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HISTOIRE
BAR SlIftAUBE,
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A «AB-Sl K-AUBE
Chez d'Auteur, rue Notre-Dame, n° 57.
DE
PAR
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L'œil toujours ouvert de Bar-sur-Aube.
(Dict. tteTApostolk. XIII- siècle.)
Ne voudrait estre roy qui serait prévost de Bar-sur-Aube.
(Adages français. XIII» siècle.)
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MDCCCLL
Le Conseil Général de l'Aube, dans une de ses dernières sessions, a, et à juste titre, considéré l'inventaire des Archives communales comme ayant une haute importance historique mais combien plus instructif, et plus attrayant surtout, doit être le relevé consciencieux, et par ordre de dates des archives d'une ville ancienne dont les annales sont riches de faits. C'est l'histoire en détail; c'est un cartulaire où
PRÉFACE.
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« Puis est Palrioo facta referre labor. ̃
OV1D.
chacun peut venir relever ses titres de noblesse car, à part l'amour du pays natal, dont les fastes se dérouleront sous les yeux, chacun ici se verra renaître par les siens, et bien des faits dignes de mémoire échapperont ainsi à l'injure du temps.
Bar-sur-Aube, capitale du Vallage 1 est une des villes les plus anciennes et les plus importantes de la Champagne, son histoire est remplie de faits curieux et intéressants; c'est ce qui m'a décidé à tenter un essai qui n'était pas sans difficultés, mais la bonne volonté que l'on m'a témoignée et les encouragements que j'ai reçus de toutes parts m'ont soutenu dans mon entreprise. Les archives de l'Hôpital Saint-Nicolas, celles de J'Hôtel de -Ville, qui possède de nombreuses richesses qui
auraient besoin d'être mieux coordonnées, m'ont été d'un grand secours dans mes recherches ainsi que divers manuscrits anciens et surtout les notes qui m'ont été communiquées par nombre de personnes studieuses, à qui je me fais un devoir d'adresser ici mes remercîments.
Grâce à ce bienveillant concours, 'j'ai pu, après plus de deux années d'efforts, mettre à fin mon œuvre. Alors, je me suis adressé à mes concitoyens, leurs souscriptions ont répondu à ma voix et le succès a dépassé mes espérances. L'Histoire de Bar-sur-Aube s'étend depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours elle est divisée en douze chapitres, suivis de la Biographie des hommes illustres nés dans la ville et dont, pour la plupart, les familles
sont encore existantes; de notes et de Pièces justificatives à l'appui du texte, c'est-à-dire Bulles et Brefs de Papes Ordonnances, Chartes, Lettres Patentes, etc., des Rois de France et des Comtes de Champagne, etc.
Puisse mon travail être favorablement accueilli du public alors je serai récompensé de tous mes soins, et j'aurai acquitté ma dette envers mon pays d'adoption
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BAR-SUR-AUBE.
^foapibie iLveinief.
Coup-d'œil général sur la Ville sa position, son histoire son commerce et son industrie productions du sol origine et étymologie du mot Bar; administration foires fortifications et portes leur entretien garnison chevaliers de l'Arquebuse milicebourgeoise; redevances cens et droits royau, propriétés revenus et droits de la ville monuments.
Bar-sar-Aube (Barrum ad Atbam ou Albulam, Segessera Frumenlaria) est une petite ville de 4,200 habitants, chef-lieu du <!mc arrondissement du département de l'Aube, siège d'un Tribunal de première instance d'une Justice de Paix d'une Inspection et d'une Sous-Inspection des Forets, d'un bureau de Police, d'une lieutenance de
Gendarmerie située dans une plaine riante et fertile, arrosée par plusieurs cours d'eau, au pied de la montagne de Sainte-Germaine, sur la rive droite de l'Aube qui en cet endroit, forme un canal naturel de -40 mètres de largeur sur 360 de longueur et 2 de profondeur.
Traversée dans toute sa longueur par la route nationale de Paris à Mulhouse, sa position est des plus agréables; elle possède deux promenades charmantes, le Jarre et Malkaux le Jarre, la plus spacieuse, jadis champ de la Fédération sert maintenant de champ de manœuvre à la garde nationale; elle est placée sur la grande route et longée par le ruisseau de la Bresse qui en cet endroit se divise en deux bras, dont l'un se perd dans l'Aube à Bar-sur-Aube et l'autre à Ailleville, après avoir deux fois traversé la route; Mathaux, plus petite, mais plus gaie, est baignée dans toute sa longueur par la rivière d'Aube, et bornée par un ruisseau affluent. Un boulevart très-fréquenté planté de beaux tilleuls et garni d; jolis jardins qui ont remplacé ses fossés pleins d'eau et ses murailles
crénelées, règne autour de la \illo; et le ruisseau de la Dhuy, qui en fait presque entièrement le tour, contribue encore à sa fraîcheur et à son agrément. Distante de 258 kilomètres sud-est de Paris, 53 est-sud-est de Troyes, et 35 nord-est de Bar-surSeine, son enceinte totale est de 1/200 mètres environ.
Ses alentours sont sillonnés de collines couvertes de vignes, de vergers et de forêts, qui offrent des points de vue magnifiques et des paysagps charmants l'air y est sain le sol varié, l'eau abondante et pure. Dans les environs, on récolte des vins qui sont généralement estimés, des grains qui s'exportent à Gray, à Marseille et à Paris les chevaux ( il y a dans la ville un dépôt d'étalons), les bestiaux, les fruits les eaux- de -vie les laines, les chanvres, les toiles, la verrerie, la poterie, les cuirs, les fers, les tuiles, les pierres à bâtir, les bois à brûler et de construction sont aussi l'objet d'un grand commerce qui pourrait encore s'augmenter beaucoup si comme la ville de Paris l'a pendant longtemps sollicité, la navigation de
l'Aube était améliorée. Enfin les croquets de Barsur-Aube jouissent d'une grande réputation, et, suivant Savary, il y avait autrefois dans la ville une manufacture de chapeaux très-estimés.
Les bois, les prés et les côteaox voisins offrent aux botanistes une grande quantité de plantes médicinales usuelles; aux curieux des grès, des stalactites, des pétrifications, des coquillages; aux gourmets, de bonnes truffes du gibier trés-recherché à cause de la quantité d'herbes odoriférantes dont il se nourrit des bécasses, des grives, des alouettes; l'Aube leur fournit, en outre, de fort bon poisson tel que du brochet, de la carpe, du barbeau, de la truite et de l'anguille, et les ruisseaux circonvoisins leur fournissent également de fort belles écrevisses, des canards sauvages des poules d'eau, etc. < Enfin bien que Bar sur Aube ̃ù ne soit pas un pays distingué en agriculture, on a » de tout abondamment, même des fruits agréables » de toute espèce son chasselas passera toujours » pour un manger délicieux. » (Vie privée des Français, tom. 7, f° 7; et le Dictionnaire de Tré-
vaux au mot CHASSELAS ). Il occupe même une place distinguée dans la collection des plants du Luxembourg.
Cette ville, jadis capitale du Vallage (a), est nne des plus anciennes de la province de Champagne. Son origine est inconnue et se perd dans la nuit des temps, à moins qu'à l'exemple de certains amateurs d'antiquité, on ne veuille attribuer sa fondation à Bardus, cinquième roi imaginaire des Gaulois, qui suivant eux, lui aurait donné son nom ainsi qu'aux Bardes (b) dont, selon Dupleix, il est le père ou le premier mais sans remonter aussi loin nous nous contenterons de dire qu'elle a été fondée par les Celtes, et qu'elle existait déjà du temps de la conquête des Gaulespar Jules-César. Larnartinière, dans son Dictionnaire, prétend qu'un préfet du Prétoire y a été inhumé.
Autrefois, pour soustraire leurs récoltes et leurs effets les plus précieux aux brigands qui dévastaient le pays, les cultivateurs des environs les renfermaient dans la citadelle de Bar-sur-Aube qui à cette époque, portait les noms de Seoesseba (seges,
HISTOIRE DE BM\-Sm-AUBls. 2
moisson (c), ou Frcmehtakia (frumentum blé), qu'elle dut probablement à la fertilité de son lerritoire ou à ce qu'elle servait d'entrepôt aux Romains. C'est ce dernier nom qui, devenu en français Fromence et défiguré par la tradition explique l'opinion de certains auteurs qui prétendent qu'une ville appelée Florence a anciennement existe sur le versant de la montagne de Sainte-Germaine. Pour son nom actuel nous croyons qu'il dérive du mot Bar Barrum, qui, en celtique suivant Expilly, signifiait port, et, dans la basse-latinité, frontière, barrière, lieu fortifié, double étymologie qui s'explique très-bien par sa position à l'extrémité du territoire des Lingons (d), sur la frontière des Tricasses (e), sur une rivière navigable une partie de l'année et au pied d'une montagne qui la couvre, d'autant plus que la ville a été Mtie pour arrêter les incursions de l'ennemi, à la faveur des vastes forêts qui la couvraient. A l'appui de cette opinion nous observerons que deux villes qui portentle nom de Bar, Bar-sur-Seine et Bar-leDuc, sont situées dans une position semblable, et,
suivant tous les auteurs, cette dernière doit son nom (Barrum Ducis) à une barrière où l'on percevait un péage au profit du duc de Lorraine. Dès fan 584, la ville de Bar-sur-Aube faisait partie de l'évêché de Langres, et formait, avec son territoire, un des six archidiaconés de ce diocèse celui du Barrois (/) qui comprenait les doyennés de Bar-sur-Aube, de Chaumont et de ChâteauVillain; les cinq autres étaient ceux de Langres, de Dijon, de Tonnerre, de î'Auxois et du-Bassigny. Ce qui, pour tout le diocèse, donnait un total de plus de 800 communes.
Dans un édit du mois d'avril 1777, cette ville est comprise dans les villes du second ordre, et il est dit que les droits de maîtrise y étaient fixés au quart de Paris. Comme preuve de son ancienne importance, nous rapporterons encore les deux vieux dictons populaires que nous avons pris pour épigraphe le premier, L'œil toujours ouvert de Barsur-Aube, tiré du Dictionnaire de l'Apostolle, signifie que cette ville alors frontière, était toujours sur ses gardes; pour le second, Ne voudrait estre
roy qui serait prévost de Bar-sur-Aube, nous ignorons son origine, mais enfin on le retrouve dans un viens recueil d'Adages français du XIII" siècle. Avant la division de la France en départements, elle dépendait de la généralité de Châlons et suivait la coutume de Chaumont; elle était le siège d'une prévôté royale qui ressortissait du bailliage de Chaumont et avait droit sur 58 paroisses; d'une juridiction de police créée en 1699; d'une élection composée de 180 paroisses, créée en 1543 par François 1". Un des chefs d'accusation contre l'infortuné Maréchal de Marillac, en 1630, était une application à son profit des deniers provenant de l'enchère de l'élection de Bar-sur-Aube ( Intrigues du ca~ùaet tom. 1" pag. 356 ); et d'une administration municipale ayant à sa tête un maire comme par le Roi. Il y avait une subdélégation de l'intendance de Champagne qui avait remplacé le gouvertement militaire (le dernier gouverneur militaire fut M. Dupont de Compiègne mort en 1787); une subdélégation du prévost des marchands de la ville de l'aris, pour la rivière
d'Aube, dont la juridiction embrassait vingt-quatre lieues, et s'étendait depuis Auberive jusqu'à Arcis; une direction des aides, un entrepôt de tabac, un grenier à sel qui comprenait 80 paroisses, une direction de la poste aux lettres, une poste aux chevaux, un bureau des messageries, un bureau de contrôle et des insinuations, deux receveurs des impositions royales, et un lieutenant de maréchaussée.
Plus anciennement encore, Bar-sur-Aube fut le siège d'un bailliage dont les appels étaient portés an présidial de Châlons, comme mouvant de la couronne de France, et, avant l'érection de ce présidial, elle ressortissait de Sens, ce qui était fort incommode à cause de l'éloignement.
Ce bailliage, dont plusieurs fois on demanda le rétablissement avait lui-même succédé à une vicomté sur l'origine de laquelle on ne peut rien dire de bien précis, les historiens et les cartulaires n'en parlant pas avant 1256; cependant, on peut supposer qu'elle existait auparavant, car cette dignité était connue dès le temps de Charlemagne
dans les Capitulaires, les vicomtes sont désignés sous le nom de vicarii vice-comites. Les comtes, qu'ils représentaient, ne se réservant ordinairement que les affaires de guerre, et ne tenant pour les autres que quatre assises ou audiences par an, celles de justice, de police et de finances, étaient spécialement de leur ressort. Amovibles dans l'origine, certains revenus leur étaient assignés en paiement mais, plus tard, lorsque les comtes se rendirent indépendants, ils s'aggrandirent avec eux et possédèrent en fief les domaines sur lesquels étaient assignés leurs revenus, et ces fiefs, de même que ces charges, devinrent héréditaires. C'est alors que les rois leur confièrent une partie de leur autorité, et que l'administration de la justice leur fut abandonnée sans réserves.
Ce qui distinguait les vicomtés des grands fiefs et même des fiefs de dignité, qui ne pouvaient être possédés que par une seule personne, c'est que nonseulement elles étaient sujettes à tomber en quenouille, ainsi qu'on le remarque à l'égard de celles de Laferté, de Bar-sur-Seine et de Rosnay
mais elles étaient encore susceptibles de division dans le partage des successions ainsi, on sait qu'à une certaine époque la vicomté de Bar-sur-Aube était possédée par trois familles différentes celles de Thil, [de Fontette et: de Masteil (g). Maintenant, lequel des co-parlageanls jouissait des droits attachés à la charge? les fonctions étaient-elles ou non divisées, et par qui les vicomtes étaient-ils nommés ? 9 par le gouverneur ou par le souverain C'est ce quel'histoire nous laisse ignorer. Mais ce que nous savons c'est qu'au commencement du treizième siècle, les comtes s'étant donné des baillis, les vicomtes se trouvèrent sans fonctions, et que, dèslors, les comtes s'appliquèrent à racheter leurs charges à prix d'argent.
L'administration municipale était composée d'un maire, de deux échevins, un procureur-syndic, un secrétaire-greffier, un receveur (ces trois derniers n'avaient pas voix délibérative dans les assemblées), et de dix notables choisis dans les diverses corporations (/i).
Avant la révolution, le maire de Bar-sur-Aube
était nommé par le roi qui le choisissait entre trois candidats qui lui étaient présentés; et, d'après l'article 52 de l'arrêt de 1706, le maire sortant continuait à faire partie du bureau, prenait place auprès du maire en exercice et votait immédiatement après lui. Les échevins, pris parmi les notables, étaient nommés par la ville, pour deux ans, et les autres officiers municipaux pour six ans ils étaient renouvelés par moitié, et les élections avaient lieu le 1 décembre de chaque année.
Pour être admis aux fonctions municipales, il fallait avoir 25 ans révolus être né à Bar-surAube ou y résider depuis dix ans sans interruption.
Tous les membres du corps de ville étaient exempts de taille et de logement de gens de guerre, excepté en cas de foule ou lors du passage de la maison du roi qui logeait à la craie, c'est-à-dire choisissait ses logements.
Les foires franches de Bar-sur-Aube jouissaient autrefois d'une grande réputation; elles duraient soixante-dix jours et amenaient dans le pays an
grand concours de marchands étrangers attirés par la beauté du site et l'importance du commerce, et dont les quartiers furent appelés, du nom de ceux qui les habitaient, Halles d'Ypres, de Cambrai, de Provins, d'Orange; Places des Espagnols, des Juifs; Marchés de Lorraine, des Allemands, etc. Certains de ces noms, portés encore de nos jours par des contrées situées sur la rive gauche de l'Aube, indiquent probablement que quelques-uns de ces marchands y étaient déballés.
Le fief de Heaume, situé près de la halle d'Orange, et remarquable par sa belle tournelle, dont une partie existe encore dans la maison de M. Adam bâtie, ainsi que les maisons voisines, sur son emplacement, avait droit d'étalage, pendant la foire, sous les Halles ou Avant-Ponts, et la maison des sieurs Odelin (Foissy), qui en dépendait, jouissait de ce même droit pendant toute l'année.
Cette foire, fondée en 1231, par Thibaut IV, comte de Champagne, fut supprimée par Louis XIII, en 1636; et présentement, à Bar-sur-Aube, il y a deux foires par an, la veille du dimanche des
Rameaux et le 29 août, et, chaque samedi, un marché le plus considérable de tous les environs.
Les fortifications de Bar-sur-Aube furent démolies sous Louis XIV, en 1682, lorsque, devenu souverain de l'Alsace et de la Franche-Comté la Champagne cessa d'être la frontière du royaume, et cinq pièces de canon et un fauconneau, qui garnissaient cette place furent enlevés par ses ordres et transportés dans la citadelle de Besançon. On ne laissa dans la ville que deux canons démontés dont, en 1789, on voyait encore un au-dessus de la porte Notre-Dame. Les habitants furent désarmés en 1719, par ordre du roi, et leurs fusils déposés à l'hôtel-de- ville par un lieutenant de robecourte. Le gouvernement continua cependant d'être militaire jusque vers la fin du règne de Louis XV. Alors, ainsi que nous l'avons dit plus haut, le gouverneur fut remplacé pour un subdélégué de l'intendance de Champagne; mais, bientôt après, la ville, qui payait à cet officier 200 livres par an pour son logement, refusa de les payer au subdé-
légné ) parce que suivant elle, ce droit n'était dû qu'aux militaires (i). Nous ignorons ce qui fut décidé.
Ces fortifications consistaient en fossés profonds remplis d'eau, maintenant comblés et convertis en jardins qui furent vendus en détail en 4813 en ponts-levis; en remparts formés avec les terres provenant des fossés, maintenant abattus et couverts de maisons; et en mnrailles flanquées de vingt-quatre tours ayant chacune dix-huit pieds de diamètre, et dont quatre subsistent encore, l'une dans le jardin de M. Garnier, l'autre chez M. Maupas, et les deux autres formant passage derrière l'église SaintMaclou.
Dans l'origine ces murailles furent percées de quatre portes, celles de Notre-Dame et de SaintMichel, à l'extrémité des rues de ce nom; celle du Châlelet, dans la rue d'Aube, qoe la ville fit murer dans des temps de troubles, et celle des Allemands, dans la rue Neuve, qui fut également murée, pour diminuer le nombre des gardiens.
Ces quatre portes furent démolies à l'époque de la
révolution. Celle de Notre-Dame fut reportée auprès du Jarre, et remplacée par deux piliers en pierres de taille, flanqués de petites portes pour les gens de pied; celle de Saint-Michel fut, de même, remplacée par des piliers et des portes de côté placés dans l'endroit qu'elle occupait avant sa démolition et deux piliers, construits en tête du pont d'Aube, remplacèrent la porte du Ghâtelet, mais ils furent démolis peu après leur construction. La porte Notre-Dame fut abattue en 1840, et la porte Saint-Micbel en 1845.
En 1648, permission fut accordée par la ville aux R. P. Cordeliers, qui auparavant ne pouvaient entrer dans la ville qu'en faisant un long détour, de faire ouvrir une poterne dans les murs d'enceinte, à la charge par eux d'entretenir le pont-levis, et avec faculté aux habitants de la faire fermer en cas de guerre; on l'appela Poterne ou Petit-Pont des Cor ̃ deliers. Mais, après quelques années, ils l'abandonnèrent ponr se décharger des frais d'entretien néanmoins, elle fut conservée pour sa facilité d'aborder aux vignes, seulement, pour prévenir les
fraudes, on la fermait le soir, aux approches de la vendange.
Comme les pompes, présent fait à la ville, en 1665, par M. Collet, les jarles, les seaux, et tous les ustensiles nécessaires en cas d'incendie, étaient renfermés dans les deux tours près de l'église SaintMaclou, en 1776, sur les réclamations réitérées des habitants du quartier qui observaient que, lorsque les puits étaient taris, on était obligé de courir au loin chercher de l'eau dont on était tout proche, et malgré la vive opposition des chanoines qui prétendaient que le passage continuel troublerait leurs offices, et celle des aides qui craignaient que par là on ne fit la fraude, une cinquième porte fut ouverte entre ces deux tours, l'abbé Bablot ayant consenti à livrer un passage dans son jardin seulement, pour arrêter les fraudeurs, on n'ouvrit qu'un guichet très-bas et garni d'un tourniquet, ce qui, tout en obligeant les passants à se courber beaucoup, ne les empêchait nullement d'aller acheter de la viande à Proverville.
Depuis la donation de Charles V, en 1360, l'en-
tretien des murs et des fossés était à la charge de la ville qui, pour diminuer ses frais, avait concède à divers particuliers, moyennant un cens, les murs au-devant de leurs maisons et les dix pieds en dedans, à la charge par eux de les réparer dans l'étendue qu'ils occupaient. Conditions qu'ils n'étaient pas toujours très-exacts à remplir, à en juger par une ordonnance du 5 novembre 1739, du prince de Soubise, alors gouverneur de Champagne enjoignant aux concessionnaires de réparer leurs murs et de les tenir en bon état.
Les portes et les tours s'adjugeaient à l'enchère, et les adjudicataires ou portiers étaient tenus de tenir les portes propres, de les ouvrir à quatre heures du matin en été et de les fermer à dix du soir et en hiver, de les ouvrir à six et de les fermer à huit. Passées ces heures, nul ne pouvait entrer ou sortir, excepté les courriers et les postillons à qui ils devaient passage quand ils se présentaient, sous peine d'être responsables des suites, et en récompense, suivant un usage immémorial, ils percevaient un droit d'entrée sur le bois de chauffage une bûche par
chaque voiture de gros bois, deux par charriot, et deux bâtons de charbonnette par charrette; des barraques étaient construites en dehors pour percevoir les droits d'entrée (j ).
Si ces fortifications ne permettaient pas à la ville de soutenir un long siège, au moins suffisaientelles rour la mettre à l'abri d'un coup de main, et sa vigilance était devenue proverbiale, car, au treizième siècle, époque où elle était voisine de la frontière, on disait « L'œil toujours ouvert de Bar-surAube.
Les clefs des portes de la ville étaient remises an gouverneur, et en son absence déposées entre les mains du maire.
La garnison de Bar-sur-Aube se composait de deux compagnies de bourgeoisie, l'Arquebuse et la Milice bourgeoise. L'Arquebuse était la première; elle avait été instituée en 1610, par lettres patentes de Henri IV, confirmées par Louis XIII et par Louis XV, en 4685 et 4725. Tous les ans, le lendemain de la fête de la Pentecôte ses membres, appelés Chevaliers de l'Arquebuse, en armes, drapeau en
tête et tambours battants, se rendaient à l'hôtelde-ville à deux heures après midi, pour y faire la présentation de t'oiseau ou papegay; alors les officiers municipaux se transportaient, avec eux, à leur hôtel, maintenant appelé les Buttes et où se réunissent les Francs-Maçons, puis, l'oiseau placé sur la perche, le maire tirait le premier coup et se retirait ensuite avec le corps municipal, en laissant deux commissaires pour surveiller le tirage. Celui qui jetait bas l'oiseau prenait le titre de Roi et jouissait, pendant un an, de l'exemption de toutes tailles, capitation, droits sur les vins, et autres charges de ville qui étaient réparties sur le reste des habitants, sans diminution des droits du roi et l'Empereur, c'est-à-dire celui qui l'avait abattu pendant trois années consécutives jouissait du même droit, sa vie durant, et sa veuve, après lui, tant qoe durait son veuvage.
Les chevaliers de Bar-sur-Aube faisaient partie des compagnies de la Champagne, et la ville n'entrait pour rien dans aucuns de leurs frais. En 1683, ils ont rendu, avec la permission du roi, le prix
général qui se tirait tous les dix-sept ans dans les principales villes, comme ayant gagné le bouquet à Chauny, et, en 1683 ils ont gagné le prix à Nogent-sur-Seine.
En 1792, le drapeau de l'Arquebuse, dont le sieur Torcy ètait alors capitaine, fut, conformément à la loi, appendu à la voûte de; l'église Saint-Maclou. La Ililice bourgeoise formait la deuxième compagnie. Dans les cérémonies publiques, l'Arquebuse marchait avant elle, et, dans les marches, il devait y avoir entre elles un intervalle de six pas une année même, en l'absence des cavaliers de la maréchaussée qui avaient le privilége d'accompagner l'image de la Sainte-Vierge aux processions, elle voulut lui disputer l'honneur de la remplacer, mais une délibération du 10 août 1778 leur enleva encore cette satisfaction. Cependant, les officiers de l'Arquebuse, non plus que ceux de la Milice n'étaient point exempts du logement des gens de guerre ni du tirage au sort quoique jusqu'à la décision ministérielle de 1766, il eussent prétendu avoir droit à cette exemption.
La place de capitaine-commandant la Milice avait été érigée par le roi en titre d'office, et le drapeau devait être déposé dans sa maison. Cet office fut acquis successivement par les sieurs Girardon, Merger et Perrin.
Les chevaliers de l'Arquebuse nommaient euxmêmes leurs chefs qui devaient ensuite être confirmés par le gouverneur de Champagne ceux de la Milice bourgeoise étaient nommés par la ville tous les trois ans, sur L'avis des autres officiers de bourgeoisie qui étaient alors admis à voter avec eux; et, en l'absence du gouverneur ou de ses lieutenants, le commandement appartenait de droit aux officiers municipaux qui étaient colonels nés des deux compagnies.
Ces sociétés garde nationale de l'époque avaient été instituées dans toutes les villes frontières, pour maintenir les populations en cas de troubles et pour exercer la jeunesse aux armes. Le comté de Bar-sur-Aube fut réuni à la couronne de France en 1274, avec le reste de la Champagne, par le mariage de Jeanne de Navarre, sei-
zième et dernière comtesse de Champagne avec Philippe IV dit le Bel, et, jusqu'à l'époque de la Révolution, la seigneurie de Bar-sur-Aube a appartenu au roi, envers qui les habitants de la ville, ainsi que ceux des fiea mouvant de son ancien château de Bar, étaient tenus de certaines redevances annuelles; et, fiers de l'honneur de roieve? du roi seul, les Bar-sur-Aubois, toujours fidèles, ont montré en maintes circonstances, que nous développerons par la suite, le prix qu'ils aliasLéûeïil à cette prérogative.
Les redevances dues au roi étaient
1° Droit de gite de chiens payab'.a_, c!,sq-j3 année, le jour de la Nativité de Notre-rvcs par la paroisse de Cesfonds, 4 livres 3 sens; d'ireenville, 5 livres 5 sous; – de Bearvil'e, l» livres 6 se us 3 deniers, et de Buchez, 3 livres Q sous.- Total 16 livres 3 sous 3 deniers.
En sa qualité da seigneur de Bar-sur-Aube, le roi pouvait encore adjuger les chasses, et les amendes lui appartenaient.
20 Droit de péage (passage) et rouage (voiture) dans les ville et territoire de Bar-sur-Aube.
Il se percevait aussi un péage, la veille et le jour des foires celui de la foire des Rameaux était perçu par le péager du roi – celui de la foire d'août appartenait à la ville, qui l'affermait moyennant environ 30 livres par an et en abandonnait le prix aux sergents, ce qui, avec leurs exemptions de tailles, de corvées, etc., leur tenait lieu de gages. U consistait dans la perception de & sons par charriot, 2 sons par voiture, et 1 son par bête de somme chargée qui entraient dans la ville. Suivant un arrêté du 26 août 1733, les habitants de Bar-snr-Au.be étaient exempts de ce droit qui, dans l'origine, avait été établi pour dédommager les seigneurs des frais de construction et d'entretien des ponts et des chemins.
3» Droit de la Halle d'Orange.
i.a Droit de jurée, de bourgeoisie ou de feu, payable chaque année au jour de SI-André tant par les habitants des ville et faubonrgs de Bar-surAube que par ceux des villages de Montier-enIsle, Ailleville, Fresnay, Colombey-la-Fosse, Fontaine, Urville, Couvignon, Fravaux, Bergères,
Thors-aux-Bois et Maisons, à raison de 12 deniers d'argent par chaque ménage ou feu et moitié par veuf ou veuve tenant demi-ménage ou demi-feu. Cette imposition avait été établie par Charlemagne, en 772, pour la paye des troupes, et elle était devenue très-légère, en raison de la valeur bien différente des monnaies, aussi a-t-on bien augmenté les impôts.
5° Droit de four.
Ce droit fut acheté, en 4688, par les boulangers qui, en échange, payaient une rente sous le nom de Droit d'Etaux.
On voit, dans les notes trouvées au sommier N° 1 du bureau des Domaines, concernant les cens et droits royaux, qu'avant 1688 les boulangers et pâtissiers de la ville étaient obligés de vendre leurs produits sur la place du marché, en payant une redevance au roi mais que, pour s'en affranchir et avoir le droit de vendre dans leurs boutiques ils se soumirent à payer annuellement chacun trente sous à S. M., ce qui fut accepté en son nom parles commissaires du Conseil le 24 avril 1688, lors de
l'cngagement des biens du domaine de Bar-surAube dont ce droit faisait partie. C'est à dater de cette époque seulement qu'il leur fut permis d'avoir des fours chez eux, vu que le roi avait alors cinq fours bannaux celui de la porte d'Aube, de Montpellier, de la Magdeleine, d'Erée, et celui de la porte Saint-Michel dont les bâtiments furent vendus à des particuliers.
Le moulin des Gravières ou d'En-Bas et le tiers de celui de Marcasselles ou d'En-Haut faisaient encore partie du domaine du roi qui, en 1687, les avait aliénés à des particuliers à perpétuité moyennant une rente annuelle; le prieur de SaiuteGermaine était propriétaire des deux autres tiers du moulin de Marcasselles.
Les autres moulins situés près de Bar-surAube appartenaient ceux de Fontaine et de !a Folie, à des seigneurs, et celui de la Dhuy, qui n'existe plus, dépendait de l'hôpital Saint-Nicolas. Comme seigneur de Bar-sur-Aube, le roi avait aussi la propriété de la rivière d Aube et même avant la construction du pont de Dolancourt en
1692, le pont était à sa charge, comme formant la communication de la route de Paris à cette époque seulement, il fut rayé de l'état du roi et laissé à la charge de la ville en très-mauvais état mais les habitants par une longue possession avaient droit de pêche sur tout leur territoire, avant qu'ils n'en eussent aliéné la moitié au seigneur de Fontaine, pour se libérer de la donation faite par Charles VII, en 1435, de leur ville à Jacque de Croï et pour suffire aux. dépenses nécessaires à l'entretien des troupes et des fortifications. Le cours d'eau de la Bresse appartenait au seigneur de Courcelles jusqu'au pont du Jarre. La propriété de l'île des Gravières fat longtemps contestée à la ville, mais nne sentence du bailli de Chaumont rendue, vers 1660, contre une dame de Nevers, de Jaucourt et de Proverville, confirmée en 1731, par un arrêt du bureau des finances de Champagne, la maintint en possession de cette île qui fut vendue en 1813, et dans laquelle les habitants de Proverville avaient un droit de parcours qui fut aboli par un édit de 4769.
Elle était encore propriétaire de terres et de prés situés près d'Àilleville de roises, à l'extrémité de la rue d'Arsonvat, et de quelques autres petits terrains.
Avant la Révolution les revenus de la ville dont le roi percevait annuellement le vingtième consistaient en revenus patrimoniaux et deniers d'octrois municipaux.
Ses revenus patrimoniaux étaient le produit de l'adjudication à l'enchère de ses terres et de ses prés, de la pêche de la rivière d'Aube, de l'herbe des Gravières et du Jarre, des Roises, des jardins pratiqués dans les fossés, des prisons, des tours et des portes de la ville; pour les boues, ce n'est que depuis 1772 qu'elle s'en fait un revenu auparavant elle payait un boueur pour en faire l'enlèvement.
Ses deniers d'octrois provenaient de ses droits de Courtepinte sur les vins vendus en détail, dans la ville et dans les faubourgs, et de Gourmétage sur les vins vendus en gros (k).
La moitié du droit de courtepinte appartenait
au roi, mais jusqu'à l'ordonnance de 1631 la ville avait joui de la totalité l'adjudication s'en faisait tous les six ans, à l'hôtel-de-ville, par-devant un trésorier de France.
Le droit de gourmétage tire son origine de l'usage où étaient anciennement les communautés et les seigneurs des campagnes d'avoir des courtiers pour vendre leurs vins et jauger leurs tonneaux.
En 1666 (le 24 mai), la ville de Bar-sur-Aube fit acquisition de l'office de courtier-jaugeur qui avait été créé par Louis XIII en 1620. Mais ces offices ayant été supprimés et rétablis à diverses reprises, la province de Champagne, dans l'intérêt de son commerce, acheta en 1705, moyennant 80,000 livres, le droit de choisir elle-même ses gourmets.
Le gourmétage était le droit exclusif de conduire les marchands forains dans les caves, de déguster les vins, et de s'assurer si les tonneaux contenaient la jauge gros-bar, c'est-à-dire 30 setiers ou 2-40 pintes; les gourmets percevaient des ache-
teurs 5, 7, et plus tard 8 sous par muid de vin vendu en gros et sur les eaux-de-vie à la charge par eux de payer à la ville la somme portée dans leur bail, et de donner caution; car ils étaient responsables du prix envers les propriétaires et de la qualité envers les acquéreurs.
Depuis longtemps ce droit n'existe plus, et cependant, sur toutes les enseignes des tonneliers et des marchands de vin, on lit encore le mot gourmet, placé là comme synonyme de courtier en vins et de connaisseur.
Pour les graius, il existait, en outre, deux charges de mesureurs créées par édit du roi CharlesIX, au mois de janvier 1569 et rendues héréditaires, par édit de 1620, au droit de deux deniers par chaque boisseau de blé et un denier par boisseau d'autres grains.
En 1775, le droit de mesurage fut porté à trois deniers il était à la charge du vendeur et se payait à l'abonnataire des droits royaux.
Laville de Bar-sur-Aube, à cette même époque, renfermait trois paroisses: Saint-Pierre, Saint-Maclou
et Sainle-Marie-Madeleine. Il y avait, en outre, le prieuré de Sainte-Germaine ou Petite-Sainte-Germaine, la chapelle de Saint-Jean (ordre de Malte), trois couvents: un de Cordeliers, un de Capucins Irlandais et un d'Ursulines; la chapelle du Pont d'Aube, une Maladrerie, et les deux hôpitaux du Saint-Esprit et de Saint-Nicolas. Les juifs même autrefois y avaient une Synagogue située rue du Poids et, dans les environs, on trouve encore beaucoup de vestiges de chapelles, de communautés religieuses, des croix etc. qui témoignent de la piété de nos bons aïeux.
De tous ces monuments, la plupart assez remarquables, il ne reste plus que les deux églises SaintPierre et Saint-Maclou, l'hôpital Saint-Nicolas, et les chapelles Saint-Jean et du Pont d'Anbe. On y voit encore une prison fort belle, si toutefois il y a de belles prisons et une jolie salle de spectacle. Dans une description succincte nous allons faire connaître les uns et les autres à nos lecteurs.
•Sfacicibice (Weux.
Dcscnplion des Monuments de la ville églises Saint-Pierre, SaintMaclou, Sainte-Mane-Magdeleine; chapelle Saint-Jean.
SAINT riEDBE.
i
Cette église, monument respectable de la piété des anciens comtes de Champagne, est la plus considérable de la ville, dont elle était, dans l'origine, la seule paroisse, et son curé le seul décimateur; elle date du XIe ou du XIIe siècle. Son vaisseau est vaste et beau; il se compose de la nef, du chmur, de deux collatéraux ou basses-voûtes contournant la nef et le derrière du chœur, avec plusieurs chapelles de confréries à l'entour. De même que les
anciens cloitres, elle est entourée extérieurement, du midi au couchant, par une galerie couverte, d'un aspect assez désagréable, vulgairement appelée le Halloy, nécessitée par l'exhaussement du pavé de la ville qui est de 70 centimètres plus élevé, et où étaient autrefois déposés les crocs et les échelles à incendie.
Elle est bâtie sur l'emplacement d'une église beaucoup plus ancienne, et ce:quile prouve c'est son enfoncement dans le sol à près de deux mètres du niveau de cette même galerie.
Il est à remarquer que les plus anciennes églises, comme Saint-Germain d'Auxerre, l'église de Rosnay, etc., étaient des cryptes, à l'imitation des catacombes de Rome.
La porte principale, qui forme un porche avancé, est soutenue par des colonnettes cintrées au dessus est une rose à huit feuilles, et le portail est terminé par un pignon autrefois surmonté d'une croix. Tout le chœur et les transceps sont voûtés en planches, la voûte en pierres étant tombée en 1697, faute d'entretien, et au-dessus des arcades
de la nef régnait autrefois une galerie murée maintenant pour cause de solidité.
La porte latérale nord est un large plein-cintre orné d'un cordon elle communiquait aux logements des Bénédictins de Saint-Claude qui, dans l'origine, desservaient cette paroisse et à l'extrémité du transceps, du même côté on voit encore une fenêtre plein-cintre, maintenant condamnée qui, au moyen d'un escalier en bois, leur servait d'entrée pour leurs offices de nuit.
Dans l'épaisseur du mur, sous la première travée à gauche, est incrustée la mesure-matrice des graina de Bar-sur-Aube, avec cette inscription
C)ii ab antiquo justam frunteutctmin mitmiram dues tfnrtt ï>q)osummt.
De même, chez les Romains, on avait coutume de mettre dans les temples les originaux de toutes les mesures; c'est ce que l'Écriture appelle le Poids du Sanctuaire pour marquer l'exactitude et la rigueur de la justice.
Avant l'adoption générale des mesures nouvelles,
on se servait, dans les marchés, d'un boisseau du poids de 24 à 25 livres en froment raclé, ajusté par proportions géométriques sur cette mesure-matrice qui contient dans œuvre, 30 pintes et pèse environ 50 livres.
Du même côté, sous la quatrième travée, on remarque la chapelle de Saint-Paul l'un des patrons des vignerons, où sont sculptés des pampres chargés de raisins, des serpettes, et un instrument en forme de fer de lance recourbé appelé]/osseur, et qui, dans le pays, sert à cultiver la vigne. A droite, près de la porte du clocher, est un Dieu de Pitié, d'un très-beau travail, qui autrefois décorait l'église de la Magdeleine.
Un parquet posé depuis plusieurs années prive les curieux de la vue des seules tombes remarquables que renferme cette église celles de Notcher, II' comte, et de Malhilde, épouse de Simon, IV comte de Bar-sur-Aube, placées dans la chapelle qui termine le collatéral à droite du choeur.
Le pavé a été entièrement renouvelé par suite des dévastations de 1793.
Au-dessus de la grande porte d'entrée, sur une vaste tribune construite à cet effet, s'élève un superbe buffet d'orgues acheté en 18-15. Il est impossible de rien voir de plus élégant le positif estsurmonté d'une corbeille de fleurs d'un effet charmant, et de chaque côté sont deux anges qui paraissent chanter; sur les tourelles du grand orgue sont posés deux vases de fleurs sculptées avec tant de délicatesse qu'on les croirait naturelles, et au milieu s'élève un ange de deux mètres de hauteur, écoutant avec attention prêt à décerner au plus digne la palme et la couronne qu'il tient dans ses mains.
C'est aux soins de M. l'abbé Thiesson (de Troyes) que l'on doit ce bel instrument qui auparavant décorait l'abbaye de Remiremont (Vosges), et auquel M. Lété, cèlèbre facteur d'orgues, a appliqué tous les procédés nouveaux que les progrès de la science ont fait découvrir.
Voici le jugement porté sur cette église par M. Fléchey, conservateur des monuments historiques, dans un Rapport au préfet de l'Anbe, du 20 août 1848.
L'église Saint-Pierre, d'architecture romane, » peut être considérée comme une des plus remar» qnables de cette époque qui remonte au XI' ou a XII" siécle. La disposition du plan et la beauté » des détails peavent la faire entrer en comparai» son avec nos plus belles basiliques.
»' L'étendue de Y édifice, la libre circulation in» tèrieure, la belle disposition des chapelles; la di» versité des chapiteaux qui la décorent, jointe à la v finesse de leur exécution; l'élégance des petites » galeries aa-dessns des arcs des basses-nets tout a y est digne de remarque.
a Quant à la partie extérieure, les faces des » murs qui ont été détériorés par le temps. la » mauvaise direction donnée aux réparations » ôtent à cet "édifice le cachet qui lui était propre » dans l'origine de sa construction. »
Supprimée en 1793, par un décret de l'Assemblée Constituante, cette église n'échappa à la destruction qu'en devenant un magasin à fourrages rendue au culte sous le Directoire, en 1796 elle fut envahie par les Théophilantropes, et lorsqu'elle fut définiti-
vement rendue à sa destination elle était dans un tel état de délabrement que les paroissiens dépensèrent 10,000 francs pour la rétablir et firent l'acquisition du maître-autel en marbre de l'abbaye de Clairvaux pour remplacer son bel autel en bois sculpté, ouvrage du célèbre Bouchardon, dont le rétable orne maintenant l'église Saint-Maclou. En 1814 elle éprouva de nouveaux malheurs. Convertie en ambulance, les blessés brûlèrent les chapelles, les bancs, les chaises, le banc d'oeuvre la chaire, les stalles, enfin tout ce qui était en bois g et les paroissiens furent obligés à de nouveaux sacrifices pour la rétablir dans l'état où elle est aujourd'hui.
L'ancien clocher de Saint-Pierre était remarquable. Au-dessus d'une tour d'une belle proportion était un dôme construit avec goût, sur lequel on voyait les douze apôtres, distingués par leurs attributs, entourant la base d'une flèche triangulaire admirable par sa hardiesse et ses bas-reliefs en plomb. Ayant été incendié par le feu du ciel en 1617, et les cloches, au nombre de sept, dont l'une
du poids d'un mille et l'autre de 900, fondues et le métal perdu, il fut rétabli en 1619 brûle une seconde fois en 1722, les marguilliers obtinrent du bureau des Ënan~es de Champagne une ordonnance qui leur permit de se servir des pierres provenant des ruines et fondations du grand pont qui était autrefois en face la porte du château, et de les employer à la reconstruction de la tour actuelle du clocher de leur paroisse.
Cette tour, qui est carrée, n'a jamais été terminée elle est appuyée de deux contreforts aux angles et surmontée d'un clocher en bois, composé de deux dômes octogones superposes, et dont les angles sont percés de fenêtres ogivales ornées de colonnettes et de cordons. Ce clocher, terminé par une flèche de 190 pieds de hauteur, est un beau morceau d'architecture; il est d'une forme agréable et bien proportionné dans toutes ses parties. Il a été construit par les sieurs Marisy, père et fils, charpentiers à Vitry-le-Français, dont les noms sont écrits sur la principale pièce de bois du grand dôme qui portait le montant des grosses clo-
ches, avant que les marguilliers les eussent fait fondre en <78i).
La paroisse Saint-Pierre est desservie par en curé qui portait et porte encore le titre de Doyen (<), et par deux vicaires, dont l'un dessert l'hôpital, l'autre la commune d'Ailleville, et est, en entre, aumônier des prisons où il a son logement. Comme paroisse principale, elle avait autrefois le prh'iiege des publications et des affiches.
BAMT NACKMJ.
Une charte de 1075 et d'anciens titres constatent que, dans son origine, l'élise Saint-Maclou n'était qu'une chapelle collégiale qai a Été aggrandie depuis. Elle est bâtie sur l'emplacement du château des comtes de Bar-sur-Aube, dont la tour du clocher formait autrefois l'entrée principale on voit même encore sous la voûte les gonds énormes qui portaient les battants des portes et les rainures par lesquelles la herse de fer se levait ou s'abaissait a volonté.
Le château ayant été démoli, cette tour fat conservée par le chapitre qui en fit un clocher par l'addition du toit pyramidal couvert en ardoises que nous y voyons maintenant un escalier, qui conduit aux étages supérieurs et sur tes basses-voûtes, existe entre eUe et l'église dont elle est assez rapprochée pour servir de porche à la porte du nord. Au-dessus de la nef est un second clocher, de forme octogone, petit et peu curieux.
Cette église est petite et manque d'harmonie dans son ensemble ses différentes parties datent de trois époques bien distinctes. Elle se compose d'une nef principale et d'une basse-nef formée jusqu'au transeeps de trois rangs d'arcades, d'un chœur avec chapelles latérales dans le prolongement des bascôtés, à la suite d'en sanctuaire à cinq pans qui est du XVI' siècle sur les côtés des chapelles il existe plusieurs annexes d'époque de Renaissance le beffroi et une ancienne chapelle y attenant sont du style roman.
A 1 intérieur, les murs qui supportent les vo&tes sont décores, au-dessus des cintres, au droit de
chaque travée, par cinq rangs d'arcades engagées et an-dessns ils sont percés de petites lancettes ou croisées, accouples dans certains endroits, destinées à éclairer t'édiSce.
Les nervures et les arcs -douMeaux sont en partie déformés par suite de poussées qui ont été exercées, mais qui ensuite ont été maintenues par des arcs-boutants établis extérieurement, au droit de chaque arc-doubleau.
Son portail principal, rebâti au commencement du XVHt" siècle, par les soins du chanoine JMecMtt, témoigne du mauvais goût de l'époque cependant il offre, ainsi que l'intérieur de l'édifice et les portes latérales, des détails de sculpture assez agréables. Mais ce que les curieux voient avec un véritable plaisir, c'est la grille du chœur, qui provient de l'abbaye de Clairvaux, et les sièges en bois sculpté qui l'entourent; l'escalier à noyau qui conduit au buffet d'orgues, et particulièrement le maître-autel ouvrage du célèbre Bouebardon en 1745.
Ce curieux morceau de sculpture en bois, supérieurement dore, décorait primitivement l'église Saint-Pierre. Il était placé au milieu du sanctuaire et construit de manière à pouvoir aisément tourner à l'entour au-dessus régnait un socle à hauteur de gradin, sur lequel posaient six colonnes corinthiennes son entablement, surmonté d'un immense baldaquin était accompagné d'un ange de chaque côte, et fixé à l'extrémité par des chérubins enlacés de feuilles d'acanthe qui portaient un globe surmonté d'une croix. A droite et à gauche, entre le fût des colonnes, près du tabernacle, riche par ses sculptures, étaient saint Pierre et saint Paul, avec leurs attributs, figures de deux pieds de haut, d'un dessin très-correct, pleines de noblesse et de gravité et remarquables par la grâce et la légèreté des draperies. On n'a sauvé que le rétable. Le surplus avait été brûlé, en 1793, par des prisonniers enfermés dans l'église de la Magdcleine, où il avait été déposé. Arraché par M Joffroy, au feu qui en avait détruit une partie, il fut, lors de l'ouverture des églises, rétabli en petit et placé dans l'église de
Saint-Maclou qui fut la première rendue au culte, pour remplacer son grand autel en marbre de conleur qui avaitétè'brise.
A t'entrée de i'Ègtise, a droite, on remarque aussi un calvaire en rocailles surmonte d'une Descente de Cro<.c d'un assez bon effet, mais entouré de statues du plus mauvais goût.
Autrefois, dans une des chapelles, ily avait un Père Éternel en pierre, de deux à trois pieds de hauteur, assis dans un fauteuil, unecolombe sousle menton et un crucifix dans ses mains posées sur ses genoux. Cet emblème naïf de la Sainte-Trinité a été mis dans les fondations du nouveau portail.
Le pavé est enrichi de plusieurs tombes fort belles consacrées à des chanoines, à des bourgeois et à des hommes d'épée elles datent des XV et XVI' siècles.
La première représente un homme à l'état de squelette, le ventre ouvert et les entrailles apparentes. Sur un rouleau qui lui sort de la bouche on lit ces mots
hH< Qt;OD EMS, 0);OD ES ERAM, PRO ME PRECOR ORA.
Au-dessus de sa tête est l'écu de ses armes et celui d'une alliance, réunis par une bande avec ces mots:
REOCiESCATtNPACE.
Dans )e cadre, autour de la tombe, on lit en lettres gothiques angntaires gravées en creux CY GIST
NOBLE HOMME DE PONS,SEtG!fEUR DE MYNEPOM, CAPITAINE DES CHATEL ET ALLEU DE BAR-SUR-AUBE, QUI TREPASSA LE PREMIER JOUR DE L'AN MCCCC~LV, ET VENDABLE ET MSCt!ËTK PERSONNE
MESStRE jEttAN DE PONS, soN FILS
CHANOtNE PMË~OST ET DEPUIS DOYEN DE CÉANS, QUI TRÉPASSA LE X)t[ JOUR D'AVRIL trcCCCLYXf. La deuxième représente le défunt en robe courte à larges manches, bordée de fourrures. H est debout, les mains jointes et les pieds appuyés sur deux jennes chiens. De chaque côté sont ses armes, qui sont trois tours posées deux et une, et on lit danslecadreautourdela tombe
CY GIST
NOBLE HOMME JEHAN DE MONTIER CAPtMINE DEBAK-BtJR-AmE,
QUI TRÉPASSA LE XX! JOm DE JANVIER L'AN MCCCCLX))!, ET DEMOISELLE COLETTE DE MAMSY, SA FEMME QUI TRÉPASSA LE YU JOUR DE WAY L'AN MCCCCXXVt. DtEUAtTLEBMAMES.AttEtf.
