Fouquet, son brillant protecteur

Nicolas Fouquet

Introduit auprès de Fouquet par un parent et par son ami Pellisson, homme de confiance du surintendant, habitué des salons et chevalier servant de Mlle de Scudéry, La Fontaine dédie son poème Adonis au ministre, qui le prend sous sa protection. Le contrat qui le lie au grand argentier l'engage à remettre chaque trimestre un poème contre la pension qui lui est versée.
La Fontaine est alors influencé par la littérature galante. Inspirée de l'Astrée, roman d'amour pastoral d'Honoré d'Urfé, elle s'est imposée un peu plus tôt à travers les divertissements littéraires des salons, notamment celui de la marquise de Rambouillet brillamment animé par Vincent Voiture (1597-1648), puis celui de Mlle de Scudéry, qui chaque année publie un ou plusieurs tomes de ses romans-fleuves (Le Grand Cyrus, Clélie).
Cette esthétique, qui repose sur le style précieux (précision et propriété des termes, art du détour par périphrases ou métaphores), règne sur le cercle de Fouquet. Véritable mécène alors au faîte de sa gloire, le surintendant s'est entouré de gens de lettres et d'artistes, parmi lesquels Mme de Sévigné, Scarron, Perrault, Mlle de Scudéry, Corneille, Molière... véritable Cour qu'il entretient à grands frais. En pénétrant dans ce monde, La Fontaine se rapproche, à trente-sept ans déjà, de son destin poétique.

Le Château de Vaux-le-vicomte
La disgrâce de Fouquet

De l’ascension et à la chute de Fouquet

Quo non ascendam (Jusqu'où ne monterai-je pas)

Nommé surintendant des Finances en 1653 (7 février), au lendemain de la Fronde, Nicolas Fouquet hérite d'un trésor public en état de banqueroute depuis 1648. Il ne modifie rien à l'organisation des finances, dont le principal soutien, l'emprunt, permet de sauvegarder la popularité du roi : le mécontentement se porte sur les prêteurs, accusés de s'enrichir facilement aux dépens de l'État. Il augmente encore le pourcentage de leur bénéfice. À la mort de Mazarin (1661), Louis XIV, légataire universel du cardinal (il refusera ce legs), fait procéder à un inventaire de ses biens, qui révèle l'immense fortune amassée par le premier ministre alors que les caisses de l'État sont vides. Colbert, intendant de Mazarin, rend Fouquet responsable.
Le fastueux château du surintendant, bâti par Le Vau, décoré par Le Brun, et ses superbes jardins dessinés par Le Nôtre font de l'ombre au Roi-Soleil. La fête donnée en son honneur à Vaux le 17 août 1661 est une erreur fatale : Louis XIV est exaspéré par l'étalage de tant de luxe. Il attendra cependant quelques jours pour faire exécuter une décision prise pourtant depuis plus de trois mois : Fouquet est arrêté à Nantes le 5 septembre par Charles de Batz-Castelmore, le sous-lieutenant des mousquetaires d'Artagnan.
Au terme d'un procès peu glorieux de trois ans, il échappe à la peine de mort (treize voix contre neuf) et est enfermé dans la forteresse de Pignerol où il mourra dix-neuf ans plus tard (1680).