La pierre de Rosette
En 1799, un fragment de stèle gravée avec trois écritures est découvert dans la ville de Rosette, près d’Alexandrie, lors de l’expédition d’Égypte menée par Bonaparte. Grâce à Gallica, partons sur la trace des premiers savants face à ce document-clé du déchiffrement des hiéroglyphes.
La découverte
En juillet 1799, les troupes françaises effectuent des travaux dans le Fort Julien (ou « Borg Rachid ») situé au nord de la ville de Rosette (Rachid), dans le Delta du Nil. Un officier du Génie, Pierre-François-Xavier Bouchard, découvre dans la construction un fragment de stèle qui attire tout de suite l’attention des savants de la « Commission des sciences et des arts » qui accompagne l’armée de Bonaparte.


BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE UB-181 (B BIS)-FT 4
Le 15 septembre, le Courier de l’Égypte, destiné aux troupes, en donne un récit plus détaillé et conclut :
« Cette pierre offre un grand intérêt pour l’étude des caractères hiéroglyphiques ; peut-être même en donnera-t-elle enfin la clef »

En 1800, dans le tome III de la revue savante de l’Institut, La Décade égyptienne, davantage de précisions sont données en note par Jean-Joseph Marcel, un jeune orientaliste qui dirige alors l’Imprimerie du Caire. Il écarte l’identification du deuxième texte comme étant du syriaque ou du copte et l’assimile fort justement à une cursive égyptienne, appelée plus tard « démotique ».

Estampages et moulages
Les savants de l’Institut, qui sont souvent aussi des membres de la « Commission des sciences et des arts », font faire des copies de la pierre pour pouvoir les envoyer en France rapidement.
Jean-Joseph Marcel est toujours à la manœuvre comme le prouve l’annotation manuscrite qui se trouve en bas à gauche de l’estampage conservé au département des Manuscrits de la BnF. Il y est mentionné en tant que Directeur de l’Imprimerie nationale aux côtés du « correcteur » et imprimeur Antoine Galland. La copie est datée du « 4 pluviose an 8 de la République » soit le 24 janvier 1800. La technique utilisée est celle de l’autographe : de l’encre noire est appliquée sur la surface de la pierre, laissant les inscriptions en creux en blanc, puis une feuille de papier est pressée sur celle-ci, résultant en une version inversée du fragment.

La BnF conserve également un moulage en plâtre, donné en 1837 par l’épigraphiste Jean Antoine Letronne, directeur de la Bibliothèque royale de 1832 à 1840. Il publie en 1840 une traduction de l'inscription grecque de la pierre de Rosette.
Ces techniques de copies ne sont pas l’apanage des Français puisque, dès juillet 1802, des moulages et fac-similés de la pierre de Rosette sont envoyés par le British Museum à des institutions européennes, dans le but d’aider aux tentatives de déchiffrement.
Le décret de Memphis
Si la pierre est devenue un objet iconique pour l’histoire de l’égyptologie, on oublie parfois le contenu même de l’inscription qui y est gravée. Il s’agit d’un décret royal de 196 avant J.-Chr., dit « décret de Memphis », car établi par les grands prêtres réunis dans la capitale religieuse de l'Egypte, qui se trouve au sud du Caire actuel.

Pour en savoir plus
- L’aventure Champollion. Dans le secret des hiéroglyphes, exposition à la BnF-François Mitterrand, Galerie 2, jusqu’au 24 juillet 2022, accompagnée d'un catalogue.
- Série de billets autour du Bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes
- les Essentiels-BnF sur Jean-François Champollion
- Les sélections Gallica sur le déchiffrement des hiéroglyphes
- V. Desclaux, "L'expédition d'Egypte et la naissance de l'institut d'Egypte", Blog Gallica
- R. Solé, D. Valbelle, La pierre de Rosette, Paris, 1999
- La pierre de Rosette dans les ressources de la BnF.