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Titre : Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises , par Charles Nodier

Auteur : Nodier, Charles (1780-1844). Auteur du texte

Éditeur : Demonville, imprimeur-libraire (Paris)

Date d'édition : 1808

Sujet : Français (langue) -- Onomatopées

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34939892z

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (XLII-220 p.) ; 20 cm

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Description : Dictionnaires

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k123239j

Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES P-X-497

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 02/10/2008

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ONOMATOPÉES FRANÇAISE S.


DICTIONNAIRE RAISONNÉ

DES ONOMATOPÉES FRANÇAISES,

PAR Charles NODIER. ADOPTÉ

Par la Commission d'Instruction publique s POUR LES BIBLIOTHEQUES DES LYCÉES. PARIS,

DEMONVILLE, Imprimeur Librai re rue Christine, !Sr«. a.

1808.



A

MONSIEUR OUDET,

BIBLIOTHÉCAIRE DE LA. POLICE GENERALE. HOMMAGE

De l'estime et de la reeo/ï/ïtî~ïce.


t

PRÉFACE.

V/k a desiré quelquefois un dictionnaire des Onomatopées françaises. On.-a^ cru que ce recueil serait utile à ceux qui étudient notre langue, et je souhaite que mon ouvrage ne trompe pas cette espérance.

II y a, sans doute, peu de mérite à ces sortes de compilations. Ce sont de ces travaux qui, suivant l'expression de Duverdier, exigent plus de zèle que de talent, et plus de patience que d'industrie. Mais c'est en cela même qu'ils sont dignes de quelque considération, quand ils atteignent leur but, puisqu'ils supposent à la fois du désintéressement et du courage. On connaît ces vers de Scaliger

Si quem dura manet sententia judicis olim Damnatum œrnmnis suppllcusque caput J

Hune neque fabrili lassent ergastula ~/za~a j Nec rigidas vexent jhsxa métallo, ma/itts. Lexica contextat nani cœtcrâ quid moror ? Omries Pœnarum facies hic labor unus habet.


« L'Onomatopée, dit Dumarsais, est » une figure par laquelle un mot imite » le son naturel de ce qu'il signifie. On » réduit sous cette figure les mots formés » par imitation du son, comme legloui> gtou de la bouteille le cliquetis, c'est» à-dire le bruit que font les boucliers les épées et autres armes en se cho» quant le tric trac qu'on appelait au» trefois tic tac, sorte de jeu assez com» mun ainsi nommé du bruit que font « les dames et les dez dont on se sert a » ce jeu tinnitus acris tintement » c'est le son clair et aigu des métaux » bilbire bilbit amphora la petite bouteille qui fait glouglou, on le dit » d'une petite bouteille dont le goulot » est étroit taratantara c'est le bruit Il de la trompette,

At tuba terribili sOrtitèt taratantara dîxtt.

,) C'est un ancien vers d'Ennius au » rapport de Servius. Virgile en a changé » le dernier hémistiche qu'il n'a pas


» trouvé assez digne de la poésie épique ¡ voyez Servius sur ce vers de Virgile At tuba terribilem sonïtum procul <œre canoro Increpuit.

» Cachinnus, c'est un rire immodéré.' » Cachinno onis, se dit d'un, homme » qui rit sans retenue. Ces deux mots » sont formés du son ou du bruit que *> l'on entend, quand quelqu'un rit avec » éclat.

» II y a aussi plusieurs mots qui exn priment le cri des animaux, comme » bêler qui se dit des brebis.

» Baubarl, aboyer, se dit des gros » chiens. Latrare aboyer, hurler, c'est » le mot générique. Mutire, parler en« tre les dents, murmurer gronder » comme les chiens. Les noms de plusieurs animaux sont tirés de leurs cris, » sur-tout dans les langues originales. » Upupa, huppe, hibou.

» Cuculus, qu'on prononçait coucou- » Ions, un coucou, oiseau*


Hirundo, une. hirondelle. '•• ̃" .«.Hulula, une chouette. j> Bubo un hibou.

» Gracculus un choucas, espèce de » corneille.

» Gallina une poule »

» Le nom de cette figure est composé j> de deux mots grecs, onoma, nomen* ̃» et poïo fingo. Nominis seu vocabuli » fictio. » Il paraîtra, peut-être, étonnant qu'on ne, puisse citer sur l'Onomatopée que cette notice imparfaite et à-peu'-près insignifiante. Elle n'a été, traitée "qu'en passant par Dumarsais parce que les détails auxquels elle aurait pu le conduire étaient étrangers au plan et à la marche de son ouvrage. Ici même il serait hors de propos d'épuiser cette 'matière, et de rassembler les raisonnemens qui attestent que les langues n'ont pas eu d'autre type et n'ont pas suivi dans leur formation d'autre mode que cette


r a b f a g n.

figure. Eu attendant que je puisse offrir au public le résultat des études dont cette question a été pour moi l'objet, je dois me borner à des applications purement classiques; et si j'y attache cependant quelques considérations élémentaiues qui feront pressentir mon système, c'est que j'ai cru qu'il étoit nécessaire à la tête d'un recueil d'Onomatopées, de donner de l'Onomatopée une idée plus distincte et plus précise que celles qu'on puiserait dans les vagues définitions des rhéteurs. La parole est le signe de It pensée,

L'écriture est le signe de la parole.

Pour faire passer une sensation dans l'esprit des autres, on a dû représenter l'objet qui la produisait par sou bruit ou par sa figure.

Les noms des choses, parlés, ont donc été l'imitation de leurs sons et les noms des choses écrits, l'imitation de leurs formes.

L'Onomatopée est donc le type des


langues prononcées, et l'hiéroglyphe, le type des langues écrites.

Les êtres qui n'ont pas des formes

propres et des bruits particuliers n'ont été dénommés que par analogie soit dans le langage, soit dans l'écriture.

Les abstractions morales qui sont plus

ou moins postérieures à l'établissement des premières sociétés, du moins en très-grande partie, ont dû être dénommées, conformément à la même règle. ly

Les premiers rapports des choses sen-

sibles et des choses intellectuelles tels qu'ils ont été saisis par des sens neufs, ayant échappé à nos organes, à travers la succession'des temps, ne peuvent être que difficilement retrouvés..Les motifs qui ont déterminé la désignation de ces idées, étant assez généralement perdus, il restera dans les langues une partie qu'on peut appeler la langue abstraite, et dont l'origine ne se démontrera que par une longue suite d'analyses et de comparaisons.


L'autre partie s'expliquera d'ellemême. La nature se nomme.

On aurait tort de conclure, cependant, que suivant les principes que j'émets, tous les hommes dussent parler la même langue, ou que toutes les langues du moins, dussent rapporter leurs' termes aux mêmes racines car non-seulement, les objets physiques ne nous apparaissent pas à tous- sous les mêmes rapports, en raison de la variété de notre organisation; mais encore n'en est aucun qui ne puisse nous apparaître sous un grand nombre de rapports différens, parmi lesquels notre choix s'est fixé quand il s'est agi de détermine* des signes. Il n'est donc pas surprenant que dans des temps postérieurs à la création d'une langue première, et après de grandes révolutions du globe qui ont dispersé les hommes et effacé les traditions, on en soit venu à reconstruire do nouvelles langues, formées sur des racines


nouvelles mais le procédé aura été le même, l'analyse de ces langues n'exigera que le même genre d'études, et on remontera par elles, comme par les langues antérieurement parlées, aux racines naturelles, seule et véritable source de tont idiome.

Il en sera de même des mots à sens abstrait ou figuré, car l'esprit ne fait pas par-tout les mêmes comparaisons et ne saisit pas toujours les mêmes analogies. Tel aperçoit entre deux objets une relation qui n'y sera point pour les autres ou qui ne se révélera à leur esprit qu'au moyen d'une série d'observations moins rapides.

Ces modifications dans la nature des sons dont se composent les langues, dépendent de toutes sortes d'influences dont il serait trop long d'examiner l'effet; mais celle des climats s'y fait sur-tout reconrnaître. Dans le vocabulaire des pays chauds, tous les mots sont vocaux et


fluides.. Le grec a une emphase majestueuse, comme le bruit des flots du Pénée. L'italien roule dans ses syllabes sonores, le murmure des cascatelles et le frémissement des oliviers. Dans celui des pays froids tous les mots sont rudes et consonnans leurs sons retentissans et heurtés rappelle,ntla rumeur des torrens, le cri des sapins que l'orage courbe, et le fracas des rocs qui s'écroulent. t L'extension des sons radicaux qui ex- priment.une chose bruyante à des sensations d'un autre ordre, n'est pas plus difficile' à comprendre. Parmi les sensations de l'homme il n'y en a qu'un certain nombre qui soient propres au sens da l'ouïe, mais comme c'est à ce sens que s'adresse la parole, et que c'est par lui qu'elle transmet le signe de l'objet qui nous frappe, toutes les expressions paraissent' formées pour lui. Des sons ne peuvent- exprimer, par eux-mêmes les sensations .de la Vue1, du goût du tact


et de l'odorat mais ces sensations peu- vent se comparer jusqu'à un certain point avec celle de l'ouïe et se rendre mani-. festes par leur secours. Ces comparaisons n'ont rien d'ailleurs qui ne soit naturel et facile. C'est à elles que toutes les langues doivent les figures et tout concourt à prouver que le langage de l'homme primitif était très-figuré.

Quand on dit qu'une couleur est éclatante, par exemple, on n'entend point par là qu'une couleur puisse produire sur l'organe auditif la sensation d'un bruit violent, comme celui dont la racine du mot éclatant est l'expression mais bien que cette couleur produit sur l'organe visuel une sensation vive et forte, comme celle à laquelle on la compare. L'impression .que font éprouver àl'organe du goût les substances acres., âpres ou aigres, n'est accompagnée d'au. cun bruit qui reproduise à l'oreille la. racine de ces mots qualificatifs; mais elle


rappelle à l'organe de l'ouïe les impressions qui ont agi sur lui d'une manière analogue. Si on était porté à croire que ces idées sont forcées, et que l'esprit ne fait pas aisément les comparaisons de sensations il suffirait de jeter un coupd'œil sur les poésies primitives qui en sont remplies, ou de donner un instant à la conversation d'un homme ingénieux et simple. Le langage des enfans abonde -en ligures de cette espèce, et au défaut du terme propre, ils emploient souvent 'le signe d'une sensation étrangère pour .représenter la leur. Les femmes qui ont la sensibilité plus délicate, et qui saisissent plus vite les rapprochemens les plus fins, en font aussi un grand usage. Enfin, on peut dire que les sens se servent si nécessairement les uns les autres, que sans les emprunts qu'ils se font, on ne pourrait guère peindre qu'imparfaitement les effets qui leur sont propres, et qu'il n'y a rien qui en rende la


N,

perception plus exacte et plus" profonde". Indépendamment des mots "formés par imitation il y a dans les langues un très-grand nombre de mots qui sans avoir la même origine n'en sont pas moins composés très-naturellement, et doivent être rapportés à la même figure, c'est-àdire, à l'Onomatopée, littéralement-, fiction de nom.

Par exemple, chaque touche vocale étant appropriée à deux ôii trois sons particuliers, on ne s'étonnera pas'què le nom de ces touches ait été construit sur les sons auxquels elles étaient affectées. C'est ce que j'appellerais langue mécanique. Ainsi, la lettre labiale B a désigné initialement dès le commencement des langues l'organe qui la forme.

Les lettres dentales D et P ont caractérisé les dents.

Les lettresgutturales G etkexpriment universellement l'idée de gorge et de gosier.


La nazale N indique le nez. La lettre L a été consacrée à la langue, parce qu'elle est le plus liquide des sons que la langue forme, et que la langue, pour la prononcer, ne faisant qu'agir contre la voûte du palais, en parait d'abord la seule touche et le seul agent.

Qui ne voit quelles immenses générations, cette petite quantité de mots a pu fournir, et jusqu'à quel point leurs dérivations ont s'étendre dans les langues ?

Ensuite, en considérant, avec'tous les philosophes qui ont analysé la parole, les sons simples ou vocaux comme la première langue de l'homme, et en passant de là aux sons compliqués, ou consonnans, qui ont se succéder suivant le degré de facilité de leur prononciation nous verrons les langues s'enrichit d'une immense famille d'expressions également naturelles, et c'est


ce que j'appelle la langue puérile, parce qu'elle se retrouve toute entière dans le premier langage des enfans.

Le desir, la haine, l'épouvante, le plaisir toutes les passions que peut éprouver l'homme si voisin de son berceau, ne se manifestent d'abord que par une émission de sons simples, de cris ou de vagissemens. C'est sa langue vocale.

Il invente de nouvelles lettres à mesure que ses organes se développent, et qu'il commence à juger de leurs rapports et de leurs actions réciproques. Il apprend l'emploi des touches de la parole. C'est sa langue consonnante ou articulée.

Mais comme il ne s'en instruit que lentement j et dans un ordre successif, en allant du plus simple au plus composé, les sons dont l'artifice est le plus facile sont les premiers qu'il saisisse, et par conséquent les premiers qu'il attache


à ses idées. Telles sont les lettres labiales.

Aussi observe-t-on que ces lettres sont les caractéristiques de toutes les ^dées essentiellement premières qu'admet l'esprit des enfans. C'est par elles qu'ils désignent presque toutes les choses qui les touchent immédiatement, comme le bien et le mal physique, les rapports de parenté les plus prochains, le boire, le manger, l'action même de parler, etc. Parcourez les peuples de l'univers anciens et modernes, dit M. de Brosse vous verrez que dans tous les siècles et dans toutes les contrées, on employe la lettre de lèvre, ou à son défaut la lettre de dent, ou toutes les deux ensemble, dans la construction des mots enfantins qui représentent ceux de père et de mère.

Le Ghananéen, continue-t-il, l'Hé- breu le Syriaque, l'Arabe, 'et autres dérivés de l'Assyrien et du Phénicien,


que nous n'avons plus disent aB, aBBa, aVa, aBoh, aBou-, i

Le Grec le Latin l'Italien l'Espagnol, le Français PaTer, PaDre, Père;

L'Istrien le Catalan, le Portugais le Gascon Pari, Para, Pae, Paire; LeTudesque, leFrancisque, l'AngloSaxon, le Belgique le Flamand le Frison, le Rhunique, le Scandinave l'Écossais, l'Anglais, l'Allemand le Persan, et autres qui paraissent dérivés du Scythe FaDer, FaTer, VaTTer, VaDer, PaDer Payer, Peer, Feer, FoeDor, FaDiir, FaTker, FaTTer, etc.

L'Arcadien FaVor;

Le Malabare. PiTaVe;

Le Chingulais de l'île Ceylan, Pi Ta; L'Ethiopien l'Abyssin le Mélindien des- Côtes d'Afrique, et autres qui paraissent dérivés de l'Arabe a£i, aBBa, aBa, BaBa;


Le Turc BaBa

Le Moresque, aBBé;

Le Sarde, BaBu

L'ancien Rhoetique PaPa;

Le Hongrois aPa;

Le Malais de l'Inde et du Bengale, BaPPa;

Le Balie des Siamois -Poo

Le Mogol, BaaB;

Le Tangut, kaPa

LeThibet, Fa;

Le Hottentot Bo

Les Chinois, l'Annamitique du Tunquin, Fu Phu

Le Tartare, BaBa;

Le Mantcheou, aMa;

Le Tunguz, aMitl;

Le Georgien et l'Ibérien MaMa; Le Caraïbe BaBa;

Le Grbënlandais uBia;

Le Galibis, BaBa;

Le Sauvage de la rivière des Amazones/ PaPe; i

b 3


Le Kalmouck aBega

Le Samoïède aBaM;

Le Moluquois, BaPa

Le Tamoul, BiTa, VIDa

Passant ensuite a la lettre de dent, le même Savant rapporte les synonimies de l'Egyptien du Cophte de l'A&icain d'Angola qui disent TaauT TheuT, TkoT, ToT;

L'Africain du Congo dit TaT;

Le Cimraëc, le Celtique, TArmorique le Bas-Brejtea le Gallois le Gantabre disent TaaT TaaD TaD TaTh, Taz, aiTa

L'Irlandais, naThair; Le Gothique, aTTa;

L'Epirote, aTTi;

Le Frison-, haiTe

Le Valaque, TaTuli

L'Esclavon le Russe, le Polonais, le Bohémien le Dalmate, le Croate, le Vandale, le Bulgare, le Servite, le Carnique, le Lusacien et autres dérivés de


l'ancien illyrien et de l'ancien oarmate oTTse, oTsche, oTshe, ou par corruption, oièze woTzo wschzi, oTzki wosche

Le Sauvage de la Nouvelle Zemble oTcze;

Le Lapon, aTIÏ;

Le Livonien le Cnrlandais le Prussien le Lithuanien, le Mecklenbourgeois TaBas, Tewes, Tews, Thawe, Tewe;

Le Hongrois., aTyank aTya Les Sauvages du Canada, aisfa/ij. ayTan, ouTa, aDatti;

Le Huron, aihTaha;

Le Groënlandais, aTTaTa;

Le Mexicain, TaTlili-,

Le Brasilien, TuBa;

Le Sybérien, aTaï;

Le Russe, oTeTze, etc.

Je ne serais même point étonné qu'on m'alléguât que la lettre dentale de l'nne et de l'autre touche parait déjà d'un ar-


tifice un peu difficile pour ces premiers essais de la parole, et que l'expérience prouve d'ailleurs que les enfans ne l'employent point successivement, mais simultanément avec les lettres labiales. Il,sera aisé de répondre à cette objection, en rappelant simplement que l'articulation de cette lettre nous est apprise, en quelque sorte, dès le premier jour de la ,vie, puisque la succion du sein de la mère se fait nécessairement avec un petit claquement de la langue contre la partie la plus extérieure du palais, à l'origine des dents, ou plut6t vers la place qu'elles doivent occuper, et que ce bruit ne peut être représenté que par la lettre dentale douce ou forte, Aussi, voit-on que le son thet ou thêta, représenté chez les Grecs par une lettre qui a la forme de la mamelle avec son mamelon, est, dans toute les langues connues, le type ou la racine des signes servant à exprimer les idées qui ont rap-


port à l'action de teter, comme de ceux qui désignent les premières relations de parenté.

Veut -on s'assurer de l'affinité de là langue puérile et de la langue primitive dans leurs progrès? Que l'on consulte les vocabulaires recueillis par les voyageurs et les missionnaires chez les peuples incivilisés, on verra que presque tous leurs mots sont composés de voyelles et de consonnes des premières touches.

C'est encore guidé par le même principe d'imitation et d'analogie, que l'homme a composé un grand nombre de mots, d'après l'affinité de nature qu'il a cru apercevoir entre le son de certaines lettres et l'esprit de certaines idées. La lettre h par exemple, voyelle indéterminée, ou plutôt signe particulier d'aspiration, qu'on attache quelquefois aux voyelles, fut propre à exprimer imitativement tous les accidens


de la respiration humaine; mais en considérant sous le rapport de son esprit,' et en prenant égard à la manière dont elle est formée qui a quelque chose d'un empressement avide d'une rapacité impatiente, on la consacra à représenter les idées qui ont rapport à l'action de saisir ou de dérober. La palatale roulante R peignait à l'oreille un bruit méchanique engendré par le mouvement circulaire des corps et comme on ne peut faire rendre ce son à la touche, par un mouvement simple et indécomposable de la langue, mais seulement par un frôlement rapide et prolongé de cet instrument, il est devenu le caractère de tous les signes par lesquels on avait à rendre l'idée de continuité, de répétition, de renouvellement; et cela s'est opéré d'une manière si naturelle, qu'il est commun dans les langues de le voir unir capricieusement et sans règles à toutes les espèces de mots


dans lesquels on a besoin d'indiquer Ja réproduction on la multiplicité d'action, et que le peuple l'employé tous les jours arbitrairement à cet usage.

« On peut remarquer, dit M. de » Chateaubriand sur ce sujet que la » première voyelle de l'alphabet se trouve » dans presque tous les mots qui pei» gnent les scènes de la campagne » comme dans charrue, vache, cheval, » labourage, vallée, montagne, arbre, » pâturage, laitage, etc. et dans les épithètes qui ordinairement accom» pagnent ces noms, tels que pesante, » champêtre, laborieux, grasse, agreste, » frais, délectable, etc. Cette observa» tion tombe avec la méme j ustesse sur » tous les idiomes connus. La lettre a » ayant été découverte la première » comme étant la première émission na» turelle de la voix, les hommes, alors » pasteurs, l'ont employée dans tous les » mots qui composaient le simple dic-


« tionnaire de leur vie. L'égalité de leurs » mœurs et le peu de variété de leurs » idées, nécessairement teintes des ima» ges des champs devaient aussi rapeler le retour des mêmes sons dans le » langage. Le son de l'a convient au » calme d'un cœur champêtre et à la paix » des tableaux rustiques. L'accent d'une » ame passionnée est aigu, sifflant, pré» cipité l'a est trop long pour elle il » faut une bouche pastorale qui puisse B prendre le temps de le prononcer avec » lenteur. Mais toutefois il entre fort » bien encore dans les plaintes, dans les >> larmes amoureuses, et dans les naïfs hélas d'un chévrier. Enfin, la nature •' fait entendre cette lettre rurale dans Jl ses bruits, et une oreille attentive peut » la reconnaître diversement accentuée, » dans les murmures de certains om» brages, comme dans celui du tremble 11 et du liêre dans la première voix ou » Ja finale du bêlement des troupeaux,


» et la nuit dans les aboiemens du chien » rustique. n

L'Onomatopée est d'un grand secours aux poëtes, puisqu'elle est comme l'aine de l'harmonie pittoresque et de la poésie imitative.

Quels qu'ils soient, aux objets conformez votre ton. Ainsi que par les mots exprimez par le son. Peignez en vers légers l'amant léger de Flore. Qu'un doux ruisseau murmure en vers plus doux encore. Entend-on d'un torrent les ondes bouillonner ? Le vers tumultueux en routant doit tonner, Que d'un pas lent et sourd le bœuf fende la plaine, Chaque syllabe pèse, et chaque mot se traine. Mais si le daim léger bondit, vole et fend l'air, Le vers yole et le suit aussi prompt que l'éclair, Ainsi de votre chant la marche cadencée

Imite l'action et note la pensée.

On voit qu'indépendamment des Onomatopées nombreuses qu'a employées le poëte il a trouvé un autre moyen d'harmonie dans le concours heureux de certains mots choisis, qui sans être imitatifs par eux-mêmes, produisent cependant une imitation, parfaite. Que d'un pas lent et lourd le bœuf fende la plaine.


Ce vers, par exemple, est composéde monosyllabes durs et heurtés qui représentent très-bien la marche du bœuf, et qui la notent exactement à l'oreille. Tout le monde se rappelle cet admirable passage de Boileau, dans le poème du Lutrin

Ses ais demi pourris que l'âge a relâchés

Sont à coup de maillet unis et rapprochés. Sous les coups redoublés tous les bancs retentissent; Les murs en sont émus, les voûtes en mugissent, Et l'orgue même en pousse un long gémissement. Que fais-tu, chantre hélas dans ce triste moment Tu dors d'un profond somme.

Cet hémistiche ne le cède en rien au procumbit hurni bos de Virgile.

Ces exemples ne sont pas rares chez les Latins, et sur-tout dans ce dernier poëte. Il n'est personne qui n'ait entendu citer ces vers d'une si riche har-monie

Tum Jeni rigor atque urgutœ lamina serra?. Quadrupedante pittrem sonitu quatit ungula canipum^


Necdum etiam audierant inflari classica nccdum lmpositos duris crepitare incudibus enses.

Luclantes ventes, tempestatesque sanoras.

Continua vcntis ~t aut fi·eta ponti. Ineipiuat agitattt tumescere et arittus altis Montihus audirl fragor aut resonantia longé Littora misceri etnemomm increbrescerc murinur. On est même parvenu a exprimer les différentes passions de l'ame, au moyen de la seule prosodie.

Ses gardes affligés

Imitaient son silence autour de lui rangés Il suivait tout pensif le chemin de Hy cènes, Sa main sur ses chevaux laissait flotter les rênes 5 Ces superbes conrsiers qu'on voyait autrefois "Pleins d'une ardeur si nohle obéir à sa voix I/œil morne maintenant et la tête baissée Semblaient se conformer à sa triste pensée. Et dans Virgile

S.TTtinctum Nymphes erudeli/unere Daphnim Flebant.

Mais autant ces belles combinaisons sont agréables et ingénieuses, autant est misérable l'abus qu'on en a fait quelquefois, et principalement de nos jours.


Puisqu'on a osé reprocher à Racine un emploi trop recherché de l'Onomatopée dans certains vers à'Aridromaque et de Phèdre que doit-on penser en effet de ces poëmes descriptifs devenus si communs et qui ne sont, à dire vrai, qu'un entassement laborieux d'expressions étudiées ? Cette affectation est toutà-fait indigne d'un vrai poëte, et le résultat de tant d'efforts minutieux n'est bon qu'à augmenter le nombre de ces nugœ difficiles si méprisées des gens de goût. Il me serait trop aisé de montrer à quel point on a porté récemment ce travers d'esprit, et ce que j'en dirais ne serait peut être pas sans utilité mais qu'il me suffise de rappeler la' description de l'alouette, par Dubartas, qui est le prototype de toutes les sottises qu'on a faites dès-lors en ce genre. Je ferai la même observation sur les mots purement factices que des auteurs peu délicats" dans lé choix des termes


ont cru pouvoir créer pour exprimer des sons qu'ils ne savaient pas imiter autrement. Si une pareille fantaisie était de nature à devenir contagieuse la langue serait bientôt inondée d'onomatopées barbares, et n'offrirait plus qu'une suite de cacophonies intolérables. Le vers macaronique, qui peint les éclats de l'escopette, et le taratantara d'Ennius sont de cette espèce mais il n'y a rien de comparable, parmi les abus de l'harmonie imitative et du langage factice, au breke ke koax de J.-B. Rousseau. Il est d'ailleurs important de remarquer qu'il n'est donné qu'aux poëtes d'un grand talent d'employer heureusement les effets d'une harmonie rauque et pénible. On ne choque impunément l'oreille, qu'autant qu'il le fallait pour ajouter à la force et à l'éclat de la pensée. Ce sont de ces licences qui veulent être justifiées par le succés, et qu'on ne pardonne qu'en faveur de l'impression qu'elles produisent.


Je parlerai maintenant du plan que je me suis tracé pour la composition de ce Dictionnaire. Mon premier projet était de recueillir les Onomatopées de tous les peuples, et de faire ainsi un espèce de lexicon polyglote de tous les sons naturels qui restent dans les langues, de manière à remonter, en quelque sorte, à une langue commune et primitive, indépendante des conventions particulières, et universellement intelligible. Mais, sans compter les difficultés essentielles que mon impuissance aurait opposées à l'exécution de cet ouvrage, ainsi conçu, et les circonstances qui ont restreint mes recherches il m'a semblé qu'une énumération raisonnée des Onomatopées françaises remplirait assez bien le dessein le plus important que je me sois proposé, qui est d'épargner un soin incommode et futile, et de présenter, sous un cadre étroit, une s^rie de rapprochemens curieux, a. ceux


que ce genre d'observations intéresse et qui peuvent en tirer parti pour leurs études.

J'ai cru cependant ne pas devoir négliger les principales Onomatopées que les langues mortes ou étrangères ont consacrées mais je ne les ai recueillies qu'autant qu'elles avaient rapport à des Onomatopées françaises et qu'il résultait de leur analogie une comparaison instructive et piquante.

Je ne me suis point attaché à rassembler tous les mots dont un son naturel a pu être la racine. Je crois ces mots trèsnombreux, mais inutiles à mon plan. Je crois même qu'il n'y en presque point qu'on ne dérive au besoin de cette espèce d'origine, soit immédiatement, soit par extension. On pourra voir quelquesunes de leurs immenses générations .dans le système de M. Court de Gébelin système spirituel et séduisant, mais encore un peu conjectural, comme tous


les systèmes et dans l'ouvrage non moins docte et non moins ingénieux que prépare un écrivain de l'amitié duquel -j'aime à m'honorer M. David de SaintGeorges. Je répète que si l'avenir me laisse quelques loisirs, et que ce faible -essai m'obtienne un seul encouragement de l'indulgence j'entreprendrai sans doute un jour de jeter quelque lumière sur cette partie importante de la grammaire générale et d'appliquer d'une manière plus complète ma théorie des étymologies naturelles. En attendant il n'y aura ici que des Onomatopées incontestablps et frappantes et qu'il sera aisé de ramener à leur racine, sans le secours d'une analyse laborieuse.

Je n'ai pas cherché non plus à rapporter à chaque Onomatopée spécifique toutes les expressions qui en sont composées 4ans notre langue et tous les modes qu'elle a subis si ce n'est quand il a pu sortir de cette aride énumération


des observations de quelque intérêt. Ceux à qui ces dérivations ne paraîtraient pas si superflues les retrouveront sans peine en partant du mot typique.

Enfin, j'ai rangé sous le même titre,' et à leur rang alphabétique, un certain nombre d'Onomatopées que notre langue n'a point encore admises, mais qui sont comme naturalisées par l'usage que d'excellens écrivains en ont fait. Les Onomatopées anciennes qui sont tombées en désuétude avec une partie de notre langue, trouveront place dans cet ouvrage toutes les fois qu'elles me sembleront bonnes à conserver, et que je n'en verrai pas l'équivalent dans les vocabulaires modernes mais pour éviter les méprises qui proviendraient d'une telle confusion je distinguerai ces deux familles de mots inusités, par l'astérisque en tête de l'article.

Qu'on me permette d'ajouter à ce propos que si la manie du néologisme est


extrêmement déplorable pour les lettres,' et tend insensiblement à dénaturer les idiomes dans lesquels elle se glisse, il n'en serait pas moins injuste de repousser sous ce prétexte, un grand nombre de ces expressions vives, caractéristiques, indispensables, dont le génie fait de temps en temps présent aux langues. Il n'appartient à personne d'arrêter irrévocablement les limites d'une langue, et de marquer le point où il devient im-> possible de rien ajouter à ses richesses. Voltaire j pour qui la notre était si opu. lente et si féconde l'accuse d'être une gueuse fière à qui il faut faire l'aumône malgré elle. J'avoue que je me suis souvent étonné de la voir exclure tel mot qu'elle ne peut remplacer que par une périphrase languissante, et le diction-» naire que je soumets au public en ren~ferme quelques-uns de ce genre. C'est une témérité qui avait besoin d'apologie. Au reste, on insistera moins sur la


reproche qu'elle devrait me mériter, si on daigne se rappeler que la classe de littérature de l'Institut fait espérer un dictionnaire qui ne laissera plus de doute sur la valeur des mots que notre langue a acquis ou qu'elle a tenté de ressusciter dans ces derniers temps. En attendant le monument que cette savante compagnie se propose d'élever-, l'homme de lettres peut lui apporter des matériaux, et le Lexicographe peut essayer d'en réunir quelques-uns, en subordonnant son jugement prématuré à celui de ses maîtres.

Je ne finirai point cette préface sans payer de justes tributs de reconnaissance à ceux qui ont bien voulu protéger ou éclairer mes études. Il en est un à qui j'en ai offert les premiers fruits. Il m'est doux de joindre à son nom celui d'un ami que « l'élévation de son caractère et de ses talents doit porter à de grandes destinées, sous un gouvernement qui


apprécie et qui récompense; M. de Roujoux, sous-préfet de Dole; si jamais j'ai osé desirer que cet écrit fût accueilli de quelque estime, c'était pour le voir plut digne d'eux.


Les mots dont il est question dans ce Dictionnaire n'étant considérés que sous le rapport de leurs sons on a cru devoir exprimer les Onomatopées hébraïques et grecques, par la simple lettre italique pour en mettre la lecture à la portée des premières études.

Il 'Astérisque indique les Onomatopées ancirnnes tombées en désuétude, et les Onomatopées non encore admises, mais employées par quelques bons Ecrivains.


ONOMATOPÉES FRANÇAISES-

a

A

AARBRER. Se cabrer. Terme de Manège qui se dit des chevaux qui se dressent sur les pieds de derrière quand on leur tire trop la bride.

Ce mot plus énergique que celui qui nous est resté et dont la double voyelle rend la construction plus imitative est depuis long temps hors d'usage. On le trouve dans le vieux roman de Perceval. ABOI, ABOIEMENT, ABOIER. En vieux langage, Abai.

C'est une des Onomatopées qui expriment le cri du chien. Quelques Étymologistes dérivent ce mot de ad baubare 1 forme de baubare, que les Latins ont dit, ainsi que boare. Ces.mots eux-mêmes sont des Onomatopées.

i


On peut présumer, au reste, que les Grecs de la colonie de Massilia introduisirent dans les Gaules le mbt baUzein, moins expressif qu'aboier mais dont celui-ci doit être fait.

