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Notice complète:

Titre : Bulletin de l'Association française contre l'abus du tabac et des boissons alcooliques

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1881

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb44397056q

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb44397056q/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 1881

Description : 1881 (A13,N1)- (A13,N3).

Description : Note : Pas de bulletin en décembre.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k122159n

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, T36-18

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 11/03/2008

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DE'i 't.t .ss !< r. L'ASSOCIATION FRANÇAISE'" ¡,VI

d CONTRE L'ABUS DD TABAC ET DES ̃ ̃ i

BOISSONS ALCOOLIQUES

AUTORISÉE LES Il JUILLET 1868 ET 10 JfltN 1872.

Mens sana in corpore sana.

TREIZIÈME ANNÉE. N° 1. 1881 1

SOMMAIRE

CONSEIL d'adhiinisthation. –. Séance annuelle. Correspondance. Bureau de L'association, et tiercement du Conseil pour 1881.

ADMISSIONS NOUVELLES. ̃

JOURNAL D'UN FUMEUR.

Presse étranuèrï.

L'abus des ALCOOLIQUES.

LA tempérance EN SUISSE.

VARIÉTÉS. Une œuvre patriotique. Les cigares en papier.

LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE L'ASSOCIATION.

PARIS

AU SIÈGE DE L'ASSOCIATION

44, rue de Rennes, 44

HOTEL DE LA. SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT

̃. •• 1881 ̃'̃'

Paraissant tous les trois mois.


t BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION

pour 1881.

Président M. Frédéric Passy, membre de l'Institut.

Vice-Présidents MM. le marquis DE Ginestous.

le Dr A..Riant.

le Dr RicHARD (du Cantal).

TomtAssE.

Secrétaire général M. Gkrmond DE Lavigse.

Secrétaire pour l'étranger, M. L. CRIVELLI.

Secrétaires des séances MM. Z. Cor.LAUX et Ed. Montagke.

Trésorier M. LÉON Fontaine, avoué,

Archiviste M. Collaux.

CO>SF.IIi

MM. Parfait AGNELLET, manufacturier.

Arnoul, avocat.

BADON PASCAL, avocat.

BomiCET- Aubertot, négociant.

Capmas, ancien fonctionnaire.

Le Dr CAZALAS, sénateur.

A. Chais, imprimeur.

Alex. Devès, propriétaire.

Faume, ancien proviseur.

GALLOIS, conseiller honoraire.

Ph. Gayrard, négociant.

E. Levasseur, membre de l'Institut.

Sextius BIichel, maire du XYe arrondissement.

D. JSIeyer, ancien négociant.

Ch. MILLET, ancien inspecteur des forêts.

LE Sergeast DE Monkecove, ancien député.

Gustave NADAUD, compositeur de musique.

L. jN'ouguier, avocat.

Roclil, professeur.

A. Suc, ingénieur civil.

Ch. TELLIER, industriel.

PBÉMD£ST U'HUVIIltt

M. le Dr Jules GUÉRIN, de l'Académie de médecine.

Pour faire partie de l'Association, il faut

Adresser une demande au Président, ou être présenté par un Sociétaire;

Être agréé par le Conseil d'administration;

Acquitter une cotisation annuelle de six francs.

Celte cotisation est dorénavant de trois francs pour les ecclésiastiques et les instituteurs primaires.

Les Sociétaires reçoivent une lettre d'admission, une carte et le Bulletin.

Un diplôme sur parchemin est délivré, moyennant 4 francs, sur la demande du Sociétaire.


Le Bulletin de l'Association paraît tous les trois mois. 11 est envoyé franco aux Sociétaires dans les premiers jours des mois de mars, juin, septembre et décembre.

On peut s'y abonner moyennant 3 francs par an.

Le Conseil d'administration a ajourné la distribution de la présente livraison, afin de pouvoir y indiquer la date de l'Assemblée annuelle, qu'il a été obligé de retarder en raison de l'absence du Président, appelé au Congrès de l'Association pour l'avancement des sciences tenu à Alger.

AVIS IMPORTANT

Pour éviter les irais de recouvrement, très onéreux pour d'aussi faibles sommes, les Sociétaires des départements sont priés de faire parvenir leurs cotisations, soit par bons de poste, soit en timbres, et franco, à l'adresse du trésorier, M. Léon Fontaine, avoué, 2, rue du, Quatre-Septembre, Paris, ou au siège de l'Association.

Pour les cotisations qui ne sont pas parvenues directement, le trésorier fait toucher à domicile sur quittances qui sont augmentées de 50 centimes, représentant une partie des frais de recouvrement.

Les quittances de l'Association française contre l'Abus du Tabac et des Boissons alcooliques sont imprimées sur papier de couleur rose, et signées par le trésorier actuel, M. L. Fontaine E


ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES r

V Association recommande les ouvrages suivants

Bulletin de l'Associa* ion française contre l'abus da Tabac. Chaque vol. antérieur 3 fr. (6 vol. ont paru). Chaque numéro, 75 cent. Du Tabac, son histoire, ses propriétés, son usage nuisible à la santé, à la morale et aux grands intérêts sociaux", par M. Aug. Gaffabd, d'Aurillae, 2°" édition; prix 1 franc. Cet ouvrage a obtenu le premier prix de l'Association au concours de 1871.

B Loi et ordonnance concernant les fumeurs en chemin de fer, par M. DE BEAUPaÉ, docteur en droit; 50 cent.

Rènexions sur l'usage du Tabac, par M. Rétault, intendant militaire prix: 50 cent.

Recherches physiologiques et elimiques sur la Nicotine et le Tabac, par le D' Ant. Biatis. Ouvrage couronné par l'Association prix 4 fr. Le Tabac et l'Absinthe, leur influence sur la santé publique, sur l'ordre moral et social, par le Dr Paul Jour, de l'Académie de médecine; prix 2 fr.

1/ Alcool et le Tabac, par le Dr A. RIANT; prix 50 cent.

The Tobacco Catechim, by Thomas Ketnolds, tlie Friend of smokers arïa non-smokers 7b centimes.

A Prise Essay on the hisiory of Tobacco, and its physical action on Ihchximan body thraugh its varions modes of employaient, by Hampton BREWER, Esq.; 1 franc.

A Prise Essay on Ihe moral, social, and economical resulls ofthe use of Tobacco, bj Noël Thatcher; 1 franc.

Anti-Tobaccoism. Three hundred and sixty-five interviews with smokers, chewers and snuff-takers; 2 francs.

La Complainte du Wicotïné, par Gustave NADAUn, avec illustration et portrait par Gham; musique gravée. Se trouve chez l'archiviste de l'Association et peut être envoyée franco à nos sociétaires. Prix consenti par l'éditeur pour les membres de l'Association 30 cent.

PARIS. – IBFR1HEMÏ CHiK, 30. RM SISKXB, PBÏ8 VV BDTOKVâRD HONTHÀBTBB. 65S1-I.


BULLETIN

DO

L'ASSOCIATION FRANÇAISE

CONTRE L'ABUS DU TABAC M

DES BOISSONS ALCOOLIQUES

1 – Avril 1881.

CONSEIL D'ADMINISTRATION

Le Conseil d'administration réuni dans sa séance mensuelle du 2 avril 1881, a décidé que la séance générale pour l'année 1881 aurait lieu le lundi soir, 16 mai prochain, en la grande salle de la société d'encouragement.

Dans cette séance le Conseil aura à décerner le prix qui a été réservé à sa séance annuelle de mai 1880, attendu qu'il qu'il n'avait pas été satisfait aux conditions du programma déterminé.

Ce programme est ainsi conçu

« Montrer les conséquences de l'abus du tabac et des boissons alcooliques au point de vue économique et au point de vua moral. Apprécier l'influence de ces consommations et des habitudes qu'elles entraînent sur le travail, sur l'épargne, sur l'esprit d'ordre, de famille et de société. Dire ce qu'elles coûtent, tant en dépenses directes qu'en dépenses indirectes, et indiquer ce qu'elles engendrent fatalement de crimes. de suicides, d'aliénations mentales, et, par suite, de pertes et de charges privées et publiques.

» Un prix de deux cents francs et une médaille en vermeil seront décernés au meilleur travail sur cette question. » Plusieurs mémoires sur cette question ont été adressés à l'Association.

Le Conseil a reçu en outre divers travatfx relatifs à l'usage, à l'action, àl'abus du tabac et des boissons alcooliques, et des propositions au sujet d'exemples donnés et de services rendus.


Dans sa réunion du 2 avril, le Conseil a enregistré ces travaux et ces propositions, et les a remis à une commission chargée de les examiner, afin de lui faire un rapport dans un bref délai. Nos sociétaires recevront à l'avance des lettres d'avis pour la séance du 16 mai, à laquelle ils voudront certainement assister, afin de donner au Conseil un nouveau témoignage du bon concours qu'ils ont prêté, depuis douze ans, à l'œuvre efficace de l'Association française contre l'Abus du Tabac et des Boissons Alcooliques.

M. le docteur Bertin Sans, professeuràla faculté de médecine de Montpellier et directeur de l'Institut d'hygiène auprès de la dite faculté, abien voulu demander au Conseil d'administration, pour les faire placarder dans les écoles de l'Institut, des exemplaires de l'affiche de l'Association contre l'Abus du Tabac et des Boissons Alcooliques.

Le Conseil d'administration a reçules deux lettres suivantes « Détestant de tout mon cœur cet horrible vice de fumer; me sentant souvent réellement malheureux de ne plus trouver un endroit en ce monde qui ne soit pas empoisonné de l'odeur affreuse du tabac; indigné enfin des articles que j'ai vus paraître ces derniers jours dans un journal de Paris, j'éprouve le vif désir de me voir reçu membre d'une Société qui s'est donné pour but de lutter contre une habitude des plus absurdes et des plus pernicieuses. » Karl Eisenlohr. » <c Je désire faire partie de votre très utile Société, et vous prie de m'adresser vos statuts. Si vous avez des sociétaires dans nos environs, j'aimerais à les connaître pour les aider à combattre l'abus du tabac et des liqueurs qui se propage de plus en plus dans nos localités.

» Ces fléaux font de grands ravages dans nos montagnes frontières de la Suisse, où l'alcool et le tabac sont à très bon marché, au détriment de la population qui s'abrutit par l'usage immodéré qu'en fait la jeunesse.

» ALPHONSE Gauthier,

s Fabricant aux Gras (Doubs). s

Le Conseil d'administration a reçu, par les soins de M. Gustave Moynier, président de la « Société des Salles de rafraîchissements », fondée à Genève en 1879, un exemplaire du rapport


présenté à l'Assemblée générale de cette Société. Elle a pour objet, ainsi qu'il a été dit dans une livraison précédente du présent bulletin, la création de locaux accessibles au public, et semblables en tous points aux cafés, sauf en ce qui concerne la vente des boissons alcooliques. Ce rapport fait connaître que la Société a ouvert jusqu'à cette heure trois salles dans des quartiers différents de Genève, qu'elle s'est trouvée d'abord en présence des méfiances du public, que la composition de la clientèle aété difficile, qu'il a fallu y apporter quelque sévérité et, enfin, les consommateurs voyant là un moyen do se soustraire à la tentation de l'alcool, le ton général est devenu promptement très convenable. Le nombre des habitués s'est graduellement élevé, la Société leur offre non pas seulement des rafraîchissements, mais quelques aliments à des prix qui conviennent aux petites bourses, et les salles sont devenues des auxiliaires précieux pour toutes les oeuvres de relèvement moral qui se poursuivent Genève. Ce rapport, qui est moralement et économiquement d'un grand intérêt, a attiré particulièrement l'attention du Conseil d'administration.

Une conférence faite à Genève par les soins de la Société Suisse, et dont la présente livraison donne plus loin le compte rendu, fournit un aperçu intéressant des progrès de la réforme tempérante dans cette ville, et justifie les sympathies dont l'Association française adresse le témoignage à ses amis helvétiens.

Dans sa séance mensuelle du 8 janvier 1881, le Conseil d'administration a procédé, ainsi qu'il suit, au renouvellement du tiers de ses membres dont les fonctions sont expirées, et à la constitution de son bureau pour l'année courante.

Ont été réélus membre du Conseil pour 1881, 1882 et 1883 MM. CAZALAS, Chais, Millet, Bidon-Pascal, Gayraud. Ont été élus membres du Conseil, pour remplir des vacances existantes: MM. Devès, propriétaire; FAURIE, ancien proviseur Meyeb, professeur Tourasse, propriétaire Capmas, propriétaire Roudil, professeur.

Le Bureau de l'Association a été constitué ainsi qu'il suit Président M. Frédéric Passy, membre de l'Institut.

Vice-présidents. -MM. Richard (du Cantal), le docteur A. RiaïïTi le marquis de Ginestous, Tourasse.


Secrétaire général M. Germon» de Lavigne.

Secrétaires des séances MU. Collaux, MONTAGNE.

Secrétaire pour l'étranger M. L. CRIVELLI.

Trésorier M. Léon FONTAINE.

Archiviste M. CoLLAUX.

M. Chaix a été nommé vice-président honoraire.

Les membres composant le Conseil d'administration se trouvent répartis ainsi qu'il suit, pour le renouvellement par tiers prescrit par l'article S des statuts

Tiers sortant en 1881.

MM. L. Crivelli, 0. Il, ancien inspecteur d'académie le marquis de Ginestous, 0. $js; Ém. Levasseur, 0. 0.41, membre de l'Institut Sextius Michel, maire du XVe arrondissement de Paris; A. Arnoul, avocat; Richard (du Cantal), ancien inspecteur général des haras -Bouruet Aubertot, négociant A. Suc, ingénieur civil Ed. Montagne, $?, homme de lettres,

Tiers sortant en 4S82

MM. Collaux; Léon Fontaine, avoué; Germond deLavigne, *?, homme de lettres; Gustave Nadaud, compositeur; Frédéric Passy, $s, 0. Il, membre de l'Institut; le Dr A. Riant, 0. U; Le Sergeantde Monnecove, 0. H, ancien député; Parfait Agnellct, manufacturier; Gallois, conseiller honoraire; Charles Tellier, industriel, j|; Capmas,

Tiers sortant en 48&S

MM. le Dr Cazalas, C. sénateur Chaix, $s, II, imprimeur éditeur C. Millet, !?, ancien inspecteur des forêts; Badon Pascal, avocat; Ph. Gayrard, négociant; Alex. Devès, propriétaire; Faurie, 0. y, ancien proviseur Roudil, y, professeur; D1' Meyer, propriétaire; Tourasse, y, propriétaire.

Président d'boitneur.

M. le Dr Jules Guérin, 0. membre de l'Académie de médecine. Memlwes honoraires.

AM. leDr Brière de Boismont, président honoraire; – Chaix, îî, vice-président honoraire, – Le Dr Bouillon,


député A. Gréard, 0. vice-recteur de l'académie de Paris; Guerrier, avocat à la Cour d'appel'; Ch. Reynolds, secrétaire de la Société anglaise contre le Tabac; Le Dc Jansens, à Liège.

Membres donateurs

jjmos Driesens (veuve) Petitbon. MM. le Dr H. Blatin, (fondateur) Caron; Chaix; Decroix, (fondateur); Driesens Dubail; le Dr J. Guérin (fondateur) L.Kœnigswarter; J. Kœnigswarter; Frédéric Pérault; J. Petitbon; Reuille – Thomassin; – QEschger'; Tourasse.

Membres qui ont racheté leur cotisation:

Mmc3 H. Blatin; Driesens. MM. le Dr Bourdin; Chouet; Dinet; Driesens; Dubail; Fontaine (Léon) Gayrard Le Sergeant de Monnecove le marquis de Queux de Saint-Hilaire OEschger des Rosiers –Thomassin Tourasse Verrié.

ADMISSIONS NOUVELLES

Séances mensuelles de janvier et février 1881.

Noms des sociétaires rrésentés par MM. MM. Capmas, 11, rue Bonaparte (1561) Faurie Eisenlohr (Karl), Paris (1662) le président

le Dr Faurie, à Cahors (1563) Faurie

Gauthier (Alph.), les Gras par Morteau

(Doubs) secrét. général

L. Nouguier, avocat, à Paris (1564) CrivellietTellier JOURNAL D'UN FUMEUR

M. X., professeur de littérature, grand fumeur de cigarettes, cessa de fumer pendant un an. Tout d'abord, il eut plus d'appétit, son sommeil fut moins long, mais plus calme; les palpitations, les vertiges dont il souffrait disparurent; les idées devinrent plus claires, son élocution plus facile, son système nerveux moins


irritable, son caractère plus égal, sa respiration plus libre, sa san physique et morale meilleure.

Mais, hélas! un jour qu'il faut noter d'un caillou noir, « nigro notando lapillo », M. X., méridional inconstant, reprit la cigarette, et noya de nouveau ses chagrins dans la nicotine. Les maux de tête et les vertiges reparurent; la mémoire s'affaiblit.

Survint une bronchite, le tabac l'aggrava, 'et M. X., qui a cessé de professer, cessera aussi de fumer, s'il veut continuer encore longtemps son journal d'où j'extrais ces notes.

A. F.

PRESSE ÉTRANGÈRE

Extraits de l'Anti-Tobacco Journal (février et mars 1881).

QUELQUES FAITS

Nous avons fait une découverte qui pourrait ouvrir les yeux des personnes qui achètent clandestinement le tabac de contrebande, avec l'idée qu'il est supérieur au tabac de France. Il y a en Thuringe plus de mille tonnes de feuilles sèches de betteraves qui sont vendues annuellement comme «du vrai tabac.

Ces mêmes feuilles, avec celles de choux et de chicorée, sont employées, pour le même objet et sur une large échelle, à Magdebourg.

Les cigares de Vevey, si recherchés en Allemagne, contiennent à peine du tabac, et sont presque entièrement composés de feuilles de betteraves, auxquelles une manipulation particulière a enlevé leur goût naturel, et qn'on soumet finalement à une complète immersion dans de l'eau imprégnée de jus de tabac.

CANCER DE LA LANGUE

occasionné par l'habitude de fumer.

M. Skinner, tapissier à Norwood, a subi une opération bien pénible et bien dangereuse, qui, heureusement, a été couronnée de succès. lIl. -Skinner souffrait depuis quelque temps d'une sensibilité et d'une irritation à la langue. Il consultai docteur Gandy, qui jugea nécessaire d'enlever un morceau de la langue. L'opération fut faite par le célèbre Jonathan Hutchenson. Esq., assisté de son fils et du docteur Gandy. Tl est certain que cette


affection» avait pour cause l'abus du tabac, et ce doit être un avertissement à.tous les fumeurs pour qu'au premier sentiment d'irritation à la langue ils renoncent à leur habitude et consultent immédiatement un médecin.

AVIS AUX JEUNES FUMEURS

Par un médecin de Londres.

[Extrait d'une conférence faite dans TotteridgePark, àHerts.) 1

Voici ce qu'a écrit un médecin « Permettez-moi de donner deux ou trois idées pratiques aux jeunes gens qui font usage du tabac. Le tabac a été une cause de ruine et de perdition pour des milliers de jeunes gens, en amenant chez eus une dangereuse précocité, en développant leurs passions, en amollissant et affaiblissant les os, en altérant considérablement la moelle épinière, le cerveau et tout le système nerveux. Il est rare qu'un jeune homme qui a contracté de bonne heure l'habitude de fumer puisse devenir un homme d'un caractère très énergique il manque généralement de vigueur physique et musculaire, aussi bien que de force intellectuelle. Je conseillerai donc particulièrement aux jeunes gens qui veulent se pousser dans le monde de fuir le tabac comme un poison mortel. » Il y a quelques semaines, un jeune homme arriva dans notre ville pour continuer ses études, en vue d'une profession libérale. Une semaine ou deux après son arrivée, il fut pris de paralysie dans les deux jambes, et le mal fit de si rapides progrès, que presque toute la moitié inférieure du corps s'engourdit et fut comme privée de vie; on conserve aujourd'hui peu d'espoir de le guérir. La cause de sa maladie était l'habitude de fumer, habitude contractée de bonne heure, et qu'il avait conservée jusqu'à l'époque où cette attaque lui était survenue. »

IL NOUS FAUT DE L'ARGENT

de l'argent pour les sociétés bibliques,

de l'argent pour les asiles d'aveugles,

de l'argent pour la propagande religieuse,

de l'argent pour les vieilles filles pauvres,

de l'argent pour les petites filles abandonnées,

de l'argent pour les petits garçons abandonnés,

de l'argent pour l'œuvre des prisonniers libérés,

de l'argent pour l'œuvre des enfants idiots,

de l'argent pour les écoles du dimanche,


̃̃̃ de l'argent pour les sociétés des missions,

de l'argent pour les orphelinats,

de l'argent pour l'œuvre des fourneaux,

de l'argent pour les hôpitaux de vieillards,

de l'argent pour les hospices de marins,

de l'argent pour les sociétés de tempérance, etc., etc. Quels sont ceux qui pourraient fournir cet argent dont nous avons si grand besoin ?

Quels sont ceux qui, en 'nous le fournissant, y gagneraient encore ?

CE SONT LES FUMEURS ET LES BUVEURS DE l'Angleterre Car le tabac et l'alcool sont moralement et matériellement les voleurs des Anglais: dont ils ruinent à l'envi la santé et la bourse. (Traduction par M. L. Crivelli.)

L'ABUS DES ALCOOLS (Suite) (1).

Les altérations alcooliques de la seconde espèce sont caractérisées par la présence de granulations protéiques ou graisseuses; àusdn des éléments organiques propres. Dans ces conditions, ces éléments se gonflent et souvent finissent par se détruire c'est ainsi qu'il arrive des cellules hépatiques de l'épithélium des reins, des cellules de la substance grise du cerveau ou de celles de la grande circonférence du cervelet et même des capillairesde l'encéphale. Une légère augmentation du volume de l'organe malade et une physionomie assez spéciale peuvent en être. la conséquence.

La glande hépatique, qui cette fois possède encore le triste privilège d'être le plus souvent affectée, augmente de volume, mais d'une façon toute particulière et suivant son diamètre antero-postérieur; elle tend à prendre une forme cubique, ce qui la distingue du foie gras lié à la tuberculisation pulmonaire. En effet, bien que ce dernier ait parfois des dimensions excessives, il conserve néanmoins toujours sa figure première. Les reins comme le foie augmentent enépaisseur et tendent aussi ij Voir les livraisons précédentes, (3 et 4" de 1880).


à revêtir la forme cubique. Les cellules des tubuli, remplies de granulations graisseuses, donnent à la substance corticale une teinte jaune uniforme, à laquelle s'ajoute dans certains cas un pointillé rougeâtre dû à l'injection des glomérules de Malpighi. –L'organe dans ces conditions conserve toujours sa surface lisse jamais il ne s'atrophie ou ne devient granuleux. Le pancréas, les glandes salivaires, les glandes stomacales, les épithélmms des ramuscules bronchiques ou même des canaux spermatiques n'échappent pas à cette dégénération spéciale. La libre musculaire n'en est pas davantage exempte. Chargé de graisse à sa base, le cœur est flasque, mou, jaune bronzé; l'élément contractile perd peu à peu la striation qui lui est propre; il devient granuleux. et de là des changements dans la dimension de l'organe; dilatation des cavités et augmentation de volume. Les os et les cartilages subissent encore la même altération graisseuse.

Nous pouvons voir. par ce qui précède, que les altération* anatomiques n'épargnent aucun tissu, aucun appareil de l'économie. C'est une déchéance organique comparable à cejle qu'entraîne à sa suite le progrès des années. En effet, chez l'alcoolique comme chez le vieillard, on trouve une atrophie progressive de l'encéphale, augmentation du liquide céphalo-rachidien, altération granulo-graisseuse des petits vaisseaux, des fibres musculaires du cœur, et de la plupart des éléments anatomiques; dilatation des vésicules pulmonaires; ossification des cartilages costaux; raréfaction de la substance osseuse à laquelle se substituent des matières grasses. Cette ressemblance est telle qu'on peut avancer, sans exagération, que, dans la majorité des cas, l'alcoolisme produit une sénilité anticipée. Ce qui est vrai dans l'ordre physiologique l'est encore dans l'ordre pathologique. Dans le cours de la plupart des rnaladies, des maladies aiguës en particulier, se montrent, en eilet, dans la manière d'être du système nerveux, et dans l'état des forces générales de l'économie, des modifications qui diffèrent peu chez le buveur et chez le vieillard.

IV

Recherchons maintenant quelle est l'influence de l'alcool sur !e travail, sur l'esprit de famille et de société, sur l'éducation des enfants et sur leur constitution physique.


Ils sont loin d'être des travailleurs ceux qui ont l'habitude de selivrer à l'intempérance. Voyez cet homme, pris entre mille; dès l'aube il est debout. Ce n'est certes point l'amour du travail qui le rend matinal. Un besoin plus impérieux le pousse hors de son lit, où bien souvent l'insomnie vient le tourmenter. Ce besoin auquel il ne saurait résister, c'est la soif de l'alcool. Son estomac, fatigué par les libations antérieures, ne saurait recevoir d'autre aliment à cette heure matinale que l'alcool. Aussi son premier soin, après avoir toussé, craché, vomi une matière glaireuse dont il croit favoriser l'expulsion par l'eau-de-vie, estil de courir à la fatale liqueur qu'il hume à longs traits; puis il tousse et crache de î.yaveau. Eniin après un temps plus ou moins long, cette expectorât le: abondante et caractéristique cesse, pour revenir le lendemain avec une désespérante opiniâtreté, à l'heure du lever, jusqu'à ce que des symptômes plus graves ou quelques désordres plus profonds aient cloué le malheureux sur son lit, d'où il ne sortira souvent que pour entrer au cercueil. Mais l'alcoolique ne peut se contenter de cette libation matinale, qui sert, dit-il, à le mettre en train. Un excès appelle un autre excès. Il quitte son travail pour courir au cabaret il joue, il fume et dépense tout ce qu'il gagne et pendant que le malheu reux. esclave de l'alcool assouvit sa triste passion, sa femme et ses enfants attendent, dans une anxiété profonde et poignante, celui qui devrait être leur soutien. A minuit, souvent au petit jour, un pas sonore et mal assuré résonne dans l'escalier. La pauvre femme, qui veille éplorée près du berceau de ses enfants, veut encore se composer un visagesouriantet adresse de doux reproches à son indigne mari. L'ivrogne se fâche, s'emporte, vomit les plus grossières injures et parfois les coups tombent dru comme grêle. Il brise tout ce qui lui tombe sous la main, quand il no se porte pas à des voies de fait plus graves, comme il arrive fréquemment. Les exemples sont faciles à trouver. Il me suffira d'en citer quelques-uns:

Au printemps dernier, les journaux enregistraient les faits suivants d'une révoltante brutalité. Boulevard de Ménilmontant, au quatrième étage, demeurent les époux X. Le mari a quarante ans; ouvrier serrurier, il travaille à ses heures et hante malheureusement les cabarets. La femme fort laborieuse passe les jours et les nuits à un travail ingrat et peu rémunéré, pour arriver à subvenir aux besoins de trois enfants. Quand il rentre


fort tard, ce qui lui arrive fréquemment, X se livre sur sa femme et ses enfants à des actes d'une brutalité inouïe. Maintes fois, les voisins durent intervenir pour arracher des mains de ce forcené sa femme ou l'un des pauvres petits êtres qu'il aime pourtant quand il est à jeun. Vers minuit, il revenait à cette époque plus ivre encore que de coutume. Sous un prétexte futile, il chercha querelle à sa femme qui travaillait à la lueur d'une lampe. La pauvre victime essaya de calmer l'ivrogne, mais il voulait en finir avec la vie et tuer auparavant sa femme et ses enfants.

