des échanges commerciaux existaient entre Pau et Montpellier.

Dans l'intérêt de son négo.ce plus ou moins suivi ou pour d'autres motifs, Eberhard voyageait. En '1790, lors de sa fugue déjà mentionnée, il fit un séjour à Bayonne bu on i'avaitdèsignéau maire comme suspect, bien que le mot ne fit pas encore partie du langage

.1 lm ic

de la justice. Mais, sans preuves suffisantes, le maire s'en tint it lui faire quitter ta ville. La veille de son départ de Jurançon, un témoin avait aperçu entre ses mains un rouleau de Jouis d'or; ce qui nous incline à croire que notre négociant s'intéressait à la contrebande, c'est d'autre part que ses voyages entre Pau et Bayonne furent assez nombreux.

L'instruction du procès de l'an II attire notre attention sur l'un


de ces déplacements. Eberhard devait alleren Espagne avec la fille d'un nommé Bourtasteguy.LeS 8 juin, ceiui-ci. l'invita, par lettre écrite de Bayonne, à se tenir prêt en vue d'aller traiter une affaire. Eberhard nous apprend qu'il s'agissait, cette fois, non plus de coton mais de l'exploitation d'une mine et qu'il séjourna quinze jours en Espagne, à Oyarzun, à quelques iieues de Saint-Sébastien. ,Il se défend d'avoir emporté de l'or et se justifie du grief d'émigration ou de compHcité d'émigratipn avec la fii!edeBpur)asteguyen invoquant la raison comrnerciale de ses voyages et ses rapports avec la maison de MontpeHier.

Au début de 1793, Eberhard entra dans la vie politique paloise. Le '19 février, il fut admis a la Société f/es anif's de <a7~bei'të et de <(tHte(1). Le 9 avril, il y prit la parole devant Ysabeau, représentant du peuple en mission à t'armée pyrénéenne, pour y exposer sur l'extraction et la fabrication des métaux des vues que ie député trouva tellernent a son goût qu'H invita l'orateur à y donner forme d'un mémoire qu'il présenteraità !a Convention. Eberhard intervint t une autre fois, le 24 brumaire, pour prononcer un discours dont nous ignorons ta.teneur et l'objet. Le débat qu'it souleva aboutit a le faire exclure de la Société populaire et sa radiation fut confirmée le 28 frimaire sur un nouvel incident. Plusieurs indices permettent de supposer qu'Eberhard faisait partie d'un groupe d'intrigants ou tout au moins de critiques dont se plaignaient les autorités de Pau, municipalité, district et représentant du peuple, qu'ils attaquaient en séance ductub. Par une réaction défensive, Monestier, conseillé par son ami Dulaut, agent national du district, dut procéder à l'épuration de la Société populaire, et confia à un comité de présentation le droit exclusif d'y admettre de nouveaux membres.

Cependant, maigre son attitude, Eberhard avait pu trouver des protecteurs. Régnier, capitaine des guides, le recommanda en ces termes au généra) en chef Muller par une lettre adressée de Bayonne le 3 frimaire an 11 « Le porteur de la présente est le citoyen Ebrard (2), chimiste allemand, bon patriote et connu dans

(~) Nous devons à l'obligeance de M. t'abbe Laborde, qui détient copie des registres .injourd'hui brutes dnc)ub, de connaitre )a trace, peu importante d'ailleurs, qu'y laissa notre personnage.

(~) Eberhard francisait son nom ou on le francisait. Nous trouvons les deux orthograptiesEbrardct Evrard..


Ce département depuis plus de dix-huit ans pour le minéra)ogiste le plus instruit de ceux qui ont été employés dans les Pyrénées. Comme il m'a dit avoir fait quelques découvertes qui pourraient servir la République, je vous l'adresse et vous le recommande en ce que vous pourrez lui être utile. )) N'ayant pas été jugé' indispensable à l'exploitation des mines pyrénéennes, l'industrieux Eberhard, qui avait plus d'un talent, fut nommé pharmacien rmhtaire de3~ classe.et affecté à ce titre.à a l'Hôpital de Lescar au début de '1794. Tout en assurant ses fonctions nouvelles, il s'occupa en outre 'de la fabrication du salpêtre sans renoncer d'ailleurs à la forge de Jurançon qu'il surveillait de Lescar. Sa nomination fut signée de Dubreton, commissaire ordonnateur des guerres.

Tout alla bien, semble-t-i), jusqu'au 3 floréal (22 avril 1794). Mais ce jour-là, Monestier donna t'ordre au Comité de surveillance de Pau de faire mettre Eberhard en réclusion et de venir perquisitionner chez lui, à Lescar et à Jurançon. Des témoins furent entendus le lendemain et quelques papiers saisis. Le 8 floréai, probablement sur de nouveaux faits, Monestier fit pousser )'instruction et déposer d'autres témoins, tant sur l'objet des poursuites que sur 'les événements survenus de'1790 à 1792. Eberhard ne fut pas traduit devant la Commission extraordinaire de Pau qui prononça son ..dernier verdict le 2 floréal et que Monestier venait de dissoudre conformément à un décret de la Convention. C'est pourquoi l'accusé fut dirigé sous escorte à Paris pour y être jugé par le Tribunal Révolutionnaire qui devait connaitre désormais de tous les délits politiques. Après un nouvel interrogatoire d'Eberhard, Monestier 'écrivit à Fouquier-Tinville, le célèbre accusateur public du Tribunal, pour lui signaler les méfaits de son nouveau client (8 messidor-26juin).

De quel adversaire dangereux voûtait donc se débarrasser Monestier, huit jours avant sou départ? Les raisons véritables, nous ne les connaissons pas. Quand.au prétexte, si ce n'est qu'un prétexte, il est au moins surprenant puisqu'on reprochait à Eber'hàrd son attitude lors de ['assassinat de Marat (13 juiHet .'1793), ~c'est-à-dire un fait déjà vieux de neuf mois, pour lequel Eberhard n'avait pas encore été inquiété, un fait véritable ou supposé, réel ou tendancieusement interprété, qui ne lui avait pas interdit d'obtenir un poste dans t'armée.

'Marat, on lésait, tut un des dieux irritables du nouveau culte civique. On inaugurait partout son buste et sous j'eu'et du prestige


que lui avait donné l'assassinat, on chantait partout sa louangé. Quand la Société populaire de Pau apprit la mort de i'o: Ami du Peuple », elle ouvrit un débat tumultueux dont Eberhard et les .témoins fournissent des versions contradictoires. Selon l'accusation, Eberhard aurait parte après Dulaut tifs qui venait de faire l'éloge de Marat, pour le dépeindre comme un monstre sanguinaire. Renouvelant le geste de Charlotte Çorday, il se serai't écrié, un poignard a la main « 0 poignard, que tu devais faire un bon fricot dans les entrailles de Marat! ». Dulaut proposa de chasser Eberhard, mais ses partisans couvrirent de leur tapage cette proposition qui ne devint effective que quelques jours plus tard. Les propos tenus par l'accusé ne figurèrent pas au procès-verbal de la séance, car les Montagnards n'étaient pas encore les maîtres du club et les modérés .voulurent éviter de se compromettre. Puisqu'Eberhard repritla parole en brumaire, il faut croire à sa rentrée en grâce ou penser qu'i) était à ménager.

Naturellement, il présente tui-méme une version qui tend à t'innocenter. H explique avec une certaine vraisemblance que la personne de Marat était alors très contestée à Pau, que les avis sur son compte étaient très partagés. Il avoue son intention d'avoir voulu instruire le club en exposant tour à tour les deux opinions extrêmes, à commencer par celle desanti-maratistes qui accusaient. l'idole d'avoir voulu anéantir la République. Si Marat, dit-il, est l'éternel agitateur payé par l'ennemi pour réinstatter la royauté, vraiment il est bon de nous réjouir. Il voulut ensuite exposer la thèse contraire, mais pour t'avoir mal- compris ou par une basse manœuvre on ne le laissa pas poursuivre, sous prétexte que la Société s'était déjà prononcée. Eberhard conteste cette raison en prétendant qu'il avait ouvert la série des discours, avant Eury, commissaire des guerres, ayant'Dutautet les officiers de la garnison de Navarrenx. Il accuse, même Dutaut d'avoir traité Marat de monstre, quelques jours avant le meurtre.

Ou est la vérité? Un des arguments d'Eberhard mérite bien quelque considération. Lors de la vogue des prénoms et des baptêmes civiques, n'avait-il pas fait donner à son fils Jean le second prénom de.Marat, le 7 frimaire an II (i)? Et puis, s'il commit réellement cette faute de lèse-patriotisme, pourquoi attendit-on si longtemps avant de le poursuivre, pourquoi l'administration civile qui contrôlait

(i) ),e fait est exact. Voirla Hevue La Révolution française, <9i.'<, p. axa.


['administration militaire lui laissa-t-elle confier un poste de pharmacien, sous tes yeux des autorités patoiscs et du .représentant du peuple?

L'accusation, trouvée peut-être trop légère, fut corsée de griefs anciens et d'un grief nouveau. Eberhard avait eu des relations avec l'Espagne et s'était fait remarquer par son improbité (au temps ou ce défit civil n'avait pas encore d'importance politique). On rapporta à Monestier d'autres propos tenus par Eberhard lors de son transfert de la maison de réclusion à la maison d'arrêt. It se serait t encore une fois porté à des propos injurieux contre Marat et Dutaut fils dont il fut, sembte-t-il, un des principaux ennemis. C'est ce qui lit prendre au procès une tournure plus grave. Dans sa lettre à Fouquier-Tinvitte, Monestier résuma tous ces griefs et invoqua même, pour charger encore Eberhard, <:( une espèce de charlatanisme en découverte de prétendus secrets mervëitteux, comme de vouloir briller les villes ennemies avec des bouteilles phosphoriques )). Là chimie pouvait avoir des dangers pour ses initiés euxmêmes.

A Lescar et a Pau, l'affaire eut un certain retentissement. Un chirurgien de Lescar,- Bécasse, q.ui était un ancien émigré, fut t dénoncé par Dulaut qu'il avait injurie, 11 se poignarda dans sa prison. Un des amis d'Eberhard, Deviit.ters, chirurgien en chef à Lescar, fut arrêté par ordre de Monestier~du Ci floréal,. mais l'information n'aboutit pas et i'incuipé put reprendre son service (!). Eberhard fut donc conduit à Paris et.enfermé à la maison d'arrêt de l'Égalité. !i tenta de se justifier auprès du Comité de sûreté générale et ses coiiègues de.Lescar ne. t'abandonnaient pas. Après thermidor, ils témoignèrent en sa faveur (lettre du ')8 fructidor) et Lehuby, directeur de l'Hôpital du Coiiège, lui fit connaitre son espoir de le voir bientôt rendre a la liberté; lorsque l'Hôpitat serait transféré à Jaca, en Espagne, aprèsTavance des troupes, il pourrait l'y suivre et y employer son talent pour les mines. Le 'J5 brumaire anlt[ (5 novembre t794), Eberhard fut enfin interrogé. Antoine-Marie Maire, juge au Tribunal Révolutionnaire, accepta ses arguments de défense et un nouvel interrogatoire des conventionnels thermidoriens Bourdon (de l'Oise) et Reverchon détermina ie Tribunal a le mettre en liberté sans jugement. Nous

(~)ntv.\nHS~Pauc<<<;sBMSM-Pyrenef's/)gndtf/!<ta7?ei)oh~f'o)),p.~<4().DeYit!iersavait été reru a )a Société popntait'e de !'an ]o 7 août iyg3, venant de celle de Toutouse.


savons qu'à Paris Eberhard intrigua contre Dulaut, son vieil ennemi, lors de sa révocation et de son court emprisonnement par t' Monestier (de la Lozère) ()). A partir de la fin de 1794, nous le perdons de vue.

De cette étude il reste plus d'.impressions que de certitudes. E))e laisse le sentiment qu'en floréal an Il on veut à tout prix se débarrasser d'Eberhard contre qui on ressuscite de vieilles histoires oubliées ou pardonnées; que Dulaut met en œuvre l'accusation pour 'se détendre, contre des attaques dont nous ignorons l'aspect et.le bien-fondé. Monestier (du Puy-de-Dôme) a l'air quelque peu gêné, car Eberhard a des amis dans ie clan des militaires qui affecte souvent des idées extrêmes pour mériter et conserver les faveurs gouvernementales; il garde vraisemblablement des protecteurs dans le parti de l'hébertisme mal éteint et des amis dangereux dans le club de Pau, qui dénigrent les autorités pour faire oublier que teur propre patriotisme est récent et suspect.

D'autre part, le procès commence en floréal et Monestier va avoir sur les bras une grosse affaire personnelle. Bousigues, agent nationat du district de Tarbes, le dénoncera en prairial au Comité de Salut publie et t'accusera de persécuter les « patriotes » du pays. U se peut que le pharmacien militaire soit l'un d'eux et que le conventionné), peu de temps avant son départ, le traduise devant le Tribunal Révotutionnaire pour faire preuve d'énergie, pour qu'on ne l'accuse plus de pactiser avec la contre-revotution (2) ou bien tout simplement pour se venger des attaques qui aboutiront à son rappel. >

(i) h'aits négatifs et pièces destructives des accusations intentées contre le citoyen t'u[autfits,Tarhes,Retaroy,in-4°;'()F)p.,p.~g())ib[.dePau,Histoire)ocate,VU,<

.o:i).

(:<) Le Il messidor, Xonestier envoya devant le Tribuna) Xévolutionnaire le nomme Atha, dit Lapointe, ancien sergent de la compagnie franche d'Accous, vallée d'Aspe, qui avait été arrêté sous l'inculpation de propos royalistes plus risibles et bénins que dangereux. Sous une forme aUégorique, Atha voulait que l'on ra)[umat le chandelier (le roi) que l'on avait éteint en France et que la paix fut signée. Le <6 vendémiaire, Atha, interrogé, interpréta ces propos à sa façon et fut acquitté le <<) comme ayant parlé sous l'influence de l'ivresse. Cet exemple, plus encore que le cas Eberhard, appuierait l'opinion que Monestier penchait avant son départ vers une sévérité dont, malgré la légende, il n'avait pas toujours été coutumier. (Arch. Nat., W. ~C5-2M.)


Quand aux motifs véritabtes, ils sont bien difficiles à découvrir. Reconnaissons qu'Eberhard a tout l'air d'un intrigant et que la justice révo)utionaire qui.choisissait ses prétextes comme elle choisisait ses agents, a bien pu se servir d'injures périmées à la mémoire de Marat pour cacher d'autres motifs, personnels ou politiques, oubliés avec les hommes parfois si petits devant de grandes choses qui ont emporté leurs secrets.

ANTOINE RICHARD.

Les Glottes ppehistopiqaes de ~alapode

-Les Grottes de Malarode sont situées sur la commune d'Arudy, à l'entrée de la riante Vallée d'Ossau, ou l'on voit encore les traces de l'ancien glacier d'Ossau.

« La Moraine frontale qui barre la Vallée, au Nord, date probablement de la fin de l'ère tertiaire, ou du début du quaternaire, et le Lac d'Arudy dont l'ernplacement actuel, offre aujourd'hui un aspect si pittoresque, a du son origine à la fusion du glacier, en amont de la Moraine (côteau de Bescat) et a creusé la gorge de Germe; il est facile de retrouver (environs d'Arudy) d'anciens lits du Gave,aux parois travaillées par le tourbillonnement qui va laissé des chaudrons latéraux et des marmites de géant. »

Quatre grottes ont été sûrement formées par ces torrents, ce sont La grande grotte d'Espatungue, fouiHée avec grand succès, par Édouard Piette (connue surtout par des gravures sur os, ornées de spirales); la Grotte Saint-Michel d'Arudy, explorée par M. Mascaraux; la Grotte Vergne, située en face de la ferme d'Anglas,a a livré le squelette d'un ours des cavernes (l'Uf'sus Spe<<rtfs) (2); le

(<) [) m'est agréable de remplir ici publiquement, un devoir de sincères remerciements envers M. Ducrest, notaire à Oioron-Sainte-Maric (B.-Pyr.), propriétaire des grottes de Matarodo, qui a compris l'utilité de chercher à mettre au jour les secrets de la vie de nos lointains ancèlres, et dans ce but m'a accordé une large autorisation pour.fouiller les deux grottes.

(~) L'Ursus spelœus occupait les grottes avant l'homme, il apparait dès le paléolithique inférieur.


puits Liebaut creuse non loin de la Grotte d'Espalungue (a fourni unebelle poterie néolithique),

De toutes ces découvertes, dans le rayon d'Arudy, il faut conclure qu'il n'y avait rien d'étonnant, que dans ce privilégié recoin, il existât d'autres grottes, plus ou moins connues, les grottes de Malarode étaient de ce nombre.. D'Arudy aux grottes, il faut une bonne heure de marche; à droite de la ferme d'Anglas, on prend un sentier qui pénètre aussitôt dans la montagne, et qui aboutit après de nombreux détours, à un véritable petit Cirque, là sont les grottes, cachées par des lianes et des ronces. Les deux grottes sont perchées, on pourrait dire, aux derniers gradins, et se font presque face.

La première grotte fouillée à son entrée, regardant l'Ouest elle forme à l'arrivée un vaste abri, de )8 mètres d'ouverture, sur 7 m. 30 environ de hauteur de voûte.

C'est sous cette grande voûte d'entrée.que commencèrent les travaux, le 2t avril 1914.

Dès les premiers coups dé pioche, je retirai quelques débris de poteries, quelques-unes ouvragées. Le )5 mai, ayant fait. ouvrir une forte tranchée, je vis apparaitre à 60 centimètres environ, un foyer très important, et semblant se relier à deux autres; je récoltai autour de ce foyer, un grand nombre de morceaux de poteries, surtout des rebords de vases; deux morceaux de bois de cerf, et quelques silex imparfaitement taillés (fig. 9, '10, 11, 13, i4, d5). Dans un rayon de 3 m. 70 à 3 m., autour d'un second foyer, situé un peu plus bas, à 80 cm., je recueillis une corne de petit bouquetin, et une autre corne qui semblerait appartenir à l'espèce bison, puis une grande quantité de débris de poteries, de diverses qualités de pâtes, et de formes très différentes; beaucoup d'os brisés dans leur longueur, et à profusion des dents d'animaux, séparées ou adhérentes encore aux mâchoires; une épingle en os, .très fine, avec tête, long. 7 cm.'1/2 (fig. 19).

Dans un troisième foyer, entouré des trois côtés par d'énormes roches, je recueillis encore plusieurs fragments de bois de cerf; de la poterie noire (gallo-romaine) deux lames, en fer (couteaux) de deux dimensions (fig. 7 et t7) des petits objets en bronze en forme de poinçon plusieurs tibias très'gros, d'animaux, non identifiés; une hache de pierre polie, de 9 cm. de long, sur 4cm. 'i/2 de large, au tranchant (tig. 12); un anneau ou bague, en bronze (guilloche); plusieurs cornes de petits bouquetins; des cailloux roulés, parfai-


tement ronds; un'manche ou. poignée en os, d'arme ou d'outit (fig. 30); le fond entier d'un vase mamet'onné, à quatre pieds, très carastéristiquedeta fin du Néolithique, et début de Fâge du bronze, ·

très spécial au Sud-Ouest de la France, et particulièrement aux Hautes et Basses-Pyrénées; un poinçon en os, de '14 cm. un objet en fer affectant la forme d'une faucille, de 23 cm. de long; un petit morceau de schiste, perforé au milieu, pour suspension probablement (fig. 25) un grand nombre fonds de vases, de terres très différentes; plusieurs flancs de vases, dont quelques-uns ornementés de dessin, en hachures croisées; des anses ouvragées, devant appartenir à.de très grosses poteries (fig. 1 et 3); des objets en fer, non déterminés (fig. 8,16, 26, 28). Ce foyer était très bien marqué par les couches de cendres, de charbon, et de terre brûlée; j'y récoltai une grande quantité de fùts de petits escargots (l'escargot des haies), plusieurs ayant subi un commencement de pétrification. A quelque distance de ce foyer, je mis à jour des débris de poterie fine, d'un beau rouge (gallo-romaine) dont le fond d'un vase; ces poteries portent une ornementation circulaire, je n'ose dire: d'yeux lenticulaires, bien qu'il y est un grand rapport avec ce genre de céramique (fig. 18 et 18 bis).

Arrivé à une très grosse roche d'éboulis, je trouvai, à 80 cm. de profondeur, un métatarsien droit (c'est-à-dire canon droit), postérieur de cerf, sans cassure ni détérioration (1); puis un peu plus bas, et à peu de distance de cet os, je déterrai un péroné humain et une fraction de mâchoire humaine (maxillaire inférieur de droite), ayant quelques dents adhérentes, dont l'émail est pour ainsi dire intact (sujet relativement jeune semble-t-il) et aussi plusieurs parcelles de crâne humain. A droite de cette même roche, je recueillis une trentaine de gros morceaux d'une poterie très épaisse, de 2 à 4 cm. (genre amphore); puis un morceau de verre bombé et irisé une coquille dite communément de Saint-Jacques, et un commencement de foyer sans importance à quetques'mètres de ce foyer je découvris un petit: morceau de pierre (non identifiée) de couleur blanchâtre (fig. 32), ornementée d'une gravure excessivement Une, mais vu l'exiguité de la pièce, il est impossible d'en

1 CI

reconnaitre la figuration. Je mis aussi a jour un petit vase à fond

(i) Un môu)age do cet 05 fut envoyé au muséum nationat d'UistoircnatureUo pour r sa détermination exacte, que je viens do rctater.

Il 1.


!')t!n'U\t.))"(:U;n.iJS))\\SL):NU<))i:S~()[)!i;s ~~c's~!nr<t~(:nr)n'J('!)~u~u~)in:~<')i~,).fnf'~<ir(nNtc.nt\(tf'r)~'<t,S,<)!~<'ts Pf'tfrh'rf'i~t')ifH'.omr.('('n.!N~-n~nMitu'):)'~)rri<'<n~ir'sth~'s.ru))~nur'i

(g-i1l1o-rfllnairH'); I~I. '1- Epill,dl'~ ~·1 0. a\I'(' 1."lf' :JII, (l;¡rlli~ ,ln broll/f'; -'1, l'ilmlm·11

hrnn/f', nnll'llIl'ub"I': '1". P"¡Ili:!HI rl ~I'\¡i.le ])1'1'1)1' (11'(\11 d,' .11'¡II'I1.¡tlll'1: 1`"te·rin

g-ris, orru'lIlf'lIls pnlflllld.. f'l ill'llI..iI'IJr-' rilrl. '_if¡, (;1'11.4' IHd4'ri4'I'nlll('(\(lS1'llr4'.iallj'):

Hnf'NH't~tfr.~t'.


rond, presque entier, curieux comme forme et comme nature de pâte (sans support).

Poursuivant mes fouittes.du côté gauche de la grande paroi, je découvris, te'16 juin, dans une tranchée de '1 m. 30 environ, à 50 cm. du niveau du sol, une très belle fibule, intacte, de 6 cm. de long; ouvragée de petits cerctes à rayons, et patinée d'un beau bleu verdâtre (fig. 21) à 30 cm. plus bas je déterrai une superbe hache de bronze, très fine (fig. 20), de'12 cm. 4mitt. de tong, et dé 4 mit). d'épaisseur, ayant son tranchant sans la moindre ëmoussure; puis quelques débris de poteries, avec anses, d'autres avec trous de.suspension, et une parcelte de vase de forme très gracieuse (Gattoromaine), et pour termiuer, je déterrai un petit tibia d'animal (non identifié). Strié très finement, sur toutes ses faces, et en sens inverses, avec une véttéité de sculpture à l'une des extrémités. Voici le résultat de mes fouilles dans la première grotte de Malarode. H est à remarquer qu'aucune pièce entière n'a été trouvée dans le cours des fouilles.

La ptus grande partie des objets et céramiques recueiths étaient épars aux quatre coins de ta grotte, excepté ce qui se trouvait autour même des~foyers; plusieurs raisons pourraient expliquer ce bouleversement la non habitation pendant un certain temps, les animaux sauvages en l'absence de l'homme auraient bouleversés les dépôts; d'autre part, a l'arrivée de nouvelles tribus, celles-ci, trouvant des objets inutiles ou détériorés, les répandaient de toutes parts, les brisant de nouveau. J'espère reconstituer quelques pièces, j'ai du reste commencé, mais c'est un travail très minutieux et très long, ayant recueiiti au bas mot 4 ou 5 mille fragments de poteries.

La seconde grotte de Matarode, désignée sous le nom de Grotte à Stalactites, ne présentait comme entrée, avant les fouilles, qu'un simple orifice de 1 m. 50 environ de large, sur à peine un mètre de hauteur.

Cachée elle aussi par des lianes, des buis et des ronces, il fallait se courber pour y pénétrer, mais son apparence modeste cache intérieurement des salles magnifiques ornementées de Stalactites ~et de Stalagmites superbes.

Pour y arriver, il faut passer sur des roches d'éboutis qui ne se rejoignent pas exactement, et qu'il faut franchir prudemment; son accès est plutôt dimcuttueux.

Les travaux commencèrent le 4 août 1915, à feutrée de la grotte


(situation Est) s'était le seul endroit habitable, car on pénètre aussitôt dans les ténèbres des grandes salles.

Je fis dégarnir en premier lieu, la paroi de droite, et à 40 cm. de profondeur, to.uchant la paroi même, je recueillis plusieurs morceaux de poteries, d'un beau noir, à pâte très fine, rubanée dans divers sens (fig. 23), et plusieurs autres pièces, de même pâte, mais plus fines encore,.consistant en rebords de vases avec dessin en ondulations, sur plusieurs rangs (fig. 3)) et quelques-unes avec mouloures intérieures (toutes gallo-romaines) (1).

Un peu plus bas à 65 cm., je mis à jour un genre de céramique tout différent, poterie qui semble ne pas avoir subi de cuisson au lavage, la pâte se délaie comme du savon. Je recueiHis aussi plusieurs cornes (genre bouquetin) dont une très belle et bien conservée (fig. 6) mesurant 23 cm.

Du côté de la paroi gauche, je rencontrai plusieurs morceaux de bois de cerf; beaucoup de débris de céramique, avec rayures, et particulièrement deux rebords de vases, très ouvragés (fig. 4,5); un très beau poinçon en os, absolument intact, de 18 cm. de iong (fig. 24).

Une très grande quantité d'os et de dents d'animaux, semblant appartenir aux mêmes espèces, recueillies dans la première grotte. Plus bas, beaucoup d'os fendus dans leur' longueur, mais aucune trace de foyer, ni silex. Cette fouille du côté gauche de la paroi fût faite à un mètre environ de profondeur.

Pour égaHser la fouille des deux côtés, je fis dégarnir de nouveau la paroi de droite, et je recueillis de trësgros'morceaux de poteries noires, avec ornementation à encoches profondes, à un rang (fig. 2) et d'autres à deux rangs doubles (fig. 27);. d'autres enfin'de pâtes très différentes et de formes,-pouvant appartenir au genre jatte (ug.29).

Pour terminer mes travaux, je fis faire une fouille de 80 cm. de profondeur sous le petit abri ,.à droite de la grotte; elle donna une grande quantité d'ossements, de toutes grosseurs, provenant d'animaux différents beaucoup.aussi de sabots de petits ruminants. Des fragments de poterie sans ornements, mais parmi ce grand nombre un débris de céramique grise, avec dessins intérieurs, for-

(f)J'airecueini des morceaux identiques, au~ Arènes Romaines de SamtM(Cha-'rente'tnférieure). 6


mant des hachures se croisant, avec des dessins elliptiques. Puis des morceaux de céramiques ayant grande analogie avec ta poterie noire, à encoches profondes à un rang, recueillie dans l'intérieur de cette même grotte; des débris de bois de cerf, un spécialement t bien conservé, avec la couronne; une épingle en os, avec tête, mais beaucoup moins fine que la première, trouvée dans la grande grotte (pointe émoussée)(ug. 22); quelques objets en fer non déterminable.

Là se bornent les objets recueillis sous cet abri et ils clôturèrent mes fouilles à Matarode.

'Dé toutes ces découvertes, il résulte de façon irréfutable que les grottes de Malarode, furenthabitéespendantia période néolithique, ou à [afin de cette période, étages suivants; on pourrait ajouter que la présence des vestiges de l'homme dans la grande grotte de Malarode et ceux des animaux, indique que le glacier d'Ossau devait s'être retiré dès le début du quaternaire.

Pour déterminer de façon approximative, l'époque à taquette appartiennent les objets divers recueillis dans tes deux grottes, il est nécessaire d'examiner

'1" Les ossements et cornes d'animaux;

2° Les poteries.

'3° Les instruments (silex, os, brdnxe et fer).

Les os proviennent, soit du cerf, peut-être du renne, du bouquetin, du mouton, du bœuf, du cheval, et du sanglier, tous existants à la période Magdalénienne.

2" La diversité très grande des poteries, la cuisson, l'ornementation très simple des rebords et des flancs, peut permettre, il me semble de les supposer Magdaléniennes.

3" Les silex recueillis sont si frustes, qu'on pourrait,, peut-être, tes faire remonter plus haut que le Magdalénien:'

Les Mtsh'ttme~s, os. Les poinçons trouvés sont tertainement néolithiques. Épingles. Celles-ci ont paru dès le Sotutrëen et durent pendant tout le Magdalénien.

Ges considérations me portent a croire que tes grottes de Matarode furent habitées pendant le Magdalénien.


D'autre part Les autres objets reclieillis. prouvent que ces grottes on été aussi habitées à l'âge du bronze et à la première période aumoinsdet'âgedufer.

Les poteries et les tHs<f'MHtcx<s de ~'o~e. Beaucoup de ces poteries sont régulièrement t'açonnëes et semblent même faites au tour; elles ont, en grande partie le caractéristique de la 4" période de l'âge du bronze. Cependant la p'oterie plus grossière, à incissions profondes, semblerait appartenir à la 3° période de cet Age.

Le bronze. La hache, par sa forme, sans nervure médiane, parait se rattacher àla période HI du bronze.

La fibule n'est apparue en France qu'au début de la période I!I du bronze, mais celle qui a été trouvée peut être rattachée à la 4" période du bronze, étant assez simple comme exécution. Il résulte donc de ces constatations que Matarode semblerait aussi avoir été habitée pendant la 4" période de t'age du bronze. Le fer. Les couteaux, et autre_s objets en fer, sont très probablement de la période de Hattstatt, ou premier âge du fer. Poto'tcs. Quelques pièces de céramiques, plus fines de pâtes et de formes, ainsi que d'ornementation, pourrait.étre de fabrication gatto-romaine ce qui peut t'expliquer, en ce lieu, c'est l'occupation romaine très marquée à Bielle, non loin,.de Matarode. Ces grottes furent donc aussi habitées par quelques tribus galloromaines.

Conc~ttStOK. Etant donné que t'âge du bronze va de la moitié du 3" millénaire jusqu'à l'an 900, avant l'ère chrétienne, et te premier âge du fer, de,t;an 900 à l'an 500, il résulterait que la grande grotte de Matarode aurait été habitée entre l'an 2000 et l'an 500 avanj,Jésus-Christ.

LÉONFONTENEAU,


Histoire de. rHérësîe de Bëarn

(Suite.)

Et d'autant que cy-devant, cum encore, continuant de reduisir las rentes deus biens ecclesiasticqs à [our purmere institution, per la neuriture deus praubes et entretenementdeus pastours et, autres obres pies, nous abem per exprès article de hdstres ordonnances de juillet 1566, supprimit tous dits beneficis et drets de patronat appartenons aux gentithommis, abbats et autres patrons, et las dites rentes applicades à obres pies per ço et aquero (t) approban, abem dit et ordonnat, voulem et nous plats que là dite supprimation tiendra, sauf et réservât per las rectouries ond s'en fé t'exercicy de la dite religion romane, qui. non son de juspatronat, de lasquoalles tous evesques pouderan dispensât-, cum bon tour semblara, et non de las canongies, prebendes et autres beneficis, lousquoaus, cum dit es, voulem estar supprimits per la mourt de tours pocessours. E~ quoand aux autres beneficis, rectouries et prébendes, estant de juspatronat deus fasents profession de la religion refourmade, en pouyran dispensât' de plein dret, cheins se adressar aux .evesques; et lous autres patrons, qui seran de la religion romane, en pouyran usar, ainsy que bon tour sembtara.

Et quoand à la juridiction pretendude per tous dits evesques, surs lous maridages, blasphemes et paittardisses deus caperààs, nous entendem que tous dits evesques pousquen connecher per prévention de toutes rnatieres matrimoniales enter personnes purament de la dite religion romane; et la juridiction contentiouse, enter autres personnes, dont l'une de las partides sera de la religion reformade ou toutes dues, ta conneichence en appartiendra 'à nostres amats et fideus, las gens tenents nostre cour souviranne, et non autres..

Et per lou regard deus dits blasphemes et paillardisses deus dits caperààs tant solaments, tous dits evesques en counecheran aussy per prevention;. et tas appellations de tours judjamens, tant en la dite matière de blasphemes et paittardisses qu'en causes matrimonialles, ressortiran immediatement en nostre dite cour souviranne, laquoatte.en eounechera et decidara en darrer ressort affin que nostres subjets non sien distraits fore de nostre dit pays.

(')) Dans le texte, en McgM~'ër


Nous abem aussy deciarat.que en chascun locq de ville y poudera aber entre au nombre de dus regens qui seran, l'un de )a religionretbrmade, et l'autre de la romane, iousquoaus seran examinais per las gens de nostre dite Cour souviranne; ordonnam que per fous dits evesques tour sera baillat un. formulari louquoal, au Li préalable que sie mettut en lumière, sera per nous vist et approubat. Abem dectarat voûter que nostres dites ordonnances-portant prescription de las questes deus mendicans seran observades; toutesbets que en lous tocqs ond lous dits mendicans an accoustutnat de questar, y pouderaaberun personnadge eslegit per tous jurais qui, cheins questar, recebera en sa mayson, et non aiihours, las charitats qui on voûtera départir aus mendicans, etaquero tant entroque per nous autremens y sera probedit.

Davantage, suus so que per tous dits Estats nous es estat remonstrat, incontinent, au feyt deus sinodes et concistoris, disem, declaram, et, esciarcin touts.douptes, non entendem attribuir aucune juridiction aux dits sinodes et concistoris per punitions, mulctes'et emendes, mes soutamentque pousquen usar de las admonitions et exortations permetudes et pourtades per la paiaurede Diu, et non autrement, nyà il plus avant, etc.

Dades à Pau, lou 13 de juillet 1568. JEAKNi-

Et plus bas Per la regine souviranne de Bearn, estant présente en son Conseil, ainsi signât. M~/)'e(.

84. .E')'ot:< des t'e~f'sh'es du Pari'ewpHt )stt)' les nasses célébrées ci Zescar). Lou 24 novembre '1568, per Messieurs d'Arros (-1), capitaine et gouverneur général per lis armes, et Messieurs d'Etchard (2), président,Bordenave-CassoLL, Espona, H. de Marca (3),

(')) Le baron Bernard d'Arros fut nommé lieutenant g-énérat de Béarn,'a Nérac, par Jeanne d'A)bret, le 3 août 1568. V. nos jDocttnt., Il, p. 212. (2) Dans un RecMe~ de provisions d'Q/ce, on dit < Nota que ledit d'Etchart a été receu conseiHer et on ne trouve pas comment it a été fait présidents, Bt< f/e la Soc. de P<-tM, t. XXIV, p. 62; mais dans un Mémoire 'Mt<'(KMSo't SM)- le Pa)~eMteK< de PaM /'jDocMMt. pM)'<on dit, à )a p. 503, que Jean d'Etchart fut « receu a la place de Pierre Barthoiomey s créé président le 31 octobre 1552..Bt~e<t'K, t. XXXV, p. 48. (3) Jérôme deMarca, grand-père de notre célèbre historien, catho)ique ardent, présidentau Conseil souverain; ii figure souvent dans les documents de l'époque.


Lamote, Fenario, Tisnèes, Giiot (t), Casenave (2), snus )a remonstrance feite per tou procurayre gênera), contienen que, despuix paucq de jours, certaines misses eren estades dittes en la ville. de Lescar, contrevenen à l'accord et establissement arrestat en lous darrers Estats, enter la Regine, dame souviranne de Bearn, et lous tres Estats, et réquisitions per )ou dit procurayre feites, restât sera et inquerit deu tout per )ous dits sieurs de Marca et Tisnees, qui ad aqueres fins son comettuts, lousquoaux et lou dit procurayre ab Jour se transpourtaran en ta dite ville de Lescar et autres parts ond besoing sera, per aqui promptemens, et à la plus grande diligencie qui far pouyran, procedir à la dite inquisition.

Actum à Pau, en Conseil, lou dit jour et an. Signe sur le registre. B. D'AttROS.

CHADTHE X[

Des (t'ottHes e.rct<es CM jBeat'n à cause de la MOMueetMte de /ct)'c~~ton. Jamais on n'a troublé la religion qu'on n'aist en mesme temps trouble le repos de l'Estat. On n'a jamais fait estat d'introduire quelque nouveauté dans l'Eglise qu'a mesme temps on n'ait traversé le repos des psuptes et qu'on n'aist causé des sou)èvemens

()) J" Gillot, reçu conseiHer vers 't560. 11 épousa, le 4 janvier ~573, Françoise de Forgues, fille de Bernard de F., ss' de Siros « segond l'église renbrmade)). Le contrat est aux rh-c/t. B.-P., E. 200~, fa 286 T". Sur Françoise de Forgues, on trouve un acte des plus curieux, t'~i'J., E. 1783, fo 267 vo, que nous avons analysé dans tes ..Doct~K. stM' ATfo'ca et SK)* sa /'a)H<«edans )e BM< Je ~( Soc. ~e.~MM, t. XXXIX, à la gènéaiogiede Françoise de Forgues (p. 67 du tir. a part). On a dit que J" de Gillot était un des auteurs de la S'ocre Mott'/jpëe, parue en 1594. L'identité de noms a produit cette erreur. Notre J" de Gillot, béarnais, était un fervent huguenot et suivit les opinions religieuses de Jeanne d'Albret, tandis que le parisien Gillot, chez qui se réunissaient les lettrés et les beaux esprits de son temps, .né en Bourgogne vers -1560, doyen du chapitre de Langres,puis chanoine de la sainte ChapeUe, et conseiller étéve au Parlement de Paris en 'i573, fut toujours un catholique irréprochab)e. (V. Notice Je M. A/oKtmet'fytte ffM)' Gillot, dans la Collect. tlès Mew. de Pe<t<o<, sér. J, t. XHX, p. 24t.) Notre J" de Gillot eut un fils, Pierre, qui lui succéda le 29 nov. ')609, d'après nos DocMMt. déjà cités. Pour les éditions de la -S'a<~)'e Ménippée, cf. celles de 1594, 1677, 1696, 1699, -1845, )855 (Chartes Labitte) et Charles Réad, &'Jt<. Jes &t'b<(op/tt<es, M.D.ccc.Lxx.vm.

(2) Ce nom et presque tous les autres se retrouvent aux pp. 62-G3 du JStt~. de la Soc. Je Patt, t. XXtV. Bertrand de Caxenave fut remplacé le 24 avri) -1578 par Augustin de Nyort. (Mss. déjà cités.)


et des séditions (')). La Reyne soustenoit en France contre le Roy ceux de la nouvelle religion, et le Roy résolut de soustenir en Réarn, la retigiou catholique contre la Reyne, non pas à la faveur des catholiques, comme faisoit en France la Reyne par le secours de ceux de la religion prétendue réformée, mais de son chef et de sa force seule. Le Roy fist pratiquer le seignenr de Luxe (2), baron de Navarre, qui s'obligea d'envahir le royaume e't le pays.de Réarn et de remettre le tout à la sauvegarde du Roy pour la Reyne. Pour y parvenir, on dit que ce baron entreprit d'enlever à Bagnères (3) la Reyne laquelle estoit en ce lieu pour y prendre des eaux. L'entreprise prétendue 'feust découverte par le seigneur d'Audaus (4), catholique, lequel en avertit la Reyne. Et les habitans de la montagne d'Ossau (5), catholiques aussy, se rendirent en grosse troupe dans ce lieu pour la garde de la Reyne, soubs la foy desquels elle séjourna fort tranquille dans ce lieu, pendant tout le temps nécessaire, comme il résulte de la lettre qui l'eut escrite sur ce sujet a l'évesquedeLescar. On a dit que cette prétendue trahison avoit irrité ta.Reyne contre toute ta-province et que cette félonie luy avoit servy de prétexte pour oster à ses subjets l'exercice de la' religion catholique mais on s'est trompé, car outre qu'avant cetta la Reyne teur l' avoit quasy tout osté, la Reyne resta.fort satisfaite de ses subjets catholiques et vescut soubs leur seule garde, tranquitte, durant son séjour. Le soupçon ne tomba que sur le baron de Luxè, navarrois, et on ne trouve point que la Reyne ait seulement fait aucune rénection sur cette entreprise prétendue, mais on trouve tout au contraire que par sa déclaration adressée bientôt après au Conseil souverain, la Reyne partoit avec grand éloge de la fidélité de ses sujets de Réarn, disant que, de quelle religion qu'ils soient, elle les répute touts pour ses fidelles sujets et non-seulement ne diminua rien alors de ce qui pouvoit rester à la religion catholique, mais

(t) Ces rénexions, très sensées, s'appuient, sur l'histoire.

(2) Chartes, baron et comte de Luxe, célèbre chef catholique basque de la' Basse-Navarre, marié avec Ctaude de S. Gelais, mourut en 1604. (V. tes 7'~t~tfeMO<t!, dans le Bcctt'H, passint, et la notice p. 129.)

(3) Bagnéres-de-Bigorre.

(4) Armand de Saint-Génies, baron d'Audaux, .deux fois gouverneur de Béarn, avant et pendant la Réforme, figure énigmatique et assez peu loyale. (5) La vallée d'Ossau dans l'arrondissement d'Oloron. (V. ie Dict. <opo~t' de P. Raymond.)


elle ordonna de nouveau que les choses demeureroient en l'estat qu'elles étoient establies par ses ordonnances précédentes et deffendit de rompre les images, abattre les autels, également de commettre aucun excès dans les églises, aux peines y contenues. Et jamais la Reyne n'a prins autre raison affin de supprimer l'exercice de la religion catholique dans ses Estats que celle de-sa conscience, sans qu'elle ait jamais parlé de félonnie contre ses subjets ()). Cependant les catholiques soufYroient sans emportement. lis supportoient des persécutions extrêmes avec patience, attendans du soulagement de la justice de Dieu et de la volonté de la Reyne. La liberté des catholiques en Béarn estoit bien plus en la constrainte que n'estoit en France celle de ceux de la religion prétendue réformée qui pourtant avoient des armées résistant à celles du Roy, tandis que les catholiques ne se servoient en Béarn d'autres armes que des remonstrances et des supplications très humbtes suivant le vieux for.

On trouve bien que, pendant ce temps sy difficile, les agens du clergé de France demandèrent au Roy la liberté, de convoquer une assemblée généralle du clergé dans la ville de Paris; que le Roy la leur octroya; qu'ils escrivirent aux évesques de Béarn cette permission, avec prière d'envoyer à cette assemblée des personnesqualifiées avec la députation du métropolitain et ctergé dépendant (2), le 25 septembre 1567.'It se trouve aussy que les grands viquaires de l'archevesque métropolitain assignèrent les évesques en la ville d'Aux au 25 d'aoust de la mesme année pour t'assemblée du ctergé du diocèse, pour y faire la députation, avec exortation de réduire par articles toutes leurs doléances,tes-entreprises contre t'Egtise et les misères dont leur diocèse se trouveroit'chargé, et envoyer le tout en l'assemblée d'Aux, pour de là estre portées en ta.génératte. La lettre du Roy est de Saint Legier du t9 juin, celle des agens du 25 juin et celle des viquaires généraux, du 5 aoust 1567. Mais outre qu'il ne se trouve pas que les évesques (3) denérassent à ces lettres

(J) Le sujet est d'importance et répond aux préoccupations de divers historiens sur cet événement. Toute cette conjuration est autrement et longuement racontée par Bordenave, p. 128 et ss. Le défaut de son histoire, qui est un document hors pair, est de manquer de dates et de pièces justiticatives. On se demande s'il n'y a pas eu parfois confusion dans sa mémoire. (2) Dans le texte « pendant o; sans doute dans le sens de « suftfag'ant ». (3) Les évoques béarnais, s'entend.


et qu'ils se trouvassent à l'assemblée de France,-ny mesmes à celle d'Aux, il.ne se trouve marque quelconque qui prouve (1) que la guerre qui a suivy,aist eu son fondement ny sur la plainte des évesques, ny sur la dotéance du clergé, ny sur aucune plainte des catholiques de Béarn. La seulè raison pour laquelle le Roy porta ses armes en Béarn contre la Reyne, c'est pour se deffehdre de la guerre que la Reynë luy faisoit en France et faire diversion d'armes. Ce t'eust le sujet de la guerre et du siège de Navarrenx qui suivront..

Preuve.

85. 7~e«)'c du steM)' de Sautes à reucs<yue de Lescar. Monseigneur, j'ai receu la vostre par ce porteur et ne faut icy que vous soyez en peine ny crainte des Espagnols, grâces à Dieu, et vous prie très humblement n'en laisser pas pour cella le dormir et reposer à votre aise et croyez que, s'il y eust eu quelque chose de certain du bruit qui a coureu, que je ne me feusse pas tant oublié que de vous donner connaissance et vous en advertir incontinent, comme je feray toujours en touts affaires concernant le service de la Reyne et vostre. Et pour vous dire, Monseigneur, en un mot, ce qu'est sur quelques fols-qui tramoient (3) quelque entreprise en ce pays du costé de Barèges (3) et quelques-uns de ce pays, à ce qu'on dit, leur vouloient prester la main, ce qui a esté promptement découvert par Mgr d'Audaus qui a donné autant prompt advertissementeten avertit la Reyne, hier au matin, en personne, qui est cause (4) que Mgr le prince (5) est venu jusques icy par manière d'ésbat et s'en retournera demain à ce qu'on dit, devers Sa dite Majesté, laquelle, à ce qu'on dit, rait .bonne chère, grâces à Dieu, soubs la garde des Ossalois, qui l'ont assurée (6) de teurudétité, d'une merveitteuse-et franch'e volonté. Cependant, il ne sera que fort bon que Messieurs vos jurats de Lescar prenent cela comme pour un avertissement, et qu'en tout événement fassent regarder

(:1) Dans le texte « marquer quelconque qui se prouve ».

(3) Dans le texte «ce qu'est-ce sur quelques fo)s qui trassoient)). (3) Barèges (et non Bagnères) dans. les Hautes-Pyrénées d'après Bordenave. Jeanne d'AHjret était alors a Bielle en Ossau. Salefranque a fait sans doute confusion.

(4) Dans le texte « qu'a cette cause que ».

(5) Henri de Béarn, le futur Henri IV de France.

(t!) Dans lé texte « faire bonne chère )) et « qui toute assurée )).


que les armes et harnois qui sont en la dite ville, soient visités tant bellement, sans faire bruit de rien, et mis en estat, qui puissent servir au besoin sy Sa dite Majesté le commandoit. Et quand les -portes de la ville seront fermées de nuit, depuis neuf heures jusques à quattre, comme j'ai veu qu'on faisoit, ne sera que trèsbien fait, qu'est tant que pour cette heure, je puis vous escrire, saluant très-humbiemeut, Monseigneur, vos bonnes grâces, de nos .plus affectionnées recommandations, priant le Créateur vous donner en parfaitte santé très longue et très-heureuse vie. De Pau, ennostre maison, ce l'I~ may 1567. Vostre très-humbte et trèsobéissant serviteur J. DE SALETTES.

Et au-dessus A ;VoMset~eM.f, ~onset~MeM)' de Lescar. 86. E'~raitt des )'e~s~'es duPan'~e~en~. [Dë/'ense de porter des armes et de dë<)'Mt)'e les autels et les tnta~es.] 'Jeanne, par la grâce de Dieu, Reyne de Navarre, Dame souvirane de Bearn (1). A nostres amats et fidels las gens de nostre cour souviranne à Pau, salut. Combien que nostres subjets en nostre dit pays se sien pertout et de tout temps monstrats estar lous plus obediens qui sçaure primer aber(2), sy non an pas ostat las ordonnances. et commandamens de noustres prédécesseurs, quand au port d'armes a fouecq, congrégations et assemblades illicites ettocqsein, per aucuns de noustres subjets sy sincerament observades que nous desirabem. Et en aquero et quoauques autres causes, abem troubat meinx d'obedience que non requeribeia tranquittitat qui es et que nous scerquam et desiram de mantenir en nostre p) dit pays; toutesbets que entro à présent non an pas sceguit !às ma!hëuretats que tal port d'armes et congrégations et tocqsein aporten ab eres; per que après en aber rendut gracies à Dfu, nous abem (4) aussy, per y remediar et ostar toute occasion à nostres dits subjets d'estar interromputs en iour repaus per i'usance de las dites armes à.fouecq, congrégations illicites, et tocqseins, per l'advis et délibération de las gens de nostre Conseil privât, ordonnât et ordonnam so que s'en secq Purmerament abem (5) inbibit

(1) Ainsi en français; il faudrait que tout fut en béarnais. (2) Mauvaise lecture.

(3) Dans le texte « vostre ».

(4) Dans le texte « au bien]).

(5) Dans le texte «aben)).


et den'endut à touts nostres ()) subjets generallement, de quinit estat et condition que sien, à pied ou à. chibau,,tout port, usadge et exercicy de pistoles, pistoulets, arquebuses et autres bastons à fouecq, non entenden comprener lous gouverneurs, capitaines et autres per nous commetuts per la garde de las villes, etc. etc. Et davantadge entendem que-touts ..edicts et ordonnances cy devant feytes per lasquoalles es deffendut forçar et pillar lous temples, romper et abatter touts autaas et immadges et provoquar et injuriar tant de l'une que de l'autre religion, ny de (2) donnar empechamenttà.l'exercicy dequeres, sien inviolablement gardadeset observades, tous contrevenents punits, cheins support, faveur, ny dissimulation, selon las rigours portades, per acqueres. Sy voulem et vous mandam que las présentes fassiats legir, pubticar et enregistrar. Dades à Tarbe, ton 25 de juin 1567.

87. Le«)'c de A/. (/<;JPe~e à ~onse~~eMi' ret.'esgM.c de ~escft)'(3) [&'M)' l'annéc de ~<.pro<cc(io)t](4). Monsieur. Le désir que j'ai d'estre entretenu en vos bonnes grâces me fait vous prier de me tenir toujours au nombre de vos plus affectionnez voisins et serviteurs. Que sy j'eusse peu plutost vous escrire que par cette voyë de Thotosë ou .je suis pour quelques affaires, je t'eusse fait volontiers, tant pour ce fait que pour vous advertir de. l'armée du Roy et de la bonne volonté que Dieu luy a donné contre ses ennemis. Car, d'un costé, quattre mil hommes ont été deffaits au party des rebelles et sept cornettes de cavalerie, le reste assiégé ou mis en fuitte en pays estranger; assiégé, dis-je, d'un cotte par le ducd'Albe(5),de l'autre, par M. de Guise (6) et l'autre par Monsieur (7) frère du Roy, avec "toute l'armée de Sa Majesté, tellement que j'espère avec l'aide de

(1) Dans le texte « vostres ».

(2) Dans le texte (f'sce)).

(3) Cette singulière correspondance de conspirateurs si dissemblables n'était pas soupçonnée jusqu'ici.

(4) L'armée dite de la P)'o<ec<t'oM (du catholicisme) était celle du roi de France, commandée par Terride.

(5) Fernand Atvarez de Toiède, duc d'A)be, l'un des plus grands capitaines du xvie siècle. H était au service de t'Mspagno et ne connut guère que des succès. U assista a la fameuse entrevue de Bayonne de '1565 ('t508-'t582). (6). 11 y avait alors François de Guise, maréchal de France; He~ri, duc de Montmorency; Chartes, due d'Amvit)e,en ~579. Cf. H. FonKERox, Les (<Mcs <<<; Gto'se et <ettt- ëpo</t<e, Paris, -1893, 2 v. in-'t2 avec tables généatogiques. (7) Le roi était Charles IX()560-'t574) et sou frère était te futur Henri UL-


Dieu qu'à l'heure présente, il (1) est venu au-dessus de ses ennemis, comme tenant et croyant en la sainte foy; de quoy (2), Monseigneur, vous pouvez asseurer que ceux qui auront. esté constans en la foy catholique qu'ils ne s'en repentiront jà (3); je suis adverty qu'il va a par de là une infinité d'estrangers qui nous (4) sont la cause de mil at'Hictionsau publicq, lesquels se pourroient bien passer d'estre cause de tant de souffrances (5) qu'ils font à leur occasion, conseil et exécution. J'espère, Monsieur, que ta justice de Dieu taira également sa distribution pour toutset qu'après ia ptuye viendra le beau temps en Béarn, qui sera la fin, après avoir prié le Créateur, Monseigneur, qu'il vous donne sa grâce et à moy )a vostre, a laquelle me recommande bien humb)ement. De Tholoze, ce '15 janvier'i567, Vostre humble et obéissant serviteur jamais. DE PEYRE.

Et au-dessus ~4 Afotset~Keur de Lescar.

88. Le~rc du mesme au mesme. Monseigneur. Estant arrivé en ce pays, mémoratifde la promesse que je vous avois faite et à pteusieurs autres nos bons amis, désireux d'entendre le succès des guerres qui sont ce jourd'huy (6), après avoir eu communication et extrait d'un double de lettre envoyée à M. de Monluc (7) par M. de Monsales (8), chef et conducteur de i'avant-garde de l'armée de Guienne, qui est allé au secours du Roy, n'ai voulu faillir vous envoyer, pour en icelluy lisant et entendant meilleures nouvelles vous donner quelque bon contentement et asseurée espérance d'un repos et tranquiHité de nostre Egtise, sy la colonne et pierre d'icëHe,quiest.Jésus-Christ, nous est favorable', chose qui nous doit consoler et nous rendre persévérans en nos persécutions et adversités. Outre le contenu au dit double, je vous puis advertir

(1) « Il ~évidemment le roi de France.

(2) Dans le texte « de qui ».

(3) Sic.

(4) Dans le texte « vous)).

(5) Dans le texte ([soutt'ertes)).

(6) Dans le texte un <f qui » que nous supprimons.

(7) Blaise de Monluc ('1502-~577), célèbre capitaine royaliste et catholique,

maréchal de France. Les ComMMK<au-es, publiés par M. le baron de Ruble, ont fait l'objet d'une belle étude de M. Paul Gourteautt, professeur d'Histoire a l'Université de Bordeaux.

(8)MonsatesruttuéaJarnac,)el3mars'I5M).


que Monsieur te prince de Mantoue ('1), duc de Nevers, accompagne de huit mit italiens de la ligue du Pape et trois mil chevaux, descend en Languedoc pour le Roy, et le duc de Guise a esté envoyé sur les lisières (2) de France avec quatorze ou quinze mil hommes pour combattre quelques reitres,(3) qui venoient au secours du prince'deCondé(4).Toutosfoix, il est incertain. Sa Majesté tient assiégé le dit prince de trois costés (5) et quelque offre qu'il ait fait de baisser les armes n'a voulu entrer en composition. Le Roy n'a que trop de gens, de sorte qu'ils sont trois contre un. L'armée de Guienne luy a presanté requettepouravoir la première poincte. Ils sont vingt et cinq compagnies de gens de pied, neuf compagnies de gens d'armes, six cents. chevaux légers, et quattre cents gentilhommes pour leur ptaisir, ayans, l'un portant l'autre, quattre hommes bien montée au nombre desquels est M. de Sainte Cotomme (6). Je vous manderoy bientost la bataille gënératte, priant le Créateur, Monseigneur, qu'il vous donne sa gràce et à moy la vostre, à laquelle me recommande bien humblement. Escritte à Lectoure (7), le 17 décembre )567. Vostre humble et obéissant serviteur à jamais. PEYHE.

89.e«)'f df.! ;V. de MoM<attsc (8) à Afo~set~~ett)' l'évesque. Monsieur, j'aimerois mieux vous voir que vous escrire, s'il

(')) Dans le texte « Montruc et I) s'agit ici de 'Louis de Gonzague, s!?'' de Mantoue, duc de Nivernais. C'était le 3e fils de Frédéric et de Marguerite Paléologue. H naquit le 18 septembre 1539, épousa Henriette de Clèves et eut la réputation d'un grand capitaine. Il mourut le 23 octobre d595 à Vesle en Picardie, Œ'Mt)t'ef< de Me GKy Co~'M~e, Bordeaux, '1703. In-fol. p. 425, Hist. dttA~o'MOt's.

(2) Dans le texte « lisères n. o (3) Dans )e texte « restes n.

(4) Louis de Condé, 4e et dernier fils de Charles de Bourbon-Vendôme, et frère d'Antoine de Bourbon. Celui-ci marié a Jeanne d'Albret était père d'Henri IV. Chef du parti réformé, Condé fut vaincu a Jarnac et assassiné (13 mars 1569).

(5) Dans le texte « cams n. Cette lettre vise la bataille de Saint-Denis, près Paris, où le connétable de Montmorency trouva la mort (10 novembre'1567). Le parti catholique n'eut pas. lieu d'en être fier.

(6) Peut-être Jacques de Sainte-Colomme qui fut plus tard massacré à Navarrenx.

(7) Dans le texte « Leitoine t.

(8) Un Montausër avait marié sa fille avec M. de Parabère et prêté au roi (Henri IV) 13.000 livres, 10 mai 1594. Btill. de la Soc. de PnM, t. XXXV,. p. 74. Cette lettre est la répétition, avec variantes, du n" 81.


Vous estoit (1) agréable, touchant des nouvelles (2). Le secrétaire de M. de Gramont est venu. O~Mta sub sigillo. Nihil capere possu)KMS, MtSt prect'put p)'oce)'es re~nuMtt.xo~as expectant copias undt~MC M~en<!agMe:aMx~ta ut, si m'tfptto e[)'~o)'u~ fiat, o'MCNta et /!0f)'enda /'uo't< stt'o~es.~foc die pt'e<e)'t<o,CMMt aliquisde precipitis uo'ba/acet'et de KM<tstt<e O~o'one~st, pf~o!m :K tMOisa~ aco'i'tnto siomaclio, [dixit] tpsMtK nuK(/Mam suas m aedes tM~'essto'MMt; de te scHtpo'po'ettnc<t)r e;cp~o)'ogMe quem o'f/a te ~eraf etHUKu~M, sed nihil ftcet'&t «ccept; gKt<~M.«~ ctccepo'o, ce~ttOt'oM te ~'ec/~fOM. Cependant après m'estre recommandé humblement à vos bonnes grâces, prieray le Créateur, Monseigneur, vous donner très longue et heureuse vie, laquelle userez au service tousjours et obéissance de la Reyne, suivant vostre naifve volonté accoustumée. OmntM nova sunt postât (3). S)tM)MO <)t <~tSC)'f)M!MC et gft'ft~t pfi'tC~~O t'CS ~aCCH< H(t'0</(tC ~t<Ct'C. De Pau, ce '12 octobre. Vostre très humble et obéissant serviteur. MûNTAUSE (4).

Au dessus A MuNsct~Mett)', AfoMsei'~Mew de Lescar.

90. Lettre du Roy de .Fi'ance aux députés ~<J<!c)'ttMj; dt( Clergé de France. Chers et bien amés. Ayant entendu que pour pourvoir aux affaires du clergé de nostre royaume et rendre compte de la charge qui vous en.a esté commise, il est besoin d'assembter quelques-uns du dit clergé, affin que de i'autorité d'icelluy, il se puisse prendre une resoiution convenable, chose que nous avons de vostre part bien agréable, et désirans sortir a effet pour le bien et avantage qui en peut résutter A cette cause, nous vous mandons et ordonnons que vous ayez à convoquer et assembler en nostre ville de Paris, et au dedans, le temps que vous aviserez plus commode et convenable, un ou deux du corps du dit clergé de chacune province, pour ensemble aviser au dit tait, vous priant et exortant faire tout vostre devoir et vous en acquitter avec telle sincérité et conscience que de vostre dite assembtée je puisse tirer le fruit et utilité que nous désirons au bien (5) du dit clergé. Donné à Saint Liger, le 19 juin 1567.

(1) Dans le texte <sy vous estoit. de nouvelles)).

(2) On comprend ce membre de phrase, certainement mal lu. Dans le latin nous avons fait quelques conjectures et ajouté le mot <yt.Bt'< entre crochets.

(3) Dans le texte Oix MOM~. sepM<<a//

(4) Cette lettre est la répétition du document précédent.

(5) Dans le texte eau bon


Ainsy signé CHARLES. Et au bas. De Z'6Mt&t'ptnc. Et au dors est escrit ~4 nos chers et !'tCM ftmes, les députes yeMë)'o[Mx: dit C~ergre de France establis à Poo'ts.Collationé à t'originat par moy notaire greffier, de l'ordonnance des dits députés généraux. D'ETCHART. 91.– jLe«)'e des dits agens a ~'eucsgMC de Les car, MM des stt~t'agfaKs d'~Mac (i). Monseigneur. H a p)eu au Iloy nous (2) mander et ordonner de convoquer et assembler en ceste ville un ou deux du corps du clergé de chascune province de son royaume pour les causes contenues es lettres du dit seigneur dont vous envoyons copie, qui nous fait très-humblement vous supptier, Monseigneur, vouloir avec le c)ergé de vostrë diocèse, eslire, commetre et députer ceux que penserez des plus idoines et capables de vostre dit cierge, pour avoir l'avis de Monsieur vostrë métropolitain et du cierge de son diocèse et des autres suffragans, nommer, commettre et députer un ou deux de la province, soit de Messieurs les évesques, s'i)s trouvent bon d'accepter la charge, ou autrement du dit ctergé, bien quatinés pour estre en cette dite ville, dès (3) le 25 du prochain mois, [avec] pouvoir bien ample d'aviser de pourvoir par une bonne résolution aux affaires du clergé, de façon qu'après l'honneur de Dieu et de son Eglise, le Roy en puisse recevoir contentement et service, Sa dite Majesté, espérant, Monseigneur, vous rendre en cette assemblée bonne raison des charges à vous commises, aydant le Créateur, que nous supplions vous donner en parfaitte santé et très-iongue vie sa perpétuelle grâce, nons recommandans très humblement à la vostre.

