Les parcs, jardins et bois de Paris
Les Rendez-vous aux jardins ont lieu cette année du 6 au 8 juin. Avec le retour des beaux jours et de la chaleur, les parcs, squares et bois de Paris sont de nouveau à l’honneur et sources d’une rare fraîcheur.
La plupart d’entre eux remontent au Second Empire et sont nés de la volonté de Napoléon III. Entre 1850 et 1870, la capitale française s’enrichit de plus de 1 800 hectares d’espaces verts. Passionné de botanique, Louis-Napoléon en vient même à recommander l’étude de cette dernière par les femmes, comme en témoigne un extrait de sa correspondance :

Exilé en Angleterre, il en admire particulièrement les jardins et les parcs londoniens.

Dans ses discours de « politique générale », il apparaît comme le premier souverain qui ne considère pas seulement la création de jardins pour son propre plaisir, mais aussi à destination d’une population qui a besoin d’être formée au plaisir des sensations visuelles pour surmonter sa condition laborieuse. Se faisant ainsi l’inventeur d’une forme d’urbanisme sociale, Napoléon III initie l’aménagement de vingt-quatre squares, huit parcs ou jardins et de deux bois dans Paris pendant son règne.
Plusieurs hommes le soutiennent et l’accompagnent par leurs savoir-faire dans cette entreprise d’embellissement : le célèbre préfet Haussmann, mais aussi l’ingénieur Adolphe Alphand, directeur du Service des Promenades et Plantations de la ville de Paris, de même que l’horticulteur Barillet-Deschamp, et de l’architecte Davioud.
Le jardin des Tuileries, dessiné par Le Nôtre, est aménagé à l’anglaise sous le Second Empire mais demeure réservé à l’usage de l’empereur et de sa famille. Ce n’est qu’avec la destruction du palais à l’époque de la Commune que cet espace est rendu accessible au grand public.

Créé au début du XVIIe siècle, le jardin du Luxembourg fut rapidement ouvert à tous, avant de connaître sous le Second Empire un destin peu avenant, et d’être amputé de douze hectares. Parmi les espaces sacrifiés compte la célèbre pépinière des Chartreux, connue pour ses fruits rares et exotiques…

L’estampe suivante témoigne de sa popularité :

Cette amputation fut à l’origine d’une pétition réunissant plus de 10 000 signataires. Le jardin fut par la suite décoré de statues et la fontaine Médicis enrichie de statues antiques réalisées par Ottin. En 1866, une nouvelle fontaine lui est adossée : la fontaine du regard, suffisamment célèbre pour figurer à l’époque dans un guide touristique à destination des étrangers :

Les jardins des Champs-Elysées constituent une autre curiosité notable de la capitale, saluée entre autres à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900 de la manière suivante :

Créé au XVIIe siècle par Le Nôtre, ce parcours arboré devint bien national en 1792. Les Chevaux de Marly, œuvre de Guillaume Coustou commandée par Louis XIV, furent alors installés place de la Concorde, sur des piédestaux dessinés par David.
Suite à l’invasion de la France en 1814, les Champs-Elysées se transforment en un vaste campement pour soldats et les lieux sont dévastés, avant d’être restaurés sous forme de jardins à l’anglaise par l’architecte Alphand en 1858.
Pour relier Paris et le Bois de Boulogne récemment inauguré, Napoléon III souhaitait une voie majestueuse, d’abord appelée avenue de l’Impératrice, puis avenue Foch. La décoration de cette voie impériale fut confiée à Alphand qui garnit les jardins de près de 4 000 essences différentes.

C’est sur cette même avenue qu’un monument fut élevé à la mémoire d’Alphand en 1899 par Dalou et Formigé.
En 1860, à l’occasion de l’ouverture du boulevard Malesherbes, la ville de Paris se porta acquéreuse et expropria les vingt hectares d’un ancien parc plus ou moins à l’abandon. La moitié fut transformée en jardin par Haussmann et son équipe, donnant ainsi naissance au Parc Monceau. Inauguré le 13 août 1861 par Napoléon III, le parc devint rapidement populaire et de nombreux hôtels particuliers furent construits aux alentours, marquant l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie en plein essor.

De nombreuses pièces artificielles furent créées pour répondre au goût de l’époque : rochers, cascades, petit pont, faux un ruisseau, sentiers…
Dans le but de délasser la population du sud de Paris, en écho aux Buttes-Chaumont au nord, la création du parc Montsouris fut décidée par décret impérial en 1865. Le chantier ayant été considérablement retardé par la guerre, le parc, dans le style d’un jardin à l’anglaise, ne fut achevé qu’en 1878. Un vaste bassin a été situé au niveau de l’une de ses extrémités.
En plus des nombreuses sculptures postérieures au Second Empire, le parc abrite une stèle de 5 mètres de haut, la mire de l’observatoire.
Ancienne et sinistre demeure du gibet de Montfaucon, les pentes des Buttes Chaumont furent ensuite exploitées pour leurs gisements de calcaire, avant de devenir une vaste décharge parsemée d’ateliers d’équarisseurs.

Désireux d’offrir aux habitants des nouvelles communes annexées par la capitale de Belleville et de la Villette, Napoléon III, toujours accompagné pour les aspects techniques par Alphand, choisirent ce terrain peu propice aux plantations en raison de son sol argileux pour l’aménagement d’un parc au nord de la ville.
Trois années de travaux furent nécessaires, de 1864 à 1867, pour mettre en spectacle le nouveau paysage d’un vaste jardin, renouveler les sols et créer un vaste lac surmonté d’un promontoire. Une grotte et une cascade artificielles furent aussi installées, grâce à de l’eau pompée du canal Saint-Martin tout proche.

Terrain de chasse favori des rois de France, le bois de Vincennes a été le témoin des verdicts rendu par Saint-Louis dans sa légendaire œuvre de justice. En 1857, Napoléon III confia de nouveau à Alphand le réaménagement de ce vaste espace occupé à l’époque par des champs de tir et de manœuvres du fort militaire situé en son sein.
Alphand fit creuser trois lacs et créa deux îles artificielles. Le parc zoologique et le parc floral, tous deux plus récemment conçus, attirent toujours de nombreux visiteurs.

Ancienne forêt dotée d’une abbaye au Moyen-âge, le bois de Boulogne constitua longtemps un lieu de retraite et de détente prisé des Parisiens, avant que de magnifiques demeures et châteaux s’y construisent au cours du XVIIIème siècle.
Presque totalement détruit sous la Révolution, le bois fut ensuite réaménagé et Napoléon III le céda en 1852 à la ville de Paris. De nouvelles allées y furent déployées, de même que des lacs creusés et parsemés d’îles. Pas moins de 400 000 arbres vinrent agrémenter cet ensemble, pour le plus grand bonheur des promeneurs.
Pour aller plus loin
- Sélection de Gallica : Les Jardins célèbres
- Billet de blog Gallica : Adolphe Alphand et les parcs et jardins de Paris
- Billet de blog Gallica : André Le Nôtre (1613-1700)
- Rendez-vous aux jardins du 6 au 8 juin 2025