Il saisit par les cheveux la malheureuse femme, la traîna près de la fenêtre et allait la précipiter sur la chaussée il la tenait suspendue dans l'espace, lorsque des voisins enfoncèrent la porte et parvinrent à saisir MmeX, juste au moment où, épuisée par la lutte, elle n'opposait plus qu'une faible résistance. La fureur de X. redoubla, et il saisit une hachette pour en frapper les témoins de cette triste ssène; des sergents de ville, accourus, parvinrent à le désarmer et à le conduire au poste.

Voilà un malheureux à qui on peut prédire une triste fin, s'il continue à se livrer à l'intempérance. Après avoir été inutile sur la terre, il ne laissera, comme tant d'autres après lui, que de pénibles souvenirs et la misère..

Dernièrement encore un ivrogne qui se trouvait à l'Odéon se mit à faire un tel bruit qu'on fut obligé de le mettre dehors. Furieux, alors, il se débarrasse de sa veste, de sa cravate, de son chapeau et, s'armant d'un revolver, il tire sur les personnes qui sont à sa poursuite. On s'empare enfin de ce forcené, qui fut conduit non sans peine au poste. Ce vaurien n'a que 18 ans et demeure rue illeslay. Cela promet pour l'avenir.

A peu près à la même époque on signalait un nouveau crime à Vanves. Le nommé Bergousi, garçon chez M"10 Justrabat, crémière, rue de Vanves, rentrait chez sa patronne dans un état d'ébriété complète et se répandait contre elle en paroles violentes et obscènes. Naturellement, Mmo Justrabat lui fit de sévères observations sur sa conduite et le menaça, s'il continuait à faire du scandale chez elle, de le mettre à la porte. Cet homme, pris alors d'une fureur soudaine, saula sur un couperet à hacher la viande et, se précipitant sur la malheureuse femme, lui en asséna trois coups sur la tête. Les cris de la victime


attirèrent des gardiens de la paix, qui s'emparèrent du misérable et le conduisirent au poste voisin.

Tout récemment encore, un crime horrible a été commis dans un village du département de l'Aisne. Un père a étranglé sa petite fille âgée de dix-neuf mois. Ce misérable était dans un état complet d'ivresse. En rentrant chez lui, il s'était pris de querelle avec sa femme. Le tumulte, les cris proférés par le misérable réveillèrent la pauvre petite créature; elle se mit à pleurer, et c'est alors que son père, dans un moment de fureur, l'étrangla et la jeta sur le pavé. Sa mère, effrayée, s'enfuit deminue. Les voisins accoururent et allèrent chercher la gendarmerie. L'assassin a été arrêté et écroué à la maison d'arrêt.

Les faits de ce genre ne sont pas rares malheureusement. II semble même qu'ils tendent à se multiplier. Il serait facile de citer un grand nombre d'actes semblables. Je me bornerai pour le moment à ces quelques exemples. Nous nous proposons de reprendre cette question p'us tard.

Souvent encore l'alcoolique déserte le foyer domestique sans jeter un regard en arrière sa honteuse et dégradante passion absorbe tous les bons sentiments qui peuvent encore germer en lui; sa femme et ses enfants qui lui demandent du pain, ne sont plus pour lui qu'un obstacle à la satisfaction de son abominable passion. Boire, fumer et jouer, telle est son existence quotidienne. S'il consent encore à travailler quelques heures par semaine, ce n'est que pour se procurer l'argent nécessaire pour étancher la soif qui le dévore. Mais tôt ou tard son estomac fatigué et profondément troublé par le contact réitéré de l'alcool ne fonctionne plus qu'imparfaitement. L'appétit diminue de jour en jour l'infortune dépérit rapidement. L'alcool a fait d'un homme robuste un vieillard usé qui n'a plus d'énergie, dont l'organisation est menacée d'une déchéance prochaine. Il tombe enfin. Où ira-t-il? Dans ce moment de profonde détresse sa pensée se reporte vers sa femme et ses enfants qu'il a lâchement abandonnés. Ou sont-ils ? C'est la première fois qu'il se pose cette question depuis qu'il les a quittés. Mais la maladie n'attend pas elle fait des progrès incessants. L'hôpital lui ouvre ses portes et il succombe à 4S ans emporté par la pneumonie ou le delirium tremens.

Tels sont les troubles que jettent au sein des familles et de la société les habitudes d'ivrognerie; car à côté des scènes privées


que nous venons de raconter, nous pourrions également mettre à l'actif de l'intempérance des discussions violentes, des rixes sanglantes, qui ont lieu journellement dans les cabarets ou sur la voie publique. Les journaux peuvent chaque jour nous édifier à cet égard, et nous montrer que la famille aussi bien que la société tout entière sont bouleversées profondément par l'alcoolisme.

C'est au moyen de la statistique générale et de la statistique privée qu'il nous sera possible de mesurer toute l'étendue des ravages causés par l'intempérance et du nombre sans cesse croissant des malheureux qui abusent de la fatale liqueur. On est sur le point de construire des hospices cantonaux dans toute la France; c'est un grand progrès au point de vue humanitaire; mais ce sera aussi un grand progrès au point de vue scientifique. C'est là qu'il sera facile d'établir une statistique qui ne laissera rien à désirer, tant sous le rapport de l'observation exacte des faits, que sous celui des moyens à employer pour circonscrire le fléau.

Les rapports de chaque canton de France, centralisés au ministère de l'intérieur, deviendraient une source précieuse d'informations. En attendant que ce progrès se réalise, nous ne pouvons qu'approximativement faire connaître le nombre des alcooliques; nous ne pouvons donner que des renseignements incomplets et portant sur un nombre trop restreint d'individus. Aussi appelonsnous de tous nos vœux une statistique générale pour la France entière, et puisée aux sources que nous avons indiquées plus haut. Nous pourrons mesurer, par les révélations qu'elle nous donnera, la profondeur du mal produit par l'abus de l'alcool.

Et, d'un autre côté, il n'est pas douteux que les accès alcooliques des parents réagissent sur les enfants au double point de vue de leur développement intellectuel et physique. Quels principes peut en effet inculquer à ses enfants un père qui a la fatale habitude de se livrer à l'ivrognerie, et qui ne rentre au foyer domestique que pour injurier sa femme et vomir contre ceux qui l'entourent les injures les plus, grossières, ou se porter contre eux à des voies de fait d'une brutalité inouïe. Un tel père est du reste incapable et indigne de diriger ses enfants. Ceux-ci, affranchis de bonne heure de toute autorité sérieuse, déserteront prématurément la maison paternelle, et iront grossir


la triste phalange des malheureux qui, n'ayant ni éducation, ni principes, s'abandonnent à leurs mauvais instincts, heureux quand quelques-uns peuvent rencontrer sur leur route une âme compatissante qui les redresse et les engage dans une voie meilleure. Mais la plupart de cesiut'ortunés, héritant des vices paternels, imiteront tôt ou tard les exemples qu'ils ont eus sous les yeux dans leur enfance. Cette proposition peut paraître paradoxale. La vue quotidienne de tels excès devrait avoir une influence autre sur ceux qui en sont les témoins. Eh bien, non. Je serais tenté de dire que l'hérédité et l'imitation jouent un grand rôle dans ce cas, car j'ai rencontré souvent des parents alcooliques qui avaient l'habitude de boire en cachette leurs enfants devenaient plus tard alcooliques comme eux, et buvaient en cachette. Dans la société ces sortes de gens s'étudient, boivent du bout des lèvres, et sont d'une réserve excessive sur toutes choses, Mais dans une autre classe de la société, il est plus difficile de cacher ce vice, et les enfants assistent depuis leur enfance à toutes les scènes du foyer domestique et n'en perdent jamais le souvenir. Chez eux les sentiments filiaux n'existent pas, ou ils ne les connaissent qu'imparfaitement. Ce sont des êtres à part, pauvres végétaux qui ont grandi à l'ombre de l'alcool dont les effluves ont empoisonné les racines. Ils s'en iront bien jeunes, pâles, étiolés dans les ateliers où s'achèvera leur éducation commencée sous d'aussi tristes auspices. Quelques-uns, et c'est le plus petit nombre, mèneront une existence régulière pendant de longues années. Les autres entraînés par la débauche, par leurs mauvais instincts, se livreront à toutes sortes d'excès. Leur constitution ébranlée par le vice paternel ne résistera pas longtemps. Les uns parmi ceux-ci, usés prématurément, viendront échouer à l'hôpital. Les autres, tombés dans un avilissement complet, chercheront dans des métiers interlopes et dans le vol les moyens de continuer leurs débauches, jusqu'au jour où la justice interviendra. Les autres enfin descendent du vol à l'assassinat, et terminent leur honteuse existence dans les prisons ou sur l'échafaud.

Disons maintenant quelques mots des effets de l'alcool sur la descendance des alcooliques. L'ivrogne de profession ne peut donner naissance qu'à des êtres maladifs, portant dès le premier jour un cachet de caducité remarquable, ou marqués du sceau de l'idiotisme ou de la folie. Nous avons eu sous les yeux, pen-


dant de longs mois, alors que nous achevions nos études à Paris, une pauvre fille de 14 ans, qui depuis sa naissance était atteinte de folie hystérique. Son père était alcoolique depuis longtemps. D'après les renseignements exacts et authentiques que nous avons recueillis, nous pouvons affirmer que la procréation de cette infortunée s'est effectuée, alors que le père était dans un état complet d'ivresse. Il est donc démontré péremptoirement ici que l'empoisonnement alcoolique a réagi sur les fonctions de reproduction, et on peut le dire sur le spermatozoïde lui-même. Cette fille, dont la maladie est incurable, a dû être internée dans un asile d'aliénés, où se consumera péniblement son existence empoisonnée par le vice paternel, tandis que le triste auteur de ses jours, sans asile, incapable de travailler, s'acheminait vers l'hôpital, son dernier refuge.

Je donne actuellement mes soins à une fillette de 13 ans, qui est atteinte d'hystérie depuis quelques années. Dans ce cas remarquable les grandes crises hystériques sont rares, et encore n' atteignent-elles jamais le degré d'intensité observé communément dans cette maladie. L'hystérie est caractérisée ici par une projection violente et rapide du thorax en avant, et par une gêne considérable de la respiration. La parole est saccadée; l'intonation vocale suit les oscillations rythmiques du thorax, tandis que le bassin demeure immobile. Il n'y a jamais eu de perte de connaissance.

J'attribue la cause de cet état nerveux aux. habitudes d'intempérance auxquelles se livre le père depuis longtemps,

On a déjà signalé comme cause de convulsions chez les jeunes enfants les habitudes d'intempérance de la nourrice.

J'en ai aussi observé quelques exemples; un cas de ce genre entre autres a été très difficile à démasquer; ce n'est que par une surveillance attentive et de chaque instant qu'il m'a été possible d'être convaincu que j'avais affaire une nourrice alcoolique je fis suspendre l'allaitement au sein et les convulsions ne tardèrent pas à cesser.

Par les observations que je vais donner plus bas, il sera aisé de voir combien l'abus des alcools engendre de maladies, non seulement chez ceux qui se livrent à l'intempérance^ mais encore sur les descendants. En dehors des maladies organiques dont nous avons parlé longuement plus haut, nous avons observé plus particulièrement, chez les enfants provenant d'alcooliques:


une constitution faible, maladive, scrofuleuse, dévenantfacilement tuberculeuse; la pneumonie caséeuse, l'hystérie, l'épilepsie, la chorée, le crétinisme, la folie.

Chez les ascendants, l'épilepsie, l'hystérie, le cancer et l'ulcère de l'estomac, des affections vésicales graves, le delirium tremens, la folie, la pneumonie chronique et caséeuse.

(A suivre).

LA TEMPERANCE EN SUISSE

Comment on relève les buveurs.

Tel est le sujet d'une conférence qui a eu lieu dernièrement, au Casino de Saint-Pierre, par les soins de la section genevoise delà suisse de tempérance. Un public sympathique avait répondu à cette invitation, et personne n'aura dû regretter ces moments arrachés aux. dernières heures des fêtes du jour de l'an. « Le président de lasection, M. le pasteur Louis-Lucien Rochat, a ouvert la séance. Après un chant de tempérance exécuté par un cœur mixte, recruté parmi les membres de la Société, il a exposé avec chaleur et conviction le but poursuivi, soit en Angleterre, suit en Suisse, par les partisans de l'abstinence. » Le bon sens populaire, parfois un peu brutal, affirme que qui a bu boira, et l'on s'est longtemps demandé chez nous si des vrognes pouvaient être relevés. Aujourd'hui, cette chose si rare se voit la Société possède dans son sein des hommes adonnés à la boisson et qui en ont été guéris.

» L'orateur esquisse l'histoire de la formation des sociétés de tempérance, tant en Angleterre que chez nous. La première société fondée dans le Royaume-Uni remonte àl'année 1829. Elle admettait l'usage modéré du vin; mais on reconnut bien vite que l'on n'arrivait à rien par ce moyen-là.

» Des Sociétés d'abstinence complète ne tardèrent pas alors à se former. Leurs commencements furent très humbles, mais aujourd'hui elles comptent, en Angleterre, trois millions d'adhérents, hommes, femmes et enfants. Chaque église importante a sa société dctempéran:e, à elle attachée. Les sommités médicales de l'Angleterre favorisent les efforts de ces associations, et l'on trouve un grand nombre de docteurs qui tiennent que l'alcool est un poison dont même l'usage modéré est mauvais.


» En Suisse, différentes Sociétés ont été fondées à différentes époques, sur le principe de la modération, mais leurs résultats sont restés à peu près nuls. Chez nous aussi, on a dû reconnaître que l'abstinence totale est le seul principe à appliquer au relèvement des victimes de l'ivrognerie.

» Fortes de cette conviction, un certain nombre de personnes, soit à Genève, le 21 septembre 1877, soit dans les diverses parties de la Suisse romande, se sont constituées en sections d'une Société suisse de tempérance. Sans vouloir prétendre que le vin soit une mauvaise chose, les membres de la Société s'en abstiennent, afin d'offrir un point d'appui aux ivrognes qui voudraient se relever en se joignant à eux.

» Des comités auxiliaires composés de personnes qui n'ont pas adhéré à l'abstinence totale, mais qui veulent travailler au relèvement des ivrognes, se groupent autour de la Société, et vont s'organiser incessamment sur une échelle importante. » La Société regardeaussi, comme un importantmoyen d'action, les cafés, dits de tempérance, dont il existe déjà 12, sur lesquels o dans le canton de Genève, et dont un grand nombre encore s'ouvriront chez nous et ailleurs.

» M. le docteur Duval prend ensuite la parole et, dans une allocution très nette et pleine de faits, encourage la Société dans son œuvre. Ses arguments sont tirés du domaine médical. » Si quelque 1,300 médecins anglais ont pu déclarer que la santé la plus parfaite est compatible avec l'abstinence complète des liqueurs fermentées, si une adresse émanant de docteurs américains a pu déclarer de son côté que l'alcool devait être mis au nombre des drogues pharmaceutiques, chez nous, vu le peu de personnes qui jusqu'ici ont pratiqué l'abstinence absolue, on est mal placé pour dire quels sont les effets de l'alcool sur le corps humain. Les points de comparaison font défaut, et il n'y a guère à cet égard que des opinions individuelles.

» M. le Dr Duval répond ensuite à quelques-unes des questions que l'on pose volontiers aux médecins.

» Peut-on se bien porter en s'abtenant de toute liqueur fermentée? Oui, et même on doit se mieux porter, car l'alcool ne stimule d'abord que pour causer ensuite une dépression et d'autres effets fâcheux.

» L'abstention est-elle préférable à la modération? Quand l'abstinence aura été pratiquée plus en grand chez nous, il


sera possible de se prononcer en connaissance de cause. Mais en tous cas la modération, telle que l'entend l'orateur, se rapproche beaucoup de l'abstinence complète. M. Duval ouvreici une parenthèse pour protester contre l'odieuse habitude de donner du vin ou des liqueurs aux enfants pour les fortifier, au risque de les enivrer, ce qui arrive souvent. Le fortifiant dont ils ont besoin c'est du lait.

» Quel rôle joue l'alcool dans le traitement des maladies? C'est un puissant agent thérapeutique; mais dont on ne saurait jamais, même en cette qualité, user que temporairement, et qu'il convient d'administrer, autant que faire se peut, sous une forme pharmaceutique et dosée.

» Comment guérit-on les maladies qui résultent de la boisson ? On les guérit par l'abstinence absolue du poison qui est la cause de la maladie. Un traitement de ce genre demande, il est vrai, du courage de la part du médecin et de la confiance de la part de la famille, car le patient est appelé à passer par des périodes de défaillance qui pourraient faire douter de l'excellence du procédé.

» Prescrire, dit en terminant l'honorable docteur, la moindre dose d'alcool à un ivrogne guéri est une sorte de crime, car c'est le condamner à une rechute presque fatale. L'alcool lui est-il nécessaire comme secours thérapeutique, qu'il lui soit administré sous forme de potion, et aussi complètement déguisé que possible; mais jamais de vin ni de liqueur.

» Après cette allocution qui produit sur l'auditoire une profonde sensation par son caractère décidé. M. Bourquin, de la Chaux-de-Fonds, raconte comment, après avoir été l'esclave de la boisson, il a trouvé dans l'abstinence totale un moyen de surmonter sa propre faiblesse. Il raconte encore l'histoire de quelques anciens ivrognes de sa connaissance dont l'expérience se rapproche de la sienne et montre que le relèvement des victimes de l'ivrognerie devient dans son pays une préoccupa-. tion, une mission encore très modeste, il est vrai, mais qui a déjà cependant fait ses conquêtes. Les paroles de M. Bourquin sont écoutées avec un vif intérêt.

» M. le Pasteur Choisy prononce encore une courte allocution pour recommander l'abstinence totale à ceux pour qui elle est le seul moyen d'échapper à une chute ou à une ruine certaine; pour encourager la création de cafés de tempérance, et recom4


mander la Société de tempérance et son œuvre à la sympathie de tous.

» Un chœur termine la partie officielle de la séance qui se prolonge encore, au moment où nousquittons la salle, dans une conversation familière à laquelle le public est invité à prendre part.

» Serions-nous donc à la veille de voir inaugurer chez nous cette puissante association des Sociétés de tempérance qui ont déjà rendu de si grands services en Angleterre et aux ÉtatsUnis ? On aurait pu le croire en assistant à la réunion d'hier au soir, si sérieuse et parfois si émouvante. »

VARIÉTÉS

Une œuvre patriotique. M. Tourasse, propriétaire à Pau, après avoir consacré, en 1877, une somme de 150,000 francs à l'oeuvre des élections républicaines, après avoir fondé dans toutes les communes des Basses-Pyrénées des sociétés de secours mutuels, des caisses d'épargne scolaires, des bibliothèques cantonales et pédagogiques, vient d'abonner gratuitement à la Gazette du Village, journal politique et agricole, les 40,500 instituteurs de toute la France.

Les cigares en papier. Nous avons déjà parlé de cigares où, en fait de tabac, il n'y a que des feuilles de betteraves. Voici maintenant des cigares. en papier, et des havanais, s'il vous plaît. Une fabrique de papiers de New-York avait, depuis plusieurs années continuellement reçu des commandes de papier très mince et de première finesse, mais dont la destination était inconnue. Une rame pesait environ trois kilog. Ce n'est qu'en ces derniers temps que l'on sut que ce papier était destiné pour la Havane.

Après l'avoir laissé d'abord saturer dans une décoction de résidus de tabac et sécher, on le met ensuite sous presse, ce qui lui fait acquérir, à s'y tromper, l'apparence de véritables feuilles de tabac; l'oeil le plus exercé ne saurait soupçonner la moindre falsification. Ce produit, ainsi obtenu, est enfin converti purement et simplement en vrais cigares havanais, dont se régalent les amateurs.


LISTE GÉNERALE

DES MEMBRES DE L'ASSOCIATION

NOTA. Les personnes dont l'adresse n'est pas suivie de l'indication du département habitent Paris.

Les sociétaires sont priés de faire connaître leur changement d'adresse pour que le Bulletin puisse leur être envoyé exactement.

MM.

ADELSON-MONTEAUX, rue Cambon, 19.

AgSellet (Parfait), boulevard des Capucines, 8.

Aigremont nU VICEL (d'), rue Abbatucci, 4.

ALBERT ALEXANDRE, à Rouen.

ALEXANDRE, instituteur, à Lhéraule (Oise).

ANDRÉ-WALTER (Mme), à Versailles.

Akdré (Alf.-L.), rue Abbatucci, 49.

Ahgelsberg, instituteur primaire, à Saulzoir, par Solesmes (Nord). Arennes, instituteur, école de Charonne.

Arkengaut aîné, rue Saint-Sébastien, 45.

Arnoul, avocat, rue Vivienne, 12.

Aron, rue Taitbout, 34.

AUBRY frères, rue des Jeûneurs, 33.

BACHY, instituteur, à Sémérie-s (Nord).

BADON (Pascal), avocat, rue de Richelieu, 83.

BAILLARGER (le Dr), rue de l'Université, 8.

Bamberger (le Dr), député de la Seine, rue de la Tour, 78. Bameerger (H.), rond-point des Champs-Elysées, 14.

BARAILLON (Lucien), instituteur, à Levainville (Eure-et-Loir). BARBAS, boulevard de Strasbourg, 85.

BARBIER (Auguste), de l'Académie française, rue Jacob, 48. BARBIER, droguiste, rue de Seine, 51.

BARBIER (MUe), institutrice, idem.

BARLEMONT (le Dr), rue Lavoisier, 4.

Barthélémy SAINT-HILAIRE, rue Dufresnoy, 3.

Barthomiecx, rue Abbatucci, 66.

BARUDEL (le Dr), médecin en chef de l'hôpital militaire de Lyon. Badche, rue Franklin, 9.

Béchu (Mme), propriétaire, à Boulogne-sur-Seine.

Bénard, rue Castellane, 8.

Bénardari (Léonidas), rue des Saints-Pères, ld

Benoist d'Azy (le vicomte P.), rue de Grenelle-Saint-Germain, 86. BERLY, rue de la Chaussée-d'Antin, 60.


BERSON, à Meulàn (Seine-et-Oise).

BERT (le Dr Paul), rue Guy-de-la-Brosse, 9.

BERTEIL, rue du Temple, 38.

BESSAN, directeur de la Belle Jardinière.

Bezànçon (le Dr), à Boulogne (Seine).

BIBLIOTHÈQUE (la) populaire de Boulogne (Seine).

BILLAUDEAU (le Dr), à Soissons (Aisne).

BILLY (Ch. de), rue Franklin, 14.

Bixio (Maurice), boulevard Haussmann, 28.

Blaise (des Vosges), rue Léonie-Chaptal, 7.

BLANC (Edmond), rue de Rivoli, 194.

BLANCHE (le Dr),rue Berton, 17.

Blatin (Mme veuve Henry), à Asnières-Lehotville (Seine).

BLOCH (M11b Rosine), artiste de l'Opéra, rue Général-Foy, 36.

Boisleux, directeur de la Propagande catholique, à Tourcoing (Nord). BONAPARTE (le prince. Charles), à Rome.

Bonnafont (le Dr), rue Mogador, 3.

Bohnard-Bidault, rue Montesquieu, 7.

Bokel, professeur au collège de Bernay (Eure).

BOREL, pasteur, à Lille (Nord).

Boudih (Ch.), rue Baillif, o.

Bouhair, pharmacien, rue du Faubourg-du-Temple, 91.

BOUILLAUD, membre de l'Académie de médecine, r. St-Dominique, 32. Bourdim (le Dr), à Choisy-le-Roi (Seine).

Bouhdet-Adbemot, rue d'Argenteuil, 20.

Boiitigny, maire du Grand-Quevilly (Seine-Inférieure).

BRAG (Eugène), rue de Rivoli, 37.

Biuançon, rue d'Aboukir, 113.

Bricogne (Charles), faubourg Poissonnière, 33.

Brierre DE Boismont (le Dr), rue de Saint-Mandé, 108, à Vincennes BROCARD, banquier, rue Vivienne, 7.

Brochard (le Dr), réd. en chef de la Jeune Mère, rue Bonaparte, 47. Brunet, artiste peintre, rue de Chabrol, 22.

BRYE (de), rue Yernet, 33.

BULTEAU, rue du Sentier, 16.

CABANELLAS (Charles), ruc Mogador, 5.

CALLA père, rue des Marronniers, 8.

Cam (Mme), rue de la Paix, 24.

CAMBIER (l'abbé), rue de Crimée, 169.

Capmas, rue Bonaparte, 11.

CARBONNIER (Maurice), rue Roquépine, 12.

CARLIER (Alexandre), propriétaire, rue de Maubeuge, 28.

Castéja (le marquis de), rue d'Anjou-Saint-Honoré, 63.

CAZALAS (le Dr), sénateur, rue Paul-Louis-Courier, 116is.


CAZAUX (le Dr Marcellin), aux Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées), et rue de Maubeuge, 69.

Chaix, imprimeur-éditeur, rue Bergère, 20.