Autour d'une troisième tombe consacrée à un chanoine, et placée dans le ch<Bur, on lit l'épitaphe suivante:
CY GIST
VÉNÉRABLE ET DISCRÈTE PERSONNE
MESSIRE JEHAN DE NONTBEtJ~ART PRESTRE JADIS CHANOME ETSOUS-CH4NTREDECËANS,
QUI TRÉPASSA L'AN NCCCCLXXXt, LE JOUR DU MOIS D'AVAL. PRIEZ POUR LUI.
Devant la chapelle de la Sainte-Vierge est une autre tombe avec cette inscription gravée a l'entour
CY GIST
HONNÊTE mm)E JEANNE JADIS FEMME DE HONORABLE U09NE BARTHELEMY BURETTE VIVANT MARCHAND, DEMEURANT A BAR-SUR-AUBE,
QUI TRÉPASSA LE PREMIER JOUR DE DÉCEMBRE 1S9S. REQUIESCAT IN PAGE.
Dans les transceps sont encore ptae~es plusieurs tombes dont nous rapporterons seuhmeat tes inscriptions
CY GIST
MESSIRE MILLE BERTIROT, DE CHAUMONT,
JANS CIIANOINE ET SOCS-cnANTRË DE CÉANS ET tURÉ DE BmZYfLLE,
QUI TRÉPASSA LE SECOND JOUR DE JUILLET L'AN MCCCCV\tn.. PRIEZ DIEU POUR LUI.
CY GIST
tÉ!(ÉRABLE ET NSCttÈTEPLRSON~E MESSmE JEH~ THORÉ, PRESTRE, JAD!S cn4XO<F)Ë ET TftËSORtER
DEL'ËGUSEDECÉAMS,
QUI TRÉPASSA t.E CINQ JOUR DU MOIS DE CRCËMBR& L'AN MCCCCXH!).
DIEU AIT SON A5)K. AiiKK.
Et enfin cette dernière qui renferme tout une fami))e:
CY OSENT NOBLES PERSONNES
HuGUEMM BOITOLLE. MAMEGRAPPINEL.sAFE~mE, ET JEHAX BOITOLLE, LEUB EtLS
LEQUEL TRÉPASSA LE PREMIER JOUR DE MAY, ET NOBLE PERSONNE PIERRE BOITOLLE, BOURGEOIS DE BAR-SUR-AUBE, FILS DCBtT JEHAN,
QUI DÉCÉDA LE XtVU MARS t568,
ET SCIENTIFIQUE PERSONNE MSSStM PIERRE BOITOLLE, DOCTEUR-MÉDECIN, SON FILS, QUI TRÉPASSA
LE XXVH) D'AOUT 1S72,
ET DEMOISELLE ANNE DE MEUVE~ FEmtE DUDIT BOITOLLE, BOURGEOIS,
QUI TRÉPASSA LE 1~ FEBVR)E« 1573.
PRIEZ DIEU POUR EUX.
Desservie d'abord par des religieux, convertie en collégiale en li70~ par Henri le Libéral, comte de Troyes, et érigée en paroisse vers la fin du XIV' siècle, cette église a porté différents noms, mais on ignore à quelle époque elle a été mise sous rinYocation de saint Maclou. Dans l'origine elle était dé-
diée à saint André. En 1791, au moment où, par suite de la Constitution civile du clergé, elle était desservie par un prêtre assermenté, elle s'appela Sainte-Germaine; à l'époque de la Terreur, elle devint le temple de la Raison, et ce n'est que lorsqu'elle fut rendue au culte qu'elle reprit son ancien nom de Saint-MacfoM. Le chapitre de la collégiale était composé d'un doyen et de vingt chanoines, y compris les trois curés de la ville; il percevait la dime au seixiéme sur la plupart des récoltes, et la huitième semaine dans le péage du roi, ainsi que le péage de la foire des Rameaux, quand elle tombait dans cette semaine il nommait aux cures de Bar-sur-Aube, Ailleville, Proverville, Couvignon, Bayel, Urville et Baroville, dont souvent il adjugeaitles dîmes et la desserte pour trois, six ou neuf années et il était enjoint aux nouveaux mariés de Bar-surAube de lui payer, dans le délai de six semaines, les honoraires de la célébration du mariage, avec défense d'habiter ensemble jusqu'à ce qu'ils eussent satisfait à ce paiement sous peine d'excommunication.
L'ancienne salle capitulaire sert actuellement de sacristie au-dessus est le logement du sonneur qui est éclairé par trois fenêtres en forme de meurtrières.
En i687, par suite du cantonnement des paroisses fait par t'évêque de Langres, l'office collégial devint paroissial, et en n80 le chapitre fit supprimer, par un décret du même évêque et par lettres patentes, du roi enregistrées au parlement, deux semi-prébendes et les titres de deux chapelles fondées dans le Las-chœuf.
Avant la Révolution, la paroisse ne possédait qu'un des collatéraux le chapitre, qui possédait le reste, était considéré comme curé primitif, et le curé de la paroisse devait terminer son office à voix x basse aussitôt que les chanoines commençaient le leur.
C'est par les mérites de saint Maclou que tes rois de France prétendaient avoir le don de guérir les écrouelles; mais ce n'est pas le seul miracle qu'on lui attribue, en voici un non moins surprenant dont lé tableau ornait jadis l'église qui lui est consacrée.
Saiot Ma)o, Maclou ou Alarcouf, car il est invoqué sous ces trois différents noms, avait un chapitre de moines qui, tous les jours, allaient à cinq heures à matines. Comme il n'avait point d'horloge, il avait élevé un coq qui, chaque matin, le réveillait à ladite heure. Un jour, tous les moines se trouvérent endormis, et saint Maclou entrant dans son egjise n'y trouva personne. Il se mit en colère contre les religieux qui rejetèrent la faute sur le coq qui n'avait pas chante. Enquête faite, il se trouva que le coq avait été mangé par un renard qui appelé devant saint Maclou, fut par lui obligé de restituer le coq tout emplumé, lequel, dit la chronique, se mit à chanter tout aussitôt.
La paroisse de Saint-Mactou est desservie par un curé aidé du desservant de Proverville qui remplit auprès de lui les fonctions de vicaire.
8MtnfB-MAME-')tAt!)n:t.Kt!tE.
Cette église, d'architecture gothique, était située dans la rue Notre-Dame elle n'avait rien de re-
marquable, sinon que son sanctuaire était tourné an nord, ce qui avec un Bacchus coiffé d'une peau de bouc, des béliers et des chèvres enlacés de feuilles de vignes et de grappes de raisin, qui décoraient les chapiteaux des colonnes du grand portait et la galerie du genre de celles appelées area, où se vendaient les choses nécessaires aux sacrifices, aux offrandes et aux libations, et qui, dans le XIe siècle, servait aux assemblées et aux pénitences publiques, fait supposer que c'était jadis un temple de faux dieux. Vendue et démolie en 1798, une auberge appelée la Moderne s'élève maintenant sur son emplacement.
t) y avait sur le maître-autel un tableau du fameux Lesueur, représentant l'apparition de NotreSeigneur à la Magdeleine. Ce morceau quoique retouché par une main inhabile, était précieux aux vrais amateurs qui y retrouvaient encore la tonche, le goût et le génie du savant artiste. Depuis la destruction de l'église on ignore ce que ce tableau est devenu.
On y voyait également un Dieu de Pitié, admiré
des connaisseurs et placé depuis dans t'egtise Saint-Pierre.
On ne reconnaissait à Sainte-Marie-Magdeteine d'autre curé que le titulaire, et un arrêt du Parlement, du 21 mars 1684, avait défendu au prieurde Saint-Pierre de prétendre aux droits de curé primitif de cette église, tout en la reconnaissant comme sa succursale. Une ancienne coutume témoignait cependant de sa suprématie: ainsi.aujourdetaFete-Dien, ce prieur prenait le soleil de sa paroisse, venait à Sainte-Magdeleine, le déposait, prenait celui de cette église, faisait la procession sur cette paroisse, puis rapportait ce soteii, reprenait le sien et retournait à Saint-Pierre.
Une transaction de '1078, sur le patronage de cette église, prouve qu'elle était déjà paroissiale à cette époque, et une note trouvée dans la bibliothèque de M. Bercenay, à Troyes, porte qu'en 1160, un juif y étant entré pendant l'office divin vomit dans le bénitier, et que le peupb', indigné de ce scandale arrêta ce merr~at.t qui fut condamné a être brûlé vif il fut expose aux regart!s du public,
la tête chargée d'une mitre ignominieuse, et exécuté sur la place d'armes de Bar-sur-Aube.
Cette paroisse fut la première qui, en m8~ à la suite de l'ordonnance du roi interdisant la men dicité, établit un bureau de charité, exemple qui fat bientôt suivi par les deux autres.
Aprèsleur réunion âiacoUégia!edeSaint-Mac)ou, en 1393, nnion qui n'a pas été conErmée par lettres patentes, mais approuvée par le concile de Trente, ces paroisses furent desservies par des chanoines amovibles qui avaient la qualité de vicaires. En 1686, par suite de la déclaration de 1661 le chapitre les nomma vicaires perpétuels, et ce n'est que par suite des déclarations de 1626 et 1631 qu'ils prirent le titre de curés. Ils jouissaient du revenu d'une prébende canonicale qui leur tenait lieu de portion congrue, et dont le titre fut supprimé en 1685 et uni aux cures; mais on leur avait conservé les honneurs du chapitre dans lequel ils avaient voix dëtibérative aussi, en cas d'absence, ou de ma!adie, le chapitre, comme coHatenr des cnres, devait-il les faire desservir, et éfait-it obligé de loger les
tilulaires, ce qui lui était facile en raison des donations qui lui avaient été faites par tts comtes, et des nombreuses maisons qu'il tenait de la munificence des habitants il en possédait cent-vingt, qni formèrent ce que l'on appela depuis le CloîtreSaM<-Mac<OM; et, en sa qualité de décimateur des gros fruits dans toute t'étendne de Bar-sur-Aube, il fut chargé de l'entretien et des grosses réparations du chœur des églises paroissiales, même, en cas d'insuffisance des revenus, il devait fournir livres, calices et ornements, jusqu'en 1726, où, par suite d'une transaction, les fabriques, moyennant 150 livres pour Saint-Pierre et 100 livres pour Sainte-Marie-Magdeleine, se chargèrent de toutes ces dépenses.
CtM~z~ME MMnr MAN.
Cette chapelle, qui présente des défaits de styles différents, est très-simple et presque réduite aux quatre murs. A l'intérieur, on voit encore des colonnes dont les chapiteaux sont à peine recouverts de
quelques feuilles et à la voûte, )'écu de France aux trois ue~rs de lys à l'extérieur une porte cintrée soutenue par deux colonnes cannelées et une façade percée de deux fenêtres de forme et de grandeur différentes l'une très-simple, l'autre plus grande et plus riche, et ornée de filets et de moulures elle est divisée en deux parties, surmontée d'une rose à cinq feuilles le tout couronné par une large bande appuyée sur deux têtes de jeunes hommes coiffés de longs cheveux comme au temps de Louis XI[.
Le haut de cette jolie fenêtre a été brisé pour donner passage aux bottes de paille et de foin, car cette chapelle, vendue en 1'792, est maintenant convertie en écurie, comme l'indiqua pendant longtemps cette Inscription Ecurie à Corneux, placée au-dessus de la porte, et que, depuis peu, on a eu le bon esprit de faire disparaître.
Une troisième fenêtre, peu élevée et sans ornement, est ouverte au-dessus de l'autel.
Cette chapelle dépendait de la commanderie de Titors et de Gorgehin. Dans l'origine, elle apparte-
Mit aux Templiers, dont saint Jean-Baptiste était le patron mais en 1306, époque de la suppression de cet ordre militaire et religieux, elle fut donnée par Philippe-le-Bel aux Chevaliers de Ma)te qui la possédèrent jusqu'à nos jours.
On voit encore, dans la chapelle Saint-Joseph de l'église Saint-Pierre, une vieille statue de saint JeanBaptiste, avec unchevatierduTemp)e, couvert de son grand manteau blanc, agenouillé à ses pieds. Prés de lui est son bouclier sur lequel, à côté de la croix à huit pointes, est posée une chouette, symbole de la prudence, et sur le socle sont les initiales T.P. (Templum). Cette statue provient de la chapelle Saint-Jean.
A part cette chapelle, les Templiers possédaient encore de grands biens dans les environs. Les seigneuries de Thors et de Maisons~ de vastes prairies, le bois de Beauregard la foret d'Orient, dite aussi du Temple, etc., dont le roi s'empara lors de leur suppression, dépendaient aussi de cette ordre. Le cimetière Saint-Jean ou des Templiers, placé vers la promenade du Jarre, servit a inhumer les
habitants de Bar-sur-Aube pendant la peste qui désola cette ville en 1236. Vendu n détail au commencement de ce siècle, il est maintenant converti en promenade et en jardins.
~Sf~Mhc ~M~.
Suite de la description des Monuments. Couvents des Cordeliers, des Capucins, des U!'sutmes(Hotet-de-Vi))e).Maia<irtnes.HospMet du Saint-Esprit, de Saint-Nicoias. Sœurs du Dou-Secoms Chapelle du pont d'Antie. Salle de Spectacle. Prisons. Collége. Ecoles. Abattoir. Antiquités. Armes de la ville.
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Les Cordeliers, dont un de nos boulevards a con-
serve le nom, étaient nne colonie de religieux du même ordre, de la congrégation de Dijon, venus de Châtillon-sur-Seine, et établis à Bar-snr-Aube en 1283 par les soins d'une bourgeoise nommée Emeline De La Porte, veuve de Tholomin-Olinfoux, qui fit don à Frëre Janson et à trois de ses confrères d'un emplacement pour bâtir, en dehors des fossés
de la ville; et par lesbienfaitsdeJeanne de Navarre, reine de France et comtesse de Champagne qui, jalouse de participer à cette bonne œuvre, leur fit aussi donation de quelques maisons et jardins, qu'elle acheta de divers particuliers pour aggrandir l'enceinte de leur couvent, dont la première pierre fut posée par Jacques De Moustier. Plusieurs personnes pieuses firent bâtir à lenrs frais le dortoir et l'église qni fut consacrée, en 1289, par Christophe, évêque de Malvoisie sous l'invocation de Saint-Jean-Baptiste.
Par lettres patentes du mois d'octobre 1286, ces religieux avaient obtenu du roi Philippe-le-Bel et de la reine son épouse avec la permission d'établir un couvent et un cimetière à Bar-sur-Aube, celle d'inhumer dans leur église tous chrétiens qui voudraient y choisir leur sépulture à la charge par eux de payer aux moines de Saint-Ctaude, qui desservaient la paroisse Saint-Pierre une rente annuelle et perpétuelle de 10 livres 7 sous pour droit de cimetière,
Ce couvent possédait autrefois une fort belle col-
lertion de livres, que la Révolution a achevé de détruire, et dont les religieux avaient déjà vendu an poids la majeure partie entre autres une édition princeps de Tite-Live faite â Rome sous le pontificat de Paul H, avec une préface d'André de Crète évêque d'Aléria. Cet ouvrage qui a longtemps occnpé une place distinguée dans le cabinet de S. E. le cardinal de Loménie de Brienne, grand amateur de livres, est passé en Angleterre. On remarquait aussi le petit portail qai formait t'entrée do chœur, un Saint-Sépulcre et un escalier en pierresde fort bon goût.
Longtemps cette maison a compté dix-huit à vingt religieux profès, parmi lesquels on cite un de leurs provinciaux, Frère Mercatori, prédicateur distingué, et Frère Quillot appelé le Lion de la Sorbonne; mais elle était réduite aux R. P. Quillard, Laquille et Quillardet qui vivaient tranquillement du produit de leurs quêtes, sans s'inquiéter du renom de leurs prédécesseurs, lorsqu'ils furent chasses de ienr asileen 1791 et leur eau vent vendu.
Démoli en partie à cette époqne, il fut converti en prison en 179S et entiérement rasé en <837. Le cimetière actuel faisait partie du jardin des Cordeliers; il fat établi en 1793 par suite d'une délibération du Conseil municipal, du 18 aott 1792, qui, pour canse de salubrité publique, défendit tes inhumations dans l'intérieur de la ville.
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Un antre essaim des enfants de saint François, venus de la maison de Chaumont, se fixa en i635, à Bar-sur-Aube, sur un terrain qui toi'fut concédé par M. De la Force, prieur de Saint-Pierre mais, en 1686 ils changèrent de demeure avec des Irlandais du même ordre établis à Sedan et à Charleville, et farent transférés par lettres de cachet à Bar-surAube et à Wassy.
Dans les guerres maritimes ils fournissaient des aumôniers aux vaiseaux.
Louis XIV leur avait assigné une aumône de 400 livres par an sur les taillis de t'élection de Bar-surAube, et un minot de sel ils jouissaient en outre, d'une rente annuelle de 90 livres sur le Mont de pieté de Bruxelles, mais leur principale ressource consistait dans tes quêtes, qu'ils savaient rendre fructueuses, aussi, en revanche, exer~aient-Hs généreusement tons les devoirs de l'hospitalité, car bien que réduits à trente frères au moment de leur suppression, ils consommaient annuellement, dit-on, 700 hectolitres de vin.
On voyait dans leur chapelle les tombes des Nugent, lords irlandais et d'une dame Dillon fondateurs de leur ordre; et tes boiseries du chœur, de la sacristie et du réfectoire étaient fort belles. Un novice irlandais nommé Odali, dont on a fait (M<:im, qui quitta le froc pour se marier a Bar-surAube, est la tige de la famille de ce nom. Vendus en 1791, les bâtiments de ce couvent, qui était situé dans la rue Neuve, sont devenus propriété particulière et ont été transformer en logements, pressoir et magasins.
etm'EXT mae) *;M<juf<Ea.
L'Hôtel de Ville actuel est tout ce qui reste de l'ancien couvent des Ursulines, fondé à Bar-surAube en t634 pour l'éducation des jeunes filles. Piaeé au centre de ta ville dont il obstruait l'emplacement le plus précieux, ce bâtiment lui fut concédé par l'Etat en t79i. Une partie fut démoiieà cette époque; une autre, dont l'église, fat bratée en <8<&, le jour des Cendres, à l'époque de l'invasion, par l'imprudence de prisonniers français qu'on y avait renfermés; le surplus, aggrandi et réparé contient les bureaux de la mairie, les différents tribunaux, la caisse d'épargne, les logements du commissaire de police et du concierge, le corps de garde, et une salle de spectacle qui ferait envie a beaucoup de villes plus importantes. Mais, matgré ces constructions nouvelles et son changement de destination le petit dôme qui contient l'horloge et qui s'étëve au milieu de sa toiture ainsi que la
galerie qui le précède. et où au lieu des louanges du Seigneur, se débitent, chaque jour, force cancans, révèlent à première vue son origine monastique.
Dans son intérieur on aperçoit encore quelques restes de sculpture, et au-devant s'étend une fort bette place établie sur l'emplacement des bâtiments incendies, où se célèbrent les fêtes publiques et débattent les marchands les jours de foire et de marché.
Ces religieuses étaient au nombre de dix-huit, et elles chantaient des hymmes en latin quoique depuis le XtV* siècle les filles eussent cessé d'apprendre cette langue; dans le chœur de leur chapelle on remarquait des anges et des chérubins en bois d'un fort beau travail. En 169& elles avaient voulu s'emparer de la rue des Halliers qui longe le derrière de leur maison, mais le roi avait rejeté leur demande.
L'ancien hôtel de ville était situé auprès des Halles dans la maison de M. Héraut, entre MM. Mion et Minot. C'était !a qu'étaient renfermés
la potence et tous ses accessoires brûlés par les Marseillais, lors de leur passage en 1792.
Le couvent actuel des Ursulines est ptacé dans l'ancien collége.
MAt~HHtEME <m t~nOttiBtt~
Hospice fondé au XII° siècle pour le soulagement des malheureux infectés de la lèpre maladie contagiense rapportée de la Terre-Sainte par les Croises et qui pendant longtemps exerça en Europe de très-grands ravages.
La Maladrerie de Bar-sur-Aube composée d'une égHse dédiée à saint Jean-Baptiste et de bâtiments pour loger les ladres on lépreux était située à t* extrémité du finage de la commune, sur le chemin d'Ailleville, non loin de l'abbaye da Val-desVignes elle était de l'ancienne administration et fondation des habitants de Bar-sur-Aube, comme il est pronvé par tes arrêts du Grand Conseil des
25 février 1558 et ~3 août d6iS, qui, avant i8H, se trouvaient encore dans les archives de la ville.
Ses biens ont été réunis à l'hôpital Saint-Nicolas.
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Cet hôpital, destiné à recevoir les malades de la
ville avait été fondé au XUt* siéc)e il était situé '1..
an faubourg Notre-Dame lieu dit le Saint-Esprit, et consistait en trois corps de logis et une chapelle dont présentement il ne reste plus qu'une fenêtre assez agréablement découpée. La ville avait appelé pour le desservir un religieux de Dijon de l'ordre du Saint-Esprit.
Pendant longtemps les intentions pieuses des fondateurs ne purent être entièrement rempties l'hôpital n'avait que 300 livres de revenu et cette modique somme ne lui permettait pas de recevoir des malades, aussi les officiers municipaux, après avoir pourvu à l'entretien da Maître des malades (c'est le nom que portait le desservant), employaient
le surplus en distributions de secours aux pauvres. Mais lorsque )a ville put disposer de sa maladrerie, ce revenu, joint aux 300 livres et à une somme prélevée sur son octroi, lui permit d'avoir une salle avec cinq lits où les malades soignés d'abord par une femme séculière, le furent ensuite par des sœurs de son ordre, que le Maitre fit venir de Dijon et, par suite de la disparition des titres enlevés, dit-on, par Frère Raillard pendant la peste de 1636, il les y maintint malgré l'opposition constante des habitants.
Par arrêt de Févêque de Langres du 24 février ~6âl, le prix de la nourriture de chaque malade était fixé à onze sous par jour.
Louis XIV ayant, par son édit du mois de décembre 4672 accorde les maladreries à l'ordre de Saint-Lazare la ville privée de cette ressource, ne put continuer à recevoir les malades au SaintEsprit. Le Maître et les religieuses restèrent en possession des biens, à la charge de rendre compte aux habitants, d'entretenir les bâtiments d'exécuter les fondations et de faire les aumônes ordinaires ¡
mais, en 1693, le roi ayant retiré à l'ordre de Saint-Lazare la jouissance des maladreries et déc)tnc que leur revenu serait employé en fondations fharitaMes par arrêt du conseil du 30 septembre <69S il fut ordonné qu'il serait fondé à Bar-surAube un hôpital auquel seraient unies les maladreries de Bar-sur-Aube Laferté-sur-Aube Châteauvilain, Essoyes, Venden~re,Chaource,Gyè-snrSeine, Lagesse et Massy-t'Evêque et que les pauvres malades des lieux où eUes étaient situées seraient reçusaudit hôpital à proportion de teur revenu. H était inutile de coostrnireunhôpitat, puisque celoi du Saint-Esprit pouvait suffire. En conséquence, par suite d'un arrangement fait avec le Maître, la ville abandonna le revenu de son hopital aux religieuses, et il fut convenu que les malades de Bar-sur-Aube et des pays sus-indiques y seraient admis et entretenus ce qui dura jusqu'en 1740.
En 1662, Louis XIV, pour obvier autant que possible à la mendicité, avait ordonné qu'il serait établi dans chaque ville un hôpital général où les
mendiants valides et invalides seraient employés à des travaux de manufacture, et déclaré que les personnes pieuses seraient bien venues à fonder de semblables établissements; le sieur Eftme PMMMMt, greffier aa bailliage de Chaummt et ta dame Charlotte Fagotin, son épouse, proposèrent, le 31 mars <f<5, am habitants de Bar-sur-Aube de donner une somme de 40,000 livres pour fonder nn hôpital général et une manufacture qui seraient établis aa Saint-Esprit, à condition que les fondateurs nommeraient les administrateurs qui, après eux, seraient nommés par l'assemblée générale des habitants.
Cette proposition fat acceptée, et, au mois de décembre 17 <6, !e sieur Puissant obtint des lettres patentes portant établissement d'un hôpital général destiné à renfermer les pauvres valides et invalides, de la ville et des faubourgs, et union à cet hôpital de cetni du Saint-Esprit avec tous ses biens et ceux des maladreries mais l'ordre du Saint-Esprit de Dijon, !e chapitre de Saint-Madon de Barsor-Aube~ et quelques habitants de la ville à qui
cet hôpital générât déptaisait, Ètevèrent chicane sur chicane, et parvinrent enfin, en 1740, à forcer les administrateurs a abandonner le Saint-Esprit et à transférer leurs malades à l'hôpital Saint-Nicolas. Depuis ce temps, les religieuses ont joui du revenu de l'hospice elles nourrissaient de vieilles femmes qui leur avaient abandonné ce qu'elles possédaient.
C'est ainsi qu'après aMir fonde la maison du Saint-Esprit, la ville en fut dépossédée, après quatre siècles de jouissance, par les religieux et religieuses qu'elle avait appelés pour servie les pauvres, et ils y restèrent jusqu'en l'T9i, époque où ils foreut chassés mais sans aucun avantage pour la ville, puisque leurs biens furent vendus par l'Etat à des particuliers, et sans qu'elle osât réclamer.
Cet ordre, du reste, devait bientôt s'éteindre, car on n'y recevait plus de poslulantes ayant été supprimé en 1'784 et ses biens réunis à ceux de l'ordre de Malte.
Dans la chapelle on voyait un tableau rrprésen-
tant un épisode de la vie de saint Gengoutt, avoué de l'abbaye de Bèze et patron des maris malheureux, qui mourut en 663 dans son château d'Avaux en Bassigny, assassiné par l'amant de sa femme. Le saint est dans la campagne seul avec son épouse à qui il reproche son infidélité, et celle-ci à sa demande et pour lui prouver son innocence, plonge sa main dans un ruisseau qui coule auprès d'eax; mais, au même instant, il s'&'eve de l'eau une épaisse famée. La femme parait confondue et le mari résigne il prévoyait son sort. Ce tableau estimé des connaisseurs, a été vendu en 1791 on ignore ce qu'il est devenu depuis.
Ce miracle n'est probablement pas le seul qui ait valu à saint Gengoult les honneurs de la béatification i
Lamotte-Levager, dans son He~ameroH rustique, nous apprend -qu'il y avait dans cette même cbapelle un Saint-Langueur, que les dames en langueur ou stérites allaient invoquer, un bouquet de verveine à la main. L'évêque de Langres le fit enlever en 175S.
M<H*tTA~ ttM!t* NMtK~S.
La Maison-Dieu ou hôpital Saint-Nicolas, située sur la grande route de Paris à Bâle, presque à )'extrémité du faubourg Saint-Michel, fut fondée dans le Xî° on ao commencement du XH* siécle par les comtes particuliers de Bar-sur-Aube, pour le soulagement des maladies connues sons les noms de feu Saint-Antoine, Saint-Ambroise, Saint-Nicolas, de la Sainte-Vierge, sacré ou divin, et autres épidémies causées par la malpropreté, le mauvais air, le défaut d'usage de linge, les eaux croupissantes des fossés et les amas de boues qui infectaient l'air et rendaient les rues presque impraticables car nos bons aïeux, entassés dans des maisons humides, à peine éclairées par de petites ouvertures, et défendues des injures de l'air par quelques carreaux de canevas ou de papier huité, au Heu d'avoir recours aux moyens que la propreté pouvait leur suggérer, préféraient s'adresser à un saint qui devenait alors le patron de la contagion régnante.
Cet hôpital est bien situé, les salles sont commodes et bien aérées, et il possède des biens assez eonsidérables. Le nombre de tits.quin'était que dedix en 1734, fut porté à douze en 1778, à vingt en 1785, à vingtdeux en ~798 et maintenant il est de vingt-quatre, ce qui est bien suffisant pour les besoins de ta ville, des diverses maladreries réunies et de la commune de Dolencourt qui a acheté le droit d'occuper deux lits pendant une partie de l'année. A l'exception des femmes prêtes à accoucher, des fous et des individus atteints de maladies contagieuses ou honteuses, tons les pauvres malades y sont admis gratuitement sur un billet signé d'un des médecins et de )'administrateur de service; et des secours à domicile et des médicaments sont délivrés à ceux qui ne peuvent être reçus. Chaque année, aussi, il fait apprendre un métier à un enfant pauvre de la paroisse Saint-Macloo, suivant le désir du fondateur M. Lethors, ancien curé de cette paroisse qui en 17~1, parmi d'autres dons, a affec'è une somme de dOO francs à cette intention; mais, depuis quelques années, on n'y reçoit plus les enfants trouvés.
Il consiste en deux chapelles, l'une intérieure, à l'usage des malades, et l'autre plus grande qui a remplacé l'ancienne église Saint-Nicolas démolie en l'?8i, et où était déposé le corps de sainte Honorée le chœur est orné de tableaux religieux peints en ~840 par M. Ménissier, dont l'un, assez ingénieux, donne le portrait de toutes les sœurs se dévouant à saint Augustin, leur patron; en deux grands corps-de-logis, divers bâtiments, une maison de ferme, plusieurs enclos et jardins. A part le logement du concierge, les dortoirs, les cuisines, les caves, les greniers et tons les accessoires nécessaires dans une maison de cette importance, il renferme encore deux salles de douze lits chacune, pour les malades civils des deux sexes séparées par la plus petite des deux chapelles; une salle de cinq lits pour les militaires, une chambre de deux lits pour les officiers, une salle pour les incurables, deux chambres de pensionnaires dont une meublée, deux cabinets de bains, une pharmacie une lingerie, et la chambre du conseil dans laquelle sont renfermées les archives qui sont très-curieuses.
H existait autrefois sur le ruisseau de la Dhuy, qui coule au bout du jardin, un moulin, que l'Administration fit détruire en 1788 pour raison de salubrité il possédait aussi une filature de coton, bâtie en 1'776 par les bienfaits de M. Collet, procureur du roi à Bar-snr-Aube, dans laquelle dixhuit jeunes personnes étaient employées, et qui, grâce aux soins de MM. Joffroy, prospéra jusqu'en d792, où elle fut fermée par suite de la Révolution.
Dans l'origine, cet hôpital fut desservi par des religieux de l'ordre de Saint-Augustin qui, l'ayant laissé tomber en décadence, furent, au XHt* siècle, remptacés par des religieuses de l'abbaye de Boulancourt, de l'ordrede Saint-Victor, dont la conduite fut loin d'être toujours réguliére, c'est pourquoi, en ~36, elle furent expu!stes et l'hôpital érige en prieuré en faveur des religieux du Val des Ecotiers qui bientôt après appliquèrent à leur seul profit des revenus destinés au soulagement des infortunés. Envain, en 1545, François t" tenta la réforme des hôpitaux, les religieux du Val des Ecoliers ne
tinrent aucun compte de son ordonnance, non plus que d'une sentence du prévôt de Bar-sur-Aube, rendue le 3 août de la même année, par laquelle il fut ordonné que le tiers des revenus de l'hôpital Saint-Nicolas serait affecté à la nourriture et à l'entretien des pauvres; et, en i608, Henri IV ayant concédé à un ancien capifaine une place d'oblat (m) dans leur prieuré, ils refusèrent de le recevoir, alléguant que Saint-Nicolas était un hospice et non un prieure et, plus tard l'ordre de Saint-Lazare et du Mont-Carmel ayant voulu s'en emparer en vertn de Fédit de Louis XIV de 1672, ils prétendirent, an contraire, qu'il était un prieuré et non Un hôpitat i et, les deux fois, ils gagnèrent leur procès par la présentation de leurs titres.
Dans leurs écritures en défense on voit ce qu'ils dépensaient annuellement pour les pauvres. Ce détail, tiré d'une pièce importante de 1608, est trop curieux pour ne pas trouver ici place, an moins par extrait
< Ils donnaient à la femme qni gardait l'hôpital et soignait les malades un septier et demi de blé,
HISTOIRE DE BÀR-6M-ACBE. H 1
» un septier d'orge, deux cordes de bois, 200 fagots et 3 écus et demi, l'entretien du mobilier leur coûtait vingt livres. Ils fournissaient pour le pain des < p&uTres quatre septiers de blé, et enC& ils donp naiant à chacun des médecin chirurgien et apoB ttucaire qui les soignaient, cinq livres par an, non e compris les médicaments, s'ils en donnent. < En 1622, LonisXIU nomma un prieur commen-
dataire (n) qui avec le prieur de Val des Ecoliers, partagea les revenus de l'hôpital qui, dès lors, fut abandonné par les religieux et loué, ainsi que les autres biens, jusqu'au commencement du XVHl* siècle. Alors, à force de démarches et par suite d'un arrangement avec le sieur de Vauconcourt, prieur commendataire, et l'ordre du Val des Ecoliers, les administrateurs parvinrent à le rendre à sa destination première. Ils entrèrent en jouissance en 1734, et, ainsi que nous l'avons déjà vu en 17~0 on y transporta les malades de l'hôpital général; en conséquence, par lettres patentes du 26 mars 1745~ te prieuré de Saint-Nicolas fut définitivement réuni à l'hôpital de Bar-sur-Aube (o).
Dirigé d'abord par une femme séculière, l'hôpital Saint-Nicolas fut, de 1747 ~79~~ dirigé par trois sœurs de la maison de Besancon dépouillé de tous ses biens pendant la tourmente révolutionnair?, l'administration intérieure, pendant plusieurs années, en fut confiée à une demoiselle Berrrand, de Langres; ensuite, les pauvres furent soignes par cinq et maintenant par sept religieuses Ursulines aggrégées depuis 1839 à la maison de Troyes, et dont en ne peut trop louer le zèle et le dévouement. Un médecin et un chirurgien assistés chacun d'un adjoint, un pharmacien et un économe, sont attachés à cette maison qui est régie par cinq administrateurs nommés par le Gouvernement, et parmi lesquels, autrefois, devait toujours figurer un thanoine de Saint Maclou, et, suivant un ancien cartulaire de cette toUégiate, elle avait plusieurs droits d'assistance en cette église.
11 y a aussi un desservant chargé d'administrer les secours spirituels aux malades et d'acquitter les fondations pieuses le privilége qu'ont les administrateurs de le choisir leur a été reconnu par les an.
ciens évêques de Langres et depuis par les évêques de Troyes.
En 1814 et 1815, l'hospice Saint-Nicolas eut beaaconp à souffrir il fut pillé, à plusieurs reprises par les troupes étrangères, notamment, pendant vingt jours, après la bataille da 27 février 18t~, et un certain nombre de titres furent alors déchirés et perdns. Maintenant tous ces désastres sont réparés, les bâtiments et le mobilier sont en bon état, et le zete des personnes qui y sont attachées lui promet une prospérité toujours croissante (p).
Depuis ~846 la ville de Bar-sur-Aube possède trois smnrs do Bon-Secours, dont l'unique mission est d'aller veiller <yraiM au lit des pauvres malades. Appréciant leur conduite charitable, le Conseil municipal, par une détibération qai l'honore, se chargea en 1849, de concert avec le Bureau de bienfaisance, de faire tes frais de leur modeste logement sitné sur le boulevard des Cordeliers, et, depuis encore, on leur a accordé quelques secours en viande et en pain.
CMApzn~E me fOfT m ATnB.
Alexandre bâtard de Bourbon, chef de bandits, fut arrêté à Bar-sur-Aube par ordre du roi Charles VII, condamné à être renfermé dans un sac et précipite dans la rivière d'Aube le 31 décembre 1440. C'est par suite de cet événement, dont nous rendrons compte à sa date, que fut construite sllr un des avant-becs du pont, et conservée dans ses différentes réédineations, la petite chapelle dédiée à saint Nicolas qu'on y voit encore et où les armes de la maison de Bourbon étaient gravées en reticf; i on y voyait aussi un Dieu de Pitié qui a été enlevé il y a peu d'années.
Jusqu'en 1766 on y a dit la messe, et maintenant on y fait une station lors des processions des Rogations.
MMJE <ME OFBCMCM.
Ainsi que nous l'avons dit à l'article du couvent des UrsuHaes, Bar-sur-Aube possède une salle de
spectacle gracieuse.et bien décorée. Bâtie par actions en 18&8, sa forme est un parallélogramme arrondi aux extrémités et eUe peut contenir environ cinq cents spectateurs.
La seconde galerie est ornée de cartouches représentant nos plus célèbres auteurs dramatiques et une scène d'un de leurs principaux ouvrages: audessus est le nom de chacun d'euxrenfermê dans un médaillon; et des Génies les mains chargées de palmes et de couronnes, décorent le fond. Cessujets, bien choisis et agréablement exécutés, font honneur au goût de M. Ménissier, leur auteur.
Bar-sur-Aube possède aussi une Société philharmonique et une École de chant.
FBtsesa.
A Fcntrec de la ville, sur la route de Troyes, auprès de la caMrne de gendarmerie bâtie en 1775 pour le logement d'une brigade de maréchaussée est une prison cellulaire constraite en 1847 dans
laquelle les visiteurs remarquent l'ingénieuse disposition de l'autel qui permet à tous les prisonniers, de toutes les parties de la maison, de voir le prêtre ofHcier, sans qu'il leur soit besoin de quitter leurs cellules, dont les portes sont maintenues entr'ouvertes au moyen de crampons de fer, et sans qu'ils puissent nullement s'apercevoir entre eux. L'ancienne prison était située dans la rue SaintPierre vendue depuis quelques années, elle est maintenant convertie en magasin.
tOM~CE, )E<!<M.tS.
Le collége situé rue Piverotte dans un hôte~ donné à cette intention, en 1770, par M. Mait)y et ses enfants et réuni aux anciens bâtiments du grenier à sel était tres-bean et très-vaste avant que le département n'en eût acheté une partie en 1832 pour y établir la sous-préfecture. Précédemment, il était placé dans un bâtiment que la ville avait acquis de l'abbaye de Clairvaux, par'tcte dp 29 dé-
cembre ~533 moyennant une rente foncière de <2 livres par an et dans lequel, depuis i8<0 sont logées les religieuses Ursulines sur leur porte on voit même encore le mot Collegium, avec la date 1639.
Dans l'origine il était régenté par nn principal et avait été doté sur les domaines patrimoniaux de la ville, dont il était autorisé à percevoir une portion des revenus, par arrêt du conseil du 8 janvier ~S92. tadépendamment d'ooe prébende canonicale affectée à un docteur en théologie chargé de prêcher, il jouissait encore du revenu d'une autre prébende dont le titre fut supprimé en ~84 par un décret de t'évêque de Langres, et dont le revenu était destiné à l'entretien d'un précepteur chargé d'instruire gratuitement un certain nombre de jeanes-gens de la ville. Ces deux prébendes étaient à la charge du chapitre de Saint-Maclou à qui cette prestation avait été imposée par lettres patentes du roi Charles IX données au bois de Vincennes le ~9 jnillet 1562, et en exécution des articles VtH et IX des ordonnances de Blois et d'Ortéans de 1574 <t1579.
En 1783, Mgr de laLuzerne, évêque de Langres, voulut réunir au collège les biens de l'hôpital du Saint-Esprit dont l'ordre était éteint; plusieurs démarches furent même faites à cette intention, 1 mais taRévolution qui survint lui empêcha de donner suite à ses projets, et, plus tard, un arrêté du grand-maîtrede l'Université, du 5 novembre ~8H, décida qu'il ne serait pas réorganise.
Du reste, ce collège maintenant simple pension nat auquel est annexée une école primaire supérieure, n'a jamais été patenté, et, malgré toutes les recherches possibles, on n'a jamais pu parvenir à prouver son existence )égate. Il en est sorti des hommes qui, jadis, lui avaient acquis une grande réputation, entre autres le fameux poète latin Nicolas Bourbon et le célèbre Claude Robert premier auteur du Gallia Christiana, et beaucoup d'autres également distingués dans la République des lettres; c'était le berceau de la noblesse, du c)ergé, de la magistrature et des militaires du pays et (tes environs qui se sont fait remarquer dans les différcnis postes qu'ils ont occupés.
La ville possède encore une seconde école primaire deux salles d'asile dotées, l'une et l'autre, d'une rente de 400 francs dont, en 1846, le brave général Vouillemont leur fit don par son testament g on pensionnat de jeunes demoiselles, et une école primaire de jeunes filles tenue par les Religieuses Ursulines, dont nous venons de parler, et à laquelle est annexé un petit pensionnat.
Avant 1792, chacune de nos trois paroisses avait son maitre d'école celui de Saint-Pierre logé aux frais de la ville celui de Sainte-Magdeleine, par la fabrique, et celui de Saint-Maclon, par le chapitre qui lui confiait l'éducation des enfants de chœur.
ABAMmm.
En 18/)2, dans l'intérêt de la salubrité publique, un abattoir a été construit an-deià da pont d'Aube, dans la rue des Tuileries qui depuis a pris le nom de cet établissement utile mais un peu trop res-
treict, et qui, pour cette raison, doit prochainement être aggrandi.
Les autres édifices publics n'offrent rien de curieux.
Les rues de la ville et surtout celles des faubourgs, à peu d'exceptions près, sont étroites et mal alignées, cependant, sous ce double rapport, elles ont, depuis quelques années, éprouve de grandes améliorations, grâce à un nouvel alignement et à un nouveau plan mieux tracé et mieux conçu que celui de lf69 ce qui, joint aux belles devantures que nous voyons s'élever chaque jour, doit nous donner bon espoir pour l'avenir.
Les anciennes maisons sont presque toutes bâties en bois, mal distribuées et plus mal percées toutes celles de la place du Marché au blé sont précédées, des dem côtés de galeries couvertes qui servent aux voisins de promenade en temps de pluie, et où tes marchands déposent leurs grains les jours de foire et de marché; on en remarque aussi quelquesunes, dans les rues Saint-Michel et des Boucheries, qui ont des avant-toits ornés de grandes figures de
saints, mutilées par le temps, sculptées sur leurs .supports.
Les maisons de pierres, plus commodes et mieux bâties, sont toutes modernes, à l'exception d'une seule située àt'extrémité de la rue des Boucheries, à l'angle de celle de l'Epicerie, et qui, jadis, était, dit-on, la demeure du gouverneur du comté de Champagne à Bar-sur-Aube.
Cette maison, dont toutes les ouvertures, à l'exception de celles de côté, avaient été changées, ne conserve plus rien maintenant de sa décoration primitive, mais en 1850, avant sa conversion en café, on y remarquait une balustrade à jour formée des initiales entrelacées des noms de Henri H, roi de France, et de Diane de Poitiers~ sa maîtresse (H.D.); elle bordait ]e comble et se continuait sar une tourelle terminée par un cul-de-lampe formé de boudins décroissants, et au milieu de laquelle était une niche en saillie où était placée une statuette de la SainteVierge. Achetée par M°" de Simiane, comme monument de famille cette tourelle fut transportée et rétaMie avec soin au château de Cirey.
On ignore l'époque où cette maison a été bâtie le plus grand nombre croient qu'elle est du XVt* siècte mais d'autres, nous ne savons sur quelle autorité, la font remonter jusqu'au XV', et prétendent que la balustrade dont nous avons parlé a été postcriearement ajoutée.
H y a quelques années, on a trouvé dans une des rues de la ville un morceau de marbre noir portant cette inscription incomplète
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tt est à croire que ce fragment de tombe, qui n'était qu'une restitution, à en juger par la forme des caractères, provenait de l'abbaye de Clairvaux, où Mathitde de Portugal fut inhumée près du corps de son mari Philippe d'Alsace, XV* comte de Flandre, mort en H9i.
Les armes de la ville de Bar-sur-Aube étaient celles de la province de Champagne EMes étaient
d'azur, à la bande d'argent cotoyée de deux doubles cottices potencées et contre-potencées de même et, le 8 août 4696, elle a encore payé une finance pour ses armoiries. Celles des comtes étaient un Bar ou Barbeau, poisson très commun dans la rivière d'Aube.
Le comte de Bar-sur-Aube était un des sept pairs de Champagbe les six autres étaient les comtes de .Toigny, de Réthel, de Roncy, de Brienne, de Grand-Pré et de Bar-sur-Seine.
©êajsitte Dwxlxe.
Antiquités des Gaules etduBarroib Camp de César; voie et antiquités romaines; Segessera. Bar-sur-Aube converti au christianisme; anciens usages fêtes publiques processions. Attila. Histoire de sainte Germaine et de sainte Honorée. Couvent et village de Sainte-Germaine.
La Gaule est célèbre par son antiquité et le courage de ses enfants elle a envoyé des colonies dans toutes les parties du monde, et Rome saccagée par Brennus, le temple de Delphes pillé, sont des monuments de la valeur de ses fils. Pendant cinq cents ans que les Romains en furent paisibles possesseurs, avec leur langage et leurs mœurs, ils y introduisirent les sciences et les arts i cette époque elle produisit beaucoup de grands hommes, et ses écoles jouissaient d'une grande réputation.
Au moment de l'invasion romaine, notre contrée formait-elle un pays à part? C'est l'opinion de Vignier qui, dans les Ambarri, mentionnes par César et Tite-Live, veut trouver les Barrois, c'est-à-dire les habitants de Bar-sur-Seine et de Bar-sur-Anbe. Ou faisait-elle partie du pays des Lingons ? C'est l'opinion la plus répandue, mais, faute de documents suffisants, cette question restera toujours insoluble. On sait seulement qu'aprés la conquête, lorsque la Gaule fut divisée en province romaine le Barrois fui réuni à la Première -Lyonnaise; les Tricasses (Troyens) faisaient partie de la Quatrième. La Première-Lyonnaise comprenait, en outre, les Lingones (Langres), les JEdai (Autan Châlons Mâcon Nevers), les Segusiani (Lyon), les Insubres (inconnu ), les Aulercl-Brannomces ( Charlieu ), les Mandubii (l'Auxois), et les Boii (le Bourbonnais). C'est sur la montagne qui domine la ville de Barsur-Aube que se trouve son titre historique le plus ancien: ce sont les traces encore apparentes d'un triple fossé qui entourait un camp destiné probablement à maintenir dans l'obéissance les pcu-
pies vaincus. Il paraîtrait avoir été de ceux appelés stativa, c'est-à-dire où les légions séjournaient plus ou moins longtemps, et pouvait contenir dix mille hommes de toutes armes.
Les camps des Romains leur tenaient lieu de places fortes une fois Établis c'étaient des forteresses qu'ils retrouvaient au premier besoin, sans avoir la peine de les entretenir ou du moins à peu de frais. Ils étaient quadrangulaires, avec une porte à chaque angle, et au milieu était le Pretorium ou quartier général; ils étaient défendus par un fossé et un rempart de douze pieds, et entourés de fortes palissades. ̃ La formation de ce camp est attribués à JulesCésar, ce conquérant des Gaules dont il fut aussi le premier historien, ou à Labienus, son lieutenant cependant, des médailles de Domitien trouvées dans son emplacement pourraient donner à croire que son établissement est postérieur à cette époque, et qu'il a été établi par un des Césars, nom commun à tous les empereurs, et non point par Jules-César, suivant l'habitude vicieuse où l'on est de donner le
HISTOIRE DE BAR-SUR-AUBE. i 3
nom de ce grand homme à tout ce qui nous reste des Romains, par l'empereur Julien peut-être, dans une de ses expéditions dans la Gaule, en- 356 ou 57. Ces conquérants avaient aussi établi une voie romaine allant de Reims à Langres, dont une partie, qui subsiste encore sur le territoire de Bar-surAube, est connue sous le nom de Chemin de Courcelange ou Voie des Romains, et quelques tombes trouvées dans les fondations de la rue Notre-Dame à Bar-sur-Aube le tombeau d'un préfet du Prétoire trouvé sar le penchant de la montagne SainteGermaine la salle de bains pavée en mosaïque découverte à Proverville, en 1783, dans un pré où depuis un vigneron a déterré un tombeau de pierre qui renfermait des ossements, une hache d'armes en fer, avec une inscription rendue illisible par le temps ( ce tombeau était scellé d'une tablette dont on a fait une marche d'escalier, et lui-même a longtemps servi d'abreuvoir au fermier de SainteGermaine), sont autant de preuves que cette voie longeait la montagne en se dirigeant sur Bar-sur-Aube dont elles attestent en même temps l'importance o
et l'antiquité. – On sait que, chez les Romains, les bains et les sépulcres étaient du nombre des constructions placées sur le hord des routes. Et nos anciens se rappellent encore ces sculptures toutes païennes qui décoraient l'église de SainteMarie-Magdeleine, et qui ont fait supposer que c'était un ancien temple de Bacchus. Car, bien que les Gaulois, avant Jules-César, eussent adoré l'Etre suprême sous les divers noms de Teutatès et d'Ilésus, jamais cependant ils ne lui élevèrent de temples, les Druides (c'était le nom de leurs prêtres) prétendant que c'était dégrader la majesté divine que de la renfermer dans un édifice ou de la représenter sous la forme humaine; mais, avec les lois de leurs nouveaux maîtres, ils reçurent aussi leur religion, et bientôt après leurs Dieux changèrent de nom et la Gaule se couvrit des emhlèmes du polythéisme. Maintenant, à celui qui voudrait élever quelques doutes nous dirions Consoliez la carte de Peutinger, calquée sur l'Itinéraire d'Antonin et vous verrez que la position de Segessera est celle de Bar-surAube, et que les distances qui la séparent SAugwsio-
bona, de Calvus-Mons., de Lingones et d'Araaat, sont celles de cette même ville à Troyes, à Chaumont, à Langres et à Arcis.
