Aux temps du phonographe : diction et langues étrangères

Le lioretgraphe transcripteur n°8 combine un système d’enregistrement et lecture de cylindre en cire et un système de transcription graphique du signal gravé sur ce cylindre. Il faut d’abord enregistrer le son ou la voix à étudier sur le phonographe à cylindre ; le cylindre enregistré est ensuite relu au moyen d’un système qui amplifie toutes les variations du sillon enregistré et les transcrit sur une feuille de papier recouverte de noir de fumée. Créé pour la recherche fondamentale, le lioretgraphe transcripteur n°8 est également utilisé à l'Institut de phonétique dans le cadre des travaux pratiques proposés aux étudiants et comme outil de travail pour les patients : ceux-ci s’enregistrent et comparent ensuite leurs tracés à ceux du cylindre témoin, et s'entrainent jusqu'à ce que la transcription graphique de leur enregistrement soit semblable à la transcription de l'original. Cette méthode permettait de s'assurer visuellement de la qualité de la prononciation plutôt que de se fier à l'oreille, parfois trompeuse.

Commercialisé par Pathé entre 1913 et 1918, le Pathégraphe ou Autodidacte permet l’enseignement des langues étrangères à domicile, selon la méthode de Louis Weill : « Savoir l’anglais, c’est le comprendre, le parler, le lire et l’écrire. » En effet, « le Pathégraphe consiste dans la combinaison d’un nouveau Pathéphone et d’un système particulier permettant le déroulement d’une bande de papier où sont imprimés les mots que prononce le Pathéphone en mouvement. ». Tandis que l'élève écoute l'enregistrement de la leçon sur disque, il peut en lire le texte sur un rouleau de papier qui défile de manière synchrone ; l'ensemble de ces textes sont compilés dans un livre que l'élève peut placer devant lui sur une tablette escamotable. Outre des langues étrangères (allemand, anglais, espagnol, portugias), le Pathégaphe a pu servir à l'apprentissage de la diction et du solfège.

Ce phonographe fait partie du matériel pédagogique dont les Archives de la Parole – Musée de la Parole et du Geste se dotent dans les années 1920 pour répondre aux besoins des étudiants français et étrangers venus travailler leur prononciation. Ainsi les Ecoles internationales proposent aux élèves de s’enregistrer puis d’envoyer leur disque à leur professeur. Le professeur renvoie ses corrections sur papier, accompagnées d’un enregistrement  témoin et d’un disque vierge pour recommencer l’exercice.

Consulter la notice complète du phonographe des Ecoles internationales

>

Lorsqu’Edison commercialise le phonographe en 1878, il répond d’abord aux besoins des grands groupes industriels américains en appareils de dictée. Il envisage pourtant dès cette époque que les perfectionnements qui seront apportés à son invention permettront d’utiliser l’enregistrement sonore à des fins pédagogiques, notamment pour l’enseignement de la diction (Lioretgraphe transcripteur n°8) et l’apprentissage des langues étrangères (Pathégraphe, Ecoles internationales).