Chapuis, rentier, boulevard de Magenta, 148.

CHASLES, rue Paul-Louis-Courier, 3.

Chateauvieux (Mme de), au château de Yernoux (Maine-et-Loire). Chatel (Victor), à Campandi'é-Yaleongrain (Calvados).

CHAVY, instituteur libre, à Suresnes (Seine).

CHEVALLIER, propriétaire, avenue des Ternes, 40.

Chevrieh, pharmacien, rue du Faubourg-Montmartre, 21

Chouet, avocat, rue de Milan, 1H.

CLAPARÈDE (le Dr), boulevard Malesherbes, 133.

Clehmont (Hermann de), rue Barbette, 11.

Cochari), capitaine de gendarmerie, Montfermeil (Seine-et-Oise). Collaux, rue Pierre-Levée, 14.

Collet (Narcisse) chez Mme Guérin, Marly-le-Roi.

Combes (Alph.), rue de Tournon, 13.

COMBES (Charles), idem.

CORRARD, ancien notaire, rue de Naples, 66.

Cottin (Henri), rue de Miromesnil, 13.

Crivelli (Louis), ancien inspect. d'académie, boul. Saint-Michel, 47. Cusset, imprimeur, rue Montmartre, 123.

Davelouis. propriétaire, rue de Boulogne, 21.

DÉBAT, boulevard de Magenta, itë.

Decugis, avenue du Bois-de-Boulogne, 34.

Délaissement, inspecteur du travail des enfants, à Toulouse.

Delastre, rue.de Laval, 5.

Désiré (le frère), directeur de l'école des Carrières, à Trélazé.

Desjardin (Ernest), boulevard Malesherbes, 83.

Desormeaux, chirurgien-en chef de l'hôpital Necker, rue de Verneuil, 11. DES Roziers. boulevard Haussmann, 154.

DEVEZ, avenue du Roule, 61.

Dietz-Monnin, rue du Château-d'Eau, 11.

Dolwus DE Kattendvke (Mme), avenue Montaigne, 29.

Dolon (Émile), rue de la Chaussée-d'Antin, 60.

Dorqan (l'abbé), directeur du patronage de Saint-Pierre, à Toulouse. Doré (Gustave), artiste peintre, rue Bayard, 3.

Douchez (le Dr), médecin-major au 1er zouaves, à Alger.

Drake DEI, Castillo (Emmanuel), rue Balzac, 2.

Dràke DEL CASTILLO (Jacques), idem.

DREYFUS (Mme Nestor), boulevard Haussmann, 72.

DREYFUS-DUPONT, rue Castiglione, 1

DRIÉSENS (Mme), à Tournay (Belgique).

Driésens (Victor), idem.


Dubail (René), rue du Château-d'Eau, 20.

Dubois (Albert), rue Blanche, 7.

Dubois (Léon), au château des Barres, par Charenton (Cher).

Dubus, instituteur, à Ons-en-Bray (Oise).

Dumas (Alexandre), de L'Académie française, avenue de Wagram, 120. Dumas, de l'Institut, rue Saint-Dominique, 69.

Dcmazo, rue d'Aguesseau, 151, à Boulogne (Seine).

Duiuueu, rue de la Chaussée-d'Antin, 66.

Dcval (le Dr), rue Jacob, 20.

Dcverdy, place Boïeldieu, 1.

ECOLE PROFESSIONNELLE DE l'imprimerie Chaix, rue Bergère, 20. Eissen (Émile), à Valentigny (Doiibs).

Ellissen (Alexandre), banquier, rue de la Baume, M bis.

Ernoux (Albert), rue Lacroix, 24.

Espivent DE la Villeboisnet, capitaine d'état-major, place Vendôme, 22. ETIENNE, négociant, à Issy (Seine).

FAUCHAUT, conseiller d'arrondissement, à Boulogne (Seine).

Fauconnier,, docteur en droit, rue Jacob, 41.

Facrie (le Dr), à Cahors (Lot).

FAURIE, ancien proviseur, rue de Douai, 41.

FAVARS (de), rue Pierre-Charon, teî.

FERRAND, instituteur à Brantôme (Dordogne).

FERON (Emile), avocat, à Bruxelles, rue Bodenbroeck, 15.

Flaxlajd, rue Thévenot, 9.

FLEUREY, fondeur en cuivre, rue Sedaine, 3o.

Fontaine (Léon), avoué, rue du Quatre-Septembre, 2.

FONTELA (don Emilio), médecin à la Corognc (Espagne).

Fourdinois (Henri), rue Amelot, 46.

Frénoy (le Dr), boulevard de la Tour-Maubourg, 49.

FREYRE (don Francisco), médecin à Santiago de Galice (Espagne). Fropo (Mme), Avenue Duquesne, 22.

Gafpard (Auguste), à Aurillac (Cantal).

GALLOIS, conseiller honoraire, rue de Verneuil, 11.

GARRIGOU (le Dr), à Toulouse (Haute-Garonne).

GASSET, quai Voltaire, 7.

Gasté (de), rue Saint-Roch, 7.

Gaultry (Paul), notaire, il Fontainebleau (Seine-et-Marne).

GAUTIER, rue de Trévise, 13.

GAYRARD (Philippe), représ. de fabriques, rue du Quatre-Septembre, 9. GELLÉE, parfumeur, rue d'Argout, 35.

Ge.ndb.in (le Dr), quai Voltaire, 3.

Geoffroy SAINT-HILAIRE (Albert), au Jardin d'acclimatation.

GERMOND DE LAVJGNE, homme de lettres, rue Monsieur-le-Prince, 26. Gérôme, de l'Institut, boulevard de Clichy, 6S.


Gervais, propriétaire à Treil (Seine-et-Oise).

GINÈSTOUS (le marquis de), rue Madame, 54.

Giquel, directeur de l'arsenal de Fou-tcheou (Chine).

GIRARDOT, marchand de métaux, à Reims (Marne).

Givodeab, avocat, à Constantine (Algérie).

GRANDFOND, instituteur Thaumiers, par Dun-le-Roi (Cher).

GRATECAP, instituteur, à Lavardac (Lot-et-Garonne).

Grimaud, pharmacien, à Pau.

GROT, à Saint-Pétersbourg (Russie).

Gruhy (le Dr), rue Saint-Lazare, 66.

Guérin (le Dr Jules), de l'Académie.de médecine, rue Vaugirard, 46. Guerlain, rue de la Paix, 15.

GUERRIER, avocat, cité Trévise, 3.

Guignard (l'abbé), rue Boileau, 89.

Guillemin, ingénieur civil des mines, à Boulogne (Seine).

Guy DE CHABOT (le comte), boulevard de la'Madeleine, 17.

Haentjens, député, avenue des Champs-Elysées, 90.

HAFFNER, avocat, à Constantine (Algérie).

Harmois (Emile), rue Vicq-d'Azir, 8.

Harmois (Léon), rue Vicq-d'Azir, 8,

Haussmann (le baron), rue Boissy-dAnglas, 12.

Hayem, rue Monsigny, 17.

Hébert (le Dr), pharmacien en chef de l'Hôtel-Dieu.

HERPIN, instituteur, rue Blanche, 51.

HERSENT (le Dr), rue de Grenelle-Saint-Germain, 102.

Heurteaut (Émile), négociant en mercerie, rue Saint-Denis, 139. Homolle (le Dr), rue Bonaparte, 7.

HoocK frères, rue de Charenton, 167-169.

Hubert-Delisle, sénateur, au château de Bouilli, par Saint-André-deCubzac (Gironde).

Humez (l'abbé), curé d'Asnières (Seine).

Hureau, avoué, rue de Richelieu, 10.

Hurel DU Campart, commissaire de police, à Asnières (Seine). INSTITUTION des sœurs de Saint-Joseph, à Boulogne (Seine).

Isidor (le Grand Rabbin), place des Vosges, 14.

JAMES, rue de Buci, 7.

Joxte (Em.), dir. desforges de Franche-Comté, avenue Daumesnil, 116. Josien, médecin-major au 18e de ligne, à Pau.

JOUSSELIN, conseiller à la Cour d'appel, rue Caumartin, 32.

Jumeau, rue Pastourel S.

KANN (Ed.), avenue du Bois-de-Boulogne, 38.

̃Kesler, capitaine de gendarmerie, à Montauban (Tarn-et-Garonne). Kleinclauss (l'abbé), boulevard Beaumarchais, 71.

Kobkigswabteb (Veuve) rue de Marignan, 11.

~3


KoEHiGSWARTEk (Jules), rue de Marignan, 11.

Koenigswarter (Jules-Léopold), boulevard Haussmann, 85. Kuhn (le D'), rue Scribe, 3.

Lafoijestrie (Léon), rue de la Victoire, 68.

LAGOUTTE, ancien maître de forges, rue Saint-Honoré, 373. Lallemand, général de division, rue de l'Université, 32.

Lallemand (l'abbé), professeur à l'école Massillon.

LAMARCHE (l'abbé), curé de Sainte Marie des Batignolles. Lantiez (l'abbé), rue de Dantzic, 1.

Lavigerie (M>c), archevèque d'Alger (Algérie).

Lebacdy, député, rue de Flandre, 19.

Lecaron (Mme ve), au Havre.

Lecaddev (le Dr Emm.), Boulevard Haussmann, 17.

Lecoeur, architecte, rue Humboldt, 23.

LE CONTE (le D'), prof. agrégé à la faculté de médecine, à Neuilly (Seine). LE CORBEILLER, notaire honoraire, à Dieppe (Seine-Inférieure). Lèfaucheux (l'abbé), rue Chauchat, 19.

Lefebvre (le Dr), professeur à l'Université de Louvain (Belgique). Lefëbvre DE "Viefville (Paul), rue Boissy-d'Anglas, 28.

Lefébvke DE Viei'ville, rue de Rivoli, 240.

LEFEBVRE (Alphonse), avocat au Conseil d'État, rue de Poitiers, 12. LEFÈVRE (Em.), manufacturier, à Anvers (Belgique).

LEFÈVRE, instituteur, à Dozulé (Calvados).

Lefèvre (Mme), rue du Dragon, 19.

LEFÈVRE (Dosithée), instituteur, à Reuil-sur-Brèeho (Oise). Leguay, instituteur, à Vrocourt (Oise).

LE MAISTRE (Ferdinand), à Vire (Calvados).

Lemoine (Mme), rue de Rivoli, 232.

LEROY, rue d'Hauteville, 69.

Lehoux (Jules), rue de Richelieu, 73.

LE Sergeant DE Monnecove, ancien député, rue Saint-Florentin, 4LEssEps (Ferdinand de), rue Richepanse, 9.

Levasse™ (Em.), membre de l'Institut, rue Monsieur-le-Prince, 26. Librarian SURGEONS etc., etc., Washington, États-Unis.

LIEBRICH, ministre protestant, à Hangenwiller (Alsace-Lorraine). Loiseau (le Dr Charles), rue Vieille-du-Temple, 26. r. Locvel, instituteur, à Rémalard (Orne). `

Madré (le comte de), boulevard des Invalides, 35.

MAES, rentier, rue Daval, 7.

MAGNAN (le Dr), médecin à l'hôpital Sainte-Anne.

Mahou, rue Laffitte, 48.

MALLET (M™ H.), rue d'Anjou-Saint-Honoré, 37.

MALET, rue Paradis-Poissonnière, 22 bis.

Malvephat, à Troyes (Aube).


MANCEAux (Gaston), boulevard Malesherbes, 9.

Manobrï (Mme), place des Vosges, 17.

Margiîerin, administr. des Écoles municipales, rue d'Auteuil, 116. Marsaud, ancien secrétaire général de la Banque de France, rue des Beaux-Arts, 15.

Martin-Saikt-Ange (le Dr), quai Voltaire, 33.

Massox, instituteur, rue de la Blottière, 27.

Masson (J.-A.-G.), à Courbevoie.

MAUDET (Gustave), à Niort (Deux-Sèvres).

Mayer, ingénieur, rue de Londres, 47.

Mekier, député, rue d'Enghien, 6.

Mekdiolagoitia (don Vicente), calle del Carmen, à Madrid.

Messervy DE Poteraox, ministre protestant, à Quiévy (Nord). Meyer (Daniel), rue Mozart, 36, Auteuil.

Michel (Sextius), maire du XVe arrondissement.

MILLET, ancien inspecteur des eaux et forêts,. avenue de Tourville, 27. Moigno (l'abbé), membre du Chapitre de Saint-Denis.

Moisy, propriétaire, rue Doudeauville, 19.

Montagne (Edouard), directeur de l'hôpital Cochin.

Montefiore (Ed.), rue de la Victoire, 59.

Morain, artiste peintre, à Grandiers (Maine-et-Loire).

Morel (Mme de), boulevard Saint-Michel, 47.

Morel-Darllux (Mme Charles), rue de Rivoli, 28.

Morel-Darleux, notaire, faubourg Poissonnière, 3S.

Moreno VELASCO (don Antonio), négociant, à Malaga (Espagne). MORIN (le Dr), rue Bleue, 17.

Modtis (Mm0 des), Maisons-sur-Seine.

NADAUD (Gustave), compositeur de musique, rue Charles Laffitte, 63, Neuilly.

jNicol, médecin-major, à Privas (Ardèche).

Nicolle (P.), boulevard du Palais, 11. 1.

NIVERT (le D1), rue Saint-Florentin, 13.

NOBLESSE, instituteur auGrand-Quevilly près Rouen (S. Inférieure). Notta (le Dr), à Lisieux (Calvados).

Nutt, à Londres (maison Hachette, à Paris).

OLIVIER (Gustave), propriétaire, à Sauchay (Seine-Inférieure). Passy (Frédéric), rue Labordère, 9, à Neuilly (Seine).

Passy (Louis), rue de Clichy, 45.

Pattison (Thomas), professeur d'anglais, rue Eupatoria, 19. PELET DE LAUTREC (le comte), au château de Briord (Loire-Inférieure). Pellarin (le Dr), route d'Orléans, 71.

Petibon (Mme ve), rue de l'Église, 13, a Boulogne (Seine).

Petibon (Mme), rue de l'Église; 13, idem.

PETIBON, conseiller municipal, rue de l'Église, 13; idem.


PETIT (Pierre), photographe, place Catjt, 31.

PEZET (Jules), rue de Navarre.

Pmoux (le Dr), de l'Académie de médecine, rue de l'Université, 29. PIQUET, instituteur, à Choisy-le-Roi (Seine).

PIVER, parfumeur, boulevard de Strasbourg, 10.

Porqdet (le Dr), à Vire (Calvados).

Porcinai (don Jose, hijo), calle del Carmen, 39, à Madrid (Espagne). Potin (Emile), rue des Feuillantines, 66.

Peujot, JACKSON et Cie, fabricants d'outils, rue des Filles-du-Calvaire, 3. Pyrent DE LAPRADE, place Vendôme, 17.

QUEUX DE Saint-Hilaire (le marquis de), rue Soufflot, 1.

QUILLET, instituteur, à Gournay-en-Bray (Seine-Inférieure).

RAILLARD (l'abbé), rue du Bac, 37.

Rancy (Mme la vicomtesse de), boulevard Malesherbes, 62.

Régamey (P.), rue Oberkampf, 10.

Reikach, rue de Berlin, 31

RENARD (Lucien), à Lyon.

RENAULT (Léon), député, boulevard Haussmann, 77.

RENUSSON (l'abbé), à Mantes (Seine-et-Oise).

RIANT (le Dr), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 138.

Ricard (Pierre), au Vigan (Gard).

Richard (du Cantal), rueJ.-J.-Rousseau, 13.

Richer (le Dr), à Dozulé (Calvados).

Richei (le Dr Ch.), rue Bonaparte, 5.

Ricord (le Dr), de l'Académie de médecine, rue de Tournon, 6. Rivière, rue Denfert-Rochereau, 98.

ROBERT (Mme), propriétaire, rue Bergère, 21.

ROBERT (Emile), banquier, rue Richer, 26.

Robillard, rentier, rue des Prêtres Saint-Germain-l'Auxerrois, 21. Roger (Henri), homme de lettres, passage Saulnier, 7.

Roger (le Dr H.), boulevard de la Madeleine, 15.

Rolland, boulevard du Temple, 38.

Rotgès, instituteur, à Nérac (Lot-et-Garonne).

Rothschild (baron J. de), rue du b'aubourg-Saint-Honoré, 33. Roudil, rue de Vaugirard, 293.

Rousseau (Wilfrid), marchand de bois, r. de Bercy-Saint-Antoine, 218. RoussEAU (Ch.-Alb.), rue de Flandre, 19.

Roussel (le Dr Théophile), sénateur, rue Neuve-des-Mathurins, 64. RozE, président honoraire du tribunal de Laon (Aisne).

RUDET (illme), rue de Navarre, 9.

Ruphy (le baron), conseiller général à Annecy (Haute-Savoie). Sailly (G.), instituteur, à Saint-Martin-au-Laërt (Pas-de-Calais). Sarcey (Francisque), homme de lettres, rue de Douai, 59.

Saut/peu (Ch.), rue d'Antin, 3.


SCHIFFER, instituteur, à Pfaltzweyer (Alsace). SECONDY, instituteur, à l'inspection académique, à Agen (Lot-etGaronne).

Simon (le Dr Léon), rue Saint-Lazare, 34.

SINGER, rue de Clichy, 59.

SOCIÉTÉ DE photjsctiok DES ENFANTS DU PAPIER PEINT, r. de Reuilly, 73. SoucHAY, négociant en laines et soies, rue Pajol, 71.

Suc, ingénieur civil, boulevard de la Villette, SO.

SUPÉRIEUR (le) de la Sainte-Famille, à Belley (Ain).

Tajssard (Eug.), rue Grenier-Saint-Lazare, 5.

Tadpesot, notaire, à Ainay-le-Château (Allier).

Teisserenc DE BoRT, avenue Marceau, 82.

TELLIER (Charles), rue Hérold, 30.

TESTON, instituteur, à Montpellier.

Têtard, à Boutrain (Gironde).

THOMAS, rue Bleue, 17.

Thomassin, ancien notaire, boulevard Malesherbes, 7.

Thorel, conseiller municipal, rue du Sentier, 11.

Thouhet (fils), à Châtillon (Seine).

TOULARD, instituteur, rue Cujas, 23.

TOURASSE, propriétaire, à Pau (Basses-Pyrénées).

TOURREIL, agent de change, rue Richelieu, 85.

Vadot, inspecteur des télégraphes, rue Fondary, 56.

VAN DEN BRULE, banquier, avenue Gabriel, 38.

VAN der DORPEL, adjoint au maire du 3e arrond., rue Turbigo, 70. VAN DEN HAUTE, rue des Fossés-Saint-Bernard, 46.

Vaussy (le D»), à Vire (Calvados).

VERCONSIN (Em.), auteur dramatique, rue Neuve-des-Capucines, 6. VERNES, banquier, rue Taitbout, 29.

VERON (Pierre), rue de Rivoli, 182.

Vermé (Armand), propriétaire, rue de l'Université, 29.

ViiLUAMY (M11* Justin), à Saint-Lubin (Eure).

WELESLEY, rue de Marignan, 27.

Worms (le Dr), rue d'Anjou-Saint-Honoré, 3.

ZABAN, homme de lettres, boulevard des Italiens, 4.

Le Secrétaire général, gérant,

1er avril 1881 A. Germond DE Layigke.

PARIS.UUPKIUEKIB CU.UX, 20, KDE BÎKOÉBÏ, PUIS BO DO01EÏARI) JIOKI»iKTaK, 656H.


BULLETIN

DE

L'ASSOCIATION FRANÇAISE

jCONTRE L'ABUS DU TABAC j 1 7~l,, 0 si

^>ES BOISSONS ALCOOLIQUES

3 i

2. Juin 1881.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE-

DU 23 MAI 1881

Sous la présidence de M. Frédéric Passy, membre de l'Institut.

L'Assemblée générale annuelle, d'abord annoncée pour le J6 mai, par le précédent Bulletin, et qu'une circonstance particulière avait fait ajourner, a eu lieu le lundi 23 mai, à 8 heures du soir, en la grande salle de l'hôtel de la Société d'encouragement, place Saint-Germain-des-Prés.

Au bureau siégeaient M. Frédéric Passy, président de l'Association, avant à sa droite M. Louis-Lucien Rochat, président de la Société suisse de tempérance de Genève M. le marquis de Ginestous, vice-président le secrétaire général M. Édouard Montagne, rapporteur.

Sur l'estrade, MM. Crivelli, vice-président honoraire; Richard (du Cantal), vice-président; Collaux, secrétaire; Léon Fontaine, trésorier; Faurie, Charles Tellier, Henri Nouguier, Ph. Gayrard, Levasseur, de l'Institut; Gustave Nadaud, D. Meyer, membres du Conseil, de Gasté, député, et des Sociétaires.

L'assistance était nombreuse, la salle pleine.

Le président a ouvert la séance, à huit heures un quart, en exprimant à l'assemblée ses regrets de ce qu'une excursion en Afrique, pour la session de l'Association pour l'avancement des sciences, et un douloureux événement de famille tout récent, ne lui aient laissé ni le loisir ni la liberté d'esprit nécessaires pour


préparer l'allocution par laquelle il devait ouvrir cette réunion annuelle de l'Association. Pour le moment, et se réservant pour le cours de la séance, il se borne à annoncer à l'assemblée, avec un vif plaisir, la présence de M. Lucien Rochat, président de la Société suisse de tempérance, de Genève, qui, voudra bien dire à la réunion quelques mots sur l'œuvre importante qu'il a fondée.

M. le Président invite le secrétaire général à donner lecture du rapport annuel du Conseil d'administration.

Rapport du secrétaire général.

Compte rendu annuel des travaux de l'Association.

Mesdames. MESSIEURS,

Ce n'est pas sans une certaine émotion que je commence ce rapport, le septième que j'ai la mission de présenter ici aux membres et aux amis de l'Association française contre l'Abus du Tabac et des Boissons alcooliques,

C'est, pour nous tous. une grande satisfaction que de voir notre œuvre, maintenant connue au-delà de notre pays, signalée par la publication de notre Bulletin trimestriel, applaudie et imitée par les hommes de bien.

Pour notre Conseil d'administration, c'est une véritable joie que de recevoir dans les termes charmants que je répète, et au nom d'une Société émule de la nôtre « le témoignage affectueux d'une main tendue par-dessus la frontière ».

Pour moi, mandataire de notre conseil, c'esL un honneur que d'avoir retenu à Paris M. le pasteur Lucien Rochat, fondateur et président central de la Société de tempérance de Genève, de l'avoir sollicité de venir siéger parmi nous ce soir, donnant ainsi une valeur dix fois plus grande au témoignage de confraternité que notre Conseil avait décidé de lui;décerner. (Applaudissements.) L'année dernière, je signalais ici les relations qui s'étaient formées entre nous et l'une des plus nombreuses des associations tempérantes d'Angleterre. Elle était venue fonder au Havre une succursale parmi la colonie de ses nationaux; elle s'était tout aussitôt adressée à nous, et nous avions applaudi à l'installation, dans notre grand port de commerce, de la Loge de la Bonne Templerie.

Aujourd'hui, c'est de l'institution helvétienne que je me pro-


posais de vous entretenir. Mais ce n'est pas moi, compulsant des comptes rendus de la presse locale, ou des rapports de nos amis de la Société de Genève, qui vais vous faire connaître cet heureux progrès, c'est 11. le président Rochat lui-même, qui veut bien vous le dire, et vous comprendrez que je vais me hâter de vous présenter mon rapport annuel obligé, afin de vous laisser la satisfaction d'entendre ce collègue éminent.

La présence d'un hôte est un sujet de fête, surtout, lorsqu'il représente une nation vers laquelle nous sommes portés par des sentiments de gratitude qui resteront toujours vivants. Vous n'avez pas oublié la généreuse assistance donnée à nos soldats, en notre année de tristesses (Applaudissements). C'est là une ̃? vieille coutume de la nation suisse; c'est une éternelle loi de nature qu'aucun de vous n'ignore. Le sol et le climat font les mœurs et les caractères.

Vous avez bien vu hier, quoique Carthage soit disparue depuis de longs siècles, que la cautèle africaine et la foi punique ont survécu à cette même place. Dans les vieux et célèbres cantons, il y aura aussi toujours les mêmes sentiments héréditaires d'honnêteté profonde et de fraternelle hospitalité.

Autre ne peut être l'influence de cet admirable pays.

Nous sommes heureux, Monsieur, de profiter de votre présence, pour vous dire qu'ici, en France, nous avons toujours été constants dans nos amitiés, respectueux de nos dettes, et religieux dans nos souvenirs. (Applaudissements.)

A nos sociétaires, maintenant, je dirai que notre situation morale reste la même, sérieuse et solide. Nos relations sont plus nombreuses nous obtenons partout le concours actif que nous avons toujours eu lieu d'espérer, et les sympathies que nous expriment nos collaborateurs nous donnent lieu d'affirmer que la voie suivie par nous est bonne, et qu'après avoir beaucoup semé nous arriverons à recueillir.

Nombreux ? Nous ne le sommes pas, si nous comparons notre liste à l'armée des tempérants de la Bonne Templerie anglaise. Le dernier numéro de nos admissions est 1,564. L'indifférence, l'oubli, d'autres attractions, la mort ont pu faire des vides dans ce nombre mais nous sommes entourés d'un bataillon compact et fidèle.

Nous pouvons vivre ainsi longtemps, et nous le voulons. Les


convictions, la bonne volonté, le désir de faire le bien, la certitude d'être dans une bonne voie constituent un capital que nous n'avons aucune raison de laisser s'épuiser, et auquel apportent des éléments nouveaux les hommes distingués qui ont complété notre Conseil.

Matériellement, notre fortune ne s'est pas accrue; mais elle ne s'amoindrit pas. Ce n'est pas pour accumuler que nous recevons le tribut modeste que nous demandons à nos sociétaires. Il suffit, quant à présent, à la tâche que nous nous sommes tracée; ou bien notre tâche mesurée à nos revenus n'en est pas moins bien remplie et productive.

Notre budget a si peu de besoins, et nous pouvons agir avec si peu, en dépensant utilement! if<

Notre petit fonds social reste le même; nous remplissons attentivement les obligations que nous ont faites ceux qui l'ont constitué.

