Extrait du journal

sieurs citoyens de Cleveland, dans l’Ohio, vinrent à Paris, soit avec l’Armée, soit avec ]a Croix-Rouge Américaine. J'eus le plaisir de h1» connaître et de me trouver dans leur groupe en différentes occasions. St l’on fêtait une bonne nouvelle, il y avait de l’émotion, de la gaieté et, sur la table, du bon vin de France. Mes amis retournèrent chez eux. ils reprirent leurs occupations i l’un était chimiste, directeur d'une gran de usine ; l'autre, banquier ; un troi sième, avocat ; un autre encore diri geait un important bureau d'assu rances. L’un d’eux m’écrivit cette lettre charmante. Lisez-là, et vous serez persuadés que nous avons tou jours des amis dans cette grande Amérique que nous connaissons si peu ou que nous méconnaissons : « Nous vous envoyons bien des amitiés tous ; nous parlons souvent de vous. Nous vous avons même élu membre honoraire de notre club et notre grande joie serait de vous y recevoir. Quand venez-vous nous rendre visite ? Notre club est tout récent et puisque vous êtes membre honoraire, vous devez savoir com ment il fonctionne. Avant la mise en vigueur de la loi de prohibition, nous avons été capables de mettre de côté, dans nos caves, quelques bonnes bouteilles de vin de France ; une fois par mois, nous nous réu nissons chez l’un d’entre nous pour un dîner amical où nous ne devons parler que français ; nous évoquons nos souvenirs. Nous bannissons l’oubli de notre mémoire et nous buvons, en l’honneur de la France, quelques bonnes bouteilles. Voilà ce qu’est le Club du Vin Rouge ! » Vous avez deviné que cette lettre date de plus de 15 ans. Le Club du Vin Rouge, fondé au moment de la prohibition, existe toujours. J'en reçois avec une régularité touchante des nouvelles excellentes. Faut-il beaucoup d’anecdoîès pour dire de quelle faveur jouit notre champagne à l’étranger ? Je ne vous en citerai qu’une qui me semble d'un pittoresque très inattendu. Elle me vient encore des Etats-Unis. On venait de construire à North Greenfield. dans le Wisconsin, l’égli se épiscopale de Saint-Pierre ; la paroisse était pauvre ; les architec tes et les entrepreneurs avaient été obligés de se montrer très économes. Lorsqu'on inaugura l’église, on s'aperçut qu’elle était très humide et qu’il serait nécessaire de procé der, aussi rapidement que possible, à l’assèchement des fondations et des caves. L’entrepreneur déclara qu’avec une conduite souterraine, on obtiendrait certainement l’améliora tion désirée. Vous ne voyez pas dans...