De Paris, ce 25 juin 1567. Vos humbles et obéissans serviteurs. les scindicqs et députés généraux du clergé de France, establis à Paris.

Et à costé, y a': Par commandement des dits scindicqs généraux. Signé. DESOfARS.

93. Lc<tre d'un des utgmm'es ~eKera~x d'Aux à Af. de Lcsca)' Monsieur,'Le premier jour de ce mois, sur les cinq heures après midy, je receus un paquet de messieurs les scindicqs et députés généraux du clergé de France, establis à Paris, en datte du 25 juin, adressé à Monseigneur l'archevesque d'Aux ou à ses viquaires

(1) D'après le droit, Févêque de Lescar ne pouvait pas être appelé aux États généraux, à Paris, le Béarn étant indépendant de la France. · (2) Dans le texte « vous ».

(3) Dans le texte « dans ».


généraux, par lequel me font entendre la résolution qui a esté faite de convoquer tout le clergé de France en ta ville de Paris, le 25 septembre, pour traicter des affaires du dit clergé, ainsy que verres par le pacquet qu'ils vous escrivent pareillement, que je vous envoyé avec la présente, accompagnée de la copie du contract de Poissy(l)etdes mémoires que les dits scindicqs et députés généraux m'ont envoyé sur ceste affaire, sur quoy j'ai bien voulu vous depescher.Ie présent porteur expressèment et en grande diligence à ce que vous puissiez avoir meilleure commodité de convoquer le clergé de vostre diocèse pour faire vostre assemblée, et y réduire par articles toutes'les doléances, misères, souffrances, et entreprises, que l'on fait sur les bénéfices, et autres calamités desquelles vostre diocèse est chargé, ensemble passer procuration bien ample pour, puis après, le tout apporter en la convoquation et assemblée du ctergé de cette province, suivant la teneur des dits mémoires laquelle assemblée après avoir bien avisé et communiqué aux messieurs de ce chapitre et aux députés de ce 'diocèse, nous avons résolu la mettre et assigner au 25 de ce présent mois d'aoust, comme jour- plus commode, au surplus me remettant aux dits mémoires et à ce qu'ils Vous en escrivent. Je ne vous fairai plus longue lettre, me tenant plus que assuré pour la bonne diligence que vous fairez qu'après, l'honneur de Dieu et de son Eglise, le Roy en recevra contentement. Et à tant, je prieray Dieu, Monsieur, vous donner une très longue et très bonne santé, et après m'estre bien affectueusement-recommandé à vostre bonne grâce. D'Aux, ce 5e aoust 1567. Vostre humble frère et viquaire général d'Aux. Par commandement du dit sieur viquaire général. DE BELLOCQ. La lettre pour Monseigneur d'Oloron est toute pareille en substance, du sixième aoust.

93. Lettre de Af. d'/iri'us à A/OMse~/neur <'<;tX's<jfMe [sur la dë/eMse du pays]. Monseigneur, Seguien l'arrest darreramens prees enter nous, jou vous preguy entender que, cum podets (2) sçaber, lou Rey de France a, en aquestes jours passats, tremetut commission au sieur de Luxe, per saisir tant lou royaume de Navarre, que presente souverainetat de Bearn, et que non (3) es besoin diser l'importance, seulement vous pregam de vostre part aber en

(1) Le,colloque de Poissy.

(2) Mauvaise lecture; dans le texte « partide t. (3) Dans le texte « nous ».


recommandation la conservation deu servicy de Sa Majestat, de nostre Dame et Princesse, et son poble, de vous vouler preparar de touts vostres moyens et appuis per la tuition (1) et deu'ence deu pays, au ptustôt que sera possible, car jou m'assegury que toute la noblesse non faillira de sa part, ny lou demouran deu poble. Joui non vous disere autre cause, sinon que me recommandi humblement à vostre bonne gracie, preguan Diu vous donnar, Monseigneur, en santat très bonne et longue vitte.

De Pau, lou (2~ de nouvembre [568. Vostre tres-humble et attectionhat serviteur, D'ARROS.

A MoHset'gf)!CMr, Mon~(i<~ncu)' de ~c~cet)'.

94. /~«)'c de Afonsct'~MCttr d'O~ot'o~M ~nsct~~ctt)' de jLcsccu'. Monsieur, vous ne scauriex penser t'ennuy que je porte d'entendre et voir l'estat de cette maison par (3) l'absence de la Reyne, nostre souveraine Dame et Maîtresse (4), et celle de Monseigneur (5) et Madame (6), pour les arrêts qui sont intervenus et exécutés. Et i'avertissement que Mgr d'Arros rne donne que M. de Luxe a commission de mettre en la main du Roy très-chrétien les royaume (te Navarre et souveraineté de Béarn. Dieu par sa sainte grâce veuille assister leurs Majestés et consoler et nous donner une telle et sy seure paix qu'ils puissent estre remis en )eur Estât et leurs sujets vivre en toute tranquillité d'esprit et de corps soubs leur domination. Non ~ossunt <cntpo'Mrc a ~ac<'(n?<s ny vous escrire plus au tong, que de vous supptier de tn'avertir de vostre estat que je scay n'estre meineur que le mien. Le dit seigneur d'Arros m'admoneste de faire ce que je pourrais pour leur service. C'est chose à quoy je ne manquerai jamais, etc., etc. A S'" Marie, maison vostre (7), ce 24 novembre'1568, vostre bien (8) humble t'rere,a vous faire service. tiEGtN, eues</Me d'O~o-o~.

A A/OMse~/nett)', Mbnse~ncM)' rjces(/ue de TLesca)'.

(1) Dans le texte ((truitionw.

(2) La date manque.

(3) Dans le texte «pour;).

(4) Jeanne d'Albret.

(5)HenrideBéarn,tei'utur))enriiV.

(6) Catherine de Bourbon, plus tard duchesse de Bar, sœur d'Henri IV. (7) Sans'doute, formule de politesse.

(8) Dans le texte bon )).


CHAPITRE XII

De ~ttCi'rc pot'tec CM Bt;6t)'n pa)' o'di'e dtt Roy de France, CActi'~es ?tett/ et <~M siège de la ville de A~tvsi't'eKX: (')). Pendant que les catholiques en Èëarn obéissoient aux volontés de la Reyne, leur Dame souveraine, et que leur religion estoit opprimée, les prétendus réformés n'en t'aisoient pas ainsy dans la France, lis faisoient la guerre contre le Roy, par des divers corps d'armées lesquels avoient leur rapport à leur génëraHe, qu'ils appelloient la c/e<;c)!t:e (2), laquelle ils disoient tenir la campagne pour iagtoire de Dieu et la deu'encede la co~ironne du Roy, comme dit la commission de la Reyhe, baiHée a Mongomery (3), qui sera rapportée cy-apres.

.La-Reyne sçachantque les peuples des provinces voisines estoient en armes et que ie Roy vouloit envoyer la guerre dans ses Estats, se trouvant obligée de sortir de ce pays afin d'aller ailleurs,. au secours (4) des. hérétiques, créa le baron d'Arros générât, aftin de commander a ses armées et luy donna pouvoir ample pour la def1'ence de son royaume et pays souverain de Béarn, avec ordre à ses subjets de luy rendre le même respect et la même obéissance qu'ils rendroient sa personne, par ses lettres patentes de 't568. Le seigneur d'Arros prétend estre parmy la noblesse, la première dignité de la province, soit a raison de sa dignité, soit à raison de sa naissance (5). Ceux d'Andouins et de NavaiHes (6) ne ie iuy accordent pas. H est toutes fois certain que sa baronnie est une

(')) La ville forte et le seul boulevard du Béarn, aujourd'hui chef-lieu de canton.

'(2) Les réformés'français appelaient donc t'armée protestante, la gênérate » et )a chrétienne".

(3) Gabriel de Lorge, comte de Mongommery, avait tué le roi de France Henri II dans un tourrioi. S'étant jeté a!ors dans le parti protestant, il )cva des troupes et fut envoyé en Béarn par Jeanne d'Atbret pour co.mbattre les armées de Terride, commandant au nom de Chartes IX Voir son Itiné)'au'ee)t Gnscof/He ('1569) dans les /M~«eMo<s eH Béarn, p. 't75. (4) On donna le nom de « secours )) à l'armée de Mongommery; celle de Terride était la « protection ». Nous l'avons déjà dit.

(5) Le baron d'Arros n'était le premier qu'en tant que représentant la reine, comme son lieutenant général.

(6) La baronnie d'Andoins était alors en mains de Corisande d'Andoins,. femme d'Antoine de Gramont, bien connue dans l'histoire et la légende. Les barons de Navailles ont revendiqué le titre de « premier baron de Béarn.


des douze (t) anciennes et premières, et que le baron d'Arros a toujours esté des premiers en l'Estat de Béarn j2). Il se trouve que le Conseil souverain voulant délibérer sur affaire concernant le service des Roy et Reyne et se fortifier de la présence et de l'avis des grands, appella à sa délibération Louys d'Atbret (3), gouverneur, et le baron d'Arros, qui se trouva le troisième des juges présens à la délibération.

Le baron d'Arros générât assembla la noblesse, t'exhorta de prendre les armes et les résolutions nécessaires affin de detfendre le pays(4),'ainsy que prouvent les lettres qu'il escrivit à t'évesque de Lescar. Le Conseil souverain décerna quelque ordre pour la garnison que ce générât avoit estably dans cette ville, par son arrest du &c novembre t568, et ordonna que le dit seigneur seroit prié de visiter les peuples, de les exhorter .a l'obéissance et à la fidélité qu'ils dévoient à la Reyne et réprimer l'audace des rebelles et séditieux, de faire lever les sommes nécessaires pour soustenir les frais de la guerre et pourvoir aux munitions des places fortes. Et qu'à ces.fins, il 'le fairoit assister, sy bon luy sembtoit, de deux conseilters du Conseil, tels qu'it tuy plairoit de choisir, et un des gens du i.i Roy. Ce'que ce générât (5) offrit défaire. Desjà ce générât avoit muny les villes et les avoit mises hors de danger de surprise. De l'avis du Conseil, il togea dans ta ville de Lescar la garnison qui auparavant estoit à Pau, composée des compagnies du gouverneur de Navarrenx et du capitaine Cortade(~), comme prouve la lettre de ce générât à t'évesque de Lescar, vers lequel il envoya un gentil-

(')) Les douze barons, de création fort ancienne, passaient tes premiers aux États, dans la noblesse béarnaise.

(2) Satefranque ne dira pas du mal de cette baronnie, étant par sa femme anièauxd'Arros.

(3) C'cst-a-dire t'évoque de Lescar.

(4) Non seu)ement la nobiesse, mais tous les membres des Etats, sans distinction de culte, jurèrent de verser leur sang pour )a patrie, te~rdèccn)bre ']568. Voir nos Docttm. c< ~tHt'o</< sto' la JRH/o'Hte, I, p. ')2S « Las gens deus prumcr, segond et ters Estat haben prometut et jurât, de viver et morir los ungs per los autres, sënts différence de religion ». (5) Cette expression dépasse la teneur des pouvoirs accordés au baron d'Arros. Le seul et véritable général fut Mongommery.

(6) Le capitaine protestant, G"'c Cortade, se retira à Kavarrenx pendant le siège et lit d'heureuses sorties.'Cf. !3ortt)~'A\'E, /7M<. (/e Bco'H, la Table.


homme pour luy rendre raison du transport de cette garnison en la ville; mais il convoqua l'assemblée des deux premiers ordres (1) en la ville d'Orthez, au quatrième mars, affin de marcher à cheval et en armes, à laquelle il estoit oblige pour raison de ses fiefs et de son hommage, où ne s'estoit ny trouvé ny envoyé (2). Le général le somma de rechef et néanmoins luy commanda, comme représentant la personne de la. Réyne, d'envoyer des gens en bon équipage à l'assemblée qu'il assigna dans la ville de Lescar au vingtième mars, affin de marcher en ordre de guerre, le service de Sa Majesté et la deffense du pays les appelleroient. Et le Conseil affin de ne faiblir à son devoir, avoit arresté desjà certaines sommes, par arrest de janvier, auquel opinoit ce générât, ès mains des bourgeois des villes et autres provinciaux, et fait déposer icelles ès mains du trésorier général affin de fournir aux frais de la guerre, moyennant l'assignation qui leur feust baillée sur la première recepte des deniers du domaine pour le paiement du principal et intérêts de ces sommes.

Le Roy, qui se den'endait en France'contre la Reyne (3) qui luy faisoit la guerre avec les princes, déclara tant à la Reyne qu'à ses sujets de Navarre et ses ennemis (4) baille (5) commission au seigneur de Terride (6), gouverneur de Quercy (7), pour venir avec une armée faire la guerre dans le Réarn, assujettir le pays à son obéissance et y restablir la religion catholique. Et à mesme temps, le s<~ de Monlucq, lieutenant général pour le Roy au gouvernement de Guienne, saisi't ès landes de Rourdea'ux tout le bestail appartenans à ceux de Béarn, de valeur de six cents mil livres, et fist

(l) Le clergé et la noblesse.

(2) Cette phrase, mal lue et mal faite, ne finit pas clairement. (;) Le roi et la reine ~étaient Charles IX et Jeanne d'Albret. Les Princes étaient Condé et le roi de Navarre, Henri de Béarn.

(4) La Navarre, jadis souveraineté indépendante, dont la capitale fut Pampelune, était limitée, depuis'15'12, par les Pyrénées et ne dépassait pas le village d'Arneguy. Les Basques bas navarrais étaient les ennemis de Jeanne d'Albret parce qu'ils étaient catholiques a; dents.

(5) Dans le texte « baille ».

(6) Antoine de Lômagne, baron de Terride, passait pour un homme de guerre remarquable; mais sa malheureuse campagne de Béai'n révéla sa complète incapacité.

(7) Le chef-lieu de ce gouvernement était Cahors.


proclamer qu'on fist prisoniers de guerre touts ceux de Béarn qui se trouveroient en ce gouvernement ('1). Sur quoy les. scindicqs (2) de Béarn, joints avec les gens de la Reyne au Conseil souverain, firent faire des informations, comme du tout apert de la lettre de S. Cricq, scindicq, au dit seigneur évesque, en )568. Tarride avançoit avec son armée. C'est porirquoy la Reyne voulant opposer force à force pour la delfense de son pays, alla bientôt à Niort (3), en l'assemblée des princes, ou elle résolut envoyer une armée, prend le sien avis (4) et envoye bien en diligence la nouvelle par un exprès aux seigneurs de Gramont et d'Arros, comme prouve la lettre du Conseil à l'évesque de Lescar, de février 'i568. Et le Conseil fit aussy des commissaires affin de conférer avec t'évesque des choses concernant les affaires de la guerre.

Tarride et son arm 'e estant arrivés a la frontière, les barons dc Navailles, de Gerderest, d'Audaus, sénècha), et Luger, scindicq, s'assemblèrent au lieu de Bordes (5) à près d'une lieue de Pau, d'ou ils escrivirent aux nobles, faisans (6), comme ils disoient, pour la plus grande partie de la noblesse, les prians de se trouver à ce lieu le treize d'avril, au point du jour ou le lendemain à midy, pour'prendre lit résolution, nécessaire pour la conservation du pays, comme prouve la lettre signée de ces quattre, te 12 avril ')568. Tarride entra dans le Béarn avec son armée, te 28 mars 15G8 (7). Ceta se prouve parce que les fermiers des greffes du Conseil obtindrent décharge totalle du prix de leur bétail, depuis ce jour par arrest de juillet 1569, estant une condition en touts baux, afferme du domaine du Roy, que -le. fermier n'est pas tenu de rien payer, en cas de guerre, sy t'ennemy est entré dans lé pays. Peu de temps après, Tarride vint aux portes de la ville de Pau,

('I) C'est-à-dire de son gouvernement de Guyenne dont le siège était a Bordeaux.

(2) C'étaient des représentants et les commissaires des Etats, (3) Chef-lieu actuel du département des Deux-Sèvres.

(4) Dans le texte « prend le sien amyt f »

(5) Les Bordes d'Espoey, près de Soumoulou, canton de Mortaas, sur la route de Tarbes à Pau.

(6) C'eat-à-dire « traitant x.

(7) U faut lire 1568, l'année commençant encore te 25 mars, en ptusieura pays, comme en Béarn.


lesquelles ayant trouvé fermées et les habitans en volonté de se deffendre, il feust obligé d'arretter ses troupes ès environs, attendant le canon, résolu de ne songer à autre expédition qu'il ne feust maistre de cette place, laquelle capitula bientost après ('t) et se rendit. Ce fait, Tarride renvoya son armée de laquelle il fist inves-.tir Navarrehx qui est la principalle forteresse de ce pays. Tarride ne suivit qu'après le 26 avril, ainsy que prouve la lettre qu'il escrivit à l'évesque de Lescar, dattée de Pau et de ce jour, en faveur d'un de ses canoniers malade.

Cependant que Tarride s'amusoit au siège de Pau, le baron -d'Arrosse jetta dans Navarrenx, dès le 20" mars, avec le meilleur de ce qu'it avoit attrapé, en suitte de l'assignation susdite baiHée a ce jour. Cette ville est petite, mais très-forte, faitte telle en '1538 et suivantes années par le Roy Henry d'Albret, qui ne voyant pas un prompt moyen affin de ravoir la Haute-Navarre, résolut d'avoir une forteresse considérable dans ce pays. Le baron d'Arros y fist aussy porter toute sorte de munitions avec toute la diligence possible, résolu de delfendre la place contre Tarride qui ne croyoit pas pouvoir estre le maistre dans le pays, s'il ne l'estoit plus tôt de cette forteresse.

,Tarride s'estoit armé pour la protection de la religion cathotiq.ue, ne partoit pas en ennemy du Béarn, ainsy que faisait Monlucq, mais en protecteur et deffenseur de ce pays, en faveur de la Reyne,Dame souveraine, selon la commission à luy baillée par le Roy, Charles neuvième. C'estoit.des prétextes que ceux que la Reyne prenoit pour la guerre qu'ette faisoit en France pour la deffence, comme elle disoit, de la couronne et l'appuy de sa religion, exceptant (2) sans doupte ceux de l'assemblée de Lescar (3) dont les noms sont connus, en l'arrest de décret ordonné contre eux après la guerre, et dont les biens feurent unis au domaine de la Reyne par confisqua'.ion. Ce sont le sénéchat qui découvrit la conspiration des Espagnols sur la personne de la Reyne en '1566, quattre barons des douze qui sont en Béarn de toute ancienneté, scavoir les deux susdits et ceux de Gayrosse et de Moneing, car

('t) Bordenave raconte mieux Jes faits/Pau résista; Tarride entra à Lescar et retint sur Pau. Hist. de Bë(t)'M, p. 222.

(2)Dansletexte«estans)).

(3) On ne voit pas ce que veut dire tout ce texte falsifié, mais les Etats assemblés à Lescar étaient pour la reine. BORDENAVE, f&td., p. 220.


Luxe est baron navarrais, six S'c Colome, deux Béarn, Pcyré, Guy de Gohas, son gendre, Bonasse, Méritein, Candau, Lassalle, deux Suus, deux Labarthe, abbé de Baringue, Laos, Idron, Visanos, Meithon, Caubios, Denguin fils, Baure fils, deux Sanson-Peyrelongue, deux Cassagnèce, deux Soute, Cofite, Abère, Nostin, Aren, Bordes, Sentebit, Abidos capitaine, Guithassot, Arrac de Gan, Eslayou, l'abbé d'Arrien, de Vignerte, de Simpceu (t), de Labeyrie. Il yen a encore dans l'arrest, quarante cinq ou cinquante, outre les susdits, sçavoir J'évesque d'Otoron, sept conseillers et les autres des .jurats et touts décrétés, non pas pour avoir porté les armes contre la Reyne, mais bien pour avoir receu la protection de Tarride (2) et fait tes fonctions de teurs charges de conseillers et de jurats, soubs son authorité, et feurent leurs biens confisqués. Pendant que Tarride estoit au siège de Navarrenx, Gohas, son lieutenant à Pau, fist pendre le président Lavigne, comme il conste de t'arrest du septième septembre 1569 (3). Tarride restablit la justice dans te Béarn, taquette cessoit depuis le 28 mars et la fist exercer au nom de la Reyne, dame souveraine, soubs la protection du Roy très-chrétien, par les sieurs de Bordenave, Sponde, Marca et de Puy (4), conseillers de ta Reyne dans la Cour, et les sieurs de Sorberio et d'Arbusio (5) qu'it adjouta et mit le nommé Supersanctis (6) en la place du sieur de Gassion, procureur générât, qui s'estoit jette dans Navarrenx avec le dit sieur d'Arros, affin d'y servir la Reyne et la province de la force de ses armes, comme il l'avoit servie toute sa vie en diverses charges et qu'il a servi du depuis en l'office de président, dont il feust pourveu quelque temps après ce siège (7). Ces juges travaillèrent au jugement des procès

(')) Dans le texte :St'MMe<.

(2) Hordenave, t~t(< donne un récit qui explique tout. Les Etats acceptércnt la protection, mais « sous la domination de lad. Dame ». (3) Bordenave dit que Lavig-ne fut pendu par ordre de Peyre, le 10 août -t569.Rts<p.264. (4) Nous avons déjà parlé de ces conseiiïers cathoHques, sauf de Sponde, tnis h't par erreur pour Spona, sans doute.

(5) Sorberio, jurat de Lescar, demeurera ndetea soa convictions; Arbusio ëmtx'assera la Reforme, il sera admis dans la magistrature par la reine. (6) Jean de Supersantis, ardent catholique d'Aspe, remplaça Jean de Gassion.77t&'<. dejRëatt'H, p. 255.

(7) Jean de Gassion succéda comme 3c président a Jérôme de Marca, le 21 octobre 1584. Mé?n. 'tKss., p. 503, et BKM. de <a Soc. de Pau, XXV, p. '130. Sitlerranque, allié également des Gassion, les vante ici sincèrement.


depuis le 23 juillet jusques au troisième d'aoust inclusivement, ainsi que prouve le registre.

Tarride pareillement assigna les principaux des trois ordres de ce pays au lieu de Bugnein, près Navarrenx, ainsi que (1) le prouve la lettre qu'il escrivit à l'évesque de Lescar, l'assignant aux Estats et par avance fist enregistrer deux ordonnances faites quelques jours avant la lecture d'icelles. ]t veut par la première qu'on saisisse tes biens de ceux de la religion prétendue réformée, lesquels ayant accepté la protection du Roy ont quitté le pays, de mesme que les biens de ceux qui ont refusé la dite protection ordonnant que touts ceux de ceste religion qui ont capitulé et qui s'estant soumis à ceste protection n'ont pas porté les armes à son préjudice jouissent de leurs biens entièrement et paisiblement. Jt detTend par la seconde de recevoir à faire les fonctions d'advocat, de greffier, ny de clercq, aucun de ceux de la religion prétendue réformée. Ces ordonnances sont des 8 et dG juillet t5(j9, registrées le 27.

Après trois mois de siège pendant lesquels on avoit inutilement battu ceste place du canon et de toute autre sorte dont on se sert pour la prise des places fortes, la Reyne expédia commission en faveur du comte Mongoméry par ses lettres patentes, contenans que les ennemis ont envahy son pays de Béarn par l'intelligence pratiquée avec quelques uns de ses sujets, à,la réserve de la ville et forteresse de Navarrenx, laquelle ils tiennent assiégée depuis longtemps, teurs efforts ayant esté rendus inutilles par la valeur de ses bons sujets au secours (2) desquels voulant envoyer une armée royalte,.ei)e choisit ce comte pour ses rares qualités et luy donne l'ordre de prendre les troupes nécessaires de l'armée généralle, qu'elle nomme chrétienne, qui tenait en France la campagne pour la gloire de Dieu, et la deffense de la couronne du Roy, son seigneur, le fait son lieutenant générât avec toute l'autorité nécessaire..Dattées à Larrochelle, le dixième juillet 1569, et enregistrées le 23 aoust en suivant.

En vertu de cette commission, Mongoméry print des forces avec lesquelles il entra dans le Béarn, avec une diligence incroyable, au

(d)t)aM létale i~Anl'iy qu'il)).

(2) L'armée de MongorHracry était « 1e ~eëdUr~ )).


commencement, te 20 d'aoust (t) près .Bétharram,marchant vers Navarrenx, dont les nouvelles enrayèrent: sy fort .Gohas (2), gouverneur à Pau, que les ayant.receues en dinant, il quitta le repas et fuit vers le camp, ou l'épouvante feust si grande que d'abord que ('armée de Mongoméry commença de paraistre, celle de Tarride print la fuitte, se jetta dans la ville d'Orthex ou Mongoméry la suivit, print la ville, le onzième d'aoust (3) et la fist toute passer au fil de l'épée, à la réserve de quelques prisonniers, de sorte que le sang des rues fist un ruisseau, qui co.uta durant quelques.jours par le milieu des rues de ceste ville, comme dit la tradition (4). Tarride et quelques chefs s'enfermèrent au château de ceste ville contre lequel Mongoméry fist incontinent braquer le canon qu'il trouva dans la ville, au' bruit duquel ces effrayés se rendirent incontinent à discrétion. Mongoméry bailla liberté à Tarride et aux siens, arresta les autres, lesquels pour estre sujets naturels de.la Reyne, il tist traduire ès prisons de Navarrenx affin de leur y faire faire le procès par les officiers du Conseil .à l'assistance du baron d'Arros, ordonna pour cest .euect le transport du Conseil (5) à Navarrenx, composé des officiers qui.n'avoient pas esté du party de Tarride, comme dit la déclaration de Mongoméry du 25 d'aoust, qui contient en outre que le siège susdit avoit duré quattre mois.

Ceux qui t'eurent prisonniers et envoyés à Navarrenx sont sans doubte ceux qui t'eurent mis au rôtie des morts après, cette guerre, car la nouvelle de cette victoire ayant été portée à taReyne.avec les noms des prisonniers, elle commanda de les exterminer, sans observation des formalités de justice; [ils] feurent ensuite touts tuez.en la.prison (6). Leurs noms.(7) sont le baron de Gerderest,

.(~)Bordena\e, historien plus exact que Sa!ei'ranque, dit que Mon~ommery passa a Coarraze, lc 7 août. Voir son /y~'<. (/e Bef<)')t, p. 259. (2)C'étaitdoPeyro,quietaitgouverneuraPauetnonGohas. '(3)Letiarticicsdo!acapitu)ationsontdu'i5août. j~<&'7/M{/~cxo/~c;t BefM'M, p. 3, donnent ce texte curieux. Donc, plus haut, le 20 août est une erreur.

(4) Salefranque n'avait-qu'a citer i'tf<<. t<e 7*'t)tH.'t;< BMM'H d'OH):)garay, p. 617.

(5) Voici un renseignement important, relatif au massacre de Navarrenx, qui ne se trouve nulle autre part.

(6) Sa)efranque aurait du citer un document contemporain pour une accusation si ~ra\'e. C'est peut-être la plus grande lacune de~son histoire. (7) J~ordenaye n'en cite que huit :S~Co~n)e.Cerderest,Gohas,Ahidos,


trois S~ Colomme, Bonasse, Gohas, Méritaing, Béarn dit le capitaine Salies, Idron, Abidos, Abère, Candau, Domecq de Sentebit, Suus près Borgaber, Vispalie, Lassalle dit fray Joan ('!). Etquoy que Sainte Colomme (2), seigneur d'Esgoarrebacque, père des deux susdits, soit de ce nombre, et du Tilh, capitaine avec Bordenave, du Puy, conseillers, et Supersantis, ils ne t'eurent pas pourtant du nombre des prisonniers et ne moureurent en ce siège, car après il (eut den'endu de reconnaitreS'~ Colomme pour gouverneur d'Aspe, Barétous et parsan d'Otoron du Tith pour capitaine entretenu, par ordonnance de Mongomery, dattée à Navarrenx, le 34 septembre, pour cette raison que,mesmes après ce-siège, ils persévéroient en teur fë)onie et portoient les armes contre le service de la Reyne.

Cette armée victorieuse fist ensuite des cruautés extrêmes en la ville d'Orthez. On tua touts les religieux qu'on attrapa et un grand nombre de prêtres séculiers. Après ce massacre, l'on rechercha touts les ecclésiastiques estans ès environs on les posa un à nn ou deux à deux sur le pont qui est en ]a ville sur la rivière, d'une extrême hauteur, d'où l'on les précipitoit en la rivière. Le trou par lequel on les précipitoit se nomme toujours depuis ce temps-là FfMc«)'edespt'ë<)'es,sur laqueUe on a érigé une croix de fer par ordre de t'évesque diocésain, depuis le restablissement de la religion catholique, en mémoire de cette cruauté (3).

Les religieux trinitaires du convent de cette ville se sauvèrent touts, voyans les ennemis en la ville, un desquels cacha les tittres de la maison et les mit en dépost chez le marquis d'Arnou, gentil-

Candau, Sa)ies, Sus, Pordiac, plus.un serviteur de ce dernier. Salefranque se trompe manifestement, car Idron, Bonasse'et deux S~ Cotomo furent tués au siège de Tarbes, Hist. deBeo'M, pp. 282 et 303. Cette nomenclature est cependant très importante parce qu'elle nous donne une liste de cathotiques tués a l'occasion des guerres de religion en Bearn. Mais on doit regretter que Salefranque n'ait pas soigné tout spécialement cette partie de son travail..

(')) Ce /)'e Jean figure dans la saisie des biens de Navarrenx. H fut exécuté « exécutât à mort )) .4)'e/t. B.-P., B. 2162, f. '16 r". Bordenave parle aussi de son exécution, p. 245.

~2) Lui et les suivants survécurent a la crise.

(3) Le témoignage de Salefranque est précieux parce que sa famitte était originaire de Eastétis et d'Orthez et que probablement il avait été élevé iui-méme dans l'Université d'Orthez.


homme catholique, près de ce pays, et s'estant retiré en France dans un convent, il escrivit une lettre quelques années après au supérieur de Th'oioxe par laquelle il luy rend compte des religieux d'Orthez et de l'estàt auquel estoit le convent lorsqu'il t'abandonna, lui déclarant la maison ou les titres se trouveront par luy déposés affin qu'après son décès [on les puisse recouvrer] (l) quand Nostre Seigneur aura restabty la foy catholique dans le Bëarn et les religieux de l'Ordre. [Cette lettre fut gardée] dans le convent de Thotosejusques en )620,qu'eife feust envoyée, par le supérieur ,aux religieux restabtis au couvent d'Ortès, qui s'en servirent utillement et la conservèrent avec soin (2).

Les religieuses de saint Benoist (3) du couvent de ceste ville n'avoient pas abbesse depuis )568 la place avoit esté supprimée et sa portion saisie, d'où le receveur ecclésiastique faisoit recepte. Cette place avoit été' refusée au. capitaine Gratian. (4), qui l'avoit demandée à la Reyne pour en marier sabeHe-sceur. Ces religieuses estoient sorties et, quoy que sullicitées par la Reyne de se marier, soubs t'offre qu'elle leur faisoit de laisser en ce a chacune la jouissance de sa portion pendant toute leur vie, elles vescurent toutes foix suivant leur vœu. Aussy ayans formé des oppositions a la saisie faite de leurs biens, elles en furent déboutées pour n'avoir pas accepté son offre dans son temps.

Preuve.

9ô. 7.e«rcs patentes de Jeanne d'Alb ret nommant .Bo'Mi'd d'~4)')'os, <ictt<CM6tnt ~c~e<'a~ en Béarn (')568) Jeanne, par la grâce de Dieu, Heyne de Navarre, dame souveraine de Béarn, etc. a touts ceux qui ces présentes/verront, salut. Pour ce que nous avons résolu, pour le bien de nos aifaires et la satisfaction de nos subjets, soubs l'obéissance du Roy très-chrétien, mon seigneur, et pour la conservation aussi de nostre propre patrimoine, sur lequel on a en plusieurs endroits excessivement usurpé, de visiter nos terres et susdits subjets et que, pour ce faire, no~s soyons desjà acheminée et arrivée en nostre duché d'Aibret, déHbérant de passer outre en

('1) Phrase incomplète et incorrecte.

(2) Cette curieuse lettre est aux Preuves des Pièces justificatives, (3) C'étaient plutôt des religieuses cisterciennes, dites de S. Sigismond. (4) Gratien de Lurbe, dit le capitaine Gratian, commandait le château d'Orthez et capitula devant Terride. BoMEXAVE, ~t's<de Béarn, pp. '181, 213. (5) Nous avons déjà publié ces lettres patentes dans nos Doct0)t. Lf. ~'0. 11 y a peu de variantes,


nos dites terres pour faire le sembtabte,au moyen de quoy nous ne pouvons juger le temps de notre absence de nos royaumes déçu. ports et pays souverain de Béarn, auxquels il ne peut estre que pendant nostre absence il n'avienne une infinité d'affaires méritant prompte provision pour l'expédition desquelles, spéciallement de celles qui concernent le fait des armes, sy l'on avoit à recourir devers nous aussy souvent qu'il se présehteroit quelque occasion, il pourroit avenir plusieurs inconvéniehs à nostre service. Pour ce, affin de lever toutes incommodités et asseurer nos subjets naturels, royaume et pays souverain, par la présence d'aucun nostre bon et loyal serviteur, personne de qualité et suffisance requise, qui parle pouvoir et autorité qu'ii aura de nous, puisse tenir nos subjets, royaume et pays, en paix et seureté, tes conserver et deffendre et repousser les entreprises qu'on y voudra faire, scavoir faisons que ces choses considérées et pour l'entière confiance que nous avons de la vaillance, expérience et fidélité de nostre très cher et bien amé le sieur d'Arros, baron en nostre dit pays souverain, nous l'avons, pendant et devant nostre absence, créé, institué et ordonné chef et conducteur et capitaine générât des armées en nostre dit royaume et pays souverain pour commander pour nostre service sur le fait et expédition et exécution d'iceiles et de tout ce qui en dépend, soit dans nos villes, châteaux et forteresses, toust ainsy et en pareille forme et autorité que nous fairions et faire pourrions., ,sy présente eh personne y étions; voûtons et nous plait que tout ce que le dit sieur d'Arros ordonnera et commandera soit suivi et obéi de nos dits sujets, de quelque estat, qualité et condition qu'ils soient, et sembtabte respect et affection, que nous pourrions, y estans e propre personne, donnant en outre mandement à nos âmes et féaux, tes gens tenahs ta chancetterie de nostre royaume et cour souveraine de Béarn, et touts autres nos justiciers et-officiers au dit pays, chacun en droict soy, comme il apparaitra, prester au dit sieur baron d'Arros en ta 'dite charge [et pour les effects d'icette], 'ta mesme obéissance et respect, que dit est, et tenir ta main qu'il ne soit fait chose contraire, etc(t).

DonnéàNérac, le pénultième jour d'aoust, 1568. JEANNE. Plus bas. MARTRET..

SMture./ V. DUBARAT. (')) Cet etc. est remplacé par nuit lignes dans t'orig'inat. Voir nos DocMm. 77 p. 214.

J. LESBORDES, imprimeur-gérant, 8, rue Péré, TARBES


(~o (~anc~a~~ne a ~an

RU ~VIir SIECLE

Des indications sur l'établissement et le développement de la Franc-Maçonnerie à Pau semblent devoir former une contribution non négligeable à l'histoire locale au xvm" sièc!e. A ce titre, aiguillé par une page des Vo~'t~es .Beco'Kaises, .de l'abbé Bonnecaxe, publiées dans l'un des bulletins de notre Société, j'ai eu t'heur d'obtenir communication de quelques documents inédits qui permettent de soulever un coin du voile et d'évoquer deux ou trois phases de la vie des premiers groupements maçonniques palois.

On sait que la Franc-Maçonnerie, sous sa forme moderne, et à peu près telle qu'elle persiste encore aujourd'hui dans la généralité des pays civilisés, parait avoir pris naissance de l'autre côté de la Manche, entre '17't7 et d'723, époque de la fondation de la Grande Loge d'Angleterre.

'L'essentiel de sa charte organique, rédigée, rapporte-t-on, par un pasteur réformé du nom d'Andersen, est formulé dans ces quelques extraits

K § 1. Le Maçon est tenu par sa qualité même d'obéir à la loi morale.

« Quoique, dans les temps anciens, les Maçons fussent obligés, dans chaque contrée, d'être de la religion de cette contrée ou nation, quelle qu'elle fut, on pense qu'il est plus expédient de tes obliger à:ôtre de la Religion sur laquelle tout le monde est d'accord; elle consiste à être bons, loyaux, gens d'honneur et de probité, quelles que soient la croyance et la dénomination par laquelle ils se distinguent.

« Ainsi, la Maçonnerie deviendra le centre d'union et le moyen d'établir des liens d'amitié sincère entre personnes qui, autrement, fussent à jamais demeurées étrangères les unes aux autres.

1


(( § III. Les personnes admises comme membres dans une Loge doivent être des hommes bons et sincères, nés libres, d'un âge mûr et de raison. Ce ne peuvent être des gens immoraux ou déshonores/car il est indispensable qu'ils jouissent d'une bonne réputation.

« §.V. Les membres de la corporation ne doivent pas se donner des noms impolis, mais s'appeler Frères et Compagnons. « § VI. .2" Les inimitiés particulières et les querelles ne doivent jamais franchir le-seuil de la Loge, pas plus que les controverses sur la Religion, les nationalités et ta politique, car, en tant que Maçons, nous ne professons que la Religion universelle indiquée précédemment, de même que nous sommes de toutes les races, de toutes les nations et de toutes les langues.

« 3". Tous les Maçons comme Frères sont ptacés sous le même niveau.

« Vous cultiverez l'amour fraternel qui est le fondement et la maitresse-pierre, le ciment et la gtoire de cette ancienne confraternité. ))

Sous l'égide de tels principes, aidant l'attrait du mystère et le symbolisme ingénieux hérité des vieilles confréries de Maçons professionnels, l'institution s'étendit rapidement d'Angleterre au continent, à commencer, en France, par les ports de mer et les grandes villes d'échange.

Les navigateurs et les courtiers de commerce la propagèrent. Beaucoup, à qui leurprofessioir imposait de fréquentschangements de résidence fonctionnaires des administrations de l'ancien régime, officiers, artistes, comédiens, se firent initier à l'envi afin de se trouver accrédités d'emblée en de nouveaux postes et d'y nouer, sans stage, d'utiles ou agréables rotations.

Ainsi, s'allumèrent çà et là de nombreux foyers maçonniques, à l'état sporadique, dirais-je, si le mot n'était péjoratif, sans lien régulier entre eux, très inégaux comme recrutement, quelques-uns même fort éloignés par le caractère et les agissements des participants des principes formulés en ta constitution d'Anderson. Certains maîtres de Loge, investis d'un privilège ad vitam, faisaient métier et marchandise d'initiations, de grades et de parchemins. D'où des alternatives de faveur ou de réprobation et des jugements très contradictoires de la part des contemporains à.l'endroit de


cette nouveauté qui ne laissait pas néanmoins de pousser des drageons et de s'enraciner dans la plupart des viltes de l'Europe occidentale. Dans notre région, Pau, Orthez, Bayonne, le Saint-Esprit, Tarbes, Bagnères, Vic-Bigorre, Castetnau-Magnoac, Dax, Mont-deMarsan eurent leur Loge Maçonnique, auxquelles s'agrégeaient peu. a peu des avocats, des magistrats, des médecins, des bourgeois,,des négociants, voir des membres du clergé séculier et régulier, en généra) les esprits novateurs épris de réforme et à qui pesaient les vestiges d'inégalité subsistant, sinon dans les moeurs, au moins dans les institutions:

Les ateliers maçonniques, ou prédominaient ces intellectuels et où se pratiquait une sélection convenable touchant t'honorabitité et la réputation des impétrants, finirent par se lasser d'être confondus dans l'opinion avec d'autres moins scrupuleux. De ces aspirations à un tri, à une orthodoxie, naquit, en 1738, La Grande Loge de France, avec, d'abord, Louis de Pardeilhan de Gondrin, duc d'Antin, comme Grand-Maitre, à qui succéda dans cette charge Louis de Bourbon-Condé, comte .de Clermont. L'oeuvre d'épuration se paracheva en 1773, au cours de la Grande-Maîtrise de Louis-Phitippe-Joseph d'Orléans, alors duc de Chartres, mais bien plutôt sous l'impulsion énergique et consciencieuse de l'administrateur générât de l'Ordre, Anne-CharlesSigismond de Montmorency-Luxembourg, premier baron chrétien de France. Sous le titre nouveau de Grand-Orient, le duc de Luxembourg et de Châtillon instaura pour les Loges, volontairement fédérées autour de ce tribunal arbitral s.uprème, un régime de garanties, des règlements, un critérium qui ne tardèrent pas à s'imposer.

C'est dans les Tableaux de Co)')'es~'OHdctnce,ou~.MHMfn)'es, publiés alors par le Grand-Orient, que l'on trouve mention d'une Loge maçonnique à Pau, sous le titre 'distinctif T.oiS'tHcërc rëunte, agrégée le 26" jour du mois de 5775, autrement dit le 26 janvier 1776, les Francs-Maçons ayant emprunté à l'Ancien Testament, non seulement le fond de leur symbolique, mais aussi le calendrier israélite.

J'ai eu la bonne fortune d'obtenir communication des documents ci-après, relatifs à la demande formée par les membres de la Loge de Pau en vue d'être agréés par le Grand-Orient.

p


« Tableau des F:, composant, la L:. Zft S'tneo'e )'eM.)ue à t'Or:. de Pau, le 24" jour de la 4e.semaine du 4" mois de l'an 5774 <: Perain Charles, marchand orphèvre et graveur, Yen:, et fond:. né au Cap-Français, côte de Saint-Domingue, le 5 juillet '1740, Grande Rue à Pau.

« Moreau-Dupré,.Joseph, maître de danse, en '1742 à SaintPiérre.-Cholet (Anjou).

« Dupeyré aîné, Baptiste, marchand épicier, né à Pau en '1746, piaceduMarchéàPau.

« Desciaux, Louis, marchand drapier; né à Jurançon en 1750. « Le chevalier Desbarats, Charles, américain; né à Pau te 29 septemb.re '1717, place Roialle.

« Azéma, Nicolas, officier chez M. le 'le'' Président, né à Montpellier en '1742.

« Dupouy, Baptiste, prêtre conventuet, Orat:. né le 10 juin 1729 à Bayonne, aux Cordeliers à Pau.

« Darrius, cordonnier, né à Salies le 2 mars '1748, à Salies. « Bibès, Jacques, commis au Bureau des Guerres, né à Cadillôn en '1745, à ['Extraordinaire des Guerres.

« « Moulaires, Raymond, cordonnier, né à Pau en '1729. « Couat, André, marchand drapier, né à Villeneuve de Rivière en 1740.

« Latour, Isaac-Pierre, avocat au Parlement, né à Pau en 1744. « Suberbie-Cazalet, Nicolas, avocat au Parlement, à Pau en. 1744.

« Lapierre fils ainé, Pierre, négotiant, né à Pau en 1745, rue des Capucins. ))

C'est ensuite le Tableau de 1775, avec mention du Fr:. SuberbieCazalet comme Yen: c'est-à-dire Président, et adjonction de membres nouveaux

« Saint-Jean-Casebone, Jean, avocat'au Parlement; né à Pau '!e 30 juin -1750.

« Harriet, Jean-Daniel, avocat au Parlement, né à Pau le 12 juin 1749.

« Bois de Juzan, Louis, avocat au Parlement, né à Oloron en 1750. « Hourie, J.-Baptiste, avocat au Parlement, né à Louvie-Juson, vattée d'Ossau, en 1749.

« Legros, Jean-Louis, praticien, né à Pau en-1750.

« Lavielle, Bernard, avocat au Parlement, né à Oloron en '1750. »


La pièce là plus intéressante, parce qu'elle témoigne de l'existence, dès le milieu du xvnis siècle, d'un At:. Mac:, à Pau, c'est 't un Rapport, daté du 26 septembre 1775, à la plume de SuberbieCazalet et rédigé en vue d'obtenir la reconnaissance que te GrandOrient n'accordait qu'au prix de formalités et de justifications minutieuses. Voici lé texte de ce Rapport

« Une 'ancienne Loge qui avait existé clans. cette ville était dispersée depuis l'année '1765, époque de la démission et de l'exit de la plupart des officiers du Parlement qui en étaient les principaux membres.

« I) ne restait presque plus de traces de l'art royal lorsque' des Maçons, parvenus aux grades les plus élevés, entreprirent de' construire un nouveau temple: Ils donnèrent'à la Loge le titre distinctif de StHco'c ret~tc.

<i: Cette Loge fut d'abord composée de quelques artistes et de plusieurs comédiens. Elle éprouva des variations considérables. Quelques-uns des fondateurs furent obligés de t'abandonner pour' se retirer dans leur pays. Les comédiens s'en exclurent eux-mêmes'. où en furent exclus; la Société se trouva bientôt réduite a cinq ou~ six Fr: «, En '1774,eHe commença à prendre de nouveaux accroissements, par l'initiation ou l'affiliation. de plusieurs négotiants. et de. quelques avocats aussi distingués par leurs mœurs que par leurs, talents.. « Depuis cette époque elle a fait des progrès successifs et main-. tenant elle commence à se trouver dans un état assez norissant. « 1[ y avait déjà longtemps qu'elle s'était adressée au.Fr:. de la Chaussée, dignitaire du Gr:. 0.: pour obtenir des Constitutions., Mais elle n'avait pas rempli les préatabtes requis. Ce fut au mois de février 1775 qu'elle adressa au Fr:. de la Chaussée une procuration par laquelle elle le nommait son représentant, avec quatre tableaux contenant tes noms des FFr:. de la Loge et, en même temps, elle -envoyait les métaux requis.

« Les dignitaires du Gr:. 0:. nous firent alors la faveur de nous adresser une planche dans laquelle Hs nous reconnurent pour r Frères et nous accusèrent ta réception des objets envoyés au de la Chaussée, l" surveillant. Le Fr:. abbé du Cruzel, prieur.' de Saint-Roman, fut nommé rapporteur par t'Atetier des provinces auquel l'examen de notre demande fut renvoyé.


a II fallait que nos quaHtés~civites et'maçonniques fussent certifiées par une Loge valablement constituée. En'conséquence, nous nous adressâmes aux FFr:. de la Loge de Tarbes, qui se rendirent à notre Orient, examinèrent nos travaux et nous accordèrent un certificat très circonstancié, en forme de procès-verbat. « Ce certificat fut' adresse au Fr:. abbé du Cruzel et se perdit au bureau des Postes parce que le paquet dans lequel il était inclus n'avait pas une adresse précise du quartier qu'habite le Fr:. abbé du Cruxet. Il fallut en demander un nouveau collationné qui fut envoyé à notre rapporteur.

« Nos Constitutions ont été encore retardées l" parce que notre Tableau n'était pas décore par le nom du Fr:. Azéma, officier chez le 't" Président; parce que la Loge de Tarbes, qui avait certifié nos qualités civifes et maçonniques, n'était pas valablement constituée.

«En premier lieu, le nommé Azéma n'avait été inscrit sur le Tableau en qualité d'officier chez le PP. que par erreur. H est compris dans le nouveau Tableau sous le titre de marchand. Cependant, il a la générosité de requérir lui-même sa radiation et, en conséquence, cette difficulté est levée.

<( En second lieu, la Loge de Tarbes est regardée comme valablement constituée et est comprise sous ce titre dans le Tableau général du G)' Or:. Si elle a reçu récemment sesConstitutions, son certificat semble devoir être valable.

« La Loge de Pau, impatiente d'obtenir un avantage qu'elle a désiré avec ardeur et qu'elle a demandé avec instance, serait condamnée à une trop longue attente, si elle devait obtenir un nouveau certificat des Loges d'Agcn ou de Bordeaux qui sont éloignées de cet Orient. » »

Le signataire de cette pièce, Suberbie-Cazalet, n'est pas un inconnu pour la Société des Sciences et des .Le~'cs. Son nom et son rôle ont déjà été évoqués dans des travaux de valeur recueillis dans nos Bulletins.

'D'autres, mieux instruits que je ne le serai jamais des choses et des hommes d'autrefois à Pau et en Béarn, utiliseront, s'ils lejugent à propos, pour Suberbie-Cazalet et pour tels de ses compagnons Mac. les données de ta présente communication. Tout essai de biographie dépasserait mon objet.


En '1776, La Stncëre t'cMntc à t'Or. de Pau agrège encore ies-FF « Laa, Antoine, juge du Sénec)tat:d'0toron.

«, Lagrave père, Jean-Pierre, bourgeois, né à Gan. « Leroux, François, musicien, né à Bordeaux. »

La pl:. (planche, c'est-à-dire lettre) adressée au'Gr:. Or:, en. vue

d'obtenir des .Constitutions était, on t'a vu plus haut, datée du 6°jour du 11" mois de'1775. Elle était adressée à Philipped'Orléans, duc dé Chartres, souverain Gr:. Maitre, au Fr:. Anne de Montmorency-Luxembourg, administrateur générai et au Fr:. de Bèauvilliérs, comte de Busançois, grand conservateur.

Sur le papier, à lettres.de la Loge et sur son.sceau figurent'un ni veau,'un compas et un maillet avec cette devise :~E~MC[Mdo

pe)'/<ct<.

L'installation officielle de la Loge eut lieu le 19*= jour du l' mois de 1776.

Le procès-verbal de; la Ten:. (Tenue, séance) d'installation rapporte que « )es FF:. Suberbie-Cazalet et d'Esbarats. ont chanté chacun un cantique de leur composition, accompagnés sur la basse par le Fr:. Leroux », et que « le Fr:. Jean-Baptiste Gaillac, membre de: la Loge de Tarbes, prédicateur de l'Ordre des CordeUers, a prononcé un discours analogue à la cérémonie )).

Nous avons la chance de posséder en original, imprimé vraisemblablement à Pau, et certifié par ie.secrétaire Casaubon, le Tableau général des Frères qui composent la R.ble Loge St. Jean, sous le titre distinctif de la Stncëfe rëtotte et r0)'t0tt de Pan, à l'époque du.24~ jour du 4~ mois de l'an de la vraie lumière cinq mille sept cent soixante-dix-sept.


'TABLEAU GÉNÉRAL DjE~ Frères ~M com~o/e/M /a Zo~ & Jean, /o~ /e titre ~?M<?~' ~~nc~cr~e~ /'0/e/zf ~ePaM,a/o.2~0Hr~M~ moH~a/t~e/at/e/umKre ,3 cM~m~/e/cM~/o~n~ -S' Q~L.TtS ~.S.ANCES. ADRESSES DIRECTES.

.C B.pt)n.<F.m,t.. C.h M.tM.q.n. D.mdt.ftM.Jti~

F.E'. Q~c/e/6'D~/Mu-M. ~c~.

'~F 1 III Pu1,m'IIt.. hi E. P. 11 Fmi,; 571~' Ào«,.It Il'' PuWrrttl,' /III

) .~O'M~ CoÙM NtgMiMt. St. Ecofr~t- DffMht ~?7~V~M<\M<, J* ~(t;!)," M.,c~hp.< B!-p<.it. B.Y;n't.C.< t. tt/.4.}~j; t~fi. Hit~. t.m~. A.ont~r~!«t< Omc.t&.OM. 'MA. ~y.)'m.m B~ c.r..t~ r~i. s.f,.i..&.m., r.. '.t~~M. ~S:c~,t BiMt c<mm!itrEnr)o[~Mft~ r~rotiMEtotT~ C*d!t]ea ~i~tf~ C.Mm.~fu''Atemr~,

taW LMi&rt N~ M..dcC~.Etefrti~r" htiy~?~V~M~c~. C~h, H.-f.pt !f~.u.. T.B..<r. .~f,A~r.i. à ~j~. t. '"C–. ~i-' °" ~OM'M J ta Chnee

~ua LU'iclll Mont III parleromt. G,dn S,c; Selim, 010'011 h 8 Sepumh~ 5"5.ft:rl.¡,

U~ A.M~ C&Ë" 'W.

o~ D..b~. Ch~i. <d~M.R.c. .7.i..(~ n.r. A~l. C.F~ M~ "f~. ~M, ~D~4.M. <~ "'<~i~. "S: d.

AmIIDe 0 J'd1&QI'o! Bi, N. D. à JI-

~f~'OM~.

F,m. tD.mM tch.,o..t~~Mt. W.. Adi'rOt' 'f' "?'C~,f*

F. P~ °'P.~ ,D< à

Jun.J¡.ct¡II" P..rdi. Pribendcl Royat lEt. Pont2Cq 1.18 Dlm" 577G. P.. P.II PI." C"jJ-1

) t s<° m~ }?7t f~ à FF. -L.r or~ <~ leurs r~Hon~. E~m~ ;,n7.,m.}. m~mMA~

'C¡'II-a.aptil1c D.P.~4 Ntd- £cofi'Ioia. Pall f-ilil- 577J- Nlç;~ ftI'f 'diA,

).B.p.~ D~T'' ,c~ M.M.

tom '~°°' N< '°"°'°' '"< ~f~

L~i, D.Hm .f 5774 A~ M,

,< L.- A~ i~ ~~°" ~?:

eaD-~1 Le¡ro', PraridC'IL Mo'. '111 1, Il ¡'Illll 57'5' Pr4I1~'IJf.rurIlUl1'dP.tI.

jMO-LMf Lt~w Otoron t~~tm~ 0?f. CM/f;/fn-<a P~MtM,

J .t~ C.nfti~MP~~M. OIoroli l~

L<M" Bo.J~ Nigoc:ianr. h~j~j. ~a~~

'gOt" <.jP/f<r~~7?;. M~tCt'n~.n.~

Et:M.~M~. R.M f,<P~~j~3. j~.B.pda. H~~ 010'011 f~D~~<~<. J~C~ A" L'* 4'0)~<.n. jyy(r. A~~ ~.nh~

JtM L<MM~a At..C.. Oto'ot ~t~mr~?~. ~yf~OA~.

Inn, °1kdü Ecaytr: AI' "C", 010'0" Il i", 5 5,,6. E.Y" à 01,

FrM!oit-Xi"i~Ftto''<eH<'< Eco~i'. ~~A~ B.n.<n<,j J~pb-Ch~tti Lt&Me Bou~tM. M ~w~~P,

A~t.uPtt)tn.'M ;f~m.~ f~

teftph C~tritJW A~MtMr'Nt-. B~ /t.i~jj76'. o~.f7.&A-/

'r' ~-?~ ~r,

A.r.n. F' 'T. X- "h~

t. M"~ m: o. ;i, M,

D.1 M" "°'

f.

A Montinlf. -;c- CuUhallmro cI'A, ~p

M~C.f"MaP~k~ ~atC~


Comme on le voit, sont inscrits en tête les quinze officiers et dignitaires en charge de l'At: puis les trois adjoints aux différents offices qui en comportent; suivent les noms des vingt membres de la Loge dans l'ordre de leur réception et, enfin, ceux des FFr:. servants gages.

Cette pièce présente cet intérêt que les désignations comportent les noms, prénoms, qualités civiles et maçonniques, lieu de naissance, date d'affiliation ou d'initiation et adresse de chacun des membres de la Loge.

La répartition au point de vue professionnel de ces personnages permet de juger des milieux où elle se recrutait et de l'autorité extérieure dont elle pouvait disposer. On y retève, en effet, un conseiller et huit avocats au Parlement, neuf négociants, six fonctionnaires, quatre membres du ctergé, trois bourgeois, deux musiciens, etc.

En ce qui concerne la participation des membres du ctergé aux réunions de Francs-Maçons au xvm~ siècle, elle n'a rien d'insolite. La même constatation a pu être faite partout ailleurs qu'à Pau. Les originaux même d'une correspondance d'une authenticité indiscutable et mise sous nos yeux, témoignent de l'existence d'une Loge siégeant dans les locaux, de la cétèbre abbaye de Clairvaux et recrutée uniquement parmi les régutiers de Saint-Bernard. Et cependant, dëa '1738, le pape Clément XII avait condamné la Franc-Maçonnerie, « Société, est-il écrit dans la bulle 7~ ~wu!CM<t, ou sont admises indifféremment des personnes de toutes les religions et de toutes les sectes qui, sous les dehors affectés d'une probité naturelle qu'on y exige et dont on se contente, se sont établis certaines lois et certains statuts qui Les lient les unes aux autres ».

Cet anathème pontifical avait été renouvelé en 1751, dans la butte du pape Benoit XIV, Providas ~otKattoru)-

Mais, il ne faut pas oublier qu'à cette époque, l'Église catholique de France était surtout gallicane et que, sous le couvert d'une distinction qui paraitrait aujourd'hui assez spécieuse, beaucoup d'évêques, et par conséquent nombre de clercs de leur diocèse, ne se sentaient pas liés par des bulles non publiées ni autorisées en France.

D'ailleurs, est-ce que les magistrats, tes fonctionnaires et les officiers, inscrits en si grand nombre sur tes Tableaux des Loges,

2


s'embarrassaient des, sentences rendues au Chaltelet de Paris-en '1737 et en 1745, prohibant les réunions de Francs-Maçons ? Les princes du sang et les plus grands seigneurs donnaient .l'exemple de la désobëisssance.à des interdictions qui parurent désuètes aussitôt que promulguées. 11 semble acquis, aujourd'hui, que Louis XVI lui-même, à l'instigation de son beau-père l'empereur Joseph II, reçut l'initiation maçonnique, ainsi que ses frères les, comtes de Provence et d'Artois les futurs Louis XViII et Charles X à la Loge Les Tt'ots Frères, a l'Orient de la Cour. Les aspirations égalitaires et les tendances parlementaires professées dans les Loges n'affectaient pas le loyalisme dynastique des Franc-Maçons.

La Loge de Pau en fournit elle-même la preuve lorsqu'elle sollicita du Grand-Orient, en 1788, l'autorisation de substituer, au titre distinctif primitif 7.M StMcëfo'ëMHtc, ladénomination de BercectM de Henri IV.

En effet, par décision du Gr:. Or:. du 17"jourdu mois de 5788, la L:. La Sincère rcumc fut autorisée à prendre le titre distinctif de .Berceettt de .He~rt J~V, comme suite à la demande dont voici le texte « TT:. CC:. FF:.

« Nous avons la faveur de vous envoyer le Tableau des membres composant'notre Atelier. ((Des raisons de convenance et les impulsions de notre cœur nous ont'déterminé a changer le titre de notre Loge en celui de BefceaM de Henri IV. Convenant exclusivement à notre Or:. nous l'avons préféré pour notre distinction et nous l'avons fait avec d'autant plus de satisfaction qu'indépendamment de la vénération pour tout ce qui a rapport à ce grand roi, notre temple est élevé dans le château où. il reçut la lumière, ou son berceau est déposé et vénéré avec des sentiments d'admiration et de respect. « Nous prions le .Gr:. Or:, de France d'agréer ce changement et d'en faire mention sur. toutes les planches qui seront relatives à notre Loge. « Signé Abbé PARADIS, PONT, FRANGES, DUCAMP. » Ce document nous révèle un détail encore peut-être plus surprenant pour ceux qui ne se sont pas familiarisés avec l'atmosphère de bonhommie et laisser-faire qui mitigeait, à la veille de la Révolu-


tion, les institutions de l'ancien régime. La Loge était installée au Château de Pau et y tenait ses réunions sans nul doute avec l'autorisation de celui qui y commandait pour le roi. Le Tableau de 1788 n'a pas été retrouvé. Celui de '1779 indiquait comme nouveaux adhérents de la Loge dont Suberbie-Cazalet demeurait le Vén:.

« Paradis, Jean-Jacques, prêtre prébendier royal, né à Pontac. (t Houdagné, Charles, amériquain, né à Pau.

« Laterrade, Hillaire, avocat au Parl., né à Pau.

« Lefranc, Joseph-Charles, bourgeois, né à Paris.

« Pont-Pédeprat, Pierre, avocat.au Par)., né à Pau.

« Soufron, Antoine, contrôleur des Actes, né àThenon (Périgord). « Jouca, Pierre, médecin, né à Pau.

« Lansac, Mathias, dir. et recev. général des Droits du Roi, né:à Bagnères. <( Domec, Pierre, chanoine de la Rente, né à Pau.

a Touyaa de Lort, Jean, receveur général du Tabac, né à Orthe.z. « Claverie jeune, Joseph, avocat au Parl., né à Pau. « Bordes, Jean, aumônier de l'Hôpital d'Arcizans-Dessus. <( Balthasar, François, avocat au Par)., né à Pau.

« Biraben, André, négotiant, né Pau.

« Francès, Jean, négotiant, né a Pau..

(( Laferrére, Augustin, prêtre cordelier, né à Morlanne. r « Laa, Antoine, lieut. gén. en la Sénéchaussée d'Oloron, né à Oloron. « Lorrando, Jean, négotiant, né à Pau.

« Palon de Hédas, Fr.-Xavier, écuyer, né à Oloron.

(( Lagrange, Jean-Baptiste, commis amb. de la Régie, né à Paris. « Frédureau, Philippe, écuyer, commis amb. des Domaines du Roi, né à Monton-en-Vendomois.

« Chevalier de Bétouxet, Jean-Baptiste, )ieut. d'infanterie en Royal-Vaisseaux. °

« Baudet, L'rançon, contro). amb. de la Kegte générale. K_ Véguier, Germain, écuyer, né à Pau.

« Dut'au cadet, Pierre, étudiant en droit, né à Pau. « Labat, Jean, étudiant en théotogie, né à Saut-de-Navailles « Eluzant, Jean, avocat au Par)., né à Bordeaux. « Bournos, Jean, négociant, né à Pau.

«- Roze, Ëtienne-Marie, musicien, né à Paris.


« Comte de Bailleux, J.-Baptiste, écuyer, né à Andrin. « Manès, Antoine, négotiant, né à Orthez, demeurant à SaintDomingue.)) »

De '1791 à la fin du siècle, l'activité des Loges demeura suspendue. Les événements d'une révofution ou là crise économique et financière et mille contingences obscures, nées de la réaction de causes fortuites sur la psychologie des masses, agirent bien davantage que des intentions arrêtées et raisonnées, dispersèrent et divisèrent les Francs-Maçons..

Exercés à la pratique des scrutins, aux joutes de la discussion, teintés de philosophie et de politique, c'est fatalement que des rôles de premier.plan échurent à ce moment aux Francs-Maçons, poussés aux Assemblées et aux Clubs, mais en des sens très différents. Quel groupement humain, en apparence homogène, peut se 'flatter, à. certaines heures critiques,.d'ignorer les tiraillements d'une gauche et d'une droite et d'éviter que les Frères de la veille se constatent ennemis le tendemain?