Je ne veux pas dire que nous ne serions pas heureux d'accroître ces ressources, et de voir s'augmenter nos moyens d'action c'est de ceux qui nous écoutent et de ceux qui nous lisent que cela dépend nous apportons à la masse notre temps, notre dévouement et notre foi dans notre œuvre.

Nos frais généraux sont très modestes, parce que nous nous partageons entre nous le travail. Nos cotisations nous permettent de distribuer des récompenses, peu nombreuses peut-être, mais bien acquises, et les rapports que vous entendrez tout à l'heure vous prouveront avec quel soin nous nous enquérons par nousmêmes des services rendus à notre cause.

Et il nous semble que cette cause gagne du terrain, et que cette grande guerre des tempérants contre les imprudents, qui risquent aussi inconsidérément leur santé, leurs forces, l'avenir de la race humaine, les facultés de la pensée et du savoir. obéissant à de tristes instincts et à de déplorables manies, que cette guerre gagne du terrain, sans violence, sans coercition, par l'exemple et par la persuasion.

On ne daignait pas nous discuter; on nous discute. C'est que l'on commence à comprendre que nous avons raison. On commence à voir le mal, et on nous sait gré de le combattre.

La presse nous aide non pas seulement par ses doctrines du premier Paris, ou par ses démonstrations scientifiques que notre bulletin s'empresse de reproduire toutes les fois que l'occasion


s'en présente; elle vient à nous par ce côté plus séduisant, plus à portée de tous, et qui retient le plus de lecteurs, je veux parler du roman.

J'en ai trouvé, il y a quelques jours, un exemple dans une page de beau style d'un de nos écrivains distingués, M. Charles Edmond. Ce n'est pas uniquement œuvre d'imagination, c'est un tableau de mceurs danoises fait sur nature, par un homme qui a particulièrement étudié ce pays, peu connu de nos touristes, et je serais été heureux de vous lire cette curieuse étude, si vous n'étiez impatients d'entendre les réalités qui nous sont promises. Et cette étude nous montre ce que peut être l'intempérance chez ces races nerveuses et surexcitées du nord de l'Europe. C'est une fête d'étudiants à Copenhague une fête d'adieux au moment où ils vont rejoindre les bancs universitaires: « Ils ne pouvaient se disperser sans faire honneur au coup de l'étrier. Un suprême assaut fut donc livré au buffet. Puis vinrent les dernières accolades, avec force toasts, effusions d'amitié, serments de ne pas se perdre de vue et de s'entr'aider dans la vie, tous pour un, un pour tous à la ronde. Explosions générales enfin d'illusions juvéniles, torches flamboyantes dont on se jurait d'entretenir éternellement le feu sacré.

» La réserve de bouteilles de Champagne, flanquée de deux cratères de punch flamboyants, se rangea enligne de bataille. » L'intervention du docteur Magus mit le feu à une gerbe de nouvelles fusées. Le docteur, lui, poursuivait un but sérieux sa fameuse Société de tempérance. 11 tenait à haranguer une dernière fois ses adeptes, et peut-être du même coup un surcroît de prosélytes. Ouvrant alors les écluses à des torrents d'éloquence, il fut admirable de fougue et d'élévation. Il convainquit et passionna son auditoire. Des engagements solennels furent pris de tous les côtés on s'enrôlait sous labannièreréformatrice.Magus, dominant le tumulte, hurla l'un après l'autre les articles statutaires de la Société. Peu s'en fallut qu'il ne fût porté en triomphe. » Rien n'est agaçant pour certaines natures comme le succès du prochain. Axel, irrité de celui de Magus, voulut ramener le courant à sa propre personne. D'un mouvement brusque, il arracha des mains du docteur la pancarte réglementaire, sauta sur une chaise et le verre au poing

» -A la santé de Magus, s'exclama-t-il, au futur régénérateur de la patrie par l'usage de liquides anodins 1


» Une centaine dé verres se levèrent à là fois.

» – Les articles, continua -t-il, lus avec précipitation, n'ont pas été suflisamment dégustés. Reprenons-les à la file. Attention., et que chacun emplisse son verre t

» Axel procéda à la lecture.

» Rurrah, pour l'article premier i

» Et il vida son verre.

» L'exemple devint contagieux. » Êàgus protestait. Est-ce ainsi que devait se former une Société rie tempérance ? 0 honte ô scandale Axel passait au paragraphe suivant et renouvelait sa inanœuvre. La chevelure en désordre, l'œil étincelant, en un mot, superbe à voir Bacchus en personne y> L'assemblée roulait désormais sur une pente vertigineuse. Les articles et les bouteilles se succédaient. Les fronts et les visages se teintaient, d'écarlate, les exclamations poussaient au rauque, les jambes titubaient. Et dire qu'une si joyeuse compagnie allait se séparer, sans espoir peut-être de se retrouver jamais! Les vaillants, manifestant leur bon espoir et leur courage, braillaient d'une voie enrouée les détestables refrains des universités allemandes.

» Magus débordé, au moral, bien entendu, levait vers le ciel des bras désespérés. Axel, le dernier sur la brèche, plia à son tour sous le faix de ses exploits. Il festonnait, il balbutiait des paroles dénuées de sens, et nul doute que, livré à ses propres ressources, il n'eût difficilement retrouvé son domicile. L'air trais du dehors précipita sa déroute. Magus. à cette occasion, déploya un dévouement méritoire. Hélant un véhicule primitif, retour du marché, il y installa tant bien que mal et fit cahoter jusqu'à demeure le corps avihé de son ami. Le maraîcher, Séelandais robuste et compatissant aux faiblesses humaines, avec l'aide du docteur, hissa Axel et le déposa sur le lit.

» Quàtit à Ulf, le vieux serviteur, lui aussi se tordait sur le parquet, en proie à un cauchemar d'ivresse délirante.

Mâgùs se prit à l'observer attentivement et enregistra comme suit les résultats de son examen

» Tremblement marqué des mains ecchymoses conjonctivales des deux yeux à droite, la muqueuse considérablement soulevée. Face, et surtout les régions fronto-tomporaies couvertes d'un pointillé ecchymotiqiie. Epigastre douloureux. Tympanite avec résonance de tout l'hypocondre gauche »


» L'état général n'est pas fameux, se dit le docteur avant de regagner son gîte, mais les symptômes s'enchaînent avec une logique inflexible. »

Le roman ne saurait trop multiplier les exemples d'intempérance. Il seconde ainsi notre œuvre de moralisation; C'est dans cette pensée que, l'année dernière, nous signalions un drame emprunté à un autre livre d'imagination qui s'est fait une célébrité par la' vulgarité des formes. Un médecin distingué, auteur d'un mémoire que nous avons récompensé et que notre Bulletin a publié, prenait texte de la scène d'ivresse hideuse placée dans ce drame, et l'un de nos collègues nous proposait d'adresser un témoignage aux auteurs. La fiction est un puissant auxiliaire des enseignements du moraliste.

MESSIEURS,

Vous entendrez tout à l'heure les rapports de notre Comité des récompenses. Nous distribuerons ce soir

3 médailles de vermeil,

6 médailles d'argent,

14 médailles de bronze,

des livres, et d'autres prix.

Il est opportun de dire que nous avons rempli à cet égard les obligations imposées au Conseil par les donations qui nous ont été laites, en vue d'une petite partie de ces récompenses. Le procès-verbal de la dernière séance du Conseil mentionne cet emploi régulier.

J'ajouterai avec regret que Mme Henri Blatin, l'une de nos dames patronnesses, la veuve de l'homme de bien qui fut le premier fondateur de notre oeuvre, et tle premier donateur de nos prix, a bien voulu nous écrire que le mauvais état de sa santé et l'isolement de son habitation à Asnières, l'empêchent d'assister à notre réunion. Mule Biatin s'est fait représenter par des amis que nous prions de lui reporter, au nom du Bureau, la respectueuse expression de ce regret. L'assemblée, nous n'en doutons pas, voudra se joindre au Conseil pour ce témoignage. (Adhésion et applaudissements unanimes.)

Maintenant, et pour terminer ce rapport, un détail d'administration, dont la place revient constamment ici, dans les communications que je suis chargé de faire à l'assemblée. 11 s'agit du


renouvellement partiel de notre Conseil, prescrit par un article de nos statuts, qui établit que ce renouvellement a lieu par tiers chaque année, et par les soins du Conseil, sauf la sanction de l'assemblée.

Nous avons réélu au commencement de cette année, parmi les membres sortants, M. le sénateur Cazalas, ancien médecin inspecteur de l'armée; M. Ch. Millet, ancien inspecteur des forêts, l'ancien et laborieux secrétaire général d'une de nos institutions utiles; M. Badon Pascal, avocat M. Gayrard, l'un de nos sociétaires à vie.

D'autres vacances existaient dans nos rangs, et afin de les remplir, nous avons obtenu l'acceptation de MM. Alexandre Devès, propriétaire; Faurie, ancien proviseur; Daniel Meyer, l'actif fondateur de la Société des maisons ouvrières d'Auteuil.; Tourasse, de Pau, l'homme de bien et d'initiative que toute la France connaît, et qui, spontanément, est venu s'inscrire, il y a deux ans, parmi les membres à vie; Capmas, ancien fonctionnaire; Roudil, professeur au lycée de Vanves, et, Henri Nauguier, ancien avocat à la Cour de cassation.

Le Conseil ne doute pas de l'approbation de l'Assemblée. La direction d'une maison importante et célèbre, autour de laquelle sont groupées des institutions bienfaisantes et libérales, ne permettait plus à M. Choix, qui était l'un de nos vice-présidents et dont les sympathies nous ont toujours secondés d'une manière effective, de partager assidûment nos travaux; le Conseil a décerné à M. Chaix le titre de vice-président honoraire. Ce titre appartient également à M. Crivelli, le doyen du Conseil, l'un des premiers organisateurs de notre vieille association, qui, en déposant volontairement ces fonctions, a tenu à nous conserver sa collaboration toujours dévouée, en réclamant le titre modeste de secrétaire pour l'étranger (1).

Nous avons procédé, pour ces dispositions, en vertu d'un article (1) C'est par le fait d'une négligence involontaire, que, dans la composition de la précédente livraison dit Bulletin, le nom de M. Crivelli n'a pas été placé parmi ceux des fonctionnaires honoraires de l'Association. Il est utile de rappeler que cette liste comprend MM. le docteur Jules Guérin et feu le docteur P. Jolly, présidents d'honneur; le docteur Briére de Boismont. président honoraire; L. CRiVELLr, A. Chaix, vice-présidents le docteur BOUILLON, député, A. Gréard, vice-recteur de l'Académie de Paris; L. GUERRIER, avocat feu Ch. Ketkolds, ex-secrétaire de la Société anglaise contre le tabac; le docteur JANSEN, médecin de l'armée belge.


de nos statuts disant que l'Association se compose de membres titulaires, de membres honoraires, et de membres donateurs. Ceux-ci sontau nombre de dix-sept. L'assemblée, juste appréciatrice du dévouement et des efforts de ses mandataires, ne refusera passes suffrages à l'heureuse continuation de notre œuvre, et voudra certainement, pour larendre plus puissante, émettre le vœu que je lui propose, de voir se décupler le nombre. de nos donateurs (Applaudissements).

La parole est donnée à M. Lucien Rochat, président de la Société suisse de tempérance.

Discours de II, Ii. Lucien Rocbat.

Mesdames, MESSIEURS,

Je suis véritablement ému et même presque honteux de prendre la parole, après les termes plus que flatteurs dont s'est servi M. le Secrétaire général en me présentant à vous. Je suis tout simplement un passant, qui ai retardé de quelques heures mon départ, pour avoir le plaisir de me trouver ce soir avec vous, et je dois tout d'abord vous remercier de l'accueil que vous m'avez fait.

Je vous dirai seulement quelques mots de l'oeuvre que nous avons fondée de l'autre côté de votre frontière, dans un pays sympathique à la France, et avec l'aide de personnes qui l'estiment et qui l'honorent. M. le Secrétaire général faisait tout à l'heure allusion à l'arrivée de l'armée française en Suisse cela m'a remis en mémoire que nous avions parmi nos membres la mère et la sœur d'un jeune étudiant, qui est mort, en 1811, d'une maladie contractée en soignant les Français de l'armée de Bourbaki. Vous voyez qu'il y a de nombreux liens entre nous.

Permettez-moi de vous dire comment nous agissons. Nous sommes une société poursuivant l'alcoolisme, et prêchant la tempérance; notre but est comme le vôtre d'arracher le plus de victimes possible aux abus de la boisson; mais notre manière de faire est un peu différente de la vôtre, et si nous tendons vous et nous au même but, c'est à la façon de plusieurs corps d'armée qui, combattant les mêmes ennemis, emploient contre eux des armes différentes. (Applaudissements.)

Ainsi tous les membres actifs de notre Société pratiquent


l'abstinence complète des boissons alcooliques. Ce n'est pas que nous prétendions que le vin soit une chose absolument mauvaise; mais c'est simplement par méthode, pour encourager et relever ceux qui n'ont pas su rester dans la modération. C'est ce qui nous permet de nous tendre d'autant plus fraternellement la main. Notre Société suisse a été fondée il y a trois ans et demi. A cette époque, et antérieurement, j'avais été frappé de voir le grand nombre d'ivrognes qui existaient dans notre pays. Vous connaissez ce proverbe « boire comme un Suisse ». Ce n'était pas là un proverbe qui nous fit précisément grand honneur. Chez nous on disait d'un ivrogne ce qu'on dit un peu partout « Qui a bu, boira; c'est un homme perdu. » Et lorsque, rencontrant un ivrogne, je lui donnais &f s conseils de tempérance et de modération, il me répondait: « J'ai essayé sans jamais réussir ». C'est alors que j'eus l'idée d'expérimenter par moi-même s'il était possible de s'abstenir de toute boisson alcoolique. Je l'ai fait. et j'ai réussi à m'en priver depuis cinq ans. Alors j'ai été poussé par ma conscience à m'occuper de cette œuvre, j'ai réuni quelques amis, et je leur ai dit « Les. exemples d'hommes pratiquant la modération sont excessivement rares, car le mal est incarné chez ceux qui s'enivrent. Quand ils prétendent qu'ils ne peuvent plu11 boire modérément, ils disent presque la vérité. Eh bien, il faut pour leur donner l'exemple, renoncer complètement au vin et à l'alcool. Mais comment faire dans un pays où l'on cultive la vigne, où l'on fabrique l'absinthe, et qui a donné Heu au proverbe. Il faut montrer à nos concitoyens que cette abstinence est chose possible.

Et voilà ce que nous avons fait et ce que nous faisons. Quand on nous signale un homme qui souffre, qui gémit de voir sa famille dans la misère, qui dans ses bons moments, après des excès, se méprise et a honte de lui-même, nous allons vers lui, nous lui disons: «Votre relèvement est possible il faut renoncer à la boisson. Venez à nous, nous vous recevrons cordialement. Naturelleinent, il vous faudra rompre avec les amis du cabaret, il faudra signer avec nous un engagement mais vous trouverez en nous des amis sincères. »

Ainsi, au lieu de nous moquer des buveurs qui passent dans dans la rue, nous allons à eux et nous cherchons les relever. Nous avons été assez heureux pour ramener de cette façon plus de deux cents ivrognes, qui maintenant se conduisent bien, et


dont quelques-uns sont arrivés à un tel degré de dévouement, d'affection, de charité pour leurs anciens compagnons de boisson, que nous nous sentons tout petits devant eux.

• Nô'ùs en avons un à Genève qui était cordonnier. Au mois de septembre, sa femme ne pouvant plus supporter les mauvais traitements qu'elle subissait, va chez notre vice-Président de la section de Genève, et lui annonce son intention de demander sa séparation de corps, pour garantir sa vie et celle de ses enfants. Notre vice-Président la calme, et lui persuade qu'elle ne petit abandonner son mari. Un peu plus tard ce dernier est mis en prison pour un vol commis au préjudice d'un voisin. Un de nos membres va le voir, l'engage à suivre notre méthode et à se joindre à notre Société. Notre sollicitude et nos démarches détournent de lui une condamnation, et une fois hors de prison, il se transforme de telle sorte, il revient si résolument à de bons sentiments, qu'aujourd'hui c'est un honnête homme et un père de famille exemplaire. A l'une de nos dernières séances, sa femme nous disait « Si vous saviez ce que notre vie est devenue il semble que ce soit maintenant un paradis chez nous. Je ne reconnais plus mon mari, tant ses sentiments ont changé! »

II y a deux ou trois mois, ce cordonnier rencontre un de ses anciens camarades qui habitait le même endroit que lui. Celuici lui dit « Viens-tu prendre quelque chose ? Je ne prends plus rien, répondit notre homme, et il raconte à l'autre ce qu'est notre Société, et comment s'est opétée sa conversion. Le camarade rentre chez lui, et dit à sa femme: « Je ne donnerais pas pour mille francs ce que j'ai trouvé! » Le lendemain il tenait chez moi, et prenait aussi son engagement. Depuis lors il a tenii bon, et il a ramené lui-même deux autres ivrognes. (Applaudissethents.)

Nos réunions sont fréquentes; nous y faisons l'appel de nos sociétaires, nous nous entretenons avec eux deleurs resolutions nous Jes encourageons, nous avons des chants sur la tempérance. Un jour, je remarquai combien les femmes de ces anciens ivrognes chantaient avec entrain, et l'une d'elles me dit « Je crois bien qu'on peut chanter à présent que les hommes ont signé leur engagement et qu'ils l'observent. »

Nous avions à Genève un ouvrier fort lancé dans le mouvement socialiste, il avait la réputation d'un homme dangereux.


II s'était adonné complètement à la boisson. Un jour qu'il était ivre, il menace sa fille d'un pistolet; sa femme intervient, il tire sur elle. II est arrêté. Sa femme, le voyant repentant,' évita de le charger il sortit de prison profondément touché et amélioré. Mais il était littéralement écrasé par la misère. J allai le voir, je le trouvai fort abattu. On vous l'a dit tout à l'heure, je suis pasteur; je commençai à lui parler un peu dans le sens religieux, et je lui montrai ensuite ce que c'était que notre société, et le bien qu'elle faisait éprouver à ses participants. Je vis sa physionomie s'illuminer; le travail s'était fait dans son âme, et il se décida à signer son engagement. Quand j'en parlai un peu plus tard à sa femme, elle me dit « Je ne croyais pas que cela fût possible si celui-là peut être transformé, tous les autres le pourront également. » Et maintenant c'est un bon père de famille; il travaille; il demeure près de Genève il vient toutes les semaines à nos séances d'appel, et il fait lui-même des prosélytes. (Applaudissements)

Voilà, Messieurs, ce qui se passe à Genève. Mais nous ne sommes pas bornés à Genève; nous avunsdes sections dans les cantons de Vaud, de Berne, de Neufchâtel et de Bâle. -'otre œuvre se développe chaque jour; elle s'étend dans le Jura bernois, et jepourrais citer un village où il y a quatre-vingts abstinents. Six. se sont mis de notre Société pour donner l'exemple. Les autres sont d'anciens buveurs convertis. On cite dans le pays des alcoolisées qui vivaient de pain trempé dans une soupière d'eau-de-vie. C'était tout ce qu'il y avait de plus déplorable. Tout cela s'est transformé. Nos couvertis se font maintenant gloire de montrer dans leurs écuries l'un une vache, l'autre des moutons achetés avec leurs économies depuis qu'ils ne boivent plus « Voilà, disent-ils, ce que nous vaut la tempérance. » On appelle cela les moutons, les vaches de la tempérance. Nous avons dans une maison une horloge de la tempérance. A Genève, un père de famille voyant le manteau de sa femme un peu râpé en fit venir un tout neuf, et comme sa femme refusait de le prendre « Si je n'étais pas de la Société de tempérance, dit-il, cela aurait passé chez le marchand devin; tu peux donc l'accepter. » -Et ce fut « le manteau de la tempérance. » (Hilarité.)

Je pourrais vous citer beaucoup d'exemples analogues mais je ne veux pas abuser de vos instants. Je vous dirai seulement encore quelques mots du village du Jura bernois dont je vous


ai parlé. Dans ce village les aubergistes ont été furieux cela devait être. Quand'on s'attaque aux pires ivrognes d'une localité, et qu'à un moment donné il y a une trentaine d'hommes qui ne boivent plus, cela fait une baisse dans les cabarets. Cependant, il fallait que ces gens pussent se réunir, lire les journaux, se réchauffer. Alors ils entraient à l'auberge, et ne prenaient plus de liqueurs; ils se mettaient à boire des sirops. C'est alors que les tempérants se sont dits « II nous faut des cafés de tempérance » et nous avons établi des cafés d'un nouveau genre. Il y a là des salles bien chauffées, bien éclairées, où se trouvent les principaux journaux politiques et illustrés, et où l'on peut prendre des consommations non alcooliques à des prix très réduits. Pour dix centimes, on peut boire une tasse de thé ou une tasso de chocolat nous comptons en ce moment en Suisse vingt et un de ces établissements. Le premier a été ouvert il y a deux ans et demi et le nombre s'en accroit avec le développement de l'œuvre.

Le bien se fait ainsi peu à peu, et l'opinion publique commence à être attirée vers nous. Nous aurons prochainement à Neufchâtel une assemblée générale, qui traitera la question de l'alcoolisme au point de vue social et médical. Deux des rapporteurs sont membres du conseil général de Neufchâtel. Nos différentes sections étudient en détail cette grosse question; elles font des recherches dans les prisons et un peu partout. Mais je veux m'arrêter et ne pas abuser de votre bienveillante attention. Je vous ai dit quel était notre but. Voilà trois ans et demi que j'ai entrepris cette campagne contre l'alcoolisme. J'étais alors pasteur d'une paroisse de Genève j'ai quitté cette situation pour me consacrer à cette tâche d'une façon exclusive. Avec l'aide de Dieu et des personnes qui pensent comme vous et moi, nous arriverons, je l'espère, à quelque chose. Je termine, Mesdames et Messieurs, en vous remerciant infiniment de votre bienveillante attention. (Applaudissements unanimes.) (4) M. le Président répond à la communication de M. Rochat en lui adreesant au nom de l'Assemblée de vifs remerciements et en témoignant de la joie que les tempérants en France ne peuvent manquer d'éprouver en voyant leur exemple si chaudesuivi dans un pays ami.

1) Sténographié par M. Léon Fontaine.


La parole est ensuite donnée à M. Édouard Montagne, premierrapporteur.

Premier rapport du Comité des récompenses Présenté par M. Éd. MONTAGNE.

Mesdames, Messieubs.

Sur la proposition de notre honorable président, un prix de 200 francs avait été proposé il y a deux ans, pour le meilleur mémoire traitant des conséquences de l'abus du tabac et des boissons alcooliques, au point de vue économique et au point de vue moral.

Le programme était ainsi conçu

« Montrer les conséquences de l'abus du tabac et des boissons alcooliques au point de vue économique et au point vue moral. Apprécier l'influence de ces consommations et des habitudes qu'elles entraînent sur le travail, sur l'épargne, sur l'esprit d'ordre, de famille et de société. Dire ce qu'elles coûtent, tant en dépenses directes qu'en dépenses indirectes. et indiquer ce qu'elles engendrent fatalement de crimes, de suicides, d'aliénations mentales, et, par suite, de pertes et de charges privées et publiques. »

Cette question ne fut pas traité dans notre concours de l'année dernière. Elle a été reprise cette année.

Nous sommes plus heureux, et parmi les mémoires présentés, votre Conseil a distingué celui qui lui est parvenu sous l'épigraphe suivante Memoria minuitur et mens imbecillitate moœ sœpius debellitur, nisi eas exerceas.

L'auteur a étudié longuement et sagement la question. Il l'a envisagée sous ses divers points de vue

Conséquences pour le bien-être et l'honorabilité des familles; Conséquences morales et physique à l'égard des fumeurs; Conséquences sociales.

En termes vrais, souvent émus, il fait ressortir les maux qu'amène l'abus du tabac et des boissons alcooliques il appuie, sur les vices et les misères qu'entraîne à sa suite le terrible fléau. Nous ne pouvons, dans ce rapide exposé, suivreTauteur autant que nous le voudrions. Nous dirons seulement que son travail est l'œuvre d'un homme convaincu, inspiré par le désir d'être utile, et pénétré de l'intérêt -qu'il y a, pour l'humanité, à com-


battre les passions que nous déplorons et qui conduisent fatalement à l'abrutissement.

Nous nous unirons complètement à lui, lorsqu'il constate que l'usage du tabac amène l'homme vivre à part, fuir la société .des femmes. Le fumeur oublie trop que la politesse, la délicatesse des rapports sociaux, des affections, sont dues à l'influence éminemment civilisatrice de la femme. La politesse française, si justement réputée, s'amoindrit chaque année, et ceci, il ne faut pas craindre de l'affirmer, est dû à la passion du tabac.

Le fumeur préfère un cigare, une pipe, aux charmes de la conversation féminine, et c'est ainsi que peu à peu s'en va la vieille urbanité française, que nos pères nous avaient léguée si vraie, si appréciée.

Enfin, l'auteur termine son étude par un travail sur les conséquences économiques de la consommation du tabac et de l'alcool.

Cette dernière partie de son mémoire est nécessairement plus aride; mais elle est bien traitée; elle contient des renseignements précieux, et complète utilement id travail que votre Conseil a distingué.

M. le Président ouvre ici le pli cacheté joint au mémoire, et fait connaître que l'auteur est M. Emile Pons, licencié en droit, demeurant à Paris.

Le prix, de 200 francs et une médaille de vermeil sont en conséquence décernés à M. Emile POTIN.

Notre Association entretient avec des sociétés étrangères identiques à la nôtre, d'utiles relations et particulièrement avec la Société suisse DE Tempérance A Genève.

Nos voisins, qui sont tout à la fois gens de bien et gens avisés, ont trouvé moyen de créer une œuvre utile, tout en la rendant fructueuse aux capitaux engagés. Nous devons dire, tout de suite, que ce dernier résultat n'était pas le but de leur entreprise le but philanthropiqneen est évidemmentl'objetprincipal. Mais agir avdc un capital donné, c'est limiterl'action bienfaisante; agir avec un capital rémunéré, c'est ménager pour l'avenir, la possibilité de multiplier le bienfait. Ainsi a fait la Société suisse de Tempérance, en fondant l'œuvre des Salles de rafraîchissement de Genève.