Sur la hauteur et dans les vignes qui tapissent le bas de la montagne Sainte-Germaine, le hasard de la pioche ou de la charrue a fait découvrir, à différentes époques, des pièces de monnaie portant l'empreinte d'un bœnf, des agrafes (fibulce), des clefs antiques, des fers de lance, des dards, des haches d'armes, les fondations d'une forteresse et des portes revêtues et doublées de clous posés en lozanges, dont les têtes étaient taillées en forme de diamant; des lampes sépulcrales, des vases en bronze, des marmites en fer, des briques, et mémi', en 1271, des plaques de cheminée sans millésime portant un écu semé de fleurs de lis sans nombre (c'était les armes de nos rois jusqu'à Charles VI qui en 1380, en réduisit le nombre à trois). Il y a quelques années, on a encore trouvé sur le revers de cette montagne un fragment de bas-relief portant une inscription, mais tellement usée qu'il a été impossible de l'expliquer on suppose qu'il
provient d'un tombeau, et, bien sûr, celui qui ferait pratiquer des fouilles y découvrirait une foule d'objets curieux et intéressants pour notre histoire. Dès le deuxième siècle de notre ère, l'Evangile fut prêche dans les Gaules par saint Benigne et ses deux compagnons, saint Thyrse et saint Andochc, envoyés par saint Polycarpe, evêque de Smyroe et disciple de saint Jean. En 180, ils plantèrent la croix à Langres et à Dijon, et l'on suppose que ce fut bientôt après que les Barsuraubois embrassèrent la religion chrétienne dans laquelle ils ont constamment persisté sans aucun mélange d'hèrèsie. Le paganisme continua cependant à régner jusque sous Jovien qui, en 370, fit fermer les temples des faux Dieux.
Il nous reste bien pen de vestiges de ces temps anciens, si ce n'est la coutume où est encore le peuple d'offrir tons les ans, par bonne étrenne, au premier janvier, de petites branches de genièvre, qu'on appelle du bois neuf, en criant Au bois neuf 1 comme pour annoncer l'année nouvelle et rappeler le cri des Druides qui s'est encore conservé intact dans certaines provinces.
On sait qu'une des plus célèbres cérémonies de la religion des Gaulois était la récolte du gui de chêne si vénéré de nos pères. Au deuxième jour de la lune de décembre, mois sacré pour eux, les Druides, pieds nus et revêtus de leurs habits sacerdotaux, suivis des poètes, des musiciens et de leurs initiés, se rendaient dans l'endroit le plus sombre d'une forêt, où ils cueillaient, avec une faucille d'or, le gui sur un chêne de trente ans; puis, après l'avoir bénit, ils parcouraient les provinces en criant: Au gui l'an neuf et le donnaient, par bonne étrenne, au peuple et aux grands qui le recevaient avec un saint respect et en mettaient à leurs portes, de même que nos dévotes, aujourd'hui, attachent à leur chevet soit du buis bénit le jour des Rameaux soit des couronnes bénites le jour de la Fête-Dieu usage qui probablement remonte à cette époque, bien qu'il ait change de motif et d'objet.
Parmi les anciens usages, nous citerons encore l'habitude d'offrir du pain et du vin aux messes d'enterrement Ainsi qu'au temps de la primitive
église, chaque femme va à l'offrande avec un pain d'une livre placé sur une serviette blanche posée sur le bras gauche, et tenant, de l'autre main environ une bouteille de vin contenue dans un vase d'étain en forme d'urne antique, et appelé simarre i et la coutume des enfants d'aller, aux fêtes de Noël, demander à leurs parents leur eugneu ou cwgneu, gâteau ayant la figure d'un enfant en mémoire de la naissance du Sauveur du monde.
Autrefois quand le roi, le gouverneur de la province, l'évêque ou l'intendant traversaient la ville à la cérémonie de la présentation des clefs sur un plat d'argent on ajoutait dix bouteilles de vin de Bourgogne ou des Riceys contenues dans deux grandes simarres, et on voit encore à la mairie, dans la chambre da conseil les deux qui ont servi à offrir le vin à Louis XV, en 1714 lors de son passage à Bar-sur-Aube.
Une autre coutume, mais beaucoup moins ancienne, c'est de sonner, chaque soir, pendant un quart d'heure, du 1" octobre au i" avril une cloche de l'église Saint-Eterrfiiajpejée Couvre-feu. ~?
Des maisons bâties en bois, la manière de nos pères de s'éclairer au moyen de morceaux de bois enflammés, obligeaient à prendre de grandes précautions telle est l'origine probable de cet usage qui a survécu aux circonstances qui l'avaient fait naître. D'autres ont pensé qu'il remontait plus haut, et avait eu pour but d'offrir un point de ralliement dans un temps où, faute de chemins, le voyageur courait risque de s'égarer. Peut-être encore est-ce une imitation du Couvre-feu de Guillaume- leConquérant qui, pour prévenir les complots, défendit à ses sujets d'avoir chez eux ni feu ni clarté passé hnit heures du soir.
L'une et l'autre de ces explications est admissible, mais qui nous expliquera l'origine du Baptême de l'Huguenote?
La première fois que l'on sonne le Couvre-feu on met, par exception, toutes les cloches en branle, et à ceux qui demandent la cause de tout ce tintamarre on répond C'est le Baptême de l'Huguenote; et, si la curiosité vous conduit du côté de l'église, vous trouvez des gens apostés qui se jettent sur
vous en poussant de grands cris, vous barbouillent la figure de noir de fumée, et prennent la fuite avant que vous ne soyez revenu de votre surprise. Le dernier jour, on sonne aussi tontes les cloches, mais cette fois par manière d'adieu. On les sonnait ègalement autrefois lors de la prononciation des jugements des criminels.
La fête des Rois donne lieu à quelques cérémonies que l'on retrouve ailleurs avec quelques variantes la première part de gâteau est mise de côté, on l'appelle la part à Dieu, et les pauvres, considérés en cette circonstance comme ses représentants, viennent la réclamer en chantant les paroles suivantes
Ah! saint Michel, archange, Saints anges du Paradis, Ecoutez ces pauvres âmes Qui crient à Dieu merci! Pauvre âme, là dolente, Qu'as-tu fait dans ton temps? As-tu chauffé les pauvres, As-tu vêtu les nuds,
As-tu donné l'aumône
En l'honneur de Jésus?
Lors des fêtes publiques, le maire et les échevins portaient chacun un flambeau pour allumer les feux de joie', et la ville fournissait six lampions au maire, quatre à chaque échevin, et deux à tous les notables ainsi qu'aux officiers des compagnies bourgeoises la fête se terminait par des feux d'artifice et de nombreuses distributions de pain et de vin aux pauvres et aux sonneurs.
Une chose curieuse qui mérite d'être signalée, quoique depuis 1778 eUe n'existe plus, mais dont nos anciens ont conservé le souvenir, c'est le droit qu'avait le bourreau de Chaumont de percevoir à
HISTOIRE DE EAR-SIJR-AUBR. J'ai ni chauffé les pauvres, J'ai ni vêtu les nuds,
J'ai ni donné l'aumône En l'honneur de Jésus. Si jamais je retourne
Au pays où je fus,
Je chaufferai les pauvres, Je vêtirai les nuds,
Je donnerai l'aumône
En l'honneur de Jésus.
La part à Dieu s'il vous plait! 1
Bar-sur- Aube, les deux jours de foire, et les veilles de la Pentecôte et de la Toussaint, un droit de havage (r) sur chaque marchand forain c'est-à-dire un ou deux sous, suivant la grandeur ou le poids, ou bien une poignée de grain par sac, un œuf par panier, et de même pour le beurre, le fil le chanvre, toutes les denrées enfin qui se vendaient sur le marché. Ce droit était, en outre, doublé toutes les fois qu'il venait à Bar-sur-Aube pour une exécution.
Plusieurs fois, les exécuteurs des hantes-œuvres tentèrent d'user de ce droit tous lesjours de marché, mais, par une sentence de 1763, il leur fut ordonné de se restreindre aux jours indiqués et de se conformer au tarif arrêté en 1739, par le lieutenant criminel de Chaumont.
Non-senlement on est religieux à Bar-sur-Aube ce qui est un bien on y est même un peu supersticieux ainsi, on y consacre au blanc ou au bleu les enfants faibles, pour leur conserver la vie et, le jour de la Saint-Rocb, on fait bénir du pain que l'on mange et que l'on fait manger aux siens, et de
l'herbe et du grain que l'on donne aux bestiaux pour préserver eux et soi-même de la peste. Le vendredi est considéré comme un jour de malheur, et l'on croit que les œufs du vendredi-saint guérissent de la fièvre. La croyance aux revenants, aux sorciers, commence à vieillir; mais il y a encore aux environs quelques fontaines miraculeuses, telles que la fontaine Sainte-Germaine, dont on fait boire l'eau aux malades dans l'assurance d'obtenir leur guérison.
Les processions, abolies dans les grandes cités, sortent encore quelquefois les jours de fête, mais toujours pour la Fête-Dieu. Ce jour-là d'élégants reposoirs s'éièvent dans chaque quartier; on tient à honneur davoir le plus beau les rues sont bordées de draps blancs ornés de fleurs et le chemin est jonche de feuillages et de fidèles agenouillés pour recevoir la bénédiction du Saint-Sacrement. Au cinquième siècle, lors de l'irruption des Batbares, qui, franchissant le Rhin inondèrent l'empire d'Occident et vinrent porter la désolation et la mort dans nos riches contrées, où bientôt l'igno-
rance succéda à la civilisation, Bar-sur Aube eut beaucoup à souffrir.
En 448, cette vile. passa sous la domination franque, lorsque les Francs, peuple chasseur origifaire des côtes occidentales de la Tartarie, sous la conduite de Mérovée, pénétrèrent plus avant dans les Gaules et s'emparèrent de la Champagne et de la Lorraine, après avoir chassé ou asservi les Romains. Mais notre histoire, encore bien obscure, ne commence à s'éclaircir un peu qu'en 451, à La lueur des brasiers d'Attila, ce féroce roi des Huns, qui sorti des confins de la Tartarie, ravagea nos contrées et mit notre ville et tout son territoire à feu et à sang.
Après-avoir porté la terreur jusque sous les murs de Constantinople, dont les empereurs mêmes lui payaient tribut, ce conquérant farouche, qui se glorifiait du titre de Fléau de Dieu, devenu seul roi des Huns par le massacre de son frère Bléda, indécis d'abord de quel côté il tournerait ses armes, résolut, à la tête de Cinq cent mille hommes de s'emparer de la Gaule, et de la partager
entre les différentes nations qui l'avaient suivi. Le moment était favorable, la division régnait entre les ehefs des diverses provinces, et ses intelligences avec Genséric, roi des Vandales, avec Sangibanus roi des Alains qui lui avait promis de lui livrer Orléans, lui faisaient considérer cette entreprise comme très-facile.
La marche d'Attila fut celle d'un torrent dévastateur, tout succomba devant lui et du Rhin jusqu'à la Loire, le fer et la flamme marquèrent partout son passage Strasbourg, Mayence, Trèves, Metz, Reims, Auxerre, etc., éprouvèrent tour-àtour les effets de sa fureur; mais Orléans ayant trompé son espoir, il fut contraint d'en former le siège, ce qui donna à .Etius, célèbre général romain, le temps deformer une ligue contre lui et de rassembler une puissante armée, dont les principaux chefs étaient Mérovée, Thèodoric-, roi des Visigots (s), Gondicaire roi des Bourguignons et le traître Sangibanus.
Attaqué à l'improviste, Attila se hâta de lever le siège, mais, atteint par les confédérés dans les
plaines de Châlons-sar-Marne, il éprouva une défaite complète 300,000 hommes, dit-on restèrent sur le champ de bataille. Furieux dans sa fuite, il ravagea la Champagne, et la ville deTroyes échappa seule au pillage grâce aux prières de saint Loup, son évêque.
Arrivé près de Bar-sur-Aube, et trouvant la position favorable, il campa quelques jours sur la montagne qui avoisine la ville, la ravagea, mit à contribution les habitants, et fit trancher la tète à' sainte Germaine, jeune vierge qui refusa de partager sa couche. Ensuite, il regagna la Pannonie où, après de nouveaux ravages, il mourut, l'année suivante, au milieu des orgies d'un festin.
Voici sur sainte Germaine et son culte ce que nous ont conservé l'histoire et la tradition. Sur la montagne au pied de laquelle est bâtie Bar-sur-Aube, vivait une jeune vierge nommée Germaine. Formée à la vertu par son père, saint vieillard dont elle était l'unique enfant, elle avait, bien jeune encore, consacré à Dieu sa virginité. A part ses visites à sainte Honorée, sa cousine, vierge
comme elle, et qui demeurait où fut depuis bâti l'bôpital Saint-Nicolas, le détail de ses actions est peu connu. On sait seulement que, par humilité, elle s'était chargée de préparer des aliments et de fournir, à des ouvriers qui bâtissaient ou réparaient une église sur la montagne, de l'eau qu'elle allait puiser sur le chemin du village de Fontaine, à une source qui, de temps immémorial porte son nom, ainsi que la montagne elle-même. C'est pourquoi elle est représentée portant une croche de chaque main. Sa foi, dit la chronique, était si grande, qu'un de ses vases s' étant brisé, on lui jeta par raillerie un vieux crible, en lui disant de continuer son service, elle le releva, le remplit d'eau et le porta sans qu'il s'en répandît une seule goutte.
Dans un de ses voyages à la fontaine, elle fit rencontre de quelques soldats d'Attila; ils l'arrêtèrent et la conduisirent à leur chef qui, frappé de sa beauté, voulut en faire son épouse mais, sur son refus de se rendre à ses desirs, il la livra au bourreau, qui lui trancha la tète le 19 janvier 452 jour où l'on célèbre sa fête.
Son corps, recueilli par les chrétiens, fut enseveli sur le lieu même de son triomphe, et quelques cabanes, qui, plus tard, formèrent le village de Sainte-Germaine, se groupèrent autour de son tombeau qui bientôt devint un pélerinage fameux. Au dixième siècle, des Bénédictins du monastère de Saint-Claude s'établirent surla montagne, et fondérent un couvent et une chapelle sous l'invocation de saint Etienne, patron du comte Etienne de Champagne, leur protecteur. MaiseulO76, après la fondation du prieuré par le bienheureux Simon comte de Bar-sur-Aube, ils élevèrent sur les ruines de celte chapelle une église spacieuse dont la dédicace fut faite, le premier dimanche du mois de mai de la même année, par Reynard 53~e évêque de Langres, sous l'invocation de sainte Germaine, dont le couvent prit alors le nom, et où ils transportèrent solennellement ses reliques. Cette translation eut t lieu le premier octobre, et cet objet particulier de la vénération des habitants donna un tel relief aux bons religieux que bientôt on leur confia la direction de la paroisse Sainte-Germaine qui se compo-
sait, en outre, des hameaux de Fontaine et de Proverville.
Le premier pasteur de cette communauté fut le vénérable Etienne, fils du comte de Reynel, qui s'associa à la conversion du comte Simon (Bknelnensis Com. Sim. in conversione socius). En 1085, il fut transféré à l'abbaye de Bèze (Abbatia berversis). En 1085, il y avait dans ce prieuré six autres religieux suivant la règle de saint Benoît, dont les biens et les privilèges furent confirmés en 1131, par Hugues, comte de Troyes et de Bar-sur-Aube; en 1249, par Thibaut IV, et an mois de septembre 1310, par le roi Louis X, fils de Philippe-le-Bel auquel il ne succéda qu'en 1314, mais qui avait hérité en 1308, par Jeanne, sa mère, du royaume de Navarre et du comté de Champagne.
Ces faits, puises dans la chronique du diocèse de Troyes, résultent d'une inscription latine gravée par les soins de François Odelin prêtre, sacristain de ce prieuré, sur un tableau placé dans l'église Sainte Germaine, et qui commençait ainsi
Ad perpetuam rei memoriam,
Anno sdutis 1076, fundalns est hic prioratus, etc.
Enfin, les commnnantés de Bénédictins devinrent si nombreuses, qu'au XVIIe siècle le gouvernement se vit dans l'obligation d'en supprimer un grandnombre. C'étaient des prieurs qui jouissaient des revenus affectés à l'entretien des couvents supprimés.
En 1380, le village de Sainte-Germaine fut en tièrement détruit par les Anglais, l'église et le couvent, protégés par leurs fortifications, échappèrent seuls au pillage, et les habitants, qui manquaient d'eau sur la montagne abandonnèrent leurs maisons en cendres et se réfugièrent à Proverville qui cent ans après, fut érigé en paroisse, dont Sainte Germaine et Fontaine devinrent alors les succursales, et, près de l'église, on bâtit une habitation pour le fermier du couvent, le seul qui eut et ait encore conservé un logement sur la montagne l'église de Sainte-Germaine ne cessa point cependant d'être l'église-mère où l'on s'assemblait les jours de grande fête. Pour ce qui est du couvent, le nombre des religieux diminua chaque année, si bien qu'au XVI* siècle il n'y en avait déjà plus, et que
le prieuré était devenu un simple bénéfice, dont le titulaire, qui joignait à ce titre celui de prieur de Saint-Pierre, resta jusqu'à nos jours en possession de la seigneurie de l'église et de la relique de sainte Germaine.
Le territoire de Sainte-Germaine était distinct et séparé du fiuagede Bar.sur-Aube, et les vins récoltés sur ce fief n'étaient point assujettis aux droits d'entrée ainsi jugé par la Cour des Aides de Paris, en 1703 et le prieur, en sa qualité de seigneur, jouissait d'une partie des dîmes, dont l'autre moitié était perçue par le chapitre de Saint-Maclou qui avait la desserte de la cure de Proverville, Le corps de sainte Germaine était déposé dans une châsse sur l'autel de l'église sur la montagne son chef renferme dans une figure en argent, était dans l'église de Saint-Maclou. A l'époque de la Révolution, ce chef, ainsi que celui de sainte Honorée, furent brûlés sur la place de SaintMaclou, Quant aux reliques restées sur la montagne, le vicaire de Fontaine eut le courage d'en aller dérober nne grande partie avant l'arrivée des
municipaux de Bar-sur-Aube et c'est grâce à son dévouement qu'on a pu les conserver. Il les a réparlies entre les Églises de Bar-sur-Aube et de Fontaine. Une petite portion a été déposée dans une châsse sur ta montagne.
L'église j avec toutes ses dépendances fut vendue et démolie. Plus tard sur son emplacement, on rebâtit, toujours sous l'invocation de sainte Germaine une chapelle dans laquelle, en 1846, on a enterré le brave général Vouillemont qui, par son testament du 6 août 1836 en a fait don à l'hôpital Saint-Nicolas, et où, le 19 janvier et le 1" mai on célèbre deux offices de fondation toujours très-suivis, de même que les messes particulières que l'on y chante dans le courant de l'année, car la mémoire de cette sainte est, maintenant encore, en grande vénération parmi les habitants de Bar-sur-Aube qui l'ont choisie pour leur patronne, et qui lui attribuent d'avoir été préservés de l'incendie en 181 et du choléra en 1832 aussi, en reconnaissance en 1837 ils ont fondé, dans l'église Saint-Pierre, une confrérie sous son nom.
Autrefois, dans toutes les calamités publiques sécheresses orages, grandespluies, etc. on avait recours à sainte Germaine et à sainte Honorée comme le prouvent une foule de délibérations contenues dans les archives de la ville; et un exemple e entre mille fournira la preuve de la confiance illimitée que l'on avait en leur puissante intercession Des réparations à faire à Saint-Maclou dans le commencement du XVIII' siècle avaient nécessité le déplacement des chefs des deux saintes qui y étaient déposés on les avait portés dans la rue Saint-Aubin, chez M"" Sarcelle. Le feu prit à une maison dont la sienne n'èlait séparée que par la petite ruelle de Paris, et le vent, qui poussait les flammes de son côté, donnait tout à craindre cependant, cette dame ne voulut point déménager. Pendant tout le temps que dura t'incendie, elle resta en prières près de l'autel où les reliques avaient été déposées, et, soit hasard, soit miracle, sa maison n'eut aucun mal.
Lorsque les habitants demandaient l'exposition des reliques de ces deux saintes la ville nommait
un député pour prier M. le Syndic de Saint-Maclou d'assembler son corps et quand le jour était fixé toutes les autorités et les communautés des R. P. Cordeliers et Capucins précédées de la compagnie de l'Arquebuse sous les armes, des seuls officiers de la milice bourgeoise (cette compagnie ne devait point sortir de la ville en armes ), et des sergents de ville et de quartier, assistaient à cette cérémonie annoncée la veille par le son des cloches des fifres et des tambours
On allait prendre les chefs à Saint- Macloa, ensuite on se rendait procession nellement à SainteGermaine, et l'on descendait la châsse qui était reportée avec la même pompe après être restée pendant quelques jours dans l'église Saint-Maclou, exposée à la vénération des fidéles.
La même cérémonie avait lieu en signe de remerciement, quand on croyait avoir obtenu ce que l'on avait demandé ou lorsqu'on avait des actions de grâces à rendre pour un bonheur public une naissance de prince, une victoire etc- et, chaque année, le 19 janvier, le corps de ville nommait une
dépntation pour assister à la grand'messe qne l'on célébrait en son honneur le jour de sa féte. Parmi les nombreux miracles qu'on lui attribue, Beaugier raconte qu'un soldat du régiment de la Cardonniére ayant dit en regardant un tableau où elle était représentée ses deux cruches à la main Voilà une belle ivrognesse fut aussitôt pris par la fièvre qui ne le quitta que deux mois après lorsqu'il il eut reconnu sa faute et imploré son pardon. On montre encore la place où sainte Germaine reçut la couronne du martyre. A cette place, qui fut pendant longtemps entretenue dans un état de stérilité complet par la superstition des jeunes filles qui allaient y enfouir des épingles dans l'espoir d'obtenir un mari dans l'année, et par les enfants qui allaient ensuite remuer la terre pour les trouver, s'élève une croix de fer posée en 1840, sur la base de laquelle on lit cette inscription
In HOC IPSO LOCO
B. VIRGINEM GERMANAM,
CHRISTI martïrem,
occbboisse
JAM imdè A pamcipio be[
Traditum (t ).
Au-delà du pont d'Aube, il y avait encore une petite église bâtie vers le XIIIe siècle, connue sous le nom de Petile-Sainle-Germaine mais depuis la révolution elie n'existe plus et un pressoir s'élève maintenant à la place qu'elle occupait.
Les incrédules qui doutent de tout, prétendent que les reliques que nous possédons furent apportées de Constantinople aux foires de Champagne, par un juif portugais, sous le règne de Philippe i", roi de France, en 10(50; et encore que le cardinal de Bar né à Bar-sur-Aube et doyen du chapitre de cette ville, devenu archevêque de Cologne ayant envoyé à la cathédrale de Langres et à la collégiale de Bar--sur-Aube des reliques de sainte Ursule elle fut appelée Germana ou Germaine parce qu'elle venait d'Allemagne ou Germanie (Famce rerum standum est ).
Sainte Germaine n'est point mentionnée au Martyrologe ni dans aucun Calendrier, mais elle est comprise dans la légende du Bréviaire de Langres. On place vers la même époque la fondation de la ville de Vendeuvres ( Vandalorum Opera ) par les HISTOIRE DE BAR -SUR-AUBE. 16
Vandales barbares venus des côtes de la merBaltique et détruits par Bélisaire en 532.
Quam quondam Vandala pubes
Struxit, ut historia et veterum monimenta loquuntur. Unie et VandoperiB fada, adpellatio ternn (n).
(Bourbon.)
t^Baiutee 'wiiia.
Cliildéric h1' à Bar-sur-Aube. Invasion des Normands. Comtes de Bar-sur-Aube HÉRARD, 1er comte; fondation dn couvent de Smnte-Germaine. Notceier 2e comte; Bar-sur-Aube clos de murs, forteresse de Lumotte, le Chàlelct. Adélaïde, 5e comtesse. Saint SlsioN, 4e comte, fondateur de l'hospice SaintPncolas. Adèle, 5e et dernière comtesse.
Childéric 1er, fils de Mérovée apporta sur le trône une coupable légèreté. Révoltés du dérèglement de ses mœurs, ses sujets se liguèrent pour le détrôner et élurent à sa place Egidius ou Gillon commandant pour les Romains dans les Gaules. Pour échapper à la mort, il fut obligé, de se réfugier chez Bazin roi de Tuuringe, son allié mais en 464 après quatre années d'exil il put rentrer dans ses états, grâce à l'adresse de Guyemans
sujet fidèle qui en son absence avait préparé les esprits. Lorsqu'il fut sûr de son résultat, il lui fit passer la moitié d'une pièce d'or signe convenu entre eux. Cbildéric alors revint en France et Guyemaus, accompague des principaux chefs, alla à sa rencontre jusqu'à Bar-sur-Auhe apud CasIrum Barrum occurrit. (Quelques-uns disent Barsur-Seine mais nous croyons, avec le plus grand nombre, qu'il vaut mieux lire Bar-sur-Aube, cette ville faisant alors partie du domaine de la couronne.) Et à la prière de son ami, en mémoire de cet heureux événement, le roi fit remise aux habitants, Barrensibus d'une partie des impôts. Une seule bataille décida entre les deux prétendants Egidius fut battu tt Childéric remonta sur le trône d'où ses galanteries l'avaient précipité. Ce ne lui fut cependant point une leçon bien profitable, carBasine, l'épouse du roi qui lui avait donné asile, ayant quille son mari pour le suivre, il l'èpousa, et de cette union scandaleuse naquit le grand Clovis en 466.
Clovis affermit la domination des Francs dans les
Gaules, et distribua aux compagnons de ses victoires les terres des vaincus. A sa mort, en 511 ses quatre fils se partagèrent ses vastes états, et Bar-sur-Anbe avec le reste de la Champagne, incorporés dans le royaume de Metz ou d'Austrasie, échurent à Thierry 1", fils d'une concubine et âgé de vingt-six ans. Ses successeurs furent ThéodeWt, Tiièodebalù, puis Clotaire 1", roi de Soissons, qui, en 553, réunit sur sa tête toutes les parties du royaume de France. Il mourut en 562 ses quatre fils divisèrent de nouveau la monarchie et Sigebert 1er devint alors roi de France et maître du Barrois.
C'est sous ce règne où pour la première fois il est parlé dans l'histoire des Ducs de Champagne. Le premier dont il soit fait mention est Loup, ministre et général de Sigebert. On ignore si le roi Ini avait confié ce poste important ou s'il l'avait usurpé, car, à cette époque, les ducs n'étaient pas encore souverains indépendants, mais seulement gouverneurs militaires pour le roi (duces ). Après l'assassinat de Sigebert, Loup resta attaché à Brune-
hauld et aida Cbildebert II à remonter sur le trône de son père, dont Chilpéric, roi de Soissons, avait voulu s'emparer.
Ses successeurs connus sont Amalon, qui périt sous les coups d'une nouvelle Judith le traître Winlrio Jean, fils de Loup Wirnar Drogon, fils de Pépin d'IIéristhal le juste Grimoald frère de Drogon, mort assassiné; puis enfin Théodebald, bàtard de Grimoald que Pépin, depuis roi de France, fit arrêter et mourir en 741, pour se délivrer d'un concurrent.
L'histoire de Bar-sur-Aube et même de la Champagne, sous la seconde race est fort obscure et très-peu connue.
En 760 Pépin supprima le titre de patrice qu'il remplaça par celui de comte et divisa la Champagne en différents comtés, parmi lesquels on voit figurer celui de Bar-sur-Aube qui, peu après, suivant quelques auteurs, fut donné en patrimoine aux èvêques de Langres dont le domaine était déjà fort étendu, et qui, pour se maintenir contre leurs voisins s'étaient acquis pour vassaux les seigneurs
les plus qualifiés du royaume c'est de là peutêtre, disent-ils, que sont sortis les comtes particuliers de Bar-sur-Aube, et c'est à cause de ce fief, ainsi que pour ceux de Laferté Bar-sur-Seine, Chaumont, Nogent et Montigny que plus tard les comtes de Champagne reconnurent ces prélats pour leurs suzerains.
Faute de preuves historiques nous ne discuterons point cette origine mais nous profiterons de cette occasion pour dire quelles étaient les fonctions de ces grands dignitaires lieutenants du roi, ils administraient et faisaient battre monnaie en son nom tout ce qui concernait le domaine royal la justice, la police, les finances, était de leur ressort; ils étaient chargés des levées d'hommes et d'argent, et nommaient aux emplois.
Charlemagne et Carloman succédèrent à Pépin leur père, en 768. Charlemagne eut l'Austrasie, dont dépendaient la Champagne et le Barrois mais bientôt la mort de son frère le rendit seul maître de la monarchie.
Dans le partage que Louis-le-Dèbonnaire fit en
837, de ses étals entre ses enfants., la Chronique de' Sainl-Berim dit que Char]es-le-Chauve .obtint, entre autres pays Bar-sur-Aubc Bar-sur-Seine, Troyes et Brienne, tttrosque Banenses Tricassinum, Brionnemem etc.
Ce partage impolitique affaiblit l'autorité royale et occasionna nne relation, dont profitèrent les grands vassaux de la couronne pour se rendre indépendants et perpétuer dans leurs maisons un pouvoir et des titres que, jusque là, ils n'avaient possédés qu'à vie, et, ayant également usurpé les terres et la justice ils s'érigèrent eux-mêmes en propriétaires des lieux dont ils n'étaient que les magistrats prirent le nom de Seigneur (senior) nom affecté aux anciens du Sénat romain, s'attribuèrent tous les droits royaux, et bientôt le royaume troublé par leur ambition fut en proie à la guerre civile et à l'anarchie.
Telle fut l'origine des fiefs. Ainsi s'établit dans l'état un nouveau genre d'autorité auquel on donna le nom de Suzeraineté et, avec elle, commença La noblesse ignorée en France jusqu'à cette époque. En
sorte qne ce fut la possession des terres qui fit les nobles parce qu'elle leur donna des espèces de sujets appelés vassaux, qui s'en donnèrent à leur 'r tour par des sous-inféodations et ce droit de seigneurie fut tel que, dans certains cas ils étaient obligés de les suivre à la guerre contre le roi luimême. Le service militaire fut aussi une autre source de noblesse et, en France, les aînés seuls furent admis à succéder aux fiefs, pour conserver aux familles leur première illustration. Trop faibles pour soumettre les grands vassaux, Les souverains furent obligés de se contenter de leur stérile hommage et Hugues-Capet chef de la troisième race, légitima leurs usurpations, en s'emparanllqi-mÊm£, en 987 du trône des CarloyingicDS. Politique habite il confirma leurs privilèges pour consolider sa puissance encore mal affermie.
C'est ainsi que les Comtes .0» gouverneurs du Champagne se rendirent indépendants et bientôt leur autorité égala celle des rpis ay.ee lesquels ils soutinrent des guerres ou formèrent des alliances!
HISTOIRE DE BÀR-SUIl-AOBE. 17
selon qu'ils y trouvaient nn plus grand intérêt. Leur séjour le plus ordinaire était la ville de Troyes qui semble avoir été dès-lors leur capitale et dont ils ont d'abord porté le nom.
En 889, les Normands pénétrèrent en Champagne, ravagèrent Bar-sur-Aube, ruinèrent ses fortifications, et mirent tout sur leur passage à feu et à sang.
En 911, nouvelle invasion des Normands en Champagne. A leur approche, les populations effrayées s'enfuient dans les bois ou se réfugient dans les villes et, encore une fois, les cultivateurs voisins vinrent cacher leurs récoltes dans la citadelle de Bar-sur-Aube, pour les soustraire à la dévastation. Alors Angésille èvêqoe de Troyes fait un appel aux armes, et, réuni à l'évèque de Langres et aux comtes de Sens et de Dijon, il marche à leur rencontre, et les Normands sont mis en déroute après un combat sanglant livré entre Bar-snrAube et Chaumont, dans lequel le comte de Sens fut pris et tué et l'évèque Angésille dangereusement blessé.
Le premier comte héréditaire de Champagne fut Hebbert II comte de Vermandois qui en 923, s'empara de Troyes, de Bar-sur-Aube, ainsi que des autres villes de la province, il prit le titre de Comte de Troyes et de Meaux et le nom (I'Herbert 1* Sa naissance était illustre il était fils d'Herbert I", comte de Vermandois, petit-fils de Cliarlemagne et avait épousé Hildebrande, fille de Robert, duc de France et comte de Paris.
Il suivit le parti de l'usurpateur Raoul contre Cbarles-le-Simple qui en 929, mourut à Péronne son prisonnier. Plus tard, néanmoins, par les bons offices de Hugues-le-Grand, son beau-frère, il se réconcilia avec Louis d'Outremer le fils de sa victime, et même l'un de ses fils épousa sa veuve la reine Ogine.
Ce prince, appelé par les écrivains de son temps iniquorum et infidelium nequissimus et à qui ses révoltes continuelles et ses perfidies ont acquis une triste célébrité, mourut à Saint-Quentin en 9j3 dans le désespoir, répétant sans cesse Nous étions douze qui trahîmes le roi Charles.
HÉRARD,
PREMIER COMTE DE BAR-SUR-AUBE.
Après là mort d'Herbert, ses enfants possédèrent d'abord en commun les grandes seigneuries de leur père jusqu'en 946, qu'ils en firent le partage entre eux par l'avis de Hugues-le-Grand jour oncle maternel.
La ville de Bar-sur-Aube échut en partage à Hérard, l'un de Ses cinq fils avec une vaste étendue de terrain rempli de val1éés fertiles, connu depuis sous le nom de Yallage, et dont Bar-surAube devint la capitale en même temps que le chef-lieu d'un comté considérable, mais dont on ne connaît pas précisément les limites. On sait seulement que le rendez-vous de chasse autour duquel fut depuis bâtie la ville de Chaumoht en dépendait ainsi que la terre de Château-Vilain.
HÉRARD fut le premier comte titulaire de Barsur-Aube.
C'est de son temps que fut fonde le couvent de Sainte-Germaine. Des religieux sortis du couvent
de Saint-Oyend ou,Eugende (depuis Saint-Claude) dans le Jura, ayant témoigné le désir de s'établir dans le pays non-seulement Héfard les accueillit avec bienveillance mais à la prière d'Etienne son neveu, depuis comte de Champagne il leur accorda un lieu pour bâtir et leur donna, en outre, assez de terrain pour suffire à tous leurs besoins. Ces religieux élevèrent alors sur le haut de la montagne un couvent et une chapelle que, d'abord, par reconnaissance des bons offices du neveu d'Hérard, ils dédièrent à saint Etienne, son patron, mais, moins d'un siècle après, à ce nom ils substituèrent celui de sainte Germaine, pour complaire aux populations au milieu desquelles ils demeuraient.
En 4008, ils obtinrent d'un évêque de Langres, par la protection du comte Eudes, la desserte de la paroisse de Saint-Pierre, avec les dîmes et les revenus en dépendant, et, jusqu'en 1095 l'abbaye de Saint-Claude envoya des religieux pour desservir cette cure; mais, en cette année, le concile de Clermont en Auvergne ayant décidé que la vie retirée
dont les moines faisaient profession ne s'accordait point avec les soins multipliés du ministère pastoral, et leur ayant fait défense de sortir de leur cloître il intervint une déclaration du roi Philippe I", qui leur enjoignit de commettre des prêtres séculiers pour administrer en leur nom les bénéfices curiaux dont ils étaient collateurs; ils nommèrent alors un recteur à qui ils abandonnèrent les dîmes et une partie des revenus et des oblations, se réservant seulement certains offices, en leur qualité de prieur et de curé primitif.
Dans la suite il s'éleva entre eux, au sujet du casuel, de grandes contestations, que saint Bernard, l'oracle de son temps délégué de l'évêque de Langres qui était alors à la Croisade termina en H48 par sa simple intervention. r
NOTCHER,
DEUXIÈME COMTE DE BAR-SUR-AUBE.
NOTCHER, deuxième comte de Bar-sur-Aube succéda à Hérard. On ignore de qui il était fils
on le dit neveu de Foulques, 42" évêque de Soissons, de l'illustre famille des comtes d'Anjou et même, suivant une note tirée des Archives de la ville il serait le premier comte de Bar-sur- Aube et seulement encore comme vassal de l'êvèque de Langres, ce qui serait en rapport avec ce que nous avons dit précédemment.
Il ajouta quelques fortifications nouvelles à sa ville capitale et, vers 980 il fit clore d'une muraille de six pieds d'épaisseur et de vingt pieds de haut la partie située sur la rive droite de l'Aube et y fit pratiquer quatre portes avec des ponts-levis; i fil élever des tours, élargir les fossés auxquels'il donna quatre-vingts pieds de largeur sur vingt-cinq de profondeur et les remplit avec les eaux de la rivière d'Aube et du ruisseau de la Dhuy. En outre, il fit construire dans l'intérieur de la ville, un château pour sa résidence, et, en dehors des murs, des corps de garde avancés un chemin couvert et une forteresse assise sur le bord de l'eau, qui depuis servit de pied-à-terre aux comtes de Champagne lorsqu'ils allaient chasser dans le Bassigny. De cette
forteresse appelée La Molle ruinée à la fin de* guerres avec les ducs de Bourgogne, il ne reste plus d'autres vestiges qu'une hauteur portant encore le même nom.
L'autre partie de la ville située sur la rive gauche de l'Aube et dite la Ville Haute, était déjà défendue par un fossé profond et protégée par un château-fort placé sur la croupe de la montagne Sainte-Germaine, dans un endroit connu aujour d'hui sous le nom de Chdtelet. Il la fit entourer d'une muraille et fit fermer l'entrée da chemin qui conduisait à la forteresse de La Mptte par une grille de fer qui a donné sop non) une contrée de vignes.
Cette partie de la ville, qui a entièrement disparu, comprenait les rues du Château des Tueries de Pisserot, de la Grève de Fromentelle des Buats et de la Croisette, actuellement remplacées par des vignes et des vergers connus encore sous les mêmes appellations.
Un pont de dix-sept arches coDSiruiJ en face la porte du château-fort et auquel on abordait par
.b.. j,wv.. Hft.TNREMMAR-SUn-AUM. 18
les rues du Château, de Potat et d'Avallon, servait à entretenir la communication entre les deux parties de la ville les pierres provenant de ses ruines ont servi, en 1722, à reconstruire la grosse tour du clocher de Saint-Pierre détruite par le feu du ciel.
En 1005, Notcher, avec son frère Bérold, 44' évêque de Soissons, avait assisté au siège d'Avallon, que faisait le roi Robert, et sons son règne la famine la plus horrible dévasta la France et particulièrement la Champagne.
Il mourut en 1018 ou 25 et fut inhumé dans l'église Saint-Pierre dans une chapelle collatérale, à droite du chœur. Sa tombe a été, depuis quelques annépa recouverte par un parquet.
ADÉLAIDE,
TKOHEME COMTESSE DE DAR-SUR-ALB)!
ALIX ou ADÉLAÏDE fille unique de Notcher, née de son mariage avec une princesse de Bour-
gogne, lui succéda et fut la troisième comtesse de Bar-sur-Aube. Elle mourut dans cette ville et fut enterrée dans la nefdet'é~ise Saint-Pierre, au pied do Crucifix. Sa tombe, transportée depuis au bout de l'église contre le gros mur du coUatérat, a été détruite à l'époque de la Révolution.
De son mariage avec Raoul H de Péronne, comte de Crespy et de Valois naquirent trois enfants Gauthier de Valois mort jeune et sans alliance et Simon et Adèle qui lui succédèrent.
SAiNT SÏMOM,
QDATR)ËHE COMTE BE BAR-SUR-tCBK.
SIMON d'abord comte de Crespy et de Valois, naquit dans la ville de Bar-sur-Aube dont, par la mort de sa mère, il devint ensuite le quatrième comte.
Ce seigneur riche et puissant après avoir brillé à la coar de France et à celle d'Angleterre frappé tont-à-coap dn néant des grandeurs et de l'instabi-
lité des choses humaines, résolut de quitter le monde pour se consacrer entièrement à Dieu. Selon quelques-uns, la mort d'une épouse chérie lui avait inspiré cette résolution, suivant le plus grand nombre, au contraire, cette idée le poursuivait depuis longtemps, et ses amis, afin de t'en détourner, voulurent lui faire épouser Judith fille de Robert H comte d'Auvergne, mais envain. La nuit même des noces, les deux époux convinrent de se séparer et d'embrasser la vie monastique. En 1075, Judith se fit religieuse au monastère de la Veau-Dieu sur le mont Jura et Simon avec un grand nombre de personnes de qualité, se retira au couvent de SaintClaude en Franche-Comté.
Depuis son entrée en religion, le comte Simon fonda un grand nombre de prieurés tous autorisés par Reynard, 52* évoque de Langres, en faveur de ses frères de Bar-sur-Aube, entre autres celui de Sainte-Germaine, qu'il donna à Robert, fils du due de Bourgogne Robert t", dit le Vieux son compagnon de conversion, et celui do l'église Saint-Pierre à Bar-sur-Aube; il fonda encore ceux de Laferté
(<076), de Sylvarouvres, de Latrecey, de SaintLéger-sous-Brienne, de Cunfin, de Montier-en-Isle et de Sermoise. Il concéda, en outre, aux religieux de Sainte-Germaine la seigneurie de la montagne sur laquelle était bâti leur couvent et leur accorda le droit de justice, etc., donation qui fut confirmée en 1315, par une charte de Louis-le-Hutin. Depuis, il fit aussi plusieurs voyages en ttatie.
AppetèàRomeen t078, par le pape Grégoire VU, pour négocier ta paix avec Robert Guiscard due de Pouille et de Calabre, il y mourut en odeur de sainteté le 22 septembre 1082 et fut enterré avec grande pompe.
Dans ta suite, son corps fut rapporté à Bar-surAube et déposé dans l'église Saint-Pierre près de celui de la comtesse son épouse, dans une chapelle co~)atéra~e à droite du chœur mais, ainsi que nous t'avons dit à propos du comte Noteher, un parquet, élevé depuis peu d'années, prive les curieux de la vue de ces tombes.
La canonisation du comte Simon eut lieu le et on célébrait sa fête le i" septembre.
On suppose que c'est vers cette époque que fut fondé, par les comtes particuliers de Bar-sur-Aube, l'hôpital Saint-Nicolas dans le faubourg de ce nom fait dont le père Vignier, dans sa Chronologie des Evéques de Langres, publiée en 1665, fait mention en ces termes Per ea quoque tempora construc<t<?H est, aut certè reparatum C(B~M6:M!K aut Hospitale à St!)!c<o-Mco/ac dictum, in suburbio Baralbulensi, viris primo, /cEmtt!Mpos<ea in eo eo~ocnt!~ J adjuncto ~&&(t< titulo, qui degeneravit in Prioratum (v). Ce qui amena pendant un temps la suspension de l'hospitalité, comme nous le verrons par la suite.
Dés son origine, la règle y était si bien établie et suivie que par un titre de 4162 l'hôpital de la ville de Vitry-en-Perthois fut placé sous sa juridiction temporeUe et assujetti à lui payer un cens annuel. (Voyez PMCMj<M<ca<!pM.)
Il fut ensuite augmenté, dans les Xt° et Xtt* siècles, par les dons successifs des comtes de Champagne et des seigneurs de Vignory, de Lignol d'Ambonville et de Faligny, qui s'empressèrent à
l'envi de le doter de biens considérables, dont it possède encore aujourd'hui une partie comme en font foi de nombreux titres conservés dans ses archives, notamment les bulles des papes Alexandre III [nnocent IV Grégoire IX Grégoire X et Eugène IV les chartes des comtes de Champagne Thibaut I!, Henri t' et Thibaut IV, et les lettres des évêques de Langres et de Troyes en 1170 et 1176, portant don et union des cures de Lignol Colombey-la-Fosse et Fuligny, audit hôpilal dont le Maître ( Magister ), c'est-à-dire le chef des religieux, avait les titulaires à sa nomination et, depuis, nombre de personnes charitables tinrent à honneur d'associer leurs noms à ces noms illustres.
ADÈLE,
aUQOÈiIECOMTESSEDEBAX-SCn-AUBE-
ADÈLE, ALIX ou HlLDEBRA.NDE, restée M~<! héritière des comtés de Bat-snr-Anbe et de
Crespy, succéda au bienheureux Simon, son frère; elle épousa en premières noces jH~r&et'< ft~, comte de Vermandois, que l'on voit Cgurer en cette qualité au sacre de Philippe I", roi de France en 1059 et dont elle eut deux enfants Eudes dit l'Insensé que ses vassaux jugèrent incapable de les gouverner et refusèrent de reconnaître pour leur souverain et duquel desceudent les seigneurs de Somt-SMMM; et Adélaïde, héritière des comtés de Vermandois et de Valois, mariée d'abord à Huguesle-Grand, fils de Henri I", roi de France l'un des chefs de la première croisade tige de la seconde branche des comtes de Vermandois, et ensuite à Renaud Il, comte de Clermont en Beauvoisis. Après la mort d'Herbert IV, qui est postérieure à d076, Adèle épousa en secondes noces Thibaut III, alors comte de Btois de Chartres et de Tours et depuis comte de Champagne et de Brie sous le nom de Thibaut f, auquel elle apporta en mariage le comté de Bar-sur-Aube, dont elle fut la cinquième et dernière comtesse, et celui de Laferté. Avec Adèle s'éteignit la noble race des comtes de
Bar-sur-Aube, alliée aux rois de France, aux ducs et aux comtes de Champagne, de Bourgogne, de Vermandois, d'Aujou, de Clermont, de Normandie, de Viennois, de Chatons j de Flandre de Valois de Soissons, de Blois, de Chartres, deMeanx, de Crespy etc., etc., en un mot aux principales familles de France; et Bar-sur-Aube retomba dans la puissante maison de Champagne, après deux siècles de séparation.
~bfxpttxe Mac.
Histoire de Bar-sur-Aube sous les Comtes de Champagne TmBMT ]", HUGUES THMAUT II dit le Grand, HENM I"' dit /c Libéral, HENRI II dit le Jeune, TiBBAUT III. Saint Bernard. Fondation de l'abbaye de Clairvaux, du couvent du Val-desVignes ou Filles-Dieu et du Chapitre des chanoines de SamtMadcu.
Les Comtes de Champagne prédécesseurs de Thi.
bant I" sont au nombre de six.
HERBERT de T~rm<m(~M, le premier, et dont nous avons déjà parlé, fut le père du comte Hérard de Bar-sur-Aube.
ROBERT, le deuxième, et que quelques-uns considèrent comme )e premier comte de Champagne, était fils d'Herbert et d'Hildebrande, fille de Robert ou Raout, due, puis roi de France. H mourut ea 968.
HERBERT II, troisième comte de Champagne, succéda à son frère Robert mort sans enfants il avait épouse la reine Ogine, veuve du roi de France Charles-le-Simple, dont il eut deux enfants, et mourut en 993.
ETIENNE 1°' quatrième comte de Champagne, fils d'Herbert II et d'Ogine, mourut sans enfants en d019 et avec lui finit la première race des comtes de Champagne.
EUDES ou ODON. quatrième comte de Blois parent d'Etienne, s'empara de ses états aussitôt après sa mort, et devint ainsile cinquième comte de Champagne et de Brie.
