Les premiers amateurs en apprécient surtout les couleurs et la composition, mais il faudra attendre les années 1880-90 pour que se constitue un véritable savoir, une chronologie... Théodore Duret, quelques années après sa suite d'articles centrée sur
Hokusai (1882), livre une première synthèse sur
La gravure japonaise dans
Le Japon artistique (novembre 1888) où, l'année suivante, paraît un article de William Anderson (l'auteur de
Japanese Wood Engravings, 1895) sur
Hiroshige (
Le Japon artistique, juillet et
août 1889).
Mais 1890 est bien l'année capitale, avec son Exposition de la gravure japonaise (affiche de Chéret), à l'Ecole des Beaux-Arts, dont le catalogue, préfacé par Siegfried Bing (préface reprise dans le Japon artistique, mai 1890) présente un choix de 725 estampes prêtées par les meilleurs collectionneurs. Gustave Geffroy chronique l'événement dans une suite d'articles qui figureront ensuite dans La vie artistique, dont Les paysagistes japonais, publié d'abord dans Le Japon artistique (n°32 et 33). En 1891, paraît l'ouvrage qu'Edmond de Goncourt consacre à Outamaro, le peintre des maisons vertes, artiste dont les estampes seront montrées, à côté de celles d'Hiroshige, à la Galerie Durand-Ruel, en 1893, L'Artiste rendant compte de l'exposition sous la plume de Germain Hédiart et La Revue Blanche par un article signé Thadée Natanson. En 1900, le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale acquiert la collection de livres et d'albums illustrés constituée par Duret qui en établit le catalogue, et dont la préface est reprise dans la Gazette des Beaux-Arts (01/02/1900) : toute l'histoire de l'ukiyo-e est désormais couverte, depuis Moronobu, à la fin du 17e siècle, jusqu'à Kyôsai, disparu quelques années plus tôt... C'est avec la même ambition encyclopédique que Raymond Koechlin organise, entre 1909 et 1914, les six expositions du Musée des Arts décoratifs consacrées à L'Estampe japonaise. La première d'entre elles, Estampes japonaises primitives, fait l'objet d'un article de Paul-André Lemoisne dans la Gazette des Beaux-Arts, tout comme la troisième (1911), qui réévalue Kiyonaga, jusque là moins apprécié en France que dans les pays anglo-saxons, et révèle le génie de Sharaku.
Le temps est alors venue des grandes synthèses, celle de Louis Aubert, Les Maîtres de l'estampe japonaise (1914), puis L'Estampe japonaise (1915), celle de Paul-André Lemoisne lui-même qui, déjà, en 1911, avait traduit la somme de Woldemar von Seidlitz, Les Estampes japonaises, publiée en Allemagne dès 1897.