Dans les Langues Canadiennes un chien s'appellegagnenou, autre Onomatopée qui a beaucoup de rapport avec le canis des Latins.

Aboiement est plus d'usage qu'aboi qui ne s'emploie plus guère qu'au figuré. Un de nos poètes dit cependant en parlant du chien

De ton champêtre enclos, sentinelle assidue A toute heure, en tous sens, il parcourt l'étendue Quelquèfois en silence, il rôde; et quelquefois La foret s'épouvante au bruit de ses abois. ACHOPPEMENT. Ce mot qui était une Onomatopée faite du bruit d'un corps qui en heurte un autre, ne s'emploie plus au sens propre. On ne s'en sert même que dans cette façon proverbiale de parler une pierre d'achoppement, pour dire, Un obstacle inattendu.

CHOPPER, est presque tout-à-fait hors d'usage.

AFFRES. Il ne se dit guèrcs qu'au pluriel.


C'est un grand effroi une émotion extrême, causée par quelque terrible vision. L'Onomatopée exprime le frémisse. ment qu'etcitetit t'épouvante et l'horreur. On a donc eu tort de 'dériver ce mot du latin affari ou du grec pAyeM et <ï/ro/MM, comme Voltaire, qui regrette d'ailleurs qu'on ne l'emploie pas plus souvent. Pourquoi ne dirait-on pas les <&fde la mort que l'Académie autorise ? Il n'y a rien qui puisse mieux représenter les frissons de l'agonie. D'q~M, on a fait AFFREUx qui se dit des objets qu'on ne peut voir sans éprouver un sentiment de crainte ou d'aversion.

AGACEMENT, AGACER. Du son dont on se sert pour irriterou c~ccc/'Ies animaux, ou bien du bruit que produit sous ks dents un fruit acide, ou un fruit qui n'est point à sa maturité, et dont Feffet est d'agacer les dents.

On a dit assez hardiment, au style fi. gurë, les <tce7'<M d'une coquette des regards, despropos~~eaa~, des manières ~gap<M~f.

Ménage a très-bien dérive ce mot du latin acaciare, qui a la même Mcinë~ Il t.


aurait pu remonter jusqu'au grec où elle se trouve également. On disait hegaçç en celtique.

AGOUTI. C'est un quadrupède des Antilles, qui a beaucoup de rapport avec le lièvre. Son nom est formé d'après son cri qu'on exprime à-peu-pres par le mot couy. M. de Buffon compare ce cri au grognement du cochon.

Pison et Marcgrave disent qu'au Brésil on appelle cet animal cotia. Souchu de Rennefort l'appelle couti, dont on a fait acouti et agouti.

Il est bon de remarquer en passant, sur ce mot, que la plupart des animaux sont caractérisés par l'Onomatopée et que .l'énumération en serait devenue fatigante si je ne m'en étais tenu aux indigêneset à ceux qui sont tellement connus, que leur nom est devenu propre à la Langue. Celui-ci est de cette dernière espèce. AGRAFFE, AGRAFFER. L'a~a~- est une espèce de crochet qui sert ordinairement à fixer ensemble les deux côtés d'une robe ou d'un manteau. L'Onomatopée consiste dans l'imitation du bruit produit par le déchirement de l'objet que les pointes de l'agraffe saisissent.


Le père Labbe croit qu'agraffer a été pris pour agriffer. Budée le fait venir dn grec agra, qui signiûe l'action de saisir vivement, et qui a la même racine naturelle. On peut la reconnaître encore dans le verbe hébreu garah ou ~arap/ï que Saint Jérôme exprime par le mot arripere, au cinquième chapitre des Juges.

RAfLER mot ignoble de notre Langue, se rapporte à ceux-ci par le sens et par le son. Les vieux Dictionnaires disent aussi TT~.

RAME ou RAPHE qui n'est plus français est un mot ancien de la même famille. Nicod rapporte ces paroles de Nicole Gilles en la vie de Dagobert « Notre Seigneur x Jësus-Christ, afin qu'ils l'en voulsiasent N croire, s'approcha du ladre, et lui passa la main par-dessus le visage, et. lui osta a une Mrp~e de la maladie de lèpre qu'il f avoit au visage, si que la face lui de» meura belle claire et nette et le restia tua en santé. Laquelle raphe est encore a gardée en un reliquaire en ladite église a Saint-Denys B. Par lequel mot, ajoute Nicod, il semble vouloir dire une poingnëe, un plein poing. « Car on dit rapher


quand au jeu de dez qu'on appelle la » raphe, ayant gaigné, on prend hastis veinent ou bien plustost rapidement la taise qui est sur le jeu. Ce qu'on dit o aussi ~t~A~ ou rafler, et par méta» phore, rafler tout, quand on prend raptdement tout ce qu'on trouve en un ? lieu ». Dans le vieux langage, raphe signifiait encore la poignée, ,1e manche d'un outil, l'endroit par où oh le saisissait.

AGRIPPER. Du bruit que produit le frottement des griffes ou des mains contre les corps dont elles's'emparent. ~bye~ GMPFE et AsRAMt.

G&AprJHER, est peut-être un diminutif de ce verbe et de là on aurait fait 6R4PPE, un fruit sujet à être gr<~p:We, G~.M'ptLnuR celui qui g7's~p:7/c,

&EApp{n.oN, ce que l'on rejette d'unegT'a~c, GRAM'z, instrument de Menuiserie qui présente plusieurs pointes propres à saisir ou <tg'~ppM- le bois,; GRAppur, instrument de fer dont on se sert pour accrocher un vaisseau, soit pour l'aborder, soit pour attacher un brûlot. .Je n'ai pas besoin de faire observer que


presque tous ces mots sont du style le plus bas.

GpAV!R, s'aider avec les ongles dans les anfractuosités d'un chemin raboteux. GRAVER, le sable qui se détache sous les ongles d'un homme qui gravit.

GMMpER gravir difficilement une route roide et montueusé me paraissent autant d'Onomatopées qui se rapportent à la même racine et que je rassemble autour d'elle pour mettre ici autant d'ordre que la méthode alphabétique en permet. Ce qui rend cette analogie plus sensible, c'est que le peuple emploie bassement le mot grappiller au sens de gravir dans un grand nombre de provinces et que graf~s'es). même ditgMp/y en français, selon Bore~

~ipod rapporte grip, qui se disait autrefois. en style trivial pour piraterie et rapine. Les Grecs avaient construit beaucoup de mots sur le même son et d après !e même esprit gripos, qui ëtoit un filet à prendre du poisson gripeus, le preneur de pois.sons grupès, l'ancré du navire et le grappin dont pn saisissait un navire ennemi gv-K~tM, les aires des vautours et h J U paz >

.des oiseaux carnassiers.


Nos vieux Écrivains ont employé plus communément encore grippe, qui signi6aitvo!etËloutene.

Je rais bien tous les biais

T)e<que)s on se sert pour la gT-ype

dit Chevalier dans la ~e~o/<!</o/: des fi/M. Cbolières, tome 11 de ses Contes applique g/M~ce/ve au, même usage. La grupée, c'était te produit, le reve< nant bon de la grippe. On dit dans la comédie de la fc~oK

· w Pour mettre mignons en alaine,

Voici fine espice sucrée,

Et !e! y laissera la laine

Qui n'en aura jà la grupée.

On a dit anssi gruper pour, agraffer et plus souvent pour agripper ou saisir avec les griffes. «Qui sait, dit Rabelais, s'ils useroient de qui pro quo, et en N lieu de rominagrobis grupperoient paoN vre Panurge ? u

Les Bretons ont krapa ~<N!, gripper, ~y/M~ égratigner; ~a/ ëgratignure; c/'c' griffe; crib, peigne; C7'&<ï, peignEr;ey!&M, peigne de fer; e7'a&&, -can'cre, écrevisse qui s'esteouservëdanste l' £. )


français. Cyq~'est le nom gallois du grap- · pin du harpon des mariniers.

AHALER. Pousser l'haleine au dehors.

Quelques Écrivains ont dit adhaler. Ce mot très-expressif a un autre sens qu'exhaler, et n'a point d'équivalent en français. Haleter donne l'idée d'une respiration forte et pressée. C'est l'anhelare des Latins qui avaient aussi halare et Aa~/tM. Il semble que l'hiatus considérable qu'on remarque dans l'expression proposée, lui donne quelque chose de pittoresque qui n'est pas dans cette dernière Langue. AHAN, AHANER. Ahan représente un grand effort qui ôte presque la faculté de respirer. C'est l'expression du bûcheron, des manoeuvres pour reprendre leur souffle, et se donner la force nécessaire pour bien porter leur coup. De là on a fait c~ane~ travailler avec peine, avec ahan, comme dans ces vers de Dubellay `

De votre doulce haleine

Esventez cette plaine,

Hsventez ce s~jo~ir

Cependant que j'<x~/M

j~ mon blé (pie je vanne

En h fjt:deut du jour.


~~ane/- un champ s'est dit par extension pour, Cultiver une terre difficile. Ahan est passé au style 6gnrë pour exprimer de pénibles travaux d'esprit et l'agitation d'un bpmme qui a de la peine à se résoudre à quelque chose.

On a fait venir ce mot du grec ao et du latin anhelare. C'est l'opinion de du Çange. Ménage en a cherché l'étymologie dans Fitalien affanno, peine, douleur. On aurait pu le retrouver tout entier dans le dictionnaire des Caraïbes et dans beaucoup d autres, puisqu'il est tiré du dictionnaire de la Nature. C'est la plus évidente,de.s Onomatopées. Pasqnier et Nicod ne s'y sont pas mépris.

Dans des lettres de rémission de l'an t3~5, on trouve « Après ce que ledit Jehan fut deschaucié entra ondit gup, j* et tant se y efforça pour mettre hors » laditte charrette, que il entra en Hèvre B en icelui guë pour le grant ~~<!M que il avoit eu

On ne se sert plus de ce mot qui était très-familier à nos anciens Écrivains. Rabelais, Montaigne, Amyot l'ont singulièrement affectionné. Il est encore dans


Costar- Jupiter, dit-il, en sua d'a~a/t. AÏ. C'est le quadrupède, autrement nommé le Paresseux qui est un des anthropomorphes de Linné.

Il articule les syllabes dont on a formé son nom avec des modulations si justes, que cela a donné lieu à Clusius de dire très-ridiculement que c'était le Paresseux qui avait inventé la musique. Il aurait pu d'ailleurs appuyer cette bizarre présomption d'une analogie curieuse de la Langue grecque ou aio s'est dit quelquefois pour c<MO, et il faut observer que ce mot est passé dans la Langue latine avec le sens de loquor. Il n'appartenait qu'à ces peuples d'harmonieux langage d'attacher la même expression aux idées de chant et de parole.

AME. Le principe de la vie dans l'homme et dans les animaux.

L'opinion qui range ce mot au nombre des Onomatopées repose sur une théorie bizarre et curieuse. La lettre labiale A~est une consonne qui résulte comme on le sait, de la jonction des lèvres, en sorte que la bouche très-ouverte doit produire en &e fermant le son composé am savoir,


la voyelle par le moyen du souffle émis dans le moment où l'organe est ouvert, et la consonne par le contact des deux parties de la touche dans le moment où l'organe se resserre. C'est ce qu'on appelle rendre l'ame, car telle est la figure de l'expiration de l'homme et l'esprit de cette racine.

Au contraire pour prononcer M initiale suivie d'une voyelle il faut que les deux parties de la touche labiale agissent mutuellement l'une sur l'autre et se séparent pour l'émission du bruit vocal qui succède au bruit consonnant. Ainsi se pro. noncera ma, qui est une racine dont l'esprit est diamétralement opposé à celui de la précédente, puisqu'au lieu d'exprimer le dernier acte physique de l'homme elle exprime, par la figure et par le son, le premier acte, et, en quelque sorte, la prise de possession de la vie.

Cette racine ma seroit donc !a désignation nécessaire de l'existence matérielle, comme cette racine CM de l'existence spirituelle. La première appartiendra aux idées purement corporelles la seconde aux idées morales à celles des principes


<M:Ha7M, de l'amour, de i'ayMt'~e, de toutes les affections.

En appuyant la racine ma sur la touche dentale, ou en fera mat, qui est le son typique du nom de la mort dans la plus grande partie des Langues premières. En la nazalant on en fera man, qui est le signe presque universel du nom de l'homme.

Je donne, an reste, ces hypothèses comme plus ingénieuses que probables et M. Court de Gébelin, qui les a suggérées, se livre trop souvent et avec trop d'abandon à son imagination, pour être toujours un guide sûr.

Ce qu'il y a de certain c'est que les différens noms de l'âme chez presque tous les peuples sont autant de modifications du souffle et d'Onomatopées de la respiration, diversementmodulëes. Tels sentie Psyché des Grecs, le Seele des Allemands le Soul des Anglais, l'ayre des Espagnols, l'alma et le /Mfo des Italiens. Il serait à la vérité, difficile d'en dire autant de l'anima des Latins, dont le mot ame est une contraction évidente.

ANCHE. Partie d'un instrument à vent, faite


de deux pièces de canne, jointes de si prés, qu'elles ne laissent qu'un espace très-resserré pour le souffle ce qui a fait penser à de savans Étymologistes que ce mot venait du celtique anc, étroit, resserré, affilé. Il paraît plus vraisemblable qu'il a été formé par Onomatopée et ce qui me porte à le croire, c'est que je trouve une Onomatopée grecque absolument semblable à celle-ci, qui exprime l'idée que nous rendons par notre verbe ~M/oaM7'. L'air étouffé dans l'étroit canal de l'anche, séparé de l'instrument auquel elle appartient, imite très-bien le gémissement aigu et forcé d'un homme qui suffoque. De là, la conformité de ces deux Onomatopées.

ASTHME. L'<M~/Ke est une infirmité qui consiste dans une grande difficulté de respirer dans de certains temps. Cette Onomatopée imite le bruit de la respiration brusquement interrompue. Elle nous vient immédiatement et sans changement, d'une Onomatopée grecque qui représente la même chose.


B

BABIL BABILLARD BABILLER. J~M, abondance de paroles sur des choses inutiles, manie importune de parler continuellement.

De la lettre b qui résulte de la simple disjonction des lèvres et qui est la première que les ehfans combinent avec les sons vocaux. Aussi est-elle la première consonne de tous les alphabets.

Nicod dérive ce mot de Babel, à cause de la confusioh des Langues qui y eut Heu. Ménage le fait venir de &a7M&~a/'< qui a été fait de bambino, diminutif de &aFh&o, transféré selon lui dans l'italien du syriaque babion qui signifie enfant. De la même racine, nous avons crée

BABIOLE, une chose de peu de conséquence, une bagatelle qui ne peut occuper que des enfans

B~BouHr, BAMBnr, un petit enfant qui articule à peine en gallois bach, d'où vient le nom de Bacchus qu'on représente ordinairement comme un enfant gros et joufflu


B~mocHE un enfant grotesque et contrefait, une marionnette ridicule BAMBOCHADE un genre de Peinture qui ne

s'exerce que sur des formes triviales, sur des marionnettes et des &a/M&< Ménage aurait trouvé d'ailleurs une étymologie plus exacte et plus naturelle encore dans le grec où l'on dit bao, babazo, &a&a~o et &<K~<!<0 pour Zo~MO/ Mais le fait est que tous ces mots et leur immense famille sont composés d'après le son nature!.

Baba, babe, en arabe, signifient bouche, ouverture ~e a le même sens en Langue celtique. Dans la même Langue enfant se dit map vap )7M&, vab et avec le diminutif, ~&ie, HK~e~eK/a~. On dit dans le latin garrulitas, garrulus, garrire, autres Onomatopées dans l'italien garrire, cicalare ciarlare et ciachierare dans l'espagnol, babillar, c~a/ar, chicarrar.

Amyot a dit rebabiller. « Si un babilB /a~ escoute un peu, ce 'estquecomme B un reflux de babil qui prend hateine j) pour re~M~T-puis aprèa encore davan< tagc N.


Madame Pernelle dit dans le Tartuffe C'est véntabLejnent la tour de Babylone

Car chacun y babille et tout du long de Fauna. Voilà l'étymologie de Nicod consacrée par deux vers de Molière.

BÂILLEMENT, BÂILLER. De l'action d'ouvrir involontairement la bouche dans le sommeil ou dans l'ennui.

Observez que la première syllabe de ce mot est longue, et qu'autrefois on disait baailler et baaillernent, ce qui donnait plus d'expression à l'0noma!opëe.En latin, hiare, AM/M.Î; en italien, <a/-e, ~a<a/€~<o.

B)it& ou plutôt, BAYER, mot fait pour peindre une curiosité vaine et uu peu niaise qui se manifeste par la même émission vocale et par la même figuration de la bouche, appartiennent à la même racine. Bayer aux eo/<K7/e~ est une expression proverbiale assez en usage dans notre langue. On lit dans un de nos plus anciens dictionnaires bayer à la mamelle, appe~ere /Mf:yny7M/7:. « C'est proprement ouB vrir la bouche, mais parce que quand o plusieurs regardent par grande affection


N quelque chose, ils ouvrent la bouche; de là est que bayer signifie aucunes fois N autant que regarder o.

BAB, est un mot factice ou artificiel qui échappe aux gens étonnés. De là

BADAUD homme simple et sans expérience f qui s'étonne de tout,

S'EBAtttR, iTRE ~BAHi, termes attachés au même sens. S'IL' est vrai qu'ils remontent à l'hébreu Schebasch, comme t ont prétendu lesEtymologistes, c'est que celuici a été fait sur le son commun et n'a pas d'autre type ttaturel.

BARBOTER. Ce mot, dit Atëuagé est formé

du bruit que font les cannes quand plies cherchent dans la boue de quoi manger, et on appelle de barboteur, un canard privé. Barhoter en cette signification semble être une Onomatopée.

.Barf~. On emploie presqu indistinctement baret, barret, ou &7'<. C'est le cri de l'éléphant.On appetaitnutrefuit.rt'tejthant barre aux Indes orientales. En latin, on l'appelle barrus, et son cri ~a/f. Nous avons perdu ce mot.

BEFFROI. Espèce de tocsin. « Quasi ~e<y effroi dit Nicod, car il est expressë-


?M ment fait pour béer et regarder, ou H faire le guet en temps soupçonneux, et M pour sonner à )'<MD.

Il est à remarquer cependant qu'un instrument d'airain creux et sonore s'appelait bel en breton, et que de là peuvent venir l'anglais ~e~r~ et le français beffroi.

BÊLEMENT, BÊLER. On disait beaucoup mieux autrefois béellement, béeller. Onomatopée du cri du mouton. Elle est parfaitement naturelle, et Pasquier la pré.' fère avec raison au ~/an? des Latins. B~GiTEMENT, BEGAYER, ont été pris de la même racine, parce que le défaut de prononciation que ces mots désignent consiste à répéter souvent le même son avec des inllexions tremblantes, comme les animaux ~e/a~M.

BELIER. Le nom de cet animal est certainement formé d'après son cri, d'après son Z~/t'/KeM~. Il est donc ridicule de l'avoir cherclif-dans fe/~fM qui signifie toison; dans ~M/, hébreu qui est notre mot &fM/' ou chef, parce que le ~eZtc/' est !e r.!Ut)re du troupeau.

Ld u<~c7'~ colonel de la laineuse troupe,

a.


dit Ronsard et dans Jobel, autre terme de la même langue, qui était un des noms de ce quadrupède.

.Be~n est l'ancien nom du belier. On le dit encore en certainslieux, des agneaux et il s'est conservé long-tems au figuré où il signinait <~cwcer<'M-c. C'est un nom d'amitië que l'on donne aux enfans mon belin, ma beline; on a employé beliner, faire le JoMCf/M.c, dans quelques occasions, et Rabelais l'a étendu à des acceptions très-variées. Il est absolument hors d'usage.

BEUGLEMENT, BEUGLER. Cri du taureau, du bceuf, de la vache, mugir comme les taureaux.

Ménage dérive ce mot de &ac~/<e bacula mais c'est une Onomatopée qui est également dans le latin boare, d'où bos a été tiré.

B<NJF, est le nom d'un animal qui &eHg& Bo& est celui d'un serpent énorme dont le cri ressemble au ~eM~/e/M~Mf des taureaux. MEtGMMFNT, MFU&LER,qui se prononcent sur la même touche avec une bien legf! e modification s'emploient indistinctement. On a même dit yKM~/CMen<en vieux


langage, comme dans ce passage d'Am~dis « La blanche biche qui en la forest craintive eslevoit ses muglements-contre N le ciel sera retirée et rappellée ». BIBERON. Homme qui aime à boire, qui boit avec excès.

Du bruit que fait le vin en coulant goutte à goutte. Le bibax et sur-tout le bibulus des Latins représentent bien cette expression. Ces mots dérivaient de leur bibere, qui était aussi fort imitatif, et dont nous avons dégradé la valeur en le contractant dans lé mot boire. Leur joli mot bilbire était de la même famille. En celtique le mot boire se rend par ef, e~ Onomatopée'; du bruit que fait la bouche en aspirant un liquide. C'est de là que vient probablement le verbe avaler.

C'est une idée d'une hardiesse bien plai. :ante et bien ridicule que celle de ce savant d'ailleurs estimable qui explique le nom d'Eve par ce petit verbe de la Langue celtique et qui se sert de ce rapprochement pour prouver que cette Langue est la première- que les hommes aient parlée.


BIFFER. Effacer une écriture en passant la plume dessus.

Un habile Etymologiste regarde ce mot comme pris de &K~a/'e, souffler, qui est une Onomatopée latine ainsi biffer signifierai) détruire un objet, et le faire disparaître, comme en soufflant dessus. Sans aller en fixer si loin l'origine, on l'aurait trouvée dans le bruit que fait une plume passée brusquement sur le papier. Cette conjecture est d'autant plus vraisemblable, que le mot &<~c' n'a point d'analogie de consonuance avec les mots, anciens qui ont été attachés à une idée de même espèce et peut passer pour une. Onomatopée très moderne.

BORÏBE. Ce mot dérive du bruit de la ~oM&equi ëcLtte. 1

Il était au moins inutile d'en chercher ailleurs l'étymologie, et de la dériver, soit de Lombardie, parce qu'on croit qu'elle y a été inventée soit de bomba dont quelques Auteurs ont usé pour parler de certaines coquilles qui servaient de trompettes, ou de &o/?:&K.f qui exprime le bruit du même instrument, ou de l'allemand bomber qui signifiait baliste. Il est éton-


nant qu'on nf l'ait pas fait remonter aussi aux belles Onomatopées ita~if nue et espagnole, M'wAo/M~ et ~M~:&f) avec les. quelles il a tout autant de rapport mais le fait est qu'on devait le chercher, aussi bien que ses différons analogues, dans le son naturel qui les a tous produits. BOND BONDIR, HONDISSEMENT. L'Onomatopée est prise du retentissement de la terre sous un corps dur qui la frappe, et se relève aussitôt.

Le mot &o/:t/</ revient au subsilire des Latins qui est moins imitatif.

BOREOR1GME. On dit aussi borborisme, Bruit de l'air contenu dans les intestins. BOUC. La grande conforn~itë des différens noms de cet animal dans presque tontfs les Langues, prouve qu'ilsont dû avoir une racine commune et naturelle. C est l'imitation de son cri. Les Grecs qui l'ap.pelaient communément ~gw~ l'ont aussi nommé bekkos. Ménage dit que &Mcem~ se trouve dans la loi satique, et bouch dans le Celtique. En Langue franque, c'est &M/ en allemand bock, en italien ~ecso. BOUFFÉE BOUFFI. « Ces mots suivant Nicod, sont par raison d'Ooooaatopëe,


)' et représentent tan). le son du vent qut )' vient à &o~~M, que de la fiantme s bouffant, ainsi quf de la bouche de ') l'homme quand il ~OM~ cest-à-dife~ ')' sonfOe ou le feu, on la poudre, ou » autre chose f.

Ot)F, est le sou radical converti en interjection pour exprimer l'émission de l'air, pousse par un homme essoufflé. Les Latins en avaient fait &M~afe ou ~OM~t/'f?, que nous avons fidètement transporte en Notre langue dans le vieux verbe &M/s/ ~?~< se dit fort anciennement pour r un soufflet pour un coup sur les joues p comme en ce passage de Marot

Tien donc;, déclare toy

Qui de &y~~ renverses

M~s cnMpmn mordans,

EE qui leur tïiou~t les dents

En leurs gueules pci'vfi'ses..

Et observez que ~M~& et soufflet ont eic faits analogiquement, et d'après le ménje principe, parceqne !a joue frappée paratt souffler ou &oM~ sous la main qui la comprime. « ·

On a employé blfffoi au figuré pour &rguei! et présomption et en perfiant t


l'expression, nous avons conservé la métaphore. ~OK~? de vanité est une ligure d'un usage très-commun.

BouFFON doit se rapporter à la même racine, suivant Ménage .qui, d'après Saumaise, le dérive du bocca :/z/M~: des Italiens. llsappettent encore ~M/~OM~~o, un maigre &0!~o~, le mauvais plaisant qui ne les fait pas rire soit, comme le dit Voltaire, qu'on veuille dans un &<M/~/?)H un visage rond et une jone rebondie soit que cette ~OM~M~Krc des jouas, qui est une des &OM~o/!ne/Y&f1e.s plus triviales des plus grossiers saltinbanques, ait déterminé leur nom générique. Il serait tout au moins difucite d'en donner une autre explication.

-BOUILLIR, BOUILLONNEMENT, BOUILLONNER.

BomruE, EoTjiH-.ot;, choses que l'on fait bouillir. Ces mots viennent du bruit que fait un liquide échauffe à certain degré. Dans le verbe &OMt7tfzy, le son radical pur a été conservé aux. trois personnes du singulier de l'indicatif présent.

Ceux à'qui la chaleur ne ~e~fplu~dans ~es~eine~ En vatti dans les combats ont des soins d~i.gen&


Mars est comme t'Ameur. Ses tra~anx et set peinte Ye~ent de jeunes, gens.

MAmEttBZ.

BULLE, mot par lequel on désigne ces petites éminences qui s'ëlèven!. sur l'eau bouillante,

Bon LE qui en est une espèce d'homonyme étendu à des acceptions plus générales, BouTojr, autre terme qui, dans toutes ses acceptions, signifie une éminence ou un corps de la même forme, n'ont probablement pas d'autre étymologie. Le peuple, si riche en expressions pittoresques, se sert du verbe boutonner pour déterminer le premier degré de l~H~Mn.

M. Court de Gébelin s'est donc certai.nement trompé en derivant toute cette famille de mots du Celtique bal, qui signifierait <se! et par une extension d'ailleurs très-forcée, suivant 1 usage de cet ërudit, tous les objets ronds ou roulans. H est faux qu'aise dise eu Celtique autrement que lagad; les deux yeux, daou lagad. L'auteur du monde ~M~< a pris cette fausse interprétation dans Bullet et dans tel autre lexicographe, qui ont confondu le Basque et le Celtique, et y ont mêlé, en


outre, une foule de mots qui n ont jamais fait partie de ces deox lan~tfs.

BOURDON,BOURDONNEMENT, BODR-

DONNER.

f BouRMw, dit Nicod, est une espèce de grosse mouche, tavelée comme mouche à miel, n'ayant point de picquon ou » aiguillon, plus grosse de corsage que la mouche à miel nommée abeille, et » ne fait ni ne sert à faire le miel ni la B cire ains dévore l'aliment et la pro» vision que les mouches à miel se sont x pourchasse seulement de sa chaleur .<) conserve les petits abeillons, qui est la j) cause que Virgile, au quatrième des N Géorgiques, l'appelle tg/MfK/K ~CM, B fainéant et'coüard. Pline, en son livre K onzième, leur attribue partie de l'opince des mouches à miel, cequeVarron son devancier ne fait pas fucus. Le »Français lui a donné ce nom par Onomatopëe à cause du bruit qu'il fait M quand il volète.

BoK~ a signifie le &OH~o/M77:e/~ du frélon, dans la Langue Celtique.

DoïTRnoN, cloche très-sonore qui produit un bruit de même genre que celui dont il


est question dans cet article, a été ainsi nommée par analogie.

Bourder est ua vieux mot tres-précieux qui voulai t dire ~<M~7' court en cAa;<parc& que le prédicateur, en cet état ne forme plus qtl'un murmure et un bourdonnement confus. Il est à regretter que cette expresshion soit perdue.

BoMM, chose vague et confuse, mensonge qu'on articule à demi, en est clairement dérivé. On a pu dire allusivement qu'un menteur pris sur le fait, se tire d'affaire, eti murmurant des mots sans suite, comme un pr&dicateur qui a perdu le fil de son sermon. Regnier se sert de ce terme dans cette hypothèse même Ils balUcne pour raison des chansons et des &cM/f. BRAIRE. <' L'âne brait, dit M. de Buffon

» ce qui se fait par un grand cri très)' long, trf s-désagréable, et discordant )' par dissonances alternatives de l'aigu au grave, et du grave à l'aigu. Ordt*f nairement, il ne crie que lorsqu'il est a pressé d'amour ou d'appétit. Lânesse » a la voix plus aigre et plus perçante. » Lâne qu'on fait hongre ne brait qu'4


a basse voix, et quoiqu'il paraisse fane )) autant d'efforts et les mêmes mouveB mens de la gorge, son cri ne se fait pas x entendre de loin. n

BRAMER. Ce mot se dit du cerf en certaines occasions et en général de tous les animaux qui crient fortement. Il s'est même employé en vieux langage pour exprimer le cri de 1 homme, comme dans ces vers, attribués à Clotilde de Surville Tant de loin que de près n'est laide

La mort. La clamoit à son ayde

Tojorx un puvre bosquIHuM

que n'ôt cïievance ne s~on.

Tant ~rama j qu'advint.

Court de Gébelin et Voltaire prétendent que &ya'm signifiait un grand cri en Langue Gothique. Cette racine, commune dans les Langues, se retrouve d'ailleurs toute entière dans le Grec.

Si l'on veut s'assurer, au reste, que l'Onomatopée n'est nulle part plus fréquente que dans les idiomes qui se rapprochent des temps primitifs que l'on consulte Voltaire au même lieu, dans ses fragHicns sur la Langue Française. Le.


mots que cet auteur, toutefois peu verse dans le mécanisme de la Langue qu'il a enrichie de tant de chef-d'oeuvres, les mots dis-je, qu'il fait dériver du Celte, sont autant d'Onomatopées.

B&AiH±R, terme populaire qui ne se prend qu'eu mauvaise part, et dans l'usage le plus trivial, a évidemment le même type. BREDOUILLER. Parler confusément et articuler avec peine.

-BrMZ:-&7'e<7s est une locution basse et factice qui exprime l'espèce de &e<~OH<7lage d'une personne très-loquace, qui articule difficilement. Ce mot ne se trouve que dans Fois'<oti, et quelques auteurs du même ordre.

BROUHAHA. Bruit confus d'applaudissemens qu'on entend dans les spectacles, et dans les lieux d'assemblée où l'on récite des ouvrages d'esprit. C'est une contraction de &yMif de /M!, prononce ~'OM<~ de /~f/a dans le vieux langage.

BROUTER. Du bruit que font les animaux en brisant les plantes près de leur racine, et en les arrachant avec les dents. H y a un exemple de lharmonie pittoresque de ce mot, dans une des plus


jolies fables de la Fontaine le chat, la helette et le petit /f~p:H.

Du palais d'un jeune tapin

Dame belette, un beau matin,

!S'en~paM t'ett une rusée.

Le maître* étant aLsent Ce lui fut chose aisée* Elle porta chez lui ses pénates, t<ti jour Qu'il était allé faire à l'aurore sa cour

Parmi le thym et la rosée.

Après qu'il eut brouté, trotté, fait toùs ses tours, Jeannot Lapin retourne aux souterrains séjours. Voici le même mot employé dans la prose, avec un effet d'harmonie imuative aussi vrai que celui qu'on vient de remarquer. Ce passage est de M. de Châleaubriand, un des Écrivains dont notre siècle a le plus à se glorifier et je rapporte cet exemple avec d'autant plus d'empressement, que je n'en Ctmnais point de si riche en Onomatopées Si tout est silence et repos dans te& » savanes de l'autre côté du fleuve, tout ici au contraire est mouvement et murmure des coups de bec contre le tronc des chênes, des froissemens d animaux qui marchent broutent ou broyent f entre leurs dents les noyaux des fruits;


des bruissemens d'ondes, de faibles gémissemens, de sourds meuglemens, de doux roucoutemens reuiplissent ces déserts d'une tendre et sauvage .hara moitié. ))

BROYbMENT, BROYER. Ces mots sont faits du bruit d'une substance un peu récalcitraute brisée entre deux corps durs. C'est ce qu'expriment aussi bien le sfi-afMMïare des Italiens, et le quebrar des Espagnols.

