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Titre : Des races dites berbères et de leur ethnogénie / par M. J.-A.-N. Périer,...

Auteur : Périer, Jean-André-Napoléon (1806-1880). Auteur du texte

Éditeur : impr. de A. Hennuyer (Paris)

Date d'édition : 1873

Sujet : Berbères

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31081887h

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 54 p. ; in-8

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Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k103542p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-Lk8-1006

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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DES'RACES DITES BERBÈRES]

ET DE LEUR ETHNOGÉNIE PAR ll. J.-A.N. PERIER.

Méiei", communiqué à la Société d'anthropologie en

Swittiiit Ayant-propos. Gélules et Libyens.-Immigrations et leurs effets.Kabyles el Touareg. -Races blondes anciennes. –Touareg blancs et Kabyles blonds. Cbaoula et blonds de l'Aurès. Déductions, conclusions. Pour les anciensGrecs, la Libye, c'était l'Afrique, et l'Afrique, c'était la Libye. Il n'y avait là, pour Hérodote, que deux souches de peuples aborigènes, des Libyens au nord et des Éthiopiens au sud; les étrangers étaient les Phéniciens et les Grecs (1). Les Libyensdu nord de l'Afrique étaient aussi des barbares et ce sont eux qui furent appelés collectivement Berbers par les généalogistes musulmans, la plupart de ceux-ci les faisant descendre de Cham, par Ber, Berr ou Berber (2), d'où leur viendrait leur nom actuel.

Mais il faut se hâter de dire que ce nom de Berbers ou Berbères, les Kabyles, sinon quelques-uns dans le Sahara algérien, ne le prennent point, que les Touàreg le repoussent, et qu'il n'est guère conservé que chez les Amâzigh (ou Amàzirgh) Berâber, qui sont les Berbères du Maroc. v

La dénomination de Berbères est néanmoins consacrée. Elle embrasse pour nous, de l'Egypte à l'Océau et jusqu'au grand Sahara, tous les indigènes de l'Afrique septentrionale, regardés en général comme autochlhones et elle est tellement vague, elle jette une telle confusion dans l'ethnographie de ce pays, que si l'on y pouvait renoncer, pour donner à ces peuples les noms qu'ilsse donnent eux-mêmes, ceserait déjà l'indice d'un (1) Lib. IV, cap. cxctii, lib. 11, cap. xxxn.

(2) Édriai, Géograçh., trad. fc, par Am. Jaubert (dans le Recueil de vuy. el de mém publ. par la Soc. de Géograph.), t. 1, p. 203-204; in Paris, 183G-I840. Ibn-Kbaldoun, Rist. des Berbères, etc trad. fr,, par de Slane, 1, 1, p. 167 etsuiv., et pan.; Alger,


progrès. On nommerait Kabyles ceux qui se nomment Kabyles t'\{Kebaïli, pluriel de Kebail), et l'on nommerait lmôhagh ou imûcharh les Touàreg qui se donnent ces noms, ayant la même signification que celui d'Amàzigh, lequel se retrouve dans ceux des anciens Maxyes ou Maziques* Cela devrait être, en admettant que ces appellations différentes n'impliquassent pas des différences de race, et à plus forte raison dans l'hypothèse contraire.

Que dans les siècles peu éclairés on ait englobé ces populations sous le nom commun de Berbères, assurément dérivé de Barbari, et non point de Ber, on le conçoit; mais il serait temps de contrôler ces traditions surannées; et aussi de les réformer. Car, si ces peuples sont semblables, une même dénomination entre eux et ailleurs eût prévalu sans doute et, s'ils ne sont pas semblables, pourquoi les assimilerait-on nominalement? Les mots ne sont que les signes des idées. N'oublions pas, d'ailleurs, que la séparation des types et des races et leur distinction, quand il y à lieu, c'est l'avancement dans les connaissances anthropologiques.

La question importante sur ce point serait donc de savoir si les noms principaux de Kabyles et de Touàreg se rattachent, oui ou non, à des différences de nature ethnique. Cette question, tout i le monde le sait, est jugée très-affirmativement par beaucoup de savants auteurs mais, sans prétendre la résoudre, nous n'en ferons pas moins. l'objet d'un examen particulier. Nous essayerons de l'éclairer, autant que les faits connus le permettent, et nous opposerons tout au moins le doute salutaire à des assertions dénuées de preuves.

Étudier les peuples dits berbères dans le passé et dans le présent démêler quel peut être leur état de pureté ou de mélange par le fait des immigrations les distinguer entre eux, et rechercher notamment, par la comparaison de leurs caractères, si les Kabyles et les Touareg, ces deux groupes fondamentaux de la famille africaine du Nord, ne constituent pas deux types ethniquement différentes, tel est en effet le but général que nous nous proposons dans ce travail.

En n'écoutant que nos scrupules, nous nous serions abstenu encore de soumettre nos vues au jugement de la Société. Mais la science s'alimente de toute discussion; et, en attendant mieux, dans l'espoir d'aider à des recherches nouvelles, il peut


être opportun de ne pas s'abstenir trop longtemps: c'est .& notre excuse (1).

I. Gétdles ET Libyens. D'après les traditions nationales qu'il consulte et les livres puniques attribués au roi numide Hiempastl Ili.qu'il se fait expliquer, et qui devaient être une autorité considérable, Salluste distingua deux peuplés comme pl'e-miers habitadts de l'Afrique Africam initia hafaure Gmuli et Liages Les Gétules et les Libyens auraient donc été les plus anciens possesseurs de ces Centrées; mais quais étaient ces Gétulus comparés aux Libyens ? Les une nt lei autres, en inà/ne temps qu'ils occupaient des régions différentes, duiventils ètredistingués ethniquëment? Les Gétules, nation nombreuse et répandue dans plusieurs contrées iiatio frequetts multipfexqtœ Gre/w/t, comme dit Potnponiiis Mêla sont plaoés par les anciens au delà ries Mauritânies: Subjacet uutem Matiritaniis Gelulia (4)j n'ayant d'autres limites à l'ouest que l'Océan* faisant face truit Iles Fortunées et avoisinant les plus brûlantes contrées, «né sole inagis hatld proculab ardoribus (5), A l'estj suivant Strabon, ils s'avançaient jusqu'aux Syrles* et au-dessus d'eux était le pays des Garamantes nom qui rappelle l'expédition de Gornélibs Balbus. Leur capitale, l'ancienne Garama, frtpeEiit)* est aujourd'hui Djerma. dans le Fczzàn.

Hérodote et Diodbrë ne parlent poltfl des GêlUles. Mais, si pour Hérodote il n'y avait dans l'Afrique du Nord que des Libyens, pour Diodore (environ quatre siècles après), les Libyens ne formaient que l'ancienne race indigène, la plus populeuse de (1) La Société se souvient qu'elle avait autrefois nommé une commission pour l'élude de l'anthropologie algérienne (Uulkt., I. V, p. Et klors déjà nous devions preudre part aiii tnviat de celle camifatMlon,' qui sont demeurés lileits. Cest donc ici comme nue dette que nana acquittons tardivement Mais, alla question des Berbère* en particulier n'a pas été discutée dans cette enceinte, nous nous plaisons à rappeler que les plui récentes publications sur ce sujet sont dues il nos collègues MU. Lagneau et Topinard dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, art. Berbebs 2n dans V Encyclopédie gétiéfule, art. AioShie (Anthropologie).

t2) Jugurlha, § 18

(S) Lib. eap. iv.

(4) Ptolémée, Gtograph., lib. IV, cap. vi.

(5) Salluste, op. cit., loc. cil. Cr. Pline, lib. V, cap. iv, in fine.

Ifi) Lib. XVII, cap. m, S 19.


cette contrée; puis venaient les Numides, qui habitaient, dit-il, une grande partie de la Libye jusqu'au désert Postremi tandem erant Numides, NoimBe;, vastos Libyœ tractus usqtie ad deserla occupantes (i).

Ici l'appellation de Numides semble comprendre ceux qui portèrent le nom de Gétules. Selon èféla aussi, après les Gétules est un vaste désert inhabitable, au delà duquel on place d'orient en occident les Garamantes, puis les Augiles, les Troglodytes, et enfin les Atlantes ainsi nommés de la montagne Atlas (3). Mais les Gétules s'étendirent beaucoup avec le temps Sed postea, dit CelÎarius, per Mauretaniam Namidiamque nouas sedes occupauerunt, ut nullis jere finibus hœc natio circumscripta et contenta fuerit (4).

Les Libyens, au contraire, étaient répandus sur les plages de la mer libyque, propius mare Africum agitabant (5), et dans les régions qui furent appelées Afrique propre, Numidies, Mauritanies, bornées au sud par les montagnes au delà desquelles s'étendait la Gétulie proprement dite.

Les Gétules menaient, les uns la vie sédentaire, dans des chaumières, les autres la vie errante Super Numidiam Gœtulos accepimus partim in tugurüs, alios incultius vagos agitare (6). Silius Italicus fait mention de leurs cabanes, mapalia; et ce sont pour lui des nomades et des cavaliers habiles. Nulla dotnQs; plauitrï» hab(tant migrare per anra

M os, atque errantes circurevecUre pénales.

Hine mille alipedes tonne (7).

Ils sont distingués dans l'antiquité sous une foule de noms, tels que Autololes vers l'Océan, Daroe plus à l'est, Perorsi nu sud, etc., enfin Melano-Gœtuli sans doute autant de colonies ou de rameaux provenant des premiers Gétules.

Pour les Libyens, ils étaient plus attachés au soi ils habitaient des demeures fixes. Et, suivant la remarque de Salluste, CI) Lib. XX, cap. LV.

(3) toc. cil., cf. cap. vils.

(3) Hérodote, Hb. IV, cap. clxzxit.

(i) NolUlaorbisantiqui, lits. lV.cip. vm, t. II, p. KO, cf. p. tn-f, Lipsie, 1706.

(5) Sallusle, op. cit., loc. cil.

(6) Salluste, ibid.,

(7) Punica, lib. Ill, v. 290 et afq.


ils étaient moins belliqueux que les Gétules Libyes, quant Gœtuii,tnitaa bellicosi[\). Aussi voit-on les farouches Gétules, gentts hominum ferwn iiicultumque, guerroyer non-seulement sous Jugurtha et Juba l'Ancien, mais parmi les troupes romaines en Afrique et déjà dans l'armée d'Anniba! en Italie (2).

Il faut se garder d'omettre les Maziques ou Mazices {génies maziccp), MiÇtxsç de Ptolémée, qui occupèrent au delà du mont Zalacus le sud-est de la Numidie césarienne, et qui furent encore une nation puissante au temps où le comte Théodose eut à les combattre, lors de la grande révolte de Firmus, bellicosum genus et durum, ainsi que le dit Ammien Marcellin (3). Ce serait, en effet, ce même peuple dont une inscription du temple principal de Karnak a dernièrement révélé l'existence antique, sous le nom de Mas'uds' (Machouach), grande nation de la Libye, et qui fit, conjointement avec le peuple des Rebu ou Lebu (Libyens proprement dits), une invasion formidable en Égypte, où les attendait du reste une sanglante défaite..

Ibn-Khaldoun, sans mentionner aucune tribu de ce nom, parle, d'après, les généalogistes, d'un Mazigh, fils de Canaan et ancêtre de Berr, dont seraient descendus les Beranès, l'une des grandes branches de la nation berbère, l'autre branche étant celle de Botr, issue d'un autre Berr, qui était fils do Cals et petit-fils de Ghailan (4). Notons cette distinction des Berbères encore en deux souches fondamentales, qui nous reportent avec quelque vraisemblance aux Libyens et aux Gétules des auteurs anciens.

Quant aux vieux Maziques, ils sont placés par Hérodote à l'ouest du fleuve Triton, sous le nom de Maxyes, Mrf£ue;, et probablement peu différents des Maces, Mixat, riverains oupeu éloignés de la mer (5). Némésien, poète né à Carthage, nous apprend que le Mazace, dans ses déserts, élève d'excellentes races de che(i) Op. Cil.,§ le.

(2) Salluste, op. cil., § 80, 99. (Hlrtlui), Comment, de btU. afr., 35, 55, 61, 03.-Tite-Live, lib. XXIII, cap. xrm.

(3) Ptol., op. cft., llb. IV, cap. n. Amm.; lib. XXIX, cap. v.

(4) Ouv. cit., p. cf. introd., p. EST.il.

(5) Llb. IV, cap. cixx» et ttq., cxci, cxcni, lib. V, cap. xui. Scjlax, Ptripl., Naumones et Macm, p. 45; la-40, Anutelod., 1030.– Denj» le Piriégetej De situ orbU, v.


veaux (1): et ils peuvent être considérés tout au moins comme alliés des Gétules, dont ils étaient voisins vers les Syrïës Mi- 7.5K.7rcffri;v2ftpïtv,– Mzxxïst 3upTtw.(2). En effet, Iarbas, ce roi célèbre des Gétules. Gtetvha lardas (Iarbah), lors de la fondation de Carthage, est appelé par le scoliaste Eustathe roi des Numides ou Nomades et des Maziques, %m ^znXcli; (3). Par suite, Volney identifie les Maziques avec les Gétules, en même temps qu'avec les Berbères et les Kabyles, ces peuples se donnant, dit-il, en leur langue, le nom de Amzir, au pluriel Afazir, ou de Amzig et Mazig (4). Et Saint-Martin croit voir en outre dans les anciens Gétules les ancêtres des uTouariks» modernes. Il ajoute que « cette nation, qui présente une grande aIBnité avec les Berbères, en est cependant distincte. comme les Gétules étaient distingués des Libyens (5). Aujourd'hui, la plupart de ceux que nous nommons Touàreg s'appellent eux-mêmes Imôcharh ou lmôhagh, de même que les Berbères du Maroc et d'autres se donnent encore le nom d'Amàzigh ainsi que nous l'avons dit.

Faisons remarquer en passant que Strabon signale la ressemblance des Gétules avec les Arabes nomades. a Entre les Gstules, dit-il, et le rivage'de la Méditerranée, il y a un grand nombre de plaines, de montagnes, de lacs étendus, de fleuves. Ces peuples. ont plusieurs femmes et beaucoup d'enfants du reste, ils ressemblent aux Arabes nomades. » Toutefois le même auteur en dit autant des Maurusiens, des Massaisyles et des Libyens en général, qui se ressemblent pour les usages et « sous les autres rapports (6). » Il y avait sans nul doute entre toutes ces populations de grandes analogies, soit morales, soit physiques. Et d'ailleurs, dès les plus lointaines époques de l'histoire, les possesseurs'du sol avaient été plus ou moins pénétrés, comme nous le verrons, par des colonies syro-arabes qui, elles aussi, trouvèrent là des contrées et des moeurs, un genre de vie qui se rapprochaient des leurs.

(il CynegeU, v. 259 et stq., m Pctt. lai. min., la collect. Len»tr«, 1.1, p. Diodore, lib. III, cap. xu%. Ptoléuée, op. cit., Hb. IV, ap. m.

(5) Virgile, -Eneid., lib.IV, y. cf. pow. Euit., Comment, in Oionis« Periegelœ op.cit., p. iu-4», ann.

(4) L'Hébreu simplifié, etc p. Paris, 1830.

(6) Obsirv. sur un passage de Salluste, etc., daus les Mim. de VAead. des inseript. et Mta-hUrn, «no. 1. XII, p. cf. pats.

(6) Lib. XVII, cap. m, § {dit. fr., t. V, p. 480, cf. p. 459.


Nous pouvons donc constater, d'après ce qui précède, quel'on ne saurait, sans un certain effort, assimiler et confondre en un août ces deux peuples gélule et-libyep des anciens auteurs, et qui nom paraissent avoir été distingués historiquement, même dès l'ancienne Égypte. Plus loin, nous montrerons que les peuples actuels qui peuvent être considérés comme leurs raprésentantsdans les siècles modernes, les Touareg et les Kabyles, ne sont pas non plus semblables entre eux autant qu'on veut bien le dire, en les nommant improprement et collectivement Berbères.

Nous allons donner maintenant un aperçu des populations qui, dans les temps les plus reculés, auraient quitté leur patrie pour venir occuper ces belles coatrées; et nous tâcherions d'apprécier quels ont été les effets de ces invasions diverses sur l'ensemble de la constitution des races actuelles.

