Ouvrages profanes

La xylographie a été employée au XVe siècle pour produire des œuvres profanes de nature diverse, toutes devenues rarissimes : des grammaires élémentaires, alors incontournables dans l’édition scolaire, des calendriers, des feuillets littéraires et facétieux destinés à l’affichage.

Aelius Donatus est un grammairien et rhétoricien latin qui vécut à Rome au IVe siècle de notre ère et fut le précepteur de saint Jérôme. Il doit sa notoriété à un traité de grammaire latine en deux parties (art mineur et art majeur), communément désigné sous le terme « Donat ». L’art mineur initie aux huit parties du discours, sous la forme de questions-réponses et s’adresse à des élèves de niveau élémentaire. L’art majeur, plus développé, s’adresse à un public plus avancé. Celui-ci se compose de trois livres et, outre les huit parties du discours qu’il reprend, traite également des règles de versification et de syntaxe.

Johannes Müller, dit Johannes Regiomontanus d’après son lieu de naissance, à Königsberg, est né en 1436. Il est considéré comme l’un des astronomes les plus importants de la fin du Moyen Âge, avant l’arrivée de Copernic. À 14 ans, il s’installe à Vienne pour y poursuivre ses études et y réside pendant dix ans, jusqu’au décès de Georg Peuerbach (1423-1461), auprès duquel il mène d’importants travaux d’astronomie. Outre l’observation des éclipses solaires et lunaires et des comètes de Halley, ils construisent plusieurs instruments d’astronomie. À partir de 1461, il voyage en Italie où il accompagne le cardinal Bessarion.

La chiromancie est un art divinatoire qui consiste à prédire l’avenir ou définir les traits de caractère d’une personne, en examinant les lignes et la paume de sa main. Cette pratique remonterait à l’Antiquité bien qu’aucun texte de cette période n’ait été conservé. Les premiers textes connus sur la chiromancie datent en effet du milieu du XIIe siècle mais citent des sources antérieures d’origine gréco-arabe. Malgré l’interdit qui pesait sur cette pratique, considérée comme occulte par l’Église, la chiromancie connut une popularité certaine au Moyen Âge.

Le thème des Neuf Preux, attesté pour la première fois au début du XIVe siècle dans un texte de Jacques de Longuyon, Les voeux du paon,  fut largement diffusé dans la littérature et l'iconographie de la fin du Moyen Âge. Il met en exergue les qualités chevaleresques de neuf héros historiques et légendaires tirés de l'Ancien Testament, de l'Antiquité gréco-romaine et de la culture chrétienne, respectivement : Josué, David et Judas Maccabée ; Hector, Alexandre et César ; Charlemagne, le roi Arthur et Godefroy de Bouillon. 
Les Preux, plus précisément  Charlemagne, Alexandre, David et César, ont fourni le modèle des figures des rois des cartes à jouer européennes.

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Au XIIIe siècle, le monde des lettrés, jusqu’alors très fermé et étroitement apparenté au monde des couvents, s’ouvre à l’aristocratie et à la bourgeoisie. L’émergence de ce nouveau public augmente la charge de travail des ateliers monastiques, responsables de la copie de textes. Pour répondre à une demande toujours croissante de textes fiables et de plus en plus diversifiés (bibles universitaires, traités juridiques et théologiques, manuels de pastorale, romans de chevalerie), des ateliers de copistes civils voient le jour. Mais cette solution s’avère insuffisante et d’autres moyens de reproduction d’un texte à l’identique sont recherchés.

Plusieurs tentatives ont lieu jusqu’à l’invention décisive de l’imprimerie par Johannes Gutenberg à Mayence. La gravure sur bois (xylographie), déjà utilisée pour multiplier les images pieuses, est l’une de ces tentatives et a donné lieu aux livrets xylographiques, imprimés pour la plupart entre 1440 et 1530. Leur procédé de fabrication consiste à tailler des blocs de bois, de manière à y faire apparaître un dessin en relief, accompagné de quelques mots ou de quelques lignes de texte également gravés. Ce bloc gravé était ensuite encré puis on y appliquait une feuille de papier que l’on pressait au verso avec une balle de crin (le frotton). La marque profonde laissée sur le papier par l’empreinte de la gravure explique que ces livrets soit imprimés sur une seule face. Cette technique issue de l’impression sur les étoffes ne nécessitait pas d’investissement matériel important et pouvait s’exercer de façon artisanale et itinérante, de ville en ville.

Mais la xylographie était impropre à la multiplication de textes de quelque longueur : à part dans quelques essais (grammaire élémentaire de Donat), la priorité demeure à l’image. Les livrets xylographiques sont donc pour la plupart des séries d’images munies d’inscriptions ou de légendes à caractère religieux ou parfois profane (l'Apocalypse, l'Antéchrist, Art de mourir, Bible des pauvres, grammaire de Donat, calendriers, danse macabre, almanachs). Il existe également une variante qui consiste en l’association de bois gravés accompagnés de la copie manuscrite des quelques lignes de texte : on parle alors de chiro-xylographie. Aucun de ces opuscules, tous aujourd’hui rarissimes, n’est jamais daté ni localisé. Les Xylographica commencèrent à être farouchement collectionnés par de riches amateurs de curiosités ou des érudits friands des circonstances qui entourèrent l’apparition de l’imprimerie en Europe occidentale précisément lorsqu’ils avaient presque tous disparus, au XVIIIe siècle.