Sa passion des conquêtes lui fut fatale car son empressement à s'emparer du royaume d'Arles ou Bourgogne-Traasjurane, lui fit donner l'exclusion par son oncle Rodolphe Ht; qui lui préfera Conradle-Salique, fils de sa sœur cadette. A la mort de ce roi, il fit, pendant cinq ans la guerre à Conrad pour faire valoir les droits de sa mère, n'y réussit point, et périt, à t'âge de 55 ans, dans une san-
glante bataille donnée près de Bar-le-Duc (Meuse), le 47 septembre 1037.
Ce comte avait épousé Mabaut, fille de Richard 1"~ duc de Normandie, morte sans enfants, et Ermaogarde d'Auvergne, dont il eut deux fils, Etienne et Thibaut, qui partagèrent ses vastes états, et une fille nommée Berthe qui épousa Alain HI, duc de Bretagne.
Eudes est le premier qui ait pris le nom de conte palatin, litre qui a passé à ses successeurs, et qui, suivant Ducange, signifie qu'ils exerçaient la juridiction sur les officiers du palais du roi.
ETIENNE H sixième comte de Champagne appuya la révolte de Eudes, dernier fils de Robert, contre son frère Henri t", roi de France, qui l'obligea à se réfugier en Normandie, auprès de Richard II, dont il avait épousé la fille, et où il mourut en M47 ou 48.
THIBAUT I" eut, comme son frère, de grands demies avec Henri I", qui conGsqua la ville de Tours et la donna à Geoffroy-Martet, comte d'An-
jou. Celui-ci mit le siège devant Tours, et le leva, l'année suivante, pour aller à la rencontre de Thibaut, qu'il battit et fit prisonnier dans une sanglante bataille livrée, le 21 août iOM, prés de Saint-Martin-ie-Beaa ou de la Guerre (de Bello), et qui, pour racheter sa liberté, s'obligea à lui céder Tours, Chinon et Langei, avec leurs dépendances, dont il se réserva la mouvance, et l'abbaye de Marmoatiers. C'est alors que la Touraine fut démembrée des comtés de Chartres et de Blois.
Après la mort d'Etienne H, Thibaut, voulant réparer ses pertes, et sous prétexte qu'il était mécontent de son partage, s'empara de ses états, au préjudice d'Eudes, son neveu, qui se retira auprès de Guillaume [", son oncle, duc de Normandie~ qui lui fit épouser la comtesse d'Aumale, sa soeur utérine, et il fut le chef des comtes d'Aumale. Par cette usurpation Thibaut devint te septième comte de Champagne.
H mourut à Epernay, en 1089 ou 90, et fut enterré dans l'abbaye de Saint-Martin. t) laissa de nombreux monuments de sa piété, c'est pour cela
que quelques-uns lui donnent t'épitbétede.SoiKf. Le prieuré de Saint-Ayoul de Provins, entre autres, lui est redevable de sa fondation.
Thibaut avait épousé en premières noces Gertrude, fille de Herbert, dit EMt~e-eMe)!~ comte du Mans, et c'est après l'avoir répudiée qu'il épousa en secondes noces Adèle, comtesse de Bar-sur-Aube, dont il eut quatre fils Hugues I", qui lui succéda au comté de Champagne; Etienne, appelé aussi Henri, comte de Blois, de Chartres et de Meaux, célèbre par son courage et sa prudence, et qui accompagna Godefroy de Bouillon en Palestine it avait épouse Adèle, fille de GuUlaame-te-Conqnérant, duc de Normandie Philippe, évêque de ChâIons-sur Marne; et Eudes ou Odon mort sanspostérué.
Par une charte de 1076, Thibaut I'"conSrma toutes les donations faites par les comtes Notcher, Raoul et Simon aux religieux de Saint-Claude de Bar-sur-Aube. Cette charte porte que cette confirmation est faite avec t'agrément de la comtesse Adèle, son épouse, et à la prière du bienheureux Simon, son frère.
HUGUES I", Hue ou Huon, fils d'Adèle et de Thibaut, huitième comte de Champagne et de Brie, succéda à son père en 1089 ou 90, et, dans ses actes, il prend le titre de comte de Troyes et de Bar-surAube. t) fit trois voyages en Palestine, en 1H3, 1121 et H25. C'est lors de ce dernier voyage qu'il se fit chevalier du Temple, ce qui lui mérita une lettre de saint Bernard, par laquelle il !& félicite d'être devenu soldat et pauvre, de riche et de comte qu'il était auparavant Factus es ex Cornue M: ex (livite palper.
Avant de partir pour la Terre-Sainte, il vendit ou donna son comté de Champagne à son neveu Thibaut, sous la réserve d'en conserver le titre, qu'il prit jusqu'à sa mort, comme le prouve la lettre de saint Bernard, où il est qualifié de chevalier du Temple et de comte de Champagne n~yonem e<M)Htem Campantœ, militem TempH factum.
Hugues r" avait épousé en premières noces Constance, fille de Philippe I", roi de France, de laquelle il n'eut point d'enfants, et dont il se sépara,
en 110A, pour cause de parenté, Elle épousa Bohémond, prince d'Antioche, et il se remaria avec Isabelle ou E!isabetb, fille de Renaud H, comte de Bourgogne, qu'il quitta ensuite sur des soupçons, et dont il eut un fils nommé Eudes ou Odon, qu'il refusa de reconnaître, et qui, trop faible pour faire valoir ses droits, se retira dans le comté de Champlitte, terre provenant de sa mère, dont il prit le nom, et s'attacha au roi de France Louis VI, qui lui donna le château de Vitry en Perthois. Le comte Hugues mourut à Jérusalem, le 14 juin 1126 Quotto Mm j:wH o&ttt piissimus contes 'TreearMnt, anno 1126, dit FO&ttNaa'e de la cathédrale de Troyes dont il fut un des bienfaiteurs. Ce prince était trës-pieux, il fit des donations considérables et concéda de grands priviléges aux églises et aux couvents. H donna à saint Bernard le terrain, avec toutes ses dépendances, où il fonda la célèbre abbaye de Clairvaux, trop voisine de Barsur-Aube, pour la passer entièrement sous silence; d'un autre côté, la vie de son célèbre fondateur est trop connue pour nous y arrêter longtemps, c'est
pourquoi nous nous contenterons d'en dire quelques mots.
Saint BERNARD naquit en Bourgogne, en 109<, au châteaa de Fontaine dont son père, nommé Tescelin, était seigneur. En 1H3, il se fit religieux à Citeaux avec quatre de ses frères, et en 1H5, il fonda, dans un endroit appelé la Vallée d'Absinthe, situe à trois lieues de Bar-sur-Aube, la riche et magnifique abbaye de Clairvaux, dont il fut le premier abbé, et où il mourut le 20 août 'H5S, à l'âge desoixante-deux ans, y laissant Mptce; religieux. Ce saint personnage, l'oracle de son siècle, venait souvent à Bar-sur-Aube où, pendant longtemps, par vénération pour sa mémoire on a conservé comme une relique une chaire antique dans laquelle il avait prêche la deuxième croisade et qui depuis a été transportée dansla cathédrale de Troyes. Les successeurs de saint Bernard fondèrent les villages de Jnvancourt, Outr'Aube, Ville et Longchamps, et augmentèrent successivement son oeuvre, si bien que, lors de sa destruction, l'abbaye de Clairvaux ressemblait moins à un monastère qu'à
une résidence royale. On y remarquait particulièrement la chapelle bâtie sur le modèle de l'église Saint-Pierre de Bar-sur-Aube le refe~oire le trésor, l'infirmerie, la salle du chapitre, le logis des dames, Je noviciat, le dortoir et l'escalier qui y conduisait, tes jardins, une cuve de 800 muids (184,000 litres), démolie depuis pour boiser le réfectoire, et une superbe bibliothèque remplie d'ouvrages rares et de manuscrits précieux, mise à contribution parles hommes les plus célèbres (Voltaire, entre autres., la visitait souvent, lorsqu'il venait à Cirey, chez M" Du Châtetet j et qui a servi à enrichir celle de Troyes, lorsque, en ~9i, celle vaste maison fut vendue et en partie démolie. Mais en 1808, le Gouvernement ayant acheté les bâtimenls qui restaient, on y fit des constructions nouvelles, et, dès-lors, elle fut convertie en maison centrale de détention; on y compte maintenant près de trois mille détenus.
Le dernier abbé M. Rocourt mourut à Bar-surAube en 1824.
Jusqu'à Charles V, cette abbaye ressortit de la
justice de Laferté; mais, sur les plaintes des religieux, ce prince la prit sous sa garde et attribua à la prévôté de Bar-sur-Aube ses causes et celles de toutes les maisons qui en dépendaient.
Près de Bar-sur-Aube existait un couvent de femmes, appelé les Filles-Dieu ou le Val des Vignes, dépendant de cette abbaye. Fondé au treizième siècle par les dames de Jaucourt ou d'Arzillières, il fut supprimé au dix-septième par un abbé de Clairvaux ses biens forent réunis à ceux de l'abbaye-mère, et les religieuses transférées dans d'autres communautés, telles que les Filles-Dieu à Paris. Le monastère, qui tombait en ruines, fut démoli, et il ne resta plus que l'égUse au-dessus de laquelle était leur logement; vendue en 1791, avec la maison do fermier, elle fut entièrement rasée fn n95. Avant cette époque, on y voyait encore les tombeaux des fondatrices, ainsi qu'une copie fort estimée de la superbe Descente de Croix de M~eMAnge, et elle était le but d'un peterinagetrës-fréqnenté, où les habitants de Bar-sur-Aube et des pays circonvoisins se fendaient le lendemain de
Pâques; mais depuis que le plaisir a pris la place de la dévotion, la foule se porte au village d'Ailleville qui en est très-rapproché.
En 4131, le comte Hugues confirma de nouveau les privilèges accordés par le bienheureux Simon aux prienrés de Sainte-Germaine et de Saint-Pierre de Bar-sur-Aube.
THIBAUT II dit le Grand et d la belle lignée, fils d'Etienne et d'Adèle, était déjà, par son père, comte de Blois, de Chartres et de Brie, lorsque, en H2S, le comte Hugues, son oncle, lui céda son comté de Champagne, dont il fut le neuvième possesseur.
Ce prince, un des plus puissants de son temps, fut presque toujours en révolte contre les rois Louis VI et Louis VH, et cependant les auteurs contemporains font de lui les plus grands éloges. tl est le dernier qui ait possédé ensemble les comtés de Champagne et de Brie, de Blois, de Chartres, etc.
Il mourut le 8 janvier 1452, à Lagay-sur-Marno, où il fut inhumé. Il avait épousé Mahaut ou Mathilde, fille de Baudoin, comte de Dandre, dont
il eut onze enfants cinq fils, dont i'a:n6 Henri-feLibèrallui succéda, et six filles dont l'une Adèle épousa Louis-le-Jeune, roi de France, et fut mère de Philippe-Auguste. Manant, après la mort de son époux, se fit religieuse à Fontevrault.
A la prière de saint Bernard, il acheva le monastère de Clairvaux cotamencë par son oncle, Il fonda plusieurs abbayes, entre autres celles de Pontigny et de Preuilly, et donna à l'hepital SaintNico]as de Bar-sur-Aube le moulin de la Dhuy, qui n'existe plus maintenant.
Parmi les nombreuses lettres, pleines d'estime et d'attachement, que saint Bernard lui a adressées, en remarque }a 39'~ écrite à l'occasion de la visite de Robert de Torotte, évêque de Langres, à qui ainsi que nous t'aYons dit pins haut, les comtes de Champagne devaient foi et hommage pour le comté de Bar-snr-Aube, dans laquelle il lui dit Recevez comme il est équitable avec le plus grand honnear, notre et pareillement votre évêque « de Langres, et lui prêtez comme vous êtes obligé, foi et hommage, avec révérence et humilité, pour ce que vous tenez de lui.
HENRI t" dit le tarye ou le Libéral, dixième comte de Champagne et de Brie, succéda, en H52, à Thibaut-le-Grand, son père il partagea ses biens avec ses &ëres, ne se réservant sur eux que le droit de vasselage et de rachat de fief au comté de Champagne, pour lui et ses successeurs.
ï) fit deux voyages en Palestine. En 1H7, n'étant encore que comte de Meaux, it accompagna le roi Louis VH, qui le nomma grand sénéchal de France; en < 178 H se croisa de nouveau et tomba entre les mains des infidèles. Revenu à Troyes, il y mourut peu de temps après son retour, le 17 mai ld80 ou ~8t, regretté de tous ses sujets, qu'il gouvernait avec justice et bonté, et fut enterré dans le chœur de l'église Saint-Etienne, qu'il avait fait bâtir en H73. t! avait épousé Marie de France, fille de Louis VII et <)'E)eooore de Guyenne il en eut quatre enfants, dont l'ainé Henri !t lui succéda.
Aussi magnifique que libéral, le comte Henri I" fit exécuter de grands travaux d'utilité publique et fit un grand nombre de fondations pieuses. C'est lui qui fit diviser la Seine en canaux pour l'utilité et
l'agrément de la ville de Troyes, qu'il dota encore de son Hôtet-Diea. Mais ce qui nous intéresse particulièrement, en H70, il fonda dans la chapelle de son château de Bar-sur-Aube, qui était dédiée saint André, et desservie par tes religieux de Saint-Pierre, un chapitre de chanoines sons le titre de Saint-Maclou, lesquels, en mémoire de leur premier patron, conservèrent longtemps t'babitnfie de placer, le jour de la Saint-André, un cierge tout allumé devant un des vitraux de leur église où se trouvait le portrait de ce saint; et il leur donna une rente pprpétuelle de 400 livres à percevoir sur le produit du moulin de Marcasseites on du Haut la dime des récoltes du territoire eM vins, grains et chanvres; celles des droits de tonlieu, péage et forainage, qui se levaient aa profit du comte (puis du roi) sur le marché de )a ville, et quelques serfs et leur postérité, dont la servitude duré jusqu'au règne de Charles VU. Voici quelques dispositions de la charte de fondation
Sachent tous les orangers (albanos) qui, sous » an et jour, viendront à Bar-sur-Aube pour y res-
» ter sous l'autorité des chanoines, qu'ils seront libres de toute ma justice. S'ils sont marchands, » ils ne payeront aucune coutume pour tous achats » et vente dont la valeur ne s'élèvera pas à plus de vingt sous.
» Je donne aux chanoines 300 sous de la grosse tailie des foires de Bar-sur-Auhe, à percevoir sur les premières sommes perçues par les exacteurs. r Je donne aux chanoines et à l'église Lambert le dM)'peniM)', Eudes, fils de NnMM., et Gauthier Le» febvre, ainsi que leurs femmes et leurs enfants, e pour être possédés à perpétuité, etc.
Suivent des dons aux divers officiers de l'église, puis cet article K ThMftM'ftno vefo duos lectos in nundinis j:<a:<a <0~</<M e<!n!~ia<o)'Mm. -o (GKOSLEF, MetM. hist. )
Les prérogatives du doyen du Chapitre étaient fort belles il était collateur de dix-neuf béneËces c'était lui qui conférait le doyenné, le chapitre de Bar-sur-Aube n'ayant point de lettre de garde gardienne, ainsi qu'il résulte de deux jugements rendus en 1666 et 1726, qui le déclarait en même temps justiciable du prévôt de Bar-sur-Aube.
Toutes ces prérogatives et donations, jointes à celles que s'empressèrent de lui faire les habitants du pays, car il fut un temps, on le sait, où la sépulture chrétienne <ut été refusée à celui qui serait mort sans faire un legs pieux; tous ces dons, disonsBous mirent bientôt les chanoines à même d'augmenter le nombre des canonicats ou prébendes, et, d'après la déclaration faite par le chapitre en 1190, leur revenu annuel net de toute charges, était de 30,000 livres.
Par l'entremise de leur fondateur, tes nouveaux chanoines demandèrent et obtinrent des religieux de la montagne le chef de Sainte-Germaine, dont ils sont restés dépositaire jusqu'à l'époque de la Révotion, où il fut livré aux flammes, ainsi que nous l'avons dit; et en 4220 (juittet ), )a reine Isberge ou Ingetburge, première femme de Philippe-Auguste (f., Dei ~r(MM FnMeofUtH f~Ha), par une ietre datée de Saint-Germain-fn–Laye~ augmenta leur trésor en leur envoyant une dent de saint Maclou, découverte miraculeusement, par ses soins, dans une antique châsse qui se trouvait à Pontoise, dans la chapelle royale.
Cette donation avait été consentie sur la demande de François Chrétien aumônier du roi, et originaire de Bar-sur-Aube.
Henri-te-Liberat accorda, en H69, à l'hospice Saint-Nicolas de Bar-sur-Aube, une rente de cent sous sur l'étalage ( Voyez Pièces justificatives); en H79, le tiers dn droit de péage (Voy. id.), et la même année, conjointement avec Thibaut, seigneur de Fuligny, il lui donna, en outre, la ferme de Fuligny (Vo! id.); et, par son testament, il fit don aux moines de Clairvaux de deux maisons, l'une située à Colombé-la-Fosse et l'autre à Barsur-Aube, dans la rue Neuve, au coin de la rue des Chévres, appelée depuis le P<'<:<-C<airf<M.e, et dont les abbés avaient fait leur maison de ville. Dessous it y avait, dit-on, jadis, une église souterraine, mais église et bâtiments ont depuis longtemps disparu, et du tout it ne reste plus maintenant que des caves fort remarquables par leur voûtes et leurs solides piliers.
Dans l'acte de donation écrit en latin le testateur s'exprime ainsi
a Je donne mon âme a Dieu ma maison de » pierres de Bar-sur-Aube et ma maison du Celu lier au monastère de Saint-Bernard, pour préserver mon âme d'habiter avec les boucs. M HENRI H dit <eJgHHe, onzième comte de Champagne et de Brie, succéda en 1180 ou 81 à Henri t", son père. Ayant perdu son épouse Hermansette, fille de Henri de Namur, morte sans enfants en 1190, il passa en Palestine avec Philippe-Auguste et Richard d'Angleterre; en H92, il fut choisi pour roi de Jérusalem, et, en 1197, il se taa en tombant d'une fenêtre de son palais à Acre.
THIBAUT III, fils de Henri 1'~ douzième comte de Champagne et de Brie, succéda, en H97, à Henri H, son frère. II prit la croix en 1199, à l'âge de vingt-deux ans et fut choisi pour chef de la quatrième croisade mais étant tombé malade à Troyes, il y mourut le 24 mai 1201, avant d'avoir pu accomplir son vœu, laissant Blanche de Navarre, son épouse, enceinte de Thibaut IV.
~RtXpdxe ~ep).
Histoire de Bar-sur-Aube sous THIBAUT IV ditle C)'<tMf!<t ~FaMf!~ de c/MMMMM, comte de Champagne et roi de Navarre. Restauration de l'hôpital Saint-Nicolas. Fondation de la foire de Bar-surAube, son importance. Affranchissement de la ville. Maires. THIBAUT IV (<tt le GraMi et le Faiseur de chanM)M~ treizième comte de Champagne et de Brie, fils postume de Thibaut III, fut encore seigneur féodal des comtés de Chartres, Blois et Sancerre, de la vicomte de Chàteaudnn, et plus tard roi de Navarre; il naquit en 1201.
En venant au monde~ il commença de régner sous la tutelle de Blanche de Navarre, sa mère elle défondit avec courage Je patrimoine de son fils contre Erard de Brienne qui, au nom de Philippine,
son épouse, tante de Thibaut, lui disputait ses états et avait fait une puissante ligue pour le déponittcr, et, les armes à la main, le contraignit à se désister de ses prétentions par un traité fait au mois de novembre 1221.
Ce fut pendant cette gaerre, en 1218, que Blanche et Thibaut donnèrent à Simon de Joinville, père du célébre historien de saint Louis la charge de grand sénéchal de Champagne pour lui et ses héritiers.
En 1234, Thibaut eut encore à défendre ses états contre Alix, reine de Chypre sœur de Philippine qui était venue en France réclamer la succession de Henri H son père, et vraisemblablement il eût succombé sans le secours de saint Louis qui, oubliant ses nombreuses révoltes, ménagea entre eux un accommodement.
La même année, Sanche VII dit le Fort, roi de Navarre étant mort sans enfants, Thibaut, son neveu par sa mère, fnt appelé à lui succéder, et, le 8 mai, il fut solennellement reconnu et couronné roi dans la ville de Pampelune.
Thibaut IV est célèbre par ses chansons et par ses amours avec la reine Blanche, mère de saint Louis, à qui sont dédiées la plupart de ses poésies, dont le plus grand nombre sont parvenues jusqu'à nous on y trouve de la tendresse dans les sentiments, de la délicatesse dans les pensées, une naïveté admirable dans les expressions et même une certaine érudition, mais quelques fois aussi ses images sont trop découvertes et trop libres.
Blessée de ses libertés, la reine lui ordonna de se retirer de la cour, et à'ce sujet il composa une chanson dont voici un couplet qui donnera en même temps au lecteur une idée de sa soumission et des modifications qu'à subies notre langue depuis cette époque
« Amour le veult et ma dame m'en prie,
Que je m'en part, et moult l'en merci.
Quand par le gré ma dame m'en châtie
Meilleur' raison n'y voi à ma parti.
Voici encore quelques vers qui, quoique faits en t228, sont encore trcs-compréhensibtcs
« Chacun pleure sa terre et son pays
Quand il se part de ses joyeux amis;
Mais il n'est nu! congé, quoiqu'on en die, Si douloureux que d'ami et d'amie.
On a souvent aussi cité comme de lui cette chanson imprimée dans l'Anthologie /r<m(MM<'
Las si j'avais pouvoir d'oublier, etc.
Il combla de ses bienfaits ceux qui cultivèrent les belles-lettres, et il peut, à juste titre, être considéré comme le premier des poètes français, car ceux qui l'ont précédé ne méritent pas encore ce nom. II est le premier, suivant l'abbé Massieu, qui ait mêlé les rimes masculines avec tes rimes féminines et ait fait sentir l'agrément de ce mélange.
C'est dansce siècle que la langue française commença à perdre un peac)esa'rnjesse et à multiplier le nombre de ses mots, les Croisades influèrent sensiblement sur cette révolution grammaticale. En 1240 le comte Thibaut s'embarqua pour la Terre-Sainte, mais cette expédition n'eut aucun
succès par suite de la division des chefs, etil mourut à Troyes, le 10 juillet 1253, à l'âge de 53 ans. Il fut marie trois fois en 1220 à Gertrude de Habsbourg dont il fut séparé par sentence ecclésiastique, pour cause de parenté en 1222, à Agnès de Beanjen dont il eut nne fille nommée Blanche qui épousa Jean dit le Roux, duc de Bretagne et, en 1232, à Marguerite de Bourbon dont il eut deux fils qui lui succédèrent (Thibaut V et Henri HI) et deux filles Marguerite de Navarre, femme de Ferri ou Frédéric III, duc de Lorraine et Beatrix qui épousa Hugues IV duc de Bourgogne. Pithou lui donne deux autres enfants Pierre, sire de Marncavat, au royaume de Navarre, et une fille nommée Aliénor dont l'histoire dit seulement la naissance.
Marguerite de Bourbon mourut à Provins et fut inhumée à Clairvaux, à droite du grand autel, avec cette inscription
Hic jacet t~M~tfMNma Ma!'<jrare<a,
~'KMtn'fC e'yh:a, CampamN' eomMMa et BfMB patatina. OMit <M)tc Dotnin: 1258.
Ce prince libéral et magnifique était excessivement attacha à la religion de ses pères, et, parmi beaucoup d'autres établissements religieux, l'hospice Saint-Nicolas de Bar-sur-Aube le compte au nombre de ses principaux bienfaiteurs.
Les religieux chargés de cette maison si bien administrée dans son origine, l'ayant laissée tomber en décadence, Thibaut, qui, en 1222, leur avait concédé le droit d'usage dans les bois de Ligne), voulant lui rendre sa splendeur première, en conCa, en 1239, le service à sœur Aclède et à sa congrégation, religieuses de l'ordre de Saint-Victor de Paris, qui formaient, en ce temps, une petite communauté à Boulancourt, et, en 1251~ il leur donna une sauvegarde pour tous leurs biens.
En confiant le service des pauvres et l'administration de leurs biens à ces religieuses, dont la conduite peu régulière par la suite nécessita leur expulsion, on ne pouvait prendre plus de précautions qu'en prit le comte de Champagne pour conserver le domaine et assurer le bon emploi des revenus comme le prouvent sa Charte dont nous donnons
la traduction fidèle et sa ~Ht'e~x/e que nous reproduisons textuellement
<t THIBAUT, par grâce de Dieu roi de Navarre comte palatin de Champagne et de Brie à tous ceux qui ces présentes lettres verront salut dans le e Seigneur.
Considérant le désordre, connu de vous tous. qui régnait dans la Maison-Dieu de Saint-Nicolas de Bar-sur-Aube, et comme il ne pouvait aisément être répare par ceux qui occupaient ladite maison qui dépend de notre domaine temporel, nous avons, par l'inspiration divine, à la louange et avec le consentement de notre vénérable" père ROBERT par o ia grâce de Dieu ëveqne du diocèse de Langf'es~ concëdé ladite maison et ses dépendances à n sœur ACLËDE et à sa congrégation, servantes du Seigneur à Boutaneourt, pour l'avoir et la posséder ëterneuement, de manière que les revenus de ladite maison, consacrés uniquement jusqu'à ce jour a t'hospitatitë immédiate des pauvres, soient toujoars employés aux mêmes usages, et que l'emploi x et l'administration desdits revenus soient faits par ladite congrégation, que nous et nos héritiers pouvons obtiger d'employer lesdits biens au service des pauvres dans le cas où il ne serait pas par elles sufEsamment pourvu à leurs besoins. Sauf, pour nous et nos héritiers) la garde de ladite maison et notre
domaine temporel. En foi de qnoi nous avons scellé les présentes lettres de notre sceau. Donné l'an du Seigneur 1259 au mois de juin. » « THtËBAUT par la grace de Deu Rois de Navarre, de Champaigne et de Brie cuens palatins, au Baili de Chaumont au maienr e au prevost de Bar-sur» Aube, Salut, Nous vous mandons e commandons que vous la meison e les Biens au Dames de Saintx Nicttotas de Bar gardez e deffendez si est les ntres propres, e ne soffrez quon leur face tort ne force, » Ne ne preigniez ne faciez paitre ne soffrez a paitre Beestes, Chevaus ne charretes quels aient se nestoit pour est ou pour chevaubée on nous faissions an propre personne ou ntre comandement especiaus o nan venoit a vous, E volons que ces lettres leur » vailent jusqu'a dois ans.
Ces lettres furent faites a Bar-sur-Aube an lau Ntre Seignor mil deux cens e cinquante un, au » mois daocst.
Consentie par lettres de Robert, évêque de Lan-
gres, du mois d'août suivant, la charte du comte Thibaut fut confirmée en 1240 par une bulle du pape Grégoire IX qui pour son exécution adressa en même temps nn bref à l'archidiacre de Meaux et à l'official de Sens, et en ~2~2, par une nouvelle
buiïe du pape Innocent IV, datée de Lyon, au mois d'avril. (Vo~. PiëcMj!M<)
Ce qui paraît singulier dans les lettres de consentement de l'évêque de Langres, c'est te titre d'ft6besse donné &]a supérieure, ce qui, par la suite, fut d'un grand secours, lorsqu'on voulut changer cette maison en abbaye, pour surprendre des bulles de papes sous ce nom, eu éloignant le veritable titre d'hôpital et de Maison-Dieu. C'est encore à Thibaut IV que les Barsuraubois sont redevables de leur liberté. Les comtes de Champagne étaient trop puissants pour que les rois de France pussent accorder aux serfs de cette province les priviléges dont, depuis Louis VI jouissaient les autres communes du royaume, aussi n'est-ce que cent ans plus tard, par nne charte de 1251, que Thibaut concéda à la ville de Bar- surAube, moyennant finances, des lettres d'affranchissement de servitude, avec établissement d'une des quatre grandes foires de Champagne et de Brie, et la faculté d'élire un capitaine de noble iignee pour maintenir le bon ordre, prévenir les assemblées
illicites et faire arrêter les délinquants à ces foires. Par une charte de 123S entre autres dispositions, il décida que les fossés de la ville de Bar-surAube seraient nettoyés par les habitants des villages de trois lieues à la ronde, clause qu'en aucun temps ils n'ont voulu remplir.
La grande foire franche de Bar sur-Aube devint bientôt très-céicbre elle durait soixante-dix jours ( du mardi avant la mi-carème au mercredi qui précède la Pentecôte), et attirait, chaque année, un nombre prodigieux, de marchands étrangers tous y avaient des quartiers séparés, et les juifs même y avaient une synagogue. Il y avait des juges conservateurs de ses privilèges, des sergents-gardes, et t'intërét du prêt y était admis au cours de Lyon. Le temps et les événements ont successivement éloigné les étrangers et détruit l'importance des foires de Champagne, et celles de Lyon, instituées par le roi Charles VII en H.45, achevèrent de les faire tomber entièrement. Des lettres patentes de 1616 confirmatives des privilèges de Bar-sarAube, portent cependant, entre autres dispositions,
que cette ville continuera de jouir de la faculté d'élire un capitaine de noble lignée et de tenir, pendant trois mois, une des foires franches de Champagne mais en i636 Louis XIII la supprima et la réunit à celles de Lyon.
Cette suppression ayant causé un préjudice trèsconsidérable aux habitants, ils se plaignirent à Louis XIV qui, par un édit de 1676, leur accorda en compensation deux petites foires par an sans franchise et un marché chaque semaine la première de ces foires, dite du Saint-Esprit, était autrefois livrée dans la cour de l'hôpital de ce nom elle a lieu la veille du dimanche des Rameaux, et l'autre le 29 août le marché se tient tous les samedis.
Ces foires et cesmarchés, qui étaient et sont encore très-considérabtes, formaient une branche importante du revenu des comtes de Champagne. Voici quelques articles d'une ordonnance du quinzième siècle qui donnera uue idée de la nature des redevances qui se percevaient alors sur chaque sorte de marchandises
t Ce sont les droits que le Roi notre sire et ses consorts ont de prendre et de lever, à cause de la » venteetrouaigedeBar-sur-Aube, avec la chas» tellenye dudit Bar, en l'étendue de laquelle cbas» tellenye est comprise le péage et rouage, oultre » la rivière d'Aulbe, Fontarce Sermayse Cham» pigneulles, Beanmont-1'Abbaye et le demorant » des granchesde Clairvaux avec Longchamps, et » deça la rivière d'Aulbe, il est compris Morviilcrs, ? Lignors, Frasnoy, Bonlanvaux, Beurville, Thors,, » Maisons, Engente et Buchières. »
L'avant-dernier article est ainsi conca f Item ;) tous juifs qui vont par les destroits dudit Bar, so it x à pied, soit à cheval, doivent trente deniers» tournois et une 6tt(/e ( soufflet ), et double, en foire, d'argent et de buffe.
Les autres péages sont < Un cheval, un mulet ou mulle, asne ou asnesse, si portent bast, doi» vent quatre deniers-tonrnois.
M Item les pauvres qui portent denrées à leur N col, chacun doit pour lui un denier-tournois et » une patecostre.
~<<?M celui qui porte pour autrui doit deux < deniers et ne double point en foire, ce qui était pourla plupart des redevances énoncées pour chaque sorte de marchandises.
Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en leur faisant connaître en même temps quelques-uns des droits de péage des comtes de Lesmont, nos voisins; par cette double citation ils pourront mieux juger des mœurs de nos bons aïeux.
< ART. XHÎ. Un chaudronnier passant avec ses ».chaudrons doit deux deniers, si mieux n'aime » dire un Pater et un Ave devant la porte dudit f sieur de Lesmout ou son fermier.
ART. XIV. Un cheval les quatre pieds blancs franc de péage.
ART. XXII. Un juif passant dans ledit comté < se doit mettre à genoux devant la porte du sieur » comte on son fermier et en recevoir un soufHct.a » H y avait pour toutes les foires de Champagne (GuYOT, Recueil de jurispr. tome 8) une juridiction spéciale composée de deux juges conservateurs des priviléges, un chancelier et un nombre de notaires à pied et à cheval.
D'après une ordonnance de Philippe-le-Bel, du mois de janvier 1311, qui est le titre le plus ancien en faveur de ces foires, l'usure était permise dans le royaume snr le pied d'un denier pour livre par semaine, et de quatre sous par an mais il fut dé fendu sous les peines les plus sévères, d'exiger aux foires de Champagne plus de 50 soos pour 100 livres de foire en foire, et comme il y en avait six chaque année: deux à Troyes, deux a Provins, une à Lagny-sur-Marne et une à Bar-snr-Aube, l'intérêt y Était encore à quinze pour cent par an. (Voy. Ptec. justif.)
L'abbé Fleury, dans son Histoire ecclésiastique, rapporte nn fait qui témoigne de ]a prompte célébrité qu'obtinrent les foires de Champagne « Les bourgeois de Reims ayant, en 1235, à la suite de quelques difficultés insulté et chassé a l'archevêque, celui-ci tes excommunia et obtint a du pape ( Honoré Ht ) un rescript adressé au a doyen et à l'archidiacre de Bar-sur-Aube, et au docteur Ferrey, chanoine de Langres, où il leur enjoint de faire publier l'excommunication pro-
H ces contre les bourgeois, et, s'ils ne se soumettent, M de faire saisir leurs revenus et autres biens aux ') foires et partout ailleurs où on les trouvera, et, a s'H en est besoin, d'implorer le secours du bras a sécutier. u
Cette bulle est du 3 octobre ~35, mais nous ignorons quel fut son effet.
Au sujet des lettres d'affranchissement données à la ville de Bar-sur-Aube par le comte Thibaut IV, nous croyons nécessaire d'entrer dans quelques explicalions.
Jadis, avant l'établissement de la monarchie, il existait dans chaque ville des Gaules une /:<BMe on société de négociants et ouvriers qui s'assemblaient en commun pour délibérer des choses relatives à leur industrie telle est l'origine de la communauté municipale. Interrompues pendant le régime féodal, ces sociétés ne commencèrent à renaître que sous Louis VI, qui monta sur le trône en lt08, et affranchit les villes de son domaine pour diminuer le pouvoir de ses grands vassaux qui, de leur côté, pour subvenir aux ftais des croisades ou augmenter
le nombre de leurs sujets, accordèrent des privilèges et vendirent & leurs bourgades le droit de commune. En outre de ces lettres d'affranchissement, il fut permis aux villes de percevoir leurs revenus, d'asseoir les impôts, de tenir sur pied la milice urbaine et d'étiré des maires (majores) ou prévôts, des jurés, des éthevins, qui, sous le nom de pairs (pares) bourgeois, devinrent les juges naturels des autres bourgeois dans les affaires civiles et de police. L'histoire nous a conservé les noms de deux maires de Bar-sar-Aube à cette époque GauthierCornu, en 1231, qni par une charte du mois d'août 1241, nomma Gauthier-Coichet maire de Bar-surSeine et Jacques Des Ponts, en 125~. A part ces deux noms, les autres sont ignorés jusqu'à l'année 1626, depuis laquelle tous nous sont connus (x). Ce même siècle vit aussi nattre la bourgeoisie. Par ce mot on entendait l'aggrégation faite, par le le maire ou prévôt, d'un homme libre, présente et cautionné par deux ou trois bourgeois, au nombre des anciens habitants d'une ville où il n'était pas né, avec jouissance des mêmes privilèges, sous la condî-
tion expresse, d'après t'ordonnance de Philippe-leBel, d'acheter, à titre de bourgeoisie, une maison de la ville.
Par la coutume de Champagne, un bourgeois des villes du comté ne pouvait acquérir d'héritage sur le domaine d'un autre seigneur, et principalement si les habitants de ce pays étaient encore serfs (servi) ou main-mortables, c'est-à-dire non affranchis. Ainsi Brussel (Usage gén. des fiefs en France) rapporte qu'aux Grands Jours de Troyes, de la Nativité de Notre-Dame 4288, Guillaume, sire de Granco, chevalier, s'étant plaint que les bourgeois de Barsur-Aube tenaient et acquéraient des héritages dans son village et appartenances de Couvignon, à son préjudice, puisqu'il avait toute justice dans ce~ lieux que tous les habitants de ladite paroisse, tant ceux de son domaine que des fiefs relevant de lui, étaient des gens taillables et exploitables, et de serve condition et main-morte, et que par conséquent les bourgeois de Bar-sur-Aube ne pouvaient, par la coutume générale de Champagne donnée par le roi Thibaut, tenir ni acquérir au finage de Cou~ignon,
des héritages de condition serve toutes lesquelles représentations il avait successivement faites aux deux derniers baillys de Chaumont, les requérant d'y apporter remède. Le conseil de Champagne,apres s'être fait certifier ce fait par les susdits baillys, commanda Guillaume Dangest le Jeune, bailly de Chaumont, de saisir tous les fruits des héritages que les bourgeois de Bar-sur-Aube tenaient et avaient acquis en la paroisse de Covignon, et d'ajourner ces bourgeois par devant lui pour savoir s'ils voulaient ouïr droit par lui, sur la requête du seigneur de Grancé, que s'Us déclaraient ne le vouloir point, il taissât le seigneur de Grancé exploiter et justiciersans aucun empêchement touchant lesdites choses, à la charge par ledit seigneur de Grancé d'appeler par devant lui ces bourgeois et de leur faire droit y et il fut encore commandé au bailly de garder de force le seigneur de Grancé, en prenant, exploitant et saisissant les choses que tes bourgeois de Bar-surAnbe avaient au finage de Covignon.
Histoire de Bar-sar-Aube sous [es comtes TtCBAUT V et HENRI !H. JEANNE DE N~YAUM, reine de France et dernière comtesse de Champagne. Réunion de Bar-sur-Aube à la couronne. Fondation du couvent des Cordeliers. Bar-sur-Aube choisi pour lieu de réunion des princes de l'Empire il est pillé par les Anglais. Siëge de la ville par des brigands; destruction de la forteresse, du pont et du faubourg d'outre-Aube. Donation par Charles Y aux habitants des fossés et remparts. Nouvelle invasion anglaise; incendie des hameaux de Sainte-Germaine et de Courcelles.
En i253, THIBAUT V, quatorzième comte de Champagne, à peine âgé de quinze ans, succéda à son père dans les comtés de Champagne et de Brie, ainsi que dans le royaume de Navarre, sous la tutelle de sa mère. En ~270, il se croisa avec SaintLonis~ et pea après il eut le chagrin de voir expirer à Tunis, entre ses bras, ce monarque dont il avait épousé Isabelle, la fille aînée, de laquelle il n'eut
point d'enfants. I) mourut lui-même à son retour, à Trapani, en Sicile, le décembre de la même année, et son épouse, qui l'avait accompagné lui survécut très-peu de temps.
Avant la Révolution, le coMf de cette princesse était renfermé dans nn tombeau doré élevé dans le chœur de l'abbaye de Clairvaux avec cette inscription
SCB HOC TUMCLO,
Bf ARCA PLUMEA, JACET COR DOM)t)~ ISABELUE, ÛCONBAM INCLITI LCDOT)C< NOKt FRANCORUM REGIS FtLbE ET THEOBALDI UXORfS, QC/E OE)[T ANNO MCCLXXt, REGINA NAYAMLE, CAMPANT COMntSSA ET BR~EPALAT!NA. REQUIESCAT ![) PAGE.
Thibaut V était très-religieux., et, par une charte, il déclara solennellement tenir en fief de l'évêque de Langres les comtés de Bar-sur-Aube et de Barsur-Seine, la seigneurie de Chaumont ( elle dépendait alors de Bar-sur-Aube après avoir dépendu de l'ancien comte de Boulogne), celles de Laferté, Nogent, Montigny, Coiffy et la garde de l'abbaye de Molesme et de tout ce qui en <~epe)!(<. Mais son hommage le plus solennel et le plus pompeux est
celui de 1268, où, en rase campagne, dans la val)ee des Estaux près Luzy et le Val des Ecoliers, entouré de tonte sa cour, la tête nue et à genoux aux pieds de l'évêque en grand appareil i) se reconnut son vassal pour lesdits comtés et seigneuries. La même cérémonie fut renouve)ée quelques années après, par Henri Ht, son frère et son héritier.
HENRI IH dit le Gros, comte de Rosnay, succéda, en 1270, à Thibaut V, dans les comtés de Champagne et de Brie et le royaume de Navarre dont son frère l'avait déjà déclaré roi, au cas qu'il mourût dans son voyage d'outre-mer.
H mourut à Pampelune, le 21 ou 22 juillet 1274, suffoqué par la graisse, laissant de Blanche d'Artois, fille de Rohert frère de saint Louis, qu'il avait épousée en 1269, une fille appetée Jeanne, qui hérita des états de sou père et tes porta dans la maison de France, et que, peu avant sa mort, il avait fait recoinnaitre, en l'église calhédrale de Pampelune, reine de Navarre et comtesse palatine
de Champagne et de Brie. Déjà auparavant il avait eu un fils nommé Thibaut, mort à l'âge d'un an par un accident des plus extraordinaires: sa nourrice et son gouverneur s'amusaient à se le renvoyer l'un à l'autre par les fenêtres d'une haute galerie mais ce dernier ayant par malheur manque une fois de le recevoir, le jeune prince tomba et fut tué sur le coup. Son gouverneur se précipita par la même fenêtre et mourut de la même mort. Apres la,mort de Henri Ht, sa veuve se remaria à Edmond, comte de Lancastre, deuxième fils de Henri III, roi d'Angleterre, qui prit la qualité de comte palatin de Champagne et de Brie, comme on le voit par une charte du chapitre de Vitry en '1276.
JEANNE DE NAVABRE seizième et dernière comtesse de Champagne et de Brie, fille unique et héritière de Henri III, lui succéda en 1274 elle était née en 1272, à BAR-scR-AûBE, dans le château des comtes dont la tour de réglise SaintMae)ou formait autrefois l'entrée.
Le 12 août i284, elle épousa Philippe IV dit le Bel, âgé de quinze ans, fils et héritier présomptif de Philippe Ut dit le Hardi, roi de France, auquel it succéda l'année suivante. C'est ainsi qu'après environ quatre siècles, tes provinces de Champagne et de Brie forent de nouveau et pour toujours, reunies à la couronne de France.
La province de Champagne cessa dès-lors d'avoir ses États particuliers le roi établit à Troyes des Grands-Jours ou Assises qui s'ouvraient ~deux fois par an et se continuèrent jusque sous Henri Ht, et nomma un gouverneur amovible auquei il donna le titre de Maréchal de Champagne.
Cette réunion souffrit cependant quelques difficultés à la mort de Charles-le-Bel: Jeanne de France, comtesse d'Evreux, comme fille et héritière de Lonis-tc–Hatin, entra en possession du royaume de Navarre; mais, à l'égard des comtés de Champagne et de Brie, dont elle était également héritière, Philippe de Valois les conserva et lui donna en échange les comtés de Mortagne, d'Angoulême et de Longueville, reversibles à la cou-
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ronne de France si la reine de Navarre mourait sans enfants.
Arrêté en 1328, ce' traité ne] fat définitivement conclu qu'en 1336, à la majorité de Jeanne, pour lui enlever tout prétexte de réclamation, et ce n'est même qu'en 1301 au mois de novembre que la réunion de ces provinces à la couronne, confirmée par le traite de 1404, fut expressément ordonnée par lettres patentes du roi Jean, sans qu'à l'avenir elles puissent en être démembrées pour quelque raison que ce soit.
La reine Jeanne était éga'emcnt belle, éloquente et libérale elle gouverna ses états en sage et les défendit en héros, et ajoute Mézerai, elle tenait tout le monde enchaîné par les yeux, par les oreilles et par les cœurs. En 1297, elle marcha contre le comte de Bar, pour défendre la Champagne où il avait pénétré, le força à se rendre a elle et à lui faire hommage de ce comté. Elle mourut à Vincennes, le 2 avril 1305, à l'âge de trente-trois ans, et fut enterrée aux Cordeliers à Paris. Avec elle s'éteignit, après quatre cents ans d'existence, la race illustre des comtes de Champagne (y).
Cette reine, amie des lettres, fit un grand nombre de riches fondations, entre autres, en 1304, le collège de Champagne ou de Navarre à Paris, rue et montagne Sainte-Geneviève, au portail duquel on voit encore sa statue tenant ce collège en relief. En 1286, elle donna permission aux Cordeliers de la congrégation de Dijon d'établir un couvent à Bar-sur-Aube, et les'combla de bienfaits. Par une charte de la même année, cette ville obtint encore de Philippe-le-Bel, par son intervention, la confirmation de tous ses privilèges et le maintien de la foire franche établie par Thibaut IV, et en 1306, après la suppression des Templiers, ce roi fit don aux Chevaliers de Malte de la chapelle Saint-Jean, dépendant de la commanderie de Thors et de Gorgebin, située rue Saint-Michel à Bar-sur- Aube, et qui leur appartenait.
Au commencement du XIV* siècle, la ville de Bar- sur-Aube fut indiquée pour faire une élection d'Empereur et fut choisie pour lieu de réunion des électeurs et princes de l'Empire. Voici comment le R. P. Longueval, dans son Histoire de l'Eglise
Gallicane, tome^XHI, pages 37 et 38, année 1322, raconte ce fait curieux, qui, du reste, n'est confirmé par aucun autre historien.
Le pape Jean XXII visait à réunir sur la lète » de Charles-le-Bel, roi de France, la couronne » impériale avec celle de France. C'était pendant » les troubles que causait dans l'Empire la double » élection faite en 1314 les deux Empereurs élus i étaient Louis, duc de Bavière, et Frédéric, duc » d'Autriche. Frédéric avait été battu et fait pri> sonnier de guerre en 1322, par son compétiteur, » à la journée de Muldorff. Pour obtenir sa liberté, > il lui en coûta ce qu'il prétendait de ses droits à » la couronne impériale, et Louis de Bavière se > trouva en termes de ramener à son parti toutes » les provinces de l'Empire. Mais il avait beaucoup » d'obstacles à surmonter du côté de la cour d'A> vignon. Le pape poursuivit Louis de Bavière t par les armes spirituelles il l'excommunia et le » déclara déchu de toutes ses prétentions à l'Em» pire.
» Le projet de mettre le roi Charles sur le trône
» impérial avait suivi de près la défaite de Frédéric. » Le roi, de concert avec la cour d'Avignon, con» dut un traité secret avec LèopolJ d'Autriche, » qui promit de faire en sa faveur un parti consi» dèrable parmi les princes de l'Empire. Sur ces » entrefaites, Frédéric, frère de Léopold, fut déli> vrè de prison, et comme il ne prétendait plus à » l'Empire, les vues du roi de France ne trouvèrent » aucune opposition de sa part. Les négociations a entre Charles et Léopold s'avançaient de plus en » plus, on convint, des deux côtés, qu'il y aurait à t BAR-SUR-AUBE une assemblée d'électeurs et de » princes de l'Empire, pour élire le roi de France. 1 Charles s'y rendit avec une suite nombreuse i • mais il n'y trouva que Léopold, tous les autres » princes, sans en excepter Jean de Bohème, beau» frère du roi. s'étaient détachés du parti de la » France, ou plutôt ne s'y étaient jamais portés x d'inclination, et Charles-le-Bcl n'avait ni ré> pandu assez d'argent ni fait jouer assez de > ressorts dans toutes les cours d'Allemagne pour a réussir dans son projet. C'est ce que lui repro» chait le pape en 1325. i
Sous le régime de la féodalité, les peuples étaient souvent victimes des crimes des grands vassaux. Peu après la fatale bataille de Poitiers, en 1356, Bar-sur-Aube fut ravagé et tous ses titres brûlés par les Anglais depuis peu débarqués en France des bandes de brigands armés parcouraient les provinces, rançonnant les villes, brûlant et pillant tout sur leur passage, et, loin de remédier au mal, les troupes du Régent, mal payées, n'étaient pas beaucoup plus scrupuleuses.