Ce n'est qu'en 1808,que la L:. <e ~et-ccMtt de .Hent-t 7V reprit réguHèrementses travaux. La publication des tableaux successifs de ses membres, au de)à de la période que nous avons voulu envisager, dépasserait le but que nous nous sommes proposé. Toutefois, ce qu'il est permis de dire, c'est qu'elle groupait alors )a grande majorité des hauts fonctionnaires, magistrats, avocats, officiers ministériels, administrateurs municipaux, médecins, militaires, grands propriétaires et négociants qui ont fait souche dans le Béarn et dont les noms sont encore le plus honorablement portés. ËAHLE LEMAmŒ


L~tjmtm.ies Subsistances' dans les Bmes-f;rms~ en 1793 et 1794 (-)).

A la fin du xvm" siècfe, le département des Basses-Pyrénées ne produisait que le tiers du blé nécessaire à la population. Constitué en grande partie d'escarpements stériles' et de hautes pâtures, de coteaux boisés et de landes; le sol convenait surtout à l'élevage. Plus riches et mieux travaiHés, les rubans alluviaux des gaves n'avaient pas assez d'étendue pour combler le déficit en céréales dont souffrait le reste du département, car les prairies les disputaient à la culture. A la faveur d'un climat doux et de terres assez bien fondées, le mais ou )Kt«oc, dont la farine était e.n partie 'consommée en bouillie ou incorporée au pain de wëho'e, servait heureusement d'appoint sérieux à l'aiimentation locale. Le département trouvait sur les marchés du Gers et des Landes une partie. du grain qui lui manquait. Pendant les premières années de la Révolution, les blés étrangers, expédiés'de Londres ou d'Amsterdam par les préposés aux achats du gouvernement français, parvenaient en convois au port 'de Bayonne. C'est ainsi que, du 20 avril au 'H juillet 1792, 22.400 quintaux avaient été affectés aux Basses-Pyrénées à titre de secours, et que les Landes et les Hautes-Pyrénées avaient aussi reçu leur part (2). On eut' recours à cette importation de blé jusqu'au printemps de '1793. Mais à la veille de la moisson, des circonstances nouveiïes.vinrent compliquer le problème des subsistances. L'ouverture des hostilités franco-anglaises avait suspendu les achats à Londres et nos côtes étaient partiëUement bloquées. -La guerre contre l'Espagne qui était plutôt, à vrai dire, un acheteur qu'un fournisseur de denrées, aggravait pourtant les effets du blocus et surtout faisait affluer sur la frontière pyrénéenne une armée qui devait en grande partie se ravitailler sur-~iLaee-et superposer ses besoins croissants à ceux de

('t) Chapitre d'un ouvrage en préparation sur te Gottuo'nemeK~ )'eooh<<tOMMtttt'e dans les Basses-P)/)*CKees.

(2) Atex. TuETE\ Cor~espOKdfOtce d:t MtKts<)'e de <'7M<e)'t'etM' re<t<<tue ctM commerce, aux sM&st!<c[Mces et & !'c(dMttMts<)'a<tOKyeMë)'a<e (16.avrit-d4 octobre 1792), Paris, -t9d7, pp. 453 et suiv.

3


la population civile. Enfin, là substitution du système de la taxe et de ta réquisition à celui de la liberté commerciale, l'intervention plus poussée des pouvoirs publics en matière économique donnèrent au ravitaillement l'aspect tout nouveau d'une institution révolutionnaire aux prises avec la nécessité.

Le premier maximum

Avant même l'application du premier maximum, décrété le 4 mai 1793, l'entrée de la France dans la guerre avait accru la vigilance du gouvernement.

La Convention avait chargé ses commissaires délégués aux frontières de veitterà l'approvisionnement des troupes. Le 10 mars'1793, tes représentants préposés à la levée des 300.000 hommes reçurent comme attributions nouvelles celles de se renseigner sur les causes de la disette et de contrôler les subsistances. Le 'i5 avril, le Comité de Salut Public institua neuf agents secrets commis aux mêmes soins dans toute la France. L'important décret du 30 avril sur l'organisation des missions conféra aux représentants des pouvoirs inimités, et,le Plan de h'at'cn< des députés aux armées, présenté à la Convention te 7 mai, leur prescrivit de surveiller les accaparenrs et de rechercher les moyens de conjurer la disette menaçante et leur proposa même d'étudier la question du pain uniq'ue, mélange de seigle et de blé. En un mot, les représentants en mission devaient assurer l'achat des subsistances militaires et surveiller l'approvisionnement civil.

Le vote de la loi du 4 mai 1793, qui fit taxer le prix des céréales dans chaque département, inaugura une politique nouvelle dont ils furent les agents locaux. La détention et le commerce des grains et farines devaient être surveillés, l'alimentation des marchés serait assurée par la réquisition et un prix de vente maximum, moyenne des prix pratiqués depuis le 1er janvier 1793, serait établi dans chaque département et décroîtrait de mois en mois. Pressé par la Société populaire de Pau de faire appliquer la loi sur la taxe, le Conseil général des Basses-Pyrénées fixa ce prix à 8 livres 19 sous la mesure pour les districts d'Oloron et de Pau ('!).' Pour établir une concordance avec la taxe des Landes, des commis-

('i) Voir notre article Z'appHcah'OM dtt pfesner Mtaa'tMtMtM dans les .BftMes-Py~'ëHëes. (/iMNt<ks )'et)O~M<tOMnatt'es, mai-juin ~92~.)


saires furent délégués à Mont-de-Marsan et, à leur retour, on modifia le prix arrêté le 31 mai. Le quintal poids de marc de blé, valant 30 livres dans les Landes, on fixa pour les Basses-Pyrénées le prix de 29 livres par quintal poids de table. La tivre poids de table, valant un peu plus de 400 gr., la différence entre tes deux prix permettait de couvrir les frais de transport. Cela' portait le prix de la mesure de blé à 9 livres 15 sols et celui de la mesure de maïs à 5 livres (arrêté du 9 juillet). Le juillet, le prix-limite fut haussé à'11 livres 12 sols. pour donner satisfaction à ta commune de Gartin dont la mesure locale était,plus grande.

La diversité des mesures devait être une source de difficultés. A Pau,)a mesure, .conque ou conqualet vatait 20 titres 96; à Nay, 20 t. 07 à Lescar, 21 1.17; à Lembeye, 22 t. 54; à Gartin, 22 1. 59; à Mortaàs, '15 t. 93. (1). Ne pouvant songer à une diminution de .la taxe, déjà revisée deux fois, ta commune de Mor)aàs voulut en vain, pour acheter moins cher, adopter la mesure de Pau, supérieure à le sienne de 4 litres. On ne pouvait contenter à la fois les acheteurs et les vendeurs.

En outre, ce premier essai de taxation correspondit dans le département à une dépression sensible du cours de l'assignat. En juin et juillet 1793, l'assignat de 100 livres n'en valait plus que 45 en numéraire, en août 37 et en septembre 34 (2). Le pouvoir politique n'était ni assez fort ni assez résolu pour permettre à la taxe du grain et au cours de l'assignat de se soutenir mutuellement. La baisse des assignats provoquait la rétention du blé et les paysans ne se hâtaient point de battre leur récolte et de la vendre. Il y eut dans l'organisation des marchés un certain flottement du à l'imprécision de la loi ette-même. Obéissant aux sollicitations locales, l'administration du département permettait la création de marchés nouveaux qui faisaient concurrence aux anciens. La vente sur place devenant insuffisante, il fallut permettre à certaines communes urbaines, comme Pau, d'aller se pourvoir en dehors de leur'territoire. Enfin, si les magasins militaires furent parfois des réserves momentanées pour la population civilé, ils ne pouvaient se remplir

(1) Tableau des ancieunes MtesMt'es tht dcpa)'~e)MeM< des Basses-Pyt'eMees

comparées MMa? mesures républicaines, Pau, an IV.

'(2) Pierre CARON, 7'a6<eaMa: de dépréciation dMpctptet' monnaie, Paris, 1909, p: 340.


qu'au détriment de la consommation générale. Le 3 août, le département se dit incapàble de satisfaire à une réquisition du représentanl Chaudron-Rousseau, attaché à t'armée pyrénéenne. H allégua que la suspension provisoire du maximum avait été annoncée de Paris et qu'elle rétablirait la circulation normale des grains. En attendant confirmation de la nouvelle, il décida d'intervenir auprès de Monestier (du Puy-de-Dôme) et de ses collègues pour leur demander la suspension de la taxe.

Monestier ne fut pas insensible à cette réclamation. Déjà, le 26jui)tet, il avait pris la liberté de suspendre provisoirement la taxation de t'avoine dans les Hautes-Pyrénées, sous prétexte que I-'avmne n'était pas un aliment et pour éviter la raréfaction et la hausse de cette céréale. Or, le 20 août, la Convention marqua qu'en votant la loi du 4 mai, son intention tacite avait été de taxer l'avoine, et, le 23, elle en fixa le prix-limite, qui ne devait jamais dépasser la moitié de celui du froment.

Le 4 août, le représentant suspendit donc l'application du maximum dans les Basses-Pyrénées sous prétexte qu'elle pouvait amener des troubles résultant de l'alarme qu'on commençait à jeter. Le même jour, it prit un arrêté semblable pour les HautesPyrénées et donna satisfaction au Gers et aux Landes les 7 et 27 août (1).

La rareté des céréales dans les départements méridionaux, la médiocrité de la récotte de '1793, souvent avouée, n'expliquent pas seules l'échec de cette première tentative de taxation. La loi était en son texte trop large et trop compliquée. Ainsi, les prix de vente limite, qui devaient décroitre mensuellement, étaient mal connus du public, et l'inconvénient de laisser chaque département libre de fixer son prix maximum n'était pas moindre, les tâtonnements de Pau le montrent assez, que celui de la taxe uniforme. De plus, la taxation ne peut devenir une réalité que si l'État monopolise le commerce, et les conventionnels ne songeaient pas à cette hardiesse. Pour les Montagnards, la taxation n'était qu'un expédient politique capable de concilier au gouvernement la sympathie agissante du peuple de Paris et des villes que des inquiétudes, au sujet des subsistances, rendaient enervescent. Les administrateurs du département étaient assez loin de ces préoccupations. Défenseurs des riches propriétaires ruraux et suspects pour leurs idées

(1) Co't'espoK~MMce tle J.-B.-B. Mo)tes<t'e)', pp. '172-173 et suiv.


modérées au gouvernement montagnard qui allait les destituer en septembre, ils n'avaient pas à obéir à la pression urbaine encore faible et indécise puisque les sections et le club de Pau s'étaient eux-mêmes rattiés un moment à la tentative fédéraliste. L'opinion hésitante et timorée des Palois ne les différenciait guère des ruraux qui venaient, les jours de marché, soutenir le commerce de la petite ville de 8.700 habitants. La ville et la campagne se pénétraient par là; les ouvriers, peu nombreux, s'en tenaient à la modération politique de la bourgeoisie riche qui les faisait travailler. Pourvu qu'il fit bon vivre, la prudence béarnaise évitait de s'oublier en manifestations compromettantes. Engagée sans élan dans le fédéralisme, elle s'était vite ressaisie, mais depuis elle n'accordait à la Révolution lointaine qu'une adhésion verbale et, une obéissance indolente. La Société populaire, qui donnait forme à l'opinion la plus avancée, changea bien souvent d'avis. Le'10 mai, avant même d'avoir officiellement reçu le texte de la loi du 4, le 13 et le '17, elle demanda au.département l'application de la taxe, et le l~juin il y fut proposé un.maximum uniforme pour toute la France. Mais à la fin de juittet, Dutaut fils lai-même y battit en brèche le nouveau principe économique. En septembre, il redevint désirable au cours d'une discussion incertaine, souvent ajournée et reprise, sur la question des subsistances. Le rétablissement de la taxe des grains qu'on allait étendre aux autres denrées put seul affermir les idées du club qui se montra dès tors t'auxiHaire actif et parfois même trop zélé de cette mesure d'en haut. L'établissement d'un pouvoir fort était en effet indispensable à la réglementation de la.vente et des prix. Aussi bien, la Terreur apparut-elle surtout aux paysans comme la dictature des grains. Le maximum général.

Au moment même ou Monestier, préoccupé de rassurer les esprits, consacrait par son initiative l'échec du premier maximum, la Convention songeait à donner une vigueur nouvelle et un champ plus targe à la réglementation commerciale.

Après avoir menacé les accapareurs par son décret du 26 juillet, ètte soumit la vente des céréates à une taxation uniforme, valable pour toute ta France (11 sept.). On partait du même principe de la déclaration obligatoire des grains et farines dont les résultats devaient être centralisés par le Ministre de l'Intérieur. Des visites


domiciliaires et des confiscations rendraient ce principe effectif. La vente sur les marchés demeurait obligatoire, sauf le cas de réquisition par les autorités. A l'exclusion de l'achat aux particuliers, la réquisition servirait seule à pourvoir t'armée, car le commerce privé donnait lieu au soupçon d'accaparement ('!). Dans toute la France, le blé ne pourrait être désormais vendu plus de 14 livres le quintal, la farine 20, le maïs 8, l'avoine 14, le foin 5 ou 6 et la paille 3. La différence avec le chiffre établi en juillet pour les .Basses-Pyrénées ne manque pas d'être frappante (14 livres au lieu de 30 au moins).

Par le décret du 29 septembre, la taxation s'étendait aux denrées de première nécessité dont chaque district dresserait la liste et fixerait le prix-limite. Les six districts des Basses-Pyrénées furent assez ponctuels à étab)ir les barèmes des nouveaux prix dans la seconde moitié d'octobre ~2).

Le système de la réquisition.

L'application des nouveaux décrets devait aboutir à la mise en vigueur du système de la réquisition, essentiel et caractéristique parmi d'autres procédés accessoires, parce qu'il se revête le mieux comme un exercice du pouvoir, comme l'emprise sur les choses de l'État révolutionnaire.

La réquisition avait comme objet de contraindre les producteurs et les marchands à livrer, en respectant la taxe, leur grain (blé, avoine, maïs), leurs fourrages, leur bétaH et, en généra), les denrées alimentaires dont ils étaient possesseurs, aux autorités qui en avaient besoin pour l'entretien de l'armée ou bien à les mettre en vente aux marchés publics. La réquisition s'étendait d'ailleurs à toutes les fournitures militaires. C'est pourquoi il est bon d'en étudier en bloc le fonctionnement.

Les agents de la réquisition étaient assez divers. D'après le décret du..4 mai, le soin d'approvisionner les marchés revenait aux

(1) Ce soupçon était sans doute devenu une manie, une phobie révolutionnaire quelquefois injustifiée, mais il est bien vrai qu'on votait t'armée. Le 24 août, Garrau s'était plaint au Comité de Salut Public de voir payer 20 sous une livre de pain et 80 livres un sac de 115 livres de blé. (AuLArtD, Actes JM Comité de Salut Public, t. VI, p.93.

(2) SOULIGE, jSt&Ho~)'a~/t)e }'ëuo<t<<tO)M!Ctt)'e des jBaMes-Pyt'eMëe;}, nos 213, 2')4, 216 et 2-).7 et Pib), de r~u, VII, G. 62 et 63.


directoires des départements et des districts. Ils donnaient dans ce but des ordres aux municipalités qui répartissaiënt entre tes cultivateurs la contribution imposée avant de veiller à là livraison. Après la codification du gouvernement nouveau par le décret du 14 frimaire/te département perdit'la plupart de ses attributions, et c'est au district qu'eurent recours les communes dépourvues de grain, c'est à lui que les représentants en mission donnaient leurs ordres. Investis de pouvoirs étendus, ils étaient devenus les arbitres locaux des subsistances. C'est à eux que revenait soin de faire alimenter en grain et en fourrage les magasins militaires. Cette multiplicité d'agents de la réquisition, ces chevauche-. ments de pouvoirs donnèrent lieu à de nombreux conflits. Le 21 frimaire, le département reçut, pour sa négligence, un rappel à l'ordre de Pinet, Garrau et Monestier ('!). Les districts, harcelés de réclamations, assaillaient de mises en demeure les communes manquant de zèle. Le district de Pau et la municipalité, dans l'impuissance où ils étaient d'assurer le ravitaillement du marché palois, s'accusaient mutuellement de négligence. Les conventionnels eux-mêmes ne s'entendaient pas toujours. Ceux de l'armée des Pyrénées-Occidentales se plaignaient sans cesse de leurs collègues de l'armée orientale qui étendaient abusivement leurs réquisitions au Gers et aux.Hautes-Pyrénées, départements du ressort. de l'armée occidentale. Le 4 août, Garrau interdit de satisfaire à leurs ordres (2). Le 13 frimaire, Monestier, Pinet et lui réclamèrent auprès du Comité de Salut Public contre Soubrany et Milhaud. Le 16, ils renouvelèrent leur plainte, au sujet cette fois de la région toulousaine qui séparait les deux zones de ravitaillement. Pour apaiser ce conflit, le Comité fixa, par arrête du 7 nivôse, le territoire d'approvisionnement de l'armée occidentale qui comprenait les départements suivants Hautes et Basses-Pyrénées, Landes, Gers, Lot-et-Garonne, Lot, Dordogne, Bec d'Ambez et Corrèze. Mais les difficuttés ne furent pas aplanies du coup, et, le 16 pluviôse, Pinet.s'en prit à la Commission des Subsistances dont un arrêté ôtait à l'armée une partie des grains qui lui étaient destinés. Ses collègues et lui protestèrent encore deux fois contre Soubrany et Milhaud (3). C'est ainsi qu'en révolution la nécessité

(~Bib).dePau,II.G.64.

(2) Ibid.

(3) AuLÀnc, Actes, t. IX, pp. ~3t-~43, 228-23~, 692 t. X, p. 691.


–,i00–

s'efforçait de faire loi, dressant les uns contre les autres les révolutionnaires et se tournant contre la loi elle-même. On a vu que la réquisition s'exerçait sur un champ assez vaste et dont les bornes étaient reculées par le besoin. L'armée des Pyrénées-Occidentales devait être alimentée par neuf départements, liés ainsi par une sorte de soHdarité d'obligations. Un des moyens les plus fréquemment employés pour porter remède à la désertion des marchés fut celui.des secours inter-départementaux. En cela, les Montagnards n'inaugurèrent rien, car, le système des secours avait déjà joué pendant les premières années de la Révolution, à une époque ou le principe de la liberté commerciale était considéré comme intangible..

Voulant obliger son ami Pinet, Monestier lui prêta son appui pour envoyer un secours en mais à sa ville de Bergerac, bien que le département des Basses-Pyrénées fut dans une situation précaire à l'endroitdes autres céréales. Le citoyen Bellegarde vint Bayonne prendre livraison du maïs. En revanche, Bergerac, du ressort territorial de l'armée pyrénéenne, fit plusieurs envois de vêtements à destination des combattants, non sans exprimer sa fierté joyeuse de contribuer brillamment à la victoire en la personne de Pinet (d4 pluviôse) (d). La réquisition de ce maïs affecta aussi les HautesPyrénées pour 2.000 quintaux en dédommagement, ce département reçut le 8 pluviôse une centaine de quintaux de riz (2). Sur ces entrefaites, Monestier tàchait de mettre à exécution un arrêté de la Commission des subsistances, dont l'autorité se superposait à celle des représentants. Cet arrêté accordait au même département 50.000 quintaux de blé à prendre dans le Gers, mais il ne put être exécuté à la lettre, car les administrateurs d'Auch refusèrent de donner satisfaction au représentant pour la raison ou sous le prétexte de réquisitions militaires antérieures non encore exécutées. Finalement, Monestier put obtenir 15.000 quintaux dont il alla lui-même vérifier la remise le 5 germinal (3). L'entretien des troupes pesait d'un poids assez lourd sur le pays agricole d'Armagnac et les districts montagneux de Bigorre qui en étaient solidaires se consolaient avec l'active prédication d~ Féraud qui les accoutumait à la patience (4).

(1) LAitROUE, ~.n Société /)o~tt~<t)'e t<e Be)'</e)'ac, pp. 346, 350 et 35). (2) RtCAUD, Les ~ept'cse)!/fMt<s e)t Ktts~ton de[)M les ~a:t<es-Pyt'c!<ëes, t. I, pp.39-42et42.46.

(3) RtCAUR, .Rep)'MeM<a)!<s, t. 11, pp. 39-42 et 42-46..

(4) AuLARD, ~ctes, t. pp. 63-64 et -t38--t39.


L'application du maximum prenait donc un caractère de particularisme. La crainte, de la famine, mauvais souvenir toujours vivace de l'Ancien 'Régime, le dénùment réet des pays de montagne, l'égoisme défensif des campagnards ne voulant pas se priver pour les citadins, celui des citadins repoussant les intrus de leurs marchés (1), le croisement des réquisitions et la nécessité de les réviser rendaient parfois dramatiques les diverses opérations du ravitaillement.

La première de ces opérations était ie recensement du grain. Les décrets du 4 mai et du 11 septembre instituant la taxe des céréales avaient prescrit aux possesseurs de grain d'en faire la déclaration à leur municipalité pour que les données fussent hiérarchiquement centralisées au Ministère, de l'Intérieur. Des visites domiciliaires devaient contraindre les récalcitrants à se mettre en règle avec la loi pour que les autorités pussent lancer leurs réquisitions en connaissance de cause, selon leurs besoins variables et renouvelés. Ordonnés le plus souvent parles représentants en mission, les recensements se. succédèrent pendant l'hiver 1793-1794 et le printemps. Le 5 floréal, un arrêté départemental en prescrivit un nouveau qui devait être effectué par deux commissions étrangères au district. La récolte de l'an II dut être 'déclarée, en vertu du décret du 8 messidor. Les rappels à l'ordre adressés aux communes par les autorités supérieures aboutissaient t presque toujours à des visites domiciliaires qu'effectuaient des enquêteurs du district, assistés d'officiers municipaux, de gardes nationaux et quelquefois de simples citoyens non-récoltants; ils devaient aller dans toutes les maisons et. même dans les champs'et les bois pour y découvrir des cachettes de grain. Cette lâche, complétée par 1~ visite des moulins et des boulangeries, n'était ni toujours facile, ni toujours fructueuse, particulièrement dans les régions mal pourvues de la montagne.

Le plus souvent, ces recensements étaient nécessités par les besoins de.l'armée. Le décret du H septembre, créant la taxe. générale, avait en effet enlevé au commerce privé lé soin de pourvoir à l'approvisionnement militaire. Par son arrêté du 17 septembre, Monestier somma les commissionnaires achetant pour le

('1) Le 3 octobre, les boulangers de Lourdes ayant acheté du grain au marché de Tarbes, ce grain fut saisi et revendu par ordre dé la municipalité.(DuvtAUjZ.a~et!Oj!M(tomtt~ot()'(<M,p.t')9.)


compte de l'armée de fournir à l'administration l'état des marchandises dont ils disposaient et les fit mettre en réquisition, au prix de la taxe. Afin de pouvoir se passer de ces intermédiaires qui s'étaient sans doute enrichis mais avaient rendu des services dans la période la plus critique de l'organisation de l'armée, il fallut redoubler de vigilance en vue de faire garnir les greniers militaires et la réquisition se fit de plus en plus exigeante. Le décret du 11 septembre ne la faisait porter que sur le superflu de la récolte et laissait aux paysans la libre disposition du. grain nécessaire à sa consommation annuelle et à ses semences, mais trouvant que cette réserve créait un prétexte aux récalcitrants, la Convention la supprima (décret du 25.,brumaire). En fait, les autorités locales fixaient par arrêté la quantité de grain laissée provisoirement à chaque cultivateurou bien lançaient leurs réquisitions successives en déterminant les contributions communales et les municipalités s'arrangeaient pour le mieux. A la fin du printemps de 1794, comme les réserves s'épuisaient, les conventionnels Pinet et Cavaignac poussèrent plus loin leurs exigences et prescrivirentaux habitants des Basses-Pyrénées, en attendant des arrivages problématiques de l'étranger, de verser avant la fin de prairial. tout le grain en leur possession dans. les magasins militaires de chaque district. Dans toutes les communes, un commissaire visiterait tous les greniers, surveillé par un délégué cantonal nommé par le district. Le versement effectué ou censé l'être, il serait fait par des étrangers au canton un contrôle général les citoyens.pris, en faute seraient arrêtés et passibles d'une amende au moins égale au quart de leur fortuné, à la moit.iés'ilsétaientadministrateurs ('!).. Cette mesure avait déjà reçu un commencement d'exécution quand le Comité de Salut public annula le 6 messidor, l'arrêté des représentants, pour la raison que les habitants se trouveraient au dépourvu et donneraient trop facilement prise aux insinuations perfides des semeurs de panique. Les réquisitions -étaient sans doute permises, mais à la condition d'être déterminées et de laisser à chacun le nécessaire (2). Pinet et Cavaignac tâchèrent de se justifier quand ils prirent leur arrêté, la récolte en fruits et légumes était pleine de promesses et devait éloigner la disette et seuls les administrateurs avaient récriminé contre leur décision, soit par

~i) 7)Mp)'MMe, Pau, Daumon et Toumiu, an II. (2) AuLARD, dictes, t. XIV, pp. 489-490.


paresse, soit pour ne pas compromettre leur popularité par. l'exécution d'une mesure énergique; enfin, l'infirmation de leur arrêté risquait de compromettre la livraison du grain attendu (11. Mais le Comité de Salut public semble avoir été sourd à leur réclamation. Ces exigences s'expliquaient par la situation alimentaire de l'armée. On vivait trop souvent au jour le jour. Au milieu de l'été de '1793, les chevaux' et tes mulets avaient manqué d'avoine et n'avaient mangé pendant une quinzaine que de mauvaises fèves (2). Au début de l'hiver, l'avoine avait du'être remplacée en partie par de la paille, des genêts ou des ajoncs hachés, tandis que d'autre part on réduisait les rations de foin (3). Quant aux hommes, il semble qu'ils ne souffrirent pas trop de la faim, à partir de l'affermissement du pouvoir central, bien que les effectifs eussent augmenté. C'est du moins l'impression, peut-être de commande, que laissera correspondance des représentants. Le 22 nivôse, Monestier, Pinet et Cavaignac écrivirent au Comité de Salut public que les troupes avaient des vivres pour trois mois. Les habitants du Sud-Ouest se montraient, disaient-ils, pleins d'abnégation et s'étaient volontairement réduits au maïs pour soulager les combattants (4). La: réalité devait être moins flatteuse, car la disette ne fut conjurée que grâce à bien des expédients auxquels la puissance politique garantit seule une certaine efficacité. La contrainte était d'autant plus nécessaire que le ravitaillement de l'armée rendait plus difficile celui d'un département assez mal pourvu, auquel il se superposait.

Le ravitaillement civil s'effectuait encore par l'intermédiaire du commerce privé. Les autorités se bornaient en l'espèce, sans procéder en général aux achats, au rôle très ingrat de l'approvisionnement des marchés et du contrôle de la vente. L'histoire du marché de Pau est à cet égard assez instructive. Il créa des inquiétudes constantes à la municipalité, car on y portait peu de grain, les communes réquisitionnées ne livraient pas à temps, les campagnards s'entendaient pour racheter le blé conduit par des ventes fictives et l'ordre n'était pas toujours facile à maintenir. Les Patois se plaignaient et les dénonciateurs émouvaient la Société

(1) AULARD, t. XIV, pp. 641-646.

(2) Lettre de Dubreton à Garrau, 11 aoùt~793(Arch.Nat. AFil, 261-2203). (3) Arrêté de Monestier et Pinet du 24 brumaire. (Arch. Nat., AF", 261-2207.)

(4) AULARD, /tc/es, t. X, pp. 193-194.


populaire de leurs récriminations. La municipalité assaillait le district de ses suppliques et le district, débordé, rejetait la responsabilité sur la commune. De temps en temps, des bouviers étaient pris à introduire frauduleusement du grain en dehors des jours de marché on tâchait d'empêcher ces ventes clandestines en confisquant les sacs saisis dont le contenu était réparti, après jugement, entre les plus nécessiteux ou les plus importuns des réclamants. La municipaHté prit enfin, sans beaucoup de succès, semble-t-il, l'initiative de créer des cartes de grain valables pour .un marché seulement ('19 pluviôse et 3 germina!) (-1). Le marché du 22 vendémiaire an 111 fut particulièrement mouvementé. Neuf membres de la municipalité, assistés de la force armée, eurent beaucoup de peine à empêcher la foule d'enlever le grain avant qu'il eut été conduit dans un couloir où se faisait la distribution. Les campagnards des environs de Pau, plus nombreux ce jour-ià que les Patois, firent tout leur possible pour empêcher la vente du grain en vue d'être servis avant la ville. Pour cela, ils s'introduisirent furtivement dans le marché, « à la faveur dés charrettes sous et sur lesquelles ils se mettaient et en transportant des sacs qu'ils divisaient de concert avec le municipal ou commissaire de leur commune. Ils font plus si l'on n'est pas toujours sur les piles, ils se coalisent, se serrent, se partagent et enlèvent le grain sans mesurer, ce qui nous a obligés, attendu leur nombre supérieur à celui de la commune, de requérir la force pour leur faire évacuer la cour. Les municipalités des campagnes ont encore l'égdsme et la fainéantise de ne pas nommer un commissaire pour recevoir le grain et le faire porter ensemble, mais de l'envoyer par mesures, demi-mesures et boisseaux, par autant d'individus qui s'introduisent dans l'enceinte du marché à différentes heures, ce qui empêche ou gêne considérablement la constatation et leur facilite les moyens d'en enlever ou d'en obtenir une plus grande quantité; il convient par conséquent de remédier à ces étranges abus )). Les commissaires firent au district, pour terminer leur rapport, la proposition de servir à part les trois sections de la ville et les forains (2).

/~1 sMM))'e./ ANTOINE RICHARD.

(')) Voir notre note sur la carte de grain a Pau (.4)MM~es ~ët'o~)920, no6). (2) HiVAFtHS, PoK et ~esjSfMses-Pyt'eMëes~oK~tHt ~tjRct;o~t<<'OM,pp. 262-2(.t5.


nisto!re de rHërësie de Béarn ~Ut<6.~

96. Ze<tt'c de M. d'Arros a Afonsct~cn)' feues~Mc de Zesca)' [sM)' la défense du pf(!/s]. Monseigneur. A la Reyne a plagut en son absencie, me constituir capitaine general suus Ion feyt de las armes en son royaume et souverain estat de Bearn, ainsy que chascun sçap, et veden que nostres circonvoisins et autres se esmabin de cade part, qui non pot estar cheins perits d'attentat suus l'Estat de Sa Majestat et ruine deu present païs, jou ey escriut à Messieurs de la noblesse, et pregat, cum estans de qui depend la grandeur l' de Sa Majestat, de se troubar dixapte, 25 deu présent mes, en la presente ville de Pau, affin de lous touts ensemble conferir et avisar sço qui sera plus expedien et requerit per son servicy et conservation deu présent pays;jou espery et m'assegury que aucun non y faillira, de vostre part, Monseigneur, jouvous preguy vouler far lou semblable, esperan vous y beder. Nou vous fare plus longue lettre, pregan Diu vous donnar, Monseignour, s<;o que plus desirats. De Pau, lou 19 septembre 1568. Vostre tres humble et affectionnat servidour. D'ÂRROS.

A Monseigneur, A/onse~/neuf de Lescar.

97. 7iM()'e lettre. Monseigneur, depuis très jours jou vous ey escriut et pregat per lou servicy de la Regine et deffence deu present pays de Bearn, vous vouler tenir prest de toutes vostres pouder et moyens per resistir à las surpreses qui se pouyren far per l'invasion deu dit pays. A present per sço que lous anaires pressen, souy encoere constret de nabet vous pregar bien affectuosament vous vouler trouvar en la presente ville de Pau, lou 30 deu présent mees, ond la noblesse se assemblara per donar ourdi à sço qui sera avisat. Et en aquet endret pregarey (1) Diu vous donnar, Monseigneur, en sanctat bonne et longue vitte. De Pau, lou 26 de nouvembre 'J568. Vostre tres-humble et affectionnat servidour. D'ARROS.

A Monseigneur, AfoKset~KeM)' de Lescar.

~98. Extrait des registres de Parlement [sM)' le logement des soldats à .P<Mt]. Lou 5 de novembre '1568, fou deliberat suus la

(d) Dans le texte « pregare ».


remonstrance deu sieur de Bassilhon (i) et )ou capitany Cortade (2), Arnaud Guilhem Dhereter, Me Bernard de Lacrouts, Me Bernard de S~ Cricq, et Me Joan D'Hereter, jurats de la présente ville de Pau, presents, disons que lous dits jurats et deputats de la dite ville nou tienen compte de lodjar lou dit capitainy Courtade, ny à 50 soldats qui eren en la ville, seguien lou commandement de Mr d'Arros, capitany générât, ab lou avis deu Conseil, despuix tres jours, per vaquar à la deffence et protection dequere, attendude la nécessitât qui se presente, ny deHberaben de lour pagar et fournir so qui es necessary, seguien l'intention deu dit seignour d'Arros, et audits suu's sço ious dits jurats et lour responce, allegans absencie, dylation de(3)gensdeuConseiide)aditeviHe. Restat que de nabet es feyt commandement aux dits jurats de obedir et satisfar incontinent aux dits precedens commandemens et sço fasent, fodjar lou dit capitany et 50 soldats, ton plus commodement que far s'en poyra, prestar toute obedience necessary au dit capitainy per far sa charge, taillar et cotisar la somme de tres cents livres tourneses, tant surs lou corps de la dite ville que villes et vi))adges qui son de las aydes dequere, et troubar moyen incontinent aber diners per far la monstre et pagamen à chacun soldat de (4) la somme de sieix livres tourneses per mees, ensemble lous fournir poudre, corde et plom, surs et en déduction de la dite solde et à d'aqueres fins probedir per toutes vies et rigours de justice et far rapport au Conseil, deus rebelles per estar constrets, amendats et punits, ainsy que de rason, et à la charge de responer de touts damnadges et'inconveniens qui poyren avenir, tant au publicq que au particutier, à faute de y obedir. Actum à Pau, en Conseil, lou dit jour et an.

'99. .Extrait des t'eg~stres de Parlement [sm' fidélité à la ~etne]. Lou 30 decembre '1568, per Messieurs d'Etchard, président, Bordenave, Cassou, Los, Laborde, Lamothe, Fenario, Tisnees, Gillot et Cazenave, restât que Monsieur d'Arros, gouverneur et

(d) Bertrand deBassillon, gouverneur protestant de Navarrenx, soupçonné de trahison, assassiné par ordre de Mongommery en ')569. ~ts<. de Bëat'H de Bordenave, pp. 284, 287.

(2) Guillaume de Cortade, capitaine protestant, défenseur de Navarrenx, souvent mentionné par Bordenave. 7&td., pp. 129, 240, 250. (3) Dans le texte « et f.

(4) Nous ajoutons « de » pour le sens,


capitany general, suus lou feit de las armes, sera pregat se transportar per toutes las villes, bourgs, vallees, et autre endrets, ond besoin sera, deu présent pays, per visitar tou pobte et l'exhortar de se contenir en l'obedience et fidelitat qui debin à la Regine et reprimir l'audace et temeritat deus sedicious et rebelles aussy per procurât' argen per soustenir ious fres et charges de la guerre, per don gratuit, emprount et autre moyen qui poderan et per medix moyen avisar à la. munition des vivres necessaris, tant per las places fortes que per la campagne. Et que a d'aqueres fins lou dit sieur, sy lou plats, ton fara assistir per deux de Messieurs deu Conseil, taus que chausira, ensemble l'advocat general de la dite Dame, et que per far las dites diligencies sera mandat lou tesaurer de Bearn,- ou sons commis frayar la despence necessary et pregar lou dit seigneur d'Arros commensar lou dit viadge incontinent après que las monstres de las compagnies seran feytes, sço que este déclarât au dit sieur d'Arros, qui offery far sço dessus et incontinent, après las dites monstres, commensaran (I) promptement Monsieur lou président Lavigne et de Marca. Es mandat au notary deu Conseil far entender so dessus promptement aux dits sieurs de Lavigne et de Marca, et l'advocat general, Actum à Pau, en. Conseil, lou dit jour et an.

100. .Le«)'c de d'.4)'i'os à Monseigneur ~'euesgMe de Lescar '{sMt'~dë/'otso de~vt~e]. Monseigneur, suivant le pouvoir qu'a pleu à la Reyne [me donner] (2) pour commander en son royaume et pays souverain, sur le fait des armes avec au préalable avis de Messieurs de son Conseil, je n'ay peu faire de moins, suivant leur dit avis, que d'envoyer M. le gouverneur de Navarrenx et le capitaine Cortade, avec leurs compagnies, à Lescar, tant pour le service de Sa Majesté que protection de la dite ville, comme il a esté bien avisé par les dits Messieurs du Conseil, et pour les raisons que j'ai prié M. d'Esfayu (3), porteur, de la présente, vous faire

(d) Dans le texte « commensar x. Le verbe au futur donne un meilleur sens; Jérôme de Marca, dit Bordenave, fut charg-é d'approvisionner Navarren!L.7:fts~.(i'ej3cat'K,p~9t.

(2) Ces mots ajoutés complètent le sens.

(3) Sans doute Jacques de MenvieHe, seigneur d'Eslayou, catholique, ennemi d'Arros et condamné à mort. Hist. de Béarn de Bordenave, p. 206, et la .Rë/bt'nte en Béarn (Docum. inédits, Arch. hist. de GtfOMde, XXXI), ~-cA. B.-P., B. 2161.


entendre, m'asseurant te croirés, comme bien affectueusement vous prie le croire sa suffisance me gardera vous dire autre chose, mais seulement vos bonnes grâces et mes très humbles recommandations (1), suppliant le Créateur vous donner, Monsieur, en parfaitte santé très heureuse et longue vie. De' Navarrenx, ce 4~ janvier'1568. Vostre très humble etobéissant serviteur. D'ARROS. ~4.AfoKset~MeMt',MoMset~neu)'deZescMr.

101.–cintre lettre [Co?:uocatt0)ia0t'~c2]. Monseigneur. Per aucunes causes concernons lou servicy de la Regine, nostre Dame souvirane, bien et repaus,.tuition et defTence deu pays, ey convoquat et assignat lous Messieurs deu purmer et second Estat à se troubar à chibal et en armes, au meilhour esquipadge (2) qui sera possible, en la ville d'Orthez, au quatte deu mes de mars. Et que vous ey voulut avertir, vous pregan bien auectuosament vous vouler trouvar en la dite assemblade, accompagnat de vostres gens, ou lous remetter en l'equipadge que dessus ou autre meillour qui pouyrats, prests per marchar ainsy que lour sera ordonnat, et m'asseguran nou y voulerats faillir, pregare (3) touCreatou, Monseigneur, vous donnar en santat bonne, longue et heurouse vitte. A Pau, lou darrer de février '1568. Vostre obéissant et affectionnât servidour. D'ARROS.

A Monseigneur, Monseigneur de Lescar.

102. Autre ~e«)'e[Mtse en demeure de l'évêque de serutr la jReme]. Monseigneur. Jou ey recebut vostre lettre contenente nou vous poudets trouvar à Ortez au jour de l'assignation baillade aux prétats, barons et autres nobles deu present pays, et que per lou regard de vostre personne vostres excuses [sien] admetudes. Mes de tant es à present question deu servicy de la Regine, noustre souviranne Dame, et que chacun sy non pot far tou deber qui es tiengut, à cause de son bien temporal, fins et autres drets et biens' nobles, en personne, y'deu tremetter personnages adrets, montats et armats en bon equipadge, per satisfar à son deber, de que vous ey voulut avertir, vous pregan, nou remeins, enjoignem et exortam, comme representan la personne de la Regine, en aquesto

(1) Il y a là quelque mot omis, mais le sens se comprend. (2) Dans le texte c qui padge t.

(3) Ou plutôt « pregarey ».


endrët, de vostre part tremetter tals personnages en l'equipadge que deus qui se troben en la ville de Lescar, lou vingtal jour de present mes,'ond nouvelle assemblade es assignade, prets per marchar là part qui sera avisat, ab intimation qu'à faute de so far, sera procedit à ouverture de manmise de vostres biens temporaux, fius et autres drets, deus quoals ets hommageable à Sa Majestat, pregan Diu, Monseigneur, vous donnar en santat bonne et longue vitte. De Pau, lo.u 13 de mars 1568. Vostre obeissen et affectionnat servidour. D'Aunes.

A MoMse~MCU)', MoHset~Mem'deZescoM'.

103. Extrait des ~e<s<res dtt .Pa~c'KOtt. [Me~n~nse SM)' ~a)'</en<despfn'~CM<te)'s.] Lou 26 de janvier..1568, per Messieurs d'Arros, gouverneur et loctenent general per las armes, Lavigne et Etchard, presidens, Bordenave, Casa, Spona, Los, Laborde, Lamote, Poey, Marca, Tisnee, Fenario, Gillot et Casenave, !ous touts assemblats et tractans deusaffars extraordinarisetoccurens pertatuition et deffence deu présent pays et conservation de l'autoritat de Sa Majestat, et considérais lous esforts qui se fen de toutes parts fore Ion présent pays, ab intelligence de plusieurs personnadges, et que per y prouvedir es besoin lhevar augunes.sommes suus tous personnadges qui auran commoditat d'en fournir et per aqueds metter en mààs deu tesaurer de la dite Dame ou de son commis, per la solde de las compagnies ordonnades per la deffence que dessus, juus bonne assegurance et rescription, qui en sera autrejade aux dits personnadges suus lous biens et domany de la dite Dame, tant deu principauque interets. Restat que touts et chascuns diners qui se troubaran tant en mààs'deusbpurges que autres negociadours, en lou présent pays, sien habitans ou estrangers, sëran arrestats et incontinen metuts en maas deu tesaurer, ou son commis, per estar emptegats à tas fins que dessus, et per assegurance de toutes et chascunes las sommes qui seran per so dessus recebudes, sera baillade assegurance aux dits personnadges et chascun de lour respectivamens suus touts et chascuns lours biens, qui après sera avisat plus commode per tous dits marchands, et rescription suus lou dit tesaurer ou son commis, tant per lou ,pagamen deu principal que deus interets, deus purmers diners qui seran et prouviendran deu dit domany, ab assignation que entro au pagament de la somme principalle, lous interets dequere seran pagats cheins difficultat per lou dit tesaurer, et ait medix


tesaurer tais pagamens autreyats et passats en la despence.de sons comptes. Actum à Pau, en ton Conseil, lou dit jouret an. D'ARROS, G. DE LAViG~E, signés sur le registre.

104. Lettre de radoocat général à Mr ~'e~csgMC [sur des !'es<ttt~oKs de &etcn<]. Monseigneur. Ayant entendu par ce porteur que desirez sçavoir de moy nouvelles surle fait des marchands d'Ossau, Aspe, Barétons, et autres de ce pays, qui ont souffert jacture de leurs biens qui ont esté pris par commandement de M. de Monluc, vous avertis que certains personnages des dits vals et autres sont venus présenter au Conseil requetes aux fins qu'ils eussent quelques 'moyens et remèdes convenables pour leur estre restitué à chacun le bien qui a esté prins, signanternent le bestail" gros, qui valoit plus de deux cents mil escus, ainsy qu'ils disent, ausquelles requettes ils n'ont eu appointement que au prealable ne soit enquis sommairement de la publication et execution de l'édict du dit seigneur de Monluc, par lequel il declaroit touts les Bearnais, qui seront-trouvés en son gouvernement de Guienne, prisonniers de bonne guerre jusques a tant que par le Boy de France autrement y sera pourveu; sur laquelle provision les sindicqs du pays, joints avec Messieurs les advocats'et procureurs generaux de la Reyne, ont commence d'enquérir de la publication et exécution du dit édict. Nous n'avons autres nouvelles par deça qui méritent vous estre escrittes là-dessus pour la fin de la presente, après avoir prié [D.ieu], Monseigneur, vous augmenter ses saintes grâces, me recommandant très humblement aux vostres. De Pau, ce 15 février 1568. Vostre très-humble serviteur. DE S.Cmco (t). A Monseigneur, MonsoyncMf de Lescar.

105. Lettre à Monseigneur de Lescar [sur les projets de Jeanne d'Albret]. Monseigneur. Ce jourd'huy est passé icy un messager des parts de la Reyne allant devers M's de Grammont et d'Arros, leur porter lettres de sa Majesté, laquelle, à ce que le dit messager nous assuré, se porte fort bien, comme le sont aussy Monseigneur et Madame, ses enfans (2); et aussi qu'elle estoit allée

(1) Sans doute Bernard de Saint-Cricq, reçu conseiller le 13 novembre ')570,AtaptacedeJ.de&assion.

(2) Henri et Catherine.


à rassemblée des princes à Niort: (1) pour résoudre ce .qui leur convient.faire et que cependant Sa Majesté envoyé des grandes forces de par deça, pour garder son pays et son peuple d'oppression, et l'a dit non pas pour l'avoir ouy dire,' mais pour avoir laissé et veu les compagnies près Bergerac pourparler avec Monsieur de Monluc. Et par ce que nous vous assurons, ne vous sçaurions mander nouvelles plus agréables, estant vous sy prochain de Sa Majesté et qu'avez désiré toujours, comme le faites, son bien, repos et accroissement de sa grandeur, avons député Messieurs de Laborde et de Tisnées, les conseillers, pour les vous apporter avec cette présente, ensemble pour vous monstrer et supplier de quelque chose pour son service et vostre et bien publicq, vous priant les croire comme venans de ceste compagnie qui est entièrement t affectionnée à vous faire service, d'aussy bon cœur que saluons vos bonnes grâces et prions le Sauveur du monde, Monseigneur, vous donner en parfaite santé, longue et heureuse vie. De Pau, ce premier février -1568, vos humbles et auectionnés serviteurs, les gens tenans le Conseil de la Reynesceant à Pau. DESALETTE(2). L'original (3).

A Mbnse~HCM)', Monseigneur de Lescar.

106. –Atth'e /e<t)'e. [L'euëgue est convoqué à Lesca)' pottr la dë/'ensc dit pays]. Monseigneur. Estants assy assemblats per la conservation deu pays, nous, au nom et pregaries de la plus grande part de la noblesse, abem~voulut escriber la présente, per vous pregar que per la conservation deu pays, vous vous bouillats troubar dimerx au see, qui es lou 13 deu présent mes d'avril, ou lou quatorze, à disnar en la ville .de Lescar, per conferir deus affaires qui se presenten, vous pregan de nobeig, per lou bien deu pays, non bouillats faillir à estar l'un deus dits jours au dit Lescar, pregan Diu, Monseigneur, que vous donne sa grâce, et me recommandant bien à la vostre. DE BORDES, aquest dimars matin,

(1) C'est-à-dire l'armée des Princes de Condé et de Navarre. Elle se trouvait, en décembre 1568, avec l'amiral de Coligny, à Niort, où la reine de Navarre les vint trouver, « On résolut, disent les .Mémoires de Tavannes, de vendre et engager le temporel des ecclésiastiques pour subvenir aux affaires de leur parti. Niort est le chef-lieu actuel du département des Deux-Sèvres. (2) Le président Jean de Salettes, qui mourra en: juin 1571. Ne pas oublier que février 1568 est, en réalité, 1569.

(3) Stc.


12 d'avril 1569. Vos plus obeissens compagnons. Signats à l'original. Lou scMec/to~ baron de Gerderest, b~t'ott de Navailles', et de LMye)',sctMdtcgde-Be6tfK('l).

~4. Monseigneur, Monsei~neM)' de Lescar.

107. ~a?<r<'t!t des Registres dtt Pat'~etKCHt [sur les UKpo<s des ~t'e~es]. Vistes las requestes presentades per M~ Pees de Lajusan et consorts, rendadours deus greffes deu Conseil de la crampe criminatte et cour deu senechal, notaris, pedanes, et aussy deus fermiers de las baylies, peadges, pontadges et capsoos, Ions touts supplicans à M;.deTarride, loctenent gênerai, per obtenir rebaix de las sommes per luy distreytes (2) per estar deu tout aquitats, et aussy la requeste deu sindicq deu pays, procedure feyte per M" Jean de Bordenave, conseiller et commissary, et lou diser deus procurary general et sindicq deu pays Restat tou Conseil es d'avis que tous rendadours son tienguts de pagar au prorata deu temps, qui lour an jouit integramen deus esmotumens deus dits greffes, sçaber despuix lou jour et feste de la Toussaints proche passat, seguien tous termis et contenguts de leurs obligations, suus so per lous dits greffiers autrejades. Aussy tous semble que lous dits greffiers deben estar quittis de tout so qui lour pouyre estar demandât per tous mees d'avril, may et juin, que aussy per lou present mees de juillet, attendut per la incommoditat de la guerre, notoriment appar que tous dits greffiers son estats privats deus esmotumens deus dits greffes pendent tous dits quoatte mees. Et neanmeins, attendudes las urgentes necessitats et que tous dits greffiers eren tienguts pagar à termis desja passats so que tous pot toqnar per raison deu dit mees de may, deben estar constrets à pagar so que deben et estar compellits de avançar so que tous toque per lou mees d'aoust prochain venent et adjustan tou dit mees de may ab tous tres d'aoust, septembre et octobre prochains venens, tous dits quoatte mees ensemble joints fasent lou darrer pacq. Lous dits greffiers pagaran tou compliment intègre deu dit darrer pacq, à la teste de Saint Miqueu, prochain venent, à la charge que lour continuaran l'exercicy deus dits greffes et y faran touts actes

(1) Ce sont les chefs du parti catholique. Sans doute, le pauvre évêque donnait des gages aux deux partis. Le baron de Navailles était Henri de Peyre.

(2)DansIetexte<:perIourdistrest~.


requerits entro à la Un de la presente anneye. Et per tou regard deus fermiers de las notariés, cours pedanes, etc., etc., tous dits fermiers deben pagar tous pacqs entro à présent escaduts, cheins prejudicy de se retirar en Conseil per estar enquerit deus damnadges qui pretenden aber patits à occasion de la guerre per après tour estar feit rebaix suus tourdarrerpacqainsy que de rason. FeitàLescar,lou24dejener,1569('l).. 108. Lettre de Tat'ftde à M. de Lescft)' [au sujet d'un blesse]. Monseigneur. Parce que Thomas Dagien. pauvre canonier,aesté blessé en faisant service au Roy et qu'il a esté constraint à séjourner en quelque lieu pour se faire guérir, attendant que j'aye quelque plus -grand moyen de le récompenser et qu'on aye averty le Roy, je vous prie luy vouloir faire donner nourriture en vostre maison, car outre que fairés au nom de charité, je ne faudray aussy à faire entendre à Sa Majesté avec la bonne affection que vous avez à son service, qui, pour ta fin de la presente, après m'estre recommandé bien humblement à vostre bonne grâce, prie Dieu, Monseigneur, vous donner sainte, longue et bonne vie. De Pau, le 28 avril '1569. rostre bon et affectionné amy à vous faire service. TARRtDE.

Et au dessus. A Monseigneur, A/OMsc~/Meu)' de J~escot)', ù jLescft; 109. –.E'x;<ra~ des }'~<s<)'e;} dtt P~f~cHtent. A Pau, lou 30 de juillet'1538, per Messieurs d'Escure, Neys,Marca, Poey, Candau, ton visitades las pesses produsides per devant Messieur de Foix, comme deputat per lou rey à la construction et bastiment deu fort qui s'en fé en la ville de Navarrenx, per part de Jeanne de Eargouriés, habat de Suus et hereters de Taillac, touquant la réparation et la estime (2) de la dite mayson sie detiuradeà à la dite Jeanne, tour (3) au prealable empero se obligan baittar fërmance sufficiente de restituir et tournar talle estime et diners, quoan per justicie sera ordonnat, et de estar a dret complir et pagar, toute cause connegudeetjudjade; entro la dite somme, et qu'aquets (4) pretendens aber intrests à fa dite estime, perseguiran et démandaran tours (1) Janvier 1570.

(2) Dans le texte « de la estime ».

(3) Dans le texte luy »..

(4) Dans le texte « quagen ».


fins per justicie ordonnar cum bon et vist leur sera. A Pau en Conseil, lou dit jour et an.

110. TttKccm des proscrits, publié le 9 Kouenti~f'e '1569 (1). Lou 9 de nouvembre, à Pau, en Conseil, fon vistes las sentencies publiquades contre Messieurs Claude Regin (2), evesque d'Otoron, M~ Joan de Bordenave (3), Hieronim de Marca (4), Bernard de Poey (5), Guilhaume Laborde (6), Frances du Puy (7), conseiller cydaban de la Regine, Armand de Gontaud, S'' d'Audaus, senèchal qui soule estar dé Bearn (8), Bernard de Castesbaiq, baron adventicy de Navailles (9), Gabriel de Bearn, baron de Gerderest (10), Valentin Domasan, baron de Moneing (tl), Joan deVieiepihte,

(-!) Voici un document qu'on peut qualifier de tout premier ordre et inconnu jusqu'à ce jour. Quelques noms sont mal écrits, mais la plupart peuvent être identifiés. Cf. P)'oces-~e)'ba! de la /e)')Ke. a Mot'~&s, etc., p. \)x. (2) Claude Regin passa en Espagne d'où il revint à Vendôme; il y mourut vers 1595.

(3) Jean de Bordenave, nommé président du Conseit souverain par le parti catholique.

(4) Jérôme de Marca, grand-père de l'historien du Béarn.

(5) Bernard de Poey revint en grâce, car il est remplacé le 5 novembre -t576 par Bernard de Saint-Cricq, comme, conseiller, d'après I'A'<a< des o/tCt'e)'s souvent cité.

(6) Guillaume de Laborde fut remplacé en 1576 par Jean de Boei). H est mentionné par l'historien Bordenave, p. ')31.

(7) François du Puy sera un des nouveaux membres du Conseil souverain établi par Terride. Les deux frères du Puy ou du Poey étaient de Lescar: H y avait deux frères, François et Jacques. Ce dernier fut pendu par ordre de Mongommery le 24 août 1569 avec le chanoine Bertrand de Latorte. Leur sœur, Bernardine, était alors veuve de l'avocat Martin de Lacu. Leurs biens furent saisis et confisqués. Voir notre travail Zn Hë/o'Mte eM .Be<M'M, publié en 1896 dans les ~)'c/ /tt's<. de la Gu'OMde (tir. à part, p. 21) et Bordenave, p. 281.

(8) Personnage très connu et variable. Après avoir été catholique très militant, il devint lieutenant général du Béarn en .1584. Cf. t.es~<y;teMO<s dans le jBenrM, p. 99.

(9) A identifier.

(10) Massacré à Navarrenx avec les autres seigneurs catholiques en août 'i569.

(l't) V. de Domezain, capitaine catholique basque bien connu. Bordenave cite ses hauts faits, pasiiMK.


baron de Gayrosse (1), Charles, seigneur et baron de Luxe (2), Jacmot de S'" Colome, seigneur d'Esgoarrebacque (3), Jacques, son purmer fils, Tristan, abat de Sauvelade, son autre fils (4), Antony de Montesqiu, seigneur de S~Colomme, capitaini Bernard de S'" Colomme, son fray (5), Henri de Navailles s'' de Peyre (6), Guy de Gohas, son gendre. (7), Frances de Bearn, dit lou capitainy Bonasse (8), Frances de Meriteing (9), Frances de Lassalle, s'' de Candau (10), Pierre de Lassalle, son fray, Antony s'' de Suus (11),

(1) Ce baron de Gayrosse, J. de Viellepinte, est mentionne par Planté dans son ouvrage sur la Bo'OKMte de Gftt/rosse. Cf. Bttll. de la Soc. de Patt, t. XIX, p. 67. H est en Béarn en ')57d et vend la baronnie en 1582. 7~t'd. (2) Charles de Luxe, chef catholique basque très connu. Cf. tous les auteurs du temps et surtout Les 7~M;/M<'Mo<s dans le Béarn. (3) Jacques, père des deux suivants. On ne dit pas ce qu'il devint. (4) Les deux fils de Sainte-Cotomme furent tués au siège de Tarbes, raconte Bordenave, p. 303.

(5) Antoine, fils d'Imbert, va à Tarbes en ~587, Bernard est gouverneur de Metz en -)582. Voir leurs notices dans Les 7/it~tfeMO<s dans le jBëcn'n, pp. 50 et -)27, et Z.es7yt~MeNO<f, en Bt(;o)-)'e, pp. 205, 238 et 278. Il est facile de se tromper sur la parenté des Sainte-Colomme. D'après Les .H~/MOM~ en Bt'yo)')'e, Antoine de Lomagne, seigneur de Sainte-Colomme, fils unique de Jean-Thomas et de Mengette de Sainte-Colomme, fut massacre à Navarrenx, le 25 août 1569. Ses biens passèrent .aux Montesquieu sur la tête d'Imbert, son cousin germain, d'Antoine et de Bernard de Montesquiou. Il s'ensuit que les Sainte-Colomme, de Béarn, tués au siège de Tarbes, étaient d'une autre branche.

(6) Gouverneur de Pau, étabti par Terride. On lui reproche le meurtre de plusieurs protestants de marque. II parvint a s'enfuir après les victoires de Mongommery. Henri de Navaittes, seigneur de Peyre et d'Arbus, était marié avec Michelle de Courcelles, qui fut obligée de quitter le château d'Arbus. Leurs biens furent connsqués et vendus. Cf. La ~e/b)'Me en Bëfo'n dans les ~lt'c/ Hist. (le la G:)'oKde, de ~896: Henri de Navailles, seigneur de Peyre, ne fut pas tué sous le pont de Hagetmau par le. capitaine Saint-Lizier, comme on t'a écrit. Il mariait sa fille, veuve de Guy de Gohas, massacré a Navarrenx, avec le baron de Méritein-Lagor, le 'fc' janvier 't573. Voir Les ~tM/MeMotfi daMs le BëafK, p. 59, n.

(7) Massacré à Navarrenx.

(8) Tué au siège de Tarbes.

(9) Ce Méritein s'était marié en pays basque. Voir sur Gohas, ~)'c/t. B.-P., E. 't489. Voir la supplique d'Anne de Domezain, veuve de François de Méritein, et les lettres de grâce du 16 avn) -t57~. /td., B. 2-t87. (10) Massacré à Navàrrenx.

('M). Antoine Gabriel, massacré a Navarrenx.


lou capitainy Salies ('!), Fbrpelat, s'' de Laas (2), Messieurs Joan, s'' d'Ydron (3), Lanusse s'' de MeHton (4), Caubios (5), l'abbat d'Eslaybu (6), !ou purmer filh deu s'' de Danguin, abat de Lendresse (7)', lou cadet de Baure (8), Bertrand de Miossens (9), s'' de~ S. Faust (10), son fray, lou protonotari Cassagnère ('t'1), Soter, abat' d'Estorenties, SOlér, son fray, )ou rectour (t2),' Conte ()3), abat dé'

(1) Massacré à Navarrenx.

(2) Perarnaud de Forpelat, tué à Oloron, cité par Bordenave, p. 196. (3) Jean d'Idron, chanoine de Lescar, tué au siège de Tarbes. Ibid., p. 303.

(4)' Meitton, commune de l'arrondissement de Pau. Antoine de Lanusse eut ses biens confisqués. Les Huguenots dans ~e BeafK, p. 91. (5) Le seigneur de Caubios, réfugié à Toulouse, est indiqué comme absent et fugitif dans le P~ocës-t~'ba~ de ~t/'e)'me. des biens deZesca)', Ca!t6tQS, etc. ~t-c~. B.-P., B. 2161, et ~)-c/t.-Ntsf. de ~t ûo-oMde, XXXI, p. 54 du tirage à part. Sa femme,' Jeanne de Brualh ou Bonal, était encore à Caubios le 16marsl570.7btd.etp.53.

(6) Jacques de Minvielle, seigneur d'Eslayou, tbtd., p. 8. Jean de Soulenx, seigneur d'Estayou, de Lescar, était dans le même cas; P)'océs-oe)'ba~ de la /'e)')Ke. t't Mot'~acM.~Toulouse, Privat, Bibl. )Më)'d<OM., t. VI, in-8o, p. 44. (7) Denguin, commune du canton de Lescar. Lendresse, du canton de' Lagoi'. Nous n'avons pas de renseignements sur les deux personnages mentionnésici.. 1;

(8) Le château de Baure est à Sainte2Suzanne.

(9) Bertrand de Miossens, seigneur de Samsons, lieutenant du seigneur de Peyre, gouverneur de Pau. Ses biens furent confisqués. Les JFf:<~MeMO<s dans <e Béarn, p. 86, et .4~-c/t. B.-P., E. 340.

(10) It doit y avoir une faute de lecture, car c'étaient t'évoque et le chapitre. de Lescar qui étaient seigneurs de Saint-Faust.

(11) L'es deux frères étaient Bernard, seigneur du lieu de Peyrelongue, et Gratien, « dit to coledjat ». Leurs biens furent confisqués. Voir le ProcésDe')'!«:t< de ~[ /'e)'M?é. (t .MoWaus, Lembeye, etc., p. 155, la procédure faite, pour )a forme, de ces biens; nous'y y parlons à tort, en note, des ~lettres de gràce de Bernard. Le « protonotaire )) était le collégiat Gratien. (12) Bernard de Soler, absent et fugitif, t'bt'd., p. 86. Ses biens sont vendus. t'bfd. Sa femme était Anne de Candau, p. 237. Ses lettres de gràce sont t'bt'd, à la p. xxvt. Jacques de Soter était curé de Sedzere, tbtd., p. 129. Les deux quartiers principaux sont Eslourenties, dobaM et dct)')'e<

(13) Les membres de cette famille étaient Gauthier, Domenge, curé de Lucarré et Labatut, Pierre, Catherine et Madeleine. Gauthier s'était enfui. Domenge, curé, très vieux et boiteux, était encore ta en 1570. Pa~soM au P}'ocM-t'e)'ba~!déjacité. o


Lucarre, Abère (1) Joan de Suus (2), maridat à Labadie (?) t'abat de S' Armo (3), l'abat d'Arrien (4), Bernard de Pées de Labarthe (5), frays abats de Barinque (6), S'Martin d'Abos (7), l'abat de Sinceu (8), Badet de Lucq (9), Lartets''de Labeyhe (tu), l'abat de

(1) Johannot de Cauna, seigneur d'Abére, tué au siège de Navarrenx, dont les biens furent confisques; la vente eut lieu a Abère te 10 mars 1570. Cf.P)'oc~s-ue)'&<'(~deMo!~aa;i,p.51.