Il. ImnoiuTioiis ET leurs effets. D'après la lumière nouvelle que vient de jeter sur l'ethnographie de l'Afrique du Nord la découverte de l'inscription de Karnak, il faudrait peut-être placer avant toute autre immigration celle des Mas*uas', dontnousavons déjà parlé, et qui, de concert aveed'autres peuples, notamment des Libyens, firent irruption sur l'Égypte dans le quatorzième siècle avant notre ère. On suppose qu'ils auraient été d'une origine septentrionale; mais d'où venaient ces hommes, caractérisés de race blonde, et à quelle époque avaient-ils, pour la première fois, abordé les rivages libyens? C'est ce que l'inscription ne dit pas, que nous sachions. Il est singulier néanmoins qu'Isidore de Séville fasse venir les Gétules des Goths (descendants de Magog), sous le nom de Gètes. Cela rappelle que, d'après certains indices, on a cru pouvoir assimiler aussi le nom de Gétules à celui de Gaëls (en irlandais, Gaoidheat), et identifier entre eux et avec les Ligures les peuples que représentent ces noms (1). Mais passons. Voici les paroles d'Isidore Getuli Getœ dicuntur fuim, qui ingenti agmine à locia suit nauibus conscendentes, loca Syrtium in Libya occupauerunt et quia ex Getis venerant, deriuato Roget de Betlogaet, Ethnoginit gauloitt, Type» gawl., ele., p. 283, et wW.,30a, 310; PROS, Cf. Oiiftor, Recb. twForig. du ferMn», clins le MM. de rJcaiémh <f Hiffêt», Mm, M 5, p.


rumine Getuli cognominati stmi. Il ajoute Africain autem initio habuen, Libyes, deinde A/ri, poil hme Gel,'«' postremum Matai et Numides (1). Cette intervention, de source étymologique, des Gètes, assimilés aux Goths, en admettant qu'ils fussent sortis de la Scandinavie (d'où ils n'étaient pas originaires), et ayant les caractères des races blondes, s'accorderait avec l'observation de Scyiax, qui mentionne sur les côtes de la Petite-Syrte une population d'hommes blonds, flavi, absgut fuco pulcherrimi, ÇzvQst oÉrcXasrst, xxt xaXXtsrst, qui sont appelés Libyens (2). Et elle viendrait en aide à ce que Procope rapporte, sur la foi d'un chef indigène du voisinage de l'Aurès, nommé Orthaias, savoir qu'il y avait de son temps, au delà d'un immense désert, une race d'hommes irès-blancsdecorps, avec des cheveux roux ou blonds, Çzv6o((3). Elle se rattacherait même, dans ces parages, à l'existence ancienne des Kabyles blonds, peut-être aussi des Touareg au teint blanc, ces populations ayant été regardées comme primitivement étrangères au sol africain.

Enfin il semblerait que cette version d'Isidore dût se concilier avec le document de Karnak, d'après lequel, au commencement du règne de Merenptah, fils de Ramsès II, des flots de peuples aux cheveux blonds et aux yeux bleus avaient tenté de conquérir l'Egypte. C'étaient, comme nous venons de le voir, dos nations libyennes, et ce sont ces peuples que les Égyptiens désignaient sous les noms de Tahennu (voisins de l'Egypte du côté de l'ouest) et de Tamehu (en égyptien, o pays du nord terme qui comprenait a certainement avec les Libyens les divers peuples du littoral de la Méditerranée (4). o

Ce qui est ici fort remarquable, c'est que ce sont ces mêmes peuples que l'on croyait représenter les races blondes ou rousses de l'Europe septentrionale, dans les bas-reliefs célèbres où sont figurés, selon les Égyptiens, les quatre principales variétés humaines, et qui décorent les tombeaux des rois à Biban-el-MoIouk, près de Thèbes. L'opinion ne (t) Origin., un. Il, cap. u.

(2) Op. cit., Lotophagi, p. ct. mot. Vosail, i6id., p. 22.

(3) De btll.vandal., lib. Il. cop. xiii.

(4) De Rongé, Exlr. d'un mém. sur Itt attaq. dirig. contre CÉgyple, etc., dans la Resue archéolog., nouv. sér. (juin, décembre 1. XVI, p. 35 et lui, 82.


pouvait guère s'y tromper, l'expression Tamehu {Tamhpu) étant appliquée par Champollion jeune à des nations ayant la peau blanche, les yeux le plus souvent bleus, et les cheveux bruns, blonds ou roux, ce dernier caractère étant propre aux races du nord de l'Europe (1). Mais, ainsi que le constate M. de Rougé, a après une étude attentive, on s'aperçoit promptement que les Égyptiens avaient choisi pour type traditionnel du Tamehu le rameau qu'ils connaissaient le mieux, c'est-à-dire le plus voisin de leurs frontières, le Libyen. La coiffure est caractéristique à (celle des Miç>eç d'Hérodote), a Il demeure certain, conünue M. de Rouge, que la race antique occupant le nord de l'Afrique servait de type aux artistes égyptiens pour figurer le Tamehu, et que ces peuples se présentaient encoreà cette époque sous l'aspect général d'une race à la peau très-blanche etsoavent aux cheveux blonds (2). 9 On comprend toute l'importance de ces éclaircissements. Nous remarquerons en outre que les types de races humaines représentés sur les tombeaux de la dix-huitième dynastie, dans la vallée de Biban-el-Molouk, remontent au moins au seizième siècle avant notre ère, et que par conséquent le peuple blond qui s'y trouve figuré sous le nom de Tamehu, en le considérant comme immigrant, né pourrait être arrivé sur les rivages d'Afrique vers le quinzième ou h quatorzième siècle, ou sous les règnes de Séti I" et de Ramôès H, comme on le dit,,(3). Toujours est-il que ce serait aller au delà de ce qui ressort de ce précieux document ou de ce qu'il en reste, que d'y voir avec certitude que ces peuples blonds ou roux de la Libye fussent originairement étrangers au sol, et surtout qu'ils fussent sortis des contrées septentrionales de l'Europe. JlvFaidherbe croit pouvoir dire qu'ils sont le venus certainement par l'Espagne et peut-étre par l'Italie et la Grèce (4). » Cependant l'iuscription mutilée de Merenplah, telle que la donne M. de Rougé, ne s'exCbampollion, Latt. écrites d'Egypte et de Nubie, en et 1829, p. 204 et soir.; Paris, 1868. Cf. Cbampollion-Figeac, Égypte ancienne, dans CUnivers, p. 29-31; Paris, 1843.

(2) Oav. cit.. ub. sup., t. XVI, p.

(3) Leuormant, Manuet tfhist. ancienne de l'Orient, t. III, p. 155, cf. t. I, p. Paris, Faidherbe, Sur Felhnograph. du nord de l'Afrique, dans les Bull, de ta Soc. d'anlhrop., 1870. sér. t. V, p. 49.

(4) lbid. Cf. id., Sur les tomb. migatilh. et sur les blonds de la Libye, ibid., 1869, sér. n, t. IV, p. 537.38.


plique point à cet égard. Elle dit seulement que ces peuples de l'invasion étaient « venus de la mer )), qu'ils se joignirent aux Rehu ou Lebu (Libyens) pour s'emparer de l'Egypte, et qu'il y avait aussi parmi ces derniers notamment des Mas'uas', lesquels avec les Lebu étaient alors les principales populations de l'Afrique septentrionale, et dont le type était blond. Ne se pourrait-il, en effet, que ces nations, en les supposant d'prigine éxotique, eussent quitté des demeures autres que l'extrême nord de l'Europe? Rappelons-nous que les Kt^pist d'Hérodote étaient fixés dans la Cimmérie, près du Bosphpre Cimmérien et de la mer d"A?of (1). Là aussi étaient même une Libye habitée par les Macrocéphales, la Libye au-dessus de Colchos, selon Suidas, d'après Paie pb a te, et des Libyens peut-être des colonies libyennes (2). Et, comme les Scythes, les Cimmériens, les Sarmates, les Gètes avaient occupée ces contrées voisines duPalus-Méotide, ne se pourrait-il encore, qqe ces peuples fussent représentés dans ces Libyens aux yeux bleus., aux cheveux blonds ou roux, et que, avant leurs migratisons connues historiquement, un ou plusieurs de leurs essaims se tussent dirigés vers ('Afrique? Ce seraient là des questions. Quoi qu'il en soit, c'est à ces anciens peuples de la Libye, toujours considérés comme étrangers au sol, ou venus du Nord, que l'on attribue l'édiQçatjon des dolmens, des tumulus et autres monuments sépulcraux découverts en si grand nombre, il y a quelques années, dans tout le nord de l'Afrique. Ces monuments ayant leurs analogues en Europe, c'est de là qu'ils tireraient leur origine. A des périodes différentes, une même race aurait élevé lés dolmens du nord, et particulièrement du nord-ouest de l'Europe, ceux de la Gaule et ceux de l'Afrique, ces derniers paraissant être en général moins anciens que les précédents. Et en cela, ne faudrait-il pas voir, ainsi que le dit M. At. Bertrand, « les diverses étapes d'une même race, fuyant de l'est à l'ouest, du nord au sud, l'invasion des conquérants auxquels elle emprunte toutefois, chemin faisant, une partie de leur civilisation? » Ce savant collègue incline à croiré « que la race qui a élevé les dolmens de France est la même que celle qui a éjevé |es dolmens de, la Pojnéraniç, du Hanovre, du Da.ne(1) Lib. IV, cap. xn et pats.

(2) Uxicon, in voce Maxpoxé<poû.ot. Cf. Moreau de Jonnte, BthnogMe caucasimne, p. 215, 251, 262; Paris,


mark et de l'Angleterre. Il dit aussi que « la distribution géographique des dolmens, chez nous, doit faire supposer que cette race y est arrivée par mer (i). » Mais on va beaucoup plus loin quand on conjecture que ces- vestiges sont d'origine gauloise (2); ou bien encore, avec M. H. Martin, qu'ils pourraient provenir des Celtes, conquérants de l'Espagne, passés de là en Afrique, et qui auraient été « ces mystérieux Libyens blonds n de la grande coalition contre l'Egypte, les Tamehu des Égyptiens (5).

Sans méconnaître la valeur des faits sur lesquels on se fonde, et bien que la solution définitive du problème demande encore de longs éclaircissements, nous dirons cependant que nous ne partageons pas ces vues. Une hypothèse qui nous sourit davantage et que beaucoup de données nous semblent corro-borer, c'est que la race des dolmens, s'il y a unité de race, en admettant qu'elle soit en Algérie celle des envahisseurs de l'Egypte, ce que nous croyons aussi, n'a point marché du Nord au Sud, mais bien plutôt du Sud au Nord, et qu'elle n'est autre qu'une race autochthone .ou celle d'un groupe de peuples originaires de l'Atlas. Loin que l'usage de ces sépultures ait été introduit chez oux ou reçu par eux, ce sont eux qui seraient les initiateurs et qui l'auraient donné, en le transportant chez les autres nations.

Et que s'il était démontré que ceux de ces monuments funéraires qui s'éloignent le plus de leur centre apparent de rayonnement, en Europe, sont les plus anciens où les plus grossiers, ceux de l'âge de la pierre et du bronze, tandis que ceux d'Atrique appartiendraient à l'âge du fer, c'est que les premiers date- raient en elfet d'une époque antérieure, qui serait celle des plus anciennes migrations de ce peuple des Atlantes, que Diodore appelle les hommes les plus civilisés de ces contrées (4), et que les anciens regardaient oomme d'habiles navigateurs. Les dol.mens sont d'ailleurs moins condensés, en général, et peut-être (t) De la race qui a élevé les dolmens, dans tes Bull, de la Soc. d'anthropol., t. V, p.

(2) F6raad, Monum. dits celtiques dans la prov. de Cunatqntine, dans le Recueil des notices et mém.de la Soc archéolog. de Constantine, ann. 1863. p. 214 et suiv. (3) De t·orig. des monum. mégalilh., dans la Rev. archfolog., 1867, nouv. sir., t. XVI. p. 394-95; Cf. id., Sur les monum. mégalith., etc., dans les Bulltl. de la Soc. d'anMropoi., 1807; sér. If, t. n, p. 168.

(4) liib. III, cap. uv, cf. cap. ivi.


moins nombreux dans les diverses parties de l'Europe qu'en Afrique. Cela ne pourrait-il se comprendre? Ces colonies d'émigrés, commeil arrive d'ordinaire, auraient fini par disparaître, alors que la race mère, vivant sur son sol, continuait de progresser, suivait sa voie, jusqu'au jour marqué»pour son effacement ou son amoindrissement de vant l'ethnographie, ou mieux l'histoire. Il est encore une opinion, celle de M. Roget de Belloguet, qui consiste à voir dans les Ligures, que l'on identifie avec les Libyens, 'un peuple de race africaine, « les frères des Numides, et des Maures, c'est-à-dire des Berbères, » et en eux les auteurs des « effrayants travaux qu'ont exigés les monuments mégalithiques (1). Cette opinion, nous ne la discuterons point, mais il nous importait de la mentionner.

On a aussi considéré comme Aryas, sans être Celtes, les envahisseurs de l'Egypte. La provenance aryenne est en grande faveur. M. Lenormant dit même que Salluste « fait de ces envahisseurs des Perses, des Mèdes et des Arméniens composant l'armée d'Hercule, ce qui indique clairement qu'il savait leur origine aryenne. » Et M. Al. Bertrand, selon toute apparence, ne serait pas éloigné d'attribuer à ces mêmes peuples les monuments mégalithiques algériens (2). Nous reviendrons sur cette version de Salluste. Mais quant à regarder comme étant de souche aryenne les constructeurs des dolmens en général, et notamment en Europe, on sait que cette opinion n'est point admise par les archéologues du Nord, non plus que par M. Bertrand lui-même (5). Et nous sommes, nous aussi, de ceux qui croient que la plupart de ces monuments, aussi bien dans le nord de l'Europe et en Gaule qu'en Algérie, sont préaryens. Pour lesTamehu, ils étaient certainement blonds ou roux. Sorti des flancs du vieil Atlas, ainsi que nous le présumons, ce peuple primitif aurait encore des spécimens dans les mo(1) Ouv. cit., Types ganl., etc., p. 300 et suiv., et pats.; ibid., Le génie ganl., p. 535 et suiv., 539-41.

'(2) Lenorm., ouv. cit., t. III, p. cf. p. un, 165. Bertr., Sur Ut fouillei de Roknia, dam lea Bull, da la Soc. fanthrop., 1888, sér. Il, t. III, p. 629-30. Cf. Bonrgulgnal, Nist. des monum. mégalith. de Roknia, p. 57 et pats.; in-4», Paris, t868.

(5) De la race, etc cit., u6. sup., t. V, p. 379 et «uiv.j là;, Les monum. prtm. de la Gaule, dans la Revue archéolog., nouv. sér.,1863, t.' VII, p. 234-35. -Cf. Faidherbe, Sur les tomb. mégatith., etc., cit., «t. sup.,Ur. u, t. IV, p. Il


mies guanches, comme des représentants, même assez nombreux, au milieu des nations Kabyles. On a recueilli déjà beaucoup de crânes provenant de ces dolmens, et l'on a reconnu que a les deux tiers au moins D de ceux rapportés de Roknia par M. Bourguignat a appartiennent à la souche kabyle ou berbère (i). Ainsi M. Faidherbe, d'après ses propres observations, ne met pas en doute que 'la plupart des crânes exhumés de cette nécropole ne soient d'origine autochthone (2). Mais c'est sur toute l'étendue de l'Afrique du Nord qu'il importerait d'en colliger autant que cela est possible, et de les étudier soigneusement. Car c'est à cet ordre de recherches comparées qu'appartiennent les preuves. Ds ail leurs on peut se demander quelle race,, si nombreuse qu'elle fut, émigrée de l'extrême nord de l'-Europe, se serait multipliée au point de couvrir le sol de ses sépultures, dans ce climat si meurtrier pour les Européens septentrionaux actuels. Dirait-on que dans ces Ages reculés la température du nord de l'Afrique était moins élevée, que le climat de Roknia, par exemple, était alors plus froid et plus humide que de notre temps Mais nos contrées aussi ont subi des périodes de froid; et il faudrait savoir si ces différences respectives des climats s'éloignaient beaucoup de ce qu'elles sont aujourd'hui. On peut se demander surtout ce que serait devenue la langue de ces nations originaires du nord de l'Europe, et probablement conquérantes? Qu'elles l'eussent imposée aux vaincus, en absorbant plus ou moins la leur, comme dans les invasions aryennes, ainsi qu'oc !e rapporte, ou qu'elles eussent adopté le langage des indigènes, il resterait de ces substitutions des traces qui n'existent point. Tous les Berbères non arabisés parlent des dialectes berbères; et les caractères des plus anciennes inscriptions, celles dites libygues, 'sont fort analogues à ceux de cette même écriture conservée et retrouvée chez les Touareg.

