La saxifrage
Après la bataille contre les Titans, le Mont Olympe est dévasté. Jupiter demande à la déesse Flore d’y remédier mais aucune plante ne réussit à pousser. Alors, Zéphyr lui apporte une petite fleur, la saxifrage. Peu exigeante, celle-ci s’acclimate rapidement aux parois rocheuses leur redonnant vie.
Les saxifrages appartiennent à la famille des Saxifragacées, constituées d’environ 600 espèces réparties dans une trentaine de genre. Issues des régions arctiques, les saxifrages ont peu à peu colonisé les régions tempérées de l’hémisphère Nord et se sont adaptées à toutes sortes de milieux. En France, on compte 3 genres et 63 espèces, principalement des plantes de montagne dont certaines sont endémiques.
Les saxifrages sont des plantes à fleurs dicotylédones, herbacées parfois succulentes, annuelles ou vivaces. Elles présentent des feuilles simples sans stipules et des fleurs de type 5, c’est-à-dire constituées de 5 pétales, 10 étamines et 2 carpelles surmontés de 2 styles. La petite taille des fleurs leur a valu le nom de « Désespoir des peintres ». Certaines espèces ont développé une morphologie en coussin leur permettant de résister à un environnement difficile.
Le nom saxifrage, du latin saxifraga (saxum, pierre, et frangere, briser) signifie brise-pierre. Si la plupart des saxifrages poussent dans les rochers, l’éthymologie renvoie plutôt aux calculs reinaux présents dans la vessie, qu’elle est censée soigner selon Dioscoride. La théorie dite des signatures, répandue à la Renaissance, établit des liens directs entre la morphologie botanique et la pathologie médicale et certaines saxifrages comme la Saxifraga granulata, présentent des renflements au niveau du collet semblables à des calculs.
Les saxifrages ont de multiples qualités qui intéressent aujourd’hui les scientifiques. Par exemple, la Saxifraga oppositifolia dont les feuilles ovales et épaisses sont opposées et les fleurs rose pourprée, détient les records d’altitude : elle a été trouvée à plus de 4000 m dans les Alpes françaises et à 4 507 m dans le Valais. Des chercheurs autrichiens ont mesuré sa résistance au froid et ont observé qu’elle supportait des températures de -80° et plus encore car elle a résisté à l’azote liquide !
On sait depuis longtemps que certaines saxifrages dont la Saxifraga cochlearis, produisent une croûte crayeuse sur la bordure de leurs feuilles grâce à un phénomène qu’on appelle guttation. Celle-ci est composée de calcite, un minéral répandu sur Terre mais des chercheurs britanniques ont découvert sur la Saxifraga scardica, de la vatérite, un cristal instable très rare, dont les propriétés pourraient intéresser la médecine.
Pour aller plus loin
- Visitez la section Botanique du parcours Gallica La Nature en images.