Le lycope d'Europe

Ses feuilles donnent une teinture noire pour la laine mais aussi pour la peau. Le lycope d’Europe servait à se donner un air mystérieux, ténébreux.

Le lycope d’Europe (Lycopus europaeus) appartient à la famille des Lamiacées comme le lamier blanc, la mélisse ou le romarin. Son nom vient du grec lykos (loup) et pous (pied), ce qui renvoie la forme de ses feuilles qui ressemblerait à l’empreinte de la patte d’un loup. Il porte aussi les noms de patte de loup, pied de loup, marrube aquatique, ortie d’eau, chanvre d’eau, herbe des Egyptiens, lance du Christ, etc.

La moitié supérieure d'un plant de lycope d'Europe est placée dans la moitié gauche de la planche ; la moitié inférieure dans la partie droite, avec ses racines. Dans la partie inférieure gauche, des détails de la fleur et de ses composants.
Martin Hendriksen Vahl, Icones plantarum sponte nascentium in regnis Daniae et Norvegiae, volume 7, Copenhague, 1799

Vivace, il lance de nombreux stolons à partir de sa souche rampante. Sa tige carrée mesure jusqu’à un mètre de haut et présente un sillon sur chacune de ses faces. Ses feuilles sont dentelées et opposées deux à deux. A leur base se dressent de petites fleurs blanches ornées de points rouges; elles s’épanouissent de juillet à septembre et attirent les abeilles. Elles donnent un calice contenant des akènes que les oiseaux aquatiques dispersent.

La partie supérieure d'un plant de lycope est représenté en couleur. Dans la partie inférieure, la racine et un stolon sont en noir et blanc, tout comme la fleur et ses composants qui occupent le bord inférieur de la planche.
Pierre-Antoine Poiteau, Pierre-Jean-François Turpin, Flora Parisiensis, Paris, 1808

Commune dans les régions tempérées d’Eurasie et d’Afrique, le lycope d’Europe s’est naturalisé en Amérique du Nord. Se rencontrant jusqu’à mille mètres d’altitude, il apprécie les plaines et les endroits humides comme les marécages ou le bord des cours d’eau.

Un plant de lycope est placé en diagonales. Sa racine est présentée dans le coin inférieur droit, sous une feuille présentée isolément. Dans la partie gauche centrale, la fleur et ses composants.
Jean-Pierre Bergeret, Phytonomatotechnie universelle, tome 2, Paris, 1784

Il était utilisé au Moyen Âge pour traiter les fièvres. Il sert aussi contre les dérèglements de la glande thyroïde, en association avec d’autres plantes comme la mélisse ou la bétoine. Ses feuilles permettent de se teindre la peau en noir et auraient été utilisées par les diseuses de bonne aventure pour se donner un air plus mystérieux, ce qui expliquerait son nom de gypsywort (racine des Gitans) ou d’herbe aux Bohémiens. Ses jeunes pousses ont été consommées en salade, et ses racines en légumes. Le lycope d’Europe peut fournir un substitut au purin d’ortie, tant pour fertiliser que pour combattre certaines maladies. Il permet enfin de teindre le lin ou la laine en gris foncé ou noir.

Pierre Bulliard, Flora Parisiensis, tome premier, Paris, 1776

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