Nous savons que les dolmens abondent dans le Maroc. Il y aurait à rechercher s'il en existe, de même qu'il existe des grottes à momies et des tumulus, aux lies Fortunées, qui Prun«r-Bey, dans Bonrgaignat, ouv. cit., p. 42.

(S) Rech. anihrop. tur ki lomb. mégaUlh. de Roknia, dans le BuUel. de l'AcadimiK dHippone, cil, 1868, u« 4, p. 59-60,69 et pot.

(3) Bourgnlgnat, ouv. cit., p. 84 et snW.


furent habitées par ce grand peuple autochlhone, dont une partie était de race bloude. Et qui sait même si leurs aucétres n'auraient pas été des naturels de l'Atlantide? Qui sait s'ils n'ont pas connu la vieille Amérique, où l'on découvre tant de tumulus, comme d'ailleurs presque partout, et où tant de pyramides aux proportioos cyclopéennes, particulièrement sur les bords du Mississipi et de ses affluents, demeurent des énigmes? Ce qui ne parait pas douteux, c'est que, pour les relations commerciales, les Atlantes, ces enfants chéris de Neptune, envoyèrent au loin des colonies sur les cOtes de l'Océau, en Portugal, en Armorique, en Coruouaillcs et dans le pays de Galles, peut-être en Irlande et ailleurs, au milieu d'autres peuples, chez lesquels, on doit le reconnaître, ils auraient pu puiser cette coutume, qu'ils auraient transportée dans leur pairie. Et, de même, on conçoit qu'ils aient pu recevoir de ces mêmes contrées des colonies de peuples constructeurs des dolmens, et dont ils auraient été les • imitateurs.

Du reste, on ne peut assurer qu'un usage cammun à plusieurs races appartienne nécessairement en propre il l'une d'elles, qui l'aurait communiqué ou reçu, et par conséquent qùv'la coutume des dolmens en Europn et en Afrique dérive indubitablement l'une de l'autre. Tous les hommes n'ont-ils pas eu les mêmes besoins, comme ils ont les mêmes facultés? Combien de peuples différents ont taillé des silex ou se sont tatoués Combien ont adoré le feu, les astres 1 Tous enfin n'ontils pas eu le culte de la tombe, dont les pyramides d'Egypte sont la plus grandiose et la plus fastueuse expression?- Quoi qu'il en soit, nous soumettons ces points de vue à nos collègues, en faisant des vœux pour qu'ils soient jugés dignes de leur examen.

Une grande immigration de peuples divers, et qui prend sa source en Asie, entre la Méditerranée et l'Euphrate, parait, d'après quelques historiens, se rapporter à l'invasion de familles cananéennes. Suivant l'rocope, les peuples de la terre de Canaan, qui passèrent en Afrique, an temps de Josué, successeur de Moise, « l'occupèrent entièrement, depuis l'Egypte jusqu'aux colomues d'Hercule, et ils la rendirent habitable, en y bâtissant un grand nombre de villes, « de aorte qu'encore à present, dit-il, les Afriquains parlent li langue fheùi-


cieune. Auparavant qu'ils vinssent en Afrique, elle estoit habitée par d'autres peuples, lesquels y ayant demeuré depuis très-longtemps, on croyoit qu'ils en estoient les premiers habitans. En suite ceux qui vinrent avec Didon se retirerent en Afrique, comme en un pays habité par leurs alliez et leurs parens, par la permission desquels ils bastirent Carthage et en fuirent les maiatres (t). » Ces premiers habitants, Sallurle, ou plutôt Hiempsal, les avait nommés, nous l'avons dit. D'autre part, on lit dans Édrisi que les Berbères habitaient anciennement la Palestine, à l'époque où régnait Djalout (Goliath).» descendant de Ber et de Mesr. « David (sur qui soit la paix ajoute-t-il, ayant tué Djalout le Berber, les Berbers passèrent dans le Maghreb, parvinrent jusqu'aux extrémités les plus reculées de l'Afrique et s'y répandirent (2). » Telle est aussi J'opinion d'El-Bekri, d'accord avec EI-Masoudi, tandis que d'autres Arabes veulent que ce soit Josué qui chassa ces peuples de la Syrie (3). En admettant que ces récits fussent vrais l'un et l'autre, ils se rapporteraient à deux invasions fort distinctes des Palestiniens (Philistins), les deux époques de Josué et de David différant beaucoup.

Les immigrations de Canaan et des pays voisins sont attestées par certaines traditions et par des noms de tribus qui rappellent cette origine. Saint Augustin nous apprend que de son temps les habitants des environs d'Hippone se disaient Cananéens Unde interrogati rustici nestri quid sint, Punicè respondentes CUanani, corruptâ scilicet, sicut in lalibus solet, und litterd, quid aliud respondent quant Chanarueiï Ailleurs on voit que cetévéque recherchait pour le territoire d'Hippone un prêtre qui fût familier avec la langue punique ou phénicienne, Punicâ linguâ esset ins truc tus, et qu'il le trouva dans un vieillard. Senemqui tuncprimalumNumidiœ gerebat(l). Ainsi, d'après le Suédois Gràberg di Hemsô; les Schellouh ou Chlouah du Maroc se regardent loujours comme les descendants en ligne directe des aborigènes de l'extrême Occident, (t) Op. cit., lib. H, cap. trad.fr., p. 296-98; in-12, Paris, 1670.– Cf. Molle de Khoren, Hirtor. armmiaca, trad. lat., lib. 1, cap. stiii, p. In-4», Londini, Suidis, op. cit., in voce Xuia.ii.

(S) Ouv. cit.. t. I, p. 203.

(3) Ibn-Khaldoun, ous. oit., t. i, p.

(i) Bpittot. ad Roman. inchoata Expotltio, t. m, p. il-fe! Purlilla, Id., UtUr., Ml. CCIS, § S, cf. lill. CVIII, § 14.


considérant les Beràber comme des Philistins, Filisiei, od originarii dalla Palestina, descendants de Misraim et de Casluhim tandis qu'eux-mêmes se vantent, si gloriano, d'être les vrais parents des a Amazirghi-Beranis enfants de tr Mazirgh (1). Encore aujourd'hui les rabbins algériens donneraient aux Kabyles le nom de Philistins (Paleschtin); et chez ceux-ci le nom de Ben-Canaan n'est point rare. Certaines tribus ou fractions de tribus, comme les Kabyles Aith-bou-Youcef, suivant les 'traditions locales, professaient jadis le judaïsme rapporté par elles de la Palestine^). D'un autre côté, les BeniMezàb (Mozabites), dont la physionomie, les mœurs, le dialecte sont à part, qui ne sont ni chrétiens, ni musulmans, comme disent les Arabes, et qui ne se marient qu'entre eux, passent pour provenir des Moabites, qui furent assujettis et persécutés par David.Etde même, leurs frères, les Ammonites, expulsés aussi de leur pays par les Israélites, auraient été représentés par les Amonéens, aujourd'hui les Amouni. On a dit que la tribu des « Phlissa, que nous écrivons ordinairement Flissa, vient encore attester par son nom leur parenté avec les Philistins (3). s Nous pourrions multiplier ces rapprochements. Mais, en thèse générale, nous croyons que l'on ne saurait être trop réservé dans les conséquences qui se tirent de la ressemblance des noms car il n'est rien qui ne se puisse voir à travers le mirage des étymologies.

Ce que nous dirons encore, c'est qu'à Tougourt, parmi les habitants, qui sont en général mêlés de sang nègre, de même que les Rouàgha (de l'ouàd-Rhlgh), il existe une soixantaine de familles blanches, déjà signalées par le consul Hogdson, a distinct race o f white people, que la tradition fait descendre d'anciens immigrés israélites convertis. Il ajoute qu'elles ne parlent que l'arabe, only the -Arabie langttage. Ces familles seraient établies depuis un temps immémorial dans le pays et, suivant sans doute en cela les errements de leurs aïeux, elles se seront conservées pures, en ne s'alliant qu'entre elles (4). (1) Specchfo geograf. e statisi. deü' imp. di Varocco. p. 78; Genou, 1834. Les Kabyle et la colonisation de V Algérie, p. Paris,

(5) remisier, Ann. algér., t. 1, p. l'aria,

(4) In Transact. of the Amirtcan Philotofh. Society, new 1er., rol. it, p. 2·; in-4°, Philadelph., Cf. Dinira», Le Sahara algérien, p. paris, 1845.


Une autre invasion, dont l'existence toutefois peut être contestée, est celle des Arabes sabéens, sous la conduite d'Ifrlcos, de Cs".s-Ibn-Saïfi, l'un des anciens princes himyerites du -Yémen, lequel aurait donné son nom à l'ürlkia (régence de Tunis). En effet, un auteur arabe dit que a les Himyerites n'eurent jamais d'autre voie pour se rendre en Maghreb que les récits mensongers des historiens yémenites. » Et IbnKhaldoun, qui rapporte ce témoignage, ne l'infirme point. Pour lui, la version la plus authentique, c'est que les Berbères descendent de Canaan, fils de Cham, fils de Noé. a Leur aïeul se nommait Maztg6; leurs frères étaient les Gergéséens; les Philistips, enfants de Casluhim, fils de Misraïm, fils de Cham, étaient leurs parents. Le roi, chez eux, portait le titre de Goliath (Djalout). » II constatq néanmoins que dans la grande famille des Beranès, d'après Ibn-el-Kelbi et d'autre? généalogistes arabes, les tribus de Ketama et de Sanhad,ja n'appartiennent pas à la race berbère, mais à la population yémenite qu'Ifrlcos Ibn-SaîS établit en Ifrlkla. Et lui-même partage cette opinion, tout en disant qu'Ifricos ayant quitté le pays dont il s'était rendu maitre, ces deux peuples de Ketama,et de Sanhadja « de- vinrent graduellement Berbères et se confondirent avec cette race, de sorte que l'autorité des Arabes en Ifrlkïa disparut tout à fait (t). a Il est bon de noter qu'à l'égard d'autres tribus, Édrisi ne s'exprimait guère différemment sur ce sujet. Il dit que des Haouara sont a naturalisés berbers par suite de leur voisinage et de leurs rapports avec les indigènes; et il fait la même observation à l'égard des Zenata, qui seraient d'après leur généalogie; a telle qu'on la rapporta, des descendants de Goliath et de Ber. Les Zenata étaient originairement des Arabes de race pure; mais, par suite des alliances qu'ils ont contractées avec les Masmoudis leurs voisins, ils sont devenus eux-mêmes Berbers (2). a

Quant à l'expédition d'Ifrlcos, fils de Cais-Ibn-Saifi, d'autres, avec El-üakrizi, disent Afrik'is ou Afrik'ich-hen-Abr'a-ben-Ziel-K'arnin (5), ce petit conquérant qui aurait eu la fortune de (t) Ou. cit t. 1, p. 168, 97-28 et paît.

(9) On, cit., t. I,p.212,

(3) El-K'«rouJnl, Hitt. dtplffipurini. fr., par Pelliuler et Rémuut, p. SI- lit et note, et p. 98, Pari', 1845.


léguer son nom à l'Afrique, comme Vespuce à l'Amérique, nous ne sommes pas de ceux qui la regardent comme parement imaginaire. Et nous y croyons par les traces d'éléments nouveaux, notamment le langage, qu'aurait apportés cette immigration, ou toute autre de même origine, la langue arabe étant parlée dans le nord de l'Afrique longtemps avant l'invasion mahométane Caussin de Percerai ne pensait pas que ce fut là une fable et il fait remarquer que dans le tableau des rois du Yémenron trouve que le règne d'Afrtcous ou Afrikis, fils d'Abraba, parait être entre les années 60 et 40 avant notre ère Ce n'est peut-être là qu'un exemple de tout ce qu'offrent d'ignorance et de contradictions les récits arabes.. Mais il est évident, d'ailleurs, que ce dernier personnage serait autre que le premier, dont l'existence pourrait bien remonter au temps des Hycsos. L'un aurait donné son nom à l'Afrique, tandis que l'autre l'aurait plutôt reçu comme surnom.

A l'appui de cette tradition sur le séjour des anciens Himyentes ou Sabéens dans le nord de l'Afrique, on peut se rappeler que le culte des astres, du soleil, de la lune existait chez les anciens Libyens, comme l'attesteraient au besoin leurs inscriptions funéraires On en retrouve môme des vestiges dans les mœurs de quelques peuplades actuelles. Il est vrai, néanmoins, que ce culte, anciennement si répandu, peut trèsbien n'être pas d'origine étrangère. Ici, comme en bien d'autres expressions ethniques, les peuples ont pu se rencontrer sans s'imiter et sans que la filiation y soit pour rien.

De son côté, Léon, le savant géographe de Grenade, rapporte que, selon quelques auteurs, les Palestiniens, «décbaseés par les Assyriens », passèrent en Afrique et s'y établirent et que, selon d'autres, les Africains tirent a leur vraie origine des Sabées, peuple de l'heureuse Arabie, » et qu'ils furent conduite par leur roi Ifricus, a s'enfuyant vers l'Egypte » et par delà (t) D'Herbelot, BibUotH. orinet., art. Aranua. Cf. Cardrase, ffirf. F Afrique, de C Espagne, etc., 1. 1, p. 5, note Parla, 1ÎC5. Petlluier, ony. dL, t. I, p.

(2) Eu.tur l'hUI. des Arabes aoant ritiamiime,l. I, p. 87-70; Paris, (3) Hérodote, iib. IV, cap. uunin. Mail, Dttcrifl. de fAfiigm, Irad. fr., par J. Temporal, p. 67 et aniv.; Paria, 1830. Rtiiaad, /iiMjfeM dta Sarrosm» en France, etc, p. Paria, 1836.– De R(«(tawBt, l'Jf* du brome ou kl Sémite* en Occident, p. et laiv^ Pari% 18M. CI Babsad, Recueil d'inteipt. tibyco •berbèrei tn-4", Parla, 1870.


le Nil, poursuivis par les Assyriens ou les Éthiopiens. Mais il ajoute que, selon d'autres encore, les Africains a ont été habitants d'aucunes parties d'Asie, fuyant aussi devant leurs ennemis, d'abord vers la Grèce, alors inhabitée, et qu'ils furent ensuite contraints d'abandonner, pour se jeter sur l'Afrique, où ils demeurent (i). Ainsi, les renseignements de l'histoire et ceux que fournit l'ethnographie s'accordent pour attester les antiques conflits de ces peuples sur le rivage africain de la mer Intérieure.

Léon divise tous les habitants de la Barbarie et de la Numidie, ou les blancs d'Afrique» en cinq peuples, savoir a les Sanbagia, les Musmuda, les Zénéta, les Haoara et les Guméra. » Marmol, en nommant (un peu différemment) ces mêmes peuples (oui tribus), dit que ce sont ceux qui sont appelés Berbères, Il parce-que leur première habitation fut en Barbarie au-lieu que ceux qutestoient auparavant dans laTingitane, la Numidie et la Libye s'appellent Chilohés.» » Ailleurs il dilf, «Les anciens Africains sont nommés Cbilohés ou Bérébéres. Leur langue a trois noms « Chilha, Tamazegt et Zenetie Mais Léon observe que ces peuples a se conforment ensemble en une langue, laquelle est communément par eux appelée aquelama*rig (langue noble). Il dit que cette langue est la a naïve africaine, n et qu'elle est mêlée de motsarabes (3). Toutefois, M. de Slane fait remarquer que ces deux termes ont été mal traduits par Léon, et qu'ils ne signifient autre chose que le pays berbère (4). Ce qui parait certain, d'ailleurs, c'est que plusieurs de ces tribus ont poussé de profondes racines et produit de nombreux rameaux, qui se seront perpétués car leurs noms, plus ou moins altérés, se retrouvent encore sur divers points du territoire, en Algérie, au, Sahara, au Maroc comme dans l'histoire des Iles Canaries. 11 y a, par exemple, des Haouara près de Médéu, des Sanbadja aux. environs de Bougie et dans le cercle de l'Edough, des Zenata non loin de Tlemcen, dans le cercle de Constaotine et dans le Zab; d'autres prennent ce nom dans le pays de Touât. Et nous venons de (1) rçlL, 1. 1, p. cr. p.

(2) Léon.'ftfcf., p. th. )ttrm.,r Afrique, lnd.fr., par Perrotd'Ablincourt, 1. J, p. 68, 92, cr. p. 93; in-4*, Pari., 1667.

(3) Oav. cit., t. I/p. 19-20.

(4) Dans Ibn-Khaldonn, onv. cit., Appendict, t. IV, p. 4S5.


voir que ces tribus sont de celles que divers historiens rattachent primitivement au sol du Yémen. De quelque manière que soient envisagées ces immigrations cananéenne et arabe. et quelle que soit l'obscurité qui les couvre dans leur origine, il est donc permis de les considérer comme ayant tous les caractères de faits acquis ou peu. contestables. J

En d'autres temps, après la fondation d'Utique, puis de Carthage, des Phéniciens venus de Tyr, deSidon, de Byblos se répandirent sur les côtes libyques et y fondèrent des colonies et des villes, comme Hippo Diarrhytus, Hadrumetum, Leptis (i ). D'après Scylax et Strabon, ils auraient étendu leurs établissements depuis les Syrtes, où ils confinaient aux Grecs de la Cyrénaïque, jusqu'aux colonnes d'Hercule; et si l'on en croit le Périple d'Hannon, les Carthaginois auraient aussi fondé des colonies liby-phéniciennes sur les côtes de l'Océan (2). Enfin ce fut vraisemblablement de ces mêmes rivages phéniciens que s'éloignèrent d'autres nations venues de l'Orient, fuyant leur patrie, et qui, suivant le mythe de l'Hercule tyrien, voguèrent vers l'ouest du bassin méditerranéen, la terre du couchant, avec son jardin des Hespérides, et le royaume d'Antée, fils d'Atlas. Ici la fable se mêle à l'histoire et la domine. Ce que l'on aperçoit au milieu de ces fictions, c'est toujours la richesse merveilleuse des contrées de Maghreb, c'est l'attrait de la con-. quête qu'elles inspiraient aux envahisseurs, et c'est l'invincible courage des autochthones à défendre leur sol contre les attaques de l'étranger.

Salluste, encore d'après Hiempsal, et sans rien garantir par lui-même, nomme trois de ces peuples les Mèdes, les Perses et les Arméniens, qui faisaient partie de l'armée d'Hercule, lequel étant mort en Espagne, selon les Africains, sicut A fri putant, et son armée ayant été dispersée, passèrent en Afrique, et s'étabiirent sur les côtes les plus voisines de la Méditerranée. Il rapporte que les Perses s'avancèrent davantage vers l'Océan, et que, s'étant mêlés aux Gétules, ils prirent le nom de Numides, semetipsi Numidas appellavere. Pline aussi dit qu'on nommait anciennement Perses les Pharusii, peuple gétulien qui, d'après Mêla, s'étendait jusqu'à l'Éthiopie, usque ad jElhiopas, et que (<) Salluste, op. cit., Cf. l'line, lib. V, cap. iii-it.

(2) Seyl., op. cil., Carthago, p. 49-50. Strab., lib. XVII, cap. in, §


Strabon et Ptolémée placent également très-loin au sud de la Maurusie et au nord du mont Rpssadius Sallusta ajoute que les Mèdes et les Arméniens se joignirent aux Libyens, qui, dansleur idiome barbare, les appelèrent insensiblementMaures, au lieu de Mèdes, Mauros pro Médis appellantes (2). Voilà, dans un récit confus, bien des inconnues. Du reste, la critique moderne apporte ici ses doutes, et se croit en droit de substituer à ces trois noms de peuples montagnards, agriculteurs, sédentaires et paisibles ceux de Madianites, de Phéréséens et d'Amorrhéens on d'Araméens, refoulés, en effet, les uns par les Hébreux, les autres par les [Assyriens, ou même par les conquêtes des Égyptiens (3).

Mais il faut renoncer à débrouiller complétement ces questions ethniques, dont les traits individuels nous échappent, et qui dans leur ensemble seulement sont éclairées par l'histoire. Les siècles se sont accumulés, les mœurs ont quelque peu changé avec les lieux; toutes ces nations se sont plus ou moins enchevêtrées, ou même mêlées; les caractères primitifs ont subi des altérations peut-être considérables. Enfin sont venues par surcroît les invasions romaine, vandale, byzantine, successivement chassées las unes par les autres. Et, en présence d'un tel amas de ruines et de tant de difficultés inextricables, et que chacun résout à sa manière, on éprouve comme un soulagement à se tourner vers l'étude des faits actuels. Toute cette vaste étendue des côtes et des régions limitrophes de l'Afrique septentrionale fut donc occupée très-anciennement, avec des caractères différents d'occupation, par une multitude d'essaims étrangers, notamment de souche syroarabe, et devant lesquels furent forcés de reculer les premiers habitants, qui sont pour nous des Atlantes. Il arriva sans doute plus d'une fois, peut-être même habituellement, que ces familles de colons ou de marchands vécurent isolément et sans se mélanger avec les indigènes. C'est la loi générale, à laquelle le génie des peuples de ce pays donne une sanction (1) Salluste. op. cit., § 18.– Pl., lib. V, cap. mr, in /tw.-Hila, lib. 1, cap. M, cf. lib. 111, cap. x. Strab., lib. XVII, cap. m, § 7. Ptol., op. dt., Ub. IV, cap. ti, et Afr. fatal.

(i) Op. ci(., toc. cit.

(3) Hlguot, Vîagt-deuxièmè Mém. tur lu PMnlàms, dans la tlém. i» VAcad. roy. du hucript. et beUet-iett., ann. 1786, XLII, p.


saisissante. Les étrangers, pour ces peuples en particulier, sont toujours des ennemis. Et si la souche arabe est peu portée aux croisements, aux rapports internationaux, et ne vent pas se laisser pénétrer, il n'en est guère différemment du Kabyle, jaloux de sa terre et qui défend son bien. Ainsi les Romains, et surtout les Vandales, les Byzantins, ne firent que passer, en dévastant et guerroyant, de même que plus tard les Turcs, sans jamais s'assimiler au sol.

Il est vrai que la conquête mahométane fut facilitée par cer- laines analogies de mœurs, et que les Arabes, dont les ancêtres vivaient à la manière des Gétules, rencontrèrent, là des alliés naturels, et en outre les monts et les sables, les palmiers, les chevaux et les chameaux du Hedjaz et du Nedjd. Ils y trouvèrent, on desaitdansquelleslimites, l'usagedelalanguearabe, parlée sur ces rivages, comme nous l'avdns dit, longtemps avant cette conquète; et ils y trouvèrent probablement aussi la polygamie et la circoncision. Sans doute, il n'en avait point été de la sorte, au même degré, pour les invasions asiatiques anciennes. Mais, quelles que fussent les antipathies qui purent exister entre nations différentes, entre vainqueurs et vaincus, on peut croire qu'avec le temps il s'opéradesrapprochements entre les maîtres du sol et les immigrés, auxquels il fallait faire place, et que parmi les vieux peuples les uns furent refoulés, s'ils ne se retirèrent sur leurs montagnes inaccessibles, alors que les autres s'agglomérèrent et s'allièrent plus ou moins avec les nouveaux venus.

En outre de ce que nous avons dit des tribus arabes qui seraient devenues berbères, nous avons, pour témoigner de faits semblables dans l'antiquité, l'existence historique de populations composées ou plus ou moins mêlées, comme les LibyPhéniciens, les Leuco-Éthiopiens, les Mélano-Gétules, nations qui, par leur origine supposée métisse, devaient tendre à disparattre, à moins d'un entretien permanent. Les Liby-Phéniciens, AtSuçobtxe;, de Diodore, occupaient, sous les Carthaginois, beaucoup de villes maritimes et leur territoire, suivant Strabon, s'étendait jusqu'aux montagnes de la Gétulie (1). Pline place les Leuco-Éthiopiens, Leucœthiopes, au delà des Gétules et des (t) Diod., llb. xI, e»p. iv. Slrab., llb. XVII, cap. m § 19. Cf. FIMémée, op. cit., lib. IV, etp. m.


Liby-Égyptiens, Méta entre les uns et les autres, et Ptolémée très-loin dans Xe, désert, au sud du mont Ryssadias, vers l'Océan (1). Et quant aux Gétules noirs ou Mélano-Gélales, qui sont au sud de la Gétulie, d'après Ptolémée, et qne M. P. Daprat appelle Libyo-Éthiopiens, en les considérant comme les Lenco-Éthiopiens de Mêla nous les croyons plutôt issus du mélange des Gétules avec les Éthiopiens ou les noirs, leur5 voisins, alors comme aujourd'hui. Mais la preuve encore que ces flux et reflui de peuples divers ont marqué leur empreinte sur les anciennes populations, c'est que, sans parler des habitants des villes, ces populations, notamment dans les pays ouverts, sont loin d'être homogènes, bien què les types ne soient point pour cela confondus. Cette dernière remarque est même applicable à la plupart des groupes indigènes, au milieu desquels nous voyons si souvent des éléments différents vivre chacun de sa vie propre, en même temps que de la vie commune, et conserver ainsi dans l'agglomération leurs caractères ethniques.

Nous citerons comme exemple la grande tribu chaouia des Oulâd-Abn-en-Nour, dans la province de Constantine, entre cette ville et Settf, chez laquelle nous avons observé (en 1840) les caractères physiques les plus variés. Dans une de ces solennités théâtrales où tous les cavaliers sont passés en revue et se livrent à leur genre de manoeuvre que l'on nomme fantasia, nous n'avons pas été médiocrement surpris dé rencontrer là des traits presque mongols, rappelant ceux de quelques-uns des miliciens turcs, à côté de purs profils blancs des physionomies qui représentaient alternativement les types berbères, arabe, vandale et même grec, des proportions non moins différentes dans l'habitude du corps; enfin toutes les nuances de la couleur, depuis la teinte noirâtre jusqu'à celle des races blondes. Cette tribu, où se trouvent aussi des Kabyles et des Arabes, avait peu d'influence, malgré sa force numérique, et elle était peu estimée, en raison de son origine chaoula (3). Nous avions fait une remarque du même genre sur les spahis de Constan(1) Pl., Hb. V, cap. vm. Mêla, lib. cap. n. Ptol., op. cit., lib. IV, cap. YI, tlAfr. tabla.

(2) Ptol., op. cit., lib. IV, cap. vi. Dnpr., Ess. hittor. sur les races anc. de VAfr. «pton/r., p. 220; Pari»,

(3) Tabl. dela siluat. desdlablissm. fronçait en dlgdrde, ann. 1S44-ÎS43, p. 457.


tine, anciens cavaliers du. bey, Turcs, Kouloughlis et surtout Arabes, chez lesquels ces derniers nous ont offert une variété de types extraordinaire, alors qu'il n'en était pas ainsi pour les Turcs et pour les Kouloughlis. Beaucoup de tribus présentent un phénomène semblable. Telle est, en particulier, celle des Ameraoua, en pleine Kabylie, ancienne colonise militaire sous le régime turc, composée non-seulement de Kabyles, d'Arabes, de Kouloughlis, de Nègres, mais réceptacle d'une foule de réfugiées et de renégats de diverses nations. D'autres encore, comme celle des Beni-Amer, dans la province d'Oran, celles des Eumour et des Hel-ben-Ali, dans le Zab septentrional, sont formées de colonies venues de points fort éloignés les uns des autres et d'origine, de mœurs différentes, en même temps que de l'élément primitif, qui est la famille du fondateur (1). Mais, malgré ces différences, tous ne considèrent pas moins la tribu commo leur cité, le corps auquel ils appartiennent, chaque fraction conservant son individualité dis-.tincte, et cette agrégation n'amenant point la fusion.

Il est aussi des tribus arabes que la tradition fait descendre des Berbères (comme il en est de berbères que la tradition fait descendre des Arabes), tandis que beaucoup d'autres sont composées d'Arabes et de Berbères ou Kabyles. Édrisi parle déjà de tribus berbères auxquelles un long voisinage a fait adopter l'usage de la langue arabe, « de sorte, dit-il, que les deux peuples n'en forment plus qu'un (2). n La langue arabe! toujours la langue, qui fait le peuple! Cela, comme on voit, n'est pas nouveau. Pellissier fait cette remarque à l'égard de certaines peuplades des montagnes du littoral, aux environs de Bône. qui sont <c d'origine Kbaïles, mais Arabes de langue » M. Hanoteau observe, en outre, que les Berbères ont la singulière manie « de renier leur origine pour se donner des généalogies arabes. Et il dit que certaines tribus notoirement berbères se croient arabes; que des fractions d'origine arabe ont complètement adopté les mœurs et la langue des Kabyles. Il cite, entre autres, l'exemple- du cercle de Djidjelli, dans lequel l'arabe seul est en usage, alors que a la (i) Caretteet Warnier, Notice sur la div. territor. de l'Algérie, <Wd.,ann.p. 393-95.

(2) Ouv. cit., t. 1, p. 204.

(3) Ouv. cit. (1856), t. Il, p.


presque totalité de la population est incontestablement berbère.» La province d'Oran abonde en faits semblables (1). C'est ainsi, comme le montre M. Warnier, qu'un très-grand nombre de tribus kabyles parlent arabe, ont a la prétention de se donner une origine arabe, réputée plus noble, Il passent trop souvent pour arabes, bien que conservant tous les attributs de leur race, et seraient véritablement prises pour telles, si l'on n'avait égard qu'au langage. C'est ce que l'on a nommé Berbères arabisants, par opposition à ceux qui gardent l'usage de leur langue nationale, et qui sont dits Berbères berbérisants (2). Ibn-Khaldoun avait appelé Arabes arabisants les Arabes purs, et il nommait Arabes barbarisants, Mostadjem, ceux dont le langage était altéré par des barbarismes (3).

Il faudrait pouvoir apprécier sinon quel rôle ont joué les populations immigrées, du moins quelles traces elles ont laissées, problème encore suffisamment difficile, et dans lequel le champ des conjectures reste ouvert. Ce que nous en avons dit cependant, en insistant même sur les faits qui paraissent contraires, prouve que si ces vieux envahisseurs et ces primitives immixtions ont eu jadis une influence considérable sur la constitution des peuples dans ce pays, et que s'il en subsiste surtout des noms, la population dans son ensemble n'en demeure pas modifiée aujourd'hui autantqu'on pourrait le penser. En effet, sauf des nuances entre la plaine envahie et la montagne où n'a pas pénétré la conquête, entre l'Est et l'Ouest, et beaucoup de différences individuelles, traces dernières d'anciennes intrusions et d'anciens mélanges, le Kabyle du Tell algérien est à peu près partout le même et il est permis dé croire que ces divers peuples, aventureux et venus de loin, auront fini par succomber dans la lutte avec les conditions nouvelles, au point qu'il n'en reste guère que des vestiges peu nombreux, et parfois à peine reconnaissables.

Ainsi les' conflits ont cessé, tout est rentré dans le calme. Les effets des croisements, lorsqu'ils ont eu lieu, ne se sont pas perpétués et, à défaut de continuité dans le recrutement, comme il arrive en cas semblables, la plupart de ces popula(i) Est. de gramm. de la tangue lamachek', p. 28i Paris, 1860.

Warnier, (Algérie devant l'empereur, p. 14; Paris, 1865.

(3) Ouv. cit., p. *?, cf.inlrod., p. ih-iv.


tiens étrangères, quand elles ne se sont pas éteintes d'ellesmêmes, auront été finalement absorbées dus le sang indigène, à la manière des fleuves qui se perdentdans. la mer. Que si les Arabes seuls ont prospéré sur ce sol, comme par exemple ils prospèrent en Egypte, c'est qu'ils ont trouvé là des conditions de vie corrélatives à leur type, et par conséquent une autre patrie. Leur nombre actuel néanmoins n'est évalué qu'à 500 000 en Algérie. où l'on compterait environ, suivant M. Warnier, individus de races dites berbères, dont 1 arabisants, et berbérisants (i).

Quant à ceux que les Arabes nomment Touareg. (terme qui, selon eux-mêmes, signifie abandonnés), ces maîtres du plateau central du Sahara, dont les domaines s'élendent, du Teboû, du FezzAn et des déserts à l'est de Ghadàmès, jusqu'au nord du Touàt, et de ce pays d'oasis, à travers d'immenses solitude», jusqu'à Timbouktou et aux deux rives du Niger, quant aux Touareg, disons-nous, on doit penser qu'ils ont été beaucoup plus épargnés par les invasions, et qu'ils sont d'un type encore moins altéré que les habitants. des zones septentrionales. Leur langue est la, plus nure do tous les dialectes berbères. On constate cependant chez eux des unions étrangères. a Notre descendance la plus générale, disent-ils, est celle des Édrisides de Fei. Notre ensemble est mélangé et entrelacé comme le tissu d'une tente dans lequel entre le poil du chameau avec la laine du mouton. Il faut être habile pour établir une distinction entre lo poil et la laine. Cependant nous savons que chacune de nos nombreuses tribus est sortie d'un pays différent. Il D'après M. Duveyrier, qui rapporte cette tradition indigène, CI la prétention à une descendance édriside qui donnerait aux principales familles des Touareg une origine arabe. serait presque justifiée u par les alliances matrimoniales entre les souverains de Fez et les familles des chefs touareg que l'on ne pouvait soumettre par les armes. « Quoi qu'il en soit, ajoute plus loin le jeune et savant voyageur, les Touàreg, malgré le mélangé de leur sang. avec celui des Édrisiens arabes, sont restés Berbères, et, comme fraction du peuple berbère, leur origine est loin d'être incertaine (2). » En éflet, (t) Ouv. cit., p. 41. Cf. Hinolean, ovr. eit., p. SIS M falv.