Parmi les plus barbares, on cite Enstache d'Auberticourt, chef d'aventuriers anglais, qui, à la tête de sept cents lances, et à la faveur de quelques châteaux sur la Marne et la Seine dont il s'était emparé, désolait impunément la Champagne. « L'amour, dit une vieille chronique, avait fait de ce chevalier un héros ( si on peut donner ce nom à un chef de bandits). Il aimait Isabelle, fille i du comte de Juilliers, veuve du comte de Kent, i et Isabelle répondait à sa tendresse, flattée qu'elle i était de la passion d'un guerrier dont elle enten> dait chaquejour vanter les nombreux exploits. »
Depuis longtemps d'Auberticourt commettait les plus grands désordres, lorsque, en 1359, le Dauphin, depuis Charles V, désireux de purger le pays, lui opposa un adversaire de la même espèce; il chargea Brocard de Fénestrange, chef d'aventuriers lorrains, de le combattre, sous promesse de 30,000 écus de récompense, s'il délivrait la province de ses brigandages; et bientôt après, aidé de l'évêquede Troyes, il le battit et le fit prisonnier auprès de Nogent-sur-Seine, où les deux partis se détruisirent presque entièrement, ce qui procura un peu de calme à la malheureuse Champagne, mais il fut de peu de durée, car Fénestrange ayant réclamé le prix de ses services, et la rour, vu le mauvais état des finances, en ayant différé le paiement, il rassembla de nouvelles troupes, déclara la guerre au Dauphin, et commença les hostilités par le pillage et l'embrasement de Bar-sur-Seine. Peu de jours après il se présenta devant Bar-sur-Aube, réduisit en cendres la partie de la ville située sur la montagne abattit la forteresse, ruina le faubourg Saint-Nicolas, et démolit le grand pont de dix-sept arches qui traversait
la rivière d'Aube en face la porte Neuve, c'est ce qui sauva le reste de la ville. Cependant, après quelques jours de siège, lorsque les habitants réfugiésde l'autre côté de l'eau, bien que retranches derrière des fossés profonds, eurent perdu l'espérance d'être secourus, ils se rachetèrent du pillage en payant une forte contribution à ce brigand qui, bientôt après, fut complètement battu, mais non pris, par l'armée royale qui l'atteignit près de Châtillon-sur-Seine; et comme il recommençait ses pillages, il fallut que les villes de la province composassent avec lui pour l'engager à quitter le pays, et le Régent même ne put l'obliger à quitter le royaume qu'en lui payant la somme qu'il lui avait promise.
On lit dans un ancien compte-rendu par un receveur de la collégiale de Saint -Maclou, que le loyer des maisons appartenant au Chapitre, situées dans le faubourg Saint-Nicolas, est tiré pour mémoire, attendu que les bâtiments ont été incendiés par des brigands.
Après l'éloignement de Fénestrange, beaucoup d'habitants se trouvant sans asile, par suite de la
destruction d'une partie de la ville, et dans leur impuissance de la rebâtir et de rétablir les fortifications, ce quartier fut abandonné, et on permit à ces malheureux de construire sur la place d'armes des barraques qui, plus tard, furent remplacées par des maisons où leurs descendants se sont perpétués jusqu'à nos jours; puis, pour diminuer la dépense qu'aurait occasionnée le rétablissement du vieux pont, ils construisirent un nouveau pont dans un endroit où le lit de la rivière est beaucoup plus resserré (à la place où est bâti le pont actuel), et, pour communiquer directement avec la rivière, en face ils ouvrirent la porte d'Aube qui fut fortifiée avec soin.
D'après les renseignements recueillis à l'hôtelde-ville de Bar-sur-Aube, il parait que, pendant la captivité du roi Jean, le dauphin Charles trouva de grands secours dans la fidélité de ses habitants. L'usage de la poudre, inventée à la fin du XIII* siècle, se répandit bientôt en France, et, vers 1357, les Barsuraubois garnirent leurs remparts, citadelle, forteresse et corps-de-garde, de plusieurs canons
de fer, et creusèrent des mines dans l'intérieur de la ville et en dehors des murs, à plus d'un quart de lieue de distance, ils levèrent des troupes à leurs dépens pour se défendre contre les attaques de l'ennemi, et firent forger des chaînes pour se barricader dans les rues en cas de surprise.
En 1360, Edouard III, roi d'Angleterre, devenu maître de Calais et de la province de Guyenne, parcourut toute la Champagne pour se rendre de Reims en Bourgogne. Il passa, eu chassant au vol, sur le territoire de Bar-sur-Aube, à environ deux cents pas au-dessus de la ville, dans le chemin de Courcelange ou des Romains, suivi d'une très-forte armée, pillant et rançonnant toutes les villes situées sur son passage.
A cette époque désastreuse, Bar-sur-Aube et sa citadelle servirent souvent de refuge aux habitants des villages voisins fuyant avec leurs femmes et leurs enfants, chargés de tout ce qu'ils pouvaient ravir à la fureur da soldat et aux déprédations d'aventuriers de toutes les nations qui brûlaient les moissons, violaient les femmes, égorgeaient les en-
fants, se logeaient de force dans les maisons, et dévastaient tout ce malheureux pays, dont la peste et la famine achevèrent la ruine.
Vers ce même temps fut ruiné un village situé à deux ou trois kilomètres de Bar-sur-Aube, sur une colline au nord de cette ville. En cultivant les vignes, on trouve encore des restes d'habitation, mais on ignore le nom que portait ce village.
C'est en considération de tous ces malheurs, ainsi que des dépenses faites par les Barsuraubois pour subvenir aux frais de la guerre, et en même temps pour les récompenser de leur belle conduite et de leur fidélité, que, par des lettres patentes datées du mois d'avril 4360, Charles V, encore régent du royaume, leur fit concession à perpétuité des fossés du tour de la ville et de la forteresse, à la charge par eux d'entretenir les murs, sans pouvoir toutefois aliéner les fossés mais, par une négligence incroyable, jamais ces lettres n'ont été vérifiées ou confirmées par d'autres rois, ni registrées au parlement.
Voici la copie textuelle, exactement collationnée,
de cet acte si honorable pour notre ville, qu'on croyait perdu depuis longtemps, et qu'un heureux hasard nous a fail retrouver.
« CHARLES l'Aine, fils du Roy de France et » Régent le royaume. Duc de Normandie et Dalphin » de Viennois, sçavoir faisons a tous présens et a » venir, de la partie de nos bien arnez les Bourgeois » et habitons de Bar-sur-Âube ville et justice de » Monsieur cl de nous Nous avoir esté exposé que » comme ils ayent esté et soient mou!t chargés de » grands frais, missions et dépens qu'il leur a con» venu faire et soutenir le temps passé, font encore » et soutienneut de jour en jour pour occasion des » guerres, tant en l'emparement et fortifications de » ladite ville de Bar, comme en grand nombre de gens » d'armes et arêtiers, lesquels ils ont tenu par longtems t et tiennent encore a grands gages et dépens pour » la tuission, garde et défense de ladite ville de Bar, » et aussy en vuidier, emonder les fessez d'entour ladite ville qui tous estoient plains de terre et de « bourbe qui appartiennent a Monsieur et a nous, » lesquelles choses ils ont laines et font encore do » leur propre sans qu'ils ayent eu sur ce de Monsieur ou de nous aucune remuneralion, combien que » Monsieur et nous soyons tenus de soutenir et main» tenir icelle ville de Bar de notre propre, sy comme » nous sommes suHisauinieul eufourmez
» Pour ce est-il que nous Considérant les choses des« sus dites et que ladite forteresse et ville de Bar ètoit « la plus ruineuse avant que on l'emparast et enforceast qui fut en toute Champagne, et aussy en remaneration et recoinpensaiioti des choses dessus » dites et pour contemplation d'aucuns de notre Li» gnage qui sur ce nous ont humblement suplié et requis, A yceux Bourgeois et Habitants avons » donne et octroyé, et par ces présentes donnons et » octroyons de grâce spécialle et de nôtre science, » pleine puissance et authorité royalle dont nous » usons tout tel droit partie et portion comme v Monsieur et nous pouvons avoir eu es fossez d'en» tour ladite ville et forteresse de Bar a tenir, avoir » et posséder lesdits Bourgeois et Hahilans a toit» jours et perpétuellement comme leur propre chose, » sauf et réservé a Monsieur et a nous toute la justice » ou souveraineté et aussy que tout le profit et emolu» ment qui issera d'iceux rossez tout soit tourné et » commis desormais par iceux bourgeois et habitans » au soutenneanent réparation et réfection de ladite » ville et forteresse de Bar, et pourvu aussy que iceux » fossez ils ne transporteront en autre main que la » leur, sy donnons en mandement par la teneur de ces presentes a tous les Justiciers et Officiers » Commissaires et Sujets de Monsieur et de nous » présent et a venir ou a leurs lieutenants et a cha» cun d'iceux que lesdits Bourgeois et Habitans » fassent et souffrent joyr et user paisiblement, he-
» reditablement et perpetuellement a toujours mais ̃> de notre dit don et octroy, et contre la teneur de » ces présentes ne les contraignent, molestent ou empechent ou souffrent estre contraints, molestez ou empêchez dorenavant en aucune manière, et pour que ce soit ferme chose et stable a toujours nous » avons fait mettre a ces lettres notre scel, sauf era autres choses le droit de Monsieur et de nous, en toutes l'autruy.
» Donné à Paris l'an de grâce mil trois cens et » soixante au mois d'Avril. »
Au dos est écrit « Par Monsieur le Régent, » presens Monsieur le Comte d'Etampes Messire » Adam de Meleun et Messire Jean De La Rivière. » Signé: MICHIEL. »
Ce sage roi mourut en 1380. Peu après sa mort,
les Anglais, sous prétexte de venger celle de Jean de Montfort duc de Bretagne débarquèrent à Calais, envahirent encore une fois la Champagne et le Vermandois, s'avancèrent jusqu'aux portes de Bar-sur-Aube, dont ils ne purent s'emparer, et brûlèrent les hameaux de Courcelles et de SainteGermaine, qui n'ont pas été rebâtis depuis et dont les habitants se réfugièrent dans les paroisses voisi-
nés: leur territoire, réuni depuis la Révolution à celui de Bar-sur-Aube, relevait auparavant, le premier de la seigneurie de Jaucourt, et le second du prieuré de Saint-Pierre.
Pendant l'espace d'un mois, ces farouches insulaires mirent toute la contrée à feu et à sang, brûlèrent plus de six cents villages qui étaient dans l'impuissance de payer des contributions en vivres et en argent assez fortes pour se racheter de l'incendie, et dont les populations éperdues s'enfuyaient devant eux, jusqu'à ce qu'enfin la noblesse de Champagne,' réunie au gouverneur de la province, parvint à les chasser en les harcelant sans cesse, sans jamais risquer une bataille définitive.
En 1371, le 17 septembre, l'évêque de Langres établit et promulgua à Bar-sur-Aube une confrérie de Saint- Jacques le-Majeur qui n'existe plus depuis longtemps.
^-Bapike aAoeuf. 1
Procès entre les habitants et le Chapitre de Saint-Maclou au sujet de la dîme. Donation par Chapes VII de la ville à Jacques de Croy les habitants se rachètent. Le Bàlaid de Bourbon, sa mort. Erection de riiôniul Saint-Nicoks en prieuré. Etablissement d'un octroi. Bar-sur-Aube pillé par les Espagnols il ouvre ses portes aux Ligueurs lettre menaçante du duc de Guise fidélité des habitants.
En 1393, les chanoines de Saint- Maclou eurent un procès avec les habitants de Bar-sur-Aube au snjet de la dime et des autres droits (s) le mémoire de ces derniers, comme demandeurs, offre un détail (rès-curieu- de tous leurs griefs contre les chanoines) tels que « leur penchant pour le luxe et leur amour de la chasse. » – On les accuse encore s de laisser faire le service de leurs paroisses à de pauvres vicaires peu sachant, d'exiger des
Procès entre les habitants et le Chapitre de Saint-Macloa su sujet de la dîme. Donalion par Charles VII de la ville il Jacques de Croy les habitants se rachètent. Le Dltard de Bourbon, sa mort. Erection de l'hCnital Saint-Nicolas en prieuré. Etablissement d'un octroi. Bar-sur-Aubo pillé par les Espagnols il ouvre ses portes aux Ligueurs lettre menaçante du duc de Guise fidélité des habitants.
En 1393, les chanoines de Saint- Maclou eurent un procès avec les habitants de Bar-sur-Aobe au sujet de la dîme et des autres droits (s) le mémoire de ces derniers, commedemandeurs, offre un détail très-curieux de tous leurs griefs contre les chanoines, tels que: « leur penchant pour le luxe et leur amour de la chasse, » ̃ – On les accuse encore « de laisser faire le service de leurs paroisses à de pauvres vicaires peu sachant, d'exiger des
contributions énormes, de ruiner leurs créanciers, de prendre ou vendre à leur profit toute la cire qu'on leur donne, au point qao l'êjîise en est mal fournie, et qu'ils n'accorcpïgr.est le Sr'nt-Yialiquo qu'avec une lanterna, ete, c'.z. s
Pourla clar'-I. c? zs récit, il c.t niesesdra Je reprendre lec k.z d'1 ;:e'J pî_o l~.?«"A, et ua peu plus en détail.
Les pélerijages aux 2.v!a'wS-Lio".i ayant diminué de beaucoup le nomnr^ iiS pretros soculiars, les chanoines de Saînt-ïïaclcu Kirent à proGt cette circonstance pour s'aggrandir et accroîire leurs revenus, et peu d'années après leur fondation, en •1178, Regnault, évêque de Langres, leur accorda la faculté de célébrer leur office dans l'église de Sainte-Marie-Magdeleine à cause de la petitesse du lieu où ils avaient d'abord été installés; mais les donations qui leur furent faites depuis par les comtes de Champagne des bâtiments du château et des maisons circonvoisines, les engagèrent à rester dans le Clottre de Saint-Maclou ils continuèrent, toutefois, pendant longtemps, à fournir des prêtres
pour desservir les cures de la ville et des villages voisins, si bien que, le 42 mars 1393, ils obtinrent du pape Clément VIF une bulle d'union à la collégiale doSaint-Maclon, des cures de Saint-Pierre et Je Sainlc-Kagdeleine ordonnant que leurs revenus seraient perçus par les chanoines du chapitre de SaiDt-Maclou après la mort des curés titulaires qui, moyennant des rentes annuelles et viagères, consentirent à abandonner par avance leurs cures dont les chanoines entrèrent de suite en possession. Cette union cependant, n'a jamais été confirmée par lettres patentes, mais le concile de Trente ayant chargé les évêques de recevoir les unions faites quarante ans avant le V janvier 1564, le roi par une déclaration de 1737, adopta ce tempérament, en payant par les chapitres décimateurs les portions congrues, et présentant, pour la desserte des églises, des curés ou vicaires perpétuels. L'année même de cette cession, il y eut des plaintes et des procès-verbaux à l'hôtel de ville, à l'occasion des droits trop considérables exigés par le chapitre, et l'année suivante, les habitants, mécou-
naissant ses droits, refusèrent de lui payer la tlirae; c'est pourquoi, en 1396, les chanoines portèrent plainte aux Grands-Jours de Troyes ils rappelèrent les union et abandon mentionnés dirent que les habitants devaient leur livrer la dîme du quinzième de toutes leurs récoltes, comme ils le faisaient ci-devant entre les mains des curés, et qu'au mépris de leurs droits, les habitants avaient non-seulement refusé de payer cette dîme, mais encore qu'ils n'avaient pas voulu consentir à ce que les gens envoyés par eux visitassent les maisons, pour reconnaître si on leur donnait bien la vraie dîme, quoique tel fut l'usage.
Sur cette plainte il intervint condamnation contre les habitants de Bar-sar-Aube et les droits des chanoines furent confirmés.
Les défendeurs, opposant à l'exécution de cette sentence, firent rejuger l'affaire, et le nouveau jugement renvoya les parties devant le parlement, ordonnant que vingt témoins de chaque côté seraient entendus dans l'affaire.
C'est en cette circonstance que les habitants de Bar-sur-Aube prirent les confusions suivantes
• Qu'ils possèdent des vignes à Unille, au ValPerdu, aussi bien qu'à Bar, et qu'ils doivent, il est vrai, le quinzième de la vendange pour dîme, savoir moitié au curé du lieu où sont les raisins et moitié au curé du lieu où ils demeurent; i » Mais qu'ils sont lihres, lorsque ceux à qui appartient la dîme ne viennent point la prendre en vendange, de mettre le quinzième à part, sans que ceux- ci puissent pénétrer dans leurs maisons pour s'assurer de la qualité et de la quantité de larécolte; » Que, d'ailleurs, ils se sont opposés à ce que leurs maisons fussent visitées en 189& que, par conséquent, il s'est écoulé plus d'une année jusqu'à l'époque où les chanoines ont porté plainte que, dès– lors la possession leur est acquise 3
» Que, dans leur plainte, les chanoines n'ont point mentionné l'union des cures de Saint-Pierre et de la Magdeleine à la cure de Saint-Maclou, ayant agi en leur nom personnel
Que cette union n'est d'aucune valeur, et qu'en supposant qu'elle fut véritable, les chanoines ne peuvent s'en prévaloir puisqu'elle ne doit avoir
son effet qu'après la mort des cures qui occupent lesdites cures, lesquels existent encore
» Et qu'ils doivent être maintenus dans leur possession et les chanoines déboulés de leur demande, non fondée et nulle, comme n'ayant pas été formée dans l'année. »
Voyant les difficultés qu'éprouvait l'exécution de cette bulle, les chanoines transigèrent avec, les prieur et religieux de Saint-Pierre, qui accordèrent au chapitre tous les droits curiaux et d'inhumation, à condition qu'ils conserveraient le titre et les prérogatives de curé primitif dans l'église de Saint-Pierre, et qu'il leur serait cédé une ferme située au finage de Trùmii'y.
En faveur de cette transaction, et en considération des services rendus aux paroisses par les chanoines, Gauthier, é%èt[ue de Langres, érigea un bénéfice-cure dans l'église de Saint-Marlou, et les chanoines furent ainsi dispenses de se faire inhumer sur la moutagae Sainte-Germaine où, dans l'origine, leur cimetière avait été établi, en vertu des lois romaines qjii ordonnaient d'enterrer les morts hors
des villes ou villages, dans des lieux aérés, et à la distance de 3 ou 400 toises des habitations. Cette seseïa:. généreuse par l'évêque de Langivs d'un bien qui ne le; appartenait pas ne rétablit point la paix, mais, par une déclaration du roi, de 1661, qni ordonna qa'à à avenir les cures seraient desservies par des pritrs; inamo*. ibles et en titre da bénéfice à vie, le eïiaj:.tre da Saint-ùlacloa fut maintenu en possession dos dîmes et du droit de présentation anx cures eu visalries perpétuelles de Barsur-Aube, et un arrêt du parlement de Paris, du 21 mars 1884., conserva au prietr de Saint-Pierre le titre et les droils de caré primitif dans 'l'église paroissiale de ce nom, réglant en même temps que, « le jour de la fête du Saint-Sacrement le prieur ferait sa procession à neuf heures et demie du matin, immédiatement après la procession générale du chapitre, à laquelle tous les corps ecclésiastiques et laïcs étaient invités à assister. »
Le même arrêt de 1684 avait distingué l'église Saint-Pierre en deux parties, l'une prienrale et l'autre paroissiale, et avait ordonné que le chapitre
serait seulement tenu de faire les réparations du chœur de la paroisse auprès de la grille du prieuré mais en 1697 un des piliers du chœur prieural ayant manqué et entraîné dans sa chute les voûtes et les croisées de l'autre côté, les marguilliers agirent contre le chapitre qui fut condamné à rétablir le dommage, alors Dom Henri d'Archiuiac, abbé de Saint-Claude et prieur de Saint-Pierre, qui n'avait point été partie au procès, se pourvut en cassation contre ce chef, et obtint au Grand-Conseil, le 41 mai 1701, un arrêt de cassation. Le chapitre appela au Conseil Privé du roi, mais le 25 juin 1726, par la médiation de l'évéque de Langres, Mgr Pierre de Pardaillao de Gondrin d'Antin, alors en visite à Bar-scr-Aube, il fut passé devant notaire une transaction sur procès, entre le prieur de Saint-Pierre, le chapitre, M. Hubert Chausserat, vicaire perpétuel de l'église, et MM. Claude Lescure, Nicolas Dubois et Jean Gauthier, marguilliers, homologuée au Conseil d'Etat le 1" mai 1728, par laquelle il fut convenu qu'il n'y aurait plus à l'avenir dans l'église Saint-Pierre qu'un seul chœur
*t un seul et même office, tant pour la desserte du prieuré que pour celle de la paroisse, et que le chapitre paierait à la fabrique une somme de 3,000 livres comptant, plus une rente annuelle et perpétuelle de 100 livres pour les réparations du chœur dont elle demeurerait seule chargée.
Réuni de nouveau au domaine de la couronne, avec le reste de la Champagne, Bar-sur-Aube, après les récentes faveurs qu'il avait obtenues des rois Philippe IV et Charles V, pouvait espérer qu'il n'en serait plus désuni. Son espoir fat de courte durée en 1435, Charles VII, par suite du traité d'Arras, céda cette ville, avec tous ses droits, à Jacques de Croy mais bientôt après, les habitants, fiers de l'honneur d'appartenir au roi et voulant se conserver le titre de ville royale, aliénèrent leurs bois et une partie de tour rivière, afin de pouvoir racheter leur ville, et la lui rendirent généreusement, sous la condition expresse, homologuée à la chambre des Comptes, que le roi ni ses successeurs ne pourraient jamais à l'avenir ni ta vendre m l'aliéner.
M. Maupas père, dans les Recherches sur farron-
diisement de liar-sur-Aube insérées dans V Annuaire de l'Aube de 1837, et l'auteur anonyme d'un petit Essai publié en 1838, ont placé cette concession en 1318 ou 28, et l'ont attribuée à Philippe V, c'est une double erreur dont fera foi le texte même de la donation dont l'original existe dans les archives de la ville
« De parle Roy,
» Chers et bien amez, vous savez ou povez assez » avoir scu cornent en faisant le traicté de paix qui » nagaire a esté fait à Arras, entre nous et nostre » très cher et très amé frère et cousin le Duc de Bour» gogne,, a esté promis donner à nostre cher et féal » cousin le Seigneur de Croy, la ville, terres et chas» tellenie de Bai'-sur-Aulbe avec ses appartenances, » à rachat de certaines sommes plus amplement dé-
clarées en nos lettres patentes sur ce à lui octroyées. et pour ce nous voulons tout ce qui par nous a esté promis et accordé touchant ladite paix estre tenu et » accomply, nous vous mandons ce en obtempérant » au contenu en nosdites lettres, vous obéissiez et donniez et fassiez donner toute obéissance à nostre» dit cousin le Seigneur de Croy ou à ses gens. » Donné à Chinon, le sixième jour de février. » Signé CHARLES. »
Le traité d'Arras fut conclu en 1435, et Charles VII est le seul de nos rois qui ait tenu sa cour à Chinon.
En ces temps malheureux, l'autorité royale était entièrement méconnue et la France dévastée par des compagnies d'aventuriers que le peuple appelait Ecorcheurs, parce qu'ils enlevaient jusqu'aux vêtements de ceux qui avaient le malheur de tomber entre leurs mains. Charles VII, par la rigueur dont il usa envers ces bandits, sut arrêter la licence des gens d'armes et ramener la paix mais ce qui surtout lui gagna le cœur de ses sujets et rendit son autorité redoutable, ce fut le supplice du Bâtard de Bourbon, un de leurs principaux chefs.
Voulant arrêter le cours de ces brigandages, il rassembla des troupes qu'il envoya dans différentes provinces, et se rendit lui-même en Champagne où il reprit plusieurs forteresses, cassa plusieurs gouverneurs de ville, et, après avoir séjourné quelque temps à Troyes, il vint à Bar-sur-Anbe où il fit arrêter ce seigneur qui était venu l'y trouver. « L'an 1440, la veille du jour de l'an (on), dit
v Alain Chartier, auteur contemporain, se partit » Charles VU, et vint par ses journées au pays de » Champaigac, et là mit plusieurs chasteaux et for» teresses en ses mains, ès quels se trouvaient nomi bre de capitaines et gens d'armes qui faisoient 1 moult de maux ès dits pays, comme le Bastard de Bourbon, Charles Servoles, et autres des Marches t du Barrois et êe Lorraine, cspéiialement le Da> moiseau de Commercy, à qui le Roi pardonna et > aux autres capitaines, hormis le Bastard de Bour» bon qui fut prins, mis dans un sac et jeté dans la » rivière à Bar-sur-Aube. »
Alexandre, bâtard Je Jean I" et ancien chanoine de Beaulieu, était pillard, avare et cruel, il avait commis des horreurs Un pauvre homme vint se plaindre an roi que ce capitaine d'Ecorcheurs, par une insigne dérision, avait fait violence à sa femme sur Le coffre même où il l'avait renfermé, puis l'avait fait battre et meurtrir de mille coups. Toutefois, le roi ne l'eut pas choisi de préférence à tant d'autres coupables des mêmes crimes, s'il n'eût pas eu des raisons particulières pour en agir ainsi mais
il se rappslait que c'était lui qui avait emmené le Dauphin à Niort, et il savait que, tout récemment encore, il était allé trouver le duc de Bourgogue pour lier quelque intelligence entre ce prince et le duc de Bourbon telles furent les véritables causes de sa mort. Son procès fut instruit immédiatement par le prévôt des maréchaux de France, et il fut condamné à être noyé, ce qui fnt exécuté le 3 décembre 1440.
Ce genre de supplice était alors très en usage en France, c'est de là et de celui de la potence que nous est venue l'expression proverbiale de gens de »oe et de corde pour désigner des scélérats. Cet acte de sévérité produisit le plus salutaire effet, il fut applaudi de tous et fit tout rentrer dans le devoir. Le duc de Bourbon fut très-irritè de la mort de son frère mais le roi ne le craignait plus, en lui accordant sa grâce, il l'avait obligé à lui remettre Loches, Sancerre, Corbeil et Vincennes, et il était maintenant hors d'état de rien entreprendre. Les amis du Bâtard de Bourbon le firent retirer de l'eau et enterrer honorablement puis, au milieu
du pont d'Aube, à l'endroit même où il avait été jeté, ils firent élever une petite chapelle qui s'y voit encore maintenant.
Vers cette même époque, l'hôpital de SaintNicolas fat érigé en prieuré de l'ordre du Val des Ecoliers.
« Le 6 août 1437, dit uq écrit du temps, Jehan Jobert, chanoine et archidiacre de Langres, en présence de Jehan de Moustier, écuyer et garde des sceaux en la prévôté de Bar-sur-Aube, en exécution de la bulle du pape Eugène IV et des lettres de Philippe, évéque de Langres, après confirmation de 'état du monastère, de la détérioration des bâtiments, de l'absence de l'abbesse et des religieuses, etc., supprime et éteint en ce monastère la dignité abbatiale, et l'érige en prieuré conventuel de l'ordre du Val des Ecoliers, et, pour cette fois, nomme prieur Jacques de Bourgogne, prêtre dudit ordre, laissant par la suite aux religieux le droit d'élection. j>
11 est toutefois à remarquer, au sujet de ce changement dont les pauvres ne retirèrent aucun profit,
que ces lettres et cette bulle n'ayant été enregistrées en aucune cour souveraine ni suivies de lettres patentes du roi, cette prise de possession pouvait être considérée comme une véritable usurpation. Par lettres patentes de Louis XII, du 25 août 4503, il fut établi un octroi à Bar-sur-Aube, par lequel « les habitants, eu récompense de leurs bons el loyaux services, étaient autorisés à prendre, en outre du droit de gabelle et de celui payé par le marchand, deux sous parisis sur chaque minot de sel ledit octroi devant servir aux réparations, fortifications et emparements de ladite ville, qui tombent en ruines, à la charge par eux de rendre compte des recettes et de l'emploi des produits. » Cet octroi, qui n'était que temporaire, fut continué par lettres du même roi, en 1507 et 1513 g de François I", en 1516, 4521, 1529, 1535 et 1537; de Henri 11, en 1552 et 1558; de Charles IX, en 1568 et 1574; de Henri III, en 1579 et 1586 de Henri IV, avec augmentation de deux sous, en 1594 et 1601 et de Louis XIII, en 1615. Il fut supprime le 17 brumaire an X.
En 1544, Bar-sur-Aube eut beaucoup à souffrir du siège de Saint-Dizier par l'empereur CharlesQuint. Les habitants prirent les armes, et, prépares à soutenir un siège, ils firent sortir toutes les bouches inutiles. Les vieillards, les femmes et les enfants se retirèrent dans lesbois de Clairvaux où ils restèrent cachés pendant six semaines, avec leurs effets les plus précieux.
François Pithou, dans son Histoire du diocèse de Troys raconte qu'en 1574, « une compagnie de reitres et de lansquenets vint par Latrecey descendre dans Clairvaux. Mécontents de ne pas trouver de subsistances sur leur route, et furieux de voir les fours et les moulins détruits, ils pointent l'artillerie contre l'abbaye, l'attaquent, la prennent, la pillent, et font fuir les religieux qui se retirent, partie dans les bois, partie dans leur maison de refuge à Barsur-Aube mais, bientôt après, les brigands tombent sur cette ville, frappent indistinctement hommes, femmes et enfants, brûlent le faubourg SaintNicolas, chassent les pauvres de l'hôpital, enlèvent les vases sacrés de la chapelle, violent et tuent une
jeune hospitalière une plus âgée mourut de frayeur et ne se retirent qu'après avoir épuisé les vivres, égorgé les vaches dans l'étable et dévalisé la maison. »
Vers le même temps, en 1577, le duc de Guise dit le Balafré se présenta entre onze heures du soir et minuit, devant Bar-sur-Aube, avec deux cents hommes de cavalerie, menaçant de brûler la ville qui, n'ayant aucun moyen de défense, lui ouvrit ses portes, et même, par peur, embrassa le parti de la Ligue; mais en 159i elle revint à ses premiers sentiments de loyauté et de fidélité envers son roi, qu'elle avait sacrifiés à un faux zélé de religion, et dont, bientôt après, elle lui donna des preuves.
Mécontents de l'administration de Concini, maréchal d'Ancre et premier ministre, qui gouvernait sous le nom de la reine-régente Marie de Mèdicis, plusieurs seigneurs se révoltèrent en 1616 et prirent les armes contre la cour. Le roi envoya une armée contre eux, et le due de Guise ( le fils du Balafré), qui avait pris parti dans cette ligue, dont Henri If,
prince de Condé s'était déclaré le chef, écrivit aux habitants de Bar-sur-Aube une lettre menaçante ainsi conçue
« Messieurs de Bar-sur-Aube, l'armée royale » s'avance, je vous invile à fermer vos portes, et » je vous préviens que si vous n'entrez pas dans le » parti de la ligue du prince de Condé, je viendrai vous brûler aussitôt que les troupes du roi seront « retirées. »
Les Barsuraubois restèrent fidèles, et les succès de l'armée royale, suivis de la mort de Concini, tué sur le pont du Louvre, qui mit fin à la guerre, empêchèrent les insurgés de pouvoir exécuter leurs menaces.
t^B<xpiLï6 (Wiac.
Louis XIII confirme les privilèges de la ville il supprime les foires. Garnison. Les fossés sont désséchés et convertis en jardins procès à ce sujet. Louis XIV, Louis XV, etc., sont reçus à Bar-sm1Aube. Rosières.
En 1615, Louis XH[ confirma tous les privilèges accordés à la ville par les rois ses prédécesseurs, et, au mois de janvier 1631, par une nouvelle faveur, il exempta les habitants de payer le sou pour livre sur les vins et autres denrées et marchandises vendus par eux ou les marchands forains pendant tout le temps de la foire, ainsi qu'il a été de tout temps auparavant, pais, en 1636, une peste, qui dura près de donze ans, ayant interrompu le commerce et dépeuplé la ville et les environs, il supprima cette foire, que les
étrangers avaient cessé de fréquenter, et la réunit à celles de Lyon.
Le 20 décembre 1644, deux compagnies du régiment de cavalerie de Monseigneur le duc d'Enghien, gouvernenr de Champagne et de Brie, commandées par le baron de Briord et le comte de Grandpré, prirent garnison à Bar-sur-Aube et comme ces deux seigneurs avaient nno lettre de cachet pour trois autres compagnies du même régiment, pour l'empêcher, on leur donna 3,000 livrer et vingt sous par cavalier, à raison de cinquante hommes par compagnie, ce qui n'empêcha pas quelques jours après, une nouvelle compagnie d'entrer dans la ville, et par son moyen, sar l'exprès commandement du duc, LouisYardin, écuyer, sieur d'Ailleville, fut reçu et installé, le 4 janvier, par Louis Dubois, président en la prévôté, malgré l'opposition des habitants.
Sommés de satisfaire à l'accord fait relativement aux vingt sous promis à chaque cavalier, les Barsuraubois, trop pauvres pour payer, rompirent leur engagement et ne voulurent plus en donner que dix;
alors, pour les y contraindre, le sieur de Briord, qui commandait les trois compagnies, fit faire le désordre dans la ville depuis le 20 janvier jusqu'an 21 février suivant et tes habitants furent si maltraités dans cet intervalle que quarante à cinquante abandonnèrent leurs maisons, et que les autres, après avoir fait éclater leurs plaintes de toutes les manières, se disposaient à en faire autant, lorsque, pour faire cesser le désordre, on passa, le 21 février, un nouvel acte avec les chefs des compagnies par lequel ils s'engagèrent à payer seize sous par cavalier, et par jour, et vingt sous aux chefs, officiers et cavaliers, qui s'étaient abstenus. (Procès-verbaux adressés au ducet à l'intendant.) Cette garnison coûta à la ville 50,607 livres 4 sous, dont 3,000 furent employés en rachat de rentes, et, pour effectuer ce paiement et payer les 3,000 livres aux sieurs de Briord et de Grandpré, et les 1 ,000 de frais faits en cette occasion, on quadrupla la taille de 1644 qui de 6,336 livres 8 sous, fut portée à 25,335 livres 12 sous. L'année suivante, les habitants de Bar-sur-Aube,
à la recommandation do M. le marquis d'Andclof, furent exemptés de garnison et du logement des gens de guerre, par M. et M" la comtesse de Coligny, à dater du 5 novembre 1645, en leur payant 5,000 livres et en nourrissant leurs chevaux, mais pendant cette année et le quartier d'hiver seulement. Pour parvenir à payer cette somme, nourrir deux valets et neuf chevaux qui forent envoyés le 15 décembre 1645, et payer les frais faits pour obtenir l'exemption, on leva une taxe de 4,100 livres, « et moyennant cela, dit la délibération du conseil, l'on n'a vu que réjouissances publiques et particulières dedans la ville, lesdits habitants, après une oppression par eux soufferte pendant le quartier d'hiver dernier, qui n'a point de compagne, s' 'estimant estre au comble du bonheur, et supphjant la divine bonté de les continuer à l'advenir dedans les mêmes félicités » Mais cette joie fut de courte durée, car, après la prise de Lamotte, en Lorraine, d'où le duc Charles étendait ses courses dans toule la Champagne et même la Bourgogne, toutes les villes des élections de Bar -sur-Aube Chaumont et Langres, durent
fournir un certain nombre de pionniers pour démolir et raser cette ville Bar-sur-Aube en fournit douze pendant deux mois, ce qui lui coûta 400 livres; et un peu plus tard, le traité fait avec M. et M°° la comtesse de Coligny fut rompu par les mauvaises pratiques du sieur d'Ailleville, qui fit prier le duc de Châtillon, par le cardinal deMazarin, de retirer sa protection aux habitants de Bar-surAube, et, par suite, une compagnie fut envoyée en garnison dans la ville, à laquelle, par l'ordre du duc d'Enghien, il fallut donner pour son quartier d'hiver une somme de 3,000 livres qui fut prise sur les tailles de l'année.
Toutes ces dépenses successives avaient mis la commune dans la nécessité d'emprunter à des particuliers en 1692, elle se trouvait encore endettée de 46,500 livres, et comme, malgré tout le bon vouloir des habitants, qui déjà avaient fait plusieurs paiements sur les caisses d'octroi et des deniers patrimoniaux, et qui supportaient encore de nombreuses impositions extraordinaires, il arrivait souvent que les bourgeois les plus riches étaient
arrêtés dans leurs voyages et détenus dans les prisous de Paris, par des créanciers impitoyables, pour le paiement de cette dette, poussés à bout par ces vexations, ils s'adressèrent au roi qui, le 28 juillet 1735, rendit en leur faveur un arrêt en son conseil, par lequel les anciennes dettes de la ville furent déclarées prescrites et présumées acquittées. Au XIIIe siècle, les fossés de la ville étaient remplis d'eau et peuplés de poisson dont la pèche était adjugée et le produit employé à l'entretien des murs. Par la suite, les eaux s'étant perdues, ils ne présentèrent plus que des marais stériles et nuisibles à la salubrité de l'air, et comme, en cet état, ils ne produisaient plus rien à la ville, qui, avec eux, perdait sa seule ressource pour entretenir sa clôture, le 27 avril 1733, elle prit le sage parti de les faire dessécher et de les louer à divers particuliers chargés d'en faire le défrichement et de les convertir en nature de jardin, à raison de cinq sous la corde ( 20 pieds ), pendant neuf ans, avec promesse, lors du renouvellement, d'accorder la préférence aux cdiCcateurs ou à leurs héritiers. C'est alors que,
pour rendre ces jardins plus agréables, elle fit creuser et diriger le ruisseau qui maintenant encore en fait le tour.
En 1778, il s'éleva de grandes difficultés au sujet de la laissée des jardins qu'on oua à l'enchère, sans égard aux droits des défricheurs dont quelques-uns refusèrent de signer de nouveaux baux et néanmoins se maintinrent en possession des parties de terrain qui leur avaient été précédemment cédées.
Les choses étaient en cet état lorsque, en 1781, un arrêt du Conseil, et, plus tard, la loi du 1" décembre 1790, vinrent restituer à la ville son patrimoine. En conséquence, le 23 octobre 1791, à la suite d'un arpentage, il fut décidé que les jardins seraient adjugés par bait, au profit de la commune, au plus offrant et dernier enchérisseur, pour vingtsept années consécutives commençant à la SaintMartin ( 11 novembre); à la charge par les locataires de bien cultiver, en manière de jardin potager et non autrement, les terrains qui leur seraient loués; réparer Ics haies; curer le ruisseau deux
fois par an, au printemps et en automne, et de ne pouvoir faire au-delà aucune culture ou conslruction qui pourrait gêner l'écoulement de ses eaux, de manière qu'il ait neuf pieds de largeur à son ouverture et six à son embouchure par la vanne de décharge qui le conduit dans la rivière d'Aube par le canal extérieur de l'égoût de Jérusalem, proche le mouliu du Haut ni planter des arbres qui pourraient nuir à la vue des propriétaires des maisons voisines.
Pour ce qui est des portes, ponts et cabanes, qu'ils auraient fait élever pour leur agrément, il fut décidé qu'ils pourraient les enlever à la fin du bail, sauf aux nouveaux locataires à prendre avec eux tels arrangements qu'ils jugeraient convenables; et que, chaque année, il serait fait une visite par des commissaires nommés par la municipalité, pour constater qu'il n'a point été contrevenu aux clauses du bail.
Le 5 novembre 1791,, opposition fut formée à l'adjudication des jardins, de la part des sieurs DeBrienne, Arnoult et consorts, locataires, comme
s'en disant détenteurs et possesseurs. En conséquence, il fut sursis à l'adjudication jusqu'à ce que le département eut autorisé la délibération du 23 octobre qui fut homologuée par arrêté du 14 novembre qui autorisa la ville à traduire extraordinairement les opposants devant le tribunal du district qui, par jugement du 23 février 1792, donna gain de cause à la commune.
Appel fut interjeté devant le tribunal de Vitry qui, par jugement en dernier ressort, da 19 février 1793, adopta les conclusions des juges de Bar-surAube et condamna les appelants à 75 livres d'amende et aux frais puis le 13 mars 1793, un arrêté du Directoire du département de l'Aube donna pouvoir aux officiers municipaux de louer pour neuf ans, et bail en fut passé devant M' Pourru, notaire, les 24 et 25 du même mois.
Après tant de tracasseries, pendant vingt ans la ville resta tranquille possesseur de ses fossés, mais, par la loi dn 2 mai 1813, elle fut contrainte de les céder à la caisse d'amortissement, en échange d'inscriptions de rentes à 5 pour 100, et peu après
ils furent vendus l'enchère par M. le préfet, sur une mise à prix de quinze à vingt fois leur revenu.
En 174-i Louis XV passa à Bar-sur- Aube, nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en reproduisant t la délibération du Conseil à cette occasion et un extrait des procès-verbaux de son passage et de celui de Mm' la Dauphine en 1747, ce qui, tout en intéressant certaines familles, leur donnera une idée des mœurs et du cérémonial de cette époque. Le 6 octobre 1741, M. Masson, sabdèlèguè, reçut de M. d'Argenson, intendant de la province de Champagne, une lettre, qu'il s'empressa de communiquer à M. Paget, maire, et à MM. Méchin et Merger, échevins, par laquelle il lui annonçait que le roi Louis XV, à son retour du siège de Fribourg, avait fixé son passage par Bar-sur-Aube vers la fin du mois, sans pouvoir toutefois préciser lejour, dont il lui donnerait avis aussitôt qu'il en serait instruit, l'engageant à prendre avec la Compagnie ( le conseil municipal ), tous les arrangements nécessaires pour la réception de S. M., et,
dans l'incertitude si elle coucherait, faire préparer la maison la plus logeable, à portée d'autres'pour sa suite, et garnie des choses nécessaires et commodes élever des arcs de triomphe aux portes d'entrée et de sortie, mettre sous les armes les compagnies Bourgeoise et de l'Arquebuse, complimenter le roi, lui présenter les clefs de la ville et faire tapisser les rues de passage.
Aussitôt la réception de cette lettre, la Compagnie convint avec M. Masson des préparatifs généraux suivants, dont la surveillance lui fut confiée rétablir le parapet du pont d'Aube et Jean Aubert, maçon, qui fut chargé de ce travail, reçut en même temps l'ordre de faire charroyer à corvée les pierres et le sable nécessaires pour les différents ouvrages qui lui seraient commandés réparer le mieux possible le pavé des rues Saint-Michel, des Boucheries, du Marché et d'Aube traversées alors par la grande route, et les garnir de caffres dans tonte leur étendue, pour procurer un chemin doux et facile, puis faire vider les fossés près la porte d'Aube par les habitants du quartier qui seront
tenus d'enlever les ordures dans denx fois vingtquatre heures, comme présumées y avoir été jetées par eux ou leurs domestiques, sinon qu'ils y seront contraints militairement.
Le 14 octobre, nouvelle lettre de M. d'Argenson annonçant que le roi arriverait à Bar-sur-Aube dans les premiers jours du mois suivant et qu'il y coucherait qu'il fallait, à cette intention, rassembler de la batterie de cuisine, du linge et de la vaisselle d'argent ou au moins de la faïence propre, faire établir des fourneaux de campagne pour ses cuisines dans la maison qui lui était destinée, préparer des lampions et des pots à feu pour illuminer ses appartements et ceux de ses principaux officiers, toutes dépenses à la charge des villes; et terminée par l'annonce de son arrivée sous quatre jours, pour indiquer les détails du cérémonial.
En conséquence, trois douzaines de fourneaux de campagne furent commandés aux menuisiers de la ville Nicolas Aubry, potier de terre, s'engagea à fournir les lampions et pots à feu sur les modèles qui lui seraient donnés, et M. Masson fut chargé de
se procurer le linge et tout ce qui concernait le service de table pour ce qui est des arcs de triomphe, Charles Laperriërc, Nicolas Cabarat, Alexis Edmond, et Guillemin, peintre, se chargèrent de les élever avec les planches et les bois fournis par le sieur Girardon, sur les dessins de l'ingénieur de la province appelé sur les lieux par M. Masson; sur sa demande, on éleva, en outre, des berceaux de feuillage dans tous les coins de rues traversant celles par où S. M. devait passer, et l'Assemblée, dans une réunion extraordinaire, prit ensuite la décision suivante
« 1° Que les arcs de triomphe seront composés de plâtres ornés de peintures, et qu'il sera placé des feuillages dans les endroits qui ne pourront souffrir d'ornements à la main.
> 2° Que la Compagnie se présentera à la porte d'entrée de S. M., en dedans de la ville; que le premier officier municipal fera le compliment au roi que le second lui présentera les clefs, qui seront polies et limées, dans un bassin d'argent.
> 3' Que six seulement des officiers municipaux
se présenteront au compliment, dans l'habillement noir, manteau court, rabat plissé à la manière de MM. les maîtres des requêtes, perruque carrée, communément appelée à la chancelière; que celui qui portera la parole aura, en outre, une épée au cûté que, le compliment fâit et le roi passé, la Compagnie se retirera, dans la pompe ordinaire des cérémonies publiques, à l'hôtel-de-ville; qu'un mement après elle en sortira, dans la même pompe, pour aller au Louvre demander au roi la permission de lui faire ses présents, sans compliment, et avec les mêmes devoir et respect que lors de l'arrivée, c'est-à-dire un genou en terre, et alors sera présenté quarante-huit bouteilles de vin de Bourgogne qui seront portées par les sergents de quartier; que le lendemain matin il en sera présenté douze au capitaine des gardes, douze au premier gentilhomme, douze à Mgr d'Argenson, et douze au maître des cérémonies.
» 4° Que l'Arquebuse sera sous les armes à l'entrée de S. M. elle précédera le corps de la Bourgeoisie, tant en dedans que hors la ville, s'il se
trouve assez d'habitants pour faire la haie des deux côtés des rues, depuis la porte d'entrée jusqu'au Louvre dont la même compagnie de l'Arquebuse gardera l'entrée en dehors, sans pouvoir pénétrer dans l'enceinte.
» 5° Que les capitaines et officiers des milices bourgeoises et leurs compagnies feront la garde à la porte du Louvre, après la compagnie de l'Arquebuse, celle des portes de la ville, et patrouille pendant la nuit, et qu'il sera établi des corps do garde.
» 6° Que les habitants de cette ville feront des illuminations sur leurs croisées donnant sur les rues, avec des pots à feu, pendant toute la nuit qu'ils mettront des tapisseries, rideaux de lit, draps et autres choses semblables, pour garnir les rues du passage de S. M., à son arrivée, le plus proprement que faire se pourra, avec cette inscription sur chacune des pièces qui garniront leurs maisons: Vive Louis le Bien-Aimé
» 7" Qu'à la porte de la sortie de S. M., la Compagnie se présentera dans le même habillement
que ci-dessus, <-t le corps de la Bourgeoisie et la compagnie de l'Arquebuse dans le même ordre. » 8' Que si S. M. loge en cette ville, l'hôtel de ville sera garni de pots à feu et de lampions, de même que la porte du Louvre, celles qui sont à portée, de même que celles des seigneurs qui suivront le roi.
9° Qu'il sera construit dans les croisées des rues des berceaux de feuillage, et fait amas de linge et de batterie de cuisine.
» Qu'en conséquence la Compagnie, tant en corps qu'en particulier, pour marquer le respect qu'elle ressent pour son prince, qui mérite de <'ë<M, travaillé à seconder les vues de Mgr l'intendant pour recevoir aussi avantageusement que la ville le peut l'honneur du passage de S. M., a donné tous ses soins pour les travaux des chemins, le rétablissement du pavé des rues de la ville, à quoi M. Masson, subdélégué, s'est porté avec toute sa diligence ordinaire, lequel, par bonté de CŒur pour la ville, lui a procuré, pour ces ouvrages essentiellement nécessaires, les corvées des paroisses d'Ailleville,
Montier-en-l'Isle, Bossancourt, Arsonval, Trannes, Eclance, Vernonvilliers, Lusigny, Arrentières (bb); par ce secours la chaussée du faubourg SaintMichel, depuis la porte jusqu'à la croisée des chemins d'Arrentières et de Bayel, a été perfectionnée à la satisfaction de tous, de même que les rues Saint-Miche), des Boucheries, du Marché-au-Blé, et ta rue d'Aube jusqu'à la porte que la Compagnie s'est donné les mêmes soins pour orner la porte Saint-Miche) de faisceaux d'armes, avec la Renommée et autres ornements en peinture et architecture appliqués sur le blanc-à-bourre dans l'enfoncement de ladite porte, ce qui servira d'arc de triomphe et pour donner une ouverture convonable à cette porte, elle a fait faire le retranchement des jardins de l'un et de l'autre coté, pour donner l'embrâsement de toute la surface de la chaussée avec la porte, au lieu des haies qui l'offusquaient, en ôtaient le jour, même empêchaient l'écoulement des eaux qui refluaient sous la porte et formaient un cloaque perpétuel qui se trouve détruit par le moyen de cet ouvrage, que la Compagnie a cru
devoir ordonner pour la réception du roi, et qui en méma temps sera utile à toujours aux habitants qu'elle s'est donné les mêmes soins pour l'arc de triomphe de la porte d'Aube dont les décors ont été réparés, les murs et parapets exhaussés, les chaussées de l'un et de f autre c&tés nettoyées pour faciliter le passage, avec l'observation du conduit pour écouler les eaux et donner plus de grâce à ladite porte, et répondre à l'arc de triomphe qui sera posé en dedans, sur l'élévation d'environ soixante pieds, avec pilastres et ornements représentant, au-dessous de la figure de Gaston de France, celle de S. M. Louis XV, avec des devises convenables an grand sujet qui a animé la Compagnie à faire toutes ces choses et beaucoup d'auires, comme pots à feu, lampions, dont le mémoire lui sera donné dans le rapport qui sera dressé par le sieur Clausse, receveur de la ville, avac le prix du vin de Bourgogne et celui d'un feu d'artiSce dont M. Bourlette, receveur des tailles, et M curé de Longchamps, ont bien voulu se donner les soins.