BRUIRE BRUISSEMENT, BRUIT. Ces mots &7'M:'re et &rMM.!ëf7:e~, qu'on a affecté de néglige:' je ne sait. pourquoi, présentent une des belles Onomatopées de la Langue. Ils donnent l'idée d'un bruit Yague sourd et confus comme celui qui s'élève d'une forêt ébranlée par des vents impétueux, ou qui résulte du fracas des torrens et de l'écoulement des grandes eaux; en général, ils sont graves et solennfla, et ont un caractère particulier d'imitation qu'on ne trouve pas dans leurs analogues.

Un auteur déjà classique, et qu'on peut appeler le Racine de la prose a prouvé, par l'emploi qu'il a fait Je certains temps


'du verbe ~M:?e, qu'il serait d'une injuste délicatesse de le réduire al'inHnitif, comme quelques Grammairiens y avaient paru disposés.

K La lune dit M. Bernardin de Saintjj Pierre paraissait au milieu du firmaM ment, entourée d'un rideau de nuages ?' que ses rayons dissipaient par degrés. N Sa lumière se répandait insensiblement x sur les montagnes de lîle, et sur leurs pitons qui brillaient d'un vert argenté; ? les vents retenaient leurs haleines. On » entendait dans les bois, au fond des » vallées au haut des rochers de petits )' cris de doux murmures d'oiseaux qui se caressaient dans leurs nids, réjouis » par la clarté de la nuit et la tranquillité de l'air. Tous, jusqu'aux insectes, )' ~'7'H/jyaMM~sousrherbe. H

La firuycre a dit aussi &7'<?aMfe/MeMA « Une femme entend-elie le brouisse» ?/:€?< d'un caresse qui s'arrête à sa porte, » elle prépare toute sa complaisance pour » quiconque est dedans, sans le conB naître)'.

Cette licence est heureuse dans cette occassion, parce qu'elle caractérise très-


bien l'espèce de bruissementdont il s'agit; BMYbiE Il est probable que le nom de cettt) plante, dont les tiges souples, gifles et ligneuses &rM:Men< au moindre vent, est tiré du même son radical que les mots précédens. L'etyntplogie que je donne de ce mot n'est d'ailleurs qu'une conjecture, aussi plausible toutefois que celle qui Je tire du latin uro, parce qu'on brûle les bruyères pour tes défricher, et rendre l'emplacement où elles croissaient sus' eeptible de culture c'est l'opinion de Borel.

c

CAHOT, CAHOTER. De la secousse qu'on éprouve dans une voiture mal suspendue qui roule sur un chemin aprf et raboteux, et de l'effort qu'on fait pour rpprendte la respiration durement interrompue. Les Latins on dit .MceM.MM.f, qu'ils prononçaient JOMCOM~O~M, et qui rendait la même idée.

CAILLE. 'f Le mâ!p et la femelle, dit Buffon o ont chacun deux cris, l'unptus ëctataot G h et plus fort, l'autre plus faible. Le n),e efait ouan, o~<<<, ouàn, ouan; il ne


donne sa voix sonore que lorsqu'il est )' éloigné des femelles, et il ne la fait jaM mais entendre en cage pour peu qu'il M ait uue compagne avec lui la femelle » a un cri que tout le monde connaît, qui f ne lui sert que pour rappeler son mâle et quoique ce cri soit faible, et que nous ne puissions l'entendre que d'une pex tite distance, les mâles y accourent de après d'une demi-lieue; eUe a aussi un ); petit son tremblotant cri cri. Le mata est plus ardent que la femelle, car catfex ci ne court point à la voix du mâ)e » comme le mâle accourt à la voix de la » femelle dans le temps de l'amour, et sou» vent avec une telle précipitation, un M tel abandon de lui-même, qu'il vient la a chercher jusques dans la main de l'oiN seleur u.

C est de ce cri, que Buffon dit connu de tout le monde, et qu'un autre Ornithologiste a exprimé par les mots factices caille caillette, qu'est venu le nom de la caille dans notre Langue et dans la plupart des autres..En effet, on adit~M-<!&~ en grec qualea dans la basse latinité cuaderviz en espagnol, excellente Ono-


matopée dont les deux dernières syllabes doivent se prononcer très brèves ~Mtglia, en italien ~Ko't7, en angtais t~<tC/!<;?/, en allemand et ce son intitatif se retrouve jusque dans l'hébreu saly ou .c~ Dé ce nom l'on a fait

CAJLLETAGE, babillage insupportable et continuel comme celui de la ca~e,

CAfLLErrE, femme frivole et babillarde, CAiLHiTER, t'at~tion de parler sans cesse, et à propos de toute chose expressions que la Langue franç~i.se a repoussées jusqu'ici, et q~i ne sont d'usage que dans le style famihfr.

Rousseau a dit cependant, en parlant 'de madame deWarens « Lavie uniforme » et simple des Religieuses leur petit T cailletage de parloir, tout cela ne pouvait flatter un esprit toujours en mouM vement qui formant thaque jour de nouveaux systèmes avait besoin de M liberté pour s'y y Hvrer n.

CANARD. Du son can cazz, souvent répète, qui est le cri de cet animal p!utôt que d'tMMM, probaNement a /!a~KC/o qui est son nom latin. Mon opinion est d<] moins conforme en ce point celles de quelques


Auteurs et entr'autres à celle de l'ornithologiste Martinet, qui remmque fort judicieusement qu'il est du genie de notre Langue de terminer par cette syUdbf ouverte et éclatante, ay< les mots qui désignent un parleur impito~abte et fatigant, comme ~aM! et ~M/e/'tZ. Les Allemands ont représente par une autre Onomatopée le cri rauque, âpre et enroué du cc/!a/ Ils l'ont appelé /'ac~aet/'aeA~c~a. CAtr CAN, mot factice tiré du cri du caKcr~, a été appliqué par extension'aux bruits tumultueux qui s'élèvent dans uae assemblée nombreuse où l'on ne s'accorde pas, et où l'on traite des affaires de peu d im*portante. Ce n'est pas le sentiment de l'Académie qui l'écrit ~Ma/~M<M, et qui pense qu'on l'a appliqué aux discussions orageuses sur des choses futiles, par atlusion aux horribles disputes que causa au seizième siècle la prononciation du mot oMa/Myt/ac:, et qui coûtèrent peutêtre la vie à Ramus. Quelqu égard qu'on doive cependant aux décisions de ce corps savant, j'ai cru pouvoir persister dans mon opinion qui me semble mieux fon.


dëe, et que je partage d'ailleurs avec !& plus grand nombre des Etymologistes. CAQUET, CAQUETER. Ces mots se disent au propre du bruit que font les poules quand elles sont prêtes à pondre, et au figuré, du' babillage des personnes qui caquettent comme les poules Cette Onomatopée se retrouve très-fidèlement dans, la Langue grecque.

On disait anttffois dans notre Langue. e/M~y ou ~M~er, pour exprimer une espèce de ca~He~de la poule. Ce terme mériterait d'être renouvelé.

Linguet s'est servi du mot caquetage en. pa rlant du chaticeUerdelHôpitat. ~Aucun K ministre, dit-il, ne fit ja.mais<;onvo» quer autant de grandes assemblées i, » mais satisfait d'y étaler une éloquence o prolixe et toujours mal-adroite, d If. B laissait toutes dégénérer en cohues tu-, ]f multueuses ou en caquetages scandax leux dont l'unique résultat était de conB stater la frivolité et l'impuissance du Gouvernement

CASCADE. Ménage pense que ce mot est fait de l'italien cascata, ce qui est incontestable. Il fait remonter celui-ci au latin


M~o, ce qui est plus doutfux; mais ce verbe aurait été employé comme desinent dans l'expression dont il s'agit, qu'on n'en devrait pas moins recot)na!tM cette expression pour une Onomatopée. La première syttabe est un son factice qui fait rebondir la seconde, et cet effet représente d'une manière vive le bruit redondant de la c<Mc<to!e. H y a beaucoup d'Onomatopées du même genre ,<iest-à-dit'e, composées dun son naturel et d un son abstrait. Cest,ce quetesEtymologistes n'ont pas remarque; et satisfaits des qu'ils ont trouvé dans un mot lorigine d'un de ses membres, on croirait qu'ilsont regarde le reste comme le produit du hasard ou du caprice. Il est cependant démontre quequeique fortuite qu'ait été la composition des Langues, it ne peut y avoir eu qu'un très-petit nombre de mots formés sans motifs.

CATACOMBES. Du grec ~a~ qui est consacré à Faction de descendre oo de tomber, et qui a peut être fourni le latin çado dont je parlais tout-à-t'heure; et du ~rieux français eo/T~e, vallée, gorge, endroit creux ou souterrain. La réunion de


ces deux mots heureusement mariés produit un des beaux effets d'imitation de lit Langue. Il est impossible de trouver une suite de sons pins pittoresques, pour rendre le retentissement du cercueil, rou]ant de degrés en degrés, sur les angles aigus des pierres, et s'arrêtant tout-à-coup au milieu des tombes.

CATARACTE. En&rec,j~~a~~M. Chute d'eau impétueuse et bruyante qui tombe et se brise de roc'eu roc avec un grand. 'fracas.

.Herbinius, dans son Traité de <M~/VM!M /KM/!f~ cataractis .K~a 'ef sub~e//a/:eM, a étendu le sens de cette expression à tous les violens < hocs élémentaires~ de quelque espèce qu'ils fussent.

CHAT-HUA~T. « C/~AMc~, dit un de nos anciens glossateurs, est une espèce d'oiM seau qui va voletant et huant de nuict, duquel chant huant il est ainsi nommé, » car son chant n'est que hu et cry piteux: .a pour laquelle cause les Latins font ap» pellé ulula, etaus'!i7MC~M< parce qu'il » ne chante et ne erre que la nuict. Hs a l'ont aussi nommé ~M~o par Onomatox poëe représentant le chant d'iceluy


par ce nom, et dient que cest oiseau s est féral et funèbre pour estre ténë» breux et nocturne et effrayant :~ct à » ceste occasion tenoit on anciennement N son chant pour présage de calamité » future, mesme par mort de maladie. » Il est hay à merveilles des autres oy» scaux lesquels pour estre diurnes M c'est-à-dire, errans et voletans par jour, » et ne avoir la rencontre ordinaire de ce N dit e/M/M/!<, et pour l'aspect hydeux » de luy, le bayent et poursnvyent a coups de bec et de griffes, quand ils e le trouvent, faisans tous un esquadron T combattant contre luy, ausquels, comme » Pline dit au livre X, chap. t~, il résiste » par se coucher à l'envers et se reserrant » en arc, si qu'il demeure presque cou» vert de soM becet de ses griffes ou serres, » laquelle inimitié estant aperçue par les » oyseleurs, se servent dndit c/:<:t/:Han<, » pour attraper ceux qui viennent à la » meslée contre iceiny. De ce que dessus » se voit que de rappeler c/M~MfM.~ et » pour la difficulté de la protation fran» ~oise en l'aspiration h après la con» sonne, dire que c/ïc/:H~'7!~ est fait de


x chat huant, il n'y a pas raison gramte~ M veu que ceste particule cAtt est aUtenrSt N commune au François, comme en cesa mots chatouille chatfourré cha» fbuyn esquels le mot de chat n'a que » veoir x.

CHEVÊCHE. En Latin, Strix. Ce, mot i designé génëriquempnt les oiseaux de nuit de l'espèce de la chouette. Maintenant on n'appelle du nom de cAc~e/ze que des oiseaux qui ce nom ue confient plus puisqu'il avait été formé par Onomatopée, et qu'il ne désigne point, leur cri, mais celui de le/M~e ou fresaye. <! Les cris acres et lugubres de Fefraye, »et sa voix entrecoupée qu'elle fait sou» vent entendre pendant le silence de la »nuit semblent articuler g7~t g~e cye! et ses soufflemens eAe chei cheu J » eA<?He, çhiou, qu'elle réitère sans cesse, a ressemblent à ceux d'un homme qui » dort la bouche ouverte elle pousse ? encore eu volant différens sons aussi » dësagfpabks. u Ces expressions, tirées.. d'un de nos Naturalistes, doanent lit)contestable étymologie des mots chevêche et chouette, et font regretter que rim-


péritie des Méthodistes ait consacré de nouvelles appellations insignifiantes et capricieuses, puis transporté les anciennes à des espèces qu'elles ne désignent point, pt bouleversé ainsi la nomenclature nature)te, sans qu'il en résulte aucun avantage pour la science.

Oserai -je souhaiter que tes Naturalistes à venir moins jaloux d'étaler une vaine érudition en appliquant aux animaux des noms difficilement composes voulussent bien s'en tenir aux désignations imitatives qui sont naturelles à tous les peuples et qui universaliseratent en quelque sorte, leurs nomenclatures. Cette idée n'a pas été étrangère à Linné et aux autres Méthodistes philosophes.

CHOC, CHOQUER. Du bruit de deux corps qui se heurtent.

Du même son naturel les Espagno)s, pour joûte ont dit e/toea.

Nous représentions cette dernière idée par le vieux verbe toster, dont les Anglais ont fait toast.

CHOUCAS. En Grec, ankos, ~o/oKM, en Latin, graccus, gracculus; en Espagnol, graio, graia; en Italien, ciagula; en


Savoyard, e/:Mf, caüe, cavette, c~Kfc< en Turc, tschaucka; en Saxon, a~e~e,, ~<e, g~c~e; en Suisse, graake; en Holiandais, ~cw, c/Mw~ en Hlirifn, /-<:M~< M'< ~f~û/~a en Flamand gaey; en Suédois, X'c/'a; en Anglais, kae, c7<og', y<7~-<~<7w; en ouefqties provinces de France chicas, chocotte et c~ocaj. J'ai rapporte ces différentes synonymies comme autant d Onomatopées. Le choucas, indépendamment du cri qui lui a fait donner son nom en pousse un autre encore qu'on a exprimé par le son &'<M, </<M, souvent rëpete mais il lui est beaucoup moins familier, et n'a jamais été converti en Onomatopée.

CHUCHOTTER, CHUCHOTTERïE, CHUCHOTTEUR. Du mot factice qu'on a employé pour imposer silence, ou pour indiquer qu'il faut baisser la voix et parler de manière à nétre pas entendu, on a fait chut, suivant l'usage de notre Langue qui mouille ordinairement les sous sifflans, et de là le verbe cAKc~oSer, qui présente une nouvelle Onomatopée par le concours des syllabes sourdes qui le composent. On disait autrefois e/ehetter.


On ne supposerait guères que les Ëtymologistes eussent vu, dans le son radical st qui est si simple et si général, une contraction du .H/eKhHm f~e des Latins. Cela est cependant vrai, car il n'y a point d'idée si bizarre que ce genre d'érudition. n'en puisse offrir un exemple.

'CIGALE. Du son radical CM, cic, qui est le chant de cet insecte, les Grecs ont fait probablement NM~cM, l'insecte c/Mnteur qui dit ~(:; et de ce nom, les Latins cicada, les Espagnols c~yvM, les Italiens cigala, et nous le mot cigale, qui est une Onomatopée alongée d'une terminaison oiseuse et étrangère à notre Langue. CLAPPEMENT. Un homme d'esprit qui se pique d'originalité sur toutes les matières, et qui a dit beaucoup de mal de Racine et de Newton, a cru devoir, en raison du même principe, attaquer l'ancienne réputation du rossignol, si prôné parmi les chantrfs des bois.

K Qu'une oreille impartiale, dit-il, j< écoute avec attention le rossignol x qu'elle entende ses sons souvent aigres, 1 toujours fortement prononcés mais a sans variété, si ce n'est quatre tons,


»sans modulations; sans nuances, el!ë <' éprouvera une sensation pénible déB sagrëable. Transportez l'oiseau sus* s pendez sa prison à une fenêtre le f chant sera le même, et le passant l'entendra avec indifférence s'il s'arrête, ce n'est pas par l'attrait du plaisir, b c'est de surprise et d'étonnement. Il f croyait que l'oiseau ne chantait que B dans les bois et pendant la nuit; mais w la lune ne brille pas au travers des branchages touffus le silence solennel de la nature ne l'environne pas le a murmure vague d'un ruisseau ne s unit pas aux légers frëmissemens du feuilit iage sous lequel il est assis il est dans ? la ville.

» Que peut-on comparer au clappeMM< dur et déchirant que l'oiseau tant < vante fait entendre au milieu ou à la ]* fin de son chant imphrasë ? Je souffre quand je réfléchis aux efforts redoux blés des' rnuscles de son gosier. M On ne verra peut-être ici que le caprice d'une imagination d'ailleurs ingénieuse qui se complaît à colorer agréablement des paradoxes; mais je rapporte ce pas*


%age pour soumettre aux arbitres de là Langue le mot pittoresque, mais un peu hasardé qui est l'objet de cet article et qui me parait une innovation plus heureuse que le reste.

jCLAQUE, CLAQUEMENT, CLAQUER. Du son que produisent les deux mains vivement appliquées l'une contre l'autre cm contre un corps retentissant.

Claquer se dit aussi fort bien du bruit d'un fouet qui coupe Pair avec force. Il est passe au sens proverbial dans cette acception.

Claquement s'applique sur tout au heurt convulsif et spontanée des dents. Court de Gébelin prétend que le son radical e/~ était un mot celtique qui signifiait grand bruit. &;A/agw! signifie encore en langue allemande frapper et du même type nous avons fait

OLAQUET, petite latte tremblotante qui est d'usage dans les moulins, et qui frappe la meule avec éclat.

CLIGNOTER. M. de Brosse prétend avee raison ( me semble que beaucoup d'Onomatopées ont été formées sinon d après le bruit que produisait le mouve-


ment qu'elles représentent, au moins d'après un bruit déterminé sur celui que ce mouvement paraît devoir produire à le considérer dans son analogie avec tel autre mouvement du même genre et ses effets ordinaires; par exemple, l'action de e~/M/fM", sur laquelle il forme ces conjectures~ rie produit aucun bruit réel, mais les actions de la mcme espèce rappellent très-bien par te bruit dont elles sont accompagnées, le son qui a servi de racine à ce mot.

CHN-n'fB!) c'est le petit mouvement d'un œil clignotant.

CLINQUANT.'C/MyHtMf s'est dit, ausenspropre, d'une feuille de mctal si nac et si légère, qu'elle se froisse sous les doigts avec un petit cHquet4s aigre dont son nom est forme; et parce que ces feuilles, à canse de leur ténuité ont ordinairement plus 'd'eetat que de valeur on les prend ngu-' rement pour les choses d'un prix médiocre qui ont une apparence brillante comme dans ces vers de .Boileau Tons les ;ours à la Cour un. sot de qtHHtc Peut ju~er de travers avec iïnpuntLé;

A Maiherbe, à Racaii prëfëre! Théophile t

Et le e&y~KfiM; du Tasse à tout t'or de Yirgitc.


CLIQUETIS. Onomatopée tirée du son des armes qui se choquent.

Ce mot se dit aussi du bruit des'verres, et en générât des bruits argentins et mordans.

<-7t~e< est dans le dictionnaire breton de dom Lepelletier, pour loquet de porte ou de &nétre. Dans Davies on lit cliccied, et analogiquement, cleccian, pour stridere.

CLOSSEMENT, CLOSSER. Du cri ordinaire de la poule.

Ces mots ont peut-être quelque chose de plus aigre et de plus bruyant, et représentent mieux la clameur de la poule inquiète qui rappelle ses petits ou de la poule irritée qui !e~ défend que leurs synonymes g/oM.M<?Me~f et glousser dont ils sont une nuance légère, et qui ne s'en sont pas moins conservés dans la Langue. GLOUSSEMENT GtOussKR ont obtenu jusqu ici la préférence dans le tangage poétique, et il me serait facile d en offrir plus d un exemple. Je m. en tiendrai à ces vers élégans d'un de nos meilleurs Poètes descriptifs


La Poule cependant du Coq victorieux

A reçu dans' son sein ce germe précieux

Qu'elle mûrit, féconde, et reproduit sans cesse Et bienfaitrice exacte à payer sa largesse Qu'une coque fragile enveloppe et blanchit, Du tribut coutumier, chaque jour t'enrichit. La vois-tu, promenant sa vague inquiétude, Rêver, fuir le plaisir chercher la solitude Et trahir sa langueur par de longs ~oM~f~cny Hâte-toi, l'heure presse, et saisis les moment. Son cœur est tourmenté du besoin d'être mère. La poule glossante s'est autrefois appelée cloucque, à c/oc~M< dit Borel, id est lintinnabulo, 0~ sonum ~'MÏ/e~ COASSEMENT, COASSER. Du son radical koax, si ridiculement employé par Rousseau, et qui est l'Onomatopée du cri de ïa grenouille.

On a dit coaxare dans la basse latinité, et quelques Ecrivains français en ont fait o<M'e/ qui n'est pas admis par l'usage. COQ. Oiseau dont le chant est exprimé par un mot factice, de la première syllabe duquel on a fait son nom. Il est à remarquer que c'est son incantation la plus familière aussi a-t-elle fourni aux Langues un grand nombre d'Onomatopées. Les


Grecs ont dit souvent kottos et ~Mw. Les Polonais ont Ao~Kt, les Anglais cok, les Savoyards coq et gau. Nous avons dit autrefois gal de gallus, et ~o~ du son radical imitatif. C'est cette dernière dénomination qui nous est restée avec une modification bien légère.

Ménage ne devait pas dire que coq venait de c/o<A7/ 6, d'ou est fait cldsser, mais plutôt que ces mots venaient d'un type commun qui est le chant du coq. CoQTjE mot créé pour représenter l'enveloppe de l'oeuf, pourrait bien dériver du nom de l'animal, de l'Onomatopée de son chant. La poule entonne son chant favori à l'instant où elle vient de pondre. Coqcoq, suivant Leroux, exprime le bruit que fait la poule quand elle pond. Cette étymologie me paraît plus naturelle que celle qu'on attribue à ce terme quand on le fait venir à concha. Coquille se dit aussi chez nous pour coque, mais c'est une terminaison diminutive familière à notre Langue.

CoQCETTERtE, et les mots qui se rapportent à cette idée, sont employés figurément par allusion aux moeurs du coq, à son


inconstance et à ses amours. En effet soit que nous l'ayons appelé gal comme dans le vieux langage soit que nous l'ayons appelé coq comme aujourd'hui, on peut suivre facilement cette double dérivation, dont les rapports, tout curieux et tout piquans qu'ils sont, ont cependant, je crois, échappa à tous les Etymologistes. Galendé signifiait orné, enrichi, embelli, comme dans ces vers du roman de la Rose

Belle fut et bien ajustée;

'D'un jU d'or étoLt ga~cc.

Gallois se prenait pour agréable et léger. Une belle, une franche Cf~/OMC, selon Rabelais et les Auteurs du même temps, c'était une femme éveillée et coquette. Et puis s~en vont pour faire les galloises,

Lorsque devroyent vacquer en oraison.

Galeur ou Galeure a un sens analogue dans Coquillard

Galeures portent escrevices

Et velours pour être nugnons.

Villon se sert du mot g~e/'j pour, se


réjouir, et passer agréablement la vie. Je plains le temps de ma jeunesse

Auquel ay plus qu'en autre temps galé. Gaillard et Galant nous restent encore. Les dérives du mot nouveau sont plus aisés à retrouver, et frapperont tout le monde. Remarquons seulement qu'ils remontent au premier emploi du mot coq, et qu'on les croirait inventés simultanément, tant l'extension en fut naturelle. Il y a plusieurs siècles que le mot coquardeau, désignant un jeune homme étourdi et coquet qui débute dans le monde, se lisaitdéjàdansle blason desfaussesamours. Se ung g coquardeau

Qui soit nomiau

Tombe en leurs mains;

C'est un oiseau

Pris au glueau

Ne plus ne moins.

Villon s'est servi de quoquart dans la même acception.

COUCOIL Voici les Onomatopées équivalentes que d'autres Langues me fournissent.

En hébreu kaath, kik, kakik, kakala,


schgschaph en grec kokkus, et par corruption karkolix et kakakoz; en latin cuccus, cuculus;en italien cuculo, cucco, cucho; eu espagnol cuclillo en allemand gucker, kuckuch, guggauch guckuser en flamand kdckock, kockuut; en anglais kuckow cucoo; en turc koukou; en syriaque coco en polonais kukulka kukawka; en danois kuk, gioeg kukert; en catalan cocut, cugul; en vieux français coqu; en Provence coux, cocou; en Sologne coucouat, pour indiquer le petit du coucou.

Il n'y a point d'oiseau dont le nom ait été formé aussi généralement d'après son cri, et cela, peut-être, parce qu'il n'y en a aucun dont le cri soit plus analogue aux modulations de la voix humaine; au reste il est bon de dire une fois pour toutes, que si la lettre Cprononcée comme K, est l'initiale du nom d'un grand nombre d'oiseaux crieurs, et même de certains que nous n'avons point nommés parce que cette circonstance nous a paru trop faible pour constituer l'Onomatopée; que si elle est la caractéristique de leur cri; cGnixnsàsiiscailletage, caquet, clap-


pement, clossement, cluppement, croassement et que si cette observation peut s'étendre indistinctement à toutes les Langues connues c'est que le chant, ou plutôt la clameur de ces animaux est engendrée par le claquement de la langue contre le palais qui est la plus éclatante de toutes les touches vocales et que ce claquement produit la consonne dont iL s'agit.

COURLIS. C'est un oiseau que nous avons aussi nommé curly et turly par imitation de son cri.

Ce son naturel a produit beaucoup d'Onomatopées l'Elorios des Grecs, le clorius des Latins le tarlino de la Pouille, le caroli du Milanais le curlew des Anglais, le greny des environs de Constance, le turlu de Poitou le turluj et le corleru des Picards, le corlui des Normands, le corlu des Bourguignons, le eorly et le corlieu de nos anciens Naturalistes. M. de Buffon à qui je dois cette nomenclature, y joint des observations qui viennent très-bien à ce sujet. « Les noms » composés des sons imitatifs de la voix, » du chaut des cris des animaux, sont,.


» dit-il, pour ainsi dire, les noms de la » Nature; ce sont aussi ceux que l'homme » a imposés les premiers les Langues » sauvages nous offrent mille exemples » de ces noms donnés par instinct et le » goût, qui n'est qu'un instinct plus ex» quis, les a conserves plus ou moins dans » les idiomes des peuples policés et sur» tout dans la Langue grecque, plus pit» toresque qu'aucune autre, puisqu'elle ï peint même en dénommant. La courte » description qu'Aristote fait du courlis, » n'aurait pas suffi sans son nom Elorios, » pour le reconnaître et le distinguer des » autres oiseaux. Les noms français courut lis, curlis, turlis, sont des mots imita» tifs de la voix et dans d'autres Langues » ceux de curlew caroli, tarlino s'y rapy> portent de même;. mais les dénomina» tions d'arquata et de falcinettus sont x prises de la courbure de son bec, arqué » en forme de faulx. Il en est de même v dunomiV«7?2eV2«z«dontForigineestdans. i> le mot Néomênie, temps du croissant » de la lune; ce nom a été appliqué au v courlis, parce que son bec est à-peu» près en forme de croissant; et les Grecs


» modernes l'ont appelé macritimi ou » long nez, parce qu'il a le bec très-long, » relativement à la grandeur de son » corps ».

On pourrait conclure de ces remarques qu'il y a deux espèces d'Onomatopées ou de fictions de nom les premières qui sont les Onomatopées naturelles, communes à tous les peuples, parce qu'elles sont formées sur un son qui ne varie pas; les secondes, qui sont les Onomatopées locales, propres à un seul idiome parce qu'elles sont déterminées sur une figure ou un aspect des corps dont le signe est de convention. Ces deux riches familles de mots pittoresques sont la plus belle partie des Langues.

CRACHAT, CRACHEMENT, CRACHER. Du bruit que fait la salive jetée avec force hors de la bouche.

Cette idée a été exprimée dans les Langues par deux sons également imitatifs, quoique fort distincts l'un de l'autre. Du premier qui a servi de racine aux mots dont on s'occupe dans cet article les BasBretons ont fait cranch qui signifie salive, et suivant Court de Gébelin craing qui


signifie la même chose, craincher, cracheur, et crancha, cracher, mais je suis porté à croire qu'il doit ces dernières expressions à un autre vocabulaire. Les mots excreare et screare des Latins ont le même type.

Du second, les Latins ont fait spuere despuere, expuere, les Italiens spulare, les Allemands speien, et les Anglais spit. Le son radicalj9«/A a été souvent converti en interjection pour marquer un mépris extrême, comme en ces mots tirés d'une mauvaise pièce de Boursaut, intitulée le Portraitdu Peintre. « C'est mal répondre, »> puth, misérable critique »

Il est presqu'inutile de dire que nos mots conspuer et pituite sont formés d'a• près cette dernière espèce de son. Cracher, s'exprime en arabe par le mot ghak et en hébreu par les mots racac et iurac, qui sont encore des Onomatopées. CRAN- Incision ou entaille faite sur un corps dur. En celtique cran, en latin crena. EcRAjy meuble qui glisse sur des crans. CRAQUEMENT, CRAQUER. Du bruit que font des corps secs et durs qui se brisent. Letourneur dit dans sa traduction du


Jugement dernier d'Young « Avez-vous » entendu ce craquement effroyable dont » tout le globe a retenti dans sa profon» deur? C'est le fracas de 1 Olympe et de » l'Atlas tombans ». Ce passage est d'une belle harmonie.

Craqueter s'est dit quelquefois au sujet d'une matière pétillante et très-sèche qui éclate au feu comme le sel ordinaire et les feuilles des arbres résineux. Il n'est point à dédaigner dans ce sens. Le poète Théophile en a fait un mauvais usage, quand il a dit qu'on entendait craqueter le tonnerre. Le signe est trop petit pour l'idée.

On ne se sert plus de criquer et de criqueter qui se prenaient autrefois dans un sens analogue. Les herbes sèches criquent, dit Nicod. Herbce aridœ rixantur. Criqueter, digitis concrepare.

CRESSELLE CRECELLE ou CRÉCERELLE. C'est un instrument de bois en usage dans quelques solennités, qui bruit aigrement en tournant sur des crans durs et serrés. On a cherché par-tout l'étymologie de son nom, excepté dans le bruit qu'il produit, et dont elle est certainement tirée.


Ce mot n'est point étranger à la poésie, 7 et Boileau s'en est agréablement servi dans ces vers imitatifs du Lutrin

Ils prennent la cresselle, et par d'heureux efforts Du lugubre instrument font crier les ressorts. CREX. Cri sinistre et fréquent d'un oiseau qui en a pris son nom.

CRI, CRIER. Je ne prends point ces mots comme imitatifs de la voix humaine ou de celle des animaux mais comme des Onomatopées d'un bruit purement mécanique qui résulte du frottement ou du brisement des corps. On se rappelle le superbe hémistiche du récit de Théramène

L'essieu crie et se rompt.

M. Lalanne a fait un heureux emploi du même mot dans ces vers du poème intitulé Les Oiseaux de la Ferme Qu'elle estlenteàleurgré, qu'ils latrouventtardive, La main qui se refuse à leur ardeur captive Le doux bruit du loquet, long-temps importuné, Vient enfin réjouir l'essaim emprisonné.

Un verrou reste eucor, qui, trois fois indocile, Trois fois tourne, en criant, sur la porte immobile. Criaiixer Criaiiaerie Cjuaieueub sont


faits du même son radical que les précédens, et alongés d'une syllabe très -ouverte, pour peindre la continuité fatigante d'un babil disputeur et hargneux. Délivrez-mni Monsieur, de la cria'dlcrla ? Et daignez accomplir votre ordre, je vous prie. Notre bon Montaigne est, je crois, un des premiers qui aient fait usage de ce mot. « La criaillerie, quand elle nous est » ordinaire passe en usage, et fait que » chascun la méprise. Celle que vous em» ployez contre un serviteur pour un lar» cin ne se sent point d'autant que c'est » celle mesme qu'il vous a vu employer cent fois contre luy pour un verre mal » rincé, ou pour avoir mal assis une es» cabelle ».

Criocère est le nom que les Entomologistes français ont donné à une famille d'insectes dont on trouve des espèces sur le lys et sur l'asperge et qui est remarquable par la propriété qu'ont les petits animaux qui la composent de produire un cri assez aigu, au moyen du froMetnent de leur corselet contre l'origine des étuis. CRIC. C'est une machine composée d'une


roue dentée ou pignon qui se meut avec une manivelle et qui roule en criant. CRINCRIN. C'était un instrument chargé de grelots, dont il n'est parlé que dans les Fâcheux de Molière

Monsieur, ce sont des masques

Quiportentdes crincrins et destamboursdebasques. Ménage, qui rapporte ce terme et cette autorité n'hésite pas à le regarder comme formé par Onomatopée.

