À propos de l'œuvre

Zadig, ou la Destinée, histoire orientale

Zadig est un jeune Babylonien qui croit tout avoir pour être heureux. Mais sa fiancée l'abandonne pour un rival. Puis c’est sa femme lui est infidèle. Il cherche alors le bonheur dans la science et se met en péril. La vie mondaine crée des envieux qui lui nuisent : « qu’il est difficile d’être heureux dans sa vie ! »
Retournement de fortune quand le roi Moabdar le nomme premier ministre. Mais la reine Astarté le regarde avec complaisance, ce qui éveille la jalousie du roi. Zadig doit s'enfuir en toute hâte, maudissant l'injustice de la destinée. Esclave du marchand Sétoc, il devient l'ami de son maître et fait abolir la coutume de faire brûler les veuves avec le corps de leur mari. Mais on l'accuse d'impiété et il est condamné au bûcher. Il s'enfuit et retrouve Astarté, devenue esclave, qu’il fait libérer. De retour à Babylone, un ermite lui révèle le secret du bonheur : se soumettre aux décrets de la Providence. Tout s'arrange enfin : Zadig épouse Astarté et devient roi.
 
D’après Longchamp, secrétaire de Voltaire, c’est en 1747, au cours des soirées mondaines données à Sceaux, chez la duchesse du Maine, que l’idée d’écrire des contes inspire à Voltaire ce petit roman, qualifié aussi de conte philosophique. Voltaire aurait écrit Zadig en une journée pour le faire jouer dans le parc de Sceaux le soir même.
 
C’est à Amsterdam que Voltaire fit publier pour la première fois le texte du conte qui, avant de porter le titre de Zadig, devait s’intituler Memnon. Cette version primitive, de 1747, à l’inspiration si conforme à la mode du temps, avait été publiée anonymement par Arkstée et Merkus. Personne, apparemment, ne reconnut la plume du véritable auteur. L‘édition de l’année suivante fut augmentée de deux chapitres, tandis que le chapitre VI se voyait modifié ; la principale innovation résidait dans le changement du nom du héros. C’est grâce à Longchamp, son secrétaire, que l’on a pu reconstituer les conditions précises de la fabrication de l’ouvrage, typiques de la stratégie éditoriale de Voltaire. Il s’adressa cette fois à deux maisons distinctes (Prault à Paris, et Lefèvre à Nancy) qu’il confia à l’une le début à l’autre la fin de son texte, écartant ainsi tout risque d’édition sans son aval, et brouillant les pistes en cas d’enquête de police. Il ne lui restait plus, après avoir racheté à Préault la première partie, qu’à faire procéder au brochage et à la couverture des livres en une seule unité. La réalité de ce procédé est attestée par le fait que le treizième cahier, commençant à la page 145, ainsi que les suivants sont d’une impression différente des douze premiers, tandis que la provenance des papiers diffère.
 
Voltaire, qui avait lu l’orientaliste d’Herbelot et les Mille et une nuits, dédia cette fantaisie à la sultane Sheera, autrement dit la marquise de Pompadour. La critique politique et social se fait jour et dénonce, encore discrètement, les défauts de la monarchie. Le thème d’un Orient à la fois exotique et érudit inspirait peintres et graveurs.
Conte d’inspiration stoïcienne, ce voyage newtonien illustre les théories de Locke et de Pope et réunit ainsi les préceptes de la grande trinité philosophique. Depuis la joie de vivre du Mondain, le caractère de Voltaire s’est assombri en approchant de la Cour et de ses intrigues. La critique politique et sociale se fait jour et dénonce, encore discrètement, les défauts de la monarchie.