') Que les tours de la porte Saint-Michel seront
garnies de verdure et de feuilles de tierre, à la même hauteur de l'arc de triomphe qui est formé en dedans, le mieux arrangé que faire se pourra. » Que la rue du Petit-Marché, entre les sieurs Filleux et Vitalis, sera fermée par des tapisseries, des draps on des feuillages, ainsi que l'ouverture de la petite rue Saint-Aubin, entre MM. Merger et Coureaux, aux soins des uns et des autres. Que l'hôtel de ville sera orné de lampions, pots à feu, tapis sur les fenêtres, et enfin que l'entrée de la rue Notre-Dame~ vis-à-vis le couvent des religieuses Ursulines, sera fermée par une sorte de berceau de verdure supporté par quatre poteaux plantés à cet effet.
v Pour ces ouvrages, ensemble pour garnir les fourneaux de campagne, la Compagnie a ordonné aux charpentiers, couvreurs et maçons de la ville, d'y travailler dès le lendemain, et sont convenus les officiers municipaux de donner mutuellement leurs soins à la perfection du tout, sans qu'il soit besoin d'autre délibération ni désignation particulière, concourant tous ensemble à l'objet qui anime le peuple et la ville en particulier.
Ensuite, il a été délibéré que tous les habitants composant la milice bourgeoise devront se réunir sous le commandement de leurs officiers, les joursde l'arrivée et de la sortie du roi, en tenue décente~ avec le fusil et l'épée et une cocarde blanche a leur chapeau, et que, dans une revue préparatoire, on leur apprendra l'exercice, on inspectera leurs armes, et on renverra ceux qui, par leur mauvais état ou leur mauvaise figure, ne conviendraient point dans les rangs.
A la m6me assemblée, les six sergents de ville, voulant concourir pour leur part à l'ornement de la fête, ont proposé de s'habiller en uniforme, et la Compagnie, édifiée de leur émulation, a bien voulu leur accorder leur demande et leur faire donner à chacun douze douzaines de boutons de fil d'argent. 9
Après un retard de q:)e!<{ues jours, le roi Louis XV, revenant de Chaumont, passa à Barsur-Aube le 12 novembre 1744, à neuf heures du matin, pour aiier coucher, le même jour, à la Chapelle, au château de M. Ozy, contrôleur gênera).
Voici à peu prts en quels termes un des registres conservés à la mairie rend compte de ce passage, pour mémoire à la postérité.
e La Compagnie, dans l'habillement convenu, se rendit en dehors de la porte Saint-Miche) pour recevoir S. M. et lui offrir le rœur des habitants, sans compliment néanmoins ni présentation de clefs, S. M. en ayant dispensé toutes les villes de son passage. Les chevaliers de l'Arquebuse en uniforme furent à sa rencontre jusque dans le faubourg SaintNicolas, ainsi qu'une compagnie de bergers et de bergères composée des jeunes gens les plus notables de la ville qui ont accompagné jusqu'au relais le caresse du roi, qui a témoigné sa satisfaction en faisant retirer le peuple pour les faire approcher les bourgeois commandés par leurs officiers étaient sur deux haies, depuis la porte Saint-Michel jusqu'à la porte d'Aube.
» Cette réception fut précédée d'une illumination qui fut vue par Mgr l'intendant et tous les seigneurs qui précédaient S. M. L'hôtel de ville était illuminé sur toute sa surface, garni de lampions et de pots à
feu qui furent allumés depuis quatre heures jusqu'à il sept heures du matin, le passage du roi n'ayant été annoncé que pour six heures, et des chandelles placées sur les fenêtres de tous les habitants. Le feu d'artiSce destiné pour S. M. fut tiré, le soir, ~en face la maison de M. Masson où it devait coucher avec des illuminations pour marquer l'honneur de ce passage, ce qni fut fait à la satisfaction de tous ~ensuite, M. Masson a donna un repas n la Compagnie et à tons ceux qui avaient contribué au feu d'artifice qui devait être précédé des boîtes tirées par la compagnie de t'Arquebuse qui n'a pas accompli sa promesse.
d60 chevaux de poste avaient été commandés quinze jours auparavant, ainsi que 160 chevaux d'ordonnance tirés des paroisses de t'éteetion, et plusieurs brigades de maréchaussée furent envoyées à Bar-sur-Aube.
L'arc de triomphe de la porte d'Aube avait été monté la veille, a la satisfaction du roi, des seigneurs et de tout le public.
Quelques années plus tard, Louis XV attantâ à
Cirey passa une seconde fois & Bar sor-Anbe et descendit chez M. Masson.
Lors du passage de M°* la Dauphine en février ~7~'7, la ville 6t sabler les rues, préparer des salles, prendre les armes à l'Arquebuse et & la Milice et construire un arc de triomphe. Le maire, en costume de cérémonie et un genou en terre, lui présenta un gâteau sur lequel étaient représentées les armes du roi et de M. le Dauphin avec un manteau royal, des fleurs, des dragées de Verdnn, et les vins de la ville, dont on offrit également aux principaux officiers de sa suite. Les maisons furent illuminées, on donna un bat à l'hôtel de ville on tira un feu d'artifice, on sonna les cloches et on alluma un feu de joie. Les Bourgeois et les Arquebusiers montèrent la garde pendant toute la nuit devant l'appartement dela princesse, et un détachement de fusiliers garda les équipages.
Déjà, vers 1680, la ville avait été honorée de la présence de Louis XtV il était descendu au Cbâteau-Gaillard, maison de plaisance incendiée depuis et sur l'emplacement de laquelle est bâtie la maison
mSTOIRE DE BM-SCR-AUBE. 3)
do M. Thiellement Stanislas, roi de Pologne, et l'empereur d'Attemague Joseph 11 sous le nom do comte de Falkeinstein, traversèrent également Barsur-Aube en 1725 et 178i.
Bar-sur-Aube aussi a en ses Rosières. Sur le procès-verbal desréjenissances faite! le ~1 novembre 178~ à t'occasion de la naissance de Mgr le Dauphin, je lis n Mariage de denx filles pauvres aux frais de la ville qui a donné pour dot à chacune d'elles 300 livres et 30 livres pour le repas de noces, avec exemption pendant trois ans de tailles, capitation et corvées.
< M. Rivière, maire, après avoir complimenté les jeunes filles ( Claire Bourgeois et Anne Bizot mariées à Jacques Duchesne et Pierre Sarcelle ), leur a présenté deux roses pour marque de leur vertu, et après le mariage, qui a eu lieu à l'église collégiale de Saint-Maclou, elles ont été ramenées chez elles par un détachement de la garde bourgeoise. »
Nous ne citons, du reste, cette cérémonie qu'en raison de l'époque, car plusieurs fétes semblables
eurent lieu depuis, entre autres en 1810 et 1811, à l'occasion dn mariage de l'Empereur et de la naissance du Roi de Rome (ce).
La même année (1781), un cours d'accouchement public et gratuit avait été établi dans notre ville par M. Aubertin, chirurgien, avec la permission de M. l'intendante et pendant trois ans, le Gouvernement, qui probablement jugeait cet établissement d'une grande utilité, donna huit sous par jour à chaque sage-femme de la campagne qui assistait aux leçons, et la ville dut fournir le bois de chauffage au démonstrateur.
~ROM~tte L/n~e'.
Fêle de la Fédération. Réumon des trois paroisses Saint-Maclou prend le nom de Sainte-Germaine, puis devient le temple de la Raison Saint-Pierre devenu magasin à fourrages, est envahie par les Theophilantropes, vente et démolition de Sainte-Magdeleine, Abandon des hôpitaux. Départ des Religieuses. La Mairie est transférée aux Ursulines. Loségtises, couvents etc., sont convertis en dcd<s. Baptême repnb)[Ctin. Les rues changent de nom. Destruction de la cëiëbre abbaye de Clairvaux. Découverte d'une fabrique de fausse-monnme.
Nous allons entrer maintenant dans une période de misères, d'héroïsme et de crimes, déjà cent fois décrite, et par des plumes plus éloquentes et plus exercées que la nôtre, aussi nous contenteronsnous d'extraire des procès-verbaux de l'époque ce qui a spécialement rapport à notre pays, et, dans la crainte de blesser certaines snsceptibiHtes et de
réveiller des haines encore mal assoupies, essaierons-nous enforc de la retracer le plus succinctement possible.
En 1789, les trois Ordres du bailliage de Chaumont furent convoqués par une ordonnance du grand-bailli, Messire Mandat, baron de NaUy, en date du 18 février, à l'effet de nommer des députés aux Etats-Généraux, dont l'ouverture se fit à Versailles le 5 mai suivant, ponr s'occuper des besoins de l'Etat, de la réforme des abus et du bienêtre de tous.
En conséquence, les membres du Clergé présidés par Louis-Marie Recourt, abbé de Clairvaux i ceux de la Noblesse présidés par le grand-bailli, et les députés du Tiers-Etat présidés par le lieutenant général du bailliage, M. Vorsede Reuilly, se réunirent, le 12 mars, en assemblée générale au cheflieu, pour procéder à la rédaction des cahiers de plaintes et de demandes, et nommer les députe~ fbarges de les présenter ( <M ).
Lors de la Tormation de [a garde nationale ( 1789 ), M. Guérin chevalier de Saint-Louis,
ancien capitaine du régiment de Lyonnais, retiré à Bar-sur-Aube après vingt-huit ans de service, fut nommé commandant, et en 1790, à la Federotto):, commandant générât des gardes nationaux du département de l'Aube reprtfente par cent quatre ~ingt-seize dépat~ dont le district de Bar-surAube avait fourni trente-sept.
Cette fête nationaie, anniversaire de la prise de la Bastille, et dont Lafayette fat le héros, fut célébrée le même jonr (14 jni))et) dans tontes les communes de France.
A Bir-sur-Aube, toutes les autorités, accompagnt' 's de la garde nationale, des Capucins, des Cordeliers et du cierge des trois paroisses, réunis à onze heures sur la place de l'Hôte) de ville, se rendirent l'église ~co])égia)e de Saint-Maclou où fut chantée une messe solennelle du Saint-Esprit par MM. du Chapitre. A l'issue de la messe, le temps étant mauvais (ee), on se rendit à t'égtise des Cordeliers où était dressé un autel de la Patrie à quatre faces, peint en marbre de trois couleurs et orné de guirlandes civiques dessus étaient un faisceau, un
livre et une épée, représentant l'union et la force, la loi et le pouvoir exécutif au pied, un aspic et une balance, symboles de l'envie et de la justice, et au-dessus de cet autel était placé, sur un piédestal, un vase contenant le feu sacré de la liberté surmonté du bonnet phrygien les faces du trophée étaient garnies de drapeaux tricolores, et, à midi sonnant, après que le procureur de la commune eut été entendu dans ses conclusions, tous préfèrent le serment civique.
A quatre heures, les autorités se réunirent de nouveau pour assister à un Te DeMm d'action de grâces chanté dans l'église Saint-Maclou, puis ils se rendirent à la porte Notre-Dame, où un feu de joie avait été préparé et, après en avoir fait trois fois le tour, le feu y fut mis par le maire, M. de Brienne, et, ]e soir, toute la \i)te fut illuminée. La même fête s'est répétée en 1791 et 1792. Cette même année fut achevée la Constitution. Le serment prescrit fut prêté par MM. Bergerat, Lemonnier et Riel curés de Saint-Pierre, SaintMaclou et Sainte-Magdeleine, et par M. Cornibert,
desservant des Ursulines; au contraire, MM. Rivière, Mutinot et Verdier, desservants de SainteGermaine, de l'hôpital du Saint-Esprit et de celui de Saint-Nicolas, s'y refusèrent et donnèrent leur démission pour s'en dispenser. Ce qui n'empêcha pas M. Riel d'S'ra déporte en 1793, ainsi que M. Rivière et MM Bouchel, Girardon et Descaves, autres prêtres de Bar-suf-Aube et les uns et les autres ne rentrèrent en France qu'en 1795, sur leurs demandes réitérées. En 1793, M. Lemonnier fut remplacé par M. Guerrapain, c~re ?:a<!OBO<, et la messe de l'abbé Méchin fut défendue, le 26 septembre, comme rendes-voas des fanatiques. L'Assemblée nationale ayant décidé, par un décret des <3jaii)etet 15 novembre 1790, que les trois paroisses de Bar-sur-Aube seraient supprimées et réunies en une seule, on consulta les officiers municipaux sar la convenance des suppression et anioa des cures de la viHe; mais avant de prendre une détermination sur une affaire aussi importante, iisvoaSarent savoir laquelle des trois églises était la plus saMre et exigeait !s Ntoics de réparat:oas. A cet effet,
M. Poterlet architecte distingué de Châlons-surMarne, fut choisi pour les visiter et donner son avis qui fut favorable à Saint-Mactou cependant, comme tes opinions paraissaient partagées, sur la demande de quelques citoyens, et pour éditer les haines et les divisions, t'Assemblée décida que l'on prendrait la voie du scrutin.
La réunion eut lieu le 3 avril 1791, dans l'église des Cordeliers, et, sur 507 notants, 185 demandèrent qu'il ne restât que la seule église Saint-Pierre, sans oratoire ou succursale 48 votants firent la même demande pour Saint-MacIou mais 264, formant la majorité, ayant voté pour la conservation de deux églises, c'est-à-dire Saint-Maclou pour paroisse et Sa!ote-Magdele!ne pour succursale, l'Assemblée, conformément à ce voeu, donna son avis en ce sens, motivé sur l'aggrandissement probable de la ville, l'eeonomte et la position des deux églises, et termina sa délibération en demandant la suppression de la paroisse de Proverville, en raison de sa proximité, et sa réunion à la ville de Bar-surAube dont, suivant eux, ce village a anciennement fait partie.
Cette décision fut adressée à t'Assemblée nationale qni, sur le rapport du Comité ecclésiastique et l'avis de l'évêque diocésain, rendit le décret suivant, le 27 septembre n9t
« Les paroisses Je Saint-Pierre, de la Magdeteine et de Saint-Mactoo, de la ville de Bar-sur-Aube, seront réunies en une seule qui sera desservie dans l'église ci-devant Saint-Mactou sous l'invocation de Sainte-Germaine; l'église ci-devant paroissiale de la Magdeteine est conservée comme OMtotre, et te cnré y enverra les dimanches et fêtes, un de ses vicaires pour y célébrer la messe et faire les instructions spirituelles, sans pouvoir » y exercer les fonctions curistes.
A l'appui de ce décret, une lettre de l'administra.tion supérieure, du 8 décembre, déclara SaintPierre édince national, sons la surveillance du Il corps administratif, et une délibération du 8 août <702 ordonna sa fermeture et l'enlèvement des cloches, dont il ne fut conservé que deux à l'oratoire, quatre à la paroisse qui avec tes ornements, hérita du bourdon de l'église supprimée qu i ré-
sonne encore dans son clocher, et une pour le service de la Maison commune; toutes les antres furent envoyées à Paris, à l'Hôtel des Monnaies qui, bientôt après, réclama celles qui restaient, si bien qu'en 1793 il n'en restait plus qu'une seule à SaintuGermaine Sainte-Madeleine avait subi te sort de Saint-Pierre! En 1795 elle sert de prison à cent hussards hongrois, et, vendue en 1798, elle fut démolie la même année. Le 21 nivôse an Il (2i janvier 179-4), Sainte-Germaine elle-même fut convertie en Temple de la Raison, tous les signes religieux dispsraissen:, et le presbytère devient maison d'ECol:, Cunt-Pierre, qui était devenue un magasin à fourrEgec, fut restaurée en n97 ponr servir aux réunions décadaires, puis elle est envahie par les TbeophDantropes qui la conservent depuis le 4 mars 1799 jusqu'au 1" août 1800, où elle fat enfin rendue au culte.
Sar une plainte de M. Caillet, procureur de la commune, les Religieuses de <'MptM< Sa!t:(-NtC<~<M sont convaincues d'incivisme, comme ayant refusé de présenter eUes-mêmes les enfants trouvés à un
prêtre assermenté pour être baptisés, déclarant que cela répugnait à leur conscience et que, par la même raison, elles ne pouvaient plus conduire ni faire conduire aux ofEces et instructions paroissiales les enfants employés à la filature de cotoa et, par délibération du 15 février, il est décide qu'il sera pourvu à leur remplacement au moyen de quatre ou cinq personnes honnêtes de la ville qui se chargéraient volontiers du péuible soin des pauvres malades; que pour cela il n'était pas nécessaire de porter une gnimpe; qu'étant de l'endroit elles seraient portées d'inclination à soigner les malades 1 qui auraient plus confiance en elles; qu'on les connaîtrait mieux et que ce serait un moyen de récompenser leur vertu; que l'administration ferait annoncer par le tambour, que les personnes t qu! seraient dans intention de se dévouer au < service des pauvres sont Invitées à se présenter t la Maison commune pour y faire leur soumission. <
Mais on avait trop compté sur la philantropie révotatiomaire, personne ne se présenta! Cinq des
ruiigifnses sortirent le 25 mai suivant, et, par grâce, en considération do leurs servires, on voulut bien leur accorder, pour regagner Salins (Jura), leur pays natal, une modique somme de 570 livres une fois payée, à partager entre elles proportionnellement au temps qu'elles avaient employé au soulagement des malades, savoir à Anne Rhodes,280 tivres; à Christine Claire, 100 livres à Catherine Gilbert, 40 livres; à Eugenie Besson 20 livres, et 130 livres à la cinquième dont nous n'avons pu retrouver le nom. Les deux autres restèrent jusqu'au moment de la fermeture des églises (1794), mais à cette époque elles se retirèrent aussi, et, comme on ne trouva dans la ville personne de bonne volonté pour les remplacer, on fut, ainsi que nous l'avons déjà dit, obligé de faire venir de Langres une demoiselle Bertrand qui resta seule pendant plusieurs années.
Par délibération du i7 juillet, le lieu des séances du conseil municipal fut transfère aux Ursulines. Cette maison qui forme la mairie actuelle, était alors vacante depuis un mois, par suite du départ
de ces dames, à qui, sous prétexte de rassemblement, on avait défendu d'ouvrir leur chapelle à aucun étranger.
Les membres des assemblées primaires se réunissaient dans l'église des Cordeliers ceux des assemblées électorales, dans le réfectoire des Capucins les Amis de la Constitution, dans la salle des Buttes et un corps de garde pour la visite des papiers avait été établi à l'hôpital du Saint-Esprit, mais bientôt après ( le 7 avril 179S ) il fut remplace par un comité de surveillance dont M. Bernard-Lécuyer fut nomme président. C'était le bon temps des visites domiciliaires mais, plus heureux que bien d'autres pays, Bar-sur-Aube n'eut aucune victime à déplorer. Les vases sacrés et tous les objets précieux furent enlevés des églises et envoyés à la Convention nationale, comme restitution faite à la nation, ainsi que l'argenterie portant des A':<y)!M de féodalité, cest-a~-dire des armoiries, et l'or et l'argent cachés.
Il se forma alors une société populaire qui, dans son patriotisme, leva à ses frais un hussard tout
équipé. Mais voici un trait qui, plus que tout antre, initiera aux idées du moment.
Un de s: sombres s'appelait Bouillé. Honteose de ce nom, qui était celui du chef des émigrés, de l'assassin du peuple, la société décida qu'il serait débaptisé et appelé Démophile ( ami du peuple ). Cette cérémoaie aussi gaie qu'intéressante eut lieu en 179~, dans l'église Saint-Maclou qui venait d'être baptisée du nom de Temple de la Raison, et elle fut terminée par des danses et des chants. Les changements du reste étaient à la mode, et celui-ci n'était pas le premier. Déjà, par un arrêté de la Commune du 12 nivôse an II (1" janvier d794), on avait changé presque tous les noms des rues et places de Bar-sur-Aube.
« En raison, dit la délibération, de la sainte liberté que nous avons reconquise, et que nous voûtons conserver dégagée de toutes les erreurs a du fanatisme et de la tyrannie i
Les armoiries placées au frontispice de chaque porte de ville seront effacées, comme signe de la f ~ëof<<!<!ië la plus monstrueuse, et en remplacement
il sera écrit en gros caractères VivnE unnE "OCMOUMn, i
M La place nouvellement établie devant la Maison commune se nommera place de la Révolution, et celle du Petit-Marché, place de la Liberté Les rue et porte Notre-Dame prendront le nom de la Liberté
Le faubourg Notre-Dame prendra le nom de yaN&om'y du C/tamp-de-Mar~
La rue Saint-Michel prendra le nom de rue (le » Mcrat
La rue Saint-Nicolas prendra )e nom de rue des Bonnes-Filles
a La rue Saint-Aubin prendra le nom de rue Pelletier
» La rue du Poids prendra le nom de rue des BoMt-GarcoM
a La rue Saint-Maclou prendra le nom de rue Jean-Jacques Rousseau
La rue des Angoiselles prendra le nom de rue » de la Régénération
"La rue Piverotte prendra te nom de rue de M f~&0<t<KM
t) Le faubourg Saint-Nicolas prendra le nom de B faubourg des SaM-CMfottM
La rue Saint-Jean prendra le nom de rue de f Voltaire;
La rue du Petit-Clairvaux prendra le nom de < rue de fEspenmce
» La rue de Jérusalem, ainsi que la porte et le ctoitre Saint-Madou prendront le nom de a fMM
t La rue Neuve et son cul-de-sac prendront le nom de rue et cul-de-sac de la Fraternité o Les rue et ruelle de Paris prendront le nom de t rue et ruelle des JOec/ianyeMM
» La rue Saint-Pierre, le cul-de-sac des Hattottes et le cloître Saint-Pierre, prendront le nom de la Réunion. <
Mais ce changement ridicule ne fut que momentané, et en <802 on vit reparaître les anciens noms places au mois de mai d766, par suite d'une délibération, et conformément aux instructions de
M. Bouillé, intendant de la province ce fut à cette même époque que les maisons furent numérotées. Les seules rues des Halliers, d'Aube, des Moulins, du Marché-au-Blé, Mercière, des Boucheries, de la Paume, du Corps-de-Garde, et de l'Epicerie, ne furent point changées.
En 17H5j. un arrête rendu le i" mars, par le citoyen Albert, représentant en mission dans les départements de l'Aube et de la Marne, bouleversa entièrement toutes les branches de l'administration civile et judiciaire du district de Bar-sur-Aube, dont, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, il remplaça presque tous les titulaires par des créatures de son choix.
La même année, M. Penehot, commissaire détégué par l'administration centrale du département de l'Aube, fut chargé de faire transporter à Troyes la bibliothèque de la célèbre abbaye de Clairvaux qui, en i7M, avait été vendue et en partie démolie mais il ne put, de suite, remplir sa mission, parce que les sceHés y avaient été apposés par l'administration du district de Bar-sur-Aube qui, s'ap-
puyant sur an décret rendu en l'an H, par la Convention nationale, portant qu'il serait établi dans chaque chef-lieu une école secondaire et une bibliothèqne, s'était cru en droit de la conserver. Cette prétention lui fut contestée, et, après une longue explication, it fat convenu à l'amiable que, cette bibliothèque étant trop considérable pour an simple district, la majeure partie serait transportée à Troyes et le reste à Bar-sur-Aube. Ce traité fut exécute sous la surveillance de commissaires, et M. Vitalis, en sa qualité de membre de l'administration municipale et de libraire, fut choisi par la ville, et chargé par le département de t'embaHage mais, de part ni d'autre, it ne fut point dressé d'inventaire.
A Bar-sur-Aube on fit préparer, dans la maison de ville, une salle basse pour recevoir tes Hvres quelques-uns furent successivement ois en ordre, et, la saUe ne pouvant tout contenir, une partie fut placée dans tes armoires d'une chambre contigüe, dans un ancien magasin au-dessus, et le reste, les moins précieux, dans un grenier.
En l'an IV, l'administralion du district fut supprimée, et tes administrateurs sortants remirent à l'administration nouvelle les clefs des chambres pour veiller à la conservation des livres, dont il n'y avait point encore d'inventaire, en attendant que le corps législatif edt rendu une décision déSnhive au sujet des écoles. Les choses restèrent en cet état jusqu'en l'an VI, et, dans le cours de frimaire de la même année, lorsqu'il fut décidé qu'il serait établi seulement des ècoles centrales dans les chefslieux de département, deux commissaires furent envoyés pour faire transporter à Troyes tous les livres de la bibliothèque du ci-devant district de Bar-sur-Aube, non-seulement ceux provenant de Clairvaux, mais encore ceux des émigrés, déportés et autres, ainsi que tous les titres et papiers. En vain l'administration municipale demanda qu'on lui laissât au moins les oavrages dépareillés ou qui formaient double emploi, pour indemniser la commune de toutes ses dépenses et former un noyau de bibliothèque. !t loi fut répondu que les ouvrages doubles étaient ta propriété de la Répu-
blique et qu'il n'appartenait pas au département d'en disposer. H ne fut donc plus question'd'aucune réserve~ et, sans distinction, tes commissaires firent emballer et charger pour Troyes tons les ouvrages les plus intéressants, en commençant par le magasin et les armoires. Quand cela fat fait, et qu'ils se furent assurés qu'il ne restait plus que des livres de peu d'importance, dont le nombre, encore très-considérable, prolongerait inutilement leur séjour, ils firent nommer M. Vitalis, déjà chargé de l'emballage, et M. Trippier, commissaire da Directoire exécutif près l'administration municipale du canton, pour les remplacer et surveiller le chargement commencé. Tous tes livres et papiers furent conduits à Troyes dans des voitures et caissons du parc de Brienne, et pendant plus de dix-huit mois ils restèrent enfouis dans tes caisses où ils avaient étédéposés. Trop tard on s'aperçut que faute de soins, tes ouvrages tes plus précieux avaient été soustraits, et ainsi l'on eut à déplorer des pertes irréparables dans ce vaste dépôt des connaissances humaines.
La bibliothèque du château de Brienne et tontes celles des abbayes circonvoisines furent également, à la même époque, transférées à Troyes qui s'enrichit de tontes ces dépouilles.
En 1796, la découverte d'une fabrique de fausse monnaie jeta un peu de trouble dans la ville, mais bientôt après les coupaMes furent arrêtés et le calme reparut.
Pendant toute la période impériale jusqu'en 1814, où l'arrondissement deBar-sur-Aube fut en proie à toutes les horreurs de la guerre, l'histoire locale n'offre rien de remarquable, nous passerons donc, de suite, à cette époque désastreuse, nous contentant de rapporter seulement ce qui touche la ville.
<Sf~pttxe Oc)on&&.
Campagne de 1814. Premier et deuxième combats de Bar-sur-Anbe. La ville est prise et pillée à plusieurs fois. Trois souverains étrangers à Bar-sur-Aul'e. Le couvent des Ursulines est changé en prison il devient la proie des nammes. M. Trippier, par son conmge, sauve la ville. Les églises, le co!Mge, etc., sont convertis en ambulances. Malheureuse position du pays et des habitants. Une députation à l'Empereur. François H et le père Martin. Seconde mvasion. Passage de Charles X et de Loms-PMhppe à Bar-surAube, etc.
La malheureuse campagne de 1812 avait épuisé la France d'hommes et d'argent, et, cependant, à un appel fait à la nation, les communes s'empressèrent de répondre la ville de Bar-sur-Aube, entre autres, par une délibération du 20 janvier 1813, offrit à l'Empereur deux chasseurs babillés, éqtiip&s et montés à ses frais. Mais la trahison rendit tons ces sacrifices inutiles, et, le 1" janvier 4814,
l'armée coalisée franchissait la frontière de notre beau pays, et, le 21, elle se présenta devant Barsur-Aube, débouchant par les routes de Clairvaux et de Chaumont, et marchant sur Paris.
Après quatorze cents ans, la France a revu les Huns et les Vandales
La garde impériale et quelques autres corps sous les ordres du maréchal Mortier, duc de Trévise, occupaient en ce moment la ville. A midi, nn combat sanglant s'engagea entre les deux armées nous n'avions que treize mille hommes à opposer à plus de trente mille, et, cependant, on se battit avec un égal acharnement pendant plusieurs heures, et en trois endroits différents d'abord auprès du pont Boudelin sur l'Aube, ensuite dans le vallon de Dardenne, puis au vitiage de Fontaine, qui eut beaucoup à souffrir, ayant été pris et repris jusqu'à trois fois.
Après une action ~ive et meurtrière, désignée sous le nom de p)'en)Mt' combat de Bar-sur-Aube, l'ennemi n'ayant pu parvenir à nous faire abandonner nos positions, nous les gardâmes toute la
journée, malgré tous ses efforts mais pendant la nuit, l'armée française, persuadée que sa valeur ne pourrait jamais triompher du nombre, profita de l'obscurité pour opérer sa retraite qui se fit en bon ordre, et ce ne fut que le lendemain matin que le feld-maréchal prince de Wrède (ff), général saxon qui commandait l'avant-garde autrichienne, Gt, à la tête de sa colonne, son entrée dans Bar-surAube par la porte Saint-Miche).
Bientôt la ville, centre des opérations de l'ennemi, fut encombrée de troupes de toutes espéces, artillerie, chevaux, charriots et caissons. Chaque habitant reçut chez lui à discrétion quinze, vingt ou trente soldats, qui, trouvant les caves pleines, étaient presque toujours en état d'ivresse, et se livraient au pillage et à tous les excès, sans respect d'âge ni de sexe, au point qu'on n'osait pins sortir dans la crainte d'être dévalisé ou insulté tous, enfin, furent horriblement maltraités, et eurent plus ou moins à souffrir! Les maisons qui eurent un peu moins à se plaindre furent celles occupées par les officiers généraux et par les trois souverains
étrangers qui, après le congrès de Châtillon, s'arrêtèrent pendant quelques jours à Bar-sur-Aube, et furent logés, <'empereur de Russie chez M. RobertBerault, le roi de Prusse chez M. Laperrière, et l'empereur {<f<nche chez M. MaupaS.
Ce déptorabte état de choses dura jusqu'au 26 février, après lequel des maux encore plus grands fondirent sur notre malheureuse cité.
Après la bataille de Montmirail (il février), l'ennemi, forcé à la retraite par l'armée française commandée par Napoléon en personne, rétrograda jusqu'à Bar-sur-Aube, qu'il fut contraint d'abandonner presque aussitôt pour occuper la place où s'était livré le premier combat. Là, il s'arrête incertain, et, bien que supérieur en nombre, il reste sur la défensive et comme chaque parti attendait des renforts, la journée du 26 et une partie de celle da 27 se passèrent en se tiraillant quelques coups de canon le soir seulement, les alliés, certains que Napoléon n'est ~point contre eux, se décident à en Tenir aux mains. Aussitôt ils s'emparent des hauteurs qui dominent la ville, et, le lendemain matin,
les Autrichiens attaquent avec impétuosité t'armée française qui, commandée par le maréchal Oudinot, duc de Reggio, et renforcée de dix à douze mille vieux soldats ven ant d'Espagne, répond avec !a même énergie. Deux fois la ville est prise et reprise; chaque maison était devenue une forteresse, chaque fenêtre une meurtrière, ses rues sont jonchées de morts et inondées de sang, et ce n'est qne le ,soir, après un combat acbarné soutenu toute la journée contre des forces quatre fois supérieures, que les Français se décident à la retraite et prennent position an PontNeuf ou de Dollancourt, afin d'en interdire le passage à l'ennemi là, une nouvelle action s'engage, et, victimes de la plus lâche des trahisons, ils périssent presque tous, l'arme au bras, écrasés par la mitraille, et sans qu'il leur soit permis de se défendre.
Telle fut l'issue malheureuse du deuxième combat de Baf-Mf-Att~e, pendant lequel toute la ville, qui est presque entièrement bâtie en bois, fut m!traiHée et inondée d'obus et de boulets, et, si elle échappa a t'incendie, elle le dut, au dire même des ennemis,
à une espèce de miracle, que les personnes pieuses attribuèrent à la protection particulière de la bienheureuse Sainte-Germaine, patronne de la ville. Furieux de la résistance qui lui a été opposée, l'ennemi vainqueur se livre à tous les excès. Sous prétexte que les habitants ont tiré sur les troupes alliées, un nouveau pillage est ordonné par le prince de Wrède ie pillage, le viol, l'incendie, dans toutes leurs horreurs, les plus cruelles vexations ne peuvent assouvir leur rage brutale; f hôpital SaintNicolas est pillé à plusieurs reprises; des réquisitions énormes, que l'on évalue à deux millions, furent frappées sar les bestiaux, les comestibles, les marchandises, les denrées de toute espèce. Vainement M. Laperrière, conseiller municipal remplissant les fonctions de maire en l'absence du titulaire, M. Masson, supplia-t-il le roi de Prusse d'avoir pitié de ses malheureux administrés, le prince de Wrede lui répond brutalement, lorsqu'il lui présente l'ordre du roi a Je suis étonné qu'on intercède en faveur d'habitants coupables dites à S. M. que le pillage a lieu par mon ordre; et que,
» si je ne l'avais pas ordonné, je l'ordonnerais » maintenant.' »
Le jour des Cendres, veille de l'évacuation précipitée dont nous venons de parler, l'ancien couvent des Ursulines ( maintenant la mairie), que l'on avait converti en prison militaire, fut incendié par l'imprudence de soldats français logés dans la chapelle, et, s'il ne fat point entièrement la proie des flammes, nous le devons an courage héroïque d'un de nos concitoyens
De nombreux barils de poudre, laissés par les Français lors deleur retraite du 24 janvier, étaient renfermés dans les caves, et comme cet édifice est situé au contre de la ville, elle était perdue si le feu les eut atteints. Que fait alors M. Trippier, commissaire du gouvernement ? Bravant le danger, il descend dans les caves, inonde tes poudres avec le vin dont ces mêmes caves sont remplies. et la ville fut saavée!
L'égtise Saint-Pierre fut aussi convertie en ambulance, et ses chaises, ses bancs, chaire, stalles, étc., tout enfin ce qui pouvait se brûler servit aux
blessés pour faire du feu l'église Saint-Maciou, la mairie, le cottège, l'hospice et plusieurs maisons bourgeoises rcgsrest la même destination, et tous ces bâtiments étaient encombrés de malades et de blessés gisants demi-nuds sur quelques brins de paille. Enfin, par suite des différents combats qui se livrèrent à Bar-sar-Aube et dans les environs, le nombre des morts était si grand qa'on ne put procéder de suite à leur inhumation certains cadavres restèrent trois mois privés de sépulture. L'air en fut infecté. Envain, en les livrant aux flammes, on eut reconrs à l'usage des anciens, il était trop tard, et bientôt se déclara une épidémie meurtrière qui décima notre malheureuse population déjà si réduite par la guerre et les mauvais traitements. Telle est la malheureuse situation où se trouva notre ville pendant tout le séjour des troupes alliées. pendant trois mois. Des maisons brûlées et démolies, le pillage, le viol et l'incendie, tels sont les souvenirs qu'elles nous ont laissés. Qu'on s'étonne après cela de la terreur qui frappa la Champagne en 1815, à la réapparition des étrangers 1
Du 28 février jusqu'à lafin de mars il ne se passa rien de remarquable, mais, dans la nuit du 28 au 29, il arriva à Bar-sur-Aube un aide de camp charge de reconnaître l'état du pays. Il se fit conduire chez le maire, M. Masson, qui, anssitôt, réunit chez lui les membres du conseil municipal. H leur apprend que Napoléon, après une longue suite de combats glorieux et funestes, opère sa retraite sur Vitry et Saint-Dizier, et qu'il est pour lors à Donlevent; puis il termine en demandant des hommes de bonne volonté pour lui porter des renseignements. Un seul se présente, M. Girardin, huissier, qui, déguisé en paysan, ponr éloigner tout soupçon, et snivi de M. Mongin, un de ses confrères, qui lui propose de l'accompagner, ne tarde pas à se mettre en route pour remplir la difficile mission qui lui est confiée, car, bien que le chemin ne soit que de quatre lieues, il s'agissait de traverser une contrée occupée par l'ennemi. Cependant, comme le pays leur est bien connu, après plusieurs détours, ils arrivent sans encombre à Doulevent. Ils sont introduits auprès de l'Empereur, chez M. Janson, no-
taire. On annonce les dépntésde Bar-sur-Aube; et, apres~uetque temps, Napoléon, qui etaitoccupé à étudier des cartes étendues devant lui, leur adresse différentes questions sur la position et les forces de l'ennemi, leur parle des combats de Bar-sur-Aube, les questionne sur l'état des esprits. Ensuite, il leur demande L'Aube est-elle guéabte? – En vingt endroits, sire, répond M. Girardin. Y a-t it un pont ici près ?– Oui, sire, à DoHanconrt, il y en a un très-beau. Votre ville peut-elle me fournir du pain ? Sire, cela n'est pas possible, nous sommes ruinés, pillés, il ne nous reste plus rien du tout. Puis, après une on deux autres questions, il les congédie en leur disant C'est bien allez chez vous porter des paroles d'espérance et de paix. Je prépare en ce moment des manœuvres qui sauveront ]a France. Vous ne verrez plus l'ennemi; c'est moi qui vous le promets. – JI ne prévoyait pas que la trahison devait rendre vains les efforts de son génie
Maintenant, pour égayer mon triste récit, je vais, à propos du séjour des souverains étrangers, vous
raconter une historiette dont notre ville a été le théâtre et un de nos concitoyens le héros.
E
L'empereur d'Autriche avait une grande passion pour la musique. Quelques jours après son arrivée à Bar-sur-Aube, désirant se distraire, !t s'informa si, dans la ville, il existait un amateur qui sut jouer du violon on lui indiqua le père Martin. Aussitôt il sonne un de ses gentils-hommes et lui ordonne de faire chercher le père Martin et de le lui amener. Celui-ci crut qu'il s'agissait tout simplement de quelqu'un à arrêter, en conséquence, il appela an officieretlui communiqua l'ordre qu'il venait de recevoir. Dans l'état militaire, chez tes Allemands surtout, l'obéissance est prompte l'officier commandé envoya donc à sa recherche deux soldats qui s'empressèrent de se mettre en route, en demandant à chacun la demeure du père Martin. Le premier à qui ils s'adressèrent crut, en voyant cet appareil militaire, qu'il y allait de ses jonrs, aussi, au lieu de répondre, i! prit ses jambes à son cou, et fut le prévenir de se cacher, car on était à sa recherche. Martin, on le devine, ne se le fit pas répéter
deux fois. H se blottit à la hâte sous un lit, et, un instant après, lorsque les soldats arrivèrent, sa femme, tremblante de peur, leur dit qu'il était sorti r mais, sans tenir compte de cette réponse, l'un se mit en faction devant la porte pendant que l'autre furetait de tous côtés. N'ayant rien trouvé, ils se mirent à culbuter les meubles la crainte de la schtague les animait et, enfin, ils trouvèrent celui qu'ils cherchaient. Il était plus mort que vif. L'ayant arraché de sa cachette, ils commencèrent à se payer de leur peine en lui prodiguant force conps de poing, ensuite, lui ayant attaché avec une corde les mains derrière le dos, ils le forcèrent à marcher devant eux jusqu'à la maison où était logé leur empereur. Ils le remirent à leur officier qui le remit au gentil-homme, lequel, lui ayant délié les mains, l'introduisit auprès d'un personnage assez âgé qui lui demanda, avec un accent étranger Vous êtes le père Martin? Oui, Monseigneur, répondit-il en tremblant. – Vous êtes musicien, m'a-t-on dit ? Oui, Monseigneur. Eh bien s'il en est ainsi, prenez cet instrument ( et de la
main i) lui désignât! un violon), approchez un siège, jouez-moi d'abord un air, et ensuite nous exécuterons quelques morceaux ensemble. Joyeux de voir une aventure commencée sous de si tristes auspices prendre une tournure aussi gaie, le père Martin s'empressa d'obéir et François !tj car c'était cet illustre amateur, fat si content de lui, qu'après l'avoir gardé plusieurs heures, it lui donna sa bourse pouf le remercier du plaisir qa'it lui avait procuré.
La séance terminée, l'Empereur donna l'ordre à son chambellan de reconduire chez lui le père Martin. Celui-ci, satisfait de l'heureux dénouement de son aventure, voulut se refuser à cet excès d'honneur, alors, sur un signe du chambellan, arrivèrent deux soldats munis d'une corde, ils empoignèrent le récalcitrant, et, matgré ses cris, lui attachèrent une seconde fois les mains derrière le dos, le firent placer entre eux deux, et, l'arme au bras, le reconduisirent jusqu'à son logis où le chambellan, accomplissant à la lettre l'ordre qu'il avait reçu, se fit un devoir de l'accompagner.
Pierre-Joseph Martin, le héros de cette étrange aventure, ancien concierge de )'hôte)-de-vi)te, chantre à l'église Saint-Maclou et professeur de musique à Bar-sur-Aube, est mort le 19 février ~84~, à t'age de 78 ans.
Le 9 septembre, Monsieur ( Charles X ) passa à Bar-snr-Aube dans la matinée; il s'arrêta quelques heures chez M. de la Hupproif, où il donna audience, et, après avoir déclaré qu'il était content et satisfait du bon esprit des habitants, il donna la décoration du Lis à toutes les personnes portées sur une liste qui lui fut présentée par )e maire. Bar-sur -Aube, livre t'annee précédente à tous les ravages de la guerre, commençait à peine à respirer, lorsque, le 7 juillet 1815, un mois après la funeste bataille de Waterloo, et moins de quinze mois après leur départ, les troupes alliées franchirent une seconde fois la frontière de notre département, et se présentèrent devant notre ville, qui les vit arriver avec un tel effroi que beaucoup d'habitants abandonnèrent leurs demeures. C'était le prince de Wrède qui les commandait
Chaque jour ce sont de nouvelles réquisitions de vivres pour la subsistance et l'approvisionnement des troupes, d'objets mobiliers pour les bivouacs, de chevaux et voitures pour le service militaire, de draps, cuirs, treillis, fer, cleus, graisse, etc., pour l'habillement des hommes, l'équipement des chevaux et le service de l'artillerie les ouvriers même sont mis en réquisition. La livraison doit être faite dans les vingt-quatre heures, sous peine d'exécution militaire, et le prince de Selconburg, pour s'en assurer, retient les notables en otage. Aucun d'eux, cependant, ne fat victime.
Plus de 200,000 hommes des différentes armées, une cavalerie nombreuse, d'immenses parcs d'artillerie, traversent la ville et stationnent en partie sur son territoire. Ce n'est point assez le 23, une garnison de 2,000 cuirassiers bavarois est encore installée à Bar-sur-Aube, et le 29, on y établit une ambulance de transport de 152 lits montés avec des effets pris chez les particuliers.
Pour subvenir à toutes ces dépenses~ les habitants sont obligés d'user de toutes leurs ressources, et la
ville vote une somme de 20,000 francs qui, plus lard, s'élève à 50,000, à part les 16,100 francs formant son contingent dans la réquisition de 96,450 francs frappée par l'intendant des armées russes sur l'arrondissement de Bar-sur-Aube. Tel fut l'état de notre ville du 7 juillet au 9 novembre et jamais, cependant, pour ses pertes et ses souffrances, elle ne put obtenir du gouvernement aucune indemnité, malgré ses demandes réitérées. Les terres demeurèrent incultes; les vignes, principale richesse du pays, furent pillées, arrachées, ou restèrent sans culture; le commerce, l'industrie, furent anéantis de là, la misère et la famine qui, on 1816, achevèrent de ruiner notre malheureux pays.
Une seule chose différencie la conduite des Alliés, dans les deux invasions < En 1814 ils prenaient » sans demander ce que, en 1815, ils prenaient en » demandant. »
Après un tel récit peut-on croire qo'it soit encore des gens assez oublieux du passé pour rêver la gaerre civile qui infailliblement nous ramènerait
les mêmes horreurs. Espérons que le bon senspublic triomphera, et que leur espérance parricide sera trompée! 1
En <83t, Louis-Philippe, venant de Chaumont, passa par Bar-sur-Aube avec ;ses deux fils, le duc d'Orléans et le duc de Nemours. A la jonction de la route de Chaumont, il fut harangué par le maire, M. Bertrand, qui était allé à sa rencontre, avec la garde nationale et le l'onseil municipal, et auquel il répondit par des paroles affectueuses. H fat reconduit par les autorités jusqu'au haut de la vine, qo'it traversa achevai, entre deux haies de gardes nationaux accourus de tous les environs pour voir et présenter leurs hommages au souverain alors à la mode.
A propos de ce passage, il faut que je vous raconte une petite anecdote. Lorsque S. M. descendit de voiture, on lui offrit un cheval, ainsi qu'aux princes ses fils. Que fit le duc de Nemours, en voyant un jeune et beau cheval destiné au roi ? H le tira à lui, en disant à celui qui le présentait « Donnez-moi cetm-tâ à mon père il ne lui faut
» plus que des rosses. » Et il l'enfourcha prestement.
Là s'arrête l'histoire de la ville de Bar-surAube, car nous n'avons point cru devoir parler de ses clubs, non plus que de la formation de sa garde nationale en 1830, qui n'offrent rien de particulier; mais nous citerons, pour mémoire, le patriotisme dont elle a fait preuve au 13 juin 1848, en marchant au secours du gouvernement menacé; et nous terminerons en souhaitant qu'il ne soit jamais besoin d'ajouter un supplément à ce travail, car, dit le sage, le plus heureux des peuples est celui qui n'a point d'histoire, c'est-à-dire point des calamités à raconter. 1
BIOGRAPHIE 1
DES HOMMES ILLUSTRES
Née à Bar-sur Aube.
La ville de Bar-sur-Aube a produit un grand nombre de personnages distingués par leur science leurs vertus ou leurs talents nous allons lâcher de les faire connaître, en esquissant sommairement la vie des plus célèbres.
Sainte Germaine.
Sainte Germaine. vierge et martyre, patrone de la ville de Bar-sur-Aube. Cette sainte ayant refusé de se rendre aux désirs d'Attila ce barbare lui fit trancher la tête le 19 janvier 4S2, jour où l'on célèbre sa fête; et son tombeau, situé sur la montagne qui la vit naitre et mourir, et qui maintenant encore porte sou nom devint par la suite un pélerinage fameux. Pour plus de détails, voyez pag. 105 à 115.
saint Simon.
Le bienheureux Simon d'abord comte de Crespy et de Valois, devint ensuite, par la mort de sa mère, quatrième comte de Bar-sur-Aube, où il était né. Après avoir brillé à la cour de France et à celle d'Angleterre, il embrassa la vie monastique en 1075, et se retira an couvent de Saint-Claude en FrancheComté. Appelé à Rome par le pape, il y mourut en odeur de sainteté le 22 septembre 1082, et fut enterré à Saint-Pierre avec grande pompe. On célébrait sa fête le 1er septembre.
Pour plus de détails, voyez pag. 132 à 134.
Cltreatlen
Pierre ou François Chrestien, aumônier du roi Philippe-Auguste, naquit à Bar-sur-Aube dans le courant du XII8 siècle. Sa vie est peu connue. Il fit don à l'église Saint-Maclou d'une dent de son patron. Jeanne de Kavnrre.
Jeanne de Navarre seizième et dernière comtesse de Champagne et reine de Navarre, naquit au château de Bar-sur-Aube en 1272; elle épousa Philippe-le-Bel, roi de France, en 1284 et mourut à Vincennes, le 2 avril 1505 à l'âge de trente-trois ans. Belle éloquente et libérale elle gouverna ses états en sage et les défendit en héros, et, ajoute-ton, elle tenait
tout le monde enchaîné par les jeux par les oreilles et par les cœurs. ( Mézeiui, Hist. de France. -Art de vérifier les dates. )
Pour plus de détails, voyez pag. 178 à 181. nrteola» de Bar-Bur-Aube.
