Les monnaies à l'étalon corfiote réduit

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L'Étolie est une région de Grèce centrale bordée au sud par le golfe de Corinthe. Au nord, elle voisine avec l'Arcarnanie, l'Épire et la Phocide. Ce territoire très montagneux est traversé du nord au sud par un prolongement du massif du Pinde. Selon la mythologie, la région tient son nom du héros Aétolos, venu d'Élis/Olympie dans le but d'y fonder un royaume avec Kalydon pour capitale. L'Étolie est également le cadre de la légende du sanglier de Kalydon, bête féroce envoyée par Artémis pour ravager le pays et ainsi punir l'impiété du roi Œnée ; l'animal est finalement tué par son fils Méléagre aidé d'Atalante et de plusieurs autres héros.

Divisés en trois tribus, les Étoliens sont perçus par les Grecs des cités - notamment les Athéniens - comme une peuplade arriérée. S'ils ne semblent pas avoir pris part à la seconde guerre médique (480-479 av. J.-C.), ils sont impliqués en 426 av. J.-C. dans un épisode de la guerre de Péloponnèse, à Naupacte. En 338 av. J.-C., après la bataille de Chéronée, ils reçoivent cette même cité des mains de Philippe II de Macédoine, sans doute pour les récompenser de leur soutien à sa poiltique d'expansion en Grèce continentale. C'est peut-être cet événement qui déclenche le processus de formation d'une ligue étolienne dont la capitale est installée dans le sanctuaire d'Apollon de Thermon. Le koinon nouvellement formé s'affirme très vite comme une des principales forces d'opposition à la domination macédonienne en Grèce. Durant le IIIe siècle, les Étoliens contrôlent un territoire étendu en Grèce centrale incluant le sanctuaire de Delphes. Parallèlement, ils entrent en conccurence avec le koinon des Achaiens, principal force dans le Péloponnèse. Au siècle suivant son opposition au royaume de Macédoine conduit les Étoliens à soutenir Rome durant les deux premières guerres de Macédoine (215-205 et 200-197 av. J.-C.). S'estimant mal récompensés, ils soutiennent Antiochos III contre les Romains en 192 av. J.-C. La défaite du roi Séleucide en 189 av. J.-C. conduit la ligue à accepter une paix réduit leur emprise territoriale. Elle est finalement demantelée par Rome en 167 av. J.-C., après la troisième guerre de Macédoine (171-168 av. J.-C.). L'Étolie est inclue dans la province romaine d'Achaïe en 30 av. J.-C.

Les monnayages de la région sont presque exclusivement produits par le koinon : seules des productions résiduelles en bronze sont attestées dans le dernier quart du IIIe siècle av. J.-C. sur les sites fortifiés d'Apollonia et de Potidania Apodoton. A la fin du IVe siècle, des séries fédérales de trioboles d'argent à l'étalon local (corfiote réduit) sont inaugurées ; cette dénomination sera frappée jusqu'au milieu du IIe siècle av. J.-C. Durant le troisième tiers du IIIe siècle, des pièces d'or et des tétradrachmes à l'étalon attique (le plus répandu dans le monde hellenistique) sont émis à l'occasion de grands conflits, notamment la première guerre de Macédoine. A cette époque sont également frappés des statères et des drachmes à l'étalon local. Les émissions de bronzes débutent seulement à la fin du IIIe siècle av. J.-C. pour disparaître avec le koinon vers 167 av. J.-C.
Du point de vue de la typologie, mis à par les rares tétradrachmes aux types d'Alexandre le Grand, on note un grand nombre de réprésentations du héros éponyme de la région, Aétolos, ainsi que des figures d'Atalante, d'Apollon et du fameux sanglier de Kalydon.

Sur ces monnayages étoliens, en plus de l'ouvrage d'O.D. Hoover, Handbook of Coins of Northern and Central Greece: Achaia Phthiotis, Ainis, Magnesia, Malis, Oita, Perrhaibia, Thessaly, Akarnania, Aitolia, Lokris, Phokis, Boiotia, Euboia, Attica, Megaris, and Corinthia, Sixth to First Centuries BC., il convient de consulter le travail de D. Tsangari consacré aux séries du koinon : Corpus des monnaies d’or, d’argent et de bronze de la confédération étolienne, (Athens, 2007). Auparavant, la région avait fait l'objet d'études de la part de R.A. de Laix ("The Silver Coinage of the Aetolian League" in California Studies in Classical Antiquity 6, 1974, p. 47-75) ainsi que de K. Liampi, tant sur la ligue (On the Chronology of the Bronze Coinages of the Aetolian League and its Members (Spearhead and Jawbone Types)" in Archaiognosia 9, 1995-1996, p. 83-109) que sur le petit atelier de Potidania (“E Nomismatike paragoge tes Potidanias” in Essays Oeconomides), Athènes, 1996).