(2) Les Touareg du Nord, p. Ptfta,


on comprend que, quel que soit le nombre do ces unions, il ne s'agit en cela que de faits particuliers, et nullement de croisements sur une grande échelle.

Nous venons de voir que beaucoup de Kabyles, par un singulier sentiment d'orgueil, s'attribuaient cette prétendue noblesse d'origine arabe, celle du vainqueur. Croirait-ori que les Touareg, à leur tour, prétendent descendre des Turcs? C'est Daumas qui fait connaître cette opinion assurément peu générale, observant qu'elle est «accréditée sans doute par leur amour-propre, car ils affectent de mépriser les Arabes, qu'ils traitent en peuple vaincu (1). n Mais si l'on veut ne pas trop s'étonner de ces errements, on peut songer que pour certains nobles d'Espagne, il faut être fils de Goth (hijo del Goda, hidalgo); Ainsi combien parmi nous-mêmes, comme s'ils étaient fiers des illustres Romains, ne veulent être qu'à demi Gaulois 1 D'un autre côté, l'on a dit que les traditions de ces peu-pies les feraient descendre des hauteurs boisées de l'Atlas Tout cela prouve qu'ils sont loin de s'entendre eux-mêmes, non plus que les divers auteurs, sur la question de leur origiue que nous cherchons à élucider, et qui pourrait bien être encore insoluble, Toujours est-il que cet examen rétrospectif nous aura montré une fois de plus et les difficultés de l'acclimatement, et la force de résistance que présentent les vieux types de races aux prises avec le mélange pendant de longs qiècles, et conservant néanmoins toute leur individualité physiologique.

Pour revenir maintenant aux Gétules et aux Libyens, nous allons voir que les deux peuples principaux que l'on est en droit de regarder comme étant de leur descendance, et qui d'ailleurs occupent, il quelques différences près, les mêmes contrées, non-seulement ne se confondent pas en un type unique dit berbère, mais que les traits qui les caractérisent sont de nature les faire distinguer au point de vue ethnique. III. Kabtles ET Touareg. Si l'on en croit la plupart des auteurs contemporains, rien ne saurait faire admettre que les Kabyles et les Touàreg ne fussent pas des peuples ap(1) Ou», cit., p.

(2) Bodichon, Eludes sur F Algérie et l'Afrique, p. Alger,


partenant à la même race. Les points de similitude entre eux excluraient tous les doutes et quant aux différences, la nature des lieux et des mœurs ou les croisements suffisent à tout expliquer. Il y a cependant chez les Kabyles algériens, et sans nul doute aussi chez les Touareg, un grand nombre de familles que l'on peut croire de sang pur ou peu' mélangé; et ce sont celles-là qu'il importerait d'étudier comparativement et longuement, avant de trancher cette question. Pour nous, sans affirmer que les uns et les autres ne sont pas de souche unique, nous disons que ce n'est point là un fait scientifiquement acquis, et que s'ils sont issus d'une même origine, ce que nous croyons, ils n'en constituent pas moins deux, races dis- tinctes.

Depuis quarante ans que nos armes occupent l'Algérie nous ne connaissons point avec précision les populations indigènes qui l'habitent, et à plus forte raison celles du grand désert. Quand on possédera tous les éléments de cet examen comparatif, il se peut que des différences de plus en plus accentuées en ressortent d'elles-mêmes. En attendant, nous donnerons sur les Touareg et les Kabyles quelques indications qui ne peuvent encore résulter que d'études inachevées et partielles. Les Touareg dont nous parlons sont notamment ceux des confédérations du Nord les Azdjer oxxKêl-Axdjer (gens d'Azdjer), et les Akaggâr ou Kél-Ahaggdr, qui se nomment euxmêmes Imôhagh les premiers, et Imdcharh les seconds. Ceux du Sud sont les Aouélimmiden, qui se disent également ImDcharh, et les Kêl-Aïr, qui se disent Imâjirhen.

En thèse générale, on reconnaît aux Touâreg une trèshaute taille, des formes amples et régulières, une démarche lente et grave, altière, et beaucoup de noblesse dans le maintien un front large et élevé, des yeux écartés, beaux, parfois enfoncés dans les orbites, l'iris noir et quelquefois bleu, le nez petit, la bouche moyenne, la barbe noire et rare, les cheveux noirs et lisses. On a remarqué que les trois chefs touâreg venus à Paris, en 1863, avaient le crâne presque arrondi (1). Leurs mains sont petites et bien faites. M. Duveyrier dit que leurs pieds seraient également beaux, a si le gros orteil, effet ou cause de la chaussure employée, ne faisait une BooMfoBt,No«c« NI' la lroti duft Tmmgt, etc., duu lea ftttf. de ia Sec. <T<mttr©po/ t. IV, p.


saillie désagréable à l'œil (1). n Leur teint est naturellement blanc, plus ou moins hàlé. Leurs femmes sont belles.

Pour les Kabyles, ils ont une taille moyenne, des formes trapues, musculauses et sèches, l'allure simple et négligée un front étroit et peu découvert, les arcades sourcilières proéminentes leur type crânien est en général faiblement dolichocéphale. On a dit que leurs os du crâne sont épais, que le frontal est ordinairement rugueux à sa surface (2). Ils ont des yeux grands, bruns, quelquefois roux ou gris, le nez moyen, épaté, déprimé à sa racine, arrondi par le bout; les pommettes saillantes, les oreilles larges, les lèvres épaisses, la barbe fournie en avant, rare en arrière; les cheveux noirs, chàtaihs ou roux le contour du visage plus arrondi qu'allongé la jambe bien faite, les pieds de volume moyen, mais souvent mal conformés; le teint plus ou moins brun, parfois d'un ton relativement clair. Leurs femmes en général ne sauraient prétendre à la beauté.

Le Targui (singulier de Touareg) est grave au moral comme au physique, tandis que le Kabyles est remarquable par sa mobilité de corps et d'esprit. Le premier est fier à l'excès, et non moins superstitieux, car il est couvert d'amulettes. Il ne vous baise jamais la main « comme !es autres musulmans, dit le voyageur Lyon, pas même celle du sultan (3). Il est essen(t) Ouv. cit., p.

Bodlchon, Considérât, sur l'Algérie, p. 78TO; Part*, 1865.

Pour notre part, nous avons plusieurs fois recueilli dsns les cimetières kabyle* (en même temps que des hum6rna perforé* la fossette olécranienne) des os du crâne trbs4p&is et très-lourds. Et nous nous sommes demandé si ce ne serait point là un caractère ethnique. On sait que beaucoup de crànes tres-anciens présentent celle particularité, de même que le crâne en général des peuples Incultes et fortement conttitnés. Serres avait fait une obiervalloa de ce genre sur d'anciens crânes du type gall trouvés d'une épaisseur extraordinaire, uns qu'il en fût ainsi pour d'autres du type kjrori (Sur le monum. et le* osiem. ctlt., découverts Neudon, etc., dans les Compt. rend. hebd. de VAcad. des teienc., ann. 1843, t. XXI, p. Cela rappelle Hérodote signalant la différence entre les crânes des Perses et ceux des Égyptiens, les premiers tendres et les autres durs ( lib. III, cap. xu). Mais Il ne faut pas oublier cette remarque de Larrey, savoir: que les os de la tête des Arabes «sont plus minces et a là fois plus denses. quo chez les autres peuples. a Et il dit que si l'on pouvait mesurer la pesanteur spécifique de ces es des vrais Arabes, « cette pesanteur serait assurément reconnue plus grande, toutes choses égales d'ailleurs, que chez les Individus des autres nation* » (Mat. m4d, de camp. et voyages, p. S8I, 883 j Paris, Il y là tout un champ de recherches à faire, et dont la acience pro6terait.

(3) Voy. dans Vintér. de f Afrique stptentr., an dans la Collect. des voy. mod. trnd. de (Vingt., t. XIX, p. Paris, 1822.


tiellementnomade et pasteur de ses maigres troupeaux, apteau: voyages, infatigable sur son rapide chameau (mahari); tandis que le second, excellent agriculteur, est fortement et instinctivement lié au sol, et se construit en maçonnerie des demeures stables. Les Touareg ne connaissent aucune industrie, et n'ont d'autres professions que de trafiquer, de guider les caravanes, surtout de les piller, si l'on en croit les témoignages recueillis par Daumas, mais auxquels on oppose des témoignages contraires (1). C'est par eux, suivant M. Carotte, que le Nord de l'Afrique est approvisionné d'esclaves (3). Les Kabyles sont aussi colporteurs et commerçants par caractère et par nécessité, mais ils sont tout particulièrement artisans et industriels; ils ont un goût inné pour le travail des métaux comme pour celui de la terre. Ils greffent les arbres fruitiers, fabriquent leurs étoffes, leurs instruments aratoires, leurs armes, leurs munitions de guerre; ils ont des moulins, des pressoirs, des forges, des usines.

Les Touareg passent pour être rusés, patients, mais sans autre loi que leur intérêt le Kabyle est un type d'honneur et de loyauté, un hôte sdr, un allié d'une fidélité peu commune. Chez ceux-là, l'homme demeure monogame, et se marie rarement avant trente ans, la femme avant vingt ans, et celle-ci dispose de sa main. Les Kabyles se marient parfois dès l'âge de quatorze à quinze ans avec des filles de dix ans, qui sont vendues par leurs parents; la polygamie n'est point exclue de leurs mmurs. Aussi les femmes sont-elles beaucoup plus considérées chez les premiers q ue chez les seconds. La femme targuie sait presque toujours lire, écrire, et parait même plus instruite que l'homme, dont ellé est au moins l'égale (3). Nous voyons aussi que la culture de l'esprit, les notions sur les sciences, sont en général moins négligées chez les Touàreg que chez les Kabyles.

Chose singulière, alors que les Kabyles sont méprisés par les Arabes, qui ne daignent pas apprendre leur langue, et qui les traitent véritablement en peuple conquis, les Touareg, (i) Ouv. cit., p. 327-30, cf. p. 5. lltnoteau, ont. cit., prét, p. xxn-ixin. Uavejrler, our. cit., p.

(i) Rech. sur ta géograph. rt t» eomro. itVÂlgtrit m*ri4., Ht. 1, p. dua V Expier, teientif. de V Algérie Parla,

(3)Davejrier,oav.cit.,p.3S9,388,420ei«nlv.– Hinole»n,oav.elt.)prtr.,p.m.


au contraire. méprisent les Arabes, dont ils se disent les seigneurs (i). » D'ailleurs, la forme du gouvernement, sorte de monarchie féodale et héréditaire, dans laquelle le pouvoir se transmet ordinairement par les femmes, au 6ls aîné de la sœur aînée du chef (2), est très-aristocratique chez les Touareg, tandis que l'organisation sociale est égalitaire et toute républicaine chez les Kabyles. Là les tribus se divisent en tribus nobles ou ihagqarm et tribus vassales, connues sous le'nom d'imr' ad (pluriel d'amr'id) (3); ici l'esclavage n'existe pas* puis, sans parler du vêtement comparé, des armes, de la ma. nière de combattre, chez les uns et chez les autres sans parler d'autres traits de mœurs, comme la pratique de l'inoculation, inconnue ou peu usitée dans le Sahara, et si répandue de temps immémorial en tout pays kabyle si nous ajoutons que le Targui porte de grandes moustaches à la manière turque, laissé croître une touffe de cheveux du front à la nuque, qu'il porte un anneau de pierre au bras, un poignard d'avant-bras, un grand anneau d'oreille, dans sa jeunesse qu'il fume, prise ou chique beaucoup (5), usages que nous ne voyons pas régner de même chez les Kabyles, nous aurons constaté qu'il existe à tous ces égards entre les deux groupetethniques des différences réellement considérables.

Enfin ronsaitquelesTouaregsontausst lea porteurs du/i'Mdm (El-Sloldthemint les voilés), nom queleur ontdonné les Arabes. D'après Ibn-Khaldoun, ils proviennent des tribus de a Guedala, de Lemtouna, de Mesaoufa, de OuUlla, de Targa (d'où Touareg), de Zegaoua et de Lamta. » Il Ces peuples, ajoute-t-ii, sont les frères de«Sanhadja(6). Et c'est ainsi qu'au temps de Jean Léon, suivi par Marmol, et qui rapporte ce qu'il a vu, les cains du désert de Libye ou Sahara, « par les Latins appelée (t) Daamat, oav. cit., p. cr. p. 324. -Cf. ttanotem, Mt. «H., prêt., p. mi. (t) DoTeyrfw, oar. cit., p. 8BS-87.– Cf. B*rth,Foy. et Déctvo. dam frl/knptentr. et entrait, trad. fr. par P. Ubier, L l, p. 205; Paria, 1860-1881.–Notre Etsaisur lu crois/m, ethnique», dans les Mém.de la Société danlhrop., t.II, p. et sutv.

(3) Haaotea«,Mv. ctt., prit., p. m-s». » Cf. tWtwjrW-, oax.êtl., p. SM et suiï. Barth, ouy. cit., t. 1, p.

(4) Daveyrier, oar. cit., p. 454-36. Cf. Jtaatafoat, oav. oit., ub. nq»., t. IV, p. Gayon, Fou. dTAIfer au Z«* p. Al|*r, 18M. (5) Duvejrler, ouy. cit., p. 392-93, 432, 412-13.

(6) Ou*, cit., t. Il, p. 64-65 et note, cf. t. I, p. 219, lie, note.


Numidi », étaient les cinq peuples w Zénaga, Guennga, Terga, Lemta et Berdeva. » Léon dit qu'ils n'ont d'autre monture que des chameaux; qu' « ils portent en tête un linge noir avec partie duquel ils se couvrent le visage, cachant toutes les parties d'icelui, hormis les yeux, et vont ainsi accoutrés journellement n puis, que « leurs femmes sont fort charnues, mais aucunement brunes, ayant les parties de derrière fort pleines et mouillettes,» ainsi que les mamelles (1). Voilà bien nos Touareg. Mais.cette coutume du voile, qu'ils ne quittent jamais, ni pour manger ni pour dormir, caractérise-t-elle exclusivement les Touareg? M. Duveyrier dit que si, par imitation, les chefs arabes et autres des contrées voisines, les gens d'In-Sâlah, de GhadAmès, de Rh&t, les Arabes nomades du Touàl et les Teboû, ont aussi a la figure voilée ou couverte, les Touareg sont réellement les seuls chez qui l'usage du voile est général et passé dans les moeurs Toutefois cet usage n'existait pas seulement, bien des siècles avant l'islamisme, chez les ancêtres de ces mêmes peuples (les Sanhadja, selon Ibn-Khaldoun) et dans ces mêmes contrées mais encore en Arabie. Caussin de Perceval parle d'Arabes anciens qui cachaient leur figure sous le lithdm, a mouchoir dont les Bédouins se couvrent la tête, et dont ils ramènent un bout sur le bas de leur visage, de manière à ne laisser paraître que leurs yeux. Et il raconte que Mahomet allant à la Mekke, et ayant été arrêté par les Kekkoia, on lui dépêcha Orwa, qui « trouva le prophète entouré de ses principaux disciples, dont la plupart avaient la figure cachée sous le lithdm (3).

Tous ces peuples appelés berbères sont unis, dit-on, par les liens d'un langage commun, les dialectes de la langue berbère voilà le grand mot,«t, si nous ne nous trompons, l'argument souverain. Nous avons vu (sup., p. 19) ce que disent Léon et Marmol de la langue des indigènes. D'un autre colé.Venture, qui composait son livre en 1788, disait encore que la langue berbère est parlée depuis les montagnes de Sous, près de l'Océan, jusque dans le royaume de Tunis, et que « cette langue, à quelque petite différence près, est aussi celle que l'on parle (1) Léon, on. cit., t.1, p. cf. p. 4, 9 I. II, p. 188 et mW. Mira., ont. eit., 1.1, p.- 75-74, t. Ht, p. 43 et snlv.

(1) Oav. clt., p. 391.