Nicolas de Bar-sur-Aube, doyen de la collégiale de Saint-Maclou, docteur de Sorbonne et professeur de l'Université de Paris, naquit à Bar-sur-Aube, comme l'indique son nom. Il est célèbre par la dispute que lui et Guillaume de Saint-Amour soutinrent en 1235-56, avec les Jacobins et les Cordeliers qui se plaignaient qu'on les eût chassés de l'Université et qu'on leur eût enlevé deux chaires de Théologie, dont ils avaient pendant longtemps été en possession. Dans l'intérêt de la paix, il fut décidé, par sentence arbitrale, que les Frères Mendiants n'auraient plus à l'avenir qne deux écoles, et qu'ils seraient toujours séparés des maîtres et des écoliers de l'Université; mais le pape Alexandre VI, considérant cet accommodement comme une rébellion contre l'Eglise romaine, se déclara pour les Frères Prêcheurs qui jouissaient à cette époque d'un très-grand crédit, et déclara déchus de toutes leurs dignités, fonctions et bénéfices, Nicolas de Barsur-Aube et les autres docteurs qui avaient écrit ou parlé contre eux. Le Livre desPérils des derniers temps, par Guillaume de Saint-Amour ne fit qu'échauffer la querelle, et, pour l'appaiser saint Louis envoya
à Home deux docteurs chargés de le faire examiner par le pape, ce que l'Université ayant appris, elle se liùta d'envoyer Guillaume de Saint-Amour, Nicolas de Bar-sur-Aube, et quatre autres députés, pour poursuivre la condamnation de l'Evangile éternel, dont ils faisaient tomber la haine non-seulement sur les Ordres Mineurs, dont Jean de Parme, son auteur, avait été général, mais encore sur tons les Ordres Mendiants qui, de leur côté, envoyèrent aussi des députés pour soutenir leur cause. Le pape condamna comme impie et exécrable le Livre des Périls et le fit brûler publiquement pour l'Evangile éternel, ne pouvant se dispenser de le condamner, à cause des nombreuses erreurs dont il est rempli, il prit la précaution de le faire condamner et brûler en secret. (Histoire Eccl. de Fleury.)
Geoffroy de Bar.
Geoffroy de Bar, cardinal et évêque d'Evreux, né à Bar-sur-Aube, mort en 1299. Il était déjà chanoine de l'église de Paris, dont plus tard il fut doyen, quand, en 1270, Robert de Sorbonne, l'institua son héritier, mais, après la mort de ce pieux docteur, en 1274 il remit toute la succession à ses héritiers. Le 12 avril 1281, le pape Martin IV le fit cardinal sous le titre de Sainte-Suzanne.
Ce prélat avait entrepris de reformer les moeurs des religieux de Saint -Tanein de sa ville épiscopale.
Il mourut avant d'avoir pu apaiser leurs querelles. Son corps fut exposé pendant la nuit dans l'église du couvent, suivant la coutume du lieu; c'était le livrer à ses ennemis. Les religieux, piqués de ce qu'il avait tenté de les remettre en règle et de réprimer le désordre dans lequel ils vivaient, portèrent l'animosité jusqu'à briser son cercueil puis ils dépouillèrent le cadavre et le fouettèrent cruellement. Le secret fut mal gardé, la nouvelle de cet attentat se répandit bientôt dans toute la ville, et les moines fureut condamnés à une amende annuelle de 40 sous, qu'ils payaient chaque année, le jour anniversaire de la mort du pontife. (Hist. de France de Vily.)
À A
Pierre de Bar.
Pierre de Bar, archevêque de Cologne, cardinal en 1311 et doyen de la collégiale de Saint-Maclou à Bar-sur-Aube, dont il a dressé les statuts. (Mézeiiai Hist. du XIIl> siècle.)
Jean de Bar-sur-Aube.
Jean de Bar-sur-Aube, verrier en 1460. C'est à lui qu'on attribue la fameuse verrière de Sainte-Magdeleine à Troyes qui contient la légende de saint Louis.
Bertrand de Bar iur Aube.
Bertrand de Bar-sur-Aube, évéque de Soissons.
Germain Béatrix.
Ilubile écrivain né à Bar-sur-Aube, qui copiait des livres pour la bibliothèque de Louis XI.
Un manuscrit était un objet rare et précieux, quand l'art de multiplier les livres par le secours de l'imprimerie élait inconnu, ou lorsque cette invention était encore dans son enfance. Avant cette découverte et celle du papier, 20,000 familles en France vivaient du travail de copiste sur vélin et ils grattaient les productions sublimes des auteurs de l'anriquité pour y substituer les chroniques les plus absurdes. Urbain Béatrix.
Habile écrivain aussi natif de Bar-sur-Aube, peutêtre le même que le précédent.
Dcspérlerg,
Despériers (Bonaventure) né à Bar-sur-Aube. Il fut fait, en 1556, valet de chambre de Marguerite de Valois, reine de Navarre, sœnr de François ler. On ignore les autres circonstances de sa vie, on sait seulement qu'il se donna la mort en 1354, dans un accès de frénésie.
On a de lui plusieurs ouvrages. Celui qui a fait le plus de bruit est le Cymbalum mundi ou Dialogues poétiques fort antiques, joyeux et facétieux, 1357 et 1S58, in-8°. Ce n'est plus un ouvrage rare depuis qu'il a a
été réimprimé in- 12, à Amsterdam en 1711 et à Paris en 1732. Auparavant on n'en connaissait que deux exemplaires. Il est divisé en quatre dialogues, dont le deuxième est une raillerie assez fine de ceux qui cherchent la pierre philosophale, c'est le meilleur les trois autres ne méritent presque aucune attention. Lorsque cet ouvrage partit, il fut brûlé par le Parlement et censuré par la Sorbonne qui le condamna comme pernicieux, quoique ne contenant pas des erreurs expresses contre la foi; mais on soupçonna que Despériers, attaché à une cour où l'erreur était protégée, et ami de Clément Marot, avait voulu précher la réforme sous le voile de l'allégorie. Tous ceux qui ont parlé de cet ouvrage, qui est écrit en français quoique le titre soit en latin le traitent de livre impie, détestable, qui aurait mérilé d'être jeté au feu avec son auteur. Sans doute, ceux qui en ont porté ce jugement ne l'avaient point lu sa lecture leur aurait fait voir que, à part quelques obscénités, il pèche plus contre le bon sens que contre la religion et que c'est une pièce beaucoup moins recommandable par son propre mérite que par la réputation qu'on lui a faite en le censurant.
Ses autres écrits sont 1° une traduction en vers français de YÂndrieune de Têrence, 1S37, in-8°; 2° une traduction en français du Cantique de Moïse; 5° un Recueil de ses OEuvres, 1544, in-8°. On y trouve des poésies, entre autres Carême prenant en tarantara, dont les vers sont de dix syllabes dont le
repos est après la cinquième. L'abbé Régnier des Marais a composé une épitre morale en cette mesure qui n'est pas fort harmonieuse, et a cru en être l'inventeur cependant, avant Despériers, Christophe de Barrousso avait donné, en 1501, son Jardin amoureux en vers de cette façon. 4° Nouvelles Récréations et joyeux Devis, 1551, in-4-»; 1571, in-16; 1711, 3 vol. in-12. Quelques auteurs prétendent que ce dernier ouvrage n'est pas de lui. (Dicl. hist. Hist. Eccl. de Fleury. Hist. de France de Vély.) Nodin ( S'rnnçoitt ).
Cordelier Barsuraubois, auteur du VICTORIA JIebr,iïoRUM ADVERSUS vEGÏPTIOS.
Robert.
Robert (Claude), né à Bar-sur-Aube vers 1564 devint précepteur d'André Frémiot, depuis archevêque de Bourges, avec lequel il voyagea en Allemagne, en Ilalie et dans les Pays-Bas. Les cardinaux Baronius, d'Ossat et Bellarmin, lui donnèrent de nombreuses marques de leur estime. De retour en France, il fut nommé archidiacre et grand-vicaire de Châlons-sur.Saône. Ce savant mourut le 10 mai 1636, à l'âge de soixante-douze ans.
Le plus important de ses ouvrages est le grand recueil intitulé Gatlia Christiana, qu'il publia en 1625, en un volume in-folio. Les célèbres de Sainte-
Marthe augmentèrent dans la suite cet ouvrage utile, infiniment plus exact depuis que les Bénédictins de Sainl-Maur en ont donné une nouvelle édition in-folio, et qui n'est pas achevée. (Dict. hist.)
Bourbon ( Nicolas >
Bourbon (Nicolas dit le Jeune, membre de l'Académie Française, professeur d'éloquence grecque et latine au collége d'IIarcourt, et chanoine de Langres, naquit en 1So4 à Bar-sur-Aube, d'un père médecin et non pas à Vendeuvre, comme l'ont écrit quelques biographes qui l'ont confondu avec son grand-oncle Bourbon, dit l'Ancien auteur du poème de la Forge. Erreur qu'ils se fussent évitée, s'ils avaient pris connaissance de l'Epître de Nicolas Bourbon à Jacques Pinon, et de son éloge fait par Garabi la Luzerne, inséré avec beaucoup d'autres à la fin de ses poésies. (JV. Borbonii Poemata. Expos., pag. 140, 2° partie, édit. 1654.) ls ex Barro ad Albam, lingonensi agri oppido, patre medico oriundus; ainsi que l'ont dit Colletet, Ménage, Baliac, Pelisson ses contemporains et ses amis, et Chapelain son élève au collège de Calvi où il avait professé, ainsi qu'aux Grassins, avant d'entrer au collége d'Harcourt. D'ailleurs, on conserve encore à la bibliothèque du collège de Troyes quelques-uns de ses livres de classe sur lesquels son nom est ainsi écrit Barbonius Baralbidanm, et sur d'autres Bourbon Barsuraulbois; et sur la couver-
lure d'un Recueil grec et latin, qui probablement lui a appartenu. ou lit ces mots assez mal tracés, suivant la coutume des beaux-esprits de cette époque: Sum Borbonii Baralbulani, et plus bas sa devise /Equa Minerva.
Bourbon était très-instruit dans les lettres grecques et latines, possédait très-bien l'histoire civile et littéraire de son temps, et écrivait également bien en prose et en vers. La France le compte au rang des plus grands poètes latins qui l'aient illustrée depuis la renaissance des lettres ses pensées sont pleines d'élévation et de noblesse; ses expressions, de, force et d'énergie; et sa poésie, de ce feu divin qui anime ceux qui sont nés poètes. On peut citer comme un échantillon de son talent ces deux beaux vers latins en l'honneur de Henri IV, placés sur la porte de l'Arsenal à Paris
/Etna hra Henrico vulcania tela mimstrat,
Tela giganteos debellatura furorcs.
Sa réputation s'étendait jusqu'à l'étranger le cavalier Marin et le fameux Gromwel allèrent le visiter pendant leur séjour à Paris et tous les savants de son temps avaient une telle confiance en-lui, qn'ils n'osaient pas faire imprimer un ouvrage avant de l'avoir consulté. C'était un homme grand, sec, vif, ardent, d'une mémoire extraordinaire et remplie d'anecdotes curieuses il aimait beaucoup la bonne centpagnie, la bonne chère et le bon vin et il avait cou-
tume de dire que lorsqu'il lisait des vers français il lui semblait qu'il buvait de l'eau.
Ce poète mourut à Paris, entre les mains de GuyPatin, son ami. le 10 août 1644, à l'âge de quatrevingt-dix ans, dans la maison des Pères de l'Oratoire Saint-Honoré, où il s'était retiré en 1620. En 1623, il avait été nommé chanoine de Langres, et le cardinal de Richelieu, qui lui faisait une pension de 600 livres, le fit recevoir membre de l'Académie Française en 1657, en remplacement de Bardin mais il n'avait point recherché cette distinction car il convenait luimême que son peu de connaissance de la langue française ne tui permettait pas d'élever si haut ses prétentions en effet, suivant quelques auteurs, il écrivait aussi mal en français qu'il écrivait purement en grec et en latin. Il recevait une semblable pension de 600 livres de M. Pothier, évêque de Beaurais, et une troi- sième, de 1,200 livres, de la reine Anne d'Autriche. A sa mort, on trouva chez lui une somme de ̃15,000 livres dans un coffre-fort, et cependant il craignait beaucoup de mourir dans l'indigence.
Ses poésies, recueillies pour la première fois en 1C50, fureat imprimées à Paris en 1631 et en 1654, in-lS. Ses Imprécations sur l'assassinat de Henri IV passent avec raison pour son chef-d'œuvre. Le cardinal Duperron en fui si enchanté qu'il le nomma professeur d'éloquence au collége d'Harcourt, où il resta depuis 1611 jusqu'à son entrée à l'Oratoire. On a aussi de lui trois lettres curieuses sous le titre de
Âpologeticm commentationes ad Pkyltarehum. Paris, 1656, in-4°. Voici quelle fut l'origine de ces lettres Le père Goulu, général des Feuillants, caché sous le nom de Phillarclie, avait vivement attaqué Balzac qui excitait tous ses amis à le défendre. Bourbon eut cette complaisance, et de Langres, où il était chanoine, il lui écrivit une longue lettre latine fort étudiée où il lui donna de grands éloges aux dépens de Phillarche, mais il demanda que cette lettre ne fut vue que de quelques amis communs, et qu'elle ne fut point imprimée, ce qui n'empêcha point Balzac de l'insérer dans une nouvelle édition de ses Lettres, qu'il donna en 1650. Le père Goulu était fils et frère de professeurs de langue grecque au même collège royal 1 que Bourbon aussi la publication d'une lettre qui offensait son collègue lui fut très-sensible; d'ailleurs, les amis des Feuillants lui reprochaient d'avoir, lui prêtre de l'Oratoire, pris parti en faveur d'un homme du monde contre le général de l'Ordre. Il se plaignait donc vivement de la perfidie qui lui avait été faite par Balzac qui, de son côté, le traitait de lâche déserteur. C'est sur cela que roulent les trois lettres citées plus haut, et tout cela aboutit à une rupture ouverte; mais cette brouille ne dura pas longtemps, Chapelain les reconcilia, et ils célébrèrent la paix par des vers.
On a fait un Recueil des bons mots de ce poète intitulé Borboniana.
~PiAte1&e (dx;.
Le sieur de Griselle, chanoine de la collégiale de Saint-Maclou à Bar-sur-Aube, et aumônier de la reine d'Angleterre Marie, épouse du roi Jacques Il retiré, en 1690, au château de Saint-Germain-enLaye.
Jttalzières.
Le sieur Maizièrcs, architecte du roi de Portugal Jean V, mort à Lyon vers 1729.
Vonilleniont,
Sébastien Vouillemont, graveur au burin distingué, mort en 1723.
Entre autres estampes recherchées de ce graveur, on eite le Massacre des Innocents, d'après Raphaël les Pélerins d'Emmaiis, d'après le même la Vierge et l'Enfant Jésus, d'après le Parmesan; et beaucoup d'autres morceaux, tant de sa propre composition que d'après les peintres les plus fameux.
Il y a encore des Vouillemont ici et à Arsonval où est né le brave général Vouillemont mort à Bar-surAnbe en 1846.
lia Motte.
Le comte de la Hotte, gendarme de la compagnie des Bourguignons, époux de Jeanne de Saint-Remy de
Valois, si célèbre par la malheureuse histoire du Collier, était né à Bar-snr-Aube. Sa femme descendait d'un fils naturel de Henri II, roi de France elle était née à Fontete 'le 22 juillet 1756 et pensionnée du roi. Il l'épousa le G juin 1780, sur la paroisse de Sainte-Magdeleine à Bar-sur-Aube. ( Etat civil <h Bar-mr-Aube. )
Daa<me!nefa!'f9.
Dusommerard ( Simon-Nicolas-Alexamlre ), savant antiquaire et conseiller à la Cour des Comptes, né à Bar-sur-Aube, le 31 août 1779, de Sébaslien-Alexandre-Jean Dusommerard, contrôleur ambulant des Généralités de Paris et de Champagne, et de MarieAgnès-Julienne Clément. Baptisé à l'église SaintMaclou.
Dusommerard, à son retonr de l'armée d'Italie, entra en 1807 à la Cour des Comptes. Plein d'admiration pour les beautés des temps anciens, il conçut alors le projet de conserver les restes d'un art dont les traces disparaissaient chaque jour, et, dans ce but, il se mit à la recherche des monuments du moyenâge et du siècle de François l8r. Sa collection à laquelle il consacrait tous ses loisirs, et qu'il augmentait chaque jour, était devenue une des richesses archéologiques de Paris en 1832 lorsqu'il eut l'idée de la transporter dans l'hôtel de Cluny, dont il fit l'acquisition, et qui, grâce à ses soins, devint bientôt un véritable musée public. Tous les dimanches il y avait
foule chez lui comme au Louvre. Ce n'était pas assez pour le savant archéologue d'abandonner à l'indiscrétion du public les reliques historiques qu'il avait rassemblées avec tant de peine il se plaisait encore à expliquer toutes ces choses, et répandait ainsi autour de lui les sciences qu'il avait acquises par de longues études. Par là, Dusommerard a véritablement propagé en Franee le goût de nos antiquités nationales. A sa mort, arrivée en 1842, sa collection est devenue propriété de l'Etat, en vertu d'une loi qui a également autorisé l'acquisition de l'hôtel de Cluny où elle se trouvait renfermée. Cet hôtel, réuni au palais des Thermes, forme aujourd'hui un musée d'antiquités nationales qui, sous l'habile direction de M. Dusommerard fils s'est augmenté de monuments précieux. On lui doit Notice sur l'hôtel de Cluny et le palais des Thermes ( 1854 ); les Arts au moyen- âge (5,510 pl. in-f° et 5 vol. de texte. 1842-46), ouvrage capital auquel il travailla jusqu'à la fin de sa vie, et qui prouve autant de goût que de science. (Etat civ. de Bar-sur-Aube. Bouillet.)
Beognot.
Le comte Beugnot (Jacques-Claude), l'un des hommes les plus spirituels de son temps, naquit à Barsur-Aube le 23 janvier 1761. Avant la révolution de 1789, il était lieutenant-général au présidial de Barsur-Aube. En 1790, après la division de la France en
départements, il fut nommé par ses compatriotes procureur -général-syndic de celui de l'Aube. En 1791, il fut élu député à l'Assemblée législative, où il se montra zélé défenseur de la liberté des cultes il proposa de n'accorder de traitement qu'aux prêtres assermentés, en laissant toutefois aux fidèles le choix JI. des ecclésiastiques.
Beugnot vota constamment avec les partisans de la monarchie constitutionnelle, dénonça la municipalité de Paris comme favorisant la publication d'écrits incendiaires, notamment le journal l'Ami du Peuple, et fit décréter d'accusation son rédacteur, le farouche Marat (3 mai 1792), qu'il accusait d'avoir, par ses écrits, contribué à l'assassinat du général Théobald Dillon tué à Lille par ses soldats. La modération de Beugnot lui ayant attiré la haine des révolutionnaires, il jugea prudent de se tenir à l'écart après l'événement du 10 août de cette époque, il cessa de siéger à l'Assemblée. Arrêté comme suspect, en vertu de la loi promulguée le 17 août 1795, il fut conduit à la Conciergerie. puis à la Force, d'où il ne sortit qu'après le 9 thermidor, et se livra de nouveau à la retraite afin de ne pas servir le Directoire.
Après la révolution du 18 brumaire, Lucien Bonaparte, qui était alors ministre de l'intérieur, chargea Beugnot de l'organisation des préfectures, et lui fit obtenir celle de Rouen (Seine-Inférieure), qu'il conserva jusqu'en 1806, époque à laquelle il fut nommé conseiller d'Etat, section de l'intérieur.
En 1807, on lui confia le soin d'organiser le nouveau royaume de Westphalie, et le roi Jérôme Bonaparte, qui l'estimait beaucoup, en fit son ministre des finanees. Eu 1808, il était de retour à Paris et rentrait au conseil d'Etat.
Au mois de juillet de la même année, il fat placé à la tête du grand-duché de Berg, en qualité de commissaire impérial et de ministre des finances c'est a cette époque qu'il reçut les titres de comte et de grand officier de la Légion-d'Honneur. Après la retraite de Leipsick, il dut quitter l'administration du duché de Berg et rentrer en France, où il arriva en novembre 1815. Peu de temps après, il fut nommé préfet du Nord par intérim.
En 1814, après la déchéance de l'Empereur, il reçut à Lille, du gouvernement provisoire, le portefeuille de l'intérieur, qu'il ne ponserva que quelques semaines. Son premier soin en arrivant h ce ministère, fut de faire placer sur le Pont-Neuf la statue en plâtre de Henri IV, avec cette inscription sur le piédestal
Ludovico reduce Henricus redivivm.
Le 18 mai de la même année, le roi le nomma directeur-général de la police c'est lui qui fit rendre la loi du 18 novembre 1814 sur la célébration forcée des fêtes et dimanches.
Il ne resta pas longtemps directeur-général de la police, il échangea ce titre contre celui de ministre
de la marine. C'eit pendant qu'il occupait ce poste que Napoléon quitta l'île d'Elbe ce qui décida tout naturellement, disent les auteurs de la Biographie des Contemporains, M. Beugnot à aller à Gand rejoindre la famille royale.
A la seconde restauration, il fut nommé directeurgénéral des postes. En septembre 181S, on lui retira cette place, et on le nomma ministre d'Etat et membre du conseil privé. La même année, il fut nommé député de la Marne, et vota avec la minorité. Après l'ordonnance du 5 septembre, il fut élu par deux collèges, et opta pour la Seine-Inférieure; il continua de siéger au côté gauche. Cependant, chargé, en décembre suivant, d'examiner, en qualité de rap.porteur, le projet de loi sur la création de sept millions de rente, pour garantie du paiement à effectuer aux souverains coalisés, il en proposa l'adoption pure «t simple.
Le 7 février 1816, il s'opposa fortement à la pro.position faite par le député de Blangy, d'augmenter de 60 millions le traitement du clergé, ce qui ne l'empêcha pas, en 4821 de parler en faveur de l'érection de nouveaux sièges épiscopaux, et de soutenir la loi sur les pensions ecclésiastiques.
Le 1er mars 1821 il fut fait grand'eroix de la Légion-d'Honneur, et pair de France le 28 février 1850; mais l'article 68 de la nouvelle Charte vint l'exelure de la Chambre avant même d'y avoir siégé. Le comte Beugnot resta député jusqu'en 1831;
mais fatigué de l'état d'hostilité dans lequel il vivait avec ses collègues, il se retira alors a Bagneux près Paris, où il mourut le 24 juin 1855, a l'âge de soixante-quatorze ans.
Il a laissé des Mémoires dont la Revue Française de 1858 a publié des extraits. ( L. Coûtant, etc.) L'abbé Auhert.
L'abbé Aubert, curé de Couvignon, membre de l'Assemblée constituante.
Charton*
Charton, ancien président du tribunal de Bar-surAube, député pendant les Cent jours.
I/abbé Vltalia.
L'abbé Vitalis (Jean-Baptiste), né à Bar-sur-Aube le 26 février 1789, curé de la paroisse de Saint-Eustache à Paris, officier de la Légion-d'Honneur, secrétaire perpétuel de l'Académie de Rouen, membre de l'Université et de plusieurs sociétés savantes, administrateur du bureau de bienfaisance du troisième arrondissement de la ville de Paris, dans laquelle il est décédé, le 31 mai 1832, à l'âge de soisante-trcize ans.
lietelller.
Letellier, fils d'un huissier de Bar-sur-Aube, avocat à la cour royale de Paris, membre de la Légion-d'Honneur, secrétaire de Masséna, ancien secrétaire du Tribunat et de la chambre des Députés, et traducteur élégant de Morceaux choisis de Tacite.
Madame JoJlveau.
Madame Joliveau, née Génier, auteur de Fables assez bien versifiées, d'un poème de Suzanne, en quatre cliants, et de quelques Poésies légèr es. Bourgeois de Jessulnt.
Adrien-Sébastien Bourgeois de Jessaint, fils de Claude-Laurent Bourgeois de Jessaint, receveur particulier des finances de l'élection de Bar-sur-Aube, et de Louise Ganeau, naquit en cette ville le 18 décembre 1788.
Homme bienfaisant et administrateur distingué M. de Jessaint remplit avec honneur plusieurs fonctions importantes, il fut successivement auditeur au conseil d'Etat, sous-préfet de Troyes, préfet du Léman, parlementaire envoyé au comte de Budua par les généraux Marchand et Dessaix, commissaire extraordinaire adjoint au duc de Doudcauville dans
les départements (1814), sous-préfet de Soissons et de Saint-Denis, préfet de la Lozère, du Gard ( 1834 ), d'Eure-et-Loire qui lui doit l'établissement d'un dépôt général pour les enfants trouvés et impotents, et enfin de la Haute-Marne où le trouva la révolution de février 1848. Il fut récompensé de ses longs services par plusieurs médailles d'or et le grade de commandeur de la Légion-d'Honneur, et mourut à Jessaint, regretté de tous, le 23 mars 1850, dans sa soixante-deuxième année.
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
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Toutes ces pièces ont été copiées textuellement, en conservant l 'orthographe et la ponctuation.
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I. 114-7. Bulle dit pape Eugène [II par laquelle le Saint-Siège prend sous sa protection tous les biens de la Maison-Dieu SaintNicolas de Bdr-sur-Aube, et Bulles des papes Alexandre III et Innocent III accordant différents privilèges à ladite maison, et confirmant ksdoûs qui ont été faits. { Vvy. Arcli. de l'hôpital. ) II. «S2. Cliarte de Thibaut P', comte de Blois et de Troyes, et de Ilenn, son fils, portant franeniso de tous les biens possédés et à posséder par la Maison-Dieu de Saint-Nicolas de Barsur-Aube, eldonationdu mouliu de la Dhuy à ladite maison. ( Id. ) III. 1162. Tiin par lequel te gouvernement temporel de la Maison-Dieu de Vitry est mis sous celui de Saint-Nicolas de Bar-surAube, à la réservo des droits spirituels pour l'évêque de Châtons. ( Id.)
IV. 1160. Don de cent sous de rente sur Tètnlagr, par Henri Zor, comte de Troycs, à la Maison-Dieu de Saint-Nicolas de Sar-sur-Aube.
Ego Henkiccs, Trecensium comes pjlatinus, universis presentibus et futuris notum facio quod Domui Dei de Barro centum solidos annui redditus singulis anais reddendos in vigilia natalis Domini in
perpetuam clemosinam, in stallagio meo Barri dedi, quod notum haheatur et firmum permaneat Iitiens annotatum sigilli mei impressione firmavi, atfuerunt autem hujus rei testes Guillelmus Maverrolus, Artaldus Camerarius, Petrus lingonensis, Herbertus tune temporis prepositus Barri, Joannes Ostruseviiis, Galfcrius de Porta, Guibertus de Barro. Actum est UocTrecis, anno incarnationis Verbi M^LX^JX. Tradita per manum Gmllelmi CanceUarii. •
V. – H7O. Don de l'église do Colombey-Io-Fosse, par Gauthier, évêque de Langrcs, à la Maison-Dieu de Saint-Nicolas de Bar-surAuiie.
Ego Galterus, Dci gratiâ Ungonensis episcopns.'presentflras et futuris notum facio me in perpétua elemosina dedisse Domui Dei de Barro eeclesiam de Colombeio in Fossà libéré et quietè possidendam, ità scilicet quod curam animarum à Pontifîce lingonensi vel à decano Barri ,Jlagister ejmdem domus et ei fuluris temporibus m magisterio succedenter repetunt et libéré suspicinnt, ne autem succeduis temporibus donum islud aliquis infringere "voleat cartam ex indè fieri et sigillo nostro muniri voluimus. Indè testes fuerunt Manasses decanus lingonensis et de Barrensis archidiaconus, Petrus decanus Barri, Nicolaus Magister de Normand, anno M'C^XX0.
VI. 1170. Don en qualité d'aumtae, par Abclin, seigneur d'Ambonville et de Lignol, à la Maison-Dieu Saint-Nicolas de Barsor-Aiibe, de la grange-ou ferme deFresne située au finage deUgnoI, et de la grange ou ferme de Beauvoir, située au finage de Courcelles. ̃ (Voy. Arch. de ï hôpital. ) J
VII. – H76. Autre litre portant don par l'évêque de Langres do la cure de Lignol à l'hôpital Saint-Nicolas. ( Id. ) J
VIII. 1179. Don à la Ma'tëon-Dieu de Bar-sur-Aube du fermage de Fuligny, etc., par Henri I", comte de Troyes, et Thibaut de Fulignil.
Ego Henjucus, Trecensium cornes palatinus, notum facio presenti-
bus et futuris quod ego et Tlieobaltlus rfe Fuliynil dedimus Domui Dei de Barro, pro animabus antecessornm nostrorum et nostris quantum terra culture earrucœ uni possit sufficere graDgiœque de Fuligenensis totum usuarium nemorum nostrorum concessimus babendum et pasturam, istud landavit Vuillelmus frater dieli Theoîsaldî, imat eidem uxor et pueri, idem etiam Theobaldus dédit domui prœdielœ unam quadriga duos equos habentom usuarium mortui nemoris et carbone et etiam notnm fieri volo quod eidem domui dedi XX arpennos terre apud Barbonam m mergiis et Remaldum et familiam ejus, banc autem elemosioam ut nota permaneat et rata teneatur adnotata sigilli mei impressione fircnavi, testibus Hugone de Planciaco, Guillcîmo Marescallo, Guillelaio Eleniosinano, Artaldo Camerario, Galterio de Porta, Odone Laqualle, Martino Majore et Rollandu. Actum apud Castellionem super Sequanam, anno incarnati Verbi M^^XX^X. Data per manum Stephani Cancellarii.
IX. U79. Don par Henri I", à l'hôpital Saint-Nicolas, d'une partie du péage des fuives.
Ego HENRICUS, Trecensîmn comes palatinus, notum fieri volo quod terliam partem thelonei instaneorum ia nundinis quam Petrus Ligonensis emit à Stephano deBezuntio et domui hmp'ûahs dedit, aient, domui laudavi et concessi tertiam partem duarum portium ejus tholonci quam ipse Petrus emit ab Alberto Remensi, et eidem domui contulit, quaîctimquc etiam ipse Potms propria habebat in eodem theloneo zlprœdktea domuidimisit, approbavi et conccssi, et ego ipse quidquid in ipso theloneo habebam memoratîo domui in perpetuam elemosinam contub, concedens et confirmans ut cadem domus idem theloucum intégré possideat in perpetanm et hoc ut ratum teneat sigillo meo communivi, tcslibas domino Anscllo de Triangulo, Garnero fratre ejus, Hugone de Planciaco, Mathco Rufo, Lucone dn Trecis, Egone Kabie, Vuillelmo Slarescallo, Artaldo Camerario, Matheo de Trecis et Manasse de Clauso. AeUim Trecis, anno incaruatiVeibiM<pC11LXX»IX. Data per manum Stepham Cancellaru.
X. – 1180. Don par Mathieu, évoque de Troyes, a Henri, maître de la Maison-Dieu de Bar-sur-Aube, de l'église de Foligny. ( Votj. Arch de l'hôpital. J
XI. ̃ – 1190. Bail en aumône de la ferme de Aloslain, située au finage de Lignol, à la Maison-Dieu de Bar-sur-Aube, par Ruhert, seigneur de Lignol. ( Id. j J
XII. – 1202. Don parGauthier, seigneurde Vignory, à la hlaisonDieu de Bar-sur-Aube, de l'usage et pâturage dans ses bois et terres. (Id.) J
XIII. 1202. Bulle du pape Innocent III confirmant le doit de 20 sous de rente fait aux lépreux de Barsur-Aiée par le seigneur de Fuligny.
Innocenthis, episcopus, Servus Servorum Dei, dilectis filiis leprosis Barri salutem et apostolieam benedictionem. Cum à Dobis petitur quod justum est et honestum, tam vigor equitalis quam ordo exigit ralionis, ut id per sollicitudinem officii nostri ad debitum perducatur effeetum, ea propter dilecti in Domino Blii nostris justis postulatienibus gratum impatienter assensum, dooationem quam ld>eraKter nobis fecit dttectns filius G., domims de Folingeis, ut videlicet de redditibus quos habet apud Blaincourt annis smgubs vigenti solidos colligalis, sieut canonicè facta est, et in authentico ipsins pleniùs continetur auctoritate apostolica conflrmamns. Nulli omnimodo hominum liccat banc paginam nostra confirmationis mfringere, vel ei ausu lemerario contra ire, signis autem hoc attemptare presumpserit indignationem omnipotentis Dei et beatorum Pétri et Pauli, apostolorum ejus, se noverit incursurum.
Datum Lateran., II nonarum febrnarii, pontificatus nostri anno quinto.
XIV. 1211. Don h l'hôpital Saint-Nicolas d'une vigne située à- T&ors, par Agnès Fauconnier. ( Yotj. Arck de l'hôpital, j
XV. – 1213. Don à l'hôpital Suint-Nicolas d'une maison et de deux vignes, à Colomlié-le-Sec et au Valde Thors, par Thibaut, chanoine, en présence de GiUon (EijMus), doyen de Saint-Maclou. (Id.) XVI. 1222. Charte de Thibaut IV, confirmant le don de chauJfa,r,e et nsnde dans ses bois, fitft s l·hôyitn! Saia2-IVieotas, par le seignettr de Lignai.
Ego cornes Campaniœ, princeps palatinus, notum facio universis presentes litteras inspecturis, quod dilectus et fidelis meus Hugo de Jjgnol in presentiâ meâ constitutus recognovit se dedisse in perpetuam elemosinom ob remedium anioœ saae et axoris suœ Emengardis Domui Dei Sancti-Nicolai de Barro super Albam usuarium in universalis nemonbus suis de foreslâ de Lignol ad nemus quantum scilicet nna quadriga cum nno eqno poterit addneere scmcl in die, hanc autem clemosinam factam propter specialitPr pro sororilms universis in predicla domo callefaciendi hac condilione apposita quod predicta elenïosina non poterit ad alios usus commutari, neque vendi, neque modo aîienari, priîdictœ sorores teneantur facere anniveTsanum dictaa Emengardis, singulis annis liane %'ero donntionem cùm sit de feodo nostro laudamus et approbamus, in cujus rei testimonium présentes htteras feci fieri sigilli mei munimine ruboratur. Actum anno Domini HCCXXII, mense septembris.
XVII. 12,59. Donation par Thibaut IV, de l'hôpital SaintNicolas de Bar-siir-Aube aux Religieuses de Saint-Victor. Theobaldus, Dei gratii l'ss. Navavra, Carapanœ et Brise cornes, universis présentes litteras inspecturis in Domino salutem. Noverit universilas vestra quod attendentes deslitutionem que erat ni Dorno^ Dei Saacti Nicolaï de Barro si:per Albam, et quod per inhabitanles dicte domus non posset commode reparari, et eadem domus esset de nostro dominio temporali laude et assensu venerabilis patris Roberti, Dei gratia Lingonensis episcopi loci diocesani, dictam dommn cum suis pertinentus, intmtn Der, conlulimus sorori Acledi de BulcncunSctcougregaliom sua) Domino famulanli possidendam inpci'petuum et Imbendaui lOquod iedditus diefaj domus hacfcnùs riropt'iê
et immédiate ad hospitalitatem pauperum depulati in eosdem usus paupcrum remaneant, et fiat provisio et administratio eorumdem reddituum ad usus pauperum deputatorum per congregrationem prccdictam, et si dictis pauperibus dictas domns non providerelur sufficienter à dicta congregatione de bonis dictis pauperibus deputahs, nos et hœredes nostri dictam congregationem possemus compellere ad hoc faciendum, et haec facta sunt, salvisnobis et hœredibus nostris in dicta domo gardia et dominio temporali in cujus rei testimonium presentes litteras sigilh nostri numjmme roboravimus. Actum anno Domini millesimo ducentesimo trigesimo nono, mense Junio.
Scellé en cire verte à lacs de soie verte pendant. Sur le sceau est représenté un chevalier armé de toutes pièces, elàl'entour est écrit Theobaldus rex JSavarrœ, Campanùc et Briœ cornes palatinus de l'autre côté est empreint un écusson avec cette devise Passe avant la Tliiébaut. (Voy, pag. 163. )
XVIII. 1239. Lettre de amsentemeitt de Ilobert, évêque de Latujres.
Robertus, divina miseratione liogonensis ecclesias ministcr humilis, universis Christi fldohbns prassentes litteras inspecturis salutem in Domino. Ut in nostris gesta temporibus robur perpétuas 6rmitatis obtineant et à posteriorum memoria non recédant, provisum est eaque solemniter facta sunt litteris commendare, ea propter nnivorsitati vestraî volumus esse notum quod nos atteodentos Domum Dei Sancti Nicolaï de Barro in spirituabbus et temporalibus miserabihter fuisse collapsam, et quod per habitatores loci non habebatur spes aliqua relcvationis ipsins; communicato bonorum virorum conc-ilio, de assensu et voluntate expressâ îllustris vin et fidelis nostri Theobaldi, Dei graffl regis Navarrse, Campanise et Brim comitis palatini, in cujus dominio temporali prasdicta consistere dicebantur; dictam domum Dei Sancti Nicolaï, cum omnibus appenditiis suis, sorori Acledi et congregationi suaî in regula Sancti Victoris Parisiensis Domino famulantibus, concessimus pacificè et quietè in perpetuum possidendam, salvn ïiostra et Ecclesi:e nostrœ in omnibus et per omnia subjectione et reverenfia quam nos et predecessores nostri babuimus in loco me-
morato et appenditiis ejus, et salvo nobis jure diocesano m rcbus pariter et personnis, salva eodem hospitalitalc pauperum, et eo salvo quod redditus remancant ad usus hospitalitatis pauperum deputati, quorum provisio diclœ sorori et cjus congrégation! et earum snccessoribus rcmanebit, rctenta nobis potestate corrigendi, si in provisione vel administration hospitalitatis pradicts eas contigerit oniittere vel errave, salvo etiam eo quod in eadom domo per eiectionem canonicam à monialibus dictœ congregationis de Abbatissa providebitar, qoœ nobis et successonbus nostris episcopis lingonensibus in perpetuum confiraiandà prœseatatibur et benedieeadn, in cujus ret testimonium présentes lilteras sigilli nostti munimine fecimus roborari. Datum armo Domini millcsimo duceotesimo trigesimo iiono, mense Augusto.
Scellé en cire verte où est empreint un évêque en lacs de soie rouge pendant.
XIX. 1240. Butte confirmative du pape Grégoire IX. Gregorius, episcopus, Servus Servorum Dei, dileclis in Christo filiabus, abbatissaî et conventui monastsrii Sancti Nicolaï de Barro, ordinis Sancti Victoris lingonensis diocesis, salutem et apostolicam benodictionem. Ëaqnae à fratribus et episcopis nostris pro divini cultu nominis providei'e statuuntur, apostolico convenit prœsidio commumji, ne cujus quam temeritas illa praesumat concutere vel turbate, sane sicat aecepinras venerabilis frater noster lingonensis episcopus olim attendens monasterium vestrum quod fuerat hospitale, propter malitiam habitantium in eodem à Deo esse collapsum in spiritualibus et temporalibns diminutum quod vix poterat in suo ordine reformari, in ipsum Sancti Yictoris parisiensis ordinem introduxit, hospitalitate quoi ibidem consuevit servari hactenùs nilulliominùs reservata, nos igitur quod abeodem episcoposuperhocfactumest, gratum habentes, id auctoritate apastoEca confirniarous, et praesentis scripti patrocinio communimus, litteris felicis recordationis Alexandri papœ nequaquam obstantibus, in cjnihus inter cœtera dicitur contineri ut fratres ejusdem loci hospitalitatem desserviant et inchoatam religionem firmiler
tcncant, ncc alient fas sit pneler voluntatem fratrum ibidem commorantium in prœfatam domum religionem aliam indueendi, nulli ergo omni modo hominvim liceat banc paginam nostrœ confirmatioms iniïingere vel et ausu temerario contra ire; si quis autem hoc attentarô prœsumpserït, indignationem omnipotentis Dei et bealoruni Petri et Pauli apostolorum ejus se noverit incursuvum.
Datum Lateran. XI Kal. Decembris, pontificatus nostri anno tertio decesimo.
Scellé en plomb pondant en lacs de soie ronge auquel sont empreintes les deux tôtos de saint Pierre et saint Paul et d'antre part est écrit Gregorius PP. LY.
XX. 1240» Bref dit pape d'égoire IX, jour l'exécution de celte balle, a(h"essê aux archidiacre de Mcausc et officiai de Sens. Gregorius, Servus Servorum Dei, dilectis filiis ardûdiaeono mel» densi, cellario et olïiciali senoni, salutem et apostolicam benedictionem. Cùm sicut accepimus venerabilis frater liagoîieDsîs episcopus olim attendens monasterium Sancti Nicolaï de Barro quod ruerot hospitale propter malitiam habitantium in eodem à Deo esse collapsum in spinlualibus et temporahbus diminutum quod vix poterat ia suo ordme reformari, in ipsum Sancti Yictoris parisiensis ordinem introduxit, nos igitur quod ab eodem episcopo super hoc factum est gratum habentes aostrâ auctoritate apnstolicâ duximus confirmandum, litteris fehcis recordationis Alexandri pp., predecessoris nostri, neqnaquam obstantibus, in quibus inter estera dicîtui' contineri ut fratres ejusdem loci hospitalitati desserviant et inchoatam reïigionem firmiter teneant, nec alicui* fas sit propter voluntatem fratrum ibidem commorantium in prafatam domum religionem aliam inducendi, quocircà discretiom vestrae par apostolica sciipla mandamus quatenùs dictum monasterium contra confirmationis nostrae tenere non permittatis ab aliquibus indebitè molestari, molestatores hujus modi per censuram ecclesiasticam appellatione post posita compescendo quod si non omnibus bis exequendis polueritis, intercedente uno vestrum ea nilùlominùs exequuntar.
DiilijiiiLalei'cin. XI kal. decembris, pentificatus nostri anno decimo tertio.
Scellé en plomb pendant en lacs de corde, auquel sont empreintes îes têtes de saint lierre et de saint Paul avec leurs noms (SPASl'E), et d'autre part est écrit Gregmus PP. IX.
XXI. 1242. Bulle confirmative du pape Innocent IV. Innocentitjs, episcopus, Servus Scrvorum Dei, dilectis in Christo filiabus abbatissm et conventni monasteni Sancti Nicolaï deBarro, lingonensis diocesis, salutem et apostohcam benedictionem. Justis pctentium desidcnis digoum est nos facilem prebere consensum et nota qriK à rationis tramit non discordant cffcctu proseqncnt compleve, cum îgitur stcut accepimus vcncrabilis frater noster leodiensis (anc lingonensis episcopus, olim attendens monasterium vestrum quod luerat liospitale, propter malitiam babitantiinn in eodem adeô esse collapsum, et in spiritualibus et (emporalibus diminutum quod vix poterit in suo ordme reformari; in tpsum Sancti Vietoris parisiensis orfittem introduxit, nos igitur vestris precibus inctinati <[uod ab eodemepiscopo proindè factum est inîiûG parte, ad mslar felic-isrecordationis (ire^oni PP, predecessoris nosli'i, auctoritate apustolica confîmiamu5, et presentis scripti patrocinio communimus nulli ergo omnimodo hominuin iiccat haiic pagina™ nostrœ confirmationis mfringore vol et ausu temorano contra ire si quis autem hoc attemptare prosuinpserit indignationcm omnipotentis Deiet beatorum Petri et Panb apostolorum ejus se novent incursarum. Datum Lugdunensi, IX kal. aprilis, poiitificavus nostri anno Il.
XXII. – I2SI. Saute-Garde dmmèe aux Damas de Saint-Nicolas par Thibaut IV, comte de Champagne. { Voy. pag. l&l. ) XXIII. 1271. Bulle de Grégoire X.pape, gui ordonne la.resliluiioti de leurs biens aux Religieuses dit couvent de SatnÊ-Nicolas. Gregorius, episcopus, Servus Scrvorum Dei, dileeto filio Decano capellao divitiira de Divione lingonensis diocesis salufom et apostoli-
cam bcncdictionem. Dilectarum m Clinsto flliarum abbatissa et convenlus monasterii Sancti Nicholuï de Barro super Albam ordinis Sancti Augustini lingonensis diocesis, precibus inclinati présentai tibi auctoritate mandamus qualinus caqiie de bonis ipsius monasteriî alienata inveneris illicite vel distracta ad jns et proprictate ejusdem monasterii légitimé revocare procures; contradictores per censuram ecclesiasticam appcllatione post posita compescendo testes autem qui fuerint nomioati si se gratia odio vel timoré subtraxerint censura simili, appellatione cessante, compellas veritati Lestimonium perhibere. Dalum Avinione, XIII U. junii, pontificatus nostri anno primo. XXIV. 1301. Lettres de Pliilippe-le-Bel pour la conservation des privilèges de l'église Sinnt-lSicolas.
Phiuppus, Dei gratia Tranciaî rex, Balb\o Calii-Monfis salutem. Mandamus tibi quod privilégia ecclesiie Sancti Nicolaï de Barro super Albam quatinùs eis utitur et usu fuit ab antiquo conservaris dlesa, quid indebitè ut irrationaMiter attemptatum fuit contrà ea studeas ad statuni debitum revocare, ac dictam ecclesiam et personas ipsiùs ab injuriis et violentiis manifestis proùt ad te pertiûet et fuit uostri defendas.
Actum Silvanectis (Senlis), dorainicâ post festum beati Dionisii, anno Domini millcsimo CGC primo.
XXV. – 1504. Ordonnance du même roi concernant les libertés, franchises, censives, etc., du mnvettl de Saml-Nicolus. Philippus, Dei gratia Francis rex, Ballivo Calvi-Montis, emteris que justiciœ ntrie ad quos presentes litteras pervenerint salulem. Mandamus vobis et omnicuiiibet quod Abbattissam Sancti Nicolaï super Albam et ejusdem îoei conventum in suis justis possessionibus, libertatibus, immunibus et censhis anliquis, in quibus ipsas esse et fuisse ab antiquo invenietis, mauu tencatis et defendalis ab injunis, violentiis et oppressionibus manifestis. Non pemiittenles contra ipsas aliquas fieri indubitas novitates, quas si factœ sint ad statum debitum redncatis seu reduis, faciatis prout justum sit et advenientibus monitis
pareatis. Aclum Partstis, die Jnnii posl naUvilatem B. Joannis Baptislœ, anno Dom. 13Oi.
XXVI. 1311. Ordonnance du même roi du mois de janvier i31î, r~anf <[tM.T de fintérét aux foires de Champagne. In nnndinis verô Campanile, ubi pro expedttione nuûdmaruni mutuatur peeunia, vel eroditur de nundinis ad nundinas, qnse sexliès sunt in aiino propter graves summas mntuorum, vel alias evedilas qnœ contrabuntur ibidem, et in nundinarum favorem, infligimus pœnam credjiori qualiter sub interesse nomine, vol atio praesumpserit, excedere pro singulis mmdims suprù dictis lucrum quinquaginta solidorum pro singulis centum libris creditis, pro mmori crediti qnantitate prorata, quod intelligimus de lucvo quod de metno recipitor, vel de cambio de nundmis ad nundinas.
Extrait des Conférences de Guenois, liv. 4, tit.7, des Usures et Constitutions de Rentes.
XXVII. 1360. Coneession faite par Chaules V aux habitants do Bar-sur-Aube, des fossés et forteresse de leur ville, charge par eux d'entretenir les murs. [Voy. pag. 190.)
