Rosa Bonheur ou le bonheur est dans le pré
À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, redécouvrons la vie et l’œuvre de celle qui a su, selon Frédéric Lepelle de Bois-Gallais, « déchiffrer la sublime poésie de la nature agreste » et révéler grâce à son pinceau « les merveilles de la création champêtre » : la peintre animalière Rosa Bonheur !
Fille de parents artistes - son père Raymond Bonheur est portraitiste et sa mère enseigne la musique - Rosa Bonheur expose pour la première fois au Salon de 1841, en représentant moutons, chèvres et lapins. Ce premier sujet semble avoir scellé son destin : elle deviendra pour la postérité la peintre des paysages campagnards et des scènes champêtres, prenant pour sujets les animaux rustiques, le tout dans des toiles immenses et selon un registre réaliste. L’année d’après, en 1842, elle expose de nouveau plusieurs toiles et dès lors le rythme est lancé : en 1843, en 1844, 6 toiles en 1845, de nouveau en 1846 et plusieurs toiles inspirées de son voyage dans le Cantal en 1847. L’année 1848 est une première belle réussite pour plusieurs membres de la famille Bonheur, véritable « légion » d'artistes !
Rosa Bonheur rencontre à cette époque Pierre-Jules Mêne, autre artiste animalier, avec qui elle entretiendra une longue amitié, ainsi qu’avec son fils le sculpteur Auguste Cain et le fils de celui-ci, Georges Cain. Au cours des années 1850, Rosa Bonheur connut alors non seulement la reconnaissance de ses pairs mais aussi un certain succès populaire.
Deux œuvres majeures : Le Labourage nivernais et le Marché aux chevaux
En 1849, Rosa Bonheur présente le Labourage nivernais, dit aussi Le sombrage, dont l’Etat avait passé commande un an auparavant pour la somme de 3 000 francs. La toile, qui représente des bœufs du Charolais-Nivernais, est impressionnante par ses dimensions : 1,34 mètre de hauteur et 2,6 mètres de largeur. Le succès sera en proportion ! Rosa Bonheur a alors 27 ans et la vie lui sourit.
Lorsque parut le labourage nivernais, au salon de 1848, le fracas de l’admiration fut indescriptible. Il se trouva des critiques pour affirmer que cette jeune peintresse de vingt-six ans venait tout simplement de renouveler la face de l’art français. (Le Bulletin de la vie artistique, 15 mars 1922)
Quatre ans plus tard, en 1853, l’artiste présente son Marché aux chevaux, immense toile longue de 5 mètres. Cette fois, le succès dépasse les frontières nationales. On lui reconnait une parfaite maitrise non seulement de l’anatomie du cheval, fruits d’une observation minutieuse, mais également des mœurs de l’animal, de sa force, de son allure. La composition en cercle donne une grande impression de dynamisme et de fougue difficilement contenue :