M. de Roujoux pense que le peuple donne au violon le nom de crincrin par allusion aux crins qui forment l'archet; il croit qu'il pourrait bien en être de même de cet instrument qu'il présume être celui dont se servent encore les enfans pour imiter la grenouille, et qui est formé d'un petit cylindre de carton fermé à une de ses extrémités, et attaché par un crin à un bâton autour duquel on le fait tourner pour produire du bruit. Le mot alors, selon M. de Roujoux, ne serait pas une Onomatopée, puisque l'instrument aurait pris son nom de sa principale partie. ♦CRISSEMENT, CRISSER. Expressions hors d'usage. C'est l'action de grincer forte-


ment les dents et de tirer de leur frottement un son aigre et strident qui offense l'oreille.

Crisser, selon Borel et Monnet, c'est faire un bruit aigu et âpre comme les roues mal ointes.

CROASSEMENT, CROASSER. Du crHugubre et discord des corbeaux.

Le nom même du corbeau dérive de loin du même son primitif. Du korax des Grecs qui est une Onomatopée, les Latins ont fait corvus, et d'après eux les Espagnols cuervo, et les Italiens corvo. La dénomination que nous avons adoptée est encore moins naturelle, quoiqu'on puisse remonter sans effort à son étymologie; mais il n'y en a point de plus singulièrement corrompue que celles que la Langue allemande et la Langue anglaise ont substituées au corvus des Latins, en retranchant bizarrement de ce mot la consonne initiale, et en faisant du reste par une métamorphose capricieuse les noms insignifians de rabe et de raven.

Boileau écrit quelque part


Sitôt que d'Apollon un génie inspiré

Trouve loin du vulgaire un chemin ignoré, En cent lieux contre lui les cabales s'amassent Ses rivaux obscurcis autour de lui croassent. Ce mot rauque tombe à la fin du vers d'une manière singulière et inusitée qui rend son effet plus énergique.

CROC. Ce mot ne fut probablement d'abord que le signe factice du déchirement d'un corps saisi par un instrument aigu et puis il devint par une extension très-naturelle le nom de cet instrument, du croc et du crochet.

Accrocher c'est saisir avec un croc ou fixer avec un crochet.

CROQUER. Du bruit que fait un aliment sec et difficile à broyer en se rompant sous la dent.

Eh bien manger moutons, canaille, sotte espèce Est-ceunpéché?Non, non, vous leur fîtes, Seigneur, En les croquant beaucoup d'honneur.

Le même La Fontaine a employé le mot de croqueur que notre Langue a rebuté Un vieux renard, mais des plus fins

Grand croqmeurde poulets un jour fut pris au piège. Choquef nom que l'on donne à une espèce


de pâtisserie très cassante a la même origine que les mots précédons. Ils sont les uns et les autres du style familier. CROULEMENT, CROULER. Du retentissement sourd et profond des murailles qui s'affaissent qui s'ébranlent, et qui tombent.

Écroulement et S'ECROULER qui ont un sens moins vif, sont cependant plus en usage. Le mot croulement a été transporté trèsénergiquement par Montaigne dans le style figuré.

« Nos mœurs sont, dit-il, extrêmement » corrompues, et penchent d'une mer» veilleuse inclination vers l'empirement » de nos loix et usages; il y en a plusieurs » barbares et monstrueuses toutes fois » pour la difficulté de nous mettre en » meilleur état, et le danger de ce crou» lement, si je pouvois planter une che» ville à nostre roue, et l'arrêter en ce » poinct je le ferois de bon cœur ». D

DANDIN DANDINER. Pasquier dérive ces mots du-terme factice dindan qui exprime le bruit des cloches, parce que la marche


d'un dandin d'un homme hébété d'un badaud qui chemine lentement et au hasard, en ne- s'occupant que de choses Vaines et communes, représente assez bien le mouvement des cloches ébranlées. Cette dénomination s'est retrouvée souvent dans le style satirique témoins Thenot Dandin Perrin Dandin Georges Dandin.

DÉGRINGOLER. Terme bas qui est pris du bruit d'un corps qui roule d'une certaine hauteur.

Voltaire a dit « Si deux ou trois per»̃ sonnes ne soutenaient pas le bon goût » dans Paris, nous dégringolerions dans la' barbarie ».

DRILLE. J'oserais conjecturer que ce mot a été fait du bruit que produisaient les 'pièces 'd'une vieille armure, qui, mal unies et agitées au moindre mouvement, se choquaient les unes contre les autres. Par une de ces extensions qui sont familières à toutes les Langues et sur-tout à la nôtre, ce mot a signifié depuis un habit militaire en lambeaux, puis le soldat qui le portait, et finalement deTnauvais hail'loas. Les traces de cette génération exis-


-tent encore puisqu'il est conservé sous toutes ses acceptions.

DRONOS. Donner dronos starles doigts est une expression fort triviale que je trouve dans Kabelai s. Le Ducliat la regarde comme une Onomatopée du bruit que rend un coup dur et retentissant; mais dans le cas où l'imagination des Lecteurs ne voudrait pas se prêter à l'explication qu'il plait au savant commentateur d'en donner, ils sont libres de la ranger parmi les mots sans .nombre que cet Auteur a formés sans autre règle que sou caprice, véritables termes macarouiques dans la construction desquels il n'a cherché qu'à être original et bizarre, et auxquels il s'est peu soucié d'attacher un sens. Voilà pourquoi un commentaire dans le genre de celui de M. Le Duchat, où Ion prétend tout expliquer est une des entreprises les plus ridicules qu'on ait pu faire sur Rabelais.

*DR0UÏJN7E. Ce mot, tout aussi dédaigné, signifie le havresac dans lequel les chaudronniers mettent leurs outils dont le choc sonore semble articuler dron drin, ou drouin.


diAunncw Chaudronnier seraient donc des Onomatopées tirées de cette racine. En anglais, un drouïneur ou chaudronnier qui porte la drouïne, s'appelle tinker, autre Onomatopée aussi tirée du tintement des métaux dont il est chargé. E

EBROUER. Onomatopée assez précieuse, qui représente l'action d'un cheval ardent, soufflant avec force pour chasser l'humeur qui l'incommode, et pour reprendre facilement haleine.

Tunz si qua sonum procul arma dedére

Stare loco nescit, micat atiribus et tremit ai tus Collectumque premens volvit sut naribus ignem. Il n'y aurait peut-être rien de comparable à cet admirable passage des Géorgiques, si ou ne lisait pas dans Job « Est-ce vous qui avez donné au cheval » sa force et sa beauté ? Le ferez-vous bon» dir comme la sauterelle, lui qui du » souffle si fier de ses narines, inspire la » terreur? Il se rit de la peur; il s'agite, » il frémit, il frappe du pied la terre, et


» l'enfonce. Dès qu'il entend le son de la » trompette il dit courage Il sent l'ap» proche de l'armée et joint ses hennis» semens aux cris confus des soldats ». On reconnaîtra facilement dans les deux Poètes les images dont le mot ébrouer est l'expression. elliptique.

ÉCLAT, ÉCLATER. Du bruit d'un corps dur qui se divise avec violence quand on le crève, quand on le fend, quand on le brise. v Il y a long-temps que les Glossateurs et les Etymologistes ont reconnu que ces mots étaient faits du son que rend le bois, par exemple quand on le met en pièces, comme cela se remarquait au brisement des lances dans les tournois. On lit au deuxième livre d'Amadis « Adonc bais» sèrent leurs lances et donnans des es» perons à leurs chevaux, coururent l'un » contre l'autre de si grande roideur, que » leur bois vola en esclats».

Les Grecs ont dit klao pour frango, et de là, chez les Latins, un éclat de bois s'est quelquefois appelé clasma. Clao signifiait en celtique une espèce de ferrement, et le bruit qu'il rendait sous le marteau.


Cette racine passant au figuré par catachïèse ou extension, aenrichi nos vocabulaires de beaucoup de termes. Elle a fourni aux Langues gothiques le mot cla ou çfila, crier, dont il est facile de suivre les nombreuses dérivations. Clabaud, qui est composé de ce mot et du latin boare ou baubare a été dit pour t .chien, et figurérnent pour, un parleur insupportable. i Clabauder, est encore pris quelquefois. en ce sens dans un style très-bas.

Que deviendrai-je, entendant les Libraires

t Me cUtbauder et crier de concert, l Deçà Monsieur, achetez Bmsrobert l

Clamer, qui signifiait nommer à haute 'voix, appeler avec éclat, est totalement rejeté par notre Langue qui a cependant conservé lous ses composés. Il était toutefois difficile à remplacer en certaines occasions.

C'est elle qui a tant de pris

Et tant est digne d'estre amée

Qu'el' doit estre rose clamée.

Guillaume DE Loeris.

Clameur, Acclamation et les autres ex-


pressions de cette famille n'ont rien perdu dans l'usage. On disait autrefois clarnours, comme dans ces vers de Marot Tous pélerins doivent faire requêtes,

Offrandes, wra pri'ères et clamours. Le mot éclisser, pour, faire jaillir des éclats de boue, a cessé d'être français., EcLABOtissEH Onomatopée mixte composée d'éclat et de boue lui a été substitué. ÉCLOl'PÉ. Je crois que c'est le seul mot qui nous reste de celte raciné, qu'on peut croire formée par imitation du bruit inégal et lourd de la marche d'un boiteux. Rabelais a dit doper et clopiner'se trouve dans des Auteurs d'un style assez pur. J'ai lu clanpin dans des mémoires de la fin du dix-septième siècle, où l'on désignait ainsi le duc du Maine. ·'

Claudicare qui signifiait boiter chez les Latins, n'aurait-il pas la même origine; et de là n'aurait-on pas fait le nom de la cloche, parce que son mouvement ressemble à la marche des boiteux? Ce qu'il y a de certain c'est qu'on dit encore clocher pour boiter, et qu'on appelië vulgairement cloche, une espèce d'ampoule qui ~.1..


survient aux pieds d'un homme fatigué, et qui le fait clocher.

ClOpim Clopaht est un mot factice con-» struit par Onomatopée du pas des boiteux. La Fontaine s'en est servi dans la fable du Pot de terre et du Pot de fer. Mes gens s'en vont à trois pieds

Clopin dopant comme ils peuvent,

L'un contre l'autre jetés

Au moindre hoqnet qu'ils treuvent.

ÉCRASER. Ce mot est engendré par un son analogue à celui qui a produit le mot éclater, mais qui représente un brisement moins simultanée, et c'est pour cela qu'il est alongé par la consonne roulante. Le cri de la craie qui se rompt et qui se pulvérise sous le pied reproduit fort distinctement cette racine.

Les Chaldéens ont dit kéras, et les Grecs plus vivement encore katatripsis pour obtritus, écrasement. Ce dernier mot n'est pas français.

Si l'on veut s'assurer de la vérité de cette étymologie qu'on ouvre au mot écraser le dictionnaire de l'Académie on y verra entr'autres usages de ce mot écraser des groseilles, du verjus. On écrase


donc des bayes sèches, tendues, récalcitrantes. On n'écraserait pas des fruits tendres et pulpeux. D'où vient cette différence ? Elle est l'effet du son produit par l'action d'écraser, qui est âpre aigu dans le premier cas mousse et presque muet dans le second.

ÉCROU. J'écrou est une pièce de bois ou de fer qui a un trou correspondant à la grosseur d'une vis qui s'y introduit, et y tourne avec un bruit désagréable. Vécrou, qui est un acte d'emprisonnement, est une figure de celui-ci. La consonne roulante marque les efforts et le cri de la vis dans les crans pressés où elle s'emboîte; et dans clou, qui est une Onomatopée assez douteuse, le son est bref et net, parce qu'on le fiche brusquement. et qu'il produit un bruit indécomposable et immodulé.

ÉGRISER. Oter les parties brutes d'un diamant en le frottant contre un autre. Le bruit agaçant de ce frottement, semblable à celui d'un verre que le diamant du vitrier divise ou qu'on fait grincer en le grattant de l'ongle, a servi de racine à cette Onomatopée.


ENFLER, ENFLURE. Onomatopées composées de la préposition, et du bruit de l'haleine chassée avec effort.

̃; Enfler, s'est d'it d'abord pour, l'action de remplir d'air un corps vide et flasque jusqu'à ce qu'il ait acquis un certain degré de tension; puis, enflé, s'est dit en gé̃ néral de tous les corps qui ont une gros'i-seur inusitée ou accidentelle. 1 Les Latins disaient inflare qui a la même racine et la même valeur. '• Gonfler, que nous avons de plus qu'eux est peut-être plus imitatif parce qu'il est plus emphatique et qu'on ne peut le ̃ prononcer sans une assez forte émission du souffle. ̃ ̃> ESCOPETTE, ESCOPETTERIE. Du bruit éclatant des mousquets.' ̃' ` Ce mot a donné lieu au plus ridicule des vers factices

Schiopeltus tuf taf boni bom calubrina sfyoronat. 1 J

̃ ̃••' « L'escopette perce l'air avec ses tuf taf, et la coulevrine avec ses born bom ». Perse, avait dit- sclopus, pour le son 'qiie-rend la bouche, quand on frappe sur les joues gonflées d'air


Nec sclopo^tutiiulas intentliï rûmpt.re buccat.'i i De le diminutif macaronique schiopettus et le français escopelte, qui sont des Onomatopées formées sur un son dela même espèce. Cest l'opinion de Paradin et de Polydore Virgile:

ÉTERNUEMEÏVf, ÉTERA'UER. L'ester» nuemenl qui vient de latètej étant • » sans blâme dit Montaigne nous lui » faisons, un honneste accueil. Ne vous ». mocquez pas de cette subtilité elle est » d Arislole D. ,••'• 1 Nous disions beaucoup mieux esternûer, parce que ce mot ainsi prononcé conservait le son radical dans toute sa valeur et s'écartait moins des analogues qu'on lui connaît dans d'autres Langues. i!

E

î ̃

FA!NFA^E.iL,a plupartdes instrjimens à vent t sont caractérises par la lettre.F, parue que cette consonne produite par rémission de l'air chassé entre les dents, est l'expression du soufflement ou du sifflement. De fanfare qui est un chant de trompette..


Rabelais en avait fait le verbe fanfarer, que je ne me souviens pas d'avoir vu .ailleurs.

FIFRE. La voyelle resserrée entre deux tet> très sifflantes donne une idée très-justedu bruit aigu de cet instrument, et la désinence roulante marque son éclat un • peu rauque.

Les Allemands l'ont nommé pfeifer par analogie à l'Onomatopée pfeifen qui signifie siffler. Cette dénomination a été exactement transportée dans notre Langue et dans la plupart des autres. Nous. avons même dit pifre comme en ce pas»sage de la traduction iSAmadis par Gabriel Chapuis. « Plusieurs sont des pifre? » et autres instrumens ». Et en cet autre de Rabelais « Puis soubdain retourne, » et nous asseure avoir à gausche des» couvert une embuscade d'andouilles « farfelues et du cousté droict à demi» lieûe loing de là, ung gros bataillon » d'aultres puissantes et gigantales andouilles le long d'une petite colline » furieusement en bataille, marchantes -» vers nous au son des yézes et piboles » des guogues et des vessies des joyeulx


a pifres et tabours des trompettes et » clairons ».

FLACON. Du bruit de la liqueur versée hors du flacon et qui tombe de quelque hauteur dans un vase sonore. 11 est du moins certain qu'on n'a découvert aucune autre étymologie raisonnable de ce mot, et que l'unanimité avec laquelle tant d'idiomes l'ont admis, donne lieu de penser qu'il n'a pas été formé au hasard. Les Espagnols ont dit fiascon les Italiens Jtascone, les Allemands flasche, les Flamands fiesche, les Polonais flasha, les Bohémiens fiasse, les Hongrois palassk, et les Anglais /lagon.

Une observation qui donne du poids à cette conjecture, c'est quefîacquer s'est dit autrefois pour vuider son verre, en jetant les liqueurs qu'il contient. La Bruyère en fournit un exemple dans ce passage. « S'il trouve qu'on lui a donné n trop de vin il en Jlacque plus de la » moitié au visage de celui qui est à sa » droite ,et boit le reste tranquillement». De là

Flacquée D'EAU, l'eau que l'on flacque ou que l'on jette contre quelque chose


Flacque D'EAU, mare croupissante et de si peu d'étendue, qu'il semble qu'on Tait flacquée à l'endroit où (41e est Flasque, adjectif qui s'est dit d'abord d'une chose amollie par l'humidité et particulièrement d'un linge niouilléqùi produit, quand on le soulève et qu'on le laisse retomber sur lui-même le bruit de l'eau qu'on flacque. à. terre. Cette dernière expression dérive secondairement du flaccidus des Latins qui a été immédiatement fait du bruit naturel.

FLANQUER. Du bruit d'un coup violent le peuple a fait le mot factice flan pour le représenter et le Merhe flariquér pour, donner un coup dont le son est exprime par flan.

Ces termes sont de la plus basse trivialité.

FLÈCHE. Mot factice formé sur le son de la flèche chassée de sa corde, et qui fuit en sifflant. C'est l'opinion de Kicod dn temps duquel on disait encore indifféremment flèche, flic, on flis.

En espagnol cent, flécha, en allemand pfeil, en anglo -saxon fla.

Les Italiens ont aussi freccia, mais


plus communément mëèla, du sagitla des Latins (i) qui nous a fourni sagette, et (i) Comme il était de mon intention de donner dans le cours de cet ouvrage quelques exemples de l'extension des sons radicaux et des racines imitatives dans la désignation des Lires qui, comme je l'ai dit, n'ont point de formes propres et de brnils particuliers et de prou-' ver qu'aucune expression, n'a été formée sans motif, et que les termes qui ont caractérisé les sensations premières, ont du devenir allusivement le signe des sen-J sations analogues; comme le son radical sag qui est une des anciennes Onomatopées du bruit de \sl Jlècke est d'ailleurs un des plus curieux que je connaisse daus les modes qu'il a subis je vais suivre ses différentes dérivations dans la Langue latine seulement pour ne pas charger cette note d'un appareil inutile d'érudition. Kacine SAG. Sens propre, une Jlèçhe*

Les Latins en ont fait SAG-ifta, et immédiatement, par le procédé comparatif ce nom est devenu commun à une plante dont il est question dans Pline, et qui ressemble à une Jlèche au bout d'un rejeton de vigne qui a la forme d'une flèche barbelée, el à une constellation composée de cinq étoiles qui représente une flèche.

SENS 5 D É R 1 v É.

SAG-ittarcus a signifié un honimc qui lance des flèches et cnsuil^ un signe du Zodiaque. Fuis par une


qui a du rapport avec la zagaye des Maures et de quelques nomades.

extension commune dans les Langues, on a nommé SAG ittarius une monnaie de Perse qui avait un SAG– Maire pour empreinte. ·

SA-G–itti/er a été le nom du porc épic, parce que les pointes dont il est couvert ont quelque ressemblance avec des Jièrhes.

Jusqu'ici l'opération de l'esprit est simple et sans complication. )

SENS s relatif.

L'imagination commence à saisir des rapports plus éloignés, mais elle n'a point encore perdu de vue le sens propre.

SAG ans signifie d'abord un faisceau de flèches un carquois; il se dit bientôt d'une hache d'armes. SAG-ma exprime en premier lieu ce qui sert à cacher la pointe de la fièc/w à la garantir en temps de paix. Ensuite il se dit généralement d'un fourreau et finalement de la selle d'un homme d'armes où les flèches sont fixées.

SAG– men est pris dans un sens plus hardiment figuré, quoiqu'il appartienne encore au sens primitif. On appelle ainsi la verveine par opposition ou contre vérite, parce que les Ambassadeurs proposant la paix ou la guerre, portaient dans leurs mains une verveine et une flèc/w.

SAG– signifie premièrement les armes d'un soldat.


Le mot psi est une autre Onomatopée du bruit de la flèche dont il reste peu Ire ad SA.G a c'est s'emparer de ses javelots et de ses flèches. On en fait SAG -wn ou SAG uluin qui est l'habit d'un soldat en guerre

Une fois que ce pas est fait on va beaucoup plus loin. On appelle SAC itza le pillage d'une ville, l'extermination de ses habitons parce que les vainqueurs les renversent coups de flèches et notre Langue eu emprunte les mots SAC et SAC cager qui conservent encore toute la racine, avec une simple modification de la gutturale g, prononcée sur une touche plus éclatante. Enfin, il suffit de uazalcr cette racine SAG, pour eu former SANG uis qui s'emploie par une extension du même genre, parce que le sang coule sous les Jlèches. if. B. En vieux français, sache a signifié un' fourreau, saeher tirer du fourreau, et ensuite, poursuivre le gibier et le renverser sous les flèche:. d'où il semble que chasser a été fait par métathèse.

SlWS FICÎJBt OIT MfcTAPHOIUQIiE.

Ici l'esprit de l'homme s'élance hardiment à des olïjjets très-éloignés, pour peu qu'il y puisse saisir quelque affinité avec le sens originaire du mot inventé. Une erreur populaire lui persuade qu'une espèce de pierre précieuse.attire le bois comme l'aimant attire le fer, et que le bois y vole avec la rapidité de la flèche. Zl nomme cette pierre SAG – da,

11 a observé que la flèche en s'enfonçant dans un


de composés dans les Langues mais il est à remarquer que les Grecs en ont fait corps dur, y frémit long-Lemps encore, Il appelle SAG –acio, id est, SÀG lltœ actio ions les genres de palpitation et de irciiiblemcnt.

Il essaye de trouver un objet de comparaison à l'action de regarder. Le regaid parcoml l'espace a%ec la vitesse de la jlèçhe et le son radical SÀG devient le nom du regard dans presque toutes les Langues de l'Orient. Les Latins ne se servent point de cette racine à ce dernier usage mais ils le méconnaissent si peu, qu'ils s' enrichis sent de ses dérivations au sens abstràit.

Sens abstrait..

SÀG– ire c'est avoir de la pénétration, du discernement saisir des yeux de l'esprit.

SAG /i.r, c'est un homme pénétrant, un homme dont le regard sûr discerne la vérité.

StWS Eïl'bRBOLIQUE.

Le dernier terme de cette gradation est si étranger à son type, qu'il serait impossible d'en reconnaître l'origine, si on n'y pouvait remonier, comme nous le faisons par une succession très-naturelle de sensations et de jugemens. Le sens abstrait s'étendant à des signîfications aouvules, ce n'est plus au SAG^c 3 àTespi'it délicat et subtil qui saisit les cLoses dès le premier


une de leurs lettres qu'ils ont représentée hyëroglyphiquement sous la figure d'une flèche empennée ou d'un trait appuyé sur son arc.

FLEUR. Du bruit que fait l'air aspiré par l'organe qui recueille les parfums de la fleur.

abord, avec une extrême justesse, que doit s'arrêter cette série d'idées que nous venons d'exposer; son regard plus prompt, plus sûr, plus pénétrant encore, perce tous les obstacles. Son esprit s'élève au-dessus de toutes les conceptions ordinaires; il domine, il explique l'avenir.

C'est le devin que les Latins ont appelé SAC– us 9 la magicienne, l'enchanteresse dont ils ont fait SAG-a, SAG-ana. Prœ– SAG– ire c'est voir hors du présent, c'est anticiper par la pensée sur les evénemens futurs. jPr{&–$AÇj'-–îtirn, c'est lepressentiment, le pronostic. Prœ SAG «a* c'est le sorcier, l'augure l'homme inspiré, termes dont on a complété le sens par la petite proposition prœ au-devant, au-delà.

Il reste à s'assurer que les autres mois de la Langue naturelle donneront une pareille filiation et c'est ce que chacun peut reconnaître dans ses éludes particulières soit qu'il se contente, ainsi qu'on l'a lait ici de pousser ses recherches dans une Langue seulement, soit qu'il veuille les étendre à toutes, ce qui n'est pas plus difficilc.


Flairer en est formé par métonimie. Cette étymologie laisse d'autant moins de doutes, qu'on a dit autrefois fleurer. Molière s'en est servi dans ce vers d' Amphitrion Impudent fleureur de cuisine,

pour désigner un parasite. Le nom de M. Fleurant qu'il a employé dans le Malade imaginaire, est tiré du même verbe, dans la même construction.

Cette racine est propre à caractériser en général tous les termes qui figurent des émanations douces, des formes ondoyantes, des monvemens caressans comme flamme, qui est un corps impalpable et tenu que le vent agite et balance flatter qui est une action gracieuse au propre et au figuré fléchir qui se dit en parlant de l'inclinaison molle et légère d'un corps souple comme les jeunes plantes et les roseaux; et beaucoup d'autres expressions de la même espèce, sur lesquelles je ne m'arrêterai pas davantage, et que je ne classerai point à leur rang alphabétique, parce qu'elles me paraissent trop éloignées de leur type.


FLOT. <

Fleuve Furx Fluides choses qui fluent. Du bruit des liqnides'qni s'écoulent. Cette racine se retrouve dans presque toutes les Langues.

Afflwence a signifié originairement le concours des flots le flux des grandes eaux la réunion de plusieurs fleuves qui fluent ensemble vers un même but et figurément l'action de survenir en grand nombre, et d'aborder dans le même lieu mais on ne le prend plus que dans sa dernière acception.

Fléon, se disait dans le vieux langage pour un petit fleuve, ou ruisseau. Glorieux jlêon, glorieuse êve,

Qui lavaz ce qu'Adam et Eve

Ont pour leur pechié ordoyé.

Sur quoi je ferai remarquer en passant qu'il résulte de cette citation qu'on a dit autrefois êve pour eau en français et que ce mot ev signifiait boire ou avaler, en celtique. Voyez au mot biberon. Afon avon, dont amnis paraît dérivé; représentait daus la même Langue ridée que nous attachons à ce mot latin un fleuve une rivière rapide.


Floflotteh qui est tout-à-fait perdu, est cependant une assez heureuse Onomatopée du choc des flots en rumeur. Dubartas a écrit le floflnttant Nérée, et c'est je crois, ce qui a fait dire à Pasquier au huitième livre de ses recherches Flofiottcr est mis en usage par les » poètes de notre temps pour représenter » le heurt tumultuaire des flots d'une » mer ou grande rivière courroucée ». Je ne sais personne au reste, qui ait employé ce terme depuis Pasquier, si ce n'est l'extravagant poète Desmarets dans sa comédie des Visionnaires où il le donne pour épithète au fleuve Me're'e, comme avait fait Dubartas.

Déjà de toutes parts j'entrevois les brigades De ces Dieux chc\rc-pieds et des folles Méitades Qui s'en vont ct''lél>rer le mysLère orçien En l'honneur immortel du père Bromien. · Je vois ce cuisse-né suivi du bon Silène

Qui du gosier exhale une vineuse haleine, Et son âne fuyant parmi les Mimallons

Qui les bras entirsés courent par les vallons. Mais où -va cette troupe ? Elle s'est égarée Aux solitaires bords du Jiofiottant NériSe. FLOU. Ce mot se dit en Peinture, et sur-


tout dans la mauvaise école, d'un tableau dont le coloris est doux, tendre, et comme soyeux et velouté. Il est donc dérivé du son moëlleux d'une étoffe précieuse, faiblement froissée avec la main. Dans le Charles ler. de Wandicli on croit entendre le flou du satin.

Au reste, on se sert ordinairement pour fondre les couleurs, pour les noyer, les dépouiller de leur sécheresse, et amollir leurs nuances d'une petite brosse de soies légères, qu'on passe délicatement sur ce que le pinceau a touché et dont on effleure la toile avec tant de précaution, qu'il semble qu'on la caresse. Cette opération est accompagnée d'un petit bruit qui est peut-être devenu par analogie le nom de cette manière de peindre. FLÛTE. Du flare des Latins qui est une Onomatopée du souffle. La douce émission du son qui flue en quelque sorte par les trous de la. flûte, a déterminé le nom de cet instrument.

Les Italiens ont dit fiauto les Espagnols flauta, les Allemands flœte, les Anglais flûte, et les Celtes flehut. Cette conformité de dénominations ? qui n'est fon-


dée sur aucune autre étymologie apparente, vaut une démonstration.

J'ajouterai que les Orientaux appellent une flûte, avùv et les Taitiens, evuvo. C'est l'aspiration de laiLangue celtique av ou ev. Remarquez aussi que le v se prononce sur la même touche que Yf qui n'est qu'un v fort. Les Hébreux prononçaient vau pour f; les Allemands prononcent, au contraire faou pour v. Il résulte de là que le mot avuv des Otientaux, et le mot evuvo des Taïtiens, ont la même construction que le moljifre, et présentent comme lui un son vocal aigu resserré entre deux dentales. Ils en diffèrent par l'intonation qui est moins brusque, par la désinence qui est plus pleine et plus harmonieuse, et par l'adoucissement des consonnes caractéristiques. Avuv ou evuvo représentent donc très-bien unejlute, un fifre doux.

Le syrinx des Grecs est aussi une Onomatopée, mais qui tient à la mélopée primitive, et au son plus aigre des simples roseaux.

FRACAS; FRACASSER. D'un bruit éclatant et prolongé qui est occasionné par une


destruction violente ou parun phénomène naturel, comme le fracas de la foudre qui tombe, le fracas des cataractes, et le fracas des volcans.

Quinaut a supérieurement dit dans ces vers d'une belle harmonie imitative Que le bruit, que le choc que le fracas des armes Retentisse de toutes parts

FREDON, FREDONNER. En chassant l'air de la bouche avec un roulement pressé de la langue et un petit frémissement des lèvres on produit le bruit sourd ou le chant confus que ces mots expriment. Guichard a rencontré assez heureusement, quand il les a dérivés du fritinnire des Latins excellente Onomatopée qui a la même racine et qui avait été faite pour représenter le murmure des hirondelles.

FRELON. Du bourdonnement des ailes de cet insecte on a fait son nom français. Les Latins ont dit crabro, et les Espagnols tabarro, qui sont d'autres Onomatopées. FRÉMIR, FRÉMISSEMENT. On ne peut se tromper sur le son radical de ces mots, qui se reproduit dans tant d'occasions


soit qu'il se forme de l'agitation rapide des lèvres dans \e frémissement de la fièvre et dans celui de la peur, soit qu'il paraisse émaner des feuillages émus, des herbes fouettées par le vent des eaux qui murmurent sur les cailloux.

Fbissojv, Frissonnement qui sont des frémisseinens d'une espèce particulière Fhayrtjb Effroi sentiment qui excite le frisson

Fnom sensation physique dont l'effet est le même sont autant d'expressions qui se rapportent à cette racine, et sur lesquelles je ne reviendrai pas ailleurs. FRETILLER. Pour exprimer un mouvement très-vif et très-rapide, comme celui d'un petit poisson suspendu à la ligne, et pour représenter le bruit dont il est accompagné.

FuETrif c'est le nom qu'on donne au petit poisson qui frétille.

Un carpeau qui n'était encore que fretin Fut pris par uu pècheur au bord d'une rivière. Et ailleurs

Un rieur était à la table

D'un financier, et n'avait en son coin

Que de petits poissons; tous les gros étaient loin.


Il prend donc les menus, puis leur parle à l'oreille; Et puis il i'eivt à In pareille

D'écouter leur réponse; on demeura Surpris Cela suspendu les esprits.

Le rieur alors d'un Ion sage

Dit qu'il craignait qu'un sien ami

Pour les grandes Indes parti

H'eût depuis un an fjir naufrage.

Il s'en informait donc à ce menu jrttln

Mais tousluirépondaicnt qu'ils n'étaient point d'unâge A savoir, an vrai, son destin;

Les gros en sauraient davantage.

FRIRE. Du pétillement de 1 huile bouillante quand on y plonge un corps froid pour le faire frire.

Cette Onomatopée se retrouve dans toutes les Langues.

Observez que le grec frugo, frughios ( lorreo torridus ) dont le son a tant d'analogie avec celui sur lequfl ce mot est formé a fourni le nom de Y Afrique et de la Phrygie, pays de feu. Je dois cette remarque à M. de Cambry dont l'immense érudition a enrichi la science des Langues de tant d heureuses découvertes. FRISER. Pour rouler les cheveux on les presse avec un fer chaud qui les dessèche et qui les crispe. C'est du petit bruit avec


lequel ils se retournent sur eux-mêmes, qu'on a fait le mot friser.

Friser se prend aussi pour effleurer un objet pour en passer si près que le bruit du frottement se fait légèrement entendre.

FROISSEMENT, FROISSER. Belles expressions qui représentent ordinairement le cri d'une étoffe ferme que l'on presse avec quelque force mais qu'on a étendues à d'autressignification s etqui peuvents'appliquer plus ou moins a toutes sortes de ruptures et de brisemens.

Il est certain qu'elles ont été formées d'après le son naturel, et je n'en atteste que les Auteurs même qui ont cherché ailleurs leur étymologie. Ils remarquent qu'on dit froisser du damas et du satin. On ne le dirait pas d'une étoffe douce et légère qui cède sans bruit sous la main. On la chiffonne on ne la froisse pas. Froisser est donc un mot imitatif une véritable Onomatopée.

On dit vulgairement le froufrou d'une robe de satin d'un vêtement de taffetas, et ce mot factice est la racine de ceux-ci. FRÔLER pour, friser, effleurer un corps.