XXVIÎI. 1455. Donation par Charles VII de la ville de Barsur-Aube à Jacques de Croy. ( Voy. pag. 204. )
XSÏX.. – 1436. Donation par Philippe, évêque deLatigres, de l'hôpital Saint-Nicolas au prieuré dit Val des Ecaliers Philippus, Dei et apostolicae sedis graliâ, electus confirmatus, Episcopas et Dm lingoacnsis administrator perpotmis prioratûs Sancti Marcelli extra muros Cabilonenses, ordinis Cluniasensis, universis présentes litteras inspecturis sahitem in eo qui est omnium vera salus. Ad perpetuam rei memonam, ad ea libenter intendimus ipra cultum regiinenque ecclesiarum vespiciunt, ac conservationera et reparationcm œdiliciorum et rcddituum ecclesiasticorum concernunt, caque favore opportuno pvoul possumus uliliàs pei5C(|uinnir tmii
itaque sicut accipimus quod abhatia sou monasteiiuni Sancti Nicoljt de Barro super Àlbam snb rcgulâ SJiicti Augustin! qu;» teniponJjus retroactis, solcbat gubernari per Abbatissam et Moniales, in ipsa ccclcsia Dco famiUantes, ac divinis desementes, sit Abbalissœ solatio viduata et monialibus nceessariis destitula, fmctusqiie ejusdem Abbatial sint occasione guerrat'um tenues et exiles ac diminuti, quod vix in cadem alunis moniales posant sustenlari sitque idem monasterium in ipsa ceclesia Saacli Niroki domibus caeterisque aediliciis ruinis diffornwlum tahter quod vix aut numquam per moniales pQfcset relevari, îr huie est quod nos nolentes divinum cultum et oilïciuni in eodem monasterio fieri consuetum, quasi tam peniiùs per easdem moniales derelictuin diminuere, sed posse nostro, ut nostro pastorali iocunibct offirio futui'is temporibus augmentare hospitalitatem que debitam et consmtam confovere, attendentes mhonestam et impudicam vitam per easdem religtosas in dicto monasterio hactenùs pergestatem, formidantes que verèsinuliter in futurum, ne si mulieres dicto loco prirponercntur, simili seniita incederent ut ego utiliùs et proindè possit dictum monasterinm regi et gubernari ac faciliùs relevari, et tam difformatum in coneedenti stalu reponi, ipsam abbatiam seu monasterium sic vacantem et viduatatn cum ontmbus suis juribus, emolumentis et pertinentiis universis, tam in capite quam m membris, pnoratra et conventui Valliscolarium ordinis Sancti Augustim, nostrK lingonensis diocesis et suis snecessoribus damus et coneedimus, ac etiam conferimus, ac in spintualibus et lemporalibus regimen et administrationcm committentes, maxime bac consideratione moti, quod prsedictum monasterium Sancti Nicolaï et dictus prioratus sunt ejusdem ordinis, habitus, statutorum, ceremoniarum habentque libros ac divinum offlciam decantandum in ibi omm modo sinùles statuemus hac vice duntaxat dictum monasterium Sancti Nicolai per priorem futuram, per ipsos priorem et coBventuum Valliscolarium mominandum nobisque praesentandum, ut est moris in dicto ordine, regi et guberiian, et rebgiosos dich ordinis in numero competenti, et joxta facultates'ejusden* cecksite, et deinceps per priorcm, per religiosos
ejusdem ordinis et monastcrij cum casus vocalionis oraii'rent eligendum et per nos et succcssores nostros cpiscopos lingonenses pro tempote existantes presentundum et confirmandum juxta larnon statuts et décréta ipsius ordinis, jure tamcn visitandi et aliis junbus (îpiscopaldms nobis et nostris et quolibet alieno semper sahis. Incujiis rei testimomum stgilîum curise nostrae quo m abseuba nostri sigïlli uti volunius ni hac parte, die quinta mensis octoliris anno Domini millesimo quadragentcsimo trigesimo sexto, his pnœscntibus litteris fecimus apponi et muniri, datas Lingonensi, anno et die prœdictis.
Per Dominum Electorcm et Ducera lingonenscm. Signé, Beyuim, avec paraphe, et scelléen cire verte pendant en parchemin. XXX. – 1457. Bulle confirmative dupape Eugène IV, changeant l'abbaye Saint-Nicolas en prieuré, adressée à l'Archidiacre de Langres.
Eugenius, episcopus, Servus Servorum Dei, dilecto filio Arcbidiacono ecclesi» hngonensis, salutem et apostolicam benedictionem. Ad ea perquœ tnonasteriorum et aliorum religiosorum quorum libet statn et diocesi consulitur, libenter intendimus illisque quantum cum Deo possumus favorem beiievolutu impai'tii'i, dilectocum filiorum prioris et conventus prioratus Valliscolariam ordinis Sancti Aogiistiui lingonensis diocesis, nobis nuper exbibita pelitio continebat, episcopus ohm venerabilis frater nostcrPliilippus, episcopus lingonensis, proindè considerans quod monasterium Sancti Nicolai de Darro super Albam, ordinis et diocesis praîdictorum, in ecclesia et aliis seincturis œdtficiis suis plurimum collapsum ac fructibus, reMitibus et proventibus snis, non modicum diminutum nec non abbalissa et monanialibus totaliter destitutum erat, quod que de illius rcduclione ac debitam observantiam per moniales pradictas faeiendam nulla spes haberi poterat, ac dnbium ne illuc ex tune antea per aliquas roulicres ininùs pndicas in religiouis vilipendium regnrelur, nec non sperans quod ipsum monaslenum per priorem dicti prioratus le coiweninm pmfatos, si eis coiccdcrclnr in spirilnalibu» et Icmporslibus ulililer et salubriler
dirigeretur, incrementa suspicere deberent prafatnra monasteriunr cum omnibus jaribus et pertinentiis suis priori et conveatui pradictis donavit ac concessit, nec non voluit et ordinavit quod illuc ex tune. Conventu qui ipsius monasleni pnor existeret ab eis eligendum née non episcopo Iingonensi pro tempore existenli confirmandum seu instituendum, regi et gubernari deberet prout in ipsius episcopi ejus sigillo muuitis litteris dicetur pîeniùs contineri, quare pro parte dictormn prioris et conventus nobisfuit humiliter supplicatum ne donationi, concessioni, voluntati, ordinatiom ac litteris prœdictis nec non aliis contentis clansulis per eorum substanliâ flrmiori robur apostolicae eonfirmationis adjicere et alias super hoc statui dicti monasteriî opportune proiidere de benignitate apostohea dignaremnr, nos igitur deprœmissis certam nolitiam non Iiabentes, hujus niodi supphcationibas inclinati discretioni ttre per apostolica scripta mandamus qnatenus de prœmissibus omnibus et eorum circumstantiis umversis anctoritate nostra tu diligenter informes, et si per informationem hujus modi ex fore vera repereris, super
conscienham one
ramus abbatial dignitate in praefato ma
nasterio priùs per te suppressa et estineta unum prioratum conventualem auctoritate prïedicta eriges et instituas, ncc non prsefatum monastenura cujus fructus et redditus et provenlus vigenti librarum tui'Onensium parvorum secundum communem est imationem valorem annuam, ut ipsi prior et conventus etiam asserunt non cxcedunt, cum membris ac juribus ac pertinenlibus suis umversis, prioratus Yalliscolarium ac aliis priori pro tempore existenti et conventui prœfatis, ita quod unus eorum dicti mouaslerii pnor existât ac prioratum erigendum obtineat, nec non illum et monasterram hujus modt alias juxtà prioratus ̃Valliscolarium et ordinis pœdictorum statuta et consuetudines regat pariter gubernat, hujus modi que fructus, redditus et provenlus in suos, ac monasterii pr^dicti usus et utililates convertat pariter et exponat auctontate pracdîcîn concedas pariter et assignes, non obstantibus corisfitutionibus et onlinalionibus apostoîicis et statutis et consuetudinibus monaslcrii et ordinis pradietorum etiam juramento confirmatione aposlolica vel quacumrjnc firmitalc îilîn roboraris cyteris^nc cotiliaHisii.ubuscunin'ie.
Datum Bononijj anno Incarnation^ doiiinicœ MCCCCXXXVII tertio idus opi'iiis, pontiûcatus noslrianno VII.
Pièces relatives à l'octroi de Bar-sur-Aube.
XXXI. 1503. Lettres patentes de Louis XII, par lesquelles les habitants de Bar-sur-Aube sont autorisés à prendre, en outre du droit de gabelle et de celui payé par le mareband deux sous parisis sur chaque minot de sel ledit octroi devant servir aux réparations des fortifications et empalements de la ville. – Continuation pour 4 ans, à condition de rendre compte de l'emploi des produits. (Approuvé par le conseil du roi, le 25 août.) – ̃ 1507 (10 janvier). ISouveUes lettres données à Blois, portant continuation pour G ans, en récompense des boras et loyaux sevices des habitants. 1515 (16 novembre). Continuation pour 8 ans. 1516. Lettres de confirmation données à Lyon par François 1". 1S20. Continuation pour 8 ans (à Romorantin). 1B29 (5 janvier) .Continuation pour 8 ans. 1557 (12 avril). Continuation pour 6 ans. – 1S52 (16 avril). Lettres patentes de, Hennll, données à Yillers-Cottercts, continuant pour 6 ans. 1558 (4 mars). Continuation pour 8 ans. 1574 ( mai). Lettres patentes de Charles IX, portant continuation pour 7 ans. 1S79 (26 août). Lettres patentes de Henri III, données à Paris, portant continuation pour 6 ans. 1 S8G (6 mars). Continuation pour 6 ans. – 1594(10 juin). Lettres patentes de Henri IV, à Paris, portant continuation pour 6 ans, avec augmentation de 2 sous, ce qui élève l'impôt à 5 sous, conformément à la demande déjà faite en 1579 (10 juin). – 1B0I (6 août). Continuation pour 6 ans.
Ces quinze pièces sont en original dans les Arc/rives de la Ville. XXXII. 1545. Sentence de la Prètôli de Bar-sur-Aube, concernant l'admmistratim de l'hospice Saint-Nicolas. Donné par nous Nicolas DE LA Gogney, lieutenant de M. Ieprévost de Bar-sur-Aube, nous sçeant en jugement audit Bar-sur-Aube, le lundy troisième jour d'aoûst, l'on mil cinq cens quarente-cinq,
en la cause d'entre le Procureur du Roy, notre Sire, Demandeur par Maislre Ogkr Guenidin son substitut, contre Frères Guillaume Aubry, Hugues Dmmyer, Blaise de Maisons, Clireslim Cornuot, Simon Babel tous Religieux du prieuré de Saint-Nicolas dudit Bar, Défendeurs comparant en leur personne, adiournés pour voir faire closture de l'inventaire des biens delaissez par feu religieuse personne frère Jacques de Provenchère dernier prieur dudit Prieuré, Hospital et Maison-Dieu de Saint-Nicolas dudit Bar-sur-Aube, à présent vaccant par le deceds et trépas dudit feu de Proyenchère et relatez par Eslieiine Faverot, sergent.
La cause appelée, après que lesdits religieux ont affirmé avoir le tout mis en ê\idenee, a été ledit inventaire tenu pour clos, et à ce sont comparus les Manans et Habitons dudit Bar-sur-Aube par Edme Perret, leur syndic et procureur avec conseil; lesquels, avec ledit Procureur du Roy, ont requis les titrescy-après transcrits estre jus et publiés en la Cour de céans publiquement, et d'iceax enregistrez coppie leur estre donnée par les mains du Greffier, pour la conservation du droit des paavres, considéré que par iceux appert les biens dudit Prioré et Hôpital estre députez seulement du moins principalement pour la nourriture des pauvres, lesquels biens sont maintenant dissipez sans en donner aucune chose aux pauvres. Lecture desquels titres par nostre ordonnance a été faite publiquement en jugement pardevant Nous, lesdits Procureur du Roy, Avocats, Procureurs, Bourgeois et autres dudit Bar, cn bon nombre présens et chacun d'iceux avons fait transcrire de mot en mot au présent acte dont sera donné coppie audit Procureur du Roy, et autre coppie aux Habitans dudit Bar, pour estre mis au coffre public dudit Bar, avec les autres titres servant à ladite ville, et au surplus veu lesdites lettres et titres transcrits et autres mentionnés audit inventaire, avec l'inl'urmatiua faite par M. le Prévost dudit Bar, du revenu et gouvernement fait jusqu'à présent audit Hospital touchant les pauvres auxquels n'a esté et n'est aucune chose que ce soit audit Prioré distribue Avons dit que le tiers du Revenu dudit prioré, et jusqu'à la concurrence d'icelui tiers sera employé à la nourriture des pauvres, fer-
meure des lits et autres choses nécessaires dudit Hospital, le tout jusqu'autrement en soit ordonna, et pour y avoir le regard charge et administration, avons quand a présent commis, et par ces présentes commettons vénérable et discrète personne maistro Mâcha Marnât, prestre,prévost et chanoine de l'église collégiale de Saint-Maclon dudit Bar, ledit Edme Perret, sindic, et frère Blaise de Maisons, l'un desdits religieux, et les deux au refus et défaut du tiers, qui, après avoir fait serment en tel cas requis, aviseront tant aux meubles nécessaires dudit hospital qu'à la nourriture des pauvres, lesquels jusqu'à certain nombre ils ordonneront estre logés, nourris et traités audit hospital Saint-Nicolas, ainsi qu'ils verront à faire, eu égard au tiers dudit revenu et qualité d'iccux pauvres, nonobstant oposition ou appellation quelconques et sans préjudice d'icelles attendu la matière et jusqu'autrement par justice en soit ordonné, et en cas d'oposition, refus ou delay, la main du Roy tenant, sera donné jour aux oposants, refusants ou délayants, en la Cour de ladite Prévoslé pour dire leur cause d'oposition, refus ou délay, et par ledit sergent royal de ladite Prévosté, sur ce rcquis,"qu'à ce faire commettons. Au bas de laquelle sontenee en son expédition est transcrit la charte du comte Thiéliaut du mois de may i 239, dont coppie est cy-dessus, et après est écrit Donné sous le scel de ladite Prévosté comme dessus et amsi signé au-dessous: J. BAILLOT, avec paraphe.
XXXIII. Lettres patentes de Loua XIII confirmant la privilèges de la ville de Barsnr-A^be-
LOUIS, par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à nos amez et féaux Conseillers les gens tenant nostre Cour des Aydes à Paris, satut. Par nos lettres pattentes en forme de Chartres, du mois dejuin gvv quinze, à vous adressantes, nous avons, pour les causes y contenues, continue et confirmé à nos chers et bien amez les Bourgeois et Habitants de notre ville de Bar-sur-Aube, les privilèges et concessions à eux accordées par les Roys nos prédécesseurs, entr'autres de ne pouvoir estre désunis ni desniembrés de
nos domames en aucune sorte et marnère que ce soit, de pouvoir jouir d'une des quatre foires franches de Champagne et de Brie, durant le temps de trois mois, à commencer du mardy devant la mi-caresme et finissant au mardy, second jour des festes de Pentecoste, aussy le pouvoir de nommer et eslire l'un d'entre eux extrait de noble lignée pour capitaine de ladite ville avoir la garde des clefs et pourvoir au guetz et garde d'icelle, et outre ce de faire contraindre les Habitants de trois lieues à la ronde pour curer les fossés de ladite ville lesquelles lettres vous ayant ayant été par eux présentées vous auriez par vostre arrest du deu%iesme aoust gvic quinze, ordonné icelles estre registrees, pour jouir par les impétrants des privilèges exemptions et immunitez y contenues, ainsy qu'ilz en ontbien etduemcnt jouy et usé, jouissoient et usoient encore audit temps, et sans préjudice des procès, sy aucuns y a; laquelle modification suivie del'arrest aussy par vous rendu sur L'enregistrement de noz lettres pattentes obtenues par les Habitants de la ville de Reims, ai mois d'aoust gw dix-sept, par lequel vous auriez nitraint les franchises et exemptions des quatre foires de ladite ville de Reims pour les marchandises qui seraient vendues au champ de foire seulement, ont donné subject aux fermiers des huit viwjtiesme impositions de l'Electiondudict Bar-sur-Aube de poursuivre, mesme d'intenter de nouvel diverses actions à [encontre desdits habitants et obtenu vos arrestz des xxm may gvic xvn et sviiï aoust gvicxvju parlesquels vous auriez sci?iblablement restraint la franchise et exemption de ladite foire, pour les vins, denrées et marclumdises qui seroient vendues en ladite, foire et lieux destinés pour tcelle seulement, et par ce moyen aussy dérogé auxdits privilèges et exemptions desquels lesdits Ilabitants et autres marchands forains ont paisiblement jounjusques audit temps, sans avoir été abstrainetz de mener leurs vins et marchandises en aucuns champs de foire, et d'autant qu'iceux Habitants sont fondez en titres et concessions de nous et des Roys nos prédécesseurs, suivant lesquelz ils ont jouy de tout "temps immémorial de la franchise en toute l'estendue deladite ville etfauxbourgs, laquelle d'ailleurs est d'assez petite estendue et longuce de rivières aa-
vigables, habitée d'un grand nombre de parsonnes qui n'ont aucun moïcn de s'entretemr et puer tailles qui sont annuellement imposées sur eux que par la facilité qui leur est donnée par la franchise de ladite foire de faire le droit de leurs vins, lequel ils ne peuvent faire et nous payer lesdites tailles et droits qu'en les faisant par nous jouyr desdites franchises ainsy qu'ils ont faict en temps iceux Habitants nous ont très-humblement requis les vouloir faire jouir entièrement de ladite franchise. A ces causes, désirant favorablement traicter lesdits Habitants, nous vous mandons, commandons et trèsexpressément enjoignons, sans attendre de nous autres lettres que ces présentes qui vous serviront de première et finale jussion, que sans vous arrester à vos arrestz des xxn aoust (WXY, xxm may gw XVII et xvik aoust gvr=xxvi et tous autres faire jouir iceux Habitants de Bar-sur-Aube de la franchise exemption du sol pour livre pour les vins et autres denrées et marchandises qui seront par eux ou les marchands forains vendus dans leurs caves, ccllkrs et maisons, en toute ladite ville et fiiiahourgs, pendant le temps de ladite faire, ainsi qu'ilz ont faiet de tout temps auparavant les susdits arrestz car tel est nostre plaisir, nonobstant lesdits arrestz et tous autres, et les édicts, ordonnances et règlements, au contraire que nous no voulons nuyr ni préjudicier anxdits Habitants, et auxquels pour les raisons susdites et sans tirer à conséquence pour les autres villes, nous avons dérogé et dérogeons par ces présentes. Donné a Paris le XXIXe jour de pnvier, l'an de grâce mil six cens trente-un, de nostre règne le vingt-uniesme. Signé LOUIS. XXXIV. – 17îi. Ordonnance de l'Intendant de Champagne pour rétablir les fossés (22 may), sur la demande de l'administration municipale prétendantque les particuliers tournaient il leur profit un don fait à la ville.
XXXV. 1725. Acte (le consentement du sieur de Vaucoticottrl, priew-eommandataire du prieuré de Saint-Nicolas, pow l'union duprieurè à l'hôpital.
Par (levant les Conseillers du Ro\ Notaires gsrdcs-scel au C'iin-
telet de Pans, soussignés, fut présent Mcssiro Jacques-Charles de Vauconcourt, prieur-commendataire du prieuré conventuel, électif et hospitalier de Saint-Nicolas de Bar-sur-Aube, ordre du Val des Ecoliers, diocèse de langres, demeurant à Ilaris, rue des Bons-Enfanis, paroisse Saint-Eustache; lequel ayant eu communication de plusieurs titres et pièces par les sieurs Administrateurs de l'hôpital général de Bar-sur-Aube concernant la fondation dudit prieuré hospitalier de Saint-Nicolas, dont le sieur comparant est pourvu sur la nomination du Roy, et en possession depuis vingt années environ, et que lesdits administrateurs prétendent être dans son origine un hôpital qui n'a pu être légitimement converti ni érigé en titre de bénéfice qu'avec l'autorisation du Roy, et qie, parcette raison, les religieux du Val des Ecoliers n'ont pas droit de retenir partie des fruits et revenus dudit bénéfice depuis quarante-cinq ans qu'ils s'en sont retirés, n'acquittant plus même le service, au grand ^préjudice des habitants et des pauvres qui n'en reçoivent aucun secours, et que pour éviter toutes les contestations prêtes à se déclarer, et les discussions avenir, et ledit sieur comparant étant dans le dessein de concourir autant qu'il il est en son pouvoir au soulagement quo les pauvres recevraient si le prieuré de Saint-Nicolas et ses revenus étaient réunis au profit dudit hôpital général, du consentement du Roy, et ledit sieur comparant désirant de sa part prévenir de si pieuses intentions, a, par les présentes, consenti et consent, autant qu'il est en lui, avenant toutes fois l'agréaient de Sa Majesté, que ledit prieuré hospitalier de SaintNicolas ensemble les revenus et droits en dépendants, soient réunis et incorporés audit hôpital général de Bar-sur-Aube, à la réserve neanmoins que fait le sieur comparant, des revenus pendant sa vie, dont il aura la jouissance jusqu'à concurrence seulement de la somme de 6SOhvres, à laquelle il s'est restreint en faveur des pauvres dudit hôpital, laquelle lui sera payée par chacun an, sur la recette dudit hôpital général, de quartier en quartier, et par avance, franche et quitte de toutes charges généralement quelconques prévues et imprévues, à commencer du jour que lesdits sieurs administiateurs prendront possession dudit hopild de Saint-Nicolas et entreront en
jouissance des revenus d'icelui, pour après son décès demeurer lesdits titres de prieuré hospitalier de Samt-Nicolas uni à perpétuité audit hôpital général, sans pouvoir à l'avenir etre présenté, conféré et possédé par qui que ce soit, ce qui a été consenti et accepté par M" René Bourgogne, conseiller du Itoy, grénetier au grenier à sel de Bar-sur-Aube, président du bureau d'administration dudit Hôpital général, demeurant ordinairement audit Bar-sur-Aube, de présent à Paris, logé rue Saint-Antoine, paroisse Saint-Pau!, à ce présent, tant en ladite qualité de président que comme fondé de procuration des sienrs administrateurs dudit hôpital général, passée devant Regnaudot etDumesnil, notaires audit Bar, le iZ du présent mois, contrôlé ledit jour l'original de laquelle, qui a été par lui présenté, est demeuré annexé à la minute des présentes pour y avoir recours, après avoir été certifié véritable et paraphé par le sieur Bourgogne, en présence des notaires soussignés, car ainsi est accordé entre les parties comparantes, promettants, oMigoants, chacun son égard renonçeants. Fait et passé à Paris, en l'étude de Marchand, l'un des notaires soussignés, le 21 août i 72S, avant midi, et ont signé la minute des présentes demeurée audit Marchand, l'un des notaires soussignés. – Signé De la Dalle et Marchand lùîné, avec paraphe et scel.
Suit la teneur de ladite procuration, donnée à M° René Bourgogne par MM. Jean-François Moussu greffier en chef au grenier à sel et procureur es sièges royaux de Bar-sur-Aubc, Nicolas Puissant, procureur du roi audit grenier, Louis Vannier, commissaire de police, et Charles Jeudy, ancien avocat du roi en l'hôte] de ville de Barsur-Aube, y demeurant, administrateur de l'hôpital général des pauvres, le 15 août 1725.
XXXVI. 1715. Lettres patentes de Louis XV autorisant l'établissement de l'hôpital Saint-Nicolas.
LOUIS, pur lit grâce de Dim rM't!e France et <<eJYt!Mrn!, à nos arnés et féaux conseillers les gens tenant notre Cour du Parlement ï Pans, Saint. Nos bien-aiœés les Adminislruteurs de l'hôpital de
Bar-sur-Aube nous ayant fait représenter qu'en exécution de l'édit et des déclarations des mois de mars, avril et août 1695, il avait été rendu en notre conseil, le 30 septembre 1695, arrêt portant qu'il it serait établi dans la ville de Bar-sur-Aube un USpital, auquel le feu roi de glorieuse mémoire, notre très-honoré seigneur et bis-aïeul, avait uni les biens et les revenus de la maladrerie de la ville de Barsur-Aube, de l'hôpital et maladrerie de Laferté-sur-Aube, des maladreries de Chateauvillain, Essoyes, Vendeuvre, Chaource, Gyé-surSeine, Lagesse et Mnssy-I'Evêque qn'en conséquence de ces arrêts il y avait eu un hôpital établi en ladite ville par le sieur de ClermontTonnerre, son évêque de Langres, de concert avec les maires et échevins de Bar-sur-Aube, et depuis un autre en la Maison-Dieu et hôpital de Saint-Nicolas, sis au faubourg Saint-Michel de ladite ville, ainsi qu'il est justifié par l'acte de délibération fait en l'hôtel, le 18 novembre 1740, et par le procès-verbal de translation et prise de possession faite par le sieur De Serres, vicaire général du diocèse de Langres, des 21 et SB décembre suivant, en ladite Maison-Dieu et hôpital de Saint-Nicolas niais que pour rendre cet établissement stable à toujours, les exposants avaient recours à nous pour qu'il nous plut de vouloir bien autoriser ladite translation dudit hôpital en la Maison-Dieu et hôpital Saint-Nicolas sis audit faubourg SaintMichel de ladite ville confirmer en tant que besoin serait l'arrêt de notre conseil du 30 septembre 1695, et leur accorder en conséquence toutes lettres nécessaires; nous avons par arrût da notre conseil du 17 février dernier statué sur les fins et conclusions de la requête desdits exposants insérée audit arrêt, et ordonné que pour l'exécution tant dudit arrêt que de celui du 30 septembre 1695, telles lettres nécessaires seraient expédiées, lesquelles les exposants nous ont trèshumblement fait supplier de leur accorder.
A ces causes, de l'avis de notre conseil qui a vu lesdits arrêts, nous avons autorisé, et, par ces présentes signées de notre main, autorisons Vètablismnent ordonné par lesdits arrêts, d'un hôpital en la ville de Bar-sur-Aube, et la translation dudit hôpital en la Maison-Dieu et hôptal de Saint-Nicolas sis au faubourg Saint-Michel
de ladite ville; Ordonnons en conséquence que ledit hôpital sera et demeurera à l'avenir en ladite Maison-Dieu et hôpital de Saint-Nicolas auquel demeureront unis, comme nous les réunissons, les biens et revenus de ia nraîaircris audit Bar-sar-An'oc, do l'hôpital et maladrerie de Laferté-sur-Auie, et des maladreries de Glilteauvillaia, Essoyes, Vendeuvre, Chaource, Gyé-sur-Seine, Lagesse et Slussyl'EvCifio, ensemble les biens et revenus provenant des fondations, donations, legs et abandonneinents faits aux pauvres de ladite ville, dont les exposants, en leur qualité d'administrateurs des biens et revenus appartenant aux pauvres, sont en possession, pour être lesdits revenus employés à la nourriture et entretien des pauvres qui seront reçus en ladite Maison-Dieu et hôpital do Saint-Nicolas, à la charge de satisfaire aux prières, services et fondations dont peuvent être tenns ledit hôpital et les maladreries qui y sont unies, et que lesdits biens et revenus et l'administration dudit Hôpital seront régis en la forme prescrite par notre déclaration du 12 septembre 1698, et encore à la charge par lesdlls administrateurs de recevoir les pauvres malades des lieux et paroisses où sont situés ledit hôpital et lesdites maladreries, à proportion de leur revenu; Ordonnons que les titres et papiers concernant ledit hôpital de Lafert6-sur-Aube, et les susdites maladreries, et les biens, revenus indépendants qui ont pu être la possession du sieur J.-B. Macé, ci-devant greffier de la Chambre royale aux archives de l'ordre de Saint-Lazare, et entre les mains des commis et préposés par lesdits intendants et commissaires départis en la généralité de Champagne, même en celles des Chevaliers dudit ordre, leurs agents, commis et fermiers ou autres qui jouissaient desdits biens et revenus avant ledit mois de mars 1695, seront délivrés, si fait n'a été aux administrateurs dudit hôpital, à ce faire le dépositaire contraint par toutes voies, quoi faisant ds en demeureront bien et valablement déchargés si vous mandons par cesd. présentes vous ayez à faire enregistrer et exécuter selon leur forme et teneur, cessantet faisant cesser tous troubles et empêchements, et nonobstant toutes choses à ce contraires, car tel est notre bon plaisir. Donné à Versaitles, le 26° jour de mars, l'an de grâce 1745, de
notre règne le 30e. Signé WU1S. Et pins bas: Par le roi, De Voyer, avec paraphe. Scellé et contre-scelle de cire jaune.
XXXVII. 1178(50 juillet). Eéglement fait par le roi en son conseil ponr l'administration de l'hôtel de ville de Bar-sur-Aube. Voy. Arch. de tlwlel de vUk. )
XXXVIII. 1781. Jugement qui déclare que les fossés de la ville font partie du domaine de la Couronne, et ordonne que les détenteurs seront maintenus, seulement an lieu de payer à la ville ils devront payer à l'Etat. Ce jugement du conseil d'Elat est basé sur ce que Charles V a donné les fruits et non la propriété que, d'ailleurs, il ne pouvait détacher de la Couronne, c'est pourquoi le Roy est subrogé à la ville.
G) ©vas»
(o) Partie de la Champagne qui avait dix-huit lieues d'étendue du nord au midi, et douze du levant au couchant, ainsi nommée à cause du grand nombre de vallées dont elle est remplie, et qui comprenait les villes de Bar-sur-Aube, Joinville, Arcis-sur-Aube, Châteauvillain, Brienne et Wassy.
Les autres parties de la Champagne étaient
1° La Chumpwjm proprement dite, dont les principales villes sont Troyes, Ch&lons, Saiûte-Menehould, Epernay 1 Vertus. 2° Le Rkémois, où sont les villes de Rheims, Rocroy, Fismes, Chftteau-Portien, etc.
3» Le néthélais, Réthel, Jtoi'.res, Charleville, etc.
4° Le Perthois, Vitry-le-François et SaintDizier.
5° Le Bassif/ntj, Chaumont, Lances, Moa^ tigny-le-Roi, etc. i 6° Le Senmois, $ens, Joigny, Tonnerre, Chablis, etc.
7° La Brie CJumfemist, qui contient Meanx, Provins, CbâteauThierry, Sézanne, Conlommiers, Montereau, etc.
(b) Poètes religieux dont le principal ministère était de célébrer les vertus des héros.
(c) Selon M. Dieudonné-Daleine, Segessa-a serait formé des deux mots Seges, moisson, et Sera, serrure, comme qui dirait moissons misesjous clé.
(d) Les Lingons Lingones, Lomjoncs, Lmcassii) étaient, selon Tile-Live, un peuple distingué des Gaules lcs villes de Parme et de Padoue les regardent comme leurs fondateurs. Leur territoire était très-peuplé et s'étendait depuis la Seine jusqu'anx montagnes des Vosges ils étaient compris dans la Gaule Celtique et avaient Antematunum ou Andematuntnn, aujourd'hui Langres, pour leur capitale.
(e) Peuple de la Gaule dont Trecai, Amjustobtma, aujourd'hui Troyes, était autrefois la capitale.
(/̃) Ce Barrois était indépendant de celui qui relevait des ducs de Lorraine.
{g) Ausculpkus de Thil, Lijius de Vice-Comitate, Petrus de Fontctâ, Lignes de câdcm, Robertus de Masteil, Ligius de eâdcm, et hi Iresjlebent cmtodhm pro Vice-Comiiate.
( h) Les notables étaient choisis dans les différents corps, savoir
Un dans le clergé – deux dans les gentilshommes, officiers militaires, et ceux pourvus de charges donnant la noblesse un dans la prévôté royale; un dans toutes les autres juridictions –un dans les commensaux, bourgeois vivant noblement, avocats et médecins un dans les négociants, commerçants et marchands un dans les officiers des compagnies d'Arquebuse et de Milice bourgeoise un dans les notaires, procureurs, chirorgiens, imprimeurs, libraires, et autres exerçant les arts libéraux – un dans les fabricants et principaux artisans.
(i) Gouverneurs connus de la ville, Lieutenants du Roi, Commissaires et Sous-Piéfets
Gouverneurs et Lieutenants dit Roi. Marquis de Linoncourt, de 1640 à 1043; Yardin, écuyer, seigneur d'Adlevillo, de 1645 à 4670 Hubert Yardin de Champileury, seigneur d'Ailleville, de 1670 à 1685 baron de Bussy, 1694 baron de Bressey, de 1695 à 1704; De Montholon, de 1704 à 1708 Etienne Verpillat de Beurville (lieutenant du roi de 1708 à 1736; De Villars, de 1756 à 1776; Dupont de Compiôgue, 1776 marquis de Mortbcl, subdélégué de l'Intendance de Champagne en 1785, il achète le gouvernement de Bar-sur-Aube avec finances.
Commissaires. MM. Rivière et Trippier, commissaires du Directoire exécutif près l'administration municipale.
Sous-PréfcU. MM. Ruière, de la création à 1827 Perrigny, pendant les Cent-Jours; baron de Valsuzenay, de 1827 à 1859 Heulhard de MonLigny, de 1839 à 1841 Henri Bourdon, del841 à 18it-, baron Michel, de 184-4 à 1847; Carré de la Crosnière, de 18-47 à 1818; Prudlion, sons-commissaire envoyé par le Gouvernement provisoire en 1848; Viard, do 1818 à 1850; Vilcoq, de 18B0a à
(j) En 1781, ce droit fut adjugé par la ville moyennant 180 livres 1 deniers.
(k) Le droit de Courte-Pinte était de onze sons par muid do vin détaillé, plus de deux deniers par sou du prix de la vente et un sou pourlivre en sus pour l'octroi il fut adjugé par la ville 650 livres en 1781.
Le droit de Goiirmelayc comprenaitlcs droits de Reliage et Barrage des vins, de Courtage-, c'est-à-dire de charger et décharger les boissons sur les voitures, et celui de conduire dans les caves des particnliers les marchands forains. ( En 1780, il fut adjugé huit sous six deniers. )
Tonliw, droit seigneurial qui se payait pour les places où l'on étalait au marche.
Peojte, droit pour un partage.
EhttM;, droit d'étalage.
ForotM~e, droit d'entrée et de sortie sur les marchandises. (l) DoyetM (!s &)n<-Pu'rre cmunM Bernard, H2S, André, m3;JehandePons, mi.
Ce titre, qui, avant la Révolution, était inhérent à celui de membre du chapitre de Samt-Maclou, fut repris par M. Girault, curé de gd"t-Pierrs de i820 ~SH; par AI. Mmdier. de 1S42 à J8St, et par M.
(M On appelait autrefois Oblat ou mome-hi m soldat qui, ne pouvant plus servir à cause de ses blessures ou de son âge, était logé, nourri et entretenu dans une abbaye ou prieuré de Domination royale. Ce qui se payait pour chaque oblat a été appliqué aux Invalides.
(n) La Commende était un bénéfice donné par le Pape c un ecclésiastique nommé par le Roi pour une abbaye régulière, avec pennission au commendataire de disposer des fruits pendant sa vie. (o) JtectMtM, ~6tM.!& Prieurs e< Supérieure de!m~<f)i&t)i(Nicolas, connus: 1129, Rodolphe, recteur.- f257, Adede de Boulancourt; H33, Agnes de Rouvres, abbesses. H57, Jacques de Bourgogne; 1540, Jacques de Provenchères i60S, Jean Leelerc; prieurs Aosp!<Q7Mr~.– 1622, Jean PcmaRur; 1627, Nicolas t~Mm~re; t6M, Louis Dansse; i6Sa, J.-B. Seolfroy; 1700, Jacques-Charles de 'yaucoucourt; prieurs mmmaMMttH'M. – &penem'&! tiepMM la Révolution SfBur Claire; Sainte-Suzanne (Reine Jacob), de 1808 à 1848; .Saint-Jérôme (Cath.-Bath. Préault), de ]M8 à
(p) Cet article et le précédent sont extraits en partie de l'excellente notice qui précède le Réglement de f/M~'ee.
Je dois également des remercîments à N. Arnault, dont le Vo~e m'a été d'un grand secours pour la partie archéologique de cet ouvrage.
(~ ) 1-e gny est une plante parasite qui na!t sur certains arbres celui de cMne était en grande vénération chez les Gaulois qui le recueillaienl avec de grandes cérémonies et le considéraient comme un-spécifique universel. Certaines, contrées où probablement on te récoltait, conservent le nom de Ciegnots.
(r) Havage vient de l'ancien mot havir qui signifie prendre, de sorte que le droit de havage ou Aefes était le droit de prendre ce que la main pouvait contenir.
(s) C'est-à-dire Gots de l'ouest ceux de l'est s'appelaient Ostrogots.
(t) C'est une tradition aussi ancienne que le fait que sainte Germaine est tombée en ce lieu martyre du Christ.
(«) Suivant l'histoire et les monuments anciens, une horde de Vandales fonda cette ville, d'où son nom de Vm~o'Kfret. (f) Vers cette époque fut bâti ou certainement répare te couvent et hôpital de Saint-Nicolas dans un faubourg de Bar-sur-Aube. Occupa par des hommes d'abord et plus tard par des femmes, il fut ensuite érigé en abbaye puis dégénéra en prieuré.
( ) Syndics et blaires de B<tf-a<f-~laD< dont les xoms ))0!;s ont été coMerm' Gauthier Cornu, i2St Jacques Dupent, i2M. (Lacune de 3M ans.) Pierre Arson < 626-28 Nicolas Cornuel, 628-31 Claude Gouttière, 165t-52 ClaudeDudoyen, 1632-33; Louis BoiMte, 16S3-5S; Pierre Arson, 165S-S7; Nicolas Boitoue, i6S7-S9; Pierre Perrotte, 163M1, Nicolas Lefebvre, 164)~3; Jean Collet, )6~3-~S; Pierre Arson, 1645-48; Pierre Roger, 1648-49; Louis Boitolle, 16t9-St-, François Gouthière, 1651-52; OgerCauzon, 1652-S4; RemyBoitoHe, 16S4-SR; Pierre Dormoy, 16S6-60; Pierre Deloix 16CO-6i Alain Verpiiht, 1661-62; Nicolas Rondin, 1662-64; Niche) Bourgogne, 1664-66; Claude Bai)!y, 1666-68; Etienne Charmois, !668-70; Pierre-Henri Duchesne, 1670-7!; Aatome Marcy, 1672-74; Nicolas Lefebvt'c, i674-78 André Car.-
dehecq, 167S-80, J.-B. CtumetdeTri~ny, 1680-82; Pierre deBrienne (teC''), 168M~; Jean Cinntet de Snmmnt, 168S-88 François CcIlignon, 1688-90, François Mcnssn, 1690-92; Pierre-Hem'iOuehesM, 1692-95; Claude Chimet de Neuville (maire perpétuel), 1693-1719; Claude Leseui-re, 1719-20; J. B. Clément, 1720; Joachim Filleux, 1720; Joseph Leseurre, i'720-24; Joseph Didier, t72MS; MaillyPoire,t72S-31; René Eomgongne, nM-SS; (do )'73S i758 vacance: Guhie)' et Trippier, premiers echevics) Atex~ndre Bta&chard, 1758~3; J.-B. Paget, 1745-48; Debrienne, 1748-53; Collet, i7S5-SS; Rmtte,'t7SS-6<; Ihyc!, 1761-64; Gannem; 17&1-67; Alexandre Blanchard, J7C7-70; EdmeRuotte, 1770-75; Q.~ean Rivière, t77!-82; Louis-Marie Réteoux, t782-8S; De Brienne (le Ch"), 1785-90; Ruotte, i790; De Brienne ([e Ck'') 1790-91; Claude Chenot 179t-93; Clausse, 1793; Mmhon, f793~; Legrand, 1794; Bourgceis-JesMint, président de l'administration municipale, 1794-1802; Ruot[e, 1802-08; Masson, 1808-15; Lapemete, 1S1S-SO, Bertfmd-Voui)temo)H, 18SO-t6; MemmieRose Maupas, 1846-48; Pbilbcrt, maire provisoire, 1848. ~J Les comtes de Champagne, alliés à tontes les mftisons princières del'Europe, portaient, en qualité de pairs de France, la bannière au saM'e de nos rois.
(s) Toutes les dîmes qni so percevaient sur le finage de Bar-surAube étaient des dîmes ecclésiastiques, et elles appartenaient au chapitre de Sùint-Macion; dans rMigine, elles se payaient à la quinzième, puis, plus tard, à la seizième c'est-à-dire que ]a seizième gerbe de blé, le seizième bouchon de chaDvre, etc., appartenaient au chapitre. Une sentence du Ladjiage de Chanmont, du 29 décembre 1711, a rf~Mia forme de la perception de la d!me des vins au pressoir,-a ratson do seiKieme setier contenant neuf pintes de Bar-surAuhe ou huit pintes de celui de Troyes, sans traîner le setier, en laissant un peu dintervalle, et de manière néanmoins que le setier soit exactement plein.
(fm) L'année commeacait à Koe).
(H) ~M des pt)n)M~< qui doivent /!)Mm!')' des <'t<t)?'M<i attelés de ~Mftttf) e7tem!M;, lors At~Mf~e (les <rM< à ~f-Mte. pour conduire les <~M!)!f~M if'MNe étape à <m;<e, et KONt~e de t'o~M~ qu'elles ~o~'eK< /rM'r
Dar-snr-Aubc, 20 chamois. Do]aneonrt, 1 < Memti)!)), 9 Levigny, 15 Neuil]y, M x BenrviUe, 16 < AiHeYitte, 1 < ArgaBCoD, 2 Couvignon 3 <f YemonY]]liers,8 8 Arrenti&res, 8 < Lignol, 6 < MoDtiBr-en-ris[c,4 4 < Spoix, Fontaine, 2
Ft'osnay, H chamots. EngCNte, 2 < CotomM-Ie-See.S 5 < Arsonva), 4 Bergères, 3 RarovDte, 2 TM!, 24 Maisons, 8 < Cf)tombë-)a-Fosse8 8 Jaucourt, 4 < UrviUe, 6 Bayd, 4 TrdmiHy, 18 n Thors, S Yoipiy, 4
(ce) Les jeunes filles mariées en 1810 sont Françoise Champion et Geneviève Dangin, avec J.-B. Jeanson et François Prévost; en ~Sii, Catherine MaUarda~ec Joseph Frise.
(dd) B~t~M fh la oHe de Baf-fMf-~Mte ft Chaunwnt: P.-N. Clausse de Surmont, prevut; Ch.-N. Sevestre, procureur du roi; J.-Cl. Beugnot, avocat; JoachimGirardon, échevin.
P~M<M du bailliage de CAtjMmoK~ aux I~a~-C~HeraM: Aubert, curé de Cotmgmm, et Nonne), curé de VaMe)aneomt, f!~)M<& <~ Clergé. Le comte Choiseul-Daillecourt, mestre de camp du régiment Dauphin-Dragons, et Desclaibes, comte de Ctennont, seigneur d'Avranville, ~epM<M la J\M<MM. – J.-B. Morcl, cultivateur à Yezaignes Pierre Mougeottes de Vignos, eouseiUer du roi, procureur au baiihage et siê~e présidial de Chamnont.Lafoy, docteur en
FM.
médecine i Noët-Ctaade Janny, avocat au Parlement demeurant à Brienne-te-CMtteau, <<e~tt<!t<H's-E<at, et Martin Gombert, cultivateur à MareiXes, suppléant.
Députés du district <ie Bar-sur-Aube a la Fédération (1790) Guérin de Bmiatd, Ruotto aM, Géhier, Perrin, Grammaire jeune, MaiHy jeune, Royer, Thiéblemont père, Vouillemont, Btyo(,Thiebkmont Ch, Breton, Lefèvre, Fiot ainé, Roboul fils, Gaupillat, Lottin R!n6, Noyon, De Beaufort, Montenot, Alipe fils, Janneson, Hëaard, Ferry, Gebert fils; Paillot, Périsse, THebtmtt, Mutinot, Lemerle, Labische, Causon, Louis, Mayetme, Bardet, Vitalis, Collet. Deptf<M h Convention Pierret, de n92 à l'an IV. (H vota la détention de Louis XV!.)
Députés aux Cm{-Cttttt; Rivière (Lambert), an V; Moore, Sutit.anVL
Députés stm Ommtf-M: Beugnot (C"), 1791-92 Chartoa, ISiS; Vandenvre,M20-30;Pa~e de YeDdenwe(B""),i 1830-37; Armand, 1857-48.
(ee) Si le temps eut été beau, la cérémonie devait avoir lieu sur lapromenade du Jarre. ] ,T~ ,)'
(/)~) En 1809, il avait éténommé par Na~oMcn ~o(MMmte)]~de la Lésion d'Honneur. j~ -i 'Elf)
DES MATIÈRES.
PBÉFACE.
CHAPtTRE I".
Coup d'œil générai sur la ville de Bar-sur-Aube, sa position, son histoire, son commerce et son industrie Productions du sol Origine et étymologie du mot B<!)';Foires; Fortifications et portes, leur entretien; Garnison; Chevaliers de l'Arquebuse, Milice bourgeoise; Redevances, cens et droits royaux Propriétés, revenus et droits de la -ville; Monuments, pay. 1. CHAPITRE n.
Description des Monuments de la ville; Eglises Saint-Pierre, SaintMaclou, Sainte-Marie-Magde)eine, Chapelle Saint-Jean. j;a~. ES. CHAPITRE m.
Suite de la description des Monuments Couvents des Cordeliers, des Capucins, des Ursutincs (t'Hotct-de-Viue) Maiadrerie Hospices du Saint-Esprit, de Saint-Nicolas Soeurs du Bon-Secours Chapelle du pont d'Aube, Sa))c de Spectacle, Prisons, Collège, Ecoles, Abattoir, Antiquités, Armes de la ville. 59.
CHAPITRE IV.
Antiquité des Gaules et dnBarrois; Camp de César Voies et Aatiquités romaines, .S~eœent Bar-sur-Aube converti au Christianisme anciens Usages, Fêtes publiques, Processions Attiia; 1 Histoire de sainte Germaine et d& sainte Honorée; Couvent et village de Sainte-Germaine. yo~. 89. CHAPITRE Y.
Childéric [" à Bar-sur-Aube. Invasion des Normands. Comtes de Bar-sur-Aube HËnAttD, i' comte; fondation dn couvent de Sainte-Germaine. NoTCHER, 2" comte; Bar-snf-AuLe clos de murs, forteresse de Lamotte, le Châtelet. ADÉLAÏDE, 3'' com~tesse. Saint SIMON, -t" comte, fondateur de l'hospice SaintNicolas. ADÈLE, S' et dernière comtesse. ~fty, 117. CHAPITRE VI.
Histoire de Bar~sur-Auïje sous les comtes QLC Champagne T]UBAtJT HnGm;s I" TmBAnT n dit le Gmt(<, HE~'M !s- dit b Libéral, HEt)M I! t!<<~<feMM, TtnBAtJT ni. Saint Bernard. Fondation de l'abbaye de Clairvaux, du couvent du Val-desVignes ou Fdles-Dieu et du Chapitre des chanoines de SaintMaclou. ~(f; 1S9. CHAPiTM; VII.
Ilistoirede Bar-sur-Aube sons TH)BAUT IV dit Gr~M~ Fa~M~' de chansons, comte de Champagne et roi de Navarre. Hestauration de l'hôpital Saint-Nicolas. Fondation de la fore de Barsur" Aube, son importance. Affranchissement de la tiue. Alaires. tS7. CHAPITRE Vin.
Histoire de Bar-sur-Aube sous les comtes TmBACT Y et HENM III. JEANNE DE NAVARRE, reine de France et dernière comtesse de Champagne. Réunion de Bti'-sur-Attbe à la Couronne. FondatLon du couvent des Cordeliers. Bar-sur-A))be choisi ponr lieu de réu-
nion des princes de l'Empire il est pillé par les Ang)fus. Siège de la ville par des brigands; destruction de la forteresse, du pont et du faubourg d'Outre-Aube. Donation par Charles V aux babitaDts des fossés et remparts de la viiïc. Nouvelle invasion anglaise; incendie des hameaux de Sainte-Germaine et de Courcelles. ~f~. 175.
CHAPITRE IX.
Procès entre les habitants et le Chapitre de Samt-Madoa au sujet de la d!me. Donation par Chartes VU de la ville à Jacques de Croy; les habitants se rachètent. Le Bâtard de Bourbon, sa mort. Erection de t'Mpitd Saint-Nicolas en prieuré. Etablissement d'un octroi. Bar-sur-Aube pillé par les Espagnols il ouvre ses portes aux Ligueurs lettre menaçante du duc de Guise fidélité des habitants. jMy. 195. CHAPITRE X,
Louis XIII confirme les priviléges de la ville il suppnme les foires. Garnison. Les fossés sont désséehés et convertis en jardins procès à ce sujet. Louis XIV, Louis XV, etc., sont reçus à Bar-surAube. Rosières, ~y. 21S. CHAPITRE XI.
Fête de la FedÉration. Réunion des trois paroisses Saint-Madou prend le nom de Sainte-Germaine pms devient !o temple de la Raison Saint-Pierre devenu magasin à fourrages est envalne par les Theophiantropes vente et démolition de Sainte-Magdeleine. Abandon des MpitatcL; départ desRe]igieascs.LaM-i)ne est transférée aux Ursutines. Les églises couvents etc., sont convertis en clubs. Dapteme républicain. Les rues changent de nom. Destruction de la célèbre abbaye de Clairvaux. Découverte d'une Fabrique de fausse-Monnaie, ~a~. 259. CHAPITRE XII.
Campagne de ~SM. Premier et deuxième combats de Bar-sur-Aijbe. La ~)Ie est prise et pillée à plusieurs fois. Trois Souvermns étran-
gers à Dar-sm'-Aube. Le couvent des Ursulines est changé en prison il devient la proie des flammes. M. Trippier, par son courage, sauve la ville. Les églises, le collége, etc., sont convertis en ambulances. Nalheureuse position du pays et des hiiHtants. Une députation à l'Empereur. François II et le père Martin. Seconde invasion. Passage de Charles X et de Louis-Philippe à Bar-surAube, etc. P"9'' Biographie des Hommes iUustres,t'i!ar~Mr-Ati~e\ pf~. 277. Pièces justificatives. ~'p<299. Notes. Y" 323. "¡: