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Le Progrès de la Côte-d’Or, 27 août 1936

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Le Progrès de la Côte-d’Or
27 août 1936


Extrait du journal

Encore quelques jours et le Midi va se lever. A lui les honneurs de l'ouverture ! Mais chacun aura son tour, on peut même dire au dernier les bons, car c’est dans lee départe ments de la 4e zone, celle qui ouvrira la dernière, que le gibier est le plus abondant. Dans tous les cas, un peu de patience et tous les chasseurs de France vont se trouver mobilisés, guêtres, ceinturés de cartouches, la carnassière au dos et le fusil au poing. , i. ’ Le jour de l’ouverture c’est, pour une fois, une joie de sauter du lit dès le matin, de très bon matin. Bien^ lesté, on part au petit jour, bien' avant le soleil levé. Le croissant de la lune brille encore à l’est. On le voit s’effacer et pâlir peu à peu ; les petites étoiles clignotantes pâlissent de même et s’éteignent une à une, comme des veilleuses consumées. Le village est endormi et silencieux. On n’entend autour de soi que la petite chanson claire de la rivière, le chant des coqs qui se répondent de proche en proche, l'aboiement impatient des chiens enfermés qui envient le sort vagabond du camarade qu’ils sentent sur vos talons ou en avant-garde, le pas lourd et encore un peu somnolent d’un charretier matinal qui mène ses chevaux à l’abreuvoir. En route ! On dit que la chasse française se perd, comme le gibier, comme bien «les choses. On ne sait plus chasser ! Tel est le cri de nos anciens, désolés de voir abandonner les vieilles mé thodes. Fusiller le gibier, accumuler les hécatombes et réaliser des «« ta bleaux épatants » est malheureuse ment, en effet, l’idéal de massacre du chasseur fiançais « nouveau jeu ». Ce n’est plus de la chasse, c’est de la boucherie. Et il n’y a pas que chez nous que les choses se passent aujourd’hui ainsi. Un de nos confrères, gémit aussi sur le nouveau rite cynégéti que : « Ici, écrit-il, nos nombreuses sociétés de chasses sont enrégimen tées. Il y a un président, un fermier, un directeur de la chasse. Placés pour la battue, si les chasseurs n’ef fectuent pas leur tir au commande ment, c’est tout. Vos ratages sont commentés, racontés, embellis, multi pliés. Vous ne devez, naturellement tirer que certain gibier, et il s’en faut de peu qu'on n’accroche à la queue des victimes une pancarte bien visible indiquant leur âge, leur poids, leur état civil, afin qtie le chas seur ne puisse les abattre qu'en tou te connaissance de cause. Enfin, le déjeuner qui suit piend l’allure d'un véritable repas de corps. Le président dispose d’une forte autorité morale et les convives, s’ils éprouvent le be soin de prendre la parole, doivent le ver la main, connue les écoliers bien sages, avant d’élever la voix. Pour tant, c’est si bon les déjeuners de chasse en petit comité, l«s cassecroûtes libres, sans retenue, où les chiens sont admis sur simple présen tation ! » Chacun évidemment, suivant son caractère, son activité ou sa .noncha lance, a de la chasse sa pratique spéciale. Quelques-uns, par exemple, aiment errer seuls par la plaine clai re ou dans les sous-bois silencieux, le fusil sous le bras, s’arrêter à leur gré au pied d’un arbre, rêver un brin, écouter les mille bruissements du chaume, de l’herbe, des haies, s'égarer à l’orée de la forêt et chas ser, j’oserai dire, la bergère si elle lui chants plus que la caille ou la perdrix, car le chasseur est galant et hardi. La chasse n’éveille pas la mélancolie et le son du cor n’est tris te au fond des bois que pour des Ames romantiques et distinguées. Mais enfin le chasseur dont je parle est le dilettante d’un sport qui est pour lui une distraction, au cours de laquelle il se grise de grand air et, parfois aussi, d’un joli vin au repas. Le vrai chasseur est, en général, assez gourmand, ou du moins il a un bon coup de fourchette. II chante j pour égayer son appétit que la mar-1 che et la poursuite ont excité. Et, à ce propos, je crois avoir déjà raconté à mes lecteurs fidèle*, qu’un de mrs vieux amis, giaud chasseur devant t l’Eternel, chantait toujours, même...

À propos

Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.

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