(2) Le capitaine catholique Sus, massacre à Navarrenx, s'appelait AntoineGabriel. Un autre capitaine catholique, Sus de Boügarber, est aussi mentionné par Bordenave, p. 202. Peut-être s'agit-il ici du dernier, cite encore dans le Proces-ue~a~ de ~t/e)'me. « Mo~aos, p. 209. I! y a ensuite des fautes de lecture.

(3) Dans le texte « dcbaig de S. Armo » que nous corrigeons en l'abat. Arnaud d'Abbadie, abbé de S. Armou, est cité dans le P)-océs-ve}'&<~ de Mp)'~((s,p.92.

(4) La cure d'Arrien (canton de Mortaas) fut affermée, dit le Pt'ocM-fo'&n~, souvent cité, mais on ne parle pas de l'abbé laïque.

(5) A voir ce texte, oh se demande s'il ne faut pas lire « Bernard e< Pées de Labarthe.

(6) Les deux abbés, de Barinque (canton de Morfaàs) étaient Bithére et son frère, Pierris, « abscentz et fugitius », dit le P~'ocM-ro'bft~ de la vente de leurs biens, p. 24.

(7) Il y a deux Abos, de Monein et de Lembeye. Nous ne savons pas d'où était le proscrit.

(8) Simpceu-, ancienne paroisse, commune de Lasclaveries, dans le canton de Thèze. Le Procès-verbal des saisies nous révèle le nom de cet abbé laïque, Odet d'Abbadie, <: ung. deus d. conjurats », et de N. F. de Bordenave, sa femme, pp. 19 et 20.

(9) Badet, de Lucq. Ils y étaient nombreux et apparentés n ceux de Monein. Nous n'avons pas les éléments nécessaires pour identifier celui-ci. (10) Les Lartet étaient d'Orthez. La mère de notre grand Marca était Catherine de Lartet, fille de Bernard de Lartet, seigneur de Labeyrie, et d'Isabeau d'Abbadie. Voir nos /)ocMMMK~ sur ~fttfcat et s(t /aMM~e, dans le t. XXXIX du Bull. de la Soc. de Pmt, au nom de Lartet.


Vignertes cl), Nostiu (2), Soncolan (3), BorSes (4), Sentabit (5), Visanos, capitaine (6), GuiHafopt, capitaine (7), Arrac capitainy (8), Pierre, capitaine (9), Arnaud Gazenave ('10), de Buignein, Arnaud de Lacondie (id), Manescau, de Nay (12), Montaut, de Bielle (13), Sabatter (14), Précillon (15), Aren(16), Laffargue, juge d'Ortès (17),

(1) Vignerte, abbaye laïque-de Saucède, canton d'Oloron.

(2) Nousti, commune du canton de Pau-est. Le seigneur Candau de Lassalle d'Assat, massacre à Navarrenx, y avait des biens. Rôle des saisies par Fenario. Les Huguenots dans le jBettt'K, p. 90.

(3) Nom mal copié. Peut-être Sainte-Colomme? La saisie est indiquée tptd. p. 88.

(4) Impossible à identifier. Peut-être du canton de Nay, ibid. p. 84. (5) Saint-Abit est un village du canton de Nay. La maison du curé fut saisie. Cf. Les Huguenots dans le Bëam, p. 89.

(6) Le capitaine Bizanos nous est inconnu. Les Vigneau étaient seigneurs du lieu.

(7) Raymond d'Ostabent, dit le capitaine Guilhassot (et non Guilhafort), est cité par l'historien Bordenave, p. 305, Les Bn~MfKO~ dans le Béarn, et notre Pt'océs-uo'bo~ de la /erme. à Mot'~cuts, etc. Sa maison seigneuriale étaitaGerderest, où ses biens furent confisqués et vendus, pp. 61, 159, ainsi qu'à Juilhac, p. 67.

(8) Le capitaine Pierre d'Arrac, de Gan, dont la mère fut Gratienne de Luger, était le frère d'Arnaudine d'Arrac, femme de Jérôme de Marca. Les Huguenots dans le Bëat'tt, p. 88, et surtout nos Documents sttt' Mo'ctt et sto' sa famille, dans le Bull. de la Soc. de Patt, t. XXXIX. (et tir. à part, p. 49). Il était marié avec Catherine d'Abbadie, de Mas)acq. (9) Le capitaine Pierre du Tilh, d'abord protestant, puis catholique, appelé tout court < le capitaine Pierre » par Bordenave, p. 132. (10) Bugnein, village à côté de Navarrenx. H y avait, en 1561, un Pierre de Cazanave, marchand à Navarrenx, dit Bordenave, p. 130, note 6. (11) Ce nom a sans doute été mal lu.

(12) Nom bien béarnais, personnage inconnu.

(13) Raymond, dans son édition de Bordenave, p. 246, note 3, nous apprend que les biens de Montaut furent confisqués. Arch. B.-P., 2154, p. 11, E. 1739, 1859.

(14) Inconnu. A moins que ce ne. soit un quaiificatif de profession < cordonnier )).

(15) PréciUon, commune voisine d'Oloron. Johannot de Luger était seigneur de Précillon. Ses biens furent confisqués. Voir nos Docttm., .L p.153.

(16) Nous ne connaissons pas les seigneurs de Geus et d'Aren; Les inventaires des saisies dans ces paroisses ont disparu.

(17) H est beaucoup question de Me Pierre de Lafargue, juge d'Orthez, dans l'enquête sur B. de Coulomme, relative à la prise de Salies par les catholiques. Voir nos Documents, t. I, pp. 173-177.


Luger,sc[ndicqdeBéàrn('l),Sorberio(2),Na['beja(3),Supersantis(4) et Lataste (5), advocats, de Lapadu (6), procurayre, Rospide, jurat de Navarrenx (7), Gramont, jurât de Morlaas (8), Semmolun (9), jurât de Sauveterre, Casenave, abbat de Lareule (10), Lactau (tl), officiàl d'Ortes, Lartet (12), de Luger (13), canonges, Abbadie, rectour de Barcus ('t4), Lassalle, Moto, Pausader, Carsusan, Marsiens

(')) Martin de Luger, l'un de nos plus grands partisans catholiques, dont te nom et les faits se trouvent partout dans les documents de l'époque. H fut syndic des Etats de Béarn. (2) Bernard de Sorbério, de Lescar, avocat, dont parle Bordenave, p. 254, et dont nous avons publié l'inventaire et la saisie des biens, DoctOK. J, p. 137. Son valet, Raymond de Pérer, le trahit amplement. (3) L'inventaire de la saisie des biens de Me Jean de Narberia à Oloron, le 22 décembre ')569, est indiqué dans nos DocMMt., I, p. 153. (4) Jean de Supersantis, l'avocat et le partisan catholique de la vallée d'Aspe, est partout mentionné dans les récits du temps. Nous verrons qu'it mourut assez vite après 1569.

(5) Un Lataste était capitaine huguenot, d'après Bordenave, p. 303; donc pas celui-ci.

(6) Lapadu est un nom de Salies, mais nous n'avons trouvé nulle part mention de ce personnage.

(7) L'inventaire des saisies de Navarrenx est perdu.

(8) Johanotou de Gramont est bien connu. Voir notre P)'ocë6'-ue)'&a~ <7e la /'M'me. ('( Mo)'<n«s, e<c. Il fut gracié, ibid., p. xxx, note 1, et ~rc/i. B.-P., B.2't73..

(9) Ce nom été manifestement estropié.

(10) LaReute, commune du canton d'Arxacq; abbaye bénédictine fondée en 977. Il s'agit certainement ici de l'abbé laïque. Autre La Reute en Bigorre. (') I) Bernard de Laclau, curé de Saint-Pierre d'Orthez et officiât, alla à Salies, commissionné par Terride, pour y rétablir les autets..EKgMK<e, déjà citée. DocMHt., I, p. 194. Plus tard, il oublia sa vaillance, renonça à sa foi et retourna à 'Orthex où il devint avocat. Poeydavant, Hist. (les <)'OM&~e.~ II, p. 16 (in-8o, Pau, Tonnet, 18-t9).

(12) Tristan de Lartet, chanoine de Lescar, un des chefs catholiques, qui se ré."ugia à Toulouse. Voir l'historien Bordenave, pp. 127, 128. C'était un oncle ou grand-oncle maternel de Marca.

(13) Arnaud de Luger. Cf. Le Pfo<e~t<M<MMte~ eK Bëttt'M, p. 389, et ~Irc~. B.-P., E. 1286, fo 296.

(14) Barcus est en Soule, alors pays de France, et non dé Béarn, ni de Navarre. Ce curé avait du suivre Luxe on ne pouvait pas le poursuivre hors du Béarn.


et Poey (1), canonges, Lagnant d'Anoye (2), Gestas de Pochan (3), obrer et lou cardayre Moreu, Carosse et Pistolet (4), Joan et Antony de d'Esporry (5), Lassalle de Sanson (6), Tausiet (7) d'Oloron, Tasta de S'°. Marie (8), Petreigne, apperat lou capitani Posquite (9), PoyanedeS~Marie(tO), Colomer de Precitton(ll). Et. restat, en interinen (12) las fins deu procurayre general, a unit et incorporat touts tous biens saisits, appartenents aux dits personnadges, au patrimony de Sa Majestat, et ordonnat que dorsenavant lous dits biens seran regits de la mediche sorte que lous autres biens-de Sa dite Majestat per son tresaurer ordinary deu present pays, auquoal sera baillat double de las dites sentencies et procedures en bonne forme, et aqueres pourtades en la Crampe de Comptes per.lou procurayre general, aux fins estar ënregistrades en la mediche forme que tous autres biens deu patrimony de Sa dite Majestat. Actum à Pàu, en Conseil, lou dit jour et an. /A SMtt)re./ V. DUBARÀT.

(d) Tous noms inconnus. Carsuzan et Jean de Poey étaient chanoines d'Oloron. Voir Bordenave, pp. 127, 128. Marsiens (?).

(2) Anoye, canton de Lembeye. Le nom du proscrit a été mal lu. (3) Mauvaise lecture, certainement du nom de résidence de cet ouvrier, cardeur de laine.

(4) Moreu, Carosse, Pistolet, des inconnus.

(5) Bordenave raconte, p. 248, que Jean Despourrin d'Oloron fit massacrer les ministres de cette ville, Bertrand de Ponteto et Antoine Buisson. (6) La SaHe de Sanson, inconnu. Peut-être faudrait-il « et Samsons ». (7) Tausiet, inconnu. (8) Alamanet de Tasta, avocat catholique très actif dont Bordenave parle beaucoup, p. 'H3. 11 souleva Oloron contre les protestants, p. 126. (9) Peut-être deux noms. Bordenave parle du cordelier Pesquitez, qui excita une sédition à Oloron, p. 131.

(10) Inconnu.

(11) Un Colomer était conseiller en 1552, d'après le jBM«e<t'M de P<Mt, t. XXXV, p. 52.

(12) Dans le texte « intervienen » qui n'a aucun sens. Nous avons corrigé ainsi « En entérinant les conclusions du Procureur général. »

J. LESBORDES, imprimeur-gérant, 8, rue Péré, TARBES


Vestiges gallo-romains

A BENTAYOU

Maigre les nombreuses études qui ont été faites surSu)pice-

Sévère, on ignore encore le lieu de. son. origine et'ce)uideses dernières résidences. On l'a fait naître et résidera Carcassonne, a Agen, à Bordeaux, dans le Comminge, en Béarn, etc. Cependant, d'après les thèses soutenues par des savants comme Curie-Seimbres, Longnon, Rosapetty et Ricaud, il semble bien prouvé que t'une de ses villas dite de Primu!iacum était à Saint-Sever-de-Rustan. Userait trop long ici de reprendre leur raisonnemenfet admettons ce que ces érudits ont cru devoir déduire des écrits de saint Paulin de Nole, contemporain et correspondant de Sutpice-Sévère, de l'histoire de saint Grégoire de Tours, de l'existence dans ce lieu du nom de Sever, de la tradition qui place le tombeau du tbndatenr, etc.

Des divergences d'opinion plus grandes ont surgi quand on a cherché à identifier le Vicus Sexciacus ou se trouvait une autre villa de Sutpice-Sévère. On a longuement discuté sur ces passages de saint Grégoire de Tours « 7)t/a to'tKtHM~ ante~ Beo)'rc<a)!a9 ut'bts, tu t'i'co Se~cctctceMSt S~ Jus~HMs </tt<esc!t. (de ~~0)'. con/ cap. 4~). Sf(nc<MS Seuo'us clipse presbf/<e)' o)'d(n6[<Ms. tH t'm'e (~mus Sea;e;acenst's, quod tH ejus sessions sustinebat, ecelesiarn ce~t/tC6n.'t<; c.KtndM iterum ~n alia 'villa aliud œdt/tcauf't <e~p~t~ Dei. ~'at (tu<em ht<e)' u.<)'asgttcecc~esiasspet<tM<KguctStMt~<m)M vigint.i. CttMKtM~emdtes c~onttKtcus ct~ucHts.set, celebratis tKtssisMno in lo co, ad alium pergebat (cap. 50). ))

Par ces textes, on sait que le territoire de Sexciac était dans les limites de la Bigorre, que saint Justin y reposait, que SulpiceSévèœ y avait ban une égUse et qu'il en avait une autre à une distance de vingt inilles. L'église non mentionnée étant à PrimuHac, il s'agit d'identifier la seconde bâtie à Sexciac. C'est ce qui fait t l'objet de notre étude.

Laissons de côté les divers auteurs qui ont ptacé Primuliac ailleurs qu'àSaint-Sever-de-Rustan et qui, par suite, ptacentégatement le Vicus Sexciacensis en dehors de la Bigorre. 1


Ruinart, la Gallia <t'ts<ta)ta, Larcher, Bourdette, Hascie de Lagrèxe placent Sexciac à Sers-en-Rarèges (1), Curie-Seimbres, àla suite de Lelrun, propose Saint-Jnstiu-de-Pardiac. MM. de CardaiUac, Rosapetfy et Gaston Balencie acceptent cette dernière hypothèse. Dans un de ses derniers ouvrages, t'abbé Ricaud suppose que Primuliac était une villa bâtie sur le territoire de Sexciac. Cette diversité d'opinions prouve bien que le dernier mot n'a pas été dit sur cette question. Sers-en-Barèges est trop loin de SaintSever-de-Rustan (2). Par ailleurs, Saint-Justin-de-Pardiac est si près, que les partisans de cette hypothèse déctarent que saint Grégoire a.dû se tromper lorsqu'il dit qu'une distance de vingt milles séparait les deux égtises « Saint Grégoire, disent MM. Norbert Rosapelly et Xavier de Cardaillac (3), n'était pas sans doute venu sur les lieux et il a pu facilement se tromper. »

il est bien difficile d'admettre que saint Grégoire se soit trompé. Il connaissait l'évoque de Gigorre, Améiius, qu'il avait vu au concile de Brenne en 580 et plus tard à Paris, et auquel il dut demander des renseignements. Or, t'évoque devait bien connaiL'e son diocèse et il dut donner des renseignements exacts. De plus, à cette, époque, Saint-Justin n'était pas situé dans la Bigorre.

L'opinion de l'abbé Ricaud est également contestable, car on ne saurait concevoir un domaine d'une si grande étendue (30 km. de Iong)appartenant au même propriétaire. D'ailleurs cette hypothèse ne résout pas la difficulté qui consiste à trouver l'emplacement d'une villa et d'une église à vingt milles de Primuliac. En présence de ces incertitudes nous pouvons donc conclure encore'aujourd'hui par ces paroles de Longnon « On est très peu uxé sur l'emplacement du Vt'cus Sexciacus. H faut attendre que les recherches des érudits bigourdans fassent connaître d'après des documents inédits ou peu connus quelque localité détruite dont le nom rappelle celui de Sexciacus et qui soit situé à une distance de vingt milles environ de Saint-Sever-de-Rustan, et en même temps dans la Bigorre » (4).

(~) Abbé XtCAUr), 6'u~xee-See~'c e< sa villa ae Primuliac a .SHtni-.Seuer-d'c-RtMtM, pp.33.33~.

(a) Environ 6oki)om~tres.

.(.)Z.aci'Md<'Btgorre,p.6t.

(&) La cité de Bigorre, par MM. RosApEUY et de CARDAfLuc, p. i5.


Cette localité serait-elle Bentayou ? II semble que les découvertes récentes et l'examen des lieux et des traditions locales mettent les chercheurs sur une nouvelle piste qui pourrait bien les conduire à la solution du problème.. Nous allons voir en effet que Bentayou possédait une villa galloromaine que cette villa était vingt mille de Saint-Sever-deRustan– qu'on y trouve encore le souvenir d'un monastère et d'une donation faite en faveur des pauvres. Si à toutes ces preuves on ajoute l'existence d'un lieu de dévotion, on peut bien se demander si ce n'est pas dans ce pays qu'aurait été l'église de Sutpice-Sévère ou saint Justin était honoré et par suite si Bentayou n'est pas l'ancien Sexciac gallo-romain.

H est certain qu'au ve siècle le territoire de Bentayou était situé dans la Bigorre. Dans une étude sur T~t cité et le diocèse de Tarbes, Lejosne dit que sa limite « passait à l'ouest de Lucarré, de Momy, d'Abos, du Luc )j (1). Elle comprenait donc le territoire de Bentayou qui se trouve à l'est .de ces villages. Le Montanerex qui ne fut réuni au Béarn qu'à la fin du xr~ siècle, à la suite du mariage de la vicomtesse Talèse avec 'Gaston le Croisé, relevait du comté de Bigorre. De plus, ce pays a été sous lajuridiction des évêques de la Bigorre jusqu'à la Bévotution. Or, tes évcchés ayant ordinairement pour limites celles de la cité, nous pouvons bien admettre qu'à cette époque ce pays se trouvait en Bigorre.

Actuellement, ce petit village est composé de trois quartiers Saint-Jean, qui formait autrefois la paroisse de Bentayou, SainteCatherine et Saint-Christau, qui formaient une seconde paroisse de « Labatut-Séren )) (2).

Les églises Saint-Jean et Saint-Christau ont disparu depuis longtemps. Le sol sur lequel elles étaient Mties a été vendu'à des propriétaires et seul le nom que portent encore ces terres indique le lieu de leur emplacement.

C'est auprès de l'église Sainte-Catherine qu'on trouve des restes de pavés en mosaïque. Les environs de cette église et du cimetière sont remplis de matériaux (murs, briques, cailloux rouges, mortier, charbon) qu'on découvre dès qu'on creuse un peu la terre. Ce sont

(t)~euued'~qut<N/ne,7°annHe,p.53~

(';) ~en<<* des Biens ecclésiastiques ~o/'O Labatut-Séren. « ).c t5 février ~gt, les otticicrs municipaux de Bentayou déclarent que la commune conprend le « quartier S' Jean, quartier Labatut Seréc, et quartier S* Cristolle x. (Arch. de la commune.)


tout autant de preuves qui mettent hors de doute l'existence d'une ancienne villa très importante. Malheureusement, jusqu'à ce jour, on n'a pas trouvé d'incriptions ou médailles qui permettraient d'établir ses origines.

La composition de ces pavés indique pourtant une origine galloromaine. Nous trouvons ici le même plan et la même composition que pour les autres mosaïques gallo-romaines, avec moins de richesse peut-être qu'ailleurs c'est d'abord le HMC~s dans lequel étaient enfoncés les cubes; 'ensuite la ~Mdere(<fo ou couche de mortier'composée de brique pilée et de chaux; enfin le s<a<MHtCM ou couche de gros cailloux. De plus, ces constructions sont antérieures aux grandes invasions, car, plus récentes, elles se seraient conservées longtemps; et dans ce cas l'histoire et la tradition en auraient gardé le souvenir. Cette villa fut brû!ée probablement par les Barbares.

Plus tard, les pavés qui s'étaient conservés sous les décombres subirent une première destruction lorsqu'on creusa le chemin de l'égHse et qu'on construisit une école près du cimetière. Ces divers travaux exigèrent le bouleversement de 100 mq. de terrain. Les chercheurs d'antiquités contribuèrent également à )eur destruction. Des vieillards rapportent avoir vu pendant leur enfance certains étrangers creuser la terre près de l'école et en emporter des blocs de pierre. Enfin la construction de l'église, ses diverses réparations et quelques travaux exécutés dans le cimetière ont été funestes à. ces mosaïques.

Malgré ces diverses destructions, quelques pavés et quelques pans de murs existent encore pour nous donner une idée de ce que devaient être ces constructions. La simplicité du dessin des mosaïques semble nous dire que la villa, quoique luxueuse, n'était pas pourtant d'une richesse remarquable. Le pavé est fait de petits cubes d'environ 0 m. 01 c. carré de diverses couleurs, jaune, blanc, rouge, vert, bleu et gris. Le blanc est formé de calcaire; le jaune et le rouge sont faits de terre cuite; le bleu, le vert et le gris sont en. marbre ou en pierre du pays. Ces diverses couleurs ont perdu beaucoup de leur éclat. Elles sont pourtant assez conservées pour pouvoir encore être distinguées.

Un bloc assez important a été mis à découvert. Il nous permet d'en retracer une partie du dessin. Le. long d'un mur, la mosaïque comprenait deux bordures de 0 m. 10 de large, l'une blanche avec quelques cubes rouges clairsemés, l'autre composée de losanges


jaunes et rouges alternés. Perpendiculairement à ces deux bordures, une troisième de même largeur et composée de deux cordons entacés de couleur blanche et bleue, séparait de grands losanges de 0 m. 40 de. côté et de petites circonférences de 0 m. 10 de diamiètre inscrites dans des triangles.

Ce fragment n'est pas le seul qui ait été mis à jour. Bien souvent, en creusant les fosses du cimetière, les ouvriers rencontrent des pavés en mosaïque qu'ils doivent briser. Ces débris nous font voir toujours la même composition et le même dessin.

Il semble que sur ces lieux la couche de pavés ne s'étend que sur une longueur de 60 m. et sur une largeur de 12 ni. environ. Une particularité qui nous permet de supposer que la villa était bâtie en gradins, c'est que le niveau de ces divers pavés n'est pas partout le même. Ceux qui se trouvent à l'ouest du cimetièrs sont plus élevés que ceux qui se trouvent à ['extrémité est. La din'érence de niveau est de 3 m. environ. Elle s'explique par la nature même des lieux la villa se trouvait sur le flanc d'une colline qui domine la petite vallée du Louet et d'ou la vue s'étend assez loin vers Vidouxe, Lascazères et Caussade.

Cette villa était-elle fortifiée? On peut le supposer. Le cimetière qui contient une partie de ces mosaïques est entouré de .fossés profonds de 3 m. qui ont donné à ce lieu l'aspect d'un turon artificiel. Il est de forme ovale et mesure environ 40 m. de !ong sur 30 m. de large.

Les fouilles n'ont pas encore dit leur dernier mot. Dans tes champs voisins de l'église, le chercheur trouvait encore des lieux à explorer. Pendant les grandes sécheresses, la terre laisse -deviner en certains endroits l'existence de murs souterrains. Ailleurs, des crevasses profondes se sont produites dans une prairie. Elles semblent indiquer la présence de constructions qui se seraient effondrées.

Il n'est pas étonnant que les Romains, qui cherchaient le confortable et la sécurité, aient choisi ce lieu pour y construire une belle résidence. On était d'abord à proximité de deux voies romaines. Un chemin, dit Roumii), venant d'Auch, passait à Vidouze, Luc-Armau, Lucarré et contournait pour ainsi dire la colline sur laquelle était situé.le domaine romain.

Une autre voie, moins importante, traversait le pays. Elle venait 'de Fot'utM A~<tt<)K (Nouilhan) (H.-Pyr.), traversait les landes de Lamayou au quartier dit « la Carrère », passait à Castéra-Loubix


où on l'appelle encore « la bie », se dirigeait vers Luc par les quartiers « Roumigou et Regaix de Sérée, et rejoignait ainsi la voie d'Auch à 1.500 m. de Bentayou au quartier dit « la Crouts deu May ».

On voit combien ces routes rendaient ta vie et les relations plus agréables si on remarque surtout que la capitale, ta Cité'de la Bigorre, se trouvait dans les environs (probablement à Saint-Léxer). De plus, c'était un lieu sur. D'un côté, à 2 km., se trouvait le camp romain qui est devenu te village de Castéra et qui devait être alors un de ces castra s(a<tu<'t où les troupes résidaient souvent. Plus près, au sud-est de Bentayou, au quartier Saint-Jean, se trouvait un oppidum. Ce camp, d'origine gauloise et romaine, existe encore. Il est situé à l'extrémité d'une colline et à la jonction de deux rivières le Louet et le Loueyt. On y voit encore tes remparts en terre qui.l'entour.uent et à l'extrémité nord un mur de 't0 m. de hauteur ayant appartenu à une tour. Ce camp a la forme d'un rectangle et mesure 75 m. X 32 m. 50. C'est une place qui avait été certainement utilisée pour la défense du pays. Il est curieux de constater que ce lieu a perdu son ancien nom romain. A une époque indéterminée, lorsque probablement les deux paroisses furent réunies, on utilisa les restes de cette vieille tour pour y installer l'unique cloche de la commune. Depuis lors ce lieu perdit son nom primitif et s'appela « tou Campanary )) (t). Le propriétaire de la villa pouvait donc vivre tranquille sans se préoccuper du danger, car le pays était bien gardé.

Longnon demande une localité détruite et située à vingt milles de Saint-Sever pour y placer le Vicus Sex'ct'actts de Sutpice-Sévère. Or, à vol d'oiseau, Bentayou et Saint-Sever sont distants de 25 km. Si on tient compte des ondulations du terrain, des détours que l'on devait faire on arrive à 30 km., ce qui représente exactement les vingt milles de saint Grégoire de Tours.

Cette hypothèse semble encore être confirmée par ce que dit l'historien Baillet (2) quand i) déclare que le lieu de Sessac était situé « vers les confins de t'Armagnac et du Bigorre. )) Si l'on étudie une carte du pays on voit que Bentayou est non seulement sur les limites du Béarn, mais aussi sur celles de t'Armagnac, celui-ci s'étendant à cette époque jusqu'à Maubourguet et Lahitte-

.(~Cadastre,Section B,n°~. 1. (:!))tt<~L'D~o~.cj't,p.3M,nutc!. 1.


Toupière. Ici encore la situation des lieux répond bien aux indications données par les historiens.

D'ailleurs ce quartier s'appelait autrefois Labatut. Ce nom n'évoquë-t-il pas par lui-même le souvenir de quelque maison religieuse? `?

Cette maison religieuse aurait possédé un domaine assez important. Plusieurs pièces de terre portent encore le nom de SainteCatherine. A :300 mètres de t'égtise, trois champs sont appelés: w. Ça))) '/c Dtft )) (1) et à cûté se trouve également )a « 7/oM)t dcDttt )). Tout près de t'égtise, une vigne était appelée autrefois « ~n cant ~c<(s pt'ct'tfbei! ». Une maison dite Laborde était aussi le patrimoine des pauvres, car les pauvres, avaient, dit-on, des droits sur cette ferme ils avaient la faculté d'y prendre et de se servir d'une paire de vaches pour cultiver leur petite propriété.

Sans doute, les souvenirs sont bien vagues, mais cela ne doit pas nous surprendre. H y a eu trop d'invasions dans le pays pour que l'histoire de ce temps ait pu se conserver dans toute sa pureté. Les Wisigoths, les Arabes, les Normands ont tour à tour pille, brute et dépeuplé le pays. Nous n'avons plus qu'une histoire très incomplète de notre pays.

Cependant, ces faits transmis par la tradition ne concordent-ils pas avec l'histoire qui nous dit que Sutpice-Sévère transforma, sa villa en maison de prière et qu'it donna ses biens à t'Egtise et aux pauvres?

Rappelons encore la persistance d'une dévotion dans le pays. Suivant saint Grégoire de Tours, saint Justin reposait au bourg de Sexciac et il se faisait de nombreux miracles autour de son tombeau. Encore de nos jours, Bentayou est le lieu d'une, dévotion qui doit être très ancienne. Les enfants atteints de certains maux, els que croûtes, ecxémas, sont « portés à Bentayou ». Les parents se présentent avec t'entant malade à t'égtise de Sainte-Catherine, y récitent une prière, et font toucher des linges a une toile qu'on ditavoir'été lè tableau de Saint-Christau. Us gravissent ensuite la colline au haut de taquette est le quartier Saint-Christau. Arrivés au sommet, ils s'agenouillent devant une petite croix en bois, plantée entre deux vieux blocs de maçonnerie, restes de l'ancienne chapelle. Là, ils prient de nouveau, déshabillent l'enfant, le revêtent des habits qui ont touché lé tableau, déposent la coiffure au pied de la croix, et se retirent.

(~)CHdastre,t.,n°'<:t,:tA.


Cette dévotion est connue dans toute la région. Souvent on vient de fort loin on ne recule pas devant nn long voyage à travers de mauvais chemins. Depuis quelques mois seulement il en est venu de Montaner, Vic-Bigorre, Saint-Lézer, Castéra, Momy, etc. Quelle est l'origine de cette dévotion? Ici la tradition est muette; .on doit se livrer aux simples conjectures. Actuellement elles'adresse àsaint Christophe. Il se pourrait que les Cagots, qui possédaient unhôpitatàBentayou(t)eussehtégatementunechapette à leur disposition. Dans ce cas, n'auraient-itspas substitué )eur patron à une dévotion qui n'existait plus qu'à l'état de vague souvenir? Nous n'osons dire que le peuple, voyant ces malades ou prétendus malades invoquer saint Christau, aurait rapporté à ce saint le culte et les miracles attribués jusqu'alors à saint Justin. Cette substitution d'une dévotion à une autre n'était pas impossible car le souvenir de saint Justin devait être bien vague ou même nul au moyen âge; les derniers envahisseurs, hérétiques ou infidèles, avaient contribuer pour une grande part à en faire oublier les origines. De plus, les traditions orates ont une tendance à disparaître. Ainsi, de nos jours, les malades qui viennent ne savent guère à qui ils adressent leurs prières. Us viennent parce qu'ils ont entendu qu'on y guérit.

En tout cas, nous pouvons constater qu'à Bentayou, situé à :30 km. de Saint-Sever, se trouvait une villa gallo-romaine à laquelle a succédé une maison de prière, que des biens appartenaient à cette maison et aux pauvres, et qu'il y a une dévotion dont l'origine est inconnue.

A d'autres de conclure si ce lieu ne concorde pas avec les données de l'histoire qui nous dit qu'en Bigorre, Sutpice-Sévère possédait une villa située à vingt mitfës de Frimuiiac, qu'it la convertit en monastère, qu'il donna ses biens aux pauvres et qu'en ce lieu s'accomplissaient de nombreux miracles. Et alors le VtfMs Sexciacensis s'identifierait avec le territoire actuel de Bentayou. CUP-PUCHKU,

curé de .GeM<(t~o«.

(:) Docteur F.~Y, passim.


La question des ~nh~~t!~f)PP<! dans les Ra~P<P?rPt1PP<!

ud ~UCùHUti UCô ùmjùi~dUbGù Uduô tCo DflùùM IjiCUCCù

en 1793 et 1794.

(S:ti<eet/fM.)

Dans un département de population citadine somme toute assez faibte, l'antagonisme entre la vitteet~ta campagne ne prenait pas souvent cet aspect tumultueux, mais l'on avait fréquemment à déplorer la désertion des marchés. A. Lescar, la situation fut parfois difficile, car les communes voisines s'entendaient et s'abstenaient de conduire du mais au marche. Un arrêté du district de Pau du '17 ventôse ieur ayant prescrit d'en livrer chacune cent mesures, deux seulement s'exécutèrent le 24 et le marché du 30 fut complètement dépourvu ('!). Même abstention collective et probablement concertée à t'égard du marché de Tarbes du 28 germinal <( Au préjudice des réquisitions à elles faites par t'administration du district, les communes d'Ibos, Bordères, Oursbetitte, Gayan,. Tarasteix, Oroix, Séron, Gardères, qui auraient dû porter 55 sacs de milloc, n'avaient; pas. daigné, par un accord condamnable, envoyer une seule mesure de grain ))'(2).

Le 26 frimaire, le Conseil générât du département voulut remédier à cette médiocre alimentation des marchés. Un certain nombre de communes en avaient ouvert de nouveaux et les conservaient au mépris de la loi, ce qui,compromettait le ravitaillement des localités à marchés tégaux. C'était bien souvent la faute des administrateurs égoïstes, -propriétaires ou commerçants, qui voulaient faire plaisir à leuçs concitoyens. Le département décida en conséquence de supprimer les marchés a existence irrëgutière selon la loi et d'exiger des localités ayant droit à un marché t'étabtisseme.nt d'un tableau des communes et des marchands qui venaient jadis négocier sur leurs places. Les délinquants devaient être punis avec sévérité (3).

Les greniers d'abondance devaient permettre de satisfaire les achejteurs déçus des marchés vides et servir de régulateurs en prévention du déficit. Ils furent institués par le décret du 9 août i793. Tous les fermiers des biens nationaux devaient s'acquitter de

(1) Arch. de Lescar, registre municipal, aux dates.

(2) RICAUD, Représentants, t, 1, p. 84.

(3) Pau, impr. Daumon, in-fo, placard. Bibl. dePau,Ht's<. locale, VII &. no 66.. 2


leurs fermages en y versant du grain (')). Il devait y avoir un grenier par district. Monestier et Pinet, par leur arrêté du 10 octobre, prescrivirent d'appliquer la loi.(2) et certaines municipalités dépourvues, comme celles de la vallée d'Aure, dans les HautesPyrénées, demandèrent la création de greniers d'abondance (3), mais ces dépôts rie furent pas créés ou du moins ne fonctionnèrent pas d'une manière permanente. Les districts et les municipalités pouvaient tout au plus mettre en réserve quelques balles de farine provenant des dons, des confiscations ou des réquisitions, mais elles étaient vite épuisées. L'impôt en nature ne fut pas payé régulièrement et la réquisition militaire prenait tout.-Seuls les greniers de l'armée, auxquels on faisait de fréquents emprunts, étaient d'un réel secours à la population civile et permettaient de tourner les obstacles momentanés à la réquisition. L'armée rendait par là un peu de ce qu'elle coûtait.

Certains de ces obstacles étaient purement matériels et pouvaient par cela même être directement atteints et surmontés. Au cours de l'été de 1793, avant l'établissement du second maximum et la prise à charge par l'État de l'achat des grains et des fourrages de l'armée, les opérations commerciales des acheteurs intermédiaires étaient contrariées par le manque de fonds. Dans une lettre écrite le 11 août au conventionnel Garrau, Dubreton, commissaire ordonnateur des guerres, se plaignit de voir les fournisseurs délaissés par les bureaux parisiens des vivres et obligés d'avoir recours à des avances consenties par Laussat, payeur général aux armées. La Caisse s'épuisant, les principaux de ces fournisseurs étaient obligés de suspendre leurs achats (4). L'irrégularité des paiements 'contraignit alors l'armée à vivre au jour le jour en ce qui concerne les fourrages. Quand le système de la réquisition fut généralisé, quand l'administration militaire fut pourvue des cadres de ses préposés aux vivres et de leurs agents particuliers, les paiements s'effectuèrent plus régulièrement et avec plus d'unité, grâce aux emprunts consentis par les caisses particulières des districts dont la trésorerie aux armées remboursait les avances. Cela facilitait les paiements sur place.

(!) Au club de Pau, il avait même été question de demander le paiement en grain de tous les impôtsfonciers (bornai'1793).

(2) Arch. Nat., AF", 261-2205.

(3)jReuM<'dM7:ftt:f<es-P</)'ëMë~~917,p.228.

(4)Arch.Nat.,AF",2&t-2203.


H fut moins facile de remédier à la difficulté des transports. Empruntant des routes assez médiocres, ils étaient d'une telle importance dans une zone militaire que les services des charrois de l'armée ne pouvaient y suffire. On devait donc avoir recours a la réquisition des charretiers et des bouviers qui se lassaient a la longue d'être détournés de teurs travaux agricoles et de soumettre leurs attelages raréfiés a des parcours fatigants. Les paysans de Lescar se plaignaient souvent d'être dérangés pour le service des hôpitaux militaires, de l'atelier de salpêtre et les transports de fourrages et de grain à Pau et au magasin d'Orthez. Sur des plaintes de ce genre et.de fréquentes négligences, les représentants durent ordonner la (('tevée en masse.') de tous les bouviers et de leurs attelages pour les transports de subsistances militaires ()). Mais si une certaine rigueur s'imposait, le gouvernement sut du moins ne pas être sourd aux griefs des paysans et t'arrêté du Comité de Salut publie du' 22 nivôse an II prescrivit de ne pas imposer aux bouviers des trajets- de. plus de dix lieues, atter et retour. Entant qu'elle atteignait les cultivateurs dans leur intérêt ou leur égo'isme, la question des transports était d'ordre politique et la résistance remontait à des causes plus générâtes, d'ordre à la fois matériel et moral, le discrédit des assignats et la peur de la famine. C'était t une crise de confiance.

Dans te département, l'assignat de '100 livres ne valait que 45 livres de numéraire en juin et le cours tomba à 32 en octobre pour remonter en novembre à 68, en décembre à 72 et redescendre à 30 en décembre 1794 (2).. L'application rigoureuse du système de la réquisition et le cours de l'assignat pouvaient en théorie et même en fait se soutenir mutuellement car l'obligation de vendre contraignait a accepter le papier. D'autre part, la lutte éontré t'agiotage consolidait un peu le cours de l'assignat et affaiblissait légèrement les répugnances et les résistances à la vente. Mais, par contre, les mesures qui tendaientà rendre obligatoire la circulation des assignats, sans pouvoir en rendre effectif le taux tégat, contribuaient à aggraver l'inquiétude des vendeurs et la méfiance des paysans.

Mais la disette artificielle par désertion des marchés avait une autre cause, au moins aussi importante, la propagande contre-

(t) RtVAHKS, Pa;( et les BassM-Pyt'Mices, pp. 214-2'i6, pièce non datée. (2)P.CAnox,où\'r.cité,p.340.


révolutionnaire qui alarmait le peuple au sujet des subsistances. Le 15 septembre 1793, c'est-à-dire pendant la saison du battage des grains, le représentant Chaudron-Rousseau se plaignit qu'à )a suite d'une récolte méridionale rendue médiocre par la sécheresse on jetait l'alarme alimentaire (1). Au printemps de 1794, les faux bruits de disette prirent de la consistance et circulèrent avec succès. Il est prudent de ne pas prendre au tragique les doléances des administrations subalternes intéressées à user, pour obtenir des secours, d'un langage persuasif et enclines à dramatiser la situation. En sens inverse, les témoignages de satisfaction que s'accordaient les autorités supérieures ne doivent pas nous éblouir, car elles cherchaient naturellement à se défendre des reproches d'en haut et des plaintes d'en bas. Adroite ou crédule, perfide ou naïve, la calomnie allait son train. Dans les Hautes Pyrénées, Monestier fut accusé de vouloir livrer le peuple à la famine. On lui reprochait de n'avoir pas fait exécuter une réquisition de grain imposée au département du Gers et d'avoir fait preuve de,faiblesse dans l'application du maximum. Le district de Tarbes prit à son compte ces accusations et les transmit au Comité de Salut pubHc. Cela ne fut pasétrangerau rappel du représentant mis en mauvaise posture et brouiHé avec Robespierre et Couthon. Le 22 prairial, une revendeuse de vo)aiHe, dénoncée pour avoir enfreint )a'taxe, prétexta que Monestier lui avait permis de lui procurer tous !es poutets qu'eiïé pourrait au prix qu'elle serait maîtresse d'exiger (2). D'autre part, on reprocha au conventionnel de discréditer le régime révolutionnaire et de pousser le peuple au désespoir en répandant le bruit qu'on.allait mourir de faim et qu'il faudrait guiHotiner les enfants et les vieillards (3). Par son arrêté du 13 floréal, le Comité de Salut public chargea les. administrateurs de faire emprisonner tes semeurs de panique. Monestier réduisit à une juste proportion cette gasconnade dangereuse dans sa lettre du 29 fioréat une vieille femme de 60 ans avait, dit-il, entendu ce propos criminel d'une campagnarde inconnue, sans qu'il ait pu s'accréditer (4). Ces faux bruits renforçaient la résistance des paysans qu'une crédulité sans défense rendait égoïstes (5). Certaines communes (1) AuLARD, Actes, pp. 505-50U.

(2) Revue des ~f:t<M-P)/ft;Mee& 1910, p. 243.

(3) RfCAUD, ~ejO)'eseM<nK<.<, t. I, p. 87.

(4) AULARD, Actes, pp. 559-560.

(5) Certains basque brûtaient leur paiue ptutot que de )a vendre (Arrête de Féraud et Gan-au du 24 août -1793. Arch. Nat., AF't, 26-t-2203).

v


s'alarmaient de voir accordera des villes le droit de réquisition sur leur territoire et te schisme entre ruraux et citadins se précisait. Les représentants tenaient aux paysans dont ils votilaient ouvrir tes greniers un langage ou les preuves de confiance touchaient à la flatterie. Ainsi, dans leur arrêté du 7 frimaire, Monestieret Pinet plaignirent les habitants des Landes d'avoir été dépouittés par l'arbitraire et- la violence de leur grain destiné injustement aux « fainéants des yittes )), à ceux qu'on appelait déjà les muscadins. if s'agissait d'un nommé Mares, commissaire pour l'approvisionnement de Bazas, qui terrorisait à la tête d'une bande armée les habitants des districts de Dax et de Tartas en s'arrogeant des pouvoirs qu'il n'avait pas. Mares avait fait arrêter de son gré deux maires et un procureur communal. Les représentants trouvaient doublement fâcheuses ces exactions terroristes, car te département des Landes, mis à contribution par la guerre, ne pouvait en outre nourrir les habitants de la Gironde/Ces prélèvements injustes leur paraissaient une manœuvre des contre-révolutionnaires bordelais, toujours suspects de royalisme, de fédéralisme et de sympathie pour l'Angleterre (t). Le département des Basses-Pyrénées semble ne pas avoir connu ces violences.

Cependant, les ennemis ou les amis mal informés et matveiltants de la Révolution profitèrent de ce que le ravitaillement était difficile pour accuser les représentants et les administrateurs d'incurie, de tyrannie et de concussion (2). Les adversaires de Monestier virent bien que la politique du maximum était, avec la politique déchristianisatrice imprudente, un des points les plus douloureux de l'organisme jacobin. La peur de manquer de pain était aussi grande que la peur de manquer de prêtres, mais un peu moins justifiée. Pourtant, les paysans n'avaient pas trop à se plaindre, car ils avaient bénéficié de ta Révolution. La plupart des mobilisables étaient restés ou. avaient été mis en sursis pour travailler la terre et tes réquisitions étaient convenablement payées. Il faut donc voir dans les résistances au maximum un des ptusgraves effets de la propagande contre-révolutionnaire, sans oublier en ce qui concerne les départements .pyrénéens que les réquisitions

(d)Arch.Nat.,AF",262-2208.

(2) Les dénonciations étaient quelquefois fondées. Ainsi, en frimaire an II, des membres de la municipalité de Pau furent convaincus d'accaparement de grain. 3


militaires étaient très lourdes et commençaient: dès frimaire, de l'aveu même des représentants, à épuiser le pays-('i). Pour nourrir à ].a fois les civils et l'armée/te gouvernement révolutionnaire avait donc tout intérêt à se montrer conciliant. Nous avons indiqué de-quettes sanctions disposaient les autorités pour appuyer leurs réquisitions visites à l'aide de la force armée, saisie 'ou préhension, amendes et au besoin mise en état de suspicion et réclusion. Il serait à coup sur intéressant de doser la rigueur dont fit preuve le gouvernement local dans l'application des décrets, mais it faudrait disposer pour cela d'un plus grand nombre de cas concrets. Tout au plus est-it permis de dire que les représentants ne furent pas incapables d'indulgence et qu'ils mirent une certaine souplesse à obéir aux suggestions locales en autorisant des dérogations à la taxe et en excusant des résistances à la livraison des grains pour ne pas effrayer les campagnards. Des paysans de Préchacq s'attroupèrent autour d'une charrette de maïs soumise à la réquisition et s'en partagèrent le contenu au prixde la taxe. La municipalité remplaça le grain, mais un certain nombre de paysans furent poursuivis. Contre l'avis sévère de l'accusateur public, Monestier demanda leur acquittement qui, bien entendu, fut accordé (2). D'autres fois, les conventionnels durent consentir à suspendre l'application de la taxe qui de leur part était plutôt un expédient qu'un dogme. Monestier avait déjà suspendu l'exécution du décret sur le premier maximum et il lui arriva d'autoriser certaines révisions de prix, par exemple en faveur des chaufourniers de Bagnères(3). La taxe de la viande fut levée dans le district d'Argetès, sauf à Lourdes, et des bouchers coupables de l'avoir. enfreinte recouvrèrent leur liberté (20 noréat) (4). Par contre, nous avons vu que Pinet et Cavaignac furent rappelés à t'ordre pour une interprétation excessive de la loi. Cela nous montre que la politique locale des subsistances était un continuel effort de mise au point des décrets, un tâtonnement dans le choix d'expédients divers destinés à soutenir le système essentiel et typique de ta. réquisition -et de la taxe.

(1) Lettre de Garrau, Monestier et Pinet au C. S. P. du frimaire. (AuLARD, Actes, pp. 131-143.)

(2) RtVAMËs, PaM et les Basses-P~'eMees, pp. 56-57.

(3) Co'resjMKdaMce de AfoMes<tf)', p. 244.

(4) RtCAUD,~ech<s(~eMt<ef<M7f<tM<M-p!/)'eMgM,d909,/tc<es,pp.~96etsuiv.).


Les procédés accessoires de ravitaillement. Une des grandes difficultés que rencontrait le ravitaillement civil et militaire était l'arrêt presque total du commerce extérieur. Les importations s'étant rarénéës après l'entrée en guerre, l'État, inversement, avait prohibé la sortie des denrées les plus utiles. Le traHc.du port de Bayôhne avec l'Espagne fut donc suspendu, au moins en théorie, et cela n'accrut p~s la bienveillance très modérée des négociants bayonnaispour la Révolution. La frontière terrestre fut fermée du fait des hostilités et la contrebande devint d'autant plus pérHteuse qu'elle était une trahison. Dans cet état de blocus, les achats à l'étranger devenaient donc plus précieux. En frimaire an II, on attendait à Bayonne deux vaisseaux danois chargés de grain ()). En vue de ce genre d'arrivage et pour ne pas encombrer l'estuaire de l'Adour qui traversait une grande place de guerre, le Comité deSalut public arrêta, le 27 nivôse, la mise en état des ports de Biarritz et de Guéthary qu'un crédit de 300.000 livres devait rendre capables de recevoir des bâtiments de commerce (2). Mais rien ne semble avoir succédé cette velléité.

La guerre, qui compromettait ia réussite de toute entreprise économique à longue haleine, même si elle devait tendre à la pourvoir, imposait une politique d'expédients et d'aléas dont les prises de terre et de mer peuvent donner une idée. Pour prévenir les rafles espagnoles et les achats en contrebande, le Comité de Salut'public f)t éloigner de la zone des combats les provisions de t'armée ainsi que celles des cultivateurs et ordonna l'évacuation à l'arrière des bestiaux de la montagne (arrêté du'18 frimaire) (3). De leur côté, les Français profitaient de cette guerre de bergers et de contrebandiers, pratiquée entre Roncevaux et le val d'Arân,' et saisissaient des troupeaux. Mais ce ravitaillement dé fortune ne saurait avoir qu'un intérêt anecdotique et purement local. -L'usage des restrictions était plus important. Souvent prescrites en marge de la loi, elles étaient le fruit d'initiatives locales approuvées par le pouvoir central et ou se donnait jour le sentiment égalitaire-tle l'époque.

Le décret du 25 brumaire prescrivit l'adjonction d'un quart de' seigle au froment dans le pain d'égalité. fl ne fit qu'hoinologuer ia

(-t) ÂULARD, Actes, t. IX, pp. 101-143. (2)/&t'd.,t.X,p.27t.

(3) I& t. IX, pp. 258-259.


mesure prise par le Conseil général des f-Iautes-Pyrénées qui avait. interdit le 19octobre )793ta vente du pain blanc (t). Dans le même sens, Monestieret Pinet réquisitionnèrent, le t2 nivôse, 3000 quintaux de seigle pour les faire mélanger au froment par les boulangeries militaires (2). Dans les Hautes-Pyrénées, on fit même usage du pain de fécule (3). On comprendra sans peine que le pain d'égalité n'ait pu être qu'une fiction et que sous son nom le blé, le mais et le seigle se soient diversement conciliés.

L'Etat n'ayant pas pris entièrement à charge la distribution de la farine, il ne pouvait y avoir de rationnement suivi par quantité. La carte de grain dont on se servait à Pau ne donnait pas droit à un poids fixe et tout dépendait des ressources du marché du jour. H était plus commode de rationner les soldats; aussi Monestier, Pinet et Cavaignac proposèrent-ils au Comité de Salut pubHc, le 7 ventôse, de réduire à 24 onces, soit une iivre et demie, leur part quotidienne. En des temps meilleurs, Monestier s'était montré ptus large en faveur des troupes le 30 août '1793, il avait ordonné d'accroître d'un quart la ration des volontaires et des gardesnationaux qui occupaient les postes avancés de Gavarnie (4).,Ptus tard, quelques jours avant de regagner Paris, il rappela son arrêtédu 8 prairial ordonnant de prélever deux cents quintaux de blé pour bonifier le pain des ouvriers de l'arsenal de Tarbes(5). H n'y eut donc pas de rationnement systématique. Manquant de ressources et aussi de hardiesse de vues, la dictature alimentaire s'arrêtait à mi-chemin.

Les mesures restrictives ne furent que des essais tâtonnants et divers. Au sujet de la farine, un ctubiste d'Orthez s'éleva, le 24,octobre 1793, contre l'emploi excessif de la poudre de toilette. Sur sa demande, la Société Populaire décida de refuser d'admettre aux séances les porteurs de perruques poudrées. Plus austère encore, un autre membre proposa, mais en vain, la coupe obligatoire des cheveux « à la républicaine )) (6). En nivôse, la Société Populaire de Pau proposa la fermeture des pâtisseries. Elle avait

(-i)RiCAUD,~fp)'eseK(<'M~s,t.I,p.4't.

(2)7M~p.39.

(3)7Md.,p.4d.

(4) Co)')'6s~oHJ<'<)<ce (<e MoKes<<e)', p. 216.

(5)~t(;p.235.

(6) Voir les détibérations de la Société populaire d'Orthez (B:t~. Soc. -S'c

(;e Pau, t. XXXVIII)


si souvent dénoncé les ivrognes de ta.vitteque le District de Pau prit une décision assez curieuse tendant à la ferme.ture des -cabarets. Les administrateurs imputaient à la taxe la recrudescence de la consommation du vin qui plongeait « dans la crapule la plus immorale des hommes qui, pour rester dans le sentier de la vertu, n'ont uniquement besoin que de ne pas trouver dans leur marche l'occasion et la facilité de se livrer au vice. Écueil à la raison et à la~philosophie », l'abus des boissons entretenait, en même temps que la paresse, « le fanatisme-et la superstition », car le désir de boire prétextait pour se satisfaire l'accomplissement des devoirs religieuxet maintenaitainsi la traditiondu dimanche. «Considérant que l'anéantissement des bouchons et cabarets fait espérer a l'autorité constituée le bonheur de voir renaitre. la paix dans un grand nombre de ménages, dont les chefs, peu souciants des besoins de leurs épouses et de tëurs enfants, dévorent d'une manière scandaleuse les ressources qui suffiraient pour les alimenter et rentrent ensuite dans leurs maisons en remplaçant par de mauvais traitements les étreintes de la tendresse conjugale et de l'amour paternel ?, le district ordonna de fermer tous les cabarets et interdit la vente du vin au détail ('t). Vu la difficulté de trafiquer avec les autres départements vinicoles, il fattait réserver à la consommation des troupes et des hôpitaux le vin de provenance locale. 11 est d'ailleurs plus que probable que les auberges ne fermèrent pas. Impuissant a remédier au défaut de grain, Monestier préparait les esprits aux privations. Le morceau capital de sa propagande est une longue proclamation tendant à imposer le carême civique dé l'an IL On ne peut l'étudier sans relater dans son ensemble une histoire dc lard et de jambon. Au printemps de 1794, Monestier entreprit d'envoyer à Paris un secours en viande salée pour suivre l'exemple du département du Mont-Blanc. Le 28 germinal, la Société Populaire de Pau invita les habitants des Basses-Pyrénées à .imiter les donateurs du chef-lieu qui avaient versé 78 quintaux de salé. Le mois suivant, Monestier tança son propre appel et dédia une littérature sensible et prolixe aux citoyens empressés à satisfaireaux taxesetaux dons volontaires. La commune deJ.-J. Rousseau avait à elle seule équipé une frégate et versé pour cela COO.OOO livres. A l'imitatton des Parisiens qui s'étaient privés de viande.pendant plusieurs décades pour envoyer des vivres à l'armée, il convenait t

('t)U!AHËs,f(ttc</esB«M('s-ï'~)'(;ttM't.[)p.'2)6-t'),s~nsd:)t.u.


aux Pyrénéens de se montrera la hauteur des circonstances et de s'astreindre à une économie qui serait par ailleurs riche en salutaires effets. Des mœurs simples, une vie frugate les préparaient à l'abstinence et la nature elle-même, indulgente à leurs travaux, les comblerait de ses dons. L'usage des légumes et des fruits dont la récotte était prometteuse leur permettrait de ménager le bétait. 1. Conviés les uns et les autres à ce petit sacrifice, les habitants des villes et des campagnes étaient invités à.se réconcilier. Les citadins, qui menaient la Révolution, devraient s'attacher à bien administrer les ruraux et à leur prêcher la religion civique c'est à ce prix seulement qu'ils en recevraient des subsistances. Enfin venait l'invitation au carême des jours sans viande. Les Orthéziens l'avaient, paraît-il. envisagé dès ventôse, mais Monestier, devant le manque des denrées de remplacement, les en avait dissuadés. Il s'était réservé, dit-il, de pressentir l'opinion, partout consciente à son avis de ménager le cheptel et partout végétarienne. H défendit donc de manger viande de bœuf, mouton ou chèvre pendant six décades à dater du '1~ prairial en dispensant de cette obligation les militaires et les ouvriers des arsenaux, les malades, les nourrices, lés enfants et les vieillards (1).

Que ce carême ait été ou non fidèlement observé (2), la provision de lard salé se constitua, en dépit des bruits alarmistes. Le 16 prairial, une députation de h ville de Pau alla offrir à ta. municipatité parisienne 362 jambons, '185 épaules de cochon, '119 morceaux de tard et 24 cuisses d'oie. On fit fète aux commissaires à qui le maire de Paris offrit sa [nge à l'Opéra; il fut résolu de les retenir dans la capitale jusqu'à ta fête du 20 prairial (3). Le reste du tard amassé fut envoyé aux troupes ainsi qu'en témoigne un'ordre de Monestier du 8 inessidor (4).

(~) Brochure de 22 pages du 22 tloréa) an ii, éditée en placard te 27. Tarbes, impr. Delaloy. L'idée du carême civique n'était point tout à fait nouvelle. Voir ai ce sujet un article dé M. Marion sur lcs restrictions révolutionnaires ~ent<e ~o~(<ta<«.' et~a~~xteM/tfo'e, i917).

(2) La municipalité de Pau invita ses administrés a s'abstenir de viande et régla le 5 prairial la fermeture des boucheries, mais )e 25 on vendait encore a Gé)os de la viande de veau. (Arch. de Pau, D. 7, f"" 81-82 et D. 34,

f" 72.)

(3) KfVAHËs, /~ftt el les A'fM.ses-P)/)'t.~ce;{, pp. G2-65.

(4) Co)')'M/)oK(~aMcc (~e ~oHfs<<o', pp. 252-253.


Un peu partout en Fèance et peut-être pour de faibles résultats, la culture fut encouragée et des jardins d'agrément devinrent potagers. La plantation de la pomme de terre était en l'espèce le principal objectif des pouvoirs publics. Ce-<( pain tout fait)), comme on l'appelait, aurait pu remédier au manque de grain si la culture en eut été vulgarisée. Mais en dépit des efforts du Comité de Salut public, des représentants (1) et des clubs, les cultivateurs se montraient rebelles à cette innovation. Dulaut fils participa lui aussi à la propagande en faveur de la pomme de terre et fit un jour un vif é!oge du précieux tubercule « Que l'agriculteur apprenne que de toutes les denrées qu'il moissonne il n'en est aucune dont il retire autant de bénéfices que la patate (2) lui en prodiguerait. C'est un aliment salubre et agréable à l'homme et a toute sorte d'animal, propre à l'agriculture et résistant à l'intempérie » (3). 11 n'était pas, pour sauver la Révolution, de réalité négligeable.

La suppression du maximum.

L'application du maximum étant une politique de contrainte avait atteint son énergie extrême pendant la dictature jacobine. Après le 9 thermidor, le pouvoir central, obligé malgré lui de donner des gages aux contre-révolutionnaires dont il voulait s'assurer la bienveillance, perdit de son énergie et tout en conservant, sauf des modifications hésitantes dans le détail, la même législation sur le commerce des grains, la fit appliquer avec une moindre rigueur et une autorité réduite. Les administrations de district, qui avaient été tes principaux agents des réquisitions, virent leur crédit s'affaiblir et leurs attributions diminuer. Un peu partout, le personnel dirigeant fut remplacé, un grand nombre d'opposants à ta Terreur arrivèrent au pouvoir et le désarroi qui provint de ces mutations fut certainement défavorable à l'application de la taxe.

Pourtant, les besoins restaient les mêmes. L'armée pyrénéenne victorieuse et entrée en Espagne ne se ravitaillait pas complètement en pays ennemi. La récotte de l'an II, bien qu'elle eût été (1) Lettre dé Féraud du 3 germina). (AuLAp.D; Actes, t. XM, pp.-t38-i39.) (H) Nom espagnol emp)oyé dans certaines régions avant que celui de pomme de terre se fut'imposé.

(3) Compte-rendu du 25 frimaire, p. '13..


recensée, ce qui n'avait pas eu lieu en 1793, n'amena pas l'abondance. A la fin de vendémiaire an III, c'est-à-dire en octobre, le grain manquait déjà à Lescar et d'une manière générale les marchés n'étaient pas mieux pourvus qu'auparavant. La récoite du maïs fut certainement d'une grande utilité, mais n'oublions pas que la disette était surtout factice et que les récoltants se sentaient moins menacés, le décret du i9 brumaire an III ayant réduit les sanctions ta seule peine de la confiscation. Si la situation des campagnes ne fut guère changée, avec cette réserve que le grain manqua auxpetits cultivateurs pour les semailles d'automne, celle des villes empira plutôt et cela montre que le maximum était surtout appliqué pour elles en même temps que pour les armées.

Afin de les pourvoir, on continua à appliquer le système de la réquisition, survivance de la Terreur, même après la suppression du maximum des prix (4 nivôse an III 24 décembre '1794), de telle sorte que la liberté théorique de la circulation des céréales ne fut qu'une apparence et que jusqu'à la fin de l'Empire le système de la réquisition demeura en vigueur. Il faut noter qu'après la paix avec l'Espagne, la situation alimentaire s'améliora un peu dans les Basses-Pyrénées où le ravitaillement militaire pesait d'un grand poids sur la.population civite.

On ne saurait porter sur le maximum un jugement quelque peu objectif en faisant abstraction des circonstances qui en entouraient t l'application. It est facile de le considérer à distance comme une aberration économique sous prétexte qu'il souleva l'opposition campagnarde sans tenir compte, des difficultés auxquelles le gouvernement révolutionnaire était aux prises, surtout dans les départements de la zone de guerre et sans expliquer les résistances paysannes par la propagande contre-révoiutionnaire. Si l'on veut d'ajHeurs juger à ses résultats la politique du maximum sans pouvoir rnaiheureusement rechercher, faute de renseignements, si elle fut une arme contre la vie chère, il n'y a qu'à considérer que cette politique, imposée par la nécessité, préserva de toute disette ,vraiment sérieuse un département couramment déficitaire en grain et contribua au surplus à la victoire sur les Espagnols. A~TOirsE IMCHARD.


Histoire de rHérés!e de Béarn

.~Sutte.~

111. 0~'donncmce de To'f'tdc, ë((tb<i'ssaH( un Conseil de justice. Antoine de Lomagne, seigneur et baron de Tarride, viscomte de Gimois('i), chevalier de l'ordre du Roy, capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances, lieutenant générai, chef et conducteur de t'armée par Sa Majesté ordonnée pour la protection (2) et sauvegarde du pays de Béarn; à tous ceux qui ces présentes verront, Salut. Sçavoir faisons que comme à l'occasion des troubles de guerre qui ont duré en ce pays, l'exercice de la justice aye cessé jusques à présent, lequel est (3) nécessaire pour contenir le peuple en honnesteté de vie et bonnes mœurs, empêcher les offences des uns et des autres, châtier et punir les vices et. attribuer à un chascun ce qui luy appartient, d'ou dépend l'union et concorde publique et l'obéissance deue aux supérieurs et la conservation des monarchies, et. qu'il soit .dangereux que dé la cessation du dit exercice adviennent tous les maux. Pour ce est-il que nous avons ordonné et ordonnons que désormais le dit exercice de justice sera ouvert et continueraaudit pays, suivant les anciens foors, privilèges et coustumes. Et d'autant que par iceux pour tenir le Conseil est précis et statué le nombre de sept conseillers, voulons et déclarons que M" Jean de Bordenave, Fortis d'Espona, Guillaume Laborde, Jerolsme de Marca et François du Puy (4), conseilhers du dit Conseil, continuent l'exercice de leurs estats, vaquent et procèdent à l'instruction et jugement des causes et matières, selon la forme estabue par les dits foors et coustumes. Et, pour faire le dit'nombre, avons, à la nomination des sus nom-

més, commis et créé par provision et jusques à ce qu'autrement par Sa Majesté en soit ordonné, maistres Bernard de Sorber et Pierre Arbusio (5), docteurs ès-droits, lesquels sept conseillers seutement tiendront doresnavent le dit Conseit, fairont et rendront

(T) Dans te texte « Guirriet »; mais Bordenave donne ta bonne leçon, p,218.