Le premier établissement fondé par elle a prospéré un second s'est formé, et chaque année ira en se développant une entreprise véritablement utile, car elle a pour but d'offrir au public de toutes les classes de la société, surtout aux ouvriers, des lieux de repos où se trouvent à très bon compte du café, du chocolat,. du thé, du bouillon, des boissons rafraîchissantes, en un mot, tout ce qui peut être utile à l'homme, sauf les boissons alcooliques.

Votre Conseil, en adressant ses plus vives félicitations à la Société suisse de Tempérance, fondatrice des salles de rafraîchissement de Genève, pour cette utile initiative, décerne à cette Société votre plus haute récompense, soit une médaille de vermeil. (Nombreux applaudissements.)

M. Léon Alègre, à Bagnols (Gard), est, suivant l'expression de M. le maire de Bagnols, une de ces natures d'élite, qui aiment le beau et le bien, qui savent le vouloir, et que l'on rencontre en première ligne, lorsqu'il s'agit de prendre une mesure dont l'intérêt public devra profiter.

Cet éloge résume en quelques mots la vie de M. Léon Alègre, qui s'écoule à faire le bien autour de lui. Grâce à ses persévérants efforts, il a pu doter son pays d'un musée, d'une bibliothèque. Le but essentiellement humanitaire que nous poursuivons ne pouvant lui échapper, il est devenu un de nos précieux, auxiliaires, et c'est avec le plus grand plaisir, que votre Conseil a fait acte de justice en lui accordant aussi une médaille de vermeil. Notre Association a eu cette année une initiative que nous croyons être tout à la fois une œuvre de justice et une œuvre utile.

Nous avons eu occasion de remarquer parmi Jes travaux qui nous sont chaque année envoyés la large place que prennent dans notre croisade contre les abus du tabac et de i'acool, les instituteurs. Nous avons pensé, que nous récompenserions doublement leurs mérites et faciliterions leurs efforts, en mettant à leurs disposition, outre lajuste récompense personnelle qui leur est due, un prix destiné à leurs élèves, leur laissant le soin de, décerner ce prix en fin d'année scolaire, lors de la distribution générale, à l'élève le plus méritant, et dont la conduite concourt le plus à notre but ommun.

En agissant ainsi, nous avons la conviction que nous aurons donné satisfactionaux pluscherssentiments de ces coeurs dévoués


et honnêtes, dont on ne saurait trop apprécier les humbles mérites Seconder leurs efforts est pour nous une douce mission et nous pensons, Mesdames et Messieurs, que vous approuverez la décision que nous avons prise à cet égard. (Marques d'assentiment.) Nous devons vous dire, toutefois, que cette détermination ne grèvera pas notre budget. Nous devons en effet à la munificence de M. le Ministre de l'Instruction publique les livres que nous allons distribuer. Ils portent la marque éclatante de leur origine, frappée en lettres d'or sur la reliure « Prix offert par le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts ». Venant d'une source aussi élevée, ces récompenses auront un titre précieux aux yeux des enfants qui sauront les mériter. M. Lucien Baraillon, instituteur public à Levainville (Eure-etLoir), est assurément le plus constant et le plus empressé parmi nos collaborateurs. Il a connu, année par année, tous les degrés de nos récompenses: mentions, médaille de bronze, médaille d'argent, rappel, médaille de vermeil et rappel de cette médaille. Nous ne pouvons pas aller plus haut M. Baraillon ne s'arrête pas.

M. Baraillon a fondé, dans l'école de Levainville, une Société protectrice de l'enfance contre l'abus du tabac et des boissons alcooliques c'est une société fille de notre Association. Notre collaborateur nous écrit

« Je suis heureux de vous annoncer que le zèle de nos jeunes sociétaires ne se ralentit pas. Les cahiers d'école, renfermant de bonnes dictées sur les inconvénients du tabac et des liqueurs, au point de vue de la dépense et de la santé, produisent de bons et de salutaires effets.

» Dans la commune, nos cabaretiers ne font pas de brillantes affaires, désolés de ne pas vendre en quelques mois ce qu'ils vendaient en quelques jours.

» Les gens du village sont tous agriculteurs et laborieux. Le bon grain semé dans la famille de l'écolier porte du fruit dans la famille voisine, et ainsi dans toute la commune. La prospérité de notre petite caisse d'épargne, créée dans l'école même, prouve que dès sa jeunesse l'enfant contracte des habitudes d'économie, et que plus tard il deviendra homme sage, laborieux et prévoyant. »

Le Conseil a répondu à cette excellente communication en félicitant M. Baraillon, et en lui décernant le diplôme d'un nou-


veau Mppel dé la médaille dé vermeil. De plus il adresse à notre collaborateur assidu Ftin des volumes du Miriistère de rinslrtic^ tion pùï>liquë.: (Applaudissements.) .-̃̃̃̃•̃ M. NttëiÉssÉ, instituteur, au GrâM-Qûévïlly, pi'èë Rôüèti, a mérite les suffrages de votre Conseil. Placé flâûs un Centre iH&i ntiïactufièr important, M. Noblesse s'attache/ par des exercices continuels, à faire comprendre aux enfants les conséquences fâcheuses de Tabiis du tabac et des liqueurs alcooliques. Il fait aux adultes des Conférences' sur le même sujet, et les résultats atteints par lui sont tels, nous dit M. le maire du Grand-Quévilly. qu'on peut presque affirmer qu'aucun enfant de la coinmune ne fait usage du tabac.

Ce résultât est important, car il n'en est pas malheureusement ainsi partout, aussi votre conseil à-t-il attribué à M. Noblesse, une médaille d'argent et l'un des volumes du ministère de l'instruction publique. (Applaudissements nombreux.) M. COLLOT, instituteur à Yèvres (Aube) nous a envoyé un mémoire portant cette devise: Ne quidnimis.

Ce mémoire traite de l'abus du tabac et des boissons alcooliques.

Il est l'œuvre d'un honnête homme, doué d'un jugement droit. Il a été le résultat de consciencieuses recherches, exprimées dans un langage clair et précis.

M. Collot a joint à son envoi un cahier de rédaction d'un de ses élèves, montrant la direction qu'il donne à ses enseignements. Votre comité le félicite sincèrement, et voulant récompenser de louables efforts, décerne à M. Collot, une médaille d'argent et un volume pour sa classe.

M. Pâttison, professeur d'anglais à la Société polytechnique* à été honoré précédemment d'une de nos récompenses, nous lui avions décerné l'année passée une médaille de bronze. Cette aimée, nous le retrouvons des nôtres. II nous a adresse deux nouvelles fort intéressantes, ayant trait aux conséquencesl'intempérance. L'une est une traduction anglaise; l'autre, « une déplorable histoire », comme la désigne son auteur, est pûisee dans ses propres souvenirs. Elle nous montre comment l'abus dés liqueurs fortes annihilé les meilleures intelligences' et conduit


à une fin prématurée les malheureux qui se laissent vaincre par ce terrible penchant. Notre conseil, rappelant la distinction déjà obtenue par M. Pattison, lui décerne, une médaille ,d argent.

i :-i;: -l" 'f. 'l, t I.r "j 0: M. PATTE, directeur de l'école de garçons d'Elincourt-Sainte Marguerite .(Oise), lutte puissamment contre l'abus du tabac et des liqueurs alcooliques. ,<' Le mémoire qu'il nous a adresse a pour objet de recnercner quels sont les meilleurs moyens à prehHre pour empêcher les enfants de contracter l'usage du tabac et des boissons alcooliques.' <̃̃̃.̃;̃ .̃̃̃̃̃• ̃ '̃̃ |.

Le plan de l'auteur est bien conçu, son étude est établie d'unefaçon très simple, très pratique, ses conclusions sont bien amenées* ̃̃̃'̃ '̃̃

a Amour de Dieu, amour de la patrie,' amour du prochain; telles doivent être, dit ce mémoire, les trois grandes vérités que doivent s'attacher à faire entrer dans le cœur des enfants, ceux auxquels leur éducation est confiée. »

Votre Conseil a applaudi à ces nobles paroles et il à décerné à M. Patte une médaille d'argent, et un volume pour ses élèves. Mais M. Patte ne s'est pas contenté d'écrire le mémoire qu'il nous a adressé ses ëfforts constants ont été" diriges Vers une méthode tendant à bien pénétrer les enfants des vérités qu'il leur indique. ̃<

A cet effet, il leur à fait faire nombre de compositions de divers geiirês fort intéressantes. Les problèmes d'arithmétique surtout, dont les solutions conduisent à supputer tout ce qu'un travailleur perd sottement par année en fumée ou en boisson, ont un caractère pratique, qu'on ne saurait méconnaître. Votre Conseil a hautement apprécié cette méthode, et voulant récompenser distinctement lé professeur et les élèves, il décerné à t'Écoxic d'Êltncoùrt une médaille de bronze.

5L Durand, instituteur à Leurville (Haute-Marne) j nous adresse un mémoire sur le rôle de l'instituteur et son influence sur ses élèves, pour les empêcher de contracter l'usage dut&bae.

L'auteur, dâiis: le cours de son mémoire, émet là pensée, que des prix à décerner aux enfants, après un certain nombre de compositions ayant trait aux inconvénients du tabac, aideraient à vulgariser les idées qu'il importe de répandre dans les masses


Cette pensée est juste et les instituteurs qui pourront l'appliquer feront œuvre utile. L'émulation est évidemment l'un des meilleurs stimulants de la jeunesse. Pour aider M. Durand dans la voie par lui ouverte, votre comité lui délivre une médaille de bronze et un volume à décerner.

La même récompense, avec rappel de médaille de bronze, est décernée à M. PATAILLOT, instituteur à Maizières (Haute-Saône), qui a traité le même sujet, avec un égal mérite. Un volume pour ses élèves lui sera aussi remis.

Enfin M. Picart, directeur de l'une des écoles communales de Paris, déjà lauréat de notre Association, s'est distingué par son zèle à propager nos publications, et nos moyens d'action. Votre Conseil, voulant récompenser son concours, lui accorde, avec rappel, une médaille de bronze, ainsi qu'un volume pour ses élèves.

Ainsi que permet de le voir l'énoncé de ce rapport, c'est chez MM. les instituteurs que nous trouvons le concours le plus dévoué. Toujours sur la brèche, ils ne donnent pas seulement aux enfants de salutaires principes, mais par l'exemple ils indiquent aux adultes la voie qu'ils doivent suivre. Il y a là uue double mission à laquelle ils ne faillissent pas.

Honneur donc à ces vaillants, et que nos remerciements aillent portera tous, avec notre gratitude, l'intérêt que l'Association française contre l'Abus du Tabac et des Liqueurs alcooliques prend à leurs nobtes efforts. (Applaudissements unanimes.) A la suite de ce rapport, M. le Président procède dans l'ordre suivant à l'appel des lauréats qui y sont désignés M. Emile POTIN, prix de 200 francs, médaille de vermeil et diplôme; La SOCIÉTÉ suisse DE TEMPÉRANCE, médaille de vermeil et diplôme; M. Léon Alègre, médaille de vermeil et diplôme

M. Baiuiiaon, diplôme d'un rappel de médaille de vermeil, et un prrx du ministère de l'instruction publique;

M. NODLESSE, médaille d'argent, diplôme et prix du ministère; M. Collot, médaille d'argent, diplôme et prix du ministère M. PATTISON, médaille d'argent et diplôme

M. Patte, médaille d'argent, et diplôme

L'École d'Élincocrt, médaille de bronze, diplôme et volume


M. DURAND, médaille bronze, diplôme et volume;

M. Pataillot, médaille de bronze, diplôme de rappel et volume; M. PrcAitT, médailie de bronze, diplôme de rappel et volume. M. le Président remet ces récompensés, soit aux lauréate soit aux personnes déléguées par eux à cet effet, en adressant à chacun ses félicitations, et en les invitant à concourir avec lès mêmes convictions et le même dévouement au succès de l'oeuvre utile à laquelle s'est vouée l'Association française.

La parole est ensuite donnée à M. Germond de Lavigne, deuxième rapporteur.

Deuxième rapport du Comité des récompenses

Présenté par M. Gehmokd DE Lavigne

MESDAMES, Messieurs.

Ce second rapport est relatif à un autre ordre de services. Les récompenses que je suis chargé de mentionner s'adressent aux bons exemples, aux actes de sage conduite, de respect de soi-meme, et de tempérance.

Sur ce même sujet, je vous disais l'année dernière « Ceuxlà sont les plus dignes qui font le bien, sans qu'il soit pour eux une étude, et qui méritent sous la seule impulsion de leur conscience. »

Les propositions nous ont été faites par des membres de notre Conseil, sur le compte qu'ils se sont eux-mêmes rendu des mérites de leurs candidats.

M. Suc, l'un d'eux, ingénieur civil, nous écrit:

« L'ingénieur de la Maison Claparède, à Saint-Denis, m'a signalé un bon ouvrier forgeron nommé BOUTON, employé dans la maison depuis treize ans. Il est marié, père de quatre enfants qu'il élève dans de bons principes c'est un modèle de sobriété, il ne fume pas, il est d'une exactitude exemplaire. Une médaille d'argent accordée à cet ouvrier serait d'un excellent exemple, et un encouragement pour une classe dans laquelle la sobriété n'est pas précisément la règle. »

Le Conseil s'est empressé d'accueillir la recommandation de M. Suc.

M. Gauthier Chopart', fabricant d'outils aux Gras, près Morteau (Doubs), nous avait écrit spontanément pour faire partie de


l'Association, et pour .être.ajdé par nous, np.us disaiMl, «4 c,om b^fre Je fab$c ,et. les boissons spiritueuses qui sont à très bon marché dans le- pays, et dont l'usage immodéré produit sur la population des effets désastreux »

1 11 était tout naturel de seconder tout aussitôt les \ce\\i. de notre nouveau sociétaire, et nous lui avons demandé de: nous signaler un ouvrier méritant que nous puissions comprendre sur notre liste de récompenses. '̃' M. Gauthier nous a désigné un ouvrier de sa commune, particulièrement sobre et tempérant, dont la bonne conduite est attestée par des certificats du maire et de l'instituteur.. Cet ouvrier, M. Elie Vermot. est père de trois fils, et s'impose de grands sàcrificës pour leur faire donner une instruction première solide. ̃̃'̃ ̃̃̃̃'̃̃̃' .•̃̃̃:

Une médaille semblable, décernée à il. Vermqt, pjîut être d'un grand exemple et d'un utile avertissement parmi cette population laborieuse. Le Conseil l'adresse à M. Gauthier, pour être remise par ses soins au lauréat.

M. Collaux, membre du Conseil et secrétaire de nos séances, nous a rappelé qu'il y a six ans, M"*0 veuve Gandin, couturière tapissière, avait été l'objet d'une mention dans notre bulletin pour le concours qu'elle nous prêtait. La propagande faite par M^e Gandin, aujourd'hui Mme Saget, ne s'est pas ralentie; elle a fait renoncer plus d'une de-ses compagnes d'atelier à l'habitude de priser. Le Conseil n'hésite pas à remettre une médaille à Mmp Saget pour la remercier des services rendus: à notre oeuvre. lime veuve Dubois est membre de plusieurs sociétés humanitaires et moralisatrices elle s'est associée à notre oeuvre avec un zèle infatigable, et vient d'imprimer sous le titre de Lettre d'une mère à son fils pour le conjurer de ne pas prendre l'habitude de fumer:, une pièce de vers que je regrette vivement de ne pou'vp.ir, (iypus lire. J'avais eu l'année dernière déjà l'heureuse chance de lire ici une poésie de Wle de Vaucelle, il ne m'est pas permis de suivre cette tradition commencée, nos heures sont courtes, et nos lauréats impatients. Le Conseil s'est empressé de décerner les deux médailles demandés par M. Collaux.

Notre collègue M. Charles Tellier nous a signalé, à son tour, trois candidats, ^DtL jttartin Andoin, Adolphe larguez et François Robillard, ayecjarecoiçrnnapdatiqn ef leténioigpage de 3DI. Cassé,


propriétaire Lau* Ba,tignol|e$, Qeltpmbp, 4p Bai$ie.us, et. kelQ»>P! de Saint-Denis, /̃.̃̃ -'̃ ,t •̃!̃ ̃ ̃̃̃'̃̃ ̃ Le premier, IL Arçpoijf, exerce depuis 2Q ans, à la Compagnie générale des Omnibus, le pénible métier de relayeur. Jamais, 4>U§ prppriétajre de la maison qu'il habite, jamais malgré les fatigue? 4psoa état, malgré les températures supportées, ne boit, ;ne S'enivre, ni ne fume. Son abstention est d'autan^plus méritap^ que la contagion de l'exemple ne lui manque pas. Uni? réçom^ pense, aurait le Rouble mérite d'encourager sa çpfiduife et d'esçitcr l'émul^tiflii chez ses cqmpagnons. (Applaud^çmfint^.J -i.Le second candidat M, Adplphe II^AaGuE?, èst^gé de S8:an^( il habitp Baisieu^, dans le département du Npr4, un pays pij l's 4u tabac et des spiritueux prend chaque jqur plus de ^évelqprppinent. SJ. Narguez, d'âpres, un certificat sjgné 4e M. Pelton^e, donne l'exemple constant de la sobrjptP et de l'tWtiQfi 4h tabac. Le (.roisième, U. Rpbilj,a.kd, âgé de 62 aps, est ouvrier lanternier chez ftOJ. Ducellier frèrps. à Paris Un cerliiicat atteste que fidèle observateur des règles de la plus parfaite tempérance^ par son travail assidu, paf ses habitudes d'ordre pt 4'écQnopaie, son excellente tenue, il offre le modèle du parfait ouvrier. ÎJpus, remettrons trois médailles aux candidats de 51. Çha^'les Tellier. M. Edouard Montagne, le rapporteur qui m'a précédé, a signale au Conseil M. Henri-Pierre Dommange, âgé de 72 ans. Il est entré comme apprenti chez M. Corlieu, potier d'étain, rue FrançoisMiron, il y a 80 ans. Il a servi le grand-père, le fils, et le petit-fils, chef actuel de la maison; il ne s'est absenté que pendant les années de son service militaire. On nous signale tout particulièrement ses habitudes de tempérance. Le Conseil lui décerne une médaille de bronze. (Nombreux applaudissements .)

̃M. Etienne Moreau, nous dit encore SVL Montagne, est, depuis 29 ans, charretier à l'hôpital des Enfants de la rue de Sèvres. Sa conduite est exemplaire, sa tempérance absolue. Il a parfairtement élevé son fils, qui est aujourd'hui clerc dans une étude de notaire à Paris. Notre médaille de bronze sera, nous le désirons, de quelque honneur pour le père, nous ne doutons pas qu'elle ne soit également honorable pour le fils.

pil. Daniel SjEeyéjr, membre du bureau de bienfaisance 4h


XVIe arrondissement de Paris, le protecteur, le conseil et le soutien de bien des pauvres gens dans les quartiers de Passy qu'il habite, s'y est intéressé à une famille, le père, la mère et huit enfants dans la misère. La mère, digne femme, a recueilli deux enfants étrangers dont l'un est mort chez elle. L'autre lui fut amené par une nourrice que l'on ne payait plus. Elle l'a vêtu, elle l'a élevé, elle l'a nourri. A bout de forces, il lui a fallu demander au service d'assistance publique de la dégager d'une responsabilité devenue trop lourde pour elle. Le père, il m'écoute sans doute il sait qu'il ne peut venir de nous que des expressions de sympathie. Ne savons-nous pas où les âmes les mieux trempées peuvent être conduites, à certaines heures, par la fatigue, par le découragement, par l'insuffisance du salaire, par l'absence du travail, par les fâcheux exemples ?. Le père fut relevé, consolé, ramené dans la bonne voie par deux hommes de bien, M. le conseiller de Plasman et M. Meyer. Aidé par de dignes paroles, et par ces moyens non moins elficaces que de bonnes paroles, M. Noël n'a plus succombé au mal il travaille, il est courageux, il est redevenu père de famille. La conscience de soi-même est une précieuse récompense. Mais la nôtre, ne l'a-t-il pas aussi méritée ? (Nombreux applaudissements.)

Notre Conseil a décerné une de ses médailles à ce brave homme désormais tempérant, afin de lui rappeler qu'il doit être de bronze contre les découragements futurs. Et à la mère de famille, si méritante, si laborieuse, si charitable, nous apportons notre modeste offrande, cinq de ces médailles d'argent qui aident à avoir du pain et des vêtements pour les enfants abandonnés. (Applaudissements.)

Et cette autre famille le père, huit enfants aussi, et la mère enceinte du neuvième. Le salaire insuffisant, le pain qui manque les vêtements qui ne sont pas remplacés, la faim, la maladie, la misère, et encore et toujours le découragement, et tous les oublis de la dignité humaine, toutes ces chutes douloureuses qui succèdent au découragement. Le terme n'est pas payé; la famille est mise sur la voie publique.

Des voisins, de ces braves gens que la pauvreté inspire et rend charitables, recueillent ces malheureux errants, et les logent. dans une cave, à vingt marches au-dessous du sol. Ils y restent tous les dix, plus le onzième qui arrive, pendant six semaines Enfin l'homme que je vous ai déjà nommé, M. Meyer,


est amené vers eux; il les aide; il réunit pour eux des secours. On trouve, dans des terrains vagues, un coin que le propriétaire loue pour une iaible somme; on donne au père quelques moëllons, des platras, des planches; il bâtit une cabane pour les siens (Sensation).

Et maintenant qu'il possède, qu'il a. de la terre, quelques brins d'herbe, et quelques fleurs, qu'il voit ses entants se rouler sur le sol, à la lumière du soleil, cet homme est racheté il a repris le sentiment de sa dignité, de ses devoirs de père, et de ses devoirs de fils. Car il a un vieux père et une vieille mère; il leur fait aussi une cabane sur son terrain. (Vive sensation.) J Il faut bien être tempérant maintenant; on sait ce que c'est que d'avoir charge d'âme; on a sa maison, on a ses fleurs; c'est la vieille fable d'Antée, on a repris des forces en touchant à la terre. Et si l'on boit de l'eau par souvenir, on a du moins acquis le droit de lever la tête. (Applaudissements.) J

Notre conseil d'administration a aussi décerné à M. PREVOST une médaille de bronze, et ce même ap'point, 23 francs en espèces, que nous avons offert aux autres sauvés de M. Meyer. Quant à celui-ci, il est bien permis à votre rapporteur de prononcer encore une fois son nom. M. Meyer est de notre conseil. Nous ne nous récompensons pas entre nous nous faisons tous de notre mieux, dans cette œuvre commune. Mais nous sommes glorieux de voir l'un des nôtres remplir si bien sa mission, et donner un tel éclat à notre œuvre. « Homme de charité chrétienne, direz-vous, Mesdames; sans doute; mais il y a mieux pour notre collègue. M. Meyer, qui emploie si noblement la fortune venue de son travail, est Alsacien, et c'est comme cela qu'il justifie notre profonde affection pour ce pauvre pays qui n'est plus à la France (Applaudissements.)

M. le Président appelle les lauréats dans l'ordre suivant M. BOUTON, médaille d'argent;

M. 'Vemiot, médaille d'argent;

M"13. Sagàt, rnédaiile de bronze

Mma, Dubois, médaille de bronze

li. Asdouis, médaille de bronze;

M. NARGUEZ, médaille de bronze

M. Robillart, médaille de bronze

M. Dommage, médaille de bronze


-i'L-J~i;i~t' M. Mobeau, médaille de bronze ¡ r '•î. SoeÊ* médaille fiftnzé^t 25 francs^ ̃" ̃ "'] !i:î "'̃̃j M. PMËvoïiïy médaille àè fôonzë et 25 Miîc&i1' :i '̃i ;i"i:i I '~}!jdl¡ ;¡! '¡' H:¡j i: ;~rih 'J "-j ,I! Ces médailles sont remises par le président et,.acç6mpjigaées de, paroles d'encouragement pleines, d'àj propos pour. chacun, et viyemBHt soulignées par les applaudissements de rassembiée,. M. Meyer a remis lui-même la médaille destinée à MM Noël et Prévost, par lui signalés à la commission des récompenses, .• tJd intéMedë intlsickl organisé par M; Gustave Nâdâudj' membre du Côiisfeil, avec le concours des frères Liontiët" et de M. Ëiiârles Màgiiér, a terminé soifëè; à! la grande1 satisfaction des assistants. Au tiiothehi de se retirer, après avoir remis la prési* deiicë a ÏB.'ïe" màrquiS dé Ginék6us,ètlorsquéles frères Lionîiet prenaient place sûr I'èslradë, M. Frédéric Passy a rappelé à l'assemblée que la veille, dimanche 22 mai, avait eu lieu l'assemblée générale de la Société d'Encouragement au bien que dans cette séance une médaille d'Honneur avait été décernée aux frères Lionnet, pour un acte fie bienfaisance signalé par le programme de la distribution des récompenses de la Société. M. Passy a donné lecture de cette note, qui a été accueillie par les applaudissements de toute la réunion.

Cet intermède s'est composé de

Sérénade àragonaise. de PaganSj chantée parles frëres Liontletl •̃.̃̃ :•. ̃• ̃:• ̃̃. L'Éloge de la vie-, de (Gustave Nadaudj dit par M.Anatole Lipnnet*. Le Trou de l'aiguille. – Qui donc a dit que j'étais vieux, de H. Gustave Nadaud, chantés par l'auteur. ,r

Lorsque j'aimais, de Gustave Nadaud, chanté par M. Anatole Lionnet.

La Garonne, de M. Nadauii, dit par M. Anatole lionnet.

Lettre. d'un conscrit, lue par M. Hippolyte Lionnet.

La séance a été levée à 10 heures 1/2.


STATUTS 'm-a'Z-

̃ '̃̃ ̃

DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE CONTRE L'ABUS DU. TABAC ET DES BOISSONS ALCOOLIQUES ̃< ,̃>.

t'

Article premier. Une Association frân^àtsë i est fondée dans le but d'éclairer les populations sur lès iticdiiténiènts et les dangers qui résultent de l'Abus dit Tabac et des Èbïssônk alcooliques.

Art. 2. – L'Association a son siège à Pans le hbmbré de ses membres est illimité: toute pe'f sonné, sans âistïnctidii 'd'ës&ce, d'âge, de résidence ou de nationalité, peut en l'aire partie (1). Tout candidat doit être présenté par un des membres dé l'Association, ou adresser une demande au Président, et être agréé par le Conseil d'administration. '<.