(3) Ouv. clt., t. Iir, p. 179, t. Il. p.


dans l'lie deGirbéh,àMonàslyr et dans la plupart des bourgades répandues dans le Ssahhrà, entr'aulres dans celles de la tribu des Ben y mozàb (.). Néanmoins les dialectes de la langue commune sont loin de se ressembler tous. Et d'ailleurs on sait assez que l'unité même du langage ne prouverait nullement l'unité de filiation ethnique. C'est ainsi que nous avons vu des Berbères adopter l'arabe, et que des Arabes ont adopté le berbère, au point de méconnaître leur propre origine. Puis, tous les vestiges des peuples qui sont venus s'abattre à diverses époques sur le Maghreb, n'ont-ils pas oublié leur langue primitive, pour parler aujourd'hui l'un ou l'autre de ces deux idiomes?

Les principaux dialectes dits berbères sont le kabyle, le temàhaq et le tamachek' (targuïa du Nord et du Sud), le chaouïa, le zenatïa, le mezâbïa, le chlouah ou schelha et le tamâzigh ou tamàzirgh (au Maroc), tous plus ou moins pénétrés de termes arabes. Tel est notamment le kabyle algérien, tombé presque à l'état de patois (2). C'est d'ailleurs un carac- tère propre à la langue arabe de s'imposer dans le contact avec les autres idiomes, et de les déposséder. Au contraire, ainsi que le fait remarquer il. Hauoteau, lé tamachek' est le seul de tous les dialectes berbères « qui soit resté à peu près pur de mélange avec l'arabe (3). n Cette observation est fort importante.

Nous ne saurions entrer dans la discussion des titres à l'identité de famille, que présentent entre eux ces dialectes. C'est une tâche réservée aux linguistes, et qui nous parait bieu difficile; car là où les uns ne voient que des analogies, les autres ne voient que des différences. Et, par exemple, Jackson, qui séjourna seize ans dans le Maroc, et qui vit de près les Chlouah (Schellouh) et les Berâber, dit, après avoir conversé avec des centaines d'entre eux, que leurs deux langages (Shelluh and Berebber) sont si différents, so lotalty dissimilar, qu'il n'est pas un mot du premier vocabulaire qui ressemble Gmmm. et Diclion. aGr. de la langue berbère, rev. par Am. Janbert, pré[.. p. un; la-40, Paris, 1844; Id., Notice sur la langue berbère, dans le Voy. de Hornemann dans t A friq. septentrion., trad.fr. annol. par Langlfes, part. u, p. 415» Paris, au U. Cf. Hsrsden, Obserual. sur la langue de Syouafa, ibid., p. 405 etsuiv.

(SI) ilaury, la Terre et rllomme, p. 475, 480; Paris, 1857. (3) Oht. cit., prir., p. xivn., cf. p. III.


au mot qui lui correspond dans le second (i). Le consul Gràberg di Hemsô dit de même que ces deux peuples ne peuvent s'entendre sans interprète, sentit tajuto dun interpetre (S). D'autres auteurs néanmoins ne sont pas de cet avis. Mais si l'on est loin d'être d'accurd, c'est quil-,reste béaucoup d'études à faire sur ces idiomes comparés.

Enfin il importe de se souvenir que les caractères de l'écriture berbère (tiftnar' ou teflnagh) ont été conservés dans la langue des Touareg, et qu'ils ressemblent beaucoup à ceux des inscriptions libyques Car on sait que cette écriture, si heureusement retrouvée dans le Sahara, a disparu dans le Tell, au point qu'il n'en reste rien. Battue en brèche par les dominations romaine et vandale, elle a été emportée et compiétement anéantie par le fanatisme sauvage des conquérants arabes, étouffant ainsi toute trace des connaissances anciennes chez les Kabyles. « Il ne faut donc point s'émerveiller, disait déjà Léon, si les lettres d'Afrique sont perdues, ni pour quelle occasion, depuis neuf cents ans en ça» les Africains usent de lettres arabesques (4). Les traductions berbères que l'on avait faites du Koran, même écrites avec l'alphabet arabe, ont été détruites comme impies. Et c'eat ainsi que tout ce qui s'écrit chez les Kabyles est en langue arabe, la seule qui soiten usage dans les zdouia (maisons d'école), laseule dans laquelle il soit permis de prier. Le système de numération n'est pas non plus représenté de la même manière chez les Touareg et chez les Kabyles du Tell, ces derniers ayant adopté presque entièrement pour les neuf unités les dénominations arabes, tandis que les premiers ne leur empruntent que les nombres de six à neuf. Le système numérique est d'ailleurs purement quinaire chez les Rouàgha, les Souafa (de l'Ouàd-Soûf) et les Cuàanba, de même que chez les Beni-Mesàb; ce qui porte M. Reinaud à penser que tel était le système primitif de numération des indigènes (5).

An Account or the Empire of Marocco, p. in-4», London, 1814. Ouv. cil., p: î?.

(3) Uanoteau, ouv.cil., préf., p. uvu. Duveyrler, ont. cit., p. 388 et Mit. Ouv. ett., 1, p. 75. CI". Venturè, Gramm., etc., eU.,préf., p. stt. (5) (5) Notices sur les Paris, 1861. le numirat., etc., p. 45 et suU.; broch., Pari», 1861. Cf. Prnner-Bey, Sur letiysl. primitifs, etc., dans les Ilult, de la Soc. fanthropol., t. It, p. et .<uiv.


Nous avons donné quelques raisons qui tendent singulièrement, selon nous, à faire établir une distinction de race entre les Kabyles et les Touareg. Revenons maintenant sur les populations aux cheveux blonds et au teint blanc que l'on a de toute antiquité signalées dans les mêmes lieux, et auxquelles on n'avait pas fait une assez large part.

IV. Rica BtotoKs isasHHB». La grande inscription de Karnak nous a fait connaître qu'une partie au moins des peuples libyens était de race blonde. Ce témoignage est sans appel, et il remonte aussi haut que possible dans la passé. Il n'test pas dit dans la version d'Isidore de Séville que les Gètes ou Gétules fussent blonds, mais dans le sens de cette version cela n'est pas douteux. Quant au Périple de Scylax, on a vu qu'il appelle Libyens les hommes beaux et blonds qui peuplaient les eûtes voisines de la Petite-Syrte. Quels étaient ces Libyens? Tout près de là se trouvait l'lie Meninx, nommée aujourd'hui Djerba (Gerbeb), où croissait le lotos, et que Strabon, après Ératosthène, considère comme la terre des Lotophages, mentionnée par Iiomère, et dont les fruits merveilleux faisaient oublier aux compagnons d'Ulysse le retour dan» la patrie Au douzième siècle, Édrisi disait de cette lie qu'elle « est peuplée de Berbers, généralement bruns de couleur, enclins au mal, et qui ne parlent aucune autre langue que le berber; a puis, en son temps, Marmol nous apprend que ces Berbères parlaient « un Arabe corrompu (2). » Mais ce qui est remarquable, c'est que, de nos jours, ce langage berbère est «spécialement le di&lecle schellouhh, ainsi nommé à Gerbeh, au rapport de M. Delaporte et de M. Flachenacker, aussi bien que dans les montagnes de Marok (3) D et c'est ensuite que les populations qui portent ce nom dans le Maroc, et qui parlent ce dialecte, sont eu partie blondes, comme nous le verrons. Il est conuu d'ailleurs que les anciens habitante des lles Fortunées, les vaillants Guanches, appartenaient à deux races (1) Strab., lib. XVII,, cap. m, § 17 édit. fr.. I. V, p. 478. Hop,, Qdvt* ib. Il, v. 91 et Mq. Cf. Hérodote, lib. IV, cap. clutii. Pline, lib. V, Cap. vu. (2) Édr., ooy. cit., t. 1. p. 381.– Mirm., ouv. cit., t. Il, p. 540.

(3) D'Aresac, Ikt de l'Afriqu», pari. i, dans V Univers, p. 35 Parle, 1848 Cf. Malte-Brun, Précis de gtograph. unlo., t. V, p. 541; in.4°, Paris, 1840-1842.


ou deux types distincts, par la stature, la forme de la tête, par les moeurs. et notamment par la couleur de la chevelure, les uns étant bruns et les autres roux ou blonds. On sait que ces anciens Guanches, qui revivent en partie dans les Canariens actuels, et dont il reste encore, selon Golberry, a un petit nombre de familles pauvres et presque ignorées « dans le pays (t), parlaient des dialectes berbères, et qu'ils ne sont point séparés eihniquement des peuples continentaux, habitants de l'Atlas (2). Déjà l'un des plus anciens récits que l'on connaisse sur ces lit, celui des Magbrourin. partis de Lisbonne, avant le douzième siècle, constate que dans l'une d'elles, qui doit être celle de Lancerote, les aventureux navigateurs « virent des hommes de haute stature, de couleur rousse et basanée, portant des cheveux longs (littéral. non crépus); et des femmes qui étaient d'une rare beauté (3). D'autre part, au milieu du quatorzième siècle, lors de l'expédition envoyée dans ces parages sous Alphonse IV, de Portugal, le narrateur dit des indigènes Et crines haheallongos etflavos usqitè ad umbilicum ferè, et cttm his tegunlur. Les chroniqueurs qui viennent ensuite et les historiens contemporains de la conquête, analysés par Berthelot, font des observations semblables (4). De là passons au désert. Voici Jans quels termes Procope rapporte le témoignage du chef indigène Orthalas dont nousavons déjà parlé a Ce prince in'aasseuré plusieurs fois qu'au delà des terres qui luy appartenoient (à l'ouest de l'Aurasius), il y avoit de vastes solitudes, au bout desquelles il y avoit des peuples qui n'estoient pas noirs comme les Maures,» ûsxep et Moupoûitat « mais qui a voient le teint blanc et les cheveux blonds, 'àXXa Xeuxot (5). Étaient-ce là des descendants des Gétules? Était-ce la postérité des Leuco-Éthiopiens de Pline et de Ptolémée, ainsi que parait le croire M. Broca(6)? fi) Voy. (en dans la collect. Walckcnaer, Hisl.génir. des voy., t. V, p. 520: Paris, 1826.

(2) Berthelot, Mém. tur les Guanches, dans les Mém. de la Soc. eihnolog., t. Il, part. i, p. 97 et suiv., et suiv. Paris,

(3) Édrisi, ouv. cit., t. lI, p. 26-27.

(4) Onv. cit., ub. sup., t. il, part. l, p. 121-23, l, part. i, p. 131-32, 172 et pass. Cf. d'Avezac, ouv. cit., part. Il, ub. sup., p. 138.

(5) Op. cit., lib. il, cap. =ni; trad. fr. cit., p. 329.

(6) Dans les BuU. de la Soc. d'anthrepol., 1860, t. 1, p. 162-64.


Mais, alors que Pline les place au loin, par delà les Gétules, Ptolémée indique leur position beaucoup plus loin encore, au pied du mont Ryssadius. près de l'Océan, nous l'avons dit (sup., p. 22-23). Aussi a-t-on considéré ces derniers Leuco-Éthiopiens comme étant a clairement n les ancêtres des Foulah (1). Ne se peut-il d'ailleurs que les Éthiopiens blancs et les Gétules noirs n'aient été en divers lieux que des populations plus ou moins mêlées, comme cela se voit encore pour certains Touareg ? Quoi qu'il en soit, ces nomades blancs et blonds dont parle Procope, antérieurs aux Vandales et probablement très-anciens occupants, erraient dans des déserts comme nos Touareg, auxquels ils ressemblaient au moins par la couleur'du tégument; et l'on pourrait croire que ceux-ci sont de leur descendance. Desmoulins avait émis ce doute; et pour lui les Touareg n'étaient pas seulement blancs, ils avaient les cheveux blonds (2). Mais il est vrai que l'on ne signale plus guère cette couleur des cheveux chez les Touareg actuels, tandis qu'elle est assez fréquente chez les Kabyles.

V. TOUAREG Buttes et KiBn.Es BLONDS. Hornemann, à la fin du dernier siècle, appelle les Touareg «la nation la plus intéressante de l'Afrique. II observe que, divisés en plusieurs tribus, parlant la même langue, a leur couleur et leur manière de vivre semblent prouver que leur origine est 'très-différente. » Il décrit ceux de la nation des « Holloùvy n (Kél-Ouï), selon lui, de la tribu des « Hhagarâ, D et il dit que « les tribus occidentales sont blanches, autant que le permettent le climat et leur manière de vivre. Il ajoute a Les kollouvyens qui atteignirent la région d'Asben, firent la conquête d'Aghadès. et se mêlèrent avec d'autres nations. Ils sont de différentes couleurs, n les uns noirs, sans ressembler aux Nègres, d'autres jaunâtres, comme les Arabes. « Les touâryks ne sont pas tous mahométans. Dans le voisinage du Soudan et du Tomboctoù, habitent les tagama, qui sont blancs et idolâtres. » Plus loin, il dit a Plusieurs des touâryks, voisins de Tom(1) Rennell, Obttrv. sur la géograph. de VAfriqw, dans Kango Park, Vay. dam l'intdr. de t 'Afrique, trsd. fr., t. Il, p. Paris, an VIII.

(2) Hitt. nal. des races humai=, p. 172; Paris, 1826.


boctou, sont blancs. Une autre de leurs tribus, établie près du Bornoù, est de la même couleur, ainsi que les arabes de la côte septentrionale de l'Afrique (i). s

Pour l'Anglais Lyon, les Touareg sont la plus belle race d'hommes qu'il ait jamais vue. « Ils sont blancs, dit-il, car ce n'est qu'à la chaleur du climat qu'il» habitent, qu'ils doivent un teint fortement basané, et les parties de leur corps qui sont constamment couvertes sont aussi blanches que la peau de bien des Européens (2). D'après Daumas,- les Touareg « sont grands, forts, minces et de couleur blanche, même ceux qui campent sous Timbek'tou. Il ajoute que leurs femmes « sont très-belles et très-blanches blanches comme une chrétienne, » et que quelques-unes ont les yeux bleus, ce qui est fort admiré (3). M. Bonnafont se borne à dire qu'ils sont a de sang blanc, » et qu'ils a se gardent soigneusement de toute alliance avec la race nègre, qu'ils méprisent souverainement (4). « Il est incontestab!e néanmoins, d'après ce que l'on en sait avec certitude, que si le« TouâregduNord sont relativement blancs, leur teint est plus ou moins foncé dans le Sud, par suite de fré. quents croisements avec les Négresses. « Blanche est leur peau dans l'enfance, dit M. Duveyrier; mais le soleil ne tarde pas à lui donner la teinte bronzée spéciale aux habitants des tropiques. Chez les serfs» une teinte pî:i6 foncée de la peau est souvent due au mélange du sang noir avec le sang blanc. Quelques-uns ont des yeux bleus, mais cette nuance se rencontre peu fréquemment (5). n II parait en effet que les tribus nobles ou libres doivent être distinguées, sous ce rapport, des tribus soumises ou serves, ainsi que le fait remarquer Barth, dont les études portent principalement sur les Touareg du Sud, Il dit que Il, les Imoscharh (au singulier Amoscharh) ont le teint assez clair » et ailleurs, que d'autres Touareg ont « la physionomie expressive et le teint blanc (6). p On voit assez Ouv. nit., part, i, p. i7i,150-59, 154, 170.

(2) Ouv. cit., ub, J«p., p.

(3) Ouv. cit., p. 324, 326-27.– Cf. Id., la Grande Kahjie, p. 20; Paris, iM7. Daumas et Ausone de Chancel, Le Grand Désert, p. 126, 139-40 taris, 18616

(4) Out. cit., «b. sup., t. IV, p. 115.

(5) Ouv. cit., p. 382.

(6) Ouy. cit., 1.1, p. t. III, p. â05 et par.


par tout cela combien est peu fondée l'opinion de ceux qui, demeurant fidèles à la vieille théorie des climats, comme par exemple MM. Rameau et Pruner-Bey, n'hésitent pas à soutenir que les Touareg « sont en général beaucoup plus fonces en couleur que ne le sont les Kabyles (1). D Quelles que soient les ardeurs de leur soleil, il reste acquis, ce nous semble, qu'ils naissent plus blancs de peau que ces derniers.

Quant aux Kabyles ou Berbères blonds, ou plutôt roux, on les rencontre notamment au Maroc « dans certaines bordes de Schellouhs ou Berbère occidentaux, et chez la plupart des habitants des montagnes d'Er-Rif (les Ri f fins), » comme le dit Berlhelot.Et il rapporte, ainsi que M, d'Avezac, et à peu près dans les mêmes termes, que a c'est peut-être chez les Sobellouhs ou chez quelques Touâreks qu'on doit trouver dans sa plus grande pureté, parmi les populations actuelles, la primitive race des Mazygb. » Berthelot pensait aussi que de cette, race a sortirent probablement les anciens Gétulss (2). Mais, d'après les remarques qui suivent, sur les caractères physiologiquas de ces peuples, il nous paratt qua ce seraient les Schel.louh ou Ghlouah qui devraient être plutôt rattachés aux Kabyles, et les Amàzigh Berâber aux Touàreg, aux Maziques, aux Gétules et Mélano-Gétulçs.

