Au Havre, cap sur le Brésil
Fondé en 1517, Le Havre devient le port d’attache des marchands de Rouen pour commercer avec le Brésil. Les daguerréotypes du XIXe siècle de l’Hôtel du Brésil du Havre, l’actuel quai du Brésil dans les docks et la place Niemeyer en plein centre, sont autant de traces du lien qui unit les deux territoires.
Le Havre, vue du Bassin du Roi, depuis l'Hôtel du Brésil. Daguerréotype / Hippolyte Fizeau, 1840
Bibliothèque municipale du Havre, Ph DAG 004
Bibliothèque municipale du Havre, Ph DAG 004
En parallèle, une école cartographique voit le jour à Dieppe, qui rassemble les connaissances maritimes de l’époque. S’y retrouvent navigateurs, cosmographes (dont de nombreux Portugais), ingénieurs navals et artistes venus de toute l’Europe.
Au siècle suivant, c’est du Havre que le navigateur normand Pierre Belain d’Esnambuc (1585-1636) s’embarque à son tour pour coloniser les îles de la Guadeloupe, de la Martinique, et de Saint-Christophe, où il met en place le système esclavagiste aux Antilles françaises. Au siècle des Lumières, certains commerçants havrais s’enrichissent au moyen du commerce triangulaire, tels les Boivin, les Foäche, les Begouën.
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D’autres Havrais participent au mouvement abolitionniste, tels l’abbé Dicquemare, le rédacteur en chef du Journal du Havre, Edouard Corbière, et, le plus connu d’entre eux, l’écrivain Bernardin de Saint-Pierre.
Au XIXe siècle, la première ligne maritime entre Le Havre et Rio de Janeiro est inaugurée, faisant de la ville le principal port d’embarquement pour les voyageurs européens souhaitant faire commerce ou compléter leurs études au Brésil. C’est de là que part la mission artistique française invitée par le roi portugais Jean VI à Rio en 1815. On trouve aussi sur ses quais de nombreux candidats au départ pour New York, Buenos Aires, Valparaiso, comme le retracent les archives du Commissariat au Havre de l’administration de l’émigration. Sur les voiliers sont chargés, avec les passagers, des articles de luxe, notamment de mode, ainsi que des pacotilles. Plusieurs clippers construits au Havre, surnommés les « hirondelles de Rio » portent des noms rappelant leur destination : L’Impératrice du Brésil, le Paulista, le Carioca…
Selon l’historien Sergio Buarque de Holanda, 3800 Français sont présents à Rio en 1834, qui constitue le groupe d’étrangers le plus important après les Portugais. Côté français, le café brésilien domine parmi les cargaisons qui entrent au port du Havre, à la faveur de sa consommation en croissance continue.
Au XIXe siècle, Le Havre est aussi le principal port baleinier français, qui déploie son activité tout d’abord en Atlantique Sud, puis, après la raréfaction de l’espèce dans ces zones, dans le Pacifique.
Enfin, aux échanges commerciaux avec le Brésil, s’ajoute en 1982 une dimension architecturale d’envergure, avec l’inauguration de la maison de la Culture rénovée, le Volcan, construite par l’architecte brésilien en exil, Oscar Niemeyer. Et Le Havre abrite alors des réminiscences de Brasilia en son centre.
Pour aller plus loin
- Site France-Brésil de la BnF, Ilda Mendes dos Santos, "La terre de Gonneville"
- Site France-Brésil de la BnF, Ilda Mendes dos Santos, "A propos de Villegagnon"
- Site France-Brésil de la BnF, Iris Kantor, "L’école cartographique de Dieppe"
- Billet de blog Gallica BnF, Isabelle Le Pape, "Oscar Niemeyer, un architecte au service du style international"
- Archives municipales du Havre, "Le Havre, un port négrier"
- Archives départementales du Havre, "Immigrés et émigrés en Seine-Maritime"
- Nutrisco, carte interactive du Havre