L'asclépiade

Surnommée « dompte-venin », « milkweed » ou encore « silkweed », l’asclépiade est une fleur nectarifère, seule source de nourriture des papillons monarques.

L'asclépiade est un genre de plantes herbacées vivaces qui regroupe 200 espèces réparties sur l'ensemble du globe, mais présentes surtout en Amérique. Autrefois classées au sein de la famille des Asclépiadacées, les asclépiades sont désormais réunies dans la sous-famille des Asclepiadoideae au sein de la famille des Apocynacées qui comprend entres autres les genres Tabernaemontana, Cynanchum et Hoya. Ce reclassement taxonomique a, en outre, conduit certaines plantes à être exclues de la famille des asclépiades.

Un plant d'asclépiade en fleur est encadré par des détails de la fleurs, en haut, et par des détails des fruits et des graines, en bas.
Elizabeth Blackwell, Herbarium Blackwellianum emendatum et auctum, il est, ElisabethaeBlackwell collectio stirpium, Nuremberg, 1750-1776

 Mesurant entre 20 et 180 centimètres, les asclépiades sont caractérisées par leurs fleurs nectarifères dont les couleurs oscillent entre le blanc aux reflets verts, le rose clair, le magenta et l’orange. Elles présentent un calice à cinq sépales, une corolle épanouie en cinq lobes renversés et une couronne d'étamine à cinq cornets munis d'un appendice en forme de cornes.

Un rameau d'asclépiade porte des fleurs rouge orangé. La fleur est détaillée en bas.
Désiré Bois, Atlas des plantes de jardins et d'appartements exotiques et européennes, Paris, 1896

 Si cette plante peut être utilisée pour l'ornement, à l'image de l’asclépiade de Curaçao, c'est bien en référence à Esculape, dieu grec de la médecine, que Linné a nommé ce genre. Aussi, si l’asclépiade blanche (Vincetoxicum hirundinaria) n’est aujourd’hui plus classée parmi les asclépiades malgré son appellation trompeuse, les propriétés médicinales qui lui ont été prêtées et son surnom de « dompte-venin » sont peut-être à l’origine de cette étymologie. Il en va de même pour une autre espèce aujourd’hui reclassée, l'Asclepias asmathica, qui possède un suc laiteux autrefois réputé guérir l'asthme.

Sur une planche en bnoir et blanc, deux rameaux sont représentés dans la partie gauche, et des détails de la fleur et du fruit dans la moitié droite.
Jean-Baptiste-Pierre-Antoine de Monet de Lamarck, Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature: Botanique, Paris, 1823

Les asclépiades constituent par ailleurs l'hôte privilégié de certains insectes, dont les papillons monarques, connus pour leurs migrations sur le continent nord-américain. Ces derniers, capables d'incorporer le glycoside produit par l'asclépiade (une molécule qui permet à ces plantes de se protéger contre les prédateurs), deviennent ainsi toxiques, comme le cardinal à tête noire (Pheucticus melanocephalus), l'oriole d'Abeillé (Icterus abeillei) et la souris à oreilles noires (Peromyscus melanotis). L'asclépiade est ainsi souvent utilisée pour augmenter les populations de papillons monarques dans les jardins.

Cinq papillons orangés aux extrémités noir et blanc sont disposés en quinconce.
Claude Aubriet, Recueil de papillons, oiseaux et différentes espèces tant de France que des pays étrangers, 1700

Cette plante possède en outre des qualités utiles pour l'être humain. Riche d'un latex contenant une grande quantité de caoutchouc, l'asclépiade a été utilisée lors de la Seconde Guerre Mondiale pour la conception de gilets de sauvetage. Son nom vernaculaire anglais, milkweed, fait d'ailleurs directement référence au « lait » ou latex de ses fleurs. Ses tiges ont également pu être employées par plusieurs peuples aborigènes d'Amérique du Nord, dont les Miwok au nord de la Californie, qui faisaient sécher les fibres de l'Asclepias cordifolia afin d'en faire des cordes.

Un rameau d'asclépiade porte à son sommet un pompon de fleurs roses.
Frédéric Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles, Strasbourg, 1816-1845

 Les aslépiades sont encore surnommées « soie d'Amérique » car les cosses qu'elles produisent contiennent de la soie et ses fibres très longues peuvent être comparées à celles du chanvre. L'idée d'utiliser l'asclépiade de Syrie (Asclepias syriaca) pour confectionner du coton apparaît en France chez le bonnetier de Paris nommé Rouvière, et perdure jusqu’au 19e siècle. Rouvière annonce en 1760 la création d'une étoffe faite à partir d'asclépiade et qu'il nomme « la soyeuse », avant d'être conduit en justice pour mensonges sur sa marchandise qui n'était, en fait, pas de l'asclépiade. Au cours de la même décennie, l’asclépiade est utilisée à Naples pour confectionner essentiellement des bas et des gants, ou autres tissus qui ne demandent que peu de souplesse. Des recherches récentes ont néanmoins montré que l'asclépiade peut être bel et bien utilisée dans le domaine du textile, aussi bien pour des coussins que des manteaux d'hiver, en raison de ses propriétés hydrophobes.

Une planche en noir et blanc montre un plant d'asclépiade , un papillon et un insecte se posant sur ses feuilles.
Jacques Charton, Collection de douze cahiers de plantes étrangères en fleurs, fruits, corail et coquillages, Paris, 1784