Jackson observe que les Chlouah sont un peuple tout autre que les Beràber, moins fort et moins athlétique, Et, comparant ensuite la langue et lea mœurs des anciens Guancheg avec celles dea Chlouah actuels, il cherche à prouver que ces indigènes, et non les Beràber; sont la souche des Guanches (3). Mais Berthelot est porté à croire, contrairement, que g les Berbers de race blonde furent la souche originaire de ces Guanches au teint blanc et aux cheveux roux, si répandus dans Ja partie occidentale de l'archipel canarien avant la conquête de ces îles (4). » Or nous avons vu qu'il 'existait dans la population des Canariens deux types différents, vraisemblablement les deux types radicaux de la souche atlantique; et, de savoir lequel (1) Dans les BuU. du la Soc. d'cnJftropoJ.,1863, t. IV, p. 120-21, cf. p.372-73. et

(2) Berthel., ouv. cit., ub. sup., t. II, part. 1, p. 120.- D'Avez., dans l'Encyckpéd. nouv., art. Bebbebs, p. 607; Paris, 1836.

(3) Op. cit., p. 141-42, 230-32.

(4) Ob*. ait., vb. oup., t. Il, part. s, p. l41.


fut ou ne fut pas ce type originaire ou la souche des Guanches, nul ne saurait le dire. Il y a plutôt lieu de penser qu'ils furent dès le principe coexistants et inséparables.

Il est bon de remarquer ici que le chef romain Suétonius Pauliïius, lors de sort expédition à travers l'Atlas, dans ces mêmes contrées, rapporte, suivant Pline, que près de là se trouvaient des peuples appelés Canariens, Canarii, parce qu'ils mangeaint du chien. Voici le tezte Quippe victum ejus animalis promiscuum his esse, et dividua ferarum viscera. Pline dit aussi que les Mes Canaries sont ainsi nommées à cause de leurs grands chiens, a multitudine eanwn ingentis magnitudinit Ce rapprochement de noms est curieux, en ce qu'il semble indiquer que toutes les populations canariennes peuvent bien avoir été de même origine. Et ce qui ne l'est pas moins, c'est que l'usage de manger des chiens est encore assez général à Tougourt et dans les oasis du Zab ou desZibân tandis que le même usage n'existe nullement chez les Touareg (2). La population sédentaire de ces oasis se compose de Kabyles, et leurs ancêtres ou leurs prédécesseurs dans les mêmes lieux étaient sans doute des Gétules seulement, ces Gétules, qui furent tour à toùr appelés Numides et Mauritaniens, n'habitaient qu'une très-faible portion des immenses régions qui constituaient la grande Gétulie des anciens auteurs. On sait, du reste, que les Iles Canaries paraissent se rattacher au système de l'A tlas, dont elles seraient des prolongements, et qu'elles n'auraient pas toujours été séparées du continent africain. Gràb`èrg di Hemsô décrit avec soin les Beràber(qni s'appellent eux-mêmes Amdzirgh ou Amâzigh) et les Schellouh ou Chlouah, les uns et les autres étant aussi, selon lui, senéalcun dubbio, fort différents. En effet, les premiers sont de stature moyenne et de formes belles, athlétiques, nerveux, robustes. La rareté de leur barbe les distingué de tous les autres Amâzigh, et particulièrement des Chlouah. Ils sont vifs et spirituels. Leur teint est blanchâtre, carnagione subalbida, et leurs cheveux assez souvent blonds, non di rado biondi, en sorte qu'on les prendrait quelquefois pour des habitants de l'Europe boréale, plutôt que pour des Africains, per paesani delVEvropa (lj Pline, lib. V, cap. i, lib. VI, cap. xxxm.

(2) Guyon, Voy., etc., cit., p. cf. p. 255. Daveyrier, oav. cit., p. 01


boréale, piuttosto ehe per abitanti delT Affrica. Les Chlouah, au contraire, surtout au midi de la ville de Maroc, ceux qui vivent dans des cavernes ou des maisons d'argile, différent essentieIlementdesBeraber,non-seulementparlelangage,comme nous l'avons dit plus haut, mais parce qu'ils sont moins robustes, de couleur plus brune, pifs fosca, et parce qu'ils ont une disposition naturelle pour les arts et les métiers, de beaucoup supérieure à cellai des Berâber. A ces traits différentiels comparés ne croirait-on pas reconnattre des TouArég et des Kabyles? L'auteur identifie les Schellouh avec les Massyliens et les ftlassaisyles de l'ancienne Mauritanie Tingitane. Et il. dit que les Amàzigh et les Schellouh, qui vivent les uns près des autres, n'ont aucun commerce ensemble, et qu'il n'y a pas un seul exemple d'unions entre eux par mariage. Il fait remarquer, d'ailleurs, que les Amàzigh, improprement appelés Berâber, descendent des plus anciens habitants de toute l'Afrique septentrionale, connus sous les noms de Gétules et MélanoGétules, de Màzigh, Mazisci ou Màzyces, et qui furent les ancêtres de tous ces peuples et de ceux de SaharaC'est ici le lieu de rappeler ce que dit Pline, savoir que la Tingitane, à la suite des guerres et après l'extinction presque totale des Maures ou Maurusiens, ses principaux habitants, n'était plus occupée que par les Gétules de différentes tribus (2). Nous avons déjà vu (sup., p. 1&-16) que, suivant Gràberg, les Chlouah aussi prétendent être les* descendants directs des aborigènes du Maghrob mais les Amàzigh et les Chlouah n'auraient-ils pas raison les uns et les autres? Ce qui parait hors de doute, c'est qu'ils constituent deux peuples distincts au physique, au moral, par le langage, et qu'ils ne se croisent pas entre eux.

Notons, avant de quitter le Maroc, où l'on signale beaucoup de blonds parmi les indigènes, que les Visigoths d'Espagne possédaient .la Mauritanie Tingitane, et qu'il ne sarait pas impossible qu'ils y eussent laissé des restes qui se seraient ajoutés aux populations blondes anciennes. De même, les Normands avaient devancé les Espagnols dans la conquête destles Canaries et peut-être y trouverait-on encore quelques traces de leur type blond.

On. cit.. p. 69-77, cf. p.

(2) Mb. V, ap. il.


Pour la Kabylie et tous les lieux occupés par les Kabyles, nous savons que les individus au teint blanc assez clair et aux cheveux blondsou roux s'y rencontrent fréquemment. Déjà, vers la fin du dernier siècle, l'auteur d'un mémoire sur Kolk> s'ex- primait ainsi- Les Collins sont en général blonds, grands, robustes (1). s At. Bibesco dit même que, dans le Djerdjera.les Kabyles sont blonds aussi souvent que brung(3).M»i8àcel égard nous manquons d'observations précises et recueillies sur divers points. Un renseignement plus récent nous apprend que, dans le Rif et dans l'intérieur du Maroc, chez les Amàzigh et chez les Chlouah, les blonde sont approximativement dans la proportion de i sur 10 habitants Le type blond est également juxta. posé au type brun au milieu des Kabyles du Sahara algérien. On s'accorde à reconnaître que, chez les Beni-Mezàb, ce type n'est pas du tout rare et Daumas, entre autres, constate qu'ils a sont très-blancs, D que beaucoup d'entre eux « ont les yeux bleus et les cheveux blonds

Voilà beaucoup de blonds africains. Et néanmoins, en présence de tous ces faits, si l'on réfléchit à la proportion relativement peu élevée de ces blonds actuels, comparativement à ce qu'elle devrait être d'après les témoignages anciens, qui nous montrent chez les vieux Libyens des populations considérables de race blonde, on se prend à douter que tous ces types blonds se soient perpétués sans s'altérer, sans se modifier très-notable. ment; et l'on se demande si les types blonds n'auraient pas une fixité moindre que les types bruns, et si, dans le croisement, les races blondes ne seraient pas dominées, et peut-être avec le temps plus ou moins absorbées par les races brunes. Nous avons des raisons de penser qu'il en est ainsi, tout au moins pour certains climats, même dans le croisement entre races indigènes ou naturalisées dans les lieux qu'elles habitent. Mais c'est une question dont les développements ne sauraient trouver ici leur place,

(t) Dans Polrel, Vuy. m Barbarit, ielt. XIX, dans la Cctltct. do vay. faits aut. Ou mowif, .le., t. V, p. 1 Parle, à. d.

(9) Ut KabyUt dit Djutfur», dm la Rwa du itm «mmtf», apn. t. LVI, p. 5u.

(3) Faidherbe, Sur (m tomboaux mégatith., etc., cit" tup., sir. u, t. la, p.

(4) L Sahara etgérim, cit., p. 52.


Toujours est-il, comme nous l'avons dit en commençant, que l'ancien nom des Maziques, MàÇue;, etc.. Mazices, etc., n'est autre que celui d'Amàzigh (pluriel, lmàzighen), qui signifierait libre, et qui correspond à ceux d'ImOcharh, d'Imb.•' hagb et d'Imajirhen, dont la racine signifie également il est libre, il est indépendant, etc. (1). Ce nom générique, tous les peuples appelés Berbères se' le donnent ou l'acceptent, comme nous les nommons Atlantes, et tout en portant des noms particuliers, qu'il serait également nécessaire de leur conserver. Enfin cette dénomination commune ne serait-elle pas plus spécialement applicable à la race de ces habitants du désert, ainsi qu'aux Amàrigh marocains, qui représenteraient en général les Gétules et les Maziques, tandis que les populations kabyles proprement dites et aussi les Chlouah repréeenteraient plutôt la race des Libyens C'est ce qui tend à ressortir de cette étude et de nos recherches. On jugera.

VI. Ghaodu et blonds de l'Adbès. C'est particulièremen t dans la zone centrale de la province de Constantine qu'il faut aller chercher les Chaouïa, tribus dont parle déjà Marmot, sous le nom de Chaviens. Marmol nomme aussi des Cbaviens a dans les campagnes de Témécen, » et qui proviendraient des a Zénetes (2). Peyssonnel fait mention de ces mêmes tribus, réfugiées dans les montagnes de l'Aurès, qu'il visitait en i725. Et voici comment il les caractérise Ce? peuples « ont le sang blanc, de grands cheveux et sont bien faits; ils parlent une langue particulière, que les Arabes, les Turcs ni les chrétiens ne peuvent entendre s'ils ne l'ont apprise on l'appelle la langue chauvia. n Leurs moeurs sont aussi très-différentes de celles des populations qui les entourent. Il dit qu'on les nomme Ouled-bel-Cassem et qu'ils ont d'autres noms. Dureau de la Malle pensait que ces Ouled-bet-Cassem n'étaient autres que les Kabyles blonds de l'Aurès, signalés par Shaw comme pouvant descendre des Vandales, et visités près d'un demisiècle plus tard par Brùce, qui donne à leur tribu le nom de Néardie; et d'après Bitter aussi (qui cite Pananti), ces mêmes (t) B MMjrler, ouv. oit., p. 318, 327. Cf. Barth, onv. oit., 1, p. et tolv. (9)Otl*. «il,, I. !,p. 8I,W, or. 9. Il, p. ISO


Kabyles blonds a s'appellent Showiah dans les montagnes d'Alger. Toutefois Peyssonnel a soin de dire que ces peuples sont les descendants des a Chauvies dont parle Marmol » Et ce serait, selon nous, par erreur que l'on a souvent assimilé les Chaouïa aux blonds de l'Anrès. C'est là, en effet, une pppnlation indigène spéciale, assurément composée d'éléments différents, dans laquelle on rencontre souvent des yeux bleus, des cheveux blonds, roux ou rouges, et qui doit être distinguée des tribus blondes disséminées dans l'Aurès, auxquelles on attribue une origine vandale.

Certaine tradition ayant cours parmi les ChaouTa leur donne pour ancêtres les cinq tribus himyerites, qui auraient passé de l'Arabie-Heureuse en Afrique; et tous ceux de la province de Constantine se croient issus des Zenata: H.deSiane dit. même que, dans cette province, en parlant d'eux, CI on emploie le mot arabe chaouïa (bergers), ou bien le mot Zenatîa (Zenatiens (2). Mais ce que cette tradition nous apprend surtout, c'est que leur origine est autre que celle des Kabyles. Car, s'il est vrai que ces tribus himyerites soient venues dans leur temps s'ajouter aux populations libyennes ou gétuliennes, comme nous le croyons, elles auront été sans doute, sinon absorbées dans le torrent indigène, du moins assez modifiées par le croisement pour qu'il n'en reste que de faibles traces. Quelle ressemblance, d'ailleurs, existe-t-il entre ces types et ceux de l'Arabe ? Aussi rien de plus obscur que la question de leur origine. C'est en les confondant plus ou moins avec les blonds de l'Aurès que l'on a dit que les Chaouïa sont« une race mixte évidemment provenue de l'Arabe nomade et des peuples du Nord (3); que l'on a dit que, d'après une tradition locale, « ils habitent le pays depuis très-longtemps, et qu'ils s'y sont maintenus à une époque où d'autres hommes, leurs compatriotes, qui occupaient les parties voisines de l'Afri(1) Peysaon., Reiat d'un voy. sur les cdtcs de Barbarie, lelt XII, p. 347-48 Paris, 1838.– De la malle, Prov. de Constantin», p. Patio, 1837. Br., Voy. aux sourett du NU, etc., trad. fr., introd., t. p. un-inr; Paris, 1790.–Rilt., Géograph. génér. comp.. Afrique, trad. fr. par Duret et Ed. Desor, t. III, p. 182; Paris, 1836. Cf. Shaw, Voy. dans plusieurs prov. de la Barbarie, etc. chap. tiii, trad. fr., t. I, p. et suiv.; in-4°, la Baye, 1743.

(2) Dans Ibn-Khaldoun, ouv. cit., Appmd., t. IV, p. 135.

(3) Bory de Saint-Vincent, Sur tes hommes blancs des mont. de VAwis, dam les Compt. rend. A«W, de l'.lcad. des scienc, ann, 1845, t, XII, p.


que, en ont été chassés et encore que leurs caractères phy.siques, comme l'absence du lobule de l'oreille, par exemple (renseignement douteux), témoignent d'une origine septentrionale (t). Nous sommes pour notre part fort enclin à considérer plutôt les tribus de Chaoula, qui sont nombreuses et qui s'étendent au loin, comme un groupe mixte résultant principalement de très anciens mélanges entre races brunes (peutêtre originairement arabes) et races blondes indigènes. Il y a là, comme on voit, des recherches à faire et qui ne manquent pas d'un vif attrait.

Dégénérés qu'ils seraient par le mélange, les Chaouïa nous ontparu généralement abâtardis, mal proportionnés physiquement, dépourvue d'énergie morale et moins intelligents que les Kabyles. Ils sont loin d'être industrieux, actifs et laborieux comme ces derniers; ils fabriquent surtout des tissus pour les tentes, et ils cultivent des céréales. Hors de chez eux, ils sont souvent domestiques ou chargés de travaux infimes. Les Chaouïa n'ont pas non plus autant que les Kabyles l'amour de l'indépendance et le culte de la patrie. On dit qu'ils ont plié les premiers sous le joug des Arabes, dont ils sont méprisés, ainsi que des Kabyles. Ils parlent, du reste, OR doit le remarquer, un dialecte tout spécial, et qui comprendrait encore plus de mots arabes que le kabyle. 11 faut noter aussi que, dans le pays, les Chaouïa des tribus de l'Aurès, de Belezmah et des montagnes voisines sont simplement appelés Djebaïliah (montagnards), tandis que les habitants du Sahel sont toujours nommés Kabyles (2).

Nous ajouterons que ce qui nous a frappé chez les Chaouïa que nous avons vus dans la province de Coustantine, c'est que si leurs cheveux ressemblent à ceux de bon nombre de Ka.byles, il n'en est point ainsi delà teinte mate de leur peau,qui contraste avec la nuance plus ou moins brune de ces derniers. Leur visage présente, en outre, assez souvent des taches de rousseur ou éphélides, que l'on observe aussi chez les Amàzigh Rifains du Maroc, en particulier, et qui sont signalées comme (i) Guyon, Sur la race blanche daa Aurit, ibid., ann. 1845, t. XX!, p. 1388; Id., Sur ht Chaouia, ibid., ano. t. XXVII, p. 28; ld., Yoy., etc., cit., p. 140.42.