ART. 3. L'Association se compose de membres titulaires, de membres honoraires, de membres donateurs, et de Dames patroriesses.

Le Conseil d'administration donne le titre de membres honoraires aux personnnes dorit le concours ou le patronage a été utile à l'Association.

Le titre de Dame pdtronnesse peut être offert par le Conseil aux Dames dont l'adhésion et l'influence viendraient en aide ail développement de l'OEuvre.

Le titre et le diplôme de membre donateur sont accordés à toute personne qui, en une ou plusieurs fois, a fait à l'Association un don dé 400 francs au moins.

ART. 4. ^Chaque membre titulaire paye mie cotisation' annuelle de 6 francs.

Cette cotisation peut être rachetée par iihë somme de 400 francs une fois payée.

La cotisation annuelle est de 3 francs pour MM. les Ecclésiastiques de tous les cultes, les Instituteurs et les Institutrices. Tous les membres de l'Association reçoivent gratuitement ses publications.

ART. S. L'Association est administrée par un Conseil composé de trente membres.

Le renouvellement se fait par tiers chaque année, et par les (1] Les Dames et les jeunes gens sont donc admis dans l'Association. Il en est de même des Fumeurs et des Buveurs ne sont-ils pas les plus_ intéressés à connaître les dangers de l'Abus du Tabac et des Boissons alcooliques ? i i ̃ ̃


soins du Conseil, qui soumet ses choix à la sanction de l'Assemblée génémle.

Les membres sortants sont rééligibles.

Art. 6. Chaque année, le Conseil nomme dans son sein un Bureau composé de

Un Président,

Quatre Vice-Présidents,

Un Secrétaire général,

Deux Secrétaires des séances,

Un Secrétaire pour l'étranger,

Un Trésorier,

Un Archiviste.

Le mandat des membres du Bureau est annuel; ils peuvent être réélus.

Les fonctions du Conseil et du Bureau sont gratuites.

ART. 7. -L'Association s'interdit de s'occuper des questions religieuses et politiques.

ART. 8. Les recettes de l'Association comprennent

Les cotisations annuelles, les subventions et les dons.

ART. 9. L'Association tient dans le dernier trimestre de chaque année une Assemblée générale.

Il y est fait un rapport sur les travaux de l'année et sur la situation de l'OEuvre.

Le compte rendu des recettes et des dépenses de l'exercice précédent est communiqué à l'Assemblée.

Dans cette séance sont décernés les prix, les récompenses et les encouragements.

Art. 10. L'Association peut tenir dans le cours de l'année des séances publiques ayant pour objet des conférences, des lectures et tout ce qui peut contribuer à la propagation de l'OEuvre.

ART. 11. Toute modification aux statuts doit être formulée par écrit et présentée par cinq membres au moins; elle n'est valable que si elle est adoptée, à la majorité des deux tiers des votants, par le Conseil convoqué spécialement et réunissant au moins dix membres.

Les modifications aussi apportées aux statuts sont communiquées aux Sociétaires dans leur plus prochaine Assemblée générale.

Le Secrétaire général, gérant,

ter juillet 1881. A. Germond de La vigne.

IMRIS. IMPlUWEttlB CHAIX, 20, RUS BEIlGêKE, TORS DO BOOI.EVABD MONTjrAETKB. H 909-1


BULLETIN

DS

L'ASSOCIATION FRANÇAISE

CONTRE L'ABUS DU TABAC ET

T^7 DES BOISSONS ALCOOLIQUES

j N" 3. Septembre 1881.

^•CONSEIL D'ADMINISTRATION

Le Conseil a reçu de nombreuses lettres de remerciement de la part des personnes auxquelles des récompenses ont été décernées lors de la séance générale annuelle de l'Association. Il citera particulièrement M. Emile Potin, licencié en droit, qui a reçu le principal prix destiné au meilleur travail sur les dangers de l'Abus du tabac et des boissons alcooliques, au point de vue économique et au point de vue moral. M-. Potin, membre de l'Association, assure ses collègues de son dévouement et de son concours assidu.

M. Noblesse, instituteur an Grand-Quevilly, exprime, au nom de ses élèves, la joie qu'ils ont éprouvée en apprenant que l'Association destinait à l'un d'eux, qui a été désigné à la lin de l'année scolaire, l'un des volumes envoyés au Conseil d'administration par M. le ministre de l'instruction publique.

M. Picart, instituteur à Paris, donne le nom de l'élève de son école à qui un des livres du ministre a été remis, en raison de ses places et ses notes dans le cours de l'année.

M. Patte, instituteur dans l'Oise, ofl're de faire parvenir chaque mois au Conseil les devoirs scolaires qui auront trait aux fléaux combattus par l'Association.

M. Durand, instituteur dans la Haute-Marne, a remis le prix du Ministre à celui de ses élèves dont le travail et la conduite ont répondu le mieux au but que nous nous proposons. M. Léon Alègre, fondateur et directeur de la Bibliothèque et du Musée de Bagnols (Gard), a exprimé sa gratitude pour l'honneur que lui a fait l'Association en lui décernant une médaille de vermeil.


M. Baraillon, instituteur daus Eure-et-Loir, le constant et laborieux collaborateur de l'Association, à qui, à défaut de l'uue de nos récompenses, dont il a épuisé la liste, le Conseil avait décerné un diplôme portant deuxième rappel de la médaille de vermeil, s'est dit profondément touché de l'honneur qui lui a été fait; il a renouvelé ce témoignage dans une démarche personnelle auprès du secrétaire général, eu l'absence du président. Le Conseil a décidé comme pour les années précédentes, que les mémoires, documents et propositions destinés au concours annuel. sans programme déiîni, et portant sur toutes les questions qui intéressent l'oeuvre, seront reçus jusqu'à la fin de février 1882, au siège de l'Association, rue de Rennes 44. La a date de la séance générale sera fixée ultérieurement. Le Conseil d'administration s'est déclaré en vacances, dans sa séance du 6 août, pour les deux mois d'août et de septembre. Il a désigné, pour aviser aux affaires courantes pendant ces deux mois, une commission de quatre membres, présidée par M. Crivelli. Cette commission n'a été saisie que de questions de simple administration.

Un membre de l'Association, M. Gauthier Chopard avait proposé au Conseil un ouvrier mécanicien de la commune des Gras (Doubs), signalé comme particulièrement tempérant et donnant le bon exemple, M. Élie Vermot. Le Conseil, ainsi que l'a fait connaître l'un des rapports de récompenses de la dernière séance générale, avait décerné à M. Verinot une médaille d'argent, et avait prié M. Gauthier Chopard d'en assurer la remise au lauréat.

M. Gauthier Chopard a bien voulu écrire au Conseil que cette remise s'est faite avec quelque solennité. La fanfare de la commune a apporté son concours à cette petite fête dont l'effet a été excellent.

M. Gauthier Chopard rapporte, à cette occasion, qu'une Société dont cette fanfare fait partie, s'est fondée aux Gras, dans un centre ouvrier nombreux, afin de détourner les jeunes gens de la funeste habitude de s'enfermer tous les soirs, et les aprèsmidi des dimanches, dans des établissements publics où ils passent le temps à boire et à fumer. Les salles sont basses, l'atmosphère y est promptement saturée vapeurs alcooliques et d'une fumée tellement épaisse que les consommateurs ne se


voient pas à quelques mètres de distance. De telles totitumes ônt les plus graves inconvénients pour la santé publique et pouf le dévelôppement-de la râee, parmi laquelle les conseils de revision ont souvent de la peine à trouver un contingent présentable. La Société fondée aux Gras fait enseigner aux jeunes gens le chant et musique, elle interdit dans Ses réunions l'usage des boissons alcooliques et du tabac elle s'efforce de démontrer à ses adhérents qu'il vaut mieux acheter des livres, lorsque le tra^vail leur permet quelque épargne* que se laisser entrainer sans nul besoin à des « Consommations » inutiles, qui réduisent les familles à la pauvreté; qui conduisent à un affaiblissement moral et physique, duquel il résulte des enfants chétifs et mal élevés. La tâche de l'Association, secondée par quelques heureux incidents comme celui auquel M. Gauthier Ghopard a bien voulu contribuer, est de combattre ces désordres, et l'Association méritera par là et l'approbation des gens de bien, et certainement; un jour, les encouragements de l'État.

Le Conseil a été conduit, par des raisons assurément motivées, à solliciter de M. le Ministre de l'intérieur la recônnaissance d'utilité publique au profit de l'Association. Une durée de douze années, pendant lesquelles l'Association a rendu d'incontestables services à la morale et à l'hygiène publiques, en combattant avec quelque énergie deux fléaux qui ne peuvent être séparés dans une ligue pour la santé et pour le bien social, suffirait certainement pour faire obtenir à l'Association le caractère ofliciel qui résulte de cette déclaration, s'il ne fallait rien de plus que faire du bien, rendre des services, et prêcher le bon exemple. Le témoignage n'en a pas été refusé au Conseil, non plus que la reconnaissance de l'incontestable ancienneté des titres de l'Association contre l'abus du tabac et des boissons alcooliques. Mais il est dans les traditions et dans les doctrines du Conseil d'État, que l'institution qui réclame ce bénéfice doit justifier d'un certain budget et de ressources non aléatoires. En dépensant chaque année, depuis 12 ans, quatre ou cinq mille francs, produit de cotisations individuelles ou de donations qui lui feraient peu à peu un actif inaliénable* l'Association a consacré, au minimum, de quarante à cinquante mille francs à l'oeuvre pour laquelle elle est fondée. Cela ne suffit pas; il fàitt ttn avoir déterminé, dès à présent constitué: un capital


certain, comme pour une société industrielle, et, quelles que soient les sympathies qu'elle rencontre, l'Association n'a pas encore été trouvée assez riche pour obtenir le droit d'accepter les dons, les legs ou les fondations qui peuvent lui donner le moyen de faire largement et efficacement le bien.

Il faut donc qu'elle attende, qu'elle continue d!agir avec la même prudence, la même économie, la même modestie; pauvre en ressources, mais relativement féconde en œuvres de bien; jusqu'à ce que ses épargnes, l'aide de ses adhérents, l'augmentation des cotisations volontaires, ou le rachat de ces cotisations, dans la forme prévue par les statuts, aient donné à sa mince fortune le poids qui pourra faire pencher en sa faveur, et ,avant peu, sans nul doute, la balance que tient entre ses mains le Conseil d'État.

C'est, pour le Conseil d'administration, un motif de plus de réclamer l'aide sympathique et le concours effectif des membres de l'Association.

M. Frédéric Passy, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, président de l'Association contre l'Abus du tabac et des boissons alcooliques, vient d'être élu député du département de la Seine. L'Association se joindra à son Conseil d'administration pour féliciter l'homme éminent qui dirige ses travaux, de l'éclatant témoignage par lequel les électeurs du huitième arrondissement de Paris couronnent une carrière consacrée avec tant de talent, de persévérance et d'honorabilité, au bien, à la morale et aux plus dignes exemples.

ADMISSIONS NOUVELLES

Séance mensuelle d'août issi.

Noms des sociétaires Présentés par MM. MM. Ville, chef de bataillon au 32e régiment

de ligne (1565) » secret, général

Mamoz (J.-P.), propriétaire à Paris (1566). Meyer

Deleau (P.-F.), instituteur de Seine-

Inférieure (1567) Noblesse

Petit (Raymond), docteur en médecine, à

Rennes C1568) secret, général


AN&INE DE POITRINE

CAUSÉE PAR. LE TABAGISME 1

Le malade, homme intelligent, décrivait parfaitement les sensations qu'il éprouvait. Il était pris subitement d'une douleur atroce dans la région cardiaque. avec sensation d'arrêt et de pincement du cœur, et était obligé de s'arrêter, de prendre un point d'appui, ordinairement de maintenir le coude gauchefixé au corps par la main droite, de suspendre sa respiration ou de respirer à peine, tant était grande la douleur; il accusait en outre une irradiation très douloureuse dans l'épaule, le bras et la main gauche, surtout dans le petit doigt qui était engourdi et le siège de fourmillements. Cette description ne manque aucun des symptômes classiques de Vangor pcctoris, et on peut en quelque sorte l'envisager comme un cas type.

Quant à l'étiologie de la maladie, elle n'est pas moins nette. Aucune diathèse goutteuse et rhumatismale ne semble pouvoir être mise en jeu, non plus que l'alcoolisme, la syphilis ou l'épilepsie. Un examen minutieux des organes thoraciques et circulatoires ne permet pas non plus d'envisager l'angine de poitrine comme dépendant d'une lésion locale du cœur ou des vaisseaux. Mais l'interrogatoire du malade, en révélant ses habitudes, fait découvrir comme cause de la maladie une intoxication, qui a déjà été signalée à plusieurs reprises par différents auteurs, l'intoxication par la fumée de tabac. M. R. fume trop il le sait, mais il ne peut pas faire autrement; il a toute la journée la cigarette à labouche, en avale la fumée, c'est-à-dire la fait pénétrer par inspiration dans les bronches, et il consomme ainsi un demipaquet de tabac scaferlati, soit 50 grammes de tabac en deux jours.

Or, remarquons-le de suite, les tabacs à fumer dits scaferlati, le caporal et le caporal supérieur de la régie, sont particulièrement riches en nicotine; ils sont préparés en grande partie avec os tabacs indigènes, qui renferment de 4 à 6 0/0 de nicotine (i) Rapport fait à la Société de médecine de Paris, par 31. Thorens, au sujet d'un mémoire présenté par Jl. le IV Graux, ancien interne des hôpitaux de Paris.


et si ta fermentation qu'ils subissent détruit une certaine quantité de cet alcaloïde et le transforme en produits ammoniacaux, ils n'en contiennent pas moins une proportion très appréciable, et on peut leur appliquer l'évaluation de Melsens qui estime à 0,40 centigrammes la nicotine que peut contenir la fumée produite par la combustion de 16 grammes de tabac.

Ajoutons encore que le môdede fumer n'est pas sans importance. La fumée de la cigarette arrive à la bouche toute chaude, sans avoir pu se débarrasser des produits qu'elle contient par une sorte de condensation. Le tabac qu'on emploie pour rouler une cigarette a toujours un certain degré d'humidité, et la fumée des tabacs humides contient plus de nicotine que celle des tabacs secs, l'alcaloïde étant en quelque sorte distillé dans le premier cas, au lieu qu'il est brûlé dans le second. Enfin la fumée est aspirée, c'est-à-dire qu'au lieu d'être simplement mise en contact avec la muqueuse buccale et d'être rejetée presque en totalité, elle est amenée au contact de la surface éminemment absorbante de la muqueuse bronchique.

Or, c'est un fait avéré, l'usage ou plutôt l'abus du tabac peut donner lien à des accidents d'angine de poitrine. Beau l'avait signalé en 1862 la même année, le docteur Gélineau, relatant une épidémie d'angine de poitrine observée abord de V Embuscade dit expressément Tous les malades fumaient avec acharnement et rage le plus jeune de ceux qui ont été frappés avait toujours la cigarette à la bouche, huit ou neuf y joignaient l'usage de la chique, plusieurs en avalaient le jus. En confirmant leur diagnostic étiologique par le résultat du traitement, car naturam morborum ostendunt curationes, ces deux observateurs notent que la cessation de l'usage du tabac a amené la cessation des phénomènes douloureux. Et il en est de mêm^dans l'observation de M. Graux son fumeur, sans renoncer entièrement à ses habitudes, mais en se bornant à modérer l'usage du tabac, en même temps qu'en ayant recours pour quelque temps à des moyens thérapeutiques sur lesquels nous aurons à revenir, a vu ses accès diminuer considérablement et de fréquence et d'intensité mais ils ont reparu à mesure qu'il a augmenté sa consommation de tabac.

Il y a là un rapport trop évident, une application trop nette du post hoc ergo propier hoc, pour que l'on puisse se contenter de noter le fait comme une simple coïncidence; le cas d'ailleurs


n'est pas isolé, et on peut, on doit, comme M. Graux l'a fait, tenter d'esquisser la physiologie pathologique de cette affection, de l'angine de poitrine nicotianique.

Sans vouloir faire ici le procès du tabac (il y a deux Sociétés qui sont chargées spécialement de cette besogne), son action sur le cœur est hors de doute, et tout le monde l'accuse et le condamne de provoquer des palpitations et des intermittences cardiaques. CI. Bernard a démontré qu'il agissait sur le système circulatoire enamenant la déplétion du système artériel, lecœur continuant à battre; puis, si l'animal survit, une paralysie vasomotrice succède à cette galvanisation des artérioles, et le nombre des battements diminue. C'est par ce mécanisme que M. Sée explique l'angine de poitrine nicotianique un spasme des artères coronaires déterminant une ischémie cardiaque.

On pourrait invoquer plutôt l'action de la nicotine sur le bulbe. CI. Bernard a démontré que l'action toxique de cet alcaloïde sur la respiration et la circulation était d'origiue centrale, et ne persistait pas après la section des pneumogastriques. Or, du côté de la respiration, la nicotine amène une augmentation du nom- bre des mouvements respiratoires avec diminution du champ respiratoire, diminution de la quantité d'air inspiré et expiré, par suite de la tétanisation des fibres musculaires bronchiques. Ces symptômes de la maladie expérimentale montrent une analogie qu'on ne peut méconnaître avec ceux de l'angine de dyspnéique tels qu'on les observait chez l'intoxiqué de poitrine par la nicotine de M. Graux.

Les troubles de )a circulation cardiaque peuvent s'expliquer par le même mécanisme irritation des noyaux d'origine du pneumogastrique. Il n'est pas jusqu'à la dyspepsie des fumeurs, cette dyspepsie dont Beau voulait faire le point de départ de l'angine de poitrine, qa'on ne puisse attribuer à la même cause une irritation toxique du pneumogastrique à son origine bulbaire, se traduisant par un spasme des muscles bronchiques, un arrêt du cœur, des troubles stomacaux.

Nous avons encore à nous arrêter un instant sur te traitement employé pour combattre les accidents; ce traitement a consisté dans l'usage du k. br. (de 1 à 2 grammes par jour) combiné avec des inhalations d'oxygène.

Ces inhalations ont donné des succès dans des cas d'asthme, d'emphysème, dans lesquels, comme dans la première période


de l'intoxication par la nicotine, il y a diminution du champ respiratoire. Trousseau et Beddoès en ont obtenu de bons effets dans des cas d'empoisonnement par le laudanum, où le chiffre des mouvements respiratoires était tombé à 7 par minute. Il est intéressant de rappeler à ce sujet que M. Robin avait pré-, senté en 1851, à l'Institut, des morceaux de chair musculaire conservés pendant quatre mois dans un parfait état, après avoir été exposés aux vapeurs qu'émet la nicotine à la température ordinaire. Il en concluait que la nicotine paralysait l'action de l'O. sur les matières animales. Mais, chez un animal intoxiqué par la nicotine, le sang noir extrait des vaisseaux redevient rouge au contact de l'air, et l'anoxémie ne doit être envisagée que comme résultant d'une gêne des mouvements respiratoires, et non comme celle produite par CO. comme résultant d'une impuissance au globule intoxiqué d'absorber 0.

Le traitement n'a pas été seul à produire l'améliorationrelatée par M. Graux dans son observation il faut y joindre la cessation sinon de l'usage, du moins de l'excès du tabac; mais, à mesure que les accidents disparaissaient, le malade revenait à ses anciennes habitudes et les accès d'angor pectoris se montraient de nouveau.

En se plaçant sur le terrain tout à fait pratique, nous nous demandons si, ne pouvant espérer faire renoncer à l'usage du tabac, il n'aurait pas été bon de conseiller l'emploi d'un autre mode de fumer avec le cigare ou la pipe, on n'avale point la fumée, partant on offre à l'absorption des produits nicotinisés une surface bien moindre et bien moins facilement pénétrable; une portion considérable en est rejetée iiamédiatement de plus, en faisant usage de la pipe, surtout d'une pipe à long tuyau, une certaine quantité de nicotine se dépose par le refroidissement enfin, on fait usage de tabacs plus secs, et la combustion détermine la destruction d'une plus,forte proportion d'alcaloïde. Dans la séance où ce rapport à été présenté à la Société de médecine (9 avril 1881) M. Rougon a communiqué sur ce même sujet l'observation suivante

« Voici une observation qui confirme l'action fâcheuse de l'abus du tabac. En 1879, j'eus l'occasion de voir un jeune homme de 26 ans, habitant une des Antilles françaises depuis quatre ans, il éprouvait chaque jour des vertiges, des palpitations, des inter-


mittences ces symptômes étaient de plus en plus accusés, lorsque survinrent des troubles de la vision; la lecture devient difficile, et l'œil droit ne voit que le commencement des mots alors que l'œil gauche n'en saisit que la fin; ces troubles de la vision éveillent ses craintes et le décident à rentrer en France. Ce jeune homme vient me demander conseil pour les vertiges et les intermittences qu'il éprouvait.

M. X. a toujours eu une bonne santé; les fonctions digestives s'accomplissent bien; il n'a jamais été atteint de rhumatisme. Je constate de l'irrégularité dans les battements du cœur et du pouls radial, des intermittences sans aucun bruit anormal.

Intèrrogeant M. X. sur ses habitudes, j'apprends que, depuis huit ans, il consommait chaque jour un paquet de vingt longs cigares du poids de 120 grammes. Je n'hésitai pas à rattacher les troubles nerveux et cardiaques à l'abus du tabac.

Le malade fut examiné par M. le docteur Galezowski. Il existait l chez lui une fausse appréciation des couleurs; il voyait tantôt des taches jaunes, tantôt des taches noires il se trompait dans la distinction des monnaies d'or et d'argent, non seulement pour la couleur, mais encore pour la dimension c'est ainsi qu'il se souvenait d'avoir donné plus d'une fois, aux ouvriers de son exploitation, des pièces de 20 francs en or, croyant donner des pièces de 3 francs argent. L'erreur lui était signalée le lendemain.

L'examen ophthalmoscopique ne révéla aucune lésion, et M. le docteur Galezowski formula le diagnostic « amblyopie nicotinique sans lésion aucune de l'œil. »

Nous étions en présence des troubles dus au tabagisme, et nous avons fait les recommandations suivantes 1° s'abstenir d'une manière absolue de l'usage du tabac, et ne pas fréquenter les milieux où l'on fume; potion au bromure de potassium; 3° collyre au sulfate neutre d'ésérine; 4° frictions sur les tempes avec une pommade strychninée.

Six mois après, la guérison était complète, et elle s'est maintenue jusqu'à ce jour.

A la date du 31 mai 1881, je reçois de mon confrère le docteur Guérin, la note suivante

«La vue de M. X. est excellente l'intermittence, tous les troubles nerveux du cœur ont disparu. M. X. a cessé entièrement l'usage du tabac. »


̃ M. de Beauvais a fait remarquer que les conclusions de IM. Thorens viennent confirmer celles avancées par un vénéré collègue, feu le docteur Jolly, qui a fait sur ce sujet un ouvrage intéres'sant, et dans lequel il insiste sur les funestes effets déterminés par l'abus du tabac; il cite notamment l'angine de poitrine et fait ressortir, avec intention, les chiffres énormes de nicotine que contiennent nos tabacs indigènes, comparés aux tabacs étrangers. Son ami intime, M. Jean-Baptiste Baillière a t'ait hommage à la Société de cet ouvrage écrit avec une conviction vive et sincère.

L'ABUS DES ALCOOLIQUES (1)

L'abus des liqueurs alcooliques entraîne des conséquences plus désastreuses encore que celles mentionnées dans les chapitres qui précèdent. En effet, de 1849 à 1869, le chiffre annuel des morts accidentelles par suite d'excès alcooliques, s'est élevé de 331 à 687; celui des suicides dus à la même cause, s'est accru de 240 à 664. Les crimes contre les personnes commis sous l'influence alcoolique ont augmenté dans la même proportion. L'accroissement du nombre des cas de folie de cause alcoolique a constamment suivi. depuis vingt ans, l'augmentation de la consommation des spiritueux, notamment dans les départements qui consomment surtout des alcools de grains et de betterave. Dans la plupart de ces départements, le nombre des cas de folie de cause alcoolique a quintuplé depuis vingt ans, et a atteint les proportions effrayantes de 25 à 40 pour cent.

En Saxe il y a eu 1,126 suicides en 1878. Plus de 100 cas sont imputables à l'ivrognerie. On mande d'Angleterre que pendant le dernier mois de l'année 1879, le chiffre des suicides a été triple de celui des mêmes mois de l'exercice précédent. L'abus des liqueurs alcooliques n'est pas étranger à cette augmentation énorme.

A un synode général qui a eu lieu en Prusse, dans la seconde quinzaine du mois d'octobre 1878, on a délibéré sur cette (1) Voir les livraisons pi-écMenles [3" et 4* de 1880 et t" de 1881) suite et fin du mémoire de 31. le docteur 3Iora, de BrmiolKiijiel (Aisne) couronné dans la séance annuelle de l'Association, en 1879.


quegLioo capital qui vise l'intérêt des nations. Le Directeur d'un important asile d'aliénés a présenté, dit la Gazette de Magdebourg, des considérations qui sont dignes du plus haut intérêt, Cs praticien a montré le danger qui résulte de l'abus des alcool? non seulement la force nécessaire à t'homme pour son travail en est paralysée, mais là où la boisson se substitue à la iiQurritare.elle agit comme un poison lent qui conduit à la décadence physique et à la ruine de l'intelligence. Parmi ceux qui entrent dans les maisons d'aliénés, 25 0/0 sont des ivrognes ipvétérés.

Les hospices se débarrassent le plus promptement possible des ivrognes les maisons d'aliénés les lâchent également dès que les troubles physiques" momentanés qui s'étaient produits sous l'influence alcoolique ont disparu, et que le séjour de ces indiyidus dans les établissements hospitaliers ne pourrait plus d'ailleurs se justifier vis-à-vis de l'autorité, J3n conséquence, l'orateur a recommandé la création d'asiles particuliers pour les ivrognes de profession, en même temps. qu'il serait dressé une statistique sur le nombre des ivrognes dans les hospices, maisons d'aliénés, prisons, dépôts de mendicité, etc. Le synode a approuvé les trois résolutions suivantes

1° Les personnes qui seraient trouvées ivres dans les rues, les débits de boissons et autres lieux publics seraient passibles d'une peine,

Les cabaretiers qui tolèrent des individus ivrep dans leurs débits, ou qui leur donnent des boissons spiritueuses, sont également passibles d'une peine.

