Salle de lecture de la Phonothèque

Offert à Ferdinand Brunot, directeur des Archives de la Parole, en 1911, ce modèle de Pathéphone a été conçu pour être utilisé lors d’auditions publiques. Son double moteur, prouesse technologique de l’époque, permet une durée d’écoute plus longue et une rotation plus régulière, tandis que son coffrage en verre permet d’en admirer le savoir-faire mécanique. Il a notamment été utilisé lors des Matinées poétiques organisées par les Archives de la Parole et notamment décrites par Guillaume Apollinaire dans Le Mercure de France.

Ce phonographe fait partie du matériel pédagogique dont les Archives de la Parole – Musée de la Parole et du Geste se dotent dans les années 1920 pour répondre aux besoins des étudiants français et étrangers venus travailler leur prononciation. Le phonographe a en effet rapidement servi de moyen d’apprentissage des langues et de la prononciation, par correspondance ou en laboratoire. Ainsi les Ecoles internationales, , proposent aux élèves de s’enregistrer puis d’envoyer leur disque à leur professeur. Le professeur renvoie ses corrections sur papier, accompagnées d’un enregistrement  témoin et d’un disque vierge pour recommencer l’exercice..

Le Musée de la Parole et du Geste recueille de nombreux témoignages sonores de l’exposition coloniale qui se tient à Paris en 1931. A cette occasion, les maîtres luthiers Laberte et Magnié lui offrent une de leurs créations : un luxueux phonographe portatif,  qu’ils nomment Stradivox en référence à leur savoir-faire de luthiers. Cet appareil était exposé dans la salle de lecture de la Phonothèque nationale.

Commercialisé sous le nom d’électrophone, ce phonographe Thomson est l’un des premiers modèles intégrant la technologie de l’amplification électrique grâce à une tête de lecture d’un genre nouveau, le pick-up. Il convient de ne pas confondre ce phonographe, qui lit des disques 78t., avec les lecteurs de disques microsillon apparus à la fin des années 1940 et communément appelés électrophones. Cet appareil pouvait être couplé au résonateur dynharmonique présenté ci-dessous.

Thomson lance une gamme d’amplificateurs électriques en 1935. Ces appareils s’adaptent aux premiers phonographes à pick-up comme celui présenté ci-dessus et offrent une puissance et une qualité sonore suffisamment importantes pour équiper les lieux publics comme les cinémas et les dancings de l’époque. L’amplificateur à proprement parler se situe à l’intérieur du coffrage en bois ; les tuyaux métalliques fonctionnent comme des résonateurs qui par leurs dimensions variables isolent les harmoniques correspondants. Le son ainsi obtenu se veut proche de celui de la performance originale.

La Phonothèque nationale est chargée du dépôt légal des phonogrammes et des rouleaux et cartons de musique mécanique en 1938. Elle collecte donc ces différents supports et s’équipe d’appareils pouvant les lire. L’organina Thibouville, petit orgue de barbarie, provient de la collection personnelle de Roger Dévigne, premier directeur de la Phonothèque.

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Les Archives de la Parole se dotent rapidement d’une salle de lecture pour mettre à disposition des chercheurs les enregistrements effectués. Cette salle devient d’autant plus nécessaire que le dépôt légal des phonogrammes, institué par la loi en 1927, est confié au Musée de la parole et du geste.  En 1938, le décret d’application de cette loi fonde la Phonothèque Nationale, qui s’installe dans les emprises du Musée. La salle de lecture met à disposition des appareils permettant l’écoute des archives sonores les plus anciennes et des documents du dépôt légal les plus récents, cartons et rouleaux de musique mécanique, cylindres de cire, disques.  On y expose également des appareils destinés à des auditions publiques ou des démonstrations, comme le Pathéphone vitré de Ferdinand Brunot, ou l’électrophone Thomson et son résonateur dynharmonique. Pour plus d’informations sur les appareils de la salle de lecture, vous pouvez consulter le catalogue de la collection Charles Cros.