Frôler une robe de taffetas c'est la faire crier en passant. Frôlement, pour représenter ce bruit est un mot pittoresque et vrai, mais hasardé.

Freler, qui est de cette famille, s'era^ ploie dans la Langue du peuple en parlant d'une matière de peu de consistance, comme les cheveux et la barbe ou le poil, la laine et les plumes des animaux, qui, à peine frôlés ou effleurés par le feu se retirent en rendant un son faible et rapide dont ce verbe parait formé. FRONDE. Une corde qui sert à lancer les pierres avec violence, à les faire déchirer l'air avec bruit et de manière à ce qu'elles en tirent un frémissement long, retentissant et sonore, dont on peut exprimer l'effet par le mot qui fait le sujet de cet article.

Les Grecs ont dit sphendoné les Latins funda, les Italiens fromba, fronda et frondola. Le muet qui termine sourdement cette Onomatopée dans notre Langue, et qui figure la désinence d'un bruit mourant, la rend préférable à toutes les autres. J'en excepte cependant l'énergique tling des Anglais qui est le terme le plus


pittoresque que l'on ait attaché à cette idée.

Dans le pays de Léon, fromtn exprime le bruit que fait une pierre jetée avec une fronde. Fromm a-ra ar-maen la pierre bruit. C'est le rombo des Italiens, et le bromos des Grecs.

FROTTEMENT, FROTTER. Le son radical de ces mots est propre comme on peut le voir, à tous les froissemens à tous les frémissemens de la nature il convient également pour exprimer l'action que ces termes figurent, et il rappelle très-bien le bruit dont elle est ordinairement accompagnée.

FROUER. Un soufflement tremblotant de la chouette a servi de type à cette Onomatopée, qui est d'usage parmi les chasseurs pour indiquer l'action de siffler à la pipée, ce qui se fait communément en plaçant entre les lèvres une feuille ployée qui étouffe le son, et qui le module. G

GALOP, GALOPER. Nicod conjecture trèsplausiblement que ces mots sont faits par


Onomatopée du bruit des chevaux qui galopent; mais je ne saurais convenir avec lui et avec certains Etymologistes qui ont partagé son opinion que le mot haquenée ait été immédiatement formé sur une racine naturelle de la même espèce. Le haca des Castillans et le faca des Aragonais dont on le fait dériver, descendent probablement comme lui du latin equus, qui a produit equina, et en vieux français haquet et haquenée. Coquillard a dit Sus sus allez vous en jaquet

Et panser le petit haquct,

Et lui faites bien sa litière.

C'est aussi l'opinion de Ménage.

GARGARISER GARGARISME. Cette Onomatopée est purement grecque gargarizo; gargarismos. Elle est formée du bruit d'un remède liquide dont on se lave la bouche et l'entrée du gosier. Les Grecs disaient aussi dans un sens assez analogue, gargalisein et gargalismos titillare, titillatio.

Elle est d'ailleurs commune à la plupart des Langues. En hébreu garghera signifiait le gosier; il se dit gargareon en grec,


et gorzaillen en celto-breton la même initiale caractérise encore assez universellement, et avec peu de modifications, les noms qu'on a donnés à cette partie, soit chez les Latïns qui l'appellent jugulum, soit chez les Italiens qui l'appellent golla, soit chez les Allemands qui l'appellent khéle ou ghéle, soit chez les Espagnols qui l'ont appelée garganta. Rabelais n'a fait que transporter en espagnol le nom de son grandgausier, pour en faire celui de Gargantua, qu'il s'amuse à expliquer autrement par un quolibet. Le nom même de gargamelle se prend pour la gorge ou le gosier, dans la Langue du peuple et Hauteroche l'a employé à cet usage.

On disait autrefois esgargaté de crier, d'un homme qui avait une extinction de voix.

GARGOUILLE. « Gargouille, dit Nicod, est » ce petit canal de pierre ou d'autre chose » issant en forme de couleuure ou d'autre » beste, hors d'oeuvre, au dessous des » couuertures des églises, et tels autres » bastimens pour jetter au loing l'eaùe ̃ pluviale qui en descend. Le nom est


7

*> par Onomatopée du gargouillis, et » bruit que l'eaüe fait courant par telles » gargouilles ».

Marot a pris ce mot pour grosses bouteilles desquelles le vin s'écoule avec abondance, à la manière de l'eau qui tombe des gargouilles "et avec un bruit pareil-: SemblableiBcnt le gentil Dieu ftacchus

M'y amena, accompagne d'andonilles

De gros jambons, de verres, de gargouilles. GAZOUILLEMENT GAZOUILLER. Ces mots sont tirés du chant des oiseaux, dont ils expriment assez bien l'harmonieux babillage, qui est le susurras le garritus^le lene murtnur des Latins. Mais employés jusqu'à satiété par nos Poètes pastoraux, et cousus depuis deux siècles, aux plus misérables bouts-rimes de la Langue, ils ont perdu toute leur grace et toute leur fraîcheur et sont tombés dans la classe des lieux communs les plus fastidieux. Il y a certaines de ces expressions et de ces tournures qui inventées d'abord par une riche imagination et prostituées depuis à tous les usages sont devenues aussi fadps et aussi importantes qu'elles étaient


autrefois vives et ingénieuses (i). Avançousune idée vraie qui n'a que l'apparence d'un paradoxe. Un méchant écrivain porte plus de dommage à la Langue dans laquelle il écrit que le plus beau génie ne lui fait d'honneur. C'est la harpie qui souille tout ce qu'elle touche, et dans ses mains tout se fane et se décolore.

GEAI. En grec haralaxa, en Latin ancien (i)Tjne figure nouvelle est pleine *1<î charme, parce qu'elle donne à l'idée un point de vue nouveau. Une figure rebattue, devenue lieu commun, n'est. plus que le froid équivalent dn sens propre. On doit donc éviter de prodiguer les figures dans une Langue usée. Elles ne présentent plus qu'un faste insipide' de paroles et de tours. Le style purement descriptif sera dès-htrs préféruhle au style figuré, parce que le sens figuré avait fait oublier quelque temps le sens propre, et que celuici parait nouveau. L'aurore aux doigts de roses, qui ouvre les barrières du matin, et dont les pleurs roulent en perles humides sur toutes les fleurs offre sans doute une image heureuse et brillante mais on produira beaucoup plus d'effet aujourd'hui en peignant le soleil à son lever, rougissant d'une lueur encore incertaine le sommet des hautes montagnes, les vapeurs de la plaine qui se dissipent les contours de l'horizon qui se dp«>Sirfent sur le ciel éclairci, et les fleurs qui se penchent sous le poids de la rosée.


garrulus, et de là garrire en latin barbare gaius, en espagnol gayo, cayo, en catalan gaitg, gralla, en italien ghiandaja,. en allemand jack, en polonais soika, en suédois not-skrika en anglais jay, ia, ia, en, français dans differens lieux et dans différens temps jay, ga-y, jwyon, gayon, jaques, jaquot, jacuta girard, richard, gautereau.

« Leur cri ordinaire est très-désagréable, » dit M. de Buffon, et ils le font enlen>̃ dre souvent. Ils ont aussi de la'dispo» sition à contrefaire celui de plusieurs » oiseaux qui ne chantent pas mieux, tels » que la cresserelle et Je chat-huant. S'ils » aperçoivent dans le bois un renard ou » quelqu'autre animal de rapine, ils jet» tent un certain cri très*perçant comme » pour s'appeler les uns les autres; et on » les voit en peu de temps rassemblés en » force, et se croyant en état d'eu impo» ser par le nombre, ou du moins par » le bruit. Cet instinct qu'ont, les geais » de se rappeler, de se réunir à la voix » de l'un d'eux, et leur violente antipa* » thiecontrela chouette, offrentplusd'un » moyen pour les attirer dans les pièges,


» et il ne se passe guères de pipée sans » qu'on en prenne plusieurs car étant ̃ plus pétulans que la pie il s'en faut » bien qu'ils soient aussi défians et aussi » rusés. Ils n'ont pas non plus le cri na» turel si varie, quoiqu'ils paraissent n'a» voir pas moins de flexibilité dans le « gosier, ni moins de disposition à imi*~» ter tous les sons, tous les bruits, tous les cris d'animaux qu'ils entendent ha» bituellement, et même la parole hu» maine. Le mot richard est celui dit-on, » qu'ils articulent le plus facilement s>. Ce mot se retrouve parmi les nombreuses Onomatopées dont le cri du geai fournit la racine et de la variété desquelles l'instinct imitatif de cet animal nous donne le motif.

GLAPIR,GLAPISSEMENT.Motsforrnésd'un bruit aigu perçant comme les aigres éclats de- la voix d'un animal qui n'est pas adulte, ou le fausset d'une voix discordante et d'un mauvais instrument. Eu grec klaggé, et de là clangor.

Glatir et Glatissement, ont signifié la même chose. En Picardie, glayse dit pour un grand bruit ou- pour un grand con^ .cours de voix.


'Glas ou Glais, c'est le tintement glapissant d'une cloche qu'on sonne pour un Ecclésiastique qui vient de mourir. •GLISSER. Du bruit d'un corps qui parcourt rapidement la surface d'un corps glissant. GLACE, est un mot formé du même son naturel, parce que la glace offre une surface unie, lisse et glissante. En breton clezr, la glace, et clezra, glacer, dont glisser peut bien être fait.

GLOUGLOTTER. On a inventé ce mot pour exprimer le chant du coq d'Inde, et cette innovation paraît d'autant plus ̃ naturelle que les Langues anciennes ne ̃ pouvaient fournir'de terme qui présentât la même idée. Je ne vois pas cependant qu'il ait été mis en usage par aucun Eérivain considéré. ̃ ̃ ̃̃̃̃ GLOUGLOU. Mot factice qui se tolère aisé• 'nient dans une chanson bachique, et qui imite à merveille '-le' bmit'd'une liqueur qui s'écoule par un canal étroit. Madame Deshoulières a dit en parlant -du vin :'̃• '̃' J '01 · ( f' C'est un secours contre plus d'un tourment, Il n'en est point qui cède: aisément Au doux glouglou tjue'faitTiaebouteille. -u


On se rappelle le couplet dë'SganareHie dans le Médecin malgré lui

r

1 Qu'ils sont doux,

Bouteille jolie r j Qu'ils sont doux

Vos petirs glouglous.

iffàis mon sort ferait bien (les jalon»,

Si vous étiez toujours reniplle 1

./> Al^ ijouteîUè majnië,

Pour^tioï.voiiS videî-vous ? •_

'H/. '̃' l

Bilbit amphora,^ dit Dumarsais c'est la petite bouteille qui fait glouglou.^ GLOUTON, GLOUTONNERIE. Un signe presque certain que tel mot est tiré d'un son naturel, e'est ,sa, reproduction dans un grand, nombre deLangues. Ainsi ,glouton qui s est dit glous en vieux français s^est dit glwthçn celtique glout et gloiet en. breton, gluto dans la basse latinité, ghiqttone' en, italien et. gluitonous,, en anglais. » 1;J.. Ces Onopoatopé^s sont formées d'après le bruit que font les alimens ,;ay)denlent engloutis par un homme affamé et de là Engloutir qui est d'une acception plus noble et plus étendue.


CORET. Cest un nom du cochon fait de son grognement. G/io~e/, se dit ~r~c/! en Langue flamande.

Le cochon s'est d'ailleurs appelé eh grec tAo:rtM, en georgien ~orrt, en latin ~or~e~M~, en italien verra. Sur ce dernier mot et sur notre mot rey~, on se rappellera que l'initiale s'est souvent confondue avec le v dans les Langues et que cette différence ne peut constater deux espèces ,d'étymologie. · En vieux français, la truie se uomtpait ~wr<c/-e. L'auteur du Monde primitif prétend que du cri du cochon animal natureUement bruyant, les Celtes avaient fait ~i~y<, qui se,prenait pour clamare. Je ne sais comment il a pu tomber dans cette erreur, à moins qu'il n'y ait été induit par une faute d'impression ou une mauvaise écriture, et qu'il n'ait cru lire ~«'~ dans le mot garmi ou .~t:/WM, dont c'est en effet le sens, et dont garrire paraît dériver. Les ~OMVM ou gawrics étaient dans la religion des Celtes des esprits foUets, des espèces de Z)M~M qui dansaient autour des monumens. Ce mot est formé degawr, géant, l" 4 l'


et du diminutif/c(<). Cela est fort étranger à ridée que nous attachons au mot gwc~.

Le terme celtique qui signifie cochon, est une Onomatopée prise de s.on grognement, oc'A, ou bien OMC'A, en observant que le c'la est aspiré, et se prononce d une manière gutturale. Et de là eoc'A, .<<<?/eH~, dont le mot français cochon est incontestablement tiré. j, GOULOT. Dug~oMg7oM de la bouteille c'està-dire, du bruit que fait [e vin en traversant son goulot, on a fait ce dernier mot qui est fort peu en usage.

Regnier a dit goulet dans sa plaisante description des meubles d'une courtisane Du bhnc, un peu de rouge, un chiffon de rabat, tjn batet, pour hmsteT en attant au sabat, (t) C'est l'opinion de M, de Roujoux. Dom Lepet~ letier écrit corie qui signiËe petit nain. Qn pourrait t penser q~e gawrie est fait de ~MW~* dans son sens ]e p)ns ordinaire, c/i-fe, ~~cr/e~T', et désigne très-bien alors les intelligences secondaires les génies et les fées, Gsiv/YC, petite puissance, ou bien il est tire de ~mr on gwr qui s'est dit pour, honune, et sigtMeiator!) avec ie dimmutifnn petit honune, un nain, cornue Ot~ Mprcsentait tes êtres surnaturels dont il s'agit.


Une vieille lanterne, un tabouret de palUe Qui s'étuit sur trois pieds sauvé de la bataille, Un barri) défonce,deux bouteilles sur eu

Qui disoyent sans goulet nous avons trop vescu. Labouteitte s'appelle enhébreu &ac&MC, qui est une autre Onomatopée du bruit qu'elle fait quand on la vide. C'est de là que la prétresse de la dive bouteille a pris son nom dans Rabelais.

GOUTTE. Ce mot est formé du son nature!, du bruit que produit un liquide qui tombe goutte à goutte. L'enu qui tombe ~M~/c à goutte

Perce ]e plus dur rocher.

GRAIÏ.LEMENT, GRAILLER. Graillement se dit du son d'un cor use, rompu enroué, dont on se sert pour rappeler tes chiens. C'est une nuance de 7Y!/eme7! ou ptutôt, c'est râlement dont on a mouillé t7, et qu'on a précédé dun son guttural et e/«x/Y~, pour exprimer l'aigreur de l'airain fêlé.

GRATTER. Du bruit des griffes ou des ongles contre les corps dont ils attaquent la superficie. ~7'a~KC/' en est le diminutif.


GRÊLE, GRÊLER. Un bruit sec, un peu aigre,un peu retentissant qui accompagne la chute de la gw/e, a déterminé son nom. Il faudrait pour en douter n'avoir jamais entendu la grêle frapper le verre en glissant, ou rouler sur l'ardoise qui résonne, en la faisant rebondir.

Eu latin, c'est ~7YHK!'o, ~7'<!H~M<* en italien, granizo en espagnol, grizill en celtique, où de la racine ~/7// se forment, en général les noms des choses bruyantes. CMstL, qui se dit dune petite ~ve/c, fort menue et fort dure est immédiatement tiré de ce dernier mot.

GRELOT. Petite boule creuse en métal où l'on enferme quelques corps durs et qui fait l'office de sonnette quand on lagite. C'~st le crofa?Mn: des Latins mais ce c'en est point une contraction comme en la dit. Grelot est un mot factice de 'la même construction et de la jneme raeine que le Dy~t du Ma~e !Ma~HM<e. GRELOTTER, qui est Faction de heTjrter les ` dents quand on éprouve un grand froid en a été trivialement formé parce que ce choc imite celui des petits corps que contient le grelot.


GRENOUILLE. Du râlement désagréable et prolonge de cet ovipare les Latins ont fait rana, 7'<t~M/a, et même rananculus, qui est employé par Ciceron. Ces mots sont devenus le type de la plupart de ses noms modernes, et entr'autres de celui que nous avons adopté, quoiqu'il en paraisse d'abordplus éteigne qu'aucun autre. Le ~N~a'coï des Grecs a eu moins de dérives.' Il ne faut pas omettre que dans quelques unes de nos provinces les mots /'a/!<°, raine et rainette se prennent populairejnent pour grenouille. Or, si l'on pouvait douter que rana fût formé par le procédé imitatif, j'ajouterais une remarque qui me paraît démonstrative c'est que dans ces mêmes provinces où rainette signiRe ~y'cnoa't~, ce mot a un homonyme aussi étranger que lui à notre Langue, et qui se dit de l'instrument qu'on appelle plus Mgutièrefhent cr~Me~e. Entre l'une et l'autre. die ces expressions, et les bruits dont elles sont tirées la conformité ,est si frappante que je ne crois pas qu'il y ait. une identité dëtymologie plus claire et plus ~authentique.


GRESILLEMENT, GRESILLER. On entend par ~N~e/KM~ le pétillement d'un reste de parLies grasses, qui se trouvent dans la peau, le vélin, le parchemin que l'on brûle, et le froncement, le racornissement un peu bruyans qui l'accompagnent. Ces mots me paraissent trop bas pour devoir être employés sans nécessité.

GRIFFE. De griffe, qui est pris de l'éraillement d'un corps plus ou moins. solide, et particulièrement d'une étoffe sous les ongles pointus et recourbés d'un animal, on a compose,

ÂGHtFpER, saisir quelque chose avec les g~a~ GiUFFER, déchirer d'un coup de griffe, GMFFADE, blessure que les oiseaux onglet ~&Mit avec'leurs serres, i GnjMoN oiseau .de proie fabuleux, GnjEFOBNm écrire mal, dessiner grossièrement, r

GttirFONKA&z, écriture Incorrecte et illisible, GmFMNNBMENT~ terme quin'estpoint français, mais qui est d'usage parmi les Arf tistes pour signiËer -une ~esquisse à la plume, ou même un genre de gravure mis en réputation par Rembrandt et Ro-


main Dchooge et dont les traits confus et bizarres, mais chauds et hardis, ont l'air d'être formés à coups de griffes, CRIFFE, outil de serrurier ou de tourneur qui a la forme d'une ~P) ou plutôt qui en a l'usage.

Cette Onomatopée est commune à beaucoup de Langues. On lit ce portrait de Cerbère au sixième chaut de l'Enfer du Dante

Crr&cro fiera, cra~c/c c diversa,

Con tre gole <*<ï~<e7z/c latra

6<~tva la ~if~c cA<* quivi c ~o/~wcr~a.

Gli occhi a vet·mirll, e la barba unta, e atra C& occ/~ <x Tcr~ j p ~&~ ~Mf~, ? ~frc

~7 Tc~rc ~7~0 6 ~n~/a~ &* yna/tc.

CritHn gli .y:~< j gli ~eK<y'<t, <~ M;j'K<Mr< GRIGNOTER. Ce mot se dit bassement de l'action de ronger lentement et avec quelque effort un aliment dur. De là, GlUGtfON, morceau de pain sec et très-cuit, qui crie sous la dent.

ïl est rare de voir employer grignoter à ptopos de mets doux et pulpeux, comme dans cet exemple qui est tiré de M. de .P-uny

Une source dans ton vergêr

J.n))it avec un doux murmure


EtstMtcaubienfaisantcetpurc

Te désialtère sans danger.

La faim te presse et te fatigue?

De ton figuier mange le fruit,

Etne~apasdwanttaBuit

Du voisin gT'f~o~r la figue.

Cet exemple pourrai t prouver aussi que le talent a le privilége de tout ennoblir mais je ne,crois pas que personne se hasarde à en renouveler l'essai sur cette expression, assez justement dëdaiguëe. GRUGER, qui se prend dans le même sens,. en est un augmentatif.

GRILLON. Du petit tintement argentin qui caractérise cet insecte et que les Entomologistes croient provenir de deux mem~ branes, tendues en forme de tymbaies qu'il frappe vivement et presque sans relâche.

Le grillon s'est nommé ~<7/o~ en grec, grillus en latin, en espagnol et en italien ~M'o, en allemand grille, et en anglais cy'<

Les Méthodistes français ont transporte ce dernier nom imitatif à une autre espèce de coléoptères qui a beaucoup de rapports avec la sauterelle, mais qui ne


se fait remarquer par aucun bruit naturel que cette Onomatopée puisse désigner. GRINCEMENT, GRINCER. Du frottement convulsif et bruyant des dents qui se fait entendre dans la douleur, la colère, )a rage et le désespoir.

Les Allemands ont greinen, et les Italiens <&g7Y~7M7/'<

Le trismos des Grecs, qui a tant d'analogie avec notre mot cr~e/MMt~, est une belle Onomatopée. Ils disaient aussi gr«~e/H, pour, pousser des cris de douleur, des cris accompagnes de brincemens. Dans la belle description du Jugement dernier, qui se lit dans une des tragédies de Schiller, tes réprouves sont peiutsgrin<7cn< leurs dents et les faisant bruire comme des dents de fer.

L'Evangile désigne en ces mots l'enfer et les tourmens des damnés. Ibi cr<&?~.f c<<w~ey:&M/ Ija seront les pleurs et tes ~7MCf/Me/M de dents.

GRIVE. M. de Buffon en peignant le plumage de cet oiseau, dit que ce mot gr~f'?/e qu'on emploie ordinairement pour donner une idée de la variété df ses Huanees est visiblement forme du mot


~we, qui l'est lui- même du cri de la plupart des oiseaux de ce genre.

Ménage aperçoit 1 Onomatopée dans le mot B'e et cependant il aime mieux la faire venir de sou dérivé grivelé. L'opinion de M. de Buffon n'en est pas moins incontestable.

GROGNEMENT, GROGNER, GROGNEUR. Ces expressions sont faites du cri du pour* ceau et ont des équivalons de même construction dans la plupart des idiomes connus.

En grec ~H~e, grullismos; et le porc, ~M//o~; en latin ,t,'7'!<KM<~f, grunnire. GBO&NARD, Gno&KOtr, ne se disent point, quoique usités familièrement par des Ecrivains recommandables. Jean Jacques Rousseau en racontant une espiegler ie qu il fit dans son enfance à une nommée madame Clôt, ajoute que ce souvenir le fait encore rire, parce que cette voisine t bonne femme au demeurant était bien la vieille la plus grognon qu'il eût connue de sa yic.

GROMMELER. Ce mot a rapport a l'action de gronder sourdement et entre les dents. Il est fait d'un certain grognement des chiens hargneux.


'Grumeler, s'est pris dans le même sensen vieux langage, comme dans ces vers de la farce de Gringore

Je me dis mère sainte église

Je veux bien qu'un chacun le note

Je mauldis, anatbématise

Mais sous l'habit pour ma devise

Porte t'habit de mère sote,

Bien scay qu'on dit que je radote,

Et que suis folle en ma vieillesse

Mais ~'Mme~ TucU à ma porte

Mon fils le prince en telle sorte

Qu'il diminue sa foiblesse.

GRONDEMENT, GRONDER, GRONDERIE, GRONDEUR. La racine de ces mots est prise dans un murmure plus noble que celle des précédens et on tes admet dans un style plus élevé.

Le substantif gronderie ayant été créé pour un usage figuré j'ai cru pouvoir hasarder grondement qui me paraît indispensable pour représenter le bruit de la fondre, et celui d'une mer lointaine. GROIN. Du cri ordinaire du porc. Voltaire regrette qu'on ait perdu le vieux verbe gTOK<y!e/ qui exprimait le même bruit.


GRUAU. Du bruit d'un grain que le moulin rompt et concasse.

GRUE. Cet oiseau dont le nom est formé d'après son cri, est le a7!e/'<M<M des Grecs et le g7:M des Latins. Les Italiens l'appellent ~rM et jg?'M< les Espagnols grulla et gruz, les Allemands krane et kranich, les Anglais crane, les Anglo-Saxons e/'cne ou e/'oene, les Suisses krie les Suédois trana, les Danois trane, les Illyriens ger~Œ&; en Gallois, c'est garan, et en Celtique, gru. Bochartpense que c'est l'agur de Jérémie; et la ressemblance de ce nom avec presque tous les noms de la grue, semble confirmer cette idée quoiqu'il soit exprimé autrement dans la Vulgate. L'excellent traducteur Legros a partagé l'opinion de Bochart. <La cieogne dt'tt< il, connaît dans le ciel quand son temps » est venu. La tourterelle, l'hirondelle et -a la grue savent discerner la, saison de N leur passage, mais mon peuple n'a point H connu le temps du jugement du SeiM gneur ».

Une observation pleine d'intérêt, et qui prouve que les articulations de la voix de la grue OMttoujours passé pour avoir quel-


ques rapports avec celle de la voix humaine, c'est que lesCommentateurs pensent que si certains Poètes ont appelé cet oiseau l'oiseau de Palamède, cela vient de ce qu'outre l'ordre de bataille et le mot du guet, Palamède en avait appris quatre lettres grecques.

GRULLER. M. Court de Gëbelin prend cette mauvaise expression dans deux sens sous lesquels il la trouve également imitative. Dans le premier, elle signifie trem~y' de ~o/< dans le second e~a~~y un arbre pour en faire tomber les fruits. Il est vrai que le peuple l'emploie ainsi mais elle n'était pas digne d'être ~/y'<MCMee. Sous le premier de ces rapports elle n'est que l'augmentatif ou la contraction du verbe grelotter; sous le second, elle n'est que le verbe crouler, corrompu.

Crolement ou Cre'7M' se dit aussi trèstbassement d'un tremblement spasmodique de la tête, qui a lieu chez les vieillards et chez ceux qui sont sujets aux affections nerveuses. Ce terme me semble fait du même verbe gruller sous sa seconde acception parce que ce tremblement ressemble à celui d'un arbte agité dont la tige vibre long-temps. 8.


GUÊPE. Du latin ~e.y~, écrit, selon ses premières racines avec la voyelle ou initiale, remplacée successivement, comme cela se remarque dans les Langues, par la dento-labiale v, et la gutturale g, si sujettes à se confondre. Le son typique était lOnomatopëe du vol bruyant de la ~M~e.

GUIORER. Terme inusité qui est fait du cri naturel de la souris.

Davies rapporte gwichio, strepere. Selon quelques Savans, ~t~c&e s'est dit en Langue celtique pour, se plaindre à la manière des petits oiseaux. G~t~oM/M c'est faire un petit bruit comme une porte qui roule sur des gonds rouillés. Ces bruits ont rapport à celui que ce mot représente, et sont exprimés d'une manière assez semblable.

H

HACHE. On a cherché fort loin l'étymologie de ce mot. Elle est dans le son naturel, dans l'aspiration forte et profonde dans l'ahan pénible qui marque les efforts d'un bûcheron.

L'initiale /t, si nulle dans la plupart


des mots, est singulièrement caractéristique lorsqu'elle est aspirée, et les Onomatopées qui expriment les divers accidens de la respiration de l'homme lui sont, presque toutes, redevables de leur énergie.

HAEIALIS. De hahé, cri de chasse dont on se sert pour arrêter les chiens qui prennent le change ou qui s'emportent trop, > ou bien de l'éclat tumultueux de la voix, des. chasseurs et des retentissemens de rëcho,,on a composé cette expression, d'ailleurs peu connue ej, restreinte dans son usage à l'acception pour laquelle elle a été inventée.. )

HALETER. Je ne m'attacherai point à démontrer que le mot haleine et certains autres qui en dépendent, sont faits par Onomatopée de l'émission de l'air dans l'acte de la respiration. Cela me paraît bien établi, et je n'aurais point rejeté ces expressions, s'il n'avait pas été de mon projet de réunir seulement celles qui conservent un caractère d'imitation évident, sans m'occuper de celles qui l'ont perdu, et dans lesquelles le son radical se cache parmi des sons étrangers.


Le mot qui fait le sujet de cet article est sensiblemnt formé du bruit d'une respiration pressée, entre-eoupëe et violente. L'<M/:e&t/'e, et mieux encore le diminutif a/tAeA'e des Latins, ont le même type. JIAPPER. Saisir quelque chose avidement, et avec une forte aspiration qui marque l'impatience ou le desir.

t Il y de certaines terres et de certains métaux qui 7:appe?!< la langue des qu'on l'applique sur leur surface, et, par exerriple, l'argille et toutes les agrégations alumineuse&. Cet effet est produit par une absorption rapide de la salive qui' met en contact plus parfait la peau de la langue 'et la terre qu'elle essaye. Ce mot semble spécialement fait pour représenter la sensation tenace et subite dont je parle, quoique la rapidité monosyllabique de sa racine le rende d'ailleurs très pittoresquetians grand nombre d'occasions.

HARPE. Je conjecture que ce mot est fait par Onomatopée du son des cordes de la /~<Hye, rassemblées en grand nombre sotM les doigts et ébranlées simultanément. Quoi qu'il en soit, le nom de la /:a~~a très-peu varié dans les Langues modcr-


nes.LesAngIo-Saxons l'ont appelée Aea/ya,. les Allemands /t~p et /M/ les Anglais arp, et les Italiens a/y<

HARptR, est un vieux terme encore employé par Molière et par Sarrazin, pour, prendre, saisir, dérober. Il semble que le peuple,dont toutes les expressions présentent d'ordinaire des images vives et singulières, s'est emparé de cette racine pour l'appliquer aux actions qui exigent un grand développement de la main, comme dans les exemples auxquels je renvoie. L'a/pa~c des Grecs dont le rapax des Latins est le parfait équivalent, à une petite transposition près, et tous les mots qui en dérivent, n'ont pas dû être autrement construits, quelque soit l'instrument ou l'objet qui en a fourni le son radical. On disait harpaille en vieux langage, d'une troupe de brigands et de maraudeurs, comme dans ces vers tirés des. ~<7~ de Charles VII.

Utee<[ues et à saincte Ermine

Appartenant à feu Tremouille

Avoit grande /iay~a:7& et vermine

Ne n'y demeuroit coq ne poule.


On a vu à ce sujet, dans la préface de cet ouvrage, ce qne j'ai dit de la lettre A, considérée comme signe figuré d'une rapacité avidf; et impatiente (t). Ces appli(l) I! y' en a beaucoup d'exemples dans le latin. j~o~~ pillage, dilapidation.

~f~s un croc. ·

~ZJ?M~~ harponner. t ~ï7?M~ un tarnccon. ~~TyM! un vautour et puis, la harpe, riastrument de musique dont les cordes sont saisies avec toute la' main. x

~j~?a~, un hérisson un grappin un avare. R~~c~r~ j prendre de force.

~?<MfMM~y un ballon qu'on cherchai~à S'arracher en jouant, et dont il est question dans Martial., Harpax, l'ambre qui attire la paille.

~7~ej uu oiseau de proie.

jH<cpM, la harpie aux mains crochues."

~sM/trc, avaler, engloutir.

~a~ff~js instrument à puiser de l'eau.

Helluo un glouton.

Helluari, absorber, avaler, dévorer.

Helveus, qui a la bouche ouverte et prête à saisir sa proie.

.N<?M la fortune qu'il faut saisir au passage. Heres le hérisson, l'animal Mrisse de pointes qui saisissent et déchirent. 1


cations particulières sont à, l'appui de mon opinion.

~fj ouvrir la bouche.

Hiera, l'épilepsie, mal qui envahit, qui saisit, qui absorbe.

~o~~ les cancres les écrevisses aux pattes arméet de crochets.

R;m~o la sangsue. ~VoM missura e«tem Kt'H~&no Cr~07M.

~M~cMj j avide, intéresse.

~~war~~ enterrer, cacher sous la terre.

~KmM.fj la terre dévorante, qui consume tous les corps privés de vie.

~y~a"f~ la g'n, matière qui happe, qui attache, etc. H serait sans doute ridicule d'avancer que la construc" tion de ces mots compUques n'a eu d'autre base que l'initiale. Rien n'est plus facile que de remonter à leurs racines naturelles., desquelles disparaitraft cette lettre, qu'on peut regarder comme très-moderne relativement aux temps et au langage primitifs. Mais il serait plus absurde de dire qu'elle a été attachée à ces expressions sans motif, et je pose en principe que le motif qui en a déterminé l'emploi, c'est son caractère, son esprit, l'Idée d'avidité qu'elle réveille toutes les fc~s qu'on l'aspire. Les caprices de la prononciation et de l'écriture ont pu la transporter dans d'antres mots auxquels elle n'a point donné ce sens mais ces mots seront en trèspetite quantité, les exceptions me prouvent pas plus ici qH'aiUears.


/!<?M/ Rapt, sont faits de harper par mëtathèse.