(2) C'est de lit que t'armée deTerridcfut appetée « la protection et cette de Mongommery« « le secours)).

(3) Dans le texte « soit ».

(4) Tous ces personnages nous sont connus; mais non pas ce document. Bordenave lui-même, p. 254, est incomplet.

(5) Voir BoRDE~AVE, Hist, de Befo'H, p. 254.


droitet justice, comme appartiendra, et tout ainsy qu'anciennement estoit accoustumé. Donné au camp devant Navarrenx, le sixième juillet 1569. Signé, TARRIDE. Et plus bas, Chirouse (1). Lecta et publicata, ]ou 13 de juillet 1569.

113. Ord(m<taM(;e de Tei'f'tde Komn~Ht Jean de SnpC)'sa)t<ts, ~)'ocM!'etM' général. Antoine de Lomagne, .seigneur et baron de Tarride, viscomte de Gimois, chevalier de l'ordre du Roy, capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances, lieutenant généra), chef et conducteur de l'armée par Sa Majesté ordonnée pour la protection 'et sauvegarde du pays de Béarn, à M" Jean de Supersantis, docteur es droits, Salut. Comme, à cause des troubles et guerres, l'estat et office de procureur général de la Reyne, dame souveraine de ce pays de Béarn, soubs la protection du Roy, soit vaquant, nous confians de vos sens, suffisance et fidélité, litérature et expérience en droit et pratique, par_Ie bon rapport qui nous a été fait par plusieurs notables seigneurs et gentilhommes du dit pays et gens du Conseil ordinaire, vous avons commis et ordonné pour tenir et exercer le dit estat de procureur et advocat général, et ce par provision et jusques à tant qu'autrement par Sa dite Majesté soit ordonné. Sy donnons en mandement aux gens tenants le dit Conseil que, pris et receu de vous le serment requis, vous instituent en pocession du dit office, vous. faisant jouir d'icelluy. En foy. de quoy, vous avons fait expédier ces dites lettres signées et scellées de nos seing et armes. Données au lieu de Lucq, le cinquième juillet '1569. Signé ÏAHRtDE. Et plus bas, C/uroMsc. Lou '19' jour de juillet '1569, lou dit (2) Supersantis feust receu après avoir presté le serment requis.

113. –Ze«re de Ta~'tde (3) a ~'efes</Me de ~escet)'. [C<~KUocK<Mn des États à .Gu</n<H.] Monseigneur. Pour ce que j'ai mandé au premier d'aoust prochain assembler au lieu de Bugnein(4), une bonne partie des principaux habitaris des trois Estats du présent pays, je vous prie, comme estant des principaux, vous y vouloir trouver pour entendre ce que j'ai à vous remonstrer, tant en général qu'en particulier, concernant le bien et profit du pays, et au cas vous ny pourriez venir, envoyez votre viquaire ou autres ayant charge de

(~ Dans le texte « Lhirouze ». Bordenave, p. 2)9.

(2) Dans le texte, cette phrase est ainsi écrite moitié en béarnais. (3) Le texte dit toujours « Tari-ide ».

(4) Petit village, a coté de Navarrenx.


vous, espérant que ny faudres. Je me recommanderai de bien bon cœur à vostre bonne grâce, priant Dieu, Monseigneur, vous donner en santé longue et heureuse vie. Du camp devant Navarrenx, le. 27 juillet '1569. Vostre bien bon et affectionné amy, a. vous faire plaisir et service, TAMmDE.

A A~onset~ne(f)', Monse'~HCM)' de Lescar.

114. Ot'dt))!)!anccde Tcrt'tdepont'satt-K'~s biens des t'e/bt'Mcs /'M~)'t)'s. Que tous biens de las gens de la religion pretendude qui non an recebut la protection deu Rey, que aussy dequets qui, après l'aber recebude, s'en son abscentats et renduts fugitifs, restreignen ()) lou beneficy de (2) la dite protection, seran saisits et arrestats(3) per touscommissaris per nousad aqueres finsdeputats, sy feyt non an, lousquoals remetteran (4) lou régime deus dits biens en maas de personnadges fidelles et responsables. Et tals dits commetuts faran amassar tous fructs dequets et touts autres qui, de tour autoritat privade ou autrement, an palpat lous biens deu patrimony et domany de la Régine, Dame souviranne deu present pays, juus la protection deu Rey, et deus dits rebettes, portar et tremetter devers lou Conseil, fens tres jours, après la publication de tas présentes, tous proces verbals, rollous, inventaris et denombramens deus dits biens per tour saisits, à peine d'estar punits; et per obviar que, en recueillin tous fructs deus dits biens, y nou sie commettut abus ny larcin per tous collectours, es enjoint aux commendataris y tenir l'oeith, et d'autant que plusieurs deus dits rebelles auren iechat et abandonnât leurs dits mouilhers et enfans chens aucun moyen de se entretenir, voulem que las gens deu dit Conseilh pousquen deputar tous jurats deus locqs, ou autres commissaris que bon lour semhtara, per y estar probedit' seguien la nécessitât et qualitat deus dits biens. Et quoant aux biens deus gentius et nobles qui sont à'Navarrenx et autres locqs, portans armes, seran inventerisats et saisits, sy autrement non y es estat probedit, baillats en commande per un deus seigneurs deu Conseil, ou autre commissary per tour députât, assisten ab luy.lou gouvernadour deus parsans ond tous dits biens son situats.

(t)Dans le texte « instrci~niti )). Le sens du mot:') corriger est «méprisant)).

(2)Dans)etexte«ett).

(3) Dans le texte «annotais)).

(4)Danstetexte«remonstran)).


Et per lou régard deus biens deus de la religion pretendude reformade, qui se-son sousmetuts juus la dite protection et sauvegarde et non an pourtat ny porten armes, ensemble de aqueds qui an ab nous capitulat, voulem et deciaram que lour jouesquen deus dits biens deusquoals tour baitham manihevade, en cas fossen saisits, deciaran nulles toutes saisides qui en son et scran Pstades feites. Et affin que personne non.y pretendie cause d'ignorance, etc. Feyt au camp daban Navarrenx, lou 8 de juillet '1569. ÏARRfDK. Et plus bas, C/tM'oMse.

Lecta et publicata en audience publique, en Conseil, à Pau, tou 27dejuiHet-)569,

115. Ot'donMMHce de Ter)'idc st~)p)')motM< <ûMS les o/yfCfo's de ~tfdtcctdo'e p)'o<es<NH<s. Antoine de Lomaigne, seigneur et baron de Tarride, chevalier de l'ordre du Roy, capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances, lieutenant généra), chef et conducteur de t'armée ordonnée par Sa Majesté pour la protection et dénonce du pays de Béarn, aux gens tenans le Conseil ordinaire de Béarn, sénéchat du pays de Béarn ou ses lieutenans, Salut. Nous, pour certaines considérations, par avis et délibération de plusieurs et notables seigneurs chevaliers, de l'ordre du Roy et autres de nostre Conseil, avons décfaré et ordonné n'estre permis aux advocats, leurs substituts, notaires et greffiers, estans de la prétendue nouvelle religion, faire exercice de leurs dits escrits et offices. Et ce par manière de .provision et jusque à ce qu'autrement par Sa dite Majesté y soit ordonné. Et pour le regard de ceux qui se sont réduits ou se reduiront à ia reiigion catholique et par leurs actions monstrant bon zèle, pourront estre receus au dit exercice de leurs dits estats et offices, comme par le dit Conseil sera avisé, vous mandans nostre présente déclaration faire publier et enregistrer et iceHe faire observer. Donné au camp devant Navarrenx, )e '16 jour de juillet '1569. TARRiDE. Et plus bas, C/u'roMSf.

Lecta, publicata à Pau, en Conseil, en audience, lou 27 de juiiietl569.

116. O~'domctHce de t/eaHKc d'/l/bf'ct HOMntM)t( A/bH~ontmo' a ~a tête de ses troupes (t). Jeanne, par la la grâce de Dieu, Reyne

(1) Ce document, si important, est inédit et n'a jamais été publié. Voici quel titre on lui donne dans des Mémoires, aujourd'hui perdus « Commission de la Reyne Jeanne, en date de La Rochelle, )0 juillet '1569, en faveur de M. le comte de Mongomery, pour remettre le royaume de


de Navarre, Dame souviranne de'Béarn, duchesse de Nemours, etc. A nostre très-cher et bien-aimé Mons'' le comte de Montgomery, salut et dilection. Comme il soit notoire à un chacun que les ennemis de cette couronne se soient, depuis peu de temps, avec les secrettes intelligences d'aucuns de nos subjets félons et rebelles, saisis et emparés de nos royaume et pays souverain et, avec force d'armes et toute voye d'hostilité, prins nos villes et chateaux et en icelles mis garnisons, assiégé et battu notre ville de Navarrenx, sur laquelle ils n'ont peu, moyennant la faveur et acistance de Dieu et de plusieurs nos bons et fidelles subjets estans dans icelle, rien entreprendre qu'à ieur honte et confusion. Et davantage, ce qui nous revient a plus grand déplaisir, est la dissipation des.égHses réformées en nostre dit royaume et pays souverain, emprisonnemens des ministres et autres forces et violences dont les dits ennemis usent en toutes sortes de cruautés, lesquelles désirans, par l'aide et secours de t'armée chrétienne, estant de présent en campagne pour le soulèvement (f), et iagtoire et honneur de Dieu et conservation de l'Estat et couronne du Roy Monseigneur, repousser, pour remettre nos dits royaume et pays soubs notre obéissance et au premier estat, nous, pour l'entiere et parfaite confiance et asseurance que nous avons, de vous, de vos vertus, prudence, dextérité, expérience et singuHère affection, vous avons commis et député, et par ces présentes commettons et députons pour, suivant la charge que vous avez de nostre très-cher et très-aimé fils, vous transporter en toute diligence avec les forces qui vous ont été données, en nostre dit royaume et pays souverain, et en iceux faire touts exploits d'armes pour chasser et deffaire les dits ennemis, pour réduire et remettre toutes choses en nostre obéissance, mestre garnisons et vivres en toutes nos villes, places et chasteaux, de sorte que la force vous en demeure, faire chastier touts rebelles, felons, séditieux et désobéissans et qui, contre la fidélité qu'ils nous doivent, se sont élevés en armes avec les dits ennemis (2), et

Navarre et pays souverain de Béarn, sous l'obéissance de S. M. et punir les rebelles qui s'estoient révoltés, avoient pillé les églises réformées et emprisonné les ministres, s'estoient saisis des villes et chasteaux et même assiégé Navarrenx qu'ils n'avoicnt pourtant pu prendre. Lad. commission en français, publiée au Conseil, le '1er aoust 1569. » (V. DuBAnAT, Le Protestantisme en BecM'K, p: 158, n. 3.)

(1) Erreur de copie..

(2) C'est le texte qu'on invoque pour excuser le massacre de Navarrenx.


générattement'faire en toutes choses tout ce qu'un bon vaillant et 'prudent capitaine, chef et conducteur de gens de guerre, doit et peut faire. De ce faire vous avons donné et donnons plain pouvoir et autorité et. commission par ces présentes, par lesquelles commandons àr tous nos gouverneurs, capitaines, soldats, officiers, justiciers et subjets qu'il appartiendra, vous respecter et obéir, comme nostre propre personne, assister et prester toute main forte, aide et secours au commandement que vous leur en fairéssoubs peine et désobéissance et pour têts estre punis, car tel est nostre plaisir. En tesrnoin de quoy, avons signé ces présentes de nostre main et fait mettre le sce). Donné à Larrochelle, le 't0'= juillet 1569. JEANNE. Et plus bas. Par la Reyne Dame souveraine de Béarn, Pelletier. Lectaet publicata et registrata in auditorio, sedente curia, requirente procuratore generali, Pali, uttima augusti, :!569. 117. Ot'donnomce de Mon~/OH!)Me)'t/, c/<a)'~ean< le CoMSCt< soMue~'euM de ~M<yer à A'au<!)')'enx ceM;c gm «i;6[tc)i< eap!<MM à 0~es (1). Gabriel, comte de Mongomery, lieutenant général pour la Reyne en ses royaume de Navarre et pays souverain de Béarn et toutes ses autres terres, seigneuries'et provinces, à touts ceux qui ces présentes verront Saint. Sçavoir faisons qu'estant Sa Majesté avertie et duemerit certifiée des conspirations dès longtemps traictées et entreprises contre son Estat par la ptuspart des barons et autres nobles du dit royaume et pays de Béarn, lesquels avec certaines intelligences auroient non seulement séduit le peuple, mais aussy pour mettre à effect leurs damnabtes desseins, associoient avec eux (2) un grand nombre d'autres gentithômmes et plusieurs estrangers avec lesquels s'estant élevés en armes auroient envahi les dits royaume et pays souverain, forsans les villes, chateaux et places fortes, et saccageans les villages, bourgs, bordes et maisons, avec des outrages plus que barbares, jusques à s'emparer de tout le pays et icelluy réduire à leur dévotion, excepté la ville et forteresse de Navarrenx, devant laquelle ils avançoient avec une grande et forte armée, tant de cavalerie qu'infanterie, avec grand nombre de piesses d'artillerie, comme gros canons, cotumbrines et autres de batterie, et iceux s'estans furieusement campés, y auroient tenu

(d) Original aux ~4t'c~Vah'OH., T. 1536. Document inédit. Ce texte ici n'a pas de titre.

(2)DansIetexte<:aveciuy)).


le siège par t'espace de quattre mois, gasté en plusieurs endroits les maisons de la dite ville, tué plusieurs capitaines, soldats et autres bons serviteurs de Sa Majesté et, par mesme moyen/t'ait plusieurs imposts et levée de deniers, assemblée et congrégation d'Estats généraux, et supprimé l'ordre ancien de la justice, au très-grand détriment pubticq. Et pour remettre le tout à son premier estat et la deue obéissance de Sa Majesté, nous aurait adressé puissance suffisante et tieutenance génératte en vertu de laquelle nous serions acheminée en armes sur le dit pays, ayans les dites conspirations entendu nostre venue, auroient levé le dit siège, et s'enfuyant en armes, retirés dans la ville et chateau d'Ortez par eux x ci-devant occupés, laquelle aurions prise d'assaut et taillé en pièces une partie de ceux qui y aurions trouvé et, de mesme pas, constraint le reste se serrer dans le château, et estans assiégés, leur chef avec la plupart des capitaines conspirateurs et soldats, se seroient rendus à nous, tesquets du depuis aurions fait mener pri'sonniers on la ville de Navarrenx à Mons'' d'Arros ('!), capitaine et lieutenant général au fait des armes pour la dite Majesté, pour les faire obéir à droit. Et pour ce qu'il est expédient que justice exemplaire soit faite des dits conspirateurs et rebelles par les gens du Conseil ordinaire afin qu'il en soit perpétuette mémoire, au temps avenir,'par la prompte exécution contre les coupables; à cette cause, dèsirans au tout promptement pourvoir, selon l'intention de Sa Majesté, ayant trouvé la dite Cour supprimée par les dits chefs et conspirateurs qui avoient dressé un Conseil tout nouveau de ceux de leur religion pour servir à leur dévotion, avons, avant toutes choses, restabli icelluy Conseil en la mesme autorité que Sa dite Majesté l'avoit laissé au dit Pau à son partement par tous ceux (2) qu'avons trouvés estre demeurés fidelles à Dieu et à elle, la justice estre rendue. Et parce que voyans estre nécessaire de faire transporter le dit Conseil d'icy, en hors ou est le siège accoutumé, en la dite ville de Navarrenx pour pouvoir procéder promptement à la dite. punition, ayons, en vertu de notre dit pouvoir, donné puissance et mandement spécial aux sieurs de la dite Cour souveraine, d'aller tenir le siège au dit Navarrenx et autres-parts de ce pays, ou besoin sera, pour, par ensemble avec le dit sieur d'Arros, s'il luy plait d'y assister, y tenir la dite Cour et Conseil, faire et parfaire touts procès contre touts coupables de crimes de lèse-

(1) Indication importante pour établir les responsabilités. (2) Dans le texte « pour toutes fois N.


majesté et autres que.besoin sera, prendre avis, interloquer, juger deffinitivement et exécuter touts jugemens qu'auront arrestés contre iceux coupables, avec tout ce qui en dépend, de la même autorité et manière qu'est accoustumé es.tre fait par le dit Conseilestant au dit Pau, autorisant leurs jugemens et donnant même force que s'ils avoient esté arrestés au dit siège des majeurs ('!) au dit Pau, mandons à.touts capitaines gouverneurs, lieutenants et à à touts autres portans les armes et à touts autres, qu'en ce faisant, obéissant à la dite Cour, prêtent tous services, aide et force dont seront requis pour cest effet, car tel est le plaisir de Sa Majesté et le nostre. En foy de quoy, avons signé les présentes de nostre main et fait apposer nostre scel. A Pau,'ce 23aousti569.MoNGOMERY. Plus bas, Du Parc.

Zecta, pMb~ect<a et t'e~ts<)'a<a, w au~t'torio, sedente curia, t'c~Mt)'e~<e pt'ocuf'atof'c yeMO'a~t; tt~nMCt augusti, ~5C9, Pali, p)'esen<i'&MS, etc. (2).

118. Rôle et <t~/e6tM des proscrits, nto; avant ~c 9~ décent&)'e /570. Lou 2L decembre 1570, à Pau, en Conseil, fon vistes las patentes deu perdon general, autreyades per la Regine à Larrochelle, Ion darrer de may de la dite anneye, et autres patentes declaratoris (3) deu dit perdon, deu 4 nouvernbre darrer passat, las procédures contre lous criminels de tèze-majestat, ton diser et conclusions deu procurayre general, restât que, seguien las dites patentes, lous dejuus nommats seran declarats, leurs noms et cognoms (4) prescriuts en un tableu qui sera mettut et affligit au daban i'auditori (5) deu senechal de la présente ville, tant lous vifs que morts, attents et condamnats d'estar caps, officiers et principaus conducteurs, factious et conspiradours (6), deus rebelles et conjurats contre la dite Dame, cum estant exceptats (7) et indignes deu perdon gênera) autreyat per sa dite Majestat, aux

(1) Sans doute pour dire « ancêtres » le siège se tenant toujours à Pau. (2) Ce texte, mystérieux et de tout premier ordre, semble contenir de terribles menaces.

(3) Dans le texte "déclarations ».

(4) Nous avons supprimé « et.)) pour plus de clarté dans cette phrase où il manque quelque mot.

(5) « lis seront affichés devant la salle d'audience du sénécha). » (6) Dans le texte < completadours ».

(7) Dans le texte « deceptats ».


autres sons subjets, coupables deu dit crime de tèze-majestat, per servir d'exemple à perpetuelle memorie en la forme que s'en seq ~u~e deus pCt'.soMtOtd~cs, tant viuens que moM)'<s, condumnccts co~tKecrt~KfKC~ de <esemm/es<6[<, exceptats deM perron ~eno'pe)' la Regine, nostre Damc.sottUtt'anHe, au()'e~/ct<, etc. etc, .Ro~e deus mou~s (i)..M" Joan de Bordenave, conseiller de la Régine, Gabriel de Béarn, seigneur et baron doGerderest, Antoni de Montesquiu, S~' de S~ Colomme, Jacques de S~ Colomme, son purmer filh, Tristant de S~ Colomme, son second uth, abbat de Sauvelade,Jacques de S~Coiommess'' d'Esgoarrebaque, Francès de Béarn, dit lou capitaini Bonasse, Guy de Gobas, gendre deu s'' d'Arbus, Francès, s'' de Meriteing, Bertrand de Bearn, dit tou capitaini Salies, Jean, s'' d'Idron, Henric, sr d'Abidos, Joanot, s'' d'Abere, pres Morlaas, Jacques de Lassalle, s'' de Candau, Domecq de SI Abit, pres Nay, Jean de Suus, près Bourgarber, gendre a L'abadie debat S' Armou, Pierre deu Tilh, dit lou capitaini Pierre, messieurs Jean du Puy, sollicitadour., Jean de Supersanctis,advocat, Jacques de Vispatie, contreroUou de Navarrenx, Forticq de Lassalle, et fray Joan de Navarrenx.

119. Révocation des s''s d'~4M(~(m~ et S~ Co~on~nc e< <~tt capitaine ~e)')'edtt Tilh. Gabriel, comte de Mongomery, lieutenant généra) de -la Reyne, dame souveraine de Béarn, à touts ceux qui ces présentes verront, Salut. Nous, estans bien advcrtis que Arnaud de Gontaut, s' d'Audaus, sénécha) de Béarn, Jacques de S~ Colomme d'Esgoarrebaque, capitaine et gouverneur des vallées d'Aspe, Baretous, ville etparçand'Otoron,etPierreduTi)h,sy bien capitaine, sy bien entretenu (2) au présent pays, ont fait et font journeHement plusieurs commandemens soubs le nom et prétexte de leurs estats et offices, donnant à entendre au peuple qu'ils le font pour le service de Sa Majesté, combien que leurs estats tendent au contraire et que ces prétextes et couvertures d'estats et offices séduisent plusieurs personnages à faire tout autrement qu'ils n'ont volonté. Sçavoir faisons que nous, pour obvier à toutes déceptions et oster l'excuse qui pourroit entretenir les hommes en désobéissarice, et qu'outre qu'il est notoire que les dits sieurs d'Audaus, Esgoarrebaque et du Tilh ont porté et encore portent les armes

(t) 11 n'y a ici que le catatogue des morts, presque tous signalés déjà. Celui des vivants, qui n'est pas,ici, se trouve plus haut.

(2) Mauvaise lecture.


contre la.dite Dame, leur Reyne, avons déclaré et déclarons par ces présentes vacquans les dits offices de sénéchal, gouverneuret capitaine. Sy donnons en mandement à touts tesgentilhommes et touts autres subjets de Sa Majesté universellement de ne reconnaitre cyaprès le dit d'Audaus pour sénéchal, le dit d'Esgoarrebaque pour capitaine et gouverneur aux dites vallées et parcans d'Olot-oli, Pierre du Tilh pour capitaine susdit, ny leur obéir soubs le nom et autorité des dits offices, ains les tenir pour ennemis de la dite Darne, leur deffendre et empêcher tout accès, entrée et demeure au dit pays par force d'armes, les saisissant, sy faire se peut, au corps, morts ou vifs, à peine d'estre réputés rebelles et associés aux dits ennemis, de Sa Majesté, et punis comme tels. Et affin que personne n'en prétende cause d'ignorance, etc., etc. Données à Navarrenx, le 24 septembre '1569. MoNGOMMERY. Et plus bas, DMpcn'c. Pubtié et enregistré à Pau, le cinquième octobre, 1569. 120. Lettre. dM re~teua; de la TYwtte d'0)'<e.s, au ntuttstre de Trinité de r/~oze. Monsieur, La commodité de ce présent m'a induit vous escrire cette présente pour vous certiorer qu'est devenue la bonne compagnie de nos confrères et religieux du conve-rît de la ville d'Ortès. Il a fait treize ans, ce mois d'aoust dernier, que nous fûmes absolument bannis et exités, tant du dit convent que des biens, comme crois avez entendu. Quant à nous autres religieux, quand nous sortimes du convent, estions le nombre de neuf, touts prestres, et nous retirâmes à Bayonne, et feumes toges, par commandement du gouverneur de la dite ville, au couvent des Jacobins, et là mourut et descéda nostre ministre, frère Bertrand de Goalayson (')), en l'an '1570. Quant à frère Pierre Costa, archiprestre de Pardies (2), il se rendit au bout de quelque (3) temps, quand ta première paix feust publiée, moine de Sl Benoist à Sl Seber (4), lequel décéda bien tost; deux autres se sont rendus s huguenots et ont pris party de mariage. L'un desquels, il a fait quattre ou cinq ans qu'it moureut, et l'autre est en vie, demeurant au dit Ortès. Les autres sont décédés ça et là, sauf toutes fois le

(t) Peut-être pour «Guaraisono.

(2) Pardies, canton de Monein, dont la .cure était possédée par les Trinitairesd'Orthez.

(3) Nous avons ajouté )ë mot « quelque ».

(4) L'abbaye bénédictine de Saint-Sever (Landes) au diocèse d'Aire.


frère Bertrand Locoaque, basque, demeurant à Pampalona, chez un chanoine, duquel j'ai receu nouvelles naguières. Quand à nos biens (t), le Roy de Navarre en a fait à son plaisir et les a vendus. Toutestoix, je, fis mon devoir, d'autant (2) promptement; voyant que l'assaut se présentoit contre la ville, fis extrêmement di'igence que de garder les documens et papiers de-la maison. Et comme espérant que la malice de l'ennemy s'appaisât et amortit, ce que ne fait encore, et que par après nous eussions moyen d'estre remis en nos droits conventuels, lesquels documens, sy Dieu permettoit que t'exercice t'eut retourné en nostre pays, se trouveront entre les mains et puissance de un seigneur. noble, appellé Mons~ d'Amou (3), nostre grand amy, qui a un château et village à deux tienes de Bayonne, nommé le village S'Pée (4). Et à. cause que nous ne sommes perpétuels, ny ne sommes au monde pour jamais, et espérant que toute obéissance continuera en vostre ville de Toloze«, tant de Dieu que de son saint service, et craignant estre surpris de mes derniers jours, veux, s'il vous plaist, que cette présente vous serve de mémoire des dits documens pour monstrer à l'advenir de quoy nous estions fondez et garnis, pour abréger propos (5). Et c'est avec ceux qui ont achepté les dits biens, de quoy principalement vous ay voulu avertir, et vous prie avec ce présent, me mander de vos nouvelles, et de tout vostre convent (6), auquel je me recommande très-affectueusement et de me avoir pour recommandé en vos prières et oraisons, comme je vous ay en singuHère recommandation ès miennes, priant le protoplaste (7) et rédempteur du monde, Monsieur, vous perpétuer et continuer ès siennes que aussy à toute la honnorabte compagnie, avec très-longue et heureuse vie. De Rion, près Tartas(8), ce 12 avril't582. Vostre confrère et amy à vous obéir. Je<M de So~e/)'fm</Mc.

()) Dans le texte « quant à nous tous ».

Dans le texte «que tout ».

(3) Amou, chef-Heu de canton (Landes).

(4) Saint-Pé-de-Nivette, canton d'Ustarits (B.-P.), dont les Caupenne d'Amou furent seigneurs.

(5) Texte incorrect « Pour abréger propos est cest avec etc. Inintel]igib!e.

(6) Dans le texte « Et de toute cette vostre auquel

(7) Protoplaste celui qui a été formé le premier, avant toutes choses.

(8) Rion et Tartas, chefs-lieux de canton (Landes)


Vous supplie présenter nos humbles recommandations à mes condisciples et compagnons, norninatim, s'ils sont en vie, frère Ramon Machinat et frère Jacques, neveu de frère feu Jacques Girard, et que j'entende encore derechef de vos nouvelles. Ceste lettre feust envoyée au Père ministre de Tholoze par un religieux du Convent de la S~ Trinité de la ville d'Ortez, lors de la saisie généraUe des biens ecclésiastiques, leq.uel extrait a esté tiré de l'original par moy. Signé Damase Vci'dto', commissaire du couvent d'Ortès.

La preuve du reste de l'article est en la première partie, chapittre de l'estat de l'Eglise.

181. -E'aef)'cn< des )'egft's<)'f.s du CoHse~ cec~smstt~ite [sM)' l'abbaye de S. 'St~ts?MOH~J.Veùe la requette du capitaine Gracian (1) et par Sa Majesté renvoyée céans, affin que ce Conseil luy donne avis sur le contenu, qui est qu'il soit son bon plaisir, pourvoir Margueritte, sa belle-soeur, de la place d'abbesse (2) des nonains du convent d'Ortez, laquelle abbesse est décédée six mois passez, afin que sa belle-sœur se puisse marier, n'ayant autre moyen de s'entretenir. Sur quoi a été avisé que Sa Majesté sera suppliée ne faire ceste ouverture et bailler ceste place, ny autres choses vaquantes, a personne, ains que le tout soit supprimé et réduit à un vray et légitime usage pour l'entretien des ministres, coliège, et pauvres. Toutesfois, sy la dite Margueritte est sy pauvre que dit le capitaine Gracian, le Conseil luy faira quelque subjection pour se marier, suivant la puissance des deniers de l'Église, et pour remonstrer ce dessus à Sa dite Majesté, les députés en ont prins la charge. Délibéré à Pau, au dit Conseil, le 10 juin '1568.

Les députés ont supplié Sa Majesté ne donner la place de l'abbesse décédée du convent des nonains d'Ortès à personne; mais qu'elle soit supprimée avec toutes les autres places qui vaquent au dit convent; ont rapporté que Sa dite Majesté veut que la dite place soit supprimée, et mesme entendu que les nonains du dit convent soient en liberté de se marier et sortir du dit convent avec permission de jouir de la pension accoustumée, tant qu'elles vivront. Fait au dit Conseil, le 18 juin 1568.

(1) Gratien de Lurbe, protestant, commandant le château d'Orthez. Voir Bordenave, pp. 181 et 213.

(2) Abbesse, pour.tes revenus seulement.


CHAt'tTHEXH

Sttt<c des ()'ot(&<e~ et des ~Mo'res.

Pendant le siège de Navarrenx, on avoit chassé et tué la garnison. que le baron d'Arros avait estably dans la ville d'Oloron, et S'" Colomme, gouverneur, adhérant à Tarride susdit, yen establit une autre, pour le payement de laquelle il fist une certification (t) sur le peuple de son gouvernement, mais à )'arrivée de Mongomery les choses eurent une face toute contraire. Oloron feust réduitte tout incontinent, celle de Slc Marie, le siège épiscopal, feust mise à feu et réduitte en cendre par les soldats de Mongomery, qui bailla commission auxjurats d'Oloron, dès qu'it feust à Pau, de prendre dans les environs toutes les provisions pour ta munition de leur ville, pourveut au gouvernement d'icelle de la personne du s'' de Loubie ~2), qui, comme gouverneur, fist exécuter l'ordonnance de Mongomery par la sienne du 29 aoust t5G9.

Pendant le siège susdit, les ministres de la retigion'prétendue reformée s'estoient cachés ou s'étoient retirés en la ville de Navarrenx(3). Et quoyqu'unjour, le s' de Couhas (4), lieutenant générât de Tarride dans cette ville, n'e') fist mettre aucun. Sur quoy Arsius; estranger, t'eut pendu (5),; il (6) feust condamné à mort par arrest du Conseil du 9 avril -1572 après le siège (7). Les autres, avec

(')) Peut-être faudrait-il « confiscation » ou « imposition

(2) Capitaine protestant, frère de B. d'Arros. L'historien Bordenave en parle plusieurs fois; voir p. 285, et nos Doct;)))., H, p. 300.

(3) Cf. L. CADŒn. Les Pas<e<t)'s dit Be«)')t fttt siège de A~«.'<'o')'eMa;, dans le Bt<M. dit Pt'o~st., -t885-86, et tir. à part de 47 p. in-8".

(4) U s'agit certainement ici de Gui de Côhas, gendre d'Henri de Peyre, « mestre de camp » de l'armée de Terride, devant Navarrenx, mais qui n'y entra jamais..

(5) Cet Arsius est inconnu. Tout ceci est un texte mal compris et mal copié.

(6) G. de Gohus fut massacré à Navarrenx vers le 23 août ~569. (7) Le siège de Navarrenx fut )evé le 9 août :1569. Y a-t-il ici une erreur du copiste? Certainement oui.


le fameux Viret (1) estoient à Navarrenx (2) et n'avoient garde de bazarder la vie et soustenir leur réformation prétendue ny s'exposer aux dangers de perdre la vie, preschans ceste parole, comme ils faisoient, pendant qu'ils estoient en repos et au-dessus de tout orage, comme faisoient les prestres (3) qui ne prisoient aucunement .leur vie, tandis qu'il estoit question du service de Dieu.se laissèrent t tuer en grand nombre, au lieu que les ministres, dès qu'ils entendirent la venue de l'armée de Tarride, se cachèrent ou se retirèrent à Navarrenx. Et pour justifier qu'il n'en feut tué qu'un (4), il ne faut qu'examiner le rolle des ministres vivans en action, avant l'arrivée de Tarride, de (5) celluy qui se fist après le siège (6) de Mongomery. L'un et l'autre se trouvent dans te registre du Conseil ecclésiastique dont appert qu'il n'en feut tué qu'un tout seul, car pour Franquion, ministre, qui moureust trois ans après, il feust condamné par arrest de la chambre criminelle pour crime de magie. Il avoit nom Franquion (7). Tarride fist pendre le sieur président Lavigne (8), pour des séditions qu'il avoit causées, que pour aucun autre crime (9). Le Conseil avoit vaqué, depuis le dernier jour d'aoust jusques au septième septembre, auquel le Conseil s'assem-

(1) Pierre Vii'et n'était pas. a Navarrenx, mais à Pau, ou it échappa à ta mort, Comme dit Bordenave, p. 223.

(2) L. Cadier donne la liste des ministres réfugies a Navarrenx, dés le )7juin 1569, p. 9, loc. cit.

(3) Dans cette phrase mal faite ou mal copiée, Satefranque met en opposition la conduite des prêtres et celle des ministres. Le pauvre ctergé du Béarn ne fût cependant pas très héroïque; car il ne reparut pas dans le pays pendant toute la réforme, sauf en Aspe et quelquefois en Vicbi!h et en Ossau.

(4) Satefranque se trompe. Bordenave cite parmi les victimes du seigneur de Peyre, gouverneur de Pau, au moins cinq ministres, p. 263; et il y en eut d'autres aitteurs.

(5) Mauvaise lecture.

(6) Satefranque ne parte donc ici que des ministres quj s'étaient réfugiés a Navarrenx.

(7) Ce Franquion,ne figure pas parmi les ministres réfugiés à Navarrenx. (8) Ce ne fut pas Terride, mais le comte de Peyre qui fit pendre le président, Guillaume Lavigne, à Pau, le '10 août 1569, comme dit Bordenave. p. 264.

(9) Salefranque n'a pas soigné ce chapitre si important.


bta en audience, ou le sieur de Gassion, procureur générât de ta iteyne, fist un tong discours, déposant queTarride et ses adhérans, après avoir tiraniquement occupé. tout ce pays, à la réserve de la ville de Navarrenx,avoitfait dresserdes gibets à Pau, fait mourir en iceux te'président Lavigne, plusieurs~ ministres et autres Mettes subjets de la Reyne, qu'il avoit créé un nouveau procureur générât de Sa dite Majesté, changé la forme des lettres de justice, fait faire de nouveaux sceaux, ,estably les sieurs de Bordenave,. Laborde, Spona, Marca, et du Puy, conseillers de la Reyne, pour faire leurs charges, soubs la tirannique protection, adjouté deux officiers par nouvelle création, touts lesquels contre la fidélité qu'ils devoie.nt à Sa dite Majesté, se seroient ingérés à juger des procès. et fait enregistrer, tes volontés de Tarride et commis autres excès dénoncés au registre, requérant ordonner que les dits gibets seront ostés, toutes ordonnances de Tarride, arrest des dits prétendus officiers et autres actes passés soubs la dite protection prétendue, rayés sur le registre. Et qu'en marge de chaque provision, arrest, ordonnance'et actes, tant au grand registre mesme qu'au particulier, seront mis ces mots ~mut~ë ou ~KHM~ce à pe~etuc~e nte~of'i'c, sans préjudice de ses poursuites contre les dits prétendus officiers, comme criminels de tèxe-majesté, ce qui feust ainsy ordonné par arrest du dit jour, inséré au registre nommé le secrétaire )) (t) et du depuis exécuté.

Mongomery deschargea de toute peine le meneu peuple qui avoit porté les armes pour Tarride, par ses lettres du 23 aoust. Et chacun ri estoit quitte, se présentant au seigneur baron d'Arros et faisant protestation en la main de sa fidettifé pour l'advenii,. Mais à l'égard de ceux d'un ordre plus relevé, le procureur générât poursuivroit contre eux, et le Consei) tesjugeroitjusquesà ce que Mongommery tesarresta par sa lettre du 20 septembre, par laquelle il ordonne que toutes poursuittes soient sursises contre ceux qui ont porté les armes contre la Reyne, parce, dit-il, qu'it en avoit à faire (2), jusques à ce qu'il en auroit autrement ordonné.

It ftst aussy deffences de mesfaire à personne, de quelle religion qu'elle feust, par son ordonnance du 22 septembre, mais il en

()) S'il n'y a pas mauvaise lecture, ceci semble signifier qu'il y avait un Hvroqu'on appelait cto registre du secrétaire)).

(2) Petit membre dephrase mat !u.o


excepta les ecclésiastiques. Et par autre ordonnance du 2 octobre, il ordonna que les évesqhës, abbayes et touts autres bénéfices seroient saisis soubs le nom de la Reyne, que les fruits d'iceux seroient convertis en deniers, affin d'être employés en usages légitimes, comme la Reyne aviseroit, et que cependant les deniers demeureroient ès mains des fermiers ou des collecteurs des fruits, ;,à la réserve des bénéfices dépendans des patrons layques, qui ont suivy le service de.la Reyne, tesquets il excepte de cette saisie. Mongomery quitta le pays en octobre ~i) et le Conseil receutà à mesme temps des lettres patentes de la Reyne par lesquelles elle ordonne que les of~ciers exercent ta justice pourveu qu'ils soient dé la religion prétendue réformée: ordonnant qu'il n'en feut aucun qui soit papiste ny révolté, quelque amandement (2) qu'il peut témoigner, suspendant touts ceux-ci des offices, entendant ceux qui pendant le séjour en Béarn de Tarride, avoient fait fonction d'officiers et professé ta reHgion catholique. Elle veut que le Conseil avec son lieutenant général assemblez, commette à l'exercice des offices subalternes des personnes qui soient de la religion prétendue réformée, qu'on fasse le procès aux rebelles, et que le meneu peuple soit deschargé; que touts les biens des ecclésiastiques soient saisis avec ceux des rabeHes, vivants et morts, et qu'on les baitte à ferme dont les deniers soient remis ès-mains de son trésorier générât, et que le sieur d'Arros munisse les places de bonnes garnisons, et fasse les impositions nécessaires, affin de payer icelles, appellés les officiers du Conseil. C'est à S'-Messens(3), le 29 septembre 1569.

Ce fait, la Reyne fist venir en Béarn le baron de Montamat, affin de se joindre au baron d'Arros au gouvernement du pays. Ils donnèrent touts deux les lettres de déclaration à Pau, le 8~ janvier 1569 (4), registrées par le Conseil le premier février de ta mesme année, par lesquelles ils exposent que Nostrë Seigneur ayant fait embrasser à la Reyne la religion chrétienne réformée,

()) Voir dans j~t;s~;<~Kf)to<t.'t/««& <e~t;t<)');, p. 175, )'iti!)èrairudc Mongommery en )569. 11 quitta définitivement le pays, le 10 octobre, après avoir ouvert un synode à Lescar.

(2) Dans le texte « Mandement ».

(3) Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres.

(-4) C'est-a-dirc le 8 janvier -t570. 0 ·


après luy avoir fait connoistre les erreurs de la romaine, elle auroit fait tout son possible pour faire suivre par ses subjets la mesme grâce, faisant en cella ce que doit tout bon prince qui, dans sa domination, doit mettre ces deux principes, le premier la gloire de Dieu, le second la charité pour ses subjets. Le premier l'avoit oMigée à l'extirpation des idolâtries de fausse religion, et le second de les souffrir, attendant qu'elle peut réduire ses subjets à sa dite religion, sans aucune violence. Pour cest effet, elle s'est servie do divers moyens. Le premier est celtuy des prédications qu'elle a fait faire par des ministres, appellés de touts endroits esquels la réformation est establie. Le second est de diverses conférences et disputes qu'elle a fait faire entre des ministres et docteurs romains esquelles ont paru les erreurs de la religion romaine; elle avoit néanmoins encore laissé quelque liberté à ses subjets de la professer, au temps auquel ils se sont unis à ses ennemis et touts ensemble ont envahy son pays, à la réserve de Navarrenx qu'its n'ont peu forcer, ayant esté nécessaire, pour les réduire à l'obéissance qu'ils doivent à .Sa Majesté, d'envoyer une armée. 'Partant après avoir. receu de là bonté de Dieu tant de grâces, la Reyne ne veut plus différer de satisfaire à sa conscience, ny souffrir que Dieu soit blasphémé dans ses Estats par idolâtries et superstitions papistiques, ny que.ses subjets ayent la liberté de les professer. Il feu donc résotu par le Conseil de'faire le procès a touts les rebelles, selon (')) la rigueur des toix, sçavoir, à la mémoire des morts et, par défaut, aux vivans. Et sur ce le Conseil délibéra certain règlement en avril [570 et jugea du depuis divers procès et confisca les biens des condamnés, les incorporant au domaine de Sa Majesté par arrest du 7<= novembre 1570. Mais la Reyne, qui vouloit ramener la tranquillité dans ses Estats, envoya ses lettres patentes au Conseil, ordonnant par icelles de faire le procès à ceux-là seulement qui avoient porté les armes en chef contre son service, et aux officiers qui avoient participéà tafétonnie, faisantgrâce à touts les autres. Les lettres sont de may 1570. Le Conseit, procédant à la vérification de ces lettres vouleut en exclure ceux contre lesquels les procès auroient été jugés. Mais la Reyne, ne voulant.pas cette distinction, envoya de nouvettes lettres qui commandoient au Conseil l'enregistrement pur et simple des

(d) Dans le texte < prétendus ))


premières et defl'endoient de faire aucun procès que contre les chefs et les officiers dont elle commanda de faire un tableau pour que touts autres dont les noms, ne se trouveroient escrits en icelluy, peussent avec seureté se retirer en leurs maisons. Ce qui feut vérifié'purement et simplement et publié par tout le Béarn, et ensuitte le tableau dressé, suivant la volonté de la Reyne et les arrêts, du Conseil, contenant les noms des condamnés morts et vivans.

L'évesque.d Otoron, les cinq conseillers susdits et les deux créés par Tarride et tant de jurats feurent escrits au tableau des exceptés, non pas pour .avoir porté les armes contre la Reyne, mais pour avoir receu la protection' de Tarride, principallement pour avoir fait profession de la religion catholique, pendant qu'il estoit le plus fort en Béarn. C'est ce que signifient les lettres patentes de la Reyne qui suspend les officiers révoltés; elles sont cy dessus rapportées. Arbusio néanmoins, un des deux conseillers faits par Tarride, feut bientôt après pourveu par la Reyne d'un office de 'conseitter, et Laborde, un des cinq., rentra dans son office de conseitter; rayés du tableau, parce que l'un et l'autre se fist de la religion prétendue réformée et donna des témoignages de son aversion contre la catholique; depuis que ces deux feurent juges('t), touts arrêts feurent rendus (2) contre la religion catholique. Les sieurs de Bordenave et Spona, deux de ces consèillers escrits au tableau, estants décédez, la Reyne pourveut à leurs offices comme vacquants, non pas pour aucun crime, mais par leurs trespas, ainsi qu'il appert des lettres de provision. Les sieurs de Marca et du Puy percistèrent en la religion catholique, pour raison de quoy la Reyne pourveut à l'office du premier, de la personne d'un estranger nommé Brana, mais le Conseil refusa de le recevoir; et pour le second, le Conseil voulant satisfaire aux divers commandemens de la Reyne procéda à la nomination de trois, suivant le foor. Le sieur de'Sorberio ne feust ny pourveu, ny nommé à aucun office, parce qu'il ne voulut pas quitter la religion catholique. Le nom de Supersantis escrit au tableau des morts, parce qu'il avoit

(1) Dans le texte « juge:!)).

(2) Le texte donne cette fin de phrase inintelligible « Depuis que ces deux feurent jugez en touts arrêts rendus contre la religion catholique ».


)M-

esté nommé par t'eut effacé et sa mémoire justifiée sur la poursuitte de sa mère et de ses enfans, par arrest du 23juint571(l). Comme le plus grand des désirs de la Reyne estoit de faire venir ses subjets ~a la profession de sa religion prétendue réformée, elle se servit de la nécessité qu'ils avoient de sa grâce pour avoir la jouissance de tours biens qu'elle ne rendoit qu'à ceux qui faisoient t profession de sa religion à laquelle elle fist venir par ce moyen touts les escrits au tableau, leur octroyant grâce à chacun, à la réserve de quelques ecclésiastiques et du sieur d'Audaus (2), qui n'en demanda jamais et qui néanmoins rentra dans ses biens après le décès .de ta Reyne par la bonté du Roy Henry.IV, son fils, ainsi q*u'it sera dit au livre suivant. Tant il est vray que c'estoit la religion qui faisoit le bien ou le mal de ceux de Réarn envers la Reyne!

Elle se servit encore des provisions aux offices, esquels, pour petits qu'ils feussent, elle ne souffroit pas qu'aucun fëust admis qui ne fist profession de sa religion prétendue reformée. Cella se prouve par ce dessus et par la r'esponce qu'elle fist à ta requeste des Etats se plaignans de quelque oubly prétendu de la Reyne en un règlement concernant la nommination des jurats, par teque) elle déctarequ'ette n'entend point qu'aucun soit admis à cette charge ny à aucune autre, que ceux qui fairont profession de sa religion, voulant mesme que touts ses subjets, de quelle qualité qu'ils soient, la professent(3), ainsy qu'ils paraistra plus bas. Ptus, elle se servent de la nécessité qu'elle imposait a ses subjets -de se trouver aux presches, par condamnation et. amandes, par l'article 2 de ses ordonnances ecclésiastiques, leur prohibant en outre tout exercice de la religion catholique, ny de ramener au pays cette foy qu'elle nomme idolâtrie papistique, dans le premier article de ses ordonnances, ny de professer autre religion ny foy, que la sienne, dont elle dressa des articles en forme d'édict, qu'elle adressa au Conseil affin de t'enregistrer et de le faire observer. La foy de ceux de cette religion ayant été jusques à présent incertaine, la Reyne leur establit [tes articles] en lesquels elle commande de croire. Cest

(1) C'est le seul texte où l'on, puisse constater la mort de l'avocat Supérsantis, d'Aspe, dès ')57't. Voir plus haut, Docum. 't't2. (2) A remarquer ce refus de grâce vis-à-vis du seigneur d'Audaus, qui sera rétabH par notre futur Henri IV, comme lieutenant générât en Béarn, en ~584. On en pourra dire autant de Jérôme de Marca.

(3) Dans le texte professeront)).


édict, à sça'voir la confession de foy dont l'adresse est au Conseil, est du 26 nouvembre 1571; pour le faire garder et observer, car c'estoitsonbonpiaisir. Donné à Pau, le dit jour et an.

Et pour le regard des prestres, curés et autres bénéficiers, elle les laissoit en la jouiseance des bénéfices qu'ils avoient avant 1569, s'ils avoient, avant ce temps, abandonné la religion catholique, prenans la prétendue reformée, ou bien sy, ensuitte de son édict de '1568, ils avoient esté pourvus par les patrons laïques, soit qu'ils feussent ou ne feussent pas mariés, suffisant qu'ils fissent profession de ia religion prétendue réformée, comme H conste de la lettre de cachet de la Reyne, escritte au Conseil en 1571, et par les divers arrests du Conseil. ,Plus la Reyne assistoit aux synodes nationaux que faisoient en France ceux de.la religion prétendue réformée, ou elle taisoit des desseins contre la religion catholique. Elle assistoit encore à ceux de Béarn, iorsqu'eite estoit au pays, lors de leur tenue, donnoitaux ministres la disposition des biens qu'eiieavoit saisy sur les catholiques ecclésiastiques, valans plus de quattre vingts mil livres de rente. Elle invitoit les ministres ait mariage par la distinction qu'elle faisoit des mariés d'avec ceux qui ne l'estoient pas, faisans des avantages considérables aux premiers, dès le premier jour de leur mariage, au-dessus de ce qu'elle donnoit aux seconds. Elle avoit estably' mesme des gages pour les veuves des ministres.

Le Conseil suivoit les intentions de la Reyne. Il déclara par l'arrest du registrèment et la responce de la Reyne sur le cayer des Estats, qu'aucun ne pourroit entrer en sa nomination de (1) jurats (2), s'il ne faisoit profession de religion prétendüe réformée. Le Conseil avoit receu Dufrère, médecin, après avoir conneu qu'il professoit la religion 'prétendeûe réformée, par arrest du 22 mars 1569, et ne recevoit aucun à estre advocat, sy piustôt il ne montroit qu'il faisoit profession de ceste religion prétendue réformée, deffendant aux juges du seneschal d'en admettre aucun, s'il n'estoit de cette religion prétendue réformée, et à touts advocats, qu'à ceux de cette profession, de juger des procès en abscence ou récusation des juges.

/A SMture./ V. DUBARAT. (1) Dans le texte des)).

(2) C'est-à-dire, ne pourra accepter d'être jurât.

J. LESBORDES, imprimeur-gérant, 8, rue Péré, TARBES

«'


(A jprc~ ~a~ajp~ d~M

Ou trouve dans une Revue, intitulée Z.~oH<Hte~)'<x, et qui frondait la Restauration, en 1818, une curieuse lettre relative à Latapie d'Asfeld, trop connu à Pau pour avoir besoin d'être présente. Elle s'exprimait en ces termes

Paris, le 26 mai-1815.

A Messieurs les rédacteurs de //7Yon~Me ~Ws.

Messieurs. On lit dans le ~n!'<eMr du 29 avril dernier (partie officielle) l'article suivant M. le vicomte de Latapie (JeanVincent), demeurant à'Paris, rue des Brodeuses, n"4, a formé une demande tendant à obtenir de Sa Majesté l'autorisation d'ajouter à son nom patronymique Latapie, celui de Daure, et de prendre désormais les noms de Z(t;op!e-Df(U)'e. »

Ce fait, assez peu intéressant pour la plupart des lecteurs, ne laisse pas d'être piquant pour un Béarnais, concitoyen du postulant ci-dessus dénommé, qui sait que depuis longues années le père de Monsieur le vicomte exerce, dans la ville de Pau, la profession de tailleur.

Le sieur Latapie (Jean-Vincent), qui probablement s'indignait de l'obscurité de sa condition, avait dès longtemps dédaigné l'état de son père; mais, jusqu'en 1814, son ambition se contenta d'un poste de notaire de viHage ()) qu'il obtint plus par intrigue que par-un mérite réel. Les événements politiques ouvrirent un champ plus vaste à ses projets.et à ses combinaisons; il quitta, en conséquence, en 1814, sa province-pour se rendre à Paris. Il annonça qu'il avait quitté la France ~pour passer en Espagne et qu'il avait obtenu de cette puissance, par de longs services, le grade de colonel dont il sollicita la confirmation des états de prétendus services vinrent à l'appui de

(d)Gere-Bétestein,dansIavanéed'Ossau.


son assertion et transformèrent en héros un chevalier d'industrie; c'est avec ces mêmes états de services qu'it est parvenu à être nommé chevalier de S. Louis.

Quant à.la noblesse, il prit moins de précaution et s'adjugea sans façon le titre de vicomte que personne ne lui contesta, et pour la justification duquel il n'eut pas été plus embarrassé de produire un arbre généalogique, qu'il ne l'avait été de représenter des états de services pour prouver son émigration en Espagne. L'article inséré dans le Afo)Mte«.)' du 29 avril dernier a révélé à ta ville de Pau la subite illustration d'un de ses concitoyens. On a du être surpris que, non content de son nouveau titre, il voulut t accoler le nom deDattf'e, nom justement respecté dans l'armée, à son nom de Latapie, qui n'est pas tout à fait environné de la même considération.

Je craindrais d'abuser de votre attention, Messieurs, en vous entretenant plus longuement d'un individu que les faits que je viens de citer peuvent faire suffisamment apprécier. J'ai pensé qu'il n'était pas inutile de~signater un nouvel exemple du crédit que peut obtenir un aventurier qui a de l'effronterie. Comme mon but, en écrivant cette lettre, a été de faire justice d'une imposture scandaleuse et que je suis prêt à soutenir tous les faits qu'elle renferme, je n'hésite point la signer, afin que quiconque aurait quelques réclamations à faire sur son contenu sache à qui s'adresser.

J'ai l'honneur d'être, etc. ~c c~eua~o' BERMAMAZON, capitaine de ~i'enadto's CM )'e<)'a~e, o/f'ctcr de ~'o)'d)'e )'o~/a~ de ~a M~!o~ d'/tOKne'M.('l).

Dans notre première livraison, nous avons inséré une lettre d'un officier contre te vicomte usurpateur Latapie-Daure. M. Honnamaxon, auteur de cette lettre, nous écrit pour se plaindre d'une faute d'impression qui n'a pas permis de reconnaître son nom. « Je ne veux pas, nous dit-il, que l'on puisse imaginer que je redoute la responsabilité de mon av.is au public )) (2).

(1) L'Homme gris, t. II, d-'e Hvt- Paris, L'Huitticr, 1818, p. 43. (2)4c)ivraison,'18-i8,p.24~


Mistotre de l'Hérésie de Béarn ~Sut'fe.~

Sur la plainte du procureur généra), de ce qu'on avoit dit messe dans le lieu de Bedeille (t) et fait autres actes d'idolâtrie, le Conseil ordonna d'en informer. Et quoyque la deffence faite aux ecclésiastiques de rentrer en Béarn ne feust que contre ceux du premier ordre/et qu'i) feust permis aux simples prestres d'y revenir, néanmoins, comme l'ordonnance les obligeoit à faire profession de la religion prétendue réformée, le procureur généra) fist aussy plainte de ce que plusieurs prêtres s'estoient retirés en Ossau (2) et se cachoient, c'est-à-dire n'alloient pas au presche, dont il feut aussy dit qu'il seroit informé, comme aussy de ce que plusieurs de cette vallée ne fréquentoient pas les presches et ne faisoient pas baptiser leurs enfans en iceux, 'ny bénir les mariages par des ministres. On usoit de toute rigueur. Laborde et Arbusio, qui toujours avoient été catholiques jusques à la victoire de Mongomery, feurent t juges en touts ces arrêts, avec cette malice que, quoyqu'its feussent sçavans de la sainteté de ta doctrine de t'Egtise catholique, touts teurs arrêts la qualifioient idolâtrie; et se trouve que le sindicq de Béarn, ayant demandé que le Conseil eust à cesser touts actes de justice, suivant t'usage (3), pendant les six jours qui sont avant le jour des cendres, ils feignirent de croire que ces jours estoient des testes, instituées par t'Egtise catholique a l'honneur .d'un saint nommé saint Pansart (4), tellement que pour abolir ce qui restoit des abominations papistiques, ils firent commander à touts les habitans de travailler en ces jours, avec deffences de les chaumer, pararrestded572,dont la publication feut ordonnée en. touts les carrefours.

('!) Bédeille, commune du canton de Montancr. Ce fut, au xvuc siècle, une petite principauté des seigneurs d'Albret. En -1789, elle appartenait au roi de Prusse.

(2) Nous n'avons aucun document sur ces faits intéressants. (3) Dans le texte « suivant le jour ».

(4) Cette-fète èst encore célébrée a. Bayonnc pour l'enterrement du carnaval, le mercredi des Cendres, avec ce refrain

Sent Pansat'd gM'es tM')'t&f<<,

'Bott<e~e/ ~otfte~/te/

S'em< Pansctt'd qu'es n~)'t&a<,

jBotfte~e, ~oM)/at/

BoM<e<e, ~/OM!/at


Enfin, la Reyne moureust à Paris, le onzième juin 1572. La nouvelle en feut portée au Conseil le 2~ du même mois. Le Roy Henry 4e, son fils, escrivit au Conseil qu'elle avoit persévéré dans ta dite religion jusques au dernier moment de sa vie, et qu'elle l'avoit chargé de l'exécution de ses ordonnances ecclésiastiques. Le Conseil ordonna que touts actes de justice se fairoient désormais au nom du Roy, et fist des commissaires, affin de tesmoigner à Sa Majesté le déplaisir extrême qu'il avoit de cette perte qu'il rendoit néammoins grâces à Dieu de ce qu'il l'avoit fait estre son successeur en la royauté et seigneurie souveraine de ce pays, s'asseurant qu'il ne souffrira jamais que la religion de Dieu soit aucunement recullée, et qu'il employera constamment touts les moyens pour l'amplification de la véritable religion et extirpation de toutes idolâtries et superstitions, puisque Dieu l'a appellé à la royauté et luy a soubsmis tant de peuples.

Preuve.

122. Édit de Jeanne d'A~'et eont/'e la ~'c~~oM cct~to~gMe /'38 sep<c)H&re ~570/ (t). Le premier article contient que toutes personnes ayent à jurer, sous l'obéissance de la reine, et que personne n'aie à laisser entrer dans ces pays aucun de ceux qui sont en sa disgrâce, ni [leur] donner aucunes victuailles, ni dehors ni dedans, ains les emprisonnent et tuent, et cela sous peine de la vie. L'autre que chacun ait abjuré sous la doctrine des ministres, fassent profession d'icelle et baillent logis sûrs et lieux pour faire les prêches et aillent écouter les dits ministres, sous la peine de la vie; et ceux qui seront voisins' des lieux de prêches iront tous les dimanches à ces prêches et que les ministres seront honorés et bénignement traités et non molestés ni en fait, ni en paroles,'sous la dite peine..

Qu'il ne se dira aucune messe dans le royaume, obsèques, vêpres,' matines ni complies; ne se fera aucune procession, litanies, quatretemps, vigiles, ni ne se tiendra aucune image de peinture ni de [sculpture], ni se mettra croix ni draps sur les morts.

(-J) ~)'c/). (<tt V<'f<tcftM (Po~'<tM)'MMt t)tet(.r, 79, p. 234). Vendredi, 22o jour de sept. 1570. A S. Palais, à l'audience de la chancellerie, furent âéclarés deux patentes et articles, contenant ce qui s'ensuit; ils furent envoyés de la part de )a reine par Montamat et ceux du Conseil-de Pau où ils avaient été rédiges le 18 de ce mois. Le titre italien porte .E'dt'~o di quella mala~e«a /eMn)t<'t dt A~tucM'a. (Texte médiocre. Commun. de Mgr Ambroise, curé de Sainte-Marie d'Oloron, insérée ici à sa p)ace.)


Les prêtres vivront sous la protection des ministres, n'oseront enseigner aucune doctrine de t'Ëgtise romaine, ni faire aucun service d'icelle. Ceux qui seront trouvés faire ou donner conseil à ce contraire, seront déclarés rebelles à la Reine et ne pourront demeurer dans ledit royaume, ains étant trouvés seront châtiés. Que les églises encore qui sont ruinées, seront entièrement défaites et les muraittes en même temps et le bois et trésor des dites égtises seront vendus et l'argent sera distribué aux pauvres. Qu'en chaque lieu se trouvera un lieu enterrer les morts honorablement.

Que les dîmes se payeront comme de coutume et seront données aux ministres.

Qu'il ne se fera aucune teste, sinon le dimanche qu'en ce jour ne se fera aucune œuvre manuette,ains les six jours de la semaine, on travaillera entièrement, sans solemniser aucune feste. Que tous enfants, qui naîtront, seront rendus et boittes aux ministres pour être baptisés. Ceux toutefois qui se trouveront baptisés par eau et sel le demureront et qu'aucun ne soit baptisé par les prêtres et selon t'Ëgtise romaine.

Que tous mariages clandestins et secrets aient à être publiés et à aller aux ministres pour être par eux bénits, à peine d'être punis comme paît tards.

Qu'aucune personne n'ait à danser, jouer ou chanter aucun chant qui ne soit à l'honneur de Dieu, ni jurer, ni blasphémer, sous peine d'être châtié.

Que tous les magistrats tiennent la main pour faire [observer cet édit] et que du tout soient avertis les gens de la Reine. Que nul n'aille aux prêtres pour se confesser ni recevoir le Corps du Christ; ni pour prendre d'iceux aucune doctrine. Que personne ne pourra faire école ni enseigner lesenfantsselon la foi romaine, ains qui voudra tenir école, prendra licence des dits ministres et non d'autres. <~ Que tous les mariages se feront de la main dès-ministres et non autrement, sous peine de mort.

Que tous abus et bénédictions, qui se font à t'Ëgtise romaine, seront chassés ni plus ni moins que le bon laboureur chasse et met hors les épines et méchantes herbes de son champ, quand il veut semer le bon froment..

Sont déjà faites et expédiées commissions pour prendre en inventaire tous les biens des prêtres, prébendes, ohits et autres


biens de l'Église romaine, pour prendre les dits biens et les mettre en rente au profit des ministres ()).

123. .PreMfe de la p)'oced(()'o dtt s'' de Colom (2), secrétaire et coMt~Mtssom'e poM)' saisie des biens ecc~ëstas~'gttcs, du '11° septernbre -1571 (f°s -18 et 29 v°; du 11 septembre et 3 septembre, f"9).–Lou dit jour, Peyroton de Bordes, de Luc (3), ditMeiHery, fou audit sur un morrion (4) per luy extremat à un soldat deu capitainy Lamotte (5), qui fou massecrat, et ordonnat que-u rendera (6). Lou dit jour, Peyroton de Bordes, qui ere estat arrestat, per rason d'un morrion qui lou ere estat' commandat render, per luy estremat d'un deus soldats deu capitainy Lamotte, qui fon massacrats, et vist que lou es impossible Ion recouvrar, lou fou mandat pagar per lou prets de deux franx cinq sols per lousquoaus sa deffuncte mouilher )ou se abe vend ut.

Dilhus, 3 de septembre. 1571, à Oloron. Apres aber viste l'inqueste secrette cy-devant feyte, tant per tou s'' commissary que per me dit de Laborde, son subrogat, a apparut per acquere ;que Arnatitolou de Ribeus, d'Oloron, et autres d'Oloron, fou jour que lou dit sr d'Arros, loctenent general, este repoussat de la presénte ville, de que son passats deux ans, se aben prees et approupiat ou bien estremat augunes arquebuses, appartenentes àauguns soldats de la compagnie deu dit srioctenent gênera), un ou deux deusquoals es estat tuat per ions dits rebelles; jou abandit Laborde, commissary susdit, mandai tournar auguns deus dits testimonis et nominadament au dit Arnautolou, qui confessa aber agut et se retirat une de las dites arquebuses, iaquoaiïe se a vendut,cheinsac pouder probar (f"49 de la procédure, v). Aussy se trouva aber crubat onze quoartaus de mith et très quoartaous de sibade, lousquoaus aussy lour sont estats bruslats deu tcms que la ville de

(1) Une traduction italienne est jointe au texte français.

(2) Dans le texte « Celun ». Arnaud de Cptom était secrétaire de Jeanne d'Albret. Le registre ici mentionné s'est perdu.

(3) Sans doute Lucq-de-Béarn, d'où les Co)om étaient originaires. (4) Mo'tOtt, casque; M<)'ewn<,détruitouvo]e.

(5~ H y a eu deux capitaines protestants de ce nom Jean et Pierre de Lamothe,cités parBordenave.

(6) Dans tetextccqu'ed résidera)).


S"= Marie ()) fou bruslade, estans en un coffre en la mayson de Castron,deS''=Marie(2).

D'auh'e p)'oce(/M)'e sio' ~< saisie de ~57.9, fus i4 v et '19 :'Suus que lous dits jurats respondon que tour non eren tienguts goardar )ou dit moutin, non y aben commettut ny dol, ny fraude, ny ère estat en lour puxahce de goardar. tous dits rnubtes, car ta pacheredeu dit moulin se ,rompou, viron dus mees après la viengude de M'' le comte de Mongomery, de que abe quatte ans au ptus, duran touquoat temps lou aben endurât grands troubles de guerre, la ruine et incendi générât de la dite ville de S'c Marie, cum es notory, per rasoh de ço que plusiours habitans de S'c Marie son estats constrets se retirar en ioudit, et plusieurs y fasen encoere tour habitation, joint que, à cause deus troubles et grand severitat qui tous es estade goardade, à cause deu camp deus ennemicqs qui se eren lodjats en la dite viHe, )our aben prou à far de se goardar et davantadge tous soldats entraben fens !oud. moulin, so qui tour semb)abe.

Mandam tous receber per inventary et vous en baiHar descharge per en responner, quoan sera dernandat, en y procedien ab man forte. Mandam à touts tous suhjets de lad. Dame, so fasen, vous bai!!ar secours et ayde, car tal es lou plaser de la dite Dame. Dades à Pau, lou 'i4 aoust t569. G. MoKGOMERY (3). Et plus bas, Du 7~arc. Signé. Par extrait. De 7J,ous<att, secrétaire:

124. Co)Kmtss(OH a!ttj;j'tu'<:(<s po!)' le s'' de Loubie. Jacques d'Arros, s'' de Loubie (4), gouverneur per la Reyne de la ville et parcan d'Otoron, a M" Guiraud de Laborde et Arnaud Guilhem de Verdet, d'Oloron, Salut. Cum per lou servicy de Sa Majestat, tous sieurs Jean de Bonnefont et de Loustau, jurats de la dite ville, sien occupais'et lour sie impossible d'executar la commission à lour dirigide per M. lou comte de Mongomery, de datte à Pau lou 23 d'aoust )c69, et consideran vostre prudence, expérience .et bonne volontat per tou servicy de Sa Majestat, per teneur de las présentes,

(')) Sainte-Marie-d'Otoron, ville épiscopale, distincte de Sainte-Croix. (2) Catron, quartier séparé d'Oloron, aujourd'hui commune de Saint-Péde-Catron.

(3) Sa signature autographe est toujours « Mo.ngonmery », comme on peut le voir dans nos Doct<M., 11, pp. 302 et 304.

(4) Jacques d'Arros était le frère du gouverneur Bernard. Voir une lettre de celui-ci a son frère, du'28 août -1569, dans nos DocitMt., IJ, p. 300.


vous abem commettuts vous transportar aux locqs de S"= Marie,. Leguignon, S' Pee de Catron, Moumour, Baretous, Arros, Esquille, Issor, Eysus et Lurbe (1), executar la dite commission, prender touts moyens de quigne espece que sien, lousquoaux solen possedir aux dits locqs, tous gentius ennemicqs de la Reyne et touts beneficiats deu present pays, et asso juus lou nom de Sa Majestat, et aussy far coupar teigne et far pourtar lou tout au segur en la dite ville, per la deffence dequere. Sy mandam aux jurats, bayles, prodoms, officiers et autres sousmees de Sa Majestat, lour (2) donnan secours. Dades à Oloron, fou 29 d'aoust 1569. LouBŒ. CoHatibnné, de LoKs~au, secretary.

125. Extrait des }fgffst)'cs ~M Conseil ecclésiastique. Sur ce qui a esté remonstré qu'il y avoit quelques ministres décédex, qui n'avoient pas esté payes de leurs gages du quartier escheu aus mois d'avril, may, et juin dernier passez, de quoy les femmes des dits ministres décédez en demandent l'arriéré arresté que le diacre général payera aux dites femmes veuves le quartier de leurs mois. Et pour sçavoir ceux qui sont à payer, le dit diacre portera au prochain Conseil un roolle de touts les dits ministres. Actum au dit Conseil, le 17 novembre 1569.

Veu le roolle de touts les ministres dont appert que Messieurs de Loustau, Ptantier, de Lucq (3), décédez, doivent recevoir le quartier d'avril, may, et juin dernier passez, a esté arresté qu'il sera baillé par le diacre général aux femmes de feus Loustau, Lucq et Plantier, à chacune d'icelle, la somme de 50 1. tournoises. Et à la femme de M. Tollet (4), sera baiiié par le dit diacre, 35 I. tournoises pour luy faire le complement de 50 1. avec t5 1. que le dit Tollet avoit receu du dit diacre dans Navarrenx. Actum au ditConseil le ditjo,ur etan. Selon l'ordonnance de M. d'Arros, sur la requette des ministres qu'il leur seroit distribué tant à eux qu'aux veuves et régens la somme de 2500 1. tournoises, s'est présenté M. Larose (5), en cette

(1) Sainte-Marie-d'0)oron, Lcgugnon, Esquiute, et'c., tous viHages aux alentours d'Oloron. Sainte-Marie fait aujourd'hui partie de cette ville. Moumour appartint a t'évèque qui en devint le baron. Baretous, vattée dont Aramits était icchet'-iieu.

(2) Dans le texte «juus)).

(3) Pierre Loustau et Jean du Luc, ministres de Lembeye, Augier P)anticr, ministre de Beuste, exécutes a Lescar. (Voir. Bordcnave,pp.222,263.) (4) Dominique Tollet, ministre de Caresse.

(5) Antone La Bosc, trésorier ecclésiastique. (L!ordcnave,.p. 't'i7.)


assemblée, de la part. de M. d'Arros, pour mettre en main du diacre généra) la dite somme, laquelle la compagnie a commandé au dit diacre estre distribuée aux susdits, selon le département qui en seroit fait par Messieurs Viret, Martel et Loyard, députez pour [ce] faire par la dite compagnie, selon le rotte qui suit

Rolle des mt~;sh'cs (1).

AM.Viret(2)cy.200). Bordenave (3) cy. 60 1. Martel (4) cy. M 1. Costa (5) cy 60 1. Pascha)(6)cy. 50 1. Sabatier(7)cy. 60 1. Le Brun (8) cy 60 1.

SaUett,es(9)cy' 40 Archambaut.(-10)cy. 30 Pomarède(!))cy 50. Clavel (-12) cy. 50 I. BordenavedeTarsacq(t3). 50 Arra.cq(14). ? Larrive(!5)cy 60 J.

(1) Comparer ce rote avec celui donné par Léon Cadier pour le siège de Navarrenx. Doctf~)., Paris, 1896, « Les pasteurs du Bearn au siège de Navarrenx »; et avec )a liste des ministres en '1579 dans notre ouvrage Le P)'0<M<«M<tt!HM CH JSefO'K, p. 330.

(2) Sur Viret, consultez les textes publiés sur lui dans nos Doc:H)t., If, pp. 226-224.

(3) Sans doute Nicolas de Bordenave, Fhistorien.

(4) Pierre Martel, ministre de Pau, marie avec Anne de Castanhédc, en -t566. Arch. B. P. E. 1999, f" 2)5.

(5) Ministre de Mortaas en 't579.

(6) Sans doute Pascal Tortarc), ministre de Gan (L. Cadier, p. 12), ou Paschal, tout court, ministre d'Assat en 1579; il y en avait alors un autre a Audaux.

(7) Ministre à Lasseube en ')570; marié avec Arnaudine Lau)he. E. 20)3, fu 284 v".

(8) Ministre à Pontacq en 't579.

(9) Arnd de Salette, fils naturel du président Jean de Salette (voir son Testament dans nos DocMm., IL p. 230), auteur des Psaumes publiés par. l'abbé Bidache sous te titre de .F/OMcgt<e<o<s..

(10) Archambaud-Cotomier, ministre de Moncin, dit L. Cadier. Le même peut-etre"qn& Colomie)', ministre de Lescar .en t579.

(11) Gratien Pomarede, ministre d'Artiguelouve, en ~569 et '1579. (12) Claude Clavel hérite de Viret; DocMW., 11, p. 221.

(13) Arnaud de Bordenave, ministre à Tarsacq et à Araujuzon, en 1569 et 1579.

(14) Bertrand d'Arracq, ministre à Audaux, puis a Gan, en 1569 et 1579. (15) Jean La Rive, basque, ministre à Navarrenx.


Seguas(-l)cy. 60L Solon, d'Ortez (2) cy 60 1. Lapierre, de Pau (3) cy.. 60. 1. Nognes(4)cy. 30 Don Arnaud (5) cy '60 1. Ardechiberry(6)cy. 60. Carrier (7) cy. 60 1. Carrëre(8)cy. 50. 1. Toya(9)cy. 30 1. Ft'anqulen('10)cy 60. 1. Ce ministre feut pendu en )573

par arrest du Conseil en la Chambre crimineHe.

Casa(M)cy 60 L Lat:ourette(12)cy 501. SteGracie()3)cy 50 1. Basse(')4)cy. 50 Ducer(t5)cy. 50. 1. Ario)et('16)cy. 30. 1. Armena(17)cy. 40. Geoffroy (t8)cy. 60 1. Manhos('19)cy. 40.

(1) François Séguas, ministre de Sauveterre, il vivait encore en '1579. (2) Ancien carme de Tarbes, d'après Poeydavant; un des ministres les plus en vue. Il figure encore au Colloque de 1579.

(3) Déjà en Béarn en 1557. Ministre à Navarrenx en--1579. L'historien Bordenave l'appelle « François Le Gay, autrement dit Bois-Normand, ou La Pierre t (p. 54). H vivait encore en 1589. E. 1641, fo 208. (4) Les Noguès étaient originaires d'Assat. Un Noguès était ministre à Oloron en 1579.

(5) Sans doute G"'c Tenarnauld, ministre d'Oraas en 1569, et à Caresse en -)579.

(6) Probablement Landecheberry, basque, ministre de Charre en -1569. (7) Les textes de L. Cadier )'appetient Bernard Carrière et Carrere. It était ministre de Salies en '1569.

(8) Pierre Carrère, ministre de Josbaig en 1569. (Voir sa supplique à B. d'Arros, dans L. Cadier, p. 17.)

(9) Jean Touya, d'Abos, ministre d'Arette en 1569.

(10) On lit ici même que ce Franquien fut exécuté plus tard, peut-être pour cause de sorccHerie; par ailleurs inconnu.

(11) Ce nom, peut-être mal copié, ne figure pas dans les documents cités. Il y avait un Lacaze ministre de Montaner en 'Î579.

(12) Gassiot de Latourette,. ministre d'Aspe, résidant à Osse. (Voir des détails dans notre ouvrage sur Le P)'o<M<aH<MHte en Bë(t)';t, p. 254.) (13) Sans doute originaire de Salies, ministre de Berenx en 1579. (14) Jean de Basse, ministre de Pardies en 1569, cité deux fois par L. Cadier.

(15) Alexandre Dussert, ministre de Lagor, en 1569.

(16) Sans doute Arriu)at, ministre de Garlin, en 1579.

(17) Ministre de Labastide-Villefranque, en 1579.

(18) Ministre de Beuste en 1579.

(19) MaiHos, ministre d'Ogeu, en 1579.


Escout())cy. Barse)onné(2)cy Vacquès(3)cy Formatager(4)cy Bohine(5)cy. Perco (6) cy Rosier(7)cy.. Tardès(8)cy.

50 1. Pujos (9) cy 50 1. 50 Samson.0')ogaray(-)0)cy. 60 1. 50.. Liserague (il fist imprimer le 50 l. Nouveau Testament en langue 50 I. basque) (H) cy. 60 ). 50 Tartas()2) cy. 50 i. 601. 1. Du Puy(adjouté depuis le roiïe) 60 1. (13) cy ;40i.

Les dittes sommes cumutées-ensemble montent deux mil quattre cents septante deux livres, dix sols, lesquelles a esté advisé au Conseil ecclésiastique seront distribuées, selon l'ordre cy-dessus contenu par le diacre générai de t'Ëgtise. Du premier décembre'1569. 126. .E'a;<)'<:K'( des fe~ts<)'es du Pat~cHtCHt. [A)~M<a<ton de;'<otts les actes acco)Mp!is par les tMa~tstrats créés par T'o'i'i'~e, 7 septcm~)-e ~569.] En la cause deu procurayre générât de la Régine, Dame souviranne deu présent pays de Bearn, accusant et demandan~que toutes et chascunes ordonnances, edicts et procurations, et. autres actes commandais per lou sieur de Tarride, se disen tocténent général per Ion rey de France, en lou présent pays de Bearn, ensemble tous actes de justicie, de M~ Joan de Bordenave, Fortis

(1) Ministre de Bielle encore en't579.

(3) Non cite dans nos documents.

(3) Probablement Pierre Bacquier, ministre d'Arthez. (4) Sans doute ministre de Castillon en 1579. Son testament est aux Arch.B.-P.E.2027,f"367vo.

(5) Bonine, ministre de Garos en '1579.

(6) Mauvaise lecture. Inconnu.

(7) Ministre de Saties, bu il est en -1564 et en 1579.

(8) Tardetz, ministre basque en Ostabarets, résidant a Ostabat; il y mourut en septembre -1578, dit L. Cadier. B. 2368, f" 3-t9. (9) Pierre Pujos, ministre d'Orion; un Puyous est à Andrein en/1579. (10) Le père de t'historien Pierre d'Othagaray, qui se réfugia a Bidache a l'arrivée de Terride. 1 (11) Le fameux Jean de Liçarrague, ministre de Labastide-Clairence, auteur, comme on le dit ici, du y'esi(MKeK<M ~e)')'ta, imprimé à La Rochelle p:)rHauitinen't57~.

(12) Sans Tartas, quoique basque, alors ministre dc Lucq. Il était a Sàint-Pataisen)579.

(i3) Ou plutôt Odet Du Pin, ministre de Mastacq en 1569 et en 1579.


d'Espona, Guillaume de Laborde, Hieronim de Marca, Frances Du Puy, Bernard de Sorberio, et Pierre d'Arbusio, se disens commissaris et aber autoritàt deud. sieur de Tarride, l'exercicy de la justicie au Conseil ordinary den present pays, ensemble touts actes feits en la Cour deu senechal, sien cassades comme baillades per usurpation tirannique et per officiers i)!egitimes, et lou tout reduisit en son purmer estat, et autrement requerien comme en son pleyteyat, tant de. palaure que per escriut, contre lous dessus nommats et autres.

Vist, et audit tou pleyteyat et remonstration deu procurayre general, disen enter autres causes estar notory que lou sieur de Tarride, juus pretexte de protection, assistit de plusiours habitans deu present pays, tant gentius que autres, traîtres de)oyaus, et infideles de ta Régine, que pays (t), se sère emparat de plusiours villes et de tout iou reste deu pays/exceptât la ville de Navarrenx, et estant ainsy introdusit per tyrannie, tant s'en t'ai)h que ion dit de Tarride aye usat de protection, au contrary et deu tout exautorade la Regine et ruinât tout lou pays, monstran que son dessein ere (2) ton tirar de l'obédience et subjectionde la dite Dame, et per tal moyen lou dit sieurdeTarride et sons adherans ton troubats en crime de leze majestat, principallement en so que lou dit de Tarride a entreprees de crear officiers tous susdits, cum appar de sa pretendude provision, de datte deu sieix de juillet; darrer passat, et privat touts (3) tous autres et fidels officiers de l'exercicy de tours officis. Et tous dits pretenduts officiers, oblidans ior deber de bons et teyaus subjets, an feyt plusieurs actes et lous pretenduts gouverneurs stablits en las villes deu présent pays an feyt'mourir plusieurs ieyaus subjets de la Itegine, rnesme p)usiours ministres et lou s'' président Lavigne (4), cheins forme de justicie, so que non s'en pod recitar cheins grande compassion et regret, à cause de las dites cruautats.

Et d'abondan, lou dit sieur de Tarride aure commetut (5) plusieurs autres actes contraris à la dite pretend.ude protection en so

(1) Sans doute <t<( de lit 7)'. que t~ett ~oys.

(2) Dans ie texte « de et)).

(3) Dans le texte <t)uy!).

(4) Le président G'"e Lavigne fut pendu à Pau par ordre du gouverneur de Peyre. (Bordenave, p. 264, n. ').)

(5)D:)nstetexto(!comn)otat)).


que-aure probedit M" Joan de Supersanctis de l'officy dad aud. procurayre genéral, feyt far nabets sagets et cambiat la tenour de las lettres de justicie, au' moyen de que lou poble pot connecher quinh es estat abusat juus lou dit faux pretexte de protection et que Diu luy a feyt grande gracie de lou aber detiurat de là.dite tirannie juus laquoalle ère estat redusit, et se debe souvenir de la douceur.et benignitat. dont la dite Dame a toutjours usât en son endret, non prenen rees que so que gratuitement fou ere estat autreyat per lous dits Estats. Et, au contrary, se deben souvenir de las impositions deu dit de Tarride et sous adhérons, de las contraintes d'anar.à ta guerre et autres mauvais'tr;zctements, so que tous deu obtigar et 'plus fidelament à t'advenir far tour deber envers Sa dite Majestat et s'opposar à tous tyrans qui per ci-après tous pouyre sustregerde iasubjection et o!j3dience de ladite Dame. Car de ta cruautat deus dits tyrans porten témoignage lous gibets dressats (t), en la presente ville de Pau, que autres locqs, én lousquoaux tant de bons subjets de la Régine son estats executats à môurt, tousquoaux serbeichen qu'à augrnentar tours doutbursà à las viudes, parens et amicqs deux executats.

Et d'autant que tout so dejuus es nuth, requereix, en purmer locq, que la dite provision per l'establissemènt de ta justicie et toutes autres ordonnances, per lou dit de Tarride feytés, siencassades et rayades deus registres, tous tittres autrejats aux susdits de Bordënave, Spona, Marca, Du Puy, Laborde, SorberioetArbusio et Supersantis, d'estar cassats ab tout so qui s'en es enseguit, touts arrests et deliberations per tour preses et lous dits gibets estar tdtlits, rornputs et brisats, et autres estar plantats en autres locqs qui seran avisats per lou Conseil, per y estar penuts lousdits traites, tousdits sagets estar romputs et tou tout redusit au purmer estat, saufs à procedir contre tous dits pretenduts officiers qui an acceptât lous dits offices deu dit Tarride. Et affin que personne nou en pretendie cause d'ignorence, que t'arrest qui sera pres, sciepubliquat. Lou Conseil a declarat et declare, a cassat et casse toutes et chasc'unes'provisions, of'donnances, edicts et touts autres actes feyts et executats per tou dit sieur de Tarride ab tout so qui s'en es enseguit, ensemble tout so qui es estat prononciat et executat per tous dits .de Bordenave, Spona, Laborde, Marca, Du Puy, -Sorberio, Arbusio, ab touts tous autres qui per tour tenenttousiege deu

(1) Sous-entendu tant.


senechat, gouverneurs de las villes, et touts autres creats et députats per lou dit sieur de Tarrido en causes civilles et criminettes, juus sa dite autoritat, estant lou tout feyt cheinx puissance, autoritat, mes per force et lirannie, juus faux pretexte, aben usurpade l'autoritat de la justicier de la Regine, nostre Dame souvirane, et redusit lou tout en son purmer et degut estat, qui ère davant la fcste d'Arramps (t) darrer passade, cheinx prejudicy à las parlides de demandar réparation contre qui bon four sembtara. Et per medix moyen, ordonnât que touts et chascunes provisions, ordonnances, edicts, sentencies, et autres actes per lou ditTarrideet Ions susdits, de son autoritat feits, seran rayats et, au marge deus registres ond seran las dites sentencies, metut ~nnn~at et Cancel<N< ((pe)'pe<t(a«t; metKortc per arrest deu Conseil etfasentdret suus las autres requisitions deu procurayre general, a ordonnât et ordonne que tous dits gibets qui se troubaran dressais d'autoritat tirannique deu dit sieur de Tarride, ot'Hciers susdits, gouverneurs, capitainis et autres, en tous endrets deu présent pays, seran desptantats, romputs, commetcn a so far tous bayies de chascun locq et que autres gibets seran mettuts ond sera advisat per ton Conseil. Et affin que degun non en pretendie ignorence, ordonnat que lou présent arrest sera pubticat à bouts de trompe per toutes las villes.et locqs accoustumats deu présent pays, en jour de marquât, assistons tous dus (2) jurats de chascun dequeres ab tous capeyrous (3), de que seran retienguts actesettou tout raportataù Conseil. Publiquat, en audience,à Pau en la mayson commune, lou sept de septembre -tcCO.

127. .Rc()'<'t<t des )'e~/<sh'<'s <.7M7~o)'i'cmo)<. 7.c«)'c r/c A/OM~OH)KCi'~a)<,Conse< Messieurs, vous regarderex dorénavant à superceder (4) les arrests et sentences que vous donnez sur ceux qui ont porté les armes et fait fonctions contre le service de ta Reyne, principallement contre les gens de guerre, desquels nous avons à faire que premièrement vous entendiez ma volonté, et m'assurant de vos bonnes volontez, je ne vous la fairay plus tongue, sinon me recommander à vos bonnes grâces, priant Dieu, Messieurs, vous continuer les siennes.

(1) La fête des Rameaux.

(2) Dans le texte deux)).

(3) Ca~ef/t'otM, manteaux, Hvree desjurats. (4) ~'ttpet'ce~e)', surseoir.


D'Amou (t), le 20 septembre'1569. Vostre entièrement bon amy. Signé. MoNGOMEHY. Presentade au Conseil lou dit jour. 138. .E'x<t'cnt des )'cgft.s<)'es. [Ordonna'Mcc de MoH~o~Mnte)*~ pOM)*~pttc</f(;a<tO)t du TPeftt'M et la de~tUt'NKce de co'<atnspr!SOMMto's, 38 sepleinbre ~.569.] Gabriel de Mongomery, loctenent general per la Régine, Dame souviranne de Beàrn. Cum per la grande et admirable providencie de Diu et per ion moyen de las armes qui nous a mettut en maas, lou pays de Bearn sie de)iurat de las oppressions et tyrannies dont es estât afuigit, et que à present sie remettut juus la obedience, de la dite Dame, lous subjets de laquoalle es besoin contenir en lour deber et render obediens à ia justicie de laquoalle deguns sevouieranexemptar, juus pretexte de recoinpénce deus servicis renduts à la dite Dame et reparation deus torts et injuries que lour an endurat de quauques habitans et et estranges, ennemicqs de )a dite Dame, pouyren de lour autoritat privade metter las maas suus lous biens et personnes deus dits habitans, à que es necessary de obviar, affin que Diu nou leichesse de continuar envers nous sas benedictions, lasquoalles reluseichen en ia.horrible tremour qui a occupât lous ennemicqs, que lou r abandonnan tours forteresses que teniben, non sôlament en. lou present pays, mes aussy à i'entour dequet, et aussy per nou empachar ma dite Uame à recompensar tous dits servicis, à la justicie à punir lous traitres et rebelles.

Nous, à d'aqueres causes, abem ordonnat et ordonnam. que de nabeig sien feytes inhibil.ions et deffences à touts habitans deu paysdeempresonnar, rançonnar,'piihar et autrement mattractar aucun deus habitans en lours biens ou personnes, sien d'une ou d'autre, religion, à peine de la vitte. Et per medix moyen, abem commandât et mandam aux gouvernadours, capitaines deus castets, villes, bourgs, vallées, etautres endrets, qui, despuix nostre arribade en lou pays, an prees aucunes personnes, de quigne religion que sien,, et aqueres detiennen en lour pouder, aquo remetter, ab lour argen,~papers, marchandises, iingës,granadges, bestiars, per rollou et per escriut. Dades à Salies, lou 22 de septembre 1569. Signé, MONGOMERY. Et plus bas, Dit P~'c. y

189. –OfdoKMaMcc de Mongommery, coN/tsg(tan< les biens ecclésiastiques, 2 octobre ~5d9. Gabriel, conte de Mongomery,

(1) Amou, chef-lieu de canton, arrondissement du départemt des Landes.


lieutenant générâtla Reyne, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut/Nous, pour certaines considérations concernans le service de la Reyne et conservation du.présent pays, avons pris et mis, prenons et mettons soubs la ma.in de Sa dite Majesté les éveschez de Lescar, d'Oloron, abbayes de Luc, Sauvalade, La Reule~ toutes tes chanoinies, prieurez, archidiaconés, rectories, et touts et chascuns des autres biens ecclésiastiques scitués en la souveraineté~de Béarn, saufs les bénéfices des patrons laicqs qui ne seront tombez (1) en crime de lèze majesté, inhibons et deffendons à, touts les titulaires de plus y prétendre jusques à ce qu'autrement par Sa dite.Majesté en sera ordonné. Et d'autant que nous avons entendu que plusieurs ont couru sur les fruits des dits bénéfices, tellement que lé moyen que nous pensions avoir d'en faire deniers pour les employer en des légitimes usages, est mesprisé (2), man~ dons à cette sorte de gens, de quelque autorité qu'ils soient, qu'ils n'.ayent à prendre rien des dits fruits ny autre chose des dits ecclésiastiques, ains les laissent ès mains des fermiers ou commandataires sur peine de restitution et autre arbitraire. Et à ceux qui en ont prins, faisons commandement de le déclarer dans huitaine, pour estre ordonné par nous, à peine du double. Mandons aux jurats des lieux de faire rassembler les fruits pendans, etc. Données à Salies, le 2 octobre 1569. Signé MoNCOMERY.Etptus bas, Du Pare..

'130. Ordonnance de Jeanne d'A<&e< s~n' la justice, !es t'e~e~les; les eccMsMis~gttes et ~a co!t~caf.tOK(~es!)!C)!s(S. Maixent, 29 septembre 1569). Jeanne, par la grâce de Dieu Reyne de Navarre, Dame souveraine de Réarn, à toùts nos justiciers et officiers de nostre royaume et nostre pays souverain de Réarn. Salut. Nous, pour certaines causes et considérations à ce nous mouvans, avons par manière de provision ordonné ce qui s'ènsuit

Premièrement, que lesvichancelliers, présidons et commissaires, tant de la chancellerie dé nostre royaume que Conseil souverain, ensemble les officiers de nostre Chambre de comptes et autres officiers du dit pays, faisans profession de la religion réformée, et ne s'étans révoltez en ces dernières guerres, exerçant la justice et autres charges, comme ils ont fait cy-devant, leur soient (3) faites

('Î) Dans le texte « touchez )). (3) Dans, le texte « compris ». (3) Dans le texte ( et leur sont ».


inhibitions et deffences de recevoir à l'exercice d'aucun office les autres conseillers et officiers papistes ou les révoltés, quelque satisfaction et. repentence qu'ils en veuillent faire, lesquels, quand à présent, nous avons suspendus de leurs estats, jusqu'à ce, qu'eux ouïs, en soit autrement par nous ordonné.

Item, avons permis à nostre lieutenant général et gens de notre Conseil ordinaire de Béarn, estant assemblez, de commettre, au lieu des officiers inférieurs, morts, ou suspendus par le précédent article,'autres qui exercent leurs offices, pourveu qu'ils soient de la religion réformée, jusques à ce que par nous y ayt esté pourveu, affin que la justice ne soit retardée.

.Aussy nous, avons enjoint aux gens de notre Chancellerie et Conseil de faire les procès criminels des rebelles, officiers, gentilhommes, consuls, communautés et autres, ayaus charges ou s'estans. rendus chefs, qui ont porté les armes contre nous, tant morts que viva.ns, abscents que présents, suivant la disposition ordinaire de justice, et procéder contre iceux jusques à sentence deffinitive inclusivement et exécution d'icelle, que nous ne voulons aucunement.-estre retardée, pour quelque raison que ce soit. Et quand à la populace qui possiblement auroitesté circonvenue, sera surcis à interposer aucun décret ny confection de leurs procès criminels', jusques à ce qu'autrement sera par nousadvisé. Et pour ce qu'il se pourra trouver défaut du nombre pour l'instruction et jugement des procès des révoltez de nostre royaume, à cause des abscens et morts, au lieu.desquels n'a esté pourveu, nous, par ces présentes, outre ceux qui se trouveront en icelle chancelle.rie capables et suffisans de ce faire, suivant les qualités susdites; .avons commis et commettons les présidents Etchard, de Fenario, Tisnëes et Laurets (1), conseillers, pour faire et parfaire et juger r définitivement les dits procès criminels, lesquels, pour ce regard en tant que'besoin seroit, nous avons naturalisés et créés conseillers en la dite chancellerie, c'est à sça'voir deux d'iceux, pour instruire les dits procès, et quattre pour les juger. Cependant seront saisis touts et chascuns les biens, tant meubl'es qu'immeubles, des morts et abcens qui ont porté les armes ou se sont révoltés contre nous..Et quand.aux.meubles, seron.t vendus au plus offrant. Etales immeubles seront régis par bons et suffisans commissaires,'qui les

('i) Mauvaise lecture; personnage.inconnu.


bailleront à afferme ('!), et les deniers d'iceux tant meubles que immeubles, seront mis ès-mains de M" Auger de Larose, nostre receveur généra), ou autre qui par luy sera commis.

Avons aussy enjoint à nos officiers de faire saisir touts et chacuns les biens et revenus des ecclésiastiques romains, et y commettre bons et suffisans commissaires, qui les pourront bailler à ferme, ou, s'ils sont baillés à ferme, fairont diligence de faire payer les fermiers pour les deniers estre mis-es mains du dit Larose, ou autre personne qu'il commettra, sur ce déduit ce qui aura été ordonné pour la subvention des ministres et escoles qui seront mis ès mains du trésorier, de l'Église, comme auparavant les guerres, et sauf à pourvoir sur icelluy plus amplement, sy faire se doibt.

Pareillement, sera déduit le revenu de ceux qui s'estoient convertis à l'ËgHse réformée et avoient obtenu permission de jouïr des dits biens, en la pocession desquels il n'est entendu préjudicier par ces présentes, pourveu qu'ils ne soient révoltez, pour employer les dits deniers selon leur nature et pour cette guerre. Et pour le regard des garnisons, qu'il sera besoin d'establir aux'forteresses, villes et autres lieux de nostre dit pays, se)on qu'il sera avisé par nostre lieutenant généra), auquel.nous avons donné lé pouvoir de ce faire, à sa discrétion et selon l'exigence des. cas, avons ordonné qu'icelluy nostre lieutenant général, appeliez avec luy les gens de son Conseil, et nostre trésôriel générai Larose, pourra imposer sur nostre dit pays telle somme de deniers qu'il avisera estre nécessaire pour subvenir au payement de la solde des dites garnisons, ensemble pour le payement de nos officiers et autres charges importantes de nostre dit pays. Lesquelles sommes il faira recueillir sur les habitans du dit pays, selon les voyes ordinaires ou extraordinaires, selon qu'il verra estre plus expédient, pour estre mises ès mains du dit [trésorier] général Laro3e,.afun d'estre distribuées selon l'estat qu'il en sera fait par nostre dit lieutenant général et son Conseil. Sy vous mandons, etc., etc.

Donné à S'-Messens, le pénultième septembre -1569. Signée, jEANNfs. Et plus bas, A/M)-t6aMt. Registre le premier février i569(2), saufs qu'il est ordonné par l'arrestque l'exécution du contenu au

(1) Voilà bien, en deux mots, toute la procédure que nous voyons s'exécuter dans la saisie des biens.'

(2) C'est-à-dire d570.


premier article sera surcise jusqu'à ce que le Conseil seraaverty. de la volonté de la Reyne sur cella. 131. M. de Afon<«mat présente ffM Co?tsct~ ses ~c~i'cs de lieu<eM(t)T.< général CM ~eft)'n,.95 ~anutei' 1570. Lou 25 de jener 1569, à l'entrade deu Conseil, de matin, se presenta M. de Montamat, remonstran que fou bon plaser de Sa Majestat et de Monseigneur lou Prince ('<), ère que (2) luy se rendousse au présent pays per y commandar au-feyt de las armes et so qui en depend, ensernblement ab Monsieur d'Arros, foctenent general, et ab pareille puissance et autoritat, ainsi que te apparer per lettres de Sa Majestat, deu 6 et .'16 de nouvembre darrer passât, et de Monseigneur lou Prince, deu 26 de septembre, et autre de f'onxaf de septembre, tremetudes au dit sieur de Montamat, las fins susdites; et fegides'fas dittes lettres et plusieurs autres coiitenentes la decfaration de la volontat de Sa dite Majestat, et communicat fou tout au dit s'' d'Arros, fou 27 de jener en plein Conseil, et audits sus so fous advocats et procurayre generau, fou restât, de commun consentiment, que fou dit sieur de Montamat ère recebut per loctenent gênera) en fou présent pays ab pareille puissance que aquere deu dit sieur d'Arros per, touts deux ensemble, d'une mediche volontat et egafe autoritat, exercer fou dit estat de loctenens généraux per Sa dite Majestat, seguien fas dites lettres; et affin que personne non protendie ignorance, que so dessus sera pubficat en audience. 132. 0)'<~)mamcc t/f Co'Hai'd d'~)')'os c< de G"~de~on<a)Ka<, abo~ssant ~<. <'e~(0)t cf~/to~Me et ef(t6~'ssa;nt la He/bt-mc, S8 januto' ~57~~ Bernard, s'' et baron d'Arros, et Guillaume d'Astarac (3), baron de Fonteraiffe, de Montamat, etc. Atouts, Salut. Comme Diu aye despfegat sa faveur suus fou pays de Rearn, en fasent predicar sa pataure assez puramen, et aye commençât per aqued moyen de monstrar lou vray servicy que Diu demande deus hommis et descouvrir f'errour qui ere en las doctrines inventades per tous hommis contre sa pafaure, et, continuan sa bénédiction, a,enfin 'donnatàSaMagestat la conneichence de sa volontat. Et ainsy se veden obligat a far resonnar sa palaure per tout lou pays, comme

(1) Henri de Béarn, notre futur Henri IV. (~) Dans le texte « de qui)).

(H) Dans te texte « Guiihaume Desterac ».


e.stan fa may generalle dequet, aure départit en: beaucoup de locqs deA dit pays, plusieurs ministres et annonciadours de ta: dite palaure per la proposai' a son pobfe, et per tal moyen amenar un chascun de sons subjets à craigner Diu, et )ou servir, seguien sons commandemens. Et aben commençât et progredit talle besoigne, de sorte que degun non pot pretender ignorance, aye voulut purgar son'dit pays de las idolâtries et superstitions exterioures et publiques, tant per so que Diu en ere deshonnorat, que per so ere un impediment au poble de receber la doctrine deus prophètes et apostous, predicade per fous dits ministres, toutesbets veden que y abe grande ignorance au poble, se sere deportade de far abatter universalement las dittes superstitions et idofâtries, non pas cheins en sentir la conscience cargade, mes per suppdrtar encoere la rudesse deus dits pobles, et dissimufan las ruses et pratiques que plusieurs d'enter four aben dressades per abolir )ou bon commencament que Diu abe ordonnat, et tinallement, en perdônnan las seditions publiques per lour feytes, procediens en partide de lour indisposition à receber la véritable doctrine, et en partide deu désir de transportât'(f)f'Estat de Béarn, plus en haine de la personne de Sa Majestat et ambition d'aunous que per ignorance que Jour aboussen de la bonne volontat de Sa Majestat, car auguns de lour an feyt profession publique. de la dite doctrine, et lous autres en conférences publiques et privades an connegut la puretatdequere. Et so fasent, ladite Dame aye leichat fous uns en f'exercicydefa vraye religion, et lous autres, de la qui se dits romane, fondade suus l'opinion deus hommis, attendent que per une conférence, qui tousse estade feyte, cheinx l'obstacle qui en an donnât, per subtifes conductous (2), aquets qui nou demandaben que demourar en obscurcissement, ou que Diu baillasse quoauque propy commôditat d'estabfir universe!fament la prumere, et abofir entièrernent la seconde.

Et jassie que en France fas armes fossen represes per detfensar so qui ere estat accordât per fou Bey en plusiours et divers edicts sofemneffament faits et per conservar las vites deus qui fasent profession de la. religion reformade, fasquoaus religion et vites fous ennemicqs four voufen ostar, cheins espargnar la Reyne, Monseigneur.et Madame (3), sons enfans, toutesbets ma dite Dame

(')) Mauvaise lecture.

(~)Mauvaise(ecture;p)irascineompt(';te.

(3) Jeanne d'AUjret, son fils tfchri et Catherine de Bourbon, sa fille,


nou abe infringit rees de so qui abe accordât à sons subjets, abans('l)' lous abe leichats en lour libertat et se fida.tant de lôur que non provedy autrement à la conservation de son pays. Mes, au locq de reconneicher son hu~nanitat, la plus grande part de tour et quasy touts se son reyoltats de.l'obédience de la dite Dame, an pres sas villes, cassât l'exerciçy de ta vertadere religion et restablit la qui se dits romane, tuât lous ministres, feyt administrarjusticy, au nom d'un autre prince, constituit officiers en son nom, près rentes (2) de la dite Dame, supprirnit.son autoritat, deshonnorat son nom et feyt touts tous mauvais officis qui an poudut far, fors la prese de sa personne, per lou moyen deuxquoats an donnat occasion à la dite Dame de tremeter une armade per la deliurance de son dit pays, et conservation de sons bons subjets et tour ostar la libertat de tour religion qui per temps lour ère estade autreyade, d'autant que nou se son contentats de viver enaquere juus l'obédience de la dite Dame, et an abolit la vraye religion, de laquoalle la dite Dame fase, sy que fe, profession, et per ainsy tour nou goardans so que deben, Sa Majestat n'a aucune obligation envers* Jour en so que pouyren pretender que, per convention publique, las dues religions dernouraben en la libertat deus subjets, segon la dévotion d'un chacun, car tous qui nou observen la fée de la convention, se priven de t'effeit dequere. So qu'estan, la dite Dame nou deu plus diflerir à satisfar à la, volontat de Diu qui vol estar servit seguien aquere; considerat surtout que Monseigneur lou Prince commandabe per lou Rey Antony(3), son pay, et la dite Dame, labets abcens, fou proposade dispute publique en la ville de Lescar per ordonnance deu dit seigneur Prince, ab l'avis de son Conseil, enter Pierre Henric Barran, natiu de Barran en Armagnac, et labets ministre de Pau, et sons consorts; et lou principal deus jacobins et sons monges, qui teniben capiton general au couvent d'Ortès; mes cum es notory à chascun, tous dits monges nou voulon comparir; davantage, quoan Georgy, cardinal d'Armagnac, viengou enBearn, per commandamen deu dit Rey Antoni et de la dite Dame, perassistir aux Estats et procedir au feyt de.ta Religion, estan accompagnât de qoatte

(2)'Mauvaiselecture. (3) Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, que nous avons vu Uesso )norteHementausie~cdeUouenen')562.

(1) Abans, mais.


doctours de la Gleise romane, ton dit M<= Henric se offery de soustenir la doctrine que luy abe predicade; mes en sçaben aquets qui assistiben au Conseil, nou voulou accordar la dite dispute, abans donna ordie, per lou moyen de Claude Regin, evesque d'Otoron, à fardes)odgear loudit M" Henric (1), en contenence d'amie (2), et après lascha contre tuy une prese de corps laquoalle fou executade. Outre plus, estan Mons'' de Gramon, loctenen general de la dite Dame, d'autant que lou gardien deu couvent d'Ortez blasrnabe la doctrine deus ministres, fou accourdade per lou dit seigneur de Gramon une dispute fens lou temple deus jacobins d'Ortez, en laquoalle plusieurs gentiihommis de la religion romane deu dit pays, de bonne marque, en fou dëbatut enter lou gardien, et Soioh, ministre, deu moyen de connecheria vraye religion de la fausse, soustenin lou dit gardien que aquo nou se poude far en aquest monde, et Iou dit Solon, lou contrary, et fou vist per lous gentilhomis que tous dits monges souffrechen mauvaise cause, so que estan, degun nou potdiserque la conférence publique nous aye precedit l'abolition de la fausse religion.

Après tout, nou es rason deptusdifferiràsatisfaràtavotontat de Diu, considerat que luy, qui,segon sa sagesse incompréhensible, sap empiegar en sa bonne obre tous mauvais instrumens, monstre évidemment que s'es voulut servir de la revolte per abolir so que la dite Dame per souffrence abe permettut, et tous professeurs de la dite religion, ditte romane, nouseansçabutgoardar. Et d'autant que per la palaure de Diu, es mandat aux princes de menarsons pobles à la. connechence dequere, per estar recounegut tour créatour et sauvadour et abolir toutes idoiâtries, qui empechen scie. recebude, corn las arronces et mauvaises herbes empechen que iou bon graa non fruct.ifique abondamen, sçaber fasem que nous desirans, seguien l'intention de Sa Majestat, que lou dit poble nou demoury cheins retigion, abem statuit et ordonnat

Tout ainsy que lous bons tauradours, qui volen de la terre d'un touyar tirar un pur fromen, abans que d'y jettar la semence, osten las touyes, lous brocqs, arbes, petits et grands, per la dispausar à bien receber la semence et produsir fruict, ainsy es besoin que lous entendemens deus .hommis, envelopats de mauvaises et

(')) On ne connaissait pas ces détails, à peine esquissés dans l'Ht~ou'e des <)'Ot<&~S, de POEYDAVAKT, I, p. 428.

(2) Mauvaise lecture; d'ailleurs la'phrase ne se tient pas.

1


carnales opinions, sien repurgats dequets, affin que la palaure de Diu pousque estar semiade en las amnes deus.hommis; et per tant (1) abem abotit et cassat (2) deu dit pays tout exercicy de la religion romane, cum son messes, processions, titanies, matines, vespres, complies, vigiles, festes, vots, pelerinages, images, tuminaris, viandes (3) et crits suus las fosses deus mourts (4), et toutes autres causes ordonnades per la Gleyse qui se dits romane. Item, que tous temples campestres, qui nou serben qu'à folles superstitions et idolâtries, et lous autaas deus autres temples, sien en villes, viladges, sien cassats et abolits.

Item mandam à touts tous habitans deu present pays, cheins exception, de se troubar à las prédications et catechismes que tous ministres faran, selon la pataure de Diu, etc. Mandam aux jurats de tenir la maan à l'exécution deu present article et nous far raport dequets qui nou vouleran anar à las prédications; ordonnans que lous dits habitans anin aux concistoris, quoan y seran apperats, receber las admonitions qui tour seran feytes.

Touts confessen que lou baptesme es un sacramen instituit de N'ostre Seignour, afin de receber las marques de la remission deus peccats, etc. Abein deffendlit à las mays deu 'soou (5), payris et mayries et autres personnes, nou aben charge deu ministery, de baptisar lous dits enfans. Abem declarat que Sa Majestat nou vol que tous caperààs, de quigne condition que sien, administren de cy en abant aucun baptesme, d'autant que iour vocation non a fondament en la paraute(6) de Diu, et per conséquent es ittegitime. Toutesbets per so son estats estimats personnes compétentes, et que l'efncacy dequed nou depend de la personne qui l'administre, non prétendit! que tous baptesmes, per eigds. administrats, sien reyterabtes, encoere sien administrats ab abus. Mes per empechar que lous enfans nous mourien cheins baptesme, mandam à touts qui an enfans, qui non son estats baptisats per tours rectours ou viquaris, pendent que lour vocation ere supportade, ou son estats soulament seignats per. las mays de soou, payris et mayries ou autres, que

('t)PeWo)tt,nous semble préférable.

(2) Pour ac<MS(~, chassé.

(3) Sans doute les repas faits à l'occasion des enterrements. (4) Probablement. les dernières prières, car, s'il s'agit de pleureuses, l'Église romaine né les cohnait pas.

(5) Mauvaise lecture.

(6) Dans le texte « personne de Dius.


ayen a presentar lousdits enfans per estar baptisats seguien tourdy de la gleize reformade, fents dets jours. Abem deffendut et deffendem de rebaptisar tous enfans baptisats per aquets qui aben charge publique de quo far, et ordonnam que sie enquerit contre lous rectours, viquaris et caperààs, qui auran feyt fats reBaptisemens et contre aqueds qui tous auran feyt far.

Deffendem de annonciar, de mayson en mayson, las testes papales, et commandam quechascun ave à tribailler sieix jours de la semmane. Abem ordonnat, sçaben que aqueds qui auran feyt promesse de maridadge se pousquen assembtar percohabitarmaritallement, faran pubtiquar la dite promesse et benediser tous .dits maridadges en tagteyse reformade, à peine d'estar punits comme paittards.

Deffendem à touts caperaas, monges et autres ecclésiastiques,.de ptus sedusir tou poble et de venir habitar au present pays, sinon aqueds ausquoals lou sera permettut per Sa Majestat ou per nous, so que lour sera permettut, prouvedit non sien deus principaux autous contre la dite Dame et se rangen à t'Egtise de Diu et discipline dequere. Abem ordonnat qu'aucun nou sie recebuttmested'escotesque non sie de la religion reformade et examinat per tous ministres, comme es estât'cy-deban ordonnat et pratiquât. Et non sera permettut d'enseignar tous. dits enfans que seguien la dite religion reformade.

Quand à la manière de servir Diu, abem ordonnat que touts expleits de justicie cessaran au jour de dimenche; que toutes boutiques et tebernes seran t'ermades et que touts jocqs licites cessen pendent las prédications.

Mandam aux jurats d'ordonnar certains jours de la semmane per las dites predications, cheins cessar d'obre (')), sinon per tou temps de las dites prédications; et.affin que peraqued moyen l'observation deus jours nou viengue estar revoquade, ordonnam que aqueds qui se seran retirats de tagteyse per tour fantaisie ou auren estats escouminyats per tour mauvaise vitte, seran punits per tous magistrats, sinon se rangen à tourdebeer pendent un an. Mandam de pagar las desrnes et premicies, deffendëm touts blasphèmes, jocqs itticites, dances, masques, et autres insotënces. Et que las présentes seran legides, publicades et observades,.etc.

(~) Ce n'était donc pas une fête chômée. (2) Dans le texte « retrennats ».


A:Pau,'Iou,.28 dejener 1569, registràdeslou.purmer de feurer de laditeanneye. · 133. ~oi'me de procède)' s~o' la coMdtt~~a~o~ de la )Me;))ou'e et confiscation des Hens des ~M0)'ts en o'uKe de lèze-majesté (30 avril '1570). Premièrement, quand l'héritier est incertain, après la roquette, information et provision sur les dits décez et décédés, le procureur, générai requerra tettres contre les prétendus héritiers, plus prochains parens du dit defTunct, et touts ceux qui pourront èstre intéressez en cette de{'fencë('l).

Sy personne ne comparait au rapport des lettres, ie dit procureur général accusera (2) tes coutumes et aura secondes lettres, au rapport desquelles, sy personne ne comparait, il demandera créer un curateur pour deffendre la mem'oirë(3)et les biens des accusez, qui sera un advocat en ta cour/qui jurera de bien deffendre. Ce fait, le procureur général baiUera sa demande, etc.

Délibéré au a Pau, le 30 avril 1570.

134. Ot'dre de coM/ts~uer les b~e)~sdoce)'<atHspc)'sonKa~es (5.novembre'1570). Lou septième nouvembre')570 fon vistes las sentencies safens (4) publicades contre Messieurs Claude Hegin,. evesque d'Oloron, M' Jean de Bordenave, Hieronim de Marca, Bernard Du Puy, Guilhaume de. Laborde, Frances de Poey, conseillers cy claban de la Régine, Arnaud de Gontaut, S'' d'Audaus, senechal qui soûle estar de Bearn, Bernard de.Castelbaicg (5), etc. Restât es interinan las fins et conclusions deu procurayre général, lou conseil a finit et incorporât, uneix (6) et incorpore touts et chascuns lous dits biens saisits et confisquats appartenentsausd; personnadges, au patrimony de Sa Majestat. Et ordonnat que doresnavant touts et .chascuns lous dits biens seran regits et gouvernais, tout ainsy que lous autres biens deu patrimony de Sa dite Majestat, per son tresaurer ordinary deu present pays, auquoal ad aqueres fins sera baillat double de las dites sentencies et procedures, et acqueres portades per lou procurayre general en la Crampe de Comptes per y estar registrades en la mediche forme que sons autres biens deu patrimony de Sa dite Majestat.

(')) Dans le texte « dessence ».

(2) Mauvaise lecture; c'est-à-dire < évoquera » (3)Danstetoxte'fmenuire!).

(4) .Sa/e)ts, naguère, récemment.

(5) Mauvaise lecture ou personnage inconnu. (C) Dans le texte ((mcdix)).'


135. Ordonnance de Jeanne d'~l~'et pour dec~ott'er les vrais coupables et d)'essc)* le « Tableau des Proscris (3'1 mai 1570). Jeanne, par la grâce.de Dieu, Reyne de Navarre, Dame souveraine de Béarn, à nos âmes et féaux les gens de nostre chancellerie de Navarre, Conseil ordinaire de Béarn, Salut. Comme cy devant nous vous avions mandé de procéder diligement à la recherche et punition exemplaire de nos subjets qui se seroient révoltez et pris les armes à l'encontre de nous pour nous priver de nos pays, mesmement des chefs,'officiers et principaux sédicieux, et parce que nous sçavons que plusieurs se pourroient estre laissez aller à tel mesfait par induction des di'ts chefs ou par autre secrette cause (i) digne de commisération, à laquelle doivent toujours incliner les Roys, et Reynes, princes et princesses. Pour ces causes, affin que chascun de nos subjets puisse estre seur de son estat et qu'i) soit notoire qui sont tes dignes de punition et les dignes de commisération et rémission génératte, nous vous mandons que, dans quinze jours après la réception des présentes, vous procédiez au jugement des procès de ceux qui sont en prison, estans de la dite qualité, à sçavoirdes chefs, officiers et principaux conducteurs des dits rebelles. Et ceux qui ne sont prisonniers vous ayez à poursuivre, banir et faire exécuter par effigie (2) et tes faire connaître en tableau, par nom et surnom (3), affin que ceux qui ne sont de ta dite qualité, retournent en leurs maisons et biens pour y vivre en paix, soubs nostre obéisssance, ausquels, en tant que besoin sera, nous avons pardonné et remis tout le port d'armes que crimes de lèze majesté qu'ils pourroient avoir commis, imposant, quand à ce, silence à notre procureur généra). Ce que vous fairés crier par tout nostre pays, car tel est nostre plaisir. Donné à La Rochelle, le.31 may 1570, JEANNE. Et plus bas, Pelletier. Lecta, registrata et publicata, requirente procuratoregenerati, ab

(~ Dans le texte chose:).

(2) Dans le texte a par figée o.

(3) Il s'agit ici du fameux Tableau des ~)'oso't<s que le peintre Cabrery est chargé d'effacer en ')574, moyennant salaire. A Pau, les < exceptés seront décrits dans leur nom et surnom en grand parchemin pour être affiché dans l'endroit le plus public de la ville de Pau ». Les noms, prénoms et portraits des « rebelles » devaient être « raclés et effacés » pour marquer la grâce obtenue. Voir notre .P)'oces-oe)'6~ de ~a /e)'Mte et de ~t ~eM<e des biens saisis dans les e<tM<OMS de Mo~tts, Lembeye, etc. (Biblioth. méridion. de Toulouse, E. Privat, 1901, in-8o, p. xix et sùiv.)


déclaration expresse, en tant que besoin sere, que, en las dites lettres de perdon, nou sien compres lous personnages condamnais per sentencie per tous dits excès, et à.)a charge que lous qui voutet'an jouir de ['uti)itatdequet'es,sepresenteranfens quinze jours per davant lou Conseil, etàquitaransoubmissionsetjuramens. Et deu tout sera feyt registre, et las dites lettres ab las dites modifications, séran publiquades, assistens lousjurats ab lous capeyrous rouges, etaffichaten lous carrefours et portes deus temples. A-Pau, en audience publique, !ou 23 de juin '1570.

136. 7.f.~<'<s </t' yrdce <~c JenHKC d'A~t'et en /'auet<)' de ceux qui ne so'atcot ~cs destine!: sm' lè « TM~caM des proscris » (25 novembre )570). Jeanne, per la grâce.de Diu, Reyne de Navarre, Dame souveraine de Béarn, etc. A nos amés et féaux, etc. Comme, dès le dernier jour de may dernier, par nos lettres patentes, nous ayons, entre autres choses, remis à nos subjets le port d'armes et autres crimes de lèze majesté, et imposé silence perpétue) à nostre procureur gênera), excepté )es chefs, nos officiers et principaux des rebelles, ausque!s nous entendons le procès estre fait, toutesfois, procédans a la publication des dites lettres, vous auriez ordonné que ceux qui par les arrets auroient esté condamnez, ne pourroient jouir du dit pardon, et que ceux qui voudront en jouir, se présenteront par devant nous dans quinzaine, iaqueiïe passée, vous auriez procédé contre les défaillans. Pour ce est-i[ que nous, esmeus de pitié, oubliant les fautes commises contre nous et désirant qu'ils jouissent de nostre ditte grâce, avons, de nostre propre mouvement, dit et déclaré que nous entendons que'nos dits subjets qui ne sont des exceptés par nos premières lettres patentes, puissent librement se retirer, en nostre dit pays souverain et royaume en leurs maisons et héritages, nonobstant les arrests par nous donnés au contraire, lesquels nous avons révoqués, remis et restitué nos dits subjets, qui ne sont des dits exceptez, en nos dits pays, biens et revenus, nonobstant la saisie d'iceux, que nous avons levee, imposant silence perpétue), quand à .ce, à nostre dit procureur général. Et néanmoius vous mandons que, suivant nos dites lettres précédentes, vous fassiez escrire et mettre, en un tableau, par nom et surnom(i), un chascun des dits chefs, nos officiers, et autres principaux des dits rebelles, affin que les autres non compris au tableau

(1) C'est-à-dire prénom.


se puissent en toute assurance retirer en leurs maisons et.héritages, faisant très exprès commandement à nos subjets de vivre en paix et ne se reprocher aucune chose de ce qui s'est passé, à peine de la vie. Vous mandonsaussyde faire publier le contenu de ces présentes affin qu'aucun n'en puisse prétendre cause d'ignorance. Donné.à La Rochelle, le 24 novembre 1570. JEANNE. Et plus bas, Pelletier. Presentade perlouprocurayre general, lou 13 decembre 1570, en audience et ordonnat que sie publiquade, si que fou, et sy bien ordonnât que sien registrades en lous registres deu Conseil, et après pourtades en las cours deu senechal deu present pays et per las villes, locqs, bourgs, vallées et locqs accoustumats deu present pays, on assisteran lous jurats dequets ab lous capeyrous, et aquero fens lou termy de quinze jours, àladiligencydeuditprocurayre general.

L'arrest touchant ceux qui feurent escrits au tableau par nom et surnom est du 21 décembre 1570, dont les noms ont esté rapportés cy-dessus.

.137. NoMttMOtttOM de JPto're d'MSto, a~ctot conset~ë)' ca~ho~tgMe, comme conseiller:, peu' JeaM)M d'~4~)'e< ('15 janvier '157'!). Jeanne, par la grâce de Dieu, Reyne de Navarre, Dame souveraine de Béarn etc., à (1) tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut, etc. Pour le bon et l'aimable rapport qui nous a esté fait de la personne de nostre très-cher et bien amé M" Pierre d'Arbusio, ensemble de ses sens, suffisance, expérience, litérature et bonne diligence, d'iceltuy d'Arbusio, pour ces raisons et autres à ce nous mouvans, avons donné l'office de conseiller en nostre Conseil ordinaire, vaquant par le déceds du dit de Lavigne, pour le dit office tenir et exercer, aux honneurs etc., à la charge toutesfoix de faire sa résidence en nostre ville de Pau, pour l'exercice d'icelluy. Si donnons en mandement à nos amés et féaux les gens tenans notre Conseil ordinaire, souverain, scéant à Pau, etc. Mandons en outre au général de nos finances que les gages accoutumés, il paye audit d'Arbusio, et aux auditeurs de nos comptes, les passer et alloüer, car tel est nostre plaisir. Donné à La Rochelle, le '15 janvier 1571.

Le 18 janvier '1571, lé dit d'Arbusio fut receu et installé en la possession du dit office, dont feut ordonné acte, qui est sur le registre en suitte des dites lettres.

(1) Dans le texte, le copiste a écrit par erreur « de Béarn, etc.. à devant tous ceux ».


138. –nte)-tnetMCM< des lettres de grâce de G' de Saborde, ancien conset!'e)' ea</to~g~e(20 février'1570). Lou 20 de feurer 1570, fou viste la requeste presentade per M<=Guiihaumes de Laborde, cy-daban conseiller au present Conseil, aux fins d'estarjouissen de l'effeyt de certaines lettres de gracie et perdon per luy impetrades de la Reyné, en datte à La Roche) [e, lou cinq deu present mes, ensemble deu perdon general per Sa.Majestat autreyat en faveur de sons subjets, en datte à La Rochelle, ibu darrer de may et 24 nouvembre darrer passats, tout ainsy que, sy luy nou ere deus exceptats, rasclar (i) et effaçar sons nom et cognoum au'tableau, thebar et ostar la maan mise suus sons biens pausade, à son profieit. Restat, vistes las dites lettres patentes, de datte à La Rochelle, )ou cinq deu présent mes de feurer, signades per Sa ~ajestat, contre signades Pelletier, ab tou diser deu procurayre general au pee de la dite requeste, que lou dit de Laborde jouira de l'effeit de las dites patentes et perdon general, seguien )our forme et teneur. Et las dites lettres patentes seran enregistrades au registre et saffens à perpetualle memorie, que sons nom et cognom seran enaçats et rasclats deu dit Tableau, et acte de ta diteeffaçadureescriutau marge deus dits arrests criminals et safens (2), seinx mention deu dit de Laborde, sons bon nom, honnor et renom restituits et demourans en son entier. Ensemble la dite man mise suus sons biens pausade, ostade et lhevade à son profieit, cheins que au dit de Laborde sie necessary autre declaration ny interination de sas dites lettres. Mandam à touts commissaris, fermiers, tresaurer gênerai et sons commis, lou detiuraria pocession et jouissence de son dit bien, lour monstran lou. present.

Actum à Pau en Conseil, lou dit jour et an..

139. Nomination de Jean Gassion, à ~acedt(CC)!se)'«c)' J" de jBordenetue (20 octobre 1570). Jeanne, par la grâce de Dieu,

ED

Reyne de Navarre, Dame souveraine de Béarn, à tous ceux qui ces présentres lettres verront, Salut. Sçavoir faisons que pour le bon et louable rapport qui nous a esté fait (3) de la personne de notre cher et bien amé M~ Jean de Gassion; ensemble, confiants (4) à

(1) Dans le texte otraçar)).

(2) Aucun des registres, et surtout des tableaux, ne nous a été conservé. (3) Dans le texte « louable respect que nous tous avons fait ». (4) Dans le texte « Gassion, l'exercice offrans ».


plain de ses sens, suffisance, iitérature, prudence, expérience et bonne diligence à icelluy pour ces causes et autres, avons octroyé par ces présentes l'office de conseiller en nostre Conseil, vaquant par le décez de M" Jean de Bordenave, dernier pocesseur d'iceiiuy, pour le dit office tenir aux honneurs, etc. Sy donnons en mandement à nos amés et féaux les gens tenans notre Conseil et Cour souveraine de nostre ville de Pau que,'prins (1) du dit de Gassion le serment en tel cas requis, icelluy mettent (2) en pocession du dit office et d'iceHuy ensemble des honneurs, etc. Donné à LaRochelie, le 20 octobre '1570. Signé, JEANNE, fc~c~o'.

140.–A~n!iHM<fon d'Ar)~ de ~a~e)'co?MtKC conse~o-, a~t plctce de Fo~ts d'E'spo;:ûi (18 septembre '157'!). Jeanne, par la grâce de Dieu, Reyne de Navarre, Dame souveraine de Béarn, etc. à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Sçavoir faisons que nous, bien avertis du bon devoir qu'a toujours fait nostre feal et bien amé M<~ Aruaud de Bather, en son office de juge de nostre dit pays de Béarn, à plain confians de ses sens, suffisance, iiterature et expérieuce, à icelluy de Baiher, avons donné par ces présentes i'estat et office de conseiller en nostre Cour ordinaire de Pau, que souloit tenir et exercer feu M" Fortis d'Espona, à présent vaquant par sa mort et trespas, pour par luy la tenir et exercer doresnavant, 'aux honneurs, etc. Sy donnons en mandement à nos amés et féaux les gens tenans nostre Conseil ordinaire de Pau que, du dit de Balher prins le serment en tel cas requis, ils'le mettent en pocession du dit office,, etc. Donné à Bagnères, le '18 septembre 157;). Mctse Hères.

141. Refus d'cnre~i's~'e)' la nomination de y" de Brana, e<rftn~er art Béarn, con~e cotiseiHe)' (28 mai '1572). Lou 28 de may '1572, fou viste la provision de l'estat et officy de conseiller que soule tenir safens Me Hieronim de Marca, accourdade per Monsieur lou Prince, loctenent gênerai et representan la personne de la Régine, Dame souviranne deu présent pays, en favour de M'' Jean de Brana, de datte à Pau, Iou 27 deu présent mes de may; requestes baillades per lou dit de Brana, de datte à Pau, lou 27 deu présent mes de may per estar recebut au dit estat et officy (3), seguien la dite provision, déclaration et confession feyte per luy de nou esser deu

(')) Dans le texte « que prins et icelluy dudit ». (2) Dans le texte "mettre)).

(3) Dans le texte « estat d'officy ».


present pays ny de las autres terres de Sa dite Majestat et )ou diser et réquisition deu- procurayre general au contrary. Restat [ou dit de Brana non recevable au dit estat et officy per nou estar de la qualitat per lou for deu present pais requeride.

142. A~mi'MftttOH des trois conseillers F}'ec/tOM, de Saut et Fo'rita (14 avril 'i572)..Lou '14 d'avril '1572, estant vaquant l'officy de conseiHer au present Conseil qui soule aber et tenir Me Bernard de Poey, de Busy, et en vertut de la sentencie condamnatoyre baillade contre luy safens, )ou. '1569. Et déclarations, tant verballes que perescriutfeitesàmediches(i) fi ns per Monseigneur lou Prince, loctenent gênerai, representan la personne de la Reyne, Dame souviranne deu present pays, et sons commandamens reiterats (2), feyts au présent Conseil, de nommar tres personnages per lou dit estat et officy de conseiller, seguien lou for, satisfasen à la volontat (3) et commandement de mond. seigneur lou Prince, fou nommats à las fins que dessus, M~ Joan de Freixo, conseiller en la Basse Navarre, Tristan de Saut, et Jean de Ferrua, advocats au siège cl'Oloroii.

143. ~H~rtnement des ~«)'es de <acc de J" de Su~ersetn~s (23 juin 157)). Lou 23 de juin t571, fou viste la requeste presentade per Margueritte Daleman, deu locq de Lées (4), en Aspe, may legitime deu deu'unct (5) Me'Joan de Supersantis, suppliante, suus interination de certaines lettres patentes de gracie et de perdon per elle obtiengudes de la Reyne, per remetter la memorie, famé et renom deu dit deffunt et lou far rayar deu Tableu, ostar la manmise suus sons bees pausade, et estar jouissent dequeds, tant per ed que per sons autres filhs, frays deu dit deffunt, contre lou dit procurayre general. Restât, vistes las lettres patentes, declare la dite suppliante jouira en la dite qualitat de l'effeit de las dittes lettres patentes, et que lou nom et surnom deu dit deffunt M" Joan de Supersantis sera esfacat deu catalogue et Tableu deus exceptais,

(-t) Dans le texte « moderes ».

(3)Dans)etexte<(retiratS)).

(3) Dans le texte «tibertat)).

(4) Lées, village du canton d'Accous.

(5) Le fameux agitateur aspois, Jean de Supersantis, était donc mort déjà avant le 23 juin Î57d. Le 7'a~eaM des ~'oso't<s, on le voit, n'était pas une fiction.


son honor, fame et renom remettuts et demourans en lour purmer et degut estat, tous arrests au contrary nonobstant. De que sera retiengut acte au marge deus dits arrests criminats, ensemble et la manmise suus sons bées pausade; ostade et lhevade au profieit de la dite Daleman et de sons filhs, frays et hereters deu dit deffunt, cheins que sie necessary autre decfaration ny interination de las dites patentes.

144. Création des~'M)'a<s. Amendes con<)'e ceux qui n'as siste)'on( pas aux p)'ëc/!es. Réforme imposée. Confession de foi (t571). Plaise à la Reyne modifier la patente obtenue par les gens des trois Estats; le 20" novembre, sçavoir pour le regard de la création des jurats de deux en deux ans, déclarer que le changement ne se commencera que deux ans après la publication des patentes. Et que par cy après aucun ne soit nommé jurat qui ne fasse exercice de la religion chrétienne ('!).

D'autant que Sa Majesté entend que touts ses subjets, de quelque quatité qu'ils soient, et spécialement ceux qui auront charge publique, ~fassent profession de la religion réformée, il n'est point question de modifier cest article, soubs cette condition, pour (2) tous ceux qui seront pourveus à l'advenir de la charge de jurats. ~Wtc/e des ordonKfMtces. Et d'autant qu'il n'est pas possible de restablir le royaume de Christ, sy l'homme ne s'adonne à se trouver aux saintes assembfées pour s'exercer à certaines (3) heures, aux heures et jours consacrés au service de Dieu, Nous commandons à touts nos dits subjets de se trouver ès saintes assemblées sur peine de condamnation, s'ils sont pauvres, à cinq sols d'amande, et-les riches à dix pour la première fois; et pour la seconde à cent sôls les pauvres, et à dix livres les riches, le tout applicable aux pauvres et pour la troisième, de prison pour tel temps qui sera avisé par nos magistrats, et à peine plus grande, s'il leur apparait de rebellion et obstination.

~)'<!c~e' premier des dites ordonnances, qui est st<)' fin. Que si quelqu'un s'oubliait tant d'enseigner quelque fausse doctrine ou de s'efforcer de remettre les superstitions et idolâtries précédentes en nostre dit pays, nous voulons, s'il n'obéist aux remonstrances et censures des concistoires, colloques et sinodes, qu'il soit vivement

(~ Voir nos DocMm. et bibl. sur la Réforme, 11, p. 236. (2) Dans le texte « que ».

(3) Dans le texte « saintes ».


poursuivy par nos magistrats et banv pour trois ans de nostre pays, sans qu'il y puisse rentrer, mesme le dit temps expiré, pour y faire demeure, qu'il n'ait premièrement satisfait à t'Egtise de la faute par lui commise.

Jeanne, par la grâce de Dieu, Reyne de Navarre, Dame souveraine de Béarn, à touts présenta et advenir, salut, etc. Nous avons déclaré et ordonné, disons déclarons et ordonnons par nostre présent édict perpétuel et irrévocabte, que nous voulons que touts nos subjets du pays, de quelque qualité, condition, sexe et estat qu'ils soient, fassent profession publique de la confession de foy que nous publions maintenant soubs nostre autorité, comme estant fondée sur la doctrine et les escrits des prophètes et des apôtres. Et affin qu'aucun ne l'ignore, nous avons ordonné qu'elle soit icy, de mot à mot, comme s'ensuit

Article /n'etK;er, e< a 40 articles. Nous croyons et confessons qu'il y a un seul Dieu, etc..Sy donnons en mandement à nos âmes et féaux les gens de notre Conseil ordinaire et touts nos autres officiers et justiciers, que le contenu en ces présentes ils fassent garder et observer, car tel est notre plaisir. Donné à Pau, le 26 novembre '1571. Signé, JEANNE, Mar~'et (-1).. 145. Lettre de la ~c~tte aM Conseil [ot/aueu)'des t'cne~ft~] (1571). Amés et féaux. D'autant que nostre volonté et intention a toujours esté que ceux qui estoient prestres et autres qui estoient pourveus de bénéfices, qui se sont,, avant les troubles passés et pendant iceux, rangez à la religion chrétienne et réformée, et qui ne se sont aucunement révoltés, jouissent, comme est raisonnable, de leurs bénéfices, prébendes et obits, qu'ils avoient accoutumé jouir, avant qu'ils ne se feussent rangés a la dite religion chretienne et réformée à cette cause, nous vous mandons et commandons de laisseret faire jouir paisiblement Rodger Dabadie, Bertrand de Bordes (2), Antoine d'Andrein, Jean de Maupoey, et Bernard de Maseris, qui ont avant les dits troubtes et durant iceux renoncé aux dittes superstitions et idolâtries, de teurs bénéfices, fruits, profits et rentes, spéciaHementdesdits obits etemolumens qui en dépendent, suivant les lettres patentes que nous leur en avons sur ce cy devant

(1) Article des trop fameuses ordonnances de d57't, publiées par le marquis de Rochambeau.

(2) Sur ces anciens prébendiers de Sa)ies, cf. nos DoctOM., L p. ')05, J[.c Pt'<(es<a)t<~)Mc t;<tB~co-)t, p. 306, et POHYDAVAXT, I, p. -t3U.


expédié, tenans la main à ce qu'ils ny soient aucunement empêchez, mais que notre intention et volonté soit en cella suivie, priant à tant le Créateur vous tenir, âmes et féaux, en sa sainte grâce. De La Rochelle, ce 15 janvier 157L JEANNE. Pe~e<ter.

146. ManK<!CM dM.H:p)'ebeMdte)' de Lucq, ~h'K~ de Saborde (10 janvier 157t). En la cause de M<= Arnaud de Laborde, de Lucq, prebender, de la prebende apperade de Laborde, supplican per estar jouissent deus fructs dequere, contre lou procurayre general. Vist fou procès, ion Conseil, vist lou tittre autreyat au supplican per Bernard de Laborde, de Lucq, patron laïc de la dite prebende; l'attestation deu ministre de Lucq, que lou dit et supplican es de la relig ion reformade, ordonne que luy jouira de la dite prebende et fructs dequere, tant entro autrement y sera probedit, contribuin à l'entretien deu ministre et colledge, ainsy que es accoustumat. Actum et publicade à Pau, en Conseil, tou lOjener '1570. 147. –.Matn(<eM de Sans d'iaet, CM)'e renégat de ~o~a~ott (7 février 1571). M" Sans d'Alhaa, rectour de Bentayou, supplican contre lou procurayre general.

Vist lou proces, la requeste deu supplican, disen que, la dite cure estan vaquante, luy en sere estat probedit per Mossegnr (1) de Gramon, lasbets loctenent general de la Régine, et suus aquo agut procès contre Mossen Goainard Dàngtade, louquoal sere estat judjat au profieit deu supplican, qui en a jouit entro à la saiside, juus la maan de la Régine, à que luy se es (2) opposat; et cum luy sie bon et vray subjet de la Régine et de [a religion reformade, en taquoai vol viver et mourir, supplique ordonnar que luy jouïra de la dite cure, seguien l'intention de Sa Majestat. Lou Conseil, viste la sentencie den '17 de septembre 1566 attestation deu capitainy Neys, deu 25 de septembre 1569, et inqueste deu dit d'Aihaa, dont appar luy estar de la religion reformade, l'a mantengut (3) deffinitivement en Ja pocession de la dite rectourie, per dequere jou'ir doresnavant, nonobstant lasaiside, cheins despens Actum et publiquade à Pau, en Conseil, lou 7 de feurer 1570.

148. M(ttM<iCK de P.,de Bonnecaze, curé de S. A/a)'<hi de Salies, en ses revenus (15 septembre 1570). Lou 15 de septembre

.('i) Dans le texte « Mossen ».

(2) Dans le texte csceees », comme toujours. (3) Dans le texte « manutengut », comme toujours.


'15'70, fou vist lou procès de M'' Pierre de Bonnecaze ('!), de Salies, rectour de SI Martin de Sallies, supplican perestarjou')ssen deus fructs de la dite rectorie, contre lou procurayre general. Restat, vist lou tittreàutreyat en favour deu supplican, à la présentation de Jacques de Bearn, seigneur deu casteig de Salies et patron taicq de la dite rectorie, en datte de darrer d'aoust t546; attestation que lou dit suppHcan es de la religion reformade, lou medix suppticah jouira de cy en aban deus fructs de la dite rectorie, juus tou bon plaser de Sa Majestat, et tant entre que autrement sera ordonnât, contribuin à l'entreténement deu college et ministres, ainsy que es accoustuniat.

DM Co~se~ ccc<estH.s<~ttc.-

149.– ~e.ceptton dtt Mn?ns<)'e c!e San~e, <'(MMt6me<t'ctt<emcn< gMe Viret (8 mai '1572). Article dtt synode n obseruei'. Sur la déclaration de Sa Majesté, touchant J'envoy de M. Saule, ministre de la parolle de Dieu, lequel luy a été octroyé par le sinode national dernièrement tenu à La Rochelle, pour exercer le ministère'en ce pays, Sa dite Majesté veut et entend que le dit sieur Saule soit receu à mesmes conditions et traictement qu'estoit M. Viret. Sur quoy a esté arretté, attendu la volonté de la Reyne, le dit Saule est receu dès à présent au Conseil ecclésiastique et sera couché en l'estat, dès le premier jour d'avril passé, et luy sera avancé sur le quartier d'avril may, et juin, la somme de 200 t ,'et baitté mandement de la dite somme par le dit sieur-lieutenant générât au trésorier général .des finances. Au reste, i) sera accommodé au logis que tenoit le dit feu sieur de Viret. Et d'autant que tous les ministres de ce pays de Béarn prestent le serment par devant Sa dite Majesté ou son lieutenant général, le dit sieur Saule a preslé le dit serment par devant le dit sieur d'Arros, lieutenant généra). Toutesfois, ayant a))égué que M. de Bèze, au dit sinode nattona), avoit dit que les dits sieurs de Genève (2) prétendoient quelque droit sur luy, comme fait aussy t'Egtise d'Orléans, arresté que, sans préjudice du dit droit prétendu des dits sieurs de Genève et de la dite église d'Orléans, le dit sieur de Saule sera receu en ce pays, et ce sera à la Reyne de débattre la cause avec les susdits.

(1) Voir son testament dans nos DocMm., I, p. -t96, et ce que nous en disons dans J'.ejP)'o<~<aK/[S)Me e)t Bcto'M, pp. 306, 309.

(2) Sur les rapports de la Reforme béarnaise avec Ja Réforme suisse, voir nos DocMtK., H, p. ).


Fait au dit Conseil, clos le 3 may 1571.

Sur la requette du principal d'Orthez, arresté, attendu que par le sinode, Sa Majesté y estant présente, il a été dit que le dit principal vuidera dans deux mois, et que pour lors il feu.t déposé de sa charge, que Messieurs le président Lavigne, Tisnées, conseiller, et Marte), ministre, parieront la Rëyne et Monsieur le chancelier, affin que l'article du dit sinode ne soit enfreint.

Délibéré au dit Conseil, le 9" juillet 1568.

Jeanne, par la grâce de Dieu, Reyne de Navarre, Dame souveraine de Béarn, etc. Comme après la scéance et tenue du sinode général de nostre pays et souveraineté de Bearn, ceux du dit sinode nous ayant fait faire plusieurs remonstrances, contenants tout l'ordre et règles des Eglises réformées en nostre dit pays, etc. A Paris, au mois de juillet '1566.

150. Ot'doM):aMce et requête stt)' les dent6)'s ecclésiastiques (t57'l). Jeanne, par la grâce de Dieu, etc. Sçavoir faisons que, comme [feut décidé] au sinode tenu en nostre présence, au mois d'octobre dernier, touts les biens ecclésiastiques, de quelque nature et qualité qu'Us soient, seront remis et employés à leur vray usage, et dispensés à l'avenir par ceux ausquels la dispensation en appartient, selon la parole de Dieu et l'usage ancien de la primitive Eglise. Donné à Pau, le 4<= novembre '1571. Des fC)Mons~'o.Kces respo~dMCs par Sa dite Majesté a La .Roc/ic~e, le avril ~57~. Article 5e. Le vray et iégitimé usage des deniers ecc)ésiastiques est qu'ils soient employés au ministère, coHège, pauvres et ce qui en dépend tant seulement. Plaise à Votre Majesté, suivant qu'elle a cy devant déclaré, que touts les dits deniers viendront en main du diacre général des Eglises et seront régis par le dit Conseil ecclésiastique et pour les dits usages, tant seulement, sans qu'ils y ayent rien de commun avec nos finances-. La Reyne ordonne qu'il sera en bref satisfait au présent article. 151. Traitements des tKtM!'s<fes. VcMues de Fh'e< et de ZetMee. De I'éditdejuiHet'tc66. Article 14. Et pour aucunement accommoder les dits ministres à ce que l'indigence ne les accable, nous avons ordonné que doresnavant aux ministres de nostre dit pays, qui auront leurs familles et seront mariés, leur soit payé (1) par chacun en tant pour leur nourriture, vivre et entretenement, la

(1) Dans le texte eestre))..


somme de 300 L, et aus non mariés-là somme de 250 1., qui leur sera payée par le trésorier général des Eglises réformées de nostre dit pays aux termes et ainsy .qu'il est accoutumé.

Sur la requettede Sabastianne de Laharpe, veuve de feu M''Viret, ministre de la parolle de Dieu, a esté arresté que ladite Laharpe sera couchée en l'estat des veuves des ministres et payée de ses gages, tant pour le passé qu'à t'advenir. A Pau, ce 28 nouvembre 1571. En conseil clos. Sur la requette D'Antoine Grimalette, veuve de M. Lemée, ministre de ta parolle de Dieu, a esté arretté que la suppliante sera couchée en l'estat des veuves et sera payée par le diacre générât comme veuve à t'avenir. Fait à Pau, au dit Conseil .clos, le 25 juin '-1572.

153. Tous <cs~u)'ft<s Meurent p)'o/ësseWe[)'e~t<yton}'ë/~)')Hee. ~ecep<)'on dit M!ë<7t;cmDM/')'c.sne(157'l). Plaise à la Reyne modifier'la patente obtenue par les gens des trois Estats, le 20° novembre, sçavoirest, pour le regard de ce qui est ordonné sur la nomination desjurats, déclarer qu'on entend que par cy-après aucun ~he puisse estre nommé jurat qu'il ne fasse exercice de la religion chrétienne, d'autant que Sa Majesté entend que tous ses subjets, de quelle qualité qu'ils soient, spéciattement ceux qui auront charge publique, fassent profession de la religion réformée, tt n'est pas nécessaire de modifier cest article..

Lou 9 de jener 1571, M" Pierre de Pédezert, sindicq deu pays, presenta las precedentes patentes requerin la publication dequeres. Et per lou Conseil fou ordonnat que la dite publication fousse feite et que. sien registrades et goardades, de punt en punt, etc.; et que cy-après, aucun non poudera estar nommat, eslegit et créât jurât, que npu fasse exercicy de la religion chrestianne.

Lou 22 de may 1569, compary Dufrene, medecin, per estar examinat, tant en théorique qu'en pratique, de fart de médecine, seguien l'ançienne coustume, per, connegude sasufficience,tuy estar permetut de pratiquât' lou dit art en la ville de Lescar et autres deu present pays; et feyt sus so l'examen et dispute publique per MM. Marins et Casaux, medecins de la Reyne, et Sancet, medecin de la presente ville, et preses las opinions à part sus la dite capaci-~ tat, vite et mœurs, et attendut ausy ('1) que lou dit Defresne es de la religion reformade, restât que lou dit Defresne sera, sy que es,

(1) Dans le texte « ainsy ».


presentament recebut per exercer l'art de medecine en la ditte ville. de Lescar et autres deu present pays.

153. Messes et tdottth'tes a J~edettte. Le coMsettto' Los tM/brnto-a (25 mai 1571). Lou 25 de may '1571, suus la remonstrance verballe feyte per lou procurayre general, qu'au )ocq de Vedeille, qui es en la presente souverainetat de Béarn, en obedience de Sa Majestat, despuix paucs jours se sont dites misses et feyts autres actes d'idolàtrie, contre las ordonnances de Sa Majestat, et en danger de continuar, sy promptemens nou y es probedit, requerin estar informat deu tout per un deus seigneurs et autrement probedir comme de rason. Restât, es commetut lou sieur de Los, per se transportar, suus lou dit locq de Vedeille et autres endrets, ou besoin sera, et aqui intbrmar promptement de so que dessus et decretar lous coupables.

154. Contre les ~to'ats d'Otoron qui n'assistent pas aux pt'ëcAes, et les prêt/'es t~'ans/'M~es ('1571). Lou 30 jour de juin 157t, en interinan las fins et conclusions deu procurayre general. Restat que lou procurayre deu parsan d'Oloron inforfnara secrëtament et ditigentamentcontre lous jurats et autres de lou dit val qui an cessat et cessen de acistir à las prédications de la palaure de Diu et pregaries, feyt rebaptisar lours enfans et benediser lours maridadges, an blasphemat etjougat, et autremens contreviengut las ordonnances, ensemble contre lous caperàas qui se sont retirats en la dite vallée et y demouren cheins se manifestât' on appartien et assistir à las prédications et pregaries, contrevenens à las dites ordonnances, lou tout fens quinzene precisement, et ad aqueres fins discourrer tous viHadges de son dit parsan. Mandam ausditsjurats de la dite vaiïée, assistir à las dites prédications et pregaries, cessante toute excuse, et y far apperar et acistir lous habitans deus locqs, à peine contre tous ditsjurats d'estar punits, comme transgressours de las dites ordonnances.

Lou dit jour, restatque )ou semblable de so qui es estat contiengut au precedent arrest, sera feit et executat en tous autres parsans deu present pays per lous procurayres dequets, goardat et observat en las vallees d'Aspe, Baretous, et autres villes et viiadges deu present pays.

155. Contre le Papisme, la fête de S. Pa~sard et les amusements du camarctt (i3 férrier '1572). Lou 13 de feurer '1572, per Messieurs de Laborde, Los~Tisnees, Gillot, Gassion, Pont, Arbusio


et Balher, fon vistes las requêtes au Conseil presentades per tou scindicq deu pays de Bearn, supplican aus fins que l'article deu for sie observat per )ou regard de las feries qui se presenten, apperades maigras()). Restât, attentude l'ordonnance et volontat de la Reyne, plus amplement dectarade, suus la requeste deus Estats, aux fins toutes idolâtries et superstitions papales sien abolides, à jamais exterminades deu present pays et souverain Estât de Béarn, de sorte que nou en y demeure trace, merque, ny seignau declare que l'arrest pubiiquat, l'audiende prochain passade, per lou regard de las festes per !ous papistes apperades S' Pansart, tiendra, et per obviar aus abus commetuts, principalement lous desguisemens, masques, jocqs publicqs et privats, gourmandises, ivrogneries, lubricitats, blasphèmes, et autres dissolutions notories et accoustu-. mades en lou papisme, durant lou dit temps, a ordonnât et ordonne que talles festes doresnavant nou.sien observades,abans pendent lous dits jours dequeres sien exercits touts actes judiciats, tout ainsy que tous autres jours non feriats, fasent inhibition et deffence très expresse à touts los habitans deu présent pays que nou se abandonnen iasdissotutionssusdites, mes que chacun se contiengue honnestament, tribaillan de son mestier, en louquoal esaperat, tant los dits jours que autres, ab intimation qu'en cas de contrevention serai) punits de las peines de las dites ordonnances, etc. 156. Aft~'t de <? rcf'HC Jeanne d')'e<. Le roi Mtaulttendt'M, coMtntc c~c, <a t'c~tu~ t'e/brmëe (2t juin '1572). Lou 21 de juin '1572, présent lou seigneur d'Arros, loctenent générât, et tous seignours lou président Etchard, Los, Laborde, Fenario, Tisnées, Gitot, Caxenave. Gassion, Dupont, Arbusio et Bather, fon tegides dues missives (2) de part tou Rey, seigneur et souverain deu présent pais, au dit S'' d'Arros, l'autre aus dits sieurs deu Conseil, dattades à Chauney(3),to:);)3 deu présent mes, signadesdemonditseignour Rey et contrcsignades Masetieres, contenents avertissement deu trespas de la Regine, et mandemen à chascun de continuar sa charge et ot'ficy accoustumat et autres punts concernant t'aunor, glorie de Diu et servicy de Sa Majestat. Restat que, de cy en aban, toutes expeditions de justicie et autres auars pubiicqs, se faran suus lou nom et autoritat deu Rey; que de las parts deu dit seigneur loctenent general seran escriutes lettres aus gentilhommes, jurats et députais de las villes, per lous advertir deu trespas de la dite Régine et tous remonstrar la grande constance de la Régine en touts endrets concernens l'honnor de Diu et amplifica-tion de la vraye religion, et fou Rey son filh aben semblable zete et commandant (3) l'observation de las ordonnances de la Regine per lou regard de la dite religion reformade.

Item, lou dit seigneur loctenent general fara avertir lous gouver-

(1) Mot inconnu, qui s'appliquait aux premiers jours du carême; il s'ag'it ici surtout du mercredi des cendres et de ses fêtes accoutumées. (2) Dans le texte « misses ».

(3) Dans le texte « Lhaumey ». Chaunai en Poitou (Vienne), arrondissement de Civray.

(3) Dans le texte «commandât ».


neurs et capitaines de las villes, castets et places fortes, et visitara lou dit seigneur loctenent general las dites places per far contenir chacun en l'obedience deu dit seigneur Rey, et fon deputats ious dits seigneurs president et Fenario, conseiller, per se transportar devers iou Rey, aux fins de remonstrar la grande tristesse et doou de touts per la perte innombrable d'une princesse tant excellente; en tout cas que scie (1) remerciât Diu auquoal a piagut nous probedir de la personne d'un Rey tant vertuous, ayman et craignen Diu, deuquoal las Egleyses de Béarn s'asseguren de son grand et ferme zele à l'honneur et glorie de Diu et de sa religion, de sorte que james Sa Majestat nou endurara, ni flechira, per importunitats ny inconveniens aucuns, qui se pousquen presentar, que la religion de Diu pousque estar aucunement desabançade, ny profanade per aucunes idolatries, faus services et superstitions, abans se emplegara per grande constance et per touts moyens à so que la dite vraye religion sie amplificade et toutes idolâtries exterminades, comme nostre bon Diu l'a principallement apperat à l'estat de Rey ad aqueres fins.

157. ~e'<<'e cht Roy M~M'' d'ros sur la j)îûi'< de la Reyne. M' d'Arros, j'ai receu en ce lieu la plus triste nouvelle qui sceut .venir en ce monde, qui est la perte de la Reyne, ma mère, que Dieu a appèllé à soy, ces jours passés, estant morte en mal de pleurésie, qui lui a duré seulement cinq jours et quattre heures. Je ne vous sçaurois dire, M. d'Arros, en quel deuil et angoisse je suis, qui est extrême, qu'il m'est bien mal aisé de la supporter, Toutesfois je loue Dieu du tout; or puisqu'après la mort de la dite reine, ma mère, je succède à son lieu et place, il m'est besoin que je prenne le soin de tout ce qui'estoit de sa charge et domination, qui me fait vous prier bien fort, M'' d'Arros, de continuer comme vous avez fait en son vivant, la charge qu'elle vous avoit baillée en son absence, en ses pays de delà, et la mesme fidélité et affection que vous luy avez toujours montrée, et tenir principaHement la main à ce que les edicts et déclarations de Sa Majesté soient à l'avenir, comme je désire, gardez et observez inviolablement, de sorte qu'il ne soit rien attanté au contraire, à quoi je m'assure que vous vous employerés de tout votre pouvoir, et vous sçaurez qu'en récompense, je n'oubliray jamais touts les bons offices pour les vous reconnaître là ou j'en auray le moyen, d'aussy bon cœur que je prie Dieu, Monsieur d'Arros, vous tenir en sa sainte garde. De Chaunai (2), ce 15 juin 1572, vostre bon maistre et amy, HENRY. Je vous prie tenir la main Sur tout à l'observation des ordonnannances ecciésiastiques, car la dite feüe Reyne, ma mère, m'en a chargé particulièrement par son testament.

Et au-dessus A AfoKStgMf MoHSMM)' d'~t'ros, mon lieutenant général, en tKOH royaume et soM~erametë de .BëarM.

FIN DE LA SECONDE PARTIE

sMture.~ V. DUBARAT.

(d)-Daus le texte <(tuy)).

(2)DansIetexte«Lhaune&.

J. LESBORDES, imprimeur-gérant, 8, rue Péré, TARBES


PROCES-VERBAUX -DES SÈA,Nogg @

SEANCE DU JEUDI 15 JANVIER 1~0

Présidence de M. l'ahbcDunAKA'r.

Présents MM. Dubarat, Duc]a, de Dufau de Maluquer, Lorber,

Andral, membres du bureau; M"' Suillot, MM. Artoxoul, Bauby, de Cazaban, Fontaine, Loirctte.Pataa.

.Excuse: M. Richard.

Le secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance précédente; ce procès-verbal est adopté.

Le président communique le .programme du 53° Congrès des sociétés savantes qui se tiendra à'Strasbourg.

Il'adresse ensuite un hommage aux membres de la Société récemmentdécédés:

« L'un est M. Barthe, avoué honoraire, associé à notre compagnie depuis longtemps et qui lui fut toujours fidèle.

« L'autre est M. le Commandant Toursier, qui venait de se joindre à nous quand la mort l'a surpris'. Longtemps à la tête du recrutement militaire de notre ville, il avait l'occasion par ses fonctions mêmes de parcourir le pays. C'est ainsi qu'il prit goût à son histoire et à ses monuments. « Et maintenant, Messieurs, voulez-vous me permettre d'évoquer la mémoire d'un des membres les plus distingués dé notre Société, d'un héros de la Grande Guerre.

« Notre collègue Jean Loew, soldat de la première heure, avait été envoyé d'abord sur le front français et détaché ensuite aux Dardanelles. Ses camarades croient qu'il fut victime de son extrême bravoure. Chargé, comme sergent, d'atteindre avec sa compagnie un objectif déterminé, il alla trop loin, tomba et disparut dans une contre-attaque ennemie.

& Élève de l'École des Chartes et d'une haute culture intellectuelle, Jean Loew partageait sa vie entre le Béarn et la capitale. Des voyages en Italie, en Espagne et ailleurs remplissaient des loisirs qu'une jeune femme instruite et aimable se plaisait à charmer.

l


« Notre collègue avait donné son adhésion à une revue de jeunes, qui-s'appelle Le Temps présent. D'abord, il s'y intéressa à titre de collaborateur intermittent. Mais'voici qu'un jour le directeur-fondateur de la' revue, Pierre Chaîne, quitta le monde pour entrer dans les Ordres, laissant à son ami Loew l'oeuvre qu'ils aimaient tous deux. M eut la bonté de .m'écrire à cette occasion et de m'envoyer-la revue dont il avait assumé toute la charge.

« Son seul souci était de travailler à la diffusion des idées sociales, littéraires et artistiques, saines et vraies.

« Le Temps présent, revue mensuelle de littérature et d'art, atteignait sa 8° année en i9t4. Loew ne s'y est pas révélé tout entier. C'était, je crois, une âme discrète, aux idées bien arrêtées, et pourtant toujours un peu timide et quelque peu mystique. Il avait quelque part, au plus intime de sa solitude, composé un livre mystérieux, une suite de méditations religieuses qu'il savourait. Elles étaient imprimées, mais communiquées a bon escient. Elles méritaient sans doute une pleine lumière. Sa manière était un peu froide, j'allais dire marmoréenne, claire et distinguée. Qu'on lise dans Le Temps présent (n° du a mai '914) son étude sur ~'œnure de M. Hobo't de A/ontesgtttOM; il y dévoile tout son talent, fait d'observation vraie et d'âme artistique. Le portrait de l'écrivain ressemble à ceux que Mérimée savait si bien tracer. Je n'ose dire qu'il-fasse rire, mais je veux croire qu'il fera sourire.

« Je voudrais qu'un jour ,on réunisse en volume ses articles et ses méditations intimes; ce serait une révélation pour de nombreux lecteurs.

« Il aurait fallu un délicat pour analyser le charme de cette nature d'élite qui cherchait trop à s'effacer. Francis Jammes aurait trouvé, j'imagine, la ;no.te juste et vraie pour. caractériser dans toute sa beauté tragique ce héros dont, pour notre part, nous garderons fidèlement la

mémoire, »

.M. PAUL LORBER A~otM~s sw un cc~'an co??scrfe au i;M<e<tM de Pau.

~Re meuble en question es't exposé au second étage du château de Pau,! dans la chambre d'Abd-el-Kader. -Son cadre, en bois naturel, 'de style Régence, enferme un carré de tapisserie qui présente, au milieu d'un encadrement de fleurs,'la scène suivante placées sur un tertre en-avant d'un paysage', deux figures de femmes forment groupe; l'une d'elles est vêtue d'-une robe bleue ueurdelysée et d'un manteau de même fourré d'hermine, et porte en tête la couronne royale. Elle git


accablée sur le sol, son sceptre brisé devant elle. Mais les fers qu'elle portait à ses' pieds viennent d'être rompus. Debout à ses côtés,:une héroïne casquée et cuirassée l'aide a se relever; elle ranime le courage de la captive et, brandissant une épée, lui désigne du geste le ciel. Au-dessus des deux femmes plane, dans une gloire, une divinité armée d'une lance et d'un bouclier sur lesquels se lit cette légende à demi-effacée « La France délivrée. )). En même temps deux génies ailés soutiennentau-dessus du glaive de l'héroïne une couronne royale et deux fleurs de lys. Le fond de paysage représente une ville ceinte de remparts et un port croisent des navires. La ville est assiégée par une armée; un parti de guerriers poursuit trois léopards qui courent se précipiter dans les Mots.

M. Lorber explique en détail le sens-de celle allégorie et démontre qu'il se rapporte à la mission de Jeanne d'Arc relevant la monarchie -française abattue sous les murs d'Orléans. L'allégorie est la reproduction en tapisserie du frontispice.placé en té~e de l'édition princeps in-/(° du poème de Chapelain La Pucelle on France délivrée, .publié en i655. Cet ouvrage comporte, outre le frontispice en question, douze vignettes illustrant chacun des douze chants du poème. Ces sujets, dus au peintre Claude Vignon, membre de l'Académie royale, ont été gravés par Abraham Bosse dans l'édition princeps et par Campion et Humbelot dans les éditions subséquentes de format réduit. Des treize compositions de Claude Vignon, un artiste inconnu du xvn* siècle a, à son tour,.tiré des cartons de tapisserie. Sept tentures, tissées d'après ces cartons, figuraient en 1878, a Montauban, dans la collection de M. Edouard Forestié, qui en a lui-même donné la description dans le .Bt~etu! de la Société arc/feo~o~gMé de Tarn-etGaroMMc (année t8~9).

M. GABRIEL L01RETTE RbMO'ë de Balzac coMsidë.fe co~me /<ts<orMtt des derniers Valois et de !a ~e/'o'nte.

Dans sa remarquable étude sur le roman historique et l'influence de Walter Scott, M. Maigron a signalé le succès prodigieux du grand écrivain écossais sur la génération romantique aux alentours de 1820 Comme Vigny, Mérimée~ Hugo, Honoré de Balzac se mit a l'école du maître et déjà dans les Chouans (t8a9), il donnait de la Bretagne et de l'esprit breton en i~99 une idée aussi pittoresque que vraie. Dans ses études sur Catherine de Medicis qu'il écrivit en t836, le disciple dépassera le modèle et fera de la véritable histoire. La vocation historique, Balzac l'a eue, telle du moins qu'on pouvait l'avoir de son


temps et il est possible qu'elle ait été déterminée chez lui aussi bien que chez Augustin Thierry par les romans de Walter Scott. Mais avec quel' esprit va-t-il aborder l'histoire? La première idée de ses études sur Catherine de Médicis remonte à )8aa toutefois, il ne voyait dans la Conjuration d'Amboise ou la Saint-Barthélémy que des projets de romans historiques; l'histoire ne l'intéressait pas pour elle-même. Mais à mesure que ses idées politiques devinrent plus fermes, des qu'il fut amené, par l'exemple de la monarchie de juillet, à concevoir la monarchie tempérée par la Charte comme l'idéal de gouvernement pour notre pays, il se mit à rechercher dans le passé l'origine des idées qu'il considérait comme subversives de l'ordre social (liberté politique, souveraineté du peuple, système des deux Chambres) et il crut les trouver dans la Réforme. Catherine de Médicis lui apparut, en même temps que Louis XIV et Richelieu, comme l'un des trois plus beaux génies de l'absolutisme dans notre pays. A la même époque, Michelet ne voyait que le peuple luttant contre les rois oppresseurs. Le « Qu'avez-vous fait pour le peuple? )), servant de criterium à Michelet, semble répondre au « Qu'avez-vous, fait contre la monarchie absolue? » de Balzac. Mais il y a loin, chez Balzac, de la théorie à l'exposé, de la fougue des opinions préconçues à la modération des jugements; il suffit de lire son livre pour s'en apercevoir. C'est que Balzac a le culte du document et le respect des faits tels que l'histoire nous les montre; il a de la vénération pour les Bénédictins et fait l'éloge des membres de l'Académie des Inscriptions dont les mémoires sont « admirables de patience, d'érudition et de logique )). Mais il ne veut pas que l'histoire demeure comme un squelette « dont les os sont soigneusement numérotés »; elle doit contenir avant tout l'esprit et l'époque d'un fait. Montesquieu est le modèle qu'il faut suivre et les CoMSt<~era<tOHs sont le livre de chevet de l'historien, et aussi le fameux Dialogue de Sylla et <f.E'M.cM<e où le philosophe politique se double d'un poète et porte ses personnages sur le théâtre il faut y ajouter la compréhension des époques, la vie, car il ne s'agit pas de noter le passé, il faut le ressusciter. De plus, les hommes d'hier sont assez semblables à ceux d'aujourd'hui; comme les contemporains, ils n'ont été guidés que par leurs intérêts et leurs passions; seuls le costume, les mœurs, le langage diffèrent. Donc la conception historique de Balzac dérive à la fois d'une idée classique et d'une idée

°

romantique l'homme universel et la couleur locale; c'est en quelque sorte l'encadrement de la première par la seconde qui fera l'histoire. Balzac n'a entrepris l'histoire du xvf siècle que pourvu d'une abon-


dantc documentation; il a connu les mémoires, les journaux, les lettres et les pamphlets du temps il a fait leur part aux sources catholiques et protestantes, aux écrits du parti dit des Politiques, à de Thou et à l'Hospital, comme à Castelnau et à d'Aubigné, comme à Villegomblain et à Bruslart. Il déplore la disparition de la correspondance de Coligny avec la Reine mère. En un mot, s'il a entrepris dé réhabiliter la grande figure de Catherine de Médicis, il l'a fait qu'avec la probité et les scrupules d'un véritable historien. La suite de cette communication est renvoyée à la prochaine séance. 11 est procédé en fin de séance à la présentation de nouveaux membres. Sont élus à l'unanimité des suffrages

M. Dissez, conseiller général des Basses-Pyrénées, présenlé par M. le Président et M. l'Abbé Annat; M. le Colonel de Rességuier, présenté par M. le Président et M. Bauby; M. de CouIomme-Labarthe, présenté par M. le Président et M. de Dufau.

La séance est levée.

Le sco'ëtatre général,, P.LORBKH.

Le 7'rëstdeMt,

V. DUBARAT.

SEANCE DU JEUDI 23 FÉVRIER 1920

Présidence de M. CahbeDuuAKAT.

PrescnLs MM. Dubarat, Ducla, de 'Dufau de Maluquer, Lorber,

Andral, membres du bureau; MM. Artozoul, de Casaban, Doux d'Obersecq, Fontaine, Loirette, O'Gorman, Prat, Richard; Commandant Roche, Roussille, D'YerdenaI.

Le secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la dernière séance; le procès-verbal est adopté.

Le président rend hommage à la mémoire du capitaine van den Brute, enlevé par une mort subite et rappelle que M. van den Brule était l'un des membres les plus fidèles aux réunions de notre Société. M. Lorber signale un article de M. H. Cavaillés, membre de la Société, publié dans les ~lo/t~es de Gëo~'ap/ttc (n" du i5 novembre tf))g), sous ce titre La /M)Mt~e b~Mc~e dans les P~/renëcs /raMcatses, il donne lecture des parties de ce travail concernant l'installation d'usiriés hydro-électriques dans les vallées des Gaves de Pau et' d'Oloron.


M. Lorber demande ensuite la parole pour saisir la Société d'un fait concernant la discipline intérieure de la Société. H lit la déclaration suivante « M. te Président, Messieurs, depuis que j'ai été démobilisé et que j'ai recommencé à prendre part aux travaux de la Société, j'ai constaté que M. Raymond llitter n'a jamais assisté à aucune de nos séances. Je croyais savoir que M. Ritter avait donné en i9[y sa démission à notre président. Or, jeudi dernier, M. Ritter a fait auprès de M. Loirette, que par erreur il croyait être notre trésorier, une démarche tendant à allirmer ses droits de membre de la Société.

« Dans ces conditions, je crois devoir porter a la connaissance de la Société les faits suivants M. Raymond Ritter a publié récemment un ouvrage intitulé Le C/)a<eait de 7'aM, ëtifde historique et archéologique (Paris. Champion, K)t<), in-8°). Dans la préface de son livre, page n, M. Ritter écrit « On s'étonnera sans doute de ne point trouver dans ce volume de bibliographie ni de table analytique. J'ai renoncer très vite à une bibliographie, car elle eût embrassé tous les ouvrages historiques traitant du Béarn, ce qui eut été excessif. )) « M. Ritter semble indiquer parla qu'il a eu connaissance de tous les travaux imprimés avant le sien sur le même sujet. D'ailleurs, dans le corps de son ouvrage, il ne manque pas de signaler en notes les emprunts qu'il a faits aux travaux de ses devanciers. Ceci posé, je me permets dé rappeler à la Société les faits suivants

« Avant la guerre, j'ai 'eu l'honneur de faire à la Société deux communications. Dans la séance du 7 juin 'gis, tenue dans la salle des gardes du château de Pau, par autorisation de M. le Sous-Secrétaire d'État des Beaux-Arts, j'ai présenté une étude intitulée Le Château de PftM ft l'époque de Cas~tt P/!œ&Ms. Cette conférence a été suivie d'une visite archéologique du château, accompagnée d'explications verbales faites sur place. Un résumé de cette causerie a été inséré au procès-verba! de la séance imprimé au tome XL du BM~e~'nde~a Socf'ë<e, pp. 28~-286.

« Dans la séance du ("décembre )f)t3, j'ai lu à la Société une communication intitulée Le village e<.<c c/id~eont de Pau depuis leurs origines ~'Msgn'a << /fK du x[\'° siècle. Le procès-verbal de cette communication est imprimé au tomeXLI du Btf~c<m,pp. 3f/t-3ao. « Or, en lisant les chapitres i et n de son livre, jai constaté que M. Ritter avait emprunté aux procès-verbaux indiqués de mes communications plusieurs théories historiques et archéologiques qu'il a développées et exposées à peu près dans le même ordre et désquéHes il a tiré les mêmes déductions. Cependant, nulle part dans


son ouvrage, M. Ritter n'a fait la moindre aHuston à mon travail. D'ou'il résulte qu'il présente ses lecteurs comme siennes plusieurs opinions que j'avais exprimées publiquement avant lui. « Dans ces conditions, je dépose sur le bureau de la Société les deux manuscrits de mes communications tels qu'ils ont été lus en séance publique, pour servir de pièces annexes a mes allégations. n Je prie la Société de bien vouloir établir si M. Ritter, en tant que membre de la Société, a, oui ou non, utilisé'pour son ouvrage intitulq ie CM<ec[u de .P<tM, les publications de la Société ci-dessus énoncées, et, dans l'affirmative, s'il a respecté, a l'égard de M. Lorber; membre de la Société, le principe de la propriété scientifique.

(( Pau, le 26 février )t)20.

« Signé Paul LoHBER. ))

Comme suite à la plainte introduite par M. Lorber, de Dufau de Maluquer lit un projet de résolution qui rappelle aux membres-do la Société les principes de'la propriété littéraire. Plusieurs membres de la Société font remarquer que ces règles sont suffisamment connues de tout le monde, que, par suite, il n'est pas utile de les définir, dans le cas présent.

M. Artozoul propose la nomination d'une commission 'de cinq membres chargée d'instruire la plainte de M. Lorber; cette commission aura pour mission de comparer les textes de MM. Ritter et Lorber et d'entendre les explications des parties en cause; elle déposera ensuite un rapport, sur les conclusions duquel la Société sera appelée à. statuer.par un vote. M. Ducla déclare faire des réserves sur la régularité de cette procédure; M. de Casaban s'associe aux observations de M. Ducla. Après l'intervention de MM. Roussille et Verdenal, le président met aux voix la proposition de M. Artozoul. Elle est adoptée par g voix contre 2.

Sont désignés commissaires MM. Artozoul, Correch, Doux d'Obersecq et Loirette, sous la présidence de M. Dubarat.

M. GABRIEL LOIRETTE a la parole pour la fin de sa communication intitulée Honoré de Balzac considère comme /its<0)'ien des do'mo's Valois et de la .ne/bi'ntc française.

1. Zee-rot/aMte ~'etHccuse âpres /7on't 77. « Deux puissantes et impitoyables machinés », comme dit Balzac, vont se dresser l'une contre l'autre à l'avènement de François II Catherine et les Guise. La: complaisance de Marie Stuart étant acquise aux Guise, Catherine se rejette sur les Bourbons et la Réforme;'découverte par les Guise,


qui feront avorter la conjuration d'Amboise, elle emploiera toute sa souplesse de fine italienne à se tirer d'uri mauvais pas et a se faire proclamer régente à l'avènement de Charles IX; la majeure partie du règne de Charles IX fut le triomphe de la politique dornestique « de cette femme étonnante ».

II. Les pon'tts Guise et .BoM'boH, c«;/to~'gMes et protestants les. intérêts et les passtOMs. François de Guise a pour femmcAnne d'Esté, fille du duc de Ferrare, ennemi des Médicis; le rapprochement de ces deux noms, Anne et Catherine, en dit long sur la haine réciproque de ces deux italiennes. Le cardinal Charles de Lorraine est le « pape transalpin ». Les Bourbon-Vendôme et.les Bourbon-Montpënsicr ont à se faire pardonner la trahison du connétable. La rivalité des Guise et des Bourbons répond suffisamment a la question que se posait déjà Balzac en )83o « Comment le protestantisme s'est infiltré dans les grandes maisons de' France et comment s'est formée cette double opposition populaire et aristocratique qui succéda à l'opposition féodale terrassée par Louis XI et maintenue sous le joug par François I" )). Ayant affaire à une maison qui entrevoyait dans la lutte entre le catholicisme et la Réforme une couronne à prendre, Catherine n'hésita pas à s'appuyer sur les réformés sans a~'to'cf. III. TLa bourg'co!S!e /aMcn(sc. Balzac a le premier mesuré l'importance de. cette bourgeoisie française qui devait jouer un si grand rôle politique au xvn° siècle et dont Charles Normand a récemment écrit l'histoire. Le portrait qu'il nous fait du vieux Lecamus qui sauva son fils, compromis dans la conjuration d'Amboise pour avoir remis à Catherine, dans ses appartements de Blois, le plan des réformés, et prépara pour lui l'acquisition d'une belle terre en Picardie, est en tous points digne de Molière et de Saint-Simon. IV. Lcs/ut/s'et !fs po'so)t)!(~cs.– Balzac a suivi l'ordre chronologique des faits; il dessine et fait agir ses personnages avec tous les scrupules d'un véritabte historien. Catherine et ses éinq fils ou filles; François de Guise et Charles, cardinal de Lorraine; Marie Stuart et Elisabeth d'Autriche; Antoine de Bourbon. leprinccde Condéet Jeanne d'Albret; le connétable de Montmorency; les clianceliers. Olivier et Michel de l'Hôpital; Ça! vin. Théodore de Bèze et Chandieu; Lecamus et Ambroise Paré, etc., nous apparaissent, dans le livre de Balzac, avec tous les traits que nous leur connaissons dans.l'histoire.. V.–LcKjfc~ertf'c~s po)'ii'on<s.–Au lieu que.dans les romans; Balzac, pour peindre ses portraits, procède par l'accumulation des détails et va


de l'extérieur à l'intérieur, des manifestations de la vie du dehors aux ressorts caches qui donnent l'impulsion aux individus et aux types, dans les études sur Catherine de Médicis, il procède, au contraire, par larges touches et d'après les données de l'histoire; exemples Calvin, Théodore de Bèze, L'Hôpital, Charles IX, Marie Stuart et Catherine cilc-même, etc.

VI. Aft coM<!cMr <oca~ Pour Balzac, l'architecture est « l'expression des mœurs »; ce qu'elle est au Xtx° siècle, elle le fut aussi bien au xvr siècle. Dans les trois parties architecturales du château de Blois, à l'époque de François II, Balzac voit trois époques, trois systèmes de gouvernement, trois dominations. Non seulement la reconstitution du cadre où se meuvent les personnages fait partie de la résurrection du passé, mais aussi la façon de vivre, les usages. La science archéologique de Balzac lui permet de- résoudre ce célèbre problème historique Charles IX, la nuit de la Saint-Barthélémy, a-t-il tiré d'une des fenêtres du Louvre sur une barque chargée de huguenots traversant la Seine Il est ainsi le premier de nos historiens qui ait entrevu les services que l'archéologie pouvait rendre à l'histoire. VII. La ~)'<Mde/~M)'e de Ca</<e)'u:c de Medi'cts. « Serrée entre les princes qui se disaient les héritiers de Charlemagne et une factieuse branche cadette qui voulait enterrer la trahison du connétable de Bourbon sur le trône, Catherine, obligée de combattre une hérésie près de dévorer la monarchie, sans amis, apercevant la trahison dans les chefs du parti catholique et la république dans le parti calviniste, a employé l'arme la plus dangereuse, mais la plus certaine de la politique l'adresse.! Elle résolut de jouer successivement le parti qui voulait la ruine de la maison des Valois (les Bourbons qui ambitionnaient la couronne) et les réformés (qui rêvaient une république impossible). Aussi, tant qu'elle a vécu, les Valois ont-ils gardé le trône. )j Tel est le jugement que Balzac porte sur Catherine de Médi'cis: L'histoire de la mère des trois derniers Valois est encore à faire; il semble cependant que la critique moderne lui devienne plus favorable à mesure que son rôië et sa situation entre des factions rivales ont été mieux connus. L'étude déjà ancienne d'Armand Baschet sur la JeM~sse de. Catherine de Médicis, le volume écrit par M. Mariéjol sur le xvi'' siècle' (Htstotre de France, 'de Lavisse) et son récent ouvrage intitulé Cott/tCftMe de Médicis, confirment en partie l'opinion de Balzac. VIII. Pht~oso~hte po~t~Me et sociale, conclusion. Balzac, fougueux monarchiste, ne pouvait être que défavorable aux princes de 2


la Réforme. « Chacun obéit ses intérêts avant tout et les opinions religieuses servent de voile à des ambitions insatiables i); « ne demandez jamais rien de grand aux intérêts parce que les intérêts peuvent changer, mais attendez tout des sentiments de la foi religieuse, de la foi monarchique, de la foi patriotique »; « tout pouvoir légitime ou illégitime doit se défendre quand il est attaqué )); « pourquoi le peuple est-il héroïque dans sa victoire sur la noblesse et pourquoi le pouvoir passe-t-il pour assassin dans son duel avec le peuple?)) » Balzac ne peut pas plus condamner Catherine, qui lutte pour conserver le trône a la maison de Valois, que ltobespierre, qui lutte et fait tuer pour se maintenir au pouvoir.

En essayant de réhabiliter Catherine de Médicis, Balzac a relevé certaines graves erreurs accréditées depuis le xvf siècle et démontré ainsi que « l'histoire se fausse au moment ou elle se fait )). On peut lui reprocher d'avoir introduit dans son livre des jugements préconçus et d'avoir mêlé à de belles pages de psychologie politique des scènes ou le romancier de la Comédie ~MMc~ne s'étale et se dissout en descriptions fastidieuses. Il serait tout à fait injuste, cependant, de ne voir, dans les études de Balzac sur Catherine de Médicis, qu'un vulgaire roman historique; elles doivent être lues par tous ceux qui cherchent dans l'histoire, non pas seulement la notation sèche des faits, mais la représentation d'une époque, avec ses habitudes et ses cadres; en un mot, la représentation des « mœurs en action ».

Il est procédé à la présentation de nouveaux membres. Sont élus a l'unanimité des suffrages

M. Julio de Urquijo, directeur de la Revue t~terNattOMa~e des ë<Mdes basanes, à San Sebastian (Espagne), présenté par MM. Dubarat et Loirette M. Mattoso, vice-consul du.Brésil, présenté par MM. Lorber et Loirette; M. Emile Lemaître, conservateur du château de Pau, présenté par MM. Lorber et Loirette; M. Charles Dabbadie, château de Lafitte, à Monein, présenté par MM. Berdoy d'Asson et de Dufau de Maluquer; M. Théodore Lefebvre, professeur d'histoire au lycée de Pau, présenté par MM. de Dufau de Maluquer et Lorber.. La séance est levée.

Le scci'titont'e général, Le p)'es!jon<, P. LORBER. V.DUBARAT.


SEANCE DU JEUDI 25 MARS 1930

Présidence de M. l'abbc DuD.m~T.

Présents MM. Dubarat, Ducla, de Dufau de Maluquer, Lorbor, Andral, membres du bureau MI", Ernest Dubois, de Dufau de Maluquer, Suillet; MM. l'abbé Annat, Artozoul, baron de Bastard, Bauby, Berdoy d'Asson, CapdçvtUc, de Casaban, Dabbadie, D' Diriart, Doux d'Obersecq, D' Goudard,~ l'abbé Lassalle, Lasserre, Lefebvre Henri de Lestapis, Loirette, Massignac, Mattoso, Alphonse Meillon, comte.de Navailles, Navarre, Q'Gorman, l'abbé Pataa,. Poujade, Proharam, colonel de Besseguier, commandant Roche, Roussille, Touzis, D" Verdenal.

Excusés MM. A Correch, LcmaUre.

Le procès-verbal de la séance précédente est adopté.

M. Loirette donne lecture du « procès-verbal d'instruction d'une plainte déposée par M. Lorber, archiviste des Basses-Pyrénées, contre M. Ritter, homme de lettres, dans la séance du 26 février ï9ao. )) « L'an mil neuf cent vingt, le dix mars à trois heures do l'aprèsmidi

« MM. Dubarat, Correch, Artozoul, Doux d'Obersecq, Loirette, président et membres de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, désignés en cette qualité par l'Assemblée de la dite Société, dans sa séance du 26 février t()30, pour instruire une plainte portée par M/Lorber, archiviste du département des Basses-Pyrénées, contre M. Ritter, homme de lettres, tous les deux aussi membres de la Société, se sont réunis au lieu ordinaire des séances, sous la présidence de M. Dubarat, pour remplir leur mission.

« M. Loirette ayant été désigné comme secrétaire, MM. Lorber et Ritter ont été introduits.

« M. Dubarat leur a fait connaître l'objet de la réunion; puis, sur son invitation, M. Loirette a donné lecture de la plainte portée par M. Lorber telle qu'elle figure au proccs-verbal de la séance du a6 février igao.

« Cette lecture terminée, M. Ritter a demandé la parole et a lu un écrit dans lequel, après avoir fait connaître qu'il proteste contre la procédure irrégulière suivie à son égard par l'Assemblée de la Société, dans sa séance du 26 février, il déclare, en termes peu mesurés, que, n'assistant pas à cette séance et n'ayant pu, par conséquent;o


défendre contre les imputations dirigées contre lui, il veut bien avoir une convérsation avec les membres de la commission mais il ne croit pas devoir, dans aucun cas, se soumettre à leur jugement. « M. Correch a pris alors la parole et a expliqué à M. Ritter qu'il se méprenait absolument sur le sens et la portée de la décision de l'Assemblée du 26 février. La Société, étant saisie d'une plainte portée contre lui, ne pouvait a défaut de justifications non produites, statuer sur cette plainte; elle le pouvait d'autant moins que lui, M. Rttter, étant absent, ne pouvait y répondre. Elle a donc décidé de.confier à des commissaires, qu'elle a choisis parmi ses membres, le soin d'instruire la plainte. La commission, devant laquelle M. Ritter a été convoqué, n'est donc qu'une commission d'instruction. C'est pour remplir un mandat ainsi nettement défini qu'elle veut bien entendre les explications des parties. Par ce que dira M. Lorber, M. Ritter connaîtra les faits qu'on lui reproche; il. répondra et pourra s'expliquer librement; ses droits resteront donc sauvegardés. La commissi.on fera un rapport à la prochaine Assemblée générale de là-Société et c'est la Société elle-même qui tranchera le différend.

« L'incident étant clos, M. le Président a invité M. Lorber a préciser ses griefs.. « M. Lorber a alors donné lecture d'un mémoire dans lequel il arelevé les passages de M. Ritter qui, d'après lui, constituent ce qu'il a appelé dans sa plainte des emprunts aux ~procès-verbaux des communications par lui faites à la Société. Il a lu tant les passages incriminés que ceux des procès-verbaux. Sur sa demande, les membres de la commission ont suivi ces lectures, soitsurIes~M«c<tnsde!a Société,'soit sur l'ouvrage de M. Rittcr.

« M. Ritter a été invité ensuite a présenter ses observations. Il l'a fait en donnant aussi lecture d'un mémoire, qu'il avait rédigé avant de se rendre à la séance, et dans/lequel il a répondu point par point, aux allégations de M. Lorber. Il a'expliqué, pour chacun des passages contestés~ comment il avait pu se documenter sans avoir recours aux procès-verbaux des communications faites à la Société;. il a cité, entre autres, VioHct-Io-Duc, Lafollyc~ Paul Raymond, DIanchet, etc.

« La commission, désirant s'éclairer d'une manière complète, a demandé à MM. Lorber et Rittcr de déposer sur 'son bureau leurs mémoires respectifs. M. Rittera a répondu qu'il s'y refusait. M. Correch lui a inutilement fait remarquer que la lecture très rapide qu'il venait de faire ne permettait pas la commission d'apprécier comme ils


devaient l'être sés moyens de défense; il a persisté dans son refus, insistant toujours sur le fait qu'il ne reconnaissait pas la régularité des opérations de la commission. Invoquant l'exemple du récent conflit soulevé entre M. Pierre Benoit et les héritiers de l'auteur de S/tS, a propos de l'Atlantide, qui choisirent comme arbitre l'Académie française, M. Ritter déclare qu'il est prêt a accepter la décision d'une commission arbitrale. Mats M. Ritter oublie que c'est seulement en tant que membre de la Société des Ac«)'cs qu'il a été incriminé par M. Lorber, aussi membre de la 'Société des Lettres. C'est donc à la Société des Lèpres qu'il appartient de statuer sur la validité de la plainte de M. Lorber contre M. Ritter, d'après le rapport de sa commission d'instruction.

« M. Ritter s'étant montré irréductible, M. Lorber, en présence de son attitude, a déclaré qu'il ne déposerait pas non plus son mémoire. « Sur l'invitation de M. le Président, les deux parties se sont retirées. « Se trouvant ainsi dépourvue des documents dont l'examen attentif était indispensable, la commission s'est vue dans l'impossibilité de remplir, aussi complètement qu'elle l'aurait voulu, le mandat qui lui a été confié.

« Elle doit dire cependant que la lecture des passages signalés par M. Lorber, comme ayant été empruntés aux procès-verbaux insérés dans le BM~e<)n de la Société, lui a donné la conviction qu'au moment ou il ~a écrit son livré sur le C/x~eatt de Puu, M. Ritter connaissait le texte des comptes-rendus des communications faites par M. Lorber et que, dans une certaine mesure, il avait pu s'en inspirer. « Elle doit, en outre, faire remarquer qu'elle a été frappée d'un fait. important.. (t M. Lorber, dans sa plainte, n'a apporté aucune précision il s'est borné à dire que dans les chapitres i et n de son livre, M. Ritter avait emprunté aux procès-verbaux de ces communications plusieurs théories historiques et archéologiques, qu'il avait développées et exposées à peu près dans le même ordre, en tirant les mêmes déductions. C'est devant la commission que, pour la première fois, il a cité dans son mémoire les passages dfr livre de M. Ritter qu'il incrimine. M. Ritter ignorait donc, avant de se présenter devant la commission, sur quels points précis devait porter le débat, puisque, d'après.la déclaration qu'il a faite, il ne connaissait pas le mémoire de M. Lorber. Cependant, il avait, lui aussi, rédigé à l'avance un mémoire dans lequel, reprenant chacun dés passages cités par M. Lorber, il a réfuté les accusations en indiquant les sources de sa documentation. N'a-t-il pas ainsi reconnu, 3


malgré lui, l'existence d'une certaine similitude entre ce qu'il a écrit et ce qu'avait écrit avant lui le plaignant? a

(( M. Ritter ne s'est pas d'ailleurs défendu d'avoir connu les procès-

verbaux des communications faites par M. Lorber mais/repondant à une question de M. le Président qui lui demandait pourquoi, dans ces conditions, il n'avait pas au moins cité cet auteur, il a déclaré qu'il s'était abstenu de le faire pour des raisons personnelles et, qu'au surplus, il ne croyait pas y être tenu, parce qu'il ne considère pas de simples procès-verbaux comme des travaux historiques. « Sans avoir a apprécier la valeur juridique, de cette théorie, la commission doit constater

« i° Que M. Ritter a connu et a pu utiliser les procès-verbaux des communications dé M. Lorbsr contenues dans les tomes XL et XL! du BM</e<!M de la Société; ces procès-verbaux, signés par M. Lorber luimême, en tant que secrétaire général de la Société, et sous sa responsabilité, constituent donc pour le cas précis qui nous occupe une sorte de propriété littéraire;

« a" Que M. Rittcr s'est systématiquement abstenu de le citer parce qu'il ne considère pas les comptes-rendus de travaux publiés par les Bulletins des Sociétés Savantes comme des travaux historiques; 2° pour des raisons personnelles.

'« A la première objection de M. Ritter nous répondons que M. Ritter a bien voulu faire état, à la page )0~) de son livre, d'une communication lue par M. Cadier à la Société des Sciences, Lettres et ~r/s,dc JPatf, dans la séance du 2i février i9)9, et dont le procèsverbal n'a même pas été publié. A la seconde, nous ferons remarquer à M. Ritter que s'il pouvait, en toute autre circonstance, et pour des raisons personnelles que nous n'avons pas à examiner ici, passer sous silence les comptes-rendus des travaux de M. Lorber, en tant que membre de-la Socte~ des Lettres, il ne le pouvait pas sans manquer à toutes les traditions de courtoisie, et de confraternité qui doivent exister entre tous les membres d'une même Société, surtout quand il s'agit des travaux de cette Société.

« II est donc regrettable, à tous points de vue, que M. Ritter ait cru devoir traiter aussi légèrement les travaux d'un membre de la Société dont il fait partie, en affectant de rejeter volontairement toutes les obligations de cordialité qui lient les uns et les autres les membres des Sociétés Savantes.

« Pau, le i4 mars tO~o.

« Signé V. DuBARA'r, président de la. Société; A. ARTOZOUL; A. CORRECH; DOUX D'ÛBERSECQ; G. LoiRETTE. »


Une discussion s'engage à laquelle prennent part M. le Président, MM. Artozoul, B~rdoy d.'Asson, Ducla, Lasserre, Lefebvre, H. de

Lestapis, Loirette, Lorber, Riner. M. Ritter quitte la salleau cours de cette discussion.

Puis, M. le Président met aux voix les conclusions du rapport de la comnnssion.

On vote au scrutin secret. Le nombre des présents est de trentesept celui des votants de trente-trois.

Le rapport de la commission est adopté par vingt-neuf voix contre une et trois bulletins blancs.

La séance est levée.

Ze seo'etaK'c,

G.Lo[HEïrE.

~e~'ësi~ent,

V.DUBAHAT.

