Les sciences naturelles au XVIIIe siècle

Tableau de la méthode de Jussieu

La découverte d'une grande diversité de faunes et de flores représente un événement décisif pour les sciences de la vie au XVIIIe siècle. Les collections rapportées par les missions d'exploration permettent de créer des cabinets d'histoire naturelle et des muséums. L'identification et la classification des organismes, la compréhension de la diversité du vivant constituent les objectifs majeurs des naturalistes.
L'acclimatation de certaines plantes marque les limites de la théorie fixiste selon laquelle chaque espèce vivante est immuable. Si pour Carl von Linné (1707-1771) chaque espèce est une donnée invariante de la Création, ses expériences d'hybridation l'amènent à faire de l'origine des espèces un problème scientifique. Quant à Georges Buffon (1707-1788), il introduit la notion de biogéographie et de la chronologie de la terre. Dans son Histoire naturelle il traite de la délicate question des ressemblances entre l'homme et les grands singes et suggère une ascendance commune des mammifères.
Le premier à proposer une doctrine cohérente de la transformation des espèces est Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829). Abordant, en 1793, le champ encore inconnu des invertébrés, il a l'intuition d'une généalogie des espèces qui conduit ces formes de vie peu complexes vers des êtres plus parfaits. Georges Cuvier (1769-1832), fondateur de la paléontologie et de l'anatomie comparée, prouve l'existence de faunes fossiles qui témoignent de l'extinction de nombreuses espèces. Tout ce bouillonnement d'idées constitue le cadre conceptuel qui permettra l'émergence de la théorie de l'évolution présentée par Charles Darwin (1809-1882) en 1858.
 

Les classifications botaniques

La réflexion sur le classement des végétaux, entamée par les botanistes du XVIe siècle qui cherchaient par la constatation des ressemblances à établir des groupes naturels, s'impose de plus en plus comme une nécessité au XVIIe siècle avec l'augmentation du nombre de plantes connues. Les botanistes recherchent non plus un classement empirique des plantes en fonction de leur taille, du lieu où elles poussent ou de leurs ressemblances entre elles, mais une classification valable universellement. L'anglais John Ray (1628-1705) propose un système de classification des végétaux selon les caractéristiques du fruit, de la fleur et de la feuille. Pierre Magnol (1638-1715) emploie pour la première fois le mot "famille" en 1689, et définit 76 familles de plantes. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) classe les végétaux suivant la structure des fleurs, et introduit les notions de genre et d'espèce.
La classification qui remporte le plus de succès en Europe est celle du botaniste suédois Carl von Linné (1707-1771), qui publie en 1735 son Systema naturae. Les plantes y sont divisées en 24 classes selon le nombre des organes mâles (étamines), chaque classe étant redivisée en ordres selon le type d'organe féminin (pistil). Vers la fin du XVIIIe siècle, la complexité des différents systèmes entraîne les botanistes à distinguer les classifications artificielles qui permettent de reconnaître les espèces et les classifications naturelles qui veulent prendre en compte tous les caractères. Linné lui-même réfléchit à une méthode naturelle mais les véritables fondateurs en sont Michel Adanson (1727-1806) et Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836). Leurs travaux sont à l'origine des sciences modernes de la classification des formes vivantes (la systématique).




EN SAVOIR PLUS
> L'Ornithologie
> Le Jardin des Plantes
> Plumier (1646-1704)
> Tournefort (1656-1708)
> Parmentier (1737-1813) 
> Buffon, Histoire naturelle, 1749
> La classification de Linné (1758)
> L'Herbier de France (1780-1793)
> La classification de Jussieu (1789)