HENNIR, HENNISSEMENT. Mots formés du cri des chevaux et qu'on ne peut prononcer sans se rappeler ces beaux'vers de M.DetiDe:

Pins loin, fier de sa race, et sur de sa béante, S'il entend ou le cor, ou le cri des cavales, De son sérail nombreux Ac/tnMyc/itM rivales, p Du rempart épineux qui borde le vallon

Indocile, inquiet, le fougueux éta]on

S'échappe; et libre enfin, bondissant et superbe, Tantôt d'un pied léger à peine effleure rherbe Tantôt demande aux vents les objets de ses feux Tantôt vers la fraicheur d'un bain voMptueux Fier, relevant ses crins que le zéphir déploie Vole, et frémit d'orgueil de jeunesse et de joie. .1/

Les Latins avaient cette Onomatopée. On lit dans Virgile au troisième livre des Géorgiques ?a/<f y~e jubam c~<'K'< ~yM<t'< ~HM<~ · Conjugis ~~f'M ~?'7ZMJ <$afMf'nM~~ et n/f~T~ ~~&07Z hinnitu fugiens implevit acuto.

Tel, Saturne surpris dans un tendre tarcin: En superbe coursier se transforma soudain, Et secouant dans l'aif sa crinière bottante,. De ses ~efM<MemMf effraya son amante.


C'est le c'At~a des Bretons. Davies écrit cA«{yy7!H. Il traduit le mot ~Aif~c qui y a rapport, par str-idulus, ou M~M~ ~<<7en~.

L'ingëcieux auteur du roman de GH~/<fef as tiré du même son radical le nom factice de ~OKy~/ï/M~, pour designer un peuple de chevaux.

HEURT, HEURTER. Du choc rude et brusque de deux corps durs.

HISSER. Hausser une vergue, la faire monter,au haut du mat, au commandemént de /t:.M~ ~M! !< [.. w

Ces mots sont pris du bruit de la vergue quand.on ta relevé, et du frémissement de la'voile quand on la froisse.. L HOQUET. Du bruit.d'unë M~chb7! subite, ,epuFte.iet. convulsive.)f ) `

Les Latins ont dit ~i~M&M, les Anglais At'G~'et et.A:ecoM~A, les:. Flamands hick, les Celtes hak, et hic ou rapportés par,JLepe!letier et Da~ies. Un Etymôlogiste cherche l'origine de .ce} mot dans Ihébreu enka, qui veut dire sanglot. Il est probable que ces différen.tes,.expresslons sont de la même racine. HORREUR. Horror. Ge mot est une Onoma-


topée qui représente l'impression queproduisent sur nous les objets épouvantable. Delà,

HoRMBLE, ce qui fait horreur, ABHORRER avoir en Ao/eMr.

HUÉE, HUER. Huée se dit d'une clameur de désapprobation qui s'élève dans les assemblées nombreuses, et dont ce mot est forme très-imitalivement. On employait autrefois ÂM, Me, et huyer dans le même sens. HULOTTE. En latin et en italien M~a, en allemand huhu, en anglais Aott~e~. · Ces noms de la hulotte lui viennent de son cri sinistre; Le bubo des Latins, dont nous avons fait peuimitativementle mot hibou, procède de la même analogie. ItcruLER est un verbe que des Ecrivains en petit nombre ont cru pouvoir tirer du gémissement delà hulotte, pour une foule d'acceptions auxquelles le verbe hurldr paraît moins propre. Cette Onomatopée singulièrement précieuse n'a pas! été dëdaignée dans la Langue latine'; ët~nri*chirait la nôtre. HUMER. Avaler quelque chose avec une aspiration forte et tout d'une baleine.~


Le vieux mot super, qui a la même valeur, ne se dit plus qu'en quelques provinces. On peut conjecturer que le mot soupe était fait de la même racine, et cela d'autantplusprobablement, que, suivant Ménage, ~M~ey signifie A~Mcy <~M bouillon. HUPPE, ou PUPU. Les deux noms de cet oiseau sont l'effet d'une controverse assez oiseuse parmi les Etymologistes. On se demande si le premier lui a été donné en raison de la huppe élégante dont sa tête est ornée, ou s'il est une simple traduction un peu contractée de Ft~M~a des Latins, qui était dérivé du cri ordinaire de l'animal. On est aussi embarrassé sur le second, que les uns regardent comme l'expression de ce cri, et les autres comme une dénomination odieuse par laquelle nos aïeux désignaient la huppe, à cause de la saleté qu'on lui reproche. Quant à moi je suis porte croire que Belon s'est trompé en faisant venir le nom de la huppe de cette touffe de plumes qui la caractérise et je partage l'opinion de Ménage qui regarde au contraire le mot huppe dans cette dernière sigaiËcation comme dérivé du nom de l'oiseau qni l'est luimême de son cri.


Aristophane s'est amusé à imiter !a voix de la huppe dans ces mots factices epopoé, ~O~O~O, ~epOC, /0, M, !'?, !<0) t/O, t<0.

Cette Onomotapée se retrouve chez tous les peuples c'est l'epops des Grecs, le bubbola des Italiens, le papa des Portugais, le Afy~je des Flamands, le Aoop et le Aoepo/'des Anglais le des Suédois, etc. Nous avons ditjp~fy~M et pipu.

HURLEMENT, HURLER. Heureuses Onomatopées du cri des loups et des chiens effrayés.

Teï thti loup furieux, de butin affa~ne

Qu'on chasse, encore jeun, d'un bercail alarmé, Hurle tes longs regrets de sa rage impuissante, Se retourne en grondant, et mord la proie absente. Cette nuance a échappé à la Langue latine puisque les mots M~a~ et M/Mlare sont plus propres à exprimer des bruits coulans et modulés que le roulement rauque et effroyable que ceux-ci représentent. C'est pourquoi le verhe ~Mluler serait une innovation avantageuse à notre Langue. Les Italiens qui usent d'M/~


lare et dWM/afC, suivant les occasions ont bien senti le prix de cette modification, toute légère qu'elle paraisse. ~oyM le Dante, parlant de la pluie de feu qui dévore les damnes dans le troisième cercle Urlar gli fa la y'M~t'a, rome ca/K

~c~'MM de' lati y~/Mo o~'H/~o ~cAcrmo.

~b~aM~' spesso i m;~t ~'r'«/

Et concluons de là que nous avons traduit l'Mr&tre des Italiens et non pas l'ululare des Latins, qui est cependant susceptible dun aussi grand nombre d'applications, et qui est aumoins aussi noble et aussi harmonieux.

Rabelais a dit ullement dans ce passage de Pantagruel f Le grand effroi et va» carme principal provient du deuil et ullement des diables, qui là guettans » péle inelle les paovres ames des blessez, j* reçoipvent coups d'epëes à l'improviste, N et pastissent solution en la continuité de leurs substance perëe et invisible, » puis crient et M//en~ comme diables J

JAPPEMENT, JAPPER. Ces mots se disent


pour aboiement et aboyer, en partant des petits chiens et des renards.

Les Celtes ont dit cA~oa, japper, e~Tpaden, jappement.

K

KAKATOÈS. Le nom de cette belle espèce de perroquet est formé de son cri. Klein et Seha en ont fait kakalocha, Edwards et Albin cokcaloo, Brisson, ca~CHa, et onl'appelle en certains endroits, cacatou. >

L

LAPPER. Saisir avec la langue, boire à la manière des renards et des chiens. On croirait que c'est le mot happer privé de la forte aspiration qui le caractérise, et augmenté d'une lettre linguale qui en détermine la nouvelle acception.

Compère te renard se mit: un jour en frais,

Et retint à diner commère la cigogne

Le repas fut petit, et sans beaucoup d~apprcts. Le galant pou" toute besogne

Avait un brouet clair ( il vivait chichement). Ce brouet fut par lui servi sm' nne assiette La cigogne au long bec n'en put attraper miette, tt le dtSte eut ~pe le tout en un moment.


Cette expression n'est pas tout-à-fait particulière à notre Langue; le mot lap se retrouve dans la Langue celtique, et on pourrait en faire descèndre assez naturellement tes mots ~M et lapin. LÉCHER. liti bruit de langue trainëe sur la supern6ie d'un corps qu'elle suce ou qu'fUe nettoie.

C'est le ~H'eAéM des Grecs le ~re des Latins, le ~e~y: des AMemands, le /ff'co' des Italiens.

Ajouterai-je, a propos de ce dernier ternie ~ùe les Italiens en ont fai~ il ~eccAMft, lé gourmand, léchéur de plats; et d' /eceA/MO, a~ Jëcc~7:o, qui est devenu r<t/?6~ de nos tnëâfrës plaisante mëpr!s& d'un érudit qui, sur la foi d'un jeu de mots d'arlequin, fait dériver son nom'de HUùstrè fami!të de Rarlay LORIOT. De vieux Lexicographes prétendent que cet oiseau est ainsi nomme parce qu'il semble articuler ce mot dans son chant. Ce qu'il y a de certain, c'est que les Grecs, et, d'après eux, les Latins, l'ont appelé cA/o/vo/t, dont le nom français loriot dérive daubant plus incontestaMpment, qu'on a dit autrefois


lorion. Or, le mot chlorion a dû être tiré de <o/<M, M/JM, herbidus, luteus, ~&vus; et comme ces termes désignent une des deux couleurs du loriot, on pourrait penser avec Schrevelius que le nom de cet animal est fait ex co/o/e. C'est donc une Onomatopée un peu douteuse.

LOUP. En grec /Mj6o~, en latin lupus, en italien lupo, en espagnol /o&o, en allemand et en anglais tfo~, en suédois M~ ï~ paraît évident que ces noms ont été construits imitativement d'après le hurtement du ZoM~. Le nom latin du renard, et quelques-uns de ses noms modernes, ont le même type.

Il parait qu'on a écrit autrefois A~M, comme en ces vers de Saint-Amand parlant des anciennes épées sur lesquelles était gravé un loup, et qui étaient recherchées pour leur bonté

Sa vieille rapière au vieux lou

Tctrear de maint et maint Atom.

Je suis cependant porté à croire que c'est une simple licence que Saint-Amand a pratiquée pour l'exactitude de la rime; car je ne trouve aucun exemple de cette


espèce d'ortographe qui se rapproche beaucoup plus de la construction na turette et qui offrirait sous ce rapport une tradition assez précieuse.

M

MIAULEMENT, MIAULER. Du cri ordi.naire des chats, de ces éclats désagréables de leur voix, dont Boileau se plaint dans sa satire des Embarras de .Pc/M v Qui frappe l'air, bon Dieu de tes lugubres cris ? Est-ce done pour veiller qu'on se couche i paris T Et quel fâcheux démon durant ie& nuitt entteM~ Rassemble ici les chats de toutes les goutttères ? J'ai beau sauter du lit, plein de trouble et d'effroi J pense qu'avec eux tout l'enfer est chez moi. L'un y/HaM~e en grondant comme nn tigre en furie y L'autre roule sa voix comme un enfant qui crie. Quoique Nicod ait écrit n!!a!M/e~ il sem< ble qu'on disait autrefois MM!0«~ et certains Grammairiens regrettent cette manière de prononcer qui leur paraît plus imitative. Elle l'est peut-être trop, et j'ai déjà dit que cette recherche excessive d'imitation était fort ridicule.quand elle choquait 1 harmonie et qu'elle ne se fon-


daitque surun cliquetis de sonsbizarres et forcés.

MOUE. Il est impossible de prononcer ce mot, sans que la bouche figure ce qu'il signifie, c est à-dire, cette espèce de grimace qui est familière aux gens tristes et colères. Le 7MO?/'en~, le M<x~M~ des Latins, le mesto des Italiens, et sur-tout le mustio des Espagnols, doivent appartenir à cette espèce d'Onomatopée. Il résulte d'ailleurs de l'émission du souffle par les narines, quand les lèvres sont closes, comme cela se remarque dans les gens qui font la moue, un petit bruit que les Grecs ont appelé imitativementw:Mg7K<M, et les Latins massatio.

MuFFu, qui est le nom de la bouche de certains animaux à lèvres alongées, .et proéminentes,

BouMR, faire la ?KOMe parmëcontentement, BounER:E habitude de mauvaise humeur, Bo~DEun, homme fâcheux, esprit contrariant et chagrin, sont de la même famille et du même effet d'imitation, les initiales de ces trois derniers mots se prononçant sur la même touche.

La Langue Celtique employait Mto«a,


pour, se fâcher, et bouda, pour, c~Mchoter, bourdonner. entre les dents.. Je n'ai pas besoin d'insister sur ces analogies. MUGIR, MUGISSEMENT. Bettes O&oma.tapées tirées des cris sourds et protonges d~ quelques ammaux ou du brttit des values émues par la tetnpéte, ou enfin da cours tumultueux d'un grand Qeuve comme dans ce magni&que tableau de M. DeliHe:

.1

Smi~k ciel fetMant de cette «rdeMe zone,

M<MttEez-noua rOrenoque et ï'innucnae Amazone, Qui, fiers cnfsms des monts, nobles rivaux des mers, Et batgn~nt la nto&!c de ce vaste uttivers

Epuisent pour former )<? tréMrï d~'l~of onde Les plus vastes sommets qui dominent le monde, Baignent d*oispaux bliNaifs un innombrable essaim, De masses de verdure e~rich!ssent leur sein, Tantôt se (tcptoyant avec magninccncc, Voyagent lentement et marchent fn silence, Tantôt avec fracas prectpitant trur! <!ots,

De leurs mMg.tMcmefM fatiguent les échos,

Et semMent if leur poids, à leur bruyant tonnerre Phito~ tomber des cienx que rouler sllr ta terre. MU&MCR'B~MUR'MUH'ER. Cette Onomatopée ae varie point d~ns le gr~c, dans le ttHan, d~as-l'italiem, dans t'espagnol, etc.


Ce sont de ces mots que la nature semble avoir enseignes à tous les peuples. .\) Leur son peint parfaitement à l'oreille le bruit confus et doux d'un ruisseau qui foule à petits flots sur les cailloux, ou du feuillage qu'un vent léger balance, et qui cède en frem&sant. Le mouvement vague et presqu'imperceptible des eaux et des bois, élève dans la solitude une rumeur qui interrompt à peine le silence, tant elle est délicate et flatteuse, et c'est de là que les Langues ont tiré ces expressions si harmonieuses et si vraies; que, tous les jours répétées, elles paraissent toujours nouvelles. r

Tout est. change, tout me rassure,

Je n'entends plus qu'un bruit

Semblable au doux mB~mtfre

D'une onde claire, pure,

Qui tombe, coule et fuit,

Dans ces vers cbarmans de Bonneville toutes les syllabes,coulent et MM/KM~eK~. J'ose croire que nous n'avons point à envier dans cette circonstance la prononciation des Latins, si elle était telle queDumarsais et beaucoup d'autres Gram-


:ma!r!ens le présument. En effet, le mot murmure, prononcé à la française, est compose de sons plus liquides, et en quelque sorte plus fugitifs que n'étaient ceux de leur mourmour et du MoywM/to des Italiens; et l'harmonie un peu emphatique e de ces derniers mots, leur fait perdre, selon moi, beaucoup de leur grace et de leur fluidité.

MUSC. Je ne hasarde ce mot au nombre des Onomatopées que sur la foi de M. Court de Gébelin qui le croit formé du bruit que fait le nez en flairant, en aspirant les parfums. Il s'appuie de deux analogies différentes, l'une tirée du Celtique ou d'une Langue analogue dans laquelle il prétend que mussa signifie y7<H.r~, et MM~e, odeur; l'autre tirée de l'Ethiopien où ce dernier mot se dit mez; mais cette opinion peut paraître un peu hasardée. Il est du moins certain que les Grecs qui ont appelé le musc, moschos, ont dit t MMJBO dans le même sens que les Latins MKMO, clausis labris ~OTtHM è K<M~ ~M<Mc ils ont appelé yMMro/t certaines cdëurs et l'odeur en général, ~tM/'o<< MM~o~ c'est la aarine. Le nom du rat,


qui est te ~M~ des Grecs et des Latins et à qui fodeur du H!M.fc est assez çonimunëment propre pourrait procéder aussi de la même analogie.

Les mot$ o,<~e<M' et ~~CT' ~e rendent, d'ailleurs, en Ce]jt;qae pardes expreMipps qui présentent rQ~op~atopëe ~re~-ju~te du bruit que fait {'aspiration desparfums e'~OMf~ et c /:o!<&t~< ('

.Q.

OIE. « Le cri naturel de l'oie, dit M. de » Buffon est une ~oix très bruyante. » C'e~tunson detro~pette qudec!airon, x cZay~or, qu'elle fait entendre très-freK quemment et de très-loin; mais el!e a B de plus d'autres accent bre& qu e!ie réB pète souvent et lorsqu'on l'attaque ou K l'effraie le cou tendu, le bec béant, N elle rend ttn sifflement que l'on peut comparer à celui de la eouteuyre. Lé~ "N Lapins ont cherche à exprimer ce son x par des mots imi tatjf~, ~~t<, ~<!&&tf, M ~<<~C<. '< » Soit crainte soit viguance, i Me ré» pète à tout moment ses grands, cris


o d'avertissement o.u de rëe.la~e;souYfnt t ~o.~p la troupe répond par une acclaJt tpation générale, et de tous les habitans n de la basse-cour, aucu~ n'est aussi voc~fëra~t, n~ plus bruyant t.

C'est ce cri naturel de l'oie qui est devenu son nom dans notre Langue et dans quetques autres. Je crois ydu moins, qu'on peut regarder çontme des Onomatopées ~e c~e/t de% Gr~cs dont H~semMent avoir fai): c~qMSi~ hio, <~eA~ç~, parce que le ~onûe~ent r~u~e d'un hoinme qui dort ~tt<;h;e o~~pte est aase% pareil au bruit qu~f~ l'o~e ~tt~e~iB de certains ~ea~ M~t de~ Arabes, te ~<f~t d<~ Ce~, te.~o<~ des St~d~s., le g~MM de§ Etanoi~, et l'<<<~ dea.N~gres de Ja t!Rte d'Or; t~~is rieo n'est d'un eNet d imit~t~n plus ~rai q.u~))~ de ces noms qui ~St pMtM~'1'M ~e~c~~s, et par le- <;u~ th.çn~ ~Quiu~e~p~~er te cri bref et ~ëqu,eBt~d<Mi~~[, de; Bufton parle à propos d~~et.~n~t,I]s,l'o~ta,ppe!e tla~e~~ et,cett~deno~inatAon factice a été t:o~)aer~ée; p~r. ~er~andez. L'n,4!es'apQeUe,up:y~ <!t.cB mot pro~H!t; UB& expFessioB. for,t us~ëe. Pe


y<!7~ et du Celtique comps, langage, en construction gomps ou gon, l'on a fait jargon, ya7'gof:ytey, parler comme des oies. On disait oüe en vieux français, comme Je prouvent ces vers de la farce de Patelin Voua l'en avez pris par la moue

U doit ~tnir manger de t'OMe.

Il me semble donc que M. Decaseneuve a'mal rencontré quand il a fait de ce mot un augmentatif d'OMMM, et qu'il est d'ailteurs difnnite de remonter à son étymoJogie autrement que par l'Onomatopée. OISEAU. La construction de ce mot est extrêmement imitative; il est composé des cinq voyeUes liées par une lettre doucement sifflante, et il résutte de cette combinaison une espèce de gazouillement trèspropre à donner 'une idée de celui des oiseaux. Il est à remarquer comme une singularité très-rare dans nott'e~Langué que ce mot ~a~OM<7/erest forme, comme le mot oM<?a~, des mêmes sons vocaux, J liés par la même consonne: Yt n'en est distingué que 'par îbn i.atohatlon qui est prise dans une tettre gutturale, par conséquent très-bien appropriée à l'i&ee qu'il exprime.


OUATE. C'est la première soie que l'on recueille sur le cocon du ver à soie, ou un duvet léger que fournit une espèce d'a/MM. On s'en sert pour' doubler des vêtement d hiver et le bruit moëlleux que produisent ces vêtemens quand on les froisse, a pu donner l'idée de cette dénomination, qui serait assez imitative mais c'est une etymologie douteuse que je n'alléguerais point, si les Lexicographes en reconnaissaient une autre, pour peu vraisemblable qu'elle fut.

P. I! 1 PÂMER, PÂMQÏSON. Du ~<M<na des Grecs, qui lui-même est construit imitativement d'après le bruit propre à la figuration particulière de la bouche d'une personne < qui se ~c/Me.

PEPIER. C'est du cri naturel des moineaux, ou plutôt de tous les jeunes oiseaux, que ce cri a été formé. On a dit autrefois pipier, qui n'est plus d'usage.. Piauler, ~M~r, sont dans le même cas, quoiqu'également imitatifs.

PmM.EK PtAn.muB, PtAJH.EBR dérivent


du même son naturel on les a faits pour exprimer une criaillerie fatigante et perpétuelle, comble les cris des petits oifléaux. Les Latins employaient ~yM~M/M pour injure ,.huee et rumeur publique, par la même analogie.

PBpjE, est 1& nom d'une maladie dont une grande altération est la cause ou le symptôme. Ne semble-t-il p&s que ce mot soit crée du bruit que font de petits oiseaux tourmentés par la soif? Le c~e~t des Gfecs, dont les Latins ont fait piper, ne remonterait-il pas encore à la même racine par une extension peu forcée parce que c'est une substance qui altère et qui donne la pépie ? Les Grecs. appelaient ~y~<M un petit oiseau et ce qui vient singulièrement à l'appui de més conjectures pipizo se prenait indifféremment chez eux pour pipio, ~Mgo cura ~OKt~a~ ou ~)0/MM~r~eo. /'M metM signifiait &~o, et de là le~Mo< de Rabelais et d&NOtt anciens Auteurs. Pino-, <n)i avait le même sens, est devenu le nom 6'ançaM d'un raisin. T~M~empottaitd'~iHeurs en vieux langage l'idée de gémissement et de plaintes, eomme dane ces vers deViHon


Je sens mon cœaf qui t~HolHtt,

Et puis je ne peux ~p~<r.

Les Espagnols ont piar, et les Italiens pipire, comme les Latins. Ces derniers appelaient tes pigeonneaux pipiones, et nous en avions fait autrefois pipions. PtPÉ)!, dit Nicod t est un mot fait et imité de la voix des oiselets, comme aussi pippe, pipper, et pippeur, et signifie M le stMer que l'oiseleur fait avec une a ftieittc de fou, ou d'autre arbre, oHde M roseau, ou avec une pippe de bois; M .contrefaisant la voix d'k'eux oiselets. Selon ce on dit, prendre des oiseaux f à la ~~tff, qui est quand un homme. f cache dedans un buisson et bien en» touré de rameaux couverts de &tuons » ayant un chathnant ou hibou branché M et attaché près de luy, contrefait le M pippis des oiseaux ou bien pressant les M ailes ou les pieds d'un oiseau vif, le fait crier, car les oiseaux advoteftt à e ce pippis, ou à ce cry, pour garantir << leurs semblables du chathnant qM'its M cuident les tenir et se perchent sur ces rameaux et s'engluent. Pipée, par r


métaphore, se prend pour mine ou conn tenance contrefaite D.

Piper, pipeur, qui ne se prennent plus que pour l'action de piper tes dés ont peut-être été rejetés trop dédaigneusement de la Langue leu emploi était t fonde sur une allusion très-naturelle, et leur sens était vif et frappant. Montaigne a dit avec son énergie, avec sa précision ordinaire, que la Rhétorique e~0!/ une a~ menson.gère ef~~rp~c il y a dans les Langues des expressions si heureusement caractéristiques, qu'une fois perdues, on ne peut plus les remplacer.

PIC. Instrument de fer courbe et pointu vers le bout, qui a un manche de bois, et dont on se sert à ouvrir la terre et à rompre le roc; Onomatopée du bruit que rend la pierre sous l'instrument qui la brise.

PtQfER, c'est donc primitivement frapper avec un j~c. On dit encore qu'on pique la pierre, quand on blanchit une maison en dépouillant la pierre de sa surface. PtOCBE, nom d'un outil de labourage, a été alongé d'un son plus mousse parce que la pioche creuse et ne brise point.


BAcBE, est tin mot de la même construction, prononcé sur une touche moins dure parce que la ~ecAe n'attaque pas la terre avec force, et ne sert qu'à la diviser.

En anglais le verbe ~MeAey se rend par le verbe dig. Dans ce dernier mot, l'imitation du son est happante. On remarque la même vérité dans la formation. du mot tuf, qui est le nom d'une terre compacte et prête à se pétrifier qui rend sous la ptocA~ et sous la &~c/te un son net et sec dont ce terme est l'expression mais comme cette étymologie n'est pas incontestable je me contente de la rapporter ici à cause de l'analogie du sujets POUPE. Suivant Nicod que j'aime à cite? souvent, <t c'est la tette ou mammelle » soit d'une femme comme la nomment en aucunes contrées de France, soit de » bestes mordans comme la nomment tes veneurs, disans ies ~o~M d'une ourse, et semblables, le mot vient du prétérit » grec~epo~< tout ainsi que pot, et est dit~OM~e, parce que le faon tette et < boit le laict par là, ou bien est fait par < Onomatopée du son que l'enfançon fait


M de ses lèvres en suçant à force lè laict ~delamammeUe".

Si toutefois le prétérit gree 'pépoka pouvait être rappotté à éette racine c'était plu tôt comme dérivé que comme type, et il paraît que Nicod s'en est aperçu. It aurait fait remonter le mot ~w«pc avec plus de vraisemblance au mdt/wpa/KM, qui est le popanum des Latins, et qui est incontestablement de ta même famille; Remarquez d'ailteurs que les Latins ont dit puppus et ~M~ya, d~'ou viennent puer et ~Mf//a.

PoupKE, c'est !'Image d'une petite 6ite, d'un enfant qui tette encore. Qùetqu'ëvidente que soit l'étymologie de cé mot, on s'est avisé je ne sais de lé dériver de Poppée, parce qu'on prétend que cette femme fut la première qui mit lé masque en usage pour conserver la beauté de son teint et le préserver du hâte et des injures de l'air.

PouMH'f, c'est, dans le langage vutgaire et enfantin, un petit garçon à la mammeftc.PUER. Du bruit que fait la botiche eri repoussant, avec une forte émission da souffle, les odeurs désagréables.


Pouah, interjection qui marque le mépris et le dégoût, doit en être le son radical.

R

RACLER. Du frottement de l'ongle ou d'un instrument aigu sur les corps qu'ils nettoient ou qu'ils déchirent.a/&o.f signifiait en grec un haillon un vêtement déchirë, une cicatrice une ride. Az~erKM, c'était le corps brisé ou raclé qui rendait du bruit. Aristophane appelle Euripide /<<MM/a~fa;<~<M, raccommodeur de vieux haillons. Ragas se disait sur une autre touche pour rupture, déchirement, et de là r~a!, pour force et violence. ,On pourrait croire que /'<Mcc'/Hy/M<~e/ eh est fait par antiphrase ou contre vérité, à moins qu'on ne fasse voir que les syllabes complétives en déterminent la nouvelle acception.

LafamUle des mots qui se rapportent à l'idée d'effraction est évidemment tirée de la racine autour de laquelle je range ces curieuses analogies, quoiqu'elles lui soient devenues plus ou moins étrangères dans leur extension.,


RAIRE ou RÉER. Terme de Vénerie em.prunté du cerf en amour.

«Ha, dit M. de Buffon la voix d'autant plus forte, plus grosse et plus tremblante, qu'il est plus âge la biche t a la voix plus faible et plus courte elle 9 ne ~< pas d'amour mais de crainte. n Le cerf ra:'< d'une manière effroyable n dans le temps du rut. Il est alors si )t tf&aaportë, qu'il ne s'inquiète, ni ne » s'effr&ie de rien ».

Rut, le temps où le eerf rait. RÂLE. RÂLEMENT, RÂLER. Du son envoué d'une respiratton qui s'épuise, et dont les defaiera efforts annoncent une mort praobaine.

RÂLE est aussi le nom d'un oiseau que Ménage ofMt désigne d'après son cri. RAPQUE. Du bruit âpre et fatigant des voix enjouées.

RoQUET est le nom de mépris qu'on donne à un petit chien importun et qui aboie sans cesse. Je le crois formé du son 7'aMque de son jappement.

REDONDANCE. C'est une dérivation figurée du son que rend un corps dur qui rebondit dans sa chute.


Ainsi l'on a dit redondance d'une vicieuse superfluitë de paroles, qui ne fait que nuire à la netteté du discours, parce que c'est une espèce de bondissement de la pensée, qui, après avoir frappé l'esprit, rejaillit et retombe avec moins de force.

Ce mot n'est point une Onomatopée propre mais une Onomatopée abstraite construite par analogie.

RETENTIR RETENTISSEMENT. Belles Onomatopées dont le son radical est le type d'une nombreuse famille de mots consacrés à exprimer des idées de même ordre. /~M TfNTEMENT TtNTER.

Retentir et ses dérivés s'emploient en général en parlant des échos des montagnes et des voûtes, et ne conviennent point quand il s'agit d'un bruit net et sans répercussion. Racine a dit De nos cris douloureux la plaine r~f.

Et ailleurs

Mes seuls gemissemens font retentir les bois. Poileau a dit aussi

t)<. faitiuent de leurs cris yee~Kf~ les rivages.


La vérité d imitation est moins sensible dans ces exemples que dans beaucoup d'autres, parce que la plaine, les bois et les rivages sont des lieux peu retentissans. Je sais combien de telles observations sont minutieuses; mais j'ai rapporté ces vers de deux de nos grands Poètes pour faire voir de quelle importance est la justesse d'expression pour l'effet poétique, et de combien de nuances la Langue la plus riche peut encore s'orner.

RINCER. Du bruit des doigts contre l'intérieur d'un verre que l'on rince.

Un si galant exploit réveillant tout le monde, On a porte par-tout des verres à la ronde, On les doigts des laquais dans la crasse tracés Témoignaient par écrit qu'on les avait rincés: Les Irlandais disent T'MC.KM?, et les Bretons rinca.

RONFLEMENT, RONFLER. Du bruit que fait dans la gorge et les narines d'un homme endormi, l'air fortement aspiré. On a employé ces mots par extension, pour exprimer le bruit grave des gros tuyaux (l'un orgue ou celui des canons, <tt mgurëment, les éclats devoixprésomp-


tueux d'nn Comédien qui cherchç le ~roMAa/M.

« H n'y a dit le Mascarille des PréB cienses, que les Comédiens de l'hôtel de Bourgogne qui soient capables de faire valoir les choses. Les autres sont des ignorans qui récitent comme on parle ils ne savent pas faire ronfler les B vers, et s'arrêter au bel endroit Du 7<McAH.f des Latins, nous avions fait froncher dans le vieux langage, et dom Lepelletier rapporte fronsal, mot de l'usage de Cornouaille qui a le même sens. ROSSIGNOL. En latin luscinia, ou lucinia, en italien M~nMoZo, ~~7~o/~ T-M~MO/o, en espagnol ruysenor.

Le Castelvetro a pensé que le nom italien de cet oiseau était fait par Onomatopée. Belon et Ménage rapportent des étymologies plus vraisemblables, et M. de Brosse tranche, suivant moi, la difficulté. De ~co canens, lucinia, /KM'/M'o/s, lusig7:MO/o, 7'R~MMO/o, rossignol; il reste à déterminer si l'imitation du son n'est pas entrée pour quelque chose dans la construction de ces différens dérives et c'est ce qui me parait incontestable.


'ROUCOULEMENT,ROUCOULER.Onomatopées du chant des tourtereHes qui est aussi très-bien exprimé par le ? coo des Ang~is.

On a dit autrefois rocouler, mais roucouler a été justement préfère.

Roucoulement est un mot harmonieux et utile qui serait bon à admettre dans la Langue. M. de Chateaubriand d'ailleurs si sévère dans l'emploi des mots nouveaux, en a fait souvent usage.

ROUE (t). Ce mot est dérive du bruit de la (i) Comme le son caractéristique de cette expression est un des plus communs et des plus intéressans de la nature, puisqu'il sert à exprimer le bruit des corps dans leur mode de déplacement le plus ordinaire, je le prendrai pour exemple de ces grandes générations de mots que je n'ai fait qu'indiquer à d'autres articles et qui auraient surchargé cet ouvrage de trop de détails inutiles. C'est M. Court de Gebelin qui me fournira le tableau des termes dont celui-ci est le type. ROUAGE, ROUER.

RouET, instrument à roue.

ROUELLE tranche coupée en rond.

RoTULE en latin fo<M~, os cartilagineux large et rond qui forme le mouvement du genou.


roue, et en général du bruit d'un corps rond qui route avec rapidité sur une surface retentissante.

RoTATEOt, muscle circulaire qui sert à mouvoir l'o'IL RoTt, en latin rota, tribunal de la cour de Rome, dont la salle est pavée de carreaux qui représentent des roues.

RoDER aller et la en faisant des tours et des détours.

RODEBB.

Rout-Et, l°. se mouvoir en rond t°. plier en rond < au figuré, considérer, méditer.