30 Les ivrognes de profession doivent être, même contre leur volonté, transférés sur l'avis de l'autorité compétente dans çjes. asiles spéciaux.

Nous ne pouvons qu'applaudir à ce système de répression, et qu'à souhaiter qu'il soit bientôt mis en vigueur partout, et avec le Journal des connaissances médico-chirurgicales nous disons émus des tristes révélations de la statistique, mais convaincus en même temps qu'on peut obtenir en France ce qu'ont produit ailleurs les sociétés de tempérance et les ligues contre l'abus des liqueurs fortes, nous venons faire appel à toutes les personnes pénétrées de l'amour du bien public et désireuses d'entraver les progrès d'un mal qui entraîne de si funestes conséquences pour l'individu, la famille, la société.


Nous allons maintenant esquisser à grands traits les observations que nous avons pu recueillir dans un rayon relativement restreint. Il sera facile de se convaincre cependant, parce court exposé, des effets funestes que produisent les excès alcooliques sur les générations. Il sera aussi facile d'en déduire quelques conclusions rigoureuses, quant à l'avenir des populations, pour peu que ce vice déjà trop répandu tende encore à se généraliser. Comme autrefois Marius pleurant sur les ruines de Carthage, plus d'un versera des larmes bien amères en songeant aux ruines amoncelées par ce fléau dévastateur à cette plaie sociale qui étreint nos malheureuses populations, et qui, plus que les guerres, étend ses ravages au loin; s'attaque aux sources vives du pays; éteint la force vitale d'un peuple; étouffe sous ses effluves empestéesle flambeau resplendissant del'intelligenceet de la civilisation; ne sème autour de lui que ruines et que désastres excite les mauvaises passions; attise les haines et les rancunes devient un foyer de discordes intestines, de vices honteux et dégradants; arme un frère contre son frère; un fils contre son fils; dénature tout sentiment honnête; fait descendre l'homme plus bas que Ja brute lui fait perdre tout ce qu'il y a de grand et d'élevé dans sa nature; lui enlève l'esprit de société, de famille, l'amour paternel, filial, l'amour du foyer domestique, l'amour de la patrie; le conduit enfin aux plus grands excès le rend coupable des crimes les plus monstrueux, que répudie la raison humaine; le jette en dehors de l'humanité et du monde civilisé; pousse un peuple contre un autre peuple; qui dans l'enivrement de l'ivresse du combat et de l'ivresse alcoolique, devient plus féroce que les farouches habitants des forêts du nouveau monde, lesquels ne peuvent apaiser leur fureur que dans le sang de leurs victimes.

VI

OBSERVATIONS

Sans rappeler les faits qui ont été recueillis par nos devanciers, nous nous en tiendrons à nos observations personnelles qui, pour être peu nombreuses, n'en seront pas moins très démonstratives.

Cette statistique remonte à deux ans seulement, et porte sur une population de 6,000 habitants.


La première victime de l'alcool que nous avons observée est un homme de 36 ans, provenant de parents robustes. B. qui, malgré les avis réitérés de ses parents et de ses amis, continua à s'enivrer chaque jour, et succomba rapidement à la fleur de l'âge, emporté par une pneumonie double compliquée de delirium tremens arrivé à un summum d'intensité que j'ai rarement vu être dépassé. Il laisse une femme et deux enfants dans une situation de fortune très difficile.

P.S4 ans, buvant en cachette, et atteint depuis trois ans de crises épileptiformes d'une extrême violence. Après chaque accès, le malheureux, brisé, anéanti, est obligé d'interrompre ses travaux pendant 8 à 15 jours c'est une perte de temps irréparable, qui lui cause un tel préjudice, que sa situation en est gravement compromise. Il a un fils de 17 ans, chétif, peu intelligent. On fut obligé de le faire sortir du collège, par suite de son peu d'aptitude aux travaux intellectuels.

Femme T alcoolique très prononcée depuis 10 ans. Se livre du reste à toutes les mauvaises passions; travaille un peu l'été, pour se procurer l'argent nécessaire à l'entretien de son existence, et pour se procurer de la mauvaise eau-de-vie. Le reste du temps elle mendie, vend le pain qu'on lui donne, pour acheter de l'eau-de-vie et quelque nourriture. Elle a 6 enfants. Un seul est un peu intelligent et assez robuste. Les autres sont maladifs. L'un de ceux-ci, garçon de 15 ans, est idiot. Tout ce monde va mendier, ainsi que le père qui n'a pas plus d'énergie que les autres. Cette famille est une véritable charge pour la commune où elle se trouve.

F. 50 ans, grandbuveur d'eau-de-vie d'auberge qu'il absorbe par petits verres dans la journée; ne travaille que pour satisfaire sa passion. Ses idées politiques exaltées le font considérei comme fou par tout le monde. En proie au délire de persécution, il se jette dans un puits à la suite d'un accès d'une violence inouïe. Il laisse une fille qui a toutes les apparences de la santé la plus parfaite, mais qui, dans son for intérieur, est sujette à de fréquentes attaques d'épilepsie, qui ne laissent pas que de troubler profondément son existence. Elle est en outre stérile.

C. grand buveur de cidre de poires, est mort à 47 ans, d'un cancer d'estomac. Il laisse deux fils robustes, peu intelligents. S. 35 ans. Autrefois fort intelligent; ayant fait de très


bonnes études et reçu une éducation de pfëiiiier ordré. Devient tuberculeux à la suite de t'usage immodéré du tabac et de ï'eâttde-vie, dont il consommait près de trois litres par jour. L'usage abusif du tabac à fumer a déterminé chez lui une amaiirosè qui l'a rendu presque aveugle. La tuberculose suit sa marche envahissante sans que rien puisse l'arrêter. fi est arrivé à une vieillesse anticipée. Sa démarche, son habitude extérieure, ses cheveux presque blancs, tout dénote une profonde déchéance -vitale il est à charge à sa femme.

Femme V. alcoolique très prononcée à 33 ans; sujette â de fféqueuts accès de delh'ium tfemens se trouvait dans une belle position de fortune, lut forcée de revenir chez ses parents, après que son mari l'eût quittée à cause de sa funeste passion et de sèg vices. Elle a un enfant idiot, téritable type des crétins du Valais. Cet enfant a treize ans; on lui en donnerait à peine S, tant il est chétif.

Une autre malheureuse du même pays commence à boire à 20 ans meurt à 29 ans dans la démence la plus complète, laissant un enfant jeune encore, d'une eonstitation très délicates. L. maréchaWerraiit, bon ouvrier d'abord; contracte l'habittide de boire à 25 ans; depuis cette époque jusqu'à sa mort arrivée l'année dernière, il n'a pas cessé de s'enivrer chaque jour. II était dev«tiin franchement épiieptique. Dafls une de ses chutes il se fait une plaie assez- profonde à la tête. Le deliriûm tremens l'eiapôrie rapidement, II laisse une situation très peu prospère et un fils.- qui, malgré les exhortations de tous, marche entièrement sur les traces du triste auteur de ses jours. D.nf hômniB â9Se£ Ïn9li'uit,- contracte l'habitude de boire et de fumer inconsidérément dès l'àgo de 20 ans mettrt à âS aas d'nne attaque d'angine de poitrine développée à la suite de ses excès.

L. &> ot ans, aleootique depuis ISaas; tombe rapidement dans la décrépitude. Affecté d'un eatarrhe stomacal puis d'un cancer gastrique qui l'emporte en quelques mois.

Fw. l.i., alcoolique depuis 20 ans, meurt à 60 ans; } hydropi~nue. Il laisse une fille âgés de 35 ans, qui, matlietireBsement, se livre à l'intempérance comme son père elle est stérile. SM..< 29 ans, né cto parents robustes; s'abandonne à toutes aortes d'excès, mais Dotammeut à l'abus des liqueurs akôoHqucs. Devient tuberculeux à 41 ao8f et meurt rapidement après avoir


traîné pendant deux ans une existence maladive et empoisonnée par mille tortures laisse une veuve et un enfant tout jeune, strumeux, au milieu d'embarras nombreux dus au défaut fl'une bonne gestion.

J. 40 ans. ancien soldat; ayant fait la campagne dernière; décoré de la médaille militaire avec 600 francs de pension; –s'abandonne à l'intempérance. Boit jusqu'à son dernier sou. Vend son linge, ses meubles, ses immeubles, ses habits, à vil prix, pour se procurer de l'eau-de-vie et de l'absinthe. Incapable de travailler. Il finit par mendier, se réfugie le soir dans les granges, dans les voitures publiques, pour y passer la nuit après qu'il a été chasse des auberges. Pourchassé partout: sans asile, sans crédit, arrivé au dernier degré de l'abrutissement, il termine sa triste existence par le suicide. On le trouve pendu dans un bois à l'aide d'une méchante bretelle.

D. dans une position de fortune qui ne laissait rien à désirer, se livre de bonne heure à toutes sortes d'excès. Dans un moment de fureur alcoolique, il tue sa belle-^nère et se pend ensuite dans sa cave. Il était à peine âgé de 33 ans.

R. a reçu une très bonne instruction. L'éducation manque. Adulé par ses parents qui lui ont toujours laissé faire toutes ses fantaisies, il contracte promptement les habitudes de paresse et de dissipation qui l'ont conduira la plus triste des posi tions, A 29 ans, il avait absorbé tout son patrimoine et celui de sa femme, montant à -plusieurs centaines de mille francs, et enfin, incapable de se livrer à aucune affaire sérieuse, il est réduit à subir un conseil de famille, et à courber le front sous l'interdiction qui pèse sur lui. M. 0. cultivateur, riche, sans éducation, alcoolique depuis 20 ans; s'achemine vers la démence ou la paralysie générale. A donné naissance à une lille hystérique qui est continuellemetit malade.

H. V. S4 ans; je tairai les titres qu'il a portés, et les diverses positions brillantes qu'il a occupées, pour ne parler que de l'état précaire où il est descendu actuellement, par suite de ses habitudes d'intempérance. C'est un buveur d'absinthe; ses membres sont agités du tremblement caractéristique; cet homme paraît avoir 70 ans. L'intelligence baisse de jour en jour. 11 a un fils, dont la constitution est très faible. Son enfance fut entrecoupée par des maladies nombreuses. La scrofule a laissé sur plusieurs points de son corps des marques indélébiles.


Il se mariera sans doute; je tremble en pensant à sa progéniture. F. facteur rural, meurt à 36 ans, emporté parle delirium tremens; il laisse une femme et 4 enfants dans une misère profonde. L'aîné est assez intelligent; mais tous ont hérité d'un tempérament lymphatique à l'excès grande fabrique de scrofules et de tubercules.

D. 43 ans, grand buveur de cidre de poires; devient épileptique à 34 ans; fut affecté d'anasarque il y a trois ans. Ce malheureux s'achemine vers une mort prochaine; le foie est malade; sa fortune qui était assez considérable pour le mettre, lui et les siens, à l'abri du besoin, est tout à fait compromise, et l'heure est proche où il ne lui restera plus rien.

R. A. 60 ans, célibataire, atteint du cancer stomacal; issue funeste prochaine. Ce malheureux en était arrivé à boire S litres d'eau-de-vie par jour. C'est monstrueux.

G. 47 ans, maçon; bon ouvrier pendant quelques années; se livre à l'intempérance dès l'âge de 25 ans; des disputes s'élèvent chaque jour entre sa femme et lui; de plus en plus surexcité par l'alcool, il en arrive à des voies de fait d'une révoltante brutalité qui entraînent la séparation de corps. Depuis cette époque, il mène une vie errante, et finit par se faire condamner à huit ans de réclusion pour vol.

H. P. marchand de bestiaux; 58 ans; grand buveur de petits verres dans les cabarets; sa constitution autrefois très robuste a subi depuis quelques années une atteinte profonde. L'année dernière l'aiguillon d'une guêpe le pique à la langue. Il en est résulté un œdème considérable de cette partie et du bras tout entier, puis un purpura urticaire très rebelle aux moyens de traitement que je mis alors en usage.

Il est évident que chez un individu sain ces diverses complications ne se seraient point produites.

J. A. marchand ambulant; s'enivre chaque jour depuis l'âge de 30 ans; il meurt dans un fossé où il a passé la nuit, nuit froide et pernicieuse du mois de janvier dernier. Tels sont les faits que j'ai pu recueillir. Les faits de ce genre peuvent se rencontrer partout; mais il faut les chercher. Je termine par ces paroles de Cicéron

Populus aulem non omnes hominum cœtus quoquo modo congregatus, sed cœtus multitudinis juris consensu et utilitatis communione sociatus. Dr MORA.


CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE DE I/EJÎPOISONNE1ÎENT CHRONIQUE PAR LA NICOTINE, CHEZ LES FUMEURS

Les accidents toxiques engendrés par l'abus du tabac sontils causés par la seule nicotine, pu bien d'autres principes nocifs cqpcourent-ijs les produire? Quelles sont d'aulre part les voie? par lesquelles ce ou ces principes toxiques pénètrent dans l'organisme dii farceur ?

Pendant longtemps, on croyait que les propriétés, toxiques du tabac étaieiit dues uniquement à la présence, dans les feuilles de cette plante de la nicotine, connue pour ses vertus malfaisantes, et en tant que huile empyreumatique, il y a plus de cent ans. On admettait aussi que la nicotine se rencontre non seulement dans le jus qui s'écoule du tabac, pour se mêler à la salive çju fumeur, mais encore dans la fumée qui s'exhale du tabac en combustion. Il y a une dizaine d'années, deux Allemands, Eulenburg et Vohl (1), sont -venus soutenir que la fumée du tabap ne contient que des traces insignifiantes de nicotine, mais par cpnfre <Jes. doses notables de sels à base de picolins (pyridipe, cqllidine, etc.). C'est à ces derniers principes volatils qu'Eulenburg et son collaborateur attribuaient l'action malfaisante, déjà ffimée du ttiliac. Un autre Allemand, Heubel (2), a repris ces recherches. jl a br(i|é à l'aide d'un aspirateur vingtcinq cigares, dont la fumée était conduite à travers l'appareil réfrigérant de Liebig. Or, le produit de condensation ainsi obtenu présentait tqutes les propriétés chimiques et physiologiques dela nicpfine. pour expliquer la contradiction apparente entre ses propres recherches et celles d'Ei\|enburg et Vohl, Heubcl a fait remarquer que la nicotine libre se décompose ti-ès facilement sous rinjuençe de la chaleur, mais qu'il n'en est plus de même des sels de nicotine. Il y a donc tout lieu de supposer que les manipujations auxquelles recouraient Eulenburg et Volil dans leurs recherches, et le mode de combustion du tabac avaient favorisé 1 I ) Enleiibuvg et Vohl. F ierteljahrschrift fur gericht. Medicin, I. XIV, p. 2; 1871.

(2) Heubel. Centralblalt fur die medic. Wisscmchaft \Hr2,41.


la décompositiou des sels de nicotine et le dédoublement de cette dernière en pyridine, collidine, etc.

Une conclusion pratique est à tirer de ces faits. Les fumeurs de profession savent très bien que l'arome dégagé par les cigares et les tabacs de môme qualité et de même provenance dépend de circonstances multiples du degré de sécheresse du tabac, de l'engin dans lequel il est fumé, de la manière dont le cigare est allumé, du tirage, etc. Il est très vraisemblable que cette modification de l'arome dépend en majeure partie de l'influence que ces mêmes circonstances exercent sur la nature des produits volatils de la combustion du tabac. Il est reconnu aussi que dans la confection des cigares de provenance douteuse et de qualité inférieure, dédaignés des fumeurs pour leur mauvais arome, il entre trop souvent bien autre chose que du tabac. C'est tout au plus si les feuilles de cette plante font les frais de l'enveloppe le contenu sera ce qu'il pourra. Or les recherches d'Eulenburg et de Vohl établissent que les sels à base de picoline, qui se distinguent par une toxicité plus active encore que celle de la nicotine, se rencontrent en très notables proportions dans les produits de combustion de plantes très diverses, de l'écorce du saule, par exemple. Il se peut dès lors que la présence dans la fumée des cigares de sel de pyridine, de collidine, etc., soit liée à l'adultération du tabac par toutes sortes de produits moins coûteux. C'est là une question qui s'impose à l'attention des hygiénistes. Voici d'ailleurs quels sont les eifets toxiques des alcaloïdes en question (pyridine, collidine) Sous forme de vapeurs, ils irritent les muqueuses avec lesquelles ils viennent en contact, en provoquant de l'hypérémie des conjonctives, du larmoiement, de la toux, de l'irritation des bronches. Quand on injecte ces substances, même à très faibles doses, sous la peau d'un animal, sa respiration s'accélère et devient très pénible; souvent l'animai est tué au bout d'un temps très court, et alors on trouve à l'autopsie une congestion pulmonaire très prononcée. Si au contraire l'animal résiste plus longtemps, on voit se développer chez lui tous les signes de laparésie cardiaque; l'écume lui vient à la bouche, il est pris de convulsions toniques et cloniques, ses pupilles se dilatent. Mais toujours c'est à la paralysie respiratoire qu'il linira par succomber. La fumée du tabac renferme encore, outre la nicotine, la pyridine, la collidine, un autre agent toxique d'une grande acti-


vité, c'est l'acide prussique, dont la présence au sein des produits de la combustion a été démontrée, entre autres, par MM. Le Bon et Noel (i). C'est deux expérimentateurs ont adressé récemment une communication sur ce sujet à l'Académie des sciences. Ils admettent également que certains tabacs peu riches en nicotine sont redevables de leurs propriétés toxiques à la présence dans leur fumée d'un alcaloïde voisin de la collidine.

Que la fumée du tabac joue donc un certain rôle dans le développement des accidents toxiques ressentis par les fumeurs, cela n'est pas douteux. A cet égard on ne saurait trop blâmer la funeste habitude, répandue surtout parmi ceux qui font usage de la cigarette, et qui consiste à inhaler la fumée du tabac pour la rejeter ensuite par les fosses nasales. C'est à la fois favoriser l'absorption des principes toxiques en suspension dans cette fumée, et l'irritation locale qu'elle cause au contact des muqueuses.

Quant à la salive, personne n'a jamais mis en doute qu'elle sert de véhicule aux agents toxiques contenus dans le us du tabac, et les accidents locaux déterminés par le contact de ce liquide avec les lèvres et la muqueuse buccale sont bien connus. On se fera d'ailleurs une idée de l'activité avec laquelle sont absorbés à la surface des membranes tégumentaires les principes toxiques contenus dans le tabac, en songeant aux cas d'empoisonnement survenus par exemple chez des enfants, auxquels on avait lavé la tête avec une décoction des feuilles de cette plante, dans un but anti-parasitaire.

Une autre question, trop complexe pour que nous la discutions en détail, est relative aux doses auxquelles le tabac commence à provoquer des accidents chez les fumeurs. Condamner de parti-pris l'habitude de fumer, comme le font certains hygiénistes à outrance, c'est là une exagération dans laquelle nous nous garderons bien de tomber. Cette proscription s'applique toutefois à des individus qui manifestent une intolérance absolue à l'égard de la nicotine et qui éprouvent des troubles cardiaques, des vertiges, des tremblements, après avoir fumé un seul cigare. Il est aussi certain que, passé certaines doses, la nicotine et les alcaloïdes similaires ne tardent pas à engendrer des accidents graves chez les sujets les plus réfrac(1) Voir Gazette médicale, n° 29, 1880.


taires. Ces doses dépendent de prédispositions individuelles inhérentes au tempérament et à {'état de santé d'un inertie sujet. Le danger c'est que les personnes chez lesquelles la tolérance pour la nicotine et ses dérivés est prompte à s'établir, ont une tendance naturelle à forcer progressivement les doses supportables. Quelquefois aussi ces doses sont dépassées inconsciemment, et voici comment les fumeurs qui se rationnent ne tiennent compte que de la force du tabac et du nombre de cigares fumés chaque jour; ils négligent d'ordinaire un autre élément, le poids du cigare, qui a lui aussi son importance. C'est ainsi que Colin a rapporté l'observation d'un fumeur qui, depuis l'âge de quinze ans, fumait régulièrement de dix. à quinze cigares par jour. Vers la trentième année, cet homme se mit à faire usage de cigares beaucoup plus légers, selon lui, et toujours en nombre égal or c'est à partir de ce moment que sa vue s'af- faiblit et qu'ilse développa une amblyopie nicotinique bien caractérisée. L'analyse chimique démontra qqe les cigares de la, dernière série ne contenaient que 1.8 0/0 de nicotine, contre 2,02 0/0 (1 contenue dans ceux que fumait le malade à une époque antérieure. Seulement, tandis que ces derniers ne pesaient que 4.1 chacun, les autres avaient un poids moyen de 9 grammes. Tout compte fait, le malade, pendant qu'il fumait ses cigares légers, absorbait deux fois plus de nicotine qu'autrefois.

(Gazelle médicale.) E. Ridklin.

JOURNAL D'UN FUMEUR

Nunc adbibe puru

Pectore verba puer, mine te melioribus ofïer.

Tant que tu es jeune, acquiers de bons principes et de bonnes habitudes.

Ce fui le conseil de mon père, un Horatiun, quand il m'envoya iinir mes études au lycée de C.

Là, deux de mes camarades espagnols m'apprirent tout d'abord à fumer. Je devais avoir d'excellentes dispositions pour ce genre d'études, car en peu de temps je sus rouler et griller une cigarette avec une étonnante dextérité.

C'était 'défendu, et par conséquent plus attrayant. Ali leur mal nous nous donnions pour échapper aux surveillants.


Il fallait avaler la fumée, cacher la cigarette dans la main, et là main dans la poche, et se brûler parfois; feindre un besoin pressant d'aller où vous savez, besoin trop fréquent pour paraître naturel aspirer rapidement quelques bouffées pour céder la place à d'autres; former, pendant la récréation, un cercle au fond de la coût- polir soiïstïaire les fumeurs aux regards des pions; enfin, grâce mille précautions, on fumait suffisamment, le jour, sans se faire coller.

Mais le soir, après souper, au dortoir, à l'heure où le désir de fumer devient plus impérieux, la chose était plus difficile. Oit prétextait des coliques déterminées par Ic menu du souper, par les haricots traditionnels; mais le maitre, un vieux roublard tel que le proviseur l'avait choisi, un pion Culotté, ne croyait guère à ces subites indispositions.

Que faire alors? attendre que le cerbère s'endormit et c'est singulier comme ces pauvres chiens universitaires, qui bâillent si fort, et pour cause, sont Jènls à s'endormir

L'ennui est pourtant un soporifique.

Enlin, à son premier ronflement, nous, les fumeurs' de 16 ails, nous qui tenions déjà la cigarette prête, et l'allumette aussi, nous glissions du lit jusqu'à la croisée, et nous avalions notre dose de nicotine per arnica silentia hmœ.

Celait un double plaisir, l'été par nos belles nuits méridionales' mais l'hiver? Oh l'hiver, peu de fumeurs assez intrépides pour braver le froid en chemise, et puis comment ouvrir les croisées? les couvertures du lycée sont déjà si légères On recourait alors aux coliques classiques avec plus d'insistance et, à force do grimaces et du contorsions expressives, ori arrachait parfois la permission de descendre dans la cour.

Sauvés, mon Dieu, sauvés! nous allons en griller une l Mais voilà que notre proviseur, un nicotinophobe féroce, qui serait le modèle de notre Société, nous faisait la chasse jusque dans les réduits les plus obscurs et les plus. retirés. Quel flair! Il sentait de loin les fumiers (variante métaphorique inspirée par son zèle); il les suivait à la piste air milieu des ténèbres.

Même pendant l'horreur d'une profonde nuit

II les prenaitau collet, les ramenait au dortoir et les consignait invariablement.


En ai-je subi des consignes à.décourager le plus obstiné des fumiers Eh bien non. On fumait encore, on fumait toujours. Les Espagnols surtout.

Et aujourd'hui ces collégiens de 1840, vieux papas en cheveux blancs, continuent à fumer la cigarette.

_•̃, -'Tant de nos premiers ans l'habitude est puissante!

Très sobres d'ailleurs et ne buvant aucune boisson alcooliqùe. La cigarette suffit à leur bonheur.

Voilà l'habitude que je rapportai du lycée pour couronnement de mes études. Voilà comment je suivis le conseil d'Horace,à à Lollius « raine te melioribus offer (prends les meilleurs guides) » je pris des fumeurs et je fumai.

Mon père prisait beaucoup. Serait-ce une maladie héréditaire? Et pourquoi pas? L'abus de la nicotine, comme de l'alcool, altère le tempérament, et la nicotinomanie peut se transmettre comme l'ivrognerie.

Le physiologiste résoudra la question.

Le psychologue se borne, dans son journal, à constater l'effet produit sur lui par le tabac.

Il engourdit le ccrvsau; il l'ait oublier; delà son attrait. On raconte que le dernier des Stuarts, réfugié a Rome, la ville des ruines, se mit à boire jusqu'à l'ivresse.

L'abrutissement et la mort pour oublier les amertumes de l'exil et ses royales infortunes.

Nous avons connu, en 1849, un officier de marine qui mourut fort jeune, victime de son irrésistible passion pour l'absinthe et la pipe.

Lui aussi voulait oublier

A. F.

LES MAISONS OUVRIÈRES

Le problème de l'habitation ouvrière, qui préoccupe les philantropes depuis longtemps a reçu déjà, dans les grands centres manufacturiers, d'heureuses solutions,

A Mulhouse, par exemple, à Guobviller, à Deaucourt, au Havre, à Bolbec, etc., on a construit beaucoup de maisons économiques qni rendent les plus grands services aux ouvriers


des usines. Elles réunissent des conditions de bien-être matériel et moral très favorables à l'amélioration sociale des travailleurs. A Paris, des tentatives de ce genre ont été faites. En 1867, un groupe de philanthropes, de philosophes, d'économistes, dans lequel se trouvaient MM. Jules Simon, Léon Say, Walras, avait formé une société dont le signataire de ces lignes était l'architecte, et qui avait pour objet la construction de maisons ouvrières. Mais le moment psychologique, paraît-il, n'était pas venu, et malgré les avantages nombreux que cette Société offrait aux travailleurs, elle dut rapidement se dissoudre.

Eh bien, cette question qui n'était pas mûre en 1867, est sur le point d'être pratiquement résolue.

