L’opéra

La Princesse de Navarre

L’opéra, inventé par les Italiens au XVIIe siècle, est un espace d’expression de nombreux arts et techniques de la scène. Au siècle des Lumières, l’opéra devient un lieu de sociabilité important. Certains viennent pour le divertissement, d’autres pour y être vus. Deux tendances cohabitent : l’opéra-comique, au style libre et populaire, prisé par le peuple, qui s’y presse, tandis que l’esprit des Lumières privilégie le genre « sérieux ». Les personnages y incarnent des vertus, comme la tolérance, la beauté ou le renoncement, sur des modèles inspirés par l’Antiquité réinventée. Les idées nouvelles peuvent y être dramatisées, le corps occupe une place inédite sur la scène, porté par des costumes et une machinerie de décor. Parallèlement aux genres du théâtre musical ou du ballet, le principe d’un opéra national est porté par des compositeurs comme Lully, Rameau ou Gluck, qui défendent cette institution comme espace d’invention et de création.
 

L'Académie royale de musique

Créée en 1669, sous l’impulsion du ministre de Louis XIV, Colbert, l’Académie royale de musique (dite l’Opéra) a le monopole des représentations de spectacles lyriques et chorégraphiques dans l’ensemble du royaume. Depuis le début du XVIIe siècle, le genre de l’opéra charme l’Europe entière et à côté des villes italiennes, de Londres et de Vienne, Paris est une place importante de la création lyrique. Jean-Baptiste Lully et son librettiste Philippe Quinault développe une formule d’opéra à la française qui se distingue du modèle italien : la tragédie en musique, grand spectacle en cinq actes orné de danses. De nouvelles formes verront le jour au sein de l’Académie royale de musique dans la salle du Palais Royal : l’opéra-ballet (dont un des brillants exemples au XVIIIe siècle est Les Indes galantes de Rameau en 1735), les pastorales héroïques, et plus tard des opéras nouveaux de Gluck empreints de la sensibilité pathétique des Lumières. L’Opéra accueille tout au long du XVIIIe siècle des compositeurs importants (Rameau, Grétry, Rousseau, Gluck, Salieri) et des chorégraphes innovants (Noverre, Gardel). Les librettistes sont des dramaturges connus qui écrivent pour différents théâtres comme Fuzelier, l’abbé Pellegrin ; Voltaire écrit le livret de La Princesse de Navarre (1745) et Beaumarchais celui de Tarare (1787). D’abord au Palais Royal (dans une salle reconstruite après l’incendie en 1770) puis au Théâtre de la Porte Saint-Martin à la fin du XVIIIe siècle, l’Opéra est le lieu par excellence du spectaculaire,  où se rassemble la bonne société et où l’on va pour voir et être vu. Les opéras sont au cœur de la vie théâtrale et culturelle française au XVIIIe siècle.


EN SAVOIR PLUS
> Rameau, Prologue des "Indes galantes", Paris, Ch. Ballard, 1765
> Gluck - Orphée et Euridice (1762) 
> Les académies