ROULANT.

ROULEAU, chose faite ou tournée en rond.

Rout.EMZNT, bruit d'une chose qui roule, mouvement en rond.

RouncE, roulement de la voix.

ttouLAGE, action de rouler, facilité de rouler. RocLDER, voiturier de marchandises.

RouLETTE, petite roue.

Rocus, agitation d'un vaisseau que le vent fait rouler sur tes flots.

RocMN, pièce de bois travaillée en rond.

RÔLE, autrefois RooM du latin barbare ~fM~M/K i~. registre qu'on roule en long, comme les anciens manuscrits a.°. ce que chaque acteur doit faire ou réciter dans la représentation d'une pièce de théâtre chaque acteur a son rouleau, son rôle à part pour l'apprendre et pour le jouer 3°. manière dont chaque


C'est le trochos des Grecs, le rota des Latins et des Italiens le /'HC~ des Eshomme représente dans le monde; 4°' feuille d'écriture en termes de pratique.

RÔLER, écrire des rôles.

ENRÔLE~, en Anjou, E~noTULER, coucher sur les registres, enregistrer dans le catalogue de ceux qui forment le corps où l'on se réunit.

JETfROLEMZ??T ) ËNROLEUR.

RoTONDE ) Lâtiment en rond.

ROTONDITÉ, qualité d'un corps rond.

Ro?fn, en latin rc/M/zc~F j tout ce qui est en cercle; au nguré, qui va rondement.

RONDEUR, figure ronde.

RONDELET, un peu rond.

RONDIN, Lâtûii rond.

RoiNDiTfER j en vieux français, donner des coups de rondin, de bâton.

RoNnACHE, RONDELLE, en vieux français, boucliers ronds.

RoNDEAu, petit poème composé de couplets finissant par les mêmes mots qui commencent le poème. RONDE inspection qu'on fait en parcourant une enceinte.

A i~ RONDE tout autour.

RONDEMENT, en rond; au figuré, franchement. ARRONDIR ) donner une forme ronde.

ARRONDISSEMENT.

RouTE ) cliemin.


pagnols le rot ou rod des Celtes, et le rad de l'ancien Teuton.

Routit.», i°. qui connaît les routes, expérimenté; a", livre de routes.

Routihe habitude, connaissance acquise par la pratique seule chemin battu.

KouTiNtER qui n'a que la routine.

Débouter, faire perdre à quelqu'un la route, etc. Cette racine me suggère d'ailleurs une réflexion qui vient à l'appui de ma théorie de l'extension des sons naturels dans la qualification des êtres insonores. ÎJous avons vu se composer d'un son radical qui est le signe du mouvement, et qui s'opère lui-même par le roulement de la langue sur le palais, deux familles de mots distincts dont l'une appartient à une idée de mouvement, et l'autre à une idée de forme. Il n'était pas difficile de reconnaître le point de contact de ces deux familles, et nous avons compris que le signe des bruits qui résultent d'un mouvement circulaire, avait dû devenir dans le langage, l'indicateur des formes rondes. Mais si le rapport des mouvemens et des formes semble d'abord assez naturel pour expliquer la ressemblance des expressions qui les caractérisent, il est également vrai que la nature a établi de frappantes harmonies entre ces deux premières sortes de sensations et celles des couleurs. Le langage figuré nous en olfre assez de preuves..Nous avons dit, entr* autres cccmjiles, de sombres gémissemeiis et des lueurs vclalantes. La première de ces tournures présente une idée de bruit, spécifiée


Rodellec signifiait en celtique une voiture à plusieurs roues un vestige, une par une circonstance tirée de l'ordre des couleurs, et la seconde, une idée de couleur déterminée par une épithète qui appartient à l'idée du bruit. Le fameufc aveugle-né Saunderson après avoir cherché longtemps à se faire un sentiment juste des couleurs, £nit par comparer la couleur rouge au son de la trompette; et il y a peu d'années que l'intéressant sourd-muet Massieu, interrogé sur l'opinion qu'il se formait des bruits et celui de la trompette en particulier le compara sans Jiésiter la couleur rouge.

S'il y a de l'harmonie entre ces effets pourquoi ces effets n'auraient-ils pas été exprimés par des sons de la, même espèce ?

Le mot rouge et ses dérivés sont donc selon moi des Onomatopées construites par extension du son radical du roulement. En vieux français, ro s'est dit pour rouge, et roe pour roue. Toutes les Langues fourniraient de pareils rapports.

M. Rernardin de Saint-Pierre a reconnu l'harmonie du mouvement circulaire, de la forme ronde, et de la couleur rouge. Il se plaît même à étayer ce rapprochement ingénieux des observations les plus agréables; et s'il a négligé de prouver que les mots qui désignent rhez la plupart des peuples ce mouvement, cette forme et cette couleur, ont une racine commune, c'est sans doute parce que cette espèce de démonstration empruntée des froides études de la Grammaire, lui a paru trop 6«che pour une matière si élégante et si poétique.


ligne comme celle qui est décrite par la roue.

Route mot français d'une acception trèsvoisine, en est probablement dérivé. Cette opinion n'est pas étrangère à M. Court de Gébeliii qui appuie mal-à-propos sa conjecture de quelques fausses étymologies. RUGIR, RUGISSEMENT. « Le rugissement » du lion est si fort1, dit M. de Buffon » que quand il se fait entendre par échos » la nuit dans les déserts il ressemble au » bruit du tonnerre ce rugissement est » sa voix ordinaire car quand il est en » colère, il a un autre cri qui est court y> et réitéré subitement au lieu que le » rugissement est un cri prolongé tune » espèce de grondement d'un ton grave » mêlé d'un frémissement plus aigu. Il ru» git cinq ou six fois par jour, et plus sou» vent lorsqu'il doit tomber de la pluie ». Ce passage de M. de Buffon m'en rappelle un autre qui a rapport au rugissement du tigre, et où ce grand Ecrivain hasarde pour exprimer ce cri une Onomatopée que l'usage n'a pas consacrée depuis. œ Le tigre dit-il, fait mouvoir la » peau de sa face grince les dents, frémit,


» rugit comme fait le lion mais son ru» gissement est différent. Quelques voya» geurs l'ont comparé au cri de certains » oiseaux. Tigrides indomitœ rancant, » rugiunlque leones. ( Autor Philomelœ. ) » Ce mot rancant n'a point d'équivalent en français; ne pourrions-nous pas lui « en donner un, et dire, les tigres raui> quent, et les lions rugissent; car le son de » la voix du tigre est en effet très-rauque ». Je suis bien aise de faire remarquer ici que ce verbe factice à qui M. de Buffon ne connaît point d'équivalent en français en a un très-exactement construit sur la même racine dans le patois de FrancheComté. Rancôt, c'est le dernier soupir le dernier râle du moribond; rancoïèr c'est expirer rendre l'âme pousser le sanglot convulsif qui annonce la mort. On a dit autrefois miment pour rugissement, comme dans ce passage^ des grandes Chroniques de France dédiées à Charles VIII. « Sembloit que ce fussent urlemens » de loups et ruimens de lions ». Cela donne quelque probabilité à l'opinion de M. de Caseneuve qui fait dériver rut, anciennement ruit, du rugitus des Latins,


et qui regarde raire ou réer comme une contraction de rugire. Il aurait pu citer ce passage de Job qui dit en parlant des biches à qui l'action de réer est particulière incurvantur ad fixtum et pariunt et rugitùs emittunt. Marot dit dans sa traduction des Pseanmes

Ainsi qu'on oit le cerf bruire

Pourchassant le froid des eaux

Ainsi mon ame soupire,

Seigneur, après tes ruisseaux.

Voyez Raire ou Réer.

RUISSEAU, RUISSELER. Nicod dérive ces mots du grec reo, fluo. Le grec attique reos signifiait ruisseau. Les Latins ont dit rivus, rivalus, les Italiens rivo, ruscello, les Espagnols rio, les Anglais rivulet. Dour red, en celtique, signifie une eau courante et rapide. Dom Lepelletier nomme rigol, et Davies rhigol, un ruisseau tracé dans un champ cette expression s'est conservée dans le français. Lebrigand a employé quelque part, comme celtique, le mot ruzelen mais il paraît que ce n'est .que le français ruisselet qui s'est glissé comme beaucoup d'autres dans le celtobreton, par le contact des français avec


les peuples de l'Annorique. Ru se dit en Géorgien d'un grand écoulement d'eaux. jirou exprime la même idée en Arménien et en Malabare, et l'ud en Arabe et en Persan. Plusieurs Etymologistes assurent que rit indiquait dans les Langues gothiques un passage ou un gué. Les mots par lesquels nous désignions un ruisseau en vieux langage, se rapprochaient assez du son typique. Reu et ru se trouvent dans Nicod. Ru s'emploie encore pour désigner le lit ou canal d'un petit ruisseau. Ruel et rui sont communs dans nos vieux romanciers. Ruit est employé pour rive dans un passage de Perceval. En remontant la vallec de la Romanche par la nouvelle route de Grenoble en Italie on voit avant le hameau des Roberts, un torrent que le peuple appelle riou-peirou c'est-à-dire, ruisseau périlleux.

Notre mot ruisseau peint parfaitement à l'esprit le petit murmure doux et modulé d'une eau vive qui roule entre les cailloux.

S'il est vrai, ainsi que le prétend M. Court de Gébelin, que rat soit un terme de marine qui sert à désigner un endroit


de mec où il y a quelque courant rapide et dangereux on peut faire remonter ce mot à la même racine, soit comme lui par le gallois rkjrdd, qui signifie gué ou bas-fond, soit, mieux encore, par l'alle-'mand ritha, qui signifiait autrefois torrent, ou par le dour red des Celtes, et par le celto-breton rodo, qui se dit d'un passage de rivière mais cette assertion est contestée.

a Rat n'est point un terme de marine » pour désigner un courant rapide et » dangereux dans la mer, m'écrit M. de » Roujoux c'est un nom de lieu; le Raz ̃» est un vaste écueil situé en face de l'île » de Sein, et qui a donné son nom au passage compris entre cette île et luin Le passage du Raz ou Ratz est célèbre, j> parce qu'un grand nombre des vaisn seaux qui entrent à Brest ou qui en sor» tent sont forcés d'y donner. Il est fer» tile en naufrages, et la baie dont il » forme une des pointes, s'appelle la baie » des Trépasse's. Je ne crois point que ce » mot ait de signification connue il resn semble à une foule de termes auxquels » on veut trouver des étymologies quoi» qu'ils n'en aient pas ».


Rodir est très-judicieusement dérivé du vieux français ru, par Ménage. Nicod même écrit ruir, et rend en latin chanvre roui, par cannabis fluviata. ̃

S

SANGLE SANGLER. De cingula, cingulare, et originairement du bruit de l'air froissé par une courroie déployée avec force. Sangle s'exprimait en celtique par cengl et cenclen, et suivant la même analogie, lancer et darder, par cingla.

En vieux français on disait changle et changler comme c'est l'usage dans notre Langue, qui a souvent modifié ainsi les sons sifflans.

Cingler se dit pour, naviguer à pleines voiles parce que la mer, ouverte vivement par le navire rend un petit bruit de la même nature que le précédent. Mais le son radical est ici moins emphatique, parce que le froisssement qu'il représente est moins éclatant, et a lieu dans un milieu moins sonore. Cependant on a employé ce dernier verbe au même usage que l'autre en nombre d'occasions, et on


• le dit fort bien, du vent du Nord et'de la pluie chassée par un ouragan impétueux.

SAPER. Abattre par le pied travailler avec le pic et la pioche à détruire les'fonde•mens d'un mur.

SAPE, se dit en 'terme de guerre d'un travail qu'on fait sous terre pour la surprise d'une place. En latin c'est sappa, en italien zappa.

L'oriental saph ou sap désigne l'action de briser ou de limer de réduire en poussière.

Ces différens mots sont formés du bruit de l'instrument contre les constructions qu'il attaque ou sur la terre qu'il, entr'ouvre.

SCIE, SCIER Scie se dit en latin serra, en italien sega, rasega, eu espagnol sierra. en anglais saw, eu allemand scege autant de dénominations tirées du bruit sifflant que produit la scie en divisant le bois. Le secare et le scindere des Latins sont t construits d'après ce son naturel qui a fourni d'innombrables Onomatopées à toutes les Langues.

SCION. C'est le nom qu'on donne à des bran-

ir r


ches grêles et menues, tendres et pliantes que poussent les arbres. L'osier, par exem.ple, s'élèye en touffes de scions, et je n'hésite pas à penser que ce mot ne soit formé du frémissement de ces branches débiles, quand le vent les courbe devant lui, et qu'elles se relèvent en sifflant.

On appelle encore scions les impressions qui restent sur la peau d'une personne fouettée de verges. C'est le nom de la cause pour celui de l'effet employé par métonimie.

Cion s'est dit en vieux langage, de la pluie fouettée par les vents. Il est facile de saisir l'analogie de ces différentes acceptions.

SIFFLER. Verbe dont on connaît les nombreux dérivés, et qui dérive lui-même du bruit de l'air comprimé et chassé par une ouverture étroite. Les Latins ont dit d'abord sifilare, qui se lit dans ï^jpoiusMarcellus, et ensuite sibilare. Les Italiens ont sibilare, subbiare zuffulare fischiare, autant d'Onomatopées qui caractérisent différens modes de sifflement les Espagnols silvar; les Allemands ,pfeifin, et les Anglais plus heureusement enfore vîjiistie.


En vieux français nous avdns dit suhler et sibler: Marot à dit sublet pour sifflet. Les Angevins ont gardé cette expression, et Oudin la rapporte dans ses dictionnaires. Le patois bourguignon y a substitué sublô, qu'on lit dans les noels de la Monnoye.

Cat ein anfan ? me dis-tu vrai?

Tan mcu velai tô note fai.

Ta sai bé, quant ein anfan ctie

Que por an époizé lé cri,

Ai ne fau qu'éne chaiterié

Vou qu'un sublô vou qu'un trebi.

Il est à remarquer que ce sublô du peuple de Bourgogne ressemble beaucoup au ~subulo de Varron, que celui-ci a employé pour tibicen. C

Cirano acte II scène III de son Pédant joué fait dire à Mathieu Gareau w Ce biau marie qui sublet si finement, » haut ».

Le peuple mouille TS, et dit communément chiffler.

Il paraît quelesCeltes faisaient usage du mot si, pour bruit sifflement, murmure. Les Grammairiens appellent consonnes sifflantes ces trois lettres s, x, z, parce ii.


qu'on ne les prononce qu'avec une espèce de sifflement. Elles doivent donc être d'un grand usage pour exprimer les bruits de cette espèce. La Langue anglaise est une Langue sifflante, parce qu'elle a beaucoup de mots sur la touche sifflante et sur ln touche dentale.

L'emploi fréquent de la lettre S rend la prononciation sifflante. Euripide en faisait un usage vicieux qui passa même en proverbe. On appelait ce défaut le sygmatisHie d'Euripide.

Racine a prodigué les S dans ce vers d'Andromaque

Pour qui sont ces serpens qui sifflent sur vos têtes ? et l'effet d'imitation qui en résulte est frappant. On l'a trouvé, peut-être avec justice un peu trop minutieux. Il y a de l'harmonie dans ces vers d'un de nos Poètes lyriques

Ixion et les A loïdes

On cessé leurs mugissemens.

De Tantale et des Danaides

Je n'entends plus les longs gémissemens, Et des fatales Euménides

Les couleuvres avides

Ne brisent plus les airs par d'aigres sifflement. L'Érèbe n'a plus de tournions.


La forme et le son de la lettre S la rendent propre à désigner doublement le serpent, et à peindre en même temps ses mouvemens tortueux et ses siffiemens aigus. Hophis des Grecs qui est originai-.rement égyptien, a le singulier mérite d'offrir dans ses caractères une espèce de noeuds de couleuvres, et dans sa terminaison, un bruit semblable à celui qui annonce ordinairement ces animaux. C'est toutà-la-fois un hiéroglyphe et une Onomatopée. La lettre 4 ressemble à un caducée.

Les Latins ont an gui s, qui a la mêmedésinence sifflante, et de plus seps et serpens; les Italiens serpente, biscia; les Espagnols sierpe; les Anglais serpent et snake. On appelle bjsse en science héraldique, des serpens et des couleuvres. C'est l'ancien nom français de ces reptiles. Celui par lequel nous désignons actuellement le serpent, est une Onomatopée sans vivacité et sans harmonie, dont je n'ai pas cru devoir faire un article à part, mais dont les analogues curieux me paraissent assez bien placés dans celui-ci.

SILLON, SILLONNER. Du bruit d'un corps


qui en effleure légèrement un autre sur un long espace. De là

Sillage qui est la trace d'un vaisseau sur. la mer quand il ue fait qu'y glisser tloucernent.

SIPHON. « Ce sont, dit un vieux commen» tateurfle Rabelais, ces canaux et tuyaux » ès-fontaines qui jettent l'eau et par le » moyen et force de l'air qui les presse, » rendent un son et sifflement d'où ils » ont pris leur nom ».

SOUFFLER. Nous avons vu tout-à-1'heure au mot Jiffler une Onomatopée construite d'après le bruit de l'air chassé à travers un canal étroit. Celle-ci est formée sur l'émission libre de l'air poussé hors d'un Canal de grandeur suffisante avec un bruit mousse et sans éclat. °

Les dérivés nombreux de cette expression ne peuvent échapper à personne. SOURDRE. Sortir, jaillir, s'écouler par une, fente de la terre ou du creux d'un rocher. L étymologie de ce mot a été rapportée avec raison au surgere des Latins qui avait le même sens.

Medio de fonte Icporum

Surgit, amari aliquid quod in ipsis Jloribus angiï. LtrcnEt.


On a même dit en français surgeons tantôt pour ces rejetons qui naissent au pied des arbres, tantôt pour un petit ruisseau qui vient de sourdre de la terre et surgir qui est pris pour sourdre, avec un peu d'extension dans ce passage des hymnes de Ronsard

Après tous surgirez dedans l'île déserte

D'hommes et de troupeaux, mais aussi bien couvert e D'oiseaux qui ont la plume à pointe comme espiçs Et la dardent des flancs ainsi que porcs espics. Mais s'il est vrai que cette origine sbît à-peu-près incontestable, il n'en est pas moins certain que l'imitation du son naturel a modifié jusqu'à un certain point l'expression qu'on y rapporte. Il est peutêtre malheureux qu'elle vieillisse négligée, car elle est significative et utile. Ainyot s'en est servi dans sa traduction de Daph. nis et Chloè et cet exemple en détermi. nera le sens

« Il v avoit dit-il, en ce quartier-là » une caverne que l'on appelait la C'a- 11 verne des Nympiies, qui estoit une » grande et grosse roche au fond de laa quelle sourd oit une fontaine qui faisoit


N un ruisseau dont estoit arrouzé le beau » pré verdoyant ». n

M. Mercier a cru rnal-à-propos que ce mot, faisait sounlir à l'induitif, ou que cette nouvelle coustructiou pouvait avoir queîqu'avantage sur l'autre. C'est au bruit de deux consonnes roulantes, durement séparées par une autre, et qui sembJént en rompre l'effort, que le mot sourdre ̃ doit "Son -harmonie pittoresque.

STRIDENT. C'est ainsi qu'on quilifie On bruit dur un peu aigre un peu frémis̃saut qui est produit par un corps trèsréfractaire, attaqué avec la linie ou avec la scie..

Ce mot expressif et vrai lieureusenjent, formé du stridere des Latins, n'a point encore et? admis dans l'usage de notre Langue qu'il ne pourrait qu'enrichir.

STRIE. CVst une espèce de sillon profond gravé difficilement dans un corps dur, ce qui est marqué par sa construction rude et stridente. Cette expression est propre à l'Histoire, naturelle descriptive.

SUCER. Onomatopée préférable, au sugere des Latins dont elle a été formée', avec


un changement pris dans le son radical. C'est lesaugen des Allemands, lesycan, le sugan, le succan, le sucian des AngloSaxons et de la Langue fra tique te zui'gen des Flamands, le suck des Anglais, le tuga des Suédois, le succhiare des Italiens.

Sliiniter rapporte toutes ces étymologies au vieux Sarmate cic, qui signifiait mammelle et dont le type naturel est le même.

Suc, c'est la substance qu'on extrait des corps par la succion.

Si'cbe est le nom d'une production végétale qu'on lire des fruits par le même procédé. Les Italiens qui ont aussi reconnu cette analogie, appellent le sucre zucchero et les Arabes sucar.

SUSUB RATION, SUSURRE SUSURREMENT, SUSURRER. Je hasarde ici ces trois substantifs et re verbe qui sont peutêtre des latinismes assez heureux pour exprimer le frémissemeiuent des feuillages et le murmure des roseaux émus par le vent. Nous n'avons pour rendre es idées que des mots trop généraux et des images trop vagues.


Un de nos Lexicographes ditsusurre, qui est construit sur le mot murmure avec lequel il a tant de rapports. Susurration est plus conforme au type latin, et susurrement h l'esprit de notre Langue; mais il n'est donné qu'à nos bons Ecrivains de consacrer ces expressions agréables, et d'en fixer l'emploi.

T

TACT. Le mot factice lac fut inventé pour exprimer le bruit des corps durs et secs qui frappent les uns sur les autres. Tic TAC, eut une signification analogue, et marqua un battement, un mouvement réite're' comme celui d'un marteau qui frappe, d'un balancier d'horloge, des pulsations du sang et des palpitations du coeur. Regnier l'emploie pour représenter les coups que se donnent dans leur lutte grossière les personnages de son souper ridicule

Ainsi ces gens à se piquer ardens

S'en "vinrent du parler à tic lac torche lorgne; Qui casse le museau, qui son rival éborgne; Qui jette un pain, un plat, une assiette un couteau, Qui pour une rondache empoigne un escabeau.


Tic maladie de cheval, est une Onomatopée, selon Ménage parce que le cheval qui a le tic, reproduit ce bruit en frappant de sa tèle contre sa mangeoire et je crois que tic, dans le sens de caprice ou de manie, en est une acception figurée. Tiqueté, s'est dit d'un corps taché de petits points, imprimés comme au hasard et semblables aux meurtrissures qui résulteraient de petits coups dont ce mot rappelle le bruit.

Taq uer ou Toquer, qui sont des mots populaires, ont été formés d'après cette racine et le mot tact en est pris avec une grande extension pour désigner tout ce qui a rapport à l'action du toucher. Tâter Tâtonner À Tâtons et autres termes de la même famille n'ont pas une. autre origine et ont été construits, soit dans notre Langue, soit dans celles qui en offrent les équivalens d'après le son naturel.

TAFFETAS. Il n'y a point de doute sur l'étymologie de ce mot, qui est prise dans le bruit de l'étoffe qu'il désigne. Dixose qssi dit Covarruvias del ruido que haze si que va yesUda délia sec! a sonando eî


tiftaf por la figura onomalopeia. On a fiièweécrit autrefois taffetaf, comme dans ce passage de la grande nef des Fous du* monde Les bourses comme pannetières, les ceintures de taffetaf, etc.

En italien, c'est tajfcta, en espagnol tajfatan en grec moderne, taphata. Mé- nage prétend que tajfala se retrouve dand la basse latinité, et Ducange y a vu taffetas et taffetin.

TAMBOUR. Chez les Latins tympanum, et dans la basse latinité tabur, taburcium et tamburlum en arabe tabal et tambor, en italien et en espagnol lamburro; en allemand lrommel, et l'homme qui bat la caisse tambour; en vieux français tabur, thabur tabor et labour, d'où laborer et tabourner. Rabelais et Regnier disent tabouriner, et le peuple tambouriner. Ces mots sont faits du bruit éclatant de la caisse, et en général des bruits très-relentissans.

De la même racine, on avait tiré dans le vieux langage les mots tabut et tarhbusteis qui signifiaient grand tumulte et bruit assourdissant comme celui de la caisse.


TARABUSTER, en est une dérivation figurée. TAMPON. On appelle tampon ce qui sert à boucher un vaisseau, parce qu'en enfonçant le tampon, on excite un bruit dont ce nom paraît forme.

Les Latins ont dit tappus dans la même signification les Italiens zaffb, les Anglais et les Allemands tap.

TAPE, Taj'eh qui s'emploient bassement dans notre Langue, viennent du même son naturel.

Se TAPIR dans une place étroite y demeurer en tapinois, c'est s'y tenir caché, serré et en quelque sorte adhérent comme un tampon.

Tapoît est un mot très-bas qui se dit d'nn paquet pressé, contenu, ou tapi dans un petit lieu. C'est aussi un terme de Marine qui signifie un certain bouchon dont ou ferme l'aine du canon pour empècher Feau d'y pénétrer.

TAUPIN, est le nom français d'un insecte dont le thorax est armé d'un ressort au moyen duquel il saute sur lui-même avec bruit.

Étoope fait du latin stuppa ou du celtique stoup, qui est le topp de Davies, pourrait t


se rapporter à cette Onomatopée parce que les tampons sont ordinairement d'étoupes. ·

TAN. Ce mot désigne une poudre menue d'écorce de chêne, battue dans de gros mortiers, par la force des roues d'un moulin, et avec un bruit qu'il exprime. TAON. Le vol bruyant du taon était assez bien représenté par ce nom que la nouvelle prononciation a dénaturée. L'Onomatopée s'est conservée dans le langage du peuple qui dit tavon ou tavan. Je ne doute pas que la même aphérèse ne nous ait fait perdre l'effet imitatif du mot paon, formé du pavo des Latins, qui l'était du cri naturel de cet oiseau.

Ce qu'il y a de certain c'est qu'on a dit autrefois tahon qui se lit dans ces vers de Christian de Troyes

Toujours doit H fumier puir,

Et tahons poindre, et maloz bruire,

Envions, envier et nuire.

Ménage fait hanneton de tabanus, qui est le nom latin du taon, par un procéde bien bizarre. De tabanus, tavanus, tavanettus, vanettus, vanetto, vanetonne, na-


nettone, hanneton. Je crois qu'on peut établir sans insulter à la mémoire de ce savant laborieux qu'il n'y a rien de plus ridicule que ces étymologies arbitraires dont la filiation ne repose que sur des intermédiaires factices. Si hanneton n'est pas fait d'alis tonans, c'est peut-être une Onomatopée.

TARABAT. Instrument bruyant qui servait à,appeler les Religieux aux Offices nocturnes.

Les Grecs ont dit thorubein, pour, faire du bruit, et thorubos, pour, tumulte ou fracas. Cette curieuse analogie n'a jamais été aperçue.

TARIN. Les Naturalistes pensent que le nom de cet oiseau a été fait d'après son chant mais la variété de ses modulations a dû déterminer un grand nombre d'Onomatopées. En effet, les Grecs l'ont nommé thraupis les Allemands zinsle, zeizel zyséle, zyschen zeisich les Polonais csiseck, les Illyriens csisz, et les Anglais siskin. Nous l'appelons vulgairement sce- nicle, cinit, cerizin.

Tous ces mots, quoiqu'étrangers les uns aux autres, ont une racine naturelle.


TETER. C'est tirer avec la bouche le lait de la mamelle, et cette action produit un bruit dont le" mot qui la désigne est emprunté.

Tette qui n'est plus d'usage, mais dont les équivalens ont la même racine, et qui signifie l'endroit par où les animaux nourrissent leurs petits s'est dit en grec fit- thos et iitthion en latin fetta en allemand titte; en anglo-saxon tit, ft'Kou tylt; en Langue franque tuito; en anglais teat et en espagnol teta. On m'assure que le syrien et le chalde'en thad expriment la même idée; et dans la partie de ma préface où j'ai démontré que les premiers rapports de l'enfant et de la mère, c'està-dire, l'action de te ter ont eu dans le langage une racine commune avec les premiers rapports de parenté, j'ai fait sur la forme hiéroglyphique et sur le son imitatif du thêta des Grecs, une observation assez nouvelle que je recommande à l'attention du Lecteur.

TIMBALES. Tabala était, suivant Plutarque dans la vie de Crassus, et suivant Hésichius un tambour dont se servaient les Parthes. C'est tablon en arabe tjtn-


panon en gréa et tympanum en latin. Il- paraît que cet instrument s'est d'abord appelé timbre et qu'il en est ques̃ tton sous ce nom dans Perceval et dans ces vers du roman de la Rose r Cil fleues court si joliement,

Et maine si grand 4issonent

Qu'il résonne,'tabourne et timbre

Plus souef que tabour ne timbre.

i

Timbre qui signifie, dans son acception actuelle un instrument d'un métal sonore qui retentit sous le marteau est incontestablement tiré de la même racine. TiMPAii est le nom qu'on a donné à cette partie de l'oreille qui reçoit les impressions de l'air agité, et qui cause le sentiment de l'ouïe parce qu'elle est comme une espèce de tambour sur lequel les bruits extérieurs viennent agir.

TiMPAworr, sorte d'instrument de Musique, monté avec des cordes de laiton qui vibrent sous de petites baguettes, présente le type grec sans aucun changement. On appliquera facilement aux autres expressions de la même famille les observations que je fais sur celles-ci, soit que


les objets qu'elles représentent aient été dénommés d'après le bruit qu'ils rendent soit que leurs qualifications aient été déterminées par de simples analogies, comme cela a lieu dans le verbe timpaniser qui se dit pour, blâmer hautement parce que ces sortes de diffamations sont, en quelque manière, divulguées au son du tambour.

TINTEMENT, TINTER. Onomatopées du son de la cloche, qui avaient d'heureux équi\ alens dans le tinnitus et le tintinnire des, Latins. Ils avaient aussi appelé tintihnabulum la petite clochette qui rend un bruit clair et argentin. Catulle' a dit, avec peu île goût, ce me semble attris tintinnat tintimiabulutn.

TiSïEteÊKT ou TiKTOiiîtf se disent indistinctement d'ui* battement importun qui fatigue l'oreille et qui ressemble au tiñ tentent de la cloche. Nicod en explique assez bien l'extension métaphorique, « Tina tauin dît-il est un nom imité du chif» ilenTent qui se fait aux ventricutes du x cerveau et cornissant par les oreilles »' et vient de tinter; et parce que tel tin» ïouiii empêche le Tepo&de la personne


» on l'usurpe aussi par métaphore, pour souci rongeant, travail d'esprit et fati» gation de l'entendement ».

Tihtamarue vient, selop Pasquier, du bruit que font les paysans quand ils frappent sur leur marre qui est un instrument de labour, pour avertir ceux qui sont éloignés, de quitter leur besogne et que midi est sonné. Quoi qu'il en soit de cette désinence parasite il ne peut y avoir de doute sur l'effet imitatif de cette expression et sur le caractère de sa racine qui est bien évidemment prise dans le son naturel.

TOCSIN. Ce mot vient de toquer, frapper et de sing, qui signifiait autrefois une cloche. Il en est fait mention en ce sens dans le Pontifical.

En quelques lieux on appelle encore petit sing les petites cloches. Il y a aussi un vieux proverbe qui dit on en fait bien les sings sonner pour dire on en fait beaucoup de bruit.

Tocsin, est donc composé d'un son naturel et d'un son abstrait, à supposer que sing lui-même ne soit pas une Onomatopée ancienne. Rabelais a écrit toquesing

12.


au chapitre 66 du livre IV de Pantagruel, TONNER TONNERRE. Ce météore terrible a fourni des Onomatopées à tous les peuples. C'est une des premières catastrophes naturelles qui aient dû frapper Fimagination de l'homme, et il n'est pas étonnant qu'il ait cherché à le représenter par un concours de sons éclatans. Dans notre Langue même où cette imitation est plus imparfaite que dans beaucoup d'autres, on peut remarquer cependant que le nom du tonnerre est formé d'une syllahe très-sonore, alongée d'une terminaison roulante.

Les Celtes ont dit tonitru, les Latins tonitruum, et leur prononciation donnait à ce mot une harmonie sourde et retentissante comme les grondemens de la foudre dans les échos; les Italiens tuono les Espagnols tronido, les Anglais thunder et les Allemands donner.

Ajoutons, sans pousser plus loin cette recherche que les idiomes humains n'ont pu exprimer un bruit de la nature de celui-ci que par des approximations encore bien imparfaites quoique le son radical des différens noms par lesquels


ils l'ont caractérisé, soit le plus grave de tous ceux que peut former la voix. Aussi est-il devenu dans les mots son et ton le signe général de tous les bruits, de toutes leurs modifications et de tous leurs effets. TORRENT. Du bruit d'un courant d'eau très- impétueux, effet que l'auteur d'un roman moderne a cherché à rendre dans ce passage, qui ne me paraît pas tout àfait dépourvu d'harmonie. "• « Après des pluies'abondantes, un tbr» rent large et rapide, grossi de tous les ̃ ̃ » ruisseaux et de toutes les ravines des. » cend du haut de nos montagnes avec » le bruit de la foudre, s'élance furieux » dans la plaine; la remplit d'epouvante e » et de désastres1, brise envahit dévore » tout ce qui contrarie son passage et » chargé d'arbres 'déracinés de rocs et » de décombres il roule et se précipite » en grondant dans la Salza ».

Torrent se dit strumor en Langue gallique, et se trouve ainsi èxprimé dans des fragmens d'anciennes poésies attribuées à Ossian. ̃

TOURDE. En vieux français tourd. C'est un nom qu'on donne à la grive ̃ dan&


quelques provinces et que les Étymologistes disent fait par Onomatopée. Le mot twrdd a désigné en celtique suivant M. Court de Gébelin, le chant bruyant de certains oiseaux, et, en général, les bruits tumultueux et fatigans. Étourkir rompre la tête à quelqu'un à force de criailleries, est construit sur cette racine.

TOURTEREAU TOURTERELLE. En hébreu thor dans presque toutes les Langues orientales tur; en latin turtur, prononcé tourtour; en italien tortora, tortorello tortorella en espagnol tortola; en anglais turtledove en allemand turteltaube; en celtique turzunel en vieux français tourte et tourtre.

Il n'est personne qui ne reconnaisse ( dans ces expressions des Onomatopées très-heureuses du roucoulement des tourterelles.

TOUSSER TOUX. Du bruit que l'on fait en toussant. 1

Le huslen des Allemands, et le cough des Anglais pour être d'une construction différente, n'en' sont pas moins des Onomatopées incontestables.


TRACAS, TRACASSER. Ces mets expriment t dans leur sens propre un bruit violent et incommode, comme celui des corps qui se fracassent mais ils diffèrent de cette dernière espèce d'expression et quant,au sens et quant à la racine en ce que l'idée de fracas emporte celle de rupture et,;de brisement qui n'est point inhérente à celle-ci. < Nicod prétend fort mal-à-propos, selon moi que tracas vient de trac on tfaçe, comme qui dirait aller çàetlà, errer par les voies. •̃ Quoique ce terme et ses de'riyéa ne soient guère d'usage que dans des acceptiqns figurées, ils sont sensiblement tirés d'un,son naturel et on appelle encore très-basscment dans la Langue du peuple, du nom de tracas, une chaussure lourde. et igrjpjsière, qui cause un bruit. désagréable •«' quand on marche. < ,,(v On peut remarquer ici un singulier rapprochement c'est que la dénqmination triviale dont je parle a le inêqae rapport avec le mot tracasser que sava.(p, son synonyme avec le mot sabat, qui se pr^nd dans notre Langue pour un bruit haut. et


tumultueux. Sabata se dit en celtique, t pour, faire du bruit ou crier à 'pleine voix. Sabot dériverait de la même racine t et on aurait fait de ce dernier mot, par extension, le nom de l'ongle de certains animaux. TRANSIR. La racine de ce mot que je choiJ sis au hasard dans sa famille caractérise un grand nombre de mots analogues et 1 'dont le sens est marqué par le bruit na-turel dont ils dérivent. ̃ ̃ Les dents serrées convulsivement dans le frémissement du froid, de la fièvre et de la peur laissent échapper un son dur et roulant dont on a fait transir engourl- dir pénétrer de froid, "lj'ri-M TERREUR, sentiment de crainte cause par la ^présence d'un objet épouvantable ;< Tremblement frissonnement véhément- et ̃•^Universel ,•̃' ̃• TREMBLER, frissonner avec force par tout le i ̃ corps, ̃ Tkembloter qui en est le diminutif -Trejïble arbre ainsi nommé parce- que ses feuilles tremblent et s'agitent au-mc-ini>r dre vent, ̃' Tréhovssemest SE xnÉiroossEn -1 i


Tbessaiix-emeht, Trfssaiixijî qui expriment de petites émotions, de faibles mouvemens d'effroi de surprise ou de joie. TRANTRAN. Mot factice et populaire qui n'est plus d'usage que dans son acception figurée, c'est-à-dire, pour signifier l'intelligence d'un état, d'un métier le secret d'un négoce le cours des affaires de commerce et d'industrie.

Quelques-uns prétendent que ce mot s'est dit proprement du son du cor des chasseurs, sens auquel il est employé dans la vénerie de Dufouilloux de sorte que ce serait une métaphore tirée de la conduite de la chasse.

D'autres avancent que cette façon de parler vient du bruit des violons qui s'accordent, bruit qu'on peut rendre par trantran; et alors ce serait une métaphore tirée de l'accord et de l'harmonie de la musique. TRAQUET .Petite soupape qui ouvre etferme l'ouverture de la trémie pour laisser tomber ce' qu'il faut de grain sous Iâ meule.

TRICTRAC. Jeu dont le nom vient du bruit que font les dames et les clés dont on se


sert en jouant. C'est cebruitqueM. Delille exprime admirablement dans ces vers J'entends ce jeu bruyant ou le cornet en main, L'adroit joueur calcule un hasard incertain. Chacun sur le damier fixe (i) d'un œil avide Les cases, les couleurs, et le plein et le vide. (i) Le mot fixer n'est point français dans le sens de regarder fixement, d'attacher un regard fixe sur une personne ou sur une chose mais c'est une de cas expressions que l'usage devrait avoir consacrées. Ce ̃\ crbe olfre une des figures les plus énergiques une des hyperboles les plus éloquentes de la Langue c'est non-seulement saisir l'objet sur lequel nous portons la vue, c'est encore l'arrêter, le rendre immobile, nous l'approprier, nous l'identifier par le seul effet de nos regards habere in oculis disaient tout aussi hardiment les Latins.

Jean-Jacques Rousseau, Duclos Rivarol, madame de Genlis l'ont fréquemment employé. M. de Chateaubriand, tout en le condamnant dans nn autre, l'avait laissé échapper deux fois dans la première édition du ` Génie du Christianisme et les termes qu'il y a substitués depuis sont bien loin de racheter le sacrifice que cet Ecrivain a cru devoir en faire à la correction. Il lui appartenait, il appartient à quelques hommes qui doivent à leurs talens le privilége de donner aux mots le droit de cité d'accueillir celui ci dont rien ne nous offre l'équivalent je le recommande aux I/esicographes.


Les disques noirs et blancs volent du blanc' ou noir; Leur pile croit, décroît. Par la crainte et l'espoir, 11 n'est guères possible, au reste, de parler de la formation des mots dans les Langues premières sans être obligé de s'arrêter un moment à ce qu'on appelle la néologie ou création des mots nouveaux. Cette néologie est une des elioses dont on a parlé le plus diversement, et dont on peut effectivement porter les jugemens les plus opposés. Elle est à la fois le génie protecteur et le fléau des Langues; elle les enrichit et les dénature. Par elle, tout se dégrade, tout se confond; et sans elle, l'imagination asservie se traîne impatiemment dans ses lisières.

Il est certain que tous les mots ayant été formés pour exprimer la pensée prise sous certain aspect, ou l'être pris dans certaine qualité, et que rien n'étant plus mobile que les aspects de la pensée et plus varié que les qualités de l'être il n'y a pas un seul homme qui n'ait souvent besoin pour rendre sa sensation avec justesse d'improviser une expression qui la peigne. Otez cette ressource à l'esprit, et vous détruisez tout ce qui reste de poésie dans vos Langues. Tous condamnez Racine à parler le patois de Jodelle, et à quelqu'époque même que la Langue soit prise, vous donnez d'injustes entraves à la pensée, car les idées se succèdent sans cesse en variant leur ordre et leurs rapports. Si j'ai vu ce qui n'a point été aperçu jusqu'à jnoï si j'ai déconvert entre des choses connues un rapport frappant et cependant nouveau ce qui est le propre d'une organisation roétique, le tour et le mot dont


Battu, chassé repris, de sa prison sonore

Le déz avec fracas part, rentre, part encore. Il court roule, s'abat.

j'ai besoin n'ont pas pu être prévus. Il faut donc que j'imite l'homme primitif dans ses essais, et que je crée un signe pour ma perception ou bien si vous me forcez à n'employer que des signes déjà convenus, il faut que je délaye une idée forte et ingénieuse dans une périphrase languissante.

D'un autre côté la néologie sera d'un plus grand secours à ces Ecrivains sans talens, qui, incapables de saisir des effets nouveaux, parviennent cependant à faire croire au vulgaire qu'ils y ont réussi, en revêtant d'un tour audacieux et d'une expression inusitée des idées communes el souvent triviales et populaires. De là ces locutions barbares ces mots bizarrement composés, ces néologismes intolérables qui frappent l'esprit sans l'instruire et que la manie des nouveautés perpétue quelquefois dans le langage qu'ils finissent par corrompre.

Il y a donc beaucoup de choses à observer dans l'admission des mots nouveaux qu'ils soient indispensables, que leur construction ne soit point étrangère à l'esprit de la Langue qu'elle rappelle distinctement leur racine, que des Ecrivains estimés en aient fait usage.

Au reste, je regarderais un dictionnaire des mots à admettre dans la Langue comme une entreprise peu philosophique et mal mesurée. Les mots interprètes


Dumarsais croit que ce jeu s'est appelé autrefois tictac, et il est encore désigné de cette manière par les Allemands et les Anglais.

TRINQUER. Heurter les verres en buvant, ce qui se fait avec un bruit dont le mot trinquer est formé par Onomatopée. Les Allemands s'en sont emparés en lui donnant quelque extension pour représenter l'action de boire elle-même. Ils disent trincken, les Flamands drincken, et les Italiens trincare.

TROMPE, TROMPETTE. Dans la basse latinité trumpa; en italien tromba et trom-

de la pensée, doivent s'élancer avec elle, et c'est dans la chaleur d'une conception rapide qu'un néologisme heureux se fait pardonner. L'invention ne procède point par ordre alphabétique; mais ce serait peut être un livre assez curieux que celui qui réunirait les expressions vives caractéristiques et originales qui sont propres à un seul Ecrivain, qui n'ont point éLé mises en œuvre depuis lui ou qui l'ont été rarement, et qui ne se sont point conservées dans les vocabulaires, On en tirerait beaucoup de ce genre des écrits de Ciccron de Sénèque, de Rabelais, de Montaigne de Sterne, de Milton, de Schiller, du Dante et d'AIfieii.


betta; en anglais trumpet en allemand trompéte.

Il était inutile de chercher l'étymologie du mot trompette dans ces différentes Langues comme l'a fait Ménage ou it fallait remonter du moins jusqu'au bruit naturel qui l'a produit, ainsi que ses analogues.

« Trompe, dit le père Labbe, tromper, » trompette, trompetter, viennent du son m qui se fait ordinairement dans le corde » chasse trom Irom trom et non pas de » tuba, ni du taratantara du bon Ennius » qu'il avait formé sur le son clair et gail• » lard des clairons et de la doucine ». Tbombokne, est le nom italien actuellement francisé d'un instrument que nous avons d'abord nommé trombon.

TROT, TROTTER. Le mot trot représente à l'oreille comme à la pensée l'allure naturelle des chevaux dont on presse le pas. C'est donc avec raison que Pasquier le dérive, par Onomatopée, du bruit que font les animaux en trottant.

De la même racine vinrent le celtique troad qui signifie pied, et le celtique trotta qui signifie trotter


Je ne sais où M. Court de Gébelin a lu trul qui se disait pour, aller ou courir çà et là et dont viendrait le mot populaire trauler.

TURLUT. C'est un oiseau du genre de l'alouette, qu'on a nommé turlut en raison de son chant dont ce mot est l'expression. Tirelire est une autre Onomatopée construite pour représenter le même bruit naturel, comme turelure et turelurelu pour imiter le son de la flûte. "-Ces termes fac» tices qui ont bonne grace dans une » poésie telle que celle-ci dit la Mo'nnoye » dans son curieux glossaire sur les Noels, » seraient insupportables dans un poème » sérieux. Virgile n'a eu garde d'employer » le taratantara d'Ennius. Un Merlin Coc» caïe unArena un Belleau ont eu droit » d'exprimer, comme bon leur a semblé » toutes sortes de voix dans leurs maca» rouées, mais on ne saurait pardonner » à Dubartas sa ridicule description du v chant de l'alouette, en ces quatre vers » du cinquième livre de sa Semaine » L^ gentille alouette avec son lire lire

Tire l'ire à l'iré, et tiretircmt tire

Vers la voûte du Ciel, puis son vol vers ce lieu Vire et désire dire, adieu dieu, adieu dieu.


II faut dire à l'honneur du. siècle de Dubartas que ces vers parureiitjdéjà trèsmisérables de son temps, car je les, lis ainsi corrigés mais non pas beaucoup meilleurs dans l'édition que je consulte. t

La gentille alouette avec son tire lire

Tire l'ire aux fascliez et d'une tire, tire Vers le pole brillant, plus d'un plumage las Changeant un peu de son se laisse cheoir enbas. C'est cette version qu'Edouard Dumonin a suivie dans sa traduction latine, intitulée Beresitkias

Dulcit almida svo tire liro consonna tollit Initis lias sœvamquc e-rtrudit Erymmn Flammicoinurn tractttqae polutn lèves envolât uno Hlnc levilcr Jlcjro canlu, dum mernbra Jatliisctnt Corpora demittit terrœ. Baptiste Mantouan a cherché à exprimer la même chose dans ce passage de ses poésies, et y a sans doute mieux réussi que ses rivaux, sans recourir au même procédé

Prole nova exultans, galedque irr.sitrzis alauch Catitat; et iiscendit ductoque pet' aura gyro Se levât irz fm&M et cm·mine sy rlera urulcet.


Ronsard a fait usage aussi du mot tire lire dans une {««"ce de ses Cattés intitulée l'Alouette et c'est peut-être la seule tache'qu'il y ait dans ce morceau charmant

Hé Ciel que je porte d'envie

Aux plaisirs de ta douce vie,

Alouette qui de l'amour

Dégoises dès le point du jour,

Secouant en l'air la rosée

Dont ta plume est toute arrousée! 1

Devant que Phébus soit levé

Tu enlèves ton corps lavé

Pour l'essuyer près de la nue.

Trémoussant d'une aile menue,

Et te sourdant à petits bonds

Tu dis en l'air de si doux son,

Composés de ta tirelire,

Qu'il n'est amant qui ne desire,

T'oyant chanter au renouveau

Comme toi devenir oiseau.

Quand ton chant t'a bien amusée,

De l'air tu tombes en fusée

Qu'une jeune pucelle au soir

De sa queiiouille laisse cheoir

Quand au fouyer elle sommeille

Frappant son sein de son oreille

Ou bien, quand en filant le jour

Void celuy qui luy fait l'amour


Vehir près d'elle à l'itnpourveué,

De honte elle abaisse la veùe

Et son tors fuseau délié

Loin de sa main roule à son pié.

Cet épisode de la fileuse est d'un goût absolument antique et un des plus gracieux que l'on puisse imaginer. Si Ronsard n'avait jamais fait que de pareils vers, la postérité lui aurait peut-être confirmé jusqu'à un certain point ces litres pompeux de Prince des Poètes, et d'Apollon de la source des Muses, qu'on lui a donnés de son temps.

v

VAGIR, VAGISSEMENT. Ces mots expriment le cri des enfans qui viennent de naître, et notre Langue a récemment admis le substantif vagissement sur les réclamations de Voltaire. « C'est une disette » insupportable, écrivait-il, d'appeler des » choses si différentes du même nom. Le a mot vagissement, ^dérivé du latin va» gitus, aurait très-bien exprimé le cri » des eufans au berceau.

»Burnarsais, observe un autre Litté-


» rateur, a fait tout ce qu'il a pu pour » faire prendre ce mot, et n'a point réussi. » C'est le cas de le reproduire et de faire » voir qu'il est aussi naturel et aussi utile » que mugissement. Le cri d'un enfant au » berceau est à coup sûr, une bien lon» gue périphrase ».

Le verbe vagir, qui est fait du substantif, comme de mugissement et rugissement sont faits mugir et rugir et dont la construction est, par conséquent, très-conforme à l'esprit de notre Langue n'est sans doute pas à dédaigner. Un étranger qui a donné quelques volumes à la Littérature française a dit quelque part a Si Dieu m'offrait le privilége de la ré» trogradation jusqu'à mon enfance et » de vagir une seconde fois dans le ber» ceau je refuserais ses offres ». Vagues est le nom qu'on donne aux eaux agitées et mugissantes parce que le bruit qui s'en élève ressemble à un long vagissement. En allemand wage, woge; en gothique tvego en anglo-saxon tvaeg en islandais vag.

VIOLON. Je crois devoir rapporter à propos de ce mot les raisons ingénieuses qu'em-


ploie M. Court de Gébelin pour en faire remonter l'origine au son naturel. » Le « mot violon, dit-il désigne un instru» ment à cordes qu'on fait résonner avec » un archet. Mais quelle est l'origine de » ce nom ? Elle se perd dans la nuit des » temps pour tous les Étymologistes car, » dire avec eux, qu'il vient de l'espagnol » biolone, ce serait tout au plus suppo» ser que cet instrument nous vînt par » l'Espagne ce qui serait peut-être, dif» ficile à prouver.

» Ce nom tient à ceux de quelques w antres instrumens appelés viole, basse » de viole, violoncelle, etc.

» Si jamais nom dut être formé par Ono» matopée n'est-ce pas celui d'un instrument de musique ? Ils ont un son à eux, » un son déterminé et constant, un son propre à les distinguer de tout autre. Ce » son dut devenir leur nom dès l'origine » et quoique naturelle on dut perdre à » jamais cette origine de vue, dès qu'on j> eut perdu de vue les origines de la Langue qu'on parlait, et les révolutions de »la nation dout on faisait partie. » Les instrumens bruyans, tels que le


» tambour, le tympanon et la tymbale » portent des noms parfaitement imita» tifs en les nommant, on peint le coup x qui les fait retentir.

» Dans les instrumens à cordes, on avait t 3> à peindre des sons d'une toute autre » espèce des sons aigus et sifflans, grêles » en quelque sorte on eut donc recours » pour les peindre à la voyelle i, dont » le son grêle aigu et sifflant se met si » bien à l'unisson de ces instrumens, et » qui, associée au son o, sert également » à peindre cette joie et cette gaîté qu'ac» compagne et qu'inspire dans les fêtes » le son des instrumens. On dit donc » viole, violon par le même sentiment » qu'on disait ioh ioh et qu'on fit en » iol et en jol les mots celtes theutons » basques, etc. qui peignent la joie et le » plaisir.

» C'est de ce mot que les Latins firent » également celui de jides, qui désigna » les instrumens à cordes et qui forma » le diminutif fidicula, petit instrument x à cordes; tandis qu'en le prononçant s en v, ils en firent vitula i°. la déesse » de, la joie %o. en latin barbare cet


instrument dont nous avons altéré nom en celui de vielle.

» Ils en firent encore

» Vitulari se rejouir folâtrer

» Vitellianœ tablettes sur lesquelles » on écrivait des choses gaips ». VÎTE VÎTESSE. Le mot vite est peut-être l'imitation du souffle accéléré par 1% promptitude de la marche.

t Les Latins n'en auraient-ils pas fait festinare, se hâter? En anglo-saxon hwald signifie alerte prompt et hwetan, ex^ citer animer.

z

ZESTE. C'est une zône très- mince qu'on enlève de la peau d'une orange en glissant vivement contre sa superficie le tranchant d'un couteau. Le petit bruit qui en résulte a motivé cette dénomination qu'on a étendue depuis à d'autres acceptions, tant propres que figurées.

ZIGZAG. Ce sont suivant Ménage, des tringlettes croisées en losange les unes sur les autres qui se resserrent et s'alongent, et dont on se sert pour faire tenir des.


lettres ou autre chose dans des lieux élevés.

Poisson a composé une petite comédie intitulée le Zigzag, où Octave donne une lettre à Isabelle qui était à la fenêtre d'un logis.

Mon zigzag fera son office

Ce mot de lettre mis au bout

Instruit Isabelle de tout.

Ménage reconnaît que ce mot a été fait par Onomatopée.

rut,


ONOMATOPÉES A

Aarbrer.

ABOI, ABOIEMENT, ABOYER.

ACHOPPEMENT.

AFFRES.

AGACEMENT, AGACER.

AGOUTI.

AGRAFFE, AGRAFFER.

AGRIPPER.

TABLE

Chopper.

Affreux.

Raffxer.

GRAPPILLER.

GRAPPE.

Grappilleur.,

Grappillon.

Grappe instrument de menuiserie.

DES S


Grappin,

GRAVIR,

GRAVIER,

Grimper.

AHALER.

AIIAN, AHAKER.

Aï.

AME.

ANCHE.

ASTHME.

BABIL, BABILLARD, BABILLER. Babiole.

Babouin Bambinv

BAMBOCHE.

Bambocha de.

BÂILLEMENT, BÂILLER.

BEER ou Bayer.

Bah!

Badaud.

S'ébahir être ébahl

BARBOTER.

BARET.

BEFFROI.

BÊLEMENT, BÊLER..

BÉGA.Y£MWfT BÉGAYER,

B


BELIER.

Belict.

BEUGLEMENT, BEUGLER.

Bibui-.

BOA.

Mj-uglemeht, Mecplkr.

BIBERON.

BIFFER.

BOMBE.

BOND, BONDIR, BONDISSEMENT. BORBORIGME.

BOUC.

BOUFFÉE, BOUFFI.

Oit.

BOUFFON.

BOUILLIR BOUILLONNEMENT, BOUILLONNER.

Bouillie, Boejllox.

BULLE.

BOULE.

BOUTON.

BOURDON, BOURDONNEMENT, BOUEDONNER.

Botjbdon, cloche.

BRAIRE.

BRAMER.

Brailles.


BREDOUILLER.

BROUHAHA.

BROUTER.

BROIEMENT, BROYER.

BRUIRE, BRUISSEMENT, BRUIT. BnUY~RE.

CAHOT, CAHOTER.

CAILLE.

CANARD.

CAQUET, CAQUETER.

CASCADE.

CATACOMBE.

CATARACTE.

CHAT-HUANT.

CHEVÊCHE.

CHOC, CHOQUER.

CHOUCAS.

CHUCHOTTER, CHUCHOTTERYE, CHUCHOTTEUR.

CIGALE.

CLAPPEMENT.

CAtLLETAG]!.

CAILLETTE.

CAILLETËR.

CANCAJf.

c


CLAQUE, CLAQUEMENT, CLAQUEE Cï.AQItET~

CLIGNOTER.

CuK-D'fEIL.

CLINQUANT.

CLIQUETIS.

CLOSSEMENT, CLOSSER.

Gl.O~)S'i~~)~EN~ GLOUSSER.

COASSEMENT, COASSER..

COQ.

CoQm.

CcnjMTTBME..

COUCOU.

COURLIS.

CRACHAT, CRACHEMENT, CRACHER. CRAN.

ÉeRA!f-

CRAQUEMENT, CRAQUER. CEAQTJ~TBR.

CRESSELLE CRECELLE on CRESSERELLE.

CREX.

CRI, CRIER.

CRIAILLER, CMAUjLEME, CMAILMCE. CBMCÈnT.

CRIC.

CRINCRIN.


CRISSEMENT, CRISSER.

CROASSEMENT, CROASSER.

CROC.

CROQUER.

CROULEMENT,CROULER.

DANDIN, DANDINER.

DÉGRINGOLER.

DRILLE.

DRONOS.

DROUINE.

'ÉBROUER.

ÉCLAT, ÉCLATER.

ÉCLOPPÉ.

ÉCRASER.

ÉCROU.

ACCROCHER.

CROQUET.

ËCttOULEMENT S'EcMULER.

D

CHAUDRON CHAUDROifJfIER.

E

EcLA.BOC8SbR.

CLOPtN C~OFANT.


ECRISER.

ENFLER, ENFLURE.

GONFLER.

ESCOPETTE, ESCOPETTERIË. ÉTERNUEMENT, ÉTERNUER. F

FANFARE.

FIFRE.

FLACON.

FLACQTEE M'EATT.

FLASQUE.

FLANQUER.

FLÈCHE.

FLEUR.

FLAIRER.

FLOT.

FLEUVE, FLUX, FUJIME.

AFH-UENCE,

FLOFLOTTER.

FLOU.

FLÛTE.

FRACAS, FRACASSER.

FREDON,FREDONNER. FRELON.

FRÉMIR, FREMISSEMENT.


FRÉTILLER.

FRIRE.

FRISER.

FROISSEMENT, FROISSER. FRÔLER.

FRONDE.

FROTTEMENT, FROTTER.

FROUER.

GALOP, GALOPER.

GARGARISER, GARGARISME. GARGOUILLE.

GAZOUILLEMENT, GAZOUILLER. GEAI.

GLAPIR, GLAPISSEMENT.

GLISSER.

GLOUGLOTTER.

GLOUGLOU.

GLOUTON, GLOUTONNERIE. Etf&t.OTTtR.

Farssotr, FmssoNMMENT.

FRAYEUR, EFFROI.

FMin.

FRETIN.

GLAS, OU GLAtS.

GLACE.

G


GORET.

GOULOT.

GOUTTE.

GRAILLEMENT, GRAILLER.

GRATTER.

GRÊLE, GRÊLER.

GEESH.

GRELOT.

GRELOTTER.

GRENOUILLE.

GRESILLEMENT, GRESILLER.

GRIFFE.

A&BIMTR.

GBjfTmt.

Gt!)FFA.DE.

GRIFFON.

GRIFFONNER.

GmFFONNA&E.

GEJFFONKNtBNT.

GmFtE, outil de serrurier ou de tourneur..

GRIGNOTER.

GjtjGjroBf.

GRUGER.

GRILLON.

GRINCEMENT, GRINCER.

GRIVE.


GROGNEMENTS GROGNER, GROGNEUR. *GnoGN<mo.

GROGifON-

GROMMELER.

GRONDEMENT, GRONDER, GRONDERIE, GRONDEUR.

GROIN.

GRUAU.

GRUE.

GRULLER.

GUEPE.

GUIORER.

H

HACHE.

HAHÂLIS.

HALETER.

IIAPPER.

HARPE.

HANPEE.

HENNIR, HENNISSEMENT.

HEURT, HEURTER.

IIISSER.

HOQUET.

HORREUR.

HORRIBLIE.

ABHORRER.


HUÉE, SUER.

HULOTTE.

Hnt.DI.EE OU TJHM-ER.

.HUMER.

HUPPE ou PUPPU.

HURLEMENT, HURLER.

JAPPEMENT, JAPPER.

KAKATOES.

LAPPER.

LÉCHER.

LORIOT.

LOUP.

MIAULEMENT, MIAULER.

MOUE.

MUFFLE.

BOUDER.

BoUfERtE.

BOUDEUR.

MUGIR, MUGISSEMENT. ·

J

K

L

M


MURMURE, MURMURER.

MUSC.

OIE.

OISEAU.

OUATE.

PÂMER, PÂMOISON.

PEPIER.

rie.

POUPE.

PUER.

RACLER.

RAIRE ou RÉER.

RÂLE, RÂLEMENT, RÂLER. RÂLE, oiseau.

PlA!HER PlAtLMRIE PlAUMPE.. PEPIE.

PiP~E

PtQt)ER.

PtOCHE.

BECHE.

POUPEE.

Poupojr.

RUT.

o

P

R


ROSSIGNOL. ROUCOULEMENT, ROUCOULER. ROUE.

RAUQUE.

ROQUET.

REDONDANCE.

RETENTIR, RETENTISSEMENT. RINCER.

RONFLEMENT, RONFLER.,

ROUTE.

d la Mo~e.

RotJAGE, RoVER,

RoUET.

ROUELLE.

ROTULE.

ROTATEUH-

ROTZ.

RODER.

RODEUR.

RoUJ-TK.

ROULANT.

RoTtLEAU.

RoiM,EME!')T-.

ROULAOE.

ROULAGE.

ROUHER.

RotfMTTE.


Remis.

RoNMMT.

RÔLE.

RÔI.ER.

ENROMn, EtTROTULER.

ENBÔLEMENT EjtROLEUR.

ROTONDE.

ROTONDITÉ.

RoNt).

RONDEUR.

RONDELET..

RONDIN.

RoynttfER.

RoBfDACKE, RoNDELMt ·

RorfDEAp.

RoNDE.

A LA RONDE.

RONDEMENT

ARRONDIR.

ARROtfniSSBMEBT'

ROUTE..

RoCTIER. r'

ROUTINE.

ROCTINKE.

DEROUTER.

RUGIR, RUGISSEMENT. RUISSEAU, RUISSELER. ROUIR.


SANGLE, SANGLER.

CfN&LER.

SAPER.

SAPE.

SCIE, SCIER.

SCION.

SIFFLER.

SILLON, SILLONNER.

StLm&E.

SIPHON.

SOUFFLER.

SOURDRE.

STRIDENT.

STRIE.

SUCER.

Suc.

StJCRE.

*SUSURRATION, SUSURRE, SUSURREMENT SUSURRER..

TACT.

TtCTAC..

Ttc.

s

T


TtQUETE.

T4.TER, TÂTONNER, À TÂTONS.

TAFFETAS.

TAMBOUR.

TAMPON.

TAPE, TAPER.

TAPON.

TAN.

TAON.

TARABAT.

TAS1N..

TETER.

TIMBALES.

TINTEMENT, TINTER.

TOCSIN.

TONNER,TONNERRE.

TORRENT.

TARABUSTEH<

SETAPtR.

TADP~.

ETOUPE.

TETTE.

TfMBRE.

TtMpAir.

TjMpAtrotf.

TINTEMENT OU TINTOUIN.

TiNTAMARR.E.


TOURDE.

ÉTocRmn.

TOURTEREAU, TOURTERELLE. TOUSSER, TOUX.

TRACAS, TRACASSER.

TRANSIR.

TERMtftt.

TREMBLEMENT.

TREMBLER.

TRRMBLOTIER.

TREMBLE, arbre. ri

TREMOUSSEMENT, SE TRiMOTJSSER.

TRESSAtLI-EMEifT, TRESSAILLIR. TRANTRAN. TRAQUET.

TRICTRAC. ~TRINQUER. TROMPE, TROMPETTE. TROMBONE.

TROT, TROTTER..

TURLUT.

TtREHRE..

v

VAGIR VAGISSEMENT.

VAGUES.


VIOLON.

.VÎTE, VÎTESSE.

ZESTE.

ZIGZAG.

1 TABLE ALPHABÉTIQUE, .Oay Auteurs ez'~e~ dans cet Ouf/YMSj ou qui OM~ e~ë CO~M/~e.! pour sa C'0/7~0~0~.

ÂMIN.

Alfieri

Amyot.

Aristophame.

Baptiste Mantouan.

A

B

z

Belon.

M. Bernardin de S. Pierre.

Bochart.

Boileau.

Boisrobert.

M. de Bonneville.

Borel.

Boursault.


Brisson.

Buffon.

Bullet.

M. de Cambry.

Caseneuye.

Castelvetro.

Catulle.

M. de Châteaubriand. Chapuis (Gabriel). Chevalier. li

Cholieres.

Christian de Troyes. Cicéron.

Clotilde de Surville. Clusius.

Coquillard.

Costar.

Çovarruvias.

Court de Gébelin. Cyrano de Bergerac. D

Dante.

M. David de SaintGeorges.

c

Davies.

Debrosse.

M. Delille.

Mad. DeshouHères~ Desmarets.

Dubartas.

Dubellay.

Ducange.

Duclos.

Dufouilloux.

Dumarsais.

Du[nonni(Edouard). Duverdier.

E'

Edwards.

Ennius.

Euripide.

F

Fernandez.

G

Mad. de Genlis~ Gringore.

Guichard.


Hautproche.

Herbinius.

Hesichius.

Jérémie.

Saint.Jérôme.

Klein.

Le père Labbe.

La Bruyère.

La Fontaine.

M. Lalanne.

La Monnoye.

Latour d'Auvergne. Le Brigand.

Le Duchat.

Legros.

Dom Lepelletier. Leroux.

Letourneur.

Linguet.

H

J

K

L

Linné.

Lorris (Guillaum. de). Lucrèce.

M

Malherbe. M

Maregrave.

Marot.

Martinet.

Ménage.

M. Mercier.

Miltoa.

Molière.

Monnet.

Montaigne. N

Nicod.

NicoteGiUes.

0

Ossian.

p

Paradin.

M. de ParuY.

Pasquier. Y

Perse,


Pison.

Plutarque..

Poisson..

Polidore Virgilea.

Quinault..

Rab<']ais.

Racine-

Ramus.

Regnier.

Rivârol.

Ronsard.

M. de Roujoux.

Rousseau (Jean-Bapt.) Rousseau (Jean-Jacq.) S

Saint-Amand.

Saumaise.

Q

R

Saunderson.

Scaliger.

Schiller.

Schrevetius.

Seba.

Servi us.

Skinner.

Souc~iu de Renne~ort~ Sterne.

Swift.

T

Théophile.

Trenck ( le baron de)~. v

Varron.

VlHon.

Virgile.

Voltaire.

Y

Young.