(2) Urbain et Warnier, dans le Tableau des élabliittmtnU, etc., cit., ann. p. cf. p. ô26.


ponctuant fréquemment la figure soit des anciens, soit des modernes Canariens (1).

Pour ce qui concerne les blonds de l'Aurès, que nous regardons comme originairement distincts des Chaouïa, au milieu desquels ils vivent et avec lesquels ils sont à tort confondus, nous n'avons point à revenir ici sur tout ce que l'on sait de cette population presque célèbre, et dont s'est occupée jadis la Société (2). Nous ne dirons qu'un mot sur l'hypothèse de leur origine gothique ou vandale, hypothèse que les uns soutiennent, que les autres repoussent, et qui réclame des uns et des autres de nouvelles et sérieuses investigations, non à distance, mais faites sur les lieux mêmes.

On se persuade que Justinien bannit de l'Afrique tout ce qui restait de Vandales. Mais les colonies romaines aussi et ensuite les Gréco-Romains avaient été expulsés du territoire, quand ils n'avaient pas péri dans la lutte; et, au temps d'Ibn-Kbaldoun, il existait encore aux environs de Cafsa une peuplade de Frandjas (Francs, Latins), restea des anciens Romains, et qui étaient chrétiens » Et si nous en croyons un officier de l'armée d'Afrique, qui nous le rapporte, il aurait visité, dans une vallée de l'Aurès, une tribu dont les habitants, les femmes surtout, avaient le type romain, et qui se disaient Romains, Roumeo ou Roumea. Ils ne voulaient pas être appelés Roumi, et ils étaient tatoués assez généralement du signe crucial. D'autres familles ou fractions de tribus kabyles se croient issues des Romains ou des Francs et des Germains. ;f Tels sont notamment les Ibida, chez les Aïth Fraoucen, sur le territoire même de l'ancienne Byda colonia; tels sont les Idjermenen, parmi lesquels se rencontrent beaucoup de roux ou de blonds, et qui passent dans le pays pour être d'origine germanique (4). Ne se pourrait-il, en effet, que les troupes gauloises et germaines employées pendant si longtemps en Afrique, eussent laissé quelques exemplaires de tour type, et qui se seraient perpétués? Ce qu'il y a de certain, c'est que, sans parler des autres troupes d'ètran(i) Berthelot, ont. cit., «A. tup., I. Il, part. s, p. tSS.

Bull, de la Soc. tanthropcl., 18C0, t. 1 et pan.

(3) Dureau de la Malle, eut. cil., p.

(4) Devaux, ouv. cit., p. 297, 553-54.– A uc*pIUine, onv. elt p. et Béto.


gers qui servaient dans les armées romaines, et que signalent les découvertes épigraphiques, tels que des Parthes, des Sicambres, des Bretons, etc., ce qu'il y a de certain, disonsnous, c'est que, dans la guerre de César en Afrique, il y avait, dans les deux camps, des corps de vétérans germains et gaulois

Ainxi le royaume des Visigoths détruit en Espagne, ceux-ci se conservèrent, sous forme de petite États chrétiens, dans les montagnes des Asturies et de la Galice, où ils bravèrent longtemps la puissance musulmane, et dans lesquelles on retrouve encore aujourd'hui le type accentué de ces hommes du Nord, figures and face» esaerttially GolAic, comme on l'a dit Un voyageur de nos amis nous rapporte aussi qu'en Espagne le type goth n'est point rare, ce qui no saurait surprendre. De même, les Maures furent à leur tour chassés de cette péninsule par Philippe 111; et l'on sait que les Alpuxarres, qui leur servaient de dernier refuge, recèlent en· core une population qui rappelle de tout point, au physique, au moral, les anciens dominateurs (3). Ces exemples abondent un peuple, même immigré, change de religion, il change de langage et de nom; mais on voit tous les jours que la race peut n'en subsister pas moins.

Procope, d'ailleurs, ne dit point que tous les Vandales aient été emmenés captifs mais il dit que les soldats romains, après la victoire, épousèrent leurs femmes ci'leurs filles. Or, ces mêmes Vandales pouvaient donner à leurs vainqueurs des rejetons vandales, comme les Gauloises donnaient aux soldats romains des fruits gaulois, et comme firent les femmes guanches alliées aux conquérants espagnols. Ce fait n'est pu constant; mais, s'il n'appartient pas à toutes les races, on peut dire qu'il est assez général. De ces unions résultèrent même de terribles revendications de l'héritage des Vandales. L'historiographe de Bélisaire nous apprend aussi que quatre cents Vandales, emmenés d'abord à Constantinople, puis remis en (t) Beri>ragger, dans la Revu* africaine, t. V, p. 186.; Alger, 1861.– (Hirtim), op. cit., 19,

Depping, Bitloirt générale dCBtpagnt, t. U, p. et sniv.; Paria, 1811 Borrow, la tlott et Gliddo», Indigène** Raeet oflk» Barlh, p. Wl; London, 1857. (3) Bory de Saint-Vincent, Kùmni gtoifaph. ûttifémnitUMqm, p. Paris, f826.


mer pour une nouvelle destination, parvinrent à regagner la Mauritanie et h mont Aurasius; enfin que mille soldats de cette nation, numéro saltem mille, se trouvèrent encore au milieu des révoltés dans l'armée de Stozas (1).

Quant au langage que parlent ces tribus blondes, si les uns prétendent qu'il n'existe dans leur idiome aucune trace de germanisme, d'autres prétendent le contraire. Il a été dit encore que, lors de l'expédition du duc d'Aumale (en on a reconnu que les habitants de l'Àurès a portent les traces manifestes d'une origine germanique. (2). n D'autre part, l'un de nos savants collègues a cru pouvoir s'exprimer ainsi a L'examen anatomique des squelettes de ces Kabyles m'a démontré qu'il n'existait aucune ressemblance entre eux et les Allemands, et qu'ils appartenaient à la même souche que les Touaregs Mais nous croyons que c'est là plutôt une conjecture, et qui doit être quelque peu hasardée, s'il est vrai que, pour résoudre cette question, des données suffisantes aient jusqu'à ce jour fait défaut.

Nous abandonnons donc forcément à l'avenir de décider sur ces points. Et, en attendant les preuves que nous réclamons, en présence des témoignages acquis, nous persistons à penser que ces Kabyles blonds, tout autres que les Gbaouïa, doivent représenter les vestiges de l'occupation vandale. M. de Bougé le premier avait cru que l'existence, dans le nord de l'Afrique, des anciens peuples blonds, appelés Tamehu par les Égyptiens, pouvait rendre compte du fait qui nous occupe, sans qu'il soit besoin de recourir aux Vandales (4). Mais toutes les notions que l'on possède sur les blonds Libyens des anciens temps ne datent pas seulement de la découverte du document de Karnak et, si nous ne nous trompons, la question demeure entière après comme avant.

VII. DÉDDCTions, coNcujsions. A considérer dans leur ensemble les pays qui furent la Libye ancienne, l'Afrique du Nord et le Sahara de nos jours, ces pays paraissent n'avoir subi que des changements peu sensibles. Ils ont dégénéré cependant, (1) Op. ci/ lib. Il, cap. xn-xtr.

(2) Furnari, Foy. méd. dans VAfriqtu uptetlr.,p. 18; Paris,

(3) Pruner-Bej, dans les Bull. de la Soc. cfatUhropoi., t. IV, p.(4) Ou\ cil., ub. sup., t. XVI, p. 83, note.


quelques parties du moins, et ils se sont dépeuplés. L'homme est allé s'amoindrissant, dans les siècles modernes, sous l'empire de luttes sans trêve, au milieu des ruines accumulées et de toutes les dévastations commises par les dominateurs. Et, par une loi de corrélation nécessaire, le sol a suivi la fortune de l'homme. Cette contrée du Maghreb est toujours l'El-Khadra (la Verte) des Arabes de la conquête mais les mêmes terres qui nourrissaient Rome sous les empereurs ne nourrissent même plus aujourd'huijleurs habitants.

Ou Nil à l'Océan, de.la Méditerranée au Niger, nous retrouvons à peu près les mêmes peuples qu'anciennement, qui n'ont guère fgit que changer souvent de lieux et aussi de noms les uns plutôt fixes, agriculteurs; les autres plutôt pasteurs et nomades. Et il est rationnel de croire que, sauf sans doute la proportion des blonds et leur répartition au milieu des populations actuelles, ils ont conservé en général la physionomie et les principaux traits qui caractérisaient leurs ancêtres. Nous ne savons rien de plus. Cependant, quant à leur moral, dans un passé déjà lointain, nous avons pour nous le faire connaître Ibn-Khaldoun lui-même. Et il faut voir quelles couleurs brillantes il emploie en retraçant [le tableau de leur splendeur d'autrefois. o.Nous croyons avoir cité, dit-il, une série de faits qui prouvent que les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable,. brave et nombreux; un vrai peuple comme tant d'autres dans ce monde, tels que les Arabes, les Persans, les Grecs et les Romains. » II ajoute « Citons ensuite les vertus qui font honneur à l'homme et qui étaient devenues pourjes Berbères. une seconde nature leur empressement à s'acquérir des qualités louables, la noblesse d'âme qui les porta au premier rang parmi les nations, les actions par lesquelles ils méritèreut les louanges de l'univers, bravoure et promptitude à défendre leurs hôtes et clients, fidélité aux promesses, aux engagements et aux traités, patience dans l'adversité. éloignement pour la vengeance, bonté pour les malheureux, respect pour les vieillards. industrie, hospitalité, charité, magnanimité, haine de l'oppression. Il énumère les hommes illustres, et ils sont nombreux, parmi les gouverneurs d'États, les fondateurs d'empires, les saints person. nages, les historiens et tes autres savants que ce peuple a 2* SÉRIE. T. I, 4


produits, et s»âr la gloire desquels il ne tarit pas (1). Or, si les appréciations du célèbre écrivain arabe, au point de vue ethnologiques/ne méritent que très-peu de confiance» on reconnaîtra que cét éloge si pompeux des péiiples dits berbères n'est guère suspect de la part de l'auteur Dé semblables témoignages sont peut-être bons à rappelert alors que l'on a si souvent méconnu les caractères de la nationalité de ces peuples et leur valseur, pour attribuer aux seuls Arabes tout ce qui vient des musulmans.

Assurément les premiers ne se sont jamais élevés dàoB les sciences autant que les seconds. Cela n'entrait pas dans l'orbite de leurs facultés du moment. On sait néanmoins qu'après avoir été tes plus fermes soutiens des armes musulmanes en Espagne. ce sont leurs ancêtres en général qui, sous le nom de Maures* ont construit la plupart des monuments que l'on admire à Sévilie» à Cordoue, de même qu'à Fez, à Maroc, et dont on fait trop souvent honneur aux Arabes. IL sérait curieux aussi de rechercher quels progrès ils avaient accomplis) notamment sous la domination des Almohades; mais on ai^e mieux doter la civilisation arabe de toutes les œuvres musulmanes) et ne rien laisser aux Berbères de la part du lion. Rappelons toutefois^ en passant, que Tarec-Ibn-Ziâd, le vainqueur dé Roderic.éUit lierbère. Le chérif Abd-el-Kader est aussi de cette origine, suivant M. Warnier, qui doit le savoir (2).

Ils sont bien déchus sans doute, nos modernes Kabyles* Et, si les historiens arabes reprochent aux Berbères d'avoir apotwtasié douze fois avant de subir la loi de Mahomet > c'est qu'ils avaient de bonnes raisons pour ne point acceptez loi préceptes du Koran. Mais il suffit de songer qu'ils sont courbés sous le joug depuis plus de mille ans. Que l'on noué montre un peuple conservant ses vertus antiques et ses lumières sou» le poids d'une longue oppression Ce qui néanmoins, c'est que les guerriers d'autrefois revivent tia&sftx- Kabyles de nos jours; c'est que, bien différents en cela «k Arabes, ils sont en général de fidèles observateurs de leur» (i) Ouï. cit., 1.1, p. -Cf. Ura, «av. «U.,1. 1,>. 102 M toi». (3) Oav. cit., p. *J, note.

(j) lbn-KlaldouD, ouv. cit., t. i, p. 28, 198, 215 et paît.


engagements; c'est qu'il existe entre eux et nous des points de contact sang nombre, et que, pour l'Algérie en particulier, ils sont l'élément par excellence sur lequel repose l'édifice de notre domination. On l'a dit bien souvent et bien vainement ne craignons pas de le redire.

te peuple du désert aura conservé, selon toute vraisemblapce, avec moins de nnélange, avec une indépendance complète, des moeurs plus pures, un caractère plus élevé que le Kabyle. Et il parait en effet que l'on trouve chez lui plus de distinction, plus de civilisation relative. On a vu d'ailleurs quq, par plusieurs. grands traits de leurs mœurs et de leur constitution sociale, les Touareg diffèrent beaucoup des Kabyles, comme si les uns ou les autres, en les supposant de souche qnique, eussent retenu des coutumes étrangères à leur propre race et qu'ils se seraient assimilées, mais qui peuvent être considérées, même dans ce cas, comme témoignant de facultés ,} originellement distinctes.

Suivant que les familles ou les populations auront été plus eu moins atteintes et pénétrées par les immigrations anciennes ou par les Arabes de Mahomet, il sera doua plus ou moins difBoite de rencontrer dans ces populations des types purs, que la corruption moindre du langage pourrait aider à découvrir. Et eemme les immigrations ont, en général, suivi leur cours d'Orient en Occident, nous disons en général, ce doit être dans ce même ordre qu'elles auront laissé le plus de traces. Il est très-remarquable que la langue kabyle subit une progression décroissante de l'est à l'ouest, de telle sorte que, parlée encore aux environs de Cherchel et de Teniet-el-Qad, on ne la retrouve plus, à l'extrémité de la province d'Oran, qu'au delà de Sebdou (i). foute la population kabyle, du reste, est généralement moins dense à l'est qu'à l'ouest du Maghreb, dans le beylik tunisien qu'au Maroc.

Mais, sans aucun doute, le temps, ce grand purificateur des races, a beaucoup fait pour tarir le sang étranger, quand il est venu se mêler au sang indigène. Les groupes métis connus des anciens, s'ils ont existé, n'existent plus, et les Keuloughlis disparaissent. Ainsi les diverses occupations par la conquête au-


ront passé comme des flots, en n'altérant quelasurface ethnique. Enfin, ce qui n'est pas contestable, c'est que dans la Kabylie et ailleurs, dans leurs retraites inaccessibles, vrais nids d'aigle, las fiers habitants de ces montagnes représentent encore assez 'fidèlement l'homme des âges passés. Et, à plus forte raison, les Touareg, dont les immenses et stériles' parcours n'ont jamais tenté la conquête, et qui sont demeurés libres. entre eux, ontils été peu modifiés par les croisements. C'est donc dans la comparaison de ces types purs chez les uns et chez les autres, bien plus que dans la comparaison des idiomes, que l'on doit chercher la solution du problème de leur parenté réciproque. En nous résumant, et pour conclure, nous pensons qu'il aurait existé dès les plus anciens temps, et qu'il existe encore dans le nord de l'Afrique, dans le Sahara et aussi dans les lies Canaries, deu* types fondamentaux de races. qui peuvent être considérées comme des rameaux de la souche atlantique, autochthone de l'Atlas l'une généraleàent rousse ou blonde et l'autre aux cheveux bruns.

Quelles que soient les altérations survtaues (dans la chevelure en particulier) à la suite des mélanges anciens et modernes, non-seulement avec les Palestiniens et les Arabes, mais entre eux-mêmes, nous croyons qu'il est permis de voir principalement dans l'ensemble des groupes kabyles et dans les Touareg actuels soit plutôt l'une, soit plutôt l'autre des deux races anciennes.

Tout ce que nous savons des Touâreg, auxquels il faudrait, de même qu'aux Kabyles, restituer leurs vrais noms (ceux qu'ils se donnent), autorise à croire qu'étant d'un autre type, ils sont d'une autre race que les Kabyles. Et, après avoir signalé quelques-uns des grands traits différentiels, qui nous semblent séparer les deux peuples, nous appelons de tous nos vœux des études scientifiques nouvelles, notamment sur les Imôhagh et autres Sahariens du grand désert, populations encore peu connues, presque mystérieuses, qui proviendraient en général des anciens Gétules de la grande Gétulie, et qui doivent être distinguées ethniquement, aujourd'hui comme dans l'antiquité, des diverses familles kabyles, qui représenteraient plus particulièrement les anciens libyens.


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TABLE DES MATIÈRES

et tent effets. blondes anciennes V. et ICabyles blondi. 87 Chaoum et blonds de l'Au. 48