Deux hommes de cœur et d'initiative, M. de Plasman, ancien magistrat, et M. Daniel Meyer, membre du bureau de bienfaisance du 16" arrondissement, ont formé le projet de construire, à Passy, des habitations économiques pour les ouvriers pauvres de cet arrondissement. Un groupe de personnages influents, parmi lesquels nous citerons MM. Emile de Girardin, Jeau Dolfuss, Dietz-Monnin, Girod, J. Siegfried, Bloch, etc., ont apporté à l'œuvre des fondateurs un puissant concours.

Le caractère de la Société constituée est de ne poursuivre aucune idée de spéculation ni même de bénéfice. Elle se propose uniquement de procurer aux classes pauvres des logements salubres et à bon marché et, comme elle ne veut procéder qu'avec mesure et en complète connaissance de cause, elle n'a en vue, dans lé présent, que les familles pauvres domiciliées dans le J6° arrondissement.

La Société a encore pour but de procurer aux ouvriers laborieux et tempérants le moyen de devenir propriétaires de la maison louée, au moyen d'un paiement d'annuités pendant 20 ans au plus.

Les maisons élevées par la Société ne devront pas dépasser le prix de 3 à 4,000 francs (non compris la valeur du terrain). Elles seront composées, autant que possible, d'un rez-de-chaussée, avec cave, distribué en deux grandes chambres et une petite cuisine, cl un cabinet.

Voilà, n'est-il pas vrai, un noble but à atteindre.

Les honorables promoteurs de la Société peuvent être assurés des sympathies de tous les hommes de progrès mais cela ne suffit pas.


k iiëtfe fèu vïë d'amélioration sociale, il faut un concours effectif. Mèk Iëâ.s'jruipàtiïié'lâ, il faut la souscription. Elle esl d'ailleurs minutie: {t)6 francs par Action, et 100 francs qui sont bien plafcés!

^bilà; jîoirf beaucoup de gens, l'occasion de faire une bonne action t|ui rapportera des intérêts.

Lés petites souscriptions seront, nous en sommes convaincus, accueillies ayfeci autant de plaisir que les grosses. Ce que veulent avant ioiit les éhiinehts promoteurs de l'idée, c'est le nombre. Voilà pourquoi je donné ici l'exemple, en me plaçant tout de sliiie pariai les petits souscripteurs je în'insci'is pour une action. Je souhaite d'avoir parmi nous beaucoup d'imitateurs (1). Stanislas Fehrato.

VARîMËS

Lé ttiVàt daks l'arihéë. – Le gduvêriièftienl., ëil délivrant aux soldats des bons de tabac, l'eiicdtiragfe évidéinhiétit i'i Jjrdiiare là funeste habitude de fiiaier, puisque celui-ci Ile pfeiit trafiquer de son bon, sans s'exposer à uile peine sévère. Il serait donc désirable, comme le font remarquer quelques hygiénistes, que les bons de caporal à prix réduit pus-ent être transformés on bons do pain, de viande, ou mémo un équivalant en argent. Qu'aujourd'hui le tabac soit absolument nécessaire à quelques-uns, pela est certain, ainsi qu'il en est de toute mauvaise habitude; l'alcoolique a besoin de son excitant habituel. Mais l'État ne doit favoriser pas plus le nicotisme que ràlcbolisiiifc. (Lyon médical.)

La municipalité de Trêves vient de prendre un arrêté interdisant aux enfants au-dessous de seize ans de fumer sur la voie publique et rendant les parents responsables des infractions constatées. tWrqliijJ les àiitôrités communales en Belgique, en présence de l'anus' progressif dit tabac, ne prendraient-elles pas une mesure identique ? Oil ne petit faire tin pas dans les villes, et même dans les communes, sans rencontrer quelque môme en bas ngè suçant un cigare – voire une pipe. (La Croix Rouge, de Bruxelles.)

(1) les souscriptions sont reçues eliez M. de Pliisnian, rue de là Municipalité, 69 (Auteuil) et chez 31. Daniel Meyor, membre du Conseil de TAssoéiàtion contre l'abus du tabac et des boissons alcooliques, 31, rue Greuze (Phssy).


Les buveurs d'opium en Angleterre. – D'après le docteur Moffal. si l'intempérancR a diminué en Angleterre) dans la classe inivn&re) la consommation de l'opium s'y est accrue. Des droguistes dp village lui ont appris que, depuis la loi prescrivant la fermeture de bonne heure, des établissements publics, la consommation du laudanum avait beaucoup augmenté, surtout dans les pays miniers; il on est de même d'ailleurs de beaucoup de soporifiques et de boissons alcooliques, chloral, ehlorodync, mixtures d'opium et de chloroforme, absinthe, eau de Cologne, teinture de rhubarbe et autres boissons s alcooliques qui ont, pour ainsi dire, remplacé la bière. En Irlande, c'est d'éther surtout qu'il se fait une grande consommation. (Lyon médical.)

D

Cojtsommation du, tabac. Un Américain, il n'y a que des Américains pour avoir de pareilles idées, a fait le calcul suivant: si on prenait le tabac consommé annuellement sous forme de tabac à fumer, <\ priser ou à chiquer, et que l'on fit un câble de deux pouces d'épaisseur, on obtiendrait une longueur de câble qui permettrait de faire trente fois le tour de la terre en par l-équatour. En le convertissant en tabac à chiquer on en ferait une pyramide d'une hauteur égale a celles d'Egypte, et enfin la même quantité de tabac a priser suffirait pour ensevelir une ville d'une étendue moyenne, comme le furent autrefois Herciilaniim et Pompéï sons les cendres du Vésuve.

L'Américain aurait dû ajouter ceci à son calcul quc si on extrayait des cendres de tout ce tabac brûlé toute la potassequ' elles contiennent, la lessive titanesque qu'on en tirerait ne suffirait pas pour purifier l'humanité de tous ses défauts sans parler de celui de l'usage du tabac. (Les illondes.)

,=;̃•.

Le tabac. Un? falsification. Que l'on ne nous accuse pas de faire une réclame à la régie, quand nous dirons que nulle part, en Europe, on ne fume d'aussi bons Labacs qu'en France, et surtout aussi naturels. Nous savons qu'il est de mode de tempêter contre l'administration et d'exalter les tabacs de contrebande. Combien de personnes achètent fort cher, pour cigares de la Havane, des cigares dont la première feuille seulement est de cette provenance! –Voici à ce sujet un petit procède bien simple et bipn connu auquel cependant on est pris tous les jours. Dans le pnys où le CQjn> ine.rce du tabac est libre, les fabricants imitent d'une façon merveilleuse, les boîtes, les marques, les formes extérieures des


cigares de la Havane. Pouvant choisir, ils ne se gênent pas pour prendre les meilleures marques, les plus appréciées des fumeurs. Un navire doit-il partir pour la Havane, vite on charge plusieurs milliers de caisses qui ne seront pas débarquées et qui, au retour. seront vendues à des particuliers, soit eu Angleterre, soit en France, en acquittant les droits, comme cigares des meilleures provenances de la Havane, alors que ce sont tout simplement des tabacs de Belgique, de Hollande, d'Allemagne, partis d'Anvers, d'Amsterdam, de Hambourg ou de Brame.

C'est absolument comme les vins de Bordeaux retour de l'Inde, avec cette seule différence que le vin gagne pendant le voyage, et qu'on n'expédie que des vins supérieurs; tandis que les cigares, qui n'ont jamais été bons, ne peuvent que perdre.

Ce commerce est lucratif et se fait sur une grande échelle. Mais là n'est pas la plus grande fraude il a été constaté que, dans la Thuringe, on vend tous les ans, pour du tabac, plus de 1,000 tonnes (1,000,000 de kilos) de feuilles de betteraves séchées. Le même commerce se fait sur des feuilles de chicorée et des feuilles de chou, qui sont employées aux mêmes fins dans le Palatinat et à Magdebourg.

Les cigares de Vevey, si prisés dans l'Allemagne du Sud, ne comprennent presque pas de tabac; ce sont de simples feuilles de betterave, dépouillées de leur goût naturel par une culture spéciale, et par une immersion ultérieure suffisamment prolongée dans une infusion de tabac.

^'est-il pas probable qu'il en est de même en Angleterre et en Belgique, et ce genre de fraude n'expliquerait-il pas le manque de fumet, de goût, de caractère, en un mot, que présentent ces tabacs de fabrication trop. libre?

Ce genre de fraude atteint heureusement fort peu le consommateur français, excepté à la frontière, où il se trouve fréquemment eu rapports avec le contrebandier. Nous payons un peu cher, il est vrai, le plaisir de voir notre argent s'échapper en fumée, mais au moins nous savons que nous ne sommes pas trompés sur la nature de la chose vendue.

(Science pour tous.)

Recherche des principes aromatiques qui donnent à la fumée de tabac son parfum, par M. Le Bon. – On sait que la fumée de tabac contient divers principes et entre autres de la nicotine et de l'ammoniaque. Dès qu'elle a été dépouillée de ces deux corps par son passage à travers l'acide sulfurique; elle possède une odeur aromatique très agréable et extrêmement pénétrante. M. le Dr Le Bon


attribue cette odeur à un alcaloïde particulier, dont il a pu isoler une suffisante quantité pour en faire une étude approfondie. Ce principe ne serait autre que la eollidine qui accompagne la distillation sèche de certaines matières organiques (huile de Dippel, goudron de houille, etc.)' C'est un corps liquide au moins aussi dangereux que la nicotine. D'après les expériences de M. Le Bon, la vingtième partie d'une goutte de ce liquide suffit pour tuer une grenouille. La mort survient rapidement après la paralysie qui débute généralement par les membres antérieurs; respiré pendant quelque temps, il produit des troubles divers, et notamment des vertiges répétés. On le trouve en bien plus grande quantité dans les tabacs de la Havane et du Levant que dans les tabacs ordinaires.

Preiies garde aux fumeurs. Mml; Penoux, demeurant à SaintGermain, était venue à Paris, pour affaires. Elle se trouvait à la gare Saint-Lazare avec ses deux petites filles âgées de 7 à 8 ans et allait prendre son billet au guichet, lorsque, s'étant baissée pour ramasser un jouet qu'une des deux petites filles avaient laissé tomber, ses jupes effleurèrent les débris enflammés d'un morceau de journal avec lequel un jeune homme venait d'allumer sa pipe. Le feu prit immédiatement aux dentelles de la jupe et se communiqua aux vêtements.

Mrae Penoux effrayée, se mit à crier. Un employé de la Compagnie, M. Girard, accourut, l'enveloppa avec une couverture et parvint à éteindre le feu, mais, malgré la promptitude de ces secours, MmB Penoux a été brûlée gravement. Elle a reçu des soins à la pharmacie de la rue d'Amsterdam et a été ensuite reconduite à son domicile.

•*•

Nous ne voulons voir dans l'anecdote suivante qu'un canard à l'eau-de-vie. M. de Bismarck faisait ses préparatifs pour un voyage dont il n'avait pas annoncé la durée à ses familiers. Quelqu'un dit: il reviendra dans huit jours. Pourquoi1? Parce qu'il n'emporte que huit bouteilles de Branntwein. La preuve qu'il y a calomnie, c'est que M. de Bismarck, en présence des progrès effrayants de l'ivrognerie en Allemagne, a récemment déposé au Reichstag un projet de loi tendant à une répression plus rigoureuse de ce vice. Le nombre des individus arrêtés, à Berlin, en état d'ivresse, pendant l'année 1880, est en effet assez considérable, d'après les chiffres publiés par la préfecture de police de cette ville. Sur 7,895 personnes arrêtées, dont 7,313 hommes et S82 femmes, 6,267 ont été mises en liberté sitôt que leur ivresse a été dissipée; 980 ont été placées


sous la surveillance de la police pour cause de mendicité et de vagabondage, 648 ont été renvoyés devant la juridiction correctionnelle et Condamnées à raison de délits ou da contraventions. Parmi les hommes arrêtés, 407 étaient âgés de moins de dixhuit ans, 2,575 avaient de' dix-huit à vingt ans, 2,201 de trente à quarante ans, 1,364 de quarante à cinquante ans, 766 avaient plus de cinquante ans. Quant aux femmes, 13 étaient âgées de moins de dix-huit ans, HO avaient de dix-huit' à trente aiis, 174 de trente à quarante ans, 161 de quarante à cinqutmte ans, 125 avaient plus de cinquante ans.

Que ceux qui tonnent .contre l'immoralité de la Babylone moderne, viennent encore, après cela, nous vanter la moralité des nations protestantes, surtout quand on a parcouru, le soir, les parcs et certaines rues de Londres.

Saint Vincent de Paul priseur. – Voici ce que raconte M- Ferdinand Favre, dans ce remarquable roman qui a pour titre les Gourbezon. « On discutait à Rome la canonisation de Vincent de Paul et l'un des cardinaux, celui qui était chargé, selon qu'il est d'usage en ces circonstances, de remplir le rôle d'avocat du diable., présenta, contre le vénérable candidat, l'argument que voici

y> Messieurs les cardinaux, M. Vincent, j'en tiens les preuves, est un prêtre d'une sensualité asiatique

»'– Des faits des faits demanda le tribunal.

a II prisait! s'écria l'avocat du diable, et voici sa tabatière! n

Le ïàwyélQirç (féMiai, dénni,

20 septembre 1881. A. Germom> DE Lavicne. PjittlS. IMPRIMERIE CH'Atr, 20) RDE BERGKRE, PRÈS DU" BODLEVARD MONTMARTRE."– fS8IH-1


L'ASSOCIATION FRA^ÇAIsk^/ CONTRE L'ABUS DU TABAC ET DES

BOISSONS ALCOOLIQUES j AUTORISÉE LES 11 JUILLET 1868 10 JUIH 1872.

TREIZIÈME ANNÉE, 2. 1831

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE tenue LE 23 mai 1881, Çompfe ren^u du Secrétaire général. Discours de M. Lucien Rochat, président çgntraj de la Société suisse de tempérance. Rapports de la Commission des régompenses présentés par MM. Edouard Montagne et GèrmondLayigne. ri- Çislribution des récompenses. Intermède musical par MM. Gustave Nàdaûd et les frères Lionnet.

STATUTS DÉ l'Association. >' PARIS

AU SIÈGE DE L'ASSOCIATION

HÔTEL BBLA SOGIÈTÉ D'BNCOUKASgJKENT

BULLETIN DE

SOMMAIRE

44, rue de Rennes,

1881 ̃̃ <'̃ -̃;̃

Paraissant tous les trois mois.

Mem ?am in eorpore soino.


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION ?-

POUR 1881. i 2 'r S l Président M. Frédéric Passy, membre de l'Institut. f Vice-Présidents MM. le marquis DE Ginestous.. ;ï' le Dr A. Riant.

le Dr Richard (dit Cantal).

TOUKASSE.

Seerétaire général M. Germond DE Lavigne.

Secrétaire pour l'étranger, M. L. Ciuvelu.

Secrétaires des séances MM. Z. Coi.laux et Ed. Montagne

Trésorier M. Léon FONTAINE, avoué.

Archiviste M. Collaux.

COXSEIKi

MM. Parfait Acnellet, manufacturier.

ARNouL, avocat.

Badon Pascal, avocat.

BOURUET- AURERTOT, négociant.

CAPMAS, ancien fonctionnaire.

Le Dr CAZALAS, sénateur.

A. Chaix, imprimeur.

Alex. Devès, propriétaire.

Falrie, ancien proviseur.

GALLOIS, conseiller honoraire.

Ph. Gayrard, négociant.

E. LEVASSEUR, membre de l'Institut.

Sextius MICHEL, maire du XV0 arrondissement.

D. MEYER, ancien négociant.

Ch. MILLET, ancien inspecteur des forêts.

LE Sergeant DE Mohnecove, ancien député.

Gustave NADAUD, compositeur de musique.

L. Nougdier, avocat.

Roudil, professeur.

A. Suc, ingénieur civil.

Ch. TELLIER, industriel.

PRÉSIDENT D'HOKHXITB

M. le Dr Jules GUÉRIN, de l'Académie de médecine.

Pour faire partie de l'Association, il faut

Adresser une demande au Président, ou être présenté par un Sociétaire;

Être agréé par le Conseil d'administration

Acquitter une cotisation annuelle de six francs.

Cette cotisation est dorénavant de trois francs pour les ecclésiastiques et les instituteurs primaires.

Les Sociétaires reçoivent une lettre d'admission, une carte et le Bulletin.

Un diplôme sur parchemin est délivré, moyennant 4 francs, sur la demande du Sociétaire.


,°; o'

Le Bulletin de l'Association paraît tous les trois mois. ll. est envoyé franco aux Sociétaires dans les premiers jours des mois de mars, juin, septembre et décembre. On peut s'y abonner moyennant 3 francs par an. Le Conseil d'administration a ajourné la distribution de la présente livraison, afin de pouvoir y indiquer la date de l'Assemblée annuelle, qu'il a été obligé de retarder en raison de l'absence du Président, appelé au Congrès de l'Association pour l'avancement des sciences tenu à Alger.

AVIS IMPORTANT

Pour éviter les frais de recouvrement, très onéreux pour d'aussi faibles sommes, les Sociétaires des départements sont priés de faire parvenir leurs cotisations, soit par bons de poste, soit en timbres, et franco, à l'adresse du trésorier, M. LÉON Fontaine, avoué, 2, rue du Quatre-Septembre, Paris, ou au siège de l'Association.

Pour les cotisations qui ne sont pas parvenues directement, le trésorier fait toucher à domicile sur quittances qui sont augmentées de 50 centimes, représentant une partie des frais de recouvrement.

Les quittances de l'Association française contre l'Abus du Tabac et des Boissons alcooliques sont imprimées sur papier de couleur rose, et signées par le trésorier actuel, M. L. FONTAINE.


ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES

L'Association recommande les ouvrages suivants

Bulletin de l'Association française contre l'abus du Tabac. Chaque vol. antérieur 3 fr. (6 vol. ont paru). Chaque numéro, '5 cent. Un Tabac, son histoire, ses propriétés, son usage nuisible à la santé, à la morale et aux grands intérêts sociaux, par M. Aug. GAFFARD, d'Aurillac, 2me édition; prix 1 franc. Cet ouvrage a obtenu le premier prix de l'Association au concours de 1871.

Loi et ordonnance concernant les fumeurs en chemin de fer, par M. DE BEAUPRÉ, docteur en droit; 50 cent.

Réflexions snr l'usage du Tabac, par M. Rétajilt, intendant militaire; prix 50 cent.

Becliercb.es physiologiques et cliniques sur la Nicotine et le Tabac, parleDr Ant. BLAT IN. Ouvrage couronné par l'Association prix 4 fr. Le Tabac et l'Absinthe, leur influence sur la santé publique, sur l'ordre moral et social par le Dr Paul Jqlly, de l'Académie de médecine prii 2 fr.

V Alcool et le Tabac, par le D* A, RIANT prix 50 cent.

The Tobacea CaUchiw, by Thomas Rsynoibs, the Friend of smokers and non-smpjiers 75 centimes.

A Prize Essay on the history of Tobacco, and its physical action on the hvman body ihrough its various modes of employment, by Hampton BREWER, Esq. 1 franc.

A Prize Essay on the moral, social, and economical results of the use of Tobacco, by JJoël Thatcher; 1 franc.

Anti'Tolaecoistn, Three hundrpd and sixty^fiYe interviews with smokers, chewers and snuff-takers 3 francs.

La Complainte du Nicotine, par Gustave NADAUD, avec illustration et portrait par Cham; musique gravée. Se trouve chez l'archiviste de l'Association et peut être envoyée franco à nos sociétaires. Prix consenti par l'éditeur pour les membres de l'Association 30 cent.

PAH1S< raPKIMERÏE GHAIX, RUE BERGÈIIE 20 PnÈS DU BOtHEV^RD MONTMARTRE.H1006-1


L'ASSOCIATION FRANÇAISE

CONTRE L'ABUS DU TABAC ET DES

"boissons ALCOOLIQUES Ml1'» t LES H JCtt.LET [868 ET JUM 18'?2

1 rÂDIOBrsÉE LES U JUILLET 1868 ET 10 JUIN 1872

TREIZIÈME ANNÉE. S.1881 1

Conseil i) 'administration.Correspondance. – Admissions nouvelles. Tsavaux scientifiques. – Angine de poitrine causée par le tabagisme. –L'abus des alcooliques. – Contributions à l'étude de 1 empoisonnement chronique par la nicotine.

Journal d'un fumeur.

Les maisons ouvrières.

Variétés. ï.e lahac ilans l'armée. – Les enfants fumeurs. Les buveur.d'opium en Angleterre. – Consommation tin tabac. – Une fulsificatimi. –Les principes aromatiques du tanàr. – Prenez garde aux fumeurs. Vincent (Je Paul priseur.

AU SIÈGE DE L'ASSOCIATION

HÔTEL PE Li SOCIÉTÉ I)'li!(COUK.lGEMP.T

Paraissnnt tous les trois mois.

BULLETIN 0

oE

Mens sana in corpore sano. 1

SOMMAIRE

PARIS

a, rue de Rennes, 44

1881


BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION

POUR 1881

Président M. Frédéric Passy, membre de l'Institut.

Vice-Présidents MM. le marquis DE Ginestous.

le D1 A. Riant.

le Dr Richard (du Cantal).

TOURASSE.

Secrétaire général M. Gekmond de Layigpîe.

̃ Secrétaire pour l'étranger, M. L. CriyELLI.

̃ Secrétaires des séances: MM. Z. Cor,LAUX et Ed. Montagne

Trésorier- M. LEON FONTAINE, avoué.

Archiviste M. Collaux.

*:o\si:ii.

MM. Parlait AGNELLET, manufacturier.

ARNOUL, avocat.

Badon PASCAL, avocat.

s BounuET-AuBEitTOT, négociant. t.

Capmas, ancien fonctionnaire.

Le Dr Cazalas, sénateur.

A. Chaix, imprimeur.

Alex. Devès, propriétaire.

Faume, ancien proviseur.

Gallois, conseiller honoraire.

Ph. Gayrard, négociant.

lî. Levasseuii, membre de l'Institut,

Sextius Michel, maire du XVe arrondissement.

D. Mever, ancien négociant.

Ch. Millet, ancien inspecteur des forêts.

LE SEitGEANT DE Monnecove, ancien député.

Gustave NADAUD, compositeur de musique.

L. Nougdier, avocat.

HouDiL, professeur

A. Suc, ingénieur civil.

Ch. Tellier, industriel.

PRÉSIDENT D'HOSSEIIB

M. le Dr Jnles Gcérin, de l'Académie de médecine.

Pour faire partie de l'Association, il faut

Adresser une demande au Président, ou être présenté par un Sociétaire;

Être agréé par le Conseil d'administration;

Acquitter une cotisation annuelle de ske francs.

Cette cotisation est dorénavant de trois francs pour les ecclésiastiques et les instituteurs primaires.

Les Sociétaires reçoivent une lettre d'admission, une carte et le Bulletin.

Un diplôme sur parchemin est délivré, moyennant 4 francs, sur la demande du Sociétaire.


Le Bulletin de l'Association paraît tous les trois mois. Il est envoyé franco aux Sociétaires dans les premiers jours des mois de mars, juin, septembre et décembre.

On peut s'y abonner moyennant 3 francs par an.

Lé Conseil d'adininistïation a ajourné la distribution de la présente livraison, afin dé pouvoir y indiquer la date de l'Assemblée annuelle, qu'il a été obligé de retarder en raison de l'absence du Président, appelé au Congrès de l'Association pour l'avancement des sciences tenu à Alger.

AVIS IMPORTANT

Pour éviter les frais de recouvrement, très onéreux pour d'aussi faibles sommes, les Sociétaires des départements sont priés de faire parvenir leurs cotisations, soit par bons de poste, soit en timbres, et franco, à l'adresse du trésorier, M. LÉON Fontaine, avoués 2, rue du Quatre-Scptembre,. Paris, ou au siège de l'Association. Pour les cotisations qui ne sont pas parvenues directement, le trésorier fait toucher à domicile sur quittances qui sont augmentées de 50 centimes, représentant une partie des frais de recouvrement.

Les quittances de l'Association française contre l'Abus du Tabac et des Boissons alcooliques sont imprimées sur papier de couleur rose, et signées par le trésorier actuel, $&. L. Fontaine.


ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES

L'Association recommande les ouvrages suivants

Bulletin de l'Association française contre l'abus du Tabac. Chaque vol. antérieur 3 fr. (6 vol. ont paru]. Chaque numéro, 75 cent. Un Tabac, son histoire, ses propriétés, son usage nuîsiD|^ à la santé, à la morale et aux grands intérêts sociaux, par M. Aug. Gaffard, d'Aurillac, 2"" édition; prix 1 franc. Cet ouvrage a obtenu le premier prix de l'Association an concours de 1871.

Loi et ordonnance concernant les fumeurs en chemin de fer, par M. DE Beaupré, docteur en droit; 50 cent.

Réflexions sur l'usage du Tabac, par M. RÉTAULT, intendant militaire prix 50 cent.

Recherches physiologiques et cliniques sur la Nicotine et le Tabae, parle Dr Aut. Blamn. Ouvrage couronné par l'Association prix: 4 fr. Le Tabac et l'Absinthe, leur influence sur la santé publique, snr l'ordre moral et social, par le Dr Paul Jolly. de l'Académie de médecine; prit 2 fr.

ti'Alcool et le Tabac, par le D' A. RIANT; prix 50 cent.

The Tobacco Catechism, by Thomas Reynolds, ,the Friend of smokers and non-smokers 75 centimes.

A Prize Essay on the history of Tobacco, and ils physical action on the human body through its various modes of employment, by Hampton Bhewer, Esq. 1 franc.

A Prize Essay on the moral, social, and economical rcsults of the use of Tobacco, by Noël Thatcher; 1 franc.

Anli-Tobar.c.ohm. Three bundred aud sixty-ftve interviews wilh smokers, chcwers and snuff-takers; francs.

La Complainte du Nicotine^ par Gustave NADAnn, avec illustration et portrait par Cham; musique gravée. Se trouve chez j'archiviste de l'Association et peut être envoyée franco à nos sociétaires. Prix consenti par l'éditeur pour les membres de l'Association 30 cent.

taris.inirniNKitii-: cti.ux. tu'K nni RE. 20, l'RK* dc rcorrEVARO jio^tmautrr. 188(Î1-1