SEANCE DU JEUDI 23 AVRIL 1920

Présidence de M. 1'abbcDunAn.tT.

Présents MM. Dubarat, Ducla, Andral, M"" SuiHet, MM. ArLozoul,

Alfred Cadier, de Dufau de Maluquer, Doux d'Obersecq, Lefebvre, Proharam.

Excuses MM. Bauby et Lorbcr.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le président- rend hommage à la mémoire de M. Merle, membre aussi sympathique qu'assidu et que sa modestie seule empêcha d'accepter les fonctions de vice-président qui lui furent offertes aux dernières élections du bureau de ]a Société.

Il donne ensuite lecture d'une lettre de M. Alex de CoulommeLabarthe qui communique deux documents tirés de ses archives de famille relatifs à des prêts d'argent consentis par Bernard Coulomme, jurât de Salies, à Jeanne d'AIbrct et à son lieutenant, Bernard d'Arros. Par lettre, en date du 2/; ayri), le comte Franck-RusselI propose de commémorer par une plaque à apposer à l'entrée du parc du château de Pau les noms des citoyens.qui, sous la Révolution, se cotisèrent afin d'acheter le parc et d'en empêcher le lotissement et qui, en )8r5, offrirent ce domaine à Louis XVIII. La Société décide de transmettre le vœu à la Municipalité.


M. DUBARAT a la parole pour sa communication figurant a l'ordre du jour, intitulée Les ctM~d~rap/tCspt/t'eoëenscoMso'ues (Mt Afo?~Ca)')Ke!/S'/)'te/.

A partir de l'époque des Croisades, le monastère du Mont-Carmel devint ~pour ainsi dire terre française. Depuis le règne de Louis XIII, jusqu'à la Révolution, notre drapeau flotta sur le vieil édifice et le protégea; nos vaisseaux le saluaient toujours en passant au pied de la montagne. Son échec devant Saint-Jean d'Acre en t~gg obligea Bonaparte à abandonner plus de 2.000 blessés dans le couvent transformé en ambulance. Après le départ de l'armée française, ces malheureuxfurent massacrés jusqu'au dernier par les janissaires de Djezzar. Les 'rëttgrcux furent chassés et leur couvent détruit. Les restes de nos soldats demeurèrent sans sépulture pendant plus de 5 ans; enfin le P, Jules du Saint-Sauveur et le P. Mathieu leur procurèrent une tombe honorable. Ce n'est qu'en !8~5 que le capitaine de vaisseau Grévil.y fit ériger une croix en fer ouvragé surmontant un socle sur. lequel est gravée cette inscription Quomodo eectderxnt. Un détachement du' Château-Renault assista à. la bénédiction solennelle du monument religieux.

Il fallut penser à relever lés ruines du monastère. Les Carmes se mirent à. parcourir l'Europe et la France en particulier pour y recueillir des aumônes. Leurs quêtes commencèrent en )8<y. En t8~o fut sculptée à Gènes la fameuse statue de N. D. du Mont-Carmel, œuvre de Caraventa. A partir de 1837. le Frère Jean-Baptiste et ensuite le Frère Charles parcoururent la France; ils furent recommandés à la charité des fidèles par un article d'Alexandre Dumas publié dans le n° du 31 mai t83y du journal La Presse. Ces quêtes furent fructueuses. Le Carme transportait un album sur lequel les donateurs inscrivaient leur nom en l'accompagnant parfois de réflexions morales en prose ou on vers. Un recueil de LXXXHf pages d'autographes a été publié en t8~6 à la fin d'un livre sur Le sctnc<t<atre du A/OM<-C<'u'H:e~ (Marseille, impr. Saint-Joseph, in-)~). On y relève les noms et autographes du baron Taylor, de Berryer, de Ch. Nodier, de l'abbé Aft're, de Mgr Donnet, du curé de N.-D. des Victoires, de Poujoulat, de la duchesse de Fit/James, de Victor Hugo, de l'archevêque de Paris, de la comtesse de Gramont, d'un Gontaud-Biron et d'un Gontaud SaintBlancard, du P. Secchi, le grand astronome, d'Arago, du P. Lacordaire, de nombreux membres de la commission des auteurs et compositeurs dramatiques où figurent notre Liadères, plusieurs académiciens, de Scribe, d'Alexandre Dumas fils, d'Alfred de Vigny, du


cardinal de Bonald, de CavaiIlé-CoII, d'Alfred de Musset, de Spontini, les noms béarnais de Pérpigna, de Charitte, d'Angossc, de Gestas, d'Armand de Pontmàrtin, de Mgr Lacroix, évoque de Bayonne, de. l'abbc' Cestac, de Ghcsnelong, de Planté, de Lestapis, de Bernadotte, de Dhcrs, aumônier de Sainte-Ursule, d'Hiraboure, vicaire général de. Bayonne, futur curé de Saint-Martin-de-Pau et évcque d~Aire. Très curieuses sont les lignes signées de Jasmin, le poète d'Agent qui écrit « Nou podé pas bailla comme lou riche ni peyre taillade, ni poutro, ni cabirou; mais moun gra de sable et mous beis lou dounarey plazé, car n'oublidarey jamay que del terre que Boûnapartë amoudabo tapla lous Turcs, moun paouropayblassatfusquetgarit' per lous mounges del Carmel. »

.Enfin Roland, l'héroïque fondateur des Montagnards de Bagnèrës, a laissé toute une page « Le Directeur des 4o Montagnards français, fondateur du Conservatoire de musique religieuse de Bagnères-deBigorre, se rendant avec ses 'élèves à Jérusalem, a été heureux de rencontrer sur. cette sainte voie le très révérend Frère Charles, duMont-Carmel,. pèlerin, dont la mission également toute pieuse et bienfaisante mérite l'intérêt et la sympathie de tout ce qu'il y a debon, de grand et de noble sur la terre où son nom demeurera béni tH tCtCi'nMMt. )) M. le pasteur ALFRED CAD1ER étudie le Co'MMMKtaM'c sur !'ct;cmgile de saint M«<htCK, de Lambert Daneau. Il présente tout d'abord un exemplaire de cet ouvrage rarissime, trouvé à Orthez dans la maison Vidal. Le livre a été imprimé dans cette ville en t588par, Louis Rabier.'M. Cadier retrace ensuite la.vie de Lambert Daneau. Né àBeaugency~ vers t53o, il était fils de Lambert Daneau,. contrôleur des deniers~ anobli par Charles VII. H fit ses études à Orléans, à Paris, il fut l'élève de Turnèbe; à Bourges, où il étudia le droit.. Le' supplice d'Anne du Bourg, son ancien professeur, l'amena à embrasser la Réforme. En i56o, il se rendit à Genève et, sous l'influence de Calvin, devin théologien. Il revint se fixer à Gien, comme ministre, vers la fin de la même année et y resta jusqu'en t5y3. Après la SaintBarthélémy il se réfugia à Genève; pour raison dé santé il obtint do retarder d'une heure son prêche du matin qui avait lieu à 4 heures. En t58t, il fut appelé à la chaire de théologie de l'Université de Leydë; des dimcultés avec les magistrats l'obligèrent à' quitter cette ville pour Gand; la. rentrée des Espagnols en 1584 entraina la suppression l'Université calviniste. Revenu en France, Daneau fut appelé par le


roi de Navarre à Orthcx comme professeur de théologie à l'Université il y enseigna 10 ans, se retira en <593 à Castres et y mourut le a8aoùtj598.

Le titrede l'ouvrage publie par.DaneauàOrthex est « Qt<œs<!onMm in E't)NK~e~K.M~omM!t HOStf't /CS(t Christi SeCt(n~(U)tM6[«/iÛ3tt'n, ~b. I, Orthesii, Lud. Rabirius, t588, in-)8. M. Cadier présente une traduction de l'épître dédicatoiro aux États de Béarn; divisée en trois chapitres, elle traite successivement de l'antiquité, des exploits et des prérogatives de la nation béarnaise. Certains auteurs, écrit Daneau, font remonter l'origine des Béarnais a l'an <4o, d'autres à y8o; il propose un moyen terme, l'année 33o, et signale que Bencharnum figure sur l'itinéraire d'Antonin; il l'identifie avec Ot'thcz et réfutè l'opinion qui fait venir le mot Béarn du nom de Berne en Suisse. Il raconte les exploits de la nation béarnaise la guerre de GastonPhœbus contre l'Armagnac, la conquête de l'Aquitaine par Charles Vil et la prise de Bayonne par Dunois et Gaston IV, la guerre de Navarre et le siège'de Pampelune; il signale l'histoire de Navarre de Bordcnave. D'après lui, les Béarnais conquirent leur liberté en y55 en chassant les Sarrazins. Il parle ensuite des Etats, du Conseil souverain, de la Cour Majeur, des monnaies, de l'Académie, de la langue béarnaise, de l'armée et des frontières:

Ont été reçus membres de la Société à l'unanimité des suffrages M. Henri de Bertier, notaire à Orthez, présenté par MM. Batcave et de Dufau de Maluqucr; M. Jondot, présenté par MM. Artoxoul et Bauby; M. Claverie, présenté par MM. Artoxoul et Bauby; M. Auby-Bastard, notaire à Pau, présenté par MM. Artoxoul et Dubarat; M. l'abbé Ribes, publiciste, présenté par MM. Artoxoul et Duharat.

La séance est levée. I,c sec)'e<<itu'c ~/<;ner<!<, P. LonBli'.11.

Le président,

V.DUBAHAT.

SEANCE DU JEUDI ~7 JUIN' ~920

Présidence de M. I'abhcDui!~AT.

Présents MM. Dnbatat, Duda, Lorber; Andral, membres du

bureau MM. Artozoul, Bauby, Berdoy d'Asson, de Casaban, D' Cornet, Doux d'Obersecq, de !\ayail)cs, de Rességuier.

Le procès-verbal de ia t-cancc précédente est~u et adopte.


Le président donne lecture de lettres de MM. l'abbé Ribesetde Bertier remerciant la Société de les avoir admis comme membres. M. DUBARAT a la parole pour sa communication figurant a l'ordre du jour /ttHton du Beat'H a ~et .France en octobre ~6~0. Par I'édit:de juillet t6o~, Henri IV réunit ses domaines particuliers à ceux des rois de France ses prédécesseurs; toutefois, l'union ne fut accomplie que pour les fiefs mouvant.de la couronne; la Navarre et le Béarn en demeurèrent exclus au titre dé souverainetés. Après l'assassinat du roi, le clergé de France accueillit les plaintes des catholiques béarnais qui réclamaient la main-levée des biens ecclésiastiques placés sous séquestre depuis i5C9; il profita des Etats Généraux de )6i~) pour demander à Louis XIII de réunir le Béarn à la France. L'année suivante parut un libellé intitulé « Advis pour la réunion de la terre de Béarn a la couronne de France )). C'est écrit, attribué a tort à Marca, est vraisemblablement l'oeuvre de l'un des frères Dupuy, gardes de.la bibliothèque du roi. L'auteur, s'appuyant sur des données historiques fausses, prétendait démontrer que le Béarn était terre mouvante de la couronne de France et devait à ce titre être incorporé au royaume.

Le 3i décembre tthG, le Conseil d'Etat décréta l'union définitive du Béarn et de la Navarre a la France. Cet arrêt provoqua aussitôt en Béarn une effervescence extraordinaire. Les États dé Béarn s'assemblèrent le t' février )6t~, votèrent à l'unanimité une protestation et donnèrent charge à leurs syndics et à une commission de 12 députés de s'opposer à « tous actes qui pourraient, être faits dans le. pays pour établir ladite union ».

L'édit de main-levée accordé par le roi en septembre )Ct~ fut accueilli aux Etats de Béarn par un discours du syndic Colom intitulé « Regrets du Béarn sur les menaces de l'unir à la France, contenant l'origine des Béarnais ». Pendant trois ans, le parti réformé, dont Lescun incarnait la résistance, Ht échec à l'autorité royale. Enfin Louis Xlll se décida à venir en personne en Béarn à la tête d'une armée pour réduire le pays à son obéissance. Pendant son séjour à Pau, le 20 octobre i9aô, fut publié l'édit d'Union. Cet édit, qui violait la constitution béarnaise et qui sacrifiait l'idiome national, fut enregistré.dans le silence sous la pression des armes. ·

A aucun moment, sous l'Ancien Régime, les États de Béarn ne consentirent à reconnaître la légalité ni la légitimité de l'édit d'Union. En 1620 et t622 ils évitèrent d'aborder la question du fond tout en faisant grief de la création des nouveaux offices du Parlement de


Navarre institué' par l'édit. De tG49 à t65[ les Etats de Béarn refusé-.rent de participer aux Etats Généraux de France dont la réunion était projetée; ils se considéraient comme étrangers au royaume. La question de l'union n'avait pas fait un pas lorsque fut décidée la grande consultation nationale de !~8g.

Après avoir refusé comme inconstitutionnelle !a première convocation adressée au sénéchal de Béarn, les Etats envoyèrent unedéputation à Versailles pourobtenir.dé nouvelles lettres; cen'estqu'au reçu de celles-ci qu'ils consentirent de délibérer officiellement sur leur participation éventuelle aux Etats Généraux de France. Enfin, le 28 mai, les Etats de Béarn se prononcèrent pour la participation. Un mois plus tard les députés béarnais arrivèrenta Versailles. Ceux de la noblesse et du clergé refusèrent de faire usage de leurs mandats, ne voulant pas imposer au Béarn les charges fiscales à répartir sur le royaume de France. Au contraire, te juHIet, ceux du Tiers se firent recevoir à l'Assemblée nationale. Cette décision devait entraîner le Béarn à renoncer définitivement a son indépendance et à accepter cette fois de plein gré son incorporation à la nation française. M. GABRIEL ANDRAL étudie dctfa; bas-reliefs de l'église de Monetn. Ces deux morceaux, très mutilés et provenant sans doute des démolitions de l'ancienne église, sont encastrés dans le porche de l'édifice actuel. Ils paraissent dater du xn° siècle. L'un représente Adam et Eve après la chute originelle. L'autre figure trois personnages et un ange porteur d'une croix encadrant un tombeau ouvert, d'où s'échappe une nuée. La. scène représentée estvraiscmblablemsntia Résurrection; toutefois, certains détails en sont empruntés à la figuration traditionnelle de t'Ascénsion; le sculpteur ignorait sans doute ces subtilités iconographiques, à moins qu'a son époque les caractères des deux scènes n'eussent pas encore été fixés de façon précise. Une semblable incohérence se remarque dans la décoration de la façade principale de la cathédrale d'AngouIéme, contemporaine des bas-reliefs de Monein; certaines scènes du Jugement dernier s'y mèlent à celles de l'Ascension. Au début du X!H" siècle, l'Ascension sera représentée au tympan de la cathédrale de Cahors; mais dans cette œuvre, la composition dégagée de tous les éléments étrangers, apparaît définitive.

La séance est levée..

JLe seo'e<Mt<'e ~<h!o'u<. Le y)'cst<A'H<, P. LORHEH. V. DUBARAT;


SEANCE DU JEUDI 4 NOVEMBRE 4920

Présidence de M. t'abbet'm~MAT.

Présents MM. Dubarat, de DufaudeMaluquer, Lorber, Andral, membres du bureau; MM. Doux d'Obersecq, Lefebvrc, Lemaitre, Lcvens, de Navailles, abbé B. Pataà, colonel de l~ességuicr, Richard, D~ Saupiquet et Verdenal. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. RICHARD Les hôpitaux ~t~an'cs de Lescar pendant la J~fUO<[<<tOH.

.Le premier hôpital militaire de Lescar, installé dans les locaux du collège des Barnabitcs, fut organisé au début de )~()/), après neuf mois d'une campagne malheureuse contre les Espagnols; Les froids de la montagne ayant compromis l'état sanitaire des troupes, il fallut créer des hôpitaux d'évacuation échelonnés sur la route de Rayonne a Tarbes et en particulier ceux dé Pau et de Lescar.

Les malades et les blessés étaient amenés dans des chariots le plus souvent découverts et conduits par des bccufs. L'hôpital, faute de place et de literie, ne pouvait les recevoir tous, d'où la nécessité d'hospitaliser les hommes en surnombre chez les particuliers. Le médecin Terrier,' chef de service à l'hôpital de Lescar, qui publia en l'an Vlll une .Htston'e'f~'s Mta~tJies de <'K)'~Mëe des Pyrénées occidentales, se plaint dans cet ouvrage de l'encombrement des salles, de la corruption de l'air, de l'insuffisance de la désinfection et de la malpropreté corporelle des soldats. La mortalité fut très grande et nécessita la création d'un cimetière supplémentaire. Le recrutement hâtif des médecins justinait le jugement de Terrier sur l'ignorance.de ses confrères..

A Lescar, médecins et pharmaciens participèrent à la vie politique locale. Les autorités civiles exerçaient sur eux une surveillance vigilante et le civisme de plusieurs fut suspecté..L'administration de l'hôpital dépendait des autorités militaires: les gestionnaires no montraient pas toujours une honnêteté parfaite, bien qu'ils fussent contrôlés par les autorités publiques. Durant l'été de t.t, on créa a Lescar un deuxième hôpital moins important, l'Hôpital de la Montagne, installé dans les locaux vacants del'évcché. Les deux établissements furent fermés durant l'été, de )~95, a la fin dé la campagne. Il se dégage de leur histoire un enseignement de pitié que renouvelle


jusqu'à nos jours l'existence des hôpitaux postérieurs du i" Empire e deladernièreguerre.

A la suite de cette communication, M. le D' Verdenal a rappelé que Jacques Terrier se fixa plus tard à Pau et que ses hautes qualités professionnelles le firent élire par l'Académie de Médecine membre correspondantent8a~.

M. GABHŒL ANDRAL .L« s<a<ton ~ct~~et~ntCKHc de -S'ttu~eJ?M<a~te /'Z.ot). La grotte de Sainte-Eulalie ouvre ses deux galeries dans une haute paroi rocheuse bordant la rive droite du Célé, affluent du Lot. ]Un porche éicvé donne accès à la galerie du bas, étroit couloir où l'on pénètre en rampant à plusieurs reprises. Au fond une source, ou plutôt une résurgence, qui en hiver écoule ses eaux dans le Célé,j;st placée sous l'invocation de. sainte Eulalie. Près de. cette source, les paysans viennent' encore prier la Sainte, brûler des cierges en son honrieur et déposer les vêtements de leurs enfants atteints de certaines fièvres pour les en délivrer. Ce culte paraît remonter à une haute antiquité et doit être une survivance de celui des fontaines (cf. Divona, à Cahors). On trouve, en effet, près de la source, mêlés à des tessons modernes, des débris d'amphores gallo-romaines et des poteries fumées qui sont peut-ê~c celtiques.

La galerie supérieure communique par deux chemins avec cette première galerie. C'est là, près de l'entrée précédée d'une petite terrasse, que se trouve le dépôt magdalénien. M. Andral y a recueilli, en octobre i9ta, quelques silex; et bien que des fouilles faites sans soin, quelques vingt ans auparavant, aient fait disparaître la majeure partie des restes des foyers, il a été possible, cette année, de retrouver les éléments essentiels d'un mobilier de l'âge du renne.

Le 3 septembre dernier, des recherches faites par M. l'abbé Lemoxie, un érudit spécialiste de ces fouilles, M. Géncau, secrétaire de Société p)'e/t)s<o)'tg«e, M. l'abbé Maulène, curé d'Espagnac-SainteEulalie, et M. Andral, ont amené la découverte des premières gravures dont il sera question plus loin. Ces recherches, continuées le t5 et les jours suivants, ont mis au jour d'autres gravures, des silex, des objets cnbois'dé renne, etc.

M. Andral présente aux membres de la Société certains de ces objets et les calques 'de ces gravures pariétales.

Silex. Ils sont d'une taille sommaire, comme la plupart des silex magdaléniens. Les lames et les grattoirs arrondis dominent. Objets en bois de renne. Ils' comprennent des harpons cylindri-


ques à deux rangs de barbelures, une sagaie a biseau, un fragment et l'arrière-train d'un cheval est gravé.

Objet divers. Un morceau de brèche marmoréenne, poli par les eaux, a pu servir de broyeur. On en a trouvé d'analogues dans les grottes explorées des vallées du Lot et du Célé (Musée de Cahors, fouilles de Bergougneus), un polissoir en grès, une coquiDc marine porcelaine (ou cypré) percée d'un trou de suspension.

Ossements. Les espèces identifiées jusqu'ici sont le renne, le cerf(~ le cheval et le bison. Certains sont recouverts de traits gravés. Gravures pariétales. Elles se trouvent près de l'entrée et sont, par conséquent, en pleine lumière. Un premier groupe était entièrement recouvert par les débris des foyers et par une fine couche de dépôt calcaire. Ce groupe comprend les représentations d'un petit équidé, d'un renne passant et d'un renne au galop, mutilé, portant des traces de repentirs. Le deuxième groupe est constitué par des lignes enchevêtrées parmi lesquelles se distinguent des fragments de cervidés ou bovidés (une dizaine. de bctcs).

Toutes ces gravures sont exécutées au burin de silex (dont un exemplaire a été recueilli). Les traits sont tantôt creusés (un millimètre de profondeur), tantôt à peine perceptibles. Les rennes, très poussés, d'un style très libre, sont particulièrement remarquables. Une parcelle d'ocre a coloré la paroi à quelques centimètres en. avant du renne passant.. Ces gravures pariétales sont les premières découvertes dans le HautQuercy. Toutefois, M. l'abbé Lemozie a rccueiili à l'abri Murât, près de Rocamadour, des pierres gravées dont quelques-unes, comme celle représentant une biche qui se retourne, sont fort belles. Une pièce fort curieuse présente un paysage figurant l'entrée de l'abri garnie de branches et de feuillage. Ainsi se complétait, sans doute, la défense de ces demeures primitives trop facilement accessibles aux bêtes féroces et aux intempéries.

M. l'abbé PËDEBUCQ Fouilles c~e <)'o:s <t<)MM~ M Bou~m'he)'. (Communication de M. de Res'séguier.)

M. l'abbé Pedcbucq, retenu par un pieux devoir à Sauvagnon auprès de sa mère malade, m'a autorisé à faire la Société une communication sur les fouilles archéologiques dont il a été l'initiateur et dont je n'ai été que le témoin très intéressé.

Depuis plusieurs années, notre collègue s'est livré à dos études méthodiques, en vue de déterminer l'emplacement exact de Benehar-


num. Il a la conviction d'être très près du but et aura prochainement l'occasion de présenter à la Société le résultat de ses travaux. Ses études l'ont conduit à rechercher le tracé des anciennes voies romaines qui ont sillonné le pays et dont il a retrouvé plusieurs tronçons. Au cours de ses pérégrinations il a été frappé du nombre de curiosités archéologiques qui peuvent dans un petit rayon intéresser tous ceux qui s'occupent de l'histoire du passé ou même de la préhistoire camp romain de Sauvagnon, camp ibère qui commandait les anciennes voies de Beneharnum à Saint-Sever et Aire, traces de cité lacustre au lieu dit « l'Aragon », sur l'Ayguelongue, enfin -grand nombre de tumuli. C'est ainsi qu'aux environs même de Sauvagnon il en a repéré /;o dont il a reporté l'emplacement sur la carte. Il est encore loin du chiffre de son collègue M. l'ahbé Beaumont, curé de Labouheyre, qui a trouvé 1.100 tumuli dans la seule commune de Lacajunte ou dans ses environs immédiats.

Pendant l'été de )9<3, M. l'abbé Pédebucq remplissait les fonctions de chapelain du château de Bougarber. Dans ses promenades sur le coteau, il constata la présence d'un groupe de tumuli, a 800 mètres environ au Sud-Est du château et obtint de M. Auguste Durand, propriétaire du domaine, l'autorisation d'y entreprendre des fouilles. Mais il disposait alors de peu de temps et d'une main-d'œuvre insuffisante et ne pouvait songer à faire des fouilles méthodiques et complèles, en commençant par la périphérie, suivant les procédés indiqués par les spécialistes. Il se borna donc à une simple reconnaissance de l'un des tumuli et choisit pour cela celui dont l'accès lui parut facile parce qu'il était traversé par une profonde tranchée de délimitation de propriétés. Il le fit ouvrir à peu près au centre.

A environ 80 centimètres au-dessous de la surface, au milieu d'une couche de cendres et de charbon, apparut un vase en poterie unie, rempli de cendres mêlées de terre et recouvert d'un. chapeau ou couvercle en forme de coupe également en poterie, mais orné de dessins réguliers tracés en creux. Malgré les précautions prises le vase se brisa au contact de l'air, dans des conditions telles qu'il ne pouvait être question de le réparer. Mais les morceaux de la coupe ont pu être rapprochés par les soins des dames carmélites du monastère .de Pau et la coupe ainsi restaurée figure aujourd'hui dans la vitrine de M. A. Durand, i4, cours Bosquet.

Au voisinage immédiat de ces poteries furent recueillis, au milieu des cendres, des débris de cuivre tourné et cannelé paraissant être les restes d'un bracelet et une bague également en cuivre qui a malheureusement été. égarée.


Ni bronze ni fer.

Les fouilles ne furent pas continuées à cette époque. Le but recherché était atteint. Il était établi qu'on se trouvait vraiment en présence d'une ancienne nécropole, que les tumuli n'avaient pas encore été explorés et que des recherches plus complètes et plus méthodiques pouvaient présenter un réel intérêt.

Au mois de septembre 1020, M. l'abbé Pédcbucq obtint l'autorisation de reprendre les fouilles de i<)t3 et, le 3 septembre, les recherches continuèrent dans le même tumulus ou rien n'avait été modifié depuis sept ans. Après quelques coups de.pioches, les travailleurs mirent à jour un petit vase en poterie unie rempli de terre et de cendres recouvert d'un chapeau en forme de coupe renversée. Les objets se trouvaient à 3o centimètres au-dessous de l'emplacement d'où avait été retiré le premier vase en'igi3. H semblerait donc logique d'en conclure que la trouvaille de )<)20 se rapportait à une incinération antérieure celle du vase extrait en i9t3. Or, tandis que le vase de igt3 était grossièrement travaillé, formé d'une pâte peu homogène à. gros graine, le vase de igao était de fabrication plus soignée, les surfaces intérieures et extérieures étaient plus régulières, la pâte.plus homogène, le grain.plus serré. Cette différence laisserait supposer que l'art de la poterie aurait subi une décadence à un moment donné. Le général Potbicr émet aussi cette opinion dans son ouvrage sur les tumulus du camp de Ger ornais M. l'abbé Pédebucq ne veut y voir qu'une simple conjecture, car il est prouvé que les mêmes tumuli ont servi de sépulture pendant des milliers d'années et on ne peut savoir à quels bouleversements intérieurs ont donné lieu cette succession prolongée d'inhumations ou d'incinérations. Le petit vase extrait du tumulus le 3 septembre et son couvercle ont été déposés au a* étage du Musée de Pau. Au milieu des terres et des cendres provenant de l'excavation ont été recueillis des débris de cuivre trop petits pour qu'il soit permis par un examen superficiel d'en déterminer l'origine,~ et des éclats de pierre ayant toute l'apparence d'objets en silex éclaté, mais sur lesquels on ne pourra se prononcer qu'après examen complet et analyse.

La fouille continuée au même endroit ne donnant plus de résultat intéressant, tout au moins pour les spectateurs, le travail fut abandonné mais, poussées par la curiosité, les personnes présentes décidèrent d'attaquer un deuxième tumulus bien que les conditions matérielles ne permissent pas d'espérer pouvoir procéder avec plus de méthode que dans la fouille précédente.


Le tumulus .choisi se trouvait a environ 10 mètres au Sud du précédent. Il était de forme circulaire; son diamètre était de i5 mètres et sa hauteur au-dessus du sol naturel d'environ mètre au point le plus élevé. Une tranchée verticale futcommencée au centre du tumulus et les premières cendres apparurent à une distance de la surface sensiblement moindre que dans la première fouille. Cela provient de ce que la surface a été nivelée au cours des siècles par l'érosion ou la culture.

Le déplacement progressif et minutieux des premières cendres amena au bout d'un temps assez court la découverte d'un corps dur qui fut reconnu être un morceau de cuivre-tourné extérieurement et creux à l'intérieur, d'un autre morceau de cuivre de même nature mais pointu, d'un fragment de fer en forme de lame, absolument rongé par oxydation; enfin, sur la même horizontale et a quelques centimètres, apparut'un vase de terre de forme différente des précédents, ressemblant à une marmite avec son couvercle, d'une pâte brune, grossière, aux rebords très épais, a la surface unie. Le couvercle était brisé. Le vase fut extrait sans cassure; il était entièrement rempli d'ossements en parti calcinés et mélangés a la terre. Le docteur de Nabias, de Paris, présent, a ces fouilles, a reconnu ces ossements comme appartenant à la boile"cranienne humaine sans différence appréciable avec un crâne d'un homme de notre époque. II.a emporté un certain nombre de ces débris pour les examiner plus en détail. Par suite d'imprudence le vase extrait intact a malheureusement été brjsé dans le transport; ses débris et ceux du couvercle sont déposés au Musée de Pau.

Quelques personnes mises au courant du résultat de ces fouilles étaient venues des environs. Il fallait donner satisfaction à leur curiosité et c'est dans ce but. que, l'après-midi du septembre, M. Durand consentit à laisser ouvrir un~troisième tumulus situé à environ 20 mètres à l'Ouest des deux autres..

La tranchée se Ht au centre dans les mêmes conditions que précédemment, et à 80 centimètres de profondeur, dans une couche de cendres, futconstatéela présence d'un objet résistantassex volumineux. Les précautions prises permirent d'extraire sans accident une belle urne en poterie unie avec deux anses, de la forme des pots utilisés dans ce pays et de nos jours pour la conservation de la graisse. Cette urne était remplie de terre, de débris de végétaux et de cendres; le couvercle en était brisé. Elle a été transportée au Musée de Pau. Quelques jours plus tard, le colonel Joannard, de passage à Bougarbcr, voulut aussi avoir sa part de découvertes et fit poursuivre les


fouilles dans lé même tumulus. Il eut, la satisfaction de trouver'à ao centimètres au-dessous de la surface et par conséquent 5o centimètres plus haut que l'excavation d'où l'on avait sorti l'urne à deux anses, un autre vase en poterie avec son couvercle et, à côte, un morceau de fer recourbé, à deux branches, très oxydé, deux morceaux de cuivre cylindriques et creux de .to centimètres de longueur à l'extrémité.desquels sont assujetties deux rondelles de même métal, perpendiculaires a l'axe et distantes de 5 à 6 mil~mètres; enfin une lamelle de fer percée de trous régulièrement espacés. En leur état actuel il est difficile de se prononcer sur la nature et l'origine de ces objets..

Ces fouilles, entreprises plutôt par curiosité que dans un but scientifique, faites en peu de temps et avec des moyens de fortune sans'tenir compte des méthodes progressives préconisées par les archéologues compétents, ne peuvent avoir qu'un intérêt documentaire. M. l'abbé Pédebucq signale enfin que deux tumuli ont été nivelés lors de l'établissement de la piste du camp d'aviation les objets qui s'y trouvaient ont été emportés par les ouvriers palois qui exécutaient ce travail et n'ont pu être étudiés par lui.

Ont été reçus membres de la Société, à l'unanimité des suffrages M. Adolphe Augé, inspecteur de l'Assistance publique, à Pau, présenté par MM. Lorber et de Dufau; M. l'abbé Bonney, aumônier du Lycée de Pau, présenté par MM. Dubarat et Lorber; M. Sylvain Cazenave, chef de Bureau aux Archives des .Basses-Pyrénées, présenté par M: l'archipretre Dubarat et M. de Dufau de Màluquer; M. Gascogne, adjoint au maire de Pau, présenté par MM. Dubarat et Bauby; M. le comte Alexandre de Laborde, membre de l'Institut, présenté par M.'l'archiprctro Dubarat et M. de Dufau de Maluquer; M. Gaston Lacoste, maire de la ville de Pau, ~présenté par MM. Dubarat et Bauby; M. Alfred de Lassence, ancien maire de la ville de Pau, présenté par MM. Dubarat et Bauby; M. Luxce, secrétaire général de la ville de Pau, présenté par MM. Lorber et de Dufau dé Maluquer; M. Charles Monguilan, docteur en droit, notaire à Pau, présenté par MM. Lorbei' et de Dufau de Màluquer; M. l'abbé Salefranquc, curé de Lurbe-Saint-Christau, présenté par M. l'abbé Annat et M. de Dufau de Maluquer; M. Joseph de Zangroniz, conservateur de la bibliothèque de Pau, présenté par MM. Bauby et Lorber.

La séance est levée.

Le secretcttt'eg'enët'e~, Le président, P. LORBER. V. DUBARAT.


SEANCE DU JEUDI. 6 JANVIER 1921

.Présidence de M. t'abbeRunAnAT.

Présents MM. Dubarat, de Dufaù'de Maluquer, Lorber, Andral, membres du bureau M°"' Dubois, de Dufau de Maluquer MM. Annat, Auge, Bonney, Casenave, Correch, Doux d'Obersecq, Joseph Maisonnier, Massignac, Meillon, Navarre, Pabon, B. Pataà, Prat, Roche, Salefranque, Saupiquet, Verdenal, de Zangroniz.

Excusé: M. Charles d'Abbadie.

Le président communique une lettre de M. le comte de Laborde, remerciant la Société de son éjection. Il dépose sur le bureau le Ltt'rc d'Of des en/ŒK~s c/M canton de Ft'c-B~ot're 7no)'<s pûto' la patrie, envoi de M. le baron F..de CardatUac, et l'exemplaire dé la Cour d'appe! de Pau, offert par son auteur, M. Correch. Après avoir remercié les donateurs et signalé l'intérêt de l'ouvrage de M. Correch, qui apporte une importante contribution à notre histoire locale, M'. Dubarat prend la parole en :ces termes

«Mesdames, Messieurs,

« Des raisons indépendantes de notre volonté ne nous ont pas permis de faire notre réunion de décembre. J'avais l'intention de vous rappeler, alors, le souvenir de ceux qui nous ont quittés cette année,. dans notre ville de Pau, en dehors de ceux dont nous avons déjà déploré la perte.

« Le premier en date est le D' Alfred Lorber, le père de notre archiviste départemental, en même temps secrétaire général de notre Société.

« Le D' Lorber était venu près de son fils, de la frontière de l'Est, demander à notre climat un peu de douceur et continuer une vie de famille que le malheur avait trop tôt brisée.

« Nous savons quel ardent patriote il fut en terre lorraine et ceux qui l'ont connu se rappellent son émouvant discours du mois de mai K)i/), à Pau, où il évoqua magnifiquement le jour glorieux, jour de la revanche et des chaînes à jamais brisées. Il conserva le titre de président d'honneur de la Société médicale du Haut-Rhin. Ses angoisse furent grandes pendant l'épouvantable guerre, mais ses espérances furent plus grandes encore. Il voulut s'associer.aux œuvres


d'assistance médicale aux blessés et il se chargea de la consultation des indigents dans notre hôpital depuis le mois d'août )9)4 jusqu'à l'armistice de )9t8. Dieu récompensa sa foi en la justice immanente en lui montrant avant de mourir notre drapeau vainqueur. Nous offrons aux siens et en particulier à notre cher collègue, et. ami, M. Lorber, nos condoléances personnelles et celles de la Société tout entière..

« Nous avons encore perdu M. Lendrat. Commis au greffe de la Cour, il aimait l'histoire locale. Il a écrit une série d'articles, devenus la A~ee SM)'e parc du c/tCtteem de Pau c( les eueHcn~nts qui s'y )'a:«a(/tetit; il y rappelle tout un ensemble de faits curieux ou paraît à la Bigotière, petite auberge des bords de l'eau de Billère, un soldat de la grande histoire, le trompette EscofUer, le héros de Sidi Brahim, qui repose au cimetière de Pau, le Souucnn' /'<'aK(;ats a entouré d'honneurs sa tombe glorieuse. Que le bon M. Lendrat reçoive nos adieux et nos regrets les plus sympathiques.

« Le dernier dans cette liste funèbre est M. Touzis. 'Je lui avais demandé naguère d'accepter les fonctions de bibliothécaire de la Société et il m'avais promis son concours. C'était en effet un homme de lettres et un bibliophile.

K Combattit plus qu'on ne pense, il plaida de belles causes où il eut le chagrin de succomber parfois.

(( L'une dés dernières fut celle de la )'tte de Liège. Il s'enflamma de cette idée généreuse et la poursuivit sans défaillance. Ce ne fut pas sa faute, si la rue Latapie il habitait ne s'est pas appelée la rue de Liège. Le Conseil municipal en jugea autrement; mais il déféra par un mémoire imprimé la délibération au Conseil d'Etat qui probablement ne statuera jamais.

(( Pendant la guerre, il fonda une école de filles pour les réfugiés belges; et alors rien n'arrêta sa propagande patriotique. Il trouva les moyens de l'entretenir et de la faire vivre jusqu'à la'.victoire. o: II travaillait également à. fonder à Pau une bibliothèque francobelge. J'en ai vu chez lui les abondantes prémices, et il serait à souhaiter que la bibliothèque municipale de Pau .put les recueillir. « Ceci m'amène a terminer en rappelant que notre Société avait accepté l'idée qu'il nous proposa d'agréer un certain nombre de Belges réfugiés comme membres honoraires. Leurs noms figurent dans nos séances et ce ne sera pas là-moindre curiosité de notre bulletin de transmettre à nos successeurs le souvenir de ~héroïque Belgique ainsi transplantée dans notre sol pendant l'cn'royable tourmente, »


M. de Dufau de Maluquer, trésorier de ta Société, présente ses comptes de gestion pour i~i8-n)t<).

RECETTES

19 décembre i()t8 Avoir. 18 3g 3i décembre i()t8 Intérêts des fonds placés à la caisse d'épargne. 54 82 5 Janvier t()ig Encaissé deux cotisations de l'exer-

cice i<)i~-i9t8. ao Rente françaises °/ 100

Rente française5°/ 260

Rente française/t'y. too

i2ocotisationsdel'exercice)gi8-i9[9 1.200

Vente de volumes du BM<:e~K. 60

Total des recettes. t.8i32i

DÉPENSES

5 janvier t~ig Gratification à M""LapoubIe, concierge. 10 5 janvier n)i<) :Fraisd'éclairage. t a; juin 19:9 Cotisation à l'~7KtO)t/ns<OFigMe et archéo~o~tgMedMSttd-OMest,pour!gtg. 20 12 août !()fg Cotisation à l'E's~e G'o's<Ott-FebMS, pourigK). 6 3t décembre t<)t<) Frais de bureau. 13 5o Total des dépenses. ~() 5o

BALANCE

Recettes. i.8t32î

Dépenses. 4g 50

Excédent. i.y63~[ r

Excédent de recettes représenté par mes livres de caisse d'épargne. 5/)83 Encaisse. i.yo88<) Total égal. i.~63yt r


J~co-ctce ~9-~980.

RECETTES

3[ décembre <g[Q: Avoir. t.y63~f r 3[ décembre '9'<) Intérêts des fonds placés à la caisse

d'épargne. g 58 Rente française :oo

Rente françaises 260

Rente française4°/o. 'oo

22 février [f)20 Reçu de M. l'archiprêtre Dubarat. i9 45 a3 juillet )<)ao.: Reçu de M"" Cazamayor de Planta. 20 10 novembre tgao Reçu du Comte Alexandre de

Laborde sa cotisation pour l'exercice !<)t()-t9ao et sa cotisation pour l'exercice igao-tgat, payée d'avance. 20 t38 cotisations de l'exercice )g)()-)gao. !.38o

Vente de volumes du Bu~e~n. 86

Total des recettes. 3.8)8 ~4

DÉPENSES

a janvier )()ao Gratification à M'"°Lapouble, concierge. )0 () et t3 janvier tgao Deux carnets de reçus. a 2 février t()20 Payé à M. Empérauger, pour l'impres-

siondutomeXLHdu~M«e<ut. i.6a3<)o 3 février taao Frais d'envoi du tome XLII du BttMe<m. 5o t"mars tgao Cotisation àJ'-E'sco~Gas<OM-fëbMs. 10 ~5 tgmars igao A M. Cazaubon, imprimeur, pour convo-

cations. 8 yjuintgao Cotisation à l't/nto~ historique et en'c/tëo-

!o~tgMed« Sttd-Ouest, pour fg'g. 20 8 septembre igao A M. Lesbordes, imprimeur à

Tarbes, un acompte de mille francs, pour l'impression du tomeXLIlldu~M~eft)t,ci. 1.000 ai décembre 1920 A M. Lesbordes, imprimeur à ·

Tarbes, la somme de six cent quarante-cinq francs, pour l'impression du tome XLIII du -BM~etm et pour solde de toùscomptes.ci. 645. 3i décembre !t)20:Fraisdebureau. 5i Total des dépenses. 3.3y8 o5


BALANCE

Recettes 8.81874

Dépenses. 3.3y8o5

Excédent. 440 6g

Excédent de recettes, représenté par mes livres de caisse d'épargne. 3i44o Encaisse. 126 ag Total égal. 44069

Ces comptes sont approuvés à l'unanimité.

H a été procédé, ensuite, au renouvellement du bureau de la Société. Le nombre des votants est de a3. Ont'été nommés M. Dubarat, président, 22 voix; M. Bauby, vice-président, 23 voix; M. Lorber, secrétaire général, 22 voix; M. Andral, secrétaire, 22 voix; M. de Zangronix, secrétaire; 28 voix; M. de Dufau de Maluquer, trésorier, 22 voix. M. Dubarat, au nom du bureau, a remercié l'Assemblée de son vote.

jDëc~ftt'ottton sm' le rë~ono~Htc.

L'Assemblée a écoute avec attention la lecture d'un vœu formulé par la Société. des Sciences, .Lèpres et Arts de Bayonne, dans sa séance *du 6 décembre 1920, transmis par son président, M. de Marien; ce vœu tend à obtenir. des pouvoirs. publics le choix de la ville de Bayonne comme chef-lieu d'une région administrative à créer dans le Sud-Ouest de la France.

L'objection capitale, qui. parait devoir être opposée à ce projet, réside dans le fait que, si la proximité de l'Océan et de l'Espagne constitue à Bayonne un point géographique de transit, par contre cette ville n'occupe pas le centre du bassin de l'Adour, tandis que ce rôle est dévolu aria ville de Pau par la nature, par son passé historique et par son importance actuelle. En conséquence, t'Assemblée déclare, à l'unanimité des suffrages, que sur la question du régionalisme, elle s'associe en- principe à .tout vœn-quL sera présenté par le Conseil municipal de Pau. MM. ALPHONSE MEILLON et PAUL LORBER Le Cett-tM~re de Saint-Savin de Z,6tved<tK.

M. Lorber à étudié l'histoire des origines de l'abbaye de SaintSa'vin de Lavedan, telle qu'elle'ressort des travaux des Bénédictins du


xvn" siècle et de l'histoire de Béarn de' Marca. Les plus anciennes traditions relatives aux origines du monastère se 'trouvènt, d'une part, dans la Vttcc sancti Setbmt qui nous a été conservée par des. manuscrits du xtV siècle, dont le R. P. Romary vient d'entreprendre l'étude dans la ~cuMedes~faM(es-P~)'s)!ëes, et, d'autre part, dans le Co!)'<(t!a!fe de l'abbaye. Le texte de ce dernier ne nous est parvenu que par des copies, l'original ayant été perdu entre f~go et i~93. Dans son premier volume l'.Hts~ou'e de la ra~ee de Co[u<e)'e<s, M. Meillon a dressé une édition critique du CeM'<t~aM'e; il est arrivé, non seulement à en expliquer la formation, mais encore à replacer dans leur ordre chronologique des textes, pour la plupart non datés. Ainsi, non seulement les actes publiés pour la-première fois en 1880, par Charles Durrier, d'après la copie du paléographe Larcher, se trouvent désormais rétablis dans leur ordre de succession logique, mais M. Meillon les a accompagnés d'une traduction, de savantes dissertations et de notes abondantes en outre, il parvient à démontrer que plusieurs pièces du Cartulaire sont d'une authenticité suspecte; enfin, il a établi un catalogue des abbés de Saint-Savin, plus exact que celui de .la Ga«ta67))'t!ittomœ. L'abbaye étendait sa suprématie sur huit villages, situés au pied même du monastère; ce domaine formait,au spirituel, ~c ~sctt! de 5'o[tK<-SftUtn, et au temporel, la ~utet'e de Saint-Savin, distinction qu'aucun historien bigourdan n'avait su faire jusqu'à présent. Les huit villages formèrent, jusqu'à la Révolution, une communauté usagère des pâturages et forêts de la vallée de Cauterets, dont ils disputèrent la propriété à l'abbaye de Saint-Savin. M. Meillon a rétabli l'historique de la formation du Cetrh<,<an'e de la façon suivante Le Cen'tu~t~e fut~commcncé par l'abbé Raymond I" (n~5-u63). Plus tard furent retrouvés ctajoutés à la suite deux Coft'tn~an'cs antérieurs, absolument indépendants l'un de l'autre. Le plus ancien, formé par Bernard 111 (to59-t0~8), comprend. une C~fom~MC, qui attribue, la fondation du monastère à Charlemagne. En to8o, l'abbaye fut réformée et affiliée à celle de Saint-Victor de Marseille. Les moines de la communauté primitive, considérant leurs nouveaux frères comme dés intrus, firent disparaître les archives pour mettre ceux-ci dans l'embarras. C'est ainsi que l'abbé marseillais Ébrard (io8a-i.io5),- fut obligé de constituer un nouveau C'et~M/au-ë et fit rédiger une seconde C/))'on«yMe; ignorant de la tradition carolingienne, il crut que le couvent ne devait son origine qu'au comte Raymond de Bigorrc(9/)0 956).

Les textes des Cartulaires de Bernard 111 et d'Ebrard prouvent


qu'au xi° siècle l'abbaye, pas plus que les villages co-usagers, ne possédait de titres de propriété de la vallée de Cauterets. Les abbés marseillais surent y suppléer par leur habileté. Ils obtinrent,en n68, une bulle du pape Alexandre 111,-qui confirmait le monastère dans tous ses biens; ce texte s'étant trouvé encore insuffisant par rapport aux prétentions sur Cauterets, la C/iroMiqMS d'Ebrard serv}t, quelque temps plus tard, à fabriquer une prétendue donation par laquelle le comte Raymond de Bigorre était censé avoir cédé la vallée l'abbaye en toute souveraineté, l'an <)45. « Ces falsifications intéressées, dit M. Meillon, fatales dans cette période de violence et d'ignorance, ont' servi le progrès économique dans ces régions, alors à demisauvages », et c'est là leur excuse.

M. le D' VERDENAL Médecins et apothicaires en Be<n')t sous re~ttKcdM-Fo!'de ~CKi't7f(xvt'-xvffi" siècles).

Les anciens fors de Béarn' n'accordaient pas d'existence juridique aux médecins'et aux apothicaires; le'for de Henri H, promulgué en t55t, leur consacra une rubrique dont les décisions restèrent en vigueur jusqu'à la Révolution française.

Les apothicaires devaient prêter serment par devant les jurats de la ville. Ils avaient le monopole de la vente des-drogues, mais ils étaient tenus de les préparer sous les yeux d'un médecin ou d'un confrère. Les produits ne pouvaient être délivrés que d'après une ordonnance, qui devait être couchée sur un registre, et le médecin fixait lui-même le prix des médicaments prescrits. Les infractions à ces règlements étaient punies de peines variant d'une amende de 66 sols Morlàas au châtiment du fouet, appliqué par le bourreau.

Le médecin devait non seulement être muni d'un diplôme délivré par une université, il lui fallait, en outre, à son installation; subir un examen municipal qui permettait d'éliminer les sujets de moralité douteuse, et prêter'serment. Le for fixait un tarif d'honoraires pour les services prévus par la législation. Toute participation des médecins aux profits des apothicaires leur était interdite sous peine de bannissement.

Ont été reçus membres de la Société M. Pommé, conseiller général du canton de Laruns, maire de Bielle, présenté par MM. de Dufau de

Maluquer et Lorber; M. Vignalou,juge de paix du canton de Pau-Est, présenté par MM. de Dufau de Maluquer et Lorber; M. le D' Pierre Guichot, présenté par: MM. Dttbarat et. Lorber; M. l'abbé Joseph


Pataà, vicaire de Saint-Martin-de-Pau, présenté par MM. Dubarat et Lorber; M. Emmanuel Mixzi, présenté par MM-.Bauby et Lorber; M. l'abbé Jean-Baptiste Salefranque, curé d'Ëscou, présenté par MM. Dubarat'et de Dufau de Maluquer; M. le D' Albert Bon, présenté par MM. Augé et Lorber; M. Arsène Doron, président de l'Union des. Combattants dé i8yo, présenté par MM. de Dufau de Maluquer et Lorber; M. José de Axcona. à Tafalla (Navarre), présenté par MM. Dubaratet de Zangroniz M. Gabriel Singuinia, directeur d'école à Arthez, présenté par MM. Bauby et Lorber; M. le commandant Labouche, à Agen, présenté par MM. Dubarat et Lorber; M. le.commaridant Pozzo di Borgo, à Pau, présenté par MM. de Zangroniz et Roche; M. Hamet, présenté par MM: Andral et Dubarat; M. le commandant Bedin,. présenté par MM. Dubarat et de'Dufau de Maluquer; M. l'abbé van deh Brule, présenté par MM. Dubarat et de Dufau de Maluquer M. Arnaud 'd'Elissagaray de Jaurgain, ancien député, présenté par MM. de Dufau de Maluquer et Lorber; M"" René Cassou de Saint'Mathurin, présentée par M" Ernest Dubois et do Dufau de Maluquer; M'. René Cassou de Saint-Mathurin, présenté par MM. Dubarat et de Dufau de Matuquer; M. Lasserre-CapdëviIIe, de Baigts,.présenté par MM. Prat et de Dufau de Maluquer.

Le sect'e~ctM'e yenet'e~, Le pressent, P. LORBER. V. DUBARAT.

SEANCE DU-JEUDI 17 FEVRIER, 19~1

Présidence de M. l'abbuDuBAKA'r.

Présents MM. Dubarat, de Dufau de Maluquer, Lorber; Andral, de Zangrôniz, membres du bureau M" Suillet et Cassou de SaihtMatHurin; MM. Axcona, Bedin, Bonney, van den Brule, Capdeville,, Cassou de Saint-Matburin,_ Doux d'Obersecq, Lefebvre, Lemaitre, Meillon; de Resseguier, Richard, Roche et Verdenal.'

Excuse M. Bauby, qui a adressé à la Société une lettre de remerciement pour son élection à la vice-présidence.

.Le président communique les lettres suivantes de MM. Léon Bérard, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, ~et Maupoil, préfet des Basses-Pyrénées, accusant réception du vœu de la Société sur la question du régionalisme; de MM. Lasserre-Capdeville et le commandant Labouchë remerciant de leur admisssion comme


membres de la Société; de l'École des Chartes, invitant la Société des Sciences aux fètes du Centenaire de l'École des Chartes. Sur la proposition de M. Dubarat,'la Société décide, a l'unanimité des suffrages, d'adresser ses félicitations àM.LéonBérardpourles hautes fonctions auxquelles il a été appelé par le gouvernement de la République; elle adhère à la création à Pau d'un comité de rapprochement franco-espagnol que M. Roussille, membre de là Société, s'est chargé de constituer.

M. l'abbé LABORDE ~Mecdo<es c<.c/tansons S6t<;)'«/Mes re~a~'ucs èt <e[ o'tse du Parlement de A"aDO[r)'e ~7C5-477o/.

Le Parlement de Navarre ayant donné sa démission collective en iy65, le roi envoya en prison ou en exil les démissionnaires et pourvut aux charges vacantes. Neuf magistrats seulement de l'ancienne Cour reprirent leurs sièges. Les nouveaux conseillers furent l'objet de manifestations peu sympathiques de la part du corps des avocats de ]a Basoche, etc., tous partisans des anciens parlementaires exilés. Ainsi une aventure survenue pendant les fèies du Carnaval, cinq conseillers du nouveau Parlement furent insultés par divers masques motiva l'arrestation de cinq jeunes gens de la meilleure société. Finalement l'affaire n'eut pas de suite, grâce à l'intervention de la duchesse de Gramont et du fameux médecin Théophile de Bordeu.

En 1773, à l'avènement de Louis XVI, les anciens parlementaires furent réintégrés dans leur charges. On célébra avec fracas, le retour de ces «revenans)), on cribla de lazzi les « remanans » (les neuf qui avaient gardé leurs offices) et les « intrus )) (ceux qui avaient occupé pendant dix ans les places vacantes). Poésies et chansons satirique's furent rimées à profusion au cours des fêtes célébrées à Pau en l'honneur des magistrats-rappelés.

~L.Laborde cite un Noël plein d'allusions mordantes, une série de pièces malignes contre les épouses des conseillers intrus, des compliments fleuris d'hyperboles en l'honneur de Bordenave-Cassou qui avait négocié à Paris le retour de ses confrères, du président Dnpiàa~ l'âme de la résistance en 1765, de Louis XVI, du conseiller Lenoir et de l'intendant Journet, qui présidèrent au rétablissement de la Cour, etc. Il a identifié quelques-uns des rimeurs, comme le baron de Mesplès, un poète-épicier de.Baigts, un « rapsode populaire )), Lenfan de Maxerolles, qui composa une pièce en béarnais.

À la suite de cette communication, M. de Dufau de Maluquer a lu des variantes du Noël cité par M. Laborde qui sont fournies par un manuscrit de Laussat..


M. JOSE DE AZCONA D'H libelle d'~iH(o)!to Po'e~, imprimé à Pau CM~~M.

Le secrétaire favori de Philippe II, Antonio Perez, tombé en disgrâce, fut emprisonné et torturé par l'Inquisition. Il parvint à s'enfuir en Aragon, où Saragosse prit les armes en sa faveur, le a4 septembre, )5.f)t, puis en Béarn, où il se réfugia le 26 novembre, après s'êtrè caché pendant trois jours dans le château de Martin de Lanuza près~deSallent. La régente Catherine de Bourbon l'accueillit à Pau et arma pour sa cause des bandes qui passèrent la frontière. M. de Azcona a découvert à Paris, à la Bibliothèque nationale, dans les papiers de l'Inquisition d'Aragon, un libelle dans lequel, dès son son arrivée à Pau, Perez, rend compte des événements auxquels il venait de prendre part. Cet opuscule intitulé Un pedaco de'Historia de lo sttcedtdo en Cat'a~ocft de ~4)'a~on, à de se~cn~'c del a~o de 4~7, etc., ne porte pas le nom de l'imprimeur; les caractères employés diffèrent de ceux de Rabier, le seul imprimeur béarnais de cete époque actuellement connu, dont les .presses se trouvaient a Orthcz.

'M. Lorhor a donné des détails complémentaires sur la biographie d'Antonid Ferez, tirés des ouvrages de Mignet, de Samazeuilh et de lâ comtesse d'Armaillé. Perez ne devaitjamais rentrer en Espagne il fut l'un des agents diplomatiques d'Henri IV auprès d'Élisabeth d'Angleterre et. mourut à Paris en t6ti.

.M. J.DEZANGRONIZ L'o[M<u&to~)'ttp/tte d'un écrivain !~eat'n<'t<s/ M. de Zangroniz a entretenu la Société des Memot)'cs de M. Ft'aKc~s JaMttMes. Ces souvenirs, du moins en ce qui concerne la première partie, parue dans le Co'respondaMtdu 10 janvier 192i,sedivisent en trois périodes Les années'd'enfance de Francis Jammes, passées à Tournay, dans les Hautes-Pyrénées; 2° l'année paloise i8y5-t8y6; 3° enfin, le séjour à Saint-Palais, où commence la vie sérieuse; lès cours suivis au collège de M. l'abbé Duc et à l'école primaire de M. Sabre, l'initiation poétique, les promenades d'automne en compagnie de son père, où l'âme de Francis Jammes finit d'être à jamais conquise par toutes les beautés de la nature vivante.

M. de Zangroniz a laissé l'auteur lui-même raconter sa vie, ne voulant pas refroidir par un commentaire les chaudes imaginations du poète et les finesses du conteur, qui excelle à présenter des personnages amusants, dans une langue harmonieuse. Ont été reçus membres de la Société M. 'Albert Pays, présenté par


MM. Dubarat et Caxenave; M. l'abbé Laciau, curé de Mifaget, présenté par MM. Laborde et Dubarat: M. le D' Frachengues, présenté par les D" Verdenal et. Marque M:' J. Eyt, directeurd'école publique à Pau, présenté par MM. le D' Bon et Augé; M. l'abbé Lapabe, professeur au collège de Nay, présenté par MM. Laborde et Bonney. .Le secrétaire gfeM(;)'a!~ Z,e pressent,

P. LORBEH. V. DUBARAT.

TABLE DES MATIÈRES

Pages

Exercices littéraires du Collège royal des Jésuites de Pau en 1688, par M. le chanoine V. Dubarat. 5 Bernard Guichot et Jacques de Nays, guiiïotinés pour une chanson en d794 (suite et fin), par M. ['abbé J.-B..Laborde. 21 « Histoire de l'Hérésie de Bearn :) (Manuscrit de Pierre de Salefranque, conseiller du Roi, secrétaire et garde-sacs du Parlement de Navarre), publiée pour la première fois par M. le chanoine V. Dubarat (suite). 25,5C,'t05,d4-t, 163 Un jacobin, allemand a Pau en l'an 11 Théodore Eberhard, par M. Antoine Richard. 41 Les grottes préhistoriques de MaIarbde,.parM. Léon.Fonteneau. 48 .La Franc-Maçonnerie à Pau au XVHIc sièe)e, par M. Ëmi)e Lemaitre.. 81 La question des Subsistances dans tes Basses-Pyrénées en 1793 et -)794, par M. Antoine Richard.93, 129 Vestiges gallo-romains à, Bentayou, par M. )'abbé Cup-Pucheu. 121 AproposdeLatapied'Asfetd. 't6d Procès-verbaux dés Séances.

.?e<Mtce~M ~5ja[Kfie)'~920.

'Nécrô)ogie:MM.Bartbe,Toursier,Lœw. 201 M. Paùl Lorber. Notules sur un écran conservé au Château de Pau. 202 M. Gabriel Loirette. Honoré de Balzac considéré comme historien des derniers Valois et de la Réforme. 203


Présentation de nouveaux/membres MM. Dissez, .de Rességuier, de Coulomme-Labarthe. 205 Séance <hf?6/<;t!)')6)'49?0.

'Nécro)ogie:M.)ecapitaine.Vanden-Bru)e. 205 M. H. Cavaittés. La.houiite Hanche dans tes Pyrénées françaises 205 Plainte introduite auprès de la Société et nomination d'une commission d'enquête.206 M. Gabriel Loirette. Honoré de Balzac considéré comme historien des derniers Valois et de la Réforme (suite). 207

Présentation de nouveaux membres MM. Jutio de Urquijo, Mattoso, Émi!eLemaitre, Charles Dabbadie, Théodore Lefebvre. 210 -SëaMCe dM M ))!ft)'S 1920.

Rapport de la Commission nommée dans la séance du 26 février 1920 et vote de ta Société. 2)' Séance ~M 99 au)-~ ~920.

Nécro[pgie:M..Mer]e. 2't5 Documents sur Jeanne d'Atbret communiqués par M. Alexandre de Coutomme-Labarthe. 2')5 Lettre de M. )~é comte Franck-Russe)) relative a t'Histoiro du parc du Château de Pau. .2)5 M. le chanoine V. Dubarat. Les autographes pyrénéens conservés au Mont-Carmel (Syrie). 1 2')6 M. le Pasteur Alfred Cadier. Le Commentaire sur l'Évangile .de saint Mathieu, de Lambert Daneau. 2)7 Présentation de nouveaux membres MM. H. de Bertier, Jondot, Claverie, Auby-Bastard; l'abbé Ribes. 2d8 ~t<Mced'M47/MtM4990.

M:,)e chanoine V. Dubarat. L'union du'.Béarn à )a.France.en oeto- bre')620. 219 M. Gabriel Andra). –Deuxbas-re)iefs-de)'ég)isedeMonein. 220


$eftMcedM4KOueHtb)'e~920.

M. Antoine Richard. Les hôpitaux militaires de Lescar pendant la Révolution. 221 M. Gabriel Andral. La station magdalénienne de Sainte-Eulalie(Lot). 222 M. l'abbé Pédebucq. Fouilles de trois tumuli à Bougarber. 223

Présentation de nouveaux membres MM. Adolphe Augé, l'abbé Bon- v ney, S. Cazenave, Henri Gascogne, le comte Alexandre de Laborde,

Gaston Lacoste. Alfred de Lassence. Louis Luxce. Charles Mon-

gui)an, l'abbé Satefranque,J. de Zangroniz. 227 SMt)!CejK6~N)M)t<M'~99/.

Nécrologie: MM. )e Dr Lorber,Lendrat,Touzis. 228 Comptes de gestion du Trésorier, exercice ')9'i8-'t9i9. 230 )919--)920. 231 Déctarationsurlerégionalisme. 232 MM. Atph. Meillon et P. Lorber. Le Cartulaire de Saint-Snvin de Lavedan .232 M. le D''Verdenat. Médecins et apothicaires en Déarn sous le régime du For de Henri II (xv.e-xvnie siècles) 234

Présentation de nouveaux membres MM. Pommé, Vigna)ou,teDr Guichet, l'abbé J. Pataà, Mizzi, l'abbé Sa)efrànque, le Dr Albert

Bon, A. Doron, J. de Azcona, G. Singuinia, le command' Labou-

che, le command' Pozzo di Borgo, Hamel, le commande Bedin,

l'abbé Van den Brute. A. d'Etissacarav. M~e et R. Cassou de

Saint-Mathurin.Lasserre-CapdeviUe. 234 Séance du ~7 février ~93~.

M. l'abbé Laborde. Anecdotes et chansons .satiriques rotatives à la crise du Parlement de Navarre ('t765-'t775). 236 M. José de Azcona. Un libelle d'Antonio Perez imprimé à Pau en ~591. 237 M.J.de Zangroniz. L'autobiographie d'un écrivain béarnais [M. Francis Jammes]. 237 Présentation de nouveaux membres MM. A. Pays, l'abbé Laclau, le Dr Frachengues, J. Eyt, l'abbé Lapabe 238 J. LESBORDES, imprimeur-gérant, 8, rue Péré, TARBES